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Full text of "Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes : ouvrage entièrement neuf"

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Mk 


DE  L'IHPRIMEHIË  D^EVEAAT, 

BUE  DU  eApaAn,  ne.  16. 


■Mia 


i 


BIOGRAPHIE 


UNIVERSELLE. 

ANCIENNE   ET   MODERNE, 


■IISTOIBE,  PAB  OBDiie  ALPHABETIQUE,  DE  LA  VU  PUBLIQUE  ET  PUVEE  DE 
TOUS  LES  aOMMH  QUI  K  MWT  FAIT  UKABQn&H  FAR  LZUBS  ÉCKITS, 
LEUU  ACTIOM,  LfiUBS  TAUHTI,   LEURl   VERTUS   ET   LIIIU  OklHES. 

RÉDIGÉ  PAR  VUE  SOCIÉTÉ  DE  G^S  DB  LETTRES  ET  DE  SAVANTS. 


TOME  QUARANTE-QU^Tfll.IJÈME. 


A   PARIS, 


CHEZ  L.  G.  MICHAUD,  LIBRAIRE -BDITEUB, 

PUCE  DES  VICTOIRES,   N°.   3, 
1826. 


Mk 


DE   L^IHPRIMEHIË  D*ËVEAAT, 


•  1 


RUB  DU  eÀPRANi   N^   l6. 


►  .  ^ 


i 


tim9imm^mm^0f9m*i^%f9^0im%i<w^09^^0^m^v^%9^^^t^v^^^y^^»^%%Amm9mn^é^%^f%^tV9^yt^^f^ 


SIGNATURES   DES   AUTEURS 

DU  QUARAin'Ë-QUATRIÊME  VOLUME. 


MM. 


MM. 


BaiacBOTm 
G — «•    Dm  ÂMGà^igm 
\ — T.     Abil-Rbmusàt. 

D.  ÂATÀUD. 

r.  H.  AVDIFFIBT. 

P.  Db  BiAUCBJlMP. 

àu.        Cattbàu-Gallbtillb. 

H.   p.      PiLLBT. 

T— V       GoQOBBBaT  DB  TàUT. 

T.  Db  Glubt. 

Dubois. 

DBmBG. 

Dàubou. 

Dv  PsTir-THOUABS. 
DVBOIOIB. 

DBfPOBTBS-BoBCR  BBOB- 

DbBOS  db  Là  ROQVBTTB. 

fl.  EtbiIb. 

•A.         Fobtià-dIJbbab. 

T  y  FoiisBT  (  Théophile  )• 

•V.  Glbt. 

9— V.  Hbbbbquiv* 

b  Jacob. 

Hi.  ILliirBOTB. 

Iaetbbtbb -Cavcht» 

0.  IfXSOVBDt 

1.  L'ECITT. 


I— D. 
I— D  j, 


'— I. 


L — b«>b.     Laboudbbib» 
Maltb-Bbub. 

MlCBÀUD* 

,  MiCBÀUD  jeune. 

Màbbob. 

biostowsu* 

Nàucbb. 
P— c— T.     Picot. 
P.  D— T.     Paul  DupoRT. 

POBCB. 

Psaiàs. 
Db  Pbobt. 

RtfBÀULDIV* 


N— B. 


P-B. 
P-S. 
P— »T. 


_  _  ••••^SiGÀhp. 
S-v-lN  •  •  •  '  SaBOBu* 
Ç.  9-^  t":  S/mob19b\$Î8Mobdk. 

•  •  ••  ;  %  ÇiB  «S^tBOVGBS. 
Db  SALABBftBT. 

Tabàbâud, 

UsTéai. 

Ybrgbb. 

Yillebàtb. 

Walckbhabr* 

Anonyme. 


■T. 
T— D. 

U— i. 

V-B. 

V-VB. 
W— B. 

z. 


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BIOGRAPHIE 


UNIVERSELLE. 


S 


OTRABON,  le  premier  géoçra  plie 
de  raotiquite'  sous  le  rappoit  histori- 
que et  littéraire  ,  naquit  à  Amasee 
dans   la  Cappadoce  ,   environ  cin- 

rnte  ans  avant  J.-C.  Ses  ancêtres 
côte'  maternel  e'taient  au  nombre 
des  personnages  les  plus  distinp;iiés 
de  Li  cour  des  Mitliriaa tes.  C'étaient 
des  généraux  ,  des  gouverneurs  ou 
satrapes  ,  des  pontifes  ,  dotés  de  n- 
ches    domaines  ;   les  uns  d'origine 
grecque  comme  ÏDorjlaus  j\cs  autres 
du  sang  asiatique  (  comme  l'indique 
le  nom  de  Moaphcmes  ).  Mêlés  dam» 
toutes  les  affaires  publiques  du  royau- 
me dû  Pont ,  tour-à-tour  favoris  ou 
yictimes  de  la  cour ,  quelques-uns 
prirent,  dans  des  vues  ambitieuses,  le 
parti  des  Romains;  et  un  ourle  de 
Sirabon  livra  quinze  cb.'Iteaux- forts 
(i)  à  LucnlliLS  .  mais  n'obtint  pas  de 
Pom[>ée ,  successeur  de  ce  général , 
l'exécution    des    magnifiques    pro- 
messes qui  lui  avaient  été  faites  ('0. 
Comment  arrive-t-ir  qu'après   nous 
avoir  si  bien  instruits  de  l'histoire 
de  ses  aïeux  maternels,  notre  au- 


C'!  ^GO'jpiOi  n'est  pa*  liira  r«ndu  par  place* 

ftrte*  d»n«  la  tradartion  françaîve  de  Strabon.  Oa 

|.«Tit  r«»rtclure  de  c*-  passage  et  drqurlqiien nuire», 

ytr  1#   gou«rrneinajt  da  ruvaum*  du  Poot  était 

uhmJbI  ,  mai*  atec  un  mélange  de  deapotii^me. 

TU  I  Strab. ,  ^;épg. ,  X ,  p.  4:7 1  47*'  li**»  de  «620, 

XLIV. 


teur  ne  nous  apprenne  rien  sur 
son  père?  Comment  un  nom  ro- 
main se  trouvc-t-il  mêlé  parmi  ceux 
des  grands  seigneurs  d'un  royaume 
asiatique  ?  Le  silence  de  Strabon  nous 
autorise d'abt.rd  à  croire  que  sa  famille 
paternelle  (itait  d'une  origine  obscure. 
Nous  ajouterons  encore  qu'elle  pa- 
raît avoir  clp  semi-romaine  ^  et  nous 
croyons  qu'elle  a  été  fondée  par  un 
protégé  de  la  maison  de  Pompée-le- 
Granu.  Cette  hypothi'se  paraîtra  si 
singulière ,  cpic  nous  devons  présen- 
ter ,  avec  beaucoup  de  soin  ,  les 
motifs,  qui  nous  la  font  regarder 
comme  digne  d*attention.  La  con- 
naissance que  ce  géographe  avait 
de  la    langue   latine  ,  est    prouvée 

Sar  ses  bititions  de  Fabius  Fieîor  , 
e  Ca;cilius  et  d'un  cerUiin  Asinius, 
ainsi  cjiie  par  le  jugement  nioli\c, 
quoique  trop  sévère  ,  qu'il  porte  sur 
les  plagiats  aeshistorinis  la tms  a  l'é- 
gard des  ouvai^^'S  historiques  des 
Grecs.  Peut-être  aussi  sa  juste  appré- 
ciation de  la  grandeur  politique  et  de 
la  sagcsscadministrativedes  Homa  ins, 
ainsi  que  sa  conviction  de  la  nccessilé 
d'un  pouvoir  monarchique  paraî- 
tront à  un  lecteur  assidu  de  son  ou- 
vrage une  pjeuve  que  Strabou  était 
élevé  dans  1rs  idées  romaines  des 
dernier  temps  de  la  république.  Les 


•i  STB 

liaisons  de  Strabon  avec  la  maison 
de  Pompée  ,  nous  semblent  assez 
frappantes.  Notre  géographe  saisit 
avec  une  sorte  d'empressement  l'oc- 
casion  de  parler  honorablement  de 
Ponipeiiis  Strabon,  homme  peu  re- 
commandable  (3).  Enlin ,  il  semble 
classer  Scrtorins  avec  le  brigand 
Firiaius ,  et  même  contredii-e  ,  d'a- 
])rès  des  Mémoires  particuliers  ,  les 
circonstances  glorieuses  de  la  mort 
de  ce  capitaine  (4).  Il  nous  .ip- 
prend  lui  -  même  (pi'il  suivit  les 
cours  de  cet  Aristodème  qui  avait 
été  gouverneur  des  enfants  de  Pom- 
pée (5).  Tout  ceci  ne  semble-t-il  pas 
mdiquer  dans  Strabon  un  Romain  du 
coté  paternel,  et  le  (ils  d'un  homme 
Hé  avec  la  maison  de  Pompée?  Nous 
risquerons  même  une  conjecture  plus 
positive.  Pompée  Strabon ,  père  de 
Pompée-le-Grand ,  eut  le  sobriquet  de 
Strabon  ou  louche,  non  -  seulement 
parce  qu'il  avait  lui-même  ce  défaut, 
mais  encore  parce  qu'il  l'avaitcn  com- 
mun avec  I\lénogincs  ,  son  cuisinier , 
auquel  il  ressemblait  beaucoup  (()). 
Ponipée-lc-Graud,étautcxtrimement 
diilicile  sur  sa  nourriture  (n) ,  n'au- 
rail-il  pas  eu  soin  d'amener  dans  son 
expédition  d'Asie  le  fameux  cuisinier 
de  son  père,  devenu  j)ar  héritage  son 
esclave  ou  son  client  ?  Le  cuismier 
du  quartier -général  ,  devenu  pcjil- 
etreniteudanl ,  n'a-t-il  pu  faire  épou- 
ser à  un  parent  y  ou  épouser  lui-même 
une  riche  héritière  d'une  famille  il- 
lustre ,  mais  placée  par  les  circons- 
tances à  la  merci  du  général  en  chef? 
De  tout  temps  ^  et  même  de  nos 


'  \)  Sirjilt. ,  t^irog.  ,  V,  p.  aia  ("".ir.  Coni.  I. 

;îiStrali. ,  (fVc^. ,  III ,  p.  i5A,  i6i.  Piitciuius 
(«  pi  :s  lu  llbcrlo  ili-  t-i>rri;ï«T  i(  i  lt>  Iritr,  «  t  il  •  «te 
Miivi  par  Iihi.s  \ps,  f>itili'iirji  ;  mai*  iiuu<  iiv  tmoDK 
■ittcuii  c-oiiiptc  «le  (f  rkaiipviui-Dl  viol^'iit. 

•;.î)  Slrab. ,  iîè't^.  XIV,  p.  G'»j. 

>i\)  Pliii.  ,  ^  II,  cap.  19. 

.-)  C.ir.  m\     lltic.  7.  a. 


STR 

jours ,  on  a  va  ce  qu'il  y  a  de  plus  éle* 
yë  s'abaisser  avec  beaucoup  de  flexi-     ' 
bilité  pour  conser^^er  les  faveurs  de    T 
la  fortune.  Divers  détails  viennent   l 
confirmer  cette  conjecture  :  le  géo-  ' 
graphe  Sti'aboii  avoue  qu'il  n'avait 
pas  la  vue  bonne  (8)  ;  peut-être  con-   ^ 
servait-il  un  vice  héréditaire  dans  les   ' 
organes  visuels ,  et  c'est  prcciscmeut 
le  Strabisme  qui  expliquerait  ses  ex-  . 
pressions   erronées  sur  la   position 
parallèle  des  îles  d'Elbe ,  de  Corse 
et  de  Sardaigne.  Nous  savons  qu'il  « 
est  possible  de  contester  les  raisons    ' 
sur  lesquelles  nous  nous  appuyons;    * 
une  à  une ,  elles  i>araiti*ont  faibles , 
mais  leur  ensemble  nous  a  paru  aussi 
concluant  que  bien  d'autres  hypo- 
thèses admises;  d'ailleurs,  en  eiu- 
sions-nous  une  idée  exagérée  ^  leur 
rapprochement  n'en  sera  pas  moins 
utile   pour  ceux  qui  voudiout  exa- 
miner   cette    question ,    que     nous 
croyons  avoir  été  entièrement  négli- 
gée et  dofit  cependant  la  solution  jet- 
terait une  nouvelle  lumière  sur  l'his- 
toire littéraire   d'un    ouvrage    im- 
portant. Quoi  (pi'il  eu  soit,  Stiaboin, 
né  avec  de  la  fortune ,  reçut  nue  édu- 
cation distinguée  ;  il  fit  ses  études  à 
Nysa  (prèsTralles)  sous  Ari5todème,â 
Aniisusdansle  Pont ,  sous  Tyraunion , 
età  Séleucie(de  Cilicie)sons  Aénai^iie, 
philosophe  péripatéticien.    Devenu 
un  des  hommes  les  plus  lettrés  de  son 
temps,  il  alla  visiter  Alexandrie,  si  fa- 
meu^^e  encore  par  ses  savants  ,  quoi- 
que déjà  privée  d'une  grande  partie 
de  ses  trésors  littéraires  ;  c'est  pro- 
bablement là  que  la  lecture  des  écrits 
des  géographes -astronomes  lui  ins- 
pira  l'idée   d'une  géographie  plus 
philosophique  et  plus  historique.  II 
s'y  attacha  encon*  au  péripatéticien 
J^oëthus  de  Sidon  ;  mais  à  Tarse  , 

'«)  Slrab.,  Ctioi,. ,  V,  p.  ««3,  >»S. 


STR 

irilte  éminemmoit  Uttërairé,  il  adop- 
ta les  doctrines  du  stoïcien  Atbëno- 
dore ,  doctrines  qui  semblent  avoir 
predomiae  dans  ses  écrits  et  leur 
avoir  imprimé  un  caractère  d'éléva- 
tion et  de  gravité,  quelquefois  même 
aux  dépens  de  ce  goût  d'o]).sor- 
▼ation  exacte,  que  la  philosophie 
d'Aristote  eut  favorisé  davantage 
(9).  Strabou  j  qui  dans  sa  jeunesse 
avait  parcouru  rAsîe-Minem'e  et  le 
Pont  jusqu'aux  frontières  de  l'Ar- 
ménie ,  visita ,  vers  Tan  il\  avant 
J.-C.  ,  la  Syrie  ,  la  Palestine  ,  la 
Phénicic  et  l'Egypte  jusqu'aux  ca- 
taractes :  il  se  lia  d  amitié  avec  £lius 
Gallus ,  qui ,  par  ordre  d'Auguste  , 
entreprit  une  expédition  en  Arabie. 
Plus  tard,  il  visita  la  Grèce ^  entre 
autres  la  ville  de  Gnossus  en  Crète , 
chère  a  son  cœur  par  des  souvcnii's 
de  famille,  l'immortelle  Athènes , 
les  ruines  de  l'infortuné  Pélopoucse^ 
peat*-être  la  Macédoine,  et  plus  cer- 
tainement rÉpire.  Il  parcourut  la 
péninsule  Italique ,  et  vit ,  des  hau- 
teurs de  Populonium ,  les  îles  d'Elbe^ 
de  Corse  et  de  Sardaigne.  Nous 
crojons  aussi  qu'il  voyagea  dans  la  Si- 
cile, et  ce  fut  même  apparemment  par 
cette  voie  qu'il  entra  aans  l'Italie;  car, 
dans  un  voyage  maritime ,  il  longea 
de  près  la  cote  de  la  Cyrénaïque  (10). 
Enfin ,  un  long  séjour  dans  la  capi- 
tale de  l'empire,  lui  ouvrit  l'accès 
an\  sources  romaines  ,  pour  décrire 
l'occident  et  le  nord  de  l'Europe.  Il 
consacra  ses  moments  de  loisir  à 
U  composition  de  ses  ouvrages  , 
Mvoir  des  Mémoires  historiques  y 
ciiés  par  Josèphe  ,  par  Phi  ta  rq  ne  et 
par  lui-même,  et  delà  Géographie ^ 
dunt  la  majeure  partie  nous  est  res- 


'r  Strah..  '^^«■t'j;.  .  Il .  |>.io3:  •<  \nu<  aiilri-s  inloi- 
•  cm  r.a,  iH>U9  ii'aimous  p««  1rs  siilililv^  ri'<'li*-icbrs 
>  <]'  KtiDlnie.  M 

iin^Strab.,  £;é0f.,  XT1I,  p.  838. 


STR  3 

tée.  On  peut  assurer  qu'il  ne  termina 
cet  ouvrage  qiie  dans  les  premières  an- 
nées du  règne  de  Tibère ,  par  consé- 
quent ,  dans  un  âge  avance ,  surtout, 
si,  avec  M.  Schoell ,  on  veut  le  faire 
uuitre  soixante  ans  avant  J.-C. ,  car , 
en  ce  cas ,  il  aurait  eu  soixante-qua- 
torze ans  à  la  mort  d'Au«*uste.  Les 
derniers  événements  relatifs  à  l'his- 
toire de  la  Judée,  que  notre  auteur 
rapporte,  sont  la  morl  d'Archelaus, 
fils  d'IIérodc ,  dans  l'exil ,  l'an  7  de 
J.-C. ,  et  In  nomination  d'Antipas  et 
Philippe,  iils  d'Hérode,  à  la  dignité 
de  tétrarque ,  l'an  *i  de  J.-C.  S'il  eût 
connu  le  second  voyage  d'Antipas  à 
Rome,  et  son  exil  à  Lyon  ,  en  l'an 
38  ,  il  en  aurait  naturellement  parlé 
dans  cet  endroit  où  il  peint  les  mal- 
heurs de  la  famille  d'Hérode.  Ainsi , 
la  rédaction  du  xvi<^.  et  avant-der- 
nier livre  de  Strabon ,  tombe  certai- 
nement dans  l'espace  compris  entre 
l'an  7  et  l'an  38,  comme  M.  Letronne 
l'a  remaïqué  (11).  D'autres  asser- 
tions resserrent  encore  cet  espace  : 
un  passage  du  iv*.  .livre  démontre 
que  l'auteur  écrivait  trente^trois  ans 
après  la  conquête  et  la  paciGcation 
des  peuplades  montagnardes  de  la 
Rhétie  par  Drusus  et  Tibérius  (  i  a), 
événement  que  nous  croyons  pouvoir 
fixer  à  l'an  i5  avant  J.-C;  par  con- 
séquent Strabon  avait  commencé  la 
rédaction  de  son  ouvrage  l'an  1 8  avant 
J.-C. ,  époque  qui  convient  avec  le 
tableau  ue  la  tranquillité  générale  de 
l'empire,  tracé  à  la  fin  du  \^.  livre, 
après  le  triomphe  de  Germanicus  sur 
les  Chcnis^pics  (en  l'an  1 7  av.  J.-C), 
dont  notre  auteur  fut  probable- 
ment témoin  oculaire.  On  a  cité  le 
passap  du  xir.  livre  sur  l'autono- 
mie des  Cvzicéniens  ,  comme   une 


^ii\  Letroune ,  Sot.  sur  la  trad. /raJif . ,  V,  s5  , 
{in)  Slrab. ,  Céoj^. ,  iv,  p.  ao6. 

t.. 


4  STR 

preuve  que  ce  lirre  a   ele'  rédige 
avant  l'anuce  aG  de  J.-C.  (i3)  ;  et, 
en  efTet ,  il  semble  que  tout  l'ou- 
vrage était  terminé  avant  les  mal* 
heurs  domestiques  qui  se  succédèrent 
dans  la  dernière  moitié  du  règne  de 
Tibère.  Nouscroyons  aussi  qu'un  écri- 
vain philosophe  comme  Strabon  , 
qui  a   rendu  justice  aux  grandes 
idées  qu'il  entrevoyait  dans  le  sys- 
tème   tliéologiquc    et    législatif  de 
Mo'ise  ,  n'aurait  pas  gardé  le  si!ence 
sur  Jésus-Christ  ,  s'il  avait  coumisa 
mort.Tout  semble  donc  con  tra  ireà  l'o- 
pinion de  M.Gosscllin^qui  fait  écrire 
Strabon  jusqu'à  Y  an  44  ^pi'ès  J.-C. 
Mais,  d'un  autre  côté ,  tout  système 
chronologique  positif  sur  notre  au- 
teur est  su)ct  à  des  dillicultés.  Com- 
ment expliquer  son  silence  sur  l'in- 
surrection de  Tacfarinas  ,    sur    le 
grand  tremblement  de  terre  en  Afri- 
que ?  On  sait  qu'il  parle  de  Gcrma- 
nicus  comme  vivant  (  1 4).  Nous  pen- 
sons qu'il  faudrait  examiner  si  l'ou- 
vrage de  Strabon  ii'ofl'rc  pas  dos  in- 
dices d'une  double  rédaction  ?  Si 
notre  auteur  ,  travaillant  en  riche 
amateur ,  dans  des  moments  de  loi- 
sir entre  ses  voyages ,  n'a  pas  rédigé 
quelques  parties  de  son  ouvrage,  f»ar 
exemple  le  xvii^.  livre,  dans  un  âge 
moins  avancé  ,  sur  un  plan  moins 
étendu  que,  j)ar  exemple,  les  livres 
xiàxvi/sile  mauuscritdu  vir.  livre 
a  jamais  été  complètement  terminé? 
si  l'auteur  a  mis  au  jour  son  travail, 
ou  si  ce  précieux  monument ,  resté 
imparfait ,  n'a  pas  été  d'abord  con- 
servé dans  sa  famille ,  et  publié  seu- 
lement à  uu    petit  nombre  de  co- 
pies y  qui  auront  circulé  dans  la  par- 
tie orientale  de  l'empire  romain  ? 


(i3)Strab.,  Géog.  ,XlIf  p.  57G;  CaMub. ,  cd 
hc.  ;  Lipt.  ad  Tacit.  Annal.  IV,  9.  H(j;  I.e- 
Iranna,  I.  c. 


STR 

Cette  dernière  conjectmre  deviefll 
presque  indispensable  pour  expliquer 
comment  la  géographie  de  StraiKHi 
a  pu  rester  inconnue  â  son  siècle  ; 
comment  un  érudit ,  uu  bibliophile, 
un  naturaliste  commePline,  un  mora- 
liste ,  et  de  plus  un  stoïcien  comme 
Sénèqiie  ,  et  un  historien-géographe 
comme  Tacite ,  ont  pu  ignorer  com- 
plètement l'existence  d'un  ouvrage 
qu'ils  étaient  trop  bons  juges  pour  ne 
pas  apprécier?  En  supposant  que 
Tacite  n'ait  pas  eu  occasion  dénom- 
mer Strabon  ,  comment  n'aurait-il 
pas,  en  parlant  d'Archelaiis  ,  roi  de 
Cappadoce ,  profité  des  faits  curieux 
que  ce  géographe  seul  a  consignés  7 
Comment  Sénèque  n'aurait-il  pas  rap-  * 

Sorte  tant  de  curiosités  naturelles 
écrites  par  Strabon  ?  Comment  Pli- 
ne ,  qui  aime  à  faire  combattre  les 
Grecs  entre  eux ,  n'aurait-il  tiré  au- 
cun parti  des  disputes  de  notre  au- 
tour contre  Ephore  et  Possidonius? 
11  nous  parait  démontré  que  ces  trois 
écrivains  n'ont  point  vu  la  Géogra- 
phie de  Strabon  et  n'ont  jamais  en- 
tendu parler  de  lui.  Les  écrits  de  Jo- 
sèphe  et  de  Plutarque  sont  les  plus 
auciens  où  l'on  trouve  Strabon  citcj 
mais  ce  n'est  que  comme  auteur  des 
Mémoires  historiques ,  qu'il  avait 
composés  avant  sa  Géographie,  et 
dans  lesquels  il  parait  avoir  réuni  des 
recherches  critiques  sur  diverses  épo- 
ques de  l'histoire.   Quatre  livres  de 
cet  ouvrage  se  rapportaient  à  des 
évcnements  antérieurs  à  Polybe  ;  il 
cite  lui-même  le  sixième  comme  étant 
le  deuxième  de  ceux  qui  font  suite  à 
Polybe.  On  voit  par  Plutarque ,  qu'il 
les  avait  au  moins  poussés  jusqu'à  la 
mort  de  César.  Les  premiers  qui  ont 
cité  sa  Géographie ,  sont  Marcien 
d'Honiclée ,  Athénée  et   Harpocra- 
tion.  Ce  n'est  que  dans  le  moyen  âge 
({u'a  commencé  la  haute  réputation 


STR 

abon  :  elle  devint  tellement 
iTe ,  qa*on  le  désignait  sim])lc- 
lous  le  nom  du  Géographe. 
réputation  n'est    certes  pas 
e.  Seul   parmi  les  anciens  , 
Hérodote  et  Tacite  ,  i!  a  conçu 
graphie  comme  une  doctrine 
que ,  comme  le  tableau  raison- 
la  surface  du  globe  avec  tous 
ets  de  curiositécénerale ,  à  une 
i  donnée,  tandis  que  Pline  et 
lée,  dominés  par  un  faux  es- 
icntifique  ,  n'y  voient  qu'une 
lomenclature  ou  une  table  des 
)ii5    astronomiques.     Strabon 
ut  qu'un  géographe  doit  em- 
T  aux  scieuces  mathématiques 
rsiques ,  ce  qui  est  nécessaire 
ieterminer  la  figure  et  les  me- 
ie  la  terre.  «  11  doit  connaître 
animaux  y  les  plantes   et  tout 
•ne  la  terre  produit  d'utile  ou  de 
iible....  Il  doit  fixer  ses  regards 
les  divisions  naturelles  de  la 
c ,  et  sur  la  diversité  des  na- 
s  ,  plutôt  que  sur  les  limites 
les  caprices  des  gouvernements 
nt  momentanément.. ..  Les  mon- 
les ,  les  fleuves ,  les  mers ,  les 
pics,  voilà  les  objets  qui  doivent 
servir  de  jalons-..  «Mais  il  doit 
ns  rechercher  les  expressions 
ihéma tiques  que  celles  qui  se 
t  aisément  comprendre....   La 
graphie  doit  être  calculée  pour 
âge  de  tout  le  monde   et  spé- 
icment  pour  celui  des  hommes 
itiques.   Elle  est  d'une  haute 
ité  pour  toutes  les  connaissances 
Jes  ;  l'avoir  ignorée    a  été  la 
se  des  plus  grands  malheurs;  son 
le  est  un  objet  digne  du  philo- 
he  moraliste.  »  (i5)  Ce  sont  là 
incipes  vrais,  étemels,  dignes  de 


STR 


5 


l'atleiitionde  ces  esprits  fauxqHÏ,  en- 
core de  nos  jours ,  veulent  réduire  la 
géographie  à  des  formes  mathémati- 
ques ou  l'obscurcir  par  des  termino- 
logies barbares,  et  par  un  jargon 
métaphysique.  C'est  dans  ces  prin- 
cipes que  Strabon  conçut  son  bel  ou- 
vrage. Les  deux  premiers  livres  en 
forment  comme  l'introduction  :  il  j 
passe  en  revue  les  systèmes  d'Éra- 
tosthënes  et  d'Hipparque ,  ainsi  que 
les  principales  assertions  d'Ëphore, 
de  Polybe,  de  Posidonius.  Maigre 
les  erreurs  de  Strabon ,  malgré  sa  vé- 
nération un  peu  superstitieuse  pour 
la  géographie  d'Homère,  dans  laquel- 
le il  ne  sait  pas  distinguer  les  fablc^ 
mystiques  et  héroïques  d'avec  les  ob- 
servations réelles,  ce  travail  est  la 
base  de  nos  connaissances  sur  l'his- 
toire de  la  géographic^^ncienne.  I^e 
troisième  livre  ,  ou  se  trouve  la  des- 
cription de  l'ibérie  ,  contient ,  outre 
les  extraits  de  Polybe ,  de  Posido* 
nius  et  d'Artéraidore ,  beaucoup  d'a- 
perçus recueillis  dans  des  Mémoires 
du  temps  de  César  et  de  Pompée.  La 
peinture  des  mœurs  et  de  la  civilisa- 
tion y  ofli-e  le  plus  grand  intérêt.  Le 
vaste  pays  des  Gaules ,  avec  les  îles 
Britanniques  etThulé  (  la  Norvège) , 
occupent  l'auteur  dans  le  quatrième 
livre  ',  où  il  a  lieaucoup  profité  des 
Mémoires  de  César  ,  mais  non  pas 
sans  quelque  confusion  y  et  où  il  s  est 
de  nouveau  donné  le  tort  de  tour- 
ner en    ridicule    les  relations    de 
Pythéas,  au  lieu  de  les  analyser  fidè- 
lemeut.  11  est  juste  d'observer  que  ce 
livre  paraît  contenir  l'indice  d'une 
lacune  (i6),  et  que  le  géograjjbesc 
plaint  de  la  discordance  qui  régnait 
entre  les  auteurs  romains  eux-mêmes 
sur  les  endroits  les  plus  rapprochés 
de  Rome.   Le  nom  latin  des  rates  et 


Sirwb.,  Céog.,  I,  p.  4, 9;  i4,  4a ;  IV,  p. 

r,  p.  a53. 


(iG}Slrab. ,  Ciog.,  IT,  p.  178, 


6  STR 

d'autres  iudices  prouvent  qu'il  avait 
consulté  beaucoup  d'auteurs  romains^ 
et  les  importants  détails  qu'il  nous  a 
laissés  sur  Marseille ,  cette  Athènes 
des  Gaules ,  ne  sont  pas  seulement 
tirés  des  Républiques  d  Aristote,  mais 
encore  de  la  bouche  des  Romains  qui  y 
avaient  étudié.   La  description  des 
nations  qui  habitent  les  Alpes  y  quoi- 
qu'intéressante ,  laisse  regretter  que 
l'auteur  ait  craint ,  par  respect  pour 
les  oreilles  délicates,  de  nous  donner 
une   nomenclature   plus   complète* 
Dans  les  hvres  v  et  vi ,  il  décrit  l'I- 
talie avec  ses  îles.  A  l'exception  d'une 
erreur  relative  à  la  Ligune,  c'est  un 
des  morceaux  les  mieux  faits  de  la 
géograpliie  ancienne.  L'auteur  ,  pé- 
nétré du  mémo  esprit  que  Den^s 
d'Halicarnassc  ,   discute    avec  une 
bonne  critique  les  origines  des  Ro- 
nlains  ,  des  Etrusques  et  des  autres 
nations  italiques  ,    sans  citer  Tite- 
Live,  soit  qu'il  ne  Tait  pas  connu,  soit 
qu'il  ait  eu  en  lui  peu  de  coniiance. 
Tout  ce  tableau  de  l'Italie  est  rempli 
d'observations  i)crsonnplles  de  Stra- 
bon  ;  mais  quel  est  le  chorograpfie 
dont  il  invoque  l'autorité  en  pailant 
de  la  Sardaigne?  Les  érudits  n'ont  pu 
le  découvrir;  toutefois ,  il  nous  parait 
bien  évident  que  ce  n'est  pas  Agrippa , 
car  notre  géographe  cite  nommément 
à  plusieurs  reprises  ce  grand  homme 
d'état ,  mais  c'est  ton  j  ours  comme  ad- 
ministrateur ,  jamais  comme  auteur 
d'une  chorographie.  Par  quel  bizarre 
caprice  l'aurait^  il  donc  déguisé  sous 
le  nom  du  chorographe ,  en  rappor- 
tant les  mesures  faites  par  ses  onlres  ? 
Nous  irons  même  plus  loin  :  nous 
croyons  que  la  carte  d'Agrippa  a 
été  très-imparfaitement  connue  de 
Strabon.— M.  Lelev\  el ,  dans  ses  Re- 
cherches sur  la  géographie  ancienne 
(  en  polonais  ) ,  a  traité  fort  savam- 
ment de  cette  carte ,  et  a  même  es- 


sayé  de  la  reconstruire  sur  une  petite 
échelle.  Sans  pouvoir  lire  avec  fruit 
un  livre  polonais  ,   nous  croyons 
avoir  déchiffré,  à  coups  de  diction- 
naire, le  sens  des  observations  de  M« 
Lelewel,  et  nous  nous  flattons  d'avoir 
compris  ses  cartes.  Ce  savant  et  ingé- 
nieux critique,  après  avoir  eXammë 
les  mesures»  faites  par  ordre  d'A^ 
grippa^  montre  les  vices  et  les  er^ 
reurs  du  système  de  Strabon  où  plu- 
tôt de  l'esquisse  que  ce  géographe 
historien  essaie  de  donner  des  svs- 
tèmes  précédents  connus  en  Grèce. 
La    carte  qui    résulte  des     mesu- 
res locales  positives  ordonnées  par 
Agrippa  est  très-supérieiu^e  en  exac- 
titude À  la  carte  formée  des  aperçus 
de  Strabon  ;  et  comme  il  serait  in- 
juste de  supposer  que  celui-ci  aurait 
mal  compris  des  -  matériaux  aussi 
clairs  et  aussi  authentiques  ^  on  doit 
penser  qu'il  n'a  pu  en  avoir  une  com- 
munication complète.  Pline  lui-même, 
mieux  servi  en  raison  de  son  rang 
dans  l'état ,  ne  paraît   pas  avoir 
toujours  rapporté  exactement  les  ëlëi- 
mcnts  de  la  carte  d'Agrippa  ;  et  en 
effet ,  nous  sommes  tentés  de  croire 
qu'elle  n'est  jamais  devenue  vérita- 
blement publique,  quoiqu'elle  ait  été 
répandue  en   beaucoup   de  mains; 
Qu'on  nous  permette  de  développer 
ici  nos  idées,  encore  peu  mûries, 
mais  intimement  lices  au  sujet  de  cet 
article.    Auguste'  et  Agrippa   nous 
semblent  d'abord  avoir  été  frappes 
de  la  nécessité  administrative  et  mi-» 
litaire  d'avoir  de  bonnes  routes ,  et 
d'en  posséder  dans  les  archives  de 
l'état   des   tableaux   exacts.    Gette 
pensée,  bien  plus  que  l'ûmour  de  la 
céographie ,  guidaitleursopérationsi 
Des  inspiecteurs  des  grands  chemim» 
furent  d'abord  distribués  dans  l'em-r 
pire  (17).  Ensuite  les  rapports  de  ces 

(17;  Suel.  In  Ocl.,  37. 


STR 

mrs  des  ponis  et  chaussées 
ait  connaître  l'extrême  inexac- 
«s  mesures  g<^opraphiqucs  an- 
» ,  on  résolut  de  faire  mesii- 
tes  les  distances  itinéraires  de 
-e  y  et  ici  on  fut  obliç^'  d'avoir 
(au  savoir  des  Grecs  (  i  H).c(  Ze- 
is  acheva  Ja  mesure  des  par- 
entales deTempireen  vingtnin 
iq  mois,  neuf  jours  ;Theodutus^ 
[es  parties  septentrionales  en 
leof  ans  huit  mois  dix  jours; 
He ,  celle  des  parties  mcridio- 
D  vingt-cinq  ans  un  mois  dix 
•  Peut-on  révoipier  on  doute 
dication  si  minutieuse  ?  Peut- 
econnaître  l'esprit  se'vcre  d'A- 
?  C'est  probablement  sur  les 
du  portique    rommoucé  par 
»a  ,qQe  cette  indication  se  trou- 
uvee.  Ce  portique  ofl'rait ,  aux 
s  do  public ,  une  mappemonde, 
loute  rectifiée  eu  gros  d'après 
vaux  des  ingénieurs  géogra- 
ffais  les  détails  de  ces  travaux 
la  propriété  du  gouveniement. 
p  nous  en  apprend  l'emploi. 
que  gouverneur,  nous  dit-il, 
it  une  description  de  sa  pro- 
e,  avec  indication  des  distances 
lieux  en  milles ,  de  i'ctnt  des 
es  et  des  petits  chemins ,  des 
itagnes  cl  desrivièi-cs  (19).  » 
comme ,  par  lerapprocliemcnt 
is  passages  des  anciens  ,  nous 
is  concevoir  la  nature  du  grand 
ordonné   par  Agrippa.    Si 
!nant  on  nous  demande  ce  que 
inentendparle  chorographe? 
iirrms  qu'il  a  voulu  designer 
lieur-géographc  de  lu  partie 
livc  de  l'empire  à  l'isard  de  la- 
il  invoque  son  autorité.  Pour- 
e  cite-î-il  que  rarement  ces  iu- 


Jlii«'u»  liiter  ,  i'osiHOffroftfi.  init, 
t%jet. ,  De  re  nùUlari,  iJf ,  tf . 


STR 


n 
J 


génieurs  ?  parce  que  leur  travail ,  ' 
contemporain  de  la  rédaction  de  l'ou- 
vrage clc  Strabon ,  n'était  pas  ache- 
vé ,  et  n'était  connu  qu'à  1  égard  de 
quelques  parties.  Pourquoi  ne  les  dé- 
signe-t-il  pas  nominalement?  parce 
aue ,  dans  leur  qualité  d'employés 
de  l'état , ils  étaient  soumis  à  de  gran- 
des restrictions  à  l'égard  des  com- 
mimications.  Peut-être  notre  géogra- 
phe a  X-\\  encore  connu  un  écrivain 
romain  que  noits  regardons  comme 
important ,  quoique  ses  ouvrages 
soient  perdus  ;  c  était  un  certain 
Balhus  ,  qui  avait  rédigé ,  du  temps 
d'Auguste ,  un  ouvrage  complet  sur 
les  mesures  et  les  limites  de  toutes 
les   provinces   romaines  ,    ouvrage 

Sent -être  extrait  avec  permission 
u  grand  travail  ollicicf  (ao).  Si 
ce  Balbus  a  été  le  secrclû ire-rédac- 
teur latin  attaché  aux  ingénieurs- 
géographes  grecs ,  on  conçoit  que  le 
nom  de  Chorographe  lui  a  pu  rester 
dans  le  langage  usuel.  Mais  nous 
manquons  de  matériaux  pour  décider 
plus  spécialement  cette  question  :  il 
nous  suflit  que  le  mot  chorographe 
dénote  ici  moins  un  indiWdu  qu  une 
fonction,  une  mission.  Telle  est  la 
solution  que  nous  proposons  d'un 
problème  que  Casaubon  avait  pro- 
mis d'examiner ,  et  que  les  traàuc- 
teurs  français  de  Strabon  se  sont 
aussi  engages  à  résoudre.  Nous  al- 
lons voir  sMls  tiendront  leur  parole , 
et  si ,  se  fondant  sur  quelques  passa- 
ges de  Pline,  ils  soutiendront  que 
c'est  Agrippa  lui-même  qui  a  écrit 
une  ch orographie ,  où  il  aura  voulu 
rester  anonyme  ,  mais  qui  plus  tard 
aura  été  citée  sotis  son  nom ,  de  sorte 
que  Strabon  aura  pu  ignorer  celle 


{•xo)  «  Pulbut  ffK'NiMftK  limilum  ri  trrmittomm  , 
»  tcmfHtrihut  .  lugusli ,  '  omnium  jiravmciarum  Jor- 
»  ma$  et  civilatum  mentums  comptttas  in  comimrn- 
»  tmrùn  eontuUt.  MFrooliniu  De  CoUm'tis,  p.  Wî4- 


8 


STR 


circoQStauce  connue  de  Pline.  Notre 
hypothèse  est  plus  dans  les  moeurs  et 
l'esprit  des  Romains.  —  Le  livre  vu 
de  Strabou  est  consacré,  dans  sa  pre- 
mière moitié,  à  la  description  des  pays 
entre  le  Rliin  et  le  Tana'is ,  et  au  nord 
du  DanuL»e  ,  c'est-à-dire  à  la  moitié' 
de  l'Europe  actuelle.  Mais  selon  no- 
tre auteur ,  la  terre  habitable  se  ter- 
minait au  cinauante-cinquième  pa- 
rallèle ,  et  le  rivage  de  la  Germanie 
venait  presqu'cn  ligne  droite  joindre 
un  Occan  sarmatique  ima[;inaire , 
qui  occupait  remplacement  de  la 
Scandinavie  et  de  la  Russie  septen- 
trionale. On  conçoit  donc  combien  cet- 
te esquisse  doit  être  succincte ,  incom- 
plète ,  fautive  ;  elle  l'est  même  com- 
parativement aux  auteurs  grecs  cites 
par  Pline,  et  dont  une  partie  était  con- 
nue à  notre  auteur ,  mais  qu'une  cri- 
tique systématique  lui  faisait  prendre 
pour  des  hommes  crcdu'es  ou  même 
pour  des  imposteurs.  C'est  ainsi  qu'il 
rejette  les  relations  de  Pythéas  sur 
Thulë ,  nom  vague  sous  lequel  ce 
voyageur  réunissait  les  choses  qu'on 
lui  avait  rapportées,  ou  que  peut- 
être  il  avait  vues  en  partie,  sur  tous 
les  pays  au  nord-est  et  à  l'est  des 
îles  Britanniques;  Strabon  dédaigne 
également  llécatée  de  iMilct  (le  jeu- 
ne )  ^  dont  Pline  au  moins  a  tiré  quel- 
ques indications  curieuses  quoique 
mal  rendues;  il  paraît  avoir  ignoré 
\q.s  écrits  de  Philémon  et  de  Xéno- 
phon  (de  Lampsaque)  ,  écrits  qui, 
d'après  Pline ,  devaient  être  reni- 
))lis  de  détails  curieux  sur  la  mer 
Baltique  et  les  pays  Gothiques  et 
Siavons  ,  entre  autres  de  noms  géo- 
graphiques recueillis  dans  l'idiome 
même  de  res  peuples.  En  regrettant 
la  déplorable  négligence  d'un  esprit 
aussi  élevé  que  Strabon  (négligence 
signalée  mais  non  pas  rachetée  par 
les  extraits  informes  du  compibtcur 


STR 

Phne) ,  nous  devons  reconnaître  que 
ce  septième  livre  contient  plusieui*» 
morceaux  importants  tirés  de  sour- 
ces originales  ou  perdues.  Tds  sont 
les  détails  sur  la  Germanie  ,  tirés 
d'un  Asinius  qui ,  selon  nous ,  pour- 
rait bien  être  Asinius  PoUion  ;  tels 
sont  l(»  fragments  de  Posidonius  sur 
les  migrations  des  Cimbres ,  confon- 
dus avec  les  Cimmériens,  fragments 
qui  font  doublement  regretter  les 
écrits  de  Philémon;  tels  sont  encore 
les  précieux  renseignements  recueil- 
lis dans  les  rapports  des  généraux 
romains  sur  le  puissant  royaume  des 
Gèles  et  des  Daces  qu'il  distingue  (  et 
nous  croyons  avec  raison);  telles  sont 
les  indications  des  noms  des  peupla- 
des pannonienncs  ;  tel  est  surtout 
l'important  passage  sur  les  peuples 
à  l'est  de  la  Bohême,  soumis  par 
Maroboduus ,  savoir  les  Zoumi  ou 
les  Fiimois ,  établis  alors  en  Po- 
logne, les  Mougilones  et  les  Ly^ii^ 
dont  les  noms  paraissent  siavons; 
les  BiUoiieSy  qu'on  retrouve  peut-être 
dans  la  Lusace  (  à  moins  que  qnelque 
nouveau  manuscrit  ne  nous  autoriseà 
lire  Gutoru'S  ) ,  enlin  les  Sibini ,  sur 
les([uels  il  serait  trop  lopg  d'expo- 
ser uutre  opinion.  Ces  renseignements 
sontprobablementdus  à  Maroboduus 
lui-même,  puisque  ce  prince  a  [tassé 
une  partie  de  sa  vie  à  lia  venue  en 
Italie,  où  Strabon  a  pu  le  voir.  Nous 
avons  ,  dans  le  premier  volume  du 
Précis  de  la  Géographie  universelle, 
indiqué  Timpurtance  de  ces  noms  de 
peuples,  évidemment  indigènes  et 
authentiques.  Les  traducteurs  fran- 
çais de  Strabon ,  étrangers  à  la  phi- 
lologie sej)tenlnonale  ,  n'ont  pas 
compris  nos  observations  ;  ils  les 
ont  passées  sous  silence  et  se  sont  mis 
à  corriger  arliitrairement  le  texte 
même  de  leur  auteur.  La  fin  du  septiè- 
me livre  de  Strabon  paraît  avoir 


STR 

siJ>i  un  sort  singulier;  car  non-seu* 
lement  il  en  manque  une  grande  par* 
lie ,  mais  même  avant  cette  lacune , 
les  cliapitres  relatifs  à  la  Macé- 
doine supérieure  sont  peu  dignes 
d*iui  gcograplie-voyageur  5  ils  ne  va- 
lent guère  mieux  que  les  extraits  qui 
les  suivent  y  et  la  lacune  pourrait 
bien  commencer  un  peu  plus  haut.  Il 
y  a  du  désordre  dans  la  manière 
dont  est  placé  le  chapitre  sur  les  Lë- 
lèges.  D'ailleurs  l'Épi re ,  la  Macé- 
doine, la  Thrace,  l'illyrie,  d'après 
les  proportions  générales  de  l'ouvra- 
ge auraient  dû  occuper  un  livre  à 
elles  seules.  Peut-être  cette  partie 
n'a-t-clle  jamais  été  achevée  au  gré 
de  l'auteur  ;  peut-être  en  méditait- il 
une  seconde  rédaction ,  que  la  mort 
l'aura  empêché  de  terminer.  Ia!s  li- 
vres VIII,  IX  et  x^contenaut  la  géo- 
graphie et  l'ethnographie  de  la  Grè- 
ce avec  ses  îles ,  supposent  un  plan 
plus  étendu  que  les  livres  précé* 
dents;  les  détails  topocraphiqucs  , 
les  discussions,  les  traits  uistoriques  y 
les  digressions  mythologiques  incmey 
alwndent  ;  c'est  un  résumé  précieux 
des  obst^rvatioiLS  pcrsoiiiiclles  de  l'au- 
teur et  de  celles  de  beaucoup  d'écri- 
rains  célèbres  mais  peitlus.  Le  livre 
onzième  commence  fa  descripliun  de 
l'Asie  et  traite  particulièrement  des 
régions  caucasicimes  ,  de  l'Arménie , 
delà  Médic,  de  rilyrcanic  et  de  la 
fiactriane.  Les  prévent  ion  s  de  l'auteur 
contre  Hérodote ,  et  sa  déférence  pour 
lautorlté  plus  récente  de  Patrocle, 
amiral  de  Seleucus  et  d'Antiochus, 
liiifaitaclopter  l'opinion  eiT0iiécd*une 
communication  entre  la  merOa^pieu- 
ne  et  TOccan  septentrional.  Mais  ce 
qi'ila  extrait  de  1  héophane , compa- 
j;non  de  Pumpée^sur  l'Ibérieet  TAI- 
Ésuie,  d'Apollunide  et  de  Dcllius, 
ami  de  Marc-Autoiue,  sur  la  Mcdic, 
'l'ApulIodorc^  sur  la  Parthic  et  sur  le 


STR  g 

royaume  grec  de  la  Bactriane ,  est 
d'un  prix  d'autant  plus  grand  que- 
c'est  païf  ces  extraits  seuls  que  nous 
connaissons  beaucoup  de  faits  his- 
toriques du  plus  haut  intérêt ,  relatifs 
à  ces  pays.  Dans  les  onzième ,  dou- 
zième et  quatorzième  livres ,  Strabou 
nous  a  rendu  un  service  non  moins 
important  en  décrivant  avec  un  soin 
particulier  l'Asie-Mineure ,  sa  patrie  : 
c'est  incontestablement  la  meilleure 
partie  de  l'ouvrage,  et  en  même 
temps  le  meilleur  morceau  de  géo- 
graphie-physique et  historique  ([ui 
nous  reste  de  toute  l'antiquité.  Outre 
plusieurs  auteurs  indigènes  perdus, 
entre  autres  Démctrius  de  la  Troade  , 
Xantlius  de  Lydie,  Philippe  de  Ca- 
rie ,  il  s'appuie  sur  svs  propres  ob- 
servations et  sur  des  Mémoires  par- 
ticuliers. Langues  ,  cultes  ,  gouver- 
nements ,  toute  l'Asie-Mineure  enfin , 
nous  en  devons  la  connaissance  à  ces 
trois  livres,  que  uous  trouvons  encore 
trop  succincts  ,  parce  que  Strabony 
a  snppo>c  connu  ce  qui  ne  l'était 
qu'aux  gensdu  ])ays.Ou  pourrait  ex- 
traire de  ces  trois  livres  un  aperçu 
de  la  gcographic-physique  de  cette 
péninsule  trcs-siiperieur  à  celui  de 
plusieurs  voyageurs  modernes.  Le 
gcogra[)he  ancien  dépeint  très-bien 
l'étendue  du  plateau  central  de  l'Asie- 
Mineure  ('^1).  Il  a  encore  le  mérite 
de  nous  avoir  conservé  beaucou])  de 
mots  des  langues  ancieinies  perdues  , 
et  de  uous  avoir  par-hi  fourni  le 
moyen  de  nous  former  une  idée  ,  in- 
complète il  est  vrai,  des  liaisons 
des  peuples  de  l'Asie-Mineure  avec 
les  Arméuieus ,  les  Syriens ,  les 
Ilellcucs  et  les  Thrace.  Le  quiuzième 


(91 ';  La  mot  ni  henrciix  de  la  laii|{Uf  (!roc(|iin 
OpOTTsOtOV  l '■>'»ituKnvpl'>>ur  )  ,  acte  ujrioiiiiii 
{lar  uu  d<»  Irn'iiiclriirii  t'i^iifais,  (pti  ■  iiiriiu*  fait 
iiun  note  [luur  MMilciiir  qutr  «,«  uol  wut  liiitr  O'I- 
liu«  i  moutcc  dt'uc*. 


lo  SÏR 

livre  décrit  Flnde,  T Ariane  et  la 
Perse ,  pays  que  Strabon  n'avait  pas 
vus  ;  aussi  prend-il  ses  précautions. 
«  Nos  lecteurs  y  dit-il ,  doivent  ici' 
être  indulgents ,  soit  à  cause  du  grand 
•éioignement  des  lieus  et  du  petit 
nombre  des  voyageurs^  soit  à  cause 
de  la  légèreté  et  de  l'ignorance  qui 
régnent  dans  leurs  relations.  Souvent 
n'ayant  rien  vu  par  eux-mêmes  ,  ou 
n'ayant  vu  qu'en  passant  ,  et  ne 
parlant  que  d'après  des  ouï-dire,  ils 
n'en  décrivent  pas  moins  les  objets 
comme  s'ils  les  avaient  scnipuleuse-  ' 
ment  examine^.  »  On  voit  que  les 
voyageurs  de  ces  temps  valaient  les 
nôtres.  Les  compagnons  d'Alexan- 
dre, semblables  à  ceux  de  Buona- 
parte,  se  contredisaient  â  chaque  ins- 
tant en  parlant  des  choses  qu'ils  as- 
sit raient  avoir  vues,parceque  chacun 
faisait  son  roman  particulier,  a  IjC 
»  j;)rincc  aimait  à  croire  aux  mcr- 
»  veilles  qu'on  racontait  sur  les  pays 
»  où  il  avait  porté  ses  armes.  »  Stra- 
bon s'elForcc  de  distinguer  le  vrai  et 
le  faux  dans  ces  rccitsj  et  sa  critique , 
même  quand  elle  n'est  pas  heureuse, 
a  toujours  le  mcr'tc  d'être  ingénieuse 
et  impartiale.  Néarquc,  Onésicrite 
et  Aristobiile  sont  ceux  parmi  les 
compagnons  d'Alexandre  que  notre 
géographe  parait  avoir  le  plus  con- 
sultés; mais  il  se  plaint  beaucoup 
du  goût  d'Onésicrite  pour  les  fables  ; 
il  parle  lionorablemnitdcCiallisthène 
son  confrère  rn  philosophie  ;  mais  il 
fait  peu  de  ras  du  roman  élcganldeCli- 
tait[iie  dont  nous  possédons  probable- 
ment l'imitation  dans  Qninte-Ciirce. 
IjC  voyage  de  Mégastlïèiies  à  Pali- 
Iwthra ,  sous  Séleucus  Nicaiior,  est 
la  source  où  Strabon  a  puisé  le  i>lus 
abondamment  pour  les  mœurs  et  l  his- 
toire naturelle  •  mais  la  relation  de 
Daïmaclnis ,  ambassadeur  de  Séleu- 
cus  ,   quoique  sévèrement  censui'ce 


de 


STK 

r  notre  géographe,  lui  a   fourni 
es  extraits  qui  font  regretter  la  perte 
de  l'ouvrage.  C'est  la  partie  del'Indtf 
située  entre  le  Lahor  et  le  Bengale 
que  Strabon  connaît  le  mieux  :  il  n'a' 
pu  se  former  une  idée  claire  dés  par- 
ties maritimes  ni  delà  configuration 
de  la  Péninsule ,  quoiqu'il  eut  en  con- 
naissance de  quelques  navigations  des 
Romains  et  des  Egyptiens ,  soit  à  la 
cote  de  Malabar ,  soit  mêmeauxbou*- 
ches  du  Gange  ;  mais  ceux  qui  avaient 
fait  des  voyages  étaient  des  mar- 
chands et  des  matelots,  dont  il  ne 
put  tirer  rien  d'intelligible.  Ce  qui 
gênait  Strabon  dans  sa  manière  ifi 
concevoir  l'Inde,  c'était  l'autorité 
imposante  de  Patrocle  ,  amiral  d« 
Séieucus ,  qui,  d'après  des  mémoires , 
plutôt  que  d'après  des  navigations 
réelles  ,  décidait  que  l'Inde  se  termi- 
nait à  l'Océan  Indien ,   et  que  cet 
Océan  joignait  l'Océan  Scythiqne  , 
dont  la  mer  Caspienne  était  un  Golfe. 
C'est  le  système  de  Patrocle  qui  a 
fait  rejeter  à  Strabon  l)eaucoup  d'au- 
tres renseignements  d'où  il  aurait  dû 
conclure  l'extension  immense  du  con- 
tinent, tant  au  sud  qu'à  Test  et  au 
nord. Quant  k  la  fameuse  Taprobane, 
notre  auteur  rapporte  quelques  dë^ 
tails  que  son  savant  contemporain 
Nicolas  de  Damas  avait  reçus  des 
ambissadeurs  d'un  prince  Indieu  aa- 
prrs  d'Auguste  ;  mais  d'abord  ces 
détails   ne    contiennent   absolument 
rien  qui  s'applique  à  Ta pruliane  ;  en- 
suite le  ])rince  s'apjHîlait  Parus  , 
d'a])rès  un  passage  ('22),  ou  selon 
im  autre  ('^S; ,  il  y  eut  deux  ambas- 
sades^ l'une  de  Pandtony  l'autre  de 
Parus.  Ce  sont ,  selon  le  savant  urien» 
taliste  M.  Wahl ,  les  noms  de  deux 
dynasties  de  l'Inde  continentale ,  très- 


(aa)  Strah. ,  Céogr. ,  XV,  719. 
(«3)  Idem. ,  îLid. ,  p.  (JS(î. 


STR 

oses  dans  les  traditions  oi-ien* 
,  les  Kourouwanjr  ou  les  fils  dn 
,  et  les  Pandiwai^  ou  les  (ils 
Joue.  Férus  équivaut  à  Korus 
ourou  (a4)*  Il  est  plus  certain 
es  Pandion  régnaient  dans  le 
1  méridional ,  dans  le  Pandi- 
ialam  ou  le  royaume  de  Ma- 
ïj  elles  Porus  {^5)  dans  les  en- 
5  du  Pendjab.  Nous  ne  voyons 
pas  sur  quel  fondement  le  sa- 
n.  Schoell  applique  ce  passage 
trabon  à  Taprobane  ,  d'où  il 
.va  des  ambassadeurs  à  Rome 
MIS  Gaude;  mais  ceu!L-là  n'y 
Qt  qu*après  Tëpoque  vraiscm- 
ï  de  la  mort  de  Strabon ,  et  ce 
pe  dans  Pline  qu'on  en  trouve 
âts;  celui  qui  les  envoyait  pre- 
(  simple  titre  de  Raja{bachia). 
otions  de  Strabon  sur  Ta  prô- 
ne dépassent  sur  aucun  point 
d'Ottésicrite  et  d'Ératosthc- 
Les  détails  que  ce  géographe 
!  sur  les  productions  ^  les  usa- 
e  culte^  ne  peuveut  être  appré- 
ue  par  les  nommes  versés  dans 
igues  diverses  de  l'Inde  ^  et  qui 
*mc  temps  auront  égai^  à  la 
lorpbose  que  les  idées  des  Plin- 
mt  du  subir  dans  la  tétc  d'un 
et  dans  une  langue  étrangère. 
:4Miiiaît  dans  Strabon  le  systë- 
s  castes ,  avec  quelques  légères 
iioDS ,  l'opposition  entre  les 
nanes  et  les  sectateurs  de  Doud- 
les  Sermanes  ou  Samanijra  , 
putes  intérieures  rntrc  les  sec^ 
armi  lesquelles  il  désigne  les 
nés  ou  Paramangha  ^  et  m 
il  tous  les  traits  de  la  société 
Mse  et  civile  des  Hindous ,  telle 
éjà  une  ancienne  civilisation , 
blement  inconnue  à  llérudotc, 

'alil  ,  Oftindien  ,  Il ,  3i8,  3.i7,  i>53. 

«  ooiB    vital  «an»  donir  dr  futm  ou  poiu  , 


STR 


II 


k  Gtésias  et  à  leurs  guides  persans  ^ 
l'avait  créée  dans  les  régions  inté- 
rieures sur  les  bords  du  Gange,  du 
Kbrisna  et  du  Nerboudda.  En  com- 
parant le  tableau  raisonné  de  Stra- 
bon a  vccles  immenses  uomendatures^ 
les  citations  confuses,  les  indications 
disséminées  de  Pline ,  on  s'écrie  dou- 
loureusement :  Pourquoi  le  géogra- 
[>he  n'a-t-il  pas  eu  un  peu  plus  de  pa- 
tience et  d'indostrie  de  copiste  lou 
pourquoi  le  naturaliste  n'avait-il  pas 
le  jugement ,  le  goôt  et  les  vues  phi- 
losophiques du  géographe  !  Le  reste 
du  quinzième  livre  n'est  pas  moins 
curieux  ;  c'est  la  Perse  surtout  qui 
y  attire  notre  attention ,  et  c'est  en- 
core d'après  des  sources  peu  con- 
nues ,  ou  même  des  observations 
personnelles  que  parle  notre  auteor. 
Le  fameux  passage  sur  le  culte  du 
feu  dans  la  Cappadoce,  qu'il  dé- 
crit comme  téraoiu  oculaire,  est  p6Ét« 
être  le  plus  authentique  de  tous  ceux 
de  l'antiquité  sur  le  même  objet  :  on 
doit,  par  conséquent,  avx)ir  une  con<^ 
fiance  spéciale  dans  ce  que  Strabon 
dit  d'après  d'autres  historiens  sur  le 
culte  des  mages  en  Perse,  bien  qu'il 
faille  se  rappeler ,  à  l'égard  de  ces 
explications ,  que  c'est  un  philoso^ 
phc  grec  qui  parle ,  et  qu'un  philo- 
sophe grec  n'embrassait  pas,  comme 
nous  autres  chrétiens ,  dans  tn  coup 
d  œil  universel ,  tous  les  éléments  du 
monde  spirituel  (  pour  emprtmter 
une  expression  de  saint  Paul  ).  Il  est 
aussi  probable  que  dans  ces  impor- 
tants renseignements  de  notre  géo- 
graphe f  plusieurs  liturgies  spéciales 
de  diverses  sectes  ou  branches  de 
Mages  ont  été  mêlées  ensemble  ('26). 
Le  seizième  livre  contient  la  Babylo- 
uie ,  la  Mésopotamie  ,  la  Syrie  et 


(«G)   KIruker ,  SuftpUmeml  «m  Zind-  -Iv^st»  ,  il , 
put.  »)  p.  75. 


13  STB 

l'Arabie.  Beaucoup  de  choses  sout 
tirées  de  Néarque,d'Artéinidore,de 
Posidonius  ,  d'Évatostbcnes  ^  mais 
Strabou  avait  encore  des  sources 
particulières,  et  il  avait  hii-méme 
traversé  la  Syi'ie  maritime,  (i'est  sa 
coDÛance   dans   son  propre  coup- 
d'oeil  passager^  qui  lui  a  fait  com- 
mettre la  plus  grossière  erreur  en 
confondant  le  lac  Sirbonis  sur  les 
bords  de  la  mer,  arec  le  lac  AsphaU 
tite.  Mais ,  pour  un  païen ,  il  rend 
une  justice  éclatante  aux  grandes  idées 
morales  qui  régnent  dans  la  législa- 
tion de  Moïse  ;  il  en  voudrait  presque 
faire  un  philosophe  du  Portique  ;  il 
a  pulire  en  greclelivrede  la  Sagesse, 
et  nous  ne  voyons  pas  sur  quoi  s'ap- 
puie l'omnisciencc  des  Allemands, 
lorsqu'ils  aillrment  queStrabon  a  dû 
copier  tout  cela  daus  un  autre  écri- 
vam.  Vers  la  fin  du  livre,  il  donne 
ÙÈtB  renseignements  tirés  de  ses  pro- 
pres enlrclicns  avec  iEiius  Gallus, 
Sréfet  d'ÉgjTpte,  et  avec   Atliéno- 
ore  de  Tarse ,  le  précepteur  d'Au- 
guste, qui  avait  été  à  Pélra ,  chef-lieu 
des  Nabathéeus.  Enfin  le  dix-septiè- 
me et  dernier  livre  nous  offre  un 
tableau  spécial  de  l'Ép^ypte  et  une 
esquisse  rapide  du  reste  de  l'Afrique, 
L'auteur  avait  lui-même  voyagé  en 
Egypte  sur  le  Nil  jusqu'aux  Cata- 
ractes; il  faisait  partie  du  brillant 
cortège  de  son  ami  yElius  Gallus , 
gouverneur  du  pays  ;  et  ce  fut  en  pré- 
sence de  beaucoup  d'olliciers  et  de 
soldats  romains,  qu'il  entendit  la  fa- 
meuse statue  de  Menmon  rendre,  aux 
j)remiers  rayons  du  jour,  un  son  dis- 
tinct comme  si  quelqu'un  Teiit  frap- 
pée: il  ne  crut  pas  au  miracle  ;  mais 
pourquoi  n'alla-t-il  pas  lelcndcmain 
examiner  deuouveau  le  phénomène? 
On  voit  que  le  gouvcracur  et  sesamb 
voyageaient  plus  en  curieux  qu'en 
savants;  les  fctes  et  les  hommages 


■ 


STR 

les  environnaient  ;  il  v  avait  dans  Ir  ■ 
cortège  une  espèce  de  prêtre  ésjf- 
tien  de  basse  classe,  nomme'  Ghéré- 
mon  ,qui  servait  de  but  aux  plaisan- 
teries de  l'illustre  compagnie;  maîi 
pour  ce  qui  est  des  prêtres  savants , 
mstniitsdans  les  hiéroglyphes ,  Stn* 
bon  n'en  rencontra  aucun  ;  il  ne  res» 
tait  que  des  desservants  des  temples 
qui  maintenaient  les  cérémonies  ex- 
térieures, etdes  jongleurs  qui  savaient 
faire  ouvrir  k  gueule  à  un  crocodile 
sacré,  pour  lui  faire  agréer  rofirande 
de  chair  et  d'hydromel.  Ainsi ,  en 
supposant  un  philosophe  stoïcien^ 
comme  l'était  Strabon,  disposé  it 
étudier  le  grossier  fétichisme  des 
Égyptiens  et  à  scruter  la  douteuse 
science  de  leurs  prêtres  ,  les  moyens 
lui  auraient  manqué.  Il  faut  donc  con-    \ 
sidérer  sa  relation  de  l'Éjypte  com-    i 
me  le  résultat  d'un  coup  d  œil  passai-   \ 
ger  ,  intéressant  seulement  sous  le   { 
rapport  des  localités  et  de  l'état  civil    } 
de  l'Egypte  romaine.  En  accordant    « 
ceci  aux  détracteurs  de  Strabon ,    . 
nous  ne  pouvons  pas  admettre,  avec 
le  savant  M.  Gossellin  ,  que  le  géo- 
çraphe  grec  ait  navigué,  sans  s'en    ■ 
douter,  sur  le  canal  d'Oxyrinchu», 
en  prenant  ce  canal   pour  le  vrai 
Nil ,  et  celui-ci  pour  un  canal.  Rien 
ne  prouve  cette  assertion,  qu'on  fonde 
uniquement  sur  le  silence  du  géogra- 
phe-voyageur, k  l'égand  de  quelques 
villes   remarquables.   Nous   serions 
tentés  de  croire  que  Strabon  fit  une 
excursion  à  Myos-Hormos  ,  et  qu'il 
vérifia  de  ses  yeux ,  qu'il  partait 
cent  vingt  bâtiments  ér^yptiens  pour 
l'Inde  ;  d'abord  le  mot  grec  offre  ce 
sens  chez  les  auteurs  les  plus  rappro- 
chés du  temps  de  notre  écrivain  (a'y). 


(*7^  I^TOpOUttyjV  <ï'l  Slniljini.  «  J'raf  occ«- 
nîon  de  m'aMiircr  n  dît  la  traduction  ftançaiiie. 
Plntarmie,  dans  LuntUu»  ^  rn  disant  qne  re  Ro- 
maîa  4^ut/«  les  nonaoïcnU  d«  Mcin^tLi»,  9\Jii  ttitt» 


STR 

t  fut  à  Myos-Hormos  que 
,  aa  retour  d'Arabie,  Ta- 
iis-Gallus ,  et  il  est  proba- 
avait  envoyé'  quelqu'un  vi- 
lieus;  enfin  ce  passage  se 
ins  l'ensemble  de  ceux  ou 
nous  e'tale  la  carte  de  ses 
Après  avoir  décrit  TÉgypte 
il,  après  avoir  profite'  de 
Q  militaire  de  Pétronius  et 
âge  d'Âgatharcbide ,  pour 
vec  intérêt  de  l'Ethiopie 
,  il  prend  tout  -  à  -  coup 
ère  d'abreviateur  superû- 
ird  de  l'Afrique  septentrio- 
:cidentale  ;  à  peine  daigne- 
crer  quelques  pages  à  ces 
^ions  ,  et  encore  ces  pages 
s  absorbées  par  des  dé- 
criques  et  politiques.  Com- 
t-il  pu  dédaigner  ainsi  les 
;recs  qui  avaient  e'crit  sur 
?  Ignorer  le  pe'ripled'Han- 
s  écrits  géographiques  de 
•n  contemporain?  Ne  pas 
davantage  sur  les  passages 
ts  qu'il  nous  a  heureusement 
du  naturaliste  Iphicrates  , 
-aient  dû  lui  faire  soupçon- 
tilité  de  l'Ethiopie  occiden- 
us  répéterons  ici  la  conjec- 
lous  avons  déjà  émise  :  la 
rédaction  de  sa  Géographie 
jeunesse  de  Strabon,peut- 
>n  séjour  n  Alexandrie  ;  la 
édaction  date  de  sa  vieil- 
.  livres  iv". ,  vn«.  et  xviio. 


I  ville  d'Atitioche,  emploje  le  terme 

dans  le  seat   le  plus  positif.  Il  s'en 

it  dans  son  TheseV.  Galipii  (  lib.  2  ad 

it  :    Je  Jcs   ai    vu  p*=rir,  ifJTOpYitJX 

J'JÇ.  l>Pnirrac  detlDÎt  Icmot  tijfoOtX 
d'observation  personnelle  (  lib.  a  de 
■i*lotc  r.iviiil  déjà  prit  dniu  la  uir.'iic 
i  I*  mpprocJiant  de  l'anatouiie.  Lnfiit 
djque  ooù.  comme  un  des  sjnonrnie.i 

•  Xons  no  pouvons  pas  aprofundir  ici 
a  ;  B0U.1  ne  voulons  que  l'iudiquer. 


STR  i3 

n'ont  pas  e'té  complètement  revus  par 
l'auteur ,  mort  probablement  sur  le 
travail  :  ils  nous  sont  parvenus  dans 
la  forme  plus  légère  et  plus  supe^- 
cidle  qu'un  jeune  littérateur  et  phi- 
losophe voulait  donner  à  son  ouvrage. 
Nous  trouvons  une  preuve  très-forte 
àe  cette  hypothèse  dans  l'espèce  de 
double  emploi  oui  se  manifeste  entre 
le  morceau  final  du  livre  i  v®  et  celui 
du  livre  xvii*.  ;  dans  l'un  et  l'autre 
il  jette  un  coup  -  d'œil  général  sur 
l'empire  romain  ^  les  deux  morceaux 
auraient  dû  être  réunis^   ou  bien  le 
dernier  aurait  dû  être  remplacé  par 
une  péroraison  plus  digne  de  l'en- 
semble. Mais  la  fin  du  livre  xvii''. , 
où  il  n'est  question  que  d'Auguste  et 
non  pas  de  Tibère,  était  écrite  long- 
temps avant  la  fin  du  livre  vi®. ,  et 
l'auteur  n'a  pas  eu  le  temps  de  les 
coordonner.  Nous  n'ignorons  pas  que 
dans  le  livre  vi°. ,  le  roi  -  géographe 
Juba  est  nommé  comme  vivant ,  et 
dans  le  livre  xvii**  comme  mort  y  ce 
qui  semblerait  prouver  une  rédaction 
progressive  et  unique  de  tout  l'ou- 
vrage; mais  nous  expliquons  cette 
circonstance  par  des  corrections  iso- 
lées. Après  cette  analyse  des  travaux 
deStrabon,  il  ne  nous  reste  qu'à  par- 
ler de  ses  principaux  éditeurs,  com- 
mentateurs et  traducteurs.  L'édition 
Princeps  est  celle  des  Aides ,  Venise, 
1 5 1 6,  in-fol.  On  estime  celle  deCasau- 
bon ,  réimprimée  par  Morel ,  Paris , 
1620,  in-fo).  j  celle  d'Almeloveen  , 
An^sterdam,  1707  ;  celle  de  Sieben- 
kees,  continuée  par  Tzchucl^e,  Leip- 
zig ,  1796-  i8ii,  six  vol.  in-8<».; 
c'est  la  plus  ample  et  la  plus  riche 
en  notes  ;  enfin  celle  du  savant  grec , 
M.  Coray,  1818,  1819,  quatre  vol. 
in-8^.,  abondante  en  corrections  cri- 
tiques ,  souvent  très  -  ingénieuses  et 
accompagnées  d'un  excellent  com- 
mentaire. L'édition  de  Falconer,  Ox- 


i4 


STR 


ford,  1807,  a  vol.  ÎD-fol.,  n'est  re- 
marquable que  par  l'ignorance  dëdai- 
goeuse  de  l'éditeur ,  qui  ne  connaît 
pas  même  le  nom  des  savants  conti- 
nentaux. La  traduction  latine  an- 
cienne de  Phoi^orinus  et  de  Tifemas 
(  F<y^€z  GuARiM  ,  XVIII ,  593  ) 
est  très  -  intéressante ,  parce  qu'elle 
paraît  fondée  sur  des  manuscrits 
particuliers.  Elle  est  antérieure  «i  la 
publication  du  texte ,  ayant  été  im- 
primée à  Rome  j  cliez  Swéinheim  et 
Pannarz ,  sans  date ,  mais  des  1 469 
ou  1 47 1  •  La  version  latinede  Xylan- 
der  ,  Bâle ,  1 67 1  ,  est  un  travail 
bien  savant  pour  le  temps  ;  elle  est 
remarquable  encore  parce  qu'cMe 
foime  le  Pont -aux-  Anes  y  par  où 
passent  les  littérateurs,  les  natura- 
listes et  autres  ,  qui  veulent  citer 
Strabon  sans  l'avoir  lu  dans  le  tex- 
te, ce  qui  est  dangereux,  précisé- 
ment à  cause  de  l'élégante  latmité  du 
traducteur.  I^a  pédanterie  de  Penzel 
rend  sa  traduction  allemande  illisi- 
ble ;  mais  il  s'y  trouve ,  dit  -  on ,  des 
remarques  phîines  de  sagacité  {Neue 
philologische  Bibliothek,  11 ,  p.  1 52 , 
324)-  1-'^  proposition  de  publier  une 
traduction  française  de  Strabon, 
ayant  été  faite  au  gouvernement  par 
quelques  gensdeleltres.  l'institut,  con- 
sulté sur  cet  objet ,  en  iit  conlier  l'exé- 
cution à  des  hommes  plus  savants  que 
ceuxqui  en  avaientdonné  l'idée.  MM. 
Laporte  du  ïlieil ,  Gosscllin  et  Co- 
raî  en  furent  chargés.  M.  I^etronue 
les  remplaça  pour  les  livres  xvi*-.  et 
xvii*".  I^  traduction  entière  a  paru 
en  5  volumes  ( Paris,  i8o5-i8i9  :  ; 
mais  on  attend  toujours  en  vain  une 
partie  des  éclaircissements  et  l'intro- 
duction. C'est  sans  contredit  un  tra- 
vail tiès-utile,  très-laborieux  et  très- 
méritoire  dans  son  ensemble  ;  la  pu- 
blication du  texte  du  livre  i\^ ,  d'a- 
près un  manuscrit  delabibSothèqne 


STR 

du  roi,  donne  même  «1  cette  tradtiction 
toute  l'importance  d'une  édition  cri- 
tique. Les  édaircisscnients  pid)liéi 
sont  pleins  de  recherches  savantes; 
mais  on  regrette  l'admission  d'un 
système  de  traduction  qui ,  en  ex- 
cluant l'élégance,  vise  à  une  exac* 
titude  qu'elle  n'atteint  pas  toujours. 
On  regrette  que  M.  Gossellin  ait  pro- 
posé tant  de  corrections  arbitraires 
pour  assujétir  le  texte  à  son  opinion 
particulière ,  et  que  MM.  du  Tneil  et 
Goraï  n'aient  pas  mieux  connu  les 
travaux  allemands  sur  l'histoire  mo- 
rale des  peuples  et  celle  des  langues, 
afin  de  mettre  plus  de  critique  dans 
leurs  notes  sur  ces  deux  objets.  Le 
travail  de  M.  Letronne  a  obtenu  des 
suHrages  unanimes.  Parmi  les  essais 
sur  quelques  parties  de  Strabon , 
nous  remarquerons  surtout  le  com^ 
meucement  d'une  édition  par  Bre- 
quigny,  la  Dissertation  deLunemann 
et  celle  de  Rommel  sur  le  Caucase  , 
les  Conjecturée  criticœ  de  Tyrwbitt  et 
l'important  chapitre  Stbabos  dans 
la  Géographie  des  Grecs  analjrséeàt 
M.  Gosselliu.  M.  Hennicke  a  écrit  une 
Dissertation  latine  sur  les  sources  où 
Strabon  a  puisé  (Gottingue,  1791), 
et  M.  Heeren  a  traité  le  même  sujet 
dans  ses  Commentai,  de  fonti" 
bus  geograph,  Strabon,  (Gottingue , 
1823  ).  Marsilius  Cagnotus  a  traité 
de  race  de  Strabon  dans  ses  Farim 
observât. y  c.  'Jto,  p.  *if\ô' 'ÀiàQ. 

M.  B— N. 
STRABUS  ou  STRABON  (  Wa- 
LAFRiuE  ) ,  bénédictin  du  neuvième 
siècle,  se  distingua  par  l'étendue  de 
SCS  connaissances,  et  publia  de  nom- 
breux écrits ,  entreaut.es,  des  vere  , 
plus  élégants  que  ne  semblait  le  pitH 
mettre  l'époque  où  il  les  composa. 
Les  circonstances  de  sa  vie  nous  sont 
parvenues  très-incertaines.  l.,es  bio- 
graphes anglais ,  comme  Baie  et  Pits , 


I  aoglo-s^on  y  ué  <en  An- 
,^mre  ou  pacent  du  Yéoé^ 
«de.  Us  >pr^eiidait  qu'a- 
gît pris  YnaiM  k  Xondres^ 
iidier  à  Fulde,  et  qu'il  y. eut 
Atxe  le  célèbre  AIcuîil;  suis 
as  nos&ihle  qu'il  ait  été  el€ve' 
jM  y  comme  ils  le  disent ,  il 
en  758.  Sigebert  etTritheim 
sent ,  avec  plus  de  yraisem- 
aë  en  Allemagne  y  et  Strabus 
:  indique  la  Souabe  comme 

natal.  Il  fut  elevëdans  Tab- 
Saint-^all,  par  Grimoald, 
ce  célèbre  monastère;  c'est  ce 
oie  un  passage  d'un  auteur 
orain  ,  qui  félicite  ce  prélat 
été  le  précepteur  d'un  aussi 
iptûste.  Strabus  passa ,  vers 
i ,  à  l'abbaye  de  Fulde  y  où  il 
leçons  de  >Raban  Maur  :  ses 
nies ,  il  revint  à  Saint-Gall , 
fut  nommé  doyen  en  84^ , 
bbe  de  la  célèbre  abbaye  de 
lu  dans  le  diocèse  de  Gons- 
la  piété  exemplaire  et  son 

savoir  lui  attirèrent  une 
considération  ;  ce  qui  le  (it 
par  Louis  I*^''.  ,  dit  le  Ger- 
,  comme  son  ambassadeur 
Gbarles-le-Chauve.  Strabus 
à  Paris  y  dans  le  cours  de 
ission  ,  veis  849.  Dix-neuf 
fcrits  ont  été  publics  dans 
s  recueils,  notamment  dans 
Caoisius ,  intitulé  :  AiUiquœ 
i;  ils  se  trouvent  dans  le 
les  sept  volumes,  qui  compo- 
ïcueil.  Nousneciteronsque  ses 
s  principaux  :  I.  Glossa  ordir 
sacrant  scripturam ,  7  vol. 
Anvers,  lâgo.  On  trouve 
Ibtoire  littéraire  de  France , 
[es  différentes  éditions  de  ce 
nais  on  croit  qu'il  est  de 
ou  du  moins  que  c'est  le  ro- 
ses leçons,  que  Strabus  avait 


STR 


i5 


recueillies.  Il  en  est  de  m^nie  du 
suivant  :  rll.  Glossœ  latma-barbà- 
rœ  de  partibus  corporis  humam, 
Goldast  l'a  inséré  d^ns  saa  Becuôi 
iRfi5  dlemanicœ.  III.  De  officiis  di* 
vinis  sii^  de  exordus  et  ûwremen' 
tis  rerum  mclesiasticanan  :  Godilëe 
le  lit  entrer  dans  sa  collection  inti- 
tulée :  Spéculum  antiquœ  dettotioms 
drcà  missam,  Mons,  i549  ;  de  là 
il  passa  dans  d'autres  recueils.  Cet 
ouvrage  est  utile ,  surtout  pour  faire 
connaître  l'ancienne  discipline  de  l'É- 
glise. IV.  Sermo  seu  tractatus  de 
subversione  Jérusalem ,  commenta- 
rias  m  Novuni  Testamentum  ^  pu- 
blié par  Dom  Martianay  ( Fo^ez  ce 
nom  ,  XXVII ,  287  )  y  dans  Je  cin- 
quième volume  des  Œuvres  de  saint 
Jérôme.  V.  Picturœ  historiarum 
Novi  Testamenti  (Goldast,  Manuel 
biblique,  Francfort,  1620^  p.  35  ). 
VI*  Homilia  in  initium  Evan^elii 
Mattlicei  de  genealogid  Ckristi,  pu- 
blié par  Dom  Bernara  Pez  (  Fqy.  ce 
nom , XXXIII ,  i5  ),  dans  son  Thé- 
saurus anecdotorum ,  vol.  4  ;  on  y 
trouve  aussi ,  vol.  a.  VII.  Expositio 
XX  primorum  Psaknorum.Uahré^ 
ou  Ëpitome  des  commentaires  de  Ra- 
ban  sur  le  Lévitique ,  inséré  dans  les 
Ol'Luvres  de  ce  savant ,  est  de  Stra- 
bus ^  les  auteurs  de  l'Histoire  litté- 
'  rairc  de  la  France  lui  attribuent  le 
Gommentaire  des  annales  de  Fulde. 
il  a  mis  une  préface  à  l'ouvrage  de 
Thcganus  de  Gestis  Ludovici  PiL 
Strabus  a  publié  en  outre  plusieurs 
Vies  de  samts  y  dont  quelques-unes 
sont  en  vers.  VIII.  De  vitd  B. 
Gain  confessor. ,  recueillie  d'abord 
par  Surins  y  ensuite  par  Goldast , 
et  par  Mabillon ,  iS^c.  2.  hened.  Il  en 
a  vait  composé  une  autre  en  vers^qu'on 
dit  exister  dans  labibl.  deSaint-Gall. 
IX.  Fiia  sancti  Otbmari  abhatis  , 
et  deux  autres  vies  de  saints  en  vers. 


«6 


STR 


X.   De  visionibus  sancii   JVeltini 
canonici  hasilcensis.  Strabus  compo- 
sa cepoèmedcneufceDt5Ters,àrage 
de  dix-huit  ans .  et  il  n'y  ëpargnepas 
la  mémoire  de  Lbarlemagne,  car  u  le 
représente  livré  dans  l'autre  monde,  à 
un  supplice  toujours  renouvelé ,  pour 
le  pumr  de  ses  adultères  :  c'était  sous 
le  règne  du  (ils  de  ce  monarque  qu'il 
s'exprimait   aussi    librement.   XI. 
Douze  Hymnes  à  l'honneur  des  Apô- 
tres; Basnage  les  attribue  à  saint 
Fortunat.  XlJ.  Poemata  :  ce  sont 
des  pièces  très-courtes  la  plupart ,  mê- 
me des  distiques,  sur  dilf  crents sujets , 
souvent  profanes.  Metzler  lui  attribue 
d'autres  poèmes  religieux,  l'un  en- 
tre autres  sur  les  miracles  de  la  sainte 
Vierge;  mais  ils  sont  restés  manus- 
crits. Ces  ouvrages  assurent  à  Stra- 
bus une  place  distinguée  parmi  les 
écrivains  ecclésiastiques  du  moyen 
âge;   mais  c'est  à  peine   s'ils  sont 
consultés  par  les  théologicus  ,   en 
sorte  que  sans  un  petit  poème  de 
45o  vers,   sa  réputation  se  serait 
peu  étendue  ;  grâce  à  celte  produc- 
tion ,  Strabus  a  mérité  l'attention  des 
littérateurs  et  des  savants.  Elle  porte 
ce  titre  :  XII ï.  Hortulus  ou  Petit 
jardin.  On  le  voit  d'ubord  cité  dans 
un  poème  sur  les  plantes  publié  sous 
le  nom  de  Macer  Floridus,  en  1 477  : 
on  y  trouve,  au  chapitre  xxv  :  JJe 
Ligustico  j  uii  passage  qui  commence 
ainsi  : 

//ii/ic  oculis  StrahutJettujH:  et  odort  norn-am 

dit  ensuite  qu'il  ne  sait  pas  si 
Strabus  a  dit  cela  d'après  sa  propre 
expérience,  ou  sur  l'autorité  des  li- 
vres, à  doctorum  lihris.  L'éditeur, 
dans  une  note  marginale,  dit  que 
Strabus  fut  disciple  de  Baban;  mais 
la  première  édition  de  VHortuUis 
prut  à  Nuremberg  en  i5i2 ,  chez  le 
libraire  Jean  Weysscnbourg  ,  sous 


STR 

ce  titre  :  Hortulus  omatissimui 
carmifds  elegantid   delectabilis  ; 
Jean  Atrocianus  le  lit  reparaître  à  la 
suite  de  Macer ,  en  1 53o ,  sous  le  nom 
de  Strabus  Gallus, ce  qui  fît  regarder 
depuis  ce  temps  cet  auteur  comme 
français.  Il  y  a  apparence  que  le  vé- 
ritable titre  portait  Strabi  decani 
sancti  Galli  Hortulus.  Strabus  fut 
réimprimé  avec  le  poème  de  Fiera , 
intitulé  Cœna  (F,  Fiera  ).  Ganisius, 
en  l'insérant  dans  ses  Antiquœ  Icc^ 
tiones ,  publia,  pour  la  première  fois , 
l'Épître  dédicatoire  adressée  à  Gri- 
moald ,  abbé  de  saint  Gall.  On  re- 
trouve encore  VHortulus  dans   le 
traité  De  diœtd  d'Ëobanus  Hessus, 
et  dans  le  recueil  d'André  Rivinus, 
Rei  hortensis  scriptore  metriciy  Leip- 
zig ,   iG53,  in-o<>.  :  Gaspar  Bartli 
publia  quelques  corrections   et  des 
remarques  sur  ce  poème,  en  1624^ 
dans  ses  Adversaria,  Ces  nombreu- 
ses publications  sont  une  preuve  du 
cas  qu'on  a  fait  de  l'opuscule.  11 
nous  reste  à  le  considérer  en  lui-mê- 
me ,  sous  les  rapports  de  la  littérature 
et  de  la  scieuce.  Pour  le  style  on  l'a 
jugé  plus  élégant  que  le  siècle  où  il 
a  été  écrit  ne  le  promettait.  On  y  trou- 
ve des  traits  de  mythologie  ;  mais  ils 
sont  employés  sobrement  et  avec 
goût  ;  la   versification  est  facile   et 
assez  correcte  ;  seulement  quelquefois 
les  mots  sont  contractés  pour  les  ac- 
commoder à  la  mesure.  Ëii  voici  un 
échantillon  : 

IlnC  nnn  %ola  tnthi  paii-fecit  oftinto^/îtmar 
f  uffiiirii ,  iftmsiia  lihnt  nec  if-'tio  prifrit 
iVcn/  l<'ln)f  et  iiuiH'iiH  ,  tftnhii*  otii  lon^n  flierum 
PoyIfioMti  y  e.rfterirm  trhtit  ftorttere  ptvlalum. 

C'est  la  terminaison  d'ime  préface 
de  quatorze  vers.  L'auteur  annonce 
donc  que  ce  qu'il  va  publier  est  le 
fruit  de  sa  propre  expérience  ,  et 
qu'il  a  préféré  Tétude  et  le  travail  à 
luie  longue  vie  passée  dans  l'oisiveté. 
Nous  connaissions  ces  vers  depuis 


STR 

long-temps ,  parce  qu'ils  avaient  ctc' 
ein[ilojé»  j  comme  cpigraplie   par 
uo  auteur  célèbre,  qui  s'est  fait  admi- 
rer pour  la  précbion  avec  laquelle 
il  a  employé  ses  découvertes.  C'est 
Linné  y  qui  s'en  est  f  crvi  à  la  ti'tc 
de  son  Gênera  plant  arum  ;  mais  il 
n'avait  point  indiqué  la  source  où  il 
ks  avait  puises,  et  jusqu'au  moment 
où  nous  les  avons  lus  dans  Strabus , 
nous  les  cherchions  dans  les  poètes  de 
l'antiquité.  L'ouvrage  est  divisé  en 
Tingt-sii  chapitres,  eu  comptant  la 
préface  ;   le  second ,  de  cmquantc 
Ters  y  contient  des  géuéralitcs  sur  la 
culture  des  plantes  ;  les  préceptes  ex- 
posés sont  toujours  exprimés  avec 
devance  et  précision  ,  et  sont  tiès- 
justes  :   tels  soi^t   ceux  sur  l'arro- 
scment  où  il  prescrit  entre  autres 
de  ne  jamais  se  servir  d'eau  froide. 
Les  chapitres  qui  suivent,  au  nombre 
de  vingt-trois ,  plus  ou  moins  courts , 
contiennent  la  description  d'autant  de 
plantes.  C'est  une  moisson  bien  pau- 
Tre ,  dit  M.  Spreugcl;  aussi  ne  faut- 
il  pas  la  considérer  comme  Ténu- 
iiératioit  complète  des  plantes  qui  se 
trouvaient  alors  dans   les  j airains  ^ 
flutis  de  celles  seulement  que  Strabus 
wigoait  lui-même  dans  son  petit  coin 
de  terre ,  sans  doute  pcuaant  qu'il 
était  simple  étudiant  près  de  Ha- 
ban  ;  el  alors  ,  quoique  dans  uuc 
abbaye  des  plus  opulentes,  il  n'avait 
pas  toutes  les  commodités  de  la  vie, 
témoin  deux  requêtes  en  vers  ,  qu'il 
adresse  â  son  maître  :  l'une  Pro  cal- 
ceamentis  afm  d'obtenir  des  souliers 
pour  ne  pas  marcher  nu-pieds  comme 
les  brutes, l'autre  afin  d'avoir  un  do- 
mestique. Il  n'avait  donc  à  sa  dis- 
position qu'uu  petit  terrain,  qu'il  cul- 
tivait dans  ses  moments  de  récréa- 
tion.   11  en  décrit  les  plantes  sans 
aucun  ordre;  on  y  distingue  comme 
fleurs  d'agrément  le  lys ,  la  rose  ,  le 

ZLrv. 


S 


STR  1 7 

pavot  et  le  glaïeul  ;  comme  plantes 
potagères  ,  la  courge ,  le  pepou  (  qui 
n'est  pas  le  melon  ) ,  le  cerfeuil ,  le 
persil  et  le  raifort  ;  comme  plantes 
odorantes  et  de  bordure  ,  l'aurons, 
l'absinthe ,  le  (eiiouil,  la  sauge,  iious 
le  nom  à' E délite us^iis,  la  sclarée,  la 
livéclie  IWissicum  ,  la    menthe  ,   le 
)ouîiôt ,  îc  Ni'pcLi ,  Tambrosie  :  il 
it  au  sujet  de  cette  plante,  qu*il  ne 
peut  décider  si  c'est  celle  que  les  aiî- 
cicus  nommaient  ainsi  :  il   croyait 
être  sur  de  la  nomenclature  des  au- 
tres, ce  qui  prouverait  qu'une  soilc 
de  tradition  maintenait  au  moins  les 
noms  des  anciens  ;  enfin  comme  plan- 
tes purerneut  médicales,  il   cite  la 
rue  ,  la  bctoine  et  l'aigremoine.  Les 
vertus  qu'il  attribue  à  ces  plant&s 
sont  fa]iulc:isrspour  la  plupart  ;  mais 
les  desrriplioiis  sont  bonnes.  On  voit 
que  Strabus  peut  passer  pour  le  di- 
ijne  précurseur  des  poètes  la  lins  mo- 
aerues  qui  nou>  ont  laissé  des  poè- 
mes  didactiques    sur  l'agriculture, 
comme  Pontânus^  Rapin,  Yanière  , 
ctc.  Son  ouvrage  ne  déparerait  pas 
la  collection  qu'on  pourrait  en  faire, 
suivant  le  dcsir  de  Pluche.  (  Voyez 
Spect,  de  la  N.,  tom.  ii.  )      D-p-s. 
SÏRAD A  (  Famien  ) ,  historien , 
né  à  Rome  en  i  '^ja ,  et  l'un  des  meil- 
leurs élèves  d*Horace  TurscUin  et 
de  François  Benci,  embrassa  Tins- 
titution  de  saint   Ignace  ,  et  pro- 
nonça ses  vœux  dans  le  collège  ro- 
main.  Il  y  enseigna  la  rhétorique 
Scndant  quinze  ans  ,  et  en  formant 
es  orateurs  par  ses  préceptes,  il 
les   encouragea   par  son   exemple , 
lorsqu'il  fut  invite  à  prêcher  devant 
les  papes  Clément  VÎIl  et  Paul  V- 
Sa  voix  retentit  encore  au  Vatican  à 
la  mort  de  Grégoire  XV,  dont  il 
prononça  l'oraison  funèbre ,  en  pré- 
sence do  sacré  collège.  Urbain  VllI, 
protecteur  zélé  des  lettres,  aurait 


i8 


STR 


Toulu  récompenser  le  mérite  de  l'o- 
rateur ;  mais  non  moins  savant  auc 
modeste ,  Strada  bornait  son  ambi- 
tion h  obtenir  un  nom  eu  littérature. 
Il  s'était  annoncé  par  quelques  dis- 
cours académiques,  et  par  un  re- 
cueil dans  lequel  il  avait  essayé  d'i- 
miter le  style  de  plusieurs  poètes 
latins.  C'était  le  moyen  de  n  avoir 
aucune  manière  à  soi^  car    il  est 
impossible  d'être   à-la-fois  Virgile 
et  Lucain ,  Claudicn  et  Stace  ,  Lu- 
crèce et  Ovide.  Mais  ces  tours  de 
force  étaient  alors  à  la  mode ,  et  Ti- 
raboscbi  lui-même  n'a  .pas  su  se 
défendre  d'admirer  dans  otrada  un 
talent  aussi  versatile.  On  aurait  pro- 
bablement oublié  cet  écrivain,  s'il  n'a- 
vait pas  entrepris  un  ouvrage  plus 
sérieux  sur  la  longue  et  opiniâtre 
lutte  qui  détacha  de  la  domination 
espagnole  les  provinces  Batavcs.  IjC 
cardinal  Bontivoglio  dit  qu'après  une 
attente  de  trente  années  ^  on  vit  paraî- 
tre, en  i63a(i), le  premier  volume 
de  cette  histoire,  dont  le  second  ne  fut 

Sid)lié  qu'en  1 647  •  Ces  deux  parties^ 
ivisées  en  vingt  livres  ,  commen- 
cent à  l'abdication  de  Charles- Quint, 
en  i555,  et  s'étendent  jusqu'à  la 
reddition  de  RhinsLerg  (  3o  janvier 
1.590  ).  Elles  embrassent  par  consé- 
quent une  période  marquée  par  les 
grands  événements  qui  se  succédè- 
rent en  Flandre  ,  sous  le  gouverne- 
ment de  la  duchesse  de  Parme ,  du 
duc  d'Albe  y  du  grand  commandeur 
Requesens  ,  de  don  Juan  d'Autriche 
et  d'Alexandre  Farnèse.  L'auteur  ne 
s'était  point  dissimulé  la  grandeur 
de  sa  tâche  :  regardant  même  com- 
me peu  convenable  pour  un  religieux 
de  manier  les  armes  et  de  parier 
de  guerre,  il  se  reprochait  la  har- 


ri\  Ce  fui  fUtm  In  mrmt  année   rjuc  BentiTn^ho 
(Mihfiii  fc^n  Itittom  ilr  la  guerre  Hr  Ftnmiirt , 


STR 

diesse  d'avoir  conçu  un  pareil 

vivant ,  comme  il  le  faisait , 

cloître,  plus  occupé  des  temps 

que  des  intérêts  de  son  siècle 

il  ne  voulut  pas  renoncer  à  1 

tage  d'employer  des  rcnseign 

puisés  <(  dans  les  lettres  et  l 

»  moires  de  ceux  qui  avaie 

»  dans  toutes  ces  guerres , 

»  avaient  commandé  qu'elles 

»  sent.  »  D'après  ce  peu  de  me 

supposé  que  Strada  avait  écr 

l'influence  delà  maison  des  Fa 

d'autant  plus  qu'il  s'exprim- 

admiration  sur  Marguerite  d' 

che,  et  sur  le  prince  de  Parme 

si  c'est  un  tort  que  d'en  h  on» 

mémoire  ,  la  plupart  des  h 

doivent  s'avouer  presqu'auss 

pables  que  l'historien  ;  car  il  < 

ficile  de  ne  pas  rendre  justic 

qualités  éminentes  de  ces  prin< 

instruments  de  la  puissance  d 

lippe  IL  II  paraît  d'ailleurs  pc 

bable  que  leurs  portraits  aie 

flattés  à  dessein  par  la  main  qui 

ces  paroles  remarquables  :  « 

n  siècle  a  presque  perdu  la  lib< 

»  parler ,  par  le  vice  même  de 

»  vains  qui  ne  se  proposent  c 

»  plaire  aux  grands,  et  qui,  n 

»  cette  faute  sur  le  temps  et  s 

»  mœurs  y  appellent  vertu  du 

»  la  complaisance  et  la  flatterie 

»  moi ,  qui  ai  le  témoignage  ( 

»  conscience  ,  que  j'interroge 

»  souvent ,  et  que  je  ne  trou 

»  sujétie    sous    Vempire   d\ 

»  prince   ni  achetée  par  a 

TU  faveur,  je  supplie  ceux  q 

»  feront  l'honneur  dq  considère 

»  travail  ;  que  ,  comme  pour 

»  l'histoire ,  ils  demandent  ei 

»  un  esprit  dégagé  d'amour 

»  haine  pour  l'un  et  ptfur  1 

»  parti ,  ils  appoétékit  de  mêm 

n  lecture  de  cotte*  histoire  un 


STR 

»  dcsintëressé .  de  peur  qu'on  ne  blâ- 
•»  me  sans  raison  une  nourriture  y 
»  si  elie  Tient  à  s'aigrir  dans  un  es- 
3»  tomac  malade  et  indispose»  (  livre 
!«'.  ).  Ce  qu'on  est  plus  en  droit  de 
reprocher  à  Strada  c'est  la  facilite 
avec  laquelle  il  se  jette  dans  des  di- 
gressions inutiles(a)^qui  nuisent  à  Tin- 
semble  de  l'action  et  arréleiit  h  cha- 
one  pas  le  développement  d'un  drame 
a<mt  l'atrocitë  fait  attendre  la  fin 
ayec  impatiaice.  L'intérêt  du  spec- 
tateur se  refroidit  au  milieu  de  tant 
de  de'tails  insignifiants  sur  la  yic  pri- 
Tëe  des  acteurs  de  cette  sanglante 
catastrophe  :  on  désirerait  aussi  plus 
d'économie  dans  les  épisodes;  on  re- 
grette y  par  exemple  y  que  l'au- 
teur ait  donné  trop  d'importance  au 
combat  de  Austerweel ,  k  la  reddi- 
tion de  Limbourg ,  de  Valenciennes , 
et  qu'il  n'ait  pas  fait  mieux  con- 
naître les  circonstances  qui  accom- 
I»gnèrent  la  prise  de  Harlem  et  le 
ûéçe  de  Leyde.  On  doit  convenir 
aussi  mie  le  style  est  déparé  par 
l'abus  des  comparaisons  et  des  sen- 
knees;  par  ces  vaines  précautions 
de-t'orateuTy  si  déplacées  dans  un 
historien ,  dont  la  simplicité  est  mille 
ibis  préférable  à  la  recherche.  Mal- 
ices défauts ,  l'ouvrage  de  Strada 
tient  une  place  distinguée  parmi  les 
Iravaiix  historiques  du  dix-septième 
siècle  ;  et  si  l'auteur  doit  se  reconnaî- 
tre inférieur  à  Bentivoglio  ,  dans 
l'art  de  bien  décrire  les  lieux  ,  que 
eeliu-ci  avait  eu  l'avantage  d'obser- 
ver lui-même,  il  ne  méritait  pas  les 
invectives  de  Scioppii^s  (5)  ni  les  cri- 
tiques de  Bentivoglio  (4)  y  qui  Ta 

{a)  BcntiTOglio  «n  a  fait  U  remarque,  par  au 
r^trHto  qnî  oe  manque  paA  de  juitew.  //  maggior 
iiftiio  è  cke  Vaatiorr  ai  eognome  Sirada  ,  e*ca 
ImUoJmori  ^ifttrada.  Voj.  ne»  Mrracircs,  rbap.  ix. 

^J)  fnfmmim  Famiani ,  Amsterdam,  i6(i3,  in-ia. 

(4i  Mfmorie ,  tm>tf9  diaria ,  Amiterdam,  164S, 


STR  iQ 

examiné  plutôt  avec  la  jalousie  d'un 
lival  qu  avec  l'équité  d'un  juge. 
Strada  a  eu  pour  continuateurs  deux 
de  ses  confrères ,  Dondini  et  Galluc- 
cio  (  r.  ccsuoms ,  XI ,  549;  ^*  XVI , 
3^8  ).  Il  mourut  à  Rome  le  6  sep- 
tembre 1649.  On  a  de  lui  :  I.  Oratio- 
nés  III ^  de  Passione  Donùm  ;  àadks 
le  recueil  intitulé:  SocietatisJesuora- 
tioneSy  Rome,  1 64 1 ,  in- 1  :i.  Ces  trois 
passions  furent  préchées  dans  la  cha- 
pelle pontificale  devant  Clémeiit  VIII 
et  Paul  V.  II.  Prolusiones  et  Para- 
digmata  eloquentiœ ,  ibid.  1617, 
in-4^*  Les  pins  remarquables  de  ces 
discours  sont  ceux  où  l'auteur  exa- 
mine le  caractère  à.ts  principaux  his- 
toriens de  l'antiquité.  Kynaston  s'est 
chargé  de  défendre  Tacite  contre  les 
attaques  de  Strada;  voyez  sou  ou- 
vrage intitulé  :  De  impietate  C, 
Comelio  Tacito  Jalsb  ohjectaia  , 
Oxford,  1761,  in-80.  lu.  Oratio 
in  novendialifunere  Gregorii  XV ^ 
ibid.  i6îi3,in-4*'.  IV.  Oratiuncula 
qud  ÏDrhanuni  FUI  coUegium  ro- 
manum  inviseniem  excepit,  Wil- 
na ,  1 624 ,  in- 1  ^.  V.  Eloquentia  bi- 
partita.  Gouda,  i654,  in-12.  C'est 
dans  cet  ouvrage  que  l'auteur  a 
donné  un  échantillon  de  différents 
styles.  VI.  De  beUo  Belgico  de- 
cadts  duœ y  Rome,  i63a-47  >  2 
vol.  in-foL,  avec  des  figures  gravées 
par  Baur,  Jean  Miel  et  autres  artis- 
tes estimés.  La  première  décade  (dix 
livres  )  s'étend  depuis  le  départ  de 
Charles-Quint  de  Flandre,  en  i555, 
jusqu'à  la  mort  de  don  Juan  d'Au- 
triche,  en  1578;  traduit  en  Ita- 
lien, parPapiui,  ibid.,  i638,  iu- 
4®.  I^  seconde  décade  comprend  les 
événements  arrivés  de  1 5^0  à  1 590  ; 
traduit  en  italien  par  Scgneri ,  ibid., 
i64B,in-4**.  Les  deux  décades  ont 
été  réimprimées  ensemble  à  Mai  en - 
ce,  i65i ,  in-4®.;  traduit  en  français 


2.. 


ao  STR 

par  P.  Diirycr ,  Paris,  i65o ,  i  voL 
m-fol.  ;  en  espagnol  (  avec  la  conti- 
miation  du  P.  Dondino  ) ,  par  le  P. 
M^chor  de  Novar,  Cologne,  1692, 
3  vol.  in-fol.  Anvers,  1701 ,  3  vol. 
in-8*>.  Parmi  les  ouvrages  inédits  de 
Strada ,  on  cite  la  troisième  décade 
de  l'histoire  de  Flandi-e,  dont  on  as- 
sure que  la  cour  d'Rspagoe  avait 
empécne'  la  publication.  •  Voyez 
Southv^ell,  Biblioth  .Script»  Societ. 
/^5ii.Rome,  1676  ,in-foI.  ,pag.  200; 
Tiraboschi^  Storia  deUa  lelleratura 
itaïianay  tom.  viii.       A — g — s. 

STRADA  DE  ROSBERG  (  Jac- 
ques ) ,  antiquaire ,  né  à  Mautoue , 
au  commencement  du  seizième  siècle, 
fut  des  premiers  à  transporter  l'é- 
tude des  médailles  dans  les  travaux 
historiques.  Il  donna  aussi  l'exem- 
ple ,  fâcheux  pour  son  pays,  de  tra- 
nquer  des  objets  d'arts  ,  et  d'en- 
richir les  étrangers  aux  dépens  de 
ritalie.  En  passant  par  Lyon  ,  en 
1 55o ,  il  profita  de  l'état  de  détresse, 
dans  lequel  était  tombé  Scrlio  (  Foy, 
ce  nom ,  XLII  ,76).  pour  acheter 
de  lui  tous  ses  portefeuilles ,  dont  il 
publia  une  partie  à  Francfort ,  en 
1575.  Il  se  rendit  ensuite  à  Rome, 
et  acquit  de  la  veuve  de  Périn  del 
Vaga  deux  caisses  de  dessins  origi- 
naux ,  parmi  lesquels  il  y  en  avait 
plusieurs  de  Rapliaël.  Il  passa  par 
Mantoue,  et  il  emporta  les  cartons 
de  Jules  Romain  ,  que  le  fils  de  cet 
artiste  lui  céda  pour  une  somme 
dont  il  aurait  bien  pu  se  passer. 
Strada  ,  qui  avait  oWuu  le  titre 
d'antiquaire  et  de  commissaire  des 
guerres  an  service  des  empereurs  Fer- 
dinand. Naximii'ionet  Rodolphe  II, 
répandit  ces  trésors  en  Allemagne, 
et  gagna  beaucoup  d'argent  par  ce 
commerce  ,  d'autant  plus  lucratif 
qu*il  était  sans  concurrence.  Il  em- 
ploya une  partie  de  ses  profits  à 


STR 

l'impression  de  ses  ouvrages ,  dont 
quelques-uns  n'étaient  pas  sans  mé- 
rite pour  l'époque  où  ils  parurent.  Ce 
spéculateur  mourut  à  Prague^e  6  sept. 
1 588.  On  a  de  lui  :  l,EpUomethesauri 
antiquitattim ,  hoc  est  imperatomm 
rom.  orient,  ac  occident,  iconum  , 
ex  antiquis  numismat.  dèlineato- 
rum  j  Lyon ,  i553  ,  in-4®.  ;  Zurich, 
1557  ,  in-8<».  ;  Rome  ,  1577  ,  in-8'»,, 
avec  un  grand  nombi-e  de  planches 
en  bois  ;  trad.  en  français  sous  le 
titre  de  Trésor  des  antiquités ,  par 
liouvcau  ,  Lyon  ,  1 553 ,  in  -  4°.  ;  en 
allemand ,  par  Dicthel  Keller  ,  Zu- 
rich ,  i558,  in-8*>.  II.  Imperato^ 
rum  romanorum  omnium  orient,  et 
occident,  imagines ,  ex  aniiquis 
numismat.  delineatœ,Z\mch,  i559, 
in-folio,  avec  figures  en  bois.  I^^es 
portraits  sont  accompagnés  d'une 
courte  notice  sur  la  vie  de  cha- 
que empereur  ,  depuis  J.  C<»ar  jus- 
qu'à Charles-Quint.  Cet  ouvrage  pa- 
raît n'être  que  le  résumé  d'un  travail 
immense ,  entrepris  par  l'auteur  sur 
les  médailles  impériales ,  anciennes 
et  modernes.  Ce  recueil ,  terminé  en 
1 55o ,  et  dédié  aux  Fuggers^  formait 
3i  vol.  in-fol. ,  conservés  dans  la 
bibliothèque  de  Gotha.  Fojrez  Cy- 
priani,  Catalogus  cod.  Mss.  biblioim. 
Gothanœ,  pag.  83.  Dix  volumes 
in-folio  de  manuscrits  du  même  gen- 
re sont  conservés  à  la  bibliothèque 
impériale  de  Vienne  ,  savoir  :  deux 
pour  les  médailles  consulaires ,  trois 
pour  le  haut-empire ,  trois  pour  les 
médailles  grecques ,  et  deux  de  mé- 
langes. Lambecius  (  Comment,  t  , 
7  )  en  a  fait  graver,  pour  servir 
e  spécimen ,  une  médaille  consulai- 
re de  Pctilius ,  remarquable  par  la 
l)eauté  du  dessin  de  Strada  ,  mais  ' 
peu  propre  à  donner  une  idée  de  la  ^ 
dimension  des  originaux  :  il  lui  a 
domié  près  de  sept  pouces  de  diamè-   I 


l 


STR 

I.  Dessins  artificiaux  de  tou- 
tes de  moidins ,  de  pompes  et 
tM^entions  pour  faire  monter 
Fraucfort ,  iG  17-18,  2  vol. 
Ce  recueil  a  été  publié  par 
m  Strada  ,  dont  le$  ouvrages 
t  être  considérés  comme  la 
es  travaux  de  son  aïeul  (i)« 
terous les  suivants  :  i^.  S^nir 
yina  et  humana  poniificum , 
torum  et  requin  ,  Prague  , 
D-fol.  a®.  Fitœ  ùnperatorum, 
nujfue  romanorum  ,  etc. ,  à 
Zœsare  ad  Ferdinandum  II 
tarem  ,  Francfort,  i6i5  ,  in- 
irec  les  médailles  des  empe* 
et  en  allemand ,  ibid. ,  iGiS, 
in-ful.  3^.  Genealogia  et 
tiàstriœ  ducum,arciùducuni, 
,  et  imperatorum  ,  à  Roduû 
.  ,  ad  Ferdinandum  II , 
i6!i9,  in-fol.  Cet  ouvrage  ap> 
t  en  grande  partie  à  Jacques 
f  qui  i*avait  presque  terminé 
)rt.  4^*  Commentaria  de  re- 
lis ab  imperatoribus  Mathid 
Unando  II  ^  ab  anno  161 7 
9,  avec  le  volume  précédent. 
lîoriœ  Romanorum  pontiji* 
S.  Fetro  usque  ad  Gresor, 
conservé  en  manuscrit  dans 
othéque  de  Gotlia  (  Fabiic. 
».  antiq.  ,  1 760  ,  in-4".  ,  p. 

A — G — s. 
iD  AN  (  Jeaw  )  ou  STRAD  A- 
pcintre ,  né  à  Bruges ,  en 
ippartenait  à  une  famille  no- 
me dans  le  pays  sous  le  nom 
I ET ,  et  qui  avait  été  obligée 
latrier  au  commencement  du 
le  siècle,  accusée  d'avoir 
dans  le  meurtre  de  Charles- 
comte  de  Flandre.   Après 


Kiécfai  et  tuiu  crxxx  ijai  ont  parlé  d« 
•n  ,  ToBt  cru  mal-à^ropoa  le  fiU  de  Jac> 
a  :  U  n'm  riail  que  le  petit-tU*.  k'^qgf. 
de  l'oovrage  ct-dcwiu. 


SXa  ai 

avoir  appris  la  peinture  dans  sa 
ville  natale ,  Stradanus ,  voulant  «t 
perfectionner,  parcourut ritalie.  Ar- 
rivé dans  cette  contrée^  3  alla  d'à* 
bord  à  Rome,  où,  en  étudiant  avec 
soin  les  chefs^d'œuvra  de  Raphaël  et 
de  Michel-Ange^  il  puisa  un  meilleur 
goiit  de  composition  et  ime  plus 
crande  correction  de  dessin.  Avant 
de  quitter  Rome^  il  peignit,  en  con- 
currence avec  Daniel  de  Volterre  et 
FrançoiB  Salviati ,  quelques-unes  des 
peintures  du  Belvédère,  li  visita  en- 
suite Napies  et  quelques  autres  villes 
dltalie,  dans  lesquelles  il  laissa  def 
preuves  de  son  talent.  Mais,  séduit 
par  la  beauté  du  pays  et  les  mœurs 
des  Labitaiits ,  ii  s  établit  à  Florence, 
où  Vasari  remploya  diiiis  la  plupart 
des  travaux  dont  il  était  chargé  pour 
orner  les  palais  du  duc  de  Toscane. 
Il  y  exécuta  im  grand  nombre  de  ta- 
bleaux à  fresque  et  k  Tbuile.  lies 
conseils  d'uu  pareil  maître,  et  sur- 
tout la  vue  des  chefs-d'œuvre  qui 
frappaient  ses  yeux  de  toute  part^ 
le  rendirent  un  des  plus  habiles  pra- 
ticiens de  l'époque.  Parmi  ses  pein- 
tures les  plus  remarquables ,  il  faut  ci- 
ter le  Christ  entre  deux  Larrons ,  piè- 
ce remplie  de  soldats  et  de  cavauers 
d*irae  dimension  plus  grande  que  na- 
ture. L'amour  de  la  patrie  l'ayant  eor 
fin  déterminé  à  revenir  en  Flandre ,  il 
fixa  son  séjour  à  Bnigcs,  où  il  exécu- 
ta,  pour  l'église  de  l'Annonciation, 
un  Christ  sur  la  croix ,  auquel  un  des 
bourreaux  présente  V éponge.  Cette 
belle  composition ,  gravée  par  Philip- 
pe Galle,  est  unepreuvedela  manière 
grandiose  et  savante  qu'il  avait  rap- 
portée d'Italie  y  et  de  la  science  du 
dessin  qu'il  y  avait  acquise.  A  ces 
qualités  il  joignait  la  couleur,  qui  est 

I  apanage  des  peintres  de  son  pays. ^ 

II  exécuta^  à  rimitation  de  Ilems- 
kcrkc,  une  suite  de  compositions  ti» 


23 


Str 


rëes  des  Actes  des  apôtres;  et  il  y  dé- 
ploya toute  rc'tendue  de  son  talent. 
Stradan  ëtait  membre  de  l'académie 
de  peinture  de  Bru$;es.  Malgré  sa  su** 
pénorité,  il  fut  toujours  simple,  mo- 
deste, et  vécut  très-retiré.  Pour  se 
délasser  de  ses  grands  travaux. ,  il  se 
plaisait  à  peindre  de  petites  compo- 
sitions d'animaux ,  de  chasses ,  de 
batailles  y  d'une  exécution  ferme  , 
savante  et  facile.  Il  vivait  encore  en 
1604.  P — s. 

STRADIVARIUS  (  Antoine  ) , 
celcbre  facteur  d'instruments  à  cor- 
des et  à  archet,  né  à  Crémone ,  vers 
l'année  1670,  fut  le  dernier  et  le  plus 
habile  élève  desAmati,  qui,  penoant 
plus  d'un  siècle^  jouirent  de  la  répu- 
tation d'être  les  premiers  luthiers  de 
l'Europe.  Nicolas  Âmati,  le  fondateur 
et  le  chef  de  cette  école  ^  avait  eu 
l'honneur  de  travailler  pour  Charles 
IX  (  I  ) ,  dont  l'ame  sombre  et  farou- 
che n'était  pas  insensible  aux  charmes 
de  l'harmonie.  Stradivarius  donna 
d'abord  à  ses  violons  une  forme 
très-bombée;  mais  il  s'aperçut  bien- 
tôt qu'on  aurait  pu  hausser  la  voix 
de  ces  instruments ,  en  diminuant  leur 

(i)  Nieolai  Amali ,  aidé  par  son  frère  Antlri  , 
fit  ,  pour  la  chapelle  de  ce  prince,  TÎr.gt-qaa» 
tre  instniiiienUy  CDeb-d'cruvrede  lutherie  «  qu  or- 
nait encore  l'art  de  la  peinture.  Us  cunf  i*taient  en- 
MX  dessus,  siv  quintes,  six  tailles,  et  six  bassc;p 
de  viulun.  La  simplicité'  des  formes ,  foiute  ik  nn 
timbre  parfait  de  voix  ,  distingue  le*  onvrages 
de  ces  deux  artistes.  Il  est  à  regretter  que  leurs 
patrons  ne  soient  ordinairement  f^ne  petits  ou 
moyens.  AusM  leurs  viulous ,  construits  sur  çraods 
jatrons,  sont-ils  aussi  rares  que  recherche*.  Ijt* 
•ons  eu  siiut  admirables ,  et  le  seul  reproche  qu'on 
pourrait  leur  faire,  serait  que  la  quatrième  corde 
a  une  legî-re  teinte  de  Bécberessc.  Jirùnte  Amati  ^ 
'fils  ahM  d'Abdré,  compfisa  également  sur  deux 
modèle»,  dont  le  plu<i  grand  est  aussi  le  plus  t»r 
iimr,  Antoine  .tmuli  suivit  les  principe*  dr  son 
frère  Jcrôoie,  •*(  Haii»  leurs  iuslruroeuls,  la  jirc- 
mîère  corde  est  souvent  tr<ip  niiurc,  et  toujours 
trop  ditire  de  sons.  Nicolms  Amaii^  Gis  de  JérÂme, 
et  que  l'ou  a  quelquefois  confondu  avec  Nitolas 
l'ancieu ,  a  fait  des  violons  remarquable*  jponr  la 
finrme,  la  aatièrc,  le  coloris  et  le  son.  Il  est  flk- 
cbcitx  que  les  stecundes  soient  presque  toujours  na- 
sales ,  pai  le  peu  d'épaisseur  des  flancs  du  Ibnd. 
lie  dernier  de^  Amati  fut  U  UilUtre  de  StradÎTarius  , 
qui  les  a  surpaMci  tous. 


STR 

cavité,  qui,  dans  les  modèles  qu'il 
suivait ,  n'était  pas  en  rapport  avec 
la  longueur  des  cordes.  Cette  innova- 
tion fut  très-heureuse ,  et  il  est  main- 
tenant reconnu  qu'en  altérant  les  pro- 
portions de  Stradivarius^  on  porte 
atteinte  à  la  5om>riftf' des  violons  (a). 
Cependant  elles  ne  suffisent  pas  pour 
obtenir  de  bons  instruments;  et  l'on 
ignore  ce  qui  donne  aux  ouvrages 
de  cet  artiste,  une  supériorité  qne 
les  meilleurs  imitateurs  sont  encore 
bien  loin  d'égaler.  On  croit  que  II 
sonorité  des  stradwariûs ,  tondée 
])rincipa1ement  sur  la  juste  propor- 
tion des  parties^  est  peut-^tre  aussi  le 
produit  au  temps ,  de  la  qualité  da 
Dois ,  et  d'un  vernis  pardcnlier  qui 
le  recouvre.  On  doit  an  même  lu- 
thier des  violoncelles  non  moins  re- 
tentissants que  ses  violons^  et  beau- 
coup plus  rares  dans  le  commerce. 
Les  amateurs  les  ont  quelquefois 
poussées  à  des  prix  exorbitants  dans 
les  ventes ,  où  on  les  rencontre  diffi- 
cilement. (3  )  Les  violons  de  Stradiva- 
rius ont  un  mérite  inégal ,  et  ne  sont 
Sas  tous  coupés  sur  le  même  patron. 
>n  en  compte  de  trois  espèces  : 
grands,  petits  et  moyens  :  ce  sont 
les  premiers  qu'on  estime  le  plus , 
et  qui  servent  de  type  général  aux 

(a)  M.  Chanot ,  officier  du  génie nuiritime ,  s'était 
flatte  de  tirer  plus  de  son  des  violons  ca  arroadiasaat 
leurs  contours ,  et  eu  les  soumettant  &  quelques  an- 
tres modifications.  U  avait  obtenu  que  l'Académi* 
des  sciences  rendît  en  i8i4  «  un  compte  favorable 
du  résultat  de  ces  innovations.  Mais  les  amateurs  et 
les  artisU-s  s'en  sont  tenus  aux  anciennes  foniMs, 
qui  sont  maintenant  les  seules  qu'on  Toit  dons  les 
orcliestres. 

(3)  Le  prix  mojen  des  violons  de  Stmdi varias 
est,  en  France,  de  trois  mille  francs;  on  les  a  vu 
qudiquefuia  payer  inaqu'à  cinq  mille.  Les  v>o« 
luncclles,  quoique  beaucoup  plus  rares  que  les 
violons,  (on  présume  qu'il  n'en  existe  qu'une  dou- 
saiue  en  tout  en  Europe ,  )  sont  ordinairement  du 
même  prix  ;  la  raison  en  est  que  le  nombre  des 
loueurs  de  basse,  est  inlmiment  plus  borné  que 
celui  des  violinii^tcs.  Cependant  on  a  l'excnole 
d'un  de  ers  derniers  instruments  acheté  dix  mule 
fraucs;  et  le  fameux  Dnport  ne  voulut  pas  céder  su 
|>etite  basse  de  Stradivarius  ft  un  amatair  qoi  lui 
in  offrait  vingt  millt  fnuics. 


SÏR 

miNlernes.  Les  mauvais  stra- 
lappartiennent  ordinaii'emeiit 
;oDtrefacteiirs ,  qui  étaient 
is  irès-nombrcux.  Pour  se  te- 
abri  de  ces  su[)ercheries^  les 
olinistei  ne  se  contentent  pas 
Te'tiquétte  collée  au  fond  de 
ment  qu'on  leur  oiTre  ;  ils 
it  l'arcliet,  et  ils  l'essaient, 
iilîcile  de  mî  tromper  à  cette 
.  De  tous  les  violons  de  Stra- 
>,  les  plus  parfaits  sont  ceux 
âbriqucs  de   1*700  à   17 au, 

où  il  paraît  qu'il  euit 
•ute  la  force  de  son  talent. 
le  de  ce  célèbre  luthier ,  se 
nt  quelques  bons  élevés  , 
très  Joseph  Guaroerius  (4) , 

ouvrages,  quoiqu'iuférieurs 
de  sou  maître  y  sont  très- 
lés.  On  ne  connaît  pas  la 
ccise  de  la  mort  de  Stradi- 

elle  a  dû  néanmoins  arriver 
>.8.  A — G — s. 

LFFORD  (  Thomas  Went- 

comtc  ue),  un  des  plus 
hommes,  a  dit  David  Hu- 
aieitt  JwnoréV  Angleterre  y 
I  Londres,  le  i3  avril  iSgS, 
mille  alliée  au  sang  royal, 
nation  fut  digne  de  sa  nais^ 
e  collège  de  Saint-Jean,  à 
ige ,  retentit  de  ses  succès 

,  et  sou  père  ,    l'un   des 


ri  Pierre  Gnameiiut^  le  pr^min*,  éXkft 
rî<M  ,  rt  lautrr  di*  Jêrôin«  Aouli ,  vou- 
Iriur  rtre  uriginnui ,  Hrcnt  dm  changr» 
riiiripr^  Citr»  dhp  leurs  uiahrn.  Kn  ii|t« 
■  viiiitc«,  ni  forliûstiii  \r.s  ciiai^MniM  et 
it  Ir  niodi'lf  ,  i\*  vint  parvenim  &  ilnii- 
d  é«'lat  M  leuru  ouvrages  ,  mais  irar 
ordr,  d'une  sé<:bfrc»»r  rxrctf.wive,  a 
i«i  dire .  McriBe**  nui  autren.  Jmieiih 
«rot  pvni'  flrre /'i'aii('Oif  Luput^  liitiiier 
k'nrteinherj;,  et  fière  de  yirolas,  sur- 
■'rawce  U)  Slratiitniriiis  du  jsiirle.  i'r. 
4  Standard  t-n  i^îH  .  TÏni  »'vLdilir  en 
794 ,  et  il  e%l  mort  A  Parii  en  fuiUet 
«utcnr  d'un  |M'til  iinvra^je  intitule  ;  /a 
011  te  fiarfti'l  lull.iir.  l'-ifi.-»,  i8  6, 
il  r^liIlM!  btbirc  qui  va  clivgeu  de  \* 


STE 


iJ 


plus  grands  luopriétaito  du  tomU' 
d'York,  se  hâta  de  féconder  de  si  heu- 
reuses dispositions  en  faisant  voyager 
le  jeune  Wcntworth  dans  les  princi- 
paux états  du  continent.  Créé  cheva- 
lier, à  son  retour ,  par  Jacques  l®»". , 
marié  à  la  fîlle  aînée  du  comte  de  Cum- 
bcrlaud;  et,  presqu'au  même  instant, 
devenu  dès  sa  vingt-unième  aim^  le 
chef  d'une  famille  de  onze  enfants 
et  le  maître  d'une  fortune  de  six  mille 
livres  sterling  de  reiites  (  revenu 
énorme  à  cette  époque  ) ,  Thomas 
Wentworth  honora  sa  vie  privée 
par  des  études  graves  et  suivies ,  et 

J)ar  un  entier  dévouement  aux  liens 
lu  sang  et  à  tous  les  devoirs  domes- 
tiques. Tuteiu:  des  enfants  de  sou 
beau-frère,  toute  l'activité  àc  celte 
amc  ardente  parut  concentrée  daas 
le  soin  de  leur  rendre  un  riche  })atn- 
moine ,  que  huit  années  de  poursui- 
tes persévérante»  assurèrent  enfin 
dans  leiurs  mains.  L'emploi  de  juge 
de  paix  et  gaixle  des  archives  du 
comté  d'York  lui  ouvrait ,  à  vingt- 
six  ans,  la  carrière  publique.  A  peine 
investi  de  ces  fonctions  >  il  reçoit  du 
premier  ministre  l'ordre  de  les  rési- 

Cer  en  faveur  de  son  prédécesseur. 
.  réponse  de  Wentworth  fut  si  im- 
posante que  le  favori ,  rétractant  sa 
lettre ,  le  pria  d'oublier  ce  nJlUen- 
tendu.  A  l'heure  même  ,  Buckin* 
gham  jurait  de  l'en  faire  souvenir. 
Peu  de  mois  après  (  'io  janvier  1 6u  i  ) , 
s'ouvrit  ce  parlement  mémorable  où 
l'histoire  remarque  pour  la  première 
fois  deux  partis  disUncts,  c^ui  de  la 
corn*  et  celui  de  l'opposition.  Went- 
worth ^niemlu-epoui- le  comléd' York, 
fît  honorer  des  deux  partis  l'indepeu- 
dance  consciencieuse  do  son  vote; 
et  si  une  maladie  de  neuf  mois ,  si 
la  duuleur  d'un  veuvage  prématuré 
ne  lui  permirent  point  de  preudits 
dcs-lorstout  l'ascondant  que  lui  pru- 


ai  .  STR 

inettaicut  son  talent  et  son  caractère, 
il  eut  une  gloire  bien  rare  dans  les 
discordes  civiles, c'est  que  toutes  ses 
opinions  parlementaires  'sont  deve- 
nues des  jugements  de  la  postëritë.  Il 
censura  hautement  les  monopoles,  les 
taices  illégales ,  les  emprisonnements 
arbitraires.  On  rentendit  professer  ce 
principe  crue  a  les  privilèges  et  fran- 
T$  chises  des  parlements  e'taicnt  Van- 
»  cien  et  incontestable  droit  de  tout 
»  Anglais,  son  droit  de  naissance  et 
»  rhe'ritage  de  ses  pères.  »  Mais  il 
défendit  la  tolérance  religieuse  du 
roi  y  dénoncée  par  left  Puritains  }  les 
droits  patemefs  de  Jacques ,  mecon- 
mis  dans  l'alliance  que  les  commu- 
nes lui  imposaient  pour  son  fils  ;  en- 
fin le  droit  de  paix  et  de  guerre,  in- 
séparable de  toute  royauté.  Jacques 
mourut,  et  un  nouveau  parlement  fut 
convoque' en  1 6îi 5.  Charles  r-*".  était 
roi;  inaisBuckingliam  était  premier 
ministre ,  et ,  suivant  le  témoignage 
de  Hume ,  les  choses  en  étaient  ve- 
nues au  point  qu'elles  ne  pouvaient 
plus  rester  indécises  :  il  fallait  livrer 
ce  qui  restait  des  libertés  anglaises 
ou  les  sauver  sans  i*etard  des  usur- 
pations ministérielles.  Le  choix  du 
député  d'York  ne  pouvait  être  dou- 
teuXgDans  cette  courte  session ,  son 
autorité  fut  grande  :  car  son  opposi- 
tion fut  loyale ,  pleine  de  vigueur, 
mais  toujours  respectueuse  pour  la 
couronne  je!  son  respect  n'était  point 
uiie  vainc  formule,  une  concession  h 
l'usage  et  aux  convcnaucrs  parle- 
mentaires ,  c'était  l'acte  d'iine  pro- 
fonde conviction.  Un  refus  absolu  de 
subsides  aurait  moins  offensé  le  roi 
que  la  défiaulc  parcimonie  des  Com- 
munes. L'iiicroA'ablcser^'ilitcdes  par- 
lements soiis  Élisal)otli ,  les  homma- 
ges prodigués  à  Buckingham,  dans 
ta  session  précédente ,  et ,  plus  que  ces 
fajlb ,  Tubjesdion  du  favori  et  des 


STR 

i 

courtisans ,  égarèrent  la  candeur  de 
Charles  :  dans  l'attitude  imprévue 
de  l'opposition ,  il  vit  ime  conspira- 
tion contre  sa  prérogative ,  peut-  être 
une  hostilité  contre  sa  personne,  et 
il  congédia  le  parlement.  Avant  la 
session,  Buckingham  avait  sollicite' 
Wentworth  de  le  servir.  «  J'honore 
n  le  ministre  du  roi ,  ré[H)iidit  ce  der- 
»  nier;  je  lui  rendrai  tous  les  ser- 
»  vices  que  peut  rendre  un  centii- 
»  homme  et  un  homme  de  bien.  » 
Après  la  session ,  le  favori  rendît  an 
député  un  beau  témoignage  en  lui  fer* 
mant  l'entrée  du  parlement.  C'était 
Pépoque  de  la  nomination  des  shé- 
TÏÙ ,  dont  la  haute  magistrature 
emporte  obligation  de  résider  dans 
la  province  qui  leur  est  confiée^  et  , 

Sar  conséquent,  exclusion  directe  du 
roit  de  siéger  dans  les  deux  cham- 
bres. Un  nouveau  parlement  fut  con- 
voqué; mais  la  veille  des  élections, 
Wentworth  avait  été  nommé  grand- 
shérift'du  comté  d'York.  Six  autres 
chefs  de  l'opposition , simultanément 
promus  au  même  oiHce ,  ne  crurent 
pointdevoir  abdiquer  la  candidature: 
Wentworth  seul ,  après  avoir  épui- 
sé tous  les  moyens  de  faire  rétrac- 
ter sa  nomination  par  le  roi,  ne 
tenta  nul  effort  pour  être  réélu  au 
parlement.  Son  discours  ,  le  jour  où 
il  prit  possession  de  sa  dignité  nou- 
velle, fut  une  bien  noble  protesta- 
tion contre  la  petite  ruse  qui  l'éloi- 
gnait  de  la  chambre  basse.  On  ne 
sait  si  la  violence  des  nouveaux  dé- 
putés Gt  regretter  au  ministre  l'ab- 
sence de  sir  Thomas;  mais  nomina- 
tivement accusé  dans  les  deux  cham- 
bres, Buckingham  rechercha  l'appui 
du  grand-shériff  d'York,  et  Went- 
worth consentit  à  le  voir.  Cette 
entrevue  avec  le  favori  n'est  point 
demeurée  suspecte  :  un  mois  après  ^ 
le   parlement  était   dissous  ,   et  le 


STR 

sbériff  dYork  ,  présidant  la  cour 
du  comté  y  reçnt  en  pleine  séance 
Tordre  de  se  démettre  de  sa  char- 
ge de  garde  des  archives.  Went- 
worth  lut  publiquement  la  dépêche 
rojale,  protesta  de  son  obéissance, 
et  j  portant  à  ses  ennemis  le  dcTi  de 
démentir  le  témoignage  (pi'il  rendait 
à  soo  administration-  :  «  On  peut 
•  bien  croire,  ajouta-t-il,  (pie  je 
»  sais  par  quels  moyens  je  cons«rye- 
»  rais  ma  place;  mais,  en  vérité  ce 
»  serait  la  payer  trop  cher.  Je  la 
»  quitte  donc  sans  regret,  n'ayant 
»  encore  la  conscience  ni  d'aucune 
»  faute  eu  moi,  ni  d'aucune  yertu 
»  dans  mon  successeur ,  qui  ait  pu 
9  motiver  l'acte  qui  vient  de  m  en 
»  dejpomller.  »  Toutefois  son  cœur 
sooOrait  de  lire  le  nom  du  roi  au 
bas  d'un  acte  dont  on  avait  cru  Tac- 
caUer  comme  d'une  flétrissure  pu- 
blique. On  le  voit  par  ce^u'il  écrivait 
à  cette  époque  aux  amis  qu'il  con- 
servait à  White-Hall.  Il  ne  demande 
point  d'emploi  ;  mais  il  sollicite  la 
faveur  d'une  accusation  directe  et 
précise.  Qu'il  lui  soit  donné  de  se 
)ustîGer;  que  l'estime  du  roi  lui  reste, 
et  il  sera  consolé.  Ce  n'est  pas  que 
sa  conscience  fléchisse  devant  une 
disgrâce.  «  Dans  tontes  mes  actions , 
»  écrivait-il^  le  contentement  des 
»  autres  sera  toujours  subordonné 
«  au  mien  propre;  et  ce  ne  peut  être 
»  par  conséquent  ni  mon  premier 
«  besoin,  ni  ma  principîile  étude.  » 
Cependant  les  besoins  de  l'étit  deve- 
naient pressants ,  et  Buckiiigliam  ne 
voulait  rien  devoir  aux  moyens  lé- 
gaux. Une  taxe  extraordinaire  fut 
exigée  sous  le  nom  d'emprunt.  Wrnt- 
ivorlh  déclara  qu'il  ne  pouvait  payer 
un  impôt  non  consenti  par  le  parle- 
ment. Emprisonné  h  Marshalsea  ,  il 
doiuia  le  premier  un  mémorable 
exemple  suivi  plus  tard  par  Hamp- 


STR 


!25 


den  (Fqy.  ce  nom),  aux  applaudisse- 
ments de  toute  l'Angleterre.  Ses  amis 
le  pressaient  d'obéir;  il  ent ,  dit  M. 
de  Lally,  de  tous  les  courages  le  plus 
difficile,  celui  de  déplaire  à  l'amitié 
pour  faire  son  devoir.  Conduit  de- 
vant le  conseil ,  il  demanda  comp- 
te à  ses  accusateurs  de  tout  ce 
qu'ils  étaient  au  roi  dans  l'amour 
ae  ses  peuples.  «  Demandez ,  s'é- 
li  criait  A/^ntworth  ,  demandez  à 
»  un  parlement  ce  que  lui  seul  peut 
»  accorder;  et  vous  verrez  si  j'ai 
V  une  seule  faculté  que  Je  ne  dé 
»  voue  k  secourir  le  roi  dans  toute 


succédé  à  sa  détention,  pour  prendre 
place  dans  ce  parlement  de  1628  ^ 
convoqué  par  la  détresse  du  conseil ^ 
tel  futl'clau  donné  à  l'opposition  par 
ses  chefs  ,  qu'au  milieu  de  tant  de 
griefs  publics  et  prives,  au  milieu  de 
l'exaspération  geiiérale  des  espriu, 
pas  un  membre  du  parti  populaire 
ne  proféra  un  seul  mot  qui  effleurât 
la  prérogative  ou  la  dignité  de  la  cou- 
ronne. Les  discours  de  Wentworth 
ont  été  conservés  :  on  s'étonne  de 
trouver  tant  d'ame  et  de  noblesse 
dans  un  contemporain  de  Pym  et  de 
Cromwell.  Nul  faste  dans  les  mots  ; 
nulle  trace  de  cette  emphase  et  de 
cette  pédanterie  mystique,  défaut  si 
général  et  si  populaire  en  ces  temps 
de  fanatisme.  Partout  c'est  une  ame 
simple  et  forte  qui  s'épanche  avec 
énergie  et  simplicité  ;  et ,  toutefois , 
jamais  peut-être  l'éloquence  parle- 
mentaire n'a  uni  plus  de  chaleur  à 
plus  de  mesure ,  surtout  dans  ce  dis- 
coursoù  rappelant  avec  velièmence  les 
oppressions  qui  venaient  de  finir  ,  il 
demande  justice  et  réparation  au  nom 
du  roi ,  ))lus  encore  qu'au  nom  du 
peuple^  et  propose  cette  fameuse  Pé- 


!l6 


STR 


tUion  de  droits ,  votcc  par  Vunani- 
mité  individuelle  des  deux  cham- 
bres ,  et  demeurée  jusqu'à  uos  jours 
le  plus  précieux  monument  des  li- 
bertés anglaises.  Le  roi  voulut  d'a- 
bord en  éluder  la  sanction.  Went- 
"worth  y  qui  avait  obtenu  de  la  cham- 
bre basse  la  concession  des  subsides 
avant  toute  concession  royale,  fit 
suspendre  la  délivrance  du  bill  qui 
]es  accordait.  Vainement  les  minis- 
tres proposèrent  au  parlement  de  s'en 
rapporter  à  la  parole  de  Charles; 
yamement  ils  rédigèrent  une  déclara- 
tion royale  conçue  dans  les  termes 
les  plus  généraux  et  les  glus  décisifs; 
Wentworth  et  le  parlement  furent 
inflexibles.  Tout-à-coup  un  message 
du  roi  défend  aux  Communes  de  cen- 
sui*er  l'administration.  Les  esprits  , 
lon^-temps  contenus,  éclatent  ;  un  cri 
s'élève  contre  Buckingham  ;  sa  mise 
en  jugement  était  imminente ,  lors- 
que Charles  parut  au  milieu  des 
chambres  assemblées ,  et  sanctionna 
la  Pétition  de  droits.  Le  premier 
jour  fut  tout  à  la  reconnaissance  ;  le 
deuxième  jour,  on  reparla  de  griefs; 
le  troisième ,  le  nom  du  favori  se 
mêlait  à  toutes  les  plaintes.  Une  re- 
montrance factieuse  est  arrêtée;  déjà 
les  Puritains  avaient  jeté  le  masque  ; 
le  pouvoir  légitime  du  roi  n'était  plus 
sacrépour la  chambre;  l'épiscopat 
était  dénoncé ,  la  constitution  de  l'é- 
glise anglicane  menacée  avec  une 
sorte  de  fureur.  La  surprise  de  Went- 
worth fut  grande ,  son  indignation 
fut  vive.  Nourri  dans  le  sein  de  l'É- 
glise établie ,  pénétré  d'une  vénéra- 
tion filiale  pour  ses  dogmes ,  plein  de 
foi  dans  son  autorité,  il  déclaradiau- 
tcment  qu'il  avait  erreur  de  ce  qu'il 
venait  d'entendre ,  et  que  quiconque 
voudrait  attaquer  l'Église  ou  la  cou- 
ronne devait  s'attendre  à  combattre 
fiir  Thomas  Wentworth.  Les  Puri- 


STR 

tains  crièrent  à  rai)ostasie.  Du  jour 
où  la  tête  de  Buckingham  avait  été 
demandée  par  les  Communes ,  Went- 
wrorth  gardait  le  silence.  Cette  géné- 
rosité avait  paru  suspecte  à  plusieurs  ; 
le  cri  de  sa  conscience  soulevée  leur 
sembla  une  déclaration  de  guerre. 
Appelé  à  la  pairie,  et  dès-lors  pré- 
senté à  la  cour ,  la  mort  de  Buckin- 
gham lui  ouvrit  le  conseil  privé  ,  et 
lui  donna  la  présidence  de  la  cour  du 
Nord ,  sorte  de  dictature  créée  par 
Henri  YllI.  C'est  ici  qu'il  faut  s^ir- 
rêler  pour  juger  Wentworth.  Reniait- 
il  en  un  moment  ses  principes  et  sa 
vie  passée  ?  Un  grand  nombre  d'é- 
crivains l'accusent  :  Charles  Fox 
l'appelle  un  grand  coupable  y  Hume 
lui-même  paraît  soupçonner  sa  vertu. 
Mais ,  si  l'on  n'oublie  pas  que  la 
loyauté  parlementaire  du  député 
d'York  avait  prévenu  toutes  les 
avances  de  la  cour ,  que  sa  ruptiure 
avec  l'opposition ,  trop  brusque  et 
trop  franche  pour  nepas  exclure  toute 
idée  de  calcul ,  précéda  de  deux  mois 
y  offre  de  la  pairie;  que  du  reste  il' 
ne  fut  pas  un  seul  instant  associé  a 
l'administration  de  Buckingham  ,  il 
paraît  diflicile  de  ne  pas  l'ausoudre. 
Dans  cette  session  même ,  il  avait 
dénoncé  V entrepreneur  de  la  misère 
publique ,  avec  une  énergie  d'expres- 
sion qui.  certes  ne  cachait  aucune 
arrière-pensée.  On  proposait  des  cor- 
rections pour  assurer  à  la  pétition  de 
droits  la  sanction  royale  :  il  avait 
répondu  qu'i'Z  nen  laisserait  pas  al- 
térer une  sjrllabe,  La  cour  du  Nord, 
il  est  vrai ,  était  uu  tribunal  d'excep- 
tion :  mais  elle  était  ancienne ,  eue 
avait  fait  beaucoup  de  bien  ;  et  d'ail- 
leurs Hume  afUrmc  que  Wentworth 
ne  la  présida  pas  même  une  seule 
fois.  Certes ,  l'administration  des 
comtes  du  Nord  ne  fut  point  pour 
lui  une  sinécure  :  ses  biographes 


STR 

\c  louent  i  l'enyi  des  prodiges  qu'il 
opéra  dans  ces  proyinccs  ^  pres- 
saot  ayec  une  incroyaUe  activité 
le  recrutement  de  la  milice  et  l'expé- 
dition des  affaires,  soulageant  le  pau- 
vre et  qruintuplant  le  revenu  du  roi. 
Mais ,  SI  Wentworth ,  présidant  une 
commission ,  semblerait  démentir  son 
caractère,  Wentworth  administrant 
au  nom  du  prince  etdansia  limitede  sa 

Srérogative,  abandonnant  À  d'autres 
es  attributions  judiciaires  excessives 
et  peu  l^ales,  n'a  pas  besoin  d'apo- 
logie. Deux  des  plus  ardents  promo- 
teurs delà  pétition  de  droits,  Edouard 
littdton  et  Dudley  Dicges  (  F,  ces 
noms  ),  quittèrent  avec  lui  les  rangs 
populaires ,  entraînant  après  eux  des 
derections  nombreuses;  et ,  lorsqu'une 
scène  violente  eut  précipité  la  disso- 
lution du  parlement  (  F,  Ch  ables  I^^*., 
VIII ,  206) ,  l'un  et  l'autre  j)rétè- 
lent  à  l'administration  l'appm  d'une 
babileté  éprouvée  ,  et  d'une  popula- 
rité irréprochable.  La  cour  accueil- 
lait ces  nouveaux  alliés  avec  une  dé- 
fiance qui  les  honore  :  dans  les  nom- 
breuses séances  du  conseil  où  se  pré- 
parèrent les  abus  d'autorité  qui 
suivirent ,  le  nom  de  Wentworth  ne 
se  rencontre  pas  une  seule  fois.  Ses 
liaisons ,  d'abord  purement  relicieu- 
ses  y  avec.Laud,  évéque  de  Londres, 
dissipèrent  bientôt  tout  ombrage. 
Laua  dirigeait  la  conscience  de  Char- 
les,  et  Wentworth  fut  nommé  gou- 
verneur (  lord  âepuXy  )  de  l'Irlande , 
en  i63a.  Nul  poste  ne  pouvait  lui 
paraître  plus  honorable;  car  nulle 
commission  ne  semblait  plus  déses- 
pérée. La  malheureuse  Irlande,  pleine 
d'insurrections  et  de  haines  invétérées, 
épuisée  par  les  exactions  des  gens  de 
finance  et  les  extorsions  des  gens  de 
guerre ,  attaquée  à  force  ouverte  dans 
ses  croyances  ,  privée  de  toutes  les 
garanties  de  {'nomme  en  société. 


STR 


^7 


sans  sûreté,  sans  propriété,  sans 
justice,  demandait  depms  quatre  siè- 
cles un  libérateur  à  r  Angleterre ,  et 
n'obtenait  que  des  hommes  faibles  ou 
tyrans.  Quatre  cents  ans  de  violences 
et  de  guerres  intestines  n'avaient  pu 
lasser  ni  la  turbulence  des  peuples  , 
ni  la  cupidité  des  ojfficiers  du  roi  : 
des  provmces  entières  s'étaient  vues 
contraintes  à  racheter  plusieurs  fois 
leur  sol ,  envahi  en  masse  par  le  fisc. 
Enfin,  nul  point  d'appui  dans  ce 
royaume  à  un  pouvoir  légitime  ;  il 
fallait  dompter  à  -  la  -  fois  une  na- 
tion exaspérée ,  un  conseil  oppres- 
sif ,  une  Église  persécutrice  ,  des 
grands  plus  accoutumé  à  l'insulte 
qu'à  l'obe'issance.  Les  succès  du  nou- 
veau gouverneur  tinrent  du  miracle. 
Avant  de  paraître  en  Irlande ,  il  avait 
obtenu  des  Catholiques  un  don  vo- 
lontaire de  30,000  bv.  st. ,  et  du  roi, 
la  promesse  d'un  parlement  irlan- 
dais. Avant  que  l'année  finit ,  il  avait 
payé ,  vctu ,  augmenté  l'armée ,  dé- 
chargé les  nationaux  du  logement 
des  troupes ,  fait  taii*e  toute  opposi- 
tion dans  le  conseil ,  enlevé  à  IHma- 
nimité  un  vote  de  six  subsides  dans 
le  parlement,  et  de  huit  subsides 
dans  l'assemblée  du  clergé.  Les  cou- 
tumes barbares  revisées ,  les  distinc- 
tions d'origine  abolies ,  la  distribu- 
tion de  la  justice  désormais  assu- 
rée ,  une  police  plus  régulière ,  des 
lois  protectrices  de  la  propriété  et 
de  l'agriculture  .  tels  furent  les  bien- 
faits d'une  deuxième  session  du  par- 
lement. Wentworth  l'avait  prolon-  , 
gée  de  trois  mois  ,  contre  les  ordres 
positifs  de  Charles  :  il  lui  en  annonça 
la  clôture  par  ces  paroles  :  «  Le  peu- 
ple le  plus  heureux  de  la  terre  re- 
mercie maintenant  Dieu  et  son  roi.  » 
L'ignorance,  la  cupidité,  la  débau- 
che, la  simoiiie,  désolaient  l'Élise 
protestante   d'Irlande.  Bientôt  des 


38  STR 

temples  s'aérèrent  ;  des  écoles  furàit 
fondées  f  l'épiscopat  irlandais  pro- 
dama la  confession  de  foi  anglicane. 
L'union  des  deux  Églises  soumettait 
celle  d'Iriande  au  régime  intérieur  de 
l'Église  d'Ançleterre,  et  par  consé- 
quent à  l'inquisition ,  établie  par  Eli- 
sabeth dans  son  royaume,  sous  le 
nom  de  haute  commission  ecclésiasti- 
qtie.  Wentworth  en  modéra  l'action. 
Pas  an  catholique  ne  put  se  plain- 
dre  que  safm  lui  eût  coûté  un  che* 
9eu  de  sa  tête;  et,  par  son  influen- 
ce, les  mceurs  s'adoucirent  ;  des  allian- 
ces multipliées  rapprochèrent  la  race 
conquérante  de  la  nation  conquise  ; 
l'hospitalité  irlandaise  redevint  célè- 
bre. Dans  le  même  temps ,  des  jurys 
nationaux  restituaient  à  la  couronne 
des  usurpations  presque  séculaires. 
L'Édise  recouvrait  un  revenu  patri- 
monial de  quarante  mille  livres  ster- 
*linc.  L'Irlande  avait  enfin  une  justice; 
et  le  conseil  s'étonnait  de  voir ,  en 
moins  de  trois  ans ,  la  dette  ancienne 
payée ,  le  déficit  annuel  comblé ,  des 
taxes  odieuses  supprimées ,  le  mode 
de  perception  adouci ,  et  la  recette 
accrue  de  cent  quatre  mille  hvres 
sterling.  Tout  fut  prodige  dans  l'ad- 
ministration nouvelle.  L'indigente  Ir- 
lande eut  des  manufactiu^es  :  son  com- 
merce ^  créé  par  Wentworth ,  encou- 
ragé par  ses  libéralités,  par  sa  pro- 
tection persévérante ,  put  livrer  ses 
produits  à  vinct  pour  cent  au-dessous 
des  prix  de  Houande.  Les  pirates,  qui 
infestaient  les  cotes  d'Angleterre ,  n'o- 
saient braver  un  gouverneur  prêt  à 
monter  à  cheval  à  toutes  les  minU" 
t^  du  jour;  et ,  pendant  cette  admi- 
nistration de  sept  années ,  un  seul  na* 
vire  irlandais  fut  pris.  On  pressent 
qn'uD  homme  d'une  volonté  si  droite 
et  û  forte ,  d'une  vigueur  d'exé- 
cntton  si  admirable  ,  n'avait  point 
cntratué  une  telle  révolutixm  sans 


STR 

soulever  contre  lui  des  haines  puis* 
santés  et  des  intérêts  sans  nombre. 
Modéré  avec  le  parlement ,  mais  ab- 
solu dans  le  conseil,  il  s'indignait 
trop  du  mal  y  et  son  cœur  était  trcp 
près  de  ses  lèvres  pour  contenir  tou- 
jours dans  de  justes  bornes  l'expres- 
sion d'un  mépris  ou  d'un  courroux 
mérités.  Sa  sensibilité  impétueuse , 
aigrie  par  des  contradictions  de  tous 
les  jours ,  céda  une  fois  à  l'impatien- 
ce ae  faire  un  exemple,  en  mettant  k 
ses  pieds  le  plus  vil  et  le  plus  déclaré 
de  ses  ennemis.  Lord  Moimtnorris  , 
secrétaire  •  d'état  et  garde  du  sceau 
privé  d'Irlande,  apprenant  une  petite 
vengeance  d'un  de  ses  parents,  onensë 
par  le  gouverneur,  s'était  écrié  :  //  a 
un  frère  qui  se  vengerait  d'une  au- 
tre manière.  Le  secrétaire  -  d'état 
avait  un  emploi  dans  l'armée.  Un  or- 
dre du  roi,  sollicité  par  Wentworth, 
défère  Mountnorris,  comme  coupable 
de  provocation  à  l'insubordiiiatioD 
parmi  les  troupes.  Cette  cour ,  com- 
posée des  premiers  dignitaires  eu 
royaume  et  de  l'armée,  prononce ,  à 
l'unanimité,  la  peine  de  mort.  Went- 
worth fait  Ure  la  sentence  au  con- 
damné ,  lui  promet  son  intercession 
auprès  du  roi ,  et  obtient  sa  grAce. 
Mountnorris  était  un  homme  décrie; 
mais  sa  famille  était  puissante.  L'a* 
bus  de  pouvoir  était  manifeste  ;  et  ^ 
dans  les  trois  royaumes  y  il  n'y  eut 
qu'un  cri  contre  Wentworth.  La  sen- 
tence de  mort  ne  pouvait  lui  être  re^ 
Srochée  :  le  tribunal  avait  été  libfft 
e  toute  influence  ;  mais  une  accusa- 
tion capitale,  une  mise  en  jugement^ 
mi  conseil  de  guerre ,  pour  ime  pa-> 
rôle  arrogante  échappée  dans  la  li- 
berté d'un  repas  y  voilà  ce  que  les  cir- 
constances pouvaient  excuser  ,  ce 
qu'aucune  toutefois  ne  pouvait  ab- 
soudre. Blâmé  par  ses  pliLS  vrai» 
amis ,  le  gouverneur  parut  soudaine- 


STR 

i  la  cour ,  le  compte  rendu  de 
ministratioD  k  la  main.  Le  roi 
l'entendre  en  plein  conseil  ;  et 
après  avoir  expose'  le  saccës 
pant ,  si  rapide  de  toutes  ses 
ïSy  après  avoir  imploré  de  nou- 
unëliorations  peur  l'Irlande  y 
vorth parla  dci'irritabilifë  na- 
i  son  caractère ,  Charles  l'in- 
pit  vivement ,  le  dispensant  de 
pologie,  et  lui  prodiguant  les 
[lauds  témoignages  de  sa  re- 
ssance.  Mais  pendant  que  tout 
rait  en  Irlande  ,  tel  était  l'a- 
scanent  de  la  marine  d'Angle- 
que  la  Hollande  usuri)ait  le 
le  pèche  dans  les  mers  Lritan- 
;  les  Barbaresques  enlevaient 
ets  anglais  jusque  sous  le  ca- 
î  Plymoutb.  Wentworth  ne 
plus  qu'à  venger  ces  insultes  ^ 
prévenir  d'autres.  Il  voulait 
flotte  fût  équipée  sur  -  le- 
;  et ,  dans  la  chaleur  de  son 
l  épuisa  tous  ses  moyens  d'in- 
'.  pour  faire  payer  la  taxe  des 
lUX,  dans  le  comté  d'York, 
ges  du  royaume  l'avaient  dé- 
)ustc;  mais  le  parlement  ne 
point  consentie.  Aussi  ^  dans 
ps  même,  Wentworth  adres- 
au  roi  les  instances  les  plus  ef- 
pour  que  ce'te  taxe,  légitime 
*.  d'être  nécessaire ,  ne  fui  point 
née  de  sa  destination;  pour 
m  préservât  religieusement  la 
té  de  ces  levées  :  il  le  pressait 
nbler  un  parlement  pour  les 
ner.  Tout-à-coup  l'Ecosse  est 
.  La  lîturcie  épiscopale  d'An- 
e ,  impruoemment  publiée ,  est 
sëe  par  le  peuple  avec  fureur 
«ARLES  \^^  y  Wentworth  fut 
te;  voici  sa  réponse  :  Frépa- 
guerre  sans  perdre  une  mi- 
as^ec  la  ferme  résolution  de 
if)iU  ce  qui  serait  honorable 


ST& 


AQ 


pour  Véviter.  Ces  paroles  étaient  ap- 
puyées d'un  projet  de  prodamation 
et  d'un  plan  de  campagne.  Il  ne  fut 
pas  cru;  mais,  avant  la  fin  de  cett^ 
année  (  i638) ,  Charles  était  détrôné 
en  Ecosse ,  et  les  rebelles  marchaient 
sur  l'Angleterre.  A  cette  nouvelle^ 
Wentworth  lève  une  petite  armée 
en  Irlande ,  envoie  au  roi  les  épar* 
gnes  du  trésor  public,  ordonne  k 
ses  fermiers  de  verser  à  l'échiquier 
le  revenu  de  toutes  ses  terres ,  jus- 
qu'à la  dernière  obole.  Cependant 
l'Irlande  renouvelait  ses  serments  de 
fidélité,  repoussait  le  covenant  par 
des  anathèmes  publics  ;  et  le  couver» 
neur  déjouait  une  conspiration  qui 
ouvrait  ce  royaume  aux  rebelles. 
Leur  invasion  devenait  imminente, 
Charles  appela  Wentworth  près  de 
lui.  La  guerre  à  l'Ecosse- ,  un 
parlement  à  l'Irlande;  tel  fut  le 
premier  mot  du  fidèle  ministre.  Le 
roi  promit  tout.  Un  premier  parle- 
ment s'assemble  à  Dublin  ;  Went- 
worth y  paraît  avec  le  titre  de  vice- 
roi  (  lord  -  li&itenant  ) ,  obtient  un 
vote  unanime  de  quatre  subsides , 
agrée  six  autres  subsides  offerts 
par  le  clergé  ^  souscrit  lui  -  mi- 
me ,  pour  la  couronne ,  un  ença^t- 
ment  de  vingt  mille  livres  stming  ; 
double  son  armée:  et ,  le  quinziènie 
jour  depuis  son  départ^  il  était  de 
retour  en  Angleterre.  Une  fièvre  ac- 
cablante le  retint  à  Chester,  loin  du 
parlement  qui  allait  s'ouvrir.  Dix 
jours  après ,  tout  ce  parlement  était 
soulevé  contre  la  cour.  Le  comte  de 
Strafibrd  (c'est  désormais  le  nom  du 
vice-roi  d'Irlande)  se  foit  porter 
mourant  au  conseil^  et  dicte  un  mes- 
sage royal  si  franc  et  en  même  temps 
si  habile ,  que  la  majorité  revint  au 
roi  sur  l'heure.  Tout  était  sauvé ,  si 
la  perfidie  d'un  ministre  (  F,  t.  YHI, 
p.  210)  n'avait  fait  dissoudre  le  par- 


3d 


STR 


kment  :  Strafford  ftit  atterré  de  ce 
deniier  coup.  On  d^spera  quelque 
temps  de  sa  vie.  Les  uutes  s'accu- 
mulaient autour  de  lui.  Charles  tirait 
de  prison  un  lord  écossais  conyaincu 
de  naute-trabison ,  et  le  renvoyait  à 
ses  compatriotes  ^  chargé  d'un  mes- 
sage où  des  pairs  d'Angleterre  invo- 
quaient le  secours  de  leurs  armes.  A 
1  approche  subite  des  rebelles  ,  un 
général  abandonnait  trente  lieues  de 
pays  et  d'immenses  magasins  ^  sans 
combattre.  Cette  déroute  indigna 
Strafibrd.  Investi  du  commande- 
ment ,  il  étai^  monté  à  cheval ,  lors- 
qu'il ne  pouvait  encore  marcher.  Les 
Ecossais  s'arrêtèrent.  Le  roi  satisfait 
lui  défendit  d'agir.  Une  négociation 
s'ouvrit.  Les  rcnelles  demandèrent^ 
avant  tout,  que^  jusqu'à  la  conclu- 
sion d'une  pais,  définitive ,  leur  ar- 
mée fût  solaée  par  le  roi.  Strafford 
révolté  voulut  donner  la  mesure  de 
leur  faiblesse.  Une  division  écossaise 
iiit  attaqua  par  ses  ordres  et  mise 
en  déroute  sous  ses  yeux.  Charles  lui 
interdit  d'achever  sa  victoire  ,  se 
soumit  à  toutes  les  conditions  impo- 
sées par  les  rebelles  y  et  licencia  1  ar- 
mée d'Irlande  pour  payer  la  leur. 
Le  vice-roi  demanda  sa  retraite.  Tou- 
tefois ,  vaincu  par  les  supplications 
du  roi ,  il  était  resté  à  son  poste , 
frappé  d'impuissance ,  lorsqu'il  ap- 
prit qu'un  bill  d'accusation ,  parti 
de  la  chambre  basse  d'Irlande,  le 
traduisait  devant  ses  pairs.  Quatre 
mois  auparavant ,  cette  même  cham- 
bre lui  avait  prodigué ,  quoique  ab- 
sent, les  plus  vifs  et  les  plus  libres 
hommages.  La  fortune  avait  changé; 
et  l'accusation  avait  été  rédigée ,  lue, 
emportée  sans  discussion  et  presque 
sans  mise  aux  voix ,  dans  une  seule 
séance.  Strafford  courut  à  Londres , 
malgré  les  cris  d'effroi  de  ses  pro- 
ches. Il  apportait  la  preuve  des  liai- 


STR 

sons  intimes  de  ses  ennemis  avec  les 
ennemis  de  l'état.  Il  se  trouva  préve- 
nu. Le  long  parlement  venait  de 
s'ouvrir  ;  et  ces  mêmes  puritains  , 
dont  les  émissaires  avaient  préparé 
l'accusation  d'Irlande ,  riaient  dé- 
jà sur  l'Angleterre.  Le  plus  habile 
de  leurs  chefs ,  Pyni ,  entre  précipi- 
tamment à  la  chambre  basse,  tait 
fermer  les  portes  ;  et ,  sûr  désormais 
du  secret  de  la  délibération  y  il  an- 
nonce l'arrivée  de  Strafford,  l'accu- 
se vaguement  de  tous  les  maux  de 
l'Angleterre ,  et  propose  de  deman- 
der sur  l'heure  à  la  chambre  haute 
son  arrestation  immédiate.  Un  seul 
membre ,  Falkland ,  connu  par  ses  di- 
visions privées  avec  le  vice-roi ,  pro- 
posa un  comité  d'enquête.  Pym  répon- 
dit que  si  Strafford  pouvait  parler  k 
Charles  une  seule  fois,toute  accusation 
devenait  superflue  :  que,  du  reste ,  c'é- 
tait aux  j  uges  à  peser  les  preuves,  qu'il 
sufGisait  aux  communes  de  signaler  le 
coupable.  La  motion  homicide  pas- 
sa ,  et  Sti-afibrd  était  à  peine  assis  au 
milieu  des  lords  y  que  Pym  parut  à 
leur  barre  y  dénonçant  y  au  nom  des 
communes,des  crimes  qu'il  ne  spéci- 
fiait pas.  L'accusé  ne  put  que  faire 
entendre  quelques  mots,  tant  les  pairs 
avaient  hâte  d'obéir  au  vœu  de  Vau- 
tre chambre^  et  de  prononcer  la  mi- 
se en  arrestation  du  yice-roiy  jusqu'à 
ce  que  les  communes  eussent  produit 
les  charges  annoncées  contre  lui. 
Cej^endant  le  chancelier  d'Irlande  et 
d'autres  hauts  fonctionnaires  étaient 
accusés  de  trahison;  le  chevalier  Rat- 
cliffe ,  de  tous  le  plus  ami  de  Straf- 
ford et  le  plus  capable  de  le  déten- 
dre ,  était  enlevé  de  Dublin ,  mis  à 
la  tour  de  Londres ,  sans  autre  motif 
qued'oter  au  vice-roi  l'appui  de  leurs 
démarches  et  l'autorité  de  leur  té- 
moignage. Un  comité,  mi  -  parti  de 
loids  et  de  membres  des  communes, 


STR 

s^ appliqua  sans  relâche  à  préparer 
tics  charges  :  un  serment  inouï  dans 
les  contnmes  anglaises  imposait  le  si- 
lence aux  commissaires  sur  tous  les 
actes  de  l'information.  Tout  fut  uoii- 
Teau  dans  cette  étrange  procédure  ^ 
et  les  formes  plus  que  tout  le  reste. 
Les  ministres  du  roi  furent  interrogés 
sur  des  opinions  émises  dans  l'invio- 
lable secret  du  conseil.  Eniin ,  après 
trois  mois  d'inquisition  ,  l'acte  d'ac- 
cusation fut  produit  et  conimuniqué 
à  l'accusé ,  qui  fut  sommé  d'y  repon- 
dre avant  huit  jours.  Un  conseil  lui 
fîit  accordé,  mais  avec  injonction  de 
se  réduire  à  la  discussion  du  droit.  Il 
demanda  la  permission  d'assigner  à 
son  tour  des  témoins  ;  on  lui  donna 
trois  jours  pour  les  réunir  :  la  plupart 
étaient  en  Irlande.  Les  communes 
s'étaient  élevées  contre  la  concession 
d'un  conseil  ^  elles  récusèrent  non- 
seulement  les  évêques,  mais  les  lords 
créés  depuis  l'arrestation.  Le  comte 
d'Anmdel,  ennemi  déclaré  de  Straf- 
fbrd,  fut  chargé  parles  pairs  de  di- 
riger les  delxits.  Pym ,  choisi  pour 
développer  les  charges,  soutint  hau- 
tement que  si  aucun  des  vingt  -  huit 
chefs  allégés  n'était  un  crime  de 
hante  trahison  ,   tous  ramassés  en-  ^ 
senMe formaient  ^  par  accumula- 
tien,  une  trahison  constructible ,  en 
décelant  V intention  de  détruire  les 
lois  fondamentales  du  royaume,  La 
défmse  de  StrafTord  fut  dic^e  de  sa 
▼ie.  La  lutte  se  prolongea  aix  -  huit 
jours.  Seul  en  présence  de  treize  accu- 
sateurs ,  tous  aguerris  par  les  triom- 
phes de  la  tribune ,  forcé  de  répon- 
dre à  l'improvbte  à  des  faits  enveni- 
més avec  art,  à  des  questions  lon- 
guement préméditées ,  il<  mêla  tant  de 
modestie  à  la  fermeté  de  ses  répon- 
ses; il  opposa  tant  d'éloquence  aux 
déclamations  de  ses  ennemis,  tant 
de  présence  d'esprit,  tant  de  dialec- 


STR 


3i 


tique  à  leurs  sophismes ,  une  grâce  si 
noble  à  leurs  grossièretés  ,  une  mo- 
dération si  accablante  à  leurs  inju- 
res ;  que ,  51  Von  en  excepte  un  bien 
petit  nombre,  dit  Withlocke,  tous 
les  cœurs  se  sentirent  émus  de  pitié 
ou  de  remords.  L'historien  qui  rend 
ce  témoignage  n'est  pas  suspect;  il 
présidait  le  comité  accusateur ,  et  il 
vota  pour  le  meurtre.  Une  indicible 
frénésie  s'était  emparée  des  commu- 
nes. Trois  jours  avant  la  discussion 
du  fait,  elles  avaient  accueilli  contre 
l'accusé  un  bill  à^attainderj  sorte  de 

Sroscription  législative  qui  dispense 
e  toute  forme  et  de  toute  preuve , 
et  qui  a  servi  de  modèle  aux  mises 
hors  la  loi  de  la  Convention  na- 
tionale de  France.  La  veille  delà  dis* 
ciission  du  droit ,  elles  délibérèrent 
sur  la  mise  en  jugement  des  conseils 
de  StrafTord,  avant  qu'ils  eussent  dit 
un  mot  pour  sa  défense.  Ses  conseils 
furent  entendus  et  prouvèrent  qu'au- 
cune loi  ne  punissait  les  faits  imputés 
à  l'accusé  :  le  lendemain ,  ces  mêmes 
faits  furent  déclarés  crime  de  haute 
trahison  par  les  communes.  Enfin 
Pym  produisit  un  dernier  témoignage. 
Va  ne ,  secrétaire  d'état ,  homme  sans 
foi  y  flatteur  de  Charles  et  de  la  reine, 
mais  vendu  aux  Puritains,  lui  avait 
livré  des  notes  sur  une  séance  du  con- 
seil où  StrafTord  avait  parlé  de  ré- 
duire l'Ecosse  par  les  armes.  Le  ré- 
dacteur de  la  note  prêtait  au  comte 
une  expression  ambiguë  (  ce  royau- 
me ).  Pym  appliquait  ces  mots  à 
l'Angleterre ,  et  tonnait  contre  le 
traître  qui  avait  you\u  faire  la  guer- 
re  au  peuple  du  roi.  Le  crime  sem- 
bla palpable  aux  communes  :  et 
bien  que  les  membres  du  conseil  eus- 
sent protesté  sans  exception  contre 
la  calomnie  de  Vane ,  bien  qu'inter- 
roge à  son  tour  et  pressé  par  les 
questions  de  l'accusé ,  Vane  eut  fini 


3a 


STR 


par  déclarer  comme  eux ,  avec  ser- 
mtaty  que  Strafibrd  n'avait  pense' 
qu'aux  rebelles  d'Ecosse;  bien  que  le 
texte  seul  de  la  note  suffît  pour  ruiner 
l'accusation  ;  cette  notc,écrite  par  Va- 
ne  et  lue  par  son  fils ,  fut  déclarée  équi- 
valente à  la  production  de  deux  té- 
moins à  diarse  :  et  le  bill  de  mort  fut 
envoyé  k  la  chambre  haute ,  à  la  ma- 
jorité  de  ao4  voix  contre  Sq.  Parmi 
ceux  qui  osèrent  être  justes ,  l'histoii'c 
nomme  trois  membres  du  comité 
accusateur  :  Hyde  { depuis  comte  de 
Clarendon) ,  qui  se  sépara  hautement 
de  tous  ses  collègues  ;  Selden,le  plus 
violent  des  chefs  puritains  ;  et  le  lord 
Digby ,  ennemi  acharné  du  yice-roi. 
Quelques  jours  après,  ravocat-çéiié- 
ral  de  la  couronne  posait  en  pruici- 
pe ,  devant  les  pairs  j  que  la  mission 
du  parlement  était  de  faire  les  lois 
et  non  de  les  suivre ,  surtout  contre 
une  bete  féroce  telle  que  Strallbrd; 
et  les  pairs,  décimes  par  la  terreur  , 
assièges  et  menacés  par  une  populace 
en  furie,  transmettaient  le  bill  de 

Ï>roscription  au  roi.  On  peut  voir,  k 
'article  Charles  I««*.,  les  longues  an- 
goisses du  monarque  et  ses  déplora- 
bles tentatives  pour  sauver  celui  au- 
quel il  avait  écrit  dans  sa  prison  : 
«  Je  ne  puis  vivre  en  paix  avec  moi- 
»  même  qu'eu  vous  assurant,  sur  ma 
1»  parole  de  roi ,  que  vous  ne  souflri- 
»  rez  ni  dans  votre  honneur  ni  dans 
1»  votre  vie.  p  Informé  des  scrupules 
et  des  périb  du  prince,  Strafibrd 
se  dévoua.  11  écrivit  au  roi  pour  lui 
rendre  sa  parole  et  le  prier  de  sanc- 
tionner le  bill;  sa  lettre  était  sans 
faste ,  sans  amertume  :  «  Mon  con- 
»  sentement ,  disait-il ,  vous  acquit- 
»  tera  plus  devant  Dieu  que  ce  que 
»  pourrait  faire  le  monde  entier.  » 
Le  danger  s'accrut  ;  le  roi  fut  faible, 
et  il  autorisa  des  conmiissaires  à  si- 
gner tous  les  bills  proposés  à  sa  sanc- 


STR 

lion.  L'un  de  ces  commissaires  était 
le  comte  d'Axundel ,  qui  n'hésita 

S  oint  à  voter  ainsi  deux  fois  la  mort 
'un  homme  que  sa  haine  lui  otaitle 
droit  de  juger.  Les  communes  arrê- 
tèrent des  remcrciments  au  monar- 
que ,  en  décrétant  que  jamais  le  der- 
nier bill  ne  pourrait  être  cité  en 
exemple,  et  que  désormais  tout  an- 
glais serait  jugé  selon  la  loi  du  pajs^ 
comme  si  ce  biU  n'eût  jamais  existé. 
Le  premier  mouvement  de  Strafford 
appartint  à  la  nature.  En  apprenant 
la  sanction,  il  laissa  échapper  ces  pa- 
roles du  Psalmiste  :  JVe  mettez  point 
votre  confiance  dans  les  princes  ni 
dans  les  enfants  des  hommes;  car 
le  salut  n^est  point  en  eux.  Tr^is 
jours  lui  ctaieut  donnés  pour  se  pré- 
parer à  mourir.  \jd  roi  envoya  son 
Lis  à  la  chambre  haute  pour  implo- 
rer de  la  médiation  des  lords  quel- 
que adoucissement  dans  la  peine.  II 
n'obtint  pas  même  un  sursis ,  et  le 
lurlcndemain  (  1 5  mai  1 64  ^  )>  Iç bour- 
reau consomma  le  meurtre.  Milord, 
pardonnez  -  moî,  criait  cet  homme 
avant  de  frapper. — A  vous  et  à  tout 
le  monde ,  répondit  le  martyr.  Plus 
admirable  encore  sur  l'écha&ud  qu'à 
la  tribuue  et  dans  le  conseil ,  il  ne 
proféra  point  une  parole  qui  ne  fikt 
un  acte  a  héroïsme ,  priant  pour  le 
roi;  pour  l'Angleterre,  pour  ses  ju- 
ges ,  imposant  à  la  fureur  du  peuple 
par  la  dignité  de  son  visage,  et  maî- 
trisant la  douleur  de  ses  proches  par 
la  sérénité  de  ses  discoui's. — Ainsi  fi- 
nit cette.vie  toute  d*une  pièce^  com- 
me on  l'a  dit  des  héros  de  Plutar- 
que,  et  toutefois  si  diversement  jn- 
gée.  Cette  âme  si  haute ^  si  pure,  si 
mvariablement  fidèle  au  roi  et  an 
pays,  n'a  pu  échapper  à  l'accusation 
de  versatihté  ,de  corruption.  Sa  cor- 
respondance, publiée  par  ses  con- 
temporains, suffit  il  la  réfuution  de 


STR 

tes  rcprocbcs.  Elle  atteste  qu'à  une 
cpoque  où  certes  la  solidarité  des 
miDistres  n'était  point  de  principe 
en  Angleterre ,  le  vice-roi  d  Irlande 
réclamait  contre  les  mesures  arbi- 
traires de  sescoilcgiies,  comme  il  les 
aurait  dénoncées  à  la  tribune;  et  si 
des  contradictions  de  chaque  Joiu-  ou 
la  doulenr  des  désastres  publics  lui 
an*achent  de  loin  en  loin  quelques 
expressions  impeu  absolues  sur  l'in- 
dépendance du  pouvoir  ,  sans  cesse 
il  loue ,  il  regrette  les  parlements;  sans 
cesse  il  les  recommande  au  roi ,  et 
toujours  les  faits  répondent  aux  pa- 
roles. En  Irlande,  où  Strafford  était 
le  maître  ,  il  avait  tenu  plus  de  ses- 
sions à  lui  seul  pendant  sept  années 
que  ses  prédécesseurs  dans  un  demi- 
siëcle.  La  sévérité  lui  était  imposée 
comine  nue  nécessité  des  temps ,  com- 
me un  devoir  public;  elle  deviut  une 
babitude  de  son  caractère,  plus  tard 
le  cri  de  ralliement  de  ses  ennemis , 
et  ils  furent  nombreux.  La  gloire 
d'avoir  abattu  l'hydre  féodale  en  Ir- 
bnde  lui  devint  funeste  en  Angle- 
terre. Naturellement  fier  avec  les 
grands,  les  difficultés  de  sa  posi- 
tion,  les  souffrances  aiguës  ae  la 
Çontte  hii  arrachèrent  plus  d'ime 
foîs  des  paroles  chagrines  ou  im- 
périeuses :  on   lui  reprocherait  de 
Ift  hauteur,  s" il  eût  paru  moins  ami 
du  pauvre ,  moins  dévoué  à  la  no- 
Messe  qui  faisait  son  devoir,  a  J'ai 
9  trouvé  y  disait  -  il ,  la  couronne , 
B  relise  et  le  peuple  au  pillage  ;  je 
9  n'ai  pas  cru  pouvoir  les  délivrer 
»  avec  des  sourires  et  des  révéren- 
»  ces.  »  Au  reste ,  nul  ne  contribua 
plus  crue  lui  à  fixer  les  principes  alors 
si  indécis  de  la  constitution  d'An- 
deterre;  et,  s'il  reconnut,  comme  à 
Sparte  ^  la  triste  nécessité  de  laisser 
donnir  les  lois  pour  un  jour ,  il  de- 
■andait  hautement  nne  prompte  et 

XLIV. 


STR 


33 


solennelle  réparation  à  la  loi  pour 
ces  dangereux  exemples.  Peu  d'hom- 
mes publics  ont  été  aussi  avides  que 
lui  de  toutes  les  joies  de  famille  et 
des  délices  de  la  retraite.  On  voit , 
par  ses  lettres,  qu'il  s'y  abandon- 
nait du  fond  de  l'ame ,  et  c'est  une 
preuve  de  plus  que  l'exercice  du  pou- 
voir n'avait  poiut  corrompu  ce  cœur 
si  tendre,  cet  homme  si  vrai,  sibieu 
né ,  que ,  dans  les  occasions  les  plus 
imprévues ,  il  trouvait  tout  d'abord 
et  d'inspiration  la  réponse  la  plus 
noble  et  le  conseil  le  plus  généreux. 
Il  fut  marié  trois  fois ,  et  la  Biogra- 
phie doit  recueillir  le  nom  de  sa  2«. 
femme  ,  Arabella  Hollis ,   fille  du 
comte  de  Clare,  à  laquelle  rien  n'a 
manqué  de  ce  qui  pouvait  rendre  un 
époux  xîomme  Strafford  heureux  et 
fier  d'une  telle  épouse.  La  mémoire 
de  Straffurd  fut  réhabilitée  par  le 
parlement  sous  Charles  II  ,  et  sou 
fils  reprit  son  rang  à  la  chambre 
haute.  Sa  vie  a  été  écrite,  peu  de 
temps  après  sa  mort ,  par  le  cheva* 
lier  Ratcliffe^  son  ami,  et  de  nos 
jours  par  M.  Mac-Diarmid.  Tout  le 
monde  a  lu  celle  qui  a  été  publiée 
par  M.  de  Lally-Tolendal ,  Londres, 
1 795  ;  et  Paris ,   1 8 1 4  ,  in-80.  Celte 
réimpression  ne  comprend  pas  le 
Comte  de  Strafford  ^  tracédie  eu  5 
actes  et  en  vers, qui  formele  2<^.  vol. 
de  l'édition  de  Londres.        F — t  j. 
STRALENBERG  (Philippe- 
Jean  ) ,  lieutenant-colonel  au  service 
de  Suède  ,  naquit  ,  en  1C7G  ,  dans 
la  Poméranie  suédoise ,  sous  le  nom 
de  Tabbert ,  que  sa  famille  changea 
en  celui  de  Stralenberg,  lorsqu'elle  fut 
anoblie  par  Charles XII ,  en  l'^on. 
Après  avoir  fait  les  campagnes  de 
Pologne,  il  accompagna  le  roi  de 
Suède  dans  son  expédition  contre  la 
Russie,  et  assista  à  la  bataille  de 
Pultawa.  Ayant  voulu  secourir  son 

3 


34 


STR 


frèi'c ,  il  fut  jpriîj  par  les  Russes.  Con- 
àuîl  d'aboraà Moscou,  il  fut  envojd 
ensuite  en  Sibe'rie^  où  il  passa  treize 
aniie'es.  Ayant  eu  la  permission  de 
faire  des  voyages  dans  rinterieur  de 
ce  pays ,  il  en  dressa  une  carte  dé- 
taillée ,  qu41  conlia  en  dépôt  à  un 
marchand  de  Moscou.  Ce  marchand 
e'iant  mort ,  la  carte  fut  portée  à 
Pierre  I'^'*. ,  qui  la  trouva  très-intéres- 
sante et  la  garda.  Stralenberg  en  fut 
instruit ,  et  recommença  son  travail. 
Ayant  obtenu  la  permission  de  re- 
tourner en  Suède ,  il  passa  à  Pétcrs- 
bourg ,  et  fut  présente  an  Czar.  Ce 
prince  voulut  le  rclenii*  à  son  service, 
et  lui  fit  des  propositions  avantageu- 
ses ;  mais  il  refusa  ,  et  se  rendit  à 
Stockholm  ^  où  il  obtint ,  avec  assez 
de  peine ,  ut^e  compagnie  et  le  titre 
de  lieutenant-colonel ,  en  1724,  quel- 
ques années  après  la  mort  de  Char- 
les XII.  En  1730  ,  il  sollicita  la  per- 
mission d'aller  à  Lubeck,  où  il  fit  im- 
primer sa  Description  historique  et 
géographique  des  parties  septen- 
trionales et  orientales  de  l'Europe 
et  de  VAsie ,  en  allemand ,  in-4**. 
En  1740^  il  fut  nommé  commandant 
de  la  citadelle  de  Carlshamn ,  où  il 
mourut  en  I747'  ^ — -^u. 

STR  ANGE  (Robert)  ,  graveur,  ne 
en  1725,  dans  l'une  des  îles  Orcades, 
vint  fort  jeune  à  Paris ,  et  entra  dans 
Técole  de  Le  Bas ,  qui  excellait  dans 
le  paysage^  et  qui  faisait  de  la  pointe 
un  plus  u'équent  usage  que  du  burin. 
Strange  abandonna  bientôt  la   ma- 
nière de  ce  maître  et  le  genre  dans 
lequel  il  travaillait ,   pour  se  livrer 
à  riiisloircj   et    ses    premiers  ou- 
vrages ,  tous  copiés  d'après  les  plus 
grands  maîtres ,  annoncèrent  un  ar- 
tiste habile.  En  1758,  il  fit  un  voya- 
ge de  cinq  ans  en  Italie ,  où  il  étudia 
tous  les  chefs-d'œuvre.  Il  fit  en  mê- 
me temps  ime  ample  collection  de 


STR 

dessins  précieux,  qu'il  se  proposaitde 
gravera  son  retour,  etvmtse  fixera 
Londres ,  où  il  déploya ,  dans  une  fou- 
le de  morceaux-  précieux  ,  toute  h 
beauté  de  son  intniment.  Doue  du  vé- 
ritable sentiment  du  beau^  il  échapDa 
à  la  contagion  du  mauvais  goût  de 
son  époque  ;  et  lorsque  Boucher  était 
appelé  le  peintre  des  grâces ,  et  que 
la  gravure  multipliait  à  Tenvi  ses  pro- 
ductions, Strange  ne%onsacra  son  ta- 
lent qu'à  traduire  les  plus  beaux  ou- 
vrages du  Corrège,  de  Raphaël,  du 
Gudc,  du  Titien  et  de  Carie  iVIaratte. 
Il  eut  l'amour-propre,  trop  rare ,  de 
ne  rien  exposer  aux  regards  d'indigne 
de  lui,  et  il  ne  se  laissa  jamais  sé- 
duire par  l'intérêt.  Également  estime 
comme  homme  et  comme  artiste ,  il 
avait  été  reçu  de  l'académie  de  Paris , 
et  il  était  membre  de  celles  d^  Rome, 
de  Florence ,  de  Bologne ,  professeur 
de  l'académie  royale  de  Parme ,  et 
directeur  de  la  société  des  artistes  de 
r Angleterre.  Il  serait  trop  long  de 
rapporter  tous  les  ouvrages  de  cet 
haoïle  graveur.  Ses  estampes  sont 
remarquables    par   la  douceur   du 
burin,  le  choix  des  sujets  et  la  cor- 
rection du  dessin.  Le  seul   repro- 
che qu'on   puisse  leur  faire,   c'est 
qu'elles  manquent  parfois  de  vigueur; 
mais  l'artiste,  qui  connaissait  son  vé- 
ritable talent,  a  évité,  la  plupart  du 
temps  ,  d'exécuter  des  pièces  dans 
lesquelles  cette  quahté  était  néces- 
saire. Il  avait  invente  une  méthode 
par  laquelle,  au  moyeu  de  quatre  cou- 
leurs,  il  savait  i-eudre  les  dessins 
originaux  de  manière  à  opérer  l'illu- 
sion la  plus  frappante.  Ses  composi- 
tions les  plus  remarquables  sont  :  I, 
Le  Saint  Jérôme  du  Corrège ,  qui  a 
fait  partie  du  iVIusée  du  Louvre ,  et 

3ui ,  en  1 8 1 5 ,  a  été  rendu  à  Parme  y 
'où  il  avait  été  tiré.  II.  Venus  coUr- 
chécy  d'api-ès  le  Titien.  III.  Danaé^ 


STR 

d^aprb  le  mène  maître.  IV.  Fénus 
et  Adonis  pttrtatd  peur  la  chasse  y 
d'après  le  mésie  maître.  V.  Charles, 
prmce  de  Galles  ,  Jacques ,  due 
d'York  j  et  la  princesse  Marie  , 
enfants  de  Charles  /"". ,  roi  d'Aw- 
gieterre,  VI.  Le  Portrait  en  pied 
de  Charles  /'  ^ ,  en  habits  royaux. 
VII.  Charles  /'^,  en  pied,  suivi 
d'un  page  et  d'un  ecuyer  qui  tient 
son  cheval .  VIII.  Henriette-Marie 
de  France  ,  reine  d'Angleterre , 
femme  de  Charles  /*"''. ,  ayant  au- 
près d'elle  le  prince  Charles  de  Galles, 
et  portant  cLns  ses  bras  le  jeune  Jac- 
ques ,  duc  d'York ,  encore  enfant. 
Ces  quatre  beaux  portraits  sont  d'a- 
près Van-Dyck.  En  i76(),  Strange 
publia  à  Londres  un  volume  in-S''. , 
irait  de  son  séjour  en  Italie ,  sous  le 
titre  sinyant  :  A  descriptive  catalo- 
gue of  a  collection  of  selectedpic- 
tares from  the  roman  ,  florentine  , 
lombard,  venitian ,  neapolitan ,  fie- 
wdshj  french  and  spanish  schools, 
etc.  {Catalogue  descriptif  d'un  choix 
de  peintures  des  écoles  romaine  , 
fiorentine  ,  lombarde  ,  vénitienne  , 
napolitaine ,  flamande  ,  française 
et  espagnole  ;  auquel  sont  jointes 
des  remarques  sur  les  principaux 
peintres  et  sur  leurs  ouvrages,  avec 
une  liste  de  trente  -  deux  dessins 
diaprés  les  tableaux  capitaux  des 
grands  maîtres,  rassemblés  et  des- 
sinéspendant  un  voyage  de  plusieurs 
années  en  Italie  ).  Strange  mourut 
à  Londres ,  en  i  «jgS.  P — s. 

STRAPAROLi  de  CAR AV AGE 
(  JEAiV'FaAif  çois  ) ,  conteur  italien  du 
seizième  siècle ,  n'est  guère  connu  que 
par  le  titre  de  son  recueil.  Fontanini  ^ 
Argelati,  Zeno^  Tiraboscbi,  n'en  ont 
presque  point  parlé;  et  le  comte  Bor- 
romeo  (  Catalog,  de  Novellieri  Ita- 
Uam  ) .  qui  s'est  un  peu  étendu  sur 
les  dîfiërpntes  éditions  de  l'ouvrage , 


ST» 


35 


ne  donne  aueun  renseignement  sur 
l'auteur.  Dans  une  préface ,  mise  en 
tête  de  la  traduction  française  des 
Contes  de  Straparola  ,  on  dit  que  ce 
nom  pourrait  bien  être  une  qualifica- 
tion acndémiipie  plutôt  que  le  nom 
d'une  famille.  On  connaît  en  effet  l'u- 
sage, autrefois  fort  commun  en  Ita- 
lie ,  de  se  déguiser  sous  des  titres  non 
moins  ridicules  que  celui  du  corps 
dans  lequel  on  était  admis  ;  et  comme 
on  s'appelait  Insensato  ,  Balor- 
do  y  StorditOy  ce  qui  ne  devait  flat- 
ter l'amour-propre  de  personne,  on 
aurait  pu  se  nommer  Stra  (  extra  )- 
parole  y  pour  marquer  cette  faculté 
quelquefois  désirable  pour  soi ,  mais 
presque  toujours  fâcneuse  pour  les 
autres ,  de  parler  beaucoup  sur  toutes 
sortes  de  sujets.  Si  cette  supposition 
était  vraie,  ce  qui  nous  paraît  peu  pro- 
bable, il  resterait  encore  unedécouver- 
tc  à  faire  sur  le  personnage  véritable 
qui  s'est  cacbé  sous  cette  fausse  déno- 
mination. Il  vivait  en  i5o8,  époque 
où  parut  un  de  ses  ouvrages  à  Venbe; 
et  il  n'était  pas  mort  en  i554^  an- 
née de  la  publication  de  la  seconde 
Îiartie  de  ses  Contes.  Le  premier  vo- 
umcy  imprimé  en  1 55o,  exposa  l'au- 
teur à  de  graves  accusations.  On  le 
traita  durement  de  plagiaire,  la  sour- 
ce de  la  plupartdeses  nistoires  ayant 
été  recoimue.  Un  littérateur  français 
(  Laisné  ) ,  qui  s'est  donné  la  peine  de 
vérifier  ce  reproche,  ne  l'a  pas  trou- 
vé sans  fondement;  et,  d'après  son 
calcul,  Straparola  aurait  puisé  le  sujet 
de  vingt  et  une  de  ses  Nouvelles  dans 
le  seul  livre  de  Morlino  (  V,  ce  nom, 
XXX,  192  ) ,  outre  les  emprunts 
faits  à  Boccace,  au  Pogge,  au  Peco- 
rone  (  Fof,  Ser.  Giovanni  ,  XVII , 
t^i(j  ) ,  à  Machiavel  (  i  ) ,  etc.  Au  reste 


(i)  Mollira  R  tiré  le  fa)«l  de  V Ecole  d*sjèmmet 
dp  la  IV«.  nuuTeik;  de  la  !▼•.  nuit  de  Straparola. 

3.. 


36 


STR 


ces  larcins  étaient  autorises  par 
l'exemple ,  et  une  reine  (  F.  Mar- 
guerite DE  Valois,  XXVIÏ,  20) 
ne  s'est  pas  fait  scrupule  de  s'en 
rendre  coupable.  Straparola  s'est  plu 
particulièrement  à  imiter  le  Decarae'- 
ron ,  qui  a  été  le  modèle  ge'ncral  de 
tous  les  anciens  conteurs  italiens.  De 
même  (pie  Boccace  a  rassemblé  aux 
euTirons  de  Florence  une  troupe 
joyeuse  de  jeunes  gens  et  de  femmes 
qui  s'amusent  à  débiter  des  contes , 
tandis  que  la  peste  exerçait  des  ra- 
vages dans  la  ville  )  aiusi  Strapa- 
rola  transporte  sur  l'île  de  Mura- 
no  ,  à  Venise ,  et  cbez  Lucrèce  Sforce, 
une  société  de  demoiselles  et  de  gen- 
tilshommes ,  qui  racontent  des  nou- 
velles, se  proposent  des  énigmes, 
composent  des  fables,  pour  passer 
agréablement  leur  temps,  lom  des 
dissensions  civiles  qui  avaient  éclaté 
en  Italie  après  la  mort  de  François 
Sforce,  duc  de  Milan.  Le  style  de 
cet  auteur  est  moins  soigné ,  mais 
plus  coulant  que  celui  de  Boccace. 
Ses  conceptions  sont  bizarres  et  rem- 

S  lies  de  tout  ce  qu'une  imagination 
éréglée  peut  enfanter  pour  causer 
de  l'étonuement  et  de  la  surprise. 
L'astrologie ,  les  enchantements ,  les 
métamorphoses,  tout  est  mis  en  jeu 
pour  animer  ces  récits ,  dont  l'obscé- 
nité égale  souvent  l'extravagance.  Les 
ouvrages  de  Straparola  sont  :  L  So- 
netti  y  strambotti ,  epistole  e  capi- 
foZÏ,  Venise,  i5o8,  in-B*».  II.  Le 
piacevoU  notti  ,  ibid. ,  Comin  de 
Trin,  i55o-i554,  2  vol.  in-S**.  L'é- 
dition de  1557  est  la  plus  recher- 
chée. La  plupart  des  réimpressions 
postérieures  sont  mutilées  :  celle  de 
Venise,  1^99,  in-4**.,  a  été  aug- 
mentée de  cent  énigmes ,  par  J.  Cé- 
sar délia  Croce  ;  ce  cjui  la  rend  chè- 
re ,  quoiqu'elle  soit  imparfaite.  Cet 
ouvrage  1  été  traduit  en  français 


STR 

par  LouvMu  et  Larivey ,  Paris , 
1 585 ,  in  -  la  ;  (ibid.)  1 726 ,  a  voL 
in  -  1 2 ,  édition  revue  par  La  Mon- 
noye.  III.  Nwella  d'un  caso  no- 
tabile  intervenuto  a  un  gran  gen- 
tihiomo  genoi^ese  yWemsey  s.  d.,  m- 
4°. ,  et  1 558 ,  in  -  8^.  ;  réimprime 
vers  la  (in  du  siècle  passé ,  ibid.  (Lon- 
dres ) ,  in-4'^.  Ce  n'est  que  la  premi^ 
re  Nouvelle  de  Straparola.  A-g-s. 

STR  ATA.  rqx.  Fornari  { Marie- 
Victoire  ). 

STRATA  (  Zanobi  da  ) ,  poète 
lauréat,  né  en  i3i2,  à  Slrata  ,  petit 
village  à  deux  lieues  de  Florence,  fut 
élevé  par  Jean  de'  Mazzuoli ,  son 
père,  fameux  grammairien ,  qui  avait 
été  le  maître  de  Boccace.  Zanobi  ac- 
quit par  ses  talents  une  considéra- 
tion que  son  origine  semblait  lui 
refuser.  En  i332 ,  il  remplaça  MaK- 
zuoli  dans  une  école  de  belles-let- 
tres établie  à  Florence,  et  s'y  fit 
remarquer  par  son  savoir.  Sa  re- 

Sutation  attira  sur  lui  l'attention 
e  son  compatriote  Nicolas  Accia- 
juoli ,  grand  sénéchal  du  royaume 
de  Sicile;  et  cette  protection  lui  va* 
lut  d'abord  la  place  de  secrétaire  du 
roi  de  Naples ,  et  peu  après  (  i355), 
I^onneur  d'être  couronné  k  Pise, 
par  l'empereur  Charles  IV,  qu'il  ne* 
mercia  dans  un  discours  latin ,  mêlé 
de  prose  et  de  vers ,  dont  les  biblio- 
thèques de  Florence  ont  conservé 
quelques  copies  (  Oratio  habita  ad 
Carohim  IF;  de  fama  ).  Cet  hom- 
mage public,  qui^  dans  le  quatorziè» 
me  siècle ,  ne  fut  accordé  qu'à  Pé- 
trarque ,  jeta  un  nouvel  éclat  sur  le 
nom  de  Strata.  Appelé  à  la  cour 
d'Avignon,  il  fut  nommé  protono- 
taire apostolique ,  et  secrétaire  des 
brefs  d'Innocent  VI.  Si  Ton  devait 
en  croire  un  document  publié  par 
Lami  {NweUe  letterarie ,  1748  y 
p.  niQ),  ce  poète  aurait  été  élevé 


STR 

au  siëge  de  Monte  Casino  (i),  peu 
avant  sa  mort  y  armée  dans  Ja  ville 
d'Avignon,  en    i36i.  On"  ne  peut 
jug«rde  son  mérite  que  d'après  le 
témoignage  de  y^%  contemporains  , 
qui  l'ont  regarde  comme  l'un  des 
plus  grands  nommes  de  son  temps.  > 
Pétrarque  le  loue  beaucoup  dans  ses 
Lettres  (2) ,  dont  quelques-unes  sont 
adressées  à  notre  poète,  entre  autres 
celle  où  il  lui  recommande  de  prendre 
soin  de  ses  écrits.    Les  Florentins 
avaient  conçu  une  si  haute  estime  du 
mérite  de  2Lahobi , quelle  plaçant  au 
même  rangqu'Accurse,  Dante,  Pétrar- 
que et  Boccacc,  ils  décidèrent ,  en 
jBqô,  que  des  tombeaux  leur  seraient 
dfvés  dans  l'éslise  de  Santa  Maria 
del  Fiore.  La  ailliculté  de  réunir  les 
cendres  de  ces  illustres  citoyens,morts 
presque  tous  hors  de  leur  patrie  y 
arrêta  ce  projet ,  ce  qui  est  fait  pour 
inspirer  un  grand  regret  de  la  perte 
des  poésies  de  Strata,dontil  ne  reste 
que  cinq  vers  latins  publics  par  Mé- 
bos  dans  la  vie  de  Traversari,  p.  90. 
Zanobi  s'était  proposé  de  chanter 
les  exploits  du  premier   Scipion  y 
lorsqu'il   apprit  que   son  ami   Pé- 
trarque travaillait  à  un  poème  sur 
le  même  sujet  (  V Afrique  ):  soit  dé- 
licatesse^ soit  crainte,  il  n'osa  pas 
sem^ureravec  un  rival  aussi  redou- 
table 9  et  descendant  au  rôle  modeste 
de  traducteur  ,  il  s'exerça  sur  les 
Morales  de  saint  Grégoire ,  ouvrage 
qui  aurait  dû  le  décourager  par  sa 
langueur ,  et  qu'en  effet ,  il  n'eut  pas 
le  temps  d'achever.  L'académie  de 
la  Crusca  a  honoré  de  ses  suftrages 

^1)  On  B«  coniiaU  point  de  •icgc  ^Ucopal  de  ce 
Dooi.  La  célèbre  abbaye  du  Ittuut  Omîu  n'est  \t»» 
10  rvêcfaé. 

(a*)  Il  «irait  r<>pendaDt  témoigné  qiieltjne  jalou' 
ffic  av  soiet  du  couronoetneut  de  Zauobi  :  «  V.»\- 
>c«  à  QD  Alleiuaud  (^l'ein|irreur  )  qu'il  appartient 
•  àt  ÎMger  la  incrile  littéraire  d'uu  Italien  ?»  /*r<rf. 
*/  iM^rrf .  il  medicum,  StralA  fut  couronne  Uciic 
aa*  i^^  PcUrarq««b 


SÏR 


37 


ce  gr«uid  travail ,  qu'elle  a  rangé  air 
nombre  des  tcsii  di  Ungua.  il  eA 
existe  une  ancienne  édition  intitulée  : 
I.  ï  Morali  del  Pontejicc  san  Gre- 
gorio   Maf^no  ,   sopra   il  libro  di 
Giobbe ^  Florence,   i/jBG,   !i  vol. 
in-fol.  Zanobi  n'a  pas  été  plus  loin 
que  le  chapitre  dix-huitième  du  dix- 
neuvième  hvre  :  la  suite  appartient  à 
un  traducteur  anonyme  (  le  bienheu- 
reux Jean  de  Tossignano  ,  évêque 
de  Ferra re  ).  La  rareté  et  le  mérite 
de  ce  livi-e  engagèrent  le  cardinal 
Tommasi  d'en  ordonner  une  réim- 
pression (Rome,   i'7i4-3o,  4  ^^' 
iH-4°.  ),  qui  est  très-fautive,  malgré 
les  soins  de  Mgr.  Fontanini ,  qui  s  é- 
tait  chargé  d'en  revoir  les  épreuves 
(r.  les  Notes  de  Zeno  à  la  BibUoih. 
italienne  de  Fontanini ,  tome  11 ,  p. 
409^).  On  doit  au  cardinal  Alexandre 
Albani  d'en  avoir  fait  continuer  l'é- 
dition après  la  mort  de  son  véné- 
rable confrère.  Une  troisième  édition 
sortit  des  presses  de  Simone,  Naplcs, 
r745 ,  4  vol.  in-4°.  H.  Registrum 
litierarum  apostolicarum  Itmoccn" 
tii  papœ  sexii ,  anno  sui  pontifica- 
tûs  nono  (  1 3G 1  ) ,  dans  le  Thésau- 
rus no^fUS  anecdoiorum ,  par  Mar- 
tèrc  et  Duraud  ,  tome  11 ,  pag.  843- 
107a.  III.  Sogno  di  Scipione ,  vol- 
tato  in  greco  per  Plamide  ,  e  fatlo 
volgare  per    Zanobi  da  Strata , 
Pise,   1816,  i»-8o.  Fq/.  Villani 
(  Phil.  ) ,  nte  d'uomini  illustri  Fio- 
rentini  ,  pag.  vi.  — Elogi  d'uomini 
illustri  Toscani  y  tome  1*^.,  p.  160, 
et  Tiraboschi ,  Storia  dclla  tcttera- 
tara  italiana  ,  tome  v.    A — g — s. 

STUATICO  (  LE  COMTE  Simon  ) , 
mathématicien  ,  né  à  Zara,  en  1733, 
et  confié  aux  soins  d'un  oncle  qui 
dirigeait  un  établissement  d'éduca- 
tion à  Padoue  ,  fré(|uenta  l'univer- 
sité de  cette  ville ,  011  il  prit  le  degré 
de  docteur;  et  fut  nommé  professeur 


38 


STR 


de  médecine  ^  ayant  à  peine  vingt- 
cinq  ans.  Destini^,  eu  l'^Gi ,  à  ac- 
compagner l'ambassade  que  le  se- 
sénat  veniti^i  envoya  it  à  George  III, 
pour  le  féliciter  sur  son  avènement  au 
trône ,  Stratico  s'arrêta  quelque 
temps  eu  Angleterre^  pour  en  étu- 
dier les  usages  et  les  mœurs.  De  re^ 
tour  à  Padoue ,  il  fut  destiné  à  rem- 
placer le  marquis  Poleni,  dans  la 
chaire  de  mathématiques  et  de  navi- 
gation. Les  connaissances  qu'il  avait 
acquises  dans  ses  voyages  le  ren- 
daient propre  à  diOcreutes  fonc- 
tions y  et  lui  ouvrirent  les  portes  de 
Slusicurs  académies ,  entre  autres 
e  la  société  royale  de  Londres.  Ap- 
pelé, par  le  gouvernement  de  JVIilan^ 
à  l'université  de  Pavie  (iBoi),  Stra- 
tico y  sup[)lc;i  souvent  le  professeur 
Volta  dans  les  cours  de  physique , 
quoiqu'il  ne  fût  chargé  que  a  ensei- 
gner Tait  nautique.  Il  devint  en- 
suite membre  du  comité  d'instruc- 
tion ])nblique ,  puis  président  de  la 
junte  pour  les  travaux  hydrauliques 
du  duché  de  Modène,  et  directeur 
général  des  ponts  et  chaussées  de 
i'ex-royaume  d'itahe.  En  1 8o3 ,  il 
fut  élevé  au  rang  de  sénateur ,  et  dé- 
coré des  ordres  de  la  Légion-d 'Hon- 
neur et  de  la  Couronne  de  Fer.  L 'em- 
pereur d'Autriche  lui  avait  accordé 
la  croix  de  Saint-Léopold ,  la  pen- 
sion  de  sénateur ,  et  le  rang  de  pro- 
fesseur émérite  des  universités  de 
Paduuc  et  de  Pavie.  Stratico,  qui 
était  le  doyen  des  littérateurs  ita- 
liens, est  mort  à  Milan  le  iG  juille; 
i8*Jt4,  à^é  de  QT  ans.  Ses  ouvrages 
sont  :  I.  Oraiio  habita  in  ^mna- 
sio  Patauino  ,  Padoue  ,  Comino  , 
17G4  ,  in-8'».  II.  Séries  proposition 
nuniy  conibmns  elementa  mecka- 
TÛcœ  et  staticœ  eanimque  varias 
appUcationes  y  ac  prœsertim  ad 
tkeoriamarchitecturœciviUsei  nau- 


STR 

ticœ^  ibid.,  177»,  in  -8^.  IIL  Bac- 
colta  di  proposizioni  d^idrosttUiea 
e  d'idrauUca.  ibid.^  >77^>  ûi  -  9p. 
IV.  Teoria  compita  délia  eostrm- 
zlone  edel  maneggio  de*  basîimenti, 
trad.  du  français  d'Euler ,  arec  no- 
tes ,  ibid.,  177G,  in-B®.,  fjg.  V.  Ele- 
menti  d'idrostatica  e  d'idratdica^ 
ibid. ,  1 791 ,  in-80.  VI.  De  duabus 
formis  archetjrpis  œneis  ad  oti- 
tiquwn  nuniisma  majoris  moduli 
pertinentibus  disqidsitiOy  \érofte, 
1791  ,  in-8«.,iig.  VII.  DeW  antico 
teatro  di  Padot^a ,  Padoue ,  1 795  , 
in-4*' ,  fig.  VIII.  Focabolario  di  ma- 
rina y  nelle  tre  lingue  itaL  -  ingl,- 
francese^  Milan,  i8i3-i4,  3  ▼oL 
in-t^.,  fig.  IX.  Esame  marittimo 
teorico  praticOj  oy\fero  trattato  di 
meccanica  applicato  alla  costrth- 
zione  ed  alla  manotfra  de  vascetliy 
traduit  du  français  de  Don  George 
Juan  et  de  Levêque ,  avec  des  obser- 
vations, ibid.,  1819,  a  vol.  in-4**-, 
figures.  X.  Bibliografia  di  marina 
mille  varie  lingue  deW  Europa  o 
sia  raccolta  de'  titoli  de*  libri,  i  quali 
trattano  di  quesVarte^  ibid.^  \oi3 , 
in-4".  XI.  Osservazioni  sopra  varf 
effet  tideUapressione  de*Jltddi,dajïS 
les  Mémoires  de  la  Société  italien- 
ne. XII.  Deir  inclinazione  deUe 
sponde  nesli  alvei  de*fiumi ,  dans 
les  actes  de  l'Institut  italien.  XIII. 
Saggio  de*  principj  da*  quali  di' 
pende  il  giudizio  délie  opère  d^ar^ 
chitcttura  civile,  part,  i  et  11 ,  ibid. 
XIV.  De'  bastimenti  a  rcmi  da 
guerra  degli  antichi,  ibidem.  XV. 

Sul  FLUCTUS  DKCUMANUS  O  DECIMUS 

de*  poeti  latini;  e  suUa  trichimia , 
o  terza  ondata  degli  scrittori  gre- 
ci,  ibid.  XVI.  Sulla  declinazione 
delV  ago  magnetico  ,  ibid.  XVII. 
Saggio  storico  sugli  specclU  ardet^ 
ti ,  ibid.  XVIII.  Dtscorso  sopra  tat" 
chitettura  gotica  y  ibid.  XIX. 


STR 

seriaziane  sctpra  alcuni  fsnomeni 
magnetici,  ibîd.  XX.  Osservazio- 
ni  suif  architettwra  délie'  scale, 
ibid.  XXI.  Sopra  le  leggi  d' agita- 
zione  de*  fiuidiy  contenuti  in  vasi 
osdllarai,  dans  les  Mémoires  de  Ta- 
Cûdémie    de    Padoue.  XXII.   In- 
tomo  ad  unfcnomeno  délia  diffira- 
zione  délia  luce,  ibid.  XXIII .  Délia 
confluenzaj  e  dellefocij  osbocchi 
de  Jiumiyïbià.  XXtV.  Discorso  re- 
cilato  neU*  accademia  délie  belle 
arti  di  Milano,  dans  les  actes  de  la 
même  académie.  XXV.  M.  Fitru- 
viiPollionis  architcctura,  cum  exer- 
ciiationibus  /.  Poleni^  et  êommen- 
tanis  variorum,   Udinc,    18.2')  et 
suiv.,  devant  former  4  vol.  in -4**., 
avec  Sao  planches.  Cette  édition ,  la 
plus  complète  de  Vilruve ,  et  qui  est  le 
fruit  de  trente-cinq  années  de  recher- 
ches de  Stratico  et  d'autant  de  Po- 
leni ,  qui  y  avait  travail  le  aux  frais 
de  la  république  de  Venise  ,   est 
maintenant  sous  presse  à  Udine.  Le 
texte  en  esjt  collationné  avec  les  édi- 
tions de  Rode  et  de  Schneider ,  nou- 
TeJIement  publiées  en  Allemagne. 

A — G — s. 
STRATONdc  Lampsaque,  philo- 
sophe grec,  était  fils d'Arcesilas; dis- 
ciple de  Théophraste  ,  il  lui  succé- 
da dans  son  école  ,  Tan  'i!\%  avant 
J.-C,  et  acquit,  par  son  éloquence  et 
son  savoir,  une  réputation  immen- 
se. Ptolcmée  Philadclphe  ,  roi  d*É- 
gjpte^voulut  être  initie  par  lui  dans  les 
secrets  de  la  philosophie^  et  fut  tel- 
lement satisfait  de  ses  leçons ,  qu'in- 
dépendamment de  ses  honoraires ,  il 
lui  fit  présent  de  quatre-vingts  talents, 
somme  prodigieuse.  Straton  fut  sur- 
nommé le  Physicien ,  parce  qu'il 
s'éfait  attaché  particulièrement  à  l'é- 
tude de  la  physique,  c'est-a-dire,  des 
lois  de  la  nature  ;  mais  les  titres  de 
plusieurs  de  ses  ouvrages  prouvent 


STR 


39 


qu'il  avait  aus.*>i  cultivé  la  morale  et 
la   politique.  On  n'est  pas  certain 
qu'il  soit  i'autenr  du  Traité  des  cou- 
leurs^ que  plusieurs  critiques  lui  at- 
tiiboent,  et  qui  est  impruné  sous  le 
nom  de  Théophraste  dans  îes  Œu- 
vres d'Aristote.  De  tous  ses  écrits 
il  ne  reste  que  des  fragments  insuffi- 
sants poiur  apprécier  ses  idées  philo- 
sophiques. De  là  les  jucements  con- 
tradictoires que  \^  modernes  en  ont 
portés.  D'après  deux  passages  de 
Cicéron  et  de  Plutarque  ,  on   voit 
que  Straton  attribuait  à  la  nature  les 
qualités  productives ,   sans  lui  ac- 
corder l'intelligence.   Il  n'était  pas 
nécessaire ,  suivant  lui ,  de  recourir 
aux  dieux  pour  expliquer  le  monde  : 
la  création  et  l'économie  de  l'univers 
ne  sont  que  l'accomplissement  des 
lois  de  la  physique  et  de  la  méca- 
nique.  T^ibnitz  et  Bayle  ont  con- 
clu de  cette  proposition  que  Stra- 
ton ne  reconnaissait  d'autre  dieu  que 
la  nature  ^  et  en  conséquence  l'ont 
regardé  comme  un  des  précurseurs 
du  spinosisme.  Cudwortn  le  range 
parmi    les   hylozoites.  Batteux  ne 
voit  dans  ce  philosophe  qu'un  hom- 
me qui  veut  faire  au  bruit,  n'im- 
porte de  quelle  manière  :  arrivé, 
dit-il^  dans  un  temps  où  les  dogmes 
les    plus  hardis   ne    faisaient  plus 
qu'autant  de  sensation  qu'il  en  fallait 
pour  produire  la  célé})rité  y  il  osa 
dire  ouvertement  ce  qu'on  avait  pen- 
sé  avant   lui    (  Hist.   des  causes 
premières  ,  35 1  ).   Mais  le  judi- 
cieux Brucker  déclare  que  ce  n'est 
pas  sur  quelques  lignes  qu'il  peut  se 
permettre  de  juger  l'ensemble  du 
système  de  Straton.  Dans  une  lettre 
adressée  à  Zimmermaun  (  i  ) ,  il  s'ef- 
force de  repousser  l'accusation  d'a- 


(i)  CcUe  lettre  a  élc  ioaéréepar  ScLelhom,  dani 
les  Âmaenital.  Uuenaittp  XIII,  3ii. 


4o  STR 

tbcisme  dont  on  a  voulu  flétrir  ce 

Shilosophe^  et  prouve  que  le  passage 
e  Cice'ron  (  Academ, ,  iv,  38  ) ,  sur 
lequel  elle  repose  tout  entière ,  suffit 
pour  démontrer  que  Stratonu'a  point 
nie'  l'existence  des  dieux  ^  quoiqu'il 
n'admît  pas,  comme  Dcmocrite ,  que 
leur  intervention  immédiate  fût  né- 
cessaire a  la  création  et  au  maintien 
de  l'univers.  Stratou  avait  reçu  de 
la  nature  un  tempérament  fbrt  déli- 
cat, qui  l'obligeait  à  xivre  de  régi- 
me. Il  s'éteignit,  sans  souffrances,  en- 
touré de  ses  amis  et  de  ses  disciples, 
après  avoir  dicté  son  testament ,  que 
Diogènes  Lacrce  nous  a  conservé,  et 
par  lequel  il  instituait  Lycon  (  V.  ce 
nom  ) ,  son  successeur  dans  l'école 
qu'il  avait  dirigée  dix-liuit  ans  avec 
gloire.  Diogènes  (  Fies  des  philoso- 
pJies)  donne  les  titres  des  nombreux 
ouvrages  de  Straton ,  dont  ou  doit 
regretter  la  perte ,  d'autant  plus  que 
les  questions  les  plus  importantes  y 
étaient  traitées. Bruckcr  a  rassemblé, 
dans  son  Histoire  de  la  philosophie^ 
tout  ce  qu'on  sait  de  Sti-alon  ,  et  di- 
verses maximes  de  ce  philosophe , 
extraites  des   ouvrages   de   Sexlus 
£mpiricus  ,   Simplicins  et  Stobée. 
Voici  les  plus  remarquables:  le  siège 
de  Tame  est  dans  le  cerveau  ;  —  L'a- 
me  agit  par  les  organes  des  sens;  — 
Le  temps  est  la  mesure  du  mouve- 
ment et  du  repos  ;  —  Tout  corps  a 
de  la  pesanteur  et  tend  sans  cesse 
vers  le  centre.  W — s. 

STRATON,  poète  grec,  dont  on 
ignore  la  patrie; on  ne  connaît  pas 
mieux  les  autres  circonstances  de  sa 
vie.  II  est  cop(;nd.'int  vraisemblable 
qu'il  florissail  sous  l'empereur  Sep- 
timc  Sévère.  Il  a  attaché  son  nom  à 
l'un  des  uioniiinciits  les  plus  déplora- 
bles de  la  corruption  qui  marqua 
les  mœui-s  de  la  Grèce,  en  publiant 
uu  recueil  d'épigrammes ,  la  plupart 


STR 

obscènes, de  différents  auteurs.  Il  se» 
rait  difficile  d'en  traduire  même  le 
titre  avec  décence ,  et  sa  muse  a  large- 
ment contribué  à  le  grossir.  Ce  recueil 
forme  un  des  livres  du  manuscrit  de 
l'anthologie ,  devenu  célèbre  sous  le 
nom  de  Manuscrit  palatin ,  et  con- 
servé aujourd'hui  à  la  bibliothèque 
du  Vatican.  Ce  livre  contient  deux 
cent  trente- huit  épigrammes  ,  dont 
quatre-vingt-treize  sont  de  Straton. 
Ou  en  trouve  cinq  autres  dont  il  est 
aussi  l'auteur ,  dans  le  livre  des  Epi- 
grammes  satiriaues ,  et  une  sixième 
dans  l'Anthologie  de  Planude  ;  mais 
il  n'est  pas  certain  que  cette  dernière 
soit  de  lui  :  le  titre  l'attribue  à  Mc- 
léagre  ou  à  Straton.  On  ne  peut  s'em- 
pêcher de  reconnaître  dans  celles  de 
cespiècesdont  la  lecture  est  toléraUe, 
des  pensées  ingénieuses,  exprimées 
avec  élégance  j  mais  on  déplore  qu'il 
ait  prostitué  sa  muse  à  un  sembla- 
ble sujet:  heureusement  que  la  langue 
qu'il  a  employée  atténue  beaucoup 
le  danger  d'un  tel  ouvrage.  Avaul 
que  le  manuscrit  palatin  eût  été  pu- 
blié ,  Reiske  avait  pris  la  peine  de 
placer  à  la  suite  de  son  ^tipn  de 
l'Anthologie  de  Céphalas ,  une  table 
des  auteurs  dans  les  écrits  desquels 
se  trouvaient  éparscs  les  pièces  du 
Recueil  de  Straton ,  sur  lequel  nous 
ne  nous  sommes  peut-être  que  trop 
étendus.  Terminons  en  disant  avec 
ce  mî-me  Reiske  :  Computrescat  in 
illo  cœno  qui  animum^  ad  meliora 
nequit  attollere.  Si — D. 

STRAUCH  (Jean)  ,  jurisconsulte , 
naquit, le  -i  septembi-e  161  a,  à  Col- 
ditz  en  Misnie  :  son  père  était  cais- 
sier de  l'él  cet  rire  douairière  de  Saxe^ 
Sophie  de  Brandebourg  ,  qui  rési- 
dait dans  cette  petite  ville.  Après 
avoir  fréquenté  le  gymnase  deZeitz, 
il  étudia  aux  universités  de  I/eipzig 
et  de  léna  ;  prit  ;  eu  1 638,  le  grade  de 


STR 

ès-arts  et  fut  bientôt  après 
i   professeur  d'éloquence  et 
ire  à  Leipzig,  en  i65i  doc- 
droit,  et  en  i652  profes- 
dinaire  à  Icua.  La  place  de 
des  magistrats  de  Bninswick 
tié  oil'erte  à  son  ami  Adam 
celui-ci,  qui  n'euyoulaitpas , 
[u'on  la  conférât,  en  1660,  à 
1.  Mais  comme  ce  dernier  se 
ait  à  £runs\N  ick,  le  même  Stru- 
i  Tenait  d'être  appelé  à  Wei- 
Qt  nommer  à  saplacedcprofes- 
éna  et  assesseur  du  tribunal  au- 
1  obtint  par  la  suite  le  titre  de 
1er  intime  et  la  charge  de  pré- 
du  consistoire  et  de  chauce- 
êlé  d'une  manière  désagréable 
îs  tracasseries  domestiques  du 
raard  de  Saxe-Iéna ,  il  en  eut 
3  chagrin  ,  qu'il   s'empressa 
)ler^  en  iC-^ti,  les  ])1aces  de 
►eur  de  droit  etvicc-cijancelier 
en,  où  il  mounit  le  1 1  décem- 
yg.Strauch  jouit  d'une  grande 
é  dans  les  tribunaux  d'Alle- 
,  où  ses  nombreuses  disserta- 
out  toujours  citées.  Vingt-cinq 
traités  ont  été  réunis  sous  le 
VOpuscula  juridicay  histori- 
lologica rariora  xxriniwum 
en   collecta  y    curd   C.    G. 
ii^  Francfort,  i ']*>-']  ,  in  4"., 
le,  1729,  in-4'^.  ;  vingt-neuf 
sous  le  suivant  :  Disscriatio- 
'  univcrsum  jus  Juslinianeura 
um  ,  theorico-praticœ  xxix, 
1C59,  in-4". ,  et  réimprimées 
38,  1^74  ^^  i<38ii;  trois  an- 
us celui-ci  :  Dissertationum  ca- 
irum  solemnium  trias ,  léna  , 
\n-\^.  On  a  formé  une  collec- 
*  quinze  de  ses  programmes  , 
ée  :  ntœalifjuot  veterum  jn- 
sidtorum  ;   comjuishit  ,    rc- 
t  ,   indice  instruxit  Ch,   G, 
\y  Ic'na,  17^3,  in-fr^.  Ou  a 


STR 


^1 


aussi  de  Strauch  im  Lexicon  par- 
ticidarum  juris ,  léna,  167 1 ,  in-4", 
réimprimé  en  1684  et  17 19^  S — l. 
STRAUCH  (FRANçois.RAiMowD)y 
évêque  de  Vich ,  et  Tune  des  vicli» 
mes  des  dernières  réTolutions  espa- 
gnoles ,  naquit  en  1 760 ,  à  Tarra- 
gone ,  où  sou  père ,  capitaine  dans  uu 
régiment  suisse  au  service  d'Espa- 
gne, s'était  marié.  Après  avoir  fait  à 
oaragoce  ses  premières  e'tudes,  il 
prit,  en  1776 ,  Thabit  religieux  chez 
les  Cordeliers  observantins  de  Tile 
Maïorque,  où  le  régiment  de  son  pè- 
re se  trouvait  en  garnison  ;  et  il  dé- 
veloppa, pendant  son  noviciat,  des 
talents  assez  distingués  pour  être 
bientôt  après  chargé  d'enseigner  la 
philosophie  dans  son  couvent,  puis 

Sourvu  y  k  l'université  de  Palma  ^ 
'une  chaire  de  théologie,  qu'il  occu- 
pa vingt-cinq  ans.  A  l'exacte  obser- 
vation des  devoirs  de  sou  état,  le  P. 
Strauch  joignait  un  talent  remarqua- 
ble pour  la  prédication ,  et  des  con- 
naissances étendues  en  histoire  et  eu 
mathématiques;  la  plupart  des  lan- 
gues vivantes  lui  étaient  familières  : 
aussi  les  savants  de  l'Espagne  les 
plus  distingués  recherchaient  sa  so« 
ciété  ou  sa  correspondance.  Lors  de 
l'invasion  de  la  Péninsule,  par  les 
troupes  de  Buonaparte ,  eu  1B08  ,  il 
fut  nomme  aumônier  d'un  régiment 
suisse ,  montra  dans  cet  emploi  au- 
tant de  zèle  que  de  courage  à  secou- 
rir les  militaires  sur  le  champ  de 
bataille,   et  eut  même  ses  habits 
percés    de   balles.    Des    désordres 
qu'il  ne  put  réprimer  le  détermi- 
nèrent cependant  k  quitter  l'armée , 
et  à  retourner  à  Maïorque ,  au  com- 
mencement de  i8r2. 11  continua  de 
se  livrer  aux  fonctions  de  son  état  et 
au  ministère  de  la  chaire  ,  consa- 
crant en  même  temps  ja  plume  à 
la  défense  de  l'Église  et  de  la  mo- 


4a  STR 

narchie  légitime,  tant  par  le»  ouvra- 
ges qu'il  traduisit  en  espagnol  ou  au'il 
composa,  que  parles  journaux  aont 
il  fut  le  principal   rédacteur.  Son 
zèle  déplut  aux    révolutionnaires  ; 
et  ils  ne  laissèrent  échapper  aucu- 
ne occasion  de  le  dénoncer  comme 
un  fanatique ,  ennemi  de  la  liberté. 
Croyant  trouver ,  dans  quelques  ex- 
pressions  d'mi   sermon  du  carême 
qu'il  prêcha  en  i8 1 3,  la  matière  d'une 
accusation  suffisante  pour  leperdre , 
ils  le  déférèrent  au  Saint-Omce;  et, 
bien  que  l'accusatioii  ait  plus  tard  été 
reconnue  calomnieuse ,  il  demeura 
dans  les  prisons  de  l'inquisition  de 
Maiorqnc,  depuis  le  -jiB  juillet  jus- 
qu'au inilini  de  décembre  de  la  même 
année.  Fortdu  sentiment  de  sou  inno- 
cence ,  Strauch  refusa  de  profiter  d'u- 
ne occasion  de  s'évader ,  fut  enfin  ac- 
quitté, mais  continua  d'être  vn  butte 
aux  persécutions  des  Ubtrales,  IjC  re- 
tour de  Ferdinand  VU  dans  ses  étals 
semblait  promettre  à  ce  savant  reli- 
gieux un  avcinr  plus  tranquille.  Il 
fut  mandé  à  la  cour  et  nommé  é.ê- 
que  de  Vich  ou  Vique ,  en  Catalogne. 
On  lui  fit  entendre  qu'il  ne  resterait 
dans  un  si  petit  évêché  (pie  jusqu'à 
ce  qu'il  en  vaquât  un  autre  plus  con- 
sidérable; mais  il  déclara  qu'il  ne 
se  détenninerait  pas  à  rompre  l'al- 
liance qu'il  aurait  une  fois  contractée 
avec  une  église,  (piel([ue  pauvre  qu'elle 
fût,  puisqu'il  avait  hii  -  mrnie  fait 
vœu  ae  jïauvietr'.  Sacré  à  Barcelone, 
par  Tévèque  d'Ui*gel ,  il  se  rendit 
dans  son  diocèse ,  continua  de  mener, 
dans  son  |)alais  ,1a  vied'un  religieux, 
et  de  porter  l'habit  de  son  oixlix?, 
montant  souvent  eu  chaire,  et  faisant 
à  pied  toutes  ses  visites.  Son  zèle  à 
s'opposer  aux  entreprises  des  nova- 
teurs   ciuitrc    l'autorité   ecclésiasti- 
que ,    et  à  prévenir  l'introduction 
livres  défendus,  lui  suscita '(k 


(lue 
des 


STR 

nouveaux  cimemts.  Bientôt  le  ser- 
ment de  fidélité  à  la  constitution  des 
cortès  leur  fournit  un  prétexte  pour 
le  tourmenter.  Il  avait  dédare  avec 
fermeté  qu'il  ne  le  prêterait  pas  tant 
que  le  roi  ne  l'aurait  pas  prêté  ;  et  il 
s'était  même ,  dès  ce  moment ,  pr^ 

Sa  ré  à  la  mort.  On  l'épargna  cepen- 
ant  alors  ;  et  les  révolutionnaires  se 
contentèrent  de  maltraiter  son  crand- 
vicaire  eu  sa  présence.  FeroiDand 
ayant  ensuite  prêté  serment  a  la  nou- 
velle constitution  ,  Strauch  n'hésî- 
ta  point  à  suivre  l'exemple  de  son 
souverain;  mais  il  ne  crut  pas  que 
cette  promesse  l'autorisât  à  faire  ce 
qui  serait  contraire  à  la  loi  divine  ou 
aux  règles  de  l'Église.  C'est  ainsi 
qu'il  refusa  de  publier  le  décret  des 
cortès ,  du  a3  octobre  1 8'io ,  qui  sou- 
mettait les  réguliers  aux  ordinaires , 
sans  l'intervention  du  pape.  On  le  dé- 
nonça aussi  pour  avoir  empêché 
dans  son  diocèse  (par un  mandement 
du  i3  juillet  iBir))  la  publication 
d'un  catéchisme  constitutionel ,  im- 
primé en  langue  catalane ,  et  qui  ren- 
fermait plusieurs  choses  contraires  à 
la  doctrine  de  l'Église.  L'évêquc  de 
Vich  n'ignorait  pas  le  danger  auquel 
il  était  exposé.  On  le  pressa  de  cner- 
cher  sa  sûreté  dans  la  fuite.  L'évêque 
de  Carcassone  (M.  A. -F.  de  La  Por- 
te )  et  M.  Carrière,  vicaire  -  général 
de  Perpignan ,  lui  olFrirent  à  l'envi 
un  asile  honorable  a'iprès  d'eux  :  il 
ne  crut  pas  pouvoir  abandonner  son 
troupeau  dans  des  circonstances  aus- 
si critiques.  Il  venait  de  procurer 
à  sa  ville  épiscopale  le  bienfait  d'une 
mission  prcchce  par  les  Capucins  ;  et 
il  continuait  de  se  livrer  «ivec  ardeur 
aux  fonctions  de  son  ministère,  lors- 
qu'il vit  fondre  sur  lui  l'orage  cpii 
grondait  dqHiis  long-temps.  Mis  aux 
arrêts,  dans  son  palais  ,  le  1 1  octo- 
bre iSaa  y  tomme  prérémi  d'être  en 


STR 

avec  la  rrgence  d'Urgcl  (  i  ) , 
rec  dix-oeuf  reliâeux  de  son 
mmeiië  à  la  citadelle  de  Bar- 
!t  bientôt  mis  au  secret .  daiib 
ois  de  cette  prison  d'état, 
devant  des  juges  dont  il  re- 
econnaître  la  compétence ,  il 
imnc  à  mort  ^  appela  de  celte 
y  fut  abson5  par  d'autres  ju- 
'en  fut  pas  moins  inhuma  i- 
nassacré.  Sous  prétexte  de 
lire  à  Tarragone ,  où  on  le 
l'un  acquittement  définitif , 
iq  mois  de  captivité ^  on  le 
r  sur  une  tartane,  le  1 6  avril 
vec  un  de  ses  religieux  (a) , 
l'avait  point  quitté.  Ayant 
e  à  Molius  de  Rey ,  il  fit  dî- 
;  lui  les  deux  oÎHciers  qui 
daient  son  escorte.  Ils  le  for- 
3ieutôt  après ,  de  quitter  son 

religieux  ;  et  l'on  se  remit 
he,  pour  continuer  la  route 
?.  Arrivé  à  Vallirana  (3),  un 
nent  de  l'escorte  se  porte  en 
omme  pour  aller  à  la  décou- 
t  croit  voir  se  former  un  at- 
ent  avec  l'intention  de  déli- 
prisonniers.  Aussitôt  on  or- 
1  prélat  et  à  son  compagnon 
ndre  de  leur  chariot.  Ou  les 

dans  un  chemin  creux;  et 
«nt  percés  de  balles.  Après 

dépouillés ,  leurs  meurtriers 
nt  triomphants  à  Barcelone^ 
ant  la  Trag^aZa.  Telle  était  la 
[ue  ceux-ci  inspiraient , que  les 
s  deux  victimes  demeurèrent 
irs  sans  sépulture.  On  n'osa 
rer  dans  le  cimetière  de  Val- 
u'après  en  avoir  obtenu  la 


il  t^ne  cetir  rrgmre  rlml   r«»inn'»«cr  du 
Matafliirida ,  du  iMrou  d*Lrolr<»  ri  de 
t'rcut ,  archrvrque  de  l'arra^uue  :  (uns 
it  iiHirU  en  i8i5. 

ligufl  (^uingJek,  frôie  lai  du    cuuvcut 
aiiruts  ,  de  Pahn  i. 

itié  dwqMB  d«  BarcrlocM  è  Villafraiicâ. 


STB 


43 


permission  du  chef  politique  de  la 
Catalogne.  L'année  suivante ,  la  tran- 
qmllité  étant  rétablie ,  on  transféra 
en  procession  les  deux  corps  à  l'é- 
glise cathédrale  de  Yich ,  ou  on  leur 
lit  des  obsèques  solennelles  :  l'Oraison 
funèbre  du  vénérable  prélat  y  fut 

f)rononcée  (le  i a  février  1 8^4)  par 
c  P.  Raimond  de  Jésus ,  supérieur 
des  Trinitaires  déchaussés  de  Vich. 
Cette  pièce  a  été  imprimée  sous  ce 
titre  :  Oracion  funèbre ,  etc. ,  det 
ilL  S.  2>.  F.  Rà/mundo  Strauch  y 
Vidal  (4)  chispo  de  Vichy  etc., Per- 
pignan ,  i8a4 ,  in-8®.  de  70  pag.  ;  et 
nous  en  avons  tiré  les  principaux  dé- 
tails de  cet  article.  Il  nous  reste  à  don- 
ner la  liste  des  ouvrages  de  Strauch  : 
I.  Une  Carie  de  Vile  MMorque  , 
d'autant  plus  recommandable  qu'elle 
est  faite  sur  les  lieux ,  et  que  l'auteur 
entendait  bien  le  dialecte  du  nays  , 
un  peu  différent  du  catalan  et  ou  va- 
lencien.  IL  Un  Discours  (  pseudony- 
me )  sur  l'influence  de  la  religion 
dans  la  carrière  des  armes,  IIL  Se- 
manario  cristiano  -politico  di  Mal- 
lorca  y  Palma  ,  Guasp ,  t8i  2  -  1 4  f 
feuille  hebdomadaire,  dont  la  collec- 
tion forme  cent  six  numéros.  Il  y 
combat  les  doctrines  anti- religieuses 
de  divers  journaux  et  pamphlets  , 
dont  l'Espagne  était  alors  inondée. 
Ses  principaux  collaborateurs  étaient 
le  P.  Aledo,  dominicain,  et  le  P. 
Barthélemi  Altemir ,  franciscain  (5). 
IV.  V Histoire  du  clergé  de  France 
pendant  la  résfohition  y  parBarruel, 
traduite  en  espagnol.  La  seconde  édi- 
tion est  augmentée  de  notes  et  pièces 
justificatives.  V.  Les  Mémoires ,  du 

(4)  Suivant  un  UMge  munrt.  cominau  en  E^isfnr. 
Slruuch  avail  ruulume  de  }oiadre  à  «on  nom  edui 
de  oa  nièie,  nce  J'  itiml. 

(51  On  ■  de  ce  dernier  nnc  \otice  sor  Slranrk , 
de  laquelle  on  trou\e  un  extrait  dan*  VJmi  de  Im 
trdgian  H  du  roi,  du  37  août  i8i3  (  »**•  944  ' 
XXXVII ,  73.  ) 


4i  STR 

même  y  sur  le  jacobinisme ,  traduits 
et  augmentes  de  notes.  II  s'occupa 
de  ce  travail  pendant  sa  de'tentiou. 
VI.  Diverses  Réfutations  de  VAuro- 
ra  patriotica  Mallorquina ,  et  d'au- 
tres pampblets  révolutionnaires.  VII. 
EljiscalfiscaUzadOy  i8i3,  in -4**. 
C'est  une  réfutation ,  article  par  ar- 
ticle ,  de  l'acte  d'accusation  lancé 
contre  lui.  Il  y  porte  le  défi  au  pro- 
moteur fiscal  y  d'établir  quand,  com- 
ment et  à  quelle  disposition  du  gou- 
vernement ,  lui  Strauch  s'est  jamais 
opposé.*  VIII.  Une  traduction  en  es- 
pagnol (  d'après  une  version  (6) 
Italienne  )  de  la  Réalité  du  projet 
de  Bourefontaine  ,  démontrée  par 
l'exécution  {Fojr.  Fillkau,  XIV, 
536,  col.  i);mais  il  paraît  que  celte 
traduction ,  autre  fruit  du  loisir  de 
sa  prison  k  Maïorque,  n'a  pas  été 
imprimée.  C.  M.  P. 

STRAUSS  (  Jean  ).  F,  Struys^ 
STREATER  (Robert  ) ,  peintre, 
naquit  à  Londies  ,  en  iG'24.  Fils 
d'un  peiutrc  obscur  ,  il  reçut  de  lui 
les  premiers  éicmeats  de  son  art; 
mais,  placé  endn  sous  la  direction 
de  Dumoulin ,  il  ne  tarda  pas ,  sous 
ce  maître,  à  devenir  l'artiste  le  plus 
vanté  de  son  époque.  Sa  réputation 
devint  si  grande,  que  Graham,  au- 
teur d'un  Essai  sur  les  peinti-es  d'An- 
gleterre, inséré  à  la  suite  de  l'ouvra- 
ge de  De  Piies ,  avance  que  Streater 
était  le  plus  grand  peintre  et  l'artiste 
le  plus  universel  qu'eût  produit  la 
Grande-Bretagne.  Robert  Whitcbal, 


(U)  T.a  renlhi  d  l  pro^etlo  di  Dorgi^Foiitana  , 
ina.  du  frniii-uis  (  par  Anloiiie-Murie  Auilirogi  ), 
Veniir  ,  i-f)Q  .  in-8".  (>  fut  par  ordre  de  Clnnrrit 
XIII ,  ciue  ce  |tMiile  so  i-'ii.ir};(>H  de.  ce  travail.  Il  eu 
c'iiMfc  de»  I  dilidii.s  uiih-rii'iiri  >  U  ct-llf  «pie  uoiis  vc- 
n<iiMde<:iler.  i::il<-ii  ponirent  h  Rome,  à  Amw  el  m 
I<iiC(jiieii  ;  mai'»  nous  en  i(;nurons  lu  diilr.  Il  ne  faut 
pakc-uofoiidrr  tel  ouvrage avrc  !e<tiiivant  :  V.tnticiy 
fHVf(rtlo  Hi  Vi  i^o-Foulaiia  d*i'  miutt  tni  fiiansfuisli 
cvnUnuiUo  e  CcHifuin,  p;ir  riMiiç^iiit  Gustù  ,  V«in»c  , 
i8*io  ,  lu-So. ,  ucmvelU  editiou  corrigée  ri  aiig- 
mcxttve.  X    t    t. 


SIR 

dans  sa   Description    en  vers  der 

Seinturcs    du   plafond   du    théâtre* 
'Oxford ,  va  plus  loin  encore ,  et 
termine  son  Poème  par  deux  vers 
dont  le  sens  est  que  la  postérité  sera 
plus  redei^able  à  Streater  qu'à  Mi- 
cltel-Ange  lui-même.  Il  cultivait  tous 
les  genres  de  peinture  ;  mais  il  soi- 
gnaitses  succès  mieux  encore  peut-être 
que  ses  ouvrages.  A  la  restauration  de  * 
Charles  II,  ses  prôneurs  firent  tant  au- 
près de  ce  monarque,  qu'ils  obtinrent, 
pour  lui ,  le  titre  de  peintre  du  roi. 
Fendant  les  dernières  anuéesde  sa  vie, 
il  fut  cruellement  tourmenté  delà  pier- 
re 'y  et  le  monarque  prenait  à  sa  santé 
un  intérêt  si  vif,  qu  il  envoya  exprès 
à  Paris  chercher  un  chinirgien  assez. 
habile  pour  lui  fa  ire  l'opération;  mais 
avant  l'arrivée  du  chirurgien,  Strea- 
ter mourut,  en  i(38o.  Ce  peintre  a 
aussi  gravé  à  l'eau  -  forte  ;  mais  sa 
pointe  u'oil're  rien  de  piquant  Ses 
gravures  consistent  ;  I.   en  Divers 
morceaux  d' arclUtecture  ,  d'après 
J.  Dinant.  II.  Bataille  de  Nasebjr  ^ 
très  -  grande  pièce  en  travers.  P — s 
STKITTER  (  Jean-Gotthelf  de), 
historien  russe,  naquit,  en  1740  ,  à 
Idstcim  dans  le  duché  de  Nassau. 
Après  avoir  Uni  s^s  études,  il  se  rei»- 
dit  à  Pétersbourg  et  y  obtmt  la  place 
d'iuspecteur  du   gymnase  de  1  aca- 
démie des  {jcicnces.  En  1780 ,  il  fut 
nommé  archiviste  de  l'empire,  puis 
conseiller  d'état.  Il  moût  ut  le  !2  mars 
1 80 1 .  Son  érudition  ,  et  les  nom- 
breuses recherches  qu'il  fit  dans  les 
historiens  Byzantins  lui  assurent  la  re- 
connaissance de  tous  ceux  qui  s'inté- 
ressent aux  progrès  des  études  histo- 
riques. Le  résultat  de  ses  travaux  pa* 
rut  sous  le  titre  de  Mcmoriœ  popu- 
lorum  olim  ad  Daiuibium  ,  Po/i- 
tum  Euximim,  Paludem  Maeoti- 
dem  y  Caucasum,  Mare  Caspium^ 
et  indc  magis  ad  septcnlriones  inco- 


STR 

Icjitium  y  e  scriptoribm  historiœ  By^ 
zaniinœ  erutœet  digestœ ,  vol.  i-iv, 
Pétersbourg  ,177 1-80 ,  in-4**-  Strit- 
ter  eotreprit  ce  trayail  ^  en   1768^ 
par  ordre  de  racadëmie  des  sciences 
dcSaint-Pélertbourg,  qui  le  fit  impri- 
mer à  ses  frais.  Le  plan  eu  avait  ctë 
conçu  par  Scblœtzer.  Lui  et  Fisclier 
e'Uient  chargés  de  revoir  la  rëdac- 
ttou  ;  mais  Schlôtzcr  quitta  Saint- 
Pétersbourg  peu  de  temps  après  le 
commencement  de  l'impression.  Mai- 
gre quelques  défauts  dans  l'éxecution 
du  plan  prescrit^  cet  ouvrage  est 
d'une  grande  utilité  pour  les  recher- 
ches historiques ,  et  deux  excellentes 
tables  des  matières  eu  rendent  l'u- 
sage très-facile.   D'après    le  désir 
de  l'académie  des    sciences  de  Pé- 
tersLourg  ,    Striltcr  avait   fait  un 
Abrégé  de  cet  ouvrage ,  également 
en  latm ,  et  dont  la  traduction  russe, 
laite  par  Sevjetow  ,  parut  à  Péters- 
bourg, en  4  vol.,  1770-75,  in-S®. 
Il  a   encore  publié  plusieurs   Dis- 
sertations historiques  en  russe  ,  et  il 
a  laissé  non  terminée  une  Histo'^e 
de  l'empire  russe,  également  écrite  en 
nisse,  et  dont  les  deux  premiers  to- 
mes in 4^-  parurent  à  Pétersbourg  en 
i8oo«  Kl-^h. 

STROBELBERGER  (Jean- 
Éti£NH£  ) ,  médecin  allemand,  né  à 
Gratz,  vers  le  commencement  du 
dix-septième  siècle ,  étudia  à  Mont- 
peIlicr<^oii  il  se  fit  recevoir  docteur 
en  161 5.  Nommé  médecin  des  eaux 
de  Carlsbad,  il  y  mourut  en  i63o. 
11  profita  de  son  séjour  en  France 
pour  la  parcourir  en  diflerents  sens 
et  examiner  ses  ressources  sous  le 
rapport  politique  et  médical  :  de 
là  Touvragc  qu'il  publia  sous  ce 
titre:  GalUœ  politico-medicœ  des- 
criptio  y  léna,  i  id'io ,  in- 1 G ,  et  1  G'2 1 , 
in- 1:2,  de  3oo  p.  Dans  la  cinquiè- 
me section ,  il  passe  en  revue  les 


STR 


45 


plantes  les  nlus  rares  q[u'il  ait  trou- 
vées dans  les  environs  de  Paris  et 
d'Orléans,  en  Normandie ,  .\  Genève , 
à  Lyon,  dans  la  Provence,  surtout 
autour  d'Hyères ,  où  il  a  vu  la  canne 
à  sucre  cultivée  \  enfin  il  parcourut 
les  contrées  heureuses  de  Narbonne 
et  de  Montpellier ,  où  il  recueillit  les 
plantes  les  plus  rares.  II  aborda  aussi 
les  Pyrénées  et  étendit  ses  courses 
jusqu'en  Espagne.  On  trouve  donc 
dans  cet  Opuscule  l'esquisse  de  la 
Flore  française;mais,  comme  on  peut 
bien  le  penser ,  fort  incomplète.  Il  y 
exhorte  ceux  de  ses  compatriotes  qui 
voudront  connaître  la  France,  à  l'exa- 
miner dans  les  provinces  méridiona- 
les ,  qui  lui  fournirent  les  matériaux 
des  deux  opuscules  suivants  :   i<>. 
Traité  du  kermès  ,   De  Cocco  bo' 
phico  et   confectione   jilchermes , 
léna,    i6io  ,  in-4**.  ,  de   i3  pages. 
Strobelbcrgcr  y  décrit  le  chêne  qui 
porte  l'écarlate ,  quercus  cocciger  ^ 
9ÈÊfi  que  l'animal  qui  la  produit(mais 
ifignorait  sa   métamorphose  );  la 
récolte  du  kermès ,  et  il  parle  des 
autres  coques  tinctoriales  ;  enfin  il 
passe  en  revue  tous  les  médicaments 
simples  qui  entrent  dans  la  compo- 
titionde  l'alkermès.a*'.  Dansia  JÎas- 
ticholosia ,  qu'il  publia  à  Leipzig  en 
iG'iB,  m-B».,  de  109  pages,  il  dé- 
crit successivement  toutes  les  parties 
du  lentisque,  tous  les  médicaments 
qu'on  en  tire ,  et  il  prétend ,  mais  sans 
fondement,  qu'on  peut  se  servir  de  son 
finiit  et  de  son  bois  aulieu  du  carpo^^iZ- 
samiim.  Il  remarque  que  le  lentisque 
produit  peu  de  mastic  en  Italie.  Il 
ajoute  les  caractères  par  lesquels  on 
peut  reconnaître  le  bon ,  et  la  manière 
de  le  recueillir;  enfin  il  énumère  tous 
les  médicaments  dans  lesquels  peut 
entrer  le  mastic.  On  voit  que  Stro- 
belberger  a  été  le  précurseur  des  aca- 
démiciens des  Curieux  de  la  natiu'c. 


46 


STR 


qui  Oaiîsaient  des  volumes  sur  une 
seule  plante\  ad  normam  acad.  eu- 


ffistoria    MonspeUensis  ,   Nurem- 
berg, 1623.  D — p — s. 

STROEMER  (  ^URTIN  ) ,  profes- 
seur d'astronomie,  né  ,  eu  1707  , 
à  Upsal ,  et  mort  en  1770,  dans 
la  même  ville ,  remplaça  dans  la 
chaire  d'astronomie  le  savant  An- 
dré' Celsius.  A  Tëtude  de  l'astro- 
nomie ,  il  joignit  celle  de  la  phy- 
sique et  fut  un  des  premiers  qui  s'ap- 
phquèrent  à  connaître  l'usage  de 
rélectricitc'  dans  la  médecine.  Après 
avoir  été  chargé  d'organiser  l'école 
des  cadets  de  la  marine  à  Carls- 
crona ,  il  entreprit  un  travail  pénible 
pour  perfectionner  les  cartes  des  co- 
tes de  la  Suède.  Outre  les  Mémoires 
Srésentés  par  Strœmer  à  l'académie 
es  sciences  de  Stockholm ,  dont  il 
e'tait  membre  y  on  a  de  lui  une  Mr 
duction  suédoise  des  Éléments  d'Eur 
cUde  ci  des  remarques  sur  les  anciens 
calendriers  runiques  usités  en  Suède. 
Son  Éloge^  lu  à  l'académie  des  scien- 
ces de  Stockholm  par  Benoit  Femer, 
a  été'  imprimé  en  177^9  Stockliolm , 
in^*'.  C — AU. 

STROGONOFF  (  le  comte 
Alexandre  de),  d'une  ancienne  fa- 
mille russe  (  1  ) ,  naquit  vers  le  milieu 
du  dix -huitième  siècle,  reçut  une 
éducation  extrêmement  soignée,  et 
se  fit  remarquer ,  dès  sa  première 
jeunesse ,  par  son  goût  pour  les  let- 
tres ,  les  arts ,  et  surtout  pour  la  lit- 
térature françabe.  Voulant  perfec- 
tionner ses  connaissances ,  il  voyagea 
dans  différentes  contrées  ,  et  passa 
plusieurs  années  à  Paris  ,^011  il  vécut 

(i)  Un  tl«  ses  ancrtrrs  s'rlail  distingue  dans  le 
s«»i^me  siècle  ,  en  faisant  connuître  an  cjar  Iwaii 
IV  les  uiojens  de  conquérir  la  Sil^rie. 


STR 

au  milieu  des  hommes  les  plus  dis- 
tingués par  leur  esprit  et  leur  sa- 
voir. Revenu  à  Petersboiurg  ,  il  fut  ! 
nommé  président  de  l'académie  des 
beaux  arts  ,  et  iit  le  plus  noble  usage 
de  son  immense  fortune ,  en  don- 
nant un  asile  dans  sou  hôtel  aux  gens 
de  lettres ,  aux  artistes ,  et  surtout  ea 
formant  une  belle  collection  de  ta- 
bleaux ,  de  médailles  ,  de  gravures , 
et  une  riche  bibliothèque ,  qui  fut 
toujours  ouverte  aux  amis  des  scien- 
ces et  des  arts.  Ce  fut  lui  qui  écri- 
vit à  l'abbé  Delille  ,  en  180^  , 
pour  lui  faire  connaître  que  l'empe- 
reur Alexandre  acceptait  la  Dédicace 
de  laTraduction  del'Ënelde.  Ses  deux 
lettres ,  qui  furent  remarquées  par  le 
ton  de  pohtesse  et  d'élégance  qui  les 
distingue ,  ont  été  imprimées  eu  tête 
des  dernières  éditions  de  la  traduc- 
tion de  Delille.  Le  comte  de  Strogo- 
noff  est  mort  à  Petersbourg ,  le  17 
septembre  1811.  —  Le  comte  Paul 
Steogonoff,  neveu  du  précédent  ^ 
entra  au  service  ,  comme  cornette , 
^"  ^779'  ^^  ^^^  aide-de-camp  du 

firince  Potemkin ,  de  1788  à  1791. 
1  devint  successivement  gentilhomme 
de  la  chambre  ,  chambellan ,  con- 
seiller piivé ,  sénateur,  et  collègue  du 
ministre  de  l'intérieur.  Il  iit  la  cam- 
agne  de  1 8o5 ,  en  Autriche ,  et  celle 
e  1807  ,  en  Prusse,  à  la  suite  de 
l'empereur  Alexandre ,  et  fut  élevé  , 
pendant  cette  dernière ,  au  grade  de 
général  -  ma  j  or  -  ad  j  iidant.  Quoiqu'à 
cette  époque  le  comte  StrogonofT  ne 
suivit  plus  la  carrière  militaire,  il 
montra  qu'il  était  toujours  digne  d'y 
paraître  avec  éclat.  Après  avoir 
assisté  ,  le  24  mai ,  à  l'atFaire  de 
Goostadt  contre  le  maréchal  Ney ,  il 
obtint  de  l'hetman  Platoff,  de  parta- 
ger les  daDget*s  de  la  journée  dii  ^5 , 
et  combattit  à  la  tête  ac  ses  cosaques. 
Le  'ic},  il  fut  encore  présent  au  com- 


S 


STR 

leilsbeii;.  Employé,  en  1808. 

les  Suédois  en  Fintajode ,  il 
luda  peodant  trois  semaines  La 
e  colonne  destinée  à  Texpàli- 
»  îles  Alaud  ,  et  poursuivit 
J  ju5(^ue  sur  les  côtes  de  Suède. 
09  ,  il  combattit  contre  les 
m  Moldavie ,  traversa  Le  Da- 

10  août,  près  Galatz  eu  Bul- 
:oncourut ,  dans  le  courant  du 
aois ,  à  la  prise  de  Molscbinc, 
3  à  celle  de  Kosleige.  Le  4 
bre ,  il  mit  en  pleine  déroute , 
osscwat  ,  le  scraskier  Ho- 
[ahmoud  Pacha,  et  reçut,  pour 
ense  de  sa  conduite  en  cette 
n  y  une  épée  d'or  garnie  en 
ts  ,  avec  cette  inscription  : 
3  brat^oure,  11  lit  ensuite  la 
;ne  cuntie  Tannée  française  , 
I .  puis  celle  de  i Si 3  ^  et  fut 
»  les  mursdcLaon,  eu  février 
—  Le  baron  Alexandre  de 
NOFF  ,  né  en  177a  ,  annonça 
fance  du  goût  pour  les  lettres 
ts,  et  parcourut  l'Allemagne, 
ce  et  Htalie.  Il  a  publié  à  Ge- 
n   1809,  deux  volumes  de 

à  ses  Amis  ,  écrites  avec 
p  de  sensibilité^  et  auxquelles 
it  deux  petits  ouvrages  fort 
lables ,  sous  ce  titre  :  Vllis- 
'S  Chevaliers  de  la  rallée  ; 
oire  de  Pauline  Dupuis,  Le 
i  Strogonoff  était  alors  dans 
de  cécité  et  de  faiblesse  qui 
rien  à  la  sérénité  de  son 
mourut  le  22   septcinl^re 

M — D  j. 
)ZZI  (Pallas)  ,  érudit ,  né, 

,  à  Florence,  apprit  le  latin 
ornas  Calandrino ,  ditdeSar- 
.  Nicolas,  XXXI,  ^4*  )> 
c  à  l'école  d'Émanuel  Chry- 
l'un  des  plus  illustres  réfugiés 
antinople ,  et  dont  les  tra- 
ntribuèrent  puissamment  à 


STB  47 

b  renaîssano^  de»  lettres  en  Italie. 
Enflamme'  de  l'amour  de  l'étude , 
Strozzi  n'eut   pas  moins  de  part 
aux  progrès  des  letties  ,  eu  em- 
ployant une  grande  partie  ae  sa  for- 
tune à  entretenir  des  savants ,  à  ou- 
vrir des  écoles ,  à  ramasser  et  à  fai- 
re copier  des  manuscrits ,  qu'il  tirait 
à  grands  frais  de  la  Grèce.  C'est  à 
lui  que  l'on  doit  l'AImageste  de  Pto- 
lémée ,   les  Vies  de  Plutarque ,   les 
OEuvres  de    Platoii ,   la   Politique 
d'Aristote.  11  aurait  continué  de  ren- 
dre des  services  à  la  littérature ,  s'il 
avait  pu  se  tenir  éloigné  des  allaires 
publiques  )  mais  son  nom ,  ses  ncUes- 
ses  et  son  instruction  ne  lui  permi- 
rent pas  de  demeurer  inactif  au  mi- 
lieu des  factions  qui  agitaient  alors 
sa  patrie.  En  i4o6,  il  fut  donné  en 
otage  aux  Pisans ,  pour  garantir  le 
traité  qu'ils  venaient  de  signer  avec 
les  Florentins.  Il  fut  ensuite  chargé 
de  plusieurs  missions  au  nom  de  la 
république  ;  et  il  reparut  trois  fois  à 
la  cour  de  N  a  pies ,  pour  y  féliciter 
d'abord  Louis  d'Anjou,  au  sujet  de  la 
victoire  qu'il  venait  d'obtenir  sur  La- 
dislas ,  eu  1 4 1  <  ;  puis  le  comte  de 
La  Marche  lors  de  son  mariage  avec 
Jeanne  II  ,  en  i4i^9  enfin,  le  roi 
Alphonse  V,  qui  l'avait  emporté  sur 
sa  femme  et  sur  René  d'Anjou ,  en 
14^3.  Strozzi  alla  aussi,  en  i43f  ^ 
déposer  les  hommages  de  ses  conci- 
toyens aux  pieds  d'Eugène  IV;  et  il 
assista  depuis  aux  conciles  de  Fer- 
rare  et  de  Sienne.  Au  milieu  de  ces 
graves  occupations ,  il  ne  perdait  pas 
de  vue  ce  qui  pouvait  contribuer  à 
éclairer  son   pays  j  et ,    lorsqu'en 
1 4^H ,  il  fut  placé  à  la  tête  de  l'uni- 
versité, il  n  épargna  ni  peines  ni 
soins  pour  la  relever  de  l'abaissement 
dans  lequel  elle  était  tombée.  Il  y  At- 
tira plusieurs  hommes  célèbres  (  /^. 
Peilelpwù,  XXXIV,  46),  et  la 


48  STR 

soumît  à  de  nouveaux  règlements  y 
<pii  l'ëlcvàrcnt  bientôt  à  un  haut  de- 
cré  de  splendeur.  11  avait  eu  Tidee 
de  fonder  une  bibliothèque ,  qu'il  au- 
raft  dotée  de  tous   les  manuscrits 
dont  il  était  le  possesseur;  mais  ce  pro- 
jet  fut  traversé  par  les  persécutions 
qui  réloigncrent  de  Florence.  Côme 
de  Médicis,  qui  venait  d'en  usur- 
per le  pouvoir ,  sentit  la  nécessite'  de 
se  délivrer  de  ceux  qu'il  ne  pou- 
vait gagner  par  ses  bienfaits.  Stroz- 
zi ,  sincèrement  attaché  aux  libertés 
publiques  ,   et  au-dessus    de    tout 
moyen  de  corniption  ,   se   déclara 
contre  cette  oligarchie  ;  et ,  en  1 433 , 
il  aida  Renaud  Albizzi  (  F,  ce  nom , 
1 ,  437  )  h  triompher  des  partisans 
.  dos  Medicis.  Mais  ceux-ci  ne  tardè- 
rent pas  à  prendre  leur  revanche  y  et 
Côme ,  en    revenant  de  son  exil  y 
proscrivit  à  son  tour  les  chefs  du 
parti  populaire.  Strozzi,  chassé  de 
son  pays ,  alla  se  réfugier  »\  Padoue, 
où  entouré  de  savants,  il  passa  le 
reste  de  ses  jours,  et  mourut  le  8 
mai  i4^'<2.  Il  légua  quelques  manus- 
crits grecs  et  latins  (  i  )  au  monas- 
tère de  Sainte-Justine,  comme  un 
témoignage  de  sa  reconnaissance  en- 
vers les  Padouans,  pour  l'hospitali- 
té qu'ils  lui  avaient  accordée.  On 
cite  plusieurs  de  ses  traductions  du 
grec  ;    aucune    n'a    été   imprimée 
(  Voy.  Negri ,  Scrittori  fiorentini  ^ 
pag.  443  ).  Sa   Vie,  écrite  par  un 
certain  Vespasien  de  Florence,  est 
aussi  restée  médite  dans  la  bibliothè- 
que Magliabeckiana.  Méhus  en  a 
donné  quelques  extraits  dans  la  Vie 
de  Traversari.  A — g — s. 

SÏROZZI  (Titus-Vespasikn), 
poète  latin,  né  vers  l'année  i^'xx, 
k  Ferra re,  où  sa  famille  s'était  réfu- 

(0  Oii  fn  troiivfriiidîi-alion  dans  ladisa^rtation 
Au  P.  Frdertci,  iiililuli'e  :  Délia  hihlioihrca  di 
•V.  Ouistinadt  Pttdm-a  fPudaue ^  i8i5,  iii-8<*., p.  ii. 


STR 

{;icc  à  la  suite  d'une  loi  qui  la  proscri- 
vait de  Florence(i),  fut  un  des  Ita-  < 
liens  qui  cultivèrent  avec  le  plus  d'é- 
clat la  poésie  latine  pendant  la  se- 
conde moitié  du  quinzième  siècle.  A 
la  mort  de  son  père,  en  14^7  y  il  lut 
placé  sous  les  yeux  d'un  oncle  ma- 
ternel ,  qui  le  confia  aux  soins  de 
Guarino  de  Vérone  (  F,  GuARiifi , 
XVIII  y  593  ).  Sous  cet  habile  insti- 
tuteur, le  jeune  élève  se  familiarisa 
en  peu  de  temps  avec  les  anciens 
auteurs  ,  et  il  tâcha  surtout  d'imiter 
les  poètes.  Le  duc  Borso  {F.  Este, 
Xll  1 ,  37  a  ),  qui  régnait  al  ors  à  Fcf-  . 
rare,  y  attirait  un  grand  nombre  de 
savants ,  par  son  hospitalité  et  par  , 
ses  largesses.  Il  prit  en  afiection 
Strozzi ,  dont  il  encouragea  les  pre- 
miers pas  dans  la  carrière  littéraire. 
licrcufc  I^^. ,  qui  n'eut  pas  moins 
d'estime  pour  le  favori  de  son  pred/é- 
cesscur,  envoya  ,  en  i473,  otroui 
à  Naplcs,  pour  y  recevoir  la  da- 
chesse  Éléonore  ,  son  épouse.,  fiDe 
du  roi  Ferdinand  d'Aragon.  Il  k 
nomma  ensuite  gouverneur  de  la  Po- 
lésine  de  Rovigo  ;  et  lorsque  les 
troupes  vénitiennes  envahirent  celte 

Î)roviuce  ,  il  l'appela  auprès  de 
ui ,  pour  l'aider  à  mettre  ses  autres 
états  à  l'abri  d'un  ennemi  aussi  puis- 
saut.  Pendant  cette  guerre  désas- 
treuse ,  Strozzi  eut  le  chagrin  de  voir 
deux  de  ses  chiiteaux  brûlés  et  la 
plupart  de  ses  terres  exposées  à  la 
fureur  d'une  soldatesque  indisci- 
plinée. Il  supporta  ces  revers  avec 
Dcaticoup  de  courage;  et  au  retour 
de  la  paix ,  en  1 484  ;  il  se  moatn 
plus  empressé  de  réparer  les  mal- 
heurs publics  que  les  siens.  S'étant 
rendu  à  Lugo  pour  y  rétablir  l'auto- 

(1)   Sa  «frar  LuciV,   qui  rpoum  Jran  Botardo  y 
roiiitr   de  Scandian»,   fut    la  mcre  At  MrtUiî— 
Itniard» ,  feu  leur  du  ixirane  de  Roland  VA  mon, 
(  /'.  IkjJAROO,  V.  39. 


STR 

es  dncs  de  Ferrare  ,  que  les 
Dents  y  avaient  considerable- 
iflâiblie  j  il  trouva  les  esprits 
ne  telle  effervescence ,  que  ce 
qu'au  bout  de  plusieurs  mois 
mt  y  rétablir  Tordre.  11  figu- 

méme  année ,  à  la  tête  de  la 
tion  envoyée  à  Rome  par  Hcr- 
.'Este  ,   pour  y   féliciter   In- 

VIII  sur  son  exaltation  au 
cat.  Le  discours  que  Strozzi 
iça  devant  le  sacré  collège, 
te  occasion,  fat  très  applaudi, 
DUS  a  été  conservé,  tn  rcve- 
k  cette  mission ,  il  fut  élevé 
barge  de  président  du  grand 
\  des  douze  (3) ,  la  plus  bau- 
litc  de  Tclat ,  après  celle  du 
qui  eu  était  le  chef.  Le  de- 
»béir  à  la  volonté  de  son  maî- 
mporti  sur  toute  autre  con- 
ion  ;  mais  il  s'aperçut  bien- 
r  cVtait  un  trop  pesant  fardeau 
on  âge  ;  et  la  crainte  de  trahir 
(îance  du  prince  lui  fit  de- 
T  comme  une  grâce  d'asso- 
ux  travaux  de  son  ministère 
5  Hercule  (  Voy,  l'article  sui- 

;  ce  qu'il  n'eut  pas  de  peine  à 
r.  Il  profita  de  cette  faculté 
aller  passer  une  partie  de  sou 

à  la  campagne ,  qu'il  aimait 
rap ,  et  où  il  s'occupait  de  la 
»n  de  ses  ouvrages.  Mais  en 
se  dérobait  -  il  aux  affaires , 
muaient  le  chercher  jusques 
a  retraite  ;  et  il  dut  souvent 
entir  de  n'y  avoir  pas  renoncé 
ornent.  Presque  toutes  les  an- 
le  son  administration  furent 
ées  par  de  grandes  calamités  : 
bordemcnts  du  P6 ,  les  inva- 
ftrangères ,  un  tremblement  de 
l  la  peste  mirent  le  pays  dans 
ta  tion  la  plus  fâcheuse.   11  fal- 

uJice  de*  dodiri  Sofi. 

»  ' 

XLIV. 


STR  49 

lut  encore  lever  des  contributions  ex- 
traordinaires sur  un  peuple  déjà 
épuisé  par  tant  de  désastres  ;  et  ces 
mesures  sévères,  mais  indbpensa- 
bles ,  proclamées  au  nom  du  conseil , 
rendirent  Strozzi  odieux  à  toutes 
les  classes  ,  qui  ,  selon  l'expres- 
sion énergique  d'un  historien  conv 
temporain  (4) ,  détestaient  ce  minis- 
tr?  più,  del  diabolo.  Il  fut  sensi- 
ble à  l'injustice  de  ses  concitoyens  ^ 
dont  il  s'est  plaint  dans  une  de  ses 
satires.  Ces  clameurs  l'cloignèrcnt 
de  plus  en  plus  de  la  ville  ,  et , 
après  s'y  être  rendu  une  dernière  fois 

Sour  faire  reconnaître  le  successeur 
'Hercule (  /^.Este  Alphonse,  XIII, 
878  ),  il  alla  mourir  dans  une  mai- 
son de  campagne,  nommée  Racano , 
non  loin  de  Ferrare ,  vers  les  pre- 
miers jours  de  septembre  i5o5. 
Strozzi  a  laisse  un  assez  grand  nom- 
bre de  poésies  de  différents  genres. 
Son  Recueil ,  qui  fut  pid)lie'  la  |Mre- 
mièi-e  fois  par  Aide  Manuce  ,  en 
1 5 1 3  ,  se  compose  de  six  livres  de 

Soésies  erotiques  ,  de  trois  livres 
'JEolostichoiiy  et  d'autant  de  satires, 
d'épigrammes  et  d'épitaphes.  Il 
avait  commencé  un  poème  intitulé 
la  Borsiade  j  dont  les  dix  premiers 
chants  étaient  esquissés  :  il  en  avait 
reconunandé  la  révision  et  la  publi- 
cation à  sou  fils  Hercule ,  qui  ne  vêl- 
ent pas  assez  pour  s'acquitter  de  ce 
devoir.  C'était  pourtant  l'ouvrage 
auquel  Strozzi  tenait  le  plus ,  car  il 
le  regardait  moins  comme  une  pro- 
duction littéraire  ,  que  comme  un 
monument  de  sa  reconnaissance  en- 
vers le  duc  Borso ,  son  protecteur. 
Les  poésies  de  cet  auteur  se  font  re- 
marquer par  une  élégance  bien  rare 
chez    les    autres   écrivains   de   sou 


(4)  Diario  Ferrarete ,  publie  par  Mumtorî  dans 
\t$  Aeripl.  rerum  ilalir.,  XXIV,  401. 

/l 


5o 


STR 


temps.  Sou  style  se  rapprocbc  beau- 
coup  de  celui  d'Ovide,  pour  la  faci- 
lite'; mais  il  n*est  pas  rehausse  par 
celte  liclicsse  d'imagination  qui 
distingue  le  chantre  des  Métamor- 
phoses. L'ahbë  Mittarclli  (  V,  ce 
nom,  XXIX  y  i^Oy  dans  son  ou- 
vrage intitulé  :  Bibl,  Codicum  Mss, 
sancti  MichaëlisFenet. ,  pag.  107  4; 
a  publié  quelques  pièces  inédites  de 
Stroz2d ,  entre  autres  :  De  Situ  ru- 
ris  Pelosellœ ,  et  la  Préface  de  la 
traduction  italienne  du  traité  de 
Pétrarque  sur  la  Fie  solitaire.  Ses 
autres  ouvrages  sont  :  I.  Strozii 
po'étœ pater  etjilius,  Venise ,  Aide ^ 
i5i3  ^  in-8".  ;  et  Paris,  Colines, 
1 53o ,  in-8".  Les  poésies  de  Strozzi 
pcre  occupent  la  seconde  moitié  du 
volume ,  depuis  la  pag.  1  oa.  II.  Ora- 
tio  ad  Innocent,  FUI ,  Ferraren- 
sium  ducis  nomine;  dans  le  recueil 
intitulé  :  Oraliones  claror.  homi- 
num  editce  ab  academid  Fenetdy 
Venise,  i559,  in-4®.  Fo^.  Barotti, 
Memorie  storiclie  de*  letterati  Fer- 
raresij  Ferrare,  1777  ,  lom.  i,  pag, 
109.  A — G — s. 

STROZZl  (  IkacuLE  ) ,  fils  du 
précédent ,  et  meilleur  poète  que  lui , 
naquit  à  Ferrare,  en  i47ï-  H  eut 
l'avantage  d'avoir  pourpi-écepteurs 
liaptiite  Cl  ua  ri  no  et  Aide  Manuce; 
mais  ce  fui  surtout  son  père  Titus 
qui,  en  lui  inspirant  le  goût  de  la  poé- 
sie latine ,  se  prépara  un  rival  desti- 
né à  le  surpasser.  A  l'âge  de  dix-huit 
ans ,  le  jeune  Strozzi  conçut  un  amour 
violent,  qui  l'obligea  ,  pour  ainsi  di- 
jc,  de  recommencer  ses  études,  afin 
d'exprimer  sa  passion  dans  une  lan- 
j;uc  plus  à  la  uoitée  de  sa  maîtresse. 
Ce  fut  le  Ijcnibo  qui  se  chargea  de  ce 
second  aoprcntissage  j  et  Strozzi  , 
(jui  était  acjà  panenu  à  bien  écrire 
en  latin ,  s'essaya  dans  la  composi- 
tion de  quelques  poésieis  italicmies , 


STR 

qu'on  doit  regarder  comme  très- 
médiocres  ,  puisqu'elles  ne  lui  ont 
point  survécu.  Quatre  de  ses  son- 
nets y  insérés  dans  le  recueil  intitule  : 
Rime  ile'  poeti  Ferraresi,  Ferrare , 
1713,  in-o^. ,  ne  contiibuentpaapea 
à  fortifier  cette  conjecture,  oes  au- 
tres productions ,  qui  lui  ont  mérité 
une  place  distinguée  parmi  les  potes 
latins  modernes  ,  sont  en  grande 

Sartie  adressées  à  Lucrèce  Borgîa, 
ont  Strozzi  parle  souvent  dans  ses 
vers.  Il  avait  eu  le  projet  de  com- 
poser un  poème  sur  Ludovic  Sfor- 
za ,  duc  de  Milan  ;  mais  le  be- 
soin de  chanter  ses  propres  amoors 
l'emporta  sur  le  desir  de  célébrer  les 
exploits  d'un  héros.  Hercule  d'Esté, 
en  sortant  des  guerres  qui  avaient 
troublé  ses  états  ,  chercha  qudques 
distractions  dans  les  amusements 
dramatiques.  Il  chargea  Strozzi  de 
la  direction  de  ses  spectacles;  et,  en 
1 493 ,  parmi  leslfêtes  données  à  Fer- 
rare^  à  l'occasion  du  mariage  du 
duc  Alphonse  avec  Anne  Sforce,  on 
vit  jouer  deux  pièces  de  Térmce  et 
dePlaute^  {VAndria  et  XesMéneck- 
mes),  traduites  en  italien  jpar  les 
savants  que  le  duc  avait  attirés  au* 
près  de  lui.  Des  soins  plus  graves 
occupèrent  ce  favori  les  anuMS  soi* 
vantes,  où  il  fut  nommé  adjoint  an 
président  du  conseil  des  douze  (^it^f. 
l'artide  précédent  ).  Il  était  encore 
si  jeune  qu'il  rougissait ,  comme 
il  l'avoue  lui-même ,  d'avoir  à  pré* 
sider  une  assemblée  de  magistrats 
blanchis  dans  les  affaires.  U  expia 
cet  honneur  par  la  haine  publique, 
à  laquelle  il  ne  fut  pas  moins  en  but* 
te  que  son  père.  A  la  mort  de  oe 
dernier  ,  il  sollicita  la  grâce  d'é« 
tre  déchargé  de  ce  fardeau;  mais 
ce  ne  fut  qu'en  i5o6  que  le  due 
consentit  à  lui  donner  un  succes- 
seur. Strozzi  crut  alors  ne  pouvoir 


STR 

assurer  son  boakeur  au*eii 
it  Barbe  Torelli ,  cette  oame 
[le  il  avait  été  si  long  -  temps 
.  Tout  semblait  sourire  à  ses 
ors^ela  nuit  du  6  juin  1 5o8^ 
eortuxStroszi,  attaqué  dans 
f  expira  percé  de  vingt-deux 
s.  On  a  toujours  ignoré  le  vé- 
luteur  de  ce  crime,  que  Tim- 
des  assassins  a  fait  rejeter 
lue  Alphonse  I*»".  ,  qui  ré- 
Fcrrare  (i).  Les  Poésies  de 
font  partie  du  volume  dont 
ïr\é  dans  l'article  précédent. 
f  ajouter  une  pièce  qui  man- 
s  l'édition  des  Aides,  et  qui  est 
?  :  Parenetica  in  saxum ,  Fer- 
499  >  ^°  '^^*  Dans  le  recueil 
cer ,  qui  a  pour  titre  :  Vena- 
tucupium  y  etc. ,  Francfort , 
in-4^. ,  on  a  réimprimé  un  pê- 
ne de  Strozzi,  sur  le  même 
oj.  Calcagnioi  :  Oratio  infu- 
erc,  Strozzij  à  la  suite  des 
latines  de  Titus  et  d'Hercule 
;  et  Barotti,  Lelterati  Ferror 
ig.  117.  A — G — s. 

[>ZZI  (Philippe),  sénateur 
1  y  né  en  1 4B8 ,  se  trouva  , 
leite  prématurée  de  son  père 
la  tête  d'une  fortune  considé- 
ït  exposé  à  tous  les  dangers 
Epërience  y  dans  les  temps  les 
ageux  de  la  république.  I^es 
,  qui  venaient  d'être  bannis 


tari,  dan*  Its  notes  ajoatéeM  au  pu«>me  de 
^t  positivement  que  la  mort  de  Strozzi 
ige  tlel  suo  tignore ,  qui  brûlait  aunsi 
pToreili.  Cette  opinion  a  été  dernière- 
tfée  et  conunentee  par  Ginguené  (  liis- 
uirv  d'Italie  III  ,  449  )  <  1"'  *  '^^  reate , 
»  reproduire  les  arf^uments  de  Giuvio  et 
tcbt  .  Mais  cette  passion  du  duc  pour 
lit-^rie  un  motif  a«se7.  puis»aut  pour  at- 
TÎe  d'un  homme  qui  permellatt  déjà  ik 
te  d'écouter  les  toux  d'un  rival  ?  De- 
lindre  qne  le  mari  se  serait  montré  plus 
ramant  ? 

ppelait  anssi  Philippe  ;  et  ce  fnt  pour  en 
la  ntéwoire ,   qne  sa  veuve  donna  ce 
t  i  son    fils ,    i|at  avait  reçu  en  uaiiMnt 
etui'B«pti*i9. 


STR 


5i 


de  Florence ,  avai^it  été  remplacés 
par  une  espèce  de  dictature  4ont  on 
avait,  revêtu  wi  citoyen  beaucoup 
plus  recommandable  par  ses  verttis 
que  par  ses  talents  (  Fqy,  Soderini  , 
aLII  ,  567).  La  veuve  du  dernier  Mé- 
dicis  (  F.  Pierre  Medicis,  XXVIIl , 
67  ) ,  en  cherchant  un  époux  pour 
sa  fille  Clarice ,  fixa  ses  regards  sur 
le  jeune  Strozzi ,  qui ,  par  ses  rela- 
tions et  ses  richesses ,  pouvait  un 
jour  faciliter  le  retour  de  ces  il- 
lustres exilés.  Cette  alliance ,  stipu- 
lée de  part  et  d'autre  avec  plus  d'em- 
pressement que  de  prudence ,  fut  dé- 
sapprouvée par  le  gouvernement,  qui 
ne  vit  pas  sans  inquiétude  la  réunion 
de  deux  familles  si  puissantes.  Quoi-* 
que  Philippe  n'eût  conçu  aucune  pas- 
sion pour  Clarice  y  qu'il  connaissait 
à  peine,  il  ne  soutfrit  pas  qu'on  fît 
violence  à  ses  affections^  dans  un 
état  où  l'on  venait  de  proclamer  la 
liberté  des  citoyens.  Il  brava  le  cour- 
roux de  ses  parents,  les  menaces  des 
magistrats ,  les  cris  des  factions  ^  et 
alla  célébrer  son  mariage  sur  le  ter- 
ritoire de  l'Église.  Son  absence  ren- 
dit ses  ennemis  plus  audacieux  :  il  en 
comptait  dans  le  sein  même  de  sa 
famille,  qui  n'avait  pas  i^eu  con- 
tribué au  renvoi  du  père  de  Cla- 
rice. Pierre  Soderini ,  ambitionnant 
les  suffrages  de  la  midtitude,  profita 
de  cette  disposition  générale  des  es- 
prits ,  pour  frapper  un  coup  qui  de- 
vait le  rendre  encore  plus  populaire* 
Il  cita  Philippe  Strozzi  à  paraître 
devant  les  Prieurs,  pour  justifier  sa 
conduite  ;  soutenant  que  dans  un  état 
bien  administré,  l'on  ne  devait  point 
permettre  à  un  simple  citoyen  de 
prendre  des  résolutions  aussi  impor- 
tantes ,  sans  le  consentement  de  ses 
chefs.  Philippe  se  rendit  à  l'appel 
du  gonfalonier ,  qui ,  n'osant  pas  le 
faire  arrêter,  comme  il  en  avait  te- 

4.. 


5i 


STR 


moignë  le  désir ,  travailla  sourde- 
ment à  le  perdre.  Il  chargea  y  dit-ou, 
Machiavel  y  qui  remplissait  alors  la 
charge  de  secrétaire  de  la  seigneurie, 
d'établir  ,  dans  un  acte  d'accusation 
dresse'  contre  Strozzi ,  qu'en  s'alliant 
à  une  famille  proscrite  y  on  renonçait 
au  droit  de  vivre  dans  sa  patrie.  Pla- 
cé en  présence  d'aussi  redoutables 
adversaires,  Philippe  déjoua  leurs 
intrigues  ,  en  répondant ,  que  ,  par 
un  ancien  privilège  de  la  république, 
les  femmes  étaient  exclues  des  lois 
de  proscription ,  et  que  loin  de  se 
croire  proscrit  lui-même  ,  il  deman- 
dait le  rappel  immédiat  de  son  épouse. 
Les  juges,  n'osèrent  pas  contester  un 
droit  aussi  légitime;  mais,  se  décla- 
rant oflcnsés  de  quelques  mots  échap- 
Sés  à  Strozzi  dans  la  chaleur  de  sa 
éfense ,  ils  le  condamnèrent  à  payer 
une  amende  de  cinq-cents  écus  d'or , 
et  à  se  temr  trois  ans  loin  de  Flo- 
rence. Il  se  rendit ,  en  1 5o8 ,  à  Na- 
ples ,  pour  y  subir  sa  pimition ,  quel- 
que injuste  qu'elle  dût  lui  paraître  ; 
mais  Clarice ,  qui  était  venue  pren- 
dre l'admhiistration  de  ses  biens , 
dissipa  beaucoup  de  préventions  , 
et  obtint  même  que  son  mari  fût 
rappelé.  C'était  le  moment  où  les  ré- 
publiques italiennes  se  voyaient  me- 
nacées par  les  soldats  de  Louis  XII 
et  par  les  projets  ambitieux  de  Jules 
II.  Dans  l'mcertitudcdes  événements, 
il  n'était  pas  moins  dangereux  de  se 
prononcer  en  faveur  de  l'un  que  de 
l'autre.  Cependant  Soderini ,  e'bloui 
par  le  succès  des  armées  françaises, 
accorda  au  roi  la  ville  de  Pise ,  pour  y 
assembler  nn  concile,  (|iii  devait  s'oc- 
cuper de  la  réformation  de  rÉglisc. 
Le  pape  répondit  a  cette  décision,  eu 
mettant  Florence  en  interdit ( 1 5 ii ) ^ 
pt  son  anathème  souleva  contre  le 
ï;onfalouicr  tous  les  esprits  timorés. 
Jules  11 ,  ne  s'en  tenant  pas  aux  me- 


STR 

naces ,  promit  des  secours  à  quicoD- 
que  se  chargerait  de  rétaUir  i'auUh 
rite  des  Medicis.  Un  certain  Prin- 
zivalle ,  jeune  étourdi ,  qui  avait  a 
un  entretien  avec  le  pape  à  Bologne^ 
comptant  sur  l'assistance  de  Strozs, 
auquel  il  s'empressa  de  communi- 
quer ses  projets  ,  avait  oâTeit  d'opé- 
rer ce  changement.  Fermant  l'oreiDe 
à  ses  suggestions,  Philippe  lui  ordoona 
de  sortir  promptement  de  Florenee 
s'il  ne  voulait  pas  l'obligera  dévoiler 
SCS  manœuvres.  Ce  refus  déconcerta 
les  conjurés ,  qui  n*osèrent  plus  rico 
entreprendre;  mais  un  renfort  de  trou- 
pes espagnoles ,  et  l'annonce  de  l'ar- 
rivée de  Gonzalve ,  suifirent  pour 
relever  le  courage  du  pape ,  qui  st 
déclara  ouvertement  contre  la  répu- 
blique, en  nommant  chef  de  cetteexpé- 
dition  le  cai^inal  Jean  de  Médicis(  ri» 
LÉON  X ,  tom.  xxiv  9 117  }.  Ces  pré- 
paratifs irritèrent  d'abord  les  rlo- 
l'entins  contre  les  partisans  des  Me- 
dicis; mais  le  désastre  de  Prato  et 
l'approche  de  l'armée  papale  déooii- 
ragèreut  les  plus  intrépides.  Philippe 
Strozzi  y  qui  avait  été  retenu  en  ota- 
ge, fut  renvoyé;  et  comme  il  avait* 
pénéti-é  les  vues  des  Médias  sur  son 

Î>ays ,  il  ne  voulut  point  les  aider  à 
'asservir.  Lorscjue  Ijéon  X ,  en  ar- 
rivant au  pontificat ,  essaya  de  ié 
f^agner  par  f'ofire  d'une  principauté, 
Strozzi  lui  fit  répondre  que,  conteitt 
de  son  état ,  il  n'enviait  le  sort  de  per- 
sonne. U  n'accepta  que  les  foiictionsde 
trésorier  de  la  chambre  apostolique , 
à  Florence;  charge  qu'il  conserva  sous 
les  successeurs  de  son  oncle.  Il  ne  fat 
pas  toujours  en  faveur  à  la  cour  de 
Clément  Vil ,  qui  était  aussi  son  pa- 
rent ,  et  dont  il  avait  partagé  le  sort 
lorsque,  surpris  par  les  Colonne,  ee 
pape  dut  chercher  un  asile  dans  le 
château  Saint-Ânge  (  i5a6).  Philippe 
n'en  sortit  que  pour  être  livré  en 


STR 

i  MoDcada  (  Vcy,  ce  nom , 
y  344  )  y  <iu'il  suivit  jusqu'à 

Gëmeut  VII ,  qui  avait  pro- 
ibK  du  passe ,  tomba  sur  ses 

,  dès  qu'il  put  rassembler 
s  soldats;  et  celte  démar- 
prudente  exposa   Strozzi  à 

rigueur  de  ses  gardiens.  En- 
Lans  une  prison ,  ce  dernier 
m  tout  à  craindre  si  y  par 
es  sommes  d'argent ,  il  ne 
^cnu  à  se  racheter.  Il  se  ren- 
•es  du  pape ,  qui ,  ne  voulant 
rendre  à  une  justification ,  lui 
nauvais  accueil.  Philippe  le 
ans  regret ,  deux  jours  avant 

15^7  )  aue  Rome  fut  sac- 
ar  les  solaats  du  connétable 
•bon.  Il  se  rapprocha  de  Fio- 
[ui  n'e'tait  pas  moins  exposée 
ae;  et  il  eut  avec  Capponi , 

et  les  autres  chefs  du  parti 
re ,  des  conférences  dont  le 
t  de  rétablir  l'ancienne  forme 
emement.  On  fit  part  de  cette 
)n  au  cardinal  de  Gortone 
s  Passerino  ) ,  qui ,  se  voyant 
>ui  dans  la  ville,  résigna  vo- 
uent sa  place  de  gouverneur, 
t  de  Florence,  accompagné 
Ijte  et  d'Alexandre  Medicis. 
.  qui  avait  été  l'agent  princi- 
cette  heureuse  révolution  ^ 
is  assez  de  fermeté  pour  en 
(  conséquences.  Il  eut  même 
d'abandonner  sa  patrie,  au 

où  elle  avait  le  plus  besoin 
seils  et  des  secours  de  ses 
1  Mais^  affligé  delà  perte  de 
le  ,  redoutant  également  l'in- 
«  du  peuple  et  le  courroux 
lent  Vil  ,  dont  les  affaires 
nt  prendre  un  aspect  plus 
le  f  il  partit  pour  Lyon  ^  où 
dit  que  sa  présence  était  né- 

En  eâët ,  il  y  entretenait  une* 
maison  de  commerce  ^  qui 


vSTR 


53 


correspondait  avec  ses  banquiers  éta- 
bUs  à  Venise ,  à  Florence ,  à  Rome  ,et 
racme  en  Espagne.  ^t&  profits  étaient 
proportionnés  à  ses  spéculations  ; 
et  malgré  les  malheurs  auxquels  il 
se  trouva  exposé  vers  la  fin  de  sa 
vie ,  il  put  léguer  à  ses  héritiers  une 
somme  de  trois  cent  mille  écus  en 
espèces ,  outre  une  valeur  considéra- 
ble en  meubles  et  en  immeubles.  Pen- 
dant son  séjour  à  Lyon  ,  les  habi- 
tants de  la  ville  prirent  les  armes 
contre  leur  gouverneur  ,  et  l'ayant 

Ï)oursuivi  jusque  sur  l'autre  bord  de 
a  Saône ,  Strozzi ,  dans  la  maison 
duquel  ce  fonctionnaire  s'était  ré- 
fugié ,  rassembla  ses  gens  y  alla  au- 
devant  des  factieux  et  leur  en  imposa 
par  son  courage.  Il  parvint  à  les  dé- 
sarmer ^  et  à  ramener  le  gouverneur 
eu  triomphe  dans  son  propre  hôtel. 
Après  une  année  d'absence^  il  prit 
k  résolution  de  repasser  en  Italie  : 
démarche  imprudente  pour  un  hom« 
me  qui  s'était  proposé  de  rester  in- 
diâféreotau  milieudela  lutte  qui  allait 
s'engager  entre  les  partis  !  À  peine 
fîit-il  arrivé  à  Lucques  ,  qu'il  reçut 
de  la  commune  l'ordre  de  rentrer  â 
Florence^  et  du  pape  l'invitation  de 
s'enrôler  sous  ses  drapeaux.  Il  ne  vit 
d'autre  moyen  d'échapper  à  ce  dou- 
ble danger ,  que  de  feindre  une  ma- 
ladie 'y  et  une  fois  qu'il  eut  pris  le  par- 
ti de  jouer  un  tel  rôle ,  il  fiit  obligé 
de  le  conserver  jusqu'à  l'année  i53o, 
époque  de  l'entière  soumission  de 
Florence.  Appelé  dans  cette  ville , 
pour  en  renouveler  les  approvi- 
sionnements ,  il  sentit  la  nécessité 
d'aller  à  Rome .  pour  avoir  une  ex- 
plication avec  le  pape.  Cette  fois  , 
il  en  fut  bien  reçu,  et  on  le  con- 
sulta même  sur  les  mesures  à  pren- 
dre pour  mettre  la  Toscane  à  l'a- 
bri d  une  nouvelle  secousse.  C'est  avec 
peine  qu'on  voit  on  si  noble  carac- 


54  STR 

tère  S€  moDirer  favorable  h  k  tyran- 
nie que  le  pontife  se  proposait  de  ré- 
tablir dans  la  personne  d'un  bâtard 
de  sa  famille  {F.  Alexandre  M£Dicis, 
XXVIII  ,7a).  Strozzi  se  chargea 
mcme  d'en  apporter  la  nouvelle  à 
SCS  concitoyens ,  et  ne  fit  pas  diHi* 
culte'  d'accepter  le  prix  de  ce  sei-vice 
en  siégeant  dans  le  conseil  de  l'op- 

Sresseur  de  sou  pays ,  et  en  recevant 
e  ses  mains  le  diplôme  de  se'nateur. 
Maigre'  ces  concessions  faites  à  l'am- 
bition des  Modicis ,  il  ne  se  crut  plus 
en  sûreté'  auprès  d'eux.  Pre'voyant 
qu'après  la  mort  de  Clément  Vil ,  il 
serait  expose'  sans  défense  à  la  haine 
de  ses  ennemis,  il  profita  du  départ 
de  Catherine  de  Mcdicis,  dont  il 
était  le  parent ,  pour  faire  partie  de 
sa  suite.  Le  pape  le  vit  avec  plaisir 
à  la  tête  de  la  maison  de  sa  nièce  ;  et 
Strozzi,  après  avoir  assisté  au  ma- 
riage célébré  à  Marseille ,  le  28  octo- 
bre 1 533 ,  resta  à  la  cour  de  France 
en  qualité  de  légat  du  Saint-Siège. 
A  ia  mort  de  Clément  VII  (  i534  ), 
il  accompagna  les  cardinaux  français 
en  Italie  y  et  assista  au  conclave  qui 
élut  Paul  III.  Sous  ce  pape  ,  il 
éprouva  beaucoup  de  contrariétés 
pour  terminer  les  affaires  de  son  ad- 
ministration avec  la  chambre  apos- 
tolique. Mais  c'était  peu  en  com- 
paraison des  persécutions  auxquelles 
il  était  en  butte  à  Florence.  Son  fils 
Pierre  (  rqy,  son  article  p.  58  ci- 
après),  sur  une  fausse  accusation, 
avait  été  obligé  de  se  soustiaire  au 
supplice  par  la  fuite.  Philippe,  n'o- 
sant pas  aller  le  défendre  à  Florence , 
où  le  duc  Alexandre  déployait  déjà 
tous  les  vices  d'un  tyran ,  se  repro- 
chait en  silence  d'avoir  contribué 
à  son  élévation.  Il  résolut  de  ré- 
parer ce  tort  en  arrêtant ,  avec  les 
autres  mécontents ,  qui  y  comme  lui , 
appartenaient  aux  principales  famil- 


STR 

les  de  la  Toscane,  d'adresser  iior 
députation  à  Charles  -  Quint  y  pour 
l'engager  à  intervenir  dans  leurs  dis- 
sensions domestiques.  I.<es  envoyés 
qui  allèrent  chercher  l'empereur  jus- 
qu'à Tunis,  le  suivirent  à  Naplcs , 
où  ils  se  rencontrèrent  avec  le  duc 
Alexandre ,  destiné  à  épouser  Blar- 
guérite  d'Autriche ,  fille  naturelle  de 
l'empereur.  Il  l'emporta  Cacilemcnt 
sur  ses  adversaires ,  auxqiieb  il  jon 
de  faire  expier  sévèrement  leur  au- 
dace. Strozzi  perdant  tout  espoir 
de  rentrer  dans  sa  patrie  y  alla  cher- 
cher un  asile  à  Venise  (  i536  ), 
le  seul  état  libre  de  toute  l'Italie,  i 
Dès-lors  Alexandre  ne  mit  plus  da 
frein  à  sa  fureur.  11  jeta  dans  les  ; 
fers  un  grand  nombre  de  citoyens , 

{)roscrivit  les  absents ,  et  saisit  tous 
eurs  biens  au  profit  du  fisc.  Phi- 
lippe y  enveloppé  dans  ces  mesures 
désastreuses  ,  supporta  ses  revers 
avec  beaucoup  de  courage.  Il  eut 
même  la  générosité  d'ordonner  k  ses 
commis ,  répandus  dans  les  comp- 
toirs de  Lyon ,  de  Venise  et  de  Rome^ 
de  l'abandonner  plutôt  que  de  s'ex- 
poser à  la  rigueur  des  lois,  eu  s'at* 
tachant  au  sort  d'un  banni.  Biais  au- 
cun d'eux  n'usa  de  cette  permissioD, 
ils  déclarèrent  tous  vouloir  par^ 
tager  sa  disgrâce.  Stroizi  menait 
une  vie  très-retirée  à  Venise ,  où  il 
était  occupé  à  traduire  quelques 
ouvrages  du  grec,  lorsqu'une  nuit* 
(  8  janvier  1 537  )  ^  on  le  réveille  eu 
sursaut  pour  lui  annoncer  l'arrivée 
d'un  homme ,  qui  demandait  y  avec 
beaucoup  d'instance ,  à  lui  parler. 
C'était  Lorenzino  de  Médicis,  qui 
venait  de  poignarder  le  duc  Alexan- 
dre ,  dans  une  partie  de  débauche. 
Philippe  se  chargea  de  répandre  cette 
nouvelle ,  et  il  expédia  acs  couriers 
.  aux  cardinaux  Salviati  et  UidoUi  y 
pour  les  engager  à  se  rapprocher 


STR 

>mice,  avec  les  exilés  Floren- 
ni  étaient  à  Rome,  prômet- 
d'en  faire  de  même  à  la  tête 
n:  qui  étaient  dispersés  dans 
très  yilles  de  l'Italie.  En  ef- 
lès  le  1 1  janvier,  il  était  à  Bo- 
f  où  en  peu  de  jours  il  mit  sur 
n  corps  de  deux  mille  hommes , 
ê  les  défenses  du  pape.  Tout 
lit  sourire  à  ses  projets ,  lors- 
nomination  du  successeur  d'A- 
ire (  Fqf.  Come  de  Medigis  , 
I  9  76  )  ,  sous  les  auspices  de 
irreur ,  qui  avait  mis  garnison 
les  châteaux  de  Florence,  de 
t  de  Livourne ,  jeta  l'épouTanfe 
['esprit  des  conjurés.  Hs  se  sé- 
9it  sans  avoir  rien  arrêté  :  mais, 
»  d'attendre  la  décision  de  leur 
ils  se  laissèrent  persuader,  par 
issadeur  de  France  à  Venise , 
)rendre  les  armes  pour  deli- 
nir  pays  du  joug  d'une  famille 
rcc.  Philippe  Strozzi,  déclaré 
e  cette  entrepnse,  en  accep- 
esponsabilité.  Il  se  rendit  de 
lu  à  Bologne  ,  d'où  il  alla 
ir  à  Montemurlo ,  position 
nt  plus  défavorable  pour  un 
pr- général,  qiie  les  premiers 
d)Ienients  étaient  peu  nom- 
,  et  qu'il  régnait  déjà  de  la 
iclligencc  entre  les  chefs.  Côme, 
de  tout  ce  qui  se  passait  dans 
ap  des  bannis  ,  tes  fit  sur- 
-e  par  un  corps  de  trois  mille 
întshommes ,  qui  remportèrent 
i  une  victoire  complète;  et  cette 
e  (  i*^.  août  1537  ),  qui  cou- 
la puissance  des  Médicis,  et 
aux  Florentins  tout  espoir  de 
,  a  conservé  le  nom  de  dé- 
Botta)  de  Montemurlo,  Phi- 
Strozzi  ,  après  des  prodiges 
leur  ,  dut  remettre  l'cpée  à 
Iversaire  ,  Alexandre  Vilelli, 
conduisit  prisonnier  à  Flo- 


STR 


rence.  Il  fut  ^«nciié  le  lend^mata  de- 
vant C^me  de  Médicis  ,  qui  voiHiit 
jouir  de  son  hiuniliatiou.  La  plupart 
des  princes  de  l'Europe  firent  des 
démarches  pour  sauver  la  vie  d'une 
si  illustre  victime.  Ceux  qui  s'inté- 
ressèrent le  plus  en  sa  faveur,  fîirent 
Paul  III,  le  roi  de  France  et  Cathe- 
rine de  Médicis ,  qui  n'était  pas  en  - 
core  arrivée  au  pouvoir.  Tout  fut 
inutile  :  ils  ne  purent  pas  même  le 
Soustraire  aux  tortures  qu'on  lui  fit 
subir  pour  obtenir  l'aveu  qu'il  avait 
dirigé  le  bras  de  l'assassin  du  duc 
Alexandre  (^).  Strozzi  soutint  cette 

Ï)remière  épreuve  ;  mais  sentant  qu'il 
ui  serait  impossible  d'en  subir  une 
seconde ,  il  aima  mieux  sacrifier  sa 
vie  que  compromettre  son  honneur. 
Profitant  d'une  épée ,  que  le  hasard 
lui  fit  découvrir  dans  le  fond  de  son 
cachot ,  il  s'immola  (3),  le  1 8 septem- 
bre 1 538 ,  après  avoir  écrit  sur  les 
murailles  de  sa  prison  ces  paroles 
mémorables  :  «  Si  je  n'ai  pas  su  vi- 
»  vre,  je  saurai  mourir.  »  On  prétend 
même  qu'en  retirant  le  fer  de  sa  bles- 
sure, il  traça  en  lettres  de  sang ,  ce 
vers  de  Virgile  : 

Exortan  aliquis  nosirit  ex  otsibut  uUor. 

Le  cadavre  fut  dérobe  à  tous  les  re* 
ga  rds,et  l'on  n'a  jamais  su  ce  qu'il  était 
devenu.  Le  testament  de  Strozzi,  dont 

(9)  Bayle  cite  Baisse  jpour  pronTcr  que  ce  fut 
par  le  rouseil  de  Strorci  que  fA*renùno  assassina 
le  dnc  Alexandre.  Son  plus  Tort  aripinicnt  est  qao 
les  deux  filles  du  meurtrier  (-pouscrent  les  eoGiul» 
de  Philippe ,  dont  l'uu  était  le  marcclial  Pierre 
S(roy«i.  Il  prélead  que  ces  derniers  n'oa^rent  na» 
manquer  Ik  la  parole  dnum-e  par  leur  p^re.  îlnais 
n*cst-il  pas  plus  simple  de  penser  qu'ils  ayen%  voulu 
associer  leur  sort  Ik  If  famille  d'un  proscrit ,  re- 
gardé par  eux  comme  le  linttus  de  leur  patrie. 

(?)  Segni  rst  le  premier  qui  ait  os^  réroquer  en 
doute  cet  acte  de  désespoir.  Il  pr:'(rnd  ,  mais  saa^ 
alWguer  aucune  nulorité  ,  que  ce  fut  Vitelli  ou  le 
marquis  del  Vasto,  qui  se  chargèrent  de  âiire 
égorger  Strosni,  pour  s'acqnillrr   de  la   parole 

3u'il»  lui  avaient .  donnée  d«*  «•••  pa»  le  livrer  au 
uctUînie.  for.  Stgui,  Storh  h'ioitnliiie,  |il>.  IX  , 
pag.  14s.  C'est  un^  étrange  «anwre  de  tenir  «m»- 
pa^^«  promeifc  ! 


56 


STR 


on  trouva  une  ancienne  copie  dans  la 
bibliothèque  Biccardianak  Floren- 
ce ,  (4)  portait  entre  autres  choses , 
qu'en  recommandant  son  ameàDieu, 
il  le  priait  de  lui  accorder  au  moins 
une  place  à  coté  de  ces  hom- 
mes vertueux  qui  n*0Dt  pas  vouhi 
survivre  à  la  ruine  de  leur  patrie  (5). 
Strozzi  était  très- verse'  dans  la  lit- 
térature ancienne,  et  il  avait  tra- 
vaillé à  épurer  le  texte  de  Sue'toue, 
ainsi  que  celui  de  Pline  le  natura- 
liste. Il  avait  traduit  les  ouvrages 
suivants  :  I.  Del  modo  di  accam" 
pare ,  trad.  du  grec  de  Polybe ,  Flo- 
rence ,  Torrcntmo ,  i55u,  in-8o. 
II.  Scella  d'apotegmi ,  trad.  du  grec 
de  Plutarque ,  avec  le  volume  pre'- 
ccdent.  III.  DegU  ordini  délia  ro^ 
mana  milizia  ,  trad.  du  grec  de  Po- 
lybe,  inédit.  Ce  manuscrit  fait  partie 
de  la  bibliothèque  Magliabechiana , 
classe  viii ,  n®.  1 8.  Voyez  sa  Fie 
écritepar  son  cousin  Laurent  Strozzi  y 
imprimée  à  la  suite  de  VIstoria  délie 
guerre  délia  republica  Fiorentina , 
par  Varchi  ,  Leyde  (i^uS),  in- 
fol.  £lle  a  été  traduite  en  français 
par  Requicr ,  Paris ,  1 764 ,  in- 1  '2.  — 
La  même ,  dans  les  Memorie  di  più 
illustri  iiomini  deUa  Toscana ,  Li- 
voume ,  1 757  ,  in-40.  ,pag.  49 ;  —  «t 
son  Eloge  parmi  ceux  des  illustri 
Toscani^  tom.  111,  pag.  98.  A-g-s. 
STROZZI  (  LÉON  ) ,  fils  du  précé- 
dent ,  et  Tun  (les  plus  hardis  na- 
vigateurs de  son  temps ,   naquit   à 

(4)  Hiibac  (  Fntrelien  XXMV  ,  rirtip.  VI  "\  dit 
•voir  TU  Iui-iiu*Di«  rcirigiiiiil  Ao  ce  tr^tamnit  h  \\a- 
tat.y  parmi  le»  |Mpier»  de  Pompée  Frangipane.  Il 
•ioule  que  Slroixi  M>ait  roroniniandé  It  tv*  enfant» 
de  d^rrrer  %r*  o%  du  liru  uù  on  les  anrHit  depoM-n 
&  Florence,  et  de  les  liansportrr  h  Vrnior  ,  alin , 
«lisait-il,  que  *'il  n'avait  pu  avoir  le  Itnuhe'ur  de 
▼irrc  danr  une  ville  libre  ,  il  pût  jouir  de  celte 
grâce  après  .^a  niurt  ;  et  que  ses  cendres  reposas- 
aeot  en  paix  hors  de  la  domination  du  vainqueur. 

(5)  I.'animn   a   Dio   raccoman'lo pri-guti' 

dfllo  rhe  te  altro  di  hen*  darle  non  vuule  ,  le  dim 
almeno  ifuil  litogo  dov*  è  Calone  L'ticense.  rd 
altti  timiti  virtuoti  nomini  che  tatjint  hunnoJtiUo, 


STR 

Florence  y  en   i5i5.  Revêtu  de  h 
dignité  de  Prieur  de  Capoue ,  le 
jour  même  qu'il  prit  les  insignes  de 
chevalier  de  Saint  -  Jean  de  Jérusa- 
lem ,  il  voulut  payer  par  ses  services 
cette  faveur ,  qu'il  ne  devait  qu'à  la 
protection  de  Clément  YII  ^  son  pa- 
rent. Il  se  distingua  dans  les  guerre» 
contre  les  Turcs;  et  déjà  ses  exploits 
l'avaient  élevé  aux  premiers  grades 
de  la  marine  de  son  ordre ,  lorsqu'il 
apprit  la  fin  déplorable  de  son  père , 
dont  il  jura  de  venger  la  mort.  Après 
avoir  pris  part  au  siège  de  Nice,  en 
1 54^ ,  il  s  engagea  au  service  de  k 
France ,  qui  ^  par  ses  prétentions  sur 
l'Italie  et  par  sa  rivalité  contre  l'Es- 
pagne, semblait  être  la  seule  puis* 
sance  capable  d'abaisser  un  jour  l'or- 
gueil des  nouveaux  ducs  de  Florence* 
Le  roi  le  nomma   chef  d'escadre , 
et  l'envoya  en  mission  auprès  de  So- 1 
liman  II ,  qui  dut  être  fort  étonné  de 
voir  transformé  en  messager  de  paix 
un  homme    qui   s'était  jusqu'alors 
battu  avec  tant  d'acharnement  contre 
le  croissant.  Cette  expédition  y  d'une, 
nature  toute  paciiique  y  ne  repondait 
nullement  aux  projets  haineux  de 
Strozzi ,  qui ,  à  son  retour  de  Con5- 
tautinople ,  perdit  tout  espoir  de  ti- 
rer l'épce  contre  les  oppresseurs  de 
sa  famille.  François  1«*'.,  dont  les 
derniers  souhaits  étaient  de  cicatriser 
les  plaies  profondes  faites  à  la  Fran- 
ce par  les  guerres  étrangères  ,  eut  le 
chagrin  de  léguer  à  son  successeur 
une  couronne  teinte  du  sang  de  ses 
sujets ,  et  un  trône  cl)ranlc  par  le» 
dissensions  domestiques.  Henri  II  , 
allié  à  la  maison  des  Médicis ,  et 
livré  aux  conseils  du  connétable  de 
Montmorenci  ,    ennemi   secret    des 
Strozzi  y  ne  présentait  aucune  chance 
de  devenir  l'instrument  de  leurs  ven- 
geances particulières.  Ces  réflexions , 
quoique  justes  en  elles-mêmes  ,  ne 


STR 

pouvaient  qu'entraîner  à  de  Causses 
dànarches^  et  le  parti  le  plus  sage 
était  de  les  abandonner ,  pour  ne 
songer  qu'à  bien  remplir  ses  deyoirs. 
Lorsque  Henri  II,  voulant  signaler 
son  avènement  au  trône  par  un  acte 
magnanime  ,  envoya  (  154*:  )  une 
flotte  en  Ecosse ^  pour  aider  la  reiue 
(  y,  Marie  de  Lorraine  ,  XXVII , 
98  )  y  à  se  défendre  contre  les  intri- 
gues d'Elisabeth ,  ce  fut  Strozzi  qui , 
à  la  tête  de  vingt  galères  y  répandit 
l'effroi  parmi  les  conspirateurs  re- 
tranches dans  le  château  du  cai*di- 
nal  de  ^int-Andrc  (  David  Beaton  ) , 
dont  ils  avaient  fait  leur  première 
.victime.  L*amiral    français  ,  après 
avoir  eu  un  entretien  avec  le  vice- 
roi  d'Ecosse,  homme  faible  etirre'- 
solu  (  V. Hamilton  ,  Jacques, XIX  ^ 
358  )  ,  cerna  le  château  ,  et  obligea 
les  assiégés  de  se  rendre  à  la  discré- 
tion du  vainqueur,  qui  ne  leur  garan- 
tissait que  la  vie.  11  repassa  la  mer 
an  travers  d'une  flotte  anglaise^  em- 
menant avec  lui  un  riche  butin  et  un^ 
grand  nombre  de  prisonniers.  Le  roi 
M  combla  d'éloges ,  et  lui  ordonna 
de  presser  les  travaux  d'un  arme- 
ment considérable   que   l'on   avait 
commencé  à  Marseille ,  pour  s'oppo- 
ser aux  progrès  de  la  puissance  na- 
vale de  Charles  -  Quint.  Strozzi ,  ja- 
loux de  la  réputation  d'André  Doria, 
osa  sortir  à  sa  rencontre  ,  lorsqu'on 
i55i  ,   cet  habile  marin  traversait 
la  Méditerranée  avec  quarante-qua- 
tre vaisseaux  ,  pour  aller   embar- 
quer à  Barcelone  l'archiduc  Maxi- 
milien   et  sa  famille  (  roj".  Maxi- 
milieu  II,  XXVII,  6o3).  L'appa- 
rition soudaine  d'une  flotte  française, 
qui  avait  déjà  gagné  le  vent ,  parut 
si  menaçante,  que  Doria,  coutre  son 
habitude,  recula  jusqu'à  Yillefran- 
che^d'où  il  vogua  en  pleine  mer  pour 
ériter  cet  obstacle  ou  pour  le  com- 


STR 


57 


battre  avec  avantage.  Non  content 
de  ce  succès,  Strozzi  prit  la  route  de 
l'Espagne  ^  et  s'approcha  de  Barce- 
lone y  en  arborant  le  pavillon  im- 
périal ,  et  en  saluant  les  forts  de  la 
ville.  Le  peuple  se  porta  en  foule  sur 
les  quais ,  et  un  grand  nombre  de 
matelots  étaient  en  mer  pour  rame- 
ner leurs  camarades  en  triomphe, 
lorsque  Strozzi,  qui  n'avait  pas  assee 
de  monde  pour  opérer  un  del>arque- 
meiit ,  se  contenta  d'effrayer  cette 
multitude  par  une  décharge  générale 
d'artillerie  ^  et  reprit  le  chemin  de 
Marseille ,  en  traînant  à  sa  suite  quel- 
ques bâtiments  ,  capturés  sous  le  ca- 
non même  des  Espagnols.  Ce  coup  de 
niaiu,  blâmable  pour  son  inutilité, 
épargna  une  humiliation  à  celui  qui 
1  avait  dirigé.  Le  connétable  y  qui  ne 
cessait  de  desservir  Strozzi  auprès 
du  roi,  parvint  à  le  faire  rappeler;  et 
François  de  Montmorenci,  accem- 

Sagné  du  comte  de  Yillars^  avait 
éjà  quitté  la  capitale  ^  pour  aller 
S  rendre  le  commandement  del'esca- 
re  à  Marseille.  Strozzi ,  auquel  on 
avait  laissé  ignorer  l'ordre  de  sa  des* 
titution ,  se  doutant  du  but  de  ce  voya- 
ge ,  monta  sur  une  des  galères  prises 
en  Espagne^  et  sans  attendre  son  suc- 
cesseur, franchit  la  chaîne  qui  fermait 
le  port ,  et  alla  chercher  un  asile 
à  Malte.  Ce  qui  le  détermina  surtout  à 
brusquer  son  déi)art ,  ce  fut  le  soup- 
çon qu'on  eût  envoyé  des  émissaires 
pour  l'assassiner.  11  prétendit  même 
en  avoir  obtenu  l'aveu  d'un  nommé 
Corso ,  qui  s'était  chargé  de  ce  crime; 
et  il  s'en  plaignit  au  roi  ,  en  lui  fai- 
sant remettre  l'étendard  de  l'amiral , 
avec  une  lettre ,  dont  voici  le  com- 
mencement :  m  Sire ,  la  gloire  a  été 
»  le  motif  qui  m'a  fait  ambitionner 
»  l'honneur  de  vous  servir  :  le  soin 
»  de  ma  vie ,  et  l'intérêt  de  cette 
»  même  gloire  me  forcent  aujour* 


58 


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»  d'hui  à  m'cloigner  de  votre  royau- 
»  me  ,    puisc[ue  je   vois  qu'on    ne 
»  destine  d'autre  récompense  à  la 
«  fidélité  de  mes  services  et  à  tant  de 
»  travaux ,  qu'un  congé  honteux ,  ou 
»  une  mort  indigne;  ce  qui  est  cons- 
»  tant  par  les  dépositions  de  ceux 
»  qu'on  avait  chargés  de  m'assas- 
»  siner^  etc.  »  (  Voy.  De  Thou ,  ii , 
1^7  ).    Mécontent   de  l'accueil  du 
grand- maître  don  Jean  d'Omédès  , 
vieux  Aragonais,  qui  voulait  tirer  ven- 
geance de  l'affront  fait  à  Barcelone  ^ 
Strozzi  quitta  Malte ,  etse  mit  à  faire 
la  guerre  aux  infidèles  ,  en  courant 
quelquefois  même  sur  les  chrétiens  ^ 
lorsqu'il  y  était  forcé  par  la  disette 
des  vivres  ou  des  munitions.  Heureu* 
sèment  il  n'exerça  pas  long -temps 
ce  métier  peu   digne  d'un  homme 
si  illustre.  Appelé  presqu'à  -  la  fois 
au  service  de  l'empereur,  de  la  Fran- 
ce et  de  Tordre  de  Malte ,  qui  était 
S  lus  que  jamais  exposé  aux  attaques 
esbarbaresqueSy  il  préféra  les  offres 
de  la  France  y  qui  venait  (  1 554  )  de 
recommencer  la  guerre  en  Flandre  et 
en  Italie.  Avant  de  reprendre  le  com- 
mandement  des    galères  françaises 
stationnées  à  Port-Ercole,  et  qui 
devaient  seconder  les  opérations  de 
l'armée  envoyée  en  Toscane ,  Strozzi 
fit  crier  à  sou  de  trompe  dans  tous 
les  ports  de  la  Sicile  et  de  Malte , 
qu'u  étaitprctà  dédommager  les  pro- 
priétaires des  bâtiments  qu'il  avait 
attaqués  dans  les  mers  du  Levant. 
Ce  ne  fut  qu'après  s'être  acquitté  de 
ce  devoir ,  qu'il  se  rendit  à  son  poste, 
suivi  de  quelques  chevaliers  ;  la  plu- 
part bannis  ae  Florence.  En  atten- 
dant les  renforts  qu'on  lui  annonçait 
de  Provence ,  il  ordonna  des  excur- 
sions dans  la  principauté  de  Piom- 
bino  ,  où  il  n'y  avait  presque  point 
de  garnisons.   Jl  investit  le  fort  de 
lino  (que  Brantôme  appelle  Es- 


STR 

eariing) ,  défendu  mr  (piatre-ringfs 
hommes,  et  qui  n'était  important  ni 
par  ses  fortifications  ,  ni  par    son 
emplacement.    Irrité  de  la  réponse 
du  commandant ,  qui  avait  refusé  de 
se  rendre ,  Strozzi  s'obstina ,  sans 
raison  ,  à  l'assiéger  j  et  un  jour  qu'il 
s'était  avancé  bien  près  des  rem- 
parts pour  reconnaître  cette  place , 
il  reçut  un  coup  de  mousquet  d'un 
paysan  caché  dans  les  joncs  ,  et  qui 
n'était  pas  digne  de  trancher  une  vie 
aussi  précieuse.  Mais ,  comme  le  dit 
naïvement  Brantôme  :  «  Quelquefois 
»  telles  gens  malotrus  font  des  coujs 
»  dangereux  qu'on  ne  penserait  )a- 
»  mais.  »  (  f^.  ses  Capitaines  fran- 
çais,  rr,  3aa  ;  Fie  de  Léon  Strozze), 
Strozzi  fut  emmené  sur-le-champ  à 
bord  d'une  galèi*e  ,  et  transporte'  à 
Castiglion  délia  Pcscaïa,  où  il  expira, 
en  1 554 ,  âgé  à  peine  de  trente-neuf 
ans.  Lorsque  le  marquis  de  Mari- 
gnan  devenu  maître  de  Port-Ercole , 
ternit  son  triomphe  en  livrant  Otto- 
bon  de  Fiesque  à  la  vengeance  d'An- 
dré Doria,  et  les  proscrits  florentins 
au  grand  duc  Côme  V^, ,  le  cadavre 
de  ï^'on  Strozzi  ,  qui  avait  été  en- 
terré à  Scarlino ,  fut  exhumé  et  jeté 
à  la  mer  ,  le  ^4  3"'°  i555.  Ferrez 
Thévet,  Histoire  des  plus  illustres  eè 
stwants  hommes  j  etc.  Paris ,  i^i> 
in-ia ,  tome  vi ,  pag.  inS.     A-g-s. 
STROZZI  (Pierre)  ,  frère  aîné  du 
précédent ,  après    avoir  ,  dans  sa 
jeunesse ,   porté  l'habit  ecclésiasti- 
lue ,  le  quitta  pour  suivre  la  carrière 


ippnt 

guerre  en  servant  sous  les  ordres  du 
comte  Guido  Rangoni ,  et  en  1 536 , 
il  contribua  beaucoup  à  faire  lever  le 
siège  de  Turin  par  les  impériaifx.  A 
la  nouvelle  de  l'assassinat  d' Alexan- 
dre ,  il  accourut  auprès  de  sou  père , 


STR 

pourpreodre  part  à  Tcntreprise  des 
émigrés  qui  voulaient  rendre  à  Flo- 
rence sa  liberté'.  Philippe  ayant  été' 
fait  prisonnier  à  Montemurlo ,  le  i^**. 
août  153*; ,  et  étant  mort  ensuite 
dans  les  prisons  de  Corne  !«'.,  Pierre 
Strozzi  sentit  qu'il  était  le  vengeur 
que  son  père  avait  invoqué  en  mou- 
rant ;  il  n'eut  plus  dès  lors  d'autre 
pensée  que  celle  d'associer  à  sa  haine, 
contre  Médicis,une  puissance  redou- 
taUe  ;  il  voulut  donner  à  la  liberté 
de  sa  patrie  l'appui  de  la  France  y 
puisque  la  tvranme  y  avait  été  con- 
solidée par  l'empereur.  Cet  espoir  le 
fit  entrer  dans  l'armée  française ,  et 
il  se  trouva  au  siège  de  L  uxembourg 
en  1543.  L'année  suivante,  il  fut  en- 
voyé à  la  Mirandole  avec  une  armée 
de  sept  mille  fantassins  et  quelque 
cavalerie ,  pour  prendre  par  derrière 
le  marquis  del  Yasto ,  qm  défendait  le 
Milanez  ;  mais  il  y  fut  battu.  En  1 545, 
il  servit  dans  Farmée  navale  sous 
l'amiral  Annébault ,  et  il  fut  ensuite 
créé  général  des  galères  de  France. 
Dans  une  nouvelle  guerre  il  fut  ren- 
Ti3fYé  à  la  Mirandole ,  en  i55i ,  pour 
défendre  Octave  Famèse  contre  les 
impériaux.  Mais  quelque  progrès  que 
fit  Pierre  Stroizi  dans  la  carrière 
de  l'ambition ,  il  n'avait  encore  joui 
d'aucune  satisfaction,  puisqu'il  n'a* 
vait  pas  pu  atteindre  les  frontières 
de  sa  patne.  Enfin  la  guerre  de  Sienne 
lui  fournit  l'occasion  si  long-temps 
désirée;  il  fut  envoyé,  en  i554 ,  au 
secours  de  cette  ville, que  Come  h^* 
assiégeait.  N'ayant  pas  des  forces  suf- 
fisantes pour  contraindre  celui-ci  à  le- 
ver le  siège ,  il  essaya  de  l'en  détour- 
ner par  une  incursion  hardie  au  tra- 
vers de  toute  la  Toscane.  Avec  trois 
mille  fantassins  et  trois  cents  che- 
vaux, il  traversa  l'état  florentin  de 
Sieune  jusque  près  de  Lucqucs ,  où  il 
trouva  des  renforts  qui  lui  étaient 


STR 


59 


envoya  de  la  Mirandole.Mais comme 
il  revenait  vers  Sienne ,  il  fiit  atteint 
et  défait  près  de  Lucignano ,  le  a  août 
1 554  9  par  le  marquis  de  Marignan 
qui  avait  rassemblé  des  forces  très- 
supérieures.  Strozzi,  se  confiant  à  sa 
haine  contre  le  bourreau  de  son  père , 
soutenait  la  guerre  malgré  l'extrême 
disproportion  de  ses  forces.  Au  lieu 
de  secours  dont  il  avait  besoin  après 
sa  défaite ,  on  lui  envoya  de  Pans  le 
bâton  de  maréchal  de  France.  Il  es- 
saya quelque  temps  encore  de  soute- 
nir le  courage  des  Siennois  et  de  dé- 
fendre Montalcintf  et  Porto-Ercole. 
U  revint  en  France  après  avoir  été 
obligé  d'abandonner  cette  dernière 

Êlace  ,  le  16  juin  i555  (  Voyez 
BUSQUET  ).  Il  retourna ,  deux  ans 
plus  tard ,  en  Italie  pour  prendre  le 
commandement  de  l'armée  du  pape 
Paul  IV ,  avec  laquelle  il  rem{>orta 
quelques  avantages  ,    mais  oui  ne 

I  approchèrent  point  de  son  Dut.  U 
se  trouva ,  au  mois  de  janvier  1 558, 
au  siège  de  Calais,  et  fut  tué,  le  ao 
juin  de  la  même  année,  au  siège  de 
Thionville ,  d'un  coup  de  mousquet 
dont  il  fut  atteint  en  allant  choisir 
l'emplacement  d'une  batterie.  Son 
corps  fut  porté  à  Épemay,  ou  il  est 
enterré  (  1  «Il  laissa  un  fils  (Philippe) 
et  une  fille ,  mariée  au  comte  de 
Tende.  S.  S— i. 

STROZZI  (  Philippe  ) ,  l'un  d» 
grands  capitaines  d'un  siècle  si  fé- 
cond en  héros,  était  fils  du  précé- 
dent, et  naquit  à  Venise,  en  i54i. 

II  fut  amené,  l'année  suivante,  en 
France  ,  et  placé  comme  enfant 
d'honneur  près  du  dauphin^  depuis 
François  II.  a  Son  père  fut  fort  eu- 

(i)  L'«l>btf  IforrUi  «  donn^  quelques  déuilf  «or 
le  nuiréchal  Stro«»i  ,  \  ki  lêle  de  I  édition  m  'il  • 
pabliee  en  ifMt  d««  %\mnv9ncp$-«  la  rtihhia  ai  Ma- 
done y  împrînèe*  sotiâ  le  fMux  oum  du  PoeM  Scier- 
la,  nuiit  qui  •ont  de  Pierre  Stroxu  (  Votes  U 
Mmauel  dm  Ubrmit\  ,  au  mot  Simmuf  ). 


6o 


STR 


»  rieux  de  le  faire  très-bien  nourrir  ^ 
»  et  surtout  très-bien  instruire  aux 
«  bonnes  lettres.  Un  jour  ({u'il  lui 
»  demandait  compte  de  l'emploi  de 
»  sa  matinée ,  j'ai ,  répondit  Philip- 
»  pe^  monte  à  obérai,  joué  à  la 
»  paume ,  et  ensuite  déjeune.  Mal- 
»  bcureux  !  reprit  son  père ,  faut-il 
»  que  tu  rassasies  le  corps  ayant 
»  1  esprit?  Que  jamais  cela  ne  t'ar- 
»  TÏye  :  avant  toutes  choses,  rassasie 
w  ton  ame  de  quelque  belle  lecture 
»  et  étude,  et  après  fais  de  ton  corps 
»  ce  que  tu  voudras.  »  Les  récits 
qu'il  entendait  faire  des  exploits  de 
ses  ancêtres  échauffaient  sa  jeune 
imagination,  et  il  brûlait  du  désir 
de  les  imiter.  A  quinze  ans ,  il  s'en- 
fuit ,  emportant  une  partie  de  la  vais- 
selle de  sa  mère  ^  pour  paver  les 
frais  du  voyage,  et  rejoismt  l'armée 
en  Piémont ,  où  il  ne  taraa  pas  à  si- 
gnaler sa  valeur.  A  son  retour,  il 
obtint  le  grade  de  capitaine ,  et  fut 
employé  tant  en  France  que  dans  les 
pays  étrangers.  Il  se  distingua  par- 
ticulièrement aux  sièges  de  Calais  et 
de  Guines ,  sous  les  ordres  du  duc 
de  Guise.  En  1 563 ,  il  fut  nommé 
colonel  des  gardes  françaises  ;  et 
après  la  mort  de  Dandelot  (  P^ojr.  ce 
nom  ) ,  il  obtint  la  charce  impor- 
tante de  colonel-général  de,  l'infau- 
rie.  Avant  le  combat  de  là  Rocbe- 
Abeille ,  de  vieux  soldats ,  prévoyant 
que  raff*aire  serait  sérieuse,  regret- 
taient M.  de  Brissac ,  sous  lequel  ils 
avaient  servi ,  et  murmuraient  tout 
bas  :  Ah,  où  est  M.  de  Brissac?  Où 
il  est?  mordieu  !  leur  dit  Strozzi ,  qui 
les  avait  entendus  ^  vous  n'avez  qu'à 
me  suivre ,  et  je  vous  mènerai  aussi 
avant ,  et  eu  un  lieu  aussi  chaud 
qu'il  ait  jamais  pu  vous  mener;  sui- 
vez,  suivcz-nioi.  L'engagement  fut 
très-vif.  Avec   six  cents  hommes , 
Strozû  soutint  pendant  plus  d'une 


STR 

heure  les  efforts  de  quatre  mille  ar* 
quebusiers  ;  mais  entouré  de  toutes 

Earts  il  fut  obl^é  de  céder  au  nom- 
re,  et  fait  prisonnier.  Ayant  été 
promptement  échangé  contre  le  bra- 
ve La  Noue  (  F,  ce  nom ,  XXXI , 
4io  )  ,   il  alla  chercher    de  nou- 
velles occasions  de  se  signaler ,  et 
fit  des  merveilles  à  la  bataille  de 
Moncontour.  Au  siège  de  la  Rochcile 
(i  57 3)  y  il  monta  le  premier  k  Tas* 
saut,  suivi  de  Brantôme  (i)  et  d'un 
petit  nombre  de  braves;  mais  la brè* 
che  ne  se  trouva  pas  praticable  pour 
des  soldats  pesamment  armés ,  et  il 
fallut  négocier  avec  les  assiégés.  Il 
améliora  la  discipline  de  l'infanterie, 
pourvut   ses   soldats   d'arquebuses 
d'un  plus  gros  calibre ,  et  leur  ap- 
prit à  s'en  servir.  Il  fut  compris ,  en 
1 579 ,  dans  la  promotion  des  cheva- 
liers du  Saint-Esprit.  La  reine-mère 
lui  fit  donner,  en  i58i ,  le  comman- 
dement de  la  flotte  destinée  k  soute- 
nir les  prétentions  de  dom  Antoine , 
reconnu  roi  de  Portugal.  Strozzi  ne 
consentit  qu'avec  peine  k  se  démet- 
tre de  sa  charge  de  colonel-général  y 
dont  le  roi  voulait  gratiûer  le  duc 
d'Espemon.  Il  reçut  en  dédomma- 
gement une  somme  de  cinquante  mille 
écus  ,  dont  il  acheta  la   terre  de 
Bressuire  en  Poitou.  Il  partit  de 
Brouage  au  mois  de  mai  1 58a,  et  fit 
voile  pour  les  Açores.  Ayant  voulu 
prévenir  la  jonction  de  la  flotte  es- 
agnole  avec  les  bâtiments  attendus 
'Europe ,  il  attaqua  l'amiral  Sain- 
te-Croix ,  le  q6  juillet  (îx).  Dans  l'ac- 
tion, il  fit  tout-à-la  fois  le  devoir  de 
capitaine  et  de  soldat;  mab  étant 
tombé  couveit  de  blessures,  il  fut 
conduit  k  l'amiral  espagnol  ^   qui 

(i)  La  d^Uib  qne  Brant&me  doim«  nir  cet  m- 
Mut  sont  (3* un  grand  intérêt 

(i>  Et  non  U  99  ,  comm«  on  lit  &  Tari.  Saimte- 
Croix,  XXXXI,  534. 


S 


STR 


STR 


6i 


donna  l'ordre  de  le  jeter 
(3).  Ainsi  pe'rit,  à  Tâge  de  < 


à  la  mer 
quarante- 
deux  ans  y  Philippe  ^trozzi ,  digne 
par  ses  qualités  d  un  meilleur  sort. 
Brantôme  y  qui  Vavait  accompagne 
vingt-cinq  ans ,  dans  la  plupart  de 
ses  guerres  et  voyages,  en  France  et 
hors  de  France ,  lui  a  consacre'  une 
corieuse  Notice  (  x  .  in6  y  éd.  de 
1740)*  «C'était^  dit -il,  un  aussi 
homme  de  bien  qu'il  en  sortit  jamab 
de  sa  nation.  11  n'avait  que  cela  de 
mauvais ,  qu'il  était  le  plus  froid 
ami  qu'on  ne  vit  jamais.  »  De  Thou 
donne  de  grands  éloges  à  Strozzi 
(  liv.  75)  :  Far  sa  probité ,  dit-il ,  sa 
bonne-foi  et  sa  générosité,  il  pou- 
vait être  comparé  à  ceux  qui  ont 
possédé  ces  vertus  dans  le  degré  le 
plus  minent;  d'ailleurs ,  il  était  si 
mrave ,  qu'il  n'y  avait  point  de  péril 
qu'il  ne  fut  toujours  prêt  d'affronter  ; 
mais  il  manquait  de  prévoyance.  H. 
T.  sieur  de  Torzay,  a  public  :  Fie , 
mort  et  tombeau  de  PhiL  Strozzi, 
Paris,  1608,  in-80.  Son  Portrait  a 
été  gravé  par  Th.  de  Leu,  in-80. , 
et  plusieurs  fois  depuis ,  notamment 
dans  le  Recueil  de  Moucornet.  W-s. 
STROZZI  (  Cybi AQUE  ) ,  profes- 
seur de  l'université  de  Pise ,  naquit 
en  i5o49  dans  un  château  près  de 
Capalle,  à  sept  milles  de  Florence. 
Verse  dans  les  langues  et  la  philoso- 
phie ancienne  .  il  fut  l'un  des  plus 
mtrqpides  ergoteurs  de  son  temps ,  et 
on  l'admira  souvent  dans  ces  assauts 
d'érudition ,  où  \s  victoire  reste  or- 
dinairement ,  non  pas  au  plus  savant, 
mais  au  plus  adroit.  En  revenant 
d'un  long  voyage ,  il  ouvrit  une  école 
de  philosophie  à  Florence,  et  il  y  ac- 
quit une  telle  célébrité  que  Tuniver- 

(3)  Qoelqncs  auteurs  disent  que  Saïute-Croix 
fit  pôteaarder  Strox«i  :  et  qu'il  vitaiteucure  quiir.d 
3  fat  \tté  &  U  tuer.  Mais  I>e  Thou  dit  queolroi- 
ti  était  mort  quand  il  ftit  porté  dans  la  chambre 
de  l'iuiural  espagnol. 


site  de  Bologne  voulut  enrichir  de 
son  nom  la  liste  de  ses  professeurs* 
Après  y  avoir,  pendant  huit  ans ,  ex- 
pliqué Aristote ,  avec  un  succès  tou- 
jours plus  marqué ,  il  fut ,  en  1 549 , 
rappelé  en  Toscane  par  le  grand-duc 
Come  I®**.  ,  qui  lui  destina  la  pre- 
mière chaire  de  philosophie  à  l'uni- 
versité de  Pise.  Ce  prince,  ffsi  l'hono- 
rait d'une  estime  particulière ,  allait 
souvent  passer  des  heures  entières 
avec  lui  dans  de  savants  entretiens. 
Strozzi,  qui,  au  |;oûtdes  arts  et  de 
l'agriculture,  alliait  une  connaissance 
profonde  des  ouvrages  d'Aristote , 
tâcha  d'en  compléter  le  Traité  sur  la 
politique  ,   dont  les  derniers  livres 
étaient  destinés  à  renfermer  les  idées 
de  ce  philosophe  sur  la  milice,  la 
souveraineté  et  le  sacerdoce.  Malgré 
les  éloges  que  plusieurs  écrivains ,  et 
les  encyclopédistes  entre  autres  (  Art. 
AaisTOTÉLisME  ) ,  out  prodîgués  à  ce 
travail ,  il  faut  avouer  que  Strozzi  est 
veste  bien  au-dessous  de  l'original , 
et  l'on  dirait  qu'il  a  été  plutôt  oc- 
cupé d'imiter  le  style,  que  de  deviner 
les  pensées  de  son  modèle.  Ses  bio- 
graphes se  sont  plu  à  répéter ,  que 
plongé  tout  entier  dans  1  étude  ,  ce 
savant  n'avait  jamais  voulu  s'enga- 
ger dans  les  liens  du  mariage;  pour- 
tant dans  son  testament ,  déposé  à 
la  bibliothèque  Strozziana  (  Mss.  D. 
4-  i33),il  nomme  quatre  enfants  ^ 
qu'il  avait  eus  de  sa  femme  Elisabeth 
d'Ouofrio  de  Susiana  ,  partium  Ro- 
mandiolœ.  Après  avoir  exercé,  pen- 
dant vingt  ans ,  les  fonctions  de  pro- 
fesseur à  l'université  de  Pise,  Strozzi 
y  mourut  le  6  décembre  i565.  Il  or- 
donna que  son  corps  fût  rendu  à  la 
terre  qui  l'avait  vu  naître  ,  et  on  lit 
encore,  dans  l'église  de  Saint-Cyria- 
que  à  Gaj)alle ,  le  marbre  qui  re- 
trace les  circonstances  principales  de 
la  vie  de  ce  continuateur  d'Aristote. 


6a 


STR 


Ses  oayrages  sont  :  I.  De  repubUcd 
libri  duo,  scilicet  ix  et  x  reliquis 
octo  additi ,  quos  scriptos  non  reti- 
quU  Aristotetes  ,  grec  -  lat.  )  Flo- 
rence ,  Junte ,  1 56a  ,  in  -  4^. ,  tra- 
duit en  français  j  par  Morel ,  dans 
l'édition  complète  de  cet  ouvrage 
(trad.  par  Louis  Le  Roi,  dit  Be- 
gius  ).  Paris ,  i6oo  ,  in  -  fol. ,  pag. 
4^7.  Cette  continuation  a  été  omise 
dans  les  trois  versions  récentes  de  la 
Politique  à^Aristote,  II.  Orationes  , 
swe  introductiones  in  aliquot  Aris- 
totelis  de  moribus  Ubros ,  Paris  , 
if)99,  in-4°.  Ces  Discours  servent 
d'introduction  aux  quatre  livres  de 
l'Éthique  d'Aristote  ,  sur  la  tempé- 
rance ,  la  justice  ,  l'amitié  et  le  bon- 
heiur  comparé  à  la  sagesse.  On  a  faus- 
sement attribué  à  Strozzi  la  traduc- 
tion latine  des  Stromates  de  saint 
Ciément  d'Alexandrie,  Florence,  Tor- 
rentino  ^  1 55 1 ,  in-fol.  Elle  appartient 
à  Gentian  Hervet  (  Fqjr.  ce  nom , 
XX ,  3 1  o  ) ,  qui  vivait  à  Rome ,  vers 
le  milieu  du  seizième  siècle.  Voyez 
Vita  Kjrriaci  Strozœ  (  par  Papire 
Masson  ) ,  Paris ,  iGo4  ,  in-4^«  ;  et 
son  Éloge  par  Salvino  Salvini ,  dans 
les  iUustri  Toscani,  m ,  1 4^.  A-g-s. 
STROZZI  (  Laurence  ) ,  sœur  du 
précédent  y  et  née,  comme  lui,  à  Ca- 
palle,  en  i5i4,  prit  l'habit  de  Saint* 
Dominique  dans  le  couvent  de  Saint- 
Nicolas  di  Prato ,  où  elle  vécut  pen- 
dant les  guerres   qui   désolèrent  la 
Toscane  sous  le  règne  du  grand-duc 
Corne  I*'^.  La  sainteté  de  sa  vie  atti- 
rait autour  d'elle  les   hommes  les 
Î^lus  renommés  par  leur  piété  et  par 
eur  instruction.    Elle  s  entretenait 
souvent  avec  Ochino  et  Vermigli  (  V» 
Pierre  Martyr  ,  XXVII ,  336  ),  qui 
l'édifiaient  par  leurs  discours,  autant 
qu'ils  devaient  la  scandaliser  ensuite 
par  leur  apostasie.  Elle  pleura  leur 
erreur ,  et  expia  par  des  pénitences 


STR 

très-austères  le  tort ,  excusable  sans 
doute  j  d'avoir  eu  des  relations  avec 
ces  deux  ennemis  delà  religion.  Son 
cœur ,  enflammé  de  Tamour  le  phis 
pur ,  lui  dicta  ces  chants  sacrés  qui 
pendant  long-temps  ont  été  les  seu^s 
qu'on  ait  fait  entendre  dans  les  ^lises. 
Elle  en  composa  sur  toutes  les  fIStes 
de  l'année,  les  rangeant  d'après  Tor- 
dre de  leur  céle'bration.  Ou  a  P^t* 
être  trop  vanté  le  style  de  ces  Hym- 
nes, qui  ont  été  traduites  en  Tcrs 
français  par  Simon  George  Pavillon , 
et  mises  en  musique  par  Jacques  Mau- 
duit^  appelé  avec  non  moins  d'exa- 
gération j  par  Mersenne ,  le  père  de 
Vharmonie.  Laurence  termina  sa  vie 
dans  le  cloître  ,  le  10  septembre 
1591.  Son  Recueil  est  intitidé  :  In 
singula  totiusanni  solemnia  hjrmni, 
Florence ,  Junte ,  1 588,  in-S^.  f^.Ic 
P.  Hilarion  de  Coste ,  Éloges  et  Vies 
des  Femmes  illustres ,  etc. ,  tome 
II ,  pag.  97.  A— -G — §. 

S  T R  0  Z  ZI  (  Pierre  ),  secrétaire 
des  brefs  sous  Paul  V ,  né  à  Floreo- 
ce,  vers  l'année  157 5, étudia  la  phi- 
losophie sous  Lazare  Bonamici.  Il 
apprit  aussi  les  mathématiques  y 
aima  les  arts  et  se  mélf^  d'architec- 
ture. A  l'élection  de  Le'on  XI ,  en 
1 60  5  ,  il  se  rendit  à  Rome ,  où  il  fut 
nommé  secrétaire  des  brefs  adpnn* 
cipes ,  place  importante ,  qu'il  con- 
serva sous  Paul  V  y  duquel  il  obtint , 
en  outre,  un  bénéfice  sur  la  chapelle 
Yaticane  ,  quoiqu'il  ne  fut  pas  entré 
dans  les  ordres  et  qu'il  eût  déclaré 
son  intention  de  ne  jamais  les  pren- 
dre. Cette  nomination ,  qui  était  si 
formellement  contraire  aux  canons, 
indisposa  les  collègues  de  Strozzi , 
qui  n'osant  pas  blâmer  la  faiblesse 
au  protecteur ,  se  tournèrent  contre 
le  favori.  En  attendant ,  ce  dernier 
venait  de  rendre  un  service  éminent 
à  l'Église,  en  amenant  les  Nestoriens 


STR 

kfs  à  reconnaître  l'autorité  du 
iést.  Mais  la  haine  paria  plus 
le  la  reconnaissance  :  Strozzi, 
lait  charge'  de  diriger  les  tra- 
pie  Paul  y  faisait  exécuter 
me  maniificence  extraordi- 
lans  la  basilique  de  Sainte- 
tfajeure^  eut  le  malheur  de  ne 
is&ire  le  goût  de  ce  pontife, 
(itade  cette  circonstance  pour 
le  crédit  dont  il  avait  joui 
lors  ;  et  Strozzi  mécontent  de 
asseries  y  dont  il  lui  était  facile 
roir  le  résultat ,  se  démit  vo- 
ement  de  ses  charges  ,  et  alla 
igier  en  Toscane  y  où  il  fut 
'  professeur  de  philosophie  à 
rsité  de  Pise.  Oubliant  les 
qu*il  devait  aux  dignités  dont 
i  été  revêtu ,  il  s'engagea  dans 
is  du  mariage  ,  et,  comme 
fparer  ses  torts  ,  il  voua  son 
r-né  à  l'état  ecclésiasticpie. 
mourut  sous  le  règne  de 
l"". ,  vers  l'année  i64o.  Ses 
•aux  ouvrages  sont  :  I.  Sj^no- 
Ihaldœorum ,  suivi  des  Pre- 
éUdœis  consuetœ  y  ex  guibus 
'orum  inpapam  et  ecclesiam 
ns  cukus  ,  Rome  ,  1617  ^ 
II.  Disputât io  de  origine  et 
Uibus  Chaldœorum ,  sive  ho- 
non  Nestorianorum  y  ibid. , 
in-4^-  L'auteur  y  rend  compte 
conférences  avec  le  P.  Adam , 
u  patriarche  de  Babjlone  (  F, 
ici  ,  de  Clans  poniificia" 
HsUÀarum  scriptoribus ,  et  J. 
si,  dani  sa  Finacotheca  ,  tome 

lOZZI  (Berv à3D)y  ait  a  Prête 
ise  ou  il  Gapuccino ,  naquit 
s,  en  i58i  ,  de  parents  pau- 
t  étudia  chez  Pierre  Sorri  y  ar- 
itif  de  Sienne.  A  l'âge  de  seize 
avait  déjà  quelque  réputation, 
d  se  dégoûta  bientôt  aela  peio- , 


STR 


63 


ture,  résolut  d'entrer  dans  Tendre 
des  capucins ,  et  déclara  qu'il  vou- 
lait commencer  son  noviciat  au  cou- 
rent de  Saint-Bamabé.  On  fit  de 
vains  efforts  pour  le  détourner  de  ce 
projet.  Quelques  années  après  ,  le 
goût  de  la  peinture  se  révedla  chez 
fui.  Ou  l'encouragea  dans  le  désir 
qu'il  montrait  de  s'y  livrer  de  nou- 
veau ,  en  lui  représentant  qu'il  pou- 
vait faire  subsister^  par  ton  talent , 
sa  mère  et  sa  sœur  qui  étaient  dans 
la  misère.  Pour  obtenir  la  permission 
de  quitter  l'habit  et  le  couvent ,  et 
de  rester  seulement  prêtre  séculier, 
Bernard  fit  en  secret  le  portrait  du 
père  général.  Il  ne  tarda  pas  à  se  dis- 
tinguer par  des  compositions  har- 
dies et  savantes.  On  commença  bien- 
tôt à  le  rechercher  pour  l'employer  à 
peindre  des  fresques.  Les  plus  belles 
qu'il  ait  laissées  sont  à  Saint-Tho- 
mas ,  dans  le  palais  de  Jean-Étienne 
Doria,  etdans  le  chœur  de  l'église 
Saint-Dominique.  U  exécuta  ce  der- 
nier ouvrage  à  la  lueur  d'une  torche, 
parce  que  le  lieu  n'avait  pas  d'ou- 
verture d'où  pût  venir  la  lumière. 
On  n'avait  pas  encore  travaillé  de 
cette  manière  en  Italie,  depuis  que 
des  peintres  grecs ,  venus  de  Cpnstan- 
tinople,  et  pour  la  plupart  moines 
basiliens,  avaient  peint  ainsi  dans 
les  catacombes  de  Rome.  La  mère  de 
Strozzi  étant  morte,  et  sa  sœur  étant 
mariée,  les  capucins  déclarèrent  oue 
puisque  les  motifs  qui  l'avaient  oé- 
termmé  à  sortir  du  cloître  ne  sub- 
sistaient plus  ,  il  fallait  qu'il  y  rentrât 
et  qu'il  reprit  l'habit  :  mais  Bernard 
différait  toujours  de  répondre.  Une 
intimation  de  Rome  Im  vint  alors, 
pour  qu'il  eût  à  rentrer ,  avant  nx 
mois,  chez  les  capucins  ou  dans 
tout  autre  ordre  régulier  qu'il  vou- 
drait choisir.  N'ayant  pas  obéi ,  il 
fut  arrêté  et  mis  en  prison  dans  le 


64 


STR 


couvent  de  son  ordre.  Ses  amis  et 
qudques  parents  tentèrent  de  le  de'li- 
vrer ,  et  entrèrent  la  nuit  dans  les 
jardins  du  couvent,  en  cherchant  â 
pëne'trer  jus€[u'à  sa  prison.  Ils  furent 
malheureusement  découverts  ;  le  sort 
de  leur  ami  n'en  devint  que  plus  de'- 

Slorable  ,  et  il  fut  resserre'  avec  plus 
e  rigueur  pendant  trois  ans.  On  lui 
rendit  enfin  la  liberté^  mais  on  le  re- 
tint dans  le  couvent  avec  plus  de  se- 
ve'ritë  que  les  autres  religieux.  Un 
jour  cependant  il  demanda  la  per- 
mission d'aller  voir  sa  sœur  :  le  su- 
pe'rieur  la  lui  accorda^  à  condition 
qu'il  serait  accompagné  d'un  frère 
servant.Bemard,  arrivé  chez  sa  sœur, 
pria  le  frère  servant  d'attendre  dans 
une  salle  basse,  et  entra  seul  dans 
l'appartement,  sous  prétexte  d'avoir 
à  conférer  sur  des  atlaires  de  famille. 
Aidé  ,  alors  par  plusieurs  amis ,  il 
quitta  la  rol>e  de  moine,  se  (it  raser, 
prit  des  habits  de  ])rctre  et  se  sauva 
par  un  escalier  secret.  Le  jeune  frère , 
mformc  que  sou  religieux  était  parti , 
alla  sur  le  champ  en  informer  le  su- 
périeur, qui  fit  chercher  Bernard  et  ne 
put  parvenir  à  découvrir  sa  retraite. 
Le  lendemain ,  Strozzi  fut  secrètement 
embarqué  pour  Venise  ,oii  il  trouva 
des  protectems  puissants  qui  le  re- 
commandèrent à  la  cour  du  pape , 
aOn  qu'il  ne  fût  pas  inquiété.  Il  fit 
un  grand  nombre  d'ouvrages  dans 
cette  ville ,  à  la  bibliothèque  de  Saint- 
Marc,  à  la  procuratorerie,  à  l'église 
de  Saint-Benoit  et  à  l'hôpital  des  in- 
curables. Bernard  mourut  dans  cette 
même  ville ,  en  1 644  )  <^t  ^"^  enseveli 
à  Saint-Fosca.Ou  plaça  sur  son  tom- 
beau   cette   épitaphe  :   Bemardus 
Strotiuspictorum  splendor,  Liguriœ 
decuSy  hïcjacet.  11  avait  du  feu ,  de 
l'énergie ,  de  l'abondance;  mais  il  ne 
montra  pas  plus  d'égalité  et  de  te- 
nue dans  son  talent,  que  de  cons- 


I 


STR 

tance  dans  son  caractère.  Son  des- 
sin  est  souvent  incorrect  y  ses  fi- 
gures manquent  quelquefois  de  no- 
blesse ;  il  suivait  l'impulsion  d'un 
enthousiasme  subit  et  rapide ,  qui  ne 
lui  permettait  pas  de  rcdéchir  sur 
ses  compositions.  Le  Musée  royal  de 
France  a  deux  tableauxdu  Capuccino. 
Le  premier  représente  saint  Antoine 
de  Padoue ,  tenant  l'Enfant  Jésus  qui 
le  caresse.  Le  second ,  la  Vierge  avec 
l'Enfant  Jésus  sur  des  nuages  ,  en-    ; 
tourés  de  diftérents  attributs.  Strozzi    1 
doit  être   surtout  jugé  d'après  ses    ; 
fresques.  Son  école  a  eu  quelque  celé*     i 
brité.  Ses  principaux  élèves  sont  An- 
dré Ferrari ,  Jean-François  Cassana, 
Clément  Bocciardo,  appelé  Clemen- 
tone  à  cause  de  sa  grosseur  énorme. 
Ces  trois  artistes  n'ont  jamais  égalé 
leur  maître.  A — d. 

STROZZI  (  Jules  ) ,  poète  italien, 
né  à  Venise ,  en  1 583 ,  tils  naturel 
d'un  noble  florentin ,  s'efforça  d'cllk- 
cer  la  tache  de  son  origine  par  des 
succès  littéraires.  Il  s'exerça  dans  It 
poésie  ;  mais  ses  essais  ne  furent  point 
heureux.  En  i6o8,  il  se  rendit  à 
Rome  y  où  il  devint  le  fondateur  d'une 
académie ,  qui  y  sous  le  nom  des  Or- 
dinati ,  devait  balancer  le  cràlit  de 
celle  des  Umoristiy  auxquels  il  ne 

Sardonnait  pas  de  faire  peu  de  cas 
e  ses  vers.  Les  nouveaux  académi- 
ciens ,  qui  avaieut  obtenu  du  cardi- 
nal Deti  la  permission  de  se  rassem- 
bler dans  son  palais ,  eurent  im  deliut 
si  favurablc ,  qu'ils  donnèrent  pour  un 
moment  à  leurs  rivaux,  lieu  de  crain- 
dre d'en  rester  éclipses.  Un  certain 
Tronsarelli ,  nom  presque  inconim  au- 
jourd'hui, mais  qui  passait  alors  pour 
e  plus  grand  poète  dramatique  de 
l'Italie ,  attirait  surtout  beaucoup  de 
monde  à  ces  réunions ,  que  les  Aldo- 
brandini  protégeaient ,  et  où  les  mu- 
siciens venaient  souvent  disssiper  l'^it- 


STR 

lusë  par  les  poètes.  Mais  octtc 
;  ne  dura  pas  loDg-temps  :  le 
aal  ,  qui  n  avait  pas  un  goût 
5  pour  les  lettres  ,  se    lassa 
ain  que   Ton  faisait  dans  sa 
n  ;  et  Strozzi ,  parvenu  ,  on  ne 
as  comment .  à  ta  place  de  pro- 
lire  apostolique  ,  négligea  ses 
ires  ,  qui  ne  tardèrent  pas  à  se 
•ser.  Après  un  assez  long  séjour 
ne ,  il  prit  la  résolution  de  re- 
er  à  Venise ,  où ,  entraîné  par 
ision  pour  la  musique ,  il  forma 
ociété  pliilarmoniqiie  (  sous  le 
des  Unisoni  )  (  i  ) ,  à  la  tête  de 
lie  on  Tit  briller  sa  fille  adop- 
Wbe,  Tune  des  plus  fortes  mu- 
nes  de  son  temps.  11  s'amusait 
à  composer  des  drames ,  dans 
fis  il  déployait  une  richesse  d'i- 
nation  qui  était  bien   près  de 
avagance.  Il  trouvait  moyen  d'y 
entrer  des  devi|f^  des  jeux  de 
y  des  anagranB  ,  qui  sillon- 
it  la  scène  en  Iffires  de  feu.  Ces 
cries  enlevaient  tous  les  suflra- 
et  donnèrent  une  telle  célébrité 
uteur  ,   qu'un  de  ses  avortons 
latiques  mérita  l'honneur  d'être 
avec  un  grand  Itixe  de  décora- 
devant  la  cour  de  Louis  XIV; 
jée  même  (  i645  )  qu'il  fallait 
protecteurs  à  Conieille  pour  y 
admirer  Rodo^une.  Strozzi, 
t'était  essayé  aussi  dans  l'épo- 
âvait  enfanté  un  long  poème , 
ingt-quatre  chants,  sur  la  funda- 
de  Venise, en  se  flattant  de  l'em- 
er  sur  Marini ,  dont  il  partageait 


Il  em  re»te  un  recueil  hititulr  :  f'eglie  de* 
I  mt'cadfMiri  unisoni ,  Vruise  ,  iG3A  ,  in-ii. 
àt  dtScile  cl'iii»ginrr  qnriqar  cho«e  de  plu* 
le  cpe  ict  tra'vaux  de  cette  aradéuiie.  Le  P. 
■t«  P»lbvirino  ,  (  for.  ce  nom  ,  WXll  , 
,  <|ut  en  était  le  membre  le  plos  illustre  ,  rc- 
mt  an  ]owr  h  l'inTÏtation  de  la  présidente, 
ccit  de  *€%  aventures  amoureue*  ,  et  d«r%oilii 
isti  ncfruti  da  amore  alla  présenta  d*  una 
t.  Vegli»  Trna ,  paj.  m. 

XLIV. 


STR 


65 


tous  les  défauts^ sans  en  avoir  ni  To- 
riginalité,  ni  la  verve.  Le  peu  de  suc- 
cès de  cette  tentative  lui  fit  songer 
à  se  frayer  une  nouvelle  roule  , 
et  ce  fut  alors  qu'il  s'attacha  défini- 
tivement au  théâtre.  Jl  mourut  à  Ve- 
nise ,  en  i66o.  Ses  ouvrages  sont  : 

I.  Escijuie  faite  in  Roma  a  FeréU- 
nando  I  y  gran  duca  di  Toscaria, 
Rome,  1609,  in 4°.  II.  Erotilla  , 
tragedia ,  Venise ,  16 1 5 ,  in-4**.  III. 
Esequie faite  in  Fenezia  a  Cosimo 

II,  gran  duca  di  Toscana  ,  ibid. , 
i6ai  ,  in-foK,  fig.  IV.  Il  Natale 
d* Amore  ,  anacronismo  ,  ibid.  , 
i6'22,  in-i2.  V.  L'Eruditissime  os* 
servaziuni  sopra  le  cerimonie  eccle^ 
siastiche  délia  settimana  santa  ^ 
il)id. ,  1 623 ,  in- 1 6.  VI .  Fenezia  edi- 

ficata,  poemaeroico ,  con  gli  arga- 
menti  di  Francesco  Cortcsi ,  ibid. , 
1624,  in-fol.,  fig. ,  avec  le  portrait 
de  l'auteur.  VII.    //  Rarbarigo  , 
ovver   Vamico  soUevato  ,   poema 
eroico ,  ibid.,    162G  ,  in -4"*    c' 
in-8'». ,   fig. ,  ouvrage  en  5  chants. 
VIII.  La  Proscrpina  rapita  ,  ana- 
topismo ,  ihid.  y   i63o,  in-4".  IX. 
Letiera  sopra  il  solenne  possesso 
preso  dal  cardinal  Comaro ,  pa^ 
iriarca  di  Fenezia  ,  ibid.  ,   iGS'J , 
in-4*'.  X.  Délia ,  o  la  Sera  sposa 
del  sole ,  dramma ,  ib- ,  i  (i39  ,in- 1 1, 
'  XI.  Lafinta  pazza  ,  o  Achille  in 
Sciro ,   Plaisance,   1G41  ,  in-4°.  > 
réimprimé   sous  le    titre    suivant  : 
Fesle  teairali  per  la  finta  pazza  , 
Paris ,  1G45 ,  iu-fol. ,  fig.  Le  célèbre 
Torelli  dirigea  le  jeu  des  machines , 
lorsque  ce  drame  fut  donné  à  la  salle 
du  Peiii  Bourbon,  XII.  Lafinta  sa- 
via ,  dramma ,  Venise ,  i643 ,  in- 1  :?. 
XIII.  Romolo  e  Remo  ,  dramma  , 
ibid.,  1045^ in- TU.  XIV.  LcNozze 
di  Peleo  e  di    Teti,   com  média  , 
1 654 ,  in-4**. ,  avec  la  Traduction 
française.  A— g — s. 


5 


<jG 


STR 


8TRUDEL  { PiuiRE  ) ,  peintre  ly- 
rolien,  ne',  vers  i6()o,  à  Uez^  dans 
la  vallée  de  Naiispcrg ,  qui  fait  par- 
tic  dc^  l'cvcche'  de  Trente,  se  rendit 
à  Venise ,  dans  sa  première  jeunesse, 

Sour  y  c'tudier  la  peinture,  cl  entra 
ans  rëcolc  de  Carlo  Lolti ,  où  il  se 
fit  bientôt  distinguer  par  ses  progrès 
rapides,  et  se  lia  d'une  étroite  ami- 
lie  avec  RotlimaycF ,  son  condisciple. 
Ses  ouvrages  se   répandirent  dans 
toute  ritalie ,  et  fixèrent  Tatteutiou 
de  l'empereur  Leopold  ,  qui  lui  accor- 
da le  tilrede  Kiron.  Ce  prince  se  plai- 
sait à  le  voir  travailler,  et  l'honora 
des  mêmes  marques  d'estime  dont 
Cbarics-Quint  avait  comblé  le  Titien. 
On  regrette  (pie  les  changements  faits 
depuis  au    château    impérial   aient 
obligé  de  détruire   une  partie  des 
ouvrages  de    Stnidel.    L'église  de 
Saint* Laurent ,  celle  des  Augustins , 
dans  le  faubourg  de  Landstrass,  à 
Vienne,  et  le  couvent  de  Closter 
Ncubourg  ont  de  lui  des  tableaux 
d'autel   dont  on  admire  le  coloris. 
Parmi    ses   compositions    les    plus 
estimées,  on  cite  :  un  Ecce  homo, 
un    Saint    Jean    tÉwarigéliste    et 
wie  Sainte  -  Famille  y  qui  faisaient 
romement  de  la  galerie  de  Dussel- 
dorf.  Il  excellait  à  peindre  les  enfants 
nus,  comme  le  prou  vent  les  Bacchana- 
les qu'il  a  exécutées;  et  peut  êlren'a- 
t-il,en  cette  partie,  d'autre  rival  que 
le  Dominiqum.  Stnidel  était  doué  du 
génie  de  son  art.  Ses  compositions 
sont  originales,  et  ne  sentent  l'imita- 
tion  d'aucun  maître  ;  elles  rappellent 
seulement,  jiar  leur  marche  nette  et 
savante,  qu'il  avait  étudié  en  Italie. 
Son  dessin  est  correct,  sa  couleur 
chaude  et  vigoureuse,  quoique  parfois 
trop  égale  et  privée  de  cet  éclat  qui 
frappe  dans  les  tableaux  du  cheva- 
lier Lil)cri ,  son  énnile.  Stnidel  mou- 
rut à  Vienne ,  eu  1717.       P — s. 


STR 

STRUENSÉEC I  )  (  Adam),  théoto- 
gicn  danois ,  connu  par  ses  écrits  as- 
cétiques et  par  sa  piété,  naquit^  le 8 
septembre  1 708 , à  Ncu-Ruppin^dans 
la  Marche  de  Brandebourg. Son  père, 
honnête  tisserand ,  lui  donna  une  édu- 
cation analogue  à  soii  modeste  état, 
mais  qui ,  sous  le  point  de  vue  mo- 
ral ,  ne  laissa  rien  à  désirer.  Le  jctuic 
S iruensée  fréquenta  l'école  de  sa  ville 
natale,  et  fit  de  tels  progrès,  mie 
dès -lors  il  put  être  l'instituteur  des 
enfants  de  sou  frère  aîné.  Api'ès  avoir 
commencé  ses  études  académiques 
à  Halle  ,  il  les  continua  k  léna  , 
attiré  surtout   par   les  leçons    de 
Buddœus ,  dont  le  savoir  et  la  piété 
exerçaient  une  heureuse  influence  sur 
beaucoup  d'étudiants.  Ce  professeiur 
l'accueillit  avec  bonté  ,  et  lui  confia 
l'instniction  de  son  (ils.  Sous  ses  aus- 
pices   Slruensée    se  forma  ,  par- 
mi les  étudiant^  et  les  gens  de  lettres, 
une  société  <§b|le  réunissait  tous  les 
dimanches,  pMr  s'entretenir  sur  des 
objets  religieux  et  sur  la  Bible.  Ce 
fut  dans  ces  réunions  (  appelées  coi'- 
loquia  hihlica  )  que  Stniensée  se  lia 
avec  la  secte  des  frères  Moraves  et 
avec  son  fondateur ,  le  comte  Zîn 
zcndorf.   Cependant  il  resta  fidèle 
à  sa  communion  )  et   il  accepta  *, 
en  1730,  la  place  de  chapelain  du 
comte  de  Sayn  -  et  -  Wiltgenstein ,  k 
Berleburg ,  et  fut  nommé ,  par  le  roi 
de  Prusse,  en  1733,  pasteur  d'une 
paroisse  de  la  ville  de  Fialle.  Le  roi  de 
Danemark  Frédéric  V  l'appela  ,  en 
1759  ,  anprès  de  lui  ,  à  Gottorp  , 
pour  prêcher  devant  la  cour;  et,  des 
l'année  1 760 ,  il  fut  nommé  surinten- 
dant-général  des  duchés  de  liolstcin 


(0  I'»  fjinillc  SlruciiW'f ,  pr<iprriiimt  Stnin- 
>\eiiM*r  (  lurr  vra^etKf  ^,  df!*<  •nid  d'un  marin  d« 
Lubrtk  ,  i|iii ,  d«ti>  un  •ikhimiiI  de  di«iiK«T'  t>M  »cuj 
<-oiidui|-r  un  pttrt  une  fli»llt*  nt-lM<iiii>iit  rliatrgée,  H 
fuL  iltH-or**  pur  la  r<-pnlilii|Ui'  di'  v.v  nou  h«iiiorali|« 
de:  liuv  ù  cuiisiJ  vvr  le  buuvcuii  de  miu  (.'Ooragc. 


STR 

«l  de  Sdkswig ,  place  très  •  imnor- 
tante.  II  mourut  en  1 791.  Ses  aeu!L 
fils  sont  devenus  célèbres  (  Voy^.  les 
articles  suivants  ).  Z. 

5TEUENSÉE  DE  CARLS- 
BACH  (Charles -Auguste)^  fils  du 
précédait^  né  à  Halle,  fit  ses  études 
au  fameux  gymnase  de  la  maison  des 
Orphelins ,  puis  à  Tuniversitc  de  sa 
ville  natale.  Un  goût  décidé  pour  les 
sciences  exactes  l'engagea  à  renoncer 
à  l'état  ecclésiastique  y'auouel  il  s'é- 
tait voué,  et  à  entrer  dans  la  carrière 
de  l'instruction  publique.  En  175G^ 
il  prit  le  grade  de  maitre-ès-arts ,  et 
donna  des  cours  publics  de  mathé- 
matiqœs  et  de  langue  hébraïque.  En 
1757,11  fut  appelé,  comme  profes- 
seur de  philosophie  et  de  mathéma- 
tiques, à  l'académie  des  jeunes  nobles 
de  Lîegnitx;  mais  la  guerre  ayant 
êdate  la  mâmc année,  cette  forteresse 
fut  tour -à-tour  piise  par  les  Autri- 
chiens et  par  les  Prussiens.  Les  éco- 
les de  StFuensée  restèrent  désertes  ;  et 
il  eut  le  loisir  de  s'occuper  lui-même 
des  difle'rentes  sciences  utiles  aux  élè- 
ves de  l'académie,  dont  la  plupart 
étaient  destinés  à  la  carrière  militai- 
re. Dès  1760,  il  publia  des  Èlé^ 
menis  d'artillerie ,  qui  sont  encore 
aujoor'dhui  le  manuel  des  jcimes  of- 
ficiers de  cette  arme  ;  et,  eu  1770 , 
me  Architecture  militaire ,  qui  n'a 
pas  été  surpassée  en  Allemagne.  Ces 
ouvrages  se  distinguent  par  la  pré- 
cision et  par  une  méthode  aussi  sû- 
n  que  lumineuse.  Frédéric  II  en 
faisait  grand  cas;  et  il  envoyait  sou- 
Tcnt  des  gentilshommes  à  Liegnitz , 
ponr  se  former  sous  un  aussi  bon 
maître.  EIn  1 770 ,  le  frcredeStruensée 
ilors  tout-puissant  eu  Danemark  {V, 
l'article  suivant  ) ,  l'appela  à  Copen- 
hague, et  le  lit  nommer  intcndajit 
des  finances ,  avec  le  titre  de  couseil- 
kr  de  justice.  II  se  familiarisa  bien- 


STR  67 

tôt  avec  la  science  de  l'économie  po- 
litique, qui  dès-lors  devint  son  ooc?i- 
pation  favorite;  mais  il  ne  jouit  pas 
long  -  temps  de  l'existence  brillante 
que  la  faveur  de  son  frère  lui  avait 
procurée.  Enveloppé  dans  sa  chute , 
u  se  vit  arrêté  et  plongé  dans  un  ca- 
.  chot  de  la  citadelle.  On  voulut  le 
rendre  complice  des  crimes  imaïd- 
naires  dont  on  acaisait  le  mmistre 
tombe;  et  comme  on  découvrit  qu'il 
avait  entretenu  une  correspondance 
suivie  avec  un  ami  en  Prusse ,  on  re- 

Î[uit  le  gouveiiiement  de  ce  pays  de 
ivrcr  celte  correspondance.  Fré- 
déric II  y  donna  son  consentement  ; 
mais  il  déclara  en  même  temps  qu'il 
s'attendait  à  ce  qu'on  fit,  à  un  nomme 
qui  était  né  son  sujet  etqui  avait  étéà 
son  service ,  un  procès  régulier; ajou- 
tant crue,  si  l'on  ne  pouvait  le  convain- 
cre d'un  crime,  il  le  réclamerait. 
Stniensée  était  une  tote  trop  méthodi- 
aue  pour  avoir  pris  part  aux  projets 
de  réforme  de  son  (î-èrc ,  qu'il  envisa- 
geait comme  les  rêves  d'im  homme 
de  bien.  11  S'était  boiiié  aux  fonctions 
de  sa  place.  Son  administration  fut 
trouvée  irréprochable  ;  et  comme  il 
n'existait  pas  même  un  prétexte  pour 
l'inculper ,  on  lui  rendit  la  liberté.  II 
se  hâta  de  quitter  un  pays  où  il  avait 
éprouvé  une  telle  persécution,  et  vint 
cnercher  im  nouvel  emploi  chez  son 
protecteur,  en  manifestant  le  désir  de 
l'obtenir  dans  la  partie  des  finances; 
mais  le  roi ,  sans  lui  en  oter  l'espé- 
rance, exigea  qu'il  reprît,  pourquel- 
que  temps ,  ses  fonctions  à  Liegnitz , 
où  il  s'était  rendu  si  utile.  U  y  resta 
cinq  ans ,  s'occupant  surtout  de  ma 
tières  d'administration.  Ses  écrits 
ont  montré  combien  il  était  pro- 
fond dans  cette  partie.  Eiiiiu  Frédé- 
ric ayant  établi^  en  1777,  à  El- 
bing ,  un  bureau  snccursai  de  la  ban- 
que royale,  en  confia  la  direction  à 

5.. 


68 


STR 


Strucnscfc.  L'activitc  que  celui-ci  sut 
donner  à  la  navigation  de  ce  port  dé- 
cida le  roi  à  l'appeler ,  en  1 782 ,  à 
Berlin  ,  comme  conseiller  intime  au 
de'partemcnt  des  finances  et  comme 
directeur  de  Tc'tablissement  royal , 
connu  sous  le  nom  de  Société  pour 
le  commerce  maritime.  En  1789^  le 
prince  royal  de  Danemark  (le  roi  ac- 
tuellement régnant),  étant  parvenu  à 
rage  de  majorité,  et  voulant  réparer 
le  mal  que  Strucnsée  avait  si  injuste- 
ment souffert ,  lui  conféra  la  noblesse 
sous  le  nom  de  Carlsbacli  (  i  ).  Ënlin , 
en  179 1  ,  le  nouveau  roi  de  Prusse 
Frédéric- Guillaume  le  nomma  mi- 
nistre des  finances  et  chef  du  dépar- 
tement des  accises ,  des  douanes 
et  du  commerce.  Quoiqu'on  fût 
promplcment  revenu  de  Topiniou 
tout-à-fait  exagérée  qu'on  avait 
de  ses  talents  ,  il  se  maintint  au 
ministère  jusqu'à  la  (in  de  ses  jours, 
et  mourut  le  17  octobre  i8o4  , 
d'une  hydropisie  de  cerveau.  Strucn- 
sée fut  un  administrateur  sage  et 
intègre  ;  mais  il  ne  fut  pas  un  grand 
ministre.  Beaucoup  de  clarté  daus 
les  idées ,  un  excellent  jugement  for- 
tif  iépar  l'applicationaux  sciences  nia- 
tliéma tiques ,  tels  étaient  ses  moyens. 
La  probité ,  la  justite  et  le  désinté- 
ressement formaient  la  base  de  son 
caractère.  La  nature  lui  avait  lefusé 
deux  bienfaits  sans  lesquels  il  n'y  a 
pas  de  génie  :  Tiuiagination  et  Ja 
.sensibilité.  Délest  lul  la  poésie,  il 
désignait  par  ce  mot  tout  ce  qui 
manquait  de  méthode;  pratiquant  la 
vertu,  mais  Tainiant  sans  enthou- 
siasme et  ne  la  recherchant  pas  dnns 
les  autres.  IndiUcreut  aux   qualités 


(\\  On  n'a  paxiMi  non»  <'t|ili(|iicr  l'oriKino  dv  ta 
iium  ,  f]uî  u'(»l  celui  (l'unciiiic  trnr  de  Struni«rr. 
Frui-rtr»  lui  u-t-il  clë  doiiiit<  rn  l'Iiriniinir  tic  mi 
m^i-«,fillr  uniqurdudocinirC.nrI,  rfucini  mrdocin 
À9  \m  rtnir  de  I>4iirinark.  On  roiicoit  ijui»  l'itu  u'«it 
pa»  f  umla  j  r«i>pcl«fr  le  DUm  dv  2}(rueu>«r. 


STR 

morales  des  personnes  avec  les^elks 
il  était  en  rapport,  il  n'éprouvait 

Î)as  de  répugnance  à  se  voir  entoavé 
['hommes  vicieux ,  et  ne  montrait 
i)as  plus  d'égards  pour  rhomme  de 
Dieu  que  pour  le  méchant.  Simple 
dans  ses  manières  et  dans  ses  vête- 
ments ,  il  ne  put  jamais  acquârir 
l'aisance  que  donne  l'usage  du  mon- 
de. Savant  y  il  se  plaisait  dans  la  so- 
ciété des  gens  instruits  :  il  recevait 
chez  lui  les  hommes  de  lettres  et  ai- 
mait à  les  entendre  discuter  sur  des 
matières  d'érudition  ;  mais  comme 
ministre,  il  ne  faisait  rien  pourks 
lettres.  11  avait  un  souverain  mdpris 
pour  les  beaux  esprits,  qu'il  regardait 
comme  des  têtes  exaltées  et  presque 
comme  des  insensés.  On  ne  croit  pas 
qu'il  ait  jamais  admis  à  sa  table 
un  artiste.  Doué  de  beaucoup  de 
courage,  il  ne  montra  aucune  fer-' 
meté  à  faire  passer  ses  avis  dans  les 
conseils  ,  quelque  mauvais  que  lui 
parussent  ceux  des  autres.  Il  lui 
suillsait  de  mettre  sa  responsabi- 
lité à  couvert ,  en  consignant  son  op- 
position dans  les  procès -verbaux,  tn 
généra] ,  il  ne  sut  jamais  prendre  le 
ton  d'autorité  qui  appartient  à  un 
ministre.  II  était  pour  ses  subordon- 
nés doux  et  poli  ;  mais  ils  n'eurent 
jamais  «n  lui  un  père  et  un  ami.  Peu 
susceptible  d'attachement,  son  tem- 
péra ment  le  portait  néanmoins  vers 
le  se\e.  La  seule  perte  qu'il  ait  vi- 
vcriîi ont  sentie ,  fut  celle  de  sa  femme, 
fille  d'un  négociant  de  liegnitz,  qui 
mourut  peu  d'années  avant  lui(u), 
laissant  trois  lilles,  dont  deux  sont 
mariées  à  des  fonctionnaires  estima- 
bles. Aucune  chai-ge  du  peuple,  au- 
cune mesuie  (Iseaîe,  n'accuse  la  mé- 
moire de  Struensée;  mais  son  nom 


(•>',  O  ne  fut  pas  i>iius  ctoniiriuent  qu'on  lui  vil 
rt'pitiidrc  de»  Wrmt»  à  celte  ocvatiou. 


STR 

atudi€  à  aucune  iostitution  de 
iBaoee.  Ses  ouvrages,  tous  eu 
e  allemande  ,  sont  :  I.  Elé^ 
f  dTartillene  y  lÀe^uitz  y  17(30, 
n  cndoona  de  oouyelles  éditions 
69  et  1788.  Une  quatrième 
les  additions  que  les  progrès 
rts  avaient  rendues  nécessaires  , 
ignée  par  J.  G.  Hoyer  :  elle 
à  Leipzig  en  18 17.  II.  \JArt 
lire  du  comte  de  Saxe  ,  Lieg- 
1 767-68.  C'est  imc  Traduction 
hrencs ,  accompagnée  d*un  Mé- 
dont  on  fait  grand  cas.  III. 
ents  d'architecture  militaire, 
itz,  1770,  3  vol.  in-8".  Il  en 
une  seconde  édition  on  1 786. 
Krebs  en  publia  un  abrégé  en 
in-8®. ,  Copenhague  ,  1 797. 
Recueil  d'écrits  sur  Vécono- 
politique  y  Liegnitz,  1.776,  a 
1-8®.  Le  premier  volume  ren- 
des traductions.  V.  Des- 
on  abrégée  du  commerce  des 
poux  états  d'Europe ,  Leipzig , 
,  2  vol.  in-8^.  VI.  Mémoires 
'S  objets  essentiels  de  Vécono- 
oUtiquey  Berlin,  1800.  3  vol. 
Ce  Recueil ,  que  Stiiienséc  mit 
r  dans  un  âge  avancé,  et  qui  ren- 
des ouvrages  publics  aupa ra- 
mais auxquels  il  a  mis  la  der- 
main ,  doit  ctre  regardé  comme 
ritable  dépôt  de  ses  principes 
inistration ,  et  la  conclusion 
tes  ses  expériences.  C'est  celui 
>rtera  son  nom  à  la  postérité, 
atières  y  sont  toutes  de  la  plus 
importance;  1  °.  Surlesjrsteme 
ierdes  états  de  Silésie,  son 
-e,  les  principes  sur  lesquels 
ysey  et  les  avantages  qui  en 
suite;  1^.  Sur  les  moyens  par 
is  un  état  peut  se  procurer  de 
nt  pour  des  besoins  extraor- 
esy  surtout  en  temps  de  guerre, 
mr  examine  les  avantages  et 


STR  69 

les  inconvénients  de  chacun  des  trois 
systèmes  ,  qui  sont  l'augmentation 
des  impots ,  la  thésaurisation  et  les 
emprunts  ;  3^.  Sur  les  lois  anglais 
ses ,  relativement  au  commerce  des 
grains ,  d'après  Arthiur  Young ,  avec 
des  obser^'ations;  4*^*  ^^''  ^  liber- 
té du  commerce  des  grains  dans  les 
états  prussiens  ;  5^.  Sur  la  li*- 
berté  du  commerce  des  matières 
d'or  et  d'argent  en  Prusse;  6^.  Sur 
les  finances  de  France  ou  V  admi- 
nistration de  M.  Necker,  C'est  une 
histoire  complète  et  raisonnée  de  tout 
ce  qui  s'est  passé  dans  les  finances 
de  France  depuis  l'assemblée  de 
notables  de  1707,  jusqu'au  décret 
qui  créa  laoo  millions  d'assignats^ 
7<^.  Une  suite  d'opuscules  divers. 
Rien  de  plus  lumineux  que  tout  ce 
qui  forme  ces  trois  volumes.  On  y 
trouve  partout  la  clarté  d'une  télé 
éminemment  mathématique;  auai- 
ne  proposition  n'y  est  hasardée  , 
chacune  est  suffisamment  prouvée , 
et  les  propositions  ultérieures  en 
découlent  comme  des  conséquen- 
ces nécessaires  ;  enfin  les  choses  les 
plus  abstraites  y  sont  mises  à  la 
portée  de  tout  le  monde.  Struensée 
fut  enterré  à  Matschdorff  près  Rup- 
pin,  daus  la  Nouvelle  Marche,  vil- 
lage qui  lui  appartenait.  Il  n'exis- 
te pas  de  biographie  de  ce  ministre, 
car  l'ouvrage  de  M.  delleld,  intitulé: 
Struensée ,  Esquisse  dédiée  à  ceux 
auxquels  sa  mémoire  est  chèrcy  Ber- 
lin, 1 8o5,  in-80., n'est,  à  proprement 
parler,  ni  un  Éloge,  ni  même  une  Vie  ; 
ce  sont  simplement  les  épanchements 
et  les  observations  infiniment  spiri- 
tuelles ,  quelquefois  trcs-originales  ,  * 
du  seul  homme  peut  -  cire  auquel 
Struensée  ait  été  attaché,  .lulaiit  du 
moins  qu'il  était  susceptible  de  l'ê- 
tre. M.  de  Held  peint  plutôt  l'homme 
que  le  ministre.  S — l. 


70  STR 

STRUENSÉE  ( Jcan-Fréderig)  , 
frère  du  prdccdcnt ,  naquit  à  Halle  y 
en  1737.  La  dévotion  cxce&sive  et 
minutieuse  des  parents  et  des  maîtres 
de  Strueasce  le  firent  tomber  dans 
l'extrême  oppose.  Lecteur  assidu  de 
Voltaire  et  surtout  d'flelvétius,  le 
jeune  étudiant  en  médecine  devînt 
d'abord  ennemi  des  religions  posi- 
tives ,  et  se  forma  bientôt  une  morale 
tout-d-fait  c'picinienne  et  un  système 
complet  de  matérialisme.  Il  avait  déjà 
le  titre  de  docteur  en  médecine,  lors- 
qu'en  inSn  son  pcre  l'emmena  à  Al- 
tona,  ou  il  allait  occuper  le  poste  de 

Srincipal  pasteur.  Devenu  médecin 
e  la  ville  et  du  canton  y  Struensée  se 
livra  à  tous  les  plaisirs ,  tint  table  ou- 
yerte, contracta beaucouo  de  dettes, 
et  voulut  aller  dans  l'Inde  pour  faire 
fortune.  Dès  1 763  il  écrivit  dans  un 
Journal  philosophique  plusieurs  Mé- 
moires ^  entre  autres  sur  les  obstacles 
de  l'accroissement  de  la  population; 
mais  il  déposa  sa  plume  ,  attendu, 
disait-il  à  ses  amis,  «  que  l'étcit  d'é- 
crivain ne  conduit  pas  à  la  richesse.  » 
Struensée,  qui  avait  reçu  une  ôluca- 
tion  soignée,  et  qui  joignait  à  une  fi- 
gure agréable  beaucoup  d'esprit,  de 
Sénétration,  et  surtout  une  ambition 
émesurée,  chercha  à  se  lier  avec 
des  personnes  placées  dans  une  si- 
tuation plus  élevée  que  la  sienne .  et 
y  parvint  facilement.  Il  compta  bien- 
tôt parmi  ses  amis  le  comte  de 
Rantzau-Aschberg  et  M.  de  Brandt , 
dont  l'un  fut  dans  la  suite  le  princi- 
al  instrument  de  sa  chute,  et  l'autre 
e  compagnon  de  son  infortune.  11 
sut  se  concilier  aussi  la  bienveillance 
de  M"»«.*dc  Berkrnticn ,  femme  de 
l'ancien  grand  maître  de  la  maison 
de  Frédéric  V ,  qui  l'introduisit  à  la 
cour  de  Danemark.  C'est  par  sa 
protection  et  par  celle  du  comte  de 
kantzau ,  qu'il  fut  nommé,  en  17G8, 


Fe 


STR 

médecin  particulier  du  roi  Christi» 
VII.  Il  accompagna  ce  scaveraÎB- 
dans  son  voyage  en  France  et  en  An- 

§leterre,  et  ne  tarda  pas  k  s'insiniier 
ans  ses  bonnes  grâces.  A  son  retour 
sa  faveur  s'accrut  encore ,  et  le  jeune 
comte  de  Holck ,  qui  exerçait  ime 
grande  influence  sur  le  roi ,  con- 
tribua à  raugnienter  en  conduisant 
souvent  Struensée  chez  Christian.  Le 
docteur  devint  de  plus  en  plus  agréa- 
ble à  son  maître ,  qui  l'emmenait  quel- 
quefois chez  la  reine.  Au  mois  de  m« 
17 70, Struensée  fut  chargé  de  l'ino- 
culation du  prince  royal.  Les  suites  de 
cette  opération,  auj  ourd'hui  si  simple^ 
inspiraient  à  cette  éj)oaue  beaucoup 
d'inquiétude  ;  et  Mathilde,qui  aimait 
tendrement  sou  fils ,  ne  crut  pas  de- 
voir le  quitter  un  instant.  Commt 
Struensée  était  aussi  ])resque  toujours 
dans  la  chambre  du  jeune  prince,  les 
occasions  qu'il  eut  d'entretenir  la  i-ei^- 
ne  furent  très -fréquentes ,  et  il  acquit 
sur  son  esprit  le  même  empire  qu'il 
avait  obtenu  sur  celui  du  roi.  Ma- 
thilde^  fatiguée  de  sa  situation  k  la 
cour,  où  elle  n'exerçait  aucune  in- 
fluence, crut  trouver  dans  Struensée 
l'homme  qu'il  lui  fallait  pour  ensor* 
tir.  Bientôt  il  eut,  par  son  crédit,  la 
direction  de  l'éducation  de  l'héritier 
du  trône.  Peu  de  temps  après  on  le 
nomma  conseiller  de  conférence  et 
lecteur  du  roi,  avec  un  traitement  de 

Suinze  cents  écus;  enfm  il  fut  consr* 
éré  comme  le  chef  du  parti  de  la 
jeune  reine.  I/C  Danemark  était  alors 
gouverné  par  une  ligue  de  dnq  no- 
bles comtes,  pénétrés  de  principes 
a  rbtocra tiques  et  très  -  opposés  aux 
réformes  :  c'était  Bemstorf,  l'on- 
cle du  célèbre  ministre  ,  Thoit  , 
homme  savant  mais  despote,  Rih 
sencrantz ,  personnage  fin  et  même 
intrigant  ,  ifoltke  et  RcvcntUyWy 
hommes  intéressés.  Membres  du  coor 


STR 

seil  secret ,  ils  se  partageaient  la  sou- 
veraioeté.  Bernslorf  intriguait  pour 
derenir  seul  maître;  ëtran£;er  ,  il 
cherchait  à  s'appuyer  sur  la  Russie. 
Les  dc'lianccs  mutuelles  de  ces  Pen- 
torques  frayaient  le  chemin  à  ceux 
qui  voulaient  les  renverser  ;  l'opinion 
publique  censurait  leur  système  de 
eouTemement ,  souvent-  oppressif  et 
dilapida  teur.  Ils  voulurent,  mais  trop 
tard ,  s'opposer  aux  entreprises  du 

Sartidela  jeune  reine  ;  malgré  l'appui 
e  Philoso^ihofT,  ministre  de  Russie 
à  Copenliagne ,  le  crédit  de  Matliilde 
et  de  Struensec  prit  de  nouveaux 
accroissements.  Brandt,  ami  de  ce 
dernier  ,  iiit  nomme  directeur  des 
spectacles  de  ta  cour  (juillet  1770)^ 
en  remplacement  de  Holck ,  qui  était 
tombé  en  disgrâce  ,  ainsi  que  sa 
sœur  et  d'autres  courtisans  amis 
du  ministère.  Bcrnstorf  fut  renvoyé 
le  i3septcmb.  1770,  parles  menées 
alors  combinées  de  Roscncrantz 
et  de  Rantzau-Aschberg ,  appuyées 
en  secret  par  Struensée  qui ,  dès 
le  4  septembre^  avait  /ait  rendre, 
sans  le  concours  d'aucun  ministre , 
nu  ordre  du  cabitist  ,  contenant 
abolition  de  la  censure  des  livres  et 
des  journaux,  inesure  qui  fut  annon- 
cée de  nouveau  aux  ëvêques,  par  un 
rescrit  du  i4  septembre.  G  est  ici 
qœ  commence  réellement  le  minis- 
tère de  Struensée  ,  quoiqu'il  n'eut 
ancun  titre  légal.  Le  ^4  septembre 
le  pouvoir  du  conseil  privé ,  qui , 
depuis  la  révolution  de  1660,  avait 
la  prétention  de  mettre  des  bornes  au 

Îiouvoir  absolu  des  rois  de  Danemark^ 
lit  anéanti  par  un  rescrit  qui  deman- 
dait aux  membres  restants  de  ce  con- 
seil leur  avis  sur  le  meilleur  mode 
d'organiser  l'autorité  consultative  de 
ce  corps.  Us  ne  prirent  pas  la  peine 
siiperliue  de  répondre.  Le  27  déc. 
1770  im  acte  rojral ,  rédigé  par 


STR 


V 


Siruensc'e,  alK)lit  le  conseil  privé , 
»  afin  de  rétablir  dans  s.'i  pureté  le 
»  pouvoir  monarchique  tel  qu'il  a  étc' 
o  confié  à  nos  ancêtres  par  la  nation 
»  et  dans  le  sens  où  la  nation  le  leur 
»  a  donné,  n  C'était  une  déclaration 
de  guerre  à  l'aristocratie;  c'était  une 
révolution  véritable,  ou  dumoins  une 
interprétation  de  celle  de  1O60;  les 
cfTetsde  cet  acte  subsistent  cncorcdans 
le  gouvernement  et  dans  l'opinion. 
Les  comtes  Thotl,  Moltke ,  nosen- 
crantz  et  Rcveiitlow,  reçurent  leur 
démission  de  toutes  leurs  places. 
Struensée  avait  eu ,  le  1 8  décembre , 
le  litre  de  maître  des  requêtes ,  ti- 
tre modeste  m.nis  équivalent  à  celui 
de  ministre  et  secrétaire  d'état.  Alors 
toute  l'autorité  se  trouva  dans  les 
mains  du  parti  de  la  reine ,  ou  plu- 
tôt de  Struensée,  qui  avait  obte- 
nu que  le  roi  ne  travaillerait  plus 
directement  avec  ses  nouveaux  mi- 
nistres, mais  qu'ils  lui  porteraient  seu- 
lement leurs  portefeuilles  etics  lui  lais- 
seraient jusqu'à  ce  qu'il  les  leur  ren- 
voyât avec  sa  décision.  Les  menaces 
de  la  Russie  pour  obtenir  le  rétablis- 
sement de  l'ancien  ministère,  nepro- 
duisirent  aucun  elTet,  et  au  mois  de 
juillet  IT7I,  Struensée,  qui  déjà 
gouvernait  le  royaume ,  obtint  le  ti- 
tre de  ministre  du  cabinet ,  et  un  or- 
dre du  roi  pour  que  tous  les  départe- 
ments de  l'administ^'ation  lui  obéissent 
sans  qu'il  fut  nécessaire  de  produire 
la  signature  du  souverain.  IjC  même 
jour  Brandt  et  Struensée  furent  éle- 
vés au  rang  de  comtes.  Le  parti  do-, 
minant  se  composait  dës-lors  de  la 
manière  suivante  :  la  reine,  Struensée, 
Brandt ,  le  colonel  Falkenskiœld  qui 
s'occupait  à  réformer  l'armée  de 
terre,  le  général  Ga?hler,  qui  diri- 
geait la  réforme  de  la  marine.  C'é- 
tait Icsalfidcs;  mais  ils  s'appuyaient 
cncoredn  grand  nom  et  de  l'esprit  pcr- 


71  STR 

sonnci  du  comte  de  Rant'zau-Asch- 
berg,  homme  sans  mœurs  et  sans 
principes,  ayant  le  goût  inné  des  chan- 
gements et  des  révolutions  de  cour. 
Ils  avaient  encore  admis  dans  leurs 
rangs  le  comte  O.slen,  habile  diplo- 
mate, mais  lie  avec  la  cour  de  Rus- 
sie où  Rantzau  avait  joué  un  rôle  eu 
1761  ;  ces  deux  personnages  trahis- 
saient Struense'e autant  qu'ils  le  pou- 
yaient  Deux  dames  eurent  une  part 
immense  aux  intrigues  de  cour;  la 
première  était  M'"^'.  Gœhicr,  maî- 
tresse déclarée  de  Struensée,  fem- 
me charmante ,  amie  intime  de  la 
reine  et  qui  avait  repoussé  les  galan- 
teries russes  de  Philosophoff;  la  se- 
conde était  la  comtesse  de  llulstein  , 
maîtresse  de  Brandt ,  femme  impé- 
rieuse, méchante,  ennemie  de  la 
reine,  et  qui  souvent  eTjranlait  Tami- 
tié  de  son  amant  pour  Struensée.  Il  y 
avait  dans  un  parti  semblable  plus 
d'éléments  de  dissolution  qu'il  ne 
fallait.  Struensée  avait  appelé  auprès 
de  lui  trois  Allemands  de  mérite ,  son 
frère ,  pour  diriger  les  finances ,  le 
célèbre  botaniste  OEder,  pour  amé- 
liorer le  sort  des  na^sans ,  et  un  cer- 
tain M.  Sturtzqui  lu]  faisait  des  phra- 
ses. La  présence  de  ces  étrangers  et  la 
préférence  que  donnait  Struensée  à  la 
langue  allemande ,  irritaient  toute  la 

Sartie  littéraire  de  la  nation.  Cepen- 
ant  le  système  de  Struensée,  tel 
Îu'il  l'a  développé  lui-même  dans  sa 
éfense ,  n'était  pas  sans  vues  gran- 
des ,  justes  et  salutaires.  Il  cher- 
cha d'abord  à  délivrer  le  Danemark 
de  l'influence  tyrannique  que  la  Rus- 
sie s'était  habituée  h  y  exercer.  Coa- 
vaincu  delà  fausseté  du  principe  ad- 
mis depuis  long-temps,  et  qui  faisait 
considérer  la  Suède  comme  l'eime- 
mie  naturelle  et  nécessaire  du  Da- 
nark,  il  résolut  de  renoncer  peu  à 
i  se  mêler  des  affaires  intcneures 


STR 

de  oe  royaume ,  et  cultiva  soigneiiw- 
ment  son  amitié,  cherchant  aussi  à  re- 
gagner la  bienveillance  de  la  France,, 
qu'on  avait  traitée  jusqu'alors  avec 
un  froid  repoussant.  Si  Struensée 
mérite  des  éloges  pour  les  mesures 
qu'il  lit  adopter  ,  afin  d'assumer  Tin- 
dépendauce  nationale ,  il  n'en  mérite 
pas  moins  pour  les  réformes  qu'il  in- 
troduisit aans  l'administration  in* 
térieure;  toutesavaientuubut  d'utilité 
publi(pie  :  elles  tendaient  à  prévenir 
les  disettes ,  à  diminuer  les  impots ,  - 
à  briser  les  entraves  qui  arrêtaient 
l'industrie  nationale ,  à  adoucir  les 
lois  pénales ,  à  abréger  les  formahtés 
de  l'ancienne  jurisprudence,  enfin  à 
établir  l'ordre  dans  toutes  les  bran- 
ches de  l'administration.  Plusieurs 
de  ces  mesures  ,  bonnes  en  elles-mc- 
mes,  excitèrent  des  mccontenlements- 
profonds,  parce  qu'elles  blessaient 
des  intérêts  privés,  et  qu'elles  furent 
peut-être  adoptées  avec  trop  de  pré- 
cipitation. Mais  sa  plus  grande  fau- 
te, son  tort  iuexcusalJe  fut  d'irri- 
ter  le  clergé  et  d'inquiéter  le  sen-  ^ 
timent  religfeux  :  par  exemple  , 
il  avait  cru  devoir  abolir  les  défen- 
ses qui  empêchaient  le  mariage  en- 
tre cousins  et  entre  beau-frères  et 
belles- sœurs  ;  mais,  dans  un  accès 
philosophique,  il  y  joignit  la  liberté 
pour  l'adultère  d'épouser  sa  compli- 
ce après  la  mort  de  l'époux,  a  Li- 
»  berté  infâme ,  dit  un  écrivain  da- 
»  nois,  qu'un  peuple  vertueux  rejeta 
»  avec  horreur.  »  Une  autre  ordon- 
nance défendit  les  enterrements  dans 
l'intérieur  des  villes ,  innovation  sage 
et  adoptée  aujourd'hui  par  l'opinion; 
mais  dans  sa  qualité  de  matérialiste 
et  d'épicurien,  le  ministre  y  ajouta 
l'ordre  tyrannique  de  n'enterrer  les 
morts  qu'au  milieu  de  la  nuit,  ce 
qui  dans  un  climat  froid  et  humi- 
de équivalait  à  l'abolition  de  ces 


\ 


STR 


7» 


pieux   deroirs  «   L'atLée  !  s'dcria 

V  iinëciirain  danois^  il  craint  que 
o  Taspect  de  la  mort  ue  trouble  ses 

V  coupables  voluptés  !  »  Ajoutons 
a  ces  traits  rintroduction  de  mœurs 
trop  bbres  à  la  cour ,  des  fctes  trop 
galantes,  et  cette  naïveté  anglaise 
qui  prétait  a  la  médisance  :  ajoutons 
ces  distributions  de  vin  et  de  viandes 
à  la  populace  par  lesquelles  le  méde- 
cin-ministre acquérait  moins  de  po- 
pularité que  de  mépris.  L'ordonnan- 
ce que  Struenséeiit  rendre  pour  mo- 
dérer le  nombre  des  corvées  (  mars 
177 1  ),  et  celle  par  laquelle  il  établit 
la  liberté  de  la  presse ,  lui  ont  surtout 
attiré  les  éloges  des  étrangers.  Ses  en- 
nemis abusèrent  cniellement  de  cette 
dernière  concession  et  la  tournèrent 
contre  lai  en  répandant  ^  dans  d'af- 
freux  libelles,  les  insinuations   les 

£lus  atroces  sur  ses  liaisons  avec 
t  reine.  Cette  licence  fut  poussée 
i   tel  point  j   qu'il  se    vit  obligé 
d'en  faire  restreindre  les  excès  par 
tue  ordomiauce  qui  rappelait  simple- 
ment que  la  liberté  de  tout  im])ri- 
iner  n  excluait  pas   la  responsabi- 
lité devant  les  tribunaux.  C'est  ce 
qu'il  aurait  fallu  dircdansla  premic- 
,  re  ordonnance  ;  mais  y  en  accordant 
\  la  liberté  de  la  presse,  le  ministre 
favori  n'avait  cru  donner  des  armes 
qu'à  l'opinion  ennemie  des  aristocra- 
tes. Ignorant  la  langue  du  pays,  il 
ne  savait  pas  que  la  nation  danoise  , 
;  tout  en  détestant  les  abus  adminis- 
tra tifs ,  ne  voulait  pas  d'un  cbarla- 
L  tan  pour  réformateur.  La  presse  con- 
tinua donc,  quoiqu'avec  pliLs  de  cir- 
conspection ,  à  l'accabler  ae  ridicules 
et  de  reproches.  Bientôt  le  méconten- 
I  tement  éclata  sous  un  aspect  plus 
I  M'neux.  Au  mois  de  septembre  1 77 1 , 
!  des  mouvements  excités  par  des  ma- 
telots   norvégiens   qui  avaient    civ 
réfonm» ,  et  auxquels  on  refusait 


STR 

leur  paie  ,  prouvèrent  que  Struen- 
sée  counaisiiait  la   crainte  et  man- 
quait de  cette  fermeté  de  caractère 
et  de  cette  prévoyance  si  nécessaires 
à  un  ministre.  Quoiqu'il  e^  à  sa  dis- 
position plusieurs  régiments,  il  ne 
prit  aucune  précaution ,  et  coda  sans 
résistance  à  toutes  les  demandes  des 
révoltés.  Il  montra  la  même  £aiblesse 
lors  du  licenciement  des  gai-des  à 
pied ,  qui  eut  lieu  à  la  fin  de  cette 
aimée.  Les  gai*des ,  aussi  remarqua- 
bles par  leur  dcvoiunent  fidèle  que 
par  leur  stature  colossale ,  écoutaient 
sans  murmurer  leur  licenciement  ; 
mais  quand  on  voulut  enlever  leur 
drapeau  et  les  incorporer  à  d'autres 
régiments ,   ils  saisissent  leur  dra 
peau  et  aux  cris  :  La  mort  ou  un 
con^ë  honorable  l  ils  s'emparent  du 
cbateau,  et   soutenus  par  la  bour- 
geoisie ,  ils  n'en  sortent  qu'au  bout 
de  vingt-([iiatre  heures,  ayaut  obte^ 
nu  individuellement  un  congé  hono- 
rable signé  de  la  main  du  roi.  Les 
adieux  du  peuple  a  la  garde  furent 
touchants  ;  ils  annonçaient  la  chute 
du  ministre.  L'ambassadeur  anglais, 
M.  Keith  en  était  si  persuadé ,  que , 
par  ordre  de  sa  cour,  il  proposa  à 
Struenséeune  somme  d'argent  et  une 
retraite  en  Anglclerre,  a  (in  de  sau- 
ver la  reine  de  la  catastrophe  que  les 
diplomates  prévoyaient.    La  reine 
douairière  Julie ,  qui  abhorrait  Caro- 
line-Mathilde  et  Struensée ,  se  mit  à- 
la  tête  de  leurs  ennemis;  et  le  prince 
Frédcric,  qui  partageait  les  ressenti- 
ments de  sa  mère ,  entra  dans  le  com- 
plot, où  Ton  vit  ligurer  en  première 
ligne  le  comte  de  Uantzau  ,  mécon- 
tent de  Struensée,  et  Koller ,  colonel 
d'un  régiment  en  garnison  à  Copen- 
hague. Mais  c'était  Guldberg ,  pré- 
cepteur du  prince  Frétléric, qui  avait 
tracé  le  plan  du  complot  et  rédigé 
d'avance  les  prodamations  et  les 


74 


STR 


ordoiutances  nécessaires.  Apres  avoir 
lonç- temps  mûri  leur  projer,  les 
conjures  résolurent  de  profiter  de 
l'occasion  que  leur  offrait  un  bal 
qui  devait  avoir  lieu  à  la  cour  , 
le  jour  où  le  régiment  de  Kolîer* 
montait  la  carde  au  château.  A  la 
suite  de  ce  haï  ,  lorsque  Mathilde 
et  Struens(^e  étaient  ensevelis  dans  un 
profond  sommeil,  les  conjurés  péné- 
trent dans  les  appartements  du  roi , 
l'intimident  et  le  forcent  de  signer 
l'ordre  d'arrêter  la  reine  et  ""ceux 
qu'ils  appelaient  ses  complices;  et 
cet  ordre  est  mis  immédiatement  à 
exécution.  Ainsi  s'opéra ,  sans  éprou- 
ver de  résistance  et  sans  qu'il  y  eut 
une  goutte  de  sang  répandue ,  l'une 
des  révolutions  les  plus  extraordinai- 
res dont  l'histoire  fasse  mention.  Ce 
fut  le  colonel  Koller  oui  se  rendit 
chez  Struensce  ,  pour  l'arrêter  sans 
attendre  l'ordre  du  roi.  Réveillé  en 
sui^ut,  le  ministre  ne  fit  aucune 
résistance ,  et  fut  emmené  à  la  cita- 
delle ,  dont  on  avait  préparé  la  pri- 
son pour  le  recevoir  avec  ses  amis. 
Bientôt  il  fut  chargé  de  chaînes  ainsi 
que  son  fi-ère  ,  le  comte  de  Brandt  et 
le  colonel  Falke'nskiœld.  Neuf  com- 
missaires furent  nommés  pour  les  en- 
tendre. Nous  n'entrerons  pas* dans 
les  détails  de  la  procàlure  qui  fut 
suivie  à  leur  égard ,  et  où  tout  por- 
tait Fempreinte  de  la  partialité  et  de 
l'injustice  les  plus  révoltantes.  Nous 
dirons  seulement  que  tout  fut  em- 
ployé pour  accumuler  contre  Stiuen- 
sée  les  accusations  les  plus  ridicules 
et  les  moins  fondées.  On  avait  ré- 
duit à  six  les  principaux  chefs  d'ac- 
cusation :  lo.  dessein  abominable 
contre  la  personne  sacrée  du  roi  ; 
2®.  projet  de  forcer  le  roi  à  re- 
noncer au  gouvernement  j  3<».  com- 
merce avec  la  reine  :  4**»  la  manière 
dont  il  avait  élevé  le  prince  royal  ; 


STR 

5<>.  le  pouvoir  et  l'aut 
bornes  qu'il  avait  acquis 
affaires  de  l'état;  ô®.  ra( 
tion  de  ces  mêmes  affaires 
premiers  chefs  étaient  i 
anssi  n'osa -t-on  pas  même 
rer  dans  le  r^umé  gêné 
fiscal  dressa.  On  appuyait 
me  sur  les  aveux  qu  on 
avoir  obtenus  de  Stnienséi 
et  de  la  reine  Mathilde  (  F 
et  que  l'avocat  du  roi ,  Wi 
citer  textuellement  dans 
doyer  contre  Strucnséc.  Le 
de  l'ex- ministre,  Uldahl, 
culpabilité  de  son  client,  el 
sur  ce  seul  point ,  la  demi 
le.  Il  faut  remarquer  toutef 
historiens  les  plus  récents 
l'aveu  de  Struensée  comr 
sérable  subtei^fiige  adopt* 
but  de  sauver  sa  tête ,  en  c( 
tant  celle  de  la  reine.  Ils  ] 
anssi  que  l'aveu  de  la  rein 
librement  signé  de  la  maii 
princesse.  Quant  à  Tédu 
prince  royal ,  Struensée  d 
que  des  éloges  :  on  lui  rep 
ne  pas  avoir  suivi  les  métl 
naires  sous  les  rapports  pi 
moraux  y  et  d'avoir  par  là 
vie  du  prince  royal;  mais 
sait  pas  que  c'était  au  mo 
par  Struensée  que  cet  enfan 
né  avec  un  tempérament 
délicat ,  devait  une  santé 
qui  se  fortifiait  chaque  j 
développement  rapide  de  î 
Les  deux  derniers  chefs  d' 
pouvaient  facilement  être  c 
car  Struensée  devait  sa  g 
la  volonté  du  roi ,  et  tous 
gements  considérables  au'il 
et  qu'on  donnait  pour  des  < 
tat ,  étaient  tous  revêtus  d 
ttire  du  souverain.  Le  poii 
difficile  était  de  justifier 


STR 

acttDtë  la  ddecatîoD  dupou- 
sohi  ,àont  le  roi  de  Danemark , 
ia  Loi  rcjxalcy  ne  pouvait  se 
r,  et  dont ,  par  conséquent,  un 
pmit ,  sans  crime .  accepter  la 
abilité.  A  ce  grand  principe , 

gênerai  rattachait  les  desti- 
arbitraircs,  les  attaques  sur 
ion  et  les  moeors  et  tout  le 

d'innovation  de  Tex-minis- 
7  avait  là  de  quoi  le  faire 
ner  légalement  :  mais  on  n'en 
as  besoin;  sa  condamnation 
;oIae  d'avance,  et  les  juges 
:  aucun  e'gard  aux  justifica- 
s  déclarèrent  Struensée  cou- 
e  tous  les  crimes' qu'on  lui 
t.  L'horrible  peine  de  la  loi 
crime  de  lèse-majesté  au  pre- 
ef ,  par  adultère  avec  la  reî« 
onr  naute  trahison  envers  la 
betc'  royale  y  fut  prononcée 
us  ses  détails  dégoûtants. 
«,  après  avoir  abjuré  les 
s  du  matérialisme  et  faix  une 
km  raisonnée  et  même  très- 
[sonnée  y  de  son  retour  au 
lîsme  y  parut  résigné  et  écrî- 
eCtics  ae  pardon  à  ses  enne- 
onnels ,  entre  autres  au  comte 
.  Quant  à  Brandt,  il  croyait 

^happer  avec  une  disgrâce 
ir;  mais  la  haine  du  prince 
envers  Falkenskiœld,  qui  l'a* 
Itë ,  les  «rdrcs  secrets  de  la 
M.  Oslen ,  et  ^  puisqu'il  faut 
l'exaspération  du  peuple  de 
gue,  exduaient  toute  idée  de 
*  roi  était  un  être  sans  volon- 
es  mains  du  parti  vainqueur. 
ivril   177a)  ce  prince  con- 

sentence,  et  le  lendemain 
t  et  Brandt  furent  tirés  d'un 
nfect  où  ils  avaient  passé 
;  mois  ,  et  décapités.  Leurs 
artelés  furent  placés  sur  la 
les  dm  létcs  fixées  ^r  des 


STR 


75- 


pîcux  sous  la  potence  ordinaire.  Ces 
horribles  opérations  firent  fuir  la 
plupart  des  spectateurs  et  produisi- 
rent un  changement  dans  les  senti-» 
ments  publics ,  changement  qui  de- 
puis est  allé  en  augmentant.  «  Nous 
»  ne  craignons  pas  d'être  démentis 
»  par  un  public  juste  et  éclairé  , 
»  dit  J.  K.  Hôst  (  I  )  y  quand  nous 
»  assurons  que  Struensée  avait  bien 
»  mérité  de  la  patrie.  Nous  ne  pré-* 
»  tendons  point  qu'il  ait  été  exempt 
»  de  quelques  faiblesses  morales  , 
»  telles  qtie  Tambition  ,  l'amour  du 
3  pouvoir,  l'arrogance,  et  même  un 
»  peu  d'intérêt  personnel  ;  mais  ces 
»  faiblesses  ne  détruisent  point  son 
9  grand  mérite  comme  administra- 
»  teiur  de  l'état  ;  et  lors  même  que  sa 
V  manière  de  voir  l'aurait  induit  en 
»  erreur ,  il  est  hors  de  doute  qu'il 
»  eut  constamment  pour  but  le  bien 
»  général ,  et  aue  ,  par  l'établisse- 
»  ment  de  la  lioerté  de  la  presse  y  il 
»  réveilla  une  foule  d'idées  saines  et 
»  lumineuses ,  que  depuis  il  a  été  im-- 
»  possible  d'effacer.  Aussi  un  grand 
»  nombre  de  ses  institutions  ,  anéan* 
»  tics  d'abord  par  le  pouvoir  qui 
»  succéda  au  sien  ,  ont- elles  été  ré" 
»  tablies  plus  tard.  Plusieurs  même 
»  n'ont  pas  été  un  instant  abolies.  » 
Mais  cet  historien  ajoute  que  la  po- 
litique ne  peut  pas  disculper  Struen- 
sée cTune  grande  dose  d'imprudence 
et  de  légèreté;  il  convient  aussi  que, 
sur  plusieurs  points ,  ce  favori  avait 
blessé  les  lois  du  pays.  La  tête  de 
Struensée  resta  exposée  jusqu'en 
1775,  où  ses  amis  parvinrent  à  la 
faire  enlever  j elle  a  été  remise^  soit 


(  i)  Histoire  du  eomtt  de  Struensée ,  et  d«  mm» 
minittère{  en  danois  ),  Copeiihatue,  i8».4»  *  ▼®l» 
in-8a. ,  arec  an  3«.  ▼olume  àr  piecr»  juititicalivea^ 
Non»  rlrvon»  Ik  rextrèine  i>bHf(r«nce  de  M.  Maïle- 
Bran  ,  U  traduction  de  pliuicnra  morceaux  de  ca^ 
ouvrage ,  qui  nous  ont  scrri  à  compléter  uotr« 
Nolice. 


76  STR 

à  sa  famille^  soit  à  iin  de  ses  amis  en 
Allemagne.  D — z — s. 

STRUTÏ(  Joseph),  antiquaire 
anp;lais,  dessinateur  et  graveur  au 
pointillé  et  au  lavis ,  ne'  le  27  octobre 
•749>ciitra,  à  Tâge  de  quatorze  ans, 
en  apprentissage    chez    le  peintre 
William-  Wyime  Ryland ,  et  se  fît 
recevoir,  en  1770,  élève  à  l'acadé- 
mie royale,  où  il  obtiut  les  médail- 
les d'or  et  d'argent;  la  première, 
pour  un  tableau  à  Thuile,  et  la  der- 
nière pour  la  meilleure  figure  acadé- 
mique. IjC  sujet  de  son  tableau  était 
tiré  de  V Enéide  ;  et  son  triomphe  fut 
d'autant  plus  éclatant^  que  le  célèbre 
Hamilton  avait  été  son  compétiteur. 
En  1770,  le  directoire  du  muséum 
britannique  le  chargea  de  quelques 
dessins.  Les  richesses  réunies  dans 
cette  collection  d'objets  d'arts  et  de 
science  tournèrent  son  attention  vers 
l'archéologie;  et  il  y  fit  de  tels  progrès, 
que  deux  ans  plus  tard(i773)  il  pu- 
blia :  Des  Antiquités  rqjralcs  et 
ecclésiastiques   de  l'Angleterre  , 
in-4**.;  et  en  1774,  le  premier  tome 
des  Essais  sur  les  mœurs  ,  les  usa* 
ges  y  les  armes ,  les  vêtements, 
etc.  y   des  habitants  de  l* Angle- 
terre, depuis  V invasion  des  Saxons 
jusqu'au  règne  de  Henri  FUI.  Le 
second  tome   panit  en   1775  ,    et 
l'ouvrage  entier  fut  réimprimé  en 
1797.  Il  est  très-  recommaudable 
par  les  recherches,  et  par  les  gravu- 
res qui  l'accompagnent.  En  1777  et 
177H,  Strutt  publia  une  Chronique 
de  V  Angleterre  y  *x  vol.  in-4°.,  qu'il 
voulut  étendre  jusqu'à  (>;  mais,  faute 
d'encouragcmciit ,  son  projet  resta 
sans  exécution.  En  1783  et  i78(i,  il 
fît  paraître  les  deux,  tomes  de  son 
Dictionnaire  des  graveurs.  Comme 
le  premier  ouvrage  de  ce  genre  pu- 
blié en  Angleterre ,  il  mérite  beau- 
coup d'éloges.  L'histoire  de  la  gra- 


STR 

vurc  ,  qu'il  fait  remonter   jusi^u'à' 
Tubal-Caïn  ,  lui  sert  d'introducUon, 
et  se  fait  remarquer  par  de  bons  ju- 
gements et  des  connaissances  éten- 
dues. L'ouvrage  est  orné  de  plusieurs 
planches  gravées  avec  soin,  d'après 
quelques  estampes  rares  des  anciens 
maîtres.  L'auteur  se  vante,  dans  sa 
préface ,  d'avoir  porté  le  nombre  des 
artistes  à  plus  de  trois  mille ,  tandis 
que  Basan  n'en  mentionne  que  le  tiers  ; 
mais  on  peut  lui  reprocher  d'avoir 
iaséré  dans  son  livre  un  trop  grand 
nombre  de  noms  obscurs  ou  insignîr  , 
fiants.  On  aurait  désiré  qu'il  eut  don- 
né de  bonnes  notices  et  la  liste  exacte 
des  ouvrages  des  graveurs  vivants  de 
son  pays ,  et  c'est  justement  ce  qu'il 
a  totalement  négligé.  Mais  ce  qui 
donne  un  véritable  prix  à  son  livre, 
c'est  qu'il  s'y  montre  en  artiste  qui  a 
réfléchi  sur  la  pratique  et  la  théorie    < 
de  son  art ,  par  le  talent  avec  lequel 
il  sait  caractériser  la  maiiici*e  de  cha- 
que graveur.  En  1 790,  Strutt  fut  obli- 
gé ,  par  une  affection  asthmatique,  de 
se  retirer  à  la  campagne.  Il  demeura 
5  ans  à  Bacon's-Farm ,  dans  le  Hertr 
ford-shire  ;  et  ce  fut  là  qu'il  grava 
une  série  de  planches  estimées  pour 
l'ouvrage  :  The  PUgrim's  Proaress, 
Son  vif  intérêt  pour  la  jeunesse  lui  ût 
établir  à  Tewin  une  école  du  diman- 
che, qu'il  surveilla  lui-même ,  et  il 
eut  la  satisfaction  d'en  voir  les  heu- 
reux effets.  En  1795  ,  il  i-evint  à 
Londi'es,'-et  se  mit  k  réunir  des  ma- 
tériaux ))our  son  Tableau  complet 
des  luibillemenis  du  peuple  anglais 
depuis  l'établissement  des  Saxons 
jusqu'à  nos   temps  :    le    premier 
volume  parut  en  1 79O,  et  le  second 
en  1799,  in-4**.  Ils  contiennent  i43 
planches.  Une  traduction  française 
du   premier  volume  par  Boulard , 
sous  le  ùtrc  à*  Angleterre  ancienne  y 
ayec(yj  planches^  parut  en  1789, 


STR 

n-4**«  Les  planches  qiii  dcvaiont 
î  la  traduction  de  la  deuxième 

ODt  cte'  gravées ,  mais  u'ont 
publiées,  cette  version  n'ayant 

imprimée.  En  1801  ,  wStnitt 
Les  Jeux  et  Amusements  du 
anglais,  in- /^^,^  avec  4o  gra- 
»roduction  qui, par  la  nouveau- 
ijet  et  par  la  manière  dont  il 
te,  culnn  grand  succès.  L'au- 
»urut  le  i5  oct.  18012.  La  bon- 
itrutt  le  fit  chérir  de  tout  le 
:  ses  connaissances  dans  This- 
;  son  pays  et  ses  talents  corn- 
iste lui  assignent  une  place 
ble  dans  Li  Biographie.  11  a 
n  outre  en  points  rouges  :  I. 
naissante  portée  dans  File 
re  par  l'amour  et  le  désir, 
ulore  remettant  la  boîte  fa- 
Epiméthee,  \U,  Le  roi  Can^ 
t  Gj'gès  y  d'après   Iicsueur. 
lerica,  sujet  allégorique  sur 
re  de  TAngleterrc  contre  les 
nis  ,    d'après   Robert  Edge 
.   Cinq  sujets  allégoriques 
arStothart,  et  tirés  du  ro- 
stique  anglais  ,  intitulé  Bu- 
Pilgrim,  Il  a  laissé  quelques 
•its ,  que  son  (ils  a  publics  :  I. 
r  Iloo-Nall,  Roman  du  vieux 
et  le  rieur  temps ,  drame , 
1  a.  II.  L'Epreui^e  du  crime, 
its  d'ancienne  superstition , 
)ma tique ,  etc. ,  en  vers.  P-s. 
JVE  (  George- Adam  ) ,  ju- 
Ite,   auquel  ses  compatriotes 
rné  les  noms  à'Ulpien  et  de 
n  de  TAllcmagne  ,  naquit  en 

Magdebourg,  d'une  famille 
le.  Il  étudia  d'abord  à  l'a- 
dc  léna ,  où  il  fit  de  rapides 
Jans  la  philosophie,  les  let- 
istoire  et  le  droit,  et  se  ren- 
1640,  à  Helmstadt,  pour 
nner  ses  connaissances,  sous 
ite  de  Conriug  {F.  ce  nom). 


STR  nn 

Ayant  été  pourvu  d'une  charge  d'as- 
sesseur à  Halle,  en  1 645  ,  il  prit  ses 
degrés.  Tannée  suivante,  avec  une 
telle  distinction  qu'on  lui  offrit  une 
chaire  vacante  à  l'académie  de  léna. 
Les  Éléments  de  droit  civil  et  de 
droit  féodal,  qu'il  publia  quelque 
temps  anrcs,  furent  adoptés  parla 
plupart  ats  universités  d'Allemagne; 
et  le  succès  croissant  de  ces  deux  ou- 
vrages, joint  à  ceux  qu'il  obtenait 
dans  sa  chaire  et  au  barreau ,  éten- 
dirent promptement  sa  réputation. 
11  quitta  la  carrière  de  l'enseigne- 
ment en   i6^io,   pour  accepter  la 
place  de  premier  conseiller  de  la  ville 
de  Brunswick ,  qu'il  remplit  pendant 
(Tuatrc  ans  y  et  il  fut  ensuite  employé 
dans  des  affaires  importantes  par 
l'électeur  et  les  princes  de  Saxe , 
ainsi  que  par  le  prince  de  Hesse- 
Darmst^dt.  Il  revmt,  en  i(i73,  à 
léna ,  occuper  la  chaire  de  droit  ca- 
nonique, la  première  de  l'académie^ 
fut  élu  président  du  sénat  et  du  con- 
sistoire, et  mourut,  le  i5  décembre 
1 692 ,  à  l'âge  de  soixante-treize  ans. 
Struve ,  marié  deux  fois ,  se  vit  père 
de  vingt-  quatre  enfants,  huit  lilles 
et  seize  garçons ,  qui  remplirent  tous 
des  emplois  honorables ,  et  dont  plu- 
sieurs se  sont  distingués  dans  ren- 
seignement. Outre  une  foule  de  Dis- 
sertations et  de  thèses ,  dont  on  trou- 
vera les  titres  à  la  suite  d'une  notice 
sur  ce  savant  professeur,  dans  Zeu- 
mcr,   Vitœ  prof  essor,  academ.  le- 
nensisy  2°.  part. ,  i  Sq  -  54  >  on  a  de 
lui  plusieurs  ouvrages  de  droit,  ac- 
cueillis lors  de  leur  publication,  mais 
oubliés  maintenant.  On  se  contentera 
de  citer :l,Jurisfeudalis  Syntagma, 
II.  Jurisprudentiœ  civiUs  Sj^ntag- 
ma  y  souvent  réimprimés  l'un  et  l'au- 
tre dans  le  i^e.  siècle.   III.  Centu- 
ria  decisionum  :  quœnam  res  feu- 
dales,  quœnam  allodiales?  Franc- 


78  STR 

fort,  1693^  m-40.  IV.  CmcUiatio 
legum  pugnanUuni  quas  Gothqfre- 
ilusverlo  iMMO  areuity  ib.,  1695, 
.in-4^.  U  cherche  à  donDcr,  dans  cet 
.ouvrage ,  la  solution  des  antinomies 
.  -ou  contradictions ,  que  Godefro^ 
.avait  signalées  dans  les  lois  romai- 
nés  (  r.  GiFTEK ,  XVII,  339,  et 
GoDEFROY,  ibid. ,  5)53 ,  note  ).  V. 
Dedsiamufi  juris  opificiarii  centum 
^t  àUquot  y  léua  j  1 708 ,  in-4^*9  <^"* 
vrage  posthume ,  publié  par  im  des 
Sis  de  Vauteur.  Burck.  Gotthelf ,  un 
autre  de  ses  ûls ,  a  publié  :  Mânes 
Strwiani  sive  de  viid  et  scriptis 
Georg,  Adami  Struvii^  léna^,  1  noS, 
iii-80.  On  en  trouve  un  extrait  dans 
les  Acta  eruditor,  Upsiens. ,  même 
année,  p.  1117.  W — s. 

STRUVE(BuRKHARD-GoTTHELr), 

l'un  des  plus  savants  et  des  plus  la- 
borieux Bibliographes  de  l'Âllema- 
•gne,  était  fils  du  prccédeut,  et  na- 
quit à  Weimar  ,  en  167 1 .  Son  père 
•cultiva   ses    heureuses   dispositions 
avec  le  plus  grand  soin.  Il  étudia , 
•dans  son  enfance ,  les  éléments  des 
langues  anciennes,  des  mathémati- 
•ques ,  de  l'histoire  et  de  la  géogra- 
phie ,  et  fut  ensuite  mis ,  avec  son 
îrère  aîné ,  sous  la  direction  du  célè- 
bre Cellarius  (  f^.  ce  nom  ) ,  alors 
recteur  du  gymnase  de  Zeitz.  L'ap- 
plication et  la  docilité  de  Burkhard 
lui  méritèrent  l'amitié  de  son  maître, 
qui  le  chargeait  de  faire  des  extraits 
«et  de  recueillir  des  notes  pour  l'édi- 
tion qu'il  préparait  du   Thésaurus 
^ruditionis  de  Basile  Faber.  Ce  tra- 
Tail ,  qui  n'était  pour  lui  qu'une  cs- 
tpèce  de  délassement ,  eut  l'avantage 
«oe  le  familiariser  de  bonne  heure 
:avec  les  écrivains  de  l'antiquité.  Il 
-quitta  2^itz  à  seize  ans  pour  passer 
â  l'académie  de  lena ,  où  il  tit  ses 
cours  de  philosophie,  d'histoire  et 
4t  jurisprudcDoe ,  avec  une  iucontes- 


STR 

table  supériorité  sur  tous  ses  a 
ciples.  Comme  la  plupart  des  < 
de  l'université  ,  Burkhard  fréq 

Quelque  temps  les  salles  de  dai 
'escrime  ;  mais  il  s'en  lassa  bi< 
et  depuis  employa  ses  loisirs 
tude  ae  la  langue  française ,  da 
quelle  il  lit  de  rapides  progrès 
1689^  il  soutint  une  thèse  :  2 
dis  equestribus ,  sous  la  présii 
de  Schubart ,  nommé ,  l'annét 
vante  ,  professeur  à  l'académ 
Heidelberg ,  où  il  le  suivit  poui 
tinuer  de  profiter  de  ses  leçons.  1 
avoii-  terminé  ses  cours ,  U  fréq 
les  académies  de  Francfort  • 
Halle ,  dans  le  dessein  de  perfe 
ner  sts  connaissances  et  de 
sayer  dans  la  carrière  du  bar 
Son  frère  aîné  ,  conseiller 
prince  de  Hesse  ,  le  charge 
teiminer  une  affaire  qu'il  avait 
mée  en  Hollande.  Il  profita  de 
occasion  pour  visiter  les  sa  van 
plus  illustres  de  ce  pays  ,  et  1 
second  voyage  à  la  Haye  ,  dai 
auel  il  recueillit  im  grand  no 
ae  livres  rares ,  de  médailles  et 
tiquités.  11  avait  le  projet  de  s< 
di^c  en  Espagne  et  en  AngleU 
mais  une  maladie  grave  l'cm}; 
d'exécuter  ce  dessein  ;  et  des 
fut  rétabli ,  Burkhard  rejoignit 
frère,  qui  l'employa  dans  différ 
affaires  pour  les  cours  de  D; 
stadt ,  Stuttgard  et  Cassel.  L'a: 
ue  lui  témoignait  le  comte  d'I 
er  avait  décidé  Struve  à  siiiv 
seigneur  en  Suède ,  d'où  il  a 
parcouru  tout  le  nord  de  l'Eu 
pour  en  étudier  les  antiquités  ; 
fatigué  d'attendre  le  départ  Ai 
Mécène,  il  se  rendit  à  Wetzlar 
V  faire  un  cours  de  droit  public  < 
Icmagne.  Il  y  tomba  malade  uc 
coude  fois.  A  peine  convalescei 
apprit  la  mort  do  son  père ,  et  1 


l 


SIR 

^*€ùmèmt  temps  la  nouvellode 
isayenture  de  son  frère ,  qui  s'ë- 
iiine' totalement  en  poursuivant 
cfaercbe  de  la  pierre  philoso- 
.  La  part  qui  lui  revenait  dans  Ja 
»ioD  paternelle  et  la  vente  de 
ibînet  ainsi  que  de  sa  garde- 

servîreot  à  payer  les  dettes  de 
ire  ,  dont  il  avait  partage  la 
Sa  conduite  dans  cette  cir- 
mce  difficile  fut  admirable; 
il  se  trouvait  sans  ressource: 
ir  l'effrayait.  Cependant  il  fi- 
\r  triompher  de  la  mélancolie 
;  minait  depuis  deux  ans ,  et 
'avait  jeté  dans  les  illusions 
ietisme  :  il  reprit  ses  études 
nne  oouvelle  ardeur'.  Nommé 
tliécaire  de  l'académie  de  lena, 
)n  y  il  ouvrit  aussitôt  des  cours 
uliers  de  physique ,  de  litté- 
çrrecque  et  d'antiquités.  11  se 
revoir,  en  1702,  docteur  en 
et  en  philosophie  à  Halle,  et 
r  à  l'académie  de  lena ,  où , 
ins  après  ^  il  remplaça  Schu- 
son  ancien  maître ,  dans  la 

d'histoire.  Les  talents  de 
;  attirèrent  â  cette  école  un 
concours  d'auditeurs  ;  et  les 
'es  qu'il  publiait  ajoutaient, 
»  année ,  à  sa  réputation.  Pour 
r  à  lena  ,  les  curateurs  de  l'a- 
ie joignirent  h  son  double  em- 
;  titre  de  professeur  extra or- 
c  en  droit ,  et  sollicitèrent  pour 
ui  de  conseiller  de  l'éleclenr  de 

que  ce  prince  s'empressa  de 
rorder  avec  wi  traitement  con- 
ble.  Partageant  son  temp  en- 
Qseignement  et  l'émde ,  Struve 
dès- lors  une  vie  paisible,  et 
a  le  a8  mai  1 788 ,  à  l'âge  de 
ite-sept  ans.  Il  avait  été  marié 
fuis ,  et  il  laissa  trois  filles  , 
*  sa  première  ,  et  deux  de  sa 
me  femme.  On  a  de  ce  savaut 


STR 


79 


un  très-grand  nombre  d'ouvrages , 
dont  on  trouvera  les  titres  à  la  suite 
de  son  éloge  daus  les  Acta  eruditor. 
Lipsietis, ,  1740,517-28.  Outre  une 
foule  de  Thèses  et  de  Dissertations  , 
parmi  lesquelles  on  se  contentera  de 
citer  celle  De  Doclis  impostoribus , 
léna,  1703,  1706,  in-8«.  (i),  et  de 
nouvelles  éditions  augmentées  des 
Rerum  germafiicar.  scriptores  de 
Freher  et  de  Pistorius  (  F.  ces  noms  ), 
on  doit  faire  mention  ici  des  deux 
Journaux  littéraires  auxquels  Struve 
a  eu  la  plus  grande  part  :  Jlcta 
Utteraria  ex  manuscriptis  eruta, 
lena ,  1 703  et  ann.  suiv. ,  in-80. ,  dix 
parties(2);  il  les  recueillit,  en  1 718, 
et  les  publia  sous  ce  titre  :  Collecta^ 
neorum  Mss,excodicibusJragmerk- 
iisantiquitatis  ,  atque  epistoUs  anec- 
dotiseruditontm,  excerptorum;tom. 
primus.  Ce  volume  fut  suivi  d'un  se- 
cond ,  en  1 7 1 7  ,  qui  contient  huit 
parties.  —  Bibliotheca   antiqua  j 
i7o5,in-4^.  Dans  ce  Journal,  entre- 
pris siu:  le  plan  des  Acia  eruditO' 
rum ,  il  se  proposait  de  rendre  comp- 
te des  ouvrages  devenus  rares  et  ou- 
bliés dans  les  autres  feuilles  périodi- 
ques. La  mort  de  l'imprimeur ,  arri- 
vée on  mars  1707 ,  arrêta  la  publi- 
cation de  ce  Journal ,  dont  il  n'a  paru 
que  vingt-se^t  numéros;  un  libraire 

(0  Dans  cette  dissertation ,  Struve,  aprt«  aroir 
doute  tri-s-judirieusement  de  l'cxisteuce  da  ia- 
nieat  traité  :  De  lrif>us  impostoribus ,  fiuit,  d'apri* 
tire  mauvaise  interprétation  d'un  pasMK*»  de  la 
préface  deW-ilheifiuus  triumphalus  a«  Canipanelfa, 
pir  conrlnre  qu'il  n'est  pa»  permis  d'ignorer  le 
temps  de  l'édition  de  cet  ouvrage ,  qu'il  attribue 
à  Doreaee.  Vov.  la  Dissertation  de  1^  Monuoye, 
sur  le  prrtenrfn  livre  des  Troi%  impaxtenn ,  Jk  le 
siii'e  du  3le«flgirt/t« ,  tome  IV,  Si*).  L'OposruIe  />• 
{{priii  imfMtfloril'ui  c»t  réimprimé  «  la  suite  de  la 
quatrième  é.iition  de  Vlnirvduclio  in  nolttiant  rri 
Ittleinria^  leua  ,  i^iS  ,  petit  in-8». 

(a)  Le  Journal  des  savants,  de  1707,  donne^la 
notice  des  pii-ces  contenues  dans  le  premier  vo- 
lume :  ou  y  distingue  le  Manuscrit  de  Nicolas 
Srhmidt ,  contenant  plun  de  rent  trente  alphabets 
de  diflirents  caractî-res  et  de  toutes  sorte»  de  lau- 
Kiirs ,  avec  la  Vir  de  cel  auteur  l>aJ^an  ^  /  «/. 
SCHMID,  XLl,  iBo.  ) 


8o 


STR 


de  Icna  les  a  reproduits  ^  en  17 lo  ^ 
soiis  ce  litre  :  Thésaurus  variœ  cru- 
ditionis  ex  scriploribus  potissimùm 
sœculi  xri  et  xrii  collectus,    tes 
autres  ouvrages  les  plus  importants 
de  Struvc  sout  :  I.  ^d  Christophor. 
Cellarium  epistola  de  Bihliothecis , 
liarumque  prœfectis  ,  lena ,  1696 , 
in- 1 2.  II .  Bibliotheca  juris  selecta , 
ibid. ,   1703 ,  in-8'>. ,  souvent  re'im- 
primë  avec  des  additions  et  des  cor- 
rections.   La   meilleure  édition  est 
celle  de  17  56,  2  tom.  in-8*>. ,  avec 
les  augmentations  de  J.  Gotb.Buder 
{F.  ce  nom  ,  VI ,  227  ).  III.  Inlro- 
ductio  in  notiliam  rei  Utterariœ  et 
usum  Bihliothecarum ,  cum  supple- 
mentis  Lilicnthalii ,  Coleri,  Koehle- 
ri  y  etc. ,  ibid.  ,   1704,  in-8<*.  ,  sou- 
vent reimprime'.  On  estime  l'édition 
de  Francfort,  1754,  2  vol.  in  S**. , 
que  Ton  doit  à  J.  -  Clir.   Fischer 
(  Fqfr,  ce  nom ,  XIV  ,  ^73  )  ;  mais 
cet  ouvrage  a  cte   tellement   amé- 
liore' par   Jugler  ,  qu'il  en  a  fait 
un  livre  tout  nouveau ,  et  indispen- 
sable à  quiconque  veut  étudier  1  nis- 
toire  littéraire  (   Voyez  Jugler  , 
XXII ,  1 1 1  ).  IV.  BibUotheca  phi- 
losophica  in  suas  classes  distributa^ 
ibid. ,  1 704  ,  iu-8<>.  Elle  a  été  per- 
fectionnée par  Kalile ,  à  la  prière  de 
Struve  ;  rt  l'édition  qu'il  en  â  don- 
née ,  Goltingue ,  1 740 ,  'x  vol.  in-8*>. , 
est  la  plus  estimée  (  F.  Kahle  , 
XXII  ,  209  ).   V.  Seh'cta  BibUo- 
tlieca  historica ,  ibid . ,  1 7  o5 ,  in-8".  ; 
Leipzig  ,  1740  ,  2  vol.  in-S®. ,  avec 
des  additions   de  J.  Gottl.  Buder. 
L'c^ition  commencée  par  J.  George 
Meusel  est  bien  supérieure  à  toutes 
les  précédentes  j  mais  malheureuse- 
ment   elle  n'est  pas   terminée  (  F. 
Meusel  ,  XXVllI,  493).  VI.  His-^ 
toria  et  memorahilia  Bibliolhecœ 
lenensis ,  Helmstadt ,  1 7  o5 ,  in-4**. , 
inséré  par  Schmidt  dans  le  second 


STR 

supplément  àrouTragedeMad 
Bihliothecis  et  archifis  (  f^.W 
VII.  Sjntagma  historiœ  ge 
cœ ,  à  prima  gentis  origine , 
in-4*'.  ;  réimprimé  sons  ce 
Corpus  historiœ  gerUis  gemu 
173©  ,  in-fol. ,  2  vol. ,  prëa 
la  Bibliothèque  des  écnvainsd 
toire  d'Allemagne ,  par  J.  Gh 
der.  VI  IL  Historia  juris  Ro 
Justinianœiy  grœci  ,  germ 
etc. ,  Accesserunt  prolegomt 
scriptoribus  historiœ  juris  y 
1718,  in-40.  IX.  BibUotheca 
rum  rariorum ,  ibid. ,  1719, 

X.  Antiquitatum  Rom^marui 
tagma  sit^e  de  sacrorum,  ce 
niis  systema ,  ibid. ,  1728  , 

XI.  Bibliotheca  saxonica  , 
1786,  in-8^\  Voy.l'jÉZog^cde 
dans  la  Bibl.  germanique^  tom 

w. 

STRUYS  (Jean),  voyagei 
landais,  dont  le  vrai  nom  étai 
Janszoon  Strauss  (1  ) ,  parcoii 
grand  nombre  de  pays ,  depun 
jusqu'en  i(i72.  11  s'embarqu 
bord  comme  aide-voilier,  sur 
vire  qui  alla  désarmer  à  Gèi 
république  l'acheta ,  l'équipo 
qu  un  autre  et  les  envoya  dans  J 
Il  paraît  (pie  c'étaient  des  espè 
corsaires;  celui  qui  portait  \ 
fut  pris  par  les  Hollandais.  J 
accepta  du  service  sur  un  va 
de  la  comnagnic  des  Indes.  Il 
royaume  ae  Siam ,  le  Japon 
mose,  et  revint  en  Hollande,  \ 
septembre  i65i.  Après  s'être  ! 
quatre  :|ns  chez  son  pi  re ,  il  re 
mer  ,  et  la  quitta  de  nouveai 
qu'il  fut  à  Livourne  ;  il  visit 
partie  de  l'Italie,  et  s'engagea 
nise  dans  l'armée  navale  qui 


(1)  Voy.  Gcorgi,   Dûchcr'Lêxicon  ,  $• 
ivb. 


STR 

litre  les  Turcs.  Il  fut  pris  plu- 
fois,  s'échappa  ou  fut  déliTre, 
mit  les  îles ,  les  cotes  de  l'Ar 
,  et  nîvit,  en  1657,  Ams- 
1 ,  où  il  se  maria.  U  menait  une 
nquiUedepuis  dix  ans,  lorsqu'il 

que  Tempereur  de  Moscovie 
lit  équiper  quelques  vaisseaux 
nsterdam  pour  aller  en  Perse, 
la  mer  Caspienne  :  il  n'y  eut , 
1 Y  point  d'attache  qui  put  me 
nir.  »  Monté ,  le  i*^.  septem- 
568 ,  sur  un  vaisseau  qui  fit 
pour  la  Baltique ,  il  deDarqua 
i ,  gagna  Moscou ,  et  arriva  par 
sLva  ,  rOka  et  le  Volga  sous 
urs  d'Astrakhan.  Le  la  juin 
,  la  flotte  sur  laquelle  il  servait 
île  pour  la  mer  Caspienne.  Son 
ent  échoua  siu:  la  cote  du  Dag- 
I  ;  et  il  fut  fait  prisonnier  avec 
jmpa gnons.  On  les  mena   au 
u  tchamkal  de  Bayance  au  sud 
irkou  ;  il  fut  vendu  à  un  Per- 
changea  de  maître  ,  et  ajnrcs 
ies  courses ,  fut  racheté  à  Cha- 
f  par  un  Géorgien ,  ambassa- 
lu  roi  de  Pologne.  Un  an  après, 
a  sa  rançon  à  ce  patron,  dont 
rait  eu  nullement  à  se  louer,  et 
octobre  1671 ,  se  joignit  à  une 
ane  qui  partait  pour  Ispahan, 
i  eusuite  k  Chiras  ,Lar  et  Gom- 
s^embarqua  pour  Batavia  ,  et 

des  aventures  sans  nombre, 
iTa  en  Hollande ,  le  7  octobre 

,  et  se  relira ,  quelque  temps 
i,  dans  leDitmarsch  (paysda- 
au  nord  de  Hambourg  ) ,  où  il 
•nt  en  i694-  Struys  avait  pu- 
,  en  hollandais ,  les  Mémoires  de 
c  {roya^ien  door  Moscovien, 
larien  ,  Oost- Indien  ^  Amster- 
,  1677  ,  in-4**. ,  iig.  ).  Hs  furent 
iiits  en  allemand ,  l'année  sui  • 
e,  ibid. ,  in-foL;  ils  tombèrent 
e  les  mains  de  Glanius  qui  les 

XLIV. 


STR 


81 


publia  en  français  y  sous  ce  titre  :  les 
Foyages  de  Jean  Strttjs  en  Mos- 
covie, en  Tartarie ,  en  Perse ,  aux 
Indes  ,  et  en  plusieurs  autres  pars 
étrangers,  traduits  du  jlamand , 
Amsterdam,  1681 ,  in-4'^.y  carte  et 
figures  ;  Lyon,  iG8a  ,  3  vol.  in- 1  a , 
fig.;  Amsterdam,  1718^  3  vol.  in- 
I  *i  y  cartes  et  fig.  Cette  relation  est 
d'un  homme  sans  éducation  ;  cepen- 
dant on  y  trouve  de  bonnes  observa- 
tions sur  les  îles  du  Cap  Vert ,  Ma- 
dagascar j  Siam ,  le  Japon ,  l'Archi- 
pel,  la  Russie,  le  Daghestan  et  la 
Perse.  La  révolte  de  Stenko-Radun , 
chef  des  Cosaques^  contre  l'empe- 
reur de  Russie ,  y  est  racontée  eu  dé- 
tail. Struys  se  montre  parfois  cré- 
dule, et  paraît  même  vouloir  tromper 
ses  lecteurs  )  par  exemple ,  lorsqu'il 
raconte  son  ascension  sur  le  mont 
Ararat ,  où  il  cucrit  un  vieil  ermite 
qui  lui  fit  don  u'un  moirceau  des  dé- 
bris de  l'arche  (sk).  I^  carte  de  la 
mer  Caspienne  est  inexacte  à  un 
point  inconcevable;  les  figures  ne 
valent  pas  mieux.  On  trouve,  à  la  fin 
du  troisième  volume ,  la  relation  du 
naufrage  du  7er^c/uf/2mg  >  vaisseau 
hollandais.  E — s. 

STRYK  (  Samuel  de  ) ,  juriscon- 
sulte allemand ,  naquit  le  'i'i  novem- 
bre iG4o.  Son  |)ère  avait  un  petit 
emploi  &  liCU^en  ^  dans  la  Marche  de 
Priegnilz.  Ce  fut  dans  cette  ville  que 
Stryk  reçut  l'instruction  élémentaii-e. 
A  1  âge  de  douze  ans ,  il  fut  envoyé 
au  gymnase  de  Seohauseu ,  où  il  res- 
ta trois  ans.  11  eu  passa  trois  autres 
au  gymnase  de  ('iOiogno-5ur-la-Sî)rcc 
(  Berlin  ).  En  iG'iS ,  il  se  rcnclit  à 

(1)  I.F  Journal  des  uvaiils  du  9i  îuillet  lOAi , 
en  rendant  compte  àt  cci  voyage*  ,  nie  ijuelquei 
autres  Eiits  lucunungerii  que  StruyH  alKnnailcrpru- 
dant  avoir  tu»  de  tr*  i»r«iprc«  yeu« ,  tria  nue  le 
Uuraiiex  ou  Aanut  Srythicut  den  liorda  du  Vol||a; 
II'!»  habitants  de  la  partie  nirrîdioiinle  de  Foruiosc 
qui  ont  toiu,  derrière  le  doa,  une  loiHpM  qu^* 
iieinbl^k  \  odle  d'oo  lifMif,  «te. 

6 


8^ 


SÏR 


rmiivcrsilc  de  Willcubcrg ,  où  il  étu- 
dia la  théologie  j  et  soutint  une 
thèse  :  De  aquis  supracœlestibus, 
11  se  consacra  ensuite  à  la  juris- 
prudence; et,  aprèh  avoir  frci[uente' 
les  cours  des  professeurs  de  droit  de 
Wittcnberg ,  il  al'a ,  en  i  G(>  i ,  ache- 
ver ses  études  à  Francfort- sur -l'O- 
der y  SOUS  le  célèbre  jurisconsulte 
Bruiuieniann.  Il  y  soutint  deux  tliè- 
ses ,  qui  firent  sensation  ,  l'une  :  De 
ordinariis  regnum  consequendi  mo- 
dis  ;  l'autre  :  De  dardanariis.  Il  fit 
ctisnite  un  voyage  en  Hollande  et  en 
Angleterre,  où  il  suivit  les  cours  des 
plus  célèbres  j  ur isconsultcs.  Revenu  à 
Francfort  il  obtint  le  droit  d'y  ensei- 
gner. Di\  Dissertations  qu'il  publia 
successivement  :  De  jure  scnsuiim  , 
où  il  établit  les  droits  qui  ont  leurs 
principes  dans  les  sens  dont  la  nature 
a  doué  l'homme ,  ainsi  que  les  droits 
des  malheureux  qui  sont  privés  de 
l'un  ou  de  l'autre  sens  ,  lui  firent 
une  si  grande  réputation,  qu'à  l'âge 
de  vingt-six  ans ,  il  fut  nommé  pro- 
fesseur extraordinaire  de  Novelles; 
après  quoi  il  prit  le  grade  de  docteur 
en  droit.  En  1668,  il  fut  nommé 
professeur  des  ïnstitutcs  ;  et ,  à  la 
mort  de  Brunnemann,  en  lO^a,  il 
obtint  la  chaire  des  Pandectes.  Sa 
célébrité  était  déjà  si  grande,  que 
l'empereur  I^'opold  lui  adressa  des 
lettres  de  noblesse.  En  i(>8o,  il  ob- 
tint la  chaire  du  Code  ;  et ,  deux  ans 
après,  il  fut  nommé  chef  de  la  faculté 
de  droit.  En  1690,  l'électeur  de  Saxe 
pria  l'électeur  de  Brandebourg  de 
fui  céder  ce  professeur,  qu'il  vou- 
lait placer  d'une  manière  avantageuse 
à  son  université  de  Wittenberg.  Fré- 
déric ni  y  consentit,  à  condition  que 
Sti-yk  reviendrait  dans  sa  patiic  des 
qu'elle  réclamerait  ses  services  ;  ce 
cpii  arriva  bientôt.  Lorsaue  l'électeur 
fonda  l'université  de  Halle ,  eu  liki'À 


STB 

il  y  ap|)elaStryck,  comme  sou  conseil- 
ler intime,  directeur  del'univcrsîtc,  et 
premier  professeur  de  jurispnidence. 
Celui  ci  se  rendit  d'autant  plus  volon- 
tiers à  cet  appel ,  qu'il  avait  éprouvé 
beaucoup  de  désagrémeiiLs  ^  tant  de 
la  part  de  ses  collègues  au  tribunal 
d'appel  à  Wittenberg ,  dont  il  était 
menibre ,  que  de  la  part  des  ministres 
de  l'électeur  ,  qu'on  accusa  d'a- 
voir été  jaloux  de  l'accueil  que  leur 
prince  lui  avait  fait.  Peu  de  temps 
après,  l'empereur  lui  offrit  Ja  cbarge 
ém inente  de  conseiller  auliquc  ac 
l'empire,  avec  celle  de  directeur  de 
l'université  qu'il  allait  établir  à  Bres- 
lau  ;  mais  il  refusa ,  parce  qu'il  était 
décidé  de  terminer  sa  vie  à  Halle.  Il 
mourut  dans  cette  ville ,  le  a3  juillet 
in  10,  Il  avait  épousé,  en  i665,  une 
fille  de  Brumiemann  ,  son  ancien 
maître,  de  laquelle  il  eut  un  fils, 
Jean  -  Samuel ,  qui ,  pendant  quinze 
ans,  fut  son  collègue,  comme  pro- 
fesseur de  droit  à  l'université  de 
Halle.  Cette  épouse  étant  morte  en 
16*77,  ^^  forma  de  nouveaux  liens 
avec  ime  fille  de  WordenhofTer ,  ju- 
risconsulte de  Hambourg ,  qu'il  |)er- 
dit  au  bout  de  trente  ans,  sans  en 
avoir  d'enfants.  Stryk  dut  sa  célé- 
brité autant  à  ses  écrits  qu'à  sou  ta- 
lent remarquable  pour  l'enseigne- 
ment. Il  forma  une  foule  de  juris- 
consultes, qui  de  toutes  les  parties  de 
l'Allemagne  étaient  accourus  pour 
l'entciiJre;  et  ses  le^^ons  étaient  tel- 
nicnt  recherchées  que  lorsqu'il  quitta 
\Vittenl)erg,  un  grand  nombre  d'é- 
tudiants le  suivirent  à  Halle.  L'cx- 
cellenre  de  ses  principes  de  morale 
et  de  religion ,  sa  bonté  naturelle  et 
sa  bienfaisance  le  faisaient  générale- 
ment aimer  et  respecter.  Ses  écrits 
sont  regardés  comme  des  oracles  et 
cités  comme  autorité  devant  les  tri- 
bunaux ,  toutes  les  fois  que  pour  la 


w- 


STR 

décision  d'une  question ,  il  n'est  pas 
viccessaire  de  consulter  Diistuirc  et 
les  antiquités;  car,  sous  ce  rapport, 
il  laissait  beaucoup  à  désirer.  Ces 
écrits  consistent  eu  Consultations  et 
Décisions,  en  Traitcfs  sur  des  matières 
de'tache'es ,  qu'il  a  publies  en  forme 
de  dissertations.  Les  Consultations 
ou  Décisions ,  qui  s'occupent  de  ques- 
tions de  droit  civil ,  ont  été  réunies^ 
au  nombre  de  trois  cents ,  dans  les 
Cansilia  ffallensium  jureconsulto- 
rum,  qui  ont  paru  en  1783,  2  vol. 
in -fol.  Elles  forment  les  deux  der- 
niers volumes  de  l'édition  des  OEu- 
vres  de  Strjk ,  dont  nous  parlerons 

1)lus  bas.  Les  Dissertations  ont  éga- 
emeiit  été  réimprimées  en  forme  de 
collection.  Ce  sont  ces  recueils  que 
Ton  cite  ordinairement,  et  dont  il 
faut  par  conséquent  connaître  les  ti- 
tres. Trois  cents  de  ses  Dissertations 
se  trouvent  réunies  sous  le  titre  de 
Disputationes  juridicœ  Francofur- 
tenses,  6  vol.  in-4°.,  Francfort,  1690 
à  1705,  auxquels  son  Gis  ajouta  les 
Dissertatianes  ffalenses ,  Leipzig , 
i7i.>i72o,  1  vol.,  in-4°.  Il  faut  y 
joindre  les  Recueils  suivants  :  Centu- 
ria  di/ferentiarum  juris  veicris  et 
novissiini ,  item  xti  décades  dijfe- 
reniiarum  juris  civilis  et  canouici , 
Francf. ,  1697  ,  in  4'*»;  De  jure  sen- 
suum  tractatus,  Francfort- su r-l'O- 
der ,  1 6ôly ,  in  -  4'^«  (  dix  Disserta- 
tions) t  la  dernière  édition  est  de 
1^76;  —  Tractatus  de  succès sione 
abinlestato y  ibidem,  ad  V.,  1667, 
in-4'*.  (  douze  Dissertations  )  :  ce  re- 
cueil a  été  réimprimé  eu  1759;  — 
Tractatus  de  actionibus  forcnsibus 
irtvestigandis  et  cautè  eligendis  , 
ibid.,  ivi88,  in-4'^  (  onze  Disser- 
tations) :  la  dernière  réimpression 
est  de  1769; —  Tractatus  de  dis- 
sensu  sponsalitioy  Tiullitate  matri- 
momi  et  desertione  malitiosd,  Wit- 


STR 


83 


tenb. ,  1699,  in  -  4^*  (  ^i^  Disserta - 
lions  )  :  réimprimé  en  1 7 33  ;  —  Trac- 
tatus de  cautelis  testamentorum , 
Halle,  1703,  in -4®.  (  quinze  Disser- 
tations) :  dernière  édition,  de  1768; 
—  Tractatus  de  cautcUs  juramen- 
torum  in  foro  obseruandis.  Cette 
Dissertation,  qui  parut  à  Francfort, 
en  1 706 ,  in-4**. ,  a  clé  tellement  aug- 
mentée dans  les  éditions  suivantes , 
qu'elle  forme  uu  volume  de  plus  de 
700  pag.  in-4**.;  dernière  réimpres- 
sion de  1 7  58  ; — Spécimen  usûs  mo- 
demi  Pandectarum  ad  lib,  i-r,  in- 
4^*  La  ]»remière  édition  de  ce  Re- 
cueil de  vingt-une  Dissertations  parut 
en  i(i9o  ;  la  dernière  en  1780. 5tiyk 
eu  donua  deux  continuations, dont  la 
première ,  sur  les  livres  vi  à  xii ,  ren- 
ferme huit  Dissertations  ^  et  la  secon- 
de ,  sur  les  livres  xii  à  xxii ,  onze. 
Après  la  mort  de  Stryk ,  son  fils  ^ 
réuni  à  J.-H.  Bœbmer  et  à  J.-F.  Lu- 
dovici ,  acheva  cet  important  ouvra- 
ge, en  publiant  deux  continuations. 
Jja  dernière  édition  de  ees  quatre  con- 
tinuations est  de  1 776.  On  doit  encore 
à  Stryk  ,  Prœlectiones  riadrinœ  de 
cautelis  contractuam ,  Wittenberg , 
1684 ,  in-4^. ,  dont  la  dernière  édition 
a  paru  à  Berlin ,  en  1 753.  Une  tra- 
duction allemande  a  été  imprimée  à 
Francfort -sur -l'Oder,  en  1700  et 
1727  ,  in-4".;  Introductio  ad  pra- 
xin  forensem  cautè  instituendam  , 
il).,  1691 ,  in-4^*  :  la  quatrième  édi- 
tion est  de  1763;  Examen  juris 
feudalis  ,  ibid.  ,  1^)75  ,  in  -  la  , 
réimprimé,  pour  la  dernière  fois,  en 
\']iSYï\  Annotationes  succinctœ  in 
LauterbaclUi  comjtendmm  juris , 
Leip/.ig ,  1 70 1 ,  iu-4*'.  ;  réimprimées , 
pour  la  dernière  fois ,  en  1 77,7.  Stryk 
a  été  l'éditeur  de  l'ouvrage  suivant  : 
Joan.  Brunnemanni  de  jure  eccle- 
siasiico  tractatus  posthumus  ,  in 
usum  ccclesiarum  cvangelicarum  , 

6.. 


84  STR 

Wiltnibcrg ,  in-4**. ,  donl  la  qiiatric- 
in€  édition  est  de  1699.0»  a  publie  son 
Cours  sarLauterbachii  Compcndium 
Digestorum,  dont  la  septième  édition 
parut  en  1  •;  1 8,  cl  la  dernière  en  1 74 1  • 
fous  les  onvraç;es  de  Slryk  el  de  son 
fils  ont  ëte  reunis  en  seize  vol.  in-fol., 
Uim,  1^44  ^  1755.  Les  onzième  et 
douzième  volumes  de  celte  collection 
renferment  des  Dissertations  inédites. 
Une  autre  collection  ne  contient  qu'un 
cboix.  d'ouvrages ,  sous  le  titre  d'O- 
pera prœstantiora ,  4  vol.  in- fol. ^ 
Halle,  1746.  Nous  passons  sous  si- 
lence d'autres  productions  auxquelles 
il  eut  part.  Le  célèbre  Heineccius  pu- 
blia ,  en  17 10,  en  latin ,  un  Panégy- 
rique de  Stryk,  qui  est  regardé  com- 
me un  chef-d'œuvre  ;  on  le  trouve  à 
la  suite  des  Fundanienia  styli  cultio 
ris  de  ce  jurisconsulte.         S-— l* 

STRYKOWSKI  (Matrias),  pre- 
mier historien  de  la  Lithuanie,^a 
patrie  ,  acheva  ses  études  k  Gra- 
eovie.  Voulant  se  perfectionner  dans 
la  littérature  grecque  et  latine,  il 
voyageai  en  Asie ,  en  Italie ,  en  Alle- 
magne et  en  France,  où  il  recher- 
cha la  société  de  Budé  ,  de  Paul- 
Manuce  et  des  autres  savants  qui, 
travaillaient  avec  ardeur  à  la  restau- 
ration des  letlre^i.  Etant  rentré  en 
Pologne^  il  fut  nommé,  par  l'évcque 
de  Samogilic,  chanoine  de  Miednice 
et  archidiacre  du  diocèse.  Tous  les 
moments  que  ses  devoirs  ne  deman- 
daient point  étaient  consacrés  à  l'é- 
tude et  à  des  recherches  sur  l'his- 
toire. Sigismond- Auguste^  visitant 
la  Lithuauie ,  entendit  parler  de  Stry- 
kowski  et  de  ses  travaux.  Il  voulut 
le  voir  ,  et  afin  de  s'attacher  un 
homme  si  précieux ,  il  le  nomma 
conservateur  des  archives  de  la  cou- 
ronne. Strykow.ski  passa  le  reste  de 
ses  jours  ;i  met  lie  vn  ordre  et  à  étu- 
dier les  documents  confiés  à  sa  gar- 


I 


STR 

de.  Il  a  écrit  en  polonais  des  Suco^ 
lujues ,  une  Elégie  sur  la  mort  de 
Sigismond  -  Auguste ,  un  Poème  sur 
le  couronnement  de  Henri ,  duc  d'An- 
jou, la  Fie  des  rois  de  Pologne  j  la 
Guerre  des  Turcs ,  à  laquelle  il  avait 
été  présent ,  un  Traité  sur  la  liberté 
de  la  nation  polonaise ,  et  enfin  une 
Histoire  des  peuples  Slaves^  sous  ce 
titre  :   MatfUœ   Qssototi^icy  Stry- 
kowskiesokronikaPolsha^  Litews- 
ka,  RusKa,  Pruska^  Moskewska  , 
Tatarska  (ou  Chronique  de  la  Polo- 
ne  y  de  la  Lithuanien  ae  la  Russie ,  de 
a  Prusse  y  de  la  Moscotne  et  de  la 
Tartane),  Kœnigsberg  ,  1 58a,  in-f«>. 
«  Pour  composer  ce  grand  ouvrage , 
dit  un  savant  bien  digne  de  le  juger 
(i)^  Strykowski  avait  fait  usage  de 
douze   chroniques    manuscrites  en 
langue  lithuanienne ,  de  neuf  en  lan- 
gue prussienne  et  livonienne ,  de  cinq 
en  langue  polonaise ,  et  d'une  foule  de 
manuscrits  en  langues  russe,  bulgare 
et  slavonne.  Il  est  le  premier  qui  ait 
osé  compulser  ces  documents  des  an- 
tiquités slavonnrs.  On  doit  regretter 
ue  sa  chronique  «  fruit  de  sept  ans 
e  travail ,  et  dont  il  ne  fit  tirer 
qu'un  petit  nombre  d'exemplaires, 
soit  devenue  si  rare  et  qu'on  n'ait 
point  pensé  à  la  réimprimer.  Dans 
sa  préface ,  il  avait  promis  de  la  pu- 
blier encore  en  latin  et  en  allemand;  il 
en  fut  empêché  parle  mauvais  état  de 
sa  santé  ^  par  la  difficulté  de  couvrir 
les  frais  de  l'entreprise  et  sans  doute 
aussi  par  l'impudence  avec  laquelle 
des  étrangers  osèrent  s'appropner  le 
fniit  de  ses  longues  et  pénibles  re^ 
cherches.  On  a  noté ,  dans  sa  chro- 
nique, des  erreurs  chronologiques 
qu'on  excuse  facilement  quand  on 
peiLse  combien  il  était  difficile  de 

(i)  Rriiiin ,  De  scriptorum  Polontm  et  Ptuuim  M 
hihiiolhi  ed  Brauniand  eoUoriorttm  virtutihuM  et  iij- 
lu*  emtmlogm  H  Judieium  ,  Colonne,  17*3 ,  tB-4** 


3 


STR 

mettre  eo  onlre  des  maiiuAcrits  ré- 
diges CD  tant  de  laiigues  difFercntes  et 
chez  des  peuples  qui  n'avaient  reçu 
que  depuis  quelques  siècles  la  religion 
cil  retienne,  et  avec  elleTartdVcrire 
et  les  premiers  éléments  de  la  civili- 
sation. L'italien  Guagnini  lit  paraî- 
tre, dans  le  même  temps ,  eu  latin, 
une  description  de  la  Sarmatie  euro* 
peenne,  avec  une  Chronique  abrégée 
de  la  Pelote  et  de  la  Lithuanie. 
StrykowsLi  réclama  vivemeut  contre  ' 
cette  pidilication  ;  prenant  Dieu  et 
sa  conscience  à  témoin,  que  Guagni- 
ni ne  savait  pas  écrire  (  litteraruni 
rudis  )  ;  qu^a jant ,  comme  gouver- 
neur de  VV'itepsk ,  des  ordres  à  lui 
donner ,  il  avait  lâchement  eule- 
vé  ses  manuscrits,  et  qu'après  y 
avoii*  fait  quelques  légers  cliangc- 
ments,  il  les  avait  publiés  en  Jatin. 
Ceux  qui  ont  pu  comparer  l'une  et  l'au- 
tre chronique,  assurent  que  c'est  au 
fond  lemrme  ouvrage.  Le  roi  Étieuue, 
dans  le  privil^e  qu'il  signa  à  Yilna 
(i58o),  en  faveur  de  Strykowrski, 
reconnaît  que  la  description  de  la  Sar- 
matie est  l'ouvrage  de  cet  auteur.  Ce- 
pendant l'italien  Guagnini  avait  osé, 
deux  ans  auparavant,  publier  le  tra- 
vail qu'il  avait  si  lâchement  pillé. 
Passkowski  fit  paraître  (  1 6 1 1  ) ,  en 
polonais,  la  chronique  de  Guagniui, 
avec  quelques  additions  et  sous  les 
yeux  de  l'auteur  ;  c'est  toujours  l'ou- 
vrage de  Strykowski.  Koialowicz  a 
été  beaucoup  plus  sage  et  plus  mo- 
deste que  Guagnini  *  en  commençant 
son  Histoire  de  la  Lithuanie^  il  dit 
franchemeut,  sans  même  nommer 
Guagnini  :  Strykowski,  cet  homme 
si  trudit ,  a  le  premier  publié  l'his- 
tvire  de  la  Lithuanie^  qu'il  avait , 
avec  tant  de  soin  et  si  fidèlem^^nt , 
ùrèc  de  documents  manuscrits. 
Mais  comme  il  a  écrit  enpolonais  et 
({H  il  est  à  présent  (  iG4o  )  presque 


STK 


85 


impossible  de  te  pi-ocurer  un  exurn- 
plaire  de  sa  Chrojtif/UK ,  l'utilité  île 
V ouvrage  m*  répond  nullement  aux 
immenses  recherches  de  l'auteur. 
Afin  d'en  conserver  le  souvenir ,  on 
m  a  engagé  à  traduire  et  publier 
sa  Chroîiique  en  latin.  J'ai  cédé  en 
partie  à  ces  vœux ,  en  prenant  cette 
chronique  pour  base  de  mon  tra- 
vail. Âiusi  mon  Histoire  ne  m'ap- 
partient qu'à  raison  de  tordre  nou- 
veau que  j'ai  cherché  à  mettre  dans 
les  recherches  de  ce  savant.  »•  La 
chronique  de  Strj'kowski  n'existe 
point  à  Paris,  et  i'autcur  de  cet  arti- 
cle n'a  pu  la  découvrir,  ni  en  Alle- 
magne ni  en  Pologne.  G — y. 

STRYPK  (  Jean  ),  hiogr^iphc,  na- 
quit le  i^^.  nov.  1(343  ,  à  Londres, 
ou  plutôt  à  Shepuey(  village  voisin;, 
où  son  pcre,  réfugié  brabançon^  avait 
im  petit  élablisscnieiit  de  commerce. 
11  iit  ses  études  à  Cambridge,  em- 
brassa l'état  ecclésiastique ,  exerça  , 
pendant  plus  de  cinquante  ans ,  l'oili- 
cc  de  pasteur  à  Lo w-fjcyton  en  Ëssex, 
et  mourut  le  1 1  décembre  i  jSt  ,  à 
llamey.  On  a  de  lui  1  I.  Plusieurs 
Notices  biographiques,  entre  autres 
cellcde  rarchevcque  Craumer,  i6ç)4y 
in-fol.  ;  celles  do  sir  Thomas  Smith  , 
i6()8,  in-8*>.,  du  docteur  Helmer, 
évoque  de  Londres  ,  1701 ,  in-B®.  ; 
de  sir  John  Clieke,  1705,  iii-8".  ;  de 
l'archevwjue  (jrindal ,  1 7 1  o ,  in-fol. , 
de  l'ai-chevcque  Whitgift ,  1 7 1 8 ,  in- 
fol.  ,  etc.  11.  Amuiles  de  la  réfor- 
mation, 4  vol.,  do  1709  à  1731. 
\\\.  Leçons  pour  la  jeunesse  et  pour 
l'âge  mur,  1  Gt^) ,  in-  vx.YS .  Sermon 
prêché  aux  assises  d' H ertford,  1689, 
et  autres  Discours  proiioncxfsde  i(x)5 
à  I7'i4«  ^*^  plus  important  de  ses 
travaux  est  1  édition  de  la  Descrip- 
tion de  Londres  ,  par  Stow ,  dont  il 
s'occupa  pendaut  huit  a  us  (  Fojr. 
Stow  ).  Les  ouvrages  historiques  do 


86 


STR 


Strypc  sont  remarquables  par  IVlcn- 
due  et  l'exactitude  des  recherches  j 
mais  sou  style  est  sans  ëlc'gance ,  et 
d'une  extrême  monotonie.  Sa  Notice 
sur  Cranmcr  a  c'tc  réimprimée  à 
Oxford ,  en  1810,  iu-8". ,  revue  par 
Hemi  Ëllis  .  avec  des  additions  et 
une  Vie  de  Fauteur.  Ou  a  puLlié  des 
Mémoires  sur  Strype  ,  et.  l'ou  cou- 
serve  de  hii  une  vofuminciise  corres- 
pondance, et  divers  opuscules  manu- 
cri  ts  ,  au  Muséum  bnta nique.     Z. 

STUART  (Robert  II),  roi  d'E- 
cosse, était  ucveu  Je  David  II  (Bru- 
ce ).  Selon  l'opinion  commune^  il 
descendait  de  Bauquo ,  thane  de  Lo- 
chabir  (  V,  tom.  V  ,  p.  3 1 7  ) ,  qui  fut 
assassiné  avec  trois  de  ses  fils ,  en 
io53 ,  parordrc  de  Macbeth.  Fléau- 
ce,  leqnalric'me  lils,  s'étant  sauvé  à 
la  faveur  de  la  nuit ,  se  réfugia  près  de 
Malcolm  Canraore ,  duc  de  Cumber- 
land,  fils  du  dernier  roi.  11  alla  en- 
suite chez  Griflith  ap  Lewellin,  prin- 
ce delà  paitieseptentrionaledupays 
de  Galles,  dont  il  épousa  Infille.  lien 
eut  un  fils  nommé  Walter.Sa  qualité 
d'étranger  lui  attira  la  haine  de  la  no- 
blesse galloise ,  qui  le  fit  assassiner  : 
il  n'avait  alors  que  vingt- cinq  ans. 
Walter,  parvenu  à  l'âge  viril,  ven- 
gea la  mort  de  son  pcre  sur  celui  qui 
en  était  le  priucipal  auteur ,  quitta  le 
pays ,  et  vint  en  Ecosse,  où  Malcolm , 
parvenu  au  trône,  l'accueil  lit  et  récom- 
pensa ses  services  par  le  don  de  terres 
considérables  et  de  la  charge  de  sé- 
néchal (  Stuart  ) ,  dont  le  tilre  devint 
son  nom  et  celui  de  sa  famille.  Wal- 
ter mourut  en  i  oç)3 ,  laissant  six  fils 
et  trois  filles.  Alain  Taîné ,  qui  lui 
succéda  dans  sa  dignité ,  mounit  en 
1 1 53,  Walter  11  on  1 1 77  ,  Alain  II 
en  1 2o4  :  tous  deux  furent  prodigues 
de  leurs  biens  envers  les  couvents. 
Alain  II  fit  le  vovage  de  la  Terre- 
Sainte.  Walter  f II ,  surnommé  de 


STU 

Dundonald,  devint  grand-justicier 
du  royaume  et  mourut  eni  ^4  <  •  Wal- 
ter IV  se  distingua  dans  les  guerres 
qui  troublèrent  le  règne  de  Robert 
en  i3 15.  Ce  monarque  lui  donna  en 
mariage  sa  fille  Marie;  l'année  suivan- 
te ,  ceile-ci ,  étant  très-avancée  dans 
sa  grossesse ,  tomba  de  cheval  et  se 
tua  ;  on  lui  fit  l'opération  césarienne, 
et  ce  fut  ainsi  que  Robert  vînt  au 
monde.  L'accoucheur  chargé  de  l'o- 
pération l'avait  blessé  k  l'œil ,  ce 
qui  le  fît  surnommer  ^/fare££-^e. 
Pendant  que  son  oncle  David  II  était 
en  France  {F.  tom.  VI ,  p.  76),  ilfut 
chargé  de  la  régence  et  tint  encore 
les  rênes  de  l'état  durant  les  dix  ans 
de  la  captivité  de  David^  à  laquelle  il 
avait  essayé  vainement  plusieurs  fois 
de  mettre  un  terme.  Lorsqii'enfin  ce 
prince  eut  recouvré  sa  liberté ,  Ro- 
bert envoya  Jean ,  son  fds  aîné  y  avec 
les  autres  otages  qui  devaient  tenir 
la  place  du  roi  ;  il  offrit  même  de  re- 
mettre tous  ses  enfants  à  l'ennemi 
jusqu'à  ce  que  la  rançon  de  David 
fut  entièrement  acquittée ,  et  s'enga- 
gea ,  si  elle  ne  l'était  pas ,  et  si  le  roi 
refusait  de  rentrer  dans  sa  prison  y 
d'aller  tenir  sa  place  avec  deux  au- 
tres lairds.  A  la  mort  de  David,  en 
1 3*^0  ,  Robert  fut  recoimu  roi ,  con- 
formément au  testament  de  Robert 
l^^,,  mais  ce  ne  fut  pas  sans  opposi- 
tion: Guillaume  ,  comte  de  Douglas, 
réclamait  la   couronne  comme  issu 

Sar  les  femmes  de  Dervegild ,  soeur  de 
eau  Bailleul;  ses  prétentions ,  regar- 
dées commes  frivoles  par  tous  les 
Écossais  qui  aimaient  sincèrement 
leur  patrie,  et  même  par  ses  amis, 
furent  rejetées  par  un  acte  du  parle- 
ment réuni  à  Scone.  Cette  assem- 
blée déclara  Jean ,  fils  de  RoLeit , 
son  successeur.  Le  premier  soin  du 
nouveau  roi  fut  de  régler  toutes  les 
affaires  relatives  h  l'Angleteire.  Il 


STU 

■s*occupa  de  payer  ce  qui  c'uit  encore 
4û  sur  la  rançon  de  David  ,  et  réso- 
lut d'oliserver  reL'gieusement  la  trê- 
ve :  cependant  il  se  tenait  sur  ses 
gardes  ,   car  il  connaissait  l'esprit 
ambitieux  d*Édouard  III.  En  elTet 
les  hostilités  éclatèrent  bientôt  et  du- 
rèrent pendant  tout  le  règne  de  Ro- 
bert Les  historiens  e'cossais,  observe 
Robertsou ,  se  sont  bien  plus  occupes 
de  raconter  les  guerres  de  Robert  11, 
que  de  nous  instruire  de  ce  qui  con- 
cernait radniinistratiou  deTctat.  Ils 
decnycut  longuement  des  escarmou- 
ches et  des  excursions  de  peu  de  con- 
séquence, tandis  qu'ils  gardent  un 
Srofond  silence  sur  ce  qui  s'est  passe 
urant  quelques  années  de  ti'auqnil- 
litc.  Des  trêves  nombreuses  et  morne 
des  traites  de  pai\  faisaient  cesser 
parintervalle  ces  guerres  qui  livraient 
les  frontières  des  deux  royaumes  à 
des  dévastations  continuelles.  Dès  la 
première  année  de  son  règne,  Robert 
reoouvela  l'antique  alliance  de  son 
royaume  avec  la  France  ;  et  à  l'avé- 
ucment  de  Charles  VI  au  trône,  il 
lui  envoya  un  ambassadeur  pour  le 
complimenter  et  resserrer  l'union. 
Dans  la  dernière  guerre  de  Robert 
avec  l'Angleterre,  son  armée  rem- 
porta la  victoire  h  la  bataille  san- 
glante qui  se  donna,  le  '2i  juillet 
i388,  à  Otterburn  :  elle  est  connue 
sous  le  nom  de  Chasse  de  Cheviot  y 
et  le  souvenir  en  a  été  conservé  par 
une  baUadr  célèbre ,  sous  le  même 
titre.   Une  trêve  signée  en  France  , 
en  1 389 ,  mit  fin  à  reilusion  du  sang. 
Robert,  accablé  par  l'âge  et  les  fati- 
gues, mourut  au   château  de  Dun- 
donald  ,  le  19  avril  1 890 ,  regretté 
de  ses  sujets,  au^iquels  sa  vaillance, 
sa   sagesse   et  son  équité ,  l'avaient 
rendu  cher.  E — s. 

STU  ART  (RoiîERT  III),  fils  du 
précédent^  lui  succéda  sans  aucun 


STU  87 

olistacle,  et  fut  couronné  le  i3  août 
1 39o.I^parlenicnt,asscmbléà  Perlh, 
changea  le  nom  de  ce  prince,  qui 
s'appelait  Jean,  et  lui  donna  celui 
de  Robert,  chéri  de  la  nation.  La 
santé  délicate  du  nouveau  roi  ne  lui 
permettait  pas  de  s'occuper  avec  as- 
siduité des  affaires  publiques.  Son 
frère  Alexandre ,  comte  de  Fife ,  fut 
nommé  premier  ministre.  La  pre- 
mière année  de  ce  règne  fut  tranquil- 
le ;  mais  bientôt  l'esprit  belliqueux 
et  remuant  des  nobles  excita  des 
troubles.  Us  formèrent  des  partis  qui 
se  faisaient  une  guerre  à  outrance. 
Les  troupes  du  roi  ne  réussissaient  à 
rétablir  la  paix  qu'avec  beaucoup  de 
dillicullé  et  seulement  pour  peu  de 
temps.  L'autorité  des  chefs  de  clans 
ou  tribus  était  plus  forte  dans  leur 
territoire  que  celle    du  monarque. 
D'ailleurs  Robert,  qui  à  un  tempé- 
rament valétudinaire  joignait  un  es- 
S  rit  médiocre ,  n'était  pas  eu  état 
'entrer  eu  lice  avec  des  hommes 
sans  cesse  disposés  à  tirer  répée  pour 
augmenter  plutôt  que  pour  défendre 
leurs  droits.  Leur  pouvoir  prit  ime 
si  grande  extension,  et  jeta  aes  raci- 
nes si  profondes ,  que  lorsque  les  suc- 
cesseurs du  faible  Robert  voulurent 
rétablir  les  prérogatives  de  la  cou- 
ronne ,  ils  succond^èreut  cbms  leur 
enti'cprise.Hcureusementqucferoyau- 
me  fut ,  pendant  les  premières  années 
de  Robert,  en  paix  avec  l'Angleterre. 
La  trêve  conclue  en  1 389  fut  prolon- 
gée à  plusieurs  reprises;  pms  Henri 
IV ,  après  avoir  détrôné  Richard  II , 
exig<;a  qu'elle  fût  renouvelée.   Ce- 
pendant on  reprit  de  nouveau  les  ar- 
mes en  1 4oo.  Henri ,  arrivé  sur  les 
fronlicrcs  d'Ecosse  ,  demanda  que 
Robert  et  les  grands  de  son  royaume 
s'assemblassent  à  Édinbourg  pour  lui 
rendre  hommage;  et  il  s'avança  jus- 
qu'à Leith.  David,  fils  aîné  de  Ro- 


88 


STU 


bert,  répondit  que  ses  prétentioiis 
citaient  mal  fondées,  et  lui  proposa , 
pour  éviter  l'eilusion  du  sang ,  de  vi- 
der la  querelle  par  un  comnat  entre 
un  certain  nombre  de  nobles  pris  dans 
chaque  nation,  ajoutant  que  lui-mê- 
me se  présenterait  a  la  tête  des  Écos- 
sais. I^  régent  déGa  Henri  à  un  com- 
bat singulier.  On  conçoit  que  le  roi 
d'Angleterre  n'accepta  pas  des  con- 
ditions de  ce  genre;  mais  il  eut  à  lut- 
ter contre  les  mauvais  temps ,  la  di' 
sctte  et  les  maladies  ^  qui  le  forcèrent 
de  s'éloigner.  On  convint  d'une  trêve, 
qui  fut  rompue  en  i4o2.  On  en  con- 
clut une  nouvelle  en  i4o4>  ^  l'on 
arrêta  le  projet  d'un  congrès  sous  la 
médiation  de  la  France^  pour  une 
paix  définitive.  Tandis  que  les  cho- 
ses prenaient  cette  tournure  favora- 
ble, David  se  livrait  à  des  dérègle- 
ments si  scandaleux  y  que  son  mal- 
heureux père,  k  qui  l'on  en  porta  des 
plaintes ,  chai^ea  le  duc  d  Albany , 
régent  du  royaume,  d'arrêter  le  jeu- 
ànt  prince.  Le  duc ,  qui  aspirait  au 
trône ,  s'empressa  d'exécuter  cet  or- 
dre ,  et  fit  enfermer  David  dans  le 
château  de  Falkland.  Bientôt  cdui-ci 
mourut,  victime  des  traitements  ri- 
goureux qu'il  avait  éprouvés  dans  sa 
Srison.  A  cette  nouvelle ,  la  tendresse 
e  Robert  se  réveille  :  il  pense  que  la 
perfidie  du  duc  d'Albany  l'a  privé 
de  son  iils.  Abattu  par  la  douleur,  il 
renonça  au  gouvernement,  et  se  re- 
tira à  l'île  de  Bute ,  pour  y  vivre  dans 
la  solitude  et  veiller  sur  les  jours  de 
Jacques,  son  second  fils.  Ne  le  croyant 
pas  encore  à  l'abri  des  projets  du 
duc  d'Albany,  il  le  fit  embarquer 
pour  la  France  ,  sous  la  conduite  du 
comte  desOrradeset  d'un  évêque,  et 
lui  remit  des  lettres  de  recommanda- 
tion pour  le  roi  d'Angleterre,  dans 
le  cas  où  les  vents  contraires  l'obli- 
geraient de  relâcher  dans  ce  pays. 


STU 

Quoique  la  trêve  diirât  encore,  le 
vaisseau  fut  pris  par  des  bâtiment! 
anglais.  L'éveqnes  échappa;  Jacques 
et  le  comte  furent  enfermés  dans  la 
Tour  de  Londres.  Robert  ne  put 
supporter  cette  nouvelle  crise.  Le 
chagrin  termina  ses  jours  en  i4o5. 


STU  ART  (  Marie),  ror.  Mame. 

STU  ART  (  Arabêlla  )  plus  con- 
nue dans  l'histoire  sous  le  nom  de 
lady  Arabelle ,  offre  un  exemple  dt 
cette  fatalité  attachée  à  l'illustre  et 
malheureuse  famille  des  Stuarts.  La 
destinée  de  cette  princesse  a  quelque 
rapport  avec  celle  de  la  fameuse  Ma- 
demoiselle  ,  fille  de  Gaston ,  duc 
d'Orléans.  Toutes  deux  se  virent 
contrariées  dan.«  leurs  inclinations  et 
persécutées  par  des  rois  leurs  cou- 
sins. Mais  si  la  fierté  de  Louis  XI Y 
le  forçait  y  malgré  lui ,  à  prévenir  la 
mésalliance  d'une  proche  parente , 
sa  générosité  naturelle  épargna  du 
moins  à  l'amante  et  peut-être  à  l'é- 
pouse de  Lauzun ,  le  traitement  ri- 
goureux quel'ombrageux  Jacques  I^. 
fit  subir  à  lady  Arabelle ,  pour  la  pu- 
nir de  s'être  mariée  en  secret  et  con- 
tre sa  volonté.  Fille  de  Charles 
Stuart ,  comte  de  Iienox ,  le  frère  ca- 
det de  ce  Henri  Damley  que  Uarie 
fit  asseoir  sur  le  trône,  Arabelle  eut 
pour  mère  Elisabeth  ^  fille  de  sir 
GuillaumeCavendish  de  Ghatsworth, 
chevaber  (  Km'ght  )  du  comté  de 
Derby.  On  place  sa  naissance  vers 
l'année  1377  (1).  Elle  fut  élevée  à 
Londres  sous  les  yeux  de  la  vieille 
comtesse  de  Lenox ,  son  aïeule.  Quoi- 
qu'elle n'eût  point,  comme  sa  tante 
Marie, les  avantages  personnels  d'une 
rare  beauté  ou  d  un  esnrit  éclatant , 
sa  main  ne  laissa  pas  d'être  recher- 
chée par  un  grand  nombre  d'ambi- 
-  > 

(1)  Suitanl  Oldji,  >Uc  éUil  utc  «B  157S. 


STO 

'éblouissaient  son  illustre 
et  ses  droits  éventuels  à  la 
d'Angleterre.  Après  la  mort 
re,arrivéeen  long^ comme 
restait  seule  bëntière  de  la 
Lenox,  on  projeta  pour  elle 
mariages  y  tant  dans  sa  pa- 
lans les  pays  e'trangers.  Le 
lousin,  qiu  n'e'tait  encore 
les  VI  d'Ecosse,  sedispo- 
donner  pour  époux  Esme 
'il  ayait  créé  duc  de  Leuox , 
it  de  s'être  marie  lui-même , 
frait  comme  son  héritier, 
ine  Elisabeth  empêcha  cette 
[uisemblaitpourtant  si  con- 
fia succession  du  trône d'An- 
'e'tant  pas  alors  déterminée 
DÎcre  positive ,  la  politique 
les  puissances  de  TËurope 
ussi  sur  la  main  de  ladj 
et  il  fut  question  delà  marier 

Savoie  et  à  d'autres  prin- 
ainsi  que ,  pour  lui  appli- 
pression  d'un  biographe 
Il ,  elle  traînait  à  la  queue 
mteau  presque  royal ,  tous 
tcurs  d'une  couronne  en 
*e.  Cependant ,  parvenue  à 
lie  commençait  à  vouloir 
;r  ses  propres  sentiments 
ilance  de  sa  destinée ,  lady 
y  û  nous  en  croyons  de 
ncut  le  désir  de  se  marier 
:omte  de  Northumberland , 
ne  puisse  croire,  avec  l'his- 
nçais ,  que  ce  mariage  ait 
t  lieu  secrètement.  Au  sur- 
ojet  transpira  et  suffit  pour 
rindicalive  Elisabeth,  qui 
er  lady  ArabcUe  dans  une 
la  mort  de  la  reine  d'An- 
[uelques  mécontents  formè- 
ssein  extravagant  de  trou- 
ix  publique  en  s'emparant 
rabelle ,  et  de  couvrir  de  ses 

trône  le  bouleversemoit 


STU  89 

qu'ils  méditaient^  en  proposant  de 
la  marier  à  quelque  seigneur  an- 
glais ,  dont  l'appui  fortifierait  leur 
cause  et  soulèverait  le  peuple  en  leur 
faveur.  Mais  cette  conspiration  ne 
devint  fatale  qu'à  ses  auteurs,  qui  fu- 
rent promptement  mis  en  déroute  y 
et  dont  quelques-uns  furent  arrêtés  et 
punis  de  mort.  Il  ne  paraît  pas  que 
lady  Arabelle  ait  eu  connaissance  de 
ce  complot  y  dont  le  prétexte  était  son 
élévation  y  et  qu'au  surplus  l'histoire 
ne  nous  a  transmis  que  d'une  ma- 
nière vague.  Elle  jouit  de  sa  liberté 
et  d'une  apparence  de  faveur  à  la 
cour,  quoique  d'ailleurs  sa  fortune 
fût  peu  digne  de  son  rang ,  jusqu'à 
la  fin  de  l'année  1608,  où  elle  en* 
courut  y  sans  qu'on  en  sache  précisé- 
ment la  cause ,  le  déplaisir  du  roi  Jac- 
ques. Cependant  aux  fêtes  de  Noël,  oii 
la  joie  et  les  divertissements  préva- 
laient à  la  cour  sur  toute  autre  consi- 
dération ,  elle  fut  accueillie  comme 
par  le  pissé:  on  lui  fit  présent  d'un  ri- 
che service  de  vaisselle  plate,  on  paya 
ses  dettes  et  on  augmenta  son  revenu 
annuel.  Peut-être  voulait- on,  par  ces 
marques  de  faveur,  la  rendre  docile 
au  joug  du  célibat  qu'on  lui  imposait. 
Mais  ce'soin  était  déjà  probablement 
inutile,  puisqu'au  mois  de  février 
1609 ,  on  découvrit  qu'elle  avait  lié 
une  intrigue  d'amour  avec  Guillaume 
Scymour ,  fils  de  lord  Beauchamp  et 
petit-fils  du  comte  d'Hertford.  Mal- 
gré les  mesures  qui  furent  prises , 
bien  qu'on  les  eût  fait  comparaître 
tous  deux  pour  recevoir  une  Sévère 
réprimande ,  ils  se  marièrent  en  se- 
cret peu  de  temps  après.  C'est  un 
tableau  assez  bizarre  que  la  vie  d'une 
princesse ,  qui  semble  n'avoir  jamais 
ocaipé  ses  amis  comme  ses  ennemis 
sous  aucun  autre  point  de  vue  que  le 
don  de  sa  main.  Ici  des  princes  et 
des  factieux  intriguaient  ou  conspi- 


90 


STU 


raient  pour  qu'elle  eût  un  e'poux  ;  là 
des  reines  et  des  rois  veillaient  à  ce 
qu'elle  n'en  eût  point  5  ou  la  traitait 
en  crimineUe  d  état  pour  en  avoir 
choisi  un.  Toute  son  histoire  depuis 
sa  naissance  jusqu'à  sa  mort  ne  se 
compose  que  de  projets  de  maria- 
ge. Quand  on  apprit ,  dans  l'e'të  de 
1610  y  que  sa  destinée  était  enfin  ac- 
complie, et  qu'elle  avait  épousé  Sey- 
mour ,  on  la  confia  comme  prison- 
nière à  la  surveillance  de  sir  Thomas 
Parry;  et  Seymoui*  fut  mis  à  la  tour. 
Il  paraît  cependant  que  leiur  capti- 
vité n'était  pas  très-rigoureuse.  Lady 
Arabelle  avait  la  permission  de  se 
promener  dans  les  jardins  de  son 
gardien;  et  elle  entretint,  pendant 
long- temps,  un  commerce  de  lettres 
avec  son  époux.  Mais  le  secret  de 
cette  correspondance  ayant  été  trahi, 
on  résolut  de  la  faire  partir  pour 
Durham,  rigueur  qui  fa  jeta  dans 
un  profond  désespoir.  £lle  forma  , 
pour  sa  délivrance  et  celle  de  Scy- 
mour^  par  l'entremise  de  quelques 
amis  f  un  plan  dont  l'exécution  com- 
mença avec  un  heureux  succès.  Nous 
n'entrerons  point  dans  les  détails  de 
cette  double  évasion ,  qui  se  termina 
par  la  fuite  de  Seymour  dans  les  Pays 
bas  y  et  une  seconde  arrestation  de  la 
princesse.  Ramenée  à  Londres,  en- 
lermée  à  la  tour,  une  seule  consola- 
tion vint  adoucir  son  malheur  :  ce 
fut  la  nouvelle  que  Seymour  était  eu 
sûreté.  £lle  avait  bien  plus  à  cœur , 
s'écriait-elle  ,1e  bouheur  de  son  époux 
que  le  sien  même.  Sa  raisuu  et  sa  sauté 
uc  résistèrent  pas  néanmoins  à  ce  der- 
nier revers,  et  il  parait  qu'elle  fut  at- 
teinte de  quelques  accès  de  folie ,  qui  y 
dit  un  biographe  anglais  y  amusèrent 
un  certain  temps  la  cour  par  les  récits 
qu'on  eu  faisait  5  et  puis  on  cejssa  d'y 

Senser.  Ija  pauvre  Arabelle  continua 
e  languir  clans  sa  prison  jusqu'au  37 


septembre  161 5,  époque  où  s 
fortunes  se  terminèrent  avec  s 
On  prétendit ,  mais  sans  en  ail 
de  preuves  ,  qu'elle  avait  eu 
poisonnée.  Après  sa  mort,  Sey 
obtint  la  permission  de  reven 
Angleterre,  et  il  se  distingua 
les  guerres  civiles  par  son  dévot 
à  la  cause  de  Charles  I^**.  Il  s 
eut  à  la  restauration  et  fut  r 
par  un  acte  du  parlement  da 
titre  de  duc  de  Sommerset  qu 
porté  son  bisaïeul.  Charles  II  a( 
pagna  cette  grâce  des  paroles  le 
honorables  pour  lui ,  pronono 
plein  parlement.  Seymour  u 
point  eu  d'enfants  de  Lady  Ara 
mais  on  peut  conjecturer  qu'i! 
serva  toujours  le  souvenir  h 
tendre  de  sa  malheureuse  ép 
puisqu'il  donna  son  nom  à  u 
SCS  ulles  d'un  second  lit.  Ph 
dans  son  Theatrum  poetarum 
ge  Lady  Arabelle  parmi  les 
modernes,  et  d'autres  écriva 
ont  décerné  le  même  honneu 
ignore  sur  quel  fondement,  < 
n'existe  d'elle  que  trois  lettres 
tes  avec  goût.  On  a  conservé  so 
trait  en  pied,  qui  fut  peint  eu 
lorsqu'elle  n'était  âgée  que  de 
ans ,  et  .qui  ferait  croire  qu'é 
douce  d'une  grande  beauté  ;  ma 
était  alors  destinée  à  monter 
troue.  P.  D- 

•  STUART  (  Jacques -Édo 
François  )  y  fils  aîné  de  Jacqu 
roi  d'Angleterre,  et  de  Ma  rie  d 
dèue ,  prétendant  à  la  couronne 
le  nom  de  Jacques  111 ,  na< 
Londi'es ,  le  1  o  j  uin  i  (388.  Il  re 
naissant  le  titre  de  prince  de  C 
et  fut  baptisé  selon  le  rit  de  V 
catholique.  Le  roi ,  sou  pèr 
donna  le  pape  Innocent  XI  pou 
rain.  La  naissance  inopinée  d'i 
ritier  de  la  couronne  y  après  s 


STC 


9« 


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ndoididili  fi- 
lit  â  U 

n. 


fill  w  Tvdbit  poMt  ^  son  fib  Y 

unitfir 


ii|ile  que  le  nomrtaiHie  était 
:  sapptusè.  Il  n'aviiît  pas  en- 
I  notf.  lorsque  le  prinre 

dâku\|iu  poor  sVinpam 
'.  Jacques  n ,  <iêKspenuit 
le  sa  cause.  sVtait  faite  d*eD- 
reine  et  son  fils  en  France , 
t>Ddiiitr  du  fameux  duc  de 
Ils  n^abordèreiii  à  Cabis 
aToir  couru  mille  dançers  ; 
ant  alors  couverte  des  vais- 
*  Tusarpateur.  I/infortune 
e  ne  tarda  pas  à  rejoindre 
p  au  château  de  Saint-Ger- 
le  Louis  XIV  lui  avait  doo- 
asile.  Le  pnnce  de  Galles 
ïDCore  que  œuf  ans ,  lors- 
ite',  célèbre  encore  jusqu^à 
»,  fut  sur  le  point  de  lui 
es  droits  dont  Tavah  de- 
i  révolution  de  168H.  Pen- 
légocia  lions  qui  préparèrent 
le  Ryswiok  (i6i)';'  ,  le  ma- 
»  Boufflers  eut  une  entrevue 
lue  de  Portland,  entre  les 
nps ,  près  de  Biuxelles.  liC 
proposa,  de  la  part  de  Louis 
assurer  au  jeiuie  prince ,  fils 
les  II ,  la  couronne  d'Angle- 
prës  la  mort  de  Guillaume 
ilaume  accepta  la  proposi- 

hésiter;  il  s'engagea  même 
emcnt  à  faire  révoquer  l'acte 
isement  qui  aj)pe1(iit  au  tronc 
;  Glocester  (  fils  du  prince  de 
rk  et  d'Anne ,  seconde  fille 
les  II  ) ,  et  promit  de  décla- 
rince  de  (înlles  son  succes- 
is  Ix^uis  XIV  ayant  commu- 
t  arrangement  au  roi  Jacques, 
;  le  rejeta  ,  en  obscrvanl  qu'il 
bien  supporter  avec  patience 
ion   de  son   gendre  ,   mais 


qpt  u  ae  Tvotait  poMt  q«r  soi 
partîcipit  yi^  JMqpHS  II  ia>: 
16  sfpi.    i-oi.  Des  qu'il  eut  ffr- 
M I»  jfux\  Limis  \l\\  fidUe  à  h 
pn]«Ms<  qa*il  loi  avait  £iîte  sur  son 
Ht  de  noit  ;  r.  Jic^TS  il .  XXI . 
359\  reronmit  son  fits  roi  dWnde- 
lorre .  sons  le  titre  de  Jacques  UL 
La  rrine-mtre  avait  fait  consulter  h» 
chels  du  parti  jacohite  sur  la  conduite 
qnVUe  avait  à  tenir  dans  cette  imiH'ir^ 
tante  conjoncture  ;  mais  sans  atten* 
dre  leur  réponse  «  elle  fit  jvaraitrf  un 
manifeste  adressé  à  la  nation  anglai- 
se. Cette  pièce  avait  été  communi«^uér 
préalablement  au  cabinet  de  \er- 
sailles  :  néanmoins  «  elle  ne  fut  )H>int 
imprimée  à  Paris ,  mais  ii  Liège.  On 
se  borna  à  cette  seule  démarche  :  il 
ne  fut  question  d'aucime  entreprise  » 
ni  même  de  sollicitations  pour  reittu- 
vrer  la  couronne.  Le  prétomlaut  se 
réduisait  à  promettre  solennellement 
que  lorsque  la  providence  Paurait 
replacé  sur  le  troue  de  ses  j>ères  ,  il 
gouvernerait  selon  les  lois  ,  et  main- 
tiendrait tous  les  privilèges  de  PÊglisc 
anglicane.  La  mort  de  Guillaume  111, 
qui  suivit  de  très-près  celle  de  Jac- 
ques II ,  vint  ranimer  les  espérances 
de  la  cour  de  Saint-Germain.  Ses  rela- 
tions secrètes  avec  le  célèbre  duc  de 
Marlborough  et  le  premier  ministre 
Godolphin ,  devinrent  beaucoup  i>lus 
actives.  Il  parait  constant,  toutetois, 
que  l'on  était  d'accord  sur  la  néces- 
sité d'à]  ounier  toute  tentative  jusqu'A 
la  mort  de  la  reine  Anne.  Le  préten- 
dant était  lui-même  tellement  éloigné 
de  ridée  de  détrôner  sa  sanir  ,  que , 
dans  les  instructions  qu'il  fit  passer 
au  duc  Hamilton ,  chef  de  ses  parti- 
sans en  Ecosse  y  il  lui  recommanda  de 

faire  adopter  par  la  reine  Anne  le  plan 

" 

^1)  Le  rni  Jacipuw  «■iiiitiniin  |iUiii«iunil  <*«  iait 
rfiiiar({nal)le  clat»  ir»  Mriiiuirw.  Voyr«  lu  f  i>  il* 
Jarifurt  II  ,  trhduitr  p«r  M.  Ctilirii,  luni.  IV. 


9* 


STU 


suivant  lequel  la  couroune ,  apW»  m 
mort,  serait  rendue  à  son  frère.  11 
faut  observer  qu'à  cette  e'poque ,  TÉ- 
cosse  n'était  pas  encore   réunie  à 
l'Angleterre;  que,  par  conséquent, 
les  Ecossais  étaient  entièrement  li- 
bres de  prendre  y  à  l'égard  de  la  suc- 
cession, les  mesures  qu'ils  jugeraient 
convenables^  sans  la  participation 
des  Anglais.  Le  prétendant  leur  de- 
mandait trois  choses  :  i^.  de  s'op- 
poser à  la  réunion  ;  2^.  de  ne  point 
l'obliger  d'abjurer  la  religion  catholi- 
que ;  3^.  de  rejeter  la  succession  de 
la  maison  d'Hanovre.  Les  adhérents 
des  Stuarts  adoptèrent  et  firent  pré- 
valoir ces  trois  points.  Les  esprits 
étaient  alors  si  bien  disposés  eu  Ecos- 
se ,  que  si  le  descendant  des  rois  de 
ce  pays  s'y  lut  présenté ,  sa  présence 
eût  opéré  un  soulèvement  général  en 
sa  faveur.  La  réunion  de  l'Ecosse  à 
l'Angleterre  ,  qui  eut  lieu  eu  1706, 
exaspéra  tellement  le  peuple  du  pre- 
mier de  ces  royaumes ,  que  les  chan- 
ces y  devinrent  encore  plus  favora- 
bles au  (ils  de  Jacques  II.  Il  fut  pro« 
clamé  roi  d'Ecosse  par  une  troupe  de 
cinq  cents  hommes  déguisés  en  fem- 
mes. Mais  ce  jeune  prince  se  défiait 
de  sa  fortune  :  il  ne  croyait  pa&  pou- 
voir rien  entreprendre  sans  Tassis- 
tance  de  Louis  A.1V;  et  le  monarque 
français,  qui  soutenait  alors  la  guerre 
contre  l'Europe  coalisée,  ne  jugea  pas 
à  propos  de  hasarder  une  expédition 
d'outre-mer.  Un  émissaire  au  parti 
jacobitc  fit ,  vers  cette  époque  ,  une 
peinture    si   séduisante   du   dévoû- 
ment  crue  les  Écossais  conservaient 
pour  leurs    anciens   maîtres  y   que 
Louis  XIV  se  rendit  enfiu  aux  ins- 
tances du  prétendant.  11  fit  équiper 
à  Duukerque  une  escadre  qui  portait 
des  lrou[)es  de  de'barqucmcnt.  Le  cé- 
lèbre chevalier  Forbin ,  qui  la  com- 
mandait ,  se  dirigea  sur  la  cote  d'É- 


STU 

oû9se,auQ0rdd'Édinboiirg  (1708]. 
Il  eut  un  engagement  avec  une  flotte 
anglaise  fort  supérieure  à  la  sienne 
Le  débarquement  étant  jugé  imprati- 
cable, le  prétendant,  qui  avait  alon 
vingt  ans  ,  insista  fortement  poir 
être  mis  à  terre  ;  Forbin  s'y  reniu , 
et  ramena  le  prince,  qui  rejoignit  en 
Flandre  l'armée  du  duc  de  Bourgo- 
gne. Il  servit  aussi  sous  Villars,  et 
se  distingua  par  sa  valeur  à  la  ba- 
taille de  Malpiaquet.  Il  portait,  pour 
la  première  fois ,  le  nom  de  chaNiÀ. 
lier  de  Saint-George  sous  lequel  il 
fut  communément  désigné    par  la 
suite.  On  voit,  dans  la  correspon- 
dauce   des   agents   royalistes  y  (pie 
Mariborough  se  montra  fort  offenaé 
de  ce  qu'on  lui  avait  laissé  ignorer  le 
projet  de  la  desrenie;  mais .  pin» 
mécontent  encore  des  procédés  dn 
nouveau  ministère  dont  fa  reine  Anne 
venait  de  s'entourer ,  le  duc  repril 
ses  liaisons  avec  la  cour  de  Saint- 
Germain  :  il  lui  fit  part  de  son  d»* 
sein  de  quitter  le  commandement  de 
l'armée.  La  veuve  de  Jacques  II  fit 
à  Mariborough  une  réponse  renuir* 
qiiable  :  elle  exhorta  ce  grand  gâidral    j 
à  demeurer  à  la  tête  des  troupes,  afin    j 
de  conserver  le  pouvoir  de  servir  cf-   J 
fica cernent  la  cause  du  roi  légitime,  't 
Peu  après ,  Mariborough  transmit  an  ?- 
chevalier  de  Saint-George  le  vœu  mia-  '' 
nime  de  ses  partisans,  qui  rappe- 
laient de  nouveau  en  Ecosse.  Le  pr^ 
tendant,  flatté  de  cette  invitation , 
implora  la  magnanimité  de  Louis 
XI V.  Lr  grand  roi  Im  témoigna  sa 
douleur  de  ce  que  l'état  de  ses  aiTairtt 
ne  lui  permettait  pas  de  suivre  Ici 
mouvements  de  son  conir.  C'est ,  ci 
eflct ,  h  cette  époque  même  que  s'ou- 
vrirent les  conférences  de  la  Haye. 
Le  marquis  de  Torcy  négligea  d'an- 
tant  moms  les  intérêts  du  prétendant, 
(pic  c'était  avec  Marlborougb  qii*it 


ir 


STU 

jA  prompte  rupture  des 
fit  cvaDOuir  l'espoir  de 
aÎDt-Germain.  Bientôt ,  il 
es  furent  reprises  à  Ger- 
,  pour  être  de  nouveau 
■s;  et  la  guerre  se  ralluma 
lent  arec  une  fureur  nou- 
levalier  de  Saint-George 
ais  sans  succès ,  la  per- 
abarquer  à  Brest  les  régi- 
laisau  service  de  France, 
une  nouvelle  expédition. 
)rs  l'idée  de  se  taire  ren- 
e  par  la  princesse  même 
ait;  en  consâ}uence,  il 
eine  Anne ,  sa  sœur ,  une 
a  étendue  ne  nous  permet 
r  ici  dans  toute  sa  teneur 
ci  les  passages  les  plus 
s  :  «  Madame ,  c'est  à 
it  réservé  le  glorieux  ou- 
ma  réintégration  dans 
s  légitimes.  La  voix  de 
e  la  nature  vous  y  ap- 
5  promesses  que  vous 
s  au  roi  notre  père  vous 
it.  Je  me  flatte  que ,  si 
^idéc  par  votre  propre 
I ,  vous  accueillerez  la 
franche  proposition  de 
?^otre  propre  frère  ,  le 
lâle  de  votre  nom  ,  k 
illemand  qui  transmettra 
lement  à  des  étrangers 
;  langage  et  d'un  autre 
"S  affaires  de  cette  impor- 
ouvant  être  convenaole- 
ées  par  lettres ,  je  vous 
envoyer  quelqu'un  muni 
lein  pouvoir ,  ou  de  don- 
pour  celui  que  je  vous 
etc.  »  Ckîtte  lettre  de- 


,  mii  fut  r'crite  en  1711  ,  »e  trou- 
19  la  A'otice  sur  l^  chevalirr  tle 
ai  fait  |>artie  àe  l'introduction 
I  caniinal  Vubots ,  public.*  par 
HirTv,  1  Tol.  in-8». ,  r»T\f ,  i8i5. 


STU 


93 


meura  sans  réponse  :  il  paraît  même 
qu'Anne  en  fit  mystère  à  ses  servi- 
teurs les  plus  intimes.  Ceux-ci ,  in-» 
certains  des  sentiments  de  leur  sou- 
veraine y  penchaient  pour  la  maison 
de  Brunsvsricky  quelques-uns  mêmes 
contie  leurs  propres  principes.  Quant 
aux  partisans  vrais  ou  simulés  du 
prétendant ,  ils  le  pressèrent  ^  dans  le 
même  temps,  de  changer  de  religion^ 
ou  du  moias  de  commencer  par 
attacher  ostensiblement  à  sa  personne 
un  ministre  du  culte  protestant.  La 
perplexité  du  fils  de  Jacques  11  était 
extrême  :  il  se  voyait  placé  entre 
deux  sacrifices,  celui  de  sa  croyance 
ou  celui  de  sa  couronne.  Il  répondit 
à  cette  sommation  par  une  lettre  aussi 
adroite  que  modérée ,  qui  se  termine 
ainsi  :  «  On  ne  doit  pomt  me  savoir 
»  mauvais  gré  d'user  de  la  faculté 
»  que  j'accorde  aux  autres ,  d'adhé- 
»  rer  à  la  religion  que  leur  conscience 
»  leur  indique  pour  la  meilleure.  » 
Mais  tandis  que  ce  piince  infortuné 
se  consumait  ainsi  en  efforts  se- 
crets ,  les  cours  de  Versailles  et  de 
Saint-James  décidaient  de  son  sort, 
et  en  faisaient  une  des  conditions 
de  la  paix  d'CJtrecht  (  17 13  ). 
La  succession  de  la  couronne  d'A^ 
gleterre  dans  la  ligne  protestante  fut 
reconnue  par  Louis  XIV  j  et  cédant 
au  besoin  impérieux  de  la  paix ,  il 
consentit  même  à  éloigner  de  ses 
états  le  chevalier  de  Samt- George. 
Secrètement  averti,  ce  prince  s'était 
déjà  retiré  à  Bar.  Les  whigs ,  qui  do- 
mmaicnt  alors  dans  le  parlement, 
lui  envièrent  cet  humble  asile  ;  et  les 
ministres  exigèrent  que  le  duc  de 
Lorraine  en  privât  l'illustre  réfugié. 
Le  chevalier  de  Saint-George  revint 
secrètement  à  Paris,  où  le  gouver- 
nement français  feignit  de  ne  point 
l'apercevoir.  De  phis  en  plus  animés 
contre  ce  malheureux  prince  ,   les 


<j4  STU 

vrhigs  osèrent  demander  à  la  reine  de 
mettre  à  prix  la  tête  de  soapronre 
frère.  Elle  refusa  d'abord ,  et  ne  dis- 
simula même  pas  son  indignation. 
Mais  le  parti  protestant ,  sous  pré- 
texte d'armements  secrets  qui  se  fai- 
saient en  Irlande  ,  r^ouyela  ses 
instances  avec  tant  d'acharnement  y 
qu'Anne  se  vit  dans  la  cruelle  néces- 
sité d'apposer  sa  signature  au  bas 
d'une  proclamation ,  où  elle  promet- 
tait cm(|  mille  livres  sterling  à  qui 
traduirait  le  prétendant  en  justice. 
A  cette  somme ,  les  communes  en 
ajoutèrent  une  auli«  de  cent  mille 
liv. sterling.  Les  lords,  de  leur  côté, 
i*éclamèrent  la  stricte  exécution  des 
lois  poitées  contre  les  non-jureurs. 
C'était  ainsi  que  l'on  désignait  ceux 

3ui  n'avaient  pas  prctc  le  serment 
'abjurer  à  jamais  la  domination  des 
Stuarts.  Telle  était  la  situation  in- 
térieure de  la  Grande  -  Bretagne , 
lorsque  la  reine  Anne  cessa  de  vivre 
(12  août   1714  )•  Un  mot  qui  lui 
échappa  dans  ses  derniers  instants , 
révéla  le  secret  de  toute  sa  vie  :  «  Ah  ! 
mon  cher  frère,  s'écria-t-elle,  que  je 
vous  plains!  »  Ce  frère  infortuné 
n'avait  pas  cessé ,  malgré  la  paix 
d'Utrecht,  de  recourir  à  tous  les 
moyens  de  faire  valoir  ses  droits. 
Daus  l'espoir  de  se  ménager  j  sur  le 
continent ,  une  protection  puissante 
il  fit  demander  la  main  cTune  des 
archiduchesses  d'Autriche ,  lilles  de 
l'empereur  Charles  V I .  Cette  deman- 
de fut  déclinée  avec  tous  les  ména- 
gements possibles.  ÏjC  souverain  d'un 
petit  état  ne  craignit  pas  de  lui  té- 
moigner un  intérêt  plus  rcel.  Des  que 
le  duc  de  Lorraine  apprit  la  mort  de 
la  reine  Anne ,  il  adressa  au  préten- 
dant une  lettre  qui  ne  fait  pas  moins 
d'honneur  à  ses  vues  politiques  qu'à 
la    générosité    de    ses    sentiments, 
a  Considérez,  lui  dit-il ,  que  l'cpo- 


STU 

»  que  qui  doit  décider  de  vol 
»  est  arrivée.  L'honneur  qu 
»  m'avez  fait  durant  votre 
»  dans  mes  états  y  et  la  llbei 
»  vous  m'avez  accordée  de  vo 
»  ce  que  je  pense ,  m'engageni 
»  conjurer  maintenant  de  vo 
»  venir  que ,  par  la  mort  de  1 
»  Anne ,  la  France  est  libre 
»  engagement  avec  l'Angletcr: 
»  qu  avaient  contractés  le  n 
»  chrétien  n'ayant  été  pris  < 
»  la  reine  personnellement , 
»  avec  la  nation  anglaise  (3).) 
de  Lorraine  lui  indiqua  ensu 
cosse  comme  le  point  le  pic 
rable  à  son  débarquement  < 
desseins  ultérieurs.  I^es  éi 
whigs  conviennent  eux-mên 
la  présence  seule  du  fils  des 
eût  ouvert  tous  les  chemins  ai 
A  chaque  instant,  et  sur  tous  le 
de  la  Grande-Bretagne ,  il  s 
festait  des  mouvements  en  sa 
Mais  im  nouveau  malheur  ^ 
truire  ses  espérances.  Lou 
mounit ,  et  l'autorité  passa 
mains  du  duc  d'Orléans ,  qi 
aussitôt  dans  des  relations  tr 
tes  avec  George  I®*".  Lord 
ambassadeur  du  nouveau  r< 
gleterre,  était  instruit  de 

Erojets  du  prétendant^  par 
trickland ,  qui  trahissait 
ment  la  confiance  du  chev 
Saint-George  (4).  Le  régcr 

(3)  (>lle  lettre  »e  Ironvc  te»t«ell 
l'intruductioii  de»  Minuntes  du  eartiin 
cités  plim  hnnt. 

(4)  Lord  Slair  ,  »e  fiant  lu-u  «ns  |»>»r 
j;«riit,  ftirma  If  rum[ii*>L  df  se  défaire 
dnat  Y»T  un  ••.«asfiimt.  Il  en  cliargea  ii 
iMimnié  Douglas  f  qui  »e  mit  en  einbuac 
uaiicourt,  tiir  lu  nmte  de  Bretagne  , 
valiei-  de  Saiut-G»'orge  devait  prendn 
s'embarquer  r  novembre  171.'»").  La  i 
ii«>»te  de  ce»  endroit  pénétra  le  projet 
le  prince,  enivra  le*  aiisassiiM,  qui  e 
chrx  eJle ,  et  le»  fit  arrêter.  Non  ronli 
sauve  Ib  clievalier  de  Soint-Oeorge,  > 
géiiéreuie  hii  procura  les  moycnk  de  o 


STU 

avec  noblesse  d'expulser 
tmprincc  qui , comme  lui, 
re- petit-fils  de  Henri  IV. 
dant  sentait  néanmoins 
î  sa  position  avait  de  cri- 
solut  de  tenter  enfin  la  for- 
voya  l'ordre  à  ses  parti- 
er  le  masque.  Ils  lui  o))ci- 
urant  aux  armes  sous  les 
:omtc  de  Marr,  ils  pro- 
ie prince  roi  d'Ecosse, 
n  de  Jacques  VIII.  Sur 
de  l'insurrection ,  Jacques 
i  incopiito  h  Dunkerque  ^ 
t  sur  les  cotes  d'Ecosse.  Il 
>  choses  en  mauvais  état; 
brent  maigre'  sa  présence  : 
ontraint  de  repasser  en 
ambassadeur  de  George 
1  de  nouvelles  plaintes  au 
duc  d'Orlcaus ,  quoiqu'il 
er  à  son  cœur ,  invita  le 
à  se  retirer  ,  en  lui  indi- 
non  comme  une  retraite 

Mais  l'ombrageux  gou- 
de  George  I*^»'.  le  jugea 

près,  et  il  se  servit  de 
'te  des  intelligences  se- 
rine Stiiart  avec  le  car- 
oni,  pour  demander  qu'il 
;non ,  et  sortît  pour  tou- 
ritoire  français.  Le  pre- 
^nvainquit  lui-même  que 

en  était  interdit ,  quand 
me  de  la   signature  du 

triple  alliance  qui  eut 
717  ,   entre  la  France, 

et  la  Hollande.  Le  pape 

lui  olliit  un  asile  (ligne 

la  capitale  du  monde 
chevalier  deSaint-Geor- 
ça  point  à  l'accepter.  Le 


STU 


95 


(T,  en  le  dt'j^uiaaiit  en  eccicsiMsti- 
eu-ve  dv  J;irqiit>5  II,  infoiuK'»:  de 
^oixlut  toir  fa  lil)(;ralrirc  de  sou 
»  de  »on  portrait  (  Voy.  les  l'ièca 
..T  Place,  loin.  1".  ). 


souverain  pontife  lui  fit  rendre  tous 
les  honneurs  dos  à  la  royauté.  Il  était 
depuis  peu  de  temps  à  Rome,  lors- 
que l'on  annonça  la  conclusion  de 
son  mariage  avec  la  princesse  Marie- 
Casimire  Sobieska ,  petite  -  fille  du 
grand  Sobieski.  Mais  on  ne  tarda 
pas  d'aprendrc  que  l'empereur  Char- 
les VI ,  dont  la  princesse  était  pa- 
rente, se  montrait  tellement   con- 
traire »\  ce  mariage,  qu'il  la  fît  arrê- 
ter dans  le  Tyrol,  qu'elle  traversait 
pour  se  rendre  auprès  de  son  futur 
époux.  Le  cardinal  Âlberoni ,  à  cette 
époque  même,  fit  adresser  au  pré- 
tendant ,  de  la  part  de  Philippe  V, 
l'invitation  la  plus  pressante  de  se 
retirer  en  Espagne.  Le  chevalier  de 
Saint -George  y  fut    reçu  en  roi  : 
Valladolid  lui  lut  offert  pour  sa  ré- 
sidence. Philippe  lui  dit  qu'il  y  serait 
traité  comme  le  roi  son  nhre  l'avait 
été  a  Saint-Germain  par  Louis  XIV. 
I/Espagne  faisait  alors  la  guerre  k 
la  France  ou  plutôt  au  régent.  La 
paix  s'étant  rétablie ,   le  prétendant 
jugea  convenable  de  retourner  à  Ro- 
me, où  il  fut  bientôt  rejoint  par  la 
princesse  Sobieska.  Leur  union  fut 
bénie  par  le  pape;  il  en  naquit,  dans 
la  même  année  (1720),  le  prince  qui 
fera  l'objet  de  l'article  suivant.  Sa 
naissance  fut  notifiée  oiriciellementà 
tous  les  cabinets  de  l'Europe,  et  par- 
ticulièrement aux  ministres  et  princi- 
paux oiliciers  de  la  couronne  d'An- 
gleterre. La  mort  du  pape  Clément 
XI  ne  changea  rien  à  la  situation  du 
prétendant  :  son   successeur  ,   Inno- 
cent XIII ,  lui  donna  un  nouveau  té- 
moignage de  considération ,  en  aug- 
mentant sa  garde  ordinaire.  Mais  un 
violent  chagrin  domestique  vinttrou- 
bler  la  paix  dont  jouissait  l'auguste 
réfugié.  Égarée  par  des  suggestions 
perfides ,  la  princesse ,  dont  il  atten- 
daitla  consolation  de  sa  vie^deman- 


g6  STU 

da  une  sëpâradon ,  et  le  réduisit  â  la 
désirer  lui-même.  Ce  ne  fut  qu'après 
des  altercatious  affligeantes  pour  ses 
partisans^  que  le  cardinal  Alberoni, 
qui  était  alors  fixe'  à  Rome^  parvint 
à  re'concilier  les  deux  époux..  Le  pape 
Clément  XII  ^  à  l'imitation  de  ses 
prédécesseurs  ,  s'empressa  de  ]es 
combler  des  attentions  les  plus  déli- 
cates. Il  donna  aux  deux  jeunes  prin- 
ces leurs  ûls  l'autorisation  de  possé- 
der des  bàiéfices  sans  recevoir  la  ton- 
sure. Quoique  le  chevalier  de  Saint- 
George  n'ait  négligé  aucune  occasion 
de  revendiquer  ses  droits  k  la  cou- 
ronne et  de  protester  contre  l'usur- 
pation qui  les  lui  avait  ravis,  il  ne 
prit  point  de  part  active  k  l'expédi- 
tion tentée  par  le  prince  son  ûls  en 
1745.  Il  ne  paraissait  plus  occupé 
que  de  chercher  des  consolations  dans 
l'espoir  d'un  monde  meilleur.  Sa  hau- 
te piété  et  son  extrême  bienfaisance 
lui  conciliaient  le  respect  et  l'affec- 
tion du  peuple  comme  de  toutes  les 
fersonnes  admises  dans  son  intimité. 
1  mourut  à  Rome,  le  2  janvier  i  '766, 
à  l'âge  de  78  ans.  S — v — s. 

STU  ART  (  Charles  -  Édouard- 
Louis- Philippe -Casimir),  fils  du 
précédent^  et  connu,  comme  lui ,  sous 
le  nom  de  prétendant  à  la  couronne 
d'Angleterre ,  naquit  à  Rome  le  3 1 
décembre  i^ao.  Il  fut  appelé  dans 
sa  première  jeunesse ,  le  comte  d'Aï- 
banv  :  c'est  sous  ce  titre  qu'à  l'âge 
de  dix-sept  ans,  il  fit  un  vovage  à 
Parme ,  à  Gènes  et  à  Milan.  Il  ne  fut 
l'objet  de  quelquedistinction  que  dans 
la  dernière  de  ces  villes  •  le  gouverneur 
de  la  Lombardie  et  le  ministre  du 
roi  d'Espagne  lui  rendirent  visite.  Ses 
jours  s'écoulaient  dans  l'obscurité, 
quoiqu'il  eût  manifesté  plusieurs  fois 
le  désir  d'exposer  sa  vie  pour  recon- 

Sucrir  le  trône  de  ses  pères.  La  guerre 
c  1740  7  qui  divisa  de  nouveau  la 


STO 

France  et  l'Angleterre ,  permr 
Stuarts  de  concevoir  quelque 
rauce.  Louis  XV  consentit,  en 
à  ce  que  le  prince  Charles-Éd 
fût  appelé  à  Pans.  Nais  cemom 
portant  à-4a-fois  ses  armes  en 
dre ,  en  Allemagne  et  en  Italii 
pouvait  consacrer  l'attention 
forces  nécessaires  à  une  expé 
maritime  contre  la  Grande-Brel 
Le  jeune  Edouard  attendait  une 
sion  favorable ,  et  elle  ne  se  pi 
tait  pas.  Abandonné ,  en  qi 
sorte ,  des  politiques  et  des  guei 
ce  fut  dans  les  conseils  d'un  j 
de  l'Église  qu'il  retrouva  l'esp 
le  courage,  a  Que  ne  tentez-voi 
dit  le  cardinal  de  Tencin  ,  de  ] 
dans  le  nord  de  l'Ecosse?  votre 
présence  pourra  ranimer  votre 
et  vous  créer  une  armée.  Il  f 
bien  alors  que  la  France  vous 
tienne.  »  Celte  idée  hardie  fut  ; 
tée  avec  empressement  par  le 
fils  de  Jacques  II.  Après  avoir  0 
le  consentement  de  son  père ,  il 
cupa ,  dans  le  plus  grand  secre 
préparatifs  de  Texpédition,  L 
gociant  d'ongine  irlandaise ,  é( 
Nantes ,  fournit  un  bâtiment  d 
huit  canons,  sur  lequel  le  ] 
s'embarqua  le  12  juin  174^ 
milieu  des  réjouissances  occasi( 
par  la  victoire  de  Fontenoi.  L 
ment  de  l'humiliation  de  i'Angl 
semblait  propice.  Apres  avoir  c 
péà  une  croisière  anglaise,  Cl 
Edouard  tourne  l'Irlande  et  del 
sur  la  cote  occidentale  d'Écos: 
tre  les  îles  de  Mull  et  de  Sky 
premiers  habitauts  auxquels  il 
clare  tombent  à  ses  genoux  :  « 
que  pouvons -nous  jpour  vous 
disent-ils  ;  nous  ne  virons  que  d 
noir  ,  et  nous  sommes  désann 
Je  mangerai  de  ce  pain  avec 
répond  le  fils  des  rois,  et  je 


STD 

apporte  des  armes.  »  Il  n'avait  ce- 
pendant que  qucl(jues  centaines  de 
sabres  à  leur  distribuer;  et  sept  of- 
ficiers seulement  raccompagnaient. 
Un  morceau  de  tafl'etas  y  attache'  à 
nne  pique,  devient  Téteudart  royal. 
Le  prince  s'empresse  d'annoncer  aux 
rois  de  France  et  d'Espagne  qu'il  est 
descendu  sur  le  soi  où  régnaient  ses 
pères ,  et  que  les  peuples  accourent 
au-devant  de  lui.  Ces  monarques  le 
félicitent  et  le  traitent  de  frëre  :  ils 
joignent  quelques  secours  à  leurs  com- 
pliments. Jamais  l'œuvre  de  la  révo< 
tution  de  1688  ne  parut  plus  près 
d'être  renversé.  Le  roi  George  11 
était  sur  le  continent  ;   dans  toute 
l'Angleterre  on  comptait  à  peine  six 
mille  hommes  de  troupes  réglées.  Le 
prince ,  à  la  tête  des  Montagnards  et 
vêtu  comme  eux ,  se  porte  rapide- 
ment sur  Perth ,  et  s'empare  de  cette 
ville  importante.  Aussitôt  il  j  fait 
proclamer  Jacques  III ,  son  père  , 

Iroi  d'Angleterre ,  d'Ecosse  et  4'Ir- 
lande,  et  lui-même  régent  de  ces 
royaumes.  Les  chefs  de  sa  petite  ar- 
mée semblaient  hésiter  sur  la  marche 
qu'il  convenait  de  suivre.  «  A  Édin- 
oourg  !  »  s'écrie-t-il;  on  le  suit.  La 
capitale  de  l'Ecosse  ouvre  ses  portes  : 
celle  de  l'Angleterre  même  tremblait 
dé)à.  La  régence  établie  par  George 
il  manifeste  sa  terreur  ,  en  mettant 
lichemeiit  à  prix  la  tète  du  fils  des 
rois.  Le  jeune  Stuart  répond  noble- 
ment à  cette  proclamation  sangui- 
naire ,  en  défendant  à  ses  adliérents 
d'attenter  aux  jours  du  prince  qui 
n'était  à  ses  yeux  qu'un  usurpateur. 
n  apprend  que  le  général  Cope  mar- 
che sur  lui  avec  une  armée  double 
de  la  sienne  :  il  vole  à  sa  rencontre  , 
l'atteint  à  Preston-Pans  ,  et  le  bat  si 
complètement ,  que  ce  gênerai  s'es- 
time heureux  de  s'échapper  lui  quiu- 
âëme.  Au  bruit  du  danger  qui  mena- 

XLIV. 


STU 


97 


çaitia  couronne,  le  roi  George  s'était 
hâté  de  regagner  l'Angleterre.  Bientôt 
il  y  rajipela  une  partie  des  troupes 
qui  faisaient  la  guerre  dans  les  Pays- 
Bas.  Mais  déjà  Qjarles-Édouard  avait 
traversé  tout  le  nord  de  l'Angleterre: 
son  avant -garde  occupait  Derby  ,  à 
U-enlc  lieues  de  Londres;  la  terreur 
et  la  confusion  régnaient  dans  cette 
grande  capitale  :  les  boutiques  et  la 
banque  même  y  étaient  fermées.  Pen- 
dant ce  temps ,  quelques  Irlandais  au 
service  de  France    méditaient   une 
diversion  en  faveur  du  prétendant. 
Le  comte  de  Lally ,  si  connu  par  sa 
fin  tragique ,  était  l'ame  de  1  entre- 
prise. Un  armement  se  prépare  à 
Dunkenjuc  et  à  Ostende  :  le  duc  de 
Richelieu  devait  commander  l'expé- 
dition. Des  lenteurs  la  font  manquer  : 
elle  se  borne  à  de  faibles  secours  en 
hommes  et  en  argent.  «  Avec  trois 
mille  Français ,  s'écriait  le  jeune  prin- 
ce, je  me  rendrais  maître  de  l'Angle- 
terre !  »  Mais  réduit  à   des  bandes 
irréguliërcs  ,  il  lui  était  imposssible 
de  suivre  un  plan  ri\e  dans  ses  opé- 
rations. Les  milices  anglaises  repren- 
nent Édinbourg  derrière  lui  :  il  est 
obligé  de  revenir  brusquement  sur  ses 
JM*!.  On  lui  annonce  qu'une  armée 
ennemie ,  double  de  la  sienne ,  n'est 

lus  qu'à  six  milles  de  lui,  à  Falkirk. 

Ivole  au-devant  d'elle ,  la  met  dans 
une  déroute  complète  ,  et  l'oblige 
d'aller  se  jeter  dans  un  camp  retran- 
ché ,  au  milieu  des  marais.  Quoique 
l'on  fut  au  cœur  de  l'hiver  (  '28  jan- 
vier 1746)  ,  Charles  -  Edouard  ne 
veut  pas  laisser  reposer  l'ennemi  : 
il  attaque  et  force  les  retranchements. 
Cette  double  victoire,  dans  le  même 
jour,  semblait  décider  du  sort  de  la 
guerre  ;  mais  c'est  à  cette  époque  mê- 
me qu'elle  prit  un  caractère  sérieux. 

Le  duc  de  Cumberland  pénètre  en 

Ecosse,  à  la  tête  d'un  corps  consi- 

7 


[, 


§8  STU 

dérable.  Les  troupes  de  son  adver- 
saire, manquant  de  vivres  et  exté- 
nuées par  la  rigueur  de  la  saison ,  se 
voient  contraintes  de  lever  le  siège  de 
Stirling ,  et  bientôt  après ,  de  se  re- 
plier sur  Invemess  y  dans  la  pointe 
septentrionale  de  l'Ecosse.  Le  prince 
hanovrien  passe  enfin  la  Spey  :  une 
bataille  était  inévitable.  Elle  eut  lieu 
à  Culloden ,  le  11  avril  1 746,  jour  à 
jamais  memoraule  dans  l'histoire 
d'Angleterre.  Quelques  instants  y  dé- 
cidèrent entre  deux  dynasties.  Saisis 
d'une  terreur  panique  y  les  monta- 
gnards, jusque-là  si  redoutables,  cher- 
chent leur  salut  dans  la  fuite.  Entraî- 
ne dans  la  déroute  générale,  n'ayant 
pas  le  temps  de  faire  panser  une  bles- 
sure qu'il  avait  reçue  dans  le  combat, 
le  petit -fils  de  Jacques  II  errait  à 

Çicd  dans  les  montagnes  et  les  forets, 
ous  les  compagnons  de  son  infor- 
tune ,  à  l'exception  de  deux  amis  fi- 
dèles, qu'il  avait  amenés  de  France^ 
l'abandonnent.  Il  gagne  le  poit  d'A- 
rizai^,  situé  sur  la  côte  nord  -  ouest 
de  l'Ecosse^  mais,  sachant  qu'il  est 
poursuivi ,  il  s'éloigne  de  ce  lieu ,  au 
moment  même  où  deux  bâtiments 
français  y  abordaient.  Des  partis  an- 
glais battaient  la  campagne  en  tous 
sens.  Le  prince  espère  du  moins  trou- 
ver une  retraite  sûre  dans  la  petite 
île  de  Stornaway ,  l'une  des  plus 
septentrionales  des  He'brides.  Un  ba- 
teau de  pécheur  l'y  transporte.  Il  y 
découvre  aussitôt  des  soldats  du  duc 
de  Cumberland;  il  est  obligé  de  pas*- 
ser  la  nuit  dans  un  marais.  Au  point 
du  jour,  il  se  remet  en  mer^  sans 
provisions  et  sans  savoir  quelle  route 
tenir.  Bientôt  il  est  entouré  de  vais- 
seaux ennemis;  et  il  n'a  plus  d'autre 
moyen  de  sahit  que  de  s'échouer  sur 
la  grève  d'un  îlot  désert  et  presque 
inabordable.  C'est  là  qu'il  attend  que 
k  mort  vienne  mettrt  un  terme  à  ses 


STU 

souffrances.  H  ne  lui  restait  qu'un  peu 
d'eau-de-vie  pour  soutenir  ses  forces 
et  celles  de  ses  deux  compagnons.Quet 
ques  poissons  secs,  laisses  sur  le  ri- 
vage ,  furent  regardés  comme  un  bien^ 
fait  de  la  Providence.  Dès  que  la  mer 
parut  libre,  on  rama  vers  l'île  de 
Vist ,  où  il  avait  relâche'  en  venant 
de  France.  Il  y  trouve  d'abord  un 

Eeu  d'assistance  et  de  repos  ;  mais  au 
out  de  trois  jours,  surviennent  des 
milices  du  parti  victorieux.  Le  prin- 
ce s'enfonce  dans  une  caverne ,  où  il 
passe  trois  jours  et  trois  nuits.  Il  s'es- 
time heureux  de  pouvoir  gagner  une 
autre  île ,  où  les  mêmes  péiils  ne  tar- 
dent pas  à  le  menacer.  Il  repasse  la 
mer^  et  se  hasarde  sur  la  cote,  n'é- 
tant plus  couvert  que  de  quelques 
lambeaux  d'habit  montagnard.  Il 
aperçoit  une  femme  à  cheval;  il  s'ap- 
proche ^  il  reconnaît  miss  MacdonaÛi 
qu'il  sait  dévouée  aux  Stuarts ,  et  il 
s'en  fait  reconnaître.  Elle  lui  indique 
une  caverne  où  il  attendra  sans  dan- 
ger des  secours  et  un  guide.  Deux 
jours  se  passent  :  personne  ne  parait 
Aux  tourments  de  la  faim ,  se  joi- 
gnaient ceux  d'ime  maladie  cruelle  : 
le  corps  du  prince  était  couvert  de 
pustules  enflammées.  Un  aifidé  de 
miss  Macdonald  se  montre  enfin  :  S 
lui  annonce  qu'elle  l'attend  dans  Itk 
de  Benbécula ,  chez  un  pauvre  gentit 
homme  d'un  dévouement  connu; 
mais  déjà  ce  fidèle  serviteur  était  ar- 
rêté avec  toute  sa  famille  :  il  faut  en- 
core se  cacher  dans  des  marais.  Mus 
Macdonald  déclare  qu'elle  peut  sau- 
ver le  prince  sous  des  habits  de  ser- 
vante, qu'elle  apporte,  mais  qu'eUe 
ne  peut  sauver  que  lui.  Ses  comna* 
gnons  d'infortune  le  supplient  d'ac- 
cepter cette  offre.  Il  s'arrache  de  leurs 
bras ,  et ,  sous  le  nom  de  Betty ,  suit 
la  courageuse  Ecossaise  dans  l'île  de 
Skye.  Ils  étaient  dans  l'habitatioa 


j 


STU 

imme  dn  parti ,  lorsque 
est  tout-à-coup  investie 
its  anç;lais.  C'est  le  prin- 
e  qui  leur  ouvre.  Il  a  le 
i*ctre  pas  i*ei:onuu  j  mais 
sa  présence  compromet 
nillc ,  et  plus  encore  sa 
11  s'éloigne  seul.  Après 
le'  long  -  temps  ,  épuise 
Q  et  la  fatigue  ,  il  se 
ippcr  à  la  porte  d'une 
nom  que  prononcent  les 
,  il  voit  qu'il  est  tombe 
ins  ennemies.  11  se  prc- 
oins  devant  le  maître  de 

Le  iils  de  votre  roi ,  lui 
t  vous  demander  du  pain 
t.  Prenez  les  misérables 
qai  me  couvrent;  vous 
e  les  rapporter  un  jour , 
lais  des  rois  de  la  Gran- 
;ne.  »  Ces  nobles  et  tou  • 
oies  désarment  l'ennemi 

11  aide  le  prince  à  re- 
cosse.  La  prenûère  nou- 
apprend  le  malbeurcux 
louard  ,  c'est  que  miss 
est  enlevée ,  que  tous  les 
;  sa  famille  sont  frappés 
s  à^attaimler.  Quant  au 
même ,  les  ministres  de 
s'étudièrent  à  le  rendre 
lux  yeux  du  peuple,  par- 
it  été  terrible.  Tous  ceux 
iers  qui  avaient  été  pris 
imbats  y  expirèrent  dans 
supplices ,  dont  on  fit  un 
I  peuple  de  Londres.  Le 
cobites  ruissela  dans  tou- 
s  de  rÉcosse.  Tous  ,  sur 
prièrent  Dieu  à  haute  voix 
e  trône  au  roi  légitime, 
a  cour  de  Versailles ,  vi- 
•mée  sur  le  sort  de  l'au- 
r,  envoya  deux  frégates 
occidentale  d'Ecosse.  Les 
:hcrchërentlongtcmps  eu 


STU  99 

vain  d'iIe en  tle. Enfin,  le  2Q  sept, ,  il 
parut^  et  l'on  se  hâta  de  reprendre  le 
chemm  de  France.  Mais  la  destinée 
de  ce  malheureux  prince  semblait  en- 
core le  poursuivre  5  deux  fois  il  fut 
sur  le  point  d'être  enlevé  par  des 
croisières  anglaises.  11  ne  fut  pleine- 
ment en  siireté,  que  lorsqu'il  eut  dé- 
barqué à  Saint-Pol-de-Léon  (  i  o  oc- 
tobre i']f\6)*  Ce  nouvelles  infortunes 
l'attendaient  en  France  :  le  traité  de 
paix  d'Aix-la-Chapelle ,  signé  deux 
ans  après  son  retour  ,  contenait  une 
clause  qui  décelait  les  craintes  que 
son  nom  seul  inspirait  encore  à  ses 
adversaires.  Le  ministère  britannique 
exigea  que  le  prince  qui  l'avait  fait 
trembler  n'eût  point  la  permission  de 
reposer  sa  tête  sur  le  sol  français  ;  et 
les  ministres  de  Louis  XV ,  oubliant 
que  leur  maître  avait  accepté  de  ses 
sujets  le  titre  de  Fictor  et  pacijica- 
tor{i)y  consentirent  à  cette  condi- 
tion humiliante.  Justement  indigné  , 
Giarles-Édouard  se  plaignit  amère- 
ment de  la  cruauté  dont  on  usait  en- 
vers lui  y  après  avoir  solennellement 
promis  de  ne  point  l'abandonner;  il 
rappela  qu'il  .avait  l'honneur  d'être 

Sarent  du  roi  de  France,  puisqu'il 
escendait  d'une  fille  de  Henri  IV.  Le 
gouvernement  affecta  de  fouler  aux 
pieds  ces  titres  sacres  aux  yeux  de 
tout  Français  :  le  coui'age  du  prince/ 
aicri  par  tant  de  souffrances  et  d'in- 
sultes ,  refusa  de  plier  sous  la  néces- 
sité^ et  c'est  alors  que  se  passa  la 
scène  la  plus  scandaleuse  et  la  plus 
affligeante  pour  tous  les  coeurs  oien 
nés.  Cliarlcs-Édouard  recherchait  les 
endroits  publics  ,  croyant  y  être 
plus  en  sûreté  que  chez  lui.  La  po- 
lice, qui  suivait  ses  pas,  le  voit  entrer 
à  l'opéra  :  elle  fait  ses  dispositions , 

(t)  Cm  deux  mots  d^orateut  le  picdettal  de  1« 
statur  érigée  à  Louis  XV,  «vr  U  pince  de  iao_uoa4 
p«r  U  ville  de  P«rU, 


lOO 


STU 


et  quand ,  à  la  sortie  du  spectacle  , 
le   prince  monte  dans  sa   voilure  , 
il    se  srut    saisi    par    des    agents 
aposlcs.  11  se  degajije  de  leurs  bras, 
il   se   dcLat  ;    aussi-tôt  ,    sous   pre'- 
tcxtc  qu'il   a  des   j»istolcts  dont   il 
peut  faire  usage  ,   le  fils   des  rois 
voit   lier   ses   mains  ronimc   celles 
d'un  vil   malfaiteur.  Toute  la   ca- 
pitale retentit  de  cris  d'indignation. 
a  Ce  fut  là  ,  dit  Voltaire ,  le  dernier 
coup  dont  la  destinée  accabla  une  gé- 
nération de  rois  pendant  trois  cents 
années.  »  Rendu  à  la  liberté  ,  Char- 
les-Edouard choisit  j)our  sa  première 
retraite  la  ville  de  Bouillon  :  le  gou- 
vernement anglais  l'y  trouvant  enco- 
re trop  près ,  il  alla  retrouver  son 
Î>ère  à  Rome.  Ils  semblaient  Tun  et 
'autre  ne  devoir  plus  aspirer  qu'au 
repos,  lorsque  les  cvéuements  failli- 
rent ramener  le  jeune  prince  sur  la 
scène  politique.  Au  milieu  d'une  paix 
profonde ,  les  Anglais  s'emparèrent 
de  deu\  vaisseaux  français,  sur  le 
banc  de  Terre-Neuve  (  \n55  ).   Le 
comte  de  Lally  ,  mandé  à  Versailles , 
et  consulté  sur  les  mesuresà  i)rendre, 
'répond,  sans  hésiter,  qu'il  faut  des- 
cendre en  Angleterre  avec  le  prince 
qui,   dix  ans  auparavant,  y  avait 
conquis  tant  de  cirurs  par  sa  vail- 
lance et  par  ses   infortunes  mêmes. 
Charles  -  Edouard    est   secrètement 
averti  :  il  jiaraît  à  Navarre  ciiez  le 
duc  de  Bouillon ,  sou  cousin ,  et  à 
Nanci  chez  le  roi  Stanislas.  Lally  a 
des  conférences  avec  lui;  et  profitant 
aussitôt  des  facilites  que  lui  donnait 
le  commandement  des  côtes  de  Pi- 
cardie, il  rouvre  ses  rorrespondan- 
ces  a\  ec  les  Jaeobitcsdes  trois  royau- 
mes. Mais   tout-à-roup  le  ministère 
français  renonce  à  ses  projets  contre 
r Angleterre  j  le  prince  Edouard  re- 
toui-Dc  de  nouveau  à  Rome.  La  cour 
de  Versailles,  qui  l'avait  si  lâchement 


STU 

abandonné  et  si  indignement 
sentait  néanmoins  qu'il  éU 
politique  de  ne  pas  laissèrent 
éteindre  une  race  royale, 
vait  encore  être  utile  h  ses 
Klle  négocie  donc  le  maria{ 
jeton  des  Stuarts  avec  la  jei 
cesse  de  Stolberg-Gcedern. 
cours  de  la  maison  de  Bou 
surèrent  aux  époux  un  apan 
veiiable.  T^a  mort  du  prétend 
du  prince,  qui  arriva  vers 
temps  ,  contribua  beaucoi 
faire  accepter  l'asile  que  h 
duc  de  Toscane  Tjéopold  In 
dans  ses  états.  Il  y  prit  le 
comte  d'Albany.  Le  bonheu 
tique  qui  lui  faisait  oublier 
gués  traverses  d'une  existe 
jours  agitée,  fut  d'une  tro 
durée.  La  comtesse  alla  fixe; 
jour  à  Borne  chez  le  cardina 
'son  beau-frère.  Son  époux 

filusîeu]|i;s  années  à  cette  sej 
1  moiSèét  k  Flor^ee  le  3 1 
17B8.  Tous  les  faits  que  Vi 
de  lire  sont  authentiques  : 
d'autres  dans  la  vie  de  ce  mal 
descendant  de  Marie  Stuai 
Charles  ïc>*. ,  qui  ^  sans  avoi 
me  caractère ,  ne  peuvent  ce 
être  passés  sous  silence.  T 
deux  apparitions  qu'il  osa 
Londres;  la  première  en  i 
la  seconde  en  1761  ,  quoiqi 
du  parlement  qui  mettait  s 
prix  n'eut  pas  été  révocjué. 
célèbre  historien  David llimic 
ici  d'autorité.  Voici  une  letl 
écrivit  d'Édinbourg  ,  le  1 3 
1773,  à  son  ami  le  docteur 
(2).  «  Il  est  certain  que  le 
»  dant  était  à  Londres  en  \*j5l 
))su   de  milord  Maréchal  ( 


(a;  Celle  Iflire  m  trouve  m  ivtier  dmt 
duction  dm  Mémetirt  dm  cmnlimml  Dnboi 
p«r  railleur  rf«  cet  article. 


STU 

h  )  qoim'a  dit  en  avoir  une  par- 
^connaissance.Le  prince  prenait 
m  de  précautions ,  qu'il  sortait 
rtement  le  jour ,  avec  son  lia- 
ccoutumé  y  en  ôtant  seulement 
ftoile.  Cinq  ans  après  ,  je  con- 
me  histoire  à  lord  Holderness, 
tait  secrétaire  d'état  en  1753 , 
i joutai  que  je  présumais  que 
lit  avait  échappé  à  sa  con- 
ancc. — Aucunement,  me  dit- 
quî  croyez-vous  qui  m'en  ait 

•  le  premier  ?  ce  fut  le  roi 
^e  Tl  lui-même.  Il  me  deman- 
î  qu'il  y  avait  à  faire;  j'hcsi- 
..  Rien  du  tout ,  reprit  le  roi  ; 
u'il  sera  las  de  l'Angleterre,  il 
rtira. — Mais  ce  qui  vous  sur- 
ira davantage,  continue  David 
; ,  c'est  que  milord  Maréchal, 
lies  jours  après  le  couroune- 

dc  George  III  (  1761  ) ,  me 
ae  le  jeune  prétendant  était 
à  Londres  pour  voir  cette 
lonie ,  et  qu'en  eflct ,  il  l'avait 
IVIiloi-d  tenait  ce  fait  étrange 
lomme  qui ,  ayant  reconnu  le 

*  dans  la  foule,  lui  dit  à  l'o- 
:  V.  A.  R.  est  le  dernier  être 
t  que  je  me  serais  atteudu  à 
îr  ici. — ('/est  la  curiosité ,  ré- 
t  le  prince,  qui  m'y  conduit; 
je  vous  assure  que  Tliomme 
t  l'objet  de  toute  celle  pompe 
lui  que  j'envie  le  moins.  »  La 
cette  lettre  contient  des  par- 
és sur  lesquelles  Hume  se 
beaucoup  moins  crédule:  tel 
>ruit  répandu  par  quelques 
5  mécouteiits,  que  l'héritier 
irts  avait  protilé  de  son  sé- 
jomlres,  pour  abjurer  la  re- 
îthoiique.  D'autres  ennemis 

osèrent  lui  imputer  les  vices 

bas  et  les  plus  odieux..  La 

9nt  il  vient  d'être  question , 

que  c'était  Helvétius  qui  s'é- 


STU 


loi 


tait  chargé  de  répandre  ces  calomnies 
en  France.  Suivant  lui ,  par  exemple , 
le  petit-fils  de  Jacques  II  avait  laisse 
paraître  tant  de  lâcheté  au  moment 
de  s'embarquer  à  Nantes  pour  sa 
grande  expédition  d'Ecosse  ,  qu'il 
aurait  fallu  le  porter,  pieds  et  pomgs 
liés  y  à  bord  de  son  vaisseau.  Croirait- 
on  que ,  dans  ces  deniiers  temps  mê- 
mes ,  il  s'est  trouvé  des  écrivams  an- 
glais assez  dépourvus  de  toute  pu- 
deur ,  pour*  outrager  jusque  dans  sa 
tombe  un  prince  malheureux  ?  mais 
la  valeur,  l'humanité,  que  fit  éclater 
Charles -Edouard  sur  les  champs  de 
bataille  ,  et  sa  constance  héroiqire 
dans  l'infortune,  parleront  toujours 
plus  haut  que  la  voix  de  ses  obscurs 
calomniateurs.  Dernier  rejeton  d'une 
race  royale  poursuivie  pendant  plus 
de  trois  siècles  par  une  fatalité  inex- 

Slicable,  l'histoire  lui  assurera  des 
roits  étemels  à  l'admiration  et  à  la 
pitié.  On  n'y  bra  jamais  son  nom 
sans  s'écrier  avec  Je  plus  illustre  de 
ses  biographes  :  «  Que  les  hommes 
privés  qui  se  plaignent  de  leurs  pe- 
tites infortunes,  jettent  les  yeux  sur 
ce  prince  et  sur  ses  ancêtres  !  »  Per- 
sonne n'ignore  que  Voltaire  a  consa- 
cré deux  chapitres  de  son  Précis  du 
siècle  de  Louis  XP^,  au  récit  détaille 
de  l'expédition  d'Ecosse  ,  en  1745. 
Ce  brillant  morceau  mérite  toute 
croyance  :  l'auteur  fut  employé  par 
le  miuistère  français  pour  composer 
des  manifestes  au  nom  du  prétendant. 
11  eut  entre  les  mains  sa  correspon- 
dance et  celle  de  ses  principaux  of- 
ficiers. Charles  -  Edouard  ,  comme 
nous  l'avons  dit ,  avait  épousé  la 
princesse  Louise  -  Maximilienne  de 
Slolberg-Gœdern,  née  à  Mens,  en 
i7Vi,  et  de  trente-deux  ans  plus 
jeune  ,  par  conséquent  ,  que  son 
époux.  Cette  union ,  mal  assortie,  fut 
loin  d'être  heureuse.   La  comtesse 


103 


STO 


d'Albany  se  retira  d'abord  à  Bome^ 
laissant  le  comte  à  Florence ,  où  il  ter- 
mina sa  carrière.  Dès  qu'il  eut  cesse 
de  vivre  (  1 788  ) ,  sa  veuve,  qui  e'tait 
encore  fort  belle ,  satisfit  le  désir 
qu'elle  nourrissait  depuis  long-temps 
de  voir  Paris.  La  cour  de  France  lui 
assura  les  moyens  d'y  vivre  d*une 
manière  conforme  à  son  rang.  La 
révolution,  qui  ne  tarda  pas  d'écla- 
ter y  la  força  de  retourner  en  Italie , 
avec  le  célèbre  Alficri ,  dont  elle  s'é- 
tait déclarée  l'admiratrice  la   plus 
passionnée.  Le  poète  n'éprouvait  pas 
une  moindre  exaltation  pour  la  com- 
tesse :  «  C'est  vous  ,  lui  disait-il  dans 
la  dédicace  de  sa  tragédie  de  Mirray 
c'est  vous  qui  êtes  la  source  où  je 
puise  mon  génie ,  et  ma  vie  n'a  com- 
mencé que  du  jour  où  elle  a  été  en- 
chaînée à  la  vôtre.  »  La  comtesse 
perdit  Alûeri  à  Florence  :  elle  y  éterni- 
sa sa  douleur  en  lui  faisant  ériger  un 
mausolée  par  Canova.  lia  Toscane  , 
par  suite  des  événements  de  la  guerre, 
tomba  sous  la  domination  de  Buo- 
naparte.  Il  connaissait  la  haine  que 
lui  portait  la  comtesse  ;  il  la  manda 
à  Paris  ^  elle  soutint  sa  présence  et 
ses  reproches  avec  une  fermeté  qui 
étonna  le  despote.  Il  lui  permit  de 
retourner  à  Florence ,  où  elle  consa- 
cra le  reste  de  son  existence  à  lui  ar- 
tiste français  qui  avaitété  l'ami  d'Aï- 
fieri.  Il  paraît  mcme  constant  que, 
par  un  mariage  de  la  main  gauche, 
elle  honora  du  don  de  sa  maiu  Fran- 
çois -  Xavier  Fabre ,  peintre  d'his- 
toire. Il  est  certain,  du  moins^  qu'elle 
l'institua    son   légataire    universel. 
La  comtesse  d'AIbany^  est  morte  le 
ag  janvier  18*24.  S — v — s. 

STUART  (Heuri-Benoit),  frère 
du  précédent ,  naquit  le  6  mars  1725, 
etfut  baptisé^  au  mois  de  mai  suivant, 

Sar  le  pape  Benoît  XIII.  Appelé 
'abord  le  duc  d'York ,  il  devint 


STU 

ensuite  cardinal  dn  même  nom^  lon- 

3ue  le  pape  Benoît  XIV  l'eût  revêtu 
e  la  pourpre  romaine  en  1747.  Le 
jeune  duc  n'avait  encore  que  vingt- 
deux  ans.  Le  roi  de  France  lui  donna^ 
5 eu  de  temps  après  y  la  riche  abbaye 
'Anchin.  Son  état  ne  lui  permit 
de  prendre  aucime  part  aux  événe- 
ments qui  agitèrent  la  vie  dn  prince 
son  frère.  Mais  dès  qu'il  eut  reçu  la 
nouvelle  de  sa  mort,  il  se  reearda 
comme   légitime  souverain   ofe  la 
grande  Bretagne.  Son  testament,  qu'il 
tit  à  cette  époque^  ordonnait  que  son 
titre  d'Henri  IX  fût  inscrit  sur  sa 
tombe.  En  conséquence,  il  voulait 
être  traité  de  Majesté  dans  son  inté- 
rieur. On  raconte,  a  ce  sujet,  qu'un 
des  fils  de  George  111  ^  voyageant 
en  Italie^  désira  être  présenté  chei 
le  cardinal  d'York ,  et  qu'il  n'hésita 
nullement  à  se  confoxmer  à  l'usage, 
en  suivant  chez  l'auguste  vieillard 
Tctiquctte  observée  chez  les  rois.  Le 
carduial  d'York  mourut  en  1807, 
à  l'a  ge  de  quatre-vingt-deux  aus.  Avec 
lui  s'éteignit  jusqu  au  nom  de  cette 
famille,  plus  infortunée  encore  qu'il- 
lustre, qui  avait  rempli  le  monde  du 
bruit  de  ses  malheurs.  Après  la  mort 
du  cardinal  d'York,  on  trouva  des 
papiers  d'une  haute  importance  dont 
il  était  demeuré  possesseur.  Ils  con- 
tiennent la  preuve  fréquente  que  les 
Stuarts  avaient  conservé  de  nom- 
breux partisans  dans  les  trois  royau- 
mes. Ces  papiers  ont  été  acquis  par  le 
roi  d'Angleterre.  S — v — s. 

STUART  (Marie).  ^V.Mjlrœ, 
XXVII ,  98. 

STUART  (  Jacques  ) ,  architecte 
et  antiquaire^  naquit  à  Londres,  en 
171 3.  Son  père,  appartenant  à  U 
marine^  eut  peu  de  moyens  de  lui 
donner  une  éducation  soignée  y  et 
il  mourut  lorsque  Jacques ,  l'aîné  de 
ses  quatre  enfants,  ne  se  distinguait 


STU 

re  ^  par  la  Yivacitë  de  son  es- 
f  et  un  goût  décide  pour  les 
du  dessin.  II  commença  par  des- 
et  peindre  des  combats  pour 
arcband  du  Strand ,  et  fut  assez 
ux  pour  placer  chez  lui  ime  de 
nirs  y  comme  demoiselle  de  bou- 
.  Il  trayailla  ainsi  pendant  plu- 
i  années ,  soutenant  par  ses  pro- 
!  reste  de  sa  famille.  Malgré  les 
;es  d^une  semblable  position  et 
iductions  dont  ce  jeune  homme 
entouré  au  milieu  de  la  capi- 
il  continua  de  se  perfection- 
>ar  Tétude  la  plus  opiniâtre  de 
les  arts,  consacrant  à  l'ana- 
f  et  à  la  géométrie  le  peu  de 
»  qui  lui  restait.  II  reçut,  dans  ce 
klà  ,  quelques  leçons  d'un  maî- 
!  dessin  ;  mais  ce  fut  toujours  à 
«près  recherches  et  à  ses  études 
lut  ses  progrès.  La  nécessité  et 
ication  furent  ses  seuls  maîtres, 
sir  de  comprendre  les  passages 
qu'il  voyait  au  bas  de  quelques 
res ,  fut  le  premier  motif  qui 
apprendre  cette  langue;  il  ap- 
□suite  le  grec  de  la  même  ma- 
,  et  dirigea  surtout  ses  études 
rarchitecture.  Il  desirait  ar- 
LcntToir  Rome  et  Âtliënes.  Mais 
it  affligé  d'une  loupe  au  front  : 
lirurgien  promit  de  le  guérir 
)yen  d'un  traitement  long  et  ré- 
.  Une  opération  n 'aurait-elle 
lus  promptcment  le  même  ré- 
?  Oui ,  répliqua  le  chirurgien; 
elle  serait  douloureuse  et  ne  se- 
assans  danger.  Stnart  réfléchit 
>ment ,  puis  se  plaçant  dans  un 
lil,  a  Coupez, Monsieur, dït'ïl, 
ne  bougerai  pas.  »  L'opéra- 
ut  un  plein  succès.  Il  ne  partit 
Rome  que  lorsqu'il  eut  assuré 
lence  de  sa  famille  ;  et  alors  il 
odit  à  pied  dans  la  capitale 
ïis ,  où  il  étudia  ayec  la  plus 


STU 


io3* 


▼ive  ardeur  ,  sous  la  direction  de 
l'architecte  Revett  y  tout  ce  qui  est 
relatif  à  l'architecture  et  aux  forti- 
fications. Son  maître  devint  bientôt 
son  ami ,  et  ils  gagnèrent  ensemble 
la  Grèce  ,  dans  le  mois  de  mai-s 
1750.  Arrivés  à  Athènes,  ils  y  ren- 
contrèrent leurs  compatriotes  Wood 
et  Dawkins ,  que  le  même  goût  pour 
l'antiquité  avait  amenés  dans  ces 
contrées.  Dawkins  fut  enchante  de 
faire  connaissance  avec  un  confrère 
voué  aux  mêmes  études  ,  mais  dont 
les  ressources  étaient  loin  d'égaler 
les  siennes.  Ce  fut  pendant  son  sé- 
jour à  Athènes  que  Stuart  prit  de* 
linitivcment  la  résolution  de  suivre 
la  carrière  de  l'architecture  et  du 
dessin.  Comme  il  était  entièrement  li- 
bre y  il  s'engagea  dans  l'armée  autri- 
chieune ,  et  fit  une  campagne  en  qua- 
lité d'ingénieur.  Revenu  à  Athènes ,  il 
dessina  et  mesura  les  principaux  mo- 
numents de  cette  ville ,  et  il  n'en  partit 
qu'en  1753,  avec  son  ami  Revett.. 
Après  avoir  visité  Salonique ,  Smyr- 
ne  et  les  îles  de  l'Archipel ,  ils  ar- 
rivèrent en  Angleterre  au  commence- 
ment de  1755.  Le  résultat  de  leurs 
courses  et  de  leurs  travaux  scienti- 
fiques parut  en  1 762  ,  sous  ce  titre  i 
Antiquités  d'Athènes  mesurées  et 
dessinées  par  /.  Stuart  et  Nicolas 
Revett ,  peintre  et  architecte,  tome 
i^*". ,  grand  in-fol.  Cet  ouvrage  est , 
sans  contredit ,  une  des  meilleures 
productions  du  dix-huitième  siècle. 
C'est  un  digne  pendant  des  magnifi- 
ques descriptions  de  Palmyre  et  de 
Balbec ,  par  Dawkins  et  Wood.  Il 
valut  à  Stuart  le  surnom  à!  Athénien, 
et  l'estime  de  tous  les  amis  des  arts. 
Lord  Anson  le  fit  nommer  intendant 
de  l'hôpital  de  Grccnwich.  Les  ré- 

Î)aration3  importantes  et  les  cmbel- 
issemcnts  aue  cette  maison  a  reçus, 
après  un  uiccndic  y  ont  été   iaUi 


io4 


STU 


d'après  ses  dessins  et  sous  son  ins-  • 
pectiou.  Il  consliuisit  aussi  à  Lon- 
dres ,  plusieurs  maisons  qui  attestent 
la  pureté  de  son  goût  et  la  solidité  de 
ses  connaissances.  Stuart  fut  marie 
deux  fois ,  et  il  eut  quatre  enfants 
de  son  second  mariaç;e ,  outre  autres 
un  garçon  qui ,  à  l'âge  de  trois  ans , 
montrait  une  passion  étonnante  pour 
le  dessin.  Cet  enfant  mounit  oe  la 
petite  vérole  ,  en  1187  ;  Stuart  en 
conçut  tant  Je  chagrin,  (pi'il  expira 
lui-même ,  peu  de  temps  après ,  le  1 
février  1 780.  Les  trois  derniers  vo- 
lumes des  udntiquités  iV Athènes  ^ 
n'ont  paru  qu'ajirès  sa  mort ,  le  se- 
cond tome ,  en  1 790,  avec  des  expli- 
cations et  notes  de  iWi^'fo/i;  k  troi- 
sième^ en  1794?  avec  le  texte  de 
Bevett ,  et  le  quatrième ,  en  i8i5  , 
avec  un  texte  explicatif  et  historique 
de  Tajrlor.Cfii  ouvrage  a  été'  traduit 
en  français  par  M.  Feuillet,  1808^ 
181 5,  3  vol.  iu-fol  ,  qui  ont  paru  en 
huit  livraisons.  Z. 

STUART  (sir  Charles  ' ,  général 
anglais,  né  eu  1753,  était  fils  du 
marquis  de  Bute  (  Vojr,  ce  uom  ). 
Élevé  sous  les  yeux  de  sou  père, 
il  manifesta ,  dès  sa  jeimesse ,  un 
goût  décidé  pour  l'art  militaire  ainsi 
que  pour  la  science  diplomatique. 
Apres  avoir  été  présenté  par  lord 
Bute  dans  les  prijici pales  cours  de 
l'Eiu'ope ,  suivaul  Tiisage  des  clas- 
ses supérieures  de  la  société  anglai- 
se, il  entra  au  service  à  l'Age  de  dix- 
sept  ans,  et  fil  ses  premières  armes 
en  qualité  d'aide-de-camp  du  vice- 
roi  d'Irlande.  11  passa,  eu  1773, 
en  Amérique  ,  où  il  se  distingua 
dans  plusieurs  occasions,  à  la  tcte 
d'un  corps  d'élitf.  Au  commen- 
cement clés  deux  dernières  guer- 
res avec  la  France  ,  il  fut  promu 
au  grade  de  maréchal-de-camp,  et 
reçut  le  commandement  des  trou- 


STO 

pes  employées  dans  la  Méditâmr 
née.  Il  se  rendit  maître  de  Hle  de 
Corse;  et,  après  avoir  concilié ,  au- 
tant qu'il  dépendait  de  lui,  les  intë- 
retd  opposés  qui ,  dans  tous  les  temps, 
ont  divisé  les  habitants  de  cette  île , 
il  retourna  en  Angleterre  en  1796; 
mais  ce  ne  fut  que  pour  repreiâie 
aussitôt  le  commandement  d'un  corpi 
auxiliaire  de  huit  mille  hommes  que 
la  Grande-Bi'etagne  envoyait  en  Por- 
tugal ,aliu  de  défendre  ce  pays  contre 
les  menaces  de  la  France.  Le  génë* 
rai  Stuart  entra  dans  le  Tage  au 
commencement  de  l'année  179^;  et 
il  fut   mis  en  possession  des  oifiTé- 
rents  forts  qui  défendent  Lisbomif. 
11  passa  près  de  deux  ans  dans  ce 
pays;  et  il  n'est  pas  possible  de  dou- 
ter que  la  sagesse  de  ses  combinai- 
sons et  de  ses  conseils  n'ait  contribué 
à  em])écher  L'invasion  de  ce  royau- 
me ,  projetée ,  vers  ce  temps  ^  par  le 
Directoire  exécutif  de  France.  Ce  lut 
aussi  alors  qu'en  faisant  connaître 
les  moyens  que  le  Portugal ,  jusque- 
là  trop  peu  considéré,  sous  le  rap- 
port de  ses  ressources  militaires,  pou- 
vait mettre  en  action ,  il  prépara  la 
résistance  sur  laquelle  l'armée  an- 
glaise devait  plus  tard  fonder  ses  pre- 
miers succès  dans  la  Péninsule.  Nom- 
mé une  seconde  fois  au  commande- 
ment des  troupes  employées  dans  la 
Méditerranée ,  le  général  Stuart  en- 
treprit ,  au  mois  de  septembre  1 798, 
une  expédition  contre  l'île  Minor- 
que,  défendue  par  une  garnison  de 
quatre  mille  cinq  cents  E^agnols.  Il 
dél)arqua  ses  troupes  à  Adaya,  an 
noixl  de  cette  île,  pénétra  dans  l'in- 
rieur ,  et ,  en  y  prenant  position ,  réus- 
sit à  paralyser  les  efforts  de  l'enne- 
mi. En  quatre  jours,  il  se  rendit  maî- 
tre des  villes  du  Port  -  M ahon  et  de 
Citadella ,  seules  places  qui  lui  ofTriv 
sent  de  la  résistance ,  et  fit  ensuite , 


STD 

nyer  la  moindre  perte ,  la 
e  cntiërn  de  l'île.  A  peine 
përadon  était-elle  terminée^ 
*  suite  de  Tiovasion  des  Frau- 
is  le  royaume  de  Naples, 
ut  oblige  de  se  rendre  en  Si- 
1  de  protéger  cette  île  con- 
s  entreprises  ;  et  il  lui  suf- 
transportcr  deux  régiments 
mettre  à  Tabri  d*ime  in  va- 
la  fin  de  cette  même  année , 
irgé  de  reprendre  Tîle  de  Mal- 
t  Buouaparte  s'était  emparé 
up  férir j  mais  comme  les 
anglaises  n'étaient  point  as- 
breuscs ,  ses  opérations  ■  aprt's 
fût  emparé  du  restant  de 
se  bornèrent  au  blocus  de 
rtte  ;  et  cette  forteresse  ne  se 
ii'aprês  y  avoir  été  forcée  par 
le.  Ce  fut  alors  qu'à  la  suite 
position  que  le  général  Stuart 
;  que  ia  souveraineté  de  l'île 
te  fût  transférée  à  une  au- 
sance ,  il  résigna  son  com- 
lent ,  et  retourna  en  Angle- 
es  intentions  du  ministère  y  à 
d ,  furent  dévoilées  par  l'op- 
,  dans  la  chambre  des  com- 
et  il  est  certain  que  l'Angle- 
it  la  conservation  de  cette  île 
lamations  du  général  Stuart, 
lier  lieu ,  et  par  suite  aux  opi- 
n'exprima  la  chambre  des 
les ,  lorsqu'il  y  siégeait,  dans 
s  de  l'opposition.  Ce  général 
luprintempsdc  l'année  1 8oi , 
coi'e  à  la  ileur  de  son  âge.  Il 
nix  lils.  Le  plus  jeune  mourut 
icc  naval;  et  l'aîné,  sir  Char- 
rt ,  est  celui  qui ,  après  la  res- 
n  des  Bourbons ,  fut  ambas- 
ie  la  cour  de  Londres  h  celle 
ce.  B — p. 

ART  {  Gilbert  ) ,  écrivain 
,  ne  en  174^  •>  dans  l'uni- 
d'Édinbourg  ,  où   son  père 


STU 


103 


était  professeur  d'humanités,  fut  des" 
tiné  aabord  au  barreau  ;  mais  après 
ayoir  passé  mielqties  années  chez  un 
procureur ,  il  fut  détourné  de  cette 
carrière  par  son  goût  pour  les  étu- 
des historiques  et  philosophiques. 
Ses  progrès  furent  rapides.  Une  Dis- 
sertation historique  sur  l'antiqui- 
té de  la  constitution  britannique , 
qu'il  publia  en  1*761,  étonna  dans 
un  jeune  homme  ae  vingt  -  deux 
ans,  et  lui  valut,  de  la  part  de  l'uni- 
versité ,  le  degré  de  docteur  en  droit , 
que  son  père  reçut  en  même  temps 
que  lui.  Un  Tableau  de  la  sodé- 
té  en  Europe  dans  son  passade 
de  la  barbarie  à  la  civilisation,  qui 
parut  quelques  années  après ,  le  lit 
connaître  plus  avantageusement  en- 
core ,  et  prouva  que  l'auteur  avait 
étudié  avec  fruit  les  monuments  les 
plus  précieux  du  moyen  âge.  Gil- 
nert  Stuart  vint  à  Londres  en  17C8, 
et  jusqu'en  1775  y  concoiurut  à  la 
rédaction  du  Jlfo7tfA(;^  Review;  mais 
se  trouvant  gêné  sans  doute  pour 
satisfaire  dans  ce  journal  la  malveil- 
lance dont  il  était  animé,  il  revintdans 
sa  ville  natale  commencer  un  écrit  du 
même  ^tnttyV Edinbur^h  Magazine 
and  Reçiew,  qui  eut ,  pendant  quel- 
ques mois ,  un  grand  succès  ,  grâce  à 
la  sévérité  et  même  à  la  virulence 
avec  laquelle  la  critique  y  était  exer- 
cée. On  apprend ,  dans  une  de  ses  let- 
tres, qu'il  avait  eu  l'idée  à* orner  son 
Î)rcmier numéro  d'une  caricature ,  ou 
ord  Monboddo  (r.  ce  nom)  était  re- 
présenté en  quadrupède.  La  gravure 
aurait  été  accompagnée  d'une  des- 
cription, à  la  manière  de  BuSbn,  de 
cet  animal  encore  inconnu.  Le  ré- 
dacteur du  Magazine ,  homme  d'un 
caractère  jaloux ,  à  qui  les  succès 
d'autruifaisaientombrage,s'attachaà 
miner  les  célel)rités  qui  1  oITusquaient. 
Les  historiens  Henry,  Robertson,  Gib- 


io6 


STU 


bon ,  furent  particulièrement  enbutte 
à  ses  sarcasmes.  Le  public,  qui  par- 
tout semble  prendre  plaisir  à  voir 
rabaisser,  même  par  des  hommes 
qu'il  méprise ,  ceux  que  leur  mérite 
élève  au-dessus  de  la  foule  ,  applau- 
dit aux  premières  attaques  que  Muart 
dirigea  contre  les  meilleurs  écrivains 
de  sa  nation ,  mais  il  finit  par  en  être 
dégoûté  et  indigné.  Cet  ouvrage  pé- 
riodique^ auquel  travaillèrent  aussi 
Smeme(i),  le  docteur  Blacklock  et 
le  professeur  Bicbardson ,  perdit  par 
degrés  ,  toute  sa  vogue.  La  résis- 
tance que  Stuart  éprouva  de  la  part 
du  clersé,  des  autorités  civiles^  et  de 
toutes  les    personnes  honnêtes  ,  le 
transporta  ae  haine  contre  la  ville 
où  il  avait  reçu  le  jour  :  «  Je  déteste 
mortellement  cette  cité  et  tout  ce  qui 
y  respire,  écrivait-il  en  1774*  Mal- 
heur à  ce  pays  ,  malheur  aux  hom- 
mes ,  aux  femmes  et  aux  enfants  qui 
l'habitent!  »  A  ce  sujet,  D'Israeli  le 
compare  à  Gollot  d'Herbois ,  qui  eût 
voulu  mettre  le  feu  aux  quatre  coins  de 
la  ville  de  Lyon ,  pour  se  venger  d'y 
avoir  été  chassé  de  la  scène  au  bruit 
des  sifflets.  UEdinburgh  Magazine 
cessa  de  paraître  en  1776.  L'irri- 
tation que  causa  cet  échec  au  rédac- 
teur principal ,  était  augmentée  par 
le  succès  dont  il  voyait  couronner 
les   travaux    de   ses   émules.    Peu 
intimidé  par  le  nombre  des  enne- 
mis qu'il  s'était  déjà  faits ,  Stuart 
dirigea  ses  invectives  contre  le  célè- 
bre Bobertson^  qui  avait  à  ses  yeux 
le  tort  d'avoir  traité,  dans  sa  fa- 
meuse Introduction  ,  le  même  sujet 
que  lui  dans  son  Tableau  de  la  sa- 

(i)  Guillaume  Siudlie,  imprimeur  et  homme  d« 
lettre*  ,  aut^el  on  a  coniwcn^  quelques  licnes 
«hna  cette  biographie  (XLïI,  470  >-,  était  d'an 
caractère  bim  diH*ereDt  de  aon  rullaborateur  :  il  eut 
on  ionraTec  lui  une  querelle  très-vire  pour  aToir, 
•rec  autant  d'adresse  que  de  prudence ,  mcta- 
morphoké  en  panégyrique  dans  son  journal  une  sa- 
lir* Maire  contre  m  lords  lUiiaet  et  Monboddo. 


STU 

eiéte\  Il  attaqua  ^  sans  aiici 

gement ,  les  opimons  de  t;et 

sur  certains  points  contestés 

toire  de  son  pays.  Ce  futd'ab 

des  Observations  conceman 

public  et  V histoire  constitua 

de  l'Ecosse    1779,  in-S**. 

te ,  en  blâmant  la  violence 

expressions ,  on  fut  obligé  d 

nir  qu'à  quelques  égaras  i 

tort  que  dans  la  formé.  Robi 

vengea,  dit-on ,  de  cette  agre: 

s'op posant  à  ce  que  Stuart  < 

chaire  de  droit  public  de  l'u 

d'Édinbourg.  Celui-ci  redo 

hostilitésdans  son  Histoire  d 

depuis  rétablissement  de  l 

mation  jusau*à  la  mort  de 

Marie,  1702,  a  vol.  in- 4° 

se  proposa  de  justifier  Mari( 

contre  les  calomnies  de  Buchi 

pétées  par  Robertson.  Bien  q 

nion  qu'il  soutient  ici  ait  j 

l'immoralité  de  son  caraclè 

supposer  qu'il  ne  s'est  rang 

les  zélés  partisans    de  Mai 

pour  être  en  opposition  avec 

vain  qu'il  haïssait.  Éloigné 

pays  par  l'horreur  qu'il  y  ic 

et  par  rimpuissance  d'y  fâir< 

mal  dont  if  éprouvait  le  besoi 

Sarutà  Londres  en  1 782,  et  j 
e  nouveau  à  la  rédaction  < 
ques  écrits  périodiques  ,  le  i 
Herald  et  VEnglish  Review. 
duite  privée  était  très-peu 
re.  L'habitude  de  l'intempi 
contractée  de  bonne  heure , 
vaux  excessifs ,  et  les  tourm 
séparables  des  passions  hai 
minèrent  sa  constitution  ri 
il  revint  à  Édinbourg  ,  dans 
de  santé  déplorable  ,  et  m( 
quarante-deux  ans,  le  i3  juij 
A  ceux  de  ses  ouvrages  qi 
avons  cités ,  il  faut  ajoute 
un  écrit  anonyme  contre  le 


STU 

.  ^  avait  publia  une  Gram- 
latine,  177^1;  '2®.  Histoire 
kéblissement  de  la  reforma^ 
iligieuse  en  Ecosse ,  Liondres , 
in-4'^.  Cet  ouvrage  est  re- 
aWe  pour  la  chaleur  du  style , 
ne  pour  Timpartialitë.  Parmi 
1rs  portraits  tracés  avec  vi- 
y  on  fut  étonne  de  ne  pas  trou- 
dui  du  fameux  réformateur 
;  mais  l'auteur  répara  cette 
on  dans  son  Histoire  d'Ecosse. 
i  dut  aussi  la  publication  des 
tf  (  lectures  )  sur  la  cous- 
in de  l'Angleterre  ,  par  Sul- 

revues  et  augmentées,  1774* 
eilleur  de  ses  ouvrages  j  le 
au  de  la  société  en  Europe  , 
imprimé  en  1778,  avec  des 
ons ,  in-4**.  ;  il  a  été  traduit  en 
is  (  1789.  1  vol.  in-8*>.),  par 
H.  Boulard ,  qui  a  aussi  traduit 
me  auteur  la  Dissertation^  citée 
laut ,  sur  V ancienne  constitu- 
les  Germains  y  1794,  in- 80. 
iede  Stuart  se  distingue  parla 
et  la  concision  ;  mais  on  lui  a 
ché  de  la  roideur ,  et  une  sin- 
B  prédilection  pour  l'emploi 
rcssions  vieillies,  inusitées  ou 
;ères  ;  ce  aiii  donne  à  ses  écrits 
r  de  traduction  ,  et  en  rend 
ture  péuiblc.  Quelques  frag- 

des  lettres  que  Gilbert  Stuart 
it  d'Édinbourg  à  son  libraire 
adres ,  achèveront  de  faire  cou- 
le mauvais  naturel  de  cet  hom- 
avait  formé  une  véritable  00ns- 
on  littéraire  contre  la  rcputa- 
u  docteur  Henry ,  auteiu:  d'une 
re  d'Angleterre  sur  un  nouveau 
11  parvint  à  troubler  le  repos  de 
crivaiu  estimable  ,  et  arrêta 
nt  long-temps  le  deljit  de  son 
ge.  Voici  ce  qu'il  écrivait  en 
:  «  Le  révérend  historien  vient 
ter  la  société  instituée  pour 


STU  i©7 

propager  1  instruction  chrétienne  ^  à 
armer  pour  sa  cause.  Je  me  vois  au 
moment  d'être  persécuté  par  tout  le 
clergé ,  et  de  le  persécutera  mon  tour. 
Les  ministres  sont  chauds  et  zélés  ^  je 
suis  froid  et  impassible ,  comme  un 
sceptioue  déterminé  :  puisque  je  suis 
entré  oans  la  lice ,  je  combattrai  :  je 
remporterai  la  victoire ,  ou  Je  pérurai 
en  homme.  »...  «  David  Hume  veut 
se  charger  de  la  critique  de  Henry  ; 
mais  cette  tâche  est  si  précieuse ,  que 
je  prétends  m'en  acquitter  moi-même: 
je  ne  la  céderais  pas  àMoses,  quand 
d  la  demanderait  comme  une  faveur; 
non ,  pas  même  à  l'homme  selon  le 
cœur  ae  Dietf.  »...  4  ni^rs  1774  : 
«  Heniy  est  complètement  ruiné  ;  sa 
rente  est  arrêtée;  un  grand  nombre 
de  ses  exemplaires  lui  sont  renvoyés: 
dites-moi ,  je  vous  prie ,  comment  il 
se  trouve  maintenant  à  Londres  7  • . . 
Que  ne  puis  -  je  me  transporter  à 
Londres  pour  te  vilipender  dans  le 
Monthljr  Review!  un  feu  croise  du 
Monthlf  Review  et  du  Critical  Re- 
view  le  réduirait  en  poussière.  Ne 
pouvez  -  vous  rien  de  ce  dernier 
coté  ? .  . .  Soyez  assez  obligeant ,  je 
vous  en  supplie,  pour  lui  faire  un 
peu  sentir  votre  tonnerre  ;  c'est  une 
faveur  que  je  n'oublierai  jamais* 
Si  Whitaker  est  à  Ijondi*es ,  il  peut 
lui  donner  une  tape  ;  Paterson  lui  en 
donnera  une  autre.  Frappez  de  tous 
côtés:  le  misérable  tremblera,  pâ- 
lira ^  et  s'en  retournera  avec  la  cons- 
cience de  sa  de'bilité. ...  Je  lui  ré- 
serve un  coup  mortel  ;  je  veux  con- 
sommer sa  ruine ,  quand  les  flammes 
de  l'enfer  s'élèveraient  pour  m'en 
empêcher.  »...  3  avril  1775.  «  Le 
pauvre  Henry  est  au  lit  de  mort,  et 
ses  amis  disent  que  c'est  moi  qui  l'ai 
tué.  J'ai  reçu  cette  nouvelle  comme 
un  compliment,  et  j'ai  répondu  qu'on 
me  fabait  trop  d'honneur.  »  David 


io8 


STU 


Humc^  sur  Tassistancc  duquel  Stuart 
avait  compte  pour  déprécier  l'ou- 
vrage de  Hcniy  dAns]eMonthly  Re- 
view ,  avait  trop  de  probité'  pour  ne 
pas  tromper  l'attente  de  cet  homme 

Sassionné ,  et  grossit  dès-lors  la  liste 
es  ennemis  de  Stuart.  «  C'est  trop 
pour  moi ,  écrit  -  il  à  cette  occasion , 
a  être  assailli  à-la-foLs  par  des  incrc'- 
dules  et  par  des  dévots  ;  mon  orgueil 
ne  peut  supporter  cela.  »  Mais  cet  être 
si  vain ,  qui  nevoyait  dans  toute  la  lit- 
tératurequc  Montesquieu  digne  de  lui 
être  compare' ,  se  doutait  peu  que  le 
temps  ne  ferait  qu'alierniir  la  répu- 
tation du  docteur  Henry  ,  tmdis  que 
ses  propres  ouvra «;os,  uécredités  sur- 
tout par  le  caractère  de  leur  auteur 
{lenl raient  ,  de  jour  en  jour  ,  de 
'estime  publique.  Il  lui  manquait 
une  des  (|ualitcs  les  plus  essentielles 
pour  écrire  l'histoire  ,  comme  i)our 
exercer  la  critique  :  £7^>'/iiM^  suivant 
l'expression  de  Malherbe ,  la  science 
et  ta  conscience.  Nous  devons  les 
fragments  de  sa  correspondance  à  M. 
d'Israeli ,  qui  a  justement  placé  (}il- 
bert  StUcirl  au  nombre  des  auteurs 
malheureux.  L. 

STUDBE  lihNBi),  savant  auteur 
anglais  ,  naquit  en  î63i  à  Partnev, 
j)rês  (le  Spilsbye  en  Lincolnshire. 
Son  père,  niiuislre  de  cette  paroisse, 
fut  obligé  de  s*en  éloigner,  parce  qu'il 
avait  manifesté  du  pcncliant  pour  les 
opinions  desauaba|»tistes.  Accouipa- 
iiué  de  sa  fejume  et  «le  ses  enfants,  il 
se  relira  en  Irlande;  mais  lorsaue  \n 
rébellion  éclata  dans  ce  pays,  en  i  iy\  \ , 
mistriss  Stubl>e  s'enfuit  précipifain- 
menl,  reviul  eu  Angleterre,  et  vécut 
à  Londres  du  travail  de  ses  mains. 
Henri , qu'elle  amena  avec  elle,  avait 
alors  dix  ans.  louvoyé  à  l'école  de 
Westminster,  il  s'y  distingua  telle- 
ment ,  que  le  célèbre  instituteur  Hus- 
by  {r.ccuonij ,  se  glorifiant  d'un  pa 


STU 

rcil  élève, le  présenta  un  jour  à  siiHoi- 
ri  Vane  le  jeune ,  comme  un  sujet  de 
grande  espérance.  Cet  ardeot  répu- 
blicain goûta  l'esprit  de  Stubbe,  kd 
Ht  de  légers  présents ,  et  lui  donna 
fréquemment  à  sa  table  un  repas,  qui 
n'était  pas  pour  l'écolier  une  chose 
indiilérente  ;  car  il  n'avait  alors  que 
deux  sous  à  dépenser  à  son  dîner, 
comme  il  l'a  raconte  depuis;  et  son 
déjeuner  dépendait  de  la  paresse  oude 
l'incapacité  d'un  condisciple ,  dont  il 
était  convenu  de  faire  le  devoir  à  ce 
prix.  Il  obtint  une  sorte  de  bourse  , 
et  fut  admis ,  en  1649,  comme  étu- 
diant, au  collège  Christ-Church  d'Ox- 
ford. Sa  vanité  naturelle  s'était  nial- 
heureusement  accrue  par  ses  succès. 
Plusieurs  de  ses  camarades  le  trou- 
vaient hautain  et  insolent;  et ,  suivant 
l'historien  de  l'université  ,  Wood , 
les  coups  de  ]>oing  et  de  pied  ne  lui 
étaient  pas  épargnés.  L'occasion  de 
se  venger  se  présenta,  et  il  en  profita 
lâchement  :  ce  fut  en  1G49,  lorsque 
le  serment  de  fidélité  à  la  république 
fut  envt»yi»  à  l'université  par  sir  Henri 
Vane.  Stubbe ,  abusant  de  son  crédit 
auprès  de  ce  chef  parlementaire,  fit 
exj)ulser  du  collège  ceux  qui  lui 
avaient  marqué  de  l'aversion.  Après 
avoir  i)ris  le  degré  de  bachelier-ès- 
al^s,  il  partit  pour  l'Ecosse,  et  de 
i(î53  à  iOj:!,  servit  dans  l'armée 
parlementaire.  Rentré  à  Oxford,  il  y 
obtint,  en  iG^*; ,  la  place  de  coa<»cr- 
vateur  adjoint  de  la  bibliothèque 
bodiéienne;  ce  qui  le  mit  à  portée 
d'étendre  son  instruction.  Il  put  en 
proli  1er  jusqu'en  i659,  011  cet  em- 
ploi lui  fut  oté ,  pour  avoir  publié 
plusieurs  écrits  (pii ,  à  la  veille  de  la 
restauration,  devenaient  des  torts 
graves  :  c'étaient  V Apologie  de  sir 
Henri  fane}  Essai  sur  la  bonne 
vieille  cause  ;  la  Lumière  sortant 
des  tétièbres ,  avec  une  Apologie 


STU 

des  auakers,  où  le  clergé  et  les  uni- 
versités notaient  pas  ménage's.  Stub- 
be  se  retira  pourlors  âStratford-sur- 
ÂTon,eD  Warwickshire;  et,  comme 
il  avait  fait  quelques  e'tudes  médica- 
les, il  se  mita  pratiquer  Tart  de  gué- 
rir. N'e'tant  cuire  dans  le  parti  révo- 
lutiounaii^  que  par  faiblesse  et  par 
atraiuement,  il  soufTrit  peu  de  la 
réaction  politique.  Il  avait  servi  par 
ses  écrits  la  cause  qui  venait  de  suc 
comber;  mais  il  ne  s'était  attaché  à 
aucune  secte ,  et  n'avait  pas  usé  de 
son  crédit  pour  s'élever  et  s'euricliir: 
aussi,  la  restauration  du  tronc  étant 
consommée ,  tandis  que  son  protec- 
teur, excepté  de  l'amnistie  ,  payait 
de  sa  tcle  la  part  très  -  active  qu'il 
avait  prise  à  la  révolution,  Stubbe 
fîit  à  peine  inquiété.  Il  chanta  la  pa- 
linodie et  trouva  grâce  aisément.  Il 
promit  d'observer  inviolablemeniro- 
bàssance  passive;  lorsque  l'épiscopat 
ûitrétabh^  il  reçut  la  confirmation 
des  mains  du  diocésain.  Dans  la  pré- 
face de  La  Bonne  vieille  cause ,  pu- 
bliée en  i6j9,  il  avait  exalté  VO- 
céana  d'Harrington;  en  166 1 ,  il  écri- 
TÎt  contre  cet  ouvrage  ;  que  pouvait- 
il  faire  de  plus  ?  Ce  fut  cette  même 
amiée  qu'il  se  rendit  à  la  Jamaïque, 
avec  le  titre  de  médecin  du  roi  pour 
celte  île:  mais  l'influence  fâcheuse 
de   ce    climat  sur  sa  santé  le   ra- 
mena en  Angleterre  ;  et  s'étnnt  de 
nouveau  iixc  à  Warwick ,  il  y  exerça 
la  mcderinc  avec  beaucoup  de  répu- 
tation ,  ainsi  qu*à  Batli ,  sa  résidence 
dVte.  Entre  plusieurs  écrits  qui  sor- 
tirent de  sa  plume  après  la  restaura- 
tion ,  on  cite  particulièrement  ceux 
3u'il  dirigea  contre  la  Société  royale 
e  Ijondres.  L'espiit    qui  animait 
cette  compagnie  savante  avait,  dès 
sa  première  institution,  alarme  les 
partisans  de  la  philosophie  ancienne, 
qd  aflectaient-ae  représenter  les  vues 


STU  109 

de  plusieurs  de  ses  membres  com- 
me destructives ,  non-seulement  du 
vrai  savoir ,  mais  de  la  religion  mê- 
me. C'est  ce  qui  détermina  le  docteur 
Sprat  à  donner,  en  1GG7  ,  V Histoire 
de  la  société rojr aie ,  ci  Joseph  Glan- 
vill  (  roj\  ce  nom  )  un  traité  inti- 
tulé :  Phis  ultra,  ou  les  progrès  et 
l'avanccmeut  de  la  science  depuis 
le  siècle  d'Aristote  ;  exposé  de  quel- 
ques -  uns  des  perfeclionncménts  les 
plus  remarquables  introduits  récem- 
ment daas  la  science  utile  et  pra- 
tique ,  pour  encourager  les  études 
pliilosophiques ,  i6(i8.  Stubbe  atta- 
qua les  deux  ouvrages  à-la-fois  avec 
beaucoup  de  force ,  d'adresse  et  d'é- 
rudition ,  dans  un  volume  in-^*^. , 
publié  en  iG^o^  sous  ce  titre  :  a  Les 
légendes  ne  sont  pas  de  Tliistoirey 
ou  échantillon  de  quelques  obser- 
vations sur  l'Histoire  de  la  société 
royale  ;  avec  le  Plus  ultra  de  M. 
Gianvill  réduit  à  rien  »  L'auteur 
accuse  les  membres  de  la  société 
de  tendre  à  jeter  du  mépris  sur  l'an- 
cien et  solide  savoir ,  spécialement 
sur  la  pîiilosopliie  d'Aristote  ;  à  sa- 
per les  fondements  des  universités , 
à  détruire  la  religion  établie ,  et  mê- 
me à  introduire  le  papisme.  Cette 
attaque  fut  la  source  d'une  contro- 
verse qui  se  soutint  quelque  temps 
avec  violence  ;  et  Stubbe  nous  ap- 

1)rend  que  ses  adversaires,  poussés  à 
)out ,  le  menacèrent  d'écrire  sa  vie  ; 
mais,  à  cet  égard,  lui-mcme  s'exé- 
cutiit  d'assez  bonne  grâce  :  l'excuse 
de  sa  conduite  antérieure  était  dans 
ses  obligations  envers  un  homme  qui 
avait  accueilli  son  enfance  et  encou- 
ragé ses  premiers  pas.  Le  besoin  de 
témoigner  sa  reconnaissance  avait  été 
sou  unique  mobile  ;  et  ce  sentiment 
l'avait  égaré.  Combien  d'ames  faibles, 
dans  les  révolutions  politiques  ,  ne 
^'attachent  d'abord  à  une  faction  que 


IIO 


STU 


par  le  hasard  des  liaisons  priy(seS;  et 
dont  le  patriotisme  d'emprunt  tombe 
aycc  ces  liaisons!  Stubbe  ëtaità  Bath 
eu  juillet  lO^G,  lorsqu'il  fut  appelé  à 
visiterun  malade  à  Bristol:  il  partit  le 
soir,  prit  une  fausse  route,  et  se  noya 
en  traversant  une  rivière.  Ce  fut  son 
ancien  antagoniste  Glanvill  qui  pro- 
nonça son  oraison  funel)re.  Wood, 
qui  fut  le  contemporain  de  Henri 
Stubbe ,  lui  accorde  un  savoir  pro- 
digieux y  mie  rare  facilite'  et  une 
grande  force  d'ëloculion  ;  mais  ces 
avantages  furent  ternis  par  une  ex- 
trême faiblesse  et  un  manque  de  di* 
gnitc'.  11  fréquentait  assidûment  les 
cafés  y  et  s'y  attirait  quelquefois  de 
mauvais  traitements  par  l'intempé- 
rance de  sa  langue.  L. 

STUBBS  ou  STUBBE  (  John  ) , 
savant  légiste  anglais ,  né  vers  l'an 
1 54 1  >  fit  ses  études  classiques  à 
Cambridge,  d'où  il  passa  à  l'école 
de  jurisprudence  de  Liucoln's-Inn^  à 
Londres.  11  adopta  les  principes  des 
puritains^  à  ce  qu'on  présume,  par 
suite  de  son  alliance  avec  le  célèbre 
Thomas  Cart\vright(f^.  ccnom),qui 
avait  épousé  sa  sœur.  L'alarme  que 
le  peuple  conçut ,  vers  1579,  pour  le 
maintien  de  la  religion  protestante , 
du  bruit  répandu  que  la  reine  Elisa- 
beth allait  s  unir  au  duc  d'Anjou  y  fut 
pour  Stubbe  l'occasion  de  signaler 
son  zèle  pour  cette  doctrine.  11  publia 
un  écrit  satirique  intitulé  :  Découvert 
te  d*un  gou//rc  oà  V Anç;lelvrre  ne 
peut  manquer  d'être  engloutie  par 
un  nouveau  mariage  français ,  etc. 
La  reine  fut  vivement  irritée,  et  ren- 
dit une  ordonnance  foudroyante. 
L'auteur  et  Téditeur,  ayant  été  décou- 
verts etarrclcs,  furent  condamnés, 
en  vertu  d'un  acte  de  Philippe  et 
Marie  contre  les  auteurs  et  venaeurs 
d'écrits  séditieux.,  à  avoir  la  main 
droite  coupée.  Cette  soitence  sévère 


STU 

fut  exécutée  cruellement;  mab  Stubfae 
la  subit  avec  fermeté.  Après  que  sa 
main  droite  eut  été  tranchée  avec  ua 
couteau  déboucher,  à  coup  de  mar- 
teau ,  il  6 ta  son  chapeau  de  la  main 
cauche,  et  cria  :  Que  Dieu  conserve 
la  reine!  Son  malheur  ne  lui  Ht  rien 
perdre  de  la  considération  dont  il 
jouissait;  et  comme  on  ne  voulait  pas 
se  priver  de  ses  talents ,  il  fut  em- 

f)loyé,  quelques  années  après,  parle 
ord  trésorier  Burleigh  ,  k  répondre 
à  la  Défense  des  catholiques  anglaiSy 
du  cardinal  Allen.  On  conserve, 
parmi  les  papiers  de  Burleigh  dépo« 
ses  an  muséum  britannique,  des  Let- 
tres que  Stubbe  avait  adressées  à  ce 
ministre  et  à  son  secrétaire  Hickes  ; 
et  comme  la  plupart  furent  écrites 
de  sa  main  gauche ,  elles  sontsicnées 
Scœva,  11  a  traduit  du  français  les 
Méditations  de  Théodore  de  Bèze 
sur  le  Psaume  premier,  et  sur  les 
Sept  Psaumes  delà  pénitence.  La  dé- 
dicace de  cette  traduction  à  lady 
Bacon ,  est  datée  de  Thelveton  en 
Norfolk,  le  3i  mai  i58si,  et  signée 
également  John  Stubbe  Scœva.  On 
ignorerannée  de  sa  mort. — Philippe 
Stubbe  ,  que  Wood  croit  être  le  père 
ou  le  frcre  du  précédent ,  est  auteur 
d'un  livre  intitulé  :  VAnatomie  des 
abus  ^  et  d'autres  ouvrages  contre 
les  vices  de  son  temps.  L. 

STUBBS  (George),  anatomiste 
célèbre  et  peintre  d'animaux,  naquit 
à  Livcrpool ,  en  1^36  (  ou  ,  sdon 
Chalmers,en  17^24)*  Quelques  his- 
toriens ont  avancé  sans  preuve ,  qu'à 
l'âge  de  3o  ans,  il  se  rendit  à  Rome 
pour  se  perfectionner  dans  son  art. 
Il  paraît,  au  contraire,  que  c'est  à 
Londres  qu'il  vint  se  fixer  ,  et  il  ne 
pouvait  choisir  un  théâtre  plus  favo- 
rable pour  se  livrer  à  la  double  étude 
de  la  dissection  et  de  la  peinture  des 
animaux,  etenparticutierducbeval, 


i 


< 


STU 

laquflk  il  a  excelle.  MaU  ses 
issancesenanatomie  comparée 

ont  jamais  donDë  un  sentiment 

et  noble  des  formes  ,  et  sur- 
le  la  figure  humaine.  Il  ne 
t  dans  les  objets  qu'il  copiait 
i  qui  frappait  ses  regards ,  sans 
ber  jamais  à  s'clever  jusqu^au 
de'al.  C'est  ce  que  prouve  son 
u  de  Phaéton ,  où  il  n'y  a  de 
ent   remarquable  que  les  che^ 

Le  Tigre  qu'il  a  peint  d'après 
ï ,  n'a  jamais  été  égalé  pour  le 
iase;  mais  les  Lions  qu'd  a  re- 
ités  dans  les  tableaux  du  Che- 
x  présence  du  Lion ,  et  du  Che- 
svant  la  Lionne ,  sont  à  ceux 
ibens  ce  que  des  chacals  sont 
m  lui-même.  Cependant  pcr- 

n'a  su  rendre  comme  Stubbs 

les  qualités  des  chevaux  de 
•,  quoique  l'on  reconnaisse  pour- 
ans  ses  tableaux  la  précision 
aiseur  defac  simile  ,  comme 
ime  un  de  ses  hbloricns  ,  plu- 
e  le  génie  d'un  peintre.  Parmi 
ieaux,  ou  vante  encore  le  JPor- 
ie  Philis  ,  beau  chien  d^ arrêt 
d  Clarmont ,  gravé  par  Benja- 
reen,  et  le  Chien  d* arrêt  épa- 
j  dans  un  paysage  découvert 
Spanish  pointer  ) ,  gravé  par 
!et.  Stubbs  est  peut-être  le  pre- 
)eintrc  qui  ait  peint  en  émail 
i'aiLssi  grandes  dimensions.  Il 
issooié  de  l'académie  royale, 
lime  les  gravures  de  paysa- 
d'afiimaux  qu'il  a  exécutées. 
66,  il  termina  l'ouvrage  sui- 

Tlic  anatonvy  of  the  horse 
atomie  du  cheval) ,  contenant 
cription  des  os  ,  cartilages  , 
is , ligaments ,  nerfs ,  artères, 

et  glandes  de  cet  animal , 
Ux'huit  planches  dessinées 
s  nature.  Après  sa  mort  arri- 

1806,  il  a  paru  trois  liyrai- 


STU  m 

sons  de  son  Tableau  de  l'anatomie' 
comparée  de  la  structure  du  corps 
humain  ,  d'un  tigre  et  d'un  oiseau 
ordiruiire  f  avec  trente  planches. 
Cet  ouvrage  devait  avoir  six  livrai- 
sons. On  a  encore  de  lui  les'  cinq 
fûèces  suivantes  ,  qu'il  a  gravées  à 
'eau- forte  :  J.Le  Chacal  et  le  Lion. 
II.  La  Lionne  et  le  Lion.  III.  La 
Lionne  et  le  Chet^alAW.  Le  Lion  et 
le  Cerf.  V.  Le  Masque  du  Cheval 
brun  ,  avec  la  Généalogie  'de  ce 
cheval.  P — g. 

STUCK  (  Jean  -Guillaume  )  ou 
StuckiuSj  né  à  Zurich,  vers  le  milieu 
du  seizième  siècle ,  se  livra  à  de  pro- 
fondes études  sur  l'antiquité ,  et  se 
fit  une  réputation  par  son  Trai-' 
té  des  festins  des  Anciens ,  et  de 
leurs  sacrifices  y  qui  fut  imprimé 
à  Zurich  ,  en  iSgi ,  in-fol.,  et  joint 
à  d'autres  écrits  sur  le  même  sujet , 
en  1695  ,  Leyde,  1  vol.  in-fol.  Cet 
ouvrage  est  le  résultat  de  longues  et 
savantes  recherches.  On  a  eqpore  de 
Stuck  un  bon  Commentaire  sur  Ar- 
rien ,  et  un  parallèle  d'Henri  IV  avec 
Charlemagne ,  sous  le  titre  de  Caro^ 
lus  Magnus  redivivus  y  in-4**.,  iSgS. 
Stuck  mourut  en  1607.  Z. 

STUCK  (  Theophile-Henri  ) ,  bi- 
bliographe né  à  Halle  en  Saxe,  le  27 
septembre  1716^  fut  nommé  ^  en 
1 744>  inspecteur  des  salines  ,  et  en 
1751  ,  trésorier  de  sa  ville  natale.  Il 
consacrait  à  l'étude  les  moments  que 
SCS  fonctions  lui  laissaient,  et  s'oc- 
cupait surtout  de  minéralogie  y  de 
géographie  et  d'histoire.  Il  mon- 
rut  le  Jo  juillet  1787.  On  a  de  lui , 
en  allemand,  Catalogue  de  relations 
de  voyages  et  descriptions  de  pays, 
anciennes  et  modernes  ;  esquisse 
d'une  partie  priru:ipale  de  l'histoire 
littéraire  de  la  géographie;  Halle  , 
1784,  in-80. j  Supplément,  ibid. , 
1785  ;  seconde  partie  publiée  après 


lia 


STU 


la  mort  de  l'auteur,  par  H.  Ch.  We- 
ber,  ibid.,  1787,  in-Ô»\  Cet  ouvrage, 
impoitant  pour  Thistoirc  de  la  géo- 
graphie ,  atteste  les  comiaissances  et 
l'assiduité  de  l'auteur.  On  n'en  avait 
pas  encore  vu  d'aussi  complet  dans 
cette  partie. ,  L'intention  de  Stuck 
a  été',  dit  l'éditeur ,  d'exclure  de  son 
répertoire  les  chroniques,  les  topo- 
graphies ,  les  écrits  purement  histo- 
riques ou  statistiques^  de  même  que 
Icsmanuelsetdictionnaires  géographi- 
ques; il  ne  s'est  écarté  de  celte  règle 
que  dans  un  petit  nombre  de  circons- 
tances. D'un  autre  culé ,  il  a  pense 
que  les  livres  relatifs  à  l'histoire  na- 
turelle de  pays  et  de  territoires  parti- 
culiers ,  et  ceux  qui  traitent  de  la  géo- 
graphie physique ,  des  mœurs  et  dos 
coutumes  des  peuples  ^  entraient  dans 
son  plan.  Les  difle'rentes  éditions ,  et 
les  traductions  sont  indiquées  :  le 
nom  des  auteurs  et  des  traducteurs 
est  écrit  entre  deux  parenthèses  , 
quand  il  ne  se  trouve  pas  dans  le 
titre;  cette  portion  de  travail  con- 
tient de  nombreuses  reclilî calions. 
Enfin  des  voyages  imaginaires  y  ont 
même  été  insérés;  mais  une  note 
avertit  le  lecteur  que  ce  ne  sont  que 
des  fictions.  La  Table  des  matières 
oflrc  les  difïërentes  contrées  ,  placées 

Sar  ordre  alphabétique ,  et  les  noms 
es  voyageurs  ou  des  livres  qui  les 
ont  décrits.  Les  voyages  contenus 
dans  des  recueils  sont  nommés  à 
leur  lettre ,  avec  renvoi  au  numéro 
sous  lequel  est  la  collection.  Stuck 
n'aurait  pas  pu ,  k  moins  d'étendre 
prodigieusement  son  sujet ,  donner 
un  jugf'uient  motivé  sur  chacun  des 
livres  qu'il  passe  en  revue;  il  se  bor- 
ne à  faire,  sur  quelques-uns,  des 
remarques  succinctes  qui  en  indi- 
quent le  contenu.  Il  renvoie ,  pour  le 
reste,  aux  journaux  littéraires  qui 
en  ont  parlé.  Le  nombre  des  cents 


STU 

indiqués  dans  le  Répertoire  et  dans 
les  Suppléments  est  de  trois  mille 
quatre  cent  cinquante-deux.  Cet  ou- 
vrage obtint  un  gAipd  succès ,  et  il 
le  mérite,  malgré  quelques  dâauts.On 
ne  sait  pas  pourquoi  l'auteur  a  inséré 
dans  son  Catalogue  V  ffistoirephiiosO' 
phique  de  Raynal;  celle  de  la  Grèce, 
par  Gillies  ;  V Essai  de  Clarkson  sff 
l'esclavage  des  nègres  ;  des  livres 
sur  l'économie  politique,  etcEolin 
plusieurs  voyages  ,  notamment  des 
Français ,  sont  oubliés  ;  d'autres  sont 
mal  indiqués ,  et  quelquefois  le  titre 
est  fautif.  Il  a  paru  un  si  grand  nom- 
bre de  Vo yaçes  depuis  1 787 ,  que 
les  amis  de  la  géographie  doivent 
souhaiter  qu'il  soit  publié  une  suite 
à  l'ouvrage  de  Stuck.         E — s. 

STUCKLAND  (  André  de  ) ,  maî- 
tre provincial  de  l'ordre  Teutonique 
en  Livonie,  en  i^^So,  se  rendit  célè- 
bre par  ses  exploits  contre  les  Lithua* 
nieus ,  les  Samogitiens  et  les  Sémi- 
galliens ,  qui  étaient  venus  en  Livonie 
pour  l'empccher  de  prendre  posses- 
sion de  sa  nouvelle  dignité.  Il  les  bat- 
tit, les  chassa  de  cette  proyince,  et 
les  poursuivit  jusque  dans  leur  pnK- 

Src  pays.  Il  rendit  même  tribataire 
e  sou  oixlre  la  Sémigalle ,  et  n'ac- 
corda la  paix  et  sa  protection  à  Mcn- 
dog ,  grand-duc  de  Lithuanie,  qii'i 
condition  qu'il  se  ferait  chrétien.  Ce 
priuce  fut  obligé  de  se  soumettre  à  la 
volonté  d'André,  qui  le  fit  instroiie 
par  un  prêtre  de  son  ordre ,  et  qaî 
iit  ensuite  ériger  ,  en  sar  fareur, 
la  Lithuanie  en  royaume,  le  16  juil- 
let \'Jt'ji,  par  le  pape  Innocent  IV. 
La  bulle  d'érection  portait  que  ce 
royaume  était  la  propriété  de  saint 
Pierre ,  et  que  Mendog  et  ses  succes- 
seurs en  feraient  hommage  au  Saint- 
Siège.  André  de  Stucklainl  bâtit,  en 
1  j>5'A ,  la  forteresse  de  Memel ,  aux 
confins  de  la  Prusse,  et  força  les  lia- 


u 

M 


< 


STU 

l'île  d'Ocsel  de  renoncer  à 
é  des  femmes.  II  se  démit 
sa  dignité' ,  et  se  retira  en 
f ,  où  il  mourut.  Mendog 

tard  de  se  soumettre  au 
;e;  et  il  secoua  le  joug  des 

teutoniques  y  sous  rad- 
on  d'un  autre  André ,  qua- 
iccesseur  de  Stuckland.  Il 
î  titre  de  roi  pour  repren- 
le  grand-duc,  et  fit  un  uorri- 
icrc  des  Chrétiens  qui  se 
t  en  Pologne ,  en  Prusse  et 
e.  Z. 

KLEY  (William),  anti- 
médecin anglais,  naquit^ 
à  Holbecli  en  Lincolnshire, 
lille  ancienne.  8a  mcrc  des- 
es  mêmes  anccties  que  la 
le  Bolcyn.  11  fit  ses  études  à 
te  de  Cambridge ,  et  s'atta- 
nilièrement  au!L  sciences  mé- 
1  faisait  en  même  temps  des 
s  dans  la  campagne  y  pour 
des  plantes ,  et  il  ajouta 
'  au  Ciatalo^e  que  Ray  a 
:cl1es  qui  croissent  auxcnvi- 
amLridge.  Après  qu'il  se  fut 
i  médecme  pratique  ,  à  Lon- 
le  célèbreMeadyà  Tliôpital 
ornas,  il  commença  d*exer- 
profession  à  Boston ,  dans 
icciiatalc.En  i7i7,il  trans- 
fsideiice  à  Lonares ,  uù  il  ne 
1  à  se  faire  connaître.  La  So- 
aie  lui  ouvrit  son  sein.  Il  fut 
rciuiers  qui  relevèrent  celle 
iquaires  ,  en   1718.   Il  fut 
it  un  des  premiers  membres 
iétc  de  Spaldiug.  Élu  y  (  i  )  eu 

îrié  littéraire  de  Spalding  ne  fut  daD4 
une  rt'anion  d«  qoMouct  f^fittUmemoui 
luble.  daniiuii  café,  Ie«  feuilles  du  B»- 
t  tatler  )  df  Strelc.  Elle  fut  fuiidêe  ,  en 
Uaricp  JbhuKut  ,  ioloodaut  dn  auinolr 

.  qai,  «u  1717,  conoHirutA  rtl«T«r 
1rs  antîiiiMÎreB.  Uor  bibliothèque  «*v 

OA  cabiaét  d'abti<|(iité»  oidiTerMecoP- 
fcHu  DOS»  occupon»  de  toales  le»  5cien- 

ZLIV. 


STU 


ii3 


1 720 ,  membre  du  collège  des  méde- 
cins, il  fut  cLargé,  deux  ans  après, 
de  faire  le  cours  fondé  par  Gulstou 
(  Gulstonian  lecture  ) ,  et  choisit 
j)our  sujet  de  ses  leçons  Tanatomie 
de  la  rate.  Le  précis  eu  fut  imprimé, 
en  17^3,  sous  ce  titre  :  La  rate ,  sa 
description,  ses  usages ,  ses  mala- 
dies ,sv\Wi  de  quelques  observations 
anatomiques  sur  la  dissection  d'un 
éléphant,  avec  des  planches  coloriées^ 
in-fol.  Ces  planches ,  suivant  Haller , 
ont  été  copiées  de  Vésa  le,  sans  qu'où 
l'ait  avoué,  et  elles  otlrent  des  er- 
reurs. Stukeley  avait  publié  précé- 
demment (1720)  quelques  opuscules 
sur  des  points  d'antiquité.  C  était  là 
son  terra  in  favori.  La  persuasion  qu'il 
y  avait  dans  les  secrets  de  la  franc- 
maçonnerie  quelaucs  restes  des  mys- 
tères d'Eleusis ,  l'engagea  à  se  faire 
initier  dans  cette  société;  et  il  devint^ 
en  1 728 ,  maître  d'une  loge ,  à  laquelle 
il  présenta  la  description  de  l'amphi- 
théâtre romain  de  Dorchester.  Bien- 
tôt ,  généralement  aimé  et  estimé^  les 
distinctions  vinrent  le  chercher.  Il  fut 
nommé  censeur  du  collège  des  méde- 
cins, conseiller  de  la  société  royale,  se- 
crétaire de  la  société  des  antiquaires, 
l'un  des  commissaires  chargés  d'exa- 
miner l'état  des  instruments  à  l'obser- 
vatoire de.Grecuwich.  Il  vint,  en 
]7'20,s'cublir  àGrantliam,  où  les 
principales  familles  recoururent  à  ses 
sdins  'y  mais ,  souJÛTrant  alors    de  la 


ce»  ,de  ton*  Ie«  aris,  erriTsit  lefond^ileiir  dunane 
de  M«  lettres;  noai*  n'eirliimii  de  no«  entretiens 
<^ue  ia  p«>]tti(|ae,  qui  nous  jrt'.enit  dans  la  cunfa- 
mab  et  le  désordre,  i»  La  Micirtf  dr  Sualding  k'c- 
tcttdil  rapidenient ,  et  liieutAt  la  liste  de  ses  mem- 
bre* s'enriclùl  des  |ilas  grands  iioius  qnt*  puisse 
citer  la  litténitare  anglaise.  Iiaac  flewtoii ,  sirlûas 
Sloaue,  A.  UeMl,  Pope,  G«y,  etc.  M.  Jobisou  y 
donna  entre  antres  écrits  i  JurisftniJenlia  Johu, 
arec  des  nutet .  et  d«k'  dasnns  du  siigf  sur  leqnrl 
Job  aduiinislrait  la  j^ce;  ivw  Du»ettalt«H  lur 
Im  vates  murrint  (  tifûÀirlitua  VttMa^,  '  tfue  l'auteur 
peoso  avoir  du  Ails,  non  de  iwrcelaiae  mais  d'à- 
Rate.  Il  moûnit  ei|  i7ôS.  (.«<  détail»  «dnl  tir» 
•l'un  Mciaoirk.dc  J.  McoIsn.  iA<^  dairt  I»  nhUo- 
ikrca  Britatmirm,  n*.  X\.  .  .  L. 

8 


1,4 


STU 


goutte  cl  fuiré  (\c  gainer  la  cham- 
bre pendant  l'hiver ,  il  faisait ,  au 
printemps,  pom*  s'en  ilédommager ^ 
de  longnts  promeuades  ^  ou  plutôt 
des  voyages,  qu'il  utilisait  en  obser- 
vant les  monuments  antiques  places 
sur  sa  route.  Il  se  flattiitdc  pouvoir 
reconnaître  toutes  les  traces  de  l'cx- 
[Kfditton  de  G<^sar  dans  l'île  Britan- 
nique ,  ses  camps ,  ses  stations ,  etc. 
IjC  r^ultit  de  ses  coiurses  studieuses 
fut  déposé  dans  phisieiu'S  ouvrages 
intiressants ;  mais,  emporte  nar  soii 
imagination  ,  il  s'y  est  livre' à  des  con- 
jectures qui  n'ont  pu  résister  «i  l'exa- 
men des  esprits  lijiourcux.  Ses  dou- 
leurs augmentant  et  la  profession  de 
médecin  commençant  à  lui  peser ,  il 
prit  la  résolution,  encourage  par  l'ar- 
chcvétpic  Wakc,  de  la  quitter ,  et 
d'entrer  dans  les  saints  onlres.  La 
cure d' Ail-Saints,  à  Stamford,  lui  fut 
domufc  en  1 730.  Ce  fiit  alors  qu'en- 
tendant vanter  les  merveilleux  eîlcts 
qfi'avait  prodfiits  sur  un  grand  nom- 
bre de  goutteux  l'huile  arthritique, 
inventée  par  le  docteurllogers,  il  vou- 
lut l'essayer  sur  hiimcme.  Il  éprouva 
d'abiH'd  nn  grand  soulagement^  peu- 
.i-peu  ses  douleui-s  céssèi-ent;  à  l'aide 
d*un  régime  convenable  et  par  l'abs- 
tinence des  boissons  fermentécs ,  il 
recouvra  sa  santé  première.  La  rc- 
ronnaissanrt>  et  l'humanité  lui  diclb- 
rent ,  en  1  ^33 ,  une  lettre  k  sir  Ilans 
»Sloane  ;  et ,  Tannée  suivante  ,  un 
Traité  sur  la  cause  et  la  guérison 
de  la  goutte  par  un  tunii'eau  trai- 
tement ,  livre  qui  a  eu  plusieurs  édi- 
tions. Depuis  cette  espèce  de  rénova- 
tion ,  son  activité  sembla  redoubler. 
11  donna ,  en  i73()  (in -4*.),  le  pre- 
mier numéro  d'un  ouvrage  intitulé  : 
Palœographia  sacra  j  on  suite  de 
Discours  sur  les  monuments  antiques 
qui  ont  rapport  à  l'Ecriture  sainte. 
L'auteur    pn*trnd   montrer  que    la 


STU 

mythologie  palemic  est  dcfrivéc  dr 
l'histoire  sainte ,  et  que  le  Raccbus 
des  poètes  n'est  autre  que  le  Jchovah 
de  rÉcriturc.  II  avait  rangif  sa  col- 
lection de  médailles  grecques  suivant 
l'ordre  de  l'histoire  sacrée.  Ayant 
perdu  sa  femme ,  il  épousa ,  en  1 788, 
la  scRur  de  Boger  et  bamuel  Gale(i^. 
ce  nom  ) ,  avec  lesquels  il  était  déjà 
lié  par  l'analogie  de  leurs  études.  Eq 
1740  ;  parut  sa  Description  de  Âo- 
nehenge,  dédiée  au  duc  d*ADcastcr, 
aui  l'avait  nomme  l'un  de  ses  chape^ 
lains ,  et  lui  avait  donné  la  cure  de 
Sômerby,  près  Grantham.  Ce  fut 
Stnkelcy  qui  prêcha,  eA  17411  le 
Sermon  du  3o  janvier,  devant  la 
chambre  des  communes.  Il  fut,  dans 
le  cours  de  cette  année,  l'un  des  fon- 
dateurs de  la  société  égyptienne, 
composée  de  personnes  qui  avaient 
été  en  Egypte,  bien  qu'on  n*appren- 
ïic  pas  que  lui-même  eut  Ihit  ce  voya- 
ge. Le  duc  de  Montaigu,qm  était 
de  celte  réunion ,  le  distingua  parti- 
culicrcment,  elle  ramena  dans  la  ca- 
pitaie ,  en  lui  donnant,  en  174?  y  1^ 
rectorat  de  Saint  -  George ,  Qiieeo 
Square.  Deux  Mémoires  sur  le  trem- 
blement de  terre  de  17^0,  lus  k  la 
société  royale,  et  un  Sermon  pro- 
noncé sur  ce  sujet  d'alarme  générale, 
rémiis  en  nn  volume  in  -  8^. ,  sous  ce 
titre  :  la  Philosophie  des  tremète- 
ment  s  de  terre,  naturelle  et  religieÊh 
se;  un  Sermon  prêché  devant  le  coi- 
ffe des  médecuis  :  Dà  ta  guérisùt^ 
des  maladies ,  coïïune  uh  des  ctf- 
ractères  du  Messie ,  et  que1c(taes  «ë- 
tres  écrits  de  peu  d'éteDoûe,  fiurcÉC 
trs  temerstruits  de  sa  vcilléi.  A  la 
suite  d'une  attaque  de  paraWaie,  il 
moiu-nt  le  3  mars  i']iî5.  StuUcy  i 
était  un  homme  de  brâuoonp  de  sa-  . 
voir  et  de  sagacité.  Il  devait  la  ooo-  J 
sidération  dont  il  jouissait  k  ses  «pu-  . 
lités  morales  autant  qu'à  ses  talents.   [ 


STU 

raclcrc  toutefois  ct;)k  singu- 
préseiitait  uuc  sorte  de  bigar- 
j  la  bonté  dominait.  Tj'êvc({iie 
rton  dit  que  ce  caractoro  lui  of- 
UTfnt  »  cette  espèce  de  repas 
uintque  les  Franyaisappelleiit 
'^i/, par uu amalgame  uecbo- 
u'ûiit  pas  etc  destinées  a  se 
cuscniiile.  »  L'étude  profon- 
avail  faite  de  l'histoire  dnii- 
ct  sans  doute  aussi  Timpor- 
ril  y  attachait,  Tavaient  fait 
faniilièremcut,  entre  ses  amis 
,  Varchidruidc  du  siècle,  (.)n 
proche ,  avons  -  nous  dit ,  de 
pas  su,  dans  son  désir  de 
pr  des  traces  clFacces  par  les 
borner  l'essor  de  son  imagi- 
ce  reproclie  tcmbe  principa- 
sur  sa  Description  du  Brill 
p  de  Gîsar  .i  rancras  :  elle  se 
iaiis  le  second  vulunie  de  sou 
"iunt  curiosum ,  ou  Descrip- 
i  antiquités  et  curiosités  oL- 
dans  ses  voyages  en  Grande- 
e,  Ijondres,  1776,  in  -  fol. , 
3  planches.  Ce  vohmic  con- 
ssi  :  Itcr  horcalcy  17*25,  et 
ion  de  Richard  de  Cirenccs- 
KicBARD ,  XXX VIT,  3  7  i  ), 
notes  de  Stukcley  et  de  J5er- 
c  premier  volume  de  Vllinc- 
avait  déjà  paru  en  1 7  ^4  7  ^^- 
nc  de  100 jpl.  On  doit  eucore 
tiquaire  :  Palœographia  hri- 
,n^  i,i743;n^-2,  17455 
\oite  de  Carausius ,  par  las 
«,  1757  ,  1759,  a  vol.  in- 
il  a  ciicrçhé  à  ii^er  les  j)riu- 
Ivcncmenls  du  gouvcnienwnt 
mperenr  en  Bretagne.  L'his- 
iibbon(chap.  i3),  eu  rcn- 
stice  à  l'éniditibn  de  l'au- 
clarc  qu*il  a  rejeté  la  plupart 
ojecliires,  trop  hasardées.  Le 
Stukcley  avait  annonce  une 
r  des  anciens  Celtes j^Afil- 


STU 


1 1:> 


culicTcnjent  des  ]T,'niiors  hal)itauts 
de  la  Grande  -  Rret.ii'ue.  Elle  était 
presque  tcrmiuée,  et  de\ait  former 
4  vol.  in  -  fol. ,  avec  plus  de  3oo.  pi. 
Une  grande  partie  de  ce  travail  est 
entrée  dans  les  Descriptions  de  Stoiie- 
heiige  et  d'Abury.  L'explication  qu'il 
a  donnée  de  l'origine  et  de  l'usage  de 
a's  ouvrages  prodigieux  de  l'anti- 
quité la  plus  reculée,  est  regardée 
comme  la  plus  vraisemblable  el  la 
plus  raisojiuable  qui  ait  été  produite 
sur  ce  point.  Il  en  a  d'ailleurs  cojis- 
laté  les  dimensions  avec  la  plus  gran- 
de exactitude.  Le  Sionchert^e  resti- 
tue' aux  druides  anglais  y  a  paru  en 
1 740 ,  Londres ,  in  -  fol.  ^  Abuiy  , 
temple  des  druides,  etc.,  174^^  < 
in-fol.,  figur.  On  a  publié,  après  sa 
mort,  vingt-trois  planches  destinées 
à  accompagner  un  ouvrage  considé- 
rable sur  les  anciennes  monnaies  an- 
glaises ,  spécialement  celles  de  Cuno- 
belin;  mais  il  ne  parait  pas  que  le 
texte  ait  été  imprimé.  liC  P.  Mont- 
faucon  a  inséré,  dans  son  ylntiquité 
exjditpiée ,  des  dessins  de  Stukcley  , 
qui  lui  avaient  été  transmis  par  l'ar- 
chevêque Wake.  Entre  quelques  écrits 
que  rantiquaire  anglaLs  avait  his  dans 
les  s(»ciétés  dont  il  était  membre,  mi 
coiLserve ,  au  muséum  britannique,  la 
descriptiond'une  voiture  mise  en  mou- 
vement par  un  homme  placé  au -de- 
dans, li. 

STURE  (  Sténon  )  ,  surnommé 
l'Ancien,  administrateur  du  royau- 
loc  de  Suède,  était  d'une  famille  an- 
cienne et  puissante ,  alliée  à  celle  du 
loi  Charles  VIII.  A  la  mort  de  ce 
prince ,  les  J)<inois  demande  rent  que 
l'union  de  Calmar  fut  renouvelée^ 
mais  ^  en  i47'?  un  parti  puissant 
po]:ta  Sténon  Sture  à  Ta  tête  du  gou- 
vernement ,  avec  le  titre  d'adminis- 
trateur. Christian  l«'.  de  Danemark 
parut  à  \à  tète  d'une  armée ,  et  dc- 

'8.. 


ii(>  STU 

mnnda  la  couronne.  Sturc  alla  à  sa 
rcnconlre ,  le  de'lit ,  et  consens  le 
pouvoir.  L'administrateur  rcmj)orla 
ensuite  d'autres  victoires  sur  les  Rus- 
ses,  qui  avaient  opc'réune  invasion  en 
Finlande.  Gepcudant  il  se  forma  con- 
tre lui  im  parti ,  en  Suède  même.  Le 
sénat  le  dcpouilU  de  sa  dignité,  le 
déclara  ennemi  de  la  patrie ,  et  le  fit 
excommunier  par  l'archevêque d'Up- 
sal.  Dans  le  même  temps ,  Jean ,  qui 
avait  succédé^  en  Danemark ,  à  Chris- 
tian 1er, ,  se  rendit  en  Suéde  avec  une 
aimce,  défit  les  troupes  de  Sture,  et 

fut  proclamé  roi  eu  i407'  ^**"'®  *^ 
retira  en  Finlande  ;  mais  aes  plaintes 
s'ctaut  c'ievees  contre  le  roi,  il  rq)a- 
nit  et  fut  nomme  administrateur  une 
seconde  fois ,  en  r5o  i .  Il  conserva  le 
gouvernement  jusqu'à  sa  mort,  arri- 
vcfe  en  1 5o3.  Sténon  Sture  l'Ancien 
est  regarde', en  Suède ,  conmie  im  des 
hommes  les  plus  remarquables  de  ce 
pavs.  A  une  prudence  consommée^ 
il  joignait  un  courage  et  une  fermeté' 
inelira niables.  Voulant  s'appuyer  du 
peuple  contre  les  grands,  il  admit 
aux  dictes  les  laboureurs ,  qui  avaient 
e'tc'  louç-temps  opprimés  et  humiliés. 
Ce  fut  lui  qui  jeta  les  fondements  de 
l'université  d'Upsal,  et   qui  intro- 
duisit l'impnmerie  en  Suède.  Son 
tombeau  est  dans  le  temple  de  la  ville 
de  Strengnacs.  De  sa  femme  Ljgborg 
Tott,  il  eut  un  fils  mort  en  i493 ,  et 
ime  fdle,  qui  se  fit  religieuse  a  Wads- 
téna.  —  Sturk  (Svante),  adminis- 
trateur de  Suède,  était  d'une  famille 
différente  de  celle  de  Sténon  l'Ancien , 
qu'il  remplaça  dans  la  dignité  d'ad- 
ministrateur ,  en  iSo/f.  Jean ,  roi  de 
Danemark,  renouvela  ses  prétentions, 
mais  en  vain.  Pour  ponvoir  résister 
d'autant  mieux  aux  Danois,  l'adini- 
nistratcur  conclut  avec  les  Russes  une 
trêve  de  soixante  ans.  Après  avoir 
tenu  les  rênes  du  gouvernement  avec 


STU 

fermeté  et  vigilance  ^  dans  un  temps 
difficile,  Swante  Sture  mourut  en 
1 5 1  ïi.  Il  avait  eu  de  sa  femme  lUîra 
Gedda  ,  un  fils  nommé  aussi  StoiOD 
Sture,  qui  lui  succéda.  G — Air. 

STURE  (  Sténon)  le  Jeune,  admi- 
nistrateur de  Suède  ,  eut  des  diémé- 
lés  violenta  avec  Trolle,  archevêque 
d'Upsal ,  dont  le  père  avait  e'të  soa 
compétiteur  pour  fa  dignité  d'admi- 
nistrateur du  royaume.  Ayant,  cher- 
ché en  vain  k  se  réconcilier  avec  ce 
prélat  ambitieux  y  Sture  le  cita  devant 
les  états;  mais  l'archevêque  ne  compa- 
rut point  ,  s'enferma  dans  son  château 
de  Maelle,  près  d'Upsal ,  et  y  soutint 
un  siège.  Les  états,  n'ayant  pu  pbte> 
nirde  lui  aucune  réponse  satisfaisan- 
te, le  déposèrent,  comme  perturba* 
teur  du  repos  public ,  en  i5 1 7 ,  et  le 
forcèrent  à  quitter  son  château ,  qui 
fut  rasé.  Trolle  s'adressa  à  Christian 
II ,  roi  de  Danemark ,  qui,  rompant  la 
trêve  qu'il  avait  signée  avec  1  admi- 
nistrateur .déclara  la  guerre  à  la  Sue- 
de  (  r.  Christian  II  ).  Sturc  lui  ré- 
sista ,  et  remporta  sur  ses  troupes 
une  victoire ,  à  quelque  distance  de 
la  capitale.  Mais  Christian  ayant  re- 
paru avec  de  nouvelles  forces ,  il  fal- 
lut le  comliattie  de  nouveau;  et  l'ad- 
ministrateur fut  au  -  devant  de  hii , 
avec  un  corps  de  milice  rassemblé  k 
la  licite.  Il  j-encontra  les  Danois  à  fio- 
gesund ,  et  leur  livra  bataille  ,  le  ig 
janvier  i5:io.  lia  victoire  allait  se 
déclarer  pour  lui,  lorsqu'il  reçut  une 
blessure  mortelle.  Il  fut  emporte  do 
champ  de  bataille  pour  être  conduit 
a  Stockholm  ;  et  il  expira  en  pas- 
sant ,  sur  la  glace ,  le  lac  Maâjr. 
Christian  avança ,  et  somma  la  ville 
de  Stockholm  de  se  rendre;  mais   t 
Christine  Gyllerstiema  ,   vnivc  de 
l'administrateur  ,  la  défendit  avec    >. 
un    courage   héroïque.    Cependant 
Christian  ayant  été  proclama  roi 


STU 

et  couromié  par  Trolle ,  à  Upsal  j 
Gliristioe  fîit  réduite  à  capituler. 
Elle  avait  obtenu  la  promesse  d'un 
e'taUissement  en  Finlande  ;  Chris- 
tian ,  la  voyant  eu  son  pouvoir ,  la 
fit  couvrir  de  fers  et  jeter  dans  une 
prison.  Le  coq>s  d^  son  ma  ri  fut  dé- 
tenre'y  traîné  sur  la  claie,  etbrâlésur 
une  place  publique.  Lorsque  Gustave 
Vasa  se  fut  élevé  contre  le  roi  j  la 
veuve  de  Sture  fut  transportée  à  Co- 
penhague, en  i5ïi4-  EUe  recouvra  la 
liberté,  et  se  remai-ia  à  Jean  Tureson, 
sénateur.  Sténon  Sture  le  Jeime  ter- 
mina %9l  carrière  à  la  fleur  de  son 
âge.  Aussi  grand  que  ses  deux  pré- 
décesseurs, par  le  courage  et  le  pa- 
triotisme ,  il  les  surpassa  par  sa  oou- 
eeur,  sa  franchise,  son  humanité. 
An  moment  d'expirer ,  il  cherchait 
encore  à  se  réconcilier  avec  Trolle, 
et  à  prévenir  les  malheurs  qui  me- 
nçaient  sa  patrie.  Il  eut  de  Chris- 
tine plusieurs  enfants,  dont  Gusta-r 
ve  !•«■.  dirigea  l'éducation  ,  mais 
qoi,  parleur  naissance,  leur  nom 
et  les  nombreux  partisans  qui  se 
ralliaient  autour  d'eux  ^  inspirèrent 
des  soupçons  à  la  famille  que  les 
succès  de  Gustave  avaient  portée  sur 
le  trooe.  Svante  Sture  fiit  mis  à 
mort  car  ftrdre  d'Éric  XIV ,  le  îi4 
mai  1667.  Le  même  jour,  ce  prince , 
4ans  on  accès  de  rage,  attenta  aux 
jours  de  Nicolas  Sture,  et  donna  or- 
dre défaire  périr  Éric ,  l'im  et  l'au- 
tre fils  de  Svante  :  la  famille  de  Sture 
s'éteignit  en  1 7  i6(f^. Christian  II, 
Gustave  l^**.,  Trolle  ).      C—au. 

STURLESON.  V.  Snorro. 

STURM  (Jacques)  deSturmecr, 
i'un  des  plus  illustres  magistrats  de 
son  siècle,  descendait  d'une  ancienne 
et  noble  famille  de  la  Souabc  (  1  )  ?  ^^ 


.*)  I-*  iwincipili-  rtsideocc  tic  kca  aucclic»  i-tait 


STU  117 

naquit  à  Strasbourg  en  14B9.  Des  sa 
première  jeunesse ,  11  se  fit  remarquer 
par  son  goût  pour  l'étude  et  par  sa 
piété.  Érasme,  dans  une  lettre  adres- 
sée,  en  1 5 1 4  9  à  la  société  bttéraire 
fondée  à  Strasbourg  par  Winiphe- 
ling  (  Voy.  ce  nom  ),  le  qualifie  de 
jeune  homme  incomparable.  Sturm 
se  prononça  l'un  des  premiers  en  fa- 
veur de  la  réforme  que  Luther  veuait 
d'établir  en  Allemagne ,  et  décida  ses 
compatriotes  à  l'adopter.  Appelé  par 
sa  naissance  à  suivre  la  carrière  des 
emplois  publics,  il  acquit  une  juste 
considératioii  parles  services  impor- 
tants qu'il  rendit  à  la  patrie.  Le  sé- 
nat de  Strasbourg  y  en  i5:26 ,  fit  frap- 
per en  sou  honneur  une  MédaiÛe 
portant  d^un  côte  l'effigie  de  Sturm , 
et  au  revers  un  trophée  avec  cette 
légende  :  Fictrix  fortunœ  paiientia. 
Il  contribua  beaucoup  à  l'érection  du 
gjmnase,  dont  il  fit  donner  la  direc- 
tion à  Jean  Sturm  ,  célèbre  huma- 
niste ,  avec  lequel  on  l'a  confondu 
quelquefois  (  r.  l'article  suivant). 
Cet  établissement  lui  dut  une  biblio- 
thèque qu'il  enrichit  de  plusieurs 
ouvrages  précieux.  Il  fut  le  prolec- 
teur et  l'ami  de  Sleidan ,  auquel  il 
fournit  des  secours  abondants  pour 
la  rédaction  de  sun  Histoire  de  la 
réforme  { F".  Slkiuan,  p.  ci-dessus). 
L^cloquencc  de  Sturm ,  sa  modestie 
et  sa  candeur  lui  méritèrent  l'estime 
des  princes  et  des  hommes  d'état , 
avec  lesquels  il  eut  à  traiter  des  alla  ires 
publiques  (a).  Pendant  vingt -huit 
ans  il  fut  l'oracle  de  ses  compatrio- 
tes, et  il  mounit,  le  3o  octobre  i553, 
emportant  leurs  regrets.  Il  avait  clé 
député  91  fois,  tant  aux  dictes  de 
l'empire  qu'à  la  cour  de  Charles- 


{7)  Obi'rlin  ■  publié  ilaii»  le  Magaun  encrcUntc- 
'jiffu^,  180J,  m,  187,  une  filtre  de  Fraiirui»  1^'. 
.\  Sliinu ,  qui  montre  bien  luutu  l'afluvliou  que  le 
munarquc  (torlait  au  nwgistrat. 


1 1 


8 


StU 


Quint  cl  eu  Angleterre.  Sa  corrc«- 

{)ondance ,  conscn'ée  en  [Partie  dans 
es  archives  de  Strasbourc,  peut 
douncr  une  iddcdc  la  multipucité  des 
négociations  dont  il  avait  e'té  char- 
ge ,  et  qu'il  eut  le  bonheur  de  termi- 
ner toutes  à  Tayant^ge  de  sa  patrie. 
Louis  Ghr.  Mieg  a  publid  une  lettre 
de  Sturm  :  De  emendondd  acad. 
HeideWergeiisi  (  i  Sati  ) ,  dans  les 
Momtmentapietat.  et  Utterar.  viror» 
illustr.  y  Francfort,  170ÎI.,  i ,  ^76- 
70.  On  a  de  M.  Fritz  V Eloge ,  en 
allemand,  de  ce  grand  magistrat^ 
précède  de  son  portrait  en  buste/ 
gravé  par  Schuler.  Le  portrait  en 

Sied  de  Sturm  est  l'un  des  ornement» 
e  la  bibliothèque  de  l'académie  de 
Strasbourg.  Il  a  étégrayéin-fol.  (en 
bois)  etin-4^  W — s. 

STURM  (Jeaw),  célëbre  huma- 
mste,  que  l'on  a  confondu  quelquefois 
avec  le  précédetit ,  cuit  néi  le  i®'. 
octobre  1 507,  à  SIeida  ou  Schleiden, 
dans  rEiffel ,  oii  son  père  était  rece- 
veur du  comte  de  Mandcrschcid. 
Après  avoir  fait  ses  premières  études 
avec  les  jeunes  seigneurs  de  cette 
terre,  Stiirm  se  rendit  à  Li^  et 
ensuite  à  Louvain,  011  il  perfectionna 
ses  connaissances  dans  les  langues 
anciennes^  et  commença  même  à  don- 
ner des  leçons.  Il  s'associa  ,  peu  de 
temps  a[)rès,  pour  l'établissement  d'u- 
ne imprimerie,  avecRutger  Rescius, 
savant  helléniste.  Bayle  dit  qu'ils  dé- 
butèrent par  une  édition  iM Homère; 
mais  clic  est  restée  inconnue  k  Mait- 
taire,  qui  ne  cite  de  ces  deux  impri- 
meurs qu'une  édition  de  Xénophon  : 
les  Entretiens  mémorables  'de  Sa- 
crale,  i529 ,  in -4**.  iAnnaL  typo- 
graph.y  II,  7^2).  Sturm  vint,  la  mê- 
me année,  à  Paris,  sans  doute  dans 
le  dessein  de  trouver  les  moyens  de 
placer  cet  ouvrage.  L'accueil  qu'il  y 
reçut  des  savants  le  décida  faciJomoirt 


STD 

à  se  fix^r  dans  ^e  viik  qui 
sentait  ^  sons  tous  les  rapport 
de  ressources  que  LouTBin.  I 
l'autorisation  d'ouvrir  une  éc 
qui  fut  fréquentée  par  nn  gran 
brc  d'élèves.  A  cette  époque , 
liers  étant  logés  et  nourris 
maître  dont  ils  suivaient  les 
Sturm  fut  obligé  de  se  nariei 

Souvoir  se  reposer  sur  sa  fen 
étails  qui  l'auraient  détourm 
tude.  Dès  l'origine  de  la  réfoi 
religieuse,  il  en  avait  adopté  les 
pes  ;  mais  il  ne  les  manifestait 
vertement.  Effrayé  de  la  rigii 
ordonnances  rendues  contre  l 
tiques,  il  s'empressa  d'accepté 
cède  recteur  ata  gymnasequei 
de  fonderies  ma  gistrats  deStra 
Il  en  fit  l'ouverture  en  1 538 
talents  contribuèrent  bcancoi 
célel)rité  de  cette  école,  qui  < 
en  peu  d'années ,  Tune  des  p 
rissantes  de  l'AUemaene,  e 
1 566 ,  l'empereur  MaximDier 
va  au  rang  d'académie.  Zël 
les  progrès  de  la  réforme ,  St 
chargea  de  différentes  missîoi 
les  intérêts  des  Protestants.  î 
son  était  ouverte  à  tous  ceux  q 
fraient  pour  la  cause  de  la  religj 
Sleîdan);  et  non-seulement  i 
gea  entre  eux  toutes  ses  écon 
mais  il  contracta  pour  eux  de 
onéi*euses.  Son  penchant  p< 
dogmes  de  la  confession  hel 
lui  suscita  des  ennemis  violei 
mi  les  sectateurs  de  la  coi 
d'Augsbourg.  L'aigreur  que  1 
nistreslnthérieiis  mettaient  dai 
instructions  l'empêcha  long  • 
de  les  fréquenter.  Osiander  lu: 
cha  de  n'avoir  pas  assisté  ur 
fois  au  prêche  depuis  vingt  ai 


l'i  *  Cr»l  par  crrrnr  qu*  |)lii»:riir)»  l>îu|; 
miri-nt  t\ue  Shiriii  l'ut  iiourvu  d'une  cltaii 
fc-iitrur  r«>\  al  cLins  les  languf»  grecque  et 


STU 

Âtnai à  TQ9  sermons, lui répon- 
h  iStiinn  ;  et  tous  prêcheriez 
eaos  j  Strasbourg,  que  je  nl- 
pas  TOUS  entendre,  s  il  fallait, 
non  silence ,  approuver  vos  in- 
res.  »  Ses  fougueux  a^^'crsaircs 
Ht  par  lui  faire  6ter,  eu  1 583  , 
cp  de  recteur ,  qu'il  remplissait 
squarante-ciuq  années, a vecnn 
>  toujours  croissant  (a).  On  se 
du  prétexte  de  son  grand  âge 
donner  cette  place  à  Melchior 
s  y  l'un  de  ses  disciples;  mais 
osa  pas  priver  Sturm  de  son 
ment.  Au  chagrin  qu'il  oprou- 
sa  destitution,  se  joignit  pour 
I  perte  de  la  vue.  Il  se  re- 
laos  une  eimpagne^  prcs  de 
boi'jg  ;  et  il  y  mourut  ^  le  3 
iSSq  ,  daas  sa  q^iiatre  -  vingt- 
ème  amicc.  Quoiqu'il  eût  été 
f  trois  fois ,  il  ne  laissa  point 
ints.  C'était  un  homme  donc  des 
:ës  les  plus  aimables^  obligcaut^ 
nix^  et  portant  la  générosité 
'à  se  priver  du  néccssaij'c  pour 
rir  ceux  qui  se  trouvaient  dans 
M>in.  Dégagé  de  tout  esprit  de 
,  il  rendait  justice  aux  vertus  et 
talents  de  ceux  qui  ne  parti- 
it  point  ses  opinions  religieuses. 
ainsi  qu'on  le  vit  coustamnicut 
l'éloge  de  Bembo ,  de  Sadolet , 
ia  conduite  lui  mérita  l'estînie 
véque  de  Sti'asbourg  et  de  plu- 
autres  prélats  et  princes  c^itho- 
u  II  a  publié  un  grand  nombre 
Tagcs^,  dont  on  trouve  les  titres 
les  Elof;es  des  savants,  pal- 
ier^ les  Mémoires  de  Nicerou  , 
XXIX ,  etc.  Oberlin  en  a  donné 
ïtice  détaillée,  dans  trois  Pro- 


In  iS^ft,  Stnriii  a\ail  |)fnir  Hii<1ilriiM>  .  !<.ti-<i 
r  1<*>  |>li-l>t-ieii.s  ,  iroift  |m  iii«  <■« ,  Mii^l-ipi.ilic 
«-t  liaroiiit ,    cl   lieux  r«iils    ^«iiIiI-Imuiiiiii*' 
ht/tvr.   lui-  Xliasl'vu fii  .  p«»  31.  llntuitui 


STU 


>»9 


gramfnes  imprimés  eu  i  %So4  et  1 8o5. 
filtre  une  édition  des  QEuyrcs  de 
Cicéron ,  1 557  <^lsuiv.,  iu-8'^., 9  vol., 
et  des  Traductions  Intifws  yHxcc  des 
notes,  de  la  Bkétonque  d^Aristotc  , 
et  de  plusieurs  Traites  d'Herniogène, 
ou  citera  de  Sturm  :  I.  De  Uuera- 
rum  ludis  rectè  aperiendis  UluTy 
Strasbourg,  i538,  in-4'*.;  rciiuiiri- 
mé  plusieurs  fois  séparément  ou  dans 
des  recueils d'o]Miscules  du  même  gen- 
re. II.  De  amissd  diccndi  ratioue , 
et  quomodo  ea  n^ctiperanda  sit ,  li- 
hri  duo ,  ibid.,  i538,  iu-4'*.  111.  /n 
partitiones  Çiceronis  oratonas  dia- 
logi  quatuor ,  ibid. ,  1  SSq  ,  iii  - 8'>.  ; 
on  trouve  à  la  suite  l'opuscule  que 
nous  veuons  de  citer  :  De  amissd  di- 
cendi  rationc,  IV.  Pivlegomena  //. 
e.  prœfationcs  in  pptimos  quosque 
utriusque  lijiguœ  script  ores,  7juy\v\\ 
(  i565),  iu  -  8".  V.  De  imitaliom- 
oratorid  libri  très,  cum  scholiis , 
Strasbourg ,  1574  ,  in  -  8*'.  VI.  iA.» 
universd  ratione  eloattionis  rhetti- 
ricœ  libri  quatuor,  ibid.,  i57fi,  in- 
8'\  Cet  ouvrage  n'est  diyi^sé  qiiVn 
trois  livres,  quoique  le  litre  en  an- 
nonce quatre.  Idem,  Stra^ibouig , 
i582,  iii-8''.  C'est  uu  commeutaire 
des  principes  d'Ilcrmogène ,  très- 
aniplc  et  Ircs-niéthodique  (  Voy.  (ii- 
iK'rl ,  Jug,  sur  les  auteurs  qui  ovt 
traité  de  la  rhétorique  y  ji  ,  iH^;. 
Vil.  Anti-Pappi  quatum^,  Mviis- 
tadt ,  1 58o-8i ,  in  -  4". ,  tnVrare. 
Ce  sont  des  repon.ses  à  Pappus  , 
(  Paëp  )  professeur  en  théologie  à 
vStrasbourg ,  et  Tun  de  ses  plus  ar- 
denls  adversaires,  licnr.  Strol).iiu]  , 
recteur  du  g>mnase  d(^  Thorii  ,  a 
i-ecueilli  les  ouvrages  de  Sturm  u- 
latifs  à  l'éducation  ;  dans  le  tome  i'  ' . 
{[cVInstitutio  litterata ,  sive  de  dts- 
cendi  atque  dûceudi  raliom.'VUoiu , 
i.08()  et  ann.  scqq. .  in  -  »  .,  »  %«»• 
Oenius  n  iuim  scj  deux  TiaiUi 


l'iO 


STU 


De  Htterarum  ludis  et  De  nobilitate 
litteratd,  dans  les'  Farior,  auctorum 
consilia,  Rotterdam,  169:1,  in -4°. 
Enfin  Frëd.-And.  Hallbauer  a  réuni 
tous  les  Opuscules  classiques  deSturm 
sous  ce  titre  :  De  institiUione  scho- 
lasticd    opuscula    omnia ,    lena  , 
1  «ySo,  in  -  S**.  Cette  édition,  indiquée 
comme  revue  et  augmentée,  est  enri- 
chie d'une  preTace.  Sturm  était  en 
correspondance  avec  un  grand  nom- 
bre de  savants.  Ses  Lettres  à  Rog. 
Ascham  int  été  publiées  avec  les 
Réponses  de  ce  docte  anglais  (  V,  As- 
cham ,  II ,  563).  On  a  le  portrait  de 
Sturm  in-4°.  et  iu-fol. ,  en  bois ,  pax 
Bem.  Josin.  W — s. 

STURM  (  Jean-Christopue),  le 
restaurateur  des  sciences  physiques 
en  Allemagne ,  naquit  le  3  novembre 
i635  ,  à  rlilpolstein  dans  la  princi- 
pauté de  Ncubourg.  Son  përe ,  maî- 
tre de  la  garde-robe  de  l'électeifr 
Î)alatin,  fut  entièrement  ruiné  par 
es  guerres  qui  désolèrent ,  à  cette  é- 
λoque^  les  provinces  voisines  duRIiiu. 
iC  jeune  Sturm ,  obligé  de  pourvoir 
à  sa   subsistance  y  ne  vécut  pendant 
quelque  temps  que  des  secours  qu'il 
recevait  de  la  pitié  publique.  Tou- 
ché de  sa  situation,  Daniel  Wulfer , 
pasteur  de  l'église  Saint-Laurent  de 
Nuremberg ,  recueillit  cet  enfant ,  et , 
après  s'être  assuré  de  ses  disposi- 
tions ,  lui  fît  obtenir  une  bourse  au 
gymnase  de  cette  \nlle.  Pendant  huit 
ans  que  dura  son  cours  d'études  j  il 
appnt  les  langues  anciennes  :  c'était 
tout  ce  qu'on  enseignait  alors  dans 
les  écoles  inférieures  ;  mais  il  y  fit  de 
grands  progrès.  Aide  de  son  géné- 
reux bienfaiteur ,  il  put,  en  i656, 
aller  faire  son  cours  de  philosophie 
à  l'académie  de  Icna.  Sturm  y  prit 
ses   degrés  avec  distinction,  et  se 
rendit  ensuite  (  1660)  à  I^yde  pour 
suivre  les  leçons  des  plus  habiles  pro- 


STU 

fesseurs.  Au  bout  d'un  an ,  il  reprit 
le  chemin  de  TAllemagnc ,  visita  les 
principales  villes  de  Saxe  ,  et  revint 
à  léna  j  se  préparer ,  par  l'ëtude  de 
la  théologie ,  a  la  carrière  du  minis- 
tère évangelique.  Sturm  trouva  de»- 
lors  le  moyen  de  témoigner  sa  re- 
connaissance au  vénérable  Wulfer^ 
en  se  chargeant  de  surveiller  l'édu- 
cation de  ses  {'\i ,  qui  faisaient  leurs 
cours  à  l'université.  Dès  qu'il  eut  re- 
çu les  ordres  ,  il  obtint  une  vocation 
pour  une  paroisse  du  comte  d'Ëttin- 
gen  ;  et  il  aurait  fini  ses  jours  dam 
les  obscures  fonctions  du  pastorat, 
si  ses  ;imis  n'avaient  sollicité  pour 
lui  la  chaire  de  physique  et  de  ma- 
thématiques à  1  académie  d'Altdorl 
Il  en  prit  possession  en  1669 ,  et  la 
remplit  pendant  trente -quatre  ans, 
avec  un  zèle  infatigable ,  et  le  succès 
le  plus  brillant.  L  Allemagne  lui  dut 
l'introduction  de  l'enseignement  des 
mathématiques  dans  les  gymnases  et 
dans  les  écoles  de  campagne  ;  et  ce 
ne  fut  pas  un  médiocre  service  qu'il 
rendit  aux  enfants  de  la  classe  ou- 
vrière ,  de  les  familiariser  de  bonne 
heure  avec  des   connaissances  qui 
trouvent  une  application  dans  tons 
les  états  ,  et  dont  le  besoin  se  fait 
sentir  à  chaque  instant.  La  philoso- 
phie d' Aristote  dominait  encore  dans 
les  universités  lorsque  Sturm  avait 
fait  son  cours  à  léna  ;  mais  il  avait 
étudié  celle  de  Descartes  pendant  son 
séjour  en  Hollande  ;  et  doue  d'un 
sens  droit,  il  n'avait  pu  s'empêcha 
de  reconnaître  que  les  raisonnements 
de  ce  philosophe  sont  souvent  plus 
clairs  et  plus  concluants  que  cens 
d'Aristote.  L'admiration  qu'il  con- 
servait pour  le  philosophe  de  Sta- 
gyrc  ne  lui  permettait  pas  de   si 
ranger  parmi  ses  adversaires:  il  tentj 
d'abord  de  concilier  ses  principe 
avec  ceux  des  philosophes  modernes 


STtI 

y  suivant  Diderot ,  ne  mit 
affaire  plus  de  chaleur  et 
iToy.  V Encyclopédie ,  au 
Hisme).  Mais  cette  ma> 
lilosopher  ne  tarda  pas 
ire:  il  abandonna* donc  le 
;corder  des  doctrines  in- 
i ,  et  choisit ,  dans   les 
dans  les  modernes  y  les 
pii  lui  parurent  le  plus 
à  la  raison  et  à  l'expé- 
saya  de  faire  adopter  son 
îar  les  académies  d'Aile- 
s'il  n'y  réussit  pas  aussi 
mt  qu'il  l'aurait  désire', 
u  moins  justice  à  la  droi- 
vues  et  à  la  sagesse  de 
ns.  Si  la  physique  ne  dut 
i  des  découvertes  nouvel- 
it  reconnaître  qu'il  rendit 
ervices  à  cette  science  ,  en 
ant,  et  en  répandant  le 
périences.  Chéri  des  nom- 
es qui ,  de  toutes  les  par- 
Jlemagne  ,  accouraient  à 
aimé  de  ses  confrères ,  il 
26  décembre  1703  ,  lais- 
ngs  regrets  à  l'académie 
dont  il  avait  été  la  gloire 
înt.  Outre  un  grand  nom- 
ics  sur  les  questions  scien^ 
plus  importantes  agitées 
ps ,  on  lui  doit  des  traduc- 
emand,  des  OEit^fesà^AT- 
.»t  du  Planisphère  d'Isa ac 
?n  latin,  deV architecture 
ie  de  Bockler  (  Fojy,  ce 
647  ).  Ses  ouvrages  sont 
ns  l'oubli  à  rai^^on  même 
»  des  sciences ,  auxquels  ils 
Dntribué  ;  mais  on  ne  peut 
Td'eu  indiquer  ici  les  prin- 
Collegium  exj)crinientale 
mm  y   etc.  ,  Nuremberg  , 
'1  vol.  in-4*\  ,  lig.  C'est 
de  toutes  les  (*\j)éricnccs 
le ,  alors  nouvelles  et  peu 


STO 


i2r 


connues ,  (pie  l'auteur  avait  repétées 
devant  ses  elèyes ,  atec  des  explica  - 
tions.  On  y  trouve,  souvent  même 
avec  des  perfectionnements ,  ce  que 
les  ouvrages  de  Kircher  et  de  Scbott 
offrent  de  plus  curieux  en  physique' 
expérimentale  :  le  douzième  essai  (  i , 
74  )  offre  le  spécimen  d'une  pasi- 
graphie  assez  semblable  à  la  Poly- 
graphie  de  Kircher ,  et  dans  le  genre 
de  celle  qui  a  été  exécutée  de  nos 
jours  sur  une  petite  échelle  (  Voy. 
Cambry  ).  II.  Comctarum  natura  y 
motus  et  origo ,  secundùm  Hevelu 
et  Petiti  hjrpotheses  ,  et  historia 
cometarumadannum  i677,Altdorf, 
in-4°-  III.  Scientia  cosmica  sive 
astronomica,  spJiœrica  et^heorica, 
tabulés  comprehensa  ,  Nuremberg  , 
1684  ,  in -fol.  Cet  ouvrage,  réim- 
primé plusieurs  fois  ,  forme  le  ^ 
cond  volume  du  Mathesis  juvenilis  , 
dont  on  parlera  ci-dessous.  IV.  P^- 
sicœ  conciliatricis  conamirta,  ibid.^ 
i685,  in- 12.  Il  s'y  propose  d'accor- 
der les  principes  de  l'ancienne  et  de 
la  nouvelle  pnysique.  >Dans  la  pré- 
face ,  qui  mérite  d  être  lue ,  il  s'atta- 
che à  montrer  combien  l'esprit  de 
secte  est  nuisible  aux  progrès  de  la 
saine  philosophie.  V.  Philosophia 
eclectica^  ibid.,  1686,  in-8<>. ,  deux 
parties.  C'est  un  recueil  des  princi- 
pales dissertations  qu'il  avait  publiées 
précédemment  sur  différents  systè- 
mes de  philosophie.  Vî.  Phjsica 
eclectica  sive  hjrpothetica  ,  ibid. , 
1697 ,  in- 4®. ,  îx  vol.  Doppelmayer  a 
publié  le  second ,  en  i  jîi2  j  le  pre- 
mier volume  traite  de  la  nature  des 
animaux,  de  leur  génération  et  de 
leurs  organes  ;  de  la   machine  de 
\h\\m\  et  de  ses  effets;  de  l'homme 
et  des  merveilles  de  son  organisa- 
tion ,  des  sens ,  etc.  ;  le  second  ,  de 
la  l'ormentation  du  chyle  et  des  hu- 
meurs ,  de  la  respiration  insensible  ; 


13*1 


STU 


déjà  uiitré£aclifl»i ,  etc.  VII .  MaUèciis 
enucîeata,  iIl-8'^  VIII.  MaUiesis 
jiwemlis,  ibid.,  1701 ,  2  vol.  iu-8<). 
C'est ,  comme  on  voit  ,  un  abrège 
des  diflereotes  parties  des  mathéma- 
tiques à  l'usace  des  jeunes  gens.  Leib^ 
uitz  estimait  beaucoup  cet  ouvrage  ; 
mais  il  aurait  désiré  qu'il  fût  ^us 
complet  Sebiz  ,  médecin  de  Stras- 
bourg ,  possédait  une  coliectioft  de 
Lettres  de  Sturm  y  en  deux  volumes  ; 
mais  il  ne  les  communiquait  pas  vo<> 
lontiers  (  F*  les  OEwres  de  I^eibnitz, 
édition  de  Dutens  ^  vi ,  298  ).  On 
trouve  des  détails  sur  les  ouvrages 
de  Sturm ,  dans  le  Journal  des  sa- 
vants  j  dans  les  Nouvelles  de  la 
répubL  des  lettres  de  Bayla ,  dans 
les  Acta  eruditor.  lipsiens.  ;  mais 
^on  doit  consulter  surtout  la  Notice 
que  lui  a  consacrée  Sigism.  J^^cq. 
Apinus  ^  dans  les  FUœ  philosophor.y 
Altdorf,  1738,  in-4^.  Voyez  aussi 
V Histoire  critique  de  la  pfulosophie, 
par  Brucker,  W — s. 

STURM  (  L£oivAia>-CaBisTOPH£), 
célèbre  architecte  ,  natif  d'Altdorf , 
et  fils  du  précédent ,  lit  ses  études  à 
l'académie  de  Leipzig ,  où  il  acquit  des 
connaissances  très-étendues  dans  tou- 
tes les  parties  de  son  art.  Ses  talents 
le  firent  bientqt  connaître  :  â  pciuosor- 
ti  de  l'école  ,  le  duc  de  Bruuswic  le 
nomma  professeur  de  mathématiques 
à  Wolfenbuttcl  ^  il  remplit  ensuite  la 
chaire  de  cette  science  à  racadc'roic 
de  Francfort  sur  TOder.  Le  duc  de 
Mecklenbourg  le  tira  de  la  carrière 
de  renseignement ,  pour  lui  confier  , 
avec  le  titrtî  de  conseiller ,  l'inten- 
dance générale  de  ses  bâtiments.  Ce 
fut  dans  les  loisirs  que  lui  laissait 
c^^tte  place  honorable  que  Sturm  com- 
posa les  ouvrages  qui  répandirent 
bientôt  sa  réputation  dans  toute  TAI- 
Jcmagne.  Mais  Texccs  du  travail 
détruisit  sa  santé  y  et  il  mourut  à 


STU 

Gustrçw,  cp  1719,  àl-àccd 
quaute  ans.  Les  ouvrages  de  Si 
tous  écrits  en  aUemand  ,  sou 
cette  raison  peu  répandus  enFi 
Les  principaux  sont  :  I.  IiUr 
lion  a  r architecture  civife  àç  ] 
Goldmann ,  Wolfenbuttel  ,167 
fol ,  fig.  Il  donna  dans  la  su 
Abrégé  de  l'architecture  de 
mann ,  Augsbourg ,  1 7 1 4  9  û^f< 
Traité  d'architecture  milit 
Nuremberg  ,  170a  ,  in-4°.  ;  no 
édition,  corrigée  et  augmentée, 
1719.  III.  Introduction  à  Vi 
tecture  militaire ,  Francfort ,  i 
in-80.  IV.  LeFéritahle  Faubù 
Haie,  i7o8,in-8*>.  V.Para/tti 
^stèiftes  de  fortification  de 
ban  y  Cohorn  et  Rimpler  y  à 
bourg  9  17  lÔ,  in-foL  VI.  le 
Abrégé  de  V Architecture  civ 
militaire,  ibid. ,  1718-ao,  i 
^eize  parties  contenant  autai 
Traites  sur  les  différents  ordres 
chitecture  ,  rorncmait ,  la  dé 
tion,  les  colonnes ,  les  arcs  deti 
])he  'y  la  construction  et  la  dis 
tion  intérieure  des  maisons  de 
ticuliei*s  à  la  ville  et  à  la  camp 
des  palais  ,  des  cdinces  publics 
temples ,  des  écoles  et  des  g\'mx 
des  tombeaux  et  ccuolapTies 
On  y  trouve  en  outre  des  traiti 
l'art  du  nivellemcut  ,'sur  lescom 
tious  hydrauliques ,  pon|s ,  pai 
écluses  ,  moulins  ,  elc.  En  nu 
ce  recueil  est  une  véritable 
clopcdie  d'aichileclure.  On  ren 
pour  plus  de  détails ,  au  Méi 
sur  la  vie  cl  les  ouvrages  de  Si 
dans  la  Bibliotlièquc  gennan 
xxvii,  Gjt-85.  W— 

STURM  (CuRiSTOPUE-CniiÉT 
)redicatcur ,  de  la  même  famill 
es  ))reer(lenls  ,  naquil  à  Aug&lu 
le  ^5  jau\ .  1 7.40.  Sun  pcjc,  juri 
suite  et  notaire  ,  lui  doima  une 


I 


STC 

iMa.  Dcstiaé  à  lu  tkëo- 
passa  quelques  années  aux 
es  de  léna  et  de  Halle ,  fut 
en  1761  y  un  des  instituteurs 
;e  de  cette  dernière  TÎile, 
tf  du  gymnase  de  Sorau ,  en 
t  quitta ,  en  1 767  y  la  car* 
rîDstructîon  pour  la  place 
r  dSuie  des  églises  de  Halle. 
y  il  fiit  chai^  des^mémes 
à  l'Oise  du  Saint-Esprit 
ibourg  y  et  plus  tard  de  celles 
er  pasteur  de  la  paroisse  de 
ierre  k  Nanmbourg,  où  il 
le  a6  août  1 786.  Parmi  ses 
remarque  :  I  .  Anecdotes 
lier  V esprit  et  ies  mœurs,  ti- 
mciens  auteurs  Grecs  et  Ro^ 
vol. ,  Halle,  1 767,in-8o.  II. 
ns  a^ec  Dieu  aux  heures  du 
our  chaque  jour  de  Vannéey 
flaMe,  1768,  in-80.  Cet  ou- 
lit  eu  huit  éditions  en  1 801 . 
isons  et  cantiques  pour  les^ 
Halle,  177 1,  in-8«.  Wu- 
itions.  IV.  Méditation,  sur 
'S  de  Dieu  dans  V  ordre  de 
fei  de  la  providence ,  pour 
our  de  Vannéey  1  vol. , 
775  ,  troisième  édition  , 
-c^  :  (on  en  compte  environ 
raduiten  français  par  la  rei- 
ine  de  Prusse.  Il  en  a  aussi 
sessivement  des  traductions 
[ses  y  danoises  et  suédoises  ; 
!e  part  cet  ouvrage  n'a  eu 
I  pareil  â  celui  dont  il  jouit 
I  Angleterre,  où  il  a  été  im- 
ns  tous  les  formats.  Z. 
ME  ou  STURMl  VS ,  prc- 
é  de  FuWe ,  né  en  Bavière , 
ommencemcnt  du  huitième 
t  dès  son  enfance  confie  à 
ce ,  qui  le  mit  au  monastère 
ar,  sous  la  conduite  de  S. 
.  Ajant  reçu  les  saints  01- 
)récha   rÉvangile  pendant 


STU 


1*3 


troisani  dans  les  contrées  voioines,  et 
demanda  âS.  Boniface  la  permission 
de  se  retirer  dans  un  lieu  aésert  avec 
deux  autres  religieui.  Le  saint  évé- 
qvLOy  leur  ayant  donné  sa  bénédic- 
tion ,  leur  dit  :  «  Allet  dans  le  Buch- 
•  wald  ou  la  forêt  des  hêtres;  vous 
»  y  trouverez  un  Uen  propre  k  des 
»  serviteurs  de  Dieu,  v  Étant  entrés 
dans  ces  lieux  sauvaees  (  786  ) ,  ils 
arrivèrent  à  Hirschfeld  ou  «Ghamp- 
du-Cerf ,  et  j  bâtirent  quelques  caba- 
nes :  tels  furent  les  commencements 
du  monastère  célèbre  qui  porte  ce 
nom.  St.  Boniface  jugea  que  ce  lieu 
était  trop  près  de  peuplades  saxon- 
nes très-farouches ,  et  d'après  l'avis 
du  saint  évéque,  Stnrme  remonta  la 
Fulde,  et  ayant  trouvé  un  lieu  pro- 
pre à  son  dessein,  il  en  rendit  comp- 
te à  S.  Boniface.  Le  lieu  appartenait 
4u  prince  Carloman  ;  le  saint  évéquc 
le  lui  demanda  pour  y  fonder  un  mo- 
nastère ,  en  lui  faisant  observer  que 
ce  serait  le  premier  que  Ton  eût  éta- 
bli dans  la  partie  orientale  de  son 
i^aume.  Le  prince  accoida  ce  ter- 
ram  avec  une  étendue  de  quatre  mille 

rs  k  Tentour.  Ayant  fait  expédier 
diplôme  de  donation ,  il  engagea 
les  seigneurs  des  environs  à  contri- 
buer ,  par  leurs  libéralités,  à  l'éta- 
blissement du  nouveau  monastère 
(744)-  Sturme  s'y  établit  d'abord 
avec  sept  religieux  qui  travaillaient 
de  leurs  mains;  St.  Boniface  vint 
avec  des  ouvriers,  pour  les  aider 
à  défricher  le  terrain  et  à  bâtir 
l'église.  Leur  nombre  s'augmcntnnt , 
le  saisit  cvêque  leur  donna  des  ins- 
tructions par  écrit ,  et  Sturme  j)our 
ablxî.  Ainsi  fut  fondée  la  célèbre 
abbaye  de  Fulde  ,  qui  a  été  éri- 
gée en  cvéclié.  On  y  suivait  la  rè- 
j»lc  de  St.  Benoit.  D'après  les  or- 
dres de  S.  Boniface,  Sturme  par- 
lit  avec  deux  religieux  (  747  )',  poui 


124  STO 

aller  en  Italie  visiter  les  monastè- 
res, entre  autres  celui  du  Mont-Cas- 
sin.  A  son  retour  il  r^la  sa  commu- 
nauté' sur  les  observances  les  plus 
parfaites  qu'il  avait  remarquées:  et 
sa  maison  s'éteudant  de  jour  en  jour 
avec  la  réputation  de  sa  sainteté ,  il 
eut  en  peu  de  temps  la  consolation  d'y 
voir  près  de  quatre  cents  i*eligieux. 
Ghartemagney  occupé  de  la  guerre  con- 
tre les  Saxons ,  desirait  ardemment 
que  l'on  pût  convertir  ces  peuples  à 
1  évangile ,  étant  persuadé  que  c'était 
le  seul  moyen  de  les  civiliser  et  de 
mettre  un  frein  à  leurs  révoltes.  Pour 
travaillera  cette  mission  importante , 
il  choisit  de  saints  prêtres ,  dont  les 
chefs  furent  S.  Sturme  et  S.  Wille- 
hade.  Depuis  la  mort  de  S.  Boniface, 
S.  Sturme  consacrait  à  la  prédica- 
tion évangelique  tous  les  moments 
(pi'il  pouvait  dérober  à  l'administra- 
tion ae  son  monastère.  Avant  été  dé- 
noncé par  l'archevêque  de  Maïence, 
il  fut  envoyé  en  exil ,  mais  rappelé 
peu  de  temps  après.  Son  abbaye  fut 
déclarée  exempte  de  la  juridiction 
archiépiscopale,  et  mise  sous  la  pro- 
tection immédiate  du  roi.  Gharlema- 
gne^  plein  de  confiance  en  la  vertu 
et  la  sagesse  de  Sturme  ,l'cnvoya  vers 
TassilloD,  duc  de  Bavière ,  pour  qu'il 
rétablît  entre  eux  la  bonne  intelligen- 
ce. £n  se  mettant  en  marche  contre 
les  Saxons  (779),  le  prince  recom- 
manda la  conversion  de  ces  peuples 
aux  prières  des  religieux  de  Fulde , 
et  il  emmena  avec  lui  leur  abbé.  S. 
Sturme  s'appliqua  avec  un  zèle  infa- 
tigable à  mstniire  et  baptiser  les 
Saxons  dans  la  contrée  qui  lui  avait 
été  assignée.  Ges  peuples  s'étant  ré- 
voltés (778) ,  cl  une  troupe  détachée 
se  disposant  h  tomber  sur  le  monas- 
tère de  P'iiide  poiu-  le  dctniire  ,  S. 
Sturme,  (|ui  m  fut  prévenu,  aver- 
tit SCS  religieux  en  leur  ordonnant  de 


STU 

se  hâter  d'enlever  le  corps  de  S.  Bo' 
niface,  qni  reposait  sous  leur  église. 
Lies  Saxons  furent  heureusement  re- 
poussés avant  d'avoir  pu  exécuter 
leurs  projets.  S.  Sturme ,  succom- 
bant sous  le  poids  des  années ,  vou- 
lait retourner  à  son  monastère  ; 
Charlemagne ,  cnii  savait  apprécier 
son  zèle  apostolique ,  l'engageait  à 
demeurer  encore  quelque  temps  k 
£hresburg;maisle  mal  augmentant, 
il  revint  à  Fulde  avec  un  médecÎB 
que  le  prince  avait  chargé  de  le  soi- 
gner. Un  breuvage  donné  à  cfmtre- 
temps  le  réduisit  a  l'extrémité.  Il  fit 
sonner  les  cloches  et  assembler  sei 
religieux  pour  les  ex^rter  k  persé- 
vérer dans  l'observance  de  la  règle  ; 
sa  mort  arriva  le  1 7  décembre  77g. 
Il  fut  canonisé  par  Innocent  II  en 
I  iBq.  On  coaserve  ses  reliques  dans 
l'église  de  Fulde.  Sa  vie,  écrite  par 
S.  Eigild ,  quatrième  abbé  de  cette 
maison,  a  été  publiée  avec  des  notei 
par  Mabillon ,  sec.  3 ,  ben.  part  3. 

G — Y. 
STUB  Z  (  Helfrich  (  i  )-Piewib  ) , 
littérateur  allemand,  naquit  À  Darm- 
stadt ,   le  16  février  1736.    Aprb 
avoir  achevé  ses  humanités  au  gym- 
nase de  cette  ville ,  il  étudia  le  droil 
à  Gottingue  ,  à  lena  et  à  Giessai , 
et  entra,  en   1759,  comme  secré- 
taire particulier ,  chez  le  baron  de 
Widmann ,  ministre  de  l'impératrice 
reine  à  Munich.  Voyant  que  sa  qiia* 
lité    de  protestant  l'empêchait  de 
faire  son  chemin  en  Autriche,  il  ac- 
cepta ,  l'année  suivante ,  une  place 
semblable  chez  M.  d'Eyben ,  chan- 
celier du  duché  de  Holstein  ,  qui  le 
fit  eutix^r  dans  une  carrière  plus  con- 
venable à  ses  talents  que  les  travaux 
du  barreau.    Apres  avoir  éprouvé 


\i)  Ceux  (|ui  «fi.-rîvciil   rn    latin,  trtiduî»cnt  et 
iut>l  ulipuiand  par  Iv  mot  (tn-r  tioethiif. 


j 


STt 

biietë ,  en  le  chargeant  de  dif- 
5  missions  à  Vienne  et  à  Wetz- 
I  Je  mit  en  e'tat  de  se  rendre  y 
b ,  à  Copenhague ,  et  le  mu- 
\  bonnes  recommandations, 
ig  -  Emest ,  comte  de  Bern- 
qu'on  distingue  des  autres  mi- 

de  son  nom  par  l'epithète 
luf  ,  en  fit  son  secrétaire  par- 
*  y  et  lui  donna  une  place  au 
ement  des  affaires  étrangères. 
ans  la  maison  de  ce  ministre, 
lit  Klopstock  ,  et  qui  était  le 
•TOUS  des  hommes  d'étal ,  des 
î  lettres,  et  des  artistes  ,  que 
lassa  les  années  les  plus  heu- 
de  sa  vie.  Ce  fut  là  que  se  dé- 
rent  les  qualités  aimables  qui 
it  rechercher  dans  le  monde , 
rma  son  style  dans  la  société 
nmes  de  lettres,  et  qu'il  apprit 
ner  et  à  peindre  avec  les  ar- 
Eln  1760,  il  obtint  le  titre 
eiller  de  légatiou  ,  et  fut  choi- 
p  accompagner  le  jeune  roi 
an  VII  ,  dans  son  voyage 
nce  et  en  Angleterre.  Ce  fut 
turz  une  occasion  de  connaître 
rs  hommes  célèbres ,  et  de  se 
c  quelques-ims  des  plus  distin- 
el  vétius ,  M"»*".  Geoffrin  et  Gar- 
tretinrent  avec  lui  une  corres- 
ce  suivie  ,  et  qui  fut  un  \Tai 
rce  d'amitié.  C'est  à  ce  voya- 
m  doit  une  de  ses  plus  jolies 
lions ,  ses  Lettres  d  un  Voya- 
qui  renferment  des  détails  in- 
its    et   alors  nouveaux    sur 

Johnson,  Garrick,  Angelica 
ann ,  M">«.  Geoffrin ,  d'Alem- 
lelvétius  ,  le  théâtre  français, 
Iraient  alors  les  Gairon ,  les 
il ,  les  Lekain  ,  Mole ,  Pré- 
nfÎM,  sur  M.  et  M™«.  Necker. 
0  ,  sou  protecteur  ayant  été 
du  ministère  par  Struensée^ 
>l3tint  mie  place  très-lucra- 


STO 


1^5 


tive  à  la  direction  générale  des  pos- 
tes j  et  Vêtant  lié  avec  le  nouveau 
favori ,  il  vit  s'ouvrir  devant  lui 
une  perspective  non  moins  brillan- 
te :  mais ,  enveloppé  dans  la  chute 
de  Stniensée ,  il  fut  arrêté  ,  et 
conduit  dans  une  prison  d'état ,  où 
il  passa  quatre  mois  y  livré  à  un  dé- 
sespoir qui  altéra  sa  santé  et  chan- 
gea son  caractère.  Cependant,  les  au- 
teurs de  la  révolution  de  i  '772  se  con- 
tentèrent du  petit  nombre  de  victimes 
qui  avaient  été  immolées  à  leurs  pas- 
sions ,  et  la  prison  de  Sturz  s'ouvrit. 
On  ne  lui  rendit  pas  sa  place ,  mais 
on  le  nomma  membre  de  la  régence 
d'Oldenbourg  ,  avec  àt&  appointe- 
ments qui  n  étaient  que  le  tiers  de 
ceux  dont  il  avait  joui.  Le  prince  de 
Holstein ,  auquel  le  duché  d'Olden- 
bourg fut  cédé  peu  après ,  augmen- 
ta bientôt  son  revenu ,  et  lui  ac- 
corda  ,  en  1776,  le  titre  de  conseil- 
ler d'état.  La  petite  ville  où  Sturz  se 
vit  relégué  i^'ctait  sans  doute  pas 
comparable  au  théâtre  sur  lequel  il 
avait  brillé  pendant  quelques  années, 
et  les  occupations  de  sa  place  étaient 
peu  conformes  à  ses  goûts  ;  néan- 
moins son  existence  aurait  pu  être 
agréable ,  s'il  avait  su  étouffer  ses 
regrets  *  mais  ni  la  tendresse  de  son 
épouse,  fille  du  colonel  Mazar,  ni 
l'attachement  des  amis  qu'il  se  con- 
cilia dans  sa  nouvelle  résidence  ,  ni 
la  réputation  littéraire  qu'il  acquit 
à  cette  époque ,  ne  purent  lui  faire 
oublier  ce  qu'il  avait  perdu.  11  de- 
vint hypocondre  ,  et  tomba  dans 
une  espèce  d'apathie  qui  contras- 
tait singulièrement  avec  son  ancienne 
vivacité.  Cependant  il  fut  assez  maî- 
tre de  lui-même  pour  ne  jamais  se 
plaindre  de  l'injustice  qu'il  avait  - 
éprouvée.  Une  seule  fois ,  les  espé- 
rances dont  il  se  berçait  toujours  en 
songe  se  trahirent,  et  ce  fut  peu  de 


ia6 


STU 


jours  avautsa  m.rt.  Pour  soigner  sa 
santc,  il  s'était  rendu  ,  €0^779  ,  à 
Brcmen  ,  chez  un  de  ses  amis  y 
M.  Schiihniackcr ,  agrut  du  roi  de 
Danemark^  pendant  son  séjour  dans 
cette  ville ,  il  reçut  une  lettre  de  Co- 
penhague ,  dont  le  contenu  Taifecta 
si  vivement  qu*il  s'en  trouva  mal  : 
il  paraît  qu'on  lui  annonçait  un  pro- 
chain changement  de  fortune.  Son 
corps  ne  put  supporter  cette  commo- 
tion ,  il  fut  saisi  a  une  ilèvrc  maligne, 
qui  l'emporta  le  12  novembre  l'JlOy 
à  l'âge  de  quarante-trois  ans.  Des 
deux  filles  que  son  épouse  lui  avait 
données  ,  la  cadette  mourut  de  la 
petite  vérole ,  trois  mois  ayant  lui  : 
qiielques  mois  après,  sa  veuve  accou- 
cha d'un  111s.  ^lurz  était  grand  et 
hien  fait.  Sa  physionomie,  sans  être 
belle  ,  était  mobile  et  spirituelle  ;  il 
parlait  et  écrivait  le  français  avec 
une  grande  facilité  ;  il  savait  aussi 
très-bieu  l'anglais  ,  le  danois  et  l'es- 
pacnol  ;  les  langues  savantes  ne  lui 
étaient  pas  étrangères.  Il  brillait 
dans  la  société  par  un  esprit  vif  y 
enjoué ,  et  par  un  talent  particulier 
pour  raconter.  Considéré  comme  écri- 
vain ,  il  appartient  aux  meilleurs 
Srosatclurs  de  sa  nation.  La  société 
ans  laquelle  il  avait  vécu ,  et  la  lec- 
ture des  beaux  modèles  français 
ayaient  formé  sou  .style ,  qui  était 
trës-châtié  :  mais  il  n  a  pas  toujours 
su  cacher  la  peine  que  cette  correc- 
tion lui  coûtait.  Il  n'a  point  écrit  d'ou- 
vrage d'imc  certaine  étendue;  son 
goût  sévère  d(^voua  les  écrits  de  sa 
'  jeunesse,  tels  qu'ime  Julie,  tragédie 
en  cinq  actes  et  en  prose,  où  il  a  ce- 
pendant fait  preuve  de  talent  pour  Je 
dialogue ,  ce  qui  est  bien  rare  parmi 
les  Allemands.  Peu  de  temps  avant 
sa  mort ,  il  [niblia  un  choix  de  ses 
oiniscules  sous  le  titre  de  première 
CoUtfûiiiMy  où  l'on  trouve  les  l<;tU€s 


SUA 

dont  vy^s  avons  parlé ,  ka 
morceaux  piquants  sur  Pitl 
Chatham  ) ,  sur  J.-J.  Rousseau 
Kloptstock.  A  son  lit  de  mor 
fendit  de  rien  publier  de  ses  1 
crits  :  aussi  la  deuxième  Col 
de  ses  écrits^  publiée  en  1 78  «, 
tient-elle  que  des  morceau  \  c< 
parmi  lesquels  il  y  eu  a  pi 
que  la  sévérité  de  l'auteur 
probablement  condaimics  a  ! 
Une  nouvelle  édition  parut  à  1 
eu  178O,  sous  le  titre  iV  Œm 
SturZy  S4  vol.  in-8'\  L'iioni 
lettres  qui  la  soigna  lit  uu  cl 
tout  ce  que  Stur/.  avait  pul 
conservM  tout  ce  qui  se  trouva 
la  première  collée  lion  ,  en 
cliant  de  la  seconde  tout  ce  qi 
bablemcnt  l'auteur  aurait  su) 
lui-même.  T^es  Soui^imirs  du  la 
/.  R,  E,  y  comte  de  Bcmstoi 
avaient  paru  ou  1777  ,  siuil  l 
leur  morceau  de  ce  recueil,  h 
du  volume  est  une  Notice  bioj 
que  sur  Sturz,  daus  laquelle  U' 
prenons  que  le  tilcntdc  Tautei 
faire  des  portraits  fut  une  des 
du  malheur  qu'il  éprouva  en 
On  peut  supposer,  d'après  ce 
l'on  trouva,  parmi  les  elîcts  deî 
sée,  le  portrait  peint  par  Stur: 
personne  impliquée  dans  le 
\F.  Strukwskk).  s 

SUARD  (  Jean-Baptiste-. 
NE  )y  de  l'Académie  française, 
le  1 5  janvier  17349  a  Hesançoi 
d'univci-sité  et  ville  de  guerre 
rit  tout-tvla  fois ,  dès  sou  ,ci 
e  goût  des  lettres  et  le  goût  < 
mes.  Les  duels  ,  à  cette  éi 
étaient  fort  à  la  mode  ;  et  pci 
que  la  sévérité  excessive  des  l 
vaitfaitqu'augmctHer  la  viol 

f>réjugc.    Vainement    on    de 
e  port  d'arxncs  aux  ctudiau 
qiijlndles>'ci^ientjl!nH]uciiiQ 


l 


SOA 

et  les  officiersdc  la  garnison; 
s  ces  qtierellcs^  mii ,  ponr  la 
,  se  Tinaîpnt  à  la  cnutc  au  jour, 
s  officiers  ayaicnt  ctc  blesses. 
it  Âppelë  un  soir,  comme  te- 

l'uii  de  ces  combats ,  par  un 
nis  y  qui  avait  reçu  d  un  of- 
rvcu  du  ministre  de  la  guerre, 

le  plus  sanglant.  L'étudiant 
ilheur  d*être  trop  venge  !  Une 
le  passait  non  lom  de  \k  :  cba- 
*rcbant  h  l'éviter,  prit  la  fui- 
rd  seul  fut  arrête'  et  conduit 
•n.  Sur  le  refus  qu'il  fit  de 

l'cftudiant  qui  avait  tue'  l'of- 
n  le  crut  l'auteur  de  sa  mort; 
i  mit  les  fers  aux  pieds,  y 
l  aussi  pour  les  mains  ?  de- 
t-il  avec  sang -froid.  Son  st- 
Dstant ,  sa  noble  re'signatiou 
irent  le  parlemeiit  de  IJesan- 
>rable;  mais  le  gouvemeujr, 
e  Randan,  voulant,  pat  (m 

,  mettre  un  terme  aul  duels^ 
laçaient  d'aiTaiblir  la  garnt- 
igbit  le  délit  et  l'accasé  avec 
îiirs  les  J)lrfs  hoircs ,  et  rcns'- 
e  exiler  Snard  aux  îles  Sain- 
iierite.On  fit  auparavant  de 
X  efforts  pour  lui  arracher  le 
X)upable:  il  persista  aie  taire, 
»a  ,  sans  murmure,  enlever 
le  natale,  à  ses  amis  et  à  sa 
n  n'avait  alors  que  dix-5ept 
idu  à  là  liberté' ,  au  bout  ae 
mois  d'une  étroite  captivité^ 
rit,  bientôt  après,  la  tjésolu- 
enirà  Paris,  pour  y  ctlkiver 
s ,  seule  carrière  qui  convint 
wtiâance  de  son  caractère  et 
flprit.  Que  de  jeunes  gens  à 
àcnrâiffnt  tiré  parti  des  eau- 
s  circonstances  dé  sa  capti- 
s'en  seraient  fait^  dans  ce 
uidenr,  un  moyen  de  for- 
iiihicnd'liommes,d'nn  talem 
»pnt  fort  ordinaires,  s'étaien  t 


SUA  127 

merveilleusement  trouvés  de  la  Bas- 
tille! Oombiou  d'auli-cs  l'avaient  re- 
cherchée vainement  !  Suaixl ,  qui  Ta- 
yait  trouvée  sans  la  chercher,  ne 
s'en  vanta  jamais ,  ne  s'en  plaignit  ja- 
mais ;  et  long-temps  cette  aventure, 
qui  lui  aurait  donné  une  célébrité  pré- 
coce «  qui  l'aurait  fait  accueillir  et 
caresser  d'un  grand  nombre  de  so- 
ciétés ,  comme  une  victime  du  pou- 
voir arbitraire ,  resta  ignorée  de  ses 
meilleurs  amis.  Marmontel  lui-mclme 
fie  l'apprit  que  fort  tard;  et  il  l'ap- 
prit snigulièrcmcnt.  Par  une  rare  con- 
formité de  sentiments,  de  conduite 
et  de  disgrâce  avec  Sua rd,  Marmou^ 
tel  avait  été  envoyé  A  la  Bastille  pour 
des  vers  qu'il  n  avait  pas  faits ,  et 
dont  il  avait  obstinément  refusé  de 
hommctrautenr.  Devenu  libre,  mais 
encore  tout  plein  des  terreurs  do  sa 
prison ,  il  accourt  chez  Suard  :  a  Ah  î 
»  mon  ami,  lui  dit -il,  vous  ne  pou- 
i>  vez  vous  faire  une  idée  du  déses- 
•  poir  qu'on  éprouve  quand  on  entre 
0  dans  cette  chambre  fermée  par  une 
»  porte  de  fer,  quand  on  entend  re- 
»  tentir  ces  énormes  vcrroux  !  Vous 
»  ne  pouvez  vous  figurer  ce  que  c'est 
»  que  de  passer  trois  morteUes  se- 
»  maines  anus  cet  affreux  cachot. — 
»  Pardonnez-moi ,  lui  répondit  tran- 
0  quillement  Suard;  r^r  j'ai  passe 
»  aix-huit  mois  aux  îlesSainte-jM'.ar- 
»  gnente ,  dans  une  pareille  demeure , 
»  t;onfondu  avec  des  scélérats,  mal 
»  nourri ,  mal  couché ,  et  n'enten- 
»  dant,  avec  le  bruit  des  verroux, 
»  que  le  bruit  des  va^es  de  là  mer , 
9  qui  baignait  ma  pnson.  »  En  arri- 
vant à  Paris ,  Suard  avait  senti  le  be- 
soin d'y  trouvei*un  emploi.  Il  avait 
été  recommandé,  par  M™«.  GeofTrin, 
à  un  homme  puissant.  Reçu  par  ce- 
lui-ci avec  un  peu  d'impertinence ,  il 
refusa  de  retourner  chez  lui.  M*"*^. 
Gcoifrin  l'en  gronda,  a  Quand  ou  n'a 


vxB  SUA       ^ 

»  pas  de  chemise^ ,  lui  dit  relie  avec 
0  impa^encc ,  il  ne  £aut  pasr  avoir  de 
»  fierté. — Au  contraire,  lui  répondit 
»  son  jeune  protégé ,  c'est  alors  qu'il 
o  faut  en  avoir,  afin  d'avoir  quelque 
V  chose.  »  Marmoutel ,  plus  heureux 
que  M"»<».  Geoffrin,  lui  avait  procuré 
une  place.  Suard ,  apprenant  qu'elle 
était  désirée  par  un  de  ses  amis ,  la 
refusa  pour  la  lui  faire  obtenir.  Enfin 
un  riche  financier  l'avait  placé  com- 
me surnuméraire  ,  avec  douze  cents 
francs  de  traitement.  Suard ,  n'y  trou- 
vant rien  à  faire ,  laissa  l'emploi ,  et 
remit  les  émoluments.  Ce  fut  à  cette 
époque  qu'il  connut  l'abbé  Arnaud. 
Ils  s'aimèrent  tout  d'abord  ;  et  leur 
attachement    n'éprouva    jamais    la 
moindre  altération.  Logés  vbigt-cinq 
ans  sous  le  même  toit ,  ils  mirent  eu 
commun  leur  bourse  et  leur  esprit. 
Le  ménage  ne  fut  pas  heureux,  en  dé- 
butant. Le  Journal  étranger,  qu'ils 
entreprirent  ensemble  ,  fut  estimé  ; 
mais  il  eut  peu  de  vogue  :  il  n'était 
que  spirituel  et  raisonnable.  Par  bon- 
heur, il  existait  alors  un  ministre 
ami  des  letti'cs ,  et  même  ami  des 
gens  de  lettres  (i).  Nos  deux  journa- 
listes furent  chargés  par  lui  de  la  ré- 
daction de  la  Gazette  de  France, 
gazetle  officielle ,  qui  ne  se  permettait 
pas  d'être  amusante,  mais  qui  n'en 
avait  pas  moins  un  grand  nombre 
d'abonnés.  Dix  mille  Irancs  de  trai- 
tement furent  donnés  aux  rédacteurs; 
mais  tout  cela  venait  d'un  ministre  : 
tout  cela  disparut  avec  luil  Suard  et 
Arnaud    rentrèrent   philosophique- 
ment dans  leur  première  médiocrité , 
et  continuèrent  leur  Journal  étran- 
ger, sous  le  titre  de  Gazette  litté- 
raire de  l'Europe.  Celle-ci  ne  vécut, 
conmie  l'autre,  que   deux  années, 
grâces  à  la  paresse  de  l'un  des  rë- 

^1  )  Le  duc  de  Olioîtcul. 


SUA 

dacteurs ,  et  peut-être  de  t 

deux.  Cependant  quelques  ar 

Suard  avaient  sufli  pour  le  fa 

naître  avantageusement  de 

qui  se  mêlait  dans  le  monde 

tiverles  lettres  ou  deles  proté 

meilleures  sociétés  lui  iureni 

tes.  Il  fut  aimé,  considéré  d. 

tes.  Il  y  avait  porté,  dès  soi 

ce  que  d'autres  n'y  acquièf 

par  un  long  usage.  L'urbanit 

langage  et  de  ses  manières  é1 

lui  une  inspiration  du  goût  : 

tait  seulement  perfectionnée 

bonne  compagnie ,  et  surtou 

commerce  des  femmes.  Sa  ] 

n'était  ni  recherchée  ni  scr 

n'était  pas  non  plus  cette  ] 

nonchalante  ,  qui  dit  oui  à 

monde  et  ne  conteste  rien  ; 

cilité  de  caractère  et  d'opL 

commune  aux  gens  qui  n'ou: 

nion  ni  caractère.  C'était  uj 

tude  raisonnée  de  concessio 

aux  lois  ou  aux  bienséances  i 

ciété.  Par  égard  pour  l'âge , 

sexe,  pour  la  supériorité  du 

du  génie,  Suard  savait  se  ta 

quefois  devant  l'opinion  d 

mais  il  gardait  la  sienne.  1 

de  ses  amis ,  et  même  de  se: 

teurs,  joignaient  à  de  grandi 

de  malheureux  travers  d'i 

tion  {1),  Suard  aima  leur  p( 

mais ,  loin  d'approuver  leurs 

il  combattit  souvent  le  da 

leurs  doctrines  de  toute  la.  le 

la  raison  ou  du  sentiment.  % 

hommes  considérables . Se  ^  i 

gui  affectionnèrent  le  phiis  > 

Uut  distinguer  BufTon.  Ce  fu 

BufTon   qui  lui  fit  connaît 

primeur  Panckoucke,rccoi 

Ue  par  les  services  qu'il  na 

lettres  et  par  le  noble  usage  qu 

(a)  Urlvrtiu»,  le  baroD  d'Uuibucb , 


SUA 

1  fortune  et  de  ses  talents.  Ce  fut 
irès  le  conseil  de  Buffon  que  Pane- 
cke  donna  sa.  sœur  en  mariage  à 
rdy  sa  soeur,  aussi  distinguée  par 
hannes  de  sa  personne  que  par 
grâces  de  son  esprit,  et  à  qui 
tl  dut,  pendant  cinquante  ans, 
uiheur  et  Tagrëment  de  sa  yie.  Il 
it  lie  avec  plusieurs  étrangers 
1res.  De  ce  nombre  étaient  DaWd 
le  et  Horace  Walpole.  Il  voulut 
1  tour  leur  rendre  visite.  Le  jour 
arriva  à  Londres ,  il  y  avait  une 
lie  populaire  en  faveur  du  fa- 
1  démagogue  John  Wilkes ,  que 
liiiistère  était  parvenu  à  faire 
ire  de  la  chambre  des  corn- 
es. La  populace,  qui  obstruait 
mes,  fit  poliment  descendre  de 
ire  Suara  et  son  compagnon  de 
igc,  les  força  d*ôter  leur  cha- 
I,  et  de  crier  avec  elle  :  Fïw 
I  IFilkes ,  vive  la  liberté  !  Ce 
it  effraya  d'abord  les  voyageurs 
n'avaient  pas  encore  vu  la  revo- 
it franrrise  );  mais  le  lendemain 
jr  paraissait  plus,  et  Sua rd  put 
er  tranquillement  les  illustres 
als  dont  il  était  attendu.  Un 
le  pasteur  d'un  village  d'Ecosse, 
omme  qui  avait  constamment 
dans  la  retraite ,  et  qui ,  exempt 
iré jugés  que  donne  la  solitude , 
t  tout  le  goût  d'un  homme  du 
le  y  un  e'cnvain  plein  d'élégance , 
islorien  sage  et  véridique  ,  pro- 
et  lumineux ,  le  digne  rival  de 
e ,  s'il  ne  lui  est  pas  supérieur  , 
Ttson  enOn ,  déjà  célèbre  dans 
!  TAngleterre  par  son  Histoire 
^sse  (3) ,  s'occupait ,  en  cemo- 
.y  de  son  Histoire  de  Charles- 
If.  Suard  lui  demanda  et  ob- 
adlement  la  faveur  de  traduire 


Joe  traduction  ,   la  leule  complète   de  cet 
ff  a  été  donnée  pu-  M.  Campepon,  ea  i8ai| 

XLIV. 


SUA  11^ 

h  premier  cet  ouvrage  en  fran- 
çais. Robertson  fit  plus  ^  il  lui  en- 
voya les  feuilles  à  mesure  qu'on  les 
imprimait.  La  traduction  fut  ho- 
norée des  plus  illustres  suffrages ,  soit 
nationaux ,  soit  étrangers.  Elle  reçut 
l'approbation  de  Hume,  de  Wal- 
pole ,  de  Gibboh,  et  la  plus  flatteuse 
de  toutes,  celle  de  Robertson  lui- 
même.  On  y  trouve ,  en  effet,  une 
facilité  élégante ,  un  todr  libre  et  na- 
turel ,  presqu'inconnus  dans  les  ou- 
vrages traduits.  L'éclatant  succès 
de  V Histoire  de  Charles  -  Quint , 
mit  à  la  mode  les  traductions  de 
l'anglais  ;  et,  comme  cela  ne  manque 
jamais  d'arriver  y  la  mode  en  fut 
poussée  jusqu'à  la  fureur  et  se  sou- 
tint jusqu'à  ce  qu'une  autre  manie 
vint  occuper  la  mobile  imagination 
des  ParisieLÇ*  Ce  fut ,  en  effet,  à 
cette  époque  que  commença  cette 
guerre  si  puérile  dans  son  objet  ^  si 
étonnante  par  sa  durée ,  cette  guerre 
de  musique  ^  image  grotesque ,  mais 
fidèle,  des  tristes  divisions  politiques 
quLnous  ont  agités  depuis.  Deux  par- 
tis Tétaient  formés.  Lenom  de  Gluck, 
le  nom  de  Piccinni  étaient  les  cris  de 
ralliement.  Le  théâtre  de  la  guerre 
était  la  salle  de  l'Opéra.  Marmontel 
armait  pour  Piccinni,  l'abbé  Arnaud 

Sour  le  chevalier  dGluek  ;  Suard  se 
éclara  pour  celui-ci.  Mais  de  tous 
les  généraux  de  cette  armée  burles- 
que ,  il  fut  le  seul  peut-ctre  que  sa 
politesse  n'abandonna  jamais.  On  fit 
jouer  des  deux  cotés  une  artillerie  de 
chansons ,  d'épigrammes  et  de  pam- 
phlets. Le  seul  écrit  digne  de  survi- 
vivre  à  la  circonstance  qui  l'a  fait 
naître  est  de  Suard  ;  ce  sont  les  Let- 
tres de  VAnorv^me  de  F'augirardy 
.persiflage  plein  d'esprit,  de  finesse 
et  de  goût ,  où  toutes  les  bienséances 
étaient  respectées,  où  la  raillerie, 
toujO»irs  piquante ,  était  toujours  sans 

9 


ï3o 


SUA 


.'imerlumc  ;  vrai  iiiodMc  ilc  plaisan- 
terie qu'où  lira  loug-tcmps  avec  plai- 
sir... puuiTU  qu'on  ncsoit  pas  piccin- 
iiislc.  ï-ics  titres  littéraires  de  Snard^ 
son  esprit  juste  et  lin ,  la  connais- 
sance parfaite  qu*il  avait  des  diiTi- 
C(dtés  et  des  ressources  de  notre  lan- 
Ç^ie,  surtout  de  cette  partie  de  la 
langue  née  de  l'usage  de  la  bonne 
compagnie  ,  et  que  Yaugela.';  parlait 
.sûrement  moins  bien  que  M"»<'.  de 
Se'\'ignc  y.  enfin  TeiLtremc  amabilité 
de  son  caractère,  lui  avaient  ouvert , 
des  l'année  i  j7'^,  les  portes  de  l'a- 
cadémie française.  11  y  fut  nomme  le 
même  jour  que  Tabbé Delillc  ^  mais, 
desser^'is  l'un  et  l'autre  auprès  du 
loi  ,  leur  nomination  ne  fut  point 
approuvée ,  et  l'on  procéda  à  une 
auli'c  clect'on.  Elle  était  à  j)eine  ter- 
minée que  Louis  XV,  mieux  informe, 
Jeur  permit  de  se  remettre  sur  les 
rangs  à  la  première  occasion.  Cette 
occasion  ne  tarda  pas  :  Delille  fut 
nomme  l'année  suivante  ,  et  Suard 
quelques  mois  après.  Quelle  accusa- 
tion leur  avait  donc  attiré  la  dis- 
grâce la  plus  sensible  que  pinsse 
éprouver  un  homme  de  lettres?  On 
les  avait  dénoncés  comme  encyclo- 
jiédisles ,  quoique  jamais  ni  l'un  ni 
l'autre  n'eût  écrit  une  seule  ligne 
])our  TEncyclopôlie.  C'était  une  ac- 
cusation qui, pour  être  déjà  devenue 
un  peu  banale,  n'en  était  pas  moins 
dangereuse  ;  cir  elle  les  signalait  à 
l'autorité  comme  ennemis  de  toute 
autorité.  La  modération  de  Suard ,  la 
nature  de  son  esprit  essentiellement 
raisonnable,  repoussainit  une  telle  a c- 
cus<'i(ion  ;  la  conduite  de  toute  sa  vie 
l'a  réfutée.  Loin  d'énoncer,  en  i^Sq, 
les  doctrines  «pi'on  lui  supposait  en 
177-2  ;  loin  de  se  souvenir  des  deux 
événements  de  sa  vie  où  le  couver- 
nement  lui  avait  donné  quelque  droit 
de  se  plaindi-e  ,  il  ne  songea  qu'à  dé- 


SUA 

fendre  rautoritë  légitime  contre  les 

Samphlétaires  de  l'anarcbic.  Honoré 
es  plus  intimes  confidences  des  mi- 
nistres Montmoriu  et  Sainte-Croix, il 
consigna  particulièrement  ses  protes- 
tations monarchiques  dans  un  jour- 
nal intitulé  les  Indépendants,  Mais 
la  voix  de  la  raison  commençait  k  ut 
plus  être  entendue.  Klle  ne  tarda  pas 
à  devenir  suspecte.  L'académie  fran- 
çaise elle-même  ,  l'académie  qu^on 
représentait ,  vingt  ans  auparavant , 
comme  le  foyer  de  l'indépendance , 
fut  de'noncée  comme  le  foyer  de  l'a- 
ristocratie. On  vit  un  académicien, 
Chamfort , demander  à  crands  cris  h 
suppression  de  Ta  cadémie.  Vainement 
Suaixl  en  prité]o({uemment  la  défense; 
elle  fut ,  peu  de  jours  après ^  enve- 
loppée dans  la  prosciiption  coroinu- 
iie,  dans  la  destruction  universelle  de 
nos  lois  et  de  nos  institutions. Certes 
Suard  n'avait  nul  penchant  pour  le 
gouv<Tuement  absolu.  11  aimait  la 
liberté,  mais  cette  lil)erté décente , 
bien  ordonnée,  qui  a  ses  limites  ainsi 
que  le  pouvoir ,  qui  est  conforme  aux 
habitudes  et  aux  mœurs  nationales. 
Il  aimait  la  lilx^rté,  mais  il  détestait 
la  liceuce ,  irréconciliable  ennemie 
de  la  liberté.  Le  mot  seul  de  révolu- 
tion lui  faisait  horreur.  Son  anti- 
pathie naturelle  pour  toute  espèœ  de 
désordre  éclata  non- seulement  con- 
tre les  actes  de  violence  et  d'injus- 
tice qui  se  commirent,  mais  encore 
contre  les  folies  qui  se  mêlèrent  à  ces 
atrocités.  Suard  se  déroba ,  lorsqu'il 
le  put ,  par  la  retraite ,  au  spectacle 
de  ces  honteuses  extravagances.  Dis 
qu'il  le  nut  aussi ,  il  reparut  sur  la 
scène  politique.  11  rq)rit  cette  plume 
courageuse ,  consacrée  au  soutien  de 
l'équité^  de  la  raison  et  du  goût; 
et  mérita  d'honorables  persécutions. 
Poursuivi  au  i3  vendémiaire  (fjQd), 
proscrit  au  18  fructidor  (1797),  fl 


\ 


SUA 

f  de  quitter  la  Fiance  ,  pour 
oakaite'  d'y  voir   rappeler 

Français.  Il  revint  sons  le 
ement  consulaire  ,   croyant 

professer   ses  opinions  po- 

mais  le  despotisme  naissant 
air  s'en  accommoder.  N'o- 

pcrse'culer  Siiard  ,  on  cher- 
bord  à  le  gagner  ;  on  le  dis- 
on  le  caressa.  Les  caresses  , 
ices  ne  pouvaient  rien  sur 
ivail  deviné  V homme  dans 
mière  entrevue  ;  et  voici  a 
:casion.  Cet  homme  n'aimait 
ite ,  et  il  avait  bien  ses  rai- 
ir  cela.  La  réputation  de  cet 
1  l'importunait  :  c'était  un 
verains  qu'il  avait  le  plus  à 
;  détrôner.  «  Votre  Tacite, 
m  jour  à  Suard ,  n'est  qu'un 
nateur ,  un  imposteur,  qui  a 
nié  Néron....  oui ,  calomnié* 
fnlin  ,  Néron  fut  rcgrellé  du 
i.  Qiicl  malheur  pour  les 
s  qu'il  y  ait  de   tels  histo- 

»  —  a  Cela  peut-être ,  ré- 
i  Suard  :  mais  quel  malheur 
es  peuples,  s'il  n'y  avait  de 
istoriens  pour  retenir  et  cf- 

les  mauvais  princes  !  »  Plus 
aissait  l'indépendance  d'es- 
c  caractère  de  Suard  ,  plus 
chait  à  la  vaincre  ^  plus  il 
i  d'opposition  ,  plus  on  fai- 
ibrts  pour  le  ranger  sons  le 
espe'rance  de  le  gagner  fut 
jusqu'à  l'aveuglement.  On  lui 
jne  lettre  où  ,  après  quel- 
fcautions  oratoires  ,  on  lui 
ue  l'opinion  publique  s'é- 
Air  deux,  faits  :  la  mort  du 
nghien ,  et  le  procès  du  gé- 
oreau  ;  qu'il  était  essentiel 
îdresser  dans  les  journaux, 
î  chef  du  gouvernement  ver- 
c  plaisir  ,  et  même  avec 
ssaoce ,  que  Suard  y  dans  le 


5UA 


I/iî 


journal  politique  (le  Publiciste)  (4) 
dont  il  était  propriétaire ,  a idfh  a 
ramener  cette  opinion  publique  éga- 
rée  Voici  quelques  mots  de 

la  réponse  de  Suaid  ,  lidMoraent 
transcrits  de  l'urisinai  :  a  J'.i  n3 
»  ans,  Monsieur;  mon  caracii re  ne 
»  s'est  pas  plus  assoupli  avec  Tage 
»  que  mes  membre*.  Je  veux  acbe- 
»  ver  ma  carrière  comme  je  l'ai  par- 
»  courue.  Le  ])reniicr  olqet  sur  le- 
»  quel  vous  m'invitez  à  écrire  est  uu 
»  coup  d'étil  qui  m'a  profondément 
».  affligé,  comme  un  acte  de  violence 
»  qui  blesse  toutes  mes  idées  d'équité 
»  naturelle  et  de  justice  politii|ue.  l>e 
»  second  motif  du  nïéconlentement 
»  public  porte  sur  l'intervention  no- 
»  toire  du  gouvernement  dans  une 
»  procédure  judiciaire  soumise  à  une 
D  cour  de  justice.  J'avoue  encore 
»  que  je  ne  ciiuiiais  aucun  acte  du 
»  pouvoir  qui  ùnwo  exciter  plus  na- 
»  turellemeiil  i'i;j(|iiiitndc  de  chaque 
»  citoyen  pour  s.i  sùi  été  personnelle. 
»  —  Vous  voyez ,  IMonsicur,  que  je 
»  ne  puis  redresser  un  sentiment  gé- 
»  néral  que  je  partag*?.  »  Cette  ré- 
ponse ne  provoqua  pas  immédiate- 
ment la  suppression  du  Publiciste^ 
qui  n'eut  lieu  qu'en  1810;  mais  elle 
en  fut  la  véritable  cause.  II  dut  en  coû- 
ter beaucouj)  à  Suard  ,  pour  cesser 
d'être  journaliste.  Le  tour  ingéuieux 
de  son  esprit  le  rendait  très-propre 
à  cette  espèce  de  ministère  public,  si- 
utile  dans  les  mains  d'un  écrivain 
bommedebien. — Suard  ne  s'honora 
pas  moins  dans  une  autre  fonction  «  la 
censuredes  pièces  de  tliéâtre,qu'il  dut, 
dès  l'année  in'7j,àla  confiance  de 
Louis  XVI,  et  qu'il  conserva  jusqu'en 
1 790.  11  exerça  cette  censure  avec 
une  douceur  et  une  impartialité  inal- 


(4)  CV-tait  U  seule  propriric  qui  lui  r**-»!*»!  . 
quoique  en  ait  pn  dire  une  biu{;rapliie  t-(Mi>viM|>ii> 
raine,  trop  pasAidoiMfe  pour  ^Ire  iu*tf. 

9- 


i3a 


SUA 


tcrabics.  I/auteur  seul  da  Mariage 
de  Figaro  le  trouva  d'une  se'vcrité 
infleiible,  et  ne  put  jamais  obtenir 
son  approbation,  dont  il  eut  au  reste 
le  talent  de  se  passer.  Suard  soutint 
obstinément  son  opinion  sur  cet  ou- 
vrage. Il  la  proclama  même  en  pleine 
académie  (5)  ^  dans  un  discours  qui 
lui  fit  beaucoup  d'honneur,  sans  nui- 
re au  succhs  àc  Figaro  ;  car,  suivant 
l'usage ,  plus  le  scandale  e'tait  signa- 
lé ^  plus  la  foule  s'y  portait.  Les 
Srands^  les  ministres,  les  nobles,  les 
épositaires  des  lois  et  de  la  morale 
publique^  couraient  applaudir  à  leur 
propre  satire ,  battre  des  mains  aux 
traits  sanglants  re'pandus  dans  l'ou- 
vrage contre  les  institutions  sociales, 
et  préparer  eux-mêmes  ,  des  ce  mo- 
ment peut-être,  l'esprit  de  révolu- 
tion qui  devait  bientôt  après  les  ren- 
verser. —  Suard  avait  un  tact  par- 
ticulier pour  décrire  et  pour  carac- 
tériser l'esprit  ou  le  talent  des  per- 
sonnages célèbres  dont  il  parlait  : 
voilà  ce  qui  rend  si  agréables  et 
si  piquantes  ses  Notices  sur  Robert- 
son,  Vauvenargues ,  M°>e.  de  Sevi- 
gné  ,  Larocbcfoucauld  ,  Labruyè- 
re,  Drouais,  Pigalle^le  pape  Gan- 
ganelli  (Clément  aIV)  etle  Tasse  (6). 
Voilà  aussi  ce  qui  donnait  beaucoup 
de  prix  aux  rapports  faits  par  lui 
sur  les  concours  académiques,  en  sa 
qualité  de  secrétaire  perpétuel  de  l'A- 
cadémie française ,  place  où  il  s'est 
toujours  montré  l'élcgant  et  hono- 
rable interprète  de  cette  compagnie. 
Ou  dit ,  dans  un  conte  charmant, 

«  Qu'il  est  bien  peu  d'auteurs  qui  Taillent  leurs 

ouvrages.  » 

On  pourrai  t  dire  le  contraire  de  Suard. 
Il  était  fort  supérieur  à  tout  cequ'il  a 

(5)  Scance  jiiihlique  du  5  )uiu  1784  ,  i  laquelle 
aMistait  le  rut  de  SuJ'de. 

^6)  Vuy.  Iw  5  vol.  daê  MiUmget  de  UuinUuM. 


SUA 

fait; et,  chose  remarquable 
vait  aucun  des  défauts  qu'î 
fait  supposer  ses  qualités.  Soi 

3ui  ne  semblait  que  fin  et  déli 
c  l'étendue  et  de  la  prof 
Cette  raison  droite  et  ferme  , 
glait  toujours  ses  actions  et 
me^  et  qui  leur  donnait  un< 
rence  de  roideur ,  n'excluai 
en  lui  les  illusions  et  les  pic- 
l'imagination.  L'exquise  i 
qu'il  semblait  tenir  de  Fon 
n'était  point  chez  lui ,  com 
était  ^dit-on,  dans  l'auteur  d 
des ,  un  froid  calcul  de  l'iiité] 
sonnel  :  elle  venait  du  cœui 
allait  au  cœur.  Bienvcillai 
tous ,  il  l'était  surtout  pour  ] 
nés  gens  qui  avaient  besoin 
seils  ou  d  appui.  11  les  accue 
les  encourageait ,  il  proclam 

i*oie  leurs  talents  naissants; 
lomme  qui  avait  beaucoup  ^ 
que  les  souvenirs  du  passé  c 
rendre  plus  difficile  sur  le  ] 
n'exaltait  jamais  l'un  aux  dé 
l'autre.  Il  vantait  souvent  le 
siècle  ;  il  souriait  plus  souven 
auxespéranccs  que  donne  len< 
Son  ame^  dont  il  avait  su  n 
les  passions,  s'ouvrait  aiscuQ 
douces  émotions  de  la  pitié, 
tre  sentiment ,  l'amitié ,  rcçi 
une  espèce  de  culte.  Il  n'ai 
des  hommes  honorables ,  il  1 
tendrement ,  il  les  aima  toujc 
modération  de  s^s  opinion 

3ues  ne  fut  jamais  l'efFet  ni 
ifférence, nide  la  timidité.  ; 
cas  de  la  prudence  ;  mais  i 
tait  la  peur ,  qui  prend  soui 
nom ,  la  peur  qui  louvoie , 
giverse,  qui  fléchit  devant 


(?)  Ce  furent,  en  grande  partie,  se*  4 
mcots  qui  drcidîi-eiit  M 31.  Auger  et  ^ 
«ml'er  daos  la  carrière  uù  l'uu  «t  !'«■ 
tant  boaorâ  depuis. 


SUA 

]tn  les  enhardit  par  sou  si- 
t  devient  conipUce  du  crime 
issant  commettre.  Il  mani- 
ibliquomcDt  ,  au  no  mars 
a  (Idélité  au  roi,  qui,  à  sou 
lui  euvoya  Tordre  et  le  cor- 

Saint-Michel.  Sa  vieillesse 
iptc  d'infirmités ,  de  prëvcn- 
d*cnnui.  11  mourut  le  ^o  juil- 

,  après  mie  courte  maladie, 
le  quatre-vingt-six  ans ,  em- 

les  regrets,  non-seuicmeut 
nbre  immense  df  amis  de  tous 
,  mais  encore  de  tout  ce  qu'il 
à  Paris  d'hommes  conside- 
;oit  dans  l'état,  soit  dans  les 
j'aiitcur  de  cetleNolice  lui  a 
à  l'aca demie  française.  Heu- 
'esquisse  qu'il  vient  de  tra- 
it donner  aux  jeunes  cens 
t  pas  conuu  Suard ,  quelque 

1  miiter ,  et  de  fonder ,  corn- 
leur  réputation  littéraire  sur 
lëration  personnelle  !  Voici 
le  ses  travaux,  littéraires  :  I. 
•crite  de  Vautre  monde  par 
^csfontaines  à  M.  Fréron , 
n-S**.  Cet  opuscule  eut  du 
II.  Traduction  des  deux 
»  voyages  du  capitaine  Cook 
•K  ).  IJI.  Variétés  littérai- 
9, 4  ^^^ .  in- 1  a  ^  nouvelle  édi- 
5  soignée ,  i8o4 ,  4  vol.  in- 
scueil ,  outre  plusieurs  écrits 
l,  en  contient  de  l'abbé  Ar< 
e  quelques  autres  mains.  IV. 
du  règne  de  Charles-Quint, 
ie  l'anglais  de  Robertson, 
ann.  suiv.  ,6  vol.  in-i'i  ou  2 
\9,  'y  réimprimé  avec  des  cor- 

en  1816  et  18*2^,  4vol.  in- 
^ie  €ie  David  If  unie ,  écrite 
ncme ,  et  trad.  de  Tanglais , 
-1  !2.  Suard  s'était  proposé  de 
V Histoire  d'Angleterre  de 
mail  il  y  renonça  lorsqu'il 
ic  M^'^.Belot  avait  commen- 


SUA 


i33 


ce  le  méiue  travail.  VI.  Histoire  de 
V  Amérique  j^9X  Robertson ,  trad.de 
l'Andais,  par  Suard  et  MoreUet, 
1 770,1  vol.  ijQ-4**.,  1 780, 4  vol.in-ia. 
Il  est  facile  de  reconnaître ,  dans  cette 
traduction  ,  ce  qui  est  du  à  la  plu- 
me du  premier.  Quelque  temps  avant 
sa  mort ,  il  en  prépara  une  édi- 
tion nouvelle  qui  parut  en  181.8,  3 
vol.  iu-8<*.  ;  elle  contient  deux  11- 
vre3  nouveaux,  traduits  par  Morellct. 
VIII.  Mélanges  de  littérature  , 
i8o3-i8o5,  5  vol.  in-8'^.  Indépen- 
damment de  pliLsieurs  notices  citées 
dans  le  cours  de  cet  article ,  ces  mé* 
langes  recueillis  par  Suard  renfer- 
ment de  lui  beaucoup  d'autres  ex- 
cellcuts  morceaux  ;  nous  citerons  : 
10.  De  Voltaire  et  de  BettinelU*, 
a®.  Conseils  à  un  jeune  homme  ; 
3^.  Lettres  du  solitaire  des  Pjrré- 
nées  ;  4'**  -^^  V acadénùc  française 
et  De  M.  Cïiamfort  ;  5^  De  Fia- 
ton  ;  6«>.  Observations  sur  les  lois 
pénales  ;  70.  De  la  liberté  de  la  pres- 
se; 80.  Lettres  sur  la  censure  des 
théâtres  ;  de  l'administration  de  la 
justice ,  et  du  jury  anglais  ,  etc.  U 
a  disséminé  dans  des  recueils  pério- 
diques un  grand  nombre  d'opuscules, 
entre  des  notices  biographiques  ^iirdcs 
personnes  avec  lesquelles  il  avait  été 
lié.  Les  vingt  premiers  volumes  de 
la  BiograplUe  universelle  furent  en- 
richis par  lui  d'articles  remarqua- 
bles j  notamment  sur  Addison,  Ba- 
con ,  Chesterfieldj  etc.  Dans  sa  no- 
tice siu:  Olivier  Cromivelly  Suard 
s'exprimait  avec  tant  de  force  et  de 
vérité  sur  la  tyrannie  iu  protecteur 
britannique,  que  des  censeurs  impé- 
riaux crurent  y  reconnaître  un  ta- 
bleau trop  ressemblant  de  la  tyran- 
nie qui  pesait  alors  sur  la  France. 
Dirigés  par  leur  chef  Pommereul 
{  V.  ce  nom  ) ,  ces  censeurs  se  hâ- 
tèrent de  supprimer   les  passages 


1  ..r  1 


S'JA 


les  plus  sailî;*nts  ,  au  point  que 
Suard  refusa  de  si-^ner  son  article 
ainsi  mutile.  Mais  les  cdileurs  delà 
Biographie  unh'crsclle  ,  voyant  la 
puissance  impériale  près  de  tomber 
(cela  se  passait  en  décembre  1 8 1 3  ) , 
dillerèrent  de  quelques  jours  la  pu- 
blication du  volume  où  se  trouvait 
cette  notice;  et  lorsrpic  la  censure 
iwX  renversée  ,  ils  purent  donner 
Tarticie  tel  que  l'auleur  l'avait  écrit. 
iSuard  fut  encore  Tedileur  de  quel- 
ques ouvr;i2;es  dont  r.Qus  n'a>ons 
Î)oint  parle.  Un  livre  de  Nai;;eon 
'académicien  lui  donna  ,  entre  au- 
tres manuscrits  ,  celui  des  iMiinoires 
sur  la  vie  de  Diderot.  J'ip;eant  la  pu- 
blication de  cet  écrit  danj:;ereuse ,  il 
le  retint  lonj^-lenips  ,dans  la  vue  d'é- 
viter un  scandale,  justpfà  ce  qu'une 
})arentede  l'auteur  ^ult  en  re'clamer 
a  j)roprie!e.  T.a  prévoyance  de 
Suard  était  fondée.  Ces  mémoires  ont 
ete  imprimes  depuis  à  la  suite  d'une 
nouvelle  édition  de  Diderot  ;  et  ils 
ont  c'te  l'objet  d'nn  piocès.  M.  Ga- 
rât a  ]ndjlié ,  en  i  H'ao  ,  des  Mémoires 
liistoriqucssurSuariL  On  peut  s'éton- 
ner d'abord  (j;:e  cet  cîcrivain  ait  trouve' 
dans  son  sujri  la  matière  de  deux  vo- 
lumes in-S".:  maison  s'apen;(»it  en 
le  lisant  qur  le  titre  (jn'ila  cbei>i n'est 
qu'un  ])rete\te  pnr.i-  amener  le  ta- 
bleau de  la  litler.ilijM'  cl  de  la  philo- 
sophie pendant  le  j.i"»i(ide  (|u'a  em- 
hrassd  la  car rii  re  li  1 1(  i  li  i re  d e  8 ua rd . 
Nous  ne  parlerons  point  d'un  Essai 
fie  Mênu*ir<*s  composes  par  >î"»'". 
tSuard ,  <:et  ouvrage  n 'avant  e'tc  im- 
]u  inie  qu'à  un  petit  nombre  d'exem- 
plaires de;t!nî*s  à  l'amitic.      K — n. 

Sli  ARKS  (  Fu ANcois  ) ,  théologien, 
naquit  à  Orrnade,  le  5  janvier  iS/JS, 
d'une  famille  noble.  11  achevait  son 
cours  de  droit  à  l'aca demie  de  Sala- 
lamanque ,  quand ,  par  les  conseils  de 
son  directeur^  il  prit  l'babit  de  saint 


l 


SUA 

ï*naee.  La  diOiculté  qu'il  e'pronvart 
à  concevoir  les  principes  de  la  pLi- 
Josoj)hie  tels  qu'on  les  ciiseignart 
alors  dans  les  écoles ,  fit  juger  à  ses  \ 
maîtres  qu'il  ne  serait  jamais  qu'un  ! 
sujet  médiocre  ;  et  lui-même  en  était  ' 
ersuadc  le  premier  (  i  ).  Il  pria  donc 
e  recteur  de  le  dispenser  de  suivre 
ce  cours:  mais  celui-ci  par\'int  à  lui 
rendre  la  confiance  dont  il  avait  be- 
soin; et,  peu  de  temps  après,  ayant 
ete  placé  sous  la  conduite  du  ce'ièbre 
P.  Kodripuez  '".0,  parla  rapidité  de 
ses  progrès,  il  sut  réparer  le  temps 
perdu  et  acheva  ses  études  de  la  ma- 
nière la  ])liis  brillante.  Charp;c  d'en- 
seijijner  la  philosophie  à  Ségovie,  ilnc- 
cuj)a  ensuite  successivement  les  chai- 
res de  théolop;ieà  Valiadolid,  Rome, 
Alcalà  ,Salamanque;  et  partout  ses  le- 
çons furent  suivies  par  un  grand  con- 
cours d'auditeurs.  La  première  chai- 
re de  l'université  de  Coimbrc  ctant 
venue  à  vaquer,  le  roi  d'Espagne 
Philippe  II  la  lui  conféra,  sur  la 
présentation  des  chefs  de  cette  aca- 
dcnn'e.  Avant  d'en  prendre  posses- 
sion, le  P.  Suarès  se  fit  recevoir  doc- 
teur .î  l'académie  d'Kvora.  Donc  d'u- 
ne ardeur  infatigable  et  d'une  mé- 
moire qui  tenait  du  prodige,  il  passait 

\\\  Stnv4iiit  Ip  1*.  Oiifliii ,  «  Suan-»  put  à  nrist 
n  l'tii-  ;ii{iu::.  i!:iii<  !ii  S'iricli'  :  ii  l'iif  fj'ahurd  leTuM*; 
Mil  lit  ■!«•  iiuiivcllr»  iii>luiicr».  inran'^  dvnuiudtr 
>«  iiit'im  ."i  %  iniInT  [•ariiii  Ii*»  IriTo».  l'IuGii  ou  ic  re- 
>•  f-ii*  ,  i-t  i'dii  i'faif  rnc-iirc  sn'r  lo  pniiil  d«  Ir  mi- 
>>  viiMT.  Iitrfi|ii'iiii  vieux  ji-nuitc  ilit  :  Atlendobfl, 
»  il  ui<*  M'ii.i.li-  fjiic  vv  \i-\mv  liitiiiinr  ««•nriiit  aÎM- 
K  ni^til ,  ri  |ii-iiM-  t(iii-|qiii-riiîs  fiirl  birn  (  "Stuy.  k» 
>i  Vèluf  •/,>•*  (il*  '3Jii'l)nii|l ,  Il ,  f>f)  ^  ;  w  liiai4  m  Sua- 
I-I-»  nv.iil  «Mi  !h  «  ■iiiifitliiiii  f;ii'ilt* ,  an  nr  «oit  pat  |« 
iiKilit 'piMir  Ifipicl  nii  l'aiii"dit  rrî'ii^F.  I«a|i«fîlr  anfc^ 
fliil4'  rripixii  tM-p.u-  Oiiiliii,  n*r«l  d«>iic  \t\\s  vraiim» 
li'iihlr.  On  a  'iiivi  tl-in^  rrt  arlirlr  le  rt^rit  d<>*  l>i- 
Lliii(;raplie9  <Irk  j'siiitcj»,  lrr»-in<ilriiil!i  urdinairv» 
UK-iil  i\v  ce  ipii  Ci°ii«  ri-ur  |riir>  <  oiili-tTra. 

'»)  Cr  cili-lirp  ail  leur  •»riii(]ap,  m*  h  VallaJo- 
li«l ,  en  ij-t6,  vt  iiiiirt  ù  S4;\ilir.  m  iGiti  {  f  e^ez 
«i>n  .irlicli-,  t.  TtXWlII,  p.  AHa  ),  np  dnit  ^as 
rfrr  «.Miufùiidu  nyrc  \r  kimliPiirruv  Alphoune  Ko- 
clri;;ut'/. ,  aiilrn  'p-Miilr,  m'  ù  S<-{(utir  »u  i.'»3t,  vt 
iiiiirt  h  Mui'irquf.  1<>  3i  octnlirt*  1(117.  <''ni|  la 
WarilictilÛMi  lie  tf  dtTiiicT.  qui  a  •>!••  i-eltLrre  ai% 
Vatican  ,  Ik  is  îuin  iKa'i.  /  vj  .  l'Ami  d«  b  rcli§ï«^ 
et  du  roi,  6  iuUld  181S ,  XLIV|  a45. 


SUA     •• 

liai  de  ses  livres  tout  le  temps 
le  consacrait  pas  à  de  pieux 
xs ,  et  n'oubliait  rien  de  ce  qu'il 
b.  Les  succès  qu'il  obtiut  à 
re  accrurent  encore  sa  reputa- 
I  prit  une  part  active  aux  dis- 
[ue  fit  naître  le  système  sur  ia 
de  son  confnre  le  P.  Molina 
nom ,  XXIX ,  3u  i  ) ,  et  ima- 
;lui  qu'on  a  nomme'  conduis- 
li  n'en  est  qu'une  modification, 
equel  il  est  inutile  de  s'éteudre 
lisqu'il  est  abandomic'  depuis 
?mps.  Invite  par  le  pape  Paul 
Itaquer  le  seraient  d'allégeance 
roi  Jacques  I^'.  exigeait  de  ses 
il  pid)iia ,  dans  ce  but  :  De- 
C€Uholicœ  jidei  contra  angli- 
ectœ  errores,  Coimbre ,  16 1 3, 
Cet  ouvrage  ne  pouvait  man- 
B  déplaire  à  Jacques  I*^*". ,  qui 
rûler  par  la  main  du  bourreau, 
IVghse  Saint-Paul  à  Londres, 
éfendit  la  lecture  à  ses  sujets, 
.es  peines  sévères.  (  On  assiure 
larès  aurait  désire'  de  partager 
de  son  livre.)  Le  pape  l'en  re- 
i  par  un  bref,  en  date  du  9  sept, 
et  le  roi  d'Espagne,  à  qui  Jot:- 
«".  s'étaitplaintdeceque  cemo- 
;  avait  autorisé ,  dans  ses  états , 
lication  de  cet  ouvrage ,  eu  fit 
»gie  :  mais  on  en  porta  le  même 
?nt  en  France  qu'en  Augleter- 
m  arrêt  du  parlement  de  Paris, 
le  "iO  juin  1614^  condamna  ce 
lu  fm ,  conune  renfermant  àes 
les  contraires  aux  droits  des 
ains  (3).  Il  n'en  fut  pas  moins 
rimé ,  la  même  année ,  à  Colo- 
t  il  l'a  été  depuis  plusieurs  fois. 
i ,  consulté  sur  toutes  les  ques- 
importantes  de  théologie,  fut 
à  se  rendre  à  Lisbonne ,  pour 

fut  pour  réfuter  In  prÎBcipes  de  Saarrs 
b.  Abbot  publia  :  la  l)ifrn*r.  da  puavuir 
itt  des  roi»  \^y.  ASIOT,  i,  i^;  ). 


SUA 


i35 


assister  à  des  conférences  crui  devaient 
avoir  lieu  en  présence  au  légat.  Il 
tomba  malade  à  son  anrivée  en  cette 
ville,  et  y  mourut,  le  a5  sept.  1617. 
Quelques  instants  avant  d'expirer ,  il 
dit  à  ceux  qui  l'entouraient  :  a  Je 
»  ue  croyais  pas  qu'il  fût  si  agréable 
»  de  mourir.  »  Les  ouvrages  de  cet 
illustre  théologien  sont  très  -  nom- 
breux ;  on  en  trouvera  les  titres  dans 
la  BibL  soc.  Jesu,  p.  aS^  et  suiv.  Ils 
ont  été  recueillis  à  Ma  leuce  et  à  Lyon , 
i63o  et  ann.  suiv. ,  in -fui.,  ^3  vol. 
L'édition  la  plus  récente  est  celle  de 
Venise,  1740.  Le  P.  Noël,  son  con- 
frère, eu  a  publié  un  jihrégé ,  Ge- 
nève, 173^,  1  vol.  in  -fol. ,  et  y  a 
joint  deux  Traités,  l'un  :  De  justi- 
lia  et  pire,  tiré  de  Lessius  ;  et  l'au- 
tre :  De   matrimonio  ,  extrait  du 
grand  ouvrage  de  Sanchez  {V.  Noël, 
XXXI ,  337  ).  Les  ouvrages  de  Sua- 
rès  sont  écrits  avec  ordre  et  netteté. 
11  savait ,  dit  le  P.  Oudin  fondre, 
avec  une  adresse  admirable,  presque 
toutes  les  différentes  opinions  sur  les 
matières  qu'il  traitait.  Sa  méthode 
était  d'ajouter  ensuite  ses  propret 
idées  aux  discussions  théologiques, 
et  d'établir  avec  solidité  son  senti- 
ment. I^  Traité  des  Lois ,  du  P.  Sua- 
rès ,  passe  pour  son  meilleur  ouvra- 
ge. Il  a  été  réimprimé  m^e  en  An- 
gleterre. L'abbé  de  Lon^eruc  en  fai- 
sait très-grand  cas,  aiasique  de  celui 
de  la  Religion,  Le  P.'  Ant.  -  Ignace 
Deschamps,  jésuite ,  a  publié  la  F'ie 
du  P.  Suarès,  en  latin,  Perpignan, 
1671,  in-4^.  W-is. 

àUARÈS  (  Josepu-Mabie)  ,  sa- 
vant antiquaire ,  était  iib  d'un  audi- 
teur de  la  rote  d'Avignon ,  et  naquit 
en  celte  ville  vers  la  Gn  du  seizième 
siècle.  La  culture  des  lettres  et  de  la 
poésie ,  l'étude  des  chartes  et  des  an- 
ciens manuscrits  occupèrent  tôur-à- 
tour  sa  jeunesse.   Ajant  embrassé 


i36 


•SUA 


{; 


l'ctat  ecclcsiastiqiie  y  il  fut  nommé 
iiévôt  de  la  cathédrale  d' Aviguon  : 
e  cardiual  Fxauçois  Barbcriu ,  char- 
mé de  ses  talents ,  emniaia  Siiarcs  à 
Rome,  lui  confia  le  soin  de  sa  biblio- 
thèque, et  lui  lit  obtenir  le  titre  de 
camcricr  du  pape  Urbain  YIII.  8ua- 
rèsfut,  en  iG3o  ,  promu  à  révcché 
de  Yaison.  Il  vint  prendre  possession 
de  son  diocèse ,  et  partagea  son  temps 
entre  les  travaux  évangéliqucs  ,  1  é- 
tude  de  la  numismatique  et  les  anti- 
quités. La  yillc  de  Yaison  hii  dut  le 
rétablissement  de  l'églLse  de  Saint 
Quinidius  (  f^.  le  Gallia  christiana). 
Il  se  démit,  en  i6G(i ,  de  sou  évéclié^ 
eu  faveur  de  son  frire  ;  et  revint  à 
Borne ,  où  il  fut  nommé  garde  de  la 
bibliothèque  du  Yatican  et  Yicairc 
de  la  Basilique  de  Saint  -  Pierre. 
iSuarcs  mourut  le  8  décembre  1G77. 
Allatius  a  publié^  dans  les  j4pcs  ur- 
hanœ ,  le  catalogue  des  ouvrages  que 
ce  prélat  avait  fait  imprimer  jus- 
qu'alors^ et  la  liste,  beaucoup  plus 
étendue,  de  ses  manuscrits.  Outre 
une  Traduction  latine  dos  Opuscules 
de  saint  Nil ,  ijnprimée  avec  le  texte 
grec  y  dont  il  est  le  premier  éditeur , 
des  lettres  et  des  discours,  on  a  de 
Suarcs  :  I.  Notitia  librorum  Basili- 
corum;  dans  l'édition  des  Basilic 
ques^  publiée  par  Fabrot  (  Fqy^  ce 
nom);  dans  l.e  Corpus  juris ^  Ams- 
terdam ,  i663  y  et  dans  la  BihUoth, 
or.  de  Fabricius  ,  xii  ,  4^)7.  II. 
Vc  Joraminibus  lapidum  in  pris- 
cis  œdificiis  diatriba ,  Lyon^  lÔSa . 
in-8<». ,  inséré  dans  le  Nwus  thesaur. 
deSallengre,  i^  317.  Suarès  n'a  pas 
été  aussi  heureux  que  Peiresc  dans 
l'explication  qu'il  donne  des  trous 
qu'on  remarque  sur  les  pierres  des 
anciens  édillces.  Peiresc  a  démontré 
que  CCS  trous  servaient  à  recevoir  les 
caractères  des  iu^riptions  (  F',  Pei- 
SEsc,  XXXIII,  258).  III.  Deves- 


SDA 

tibus  Ultcratis ,  sive  quibus  nomirm 
intextii  siuit  ,  diatriba  ,  Yaison  y. 
iGj,'i,  in- 4**,  lY.  Prœnesies  anii- 
qua  lihri  duo ,  cum  numismatibus, 
inscriptionibus  et  fleuris  ^  Rome, 
1 055  ,  m-^"^.  Cet  oua  rage,  rempli  dé 
recherches  intéressantes ,  a  été  t&Wr 
primé  daus  le  Thesaur.  antiquitai. 
llaliœ,  tom.  viii.  Y.  VituUciœSylr- 
vestrill ,  Pontificis  maximi,  Lyon  ^ 
]G58^  iu-4".  Suai-cs,  dit  Lenglet 
Dufresuoy,  est  louable  d'avoir  fait 
l'apologie  d'un  pape  si  étrangement 
calomnié.  Sa  dissertation  est  curieu- 
se et  peu  commime.  Y.  Descriptk- 
uticula  civitatis  u4venionensis  et 
comitatàs  Fenascini  ^  ibid.,  16689 
in-4**.  YII.  Choro^aphia  diversîs 
Fasionensis  i^rsibiis  cxpressa  (  F. 
BoYER  DE  Sainte  Marthe  ,  Y , 
4.iG).  Ylll.  Dissertatio  de  Tracala^ 
Rome,  i()G7  ,  in-4**.  L'auteur  y  re- 
cherche la  signification  de  ce  not 
ainsi  que  le  motif  pour  lecniel  on  en 
avait  fait  un  surnom  de  1  empereur 
(iOiistantin.  IX.  Conjectura  de  U" 
bris  de  Imitalione  Christ i  ,  corum- 
que  authoribus,  ibid. ,  iG(>8,  in-4*'- 
Suarès  prétend  que  les  trois  premiers 
livres  de  V Imitation  sont  de  Jean 
abbé  de  Yerceil;  qu'ils  ont  été  re- 
touchés par  Thomas  à  Kempis ,  cC 
que  le  quatrième  est  de  Gersoo.  Maïs 
ce  système  de  conciliation  ne  satisfit 
])ersonne  (  Y.  les  Considérations  de 
M.  Gence  ,  à  la  suite  de  la  Dissert» 
de  M.  Barbier,  sur  les -traduction& 
françaises del'lmitation, p.  i']S){ï), 
X.  Arcus  Septimi  Severi  auff.  œri 
incisus  ,  cum  explicatione ,  ibid. , 
1676,  iu-fol.;  fig.,  rare  et  recher- 
ché. XI.  Denumismatis  etnummis 
antiquis  dissertatio;  dans  l'/ziCro- 
duction  de.  Ch.  Patin  à  l'Hist.  des 
médailles^  Amsterdam  ,   iGSS,  et 

(i)  Voy.  PAPCMOca,  XXXII,  5i7,  Mit  i. 


SUA 

aSjrmbola  Utterariaàe  Goriy 

1-33.  Cet  opuscule  avait  pa- 
tarémeniy  Rome  1668^  in-4^. 
Lettre  sur  la  patrie  et  les  pa- 
ie la  belle  Laure  ;  dans  VHis^ 
le  la  noblesse  du  Comtat,  ftar 
-Curt  j  m  y  aoo.  Niceron  a 
lans  ses  Mémoires  y  tome  xxii  ^ 
es  de  vingt-neuf  ouvrages  ou 
les  de  Soarès  ^  mais  cette  liste 
pas  complète  (2).  On  conser- 
manuscrits  dans  la  Lîblio- 

Barberine.  Son  portrait  a  cte' 
par  Desrochers.        W — s. 
JLET  DES  NOYERS  (  Fran- 

intendant  des  finances  et  se- 
e  d'ëtat  sous  Louis  XIII ,  était 
1578,  (ils  d'un  maître  de  la 
rc  des  comptes.  Le  cardinal  de 
eu  remploya  dans  des  afl'aircs 
antes  ;  et  ce  fut  lui  qui  fonda 
merie  royale  d'abord  cftablie 
es  galeries  du  Louvre.  (  ^qy. 
oiSY  et  Trichet  ).  On  a 
il  aimait  les  arts  et  qu'il  les 
*ait  ;  cependant  ce  At  par  un 
en  contraire  qu'il  fit  biiilcr  le 

peint  par  Michel- A n^e^^m 
?  chef-d'œuvre  de  ce  grand 
! ,  et  dont  François  !«''.  avait 
le  château  de  Fontainebleau, 
en  conséquence  d'un  zële  pa- 
a'un  scrupuleux  baron  alle- 

di recteur  des  bâtiments  de 
or  y  dégrada  autrefois  dans  la 
de  Dusseldorf  les  plus  belles 
s  an  noltbre  de  près  de  cent  j 
%  avec  soin  sur  les  origi- 
CD  les  faisant  toutes  couvrir 
smlpteur  ignorant  y  en  sorte 
r  put  voir  la  Vénus  de  Mé- 
:  chemise ,  lé  Laocoon  en  cu- 
'Hercule  Famèse  en  caleçon, 


iV  parle  point ,  par  exemple ,  de  ■•  cor- 
cc  «Tcc  le  P.  Iforia  de  1  Oratoire,  que 
•  î  narrée  daas  se*  AntiquiUU€S  tccUsim 
«piat.  »g-3a ,  «le. 


SUA  i3j 

et  ainsi  du  reste.  Sublet  mourut  le  ao- 
octobre  i6^5,  dans  sa  maison  de 
Dangu ,  où  il  s'était  retiré.  T — ^d* 
SUBLEYRAS (  Pierre) ,  peintre, 
naquit  en  1 699 ,  à  Uzès ,  d'un  peintre 
médiocre ,  dont  il  reçut  les  premi<Te» 
leçons  ,  mais  qui  bientôt  ne  se^ja^a 
plus  capable  de  Itii  rien  enseigner  .Le 
jeune  Subicyras  se  rendit  à  Toulouse , 
où  il  eut  pour  maître  Antoine  Bivalz. 
A  l'âge  de  vingt-cinq  ans ,  il  vint  à 
Paris  ,  en  1^24  9  concourut  deux  ans 
après  pour  le  grand  prix  acadàni* 
que  ;  et  le  remporta.  Son  tableau  re- 
présentant le  Serpent  d'airain  ^  est 
encore  un  des  plus  estimés  de  ceux 
qui  sont  exposés  au  musée,  quoique 
le  goût  de  dessin  n'en  soit  pas  pur; 
mais  on  en  estime  la  composition  et 
surtout  l'harmonie  générale.  Parti 
pour  Rome  ,  en  17^8,  il  s'y  maria, 
en  1 789 ,  à  Maria  Felice  Tibtaldi ,  qui 
peignait  la  miniature  ,  et  dont  la 
sœur  avait  épousé  Charles  Trémol* 
licre.  Peu  après  on  le  reçut  à  Taca-^ 
demie  de  Saint-Luc ,  etson  morceau' 
de  réception  fut  une  esquisse  repré* 
sentant  Jésus-Christ  à  table  chez 
Simon  le  Pharisien.  Cette  esquisse  ^ 
ainsi  que  le  tableau  exécuté  en  grand, 
pour  un  monastère  voisin  de  Tu- 
rin ,  et  dont  il  existe  une  grawre  ^ 
l'eau-forte  par  l'auteur  mcme  ,  se 
voient  maintenant  au  musée  du  Lou- 
vre ,  qui  possède  aussi  du  même 
peintre ,  outre  son  tableau  de  con- 
cours ,  une  esquisse  de  V Empereur 
Théodose  recevant  la  bénédiction 
de  saint  Ambroise ,  et  un  tableau  ou 
plutôt  encore  une  esquisse  soignée  ^ 
repre'sentant  un  Saint  Bruno  ,  comme 
le  disent  la  Notiq^u  musée  et  quel- 
ques autres  Gatali|lies  :  mais  suivant 
M.  Lavallée  (  Galerie  du  Musée,  par 
Filhol ,  tome  vi  ) ,  Saint  Benoit  res- 
suscitant un  enfant.  L'académie  des 
ArcadicDS  le  compta  aussi  au  nombre 


i38 


SUB 


de  ses  membres  ^  ainsi  que  sa  femme; 
et  scion  l'usage  adopte'par  cette  asso- 
ciation, ils  reçurent  tous  deux  un 
nouveau  nom^  l'un  fut  appelé' Pro£o- 
gène  j  l'autre  Astérie.  Subleyras, 
aimé  des  principaux  personnages  de 
la  cour  de  Rome  y  fit  plusieurs  ta- 
bleaux pour  le  pa|>e ,  et  par  la  pi*o> 
tection  du  cardinal  Valcnti  y  il  fut 
chargé  d'en  peindre  un  pour  l'égli- 
se de  Saint  Pierre  de  Rome.  Comme 
ces  tableaux  qui ,  à  cause  de  l'hu- 
midité ne  peuvent  être  exposés  dans 
cette  basibque  même ,  sont  copiés  en 
mosaïque ,  ce  qui  les  éternise  en  quel- 
que sorte  y  l'avantage  de  les  compo- 
ser est  très -recherché  y  rai*ement 
accordé  à  des  étrangers  ;  plus  rare- 
ment encore  on  les  exécute  ainsi  du 
yivant  de  l'artiste.  Quoique  Subley- 
ras ,  dans  l'intervalle  du  temps  qu^il 
travaillait  au  sien,  eût  peint  des  por- 
traits ,  des  tableaux  de  chevalet ,  et 
qu'il  eut  fait  un  voyage  à  Naplcs  y  il 
termina  ce  tableau  en  174^  y  ^t  il 
fiit  exécuté  tout  de  suite  en  mosaïque. 
Il  représente  V Empereur  Falens , 
partisan  des  hérétiques  ,  s' évanouis- 
sant pendant  que  saint  Basile  célè- 
bre les  saints  mystères.  C'est  un 
morceau  d'une  belle  ordonnance  ,  et 
d'une  couleur  très-suave.  Subleyras , 
dont  la  santé  avait  toujours  été 
faible ,  mourut  à  Rome ,  le  a8  mai 
'  749  y  à  ^'^gc  de  cinquante  ans ,  et 
fut  enterrédans  régliscde  Saint- An- 
dré dei  Fratri.  11  laissa  quatre  enfants 
très-jeunes ,  avec  une  fortune  médio- 
cre. Il  ne  forma  point  d'élève  d'un 
talent  distingué.  Subleyras  avait  de 
la  douceur  dans  le  caractère  y  et  une 
franchise  estimabk.  11  aimait  la  lit- 
térature, la  musicpketmême  les  hau- 
tes sciences.  Ses  contemporains  eu- 
rent une  srande  estime  pour  ses  ta- 
lents :  estime  que  la  postérité  a  par- 
tagée avec  qudques  restrictions  >  car 


SUB 

il  convient  de  dire  que  si  oct  a 
fut  un  des  plus  habiles  de  sente 
il  parut  à  une  époque  de  décad 
où  l'école  romaine ,  c&  partie 
avait  beaucoup  dégénéré.  D— 
SUBLIGN  Y ,  avocat  au  parli 
de  Paris,  dans  le  dix-septième  j 
et  non  comédien  ,  comme  quel 
uns  l'ont  écrit  y  s'adonna  aux  1 
plus  ^'au  barreau ,  et  fut  avec  ] 
plaisir  {  F,  ce  nom ,  XXX ,  3k 
maître  eu  poésie  de  la  comtesse 
Suze.  Après  avoir  écrit  contr 
cine ,  il  prit  la  plume  en  sa  ù 
On  a  de  lui  :  I.  La  Folle  quel 
comédie  en  3  actes  et  en  prose  ^  i 
in-ia.  Cette  critique  de  VArûb 
que  de  Racine ,  fut  jouée  sur  k 
tre  du  Palais-Royal,  le  18  mai  i 
avec  un  grand  succès.  L'autc 
s'étant  pas  nommé ,  Racine  atl 
cet  ouvrage  à  Molière  y  o 
brouilla  ces  deux  grands  hoii 
Subligny  ,  en  faisant  imprin 
pièce,  la  dédia  à  la  marrâlM 
L'HôpitaF,  et  y  ajouta  une  1 
préffice  ,  dans  laquelle  il  re 
quelques  vers  de  la  tragédie. 
»  comédie  ne  fut  pas  ,  dit  Rac 
»  fils ,  inutile  à  l'auteur  critiqui 
»  corrigea  dans  la  seconde  é 
»  è^  Andromaquey  quelques  né| 
»  ces  de  style  y  et  laissa  uéan 
»  subsister  certains  tours  uouv 
»  que  Subligny  mettait  au  m 
»  des  fautes  de  style  ,  et  qui 
»  été  approuvés  depuis  ,  comm 
»  reux  ,  sont  devenus  famili 
»  notre  langue.  »  II.  Réponse 
Critique  de  la  Bérénice  dcR 
par  1  abbé  de  Yillars  ,  1671 
Dissertation  sur  les  Tragéd 
Phèdre  et  Hippolytey  1O.77,  i 
Ces  trois  Ouvrages  ont  été  réi 
mes  par  les  soins  de  l'abbé  G: 
dans  le  Recueil  de  Dissert 
sur  plusieurs  tragédies  de  Coi 


SUB 

Baeine-  1740  9  ^  vol.  in-ia. 
{Fausse  Clélie ,  histoire Jran- 
galante  et  comique  ,1670, 
souvent  rëimprimefe ,  V.  La 
ction  des  célèbres  Lettres  por- 
es  y  i6()9 ,  in-ia  {F,  Cuamil- 

II,    16;  GUILLERAGUES,   XIX, 

etSouzA,  XLiiiy  22a).  VI. 
ures  ou  Mémoires  de  Hen- 
Sih'ie  de  Molière  ,  167*2 ,  six 
in- 1 3 ,  rcimprimëes  plusieurs 
lareraeiit,  et  dans  les  OEuvres 
dame  d<*  Filledieu.  On  attri- 
rore  à  Subligny  ^  1  *».  La  Muse 
\ine;  1^,  le  Vésespqir  extra- 
\y  comédie  non  imprimée;  3<>. 
litres  pièces  qui  font  partie  des 
»de  Baron  (  la  Coquette  et  la 
•  Prude yCiVffomme  à  bonnes 
?s).  D'un  autre  cote,  c'est  k 
re  gentilhomme  nommé  d'A- 
qu'on  donne  non -seulement 
me  à  bonnes  fortunes ,  et  la 
\te ,  mais  encore  les  j4veniures 
ie  de  Molière;  ces  points  ne 
is  faciles  à  débrouiller  au  jour- 
— La  fille  de  Subligny  fut  une 
mières  femmes  qui  parurent 
ra  comme  danseuses  de  pro- 
.  Car  la  dauphinè  ,  et  au- 
rincesses  ne  se  faisaient  pas 
onteni  scrupule  de  danser  à  la 
ans  les  b<il]eLs,  où,  lors  des  re- 
ations  à  Paris,  les  mêmes  rôles 
mes  étaient  remplis  par  des 
s  habillés  en  femmes.  On  cite 
t  du  Triomphe  de  V Amour , 
linault  et  Henscrade,  joué  en 
comme  le  premier  où  aient 
!'^'^.  Fontaine  et  quelques  au- 
' Histoire  de  l'Opéra  dit  que 
moisellc  Subligny  panit  peu 
iij)s  après  la  demoiselle  Fon- 
,  et  fut  aussi  fort  applaudie 
sa  danse  ;  mais  elle  quitta  le 
re ,  en  1 705 ,  et  mourut  après 
ic  1736.  »  A.  B — T. 


SUB 


189 


SUCKLING  (  sir  John  ),  écrivain 
anglais  y  né,  en  1609,  à  Witton  en 
Middlescx  y  était  fils  d'un  contrôleur 
de  la  maison  du  roi.  Son  intelligence 
se  développa  de  très-bonne  heure.  On 
assure  qu'à  cinq  ans  il  parlait  ie  la- 
tin, et  à  dix  savait  écrire  en  cette 
langue.  Formé  par  la  lecture  ainsi 
que  par  la  société  des  hommes  du 
bon  ton  que  fréquentait  son  père ,  U 
fut  distingue  par  la  vivacité  et  l'a- 
grément de  son  esprit  et  par  des  ma- 
nières élégantes  et  gracieuses.  Ayant 
joint  les  drapeaux  de  Gustave- Adol- 
phe, il  fut,  dit- on  y  dans  l'espace  de 
six  mois,  présent  à  cinq  sièges^  trois 
batailles  et  quelques  escarmouches. 
De  retour  en  Angleterre,  on  le  vit 
aussitôt  lancé  parmi  les  hommes  de 
la  cour  les  plus  à  la  mode,  et  parmi 
les  plus  beaux  esprits  du  temps , 
lord  Falkland,  Davenant,  Ben  Jon- 
son ,  Digby ,  Haies  d'Eton.  C'était 
un  galant  accompli ,  dans  les  idées 
du  jour,  et  l'un  de  ceux  qui  tour- 
naient le  plus  agréablemoit  des  vers 
légers.  Il  composa ,  pour  amuser  la 
cour ,  plusieurs  pièces  de  théâtre ,  et 
déploya  sa  magnificence  dans  les  cos- 
tumes et  les  décorations  qu'elles  exi- 
geaient. Le3  lettres  de  Straflbrd  rap- 
Sortent ,  comme  un  exemple  de  pro- 
igalité  inouie,  que  la  mise  en  scène 
à'yéglaure  lui  coûta  quatre  ou  cinq 
cents  livres  sterling.  Suckling  eutbien- 
tôt  occasion  de  faire  un  emploi  bien 
différent  de  sa  fortune.  La  guerre  ci- 
vile avait  éclaté.  Les  dangers  de 
la  monarchie  l'appelèrent  aux  ar- 
mes. Ayant  obtenu  la  permission  de 
lever,  poiur  le  service  du  roi,  une 
compagnie  de  cent  cavaliers ,  il  vou- 
lut que  ses  soldats  fussent  des  nlus 
brillants  de  l'armée,  et  dépensa  aou- 
ze  mille  livres  steriing  à  leur  équipe- 
ment. Malheureusement  ces  guerriers^ 
si  richement  v^tus  y  placés  à  l'avanin 


i4o  SUC 

gai-de  des  troupes  opposées  aux  co- 
veiiaulaircs  ocussais  ,  ne  tinreut  pas 
devant  reimemi ,  et  furent  mis  en  fui- 
te à  Newburn ,  eu  1 63c),  Les  re'puLli- 
caius  n'épnrgni'rent  pas  le  ridicule  à 
]a  trou|)e  de  Sucklinp;  et  à  son  chef  ; 
et  les  épi<;ramraes  qui  furent  faites  k 
cette  occasion  n'ont  point  encore  cftë 
oubliées.  Ou  présume  que  le  chagrin 
qu'il  en  ressentit  contribua  pour 
beaucoup  à  avancer  sa  mort,  arrivée 
le  7  mai  1G4 1 ,  dans  sa  trente  -  deu- 
xième année.  Comme  il  n'avait,  en 
cultivant  la  poésie ,  cherché  que  le 
plabir  et  non  la  gloire  littéraire,  ses 
écrits  ,  imprimés  seulement  après  sa 
mort^  ont  été  )uç;és  avec  indui(;rnce. 
On  y  trouve  de  la  rudesse  et  des  in- 
corrections rpf  il  eut  été  facile  de  faire 
disparaître;  mais  on  y  tro)ive  aussi 
l'expressitm  vive  et  orij^inalo  des  sen- 
timents de  l'amour ,  du  dédain ,  de 
l'espérance  trompée.  L'auteiu*  réussit 
dans  ce  qu'on  appelle  en  Angleterre 
ballade.  On  cite  la  Session  des  poè^ 
tes ,  les  rers  à  un  rival ,  V Amant 
honnête^  la  WdWaàe  Sur  une  Noce. 
On  a  de  lui  des  Lettres  assez  bien 
écrites,  et  qui  contieiment  des  obser- 
vations (lues  ou  profondes.  Un  opus- 
cule intitulé  y  la  Religion  expliquée 
par  la  raison,  remanpiable  par  la 
solidité  du  raisonnement  et  ])ar  la 
pureté  du  style,  semblait  annoncer 
que  l'esprit  de  son  auteur ,  rapide- 
ment mûri  par  l'infortune ,  allait  se 
porter  vers  des  objets  moins  frivoles 
que  ceux  qui  l'avaient  captivé  jusque- 
là  ,  lorsqu'il  fut  enlevé  par  une  mort 
prématurée.  Ses  ouvrages  dramati- 
ipies  ,  Af^laurCy  Brennoralt  ,\cs  Go- 
helins ,  ont  disparu  du  théâtre  depuis 
long  -  temps.  8es  Olùivres  furent  pu- 
])liées,  pour  la  première  fois,  en 
1G4O,  in-8".  Le  grand  nombre  d'é- 
ditions qu'elles  ont  eues  depuis  est 
^Kiit-ctrc  dû  CD  partie  à  la  licence  qui 


SUC 

règne  dans  ses  poésies  comme  dant 
ses  lettres.  \jc  libraire  Tonson  en  a 
donné,  eu  i^iç),  l'éditioD  la  plu 
correcte  ;  et  c  est  sur  celle-ci  «raè  la 
éditeurs  de  la  Collection  des  Poka 
anglais  (ai  vol.  in -8®.,  1810  el 
î^niv.)  ont  imprimé  ceux  des  poènff 
de  Suckling  que  la  décence  leur  po^ 
mettait  de  reproduire.  L. 

SUDKT  ,(  Jeaw-Mathias),  pro- 
fessciu*  à  l'université  de  Prague,  ap- 
ta ,  dans  le  commencement  du  dix- 
septième  siècle  y  une  question  qnî , 
deux  cents  ans  plus  taitl,  a  éte'Yiv^* 
ment  discutée  d!ans  le  sein  de  Tinsti- 
tut  de  France.  Kn  i8i!i  et  iSiS, 
dans  les  inscriptions  qui  furent  ërp 
gécs  pour  célébrer  rentrée  de  nos  ar- 
mées en  Russie ,  on  confondit  les  Rus- 
ses avec  les  anciens  Roxolans;  ceqoi 
éprouva  une  vive  contradiction,  ht 
pour  et  le  contre  furent  exposés  dau 
plusieurs  séances.  Sudet,  supposant 
que  les  Russes ,  les  Roxolans  et  les  B<h 
hémiens  ont  une  seule  etmêmeorigiflic^ 
avai  t,  en  I  (>  1 4 1  posé  la  thèse  suiTanU^ 
eu  latin  :  a  Nous  établissons  et  noof 
9  soutiendrons  y  comme  très-proba* 
»  ble,que  la  nation  Bohémienne  tîit 
»  son  origine  ,  non  des  Slaves,  com- 
»  me  Tout  assuré  Énée  Sylvîus  cl 
»  Jean  Dubraw ,  mais  de  la  Russie 
»  ou   Roxolanie.  n  Cette  piemSèic 
thèse  ayant  fait  bniit  parmi  les  sa- 
vants de  la  Bohème  ;  Sudet  dërdop- 
pa  sa  pensée,  dans  une  brochure  qn  il 
fit  paraître  sous  ce  titre  :  De  origim 
Bohemorum  et  Slavonan  snbseàr 
vd  y  Joh.  -  Mathiœ  à  Sudeiis  ,  Lei^ 
zig.,  iGi5,  iii-4°.  Troïle,  recteuroe 
l'université  de  Prague ,  sVIcva  conM 
Sudet  ;  et ,  selon  les  manirs  du  temps , 
les  iu jures  ne  furent  point  épargnées 
dans  la  contestation.  Pour  une  pro- 
motion qui  devait  avoir  lieu  le  17  fé* 
vrier  iGi5,  Troile  posa  difiërenlcs 
thèses ,  parmi  lesquelles  on  renarque 


i 
t 

e 


; 


I 


SUD 

te  :  Bohemos  origine  Box(h 
e  gui  scripsit ,  an  alia  Me^ 
aUa  porcellus  loquatur, 
seconae  promotion ,  Troïie 
«  Sudet  un  discours  yëhë- 
'il  fit  imprimer  sous  ce  ti- 
Bokemid  pid  contra  Roxo- 
rague ,  i6 1 5 ,  in  -  4°.  Sudet 
^rda  point  comme  battu. 
:  thèse  qu'il  soutint  au  col- 
»lîn ,  le  'i  1  décembre  1 6 1 5 , 
t  imprimer  à  Prague ,  il  pro- 
nouveau la  question  :  Les 
ns  descendent-ils  desRoxo^ 
les  Slaves-Croates?  et  H  se 
)ur  l'origine  roxolanc.  Troï- 
posa  mie  troisième  tlièse  : 
rolania  M,  Nie.  Trdili  ad- 
jannis  -  Mathiœ  à  Sudetis 
cui  titulus  :  Quœstiones 
^ague,  i6iG.  Ici  ïroïle,  ne 
)lus  de  mesure,  disait,  entre 
Maneat  lioxolanus ,  qui, 
autBolwmus  esse  non  vult; 
tcjtha  et  Barharus  qui  suos 

To  harharis  a^noscit 

taque  ipse  Scjtha ,  Barba- 
oxolamis  sit ,  qui  et  Bohe- 
t  Germanorum  ari^inem  à 

Icducit Sipaler  ejus  in 

nimquàm  peccansset  y  ta- 
orem  injuriam  nationi  Cze^ 
'rcere  non  poluissct ,  quàm 
cmjtîium  ^enuerit.  L'uni- 
;  Prague  donna  tort  à  Sudet , 
a  ma  ^  par  un  décret  donne 
,  d'avoir  ose'  faire  imprimer 
i  sans  l'approbation  de  Tuni- 
t  du  recteur.  G — y. 

(Pikrre),  chirurgien,  na- 
aris,  le  aS  dccmibre  1739. 
î,  Jean  Sue,  maître  m  chi- 
d'ajîrès  la  déclaration  de 
ortant  que  les  examens  aux 
raient  soutenus  eu  latin,  s^é- 
ve  dans  la  nécessité ,  mal^' 
ivancc' ,  de  même  que  le  cc'- 


SUE  i4i 

lèbre  J.  -L.  Petit ,  de  se  livrer  à  l'é- 
tude de  la  langue  latine.  II  connais- 
sait trop  rimportance  des  études  pour 
ne  pas  mettre  tous  ses  soins  à  diriger 
celles  de  son  fils.  Aussi  celui-ci  avait- 
il  acquis  des  connaissances  très-éten- 
dues dans  les  langues  anciennes.  Il 
succéda ,  en  i^5a ,  à  son  père,  dans 
la  charge  de  chirurgien  de  la  ville  de 
Paris.  11  n'était  encore  que  candidat 
en  chirurgie,  et  il  fut  reçu  maître  en 
1  ^GS.Sa  thèse  deiéception  eut  pour 
titre  :  De  seciione  cœsared.  En  1  -66, 
il  épousa  M^ï»^.  Passemant,  fille  d'un 
opticien  célèbre,  dont  il  n'eut  qu*un 
fils ,  qu'il  perdit  avant  l'âge  de  pu- 
berté. En  1 7(17 ,  La  Martiuière  le 
nomma  professeur  et  démonstrateur 
de  l'école  pratique ,  conjointement 
avec  Lassus.  Il  en  résulta ,  entre  ces 
deux  professeurs ,  une  rivalité  qui  ne 
devint  que  trop  souvent  un  sujet  de 
scandale  de  la  part  du  second.  Sans 
cesse  occupé  de  l'avancement  de  la 
science ,  Sue ,  malgré  l'ardeur  de  son 
zèle  pour  le  travail ,  plein  d'aménité 
pour  SCS  confrères ,  cherchait  la  vé- 
rité de  bonne  foi.  Il  portait  dans  les 
discussions  un  esprit  de  modération 
bien  propre  à  servir  de  modèle.  Las- 
sus  ,  avec  un  désir  non  moins  vif  de 
contribuer  aux  progrès  de  la  scien- 
ce, avec  un  talent  supérieur  et  des 
qualités  brillantes ,  avait  le  tort  de 
s'abandonner  aux  explosions  d'un 
amour  propre  exccssif^et  aux  saillies 
d'un  esprit   caustique.   En  1770  , 
Sue  débuta  dans  la  littérature  mé- 
dicale ,  par  la  traduction ,  du  latin 
en  français  ,  de  la  première  édition 
(  1758  )  de  la  Pathologie  de  Gau- 
bius,  un  vol.  in-ia.  Cet  ouvrage^ 
quoique  n'ayant  pas  encore  tous  les 
développements  que  l'auteur  lui  don- 
na ensmtc,  fut  adopté  par  les  écoles, 
et  y  remplaça  la  Pathologie  de  Boer- 
haave^  d!ont  beaucoup  d'idées  parais- 


i4i  SUE 

saient  dès-lors  surannées.  Gaiibiiis  mit 
au  jour  y  en  i-^^S,  une  seconde  édition 
de  son  ouvrage.  11  en  avait  préparé  une 
troisième ,  lorsque  la  mort  l'enleva 
aux  sciences.  Son  travail  ftit  publié , 
un  an  après  (  1 78 1  ) ,  par  DaviaHahn. 
Ënfm  Ackerman  en  donna  une  qua- 
trième édition,  avec  des  additions, 
on  1787.  Sue  profita  de  ces  diverses 
améliorations ,  dans  une  édition  nou- 
velle de  sa  Traduction ,  qui  demeura 
long-temps  classique  dans  les  écolesde 
médecine.  En  1 77 1 ,  il  publia  un  Die* 
tioimaire  de  chirurgie,  en  un  vol.  iii- 
8^. ,  qui  eut  quelque  succès ,  et  dont 
une  seconde  édition  parut  en  1779. 
L'académie  de  chirurgie ,  appréciant 
son  zèle  infatigable ,  le  nomma  prévôt 
du  collège,  puis  conseiller,  commis- 
saire pour  les  extraits  et  pour  la  cor- 
respondance ,  enfin  receveur  de  ses 
fonds.  Ces  fonctions  honorables  dé- 
veloppèrent chez  lui  le  goût  de  la  vie 
sédentaire,  et  eu  même  temps  celui 
des  recherches  littéraires  médicales, 

Sour  lesquelles  il  n'avait  que  trop  de 
ispositions.  11  publia ,  en  peu  a'an- 
nées  :  I.  Êlétncnts  de  chirurgie , 
en  latin  et  en  français ,  in-8<>. ,  1774- 
II.  Eloge  de  Louis  XV ,  in-o". , 
même  aunée.  III.  Un  Discours  pro- 
noncé aux  écoles  de  chirurgie,  in-8'^, 
17*^5.  IV.  Un  Mémoire^  en  un  vol. 
in-o'\  y  1776,  sur  l 'anévrisme  de  l'ar- 
tère crurale,  dans  lequel  il  indique  le 
premier  la  possibilité  de  la  ligature 
de  l'artère  iliaque  externe,  opération 
qui  depuis  a  été  exécutée  avee  succès. 

V.  Des  Lettres  çritiqiws  sur  un  ou- 
vrage intitulé  :  Etat  de  la  médecine 
en  France,  in  -  8<>. ,  1 776 ,  insérées 
dans  les  Mémoires  historiciues ,  criti- 
ques et  littéraires  de  Goulin ,  in  -  4"« 

VI.  Un  Précis  sur  les  ouvrages  de 
Passrmant,  ingénieur  du  roi,  m-8<'.y 
1778.  Il  est  suivi  d'un  petit  Supplé- 
ment au  Dictionnaire  des  artistes 


SUE 

de  Fontenaj ,  et  de  quatre  pagode 
notes  ou  corrections  au  Supplérant 
de  la  ^rance  littéraire  de  Lapor- 
te.  VII.  Des  Essais  hisioriquet  et 
critiques  sur  l'art  des  accoudie* 
ments  chez  les  anciens  et  chez  les 
modernes ,  in  -  8*». ,  2  vol. ,  1 77^1 

VIII.  Anecdotes  de  métledne,  ekh 
rurgie,  etc. ,  a  vol.,  in  -  la^  1785.. 

IX.  Examen  d'un  ouvrage  intitidé  t 
Nouvelles  historiques ,  biographi- 
ques, de  médecine  4  in-8<>.,    1785. 

X.  Nomenclature  des  thèses  soute- 
nues au  collège  de  chirurgie ,  depuis 
1749  jusqu'en  1786,  in-4**. ,  1787. 
Tant  de  travaux  ne  l'empéchëmit 
pas  de  continuer  avec  zèle  son  pro- 
fessorat au  collège  de  chirurgie;  et, 
en  1 790 ,  le  roi  le  nomma  professeur 
de  thérapeutique  dans  la  chaire  ¥i- 
cante  par  la  mort  dliévin  ,  pkcé 
qu'il  perdit,  peu  de  temps  après,  par 
la  suppression  de  l'académie  de  chi- 
rurgie. En  1794  9  lûrs  de  la  forma- 
tion de  l'école  de  santé ,  actuellement 
Faculté  de  médecine,  il  y  fut  nommé 
bibliothécaire,  puis  professseur  de 
bibliographie ,  et  ensuite  de  médeci- 
ne légale  et  trésorier  de  cette  école. 
Son  assiduité  à  remplir  ces  dive^ 
ses  fonctions  ne  ralentit  nullemeut  ses 
travaux  littéraires.  Il  publia  bientôt, 

XI.  un  J perçu  sur  la  médecine  léga- 
le an  viii ,  in  -  8^.  XII.  un  Mémoùt 
historique  sur  Goulin,  même  année. 
XllI.  Des  Observations  sur  quelques 
maladies  des  os ,  insérées  dans  le 
Cours  de  clinique  externe,  d'après 
Dcsaidt,  de  Cassius.  Enfin,  XIV.  son 
Histoire  du  galvanisme ,  4  ^oL  in- 
8".,  1801  et  ann.  suiv.  Cet  ouvrage 
eut  le  plus  grand  succès.  C'est  un  pré- 
cis analytique  des  travaux  qui  furent 
faits ,  à  cette  époque ,  sur  le  galva- 
nisme. II  contribua  beaucoup  à  faci- 
Inbr  les  recherches  de  ceux  qui  se  li- 
vraient à  l'étude  des  faits  nouyeaux 


SUE 

icnuit  cette  branclie  impor- 
!  la  physique  ,  et  des  pheno- 
>liy$ioIogiqnes  qui  s'y  ratta- 
et  zèle  toujours  actif  de  Sue, 
dans  uu  âge  avance ,  le  ren- 
neux  pour  la  Faculté ,  dont  il 
des  membres  les  plus  assidus. 
oyait  à  l'étude ,  daus  sa  re- 
;  Yincennes ,  les  moments  que 
tions  lui  laissaient  de  libres, 
infirme  depuis  quelques  au- 
ne survécut  que  quinze  jours 
>ouse  ;  et  il  mourut  à  Paris , 
il  1816.  N— H. 

NO  AAGESON.  F.  Aage- 

NON  !*=*". ,  roideDancmart , 
lommc  Tyfve-Skcjr  {barbe 
e);  quelques  historiens  l'ont 
ppclé  Suen  Otte  ou  Othon, 
le  l'empereur  0 thon  II ,  lors- 
it  en  Danemark,  en  Q-ja^don- 
10m  à  ce  prince  alors  âgé  de 
; ,  et  le  fit  baptiser  avec  Ha- 
»taud ,  sou  père.  Impatient  de 
Suénon  se  révolta  contre  son 
s  historiens  ont  dit  qu'il  avait 
î  à  Iulin  ,  ville  de  la  Pomé- 
si  célèbre  dans  ces  temps 
arie ,  et  que  sous  les  yeux  de 
oke,  il  avait  été  formé  k  la 
p  féroce  de  cesiècle.  Animéde 
ce  que  l'on  inspirait  dans 
dIl  Suénon  se  croit  digne 
er  le  trône ,  et  demande  à  son 
*  portion  du  royaume  à  gou- 
surle  refus  d'Harald,  il  arme 
lent,  se  fait  un  parti  chez  les 
,  et  promet  aux  Danois,  en- 
cens oans  le  cœur,  de  rétablir 


lavciiu  Dictionnaire  hist.  rnlif/.  rt  bi~ 
*  rnoMcré  deux  nrticleo  daiiA  la  même 
WV,  p.  i56,  aprè.«  Ini  fn  avoir  c]«')m  don- 
Ir  i".  vol. ,  p.  3.  Lm  doubler  ou  tri- 
9  dr  cr  genrv  »ont  trop  rolhiiiuiiii  (lan« 
liUlitin  pour  mt-riter  d'rtic  bif^ualrs  : 
invieiidra  qu'il  faut  une  distraction  nu 
;K>ur  donner  deux  fois  un  article  dius  la 


SUE  ,43 

l'ancien  culte  ;  Palna-Tokc  se  joint  à 
lui  avec  sa  troupe  dévouée.  liarald 
est  obligé  de  fuir  en  Normandie,  au- 
près de  Richard,  duc  de  ce  pays. 
Celui-ci  aide  Harald  à  dompter  les 
rebelles.  Harald  pardonne  à  son  fils, 
qui,  loin  d'être  touché  de  tant  de  bon- 
té ,  arme  de  nouveau  :  sa  flotte  est 
battue;  il  se  réfugie  en  Vandalie. 
éqiupe  une  nouvelle  armée ,  descend 
secrètement  en  Sélandc,  et  apprenant 
que  le  roi  doit  passeï*  la  nuit  par  un 
bois ,  accompagne  seulement  d'un 
petit  nombre  de  gai-des  ,  il  le  tue 
d'un  coup  de  flèche.  Parvenu  ainsi 
au  souverain  pouvoir  par  un  parri- 
cide ,  en  985 ,  Suénon  rétablit  le 
culte  des  idoles.  S'il  faut  en  croire 
les  Chrom'ques  du  moyen  âge,  il  ne 
tarda  pas  à  être  puni  de  son  apos- 
tasie. Engagé  trois  fois  dans  une 
guerre  cruelle  contre  les  habitants  de 
Iulin  ,  il  fut  fait  prisonnier  chaque 
fois  ;  la  première  et  la  seconde ,  sa 
rançon  se  monta  si  haut,  qu'à  la 
troisième ,  le  trésor  public  se  trouva 
épuisé.  Daus  cette  extrémité ,  les  da- 
mes danoises  eurent  la  générosité  de 
sacrifier  leurs  joyaux  et  leurs  pierre- 
ries pour  délivrer  leur  roi.  Suénon  , 
voulant  signaler  sa  reconnaissance  , 
ordonna  qu'à  l'avenir  les  filles  eussent 
dans  les  successions  une  part  égale  à 
celle  de  leurs  frères.  Cette  disposition 
de  la  loi  existe  réellement  ;  mais  son 
origine  paraît  fabuleuse  :  en  effet , 
l'histoire  des  trois  captivités  de  ce 
prince  est  au  moins  douteuse.  Pouroo* 
cuper  l'armée  qui  l'avait  aidé  à  de- 
venir roi,  Suénon  en  employa  une 
partie  à  ravager  la  Saxe,  déjfendue 
par  Othon  III ,  tandis  que  l'autre , 
embarquée  sur  la  flotte ,  croisait  sm' 
la  mer  du  Nord ,  et  tenait  l'Angle- 
terre dans  des  alarmes  continuelles. 
Dès  991  ,  Éthelred,  effrayé  des  des- 
centes p^odiques  des  Danois^  letur 


i44  StIE 

offrit  une  grosse  somme  d'argent 
pour  qu'ils  sortissent  de  son  pays. 
Suënon^ jugeant  parla  qu'il  aurait 
beaucoup  à  gagner ,  arriva  y  l'année 
suivante ,  avec  une  flotte  nombreuse , 
renforcée  de  celle  d'Olaiis,  roi  de 
Norvège.  Ces  deux  princes  assie'gl'rent 
Londres  inutilement  :  ils  saccagè- 
rent les  provinces  voisines  ,  et  ne 
se  retirèrent  que  lors  qu'Éthelred  eut 
acheté  leur  départ  ;  mais  comme  il 
n'avait  pas  payé  entièrement  la  som- 
me convenue ,  les  Danois  revinrent 
bientôt ,  mettant  tout  à  feu  et  à  sang. 
L'îte  de  Wight  était  en  quelque  sorte 
leur  place  de  guerre;  ils  y  déposaient 
leur  Dutin.  Éthelred  se  soumit  enCn 
à  payer  trente  mille  livres  d'argent , 
somme  très  -  considérab'e  poiu*  Je 
temps ,  qui  fut  levée  par  le  moyen 
d'une  imposition  appelée  danegelt 
(  argent  danois  ).  Cette  taxe  de- 
vint dans  la  suite  d'autaut  plus  oné- 
reuse pour  les  Anglais ,  que  le  cler- 
gé et  les  moines  en  rejetèrent  le 
fardeau  sur  le  peuple.  Suénon  n'a- 
vait pas  été  présent  à  cette  expé- 
dition; il  était  allé  en  Norvéjge  , 
appelé  par  la  vengeance  de  Sigrida, 
veuve  aÉric  le  victorieux ,  contre 
Olaiis  Tryggeson,  Il  répudia  sa  fem- 
me Gunild  ,et  épousa  Sigrida.  Olaiis , 
mécontent  de  cette  alliance,  enlève 
Tliyra,  sœur  de  Suénon, l'épouse,  de- 
mande k  celui-ci  les  biens  de  cette 
sœur,  qu'il  retient  injustement,  et  ar- 
me une  puissante  flotte .  Suénon,  aidé 
des  secours  du  roi  de  Suède,  et  d'É- 
ric, seigneur  norvégien,  défait,  sur 
les  cotes  de  Poméranie,  Tannée  nava- 
le d'Olaiis  qui ,  de  désespoir ,  se  pré- 
cipite dans  la  mer.  Une  partie  de  la 
Norvège  échoit  à  Suénon,  et  lui  four- 
nit de  nouveaux  moyens  de  nuire  à 
l'Angleterre.  Éthelred  ,  non  moins  lâ- 
che que  perfide ,  avait  fait  égorger  en 
un  seul  jour  (a3  février  looa)  tous  les 


StTE 

Datkois ,  hommes ,  femmes  et  c 
qui  se  trouvaient  dans  ses  éu 
sœur  de  Suénon  fut  décapitée 
avoir  vu  massacrer  ses  en£a 
cette  nouvelle,  Suénon  sort  ai 
flotte  de  trois  cents  vaisseaui 
cend  en  Comouailles ,  s'avanc 
le  pays ,  brûle  Exeter ,  passe 
bitants  au  fil  de  l'épée,  défai 
mée  d'ÉtheIred  ;  et ,  après  avoi 
pli  r Angleterre  d'incendies  et  < 
nage,  il  retourne  passer  l'hi^ 
Danemark.  Ce  prince  continu, 
les  ans ,  des  expéditions  semb 
Éthelred  se  racheta,  eu  loo! 
une  grosse  somme.  L'année  suj 
les  Danois  en  exigent  une  pa 
prétendant  qu'on  leur  a  proi 
tribut  annuel.  Les  Anglais  tent 
dernier  elFort  pour  se  défend] 
sont  défaits.  I^es  Danois  s'em 
de  l'Angleterre  orientale.  Canti 
est  pris.  En  ioi3,  Su<$non  i 
Loudres  ;  Éthelred  se  réfugie  c 
mandie.  Londres  ouvre  ses  po 
Suénon ,  qui  est  proclamé  roi 
gleterre.  On  doute  cependant 
ait  été  couronné.  Il  mourut  en 
sans  que  l'on  sache  par  quell 
se  :  mais  il  paraît  que  sa  lin 
pas  naturelle;  on  en  raccnte  le 
constances  assez  diversement 
fils  Canut  lui  succéda.  E- 

SUÉNON  II,petit.filsdupréc 
par  sa  fille  Estrith,  en  reçut  l 
d'Estrithson.  Son  père  était  le 
Ulson,  arrière-petit-fils  d'Olai 
roi  de  Suède.  La  race  mascul 
Ciauut-le-Graud  s'étanl  éteinte 
la  personne  de  Hardi  Canut,  5< 
Magnus  I^^.  ^  j^q[  ([©  Norvège , 
succédé  à  ce  dernier,  en  ïol^'à 
un  traité  conclu  avec  lui  (  /^. 
wus  I".„xxvi,  i44)«  Tous  î< 
torieus  représentent  Suénon  c 
un  jeune  nomme  doué  de  to 
avantages  extérieurs  et  des  pli 


su 

ditëf .  Comblé  d'honneurs  par 
iSf  et  uommë  vice  •  roi  de  Da- 
li,  il  fit  soulever  ce  pays  con- 
prince;  mab  plusieurs  fois 
,  il  était  encore  errant  en 
,  lorsqu'il  Y  apprit,  en  1047, 
t  de  son  bienfaiteur ,  qui  l'ap- 
au  trône.  11  fut  reçu  à  bras 
s.  Harald ,  roi  de  Norve'ge , 
iToîr  inutilement  essayé  de  lui 
a  couronne ,  ravagea  lé  Jutland 
Dt  plusieurs  campagnes  consé- 
s.  8uénon  alla  le  chercher  avec 
te  y  et  le  combattit  sans  rcsul- 
rqué.  La  guerre  dura  plusieurs 
»  avec  une  fureur  incroyable.  £n- 
it  décidé  qu'un  combat  général 
lit  fin  aux  hostilités.  Ce  combat 
u  le  10  août  io63.  Suénon  fut 
1 ,  et  ne  put  échapper  à  la  mort 
ir  la  générosité  de  l'amiral  uoi> 
i,  qui  lui  permit  de  regagner 
its.  11  leva  une  nouvelle  armée, 
ée  suivante ,  les  deux  rois ,  las 
guerre  si  cruelle ,  eurent  une  en- 
f  sur  les  bords  du  Gœtha-elf ,  et 
irent  de  garder  chacun  ce  qu'ils 
laient.  Quelques  années  après  , 
n  y  apprenant  que  la  dureté  du 
mement  de  GuilIaume-le-Con- 
it  causait  beaucoup  de  murmu- 
1  Angleterre  fit  partir  son  frère 
D  y  avec  une  flotte  considérable, 
ci ,  débarqué  sur  les  côtes  du 
iumberland^  fut  joint  par  des 
ais  f  des  Danois  établis  dans  le 
et  beaucoup  de  mécontents.  Dé- 
ivait  emporté  York.  Guillaïune 
offrir  une  grosse  somme  par  des 
lires,  et  se  dclKirrassa  ainsi  de 
nemi.  Elsbern ,  de  retour  eu  Da- 
rk ,  après  avoir  perdu  une  par- 
ses  vaisseaux  par  une  tcrai)e- 
t  envoyé  en  exil  par  son  frère 
Suénon  avait  épousé  Gytha  ^ 
3  Jacques  Amund,  roi  de  Suède, 
le  elle  était  sa  parente  k  un  de- 

XI.IV. 


SUE 


I   5 


gré  éloigné ,  il  fut  forcé  de  s'en  s'fpa- 
rer ,  sur  les  représentations  d'Aoel- 
bert ,  archevêque  de  Brème  ;  mais  en 
mémo  temps  il  reprit  plusieurs  maî- 
tresses qu'il  avait  écartées.  Il  e&  eut 
douze  enfants  ,  dont  plusieurs  oc- 
cupèrent le   trône.    Aoelbert  ,  qui 
avait  excité  le  ressentiment  de  Sué* 
non ,  vint  à  bout  de  le  fléchir ,  ei^ 
l'allant  trouver  à  Siesvig,  et  l'en- 
gagea même  k  conclure  un  traité  d'al- 
liance avec  l'empereur  Henri  IV^  qui 
était  alors  en  guerre  avec  Adolphe  ^ 
duc  de  Saxe ,  et  ses  alliés.  Henri  pro- 
mettait à  Suénon  une  partie  de  ses 
conquêtes ,  h  condition  qu'il  fît  chez 
les  Saxons  une  irruption  du  côté  de 
l'Elbe.  Celui-ci  remonta  effectivement 
ce  fleuve;  mab  son  armée  déclara, 
qu'elle  ne  voulait  pas  attaquer  d'an- 
ciens amis ,  et  Suénon  fut  obligé  de 
retourner  en  Danemark.  Ce  prince 
ayant  fait  assassiner  y  dans  une  église 
de  Roskild,  des  seigneurs  qui  s'étaient 
permis  des  propos  injurieux  sur  son 
compte ,  Guillaume ,  évêque  de  cette 
ville  y  lui  défendit  l'entrée  du  lien 
saint,  en  lui  reprochant  publique- 
ment son  crime.  Suénon  reconliut  sa 
faute ,  et  offrit  de  réparer  le  scandale 
qu'il  avait  donné.  H  passa  les  der- 
nières années  de  sa  vie  dans  des  exer- 
cices de  pénitence ,  et  mourut  le  8 
mars  1074*  Adam  de  Brème ,  qui  vi- 
sita le  Danemark  durant  le  règne  de  ce 
S  rince ,  le  dépeint  comme  très-versé 
ans  lés  lettres ,  et  dirigeant  lui-mê- 
me les  clercs  qu'il  envoyait  prêcher 
en  Suède,  eu  Norvège  et  dans  les  îles 
voisines.  H  ajoute  qu'il  était  très-af- 
fable et  généreux  envers  les  étran- 
gers^ et  qu'il  n'avait  d'autre  vice 
que  l'incontinaice.  Harald  III  et  qua- 
tre autres  Gïs  de  Suénon  régnèrent 
après  lui.  —  SuÉifON  III ,  fils  d'Éric 
Ëmund,  fut  surnommé  Grathcy  du 
nom  d'une  bauille  où  il  périt.  Après 


10 


i46  SUE 

rabdioatkmd'ÉnclIlCl'ÂeiieAu) ,  en 
1 1 47  y  il  contesta  la  couronne  à  Ca- 
nut V  (  Voy.  l'article  de  ce  dernier  , 
VI ï,  4^).  Ces  querelles  dureront 
pendant  tout  son  règne ,  maigre  des 
traités  de  partage  souvent  signes  ;  et 
le  royaume  éprouva  toutes  les  hor- 
reurs de  la  guerre  civile.  Suénon, 
ayant  fait  assassiner  Canut ,  en  1 1 5o , 
devint  l'objet  de  la  haine  publique. 
Yaldemar  qui ,  d'après  un  accord 
fait  ayec  les  deux  autres  princes,  pos- 
sédait le  Jutland  indépenidamment  du 
Slesvig^  son  patrimoine ,  parvint  à 
échapper  aux  embûches  que  Suénon 
lui  avait  dressées ,  et  se  sauva  dans 
la  péninsule. Suénon  l'y  suivit,  espé- 
rant le  surprendre  avant  qu'il  eût 
eu  le  temps  de  se  mettre  en  défense  ^ 
mais  Valaemar  était  prêt  à  le  rece- 
voir ,  et  soutint  plusieurs  combats , 
dont  aucun  ne  fut  décisif.  Enfin ,  le 
^3  octobre  1 1  !>7 ,  les  deux  ennemis 
se  rencontrèrent  dans  la  plaine  de 
Grathe ,  près  de  Viborg.  Suénon  bat- 
tu prit  la  fuite  ^  et  en  traversant  un 
marais ,  y  enfonça,  et  fut  retenu  par 
le  poids  ae  ses  armes.  Des  soldats  de 
Valdcmar  Ty  découvrirent  ^  et  lui 
tranchèrent  la  tête.  Suénon  avait 
épousé  Adélaïde,  fille  de  Conrad, 
margrave  de  Misnie.  Il  n'en  eut 
ou'une  fille ,  qui  fut  mariée  à  Ber* 
tnold  H  y  comte  d'Andechs ,  mar- 
grave d'Istrie,  vers  11 76.    E — s. 

SUÈRE  DUPLAN  (Jean-Mau- 
rice ) ,  né ,  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle ,  à  Rieux  ^  d'une 
famille  noble,  embrassa  l'état  ec- 
clésiastique, et  partagea  son  temps 
entre  les  devoirs  du  ministère  et  la 
culture  des  lettres.  Affligé  de  voir  les 
langues  anciennes  négligées^  il  conçut 
le  projet  d'en  ranimer  le  goût,  en 
faisant  imprimer ,  à  ses  frais  ,  de 
nouvelles  éditions  d'ouvrages  grecs  , 
dont  il  distribuait  gratuitement  les 


SUE 

exemplaires.  En  1786  9  il  do 
Psautier  y  en  grec,  suivi  de: 
cip^ales  hymnes  de  l'Église , 
prières  de  la  messe ,  dans  la 
langue.  Il  annonce ,  dans  la  pi 
son  intention  d'employer  ses 
gnes  à  oublier  des  éditions  co 
desmf  illeurs  ouvrages  grecs  et 
11  invite  les  personnes  zélées 
l'instruction  de  la  jeunesse  ^ 
adresser  leurs  ouvrages,  qu*i 
gage  à  faire  imprimer  ,  et  téi 
te  désir  de  voir  quelque  habile 
niste  entreprendre  une  trac 
grecque  des  ff/mnes  de  Santei 
niversité  de  Paris  s'empressa  ( 
citer  Suère-Diiplan  sur  un  proj* 
l'exécution  devait  être  fort  ut 
bonnes  études.  11  publia,  en 
un  recueil  de  discours  (  Con 
swe  orationes  ex  grœcis  his 
excerptœ  ^ ,  Paris ,  un  vol.  in- 

1788,  une  édition  grecque 
pnocle ,  ibid. .  a  vol.  in-ia 

1 789 ,  les  Racines  de  la  long 
Une  (  mises  en  vers  français  ) 
cédées  d'un  Discours  de  saint 
soslome ,  grec  et  français ,  sur 
cation,  in-i a.  Cet  ouvrage,  l'ej 
savant  Fourmont  (  F.  ce  nom 
3^^  ),  était  devenu  rare;  et 
rendre  un  véritable  service  qu 
re}>roduire;  mais  on  ne  sait  coi 
le  nom  de  Suère-Duplan  se 
seul  sur  le  frontispice  de  la  réi 
s  ion.  Sa  probité  bien  conuw 
modestie  repoussent  l'idée  qi 
eu  rintcntion  de  s'approprier 
va  il  de  Fourmont  :  il  est  plu 
bable  que  l'imprimeur  y  aui 

'  sou  nom  sans  le  consulter  ( 

(1)  r^  ouv I âge,  qu«  Fourmont  «Tiiit 
Aant  mror«'  ôroliiMrf  fut  rni|iloyr  commr I 
•iqurau  collège  Riaiarin  :  rêditiou  l'utasM 
trturat  épuîkéf ,  rt  une  IncMcerte  de  c 
ayant  empêché  Ja  réimpreuton ,  il  devin 
fiijiil  par  «trc  onblié  (f  o^.  l'Éloge  d«  Fi 
par  r  rrret ,  Aemd.  drs  tntrr. ,  tom.  XV  i 
4i9.  )  L«  r^NnprfMÎuo  d«iMM»  «  ifSç,  i 


SUE 

et  savant  ecclésiastique ,  e'cbap- 
aime  par  miracle ,  aux  ora  ges  de 
olution  ,  est  mort  oublie ,  dans 
irantde  1806.  Aucun  des  jour- 
lîtteraires  qui  paraissaient  en 
«  à  cette  époque ,  n'a  paye' , 
uelqucs  lignes ,  un  tribut  de  re- 
issance  à  la  mémoire  d'un  ci- 
bienfaisant  dont  la  fortune  et 
îilles  avaient  été  consacrées  à 
iser  le  progrès  des  bonnes  étu- 
ms  sa  patrie.  Indépendamment 
livra  ges  cités  ,  on  a  de  Suère- 
m  :  un  Essai  d'office  enfran- 
avec  une  préface  enricnie  de 
3ns  des  Pères,  favorables  à  cette 
ation.  W — s. 

fÊTONE  (  Cjius  Suetonws 
fQUiLLUS  ) ,  historien  latin  , 
t  au  premier  siècle  de  Tère  vul- 
,  et  mourut  au  deui^ième ,  on 
it  pas  en  quelles  aimées.  Seule- 
,  comme  il  dit  qu'il  était  fort 
encore  sous  Demi  tien ,  vingt  ans 
la  mort  de  Néron ,  c'est-à-dire 
^,  on  a  lieu  de  le  croire  né 
Vespasicn,  entre  64  et  79.  Il 
apprend  aussi  que  son  père, 
mius  Lenis,  était  tribun  de  la 
t:me  légion ,  et  combattait  à  Bé- 
,  où  Vitelliiis  vainquit  Otlion. 
t  dit  avoir  lu ,  dans  un  manus- 
Linus  au  lieu  de  LeniSy  et  il 
cture  que  ces  syllabes  Linus  y 
dées  d'une  petite  lacune,  sont 
ornières  de  PauUinus ,  d'où  il 
ut  que  riiistorion  Suétone  était 
Il  général  Suétone  Paulin  (  ^o;^. 
:1e  suivant).  Cette  opinion ,  quoi- 
>utenucpar  quelques  auteurs  mo- 
s ,  avant  et  après  Muret,  est  gé- 
pment  abandonnée ,  comme  in- 
liablc  avec  diverses  circonstan- 


er  .Siii-n'-PiipIan  qiip  comme  tditrur  :  le 
t  ainsi  cuiirii  :  I.<"i  Kariues  de  la  langue  la- 
r«-»<nilées  .'•  U  ifuiicssc,  par  J.  M.  DfsutTe 


SUE  147 

ces  des  récits  de  Suétone  et  de  Tacite. 
Paulin  était  général ,  sénateur^  con- 
sulaire^ Lenis  n'est  désigné  par  son 
fils  que  comme  un  simple  chevalier, 
angusti'Clai^ius,  D'autres  ont  prë-<» 
tendu  que  l'historien  Suétone  était 
petit-fils  jde  Paulin  :  ce  qui  est  fort 
peu  vraisemblable  encore;  car  Sué- 
tone parle  de  son  propre  aïeul  ^  sans 
le  désigner  comme  un  personnage  cé- 
lèbre. Il  faut  donc  se  contenter  de 
savoir  qu'il  était  fils  de  Xenû:  Bajle 
a  remarqué  la  conformité  de  ce  sur- 
nom avec  celui  de  TranquiUus.h^m- 
time  et  inaltérable  amitié  qui  a  régne 
entre  Suétone  et  Pline  le  jeune  a  fait 
conjecturer  qu'ils  étaient  compatrio- 
tes ,  tous  deux  nés  dans  la  Gaule  ci- 
salpine (^.  Pline  le  jeune,  XXXV, 
76  )  :  c'est  un  point  sur  lequel  on 
n'a  pas  non  plus  de  renseignements 
positifs  à  l'égard  de  Suétone;  mais 
quatre  lettres  de  Pline  lui  sont  en 
eflet  adressées.  La  première  (1.  i.  ep. 
18  )  tend  à  dissiper  les  alarmes 
qu'un  son^e  avait  inspirées  au  Jeune 
Suétone ,  la  veille  du  jour  où  il  cievÂit 
plaider  une  cause  :  il  était  donc  alors 
avocat  ;  peut-être  même  avaitnl  aussi 
donné  des  leçons  de  grammaire  ,  de 
rhilorlque  y  et  plaidé ,  dans  les  éco- 
les ,  àts  causes  imaginaires  :  c'est  du 
moins  ce  que  l'on  pourrait  conclure 
d^un  texte  de  Suidas ,  et  de  quelques 
mots  d'une  lettre  de  Pline  à  Hispa- 
nus  (  1. 1  ^  ep.  24  )•  P^i*  ^^  seconde , 
de  celles  qui  sont  écrites  à  Suétone 
lui-même  (1.  m ,  ep.  8) ,  on  voit  que 
celui-ci  avait  été  nommé  tribun  mili- 
taire a  la  sollicitation  de  son  ami, 
mais  qu^il  consentit  à  céder  cet  hon- 
neur à  Ga?sennius  Silvanus.  Dans  une 
troisième  épître  (  v ,  11  ) ,  Pline  le 
presse  de  publier  des  ouvrages  déjà 
composés  et  impatiemment  attendus. 
La  quatrième  (  ix ,  34  )  ne  tient  point 
à  l'histoire  personnelle  de  Suétone; 


10.. 


i48  SUE 

mais  c'est  pour  lui  que  Pline  le  jeune 
écrit  h  Trajan  la  ciuafre-vingt-quin- 
zième  lettre  du  livre  x.  Nous  y  ap- 
prenons que  Suétone  s'était  marid  et 
n'avait  point  eu  d'enfants  :  l'empe- 
reur est  supplie  de  lui  accorder  le 
jus  trium  Uberontm  ,  c'csl-à-dire 
les  exemptions  et  privilèges  de  ceux 
qui  avaient  trois  lils  ;  c'était  une  fa- 
veur dilTicile  à  obtenir,  et  que  pour- 
tant l'empereur  ne  refusa  point.  Suc'- 
toue  demeurait  alors  chez  Pline,  qui , 
en  le  voyant  de  plus  près,  l'estimait 
et  le  che'i  issait  davantage  :  Suetomum 
Tr.  prohissimum ,  honestissimum  , 
vruditissimum  virum  jàm  pridern  in 
contubcrnium  acccpi ,  tanlbquc  ma- 
gis  diligcrc  cœpi  quanlh  hune  pro- 
piàs  inspexi.  Nous  ne  savons  rien 
du  surplus  de  sa  vie ,  sinon  par  quel- 
ques lignes  de  Spartien ,  où  il  est  dit 
qu'étant  devenu  secrétaire  (  magis- 
Per    epistolarum  )   de   l'empereur 
Adrien,  il  pei'dit  celte  place  pour 
s'être  conduit,  à  l'egaiil  de  l'irape'- 
ratiice  Sabine ,  avec  plus  de  familia- 
rité qu'il  ne  convenait.  Moréri  et 
d'autres  biographes  emploient  le  ter- 
me de  pris^Mttés  en  traduisant  ce 
Sassage  :  mais  Tillemont  obser\*e  ju- 
icieusement  que  l'histoire  ne  ^ex- 
plique pas  sur  la  nature  des  liber- 
tés que  Suétone  et  d'autres  oHicicrs 
avaient  pu  prendre  avec  Sabine  ;  et 
d'ailleurs ,  si  les  mots  injussu  ejus , 
qui  se  trouvent  dans  le  texte  de  Spar- 
tien, signifient  sans  l'ordre  de  l'em- 
pereur ,  le  sens  qu'on  a  voulu  donner 
à  familiariùs  V gérant  ^  n'est  aucune- 
ment admissible.  Quoi  qu'il  en  soit , 
Suétone  fut  renvoyé  de  la  cour  impé- 
riale en  l'année  12 1  ^  et  nous  ignorons 
combien  de  temps  il  siu^écut  à  cette 
disgrâce.  Dans  la  liste  assez  longue 
de  ses  écrits  ,  on  a  placé  un  livre  sur 
les  hommes  ilhistres ,  et  même  celui 
cpie  Laitance  indique ,  en  disant  (fiie 


SUE 

Tarquitius ,  dissertant  sur  les  per- 
sonnages  célèbres  y    de  illustnku 
viris  disscrens  y  rapporte  qii'EscQ- 
lape  fut  exposé  aussitôt  après  sa 
naissance,  et  allaité  par  une  chienne. 
On  veut  que  Tarquitius  soit  une  al- 
tération de  Tranquillus.  Yossius , 
pour  réfuter  cette  opinion ,  observe 
qu'il  y  a  en  im  auteur  réellement 
nommé  Tarquitius  ^  dont  les  livres 
sont  cités  ,  non -seulement  par  Lac- 
tance,  mais  aussi  par  Ammien  Mar- 
cellin.  Cependant  saint  Jérôme  et 
V incentde  Beauvais  font  mention  d'ufi 
livre  ou  d'un  Catalogue  virorum  il- 
histrium  ,  rédigé  par  Suétone ,  et  où 
se  trouvait  un  article  sar  Pline  l'an- 
cien. On  a ,  d'après  ces  indications, 
attribué  quelquefois  h.  Suétone ,  ainsi 
qu'à  Pline  et  À  Cornélius  Nepos , 
le  recueil  de  Notices  hbtoriques, 
qui  a  été   reconnu  depuis  pour  one 
production d'Aurclius  Victor  (  Fqy. 
ce  nom,  ITI ,  78).  Mais  Suétone  avait 
écrit  en  effet  plusieurs  livres  qui  ne 
subsistent  plus  :  un  sur  les  jeux  (  oa 
les  écoles)  des  Grecs,  deux  sur  les 
spectacles  des  Romains  >  deux  sur  ks 
lois  et  les  coutumes  de  Rome,  un  sur 
la  vie  de  Cicéron  ou  sur  son  Traité 
de  la  république ,  trois  sur  les  roîs^  un 
sur  les  oflices  y  et^  selon  Priscien,  jus- 
qu'à huit  sur  les  préteurs  ;  de  plus  dès 
tableaux  généalogiques;  des  txAéi 
sur  l'année  romaine,  sur  les  noms  pro- 
pres ,  sur  les  paroles  de  mauvais  au- 
gure, sur  les  notes  dont  se  seryaicnl 
les  grammairiens  ou  critiques;  surks 
défauts  corporels ,  sur  les  différentes 
formes  d'habillements;  enfin  des  mé- 
langes intitulés  De  rdfus  variai,  ou 
Prata  ou  Parerga,  Les  auteurs  qm 
citent  ces  ouvrages   avec  plus  on 
moins  de  précision  sont  Âtungcfle, 
TertuUien,  Charisius,  Seryius,  Au- 
sone ,  Priscicn  ,.  Isidore  de  SévîDe , 
Tvtzcs  et  SuidA.  Nous  ne  tenons  pas 


I 


SUE 

c  d'uDe  Hisioria  ludicra ,  qui 
;  n'être  ,  troas  qu  autre  titre , 
nirragc  sur  les  jeux  des  Grecs 
;  Romains  ,   ni  d'un  Traite 
sibus  puerorum ,  ce  dernier 
étant,  selon  toute  apparence, 
faute  des  copistes  de  ôervius', 
I  de  Grœcorum.  U  im  reste 
d'hui  de  Suëtone^  outre  les 
les  douze  Césars ,  que  de  très- 
s  Notices  sur  les  grammairiens, 
rhéteurs ,  sur  Tércnce ,  Hora- 
icain.  Perse,  Juvcnal  et  Pline 
n^  encore  ce  dernier  article, 
consiste  qu'en  douze  ou  quinze 
est-il  évidemment  suppose  ;  car 
UT  paraît  y  confondre  les  deux 
erreur  dans  laquelle  ne  pouvait 
r  l'intime  ami  du  second.  Les 
>  qu'on  a  élevés  sur  les  articles 
al.  Perse  et  Lucain  sont  beau- 
noins  fondés;  on  y  retrouve  la 
a  de  Suétone,  ainsi  que  Ta 
c  Saumaise.  L'authenticité  des 
qui  concernent  Horace  et  Té- 
n'a  point  été  contestée.  Ces 
Notices  faisaient  partie  d'un 
historique  sur  tous  les  poètes 
,  qui  comprenait  une   vie  de 
e ,  dont  le  grammairien  Donat 
rait  quelques  lignes.  Le  livre 
béteurs  illustres  ne  nous  est 
nu  que  réduit  à  six  chapitres, 
>n  rencontre   néanmoins   plu- 
faits  d'histoire  littéraire  qui 
lisent  point  autre  part  :  il  eu 
ire  autant  du  livre  des  gram- 
»ns  (romains) ,  qui  est  d'ail- 
plus  étendu  et  peut-être  même 
et.  C'est  par  son  Histoire  des 
Césars  que  Suétone  est  princi- 
ent  connu  :  cet  ouvrage ,  ualu- 
lent  divisé  en  douze  parties, 
i  quelquefois  en  huit,  dont  les 
remièrcfe   correspondaient  aux 
?miers  empereurs  :  Jules-César, 
e,  Tibère ,  Caligula ,  Claude  et 


SUE 


i4o 


Nérou  ;  la  septième  comprenait  Oàl- 
ba  ,  Othon  et  Vitellius,  et  la  huitiè- 
me, le^  empereurs  de  la  famille  Fia- 
vieuuc  Vcspasien ,  Titus  et  Domitico. 
Mais   cette   division  n'appartenait 
qu'aux  copistes ,  et  die  n'étaîjt  point 
uniforme;  car  Loup  de  Ferriëres  ne 
partageait  l'ouvrage  qu'en  deux  li- 
vres ,  et  Vincent  de  beauvais  en  comp- 
tait douze.  Comme  les  premières  A- 
gnes  de  la  vie  de  Jules  César  sç  rap- 
portent à  une  époque  où  il  est  âgé 
déjà  de  seize  ans ,  on  a  supposé,  non 
sans  quelque  probabilité ,  que  le  com- 
mencement oe  ce  livre  était  perdu;  et 
Louis  Vives  a  pris  la  [)eine  d'en  ré- 
tablir les  premières  pages.  Suétone 
s'est  proposé  de  tracer  le  tableau  des 
mœurs  privées ,  de  la  conduite  per- 
sonnelle de  chacun  de  ces  douze  prin- 
ces^ plutôt  que  celui  des  aflaires  poli- 
tiques et  militaires  de  leurs  rëgn^. 
11  ne  suit  pas  rigoureusement  l'ordre 
chronologique  des  faits;  et  néanmoins, 
ainsi  que  le  cardinal  Noris  l'a  re- 
marqué, il  ne  s'en  écarte  pas  autant 
qu'on  le  pourrait  croire;  d  fait  cor- 
respondre ,1e  plus  qu'il  peut ,  la  dis- 
tribution des  matières  à  la  succession 
des  temps.  En  général,  ou  rend  hom- 
mage à  l'exactitude ,  à  la  véracité  de 
cet  historien  :  Linguet  qui  l'a ,  dans 
le  dernier  siècle,  accusé  de  mensonge 
et  de  calomnie,  a  été  victorieusement 
réfuté  par  Tiraboschi  et  par  liaharpe. 
On  a  reproché,  avec  plus  de  justice, 
à  Suétone  ,  d'avoir  fait  un  recueil 
d'anecdotes  souvent  scandaleuses,  et 
quelquefois  si  scandaleusement  ra- 
contées ,  qu'il  y  a  presque  autant  de 
licence  dans  les  récits  que  dans  les 
actions  mêmes ,    comme   le   disait 
saint  Jérôme.  De  telles  peintures,  en 
cfl'ct ,  ne  sont  profitables  que  lors- 
qu'elles sont  décentes;  et  pour  mon- 
trer h  nu  la  dépravation  et  Tignonri- 
uie  dos  Tibère  et  des  Néron ,  il  fallait 


i5o 


SUE 


ime  sagesse ,  un  goût,  un  art ,  qui  man- 
quaient à  Suc'tonc.  Mais  Tillemont  et 
a'autrcs  censeurs,  qui  se  plaignent  de 
son  excessive  liberté',  conviennent 
du  moins  qu'il  est  vendiquc.  On  a  vu 
quelle  idée  avait  conçue  de  sa  pro- 
bité son  contemporain  Pline  le  jeune. 
Yopiscus  l'a  depuis  qualifié  emen- 
datissimus  et  candidissimus.  Au  re- 
nouvellement des  lettres,  Ange  Po- 
litien ,  Érasme^  Bodin,  Vives ,  Juste 
lipse,  etc. ,  ont  décerné  à  son  ou- 
vrage de  magnifiques  éloges  ,  aux- 
quels peut-être  ils  n'ont  pas  mis  assez 
de  restrictions.  Nous  le  trouverions 
mieux  aprécié  par  I^a  Harpe  (Lycée, 
part.  I ,  liv.  III,  c.  i ,  sect.  i)  :  a  11 
»  est  exact  jusqu'au  scrupule  et  ri- 
»  gourcusement  méthodique;  il  n'o- 
»  met  rien  de  ce  qui  concerne  Tliom- 
»  me  dont  il  écrit  la  vie;  il  rapporte 
»  tout,  mais  il  ne  peint  rien.  C'est 
»  proprement  un  anecdotiery  si  l'on 
»  peut  se  serA'ir  de  ce  terme ,  mais 
»  fort  curieux  à  lire  et  à  consulter.  » 
De  nombreux    manuscrits  de    ces 
douze  vies  se  conservent  à  Rome,  à 
Paris,  à  Turin,  à  Zurich,  à  Berne.... 
et  ont  servi  à  préparer  des  éditions 
qui  se  sont  extrêmement  multipliées. 
Les  div-luiit  pi*emicres  ont  été  pu- 
bliées avant  l'année  i5oo  ;  et  depuis 
ce  temps  on  en  compterait  plus  de 
cent  antres,  en  écartant  celles  qui  ne 
se  recommandent  à  aucun  titre.  Nous 
ne  pourrons  indiquer  ici  que  les  plus 
prérirnses  et  les  plus  utiles:  Home, 
1 470  ,  au  mois  d'août ,  iii-fol.  :  c'est 
la  prcini'  rcde  toutes);  Rome,  Sweyn- 
h('imril*annartz,  i470,in-fol.;  Ve- 
nise, Jan-on,  1471  ,in-fol....  Venise, 
Aide,  i3iG,  in-8«...  Genève,  iSq^, 
in-4". ;  Paris,  imprimerie  royale, 
1 04  i ,  in- 1  '1  ;  Amsterdam ,  Elzévir , 
i(»5o,  in-  j...  Utreclit,  1O79,,  in- 
4**.;  Paris,  1G84,  în-4"- 1  ^  Tusage 
n  Daupiiiu;  Dtrccht,  i(k)o,  1  vol. 


SUE 

iiv-S^.;  Lenwarde ,  1 7 1 4  >  a  toL  ni" 
4^.  9  Amsterdam ,  1 786,  s  vol.in-4^.; 
Leipzig,  1 748 , in-80.  ;  Leydc  ^  >  7^ i , 
in-8*».  ;  Deux-Ponts,  1800,  in-o°.  j 
Leipzig,  i8o4>  9  vol.  in-80.  Les 
principaux  éditeurs  de  Suétone  ont 
été  G.  Ant.  Campanus ,  J.  J.  André, 
évêque  d'Alérie,  Égnatius  y  Érasme, 
Isaac  Casaubon ,  Grufer  ,  Graevius^ 
Pitiscus,  Oudendorp,  E'mesti;  mais 
plusieurs  autres  savants,  Phil.  Be- 
roaldo ,  H.  Lorit  {Glarcanus)y  To^ 
rentius,  Juste-Lipse^Boxhom,  Pierre 
d'Almeida ,  etc. ,  ont  contribué ,  par 
des  recherches  et  par  des  notes,  il 
éclaircir  le  texte  de  cet  auteur.  Il  t 
été  traduit  en  italien  par  Paul  dd 
Rosso ,  dont  la  version ,  publiée  en 
i554  ,  a  été  réimprimée  à  Venise  en 
1 788,  în-4^.  ;  en  espagnol ,  par  Jai- 
mo  Barlholomeo ,  Tarragone,  1 5g5; 
en  anglais,  par  Philémou  Toland, 
Londi-es,  \oG6  ,  in-fol.;  par  J.  Hu- 
ghes, 1717-26,  a  vol.  in-i  a;  par  J. 
Clarke  ,  1733,  in-8<>.  ;    enfin  par 
Alexandre  Thompson ,  1 795 ,  in-o^.i 
en  allemand  ,  par  Wagner^   137'» 
in-8".;  en  danois,  par  H.  D.  HoIL; 
en  langue belgique ,  par  Abrali.  Bo- 
gaert  ,elc.  Quant  aux  Versions  fran» 
çdises  y  lia  Harpe,  qui  donnait  h 
sienne  pour  la  troisième ,  était  dans 
l'erreur  :  on  avait  déjà  celles  de  Mi- 
chel de  Tours ,  Paris ,  1 5'jo , in-fol.; 
de  George  de  La  Bouticre  ,  Lyon , 
1 .55() ,  iu-4*^.  ;  de  J.  Baudouin , Paris, 
i6'48,  in-4**.;  d'un  anonyme ,  Ams- 
lei-dam,  Elzévir ,  i665,  in-ia;  et 
de  Bernard  Dutheil ,  Paris,  1670, 
in- 12.  La  Traduction  de  La  Harpe 
parut  en  1770;  et  celle  de  Delisle  àc 
Sales  (  sous  le  nom  de  Henri  Ophellot 
de  la  Pause ,  anagramme  de  philoso- 
phe de  la  nature)  en  1771  :  celle-ci 
est  en  quatre  tomes  in  8'\ ,  a  cause 
des  mélanges  et  des  notes  qui  l'accom- 
pagnent ;  et  l'autre  ai  a  vol.,  qni 


SCE 

\ râmpnmé&en  i<8o6,  et  de^ 
aas-la  collection  des  .ceuviics  de 
«pe..Cc  traducteur,  quoiqu'on 
leprocbé  plusieurs  méprises , 
«1  s*a perçoive  cru' il  a  travaillé 
te,  est  néanmoins  le  plus  élé- 
t  quelquefois  même  le  plus  d- 
ae  Suétone  ait  eu  dans  notre 
aTant  la  fin  du  dernier  siècle, 
litres  Versions  ont  été  publiées 
»  en  1807  ,  l'une  par  M.  A.  L^ 
Roche ,  in-B*'.  ;  l'autre ,  sans 
retranchement ,  par  M.  Mau- 
fvesque,  en  Q  voL,  du  même 
t.  Les  Remarques  de  Laisiié 
personne  et  les  écrits  de  Sué- 
insérées  dans  le  Nouveau  Re- 
es  piëqes  fugitives  d'Arcliaim- 
;  tom.  I  ,  pag.  aS-G^  ),  sont 
ntées  ,  en  partie ,  de  l'article 
Qceme  cet  historien  latin ,  dans 
:ionnaire  de  Bayle. — Vopiscus 
d'un  Suétone  surnomme  Op- 
i/j,  qui  avait  écrit  uue  Vie  de 
Tcur  Tacite.  D — n — u. 
ETOMUS  PAULIN  US  est 
;  plus  grands  généraux  qu'ait 
its  l'empire  romain  dans  le 
?r  siècle  de  l'ère  chrétienne, 
lion  publique ,  dit  Tacite,  qui 
ique  jamais  de  donner  un  rival 
;rand  homme ,  le  comparait  à 
Ion.  Nul  n'était  plus  savant 
l'art  des  combinaisons  mili- 
et  ne  déployait,  dans  les  occa- 
îificil&s,  plus  de  prudeuce  et  de 
oid  ;  nul  ne  se  montrait  plus 
t  plus  vigilant  pour  tout  ce  qui 
tt  empêcher  uu  revers  ;  et  la 
de  de  n'être  pas  vaincu  était 
irée  par  lui  comme  le  commen- 
:  de  la  victoire.  Mais,  ainsique 
on  ,  dont  il  fut  l'émule  et  le 
porain  ,  Suetonius  Paulinus 
dans  les  temps  du  plus  soni- 
lu  plus  dégradant  despotisme. 
emoircs   qu'il  semUe  avoir 


SUE 


i5i 


écrits  ne  sont  point  parve»»  ins- 
qii'à  Doos  ;  et  nous  sommes  réduits 
à  recueillir,  dans  le  petit  nombre  des 
auteurs  anciens  qui  nous  restent  de 
cette  époque ,  quelques  détails  sar  ce 
qiii  le  concerne.  Nous  tâcherons  de 
n  en  omettre  aucun  ^  et  de  les  classer 
chronologiquement.  On  ignore  éga- 
lement la  date  et  le  lieu  de  sa  nab- 
sance.  Il  paraît  pour  la  premièi^  fois- 
dans  l'Histoire ,  au  commencement 
du  règne  de  Claude ,  et  déjà  nous  le 
trouvons  revêtu  de  la  diguité  de  pré- 
teur. C'est  eu  cette  qualité  qu'il  fut 
envoyé,  l'an  87  de  J.-C. ,  en  Mauri- 
tanie ,  pour  y  combattre  les  peuples- 
de  cette  contrée  qui  s'étaient  révol- 
tés (  I  ).  Comme  son  expédition  dans 
ce  pays  est  aussi  un  voyage  de  dé- 
couvertes et  qu'elle  a  enrichi  la 
Géographie ,  nous  rapporterons  ce 
qu'en  a  dit  Pline ,  le  seul  auteur  qui 
aonne  quelques  notions  sur  cet  im« 

Sortant  événement.  C'est  après  avoir 
écrit  le  mont  Atlas ,  que  le  natura- 
liste romain  ajoute  (2)  :  <t  Suetonius 
D  Paulinus,  celui  que  nous, ayons  vu 
9  depuis  consul ,  est  le  premier  des 
ft  capitaines  romaius  qm  ait  franchi 
9  le  mont  Atlas  et  se  soit  avancé  de 
»  quelques  milles  au-deli....  Il  a  rap- 
9  porté  que  sa  cime  mit  couverte 
»  d'épaisses  couches  de  Dciges,même 
»  pendant  l'été.  U  y  parvint  après 
9  dix  campements,  et  pénétra  ensuite 
9  plus  loin  jusqu'à  im  fleuve  nommé 
»  Ger ,  à  travers  des  solitudes  cou- 
9  vertes  d'une  poussière  noire  ,  d'où 
9  s'élèvent  çà  et  là  des  pointes  de 
9  rochers  qui  paraissent  toutes  brû- 
9  lécs ,  lieux  innabitables  ,  même  en 
9  hiver,  à  cause  de  l'extrême  cha- 
9  leiur.  On  appelle  Canariens  les  peu- 


(i)  Dion  CasMun,  Hist.  lib.60,  c.  A,  p.  9^7? 
edit.  Rrim. ,  in-folio. 

(%)  Flin.,  Hùl.  ntâ, ,  lib.  T,  ««p.  t-  —  i«li», 
«•y.  XXIY. 


i5a 


SUE 


»  jiltt  mil  vivent  dans  les  fonlu  voi- 
»  sifiies  de  ces  déserts.  EUes  abondent 
»  en  éléphants ,  en  bètes  féroces  et 
»  en  serpents  de  tout  genre.  11  est 
»  assez  constant  que  cette  nation  des 
9  Canariens  est  voisine  de  celle  des 
»  Éthiopiens  y  qu'on  nomme  Peror-' 
»  ses.  »  Nous  avons  ailleurs  démon- 
tré (3)  que  l'expédition  de  Suetonius 
Paulinus  ne  s'était  pas  étendue  au- 
delà  du  pays  de  Tafilet^  et  que  le 
fleuve   Ger  dont   parle   Pline    est 
celui  qu'on  nomme  actuellement  Zizj 
sur  les  bords  duquel  se  ti'ouve  encore 
une  ville  nommée  Gers,  Pline  nous 
apprend ,  dans  un  autre  endroit  de 
son  ouvrage,  que  les  Perorses  étaient 
un  peuple  de  l'Atlas^  et  il  n'est  pas 
douteux  que  les  Canariens  ne  soient 
le  même  peuple  que  celui  qui  habi- 
tait Canaria  y  une  des  îles  Fortu- 
nées j  et  sous  le  même  parallèle  que 
les  vallées  qui  sont  au  sud  de  l'Atlas. 
Dion-Cassius^  qui  fait  aussi  mention 
de  l'expédition  de  Suetonius  Pauli- 
nus ,  nous  apprend  que  peu  après  on 
envoya  dans  cette  contrée ,  nouvelle- 
ment découverte ,  un  autre  préteur  , 
Cn.  Hosidius  Geta.  Dans  ces  orûlants 
déserts ,  son  armée  manqua  périr  de 
soif;  elle  fut  sauvée  par  la  décou- 
verte inopinée  d'une  source ,  et  elle 
vainquit  Salabus  ,  chef  des  Mauri- 
tinicns.  G;  ne  fut  qu'après  cette  vic- 
toire que  ,  selon  Dion ,  l'empereur 
Claude  résolut  de  réum'r  toute  la 
Mauritanie  à   l'empire  romain.    Il 
partagea  ce  pays  en  deux  provinces , 
la  Maiiritame  tingitanc  ^  et  la  Mau- 
ritanie césarienne.  Il  est  diflicile  de 
concevoir,  d'après  un  ensemble  de 
faits  si  bien  fiés  ,  et  si   décisifs  , 
comment  il  s'est  trouvé  tint  de  sa- 
vants qui  ont  pensé  que  Suetonius 


SUE 

PaoUnus  avait  francbi  le  erand  d»> 
sert  de  Sahara ,  et  s'était  araiioë 
avec  son  armée  presque  sur  lesbwidB 
du  Joliba ,  si  impropremait  confiMida 
par  eux  avec  le  iNiger  des  andens. 
Mais  l'imagination  aime  à  exercer 
son  influence  jusque  sur  la  sévèie 
érudition  .  et  ne  parvient  que  trop 
souvent  à  l'écarer.  C'était  une  graine 
gloire  pour  Suetonius  Paulinus  ^  d'a- 
voir étendu  au  midi  les  limites  & 
l'empire  romain  \  il  eut  encore  celle 
d'empêcher  qu'elles  ne  fussent  dimi- 
nuées daas  le  nord ,  et  même  il  les 
agrandit  en  triomphant  de  peuples 
belliqueux    et   justement  exaspérés 
contre  leurs  oppresseurs.  Vers  l'an 
59  de  notre  ère ,  il  fut  créé  consol 
subrogé ,  et  envoyé  comme  gouver- 
neur aans  l'île  de  la  Grande-Breta- 
gne (4).  Le  bes6in  qu'on  avait  de  lui , 
et  son  propre  mérite ,  l'avaient,  même 
sous  le  règne  d'un  Néron,  porté  â  ce 
poste  éminent.  L'île  qu'on  lui  don- 
nait à  gouverner  était  à  découvrir 
et  à  conquérir.  Les  Romains  y  avaient 
seulement  formé ,  dans  la  partie  mé- 
ridionale, des  établissements  mal  as- 
surés. Suetonius  PauL'nus  soumît , 
vers  le  nord  et  à  l'ouest  y  plusieurs 
peuples  qui  jusqu'alors  étaient  res- 
tés mdépendants  ,  et  il  établit  cliei 
eux  de  fortes  garnisons.  L'île  Afoms 
ou  l'île  Anglesey  ,  qui  n'est  sépa- 
rée  de  la   cote   occidentale  d'Al- 
bion que  par  un  étroit  canal ,  était 
pour  tous  les  peuples  bretons  un  ter- 
ritoire sacré.  Ses  sombres  et  mjslé- 
n'cuses  forêts  recelaient  leurs  autcb 
les  plus  vénérés  ;  c'est  dans  cette  der- 
nière retraite  que  s'était  réfudé  le 
grand-paêtre  des  druides  avec  FïSlîte 
des  guerners.  Suetonius  Paulinns  ré- 
solijt  d'eu  faire  la  conquête  y  et  sous 


V Aj'rufHc  it-jHcntnonaU y  p.  B;©. 


!//•  l'in'riifur  i/c 


{.\)  Tacite,  Ânn.,  XIV»  sQ  à  4***  "*  ^n^*^» 
r  p.  i/|  rt  i5. 


SUE 

to  Yrai  on  supposé  que  oeux 
lidaient  avaient  secouru  les 

il  fit  marcher  contre  eux 
te.  Mais  parvenus  sur  le  ri- 
»  soldats  romains  s'arrétè- 
oyant  les  femmes  bretonnes 
I  deuil ,  les  cheveux  épars  y 
.es  torches  enflammées ,  et 
on  peint  les  furies  ;  les  drui- 
mrant  les  rangs ,  levant  les 
ers  le  ciel ,  et  prononçant 
écations.  Suetomus  Paulinus 
n  avant  ses  drapeaux ,  tra- 
ce eux  le  détroit  dans  des 
}u'il  avait  fait  construire  ex- 
antraîne  à  sa  suite  sonarmcfe, 
:  restée  immobile  d'ctonne- 
l'efiroi;  il  fond  aussitôt  sur 
ns ,  les  envdoppe  dans  leurs 
feux  ,  en  fait  un  grand  car- 

abat  leurs  forets ,  et  ren- 
irs  autels,  que  le  sang  des 
raitsi  souveut  arrosés.  Tan- 
Suetonius  Paulinus  rerapor- 

grande  victoire  ,  les  cruau- 
i  exactions  des  centurions  et 
[idants  romains  avaient  ex- 
5  la  partie  de  la  Grande-Bre- 
i\sL  conquise  ,  la  plus  fu* 
es  insurrections.  On  avait , 
dre  de  Tempereur  ,  imposé 
dles  taxes,  et  on  les  exigeait 
î  rigueur  extrême  (5).  Bodi- 
ive  du  roi  des  Icènes ,  avait 
pëc  de  verges  ,  et  ses  deux 
aient  été  violées  par  les  olB- 
m  empereur  stupide  et  féroce, 
,  à  l'exemple  de  leur  maître^ 
■issaioitles  traités ,  les  droits 
ions  et  oeux  de  l'humanité, 
ution  enfanta  le  dcsir  de  la 
ce  ;  et  tous  les  Bretons  pri- 
armes.  Les  Romains  ,  et  les 
ss  Romains  >  qui  habitaient 
riche  colonie  oe  Canudodu- 


SUE 


i53 


num  ou  Golchester,  dans  FemUp- 
mium ,  municipe  près  le  village  mo- 
derne de  Saint-Alban ,  et  dans  Lan- 
dinium  (  Londres  )  y  déjà  célëbre  par 
ses  navires  et  son  commerce,  furent, 
aprës  une  courte  résistance,  massacrés 
sans  pitié.  Heureux  ceux  qui  périrent 
en  combattant  ;  les  autres  furent  cnn 
cifiés,  brûlés,  empalés  ^ou  subirent 
des  supplices  que  Tacite  n'a    osé 
qu'indiquer  y  mais  dont  l'historien 
Dion  nous  a  retracé  les  horribles  dé- 
tails (6).  Suetonius  Paulinus  envisa- 
gea toute  la  grandeur  du  danger;  fl 
vit  la  puissance  romaine  sur  le  point 
d'être   anéantie   dans    la    Grande- 
Bretagne  et  ne  dépendant  plus  que 
des  chances  d'une  bataille.  Compre- 
nant qu'il  serait  écrasé  par  le  nom- 
bre ,  SI ,  pour  protéger  les  villes  et  les 
cantonnements  il  divisait  ses  forces, 
U  les  réunit  et  grossit  son  armée  de 
toutes  les  garnisons.  Il  attira  ensuite 
fes  Bretons  dans  la  plaine  ;  et  quoi- 
qu'ils fussent  anim<»  jusqu'à  la  fr^ 
nésie  par  la  vue  et  les  paroles  élo- 
quentes de  la  reine  Bodicée ,  qui  leur 
montrait  son  corps  déchiré  par  les 
verges ,  et  ses  deux  filles  outragées ,  il 
remporta  sur  eux  une  victoire  com- 

Çlëte ,  et  en  fit  un  grand  carnage, 
'acite  porte  k  quatre-vingt  mille  le 
nombre  des  Bretons  qui  furent  mas- 
sacrés dans  cette  bataille.  «  Les  sol- 
»  dats  romains ,  dit-il  ,  n'épargnè- 
»  rent  pas  même  les  femmes  ;  et  des 
9  monceaux  de  cadavres  se  trou- 
'»  vaient  accumulés  sur  les  bêtes  de 
»  somme  percées  de  traits.  »  Sueto- 
nius Paulinus  continua  de  tenir  la 
campagne,  et  acheva  de  soumettre 
les  relaies.  Ceux  -  ci ,  occupés  de» 
soins  de  leur  vengeance^  avaient  née- 
lige  de  cultiver  la  terre ,  et  il  en  résui- 


iiU|  hb.  6S|  ch.  I ,  p.  lAi. 


[(S)  Dion  CaMÎiu ,  ttùt. ,  Ub.  6a ,  p.  1008 ,  »<'•  7> 
«dit.  in-folio,  de  Rrimar. 


i94  sm 

ta  une  afTreuae  famine  qtii  fix  fit  jM^rir 
un  graud  nombre  (7).  La  guerre  était 
terminée  y  et  Suetouius  Pauliuiis  ne 
songeait  plus  qu'à  étendre  et  couso- 
,  lider  la  puissance  que  la  victoire  lui 
avait  assurée ,  lorsque  de  nouveaux 
embarras  lui  fureut  suscités.  Le  des- 
potisme avait  su ,  daus  le  gouverne- 
ment des  provinces ,  diviser  l'auto- 
rité pour  qu'elle  ne  lui  devint  pas  fu- 
neste. L'administration  des  iinances 
était  couiiée  à  un  procurateur  ou  in- 
tcndaut,  tandis  que  le  Icgat  ou  pro- 
consul avait  le  commandement  des 
armées.  Le  procurateur  de  la  Grande- 
Bretagne  était  alors  un  certain  Julius 
Classiciamis  qui  ^  jaloux  de  Sueto- 
nius  Pauliuus  ,  le  contrariait  dans 
toutes  les  mesures  qu'il  voulait  pren- 
dre ,  et  excitait  sourdement  les  Bre- 
tons à  la  résistance.  Suetouius  Pauli- 
uus fît  contre  lui  de  justes  plaintes  ; 
et  pour  prendre  connaissance  des 
diflérends  qui  s'étaient  élevés  entre  le 
proconsul  et  l'intendant ,  Néron  en- 
voya dans  la  Bretagne  un  de  ces  êtres 
vils  qui  peuplaient  sa  cour ,  et  aux- 
quels seuls  U  accordait  sa  confiance. 
L'affranchi  Polyclète ,  par  son  faste 
et  son  insolence,  vint  étonner  les 
Bretons  eux-mêmes  ,  tout  courbés 
qu'ils  étaient  sous  le  joug  de  l'adver- 
sité. Ils  ne  pouvaient  concevoir  com- 
ment les  Romains ,  avec  tant  de  cou* 
rage  et  de  licrté ,  montraient  tant  de 
servilité  et  de  bassesse.  L'affranchi 
prit  le  parti  de  l'intendant ,  et  cher- 
cha à  nuire  au  grand  capitaine;  mais 
comme  il  ne  pouvait  anéantir  sa 
gloire  et  les  suffrages  de  l'armée ,  il 
se  contenta  d'insinuer  que  la  haine 
des  Bretons  envers  un  général  qui  les 
avait  vaincus  était  un  obstacle  au 
rétablissement  de  la  tranquillité.  En 
conséquence  ,  comme  si   la  guerre 


SUE 

n'eût  paê  été  tenninée,  on  ( 
dre  à  Suetouius  Pauliuus  d( 
l'armée  à  Turpiliamis  ,  do 
sulat  venait  d  expirer.  Celi 
taqua  point  un  eiiuemi  fa 
décora  du  nom  de  pais  sa 
inaction.  Suetouius  fut 
ment  blessé  qu'on  lui  en 
palme  certiine  au  moment 
avoir  triomphé  de  tous  les  < 
il  ne  lui  restait  plus  qu'à  s 
Il  dissimula  cependant ,  et  ( 
de  Bretagne ,  ce  théâtre  d 
ploits ,  après  y  être  resté 
Il  avait  eu ,  pendant  ce  tem 
tamment  auprès  de  lui ,  coi 
de-camp,  le  jeune  Agricole 
vait  un  jour  soumettre  l'i 
aux  armes  romaines ,  et  qn 
core  plus  redevable  de  l'in 
de  sou  nom  à  la  plume  de  s 
Tacite,  qu'à  l'cclntdece gra- 
phe. Huit  ans  après,  l'an  G 
ère ,  nous  retrouvons  Sueto 
linus  commandant  l'infaul 
cavalerie  de  l'empereur  Otl 
butte  aux  intrigues  de  Lie 
culus,  préfet  du  prétoire 
iiisé  et  méchant ,  ignorant 
de  la  guerre ,  et  jaloux  de  1 
que  le  vainqueur  des  Mai 
Bretons  avait  acquise  sur  1 
soldats  !  Quand  Vitcllius  , 
d'une  puissante  armée  ;  vii 
à  Othon  le  trône  impérial , 
Pauliuus  conseilla  à  celui-* 
une  bataille  ,  et  de  tramer 
en  longueur.  Il  appuvait 
nion  de  motifs  irrésistible» 
cite  nous  a  fait  connaît 
donnent  la  plus  haute  ic 
grande  capacité  et  de  la  y 
de  ses  vues  (8).  Othon  ne 
ses  conseils  ,  et  joignit  à 
une  faute  plus  grande  enc 


(7)  Tacit. ,  liisl. ,  lib.  t ,  cap.  87-90.  —  Lib.  II.  (8)  T«A. ,  Uùt, ,  lib.  1 ,  cap  3^. 


StTE 

.nx  instances  de  ses  oourtî- 
ses  flatteurs,  et  de  s'e'carter 
ICC  pour  ne  pas  exposer  sa 
acrce.  11  perdit  la  Dataille, 
rc'c  à  Bedriac ,  près  de  Cre- 
,  abandonne  de  tous  les 
î  tua  de  SCS  propres  mains, 
it  reconnu  empereur.  Alors 

Paulinus  se  trouva  dans 
ion  pénible.  Oblige'  de  se 
la  cour  du  nouveau  maî- 
bit  de  suppliant,  il  eut  de 
obtenir  audience ,  et  se  scr- 
loyen  de  défense  peu  liono- 
lis  qui  lui  roussit.  Ce  qui 
c  que  Teftet  du  hasard  ou 
ationd'Othon ,  la  longueur 
zlie ,  la  fatigue  des  lroii])es, 
irngement ,  le  mélange  des 
t  des  vivandiers  ,  tout  cela 
enté  par  Suelonius  Pauli- 
ne le  résultat  de  ses  ruses 
rer  la  victoire  à  un  empe- 
digne  de  régner  que  celui 
rdres  duquel  les  destinées 
placé.  Vitellius  le  crut ,  et 
ue  perfidie  du  général  lui 
iner  sa  fidélité.  Nouvelle 
je  les  dissensions  civiles 
5  prolongées  brisent  enlin  la 
des  liommes  les  plus  éner- 
pamenueiil  à  souiller  les 

les  plus  dignes  d'estime. 
,  après  Tévènement  que 
is  de  raconter ,  ne  fait  plus 
le  Suetonius  Paulinus.  Les 
c  nous  avons  réunis  dans 
nous  le  montrent,  pendant 
î trente-deux  ans,  toujours 
plus  hautes  dignités  ,  et  à 
s  armées  ;  il  devait  donc 
é  en  âge  lorsque  Vitellius 
IVmpire  ;  et  celte  époque 
peu  é'oignée  de  celle  qui 
fin  de  sa  carrière.  W — r. 

i    (  EUSTACUE    LE  )     ^0/, 


SVP  i55 

StfFFBEN  {  Jeah  ),  jcfeuite,  né, 
cil  i5()5,  k  Salon  en  Provence,  em- 
brassa la  règle  de  saint  Ignace  & 
quinze  ans.  Après  avoir  professe  la 
philosophie  à  Dole,  et  la  tbéolbgié 
à  Avignon ,  il  quitta  la  carrière  de* 
l'enseignement  pour  celle  de  la  chaire. 
Les  succès  qu'il  obtint'  étendirent 
bientôt  sa  réputation;  et  ses  supé- 
rieurs rappelèrent  à  Paris ,  où  ses' 
talents  ne  lurent  pas  moins  appréciés 
que  dam;  le  reste  de  la  France.  La- 
reine-mère  Marie  de  Modicis  le  nom- 
ma son  confesseur  en  iGi5,  et  l'ho- 
nora de  toute  sa  confiance.  Le  P. 
Sufl'ren  s'en  miontra  digne  par  la  sa- 
gesse des  conseils  qu'il  ne  cessa  ^e 
lui  donner,  et  il  ne  tint  pas  à  lui 
d'empêcher  la  rnpture  éclatante  que 
devait  amener  l'opposition  constante 
de  la  reine ,  aux  vues  et  aux  volon- 
tés du  roi  sou  fils.  Il  accompagna 
cette  princesse  à  Blois^  et  ne  revint 
qu'avec  elle  a  la  cour ,  où  il  ne  se  fit 
remarquer  que  par  sa  douceur,  sa 
piété  et  sa  franchise.  C'est  le  tànoi- 
gnage  que  lui  rendent ,  même  les  écri- 
vains protestants.  Louis  XIII ,  après 
le  renvoi  du  P.  Séguiran  ,  voulut 
avoir  le  P.  Suflren  pour  confesseur; 
mais  lareiue-mères'y  opposa,  dans 
la  crainte  d'être  privée  d'un  direc- 
teur qu'elle  estimait  ;  et  il  fallut  né- 
gocier avec  cette  princesse  pour  ob- 
tenir son  consentement.  En  lui  an- 
nonçant sa  nomination  à  la  place  de 
confesseur  du  roi ,  le  cardinal  de  Ri- 
chelieu lui  traça  la  conduite  qu'il  de- 
vait tenir  dans  ce  poste  éminent  (i). 
Mais  le  P.  Sull'ren  n'avait  pas  les 
qualités  convenables  pour  se  mainte- 
nir long-temps  à  la  cour,  au  milieu 
d'intrigues  et  de  querelles  sans  cesse 
renaissantes.  11  ne  tarda  pas  d'être 

Cl)  La  LrUrr  du  cardinal  de  Rirhclit'u  ou  P. 
Suirrcn  B«  trouve  dans  le  Rccurit  de  pùcM  iittA- 
rtstamicîf  publia  par  La  Place,  Ul,  a5o. 


y 


i56 


SUF 


remplace.  On  prétend  même  que  le 
cardinal  de  Bichelieu  le  fit  bannir. 
Mais  il  est  plus  vraisemblable  que 
Sufiren  sollicita  la  permission  de  re- 
joindre dans  les  Pays-Bas  la  reino»» 
mère  y  à  laquelle,  maigre'  ses  torts 
réels  9  il  ne  cessait  pas  de  porter  un 
attacbement  sincère.  Il  la  suivit  en 
Andeterre;  et  il  se  disposait  à  se 
rendre  avec  elle  à  Cologne,  qui  de» 
vait  être  le  terme  de  la  vie  errante 
de  cette  malheureuse  princesse,  quand 
il  tomba  malade  sérieusement.  Son 
état  ne  l'empêcha  pas  de  s'exposer 
aux  hasards  du  voyage;  mais  anivé 
à  Flessingue,  îl  y  mourut  le  i5  sep< 
tembre  i64i  >  à  l'âge  de  soixante- 
seize  ans.  Ses  restes  lurent  rapportés 
à  Paris  et  déposés  dans  Téglise  pro- 
fesse des  jâuitcs«  Outre  quelques 
Opuscules  ascétiques^  on  a  de  lui: 
des  Semions  j  Paris  ,  1622-23  ,  2 
vol.  in-80.  j  et  V Année  Retienne, 
ibid. ,  i64x ,  in-4**-  >  6  vol.  Cet  ou- 
vrage ,  qu'il  avait  composé  à  la  prière 
de  saint  Frauçois  de  Sales,  a  été 
abrégé  par  le  P.  Frbon  y  Nanci , 
1728,  2  vol.  in- 12.  Quoique  le  style 
de  l'abréviateur  soit  plus  correct, 
plusieurs  personnes  préfèrent  la  sim- 
plicité de  l'original.  Le  portrait  du 
r.  SuiTreu  a  été  gravé  plusieurs  fuis 
par  Michel  Lasne,  format  in-4^*  y  et 
par  Mariette.  W-s. 

SUFFREN  DE  SAHST-TROPEZ 
(  TjOUIs-Jérôme  ) ,  né  en  172U ,  dans 
le  diocèse  d'Arles ,  d*unc  famille  no- 
ble ,  embrassa  l'état  ecclésiastique  , 
devint  prévôt  du  chapitre  de  Saint- 
Vincent  de  Marseille,  et  fut  sacré 
évêque  de  Sisteron ,  le  3o  septembre 
1 764.  D'un  caractère  bon  et  géné- 
reux ,  il  se  fit  chérir  dans  les  fonc- 
tions de  l'épiscopat ,  par  ses  vertus 
<!t  son  savoir.  Ce  fut  en  1780  qu'il 
commença  le  canal  qui  porte  son 
nom ,  et  qui  a  deux  lieues  d'étendue. 


SUF 

Ce  oanal  ne  coûta  que  auatre^riqgt- 
dix  mille  francs  »  dont  la  proTÎace 
fournit  le  tiers:  Qavingtuplé  la  va- 
leur des  terres  de  cinq  lieues  carrées; 
et  considérablement  augmenté  les  li- 
chesses  des  habitants  de  Sistcrgnt 
«  Les  pères  me  nuudiront ,  disait 
»  ce  vertueux  prélat  ;  mais  les  » 
»  £ants  béniront  ma  mémoire.  »  Ja- 
mab  prédiction  ne  s*est  mieu3L  vôi- 
fiée.  En  1824  ^  la  ville  de  Sistem 
a  élevé  un  obélisque  en  l'homieur  de 
son  bienfaisant  évéque.  Ce  prélat, 
qui  avait  été  sacré  évéaue  de  Nerem 
en  1789  ,  fut  oUigé  oe  miittcr  la 
France  au  commencement  de  la  ré- 
révolution ,  et  il  mourot  dans  l'exil. 

SUFFREN    SAINT-TROPEZ 

(  .Pierre  AsrnRE  de  )  ^  frère  da 
précédent ,  et  l'un  des  plus  grands 
nommes  de  mer  que  la  France  ait 
produits ,  naquit  au  château  de  Saint- 
Cannat  en  Provence ,  le  i3  piil- 
let  1726.  Sa  famille  y  qui  tenait  m 
rang  distingué  parmi  la  noblesse  de 
cette  province ,  le  destinant  k  la  na- 
rine ,  l'envoya  à  Toulon  dès  qu'il  eut 
terminé  ses  études.  U  s'y  em&cqiia, 
en  1743  ,  comme  garde-marine, sv 
le  vaisseau  le  Solide ,  qui  faisait  par- 
tie de  l'armée  française  ft  espa^uok 
combinée^  et  pour  son  déchut,  Snf- 
fren  assista  au  combat  que  ce  vaîir 
seau  soutint  contre  le  Ifonhumbet' 
land.  L'année  suivante,  étant  sur  là 
Pauline ,  à  la  Martinique  ,  il  parti- 
cipa à  un  autre  combat  ;  et  le  saag- 
froid  qu'il  montra  dans  ces  deu 
actions  fit  présager  ce  qu'il  devais 
être  un  jour.  Au  désarmement  de  ci 
navire,  il  se  rendit  à  Brest,  et  bt> 
embarqué  sur  le  Trident,  L'escadie 
dont  ce  vaisseau  faisait  partie  fbt ,  k 
la  suite  d'une  entreprise  infructncii- 
sc  contre  la  colome  anglaise  d'An- 
napolis  ,  dispersée  par  une  tempête , 


SUF 

ir  une  atmce  siipcricure 
plupart  do»  vaisseaux 
)Osaient  tombcreut  au 
renncmi ,  mais  le  TVî- 
petit  nombre  de  ceux 
t  h.  lui  ccliapper.  Nom- 
de  vaisseau  ,  en  1 7/1^  ? 
a  siu*  le    Monarque  , 
rc  de  M.  de  TÉtanduè- 
:   combat   qu'elle   sou- 
lauteur  de   Belle  -  Ile  , 
rai  Ha^vk,  ce  vaisseau 
.Hgë  d'amener  ,  Siitlren 
Dnier  et  conduit  en  An- 
il  ne  resta  que  peu  de 
)aix  de  1^4^  semblait 
r  au  repos  ^  il  en  pro- 
rendre à  Malte,  et  se 
ircndi*e  ses  degrés  dans 
)int  Jean  de  Jcsnsalem. 
mbre  des  clievaliers ,  il 
années  qui  s'ecoulcrent 
i  k  faire  ses  caravanes , 
à  Toulon  qu'à  la  iin  de 
*c  année.  Les  hostilités 
imcnce'  en    1755  ,   une 
inquanle-buit  vaisseaux 
Brest ,  pour  protéger  le 
le  cbevalier  de  SiiflTren 
faire  partie.  Il  fut  em- 
le  DaupliiTi' Rq)'aL  Ce 
ant  e'td  sépare  de  l'csca- 
la  route ,  fut  rencontré 
inglaise;  mais , profitant 
u'ité  de  sa  marcne  ,  il  se 
le  port  de  Louisbourg , 
rentrer  à  Brest.  La  Fran- 
ilors   arme    trois  esca- 
1,  récemment  fait  lieutc- 
lisseau ,   s'embarqua  sur 
lans  celle  du  marquis  de 
nière  ,  qui  était  cliargée 
e  siège  de  Malion,  dirigé 
•chai  de  Richelieu.  Celte 
it  devant  Minorque  le  19 
et  mouilla  le  lendemain 
idella.La  ville  se  rendit  à 


SUF  157 

]a  première  sommation  ;  mars  il  fal- 
lut faire  le  siège  du  fort  Saint-Phi- 
lippe ,  où  s'était  retirée  la  garnison 
anglaise.  La  Galissonniëre  ,  pour 
empêcher  cette  place  d*^rc  secourue, 
avait  établi  sa  croisière  entre  Ma- 
jorque et  Minorque^  lorsqu'il  eut 
connaissance  de  l'escadre  de  l'amiral 
Byng.  Le  combat  qui  s'engagea  fut 
à  l'avantage  des  Français ,  (  F'qyez 
Byng)  ,  et  cette  victoire  fut  suivie  de 
la  prise  de  Port-Mahon.  Après  avoir 
navigué  sur  divers  bâtiments,  Suf- 
fren  reçut ,  en  1750,  l'ordre  de  se 
rendre  à  Toulon ,  où  M.  de  Ladue 
venait  d'armer  une  escadre  de  sept 
vaisseaux,  destinée  pour  l'Inde.  Il  nit 
embarqué  sur  VOce'an,  hcin  août, 
cette  escadre ,  se  trouvant  à  la  hau- 
teur du  port  de  Lagos,  fut  rencon- 
trée par  une  armée  anglaise  forte  de 
quatorze  vaisseaux.  L'mfériorité  des 
forces  de  M.  de  Laclue  ne  lui  per- 
mettant pas  d'engager  le  combat,  il 
prit  le  parti  de  se  réfugier  dans  ce 

Çort,  qui  appartenait  aux  Portugais, 
'ont  devait  lui  faire  croire  qu'il 
y  serait  en  sûreté,  puisque  cette  puis- 
sance était  neutre  ',  mais  les  Anglais , 
sans  respect  pour  le  pavillon  portu- 
gais ,  vinrent  attaquer  l'escadre  fran- 
çaise jusque  sous  les  forts. Trois  vais- 
seaux furent  pris  ;  deux  se  brûlèrent 
à  la  cote,  et  deux  seulement  pu- 
rent se  sauver.  V  Océan  fut  au  nom- 
bre des  premiers,  de  sorte  que  le 
chevalier  de  SufTren  fut  une  seconde 
fois  prisonnier.  On  le  verra  plus  tard 

S  rendre  sa  revanche  sur  les  Anglais, 
ans  une  circonstance  absolument 
semblable.  Sa  captivité  ne  futjpas  de 
longue  durée;  et  il  revint  &  Toulon 
au  mois  d'octobre  suivant*  La  paix , 
([ui  eut  lieu  au  commencement  de 
1 763 ,  faisait  craindre  À  Suffren  une 
longue  inactivité:  mais  il  obtint, 
l'année  suivante ,  le  commandement 


i58  5UF 

du  chebec  le  Caméléon^  avec  la 
mission  de  protéger  le  commerce 
daus  la  Méditera uuée.  Quelque  temps 
a^res  y  il  prit  le  conmiaudemcut 
du  Singe,  dans  l'escadre  du  comte 
Ducliall'aut,  dirigée  contre  les  Sa- 
letius;  et  il  fut  témoin  du  désastre 
qu'éprouva  cette  expédition  devant 
Larrache.  Promu  au  grade  de  capi- 
taine de  frégate,  en  1707,  SuHVen 
se  rendit  à  Brest.  On  y  réunissait  une 
escadre  sous  les  ordres  du  marquis 
de  Breugnon ,  que  le  roi  envoyait  à 
Maroc ,  pour  y  traiter  de  la  paix. 
CiCt  amiral  lui  confia  le  commande- 
ment de  la  frégate  V  Union ,  sur  la- 
quelle il  avait  arbore  son  pavillou. 
Au  retour  de  celte  campagne ,  il  se 
rendit  à  Malte  ;  et  pendant  les  quatre 
années  qu'il  y  resta ,  il  parvint  au 
grade  de  commandeur ,  et  fit ,  sur  les 
galères  de  la  religion  ,  différentes 
courses  contre  les  Barbaresques. 
Ayant  été  nommé  capitaine  de  vais- 
seau,eu  1 7  72 ,  il  vint  prendre ,  h  Tou- 
lon ,  le  commandement  de  la  Mignon- 
ne, et  lit,  avec  cette  frégate,  deux 
croisières  successives  dans  les  mers 
du  Levant.  Ijc  comte  Ducliadaut, 
qui  lit,  eu  i77(>,  une  campagne  d'é- 
volutions, lui  donna  le  commande- 
ment de  VAlcmènt ;  et,  l'année  sui- 
vante ,  le  comte  de  Barras  lui  fit  faire 
une  campagne  semblable.  Lors  de  la 
guerre  entreprise  pour  Tindépeudan- 
ce  de  l'Amérique  (  1 778) ,  vSulfrcn  iit 
partie  de  Tescadre  du  comte  d'Itls- 
laiug,  sur  le  Fantasque.  Pendant  la 
relârlic  que  cette  année  fit  à  Boston, 
l'amiral ,  apprenantque  cinq  frcfgates 
anglaises  étaient  mouillées  dans  la  ra- 
de de  Newport,  chargea  SuHren  d'al- 
ler les  y  attaquer  avec  son  vaisseau , 
auquel  il  adjoignit  trois  frégates.  Le 
commandeur  se  présenta  devant  cet- 
te rade  le  lendemain.  Elle  était  dé- 
fendue par  un  fort  :  il  y  pénétra  sous 


SUF 

toutes  voiles,  Gtyalla  s'embosMr  le 
plus  près  possible  des  frégates  enne- 
mies; mais  celles-ci  ne  rattendircnt 
point.  Après  avoir  tiré  quelqua 
coups  de  canon ,  elles  s'échouërat  à 
la  cote ,  et  s'y  brûlèrent.  Suflren .  sa- 
tisfait du  succès  de  son  expe'dîtioa, 
rejoignit  le  comte  d'Elstamg  à  la 
Martinique ,  où  ce  dernier  lui  avait 
donné  rendez-vous.  Au  combat  de  la 
Grenade  (G  ]uillet  1779)9  le  An- 
tasque ,  qui  faisait  partie  de  l'avanl- 
garde ,  se  distingua  par  une  manceii- 
vrebrillante,  et  eut  soixante  hominei 
hors  de  combat.  L'armée  du  comte 
d'Estaing,  après  avoir  conquis  k 
Grenade,  attaqué  Savaunah ,  et  con- 
tribué puissamment  aux  succès  de 
l'armée  de  terre ,  rentra  à  Brest ,  ai 
mois  de  nov.  1 779.  Le  compte  avaa- 
tageux  que  cet  amiral  rendit  de  Snf- 
fren  fit  donner  à  celui-ci  le  com- 
mandement de  l'escadre  légère, dam 
l'armée  combinée  de  France  et  d*Ef- 
pagne^  aux  ordres  de  don  Louis  de 
Cordova.  Cette  armée  se  trouvant, 
le  9  août  17  Ht  y  à  la  hauteur  dp 
cap  Saint- Vincent,  tomba  au  milisi 
d'un  convoi  anglais  destiné  pov 
l'Inde,  et  escorté  par  un  vaisseau  et 
deux  frégates.  SufTren,  qm  monlak 
le  Zélé  y  se  mit  à  la  poursuite  dei 
bfUimenLs  de  guen-eimais  la  supërio* 
rite  de  leur  marche  l'empêcha  de  ks 
atteindre  ^  et  il  dut  se  borner  à  faire 
amener  douze  bâtiments  marchands, 
dont  quati'e  furent  amarinés  par  sqb 
vaisseau.  Jusqu'ici  la  vie  de  Suffira 
a  sans  doute  été  assez  active  et  asseï 
remplie  ;  mais  d'autres  événements 
vont  lui  fournir  l'occasion  de  dé- 
ployer ses  talents  et  sa  bravoure  iir 
un  plus  vaste  théâtre.  Dès  le  coii- 
mencement  de  l'année  1778,  les  An- 
glais avaient  tenté  diverses  eDtrepri- 
ses  sur  les  établissements  français  et 
hollandais  dans  l'Inde.  La  guerre ac- 


V 


SUF 

lu'Ûs  soutenaient  contre  les  di- 
princes  indiens  était  mêlée  de 
s  et  de  revers  ;  mais  leur  mari- 
ivait  un  but  constant,  celui  d'a- 
ir ,  dans  ces  parages  y  les  deux 
s  pubsanccs  qui  pussent  lutter 
c  TAnglelerre.  Les  hostilités 
e  la  Hollande  ayant  été  décla- 
SI  1781 ,  les  Anglais  s'empare- 
de  Négapatam  et  de  plusieurs 
>toirs  sur  la  côte  occidentale  de 
tra.  Les  Hollandais,  se  trou- 
,  en  raison  de  rinfériorité  de 
narine ,  hors  d'état  de  protéger 
.olonies  qui  leur  avaieut  coûté 
d'efforts  ,  de  patience  et  de 
ge,  proposèrent  au  gouverne- 
français  de  se  lier  avec  eux 
m  traité.  A  peine  -ce  traité 
il  conclu  ,'que  le  cabinet  de  Ver- 
»  fut  informé  du  projet  forme  à 
res  d'envahir  le  cap  de  Bonne- 
-ance.  La  prise  de  cette  riche 
ie  devait  entraîner  la  perte  de 
'ia ,  de  Ceyian ,  ainsi  que  celle 
utres  possessions  hollandaises 
ngale  et  à  k  cote  de  Coroman- 
)ans  cette  perplexité ,  les  états- 
aux  chargèrent  la  France,  non- 
nentde  protéger  le  cap  de  Bon- 

Sérance^  mais  ils  lui  remirent , 
que  sorte ,  cette  colom'e,  en  lui^, 
îttant  d'y  envoyer ,  pour  sa  dé- 
,  ime  carnison  toute  composée 
upes  françabes,  qu41s  prirent 
solde.  JvC  ministère  avait  be- 
i'un  homme  ferme,  actif  et  en- 
*nant  pour  l'opposer  au  com- 
re  Johnston  ,  qui  commandait 
fdilion  anglaise.  Son  choix  tom- 
:  le  commandeur  de  Sulfren.  On 
lis  ses  ordres  cinq  vaisseaux  et 
frégates;  et  il  fut  autorisé  à  ar- 
le  pavillon  de  chef  d'escadre, 
les  mers  de  l'Inde.  Sorti  de 
,  le  22  mars  1781 ,  avec  Tar- 
.u  comte  de  Grasse,  il  s'en  sé- 


SUF  459 

para  k  la  hauteur  de  Madère.  Le  16 
avril  V Artésien,  qui  avait  reçu  or- 
drede  précéder  l'escadre ,  ayant  aper- 
çu dans  la  baie  de  la  Praya  cinq 
vaisseaux  anglais,  qui  y  étaient  à 
l'ancre ,  le  commandeur  ne  douta 
pas  que  ce  ne  fût  l'escadre  du  com- 
modore  Johnston  ;  et  û  forma  aussi- 
tôt le  projet  de  l'attaquer ,  sans  res- 
pect pour  la  neutralité  du  pavillon 
Portugais  qui  flottait  sur  les  forts  de 
île.  On  se  souvient  qu'il  avait  à  pn^n- 
dre  sa  revanche  de  l'aifaire  de  Ia- 
gor.  Après  avoir  fait  signal  à  ses  fré- 
gates et  au  convoi  de  continuer  lenr 
route,  en  tenant  le  vent,  il  donna 
l'ordre  de  se  disposer  au  combat,  de 
former  la  ligne  sans  avoir  égard  à 
l'ordre  de  bataille ,  de  forcer  de  voi- 
les ,  et  enOn  de  se  préparer  k  mouil- 
ler. Tous  ces  signaux  se  multipbaient 
et  se  succédaient  trop  lentement  au 
gré  de  sa  bouillante  ardeur.  Lui-mê- 
me^ se  couvrant  de  voiles  à  l'instant, 
et  S9ms  remarquer  s'il  était  suivi 
des  vaisseaux  de  son  escadre ,  pénè* 
tre  dans  la  baie,  et,  arrivé  près  du 
vaisseau  commandant,  laisse  tomber 
l'ancre  par  son  travers,  en  faisant  un 
feu  terrible.  WJlnnibal,  qui  suivait 
immédiatement  le  Héros,  vint  mouil- 
ler en  avant  de  lid.  Dans  cette  posi- 
tion ,  recevant  beaucoup  plus  de  bor- 
dées qu'il  n'en  pouvait  rendre,  il 
éprouva ,  en  peu  de  temps ,  les  plus 
grands  dommages  dans  sa  mâture  et 
dans  ses  agrès.  L'Artésien  manœu- 
vrait pour  venir  prendre  poste  auprès 
du  Héros  ;  mais  son  capitaine  ayant 
été  tué  y  et  ayant  été  abordé  par  un 
bâtiment  anglais,  il  dériva  au  large. 
IjC  Fengeur  et  le  Sphinx ,  après 
avoir  tii'é  quelques  bordées,  se  virent 
entraîner  par  les  courants,  et  furent 
obligés  de  laisser  porter  au  large. 
Le  Héros  et  VAnnibal  se  trouvaient 
mouillés  au  milieu  de  l'escadre  eniie- 


i6o  SUF  SUF 

jour,  'on  t'aperçut  qa*il  . 
para.  Le  commaDdear  alors 
roate  vers  le  cap  de  Boi 
rance ,  et  il  y  fut  rejoint 
conyoi.  Son  arrivée  avmt 
anglaise,  préserva  cette  e 
danger  qui  la  menaçait  ;  et 
tion  de  Johnston  n'eut  d'aï 
tat  que  la  prise  de  cinq 
hollandais.  SuSren ,  après 
barvué  les  troupes  qui  dev 
ter  dans  la  colonie,  et  po 
besoins  de  ses  vaisseaui 
reilla  pour  l'île  de  Fran 
fit  sajonction  avec  l'escadi 
te  d'Orves.  Il  avait  été  pr» 
cette  colonie  par  sa  repu 
on  l'y  attendait  pour  arré 
de  la  campagne  qu'on  al 
pendre.  Son  escadre  épr< 
Desoins  de  toute  espèce, 
était  précieux  ;  la  présent 
mandeur  semblait  avoir  to 
Il  communiquait  son  ard 
actrvité  à  tout  ce  qui  l'aj 
administrateurs ,  cne£i , 
soldats  y  étaient  ammés  du 
zèle  ;  la  nécessité  développ 
sources  ;  et  l'on  vit ,  non 
rîes ,  a|)pareilla  avec  son  escadre  nement ,  une  escadre  et 
dans  l'intention  d'attaquer  les  Fran-  aussi  considérables  prits 
çais  y  et  aussi  de  s'emparer  de  Vjin^  4  la  mer  dans  un  espace  de  t 
nibalj  qu'il  voyait  démâté.  Dès  que  couit.  ïje  7  déc.  1781  ^l'c 
k  commandeur  l'aperçut  :  allons  ,  ' 
s'écria-t-il,  point  de  manœuvres  hon- 
teuses ;  et  aussitôt  il  fait  le  signal  de 
former  la  ligne  de  combat.  Cette 
contenance  pi*oduisit  le  meilleur  effet  : 
l'escadre  ennemie,  qui  avait  le  vent , 
s'approcha  jusqu'à  une  portée  et 
demie  de  canon ,  mais  voyant  les 
Français  l'attendire  en  travers  ,  elle 
ne  crut  pas  à-propos  de  recommen- 
cer le  combat.  Suifren  resta  toute  la 
nuit  dans  la  même  position ,  tenant 
ses  feux  allumés  pour  provoquer  l'a* 
mirai  anglais  à  10  suivre ,  mais  au 


mie^  les  trois  antres  vaisseaux  étant 
trop  éloignés  pour  pouvoir  les  ser 
condel*.  Leur  position  devenait  de 
plus  en  plus  critique  ;  forc^  de  la 
quitter  pour  ne  pas  succomber  sous 
le  feu  qui  les  accablait ,  ils  coopèrent 
leurs  cables ,  et  après  une  heure  et 
demie  du  combat  le  plus  vif  et  le 
plus  meurtrier,  ils  portèrent  anlarce. 
Cette  retraite  ne  pouvait  se  faire  plus 
à-propos  ;  car  à  peine  VAnmbal  fut* 
il  hors  de  la  portée  du  canon  des 
Anglais,  qu'il  démâta  de  tous  ses 
mâts.  \jQ  Sphinx  vint  le  tirer  de  dan» 
ger  en  le  prenant  à  la  remorque.  Le 
Héros  n'éuit  pas ,  comme  on  peut 
le  penser ,  dans  un  meilleur  état;  sa 
mâture  était  debout ,  mais  criblée  de 
boulets  et  presque  en  équibbre,  tous 
les  étais  et  presque  tous  les  haubans 
ayant  été  coupés.  Le  commandeur, 
vpyant  l'impossibilité  de  détruire  un 
ennemi  dont  il  avait  juré  la  perte, 
abandonna  enfin  cette  baie,  mais 
avec  autant  de  fierté  qu*il  y  était 
entré  ,  et  prit  congé  de  l'escadre 
anglaise  en  la  saluant  à  coups  de 
canon.  L'amiral  Johnston ,  après 
avoir  réparé  ses  plus  fortes   ava- 


à  la  voile ,  sous  les  ordre 
d'Orves.  Elle  était  compo! 
vaisseaux,  trois  frégates  r 
vettes.  L'armée  de  terre  c 
tie  sur  huit  bâtiments  de 
qui  portaient  l'artillerie  € 
tions.  Le  19  janvier  17I 
connaissance  d'un  vaisseai 
Le  Héros,  qui  se  trouvai 
l'armée ,  eut  ordre  de  le 
comme  il  était  d'une  n 
périeure,  il  fut  bientôt 
téedu  canon;  le  comba 
vigoorcusemcnt.  Pendant 


SUF 

TS  vaisseaux  forçaient  de  voi- 
outenir  le  Héros , mais  avant 
vée ,  Tangkis  avait  amène  : 
Armihal.  de  cinquante  ca- 
n  début  aussi  lieurcux  ré- 
i  joie  dans  rarmee.  L'amiral 
ilta«[uc ,  déjà  depuis  quelque 
L*une  maladie  grave ,  n'avait 
\  cette  campagne  que  par  un 

zcle.  Le  3  février ,  sentant 
iprochcr ,  il  remit  son  com- 
ent  à  Sudren  ,  et  le  9  ,  il 
se'  d'exister.  Avant  que  Tes- 
»parciliât  de  l'île  de  France, 
île  décide  que  Madras  serait 
de  son  alterage.  Le  projet 
aandcur  était  de  manœuvrer 
ère  à  y  arriver  au  point  du 

de  surprendre  les  Anglais 
attaque  imprcMie  ;  mais  les 
louillages  que  le  calme  et  les 
nlraires  obligèrent  l'escadre 
Ire  à  la  vue  de  terre  ,  firent 
•  ce  projet.  Le  i4  février, 
ronuaissancc  de  Madras  ,  et 
iignala  neuf  vaisseaux  mouil- 
les forts.  Il  n'était  pas  pru- 
les  attaquer  dans  cette  posi- 
»si  SutFren  jugea-t-il  à-propos 
inuer  sa  route  pour  Pondi- 
L  peine  l'escadre  française 
e  dépassé  Madras,  qu'on  vit 
lis  sous  voiles.  L'amiral  alors 
1  de  prendre  les  mêmes  amu- 
es  vaisseaux  ennemis,  et  de 
même  route  :  toutefois  Fin- 
ie l'amiral  Hughes ,  en  a])pa- 
,  n'était  pas  de  combattre, 
aller  couvrir  Trinquemalé. 
nt  SufTren  ,  résolu  de  l'a  me - 
i  engagement ,  manœuvra  de 
que  le  19,  les  deux  escadres 
ant  en  présence  ,  le  combat 
lévitable  :  il  eut  lieu  par  le 
de  Sadras  ;  mais  le  com- 
r,  contrarié  dans  ses  pro- 

]a  bnime  ,  le  temps  ora- 

XLIV. 


SUF 


161 


F 


gcux  ,  et  par  les  mauvaises  ma- 
nœuvres de  plusieurs  de  ses  vais- 
seaux ,  ne  put  les  réaliser  j  et  ce  com- 
bat n'put  d'autre  résultat  que  de 
montrer  à  Fa  mirai  anglais  à  quel 
homme  il  avait  affaire.  SufTren  alors 
dirigea  sa  route  sur  Poudichén,  oiji 
il  ne  resta  que  le  temps  nécessaire 
pour  prendre  des  informations  sur  le 
point  où  il  devait  débarquer  les  trou- 
es qu'il  avait  à  boi'd.  Les  lettres  qui 
'y  attendaient  lui  ayant  fait  connaî- 
tre que  Pôrto-Nove  présentait  toutes 
les  facilités  désirables ,  il  se  détermi- 
na à  s'y  rendre ,  et  il  y  mouilla  le  23 
fév.  Ce  fut  là  qu'il  reçut  M.  Piveron , 
envoyé  français  a  uprèsd'Haïder-Aly , 
ainsi  que  deux  des  principaux  om- 
ciers  de  ce  nabab ,  charcés  de  le 
complimenter ,  et  de  faire  délivrer  à 
Fescadre  et  aux  trouj)es  de  terre  tous 
ce  dont  elles  avaient  besoin.  Le  com- 
mandeur ,  prenant  dès  ce  moment 
l'initiative ,  exigea ,  avant  le  del^ar- 
quement  des  troupes ,  que  le  nabab 
souscrivît  un  traité  dont  les  princi- 
pales conditions  furent,  que  1  armée 
française  serait  indépendante,  qu'on 
y  adjoindrait  un  corps  de  quatre 
mille  hommes  de  cavalerie,  un  de 
six  mille  d'infanterie ,  et  qu'il  serait 
annuellement  payé  à  l'armée  vingt- 
quatre  lacks  de  roupies ,  ou  environ 
sept  millions  deux  cent  mille  francs. 
Haïder-Aly  consentit  à  tout  ;  et  Suf- 
fren  quitta  Porto-Nove  pour  aller  à 
la  recherche  des  Anglais.  I^ 9  avril , 
au  point  du  jour^  on  signala  quatorze 
voiles  ennemies.  L'amiral  lit  aussitôt 
former  l'ordre  de  bataille  ;  on  ma- 
nœuvra pendant  trois  jours  pour  con- 
server l'ennemi ,  et  surtout  pour  lui 
gagner  le  vent  ;  et  le  i  a ,  les  deux 
armées  se  trouvant  en  présence ,  le 
combat  s'engagea ,  et  il  dura  avec 
acharnement  pendant  cinq  heures. 
SufTren  ,  voyant  trois  de  ses  vais- 

II 


i62 


SUF 


seaux,  dëgrecs  rester  en  arrière,  Gt 
signal  de  cesser  le  feu  ,  et  de  te- 
nir le  vent ,  afin  de  mettre  les  An- 
glais entre  la  terre  et  lui.  Ce  com- 
bat ayant  eu  lieu  par  le  travers  de 
Proyédien,  il  en  prit  le  nom.  IjCS 
deux  escadres  furent  très-maltraitées; 
mais  la  perte  des  Anglais  fut  plus 
considérable,  car  le  19,  se  retrou- 
vant encore  en  présence  ,  et  le  com- 
mandeur voulant  engager  l'amiral 
Hughes  à  une  nouvelle  action  ,  en  le 
prolongeant  dans  les  difTérents  bords 
qu'il  e'tait  oblige'  de  courir,  celui-ci 
s'y  refusa  obstinément,  eu  forçant 
de  voiles  pour  l'éviter.  Suflren ,  dont 
les  vaisseaux  avaient  besoin  de  répa- 
rations, se  trouvant ,  le  3o  avril ,  en 
vue  de  Batacolo,  petit  comptoir  hol- 
landais ,  y  fit  jeter  l'ancre.  I^e  scorbut 
avait  exerce  de  grands  ravages  dans 
les  équipages  ;  ou  débar((ua  les  ma- 
lades ,  et  on  les  fit  camper  sous  des 
tentes  ;  les  habitants  fournirent  des 
bœufs  :  le  pays  offrait  aboiHlammeut 
une  sorte  d'herbage  appelé  brèdes  ; 
ce  qui ,  joint  à  la  pèche  et  au  gibier  , 
arrcta  bieulôt  les  progrès  de  cette 
cruelle  maladie.  Un  mois  suiUt  ])our 
faire  à  l'escadre  les  réparations  dont 
elle  avait  besoin  ;  les  malades  étaient 
presque  tous  rétablis  ,  de  nouveaux 
a  p provision nements  avaient  été  fa  ils  : 
le  commandeur  douna  i'oi-dre  de  le- 
ver les  tentes  ;  et  le  3  juin ,  l'escadre 
mit  sous  voiles,  se  dirigeant  sur  (tou- 
delour  ;  ellc's'arrrta  devant  Tranque- 
bar])ou!'  y  prendre  cinq  cents  bœufs, 
qui  lui  (>tuintt  envoyés  par  llaïder- 
Aly,  et  pour  traiter  de  divers  appro- 
visiunucmcnts.  Chemin  faisant ,  elle 
s'empara  de  (pialre  b.'itiments  an- 
glais, chargés  de  vivres  et  de  nnmi- 
tions.  Arrivé  à  Goudelour ,  Sullren 
envoya  le  major  de  son  es<;adre  au- 
près d'Ilaïdei-Aly ,  pour   proposer 
an  nabab  de  irprendrc  N^apatam^ 


SUF 

dont  les  Anglais  s'étaient  empara 
ouelque  temps  auparavant  sur  les 
HoUandab ,  et  pour  lui  demander , 
à  cet  effet,  quatre  cents  européens 
et  un  bataillon  de  cipayes.  Ne  dou- 
tant pas  que  le  nabab  n'acccptit 
sa   proposition ,  il  s'occupa  ,   dès 
ce   moment  ,   à  préparer  tout  ce 
qui  était  nécessaire  pour  cette  opéra- 
tion. On  embarqua  les  munitions  sur 
les  flûtes  ,  et  les  troupes  furent  mises 
sur  les  vaisseaux.  Le  nabab  ayant 
acquiescé  aux  demandes  du  comman- 
deur ,  l'escadre  appareilla  en  se  diri- 
geant sur  Négapatam.  La  BeUone, 
qui  avait  été  chargée  d'observer  l'en- 
nemi pendant  la  relâche  à  Gouddonr^ 
rencontra  l'amiral  dans  sa  route,  d 
lui  apprit  que  les  Anglais  étaiot 
mouillés  devant  Nc^apatam.  Cette 
nouvelle  changea  les  projets  de  Snf* 
fren^mais,  ravi  de  trouver  l'occasioi 
d*un  nouveau  combat ,  il  fit  signal  de 
forcer  de  voiles ,  en  continuant  h 
même  route.  Bientôt ,  en  effet ,  on  dé- 
couvrit l'escadre  anglaise  au  mouil- 
lage. Comme  il  était  trop  tard  pour 
engager  une  action  ^  le  commaDdnr 
donna  l'ordre  de  mouiller.  Le  Icnds- 
maiu  (  n  juillet  1782  ) ,  à  dix  licuti 
et  demie ,  le  combat  commença  en- 
tre les  deux  <i vaut-gardes,  et  à  orne 
heures ,  il  devint  général.  Le  fira  b 
plus  terrible  régnait  de  part  et  d'au- 
ure  depuis  cinq  heures  ,  lorsqu'une 
saute  de  vent  jeta  le  désordre  dans 
les  deux,  lignes  :  toutefois  cet  accideol 
fut  plus  défavorable  aux  Angiaii, 
dont  plusieurs  vaisseaux ,  ayant  été 
entièrement  désemparés,  furent  dis* 
pers<fs  saus  pourvoir  rallier  leur  ami* 
r.i  I .  Le  Superbe,  que  montait  Hughes, 
et  qui  avait  été  aux  prises  avec  le  Se' 
ros ,  se  trouvait  très- mal  traité;  enfin 
le  l'eu  ayant  cessé, les  AuglaisalU 
au  mouillage  devant  N^apalam,! 
attendre  les  ordres  de  leur  chef.  Sot- 


j 


SCF 

f  CQ  panne  sur  le  cbamp  de 
'oyait  fuir  devant  luiVes- 
«mie ,  et  hâtait  même  à 
canon  la  marche  de  ceux 
mutaient  pas  assez  vite  l'or- 
ra ite  qui  venait  de  leur  être 
^cadre  française  alla  mouil- 
kal  ,  à  deux  lieues  de  Né- 
La  position  des  Anglais  , 
luvaieut  âu  vent,  leur  per- 
'  venirrattaquer s'ils  avaient 
ommencer  le  combat.  Suf- 
i  toute  la  nuit  et  une  partie  du 
i  à  les  observer;  mais  voyant 
deTamiral  Hughes,  il  sedé- 
niiu  à  conduire  son  escadre 
our  pour  l'y  réparer.  Klle 
voiles  depuis  quelques  heu- 
ju'on  aperçut  un  petit  bâti- 
ichë  de  l'escadre  anglaise, 
avili  on  parlementaire.  L'of- 
montait  ce  bâtiment ,  étant 
bord  du  Héros  ,  remit  une 
sir  Edward  Hughes ,  par 
:elui-ci  réclamait  le  vaisseau 
qui ,  dans  le  combat  de  la 
près  avoir  demandé  quartier 
é  son  pavillon ,  l'avait  en- 
issé  et  i-ecommencé  son  feu. 
ajoutait-il  y  proOte  du  mo- 
le Sultan  mettait  un  canot 
j  et  allait  l'a  mariner ,  pour 
trois  volées  qui  avaient  fait 
;e  affreux.  L'amiral  Hughes 
t  en  réclamant  ce  vaisseau 
du  roi  d'Angleterre  ,    et 
i'ëtant  rendu  à  l'un  des  bâti- 
î  son  escadi'e.   Le  comman- 
lour  qui  cette  réclamation 
:  énigme  ,  répondit  que  Vj^- 
lyant  point  combattu  ,  ne 
a  voir,  a  mené;  qu'il  n'avait 
naissance    qu'aucun  de  ses 
X  se  fût  reudu ;  mais  que  si, 
fvénement  quelconque,  cela 
c,  il  serait  allé  l'enlever  lui- 
t  milieu  de  Fescadre  anglaise  ; 


SUF 


i63 


qu'au  reste  il  allait  vérifier  les  faits. 
Dites    cependant  à  M.  Hughes^ 
ajouta-t-il ,  que  s'il  croit  de  son  de- 
i^oir  d'insister ,  il  peut  venir  cher- 
cher ce  vaisseau  lui-même.  Il  n'é- 
tait que  trop  vrai  qu'un  des  vaisseaux 
de  l'escadre  avait  amené  dans  le  com- 
bat du  6.  Le  capitaine  du  Sésfère  y 
homme  faible  et  dont  la  valeur  atait 
déjà  été  suspectée ,  se  voyant  dans  un 
grand  danger,  perdit  la  tcte  à  un  tel 
point  que,  sans  considérer  la  honte 
aont  il  allait  se  couvrir,il  voulut  se  ren- 
dre ,  et  ordonna  d'amener  le  pavillon. 
Deux  volontaires  auxquels  il  en  donna 
l'ordre  refusèrent  de  l'exécuter  j  mais 
il  rencontra  des  hommes  plus  com- 
plaisants y  et  le  pavilloi^iut  amené. 
Lorsque  cette  nouvelle  parvint  dans 
les  batteries, les  ofilciers  ne  voulurent 
point  y  croire  ;  l'un  d'eux  (  M.  Dieu  ) 
vole  sur  le  pont  y  et  voit  effectivement 
le  vaisseau  sans  pavillon.  Il  adresse 
alors  au  capitaine  les  représentations 
les  plus  vives,  et  il  essaie  de  lui  faire 
honte  de  sa  lâcheté  :  tous  ses  efforts 
étaut  inutiles ,  il  lui  déclare  qu'il  est 
le  maître  de  son  pavillon ,  mais  que 
ni  lui,  ni  ses  camarades  y  ne  voulant 
point  partager  son  opprobre  y  le 
vaisseau  ne  se  rendra  pas ,  et  qu'ils 
vont  continuer  le  combat.  Cet  officier 
descend  aussitôt  dans  les  batteries  y 
et  le  feu  recommence  avec  une  vi- 
gueur nouvelle  (  i  ).  Malheureusement 
pour  le  Sultan ,  il  venait  de  mettre 
en  panne  ,  et  se  disposait  k  envoyer 
&on  canot  pour  amariner  le  Sévère  y 
lorsque  les  bordées  de  ce  vaisseau  y 
le  prenant  eu  poupe ,  lui  causèrent  un 
dommage  considérable.   Cependant 
le  capitaine ,  à  qui  il  était  devenu  en 
quelque  sorte  impossible  d'exécuter 


(i)  Lorsque  en  circouatmices  furent  devennet 
publiquM^  un  disait  dans  l'escadre  que  le  capitai- 
ne du  Sévère  avait  roulu  se  rendre  aux  ÂngUii, 
Ibaia  que  Dieu  ne  l'aTait  p««  permis. 

II  •• 


t6i 


SUF 


sa  résolution ,  avait  fait  rcKisser  son 
pavillon  ;  et  ce  fut  ainsi  que  la  bra- 
voure de  ses  officiers  sauva  le  vais- 
seau qui  lui  e'tait  confié.  Ce  der- 
nier combat  avait  mis  le  comble  aux 
mécontentements  que  ressentait  de- 

Suis  long-temps  l'amiral  de  la  con- 
uite  de  plusieurs  des  capitaines  de 
sou  escadre.  Le  commandant  du  Se- 
çère  fut  suspendu  ;  ceux  de  V Arté- 
sien et  du  Vengeur  reçurent  Tordre 
de  remettre  leurs  commandements  ; 
quelques  autres  officiers^  coupables  de 
lâcheté  et  d'insubordination ,  furent 
envoyés  à  Tlle-de-France.  Mais  quit- 
tons ces  détails  afUigeants ,  et  reve- 
nons à  Haïder-Aly.  Son  admiration 
pour  le  commandeur  s'était  encore 
accrue  par  la  dernière  victoire  qu'il 
avait  remportée.  Ayant  appris  son 
retour  à  Goudeloiir  ,  il  lui  écrivit 
pour  lui  témoigner  le  désir  qu'il  avait 
âc  le  voir  ;  et  sans  attendre  sa  ré- 
ponse ,  il  ût  les  dispositions  pour 
que  son  armée  se  mît  en  marche.  Le 
35  juillet ,  SuflVen  ayant  été  prévenu 
que  le  nabab  venait  d'arriver  à  Ba- 
hour ,  le  fit  saluer  par  le  canon  delà 
place  et  par  l'artillerie  de  l'escadre. 
11  lui  envoya  en  même  temps  son 
major ,  pour  le  compUmenter  ,  et 
prcndi-e  son  jour  pour  leur  entrevue. 
Elle  fut  fixée  au  lendemain.  Le  na- 
bab y  dont  le  camp  était  éloigné  d'en- 
viron deux  lieues  de  Goudelour ,  en- 
voya un  détachement  de  cinq  cents 
cavaliers ,  sous  les  ordres  de  Goulam- 
Al y  Khan ,  général  en  chef  de  sa  ca- 
valerie ,  pour   servir  d'escorte  au 
commandeur.  Le  u6 ,  SufTren  des- 
cendit à  terre  avec  six  de  ses  capi- 
taines y  et  plusieurs  officiers  de  son 
escadre.    Apres  avoir  été  compli- 
menté par  le  général  du  nabab ,  il 
monta ,  ainsi  que  sa  suite  y  dans  les 
palanquins  qui  leur  avaient  été  en- 
voyés ,  cl  if  sortit  de  Goudelour , 


SUF 

escorté  par  la  cavalerie  dl 

par  un  bataillon  de  Cipayes. 

vaut  aux  premières  lignes 

mée  j  il  trouva  toute  l'infa: 

nabab  rangée  en  bataille  e 

tant  les  armes;  les  tam]> 

taient  aux  champs  L'amiral 

te  furent  introduits  imméc 

auprès  d'Haïder  ,  qui  y  aiiss 

aperçut  Suflrcn ,  se  leva ,  v 

cevoir  à  l'entrée  de  sa  tent 

donna  l'accolade.  Revenu  à  ; 

et  ayant  mis  le  commande 

côtés ,  il  lui  présenta  son  s( 

Kérym-Saheb,  ainsi  que  toi 

gneurs  de  sa  cour  y  les  chei 

armée  et  tous  les  envoyés  i 

rents  princes  de  l'Inde  résid 

de  lui.   Après  les  premiers 

nients^  le  nabab  exprima 

joie  qu'il  avait  de  voir  le  c 

dcur  y  et  son  admiration  pou! 

toires  :  Avant  votre  arrh 

côte ,  lui  dit-il ,  je  me  crc 

grand  homme  et  un  grand ^ 

mais  vous  m* avez  éclipse',  p 

êtes  un  grand  homme.  Suffre 

cotc^  Im  dit  les  choses  les  plu 

ses  sur  ses  faits  d'armes  ;  et  i 

répétait  à  sa  cour  tout  ce  que  ! 

le  commandeur  ;  mais  s'ap 

tout-a-coup  que  la  position 

quelle  Sull'ren  était  placé  lui 

incommode ,  à  cause  de  son 

point  ^  il  fit  apporter  des  ca 

et   l'engagea   à    s'asseoir  à 

pécune ,  sans  égards  pour  l'c 

qui ,   dit-il ,  n'était  pas  fai 

lui.  Jje  commandeur  ,  aval 

rendre  au  camp  du  nabab,  a^ 

la  nouvelle  de  l'arrivée  d 

à  rile-de- France,  avec  si 

seaux  de  guerre ,  deux  frégs 

un  grand  nombre  de  bâtin 

transport,  portant  cinq  mil 

mes  ae  troupes  :  il  en  fit  pai 

der-Aly  ,   et  lui  apprit  c» 


SUF 

jue  ses  frégates  venaient  de 
"erd'une  goélette  anglaise  qui 
k  ^ëgapatam  le  colonel Hom, 
d'un  mérite  distingue.  Le 
reçut  ces  nouvelles  avec  la 
inde  joie }  et  y  pour  la  temoi- 
de'tacha  de  son  turban  une 
en  diamans ,  dont  il  orna  le 
I  du  commandeur;  il  lui  pré- 
issi  un  scrpeau(ti)  fort  riche, 
.  bacues  d'un  grand  prix, 
capitaine  reçut  un  serpcau 
d'or ,  un  châle ,  et  imeplaque 
ichie  de  diamants  et  de  pier- 
ieuses.  L'usage  étant  d'ajou- 
cheyal  à  ces  objets,  ou  d'en 
la  valeur  en  argent  à  ceux 
ni  ce  présent  est  inutile ,  le 
ût  compter  pour  cet  ob-> 
e  roupies  à  chaque  capi- 
l'éléphant  qu'il  destinait  à 
fut  représcuté  par  dix  sacs 
i  roupies  chacun  (  la  roupie 
r.  5o  c.  ).  Cette  première  en- 
où  il  ne  fut  point  question 
s  ^'dura  cependant  près  do 
ires.  Le  nabab ,  en  la  tcrmi- 
.«manda  au  commandeur  un 
i  particulier ,  et  le  pria  d'ac- 
idéjeuncr  pour  le  lendemain. 
ra  ensuite ,  toute  sa  cour  l'i- 
il  reconduisit  Sufiren  jus- 
lortie  de  sa  tente.  Les  même»' 
s  que  celui-ci  avait  reçus  à 
Ivée  lui  furent  rendus  à  son 
joulam-Aly-Khan^  ainsi  que 
i  seigneurs,  l'accompagnc- 
pi*à  la  tente  qui  lui  avait  été 
; ,  non  loin  de  celle  d'Haïder, 
*  garde  d'honneur  était  com- 
>rès  de  sa  personne.  Le  leu- 
1e  déjeuner  fut  préparé  dans 
e  particulière  :  il  se  compo- 
lets  apprêtés  à  la  turque  ;  et, 
attention  délicate ,  le  nabab 

là  b  UÊuae$if»t ,  ca  étoffe  d'or. 


SUF 


i65 


avait  fait  disposer  le  service ,  et  sur- 
tout les  sièges  ,  ^  la  manière  euro- 
péenne. Pendant  le  repas  il  s'entre- 
tint constamment  avec  Suifren ,  par 
l'entremise  de  Piveron.  Ses  com- 
bats contre  l'escadre  anglaise  furent 
le  sujet  de  la  conversation ,  et  il  ne^ 
cessait  de  lui  témoigner  son  admira- 
tion sur  son  activité  et  sa  valeur.  Le 
déjeuner  terminé  ^  Haïder-Aly  invita 
le  commandeur  k  passer  dans  sa- 
tente  ,  et  là  ils  eurent  un  entretien  de 
plusieurs  heures.  Le  nabab  lui  fit 
l'exposé  de  ses  plans  de  campagne 
contre  les  Anglais ,  de  ses  projets  de 
les  chasser  de  l'Inde  avec  le  se- 
cours de  la  France  :  mais  en  mém& 
temps  il  ne  lui  dissimula  pas  ses  in- 
quiétudes ,  causées  par  les  conquêtes 
que  l'armée  anglaise  avait  faites  ré- 
cemment dans  son  pays  sur  la  côte 
de  Malabar^  et  dans  ses  propres  do- 
maines ;  ses  craintes  sur  la  défectioa 
des  Mahrattes,  qui,  disait-il,  fini- 
raient par  s'allier  aux  Anglais^  et 
pourraient  l'exposer  k  un  grand  dan- 
ger ,  si  les  troupe  françaises  aux  or- 
dres de  Bussy  n'arrivaient  prompte-* 
ment.  La  franchise  et  la  noblesse  que 
Suflr.en  mit  dans  ses  réponses ,  l'iii- 
térêt  qu'il  témoigna  au  nabab ,  l'em- 
pressement qu'il  lui  montra  de  re- 
mettre proniptementà  la  mer  poun 
aller  combattre  les  Anglais  ,  l'as- 
surance positive  qu'il  lui  donna  de 
la  prochaine  arrivée  des  secours 
envoyés  par  le  roi  de  France ,  char- 
mèrent ce  prince,  et  lui  inspirèrent 
pour  l'amiral  une  estime  et  une  con- 
fiance sans  bornes.  Cette  entrevue  se 
termina  avec  le  même  cérémonial 
que  la  première  ;  et  le  commandeur , 
en  annonçant  a^u  nabab  le  projet  qu'  il 
avait  de  retourner  le  soir  même  à 
Goudelour ,  lui  proposa  devenir  jus- 
-u'à  la  côte  pour  jouir  du  spectacle 
e  son  escaore  pavoiscc  ,  et  dans 


1 


66 


SUF 


toute  la  pompe  dont  les  yaisseaus 
sont  siisceptiblrs.    Haïder  s'en  dé- 
fendit par  lin  compliment  aussi  flat- 
teur que  spirituel ,  en  répondant  au 
gëncVai ,  qu'il  ne  s'était  déplacé  que 
pour  avoir  le  plaisir  de  le  voir  et 
qu'il  ne  lui  restait  pins  rien  à  dé- 
sirer. Alors  y   oubliant   la   morcue 
ordinaire  aux   souverains   de   1 A- 
sie  ,  il  reconduisit  le  commandeur 
jusqu'au  delà  de  sa  tente  ,  et  lui  dit 
en  le  laissant  aller  :  Adieu ,  M,  de 
Suffren;  heureux  le  souverain  qui 
possède  un  sujet  aussi  précieux  que 
vous  ;  j'espère  que  vous  reviendrez 
bientôt  couvert  de  nouveaux  lau- 
Tiers ,  je  ne  puis  vous  exprimer  le 
désir  que  j'en  ai  ,  et  la  confiance 
que  vous  ni  avez  inspirée.  Cet  épi- 
sode de  la  vie  de  Suifren  doit  être  à 
jamais  mémorable  dans  l'histoire; 
car  il  est  sans  exemple  qu'un  des  plus 

Suissants  souverains  de  l'Asie  se  soit 
épia  ce  de  plus  de  quarante  lieues  j 
avec  une  armée  de  quatre-vingt  mille 
hommes,  dans  le  seul  but  de  donner 
un  témoignage  de  son  estime  à  un 
général  étranger.  SufTren  fut  instruit 
dans  les  premiers  jours  d'août,  i  ^B'i , 
que  l'escadre  anglaise  s'était  dirigée 
sur  Madras,  où  elle  était  occupée  à  em- 
barqiier  des  troupes  dont  on  ignorait 
la  destination.  Aussitôt  il  appareille, 
et  fait  route  pour  Tranquel>ar ,  espé- 
rant y  obtenir  des  i*cnseip;ncments. 
Trom[Kî  dans  celle  attente,  il  se  dirige 
sur  Batacolo.  La  frégate  la  Conso- 
lante^ ox])édicc  de  Tlle- de-France, 
y  était  depuis  trois  jours  ;  elle  ap- 
prit au  '^('lierai  que  les  vaisM'aux  le 
Saint-Mictud^  de  60,  ci  F  Illustre , 
de  74»  escortiiut  huit  bâtiments  de 
transpoil  ,  chargés  de  troupes  et  de 
munitions,  étaient  mouillés  h  Galle, 
où  ils  n'attendaient  que  des  vents 
favorables  pour  le  rejoindre.  Ce  ren- 
fort ne  pouvait  arriver  plus  à  propos 


SUF 

pour  rexécntton  du  projet  que  médi- 
tait Suffi'en.  En  momllant  k  Èatacolo, 
il  avait  expédié  un  de  ses  bâtiments 
légers  pour  reconnaître  la  baie  de 
Trinquemalé.  lie  rapport  ^du  capi- 
taine lui  ayant  donné  la  certitude 
que  l'escadre  anglaise  n'y  était  point, 
il  se  détermina  à  faire  le  siège  de 
cette  place.  Tjes  deux  vaisseaux  et 
le  convoi  parurei^t  le  21.  Le  mê- 
me jour,  le  cutter  le  Lézard  moral-' 
la  dans  la  rade   de  Batacolo.   Il 
apportait  à  Suffren  des  paquets  de 
la  cour  ,  contenant  l'apiïrobatioD  de 
sa  conduite  à  la  baie  de  la  Praya, 
et  la  confirmation  de  toutes  les  grâ- 
ces qu'il  avait  demandées  pour  les 
oiliciers  de  son  escadre.  Une  lettre 
du  grand-maitre  de  Malte ,  en  le  fëli- 
citant  sur  ses  succès  y  lui  annonçait 
qu'il  avait  été  fait  bailli.  Ces  noo- 
velles  portèrent  la  j  oie  à  bord  de  tous 
les  bâtiments,  car  Suffren  était  chéri 
de  tous  ceux  qui  serraient  sous  sa 
ordres.  Le  '25  août ,  l'amiral  fit  si- 
gnal d'appareiller  y  et  de  se  prëpvcr 
au  combat.  L'escadre  se  troirva  nen- 
tot  à  la  vue  des  forts  de  Trinquemalé. 
Le  succès  de  l'entreprise  dépendait 

Iu'incipalement  de  la  célérité;  il  fil- 
ait  qu'une    attaque    aussi    vigou- 
reuse qu'imprévue  fît  tomber  celle 
place  avant  qu'elle  pût  être  secourue. 
La  descente  eut  lieu  à  deux  tiers  de 
portée  de  canondes  forts.  LesAnclais, 
pris  à  l'improyiste ,  n'y  opposèrent 
aucun  obstacle.  Le  27  août ,  h  h 
pointe  du   jour  ,   le   général  des- 
cendit à  terre;  il  visita  les  traTaoi 
commencés^  fit  élever  de  nouvelles 
Ixitteries  ,  et  construire  des  retran- 
chements. Les   ouvrages  ayançaieàC 
rapidement  ;  on  était  déjà  panrena  à 
a  ssurer  les  communications  entre  eut. 
Suffren  se  portait  partout,  animant  el 
dirigeant  tes  travailleurs.  Enfin  ^  le 
'29,  les  batteries  commenoirent  à 


SUF 

elles  consistaient  en  six.  ca- 
le  i8  et  trois  mortiers.  Leur 
arfaitement  dirigé^  était  très- 
."tear^  mais  les  plates-formes , 
ites  y  à  cause  de  la  pre'cipita- 
e  démontèrent  et  s'affaissèrent 
tement.  Il  fallut  suspendre 
le  pour  les  réparer  :  on  s'en 

toute  la  nuit;  et  au  jour  y  les 
es  se  trouvèrent  en  état.  Le  feu 
nença  le  3o,  avec  une  nou- 
igueur.  A  neuf  heures ,  le  gc- 
t  sommer  le  fort  principal  de 
Ire ,  quoique  la  brèche  fût  en- 
in  d'être  faite.  L'olîicier  fran- 
nnt ,  deux  heures  après ,  avec 
;ier  du  génie.  Ils  portaient  les 
ons  auxquelles  le  gouverneur 
tait  k  capituler.  Suflren  les 
un  peu  exigeantes  ;  mais  il  ne 
is  devoir  se  rendre  difficile  : 
it  moins  des'  prisonniers  (pie 
e  important  de  Trinquemalé 
oulait.  La  garnison  obtint  les 
irs  de  la  guerre  et  son  renvoi 
ras.  L'accession  du  fort  d'Os- 
trg  à  cette  capitulation ,  qui 
u  le  lendemain  ,  pei^init  aux 
is  d'arborer  leur  pavillon  sur 
s  points  de  la  baie.  Ainsi , 
q  jours  ,  le  bailli  de  Suf- 
empara  d'un  des  plus  beaux 
c  rinde  et  d'une  place ,  qui , 
position ,  assurait  ses  moyens 
ue  et  ses  communications.  Son 
timent  de  l'arrivée  de  l'esca- 
;laise  ne  tai*da  pas  à  se  réali- 
Ic  TMnit  trois  jours  après  la 
e  Trinquemalé.  SuITren  était 
à  terre ,  occupé  de  mettre  sa 
e  k  l'abri  de  toute  attacpie, 
Hi  signala  l'emiemi.  Aussitôt  il 
»  le  rembarquement  des  trou- 
:oumc  k  bord  de  son  vaisseau, 
spose  à  livrer  im  combat  d'u- 
f  espèce.  Le  jour  commençait 
T  lorsqu'on  aperçut  les  vais- 


SUF  167 

seaux  anglais  ;  l'éloignement  où 
ils  étaient  encore  au  soleil  couchant 
ne  leur  permit  pas  d'avoir  connais- 
sance de  l'escadre  française.  Ils  lais- 
sèrent ton^r  l'ancre  ;  et  on  les  vit , 
au  jour ,  manœuvrant  pour  s'appro- 
cher de  la  baie.  Il  devint  évident  qne 
l'amiral  Hughes,  ignorant  la  pnse 
de  Trinquemalé ,  venait  pour  le  se- 
courir ;  et  sa  manœuvre  marqua  bien- 
tôt sa  surprise  et  sa  consternation. 
Suffren  avait  donné  l'ordre  de  virer 
à  pic.  Une  forte  rafale ,  qui  s'éleva 
subitement,  litdéraper  plusieiu*s  vais- 
se<iux.  Le  Flamand  vint  tomber  sur 
r  Orient ,  qui  ne  l'évita  qu'en  appa- 
reillant précipitamment.  Le  Héros 
aborda  1  Annihal^  qui  était  encore 
mouillé;  et  ces  deux  vaisseaux  éprou- 
vèrent des  avaries  assez  majeures. 
TiO  général  donna  le  signal  d'appa- 
reiller et  chai^ea  la  Bellone  d'aOer 
reconnaiti'e  l'ennemi  ,  qui  conti- 
nuait à  s'éloigner.  On  faisait  petites 
voile<î ,  lorsque  l'escadre  reçut  l'or- 
dre de  mouiller  avec  une  grosse 
ancre.  Plusieurs  capitaines  profitè- 
rent de  cette  circonstance  pour  se 
rendre  à  bord  du  Héros.  Ils  repré- 
sentèrent à  l'amiral  que  peut-être  il 
serait  de  la  prudence  de  s'abstenir 
de  combattre.  Trinquemalé  pris  as- 
surait à  l'escadre  un  port  pour  l'hi- 
vernage et  un  rendez  -  vous  pour  les 
convois.  On  avait  présenté  le  combat 
aux  Anglais  ,  en  appareillant  k  leur 
vue  ;  mais ,  puisqu'en  prenant  le  bord 
du  large,  ils  entraînaient  l'escadre 
loin  de  Trinquemalé  et  du  convoi,  il 
fallait  tenir  le  vent  pour  y  revenir. 
Ces  considérations  commençaient  à 
el)ranler  Suffren ,  lorsque  la  Bellone 
vint  lui  rendre  compte  que  l'escadre 
anglaise  n'avait  que  douze  vaisseaux 
(  l'escadre  française  se  composait  de 
quatorze),  a  Messieurs,  dit -il,  si 
»  l'ennemi  était  en  forces  supérieu- 


i68 


SUF 


»  rcs,  je  me  retirerais;  contre  des 
»  forces  c'gales,  j^aurais  de  la  peine 
»  à  prendie  ce  parti  :  mais  contre 
»  des  forces  inférieures ,  il  n'y  a  pas 
)>  à  balancer  ;  il  faut  combattre.  » 
Ou  était  à  sept  lieues  de  l'escadre  an- 
glaise. La  grande  inégalité  de  mar- 
cLe  des  vaisseaux ,  dont  six  seule- 
ment étaient  doubles  en  cuivre,  obli- 
gea SufTren  à  se  mettre  en  panne  avec 
ses  meilleurs  voiliers ,  pour  attendre 
les  plus  mauvais;  mais  il  n'y  resta 
pas  assez  long-temps  pour  que  la  li- 
gne pût  se  former,  quoique  les  vais- 
seaux qui  devaient  prendre  leur  pos- 
te se  fussent  couverts  de  voiles  pour 
s'y  rendre.  Dans  le  dessein  de  mettre 
sa  ligne  parallèlement  à  celle  dcs-An- 
glais,  Sulïreu  envoya  l'ordre  à  son 
avant  -  garde  d'arriver ,  ordre  ([u'il 
rendit  général  bientôt  après.  L'ar- 
tésien et  le  Saint  -  Michel  l'exécutè- 
rent avec  tant  de  célérité ,  qu'en  peu 
de  temps  ils  s'approchèrent  à  demi- 
portée  de  canon  du  vaisseau  de  tête 
ennemi ,  mais  de  l'avant  à  lui.  Alors, 
pour  ne  pas  se  trouver  entièrement 
sous  le  veut  de  la  ligne  anglaise,  ils 
revirèrent  au  plus  près ,  tribord  amu- 
re, manœuvre  qui  fut  exécutée  par 
les  vaisseaux  qui  les  suivaient.  IjC  si- 
gnal général  à  toute  l'escadre  d'arri- 
ver fut  de  nouveau  arboré  ;  mais 
comme  il  ne  s'exécutait  pas  assez 
promptemcnt  au  gré  de  l'amiral ,  il 
le  lit  appuyer  d*un  coup  de  canon.  On 
crut ,  dans  les  batteries ,  que  c'était 
le  commencement  du  combat  :  les 
bordées  partirent.  L'Illustre,  qui 
suivait ,  envoya  la  sienne  ;  et  il  fut 
imité  par  les  autres  vaisseaux.  L'es- 
cadre anglaise  riposta  ,  mais  sans 
discontinuer  de  courir  grand  largue  ; 
et  en  un  instant  le  feu  devint  général. 
Suflren ,  au  désespoir  de  voir  le  com- 
I)at  engagé  lorsque  son  escadre  était 
aujisi  mal  formée  en  ligne  ^  multi- 


SUF 

pliait  les  signaux  à  chaque  divistoB? 
et ,  pour  ainsi  dire ,  à  chaque  vais- 
seau ;  mais  la  ligne  contiDuail  à 
être  sans  ordre  :  peu  de  yaisseaux 
pouvaient  combattre  avantageuse- 
ment  ;  la  plupart  étaient  trop  au  vent; 
les  autres  tiraient  des  volées  sans  ef- 
fet. L'escadre  anglaise ,  au  conlraire, 
formée  dans  le  meilleur  ordre ,  faisait 
un  feu  terrible.  Ses  efforts  se  diri- 
ceaieut  particulièrement  sur  le  centre 
de  l'escadre  française ,  où  étaient  le 
Héros ,  Y  Illustre  et  VAjax,  qui  l'a- 
vaient seuls  approchée  à  portéede fu- 
sil. En  vain  le  général  répétait  le  A- 
gnal  de  venir  à  son  secours  :  le- gros 
de  son  escadre  se  trouvait  presque  en 
calme ,  ou  du  moins  le  vent  était  si 
faible,  qu'il  ne  pouvait  manceuvrerf 
tandis  que  les  vaisseaux  ennemis, 
favorisés  par  une  brise  très-fratche, 
évoluaient  à  leur  aise ,  et  écrasaient 
l'amiral  et  ses  deux  matelots  (3).  11 
était  même  à  craindre  que  l'avant- 
garde  anglaise,  en  revirant ,  ne  mit 
ces  trois  vaisseaux  entre  deux  Ceux  i 
mais  V Artésien  y  qui  jugea  leur  po- 
sition, se  porta  rapidement  par  le 
travers  de  cette  avant  -  garde ,  com« 
battit  lui  seul  les  trois  premiers  vais- 
seaux ,  les  tint  en  respect ,  en  força 
même  deux  de  laisser  arriver ,  et,  par 
cetf  ^  belle  manœuvre ,  sauva  Tami- 
ral.  iDans  ce  moment,  le  feu  ayant 
pris  à  bord  du  Vengeur  ^  obligea  les 
vaisseaux  les  plus  rapproch»  de 
lui  de  s'éloigner;  et  ce  mouvement 
augmenta  le  désordre  qui  régnait 
dans  la  ligne  française.  SuiTren,  se 
croyant  abandonné  par  son  escadre , 
était  au  désespoir ,  et  voulait  s'*euse* 
velir  sous  les  ruines  de  son  vaisseau. 
Déj.î  il  avait  perdu  son  grand  mât; 
celui  de  perroquet ,  de  fp.ugue  et  le 


{V\  Pu*  ce  moi  oo  enl«nd  l« 
qui  «n  |>réc«d«  on  autre. 


TAÎMCMl  q«i  SMl  «I 


SUF 

hune  venaient  de  tom- 
s  de  joie  qu'il  entend  à 
s  vaisseaux  ennemis  qui 
ent,  il  regarde  sa  mâtu- 
çoit  que  son  pavillon  de 
cnt  est  abattu  :  u  Des 

s'ccria-l-il;  qu'on  ap- 
pavillons  blancs ,  qu'on 
3ut  à  Tentour  du  vais- 

)c  voyait  furieux  ,  cou- 
unette,  s'oflVir,  en  quel- 
ux  boulets  ennemis,  ne 

survivre  à  sa  défaite; 
e  de  la  France  veillait 
devait  le  dédommager 
2t  ëcbec.  Le  combat  du- 
ne heure  et  demie  ,  iso- 
ve'rité,  et  partiellement, 

les  vaisseaux  français 
i  se  rejoindre  :  la  nuit 
combat.  Les  Anglais  al- 
ler à  Madras.  Plusieurs 
iseaux  paraissaient  très- 
:t  Tun  d'eux  avait  perdu 
a  t.  Telle  fut  l'issue  d'une 
heureusement  commen- 
allieureusement  suivie , 
ccès  de  laquelle  se  rcu- 
endant  tant  de  chances 
ullren  resta  persuade  que 
î  ses  vaisseaux  l'avaient 
»udu  moins  qu'ils  avaient 
îuir  à  son  secours  aussi 
t  qu'ils  l'auraient  pu. 
mlement  était  extrême  ; 
r  même ,  il  en  donna  des 

non  équivoques.  L'es- 
oute  la  nuit  en  panne  sur 
bataille.  Le  lendemain^ 
plus  l'cnnemijelle  fit  rou- 
uemaléj  cependant  avant 
[le  était  destinée  à  éprou- 
au  malheur.  Le  8  sept. , 
es  du  matin ,  on  entendit 
;anon;  et  le  jour  fit  voir 
vaisseau  l' Orient  échoue' 
ite-sale ,  situ«e  à  Ten- 


SUF  169 

trée  de  la  baie.  Tous  les  vaisseaux 
eurent  ordre  de  mouiller  pour  lui 
porter  secours.  On  reconnut  bientôt 
qu'il  avait  donné  sur  des  rochers  ca- 
chés sous  l'eau,  en  sorte  que  la  vé- 
tusté de  ce  bâtiment ,  qui  ne  se  sou- 
tenait plus  sur  l'eau  que  par  le  jeu 
des  pompes ,  surtout  depuis  le  com-' 
bat  de  Provédien ,  6ta  tout  espoir  de 
le  sauver.  Les  vents  contraires  retin- 
rent l'escadre  au  mouillage;  et  elle 
ne  put  rentrer  dans  la  baie  que  le  1  ^. 
C'était  un  spectacle  vraiment  dou- 
loureux que  de  voir  l'état  dans 
lequel  revenait  cette  escadre.  Dès 
qu  elle  fut  rentrée  dans  la  baie  de 
Trinquemalëy  on  s'occupa  de  répa- 
1  er  les  vaisseaux  désemparés  ;  et  les 
équipages  y  apportèrent  une  si  gran- 
de activité ,  qu'en  moins  de  quinze 
jours,  elle  fut  en  état  de  repren- 
dre la  mer.  Pendant  cette  relâche, 
SufTren  reçut  des  avis  qui  lui  donnè- 
rent de  l'inquiétude  pour  Goudelour. 
Haider-Âly  avait  été  obligé  de  se  por- 
ter dans  le  Nord  avec  son  armée.  Les 
Anglais,  profitant  de  son  eloigne- 
ment,  étaient  sortis  de  Madras,  et 
campaient  sur  le  coteau  de  Périmbé^ 
près  de  Pondichéri,  d'où  ils  sem- 
blaient menacer  Goudelour.  On  avait 
réuni ,  dans  cette  place  importante , 
une  grande  quantité  de  vivres  et  d'ap- 
provisionnements ,  et  il  fallait  la  con- 
server à  quelque  prix  que  ce  fût.  L'a- 
miral expédia  la  Bellone  au-  comte 
d'HofTelize,  pour  lui  annoncer  son 
retour  prochain  à  la  côte ,  et  lui  re- 
commander ,  dans  le  cas  où  il  serait 
attaqué,  de  tenir  jusqu'à  son  arrivée. 
Ëd'ectivement  ce  général,  par  des 
manœuvres  sagement  comninées,  sut 
forcer  à  l'inaction  l'armée  qui  lui 
était  opposée ,  et  faire ,  en  attendant 
les  renforts  qui  lui  étaient  annoncés  ^ 
ime  campagne  d'observation  juste- 
ment admiiéc.  Le  i^f.  octobre,  Tes-* 


170 


SUF 


cadre  étant  réparée  et  approTision- 
bée ,  Suflren  appareilla  pour  se  ren- 
dre à  Goudelour ,  où  il  mouilla  le  4* 
En  y  entrant ,  l'escadre  éprouya  en- 
core une  nouvelle  perte.  Le  Sphinx , 
qui  était  en  tête  de  la  ligne ,  mouilla 
trop  précipitamment  ;  le  Bizarre , 
qui  le  suivait ,  craignant  d'être  gêné 
parle  mouvement  de  culée  du  Sphinx  ^ 
se  vit  obligé  (l'arriver  ;  malheureu- 
sement ce  vaisseau  ne  fut  pas  assez 
sensible  à  l'action  de  son  gouver- 
nail et  à  la  disposition  de  ses  voi- 
les ,  pour  le  uire  venir  au  vent 
lorsquil  eut  doublé  le  Sphinx  ^  et 
on  le  vit  échouer  par  le  plus  beau 
temps  du  monde.  Toutes  les  em- 
barcations volèrent  à  son  secours  : 
mais,  balotté  par  la  lame  sur  un 
fond  de  roches,  il  se  creva  bien- 
tôt; et  l'on  dut  perdre  tout  espoir  de 
le  sauver.  L'amiral  fut  très -sensible 
à  cet  événement  :  il  voyait  ayec  peine 
cette  diminution  de  ses  forces ,  tandis 
qu'il  savait  que  celles  des  Anglais  ve- 
naient de  s'augmenter  de  cinq  vais- 
seaux. Ce  chagrin  fut  tempéré  parla 
satisûiction  de  ne  pas  trouver  Gou- 
delour assiégé  ,  ainsi  qu'il  l'avait 
craint.  Le  général  Coote,  qui  avait 
effectivement  le  projet  d'attaquer 
cette  place,  était  en  route  pour  ve- 
nir l'mvestir ,  lorsqu'apprenant  la 
prise  de  Trinquemalé,  il  se  retira 
jusqu'au  Grandmont,  sous  Madras , 
où  son  armée  passa  tout  l'hivernage 
suivant.  Ainsi  c'était  encore  à  l'ami- 
ral qu'on  devait  la  conservation  de 
ce  poste  important.  On  était  arrivé 
au  la  octobre ,  et  ni  l'une  ni  l'autre 
escadre  ne  pouvait  rester  plus  long- 
temps à  la  côte  de  Coromandd.  Les 
Anglais  se  réfugièrent  à  Bombay^  ne 
doutant  pas  que  l'escadre  française 
ne  fût|obiigée  d'aUer ,  suivant  l'nsace 
ordinaire  y  se  ravitailler  à  l'Ile  de 
France,  à  quinze  cents  lieaes  du  théâ* 


SUF 

tre  de  la  guerre.  Certains  ah 
trouver  les  premiers  à  la  oôt 
romandel ,  au  retour  de  la  1 
son,  ils  espéraient  bien  recc 
supériorité  qu'ils  avaient  pc 
reprendre,  avant  l'arrivée  d 
çais,  toutes  les  conquêtes  q 
ci  avaient  faites.  Trinquen 
frait  à  Suffreu  un  port  9 
où  ses  vaisseaux  pouvaient 
sûreté;  mais  le  climat  en 
insalubre  pour  des  équipage 
ses  par  tant  de  fatigues  et  ] 
long  séjour  à  la  mer.  L'ilc 
matra,  à  la  partie  orienta 
mer  des  Indes.,  offre  une  ra 
sûre.  La  terre  y  est  d'une  fer 
le ,  que  les  vaisseaux  y  tra 
abondance  toutes  les  espèce 
fraîchissements.  Ce  fut  ce 
que  Suffren  choisit  pour  faii 
neret  reparer  son  escadre.  E 
reilla  de  Goudelour  le  1 5  oci 
mouilla  à  Achem  le  i^.nov* 
rations  avançaient  rapiden 
malades  se  rétablissaient ,  k 
corvette ,  expédiée  de  111c  « 
ce,  vint  annoncer  l'arrivée  p 
dé  M.  de  Bawy ,  avec  trois  v 
de  guerre ,  et  un  convoi  cl 
troupes  et  de  munitions.  V( 
réumr  à  ce  nouveau  renfort 
appareilla  d' Achem ,  le  ao  d< 
cmquante  jours  après  y  et 
Son  intention  étant  de  retou 
côte  de  Coromandel  :  il  s' 
Ganjam  ,  comptoir  anglai: 
sur  la  côte  d'Orixa ,  et  y 
une  grande  quantité  de  b 
chargés  de  vivres  pour  le  coi 
Anglais.  Le  la  janvier  178 
mouillé  par  le  travers  des 
du  Gange,  on  vit,  au  déclin 
une  con^ette  se  diriger  s 
cadre ,  et  laisser  tomber  Vi 
milieu  d'elle.  C'était  le  Cùi^ 
trente  canons ,  commaiidée  { 


SUF 

sir  Edouard  Hughes.  Cet  offi- 
Toyant  les  Français  bien  loin 
ayait  cru  donner  dans  l'csca- 
yiaise.  Il  informa  Suffren  que 
ab  Haïder-Aly  e'tait  mort  le  7 
\).  Son  fils  Tippou-Saëb  lui 
iiccëdë,  et  paraissait  avoir  hé 
sa  haine  contre  les  Anglaisées 
;empsquede  sa  confiance  dans 
nçais.  Suffren  s'empressa  de 
ire,  pour  le  féliciter  sur  son 
lent ,  et  l'engager  à  suivre  les 
desseins  de  son  père ,  en  l'as- 
que ,  de  son  côté  ^  il  le  secon- 
de tout  son  pouvoir.  Bus- 
endu  si  impatiemment  y  arriva 
avec  trois  vaisseaux  et  une 
',  escortant  trente  bâtiments, 
'un  convoi  beaucoup  plus  con- 
fie, qui  avait  été  disséminé 
c  trajet.  La  belle  saison  s'a- 
t  ;  et  l'on  devait  s'attendre 
î  jour  à  voir  paraître  l'amiral 
s.  L'escadre  française  n'était 

état  de  se  mesurer  avec  les 
5.  Son  infériorité  eu  nombre 
e  moindre  des  obstacles.  Les 
ïux  qui   venaient  de  la  rai- 

ayant  essuyé  des  avaries  , 
t  besoin  de  réparations  ;  les 
y  auxquels  on  n'avait  pu  en 
[ue  de  provisoires  à  Achem  , 
;  dans  le  même  cas.  Enfin 
jre  devait  être  presque  en- 
ent  radoubée.  Suffren  se  bâta 
»arquer  les  troupes.  Il  fit  dis- 
*  sur  les  vaisseaux  les  munitions 
nvres  apportés  par  le  convoi; 
;quc  ces  opérations  furent  lei> 
;  j  il  mit  à  la  voile  pour  se  ren- 
Trinquemalé.  Les  vents  con- 
rendirent  la  traversée  fort  lon- 
'amiral  trouva  néanmoins  dams 
irconstance  la  récompense  de 
tivité  :  car  les  premiers  vais- 

>j.  Hydkr-Alt,  tom.XXI. 


SUF 


171 


seaux  entraient  à  peine  dans  la  baie, 
lorsque  la  Fine,  qui  étiit  en  obser- 
vation, signala  dix-sept  vaisseaux  de 
guerre.  Suffren  donna  aussitôt  l'oixlre 
de  forcerdevoilcs;  et  l'amiral  Hughes 
sembla  être  arrivé  tout  exprès  pour 
être  témoin  derentréederescadrcfran- 
çaise  à  Trinquemalé.  Une  heure  plus 
tard ,  im  combat  était  inévitable  ;  et 
l'amiral  français  n'était  pas  en  état 
dele  soutenir.  D'aprësles^mstructions 
données  par  la  cour  à  M.  de  Bussy, 
Sufiren  se  trouvait ,  en  quelque  sorte,' 
sous  ses  ordres  :  il  crut  donc  devoir 
lui  rendre  compte  de  l'heureuse  ren- 
trée de  l'escadre  à  Trinquemalé.  Suf- 
fren avait  toutefois  un  motif  encore 
plus  pressant  d'expédier  h  la  côte. 
En  appareillant  de  Goudelonr  ,  il 
avait  détaché  deux  vaisseaux  et  deux 
frégates ,  pour  croiser  k  la  hauteur 
de  Madras ,  afin  d'intercepter  un 
convoi  qu'il  savait  y  être'àttcndu.  Il 
était  donc  essentiel  de  prévenir  ces 
croiseurs  de  la  présence  de  l'escadre 
anglaise ,  et  de  leur  donner  l'ordi*e  dtf 
revenir.  L'amiral  expédia  en  consé- 
quence là  frégate  la  NaLadcy  com- 
mandée par  Yillaret  de  Joyeuse.  lia 
mission  était  délicate  et  périlleuse. 
Suffren  ni  le  capitaine  Yillaret  ne  se 
le  dissimulaient  pas.  Aussi  cet  officier, 
en  recevant  ses  instructions  ;  lui  de- 
manda-t-il ,  avec  une  gatté  toute  fran- 
çaise ,  s'il  avait  en  la  précaution  d'y 
joindre  des  lettres  de  recommanda- 
tion pour  le  gouverneur  de  Madras 
et  pour  l'amiral  Hughes.  L'événe- 
ment ne  justifia  que  trop  ces  crain- 
tes. Trois  jours  après  son  départ,  la 
Naiade  eut ,  à  la  chute  du  jour,  con- 
naissance d^un  vaisseau  anglais ,  qui 
l'obligea  d'amener,  après  un  combat 
meurtrier  (  F.  Yillaret  -  Joyeuse  ). 
Pendant  ce  temps ,  la  plus  incroyable 
activité  régnait  dans  la  baie  deTrin- 
quemalë.  A  memre  qn'un  yaîsseau 


17a  SDF 

était  réparé ,  il  allait  mouiller  dans 
Tarrière-baie  pour  se  mettre  eli  ap- 
pareillage. Cinq  seulement  y  étaient 
déjà  rendus ,  lorsque  Tescadre  an- 
glaise parut.  Aussitôt  SufTi^n  j  dont 
le  vaisseau  était  encore  retenu  dans 
le  port  y  passe  sur  l'un  de  ceux  qui 
se  trouvaient  dans  l'arriëre-baie  y  et 
les  fait  embosser.  Hugbes,  voyant  la 
contenance  de  l'escadre  française, 
protégée  d'ailleurs  par  une  forte  bat- 
terie placée  sur  la  montagne  de  la 
Découverte  y  continua  sa  route  vers 
le  sud.  Dans  l'ignorance  où  était 
Sufiren  sur  la  destination  des  An- 
glais y  il  dut  craindre  quelque  ten- 
tative sur  Goudelour.  Bussy  ne 
lui  avait  pas  inspiré  une  grande 
confiance  ;  et  sans  douter  de  sa  bra- 
voure personnelle ,  les  plans  qu'il  lui 
avait  développés  lors  de  leur  pre- 
mière entrevue  y  etsurtout  le  système 
de  guerre  défensive  qu'il  paraissait 
résolu  de  suivre  ,  n'avaient  pas  obte- 
nu son  approbation.  L'amiral  était 
dans  cette  incertitude  lorsque  des 
lettres  de  ce  général ,  hasardées  sur 
un  bateau  qui  avait  passé  de  nuit  au 
milieu  de  l'escadre  anglaise  ,  vinrent 
conGrmer  ses  craintes  et  lui  appren- 
dre la  fâcheuse  position  dans  laquelle 
il  se  trouvait.  Sir  James  Stuart,  par 
des  manœuvres  qui  n'eussent  peut-être 
pas  réussi  en  présence  de  tout  autre 
général  que  Bussy ^  avait  acculé  l'ar- 
mée française  jusque  sous  les  murs 
de  Goudelour,  et  l'avait  forcée  de 
s'y  renfermer.  L'escadre  anglaise 
était  venue  mouiller  par  le  travers 
du  camp  du  général  Stuart^  pour 
intercepter  tout  secours.  Dans  cette 
situation ,  Bussy  appelait  l'amiral 
à  son  aide  ;  mais  il  ne  se  dissi- 
mulait pas  ,  disait  -  il  ,  le  danger 
qu'il  y  avait  à  essayer  de  venir  le 
délivrer  en  présence  de  dix-huit  vais- 
seaux de  guerre  ^  n'en  ayant  que 


SUF 

quinze  à  leur  opposer.  Cet  < 
n'en  était  pas  un  pour  Suf 
ira  dégager  Goudeloui*.  Ai 
16 ,  à  la  hauteur  deXranque] 
frégates  lui  signalèrent  dix-hi 
seaux  de  guerre ,  mouillés 
sud  de  Goudelour.  Aussitôt 
pelle  la  Cléopdtre ,  passe 
Dord  (  5),  et  s'avance  pour  rea 
lui-même  l'ennemi.  Le  vent 
tait  d'arriver  en  ordre  de  bat 
l'escadre  anglaise.  Celle-ci,  ne 
pas  à  propos  de  restera  l'auc 
pareilla ,  en  sorte  qu'elle-mê 
le  blocus  de  Goudelour,  qu 
devait  plus  reprendre.  11  et 
tar4  lorsqu'on  avait  aperçu  r« 
il  n'entrait  pas  dans  le  plan 
fi-en  d'entamer  un  combat  a 

S  roche  de  la  nuit  eût  empécu 
écisif  ;  lorsqu'il  se  vit  à  p* 
canon  de  l'escadre  anglaise 
tenir  le  veut  à  la  sienne  ,  et 
après  il  ordonna  de  virer  ^ 
vant  ^  par  la  contre-marche, 
glais  en  firent  autant.  La 
passa  en  observation  de  part 
tre,  les  deux  escadres  cour 
bordées.  Au  jour  .  l'escadi 
çaise  se  trouva  la  plus  rappn 
terre  :  celle  des  Anglais  était  a 
La  brise,  déjà  très-faible  de 
tomba  successivement;  en  so 
ne  pouvaut  manœuvrer,  Su 
mouiller  dans  la  rade  de  Goi 
En  forçant  y  pour  ainsi  dire  , 
glais  à  lui  célcr  cette  positi 
mirai  acquérait  um  grand  av 
celui  de  pouvoir  renforcer  s 

(5)   Lcf  derniers   bttHnents  ■n-iwrf» 
•▼aient  apporté  à  Suffirai  l'ordre  de  m 
i  une  ordonnance  du  roi ,  qui  enfoîipD 
les  commandants  d'escadre  de  passer  i  1 

{régate ,  au  moment  d'un  comiMit.  L'a' 
leurcase  du  ta  arril  178*,  où  le  conte 
fut  fait  priscmnier  sur  son  Taissemt  1 
Paris,  nrait  nécessité  cette  ordoMBMict 
être  était>elle  plu  nécessaire  po«r  Si 
pour  tout  antre ,  Ini  dont  b  pmacsM  M 
pas  toui«mi«  aiin  r«ndK«. 


SUF 

(  avec  des  détachements  pris 
les  troupes,  et  parmi  les  Ci- 
>.  En  efl'et,  on  s'occupa  pen- 
toute  la  nuit  de  l'emlKirque- 
de  ces  détachemen^.  Les  offi- 
apprirentà  Sull'ren  l'e'tat  de  dc'- 
)  où  rarméc  c'tait  réduite,  la  joie 
avait  causée  son  arrivée  ,  et 
tir  que  Ton  mettait  en  son  cou- 
Le  1 8  au  matin ,  l'escadre  ap- 
Ha  en  forçant  de  voiles.  Ayant 
it  sur  l'ennemi,  on  manœuvra 
la  journée  pour  engager  le  com- 
mais  inutilement;  les  Anglais 
lèrent  de  la  supériorité  de  leur 
be  pour  l'éviter.  Le  lendemaib , 
;  manœuvre  ,  avec  aussi  peu  de 
te.  SufTren  ne  concevait  pas 
'amral  Hughes,  dont  l'armée 
plus  nombreuse  ,  n'acceptât 
un  combat  présenté  avec  tant 
stance.  Enfin  ,  le  'lo  juin  ^  il  se 
a  plus  près  de  l'enuerai.  Les 
,  qui  étaient  toujours  à  l'ouest, 
DDaient  l'avantage.  Il  passa  sur 
^ate  y  et  lit  aussitôt ,  suivant 
sage  ,  le  signal  d'approcher  à 
îde  pistolet.  A  une  heure  après 
la  distance  entre  les  deux  ar- 
e'tait  telle  t^\t  l'amiral  Hughes 
luvait  plus  éviter  le  combat, 
fut  pourtant  qu'à  trois  heu- 
demie  que  l'action  s'engagea. 
n ,  à  bord  de  la  Cléopdtre , 
urait  la  ligne ,  doimant  ses  or- 
tous  les  vaisseaux,  mais  n'ayant 
I  d'en  stimuler  aucun,  car  tous 
ittaient  vaillamment ,  surtout 
it- garde  ,  qui  soutint  le  plus 
eliTorl  de  l'ennemi.  On  se  bat- 
epuis  une  heure  ,  lorsque  le 
manifesta  dans  la  hune  d'ar- 
du vaisseau  le  Fendant.  Le 
and  y  qui  le  suivait,  s'appro- 
our  le  couvrir.  Pendant  qu'il 
:ait  celle  manœuvre,  le  Gibral- 
Dta  de  couper  la  ligne  y  dans 


SUF  173 

Tespace  que  le  Flamand  venait  de 
laisser  libre;  celui-ci,  faisant  aus- 
sitôt une  forte  arrivée,  lui  envoya 
toute  sa  volée,  et  l'obligea  de  se  reti- 
rer. On  continuait  à  combattre  avec 
vigueur  de  part  et  d'autre ,  mais  le 
feu  de  l'escadre  française  ,  mieux 
nourri  et  plus  vif,  forçait ,  de  temps 
en  temps ,  les  vaisseaux  ennemis  à 
laisser  arriver.  L'ardeur  des  cqui» 
pages  était  telle  y  que  la  nuit  qui  sur- 
vint put  à  peine  faire  cesser  le  com- 
bat. Il  dura  deux  heures  et  demie , 
sans  causer  de  grands  dommages  à 
l'une  ni  à  l'autre  escadre.  L'intention 
de  SufTren  étaat  de  le  recommencer 
aussitôt  que  le  jour  paraîtrait ,  les 
frégates  parcoururent  la  ligne ,  en 
recommandant  à  chaque  vaisseau  de 
ne  point  perdre  l'ennemi  de  vue.  Le 
lendemain  matin, l'escadre^  entraînée 
par  les  courants ,  était  sous  le  vent  de 
Pondichéri.  L'amiral  ne  voulant  pas 
s'éloigner  de  Goudelour,  fit  le  signal 
de  mouiller  sur  une  petite  ancre.  A 
midi  y  le  Covenirjr  signala  les  An- 
glais au  sud-est ,  à  environ  cinq  lieues. 
Les  vents  leur  étant  favorables ,  Suf- 
fren  ne  doutait  pas  qu'ils  ne  fissent 
porter  sur  lui ,  et  il  était  prêt  à  met- 
ti*e  sous  voiles  pour  aller  au-devant 
d'eux  ]  mais  il  les  attendit  vaine- 
ment. L'escadi'e  passa  la  journée  et 
la  nuit  du  iS  à  l'ancre  ;  le  lendemain, 
au  point  du  jour  y  elle  se  disposait  k 
appareiller  ,  lorsqu'on  aperçut  les 
Anglais  faisant  route  au  N.-N.-O. 
sans  ordre.  L'amiral  Hughes  ne  s'at- 
tendait pas  sans  doute  a  se  trouver 
si  près  de  l'escadre  française;  cepen- 
dant dès  qu'il  put  la  distinguer  ,  il 
tint  le  vent.  SufTren ,  qui  ne  desirait 
rien  tant  que  d'engager  une  nouvelle 
action  ,  fit  aussitôt  le  signal  de  for- 
mer la  ligne  de  combat  y  en  appro- 
chant l'ennemi  ;  mais  les  Anglais  for- 
cèrent de  voiles  en  dirigeant  *  leur 


174  SDF 

route  sur  Madras ,  où  ils  se  réfugiè- 
rent. La  supériorité  de  leur  marche 
ne  laissait  à  Suffren  aucun  espoir  de 
les  atteindre  ;  et  ne  voulant  pas  per> 
dre  de  vue  Goudelour^  il  ordonna 
de  tenir  le  vent ,  et  revint  naouiller 
dans  celte  rade  le  lendemain.  Quoi- 
que ce  dernier  engagement  n'eût  rien 
produit  de  décisif  ,  il  n'était'  pas 
moins  glorieux  pour  le  bailli  de  Suf- 
fren d'être  venu  attaquer  une  armée 
supérieure  à  la  sienne ,  de  Tavoir 
forcée  de  quitter  sa  position ,  de  le- 
ver le  blocus  de  Goudelour  ,*et  d'ac- 
cepter un  combat  qu'elle  aurait  dû' 
Présenter  elle-même.  On  se  figurerait 
iificilement  la  joie  de  l'armée  assié- 
gée y  lorsqu'au  lever  du  soleil  ,  ses 
yeux  ,  fatigués  depuis  si  long-temps 
de  l'aspect  des  couleurs  ennemies  , 
purent  contempler  le  pavillon  blanc, 
auquel  la  valeur  de  Suffren  venait 
de  donner  un  nouvel  éclat.  On  ac- 
court sur  le  rivage  ;  l'armée  entière  ^ 
oubliant  que  l'ennemi  est  sous  les 
murs  de  la  place ,  n'a  plus  qu'un 
seul  désir,  celui  de  voir  l'amiral. 
Il  paraît  enfin  ;  il  vient  conférer  avec 
le  général ,  sur  les  moyens  de  faire 
lever  le  siège  ,  et  lui  offrir  de  dispo- 
ser de  ses  troupes  et  de  ses  équipages. 
Bussy  l'attendait  sur  la  plage  avec 
son  état-major.  Voilànotre sauveur j 
dit  ce  général  en  le  présentant  à  tous 
les  omciers  de  l'armée.  Alors  les  cris 
de  joie  se  renouvellent ,  l'air  en  re 
tentit,  et  l'écho  put  les  porter  jusque 
dans  le  camp  ennemi.  Suffren  étonné^ 
se   trouve  tout- à -coup  enlevé  de 
terre ,  et  transporté  dans  un  palan- 
quin. Les  soldats  veulent  ravir  aux 
noirs  l'honneur  de  le  porter;  et  mal- 
gré ses  refus  et  sa  résistance,  il  fait 
une  entrée  triomphale  dans  Goude- 
lour, au  milieu  des  transports  d'al- 
l^resse  de  l'armée  et  des  habitants. 
A  son  arrivée  à  terre  y  le  conseil  «'as- 


SUF 

semble;  l'amiral, ^en  i 
troupes  qui  lui  avaient 
quelques  jours  auparav 
d'y  joindre  un  corps  ( 
formé  de  détachements 
de  chaque  vaisseau,  et 
par  des  officiers  de  la 
secours  fut  accepté,  iJ 
inutile.  Sir  James  Stuar 

f>résence  de  Suffren  eût 
'eifet  de  la  tête  de  Médi 
privé  des   secours  que 
fournir  l'escadre  anglai 
pérâl  d'emporter  désorn 
demeura  dans  l'înactior 
qu'une  suspension  d'ai 
entre  les  assiégés  et  lésa 
quelques  coups  de  can 
loin  en  loin  ,  n'eussent 
Goudelour  était  en  état 
fren ,  retourné  a  bord 
seau,  attendait  l'issue  de 
lorsque  ,  le  2g  juin,  à 
jour ,  une  frégate  anglai; 
portant  pavillon  parlen 
mouilla  ,  quelques  moi 
au  milieu  de  l'escadre. 
Hughes  faisait  proposeï 
à  fiussy ,  de  cesser  les 
leur  annonçant  que  les 
de  la  paix  avaient  été 
sailles ,  le  9  février  i  «jÊ 
quiesça  à  cette  propos 
frégate  fut  chargée  ae  y 
cadi'e ,  pour  en  donner 
tous  les  bâtiments.  Le 
nuit  fut  interrompu  par 
fois  répétés ,  de  vive  le 
on  mêlait,  avec  enthous 
du  chef  qui  venait  de 
tant  de  gloire  l'honneu 
français.  Suffren  se  dis[ 
reiller  pour  conduire  l'e 
quemalé ,  où  il  savait 
1  attendait  pour  la  ra^ 
que,  le  a5  juillet,  la  f 
veillante  arriva  d'Euro 


SUF 

le  de  la  paix^  et  les  ordres 
ir  rdativemem  à  l'escadre. 
)es  ordi'es ,  cinq  vaisseaux,  et 
;ates  étaient  destines  à  rester 
ide,  sous  le  commaudemeut 
Peynier.  L'amiral  appareilla 
autres,  pour  opérer  sou  re- 
France. On  toucha  au  cap 
SrËsperance.  Suilren  y  était 
ielques  jours ,  lorsque  Tes- 
iglaise  vint  y  relâcher.  Les 
lui  étant  pas  favorables,  elle 
[ues  bords  à  courir  pour  ga- 
aouillage.  IjC  coup-d'œil  de 
était  si  sûr  et  si  e!Lercé  , 
Faut  la  manœuvre  d'un  des 
Ldc  cette  escadre,  il  annonça 
itse  perdre,  et  ordonna  de 
chaloupes  prêtes  à  lui  por- 
1rs.  En  effet,  peu  de  mo- 
irés ,  le  vaisseau  anglais  fit 
y  vola  de  toutes  parts  ^ 
chaloupes  françaises  ar- 
les  premières  ,  et,  pour 
teur ,  ce  ne  fut  pas  lin  spec- 
s  intérêt  que  de  voir  ces 
idres,  najguère  si  acharnées 
stniction  réciproque,  riva- 
ibligeance  et  se  prodiguant 
les  plus  empressés.  Le  a6 
4,  le  Dailii  de  Suffren  rentra 
ort  de  Toulon ,  après  une 
e  troifT  ans.  Les  honneurs 
eot  dans  sa  patrie  :  ses  cou- 
e  reçurent  avec  enthousias- 
tats  de  Provence  firent  frap- 
dédaille  à  son  effigie ,  avec 
ription  :  le  cap  protégé; 

tALÉ  pris;   GOUDELOUR  D£- 

'uiDE  défendue;  six  gom- 

llEUX.. LES  ÉTATS  DE  PRO- 

r  DÉCERNÉ  CETTE  MÉDAILLE 

Kiv.  Jamais  ni  les  Tuienne, 
idé,  ni  mcmc  le  maréchal 
l'avaient  reçu,  au  retour  de 
pagucs .  un  accueil  plus  ho- 
ae  celui  qui  fut  fait  an  bailli 


SUF  175 

de  Suffren  à  son  arriva  à  Versailles. 
En  entrant  dans  la  salle  des  garde&y 
le  maréchal  de  Gastries  ,  alors  mi- 
nistre de  la  marine,  dit  :  a  Messieurs , 
»  c'est  NL  de  Suffren.  »  Aces  mots  , 
les  gardes'du-corps  se  levèrent ,  et , 
quittant  leur  mousqueton ,  lui  formè- 
rent un  cortège  jusqu'à  la  chambre 
du  roi.  Louis XVI  l'entretint  pendant 
plusieui's  heiTres  ;  et  l'amiral  fut  éton- 
né des  détails  dans  lesquels  ce  monar- 
que entra  avec  lui  sur  ses  campa- 
gnes. La  reine  et  les  princes  le  com- 
blèrent de  témoignages  d'estime  et 
d*admiration.  Le  roi  le  nomma  che- 
valier de  SCS  oidres,  et  lui  accorda 
les  entrées  de  sa  chambre.  Une  qua- 
trième charge  de  vice-amiral  fut  créée 
en  sa  faveur ,  et  l'ordonnance  portait 
qu'étaut  uniquement  érigée  pour  lui , 
elle  serait  supprimée  à  son  décès.  Il  ' 
ne  pouvait  paraître  au  spectacle  ,  ni 
dans  aucun  lieu  public ,  sans  que  la 
foule  empressée  lui  témoignât,  par  se» 
acclamations ,  l'enthousiasme  qu'ins» 

Eiraient  ses  exploits.  Au  mois  a'octO"> 
re  1787  ,  quelques  difficultés  entre 
la  France  et  l'Angleterre  ayant  fait 
craindre  une  guerre  nouvelle ,  le  roi 
ordouna  l'armement  d'une  armée  na- 
vale au  port  de  Brest ,  et ,  en  dési- 
cuant  le  bailli  de  Suffren  pour  en  pren- 
dre le  commandement.  Sa  Majesté 
lui  donna  le  choix  des  capitaines  qui 
devaient  servir  sous  ses  ordres.  Il  se 
disposait  à  se  rendre  en  ce  port,  lors- 
qu  d  fut  atteint  d'une  maladie  grave. 
Les  soins  qui  lui  furent  prodigués  le 
tirèrent  du  danger  qui  menaçait  sa 
vie  ;  mais  ^  depuis  ce  moment ,  sa 
santé  fut  toujours  chancelante  ,  et  ii 
mourut  à  Paris  le  8  décembre  1788* 
Suffren  était  d'une  taille  ordinaire  y 
mais  d'un  embonpoint  extrême.  La 
régularité  de  ses  traits  donnait  à  sa 
physionomie  un  aspect  noble  et  gra- 
cieux. Ses  manières  ^  aisées  et  polie» 


I-JÔ 


SUF 


avec  ses  cgaux ,  devenaient  douces  et 
affectueuses  pour  ses  inférieurs.  A  un 
sang -froid  imperturbable  dans  Tac- 
lion,  il  joignait  une  activité  et  une 
ardeur  extrêmes. Courageux  et  brave 
jusqu'à  la  tc'méritë ,  il  e'tail  d'une  ri- 
gueur inflexible  pour  les  officiers  chez 
lesquels  il  croyait  remarquer  de  la 
faiblesse  ou  de  la  lâcheté';  et  ni  le 
rang ,  ni  les  liens  de  l'amitié' ,  pas 
même  ceux  du  sang  ,  ne  pouvaient 
tempérer  sa  seVëritc,  lorsqu'il  s'agis- 
sait de  fautes  contre  l'honneur  ou 
contre  la  discipline.  A  une  grande 
élévation  de  caractère,  il  alliait  des 
connaissances  très-étendues  et  une  ex- 
trême vivacite'd'espri t  et  de  j  ugement. 
£u  un  mot  il  reunissait  toutes  les 
qualités  qui  font  le  guerrier  illustre  , 
le  marin  expérimenté  et  l'homme  es- 
timable. Trublet,  ancien  capitaine  de 
yaisseaii  ,  a  donné  :  Histoire  de  la 
campagne  de  Suff'ren  dans  les  mers 
de  l  Inde  y  un  vol.  in-8*>.  L'auteur  de 
cet  article  a  publié ,  en  1824  ,  Essai 
historique  sur  la  vie  et  les  campâ- 
mes au  bailli  de  Suffren  ,  Paris , 
in-8". ,  avec  portrait.     H — Q — w. 

SUFFRID  PETRI.  Fojr.  Petbi  , 
XXXIII,  533. 

SUGER,  abbé  de  Saint -Denis, 
naquit ,  en  1 087  ,  de  parents  pau- 
vres ,  à  Saint-Denis^  suivant  Félibien; 
à  Tours  en  Beauce, suivant  quelques- 
uns  ,  ou  à  Saint-Omer ,  suivant  d'au- 
tres. Ce  qu'il  y  a  de  sûr ,  c'est  ou'il 
fut  placé,  à  l'âge  de  dix  ans^  aans 
raboaye  de  Saint  -  Denis  ,  où  était 
élevé  Louis  VI.  Quoique  ce  prin- 
ce ,  né  en  1 081 ,  eût  six  ans  de  plus 
que  Suger ,  et  qu'on  ne  puisse  ad- 
mettre qu'il  se  formât  dès-lors  en- 
tre eux  une  liaison  que  le  temps  ne 
fit  qu'augmenter ,  comme  nos  rois 
avaient  des  rapports  continuels  avec 
cette  maison  religieuse,  où  ils  allaient 
souvent  passer  quelques  jours  dans  la 


SOG 

retraite  ou  dans  des  con^ 
savantes ,  il  est  hors  de  è 
Suger  dut  le  bonheur  d'être 
son  roi  au  choix  que  ses  p 
rent  du  monastère  où  ils  I 
cièrent.  Ce  prince  l'appel 
de  lui  dès  qu'il  fut  monté  sut 
et  il  eu  fît  son  conseil  et  s* 
Ne  réparant  pas  la  basses 
naissance  par  un  extérieur 
geux ,  Suger  avait  plus  d' 
à  vaincre  pour  se  faire  ren 
mais  une  niémoive  prodi^ie 
élocution  facile,  un  sens  dro 
coup  d'érudition  et  une  actii 
tant  plus  sûre  qu'elle  s'ui 
un  caractère  réfléchi;  telli 
les  qualités  qui  lui  donnèren 
ecclésiastiques  et  les  grands 
un  ascendant  d'autant  moin 
té  qu'il  sembla  se  faire  unel 
plus  modeste  à  mesure  < 
quit  plus  de  grandeur  et  d' 
En  efl'et  ^  ayant  été  nomme 
Saint-Denis ,  en  11 22 ,  il 
manières ,  les  équipages  ^  le  1 
grand  seigneur  :  ce  qui  n'ét 
quand  on  sait  qu'un  archev< 
évoque ,  un  abbé ,  et  sui-tout 
de  Saint-Denis,  suivant  1< 
féodal,  jouissait,  dans  les  c 
qui  formaient  son  bénéfice 
les  droits  de  la  souveraine 
rendait  la  justice ,  avait  l'adj 
tion  suprême  sur  un  grand 
de  vassaux,  et  qu'ainsi  il  é 
sa  position  même ,  entraîiM 
selon  l'esprit  du  monde  :  ; 
usage  ne  pouvait  pas  loi 
faire  autorité  pour  un  honm 
Suger.  Touché  des  exhort 
saint  Bernard,  qui  prêchait 
tant  d'éloquence  que  de  zële 
forme  dont  le  clergé  du  siè 
besoin ,  l'abbé  de  Saint-Dei 
le  premier  l'exemple,  et  mil 
dans  sa  conduite  autant  de  s 


SUG 

ait  cru  deroir  dcplojrr  de 
large  p^r  le  monarque  d*ad- 
r  la  justice  et  de  perfection- 
lois  ,  il  montra  un  génie  si 
iUL affaires, qu'il  reunit  bien- 
n  ministère  les  négociations 
i  la  guerre  ;  il  aida  ,  par  une 
litique ,  au  mourement  qui 
it  ralVranchissement  des  vil- 
|u*il  prévît  les  avantages  que 
ité  tii^rail  de  Tétabli^ment 
juunes,  soit  que  la  religion 
lanité  le  décidassent  seules  à 
-  les  lois  de  la  servitude.  Il 
;  dernier  soupir  de  Louis , 
•uvrit  de  ses  larmes  :  Mon 
Il ,  lui  dit  le  roi ,  pourquoi 

quand  la  miséricorde  de 
'appelle  au  ciel?  Suger  vit 
ter  son  crédit  sous  le  règne 
:  car  Louis  VII ,  avec  autant 
s  privées  que  son  père ,  était 
voir  les  qualités  indispensa- 
ir  gouverner  dans  un  siècle 
ois ,  entourés  de  crands  vas- 
lépeodants ,  n*aTaient  de  puis- 
ue  celle  qu'ils  conquéraient.* 

bon  esprit  de  sentir  que  ce- 

avait  été  pour  Louis -le- 
n  conseiller  fidèle  ,  devien- 
our  le  ûls  de  ce  monarque 
istre  nécessaire.  Saint  Ber- 
nait de  recevoir  du  pape  Eu- 
[ ,  Tordre  de  prêcher  la  se- 
:roisade  :  les  malheurs  des 
chrétiens  établis  dans  la  Pa- 

et  l'esprit  d'aventures  qui 
e  ^ninemment  ce  siècle,  (1- 
rndre  la  croix  à  quatre-vingt 
rançab.  Le  roi  se  mit  à  leur 
algré  l'opposition  de  Suger, 
jusqu'à  écrire  au  pape ,  pour 
ontife  empêchât  la  croisade; 
iiit  en  vam  y  rien  ne  put  ar- 
ardeur  des  croisés  et  le  zèle 
arque.  Il  donna  la  régence  à 
[uiraccepta  uniquement  parce 
xuv. 


&UG 


Kl 


qoerardeur  pour  les  voyages  d'outre- 
mer était  si  générale,  que  les  seigneurs 
auxquels  on  pouvait  l'oÛrir  se  se- 
raient trouvés  humiliés  de'rester  dans 
leur  patrie  tandis  que  leurs  pairs 
marchaient  à  la  conquête  de  la  Terre- 
Sainte  (  I  ). Pendant  l'absence  de  Louis 
VII ,  Suger  gouverna  la  France  avec 
l'intégrité  d'un  homme  qui  n'avait 

f>oint  désiré  cet  honneur,  et  avec  toute 
'activité  qu'on  aurait  eu  droit  d'at- 
tendre de  celui  qui  l'aurait  brigué.  Le 
bon  ordre  qu'il  mit  dans  les  finances 
rendit  moins  désastreux  les  revers 
que  les  Français  éprouvèrent  en  Pa- 
lestine; et  sous  son  administration  ^ 
le  royaume  ne  cessa  pas  d'être  tran- 
quille et  florissant.  11  est  vrai  que  la 
tâche  du  régent  fut  rendue  moins  dif- 
ficile par  la  paix  cénéralequi  résulta, 
en  Europe,  du  départ  de  tant  de 
guerriers  pour  la  Terre^inte.  Ce- 
pendant Suger,  craignant  de  ne  pou- 
voir suppoiter  plus  long-temps  tout 
le  poids  de  l'autorité,  écrivit  à  son 
maître  des  lettres  pleines  de  tendresse 
et  de  dévouement  pour  l'engager  k 
revenir  dans  ses  états  ;  et  lorsqu'cnfîn 
les  désastres  de  cette  croisade  eurent 
obligé  le  monarque  de  se  rendre  à  ses 
vœux,  il  vola  au  devant  de  Lii  ;  et 
leur  entrevue  offrit  le  plus  touchant 
spectacle.  Le  roi  loua  hautement  son 
zèle,  la  sagesse  de  son  administra- 
tion ,  et  il  lui  donna  le  titre  de  Père 
de  la  patrie.  Sueer  avait  alors  un 
grand  avantagea  il  était  le  seul  hom- 
me en  Europe  qui  se  fût  oppose  k  la 
croisade.  De  toutes  parts  on  vantait 
sa  prévoyance,  et  toutes  les  plaintes 
se  dirigeaient  contre  saint  Bernard. 
Ainsi  1  abbé  de  Saint-Denis,  jouissant 
de  plus  en  plus  de  la  faveur  de  sou 
souverain ,  continua  de  gouverner  le 

(i)  Le  comte  de  Ner^rs  ,  qui  (iit  noramtf  rrgent 
du  roTsume,  conjointeueut  avrc  Suger,  reiiMa 
cet  emploi  par  c«  Mul  motif. 

1« 


178 


SUG 


royaume  avec  la  même  sagesse  et  le 
même   succès  ;    mais  dans  raniice 
1 1 5'1 ,  lorsque  de  nouveaux  desas- 
tres dans  la  Palestine  vinrent  encore 
une  fois  r(?veiller  le  zèle  des  chrétiens 
de  rOccident,  on  vit ,  chose  difficile 
à  croire,  l'abbc  Suger,qui  s'était  op- 
pose avec  tantde^orceàrcxpediliôn 
de  Louis  Vil  ,  prendre  la  résolution 
de  secourir  Jérusalem ,  et ,  dans  une 
assemblée  tenue  à  Chartres,  exhorter 
les  princes ,  les  barons  et  les  évêqucs 
à  s'enrôler  sons  les  drapeaux  de  la 
guerre  sainte.  Comme  on  ne  répon- 
dait à  ses  discours  que  par  le  silence 
de  la  douleur  et  de  Fétonnemcnt ,  il 
forma  le  projet  de  tenter  lui  seul 
une  entreprise  dans  laquelle  avaient 
échoué  deux  monarques.  Suger,  à 
Tâ^e  de  soixante-dix  ans,  résolut 
de  lever  une  armée,  de  l'entretenir 
a  ses  frais  et  de  la  conduire  lui-mô- 
me dans  la  Palestine.  Selon  la  dévo- 
tion du  temps ,  il  alla  visiter  à  Tours 
le  tombeau  de  saint  Martin,   afin 
d'obtenir  la  protection  du  ciel;  et  dé- 
jà plus  de  dix  mille  pèlerins  se  dis- 
posaient h  le  suivre  eu  Asie ,  lorsque 
la  mort  vint  arrêter  l'exécution  de 
ses  desseins.  Dans  ses  derniers  mo- 
ments, il  invoqua  l'assistance  et  les 
prières  de  saint  Bernard ,  qui  l'exhor- 
ta à  ne  plus  détourner  ses  pensées  de 
la  Jérusalem  céleste^  dans  laquelle  ils 
devaient  bientôt  se  revoir.  La  France 
perdit ,  la  même  année,  deux  hommes 
qui  l'ont  illustrée,  l'un  par  des  quali- 
tés et  des  talents  utiles  à  la  patrie , 
l'autre  par  son  el<5quence  et  des  ver- 
tus chères  aux  chrétiens.  Dans  un 
temps  où  l'on  «e  songeait  qu'à  dé- 
fenclre  les  privilèges  de  l'Église,  Su- 
ger défendit  ceux  de  la  royauté  et 
ceux  du  peuple.  Tandis  que  d'élo- 
quents prédicateurs  animaient  le  zèle 
des  guerres  saintes,  toujours  accom- 
pagnées de  quelques  désastres ,  l'ha- 


SUG 

bile  ministre  de  Louis  VU 

la  France  à  recueillir  un  joL 

salutaires  de  ces  grands  év 

Au  jugement  de  ses  conter 

il  vivait  à  la  cour  en  sage  c 

et  dans  son  cloître  en  saint 

0  S'il  V  a  dans  l'Église  d( 

écrivait  saint  Bcrnai-d  au 

gène ,  quelque  vase  de  prix 

bellisse  le  palais  du  roi  des  i 

sans  doute  le  vénérable  abb( 

Comme  abbé  de  Saint  Den 

sédait    peut-être  plus    de 

qu'un  moine  ne  doit  en  avi 

qu'il  se  proposait  d'entre 

armée;  mais  il  n'employa 

trésors  que  pour  le  service 

trie  et  de  l'Église;  et  jam 

n'avait  été  plus  riche  que  so 

ministration.  Il  reforma  h 

de  son  ordre  sans  mériter  le 

il  fit  le  bonheur  des  peu] 

éprouver  leur  ingratitude 

servit  les  rois  et  obtint  leur  s 

fortune  le  favorisa  dans  1 

entreprises  ;  et  pour  qu'il  n' 

de  malheureux  dans  sa  vie 

ne  pût  lui  reprocher  aucuj 

il  mourut  lorsqu'il  allait 

une  armée  en  Orient.  Enfi 

ce  ne  fut  que  quelques  moif 

mort  que  s'accomplit  Icdiv 

léonore  d'Aquitaine  et  de  L< 

rhistoire  lui  a  fait  un  méril 

tre opposé, tant  qu'il  vécut, 

contraire  à  la  religion  et  à 

que,  mais  que  cependant  1 

ne  saurait  blâmer.   IjCS  af 

l'état  ne  firent  jamais  oubl 

ger  les  obligations  qu'il  dei 

plir  comme  moine  ,  comme 

Saint-Denis  et  comme  l'eccli 

qui ,  étant  le  plus  en  évidei 

spécialement  chargé  de  mai 

France  la  pureté  de  la  foi.  C 

dans  les  OEuyres  de  l'abbé 

une  Dissertation  sur  le  lieu 


SUG 

tiou  qui  u'a  pas  terrai iic 
des  à  cet  égard  :  il  est 
uimer  qu'où  ignore  Te- 
i  naissance,  puiscjue  les 
vains    qui    lui   donnent 
ans  à  sa  mort  arrivée  en 
qu'il  vint  au  monde  en 
'digieux  de  Saint-Denis 
•eut  de  graver  siu*  son 
gît  Vabhë  Sitgcr  :  on 
sr  qu'ils  n'y  aient  pas 
ites  qu'il  est  d'usage  de 
les  épilapbes.  On  a  de 
itœ  Ludovici  VI  et  re- 
ce  ,  de  trajislatiotie  cor- 
ionysii  et  Sociorum ,  ac 
le  ecclcsiœ  à  se  œdifi- 
;  trouve  dans  le  tome  ïv 
ion  de  Ducliesue ,  et  dont 
onnc  un  supplément.  II. 
rt  sud  adminislratione 
esne  en  a  donné  une  édi- 
1648,  iu-8".  On  trouve 
lettres  de  Suger,  et  un' 
5mbre  qui  lui  soutadres- 
Golleclion  de  INIartcneet 
jours  courtisan  et  favori 
ger,  lorsqu'il  écrit  l'his- 
sous  silence  les  cvéne- 
îsquels  les  princes  ont  eu 
ts.  Par  exemple  ,  dans 
5i  années  du   règne  de 
une,  il  ne  dit  rien  des 
rvenus  entre  ce  monar- 
"cent  II  ,  quoique  per- 
mieux  connaître  les  cir- 
ie  cette  alVaire;  et  dans 
Fxuis-le-Gros ,  il  ne  parle 
atives  que  lit  ce  prince 
la  dissolution  du  ma- 
il. Cliton  ,tils  de  Robert 
nandic  ,  av.j  une  lille 
'Anjou  ,   mariage  qu'il 
}litique  de  la  France  de 
ntre  les  prétentions  du 
prre,  et  ou  il  échoua  j 
lit  rien  des  diOfércnds 


SUII  '    179 

qu'eut  Louiâ-le^ros  avec  Étienue , 
évequc  de  Paris  ^  âiffërends  dans  les 
quels  ce  monarque^  scfduit  par  les  in- 
trigues de  son  senëchal  Etienne  de 
Garlandc  ,  eut  peut-être  quelques 
torts  et  fut  obligé  de  céder.  Duchesne 
a  publié  y  en  1048  ,  d'après  un  an- 
cien manuscrit ,  que  Ton  croit  être 
du  secrétaire  de  6uger  :  Fita  Su^ 
gerii  abbatis  S.  DU»^sUy  sumnU 
Frandœ  mihistri  ,  etc. ,  in  -  8®. 
Michel  Baudier  a  donné  V Histoire 
de  V administration  de  Suger  ,  Pa- 
ris ,  1645,  in -4**.  D.  Geryaise  a 
fait  paraître,  sous  le  voile  de  l'ano- 
nyme, V  Histoire  de  Suger,  abbé  de 
Saint'DervjrSytXCjVmSj  I73;i,3to1. 
in-it2.  Cet  ouYiageest  estimé.  L'aca- 
demie  française  ayant  proposé  pour 
sujet  de  prix,  en  1770,  V Éloge  de 
Suger  y  le  Discours  de  M.  Garât  fut 
couronné.  Il  existe  un  autreDiscours, 
[)ublié  e|i  1 779 ,  qui  pr^ente  une  sa- 
tire ingénieuse, mab ]feu  fondée,  de 
la  Vie  et  de  .l'administration  de  Sih 
ger.  F-E.  et  M-d. 

SUHM  ( ULRiG-FfiÉDÉRiG  D£),  di- 
plomate saxon,  naquit  à  Dresde  ,  le 
29  avril  1691.  Son  père,  conseiller 
privé  de  rélcetenr  et  son  ministre  à 
Paris ,  l'envoya  très-jeune  à  Genève, 
oii  il  (init  ses  études.  Il  se  rendit  en- 
suite à  Paris  auprès  de  son  père, 
qui  guida  lui-même  ses  premiers  pas 
dans  la  carri^e  diplomatique.  £n 
1 7 18,  son  souverain  le  nomma  mi- 
nistre plénipotentiaire  h  Vienne,  et 
en  1 720 ,  lui  conféra  les  mêmes  fonc- 
tions  à  la  cour  de  Prusse.  Pendant 
son  séjour  à  Berlin,  qui  se  prolongea 
jusqu'en  17^0,  Suhm  eutlebonlicur 
de  gagner  l'estime  et  même  l'amitié 
du  grand  Frédéric,  alors  prince  royal. 
Unis  par  les  liens  de  la  philosophie , 
ils  avaient  souvent  des  enti'etiens  qui 
se  prolongeaient  fort  avant  dans  la 
nuit,  et  lorsqu'ils  (urent  éloignés  l'un 


12.. 


Sô 


SUH 


de  l'autre ,  ils  eurent  une  correspon- 
dance qui  a  été  imprimée,  en  1787 , 
sous  ce  titre  :  Correspondance  fa- 
milière et  amicale  de  Frédéric  ai^ec 
Suhm,  'i.  vol.  Elle  dura  cinq  ans, de 
1736  à  1740.  Suhm  faisait  grand 
cas  de  la  philosophie  de  Wolfl*^  et  il 
traduisit ,  pour  son  usage ,  la  méta- 
physique de  ce  philosophe.  En  1737, 
u  remplaça ,  à  Pétersbourg ,  le  comte 
de  Lynar ,  comme  ministre  de  Saxe; 
et  ce  fut  alors  que  sa  correspondance 
avec  Frédéric  eut  le  plus  d'activité. 
Le  prince  royal  manquait  d'argent  ; 
et  Suhm  fut  chargé  secrètement  de 
lui  en  trouver  en  Russie ,  chose  assez 
didlcile  à  celte  époque.  La  plus  gran- 
de partie  des  Lettres  contenues  dans 
le  tome  second  se  rapportent  à  cette 
alFaife.  Frédéric,  à  son  avènement 
au  trône, pressa  son  ami  d'entrer  au 
service  de  Prusse,  ce  que  Suhm  n'hé- 
sita point  d'accepter.  Apres  avoir  re- 
çu sa  démission  de  l'électeur  de  Saxe , 
il  se  rendait  à  Berlin ,  en  novembre 
1 740 ,  lorsqu'il  fut  atteint ,  à  Varso- 
vie ,  d'une  maladie  qui  l'enleva  en 
peu  de  jours.  M — d  j. 

SUHM  (  Pierbe-Fbédéric  ) ,  l'un 
des  plus  célèbres  historiens  danois , 
naquit  à^Copeuhague ,  le  18  octobre 
1728 ,  d'une  famille  originaire  de  Po- 
méraiiie  ^mais  établie  dcpuistrcs-lonç- 
lemps  en  Danemark,  don  père  était 
amiral  de  la  marine  danoise.  Le  jeune 
Suhm  ,  dont  l'éducation  se  ressentit 
des  suites  d'un  changement  fréquent 
de  maîtres ,  se  distingua  néanmoins  de 
bonne- heure  par  d'heureuses  disposi- 
tions et  par  une  passion  extraordinai- 
re pour  la  lecture.  A  seize  ans ,  il  avait 
lu  non  seulement  tous  les  bons  au- 
teurs latins  ,  mais  encore  quinze 
cents  volumes  de  la  bibliothèque  de 
PIcssen  à  Ncsbyeholm  ,  où  bou  père 
demeurait.  En  l'J^^  >  >l  se  fit  ius- 
crirc  à  l'université  de  Copenhague  y 


SUH 

et  en  1747  j  il  reçut  le  titn 
junker  ou  gentilhomme  de 
veur  précoce  qui  l'appelait 
rière  des  honneurs  ;  mais  il 
à  son  père  le  désir  de  chei 
occupations  solides.  Celui-ci 
1 74^7  de  le  ^^ ire  nommer  asc 
tribunal  de  la  cour.  Suhm  n! 
brassé  l'étudede  lajurisprui 
pour  être  agréable  à  son  pè 
se  démit-il  bientôt  de  cetem 
se  livrer  entièrement  à  la  li 
qui  offrait  plus  d'attrait  à  s* 
Depuis  cette  époque ,  il  se  1 
tamment  éloigné  des  fonc 
bliques  ,  quoique  le  gouv 
l'eût  successivement  nomn 
homme  de  la  chambre , 
de  conférence ,  chambellan 
historiographe  rojral.  Une 
il  parut  participer  auxaffai 
mies  :  ce  fut  lors  de  cette  coi 
des  courtisans  qui  renversa  1 
*  re  de  Struensée  et  de  Branr 
conduisit  ces  deux  favoris  de 
VII  sur  l'échafaud  et  a  m 
delà  reine  Car oline-Matbil4 
est  incontestable ,  c'est  q 
remplirait  avec  une  assidi 
tieuse  ses  devoirs  comm 
homme  de  la  chambre ,  qu 
tait  pas  de  l'antichambre  d 
douairière  ,  ame  de  la  cou 
u'il  avoue  lui-même  avoir 
e  la  proximité  d'une  ré 
par  un  des  initiés,  et  avoir 
vitation  de  cette  personne, 
plan  d'une  constitution  mo 
tempérée;  plan  qui  fut  pn 
vainqueurs  du  1 7  janvier ,  i 
écartèrent.  Ce  fut  donc  l'e 
bolir  le  pouvoir  arbitraire 
rendit  Suhm  favorable  à  c< 
lution.  C'est  dans  cet  espri' 
la  victoire ,  il  publia ,  peut- 
trop  de  coropbisance  , 
pour   exposer    les    pre'tei 


l 


SUH 

incus  et  les  nrîncipes  du 
iûistcre;  mais  ii  ne  cher- 
btint  aucun  pouvoir.   Le 
Jerustorf  qui  ,  en  1784, 
'administration  de  177 1 , 
e  en  Troidcur  avec  Sulim  : 
'opinion  pu))Iique  airecta 
ans  l'opposition  modérée 
[ui  sortait  peu  de  sa  biblio- 
protégeait,  avec  ciicons- 
Mipics  jeunes  écrivaujs  en- 
•  les  idées  nouvelles.  Con- 
aintenant  la  vie  littéraire 
elle  est  un  modèle  d'ac- 
,  et  nous  dirons  presque 
'  commerce  qu'il  entrete- 
les  esprits   les  plus   dis- 
son  temps ,  tels  que  (xram, 
te,  aiguillonnait  en  lui  le 
Illustrer  comme  auteur.  A 
ngt  ans ,  il  débuta  dans  la 
stettrespar  la  publication 
logue   aans  le  genre  de 
ucien.  L'année  suivante  il 
;  sa  Défense  de  la  Corné' 
e ,  et  quelques  traductions 
les  anciens.  Il  entreprit , 
le  visiter  la  Norwcge  avec 
ling  ,  jeune    savant  ,  qui 
son  goût  pour  les  antiqui- 
lies,  et  s'v  maria  avec  la 
iche  négociant  de  Trond- 
ntheim  ).  Son  zèle  pour  la 
des  monuments  propres  à 
un  nouveau  jour  sur  l'ori- 
•euples  du  Nord  ,  le  retint 
ns  dans  ce  pays.  Il  fournit, 
Q  de Philaltthè s, plusieurs 
t  Dissertations  historiques 
ériodiqiie  qui  parut  sous  le 
ollections  de  Trondhiem. 
jour,  à  la  même  époque  , 
^tère  du  dix-huitième  Siè- 
iiction  remarquable,  et  qui 
md  succès.  U  y  a  cherché 
procher  du  style  de  La- 
mais  il  n'a  jamais  pu  imi- 


SUH 


181 


ter  la  concision  du  moraliste  français. 
Des  afi'aires  de  famille  et  les  soins 
qu'exigeait  l'éducation  d'un  fils  uni- 
que ,  et  surtout  le  besoin  d'être  à  por- 
tée des  grandes  bibliothèques  et  de 
suivre  une  vaste  correspondance  lit- 
téraire ,  le  ramenèrent,  en  17^5,  à 
Copenhague  ,  dont  il  ne  s'éloigna 
plus.  Il  publia  dès-lors  cette  immense 
suite   de  travaux  sur  l'histoire  de 
Danemark  ,    qui  doivent  immorta 
liser  son  nom     Â  ces  travaux  se  joi- 
gnirent, de  temps  en  temps,  des  pro- 
ductions d'un  genre  moins  sévère  ^ 
telles  que   des  romans  historiques , 
entre  autres  Sigur  et  Ilabor,  tra- 
duit en  français  par  M.  CoiHîer  , 
dans  ses  Romans  du  Nord ,  3  vol.  iu- 
1 2  ;  G^ritlia ,  traduit  dans  le  même 
Recueil ,  et  les  Trois  Amis ,  qui  est 
son  meilleur  ouvrage  et  un  des  meil- 
leurs dans  ce  genre  ,  aujouixl'hui  si 
perfectioimc'  par  Walter  Scott.  Ce 
qui  donne  de  la  valeur  aux  Romans 
historiques  de  Suhm  ,  c'est  une  pro- 
fomle  connaissance  des  mœurs ,  des 
institutions  et  des  croyances   reli- 
gieuses de  la  Scandinavie  ancienne  ; 
ce  qui  leur  manque ,  c'est  ce  style 
original ,  hardi  y  entraînant ,  que  le 
romancier  écossais  a  puisé  dans  son 
génie.  Les  Idylles  de  Suhm  n'ont  que 
le  mérite  de  l'élégance.  Ses  essais  lit- 
téraires,  surtout  son  Portrait  d' II oU 
herg  et  son  Eloge  de  Luxdorph , 
ont  souvent  toute  la  linessc  de  Fon- 
tenelle.    Mais    tous   ces  écrits    ont 
été  effacés  par  trois  grands  ouvrages 
historiques ,  savoir  :  I.  \J Introduc- 
tion à  V Histoire  critique  du  Dane- 
mark ,  5  vol.  in-4*'.  9  composée  de 
différentes  parties ,  1  <».  Intraduction 
générale  à  V Histoire ,  ou  Essai  sur 
i  origine  des  peuples ,  i  vol.  in-4^. , 
1769.  C'est  un  coup-d'œil  critique 
qui ,  à  plusieurs  égards ,  peut  encore 
guider  dans  les  études  historique» 


lS2 


sim 


ceux  mêmes  qui  ont  lu  tous  les  tra- 
vaux des  Allemands  5  car  SuLm ,  fi- 
dèle à  la  chronologie  de  Moïse,  est 
indépendant  des   préjuges  pliiloso- 
pliiqucs  auxquels  les  Allemands  ont 
trop  souvent  sacrifié.  H  analyse  avec 
beaucoup  d'impartialité  les  monu- 
ments giccs  ,  romains,  héhreux  et 
phéniciens,  li'^.  Essai  sur  l'origine 
fies  peuples  du  Nord,  i  vol.  in-^**. , 
1770.  Ici  (ont  est  spécial  et  puisé 
dans  les  documents  islandais ,  com- 
parés aux  témoignages  de  Thistoire 
générale;  c'est, à  quelques  assertions 
près ,  susceptibles  de  controverse ,  le 
livre  le  plus  clnssique^oi-  cettematière, 
et  c'est  df-plus  une  sorte  de  bibliothè- 
que complète.  3'\  Odiîi  ou  la  Mytho- 
logie et  le  culte  du  Nord  pàien ,  i 
vol.  in- 4®.  ,   ^77*  ;   ouvrage  en- 
core  pins   précieux   que  le  précé- 
dent ,  et  qui  ;,  malgré  les  recherches 
postérieures ,  reste  la  .base  de  toute 
étude  critique  de  l'odinisme.  Les  Al- 
lemands ,  qui  afiectcnt  de  confon- 
dre le   svstcrae  tout-â-iait  scandi- 
iiave  et  peuttctre  asiatique  de  l'odi- 
nisme aVec  le  culte  grossier  et  in- 
forme de  Teut  et  de  Mannus ,  ont 
pille  ce  travail  de  Suhm,  sans  le  ci- 
ter et  souvent  sans  le  comprendre. 
4^.  et  5*^.  Histoire  des  peuples  sortis 
du  Nord  ;  1  vol.  in-4®.,   1772  et 
1773.  Les   Goths  occupent  la  pre- 
mière section;    la   deuxième    com- 
prend les  nations  gothiques  ^  savoir  : 
les     Gepidcs  ,  /férules  y   Scores  , 
Ilirres  ,    Turcilingucs  ,   Rugiens, 
F'anws  ,    T^andalcs   et    Bourgui- 
gnons ;    diins  la  troisième,    il  est 
question  des  Longohardi  ou    Lom- 
bards ;  la  quatrième  embrasse  les 
./fngles,   les  Frisons,   les  Suèvcs y 
les  ÂU^manni ,   les   Juthungues  et 
les  Thuringiens,  C'est  là  que  Suhm 
a  montré  toute  la  force  de  son  érudi- 
tion y  au  point  qu'après  avoir  lu  les 


SUH 

recherélies   postérieures  ( 

riens   allemands  ,  même 

Schlôtzer ,  on  est  obligé  ( 

au  critique  danois  ,  cow 

à-la-fois  phis  érudit ,  plus 

et  surtout  plus  à  l'abri  de 

nie  systématique ,  de  toute 

sique  et  de  tout  mysticism 

veries  de   M.  Mone  ,  d'H 

sur  l'odinisme,  et  celles  de 

kerton  et  Grâljerg   sur  1< 

paraîtront  incojxcevables  ^ 

ont  lu   les  recherches  cri 

S.uhrn.   Les  cinq  volumes 

venons   de  caractériser  fc 

ensemble,  terminé  par  un 

dex  ;  mais  il  faut  reniari 

existe  séparément  dés  ad 

des  corrections  importante 

ouvrages  subséquents  de  Vi 

Histoire   critique    du    L 

pendant  les  siècles  païen 

in-40.,  i774,-in75,i77(] 

avec  un  volume  de  Tableau 

in-fol. ,  formant  un  ensem 

rement  distinct  du  précède! 

quement  consacré  à  discuter 

diniciles  de  l'histoire  danc 

que  l'auteur  les  a  résolus  ( 

ment,  ce  serait  donner  un  < 

sa  modestie;  il  faut  même 

que  le  principe  de  Suhm  de 

toutes  les  traditions  à  un  on 

nologiqiie  et  à  une  série  hi 

n'est  pas  entièrement  confoi 

critique  philosophiqjie  ;  il 

cie  pas  assez  \cs   traditioi 

ques  et  populaires  ,  qui ,   « 

fausses  et  souvent  même  ci 

r<'mpreinte  de  la  vérité ,  ne 

se  plier  â  aucun  système  c 

gique  positif,  et  nVn  sont 

authentiques^  parce  qu'elles 

cho  des  siècles  contemporair 

toire  critique  est  terminét 

ample  index.  Nous  arrivoi 

vrage  qui  est  ocbevc  en-  n 


SUH 

jiiSrjii'à  r.iii  i4oo:  III.  liistKtjVc  du 
Danemark  ,  dont  il  n'a  paru  ([uc 
va  tomes   in  -  4".  :    Je  premier   a 
été  publié  en  178a.  Dans  \t$  tomes 
que  nous  avons  lus  de  cet  immense 
ouTragc,  Tau  leur  reprend  souvent, 
dans  des  notes  trcs-etendues,  les  points 
qu'il    craint  de  n'avoir   j)as  assez 
cclaircis  par  ses  travaux  préparatoi- 
res ,  et  il  suit  les  Danois  dans  leurs 
anciennes  conquêtes  et  émigrations. 
L'histoire  des  Ostmans^  dans   l'Ir- 
Ijuide;  des  Varangues^  à  Constant i- 
nople  ;  celle  surtout  des  Normands  en 
France,  s'y  trouvent  non-seulemciil 
exposées,  mais  profondcmcnl  discu- 
tées d'après  les  documents  peu  connus 
delà  littérature  islandaise,  conij)arcs 
à  tons  ceux  que  les  savants  élranj^ers 
au  Noi*d  ont  pu  coasulter.  (^e  n'est 
pas  luie  histoire  agréable  à  lire;  mais 
c'est ,  comme  tous  les  ouvrages  de 
i'auteury  une  source  abondante  de  no- 
tions nouvelles  sur  toutes  les  bran- 
ches de  l'histoire ,  liées  à  celles  du 
Danemark.   Aussi  ,    lorsque  Taca- 
demie  des  inscriptions  et  belles-let- 
tres proposa  ,  comme  sujet  de  prix, 
l'Histoire  dcrinyasiondesNormands, 
1  auteur  de  cet  article  fît  observer  à 
quelques   membres  ,  qu'ils   feraient 
mieux  de  faire  traduire  ce  que  Suhm 
a  écrit  sur  ce  sujet.  Nous  devons 
maintenant  faire  connaître  les  Mé- 
moires isolés  de  Suhm  sur  d'autres 
parties  de  l'histoire  :  il  y  en  a  d'une 
grande  importance  ;  ceux  qui  sont  re- 
1  Al  ifs  aux  Patzinakites[\']']o) ,  aux 
Chazares  (  1 7  8 1  ) ,  aux  C/zes  ou  Po- 
lowzes  (  1 7 24)  >  inérilent  encoré  de 
Tatteotion.  On  trouve  les  deux  pre- 
miers dans  les  Mémoires  de  raciidé- 
mie  des  sciences  de  Copenhague ,  et 
le  dernier  dans  l'édition  des  Annales 
de  Nestor  de  Schloctzer,  ])ar  Srhé- 
rcr.  Suhm  sentait  parfaitement  ([iie, 
pour  compléter  Thistoirc  du   Nord 


SliH 


183 


et  de  r  Est  de  l'Europe  ,il  faut  unir  la 
connaissance  des  antiquités  et  des  lan- 
gues sciuidinaves  à  celle  tics  antiquités 
et  des  langues  sclavoncs  etiiunoises; 
mais ,  a<:cablc  j)ar  l'immensité  de  ses 
études,  il  laissa  ec  travail  à  ceux  qui 
voudront  lui  succéder.  Suhm  a  conti- 
nué l'importante  collection  des  Scn'p- 
tores  rcmm  danicarum  mcdii  œvi , 
commencée  par  Langebeck  (  V.  ce 
nom ,  XXII  ,  336  ),  depuis  le  tome 
IV  jusqu'au  tome  vni  ,quoi(jue ,  dans 
J'incendie  de  171)}.,  qui  consuma  le 
château  royal  ,  il  eût  perdu  les  ma- 
nuscrits du  tome  vi,  et  même  celui 
d'un  tome  de  son  1  listoire.  On  a  encore 
de  lui  une  Dissertation  sur  les  caitses 
qui  ont  fait  triompher  le  christia- 
nisme sur  la  doctritic  d'Odin,  im- 
primée dans  le  i<=^.  {orixcàw  Musée 
Scandinave.  Ce  fut  jujur  lui  le  chant 
du  cygne.  11  nous  reste  à  considérer 
ce  grand  homme  dans  sa  qualité  de 
protecteur  des  Icltres  ;  il  a  fait  plus 
qu'aucun  particulier  dans  aucun  pays. 
Passionné  pour  la  gloire  de  sa  patrie, 
il  consacrait  sa  fortune  à  favoriser  en 
Danemark  les  progrès  des  lettres  et 
à  y  propager  les  connaissances  utiles. 
Il  entretenait,  h  l' uni vcrsité,les  jeunes 
gens  dans  lesquels  il.  trouvait  des  dis- 
positions pour  les  sciences,  et  leur  fa- 
cilitait ,  par  tous  les  moyens  en  son 
pouvoir ,  rentrée  de  la  carricre  qu'ils 
promettaient  d'honorer  un  jour:  il 
employait  chaque  année  des  sommes 
considérables  à  l'impression  des  li- 
vres les  plus  im])orlaiils.  Outre  les 
frais  de  ses  trois  grands  ouvrages  his- 
toriques, il  fit  eeu\  des  derniers  vo- 
lumes des  Scrif flores  renim.  dani- 
carum ,  vi  paya  le  manuscrit  et 
riinpression  de  six  volumes  islan- 
dais,(lej)uisle  Landnamahokj  i';74  -> 
j u sc( u 'à  1  ^Ejrhyf^s^iu - Suf^a  ,  1 J o 7 . 
Mais  le  plus  célèbre  monument  de  sa 
muniliconccfut  rédiîi-Mulos  4nnaU> 


i8^ 


SUH 


j^bulfedcejpav  Adlety  5  vol. ,  1 789- 
ï794î  elle  lui  coûta  4^000  rixdalers 
(  24,000  francs  ),  elle  est  exlrême- 
mcut  recherchée.  On  lui  doit  entre 
autres  l'édition  dctS^'m^'o^  adUtte- 
raturam  tetUonicam  ,  etc. ,  par  MM. 
Nyei-up  et  Sandyig  ,    1787.   Suhm 
possédait  une  bibliothèque  aussi  pré- 
cieuse par  le  choix  oue  par  le  nombre 
dcsyoltimes,quis'e1eYaientà  plus  de 
cent  miUe^il  1  ouvrait  au  public.  Pour 
perpe'tuer  le  souvenir  de  ce  bienfait, 
on  fit  frapper  une  médaille  repré- 
sentant d'un  coté  son  portrait  et  au 
revers  le  temple  d'ApoUon  palatin , 
avec  le  mot  :  Aperuit,  En  1796,  il 
céda  cette  belle  collection  à  la  biblio- 
thèque royale  de  Copenhague,  à  des 
conditions  telles  qu  on  pouvait  les 
attendre  de  son  noble  désintéresse- 
ment. Ni  Téclat  de  sts  richesses ,  ni 
les  succès  qu'il  ne  cessait  d'obtenir 
dans  tous  les  genres  ,  n'altérèrent 
jamais  sa  bonté  naturelle.  Il  fut,  toute 
sa  vie^  simple  j  modeste  et  le  plus 
obligeant  des  hommes.  Un  accès  de 
goutte  renle\'a  le  7  septembre  1798, 
à  l'.ige  de  soixautc-oix  ans.  Sfuhm 
était  membre  de  presque  toutes  les 
académies  du  Nord.  La  plupart  de 
ses  Opuscules,  épars  dans  les  jour- 
naux et  les  recueils  scientifiques ,  ont 
été  réunis  en  i5  vol.  ,  Copenhague  , 
1788-98,  Le  dernier  contient  un  Es- 
sai sur  sa  vie  et  ses  ouvrages  par 
M.  RasmusNvenip,  bibliothécaire  de 
l'université  de   Co]>cuhaguc  (  Voy, 
Nylrup  ,  Biographie  des  hommes 
vivants ,  iv ,  554  ).  Indépendamment 
de  ce  premier  tribut  à  la  mémoire  de 
rillustrc  bienfaiteur  des  lettres ,  M. 
Nycmp  a  publié  sur  lui  une  Notice 
dent  la  traduction  allemande  porte 
ce  titre  :  Précis  sur  la  vie  et  les  écrits 
du  P. -F.  Suhm  ,  traduit  du  danois, 
par  F,  Eckard^  Copenhague,  1799, 
iu*8^.0nen  trouve  un  extrait  dans  le 


SUI 

Magasin  encjrclopédique^  dnquiënie 
numéro  {an  ']  ,  1 799 )  ,  11.  agS- 
3oo.  Le  portrait  de  Suhm  a  été  gravé 
plusieurs  fois  ,  et  l'académie  de  Co- 
penhague a  proposé  son  éloge  an 
concours.  M.  B— w. 

SUICERCJean-Gaspab  Sghweiiw 
ZER ,  plus  connu  sous  le  nom  latinisé 
de  ) ,  savant  théologien  et  philologue, 
naquit,  en  1 620  y  à  Zurich ,  d'une  fa- 
mille établie  en  cette  ville  depuis  le 
commencement  du  quinzième  siècle. 
Après  avoir  terminé  ses  premières 
études  dans  sa  patrie,  il  vint  en  Fran- 
ce ,  et  suivit  deux  ans  les  leçons  des 
plus  célèbres  professeurs  des  acadé- 
mies de  Saumur  et  de  Montauban.  A 
son  retour,  il  embrassa  la  carrière 
éva]igélique,etfut,  en  i643  ,  nommé 
pasteur  d'une  commune  rurale; mais 
u  ne  tarda  pas  de  renoncer  aux  fonc- 
tions du  ministère  pour  se  dévouer  k 
l'enseignement  ;  et ,  après  avoir  été 
chargé  des  classes  inférieures  ,  il 
fut  pourvu,  en  i(>6o,  de  la  chai- 
re d  hc'breu  et  de  grec  au  collège  de 
Zurich.  Dans  les  loisirs  que  lui  lais- 
sait cette  place ,  il  fit  une  étude  apro- 
foudie  des  ouvrages  des  Pères  grecs , 
et  publia  quelques  écrits  qui  le  firent 
connaître  avantageusement.  Charles 
Patin,  dans  la  relation  de  ses  voya- 
ges (  r.  Patin  ,  XXXIII ,  i  a6  ) ,  dit 
qu'il  a  connu  a  quelques  personnes 
fort  doctes  à  Zurich ,  entre  autres^  M. 
Suicer^  qui  sait  lui  seul  plus  de  crée 
que  tousles  Grecs  delà  Grèce,  et,  a]Ou- 
te-t-il ,  que  j'estime  encore  pins  pour 
sa  probité  que  pour  sa  science.  »  Siii- 
cer  se  démit  de  ses  emplois  en  i683 , 
et  niounit,  le  ^29  déc.  i(>84  (i).  On  a 
de  lui  :  I.  Sjmtajiieos  grœcœ  quate^ 


Cl)  Lt  non  pas  m  1G68,  coinm*  I<>  dit  le  Dtct. 
ut.n'trsvl  ;  ui  «-Il  i7f»5,  ctunmr  \r  diarut  les  rrdae- 
teiir»  de  1.1  lUblioih.  rmisommée^U^  %!^S ,  cnufto- 
daut  Siiircr  avec  son  lUn.  Cette  ((rave  crrcw  m 
l>»fhc  duii»  Ir  Pirt.  de  Mor^ri,  *i.  de  17S9. 


SUI 

s  latinâ  differt  compendium , 
Ji,  iG5i  (u),  in  S"".  II.  EfZTTy- 
c  Eusehlas  quo  Misctllanca 
nimiràm  Chrjrsostomi^  et  diiœ 
liiMaf^ni  Homiliœ  contim-ntur: 
ina  item  Nazianzeni ,  para- 
dsJonœ  et  Psalmi  aUquot^  etc., 
,  i658,  1681 ,  in- 12.  III.  Sa- 
'jn  ohservationum  liber  singu- 
;  adjectum  est  in  fine  duplex 
nen ,  alterum  Supplementi  Un- 
^œcœ ,  alterum  Lexici  Hesy- 
i,ibid.,  i6G5,iu.4o,iv.  The- 
is  ecclesiasticus  ^de  patrihus 
s  ordine  alphabetico  exhibens 
imique  phrases  y  ritus^dogma- 
œreses  et  hujusmodi  alia  spec- 

Amsterdam ,  1 682 ,  in  -  fol.,  1 
^jeX  ouvrage,  le  plus  important 

publie  Suicer ,  lui  avait  coûté 
le  vinj;t  ans  de  travail.  Jean- 
Ipbe  Wetstein  ,  son  ami ,  se 
ea  d'en  surveiller  l'impression, 
îconde  édition  ,  Amsterdam  y 
,  lin  vol.  in-fol.,  est  corrigée  et 
entée  d'un  Supplément,  que  l'on 
?u  partie  à  son  fils  aîné,  dont 
;lc  suit  (  F.  ci-dessous  ).  V.  Le- 

grœco-latimim  et  latino-grœ- 

Zurich ,  iG83 ,  2  vol ,  in  -  4". 
Ijrmbobim  Nicœno- Constantin 
ilanum  ,  ex  antiquitate  eccle- 
cdilîustratum ,  Ulreclit,  1718, 

W— s. 
ICER  (  Jean  -  Hknri  ) ,  fils  du 
dent ,  né  à  Zurich  ,  le  G  avril 
,  fut  initié  par  son  père  dans 
maissance  du  latin  ,  du  grec  et 
cbre«].Adi\-septaus,  il  soutint 
ticse  de  philosophie  avec  bcau- 
de  succès.  Admis,  peu  de  temps 

,  au  saint  ministère ,  il  s'appli- 

'abn'riu»,  par  inad^crlaiirc ,  a  d»l«"  celte 
dr  i53i  (  liil l.  anica,  >.>II  ,  CR  '^  ;  la  m»- 
r  «c  tmavc*  ({aii.<!  le  l'atalogiic  de  In  l»:bl. 
('il  poiiririit  soupçouuer  i]iie  le  lilre  du 
rtc  cette  iViu^^e  date;  tnaÎA  iiotts  avons  v«« 
il  T  abicu  MDCLI. 


sm 


ivS5 


cfua  tont  entier  à  l'étude  de  la  théo- 
logie et  de  l'histoire  sacrée.  S'clant 
charçé  de  l'éducation  d'un  jeune 
gentilhomme  de  Zurich,  il  parcourut 
avec  son  élève  une  partie  de  la  SuL55e 
et  de  l'Allemagne.  Pendant  le  peu  de 
temps  qu'ils  demeurèrpiit  à  Genève  y 
Suicer  apprit  le  français ,  et  se  fami- 
liarisa si  bien  avec  les  diilicultcs  de 
notre  grammaire,  qu'il  prêcha ,  dans 
la  suite,  aussi  volontiers  eu  français 
qu'en  allemand.  On  voulut  le  retenir 
à  Hanau  pour  y  professer  le  grec  et 
la  philosophie  ;  mais  il  fut  bien- 
tôt rappelé  à  Zurich  ,  et  attaché 
sur-le-champ  au  gymnase  de  celte 
ville.  Il  succéda ,  en  ii583  ,  à  son 
père  dans  la  chaire  de  grec  ;  et  l'an- 
née suivante ,  il  fut  pourvu  d'un  ca- 
nonicat.  Ce  savant  professeur  crut 
devoir  accepter,  en  1700,  la  chaire 
de  théologie  à  l'académie  de  Heidel- 
berg;  mais  il  tomba  malade  peu  de 
temps  après  son  anivée  en  cette  ville, 
et  y  mourut  le  a3  septembre  170$. 
Il  avait  été  marié  trois  fois.  Outre 
des  Notes  sur  le  Thésaurus  ecclesias^ 
tiens  cité  plus  haut ,  insérées  dans  le 
Supplément  k  la  seconde  édition  ,  on 
connaît  de  lui  :  I.  Compendium  phy- 
sicœ  aristotelico-cartesianœ ,  Ams- 
terdam ,  iG85;  Baie,  1691  ,in-i)» 
II.  Un  Commentaire  sur  l'Épilre  de 
saint  Paul  aux  Colossicns  ^  Zurich , 
1699,  Mï-4°*  ^^  trouve  à  la  suite 
trois  Discours  :  De  f^rtunis  Grœciœ 
antiquœ;  De  Grœcid  christiand;  et 
De  intemisEcclesiaa  reformata  ter-' 
roribus.  III.  Spécimen  commcntarii 
in  epistolam  ad  Ephesios ,  dans  les 
Miscellan.  Duisburgensia  11.  Ou  a 
la  Fie  de  J.  H.  Suicer ,  en  latin ,  par 
Jean-Rodolphe  Wolf,  Zurich,  174^? 
in-4". — On  a  confondu  quelquefois  ce 
savant  théologien  avec  un  autre  J.  H. 
Suicer  ,  l'un  de  ses  ancêtres ,  dont  on 
a  :  ( 'hronologia Helveticaj  res  gestas 


m 


sui 


HeWeiiorum  ad  nostra  usque  tempo- 
ra..,  complectens ^  Hanaii,  1607,111- 
4".,  rciinprimc  en  i  ^35,  dans  le  Tfte- 
saurus  hehcticiis  de  Fucslin  (  V,  ce 
nom  ).  L'auteur  place  la  fondation  de 
Zurich  à  Tau  du  inonde  1980  :  il  est 
d'ailleurs  assez  cxr^cl  pour  les  faits 
qui  appaiiiennenl  ;»  rhisloirc  moder- 
ne. On  connaît  encore  de  lui  une 
grande  Histoire  de  la  Suisse  jusqu'il 
l'an  i.^Sti,  en  allemand,  conscrrce 
en  m^muscrit  dans  diveises  hibliotlic- 
ques  (  Foy,  lia  lier  ,  UibUoth.  de 
Vhist.  suisse,  iv  ,  p.  -''I7 )■  W — s. 
SUIDAS,  lexicographe  j^rec,  j'est 
connu  que  par  l'ouvrape  qu'on  a 
sous  son  nomj  mais  il  n'est  ;>as  pcr* 
rais  de  croire,  avec  le  savant  Anj;e 
Pulitien ,  (jue  ce  ï^oni  80tt  su})pose. 
Tous   les  manuscrits  s'dccojiacnt  / 

})resenter  Suidas  ou  Suda^  commi* 
'auteur  de  ce  Lexique ,  et  il  est  cité 
plusieurs  fois  pai  Eusl;*the,  le  com- 
mentateur d'Homère.  On  ignore  2a 
patne  de  Suidas;  et  les  savants  :)o 
conviennent  pas  entre  eux  de  i'cpo- 
que  où  il  a  vécu,  Giraldi  ])rc'lcnd  que 
ce  fut  sous  le  règne  d'i;ugi?stc;  mais 
il  le  confond  avec  l'iiisîorlcn  du  mô- 
me nom  ,  dont  parlent  Slrahoo ,  Je 
scholiaste  d'ApolloniusdeKiiodcs,  et 
Etienne  de  Byzance.  îvi  îc  rappro- 
chant jusqu'au  quatorzième  siôcle , 
Jérôme  Wolf  est  tombé  dans  un  ex- 
cès contraire  ,  trompe'  par  quelques 
additions  faites  à  son  I^exique  par 
des  écrivains  postérieurs  h  Suidas. 
L'opinion  la  plus  probable  est  qu'il 
ilorissait  à  la  fin  du  neuvi(;mc  et 
dans  les  premières  années  du  dixiè- 
me siècle.  L'ouvrage  de  Suidas  est 
une  compilation  faite  presque  sans 
choix  et  sans  jugcraeiît.  Pes  copistes 
ignorants  sont  encore  venus  ajouter 
aux.  fautes  du  premier  auteur,  en  in- 
.sérant  dans  le  texte ,  des  notes  qui 
ne  font«}>1us  qu'cinbrouillei  les  pas- 


SUI 

sages  qu'elles  deyaient  cclaircir.  Mal- 
gré fous  les  défauts  qu'on  est  endroit  | 
de  lui  reprocher  ,  ce  lexique  n^ai  : 
est  pas  moins  d'une  haute  importai!-  j 
ce,  par  le  grand  nombre  die  ïnf- 
ments  qu'on  y  trouve  d'écrivains  qû  ; 
ne  nous  sont  point  parveniu,  ainâ  j 
que  par  les  détails  vraiment  curieux  j 
qu'il  prt'sente  sur  les  poètes,  les  on<  ' 
teurs  et  les  historiens  de  l'anLiqnil^  i 
C'est  un  trésor  d'érudition ,  sans  k  1 
secours  duquel  l'histoire  Jîttëraire  1 
des  (irecs  et  des  Romains  aurait  of-  L 
fcrt  d'immenses  lacunes  qu'il  n'eût 
jamais  été  possible  de  remplir. 
L;i  première  édition' de  Suidas  ot 
celle  qu'on  doit  au  savant  Dcmétrios 
Chalcoruy le  (  rqjr,  ce  nom  ) ,  Bliba ,  / 
i490j  in -fol.  C'est  un  chef-d'cBS-  , 
vre  typographique.  L'édition  de  Ve*  . 
nise,  Aide ,  i  Tm  4>  offre  des  différai-  . 
ces  notables  dan:  le  texte.  EJIe  ht 
reproduite  à  Baie,  par  Froben,  ci 
1 544.  Jérôme  Wolf  traduisit,  le  pre- 
mier ,  Suidas  en  latin.  Cette  Tcrsioa 


professa 
l'académie  de  Heidelbcrâ ,  eu  doma  || 
une  nouvelle  iraductionïadue,  anc 
ie  texte  grec ,  Genève ,  i  ^  o  ou  i63o,   ^ 
2  vol.  in  fol.  Enfin  le  savant  Lodol-  J, 
plie  Kuster  :x;vit  le  texte  de  Suidu  j 
sur  des  manuscrits  de  Paris  et  de  jj 
Londres,  et  le  publia,  Gimbridge, 
1705,  in-foi.,  3  vol. ,  avec  la  Ter-. 
sion  de  Portiu ,  corrigée  dans  m» 
foule  d'cndroiLs.  Cette  édition,  supé* 
rieure  à  toutes  celles  qui  avaient  pan 
(i) ,  est  pnfcédée  d'imc  DissertatigÊk 
sur  Suidas,  que  Fabricius  a  recuoM 
lie  dans  la  Bibl.  grœea,  ix ,  6^1  (9). 


il)  M.  CnUr.ird.  profemieur  &  l'ami.  cl'(>ilM« 
itrrp.ire  l'n  cr  inoiiienl  un*  nouvell*  éjBtioB  fc 
I.r\i(|iir  flr  Siiiilnii. 

(  Ti  r»l>rioiuii  n  fait  «uivrr   crtte  dÎ!i»crUlie«  J* 
iroT.o  Jfil  I  :  !<'.    Jcs  auteur»  claoi  frhqucb  a'dâ 


SUI 

er,  beaucoup  de  savants, 
nels  on  doit  citer  Jacq. 
El.  Bcrgler ,  Laur.  Bos  , 
se ,  Louis  Valkeoaer ,  se 
'S  de  rétablir  ou  d'expli- 
issaçes  de  Suidas.  Le  ne- 
cadémic  des  inscriptions 
5  corrections  de  rabbc 
Sainte  -  Croix ,  etc.  Louis 
[nibli(?'  :  Spécimen  ohser- 
%iscellanear,  in  Suidam, 
1  ,  in  -  4° •  ;  Jean  Toup  ; 
^nes  in  Suidam,  IjoikItcs, 
n5 ,  in-S*». ,  3  vol.  (  F^i}\ 
in  Chardon  de  La  Rocîict- 
voir  donne,  dans  le  Ma- 
lopédiq. ,  des  c'claircisse- 
iielqucs  articlc's  de  Suidas, 
,  daiîs  ses  Mëlah^es  de 
92.  J.-Gli.-Gottl.Ernesti 
A'xiques  de  Stiidas  et  de 
F,  ce  nom  )  Ions  les  pas- 
h  au  culte  dos  anciens,  et 
s ,  avec  des  iK)tes ,  sous  le 
lossœ  sacrœ  ,  I^cinzip, 
3*\  On  conserve ,  h  la  bi- 
publique  de  Leyde,  un 
mologique ,  attribue  par 
Suidas ,  lequel  a  successi- 
artenu  à  H.  Estiennc,  Gol- 
sius.  Voyez  Muller,  Pro- 
?  Siiidd  cum  observât io- 
\einesiiy  Leipzig,  i6g6, 

W— s. 
LA,  vingt -troisième  roi 
bs  d'Espagne,  donna  des 
sa  valeur,  avant  de  par- 
rone  ,  en  soumettant  les 
e'volte's.  Devenu  roi  ,  en 
l'élection  des  grands,  il 
;  reformer  les  lois  et  de 
peuple  contre  l'oppres- 
cs  et  des  comtes.  Il  prit 


H»nr  rompofpr  son  ouvrn['<*  ;  »"• 
iir  /(•«({uelji  son  Icxiqu»*  oHrc  Af* 
;  k\   3'.    (If   ton»   Ir-i  prrsunnagc» 


SUL 


18' 


les  armes,  dans  la  première  aimët 
de  son  règne,  pour  s'opposer  aux  ir 
ruptions  des  Gascons ,  qui  dc'solaien, 
la  Biscaye  et  la  Navarre;  et ,  à  la  tê- 
te d'une  armée  nombreuse^  il  les  dé- 
fit sur  les  bords  de  TÈbre.  Les  Gas- 
cons durent  â  son  humanité  la  sûreté' 
de  leur  retraite ,  le  va incjueur  n'ayant 
exige'  d'eux  que  la  restitution  du  bu- 
tin et  d'une  forteresse  qu'on  croit  être 
Fontarabie.  Ce  prince   acheva   de 
chasser  les  Romains  de  l'empire  d'O- 
rient ,  i^\  s'étaient  maintenus  dans 
la  province  d'Algarve,  et  qui  y  con- 
servaient   encore   deux    généraux. 
Il  vainquit  l'un  par  les  armes  ,  et 
parvint   à  gagner   l'autre    par  ses 
libéralités.  N'ayant  plus  de  guerre  à 
soutenir,  son  caractère  parut  chan- 
ger tout-à-coup.  Il  foula  ses  sujets^ 
qu'il  avait  gouvernés  jusque-là  avec 
aouceur.  Les  grands  se  soulevèrent , 
et  appelèrent  à  leur  secours  Sisenand, 
goirvemeur  de  la  Gaule  gothique. 
Suintiia  marcha  contre  lui  )  et  déjà 
les  deux  armées  étaient  en  présence, 
lorsque  ses  propres  soldats ,  gacnés 
par  son  rival ,  s  écrièrent  qu'il  fallait 
le  déposer.  Sisenandfut  proclamé  roi; 
et  Suintiia  n'eut  que  le  temps  de  fuir 
et  de  se  cacher  dans  une  retraite  où 
il  mounit ,  peu  de  temps  après.  B — p. 
SULEAU  (  FnAKçois-Louis  ) ,  né 
en  1 757  ,  d'une  famille  honorable  de 
Picardie ,  avait  été  élevé  au  collège 
de  Louis-le-Grand.  Après  avoir  servi 
quelque  temps  dans  la  gendarmerie 
de  France  à  Lunéville,  il  abandomia 
la  carrière  des  armes ,  passa  dans 
l'île  de  la  Guadeloupe,  en  qualité  de 
sénéchal  ,  et  revint  en  France  ,  011 
il   fut  pourvu  d'une  charge  d'avo- 
cat aux  conseils  du  roi.  Dès  le  com- 
mencement de  la  révolution ,  dont 
les  conséquences  funestes  ne  purent 
échapper  à  un  esprit  aussi  pénétrant 
que  le  sien,  il  se  livra,  avec  un  déroû- 


lis 


SUL 


ncut  sans  bornes,  a  la  dcfcuse  delà 
nyautc'.  A  ses  yeux. ,  les  doctrines  qui 
a'aicnl  (liclc  les  fameuses  declara- 
toiis  du  tiers-elal,  des  lo  et  i-y  juin 
•7H9,  consacraient  le  renversement 
le  Tordre  social  en  France.  Ilfular- 
iètcsur  une  dénonciation  de  la  (lom- 
niune  et  traduit  devant  le  tribunal 
du  Ghâtelet,  comme  atteint  et  con- 
vaincu du  nouveau  crime  de  lèze- 
nalioïij  dont  le  comité  des  recher- 
ches de  l'assemblée  Constituante  avait 
enrichi  i^on  Code.  Suleau ,  mis  en  ju- 
jjt'mcnt  aj)rès  le  baron  de  Besenval 
et  le  marquis  de  Favras,  baffoua  ses 
a  excusa  teurs ,  et  même  embarrassa  ses 
j  uges  qui  prononcèrent  son  absolution. 
Le  Jiutrnal  politique ,  lesarticles  qu'il 
publia  à  cette  époque  dans  les  Actes 
des  apôtres  y  et  ses  interrogatoires  au 
<^hâtclet,  sont  également  remarqua- 
bles par  son  courage ,  les  saillies  et 
la  verve  de  son  esprit.  Quelques  pa- 
ges surtout  y  remplies  d'étonnantes 
prophéties,  rappellent  la  logi(pie  et  la 
chaleur  des  meilleurs  écrits  de  Mallet 
du  Pan.  On  lisait,  dans  le  treizième 
numéro  de  son  Journal  :  a  Je  ne  porte 
»  la  vue  qu'en  frémissant  sur  une  car- 
»  rièrc  qui  sera  bientôt  inondée  de 
»  lleuves  de  sang  ,  et  d'un  déluge  de 
»  calamités.  Peut-être  mes  premiers 
»  pas  sur  celte  arène  de  carnage  et 
»  de  malheurs,  seront -ils  marqués 
»  par  une  catastrophe  !  une  sombre 
i>  inquiétude,  et  je  ne  sais  quelles 
»  anxiétés  m'avertissent  d'une  des- 
»  linée  cruelle.  Ces  sinistres  pressen- 
»  timents  pourront  bien  rembrunir 
i>  mes  couleurs  ,  mais  sans  aflhiblir 
»  mou  pinceau.  »  Et  plus  bas  :  «  Louis 
»  XVI  est  délaissé  au  milieu  de  Paris, 
»  c'est-à-dire  dans  la  sphère  des  plus 
»  déterminés  régicides ,  à  la  merci 
»  d'une  populace  sanguinaire  et  ef- 
»  frénée  ,  continuellement  instiguéc 
»  par  les  plus  furieux  ennemis  du 


SDL 

0  trône  ,  par  ces  hommes  prof 

»  ment  pervers ,  qui  ont  déjà  c 

»  que  la  monarchie ,  dont  le  fai 

»  seql  contrarie  les  projets  d< 

»  ambition ,  sera  renversée  sai: 

n  source ,  aussitôt  qu'ils  auront 

»  ché  le  (il  qui  l'attache  encoi 

»  personne  du  monaraue.»  Noi 

tent  de  consacrer  sa  plume  à 

fense  de  la  monarchie  ,  on  pei 

que  Suleau  lui  voua  sa  personi 

me.  La  cause  de  l'infortuné  F2 

qu'il  avait  été  appelé'  à  défc 

plaidée  avec  une  noble  et  éla 

audace  ;  la  conûance  dont  uni 

malheureuse  daigna  l'honorei 

fréquents  voyages  qu'il  fit  à  Co! 

les  négociations  qu'il  conduis] 

talent ,  notamment  «elle  dont 

était  de  ramener  Mirabeau  à  h 

de  la  monarchie;  enfin  ses  IJ 

avec  Cazalès  ,    Rivarol  ,   Du 

Boyou  et  d'autres    hommes 

quants  de  cette  époque ,  avaiei 

lement  ?vJié  sur  lui  les  regards  < 

les  amis  comme  de  tous  les  ei 

de  la  royauté.  La  surveille  de  1 

le  journée  du  10  août  1792  «  S 

averti  par  Camille  Desmoulin 

ancien  condisciple ,  avec  lei 

avait  conservé  des  relations 

l'intérêt  de  la  cause  royale)^ 

tête  .était  une  des  premières  ( 

dées  par  les  conspirateurs , 

l'asile  que  celui-ci  lui  offrait  c 

propre  maison.  Son  cœur  gé 

s'enflammait  à  la  seule  peu 

l'aflreuse  situation  de  I^uis  ) 

le  9,  en  racontant  cette  prop 

à  un  témoin  digne  de  foi ,  qui 

transmis  ces  détails ,  il  ajoi 

depuis  lonç-temps  le  sacrifie 

vie  était  fait.  Ixî  soir ,  il  se  n 

bonne  heure  aux  Tuileries  , 

forme  de  garde  national.  T( 

nuit,  il  suivit,  avec  quelque: 

grenadiers,  le  maire  de  Paris, 


SUL 

naient  en  qiidque  sorte  ca 
lais  qui  trouva  le  moyen  de 
apper ,  à  l'aide  d'un  décret 
HioN  ).  Suleau ,  arrête'  à  huit 
iu  matin  sur  la  terrasse  des 
ts ,  sous  le  prétexte  qu'il  fai- 
lle d'une  fausse  patrouille , 
luit  au  corps  de  garde  de  la 
}ii  se  ti'ouvaien t  déj  à  quelques 
es  arrêtées  sous  le  même  pré- 
t  il  y  fut  détenu ,  quoiqu'il 
un  ordre  des  oificiers  muni- 
de  service  au  château ,  qui 
gnaient  de  faire  son  rapport 
t  des  choses  au  procureur- 
syndic  du  département.  Une 
sanguinaire  ,  Théroigne  de 
rt ,  montée  sur  un  tréteau . 

7  ' 

it  alors  au  massacre  des 
ers  la  populace  qui   s'était 

en  foule  dans  la  cour  des 
ts.  Au  bruit  des  vociférations 

furie,  Suleau  dit  à  la  garde 
e  :  «  Je  vois  bien  qu'aiij our- 
le peuple  veut  du  sang;  peut- 
ne  victime  leursulfira-t-elle: 
:-moi  aller  au-devant  d'eux  ; 
erai  pour  tout  le  monde.  »  Il 
précipiter  ;  on  le  retient  ;  mais 

n'est  différée  que  de  quelques 

,  car  elle  a  été  résolue  par 
5  de  la  révolte. Trois  victimes 
t  avant  lui.  Tbéroigne,  qui  ne 
[ît  même  pas  ,  ne  cesse  de  le 
cr  sous  le  nom  de   l'abbé 

il  est  investi ,  entraîné  ,  se 
omme  un  lion;  et  lorsqu'en- 
e  défense  parait  impossible  ^ 
:  les  bras ,  et  dit  fièrement  aux 
is  :  «  Égorgez-moi  ,  et  voyez 
DÎns  comment  un  royaliste  sait 
ir.  1)  Sa  tête  fut  mise  au  bout 
ique  ,  et  portée  en  triomphe 

meurtriers.  Peu  de  temps 
1  mort,  il  avait  épousé  M*^''. 
lall  ,  d'une  famille  suédoise 
lée,  aussi  intéressante  par  ses 


SUL  iîg 

talmts  que  par  sa  beauté.  Il  la  laisa 
enceinte  d'un  fils  qui  est  né  sept  mts 
après  la  mort  de  son  père.  Suleu 
annonçait  une  histoire  du  renvere- 
ment  de  la  monarchie  française  ;  ^ 
matériaux  de  cet  ouvrage  lui  avai«t 
été  pillés;  il  s'occupait  de  les  réuir 
lorsqu'il  périt  d'une  manière  si  d- 
plorable.  ^  L — d. 

SULGHER-FANTASTICI  MAl- 
CHESINI  ;  Fortunée),  improvii- 
trice  ,  née  à  Livounie,  en  175, 
annonça  de  bonne  heure  une  faciké 
si  rare  pour  la  poésie,  qu'on  l'cnta- 
dit  débiter  des  vers  avant  qu'elle  it 
appris  l'art  de  les  composer.  Vouht 
cultiver  ce  talent  extraordinaire  ,es 
parents  allèrent  s'établir  à  Florece , 
011  cette  jeune  Sapho  étudia  les  beis- 
lettres  ,  se  rendit  familières  les  tn- 
guek  savantes  ,  et  désira  même'tre 
mitiée  dans  les  mystères  de  la  naire. 
Le  but  de  ces  différents  travauxtait 
de  briller  dans  ces  assauts  [éti- 
qucs ,  où  l'on  se  charge  de  répidre 
en  vers  à  toutes  les  demandes  d'a- 
border toutes  les  questions  ,  d**aly- 
ser  chaque  pensée,  d'éclairc  les 
points  les  plus  obscurs  de  la  litho- 
logie ,  de  l'histoire,  des  scietfs,  et 
de  revêtir  de  formes  poétitfs  les 
sujets  les  plus  graves  ,  poi  jeter 
dans  l'étonnemeut  ceux  qu'oaurait 
déjà  surpris  par  l'éruditionCes  es- 
sais, si  remarquables  dans  uiomme^ 
tiennent  presque  du  prodig(^hez  les 
femmes  ;  et  il  n'est  peut-êf  permis 
d'en  juger  qu'à  ceux  qui  d  entendu 
M««.  Sulgher  chanter  0currem- 
ment  avec  ses  émules  Mf  •  Massci 
et  Bandettini ,  ou  avec  'iamonti  , 
MoUo  ,  Lorenzi ,  et  le  pï  étonnant 
de  tous,  Gianni.  Assuj^  a"^  en- 
traves des  mètres, des  rMins,  de  la 
rime,  elle  marchait ,  s^  effort,  l'é- 
Çale  de  ces  grands  ir^ovisateurs , 
dont  elle  aurait  cxcit/'ciivie ,  si  le 


90  SDL 

.  ;banne  de  sa  Voix  ,  la  noblesse  de 

on  geste  ^  les  grâces  de  sa  personne, 

l'eussent  inspire  des  sentiments  plus 

lOux  dans  le  cœur  même  de  ses 

ivaux.  Ce  fut  dans  un  de  ces  mo- 

aeuts  d'inspiration, où  l'homme scm- 

île  s'elcver  au-dessus  de  sa  nature , 

[u'Augeliquc  Kautl'mann   saisit   les 

raits  mobiles  de  cette  muse^  dont  la 

essemblance  a  été  rendue  encore  plus 

urable  par  le  burin  de  M.  Morgfien. 

I»»c,  Sulgher  a  eu  deux  époux ,  qui 

nt  ajoute'  successivement  de  nou- 

eaux  noms  à  celui  de  sa  famille. 

l'Arcadic ,  en  l'admettant  dans  son 

îin ,  l'appela  Thémire  Parraside, 

Dm  sous  lequel  ou  a  public  quelques- 

%s  de  ses  vers.  Cette  improvisatrice 

H  moile  à  Florence,  le    i3  juin 

i24'  ^  *  d'elle  :  I.  Un  recueil  de 

i'ei/e  ^  Florence ,  1782,  in85,  et 

I/omne  ,  1794  ,  in-b".  II.  Compo- 

iHenti  poetici^  Parme,  1791  ,  in- 

8' III,  Ero  e  Leandro  ,  poernetto, 

Liourne,   i8o3  ,  in  -  8".  IV.  La 

nuLediAbcle,  tragedia,  Florence, 

1É4,  iu-8<'.  V.  Favole  Esopiane , 

ibi,  180G,  in -8*^.  Fojr.  sou  Elo- 

^io  par  M.  Giotli,  ibid. ,  182/1.  , 

SLIKOW  DE  SOLKI  (  Jean 
DÉMiRius  )  ,  archevêque  de  Lem- 
berg  né  dans  le  Palatinat  de  Sie- 
radz  d'une  famille  équestre^  mais 
pauvi^  fut  envoyé  à  l'académie  de 
Cractfe  pour  y  suivre  ses  études,  et 
s'y  diingua  par  sa  modestie  ,  sa 
piété ,  ulant  que  par  les  connais- 
sances ii'il  acquit  dans  les  lettres 
grecque  et  latines.  Son  mérite  le  lit 
connaîtrdu  roi  Sigismond  Auguste , 
qui,  l'avait  nommé  secrétaire  d'étit, 
Temployi  dans  los  aliaires  les  plus 
importants.  Sous  ce  |)rince  ,  et  sous 
SCS  succc.sjjurs  ,  Sulikov/  remplit  , 
près  de  dilïteutes  cours ,  quinze  niis- 
:sions^  dans  lesquelles  il  montra  autant 


SUL 

de  prudence  que  de  savoir.  Sigi 
étant  mort  (  1 57  li) ,  Sulikow , 
de  son  oraison  funèbre,  (ît ,  c 
sence  des  évêques  et  des  gra 
royaun^e  ,  un  discours  latîi 
pour  le  plan  et  l'élégance ,  mër 
tre  ci  té  comme  modèle.  On  voit 
l'exorde  de  ce  discours ,  qui  1 
primé  (i),  que  l'orateur  av. 
envoyé ,  en  1 568 ,  auprès  du 
Danemark  ,  pour  le  détoun 
faire  la  guerre  au  roi  de  Suède 
frère  de  Sigismond  ,  et  qu'il 
rempli  avec  succès  sa  missioi 
une  longue  et  pénible  négoc 
Sulikow  conseiTa  auprès  de 
d'Anjou  toute  la  faveur  dont  i 
joui  auprès  de  Sigismond;  i 
posa ,  pour  célébrer  l'avcnem 
nouveau  roi,  un  petit  poème 
intitulé  :  Urania ,  swc  cœlesti 
iio ,  où  l'élégance  de  La  poésie 
pas  oublier  l'exagération  des 
ges.  Pour  apprécier  Sulikow,  < 
écrivain  et  comme  bomme  à\ 
faut  lire  les  Mémoires  qu'il  a  ] 
sur  les  événements  de  son  t 
sous  ce  titre  :  Joan,  Démet. 
kowu  Comment ariu s  hrevis 
Folonicarum  à  morte  Sigis 
Augusti,  Dantzig  ,  1O47  , 
Laissant  de  coté  ce  que  l'aut 
sur  IcsaiFaires  générales  du  roy 
nous  y  prendrons  quelques  déta 
le  regardaient  spécialement, 
la  mort  de  Sigismond^  dit- 
dissidents  ou  seigneurs  catbi 
cLerchcrent  à  troubler  le  cou 
ment  du  roi  Henri  de  Valois , 
mandant  à  grands  cris  qu'av 
lui  imposer  la  couronne  ,  on 
jurer  d'observer  l'acte   de  1 


(1)  hifuTifiT  I).  Si^itmundi  Atiçutti , 
ftiii* ,  mi/yni  tiiirii  JÀthunnitt ,  etr. ,  Onu 
Pcmclni  Soli/^nwii  à  SoUi ,  ir^ti  seerclaii 
vir,    lii;?,  in-/|«,  ,   et  daiu   Cromer , 
i53«),  f.  i>.  701. 


SUL 

doû  qu'ils  avaient  formée (^. 
rsKi  et  Zborowski  )  ;  ce  <pii 
ete'.  L'agitatiou  augmenta  par 
licatiou  d'un  petit  écrit  (2) , 
Il  discutait  la  question  de  sa- 
le roi  refusant  d'adopter  quel- 
unes  des  conditions  qui  lui 
t  e'té  présentées  ,  notamment 
[uela  confédération  voidait  lui 
or^  on  pouvait  lui  refuser  obéis*' 
La  question  étant  ixfsoluene'ga- 
nt,  les  confédérés  firent  beau- 
le  bruit  dans  les  deux  cham- 
k  grand  maréchal  qui  était  à 
te,  fit  même  arrêter. rimpri- 
Sidikow,  se  levant,  déclara 
tait  l'auteur  de  l'écrit*  On  s'é- 
l'il  fallait  le  mettre  en  accusa- 
j'arcLevcquc  primat  déclara 
y  tous  les  éveques  et  le  cler- 
isaîent  comme  Sulikow.  Le 
t  augmentant ,  le  roi  à  l'invi- 
duquel  Sulikow  avait  corn- 
et écrit  9  rétablit  l'ordre ,  en 
qu'il  prêterait  serment  dans 
le  observée  par  ses  prédéces- 
ce qu'il  fit;  et  il  commença  dès 
lentâ  exercer  l'autorité  royale. 
.  peine  ce  règne  avait-il  duré 
lois,  que  le  monarque  s'en- 
rètement.  Tcnczyn  ,  qui  cou- 
cs  lui  y  n'ayant  pu  rien  obte- 
isvint  avec  les  lettres  que  le 
lui  avait  données.  Sulikow 
dans  l'assemblée  du  sénat, 
koUesse,  et  à  la  reine  ;  il  eut 
up  de  reproches  à  essuyer  ,  à 
le  la  faveur  dont  le  roi  l'ho- 
On  l'envoya  aussitôt  en  Fran- 
ir  y  veiller  aux  intérêts  de  la 
e.  Étant  arrivé  k  Paris  ^  il  ap- 
e  la  reine-mère ,  accompaguée 
d'Âlençon  ,  et  de  Henri ,  roi 
arre  ,  était  allée  aunlevantdp 

•ment  fur  le$  tirait j  qui penvrnl  appartr- 
-tiomfoite  à  yar$ovie ,  sur  le  couronne- 
«,  C^covic,  »574»  »u-4*», 


SUL  iQi 

son  iib  :  il  se  hâta  de  la  sui^,  et 
alla  jusqu'à  Qiambëri*  En  y  ani- 
vant  j  il  trouva  ^  à  sa  granois  dou- 
leur y  le/  roi  de  Pologne,  dan»  un 
bal  que  le  duc  de  Savoie  lui  donnait. 
Ayant  saisi  le  moment,  il  bUma  vi- 
vement ce  prince ,  de  ce  qu'il  avait 
ainsi  abandonné  la  Pologne.  U  lui 
adressa  des  remontrances  (3),  et  lui 
donna  des  avis,  ^uo  Henri  parut  écou- 
ter avec  bienveillance,  ainsi  que  la 
reine-mère.  En  chemin,  leroi  reçut  de 
Pologne  des  lettres  très-dures.  Il  enr 
gagea  Sulikow  k  rester  près  de  lui , 
pour  soigner  les  affaires  de  ce 
royaume.  Par  de  nouvelles  lettres  ^ 
on  l'avertissait  que  si  pour  le  la 
mai  1^75,  il  n'était  pas  revenu  en 
Pologne  y  on  procéderait  à  une  nou* 
velle  élection.  Il  fut  ensuite  téma 
(pie  le  4  novembre ,  l'élection  aurait 
heu.  Sulikow  ,  que  l'on  en  avertit , 
conjura  le  roi  d'envoyer  en  Pologne 
des  ambassadeurs  qui  v  portassent 
autre  chose  que  des  paroles  ;  qu'il  de- 
vait avant  tout  faire  acquitter  ce  oui 
était  dâ  à  la  maison  du  rcn  et  à  1^ 
mée ,  et  lever  ainsi  tout  doute  sur  son 
retour.  Heuri  ,  se  réveillant  tout-à- 
coup  comme  d'un  profond  sommeil  ^ 
se  hâta  d'envoyer  en  Pologne  Belle- 
garde  et  Pibrac.  Gelui-d  étant  ar- 
rivé seul  (  Fqy,  Pibrac)  ,  rarchevA* 
que  primat  lui  ordonna  d'attendre 
à  2akrocin  ;  il  indiqua  ensuite  le  jour 
de  l'élection ,  et  le  trmie  fut  dédarë 
vacant.  Sulikow^  voyant  la  tournure 
que  prenaient  les  affaires ,  demaa- 


(3)  On  apabliéccc RemontruicM ,  mmu oa  tîlr* : 
Prohi  et  GaUia  ac  Polonim  «mmniû  viri  ma  GmUoê 
et  Sarméims  oratu» ,  BAIe ,  \^fi ,  ÎB'^**  i  ci  &  bi  mite 
des  GEaTrr*  de  Cromer,  C(no|iiey  sSPQ^  "J.^  p. 
731.  Dans  ce  discours,  Soli^ow  expose «nx Fratt« 

Îni»  et  aux  Polonais  le*  nûsoae  tn\  deratent  lear 
aire  désirer  (ju«  Heuri  canservât  i«  trftae  èm  Polo- 
gne ;  il  discute  et  réfute  les  objectiona  que  Ton 
ftoUvait  fàir«  de  ptrt  «t  d'antre,  à  ce  prince^  poor 
'engager  à  renoncer  à  la  couronne  oui  lui  avait 
été  deféhh;  «afin  il  montre  wx'  âmn  natioM 
ijuM  cHde  leov  ÎBltfr^  ^11  rtlovM  enPolofn^H 


\ç)i  SUL 

dait  souvent  au  roi  la  permission  de 
retourner  dans  sa  patrie.  Le  prince 
et  la  reine-mère  le  renvoyaient  d*un 
jour  à  l'autre  ,  en  lâi  faisant  les  plus 
belles  promesses.  Quelques  conseil- 
lers dn  roi  l'avaient  engage'  à  faire 
surveiller  les  jeunes  seigneurs  polonais 
qui  étudiaient  à  Paris ,  étales  retenir 
en  otage.  Sulikow  rejetant  cet  avis 
comme  imprudent  etmdigneduroi , 
renvoya  ces  jeunes  nobles  dans  leur 
patrie ,  après  leur  avoir  distribue  des 

Îrësents  au  nom  du  roi ,  et  envoya  en 
ta  lie  ceux  qui  y  consentirent.  En- 
fin Henri  pria  Sulikow  de  retourner 
en  Pologne^  pour  y  soigner  ses  in- 
térêts à  la  diète.  A  son  retour  près 
de  Sicradz ,  on  conseilla  au  prélat  de 
ne  point  passer  dans  cette  ville,  la 
noblesse  du  palatinat,  qui  y  était  as^ 
semblée  ,  étant  vivement  indisposée 
contre  le  parti  de  Heuri ,  et  particu- 
lièrement contre  son  conseiller.  Su- 
likow crut  devoir  ,  au  contraire^ 
aller  trouver  ces  nobles ,  et  il  les  re- 
gagna à  la  cause  du  roi.  De  là ,  il  se 
rendit  àCracovie  ,  chez  l'archevêque 
primat,  qui  se  montra  peu  favorable 
à  Henri  et  fort  enclin  à  procéder  à  un 
nouveau  choix.  Cepenuant  SuHkow, 
qui  l'accompagna  dans  Varsovie  , 
insinuait  toujours  qu'il  fallait  con- 
:scrver  ce  prince  pour  éviter  de  grands 
malheurs.  Mais  les  légats  de  l'empe- 
reur Maximilien  s'étant  emparés  de 
-ce  faible  vieillard  ,  il  déclara  leur 
maître  roi  de  Pologne,  et  se  hâta 
d'aller  à  l'église  pour  chanter  le  Te 
Dcttni,  La  noblesse  ,  indignée  en 
voyant  ainsi  violer  les  droits  de  l'é- 
lection ,  proclama  reine  la  princesse 
Anne  ,  (il  le  du  feu  roi ,  lui  donnant 
]»onr  mari  Etienne  Battory ,  pala- 
tin de  Transsilvaiîie  ,  qui  fut  égale- 
ment nommé  roi.  Chaque  parti  en- 
voya des  députés  à  celui  qu'il  avait 
chobi.  Quoique  Battory  eût  pour 


SUL 

lui  une  immense  majorité , 
clergé  était  incjaiet  ^  parc« 
prince  favorisait ,  disait-on , 
velles  doctrines.  On  députa 
Sulikow,  afin  de  savoir  ce 
était  avant  que  le  nouveau 
rivât  à  Gracovie.  Sulikow  rc 
sur  le  Pruth  Battory  entonr 
louais  catholiques ,  qui  s'éta 
tés  d'aller  le  trouver.  Ck>mi 
rivée  du  nouveau  député  p 
les  alarmer ,  il  leur  propos 
présents  k  l'audience  que  I< 
accorderait  ;  mais  il  eut  pei 
nuit  une  audience  secrète ,  o 
truisit  complètement  le  prin* 
qui  se  passait  ,et  lui  dit ,  enfi 
«  Professez  la  foi  catholiqu 
»  ment  et  dans  toute  sa  pu 
»  haut  clergé,  la  reine ,  Iî 
»  l'armée  et  la  noblesse  voi 
v  dent.  Faites-leur  connaître! 
»  vos  sentiments  religieux  , 
»  resterez  point  au-dessous 
»  vos    prédécesseurs.   » 
interrompit     plusieurs    foi 
kow  par  ses  soupirs ,  ses  p 
tiens  et  sa  profession  généra 
catholique,  ajoutant  que  « 
»  litique  il  avait  caché  sa  i 
»  mais  que  sous  prétexte  d'i 
D  tie  de  chasse ,  il  allait  à 
»  confesser  près  d'un  prêt 
»  grois ,  de  qui  il  recevait  ! 
»  munion;  que,   comme  S( 
9  n'avait  pas  acquis  une 
v>  sance  bien  profoi)de  de  la 
»  catholique ,  mais  qu'il  a 
»  instruire.  »  Le  lendemain 
dit  la  messe  en  versant  des 
b.-iisa    rÉvangile  ,    et  moi 
piété  exemplaire.  Les  nono 
dents  s'écrièrent  alors:  Ces 
a  se  sont  déjà  emparés  du  n 
évêques  ayant  reçu  cette  n 
se  hâtèrent  de  la  rëpandi 
Gracovie  ,  et  la  joie  y  lut 


SDL 

nme  le  roi  était  obligé  de 
latin  ,  il  cnca^a  Sulikow 
er  auprès  de  lui  ^  et  celui-ci 
^Dt  cinq  ans  y  son  orateur. 
se  rendit  à  Cracovie  y  où  il 
une  par  Tévéque  de  Cuja- 
îberequc  primat  ayant  re- 
enir.  Tout  allait  bien  en  Po- 
tais  au  dehors  il  restait  un 
nt  :  rempereiu*  Maximiîicn 
son  (flecliou  comme  valide, 
t  indique'  une  diôtc  à  Ratis- 
e  roi   ne  voulant  pas  en- 
-méroe ,  lesëtatsdu  royaume 
it  Sulikow  avec  un  autre  sc- 
ies chargeant  de  tout  em- 
tur  faire  reconnaître  Battoiy 
lercur  et  par  les  ëta  tsdc  i'em- 
mission  n'était  point  facile, 
int  à  Prague  ,  Sulikow  et 
son  collègue   allèrent  sa* 
3lphe  et  l'archiduc  Ernest, 
,  les  pliant  de  leur  être  fa- 
près  de  l'empereur  ,  leur 
ant  obtenu  audience  y  ils  re- 
;ur  lettre  à  Maximilicn,  et 
y  dans  un  discours    assez 
en  exposa  le  contenu.  L'em- 
lia  vait  écoute  attentivement, 
qu'on  lui  avait  exposé  tout 
lire ,  en  lui  annonçant  qu'il 
choisi  roi  de  Pologne,  non 
Write  unanimement ,  mais 
A  jorité  des  états  ;  que  ce  fait 
iDt  contesté  y  il  délibérerait, 
nonces  dissidents ,  Christo- 
rov7ski  demanda  la  parole 
Hier  ce  que  Sulikow  venait 
T.    Celui-ci  répondit  qu'il 
oyé  pour  présenter  les  hom- 
u   royaume  à  Tempereui*, 
itruire  sa  majesté  ,  et  non 
puta*  avec  des  particuliers  ; 
tôt  l'empereur  ordonna  au 
e  se  taire.  Le  lendemain  y 
UT,  ayant  fait  appeler  les  dé- 
lar  remit  sa  réponse  poui*  les 

XLIV. 


SUL  193 

états  de  Poloçne.  Ils  le  prièrent  de 
vouloir  bien  leur  dire  s  il  y  avait 
dans  ces  dépêches  quelque  chose  qui 
pût  choquer  les  Polonais  ;  qu'alors 
il  ne  devnit  point  trouver  mauvais 
qu'ils  refusassent  de  s'en  charger,  et 
ils  demandèrent  im  sauf  -  conduit. 
L'empereur  leur  dit  :  «  Cela  n'est 
)>  pas  nécessaire  ;  vous  n'avez  rien 
»  à   craindre  tant  que  vous   serez 
»  dans  mes  états.  »   Le  jour  même 
de  leur  départ ,  à  une  petite  dbtance 
de  Ratisbonne,  ayant  ?oulu  passer 
la  nuit  dans  un  village  de  la  Bavière, 
ils  furent  tumultueusement  arrêtés  et 
conduits  par  ordre  de  l'empereur  à. 
Lintz ,  au  milieu  des  vociférations  et 
des  insultes  d'une  populace  que  l'on 
avait  ameutée ,  sous  prétexte  qu'ils 
étaient  des  Turcs  envoyés  par  JBat- 
tory    pour    assassiner   l'empereur. 
Les  deux  députés  restèrent  en  capti- 
vité pendant  quatre  mois,  jusqu'a- 
près la  mort  de  l'empereur.  I^ors- 
que  Sulikow  fut  de  retour,  le  roi 
le  nomma  son  chapelain,  puis  arche- 
vêque de  Lemberg ,  et  il  lui  confia 
différentes  missions  ,    entre  autres 
celle  de  régler  les  conditions  de  la 
soumission  des  Livoniens  ,  et  de  re- 
cevoir leur  serment.   Il  fut  ensuite 
chargé  ,  conjointement  avec  le  car- 
dmal  Radziwil ,  de  l'administration 
de  cette  province.  Après  la  mort  de 
Grégoire  XIII  (  1 58  j) ,  il  fut  envoyé 
vers  Sixte  V,  pour  faire,  au  nom  du 
roi  et  du  royaume ,  profession  d'o- 
bédience. A  son  retour  y  il  reçut  des 
lettres  du  roi  qui  le  pressait  de  venir 
à  la  diète  du  Palatmat  de  Russie; 
mais  ce  prince  étant  mort  peu  après 
(  i586  )  (  y.  Battory),  on  indiqua 
une  diète  à  Varsovie ,  où  l'archevê- 
que* de  Lemberg  remit   solennelle- 
ment dans  l'église  de  Saint- Jean  ,  à 
la  reine  Anne ,  la  Rose  d'or ,  bénite 
par  le  souverain  pontife  (  1687  ). 

i3 


194 


SUL 


Pendant  Fintcrrègnc,  Sulikow  ,  qui 
présidait  le  sénat.en  Tabsence  du  pri- 
mat, fit  tous  ses  edbits pour  modérer 
l'ardeur  des  dissidents;  et  comme  ils 
voulurent  lui  faiie  siener  uu  écrit  en 
leur  faveur  ,  et  qu'ils  paraissaient 
prî's  d'en  venir  aux.  dcmicrcs  vio- 
lences, il  jeta  par  tcircle  capuchon 
qu'il  avait  sur  la  tête  ,  et  se  dé- 
couvrit le  cou  ,  en  leur  disant  de 
frapper.  Ils  devinrent  alors  plus 
raisonnables  en  apparence  ;  mais 
voyant  Lint  d'agitation  dans  l'assem- 
blée ,  Sulikow  retourna  dans  son  dio- 
cèse. Les  Tartares  et  les  Turcs  ayant 
passe'  le  Danube ,  à  cette  époque ,  et 
s'clant  jcle's  sur  les  provinces  méri- 
dionales de  Pologne  (iSHg),  Za- 
moyski  accourut  à  î.embei-g,  qu'il 
commença  à  fortifier ,  pour  en  faire 
le  centre  de  ses  opérations.  L'arclie- 
vêquc  lui  rcprcsenla  que  ce  serait  ef- 
frayer la  Pologne  (pie  de  s'cnfornicr 
dans  une  place,  au  lieu  de  tenir  la 
campagne,  a  Donnez-moi,  repondit 
u  le  gênerai,  quarante  mille  bommcs 
»  de  bonne  cavalerie ,  avec  vingt  iiiil- 
»  le  hommesde  pied ,  et  je  saurai  biai 
i>  aller  trouver  lès  Turcs  où  ils  sont.» 
Le  prélat  Uii  indiqua  des  ressources 
toutes  prêtes  pour  avoir  de  l'argent, 
avec  des  Lommes;  et  il  se  rendit  près 
du  primat ,  qui  convoqua  des  diètes. 
On  courut  aux  armes  ,  on  donna  de 
l'argent;  et  les  Turcs,  après  avoir 
brûle  Sniatin ,  repassèrent  le  Danube. 
Sulikow  mourut  à  I^embcrg ,  en  i6o3, 
après  avoir  gouverné  son  église  j)en- 
dant  viLgt  ans.  Outre  les  ouvrages 
({lie  nous  avons  cités,  on  a  de  lui  : 
I.  Méditations  sur  le  Psaume  67  ; 
Exurgat  Dvus.  IT.  Les  Fastes  chré- 
tiens, in.  La  Révolte  du  duché  de 
Prusse,  sous  Sif^ismond  u^uguste. 
On  a  trouvé,  dans  ses  manuscrits, 
uu  Traité  sur  le  Droit  de  la  Liworde, 
en  deux  chapitres  ;  la  Topograpliie 


SUL 

de  ce  duché,  etim  recueils 
la  plupart  sur  les  affaires 
11  fut  en  correspondance  c 
ne  Catlierincde  MédicLs,  <j 
vait,  après  la  fuite  du  ] 
a  Pourquoi  avez  -  voils  la 
»  mon  fils?  Si  vous  l'av 
»  vos  affaires  et  les  nôtn 
»  en  meilleur  état.  » 

SULLIVAN  (Jkan 
américain  y  né  en  inî^i  ,  à 
au  district  du  Maine,  f 
major -général  par  le  coi 
le  commencement  de  l'ii 
des  colonies  anglaises,  et 
en  1776,  le  général  Ame 
commandement  du  Canada 
céder  cette  contrée  à  la 
de  l'armée  anglaise  ,  il  d< 
mandant  de  la  division 
Is]and,et  fut  fait  prisonni 
gé  peu  de  temps  après 
Stirling  ,  il  combattit  \i 
à  la  tête  d'une  division 
dywinc  et  à  Germantov 
encore  différents  succès  da 
pagnes  de  1777  et  de  177^ 
voyé ,  l'année  suivante ,  av 
conti'e  le»  peuplades  indic 
disprsèrent ,  et  dont  i 
rcnt  et  brûlèrent  les  1 
pour  faire  un  exopiple  qi 
cité  de  ces  nations  sauvi 
rendu  nécessaire.  I^  fra 
général  Sullivan ,  et  peut 
ses  succès  lui  suscitèrent  d< 
II  fut  accusé  d'avoir  dei 
fournitures  trop  considéri 
ses  troupes,  et  se  vit  oblig< 
gner  de  l'armée.  En  178 
Ira  au  congrès  ,  dont  il  c 
bre.et  fut,  bientôt  après,  n 
sident  du  New-llampsbirf 
du  même  district.  11  moun 
—  Jacques  Sulmvan  ,  soB 

quit  eu  1744*  c^  ^"^  ^<^ 
juge,  accusateur  public, 


SUL 

u    Massachussetts.  iDdépen- 
iit  de  divers  Mémoires  ^  il  a  pu- 

Obseryations  sur  la  gouver- 
:  des  États  -  Unis  d'Améri' 
•jgi  ,  iii-8<*.  II.  Dissertation 
banque  y  i79^*  m*  Histoire 
rict  du  Maine  ,  i  «jqS,  iu-8®. 
sioire  des  terres  du  Massa- 
is ,  1801 ,  m-8*>.  V.  Visser- 
sur  la  liberté  constitution- 
le  la  presse  dans  les  Etats- 
i8oi,  in -8**.  VI.  Histoire 
liens  Penobscots.  Z. 

JjY  (  Maurice  de  ) ,  ëvcque 
is  au  douzième  siècle ,  était  né 
mts  très-pauvres  dans  le  vit- 
'.  Sully ,  de  SoUiaco  y  sur  les 
de  la  Loire;  il  n'appartenait 
\^  famille  illustre  dont  il  por- 
isi  le  nom.  Vincent  de  Beau- 
juiUaume  de  Nangis  et  d'au- 
rivains  racontent  que,  réduit  y 
sa  jeunesse,  à  la  mendicité  ^  il 
une  ymiônc  à  laquelle  on  met- 
ur  condition  qu'Û  renoncerait 
lir  jamais  évéque.  C'était  une 
î  idée  que  d'exiger  d'un  jeune 
int  un  engagement  pareil  :  on 
Œu'il  ne  voulut  pas  le  prendre, 
ies-lors  une  vocation  décidée 
scopat  et  uu  secret  prcssenli- 
e  sa  prospérité  future.  Il  vint 

et  bieutôt  enseigner  à  Paris  ; 
'cliait  avec  un  éclatant  succrs, 
on  le  nomma  chanoine  de 
».  Peu  d'années  après,  il  repa- 
is la  capitale ,  ou  il  obtint  un 
cat  et  la  dignité  d'arcliidia- 
ir  la  foi  d'un  sermon  allrihué 
t  Bonaventure ,  D;i  Boulai , 
rien  de  l'université ,  rapporte 
femme  vêtue  de  bure ,  un  bâ- 
incà  la  main  ,  entra  dans  Pa- 
demanda  où  était  îe  docteur 
re,  duntellese  déclara  la  mère. 
imes  qui  craignirent  que  le 
r  ne  rougît  de  la  voir  en  un 


SUL  195 

tel  état,  la  rhabillèrent,  lui  donnè- 
rent un  manteau  et  la  conduisirent 
auprès  de  son  fils<  Il  refusa  obstiné- 
ment de  la  reconnaître  ;  ma  mère , 
disait-il ,  est  une  ])auvre  femme  qui  » 
ne  porte  jamais  qu'ime  tunique  de 
bure.  Ijes dames  la  remmenèrent ,  lui 
rendirent  son  bâton  et  lui  firent  re- 
prendre ses  premiers  vêtements.  Ainsi 
équipée,  elle  revint  trouver  Maurice, 
qui  était  alors  dans  une  assemblée 
nombreuse  et  brillante  ;  dès  qu^il  la 
vit,  il  se  découvrit,  l'embrassa  ,  et 
s'écria  :  pour  le  coup,  c'est  bien  ma 
mère.  C^simii*  Oudin   écarte  cette 
anecdote  comme  invraisemblable  j 
et  surtout  parce  que  le  sermon  d'où 
elle  est  extraite  n'est  point  de  saint 
Bonaventure,  mais  d'un  théologien 
du  quinzième  siècle ,  nomme  Godes- 
cale  Hollen.  Ceux  qui  la  croient  vraie 
disent  que  l'honneur  qu'elle  fit  à 
Maurice  de  Sully  attira  sur  hii  les 
regards  et  les  suffraM,  lorsque  le 
siège  épiscopal  de  Paris  vaqua ,  en 
1 160  ;  par  le  décès  de  Pierre  Lom- 
bard. (  rqyez  ce  nom,  XXIV,  64). 
Mais   Césaire    d'Heisterbach    rap- 
porte que  les  électeurs ,  ne  pouvant 
s'accorder  sur  aucun  candidat,  con-' 
vinrent  d'investir  trois  membres  de 
leur  propre  assemblée  du  di*oit  de 
nommer  dérniitivement  l'évéque  ;  et 
que  ces  trois  personnages ,  dont  les 
o})inious  se  trouvèrent  également  in- 
conciliables ,  ne  sortirent  d'embarras 
qu'en  concentrant  h  leur  tour  leurs 
pouvoirs  dans  un  seul  d'entre  eux.* 
Cet  électeur  unique  était  Maurice  de 
Sully,  qui  iit  à  ses  collègues  la  dé- 
claration suivante:  Je  ne  dois  choisir 
qu'un  sujet  qui  me  soit  parfaitement 
connu  ,  et  quoique  je  veuillebieu  sup- 
poser que  parmi  les  candidats  il  y 
eu  a  de  très-dignes,  je  né  saurais  eu 
répoudre.  Je  ne  puis  sonder  leurs 
consciences^  je  ne  lis  que  dans  la 

i3.. 


ixjj  SUL 

miouic;  et  pour  ne  rien  hasarder, 
c'est  A}aurice de  Sully  que  je  nomme. 
Ce  récit,  qui  .n*est  ni  coniirmc,  ni 
démenti  non  plus  par  par  aucun  des 
.autres  historiens  conteuiporaias,  a 
paru  de  même  fort  suspect  à  Oudin  : 
nous  ne  le  rapportons  que  parce 

3u*il  est  adopte,  non- seulement  par 
u  Boulai,  mais  encore  par  les  sa- 
vants bénédictins  auteurs  du  Gai- 
lia  Christiana  nova.  En  1 165,  Té- 
veque  Maurice  baptisa  Philippe- Au« 
guste ,  fils  et  successeur  de  Louis-le- 
Jeune.  Lorsqu'en  1188,  huitième 
année  du  règne  de  Philippe  ^  ce  prin- 
ce établit  la  dîme  saladine ,  Maurice 
et  d'autres  prélats  y  consentirent^ 
au  sein  d'un  concile  tenu  k  Paris ,  ce 
qui  excita ,  dans  une  partie  du  der- 
cé  ,  un  mécontentement  dont  Pierre 
de  Blois  se  rendit  l'organe.  Certains 
droits  honorifiques  ou  pécimiaires 
donnèrent  lieu  à  ]>Iusieurs  démêlés 
que  Maurice  df  Sully  eut  k  soutenir 
contre  des  aDoés  ,  des  moines  et 
même  contre  le  chapitre  de  sa  ca- 
thédrale :  il  s'agissait  surtout  de  sa- 
voir si  les  revenus  des  doyennés  va- 
cants appartiendraient  au  chapitre 
ou  à  l'éveque  :  le  pape  Alexandre  III 
ayant  commis,  pour  décider  cette 
aifaire,  l'archevêque  de  Sens,  Guil- 
laume ^  les  chanomes  se  désistèrent 
de  leurs  prétentions.  Quelques-unes 
des  opinions  thcoloçi(]ues  de  Pierre 
Lombard,  déplaisaient  fort  à  son 
successeur,  qui,  par  exemple^  ne 
permettait  point  de  celel>rer ,  dans 
son  diocèse,  la  nouvelle  fête  de  l'Im- 
maculée conception  :  mais  Maurice 
était  un  ardent  défenseur  du  dogme 
de  la  résurrection  des  corps  ;  et 
pour  contredire  solennellement  les 
ennemis ,  alors  nombreux ,  de  cette 
croyance ,  il  fit  insérer  dans  l'Office 
des  Morts  ces  paroles  du  livre  de  Job 
Credo  quod,...  in  wmssimo  die  de 


SUL 

terra  surrecturus  sum  ,  < 
pieux  prélat  fonda  les  abbaye 
rivaux,  d'Hermières,  de  Sa 
toine-des  -Champs ,  etc.  ;  mais 
cipal  fait  de  l'histoire  de  son 

Sat  est  la  construction  de  la 
raie  de  Paris.  Il  en  fit  poser 
mière  pierre  par  le  pape  Aie 
III ,  en  1 163,  et  durant  les 
trois  années  suivantes ,  il  c( 
tous  ses  soins  à  cette  entrepris 
des  moyens  qu'il  employait  ] 
soutenir  était  de  s'adresser 
qui  devaient  accomplir  quelq 
nitences ,  et  de  les  leur  reme) 
tout  ou  en  partie ,  moyenn 
contributions  pécuniaires  :  p« 
industrie  spirituelle,  Iidc  5 
industrie  j  dit  le  P.  Morin, 
vint  k  une  dépense  k  laquell 
peine  suffi  le  trésor  d'un  prio 
pendant  il  se  trouvait  des  ri* 
qui  n'approuvaient  poîirt  ce 
thode ,  ou ,  comme  dit  Ejch 
mon,  ce  manège;  Pierre  le  ( 
en  fit  de  graves  reproct^  au 
Quoi  qu'd  en  soit ,  c'est  à  I 
de  Sully  que  Paris  doit  sa  catl 
ceux  qui  lui  ont  contesté  cet  \ 
ont  é^  victorieusement  réfîi 
l'abbé  Lebeuf  ;  et,  sur  ce  po 
témoimiages  contemporains 
positiu  et  si  nombreux ,  que  ! 
torité  ne  saurait  être  affaiblie 
silence  du  Nécrologe  de  Téf 
Paris  ;  silence  toutefois  biea 
dans  un  long  inventaire  des 
bienfaits ,  beaucoup  moins 
tants^  de  cet  évêque.  U  est  1 
l'édifice  ne  fut  achevé  que  s( 
successeur ,  Eudes  ou  Odon ,  e 
que  certaines  parties  n'ont  él 
truites  q^ue  plus  tard  ;  mais  < 
vrait  déjà  le  chœiur  lorsque  1 
mourut,  le  1 1  septembre  1 19 
l'abbaye  de  Sainl-Victor,où  i 
depuis  quelques  mois,  transi 


r~ 


SUL 

domicile.  On  a  publie  quelques-unes 
des  chartes  qu'il  a  souscrites  y  et  il 
CD  existe  sept  autres  au\  archives  du 
royaume  :  elles  ne  sont  pas  d'un 
grand  intérêt.  De  six  lettres  qu'on  a 
ae  lui^  trois  sont  adressées  au  pape 
Alexandre ,  en  1 1 69 et  1 1 70 ,  et  con- 
cernent l'aflaire  de  TarchcTéque  de 
Catflerbiir^,  Thomas  Bekket  ;  la  der- 
nière y  c'cnte  en  commun  par  l'évêque 
de  Paris  et  par  celui  de  Nojon  (Ber- 
nard), contient  ime  censure  amere 
de  la  conduite  du  roi  de  la  Grande- 
Bretagne.  Ces  épîtres  put  été  insérées 
au  tome  xvi  du  Recueil  des  histo- 
nens  de  France,  où  Ton  trouve  aussi 
(t.  XV  et  t.  XVI ),  celles  qui  ont  été 
adressées  à  Maurice  de  Sully  par 
Louis  VU,  par  Alexandre  III  et  par 
rarcLevêque  de    Sens    Guîllanme. 
On  connaît  un  assez  grand  nombre 
de  copies  manuscrites  des  sermons  de 
Haunce ,  soit  en  latin ,  soit  en  fran<- 
çais  ;  mais  son  e1o(^cnce  est  bien 
froide  et  sa  latinité  fort  peu  élégante. 
Les  versions  françaises  mentent  plus 
d'attention,  parce  qu'elles  sont  au 
moins  un  monument  du  langage  de 
cette  époque..  Elles  ont  été,  dit-on, 
imprimées  deux  fois ,  in-4^.   sans 
date,  et  in-8^.  à  Lyon,  en  i5ii: 
nous  n'avons  pu  rencontrer  ni  l'une 
ni  l'autre  de  ces  éditions.  Des  trai- 
tés  théologiques   De  curd  amma- 
mm.  ^    De  oratione  dominicd   et 
ejus  septem  partibus ,  ont  quelque- 
fois été  attribués  à  Maurice  de  Sully  ; 
mais  ce  ne  sont  en  edet  que  quelques- 
unes  de  ses  prédications ,  réunies  sous 
ces  titres.  Il  paraît  avoir  laissé  un 
livre  de  Canone  missœ;  Montfaucon 
en  cite  un  manuscrit  qui  existait  à 
Eourg(»  ,  et  dans  l'intitulé  duquel 
l'auteur  était  qualifié  Sancius  Mou- 
ritius.  On  avait  en  effet  une  très-haute 
idée  des  vertus  de  ce  prélat ,  et  il  a 
long-temps  conservé  de  la  réputation, 


SUL  197 

quoiqu'il  n'ait  joué  aucun  rôle  bien 
remarquable  dans  les  grandes  affai- 
res ^e  son  siècle',  et  que  son  nom  ne 
reste  guère  attaché  qu'à  la  construc- 
tion de  l'église  cathédrale  de  Paris. 
Les  détails  relatifs  à  sa  vie  et  à  ses 
écrits  ont  été  recueillis  par  l'auteur 
de  cet  article,  p.  1 49-1 58  du  t.  xv 
de  l'Histoire  littéraire  de  la  France  y 
publié  en  i8ao,in-4*'.  D^w— u 

SULLY  (Eudes  ou  Odon  de),  évc- 
que  de  Paris  après  Maurice,  était 
né  en  Berri ,  à  la  Ghapelle-Damgilon , 
au  sein  d'une  ùmille  illustre  .Pierre 
de  Blois  l'appelait  regum  cansan- 

fuineus  :  en  effet,  issu  des  maisons 
'Angleterre  et  de  Champagne,  il 
était  encore  allié  de  celle  oe  France 
par  sa  cousine  Alix,  troisième-épou- 
se de  Louis-le- Jeune.  En  1 187  ,  il  fit 
un  voyage  à  Rome  y  et  quoique  bien 
jeune  encore ,  il  y  attira-  les  regards 
par  l'éclat  de  ses  qualités  personnel- 
les, autant  que  par  celui  de  sa  nais- 
sance. Jusqu'en  1 1^,  il  «e  content» 
de  la  modeste  dignitë^JK»  chantre  de 
l'église  de  Bourges,  sons  son-frère  aîné 
Henri,  qui  en  était  archevêque.  Mais 
élu  pour  succéder  à  MauriciPsur  le 
siège  épifcopal  de  Paris  y  il  fut  sacré 
en  1 197  ,  ainsi  qu'on  le  conclut  des 
dates  qu'il  a  données  depuis  à  ses 
chartes.  On  le  voit ,  durant  les  deux 
années  suivantes,  essayer  sans  suc- 
cès d'abolir  la  fête  des  fous ,  qui  a 
duré  jusqu'en  1 444  9  <m  même  au- 
delà.  Lorsque  Innocent  III  eut  jeté 
un  interdit  sur  les  églLses  de  France,    ^ 
à  l'occasion  du  divorce  de  Philippe- 
Auguste  ,  Odon  de  Sully  seconda  vi- 
vement l'autorité   dn  pontife    ro- 
main. Entre  les  actes  de  son  ponti- 
ficat y  on  distingue 'la  fondation  de 
l'abbaye  de  Port-Rois,  qui  semble- 
avoir  été  le  berceau  de  Port -Royal. 
Raciucn'a  point  négligé  cette  origine; 
«  L'abb^iye  de  Port-Royal ,  près  de 


T»  Chevreuse ,  dit-il ,  est  une  des  plus 
»  anciennes  abbayes  de  l'ordre  de 
»  Citeaux  :  elle  fut  fondée  en  i  ao4(ou 
»  plutôt  en  1206)  par  un  éyéquc  de 
»  Paris  nommé  Eudes  de  Sully ,  de  la 
»  maison  des  comtes  de  Cbampagne  y 
»  proche  parent  de  Philippe  -  Au- 
»  guste.  »  Odon  venait  de  provoquer 
la  croisade  conti'e  les  Albigeois,  quand 
il  mourut  le  i3  juillet  ]2oH,n  étant 
âge  que  d'environ  quarante  ans.  Sa 
tombe,  en  cuivre,  se  voit,  comme  Ta 
remarquéRacine^  à  l'entrée  du  chceur 
de  Notre-Dame  de  Paris.  Ses  écrits 
se  réduisent  à  des  chartes  ctàdescpî- 
ti*es  ou  ordonnances  ecclésiastiques , 
ou  synodales ,  duut  il  n'a  probable- 
ment pas  été  le  rcdact(  ur.  On  les 
trouve  éparses  dans  les  compilatioas 
de  Du  Rouiay  et  du  père  Dul>ois ,  et 
parmi  les  preuves  ou  pièces  justifica- 
tives de  VllisUiirt'!  de  Paris.  Les 
conhtiliitio^is  d'Eudes  de  Sully  sont 
rassemblées,  à  la  suite  de  la  pragma- 
tique de  saint  Louis  ,  dans  les  OËn- 
vres  do  Pierre^dc  Blois,  dans  la  Bi- 
bliotlH'que  des  Pérès ,  dans  la  collec- 
tion dejjconciles  de  Labbe,  et  dans 
le  i^tUmBcor  eccîesiœ  parisiensis  , 
pubLé..  en  i^l^^  par  l'anihevêque 
François  de  Harlay.  La  plupart  des 
auteurs  du  treizième  si('cle  donnent  à 
l'évcqueOdon  de  magniûqiies  éloges, 
qui  ont  été  répétés  dans  plusieurs  li- 
vres modenics.  Cependant  Rigord , 
son  contemporain  ,  et  l'un  des  meil- 
leurs chroniqueurs  de  cet  âge,  eu  in- 
diquant sous  l'aïUK^  1 196  la  promo- 
tion d'Ki;d(\s  au  siégo  épiscupal  , 
aprt's  la  mort  de  Maurice,  dit  ([ii'on 
perdit  bcanctinp  an  change ,  que  les 
mœurs  du  nouveau  prélat  \w  retra- 
çaient ]ioiiit  les  vertus  de  son  pn-dé- 
cesseur  :  lon^è  à  prœdecessore  mo- 
ribus  et  vitd  dissimilis.  Une  tradi- 
tion dclavorable  à  Odon  s'est  pci-j)c- 
_tuee  Juscpi'au  temps  de  saint  Anio- 


SDL 

nin ,  qui  le  compte-  au  nom 
prélats  peu  recommandablc 
lit  rien  en  faveur  de  Pierre  < 
(  Foy»  XXXIV ,  391  ),  qu'il  s 
dis  connu  à  Rome ,  et  qui , 
en  Angleterre,  espérait  que  ï 
évéque  de  Paris  lui  procun 
moyens  de  rentrer  en  Fra: 
eonsti'uction  de  l'église  de 
Dame  fut  achevée  pendant  s 
copat  ;  mais  il  n'est  £iit  auci 
tion  particulière  des  soins  qi 
prendre  pour  continuer  l'ou' 
îyfaurice.  On  peut  consulter 
vie  d'Eudes  de  Sully ,  les  j 
et  79  du  Galtia  christiana 
et  574-583  du  tom.  xvi  de  1* 
littéraire  de  la  France.  D- 
SULLY  (  Max  I  MILIEU  dï 
NE ,  due  DE  )  naquit  à  Rosm 
décembre  1 56o ,  de  Françoi 
thune  et  de  Charlotte  d'Auvel 
le  second  de  quatre  garçon* 
élevé  dans  la  relicion  réfom 
])èrc,  possesseur  d'une  médi< 
time ,  le  plaça  de  bonne  heur 
du  roi  de  Navan-e.  Agé  de  de 
le  jeune  Hosny  étudiait  à  Pa 
de  la  journée  de  la  Saint-Bar 
S'étant  réveillé  au  bruit,  s 
vemeur  et  son  valet  sortirc 
connaître  la  cause  du  tumult* 

Îruis  on  nesut  ce  qu'ils  étaient  < 
j'enfant ,  seid  avec  son  hôte 
de  la  présence  d'esprit.  11  s 
de  sa  robe  d'écolier ,  mit 
d'heures  sous  son  bras ,  et  i 
au  collège  de  Bourgogne.  Le 
servit  de  passeport  à  traver 
sassins.  Le  principal  du  colli 
cha  durant  trois  jours.  Quai 
de  Navarre  s'échappa  de  la 
France ,  le  baron  de  Rosny 
et  Tie  tarda  pas  k  s'en  fair 
quer.  Ce  roi  disait  :  «  Il  a 
»  gentil  esprit;  et,  s'il  vit,  i 
»  jour  quelque  chose  de  bon 


SDL 

;aîtc  du  prince ,  sa  noble  fran- 
sa  brillante  valeur,  captivé- 
entot  tontes  les  affections  du 
fcuycr.  Son  précepteur  La- 
;  se  mêlant  d'astrologie  judi- 
lui  avait  souvent  recommandé 
Acher  au  roi  de  Navarre ,  par- 
:e  pi'incc ,  après  avoir  touché 
ne,  s'asseoirait  sur  le  trône  de 
.  Henri  avait  sept  ans  de  plus 
iny .  On  vit  s'établir  entre  eux, 
jue  la  distance  du  rang  le  per- 
,  une  rivalité*  de  bravoure  et 
jesse.  Au  siège  de  Vilicfrau- 

Périgord,  Rosny,  précipité 
fosse,  remonta  sur  la  brrebe. 
nande,  à  l^ctoure,  dans  cent 
ns ,  il  partagea  sans  réserve 
igers  que  chercliait  le  roi  de 
•e.   Une  circonstance  suspen- 

faits  d'armes.  Le  duc  d  An- 
ère  de  Henri  111 ,  faisait  valoir 
ftentions  sur  la  souveraineté 
r's-Bas ,  et  emmenait  à  sa  suite 
id  nombre  de  gentilshommes, 
l'accompagna ,  dans  l'espoir 
mvrer  des  biens  qui  avaient 
;nu  â  sa  famille  dans  ce  pays, 
léresser  en  sa  faveur  un  oncle 
ante  fort  rirhcs.  L'expédition 
;  et  Rosny  ne  plut  guère  à  ses 
.  de  Flandre ,  à  cause  de  sa  re- 
II  revint  en  France,  où  le  roi 
arre  le  reçut  avec  joie.  Il  se 
igrcable  à  une  riche  héritière, 
c  (!ourtenay ,  qu'il  cfpousa.  Le 
le  Rosny  se  lit  dcs-lors  remar- 
ir  de  brillants  équipages ,  de 
11X  gentilshommes  et  par  le 
Irc  de  sa  maison.  On  s'éton- 
e  sa  r(»rtnne  coni])urtàt  de  si 
iéprnses;  mais  on  it^norail  les 
ces  qu'il  lirait  de*  son  iiidus- 
faisait  arlieter  eu  Alltinague 
vau\  (ju'il  vendait  l'oit  cIh.t 
:ogue.  Dans  la  dissi|;ali«)n  de 
'sse,  au  milieu  des  dangers  de 


SUL 


^99 


la  guerre,  i!  parut  toujours  préoccu- 
pé du  soin  de  s'enrichir,  profitant 
sans  scrupule  de  circonstances  dont 
aujourd'hui  la  délicitesse  de  nos 
guerrier»  refuserait  de  tirer  avanta- 
ge, n  avoue  ingénument ,  dans  ses 
Mémoires ,  le  bénéfice  de  ces  rencon- 
tres :  au  pillage  de  Villefranche ,  il 
accepta  niille  écus  d'or  que  lui  offrit^ 
pour  sauver  sa  vie  ^  un  vieillard  pour- 
suivi par  des  soldats.  Le  roi  de  Na- 
varre, qui  trouvait  la  bourse  de  Ros- 
ny à  son  service ,  et  souvent  mieux 
garnie  que  la  sienne ,  fut  tout  disposé 
à  lui  croire  plus  tard  le  talent  de  bien 
conduire  les  finances  d'un  état  (^qy. 
Hi:nbi  ,  XX,  101  ).  Mais  Rosny  n'es- 
tait encore  qu'un  oiîicier  brave,  heu- 
reux ,  se  vantant  un  peu  trop ,  disait 
Henri ,  et  ne  doutant  de  rien.  A  la 
bataille  de  Contras ,  il  dirigea  l'ar- 
tillerie. A  Ivry,deux  chevaux  fu- 
rent tués  sous  lui;  et  comme  il  se  re* 
tirait  blessé  de  h  mêlée ,  il  s'empara 
de  l'étendard  du  duc  du  Maine.  Pres- 
que mourant,  on  le  transporta,  en 
litière ,  dans  son  château  de  Rosny  , 
dont  on  n'était  pas  fort  éloigné.  Ses 
écuyers  ,  tous  blessés ,  raccompa- 
gnaient. Le  hazard  amena  le  roi 
sur  la  route  qu% suivait  ce  triste 
é(]uipage  ,  et  le  cœur  du  prince  fut 
ému.  Il  embrassa  Rosny  des  deux 
bras,  et  avec  l'élan  chevaleresque 
qui  lui  était  naturel  ^  il  le  déclara 
braire  soldat ,  vrai  et  franc  chei^a- 
lier.  Quelle  fut  la  surprise  de  Rosny 
lorsque ,  peu  de  temps  après ,  lés 
gouvernements  de  Gisors  et  de  Man- 
tes lui  furent  refusés  !  Il  s'emporta  , 
croyant  ses  services  méconnus;  mais 
le  roi ,  qui  craignait  de  faire  om- 
brage aux  Catholiques  y  n'eut  garde 
(le  céder.  A  peine  rétabli  des  blessures 
d*lvry ,  Rosny  en  reçut  une  autre , 
qui  lui  causa  toute  sa  vie  de  doulou- 
reuses incommodités  :  une  balle  lui 


200 


SUL 


traversa  la  bouche ,  et  sortit  derrière 
le  cou.  Ayant  perin  sa  femme  ^  il 
cpousa  Racliel  ac  Gochefilet ,  veuve 
du  seigneur  de  Châteaupers.  Née  ca- 
tholique^ clic  embrassa  la  re'forme , 
Sour  plaire  à  son  mari.  Il  souffrait 
e  ses  Diessurcs,  se  persuadait  qiiele 
roi  était  ingrat ,  et  ne  pouvant  dis- 
simuler ses  chagrins,  il  se  retira 
au  château  dcÀosny.  Ou  s'étonne 
qu'an  serviteur  dévoué,  qui  conce- 
vait parfaitement  la  position  difficile 
du  roi,  eût  tant  de  peine  à  y  entrer 
dans  ce  qui  touchait  son  propre  in- 
térêt. En  vain  le  bon  prince  lui  disait 
souvent  :  «  Prenez  patience ,  aussi 
D  bien  que  moi ,  et  continuez  k  bien 
»  faii'e.  »  L'étude  de  Thistoirc  char- 
ma ses  ennuis  ;  et  il  devint  plus  sa- 
vant qu'il  n'est  ordinaire  dans  la  pro- 
fession des  armes.  La  culture  de  ses 
jardins  lui  oflrit  aussi  d'innocents 
plaisirs.  Son  dépit  étant  calmé ,  il 
s'empressa  de  porter ,à  Henri  des  pa- 
piers importants,  tombés  par  hasard 
entre  ses  mains.  On  y  démêlait  l'éten- 
due des  projets  de  la  Ligue  ^  et  il  s'en 
entretint  longuement  avec  le  roi.  Con- 
sulté sur  les  moyens  de  pacifier  le 
royaume ,  il  n*hésita  pas  à  proposer 
à  Henri  d'embrasser  la  fui  catholique, 
conseil  assurémenfUésintéressé,  puis- 
que lui  -  même^  protestint  zélé,  de- 
vait craindre  que  sa  faveur  ne  dimi- 
nuât par  la  conversion  du  monarque. 
Geprmce  commeuçaità  ne  pouvoir  se 
passer  de  Bosny.  11  l'employa  dans 
plusieurs  négociations  importantes , 
entre  autres  à  détacher  la  Norman- 
die de  la  Ligue.  Lorsqu'il  rentra 
dans  la  capitale,  il  lui  manda  d'ac- 
courir ,  afin  d'aider  à  crier  vive  le 
ROI,  dans  Paris,  Une  tentative  pour 
surprendre  Arras  ayant  échoué,  Hen- 
ri se  désespérait  de  ne  la  pouvoir 
renouveler,  faute  d'argent.  Alors 
(  i5(|G)  il  songea  sérieusement  à  cou- 


S0L 

fier  le  soin  de  ses  finances  à  Rofny*  y 
Écrivant  d'Amiens  pour  lui  aimonoer 
ce  dessein ,  il  lui  peignît  son  eitréne 
détresse ,  dont  il  accusait  les  finan- 
ciers, a  Leur  rapacité  l'avait  i^éduit, 
»  disait  -  il ,  à  n  avoir  presqu'aucim 
»  cheval  sur  lequel  il  put  combattre, 
»  ni  un  hamois.compfet  qn'il  pAt  CA* 
»  dosser.  Ses  chemises  étaient  dé- 
»  chirées ,  ses  pourpoints  troués  an 
9  coude,  et  sa  marmite  souvent  ztn- 
n  versée.  »  Cette  position ,  tout  in- 
commode qu'elle  fut ,  n'était  pas  sans 
remède  pour  un  roi  de  France;  cl 
Rosny  consentit  à  entrer  au  conseil 
des  finances.  Sa  première  mesure  fiit 
de  parcourir  les  provinces ,  afin 
d'examiner  la  comptabilité  des  rece- 
veurs, et  de  faire  rentrer  les  deniers. 
Partout  les  ofllcio's  des  finances  loi 
suscitèrent  des  difficultés  qui  n'em- 
pêchèrent  pas  de  prompts  résultats. 
Menant  à  sa  suite  soixante-dix  char- 
rettes remplies  d'argent ,  il  revint  au- 
près du  roi ,  qui  était  à  Rouen.  Ces 
sommes  se  composaient,  en  grande 
partie,  de  dépenses  in'égulicres  re je- 
tées des  comptes.  Les  courtisans,  ja- 
loux et  moqueurs ,  ne  purent  renare 
le  roi  insensible  à  l'évidence  du  suc- 
cès; et ,  pour  en  assurer  la  continu^-. 
tion ,  il  laissa  Rosny  au  conseil,,  sans 
l'employer  au  siège  d'Amiens.  G'es^ 
en  159.7  qu'il  fut  seul  chargé  des  fi- 
nances, ayant  sous  ses  ordres  les  au-, 
très  conseillers.  Deux  ans  après ,  il 
fut  déclaré  surintendant.  Jamais  ua 
miuistre  habile  n'avait  été  plus  né- 
cessaire à  la  France.  Les  produits 
de  l'impôt  étaient  engages  à  l'avan- 
ce pour  plusieurs  années.  Le  trésor 
pouvait  à  peine  fournir  vingt- trois 
millions  aux  dépenses  courantes. 
La  dette  de  l'état  montait  à  trois 
cents  millions ,  somme  énorme  pour 
ce  temps.  Les  guerres  civiles  avaient 
ruiué  l'agriculture  et  le  commerce* 


SOL 

[ue  les  drconstânces  ne- 
la  coDTOcatioQ  d'une  as- 
notables.  Us  proposèrent 
er  des  dettes ,  à  condition 
!ur  abandonnerait  la  moi- 
nus  de  l'état  y  et  se  rédui- 
ne  moitié  pour  sa  maison 
n  des  troupes.  La  propo- 
lit  les  droits  de  la  cou- 
oy  fut  seul  d'ayis  qu'on 

voyait ,  dans  la  disposi- 
rits ,  le  danger  d'un  refus. 
>ire  qu'il  fit  comprendre, 
tié  assignée  aux  notables, 

dont  l'évaluation  était 
iX  le  recouvrement  plus 
s  roi  fut  bientôt  supplié 
Ire,  sans  partage,  la  di- 

finances  ^  et ,  par  l'es- 
eux  des  notables ,  !e  peu- 

I  la  confiance  dans  la  sol- 
ale.  Cette  conduite  babile 
révint  des  troubles  funcs- 
nme  circonstance,  peut- 
rendit  un  plus  grand  ser- 
nri  et  à  Vétat  (  Voyez 

Particularités  sur  les 
des  finances  ).  La  re- 
□gt  millions  arriérés  sur 
concilia  au  roi  et  à  son 

reconnaissance  des  peu- 
nature  d'impôt  fut  succès- 
minuée  de  cinq  millions  ; 
ntérieurs  de  moitié.  Une 
rère  des  dettes  de  l'état , 
orsement  partiel  amorti- 
tte  d'un  capital  de  cent 
fn  recouvra  quatre-vingts 
domaines  royaux  usurpés 
mes.  L'intérêt  de  l'argent 

II  denier  dix  et  douze  au 
î,  en  sorte  qu'on  ne  put 
elà  de  six  écus  quinze  sols 
nnuels,  pour  un  capital  de 
-•e  roi  reconnaît,  par  l'édit 
de  ces  dispositions ,  que 
vé  de  l'argent  nuit  à  l'a- 


SUL 


201 


Sricultore  et  à  l'industrie.  Plusieurs 
e  nos  sujets,  dit-il ,  préfèrent  l'oi- 
siveté d*un  gain  à  la  fin  trompeur  , 
aux  arts  libéraux ,  à  TexploiUtion 
de  leurs  béritiges.  C'était  dans  la 

I>roduction  du  sol  que  Rosny  voyait 
e  principe  de  la  richesse  de  l'état, 
a  Le  labourage  et  pastouraee ,  répé- 
»  tait-il  souvent ,  voil^les  deux  ma- 
»  mdles  dont  la  France  est  alimentée, 
»  les  vrayes  mines  et  trésors  du  Pé- 
»  rou.  »  Ces  grandes  vues  n'excluaient 
pas  une  continuelle  attention  aux  dé- 
tails minutieux  de  l'administiation. 
Toutes  les  dépenses  étaient  contrô- 
lées. Des  formules  de  comptes  furent 
prescrites  aux  agents  des  finances , 
et  l'on  vit  naître  une  régularité  jus- 
qu'alors inconnue.  Le  roi  ordonna 
qu'à  la  fin  de  chaque  année ,  l'excé- 
dant des  recettes  serait  déposé  ,  en 
espèces  ,  à  la  Bastille.  11  s'y  trouva  , 
lors  de  sa  mort,  près  de  quarante- 
deux  millons,  quoiqu'on  eut  fait  d'im- 
menses travaux  en  tout  genre,  et  des 
approvisionnements  de  guerre.  La 
-  soustraction  de  cet  amas  d'argent  à 
la  circulation,  a  été  l'objet  de  plus 
d'une  critique  ;  mais  si  l'on  consi- 
dère les  circonst^ces ,  et  à  quel  point 
le  crédit  public  manquait  de  bases 
solides  ,  on  approuvera  la  prudence 
du  ministre:  c'est  l'avis  de  Forbo- 
nais,  juge  instruit  dans  cette  matière 
(  Foy.  ses  Considérations  sur  les 
finances  de  la  France  ).  Des  soins 
persévérants  et  douze  années  de  paix 
élevèrent  très-haut  la  prospérité  de 
l'état.  Le  tableau  de  cet  heureux 
changement  appartient  au  règne  de 
Henri  IV.  Le  principal  mérite  de 
Sully  consiste  dans  l'amour  de  l'or- 
dre et  du  travail ,  la  rectitude  de 
j'icement ,  la  fixité  de  volonté  ,  le 
zèle  pour  le  bien  de  l'état.  Scrupu- 
leux ordonnateurdes  deniers  publics- 
accélérant  leur  rentrée ,  il  se  persua^ 


10:1 


SUL 


da^  trop  facilement  peut-^tre  y  que 
sa  tâche  n'avait  pas  iine  autre  (éten- 
due. Jaloux  de  perfectionner  les  de'- 
taib,  l'amcHioration  du  système  gé- 
mirai des  finances  lui  échappa.  Con- 
tradicteor  obstine'  des  plans  de  Henri 
sur  raccroissemmtdes  manufactures, 
il  goûtait  la  seVcnlë  républicaine  des 
lois  somptuaires ,  que  réprouve  le 
caractère  français.  Il  ne  tint  pas  à 
lui  d'entraver  Tindustrie  des  colons 
qui  fondèrent  la  nouvelle  France  dans 
les  déserts  du  Canada.  Le  roi  voyait 
pliLS  loin  que  le  ministre  auquel  il 
s'efforçait  vainement  de  persuader 
que  IVpargiK»  de  l'argent  n'est  pas 
toujours  une  lionreusc  économie.  La 
Çloire  la  j)!iis  solide  de  Sully  résulte 
ne  la  vigueur  qu'il  déploya   contre 
les  abus  et  les  prodigalités.  La  fer- 
meté de  caractère  qui  ne  faiblit  pas 
au  gré  des  maîtresses  du  prince,  ne 
sera  jamais  ime  vertu  commune  ,  et 
la  vie  de  ce  grand  ministre  abonde 
en  traits  de  ce  genre  de   courage. 
Lorsqu'on  lui  demanda  le  paiement 
des  dépenses  du  baptcfme  d'im  fils 
que  le  roi  avait  eu  de  Gabrielle  d'Es- 
trées  ,  il  vit  toutes  les  largesses  don! 
celte  cérémonie  était  l'occasion  ,  ré- 
pandues avec   la   morne  jirodigalité 
i\\\h  la  naissance  d'un  fils  de  France. 
tin  refus  pouvait  blesser  Henri  ,  au- 
tant que  G,ibriel!e  ;  il  n'hésita  pas  à 
le  prononcer ,  disant  nettement  :  Il 
ny  a  itoint  (Vciifant  de  France,  l^e 
roi  ,  quelquefois   embarrassé   d(;    la 
roideur  du  surin Ifudant  ,   le  soutint 
dans  celle  ucca-iion  ;  et  la  belle  Ga- 
brielle entendit  ces  dures  paroles  de 
son  amant  :  «  Je  me  passerais  mieux 
»  (le  dix  maîtresses  comme  a  ous  , 
»  que  d'un  serviteur  comme  lui.  » 
La  duchesse  de  Verneuil ,  non  moins 
chère  a  Henri ,  lut  afiligcfe  aussi  par 
l'économie  de  Rosny.  Un  jour  ,  elle 
lui  remontra  doucement  ,  qu'il  était 


SUL 

bien  juste  que  le  roi  fît  d 
à  SCS  cousins  ,  à  ses  pareil 
maîtresses.  La  réponse  fu 
digne  d'être  conservée  :  « 
»  serait  bon ,  madame ,  ri 
»  prenait  l'argent  en  sa  b( 
»  de  lever  cela  sur  le^  m 
»  artisans,  laboureurs  et 
»  il  n'y  a  nulle  raison  ^  < 
»  qui  nourrissent  le  roi ,  et 
»  et  se  contentent  bien  d*u 
»  tre ,  sans  avoir  tant  de  < 
i>  parents  et  de  maîtresse 
»  nir.  »  Sully  déchirant 
yeux  du  roi  la  promesse  < 
que  ce  prince  avait  faite  k 
tragues ,  paraît  plus  sage 
Il  s'élève  encore  par  sa  p 
ponse  à  cette  apostrophe  : 
que  vous  êtes  fou  ,  Rosny 
je  voudrais  l'être  si  fort 
fusse  tout  seul  en  France 
on  résiste  aux  maîtresses 
n'est  guère  disposé  à  se  1 
mider  par  les  courtisans 
duc  d'Épernon  ,  malgré  s. 
sa  violence  ,  fut-il  obligé  \ 
ner  les  droits  onéreux  au  \ 
levait  dans  ses  gouverne 
prince  du  sang,  le  comte  d 
s'était  fait  accorder  par  le 
mission  de  percevoir  une  1 
toiles  à  l'entrée  du  royaumi 
tion  de  Rosny  annula  cette 
abusive.  Livré  tout  entier 
ces,  il  avait  néanmoins  c 
vif  attrait  pour  la  guerre, 
ses  premières  années.  La 
grand -maître  de  l'artilU 
fortifications  ne  fut  point 
mains  un  simple  titre  d*li 
a\ait  ae(piis  ,  si:r  l'emplc 
et  sur  l'attaque  des  places 
naissances  remarquables  ei 
où  la  théorie  était  encore 
fance.  An  siège  de  Dreux 
t(»nte  l'armée  en  faisant  s 


SDL 

}  une  tour  que  les  boulets 
pu  entamer.  Centre  Topi- 
ous  les  gâiëraux ,  k»  forte- 
Charbonnière  et  de  Mont- 
i  Sayoîe  furent  prises  sous 
on.  Il  s'exposait  avec  si  peu 
cernent ,  que  le  roi  lui  écri- 

▼ous  m'cstes  utile  en  la 

de  rartiilerie  y  j'ai  encore 
esoin  de  vous  en  celle  des 
s.  Mon  ami  ,  que  j'aime 
^ntinuez  à  me  bien  servir  , 
ion  pas  à  faire  le  fol  et 
pie  soldat.  »  Pendant  la 
re'paration  des  places  et  la 
ion  de  plusieurs  forleros- 
lërcnt  sa  prévoyance.  11  ne 
oins  laboneux  dans  les  fonc- 
;rand  voyer  de  France,  de 
.ami  des  bâtiments ,  de  capi- 
rëditaire  des  canaux  et  ri- 
evenu  ambassadeur  près  dc^ 
I**". ,  roi  d'Angleterre  ,  il 
l'albance  des  deux  couron- 
ui  traité,  et  il  tenta  d'obte- 
onventions  favorables  à  no- 
nerce.  Peindre  Sully  guer- 
inistre,  ne  serait  pas  le  faire 
f  tout  entier  ,  il  faut  en- 
itrer  en  lui  l'ami  de  sou  roi. 
le  Tadversite  coniuieuca  cet 
imt  à    toute    épreuve   qui 

les  camps  le  caractère  d'u- 
le  fraternité,  et  s'arma  dans 
frilé  d'une  fraucliise  rude  et 
amais  Sully  ,  consulté  par 
le  dissimula  sa  pensée.  Soii- 
ae ,  sans  être  provoqué ,  i) 
;  an  roi  des  représentations 
nours  peu  convenables  à  son 

sa  dignité.  On  ne  sait  ce 
it  le  plus  admirer  de  la  li- 
.  reproches ,  ou  de  la  gran- 
ne  qui  en  supportait  la  ri- 
n  jour  cependant,  le  roi  dit 
leur  :  «  Voilà  un  homme  que 
iurais  soufi'rir;  il  ne  fait  ja- 


SUL 


3o3 


»  mais  que  me  contredire  et  trouver 
»  mauvais  tout  ce  que  je  yeux;  mais 
»  par  Dieu,  je  m'en  ferai  croire,  et 
V  ne  le  reverrai  de  quinze  jours.  »' 
La  menace  aurait  pu  s'étendre  plus 
loin  ;  mais  c'était  déjà  trop  pour  le 
cœur  de  Henri.  Dès  le  lendemain  ma- 
tin ,  à  sept  heures ,  il  alla  voir  Sully 
qu'il  trouva  travaillant  dans  son  ca- 
binet.— (c  Depuis  quand  ête»-vous  \k , 
lui  dit-il  ?  —  Depuis  trois  heures  du 
matin. — Eh  bien .  reprit  le  roi,  ens'a- 
dressaut  aux  courtisans,pour  combien 
voudriez-vous  mener  cette  vie-là  ?  »' 
Le  prince  se  retira  ,  après  lui  avoir 
donné  des  marques  de  la  plus  douce 
familiarité  :  a  Embrassez  -  moi ,  et 
»  vivez  avec  la  même  liberté  que  vous^ 
»  aviez  accoutumé.  Si  vous  faisiez 
»  autrement,  ce  serait,  signe  que  vous 
»  ne  vous  soucieriez  plus  de  mes  af- 
»  faircs.  »  Le  roi  renouvelait  à  l'im- 
proviste  ses  visites.  Il  resta  quelque- 
fois plusieurs  jours  à  l'arsenal^  et 
voulut  j  avoir  un  logement.  Lors- 
que Sully  revint  du  parlement  , 
après  la  cérémonie  de  sa  réception 
de  duc  ,  il  trouva  chez  lui  le  roi, qui 
lui  dit  :  «  M.  le  grand  ihaître,  je  suis 
»  venu  au  festiu  sans  ^trc  prié;  se- 
»  rai-je  mal  reçu?  »  Qucl([ue  solides 
que  fussent  les  fondements  du  crédit 
de  Sully  ,  des  intrigues  de  cour  Tat- 
laquercnt  fortement.  Une  fois  le  roi 
parut  é}»ranlé;  il  avait  n*pondu  froi- 
dement à  une  lettre  justificative  de 
son  ministre,  ct'rentraut  dans  la  rè- 
gle de  l'étiquette ,  ii  le  nommait  mon 
cousin  y  au  lieu  de  m  on, ami ,  selon 
son  habitude.  Après  Tcxplication , 
attendue  avec  une  impatience  mu- 
tuelle ,  Rosny,  à  genoux ,  donna  lieu 
à  ces  mots  devenus  si  fameux  :  a  Rc- 
w  levez-vous ,  Rosny ,  ceux  qui  nous 
)»  regardent  croiraient  que  je  vous 
»  pardonne.  »  Dans  les  soucis  de  la 
vie  privée  comme  pour  ^^  "fl^oircs 


ao4  SUL 

d'état  y  Rosny  était  l'homme  du  roi. 
Chaîné  souvent  d'adoucir  la  reine  , 
irritée  des  infidélités  de  son  mari ,  et 
aigrie  par  les  Italiens,  qui  l'obsé- 
daient ,  il  fallait  encore  au'il  mter- 
YÎDt  dans  les  brouilleries  du  roi  et  de 
ses  maîtresses.  Le  déroûment  de  l'a- 
mitic  l'encourageait  dans  de  sembla- 
bles missions,  auxquelles  son  carac- 
tère franc  et  brusque  le  rendait  peu 
propre.  Le  genre  de  vie  qu'il  ol^er- 
vait  lui  donnait  le  temps  de  suflire  à 
toutes  les  affaires.  Dès  quatre  heures 
du  matin,  en  toute  saison,  il  se  met- 
tait au  travail;  à  six  heures  sa  toi- 
lette était  finie,  et  à  sept  il  entrait  au 
conseil.  Â  midi  il  dînait,  sans  autres 
convives  que  sa  femme  et  ses  enfants; 
ensuite  il  donnait  des  audiences. 
Apres  souper^  il  évitait  les  affaires , 
et  se  couchait  à  dix  heures.  Il  s'occu- 
pait sans  relâche  des  préparatifs  d'u- 
ne grande  expédition  militaire,  an- 
noncée depuis  long-temps ,  quand  le 
poignard  d'un  assassin  priva  la 
France  du  plus  vaillant  de  ses  rois. 
Dans  ce  jour  funeste , Sully  était  in- 
disposé, et  Henri  fut  frappé  en  allant 
le  visiter  à  l'arsenal.  Il  n  est  pas  sur- 
prenant qu'après  cet  événement  y 
ses  premières  démarches  manifes- 
tassent le  trouble  d'une  soudaine  et 
profuudc  douleur.  D'abord  il  vou- 
lut aller  au  Louvre  près  de  la  reine; 
des  avis ,  recueillis  aurant  le  trajet , 
lui  firent  craiudre  que  sa  personne 
n'y  fût  point  en  sûreté ,  et  il  revint  à 
l'Arsenal.  Cette  résolution  fut  blâ- 
mée généralement  :  tous  les  yeux 
étaient  fixés  sur  le  ministre ,  auquel 
ou  avait  vu  remplir  un  si  grand  rôle 
dans  le  règne  qui  finissait.  Jja  prin- 
cesse l'attendait ,  s'étonnait  de  ne  le 
pas  voir ,  et  dépêcha  plusieurs  mes- 
sages pour  hâter  sou  arrivée  ,  avec 
prière  d'amener  peu  de  monde.  A 
cette  recommandation  ;  les  défiances 


SUL 

de  Sully  s'accnirent  teUemtiit,  mi'il 
alla  coocbcr  an  château  de  la  Bat- 
tille,  dont  il  était  aouyemeor,  et  «'il 
écririt  i  son  gendre,  ledncdeBo- 
ban,  Golond  général  des  Soîmci, 
d'entrer  à  Paru  avec  six  mSk  «ot 
dats.  Le  lendemain,  il  seprteBtaai 
Louvre,  reçut  un  accueil  ohUgeuC, 
et  dànéla  cependant  que  son  pesfw 
était  passé.  On  ne  loi  refusa  pas  li 
permission  de  se  retirer  dans  mw  di 
ses  maisons  de  campagne.  Il  y  tonlit 
dau^ei^eusement  malade,  eC  le  ssih 
venir  de  son  bon  maiti^ei  tonous 
présent  à  sa  douleur ,  lui  inqpira  li 
pensée  de  rimer  on  parallèle  cntic 
Henri  et  César.  Il  versifia  aussi  des 
adieux  à  la  cour  et  à  ses  cmploîk 
Vdici  le  début  : 


Adiea  maÎMiic,  cIiMtMiiXf  umet. 
Adieu  coDseib,  Ircaon  dcpoMs  k  ■»  faj. 


Détaché  des  aflaires  publiques  ,  fl  ae 
songeait  qu'à  retirer  le  plus  d'argnl 
possible  de  ses  charges ,  en  les  resî-   ] 
cnant  au  gré  de  la  reine.  Préoeeopé   ! 
de  la  crainte  d'une  prochaine  pcné-   ' 
cutîon  contre  lesprotestants ,  il  conp-   ^ 
tait  envoyer  un  tiers  de  ses  fond»  J 
en  Suisse,  et 'les  deux  autres  lia»  -' 
à  Venise  et  en  Hollande.  Sa  la-    : 
mille  le  suppliait  de  ne  pas  se  reti- 
rer trop  brusquement  de  la  cour  :  on 
présumait  que  le  favori  n'aurait  pas 
été  éloigné  de  le  souflnr  quelque 
temps  à  la  tête  des  aflaires  ;  nais 
Sully  n'était  pas  d'humeur  à  ployer 
devant  un  Italien  qu^l  nufprisaÎL 
Huit  mois  après  la  mort  du  rw,  il  se 
défit  de  la  surintendance  des  finan* 
ces ,  et  successivement  de  ses  autres 
dignités.  Non  content  d'aToir  obtenu 
de  ses  charges  sept  cent  soixante 
mille  francs ,  plus  deux  cent  quarve   , 
te  mille  francs  pour  l'abandon  de  ( 
trois  abbayes  et  des  bénéfices  ecclé-  [ 
siastiqucs  àoui  le  feu  rei  l'ayait  pour    j 


SUL 

reçut  de  la  reine  nue  pen- 
agbre  de  quarante-biiit  mille 
Ce  n'était  encore  qu'une  par- 
ia fortune  :  il  avait  acheté  la 
e  Sully  9  érigée  pour  lui  en 
et  de  grands  domaines^  dont 
idic  plusieurs  avec  un  gain 
rable.  11  sut  rendre  ses  servi- 
taires  lucratifs ,  puisqu'il  éya- 
lus  de  deux  cent  mille  livres  , 
»iitdansla  seule  expédition  de 
.   L'accumulation  d'une  im- 
fortune  témoigne  que  Sully  ne 
a  pas  de  servir  l'état  avec  dé- 
tsement.  S'il  faut  en  croire  le 
il  de  Richelieu,  que  la  jalousie 
oir  abusé ,  Henri  songeait ,  pen 
ps  ayant  sa  mort ,  à  lili  ôtcr  le 
ncnt  des  finances ,  non  qu'il 
nnât  la  fidélité  de  son  cœur  ^ 
i  netteté  de  ses  mains.  Le  car- 
it  encore,  dans  ^^  Mémoires  : 
eut  assurer,  avec  vérité,  que 
remières  années  de  ses  servi- 
urent  excellentes  ;  et  si  quel- 
n  ajoute  que  les  dernières  fu- 
moius  austères ,  il  ne  saurait 
'uir  qu'elles  lui  aient  été  uti- 
ins  l'être  beaucoup  à  l'état.  » 
Sully  se  retira,  après  avoir 
stré  durant  quatorze  ans  les  fi- 
,  il  était  âgédeciuquantc-un  ans. 
teaude  Villebon,dans  la  Beau- 
fint  sa  principale  habitation  ; 
âdait  l'été  et  l'hiver.  I^e  priu- 
et  l'automne  il  allait  à  Rosny, 
' ,  et  dans  ses  autres  terres  , 
oibellissait  de  Mtiments  et  de 
».  Son  état  de  maison  était  ce- 
n  prince  :  il  avait  nombre  d'é- 
,  ac  gentilshommes,  et  jusqu'à 
rdes  ;  mais  l'cconomie  prési- 
cc  luxe.  Ayant  conservé,  par 
lu  roi ,  la  direction  de  l'artil- 
:  des  fortifications ,  la  grande 
et  le  gouvernement  du  Poitou , 
ai  te  fut  sans  doute  peu  acccs- 


SUL 


ao5 


sible  à  l'ennui ,  qui  accable  ordinai- 
rement les  ministres  rendus  à  la  vie 
S  rivée.  11  trouva  aussi  ^  dans  la  ré- 
action de  ses  Mémoires,  une  occu- 
pation attachante.  Plus  d'une  fois  il 
fut  mandé  à  la  cour  et  consul  té.  Rien 
n'avait  changé  dans  la  forme  de  ses 
vêtements,  et  sa  tournure  excitait  la 
risée  des  com'tisans,  quoiqu'il  leur 
imposât  par  son  maintien    et  ses 
paroles,  a  Sire ,  dit  -  il  un  jour  à 
»  Louis  XIII ,  quand  le  roi  yotre 
»  père^  de  glorieuse  mémoire,  me 
»  faisait  l'honneur   de  m'appekr, 
»  pour  m'entretenir  d'affaires  ,  an 
»  préalable,  il  faisait  sortir  lesboiif- 
B  tons.  »  Une  grande  médaille  d'or, 
à  l'effigie  d'Henri  IV,  était  toujours 
suspendue  sur  sa  poitrine.  De  temps 
en  temps,  il  la  prenait,  la  contem- 
plait^ et  la  baisait  affectueusement. 
Dans  l'assemblée  des  protestants ,  te- 
nue à  Saumur ,  la  n^ente  fut  mécon- 
tente du  duc  de  Sully.  On  vit  qu'il 
ambitionnait  la  faveur  des  réformés, 
pour  s'assurer  les  ménagements  de  la 
cour.  Mais  il  refusa  de  se  jomdre  aux 
protestants  armés ,  et  demeura  cons- 
tamment fidèle.  Son  gendre,  le  duc 
de  Rohan,  ne  put  1  entraîner.  En 
plusieurs  occasions,  il  transmit  à  la 
régente  des  avis  importants ,  et  lui 
donna  de  bons  consens.  Louis  XIII 
honora  du  titre  de  maréchal  de  Fran- 
ce la  vieillesse  du  plus  dévoué  des 
serviteurs  de  son  père  (i  634)*  Sa  fa- 
mille consistait  en  trois  fils  et  deux 
filles ,  restes  d'un  nombre  plus  con- 
sidérable. Son  fils  aîné ,  le  marquis 
de  Sully ,  issu  de  son  premier  ma- 
riage avec  Anne  de  Courtenay ,  lui 
causa  des  chagrins  :  il  était  aussi  pro- 
digue que  le  duc  était  économe.  De 
fâcheux  procès  troublèrent  les  der- 
nières années  de  Sully,  après  la  mort 
de  son  fils  le  marquis ,  lequel  laissait 
un  fils  marié  à  la  fille  du  chancelier 


aoG 


SUL 


Sifguier.  Ce  jeùiic  homme , dirigé  par 
les  parciits  ac  sa  femme ,  intenta  im 
procès  à  son  aïeul,  et  le  gagna.  Huit 
jours  après ,  le  tiu  décembre  i64i  y 
Sully  mourut  à  Villebou ,  âgé  de  8a 
aas  ;  sa  femme  vécut  97  ans.  Elle  lui 
fit  élever  une  statue  et  un  magnifique 
tombeau  à  Nogent-le  Rotrou ,  Tune 
de  ses  terres.  Il  persévéra  >  dans  la 
communion  protestante ,  que  sou  iils 
abandonna.  Henri  avait  cru  déci- 
dait sa  conversion,  en  lui  promet- 
tant Tcpée  de  connétable  ,  et  le 
mariage  du  marquis  de  Sully  avec 
Heprietle  de  Vendôme  y  sa  fille  légi- 
timée. Le  pape  lui  adressa  deux,  let- 
tres affectueuses,  pour  le  conjurer 
de  rentrer  dans  le  sein  de  l'église.  Il 
répondit  fort  respectueusement, sans 
vouloir  s'expliquer.  L'opiniâtreté 
était  naturelle  à  sou  caractère,  et  il 
jouissait  d'une  flatteuse  importance 
dans  l'association  protestante.  Sully 
méi'ite  d'être  rangé  parmi  les  grands 
hommes  de  la  France.  Né  pour  les 
armes ,  renommé  entre  les  braves ,  le 

f premier  des  généraux  du  temps  dans 
'art  d'attaquer  les  places ,  il  ne  dé- 
daigna pas  d'employer  ime  partie  de 
sa  vie  à  dresser  des  comptes  et  des 
bordereaux.  Il  excella  comme  guer- 
rier, (inaucier,  ingénieur.  Il  tenta  le 
premier  d'ijitroduire  une  régularité 
constante  dans  l'administration  des 
finances  :  il  ne  trouva  pas  de  guide 
et  de  modèle  dans  les  ministres  qui 
l'avaient  précédé  ;  ses  travaux  frayè- 
rent la  route  au  génie  de  Colbert. 
Personne  n'avait  encore  dirigé  les 
affaires  publiques  avec  autant  d'or- 
dre et  d*écoiiomie.  I^es  opérations  de 
finances  qu'il  imagina  ne  furent  pas 
toutes  heureusement  conçues.  Des 
préjugés  rétrécirent  ses  vues;etnéan< 
moins  sa  réputation  d'habileté  est 
montée  au  phis  haut  degré  :  il  semble 
que  les  Français  aient  pris  à  coeur  de 


SUL 

récompenser  le  noble  orgue 

portait  à  placer  la  force  et  \ 

sance  de  l'état  dans  les  tréso 

l'agriculture  couvre  le  sol  d 

trie.  Ce  système,  convenable 

au  premier  âge  de^  nations, 

Sullv  d'une  sorte  d'austérité  i 

qu'i[  prit  souvent  pour  r^l 

actions.  Digne  ami  d'un  gn 

sa  bouche  lui  parla  toujour 

gage  de  la  venté.  L'exempl 

amitié  parfaite,  si  rare  dans 

dition  privée ,  ne  se  reprodui 

être  jamais  au  même  oegrë  < 

souverain  et  son  sitjet.  La  ] 

n'a  pas  séparé  les  deux  an 

l'admiration  qu'elle  leur  aco 

le  nom  de  Sully  s'est  glorie 

associé  à  la  popularitéd'HenrJ 

turellement  violent ,  orgueill 

tété ,  avide  d'honneurs  et  d'à 

n'évita  point  assez  le  double 

s'être  mit  beaucoup   d'emi 

d'avoir  amassé  trop  debiei 

dulgence  de  Henri  montre  qi 

racheta  ses  défauts  par  de  b 

qualités    et    d'importants   j 

Ou  lui  a  reproché  d'avoii 

le  conseil  d'enfermer  à  la 

le  prince  de  /^oudé,  dont 

épouse  inspirait  au  roi  une  f 

sion.    La  vie  entihre  de  c 

homme  s'oppose  au  soupçon 

favorisé  les  dcn?glenients  de 

et  l'on  ne  p*ut  douter  qu'il 

les  inconvénients  politiques  d 

de  Gondé  vers  les  Espagnol 

reproche  encore  l'intention  d 

de  la  reine  en  Toscane; 

princesse  ignorait  par  trop  1 

de  Va  patience  et  ae  la  don 

vers  un  mari  infidèle.    Nov 

dons  peu  de  monuments  lii* 

aussi  précieux  que  les  Ménr 

Sully ,  auxquels  il  a  donné 

d'Économies  rqra/«.  C'est 

ration  étendue  des  événen 


SUL 

l'Henri  IV  ^  des  opérations  du 
Dcment,  surtout  oe  celles  que 
irigea.  On  y  trouve  d'intércs- 
ctails  sur  la  vie  privée  du  roi^ 
f  son  miuistrCy  et  les  intrigues 
>iir.  La  forme  du  récit  est  des 
uirres  :  les  secre'taircsde Sully 
nt  à  leur  maître  les  circons- 
le  sa  vie,  qu'il  de\'ait  certai- 
mieux  conuattrc  que  pcrsou- 
I  pense  que  ces  secrétaires  ^  si 
.truits,  sont  des  personnages 
s  y  mis  eu  scène  pour  éviter  à 
embarras   de   raconter  lui- 
»  actions  (  Voy .  les  Mémoires 
idémie  des  Inscriptions  ^   t. 
ully  publia  les  deux  premiers 
»  en  i634*  I^e  titre,  san:»  date 
,  porte  que  l'impression  a 
;  à  Amsterdam;  mais  elle  eut 
cbàteaù  de  Sully.  C'est  la 
e  édition,  {jpnnue  sous  le  nom 
n  aux  vv  verts,  à  cause  des 
ures  de  la  vij;uetlc.  Ixî  troi- 
r  le  quatrième  tomes  pani- 
PariM ,  eu  i06'X  ,  viugt  ans 
1    mort   de   Sully,    par  les 
1  savant  Jeau  le  Laboureur. 
ce    temps  ,    les    rcimi)rcs- 
sout  multipliées.  En  1 74*'>  y 
e  rÉcluse  eut  l'idée  d'arran- 
iprès  un  nouvel  ordre ,  et  en 
sderne  ,  ces  Mémoires ,  peu 
ibles  par  leur  mauvaise  ré- 
Ge  travail  n'est  pas  sans  mé- 
ause  des  notes  dont  il  est  ac- 
né ;  mais  la  vérité  de  l'his- 
?st  trop  fréquemment  altérée 
Mipprcssions ,  par  la  refonte 
des  faits ,  des  pensées  et  du 
ully  et  les  pcjsounages  du 
s  parais:)ent  plus  que  sous  le 
sèment  d'une   physionomie 
'  (  ^  ^J'  Écluse  des  Loges). 
ait  composé  d'autres  écrits 
perdus ,  savoir  :  Le  Traité 
erre;  le  Maréchal  de  camp; 


SUL 


.207 


les  Instructions  de  milice  et  police. 
Il  parait  qu'il  s'était  aussi  exercé 
dans  un  genre  frivole.  Sa  famille 
conservait  en  manuscrit  le  roman  al- 
légorique de  Gclastide.  La  vie  de 
Sully  n'a  pas  encore  été  écrite  avec 
succès.Son  éloge,  par  Thomas ,  cou 
rouné  par  l'académie  française  eu 
1763  ,  n'est  pas  la  meilleure  pro- 
duction de  cet  écrivain  ,  et  les  notes 
qui  y  sont  jointes  contiennent  plu- 
.  sieurs  faits  inexacts  (  i  ).       G — l. 

SULLY  (  fifiNRi  ;,  artiste  anglais, 
a  contribué  beaucoup  aux  progrès 
de  rhurlogerie  dans  le  dix- huitième 
siècle.  Élevé  de  Gutten ,  horloger  à 
Londres,  il  fit,  sous  cet  habile  maître, 
de  rapides  progrès  dans  la  mécani- 
que. Il  était  doué  d'un  génie  inven- 
teur, et,  dans  sa  première  jeunesse, 
il  mérita  l'estime  de  Newton,  par 
des  recherches  sur  les  longituoes. 
Entraîné  par  le  goût  des  voyages  et 
par  le  desir  de  s  instruire ,  il  passj^ 
peu  de  temps  après  en  Hollande,  puis 
à  Vienne ,  où  le  prince  Eugène  le 
retint.  Il  profita  de  ses  loisirs  pour 
perfectionner  ses   connaissances   et 
pour  lire  les  Mémoires  de  l'académie 
des  sciences.  Ayant  fait  un  voyage  à 
Paris  avec  le  duc  d'Aremberg ,  il  y 
rechercha  la  société  des  savants  et 
devint  bientôt  l'ami  du  célèbre  Ju- 
lien Le  Roy  (/^^  ce  nom  ,  XXXIV, 
i\'x) ,  le  seul  rival  qu'il  pût  avoir 
alors  en  France.  Le  duc  d'Orléans 
lui  donna  la  direction  de  la  manufac- 
ture d'horlogerie  qu'il  se  proposait 
d'établir  à  Versailles.  Sully  perdit 
bientôt  cette  place  par  son  inconduitc', 
et  tenta  d'élever,  soutenu  par  le  duc 

(1)  SiilS'c»!  le  .«ujrt  dr  plusicarii  pircm  Hr  tlirfr- 
tre  :  l.  />*  Roi  fl  le  M  tri  tire  on  tirnn  //  et  .S'ut- 
Ir  pur  du  (U>u(Iriiy  ,  17^5,  iii-8*.  II.  Sullr  et  Boi* 
n>tè,  pi«'cr  eii  troi»  nrtrt ,  par  M.  Raillt*!!!  ,  a  él*' 
i'iiicr  MiiN  Kiicrcs  Mir  le  ibcritrr  de  Lnuvo» ,  ru 
iBii.'j.  in.  Vue  Journée  rte  Xutlr  ,  comédie  en  un 
artr  ,  par  L.  S.  Mcrcirr  ,  ■  vlv  jouée  anui  san» 
siiccis  sur  le  thèutrr  de l'Odénn,  en  t8og.  A.  B. — T. 


!108 


SDL 


de  Noaillcs,  une  seconde  manufac- 
ture à  Saint-Geimain.  Mais  rembar- 
ras des  finaDccs ,  causé  par  les  suites 
du  système  (  F.  Law  ) ,  vint  tout-à- 
conp  paralyser  l'essor  de  l'indus-* 
trie.  L  Angleterre  profita  de  la  chute 
de  nos  manufactures  pour  au{i;menter 
les  siennes;  et  Sully  retourna  dans 
sa  patrie  avec  tous  les  ouvriers  qu'il 
put  décider  à  l'accompagner.  N'ayant 
pas  trouvé  les  ressources  qu'il  espé- 
rait ,  il  ne  larda  pas  de  revenir  à  Ver- 
sailles, Ce  fut  alors  qu'il  exécuta  sa 
pendule  à  levier  (i)  pour  mesurer 
le  temps  en  mer.  Ce  beau  travail  lui 
mérita  les  éloges  de  l'académie  et  une 

Sension  de  600  liv.  sur  la  cassette 
u  roi.  Il  avait  appliqué  à  sa  pen- 
dule^ un  échappement  de  son  inven- 
tion ,  dont  il  se  promettait  une  plus 
§rande  justesse^  mais  il  fîit  obligé 
c  l'abandonner  pour  revenir  à  l'é- 
chappement dit  à  roue  de  rencontre: 
c'est  le  premier  dont  on  se  soit 
servi  ;  mais  on  n'en  connaît  pas  l'in- 
venteur. Dans  le  dessein  de  faire  quel- 
oues  expériences  en  mer  avec  sa  pen- 
aule  ^  il  se  rendit ,  en  1 726 ,  à  Bor- 
deaux ,  où  il  reçut  des  savants  l'ac- 
cueil le  plus  distingué.  Pendant  son 
absence,  il  éprouva  des  pertes  consi- 
dérables y  et  à  son  retour  à  Paris , 
il  trouva  ses  affaires  dérangées.  Il 
tomba  malade  de  chagrin.  Des  qu'il 
fut  rétabli ,  il  s'occupa  de  tracer  une 
méridienne  dans  l'église  Saint-Sul- 
pice.  Les  membres  de  la  société  des 
arts,  qui  s'était  formée  sous  la  protec- 
tion du  duc  d'Orléans,  ayant  résolu 
de  reprendre  leurs  travaux  ,  Sully 
loua  une  salle  pour  les  assemblées. 
Trop  occupé  du  succès  de  ce  projet , 
doDt  il  attendait  les  plus  heureux  ré- 
sultats ^  il  s'échauffa  le  sang,  fut  atla- 


(i>  Ihi  en  Ironvela  dMcription  dans  le  Rectieii 
des  Machines  de  l'Acad.  dcsScicncts,  lY,  75. 


SUL 

qaé  d'une  fluxion  de  noitnne 
rut  le  1 3  oct.  1708.  Gommé 
abjuré  la  rdieion  anglicane , 
humé  dans  Saint-Sulpice  ,  1 
de  sa  méridienne  ,  que  Lemi 
refaite  depuis  plus  maguifiqu 
Lemonnier  ,  aXI V  ,  63  ). 
yrages  d'horlogeriede  Sully  01 
crits  par  Lepautc(  F,  cenom^ 
ao5),  lequel  a  recueilii  dec 
sur  la  vie  de  cet  artiste.  On  a  d 
I.  Règle  artificielle  du  tem^ 
ris,  1717,  in-So. , réimprii 
des  additions  par  Jid.  Le  Roy 
IL  Description  d^une  honi 
4^.  III.  Méthode  peur  ré{ 
montres  et  les  pendules  y  ibid. 
in-8®.  Il  y  trace  le  plan  d'ui 
Traité  d'Horlogerie  qu'il  n 
le  loisir  de  rédiger. 

SULPICE-SÊVÈRE(i), 
teur  élégant  de  l'Sstoire  sa  ci 
né,  vers  363 ,  dans  l'Aq»"*'; 
de  parents  qui  tenaient  un  r. 
tingué.  11  s'appliqua,  dans 
nesse^  à  l'étuae  au  droit  ^  s 
carrière  du  barreau  ^  qui  co 
alors  aux  premiers  emplois, 
signala  pas  moins  par  son  él 
que  par  son  érudition.  Un  ri 
riage,  en  ajoutant  à  sa  forti 
permit  de  déployer  son  goûl 
magnificence.  ïl  faisait  soi 
habituel  à  Toulouse  et  à  J 
Eliisio  (3) ,  près  de  Carcasse 

(i)  GeriuaJe  le  ntimme  Sévrre-SiJ^ 
plusaocinui  manuscrits ,  consultes  par 
nous  coniirmeut  4ue  Sulpirùu  était  K 
mais  i*uMi|{e  contraire  a  prévaln. 

(9)  L'Aquitaine  ne  se  bornait  poia 
province  de  Guieune  et  tr*  dépend 
comprenait  tout  le  Langnedoc  loaqt 
nées.    C'est  sans  preaves  ipie  l'on  •  d 

Eice-ScT^e  était  natif  d'Ai^rn  :  il  est  p, 
Uble  qu'il  ^taitné  àTouIoosc,  ou  da&a 
de  cette  ville. 

(3)  EIhko  ou  FImùo  ,  entre  Tonloiu 
sonne ,  aujourd'hui  Imx  ,  dans  le  ce 
niaiu{( ,  suivant  les  autears  de  YJfiitkH 
guetioCf  1 ,  57.  M.  Sclurll  nomme  celli 
et  dit  que  c'est  Lautun  {Hisi.  Ahrif^. 
ittmaine  ).  ^'oT*i  sor  In  uoMtioB  d' 
MonkMtnts  rdigieux  d*  m.  Dwa^fc, 


SUL 

e  des  lettres  et  la  société  de 
les  amis  de  choix  y  occupèrent 
Lsirs.  Doue'  d'une  ame  sensible 
a  cœur  généreux ,  il  prévenait 
(oîns  ou  les  désirs  de  ses  amis^ 
lais  il  ne  fit  éprouver  un  refus 
L  qui  s'adressaient  à  lui  dans 
peines.  La  mort  de  /sa  femme  y 
umait  tendrement ,  vint  inter- 
re le  cours  de  sa  prospérité.  Il 
\X  de  quitter  le  monde ,  distri- 
ne  partie  de  ses  biens  auxpau- 
,  donna  le  surplus  à  l'Églife, 
n  réservant  l'usufruit ,  et  se  re- 
vers 392 ,  à  PrimuUac  (4) ,  où 
fcut    en  cénobite  ,  consacrant 
son  temps  à  la  prière  et  aux 
iccs  de  piété.  On  sait  qu'il  y  fit 
ou  reconstruire  une  église  pour 
Ile  il  demanda  des  reliques  à 
Paulin,  évêque  de  Noie,  son 
Le  désir  de  se  perfectionner 
la  vie  chrétienne,  le  conduisit 
de   saint  Martin,  évêque   de 
•s ,  dont  il  devint  le  disciple  et 
accompagna  dans  ses  fréquents 
gcs.  On  croit  assez  généralement 
Sulpice-Sévère  embrassa  l'état 
siastiqueet  qu'il  fut  ordonné  prê- 
L'invasion  des  Vandales  dans 
litaine  l'obligea  de  chercher  un 
k  Marseille,  où  il  entra  dans 
Donastère  et  mou»  ut  vers  4  ^  o , 
int  le  P.  Prato  (  Fq/.  ce  nom, 
XVI ,  II):  mais  la  plupart  des 
B  auteurs  reculent  sa  mort  jus- 
Q  4^9»  Gcnnade  (  chap.   xix  ) 
ue  Sulpice,  sur  la  fin  de  sa  vie, 
>ta  les  opinions  des  Pélagiens , 
s  qu'ayant  reconnu  son  erreur, 
m  punit  par  le  silence  absolu  qu'il 
la  le  reste  de  ses  jours.  Les  meil- 
s  critiques  regardent  ce  passage 
une  intercalé  par  des  copistes.  On 


SUL 


209 


a  confondu  Sulpice-Sévère  avec  un 
évéque  de  Bourges  de  même  nom , 
mort  en  591 ,  et  qui  par  conséquent 
lui  est  postérieur  oe  près  de  deux  siè- 
cles (5).  Le  principal  ouvrage  que 
nous  ayons  de  celui  qui  est  le  sujet 
de  cet  article ,  est  V Histoire  sacrée  y 
divisée  en  deux  livres ,  dont  le  premier 
s'étend  depuis  la  création  du  monde 
jusqu'à  la  ruine  du  temple ,  sousSé- 
décias  ;  et  le  second  jusqu'à  l'an  4 1  o , 
au  consulat  de  Stilicon.  L'élégance 
et  la  pureté  du  style  mettent  Sulpicc 
Sévère  si  fort  au-dessus  des  autres 
écrivains  de  son  siècle  y  qu'on  l'a  sur- 
nommé le  Salluste  chrétien.  On  sait 
qu'il  av,ait  pris  cet  historien  pour 
modèle.  \J Histoire  sacrée  fut  pu- 
bliée ,  pour  la  première  fois ,  par  le  cé- 
lèbre Flacius  lllyricus  (Fb  ancowitz), 
Bâle ,  Oporin  (  1 55G  ) ,  in-B». ,  de 
49*2  pages.  Siçonius,,  ayant  été  char- 
gé par  Grégoire  XIII  d'écrire  l'his- 
toire ecclésiastique,  fit  précéder  son 
ouvrage  d'une  édition  oe  V Histoire 
de  Sulpice-Sévère,  i58i  ,in-8".  ,en 
richie  desavants  commentaires.  Elle 
a  été  reproduite  par  Argellati ,  dans 
le  tome  iv  des  OEuvresde  Sigonius, 
augmentée  des  notes    de  Vorstius. 
Traduite  en  français  par  Jean  Filleau^ 
dès  le  sei;eième  siècle,  elle  l'a  été  de- 
puis par  Louis  Giry  et  l'abbé  ^aul 
(  P^oj^,  ces  noms)  ;  W  andelaincourt  en 
a  donné  une  Version  interlijiéairc  , 
Bouillon  ,  1  ^  ^9 ,  in- 1 2.  Nous  devons 
encore  à  Sulpice-Sévère  :  une  Fie  de 
saint  Martin  de  Tours  {6) ,  publj|Be 
d'abord  dans  le  second  volume  des 


PriimuUiaruM  «^(MÏt  près  de  ÎU-^'tCT*  ;  maif  on 
C9uuaitpa>1*  position  prrci««. 

XLIV. 


(5)  Baroniu»  et  le  Martyrologe  Romain  ont  con- 
fondu i'evAtiuc  de  Ilimi^c»  a*ec  Snlpîci^S«-vire 
rbiiitorien.  t^eltc  erreur  n  «lé  felevre  par  ll«noil 
\1  V  ,  dan»  la  préface  du  Maitrrohgf  i[u'il  a  pu- 
blie en  1749:  *l  T  démontre  que  le  Niint-Siëge  n'a 
iauiais  nii*  le  >>**'"  d«  ce  dernier  daiiS  le  MMrlyro- 
luge:  oQ,lnt  reod  cependanl  un  culte  dao*  l'éi;ili'<e 
de  Tour»,  depuif  un  jlf^mpa  immémorial,  (j^'^fff/^ 

((]>'  1a  Vie  de  Miot  Marlln  a  élé  trmà.  en  franç- 
pwr  Dorjer. 

4 


210  SUL 

Poetœ  christiani  ,  Venise  ,  Alde- 
Manuce,  i5oi  ,in-4°«(  ^-'c*  Annal, 
des  Aides  de  M.  Renouard  ).  Elle  fut 
re'imprimde  en  1 5 1 1 ,  à  Paris ,  in-4°. , 
avec  troisDialoguesàumêmesLuUiur: 
l'un  sur  les  vertus  des  moines  de  l'O- 
rient ,  et  les  deux  autres  sur  la  vie  et 
les  miracles  de  saint  Martin. D'après 
ces  derniers  ouvrages ,  Sulpice-Se'- 
vère  a  été  quelquefois  taxé  de  crédu- 
lité et  de  manque  de  critique.  Au 
reste  ,il  a  été  témoin  oculaire  de  plu- 
sieurs des  faiu  qu'il  rapporte,  et  sa 
sincérité  n'a  pas  été  mise  en  doute. 
On  a  encore  de  lui  quelques  Lettres. 
Ses  OKuvres  ont  eu  une  foule  d'é- 
ditions ;  les  plus  rechcrcliécs  sont 
les  suivantes  :  Lcyde  ,  EIzévirs  , 
i635,  ibid.,  i643,  in- ri.  La  se- 
conde est  moins  belle  ,  mais  plus 
complète.  On  y  trouve  une  continua- 
tion de  l'Histoire  sacrée  jusqu'à  Tan- 
née i5i9,  tirée  de  1  ouvrage  de 
Sleidan  :  De  quatuor  imperiis  (  F. 
Sleidaic);  Amsterdam,  i6()5 ,  in-8o., 

Sar  George  Hom  ;  elle  fait  partie 
e  la  collection  Farioruni  :  Leipzig , 
1719,  in-8^.  ,par  J.  Leclerc;  mais 
l'édition  la  plus  complète  et  la 
plus  estimée  de  cet  auteur  est  celle 
qu'on  doit  au  P.  Jérôme  de  Prato 
Vérone,  i'74"-54»in-4**«>^ vol. L'é- 
diteur en  promettait  un  troisième  y 
qui  n'a  pomt  paru.  Dans  les  notes  et 
les  dissertations  dont  il  Ta  enrichie , 
il  réfute ,  avec  beaucoup  de  vivacité , 
les  éditeurs  protestants,  nom ,  Wors- 
tius ,  Ijeclerc ,  etc.  ^  dont  Chr.  Adolp. 
Klotz ,  rédacteur  des  j4cta  eruditor. 
Upsiens.  a  essayé  de  prendre  la  dé- 
fense dans  le  compte  que  ce  journal 


( 

troit 


j)  Les  premi^rm  éditiooi  n'en  contîrunrnt  quA 
If  ,  dont  une  adrmftcr ,  p»r  Snlpîce-Si'vt're  ,  & 
^^tiuie,  M  brlle-mrrr.  H'ArbRry  en  ■  recueilli 
cim^  nnuTplIe«  daut  le  A/t»iri7i'|(e  .-  inaU  let  anlenn 
Jf  l'Hùl.  litlir.  de  Fittnce  rrnient  que  laprcmîrre 
Mule  esl  deSulpite-Srvt're.  LVditino  de  l<eclerr, 
j.,^,  contient  »«7»/  tjrtiiT*  de  Sir^re . 
par  KniTir  W|c«'l  «i  |»ir  fWliii * 


d«ronverlr# 


SUL 

a  rendu  d^*édition  de  Prato  ann^ 
1759.  On  peut  consulter  le  Becuéil 
de  Bollandus  au  ag  janvier  ;  la  Bi- 
hUoth.  choisie  de  Lcclerc,xx ,  SaS- 
'jg^VHist.  Uttéraire\de  la  Fnm- 
ce.  II ,  95-1 16,  et  les  auteurs  citéi 
par  Sa X  dans  VOnomasticon  ^  i, 
46().  Les  Dissert.de  MoUer^àeBreit'- 
haupt  et  de  Feller ,  sur  k  vie  de 
Sévère,  son  mérite  comme  ëcrivain, 
et  son  prétendu  vœuàw silence ,  sont 
indiquées  dans  le  Cat.  de  Bunau , 
I,  i633.  W — ^8. 

SULPITIA  y  dame  romaine ,  vi- 
vait sous  le  règne  de  Domitien ,  ven 
l'an  90  de  J.-C.  y  et  avait  épousé  un 
nommé  Calanus^  qu'elle  cnërissaît 
tendrement.  Elle  lui  adressa  des  ven 
fort  touchants  sur  Tamour  et  sar  b 
fidélité  conjugale^  mais  qui  ne  sont 
pas  venus  jusqu'à  nous.  Il  n'est  nsiti 
de  cette  dame  qu'une  satire  médio- 
cre contre  Domitien,  qui  fut  corn* 
Î)osée  à  l'occasion  de  Tcxil  desphi- 
osopbes ,  et  que  l'on  a  impnmée 
sous  ce  titre  :  De  edicto  DomUiam, 
quelquefois  avec  Pétrone  ,  avec  Ju- 
vénal ,  et  dans  le  Corpus  poetantm 
de  Maittaire,  ainsi  que  dans  lesPo»- 
tœ  latird  minores,  L  édition  pinc^ 
est  celle  de  Strasbourg ,  i  Sog ,  in-4*i 
donnée  par  G.  Menua.  Le  président 
Bouhier  a  proposé  des  corrections  sur 
cette  pièce ,  dans  une  lettre  adresstfei 
Burmann,  et  qui  fait  partie  du  Jlucet 
laneœ  ohservationes  criticœ  ,  Ams- 
terdam, 1786.  La  satire  de  Sulpitia 
a  été  traduite  en  vers  français  par 
Fabbé  de  Marolles ,  à  la  suite  de  sei 
Epithalames de  Catulle,  1661  ,m- 
8^.  Une  autre  traduction  tau  vers, 
par  M.  Gh.  Monnard,  avec  le  texte 
eu  regard  et  des  notes  ,  a  paru  a 
1816,  in-B».  On  a  prétendu  que  cette 
dame  était  l'auteur  des  charmantei 
Élégies  que  l'on  a  ajoutées  an  qua- 
trième livre  de  Tibulle;  enfin  on  U 


SUL 

ttribué  une  satire  De  lite , 
1  chancelier  de  Lhopital. 
litre  Sulpitia  .  qui  passait 
us  vertueuse  des  dames  ro- 
it  choisie  à  ce  titre  ,  l'an 
►me ,  pour  prëseuter  à  Vê- 
tue que  l'oracle  avait  or- 
>Hiir  à  cette  déesse  ,  afin 
pirât  plus  de  pudeur  aux 

M — D  j. 
TIUS  -  GALLUS.    Voy. 

ÏAN  ED-DAULAH  (  Abou- 
) ,  roi  de  Perse  de  la  djuas- 
waïdes ,  succéda ,  Tan  4^3 
son  père  Boha-ed-daulah. 
e  Cader  lui  envoya ,  de 
la  patente  qui ,  en  le  confir- 
ts  la  possession  de  Tlrak 
charge  d'émir-al-omrah, 
rait  le  titre  de  Sullhan- 
(  le  sulthan  de  Tempire  ). 
prince  fut  le  premier  de  sa 
corc  d'un  titre  que  la  flat- 
t,  dq>uis  peu  d'anne'es,  don- 
eux  Mahmoud  le  Ghaznevi- 
ALAF,  et  Mahmoud,  XXVI, 
5  ancêtres  n'avaient  porte' 
e  d'ëmir  (prince  ou  com- 
).  Il  quitta  le  séjour  d'Ard- 
ca  sa  résidence  à  Ghiraz, 
)ur  son  lieutenant  dans  l'I- 
u-Galeb  Fakhr-el-molouk: 
énéral ,  au  lieu  de  réprimer 
es  des  tribus  arabes  et  les 
u'elles  se  faisaicut  entre 
ia  le  faste  d'un  souverai^ 
ile  d'Ahwaz  ,  et  ne  s'occu- 
y  amasser  des  richesses, 
d-daulah  le  destitua,  l'an 
5)  et  le  lit  mettre  à  mort 
près.  Ce  prince,  voulant 
bonne  intelligence  avec  ses 
ivait  donné  le  gouvenie- 
[ierman  à  Abou'iFewarès, 
assora  à  Abou  Taher-Kh  os- 
partie  méridionale  du  Diar- 


SUL 


311 


bekr  à  Abou  -  Aly  -ai  -  Haçan  ;  mais 
tous  les  trois  se  montrèrent  ingrats. 
Le  premier  se  révolta  ,  s'empara  de 
Chiraz ,  et  y  prit  le  titi*ede  Ca^van^ 
ed  -  daidah.  Forcé  d'abandonner 
cette  capitale  à  l'approche  du  sul- 
than, qui  le  chassa  même  du  Ker- 
man,  il  se  retira  auprès  de  Mah- 
mopd  le  Ghaznevide,  et  en  obtint 
des  secours,  avec  lesquels  il  recouvra 
le  Kcrman  et  Chiraz.  Sulthan-ed- 
daulah ,  qui  était  alors  à  Baghdad , 
en  revint  aussitôt,  et  triompha  sans 
combattre.  Le  lâche  Abou'l  Fewares 
s'eni\iit  d'abord  à  Ilamadan ,  où  ré* 
cnait  un  prince  de  sa  famille;  puis 
dans  les  états  du  prince  de  Batyhâ, 
qui  se  composaient  des  lagunes  for-, 
mées  par  le  Tigre  et  l'Eufrate.  Là  il 
eut  recours  à  la  médiation  de  son 
frère  Abou-Taher,  qui  gouvernait 
Bassora.  Sulthan-cd-daulah  lui  par- 
donna généreusement,  et  lui  rendit 
son  apanage ,  l'an  409  (1018):  mais 
uu  rival  non  moins  ambitieux ,  plus 
actif,  plus  habile  et  plus  brave,  le 
jeune  Abou-Alj>al-Haçan ,  se  déclara 
contre  lui.  Il  conunença  par  intri- 
guer contre  Abou-Mohammed-Ibn« 
i>ahlan ,  yézir  et  lieutenant  du  sulthan 
dans  l'Irak ,  et  entretint  des  corres- 

Sondances  avec  plusieurs  généraux 
e  ce  prince.  Sulthan-ed-daulah  , 
informé  des  menées  de  son  frère ,  se 
rendit  à  Baghdad,  l'an  4i  i  (1021). 
Les  troupes  s'y  mutinèrent,  et  com- 
me il  songeait  à  se  retirer  à  Wascth, 
elles  ne  voulurent  pas  le  labser  par- 
tir qu'il  n'eut  nommé  pour  les  com- 
mander son  fils  ou  son  frère.  Crai- 
gnant d'exposer  son  fils ,  qui  n'était 
qu'un  enfant,  Sulthan-ed-daulah 
choisit  son^  frère  Abou-Aly,  pour 
remplir^  en  son  nom,  les  fonctions 
d'émir-al-omrah ,  à  Bachdad.  Mais 
à  peine  fut-il  arrivé  à  Tostar,  dans 
le  Khouzistnu,  que,  se  croyar.t  dc«^agc 


2ia 


SUL 


d'uDC  obligadon  que  la  viqlcnoe  lui 
avait  arrachcfe^  il  renvoya  Ibn-Sah- 
lan  avec  une  armée,  pour  chasser  de 
Baghdad  le  jeune  Abou-Aly ,  et  pour 
y  reprendre  ses  premières  fonctions. 
Abou-Aly  vint  a  la  rencontre  de  ce 
général ,  le  vainquit  y  le  fit  prison- 
nier^ onlonna  qu'on  lui  arracnât  les 
yeux  y  et  ayant  supprime'  le  nom 
de  Sulthan-ed-daulah ,  dans  la  koth- 
bail ,  il  y  substitua  le  sien ,  auquel  le 
khalife  joignit  le  titre  de  Moscheref- 
ed'daulah.  Cette  révolution  eut  lieu 
à  la  fin  de  moharrem  4 1 2  (mai  I  oao). 
Par  un  traite'  conclu ,  l'année  suivante, 
entre  les  deux  princes  ^  Sulthan-cd- 
daulah  renonça  formellement  à  la 
souveraineté  de  l'Irak ,  en  faveur  de 
Moscheref-ed-daulah  (i),  et  consen- 
tit même  que  leur  frère  Âbou-Tahcr 
Khosrou ,  que  l'ambition  avait  mis 
dans  les  intérêts  du  nouvel  émir-al- 
omrah ,  possédât  le  gouvernement 
absolu  de  Bassora  et  de  l'Ahwaz. 
Béduit  à  la  moitié  de  ses  états ,  Sul- 
thau-ed-daulah  mourut  à  Chiraz^ 
en  chawal  4  <  ^  (  décembre  1 0^24  )  y 
dans  la  trente-deuxième  année  de  son 
âge^  après  en  avoir  régné  plus  de 
douze.  Il  eut  pour  successeur  son  fils 
Abon-Kalandjar  (ouKalidjar)  Ëzzel- 
moloiik ,   qui ,   après  bien  des   vi- 

(i)  Celle  parlif  dr  Tbisloire  des  Bowmdrs  est 
fort  euiltrouilléc  h  caiisr  de  la  ronrufîou  qu'y  ici- 
teiit  la  diversité  ri  mêiiir  la  reflucmblHiicc  dfn  iionm. 
D'IIrrbt'lot,  aue  tous  1rs  compiialrurK  ont  rupié, 
m-  |)ur!e  que  ae  trois  fiis  de  Koha-cd-daiilnh,  ne 
fait  iju'iin  seul  et  mrmr  personnage  de  Can-Hrn-ed* 
daiiliili .  f|u'il  appelle  S''ncr('-id-daulaL  ,  cl  de  j^Tos- 
cliiiT-ril  ditnl««li ,  et  qn'il  l^a1i9po^ieaiu^iiIe  llicAlre 
delà  ^M:rrrr,ri>utretoutrvr<«i»einblaucr,  dti  Krrmun 
diiii»  ri'ak.  M.  Silvt-iitir  do  Sacv  ,  dans  r.u  de  ses 
JUcmoii-ci  sur  dit-t  iSt  i  .  iiititfnitr..i  t/c  la  Pêne  ,  nous 
a  fait  rounuître  un  (Ile  aiiiv  de  Boba-ed>dMii)ab  ,  le- 

3ur]  mourut  avant  um  père  :  mais  il  ne  parle  pus 
e celui  qui  (;ouv(-rna  IcKerinan  .n'avaut  en  eu  vue 
que  ceux  qui  ocupî  rrulla  cbarge  d  eiiiir-al-<inirBh* 
Mnni(li(Ii<(].  Alii.u'l  F«*(lrf  MR  lait  luenlion  d'Abou'l- 
Fetvai-e!4 ,  qui- sons  l'année  4' 5,  a[m>s  la  mort  dé 
Suillianw-dilanliib;  et  l'antrur  du  /.ouh  el  Tiiwunk 
q|ai  le  nomnic:  (lawnm-eddx  n ,  n.'  le  cilr  que  miu»  le 
règne  de  ce  dernier  prince.  Le»  cxh-tiils  iuf  »rnif» 
de  Blirkhond,  par  'J'eseim,  auraient  S4ifli  ucnointrtii» 
puur  edairrir  ce  pciiul  d'bistoirr. 


SUL 

cissitudes,  et  malgré  l'op] 
ses  oncles ,  parvint  à  rcco 
les  titres  et  les  états  qui  a' 
partenu  à  son  père  et  à  f 
mais  la  mésintelligence  de 
fit  passer  bientôt  sous  la  d 
des  Seldjoukides.  (  Voyez 
Beig^  et  au  Suppl.  Meli 

HIM. 

SULZER  (  Jean-Gasp. 
à  Winterthur ,  en  i  t  1 6 ,  el 
Gotha,  en  1779. 11  étudi* 
cine  à  Strasbourg ,  où  il  ] 
1740, -une  thèse  académi 
ce  titre  :  Historia  morbc 
rumdam  Helvetiis  endemi 
1756,  il  fut  appelé  à  Goth 
médecin  ordinaire  du  duc 
Gotha.  11  occupa  cet  cm 
exerça  son  art ,  avec  un  ^ 
CCS ,  pendant  plus  de  cinq 
et  c'est  à  sa  prudence  et  à 
qu'on  dut  l'utroduction  ( 
lation  de  la  petite-vérole 
grande  partie  de  l'Allen 
monument  que  la  piété 
a  élevé  à  Gotha ,  le  nomm 
son  :  Firunij  ah  innocet 
morum  sua^itate ,  artis  ^ 
mira  in  pauperes  caritû 
omnibus  commendatissim 

SULZER  (  Jean -Geor 
du  précédent ,  naquit  k  W 
en  1720.  De  vingt  -  cinq  e 
son  père,  magistrat  d'im 
et  d'une  probité  à  toute  épn 
eus  de  deux  lils^  Jean-Gc 
dernier.  Il  reçut  la  meillc 
tion  de  SCS  parents,  qu'il  { 
un  âge  fort  tendre.  L'mstn 
obtint  aux  gymnases  de  \ 
et  de  Zurich  lui  donna  mo 
pour  les  études  que  ne  le  (i 
te  l'exemple  et  1  encourag< 
condisciple,  Jean  Gessne 
chanoine  et  célèbre  natura 
tiué  à  l'eut  ccclàùiistîque 


SUL 

osophie  et  de  Thistoire  uar 
s  ëUidrs  favorites.  Institu- 
cairc  d'au  cure  de  campa- 
*inl  quelques  années ,  par- 
m  temps  entre  l'e'tude,  la 
ition  de  la  nature  et  les  agrë- 
la  société ,  il  devint  auteur, 
et  donna  divers  morceaux, 

ouvrage  périodique  qui 
lit  à  Zurich.  Ces  pièces  ont 
'illies  à  Berlin  ,  et  pu- 
s  le  titre  à^ Essais  de  phy- 
liquée  à  la  morale,  For- 
traduits  en  français ,  dans 
iges  philosophiques ,  Ley- 
..  En  1744»  Sulzer  devint 
*  dans  la  maison  d*uu  nc'go- 
flagdebourg;  et,  trois  ans 
obtint  à  Berlin  une  chai- 
la thématiques  au  collège 
m.  En  1750,  il  fut  reçu  à 
e  des  sciences ,  agrégé  à  la 
philosophie  spéculative.  Il 
s  travaux  principalement 
sychologie.  Les  Mémoires 
nit  à  Tacadémie  sur  cette 
et  qui  sont  répandus  dans 
on  de  ses  travaux ,  furent 
ite  traduits  en  allemand  et 
deux  volumes.  Leur  succès 
plet;  et  Sulzcr  fut  compté 

métaphysiciens  de  l'Alle- 
i  1760,  il  perdit  une  femme 
t  épousée  k  MiigdeLourg,  et 
ait  les  délices  de  sa  vie.  Ac- 
uileur,ilobtint,  parle  crédit 
is  d'Argrns,  sou  ami  zélé, 
»iou  de  faire  un  voyage  eu 
>ii  il  revint  en  1763.  Ce  fut 
î  séjour  dans  sa  patrie  qu'il 
articulicremeiitdesa  Théo- 
selle  des  beaux-arts ,  qu'il 
tisfaction  d'achever  et  de 

lire  (2  vol.  in- 4**' 1  ^77^? 
nd  ).  La  deinière  édition  , 

;,  est  en  4  vol.   in-  8<>. , 

important  ouvrage  restara 


SUL 


ai3 


k  jamais  le  principal  monument  de 
la  gloire  de  Sulzer.  Une  profonde 
coimaissance  des  sciences,  des  arts 
et  des  vrais  principes  du  goût ,  a 
présidé  à  sa  composition.  L'au- 
teur desirait  ramener  les  beaux-arts 
à  ce  qu'il  regardait  comme  le  but 
de  leur  première  institution ,  les  rap- 
porter tout  entiers  au  bien  de  la  so- 
ciété, en  sorte  que  les  sources  mêmes 
des  plaisirs  étant  une  fois  épurées, 
ils  concourussent ,  par  une  heureuse 
harmonie,  à  former  de  bous  citoyens 
(  I  ).  Eu  1 764 ,  Sulzer  résigna  sa  chai- 
re ,  et  voulut  se  retirer  en  Suisse; 
mais  Frédéric  II ,  désirant  le  retenir 
k  Berlin ,  lui  accorda  une  pension ,  A 
le  nomma  professeur  de  philosophie 
à  l'académie  des  nobles,  qu'il  s'oc- 
cupai  t  de  fonder.  Une  maladie  cruelle^ 
à  laquelle  ce  savant  avait  été  près  de 
succomber  en  177 1  ,et  qui  avait  mi- 
né ses  forces ,  l'engagea  ,  en  1776^ 
à  faire  un  voyage  en  Italie.  Il  passa 
l'hiver  à  Nice ,  et  s'y  rétablit;  mais, 
ayant  ensuite  été  surpris  par  le  froid 
et  la  neige ,  dans  les  montagnes  de 
la  Suisse,  il  y  retrouva  tous  ses  maux, 
et  revint,  ranuéc suivante ,  k  Berlin, 
où  il  vécut  tranquillement.  Le  toi 
l'avait  nommé  directeur  de  la  classe 
de  philosophie  avant  son  retour  de 
ce  voyage,  dont  il  a  donné  une  re- 
lation' fort  intéressante ,  publiée  à 
Berne,  en  1780 ,  et  traduite  en  fran- 
çais (  par  Remfner)  sous  ce  titre  : 

{i>  Thiéhauît  mconte,  àno»  «w  Souvenirs  de 
Beiim  ,  qn©  Sulxw,  l'nyant  prié  de  faire  traduira 
cet  uiivrdgeen  franraia,  et  de  l'envoypr  4  Paria, 
pour  y  clrb  imprimé,  il  en  fut  Mdrftfé  q[ne|aue« 
niurcrànx  à  un  libraire  qoi  ne  put  »o  rharger  del  en- 
treprise. Mais  Tliii'bauU  aiouta  an'il  fut  trrs-éton- 
né  de  voir  ensuite  ces  mètnes  articles  impriméi  lit- 
témlement  dans  rEnrrclopédie  méthodique  sous 
le  nnin  de  Marmontel.  L  article  sur  rallégnrie  a 
été  tradnit  en  français  par  Jansen  ,  4  la  tuile  d« 
VJÙégorie  de  Winckdmaun ,  Paris  ,  an  7  (17O9  )  . 
a  vol.  in -8».  MilHn ,  dans  son  Diclionnair*-  des 
beauT  a#ts  ,  a  largement  puise  dans  l'ouvrage  de 
Saixer ,  qu'il  n'a  gutre  eu  qu'à  réduire  en  ordre 
alphabétique.  M— D  1- 


rii4 


SUL 


Journal  d'un  voyage  fait  en  i"-']^ 
et  1 775  dans  les  pays  méridionaux 
de  V Europe ,  La  Haye  ,  1 78a  , 
in-8''.  Voici  le  jugeincnt  que  por- 
te Foriney  sur  le  caraclÎTc  de  Siil- 
zer  :  o  II  pcnsnit  forlcmcnt;  il  se 
pe'nc'lrait  des  idées  que  sa  luedila- 
tiou  lui  avait  fou  mies  et  les  plarait 
dans  sdn  cerveau  d'une  mauicre  inef- 
faraLle.  S'il  etail  question  de  soute- 
nir ensuite  ce  qu'il  avait  une  fois 
conçu  et  projclc ,  il  le  faisait  avec  la 
plus  ji;ran(le  fermeté,  avec  une  vi- 
gueur incl)r;;nlal)le;  et  les  obstacles, 
les  résistances  ne  faisaient  que  leroidir 
et  le  transformer  en  une  espèce  de 
rocher,  contre  lequel  tout  effort  était 
inutile.  Heureusement  il  voulait  le 
bien,  le  plus  grand  bien.  \\  tendait «^ 
la  perfection ,  à  la  plus  grande  per- 
fection ;  mais  c'est  peut-être  cette  vo- 
lonté si  louable ,  cette  ardeur  si  gé- 
néreuse, qui  l'emportaient  quelque- 
fois au-delà  du  but ,  et  qui  l'empê- 
cbaieut  d'apercevoir  des  diflicultés 
très-réelles ,  qui  naissaient  du  temps^ 
des  circonstances  ,  des  ressources , 
des  moyens,  eu  un  mot,  de  ce  qui 
c'tait  d  une  nécessité  indispensable 
à  la  réussite  de  ses  vues.  »  Ibiébault 
le  place  au  piTmier  rang  des  auteurs 
allemands ,  pour  l'élégance  du  style 
et  la  justesse  des  pensées.  Sulzer  mou- 
rut à  Berlin,  le  «27  février  1779.  H 
a  écrit  lui-même  des  Fragments  sur 
sa  vie  ,  publiés  par  I^icolaï ,  eu 
i8o(),  à  Berlin,  eu  allemand;  et  le 
docteur  Hirzel  a  donné  deux  volumes 
consacres  à  la  mémoire  de  son  ami , 
Wintcrtbrir,  1780  ,  en  allemand. 
Voyez  au  isi  son  Élof^e,  par  Formey , 

{^  Académie  tic  Berlin^  '770*  '^*^" 
portrait  a  vXé  gravé  par  Dau.  Ber- 
ger, d'après  Graf.  H  se  trouvait  sur 
une  médaille  qui  fut  gravée  en  son 
honneur,  à  Berlin,  en  I7j5,  par 
Abramson.  Û — i. 


SUM 

8UMMARlPÂ(GEOiiGB  DE  So«. 
MARiVA,  plus  connu  sous  son  nom 
latin  DK  )  ,  chevalier  et  poète,  né 
à  Vérone,  en  i435 ,  étudia  la  juris- 
prudence, fut  gouvemear  de  Gn- 
disca ,  en  i488 ,  et  mourut  vers  k 
lin  du  quinzième  siècle.  On  cite  nue 
piÎHîc  signée  de  lui ,  en  1 4*76 ,  et  dans 
laquelle  il  prenait  le  titre  de  prwisor 
fortalitiorum  Feranensium^  A  «s 
occupations,  déjà  disparates  entre 
elles  ,  Summaripa  joignit  Tamoar 
de  la  poésie  ;  et ,  après  avoir  tra- 
duit Homère  et  Juvénal,  il  oût  en 
tercets  l'histoire  de  Naples  ,  le» 
actes  d'un  martyr,  et  jusqu'à  son 
propre  testament.  Le  Jw^énal^  le 
moins  oublié  de  ses  ouvrages,  a  le 
me'rite  d'être  la  première  version 
italienne  de  ce  poète  ;  mais  les 
vers  en  sont  ridicules  y  et  ils.  sur* 
passent  souvent  rorieinal  en  ob- 
scénité. On  a  de  lui  :  1.  La  Bainh 
comiomachia  d'Omero ,  trad.  in 
terza  rima^  Vérone,  li?®  >  in^*- 
II.  Satire  di  Giovenale  ,  trad.  in 
terza  rima  y  Trcvise,  1480  ,  in- fol., 
et  Venise  (  1 53o) ,  in-80.  Cette  réim- 
pression a  été  citée  par  Hennin  (  F, 
ce  nom,  XX,  68),  de  la  manière 
suivante  :  Prodiit  Ripje  ,  in  -  &^. , 
auctore  Georgio  Summjê  ;  et  Arge- 
lati  {Biblioteca  de*  volgarùzatori 
italiofd  ^  II,  175),  en  parlant  de 
l'édition  originale,  au  pied  de  laquelle 
sont  marqués  ces  mots  :  ji/mnsso 
favio  (Jluuio  )  Silese  ,  c  cst-à- 
dire  près  lejleuve  Sile ,  nom  de  la  ri- 
vière qui  coule  près  de  TréviK  ; 
ajoute  que  cet  ouvrage  fut  exécuté 
chez  Flavius  Silese ,  prenant  amsi  le 
nom  d'une  rivière  pour  celuide  l'im- 
primeur. Ce  dernier  s'appelait  Jficfttf/ 
ManzoUno  de  Parme.  111.  Marti- 
rio  dcl  hcato  Simone  di  Trente , 
Trévise,  i48o,  in-40.  ÏV.  Crvnica 
délie  cosc  geste  nel  rvgno  NapoUr 


SUM 

•  atmi  ç)5ç) ,   daW  antio 
0  al  i4o5,  per  riihmos 
,  Venise ,   1496,  m-4". 
{  sans  date  )  ,   recueil  de 
oche  et  cattive  (dit  Maflei). 
lonnaissons  pas  autrement 
e.  On  consers'e  à  la  biblio- 
•gUabechiana,  à  Florence, 
manuscrite  du  testament 
ripa ,  qui  n'en  a  dicté  en 
î  préambule.    A — g — s. 
3NTE  (  Jeapt-Antoiwe  ), 
ne  vers  le  milieu  du  sei- 
le  ,  à  Naples  ,  où  il  excr- 
3fession  de  notaire  ou  de 
f  éprouva  de  graves  per- 
>our  avoir  dévoilé ,  dans 
rc  de  ce  royaume,  roriginc 
.noble  de  quelques  familles 
qui,  n'osant  pas  contester 
;  ses  détails  génealoçiques, 
m  crime  d'avoir  fait  cod- 
blissement  des  gabelles  et 
oits  de  la  couronne.  L'ou- 
iaisî ,  brûlé  '  et  l'auteur  , 
5té  mis  aux  fers  ,  se  vil 
ie  réformer  quelques-uns 
litres.  Cette  disgrâce  l'af- 
lent ,  qu'il  mounit  de  cha- 
}  mars  1602.  Son  travail 
ropremcnt  parler ,  qu'un 
faits  ,  de  renseignements 
,  classés  d'après  un  cer- 
,  qui  en  rond  la  recherche 
>l  beaucoup ,  sans  doute , 
cmbler  les  souvenirs  c'pars 
)n  :  mais  ce  mérite  n'est 
lairo*    et   ceux   qui  l'ont 
•n  élevant  Summonte  au 
orien,  lui  ont  donné  une 
ne  pouvait  que  sVclipscr. 
:me  pas  à  l'abri  de  tont 
oramc  compilateur;  et  ses 
artisans  ont  été  obliges  de 
es  censeurs,  pour  diminuer 
l'ccrivain  :  ils  ont  ])rcl(  iidu 
»g(  s  les  plus  ritliciilesdcson 


SUM 


ai5 


Histoire ,  s'étaient  que  des  inteq)o- 
lations  introduites  dans  le  but  de  nui- 
re à  sa  réputation.  En  ce  cas  ,  on 
devrait  plutôt  plaindre  Summonte 
que  l'accuser  d'avoir  dit  qu'il  existait 
une  plante  qui  pouvait  nous  aider  à 
comprendre  le  chaut  des  oiseanx  ; 
que  Virgile  avait  été  constd  k  Va- 
ples^  ou  il  avait  laissé  de  beaux 
ouvrages  publics;  que  cette  capi- 
tale avait  été  assiégée  par  les  Sara- 
zins  ,  en  58i ,  etc.  Mais  ou  sent  le 
peu  d'effet  que  ces  absurdités  auraient 
produit  sur  l'esprit  des  contempo- 
rains de  Summonte ,  trop  crédules 
eux-mêmes  pour  relever  de  pareilles 
bévues.  Loin  d'a},outer  à  ce  que  l'au- 
teur avait  écrit,  on  exigea  la  sup- 
pression de  plusieurs  passages ,  qui 
o'ont  jamais  été  rétablis  ^  quoique 
les  mêmes  faits  se  trouvent  rapportes 
par  les  autres  historiens  de  Naples. 
Summonte  del)ute  par  la  fondation 
de  cette  ville,  dont  il  entoure  le  ber- 
ceau de  toutes  les  fables  débitées  sur 
la  sirène  Partbénope;  et  il  ne  s'arrête 
qu'à  l'année  1 58u ,  où  il  termine  son 
travafl.  Une  grande  partie  du  pre- 
mier volume  est  consacrée  aux  tribu- 
naux ,  ainsi  qu'aux  lois  municipales 
et  administratives.  Gianuone,  qui  a 

Î)rofité  des  recherches  de  Summonte, 
e  cite  toujours  comme  une  autorité  ; 
et  c'est  déjà  une  forte  présomption  en 
faveur  d'un  écrivain  qu'on  a  trop 
déprécié ,  lorsqu'on  ne  l'a  pas  loué  à 
outrance.  La  partie  la  plus  faible  de 
l'ouvrage  est  celle  qui  a  rapport  aux 
siècles  barbares  ;  mais  l'on  sait  que 
du  temps  de  Summonte  l'on  man- 
quait des  secours  nécessaires  ]>our 
pénétrer  dans  les^  ténèbres  du  moyeu 
âge ,  et  que  ce  n'est  qu'après  la  pu- 
blication de  tant  de  chroniques  ,  de 
chartes  et  de  lexiques  pour  lesdéchi- 
frer,  qu'on  a  pu  oser  se  jeter  dans  ce 
délia  le  inextricable.  Le  style  de  cet  au- 


!ll6 


SUN 


tpur  est  tel  qu'on  doit  l'attendre  d'uu 
chroniqueur  :  il  écrit  sans  artifice  et 
sans  prétention  ;  mais  ses  phrases  , 
ordinairement  incorrectes,    se  font 
souvent  remarquer  par  une  certaine 
naïveté  qui  contribue  à  inspirer  de  la 
confiance  au  lecteur.  Le  libraire  qui 
entreprit  T^tion  de  1676,  s'e'tait 
adresse'  à  Samelli  (  F'qy.  ce  nom  , 
XL  ,  4^1  ),  pour  en  faire  disparaître 
quelques  taches.  Ce  savant  lui  ré- 
pondit qu'il  fallait  traiter  Summonte 
comme  les  ruines  de  Pouzzoles  y  dont 
on  u'approchaitqu'avec  respect.  L'ar- 
gument parut  sans  réplique  ;  et  l'on 
poussa  ta  vénération  au  point  de 
laisser  sans  remarques  les   erreurs 
les  plus  grossières  du  texte.  Ainsi  l'on 
reproduisit  y  entre  autres ,  la  phrase 
suivante,  qui  contient  presque  au- 
tant de  fautes  que  de  mots  :  «  Numa 
»  accrédita  le  bruit  que  ses  lois  lui  ve- 
»  naient  de  la  nymphe  Egéric ,  pour 
»  ne  pas  avouer  qu'il  les  tenait  de 
»  Pythagore,  Grec  »  habitant  dcMé- 
»  taponte,  maintenant  Manfredouia- 
»  Cotrone  »  (  livr.  i«*". ,  chap.  ^  ). 
La  mort  de  Summonte  arrêta  l'im- 
pression de  l'ouvrage,  dont  le  troi- 
sième volume  ne  parut  qu'en  iG4o , 
et  le  quatrième  trois  ans  plus  tard. 
La  difiiculté  de  rassembler  ces  parties, 
publiées  à  des  époques  différentes  , 
et  sous  l'action  de  la  justice,  engagea 
Eulifon  à  les  réimprimer  en  167  5  5 
et  quoique  cette  seconde  édition  fût 
calquée  sur  la  première ,  elle  déplut 
à  la  cour  de  Rome,  qui  la  fit  mettre 
à  V index.  Ce  qui  paraît  avoir  provo- 
qué cette  mesure ,  c'est  un  passage 
où,  en  racontant  la  trahison  du  comte 
de  Caserte  k  Ccppcrano  (  Fo^-.  Man- 
1  RF.i) ,  XXVI ,   47^  )  1  Summonte 
cite  l'autorité  de  saint  Thomas ,  pour 
Icgilimer  le  droit  d'assassiner  im  ty- 
ran. Ses  ouvra^^es  sont  :  I.  Manuale 
dmnorum  officiorum ,   quœ  juxta 


SUN 

ritum  S.  R.  E,  recitantu 

Naples,  1596,  in-8<>.  II. 

délia  città  e  regno  di  Napt 

ibid.,  1601 ,  in-4°.  Ce  jprei 

lume  est  très-rare  :  il  fut  ré 

l'année  suivante,  avec  plusiei 

gements  ;  et  cette  nouvelle 

porte  quelquefob  la  date  d 

mière.  Le  second  volume 

1602,  le  troisième  en  i^h 

quatrième  en  i643,  in-4**. 

deux  éditions  du  troisième 

la   meilleure  est  celle  qui 

nom  de  François  Sat^io.  1 

vrage  fut  réimprimé  en  167 

in-4^-9  ^^  augmenté  de  la  de 

des  antiquités  de  Pouzzoles, 

fredo  ;  d'un  Traité  sur  les  h 

même  ville,  par  Villani  j  de 

morceaux  historiques ,  par 

magiore  (Biaise  Altoraare); 

Notice  sur  les  tribunaux, 

qucs  de  Naples,  etc.,  réc 

Sarnelli  ,   qui  en  fut  l'édi 

troisième  édition ,  ibid.  , 

vol.  in-4®.  ,est  accompag 

Vie  de  rauteur  ,  par  de  C 

Voyez  Soria  ,  Siorici  naj 

pag.  570 ,  el  (  Rogadei  ) ,  S 

tUritto  pubblico  e  poliiico  < 

di  NapoU ,  Cosmopoli  (  L 

17G7  ,  in-4®.  ,  p.  4G.    A 

SUMOROKOF,  Foy.i 

KOF. 

SUNDERLAND  (  IIen 
CER  ,  1*^'".  comte  de)  éJj 
Guillaume,  loixl  Spencer, 
Pénélope ,  fille  aînée  de  Hei 
thesly,  comte  de  Southan 
Il  naquit  à  Althorp ,  au  m* 
vembre  1620 ,  et  épousa , 
dix-neuf  ans  ,  lady  Dorothi 

^—i ^— i— — ^— •■^^— ^— ^■^— 

(i)  Un  antimiairr  angbit  ,  citr  pa 
liiii ,  a  prt'teudu  qu'elle  dcscniHait. 
côté»,  drsroîjid'AnulHrrte,  d"Krn»s 
de  Ji'ruaalcm,    d'Etpaguc  ,    de  Parti 


SVHf 

!  de  Leicester ,  femme 
fe  par  sa  beauté  que 
5  (a).  Fleuri   Spencer 
le  continent ,  lorsqu'il 
rt  de  son  père;  il  re- 
temcnt  en  Angleterre, 
dans  la  chambre  des 
I .  Quoique  oppose'  aux 
tëes  par  Charles  I*»"., 
)rince  Tappui  de  son 
>  conseils.  Il  l'accom- 
ëe ,  le  suivit  h  Oxford, 
de  la  bataille  d'Ëdge- 
lit  combattu  vaillam- 
volontaire,   n'ayant 
aucuncommandement. 
isersa  lidclité  et  sa  bra- 
s  !«»".  le  créa  comte  de 
}ar  lettres  patentes  du 
11  ne  jouit  pas  long- 
onneur  j  car  il  fut  tué 
vaut ,  à  la  bataille  de 
I  commandait  une  par- 
tie de  rarmée  royale. 
0  (  Robert  wSpencer ,  2«. 
i  unique  du  précédent , 
i  I ,  et  fut  élevé  par  le 
* ,    qui  raccompagna 
es  qu'il  fit  sur  le  con- 
t  le  temps  queTAngle- 
us  la  domination  de 
1671  ,  Charles  II  le 
sadeur  extraordinaire 
Espagne ,  et  le  chargea 
Sa  Alajeslé  Cathbli- 
à  la  France  et  à  TAn- 
e  les  Provinces-Unies, 
r  du   moins   la   neu- 
Sunderland    n'ayant 
trée  publique  à  Ma* 
:ela  se  pratiquait  or- 
fut  vu  de  trcs-mau- 
Ja   cour  d'Espagne, 
T   son   ressentiment, 


SUN  317 

décida^  par  un  ordre  d'état,  guà 
l'avenir  aucun  ambassadeur  n  ob- 
tiendrait d'audience  particulière  du 
roi  y  qu'après  sa  première  entrée  pur 
blique.  N'ayant  pu  amener  l'Espagne 
à  se  déclarer  contrelaHollande(3} ,  il 
quitta  Madrid ,  le  3o  mai ,  et  se  ren- 
dit à  Paris  ,  dans  la  même  qualité.  En 
1673,  il  fut  choisi  pour  rempliriez 
fonctions  de  l'un  des  plénipotentiaires 
qui  devaient  s'assembler  à  Cologne, 
sous  la  médiation  de  la  Suède ^  pour 
le  rétablissement  de  la  paix  générale. 
Ce  congrès  n'ayant  eu  qu'une  courte 
durée  ,  lord  Sunderland  revint  çn 
Angleterre,  au  mois  de  mai  1674, 
et  fut  immédiatement  admis  au  con- 
seil privé.  Au  mois  de  juillet  1678, 
il  fut  envoyé  de  nouveau  en  France , 
mais  il  ne  put  empêcher  la  signatu- 
re d'un  traité  de  paix  particulier  eu- 
tre  Louis  XIV  et  les  États-Généraux 
(4).  A  son  retour  en  Angleterre ,  lord 
Sunderland  fut   nommé  secrétaire- 
d'état  :  nous  n'entrerons  point  dans 
le  détail  de -toutes  les  intrigues  qui 
occupaient  alors  le  gouvemcment  et 
les  deux  chambres  ;  nous  dirons  seule- 
ment que  Sunderland  contribua  à  la 
prorogation  d  u  pa  r]ement,qui  eut  lieu 
en  1 679,  malgré  l'opposition  dcShaf- 
tesbury  ;  que  la  même  année  il  vota , 
ainsi  qu'Essex  et  Uallifax ,  qui  for^ 
maient  avec  lui,  dans  le  conseil,  ce 
qu'on  appelait  le  triumvirat  y  contre 
l'exclusion  du  duc  d'York  de    la 
couronne;  et  qu'en  1680 ,  il  se  pro* 
nonça  avec  beaucoup  de  force  pour 
l'exclusion  de  ce  même  prince,  doni 
il  considérait  alors  V avènement  au 
trône  comme  une  calamité  nationa- 
le. Charles  II  témoigna  ua  vif  mé- 
contentement de  ce  dernier  vote  de 
Sunderland,  et  l'exclut  de  ses  con- 


(3)  ]^lle  •'•llia  même  btcc  elle  par  le  trallé  da 
bré«  dans  ses  pwines ,  soiu  le       ^^  *""'  1073. 

(4)  >o  Met  ifl^S,  tMiU  d«  KLn^e. 


3l8 


SUN 


setls.  Il  le  Ht  entrer  de  pouvcau  au 
conscil-priye'  ^  an  mois  de  septembre 
i6Sij  et  le  nomma  pnncipal  secrd* 
tairc-à'état.  Ce  fut  en  cfltc  qualité 
qu'à  la  mort  de  Charles  11  (  février 
i685  ) ,  Sunderlaiid  sipia  Tordre, 
pour  proclamer  le  duc  d'York ,  roi 
d'Angleterre ,  sous  le  nom  de  Jac- 
ques II.  Ce  prince  lui  conserva  son 
emploi,  et  le  nomma  y  au  mois  de 
décembre ,  président  du  conseil ,  et 
au  mois,  d'avril  1687,  chevalier  de 
la  Jarretière.  Sous  le  prédécesseur  de 
Jacques  II ,  Sunderland  avait  été  le 
j^ensionnaire  de  la  France  ;  il  conti* 
nua  de  l'être  sous  le  rëgnc  de  ce  der* 
nier  prince ,  dont  il  possédait  à  cette 
époque  toute  la  confiance  :  bientôt  le 
conseil  ne  fut  plus  assemblé  que  pour 
la  forme,  et  toutes  les  affaires  furent 
décidées  entre  le  père  Piter,  Sunder- 
Jand  et  le  roi.  En  1687,  Spencer, 
fils  de  Sunderland  s'étant  déclare 
catholique,  pour  faire  sa  cour  au 
roi,  ce  dernier  promit  de  l'imiter,  et 
il  fit,  en  effet,  en  1688,  professioD 
ouverte  de  catholicisme,  après  la 
liaissance  du  prince  de  Galles.  Les 
intrigues  du  prince  d'Orange,  et  Ica 
projets  qu'il  avait  formés  contre  son 
i)eau-père,  ayant  été  découverts  par 
la  cour  de  France ,  Louis  XI V  en 
fit  donner  avis  à  Jacques  II ,  et  pro- 
j)osa  en  même  temps  de  lui  fournir 
des  secours  suffisants  pour  repousser 
l'invasion  dont  il  était  menacé  et 
renverser  les  projets  des  mécontents, 
fiurnet  accuse  Sunderland  de  s'être 
opposé  à    l'acceptation  de  ces  of- 
fres et  à  l'arrestation  des  person* 
nés  suspectes  ;  les  dépêches  de  Ba- 
riljon  confirment  ce  fait  et  font  con- 
naître en  même  temps  qae  Sunder- 
land  avait  refusé  également  d'ap- 
prouver la  proposition  de  faire  venir 
en  Angleterre  des  trouj)es  catholi- 
ques d^rlandc.  Quels  que  fissent  les 


SUN 

motifs  de  Sunderiaad,  celle  condui- 
te fit  naître  des  soupçons,  et  kni 
céda  aux  instances  a^  catholiqnB, 
en  lui  retirant  sa  confiance,  et  en 
nommant  k  sa  place  le  vicomte  Prer- 
ton.  Sunderland  se  retira  en  HoUao- 
de  lorsque  Guillaume  effectua  son 
débarquement.  Ce  qu'il  y  a  de  sii- 
gulier  y  c'est  qu'il  fut  excepté  de  l*ack 
d'amnistie  signé  par  ce  prince  le  a3 
tuai   1690  y  et  qu'en  109a,  le  rot 
Jacques  l'excepta  également  du  par^ 
don  dans  la  déclaration  qu'il  raidît 
au  moment  où  il  se  disposait  k  ft 
rendre  à  la  Ilogue  pour  tenter  un  dé-   ' 
barquement  en  Angleterre.  Qndqae  ^ 
temps  après  ,  Guillaume,  qm  avait 
conçu  une  haute  opinion  dû  talcnU  ; 
de  Sunderland ,  lui  accorda  sa  con- 
fiance ,  le  consulta  sur  les  matiiRi 
les  plut  délicates ,  et  lui  permit  de 
rentrer  en  Angleterre.  En  1695,  îl 
alla  le  visiter  à  Althorpet  resta  jua- 
êieurs  jours  avec  lui.  Sonderiand, 
qui  paraissait  alors  livré  tout  entier 
au  parti  de  Guillaume ,  fit  des  dé- 
marches pour  réconcilier  les  HVkîp 
et  les  Torys  ;  mais  ce  fut  vainanaiL 
Le  19  avril  1 697 ,  il  fut  nomméloid 
chambellan  ,   et  trois  jours  aprii  - 
membre  du  conseil  privé.  Cette  n^    - 
me  année,  Guillaume  s'étant  ifsiâ  ^ 
en  Hollande ,  Sunderland  fut  nonui^  ^ 
l'nn    des  lords  justiciers    ncndast 
l'absence  du  roi.  La  chanuire  dci 
communes  témoigna  le  mëcontenlr- 
ment  que  lui  inspirait  la  présoet 
d'une  armée  considérable  en  As- 
cleterre  y   et  manifesta  l'intentifli 
de  réduire  ces  forces  à  sept  vSk 
hommes.  Sunderland  voulait  qn*dhi 
fussent  portées  k  1 5,ooo  ,  et  la  ci*-  ^ 
duite  Qu'il  tint  à  ce  sujet,  dans  les  d^ 
bats  du  parlement ,  l'exposa  ca 
attaques  aes  Torys ,  tandis  que  ks 
Whigs  étaient  jaUNix  du  crétStdoat 
il  }oui5sait  auprès  du  roi.  Le  a0dé- 


SUN 

>97  ,  il  donua  sa  démission 
s  emplois  et  se  retira  dans 
ice  a  Altliorp,  où  il  resta 
•  au  conseil  et  sans  se  mêler 
•es  publiques  ,  jusqu'à  sa 
ve'e  le  28 septembre  iroi. 
î  esprit  mobile  ,  vif  et  pe'- 
i'uiie  p;rande  habileté  dans 
s  ,  et  de  ces  grâces  irrësis- 
fonttout  pardonner,  Sun- 
suivant  Bu  met ,  changeait 
:omme  d* habit  ;  et  cepen- 
les  partis  Je  recherchaient 
ir  et  croyaient  tous  le  pos- 
piement.  Kntraîne'  par  un 
îsordonne'  du  faste  ,  les 
ëgitimes  de  pourvoir  à  ses 
'arrêtaient  rarement;  aussi 
il,  sans  he'siter,  toutes  les 
ue  la  France  lui  offrit  pour 
intérêts  de  sa  patrie.  Tour- 
partisan  ou  Tennemi  du  duc 
protestant  et  catholique  , 
Je  cela  convenait  à  ses  in- 
ut  successivement  ministre 
îs  II,  de  Jacques  11  et  de 
; ,  sans  cju'on  puisse  a  (Tir- 
ait trahi  les  intérêts  d'au- 
souverains.  D — z — s. 
ERLAND(  Charles  Spen- 
ième  comte  de)  était  le  se- 
u  précédent ,  et  d'Anne  Dig- 
3  George  ,  comte  de  Bristol, 
rons  l'époque  précise  de  sa 
Il  fut  élevé  par  le  savant 
rimnel ,  qui  fut  successive- 
ue  de  Norwich  et  de  Win- 
•on  frère  aîné  étant  mort 
rite .  il  devint  T héritier  pré- 
es  biens  et  des  litres  du 
lunderland  leur  père.Parve- 
prescrit,  il  fut  choisi  en 
ps  par  les  bourgs  de  Hey- 
Tivertou ,  pour  les  ropré- 
ch ambre  des  communes  ; 
ur  ce  dernier ,  et  le  repré- 
le  parlement  qui  s'assem- 


SDN 


219 


Ua  en  iôoS  y  et  dans  les  qnaUre  au- 
tres qui  lui  succédèrent.  Il  avait 
épousé,  le  la  janvier  1694^  lady 
Arabella ,  fîlle  de  Henri  Gavendish  , 
duc  de  Nevvcastle ,  et  un  an  ne  s'était 
pas  encore  écoulé  depuis  la  mort  de 
cette  dame  (4inin  1698) ,  lorsqu'il  se 
maria  en  secondes  noces  à  la  seconde 
fille  du  célèbre  Churchill,  duc  de  Marl- 
borough  (16  janvier  1699).  Au  com- 
mencement de  1705 ,  il  accompagna 
la  reine  Anne  dans  la  visite  qu'elle  fit 
à  l'université  de  Cambridge ,  et  sui- 
vant l'usage,  il  fut  reçu  docteur  en 
droit.  Nommé,  au  mois  de  juin  delà 
même  année ,  envoyé  extraordinaire 
et  plénipotentiaire  auprès  de  l'empe- 
reur Joseph  I«^.,  pour  lui  adresser  des 
compliments  de  condoléance  sur  la 
mort  de  son  prédécesseur ,  et  le  fé- 
liciter sur  son  élévation  à  l'empire , 
il  fut  chargé  en  même  temps  d'ar- 
ranger les  différends  qui  s'étaient  éle- 
vés entre  ce  prince  et  les  Hongrois. 
Après  s'être  concerté  avec  le  duc  de 
Marlborough ,  il  arriva  à  Vienne  le 
îi6  août  ;  et ,  réuni  aux  plénipoten- 
tiaires de  Hollande ,  il  eut  plusieurs 
conférences  avec  les  ministres  impé- 
riaux et  les  députés  Hongrois.  Il  se 
rendit  ensuite  à  Tjrmau,  que  les  der- 
niers avaient  choisi  pour  le  lieu'de 
la  négociation;  mais  avant  qu'elle  eût 
produit  des  résultats  définitifs ,  lord 
Sunderland  retourna  à  Vienne ,  prit 
son  audience  de  congé,  et  se  rendit  à 
la  cour  de  Berlin,  où  il  renouvela 
avec  Te  roi  de  Prusse  le  traite  de  sub- 
sides qui  venait  d'expirer ,  et  par  le- 
quel ce  prince  s'engageait  à  entrete- 
nir huit  mille  hommes  en  Italie.  De 
Berlin^  lord  Sunderland  passa  dans  le 
Hanovre ,  et  revint  en  Angleterre , 
après  avoir  séjourne  quelque  temps  à 
la  Haye  où  il  termina  d'importantes 
négociations  avec  les  États-Généraux. 
11  arriva  à  Londres  ,  le  3o  décembre 


220 


SUN 


1705  ;  et  à  la  rentrée  du  parlement, 
les  deux  chambres  lui  adressèrent  des 
remerciciDcnts  pour  les  (grands  ser- 
vices quil  avait  rendus  dans  la  der- 
nière campagne ,  et  pour  ses  pru- 
dentes négociations  avec  les  alliés 
de  S.  M,  Au  mois  d'avril  i-joG,  il 
fut  nomme'  Tun  des  commissaires 
chargés  de  traiter  l'iuiion  avec  l'E- 
cosse; cette  négociation  se  termina 
heureusement  par  une  convention  qui 
fut  signée ,  le  u'2  juillet  de  la  même 
année ,  par  les  délégués  des  deux 
royaumes.  Le  3  décembre,  il  fut 
nommé  membre  du  conseil  privé,  et 
l'un  des  principaux  secrétaires-d'état. 
Au  mois  de  mai  1708 ,  il  fit  partie 
du  nouveau  conseil  privé  qui  fut  for- 
mé conformément  aux  dispositions 
de  l'acte  passé  pour  rendre  l'union 
des  deux  royaumes  plus  complète  et 
plus  emicre.  Lors  du  procès  de  Sa- 
cheverel,  le  comte  deâunderland  se 

J Prononça  fortement  contre  ce  théo- 
ogien  dans  la  chambre  haute  ;  et 
lorsque  la  présence  de  Sacheverel 
dans  dilléreiitcs  parties  du  royaume 
y  eut  causé  des  troubles ,  Sunderland , 
consulté  par  le  comte  de  Bradford  , 
lord  lieutenant  du  Shropshire,  sur  la 
conduite  à  tenir  daiw  ces  circons- 
tances, hd écrivit,  le  10  août  17 10, 
d'api'cs  l'ordre  de  la  reine  et  du  con- 
seil, de  poursuivre  avec  vigueur  tous 
les  perturbateurs.  Cette  correspondan- 
ce ayant  été  imprimée  dans  la  gazette, 
le  parti  de  la  haute  Église  on  fut 
Irès-irrité ,  et  réunit  ses  eflorts  pour 
renverser  Sunderland.  La  duchesse 
de  Marlborough,  informée  de  ce  com- 
plot ,  tenta  ,  auprès  de  la  reine ,  plu- 
sieurs démarches  pour  retarder  la 
chute  de  son  gendre  ;  mais  on  n'y 
eut  aucun  égard ,  et  on  ne  lui  fît  mê- 
me aucune  réponse.  La  reine  fut  éga- 
lement sourde  aux  prières  du  duc  , 
qui  se  trouvait  ,    à  celte   époque , 


SUN 

à  la  tête  de  Tarméc  anglaise ,  et 
Sunderland  reçut  la  dcmissioii  de 
tous  ses  emplois.  Il  suppoila  sa  dis^ 
grâce  avec  fermeté,  et  refusa  d'ac- 
cepter une  })easiou  de  trois  mille  li- 
vres sterling  que  la  reine  lui  fit  of> 
frit ,  en  répondant  que  s'il  ne  pouvatt 
pas  avoir  l'honneur  de  servir  son 
pays ,  il  ne  voulait  pas  lui  être  k 
charge  inutilement.  Lorsque  George 
I*^'^.  monta  sur  le  trône ,  son  premier 
acte  fut  de  renvoyer  les  ministres  de 
la  reine  Anne ,  et  de  placer  au  ti- 
mon des  affaires  les  membres  du 
parti  Whig.  Sunderland  obtint ,  le  3^ 
septembre  1 7 1 4  9  le  poste  important 
de  lord  lieutenant  a  Irlande ,  à  la 
place  du  duc  de  Shrewsbury,  et  ren- 
tra au  conseil  privé.  Le  mauvais  état 
de  sa  santé  l'ayant  forcé ,  au  moîs^ 
d'août  1 7 1 5 ,  de  résigner  son  goum- 
nement ,  il  fut  nomme ,  cinq  jours 
après ,  lord  garde  du  sceau  privé, 
et  ensuite  l'un  des  vice  -  trésoriers 
d'Irlande.  Au  mois  de  mai  1716,1! 
fut  élu  l'un  des  couvcmcurs  de 
Charter-House  y  et  au  mois  de  juuf 
suivant,  seul  vice-trésorier  d'Irlande, 
Cette  même  année ,  il  accompagna  le 
roi  dans  le  Hanovre  ,et  ayant  résigné, 
il  son  retour  ,roflicede  lord  ganledu 
sceau ,  George  V^.  le  nomma ,  le  li 
avril  1717  ,  l'un  des  principaux 
secrétaires  d'état ,  puis  président  du 
conseil  privé ,  le  12  mars  1718 ,  et 
peu  de  jours  après ,  premier  commis- 
saire de  la  trésorerie.  Sunderland 
possédait  alors  toute  la  confiance  de 
son  souverain,  et  il  continua  d'en 
jouir  jusqu'à  sa  mort.  Le  6  {février 
1 7 1 9 ,  il  rési{jna  le  poste  de  président 
du  conseil  privé ,  et  fut  nommé  pre- 
mier gentilhomme  de  la  chamW. 
Pendant  les  voyages  mie  le  roi  lit  en 
Hanovre^  le  comte  de  dundcriand  &t 
l'un  des  lords  justiciers  chargés  de 
gouverner  le  royaume  durant  l'abr 


SUN 

r  ce  souverain.  La  guerre  qui 
à  cette  époque  entre  l'Angle- 

TEspagne  ayant  détermine' 
•nicre  puissance  à  tenter  nue 
i  en  Irlande ,  le  duc  d*Or- 
embarqua  sur  la  flotte  cspa- 
mais  une  violente  tempête 
dispersée  à  la  hauteur  du 
aisterre  ,  cette  tentative  fut 
e:  les  seigneurs  jacobites  d'É- 
jui  étaient  réfugies  dans  di- 
parties  de  TEurope ,  pour 
TaV  acte  d'attainder  j)vonon- 
e  eux,  et  qui  étaient  revenus 
se  pour  seconder  les  efforts 
dOrmond  en  faveur  des 
,  ne  se  laissèrent  pas  décou- 
ar  ce  contre-temps,  et  par- 
à  soulever  quelques-uns  de 
rtisans  ;  mais  battus  à  Glen- 
furenl de  nouveau  forcés  d'a- 
ler  leur  dessein  et  leur  patrie, 
and  se  rendit  dans  le  Hanovre, 
ndre  compte  au  roi  George 
affaire.  Il  continua  de  rester 

des  affaires  jusqu'à  sa  mort, 
le  19  avril  l'ji'i.  Lord  Sun- 

encou rageait  les  arts  et  les 
,  et  montra  une  grande  inté- 
ns  le  maniement  des  affaires 
iSy  sa  fortune  patrimoniale 
pas  augmenté  ,  quoiqu'il  eût 
5-teraps  à  la  tête  du   gouver- 

11  avait  épousé,  en  troisiè- 
ces  Judith  Tichborne  ,  sœur 
mte  de  ce  nom ,  dont  il  eut 
s  enfants  qui  moururent  sans 
é.  Charles  Spencer ,  Tun  des 
1  avait  eus  d'Anne  Churchill, 
>ar  la  suite,  duc  de  Marlbo- 

D — z — s. 
lATORouSUNlATES,run 
cipaux  citoyens  de  Carthage, 
lemi  déclaré  de  liaunon  :  vou- 
sfaire  sa  haine  contre  ce  gé- 
écrività Denis,  tyran  de  Sy- 
une  lettre  eu  langue  grecque , 


SUN  22 1 

où  il  lui  donnait  avis  de  tous  les  pre'- 
paratifs  militaires  qu'on  faisait  à  Car- 
thage contre  lui ,  aussi  bien  que  de 
l'incapacité  de  Hannon ,  qui  devait 
commander  l'expédition ,  et  dont  il 
parlait  avec  le  plus  grand  mépris  ; 
mais  sa  lettre  ayant  été  interceptée , 
il  fut  déclaré,  par  le  sénat ,  coupable 
de  baute-trahison ,  et  reçut  le  châti- 
ment dû  k  son  crime  ^  vers  l'an  887 
av.  J.-C.  La  découverte  de  cette  cor- 
respondance criminelle  donna  lieu  k 
une  loi  par  laquelle  il  fut  défendu  à 
tout  habitant  de  Carthage  d'écrire 
en  grec,  et  même  de  parler  cette 
langue.  Le  but  d'une  défense  si  ex- 
traordinaire était  d'empêcher  que 
l'on  correspondît  avec  l'ennemi.  B-p. 
SUN-TSEU  ,  général  et  tacticien 
chinois  ,  était  né  plusieurs  siècles 
avant  l'ère  chrétienne  ^  dans  le 
royaume  de  Tsi^  qui  fait  aujourd'hui 
partie  du  Chan-toung.  Déjà  cou- 
nu  depuis  long-temps  par  ses  exploits 
non  moins  que  par  ses  talents ,  il 
s'empressa  d'aller  ofiTrir  ses  services 
au  roi  de  Ou ,  menace  par  ses  voi- 
sins. Ce  prince  l'accueillit  avec  une 
distinction  flatteuse  :  Pensez-vous^ 
lui  dit-il ,  que  vous  pourrez  mettre 
en  pratique  tous  les  préceptes  que 
vous  avez  donnés  suri  art  militaire? 
Prince,  répondit  Sun- tseu,  je  n'ai 
rien  dit  dans  non  ouvrage  que  je 
n'aie  pratiqué  dans  les  camps  ,  et 
j'ajoute  ,  que  je  ne  sois  en  état  de 
faire  pratiquer  à  d'autres.  Comment^ 
reprit  le  prince  ;  vous  parviendriez 
à  donner  aux  femmes  l'iiabitude  de 
la  discipline ,  et  vous  vous  flatteriez 
de  leur  mspirer  des  sentiments  guei^ 
riers  I  Sans  doute ,  répliqua  Sun-tseu. 
Le  roi  fit  venir  alors  ses  femmes  ^  et 
leur  dit'qu'il*chargeait  ce  général  de 
leur  apprendre  les  évolutions  mili- 
taires. Sun-tseu^leur  fit  aussitôt  dis* 
tribuer  des  armes ,  et  leur  expliqua 


Qiti  SUN 

k  manière  de  s* en  servit  ;  mais  qutf  nd 
il  en  yiut  à  leur  faire  exe'cuter  les 
premières  manœuvres ,  les  guerrières 
éclatèrent  de  rire.  lia  mauvaise  hu- 
meur du  général  redoubla  leur  gaî- 
té.  Alors  il  leur  dit  :  Quiconque 
n'ol)éit  pas  aux  ordres  du  générai 
mérite  la  mort;  et  malgré  la  défense 
du  roi  de  pousser  plus  loin  la  plai- 
santerie ,  il  abattit  la  tête  des  deux 
favorites  qu'il  avait  établies  ses  lieu- 
tenants. Cet  exemple  de  sévérité  pro- 
duisit Teflet  qu'il  en  avait  attendu  : 
toutes  les  autres  obéirent.  Mais  le  roi 
renvoya  le  barbare  Sun  -  tseu.  Ce- 
pendant il  fut  obligé  de  le  rappeler 
Bientôt  après  ;  et  avec  son  secours 
il  triompha  de  ses  voisins.  Tel  est 
en  substance  le  récit  des  historiens 
chinois  :  mais  on  ne  doit  peut-être 
le  regarder  que  comme  une  espèce 
d'apologue  imaginé  pour  montrer 
que  la  sévérité  est  la  base  de  la  disci- 
]»line.  On  a  de  Sun- tseu  les  Règles 
de  V Art  militaire.  Cet  ouvrage,  tra- 
duit eu  mandchou  par  Tordre  de 
l'empereur  Khang-hi ,  eu  1710,  l'a 
été  en  français  par  le  P.  Amiot. 
Cette  traduction  lait  partie  des  Mé^ 
moires  sur  les  Chinois ,  vu ,  67-1  Sf). 
A  la  Chine ,  cet  ouvrage  est  regardé 
comme  un  chef-d'œuvre  y  et  comme  le 

f)récis  de  tout  ce  qu'on  peut  dire  sur 
'art  delà  guerre.  On  n'admet  aux  em- 
plois militaires  que  ceux  qui  peuvent 
l'expliquer,  ou  du  moins  en  com- 
menter quelques  articles.     W — s. 

SURBECK  (  Eugène-Pierre  de), 
de  Suleure ,  fils  de  Jean  -  Jacques 
Surbcck  ,  maréchal  de  France  ,  et 
chevalier  de  Saint -Louis,  mort  à 
Paris,  en  1714,  naquit  dans  cette 
ville  en  167 H.  Il  entra  au  service 
de  France  ,  et  parvint  au  grade 
de  capitaine  -  commandant  do  la 
compagnie  -  générale  des  Gardes- 
Suisses.  En  1 738,  il  assihUi  aux  cam- 


SUR 

fragiles  de  Flandre  ,  d'Alsace ,  de 
fongrie,  etc. ,  et  il  dressa  lui-^nJne 
des  Mémoires  circonstanciés  des  évé- 
nements aux^els  il  avait  eu  part 
Dès  sa  tendre  jeunesse  y  il  avait  mon- 
tré un  goût  décidé  pour  les  médail- 
les ,  qu'il  cultiva  pendant  tonte  sa 
vie.  11  se  proposa  de  commence 
un  grand  ouvrage  sur  les  médailles, 
par  la  description  de  celles  des  em- 
pereurs y  depuis  Jules  César  jusqu'à 
TrajanDèce.  \je  manuscrit  qu  il  avait 
achevé  fut  remis  à  l'académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres  de  Paiîs, 
qui  l'avait  nommé  son  correspoo- 
dant.  Son  cabinet  a  passé  en  Angle- 
terre après  sa  mort.  Il  momiit  i 
Bagneux  près  Paris ,  en  1741»  U — i. 
SURENA  (0,  gméral  des  Par- 
thés ,  célèbre  par  la  victobre  qa'il 
remporta  sur  Crassus,  l'an  de  Rome 
6()9  (av.  J.-C  55) ,  était  d'une  aais- 
sance  illustre.  Sa  famille  avait  le  pri- 
vilège de  placer  la  couronne  sur  la  tàe 
du  roi,  le  jour  de  son  couronnement 
Il  possédait  des  richesses  immenses; 
une  garde  particulière ,  composée  de 
mille  cavaliers,  l'accompagnait  dans 
ses  voyages  ,  et  il  avait  à  sa  suite 
mille  chameaux  pour  porter  ses  ba- 
gages et  deux  cents  chariots  pour 
ses  femmes  et  ses  concubines.  Doutf 
de  tous  les  avantages  extérieurs  ,11 
cherchait  encore  à  y  ajouter  par  les 
ressources  de  l'art  :  il  se  peignait  le 
visage  et  frisait  ses  cheveux  à  la  ma- 
nière des  Mèdes.  D'aillairs  personne 
ne  l'égalait,  parmi  les  Parthcs,cn 
bravoure  et  en  habileté.  Il  avait  con- 
tribué beaucoup  jiar  sa  valeur  à  ré- 
tablir Orodes  sur  le  trône.  A  la  prise 
de  Séleucie,  il  était  monté  le  pre- 


Ci)  Cr  nom,  Miivnnl  Crétin-,  ej»t  c^hlt  4*aM 
fliKiiilt',  H  il  marquait  la  vmmdK  ■CTinim*  et 
rpiii|>iri' ,  cl  comnir  |i>  vivir  tlii  roi  ara  rtoiWi 
(  lli%t.  ittntuînr,  li\ .  \Ll).  Aiiiiit  le  nom  4tt  ' 
quvur  d«  OaMua  uc  tiuiu  tarait  pM 


SUR 

sur  les  murailles ,  et  eu  avait 
^  tous  ceux  qui  les  dëfeudaicnt 
î.  Tel  était  le  guerrier  que  le 
s  Parthes  choisit  poiu-  Toppo- 
Crassus.  Tandis  qu'Or  odes  en- 
lans  rArme'nie  pour  se  vencer 
ibaze ,  allié  des  Romaius ,  bu- 
«ne'tra  dans  la  Mésopotamie , 
rit  plusieurs  villes  sm*  Grassus. 
à  1  attendait  sur  les  bords  de 
ira  te  où  il  avait  concentré  tou- 
forces.  Surena ,  pour  le  déci- 
quitter  une  j)osition  dans  la- 
il  ne  pouvait  l'attaquer ,  eut 
s  à  la  ruse.  Trompé  par  un 
de  Surena ,  qui  sut  captiver  sa 
illauce  en  lui  rendant  quelques 
!S ,  le  général  romain  s'avança 
1  plaine  pour  livrer  bataille 
irthes ,  qui  feignirent  de  re- 
d'en  vemraux  mains.  Surena, 
e  manœuvre  habile^  enveloppa 
mains ,  qui  se  trouvèrent  as* 
de  toutes  parts ,  sans  pouvoir 
'  la  moindre  résistance  (  V. 
s  X ,  i54  ;.  La  perte  de  cette 
;  fut  le  coup  le  plus  terrible  que 
nains  eussent  souffert  depuis 
Cannes.  Mais  Surena  tenut  sa 
>ar  les  indignes  moyens  qu'il 
a  pour  se  rendre  maître  de 
i.  L'ayant  attiré  dans  une  em- 
;,  sous  le  prétexte  de  régler 
ditions  de  la  paix  ^  il  l'obbgea 
iter  à  cheval.  Les  Romains, 
»  de  cette  violence ,  tentèrent 
opposer,  et  dans  la  mêlée, 
nit  tué.  Surena  lui  fit  couper 
pour  l'envoyer  à  Orodes ,  et 
i  corps  exposé  aux  oiseaux  de 
Parmi  ses  soldats ,  il  s'en 
t  un  qui  ressemblait  à  Gras- 
rena  le  fit  revêtir  de  la  toge 
ire ,  et  par  une  imitation  bur- 
es triomphes  des  Romains, 
lisit  en  pompe  dans  Sélcucie, 
le  musiciens  et  de  licteurs , 


SUR 


3^3 


montés  sur  des  chameaux.  Ayant  dé- 
couvert dans  le  bagage  d'un  officier 
romain  les  Milésiuifues  d'Aristide 
(  r.  ce  nom,  II ,  44^  )j  ^  1^  produisit 
aux  magbtrats  de  Séleucie,  comme 
une  preuve  des  mauvaises  moeurs  des 
Romains.  Mais  outre  que  c'est  mal 
raisonner  que  de  conclure  du  parti- 
culier au  général  y'  Plutarque,  à  qui 
nous  devons  cette  anecdote  (  F'ie  de 
Crassus  ) ,  observe  judicieusement 
que  Surena,  qui  traînait  toujours  k 
sa  suite  deux  cents  concubines ,  n'a- 
vait pas  le  droit  d'affecter  tant  d'aus- 
térité.  Surena  ne  jouit  pas   long- 
temps du  fruit  de  sa  victoire.  Orodes^ 
ne  pouvant  le  récompenser  du  ser- 
vice important  qu'il  venait  de  lui 
rendre,  trouva  plus  simple  de  le 
faire  mourir  {F.  Orodes,  XXXII , 
164  ).  11  n'avait  guère  alors  que 
trente  ans.  Surena  est  le  sujet  de  la 
dernière  tragédie  de  P.  Corneille , 
1674.  W— s. 

SURENHUSIUS  (Guillaome), 
professeur  des  langues  orientales  au 
lycéed'Amstei'dam^  florissait  au  com- 
mencement du  iS"^*'.  siècle.  Nous  lui 
devons  Mischna ,  sive  totius  Hehrœ(h 
rumjuriSy  rituumy  antiquitatum , 
ac  îegum  oralium  Sj^stema  ,  cum 
clarissimorum  rabbinorum  Maïma- 
nidisetBartenorœ  commentariis  irt- 
tegris  f  Amsterdam ,  16^-  1708  , 
in-fol. ,  six  parties ,  ou  trois  volumes, 
avec  fig.  Surenhusius  s'était  applique 
avec  beaucoup  d'ardeur  à  l'étude  du 
grec ,  pour  bien  entendre  le  Nouveau- 
Testament;  mais  s'étant  aperçu  qu'il 
avancerait  plus  vite  dans  cette  intel- 
ligence en  étudiant  les  rabbins,  il  se 
livra  à  ce  travail  ;  et  le  recueil  dont 
il  est  question,  en  est  le  fruit  le  plus 
précieux.  Il  est  divisé  en  six  parties , 
suivant  le  nombre  des  ordres  (  seda- 
rim  )  de  la  Mischna.  Surenhusius  j  oin 
constamment  une  traduction  latine 


aal 


SUR 


au  texte  bëbreu.  Il  est  vrai  que 
de'jà  yingt-un  traites  (Massecoth) 
avaient  e'tc'traduits  par  desbelyralsans 
célèbres  ;  mais  il  a  traduit  lui-même 
les  quarante  autres.  11  a  donné  ensuite 
une  traduction  latine  des  Commen- 
taires de  Maïmonide  et  de  Bartenora^ 
presque  toute  de  sa  façon  ;  il  a  donne' 
enfm  les  Notes  de%e$  prédécesseurs  , 
et  les  siennes  sur  chaque  traite';  et 
de  plus  y  mie  pre'face  k  chaque  partie. 
Cette  compilation  est  estimée  et  assez 
rare.  Cependant  le  P.  Souciet ,  jé- 
suite, a  relevé  quelques  défauts  qui 
la  déparent,  dans  une  Dissertation 
critique  en  trois  Lettres ,  Journal 
de  Trévoux  ^  et  à  la  fin  de  son  ex- 
cellent Recueil,  Paris,  1715,  in-4®- 
Ce  docte  religieux  trouvait  la  version 
de  Surenhusius  simple  ,  inélégante  , 
obscure,  pleine  d'inadvertances  et  de 
négligences ,  qu'on  pourrait  peut-être 
nommer  autrement.  Il  l'accusait  de 
ne  pas  rendre  toujours  le  sens  de 
l'auteur^  de  lui  faire  dire  quelquefois 
tout  le  contraire  de  ce  qu'il  dit  en 
effet  ;  de  passer  des  mots  et  des  phra- 
ses entières  ;  d'en  ajouter  qui  ne  sont 
pas  dans  le  texte;  de  changer  des 
explications  en  objections  ;  de  ne  pas 
entendre  certaines  abréviations  rab- 
biniques;  de  donner  dans  toutes  les 
fausses  idées  des  Juifs  sur  la  Mischna; 
d'être  ridicule  et  minutieux  dans  ses 
Notes ,  etc.  Tout  cela  n'est  pas  sans 
fondement ,  quoiqu'il  y  ait  un  peu  de 
passion.  Surenhusius  avait  entrepris 
sur  la  Ghémarc  le  même  travail  que 
sur  la  IVIischna  ;  mais  il  n'en  a  rien 
publié.  L — B — E. 

SURET  (  Antoine ),  né  en  1692, 
au  villagodeCabrières  près  de  Nîmes, 
fiit  admis ,  à  Tâgc  de  dix-sept  ans , 
dans  la  congrégation  des  prêtres  de  la 
doctrine  chrétienne.  Successivement 
professeur  de  grammaire ,  de  belles- 
lettres  et  de  philosophie  dans  leur 


SUR 

collège  d'Aix,  desservant 
roisse  confiée  à  leurs  soia 
rieur  de  leur  maison  dao 
ville;  passé  ensuite  en  la 
lité  à  celle  de  Mende,  il  f 
absence  et  à  son  insu  ,  no 
rieur-général  de  la  congre^ 
l'assemblée  des  province 
Paris ,  en  1750  ;  et  contii 
même  dignité,  dix  ans  api 
suffrages  unanimes  d'ime  r 
semblée.  Ce  double  choix 
compense  de  la  piété ,  de 
et  de  l'éloquence  avec  lesq 
avant  que  pendant  son  pn 
ralat  ,  le  P.  Suret  s'était 
préserver  son  ordre  de 
cence  des  passions  qu'excil 
dans  l'Église  et  même  d 
les  dissentiments  dans  les  < 
ligieuses.  On  lut,  dans 
générale ,  un  écrit  qu'il  vi 
blier  dans  cette  intentioi 
lecture  fixa  tous  les  yei 
L'épigraphe,  empruntée  c 
lestm ,  pape ,  qu'il  avai 
la  tête  de  son  ouvrage , 
fit  pour  en  faire  connaît 
a  depuis  été  inscrite  autt 
porti^ait  :  Dominantur  fia 
non  regulis  domineniur; 
jecti  canonibus.  Quand  il 
chef  de  son  ordre,  le  P. 
fia^  par  quatre  non  vellese: 
en  forme  de  lettres,  le 
qu'avait  produit  la  pren 
ces  écrits  de  circonstana 
blié  :  Conférences  de  Me 
en  dix  volumes  ;  Confère 
morale  et  le  Décalogue 
vir  de  suite  aux  Conft 
Paris ,  du  P.  Semelier ,  i 
riage ,  l'usure  et  la  resti 
préface  de  ce  livre  est  fn 
Un  Recueil  de  prônes  ,  c 
et  de  panégyriques  comp 
P.  Suret,  lui  ayant  été  ai 


SUR 

lis  en  chaire  que  d'abondan- 
e  fit  en  ce  cenre  une  grande 
>n,  particulièrement  dans  les 

ecclésiastiques  de  Mende  y 
es  présidait  annuellement  Xé- 
'rappe'  de  paralysie ,  il  se  re- 
.  fin  de  son  second  ge'nëralat, 
maison  de  sa  congrégation 
ion,  et  y  mourut  deux  ans 
e  17  janvier  1764.  V.  S.  L. 
[AN  ^  Jeaw-Baptiste),  pré- 
j  naquit  a  Saint-Chamas  en 
e,  Je  20  septembre  1670. 
[  prêtre  de  la  congrégation 
toirc^  il  prêcha  deux  avents 
carêmes  à  la  cour ,  et  avec 
succès ,  que  ses  sermons  lui 
t  révêchéde  Vencc.  Il  assista, 
nême  année,  au  concile  d'Em- 
>mme  suflTragant  de  cette  më- 
,  «e  qui  le  rendit  un  des  ju- 
son  ancien  confrère  ,  Soa- 
vêque  de  Senez.   Dès  qu'il 

possession  de  son  diocèse, 
ona  tout  entier  au  soin  de  son 
u.  Naturellement  bon  et  pai- 
l  maintenait ,  par  son  exem- 
>ar  ses  discours ,  la  concorde 
on    parmi  ses  administi'és. 
;  quelque  paroisse  se   plai- 
;  son  curé ,  Tindulgent  prélat 
lit  aux  paysans  :  «  Souvenez- 
,  mes  enfants ,  que  les  prêtres 
des  hommes  :  votre  curé  se 
géra  ;  il  me  Ta  promis.  Re- 
ez  dans  votre  paroisse,  et  vi- 
n  paix.  «   Ce  pieux  évêque 
iioe  vie  simple  et  frugale^  et 
il  possédât  un  des  évcchés  les 
odiques  de  France ,  il  laissa , 
rant,des  épargnes  considéra- 
»tînées  aux  pauvres.  On  lui 
es  sièges  plus  riches  ;  mais  un 
3ndé  sur  l'attachement  qu'il 
à  son  troupeau,  fut  toujours 
onse.  Surian  remplaça ,  en 
M.  de  Goislin  à  l'académie 

XLIV. 


SUR 


115 


française ,  et  la  mén\e  année  ^  il  pro- 
nonça à  Notre-Dame  T  Oraison  funè- 
bre de  Fictor-Amédée ,  roi  de  Sar- 
daigne.  Quelques  années  avant  sa 
mort,  on  lui  proposa  de  faire  impri- 
mer ses  Sermons  ;  il  répondit  que  le 
feu  ayant  pris  accidentellement  à  ses 
cahiers,  ils  avaient  été  brûlés  en 
grande  partie.  C'est  à  tort  sans  dou« 
te  que  quelques  uns  ont  voulu  assi- 
miler son  éloquence  à  celle  de  Mas- 
sillon  ;  mais  s  il  est  loin  de  pouvoir 
soutenir Ja  comparaison  avec  le  ce'- 
lèbrc  évêque  de  Clermont,  l'on  ne 
saurait  disconvenir  qu'il  n'ait  droit 
k  un  rang  honorable  parmi  les  ora- 
teurs sacrés  du  second  ordre.  «  Son 
B  éloquence,  dit  d' Alembert ,  son  suc- 
»  cesseur  à  l'académie ,  fut  touchan- 
«  te  et  sans  art,  comme  la  religioB 
»  et  la. vérité.  »  Surian  mourut  dans 
son  diocèse ,  le  3  août  1 754 ,  âgé  de 
quatre-vingt-quatre  ans.  Ce  prélat 
avait  évité  avec  soin  dès  le  commen- 
cement de  sa  carrière ,  de  se  mêler 
des  querelles  du  jansàiisme ,  alors  si 
actives.   Il   faisait   assidûment    sa 
cour  aux  hommes  puissants  de  tous 
les  partis,  tels  que  les  cardinaux  Du- 
bois ,  de  Rohan ,  de  Bissy,  etc.  ;  et  ce 
fut  ainsi  qu'il  parvint  aux  honneurs. 
Du  reste  ^  il  fut  un  des  meilleurs  évê- 
ques  de  ce  temps-là  ,  fit  beaucoup 

Sour  les  pauvres ,  ne  s'abstint  jamais 
e  l'obligation  de  la  résidence,  et 
montra  beaucoup  de  courage  et  de 
fermeté  lors  de  1  invasion  des  Autri- 
chiens dans  la  Provence,  en  i745« 
Nous  avons  quelques-uns  de  ses  Ser- 
mons ,  entre  autres ,  celui  sur  le  Pe- 
tit nombre  des  élus ,  regardé  comme 
le  meilleur ,  dans  le  recueil  des  Ser- 
mons choisis  pour  tous  les  jours  de 
carême ,  Liège ,  1 788 , 1  vol.  in- 1  a. 
On  a  imprimé,  en  1778,  in-ia, 
son  Petit  Carême ,  prêché  en  1 7 1 9. 
M.  Guérin ,  avocat  a  Aix ,  a  donné, 

i5 


'ii6 


SUR 


en    1779,  »n  Éloge  historique  de 
Siirian.  V — n. 

SURIAN  (Josepu-Donat)  ,  mé- 
decin et  pliarmacien  à  Marseille,  à 
la  fin  du  di\-se|)tiëme  siècle,  avait 
acquis  des  connaissances  assez  dteu- 
dues  en  chimie  et  en  botanique.  Bc- 
con ,  qui  se  trouvait  alors  intendant 
des  galères  dans  cette  ville  ^  songeant 
toujours  au\  moyens  d'être  utile  aux 
colonies  des  Antilles  qu'il  venait  d'ad- 
ministrer ,  regardait  comme  mi  des 
services  les  plus  importants  qu'il  put 
leur  rendre  ainsi  qu  à  la  mëre-patrie, 
de  faire  dresser  1  inventaire  exact  de 
toutes  les  richesses  que  la  nature  a 
de'parties  à  ces  climats.  Surian  hii 
panit  propre  h  remplir  cette  mis- 
sion ,  (l'autant  mieux  que,  vuson ha- 
bileté reconnue  en  chimie ,  il  pour- 
rait concourir  puissamment  à  l'en- 
treprise que  faisait  alors  l'académie 
des  sciences,  de  soumettre  toutes  les 
plantes  à  l'analyse  chimique ,  pour 
constater  leurs  vertus  médicales.  Su- 
rian accepta  avec  joie  cette  proposi- 
tion j  mais  ayant  besoin  d'un  com- 
pagnon ,  il  jeta  les  yeux  sur  le  P.  Plu- 
mier, dont  il  connaissait  les  profon- 
des connaissances  en  botanique  et 
surtout  rhabilete'  dans  le  dessin.  Plu- 
mier saisit  avec  empressement  l'oc- 
casion qu'il  cherchait  depuis  long- 
temps d'explorer  des  contrées  nou- 
velles, a  Ils  partirent  en  iG89,el  re- 
vinrent au  Dout  de  dix-huit  mois , 
charges,  dit  le  malin  P.  Labat.de 
<; raines,  de  feuilles,  de  racines,  de 
sols ,  d'huiles  et  autres  babioles ,  et 
de  quantité  de  plaintes  l'un  contre 
l'autre.  »  Il  y  a  apparence  quele  mi- 
nime avait  plus  de  raison   que  le 
uunlecin,  ou  qu'il  fut  mieux  écoulé, 
puisque  celui-ci  fut  congédié  et  que 
Plumier  fut  renvoyé  aux  îles  pour 
travailler  de  nouveau.  T/CS  deux  as- 
sociés s'étaient  donc  brouillés  ^  mais 


SDR 

on  n'en  dit  pas  le  motif.  Ib 

lèrent  dès-lors  séparément.  Le 

fut  que  le  P.  Phunier  publû 

vrage  qui  le  plaça  au  premi 

parmi  les  botanistes  (  F'tyy 

MiER  )  ,  et  que  Surian  de 

Catalogue  fort  sec  d'un  pet 

bre  de  plantes   désignées 

noms  des  pays,  qui  a  pai 

le  Traité  des  drogues ,  pai 

rv,  1698,  et  un  autre  Catal 

drogues  et  médicaments  dci 

imprimé  pag.  67-73  du  D 

curieux  de  Pomet  (  rqy,  ce 

Paris,  1709,  in  -  8<*.  Il  ne  f 

pas  étonnant  qu'on  envoyât  1 

seid  remplir  une  nouvelle  mis 

l'on  sait  quel  profit  la  science  i 

de  ses  trois  voyages.Cependanl 

avait  ime  qualité  précieuse  dan 

taniste  :  c'était  une  frugalite'  g 

«  Quand  il  partait ,  le  nôatii 

aller  herboriser ,  dit  le  P.  Li 

portait  avec  lui  une  caffetiëre 

cale ,  c'est-à-dire ,  qu'on  fait 

fer  avec  de  l'esprit  de  vin  ; 

ne  garnissait  la  sienne  que  d'il 

palma  christ  i  ou  de  poisson. 

tit  sachet  de  farine  de  manioc  « 

pagnait  la  cafetière.  Lorsqu' 

arrivé  au  lieu  où  il  voulait  tra 

il  suspendait  sa  cafetière  à  un< 

che  j  après  l'avoir  i-emplic  d' 

kilisier  ou  de  fontaine.  Il  cuei 

travaillant,  et  goûtait  les  her] 

lui  tombaient  sous  la  main  ^  < 

autant  d'anolis  qu'il  croyait  ei 

besoin  :  ce  sont  de  petits  lézai 

sept  à  huit  pouces  de  long ,  de  h 

srur  de  la  moitié  du  petit  doi 

peut  juger  ce  aue  peut  être  Icui 

(ju.iud  il  est  vidé  et  écorché ,  et 

gra  isse  il  peut  fournir  aux  herix 

lesquelles  ou  le  fait  cuire.  Une 

avant  son  rqias,  Surian  allun 

lampe ,  mettait  les  herbes  dans 

feticre  avec  autant  d'anolis  qu 


SUR 

re  pour  faire  un  bouil- 
uelques  grains  de  poivre 
piment  lui  tenaient  lieu 
picerie  ;  et  quand  ce  dî- 
t ,  il  vei'sait  le  bouillon 
de  Manioc ,  étendue  sur 
balisier.  C'e'tait  son  po- 
i  serrait  aussi  de  pain 
ses  auolis  ;  et  comme  la 
dangereuse  dans  les  pays  . 
afeticre  lui  servait  pour 
latin  et  celui  du  soir,  qui 
revenaient  jamais  à  plus 
six  deniers.  C'était  pour 
rai  lorsqu'il  pouvait  at- 
cnouille  :  elle  lui  servait 
irs  au  moins.  »  Une  telle 
ait  étonner  leP.  Labat, 
îhait  jamais  sans  s'être 
ressources  pour  bien  vi- 
au  milieu  des  bois.  Au 
Labat  attribue  à  l'excès 
rie  peut  venir  dn  zèle 
'nce  ;  nous  eu  aurions 
Iqnes  autres  exemples. 

contenterons  de  celui 
;liaux  qui  aurait  trou- 
;  de  Suriau  encore  trop 

car  il  passait  souvent 
irs  sans  faire  usage  du 
itcutant  des  provisions 
emportait.  «  Mais,  dit 
pourtaut  oui  dire  que 
Acliait  beaucoup  de  cette 
iLd  il  mangeait  hors  de 
l  n'en  était  pas  de  même 
;  car  quand  on  lui  pro- 
re  un  bon  dîner ,  il  s'en- 
dler  manger  dos  haricots 
:  dans  une  misérable  ca- 
levoir  mettre  ici  celte ma- 
•c  économique ,  continue 
que  ceux  qui  voudront 
icnt  à  qui  ils  en  doivent 
>  Mais  on  voit  que  Surian 
core  qu'à  son  apprentis- 
ri  de  pouvoir  soutenir  ses 


SUR 


227 


forces  avec  le  moins  de  frais  possible, 
a  II  travaillait  à  amollir  les  os  .con- 
tinue Labat  ,et  prétendait  faire  oonne 
chère  sans  rien  dépenser,  s'il  pouvait 
trouver  ce  secret;  mais ,  par  bonheur 

Sour  les  chiens ,  qui  seraient  morts 
e  faim  si  ce  galant  homme  eût  réus- 
si ,  la  discorde  se  mit  entre  le  minime 
et  lui,  et  les  obligea  de  se  séparer.  » 
On  voit  que  Surian  avait  été  sur  le 
point  d'enlever  à  M.  Cadet  Devaux 
mie  de  ses  plus  utiles  découvertes  pour 
l'économie  domestique,  la  gélatine 
des  os.  Le  malin  dominicain  n'épar- 
gnait pas  même  le  P.  Plumier  dans 
ses  plaisanteries;  mais  au  fond  il 
était  obligé  de  respecter  son  savoir  , 
comme  on  le  voit  par  la  manière  dont 
il  parle  de  leur  mission  :  a  Le  P. 
Plumier  avait ,  entre  autres  talents , 
un  génie  merveilleux  pour  la  botani- 
que ,  et  une  main  admirable  pour  des- 
siner ks  plantes.  Il  avait  été  envoyé 
aux  îles  avec  un  autre  provençal,  mé- 
decin de  profession  et  chimiste.  La 
cour  qui  les  entretenait  avait  destiné 
le  minime  pour  dessiner  les  figures 
des  plantes  entières  on  disséquées ,  et 
le  médecin  -  chimiste  pour  en  tirer 
les  huiles ,  les  sels ,  les  eaux  et  autres 
minuties  dont  on  se  sert  aujourd'hui 
pour  abréger  la  vie  des  hommes^  sous 
prétexte  de  leur  conserver  la  santé.  1» 
Il  (init  en  disant  :  a  A  l'égard  du  mé- 
decin ,  j'ai  su ,  étant  à  Marseille,  que^ 
continuant  son  travail  de  botaniste  ^ 
il  avait  apporté  certaines  herbes  qui 
lui  avaient  paru  merveilleuses  pour 
purger  doucement.  Il  en  fit  faire  de 
la  soupe ,  qui  fit  mourir  lui,  sa  fem- 
me, ses  enfants  et  sa  servante.  Ainsi , 
dit  charitablement  Labat,  devraient 
faire  tous  ses  confrefes  quand  ils 
veulent  faire  quelque  expérience.  » 
Dans  tous  les  ouvrages  de  Plumier  y 
on  ne  ti*ouvo  aucune  trace  de  la  més- 
intelligence dont   il  a  été  question. 


i5.. 


niS 


SUR 


Loin  de  lui  faire  aucun  l*eproc1ic ,  il 
honora  sa  racmoirc  du  plus  beau 
monument  qu'il  croyait  pouvoir  e'ri- 
ger  /  la  consécration  d'un  genre ,  en 
disant  que  Surian  eût  été'  un  second 
Dioscoride  pour  l'Amérique,  s'il  eut 
vécu  plus  long -temps;  car  il  méditait 
de  puolier  une  Pharmacopée  amé- 
ricaine, qu'il  avait  éprouvée  par  ses 
propres  expériences  ;  mais  l'ouvrage 
a  péri  avec  lui.  Plumier  donna  donc , 
en  l'honneur ,  de  son  associé ,  le 
nom  de  Suriana  au  genre  qu'il  forma 
d'un  arbuste  élégant ,  de  la  famille 
des  rosacées,  qui  se  trouve  sur  les 
bords  de  la  mer  dans  tous  les  pays 
éqnatoriaux.  D — P — s. 

SURIN  (  Jean-Joseph)  ,  écrivain 
ascétique  (  i  ) ,  né  à  Bordeaux  ,  en 
1600,  était  ûis  d'un  conseiller  au 
parlement  de  cette  ville.  Il  fui  élevé 
dans  la  piété ,  et  à  l'âge  de  quinze 
ans ,  il  oLtint  de  son  nerc ,  à»  force 
d'instances ,  d'entrer  chez  les  Jésui- 
tes. Tl  fit  son  noviciat  à  Bordeaux, 
et  fut  envoyé  à  la  Flèche  et  à  Rouen 

i)our  y  continuer  ses  études.  Son  goût 
c  portait  vers  la  solitude  et  vers  la 
vie  contemplative ,  en  même  temps 

2UC  sa  piété  le  rendait  propre  à  la 
ireclioii  des  consciences.  Des  l'âge 
de  trente  ans  ,  il  fut  regardé  comme 
un  bon  guide  dans  les  voies  de  la 
perfection,  et  l'on  apprend  par  ses  let- 
tres que  beaucoup  de  personnes  pieu- 
se* recherchaient  ses  conseils.  Il  se 
livrait  aussi  à  la  prédication  j  et  de 
Marenncs ,  où  il  résidait ,  il  visitait 
les  villes  et  les  campagnes  environ- 
nantes ,  s'appliquantà  toutes  les  fonc- 
tions de  son  ministère,  et faisantaimcr 
Dieu  par  ses  leçons  et  par  ses  exem- 
ples. Sa  haute  vertu  et  son  habileté 
dans  les  voies  intérieures ,  engagèrent 


^1)  NoiK   «von*  tmiTi    l'orthographe    ncliiffllr; 
ibiTs  le  tmi|)<,   un   l'ippelait  plu»  ^l'iirralcDicnt 


-SUR 

se$  siipérîeiirs  à  loi  confier  an  < 

délicat  et  périlleux  :  ik  Tenyo 

à  Loudun  ,  ponr  diriger  le  c( 

des  nrsulines ,  que  l'on  croya: 

possédées  du  démon.  Nous  ne  c 

pas  entrer  ici  dans  les  détails 

afiaire  qui  fit  tant  de  bruit , 

laquelle  on  a  porté  des  jngem 

divers  (  F'cjr.  GiUNDif a  )  j  ne 

marquerons  ponitantqae  Surii 

envoyé  à  Loudun  qii  après  la 

de  Grandier ,  et  que  par  cons 

il  n'eut  aucune  part  à  la  triste 

ce  curé.  Le  17  décembre  16 

partit  de  Marennes  pour  aile 

plir  sa  mission ,  et  fut  spécia 

chargé  de  diriger  la  mère  Jeai 

Anges,  prieui-e  du  couvent  des 

lines. Cette  fille,  qui  n*avaitpaa 

de  prudence  que  de  piété,  se  ti 

alors  dans  les  épreuves  les  pli 

gulières  et  les  plus  difficiles^ 

Surin  s'appliquait  surtout  11  1 

mer  à  la  vie  intérieure ,  et  à  lui 

rer  im  entier  détachement  et  i 

milité  profonde.  Un  manusa 

nous  avons  sous  les  yeux   1 

d'une  manière  très-circonstan< 

moyens  qu'il  prit  pour  cens 

fortifier  la  prieure  ;  lui-même 

échapper  aux  tourments  <ju'ei 

celte  lille.  Le  vendredi  saint  é 

née  i635^  il  tomba  aussi  d« 

état  fort  extraordinaire ,  et  c 

qui  le  raconte  dans  une  let 

P.  d'Attichy.  Près  de  deux 

passèrent  dans   une   alternai 

combats  et  de  calme  :  les  un 

gnaient  le  P.  Surin  d'être  so 

une  si  rude  épreuve  ;  les  au 

blâmaient  de  négliger  les  exor 

et  de  s'appliquer  davantage  I 

la  conduite  intérieure  des  relit 

A  la  fin  de  iC36  ,  ses  supéri« 

ordonnèrent  de  quitter  Ix)ud 

obéit  aussitôt,  et  étant  reto 

Bonleanx  ,  il  se  livra  de  nou^ 


SUR 

de  la  cbnirç.  Sod  père  mou- 
cette  e'poque ,  et  la  veuve  , 
conseils  de  son  fils,  entra 
carmélites,  où  sa  fille  avait 
profession.  Cependant  beau- 
personnes  demandaient  que 

retournât  à  Jjouduu  «  pour 
ce  qu'il  y  avait  commence  ; 
rieurs  l'y  renvoyèrent  donc 
,  et  la  prieure  fut  totalement 
le  1 5  octobre  de  cette  aimée, 
e  d'im  vœu  qu'elle  avait  fait 
vec  le  P.  Surin  au  tombeau 
çois  de  Sales,  mort  en  odeur 
été  y  quinze  ans  auparavant, 
t  le  voyage  séparément ,  en 
it  furent  accueillis  à  Anneci 
lère  de  Chantai ,  qui  vivait 
De  retour  à  Bordeaux,  Su- 
Lrouva  dans  un  état  presque 
isable  {i) ,  jouis.s.:nt  de  toute 
m,  et  cependant  privé  de 
:e  extérieur  de  ses  facultés  j 
uvait  ni  marcher ,  ni  parler, 
î,  et  était  en  proie  à  des  ten- 
'iolentes.  Dans  cet  état  humi- 
i  crut,  pour  sa  propre  sûreté, 
le  tenir  enfermé.  Objet  du 
les  uns  et  de  l'inquiétude  des 
il  eut  assez  de  force  pour  of- 
Dieu  ses  peines;   et  ce   fut 
>endant  celle  époque  de  dou- 
L"  tout  genre,  qu'il  composa 
tchisme  spiriluA,  et  les  Fort- 
s  de  la  vif!  spirituelle ,  qui 
écrits  sous  sa  dictée ,  aussitôt 
t  eu  état  de  parler.  Au  bout 

de  vingt  ans,  celle  situation 
î  se  calma  pcu-à-peu  ;  Surin 
•a  ,  en  i058,  l'usage  de  ses 
► ,  et  renoua  ses  correspon- 


ihwell  altrihue  «'n  parlir  cet  rl-il .  qu'il 
u><>ii'«*!U'iiicii(  .  <i  mi  Iwcuva^c  »|iie  «le» 
lui  avaient  «luiin-*  h  TiHtidiiii  prniiaiit 
ni.  Il  a'|uut<;  ciuc  le  P.  Surin,  ditun  aou 
ir  riiiiuulilr,  a\.iit  itrdiMnmcut  (Ifruandu 
-Ire  ttuu  pour  un  inM-nW,  ce  qu'il  ob- 
ct ,  '/uud  c/  n'-'tfts:  tandem  cblinuit. 


SUR 


i\^f) 


(lances  lom;- temps  iuterrompnes.  Ou 
a  un  graua  nombre  de  lettres  de  di- 
rection ,  qu'il  adresisait  à  diflërcntes 
personnes;  il  y  parle  avec  simplicité 
de  l'éîat  ou  il  avait  langui  pendant 
tint  d'années.  Le  prince  de  Conti , 
dont  la  conversion  avait  cte  si  écla- 
tante ,  estimait  le  P.  Surin ,  et  ils 
étaient  en  relation  de  lettres.  Ce  fut 
ce  prince  qui  fit  imprimer  le  Caté- 
chisme spirituel.  Le  jésuite  entrete- 
nait aussi  une  correspondance  avec 
des  personnes  distinguées  dans  le 
monae  cl  à  la  cour  ;  il  reprit  Texer- 
cicedu  ministère,  et  il  aimait  surtout 
à  se  rendre  utile  aux  gens  du  peuple, 
à  visiter  les  pauvres  â  la  ville  et  dans 
les  campagnes,  et  à  leiur  faire  des  ins- 
tructions a  leur  portée.  Les  malades 
les  plus  abandonnés  étaient  ceux  aux- 
quels il  donnait  plus  volontiers  ses 
soins.  Il  aurait  souhaité  retourner  à 
Londun  pour  y  visiter  les  personnes 
qu'il  avait  dirigées  autrefois  ;  mais 
ses  supérieurs  ne  jugèi-ent  pas  à-pro- 
pos de  le  lui  permettre.  Jeanne  des 
Anges  motuiit  à  Loudun ,  sur  la  fin 
de  janvier  i665.0n  a  un  grand  nom- 
bre de  lettres  du  P.  Surin  adressées 
à  cette  pieuse  fJle.  Il  lui  survécut 
peu,  et  mourut  le  ai   avril  i665. 
Sa  Vie  a  été  écrite  par  l'abbé  Bou- 
don,  et  publiée  à  Chartres,   1689, 
in-80.  ;  mais  cette  Vie ,  toute  en  ré- 
flexions ,  offre  très  peu  de  faits.  On 
a  suivi  principalement,  pour  cet  arti- 
cle, les  Lettres  spirituelles  du  P.  Su- 
rin ,  2  vol.  in-ia,  et  deux  manuscrits 
assez  curieux ,  dont  l'un  est  intitulé: 
Abrégé  de  la  véritable  histoire  de 
la  possession  de  Loudun ,  trois  par- 
ties formant    278  pag.  in -4®.,  et    * 
Conduite  du  P.  Surinenvers  Jeanne 
des  Anges  i  in-i'i.  Les  deux  seuls 
ouvrages  que  Surin  ait  mis  au  jour 
sont  le  Catédiisme  spirituel,  lOGi , 
1  vol.  in-ia ,  et  les  Fondements  de 


!i3o 


SUR 


la  me  spirituelle  ,  i66g,  iii-i8;  ils 
lurent  publiés  sous  ces  initiales  J.  D. 
S.  F.  P.  (  c'est-à-dire  Jean  de  Sainte- 
Foi,  Prêtre).  Us  ont  été' plusieurs 
fois  réimprima  et  traduits  en  italien. 
Les  Fondements  de  la  vie  spiri- 
tuelle y  sont  des  réflexions  sur  quel- 
Ïues  maximes  de  l'Imitation  ;  le  P. 
Iriguon  les  revit  en   ijo3,  et  en, 
donna  une  nouvelle  édition.  L'ou- 
vrage a  reparu  en  1824  ^  dans  le 
Recueil  de  la  Bibliothèque  catholi- 
que ,  avec  une  notice  incomplète  sur 
le  P.  Surin  ;  une  Notice  plus  étendue 
se  trouve  dans  VAmi  du  la  religion , 
tomes  XL1V  et  xlv.  Depuis  la  mort 
de  Suriu,  uu  a  public:  I.  Ses  Dialo- 
gues spirituels ,    revus  par    le  P. 
Champion,  1704,3  vol.  in-ix  IL 
Les  Lettres  spirituelles ,  qui  sont  in- 
téressantes, et  dont  il  y  a  eu  une 
dernière  édition  en  iSaS,  '2  vol.  in- 
1 2. ,  etc.  (3)  Surin  avait ,  de  plus , 
laissé  un  grand  nombre  de  manus- 
crits ,  dont  on  trouve  la  liste  dans 
sa  Vie,  par  Boudon,  pag.  2Ç)5  ,  et 
dans  Tcaition  de   i8:i4  <lcs  Fonde- 
ments de  la  vie  spirituelle ,  déjà 

dtCP  1         C    "  T 

SÛRIRliY.  rqy,  Saint-Remï. 

SURÏTA.  rqx.  ZuRiTA. 

SURIUS  (  Laurent  ) ,  écrivain 
ascétique ,  et  principalement  connu 
par  sa  compdation  des  Actes  des 
oaints ,  la  première  dans  laquelle  on 
aperçoive  les  traces  d'ime  saine  cri- 
tique ,  naquit,  eu  i5t2'A  ,  à  I^ubeck. 
Suivant  la  plupart  des  auteurs  ,  ses 

(3^  l.e  Pnàiiiatrtir dr  Viimour d«  Difn,  ouvrage 
po<tiinuieqaeM.  l'alibc  f^  Soumi*  a  publiecni7m), 
.î  Paria.  L'cJUrur  dil  qu'il  en  a  retouche  le  slvle , 
et  «ru'îl  n'a  ri«ni  chani;«*Hn  fî»nd  de  l'ouTrage.  Il  tnl 
iatilnlr:  <JueUion.t  sur  Vamourde  Dieu^  «lui  com- 
posent l<-s  fIcuT  premiers  livrt's;  le  troisième  e»l 
itiliUilé  :  Des  tUffii-riiti  tiegtvi  /H'Iii  s*rL-ver  à  un 
grand  tunour  jumr  Dieu,  <«uivi.s  de»  .-Ivit  udntairt\ 
ri  srntimctil\  nfffftitriix,  pui»  du  C/itctien  en  orat- 
«ufi,  eu  l'itriue  d'A'/i/rc/irn« ,  le  luut  extrait  de* 
ouvrage»  du  I*.  Suriu.  L'éditeur,  Irouvaul  ipi'iU 
n'avaient  pa%  asMs  d'onction ,  a  place  n  cuaqac 
rh.ipilrr  de»  arcctionn  <pii  y  sont  relativri.     T-D. 


SUR 

parents  avaient  embrassé  la  fé 
de  Lutber;  mais  Hartzbeim  ( 
ColoniensiSn  p-  3i8)>  dît  qn* 
élevé  dans  les  principes  de  i 
catholique  ,  que  son  père  ne 
jamais  de  professer.  Après 
achevé  ses  humanités  à  F nm 
il  vint  continuer  ses  études  k  Col 
où  il  eut  pour  condisciple  le  I 
nisius  (  F,  ce  nom  )  avec  leqw 
lia  d'une  étroite  amitié.  Le  g« 
la  retraite ,  et  ime  certaine  o 
mité  de  caractère ,  les  avaient  i 
inséparables.  Tous  deux  renon 
au  monde  pour  se  consacrer  ei 
ment  à  Dieu  ;  mais  Canisius 
dans  Tordre  naissant  des  Je 
et  Surins  prit  l'habit  de  saint  B 
dans  le  couvent  des  Gbartre 
Cologne,  en  t54^*  Dës-lors  il 
gea  sa  vie  entre  les  devoirs  q 
imposait  sa  rc|;le ,  et  la  cul  tu 
lettres.  Doué  d'une  ardeur  in: 
ble ,  la  mort  le  surprit  au  mi! 
ses  travaux^  le  28  mai  iS'jS, 
avait  beaucoup  de  simplicit 
piété  et  de  candeur.  C'est  ains 
parle  de  Thon  y  dont  le  témo 
n'est  pas  suspect.  Mais  on  doit 
cheràSuriusd'avoir,dans  Te! 
son  zèle ,  adopté  les  fables  le 
grossières  sur  tes  chefs  desrcfc 
et  applaudi  aux  massacres  delà 
Barthélemi.  Outre  des  tradi 
latines  des  ouvrages  ascétiqi 
Taulère ,  de  Rusbrock  ,  de  1 
ffclding ,  plus  connu  sous  le  0 
SidoniuSjéyêqxie  de  Mersburg,< 
rent  de  Harlem ,  de  Henri  Susc 
on  lui  doit  :  T.  HomiUœ  sivecon 
prœstantissimorum  ecclesiœ 
mm  in  tvangeliatotius  anni 


<i)  On  n'a  pa»  cru  devoir alonger  wt  s 
b  liiitc  de  toutes  Ira  Iraduclioii*  de  Surii 
trouvera  diUirt Ira  Mcmoirei  de  IViceron.  t 
et  plu»  détaillée  encore  dans  la  BibUoik.  < 
«Il  du  P.  Harlsbcim,  iiij*>»-  . 


SUR 

I ,  iS^ô  ,  iii-fol.  II.  Con- 
ia  tùm  gerwralia  tùin  pro- 
atque  jmrlicidaria  ^  ibid. , 

vol.  in-foL  II  dédia  cette 
au  roi  d'Espagne  Philippe 
3iina  Tordre  au  duc  d'Albe 
lupter  à  Taiiteur  cinq  cents 
comme  une  marque  de  sa 
•n.  Elle  est  depuis  long- 
►liée.  III.  Viiœ  sanctorum 
\io  Lipomanno  olitn  cons- 
bid. ,  iv'i'^o  ,  et  auuces  sui- 
vol.  in -fol.  Surius  rangea 
neilleur  ordre  les  Vies  des 
bliees  par  Lippomani  (  V, 
)CX1V  ,  55i  j;  il  en  retou- 
e,  eten  supprima  plusieurs 
lient  prêter  anx  critiques 
stants.  Il  enrichit  d'ailleurs 
i'un  j^rand  nombre  de  Vies 

manuscrits.  Aucun  agio- 
2  Tavait  égale  jusqu'alors 
iclitude  et  la  fidélité;  et  de 
ts  ,  en  applaudissant  à  son 
•n  s'empressa  de  lui  fournir 
ux  matériaux.  La  première 
t  promptemeut  épuisée.  Il 
,  des  i^-jC),  une  seconde; 
mort  prématurée  rcm])ècha 
-tlelà  du  troisième  volume. 
)sander  ,  son  confrère  ,  la 
et  y  joignit  un  septième  vo- 
•mposé  de  pièces  inédites. 
?s  ell'orts  (les  Protestants 
ier  le  recueil  de  Surius  (*i) , 
im])rimé  plusieurs  fois,  La 
édition  est  celle  d(î  Cologne, 
iséc  eu  .vu  tomes  (un  pour 
lois  )  ^  (pii  se  relient  ordi* 
t  en  VI  ou  vu  volumes  in- 
î  est  ornée  du  ])ortrait  de 
et  d'ur.e  Notice  sur  sa  Vie 


|>1  lia  «11-  ceux  «ini  l'.nil  le  plus  \\o- 
iniir  .  tbiUK  l«r  II  MO  /'♦•  nsn  ftntmm  , 
(Jin;il  l>i)iid  ^  Ih:  irhti%  litun^.  ,  lib.  i, 
i  )  -ic  iilniiil  iiusHi  (J(>.s  allrrutiiin.i  c]uc 
(«lucfuiN  lailcf)  aui  Aciu»  des  Saint», 
ri-  la  lecture  plu?  <  Uifiante. 


SUR 


•j3 


et  ses  Ouvrages.  Bollaudus  cite  avec 
éloge   ce  Recueil   {Acta  Sanctor. 
janu.y  I  ,  XII  ),  dont  il  existe  deux 
Abrégés,  et  dans  lequel  ont  largement 
puisé  tous  les  compilateurs  des  Vies 
des  Saints.  Tout  y  respire  un  esprit 
de  piété' ,  une  grande  candeur ,  et 
beaucoup  d*éruditiou  et  d'exactitude 
pour  le  temps.  IV.  Commentarius 
brevis  rerum  in  orbe  gestarwn ,  ab 
anno  1 5oo ,  Louvain ,  1 566  ^  1 567 , 
in'8®. ,  et  avec  im  supplément ,  Co- 
Joçne,  1602 ,  iu-8^. ,  traduit  eu  fran- 
çais et  en  allemand.  Cet  ouvrage  est 
une  suite  à  la  chronique  de  Naucle-. 
rus  (  F.  ce  nom  ).  Surius  rentrci)rit 
afîn  de  l'opposer  à  l'Histoire  de  la 
réforme  par  Sleidan  (  F,  ce  nom  )  j 
mais  il  n'avait  pas  les  talents  né- 
cessaires pour   lutter  avec  ^ivan- 
tage  contre  cet  historien.  Son  livre 
fut  néanmoins  continue  (  de  i566 
à  1 585  ) ,  par  Isselt ,  par  Brachel 
(jusqu'à  i65i  ) ,  ^ar  Tnulden  (jus- 
qu'à  1G60  ) ,  et  par  Henri  Brewer 
(jusqu'à  1673)  :il  est  aujourd'hui 
com])lètement  oublié.  —  Le  P.  Ber- 
nardin Surius  ,  recollet  ,  président 
du  Saint  Sépulchre  et  commissaire 
de  la  Terre-Sainte  es  années  1644  9 
1645,    1646,   1647,  a   écrit  son 
voyage  en  flamand,  et  ensuite  l'a 
traduit  en  français  sous  ce  titre  t  Le 
Pieux  Pèlerin ,  ou  F'qx^ge  de  Je- 
rusalem ,  divisé  en  trois  lii^res,  con- 
tenant la  description  topograplU- 
que  de  plusieurs  royaumes ,  pajrs , 
villes  ^  nations  étrangères  y  nommé- 
ment des  quatorze  religions  orien- 
taUfs ,  leurs  mœurs  et  humeurs  ^  tant 
en  matière  de  religion  aue  de  civile 
conversation }  joint  un  Discours  de 
VAlcorany  etc.   Bruxelles,   1666, 
in- 4".,  divisé  en  trois  livres  :  le  Pè- 
lerin voyageant ,   séjournant ,  re- 
tournant, W—  s. 
SURLET.  Fqr.  Chorieb. 


33a 


SUR 


SURREY  (Henri  Howard,  com- 
te de  ) ,  bon  poète  et  brave  guerrier, 
fils  et  petit-fils  de  deux  lords -tre'so- 
riersd' Angleterre  et  ducs  de  Norfolk, 
X]uiquit  vers  Tannée  i52o,  et  fut  éle- 
vé au  château  de  Windsor,  avec  le 
jeune  Henri  Fitzroy  ,  duc  de  Rich- 
mond ,  fils  naturel  d'Henri  VIII«  Ils 
firent  ensemble  le  voyage  de  Paris , 
en  1 53a.  Ce  furent  eux  ^ui  reçurent 
le  roi  d'Angleterre  à  Calais,  lorsqu'il 
vint  vbiter  Françob  P*".   Fitzroy 
étant  mort,  en  1 536 ,  à  dix-sept  ans, 
peu  de  temps  après  son  retour ,  Ho- 
ward passa  en  Italie,  portant  dans 
son  cœur  l'amour  que  lui  avait  inspi- 
ré une  des  plus  belles  femmes  de  son 
temps ,  qu  on  croit  avoir  été  Elisa- 
beth Fitzgerald ,  fille  du  comte  de  Kil* 
dare,  qu'il  a  immortalisée  dans  ses 
sonnets ,  sous  le  nom  de  Géraldine, 
Pendant  son  séjour  à  Florence ,  il 
publia  un  défi  à  tout  venant,  cliré- 
tien  ;  j  uif ,  sarrasin^  turc  ou  cannibale, 
pour  soutenir  la  beautésans  égaledesa 
maîtresse.  Demeuré  vainqueur  dans 
le  tournoi  institué  à  cette  occasion 
par  le  grand-<luc  de  Toscane ,  il  se 
proposait  de  signaler  ainsi  sa  valeur 
et  sa  fidélité  dans  toutes  les  grandes 
villes  de  l'Italie ,  lorsqu'il  fut  rappe- 
lé en  Angleterre  par  Henri  VI il.  Il 
eut  part  aux  actions  militaires  les 
plus  vrillantes  du  rèçne  de  ce  prince^ 
et  surtout  à  la  bataille  de  Flodden- 
Field ,  où  il  commandait ,  et  où  il 
obtint  le  titre  de  comte  de  Surrey. 
La  même  année ,  ce  guerrier  fut  en- 
fermé au  château  de  Windsor ,  pour 
avoir  mangé  de  la  vi^^nde  en  temps 
de  carême,  au  mépris  d'une  procla- 
mation royale.  En   i544>  *ors  de 
l'expédition  contre  Boulogne ,  il  fut 
nommé  maréchal-de-camp ,  et  après 
la  prise  de  cette  ville,  en  i546,  ca- 
pitaine -  général  de  l'armée  an^aise 
en  Francç^  et  rcçu^  eu  uwe  temps 


l 


SUR 

l'ordre  de  la  Jarretière^  e 

été  battu,  quelques  mois  a 

les  Français,  en  voulant  i 

un  convoi,  ce  fut  une  cii 

que  ses  ennemis ,  les  Seyin 

sirent  pour  chercher  à  le 

fut  accusé  d'avoir  ambitioi 

de  la  princesse  Marie,  enn 

per  la  couronne^  etd'avoii 

armes  royales  aux  siennes 

u'on  put  prouver,  c'est 

lit  que  le  roi  était  mal  ce 

'excusa  sur  l'impétuosité 

nesse;  mais,  livré  à  un  simp 

était  dévoué  aux  passions 

naire  Henri  YIIl ,  il  fut  d 

pabie  de  haute-trahison,  ei 

tranchée  à  Tower-Hill ,  le 

-1546-7.  Ce  monarque^  qi 

tant  pour  sa  coui'onne ,  n 

même,  neuf  jours  après,  : 

forfait  de  plus.  Le  comte 

est  le  premier  Anglais ,  pj 

blesse ,  qui  ait  eut  comme: 

Muses.   Il  est  l'inventcu 

blanc,  et  a,  conjointemc 

Th.  Wyat,  concouru  à  d 

poésie  anglaise  un  peu  de 

ceur  de  la  poésie  italien 

n'avait  pas  avant  eux.  L< 

plus  distingués  de  l'An» 

célébré  son  mérite.  Poj 

Foret  de  fFindsor ,  en  lui 

le  lord  Landsdown  (  Grs 

célébré  dans  des  vers  châ 

Hn*«  noble  Sarrry  fett  tbe  cacr 
Sarrey,  tLe  GrauviJIe  of  a  for 

Ses  Poésies  ont  été  impi 
celles  de  Th.  Wyat  et 
autres  poètes  contemporai 
in-4**.j  et  en  i565,  i5 
1 574,1 585,1 587  .D'apr 
de  Pope ,  elles  furent  réi 
Londres ,  in-80. ,  1 7 1 7  ; 
ment,  dans  la  collection 
Poètes  aTiglais  du  docteu 
d'Ëdiobourg;  et  enfin  eo 


SUR 

•  de  notes  critiques  et  hi9- 
le  Mémoii-es  biographi- 
.  divers  auteurs,  par  G.- 
lo  distingue ,  parmi  ses 
»  Sonnets  plus  naturels 
î  Pe'trarque ,  sur  lesquels 
>urrey  s'était  forme ,  et  la 
les  deuxième  et  quatriè- 
ie  y  Enéide  (  1 557  ) ,  où 

Sremier  essai  de  ce  yers 
ont  Milton  et  Thomsou 
itardunsibel  usage.  S-d. 
ÂjE  (  Mabgueuite-Éléo- 

ILDE  DE  VaLLON-ChALIS, 

naquit  vers  Tan  1 4o5 ,  à 
iteau  sur  la  rive  gauche 
le.  Des  sa  plus  tendre  en- 
donna  des  preuves  de  ses 
à  peine  âgée  de  onze  ans 
lit  en  vers  une  ode  de  Pe'- 
es  malheurs  qui  suivirent 
e    de  Charles  VI  ayant 

la  capitale  à  un  grand 
î  familles,  elles  viment 
m  asile  sur  les  rives  du 

l'Isère  et  de  la  Durance 
h  in  comptait  beaucoup  de 
Clo tilde  eut  le  bonheur 
jur  compagnes  plusieurs 
>,  dont  l'esprit  et  le  goût 
uèrent  pas  médiocrement 
e  sien.  En  i4^i  >  elle  coa- 
la  Bérengcr  de  Surville, 
me  de  vingt-deux  ans ,  et 
i  même  année ,  maigre'  la 
•re  récente  de  sa  mère.  A 
ié ,    Bérenger   fut  oblige 
lindre  l'armée  de  Charles 
s  dauphin.  C'est  pendant 
ice  que  Clotilde  composa 
re  he'roide,  dans  laquelle 
la  violence  des  feux  de  Sa» 
•e'tend  que  celte  pièce  ayant 
ee  au  célèbre  Alain  Char- 
t  que  l'auteur  n'aurait  ja- 
de la  com*.  On  ajoute  que 
cmcût  naquit  l'antipatûie 


SUR 


a33 


et  le  mépris  que  Clotilde  montre  en 
divers  endroits  pour  le  poète  ro]rai. 
Pendant  les  sept  années  de  son  union 
avec  Bérenger ,  elle  s'occupa  de  re- 
fondre le  grand  poème  qu'elle  avait 
commencé  sous  le  titre  de  fygda^  ^ 
miTy  et  le  fît  entrer  dans  le  j^Ian  de 
sa  Phéljrpeîde.  Elle  entreprit  aussi 
le  roman  héroïque  et  pastoral  du 
Chastel  d^ amour.  Ayant  perdu  son 
époux  au  siège  d'Orléans,  un  fib 
unique^  encore  en  bas  âge ,  lui  resta 

Sour  la  consoler.  Tout  entière  à<  l'c- 
ucation  de  cet  enfant,  elle  s'occupa 
de  revoir  ses  premiers  ouvrages  et 
de  les  corriger.  On  croit  même  qu'à 
cette  époque  elle  dut  commencer  des 
Mémoires  qui  sont  perdus,  et  dont 
les  premiers  livres  contenaient  l'hb- 
toire  de  l'ancienne  poésie  française. 
Vers  i45o,  elle  maria  son  fils  à  Hé- 
loïse  de  Goyon  de  Vergy>  qui  niou- 
rut  en  i468.  Ce  fils  suivit  de  çrès 
son  épouse  au  tombeau  ;  et  Clotilde 
n'eut  plus  alors  de  consolation  que 
dans  la  société  de  sa  petite-fille  Ca- 
mille, qui  ne  l'abandonna  jamais,  et 
renonça  pour  elle  au  mariage.  Ca- 
mille mourut  à  quarante-cinq  ans , 
et  Clotilde ,  plus  qu'octogénaire ,  ré- 
solut d'aller  respirer  pour  la  derniè- 
re fois  l'air  pur  des  lieux  de  sa  nais- 
sance. C'est  là  quelle  apprit  la  nou- 
velle de  la  victoire  de  Fomove ,  et 
qu'elle  composa  son  Chant  royal 
adressé  à  Charles  VIII.  Depuis  cette 
époque  elle  .n'a  plus  rien  écrit  j  Clo- 
Ulde  éuit  âgée  de  plus  de  quatre- 
vingt-dix  ans  quand  elle  mourut.  On 
croit  que  ce  fut  à  Vessaux ,  et  qu'on, 
l'y  inhuma  dans  la  même  tombe  qui 
renfermait  les  cendres  de  son  fils., 
d'Héloïse  et  de  Camille.  Les  poésies. 
de  Clotilde  de  Surville  ont  été  pu- 
bliées en  i8o3 ,  sous  plusieurs  for- 
mats ,  par  M.  Vanderbourg.  P«a. 
d'ouvrages  ont  donne  lieu  à  aut^nlt 


!l34 


SUR 


de  critiques;  et  il  faut  conveiiir'que 
parmi  les  objections  qui  ont  cHé  fai- 
tes,  il  en  est  quelques-unes  auxquel- 
les il  est  difficile  de  répondre.  Beau- 
coup de  gens  croient  encore  que  la 
plupart  de  ces  poésies  ont  été  com- 
posées par  le  marquis  J.  E.  de  Sur- 
Tille  (f\  sonîarticle  p.  23^  ci-après). 
En  effet  y  que  Ton  ote  aux  poé- 
sies de  cette  dame  l'orthographe 
antique  souvent  recherchée  jusqu'à 
raffectation ,  on  y  trouvera  toute  la 
pureté  du  langage ,  le  choix  varié  des 
mesures,  le  scrupule  des  élisions; 
enfin,  rentrelacenicnt  des  rimes  , 
règle  aujourd'hui  consacrée,  mais 
inconnue  au  temps  de  Giotilde ,  et 
même  dans  le  seizième  siècle.  En 
supposant  que  ces  poésies  aient  été 
écrites  sous  les  règnes  de  Charles  VI 
et  de  Charles  VII ,  comment  se  fait- 
il  que  l'épouse  de  Bérengcr  ait  eu  un 
langage  si  épuré,  vivant  dans  une 
province  où  la  langue  française  était 
ignorée?  On  s'efforcerait  en  vain  de 
croire  quelle  a  pu  se  raicontrcr  avec 
Voltaire  dans  la  disposition  d'un 
conte  dont  Miltou  a  fourni  le  sujet, 
et  avec  Bcrquiu ,  dans  le  sentiment 
d'une  romance  charmante.  En  trte 
de  ses  œuvres  se  trouve  la  traduction 
d'une  ode  de  S.iplio ,  et  l'on  sait  que 
presque  tous  les  ouvrages  de  cette 
femme  poète  ne  nous  sont  point  par- 
venus. Denis  d'ilalicamasse  a  cou- 
serve'  V Hymne  à  Vénus ,  et  Longin 
r  Ode  à  une  maîtresse.  Les  œuvres 
de  ce  dernier  furent  imprimées  à 
Bâle,  en  î  554 ,  et  Clotilde  ne  peut  en 
avoir  eu  connaissance.  On  objectera 
peut-être  que  Clotilde  a  pu  se  ser- 
vir des  vers  do  (^a  tulle  à  Lesbie,  qui 
sont  une  traduction  do  VOde  de  ^Or 
pho;  mais  la  première  édition  de  ce 
poète  a  été  publiée  à  Venise,  en 
i47'^- ,  et  celle  de  Vossius,  où  les 
deux  pièces  de  Sapho  sont  corrigées, 


SUR 

ne  parut  k  Lejde  qu'en  1 
ne  peut  yoir  dans  vHéroii 
renier  qu'une  allusion  i 
aux  événements  des  demiën 
du  dix-huitième  siècle.  Il  e 
sible  d'expliquer  dans  le  F 
la  nature  et  de  tunipers, 
tilde  composa ,  dit-on ,  k 
ans ,  commait  elle  peut  s 
Lucrèce ,  dont  l'ouvrage  n' 
encore  découvert,  et  qui  fu 
pour  la  première  fois ,  à  Br 
1473;  et,  en  supposant  qu'ell 
nu  des  manuscrits,  on  ne  c 
mais  qu'elle  ait  pu  parler  di 
tellites  de  Saturne ,  dont  le 
fut  observé  par  Huygens^  c 
et  le  dernier  par  Herschell ,  « 
Il  serait  aisé  d'ajouter  enc< 
faits  contradictoires ,  et  de 
que  les  pièces  de  poésie  c 
aans  le  discours  prélimin 
qui  sont  attribuées  à  quelq 
mes,  sont  toutes  controuvéc 
sumé^  il  est  possible  qu'u: 
du  nom  de  Clotilde  de  Su] 
existé,  qu'elle  ait  fait  des  T< 
soit  distmguce  par  ses  poési 
en  examinant  le  recneil  pir 
le  nom  de  cette  dame ,  on  1 
qu'une  production  moderne 
de  laniDcaux  antiques.  M. 
ville ,  qui  est  réputé  avoir  é 
trefacteuret  l'auteur  de  la  j 
de  partie  du  recueil ,  s'est  se 
foule  d'expressions  qu'il  a  c 
qui  n'ont  jamais  existé  dan 
gue  romane.  A  une  foule  d 
mes ,  simplement  assujétis  i 
minaison  française^  se  join 
thographe  bizarre ^  compd 
grand  nombre  de  mots  qui 
naissance  dqns  le  seizième  s 
[)eut  consulter  sur  cette  qu( 
article  de  M.  Raynouard 
ré  dans  le  Journal  des  sa 
juillet  i8ii4*  Àti  surplus  y 


SUR 

loësies  de  Glotilde  contient  des 
s  d'une  noble  et  naïve  simplici- 
ikisieurs  d*eutre  elles  renferment 
pensées  fines  et  délicates  ,  de 
mantes  descriptions  ,  et  des 
tés  très-remarquables.  Une  nou- 
•  fsdition  des  Poésies  de  Glotilde 
lurvillc  a  paru  eu  i8ti5,  Paris, 
». ,  in- 1 2  et  m''6i,       R — t. 

[JRVIIXE  (  L0U1S-Ch  ARLES   DE 

IXFORT,  marquis  de),  général 
^ais  y  était  issu  d'une  ancienne 
lie  1^  originaire  du  Périgord. 
é  parmi  les  pages  ,  il  embrassa 
onnc  lieiirc  la  profession  des  ar- 
f  et  servit  d'auord  comme  vo- 
lire  à  l'armée  de  Flandre.  Il  fut 
mé  colonel  du  l'égimcntdc  Tou- 
î ,  en  1684  f  et  signala  sa  valeur , 
tête  de  ce  corps  daus  les  jour- 
de  Fleurus  et  de  Stcinkerque.  8a 
!  conduite  lui  mérita  le  grade  de 
idier  avec  la  place  de  lieutenant- 
œl  dans  le  régiment  du  roi.  Il 
battit  sous  les  ordres  du  duc  de 
rgogne,  pendant  la  guerre  de 
icccssion ,  et  contribua  même  à 
ctoire  remportée  sur  les  Hollan- 
devaut  Nimèguc.  Nommé  Jieu- 
it- général ,  il  fut  employé  eu 
nagne  ^  et  décida  le  gain  de  la 
ilie  de  Spire,  en  enfonçant,  avec 
giment  du  roi  ,  sept  bataillons 
mis  ,  dont  la  déroute  entraîna 
de  l'armée  impériale.  Il  reçut , 
;oB  ,  un  coup  de  mousquet,  a  la 
ise  de  Lille  ,  attaquée  par  le 
ce  Eugène  et  Marlborougli.  L'an- 
suivante  ,  il  fut  assiégé  dans 
mai.  Apres  vingt-un  jours  de 
cbée  ouverte,  il  fut  obligé  d'a- 
lonner  la  ville  ,  et  se  retira 
;  la  citadelle,  qu'il  ne  rendit  que 
3  de  vivres  et  de  munitions.  Fcu- 
rcs  lui  reproche ,  dans  ses  Me- 
'es  (  V>  FeuqiÈrus  ),  de  n'avoir 
employé  tous  les  moyens  qui  se 


sim 


zA^ 


trouvaient  à  sa  disposition  pour  con- 
server cette  place  imjportante  ;  mais 
l'enquête  faite  dans  le  temps  justifia 
pleinement  sa  conduite.  Pendant  oe 
si^  mémorable,  Surville  fit  frapper, 
pour  les  besoins  de  la  garnison,  trois 
sortes  de  pièces ,  de  deux  et  de  huit 
sols ,  en  cuivre ,  et  de  vingt  sols ,  en 
argent.  Cette  dernière  monnaie,  pour 
laquelle  il  avait  donné  sa  vaisselle , 
représente  d'un  côté  le  buste  du 
gouverneur ,  couronné  de  laurier  y 
et  au  revers ,  les  armes  de  Tournai , 
avec  le  nom  de  AT.  àe  SurvUle  (  F". 
le  Recueil  de  Pièces  obsidionàles  , 
par  Duby^  pi.  18  et  19).  Il  était 
sans  exemple  qu'un  gouverneur  eût 
placé  son  emgie  sur  la  monnaie  qu'il 
avait  été  dans  la  nécessité  de  frap- 
per. La  cour  témoigna  son  méconten- 
tement de  cette  nouveauté;  mais  le 
S  résident  de  Boze  répondit ,  an  nom 
e  l'académie  consultée  par  le  minis- 
tère ,  que  les  pièces  de  siège  n'étaient 
pas ,  à  proprement  parler  y  des  mon- 
naies y  et  que  par  conséquent  Sturille 
n'avait  préjuoicié  d'aucune  manière 
aux  droits  du  souverain  (  F.  les 
Me'm,  de  Vacad.  desinscrip,^  i., 
!i82  ).  Surville  mourut  à  Pans  le  19 
décembre  17^11 ,  âgé  de  soixante- 
trois  ans.  W — s. 

SURVILLE  (Jean-Fraïiçois-Ma- 
RiE  de),  otUcierde  marine,  naquit, 
en  1 7 1 7 ,  au  Port-Louis  en  Bretagne. 
Dès  l'âge  de  dix  ans ,  il  commença  la 
rude  carrière  de  la  mer ,  et  navigiia 
au  service  de  la  compagnie  des  In- 
des, ainsi  que  son  frère  aîné.  En  1 764 , 
il  commanda  le  vaisseau  la  Renom- 
mée ,  pour  le  voyage  de  l'Inde  et  de 
la  Chme.  En  1756,  ses  talents,  sa 
bravoure  et  ses  connaissances  nauti- 
ques lui  firent  donner  le  commande- 
ment du  vaisseau  le  Duc  d^  Orléans  y 
de  soixante  canons,  avec  lequel  il  fit 
une  partie  des  campagnes  de  llude , 


a36 


SUR 


sous  k  comte  d*Aché,  qui  demandft 
et  obtint  pour  ce  jeune  officier  la 
croix  de  Saint  -  Louis.  Dans  tous  les 
combats  de  cette  guerre  malheureu- 
se ,  Surville  se  distingua  par  son  in- 
trépidité' et  la  plus  rare  présence 
d*esprit.  Il  prit  le  commandement 
du  Centaure,  après  la  mort  de  son 
frcrc  aine' ,  tué  dans  une  action ,  en 
1^57;  niais  le  Centaure  ayant  été 
condanme'  à  l'Ile-de-France,  Surville 
passa  sur  la  Fortune ,  de  soixante- 
quatre  canons.  Ce  vaisseau ,  charge' 
de  troupes  et  de  passagers ,  se  trouva 
avoii'  plusieurs  voies  d'eau  à-la-fois. 
Avciti  de  ce  danger,  Surville,  eut 
Tadressc  et  le  boulieur  d'arriver  jus- 
qu'à la  hauteur  de  Fisch-Bay ,  sans 
que    son   cquipace    ni  personne   à 
Lord  eût  pressenti  l'horreur  de  cette 
situation^  soif  dans  le  langage  y  soit 
sur  la  ligure  du  commandant.  A  cet 
atterage ,  qui  est  à  cent  lieues  à  Test 
du  cap  de  Boune-Ëspérance ,  le  vais- 
seau échoua.  Sui'vilie  jouait  avec  les 
femmes  et  les  enfants ,  dans  la  cham- 
bre du  conseil ,  au  moment  où  son  or- 
dre secret  s'exécuta ,  au  grand  e'ton- 
nemcut  de  tous.  11  ramena  les  soldats, 
les  passagers  et  l'équipage  entier,  par 
terre ,  au  Cap ,  sans  avoir  perdu  un 
seul  homme,  ni  rien  des  bagages  et 
de  la  cargaison.  Il  repassa  alors  en 
France ,  après  dix  ans  des  campagnes 
les  plus  actives  et  les  plus  honorables. 
Peu  de  temps  après,  il  reçut  une  nou- 
velle marque  de  coniiance,  par  la 
mission  que  la  compagnie  des  Indes 
lui  donna  d'aller  rétablir  la  ville  de 
Pondichéri  )  et  il  eut  en  même  temps 
le  brevet  de  gouverneur  en  survivan- 
ce de  cette  colonie  y  et  en  rempht 
les  fonctions,  en  l'absence  de  liaw 
de  Lauristou.  Ses  talents  et  son  cou- 
rage toujours  calme  inspiraient  une 
confiance  aveugle  à  ceux  qui  étaient 
sous  SCS  ordres.  Un  seul  trait  Suffira 


SUR 

pour  £ûre  juger  de  sa  fcnnetë  Xi 
et  de  sa  présence  d'esprit.  T^  feu  prit 
un  jour  a  un  vaisseau  qu'il  comuuuh 
dait;  le  vent  soufflait  avec  force,  d 

Soussait  les  flamo]ies  dans  h  raâtaR^ 
e  manière  à  menacer  le  bAtimert 
de  l'embrasement  le  plus  «rtak 
Sunrille  monte  sur  le  pont,  juge  k 
danger ,  et  voit  le  remède  an  mt- 
me  instant.  Il  ordonne  de  revîrer  de  < 
bord  :  les  matelots  obéissent.  Celte 
seule  manœuvre  chassa  la  flamne 
hors  des  agrès ,  et  sauva  le  Taisseu. 
Tel  était  l'habile  marin  à  qui  Law, 
gouverneur  de  Pondichéri ,  et  Gbe- 
valier ,  gouverneur  de  Chandenugor, 
proposèrent,  ai  176g,  de  l'associer 
a  un  armement  d'une  grande  impor^ 
tance  pour  le  commerce  et  la  naviga- 
tion. Il  s'agissait  d'aller  prendre  pos- 
session d'une  île  de  la  mer  du  dod, 
découverte,  disait -on,  par  les  Aa- 
glab,  et  distante  de  sept  cents  licoes 
des  côtes  du  Pérou.  Il  fallait  d'abord 
trouver  cette  île ,  dont  la  renommée 
exaltait  l'opulence.  Il  parait  qu'aa 
défaut  de  ce  hasard  heureux,  dont 
on  n'avait  pour  garant  que  des  d(»- 
nées  vagues^  les  armateurs  s'élaieirt 
assurés  d'une  permission  de  oommcT' 
cer  de  leur  cargaison  à  Callao,  dnt 
le  gouvernement  espagnol  ne  permet- 
tait pas  l'entrée.  Surville  dirigea ,  à 
Nantes,  la  construction  du  iSmrC- 
Jean-Baptiste ,  excellent  voilier,  ar* 
mé  de  trente  -  deux  pièces  de  canon. 
Il  prit  des  vivres  pour  trois  ans  ci 
tout  ce  qui  était  nécessaire  à^un  éq«- 
page  destiné  à  soutedir  des  fatigues 
de  tous  les  genres.  Nommé  commaa- 
daut  de  cette  expédition,  et  ayait 
à  son  bord  vingt-  quatre  soldats  èi 
bataillon  de  l'Inde,  il  appareilla  dais 
la  baie  d'Ëngeli,  dans  te  Gang^,  k 
3  mars  1 769.  Il  se  dirigea  sur  lesPki* 
lippines  ,  reconnut  les  îles  Babonya- 
nes ,  côtoya  les  îles  Baschi  ^  arri- 


ï 


î 


SUR 

i3  octobre  f   à  une   terre 

(i) ,  et  jeta  l'ancre  dans 
ju'il  nomma  le  port  Pras^ 

insulaires  Jiii  ayant  enie- 
baloupe,  Survillc,  pour  les 
ileva  et  emmena  quelques- 
Jre  eux  ;  ce  qui  fit  succéder 
3nstrations  d'amitié  un  com- 
rtrier^  qui  coûta  beaucoup 
ss  aux  malheureux  insulai- 
;ux  soldats  blesse's  à  l'ëqui- 
*s  hostilités  exercées  contre 
firent  donner  à  cette  terre  le 
rsacideMn  la  quittant,  après 
couvert  plusieurs  petites  îles, 
ut,  le  17  décembre,  la  Nou- 
ande ,  et  y  jeta  l'ancre,  dans 

qu'il  nomma  baie  de  Lau- 
M  fond  de  celle  baie ,  se  trou- 
nse ,  qu'il  nomma  anse  Clie- 
?n  l'honneur  des  deux  chefs 
édition.  Il  est  remarquable 
is  le  même  moment,  le  capi- 
»ok  relevait  les  deux  pointes 
nent  l'entrée  de  cette  vaste 

qu'il  nomma  baie  Double, 
t  si  grande,  qu'il  n'est  pas 
ant  que  ces  deux  navigateurs 
ient  pas  reucontrés.  Surville 
I  peu  de  jours  à  la  Nouvelle 
.  Un  larcin  ayant  été  commis 
habitants,  il  lit  mettre  le  feu 

cases,  enleva  quelques  In- 
t  fut  accusé  d'avoir,  par  ces 
»  et  ces  violences  ,  peut  -  être 
ires ,  préparé  les  esprits  féro- 
:es  insulaires  à  la  vengeance 
arion  (  r.  ce  nom  )  fut  victi- 
1 77  I .  Surv  ille  quitta  la  Nou- 
ilaude,  cl  passa  dans  la  mer 
à  la  recherche  de  cette  île  pro- 
objet de  son  voyap,e.  Le  scor- 
a  disette  d'eau  le  forcèrent  de 
Ta  la  découvrir,  et  de  gagner 


(le  Salomon,    r<comiur$  eu  1788  ,    par 


SUR  237 

au  plus  vite  les  cotes  du  Pérou.  Il 
aperçut  la  barre  de  Chiles  le  5  avril 
1770.  Pour  avoir  quelques  heures 
plus  tôt  l'audience  qu  il  desirait  du  vi- 
ce -  roi ,  il  voulut  passer  la  barre  en 
canot.  Le  temps  était  très-mauvais  r 
la  force  des  James  entraîna  la  frêle 
barque  sur  la  barre ,  où  elle  chavira  ; 
et  le  malheureux  Surville  périt  dans 
les  flots.  Il  fut  enterré  à  Lima,  avec 
les  honneurs  dus  à  son  titre  de  gou- 
verneur de  Pondichéri.        S — y. 

SUR  VILLE  (  le  marquis  Joseph 
Etienne  de  )^  né  dans  le  Yivarais , 
vers  1 760  ,  entra  au  service  dans  le 
régiment  de  colonel-général,  et  fit 
les  campagnes   de  Corse  et  celles 
d'Amérique^  où  il  se  distingua  par  son 
intrépidité.  Se  trouvant  ensuite  en 
garnison  à  Strasbourg ,  il  eut  avec 
un  Anglais  une  querelle  sur  le  courage 
de  la  nation  britannique  qui ,  selon 
kii  ,    n'était  brave   que  dans  l'i- 
vresse. L'Anglais  ne  s'étant  pas  cru 
capable  de  relever  ce  propos  ,  en 
chargea  on  de  ses  compatriotes  qui 
habitait  l'Allemagne  ;  et  celui-ci  en^ 
voya  un  cartel  à  Surville  ,  qui  se 
rendit  sur  la  frontière  du  duché  de 
Deux-Ponts,  où  les  deux  champions , 
après  s'être  fait  réciproquement  une 
légère  blessure,  se  séparèrent  pour 
ne  plus  se  revoir.  Le  marquis  de 
Sui*ville  avait  mis  en  vers  très-pi- 
quants le  récit  de  cette  aventure; 
mais  il  ne  l'a  jamais  communiqué 
qu'à  ses  amis.  Il  émigra ,  en  1791  ,    , 
et  fit  dans  les  armées  des  orinces  les 
premières  campagnes  de  la  révolu- 
tion. Rentré  en  France  ,  en  1798, 
avec  une  mission  du  roiLouisXvIll, 
il  fut  arrêté  dans  le  département  de 
la  Loire  ,  et  traduit  devant  une  com- 
mission militaire  au  Puy.   Il  tenta 
d'abord  de  déguiser  son  nom  ;  mais 
voyant  qu'il  ne  pouvait  y  réussir,  il 
se  dit  hautement  commissaire  du 


!238 


SUR 


roi  y  et  marcha  à  la  mort  avec  beau- 
coup de  courage  (octobre  1798  ).  Il 
avait  contië  à  sa  femme  le  mamis- 
crit  des  Poésies  do  Clotilde  de  Sur- 
ville ,  Tune  de  ses  aïeules  (  F.  ci- 
dessus  l'article  de  Clotilde  de  Sur- 
ville )  y  qui  fut  imprime'  en  i8o3  , 
et  dout  Tauthenticité ,  après  vingt- 
deux  ans ,  donne  encore  lieu  à  des 
doutes  et  à  des  discussions.  Ce  qu'il 
y  a  de  sur  y  c'est  que  l'auteur  de  cet 
article,  qui  vit  le  marquis  deSurville 
à  Paris  en  1790  ,  eut  communica- 
tion du  manuscrit  y  et  qu'il  le  trouva 
dès-lors  complet ,  et  tel  qu'il  a  été 
imprime  en  i8o3.         D — p — s. 

SUS-iNNE ,  fille  d'Hclcias  ,  était 
parfaitement  belle ,  et  craignant  Dieu, 
ayant  été'  insti-uite  par  ses  parents  , 
selon  la  loi  de  Moïse.  Elle  avait 
épousé  Joakim,  delà  tribu  de  Jiida  ; 
et  elle  le  suivit  à  Babyloue,  lors- 
qu'Israët  y  fut  conduit  en  captivité , 
par  Tordre  de  Nabuchodonosor  (  F, 
ce  nom  ),  Joakim  avait  conservé  de 
grandes  richesses,  qu'il  employait  à 
soulager  ses  compatriotes.  C'était 
dans  sa  maison  que  le  peuple  tenait 
ses  assemblées  ;  et  les  juges  ,  établis 
pour  rendre  la  justice  dans  Israël ,  y 
donnaient  leurs  audiences.  Ces  juges, 
(pic  l'Écriture  nomme  des  >iejllaixls 
(  1  ) ,  fiu'cnt  frappés  de  la  beauté  de 
Susaniic ,  et  coiiçurcut  pour  elle  une 
ardente  passion.  Long-temps  ik  tin- 
rent carnées  leurs  vues  criminrlles  ^ 
mais  s'élant  faitmutuellemcniraveu 
de  leur  fol  amour ,  ils  se  coucertcrent 
sur  les  moyens  de  le  satisfaire.  Un 
jour  que  Susanne  était  au  bain  ,  ils 
saisirent  l'instant  où  elle  venait  d'é- 
loigner ses  femmes,  pour  lui  déclarer 
leurs  désirs  impudiques  ,  la  mena- 
it) i.r  l'iiii  ImIiith  itlcniiH  .  MKiiilic  «pilcmriil 
inrini  et  iupc.  IMusii'urt»  rrili«j«,n"i»  ««n»  il'uur  pni"*" 
nue  lo  lilio  dft  vieillard»  (^uv  I  iCcnliirtt  itnniie^iiux 
(iigihtlc  Sii>aniir,  u'a  |)oiitt  ia|»l»«»rt  3i  I«mii  ini-, 
Utnif  .\  Imr  <li|(iiifv. 


SUS 

çant  ,  si  elle  n'y  consentait  ,  de 
Taccuscr  d'adultère.  Helas  !  dit  Su- 
sanne y  je  ne  vois  que  péril  et  qn'an- 
goisse  de  toute  part  :  mais  j  aine 
mieux  mourir  sans  avoir  commis  le 
mal ,  que  de  pécher  en  la  préwce 
du  Seigneur.  Alors  die  éleva  la  vflii 

Eour  appeler  ses  lenunes.  LesTidS- 
irds  irrités  poussèrent  aussi  ds 
grands  cris,  auxquels  aocoururentles 
serviteurs  de  Joakim.  Le  lendemai% 
ils  firent  venir  devant  eux  SusaïaSy 
et  mettant  leurs  mains  sur  sa  tte. 
jurèrent  qu'ils  l'avaient  surprise  ano 
un  jeune  homme.  L'assemUée  la 
crut  y  et  Susanne  fot  condamnée  à 
mort  tout  d'une  voix.  Gomme  on  la 
conduisait  au  supplice  ^  Daniel  (  F, 
ce  nom  )  alo^  enfant ,  et  incoom 
dans  Israël ,  s'écria  :  Je  suis  inno- 
cent du  sang  de  cette  femme.  On  lu 
demanda  ce  qu'il  voulait  dire  par  ces 

Saroles  ;  et  il  ajouta  :  Pourquoi  con- 
amnez-vous  une  fille  d'Israël,  sans 
vous  assurer  si  elle  est  coupable? 
Daniel  obtint  que  Susanne  serait  jo- 
gée  de  nouveau  ;  et  les  deux  vieil- 
lards^ ayant  été  interroges  séparé- 
ment ,  furent  convaincus  de  faux 
témoignage  ,  par  les  contradictjons 
de  leurs  réponses  ,  et  coudamnéi  à 
la  peine  qu'ils  avaient  youId  fiÛK 
subir  à  Susanne  (  Voy.  le  Linv  de 
Daniel^  ch.  xiii  )•  La  peinture  et  la 
gravure  ont  souvent  reproduit  Su* 
siinne  surprise  par  les  vieillards  :  la 
poésie  s'est  empai*ée  aussi  de  cesuiet, 
mais  avec  moins  de  succès  (a).  W-s. 


I 


(a)  mm.  lUrrr.  Rndet  rt  DnfonlviQn  o«l  fiiil 
jnurr  mir  le  lliv^lrt;  dii  Vniideville,  le  i3  i 
i^f).!.  In  Cha\tr.  Sunmne,  rauderille  en  d 
iiiiiiriiui- 1.1  iiH'iiii'  aiintH.'  ;  mai»  dont  In 
tutitMi!*  furent  dvfvndue»  liirs  dn  iugcmcBt 
riv  Aiiluiutttf  ,  |>iirrr   qu'un  trouva  de  1* 
ruirv  le  iu|;vuiriit  pnMitiucc  runtrc  SaaaaiM  ffl 
lui  que   le   Irihunal  revohitiuuuaire  aTaît 
contre  la  reine.  M.  Hlache  a  dooM  aa  tT  " 
la  Porte-Saint- Martin,  le  a  ianvicr  1B17, 
intitule  le»  Drux  yiciltmnU  et  Sntamne  , 
reprei>eutMtiou»   «uni    defradnet    dfpiiM    qari^w 


di 
kl 
Im 


sus 

JSARION ,  le  plus  ancien  ijoèle 
[|ue  grec ,  donna  ses  premières 
tentations  vers  Tan  SBg  avant 
ère.  Il  c'tait  ne'  dans  un  petit 
;  de  l'Attiquc,  nomme  Icaric  j 
;  pièces  y  dont  les  sujets  étaient 
s  et  puises  dans  l'histoire ,  re'us- 
t  sur  le  théâtre  d'Athènes.  Lui 
autre  poète ,  appelé Dolon ,  eu- 
pour  récompense  un  panier  de 
i  et  un  tonneau  de  vm,  qu'ils 
portèrent  sur  un  quadrige.  C'est 
e  nous  apprennent  les  marbres 
ros.  Casaubon  et  d'auties  mo- 
s  ont  confondu  Susarion  avec 
)ète  comique ,  appelé  Sanny- 
,  dont  parlent  Suidas  ,  ainsi 
hénée  qui  nous  a  conservé 
B  vers  de  lui.  CeSannypon  était 
nporain  d'Aristophane,  qui  s'est 
é  de  son  extrême   maigreur. 

F— A. 

SON  (le  B.  Henri),  célè- 
»cétique ,  était  né  probablement 
stance,  dans  les  premières  an- 
lu  quatorzième  siècle,  de  pa- 
illustres.  Il  est  désigne  quelque- 
ar  le  nom  de  Henri  de  Scws 
Seuse  ) ,  parce  qu'il  était  de  la 
Kî ,  ou  par  celui  de  frère  Henri 
d  ,  dont  il  a  souscrit  ses  ouvra- 
.  l'âge  de  treize  ans  il  prit  l'ha- 
saint  Dominique  à  Constance, 
envoyé  par  ses  supérieurs  à 
ue,  pour  y  achever  ses  études. 
)ur  qu'on  lisait  au  réfectoire, 
it  l'usage,  quelques  chapitres 
vres saints,  cnleiKlant  ces  mots: 
référé  la  sagesse  aux  royaumes 


Uu  Mil"!»!»!!.!»!!»-  ,  i<)ii«'  ?i  l'Ambigu  «  «irui- 
OMÏ  pour  siiirl  la  l'ha*t.  Suutnnr.  Antdiiie 
,  mort  ni  \!i->' .  a\..il  fait  mic  lr;ij;i'Jic  de 
.  Vnf  miirc  jiii  cr  «ou-»  le  iMt'-inr  lilrr,  im- 
eu  ij8i  ,  ;i  |M»iir  auteur  Didier  Oriet  ; 
LcduclMt  <-l  Aiiloinc  Moatilirelirn  ont 
ite  ckacuii  *c  «uicl  (  /  «>r.  MoNICHRES- 
;XfX.  ,  4? 5  )•  Plw'cur»  trapi'dic*  laliiie.t 
tnlres  :  Sutannn  (  y-.'jn  \c  ralaioj;ub  de 
Vrylc  ).  A.  H— T. 


SUS  a39 

et  auK  trônes,  et  j'ai  cru  que  les  ri- 
chesses n'étaient  rien  en  comparai- 
son (  Sagesse,  vu  ,  8  )^  il  se  sentit 
comme  entraîne  à  la  poursuite  de  la 
perfection,  et  s'écria  tout  transporte  : 
«  Je  vais  m'appliquer  de  toutes  mes 
forces  à  me  procurer  la  sagesse;  si 
je  la  possède,  je  serai  le  plus  heu* 
reux  des  hommes*  »  Il  renonça  dès 
ce  moment  aux  habitudes  du  siècle 
qu'il  avait  conservées  dans  le  cloître; 
et  ayant  résolu  de  se  consacrer  à  la 
carrière  ëvangciique,  s'y  disposa 
par  la  prière,  la  méditation  et  les 
rigueurs  de  la  pénitence.  Après  dix 
ans  d'épreuves,  il  reçut  de  ses  supé- 
rieurs 1  oidre  de  commen<^r  sa  sainte 
entreprise.  Les  provinces  d'Allema- 
gne, mais  principalement  la  Souabe 
et  l'Alsace,  furent ,  pendant  plus  de 
trente  ans ,  le  théâtre  de  son  sèle  et 
de  ses  prédications.  La  pureté  de  ses 
mœurs  ne  put  le  mettre  à  l'abri  des 
attaques  de  l'envie:  mais  les  efforts 
des  méchants  ne  firent  qu'afCermir 
son  ouvrage  ;  et  après  avoir  vu  ses 
travaux  couronnés  par  d'abondantes 
moissons,  il  termina  sa  vie  pénitente 
à  Ulm,  le  a5  janvier  .i  366.  Henri 
possédait  le  don  de  contemplation 
au  degré  le  plus  éminent.  Outre  des 
sermons  et  des  lettres ,  on  a  de  lui 
plusieurs  opuscules  ascétiques ,  écrits 
avec  une  simplicité  et. une  onction 
admirables,  durius  a  recueilli  ses 
OEuvres^  qu'il  avait  traduites  en 
partie  de  l'allemand ,  et  les  a  pu- 
bliées, précédées  de  la  He  de  l'au- 
teur, par  Elisabeth  Staglin,  une  de 
ses  pénitentes  (i) ,  Cologne,  i555  , 
i588,  i6i5,in-8».  Elles  ont  été 
traduites  en  français  par  D.  Nicole 
Lecerf ,  chartreux  à  Gaillon,  Paris, 
i586,  i6i4,  in-8^  ;eteniulienpar 


V I  )  Celle  Vie  a  clé  iii.scrcu  i»ar  le  P.  Hcnschon  , 
dans  les  Acta  toncloium  .  au  Jt5  )au>ier. 


a4o 


SUS 


le  P.  Ignace  dcl  Ncrtc ,  Domimcain , 
Rome,  i663,  in-4«.  Parmi  les  ou- 
vrages asce'tiques  de  noire  auteur, 
on  distingue  le  Dialogue  de  la  sa- 
gesse ,  que  Surius  n'a  donne  que  d'a- 
Î)rès  une  traduction  allemande.  Henri 
'avait  compose'  cependant  en  latin  , 
sous  ce  titre  :  Ilorologium  sapicn- 
tiœ  œternœ.   Indeperoiamment  des 
copies  qu'on  en  trouve  dans  plusieurs 
bibliothèques,  il  a  été  imprimé,  Paris, 
1 480 ,  in-40.;  et  on  en  cite  une  édit. 
sans  date,  que  Ton  croit  antérieure. 
Le  P.  Quetif ,  qui  dit  que  cet  ouvrage 
était  estimé  dans  le  temps  à  Técal 
de  V  Imitation,  en  a  publié  le  prolo- 
gue dans  la  BibL  script,  ord.  Frœdi* 
crtf  or., d'après  un  mauuscrit  du  fonds 
de  Colbert.  Il  fut  traduit,  dès  iSSg. 
par  un  religieux  franciscain  de  Neuf- 
château  en  Lorraine.  Cette  version , 
dont  la  bibliothèque  du  Roi  possède 
un  superbe  manuscrit  sur  vélin ,  dé- 
coré de  quatre  belles  miniatures ,  a 
été  retouchée  pour  le  slvle ,  et  pu- 
bliée par  les  chartreux  ae  Paris  (  qui 
supprimèrent  le  nom  de  l'auteur  et 
celui  du  traducteur  )  sous  ce  titre  : 
Çx  commence  l'éloge  de  Savience, 
nouvellement  translatée  de  latin  en 
français ,  Paris,  Ant.  Vérard,  i493> 
in-fol.  L'exemplaire  de  dédicace , 
offert  par  rimprimeiir  au  roi  Char- 
les VIII ,  est  orné  de  vinct-cinq  mi- 
niatures (a).  De  Vienne,  chanoine  de 
la  Sainte  Chapelle  de  Viviers  en  Brie, 
a  publié  une  nouvelle  traduction  du 
Dialogue  de  la  saeesse  avec  son 
disciple ,  Paris ,  1684,  in-i  a  ;  mais 
elle  est  défectueuse.  Il  en  existe  des 
versions  anglaise  imprimée  dès  1 483, 
et  flamande.  Le  P.  Jean  Jarry  prieur 
de  la  chartreuse  de  Fontenay ,  a  tra- 
duit quelques  Traités  spirituels  de 


(»")  M.  V«n  Pract  en  «  <ionn«?  U  description  dé- 
tatllre  daii«  le  Catal,  des  livres  sur  vtlim ,  I,  34* 
et  nuiTanlrs. 


SUS 

Benri  Suson  (  F.  la  Bibliatk 

Duverdier,  ii,  44^)*  EnGn  le  cl 

de  Viviers  ,  qu'on  vient  de  < 

traduit  son  Dialogue  de  la 

Paris,  1701 ,  in- 1 a.  Fa^.  p< 

de  détails  ,Echard ,  Scriptore 

Prœdicator,,  i,  653-59.     ^ 

SUSSMILCH  (  Jean  -  Pi 

économiste  et  théologien  ail 

né  à  Berlin  y  en  1708,  étudia 

la  médecine  ;  mais  ses  par 

destinant  à  la  tbéologie,  1  cm 

à  Halle,  d'où  il  se  rendit  i 

pour  compléter  son  instruc 

obtint  ensuite  une  charge  d'à 

de  régiment  y  et  fut  appelé' pi 

fois  à  prêcher  dans  le  cabmi 

Frédéric-Guillaume.  Il  fit  les 

gnes  de  Silésie  avec  son  régi 

faillit  être  tué  dans  le  presbyi 

village  cerné  par  les  AutricI 

retour  de  cette  guerre  y  il  fui 

prévôt  de  l'église  de  Côln ,  à 

et  membre  du  consistoire. 

vrage  intitulé    de  t  Ordre 

lui  ouvrit  les  portes  de  Vi 

des  sciences  de  Prusse  ;  et  M; 

l'engagea  à  faire  un  cours  p 

la  même  matière.  Il  fut  un 

teur  distingué;  mais  son  z* 

porta  jusqu'à  signaler  en  cha 

une  virulence  peu  évangel 

écrivain  nommé  Edelmann, 

bli  dans  sa  paroisse^  ne  se 

de  parler  ni  d'écrire  contr 

vôt.  Au  consistoire,  Sussmil 

tous  ses  soins  au  bien-être  d 

et  écoles  de  Prusse.  Dans  se 

littéraires  ,il  a  été  le  premie 

magne  qui  ait  essayé  de 

morale  en  rapport  avec  V 

politique.  Ayant  été  frapp< 

lysie ,  en  1 763 ,  il  fit  ses  ac 

communauté  dans  un  ser 

chant ,  languit  encore  qu( 

nées ,  et  mourut  le  1 7  mars 

principal  ouvrage  de  Sussn 


sus 

il  donne  une  grande  re- 
;  son  Traité  de  V ordre 
e5  variations  du  genre 
is  le  rapport  des  nais- 
?5,  etc.  On  avait  donne 
en  Allemagne  surtout, 
ion  à  rarilhmctique  po- 
nilch ,  ayant  examiné  al- 
lés registres  des  naissan- 
ît  mariages,  fut  frappe' 
Itats  ;  et ,  envisageant  ces 
a-fois  en  théologien  et  en 
il  entreprit  cet  ouvrage 
roir  la  main  de  la  Provi- 
les cvéuemenls  en  appa- 
ntcls  (le  la  vie  humaine. 
s  morlnlilés,  le  rapport 
es  et  de  la   progéniture 
pulation  ,  les  dillërences 
lite  dans  les  grandes  vil- 
nirg?î   et  les  campagnes. 
Missmilch  ne  paraît  pas 
rque'  que  les  releve's  sur 
se    fonde   n'avaient  pas 
its   avec  l'exactitude  ne'- 
ussi  quelques-unes  de  ses 
ont  été  trouvées  fausses , 
les  tables  statistiques  ont 
onnées.  Selon  Siissmilcli , 
r  année,  dans  les  villes  , 
t  sur  trente -cinq  à  Irente- 
lans   les   cani|)agnes ,   un 
ute- quatre.    Il    s'en  faut 
up   que    cette  ])ro[JOrtion 
ncnt  exacte   pirtout.    Au 
travail,  fruit  de  pénibles 

et  d'un  esprit  solide , 
Titc  du  ])ublic.  Mis  au  jour 
en  17  v*v»  il  f^'t  réimprime 
ugmentalious  ,  en  17O1,  u 
•.;  3^.  édit. ,  1765.  Après 
l  en  parut  une  quatrième , 
?c  un  3'".  vol.  rédigé  par 

Siissmilch  a  inséré  une 
on  sur  la  concordance  des 
l'Orient  et  celles  d'Occi- 
is  le  recueil  des  Mémoires 

XLIV. 


SUT  241 

de  V académie  des  sciences  et  bel- 
les-lettres  de  Berlin^  année  17 45» 
L'auteur  y  établit  des  rappoits  entre 
les  langues  celtiques  et  orientales , 
par  Ta  comparaison  de  près  de  cent 
mots  pris  seulement  dans  la  lettre  R. 
Pelloutier,  dans  la  préface  de  son 
Histoire   des    Celtes  ,    avoue    lui 
être  redevable  d'un   grand  nombre 
de  notes.  On  ne  sait  ce  qu'est  deve- 
nu un  Glossaire  auquel  il  travaillait 
depuis  plusieurs  années.  Pende  temps 
avant  sa  mort,  il  avait  compose  une 
Disseitition  sur  la  langue  primitive. 

D— G. 
SUTTON  (Thomas),  né  à  Knaith 
dans  le  comté  de  Corke,en  1 53*2,  fut 
secrétaire  du  comte  de  Warwick ,  et 
servit  en  Ecosse  ,  et  contre  les  Es- 
pagnols, sur  mer_,  par  oidre  d'Elisa- 
beth. Très-riche  de  son  patrimoine, 
(pi 'augmentèrent  encore  d'heureuses 
spéculations  et  un  riche  mariage  ,  il 
dépensait  son  bien  à  secourir  les  indi- 
gents ;  et ,  désirant  perpétuer  ses  bien- 
faits, il  acheta^  pour  trente  mille  livres 
sterling,  la  Chartreuse  de  Smithfield, 
au  comté  de  SufToIk ,  et  la  convertit 
eu  un  hôpital  pour  les  pauvres  ,  (pii 
subsiste  encore  sous  le  nom  de  Char- 
ter-flouss,  La  cour  lui  fît  offrir  la 
pairie ,  s'il  voulait  nommer  son  hé- 
ritier le  duc  d'York ,  qui  fut  depuis 
Charles  1*^^.;  mais  peu  j  aloux  des  hon- 
neurs ,  il  aima  mieux  consacrer  son 
immense  fortune  (  il  avait  environ  un 
million  cinquante  mille  francs  de  re- 
venu ,  somme  énorme  pour  ce  temps 
là) ,  au  soulagcme;^  des  malheureux. 
Cet  homme  bienfaisant  mourut  le  1 1 
décembre  161 1 ,  et  fut  enterré  dans 
l'églige  de  son  h(jpital.  —  Sutton 
(Samuel)    inventa,  en    1740,  nne 
méthode  de  désinfecter  les  vaisseaux 
par  des  tuyaux  de  communication 
avec  le  feu  des  cuisines.  Cette  mé- 
thode, qui  fui  aussitôt  adoptée ,  a  été 

16 


^42 


SOT 


depuis  perfectionnée  en  France  et  en 
Angleterre.  —  Robert  Sutton  ,  et 
sou  (ils  Daniel,  se  sont  rendus  cclc- 
hrcs  en  Auj^lelerre,  eu  perfeclion- 
uaut  la  pratique  de  Tinoculation  de 
la  pctitc-veroîc.  Robert  établit,  eu 
1737,  à  Dcbcnliam  (Suflblk),  une 
maison  de  saute',  où  eu  dix  aiLS  ,  il 
inocula  2'm4  sujets  sans  en  perdre 
un  seul.  Daniel  simplifia  rucure  sa 
méthode,  viut  s'établir  à  lugatesto- 
ne  (Esse\  ),  puis  à  Lundres.  Dims- 
dale  (  F,  ce  nom  ) ,  donna ,  en  1 7(37 , 
les  de'tails  de  ce  Iraitcnieut  simpli- 
fie, et  quoique  son  livre  eut  ele,  dès 
1772,  traduit  eu  iVanrais,  les  Sut- 
ton  couliuuaiont  d'avoir  inio  jurande 
vogue,  et  pass.jiout  pour  l'aire  mys- 
tère d'une  paitie  de  leur  proccd'J.  J. 
J.   Garda  ne  jïubliii    Le  secret   des 
Sutton  dé\>oilé y  la  Haye,  1774  ?  P-^- 
ris,  177O,  iu-12,  et  ce  niudc  con- 
servateur ne  taida  pas  à  se  propa- 
ger en  France  (  /'.  Dkzotkux  ) ,  où  il 
a  même  quoKjucfois  essaye  de  lutter 
contre  I.»  vaccination  '  ^'. rior.Tz).  Z. 
SUVÉK  (  JosKPH-Biir^oîr),  pein- 
tre ,  ne  à  Bruges, en  1743,  fut  place' 
par  sa   famille  chez  un  peintre  de 
celte  ville ,  et  acheva  de  se  former  à 
P.'jris,sous  Hachelier.il  concourut 
pour  le  grand  i)rix,  et  quoi({ue  etr.in- 
ger,  Tubtiiit, (Ml  177  1 ,  le  gouverne- 
mont  aY.'inlbicu  voulu  dérogera  Tusa- 
ge  eu  .va  faveur.  L'académie  l'agréa 
eu  i77(),etle  reçut, l'aunee suivante, 
au  nombre  de  ses  uunihrcs.  Los  élu- 
des aprofoudies  (ju'il  avait  fiiitos  dos 
Erîufipes   de  sou  art  ,  le  porùrent 
ieutôtnu  professorat.  En  lin  en  i7()'.î, 
Suvoe  f'il  nomme  direclenr  de  Tocoie 
de  Frauro  à  Rome.  Los  onig(  s  de  la 
révolution  ,  ];eudaut  Irsqueis  il  fut 
incarrcrc  ,  étant  ]>asses ,  il  se  rendit 
à  sou  poste  (  1801  ).  Sou   premier 
soin  fut  d'y  reorgaiiisiT  rac.idciuie, 
anéantie,  pendant  cette  malheureuse 


suz 

époque  (F.  Menageot).  Son  amovr 
pour  son  ait,  son  désir  de  remplir 
dignement  la  place  qui  lui  était  con-    ' 
ficc  y  lui  fiient  surmonter  toutes  les 
diircultes.  De>i  récole  était  parfai-    1 
tement  etabUe  à  la  Villa  Médicis,    ; 
et  il  allait  jouir  du  fruit  de  ses  tn-    ' 
vaux,  lorsque  la  mort  vint  le  siu^ 
prendre  le  9  février  1807.  Bienfai- 
sant et  sensible  y  quoiqu'un  peu  lif ,    : 
Suvée  eut  le  secret  de  se  faire  des 
amis ,  et  celui  encore  plus  rare  de 
les  conserver.  Si  cet  artiste  ne  pos- 
sédait pas  cette  vigueur  de  couleor 
et  cette  ii erté  de  touche  qui  impo- 
sent au  premier  coup  d'oeil,  il  connais- 
sait parfaitement  cette  harmonie  et 
cette  suavité  qui  plaisent  toujours. 
Sqs  compositions  étaient    remplies 
de  grâce  ,    et  l'expression   de  ses 
titcs  douceetsentimeutaie.  Parmi  ses 
nombreux  ouvrages  ,  on  distin;;iie: 
une  OcscetUe  dii  Saint-Esprit  et  une 
yidoration  des  rois  ,  qui  se  voient  , 
dausuueéglised'Ypres,  etquis'yfont 
admirera  coté  d'une  Assomption  de  J. 
Jordaeus  ;  une  Résurrection  ^  faite 
pour  l'église  de  Saiut-Donat;  la  Jifoft  ; 
de  Culigni;  nue  Naissance  delà  Via^ 
^e  y  tableau  sur  lequel  il  fut  agréé  de 
l'académie.  On  se  rappelle  encore 
avec   plaisir  son  tableau  de  SaiÉL , 
Denis  ,  celui  de  Saifit  François  àt  " 
Sales  et  dcV"".  de  Chantai,' Peniit 
temps  avant  la  mort  de  cet  artiste ^ 
l'Institut  l'avait  reçu  au uombredestf 
correspondants.  L'auteur  de  cetart^ 
clo  a  ('crit  r.ne  Notice  de  Suvée,  qu*3 
a  lue  à  re'cole  spéciale  de  peinture, 
et  ini[)rinK'e cbins le  Courrier deVEor  ^ 
rope  et  des  spectacles ,  du  27  joi"  [ 
1 808.  On  a  un  Étoile  historique  de 
Suvée,  par  Joaohim  Lebrcton  {M0* 
^as,  EncrcL ,  1807  ,  vi ,  55  ).  P-i- 
SU  VV  AROW.  r.  Souw ARow.      ^ 
SUZ  A  N  N  ET   {  Pierre  -  Jka»-  . 
Baptiste  CoimAifT ,  comte  dc)>| 


suz 

généraux  vcndccns,  naquit 
, ,  dans  le  Poitou  ,  au  cliâleau 
larditTC  ,  près  de  Monlaigu. 
germain  de  Henri  de  la  Ro- 
uelein,il  reçut aveclui  la  pre- 
Incation  ,  ainsi  que  celle  ôes 
militaires  de  Sorèr.e  et  de 
,n  1 788,  il  entra  dans  îe  rér- «- 
:s  gardes-françaises.  Apics  la 
n  de  ce  corps,  il  demeura 

temps  dans  une  inaction 
Dès  que  les  circonstances  le 
ut ,  il  olT'rii  ses  services  aux 
français,  sous  lesquels  il  fit 
pagne  de  ï  792  ,  ca  qualité' 
enant  des  hommes  d*armes. 
îusuile  accompagne  son  père 
eterre  ,  sa  valeur  s'y  trouva 
leeparla  fatalité  des  conjonc- 
mais  il  put  du  moins  y  dé- 
un  zMe  actif  et  touchant  eu 
des  émigrés  ,  ses  compagnons 
une  (1).  En  179^,  il  fut  du 
ombre  de  ceux  qui ,  dans  le 
at  d'ïlcrvilly  ,  échappèrent 
sacre  de  Qnibcron.  Après  ce 
e,  il  alla  rejoindre  Cliaretle, 
î  tardant  pas  à  le  distinguer , 
ifia  le  commandement  d'une 
1.  Ce  général  l'ayant  charge 
demander  au  gouvernement 
ique  des  secours  qui  deve- 
indispensahlcs  ,  il  s'acquitta 
lission  avec  une  ardeur  que  le 
aurait  dû  mieux  couronner, 
'il  revint  dans  la  Vendée  ,  à 

les  dangers  les  plus  immi- 
il  apprit  la  fin  tragique  du 
qui  l'avait    envoyé.     Iloche 


»»ron  HfSu7auTi<'l  ,  «on  pi-rc,  clail  i  liMrpc 

isirihucr  1<>  «tt  .mis  af  ci>r«l«'5  par  Icgoii- 

l  aiiglaii.  n    r»>si<|:i  |)r«*q»i<*  riHi>(,«mi<UMit 

rrre ,  <-l  n<*  revint  en  l'rancr  ffii'cn  i8i4. 

'Hl  ,  cjiii  I»'  «li>ti-i2ii.«il  particuliirriiiPn»  , 

vice  aniinil  ,  grund'-cioii  (!<'  l'ordre  de 

lis,  el  meml>«<'  du  con-.»?!!  de  inarim».  I,c 

iRi5  .    qnuifju»- Ire  .s-!<()iinr3nl ,    il   sr  lit 

d'assister  au    «crvue   fisiiM>re  de  Luuis 

,-    fui  w»»!»!   d'iiu   violent    liisson,   qui  le 

■  u  lonibcan  .  le  17  IVvr  c  r  tuirsint. 


SUZ  145 

<?lant  parreim  k  soumettre  les  dé- 
partements de  l'Ouest ,  enjoignit  au 
comte  de  Suzannet  de    Sirtir    de 
France  ,  et  le  fit  conduire  aux  fron- 
tières de  la  Suisse,    Celui-  -i  ne  fut 
pas  long-temps  sans  revoir  e  sol  na- 
tal :  au  commencement  de  1797  ,  il 
vint  à   Paris  se  concerter  avec  les 
agents  du  roi  Brotier  et  LavJlIeheur- 
nois.  La  révolution  du  18  fructidor 
an  v  ('4  septembre   1797)  l'ayant 
forcé  de  suspendre  ses  projets,  1  An- 
gleterre était  le  pays  où   l'appelait 
l'intérêt  de  la   cause  qu'il  servait. 
Un  séjour  de  six  mois  à  Londres  le 
mit  à  portée  de  renouer  ses  négo- 
ciations avec  l'Ouest  de  la  France. 
Bientôt  il  s'y  rendit  ,  charge   de 
commander  l'armée  qui  s'était  cou- 
verte de  gloire  sous  Gharette  ,  et  il 
Î)répara  les  mouvements  qui,  vers 
a  fin  de  T799  ,  éclatèrent  contre  la 
république.  Grièvement  blessé  dans 
une  affaire  engagée  presdeMontaigu, 
il  investit  de  son  autorité  le  j^ne  et 
intrépide  Grignon,  qui  périt  dans 
une  action  près  de  Chambreteau.  Au 
milieu  des  périls  qui  l'environnaient , 
le  comte  de  Suzannet  avait  trouvé 
un  asyle  dans  la  chaumière  de  bons 
paysans  (  les  frères  Michelot  ) ,  dont 
il  reçut  les  soins  affectueux ,  et  qui 
méritent  un  souvenir.   En  1800  ,  le 
commandement  dont  il  fût  revêtu , 
s'étendit  sur  toute  la  rive  gauche  de 
la  Loire.  A  cette  époque ,  Je  premier 
consul  voulut  affermir  son  poirvoir 
naissant  par  une  pacification  géné- 
rale. Quelques  royahstes  accueilhrent 
d'autant   mieux  ses    propositions  , 
qu'ils  se  flattaient  de  lui  voir  jouer 
le  rôle  de  Monk.    Suzannet ,   aussi 
avare  du  sang  de  ses  soldats  que  pro- 
digue du  sien,  embrassa  cette  illu- 
sion. 11  eut  même  à  triompher  de  la 
résistance  de  plusieurs  des   siens  , 
qui ,  sans  prenare  conseil  de  leur  po- 

16. 


245  suz 

sitioii  difilcilc; ,   menaçaient  de  Uier 


w  de  Légc  ;  j'aime  mieux  pc'rir  que 
î)  de  causer  inutilement  la  mort  de 
«  gens  tels  que  tous.  »  A  ces  mots  , 
le  calme  renaît ,  et  le  licenciement  s'o- 
père.Buonaparte,n' étant  point  rassu- 
re' sur  les  tentatives  que  méditaient 
les  généraux  vendéens ,  ne  se  bor- 
na pas  à  les  tenir  en  surveillance; 
il  iil  enfermer  au  Tc'mple  les  comtes 
de  Suzannetel  d'Andigné  (2).  En  juil- 
let 1801  j  ils  furent  transfe're's  au 
château  de  Dijon ,  ensuite  au  fort 
Saint-André  ,  enfin  au  fort  de  Joux. 
Après  un  an  de  captivité  rigoureuse 
dans  cette  dernière  prison  ,  ils  par- 
vini'eut  à  s'évader.  Le  premier  con- 
sul, craignant  qu'ils  ne  se  fussent  ré- 
fugies dans  les  contrées  où  leur  pré- 
sence pouvait  ranimer  des  hostilités, 
consentit  à  la  levée  du  séquestre  mis 
sur  leurs  biens  ,  à  condition  qu'ils 
résideraient  à  cent  lieues  de  Paris. 
Le  séjour  de  Suzannet  fut  fixé  à  Va- 
lence. I^  procès  de  George  Cadou- 
dal  et  de  Picbegni  l'exposant  à  de 
nouveaux  orages,  il  s'en  garantit 
par  la  fuite,  et  s'estima  fortlieureux 
d'avoir  seulement  reçu  l'oixlre  d'al- 
ler eu  Allemagne.  En  1807 ,  il  ob- 
tint la  permission  de  revenir  dans 
sa  patrie  y  et  l'année  suivante ,  il  put 
même  habiter  les  lieux  qui  l'avaient 
vu  naitie.  La  couronne  impériale 
paraissant  fixée  sur  la  tête  de  Napo- 
léon ,  les  ressources  des  plus  chauds 
amis  de  la  légitimité  se  réduisaient  à 
une  pénible  résignation.  Apri'S  avoir 
consumé  sa  jeunesse  dans  des  agita- 
tions toujours  renaissantes,  dans  des 
espérances  tou  joins  déçues,  le  comte 


l'j)  Vi.xf/  l'ui  lir!r  (il*  <-r  di  iliÏT  (l-u*  i  •  /.";;/fi- 
fihir  il  t  hoin'tii  \  »•■'■■    '.'f 


suz 

de  Suzannet  chercha  le  bonheur  dans 
une  union  bien  assortie ,  et  le  trouva 
en  épousant  W^^.  d'Autroche  Des- 
marais ,  fille  d'un  officier  aux  gardes- 
françaises.  Voulant  mener  une  fie 
retirée  et  paisible ,  il  persista  dans  k 
refus  que^  depuis  plus  de  dix  ans,  fl 
opposait  aux  offres  réitéra  que  les 
ministres  étaient  chargés  de  lui  faire; 
refus  qui  lui  avait  attu^'  les  persécu- 
tions auxquelles  il  fut  en  butte.  Les 
chan«;ements  qui ,  dans  l'état  politir 

?fue  de  l'Europe  ,  résultèrent  de  la 
bile  expédition  contre  la  Russie, 
rendirei  aux  royalistes  la  confiance 
qu'ils  avaient  perdue.  Le  général 
Suzannet  en  profita  y  pour  combiner 
dans  la  Vendée  les  mouvements  d'une 
insurrection  qui  devait  y  éclater  le 
T I  avril  181 4  9  inais  dont  la  reddi- 
tion de  Paris  fit  sentir  l'imitilitr. 
Nommé  commissaire  extraordinaire 
par  Louis  XVIII ,  il  usa  de  l'in- 
fluence qu'il  exerçait  dans  ce  pays  y 
en  y  tempérant  avec  sagesse  les  es- 
prits ,  qui  ne  se  pliaient  pas  sans 
Jieine  à  des  mesures  commandées  par 
a  nécessité.  Dès  que  l'on  eut  appris , 
en  mars  181 5,  le  retour  de  buona- 
parte,  sur  les  côtes  de  Provence ,  il 
s'occupa  des  moyens  de  lui  lési^ 
par  ime  diversion.  Quatre  corps  d'ar- 
mée s'organisèrent  promptement  sur 
une  ten-e  vouée  à  la  tidélîté.  Le 
commandement  en  fut  confié  à 
MM.  Louis  de  La  roche- Jaaudcm , 
d'Autichanip  ,  de  Sapinaïui  et  de 
Suzannet.  Le  premier  ayant  dédare' 
que  le  roi  l'avait  nomme  général  ca 
chef ,  les  trois  derniers  le  recoonn- 
reiit  en  celte  qualité ,  quoi(pi'ii  iut 
le  ))lus  jeiuie  et  le  moins  avancé  cd 
grade.  Ce  général  voulut  alors  que 
toutes  les  forces  se  dirigeassent  vers 
la  cùte;  mais  la  plupart  des  soUats 
.s*()bslinèrent  à  ne  pas  s'y  rendre. 
Dépourvus  de  fusils  ,  de  munitions , 


suz 

s  étaient  décourages  par 
liblesse  d'iiu  convoi  j 
tance  leur  avait  été  exa- 
Dt  ils  avaient  protège  le 
it  ,  efîëctuë  par  les  An- 
lignaient  qu'un  nouveau 
lemeut  annoncé  par  le 
hcf ,  ne  fût  encore  très- 
Bt  que  tout  moyen  de  re- 
•  fut  interdit ,  s'ils  s'eu- 
is  le  Murais,  En  vain  le 
anet  essava  de  détourner 
l'une  résolution  au  suc- 
llc  il  était  impossible  à 
ions  d'armes  de  coucou- 
il  apprit  sa  mort  ,  iî 
ment  justice  à  la  pureté 
itions.  Il  savait  uc'an- 
une  voie  sûre  mais  in- 

celui  dont  il  déplorait 
.ait  prouoncé  sou  rem- 
ainsi  que  celui  de  MM. 
)  et  de  Sapinaud.  Aussi- 
t  de  désumou  est  sacrifié 
néral.  Loin  de  se  laisser 
les  revers ,  on  redouble 
réorganise  l'armée  ;  on 
;n  porter  les  dilléreuts 
i  Ruche-Scrvière.  Atta- 
it,  le  'Jio  juin,  par  unen- 
[K'rieur  eu  nombre  ,  le 
•ii/.auuet  se  dévoue  en 
à  la  ti'te  de  son  corps, 
tombe  sous  lui  percé  de 
iO!ii"r;'  on  il  moule  sur 
csl  atfcinî  d'uuc  balle  , 
!m  .nr<  .i|ji(>  il  n'existait 
.oi>;><'  clr  Maisdou^  où  il 
.on  <ir..:riici-Q,éncVal ,  esl 
?u  lie  sa  .sépulture.  Louis 
ait  couiirmé  dans  son 
aréclial-de-eamp  ,  et 
imaudeur  de  Tordre  de 

Il  a  laissé  une  veuve  , 
eur  se  j»laîl  à  n'îrare»*  à 
sa  bile  les  exemples  iTun 
,  éelaiie ,  courageux,  el 


SUZ  245 

modeste ,  qui  plaçait  son  ambition  a 
travailler  à  i'afiermissemeut  de  la  re- 
ligion et  de  la  monarchie.  S.  S-n. 

SUZE  (  Henui  de  ),  célèbre  cano- 
niste  du  treizième  siècle ,  fut  d'a- 
bord évéque  de  Sisteron,  puis  ar- 
chevêque d'Embrun  (  lafio  ).  11  de- 
vint cardinal  cvcqued'Ostic  eu  i2(iu, 
d'où  lui  est  venu  le  nom  à*Ostien- 
sis  ,  sous  lequel  il  est  souvent  cité. 
11  mounit  eu  1:271  ,  selon  MM.  de 
Sainte-Martbc.  C'était  le  plus  habile 
j  urisconsulte  de  son  temps ,  égalemenl 
versé  dans  le  droit  canonique  et  dans 
le  droit  civil; ce  qui  lui  valut  le  titre, 
de  la  source  et  ae  la  splendeur  du 
droit.  On  a  de  lui  une  Somme  du  droit 
canonique  et  civil ,  connue  sous  le 
nom  de  somme  dorée  ;  Biile,  i53'] 
et  15^3;  Lyon,  1 588  et  1597  j  un 
Commentaire  sur  les  Décrétalcs,fait 
})ar  Tordre  à^ Alexandre  IF;  Rome, 
1470  et  1473;  Venise,  i47^ct  i58i. 
Ces  ouvrages ,  originaux  en  leur  gen- 
re ,  ont  été  d'ime  grande  ressource 
aux  cauouistes  qui  sont  venus  depm's. 

Ï-D. 

SUZE  (  Henriettk  dk  Coligni, 
comtesse  de  la  ),    née  eu  1618,   et 
morte  à  Paris,  le  10  mars  1073,  fut 
célèbre  par  sa  beauté ,  par  ses  aven- 
tures et  par  ses  vers.  Dans  le  roman 
de  ^/e//e  ,M*^«.  de  Scudéri  suppose 
qu'l  lésiode ,  endormi  sur  le  Paruasse, 
voit  en  songe  les  Muses ,  el  que  Cal- 
lione,  lui  montrant  les  poètes  qui 
naîtront  dans  la  suite  des  âges,  dit: 
«  Regarde  cette  femme  qui  t'appa- 
»  raît:  elle  a ,  comme  tu  le  rois,  la 
n  taille  de  Pallas  et  sa  beauté^  et  je 
»  ne  sais  tiuoi  de  d<mx ,   de  languLs- 
»  saut  el  de  passionné,  qui  ressem- 
»  ble  assez,  à  eeiair  cliarmaiitquele.s 
»  peintres  donnent  à  Vénus.  (iClte  il- 
»  iuslrc  personne  sera  d'une  si  grau- 
»  de  naissance ,  (prelleue  verra  pres- 
))  que  que  les  maisons  royalcî»  au- 


346  SUZ 

»  dessus  de  la  siciinc.  Saclie  Oiï"cI'c 
»  naîtra  encore  avec  plus  d'es^iiit 
»  que  de  beauté',  (juoiqu'elle  doive, 
V  comme  ta  vois,  posséder  mille 
»  charmes;  elle  aura  même  uneLonte' 
»  ç;«ine'reuse,  qui  la  rendra  digne  de 
y»  toutes  les  louanges,  sans  te  parler 
»  de  tant  d'autres  admirables  quaii- 
»  t(fs  que  le  ciel  lui  prodiguera.  Ap- 
»  prends  seulement  qu'elle  teferades 
»  clegics  si  l>elles ,  si  pleines  de  pas- 
»  sion ,  et  si  précisément  du  carac- 
»  tcre  qu'elles  doivent  avoir ,  qu'elle 
»  surpassera  tous  ceux,  qui  l'auront 
»  précédée ,  et  tous  ceux,  qui  la  vou- 
»  dront  suivre.  »  Le  temps,  juge  in- 
flexible, n'a  point  donné  à  cetiees- 
1)èce  d'oracle  raccomplisscment  que 
ui  promit  en  vain  l'amitié,  llenrielte, 
fille  de  Gaspar  de  Coligni,  seigneur 
de  Cliatillou,  maréchal  de  France  , 
mort  on  i64(i,  et  pelite-fillc  de  l'a- 
miral de  Coligni,  fut  mariée,  en 
i(i4'^,  h  Thomas  Eamillon  ,  comte 
de  lladington,  Écossais,  et  (Icviii; 
veuve  ]>cu  de  temps  anrès  son  ma- 
riage. Elle  ne  tarda  pas  à  ép'.;nscr  , 
en  secondes  noces,  le  comte  de  la 
Suze,  de  l'illustre  maison  des  comtes 
de  Champagne.  Ce  je  ne  sais  quoi 
iîc  doux  y  de  languissant,  de  pas- 
sionné q\ie  lVP^c,^e  Sciidéri  trouvait 
dans  sa  jeune  amie,  fut  trop  bien  re- 
marqué par  le  comte  de  la  Siujc  ,  et 
sa  femme  eut  beaucoup  à  soulTrir  de 
ses  soupçons  jaloux.  Elle  aimait  le 
monde  et  ses  plaisirs.  La  gloire  des 
poètes  a  ses  dangers  pour  une  jolie 
îcmiue.  Le  comte  résolut  de  conau ire 
la  sienne  dans  une  de  ses  terres.  On 
lit  dans  toutes  les  Biographies,  que, 
pour  se  dérober  aux  exigeancesd'un 
mari  calviniste  qu'elle  ne  pouvait  ai- 
mer^ la  comtesse  de  la  Suze,  élevée 
dans  la  même  communion,  se  fjtca» 
tholique,  /z/m, disait  la  reine  Chris- 
tine, /i«  ne  voir  son  mari  ni  dans  et 


SUZ 

morde  lù  dans  Vauiie,  Le  mot  fst 
plaisant;  mais  il  n'est  peut-être  que 
cela.  Ce  fut  un  protestant,  coDTerti 
depuis  quatorze  ans  au  catholicisme, 
le  sieur  de  La  Millctièrc ,  conseiller 
du    roi  ,   auteur  de  plusieurs  ou- 
Trajesde  controverse,  qui,  de  con- 
cert avec  les  cvèi;uesduHaDSeld'A- 
miciis,  entrepiil,  eu  ifi53  ,  la  con- 
version de  la  comtesse  delà  Si«xe.H 
nous  apprend  lui  -  même,  dans  une 
Lettre  a  M,  de  Couvreurs  sur  la 
conversion  de  madame  la  camiesse 
de  la  Suze  ÇPaniSfYiiTCy  loSS^in- 
80.),  qu'il  composa  pour  l'exëciiiioB 
de  son  pieuT  dessein  l'ouvrage  in- 
titulé :  Le  Flambeau  de  la  vraie 
Eglise  y  pour  la  faite  voir  à  ceux 
qui  en  sont  dehors;  et  l'on  sait  que 
ce  livre  fut  imprimé  aussi  en  i653, 
avec  l'approbation  de  l'assemblée  du 
clergé  de  France.  I^a  duchesse  de  La 
Force ,  la  reine  et  toute  la  cour  s'in- 
téresseront à   cette  conversion;  la 
«iomlesse  voulut  entendre  ccntradic- 
toirementLa  IMilletièrc  etMontpezat, 
nu  des  ])lus  fameux  ministres  de  ce 
temps,  r.iais  IvloiUpczat  refusa  d'en- 
trer en  conférence' ,  et  ce  refus  pa- 
k'aissaiit  une  défaite  à  la  jeune  néo- 
phite,  elle  n'hésita  plus.  «  Touteno- 
tre  cour,  dit  La  Millctièrc,  ena  été 
dans  une  joie  indicible.  La  rdne  Fa 
conduite  elle- même  aux  pieds  du 
sanctuaire{\c\S  juillet  i653).  L'é- 
loge fut  prodigué,  dans  cette  circons- 
tance, à  la  nouvelle  catholique,  à 
cette  héroïne  fille  de  tant  de  héros» 
«  Son  esprit,  disait  La  Milletiëre,  est 
»  un  chef-d'œuvre  de  la  nature ,  ac- 
»  compagne  de  toutes  les  grâces  ex- 
D  térieures...  Sa  connaissance  s'élève 
»  d'un  vol  si  sublime  au-dessus  delà 
»  portée  commune  de  son  sexe  et  du 
»  notre,  que  l'excellence  et  la  facilité 
»  admirable  des  productions  de  son 
»  génie  semblent  fort  appsodicr  de 


suz 

»  l'œUvre  des  intelligences  célestes.  » 
On  peut  donc  assij^oer,  à  la  conver- 
sion de  M™<^.  de  la  Suzc,  un  motif 
S  lus  honorable  que  celui  qu'on  lit 
ans  tous  les  Dict-onnaiico  liistori- 
qucs.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  fut  un 
éve'neiucnt  remarquable  dans  le  siè- 
cle de  Louis  XIV ,  que  la  conquête 
de  la  pelite-iilie  de  l'amiral  à  la  reli- 
gion de  Charles  IX.  M'"^dela  Suze 
savait  bien  que  son  entrée  dans 
la  religion  catholique  ne  suffirait 
pas  pour  rcmpêclier  de  voir  son  ma- 
ri dans  ce  monde.  Les  liens  du  ma- 
riage devinrent  plus  fâcheux ,  sans 
cesser  d'être  aussi  forts  :  il  fallut 
en  poursuivre  la  cassation.  Vingt-cinq 
mille  ccus  offerts  au  comte  vainqui- 
rent sa  résistance;  et  l'on  dit,  à  ce  su- 
jet, peut-être  encore  avec  plus  d'es- 
prit que  devéïilé  :  «  M^^c.  de  la  Suze 
»  perd  5o  mille  écus ,  car  si  elle  n'en 
»  eût  donne  ^j  mille  à  son  mari , 
»  celui-ci, ne  pouvant  plus  vivre  avec 
»  sa  femme, aurait  acheté  sa  sépara- 
»  tien  au  même  prix.  »  Devenue  li- 
bre par  arrêt  ou  parlement,  la  com- 
tesse de  la  Suze  ne  s'occupa  plus 
qu'à  faire  des  \ers  ,  qu'à  écrire  des 
billets  galants,  qu'à  filer  ce  qu'on 
appelait  alors  le  parlait  amour.  Sa 
DL-iison  fut  comme  une  succursale  de 
l'hôtel  de  Rambouillet.  Les  beaux 
esprits  du  temps  s')r  réunissaient,  et 
ils  piireut  son  parti  dans  un  procès 
qu'elle  perdit  contre  M™'',  de  Cha- 
lillon.  a  Le  roi  voulut  savoir,  dit 
»  Ménage  ,  qui  étaient  ceux  qui 
»  avaient  été  dans  les  intérêts  des 
»  deux  parties.  On  lui  dit  que  les 
»  priuces  et  les  personnes  de  qualité 
»  avaient  été  pour  M"'*",  de  Châtil- 
»  Ion,  etque  IVIn^«^.dela  Suze  n'avait 
»  eu  que  \cs  fauueites  de  son  côté, 
»  voulant  parler  des  poètes,  à  cause 
D  des  vers  qu'on  avait  faits  en  ce 
»  lcmps-là(  lÔDQ  et  1660  )  suf  une 


SUZ  247 

»  fauvette  qui  revenait  tous  les  ans 
»  dans  le  jardin  de  W^^.  de  Scudéri 
»  lui  annoncer  le  retour  du  prin- 
»^ temps  (i).  »  Ménage,  qui  était 
une  de  ces  fauvettes,  ajoute:  «  Le 
»  prince  de  Conti  me  dit  que  la  raison 
r  l'avait  emporté  sur  les  poètes.  Je 
»  lui  répondis  que  ceux  qui  avaient 
»  gagné  n'avaient  ni  rime  ni  rai- 
»  son  (2).»  La  perte  de  ce  procès  dut 
achever  de  déranger  les  affaires  de 
M*"«.  de  la  Sir/jc  :  elles  étaient  déjà 
en  fort  mauvais  état.  On  rapporte 
qu'un  exempt,  accompagne  de  quel- 
ques archers,  vint  un  jour,  à  huit 
heures  du  matin,  saisir  ses  meubles. 
Ellcn'étaitpas  encore  levée.  L'exempt 
fut  introduit  :  a  Monsieur ,  lui  dit- 
»  elle,  j'ai  peu  doimi  cette  nuit;  je 
»  vous  prie  de  me  laisser  reposer  en- 
»  coredeux  heures.»  L'exempt  se  re- 
tira :  M*»®,  de  la  Su>:c  se  rendormit;  et 
à  dix  heures ,  s'étant  habillée  et  prête 
à  sortir  ,  elle  trouva  l'exempt  dans 
l'a nti- chambre;  elle  le  remercia,  lui 
fit  de  grands  compliments,  et  en  sor- 
tant ,  lui  dit  du  ton  le  plus  calme  : 
Je  vous  laisse  le  maître  y  Monsieur. 
Ijes  Muses  vinrent  la  consoler  :  elle 
fut  chantée  par  tous  les  poètes  du 
temps.  Charleval  lui  donnait  tout 
l'esprit  des  neuf  doctes  sœurs  de  la 
Grèce;  il  disait  de  ses  vers  : 

Le  r^onv.-f  en  fait  tout  «on  plaiair, 
El  le  Parnaiiie  t-ii  fait  »■  gloire. 

Enfm ,  il  prétendait  que  M*»«.  de  Ja 
Suze  égalait  Sapho  ,  et  que  le  temps 
seulement  la  faisait  aller  après  elle. 
Largillière  l'avait  peinte  assise  sur  un 
char,  roulant  sur  des  nuages.  IjC  père 
Bouhours  ,  ou  plutôt  le  conseiller 


(1)  Nenagiana  ,  loin,  I,  p.  .^oo,  rdit.  de  171.'». 

(1)  Ibid.  Ménage  «ioute  qu'il  avait  roula  cmpc- 
clier  ce  procè»;  qu'il  avait  en  une  ronférnire  de 
fiix  hcaies  aTCC  lH™«.  de  Clifttillon,  et  que  M"'*, 
de  La  Suie  avait  «igné  un  écrit  par  leqael  «H» 
roBsvotflik  à  fe  imir  à  êam  ce  qu'il J^rmit. 


3.18 


suz 


Ficiibet,  iîî  ce  madrigal^  digne  du 
siècle  d'Augiustc  ; 

Quof  dfti  mblimi  lapitnr per  iiiaiiiu  ctirru  ? 

An  Jitno ,  un  l'ufltti ,  an  f'rnin  ip*a  vnnit  ? 
Sigeniu  in*/iiriaSf  Jiitfo;  «i  icripla ,  Minen-a; 

Si  >pecU'<  nciitot ,  iiiiitfr  ^Inivris  enl. 

Dans  un  autre  madrigal  qu'on  lit  au 
bas  de  sou  portrait ,   grave  d'après 
Miguard,   ou  dit  (jue  le  mailrc  des 
jieuf  Sœurs  ne  sàruît  pas  son  maître; 
([vc.  pour  faire  des  captifs ,  elle  na 
qu'à  paraître  ;   que  pour  faire  des 
vers,   elle  na  qu'à  parler.  Mais 
c[uoiqu(îTiton  du  Tillet  Tait  mise  sur 
son  Parnasse;  quoique  Boiloau  lui- 
même  ait  écrit,  vingt-sept  ans  après 
la  mort  de  M'"c.de  la  i)uze  (1700), 
qu'il  y  a  d'elle  des  Élégies  d'un  agré- 
ment infini ,    la  réputation   de  sa 
beauté  se  soutient  seule  encore,  et 
celle  de  ses  vers  est  tombée.  Le  style 
de  M*"<^.  de  la  Suze  est  en  gênerai 
faible  et  sans  couleur;  il  y  a  quelque 
chose  de  fade  dans  sa  douceur;  sa 
douleur  a  de  la  recherche,  et  son  na- 
turel paraît  souvent  apprête'.  Le  dix- 
septième  siècle  n'a  peut-être  qu'une 
bonne  Élégie ,  celle  de  La  Fonlainc 
sur  la  disgrâce  de  Fouquet.  D'ailleurs 
M°»«.  de  La  Suze  n'a  pu  suivre  les 
conseils  de  Boileau  :  l'Art  poétique 
parut ,  pour  la  première  fois  ,  en 
1674;  elle  était  morte  Tannée  pré- 
ce'dente.  M*»»*^.  de  La  Suze  trouvait 
seule  le  sujet  de  ses  petites  pièces  ; 
mais  elle  rimait  diiTicnement  sans  le 
secours  deSubligny,  deMontplaisir, 
qui  fut  l'objet  de  plusieurs   de  ses 
tlcgies.  f -«clerc  ne  1  a  point  ménagée 
dans  ses  Mélanges  de  littérature  : 
tt  Elle  paraissait,  dit-il,  fort  sérieuse 
1»  dans  le  grand  monde;  mais  quand 
»  elle  était  avec  ses  amis ,  elle  était 
»  si  gaie  qu'elle  avait  quelquefois  des 
»  transports  qui  la  portaient  loin... 


SUZ 

i>  alors  ministre  à  Lumigny ,  de  tra- 
»  vailler  avec  elle  à  mettre  l'Oraison 
»  dominicale  en  vers  burlesques  :  ce 
»  ({ui  pensa  faire  déposer  ce  minii- 
I)  tre.  »  II  n'est  pas  iuutile  de  remar- 
quer que  les  auteurs  protestants  oe 
sont  j)as  tous  également  favorables  à 
M^^^.  de  La  Suze.  On  lui  a  long- 
temps attribué  une  traduction  en  vers 
français  de  la  fameuse  scène  O  Mir- 
tillo ,  Mirtillo ,  du  troisième  acte  du 
Pastorfido,  IMénage  la  mit  en  Te» 
latins,  et  même  en  vers  français; 
maLs  sous  le  titre  fï* Elégie  y  et  dans 
un  autre  genre  de  vers  ,  o  par  res- 
»  pect,  dit-il,  pour  la   traduction 
»  qu'on  a  ttribua  it  al  ors  généralement 
»  à  M"^^.  de  La  Suze,  et  qu'on  a  su 
»  depuis  étr(>  de  l'abbé  Régnier  Des- 
»  marets  (3)  »  (^.  Torches).  Par  une 
destinée  singuhère,il  est  aujourd'hui 
difficile  de  connaître,  avec  précision, 
ce  qui  appartient  à  M"*<^.de  I^a  Suze 
dans  les  nombreuses  éditions  des  Ee* 
cueils  de  poésies  galantes  en  prose 
et  en  vers  ,  publiés  sous  son  nom  et 
sous  celui  de  Pellissun ,  qui  fut  son 
ami  (4).  On  y  trouve  aussi  des  pièces 
de  M^^<^.  de  Scudcri  ,  du  comte  de 
Bussy,  de  Bachaumont ,  de  Cailly, 
de  Desmarets^  dcQuinault^ctc.  On  sait 
que  M""',  de  La  Suze  composa ,  outre 
SCS  Élégies  y  une  Ode  à  la  reine  Chris- 
tine y  d'autres  Odes ,  des  Chansons , 
des  Madrigaux ,  des  Rondeaux,  des 
Stances  régulières  et  irrcgulières ,  des 
Billets  galants  ;  mais  on  a  compris 
dans  ces  Recueils  ,  sans  aucune  in- 
dication du  nom  des  autau*Sy  la  Prinr 
cesse  de  Montpensier ,  par  M"»<.  de 
Lafayette  et  Segrais  ;  le  Démâé  de 


(.ï)  Hîemigiana ,  loin.  111 ,  [».  -ara. 


n  Elle  disait  qu'elle  ne  pouvait  se 
r>  persuader  que  l'amour  fui  un  mal... 
»  Elle  engagea  un  jour  M.  Bruguier,     ^oui,  i:ii .  :•  v.i.  iu  n 


suz 

i  cœur  y  par  Tabbë  Tor- 
nple  de  la  Paresse  ;  le 
Vile  d'Amour ,  et  pUi- 
pièces  dont  les  auteurs 
»nt  encore  inconnus.  Par- 
îs  en  prose  qui  peuvent 
fes  à  jV1™c.  de  La  Suze,  on 
T  à  la  reine  de  Suède ,  où 
etle  singulière  maxime  : 
levoir  ne   vaut  pas  une 
'est  faite  par  tendresse;  » 
M«"<=.  de  Lougueville  , 
ser  d'avoir  pris  le  parti 
ins    la    fameuse    guerre 
i  la  ville  et  la  cour  entre 
s  :  «  Trouvez  bon ,  e'crit 
La  Suzc  ,  que  je  vous  de- 
journée  de  jeudi  pour 
idre  un  malheureux  à  qui 
a  finement  suscite  votre 
•n,  comme  le  seul  moyen 
iaire  perdre  celte  patience 
le  depuis  tant  de  siècles  , 
;   se  peut  pas  conserver 
1  est  me'prisé  de  vous  ;  » 
i  M™^,  de  Sullv,  carme'- 
i  avait  eni^oyé  uiie  tête 
ns  un  panier  de  roses  : 
vez  bien  ce  matin  ,  ecri- 
.  de  La  Suzc  ,  caché  la 
ious  les  fleurs,  eu  m'en- 
[le  chose  que  la  seule  in- 
le  votre  vie  peut  regarder 
ite.  ))  On  trouvait  quel- 
'**.  de  La  Suze  parée  de 
1,  et  elle  répondait  à  ceux 
îTit  sa  coutume  de  soigner 
vant  de  prendre  la  plume  : 
'ai  à  écrire.     V — vk. 
VBORG(ÉMANUEL),fa- 
sa  doctrine  mystique  ou 
ue,  naquit  à  Stockholm  , 
était  fils  de  Jespcr  Svcd- 
ue  luthérien  de  Skara ,  en 
hie  ,  et  fut  anobli  par  la 
le  nom  de  Svedenborg. 
Q  religieuse  que  lui  donna 


SVE 


^49 


son  père ,  qui  n'était  pas  étranger  aux 
opinions  mystiques ,  exerça  sur  l'es- 
prit de  cet  enfant  une  influence  si 
marquée ,  qu'on  disait  de  lui  :  Les 
anges  parlent  par  sa  bouche.  Ce- 
pendant, malgré  ces  premières  im- 
pressions^ ce  ne  fut  point  par  la  car- 
rière religieuse  qu'il  difbuta  ;  il  en  fut 
même  entièrement  éloigné  pendant 
la  plus  grande  partie  de  sa  vie.  Apres 
avoir  fait  ses  études  avec  distinction 
à  Tutàversité d'Upsal ,  il  publia,  dès 
Fage  de  vingt-un  ans,  un  recueil  des 
plus  belles  maximes  de  l'antiquité  : 
L,  Annœi  Senecœ  et  P.  SjtH  Mimi 
forsan  et  alioruni  sélect  ce  senten- 
tiœ ,  cuni  annotationibus  Erasmi  et 
grœcd  versione  Scaligeri ,  notis  il- 
lustrât ce  ^  Upsal,  1709.  Cette  dis- 
sertation  académique  annonçait  un 
goût  assez  marqué  pour  l'érudition. 
L'année  suivante,  Svedenborg  fit  pa- 
raître un  ouvrage  d'un  genre  diffé- 
rent :  c'était  une  Collection  de  vers 
latins  :  Ludus  Heliconius ,  etc. ,  où 
il  annonçait  autant  d'imagination  que 
de  vivacité  d'esprit.  Ce  fut  cette  mê- 
me année  qu'il  quitta  sa  patrie,  et 
qu'il  chercha  ,  dans  les  diÛerentes 
universités   de  l'Allemagne  ,  de  la 
Hollande  et  de  l'Angleterre,  k  se  for- 
tifier dans  l'étudedes  mathématiques, 
auxquelles  il-'s'était  déjà  livré  avec 
ardeur.  Revenu  de  ce5  voyages  scien- 
tifiques ,  il  se  fit  connaître  par  un  ou- 
vrage périodique ,  composé  d'Essais 
et  de  Remarques  sur  cette  science, 
ainsi  que  sur  la  physique  (  Dœdalus 
hyperboreus ,  Stockholm,    1716, 
1 7 1 7  ,  1 7 1 8 ,  six  parties  en  suédois ). 
Çi/t  travail  lui  acquit  une  telle  réputa- 
tion,  que ,  dès  la  première  amice ,  il 
fut  désigné  pour  accompagner  à  Lund 
M.  de  Polheim ,  conseiller  de  com- 
merce ,  qui  y  avait  été  mandé  par 
Charles  XII.  Svedenborg  eut  plu- 
sieurs entretiens  avec  ce  monarque  ^ 


25o  SVE 

sans  doute  iui  le  nouveau  calcul  sexa- 
gésimal invciite  par  ce  prince ,  qui , 
i-econnaissant  eu  lui  des  talents  sopc'- 
Heurs,  le  nomma  assesseur  au  cou- 
geil  des  mines.  Dans  ce  poste  impor- 
tant ,  Svedenboig  Cl  preuve  d'un  ge'- 
uic  inventif  et  d'ime  grande  connais- 
sance de  tout  ce  qui  e'tait  du  ressort 
de  cette  administration.  Au  moyen 
de  machines  roulantes  de  son  inven- 
,  tion  il  fit  transporter  au  siège  de 
Frédériksball ,  en  1 7 1 H ,  à  travers  des 
montagnes  et  des  vallées ,  sur  une 
route  de  deux  milles  et  demi  de 
Suède,  deux  galères  et  cinq  grandes 
chaloupes.  Ces  occupations  ne  l'em- 
pêchèrent pas  de  publier,  à  cette  épo- 
que ,  plusieurs  écrits  sur  des  objets 
de  physique,  d'algèbre,  d'astrono- 
mie et  de  mécanique ,  savoir  1  //i- 
troduction  à  f  algèbre ,  sous  le  titre 
de  VArt  des  règles ,  1 7 1 7 .  —  Es- 
sai pour  fixer  la  valeur  de  nos  mon- 
naies y  et  déterminer  nos  mesures 
de  manière  à  supprimer  les  frac- 
tions pourfaciliter  les  calculs  y  1719. 
—  De  la  position  et  du  mouvement 
de  la  terre  et  des  planètes  (même 
année).  —  Delà  hauteur  des  ma- 
rées,  du  flux  et  reflux  de  la  mer, 
plus  grand  jadis  ,  at^ec  les  preuves 
tirées  de  la  Suède  (même  année). 
Tous  ces  ouvrages  sont  écrits  en  sue'- 
dois.  A  la  mort  de  Charles  XII,  Sve- 
dcnborg  jouit  de  la  plus  grande  fa- 
veur auprès  delà  iciue  Ulrique-ÉIc'o- 
norc.  Ce  fut  cette  princesse  qui  lui 
conféra ,  en  1719,  ses  titres  de  no- 
blesse, et  qui  changea  son  nom  de 
SvediKrg  en  celui  de  Svedenborg. 
Une  récompense  si  flatteuse  le  décida 
à  f;iirc  de  nouveaux  efforts;  et,  dans 
l'année  1720,  il  entreprit,  autant 
dans  l'intérêt  de  la  science  que  par 
les  obligations  de  sa  charge  ,  de  vi- 
siter les  mines  de  la  Suéde.  L'année 
:>uivante,  il  voyagea  eu  Allemagne , 


'SVE 

So^r  examiner  celles  delà  Sax 
[arz,  dans  rélectorat  de  Ha 
Pendant  cette  tournée ,  il  rer 
marques  de  la  plus  grande  ce 
ration ,  suitout  à  Brunswick , 
duc  Louis-Rodolphe  s'intéressi 
ment  à  ses  recherches.  M« 
qui  est  vérilablemcnt  e'tODiu 
prouve  sa  fécondité ,  c'est  que 
son  voyage  en  Suède  il  pub) 
ouvrages  sur  les  sciences  n 
les  ;  et  pendant  celui  qu'il 
Allemagne ,  il  en  publia  un  aot 
moins  curieux  et  non  moins  : 
tant.  Ces  ouvrages  sont  int 
EssM  sur  les  principes  de 
ses  naturelles,  on  sur  la  m 
d'expliquer  géométriquemt 
chimie  et  la  physique  expé> 
taie,  —  Nouvelles  découver 
le  fer  et  le  feu,  avec  une  1 
le  forme  de  cheminée.  — 
velle  méthode  pour  troui^er  l 
gitudes,  soit  en  mer ,  soit  sw 
par  le  moyen  de  la  lune.  - 
mère  de  constnnre  les  navii 
Nouvelle  construction  d*è 
—  Manière  d'éprouver  la 
Ut  es  des  navires.  L'ouvra  g 
publia  pendant  son  voyag< 
lemagne  est  un  Recueil  d^m 
tions  sur  les  choses  naturelle. 
ticulièremetU  sur  les  minérc 
feu  et  les  couches  des  mont 
Leipzig,  179/i  (1).  Ces  écrit 
tout  le  detT)*er,  qni  firent  < 
l'auteur  une  chaire  de  profeî 
l'uni  vei*sité  d'CJpsal ,  n'étaient 
prélude  d'un  plus  grand  ou' 
Opéra  philosophica  et  minet 
ca,3  vol.  in-fol. ,  ornés  de  li 
vures,  1734.  Il  n'existait  paj 
vrage  plus  curieux  et  plus 


(1^  C'est  dans  le  4**  ▼ol.  d«  cet  oan 
rend  ruuiple  du  noaTcmiystèaM  dt  calc 
parCluurki*  Xli. 


SVE 

métalli'i^ie.  Tout  ce  qui  est 
aux  métaux  est  dans  le  pre- 
oliirae.  L'ai'teur  considère  le 
c'dif'Ce  de  riuiivers  et  cherche 
•liquer.  On  peut  iep;ardef  cette 
comme  nu  trailc  de  pî)ysiqne 
le.  En  cll'el ,  il  y  développe 
:cme  complet  de  la  nature  du 
visible,  d'a])rës  des  idées  qui 
:  propres  et  qu'il  combine  avec 
i  rigueur  des  mathématiques. 
ÎDl  doi'nédans  TiuGni  douéde 
B  primitive,  produit ,  d'après 
ir  UQ  raOiivement  inteme  et 
hs  forces  secondaires  ,  tous 
uvemciits  ,  toi'ies  les  formes 
livité  distribi'ées  en  éléments; 
meiJs^  surt  le  nia^iiéiisme , 
,  Tair,  les  gaz,  etc.  dont  il 
trace  dans  le  rè^^i^e  des  oiga- 
is.  Critc  pnblicaîioj  fit  une 

sensalioii  ;  Tacadcmie  impé- 
'  PétersboiTg  Le  hàla  denom- 
cdeUîJOip;  son  assoc'é.  Il  avait 
)mé  ,  qiiclfjues  années  a up?ra- 
iem%i  e  de  îa  sociéié  royale  des 
s  de  Stockholm  ;  et  Tacadém'e 
•nces  de  Paris  lui  fit  peut-être 
plus  d'hounei  r , en  traduisant, 
(nHislonc  dos  arts  et  niéiiers, 
récrit  !c  plus  satisCnsant  qui 
a'ors  sur  celte  matière,  son 
)Ur  le  fer  ,  qui  se  trouvait 
t  ouvrac^e.  La  même  année, 
borg  avait  aussi  ii>'\t  paraître 
mi  de  philosophie  spécula- 
"  l'infmi ,  la  cause  finale  de 
ition  et   le   mécanisme   de 

de  l'dme  avec  le  corps, 
,  in-8'.  Cet  ouvrai;e  annon- 
e  tendance  aux  idées  mysti- 
i  son  cnrance,  mais  Theure 
pas  encore  ai  rivée;  et  loin  de 
upcr,  Svedeiiborg  voyagea 
ctci  rc,  en  Hollande ,  en  Fran- 
Italie,  cherchant  à  établir 
AkïtH  sur  les  sciences  ualu- 


SVE 


i5i 


relies.  Tl  séjourna  pendant  toute  l'an- 
née  1 733 ,  à  Venise  et  à  Rome  5  et  fit 
parai  lie,  dans  les  années  suivantes, 
son  OEconomia  i^ep^ni  animalis  et 
les  trois  tomes  du  Réunion  animale 
perlustraium ,  ffui  contiemient  le  dé- 
veloppement ultérieur  de  son  sys- 
tème de  la  natuie.  Par  ces  derniers 
travaux,  Svedenborg  terminait  ses 
observations  sur  le  monde  visible , 
et  en  classait  les  phénomènes  d'après 
ses  idées  d'une  manière  originale; 
mais  il  n'ajoutait  rien  à  la  réputation 
que  lui  avait  acquise  son  Traite  sur 
la  métallurgie,  et  même  ses  ouvrages 
précédents ,  dont  le  plus  grand  mé- 
rite était  d'avoir  fait  connaître  à  la 
Suède  le  calcul  ditférenticl,  et  d'avoir 
donné  des  aperçus  lumineux  sur  l'a- 
platissement du  globe  vers  les  pôles , 
objet  du  voyage  des  mathémati- 
ciens français  envoyés  par  Louis  XV. 
Ce  fut  dans  cette  position  brillante 
que,  renonçant  au  monde,  à  l'âge  de 
cioqiiante-ueuf  ans,  il  se  démit  de  sa 
charge  d'assesseur  aux  mines ,  pré- 
tendant avoir  de  fréquentes  commu- 
nications avec  les  êtres  spirituels  et 
des  révélations  sur  le  culte  de  Dieu 
et  les  saintes  Ecritures.  On  le  voit 
tout-à-coup ,  à  la  tête  d'une  fortune 
immense,  relever  et  soutenir  une  foule 
de  maisons  de  commerce  d'Allema- 
magne ,  par  des  bienfaits  qui  s'éle- 
vaient à  plusieins  millions.  EnOn  il 
annonça  qu'il  était  chargé  d'une  mis- 
sion divine;  et  il  le  dit  avec  tant  de 
simj)licité  et  un  tel  air  de  bonne-foi , 
qu'on  ne  put  imaginer  qu'il  cherchait 
à  eu  imposer.  Voici  comment  il 
raconte  de  quelle  manière  il  fut 
chargé  du  ministère  sacré  d'éclai- 
rer les  hommes  :  «  Je  dînais  fort 
»  tard  ,  dans  mon  auberge,  à  Lon- 
»  dres  (  c'était  dans  le  courant  de 
»  Tannée  1 74^  ) ,  et  je  mangeais  avec 
»  un  gPQud  appétit;  lorsqu'à  la  hii 


2^'?. 


SVE 


»  (le  mon  repas ,  je  m'aperçus  qu'u- 
»  ne  espèce  de  brouillard  se  répandit 
»  sur  mes  yeux ,  et  que  le  plancher 
»  de  ma  chambre  était  couvert  de 
s>  reptiles  hideux.  Ils  disparurent  : 
»  les  ténèbres  se  dissipèrent;  et  je  vis 
»  clairement,  au  milieu  d'ime  lumière 
»  vive ,  un  homme  assis  dans  le  coin 

V  de  la  chambre  y  qui  me  dit  d'une 
»  voix  terrible  :  Ne  manf^e  pas  tant. 
»  A  ce  mot,  ma  vue  s'obscurcit:  elle 
»  s'e'claircit  ensuite  peu-à-peu  j  et  je 
»  me  trouvai  seul.  La  nuit  suivante , 
»  le  même  homme,  rayonnant  de  lu- 

V  mière,  se  pre'senta  à  moi,  et  me 
»  dit  :  Moi ,  le  Seigneur  Créateur  et 
»  Rc'demptcur ,  je  t'ai  choisi  pour 
»  expliquer  aux  hoinraes  le  sens  inle'- 
»  rieur  et  spirituel  des  Écritures  sa- 
»  crées;  je  te  dicterai  ce  que  lu  dois 

»  écrire CiCtte  nuit,  les  yeux  de 

»  mon  homme  intérieur  furent  ou- 
»  verts  et  disposés  pour  voir  dans 
1»  le  ciel  y  dans  le  monde  des  esprits 
»  et  dans  les  enfers ,  où  je  tiouvai 
0  plusieurs  personnes  de  ma  connais- 
»  sance ,  les  uues  mortes  depuis  long- 
»  temps,  les  autres  depuis  peu.  » 
CVst  ainsi  que  s'exprime  Sveden- 
borg,  dans  une  lellreàRobzam,  qui 
se  trouve  en  Icle  de  la  préface  du 
Traité  De  cœlo  et  inferno.  Dès  ce 
moment  il  crut  de  son  devoir,  eu 
sa  qualité  d'intermédiaire  entre  le 
monde  visible  et  le  monde  invisi- 
ble ,  de  ne  s'occuper  que  des  objets 
qu'il  apprenait  des  anges  et  de  les 
faire  connaître  aux  hommes.  De- 
puis cette  époque  jusqu'à  sa  mort , 
il  publia  une  foule  a* ouvrages ,  ou 
il  expose,  dans  un  langage  simple 
et  dépourvu  de  tout  ornement ,  le 
résultat  de  ses  entretiens  avec  les  es- 
prits célestes.  Dans  tous ,  il  parle  eu 
témoin  oculaire ,  attestant  ses  con- 
versations avec  Dieu  et  les  anges, 
a  Voici  re  que  le  Seigneur  m'a  rc- 


SVE 

»  vêlé  à  ce  sujet ,  dit-il ,  ou  l 
I»  ce  que  les  anges  iii*ont  i 
Tantôt  il  a  assisté  à  une  c 
dans  le  temple  de  la  sagess 
il  s'est  entretenu  dans  le  n: 
rituel  avec  Pythagore  ,  Soc 
nophon ,  Luther ,  Calvin , 
Louis  XIV,  Newton,  etc.  \ 
les  chapitres  de  tous  ses  T 
une  vision  céleste ,  sous  le  lit 
morahilia ,  qui  confirme  1< 
qu'il  vient  d'établir;  et  c 
vision ,  il  raconte ,  avec  aul 
tails  que  d'assurance ,  ce  r 
et  entendu  dans  les  cieux  ei 
du  Seigueur  et  dans  la  s 
anges.  C'est  de  cette  luaniëi 
écrits  tous  les  ouvrages  m} 
Svedenborg,  depuis  son  Tk 
te  et  de  l'amour  de  Dieu  \\\i 
de  la  vraie  religion  ch relie 
théologie  imiverselle.  Ils  soi 
bre  de  dix- sept.  A  mesure  « 
vait  un  de  ces  Traités ,  il  s'e 
pour  aller  le  faire  imprin 
ares  ou  à  Amsterdam.  Ils 
et  goules  par  beaucoup  de 
la  doctrine  de  Svedenborg 
dit  au  point  que  le  clergé  : 
fut  alarmé ,  et  cnit  devoir 
tre  à  une  enquête  :  à  sa  dei 
gouvernenieiit  nomma  une 
sion  qui  examina  les  ouvr 
discuta  les  principes.  I^e  r 
cette  commission  fut  plus 
à  l'auteur  qu'on  n'avait  c 
faut  eu  croire  Pernely  ,  I 
sectateurs ,  ce  rapport  élab 
la  nouvelle  doctrine  ne  hei 
les  dogmes  de  la  confessio 
bourg,  et  con(innautlamo 
geliqne,  elle  pou  vait  éti*c  toi  ( 
Catteau ,  au  contraire  ^  Ta 
ne'ral  Je  la  Suède),  elle  fii 
dangereuse  cl  hétérodoxe.  * 
sentiment  semble  être  appu 
passage  d'un  des  sectatciii 


SVE 

•g.  On  lit  dans  Tabrégc  de  la 
ac  de  cet  auteur  y  que  ^ts  prc- 
Fërelations  l'ayant  engage'  dans 
es  coiifërences  avec  des  ecclc- 
ocs  qui  rejetèrent  ses  opinions, 
it ,  et  depuis  cette  époque,  il  ne 
la  pas  à  faire  indistinctement 
)séljteSy  et  ne  s'ouvrit  qu'avec 
e  à  un  petit  nombre  de  person- 
xqueiles  il  voyait  de  la  bonne- 
•puis  sa  mission ,  il  habitait  à 
bolm  une  maison  très-modeste, 
dans  un  quartier  isole  et  soli- 

la  pièce  où  il  se  tenait  ordi- 
icnt  était  tapissée  de  peintures 
'iques  et  mystiques.  Quand  on 
c  visiter ,  il  fallait  sou  vent  atten- 
ig-temps  pour  être  admis.  Quel- 
(  le  docteur  illumine  était  livre 

méditation  profonde ,  qu'on 
ait  de  troubler  j  d'autres  fois,  il 
•sait  avec  des  morts  illusti^es, 
e  pouvait  quitter  brusquement. 
cet  appareil  permet  de  soup- 
•  qu€  Svedenborg  n'était  pas 
nne  -  foi ,  et  qu  il  n'aspirait 
>iier  un  rôle  et  à  faire  des  du- 
urtout  depuis  que  l'on  connaît 
et  du  merveilleux  qui  l'entoura. 
t, par  ses  sectateurs  mêmes,  que 
besses  qu'il  distribua ,  ainsi  que 
'avons  dit  plus  haut,  lui  étaient 
es  par  un  certain  Élie  Artiste  , 
le  extraordinaire ,  d'une  basse 
lion,  qui,  guidé  par  une  es- 
Tenthousiasme ,  s'était  élevé  à 
dnnaissances  très-variées  ,  et  à 
^rtnne  colossale  (2).  Quant  aux 
lëties  qu'on  attribue  à  Sveden- 
,  les  unes  ne  sont  que  d'hcureu- 
ojectures ,  et  les  autres  parais- 
krc  du  genre  de  son  anecdote 
U  reine  Louise-Ulrique  de  Suè- 
1  lui  rendit  un  compte  détaillé 


a  «crit    un    traité  sur   \f  ^tand-iruvrt  t\\xt 
pte»  regardent  «.omoie  le  thcl"-d'cruvr«  Je 


SVE 


255 


et  fidèle  d'un  entretien  secret  qu'elle 
avait  eu  à  Berlin  avec  son  frère ,  le 
prince  royal  de  Prusse  (  depuis 
Frédéric  II  ) ,  et  qu'elle  ne  croyait 
connu  de  personne  ;  mais  tous  ceux 
qui  étaient  au  fait  de  ce  qui  se  pas- 
sait alors  à  la  cour  de  Stockholm  ^ 
savent  que  Svedenborg  avait  été  ins- 
truit par  un  sénateur  qui  entretenait 
des  relations  particulières  à  Berlin  , 
et  qui  était  bien  aise  de  faire  con- 
naître à  la  reine  qu'on  n'ignorait  rien 
en  Suède  de  ce  qui  la  conceniait» 
Cependant  il  serait  possible  que  Sve- 
denborg soit  resté  étranger  à  tout  ce 
prestige  de  merveilleux  dont  ses  dis- 
ciples ont  cherché  à  l'environner  pour 
affermir  sa  doctrine;  et  la  conauite 
de  cet  homme  extraordinaire  auto- 
torise  à  le  croire.  Tous  les  auteurs 
s'accordent  à  dire  que  %ft^  mœurs 
furent  exemplaires  ,  et  qu'il  prati- 
quait la  morije  pure  qu'il  prêchait. 
L'auteur  des  Mémoires  manuscrits , 
qui  nous  ont  servi  pour  la  rédaction  de 
cet  article ,  assure ,  d'après  des  per- 
sonnes qui  avaient  été  en  relation 
avec  Svedenborg ,  qu'il  avait  dans 
son  extéiieur  nne  grande  simplicité, 
et  dans  le  commerce  de  la  vie  un 
abandon  de  franchise  qui  n*est  pas 
ordinaire  aux  charlatans  (3).  Sveaen- 
borg  était  parvenu  à  un  âge  très- 
avancé  ,  lorsqu'il  entreprit  un  nou- 
veau voyage  en  Angleterre.  Arrivé 
à  Londres ,  il  y  fut  frappé  d'une  at- 
taque d'apoplexie  qui  le  conduisit 
au  tombeau  trois  mois  après  ,  le 
îîQ  mars  1772,   à  l'âge  de  quatre- 


(3)  M.  Grégoire,  qui  n'est  pas  iarorable  m  Sve- 
denborg ,  s'explique  cependant  ainsi,  m  Ses  visions 
sont  un  phéuumène  psycliologiqne  assez  élrao((C. 
Il  Ict  A  .  dit-oii ,  iifl>il>-es  de  bunne-foi,  parce  qu'il 
ne  5r  dt'ftHit  pan  de  l'illusion  de  ses  setin  i*  Il  cite 
ensuite  l'rM'iujile  d'un  savant  de  Berlin  ,  qui  avait 
cprouvi-  lr«  iu>^ines  pbénomènes  dans  le  coursd'nne 
maladie .  mai»  qui ,  toujours  maître  de  sa  raivon  «  le» 
avait  étudiés  en  observateur.  ( //i<f.  de*  sectei  re- 
/ig.  ,  lom.  I,  p»  .  ii3  \ 


l 


a54  STE 

virâgt'cinq  ams.  Ses  restes  furent  dé- 
posés dans  Tcglise  suédoise  de  Lon- 
dres près  de  Radclifl'-llighway.  )l 
existe  peu  de  notices  sur  )a  vie  p\i- 
Tce de  cet  homme etsuilcs relations 
u'il  eut  avec  les  savants  et  les  gens 
u  monde;  la  plupart  des  faits  qui 
le  concernent  sont  cousîç;oés  dans  son 
cloge  fimebre  prononcé,  le  7  oclobie 
l'j'jî  ,  dans  le  se'n  de  Facadémie 
royale  de  Sîockliolm ,  par  le  coa- 
seiller  des  mines  Sai'del ,  secreU-re 
de  cette  sociëîé ,  qui  s*est  aUacbé  à 
faire  ressortir  le  savant  et  a  cru  de- 
voir négliger  tout  ce  cp'i  a|,pai  îenait 
au  tliéosophe.  C'est  ccpenaani  soiis 
ce  dernier  point  de  vue  qi-e  Sve- 
denLoig  présente,  c>ii\)cuxdu  philo- 
sophe et  de  riï'sioricn  ,  un  iu-éiet 
tout  pariiculier,  surtout  depu's  que 
les  S\edeol)orgiî>»es  se  :;ont  constitués 
c:n  socîcJc.  Il  ne  sera  donc  pas  inutile 
de  cousir^ner  ici  un  apciçu  de  leur 
doctrine.  Elle  peiit  se  diviser  en  deux 
parties;  la  premicTC  est  une  espèce 
de  Genèse,  où  l'on  rend  compte  delà 
divinité  et  de  la  crécition;  la  seconde 
développe  les  principes  de  la  croyance 
religieuse  de  cette  secte.  «  U  uV  a 
qu'un  Dieu ,  dit  SviKlenborg  :  il  est 
incréé ,  infini  et  seul  ;  il  peut  dire:  Je 
suis  celui  qui  est.  Dieu^st  homme  : 
les  anges  ne  le  voient  que  sous  la  for- 
me humaine;  il  est  la  vie  parce  qu'il 
est  amour  :  Tamour  est  son  être  y  la 
sagesse  son  existence.  Dans  le  ciel , 
l'amour  divin  et  la  sagesse  divine  se 
manifestent  dans  un  soleil  spiiituel, 
qui  n'est  pas  Dieu  ,  nitiis  le  premier 
procédant  de  Dieu  ;  la  chaleur  de  ce 
soleil  est  Tamour ,  la  lumière  est  la 
sagesse.  Dieu  étant  amour,  etl'amour 
n'étant  pas  fait  pour  s'aimer  soi- 
même,  if  a  dîi  former  des  créatures 
pour  les  aimer  ;  il  les  tira  de  lui-mê- 
me et  non  du  néant.  C'est  par  le  so- 
leil spirituel  que  Dieu  a  tout  crée  im- 


SVE 

mtiiate&iait,  et  de  U  par  le 
raturel  y  celui-ci  e'tant  l'insti 
de  rauti*e.  Après  avoir expHqi: 
ment  les  trois  n^es  de  la  na 
sont  formés  des  atmosphèn 
rituelles  ,  réceptacles  du  feu 
et  de  la  lumière  divine,  il  1 
Thomme  pendant  sa  vie.  S'él 
epsuite  dans  des  l'égions  mou 
nues  y  il  traite  du  monde  spi 
il  donne  la  dcscri(>tion  du  ciel 
posé  de  tro*s  cieux  :  le  ccle 
spiriinel  ei  l'iaréiieur  ,  qui, 
son  tout,  représente  l'homm 
le  c«el  Sifpé»'''er.r  est  la  téie;  le  : 
ciel  occupe  depuis  le  col  ju» 
genoux  ;  Je  troisième  forire  h 
et  les  jambes.  Il  y  a  dans  le  c 
eaux ,  des  bois,  des  terres,  d 
dms  ,  des  palais  y  des  cités ,  < 
chesses,  del'or,  des  diamant 
fin  tout  ce  que  l'on  voit  sur  la 
mais  tout  y  est  spiriinel  :  il  ^ 
emplois,  un  gouvernement, de 
sirs,  des  travaux,  un  culte 
des  voyages.  Cependant  il  n'y 
d'espace ,  il  n'y  a  pas  de  tenr 
y  parle  une  langue  Dien  diffère 
celle  des  hommes ,  et  par  cous 
il  y  a  ime  écriture  et  des  livre 
cieux  sont  peuplés  d'auges  m 
femelles,  qui  se  marient  ;  le  ms 
les  fonctions  de  l'intelligence 
femme  celle  de  la  volonté  :  ces 
ont  la  forme  humaine;  il  sont 
à  l'exception  de  ceux  du  ciel 
rieur,  qui  sont  nus.  Outre  ces 
cieux ,  il  existe  encore  le  mom 
esprits ,  le  purgatoire  des  chn 
espèce  d'état  mitoyen  entre  le 
l'enfer:  enfin  l'enfer,  qui  faitd 
tiiuiels  efl'orLs  contre  le  ciel ,  cî 
mé  d*un  feu  émané  du  même  1 
pe  que  le  feu  céleste  ;  mais  il  d 
mfernal  dans  ceux  qui  en  rc^ 
l'influence  avec  des  dispositioL 
pures.  Tel  est  l'abrégé  de  la  C 


SVE 

edenborgistes  ;  quant  à  leur 
e  proprement  Jitç,  ellcreposc 
is  points  :  la  divinité'  de  Je- 
rist,  la  sainteté  des  écritures, 
[ui  est  chariié.  Ils  admettent 
>ëce  de  Trinité  renfermée  tout 
dans  le  Christ.  La  Trinité 
le  comprend  Tame,  le  corps 
•'ration  qui  en  procède.  Celîc 
forme  un  seul  homme,  de  mê- 
rrinité  divin^  n'est  qu'un  Jé- 
Le  Christ  est  ceJëhovah,  qui 
•edccelui  des  Juifs qi»ecorome 
on  manifeste'  diflcre  de  Dieu 
»lé.  Ainsi  toute  la  Tiinite'  est 
Se'gneur  Ucdempteiir  ;  aussi 
itrent-ils  le  baptême  avec  celte 
;  :  je  te  baptise  au  nom  de 
'Christ ,  qui  est  le  père ,  lejîls 
'.int-Espril,  Tout ,  dans  la  Bi- 
ésentc  trois  sens,  le  céleste, 
tuel ,  le  naturel,  unis  par  des 
ondances  qui  avaient  été  con- 
squ'an  temps  de  Job  et  qui 
;  retrouvées  j)ar  Svedenborg. 
littéral  est  accessible  ausimplc 
s;  le  sens  spirituel  a  été  révé- 
juveau  à  Svedenborg,  et  enfin 
céleste  nVst  connu  que  des 
?t  ne  regarde  que  Dieu.  Ils 
Itent  pas  tous  les  livres  de 
e  ;  leurs  livres  canoniques 
;  Pentateuquc  ,  le  livre  de 
ceux  des  Juges  ,  des  Rois ,  les 
'S,  les  Prophètes,  les  Évan- 
les  Actes  des  apôtres;  les  an- 
nt  qu'une  autorité  subsidiaire, 
mmes,  dans  Taulre  vie,  ont 
ps,  une  forme  humaine  ,  des 
des  kjgemculs  ;  ils  conser- 
irs  aflèctious  :  ils  mangent, 
ent,  ils  font  l'amour;  cepen- 
ictienborg  n'admet  pns  la  ré- 
on  des  corps.  Après  la  mort, 
sera  revêtu  d'un  corps  spiri- 
était  renfermé  dans  le  maté- 
.  se  rend  alors  an  moode  des 


SVE 


:*55 


c:prils  où  Ton  est  préparé  pour  le 
c-el  oupoïT  Tenfer,  à  la  réserve  d'un 
pet*t  nombre  admis  immédiatement 
dans  la  gloire  ou  repoussés  dans  les 
tourments.  Jjes  méchants  ne  peuvent 
vivte  dans  le  ciel;  ratmospuère  cé- 
leste les  suJocjuera»t  j  ainsi  D'eu  les 
punit  sans  les  damner.  La  foi  seule 
ne  sauve  paf^  po*nt  de  sa^uî  sans  re- 
pentaoce;  et  qre'qiie  er«cur qu'on  ait 
suivie,  si  c'est  poor  l'amour  du  bien 
et  non  par  vamiéque  l'on  a  agi ,  on 
est  sauvé.  Il  n'y  aura  pas  de  Ijn  du 
monde,  mais  la  Iju  du  sièc'e ,  ce  qui" 
signifie  la  lin  de  l'Église.  L'Éslise 
tics  -  ancienne  on  adamique  ,  l'an- 
cienne ou  néot»qi?e,  l'israélitique  et 
la  chrétienne,  ou  catholique  ou  pro- 
testante, ont  eu  toutes  leur  commen- 
cement ,  leur  progrès ,  leur  fin.  Le 
dernier  jvgement  final  a  commence 
en  17^7,  époque  à  laqueMe  a  com- 
mencé également  le  second  avène- 
ment de  Jési's-Christ,  non  en  per- 
sonne ,  mais  dans  un  sens  spirituel. 
Alors  a  paru  la  nouvelle  Église  chré- 
tienne, désignée  dans  l'Apocalypse , 
parles  nouveaux cicux  et  la  nouvelle 
terre.  C'est  pour  préparer  cette  Jé- 
rusalem nouvelle^  que  Svedenborg, 
rempli  de  l'esprit  divin,  a  reçu  l'ordre 
d'expliquer  la  parole  sacré,  et  d'ou- 
vrir les  cœurs  à  une  union  plus  in- 
time avec  Dieu.  A  ces  points  fonda- 
mentaux de  leur  yoyance  religieuse, 
les  Svedenborgistes  joignent  une  cons- 
titution qu'il  est  curieux  de  connaître 
parce  que  peu  d'auteurs  en  font  men- 
tion. Le  baptême,  administré  à  des 
enfants  et  à  des  adultes  ,  qui  est  pour 
eux  le  signe  de  réception  dans  l'É- 
glise ,  n'est  pas  le  prélude  de  l'ad- 
mission de  cette  société  :  on  peut  en 
faire  partie  sous  la  condition  ex- 
presse de  croire  dans  le  Seigneur,  et 
de  fuir  le  mal  de  son  propre  moii- 
yemeot.  Celui  qui  vemplit  ces  deux 


250 


SVE 


conditions  peut  participer  ,  pendant 
sept  ans ,  an  droit  de  suffrage  dévolu 
à  tons  les  membres  adultes  des  deux 
sexes;  il  a  droit  encore  à  la  célébra- 
tion de  la  ccne ,  premier  moyen  d'u- 
nion spirituelle  avec  le  Christ,  et 
jouit  de  ce  double  avantage  avant 
de  se  faire  recevoir  formellement  par 
le  baptême.  Les  membres  ayant  voix 
sont  divises  en  plusieurs  classes.  Les 
non  maries  possèdent  im  sixième  des 
suffrages ,  les  maries  qui  n'ont  pas 
trois  enfants  en  ont  un  tiers  y  et  la 
moitié  appartient  à  ceux  qui  sont 
mariés  ,  et  qui  ont  trois  enfants  ifi 
plus.  Trois  pouvoirs  régisseut  l'K- 
glise  de  la  nouvelle  Jérusalem  :  le 
premier  ou  le  pouvoir  absolu  est  re- 
présenté par  la  Bible,  qui  est  placée 
en  trois  formats  sur  la  chaise  d!îi  pré- 
sident ,  place  qui  n'est  jamais  occu- 
pée que  par  elle.  IjC  second  pouvoir, 
qu'on  appelle  pouvoir  réactif  ou  ex- 
pliquant ,   ou  réglant  ,  est  réparti 
Sarmi  tous  les  membres  ayant  voix 
e  chaque  communauté ,  et  se  ma- 
nifeste par  des  délibérations  ])rises  à 
la  phu'alité  des  voix;  le   troisième 

Souvoir  ou  le  pouvoir  actif  ou  déci- 
ant,  est  confié  à  quatre  directeurs 
ou  conseillers ,  dont  un  surveille  Li 
doctrine  du  Christ ,  un  autre  celle 
des  correspondances  ,  le  troisième 
celle  de  la  correction  de  Ja  vie ,  et  le 
quatrième  les  rites  ^aints.  Ce  dernier 
est  en  mème-temj)s  évcque  ;  il  oilicie 
conjointement  avec  les  ecclésiastiques 
qu'il  consacre  ,  et  il  surveille  la  dis- 
cipline ecclésiastique  en  se  concer- 
tant avec  les  membres  de  la  commu- 
nauté. Les  maisons  destinées  aux 
réunions  des  6vedcnborgistcs ,  sont 
composées  de  deux  salons  ,  dont 
l'un  sert  au  baptême  et  aux  délibé- 
] rations,  et  l'autre  à  la  célél)ralion 
moi  culte,  qui  se  coni|)os(*  de  la  con- 
Icil  îration  des  mariages  ,  dt-  la  sainte 


SVE 

ccnc ,  de  la  lotion  des  pieds  et  d'une 
liturgie  pour  les  réunions  des  di- 
manches et  des  grandes  fêtes.  Dans 
ces  réunions,  le  prêche  est  accompa- 
gné de  la  lecture  de  la  Bîbic  et  des 
écrits  de  Svedenboi^  ;  on  y  cliaak 
aussi  des  cantiques.  Dans  ces  don 
salons ,  ou  ne  voit  que  des  chaises  et 
de^  tables ,  aucun  ornement  n*iiiii- 
que  un  lieu  destiné  à  un  culte.  Série* 
ment,  dans  le  salon  des  dimanelicSf 
il  y  a  un  endroit  séparé  q[iii  sert  de 
chœur  pour  la  musique.  Les  joui 
ouvrables  ces   salons    servent  an 
affaires  civiles  de  la  commonavlé. 
Aucun  signe  extérieur  ne  distingK 
les  membres  de  cette  secte.  Lev 
nombre    s'élève  à   deux  milk  a 
Suède ,  où  ils  sont  tolérés.  En  178)1 
il  se  forma  dans  Stockholm  une  pdile 
société  exégétique  et  philanthropiqKp 
qui ,  aux  doctrines  de  Svedenoorgy 
voulait  rattacher  les  rêves  da  map^ 
tisme  :  le  duc  de  Siidermanie,  qv 
passait  hii-même  pour  avoir  une  pk»- 
pension  marquée  vers  les  SvedeuMT 
gistes ,  en  était  membre,  ainsi  qwk 
prince  Charles  de  Hesse  ;  mais  dk 
vit  échouer  îte,^  efforts  pour  s'étcodie 
au-dehors^  surtout  à  Strasbourg,  •& 
elle  n'eut  qu'une  existence  râhàaiTC. 
En  Angleterre  ,  les  SvedeniXHgistef 
jouissent ,  depuis  1 788  ,  d'une  tolé- 
rance publique  y  et  avouée  par  k 
gouvernement  ,  ainsi  que  tous  kl 
cultes  dissidents.  Ils  ont  des  ck- 
])elles  à   Bristol ,   à  Birmingham , 
Manchester  et  Londres.    Au-deisns 
de  la  porte  de  ces  chapelles ,  on  b 
cette  niscription  :  Nunc  permisam 
est  ;  allusion  à  raccomplisscmentdii 
jugement  dernier  y  qm  est  d^a  a^ 
rivé  d'après  leur  croyance.  Il  panil* 
d'après  les  auteurs  anglais,  que  cette 
secte,  qui  s'était  insensiblement  pro- 
pagée dans  ce  pays,  y  est  maintenant 
dans  un  état   peu    florissant.   & 


SVE 

France ,  en  Allemagne  et  en  Pologne, 
il  n'existe  que  des  adhérents  et  quel- 
ques  sectalcurs  isoles ,  malgré   les 
assertions    des   partisans    de    cct!e 
secte  (  V,  BuLow  ;.  Aii\  Indes  orien- 
tales, aux  Etats-Unis   et  dans  la 
partie  nuTidionalc  de  rAfriijuc,  leur 
nombre  est  plus  considcrab'e.  On  y 
tronvedescomm-ujautes  cuti- res,  qîii 
correspondent  entre  elles  et  semblent 
reconnaître  pour  centre  deTEgiise  la 
société  de  Stockholm.  L'opiiuon  qui 
règne  parmi  eu\,  que  la  nouvelle  Jé- 
rusalem existe  parfaitement  organi- 
sée au  centre  de  l'Afrique  ,  les  a  dé- 
termines à  envoyer  des  missions ,  et 
à  faire  des  voyages  dans  cette  partie 
du  monde.  ILs  ont  contribue  ^  avec 
UD  vif  inlércî,  à  la  formation, dans  ces 
contrées,  de  colonies  libres.  Ils  ne  se 
contentent  pas  de  comlamner  Fescla- 
vagc  des  nègres  ;  mais  ils  font  encore 
fie  continuels  efi'orts  ]>our  abolir  la 
traite.  C'est  dans  cette  vue  qu'ils  ont 
coopère'  à  rtftablissemrnt  de  Sierra- 
Leone,  où  Ulric  Nordcnskicvld  a  fon- 
de ,  avec  son  compatriote  Afzelius  , 
une  communauté  qui  a  elc  visitée  par 
Charles-Bernard  Wadstrom  elSpar- 
mann,  qui  a  passé  pour  être  âlIUic 
à  celte  secte  ,  qtioiqu'il  traite   leur 
auteur  de  visionnaire  ,  et  qui  pour- 
rait être  du  nombre  de  ceux,  qui,  sans 
se  faire  définitivement  recevoir,  en- 
trent dans  celte  société  et  en  sortent 
à  leur  gré.  Les  Svedenborgistes  cher- 
chent à  répandre  leur  doctrine  par 
l'impression   des  ouvrages   iheoso- 
phiques  de  Svedcnborg  ,  et  par  la 

})ub!icationd\!u  écrit  pcfriodique,  sous 
e  nom  de  Journal  de  la  ]yom*eUc 
Jérusalem  {thc  iicw  Jérusalem  Ma- 
^asiné)^  qui  s'imprimeà  LondiTs.  Ce- 
pendant il  paraît  qu'il  existe  parmi 
eux  une  espèce  de  schisme.  Les  uns 
professent  une  adhésion  absolue  à  tout 
cecpi'a  dit  Svedcnborg:  ils convien- 

XLIV, 


SVE 


2^7 


nenl qu'on  trouve  dans  $c$  écrits  des 
difûcultés  et  des  obscurités  ;.  m^is  iU 
croient  que  leur  maUre  n'a  ])u ,  daas 
une  langue  terrestre,'  expiimer  toutes 
les  idées  spirituelles  dont  il  était  pé- 
nétré. D'autres  distinguent  dans  Sve- 
dcnborg ce  que  le  Seigneur  lui  a  dicté 
et  ce  que  les  anges  lui  ont  dit.  Les 
])an)lcs  de  ces  derniers  leur  semblent 
moins  infaillibles,  à  moins  Qu'elles 
n'aient  été  conîirmccspar  le  Seigneur. 
Après  avoir  fait  comiaître  la  doc- 
trmc  de  Svedcnborg  et  avoir  tracé 
l'histoiie  des  progrès  de  sa  secte ,  il 
nous   reste  a  donner   les   titres  de 
ses  écrits  théosophiques.  L  De  cuU 
tu  et  aniorc  Dciy  Londres,  174^* 
ll,u4rcana  cœlcstia  «  S  vol.  in-4**. , 
Londres  ,  1 749-50,  C'est  uui  des  ou- 
vrages les  plus  importants  de  l'au- 
teur ,  ainsi  (pie  le  suintant.  IU.  De 
cœlo  et  infcrno  ex  autUiis  et  visisj 
Lombes  ,    i7'>8  ,   traduit  en  fran- 
çais  par  Perncty,  a  vol.  in-8\, 
Berlin,  1782.  IV.  De, ifliimo  judi- 
cio  et  Baif^loiiice  destructû^  Lon* 
dres,  1758.  V.  De  equo  albo  de 
quo  in  Apocalipsi^  Londres,  1758. 
ha  traduction  française  se  trouve  à 
la  suite  d'un  autre  ouvrage  de  Sve- 
dcnborg, trad.  par  Parraud.  VI.  De 
teUurihus  in  mundo  nostro  solari , 
Londres ,  17 58.  VII.  De  novd  Ilie- 
rosoljrmd  ,   Londres  ,  1758,  VIII. 
Deliciœ  sapientiœ  de  amore  conjur 
^ali  j  Amsterdam  y  175H.  Il  a  été 
trpd-.iit  en  français  par  M.  de  Bru- 
more,  Berlin  et  Baie ,  1 784.  IX.  Sa- 
picntia  angelica  de  di\fino  amore  et 
divind  sapicntid ,  Amsterdam ,  1 763. 
X..  Doctrina  novus  flietosolymœ  de 
Domino j  Amsterdam,  17G3.   XI. 
Doctrina  vitœ  pro  novd  Hieroso- 
lymd  ,  Amsterdam,   17O3.   XII. 
Continuatio  de  uUimo^Jiidicio  et  de 
mundo    spirituaii  ,    Amsterdam  , 
1763.  mil. Sapiof^iit-angelica  de 


a58  SVE 

divind  providentid  ^  Amsterdam  , 
i'jG4.  aIV.  Apocalypsis  revelata  ^ 
Amsterdnm  ,  1766.  XV.  Summa- 
riii  exposiiio  doctrinœ  novœ  eccle- 
siœ,  Amstei'dam,  1^69.  LaTraduC' 
tion  française  a  ëte'  imprimée  à  Pa- 
ris ,  en  1797.  XVI.  De  commer- 
do  animœ  et  corporis ,  Amsterdam , 
1763.  Il  en  existe  deux  Traduc- 
tions, l'une  de  Pernety ,  Paris ,  1 785 , 
l'autre  de  Panaud.  XVII.  Fera 
christiana  religio  sea  unwersalis 
theologia  novœ  ecclesiœ  ,  Amster- 
dam .  1771-  Crt  ouvrage  contient 
toute  la  doctrine  de  Svcdniborg.  On 
compte  encore ,  parmi  les  écrits 
imprimes  de  cet  auteur,  nn  Supplé- 
ment H  la  yraie  reli&;ion  ,  anivre 
posthume ,  Réponse  à  la  I^ettrc  d'un 
ami,  etc.  Il  avait  laisse  un  nombre 
considérable  de  manuscrits  dont  on  a 
annoncé  une  édition  à  Londres,  en 
uo  vol.  in-4*'.  Il  en  a  paru  la  Clef 
hiérogliphiqne.  Pi-esquc  tous  les  ou- 
vrages tliéosoplii(|ucs  do  Svcden- 
boi'g  ont  été  traduits  en  anglais  (  Ji 
vol.  iu-i*». )  ;  et  parmi  les  traduc- 
teurs se  trouve  T.  Hartlcv  (  Fqx*  ce 
nom  ) ,  ami  intime  de  1  auteur.  Ils 
ont  été  aussi  traduits  en  allemand 
par  T.-C.  OËtinger ,  grand  partisan 
de  cette  doctrine  ,  sous  ce  titre: 
Œuvres  c^V/es  d'Kmanuel  Svédcn- 
borg ,  4  vol- ,  Francfort-sw-Mein , 
1776.  On  y  trouve  quelques  Lettres 
inédites  de  Svédciiborg  à  l'éditeur; 
elles  sont  d'un  mince  intérêt.  Enfin  , 
depuis  1819,  il  paraît  chez.  Treuttcl 
et  Wurtz ,  une  Traduction  française 
(  annoncée  en  36  vo1.)detoiLs  les  ou- 
vrages du  théosophe  suédois  ,  par 
J.-P.  Moet ,  ancien  sous -bibliothé- 
caire du  roi.  C'est  le  fruit  de  vingt 
années  de  travail  ;  il  en  a  paru  1  ^  vol. 
in-80.  Nous  citerons  encore  la  litur- 
gicanglaisedcs  Svédenborgistes  y  sous 
ce  titre  :  The  Uturgjr  <y  the  new 


SWA 

churck  y  cinquième  édition  ,  Lon- 
dres, 1797.  On  trouve,  à  la  snitede 
cette  liturgie,  le  catéchisme  de  cette 
société  y  une  cinquantaine  de  Canti- 
ques k  son  lisage ,  composés  par  Jo- 
seph Proud ,  et  un  Gatalogue^desOii- 
vrages  qui  concernent  la  NÔuvcDe- 
Jémsalcm ,  mais  qui  est  loin  d'être 
complet.  On  a  puUié  ,  en  i8ao,à 
Copenhague^  une  Fie  de  VassesMmr 
Svédehborg ,  contenant  une  analyse 
de  son  système  et  plusieurs  fragmena 
de  ses  écrits.  On  y  voit  (|[ue  Svëdcn- 
borg  avait  eu  quelques  idées  de  la 
crânologie  que  le  docteur  Galla  ics- 
due  si  célèbre  de  nos  jours. 

C— AU  et  C— T. 
SWAMMERDAM  (  Jean  ),  oâi- 
bre  anatomiste  hollandais,  naquit 
en  1G37,  à  Amsterdam,  oii  son  père 
exerçait  la  profession  de  pharaïa- 
cien.  Il  commença  ses  études  mrfi- 
cales  à  Leyde^  et ,  avant  de  les  to- 
miner ,  il  passa  en  France  pour  m 
perfectionner  dans  l'art  des  dioee- 
tions.  Après  y  avoir  fait  de  grands 

{irogrès ,  il  revint  à  Lcjde,  et  7  vnt 
e  bonnet  de  docteur  en  iG6^.  BMn- 
tôt  après ,  il  se  rendit  dans  sa  vile 
natale ,  et  ne  se  sentant  aucune  incli- 
nation pour  la  pratique  de  la  méde- 
cine ,  il  fit  sa  principale  occupaliim 
de  l'anatomie  de  l'homme  et  de  edk 
des  insectes.  C'est  SwammerdamqBi 
découvrit  la  méthode  de  rendre  ploi 
visibles  et  faciles  a  disséquer  kl 
vaisseaux  artériels  et  veineux ,  m 
y  injectant  de  la  cire  liquéfiée  par  h 
chaleur ,  et  diversement  colorée.  Une 
fièvre  quarte  ayant  interrompu  sel 
travaux  anatomiques,  il  changea  di 
goût  après  sa  convalescence ,  etaka- 
donna  complètement  l'étude  de  h 
stnicture  de  l'homme ,  pour  se  eOB- 
sacrcr  tout  entiers  celle  des  insedes. 
Dans  cette  intéressante  hrandie  de 
la  zoologie ,  il  fit  de  nomluenses  et 


SWA 

■tantes  découvertes,  et  montra 
abiletc  et  une  patience  admira- 
1  dbscouant  les  parties  les  plus 
ieuses  (les  animaux  les  plus  re- 
uables  par  leur  petitesse.  C'est 
ntiuuant  avec  persévérance  ses 
rches ,  qu'il  parvint  à  se  for- 
)cn-à-peu  un  très-riche  cabinet 
:oire  naturelle  qui^   après  sa 
y  fut  vendu  par  ses  héritiers, 
l'extrême  contention  d'esprit, 
recherches  sublilcs  qu'exigeait 
iture  de  ses  travaux,   tinirent 
roubler  ses  facultés  intellectuel- 
1  toml)a  dans  une  telle  moro- 
qu'il  daignait  à  peine  répondre 
X  qui  lui  adressaient  la  parole  : 
contentait  de  les  regarder ,  et 
lirait  immobile.  C'est  dans  cette 
tsition  d'esprit  que ,  frappé  du 
eau  système  de  dévotion  mysti- 
le  la  Ëourignon ,  il  s'en  déclara 
laud  partisan ,  et  que ,  croyant 
ïei'  la  divinité  par  ses  études 
>miques ,  cet  habile  observateur 
I  nature  jeta  le  scalpel ,  et  cou- 
dindre  dans  le  Holstein  la  fana- 
:  qui  l'avait  subjugué.  Mais  au- 
Tant ,  pour  que  le  secret  de  sa 
lode  d  injecter  les  cadavres  ne 
>oint  perdu ,  il  l'avait  conûé  à 
;ch ,  qui  se  servit  habilement  de 

découverte.  (  Voy^  Rurscn  ). 
mmerdam  revint  néanmoins 
(ue  temps  après  à  Amsterdam , 
vécut  dans  la  retraite  jusqu'à  sa 
t ,  arrivée  prématurément  en 
>,  la  même  année  que  celle  de 
ouriguon.  Vers  la  fin  de  sa  car- 
! ,  il  était  tellement  maigre  et  dé- 
ne,  qu'il  ressemblait  à  mi  vrai 
Ictte;  et,  dans  cet  état  d'émacia- 
,  il  avait  de  si  violents  accès  de 
jr  mélancolique,  qu'un  jour  il 
au  feu  tout  ce  qu'il  avait  de  ses 
s  entre  les  mains.  Voici  ceux  qui 

restent:  1.  TraciaivLS  physi- 


SWA  mSg 

co-anaUnnicO'medicus  de  fjsspira^ 
tione  j  usuque  ptdmonum,  Leyde, 
lôÔ'j  ,  1679  ,  in-8«>.  ;  1738 ,  in-4®. 
Quoique  ce  traite  ne  soit  que  la  dis- 
sertation inaugurale  de  l'auteur,  il  est 
cependant  remarquable  par  des  faits 
intéressants  et  nouveaux  pour  l'épo- 
que, tels  que  des  expériences  sur  le 
mécanisme  de  la  respiration ,  la  dé- 
monstration des  valvules  des  vais- 
seaux lymphatiques  et  du  mouve- 
ment de  la  lymphe ,  la  description 
des  tubes  déliés  dont  il  se  servait 
pour  gonfler  ces  vaisseaux,  l'inven- 
tion d  un  thermoscope  pour  appré- 
cier le  degré  de  chaleur  aans  les  ma- 
ladies felùriles ,  etc.  II.  Miracuhtm 
natures ,  seu  uteri  mulMrbfabrieaj 
notis  in  Fan  ffomeprodromum  UbU" 
tratum,  Itcy de,  lii'j*! y  i^VQ^  '7^7» 
1729,  in-4*'.  Sous  ce  titre,  Swam- 
merdam  embrasse  tout  le  système  de 
la  génération,  et  il  se  prononce  en 
favtor  de  l'existenee  de  l'œuf  dans 
l'ovaire  :  il  saisit  cette  occasion  pour 
se  faire  l'apologiste  de  Van  Home , 
aux  dépens  de  Graaf,  qu'il  accuse 
injustement  de  plagiat.  111.  Histoire 
générale  des  insectes,  en  hollan- 
dais, Utrecht,    1669,  in-4^.;  tra- 
duit en  français,  Utrecht,   i68a, 
1685,  in -4^.;  en  latin  ^  par  H. 
C.  Henninius ,  Leyde  ,   i6o5  y  in- 
4**.  j  Utrecht,  1693,  iii-4^.;  Ley- 
de, 1733^  in-4^.  Swammerdam  es- 
pose  aans  cet  ouvrage  une  classiBca- 
tion  des  insectes,  et  il  la  fonde  sur 
la  stnictiure  et  les  métamorphoses  de 
ces  animaux;  il  en  fait  quatre  classes^ 
et  dans  chacune  il  décrit  avec  soin 
les  diverses  phases  de  la  vie  des  in- 
sectes. IV.  Histoire  de  V éphémère ^ 
en  hollandais,  Amsterdam^  '^^^ 
in-do.,  traduit  en  latin,  Londres , 
1681 ,  in-4^-  Ce  petit  traité  anato- 
mique,  que  l'on  peut  regarder  com- 
me un  chd^'œavK,  ftit,  dH-on, 

17.. 


aGo  SWA 

écrit  par rSwâmmerda m  ^  dans  Tin- 
tentioii  de  tcinaif;ner  sou  amitié  à  in 
!Rouri{;non.  V.  Biblia  naturœ ,  seii 
lUsloria  insectorum  in  certas  clas- 
ses rtidiictày  necnon  cxcmplis  et 
anaiomico  variorum  animalculo- 
nati  examine  œneisque  tabulis  illus- 
tPota^  Lcydo,  1737-1738,  a  vol. 
.in-fol.;  traduit  eu  allcmaud,  J^ip- 
Kig,  I  ']j'À  y  in-ful.  ;  en  auglais^  Lon- 
dres, 17^^>  in-fo1.;  en  français, 
dans  les  tomes  iv  et  y  de  la  Collec- 
tion académique  de  Dijon,  partie 
ëtrangi're.  Voici  riûstoirc  de  cette 
pnblication ,  ()iii  n'a  point  e'té  faite 
du  viyanldc  l'auteur.  Quelque  tcmjw 
avant  sa  morl,  wSwamniei-dam,  pres- 
sé par  le  ])esoin ,  avait  vendu  à  vil 
prix  ses  manuscrits  et  ses  ligures  à 
Tliéveuot  :  uir  demi-siècle  apitrs , 
.JBoerbaav^îi:  retrouva  beurcusement 
intacts  ces  trésors  de  la  science,  ics 
racheta  .pour  une  somme  considéra- 
ble, écrivit  Li  biof^raphiedc  raiiteur, 
et  publia  Touvra^ie  en  liolh-tiidais  et 
eu  latin,  par  les  suius  de  Oaubius. 
Cette  admirable  production  it^nfer- 
me  une  fuiiie  de  faits  extrêmement 
curieux  cit  eatièrement  inconnus 
ayant  Swatumerdam;  il  est  impo.ssi- 
{>lc  de  pousser  plus  loin  Tanatomie 
des  petits .  animaux  ,  et  d^ètre  plus 
exact  dans  la  description  de  leurs 
oignes,  lo^ucls,  par  leur  exiguité^ 
urésciitent  toujours  à  la  dissection 
des  dilVicullés  considérables.  11  se 
servait,  pour  séparer  les  molécules 
animales  s<ins  les  déchirer,  de  peti- 
tes aiguilles  d'ivoire  qu'il  aiguisait 
lui-même  au  microscope.  Eu  réfu- 
tant une  foule  d'erreiu\s  commises 
par  les  naturalistes  qui  l'avaient  pré- 
cédé dans  la  carrière,  on  peut  dire 
qu'il  les  a  surpassés  tous.  A  l'occa- 
sion de  l'histuii-edes  aljeilles^  qui  se 
trouve  dans  le  second  volume^  Boer- 
haave  rapporte  que  cet  excellent  trai- 


SWA 

te  était  reste'  long-temps  cackécn 
France ,  et  il  soiipçomic  les  acadétti- 
ciens  français  qui  avaient  écrit  w 
le  même  sujet  ^  de  n'avoir  point  né- 
gligé le  manuscrit  de  Swammerdaa, 
si  riche  en  découvertes.  Mais  Boe^ 
liaavc  n'apporte  aucune  preuve  t 
Tappui  de  son  assertion.  Si  Von  pcal 
considérer    Swammerdam    comae 

S resqu'in imitable  dans  l'anatoBie 
es  insectes,  on  n'apprendra  pis 
sans  ctonnement  qu'il  a  e'të  mous 
heureux  dans  celle  d'aiiimaux  pl« 
volumineux,  tels  que  les  mulliisqiies, 
par  exemple ,  comme  si  la  nature  ne 
l'avait  apiiclé  qu'à'  l'obserration des 
infiniment  petits.  U — d — ^ir. 

SVVARTZ  (Of.AUs),  botaniste 
suédois ,  né  ,en  i7(>o,  à  Noi^cepiae, 
fut  envoyé  par  son  përe^  à  l'Âge  de 
dix-huit  ans,  «i  l'université  d'Dp- 
sal ,  où  il  suivit  les  cours  dn  fils  oé 
Linné  \  mais  bientôt ,  devenant  son 
maître,  il  parc(Minit,eulierborisaBt, 
les  provinces  et  les  îles  de  la  Suè- 
de ,  pour  atigmenter  ses  connaissan- 
ces. A  Tilge  de  vingt-trois 'ans,  il 
entreprit,  à  ses  frais,  des  voyages 
dans  le  Nouveau-Monde,  e'todnsar 
les  lieux  la  flore  de  la  Jamaïque ^  et 
Saiut-Domiflgue  et  4es  autres  iles , 
ainsi  que  celle  des  cotes  de  l'Amài* 
que  méridionale  ,  et  il  alla  ensuis 
séjourner,  pendant  un  an,  4  Londres, 
oii  il  proiita  des  levons  et  des  ri- 
chesses végétales  de  sir  Joac^ 
liinkft.  Swartz  revint  dans  sa  pains, 
en  1780  ,  riche  des  résultats  non- 
breux  de  ses  études  et  de  ses  recker 
ches.  Il  visita  encore  phis  tard  kl 
Alpes  de  la  Norvège  et  une  partie  de 
la  La  poil  ie.  A  son  retour  ,  il  foC 
nommé  membre  de  l'académie  de 
Stockholm , et  l'année  suivante  il  n 
fut  président.  Li  place  de  prolcsseur 
d'histoire -naturelle  à  l*instiUitîeB 
médico-chirurgicale ,  les  déèoralioM 


SWA 

c  (le  Vasa  et  de  l'Étoile  po- 
ent  ajoutées  aux  distinctions 
acconla  son  souverain.    11 
»usé,  peu  de  temps  après  son 
ans  sa  patrie  ,  la   iille    du 
îerp;  dX  psal ,  dont  il  eut  un 
s  iille.    Ce  savant  mourut  le 
!mbre  iSi-^  ,   a])r(s    avoir 
par  ses  tia  vaux  utiles,  Tlion- 
/e'cole  suédoise ,  fondée  par 
ses  disciples.  Il  a  établi  plus 
inle  genres  de  plantes  pha- 
ps ,  ajoute'  de  nouvelles  es- 
l  introduit  un  nuuvel  ordre 
s  orchidées,  (|ui  ont  ete'  de 
classées  par  Hiuwn,  Du- 
niars    et   llirhard.    Swartz 
rtant  très-circonspect  dans 
valions  ,    <t    il   s»?  gardait 
troduiie  cie-î  genres  et  des 
itions  inutiles    au.-si ,  roni- 
mirryuc  Sprongol,   ies  gen- 
a  etalilis  n'ont  ^las     uhi 
lions   <!e  la   î)art  d'autres 
s.  Sos  (le^c^ipli()ns  de  plan- 
it  claires  et  concises  ;  sou- 
y   ajoutait  des  ligures  d'a- 
proj)res  dessins.   Il  est  le 
liotanisle  suédois  qui  se  soit 
:i  Fetude  des  [il.intesciypto- 
vant  la  mclhodo  d'Iletlwig. 
di.'iut,  il  s'était  dcj'i  occupé 
lionner   celle  qu'avait  eta- 
ne    pour    les    mousses.   11 
►eaucoup    cette  élude  pen- 
se jour   aux   Indes  Occi- 
et  établit  tnus  nouveaux 
mouMCs,    le  (louoslonie  , 
(lium    et  rAlynij)ères.    La 
:   lui    e^t   rCvievaMe    d'une 
ncr  j»!ii>  pariaile  (les  l'ou- 
luillf   d.ius    la.(iielle  il  dc- 
cîeineuî  Iimî;  ceulscsîH'ees, 
(Mil  trui.N  genres  non  vaux  , 
,  Molli ia  et  C/uluntrs,  Les 
\v>f[iniius furent  aussi l'ob- 
reilierclies  j  dans  h  s  der- 


SWA  aOi: 

niei*s  il  dtabiit  le  eenre  nouveau  de 
Wcrpa.  Son  premier  ouvrage  fut  sa 
dissertation  De    metïiodo  musco^ 
ru  m  y  qui  termine  le  volume  x  des 
Amœmtates  academiciBde  Linné,  et 
qui  fut  suivie  de  TListoirc  àcGenti£h 
na  pulcliella ,  comprise  parmi   la 
Mémoii-es  de  Tacadémie  des  sciences 
do  Stockholm  pour  1785.    A  son 
retour  du  Nouveau-Monde ,  il  pu- 
blia :  l*  Nova  gênera  et  speciespùui' 
'jzruniy  Stockholm,  1788.  II.  06- 
jtiTvationes   botanicœ  ,     Ërlang   , 
1701.  III.  Icônes  vlantarum  inco* 
^/Ularum,  ibid.,  1794  ,  i".  fasci- 
cule, G  pL   (iolor.  ,    in -fol.    IV. 
Flora  Intllœ  occidcntalis ,  Erlang , 
1707  à    1806,  3  vd.  in-8*»*   V. 
yasciculus  lichemun  Americano^ 
rum  y  ibid.,  181  î.  VL  Principes 
ilti  Sj'stèmc  des  animaux  et  des 
végétaux  (en  suédois  ) ,  Stockliolm , 
1 8  l'i ,  in-8«>.  Cet  ouvrage  est  regarde 
comn  e  trcs-faiblc  et  peu  digne  de  la 
réputation  de  l'auteur.  Le  Journal 
de  J^of/im^ii^de  Schrader,le  Recueil 
des  Mémoires  de  l'académie  des 
sciences  de  Stockholm ,  celui  de  la 
société  Linnéeime ,  et  d'autres  collec- 
tions savantes  conlieniient  de  Swartz 
•ni  grand  nombre  de  Mémoires  de  bo- 
laniqiie.  Il  coopéra  aussi  slu  Botanis- 
te suédois,  publié  par  Palmsbruch  et 
I^illberg,  au  Magasinp<Hir les  ama- 
teurs de  fleurs^  par  PféiHërs  etRuss- 
mann ,  ainsi  qu'aux  Annales  de  /'a- 
cadémie  d'agriculture  de   Suède. 
Schrcho.Ta  dédié  à  ce] botaniste  le  Tour 
natea  d'Aublet ,  qu-il  regardait  com- 
me génériquement  différent  du  Pos- 
siru  du  même  au  leur;  ensuite,  Wahl 
ayant  démontré  que  ces  plantes  ne 
forment  cpi'un   seul   genre  ,    "Will- 
(hiiow  conserva  ,  pour  les  dcux^  le 
nom  de  Swartzia  ;  toutefois  Spreu- 
gel  fait  obsciTer  que  leurs  afluiités 
iMtiuelIes  ne  sont  pas  encore  bien 


!i6a 


SWA 


connues.  Hedwig  ayait  aussi  donné 
le  nom  de  Swartzia  à  un  genre  de 
mousses  que  le  botaniste  suâois  dé- 
signa lui-même  par  le  nom  de  Cy^ 
norUodium.  Swartz  était  officieux, 
commuuicatif  et  plein  de  bienveil- 
lance. Une  Notice  sur  sa  vie  et  ses 
travaux  (  par  Sprengel  )  a  paru 
dans  le  volume  x  des  Nwa  Acta 
acad,  Leopoldino-Carolinœ  naturœ 
curiosorum.  En  i8ti4)  Tacadémie 
de  Stockholm  a  fait  frapper  une  mé^ 
daiile  à  son  honneur  ;  elle  représente 
d'un  côté  l'effigie  du  Botaniste^  et  au 
revers  la  plante  CamaUaria  maja^ 
Us  y  avec  la  jolie  légende  :  honos  dum 
prata  virebunt,  D — g. 

SWEDENBORG.    F.   Svedeh- 

BORG. 

SWEDIAUR  (  François  -  Xa- 
vier ) ,  médecin ,  naquit ,  le  i^  mars 
1^4^^  à  Steyer  dans  la  Haute -Au- 
tnche,  d'une  famille  originaire  de 
Suède.  Apres  avoir  reçu  de  son  père 
la  première  instruction  et  suivi  les 
cours  ordinaires  de  philosophie  ^  de 
mathématiques  et  de  langues  ancien- 
nes ,  à  l'école  latine  de  sa  ville  nata- 
le ,  il  se  rendit^  à  Tâge  de  dix  -  huit 
ans,  à  Vienne  ;  pour  y  étudier  la  mé- 
decine^ vers  laquelle  l'avait  porté 
son  goût  particulier  pour  les  scien- 
ces naturelles.  En  joignant  à  ces  étu- 
des celle  des  langues  vivantes  de  l'Eu- 
rope ,  il  s'appliqua  surtout  à  profiter 
des  doctes  leçons  du  célèbre  Van- 
Swicten  et  de  celles  de  Dc-Haen  sur 
la  clinique.  A  l'âge  de  vingt-trois  ans, 
il  prit  le  grade  de  docteur ,  et  voya- 
gea pendant  trois  ans  en  Europe, 
pour  se  perfectionner  dans  la  scien- 
ce et  pour  connaître  personnelle- 
ment les  plus  cclcbres  professeurs 
et  praticiens.  Au  bout  de  .ce  temps  ^ 
il  s'établit  â  Londres ,  et  s'y  livra  à 
l'étude  et  à  la  pratique  de  son  art. 
De  concert  avec  set  amis,  los  doc- 


SWE 

tears  Nooth  etHibnann ,  il  ] 

vérifia  les  expériences  faîtes 

ne ,  par  Van  -  Swieten  ^  sor 

du  sublimé  corrosif  comm* 

dans  les  maladies  siphilitîi 

celles  de  Storcksur  l'emploi 

guedanslescancers.il  consi{ 

un  journal,  le  résultat  de  s 

riences  sur  la  ciguë  emplo 

les  cancers ,  et  se  prononça 

négative.  S wediaur  fut  lié ,  à  ! 

avec  les  célèbres  praticien 

housz  ,  Pringle ,  Heberden 

et  Fordyce.  Il  s'occupa  auj 

dant  son  séjoiu*  dans  cette  < 

de  l'étude  particulière  de  1 

moderne ,  alors  peu  répand 

gleterre.  et  publia  la  tradu 

Traité  ae  chimie  composé 

ami  le  célèbre  Bcrmnann.  1 

il  se  rendit  à  ÉdiiiDOurc  y  j 

Gullen ,  avec  lequel  il  était 

correspondance,  et  pour  le 

relativement  à  un  ouvrage  < 

des  observations  sur  la  sip 

commencement  de  la  révolu 

çaise ,  il  quitta  Londres ,  et 

xer  à  Paris ,  où  il  se  lia  avec 

du  parti  révolutionnaire,  ( 

ment  avec  Danton ,  ce  qui  u 

cha  pas  de  poursuivre  si 

médicales  et  ae  publier  di 

vrages.  Il  continua  de  vi* 

ris  jusqu'à  sa   mort,  aui 

le   <J7  août  1834.  Qoeiqi 

qui  agrandirent    sa    répat 

savant ,  lui  valurent  une  n 

clicntclle.  Voici  les  titres  c 

vrages:  L  Dissertaiio  exh 

cripiionem  prœparatorun 

micarum  et  instrumentorm 

gicorum  quœ  possidet  fact 

dica  VindoboTiensis ,  Vicni 

in-4^.  II.  Methodus  mcd 

diema  in  nosocumiis  Lonù 

usitata,  ibid.^    i777>  û: 

Practical  observaiians  on 


SWE 

dire,  Observations pra- 
es  maladies  vénériennes 
Inidtres  et  les  plus  invé- 
dres ,  1 784  ;  Edinbourg, 
)o.  ;  id.  en  allcinaiid  à 
;86.  IV.  PhilosopIUcal 
,  Londi'cs  1786,  iu-8^. , 
que  le  Monthly  review 

quintessence  d'impiété'. 
complet  sur  les  sjmp^ 
î  ejjets  y  la  nature  et 
nt  des  maUidies  siphili* 
ris ,  1 798  ;  septième  c'di- 
.  Cet  ouvrage  est  le  plus 
le  ceux  qui  sont  sortis  de 
e  Swediaur.  Il  y  soutient 
ilis  ne  nous  vient  pas  de 
,  et  qu'elle  n'est  point  nou- 
'ancien  continent.  Cesys- 
;  réfute'  par  des  raisons 
»ent  d'une  grande  force. 
a  mcdica y  Paris,  2  vol. 
.  Pharmacopœia  medici 
ïiversaUs ,  3  vol.  in-12  , 
\,  VII.  Novum  nosolof;iœ 
'  ^stema ,  etc. ,  u  vol  in- 

18  ri.  Pendant  les  der- 
es  de  sa  vie ,  il  s'occupa 
té  [général  sur  les  ali- 
il  a  laissé  en  manuscrit, 
le  nouvelle  édition ,  très- 
delà  Pharmacologie  et  de 
copée.  Z. 

\T (François),  historien, 
7  ,  à  Anvers ,  embrassa , 
t  terminéscs  éludes,  la  pro- 
son  père ,  qui  s'était  enri- 
commercc  des  tapisseriesj 
liiiua  de  consacrer  ses  loi- 
uilture  des  lettres  et  de  la 
irt  (ju^il  aima  toute  sa  vie 
un.  Désirant  perfectionner 
ssanccs,  il  rechercha  l'a- 
s  compatriotes  les  plus  dis- 
itre  autres,  d'Abrah.  Or- 
;  nom  ) ,  qui  possédait  un 
abinet  d'antiquités.  Sweert 


SWE 


26S 


eu  tira  les  médailles  rcpEéseotont  les 
divinités  du  paganisme,  qu'il  fit  gra- 
ver (  1  )  ;  et ,  après  la  mort  d'Orteil , 
il  rassembla  les  vers  composés  à  sa 
louange.  Ce  fut  d'après  les  conseils 
du  P.Schott  (f^cQT.  ce  nom)  qu'il  en- 
treprit l'histoire  littéraire  des  Pays- 
Bas  ,  pour  suppléer  à  l'ouvrage  de 
Valère  André,  que  l'on  croyait  per- 
du. Celui-ci  retrouva  son  manuscrit , 
et  s'empressa  de  le  oublier ,  avec 
une  préface ,  dans  laquelle  il  accuse 
Sweert  de  plagiat.  C'était  un  repro- 
che au  moms  prématuré,  puisque  le 
travail  de  son  émule  n'avait  point  en- 
core paru;   mais  les  deux  auteurs 
ayant  dû  puiser  aux  mêmes  sources , 
on  pouvait  prévoir  qu'ils  se  rencon- 
treraient souvent.  Sweert  mourut  en 
1 6'2g,  On  cite ,  parmi  ses  amis ,  Juste 
Lipse,  Jos.  Scaliger ,  Casaubon ,  etc. 
Outre  des  éditions  de  l'Opuscule  de 
Magius  :  De  tintinnabulis  (  F.  Mao- 
Gi,  XXVI,    i'^4))  ^^  ^  Poésies 
latines  de  J.  Boch  (  F.  ce  nom ,  IV  ^ 
6a  7  ),  on  a  de  lui  des  compilations  qui 
n'offrent  aucun  intérêt  aujourd'hui , 
et  dont  on  trouvera  les  titres  dans  les 
Mémoires  du  P.  Niceron,  tome  27, 
ainsi  que  dans  ceux  de  Paquot.  Nous 
nous  contenterons  de  citer  :  I.  Selec- 
tœ  christiani  orbis  deliciœ  ex  urW- 
bus,  templis ,  bibliothecis  et  aUuniè^ 
Cologne,  i6o8,in-ia;  i6a5,même 
format.  C'est  un  recueil  d'épitaphes, 
genre  qui  paraît  avoir  eu  pour  lui  un 
charme  particulier ,  puisqu'il  en  a 
publié  trois  recueib.  oweert  a  beau- 
coup profité ,  pour  celui-ci,  de  l'ou- 
vrage de  Natban.  Cbjrtrée  (  Fojr.  ce 
nom,  VIII,  S\g)iFarior,  in  Eu- 
ropd  itinerum  deliciœ,  IL  Ducatûs 
Brabantiœ  monumenta  sepulchra^ 
lia  y  et  inscriptiones  publicœ  priffUr 

(1)  Jn  deorum,  Jetaiumque  ctipiU  •^  OrUU» 
colleetm  narratiomës  kittoriem  9X  mmmUcUs  Andr, 
SchoUi,  AiiTtn,ûh4*. 


204  SWE 

tœque,  Auvers,  i6i3 ,  in  -  la.  III. 
Epitaphia  joco  "  séria  laiinay  gai' 
lica,  ilalica,  hispanica,  lusiiani-' 
ca,  helgicay  Cologuc,  iCi'iS,  iu-ia. 
IV.  Rtrum  Belgicanim  annales  ^ 
Francfort,  iGio,  in^ibl.  Ce  volume, 
qui  devait  être  suivi  de  plusieurs  au- 
tres^ contient  les  Annales  de  Hollan- 
de, de  Jean  Gerbrand  de  Lcyde,  et 
celles  de  Régner  Suoy;  les  Annales 
belgiques  d'un  anonyme,  moine  d'Eg- 
mond ,  et  de  Gilles  de  Royc  ,  moine 
des  Dunes.  N .  Alhenœ  Bel^icœ  ^  swe 
nomenclator  Inferioris   Germaniœ 
scriptorunij  Anvers,  iG'JiB,  in -fol. 
Cet  ouvrage  est  pltiu  d'inexactitu- 
des^ il  ne  vaut  pas,  à  beaucoup  près, 
celui  de  Valcrc  André'  :  mais  tous  les 
deux  ont  cte  surpasses  par  la  Bi- 
blioth,  Belgica  de  Foppens  (  F,  ce 
nom  ).  W — s. 

SWEERT(Émanlei-.),  fleuriste, 
ne'  à  à  Sevenlxïrgen  près  de  lîrcda  , 
se  rendit  célèbre  par  son  Labiletc' 
dans  la  culture  des  plantes,  dont  il 
finit  par  faire  le  commerce,  et  fut 
nomme  cLef  {pra^fecttis)  des  jar- 
dins de  Tcmpereur  Rodolfe  11.  Ayant 
fait  graver  les  plus  belles  niantes 
de  ses  collections,  il  les  publia  sous 
le  titre  de  Florilegiuin  ampli ssi- 
muni  et  selectissimum  ,  in -fol.  , 
Francfort.  La  pranière  partie  ])anit 
en  iGi2,  et  la  seconde  en  i(ii4;le 
tout,  compose  de  dix -huit  feuilles 
d'impression  ,  comjUTnanl  une  Épî- 
tre  dédicatoire ,  une  Préface  et  un 
Catalogue  en  quatre  langues ,  soixan- 
te-trois ])lanclies  dans  Ja  première 
partie  et  (piarante-trois  dans  Taulre. 
Ainsi  cent  «lix  j)lantes  sont  figurées  : 
la  plupart  sont  des  varitfles  des  lilia- 
cees  et  «{uchpies  arbres.  Plusieurs 
sont  imitets  du  jnidin  de  Henri  IV  , 
par  Vallctet  Robin.  Toutes  ces  plan- 
tes sont  réellement  dessinées  d'après 
nature  et  gravées  correctement ,  mais 


SWE 

très  -  séchemoit  :  elles  rfMffrtWfnl 
à  celles  de  l'ouvrage  que  nous  Tcnoni 
de  citer.  C'est  la  manière  de  cette 
e[)oque,cmploycedans  XtFloriltgmm 
de  ae  Bry ,  et  V Hortusiloridus  de 
Dupas  (  Passxus  ).  Les  deux  partia 
réunies  reparurent  à  Ainstcrdam,  n 
1O47.  On  cite  d'autres  éditions  jus- 
qu'en iGaa;  mais  comme  on  y  Toit 
toujours  figurer  la  preface  de  iGia, 
on  peut  les  soupçonner  identiques. 
C'est  donc  à  cause  de  ces  images  le- 
pre'sentant  des  objets  connus  précé- 
demment ,  que  non-seulcmcnt  dweert 
est  compte'  parmi  les  botanistes , 
mais  que^  de  plus ,  IJnné  a  consacre 
à  sa  mémoire ,  sous  le  nom  de  5u«r- 
tia,mv  genre  formé  sur  ime  des  phs 
belles  plantes  alpines,  de  la  famille 
des  gentianées.  D — p — s. 

SWEIGKER  ou  SCHWEIGKER 
(  Salomon  ),  ministre  protestant ,  né 
en  i5:')4  à  Sultz^  dans  le  pays  de 
W  iirtemberç ,  est  connu  par  son  Toya- 
ge  en  Turquie,  en  Egypte  et  dans  la 
Terre-Sainte.  Le  comte  de  Zinzendoif 
ayant  été  nommé  ambassadeur  de  la 
cour  autricbienne  près  de  la  Porte- 
Otbomane ,  Sweîgker  partit  avec  hn 
en  1677  ,  comme  ministre  e'vangelî* 
que  de  la  légation.  Le  comte  élanl 
retourné  à  Vienne,  en  i58i ,  Sweîg- 
Ivcr  se  rendit  en  Égvpte  avec  qnd- 
qucs  savants;  il  visita  Alexanone, 
Rosette,  d'où  il  se  disposait  à  passer 
au  Caire  ;  mais  la  peste  y  faisait  de  si 
borribles  ravages,  qu'il  traversa  le 
Nil  ,  et  alla  dans  la  Terre  -  Sainte. 
Après  avoir  vu  Jérusalem ,  Betblé- 
bem ,  Damas  et  Tripoli,  il  revint  en 
Allemagne ,  j)ar  Cypre ,  Candie ,  Co^ 
fou  et  Venise.  Crusius  a  ptiblielrs 
d<'tails  de  ce  voyage  sous  le  titre 
suivant  :  J/odoeporicon  sive  itinerÊr 
riitm  D.  Salomonis  Sweigkcri  Sttl" 
t;  en  sis ,  qui  Constantinopoli  in  auld 
h'gati  imperaioris  romani  aliquot 


SWE 

clesiastafuit,et  è  Thra- 
^jrptOy  Palestind,  jirahid, 
rid  peregrinatus  est,  conS" 
à  Mart,  Crusio. ,  Leipzig  y 
1-12.  Cette  description  est 
d'un  petit  poème  eu  grec  et 
dans  lequel  Crusius  raconte 
es  de  Swei[;ker.  G — t. 
IRE  ou  SVERRIR,  roi  de 
,  illustre  par  sa  valeur  et  sa 
passe  pour  être  l'auteur  du 
>yal  j  monument  précieux  de 
ure  islandaise.  Ne'  eu  i  i5i, 
T  rejeton  des  Ha  raid  fut 
é  dans  une  île  éloignée  ,  et 
n  chèque,  qui  l'ayant  élcvd 
,  l'ordonna  prêtre.  En  1 1 7 1 , 

Norvège,  dont  il  parcou* 
;tement  plusieurs  provîii- 
]u'il  fut  arrive  dans  la  Var- 
iruit  se  répandit  qu'un  fils 
gurd ,  conservé  comme  par 
se  trouvait  dans  cette  pro- 
:  l'on  accourut  de  toutes 
ir  le  voir.  Tout  anuonçait 
descendant  d'une  race  au- 
le  l'on  croyait  éteinte,  et 
laissé  de  si  grands  souve- 
îroposa  à  Swerre  de  revcn- 
5  droits  :  o  II  n'est  pas  en- 
nps,  disait -il;  Magnus  est 
jissant  ;  vous  n'ctcs  qu'une 
f  d'hommes  :  je  ne  veux 
ons  sacrifier.  »  Comme  on 
16  Swerre  avait  formé  le 
lier  en  Palestine  pour  pren- 
lux  expéditions  des  croisés, 
carder  à  vue,  afin  de  con- 

Norvége  le  prince  sur  Je- 
iSaient  les  espérances  de  la 
.  On  lui  déclara  même  que 
lit  plus  long -temps,  ou  le 
î  Magnus ,  pour  prix  de  la 
tion  que  l'on  allait  soliici- 
re  reçut  alors  le  serment  de 
> ,  et  jura  sur  son  épce  de  ne 
quitter.  Ses  partisaas ,  dont 


SWE 


nGi 


le  nombre  augmentait  tous  les  jours, 
le  proclamèrent  roi  de  Norvése;  et, 
des  Tannée  11 79  7  il  était  à  la  tête 
d'une  petite  flotte.  Magnus  fut  sur- 
pris, et  Swerre,  après  avoir  gagné 
ime  seconde  victoire ,  proposa ,  dans 
une  entrevue ,  que  les  deux  concur- 
rents partageassent  entre  eux  la  Nor- 
vège. Magnus  répondit  :  «  J'ai  été  sa- 
9  cré  roi  par  le  légat  du  pape  et  d'a- 
9  près  le  consententement  des  états 
9  du  royaume.  J'ai  fait  des  serments  : 
9  je  veux  les  tenir.  Je  c  on  sauverai  ton- 
V  te  la  Norvège ,  ou  je  la  perdrai  avec 
9  la  vie.--*C'es,t  bien  à  moi ,  répondit 
»  Swerre,  qu'il  appartient  de  re- 
9  pousser  toute  proposition  de  par- 
9  tage.  Mon  père ,  né  roi  légitime ,  a 
9  été  mis  à  mort;  mon  frère  aîné  Ha* 
9  cou  a  été  immolé  par  votre  père 
9  Erling,  qui  a  fait  attacher  monu-ère 
9  Harald  il  une  potence.  Mon  troisiè- 
»  mefrère Sigurd  a  eu  la  tète  trancbée. 
9  Ainsi  ont  été  traités  tous  mes  pa- 
9  rents.  Sans  perdre  plus  de  paroles, 
9  que  chacun  rentre  dans  son  camp^ 
9  le  sort  des  armes  décidera.  9  Mag- 
nus proposa  de  vider  la  querelle  dans 
un  combat  naval ,  où  le  nombre  de 
vaisseaux  serait  égal,  puis  il  ajouta  : 
«  Battez -vous,  si  vous  osez,  contre 
9  moi;  la  Norvège  sera  le  prix  du 
9  vainqueur.  —  Je  suis  prince,  ré- 
9  pondit  Swerre;  je  vais  me  mettre 
»  à  la  tête  de  mes  troupes ,  pour  me 
9  mesurer  avec  vous  en  bataille  ran- 
»  gée  :  je  laisse  à  d'autres  le  métier 
9  de  gladiateur.  9  Celte  lutte  dura 
encore  quatre  ans.  Eufin  Magnus , 
complètement  défait  dans  un  combat 
naval,  voyant  le  vaisseau  amiral 
prêt  à  tomber  entre  les  mains  de  l'en* 
nemi .  se  jeta ,  avec  les  princes  de  sa 
maison  et  ses  généraux,  dans  la  mer, 
où  il  périt  le  i5  juin  1 184  (  ^o/, 
Magnus  vi  ,  XXYI ,  1/^6).  Son 
corps  ayant  été  retrouvé  ,  Swerre 


966  SWE  ' 

le  fit  conduire  solenndlement  k  Ber- 
cen  y  Taccompaguaut  avec  respect 
jusqu'à  relise  cathédrale.  Mag- 
nos  avait  le  visage  découvert ,  et 
ses  amis  pouvaient  s'approcher  de 
lui.  Un  d'eux  s'étant  jeté  sur  le 
corps ,  avec  de  grands  cris  de  dou- 
leur ,  Swerre  dit  :  a  Voilà  des  hom- 
»  mes  comme  je  les  aime  :  ils  ne 
»  sont  pas  faciles  à  gagner.  »  L'on- 
cle de  Swerre  fît  l'oraison  funèbre 
en  peu  de  mots,  et  comme  il  convient 
à  un  soldat.  «  Le  prince  que  vous 
»  pleurez ,  dit  -  il ,  a  été  bon  envers 
»  ses  sujets,  mais  impitoyable  envers 
»  nous  et  notre  famille;  que  Dieu 
»  veuille  lui  pardoimer  comme  nous 
»  lui  pardonnons,  v  Swerre  fît  élever 
un  riche  mausolée  sur  la  tombe  de 
Magnus.  N'ayant  plus  de  compéti- 
teur, et  reconnu  souverain  de  la  Nor- 
vège ,  qu'il  avait  conquise  à  la  pointe 
de  l'épée,  il  récompensa  généreuse- 
ment ses  soldats  et  leurs  chefs.  Pen- 
dant tout  son  ri*gnc ,  il  eut  à  lutter 
contre  les  restes  de  la  faction  op- 
posée, contre  le  haut  clergé  et  con- 
tre la  coiu*  de  Rome.  L'archevêque  y 
primat  du  royaume,  faisait  ses  visi- 
tes pastorales  a\ec  la  pompe  d'un 
monarque.  D'après  les  anciens  usa- 
ges, le  roi  prétendait  que  ce  pré- 
lat ne  devait  avoir  à  sa  suite  que 
trcnle  personnes,  avec  douze  sol- 
dats. L'archev(X{iie  répondait  que 
le  pape  lui  avait  confîé  le  siège  ar- 
chiépiscopal avec  tous  ses  droits;  que 
personne  ne  pouvait  restreindre  le 
nombre  des  personnes  qu'il  lui  plai- 
sait de  prendre  à  sa  suite.  La  diète, 
convoquée  par  le  roi  (  1 189) ,  pro- 
nonça contre  l'archevêque ,  qui  por- 
ta ])lainte  à  la  cour  de  Rome.  Le  pa- 
]K  (^'Icstiii  III  (  1 19'Ji)  e\communia 
Swerre,  jeta  un  interdit  sur  la  Nor- 
vc^e ,  et  y  envoya  un  légat  pour  in- 
former. Ajircs  quelques  entrevues^  le 


SWE 

légat  ayant  vfAmé  de  sicnr  le  iti^ 
Swerre  lui  dit  ;  «  Je  eue  povfMi 
»  vous  êtes  venu;  Toue  allée  naii* 
»  ser  notre  argent,  et  Toue  rmnm 
»  irez,  tournant eo  ridioaleleropih 
»  me  de  Norv^  et  ses  hahitanti,  I» 
»  tiret-voiis  sur  le  champ.»  Iliéail 
les  évêques  du  royauDie ,  qoi  bi  dsih 
aèrent  l'onction  royale.  0'a|isèi  ■ 
auteur  contemporain  (  Guiilai^  de 
Neubridge  ),  le  sceau  de  Swcnt  par- 
tait l'empreinte  suivante  :  Swenwm 
rex  magfiusyferus  lU  leo^^  mitis  aC 
agnus.  Voulant  faire  la;  paix  avcck 
cour  de  Rome,  il  assembla  les  cfl- 
aues  de  son  royaume ,  qui  d^wdhmt 
deux  d'entre  eux  au  sonreram  fmA- 
fe.  Un  Norvégien  appeU  Hredarp 
revenu  de  Gonstantinople ,  préMU 
au  roi  de  Norvège  des  lettiee  par  In- 
quelles  l'empereur  Alexia  Gomnbt 
le  priait  de  lui  envoyer  im  eoipe  ià 
mille  hommes  de  bonnci  troopes. 
Swerre  ayant  rejeté  cette 
répétée  avec  de  vives  instances,  tt» 
dar  obtint  la  permtssioa  de  se  im- 
drc  dans  les  villes  maritimes  de  Vê^ 
vége  y  et  d'y  enrôler  les  h 
voudraient  le  suivre  de  bomK 
té.  Alexis  Gomnène  avait  aussi  » 
voyé  des  députés  pour  demand»  èê 
secours  aux  rois  de  Suède  et  de  Di- 
nemark.  Swerre  était  occupe  ea  Ns^ 
vége,  le  haut  clergé  ayant  soidefe'Mt 
partie  du  royaume  contre  bi  ,  Clkl 
rebelles,  encouragés  par  lenn  mt- 
ces  y  ayant  osé  proclamer  on  ai4lf 
roi.  Innocent  III,  profitant  de  en 
troubles ,  lança  sur  la  Nonr^p  ^ 
nouveaux  anathèmes.  Dans  ks  IdMi 
que  ce  pape  adressa  aux  iwé^pttt  k 
royaiune  et  aux  rois  de  Danemaiktf 
de  Suède ,  il  dit  :  «  C'est  pour  povr  kl 
»  Norvégiens  que  Dieu  pcraiel  la ^ 
»  mination  tyrannique  de  Sntjas- 
»  Nous  nous  étonnons  que  Ton  pM^ 
»  donner  des  seooursà  M  «pîslBlj 


) 
^ 


SWE 

nssement  avoir  été  recon- 
confirme  par  le  Saint-Sië- 
isscz  les  Norvégiens,  et 
bandonnent.  Ëxcommu- 
artisans  ;  fermez  les  égli- 
ians  la  partie  de  la  Nor- 
ui  est  attachée,  on  n'ad- 
i'autres  sacrements  que  le 
aux  enfants  j  fjue  Ton  re- 
e'pulturc  ecclésiastirpic  à 
irs  (i  198).  »  Swerre,  ac- 
igne  et  d'inquiétude,  tom- 
1  Bergen.  Sentant  appro- 
nicrs  moments ,  il  deman- 
ments,  qu'il  voulut  rece- 
ir  son  trône.  Il  fit  lire  et 
»a  pre'scnce  les  dernières 

qu'il  donnait  à  son  iils 
on;  et  il  ajouta  :  «  Je 
iprès  ma  mort  on  me  de*- 
face  ,  afin  que  mes  amis 
memis  puissent  bien  me 
3  prince ,  si  grand  dans  la 
mauvaise  fortune,  mou- 
1 ,  n'ctant  âge'  que  de  cin- 
ns.  Son  histoire  a  été'  re- 
plusieurs auteurs  contem- 
itre  autres ,  par  Charles  , 
lingeyr ,  qui  paraît  avoir 
1  dictée  de  Swerre  lui-mê- 

Torfcei  historiée  rerum 
T/m ,  pars  3a,  et  4«. ,  Co- 
1711,  in-fol.  On  croit  que 
l'auteur  du  Miroir  royal, 

pour  la  première  fois, 
ieiine  langue  norvégicn- 
ndaise ,  avec  la  version 
itine,  sous  ce  titre  :  Kongs- 
utlogd  a  dauTisku  og  la- 
lum  regale  cuminterpre- 
nicd  et  latindy  Soroe  , 
4".  Dans  cet  ouvrage ,  si 
[)ar  sou  contenu  et  son  an- 
iicité ,  l'auteur  converse 
mt  avec  sou  (ils ,  se  pro- 
Tinstruirc  dans  l'art  de 
•t  d'administrer.  Il  divise, 


SWE  àfl7 

dans  Texoide,  )e  sujet  qu'il  va  traiter 
en  quatre  chapitres  :  Du  commerce^ 
De  la  cour  y  Vu  clergé  et  Des  cul- 
tivateurs. Il  ne  nous  reste  plus  que  les 
deux  premières  parties  y  les  deux  au- 
tres, SI  elles  ont  été  écrites,  s  Vtaut  éga- 
rées. La  premièrepartie  traite  du  Com- 
merce maritime  et  des  connaissances 
qu'il  exige.  On  y  trouve  un  petit  Trai* 
té  d'astronomie  et  de  ph^ique  pra« 
tique  et  une  belle  Description  des 
vents  et  des  tempêtes.  Le  commerce 
des  Norvégiens  se  faisant  alors  parti- 
culièrement avecrHibemie ,  (l'Ecos- 
se), l'Islande  et  le  Groeidand ,  l'autedf 
doime  la  description  géographique  de 
ces  îles,  des  mers  qui  les  entourent  y 
s'attachant  surtout  aux  objets  qu'el- 
les présentaient  an  commerce.  Il  dé- 
crit fort  au  long  les  baleines ,  les  au- 
tres cétacés ,  la  manière  de  les  jprcn- 
dre  et  d'en  tirer  parti.  Ce  qu'il  dit 
sur  les  volcans  de  l'Islande  annonce 
des  connaissances  physiques  j  rares 
dans  le  doutiëme  siècle.  C'est  dans 
cette  île  qu'il  place  tes  enfers.  Il  parle 
d'un  ouvrage  sur  les  Merveilles  de 
l'Inde ,  qui  avait  été  dédié  à  l'empe- 
reur Manuel  Comnène.  La  seconde 
partie  est  divisée  en  deux  chapitres. 
Dans  le  premier ,  l'auteur  parle  de 
ceux  qui  entourent  le  roi  ;  et  dans  le 
secoua  y  il  montre  ce  qu'est  un  bon 
roi  ,  ce  qu'il  doit  faire  et  éviter, 
a  Si  vous  étiez  appelé  par  le  roi  à 
«  partager  avec  lui  les  soins  du  eou- 
D  vememait ,  dit  l'auteur  k  son  nls  , 
»  prenez  pour  principe  de  vos  ac- 
»  tions   la    cramte  et  l'amour   de 
»  Dieu.  Soyez  intègre ,  juste  et  tem- 
»  pérant.  N'oubliez  jamais  qu'il  y  a 
»  ime  autre  vie ,  et  que  nos  bonnes 
»  et  mauvaises  actions  vous  survi- 
»  vronl  quand  ^  de  cette  vie  si  cour- 
»  te  y  vous  passerez  dans  l'éternité. 
«  La  plus  grande  partie  des  hommes 
»  vivent  et  meurent  commedes  bêtes^ 


a68 


SWE 


»  ou  plutôt  pis  que  les  bétes,  puisque 
»  celles-ci  remplissent  leur  destina- 
»  tion.  Étant  le  ministre  de  votre  roi, 
»  aimez- le  au-dessus  de  tout ,  après 
a  Dieu.  »  Ce  que  Tauteur  dit  sur  les 
usages  de  la  cour  ^  sur  la  guerre ,  sur 
la  conduite  d'une  armée,  sur  Fa ttaque 
et  la  défense  des  places,  est  précieux 

Sour  l'histoire  des  mœurs  du  Nord 
ans  le  douzième  siècle.  On  a  aussi 
découvert,  dans  la  bibliothèque  roya- 
le de  Copenhague,  un  manuscrit  du 
treizième  siècle  (  n*».  1 1 4  9  A ,  in-4**.)? 
qui  contient  un  Traité  de  droit  pu- 
blic ,  écrit  par  Swerre ,  en  ancienne 
langue  islandaise.  Ce  manuscrit  a  été 
publié  par  Christ.  WerlaulT,  uu  des 
conservateurs  de  cette  bibliothèque  , 
sous  ce  titre  :  Anecdoton  fûstoriarn 
Swerreri  régis  Norvegite  illus- 
trans,  è  codics  membranaceo  hi- 
hliothecœ  Ama-  Magnœanœ  ^  ciun 
versione  latind  et  commentario.  Co- 
pcnhagiie ,  1 8 1 5 ,  iu-8<>.  Dans  sa  pré- 
face ,  l'éditeur  donne  de  curieux,  dé- 
tails sur  Swerre ,  sur  ses  qualités  ,se9 
défauts  et  sur  la  lutted;ins  laquellece 

S  rince  fut  engagé  avec  le  haut  clergé 
c  Norvège  et  avec  la  cour  de  Rome. 
Ici  l'on  croit  voir  Henri  IV  en  présen- 
ce de  la  Ligue;  et  l'histoire  des  deux 
princes  oll're  d'autres  rapproche- 
ments également  frappants.  Tous  les 
deux  ont  eu  à  conquérir  à  la  pointe  de 
l'épce  riiéritage  de  leurs  pcrcs.  Sur 
le  champ  de  bataille,  ils  désarmaient 
l'ennemi  par  la  promptitude,  la  sa- 
gesse de  leurs  mesures  et  par  leur 
courage.  Après  la  victoire ,  ils  ga- 
guaicut  les  cœurs  par  la  franchiîie  et 
la  loyauté  du  ])araon.  Swerre  eut  un 
avantage  qui  fut  refusé  au  chef  des 
liourbons.  Ayant  vécu  dans  la  re- 
traite jusqu'à  Tàgc  de  vingt-cinq  ans, 
le  descendant  des  llaralds  avait  fait 
des  études  fortes  et  aprofondics. 
Il  connaissait  parfaitement  riûstoi- 


SWE 

re  ,  la  philosophie,  la  tbéol 

droit  civil  et  canonique.  Il  p 

comme  Henri ,  toutes  les  rc 

de  l'art  oratoire.  Sur  le  ch 

bataille,  il  enflammait  ses 

en  leur  entounlint  des  Hyn 

crés ,  qu'il  avait  composés. 

cours  qu'il  leur  adressait  0 

force  de  raison,  cette  loyaut 

droit  au  cœur  du  soldat  et 

fait  mépriser  le  danger.  Ce 

discours  seraient  dignes  d'ê 

de  sou  histoire   et   d'être 

séparément,  comme  modo! 

véritable  éloquence  militait 

vrage  que  l'on  a  découvert  ( 

ment  acquiert  une  nouvelle  in 

ce  en  ce  moment  où  les  espr 

cupent  si  vivement  de  la  ao« 

Bossuet  et  des  quatre  articles 

glise  gallicane  adopta  en  16 

ci  le  plan  de  Swerre,  que, 

développements,  il  appuie 

textes  pris  dans  l'Écriture 

dans  les  Lettres  des  papes  ci 

écrits  de  saint  Augusthi,  de  : 

rome  et  des  autres  Pères  de 

Dans  l'exercice  de  ses  droits, 

té  royale  est  indépendante  del 

ecclésiastique.  J.-C.  a  établi  s 

pour  exercer  des  droits  spir 

non  pour  usurper  l'admin 

des  cnoses  qui  sont  puremc 

monde.  Ija  situation  d'un 

devient  déplorable  quand 

trouble  l'ordre  social  par  s€ 

tements.  Les  sentences  d'à 

que  le  pape  et  les  éveques  1 

légèrement  sont  nulles.  Le: 

du  clergé  envers  l'autoriti 

relie   sont   clairement   tra< 

rÉcrilure  sainte  et  daus 

canon.  C'est  Dieu  lui  -  m 

a   investi  les  rois  de  la  ; 

qu'ils  exercent.  Que  les  ec 

([ues  ouvrent  les  saintes  Ec: 

les  saints  Pères ,  et  ils  y  ti 


SWE 

K  et  exprcssemoit  ordonne 
'ent ,  comme  les  antres  sti- 
ssa uce  et  respect  au  souvc- 

I  autre  cûte ,  les  rois  sont 
cconler  à  TÉgilse  prolcc- 
speciale.  La  Nurvrçe  est  là, 
histoire  et  avec  ses  faits  , 
ver  que  ses  rois  ont,  en  tout 
ercc  ce  droit  de  uatroiia^c 
itlaires  ecclésiastiques.  Les 
js  qu'un  roi  pourrait  avoir 
[>rè5  les  instances  des  évc- 
t  nulles  ;  et  ses  succAseurs 
svendiqiser  des  droits  inlic- 
majcitéroyaîe.  »  Aiusi  sV.\- 
vcrs  la  iin  du  douzième  siè- 
rince  du  Nord,  en  son  vied 
laïklais  ;  et  c'est  le  même 

II  uut  tenu  depuis  St.  Louis, 
le- Bel  et  Louis- le -(îrand, 
ont  réclame  c<^i!tre  îles  prc- 
ui,  poussées  outre  mesure, 
.  troubler  la  paix  daiLs  leur 

(i— Y. 

NllEIM  î  Conrad  ) ,  alle- 
rtage  avec  son  compatriote 

(  r.  ce  nom  f  i  ; ,  XXXI I , 
p;loirc  d'avoir  porte  !*impri- 
Italie.  Il  paraît  que  Sweyu- 
:essa,  eu  147^,  la  société' 
t  faite  avec  Pannartz  ,  que 
qtliquer  tout  entier  à  l*art 

en  cuivre.  11  entre|)rtt  une 
;  Ptoleniéc^  et  la  préface  de 
lion  ,  qui  parut  eu  i47^ 
fit'CKiNCK  ,  VI  ,  -207  ), 
qu'il  mourut  y  après  avoir 
trois  années  à  cette  occu- 

cc   qui  porte  la  date  de 

eu  i47(>  ^n  i477.«  ^"  ^^*^ 
IV rage  sous  le  nom  seul  de 
im  ;  mais  beaucou]>  portent 
Swvynheim  et  Pannartz, 
et  Sweynbeim  ont ,  les  prc- 


'■rticitf  dr  PAKintris  ,   r.'i-«t  p«r  Uule 
que  Ic<  (Juixstlonn  lH\'i  Tlt^m^x  aout 
;^i  tour  dat*  est  ii)7*>. 


SWI  369 

mi'ers ,  fondn  et  employé'  des  carac- 
tères grecs  (  il  y  a  des  passages  grecs 
dans  leurLactancede  i4^>^)  ;  les  pre- 
miers ils  ont  fait  usage  des  registres 
contenant  les  premiers  mots  de  cha- 
que feuil!et  ^leur  César  est  de  1  ^ik))  ; 
les  ])remiers  eniin ,  ils  ont  mis  à  leurs 
éditions  des  préfaces  (  V Apulée  est 
de  i4^>9  ),  et  des  notes  margina- 
les (  leur  AulugelUi  est  encore  de 
i4(>9).  A.  B — T. 

SWlENTOTiHNA,  reine  de  Bo- 
hème ,  épouse  de  Wratislas  II ,  était 
fille  de  Casimir ,  roi  de  Pologne ,  et 
de  Marie  Dobrognicwa,  lilledeWla- 
dimir-le-Grand ,  duc  de  Kiow.  Dans 
les  chroniques  bohémiennes  ,  elle  est 
appelée  Swata^va  ,  en  latin  Béatrix. 
Cette  princesse  épousa ,  en  1 06^ ,  en 
troisième  noces  Wratislas  II ,  duc  de 
Bohème ,  et  en  1  o8<) ,  elle  reçut  avec 
son  époux  la  couronne  et  l'onction 
royale.  Sage  et  pieuse ,  elle  vit  avec 
beauroiq>  de  chagrin  les  désordres 
de  Boleslas-lc-llarai ,  roi  de  Pologne, 
son  frère  ,  et  lui  fit  des  représenta- 
tions que  Wratislas  appnya  de  son 
autorité.  Tout  fut  inutile,  et  S.  Sta- 
nislas, évequc  dcCracovie,  ayiint  éxé 
sacrilié   aux  passions  fougueuses  de 
Boleslas  ,    ce    mauvais  piince    fut 
obligé  de  se  soustraire  par  la  fuite  à 
l'indignation  de  ses  sujets  (  Vojr,  Bo- 
leslas ).  Swientochna  eut  de  Wra- 
tislas quatre  fik:  Brzcczisbs,  Bor- 
zivoy ,  Wladislas  et  Sobieslas.  Elle 
vécut  assK  long-temps  pour  les  voir, 
Tnn  après  Tanlre,  succéiler  à  leur 
l^ëre ,  ayant  survécu  plus  de  trente 
ans  à  son  mari ,  mort  en  109^.  Le 
ciel  parut  l'avoir  conservée,  alln  que, 
par  son  autorité  ,  elle  put  calmer  les 
dissensions  qui   éclatèrent  dans  sa 
famille.  Celle  princesse  n'eut  que  des 
malheurs  à  déplorer  :  Brzcczislas,  son 
lils  aîné,  après  im  règne  de  sept  ans, 
fut  assassiné  à  l'instigation  des  V 


370  SWl 

sowiez  ({ni  appartenaient  h  la  famille 
riante  (i  100);  Boruvoy  ^  son  se- 
cond fils  y  aprbs  avoir  goiiTcmë  la 
Bohème  pcnoant  six  ans ,  ftit  chasse 
par  son  neveu  Swientopclk ,  qtii  eut 
poiur  successeur  Wladistas ,  troisième 
iils  de  Swientochna:  ce  dernier  fut 
presque  toujours  en  guerre  avec  ses 
frères  Borzivovet  Sobieslas.  En  1 1 1 1 , 
leur  mère ,  à  U)rce  de  prières ,  les  re- 
concilia. De  nouveaux  troubles  e'tant 
survenus ,  elle  fit  encore  la  paix  entre 
eux(i  \*ii).  Enfin  en  1 123,  Wladis* 
las ,  tombe  dangereusement  malade, 
et  e'tant  vivemeut  sollicite  par  son 
épouse,  de  dcfsigner  pour  son  suc- 
cesseur sou  cousin  Otton  ,  comte 
de  Moravie,  Swientochna^  chargée 
d'années  et  d^iiilirmités  ,  accourut  à 
Prague.  Wladislas ,  cédant  aux  lar- 
mes et  aux  touchantes  i*cpréscnta- 
tions  de  sa  mère ,  se  reconcilia  avec 
son  frère  Sobieslas  et  le  désigna  pour 
son  successeur.  G — y. 

SWIENrOPELK(i),  roi  de  Mo- 
ravie ,  reçut  le  baptême  avec  Radis- 
la  w,  sou  oncle  ;  en  S6iy  des  mains 
de  S.  Cyrille  et  de  Méthodiiis ,  apô- 
tres des  peuples  Slaves ,  dans  la  Bul- 
garie et  la  Bohême.  Oubliant  ce 
qu'il  devait  à  Radislaw  son  bien- 
faiteur ,  qui  lui  avait  donné  une  pro- 
vince de  la  Moravie  eu  fief,  il  livra 
sou  malheureux  oncle  à  Louis-le-Ger- 
mauiqiie,  qui  lui  fit  crever  les  yeux: 
par  là  Swientolpelk  dcviut  maître  et 
roi  delà  Moravie (870).  Au^ommen- 
cemeut  du  huitième  siècle ,  ce  royau- 
me comprenait  la  Norique  et  l'an- 

{i)Swirnli>peU  virât  lU  deux  mot*  sUTes;  U 
prcmirr  Swiento ,  Mi{;ninr  tainl .  fHcri  :  1r  ««cond 
pM ,  pttUck ,  piUk  uu  pulk ,  TCiil  dire  U§ion  ,  ro» 
hortc^  mfjfiiHeat ,  el  ({itMlipiefois  peiiple^  nmtion.  Le 
mol  Swiniln|)<>1k  paraiiiMnl  trop  dur  aui  autenrt , 
«mi  mlun  rcrivaicul  eii  latin ,  iU  l'adimcirent  ca  l« 
ciiangrant  m  '/.uiieotiboldiu ,  /uurntiliold  ou  Sua- 
limluloii.  I<e  fila  d'Amoul ,  dnc  dr  I<«irr«D« ,  qmi 
ualiM>lêai«  avait  r«f  aU  nom  de  ton  parrain^  $i«ien- 
lo|»rlk,  rtti  de  Moravie,  n'eit  connu  dMM  l'1ib> 
taiM  qm»  mm  It  non  cl~  * — 


SWI 

cieone  PanDone  toot  cabin; 
les  Huns  s'étant  jetés  wr  la 
nome  orientale  ,  le  royanme 
Swimtopelk  n'en  avait  nias  «r 
partie  occidentale;  cqienoant  il 
prenait  encore  les  deux  rives  di 
nube  depuis  lintz  jusqu'à  Set 
c'est-à-dire  rAutncfae  pnmrc 
dite  et  la  basse  Hongne.  La 
hême  dépendait  aussi  de  oe 
royaume,  dont  Swientopelk 
l'investiture  des  mains  de  Lou 
Gi^rmâniqiie.  Ije  nouveau  roi,  1 
çonné  d' in  fidélité ,  fut  arrêté, 
en  prison ,  mais  bîentdt  après 
en  liberté,  parce  qu'on  n'avait 
convaincre.  On  lui  confia  mk 
commandement  de  l'année  bavai 
pour  aller  soumettre  Slavaman 
rent  de  Radislaw,  qui  s'était  ré 
Mais  Swientopelk  pensait  à  se  ▼ 
de  l'affront  qui  lui  avait  été 
beaucoup  plus  qu'à  réduire  ses 
patriotes.  Des  qu'il  fîit  arrii 
Moravie ,  il  s'éloigna  secrèteme 
ayant  rassemblé  un  corps  de  Kn 
mora viennes,  il  tomba  onisgiH 
sur  les  Bavarois ,  qui ,  se  gardai] 
dans  leur  camp ,  furent  tons  ei 
ou  faits  prisonniers ,  malgré  V 
présentations  de  S.  Méthodîu 
conduite  de  Swientopdkétaitp 
gulière  ;  mais  il  montra  beaneoi 
zèle  pour  la  propagation  de  la  I 
tholique,  envoya  plusieurs  foi 
députés  au  pape ,  et  reçut  dei 
tructions  et  des  éloges  de  la  eo'> 
Rome  en  différentes  circonstai 
surtout  à  l'occasion  de  la  conrc 
de  Borzivoy,  duc  de  Bohême,  < 
quelle  il  fut  le  principal  autei 
faisait  sa  résidence  à  Wéléhrad 
sud  d'Olmutz,  surlaMorave. 
difficultés  s'étantélevées  ausiqel 
comté  dépendant  de  la  Morai 
situé  *  les  fri  ntières  de  la  Bai 
les  pr  5  s'adiessèfem  i 


SWI 

roi  de  Germanie.  Swiento- 
nëconteat  passa  le  Danube 
lout  à  feu  et  à  sang.  Ces  raya- 
ërent  doix  ans  et  demi  ;  enfin 
■eur  Gharles-le-Gros  se  ren- 
864  >  dans  la  Basse- Autriche; 
une  entrevue  qu'il  eut  avec 
opeik,  il  lui  céda  toute  la  Pan^ 
pour  laquelle  ce  roi  lui  fit 
i;e  comme  vassal.  En  892  ^ 
«ur  Amoul ,  qui  avait  mon- 
plus  grande  bienveillance  à 
>pelk ,  e'taut  venu  sur  les  fron- 
e  la  Moravie ,  le  (it  inviter  à 
revue;  ce  qui  fut  refuse  avec 
'  par  ce  prince.  Amoul  ir- 
;agca  les  peuples  voisins  à 
sur  la  Moravie,  laquelle  eut 
ip  à  souflrir  de  leurs  iiictir- 
»wientGpelk  mourut  en  894  9 
de  SCS  voisins .  laissant  trois 
Dt  Taine ,  appelé  Swientibold, 
éda.  Il  ne  sut  point  défendre 
i;e paternel  ,qin,  enpeud'an- 
pvinl  la  proie  des  peuples  voi- 

G—Y. 

ENTOPELK  ou  ZUENTl- 
roi  de  Ijorraine ,  était  fils  na- 
Tempereur  Amoul ^  et  reçut 
ni  de  Swientopeik,  roi  de 
î,  son  parrain  (  F'.  TarUcle 
nt).Son  père,  qui  avait  pour 
vive  affection,  voulait  le  de'- 
)n  héritier,  et  le  faire  recon- 
31  de  Germanie  ;  mais  ayant 
union  légitime  un  fils  (Louis)^ 
succéda  dans  la  suite ,  il  se 
i  de  proposer  Swientopelk 
'S  de  Lorraine  pour  leur  roi, 
fut  d'abord  rejeté.  I /année 
;,  Amoul  tint  un  concile  dans 
isde  Tribure  près  de  Malence. 
jues  assembles  envoyèrent  an 
députés  pour  lui  demander 
:  disposé  à  protéger  les  égli- 
k  en  affermir  Tautorité.  Le 
fit  dire  qu'ils  n'avaient  qu'A 


SWI  571 

s'acquitter  fidUement  de  leur  minis- 
tère, et  qu'ils  le  trouveraient  toujours 
prêt  à  combattre  quiconque  oserait 
leur  n^tster.  Alors  les  évéques ,  se  le-^ 
vaut  de  leurs  sic^ ,  s'écrièrent  :  FTve 
le  grand  roi  Amoid  I  Ils  firent  soi^ 
ner  les  cloches  j  chanter  le  Te  Datm^ 
et  s'étant  inclinés  devant  les  dépu» 
tés ,  il  les  prièrent  de  témoigner  aa 
roi  toute  leur  reconnaissance.  Le  mo- 
narque se  rendit  au  concile;  et  les 
évéques  furent  admis  k  sen  conseQ 
secret  Ce  fut  probablement  U  qu'il 
réussit  à  vaincre  toutes  les  résistan- 
ces, et  que  l'on  consentit  à  le  re- 
connaître pour  roi  de  Lorraine 
(  895  ).  Peu  de  temps  après  ,  Ar- 
noul  convoqua  une  diète  générale  k 
Worms  ,  où ,  du  consentement  des 
grands  et  des  évéques  ^  il  déclara  et 
fit  couronner  Swientopelk  roi  de 
Lorraine.  Dans  les  archives  de  S« 
Mihiel^  d'Eptcraach  ,  de  Prumm^ 
de  S.  Maximin  à  Trêves ,  de  S* 
Èvre  à  Toul,,de  S.  Gr^oire  en 
Haute  -  Alsace ,  dans  les  catnednles 
de  Trêves  et  de  Toul ,  on  trouve  des 
chartes  accordées  par  ce  prince,  en 
895  et  8g6,  avec  son  effigie,  son 
monogramme  et  sa  qualité  de  roL 
D'après  cela .  on  voit  aue  le  royau- 
me de  Lorraine  s'étenoait  bien  loin 
au-delà  des  limites  du  diicbé  qui  a 
porté  cenom.  Eudes ,  comte  deParis , 
avait  été  proclamé  roi  de  Fraiice,  au 
préjudice  de  Charles  -  le  -  Simple. 
Swientopelk ,  sous  prétexte  de  sou- 
tenir celui-ci  contre  Eudes ,  mais  en 
effet  dans  le  dessein  d'augmenter  sa 
puissance .  entra  en  France ,  et  vint 
mettre  le  siège  devant  Laon.  Cette 
ville  se  défendit  avec  courage;  et 
Eudes,  qui  était  en  Aquitaine ,  eut 
le  temps  d'accourir  à  son  secours. 
Sans  l'attendre ,  Swientopelk  leva  le 
siège,  et  rentra  dans  ses  eiats  (8g6). 
C'est  da»  ees  droonstanees  que  Fem- 


n-jn  SWI 

qucs,  archev^c  de  Reims,  pressé 
par  le  pape  Etienne  VI ,  de  venir  à 
Rome,  écrivait  :  «  Je  me  rendrai  un 
»  jour  près  de  vons^  si  cependant 
r>  les  cliemiiis  deviennent  Hures.  A 

V  présent  ils  sont  fermes  par  Swien- 

V  topelk ,  fils  du  roi  Amoul.  Ce  prin- 
»  ce  attaque  Téglise  de  Reims,  dont 
»  il  prend  les  biens  pour  les  donner 
»  à  ses  vassaux.  Je  vous  en  prie,  rc- 
»  primez  sa  tyrannie,  par  votre  au- 
«>  torite'  apostolique,  d  Les  comtes 
Etienne ,  Odacres ,  Gérard  et  Mat- 
fned  avant  eu  le  malheur  de  déplai- 
re h  Swicntopclk,  ce  prince  les  dé- 
pouilla de  leurs  Liens  et  de  leurs  di* 
gnités.  11  vint  à  ïrcves ,  et  partagea 
entre  ses  serviteurs  les  biens  de  ces 
seij^neurs  ,  ne  se  réservant  que  deux 
abbayes  de  filles,  l'une  à  Metz  et 
l'autre  à  Trêves,  lesquelles  avaient 
été'  usurpées  par  les  comtrs  tombés 
en  disgrâce.  Aruoul  était  alors  à  Ro- 
me, où  il  s'était  fait  reconnaître  empe- 
reur. Son  (ils  lui  envoya  demander  son 
consentement  pour  le  mariage  qu'il 
voulaitcontracter. D'après  l'aveu  de 
l'empereur ,  Swientopelk  envoya  des 
ambassadeurs  au  couUe  Eudes ,  roi 
de  France,  qui  accorda  sa  fille  Oda 
au  roi  de  Lorraine.  Ij'enipereur 
ayant  convoqué  une  diète  générale 
à  Worms  (897  ),  Swientopelk,  qui 
s'y  rendit,  fut  accueilli  avec  af- 
fection par  son  père,  qui  le  réconci- 
lia avec  les  quatre  comtes  dont  il 
avait  partagé  les  dépouilles.  Depuis 
cette  époque,  les  comtes  Gérard  et 
Malfried  prirent  une  part  très -acti- 
ve aux  aflfaires  de  la  Lorraine.  Le 
célèbre  Rép;inon  ,  abbé  de  Prumm , 
fut  obligé  de  se  démettre  de  son  ab- 
l)aye  en  fa  veut-  île  Richard^  qui  était 
frère  de  ces  deux  comtes  (899). 
Swientopelk  avait  alors  éloigné,  sans 

n'en!  sût  par  quel  motif,  le  plus  fi- 
èle  de  ses  conseillers,  le  doc  Régi- 


i 


SWI 

I 

naire;  rayant,  dépouillé  de  M 
et  de  ses  dignités ,  il  ne  lui  an 
né  que  treize  jours  pour  qu 
royaume^  Les  amis  du  duc  se 
reiit  à  lui,  et  se  retirèreiât  d 
lieu  entouré  de  marais,  Appe 
fus.  Swientopelk  marcha  cont 
mais  il  fut  obligé  d'abandoni 
entreprise.  I^es  mécontents  i 
trouver  Charles-le-Simple,  q 
vorisé  par  leur  parti ,  marcb 
éprouver  de  résistance  ,  sur  à 
Chapelle  ,  Nimèguc  et  Prum 
paix  s'étaut  faite  entre  les  deu 
ces ,  Charles  repassa  la  Meus€ 
vint  en  France.  Swientopelk 
à  la  diète  convoquée  à  Saint 
sur  le  Rhin ,  en  098;  et  il  y 
conférences  avec  les  disputés  è 
pereur  Amoul  et  du  roi  Chai 
paraît  qu'à  son  insu ,  ou  prit  1 
sures  pour  lui  oter  la  Lorraii 
par  sa  conduite ,  il  s'était  attir 
coup  d'ennemis.  Ayant  fait  : 
ment  une  seconde  tentative  su 
fos ,  il  ordonna  aux  évcques 
royaume  d'excommunier  lesd 
gneurs  rebelles.  I^es  prélats  s' 
s<int  avec  constance,  il  les  c 
d'injures  et  d'outrages.  C'est 
blement  en  cette  circonstanc 
osa  frapper  d'un  bâton  Ratbo 
cbeveque  de  Trèves.Unc  telle  b 
envers  un  prélat  qui  jouissait 
grande  faveur  auprès  du  roi , 
beaucoup  à  la  baine  que  Swiei 
s'était  attirée.  Le  mécontei 
étant  devenu  général ,  les  gra 
royaume  allèrent  trouver  le  roi 
qu'ils  proclamèrent  roi  de  Le 
à  Thiouville.  Swientopelk  i 
contre  eur,  et  ils  lui  livrcrc 
les  bords  de  la  Meuse ,  une  1 
sanglanjle ,  où  il  périt ,  le  1 3  ao 

G 

SWIENTOPEI-K ,  grand- 

Kio>v  ,  Ois  aipé  .de.  Wladi 


SWI 

,<fpoiisa,  vers  Tan  looo,  un 
(Bolesks  l*^.  j  roi  de  Pologne, 
princesse  fut  envoyée  en  Rus* 
r  son  père  ,  (jui  la  fit  accompa- 
lar  Reinbom  ,  évèqne  de  Gol- 
3e  prâaty  joignant  une  mission 
lique  à  cetle  que  le  prince  lui 
Mmfiéè;  prêcha  la  foi  aux  Rus- 
rec  un  zèle  héroïque ,  et  voulut 
les  traces  de  Brunon  et  de  Bo« 
,  qui  avaient  subi  le  martyre  en 
pant  l'Évangile  dans  les  mêmes 
es.  Swientopelk ,  à  la  prière  de 
is  ,  son  beau-père ,  racheta  le 
de  Bruuon  et  Venvoya  en  Po« 
Wladimir  -  le  -  Grand  s'étant 
rti  et  ayant  adopté  le  rit  grec  ^ 

que  son  fib  Swientopelk  pra* 

la  religion  romaine ,  cette  dif« 
e  contribua  beaucoup  à  ai'* 
I  père  contre  le  fils^  et  cdui-ci 
fermé  avec  son  épouse  et  aveo 
le  Reinbem ,  dans  un  fort  d'où 
sortit  qu'après  la  mort  de  son 
en  ICI 5.  Son  droit  d'aînesse 

hii  faire  obtenir  la  couronno 
f;  maisFattachement  qu'il  avait 
é  pour  l'Église  latine  ,  et  ses 
is  avec  les  Polonais  ,  enne* 
laturcls  des  Russes ,  avaient 
i  de  lui  sts  sujets.  Tous  les 

se  portèrent  vers  son  frère 
qui  avait  été  chéri  de  leur  père 
imir.  Cependant  ce  frère  géué- 

cédant  aux.  lois  de  la  nature  j 
lut  son  frère  pour  son  souve=> 
Tant  de  générosité  ne  put  flé- 
twicntopelk  :  peu  rassuré  par  le 
éressemcut  de  son  frère,  if  le  fit 
>yabiem€nt  massacrer ,lui  et  leur 
cadet ,  appelé  Gelb.  Cette  bar- 
eicita  l'indignation  de  tous  les 
es  russes  ;  et  le  duc  de  Nowco- 
iroslaw^  s'étant  mis  en  marcne 

d'une  armée,  pour  venger  lé 
re  de  ses  frères  j  Swientopelk 
qiris ,  battu  et  forcé  de  se  ré- 

XLIV. 


SWI 


«7» 


fegierfnPolofDey  oè  il  alla  «nccwe 
une  foi»  implmwr  les  seeoun  àt  son 
bean-père.  Ce  monarque  ^  stfdiât  par 
la  promesse  que  loi  fit  son  gendre  de 
le  reconnaître  poor  sonvemn  dn  dn- 
ché  de  KioWy  se  mit  de  noBYean 
en  campagne  y  et  vint  y  à  la  file  d'onp 

Îiuissante  année,  porter  k  fer  et  le 
eu  dans  les  environs  deKiow.  Il  âiit 
près  de  s'emparer  de  cette  villes 
lorsque  Temperear  Henri  l'oUigea  , 

Sar  une  diversion  y  de  revenir  pomr 
étendre  son  royaume*  La  paix  ayant 
bientât  été  conclue  avec  Tempe- 
leur ,  Bokslas  se  disposa  à  Cure  de 
nouveaux  efforts  en  fiiveurde  Swîen- 
topc&ietles  deux  princes  ne tardb* 
rent  pas  à  se  diriger  encore  mie  fins 
contre  la  Russes.  Avant  rBDContrrf 
Jarodaw  sur  les  boros  du  Bog ,  ib 
le  mirent  en  fiiite ,  et  s'emparirelit  de 
Kiow»  Aucun  obstacle  ne  s'opposait 
au  rétaUissement  de  Swientopâk;  et 
ce  fat  alors  q^^ de  cono^  avec  son 
beau-pire^  il  dilata  Tarchevêque 
4e  KIow  vers  Jarosbw  pour  propo- 
ser à  ce  pnnce  de  lui  renvoyer  son 
ëpouse,  iDle  de  Boleslas ,  ainsi  que 
l'évèque  Reinbem.  A  cette  coiidition, 
il  offrait  de  rendre  la  belle-mère  |  la 
femme  et  les  huit  sœurs  du  pnnce 
russe ,  que  l'on  avait  trouvées  dans 
le  couvent  de  Sainle-Sophie  k  Kiow. 
Swientopelk  vojfait  avec  peme  qu'il 
n'avait  que  le  titre  de  grand^uc,  h 
ville  et  les  places^brles  a;|rimt  garni- 
son polonaise.  Devant  satislaîrs  anx 
besoms  de  cette  armée  étrangère  ,.cC 
ne  pouvant  suffire  à  toutes  les  de- 
mandes, il  mécontenta  les  Polonais , 
qiûy  fiers  de  leurs  succès»  se  nennei: 
taient  tous  les  excès.  De  là  s'éle- 
vèrent de  vives  altercations  entre  le 
beau-père  et  le  gendre.Enfin  Boleslas 
ayant  rassemble  son  armée^  à  un  si- 
gnal donnrf^la  ville  deKiow^quele  roi 
avait  |asfae4à  épargnée  ^  fiit ,  ainsi 

'      i8 


374  ^swi 

qucleseQyiiH>iis,abando»f)cc  au  pill»' 
^c.  Bolcslas  relounia  eu  Pulogue  avec 
son  armcc ,  cuiuicnaut  connue  otaces 
deux  sœurs  de  Swicutopelk,  et  les 
principaux  scigucuisdupays,  où  Ja- 
roslaw  rcviut  aussitôt.  Svvienlopelk  , 
qui  avait  pris  à  sa  soide  uu  cor|)s 
iioud)rcux  de  Pieczingowicus  y  fut 
vaincu  ,  mis  eu  fuite,  et  se  sauva  jus- 
qu'à Brzesc  sur  le  Bug ,  où  il  fut  ac- 
cueilli par  ie  gotivcnieur  polonais. 
Ayant  erre  pendant  (juelque  temps  , 
saus  oser  paraître  à  la  cour  de  son 
beau-père  ,  il  succomba  sous  le  poids 
de  ses  malheurs,  et  mourut  dans  une 
petite  ville  sur  les  frontières  de  la 
Bolicme.  G — y. 

SWIENTOPELK ,  duc  de  Bohè- 
me, était  llls  d'Otlun ,  marquis  d'Ol- 
mutz,  qui  mourut  eu  1091  ,  et  fut 
dépouille'  de  la  succession  de  sou 
jHîre  par  son  oncle  Wratislas  II  , 
roi  de  Bohème,  qui  donna  le  duché 
d'OImutz  à  son  fils  Brzécislas.  Swien- 
topelk,  cédant  à  la  nécessite,  réussit 
à  se  faire  accueillir  par  l'usurpateur 
de  ses  droits  ,  et  il  l'accompagna 
dans  ses  expéditions  contre  le  prince 
Udalric  et  contre  Wladislas  Ileriuaii , 
duc  de  Pologne;  mais  Borzivoy  ayant 
refusé  de  parLiger  avec  lui  les  siib5i- 
des  au\(|uels  les  Polonais  furent  sou- 
mis, S wicntopelk,  indigné,  rassem- 
bla ses  forces  en  Moravie  (  1  io5),  et 
s'avança  jusqu'à  Prague.  Cette  |)re- 
luière  tentative  ayant  échoue  ,  il  re- 
vint avec  de  nouvelles  forces  ,  se  fit 
prulamer  duc  de  Bohème ,  et  força 
Borzivoy  de  s'enfuir  en  Pologne ,  puis 
auprès  de  l'empereur  Henri ,  qui  en- 
joignii  à  Swientopelk  de  venir  lui 
rendre  compte  de  sa  conduite.  Obligé 
d'oijéir ,  le  duc  fut  mis  en  prison;  cl  il 
n'en  sortit qtraj)n-s  avoir  promis  do 
payer  dix  liiilie  miucs  d'argent.  Ar- 
riv*'  à  Prague  ,  ii  en  envoya  sept 
mille  avec  son  frère  Ottou  ,  qui  devait 


SWI 

rester  jusqu'à  oe  que  toute  It  fomne 
fût  acquittée.  Les  causes  pobliqiics 
étant  épuisées ,  Swientopelk  reeoa* 
rut  aux  plus  odieuses  exactions  pour 
satisfaire  l'empereur  ;  et  un  liu  lui 
étant  né ,  il  décida  ce  prince  à  le  tour 
Si  I  r  1  es  fo  nts  de  baptême.  Ou  conduisit 
l'enfant  à  Bamberg,  où  il  setrouTait: 
après  la  cérémonie ,  rempereur  fit 
au  père  reonisc  des  trois  mule  marcs 
qu'd  devait  encore,  et  il  inviu  Swien- 
topelk à  l'accompagner  dans  une 
expédition  contre  les  Hongrois.  Le 
duc  de  Bohème  s'y  distingua;  nuis 
ayant  appris ,  tandis  qu'il  ravageait 
la  Hongrie  ,  que  Borzivoy  ,  favorise 
par  Mutina  de  la  famille  des  Wen- 
zowicz,  était  entré  dans  son  ducbc, 
il  se  hâta  de  quitter  la  Hongiîe, 
et  forya  bientôt  Borzivov  de  se  ré- 
fugier de  nouveau  eu  Pologne.  Mu- 
tina fut  décapité  ;  Swientopelk , 
oubliant  toute  retenue  dans  sa  Tea- 
geance ,  fit  mettre  à  mort  les  Wcrs- 
sowicz,  même  les  enfants  qui  étaient 
à  la  mamelle.  «  C'est  chose  lior 
»  rible  ,  dit  Dubrawski ,  ont  de 
»  raconter  ce  qui  se  passa.  Boiée,  ' 
»  un  des  Wcrzovicz  ,  était  assis  à 
9  table  avec  ses  enfants ,  auand  la 
»  assassins  entrèrent  chez  lui.  Oki  se 
9  jette  d'abord  sur  le  fils,  ensoile 
9  sur  le  père ,  dout  l'cpouse,  eo» 
»  verte  du  sang  de  son  mari,  tomba 
1)  évanouie  sous  la  taUe.  Tout  fol 
V  pillé.  Ensuite  on  tomba  sur  les  ea- 
9  fauts ,  en  disant  qu'il  fallait  tuer 
9  les  louveteaux  aussi  bien  qpt  les 
9  loups.  Les  assassins  e'taicnt  pajëi: 
9  ils  recevaient  une  drachme  poork 
»  meurtre  d'un  enfant,  ou  comme  ils 
9  disaient,  pour  un  louveteau, etdfltt 
»  drachmes  pour  un  loup.  Coopa- 
»  rant  à  Hérodc  celui  qui  douait 
9  de  tels  ordres  y  on  croyait  voir 
9  dans  ces  horreurs  un  nouveao^mas^ 
M  saci-c  àcs  Innocents.  Qudqaei- 


SWI 

Werzowicz  échappèrent  et  se 
rërcnt  eu  Pologne.  Cette  famille, 
tenait  de  si  près  à  nos  princes , 
presque  entièrement  détruite.  » 
i  de  Hongrie,  ayant  voulu  tirer 
ance  des  ravages  que  Swiento- 
ivait  commis  dans  son  royau- 
întra  dans  la  Moravie  pour  la 
ter.Swicntopelk  alla  au-devant 
t ,  après  l'avoir  force  de  s'e'loi- 

pcnètra  dans  le  royaume  de 
rie,  qu'il  ravagea  de  nouveau, 
t  ainsi  porte  au  loin  la  terreur 
n  nom ,  il  rentra  en  Bohème 
é  de  Lutin.  La  même  année 
)),  il  suivit  Tempereur  Henri 
jne  expcdilii'u  contre  les  Polo- 
Ayant  perdu ,  au  siège  d'un  fort 
é  (iéra  ,  un  de  ses  généraux  , 
Il  chérissait  la  valeur ,  il  lit  dé- 

le  fort ,  sans  y  laisser  pierre 
ierre.  De  là  il  s'avança  ,  avec 
ereur ,  contre  la  ville  de  Glogau. 
liabitauts  ,  découragés  par  un 
iiégc  et  [)ar  des  attaques  qui  se 
daient  jour  et  nuit,  députèrent 
S\vientope!k  aiîn  d'obtenir,  par 
ntervention ,  une  trêve  de  cinq 
,  promettant  de  se  rendre,  si 

ce  délai  ils  n'étaient  point  se- 
is.  Pendant  ce  temps  un  des 
izovicz  dressa  des  embûches  à 
iitopelk.  Comme  ce  prince  sou- 
ivec  l'empeieiir  ,  un  assassin  se 
it  aux  soldats  de  sa  garde  ,  et 
Li'il  eut  quitté  la  tente  impériale, 
ça  sur  lui  un  trait  (pu  le  fraj)pa 
les  épaules  avec  une  telle  vio- 
,  que  le  prince  expira  sur-le- 
ip  (  21  septembre  1 109).  L'as- 
1  s'eclia])pa  ,  selon  les  uns,  par 
esse  de  son  cheval  ;  seloivd'au- 
il  fut  mis  (Il  pièces  parla  garde 
ince.  Les  trou[)es  bohémiennes, 
lies  dans  h-ur  pays  ,  déposè- 
e  cori»s(Ic  \vuv  dijc  dans  un  mo- 
re qu'il  avait  fond,'.     G — y. 


SWI  275 

s  WIENTOPELK  ^^ ,  duc  de  Po- 

mëranic ,  obtint  ce  titre , au  commcxh 
cement  du  douzième  siècle ,  des  rois 
de  Pologne ,  et  se  de'darant  indé- 
pendant ,  refusa  bientôt  de  payer  le 
tribut  auquel  il  s'était  engage'.  Atta- 
qué parBoleslas  Ki'zywousty,  et  mis 
en  flûte ,  il  se  jeta  dans  la  ville  de 
Nackel ,  où  il  soutint  un  siège  de  trois 
mois.  Étant  sorti  par  capitulation , 
il  remit  une  somme  considérable, 
(it  de  nouveaux  serments  ,  donna 
son  iiJs  en  otage,  et  fut  confirme' 
dans  sa  dignité  (  11 19).  L'année 
suivante,  Boleslas  fut  obligé  de  faire 
une  seconde  campagne  pour  punir 
une  nouvelle  révolte.  Les  Poméra- 
niens  ayant  été  vaincus  près  de  Brom- 
bei-g  ,  Swientopelk  se  jeta  de  nou- 
veau dans  Nackel,  dont  il  avait  répa- 
ré les  fortifications.  H  fallut  former 
un  siège  régulier.  Trois  fois  les  assié- 
gés réussirent  à  mettre  le  feu  aux 
tours.  Enfin  Boleslas  étant  maître 
des  murs  y  la  garnison ,  qu'il  mena- 
çait de  passer  au  fil  de  Tépée  ,  livra 
sod  chef  Swientopelk  ,  qui  fut  em- 
mené en  Pologne  ,  et  renfermé  pour 
le  reste  de  ses  ]  ours.  G — y. 

SWIENTOPELK  II ,  duc  de  Po- 
méranie ,  était  slave  de  nation.  At- 
taché par  alliance  à  la  famille  ré- 
gnante de  Pologne  ,  il  fut  nommé  ^ 
en  1 9. 1  "^  y  par  le  prince  Leszko ,  gou- 
verneur de  la  Poméranie^  avec  obli- 
gation de  lui  payer  annuellement  une 
somme  de  mille  marcs  d'argent.  Peu 
de  temps  après  son  installation ,  les 
habitants  de  la  Prusse  orientale ,  en- 
core [la'iens  et  barbares  ,  s'étant  je- 
tés sur  les  provinces  septentrionales 
de  la  Pologne  et  sur  la  Poméranie , 
les  habitants  de  cette  dernière  pro- 
vince lui  ollrirent  le  titre  de  duc,  es- 
pérant de  lui  une  protection  plus  effi- 
cace que  des  princes  polonais^  tou- 
jours désunis  entre  eux.  Sv\^lentopeIk, 

18.. 


a^O 


SWI 


((iiî  ne  se  croyait  pas  encore  on  me- 
sure de  satisfaire  ses  projets  ambi- 
tieux, rtfpondic  à  celte  ollir,  qu'il  se 
contentait  de  ]»oi'ter  le  nom  de  gou- 
verneur ;  et  continuant  de  gouverner 
le  duché'  (pie  les  Danois  avaient  de'- 
vasle,  il  y  rétablit  Tordre  et  Ta- 
Londance.-mais  pendant  ce  temps,  il 
fomentait  en  secret  des  divisions 
parmi  les  princes  polonais.  Ayant 
donne'  sa  sa'ur  en  mariage  à  Wla- 
dislas  Odonicz,  il  fournit  des  trou- 
pes h  ce  ])rince  ,  pouf  faire  des 
mcursions  sur  les  domaines  de  Wla- 
dislas  Laskonogi ,  son  oncle ,  avec 
lequel  il  était  en  guerre.  Odunicz 
ayant  rejuis  ses  domaines,  Swien- 
topelk,  lier  de  Taccroissemait  que 
])renait  son  pouvoir  ,  demanda  à 
Jjcszko  le  titre  de  duc  au  lieu  de  celui 
de  gouverneur.  Le  prince  ayant  pris 
du  temps  pour  délibérer ,  Swicnto- 
pelk  refusa  d'envoyer  le  tribut  au- 
quel il  s'était  obligé.  I^>szko  indiqua 
pour  le  jour  do  la  Saint  Martin 
(  lati-j  )  nue  dicte  à  Gonzawa ,  près 
de  Zyn  ;  et  il  y  invita  les  princes  de 
la  famille  royale,  ainsi  que  Swienlo- 
])elk.  Celui  ci  ])romit  d'abord  de  s'y 
rendre  ;  mais  ce  fut  seulement  le  1 4  no- 
vembre, que,  d'intelligence  avccOdo- 
niez  ,  il  entra  dans  la  ville  k  la  tête 
d'une  troupe  nombreuse ,  surj)rit  I-.es- 
koctllenri  de  Hrcslau  au  bain ,  tua  le 
premier  de  sa  jiropre  main  ,  et  pour- 
suivi 1 1  lenri,  cpii  fut  bles.s<'  da  iigereusc- 
meut  et  iransporté  à  Breslau.  Après 
cette  horrible  trahison,  Swienlopelk 
se  fit  proclamer  duc ,  et  porta  le  ra- 
vage en  Pologne.  Ayant  réuni  ses  ar- 
mes à  celics  (les  chevaliers  de  Tordre 
tcutoniqne  qui  venaieul  de  s'établir  à 
Ciilm  ,  il  s'empara  de  jïlusieurs  for- 
teresses. jAIais  considérant  ensuite  que 
les  chevaliers  avaient  soumis  pres- 
que toute  la  Prusse  orientale  ,  qu'ils 
y   ct.ibli^saicut  des  places  fortes  , 


SWI 

et  qu'ils  y  organisaient  leur  gou- 
vernement, il  commença  à  redoutar 
le  Voisinage  de  ces  guerriers  entre- 
prenants ,  d'autant  plus  que  tous  les 
jours  il  leur  arrivait  des  renforts  de 
la  Saxe ,  de  la  Bohème  et  de  TAlIe- 
magne  :  il   craignit  qu*après  avoir 
ailérmi  leur  puissance  ,  ils  ne  cher- 
chassent à  le  punir  de  ses  crimes  et 
à  ^  enger  les  insultes  et  les  torts  qu'il 
avait  faits  à  la  Pologne.  D'après  ces 
considérations ,  il  se  lia  secrètement 
avec  les  habitants  de  la  Rnisse,  leur 
promettant  secours  pour  chasser  les 
chevaliers  y  et  recouvrer  leur  indé- 
pendauce.  IjCS  hab2ta^ts^  rassemblés 
au  signal  donné  ^  se  répandirent  de- 
i)uis  la  Warmie  jusqu  aux  côtes  de 
la  mer  Baltique ,  détruisant  les  villes 
qui  se  trouvaient  sur  leur  passage,  et 
massacrant  sans  pitié  les  habitants 
(  19.43).  Balga  et  Elbing  furent  les 
seules  places  qui  rcsistcreoL  Ce  fut 
alors  (pi'un  légat ,  envoyé' par  le  pape 
pour  régler  les  nouveaux  ëyechës 
que  les  chevaliers  avaient  érigés  dans 
la  Prusse,  exhorta  Swientopelkàla 
paix.  Celui-ci ,  sans  rien  écouter,  se 
répandit  dans  le  Palatinat ,  dont  il 
s'empara  ,  h  l'exception  de  Thom , 
Culm  et  Raszyn.  Les  chevaliers  per- 
dirent y  en  cette  occasion ,  plus  de 
cinq  mille  hommes,  sans  compter 
les  trou]>es  étrangères  qui  c'taient  ve- 
nues k  leur  secours.    Les  habitants 
furent  massa ci'és  ou  menés  en  escla- 
vage ,  et  les  chevaliers  furent  dans 
une  telle  épouvante ,  qu'ils  se  dispo- 
saient à  évacuer  la  Prusse.  De  Gnlm, 
Swientopelk  se  jeta  sur  la  Masovie; 
Plock,  capitale  du  duché,  fut  incen- 
diée et  ses  églises  pillées.  A  cette  nou- 
velle ,  Grégoire  IX  fit  prêcher,  en 
Allemagne  et  en  Pologne ,  une  croi- 
sade contre  S\N ientopelk  ;    et  deux 
princes  polonais  s'ctant  re'imis  aux 
chevaliers ,  on  commença  une  nou- 


SWI 

[Tdmpagnc  en  surprenant  Zar- 
;.  Svvientopclk  étant  accouru 
•éprendre  cette  place  ,  fut  de- 
mis en  fuite.  Après  aToir  rc- 
V^yvzogrod  et  Nakel  ,  les  cho- 
i  pénétrèrent  dans  le  cœur  de 
ne'ranie ,  ravageant  la  Cassubie 
à  Oliva  et  Dantzig.  Swiento» 
'adressa  an  Icgat  du  pape  y 
landa  la  paix.  11  promit  avec 
at  et  par  écrit,  qu'il  n'aurait 
e  relation  aycc  les  habitants  de 
sse  ,  qu'il  enverrait  contre  eux 
cours  si  les  chevaliers  en,  dé- 
lient; il  donna  pour  otages  son 
aé  ,  et  deux  de  ses  gcnc'raux. 
cet  homme  turbulent  et  sans 
;  pensait  qu'à  profiter  de  la 
cre  occasion  ne  rompre  ses 
Qts.  Ayant  étendu  sa  ligue  y  et 
it  fait  entrer  les  habitants  de 
luianie  occidentale  avec  ceux 
Prusse ,  il  se  jeta  de  nouveau 
Palâtinat  de  Culm  ^  et  mit  en 
îs  chevaliers  qui  voulaient  Tar- 
Gomme  il  tenta ,  mais  inutile- 

de  délivrer  son  fils  et  ses  aa- 
ages ,  on  les  transporta  en  An- 
,  11  s'empara  de  Swiécie ,  qu'il 
i  pour  être  maître  de  la  Vistule. 
m,  grand-maître  de  l'ordre, 
sit  de  ces  événements  Iimocent 
,  ayant  envoyé  un  légat  en  Prus- 
ivit  à  Swientopelk  des  lettres 
ante.«  :  «  Vous  avez  osé,  lui 
I ,  prendre  les  armes  contre  les 
;ieux  hospitaliers  et  contre  les 
rins  ;  vous  vous  êtes  emparé  de 
rées  sur  lesquelles  vous  n'avez 
in  droit ,  puisqu'elles  dépen- 
du siège  apostolique.  Prenez- 
rdc,  vous  attirerez  sur  vous  la 
:e  de  Dieu  et  celle  du  Saiut- 
e.  On  dit  que  déjà,  depuis  huit 

vous  êtes  excommunié  pour 
trribles  impiétés  ^  et  que  vous 
;     moquez     des    ordres     qui 


SWI  277 

»  vous  Mïil  donnés  par  l'Église.  Con- 
»  vertisscz-vous  :  smon  nous  procé- 
»  derons  contre  vous  avec  la  plus 
»  grande  sévérité  (  ia45).  »  Le  pape 
écrivit  daas  le  même  sens  à  Tarche- 
vêque  de  Gnesne ,  et  à  ses  suifra- 
gants.  «  Swientopelk  ,  qui  se  dit 
i>  faussement  chrétien ,  abuse  de  ce 
»  nom^  Afin  qu'il  ne  puisse  pas  d'à- 
»  vantage  se  glorifier  d'écraser  im- 
»  punément  les  fidèles,  nous  vous 
»  mandons  de  l'avertir.  Si  dans 
9  quinze  jours,  après  avoir  reçu  nos 
»  lettres ,  il  ne  se  désiste  point  de  ses 
9  violences .  excommuniez-le ,  lui  et 
»  ses  complices ,  et  iipplorez  contre 
»  lui  l'autorité  séculière.  »  Swiento- 

Î)elk  méprisant  toutes  ces  menaces, 
e  légat  apostolique,  dont  il  avait 
aussi  repoussé  les  représentations, 

Srécha  la  croisade  contre  lui ,  pen- 
ant  que  les  dominicains  ^  dans  les 
diocèses  de  la  Saxe ,  exhortaient  les 
fidèles  k  prendre  les  armes  pour  le 
même  sujet.  Les  chevaliers  ayant 
reçu  des  renforts  de  l'Allemagne ,  et 
Swientopelk  ayant  étédéfait,  il  écou- 
ta enfin  les  représentations  du  lé- 
gat,  et  la  paix  fîit  conclue  aux  pre- 
mières conditions  (  1^4^  )?  ^^i^ 
les  croisés  refusèrent  de  rendre  les 
otages  de  Swientopelk.  Au  mépris  de 
cette  paix ,  Henri ,  troisième  grand- 
maître  des  chevaliers,  s'empara  d'une 
forteresse  appartenant  aivx  Poméra- 
meuSé  Swientopelk  reprit  la  place 
d'assaut,  passa  la  garnison  au  fil 
ae  l'épée,  mit  en  fuite  les  troupes  des 
chevaliers,  et  ravagea  la  contrée  se- 
lon sa  coutume.  Un  légat,  envoyé  par 
le  pape  ^  réussit  à  concilier  les  deux 
partis  ,  et  les  chevaliers  rendirent  à 
Swientopelk  son  fils  avec  les  autres 
otages  (  ia4^)*  Celui-ci  tint,  à  la 
vérité  ,  ses  derniers  arrangements 
avec  ses  chevaliers  5  mais  n'ayant 
remis  qu'avec  peine  Nackcl  à  la  Pq- 


'J78  swi 

logne ,  il  fit  enlever  cette  place  p»ir 
son  (ils  '  et  les  priiircs  polonais  qni 
vinrent  pour  la  rejv.  cndrc  furent  re- 
pousses avec  perte  (i'>.55).  Swiento- 
pelk  eut  encore  des  diflcrcnds  frvec 
Warcislas  ^  duc  de  la  Pomcranie  oc- 
cidentale ,  et  il  se  jeta  sur  les  terres 
de  son  voisin.  Les  cvcques  de  Gamin 
et  de  Cujavie  ayant  pris  parti  pour 
Warcislas ,  leurs  terres  fînent  rava- 
gées ,  et  Tim  d'eux  fut  sur  le  point 
d'être  fait  prisonnier  par  les  Ponie- 
raniens  (  i'^Sq).    Ce  fut  ainsi  que 
pendant  près  de  cinquante  ans  ,  cet 
tiomme,  aussi  ambitieux  que  féroce  , 
fut  la  terreur  de  ses  voisins.  Il  mou- 
rut à  Dantzig  ,  et  fut  enterre  dans  le 
couvent  d'Oliva  en  i  '206.  On  croit 
que.  dans  ses  derniers  moments,  il  té- 
moigna un  vif  regret  de  l'assassinat 
du  prince  I^szko.  Ses  deux  fils  par- 
tagèrent entre  eux  le  duclie' ,  (jui  ne 
tarda  pas  d'être  envahi  par  les  clio- 
valiers  teutoniqurs.  G — y. 

SWIENTOSLAS  ou  SWIEN- 
TOSLAW ,  grand  duc  de  Russie  , 
petit-fils  d'Olcg,  succéda ,  en  94^  1  •'* 
son  père  Igor,  qui  avait  ctc  mis  à 
mort  par  lesDrzevIiens  révoltes.  La 
princesse  Olga  ,  qui  s'empara  de  la 
régence  pour  son  fils  S\%ientoslas  , 
encore  enfant ,  vengea  d'une  manière 
éclatante  la  mort  de  son  époux  (  P^. 
Olga  ).  Ayant  embrassé  le  christia- 
nisme ,  elle  fit  inutilement  tous  ses 
efforts  pour  porter  son  fils  à  imiter 
son  exemple.  Swientoslas,  lorsqu'il 
eut  atteint  sa  majorité,  pensa  moins 
à  gouverner  le  grand  duché  qu'à  at- 
taquer ses  voisms  et  k  se  signaler 
par  ses  exploits  militaires.  Afin  de 
s'habituer  aux  fatigues  de  la  guerre, 
il  avait  mené,  dès  i?on  enfance,  une 
vie  très-dure.  Il  ne  mangeait  que  de 
la  chair  de  cheval  ou  des  bêtes  sau- 
vages ,  qu'il  faisait  lui-même  rolir 
sur  des  charbons.  N'ayant  ni  teule 


SWI 

ni  équipage,  il  passait  la  nuit  cv 
plein  air ,  couclic  sur  la  coiivcrlure 
de  son  cheval  ^  et  la  tête  appnyée  sur 
sa  selle.   Sa  mère  ayant  inutilement 
tenté  de  le  retenir  à  Kiow ,  il  s'avan- 
ça vers  les  rives  du  Don  ,  de  TOka 
et  du  Volga.  Après  avoir  soumis  les 
Wiatitches,  il  tourna  ses  armes  coih 
tre  le  khan  des  Khozars.  L'ayanf 
battu ,  il  prit  Bielovège  ou  Sarkd  , 
ville  fortifiée    par   des    ingénieurs 
grecs.  De  là  il  conquit  les  contrées 
situées  entre  l'embouchure  du  Volga 
et  celle  du  Don;  ainsi  il  pouvait  aisé- 
ment, par  la  mer  Noire  et  le  Dnie- 
per, établir  ses  communications  en- 
tre  Tmoutorokan  et  Kiow.   II  ne 
tarda  pas  à  trouver  l'occasion  d'u- 
ne conquête  encore  phis  importante. 
L'empereur  grec  Nicéphore  Phocas 
étant  mécontent  de  Pierre,  roi  des 
Bulgares,  engagea ,  en  967 ,  Svrien- 
loslaw  à  déclarer   la    guerre  à  ce 
prince.  On  ne  pouvait  faire  au  grand 
duc  une  proposition  plus  agréable. 
Ayant  reçu  de  Consfantinople  une 
somme  considérable  comme  subside, 
il  parut  bientôt  sur  le  Danube  avec 
une  armée  de  60,000  hommes.  lies 
Buigarr^s ,  après  de  vains  efTorts  , 
furent  mis  eu  fuite;  leurs  villes  se  sou- 
mirent  au  vainqueur,  et  lair  roi  suc- 
comba sous  le  poids  de  ses  malheurs. 
Swientoslaw  se  voyant  maître  de 
l'ancienne  Mésie,  s'abandonnait  à  ses 
plaisirs  dans  Péréyaslawelz ,  que  les 
au  leurs  byzantins  appellent  la  cran- 
dé  Péréiasiaw  ;  mais  les  PetcTiéii^ 
gués  ou  Pieczyngowiens ,  profitant 
de  son  absence  ,  avaient  ose  (  en 
968  )  ,   pour  la  première  fois,  at- 
taquer la   Russie  ;  s'étaut  avancés 
jusqu'à   Kiow,  ils  y  renfcrmcmit 
Olga  avec  ses  petits-fils.  Les  habi- 
tants ,  réduits  au  désespoir,  parlaient 
déjà  de  se  rendre ,  lorsque  les  Piec- 
zyngowiens  furent  attaqua  inopiné- 


SWI 

ment  par  un  gënëral  nisse  appelé 
Prititcn  ,  qui  avait  rassemblé  un  fai- 
ble corps  ne  troupes.  Les  barbares 
s'enfuirent^  croyant  voir  Svsientos- 
law  tomber  sur  eux ,  et  la  ville  fut 
délivrée.  Olga  s'empressa  d'avertir 
Swientoslaw  ,  qui ,  étant  accouru  , 
repoussa  ces  étrangers  et  les  éloigna 
de  ses  f routières.  Le  calme  et  la  paix 
étaient  rétablis  dans  le  grand-duché, 
Swientoslaw  n'avait  qu'a  rendre  ses 
sujets  heureux  :  mais  ses  vœux  le 
portaient  sans  cesse  vers  les  rives  du 
Danube.  On  peut  voir,  à  l'article 
Olga  f  combien  ce  projet  contraria 
les  desseins  de  cette  princesse.  Lors- 
qu'elle eut  fermé  les  yeux,  Swientos- 
law, n'y  voyant  plus  d'obstacles,  ré- 
solut de  transférer  le  siège  de  son 
empire  sur  les  bords  du  Danube,  où, 
sans  doute,  la  civilisation  était  plus 
avancée  que  sur  les  bords  du  Dnie- 
per. Avant  d'entrer  en  campagne 
(070),  il  donna  le  gouvernement  de 
Kiow  à  son  fils  aine  Yaropolk  ;  à 
CMeg ,  son  second  (ils,  la  Drzewfanie 
ou  le  pays  des  Drzewiiens,  et  il  en- 
voya ,  pour  gouverner  à  No wgorod, 
im  troisième  fils  appelé  Wladimir, 
issu  d'une  union  illégitime  avec  une 
concubine  appelée  Maloucha.  C'est 
ce  dernier  prince  qui  gouverna  en- 
suite la  Russie  avec  tant  de  gloire, 
sous  le  nom  de  Wladimir-Ie-Graiid 
(f^qy^.  Wladimir).  Après  avoir  pris 
ces  mesures,  Swientoslaw  se  mit  en 
marche  vers  la  Bulgarie.  Étant  arrive 
près  de  Pére'iaslawetz ,  il  se  vit  tout- 
à-coup  attaqué  par  une  armée  nom- 
breuse. Un  combat  long  et  sanglant 
s'engagea  ;  la  victoire  penchait  pour 
les  Bulgares ,  quand  Swientoslaw 
s'écria  :  «  Mourons,  amis,  mouronsj 
»  mais  mourons  en  braves  î  »  A  ces 

?  ►a  rôles,  les  Russes  redoublent  d'ef- 
orls;  les  Bulgares  cèdent ,  et  la  ville 
de  Péréyoslavetz  est  prise  d'assaut. 


SWI .  270 

Swienfbslaw  résolut  d'y  fixer  son 
séjour;  cependant  il  permit  à  Bo- 
ris ,  fils  du  dernier  roi ,  de  porter 
les  insignes  de  la  dignité  royale. 
Alors  les  Grecs  commencèrent  à  re- 
connaître la  faute  qu'ils  avaient  com- 
mise eu  attirant  les  Russes  sur  les 
bords  du  Danube.  Jean  Zimiscès, 
empereur  d'Orient ,  somma  Swien- 
toslaw d'évacuer  la  Bulgarie ,  ainsi 
qu'il  en  était  convenu  avec  l'empe- 
reur Nicéphore.  Le  grand-duc  répon- 
dit fièrement  que  bientôt  il  serait  à 
Gonstantinople ,  et  qu'il  rejèterait  les 
Grecs  en  Asie.  On  se  prépara ,  de  part 
et  d'autre,  à  combattre.  Les  histo- 
riens russes  ne  sont  point  d'accord 
avec  les  bizantins  sur  \cs  événements 
de  cette  guerre;  mais  ce  qui  est 
certain  ,  c'est  que  le  grana  -  duc 
ayant  réuni  aux  Russes  les  Bul- 
gares, les  Hongrois  et  Piéczyngo- 
wiens ,  alors  ses  alliés ,  entra  dans 
la  Thrace  qu'il  ravagea  jusqu'à  An- 
drinople  ;  après  des  combats  san- 
glants ,  il  retourna  dans  la  Bulgarie. 
Gela  se  pas<sait  en  9^0  ;  l'année  sui- 
vante, Zimiscès  entra  dans  la  Thrace , 
après  avoir  envoyé  une  flotte  qm 
devait  se  tenir  à  l'meboucbure  du 
Danul>e ,  pour  intercepter  les  com- 
munications des  liasses  avec  Kiow. 
\)es  ambassadeurs  russes  s'étant  pré- 
sentés ",  il  \cs  fit  conduire  dans  son 
camp ,  et  leur  permit  de  retourner 
vers  leur  chef.  Laissant  derrière  lui 
le  gros  de  son  armée ,  il  arriva  à 
l 'improviste  sous  les  murs  de  Péréyas- 
lavvctz.  Les  Russes ,  qui  occupaient 
cette  ville ,  se  défendirent  avec  cou- 
rage; mais  malgré  leurs  efforts,  )a 
ville  fut  prise  d'assaut  ;  et  ZimLscès 
s'avança  contre  Swientoslaw.  Les 
deux  chefs  se  rencontrèrent  dans  les 
environs  de  Dorostol,  aujourd'hui 
Silistria.  Après  un  combat  opiniâtre, 
Swientoslaw  fut  obligé  de  se  iTlu^icr 


a8o 


SWI 


dansDorostol.Tja  (lotte  grecque  étant 
arrivée ,  la  ville  fut  cernée  do  toutes 
parts,  et  aprbs  un  siège  de  deux  mois , 
considérant  qu'il  ne  lui  restait  qu'un 

Eetit  nombre  de  braves,  la  plupart 
lesscs  comme  il  Tétait  lui-même, 
Swicntoslaw  se  décida  enfin  à  de- 
mander la  paix.  Tliéophane,  au  nom 
de  Zimiscès,  et  Sweneld,  au  nom  de 
Swieutoslaw ,  signèrent  le  traité  sui- 
vant :  a  Au  mois  de  juillet,  indiction 
»  nv.  Tan  (du  monde)  (>4'79,  moi 
9  Swientoslaw,  prince  de  Russie,  fais 
«  serment  de  vivre  jusqu'à  la  fm  do 
»  ma  vie  en  paix  et  bonne  intelligence 
»  avec  vous,  Zimiscès,  grand  empo* 
»  reur  des  Grecs ,  avec  vous  Boris  et 

V  Constantin  ,  empereurs  très-chr^ 
»  tiens,  ainsi  qu'avec  tous  vos  peuples, 
»  promettant ,  du  nom  de  tous  les 

V  Russes  ,  boyaids  et  autres  ,  me» 
9  sujets^  de  ne  jamais  rien  entre- 
»  prendre  contre  vous  >  de  ne  jamais 

V  conduire  mon  arméo  ni  celle  de» 

V  étrangers  dansla  Grèce,  la  province 
»  de  Cherson  et  la  Bulgarie*  S'il  ar- 
«  rivait  qua  d'autres  ennemis  mar* 
«  chassent  Contre  la  Grèce,  je  me 
9  déclarerais  contre  eux  et  les  com- 
»  battrais.  Si  moi  et  mes  sujets  man- 
3  quions  à  remplir  ces  condition» 
•  fondées  sur  la  justice,  puissions- 
9  nous  devenir  l'objet  delà  malédic- 
n  tiou  des  dieux  que  nous  adorons. 
9  Quenous  soyons  alors  jaunes  com- 
9  me  de  l'or,  et  que  nous  périssions 
»  par  nos  propres  armes.  »  Une  entre- 
vue eut  lieu  sur  les  bords  du  Danube. 
L'empereur,  entouré  de  ses  ccuycrs, 
couverts  d'armures  en  or  ,  s'y  ren- 
dit à  cheval  ;  Swicntoslaw ,  vêtu  d'un 
simple  habit  blanc ,  arriva  dans  luie 
banpie,  qu'il  conduisait  lui-même. 
Les  (irocs,  eu  le  voyant ,  furent  frap- 
pés d'admiration.  11  était ,  disent-ils , 
d'une  taille  moyenne  et  assez  bien 
fait;  il  avait  la  poitrine  large,  le  cou 


SWI 

gros,  les  jeux  bleus,  les  sourcils  épais, 
le  nez  aplati ,  de  longues  moustaches^ 
peu  de  barbe ,  et  sur  la  tête  une  me-  • 
che  de  cheveux  comme  marmie  de 
sa  haute  extraction.  A  une  de  ses 
oreilles  pendait  un  anneau  d'or  orné 
de  deux  perles  et  d'un  rubis;  sa  phy- 
sionomie était  sombre  et  faroacne. Il 
resta  assis  dans  sa  barque ,  j  laissant 
venir  l'empereur  qui  descenait  de  che- 
val. Après  s'être  entretenus  quelqoè 
temps ,  les  deux  princes  se  separèreot 
bons  amis.  Swicntoslaw  s'etant  em- 
barqué avec  une  armée  faible,  et  ha- 
rassée de  fatigue ,  reprît  le  chemin 
de  Kiov7^  en  s'embarquant  sur  le  Da- 
nube et  côtoyant  la  mer  Noire.  D'a- 
f)rës  Nestor,  les  habitants  de  Péreyas- 
avet£  ayant  fait  connaître  aux  Pie-  , 
Czyngowieus  que  Swientoshiw  retour 
nait  à  Kiow  chargé  d'un  butin  immen- 
se etsuivi  d'unfaible  corp»de  troupes , 
ces  peuples  se  hâtèrent  d'aller  occa- 
per  les  cataractes  du  Dnieper,  pour 
y  attendre  les  Russes  à  leur  passagCi 
A  cette  nouvelle ,  Sweneld ,  ce  saee 
capitaine,  qui  avait  déjà  commanfe 
sous  OIeg  et  Igor,  conseilla  à  Swicn- 
toslaw d  abandonner  ses  barques,  et 
de  faire  par  terre  le  tour  des  écuâb. 
Le  prince,  rejetant  ce  conseil,  s'obs- 
tina à  passer  l'hiver  à  Bielobërège,t 
l'embouchure  du  Dnieper ,  oii  les 
Russes  eurent  beaucoup  a  soufirir  de 
la  faim.  Au  retour  du  printemps , 
Swicntoslaw,  qui  avait  mutilemcnt 
attendu  des  renforts  de  Kiow,  se  mit 
en  marche  avec  un  petit  nombre  de 
braves.  Attaqué  par  les  Piéczyn|0- 
wiens ,  il  périt  sans  gloire.  Kouru , 
le  chef  de  ces  barbares,  hii  trancha 
lui-même  la  tête ,  et  depuis  il  se  ser- 
vit de  son  crâne  comme  d'une  coupe. 
Quelques  Russes,  commandes  par  le 
brave  Sweneld ,  échappèrent  au  car- 
nage et  revinrent  à  Kiow,  apportant 
ces  tristes  nouvelles  (an  973).  ^ 


/ 


SWI 


SWI 


361 


ENTOSLAS ,  duc  de  Now- 
;l  de  Tchemigow ,  Tim  des 
*s  princes  qui  aient  gouverné 
ie  ,  vivait  au  douzième  siècle. 
»lod^  duc  de  Nowgorod,  son 
yant  été  arrêté  par  ses  sujets 
»  y  et  enfermé  avec  sa  femme 
ifants,  Swientoslas,  qui  avait 
principauté  de  Tchemigow , 
lue  de  Nowgorod  à  sa  place  f 
»n  premier  mouvement  fut  de 
"Wzéwolod  en  liberté.  Celui-* 
;  devenu  grand- duc  et  souve-* 
:  la  Russie ,  après  la  mort  de 
k  (  1 1 39  )  ^  bwientoslas  fut 
!  gouverneur  de  KioW,  pen* 
le  le  eraud-duc  portait  la  guer» 
valliae.  A  la  mort  de  ce  priu" 
ientoslas  contribua  beaucoup 
monter  son  frère  Igor  sur  le 
ie  Russie.  Les  habitants  de 
,  qui,  du  vivant  du  dernier 
ivaient  déjà  prêté  serment  à 
se  rassemblèrent  tumultueuse- 
après  avoir  assisté  aux  funé- 
de  Wzéwolod.   Swientoslas 
seul  au  milieu  d*eux^  et  leur 
ida  ce  qu'ils  desiraient  :  a  I^a 
ce,  s'écrièrent  -  ils.  Les  juges 
mes  par  Wzéwolod  ont  op- 
léles  faibles.  Jurez,  pour  vous 
3tre  frère  y  que  vous  serez  vous- 
les  nos  juges ,  ou  aue  vous  vous 
z  remplacer  par  aes  seigneurs 
les  et  intègres.  »  Swientoslas 
te  promesse  solennellement;  il 
idit  de  cheval  y  et  baisa  le  crn- 
ivec  respect.  Tandis  qu'il  était 
e  avec  son  frère,  la  populace 
t  jetée  sur  la  maison  d'un  de  ces 
iniques,  pour  la  piller,  il  y  cou- 
rétablit  l'ordre.  Le  prince  Isias- 
étant  ensuite  révolté  contre  le 
-duc ,  Igor  fut  mis  en  fuite ,  et 
i  entre  les  mains  du  vainqueur, 
nferma  dans  un  couvent  (  1 1 46). 
lioslâs  y  son  frère  y  réunit  une 


partie  des  troupes  dispersées,  et  se 
retira  à  Nowgorod  Severski.  Isias- 
law  étant  monté  sur  le  trône  de  Rus- 
sie ,  proposa  à  Swientoslas  d'aban- 
donner son  frère  Igor,  et  lui  offrit , 
à  cette  condition ,  d'augmenter  son 
apanage  t  a  Prenez  plutôt  tout  ce  que 
•  je  possède ,  répondit  cet  excellent 
f»  prmce  ;  mais  rendez  la  liberté  à 
>  mon  frère.  »  Ne  pouvant  rien  ob- 
tenir par  ses  prières ,  il  fit ,  de  concert 
avec  d'autres  princes ,  des  prépara- 
tifs pour  aller  délivrer  Igor  :  mais  il 
ne  fut  point  heureux  dan^  ses  eSbrts, 
et,  par  suite  de  ses  revers,  ses  pro- 
pres domaines  furent  livrés  au  pilla- 
ge. Se  voyant  vivement  poursmvi ,  il 
se  retira ,  avec  sa  femme  et  ses  en- 
fants, dans  une  épaisse  foret.  Ne  pre- 
nant conseil  que  ae  son  courage  et  de 
son  désespoir,  il  mit  en  fuite  un  corps 
de  cavalerie  nombreux,  et  pénétra 
jusqu'à  Moscou.  Le  prince  de  Souz- 
dal  l'accueiUt  et  lui  donna  une  fête 
somptueuse  (  1 1  4t  )•  C'est  la  premiè- 
re fois  que ,  dans  les  Annales  russes , 
il  est  question  de  cette  ville,  qui  fut 
plus  tard  la  capitale  de  l'empire.  Le 
grand-duc  Isiaslaw  étant  occupé  à  la 
guerre ,  les  habitants  de  Kiow  se  je- 
tèrent sur  le  couvent  où  le  dernier 
grand-duc  Igor  était  enfermé;  et  ils 
fui  ôtèrent  la  vie.  Son  frère  Swien- 
toslas, au  désespoir,  jura  qu'il  ven- 
gerait cet  attentat  ;  et  dès-lors  toutes 
les  passions  rendirent  la  guerre  de 
plus  en  plus  acharnée.  Les  traités  de 
paix  ne  furent  que  des  trêves  bien- 
tôt suivies  d'hostilités  encore  pliis 
cruelles.  Swientoslas  avait  de  tout 
temps  été  lié  avec  le  prince  George  , 
surnommé  Longue  -  Main  ou  Dolgo- 
rouki ,  qui  mourut  après  un  règne  de 
trois  ans.  Son  successeur  lui  offrit 
d'agrandir  son  apanage ,  s'il  voulait 
réunir  ses  efforts  aux  siens  :  «  Nous 
»  sommes  parents,  répondit  Swicn- 


a82 


SWI 


n  to8la8,poarqnoi  chercherions-iiotis 
*  k  nous  mûre?  comment  oserais- je 
»  accepter  des  préientsnoiir  prendre 
7>  les  armes  contre  mes  frères  7  »  Ros- 
tislaw  y  ëfevé  siir  le  trône  de  Russie , 
avait  e'té  jusque-là  l'ennemi  déclare 
de  Swicntoslas.  Celui  -  ci  le  de'sarma 
par  le  don  d'une  panthère  et  de  che- 
vaux richement  narnachcs.  La  paix 
fut  conclue  entre  les  deux  princes  ; 
et  ils  réunirent  leurs  forces  pour  pro- 
téger les  frontières  méridionales  de 
l'empire  contre  des  brigands  qui  dé- 
vastaient les  cotes  de  la  mer  Noire , 
les  rives  du  Danube,  et  s'étaient  mê- 
me emparés  d'Olescbie,  célèbre  pla- 
ce de  commerce,  située  k  l'cmbou- 
chure  du  Dnieper.  Les  deux  princes 
attaquèrent  de  concert  ces  barbares: 
ils  les  mirent  en  fuite,  et  reprirent 
les  prisonniers  et  le  butin  qu'ils  avaient 
enlevés.  Ils  rejetèrent  de  même  au- 
delà  des  frontièr&s  les  Polowitks^  qui 
ravageaient  les  rives  occidentales  du 
Dnieper.  I^a  mort  de  Swicntoslas 
fut  une  calamité  pour  la  Russie  mé- 
ridionale.  Son  fils  aîné  OIeg  lui  suc- 
céda à  Tchcmigow;  et  son  neveu 
Swicntoslas ,  fils  de  'Wzévolod,  eut 
Nowgorod  Seversky;  ce  qui  fut  une 
nouvelle  source  de  dissensions  et  de 
guerres  civiles.  G — T. 

SWIERCKOWSKI ,  général  de 
cosaques ,  se  distingua  dans  la  guerre 
qui  éclata  en  Moldavie  et  en  Vala- 
khie,  entre  le  palatin  Iwon  ou  Juo- 
uia^et  le  sulthan  Sélim.  Le  premier, 
voulant  soustraire  sa  principauté  au 
joug  des  Turcs,  appela  les  cosaques 
à  son  secours  (  i574)«  A.  leur  arrivée, 
il  donna  aux  chefs  un  grand  repas  ; 
et,  au  dessert,  il  fit  présenter  à  cha- 
cun d'eux  nn  plat  couvert  de  pièces 
d'or.  Tous  l'assurèrent  de  leur  dé- 
vouement jusqu'à  la  mort;  et  Swierc- 
kowski  fut  le  premier  qui  prêta  ce 
serment.  Selim ,  instruit  de  œtlc  dé- 


SWI 

fection,  fit  marcher  cent  mille  bom- 
mes  contre  Iwon.  Swierckowslu^  qui 
était  à  l'avant  -  garde  avec  ses  cosr- 
ques  et  six  mille  Moldaves ,  tomfas 
inopinément  sur  Fennemi,  le  mit  et 
désordre  ;  et  Iwon  ayant  donné  de 
son  côté,  on  en  fit  on  td  carnage, 
qucplus  de  cinquante  mille  Valaqna 
et  Turcs  restèrent  sur  le  champ  it 
bataille.  De  là  on  marcha  sur  dtû* 
low,  qui  fut  pris  d'assaut.  Les  Tara 
s'étant  mis  en  marche  pour  seconrif- 
la  ville,  Swierckowski  les  surprit  et 
les  tailla  en  pièces.  Iwon ,  instruit  de 
ces  succès,  vint  joindre  Swierckows- 
ki. On  marcha  contre  Teliinte,  qoe 
l'on  emporta  :  tout  y  fat  passé  an  fil 
de  l'épée.  Bialogrod  éprouva  le  mê* 
me  sort.  Swierckowski ,  qui  était  tou- 
jours en  avant,  se  plaçait  an  cen- 
tre avec  ses  cosaques  armés  de  citar 
bines .  Il  avait  à  sa  droite  les  archcn^ 
et  à  sa  gauche  les  cuirassiers.  Apm 
nant  qu'un  corps  de  Turcs  et  de  xtf^ 
tares  se  gardait  mal ,  il  tomba  sor  cit 
et  les  tailla  en  pièces.  On  ne  fit  qw 
deux  cents  pnsonniers ,  qui  foienl 
tués  à  coups  de  faux  après  le  con- 
bat.  Le  chef  de  l'armée  tur^e,  qâ 
s'y  trouvait ,  offrit  en  vain ,  ponr  it 
ra jçon ,  deux  fois  son  pesant  en  ar , 
trois  fois  en  argent  et  une  fois  en  pief' 
rerics.  Après  1  avoir  gardé  quelqaa 
jours,  pour  apprendre  de  lui  ce  qifm 
desirait  savoir ,  il  fut  mis  en  picccs. 
Sélim ,  effrayé  par  ces  revers ,  fit  as- 
sembler une  armée  formidable ,  doal 
le  commandant  en  chef  Tint  k  boit 
de  corrompre  ZamicwicEf  nn  ds 
généraux  d  Iwon.  Au  moment  ék  b 
bataille  allait  s'engager ,  le  traître  ■ 
jeta  du  côté  des  Turcs  ,  et  décida  h 
victoire  en  leur  faveur.  Swierckowlii 
et  Iwon  ne  perdirent  point  coaragei 
ils  se  retirèrent  dans  leur  camp,  aicc 
vingt  mille  hommes  qui  lenr  resuiedt 
Iwon  se  ivndit  à*des  conditioBS  Imt- 


SWI 

B.  qne  Tennemi  jnra  sept  fois 
drapeaux  ;  mais  ces  serments 
observés  à  Ja   manière  des 
ils  mirent  Iwou  en  pièces, 
tcnle  même  de  leur  général  ; 
les  prisonniers  furent  aussi  la- 
it égorgés.  Swierckowski ,  à 
ie  ses  cosaques ,  voulut  se  fai- 
à  travers  les  bataillons  enne- 
lais  il  tomba  percé  de  coups  y 
i  pu  trouver  la  mort  qu'il  cher- 
et  il  fut  fait  prisonnier,  avec 
lommes,  qui  seuls  restaient  de 
i  braves  soldats.  Ce  fut  en  vain 
Turcs  employèrent  les  mena- 
les  promesses  pour  leur  faire 
r  la  foi  chrétienne.  Ils  se  vi^- 
înt  au  poids  de  Top.  Quand  les 
es  de  Swierckowski  le  permi- 
n  le  transporta  à  Constantino- 
ou  il  s'échappa  et  revint  trou- 
siens.  Il  jura  entre  leurs  mains 
rerait  vengeance  des  Turcs,  et 
role ,  en  répandant  encore,  pen- 
lusieurs  années,  la  terreur  et  la 
ur  les  cotes  de  la  mer  Noire. 

G— Y. 
lETEN.  y.  VAN-swiETEn. 
IFT  (  Jonathan  1,  surnommé 
oltaire  le  Rabelais  de  TAngle- 
naquit  à  Cashel ,  dans  le  comté 
>])erai'y  en  Irlande,  le  3o  no- 
e  iGh-j.Sa  famille  était ancien- 
lais  pauvre.  Quelques  biogra- 
abusant  de  ce  qu'il  était  enfant 
ime,  et  de  ce  que  sir  William 
le  lui  témoigna  toujours  beau- 
l'intérét,  Tonl  représenté  com- 
5  de  cet  homme  célèbre;  mais 
ivéré  que  sir  William  Temple 
depuis  plus  de  deux  ans,  en 
>saae  sur  le  continent,  quand  le 
Swift  vint  au  monde.  Dès  qu'il 
teint  sa  quatorzième  année,  sa 
l'envoya  au  collège  de  la  Tri- 
1  Dubmi.  Après  y  avoir  consà- 
latre  ans  à  des  lectures  étran- 


SWI 


a83 


gères  à  ses  ëtades  et  g'étre  montnf 
mi  asses  mauvais  écolier,  souyent 
puni  par  ses  maîtres  et  rossé  pair 
ses  camarades ,   il  passa  k  Funi- 
versité  de  la  même  ville,  où  il  fit  un 
meilleur  emploi  de  son  temps.  Ce  fat 
cependant  alors  qu'il  jeta  sur  le  pa- 
pier Tesquisse  de  son  fameux  Conte' 
du  tonneau  (  Taie  of  a  Tub)  (i). 
Lorsqu'il  sortit  de  l'miiyersité ,  sa 
mère  fui  conseilla  de  passer  en  An- 
gleterre ,  et  de  recourir  à  la  proteo- ,_ 
tien  de  sir  William  Temple,  dont 
die  était  parente.  Sir  William  ac- 
cueillit parfaitement  le  jeune  Irlan- 
dais ;  et  ce  fut  en  copiant  les  Mé« 
moires  de  ce  grand  bomme  d'état, 
que  le  jeune  Swift  conçut  ses  pre- 
mières idées  politiques.   Temple  le 
présenta  au  roi  Guillaume  111 ,  qui 
l'honorait    souvent    de   sa  visite  , 
dans  sa  terre  de  Sheen.  Ce  prin> 
ce  coûta  tellement  la  conversation 
de  Swift ,  qu'il  le  prenait  pour  comr 
pagnon  ordinaire  ae  ses  promenades. 
Swift  aimait  à  raconter  que  le  mo^ 
Krarque  lui  avait  appris  à  cultiver  les- 
asperges  à  la  manière  hollandaise. 
Guillaume  lui  offrit  une  compagnie 
de  cavalerie,  qu'il  refusa  ,  en  disant 
qu'il  se  sentait  plus  de  goût  pour  l'é- 
tat ecclésiastique.  Il  entra  en  effet 
dans  les  ordres.  Lord  Capel ,  vice-roi 
d'Irlande ,  lui  donna  la  prel>ende  de 
Kilroot;  mais  sir  William  Temple 
l'engagea  si  instamment  k  revenir 
partager  sa  retraite ,  qu'il  r&igna  sou 
bénéfice ,  et  repassa  en  Angleterre.  Il 
se  flattait  d'y  en  obtenir  de  bien  plus 
considérables  :  mais  son  protecteur 
mourut  ;  et  le  roi  parut  l'avoir  entiè- 
rement oublié.  Il  prit  alors  le  parti 


(i)  C'est  K>a«  ce  titre  que  cet  ouTrege  est  grn^ 
relem'iut  désigné  en  France  ,  perce  que  le  tredoo- 
tenr  l'a  rendu  mot  h  toot.  Mail  il  est  bon  de  saToir 
qne  par  TmU  ofm  Taft»  les  Aoileis  entendent  ce 
qne  nons  entendons  pur  Cont9  oUm ,  Conté  dt  ma 
intr»  Voit. 


!i84  SWI 

de  retourner  en  Irlande,  et  parvint 
enfin  k  s'y  faire  nommer  doyen  de 
Saint-Patrick ,  titre  sous  lequel  il  est 
souvent  désigné  par  les  écrivains  an- 
glais. Pendant  son  séjour  chez  sir 
William  Temple,  il  s'était  secrète- 
ment épris  des  charmes  de  la  fille  de 
Johnson ,  son  intendant.  C'est  cette 

i'eune  et  belle  personne  qu'il  a  célé- 
brée sous  le  nom  de  SteUa.  Il  la  dé- 
termina à  venir  le  joindre  en  Irlande. 
Quelle  que  fût  sa  passion  pour  elle  j  il 
ne  s'écarta  jamais,  dans  sa  conduite 
k  son  égard,  des  règles  de  la  décence 
la  plus  sévère.  Quoique  élevé  dans  les 
pnnci[>es  des  Whigs,  il  écrivit  en 
faveur  du  gouvernement.  Les  minis- 
tres de  la  reine  Anne  lui  témoignèrent 
le  désir  de  le  voir.  11  fut  si  bien  ac- 
cueilli par  les  lords  Oxford  et  Boling- 
broke ,  qu'il  fit  plusieurs  voyages  à 
Londres.  Il  y  dînait  habituellement 
avec  eux  et  d'autres  membres  du  mi- 
nistère, en  petit  comité.  Cette  familia* 
rite  le  rendit  tellement  suspect  au  par- 
ti de  l'opposition, qu'il  eut  plusieurs 
fois  rhoniicur  d'être  dénoncé  an  par- 
lement comme  l'ame  du  conseil  pri- 
vé. Sa  correspondance  avec  sa  chère 
Stella ,  qui  a  été  conservée ,  prouve 
clFectivement  que  Swift  exerçait  une 
haute  influence  sur  les  mesures  du 
ministère.  Sa  fortune  n'en  devint  ce- 
pendant pas  beaucoup  plus  brillante. 
Ija  reine  Anne  le  flatta  un  instant  de 
l'espoir  d'un  évcclié  ;  mais  cette  prin- 
cesse, ayant  entendu  décrier  les  opi- 
nions religieuses  du  doyen  doSaiut-Pa- 
trick ,  ne  voulut  plus  qu'on  lui  parlât 
de  lui.  Swift  prit  le  parti  de  retourner 
en  Iriande.Son  doycunélui  rapportant 
plus  de  mille  livres  sterling,  il  cher- 
clia  dans  les  plaisirs  delà  société  et  de 
la  fable ,  à  se  consoler  de  la  nullité 
jïolititjue  où  il  était  tombé.  Stella  con- 
liiniait  à  faire  les  honneurs  de  sa  mai- 
sou  ,  quoiqu'il  crut  toujours  devoir 


SWI 

an  décorum  de  la  tenir  dans  me  ha- 
bitation ^séparée.  Au  bout  de  soie 
ans ,  il  se  résolut  enfin  à  répoonr. 
Le  mariage  fut  béni  par  réveqneile 
Clocher  ;  mais  ce  qui  est  resté  incoB- 
préhensible  jusqu'à  ce  jour ,  c'est  qM 
Swift ,  en  prenant  Stella  pour  sa  * 
me  y  ne  cessa  pas  de  la  traiter 
loi^squ'elle n'était  encore  queson 
Leur  union  ^  a  dit  un  écrivain  Ai 
temps ,  était  toute  platonique*  Col 
à    cette    époque   qu'eut    l}ea  ou 
aventure  amoureuse  ^  où  le  doja 
se  montra  non  moins  bizarre  qoe 
dans  ses  relations  avec  Stella.  U 
avait  fait,  k  Londres,  la  coimaif- 
sance  d'une  jeune  hollandaise  noa- 
mée  Elsther  Van  Homrigh  ,  qu'A  a 
célébrée  dans  un  de  ses  poèmes,  soa 
le  nom  de  Fanessa.  Gnannée  d'a- 
bord de  l'esprit  de  Swift ,  Esikr 
devint  bientôt  tellement  éprise  de  a 
personne,  qu'elle  lui  proposa  deFë» 
pouser.  Il  éluda  ses  offres  par  da 
plaisanteries;  elle  le  suiyit  néannuâi 
en  Irlande,  et  il  lui  rendait  des  m- 
tes  assidues  :  mais  dès  qu'il  s'apoçrt 
q^u'elle  voulait  renouveler  ses  pnps- 
suions  de  mariage,  il  lui  remit ,  di 
sa  propre  main,  une  lettre  qui  H 
lui  permettait  plus  le  moindre  e^oir^ 
Estlier  apprit,  peu  de  temps  apiiit 
l'union  du  doyen  avec  Stella  :  VaàÈ 
du  chagrin  la  conduisit  prompte- 
ment  au  tombeau.  Vu  d'un  oeil  M 
favorable  à  son  i*etour  en  Irlanoe, 
comme  le  partisan  déclare  du 
tère  anglais,  S^vift  trouva  et 
l'occasion  de  se  rendre  tout-â-co^ 
extrêmement  populaire.   Une  émii- 
sion  considéranle  de  monnaie  dehn 
aloi  jetait  l'alarme  dans  la 
manufacturière  :  le  doyen  de 
Patrick  écrivit  ses  Lettres  du  IXns- 
jneVy  pour  démontrer  l'inconv^biat 
de  cette  mesure.  De  ce  momenl  fl 
devint  l'idole  du  peuple  irhuadais. 


SWI 

irrésistible  k  ramenait 
ssez  fréquemment  en  An- 
y  avait  contracte  une 
ae  avec  le  célèbre  Pope, 
i  semblaient  être  pour  lui 
ion  ne'cessaire ,  depuis  la 
aturëe  de  cette  Stella^ 
ent  de  toute  sa  tendresse^ 
op  réelle  de  la  négligence 
»a  languir.  Yainementles 
ift  ont-ils  tenté  de  le  jus- 
torts  publics  envers  deux 
barmantes  femmes ,  qui 
consacré  toute  leur  exis- 
t  allégué  pour  excuse  de 
st  de  ses  Dizarreries^  un 
DStitution  physique,  sem- 
li  dont  était  ailligé  Boi- 
du  moins  y  Boilcau  n'eut 
auté  de  recevoir  les  ser- 
femme ,  de  la  réduire  à 
d'esclave^  et  de  la  faire 
te  et  de  regrets.  La  triste 
a  reudit  son  insensible 
)jet  d'horreur  pour  ses 
i  familiers.  Délaissé,  at« 
goutte  et  d'une  surdité 
lissante ,  il  se  livra  plus 
à  la  misanthropie  et  au 
li  faisaieut  le  foud  de  son 
'es  attaques  réitéréesd'a- 
uèrcnt  tellement  sur  ses 
llectuelies ,  que  dans  les 
es  amiées  de  son  exis- 
ua  une  vie  presque  pure- 
e.  Ses  yeux,  recouverts 
eurs,  lui  causaient  des 
Tuellcs ,  que  plus  d'une 
.  les  arracher  dcsespro- 
La  mort  le  délivra  enfin 
taux ,  le  29 octob.  1 74^  : 
c  poiut  d'accomplir  sa 
huitième  aunée.  Le  cha- 
était  le  doyen  le  fit  en- 
la  cathédrale  de  Saint- 
ci  le  portrait  qu'a  laisse 
!;r  personnage  uuhomme 


\ 


SWI 


985 


qui  ATait  véco  dans  SOB  intîiiiittf  : 
«  Swift  semblait  être  on  composé  de 
tous  les  extrêmes.  Il  mettait  mie 
sorte  de  modestie  k  ne  jasiais  parler 
plus  d'une  minute  de  suite;  mais  il 
s'emportait  si  quelqu'un  Pimcvrom- 
pait  par  tme  seule  obsenratioD  ou 
par  un  étenmement*  Grand  amateur 

de  pointes  et  de  jeux  de  mots  y  il  ne  - 
s'en  permettait  jamais  qui  Uessas* 
sent  la  décence  ou  la  rdigion;  mais^ 
la  plume  à  la  main,  il  ne  connaissait 
pms  de  bornes.  11  se  plaisait  beau- 
coup au  milieu  de  plusieurs  femmes^ 
et  il  ne  pouyait  cacner  sa  répng^iance 
à  se  trouTCr  téte4-tête  avec  les  plus 
aimables  et  les- plus  jolies.  Personne 
ne  se  montra  plus  sensible  que  hn 
aux  prévenances  des  grands;  et  onlo 
vit  mille  fois  recheroher  la  socîéttf 
des  gens  de  la  dernière  classe  du  peu- 
ple. £n  voyage ,  il  s'arrêtait  de  pré- 
férence dans  les  auberges  où  il  mit 
s^  de  trouVer  pour  commensaux  de» 
rouliers  et  des  porlefiiiz.  »  Swift  a 
beaucoup  écrit  :  les  éditicms  eomjA» 
tes  de  ses  OEmrres  ne  forment  pas 
moins  de  18  à  ao  Tolumes;  mais  peu 
de  ses  productions  trouvent  encore 
des  lecteurs.  On  ne  connaît  même 
généralement  en  France  que  deux  de 
ses  ouvrages  :  le  conte  du  TamêÊm  • 
et  les  Fqyages  de  ûuUkwr  à  lÀttir 
put.  Le  premier  est  unesatire  aUégO^ 
rique  ou,  sous  les  noms  de  P^em, 
de  Martin  et  4e  /evm,  il  attaque 
tour-À-tour  le  pape,  Luther  et  Cal- 
yin.  Quelques  plaisanteries  asses  ft»  ^ 
nés  ne  peuvent  faire  trouver  grâce  à 
ce  ramas  de  déclamations  souvent  an- 
)iies,  et  presoue  touj  ours  prolixeset  fa- 
tigantes. Gtfuu'er  est  unuvrechâidcs 
enfants  :  ils  y  trouvent  des  contes  q[ni 
|)euvent  les  amuser.  Mais  les  espnts 
judicieux  et  graves  ne  démêlent  que 
trop  facilement,  k  travers  toutes  ces 
folies ,  TinCentiott  prémédâée  de  )o« 


386  SWI 

ter  le  ridicde  sur  toates  les  institu- 
tioos  qui  servent  de  base  à  la  société 
humaine.  Si  ce  livre ,  pins  bizarre 
qu'amusant ,  eut  beaucoup  de  vogue 
en  Angleterre ,  c'est  qu'il  contenait 
une  foule  d'allusions  et  même  de  por- 
traits, aussi  piquants  pour  les  natio- 
naux qu'insipides  pour  les  étran- 
gers. Sir  Walter  Scott  ea  donne 
la  def  :  mais  les  originaux  n'existant 
plus ,  les  copies  ont  perdu  tout  inté- 
rêt. Ce  fut  Voltaii'e  qui,  le  premier, 
vanta  en  France  les  Voj'a^es  de 
GuUiver,  L'abbc  Desfontaincs en  don- 
na (  1727)  une  traduction  que  sir  Wal- 
ter veut  bien  trouver  passable  (  tôle- 
rabljr  good  ) ,  mais  qu'il  n'a  certaine- 
ment point  lue  ,  et  que  nous  pren- 
drons la  liberté ,  maigre  sa  décision, 
de  regarder  comme  pitoyable.  Le 
biographe  anglais  a  soin  d'aver- 
tir que  la  continuation  du  Gulliver 
n'est  point  de  Swift ,  mais  de  son 
traducteur  :  aucun  lecteur  exercé  n'a 
u  s'y  méprendre.  IjC  Rabelais  de 
'Angleterre  a  laissé  quelques  autres 
ouvrages  ;  mais  ils  sont  tombés  dans 
un  tel  discrédit  ,  que  sir  Walter 
Scott  n'a  pas  même  daigné  en  faire 
la  plus  légère  mention.  De  ce  nombre 
est  un  livre  que  l'on  peutjuger  d'après 
sou  titre  du  Grand  Mystère  ou  de 
VArt  de  méditer  sur  la  Garde- 
robe,  Un  autre  écrit  plus  ignoré  en- 
coi*e ,  est  une  satire  intitulée  :  John 
Bull,  sur  la  paix  d'Ulrecbt.  Elle  eut 
pour  traducteur  l'historien  Vclly. 
On  a  encore  traduit  eu  français  :  I. 
Ce  que  Swift  a  écrit  contre  Parlrice, 
astrologue ,  dont  il  lit  tomber  les 
vaines  prédictions.  IL  Son  ouvrage 
intitulé  ,  des  Avantages  qu'il  y  aw- 
rait  à  abolir  la  Rehç^ion  en  Angle- 
terre, petit  écrit  iiigéuicux,  où  il 
tourne  en  ridicule  les  discours  des 
iiKTt^ulesctdes  pcliis -maîtres  d*An- 
leterre.  IIL  Le  Grand  Mystère  y 


l 


ir 


SWI 

on  VArt  de  méâUer  sur  l 
robe^  a»ec  des  Pensées  h 
sur  les  Études ,  la  Gramn 
Rhétorique  et  la  Poésie.  '. 
sieurs  ^crtf5Sons  le  titre  di 
tions  d'esprit ,  contemmi 
que  les  Arts  et  les  Scicna 
rare  et  de  merveilleux.  Pit 
les  autres  ouvrajges  de  Swif 
meures  en  anglais.  Ses  vers  » 
parfaits  que  sa  prose;  en 
son  style  est  nerveux ,  clair 
Il  égale  en  élégance  et  en  e 
les  meilleurs  écrivains  en 
sa  nation ,  et  il  les  surpassa 
toujours  en  variété  et  ei 
mais  par  suite  de  ses  goûts 
habitudes ,  ses  écrits  sont  i 
vent  parsemés  d'expressu 
siëres  et  indécentes.  11  y  p 
moins  toujours  la  vertu 
image  agréable ,  en  lui  opi 
tableau  hideux  du  vice.  i> 
principe  ,  en  matière  de  ] 
était  celui  de  Cicéron  ^  que 
et  le  bonheur  du  peuple  e 
mière  de  toutes  les  lois,  L 
Swift  jouissait  de  plus  de  tr 
livres  de  rente.  Sa  maiiièn 
simple ,  modeste  et  frugale 
sait  beaucoup  de  superflu, 
qu'il  était  le  plus  pauvre  de 
avaient  une  vaisselle  d'arg 
le  plus  nclie  de  ceux  qui 
pas  d'équipage.  Sensible 
sèrc  des  pauvres ,  il  im 
faire  un  tonds,  et  d'étab' 
leur  soulagement ,  une  ban 
sans  caution ,  sans  gages , 
reté ,  sans  intérêts  quelcon 
prétait  à  tout  homme  ou  1 
i)as  peuple  ,  ayant  quelq 
ou  quelque  talent,  jusqu'à  ! 
reucc  de  dix  livres  sterlinj 
à-dire  plus  de  deux  cent 
monnaie  de  France.  Le  te 
restitution  du  prêt  était  li» 


SWI 

ortionné  à  la  situatioii 
dtcur.  Parla  ,  il  faisait 
illiers  de  personnes  ,  ani- 
strie  y  encourageait  les 
:ruisait  la  fainéantise  ,  et 
&  lui  manquait  de  parole, 
rquc' ,  les  sommes  prêtées 
ans  la  banque ,  pour  cir- 
autres  mains.  On  peut 
r  ce  célèbre  écrivain  Fou- 
Je  :  Lettres  du  comte 
urla  Fie  elles  Ouvrages 
npriméà  Paris,  en  1753, 
omte  était  ami  intime  de 
»es  Lettres  sont  curieuses 
ntes;  mais  la  traduction 
à  est  très-fautive.  La  Vie 
été  écrite  en  anglais ,  par 
m, Dublin,  i785,in-o^.; 
d  a  publié  un  Essai  his^ 

le  docteur  Swift ,  etc. , 
^.  ;  et  le  romancier  Wal- 
donué  une  Notice  sur  le 

sa  Biographie  des  Ro" 
élèbres ,  traduites  en  fran- 
,  j8'iG(i825).  S-v-s. 
[  Deapte  )  était  petit-fils  de 
vift ,  oncle  du  précédent. 
Deanc  lui  venait  de  son 
irai  de  ce  nom ,  qui  pétant 
!  des  régicides  ,  n'avait 
dérobé  sa  tête  à  Técha- 
1  mourant  un  an  ou  deux 
es  tau  ration.  Dcane  Swift 
îà  l'université  de  Dublin. 
à  Goodrich  en  Hereford- 
;u  d'écrits  qu'on  a  de  lui  se 
lux  œuvres  de  son  illustre 
<ssai  sur  la  vie  ,  le  carac- 
jrits  du  docteur! onathan 
•5  ,  in-8^.  Ce  livre  ne  ré- 
i  rattente  du  public.  L'uti* 
[lies  renseiguemonts ,  et  de 
ics  dates  ne  dédommage 
i  lecteur  de  la  confusion  , 

partialité  ,  ainsi  que  de 
|ui  régnent  dans  ce  mor- 


SWI  ^ 

oean  de  biograpliiew  L'auteur  montre 
surtout  beaucoup  d'aigreur  à  l'égard 
de  lord  Orrery  et  du  docteur  Delany, 
qui  avaient  ^précëdemment  écrit  sur 
le  même  sujet.  IL  Le  huitième  yoL 
in-4^*  9  ou  les  quinzième  et  seizième , 
in^o.  des  OEuwrs  de  Swift ,  1765. 
III.  Lettres  écrites  par  J\  Swift  et 
ses  amis  ^  de  1710  ^  l'j^i^  revues  y 
etc.  y  1 768 ,  3  vol.  in-S**. ,  pour  faire 
suite  aux  trois  volumes  de  Lettres 

Subliés  en  1766,  sous  l'inspection 
u  docteur  Hawkesworth.  Le  nouvd 
éditeur ,  qui  se  montrait  extrêmement 
jaloux  de  la  réputation  de  son  pa- 
rent ,  aurait  mieux  mérité  de  sa  mé- 
moire s'il  n'eut  imprimé  qu'un  choix 
des  papiers  qu'il  avait  dans  les  mains. 
Deane  Swift  mourut  à  Worcestcr ,  le 
11  juillet  1783.  L. 

SWIFT  (  Théophile  ) ,  fils  du 

Précèdent ,  paquit  dans  le  comté  de 
[ereford.  Il  avait  de  l'esprit  naturel, 
et  l'instruction  ne  lui  manqua  j)oint  ; 
mais  un  caractère  fougueilx  ,  et  une 
ceiiainebizaiTerie  qu'il  semblait  tenir 
de  sa  consanguinité  avec  l'auteur  du 
Conte  du  Tonneau,  le  firent  surtout 
remarquer  en  diverses  circonstances. 
Un  duel  ayant  eu  lieu  en  1789  ,  en- 
tre le  duc  d'York  et  le  colonel  Le- 
nox ,  aujourd'hui  duc  de  Riche- 
mond^  Th.  Swift  s'efforça  de  donner 
à  la  querelle  une  couleur  politique , 
dans  une  Lettre  au  roi,  qu  il  fit  im- 
primer. Les  termes  dans  lesquels  il 
s'y  exprimait  sur  le  compte  du  colo- 
nel^ offensèrent  cet  ofiicier,  qui  ayant 
exigé  de  lui  satisfaction,  le  blessa 
d'un  coup  de  pistolet.  Ilfit  paraître, 
à  diverses  époques ,  quelques  poèmes 
de  peu  d'étendue  9  où  l'on  trouva  de 
l'esprit ,  des  idées  originales  et  de  la 
facilité.  Un  événement  assez  extraor- 
dinaire lui  donna  occasion  de  dé- 
velopper son  talent  dans  un  autre 
genre  ,  ainsi  que  son  naturel  énergi- 


oSS  SWI 

que  et  ardent.  Yers  l'anndc  1790,  la 
sûreté'  des  dames  de  Londres  fut  me- 
nacée par  un  rafiîuement  de  scéléra- 
tesse qui  rappelle  les  crimes  du  mar- 
quis de  Sade ,  et  qui  s'est  rcnouvelë 
récemment  en  France.  Un  homme , 
à  qui  le  peuple  doQna  le  nom  du 
Monstre  j  guettait  le  soir  dans  les 
rues  les  jeuues  personnes  qui  se  trou- 
vaient isolées  ,  pour  leur  enfoncer 
dans  la  hanche  un  instrument  tran- 
chant^ daus  rintcntion,  à  ce  qu'il 
paraît,  de  les  rendre  boiteuses.  A  prbs 
avoir  édiappé  quelque  temps  à  la  jus- 
tice y  il  fut  enfin  reconnu  par  une 
dcinoisclle  qu'il  avait  ainsi  blessée 
phisieurs  jours  auparavant  ;  la  blcs^ 
sure  avait  de  trois  à  quatre  pouces 
de  profondeur  ,  et  de  neuf  à  dix  d'é- 
tendue. Arrêté  et  mis  en  jugement  à 
la  cour  d'Old-Bailey,  il  fut  décla- 
ré  coupable ,  et  condamne  h.  une 
prison  de  six  ans.  C'était  un  fabri- 
cant de  fleurs  artiiicielles ,  nomme 
Rcnwick  Williams.  Théophile  Swift 
qui  y  [>robablemcnt  persuadé  de  Tin- 
uocence  de  cet  homme,  avait,  pen- 
dant le  procès,  faittousseselfortspour 
le  sauver^  persista  dans  son  opuiion 
après  ([ue  la  sentence  fut  prononcée.  Il 
écrivit  alors  un  mémoire  intitidé  :  The 
Monstcr^  al  ail ,  etc.  Le  Monstre  ^ 
ou   V innocence  de  Benwick  J^FIU 
liams  mise  au  grand  jour  ,  i^i)!  , 
in- 8".  de  21 3  pag.j  l'auteur  de  ce 
znémoire,  peu  accoutimiéaux  ménage- 
ments ,  passait  en  revue  toute  la  pro- 
cédure, et  attaquait  non-seulement  le 
caractère  des  témoins  accusateurs  y 
mais  aussi  l'impartialité  des  juges  y 
qu'il  prétendait  a  voir  partagé  les  pré- 
ventions populaires  contre  son  client. 
Théoidule  Swift  est  mort  en  Irlande, 
dans  Pété  de  181 5.  On  a  de  lui  :  I.  Les 
Escrocs  (  Tlie  («amblers),  poème , 
in-4•^    11.  Le   TempU^  de  la  fo- 
lie y  poème  en  quati*e  chants ,  in-4"- 


SWI 

III.  Adresse  poétique  à  Sa  Ma- 
jesté y  X788,  in-40.  IV.  Lu  Par- 
lement Jëminm  ,  1789  ,  in  -  4*« 
V.  Lettre  au  roi  y  mr  la  conduiie 
du  colonel  Lenox  ,  1 789  y  m-4^. 
Les  circonstances  du  duel  sont  np* 
portées  dans  VAnnual  register  de 
1 789 ,  Chronique ,  p.  ao8.  VI.  Let- 
tre à  ff.  A,  Browne  (  sur  le  dod 
de  l'auteur  avec  le  colonel  Lenoi), 
1 789 ,  in-4^-  11  a  contribué  y  par  ses 
communications ,  à  enrichir  de  plu- 
sieurs écrits  jusqu'alors  inédits  l'é- 
dition que  sir  Walter  Scott  a  donnés 
des  OEuvres  du  doyen  de  Saint-Pa- 
tnce*  ëjm 

SWINBDRNE  (IIenri),  ?oy«- 
geur  anglais,  était  le  plus  jeune  fib 
de  sir  Jean  Swinburne,  baronnet,  d 
appartenait  à  une  famille  calholiqne 
du  comté  de  Northumberland.  Il  na- 
quit à  Capheaton ,  résidence  de  son 
père,  et  après  avoir  commencé  son 
éducation  dans  une  école  du  comtt' 
d'York  ,il  l'alla  continuer  à  Paris, à 
Bordeaux  et  à  l'académie  royale  de 
Turin.  Lorsque  ses  études  furent  tff'   1 
mmées,  il  parcourut  les  diflenntts   | 
parties  de  l'Italie ,  et  se  maria  en-    : 
suite.  Sa  femme  partageant  son  goât 
pour  les  antiquités  et  pour  ks  beam- 
a  rts,  ils  partirent  ensemble  Yers  1 774* 
et  passèrent  six  ans  à  visiter  les  lieni 
les  ])lus  remarquables  de  la  France, 
de  l'Espagne ,  de  l'Italie  et  de  l'Aile* 
mague.  Il  se  lia ,  pendant  ses  vofa- 
ges ,  avec  les  hommes  les  plus  édaî- 
rés  des  pays  où  il  s'arrêtait ,  et  reçut 
des  marquesd'estimede  qudqucs  sou- 
verains. A  son  retour  en  Angleterre, 
il  se  retira  à  la  campagne,  et  publia, 
eu  17797  ses  Voyages  en  Espagne  • 
un  vol.  iu-4^.  Quatre  ans  aprb  ,  il 
fit  paraître  le  premier  volume  de  ses 
Voyages  daus  le  i*oyau]ne  des  Deu- 
Siciles,  auquel  il  ajouta  un  second 
voliune  en  1 785.  On  acoorde  géoéia- 


Swi 

Swifiburnc  le  mérite  d'un 
rvateiir  :  ses  descriptions 
»  et  animées  j  il  est  le  prc- 
ait  fait  bien  connaître  en 
eles  arts  et  les  anciens  mo- 
de rK.«j)agne.  Le  mariage 
î  avec  l^aul  Henfield,  lui  lit 
les  desastres  de  cet  aven tu- 
;  força  d'aller  sV'taMirdans 
;  de  la  Trinité,  où  il  mourut 
l'avril  i8o3.  Jean  Biî^land 
6  les  Voyaj^es  de  Swinburne 
edaction  de  l'Histoire  d'Es^ 
ni  a  etc  traduite  en  fran» 
les  avoir  ete  revue  et  cor- 
r  le  gênerai  Mattliieti  Du- 

Fojage  en  Esf)agne  ,  de 
;ie ,  a  ete  traduit  en  fran- 
ris  ,  1787  ,  in  -8<^.) ,  par 
i  Borde,  qui  avait  déjà  tra» 
Foyage  dans   les    Deiix-^ 

du   mcnic  auteur  (  ibid*  , 

vol.  in  -  8*^.  ) ,  auquel  OD 
Iquefois,  comme  cinquième 

le  Voyage  en  Sicile  ,  par 
2t  le  rojagc  de  Bàionne  à 
c,  traduit  aussi  de  Swin- 
lais  qui  ne  se  trouve  pas  sur 
)rdinairc  (  Foj'.  le  Manuel 
re  ).  D — z — s. 

sDKN  (  JKAN-IlLNni  Van), 
l/\C)  à  la  Haye,  soutint,  h. 
vingt  ans,  une  thèse  sur  l'at- 
,  à  l'académie  de  Levde,  et 
né  la  même  anucc  professeur 
e  FraneLer,  où  il  ouvrit  ses 
r  un  Discours  :  De  caiisis  6T* 
n  rcbtis  philosophicis.  Dans 
ice  il  s'a])pli([ua  à  diverses 
ides  sciences  natin'elles ,  sur- 
nagnctismc,.!  l'électricité  et 
léorologic  ,  avec  cette  pa- 
inuticusc,  si  nécessaire  dans 
ces  physiques.  Pendant  trei- 
il  ohserva  non  -  seulement 
■  jour  ,  mais  presque  heure 
re  ,   les  variations  du  ba- 


SWI  a89 

romètrc,  et  dix  ans  de  suite  il  no- 
ta, chaque  heure  de  la  journée^  les 
diflb'reuces  de  la  déviation  de  l'ai- 
guille aimantée.  En  1777  ,  il  parta- 
gea avec  Coulomb  le  prix  décerné 
par  l'académie  des  sciences  à  Paris , 
pour  ses  Recherches  sur  les  aiç;uiUcs 
aimantées  et  leurs  variations.  Ce 
travail  de  Van  Swinden  a  été'  inséré 
dans  le  tome  viii  des  Mémoires  des 
SM^ants  étrangers  j  1780.  L'année 
suivante ,  il  obtint  une  médaille  de 
l'académie  de  Munich ,  pour  sa  Dis" 
sertatioh  sur  l'analogie  de  l'élec- 
tricité et  du  magnétisme^  in-8'\ 
Après  avoir  professé  dix-huit  ans  à 
Franeker, il  obtint  ,en  1 78^  la  chai- 
re de  physique  et  d'astronoiuie  à 
l'athénée  d'Amsterdam.  11  y  débuta 
par  un  Discours  :  De  hypothesibus 
phfsicis  ,   quomodo  sunt  è  mente 
Newtoniintelligendœ.Daîis  la  capi> 
taie  de  la  Hollande ,  il  ne  se  rendit  pas 
moins  utile  qu'à  Franeker:  les  éta- 
blissements publics,  les  savants,  les 
citoyens ,  invoquèrent  à  Tenvi  ses  lu- 
mières et  consultèrent  son  profond  sa« 
voir.  Appelé  dans  une  commission  de 
l'amirauté^  il  rédigea  un  Almanach 
à  Vusage  des  marins  ,  et  un  Traité 
sur  la  fixation  de  la  longitude  en, 
7fier,  lequel  a  été  réimprimé  cinq  fois; 
la  dernière  édition ,  corrigée  et  aug- 
mentée, est  de  i8o3.11  le  fit  suivre , 
en  1 79G  ,  d'un  Traité  sur  deux  ins- 
truments^ l'octant  et  le  sextant.  Le 
nouveau  système  décimal  introduit  eu 
France  avait  attiré  son  attention;  il 
lut  à  la  Société  FeUx  mentis ,  plu- 
sieurs dissertations  sur  ce  sujet.  Lors 
de  l'organisation  de  la  république  bâ- 
ta ve,  il  fut  appelé  au  pouvoir  exécu- 
tif; et  en  1 798 ,  il  reçut,  avec  M.  Ei- 
nea:,  la  mission  de  se  rendre  à  Paris , 
pour  s'entendre  avec  les  savants  fran- 
çais sur  l'établissement  du  nouveau 
système  métrique.  A  son  arrivée  à 

«9 


ago  SWI 

Paris,  il  était  déjà  si  versé  dans  ce 
système ,  qu'il  put  aiscmciit  le  mettre 
à  la  portée  du  public.  Son  Rapport 
fait  a  V Institut  (les  sciences  et  arts, 
le  UQ  prairial  an  va,  au  nom  de  la 
classe  mathématique  et  physique  , 
sur  la  mesure  du  méridien  de  Fran- 
ce ,  et  les  résultats  qui  en  ont  été 
déduits  pour  déterminer  les  bases 
du  nout^eau  système  métrique ,  et 
son  Précis  des  opérations  qui  ont 
servi  à  déterminer  les  bases  du  nou- 
veau système  métrique,  lu  à  la  séan- 
ce publique  de  V Institut,  le   r»*. 
messidor  an'] y  furent  insérés  dans 
le   Recueil  des  Mémoires  de  cette 
compagnie.  Après  son  retour  dans 
sa  patrie,  il  continua  ses  travaux  sur 
les  poids  et  mesures  ,  dont  l'unifor- 
mité lui  paraissait,  comme  au  gou- 
venemcnt  français ,  un  objet  de  la 
plus  haute  importance.  C'est  à  lui 
qu'on  attribue  le  Rapport  que  la  pre- 
mière classe  de  l'institut  des  Pays- 
Bas  fit  sur  ce  sujet,  aprës  i8i4, 
au   nouveau    gouvernement    de    ce 
royaume.  L'activité  savanle  de  Van 
Swiuden  se  faisait  sentir  partout;  il 
présidait    ta  commission    sanitaire 
d'Amsterdam;  il  avait  contribuée 
l'organisation  de  l'école  de  marine 
de  la  nu'^'me  capitale  ;  il  donnait  ses 
avis  à  l'institution  des  aveugles  :  dans 
sa  vieillesse  encore  il  était  membre 
de  la  commission  pour  la  rectifica- 
tion du  cours  des  rivières.  11  fut  nom- 
mé ,  en    1 8o3 ,   correspondant   de 
l'institut  de  France;  il  appartenait 
au\    principales    sociétés    savantes 
d'Europe ,  et  il  en  était  un  membre 
très-actif. T-iCsMémoires des  académies 
de  Bruxelles  et  de  Turin  renferment 
de  lui  des  observations  météorologi- 

3 lies  ;  il  donna,  à  la  première  classe 
e  l'institut  des  Pays-Bas,  une  Dis- 
sertation sur  la  pression  de  l'ath- 
mosphèrc  ;  dans  le  Recueil  de  la  So- 


SWI 

cicte  hollandaise  de  Harlem ,  on  a  ia- 
sére   son  traite  sur  le  Binôme  de 
Newton.  II  possédait  bien  le  latin, 
le  hollandais  et  le  français ,  et  il  a 
écrit  dans  ces  trois  langues.  Van 
S  winden  est  mortaprës  unecourte  ma- 
ladie, le  9  mars  iSaS^àrâge  de 
soixante-seize  ans.  Il  avait  eu  de  sa 
femme ,  Sara  Riboulot,  un  fils  et  trois 
ailes.  L'Athénée  et  la  Société  Felàx 
meritis ,  k  Amsterdam,  le  célébré^ 
rent  par  des  hommages  publics;  soi 
éloge  funèbre  prononcé  dans  la  der- 
nière de  ces  compagnies ,  par  M.  Van 
Lennep ,  a  été  publié  à  Amsterdam, 
1 8u  4^  in-8o.,  avec  la  listedes  ouvrages 
de  Van  S  winden ,  et  une  pièce  de  vtn 
de  Harmen  Klingin,en son  honneur. 
Il  a  pani  aussi  une  Notice  sur  Van 
Swiuden,  in-4**>  Voici  les  principaux 
ouvrages  qu'il  a  publiés,  indépendam- 
ment de  ceux  qui  viennent  d'être 
mentionnés.  I.  Cogitationes  de  tw- 
riis  philosophiœ  capitibus  ,    1767  , 
huit  parties  in-8<>.  II.    TeniamiKa 
ilieoriœ  mathematicœ  dephœnomc- 
nis  magncticis  ,   1769,  m-4''.  III. 
Observations  sur  le  froid  rigotmux 
de  1776.  IV.  Dissertations  sur  U 
comparaison   des   thermomètres , 
1777.  V.  Dissertation  sur  Vamdor 
logie  de  l* électricité  et  du  mmné- 
tisme,  1784  ,  in-80.  Yi.  RecueSék 
différents  Mémoires  sur  Véleciriàté 
et  le  magnétisme.  Sous  ce  titre ,  il 
réunit,  en  3  vol.  in-S*'.,  plusieurs 
petits  traités  qui  avaient  d'abord  été 
publiés  séparément.  VIL  Descrip" 
tion  d'une  machine  inventée  par* 
Z.  Emsinga,  pour  représenter  k 
système  du  monde  ^  1780,   i8oi. 
VIT  T.  Observations  météorologiqmes 
pour  l'année    1779  à   1780.  IX- 
Description  d*une  nouiveue  pompe 
pneumatique,  X.  Principes  de  géo- 
métrie ,  1 790.  XI.  Traité  st/r  ks 
poids  et  mesures,  1809,  a  toI.  in- 


SWl 

vragc  où  celle  matière  est 
fond.  XII.  Tables  des  mesu- 
on^iieur^  de  capacité  et  des 
te. ,  en  Hollandais.  On  trouve 
usicurs  morceaux  de  lui  dans 
lal  de  physique  y  dans  les 
;  pe'riodiqucs  de  la  Hollande , 
;  le  Magasin  universel  ^  le 
er  des  lettres  et  des  arts  ;  il 
ur  Taurorc  boréale,  la  lumiè- 
cale ,  la  population  et  la  mor- 
'Amsterdam,  le  magnétisme 
,  etc.  Ce  savant  professeur 
îidés  pour  plusieurs  articles 
ograp/iie ,  et  il  a  rédigé  seul 
Musschenhroek.  D — g 
NTON  (Jean),  philologue 
,  né  en  1708  ,  dans  le  Chcs- 
tra  dans  la  carrière  du  minis- 
ugéîi([ue ,  et  fut  nommé  clia- 
c  la  factorerie  anglaise  à  Li- 
II  ])ro(ita  des  loisirs  que  lui 
cet  emploi  pour  continuer  ses 
et  perfectionner  ses  connais- 
dans  les  langues  orientales, 
jr  en  Anglelcrre,  il  f.it  nom- 
cssenr  au  collège  de  Cîirist  à 
,  l^ientôt  après ,  la  sociélc 
do  Londres  s'empressa  de 
tre  au  nombre  de  sts  mem- 
i  vie  u'otl're  plus  qu'une  suite 
aux  :  il  mourut  le  f\  avril 
rchivi.siede  Tacadémic  d'Ox- 
ivintou  est  un  des  collabora - 
'  V Histoire  uni\^ersclle  (  F. 
>'Aî>Ai;  ).  Outre  des  Recher- 
anglais,surralpliabetdePal- 
^  Hai'.tuf.lkmv,  ut  ,  444)» 
tome  XLN  m  des  Traiisac- 
hilosophiqiiQS ,  on  cite  de  ce 
:  1.  Disscrtatio  de  linguU 
'  rcf^alis  vcrnacula ,  Oxford, 
11-4".  Dans  cette  dissertation, 
^(•  j propose  de  prouver  que 
sges  ou  les  Phéniciens ,  qui 
hii  sont  le  même  peuple,  ont 
lans  rÉtrurie  leur  culte  et 


SWI 


^l 


leur  langue,  iooX  il  s'eflbroe  de  re- 
trouver les  traces.  Tout  en  rcodaut 
justice  à  son  immense  émditiou^ 
Wachter  a  combattu  le  système  de 
Swinton  par  de  courtes  observa- 
tions insérées  dans  les  j^cta  erudi- 
tor,  Lipsem. ,  ann.  1744*  M-  ^^ 
priscis  Romanorum  litteris  disserta- 
tion ibid.,  1746,  in-4°.  III.  Meti- 
lia  sive  de  Quinario  gentis  MetiUiSy 
è  numis  vetustis ,  cœteroquin  mim- 
mè  nntisy  ibid.,  175©,  in-4**.  IV. 
Inscriptiones  Citicœ  ;  sive  in  binas 
inscriptiones  Phœnicias  y  irUer  ru- 
dera  Citii  nuper  repertas  conjectu- 
rœ,  Accedit  de  numis  quibusdam 
Samantanis  et  Phœmciis  disserta- 
tio  y  ibid.,  1 7^0 ,  in-4°. ,  petit  volu- 
me rare  et  recherché.  V.  Dissert, 
on  a  Parthian  coin ,  Londres ,  1 7  fi^, 
in-4°.  ,  et  dans  les  Transactions 
philosophiques,  1.  i ,  86.  VI.  Sur 
des  médailles  samnites  étnisques , 
parthiques ,  phéniciennes  (  de  Pliilis- 
tis ,  reine  de  Syracuse  ) ,  puniques  , 
de  Laodicée^  etc. ,  et  sur  les  chilFres 
ou  caractères  numériques  phéniciens 
usités  à  Sidon,  ibid. ,  tom.  49  «i  60. 
Vil.  Description  (F une  médaille 
inédite  de  Vimper.  Crispina  ^  des 
Dartianissiens  ;  Explication  d'im  mo- 
nogramme qui  se  voit  sur  un  Qui- 
naire très-ancien,  etc., dans  V Abré- 
gé des  Transact.  pliilos. ,  par  Gi- 
belin (  ou  plutôt  par  Millin  ) ,  i,  uS^J 
et  2O0.  W — s. 

SWITZER  (Étîenne),  jardinier 
anglais  ,  probablement  d'origine 
suisse ,  comme  son  nom  l'indique  , 
se  distingua  dans  sa  profession^  au 
commencement  du  dix  -  septième 
siècle,  par  des  ouvrages  qui  au- 
nonçaient  des  connaissances  au-dessus 
de  son  état.  Ou  n'a  aucun  détail 
sur  sa  vie  i)rivée  ;  seulemeut  on 
présume  qu  il  travailla  chez  les 
Londou  et  Wise,    jardiniers  célc- 

19.. 


^9^ 


SWI 


bres  de  celte  (époque;  qu'eiisuile  il 
cultiva,  po!ir  son  compte,  des  jar- 
dins et  pépinières,  h  J*ensci{i;ne  du 
Pot-;i- Fleur  ,  situes  à  Milbank  près 
Westminster  ,   et  (pi'il  mourut   en 
174^7  après  avoir  public'  eu  anglais 
les  ouvrages  suivants  :  I.  Iconogra- 
phia  rusiicay  orthe  nobîeman  gentle* 
rnen  and  sardcners  récréation^  con- 
tenant la  direction  générale  pour  dis* 
tribuer  une  propriété  étendue  (  coi//»- 
tiy  seat  )en  jardins ,  parcs ,  enclos , 
etc.,  avec  un  système  général  d'a- 
griculture ;  le  tout  éclairci  par  un 
grand  noml)re de  gravures  en  cuivre, 
laites   sur  les  dessins  de   l'auteur, 
Londres,  3  vol.  in  -  8*»*   II.    The 
practical  fruit  and  lûtchens  gar* 
den,   Londres,    17*^71    in-8**.  ;   le 
Jardin  pratique,  fruitier  et  potager, 
ou  mctlioHe  à  suivre  pour  élever  les 
brocolis  d'Italie  y  les  cardons  d'Es* 
pagnt'ct  autres  légumes  étrangers ,  ac* 
compagne  d'un  précis  sur  la  luzerne, 
le  sani-foin  et  autres  plantes  sauvages, 
avec  la  méthode  debr ûler  Targilepour 
Tamélioration  des  terres ,  et  portée  h. 
son  dernier  degré  de  perfection  dans 
la  quatrième  édition  ,  qui  panit  en 
I7'ji9,  I  vol.  in-8*».  ïll.  introdiic- 
lion  to  a  f^cneral,  etc.  Introduction  k 
un  système  général  d'hydrostatique 
et  d^hydraulique,  Londres,    17^-9, 
•2  vol.  in-4«.  IV.  Dissertation  sur  la 
vrai  cytise  des  anciens ^  Londres, 
I7v3i.    V.    Unii'ersal  System^    ou 
Sjstùnie  philosophùiue  et  praVupie 
des  eaux  et  de  leur  conduite ,  avec 
des  gravures, Londres  1730,  :i  vol. 
in -4".  Dans  les  préfaces  de  ces  ou- 
vrages ,  on  trouve  des  particularités 
concernant  Thistoirc  du  jardinage  en 
Angicterre.  (le  fut  S\Nit/.er  qui,  le 
)remier, donna  aux  Anglais,  eu  1 7  17, 
es  directions  cou  vénal  >lcs  pour  obte- 
nir des  primeurs  par  \c  moyen  des 
serres  chaudes.  1) — p — s. 


1 


SYA 

SYA<}BIUS  (ÂFR^Nius) ,  est  ap- 
pelé seulement  Syagrîus  par  Ammien 
Marcel  lin  ,  qui  en  fait  mention  sous 
l'an  3G9  de  notre  ère  ,  époque  à  la- 
quelle il  était  notariuSy  ou   secré- 
taire de  l'empereur  Valentioien.  Ce 
prince,  voulant  défendre  les  frontières 
de  la  (laulc  contre  les  Germains ,  lit 
élever  une   fortei*essc  à  ManLeim, 
â  l'endroit  où  le  Necker  se  jette  daiis 
le  Rhin.  Il  voulut  ensuite  en  cons- 
truire une  autre  au-dessus,  sur  les 
rives  du  Necker ,  auprès  du  lieu  oi't 
se  trouve  aujourd'hui   Heidelberg. 
Sjagrius  fut  chargé  de  pre'sider  à  ce 
travail ,  conduit  par  deux  généraux. 
Les  Allemands  ,  Toyank  avec  peine 
tous  ces  ouvrages  aestinés  à  les  as- 
servir ,  attaquèrent  les  Romains  dans 
le  moment  où  ceux-ci  charriaient  des 
terres ,  et  les  tuèrent  à  coups  d'e'pëp. 
Les  deux  généraux  ne  furejit  pas 
épargnés.  Syagrius  s'échappa  seul, 
et  Valentinien  lui  reprocha  vivement 
de  n'avoir  pas  su  exposer  sa  vie.  lifî 
malheureux  secrétaire  fut  exile  dans 
son  pays ,  à  Lyon ,  oùlcs  muses  le  con- 
solèrent de  sa  disgrâce.  Ses  poésies, 
selon  Sidoine  Apollinaire ,  étaleot  su- 
périeures à  tontes  celles  qui  ont  pam 
depuis.  Il  mérita  ainsi  l'amiticaAu- 
sone,  qui  lui  dédia  le  recueil  des  sien- 
nes, et  qui ,  chargé  deJ'^ucatîon  de 
Cira  tien  ,  fils  de  Valch>tinicn  ,   lui 
obtint  la  faveur  de  ce  jeune  prince. 
Syagrius  rentra ,  par  ce  moyen ,  dans 
la  carrière  des  honneurs,  il  fut  trois 
fois  préfet^  et  une  fois  consal  l'an 
38u.  C'est  à  tort,  selon  Tillemont , 
que  Goltzius  et  d'autres  l'ont  confondu 
avec  le  consul  de  l'amiéc  préccdenlc, 
qui  s'appelait  Flavius  Syagrins,  on 
Kvagrius,  et  qui  d'ailleurs  est  abM- 
lument  inconnu.   Quant  «1  Afranius 
Syagrius ,  il  eut  un  [ils  qui  fut  phe 
du  comte  Égidius  ou  Gilles  ,  et  une 
(ille  appelée  Papi:iuilla  ,  qui  ftiKnicrc 


SYA 

)l ,  célèbre  dans  les  Gaules , 
nilicu  du  cinquième  siècle, 
ce  Ferreol  que  d'habiles  gc'- 
ps  ont  voulu  faire  descendre 
n  de  France  (  Voyez  Fer- 
Syagrius  eut  une  statue  à 
:  fut  enseveli  à  Lyon ,  où  l'on 

encore  son  tombeau  du 
Sidoine  Apollinaire.  F-a. 
RIUS  ,  (ils ,  non  pas  d'Ao- 
mme  on  Ta  dit  à  l'article 
mais  du  comte  Égidius  ou 
F,  ce  dernier  article) ,  était 
?til-  (ils  du  consul  de  ce  nom , 
lit  d'une  fortune  considcra- 
ibii  de  laquelle  il  se  croyait 
de  suivre  l'exemple  de  «on 
tudiaut  l'art  militaire.  Lors- 
pereur  INTajorien  vint  dan» 
s  combattre  les  Yisigotbs  , 
,  Sidoine  Apollinaiie,  qui 

tout  récemment  l'éloge  de 
,  écrivit  au  jeune  Syagrius 
appeler  à  ses  devoirs  :  nous 
tore  celte  lettre  dans  laquelle 
nseillc  de  faire  des  ellbrls 
■iter  les  honneurs  du  triom- 
e  menace  d'être  raye'  par  le 
lu  rôle  de  la  noblesse,  si  , 

les  ricbesses  anx  bouneiirs , 
e  entièrement  aux  travaux 
ml  turc.  11  ne  paraît  pas  que 

ait  suivi  ce  conseil  ;  car 
mort  de  son  ])ère,  arrivée  à 
l'an  t\i\\ ,  il  u'herita  ni  du 
lement  désarmées  romaines, 
on  ne  au  comte  Paul  ,  ni  du 
des  Francs ,  dontC^Jnlde'ric 

possession.  Il  se  renferma 
îconde Belgique,  à Soissons, 
:roit  (pi'etait  le  centre  des 
s  de  son  père  ,  et  y  vécut 
lent  au  milieu  des  convul- 
l'empire  romain,  qui  cessa 
exister.  Occupe  du  soin  de 
c ,  il  mérita  les  éloges  de 
par  la  pvetc  de  son  lan- 


SYA 


ag? 


gage ,  et  par  les  lois  qu'il  donna  aux 
Bourguignons  >  qu'il  s'eîî'orçait  de 
civiliser.  Clovis,  qui  avait  succe'de', 
l'an  481  ,  à  son  père  Childe'ric,  et 
qui  régnait  à  Tournai ,  voulut  mettre 
à  pro(it  sa  supériorité'  dans  l'art  mi- 
litaire. II  se  fortifia  du  secours  des 
autres  rois  Francs  qni  descendaient  y 
comme  lui,  de  Clodion.  Celui  de  Cam- 
brai ,  appelé'  Raguacaii^e ,  s'ëtant 
joint  h  lui,  tous  deux  s'avancèrent 
dans  le  territoire  de  Soissons.  Clovis 
voulut  livrer  une  bataille  décisive ,  et 
conduisit  ses  troupes  dans  une  plaine 
où  il  dë(ia  Syagrius  ,  qui  accepta  le 
combat.  Mais  cet  indigne  (ils  a'Égi- 
dius ,  ayant  vn  que  les  Romains  com- 
mençaient h  plier ,  prit  la  fuite  ,  et 
vint  chercher  un  asile  dans  le  royau- 
medesVisigoths.  Alaricre'guait  alors 
à  Toulouse.  Ne  croyant  pas  devoir 
s'exposer  au  ressentiment  du  vain- 
queur ,  en  faveur  de  celui  dont  Je 
père  avait  toujours  e'te'  l'ennemi  de 
sa  nation ,  il  renvoya  chargé  de  cbaî- 
nes  le  malheureux  Syagrius.  Clovis 
le  (it  garder  soigneusement ,  et  dès 
qu'il  fut  en  possession  des  états  de  ce 
faible  ennemi ,  il  donna  l'ordre  qu'on 
le  fît  mourir  en  secret ,  l'an  4^0  de 
notre  ère.  En  lui  fuiit  la  domination 
des  Romains  dans  les  Gaules ,  qui  fu- 
rent partîgées  entre  les  Visigotlis  , 
les  Bourgm'gnons  et  les  Francs.  — 
L'Histoire  ecclésiastique  des  Gaules 
])arle  encore  d\in  autre  Syagrius 
(ils  de  SaWi  et  d'Ercbanfrède  y  ci- 
toyens de  la  ville  d'Albi.  Sa  fa- 
mille, qui  était  très-riche, et ç;aUloÎ5e 
d'origine,  tenait  un  rang  distingue  en 
Aquitaine  ,  parmi  celles  qni  avaient 
conservé  le  nom  de  romain».  II 
était  le  frère  aîné  de  Didier ,  quia  été  . 
mis  au  rang  des  Saints.  Clotaire,  de- 
venu maître  de  l'Albigeois  ,  l'an  " 
Cii5,  con(ia ,  trois  ans  après,  le  gou- 
vcmemcut  de  cette  pr<mucc  à  Sya* 


^94 


SYA 


grhts ,  qui  inciiti ,  par  f»cs  scrnces  , 
d*ctre  clcvc ,  l*au  6*^5  ,  a  la  charge 
de  duc  de  Marseille.  Ce  nouveau  gou- 
vernement coniprruait  une  grande 
partie  de  la  Provence ,  et  outre  le 
titrededuc ,  donnait  celui  de  patriccà 
ceux  qui  l'exerçaient.  Syagrius  s'y  fit 
remanjuer  par  sa  picftc  ;  et  à  sa  morty 
i'au  ()'i8,  d  laissa  la  meilleure  par- 
tie de  son  bien  aux  pauvres  et  aux 
cfglises.  Son  frère  Didier  fut  duc  'de 
ALirseiUc  après  lui ,  et  quitta  ce  du- 
ché' pour  ctre  évèque  de  Cahors;  ce 
que  l'on  a  mfgligé  d'observer  à  l'arti- 
cle DiuiEE.  La  veuve  de  Syagrius , 
applce  fiertolène ,  fit  un  pieux  usa- 
ge de  ^es  grandes  richesses  ,  et  con- 
sacra aussi  sa  vie  à  l'exercice  des 
vertus  les  plus  austères  ;  ils  n'eurent 
point  d'enfants.  F — a. 

SYAGRIUS  ou  SYAGRE(8aikt), 
évêt|urd'Autuii,  fut  e'Ievé  à  repisco- 
pal  vers  l'an  5(>o.  Fortunat  lui  cfcri- 
vait.  Domino  saticto  apostolicœ  se- 
dis  diptissimo Sjagrio papœ,  Adon 
de  Vienne  l'apin^lle  un  homme  de  la 
plus  luutic  sauitvtê.  Il  ONt  appelcf 
saint  dans  un  concile  de  Met?..  11  as- 
sista aux  conciles  de  Lyon ,  ii  x^^^^'])  ; 
de  Paris  y  iv  ^  673  );  de  Màcon,  i 
{ :">8o  )  ;  de  Lyon ,  m  (  583  )  ;  de 
M«icun«  Il  v58d)  et  aux  autres  conci- 
les qui  se  tinrent  en  France  de  son 
temps.  La  paix  fut  troublée  ,  en 
5c)u ,  dans  le  monastère  que  sainte 
Radegonde  avait  fonde  à  Poitiers; 
Qirodiclde,  fille  du  roi  Chariliert, 
étant  siirlie  scanda leiuscment  de  cette 
maison ,  emmenant  avec  elle  plus  de 
quarante  re]igieu>es,  S.  Syagrius  fut 
chargé,  avec  quelques  autres  cvc<pies, 
d'y  rétablir  Tordre  «  et  il  assista  au 
concile  qui  se  tint  à  Poitiers  peur  cet 
objet.  Le  roi  Gontran ,  qui  avait  en 
lui  une  grande  confiance .  voulut  qu'il 
raccompagnât  à  Paris ,  pour  assister 
au  baptême  de  Clotaîre  11 ,  qui  se  fit 


SYA 

à  Nantcrrcy  en  Soi.  Le  pape  Gré- 
goire-le-Graud  lui  donna  des  manpKs 
éclatantes  de  son  estime ,  et  lui  re- 
commanda les  missionnaires  qu'il  en- 
voyait en  Angleterre,  sous  la  "condoile 
de  saint  Au^stin  (5g7).  11  lui  confia 

{)lusieurs  missions  importantes  dans 
es  Gaules.  Écrivant  à  la  reine  Bni- 
nehaut,  pour  la  remercier  de  la  cha- 
rité qu'elle  avait  exercée  envers  ces 
missionnaires , il  hii  dit:  «  Vous  ava 
»  désiré  que  le  pallium  fftt  CDToyë 
»  à  notre  frère  coévéque  Syagrius  : 
»  nous  nous  empressons  de  répondre 
A  à  ce  vœu  qui  nous  est  bien  agréa» 
»  ble  y  d'autant  plus  que  l'empcrev 
»  l'approuve;  et  nous  ayons  remis  k 
»  palkum  au  prêtre  Candide,  f  k 
»  nous  envoyons  vers  vous ,  et  qm  k 
i>  remettra  delà  manière  Gonvenable 
«>  à  Syagrius ,  après  que  celui-ci  hi 
»  en  aura  fait  la  demande  par  écrit  « 
(5i)7).  On  avait  signalé  au  pape  des  ^ 
abus  qui  déshonoraient  l'Eglise  dt 
France.  Saint  Grégoire  envoya  l'ab- 
bé Cyriaque  avec  une  longue  lettn 
adressée  à  Syagrius  d'Autun,  ani 
archevêques  de  Lvon ,  d'Arles  et  de 
Vienne.  Après  avoir  exposé  ces  abos, 
il  termine  ainsi  :  «  Nous  vous  CDJoî- 
»  gnons  d'assembler  aussitôt  un  oon- 
v>  cile,  pour  régler  ces  objets  impor- 
«  tants  ;  notre  frère  Syagrius  ,  de 
»  concert  avec  le  concile ,  nous  fera 
n  sou  rapport ,  par  l'abbé  Cyriaqiie 
»  qui  reviendra  vers  nous.  »  En  mi- 
sant remettre  le  pallium  à  Syagrius, 
le  pape  lui  écrivit  eneoie:  •  Aiîn  mv 
n  tout  réponde  à  cette  nourdle  ué- 
»  vationJ'pglised'Autnn,  dont  TOUS 
v  êtes  évcqiie  «  aura  dans  la  province 
»  le  premier  rang ,  après  odle  de 
»  Lyon,  qui  est  la  métropole,  et 
«  voiLs  garderez  cette  prérogainc 
»  dans  les  conciles  aiuLquels  tous  as- 
u  sistei-ez ,  et  que  vous  sousccires. 
»  Cependant  nous  vous  cqbCobs  tfé- 


SYA 

nent  le  soin  de  convoquer  et 
[iir  le  concile  que  nous  ayons 
inc  pour  extirper  les  abus , 
nt  que  les  rois  ont  pour  \ous 
ifiectiou  particulière  y  et  que 
pourrez  d'autant  plus  efilca- 
it  veiller  à  ce  que  le  bien  se 
9  Le  pape  écrivit  aussi  à  Bru- 
pour  lui  commander  la  tenue 
iode:  Quant  fi  endam,a\oi\te- 
ri  coepiscopoffue  nostro  Syc^ 

\em  KESTRUM  PROPRIUAl  UO- 

specùilitcr  delcgare  cura- 
ge \k  quelques  auteurs  ont  pu 
î  que  Syagrius  était  parent 
lehaut^  mais,  par  d'autres 
I  preuve  que  les  paroles  citées 
pport  qu'à  l'aHcction  et  à  la 
atiouqiic  lesaintëvêque  avait 
i.  D'autres  lettres  du  pape 
ius  ont  rapport  à  diilcrents 
le  discipline.  11  l'engage  à 
des  mesures  pour  que  deux 
italiens  y  qui  étaient  venus 
(ianles,pour  y  vivre  avec 
bcr te,  fussent  renvoyés  à  leur 
litain.  G — y. 

^MlAM  (Thomas)  ,  célt-bre 
anglais  ,  naquit,  en  i(i',>4,  à 
•d-Kagle,  comté  de  Dorsct. 
voir  ctiirlié  qucKpicr  temps 
niversité  d'Oxford,  il  frit 
'■  la  quitter  pour  éviter  les 
fies  guerres  crivilcs ,  et  il  se 
ez  son  fii-rc.  (jiii  cl.iil  iiiaLi- 
•rî's  le  conseil  vlii  docteur 
("ioxe,  qui  soignait  ce  dcr- 
lenham  se  détermina  à  vm- 
'élude  de  la  médecine,  re- 
:ford,  où  il  prit  le  grade 
lier,  le  i4  «vril  i()48,  puis 
à  Cambridge  pour  y  rece- 
loniunirs  du  doctorat.  Il  s'é- 
"iuite  à  Westminster,  et  v 
?  tels  succès  ,  qu'à  l'âge  de 
ans ,  il  jouissait  de  la  rc< 
l'un  des  premiers  praticiens 


SYD  ayS 

do  rÂDgieterrc.  Quoique  son  talent 
fut  bien  connu  et  apprécié  à  Lon- 
dres ,  il  n'alla  se  fixer  dans  cette  ca- 
pitale ,  à  litre  de  licencié  du  collège 
royal  ^  que  vers  la  lin  de  sa  carrière, 
arrivée  le  uç)  décembre  1 68«) ,  après 
qu'il  eut  été  long  -  temps  tourmen- 
te de  la  goutte.  Sydenham  a  rendu 
de  grands  services  à  la  science.  Pour 
s*en  faire  une  idée,  il  faut  se  rap]>c- 
1er  qu'il  vivaità  ime  époque  où  lamé- 
decineétaitcnvabied'un  coté  par  l'ap- 
plication outrée  et  hypothétique  des 
principes  de  la  chimie(^.SYLvius), 
et  de  l'autre  par  celle ,  non  moins 
hasardée ,  des  mathématicpies.  Sv- 
denham  évita  ce  double  écueil^  il  dé- 
montra combien  toutes  les  hypothè- 
ses de  son  temps  étaient  futiles  et  il- 
lusoires ,  et,  en  s'appnyant  sur  la  pu- 
re oliscrvation  des  faits^  il  ramena 
les  esprits  dans  la  route ,  presque  en- 
tièrement abandomiée  ,  de  la  nature 
et  de  l'expérience.  Il  est  vrai  que  l'il- 
lusti^el^cke ,  son  ami ,  doit  avoir  une 
grande  part  aux  succès  de  Syden- 
bam,  qui  recotuiciit  l«i-même  avec 
candeur  combien  les  conseils  du  mé- 
decin philosophe  lui  ont  été  utiles. 
Voiri    comniMil  vSvdeuhain   expri- 
me ses   idé<«  à   l'éj^ard    des    prin- 
cipes sur  Ksquels  la  médecine  doit 
leposiM-  :  «  De  uiriiie  ()u'lIi])pocr.'ile 
bîâmc  avec  raison  ceux  <) ni  attachent 
trop  d'iinpuilance  aux  h>polliè.ses 
sur  la  nature  du  corps  hxiu.i in,  de 
même  il  faut  encore  aujourd'hui  fai- 
re de  justes  reproches  aux  é<:rivains 
qui  fondcul  principalement  sur  \a 
chimie  l'espoir  qu'ils  ont  de  voir  la 
médecine  se  perrectioniier.  On  doit, 
il  est  vrai ,  convenir  que  cet  art  est 
extrêmement  utile  lors([u'il  se  ren* 
ferme  dans  ses  propres  limites  ;  mais 
des  qu'on  croit  que  les  indications 
curatives  peuvent  être  fournies  ftar 
tel  ou  tel  élément  du  corps ,  on  se 


^ 


SYD 


perd  en  spëculations  sur  de  belles 
chimères,  foutes  ces  hvpotlièses ,  qui 
sont  les  produits  de  rimacination  et 
ne  reposent  point  sur  Tobseryation 
des  faits ,  seront  renversées  et  détrui- 
tes par  le  temps ^  taudis  que  les  juge- 
ments de  la  nature  ne  périront  qu  a* 
vec  la  nature  elle-même.  Quoique  les 
hypothèses  établies  sur  des  axiomes 
philosophiques  soient  toujours  trom- 
peuses et  inutiles  ;  cependant  il  en  est 
3ui  se  fondent  sur  des  faits,  et  qui  se 
éduisent  de  la  pratique  médicale  c 
ces  dernières  sont  inébranlables.  Il  est 
donc  bien  plus  sûr  de  tirer  les  indi*' 
cations  curatives  des  faits  qui  prou- 
vent l'utilité  ou  les  incouTénients  de 
certaines  choses ,  que  d'avoir  égard 
à  des  principes  occultes.  »  (  Tract, 
de  hydrop^  ).  Sydenham  observait , 
avec  une  scrupuleuse  attention,  les 
constitutions  atmosphériques,  parce 
qu'elles  donnent  naissance  au\  épidé- 
mies, lesquelles,  à  leiu*  tour,  exer- 
cent une  grande  influence  sur  le  ca« 
ra  clerc  des  maladies  intercurrentes  et 
sur  le  traitement  qui  doit  leur  être 
applique.  Mais  les  principes  d'aprè9 
lesquels  il  se  règle  pour  distinguer 
les  constitutions  épidémiques  sont 
vains  et  incertains ,  parce  que  la  pré- 
sence ou  l'absence  d'un  seul  phéno- 
mène organique ,  comme ,  par  exem- 
ple ,  la  moiteur  ou  la  sécheresse  de 
la  peau,  ne  sam-ait  jamais  suilire 
pour  conduire  à  la  connaissance  du 
véritable  caractère  d'une  affection  ai- 
guë. Avec  l'esprit  d'observation  dont 
il  était  doué,  Sydenham  ne  tarda 
pas  à  se  convaincre  que  les  épidémies 
dont  il  fut  témoin  étaient  de  nature 
inflammatoire,  et  il  les  combattit 
avec  succès  par  la  saigncx;.  Dans 
l'une  d'elles  cependant,  il  avait  cru 
devoir  s'abstenir  de  ce  moyen ,  pour 
donner  la  préférence  aux  cordiaux 
et  à  la  métiiodc  échauirantc  :  mais 


SYD 

les  accidoits  ttcheux  qni  nbolthcHt 
de  ce  traitement  incendiaire  lui  fi- 
rent adopter  une  méthode  opposée  y 
qu'il  suivit  avec  hardiesse  ;  et  c*ert 
ainsi  qu'il  obtint  des  succès  supàîcnn 
à  ceux  des  autres  médecins.  Cette 
méthode  y  dite  arUiphlogisiU/ue  m 
rafraîchissante,  il  l'appliqua  ayeciui 
égal  bonheur  au  traitement  des  peti- 
tes véroles;  et  certes  on  lui  doit  la 
plus  grande  recoimaissancepouravoir 
introduit  dans  la  pratique  cette  îm- 

{>ortante  modification  curative.  C'est 
ui  aussi  qui  paraît  avoir  dëcouvcft 
la  meilleure  manière  d'administicf 
le  quinquina  dans  les  iiëvres  inter- 
mittentes f  en  prescrivant  cette  écor- 
ce  après  la  fin  de  l'accès  ;  Marda 
Lister  fait  néanmoins  honneur  di 
cette  découverte  au  charlatanTalboL 
Auteur  de  la  composition  du  lauda- 
Xium  qui  porte  son  nom ,  Sydenhaa 
célèbre,  à  ce  sujet,  les  prëcienx 
avantages  de  l'opium  y  que  le  Tout- 
Puissant  a  créé ,  dit-il ,  pour  la  cob« 
solation  de  l'himianité  souffrante,  et 
sans  lequel  l'art  de  gumr  cesserait 
d'exister.  Mais  il  faut  lui  reprocher 
de  n'avoir  point  fait  l'abandon  com- 
plet de  cette  polypharmacie  qui  ré- 
gnait de  son  temps  ;  d'avoir  accordé 
trop  de  confiance  aux  vertus  des  be» 
Eoards,  des  cordiaux ,  des  purgatî& 
ré|)étés ,  qui  souvent  détruisaient  les 
bons  effets  des  évacuations  sangui- 
nes ,  et  d'avoir  cru  que  les  maladiei 
vénériennes  ne  peuvent  être  goério 
sans  salivation.  Quoiqu'il  ait  éte]oD|^ 
temps  en  proie  à  une  affection  gout- 
teuse et  qu'il  ait  écrit  un  traite  sv 
ce  sujet  ,  Sydenham  n'a  poîat 
connu  la  véritable  altération  organi- 
que qui  constitue  cette  maladie,  et 
conséquemment  n'en  a  déterminé  le 
traitement  que  d'une  manière  embar- 
rassée. C'est  que ,  livré  tout  entier  à 
l'observation  des  symptômes ,  il  avait 


SYD 

l'étude  de  l'anatomie  y  et  spë- 
Dt  celle  de  rauatomie  patno- 
j  qui  seule  conduit  à  la  cou- 
re positive  de  la  le'sion  des 
.  Quoiqu'il  ait  pris  Hippo- 
our  modèle  et  pour  guide, 
reclioo,  toute  louable  qu'elle 

le  justifie  poiut  de  n  avoir 
fralisc  ses  observations  et  d'à- 
u  peu  de  compte  des  ti'avaux 
>redéccsscurs.  Aussi  est-ce  un 
Tcment  que  les  compatiiotes 
nhamlcsalucntdu  titred'Hip 

an|;lais.  Sans  lui  refuser  la 
un  des  meilleurs  observateurs 
ps  modernes ,  il  nous  semble 
à  une  distance  immense  du 
Ide  Cos,  dont  le  vaste  génie, 
sant  la  nature  entière  ,a  pro- 
B  premier  des  ve'rite's  qui  se- 
ernelles.  Sydenham  n'est  pas 

1  Hippocrate,  que  iloullier^ 
:t  BaïUou  ;  mais  il  est  comme 
,  un  médecin  hippocratique, 
dire  qui  a  senti ,  de  même  que 

de  la  médecine  ^  le  prix  de 
vation  et  de  rexpcrieuce.  On 
cmc  dire  que  la  roule  suivie 
docteur  anglais  a  ctc'  ouverte 
français  Baiilou,  qui,  long- 
luparavant,  avait  rcchcrcue', 
constitution  atmosphérique, 
ses  évidentes  ou  occultes  des 
lies ,  et  avait  fait  apercevoir  les 
ts  qui  peuvent  exister  entre 
le  l'atmosphère  et  les  maladies 
tes.  Les  ouvrages  de  Sydcn- 
int  :  T.  Meihodiis  curandife- 
'opriis  observât ionibus  super- 

2  y  Ijondres,  i()()6,  1668, 
in-8°.  ;  Amsterdam ,  1 666 , 
Le  même  ouvrage  a  aussi 

ous  le  titre  suivant  :  Observa- 
medicœ  circà  morborum  acii- 

historiam  et  ciirationem , 
es,    iGyf),  in-8'».;  Gcucve, 

iu-i'i.  Cet  ouvrage  ,  le  plus 


SYD  297 

remarquable  de  Sydenham^  fut  pri- 
mitivement écrit  en  langue  anglaise, 
puis  rendu  en  latin  par  Mapletoftet 
Ha  vers  :  il  est  divisé  en  six  sections, 
et  renferme  non-seulement  toutes  les 
maladies  fébriles  et  inflammatoires , 
mais  encore  l'observation  de  toutes 
les  constitutions  épidcmiques  qui  se 
succédèrent  depuis    16G1  jusqu'en 
1675.  On  s'aperçoit  ici  que  l'auteur, 
à    l'exemple    d'Hippocrate ,    tient 
compte  des  efforts  salutaires  que  fait 
la  nature  pour  repousser  le  principe 
inorbifique  qui  la  trouble.  Sydrnham 
est  le  premier  qui  ait  clairement  dis- 
lingue  la  variole  en  discrète  et  en 
conJQuente.  11.  Epistolœ  responso- 
riœ  diiCB  :  i'.  De  morins  epiaemicis 
ab  anno  iG^j  adanruim  1680  ,  ad 
Robertum  Brady  $  -Ji".  De  luis  vene- 
reœ  historid  et  curaiione,  ad  lien- 
ricum  Pamam ,  Londres,  1 6S0 ,  in- 
B®.  ITL  Dissertatio  epistolaris  ad 
Gulielmum   Cole  de  observationî- 
hus  nuperis  circà  curationem  va- 
riolarum  conjluenlium ,  rwc  non  de 
ajfcctione  hystericdy  Londres,  iC8*i, 
l683,  in-8^.;  Francfort,  iG83,  in- 
B®.  IV,  Dissertatio  de  febre  putri- 
dd  variolis  conjluentWus  superve-^ 
niente,  et  demictusanguincoàcal- 
culo  renibus    impacto ,    Londres , 
l68'i ,  in  80.  V.  De  podagrd^et  hjr- 
drope,  Londres,   i(383,   in  -  8**. , 
1085,  in-80.;   Amsterdam,  i685  , 
in-8".  VL  Schedula  mordtoria  de 
nm^œ  febris  ingressu  ,    Londres  , 
1688,  in-80.  VIL  Processus  integri 
in  omnibus  ferè  morhis  curandis , 
Londres,  1693,  iGgS,  in-iti,  lyo'î, 
1717, 1726,  in  -  8*>.;  Amsterdam, 
i6g4,  in-8".;  Genève,  1696,  iu-8<».; 
Venise,  i6g6,  in-8<>.;  Edinboiirg, 
17.50,  in-8*».;  trad.  en  anglais,  Loiï^ 
dres,  1(595 ,  in-8®.,  1710 ,  in  -  la  j 
en  allemand ,  Nureml)ei*g ,  177'i ,  in- 
80.J  en  français ,  i774;  ^  '  ^^«  ^* 


!i9B  SND 

ouvrage  posthume  est  uu  abrégé  de 
médcciuc  pratique,  composé  littéra- 
lement d'apros  les  diverses  produc- 
tioiLS  de  Sydenham.  Les  Œuvres 
complètes  de  ce  médecin,  sous  le  ti- 
tre d' Opéra  universa  y  ont  eu  une 
grande  quantité  d'éditions ,  dont  les 
meilleures  sont  celles  de  Londres , 
173^,  in-8'\  ^  Genève ,  1737 ,  deux 
vol.  m-4".;  Leyde,  1754,  in-8«.,  de 

S  lus  de  900  pages ,  avec  une  table 
es  matières  très-étendue  :  elles  ont 
été  traduites  en  anglais  par  G.  Pe- 
cliey,  Londres,  i6i)(),  1719,  I734i 
in-8".,  et  avec  des  notes  de  J.  Swan, 
Londres,  174^1  17^3,  inS^.j  par 
G.  Wallis,  Londres,  1788,  'A  vol. 
in-8^.;  en  allemand,  Leip/âg,  1717, 
in-4".;  en  français,  par  A.  F.  Jault^ 
Paris,  177/1,  '2  vol.  hi-8<'.;  Avignon, 
1799, 12  vol.  in-8".;  nouvelle  édition 
revue  et  augmentée  de  notes,  par  J. 
^.  T.  Baumes,  avec  un  discours 
apologétique  contre  Sprcugel,  Mont- 
pellier, 181 7,  îi  vol.  in-8'\  ;  idem^ 
par  Prunelle,  avec  une  Notice  sur  la 
vie  et  les  écrits  de  Sydenliam,  Mont- 
pellier, 181  (5,  2  vol.  in-8'*.  R-D-if. 
SYDKNHAM  (Floyer),  hellénisle 
anglais,  remarquable  pour  son  mérite 

Eersonuel ,  et  parce  que  sa  (in  mal- 
ciu'euse  donna  lieu  en  Angleterre  à 
une  institution  de  bienfaisance ,  na- 
quit en  1710,  et  lit  ses  études  au 
collège  Wadliam  d'Oxfoi-d ,  où  il 
prit  le  degré  de  maître  es -arts,  en 
1734.  Il  publia,  en  1759:  Pro/jo- 
sii ion  dHmprim er,par  souscription , 
les  OEuvres  de  Platon^  traduites 
du  ^rec  en  anglais  ^  avec  des  notes 
explicatives  et  critiques  ,  et  uu  nou- 
vel argument  en  tète  de  chaque  Dia  • 
ioguc.  (jClte  espèce  de  syuo])sis ,  qui 
pouvait  servir  d'introduction  à  l'ou- 
vrage ,  fut  bientôt  suivi  de  la  publi- 
cation des  ])rcmiors  Dialogues  :  1". 
Le     Grand    Jfrf>pias  ;    le    Petit 


SYE 

Hjrppias ,  trois  rolmnes  in  •  if. 
La  tradnctioa ,  les  argomttila  eC  la 
notes  abondantes  et  étendues  qui  Fao- 
compagnaient ,  prouvaient  une  cod» 
naissance  profonde  de  la  phî]oM|Ak 
de  Platon,  de  la  langoe,  de  rkîsim 
et  des  mœnrs  des  Grecs  ^  mais  mal- 
gré les  suffrages  dii  petit  nomlve  ds 
ceux  qui  pouvaient  en  juger  y  celle 
entreprise  fut  à  peu  près  stérilepav 
son  auteur.  Les  souscriptions  fiuatf 
rares;  plusieurs  des  sonscriptenis 
manquèrent  même  à  leur  engagement 
et  Sydenham .  sans  pttitecteur  ^Qoei- 
qu'il  eût  dédié  son  trayail  à  loid 
Granvillc ,  et  prive  des  enooorags- 
meuts  du  public,  ne  donna  qn'àd'as* 
sez  longs  mtervalles  la  tradoctioB  dei 
deux  parties  du  dialogue  soiTant  :  Il 
Banquet,  Ia  seconde  partie  parut ca 
17G7.  Privé  enlin  de  moyens  d'eus- 
tence ,  et  ne  pouvant  payer  le  chëcif 
dîner  qu'il  avait  reçu  qudque  teaqps 
à  crédit  dans  une  auberge,  le  savait 
laborieux  et  modeste  fut  anété  ponr 
dette ,  et  mourut ,  dit-K>n  ,  des  suites 
de  cette  détention ,  le  i*'.  aT.  1787  , 
ou  dans  l'été  de  1788.  Qudqucs  po^ 
sonnes ,  qui  faisaient  partie  iTuar  cM 
réuni  au  café  du  prince  de  Galles,  ia* 
formées  de  ce  tnste  événement ,  d 
désirant  prévenir  le  rctoor  de  pa* 
reils  sujets  d'alRiclion  pour  les  amâ 
deriiumnnité  et  des  letttes,  i^sob- 
rciit  d'aviser  aux  moyens  de  fonocr 
un  fonds  de  secours  en  (aveor  dd 
écrivains  qui  le  mériteraient  par  kor 
caractère ,  leurs  talents  et  lenr  pon- 
tion.  Telle  fiit  l'origine  de  cette  s»^ 
ciétc  de  bienfaisance  appelée  lejimb 
littéraire^  qui ,  à  l'ironrieur  de  b 
nation  anglaise,  est  aujonrd'huidMS 
un  état  de  i)rob[«érité  croissante.  L'- 

SYnNKYCsm  Philippe),  rqjnrt 
Sll)Ni:Y,XLn,3o6. 

SYKîJ   (  Arnoi.»  ) ,  médecin  hol- 
landais, naquit  à  Amsterdam,  M 


! 


i 


SYE 

Ayant  pris  un  goût  trcs-vif 
a  botanique ,  il  parcourut  dif- 
2S  parties  de  l'Europe ,  surtout 
nce  ,  rAnglclciTe  et  rAlicma- 
pour  augmenter  ses  couuais- 
dans  cette  science  :  partout  11 
des  amis,  en  sorte  qu'ayant  ctc 
é  professeur  de  botanique  à 
,  en  1O70  ,  pour  remplacer 
it  Schuyl ,  qui  venait  de  mou- 
put  établir  des  correspondau- 
rantageiLscs  pour  cnricliir  le 
qui  lui  était  confie.  Plus  de 
ents  plantes  vinrent  augmenter, 
:  moyen ,  le  Catalogue  qu'avait 
son  prédécesseur  ;  maiscen'ë- 
>n  en  comparaison  de  la  mois- 
i  se  préparait  dans  son  propre 
Le  goût  des  plantes  exotiques 
emplacé,  parmi  les  plus  riches 
ants  et  auininistratears  de  la 
de,  celui  des  fleurs  que  la 
iroscriyait ,  comme  les  tulipes  y 
:intbes,  etc.  Les  Beverning , 
lumont ,  les  Fagel ,  s'empres* 
k  Tenvi  de  tirer  de  leurs  pos- 
s  des  deux  ludes  ce  qu'elles 
l  de  plus  rare  et  de  plus  beau 
le  règne  végétal  ,  au  poin^ 
s  sortait  pas,  à  cette  épwpie, 
imeut  des  ports  de  Hollande  y 
lapitaine  n  eût  les  instructions 
s  détaillées  pour  rapporter ,  à 
*  prix  que  ce  fût ,  des  plantes 
;s.  C'est  donc  par  là  que  s'in- 
it  en  Europe  tout  ce  que  le 
Bonne -Espcrauce  avait  de 
rieux;  mais  c'était  presque  au 
que  de  pareils  collecteurs  s*ac- 
:nt  de  leur  commission.  Des 
ers  les  accompagnaient  quel* 
:  ils  étaient  ])lus  eu  état  de 
n  choix  'y  mais  (pielque  soin 
(rit  de  ces  nouveaux  habitante 
s  serres  qu'on  leur  préparait , 
art  y  languLss^.ient  sans  pro- 
i  fleurs ,  ni  fruits .  par  consé- 


SYE 


^99 


quent  sans  donner  Ic5  moyens  de 
déterminer  leurs  aniuitc.s.  Syon  îucea 
qu  11  était  uect^sairc  d  envoyer  quel- 
qu'un qui  pût  étudier  ces  plantes  dans» 
tout  le  cercle  de  leur  végétation  ;  et 
il  détermina  Bevcrningà  aouncr  cette 
mission  à  un  jeune  allemand ,  Paul 
Hermann;et  comme  on  peut  le  voira 
son  article  (xx,  '^55),  aucun  voyageur 
botaniste  ne  réalisa  mieux  les  espô- 
rauces  qu'on  avait  conçues.  Partant 
eu  1G71 ,  il  envoya  du  cap  de  Bonne- 
Esj)érance,  des  Indes  et  de  Cey  lan,  des 
graines,  des  bull>es  et  autres  plantes. 
Syen  leur  donnait,  pour  ainsi-dire, 
une  première  éducation  dans  son  pro- 
pre jardin  ,  afin  de  se  mettre  au 
fait  de  leur  culture  ,  pour  les  dé- 

Eoscr  plus  sûrement  dans  le  jardin 
otinique.  Il  étudiait  aussi  tout  ce 
qui  concernait  leur  histoire  naturelle. 
11  comptait  en  faire  part  au  public^ 
mais  comme  il  ne  pouvait  assigner 
l'époque  de  cette  publication ,  vu 
les  matériaux  qui  s'accumulaient 
joui-nellement  ;  loin  de  les  enfouir  , 
il  favorisait  les  efforts  que  d'au- 
\res  faisaient  pour  eu  profiter  ,  no- 
tamment Jacques  Breyn.  Celui- 
ci  lui  en  témoigna  sa  reconnais- 
sance en  le  qualifiant  de  son  trcs- 
i [lustre  Mécène  ;  et  Syen  le  remercia 
ui-  ce  titre  par  une  petite  pièce  de 
vers  latins  qui  ,  suivant  l'usage  du 
icmps,  se  trouve  en  tcte  des  centuries 
cle  plantes  de  cet  auteur.  Mais  une  oc- 
casion imprévue  vint  le  mettî'C  à 
portée  de  jouir  de  la  plus  riche 
moisson  de  plantes  exotiques  qu'on 
eût  encore  &ilc.  Van  Bheede  venait 
d'envoyer  de  Tlnde  le  maimscrit  du 
premier  volume  de  son  Uorlus  Ma- 
labiu'icus,  S)nv  fut  chargé  d'cxami- 
uci'  la  uonieucLiture  de  cet  ouvrage  , 
et  (!c  la  fa jic  concorder  i\\  ce  les  noms 
précédemment  ét«iblis ,  c'est-à-dire 
de  démêler  les  plante^  qui  se  trou- 


3oo 


SYE 


vaîciit  nrcsciilécs  pour  la  prcmiorc 
fois  ,  d  avec  les  anciennes  :  c'était 
tout  cp  qu'on  pouvait  demander  alors, 
et  il  s'acquitta  de  cette  commission 
avec  liabiletc  ;  mais  lorsqu'on  en  at- 
tendait la  continuation  dans  les  au- 
tres volumes,  on  apprit  sa  iin  pi-e'ma- 
tui-ce,  en  1(3(17 .  ^^^^  Commelin  et 
autres  continuèrent  ce  travail  ;  Paul 
Hermann  vint ,  au  retour  de  son 
voyage  ,  en  i(i8o  ,  le  remplacer 
comme  professeur  ,  et  au  moyen  des 
notions  qu'il  avait  recueillies  dans 
ce  voyage  ,  il  put  exécuter  les  pro- 
jets formes  par  sou  prcdécesseur  pour 
faire  connaître  les  richesses  végétales 
des  jardins  de  Hollande.  D — p — s. 
SYKES  (Artuur-Agulkg)  ,  tlie'a- 
logicn ,  ne  à  Londres  en  1G84 ,  e'iu- 
dia  à  Tuniversilé do  Cambridge,  fut 
nomme',  en  17  lîi,  vicaire  de  la  pa-* 
roisse  de  Godmersliam  dans  le  comto' 
de  Kent ,  cumula  ,  dans  les  dernières 
années  de  sa  vie,  diUcrentes  places 
ecclésiastiques,  et  mourut  à  Londres 
le  •.>.3  novembre  l'jî'yO.  Parmi  un 
grand  nombre  d'écrits  sur  des  que- 
relles liller.iires  et  diffm'utes  ques» 
lions  de  the'ologie  qu'il  publia  ,  en 
remarque  :  T.  Essai  sur  ta  vérité 
de  la  religion  chréticntie ,  dans  fe- 
ipud  on  démontre  comment  elle  est 
réi 'llcm  cnt  fomîéc  sur  V Ancien  Tes- 
tament, i7i5Jn-8«.  IL  Réflexions 
sur  les  principes  et  la  connexion 
entre  la  reli*^ion  natundle  et  la  re- 
li^ion  révélée  y  17Î0,  in-8'».  Sykcs 
se  distingua  entre  les  pasteurs  de  l'c- 
glise  anglicane  par  les  princijies  de 
charité  et  de  tolérance  qu'il  cuercha 
à  ré])andre ,  et  il  paraît  même  qu'il 
e\eila  la  déliance  des  chefs  intolé- 
rants de  cette  église  ;  ce  qui  ne 
renipccha  pas,  lors  des  troubles  et 
des  persécutions  qui  eurent  lieu  en 
Angleterre  p.ir  suite  de  lu  dernière 
entreprise  du  j)réteudant,  d'élever 


SÏL 

sa  voix  en  laveur  des  catholiques , 
et  d'invoquer  pour  eux  les  princi- 
]>es  étcrucls  de  la  justice,  dans  dcu 
écrits  y  savoir:  IH.  De  queUemm- 
mère  les  papistes  peiwetU-iU  itn 
regardés  comme  des  sujets fidUei^ 
et  jusqu'à  quel  point  les  rwrv- 
clies  qu'on  leur  fait  sont^fcndm^ 
1740.  lY.  Sur  la  nécessité  d^ 
méliorer  les  lois  ctmcemant  ietpth 
pistes,  et  de  les  soumettre  à  me- 
révision,  174^.  Jean  Disney,  doc^ 
teur  eu  tliéofogie  et  membre  de  h 
société  des  antiquaires,  qui  domu  n 
démission  d'une  cure  d'un  asseï 
grand  rapport,  pour  satisfaire  an 
conscience ,  a  écrit  une  biograpliit 
de  A,  A.  Sykes ,  sous  ce  titre  :  Jle- 
moires  sur  la  vie  et  les  écrits  de. 
A,  A.  S.f  Londres ,   l'j^j  in  -  8*. 

STLBURG  (  Frédebig),  filsd'a 
pysan  de  Wcttcr  près  Marbong 
en  Hesse ,  naquit  en  1 536.  C'était  m 
savant  aussi  modeste  que  laborieU) 
et  un  helléniste  doué  d'un  esprit  de 
critique  extrêmement  juste.  Sa  vir 
olfro  peu  d'événements  mémorablo. 
Il  s'appliqua  au  grec  sous  Lamol 
Bhodoman,à  léua.  Après  ayoirfaît 
quelques  voyages .  il  fut,  pcndantpb- 
sieurs  années,  à  la  tétc  de  l'éooK de 
LIch,  dans  le  comté  de  Solms^elde 
celle  de  Neuhaus  près  Wonns.  Dé- 
goûté de  ces  fonctions  pënibles,  q<i 
ne  lui  prroettaient  pas  de  se  Unfr 
à  son  ]>cnchant  pour  la  litlcntuit 
classique,  il  renonça  à  tout  eaploi, 
et  s'attacha,  jusqu'en  i5gi ,  à  Via- 

Srimericdc  Weche),  à  Francfort,  et 
epiiis  h  celle  de  Jer.  Gommdini  i 
Ileidelbci-g  ,  comme  directeur  des 
éditions  d  auteurs  grecs  et  latins  fw 
ces  typographes  pub1ierent.il  com- 
gea  ,  avec  inRnimeut  de  goâl,  ks 
testes  altérés^  et  les  accom|>agna  dr 
l>onnc5  notes  et  de  tables  utiles.  La 


SYL 

il  âfcquit  par  œs  travaux 
indgravc  de  Hesse  à  lui 
*  pension  sur  les  fonds  de 
de  Marbourg ,  espèce  de 
dont  il  nV  avait  pas 
n  Allemagne.  Son  ëpita- 
voit  à  Heidellierg  ,  dit 
t  le  i6  février  i5cfi^ 
ion  assiduité  au  travail 
ongues  veilles*  On  peut 
itinic  qne  le  monde  fitté* 
pour  lui  ^  par  une  lettre 
1  déplore  sa  mort  comme 
re'parable  pour  la  littc* 
?unc.  et  par  la  manier» 
di\  parle  de  cette  mort , 
du  dix-septième  livre  de 
.  Nous  allons  indiquer 
les  éditions  auxquelles 
ma  ses  soins,  et  qui  sont 
^rcbccs ,  maigre  les  prof- 
its la  critique  litlcrairCi 
>a  rut  par  SCS  soins,  in-4'^., 
in-8o.,  une  nouvelle  e'di- 
ionnc'e  et  augmentée ,  dô 
rc  grecque ,  et  en  1 58'2  , 
Rudiments,  de  Nicolas 
!cs  deux  livres  clcmen- 
it  alors  goneralcmcnt  in- 
ilesccolcs.  IL  En  i583, 
w5  grcc-Ialin,  où  il  re- 
rsiou  d'Amaseus, et  qu'il 
lotcs,  dcLouncs  tables, 
^rtalion  Dcgrammalicis 
nomaliis,  1 1 1 .  En  1 584  > 
ncfort  le  commencement 
)n  des  OE tares  (VAris- 
ut  successivement  onze 
ant  cinq  volumes  in-4*'. , 
s  on  imprima  ,  en  1 587 , 
rai.  C'est  encore  la  meil- 
non  la  plus  belle  édition 
s  œuvres  complètes  du 
le  Stacçire.  b^lie  est  sans 
V.  Edition  de  quatre  dis- 
ratCy  F  ni  ne  fort,  i5S5, 
lition  desOEuvresdeDc- 


SYL 


3oi 


nys  d'Halycamassc  ,  ibid. ,  1 586 , 
en  2  vol.  in-folio;  première e'ditiou  des 
Œuvres  complètes  de  ce  rhéteur  et 
historien ,  d'une  bonne  et  saine  criti- 
que ,  qui  n'a  pas  e'tc  surpassée.  Syl- 
burg  y  joignit, après  l'avoir  corrigée, 
la  traduction  de  Gelenius;  mais  après 
sa  mort;  en  i6i5;  il  parut  une  nou- 
velle traduction  qu'il  avait  faite  lui- 
même.  VI.  En  i588,  il  commença 
sa  belle  collection  des  Scripiores 
hislorice  Romance,  Francfort,  3  vel. 
in-folio  ,  dont  les  deux  premiers  ren- 
ferment, outre  les  Fastes  cousulai^ 
res,  l'ouvrage  de  Messala  Corvinus , 
Aurelius  Victor ,  Sextus  Rufus ,  Flo- 
rus,  Velleius  Paterculus  ;  la  Chroni- 
que de  Cassiodore,  Jornandès,  Sué- 
tone ;  les  six  écrivains  de  l'histoire 
Auguste^  Ammien  Marcellin,  Publius 
Victor.  Dans  le  troisième  se  trou- 
tent  Eutrope  et  son  traducteur  grec 
Pœamus  ;  1  extrait  de  Dion  Cassius , 
rédige  par  Xiphilin,  Ilérodien  ,  Zo- 
sime^  et  les  Césars  de  Julien ,  le  tout 
en  grec.  VII.  En  iSgo,  à  Francfort, 
in-4°. ,  la  Sjrntaxe  du  grammairien 
Apollonius,  Sylburg  corrigea  le  texte 
d'Aide  et  de  Giunta.  Cet  ouvrage 
n'a  pas  été  réimprime  avant  1817. 
VIII.  En  i5()i ,  parut  à  Francf.,  en 
1  vol.,  sa  Collection  de  poésies  gno» 
miques  ou  morales  de  Pjthagore , 
Fhocj'lidc  y  Solon ,  etc. ,  en  grec  et 
en  latin.  C'est  la  dernière  entreprise 
de  la  librairie  de  Wechel  qu'il  diri- 
gea. IX.  Le  Commentaire  a  André 
dejOrète  sur  l'Apocalypse,  en  grec 
et  en  latin,  Heidelberg  ,  chez  Com- 
melin,  i59'2 ,  in-folio.  X.  Ija  même 
année ,  chez  le  même  imprimeur,  la 
première  édition  du  texte  grec  de 
l'ouvrage  de  Théodoret,  dirigé  con- 
tre l'empereur  Julien,  et  portant  le 
titre  de  Bemède  contre  les  maladies 
f^recques,  çn  11  livr.  Sylburg  y  joi- 
gnit ta  traduction  latine  que  Zeno« 


302 


SYL 


bio  AcciajuoU  avait  publiée  en  1 5 1 9 , 
et  des  notes.  XI.  Les  Œuvres  de 
saint  Clément  d'Alexandrie ,  Hei- 
delherg,  i^cp. ,  iu-iblio,  avec  notes, 
mais  sans  traduction. X I T.  TjCS  OKu- 
vres  i\^  saint  Justin  le  Martyr ,  Hei- 
delberc  ,  i  SqS  ,  in-folio.  La  base  de 
cetteéaition  est  celle  de  1 55 1 ,  donnée 
par  Robert  Etienne;  mais  Sylburg  a 
corrige'  le  texte  et  y  a  ajoute  des  no- 
tes. G'e'tiit  la  meilleure  édition  de  ce 
sarnt  Père  ,  avant  celle  de  Paris  de 
174*^.  Xll  1 .  Ir n  1 594 ,  l'Etfmologi- 
cum  iiiflg7U///i,Hcidc!borg,  in-fol.  , 
édition  bonne  et  critique,  mais  d'une 
exécution  mc<liocrc.  Sylburg  y  ajouta 
une  table  ;  et  plus  tard  clic  fut  réim- 
primée sans  changement ,  à  cause  de 
sa  rareté,  Leipzig,  1816,  in-4°.  Ce 
n'est  que  depuis  celte  réimpression 
qu'on  a  commencé  à  publier  des  édi- 
tions de  VEtymologicum  d'après  des 
manuscrits  diliërents  de  celui  qui  avait 
servi  à  Callierges  :  ce  Grec  avait 
imprimé ,  en  i499»  »  Venise,  la  pre- 
mière édition ,  qui  servit  d'originalà 
Sylburg.  Wy.Saracenica ,  sive  Col- 
lectio  scriptorum  de  rébus  acrelisio- 
iw  Turcarum,  grec  et  latin,  Heidcl- 
berg ,  1 595 ,  in-8<».  Ce  petit  recueil 
contient  la  Réfutatioudcl  islamisme, 
par  E ut hymius  Zigabenus; \mc  Bio- 
graphie (le  Mahomet,  par  un  auteur 
grec  anonyme  qui  paraît  avoir  vé- 
cu au  onzième  siècle,  et  quelques  au- 
tres morceaux  de  ce  genre ,  en  grec 
et  en  latin ,  et  en  partie  publiés  pour 
la  première  fois.  XV.  Eu  1597  , 
et  ainsi  après  la  mort  de  Sylburg,  pa- 
rut, chez  Commelin,  sa  seconde  Col- 
lection de  poètes  grecs  gnomiques , 
corrigée  :  elle  a  été  souvent  réimpri- 
mée depuis.  Sylburg  laissa  beaucoup 
de  matériaux  destinés  à  une  édition 
d'Hérodote, qui  servirent  ensuite  poiir 
celle  (pie ye//»^crm<tnn  donna  en  1 608 
.1    Francfort.  Il  fournit   aussi  un 


SYL 

grand  nombre  d'aitictes  aa  Thesâtt 
rus  linguœ  gr<F(?(V,  de  Henri ÉdtsML 
Il  existe  nue  Vie  de  Sylburg,  ëcrile 
en  latin  par  J.G.  Jung,  Berlebooigi 
i745,in-8<>.  5-^1» 

SYLLA  ou  SULLA  (  Lucius 
CoRNKLius  ) ,  ne'  vers  I*an  de  Bo- 
rne G17  (avant  J.-G.  137),  dft* 
cendait  de  la  brancbe  la  inoÎBS  il<« 
lustre  de  l'antique  maison  des  Cor* 
nelieus  (P^qjr»  tome  XLI,  p-  ^}, 
dont  ;  suivant  l'expresnon  deVeUni 
Paterculus  ,  la  gloire  arait  été  ^  ai 
quelque  sorte,  interrompue  depas 
que  l'ancêtre  de  Sylla  à  la  sisiOM 
génération ,  Cornélius  BuGnus ,  ho> 
nuré  de  deux  consulats ,  d'wi  triom- 
phe et  de  la  dictature,  s'était  vi 
rayé  de  la  liste  des  sénateurs  pour 
avoir  eu  chez  lui  plus  de  quinze maici 
de  vaisselle  d'argent.  A  Rome,  les  fai- 
tes ouïes  condamnations  des  pères  ni 
retombaient  pas  sur  leurs  entants, CI 
les  descendants  immédiats  de  Rufiflos 
auraient  pu  relever  l'honneur  de  kv 
famille  y  s'ils  avaient  cti  quelque  mé- 
rite* mais  ils  vécurent  dans  1  uhscB- 
rité.  Plél)éien ,  Sylla  eut  commencé  la 
noblesse  de  sa  maison  :  patricien  dé- 
gradé ,  il  lui  rendit  l'hoimeur  et  la  re- 
monta au  rang  des  plus  considérables. 
11  put  même  se  passer  d'une  éduca- 
tion honorable ,  pour  devenir  Je  pr^ 
micr  des  Romains,  tant  la  nature  s'ô» 
tait  montrée  prodigue  envers  loi  de 
ces  dons  précieux  qui  semblent  app^ 
1er  à  Tempire  celui  qui  les  posaide! 
Tout,  dans  la  vie  de  cet  homme  éton- 
nant, sort  de  l'uitlre  comniiui.li  n'eit 
pas  jusqu'aux  débauches  de  sa  pre- 
mière jeunesse,  qui  n'aient  quoqae 
chose  (l'extraordinaire.  Bien  qu'deit 
dans  un  état  voisin  derindicenoe^aes 
vices  eurent  d'al)oixl  de  l%sdat  ;  et 
il  trouva  la  source  de  sa  fortune  là 
où  tant  d'autres  ne  rencontrent  qu'op» 
probrc  et  que  ruiné.  Sans  cesse  en- 


SYL 

de  prostituées  j  d'histrious  et 
teleurs,  il  aima,  des  sou  adoles- 
,  Tatîteur  Mclrobius ,  cl  devait, 
it  toute  sa  vie ,  pcrse've'rer  dans 
fâme  attachement.  Il  séduisit , 
es  grâces  de  sa  jeunesse,  Nico- 
,  riche  courtisanne ,  qui  lui  lé- 
)ute  sa  fortune.  A  la  même  epo- 
Sylla  recueillit  T héritage  de  sa 
mère  qui  l'avait  chéri  comme  un 
malgré  ses  désoi-dres.  Dès  ce 
;nt  ,  il  fut  compté  parmi  les 
iliers  romains  les  plus  opulents, 
put  se  frayer  un  chemin  aux 
nirs.Nomméquestenr,  Tau  107 

J.-C.  \  G47  de  Home  ) ,  il  alla 
'  en  Afrique  sous  Marins ,  alor% 

I  pour  la  première  fois.  Sylla 
t  encore  connu  que  comme  un  ai- 
;  deliauché.  Le  choix  qu'il  fai- 
c  ses  familiers  parmi  1rs  plus 
ouilons  ,  le  temps  qu'il  donnait 
laisirs  de  la  table,  n'étaient  pas 
ture  à  déceler  eu  lui  un  amûi- 

II  semblait  ne  songer  qu'àscan- 
r  Rome  et  nullement  à  la  do- 
•.  D'ailleurs  il  passait  pour  un 
ae  doux  ;  il  était  railleur ,  mais 
ncchauceté  :  ou  le  croyait  bon, 

qu'il  riait  à  tout  propos  ;  seu- 
,  parce  (ju'il  pleurait  aisément  : 
il  paraissait  trop  léger  pour 
capable  d'aucun  sentiment  de 
ancc.  A  son  arrivée  au  camp  , 
accueilli  avec  mépris  par  son 
al ,  qui  ne  voyait  en  lui  qu'im 
ite ,  d'ailleurs  tout-à-fait  novice 
l'art  militaire.  Mais  il  ne  tarda 

triompher  de  ces  préventions  ; 
rius  reconnut  que  la  mollesse  et 
éreté  de  son  questeur  n'étaient 
te'rieures ,  et  cachaient  la  faci- 
un  génie  supérieur  aux  hommes 
le  aux  choses.  Sylla  se  rendit 
)t  aussi  habile  dans  le  métier  des 
\  qu'aucmi  oibcier  de  Tarmée. 
le  CDvers  les  soldats  ,  il  savait 


SYL 


3o5 


se  les  attacher  par  ses  bons  offi- 
ces ,  et  n'avait  jamais  l'air  d'at- 
tendre la  reconnaissance.  Actif,  in- 
fatigable y  il  semblait  se  multiplier 
dans  les  marches  y  dans  les  travaux , 
à  tous  les  postes  périlleux  ,  sans 
chercher  a  s'en  faire  un  mérite ,  sans 
jamais  déprimer  personne ,  pas  mê- 
me son  cénéral  ,  ainsi  que  l'in- 
grat Ma  nus  en  avait  use  à  l'é- 
gard de  Métellus  son  patron.  Sylla 
Farvint  même  à  gagner  un  instant 
affection  de  son  chef ,  par  la  pré- 
cision avec  laquelle  il  exécutait  ses 
ordres ,  et  le  bonheur  avec  lequel 
il  savait  les  prévenir.  Deux  batailles 
furent  successivement  livrées  contre 
Jugurtha  et  Bocchus(/^q;^.  ces' deux 
noms  ).  Dans  la  première ,  Marins , 
surpris  d'abord  et  contraint  à  reculer, 
charge  son  ouesteur,  qui  commande  la 
cavalerie ,  d'occuper  une  hauteur  ra- 
fraîchie par  une  source  abondante  et 
dont  la  possession ,  après  avoir  assure 
la  retraite  et  le  bien-être  des  Romains, 
doit  leur  procurer,  pour  le  lendemain, 
une  revanche  complète  sur  les  barba- 
res qui ,  se  croyant  vainqueurs  ,  sont 
campés  négligemment  dans  la  plaine. 
Quatre  joius  après,  nouveau  combat 
contre  les  deux  rois  africains.  Ju- 
gurtha ,  qui  se  surpasse  lui-même, 
est  près  d'arracher  la  victoire  aux 
Romains  qui  forment  le  corps  de 
bataille  ,  et  auxquels  il  fait  croire 
ue  Marins  vient  d'être  tué  ;  mais 
y  lia ,  toujours  à  la  tête  de  la  cava- 
lerie ,  après  avoir  repoussé  l'aile  gau- 
che des  ennemis ,  survient  en  ce  mo- 
ment décisif,  prend  Bocchus  en  flanc, 
le  réduit  à  fuir ,  et  force  Jugurtha  de 
se  dessaisir  d'une  victoire  qu'il  avait 
pour  ainsi  dire  surprise.  Enfin  Ma- 
rins ,  qui  s'était  porté  à  son  avant- 
garde  menacée,  revient  pour  ache- 
ver l'ouvrage  si  bien  commencé  par 
son  lieutenant.  Dès -lors,  Bocchus 


l 


3o4  SYL 

ne  sonç;c  plus  oirà  la  paix  :  il  fait 
prier  Marins  ac  lui  envoyer   deux 
hommes  surs  avec  lesquels  il  puisse 
traiter.  Aulus  Maulius  et  Sylla  sont 
cliarges  de  cette  missiou;  et  bien  que 
celui  ci  fût  le  plus  jeune  ,  son  élo- 
quence et  son  adresse  lui  assignèrent 
le  rôle  principal  dans  la  négociation. 
Le  premier  il  insinua  au  roi  de  Mau- 
ritanie, qu'il  lui  serait  facile  de  faire 
oublier  au  peuple  romain  unepremië* 
rc  faute ,  en  rendant  à  la  république 
un  important  service.  Bocchus  com- 
prit bien  qu'il  s'agissait  de  livrer 
son  gendre  Jugurtba.  Cet  acte  do 
lâcheté ,  loin  de  révolter  son  cœur , 
lui  paraissait  déjà  le  mojen  le  plus 
prompt  d'acheter  la  paix ,  lorsouo 
ce  prince ,  aussi  faible  que  perfiae , 
changea  tout-à-coup  d'avis  par  les 
suggestions  de  quelques-uns  de  ses 
favoris  ,  vendus  secrètement  à  Ju- 
gurtha.  Sylla  et  Manlius  retournent 
au  camp  de  Marius ,  sans  avoir  rien 
conclu.  L'armée  romaine  était  alors 
m  quartiers  d'hiver  :  le  bonheur  de 
Sylla  voulut  que  pendant  cet  inter- 
valle de  repos  ^  il  eût  occasion  de  ren* 
dre  à  Bocchus  un  service  important 
qui  accéléra  l'heureux  dénoûment  de 
la  guerre.  Marius,  s'étant  éloigné  pour 
aller  surprendre  une  place  (  la  Tour 
du  Roi) ,  remit  le  commandement  à 
son  questeur.  Cependant  Bocchus,  qui 
avait  encore  une  fois  changé  de  réso- 
lution^ envoyait  au  proconsul  (i)  cinq 
de  ses  plus  habiles  conseillers  char- 
gés de  conclure  la  paix.  Ces  ambas- 
sadeurs furent  dépouillés  en  chemin 
par  des  In'igands  gétules  ,  et  arrivè- 
rent presque  nus  au  camp  des  Ro- 
mains. Sylla  y  loin  de  les  traiter  en 
ennemis  comme  Tinconstance  de  leur 
roi  aurait  pu  l'y  autoriser ,  leur  pro- 


(i)  L'aonvc  du  cmkuUI  de  Marins  étant  alun 
rapinie ,  il  cmitmua  la  Rorrre  en  qnalUê  d«  pr»- 
cunanl. 


SYTi 

digtia  les  secours  et  les  son 
clamait  leur  dâiûment.  Dan. 
connaissance ,  ils  n'hésitèrc 
communiquer  au  questeur  In 
tions  dont  ils  étaient  chargé 
général  romain.  Sylla  leur* 
la  manière  dont  ils  devaient 
avec  son  chef.  Marins,  à 
tour ,  mit  en  délibération 

Positions  des  ambassadeur 
emande  préalable  qu'ils 
d'une  suspension  d'armes.  \ 
d'avis  de  l'accorder  ;  et 
discours  que  lui  prête  Sallui 
sista  sur  l'instabilité  des 
tés  humaines.   Son  avis 
Marius  autorisa  en  outre 
ambassadeurs  à  se  rendre 
pour  traiter  de  la  paix.  lies 
très  retournèrent  auprès  de 
et  ne   manquèrent  pas  d 
conter  tous  les  bons  oiH< 
avaient  reçus  de  Sylla.  La  n 
sénat  aux  envoyés  de  ce  ] 
favorable ,  et  tels  en  étaie 
près    les  termes  :  Rome 
pardonner  à  Bocchus  y  en 
son  repentir  ;  mais  pour  ol 
liance  et  l'amitié  du  peuple 
il  faut  qu'il  la  mérite.  C'é 
citement  reproduire  la   p 
de  livrer  Jugurtha.  Bocc 
que  non  encore  fixé  sur  le 

S  rendrait  à  la  [in  ,  écrivit 
e  lui  envoyer  Syllapour  r 
communs  intérêts.  Ce  dei 
avec  quelques  troupes  légè 
fait  jour  à  travers  les  noin 
taillons  de  Jugurtha ,  qui 
entreprendre  contre  les  Rc 
présence  de  Volux,  fils  de  B< 
était  venu  joindre  Sylla  |i 
ger  sa  marche.  Dans  cette 
le  romain  montra  encore 
générosité  que  de  résolu ti< 
tite  troupe  se  voyant  enre 
les  Numides  ,  se  croit  i 


SYL 

et  demande  la  mort  de  ce 
Sylla  s'oppose  à  celte  vio- 
neu  qu'il  partage  les  soup- 

soldâts  ;  mais  Voliix  n'était 
.raîtrc ,  et  cette  circonspcc- 
éreuse  sauva  les  Romains.  A 
de  Boccluis  ,  il  courut  de 
mds  dangers  encore  :  le  roi 
csita  long  -  temps ,  incertain 
•rait  Jugurtba  au  Romain, 
main  à  Jugurtha;  mais  enfin 
de  fut  livre  ;  et  Sylla  le  con- 
1  camp  du  proconsul.  C'est 
l'il  ravit  à  son  gênerai  la 
;  terminer  la  guerre  de  Nu- 
ommeMarius  l'avait  enlevée 
lis ,  avec  cette  dillërence  ce- 
,  que  jMarius  y  était  parvenu 
moyens  odieux  ,  tandis  que 
I  vSylla  n'avait  eu  besoin  , 
L'indre  ce  but,  quedesemon- 
lesleur  le  j)lns  docile  et  le  plus 
Sa  renom mee  commença  dès- 
lancer  la  gloire  de  Marins  ;  et 
que  ce  dernier  menait  Jugur- 
>uite  de  son  cliar  triomphal , 
riait  a  Rome  que  des  dangers 

braves  Sylla  pour  obtenir 
tre  captif.  Chacun,  dit  PIu- 
l'honorait  et  le  respectait;  et 
3  était  si  glorieux  de  cet  acte 
âge  et  d'habiletc  ,  qu'il  fit 
m  cachet  sur  lequel  il  était 
tel  recevant  Jiignrtha  des 
e  Boccluis.  (icla  désespérait 

mais  rcdéchisaiit  que  Syl- 
,  au  prix   de  lui  ,    un  per- 

encorc  trop  peu  important 
?  envie  ,  il  continua  de  l'em- 
Dmme  lieutenant.  Durant  son 
onsulat,  il  le  chargea  de  com- 
'S  Tectosages  (  peuple  gau- 
habitait  les  environs  de  Tou- 
Sylla  lit  prisonnier  un  de 
s,  nomme  Copvlas.  L'année 
,  envoyé  par  Marins  contre 
e  germanique,  qui 


SYL 


3o5 


,  envoyé  i 
?s,  peuplad 


xi.iv. 


venait  se  joindre  aux  Teutons,  il  n'em- 
ploya contre  eux  d'autres  armes  que 
celles  de  la  persuasion ,  et  les  décida 
à  embrasser  le  parti  des  Romains. 
Après  tant  d'exploits  et  de  travaux, 
Sylla  n'était  encore  que  tribun  de  mille 
hommes.  Las  d'obéir  à  un  général , 
qui,  tout  en  se  servant  de  lui  comme 
d'un  utile  instrument ,  s'opposait  à  son 
avancement ,  il  le  quitta  pour  s'atta- 
cher à  Lutatius  Catulus ,  qui ,  ravi 
d'avoir  à  sa  disposition  un  officier  si 
actif  et  si  habile  ,  lui  confia  les 
missions  les  plus  importantes.  Sylla 
s'en  acquitta  avec  d'autant  plus  de 
zèle,  que  son  nouveau  chef  était  plus 
disposé  à  lui  rendre  justice.  Il  aéiit 
un  corps  considérable  de  Barbares 
dans  les  Alpes.  Les  armées  des  deux 
consuls  manquaient  de  vivres.  Sylla , 
chargé  des  approvisonnements  de 
Catulus^  en  amena  une  si  grande 
quantité,  que  non- seulement  les  trou- 
pes de  ce  consul  furent  dans  l'abon- 
dance, mais  qu'elles  purent  fairp  part 
de  leur  superflu  aux  soldats  de  Ma- 
rins ,  collègue  de  Catulus.  Cette  cir- 
constance désespéra  de  nouveau  ce- 
lui-ci et  redoubla  sa  haine  pour  un 
homme  dont  les  services  l'humi- 
liaient plus  peut-être  que  des  offenses 
ne  l'auraient  irrite.  La  journée  de 
Verceil ,  dans  laquelle  Marins  et  Ca- 
tulus combattirent  en  personne ,  vint 
encore  ajouter  à  tous  ces  motifs  d'ini- 
mitié. Le  premier  avait  fait  toutes 
ses  dispositions  pour  que  l'autre  con- 
sul eut  la  moindre  part  à  cette  ba- 
taille :  la  fortune  de  Sylla ,  qui  par- 
tout faisait  palir  l'étoile  de  Marius  , 
déconcerta  tout  ce  plan  :  le  vent 
ayant  élevé  des  nuages  de  poussii- 
re,  Marius  s'égara  au  fort  de  l'ac- 
tion, et  ce  furent  Catulus  et  Sylla 
qui  vainquirent  réellement  les  Ciui- 
bres  à  Verceil.  Ce  dernier  ,  persua- 
dé alors  qu'il  avait  assez  fait  pour 


3o6 


SYL 


pouvoir    asj)ircr  aux    dignités  ci- 
viles ,   brigua   la   prédire    urbaine. 
I!  ne  fut  j>oinl  élu  :  le  peuple  ,   qui 
savait  que  les  liaisons  de  Sylla  avec 
Bocclius  le  mellraienl  enniesure  de 
donner  de  magniliques  combats  de 
bêles  d'Afrique  (a)  ,  espe'r.iit,   par 
ce  refsîs .  le  rcfduircà  denianderrcdi- 
litc.  Toutefois,  l'année  suivante,  il 
acheta  les  suffrages  et  fut  enfin  pré- 
teur. Comme  il  menaçait  un  ]our 
Julius-Cxsar  Strabo  ,  père  du  dicta- 
teur, d'user  contre  lui  du  droit  de 
sa  charge  :  a  Vous  avez  raisou  de 
l'appeler  votre,  repondit  celui  -  ci, 
car  vous  l'avez  bien  payée.  »  A  l'ex- 
piration de  sa  prdture(l'an  de  Rome 
o6i),Svlla  fut  envoyé  dans  le  royau- 
me de  Cappadoce,  pour  mettre  sur 
le  troue  Ariobarzauc,  du  roi  par  la 
nation  ,   du  consentement  des  Ro- 
mains^ et  à  la  ])lacc  duquel  jMitli ri- 
date  ,  roi  de  Pont ,  avait  c'îeve'  un 
])rince  de  sa  famille  sous  la  tutelle 
de   Gordius,  uu  de  ses   ministres. 
Une  seule  bataille  sulîlt  h  vSylln  ]>our 
renverser  ce  fantôme  de  roi ,  et  pour 
assurer  la  couronne  sur  la  tète  d' A- 
riobarzane.  11  reçut  alors  une  am- 
bassade du  roi  des  Parthes  :  jimais, 
avant  ce  jour,  les  Romains  n'avaient 
eu  de  relations  avec  ce  peuple ,  qui , 
dans  la  suite,  leur  devint  si  redouta- 
ble. «  IMais  cela  même  ,  dit  Plular- 
(jue,  est  une  nouvelle  preuve  de  la 
fortune  de  Sylla  ,  qu'il  iûl  rtele  pre- 
mier des  Romauis  à  (jui  les  Parthes  , 
vc  |)eup!e  si  lier ,  aient  envoyé  une 
ambassade  solennelle.  »  La  liaiileur 
avec   laquelle;   il  se  rompniia  d.n;s 
cette  occasion  frappa  to::s  les  esprits  : 
il  ])rit  la  place  d'iiomieiu*  entre  Ario- 
I)aiz.'ine  elOmbaze,  anlbas^afleI!rdu 
roi  des  Parlbes  ,  qui  ,   furie.i\  de  ce 


[Ti]  Syllu  <'l.    <T|V:f    «î«i:iliii    un    CMiiiliiil ,    >.ù  reiil 
li'ili»  ronili'itfi'fiit  riinlri-  oom  K-a(!.'<if«ura. 


SYL 

(pic  son  représentant  FaTait  souflTerl, 
le  fit  périr  par  la  main  du  bourreau. 
On  raconte  encore  qu'un  courtisan 
d'Ariobarzane,  admirant  la  majesté 
que  le  ])rcteur  romain  déploya  dans 
cette    fameuse    entrevue ,    s'c^ia  : 
a  Quel  homme!  il  sera  quelque  joiu* 
le  premier  de  l'univers!  »«Sjlla,  de 
retour  à  Rome,  balança  dès-lors  réelle» 
ment  l'influence  de  Marins,  dont  l'in- 
solence et  le  despotisme  révoltaient 
tous  les  patriciens.  Des  lors  riuimi- 
tic  de  ces  deux  rivaux,  ne  connut  plus 
de  bornes.  La  faction  populaireétait 
pour  le  vainqueur  des  Gimbres  :  le 
sénat  avait  jeté  les  yeux  sur  Sjlla, 
afin  de  l'opposera  Marins.  Les  deux 
l)artis  étaient  en  présence,  lorsqu'une 
démarche  de   Bocchus  pensa  leur 
mettre  les  armes  à  la  ma  m.  Ce  prin- 
ce ,  pour  faire  sa  cour  au  peuple  ro- 
main, consacra,  dans  le  Ca  pi  tôle,  des 
statues  d'or  représcutant  les  ylctoires 
de  Rome ,  et  Bocchus  lui  -  même  qui 
livrait  Jugurtha  entre  les  maînsde 
Sylla.  IMarius  regarde  ce  monument 
comme  un  affront  fait  à  sa  gloire;  il 
entreprend  de  le  renverser.  Sylla 
réunit  6es  partisans  pour  s'opposera 
cette  violence.  La  guerre  civile  va 
donc  ensanglanter  Rome,  lorsque  h 
guerre  sociale  ,  qu'on  peut  rq;aider 
elle-même  comme  une  véritable  guer- 
re civile ,  apporte  une  diversion  ans 
fureurs  menaçantes  de  deux  hommes 
dont  les  passions  régleront  désormais 
les  destmécs  du  monde.   Dans  la 
guerre  contre  les  alliée ,  Marius  fit 
peu  pour  l'état  et  pour  sa  gloire; 
Sylla  ,  au  contraire,  acquit  la  répu- 
tation d'un  grand  capitaine.  U  gagna 
deux  batailles  sur  les  Samnites,  furfa 
leur  camp  dans  la  première,  et  tua 
leur  général  dans  la  seconde.  I^a  prise 
de  liovianum,  qui  était  le  foyer  de 
la  révolte ,  la  conquête  de  plusicnrs      j 
auti'cs    ])laccs  considérables  ,  cou-     ' 


SYL 

rcnt  ces  glorieux,  exploits.  T.cs 
lis  de  Sylla  afteclaient  d'atlri- 
es  succès  à  la  proleclion  de  la 
e;  mais  rclui-ci ,  loin  de  s'en 
er  ,  se  plaisait  à  eii  convenir, 
y  a  il  à  sa  fortune  ;  il  se  disait 
c  par  elle  bien  mieux  que  par 
idnirc  :  c'était  le  moyen  de  di- 
r  en  quelque  sorte  ses  exploits, 
îonvamcre  les  Romains  querien 
uvait  résister  à  son  bonbeur. 
ettccroyance  supers  titieusc^eut- 
concevoir  le  projet  de  devenir 
itre  de  Rome;  et  les  Romains 
icmes  ,  non  encore  façonnes  à 
rage ,  eussent-ils  reconnu  Sylla 
maître?  Entoure  de  la  faveur 
jne ,  il  brigua  et  obtint  le  con- 
à  l'âge  de  quarante  -  neuf  ans 
de  Rome  666,  Tan  89  avant 
.  ).  On  lui  donna  pour  collègue 
us  Pompeius  Rufns.  La  guerre 
e  touchait  à  son  terme;  mais 
avait  à  châtier  Mitliridate,  qui 
:  de  faire  massa<!rer  quatre- 
mille  Romains  dans  les  villes 
>rient.  La  gloire  de  se  mesurer 
:c  prince  redoutable  était  digne 
mbition  de  Sylla  ;  et  déjà  le  sé- 
li  avait  assigné  l'Asie  pour  dé- 
nent.  Tout  semblait  alors  suc- 
k  ses  vœux  :  il  venait  d'obtenir 
lin  de  Cîrrilia  Metella ,  fille  du 
pontife  Metellus.  C'était  peut- 
;  premier  parti  de  la  républi- 
e  peuple  et  la  plupart  des  grands 
?nt  le  père  de  Metella  de  s'être 
lié ,  ne  trouvant  pas ,  dit  Titc- 
,  digne  d'une  telle  épouse  celui 
avaient  pu  juger  digne  du  con- 
DéjàSylla  avait  eutroisfnnmes: 
la  première,  était  morte  après 
oir  donné  une  fille  ;  veuf  d'iE- 
a  seconde,  il  avait  épousé. en 
•mes  noces  Cœlia,  qu'il  répudia 
prétexte  qu'elle  était  stérile; 
dans  lé  fait  pour  s'unir  h  Me- 


SYL 


^O"' 


teîla ,  déjà  veuve  de  Marcus-^Emi- 
lius  Scaurus.  Cependant  Marins,  aidé 
de  Sulpicius,  tribun  séditieux ,  se 
fait  donner  le  commandement  de  la 
guerre  contre  Mithridate ,  par  l'as- 
semblée du  peuple.  Les  consuls  dé- 
clarent la  république  en  danger:  Sul- 
picius  et  ses  satellites  dissipent  les 
citoyens  amis  de  l'ordre  et  des  lois 
qui  entourent  ces  deux  magistrats. 
Sylla  lui-même,  poiursuivi  par  les 
factieux,  se  précipite,  au  gi*and  éton- 
ncment  de  cnacun ,  dans  la  maison 
de  Marins  :  mais  il  n'avait  pas  trop 
présumé  de  sa  fortune;  et  son  ennemi 
mortel ,  généreux  pour  la  première, 
pour  la  seule  fois  de  sa  vie ,  le  fait 
évader  par  une  porte  dérobée.  Une 
condition  ,  il  est  vrai  ,  fut  mise 
à  sa  délivrance  :  c'était  de  rap- 
porter l'édit  qui,  déclarant  l'état  en 
danger ,  suspendait  toutes  les  affai- 
res publiques.  Sulpicius,  alors  arbi- 
tre de  Rome ,  dépouille  Q.  Pompeius 
de  la  dignité  consulaire  :  s'il  la  con-  ' 
serve  à  Sylla  pour  prix  de  sa  con- 
descendance, il  prétend  lui  oter  le 
département  de  l'Asie  et  l'armée  des- 
tinée à  combattre  Mithridate ,  afin  de 
donner  l'un  et  l'autre  à  Marins.  Des 
tribuns  militaires  se  rendent  à  Noies  ^ 
ou  se  trouvaient  ces  légions,  pour  en 
prendre  le  commandement  au  nom 
de  ce  dernier;  mais  Sylla  eut  le  bon- 
heur d'arriver  au  camp  avant  ces  of- 
ficiers ,  qui ,  à  son  instigation,  furent 
lapidés  par  ses  soldats.  A  quel  prix 
avait-il  acheté  ce  dévouement  extrê- 
me de  son  armée  ?  Plutarque  nous 
l'ajpprend  :  en  favorisant  rindisci- 
pline,  à  tel  point  qu'un  de  ses  lieute- 
nants, Albinus,  ancien  prffteur,'ayant 
été  assotiimé  par  la'  soldatesque,  les 
auteurs  '  de  ^  ce*-  crime  né  furent  pas 
même  récherçRés  ;  et  Sylla  se  borna 
à  dire  que  '  lé**dëjir^  d'effacer  leur 
faute  les  rendrait  plus  déyouës  et 


20.. 


3o8 


SYL 


j)liïs  vaillants.  Il  se  dispose  à  inarclior 
sur  Rome;  c'était, depuis  Coriolan, 
le  seul  exemple  d'un  pareil  atten- 
tai. Ses  tribuns  légionnaires  Taban- 
domient;  mais  il  est  joint  en  roule 
par  Q.  Pompeius ,  sou  collèçue.  T^e 
sénat ,  dont  oulpicius  et  Maruis  dic- 
tent les  délibérations  y  envoie  audc* 
vant  de  Sylla  deux  pi  e'teurs ,  Brutus 
et  Servilius,  pour  lui  deTendre  d'en- 
trer dans  la  ville.  La  troupe  veut 
tuer  ces  députes;  elle  brise  leurs  fais- 
ceaux, et  decliire  leurs  robes  de  pour- 
pre :  ils  sont  renvoye's  avec  ignomi- 
nie. Sylla  se  remet  en  marche;  il  ap- 
proche de  Rome  :  nouvelle  ambas- 
sade qui  vient,  au  nom  du  sénat,  lui 
ollïir  toutes  les  satisfactions  qu'il 

Seul  exiger.  On  n'y  met  qu'une  con- 
Jtion,  c'est  de  ne  pas  entrer  à  main 
aimée  dans  la  ville.  Sylla  promet 
tout;  il  donne ^  devant  les  ambas- 
sadeurs ,  l'ordre  de  suspendre  la 
marche  et  de  ramper  sur  le  lieu 
même  ;  mais  ils  ne  se  sont  pas 
plutôt  éloignés  ,  qu'il  envoie  Lu- 
cius  Basillus  et  Caius  Mummius  oc- 
cuper ,  avec  un  détachement  ,  la 
porte  Esquiline;  lui-mtmc  les  suit  de 
])rès.  Le  peuple  de  Rome,  bien  que 
sans  armes,  songe  cependant  à  se 
défendre  :  chacun  monte  sin*  les  toits 
pour  accabler  de  tuiles  et  de  pierres 
les  soldats  de  Basillus  ,  qui  déjà  pc- 
nclrent  dans  les  rues.  Sylla  survient 
en  ce  moment;  il  crie  qu  on  va  mettre 
le  feu  aux  maisons  ;  lui-mnne  s'arme 
d'une  torche  et  commande  à  ses  ar- 
<*liers  de  lancer  sur  les  toits  leurs 
(lards  enflammés.  Dès  ce  moment 
toute  résistance  cesse,  et  Sylla  voit 
Rome  à  ses  pieds.  Ce  n'est  pas  cn- 
<ore  celle  fois  qu'il  abusera  de  la 
victoire.  T^e  sénat,  qu'il  assemble  , 
annulle  les  actes  de  Sulpicius  ,  ote 
aux  tribuns  la  proposition  de  toute 
loi  qui  n'aurait  pas  d'abord  été  prc- 


SYL 

sentée  au  sénat,  substitue  les  comkcs 
par  centuries  aux  comices  par  tri- 
bus, cl  prononce  la  coodamnatîûB 
des  deux  Marius^p^re  et  fils,  deSnl- 
picius  et  de  huit  autres  sàiateuis. 
Rien  de  plus  célèbre  dans  l'histoire 
que  la  manière  dont  le  vainqueur  dei 
Gimbres ,  proscrit  dans  cette  même 
Italie  que  sa  valeur  avait  sauyëe,fii( 
soustrait  à  la  rage  de  ses  bourreaux. 
Sa  gloire  scidc  fut  son  cgide  {F'qrez 
Marius  ]  ;  mais  l'infâme  Sulpîcius, 
trahi  par  un  esclave ,  eut  le  sort  qu'il 
méritait.  Sylla  alFrancbit  d'abora  ce 
serviteur  perGde^  conmie  il  l'avait 
promis;  puis,  par  une  sentence  fort 
luste ,  il  fait  précipiter  du  liaut  de 
la  roche  Tarpéienne  celui  que  son 
crime  vient  de  faire  citoyen  romaîo. 
Jusqu'ici  Ton  ne  peut  voirdans  Sylla 

3u'un  consul  légalement  armé  conbe 
es  séditieux ,  et  qui  ne  songe  qu'à 
établir  dans  la  république  une  robr- 
me  salutaire.  Satisfait  de  la  proscrip- 
tion de  quelques  sénateurs ,  dont  tous, 
au  reste ,  avaient  meVité  la  mort  en 
violant  les  lois  fondamentales  de  l'é- 
tat, il  montra  une  modération  qu'il 
crut  sans  doute  lui  être  utile;  car  la 
suite  ne  fît  que  trop  voir  qu'elle  n'é- 
tait point  dans  son  caractère.  Il  souf- 
frit que,  pour  l'élection  desconsub 
de  Tannée  suivante,  on  n'eAt  aucun 
égard  à.  sa  recommandation  en  ùr 
veur  de  Nonius  son  neveu,  disait 
qu'il  était  bien  aise  de  voir  les  d- 
toyens  user  de  la  liberté  ^'il  kor 
avait  rendue.  Il  ne  s'opposa  màM 
pointa  ce  que  Lucius  GorneliusCîmUi 
ami  de  Marius  et  partisan  de  la  &0r 
lion  populaire  y  fût  porté  au  conso- 
lât. Sylla  crut ,  il  est  vrai,  le  lier  i 
ses  intérêts  par  un  serment  accoautt- 
gné  de  tout  ce  que  la  supersiibon 
poavait  inventer  de  plus  terrible; 
mais  cniel  serment  arrêta  jamais 
l'eflêt  des  haines  politiques  dans  m 


SYL 

mbitieui?  Le  nouveau  coumiI 
[>as  plutôt  eu  fonctions ,  qu'il 
toutes  ses  promesses;  et,  à 
itigation ,  le  tribun  Virginius 
enter  une  accusation  capitale 
celui  qui  ayait  proscrit  Ma- 
illa, laissant  l'accusateur ,  les 
t  le  procès ,  se  hâta  de  partir 
ie  pour  aller  combattre  Mi- 
e.  Il  seutait  que ,  malgré  la 
ni'il  avait  acquise  par  ses  ex- 
il n'e'tait  pas  encore  eu  état 
»ler  sou  rival,  dont  la  proscrip- 
voisiue  de  ses  immenses  ser- 
semblait  avoir  accru  la  re- 
e.  Poiu*  le  vaincre^  il  fallait 
ler  par  ses  propres  armes  ^ 
dire  par  des  victoires  sur  les 
i  de  la  république.  L'insolence 
a  lui  apprenait  assez  qu'en 
ant  a  Rome  il  avait  tout  à 
:  c'était  en  Asie  qu'il  devait 
ir  le  droit  de  dominer  dan» 
c'était  en  domptant  un  autre 
la  qu'il  pouvait  se  mettre  en 
ichainerla  faction  populaire, 
arrivé  en  Grèce,  Sylla  reçoit 
iitations  de  toutes  les  villes , 
ption  d'Athènes ,   qui ,  sou- 
la  tyrannie  du  philosophe 
I,  créature  de  Mithridàte  (^. 
5  ^11 ,  443  ) ,  persistait  dans 
e  du  roi  de  Pont.  Sylla  iu- 
4a-fois  avec  toutes  ses  forces 
,  défendu  par  Archelaiis,  et 
d'Athènes.  Il  lui  eût  été  fa- 
réduire  cette  cité  par  la  fa- 
nais pressé  de  retourner  à 
>our  accabler  la  fuctiou  de 
»  il  donna  assaut  sur  assaut  ; 
effet  de  la  résistance  inattcn- 
Athéniens ,  qui ,  pendant  uuc 
e  retinrent  sous  leurs  murs  ; 
t  beaucoup  de  temps,  pour 
oulu  trop   haliT  la   fin  de 
lerre.    Toutes  les  rcssoui'ces 
onucs  de  l'ait  des  sièges  fu- 


SYL 


309 


rcnt  mises  en  usage  par  le  général 
romain.  IHus  de  vingt  mille  mulets , 
dit  Plutarqiie  ,  travaillaieut  sans  i*e- 
lache  au  service  de  ses  machines  et 
de  ses  batteries.  Pour  ses  ouvrages 
de  siège ,  il  n'épargna  ni  les  bois  sa- 
crés ,  ni  les  beaux  arbres  de  l'Acadé- 
mie et  du  Lycée.  Il  ne  se  fit  pas  plus 
de  scnipule  d'enlever  les  trésors  des 
temples ,  sans  respecter  ceux  d'Épi* 
daure  ,  de  Delpnes  et  d'Olympie. 
«  Ces  trésors ,  écrivait-il  aux  Am- 
»  phictyons ,  seront  plus  sûrement 
»  entre  mes  mains  qu'entre  les  v6- 
9  très.  D'ailleurs  je  les  rendrai  après 
y  la  cuerre.  »  On  verra  dans  la  suite 
comment  il  s  acquitta  de  cette  pro- 
messe.   Un  Phocéen  ,  nommé  Ga- 
phis ,  qu'il  avait  envoyé  à  Delphes 
pour  recevoir  les  trésors  d'Apollon 
essaya  vainement  de  le  détourner  de 
cette  spoliation  sadt'ilége ,  en  lui  di- 
sant que  y  lorsqu'il  avait  exposé  sa 
demande  aux  Amphictyons  assemblés 
dans  le  temple ,  on  avait  entendu  , 
au  fond  du  sanctuaire ,  résonner  la 
lyre  du  dieu,  a  Comment ,  répondit 
»  Sylla  ,   n'avczrvou»  pas  compris 
»  que  cette  musique  était  un  signe 
»  a'adhésion  et  de  satisfaction,  et 
»  nullement  d'improbation  et  de  mé- 
»  contentement?  Faites-vous  remettre 
»  hardiment  ces  trésors   :  c'est  le 
w  dieu  lui-même  qui  nous  les  4opiie.  » 
Ils  furent  donc  envovés  au  camp  du 
proconsul ,  mais  à  1  insu  des  Grecs. 
Jusqu'alors  les  Romains  avaient  af- 
fecté un  grand  respect  pour  la  reli- 
gion des  nations  étrangères  ;  et  cette 
sage  conduite  avait  été  un  des  princi- 
paux ressorts  de  leur  politique  con- 
quérante. Sylla  fut  le  premier  qui  s'en 
écarta;  mais,  commel  observe  Plutar- 
que,  si  lesFlamiuinus^lesManius  Aci- 
lius ,  les  Paul  Emile ,  avaient  jusqu'a- 
lors respecté  les  temples  de  la  Grèce , 
c'est  ^f  cas  yartuaux  capitaines ,  pla* 


I 


5io  SYL 

CCS  légalement  à  la  t/ te  des  armées  de 
la  république ,  u'a  vaieiit  sous  leurs  or- 
dres que  des  soldats  bien  disciplinés , 
et  ne  les  employaient  que  pourser\'ir 
l'élal  :  mais  comme  Sylla  et  les  gé- 
néraux factieux  qui  l'imitèrent  ne 
tenaient  le  commandement  que  de  la 
violence  et  ne  faisaient  la  guerre 
ue  pour  leurs  intérêts ,  il  leur  fallait 
es  trésors  à  tout  prix  ^  afin  de  cor- 
rompre leurs  soldats  ,  et  de  se  les 
attacher  personnellement.  Cependant 
le  siège  d'Athènes  se  prolongeait , 
et  quelque  pressé  que  fut  Sylla  par 
des  intérêts  plus  puissants ,  il  s'obs- 
tinait à  la  conquête  de  cette  ville. 
Voulait-il  faire  servir  à  sa  gloire 
l'antique  gloire  de  cette  cité  (}ui  avait 
été  si  long-temps  la  dispensatrice  de 
la  renommée?  ou,  ce  qui  est  plus  pro- 
bable ,  voulait-il  punir  les  Athéniens 
des  railleries  obscènes  et  injurieuses 
que  du  haut  des  remparts  le  tyran 
Aristion  faisait  vomir  contre  lui  et 
contre  sa  femme  Metclla?  Jusqu'a- 
lors il  avait  ignoré  les  dérèglements 
de  son  épouse ,  et  il  ne  pamt  pas 
dans  la  suite  qu'il  en  eût  moins  de 
considération  pour  elle.  Passant  sa 
vie  avec  des  histrions ,  des  bateleurs  y 
et  autres  gens  non  moinsdécriés,  Sylla 
pouvait  bien  ne  pas  être  aussi  sus- 
ceptible que  César  sur  la  fidélité  con- 
jugale.  Ou  a  dit,  d«'ms  la  notice  déjà 
citée  sur  Aristion  ,  à  quelles  extré- 
mités les  Athéniens  furent  réduits 
pendant  un  si  lon^  sic^e.  (^e  tyran 
était ,  parmi  eux ,  le  seul  intéressé  à 
cette  résistance  sans  objet  pour  la  li- 
berté delà  Grèce;  à  la  lin  cependant, 
sollicité  par  les  prêtres  et  par  les  sé- 
nateurs, il  ne  put  se  refuser  à  faire 
une  démarche  paciliquc  auprès  de 
Sylla.  Les  députes  (ju'il  choisit  par- 
mi SCS  compagnons  de  débauche ,  au 
lieu  de  s'acquitter  de  leur  mission  , 
se  bornèrent  à  louer  devant  le  gêné- 


STL 

rai  romain  Thésée,  Ëumolpe  etks 
anciens  héros  d'Athènes  :  «  Grands 
»  orateurs ,  leur  dit  Sylla ,  en  les  in- 
V  terrompant^  allez  vous -en  avec 
»  tous  vos  beaux  discours;  car  je 
»  n'ai  pas  été  envoyé  à  Athènes  poor 
»  recevoir  des  leçons  de  rhétorique , 
»  mais  bien  pour  châtier  des  rebel- 
»  les.  »  Informé  par  ses  espions 
qu' Aristion  néglige  de  faire  garder 
une  partie  des  murailles  qui  peut  être 
facilement  enlevée,  il  dirige  un  assaut 
sur  ce  point  dès  la  nuit  suivante. 
Athènes  alors  est  livrée  k  toute  la 
fureur  des  Romains  :  Plutaroue  écrit 
que  le  sang  qui  fut  verse'  aans  les 
rues  y  regorgea  par  les  portes ,  et  se 
répandit  jusques  dans  les  fiiubourgs  : 
il  ajoute  même  au'on  moutiâit  enco> 
re  de  son  temps  la  hauteur  à  lamielle 
ce  fleuve  de  sang  s'était  elcTé.  Outre 
ceux  que  moissonna  le  fer  des  Ro- 
mains ,  beaucoup  d'Athéniens  se  don- 
nèrent la  mort  pour  ne  pas  survivre 
à  Texisteuce  de  leur  ville.  L'exemple 
encore  récent  de  Carthage,  de  Nn- 
mance  et  de  Corinthe  ne  permettaioit 
d'attendre  de  Sylla  aucune  pitié  povr 
les  malheureux  Athéniens.  Ge]^- 
daut ,  fléchi  par  les  instantes  prières 
de  ceux  de  leurs  concitoyens  que 
leur  attachement  pour  Rome  avait 
fait  bannir  de  leur  patrie,  il  ar- 
rêta enfin  le  carnage  et  la  destruc- 
tion y  en  disant  a  qu'il  épargnait 
»  le  grand  nombre  des  rebelles  en 
»  faveur  du  petit  nombre  des  iano- 
•  cents ,  et  qu'il  pardomiait  aux  vi- 
»  vants  en  faveur  des  morts ,  »  fai- 
sant par  ces  derniers  mots  allusion 
à  la  gloire  passée  d'Athènes.  Après 
avoir  fait  mettre  le  feu  aux  pnndr 
paux  édifices  du  Pirée ,  et  privé  ain- 
si cette  ville  de  tout  moyen  de  défen- 
se ,  il  lui  rendit  la  liberté,  si  l'on  pou- 
vait ap[K>]er  ainsi  le  bienfait  aune 
puissance  qui  dédaignait  de  ravir  à 


SYL 

rille  dégénérée  le  droit  de  vi- 
ous  ses  propres  lois.  Cependant 
élaiis,que l  habileté  desdisposi- 
de  Syila  avait  rendu  spectateur 
•  de  la  prise  d'Athènes,  était  avec 
>lte  dans  le  port  de  Munychie , 
\s  que  Taxile,  autre  général  de 
rida  te ,  venait  d'entier  en  Grè- 
ar  la  Macédoine  ,  avec  une  ar- 
de  cent  mille  hommes.  Arche- 

loin  de  se  laisser  éblouir  par 
i  grande  supériorité  de  forces , 
sur  terre  que  sur  mer ,  n'espé- 
vaincre  un  adversaire  tel  que 

qu'en  traînant  la  guerre  en 
leur  et  en  coupant  les' vivres  aux 
ïins,  qui  commençaient  à  souf- 
de  la    disette  dans  les  campa- 
stériles  et  ravagées  de  l'Attique. 
plan  eut  été  suivi ,  le  proconsul 
-ait  infailliblement  vu  forcé  de 
ruer  honteusement  à  Rome.  Mais 
mpressa   d'évacuer  l'Attique  , 
ixilc  et  Archélaiis  auraient  pu 
rmcr  ,   et  mena    ses   troupes 
la  riche  et  fertile  Béotie.   Il 
itsous  ses  ordres  que  seize  mille 
cents  hommes  :  Taxile  et  les 
aux  ennemis,  voyant  ce  pe- 
tmbrc,  obligent  Archélaiis  qui 
)mmandc  de  changer  son  plan 
présenter  la  bataille  aux  Ho- 
)   dans  la  vaste  plaine  d'Éla- 
IjCS    soldats    de    Sylla  ,    qui 
lent  leurs  ennemis ,  sont  époiK 
s  et  se  tiennent  enfcnnés  dans 
retranchements.    Le  général, 
!a]>ile  pour  mener  au  combat 
roupcs  découragées,  espère  ,  à 
(le  fatigues  et  de  travaux ,  les 
lindre  à  le  demander  elles-mê- 
l  ne  leur  domic  aucun  repos , 
oî)liçc  à  détourner  les  eaux  du 
se  dans  de  vastes  fossés.  Per- 
n'est  exempt  de  cette  tâche  : 
reillc  incessamment  les  travail- 
et  punit  sévèrement  ceux  qui 


SYL 


3ii 


ralentissent  kurs  efforts.  Cependant 
il  voit  avec  imc  fureiu*  impuissante 
les  barbares  ruiner  les  villes  de  Pa- 
nope  et  de  îx'badée.  Les  Romains  de- 
mandent enfin  à  marcher  à  l'ennemi» 
«  C'est  bien  moins  le  combat  que 
»  vous  demandez,  leur  répond  Sylla 
»  d'un  ton  cravc  et  sévère ,  que  la 
»  cessation  ae  tout  travail.  Au  sur- 
»  plus ,  si   vous  voulez  absolument 
»  combattre,  prenez  vos  armes ^  et 
»  allez  occuper  ce  poste.  »  En  di- 
sant ces  mots^  il  leur  montre  un  mon- 
ticule escarpé  qui  domine  la  plaine. 
Les  Romains  s'élancent,  et  knalgré 
les  efforts  des  ennemis ,  ils  ont  enlè- 
ve le  poste  désigné.  Ce  premier  suc- 
cès plaçant  Arcuelaiis  dans  une  po- 
sition défavorable,  l'oblige  de  trans- 
porter   son  camp    vers  Chéronée. 
Sylla ,  qui  obs^èrve  ce  mouvement , 
envoie  sur  le  champ  une  légion  dans 
cette  ville  ,  pour  la  mettre  à  Fa- 
bri  d'un  coup  de  main.  Lui-même 
sitit  l'ennemi  avec  le  reste  de  ses 
troupes.  Pendant  plusieurs  jours,  les 
deux  généraux  firent  des  efforts  réci- 
proques pour  se  surprendre;  à  la  fin, 
Sylla  sut  contraindre  Archélaiis  k 
combattre  dans  un  lieu  semé  de  ro- 
ches ,  où  sa  nombreuse  cavalerie  et 
ses  chars  armés  de  faux  ne  purent  se 
développer  (  F,  Mithridate  vu, 
XXIX,  i63  ).  Le  succès  fut  long- 
temps douteux.  Vainqueur  à  l'aue 
droite,  Sylla  se  poi-ta   rapidemeut 
à  la  gauche ,  qui  commençait  à  plier» 
Sa  présence  rétablit  le  combat  de  ce 
coté  ;  mais ,  dans  le  même  moment , 
Archélaiis  tente  ui)e  nouvelle  atta- 
que contre  l'aile  droite.  Sylla  ,  qui 
semble  se  multiplier ,   revole  ven 
ce  point  menacé.  Dès  qu'il  a  paru , 
les  Romains  se  sentent  invincibles. 
Archélaiis  est  repoussé,  tandis  qoe 
l'aile  gauche,  où  le  proconsul  a  laisse' 
une  partie  des  soldats  qui  le  servaient , 


3l2 


STL 


reprend  ravantagc.  La  déroute  des 
barbares  est  complèto  :  ils  fuient; 
et  les  vainqueurs,  entrant  pèle- mêle 
avec  eux  dans  leur  camp  ^  en  font  im 
horrible  carnage.  Plus  de  cent  mille 
Asiatiques  auraient  péri  dans  cette 
journée ,  s'il  était  vrai  que  de  leur 
npmbreuse  a  rmee,  dix  mille  seulement 
purent  se  sauver  à  Cbalcis  en  Ënbce. 
IJne  exagération  encore  plus  mani- 
feste ,  c'est  que  du  côte'  des  Romains, 
quatorze  hommes  seulement  manquè- 
rent à  l'appel  après  la  bataille ,  et 
encore  deux  rentrèrent  au  camp  le 
soir  mcmc.  C'est  ce  que  Sylla  avait 
écrit  dans  ses  Mémoires.  Ou  sait 
combien  des  mcusonc;cs  de  cette  es- 
pèce lui  étaient  familiers  pour  faire 
admirer  sa  fortune.  Sur  les  tropbécs 
qu'il  érigea ,  il  fit  graver  cette  ins- 
cription :  A  Mars,  à  la  Fictoire^  à 
Vénus ,  afleetant  toujours  de  mettre 
son  bonheur  au-dessus  de  son  mérite. 
Pourcéle'brer  la  victoire  de  Chéronée 
il  donna  ,  h  Tlièbes^  des  jeux  où  des 
musiciens  disputèrent  la  palme.  Pré- 
tendant restituer  aux  dieux  les  trésors 
qu'il  avait  culerés  dans  leurs  tem- 
ples ,  il  expropria  les  Theluins  de  la 
moitié  de  leurs  terres,  dont  les  reve- 
nus furent  désormais  consacrés  à 
Apollon  Pythien  et  à  Jupiter  Olym- 
pien. Pendant  ce  temps^  le  parti  de 
Marins  triomphait  à  Rome^  bien  que 
ce  farouche  consul  fut  descendu  dans 
la  tombe ,  au  bruit  menaçant  des  vic- 
toires de  son  rival,  Lucius  Valerius 
Flaccus  substitué;  dans  le  consulat^ 
à  Marins  défunt  j  se  hâta  de  traver- 
ser la  mer  Ionienne,  avec  une  armée 
qu'il  destinait  moins  à  combattre  Mi- 
thridalc  que  Sylla  j  et  celui  -  ci ,  tou- 
jours prOt  pour  la  guerre  civile, 
marcha  aussitôt  vers  la  Thessalie , 
alin  de  jM'évenir  Flaccus  :  mais  à 
])rine  arrivé  dans  cette  province,  il 
est  forcé  de  retourner  sur  ses  pas, 


pour  faire  tête  à  ime  armée  Ai 
quatre-vingt  mille  Asiati^es,  qni  ^ 
viennent  d'aborder  en  Béotie ,  sous  les 
ordres  de  Dorilaiis.  Archclaiis,  qui  • 
s'était  joint  à  ce  nouveau  gcnëral, 
avec  sesdixmillehommeséckappésan 
désastre  de  Chéronée,  essaya  de  lui 
persuader  d'éviter  une  bataule ,  et  de 
traînei*  la  guerre  en  longueur;  mais 
Dorilaiis  ne  tint  pas  plus  compte  que 
Taxile  des  conseils  ae  ce  prudent  ca- 

Î)itaine;  il  eut  le  même  sort.  Sylla 
ébattit  près d'Orchomène, dans  une 
vaste  plaine ,  où  cette  fois  les  troupes 

Î)ontiques  auraient  pu  se  déployer,  si 
e  général  Vomain  n'avait  neutralisé 
pour  elles  l'avantage  du  terrain  joiat 
a  celui  du  nombre,  en  coupant  toute 
la  campagne  de  fossés  et  de  tranchées  . 
profondes ,  garnies  de  redoutes.  Par 
ce  moyen  fut  arrêtée  la  course  imp^ 
tueuse  des  chars  des  ennemis.  L'atU- 
que  de  leur  cavalerie  fut  plus  dilEdle'  . 
k  isoutenir  :  peu  s'en  fallut  qu'elle  ne 
mît  les  Romains  en  déroute.  Syl- 
la ,  dans  cette  extrémité  ,  desocndit 
prom  ptement  de  cheval ,  et  saisissant 
une  ensei^e ,  il  se  précipita  van 
l'ennemi ,  à  travers  les  rangs  de» 
fuyards,  en  criant  :  «  Pour  moiyRo- 
»  mains,  je  veux  mourir  ici;  etouand 
»  on  vous  demandera  eu  que*  lieu 
»  vous  avez  abandonné  votre  gêné» 
Tù  rai ,  souvenez  -  vous  de  répondre 
»  que  c'est  à  Orchomènc.  »  Ce  it* 
proche  rend  aux  Romains  tout  leor 
courage  :  Sylla  lesramëneà  la  charge; 
et  ils  sont  vainqueurs.  Tandis  qu'il 
faisait  ainsi  triompher  les  armes  de 
la  patrie,  la  faction  de  Macîus  k 
déclarait  ennemi  public  ,  proscri- 
vait sa  tête ,  et  confisquait  ses  Ineas. 
Ce  fut  après  la  victoire  d'OrchomiBe 
que  Sylla  vit  arriver  dans  son  camp 
sa  femme  Metella  ,  ses  enfants  et  plu- 
sieurs sénateurs  fugitifs ,  qui  le  piesp 
saient  de  venir  au  secours  de  sesamii 


SYL 

:isans.  Quelque  impatient 
répondre  à  leur  vœu  et 
de  se  Tciigcr  de  ses  enne- 
le  pouvait  se  re'soudre  à 
îvoir  termine'  la  guerre 
ur.  II  était  dans  cette 
lorsque  Milliridale,  qui 
)esoin  de  la  paix , envoya 
ige  Arclielaiis.  Sylla  mit 
igociation  autant  de  liau- 
n'avait  eu  d'autres  af- 
3  bien  servir  la  republi- 
iit  même  que  la  situation 
c  son  parti  le  portait  à  se 
> exigeant ,  afin  de  mieux 
à  tous  ses  ennemis.  Mi- 
oll'rait  des  troupes  et  de 
r  aller  à  Rome  accabler 
larius  :  il  ne  lui  deman- 
faire  sortir  les  troupes 
TAsie.  Sylla  rejeta  cette 
avec  un  froid  dédain,  et 
Arclielaiis  à  j)rendre  un 
pliant.  On  a  dit  ailleurs 

THRl  DATK  ,      XXIX  , 

es  furent  les  conditions 
le  proconsul.  De  nou- 
ssadeurs  vinrent  les  rati» 
du  roi  do  Pont,  sauf  cel- 
prnaienl  la  cession  de  la 
et  la  remise  de  soixante- 
<(  Quoi,  s'écria  Sylla, 
î  refuse  ces  conditions  , 
n'attendais  au  contraire 
venu  à  mes  pieds,  me  re- 
•  ce  que  je  lui  laissais  la 
e  ,  avec  laquelle  il  a  signe' 
î  tant  de  Romains.  »  La 
ïtait  près  de  se  rompre, 
oconsul  allait  passer  en 
le  ,  par  une  faveur  ines- 
tune  vint  faire  concourir 
de  cet  heureux  gcne'ral 
même  de  ses  ennemis, 
iteuantde  Flaccus,  après 
ne  ce  consul,  s'était  mis  à 
armée,  et  pressait  les  gé- 


SYL  3i3 

néraux  de  Mithridate  avec  d'autant 
plus  d'ardeur ,  qu'il  voulait  enlever 
a  Sylla  Thonneur  d'accabler  entière- 
ment ce  prince.  Mithridate, aux  abois, 
se  résout  enOn  à  demander  une  entre- 
vue au  proconsul  :  elle  lui  est  accor- 
dée à  Dardanum ,  dans  la  Troade;  et 
Sylla  déploya  encore  en  cette  occa- 
sion cette  fierté  qui  semblait  annon- 
cer en  lui  le  maître  du  monde.  Il  re- 
fusa la  main  que  lui  tendait  le  roi^ 
et  lui  demanda  s'il  ne  voulait  pas  ter- 
miner la  guerre  aux  conditions  qu' Ar- 
clielaiis avait  acceptées.  Mithridate 
gardant  le  silence  :  a  Savez  •  vous , 
»  reprit  Sylla,  que  c'est  aux  sup- 
9  pliants  à  parler  les  premiers ,  et 
»  que  les  vainqueurs  u  ont  qu'à  les 
9  écouter  en  silence?  »  Le  roi  com- 
mence alors  une  longue  apologie  de 
sa  conduite,  a  J'avais  toujours  en- 
»  tendu  dire  que  vous  étiez  un  prince 

V  très  -  éloquent,  dit  le  Romain  en 
»  l'interrompant.  Je  reconnais  au- 
p  jourd'hui  combien  cette  réputation 

V  est  méritée,  puisque  vous  n'avez 

V  pas  manqué  de  paroles  spécieuses 
»  pour  pallier  vos  crimes  et  vos  in- 
»  justices.  »  Puis,  après  lui  en  avoir 
fait  rénumération ,  il  demanda  une  se- 
conde fois  au  roi  de  Pont  s'iluevoidul 
pasratifier  les  conditionsqu'Ârchëmi  ; 
avait  acceptées.  Sur  la  réponse  aflîr^v 
mative  de  Mithridate ,  le  proconsul 
courut  à  lui,  et  l'embrassa;  puis  il 
lui  présenta  les  rois  Ariobarzaue  et 
Nicomède.  Ainsi  se  termina  la  guer- 
re de  Sylla  contre  Mithridate  (  ^q;^. 
Mithridate  V,xxix,  1 65).  Alors  le 
proconsul  marcha  contre  Fimbria^ 
qui  se  trouvait  en  Lydie  avec  son  ar- 
mée. Cet  indigne  rival  fut  vaincu  sans 
coup  férir.  Abandonné  par  ses  sol- 
dats, qui  passaient  tous  aans  le  camp 
de  Sylla ,  il  se  donna  la  mort.  Les 
trésors  de  l'Asie  -  Mineure ,  sur  la- 
quelle le  proconsul  leva  une  contri- 


5i4  SYL 

bution  de  vinp^t  mille  talents,  senti- 
rent à  payer  rafTocliou  de  ses  ancicus 
et  nouveaux  soldats.  Il  leur  peiiiiit 
en  outre  de  vivre  à  discrétion  dans 
les  villes  qui  s'étaient  montrées  infi- 
dèles aux.  Romains.  Rieu  ne  s'oppo- 
sait plus  à  son  départ  pour  Rome. 
Toutefois,  partant  d'Éphî»sc,  avec 
tous  ses  vaisseaux  ,  il  se  rendit  à 
Athènes ,  où  il  se  fit  initier  aux 
grands  mystères.  Sans  doute  il  vou- 
lait, par  cette  dcniarrhe,  ellacer  la 
réputation  d'im pieté  sacrilège  (pie  lui 
avaient  attirée  la  spoliation  des  tem- 

Eles  et  la  dévastation  des  Lois  sacrés, 
urant  ce  court  séjoiu*  dans  la  patrie 
des  Socrale  et  des  Platon,  il  s'appro- 
pria la  bibliothèque  d'Apellicon  de 
Téos ,  au  sein  de  laquelle  demeuraient 
ensevelis  et  exposés  à  l'action  dévo- 
rante des  vers ,  les  seuls  manuscrits 
qui  existassent  des  écrits  d'Aristote 
et  de  Théophraste.  Il  les  lit  tr.ins- 
porter  à  Rome.  Ainsi  les  ouvrages  de 
ces  deux  grands  pliilosoplies  seraient 
probablement  perdus  pour  nous  si  le 
Romain  Sylla  u*avait  passé  par  Athè- 
nes pour  ensanglanter  sa  patrie!  Sur 
le  point  d'arriver  en  Italie,  il  reçut 
une  preuve  signalée  du  dévouement 
de  ses  soldats.  Après  lui  avoir  renou- 
velé leur  serment,  ils  lui  offrirent 
tout  l'argent  qu'ils  avaient  pu  amas- 
ser. I^ien  ({ue  sa  caisse  militaire  fût 
vide, Sylla  n'accepta  point  cette  con- 
tribution ,  laissant  <i  la  fortune  le  soin 
de  lui  créer  d'autres  ressources.  Il  prit 
terre  à  Brindes  selon  les  uns ,  à  Ta- 
rente  selon  les  autres  (l'an  de  Rome 
G71 ,  8i  av.  J.-Cl.),  et  pénétra  sans 
obstacle  dans  la  (lampanie.  11  n'avait 
que  quarante  mille  hommes;  mais  la 
discipline  sévère  qu'il  (it  observer  à 
ses  troupes,  comparée  aux  excès  com- 
mis par  les  soldats  du  parti  contrai- 
re, lui  attira  une  foule  de  partisans. 
Métellus  Pius  fut  des  premiers  ^  se 


SYL 

joindre  à  lui  {F.  ce  nom,  XXYUIy 
455  ).  Toutefois  Sylla  voyait  lëuis 
contre  lui  deux  cent  mille  soldats 
commandés  par   quinze   oàiéniix. 
Sans  compter  ses  ennemis,  u  marcbe 
hardiment  contre  l'armée  du  consnl 
Norbanus,  et  grâce  à  Fardem*  de 
ses  troupes^  dès  l'abord  il  la  meCca 
fuite.  Ce  succès  décida  die  oduide 
toute  la  guerre,  eu  inspirant  à  cbaqoe 
soldat  de  Sylla  une  confiance  en  lui- 
même,  un  mépris  pour  les  ennemis, 
qui  le  rendait  invincible.   Un  an- 
tre avantage  remporté  par  M.  Luoul- 
lus,  lieutenant  du  proconsul  près  de 
Fidentia,  où ,  avec  seize  coborteiyil 
en  vainquit  cinquante ,  et  tua  dix-hnit 
mille  hommes,  vint  encore  ajoaterà 
cette  force  d'opinion.  Ou  peutToir 
dans  la  Notice  sur  le  consul  L.Coiii« 
Scipiony^5iiiticii5(XLI  93^7),  com- 
ment Sylla  lit  passer  sous  ses  dit* 
peaux  toute  l'armée  de  ce  général , 
auquel  il  laissa  la  vie ,  moins  par  gé- 
nérosité que  par  mépris.  C'est  à  cette 
occasion  que  Carbon  dit  qu'il  avait 
à  comliattre  à -la -fois,   en  SjlitLf 
le  lion  et  le  renard ,  mais  qw  It 
renard  était  le  plus  dangereux.  Lci 
troupes  que  lui  amenèrent  Gnssai 
(  ro^.  ce  nom,  X ,  194  )  et  le  }€»• 
ne  Cnéiis  Pompée  (  Fqx*  ce  nom^ 
XXXV  ,  ^)i  ) ,  personnages  desb' 
nés  à  jouer  par  la  suite  un  si  gnai 
rôle,  assurèrent  à  Sylla  une  siné- 
riorité  décidée.  Taudis  que  Nornt* 
nus  et  Carbon,  vaincus  parCrasiUi 
Pompée   et  Métellus ,   sont   forcA 
d'évacuer  l'Italie,  Sylla  défait  dctt 
fois  le  jewie  Marins ,  auprès  de  M- 
neste.  Dans  le  dernier  de  ces  com- 
bats, vingt  mille  hommes  furent  toésH 
huit  mille  fait«  prisonniers  du  cMda 
consul  vaincu ,  tandis  que  le  Taii- 
queur,  si  l'on  en  croit  ses  prepcci 
Mémoires ,  u'aiurait  perdu  que  TUigl- 
trois  hommes.  Le  jeune  Ilian«»>  sam 


SYL 

nfcrma  dans  Preneste  ; 
t  à  Syila  im  ennemi  qui 
c'était  le  Samuite  Pon- 
f  qui ,  songeant  moins  à 
us  qu'à  nuire  aux  Ro- 
le  sur  Borne  pour  la  de-' 
nessc  romaine  courtaux 
3ose  assez  de  résistance 
i  Sylla  le  temps  d'arri- 
dlle  se  livre  aux  portes 
[esinus  met  d'abord  en 
gauche ,  où  Sylla  corn- 
s  soldats  de  ce  dernier 
lu  camp ,  devant  Pré- 
répandent le  bruit  de  sa 
rassus ,  dont  la  destinée 
^e  vaincre  poufr  que  d'à  u- 
Âllissent  le  fruit  ^  avait 
gauche  des  ennemis ,  et 
'cé  de  livrer  un  nouveau 
ivc  une  mort  glorieuse  y 
victoire ,  qui  lui  échap- 
as  eût  été  le  salut  de 
me,  menacée  des  ven- 
ylla  9  avait  pu  se  croi- 
H    visita    d  abord    le 
aîaiile  couvert  de  cin-> 
norts ,  et  fil  égorger  sur 
de  huit  mille  prison- 
ps  de  trois  mille  Sam- 
envoya  demander  quar- 
liérauts ,  reçut  pour  ré- 
ccorderail  la  vie  à  ceux 
aient  dignes  parla  mort 
;)a gnons.  Ces  infortunés 
ent  avec  fureur  les  uns 
;  et  mille  seulement  sor- 
?urs  de  cet  odieux  com- 
2S  joignit  à  cinq  mille 
e  la  même  nation.  H  les 
mer  dans  le  Cirque  ;  et 
>rgés  pendant  qu'il  ha- 
éuat,  dans  le  temple  de 
cris  de  ces  malheureux 
j  de  rassemblée ,  qui  té- 
urprise  et  son  horreur. 
avec  un  calme  féroce  , 


SYL 


8i,^ 


et  comme  s'il  eût  prcmoDcë  des  pa- 
roles de  paix  :  «  Continuez  de  m'é- 
»  coûter^  ce  n'est  rien^  oe  sontquel- 
»  ques  séditieux  que  je  ifais  châtier.  » 
Puis  il  reprit  firoidement  le  (il  de  son 
discours.  Marius  avait  ùâi  eouler 
beaucoup  de  sang  ;  mais  Sylla  devait 
l'expier  par  plus  de  sanç  encorei  Les 
proscriptions  du  premier  n*awêMM 
surpris  personne  t  il  s'était  tonjoars 
montre  dur  et  fiurouche.  On  jKHiTail 
explimier  sa  iureur  sanguinaire  par 
sa  haine  fougnense  contre  les  patri- 
ciens; mais  on  n'aurait  famais  sonp^ 
conué  que  SyHa  y  eét  ami  des  plaisirs 
et  de  la  joie,  pût  snipasser  Marius 
en  barbarie.  La  eruanté  avait  B^êne 
chezlui  un  caractère  particulier,  e^cii 
au'il  y  entrait  une  sorte  de  &ciiilé 
a'humeuretde  molle  conqplaîsanoe. 
Proscrivant  sans  haine  et  sans  colère, 
il  accordait  la  tête  d'un  citoyen  à  ses 
amis ,  et  même  au  premier  venu  d'en^ 
tre  ses  partisan» ,  comme  9  aurait  fait 
un  présent  sans  consé<|uence  :  le  plus 
souvent  c'était  le  sounre  de  la  bien- 
veillance sur  les  lèvres  qu'il  pronon-* 
çait  des  sentences  de  mort  Pour  être 
proscrit ,  il  ne  fallait  pas  même  avoir 
été  de  la  faction  ennemie  :  il  su£Bsait 
d'être  riche  ^  et  Sylla  livrait  à  l'avi-^ 
dite  sanguinaire  de  ses  soldats  ,  touÉ 
ceux  dont  ils  convoitaient  la  ié' 
pouille.   Depuis    son  entrée  dans 
Home ,  le  sang  n'avait  point  cessé  ds. 
couler  par  ses  ordres.  Dans  cette  d^ 
solation  générale  y  un  jeune  sénateor^ 
Caïus  Métellus,  osa  lui  dire  :  «  Qad 
»  terme  mettras- tu  Sylla  aux  infor-* 
«  tunes  de  tes  concitoyens  ?  Nous  ne 
y  te  demandons  par  de  sauver  oeosB 
»  que  tu  as  résoki  de  faire  mourir  ; 
»  mais  delivre^ious  d'une  inquiétàde 
»  pire  que  la  mort ,  et  dn  moins  ap- 
»  prenas-nèuscenx  que  tn  veux  san* 
»  ver.  »  — -  «  Je  ne  sais  encore  eem; 
»  que)esanT«rat,nl^poBditlelpMuw^ 


5i6 


STL 


—  a  Nomme ,  du  moins  ^  ajouta  Me- 
»  tellus,  ceux  que  tu  as  condamne's.  » 

—  «  Je  le  ferai  y  répondit  froidement 
»  Sylla  ;  »  et  c'est  ainsi  qu'il  annon- 
ça ia  plus  horrible  proscription  qui 

i'amais  ait  fait  frémir  l'humanité. 
)ejà  trois  listes  fatales  ,  contenant 
ensemble  cinq -cent -vingt  noms  ^ 
avaientparu;déjà  les  victimes  avaient 
c'të  frappées^  lorsqu'il  dit  au  peuple 
en  le  haranguant ,  a  qu'il  avait  aa- 
9  bord  proscrit  ceux  dont  il  s'était 
n  souvenu ,  et  qu'il  proscrirait  les 
9  autres  à  mesure  qu  ils  lui  rcvien- 
»  draient  à  la  mémoire;  mais  qu'il 
»  ne  pardonnerait  à  aucun  de  ses  eu- 
T»  nemis.  »  Ainsi  pe'rirent ,  en  vertu 
de  ces  listes  fatales ,  quatre  mille  sept 
cents  Romains  ,  paimi  lesquels  se 
trouvaient  quinze  consulaires  ^  les 
deux  consuls ,  quatre-vingts  sénateurs 
et  seize  cents  chevaliers.  Rome  ne 
fut  pas  le  seul  the'âtre  de  ces  sanglau-* 
tes  horreurs.  Des  cites  entières  furent 
proscrites  :  lesmursdc  Preneste  virent 
tomber  douze  mille  têtes.  Florence , 
Spolète  ,  luteramne ,  Sulmone ,  Bo- 
vianum ,  Esemie ,  Tclesie ,  et  main- 
tes autres  villes ,  fui*ent  mises  à  feu 
et  à  sang,  et  détruites  de  fond  en 
comble.  Alors  s'opéra  dans  les  esprits 
la  plus  triste ,  la  plus  épouvantable 
des  révolutions.  La  morale  fut  vio- 
lée,  et  la  nature  méconnue  dans  ses 
affections  les  plus  saintes.  On  punis- 
sait de  mort  le  fils  qui  n'avait  pas 
dénonce  son  père  proscrit ,  le  frère 

Sii  n'avait  pas  trahi  son  frère ,  l'es- 
ave  qui  n  avait  pas  livré  son  maî- 
tre. Les  récompenses  attendaient  au 
aur  contraire  celui  qui  se  présentait 
couvert  du  sang  d'une  victime.  Syl- 
la ne  proscrivit  pas  seulement  les 
vivants ,  mais  encore  les  morts ,  et  les 
cénérations  à'naitre;  car  à  la  prière 
de  Gatilina ,  il  mit  au  nombre  des 
proscrits^  comme  s'il  eAt  été  encore 


STL 

vivant ,  le  frère  que  ce  mon 
assassiné  pendant  la  guer 
il  déclara  mfâmes  les  fils 
tits  fils  de  ceux  qu'avait  i 
proscription ,  et  confise; 
Èiens.  C'est  après  de  tels 
qu'il  prit  le  surnom  d'Heui 
Ùx  )  ,  qu'il  eût  porté  k  plu 
tre,  dit  VeUcius  ,  s*il  eûl 
vivre  le  jour  qu'il  acheva  d 
En  écrivant  aux  Grecs  , 
celui  à'Éoaphrodite ,  c*e 
fiwoTi  de  Vénus.  Les  p«i 
Marins  avaient  succombé 
le  et  en  Afrique.  Le  consu 
venait  d'être  ma&sacré  en  Si 
les  yeux  de  Pompée.  Sert 
soutenait  encore  j  en  Espagi 
ti  vaincu.  Quant  à  l'admi 
de  la  république  y  elle  étai 
ment  dans  la  main  de  Syllf 
plus  question ,  dit  Appien  y 
d'élection ,  ni  de  sort.  Toi 
avait  fait  en  qualité  de  coi 
proconsul  fut  déclaré  pen 
affranchi  de  toute  responsi 
lui  décerna  une  statue  éqiie 
fis-à-vis  la  tribune  aux  \n 
avec  cette  inscription  :  A 
Sjrlla  y  l'heureux  général, 
blique  était  sans  consuls.  Syl 
ordre  au  séuat  d'élire  un  ii 
ce  magistrat  temporaire  lui 
dictature.  Se  prévalant  à  V 
me  de  cette  magistrature  rc 
il  parut  dans  la  place  publi 
céaé  de  vingt  licteurs ,  qui 
la  hache  unie  aux  faisceau 
d'abattre  sans  retour  la  fa* 
pulaire,  d'écarter  pour  ja 
dignités  de  Tétat  les  homi 
veaux ,  et  de  concentrer  d<' 
nat  toute  la  puissance  du  j 
ment,  il  commença  par  s 
droits  du  tribuuat.  Il  rendit 
la  judicature,  ôta  au  pciii 
tioD  des  pontii»,  réduisit  t 


5YL 

s , en  enlevant  aux  villes  la- 
it de  bourgeoisie  romaine; 
^menter  le  nombre  des  sé- 
leur  adjoignit  trois  cents 
d'ordre  équestre.  Il  porta 
[es  questeurs  dehuità  vingt, 
i  préteurs  de  six  à  huit.  Il 
ngueur  les  anciens  régle- 
•  l'ordre  dans  lec^iel  il  était 
briguer  les  magistratures, 
ant  pas  d'arriver  au  con- 
avoir  été  successivement 
teur  et  préteur ,  etc.  Pour 
peuple  l'apparence  de  la 
y  il  assembla  les  comités , 
s  tribus  à  se  nommer  des 
jercevaut  du  haut  de  son 
e  ses  plus  habiles  lieute- 
;retius  Ofella ,  qui ,  au  mé- 
oi  concernant  l'ordre  des 
rcs ,  sollicitait  les  suffra- 
igne  à  un  centurion  de  l'im^ 
qui  est  exécuté  sur  -  le- 

peuple  indigné  veut  qu'il 
>ticc  de  l'assassin.  On  Ta- 
nt Sylla  :  a  Laissez  aller 
me  y  dit -il;  il  n'a  fait 
ter   mes    ordres   (3)»  « 

exemple  n'effraya  point 
1  eut  1  audace  de  résister 
li  n'osa  le  punir ,  et  qui  lui 
ne  le  surnom  de  Grand 
e).  Un  ordre  du  dictateur 
cession  au  tronc  d'Egypte  : 
3  sa  bouche  fit  cesser  la 

Murcna  avait  osé^  sans 
,  renouveler  contre  Mi- 
ar  ses  soins  ^  l'enceinte  de 


[>os  il  citn  cet  apologue ,  dont  la  dl^ 
'ible  énergie  fera  connaître  cooabiea 

Srofoudrmrnt  les  Romaioa  :  «  Un 
uisant  sa  cliarrue,  fut  mordu  par 
eux  fuù  il  intrrrumpit  son  travail 
r  M  cbemifte.  Mais  les  pons  ayant 
li  mordre,  il  jeta  sa  chemise  au  fea 
e  pas  encore  obligé  de  perdre  son 
eur  donner  la  chasse.  Que  les  Taii^ 
nt  de  moi  par  cet  exemple  h  ne  pas 
t  fiiir*  jeter  au  Cm  pour  |t  troinè- 


3i7 


STL 


Rome  fut  agrandie  et  le  Capitok 
'taiiré.  Ra«iré  par  la  bassesse  des 
Romains ,  le  dictateor  partageait 
son  temps  entre  ses  yioleiices  et  ie» 
plaisirs.  Le  jotur^jo^ inexorable,  Â 
condamnait  «sans  pitië  une  foule  de 
citoyens  ;  la  nuit,  neureùi  tjran  /il 
se  livrait  «ans  crainte  k .  tous  les 


l 


bruyante. 


e  femmes  publiques ,  dé  jeuiies;geo8 
dissolus  et  d«  flatteurs  parailà  ^ 
consumait ,  dans  le  luxe  et  dans  la 
débauche  y  les  riches  d^ouilles  dm 
proscrits.  De  la  même  main  dont  il 
avait  spolié  tatait  de  ôto jens  respeb- 
tables ,  il  combla  de  biens  dix  nli^ 
esclaves. affranchis  et  en  fit  iles'<^ 
toyens.  Ces  nouveaux  DlA&ns^i|ira 
appda  de  son  nom  Gomâlens,  fia 
assuraient  la  majorité  des  snflbige» 
dans  les  comices ,  en  même  têmpa 
qu'ils  pouvaient  iM  pour  lui  des  si- 
caires  tout  MCts  dans  l'occasion*  II 
généralisa ,  aaAs  toute  l'Italie ,  cette 
mesure  qui  |arantissait  son  pouvoir 
et  sa  sûreté.  DéjÀ  il  avait  dbtrOné 
aux  vingt4rois  légions  qui  avaioit 
combattu  pour  sa  cause,  une  gran- 
de partie  des  terresconfisquéés.  Nom^ 
me  consul  pour  l'année  67 3,  il  dé* 
daigna  cette  magistrature .:  UattAt 
même  il  abdiqua  la  dictature  aii  &^ 
lieu  du  Forum ,  licencia  ses  licteurs,^ 
et  dit  avec  assurance  aux  Romains  1 
c  Me  voici  semblable  à  voiis,  prtt'i  • 
»  vous  rendre  compte  de  tout  le  sang 
»  que  j'ai  versé.  »  Personnen'ékfalit 
la  voix,  Sylla  descendit  de  k  tri* 
bune,  et  se  promena  tranqnilfBBMifl 
dans  la  place  puU^ue  âvae  qpifims 
amis.  La  foule  du  pvoble  la  regardait 
avec  une  surprise  mifiée  de  terreur  et 
d'admiration«ets'ouvraitrespeetueii- 
sement  pour  le  laisser  passer.  Le  soir 
il  rentra  dans  sa  maison,  seul  et  à 
pied,  n  n'y  eut  quNm  jaune  Ronurâ. 


4 


5i8 


SYL 


qni  eut  la  liaiNlicsse  de  le  suivre  en 
l'accablaDt  d'iujmcs.  Sylla  ,  saus  dai- 
gner lui  imposer  silence ,  se  conten- 
ta de  dire  :  «  Voilà  un  jeune  irtsensc 
»  dont  l'exemple  peiitdelourncr  ceux 
»  qui  se  trouveront  dans  ma  place  ^ 
»  de  la  quitter  comme  moi.  »   On 
peut  s'clouuer  ,   au  jjremier  coiip- 
dVil,  que  Sylla  ait  osé  abtliquer; 
mais  quand  on  considère  que,  ])nr  ses 
massacres  et  ])ar  ses  proscriptions, 
il  avait  exterminé  ses  ennemis  et  leurs 
partisans  ;  que  par  ses  dnu.itions,  ses 
lois  et  ses  règlements  ,  il  avait  tout 
mis  entre  les  mainsde  ses  créatures,  on 
voit  qu'il  n'avait  rien  à  craindre  dans 
sa  retraite.  Il  avait ,  pour  veiller  à  sa 
sûreté  ,  un    sénat  formé    par  lui- 
même  ,  auquel  il  avait  transféré  la 
souveraine  puissance  ,  et  dont  les 
principaux  membres  lui  devaientlenrs 
immenses  richesses.  Il  avait  j)our  dé- 
fenseurs cent  vingt  mille  soldats  ré- 
pandus dans  toute  l'Italie ,  dont  la 
fortune  dépenilait  de  la  stabilité  des 
actes  de  leur  général,  et  qui  étaient 
toujours  prêts  à  obéir  à  ses  ordres.  Il 
avait  allranclii  les  esclaves  des  pros- 
crits, au  nombre  de  dix  mille,  et  il 
pouvait  les  considérer  comme  des 
gardes  prétoriennes  dévouées  à  sa 
personne.  Pompée  et  ses  autres  lieute- 
nants poursuivaient,  à  la  tête  des  ar- 
mées ,  les  restes  malheureux  du  parti 
ennemi.  Enfin  cette  loi  cruelle  ,  qui 
prononçait  peine  de  mort  contre  tous 
ceux   qui  donneraient  retraite   aux 
proscrits ,  tenait  ces  infortunés  loin  de 
l'habititionde  leur  impitoyable  vain- 
queur. La  véritible  cause  pcmr  la- 
<pielle  il  put  Unir  ses  jours  en  paix  , 
«st  exprimée  dans  son  épitapbe  faite 
par  lui-même  :  «  Que  jamais  ,  ni 
»  ami  ne  lui  a  fait  tant  de  bien ,  ni 
»  ennemi  tant  de  mal ,  qu'il  ne  Tait 
»  rendu  avec  usure.  »  Après  sa  re- 
traite, Sylla  passa  la  plus  grande  par- 


SYL 

lie  de  son  temps  dans  les  plaisirs  et  ks 
réjouissances,  ayant  toujours  sa  mai- 
son remplie  de  chanteurs  et  de  comé- 
diens. Il  consacra  solennellement  la 
dîme  de  son  bien  à  Hercule;  et  à  l'oc- 
casion de  cette  cérémonie  ,  il  donna 
de  magniiiqnes  festins  à  tont  le  peuple. 
Pendant  ces  fêtes,  Metella  tomba  mor- 
tellement malade.  Les  prêtres  dëcb- 
rèrent  k  Sylla  qu'il  ne  lui  était  pas 
permis  d'aller  la  voir,  ni  de  souffirr 
que  sa  maison  fût  souillée  par  la 
mort  de  qui  que  ce  fAt.  Il  se  bita 
d'envoyer  à  son  épouse  mourante  une 
lettre  de  divorce ,  et  ordonna  qu'on  la 
portÂt  sur  le  champ  bors  de  sa  mai- 
son. La  superstition  lui  fit  tenir  cette 
odieuse  conduite  maigre  lui;  car  il 
était  fort  affligé  de  la  perte  de  cette 
femme,  qu'il  avait  toujours  beaucoup 
aiméc>,  et  il  lui  fit  faire  des  obscmiei 
magnifiques,  sans  égard  pour  les  lob 
somptuaires  que  lui-même  avait  éta- 
blies, a  II  les  enfreignit  bautenent, 
dit  Baylc ,  lui  qui  n'avait  osé  violer 
le;?^  cérémonies  ridicules  et  barbares 
que  les  prêtres  lui  avaient  marquées.  » 
Il  avait  eu  de  Metella  deux  jumeau, 
im  fils  et  une  fille  ^  qu'il  nomma 
Faiistus  et  Faiista:  Quelques  mois 
après  la  mort  de   leur  mère^   fl 
épousa    Valérie  ,   sœur    de   l'oia- 
teur  Horlensius.  Cette  femme,  jeu- 
ne et  belle ,  et  qui  venait  de  faire 
divorce  avec  son  premier  mari ,  se- 
duisitSylIa,déjà  presque  seitagébaire, 
par  des  avances  qui  auraient  pA  tout 
au  plus  entraîner  un  jeune  nomme 
sans  expérience.  Ellelm  donna  unfib 
qui  ,  né  après  la  moi't  de  son  pcre, 
fut  appelé  Posthumus.  Peu  de  temps 
après  ce  cinquième  maria^,  Sylla, 
dont  la  santé  s'aflaiblissait,  se  retira 
à  sa  maison  de  campa giic^sur  le  terri- 
toire de  Cil  mes.  Dans  cette  retraite,  sa 
principale  occupation  consistait  à  ré- 
diger fes  Mémoires,  et  il  partageaitle 


SYL 

;  de  son  temps  entre  la  pêche ,  la 
se  ,  la  promenade  et  les  plaisirs 
i  table.  Ce  fut  })endaut  ces  loisirs 

donna  aux.  habitants  de  Pouz- 
»,  SCS  voisins,  des  lois  fort  sages 

le  gouvernement  de  leur  rcpu- 
le.  Ses  de1)auclies  avaient  telle- 
:  vicie  la  masse  de  son  sang, 

s'engendrait  sur  sa  peau  une 
ibie  quantité  de  vermine  ,  qui 
cssait  de  se  reproduire,  mal- 
tous les  soins  j)ossib!cs  ,  et 
ge  continuel  des  bains.  ;4)  Seii- 

approcher  sa  lin  ,  il  mit  la 
ère  main  à  ses  IMemoires  ,  qui 
rent  achevés  que  la  veille  de  sa 
.  Les  dernières  lignes  nousen  ont 
onsences  par  Plutarque  :  elles 
i  ent  a-la-fois  l'inconcevable  su- 
ition  de  Sylla,  sa  conliance  in- 
ble  en  sa  fortnnc  ,  et  surtout  une 
ante    sécurité   de    conscience  , 

tant  de  forfaits.  «  J'ai  vu  en 
igc,  la  nuit  précédente,  ccrivait- 
nn  de  mes  enfants  mort  depuis 
I ,  qui  me  tendait  la  main  ,  et 
,  me  montrant  Metella  sa  mère  , 
îxbortait  à  laisser  les  alTaires  , 
i  venir  auprès  d'eux  jouir  du 
os  dans  le  sein  de  réternelle  tran- 
Ilité.  Ainsi  je  termine  mes  jours 
(ime  me  l'ont  prédit  les  Chal- 
DS,  qui  m'ont  annonce  qu'après 
ir  surmonté  l'envie  par  ma  gloi- 

j 'aurais  le  bonlicur  de  mourir 
s  toute  la  fleur  de  ma  prospe- 
.  »  Ses  Mémoires ,  adresses  à  Lu- 

y  qu'il  nommait,  par  son  tesla- 

liiteiirdeson  fils,  étaient  écrits 
'c;  il  ne  nous  en  est  parvenu 
idques  fragments  cités  par  Plu- 

«'lillc  a    décrit  Hiii.*>i    l'alVreuse  uial«dic  de 

la  mrurp  eu  proie  aii\  insecles  hideux, 
u  piiuvrel»'  *ont  Ie«  liôtrt  hoiilenx  : 
nue  il  lu'erritr  :  Esl-ce  donc  lu  cet  liotnme 
ur    dauA  ()rchoiu<->ic,    et   lu   Louriean    de 

r.i»njc  } 


SYL 


3i9 


tarqnc.  La  veille  de  sa  mort  y  ayant 
appris  que  Granius ,  magistrat  de 
Pouzzoles ,  dans  l'espoir  de  la  fin  pro- 
chaine de  Sylla  ,  diflérait  de  payer 
une  somme  due  aux  Romains  il  le 
manda  dans  sa  chambre ,  et  le  fit 
étrangler  eu  sa  présence.  L'agitation 
causée  par  cette  scène  violente ,  fit 
crever  un  abcès  que  Sylla  avait  dans 
le  corps  :  il  rendit  par  la   boucke 
une  grande  quantité  ae  sang ,  et  sur* 
pris ,  le  soir  même,  par  un  violent  ac- 
cès de  lièvre,  il  expira  le  lendemain,  à 
l'âge  de  soixante  ans ,  l'an  de  Eo- 
me  G-^ô,  Ainsi  cet  homme,  sangui- 
naire jusqu'au  dernier  instant  de  sa 
vie,  mouiut  tranquillement  dans  son 
lit ,   comme  l'eût  pu  aspcrcr  le  plus 
paisible  des  citoyens  (5).  Rien  déplus 
diilicile  que  d'apprécier  sa  conduite 
et  son  caractère.  «  A  bien  examiner 
le  cours  de  sa  vie,  dit  le  président 
de  Brosses,  on  le  trouve rem2>li d'in- 
conséquences. Cet  homme  y  si  plein 
de  foi  pour  les  oracles,  si  ^crédule 
pour  les  songes,  qu'il  regardait  com- 
me autant   d'avertissements  directs 
donnés  ,par  les  dieux  ;  si  religieux  , 
qu'il  portait  toujours  une imaçe d'A- 
pollon pendue  à  son  cou  ,  pilla  sans 
scrupule  les  temples  de  Delphes  et 
d'Épidaure...  Il  aimait  autant  leplai- 
sir  que  la  gloire,  et  le  travail  que  la 
volupté.  Ses  désirs  étaient  trop  vas- 
tes et  trop  variés  pour  que  nen  fôt 
capable  de  les  contenir  ou  de  les  sa- 
tisfaire. Chez  lui  l'homme  privé  vou- 
lut ravir  le  pouvoir\u]>réme,  et  l'u- 

surpatair  aspira  à  la  vie  privée 

Pour  avoir  guéri  les  plaies  de  la  ré- 
publique, il  n'en  sera  pas  moins  re- 
gardé comme  un  mauvais  citoyen  , 
puisque  ce  fut  par  des  remèdes  plus 

(5)  Corneille  a  exprimé  ccUe  pctwre  dann  Ciooa^ 
en  comparant  SvHa  à  Ccuar  : 

Mai^  l'un,  rruel,  Iwrhare,  e*t  mort  aimé,  tranquille, 
C.umrnr  no  buu  cittiym  dam  le  acin  de  sa  tiIIc. 


5^0 


SYL 


cruels  que  les  maux  mimes Il  fit 

détester  la  justice  de  sa  cause  par 
rinhumanitc  de  sa  victoire  j  car  on 
ne  peut  nier  qu*il  n'eût  eu  raison  de 

prendre  les  armes Il  fut  ^  dit 

Giceron ,  un  maître  consomme  dans 
trois  vices  pernicieux  :  la  débauche; 
l'avidilc  ,  la  cruauté'.  Ni  Tindigence 
dans  sa  jeimesse ,  nile déclin  de  Tâge 
ne  purent  mettre  un  frein  à  ses  dérè- 
glements. Il  viola  sans  ménagement 
ses  propres  lois  ^  qu'il  faisait  obser- 
ver par  le  fer  et  par  le  feu...  Cepen- 
dant il  a  eu  ce  bonheur,  même  au* 
delà  du  tombeau ,  d'ctre  le  seul  des 
méchants  hommes  de  son  temps  en 
qui  Tcciat  des  grandes  actions  ait 
surpasse'  la  haine  de  ses  afTreuses 
cruautés.  »  A  ces  traits  si  frappants 
de  vérité' ,  on  peut  ajouter  que  le  peu 
de  bien  que  put  faire  SvUa ,  en  réta- 
blissant Tordre  dans  l'état,  lui  sur- 
vécut à  peine  ;  tandis  que  toas  ses  ac- 
tes concounirent  à  corrompre  les  Ro- 
mains. Il  rendit  les  soldats  vicieux  et 
indisciplinés,  pour  se  les  attacher; 
il  corrompit  les  citoyens  en  introdui- 
sant dans  leurs  tribus  une  soldates- 
que licencieuse ,  et  des  aflranchis 
teints  du  sang  de  leurs  maîtres.  Le 
premier,  en  entrant  armé  dans  Rome, 
il  viola  cet  asile  de  la  liberté.  Du 
moment  qu'il  put  se  faire  imnuné- 
ment  dictateur ,  la  liberté  de  Rome 
fut  proscrite  à  jamais,  et  le  calme  qui 
suivit  son  abdication  (0)  apprit  aux 
ambitieux  capitaines  romains  com- 
bien il  lui  eût  été  facile  de  garder  le 
pouvoir.  Son  usurpation  fit  des  imi- 
tateurs, son  abdication  n'en  devait 
S  oint  avoir.  De  tous  les  personnages 
c  l'histoire ,  Sylla  est  celui  qui  s'est 
joué  le  plus  cruellement  de  la  vie  de 

(('!^   (lrvl>illi>ii   luractrrite  niiKi   raltUicatioD  d« 
SyUa: 

SylU ,  riiiiT^rl  du  Mng  rnuMin  , 

Abdiqoc  iBsôIcmmeat  l«  pvuToir  •ourcrain. 


STL 

ses  semblables.  Quelque  gnni  qa'il 
paraisse  dans  ses  victoires ,  il  est  en- 
core plus  extraoïdînaire  dans  ses 
cruautés.  Personne  n*a  montré  pks 
d'audace  et  plus  de  mépris  pour  les 
autres  hommes.  Enfin,  Sylla  est  le 
seul  tyran  dont  la  puissance  person- 
nelle ait  survécu  à  son  usurpatioiL 
Verri ,  dans  les  Nuits  romaines^ 
Montesquieu,  dans  sa  Grandeur  As 
BomainSy  et  dans  son  DialogueétEu- 
cnz/e,  nous  ont  révélé  Sylla  tout  en- 
tier. Cepeudant  il  faut  se  défier  de 
quelques  anachronismes  qui  déparait 
ce  dernier  morceau.  Plutarque,(Fïe 
deSj'lla)ynous  le  montre  dans  ses  ha- 
bitudes privées  ;  il  nous  peint  son  vi- 
sage. «  Ses  yeux  étaient,  ait-Q,deeM- 
leur  \ierstiy  vifs  et  étincelants  à  mer- 
veille ;  mais  dans  la  suite,  la  couleor 
de  son  visage  les  rendit  terriUes  i 
voir;  car,  lorsqu'il  avança  en  Igt, 
il  devint  couperose  et  parsemé  le  tt- 
clies  blanches  ;  pour  quoi  un  faiocv 
d'Âthcnes  le  compara  à  une  mûre  san- 

Soudrée  de  farine.  »  La  gnerrcciTile 
e  Sylla  forme  une  des  parties  ks 
plus  mtcre&santes  des  histoires  d'Ap- 
pien.  I^e  président  de  Brosses  a  doâ- 
né  une  notice  trcs-étenduesur€epe^ 
sonnagp.On  a  de  M.  de  Jouy  une  tra- 
gédie intitulée  Sylla,  repréfcnlK 
avec  succès  au  Théâtre  -  Français , 
en  i8a3.  Il  existe  plusieurs  médail- 
les de  Sylla ,  et  son  buste  oniait  le 
palais  fiarberin. — Sylla  (  Faustss 
Cornélius  ) ,  fils  du  précédait  et  de 
Metella ,  né  Tan  de  Rome  670 ,  em- 
brassa le  parti  de  Pompée  et  oob- 
battit  à  Pharsale.  Après  celte  |oB^ 
née,  il  se  joignit  à  Caton  d'Utique. 
Fait  prisonnier  à  la  bataille  de  Tbap- 
sus,  il  fut  mis  k  mort  par  ordre  de 
César,  qui  aurait  dû  se  rappeler b 
clémence  dont  le  père  de  Favtns 
avait  usé  enverslui(andeRome7o6}. 
—  Sylla  (  Ptd)lius-Gonidm8  ) ,  fik 


1 


SYL 

Scrvius  Sylla ,  frère  du  dic- 
fut  questeur  dans  le  temps  de 
latioii  de  son  oncle  ^  et  par- 
rec  avidité'  à  sa  tyrannie  ^  ce 
mdit  odieux  au  peuple.  Il  se 
les  ranes  pour  le  consulat 
tronius,  Tan  688.  Tous  deux 
lus;  mais  convaincus  d'avoir 
cette  magistrature  par  cor- 
jde  suffrages,  ils  en  furent 
es.  Outre'  de  cette  disgrâce , 
Sylla  entra  avec  Autronius 
iremicre  conspiration  de  Câ- 
pres la  seconde  conjuration^ 
la  sous  le  consulat  de  ,Cicé- 
t  accusé  d'avoir  trempe  dans 
colbplots  :  il  eut  pour  défen- 
«rteusius ,  qui  parla  en  sa  fa- 
sujet  du  premier,  et  Cice'ron, 
•prit  sa  aëfense  sur  le  second 
ccusation.  Sylla  fut  absous  ; 
:e-Live ,  Suc'tone ,  Flonis  et 
ne  le  comptent  pas  moins  au 
des  conjurés.  Au  reste,  Cicé- 
le  défendit  avec  tant  de  suc- 
éloquence  au  Larreau,  parle 
rec  assez  peu  d'estime  dans 
>pondancc.  On  reconnaît  mê- 
tement  que  l'opinion  qu'il 
îllement  de  Sylla  était  défa- 
,  quand  une  considération 
ère  ne  le  forçait  pas  à  poirier 
ut.  Sylla  embrassa  le  parti 
',et  se  signala  dans  les  guér- 
is :  il  aurait  pu  même,  dans 
ision  011  il  commandait  en 
Itre  fin  à  la  guerre  par  l'en- 
faite  du  parti  ennemi ,  s'il 
s  cm  devoir  en  réserver 
r  à  sou  général.  Il  montra 
1  d'avidité  à  profiter  des  dé- 
des  vaincus,  après  le  triom- 
'.csar.  Il  fut  marié  à  Cœcilia  , 
>  Memmius^dout  il  laissa  un 
lounit  en  708.  On  possède 
le  médaille  ,  dont  le  type  est 
>ire  sur  un  char  à  dcuxcbe- 

XLIV. 


SYL 


Sai 


vaux;  au  revers  est  la  tête  de  Rome. 
— Servius Cornélius  Sylla  ,  frère  du 
précédent,  trempa  dans  la  conjura- 
tion de  Catilina ,  et  fut  condamné 
comme  son  complice. —  On  vit,  l'an 
749,  un  Lucius-Comelius  Sylla,  con- 
sul avec  Au^te.  Un  autre  monbre 
de  cette  famille  fut  chasse  du  sénat 
en  770 ,  par  Tibère,  pour  s'être  rui- 
né par  ses  prodigalités  et  ses  de1>au- 
ches.  Ce  n'est  pas  le  même  que  L. 
Corn.  Sylla,  qm  fut consid l'an  784, 
sous  le  même  empereur.  —  Corne- 
lins  -  Faustus  Sylla  épousa ,  Tan 
8o5  de  Rome,  Antonia,  fille  de  l'em- 
pereur Claude.  Malgré  sa  nullité  mo- 
rale, il  devint  suspect  à  Néron,  qui 
s'imaginait  que  cette  stupidité  trop 
réelle  n'étaitqu'un  dehors  affectépour 
cacher  des  vues  ambitieuses.  L'an 
806 ,  Pallas  et  Burrhus  furent  accu- 
sés d'avoir  voulu  faire  Sylla  empe- 
reur. Bien  que  rien  ne  fôt  moins 
fondé  que  cette  accusation ,  elle  don- 
nait trop  d'importance  à  Faustus 
pour  que  la  haine  du  tyran  n'eu  f3t 
pas  augmentée.  Un  misérable  af- 
franchi du  palais  impérial ,  nomme 
Graptus,  assuré  de  plaire  à  son  maî- 
tre ,  dénonça  Sylla  comme  ayant  at- 
tenté à  la  vie  de  Néron ,  à  la  ûiveur 
de  la  nuit  et  au  retour  d'une  partie 
de  débauche.  Cette  imputation  ne 
put  être  prouvée:  mais  1  accusé  n'en 
fut  pas  moins  exilé  à  Marseille  (  l'an 
de  Rome  809).  Son  éloignement  ne 
rassura  point  Néron,  qui  envoya  des 
sicaires  pour  l'assassiner;  et  Sylla 
fut  égorgé  comme  il  se  mettait  à  ta- 
ble ,  saus  qu'aucun  indice  l'eût  aver- 
ti du  danger  qu'il  courait  (  l'an 
de  Rome  81 5  ).  Sa  tête  fut  portée 
à  l'empereur,  qui,  l'examinant  avec 
uu  féroce  plaisir ,  se  moqua  de  ce 
que  Sylla  était  devenu  chauve  avant 
l'â^e.  En  lui  finit  la  postérité  du 
vamqueur  de  Mithridate.  D — r — r. 


ai 


52'i  SYL 

SYLVA,  r.  SiLVA.' 

SYLVKSniK  (Saint),  cl n  pape 
\c'x\  janvier  3i4,  elail  roinaiu  de 
naissance,  et  succéda  à  saint  Miltia- 
de.  II  avait  ete'  ordonne iirêlre  parle 
pai>e  saint  Marcelîi».  (ÎVst  tout  ce 
que  Ton  sait  de  sa  famille  et  de  sa 
vie  avant  son  élévation.  Lepontilicat 
de  saint  Sylvestre  eût  dû  être  heureux 
et  tranrpiille ,  nuis({ue  Constantin 
avciil  fait  cesser  les  persécutions,  et 
protégeait  la  relij^iou  clirélienne  de 
tonte  son  autorité,  en  même  temps 
rpi'il  Tenricliissait  par  la  magni(i- 
t^nce  de  ses  dons  ;  niais  les  Douatis- 
tes  t ronflèrent  de  nouveau  la  pai\  de 
rÉj;lise.  Mécontents  de  la  décision  du 
concJledc  Rome,  que  saint  Miltiadc 
avait  présidé,  ils  en  lirenl  convoquer 
un  autre  dans  A  ries,  oiiiUréilérorent 
Icins  accusations  contre  Ceci  lien.  St. 
Sylvestre  fut  représenté  dans  ce  con- 
cile par  ses  léç;ats.  Cécilicu  fut  de 
nouveau  justili(i;  mais  les  jiersécu- 
tions  des  Donatistes  de^  aient  encore 
se  prolonj^cr  long-temps ,  ainsi  qu'on 
Y^ciii  le  voir  dans  les  articles  Clci- 
LiKN,  Constantin,  Donat  ,  saint 
AiTfiusTiN  ,  etc.  Ce  fut  aussi  sous  le 
pontificat  de  saint  Sylvestre  qu'éclata 
l'hérésie  d'Arius,  et  que  Constantin 
convoqua ,  en  3'>-5 ,  h  Nicce  le  premier 
concile  n*cuménique  (  /'.  Constan- 
tin-le-(irand,  Aiuus,  saint  Atha- 
nase),  où  l'on  lixa  d'une  manière 
irrévocable  le  dogme  de  la  cousubs- 
tantialité  du  Verbe  ;  et  cette  décision 
solennelle  est  devenue  le  Symbole  ou 
profession  de  foi  (pii  se  répète  cliaque 
jour  dans  le  saint  Sacrifice.  On  v  éta- 
blit aussi  runiformité  de  la  ccre1)ra' 
tion  de  la  Pâque  pour  toutes  les  égli- 
ses de  rOrient  et  de  l'Occidi'iil ,  qui 
fut  indiquée  pour  le  dimanclie  après 
le  quatorzième  jour  de  la  lune  de 
mars.  Le  pape  envoya  des  légats  h 
ce  concile ,  ue  pouvant  y  assister ,  à 


' 


SYL 

cause  de  son  grand  âge.  Il  fut  rgak- 
ment  témoin  de  la  translation  4"  ^^ 
ge  de  l'empire  à  Byzance  (en  3a8]; 
et  ce  mémorable  événement,  qiii  éten- 
dit d'une  manière  si  glorieuse  l'empi- 
re de  la  vraie  religion,  fut  également 
l'ouvrage  du  grand  Constantin,  qui 
donna  son  nom  à  la  nouvelle  capitale 
du  monde  chrétien.  Quelques  amufcs 
auparavant  (en  3^1  )^  pendant  la 
séjour  de  trois  mois  que  ce  même  em- 
pereur fit  à  Rome  y  il  avait  témoigne 
une  estime  et  une  aficction  particu- 
lière à  saint  Sylvestre ,  en  omanl 
magnifîquemiiit   une  ^lise  que  le 
pontife  avait  fait  construire  dans  Ia 
maison  de  l'uu  de  ses  prêtres  ;  maison 
ne  voit  rien,  dans  l'histoire  contem- 
poraine^ de  cette  donation  de  Cons- 
tantin^ que  l'on  prétendit  depuisavoir 
été  faite  à  saint  Sylvestre ,  et  qui  de- 
vait  contenir  une  concession  formelk 
de  la  dignité  et  de  la  puissance  tem- 
])orelle.  Cet  acte  semble  ayoir  âc 
Ignoré  jusqu'au  huitième  siëde,  oùfl 
paraît  que  ce  fut  le  paiic  Adrien  l*'. 
(en-j-jj),  quiefl  parla  le  premier. Do 
moins  ^  dans  cet  iutervalle  ^  les  grands 
]iapes  qui  ont  fait  usage  de  leur  puis- 
sance et  de  leur  juridiction  spirituelle   i 
dans  toute  leur  plénitude ,  tels  ane 
saint  Léon  et  saint  Grégoire,  n'ont  ja- 
mais invoque  celte  donation  à  l'ap- 
j)ui  de  leur  autorité.  On  y  a  cru  ce-  - 
pendant  ;  et  non-seuicmeut  les  panes, 
mais  les  empereurs  eux-mêmes  (Voy. 
la  liCttre  de  l'empereur  Frédéric  à 
Adrien  IV,  en  iifSr)),  ainsi  qne 
d'autres  personnages  d'une  science 
éniinente,  tels  que  le  saint  abbé  de 
Clairvaux ,  la  citaient  comme  autliCBi 
ticjue.  On  commença  seulement,  an 
1  ■2"'*'.  siècle  à  élever  des  doutes  surce 
point  ;  V.  la  Chronique  de  Godcfiroi 
de  Vitcrbe,  et  l'IIist.  eccl.de  Fleury, 
tome  XV  y  page  47 H  ).  Dans  k  qàar 
7ièmc  et  le  seizième  silcles ,  dk  fut 


SYL 

examinée  avec  encore  plus  d'atteu- 
lioii  j  cl  Ton  en  a,  ditFlcury,  re- 
coiniu  entièrement  la  fausseté'.  Un 
des  arguments  les  plus  forts  avec  les- 
quels on  Ta  comballue  ,  c'est  qu'il  y 
est  dit  que  Constantin  fut  baptise  par 
le  pape  Sylvestre ,  étant  à  Rome,  tan- 
dis qu'il  est  avéré  par  Tbisluire  que 
ce  prince  ne  le  fut  qu'au  moment  de 
mourir ,  par Eusëbe, évcxjue  deNico- 
médie  ,\ille  aux  environs  de  laquelle 
il  se  préparait  à  la  guerre  contre  les 
Perses  (  P^o}\  Constantin  ,  IX  , 
473  ).  On  i)eut  voir ,  dans  f  abriciua 
(Bibl.  gr.y  tome  vi,  pag.  4)>  le 
texte  de  cette  donation  imaginaire 
et  l'indication  des  auteurs  qui  ont 
écrit  pour  ou  contre  son  authenti- 
cité. Un  des  plus  anciens  qui  en  aient 
parlé  est  Éuée  de  Paris ,  qui  vivait 
en  854-  On  peut  consulter  encore  J. 
Vogt ,  Historia  lit  ter  aria  Constan- 
tini  Magni^^aLs;.  ^^'5'2,  et  parmi 
les  écrivains  plus  modernes ,  le  célè- 
bre Muratori.  Les  actions  partiailiè- 
res  de  saint  Sylvestre  sont  restées 
ignorées.  11  mounit  l'an  335,  le  3i 
décembre  y  jour  auquel  on  honore 
sa  mémoire.  Il  avait  tenu  le  Saint- 
Sïéf^c  pendant  vingt  -  un  ans  et  onze 
mois.  Ce  fut  saint  Marc  qui  lui  suc  • 
céda*  D""~"S. 

SYLVESTRE  11 ,  pape,  succes- 
seur de  Grégoire  Y ,  fut  élu  le  9  fé- 
vrier 999,  Il  s'appelait  Gerbert,  était 
ne'  cil  Auvergne ,  et  avait  reçu ,  dans 
un  monastère  d'Àurillac ,  la  plus  sa- 
vante éducation.  Ses  talents  1  avaient 
fait  rechercher  par  l'empereur  Othon 
II  y  qui  lui  donna  l'abbaye  de  Bobio; 
et  ce  choix  eut  l'approbation  univer- 
selle. Après  la  mort  d^Othon  II I ,  Gcr* 
bert  revint  en  France,  où  il  se  plaça 
auprès  de  l'archevêque  de  Reims ,  et 
fut  donné  pour  instituteur  à  Robert^ 
(Us  de  Hugues  Capet.  L'archevêque^ 
nomjuc  Aruouly  ûls  naturel  da  roi 


SYL 


3i3 


Lotliaire,  après  avoir  été  comblé  des 
bienfaits  de  Hugues ,  le  trahit ,  eu  se 
jetant    dans   le  ^)arti   de  Charles , 
fut  déposé  ^  dans  un  concile  tenu  à 
Saint-Basile ,  près  Reims ,  après  avoir 
avoué  sa  félonie ,  et  Gerbert  fut  élu 
eu  sa  place.  Le  pape  Jean  XV  dé- 
sapprouva cette  déposition ,  et  força 
Hugues  à  tenir  un  autre  concile  ^  pour 
examiner  de  nouveau  cette  aflfaire , 
qui  ne  finit  que  sous  le  règne  suiTant. 
Quoi  qu'il  en  soit ,  Gerbert  se  pro* 
nonçaavec  beaucoup  de  chaleur  con- 
tre la  décision  de  Jean  XV.  Il  s'éleva 
contre  la  puissance  que  s'attribuait  le 
pontife  romain.  Il  dit qnele  jugement 
desévêquesest  le  jugemait  del3ieu,et 
queTévéque  de  Rome  qui  ^  étant  aver- 
ti, ne  s'y  soumet  pas,  doit  être  re- 
gardé comme  un  païen  et  un  publi- 
cain.  Tout  cela  n  empêcha  pomt  Ar- 
noul  d'être  rétabli  dans  son  siège, 
sous  Robert  ;  mais  Gerbert,  dépouillé 
à  son  tour  de  son  archevêché ,  s'était 
réfugié  auprès  de  l'empereur,  qui  lui 
avait  donné  le  siège  de  Ravenne. 
Après  la  mort  de  Grimoire  V ,  il  le 
iit  élever  au  Saint-Siège.  Il  y  déploya 
des  talents ,  des  lumières  ^  et  des  ver- 
tus surtout,  qui  étaient  rares  dans  ce 
siècle  d'ignorance   et  de  barbarie. 
Pendant  les  quatre  ans  et  quelques 
mob ,  que  dura  sou  pontificat ,  ilré- 
gla  toutes  les  affaires  avec  beaucoup 
de  sagesse.  Il  mourut  le  1 1  nuû  looo^ 
très-avancé  en  âge.  On  lui  a  rei)ro- 
ché  ime  extrême  sévérité  f  et  ce  re- 
proche n'est  pas  tout -à-fait  injuste , 
si  l'on  se  rappelle  la  violence  de  ses 
expressions   contre   Jean   XV.   T^e 
temps  l'avait  adouci  sans  doute  ;  et 
l'historien  ne  doit  lui  tenir  compte 
aujourd'hui  que  de  ses  grandes  qua- 
lités. Le  président  Hénaiilt  dit  que  l'on 
attribue  à  Gerbert  l'introduction  du 
chiffre  arabe  ou  indien ,  qu'il  avait 
bien  pu  tenir  des  Sarrasins ,  ^^^  d'^u^ 


31.. 


3j4 


SYL 


voyage  qu'il  fit  en  Espagne.  D'au- 
tres eu  fout  honneur  à  Tjc'onnrd  de 
Pise  (  Vtrjrez  Fibonacci  ).  Cepcn- 
iiant  ces  cliiflrcs,  sous  une  forme 
leu  diflërente  ,  étaient  connus  chez 
es  Romains  ;  Boccc  s'tn  servait 
dans  le  cinquième  siixle  j  trois  cents 
ans  avant  l'arrivée  des  Arabes  en 
Espagne.  Sans  doute  que  l'usage  s'en 
étant  conserve'  dansrOrient,  l'Euro- 


i; 


s 


e  les  oublia  jusqu'à  la  i-enaissance 
es  letti'cs  y  qu'on  les  retrouva  chez  les 
Arabes ,  auxquels  nous  en  attribuons 
l'invention.  Vojcz  là-dessus ,  dans  le 
tom.  XLViii  delà  Raccoltadi  opuscoli 
scientifici  et  Jilolo^ici  y  du  P.  Ca lo- 
gera, une  dissertation  très -curieuse. 
Ce  fut  aussi  Gerbert  qui  entreprit  la 
première  horloge ,  dans  laquelle,  on 
i65o,  on  substitua  le  pendule  au  ba- 
lancier. Sa  grande  science  le  faisait 
passer  pour  magicien.  Le  moine  Hu- 
gues l'appelle  Gerbert  le  philosophe. 
On  a  de  lui  cent  quarante- neuf  Épi- 
tres  ,  un  Discours  contre  la  simonie, 
quelques  opuscules  de  mathémati- 
ques ,  et'.  { Fqy.  JVIjbillon ,  jdnalcc- 
/a,  Il  ,  ai5.  ).  On  ouvrit  son  tom- 
lieaii  ,  en  i(v|8,  dans  la  basilique 
de  Latran.  11  était  revêtu  de  tous 
ses  urnements  pontificaux  et  parfai- 
tement conseivé^  mais  quand  on 
voulut  y  toucher ,  tout  tomba  en  pous- 
sière. Sylvestre  11  eut  pour  succes- 
seur Jean  XV IT.  D — s. 

SYLVESTRE  111 ,  anti-nape.  F. 
Benoit  IX  et  Grécoihk  VI. 

SYLVESTRE-(.0ZZ0L1N1 
(Saint),  fondateur  des  Sylvestrius 
eu  Italie^  naquit  l'an  1 1*^7  à  Osimo, 
dans  la  Marche  d'Ancone.  Avant 
étudie  le  droit  canon  «t  la  théologie 
à  Bologne  et  à  Padoue ,  il  fut  nommé 
chanoine  d'Osimo ,  et  il  s'acquitta  de 
sfis  fonctions  ecclésiastiques  avec  zèle 
et  édification  jusqu'à  1  âge  de  qua- 
rante ans  ;  mais  alors  la  pensée  de  la 


SYL 

mort  le  frappa  si  vivement ,  qui! 
prit  la  résolution  de  quitter  entK^^ 
ment  le  monde.  Il  se  retira  dans  im 
lieu  désert  ;»  et  quelques  persoimes 
pieuses  s'ctaut  réimies  à  lui ,  il  bidty 
en  l'iSi ,  le  monastère  de  Monté- 
Fano  dans  la  Marche  d'Ancone.  En 
f 'i48  9  'c  P^P^  Innocent IV  approuva 
le  nouvel  mstitut  y  auquel  son  fonda- 
teur n'avait  donne  d'autre  règle  que 
oeUe  de  saint  Benoît  dans  toute  la 
pureté.  L'ordre  des  Sylvestrins  se 
répandit  si  promptemeut  en  Italie, 
qu'il  comptaitdéj  à  vingt-cinqmaisons 
lorsqu'il  perdit  son  bienheureux  ins- 
tituteiir.  Saint  Sylvestre  mourut  le 
'26  novembre  xoXi'] ,  âgé  de  quatre- 
vingt-dix  ans.  Fqy.  sa  Vie  par  Fa- 
brini ,  quatrième  général  de  1  ordre, 
dans  le  Bresse  Chron.  délia  Congreg. 
deimotiachiSjrhesirini*     G — t. 

SYLVIUS  (  fiwEAS  ).   F.  Pie  H. 

SYLVIUS  (Jacques ).  Tqr.  Du 

BOIS. 

SYI.V1US  (  François)  ,  mëdecin 
allemand  ,   d'origine  française ,  et 
dont  le  nom  primitif  ëtait  Lebois, 
mais  ({ui  est  plus  fréquemment  ap- 
pelé DE  liE  BoK  ,  naquit  à  Hanau ,  m 
I  r>  1 4>  Après  avoir  termine  sesétndes 
«1  Lcyde ,  il  pratiqua  qndque  temps 
dans  sa  ville  natale,  puisa  Leydeet 
à  Amsterdam ,  futnomnie,  en  i658, 
professeur  à  l'université  de  Lcyde, 
et  y  mourut  le  i4  novembre  liyjX 
Sa  pratique  était  heureuse  :  il  tenait 
un  registre  très-exact  de  ses  obsenra- 
tions ,  mais  ne  faisait  aucun  cas  de 
la  scieuce  que  donnent  les  livres.  Il 
avait  souvent  recours  k  Fantopsie 
cadavérique  ,  trop  peu  pratiquée  de 
son  temps  ;  et  l'on  peut  le  regarder 
comme  l'un  des  créateurs  de  l'anate- 
mie  pathologique.    Il  fut  l'un  des 
premiers  à  rci)andre  sur  le  continent 
la  doctrine  d  Harvey  sur  la  drcnla- 
tion  du  sang.  On  lui  doit  ausH  ^mI- 


SYL 

cfcouvertcs  anatouuqucs ,  telles 
;tlc  de  Tos  lenticulaire  de  la 
du  tympan  :  personne  n'avait 
;  aussi  bien  montre  les  diffë- 
.  que  présentent  les  tubercules 
ijumeauxdans  l'homme  et  chez 
imaux  ;  car  pour  mieux  obser- 
cerreau ,  il  en  avait  fait  des 
s  transversales ,  et  l'on  voit 
l'avait  point  néglige'  Tanatomie 
irëc.  La  beauté'  de  sa  figure , 
iliteà  s'exprimer  avec  élégance, 
ient  à  ses  leçons  une  fouie  d'au- 
s  :  il  ne  [)ut  résister  au  désir 
venir  chef  de  secte ,  en  intro- 
ït daas  renseignement  médical 
ouvelle  doctrine  que  l'on  peut 
zr  chimiatriijuc.  Enchérissant 
;s  dogmes  de  Paracclse  et  de 
lelmont ,  et  les  appliquant  ar- 
rementà  l'appréciation  des phé- 
jcs  morbides,  il  ne  voyait  dans 
lides  du  corps  humain  t}ue  des 
\  et  des  alcalis  ;  dans  les  solides 

appareil  distillatoire ,  dans 
iltérations  humorales  qu'une 
f  y  qui  était  la  cause  générale 
ites  les  maladies.  Cette  théorie, 
rd  combattue  par  Gui  Patin, 
:  avec  finesse,  tantôt  avec  em- 
mcnt ,  a  long-temps  exercé  une 
îureuse  influence  dans  l'ensei- 
ent  public.  Elle  a  iini  parfaire 
ausystème  deSlahl,  reuverséà 
•ur  par  les  doctrines  plus  moder- 
Les  ouvrages  de  Sylvius^  tous 

en  latin  ,  et  dont  quelques-uns 
traduits   eu  anglais  et  en  aile- 

,  ont  été  recueillis  sons  le  titre 
iTfl ommVi,  Amsterdam  ,  1O79, 
;(fcnc've,  \']Z\  ;  Venise,  1708, 
,  in-fol.  Parmi  les  éditions  de 
qui  avaient  paru  séparément, 
indiquerons  :  I.  De  motu  ani- 
e jusque  lœsione  ,  Leytle ,  1 03^, 
.11.  Defcbribus^  ibid. ,  i()Gi, 

III.  Visputationum  medica- 


SYM 


"3^5 


rum  decas  ,  Amsterdam  ,  i663 , 
in- 16.  lY.  Opuseida  varia  y  Lejde , 
1 6O4 ,  in-i  1,  Y.  CoUegium  medico^ 
practicwn ,  Francfort ,  1 G64  ^  in- 1  a. 
YI.  Praxeos  medicœ  ideanova ,  en 
3  parties ,  Amsterdam ,  1 674 ,  m- 1 1». 
Son  bizarre  système  y  est  exposé  fort 
méthodiquement ,  par. des  divisions 
et  des  subdivisions  à  l'infini.  YII. 
De  Inflammationc ,  Leyde  ,  1671 , 
in-4^.  Cent- cinquante  histoires  de 
maladies,  observées  sous  sa  direc- 
ton ,  ont  été  publiées  par  Joach.  MeF- 
cklin  f  sous  le  titre  de  Casus  médi- 
cinales y  et  plusieurs  de  ses  autopsies 
cadavériques  sont  insérées  dans  les 
Éphémérides  des  Curieux  de  la  na^- 
ture ,  années  v  et  vi.  Son  oraison  fu- 
nèbre par  Luc  Schacht ,  Leyde  , 
1 6n3 ,  in-4"- ,  a  été  réimprimée  dans 
la  Éiblioth.  script .  medic.  de  Manget , 
tome  II,  ii^'.  partie,  page  338,  et 
dans  la  collection  de  ses  QEuvres.  Z. 
SYMEONl  (  Gabriel  ).    Fqy. 

SlMÉONI. 

SYMES  (Michel),  militaire  et 
voyageur  auglab ,  embrassa  de  bon- 
ne heure  la  profession  des  armes, 
servit  dans  l'Inde,  et  parvmt  au  gra- 
de de  major.  En  179^,  sir  John 
Shore,  gouverneur-général  des  éta- 
blissements anglais  dans  cette  con- 
trée ,  jeta  les  yeux  sur  lui  pour  l'en- 
voyer en  ambassade  à  la  cour  du  roi 
des  Birmans ,  avec  iesquds  il  s'était 
élevé  des  difficultés  pour  une  viola- 
tion de  limites.  Symes  partit  de  Cal- 
cutta le  ai  février;  le  navire  toucha 
aux  îles  Andaman  :  on  y  passa  cinq 
jours;  le  18  mars  on  était  devant 
une  des  bouches  de  l'Iraouaddy  : 
bientôt  on  remonta  ce  fleuve  jusqu'à 
Rangoun.  En  attendant  la  permis- 
sion de  continuer  son  voyage  à  la  ville 
principale  de  l'empire ,  Symes  alla 
visiter  Pegou ,  capitale  d'un  royaume 
autrefois  mdépendant^  mais  depuis 


3'i6 


SYM 


subjugue  par  les  Birmans.  Le  36 
avril,  il  quitta  cette  yille  et  revint  à 
Rangouu;  quelques  jours  après,  il 
reçut  l'autorisation  de  poursuivre  sa 
route  vers  Amerapoura,  résidence 
du  monarque  birman ,  et  située  sur 
riraouaddy.  Il  s'embarqua ,  le  29 
mai,  sur  ce  fleuve;  le  18  juillet  il  en- 
tra dans  la  capitale ,  011  il  fut  reçu 
avec  les  plus  grands  ëgards;  mais  ou 
lui  conseilla  en  même  temps  de  ne 
pas  trop  s'e'carlcr  de  sa  demeure , 
avant  d'avoir  obtenu  audience  du 
souverain.  Ce  prince  était  alors  ab- 
sent. Apres  son  retour,  lorsque  le  jour 
heureux  eut  été'  fixé  par  les  astrolo- 
gues de  la  cour ,  Sjmes  et  les  autres 
Anglais  furent  conduits  en  grande 
pompe  au  palais  ^  le  3o  août.  L'em- 
pereur ne  se  montra  pas  dans  celle 
occasion.  Ce  ne  fut  qu  un  mois  après 
(le  3o  septembre)^  que,  dans  une 
seconde  audience  solennelle  ^  il  panit 
im  instant  au  fond  d'une  niche  ma- 
guifiquc  ,  fermée  par  des  volets  qui 
s'ouvrirent  pour  le  laisser  voir ,  vêtu 
avec  un  faste  éblouissant.  Il  ne  dit 
pas  un  mot  aux  Anglais.  Néanmoins 
Symes  eut  lieu  d'être  satisfait  de  son 
ambassade  ;  et   malgré   les  tracas- 
series que  les  ministres  birmans  lui 
avaient  suscitées  ^  il  couciut  un  trai- 
té avantageux  pour  le  commerce  de 
ses  compatriotes.  Le  a 9  octobre,  il 
quitta  la  capitale;  le  17  uovembic  il 
fut  de  retour  à  Rangouu ,  et  le  22  dé- 
cembre à  Calcutta.  L'année  suivante, 
le  gouvernement  du  Bengale  envoya 
vers  l'empereur  des  Birmans  une  se- 
conde ambassade,  dont  le  cipitaine 
Hiram  Cox  fut  le  chef.  Celui-ci  fut 
moins  content  delà  cour  d'Amerapou- 
raqne  Symes  ne  l'avait  clé;  car  les 
intrigues  des  principaux  oibciersde  la 
cour  ,  aidés  de  l'ascendant  d'une  des 
femmes  du  monarque,  rem])cchèn*nt 
d'obtenir  phisieurs  choses  qu'il  solii* 


STM 

citait.  Après  qu'il  fut  revenn  à  Cal- 
nitta  j  CD  novembre  1797  ,  k  goo- 
Temeur-général  fit  de  nouveau  partir 
Symes  y  qui ,  dans  cette  seconde  o^ 
casion ,  réussit  à  se  faire  accorder  ce 
qu'il  demandait.  Il  Tint  ensuite  a 
Europe,  où  il  publia  la  relation  de  sa 
première  ambassade.  Il  avait^cn  ré- 
com])ensede  ses  services  ^  cV  nom- 
mé lieutenant-colonel  du  soixant^ 
seizième  régiment  de  ligne.  Ayant  èé 
envoyé  en  Es|)agne  en  1808 ,  les  & 
tigues  qu'il  éprouva  le  forc^tnt  de 
s'embarquer  à  la  Gorogne  pollrr^ 
toumcr  dans  sa  patrie:  il  ne  put  y 
arriver;  la  mort  le  surprit  dans  ta 
traversée,  le  22  janvier  1809. Sm 
corps  fut  apporté  en  Andeterre ,  cC 
enterré  le  3  février  k  Rodiester.i  Oé 
a  de  Symes  y  en  anglais:  Rdatkm 
de  l* ambassade  anglaise  ^  envn/ée 
en  179.5  ,  dans  le  rqjrattme  d^À9^ 
Londres,  jSoo,  in-4°«9  <>v  3  vol. 
in-S». ,  avec  27  pi.;  traduit  en  fr»- 
çais  par  Chistera ,  Paris ,  1 800 , 5 voL 
iu  8».  y  avec  un  atlas;  en  allenuiid, 
par  Hager,  Hamboui^ ,  1 801 ,  îii-H^« , 
ligures.  L'empire  des  Birmans,  qoî 
comprend  les  anciens  royaumes  d  A- 
racan ,  d'Ava  et  de  Pegon  •  n'était 
connu  que  par  un  petit  nomhic  de 
l'eu  tiens  succinctes ,  telles  que  odio 
de  Fitch,  Methold^  Percoto  et  an- 
tres ,  la  plupart  insérées  dans  des  re- 
cueils de  voyages.  S^rmesa  fort  ha- 
bilement rempli  le  vide  qui  existait 
Son  livre  oflre  un  abrégé  ae  l'histoire 
du  pays  et  du  peuple  ;  ime  descrip- 
tion des  mœurs  y  oes  usages  des  ha- 
bitants, de  bonnes  observations  sur 
lair  langue  et  sur  leur  rdigiou«  Cet 
ouvrage  obtint  un  accueil  iavoraUe, 
qu'il  méritait  sous  tous  les  rapporli. 
Le  tableau  des  coutumes^  de  la  lé- 
gislation ,  des  richesses  et  du  com- 
merce d'une  nation  nombreuse^  dbî^ 
santé  et  bcUiqiicuse,  et  qui  ocpaunt 


SiTM 

clait  restée  jusqu'alors  prcsqu'i- 
gnorce  de  l'Europe ,  quoimi'cUe  cul 
conquis  une  grande  partie  de  la  vas- 
te péninsule  qui  sépare  le  golfe  du 
Bengale  de  la  mer  de  Chine  ^  intéres- 
sa généralement,  et  d'autaut  plus, 
qu'il  était  fait  avec  talent.  Sjmes  fut 
aidé  dans  ses  travaux  par  Thomas 
Wood ,  ingénieur  ,  qui  s  occupa  des 
observations  asti'onomiqurs  ,  et  par 
le  docteur  Buchanan  j  qui  (it  des  re- 
cherches spéciales  sur  la  langue  et 
la  religion  des  Birmans ,  recherches 

3u'âl  a  insérées  dans  le  vi«  volume 
es  Asiatick  Researches.  Dalrym- 
ple  dressa  la  carte  d'après  les  maté- 
riaux que  Wood  et  Buchanan   lui 
fournirent:  ils  en  tenaient  une  partie 
des  naturels  du  pays.  I^e  caractère 
aimable  et  conciliant  de  Symes  lui 
avait  gagné  la   confiance  des   Bir- 
mans; sa  pénétration,  ses  connais- 
sances ^  son  esprit  judicieux,  l'aidè- 
rent à  faire  un  bon  emploi  des  ren- 
seignements qu'il  avait  recueillis.  La 
traduction  française  est  exacte.  La 
reLition  de  Symes  a ,  pour  ainsi  dire, 
acquis  un  nouveau  prix  depuis  que 
les  Anglais   sont  engagés  avec  les 
Birmans  dans  une  guerre  qui  n'est 
pas  encore  terminée.  Les  mêmes  cir- 
constances ont  motivé  la  traduction 
en  français  ,  de  la  Relation  d'H. 
Cox ,  Paris  y  1 825 ,  2  vol,  in-8" ,  qui 
n'avait  été  publiée  en    Angleterre 
qu'en  1817 ,  près  de  vingt  ans  après 
la  mort  de  sou  autcm*.  Cox  porte  sur 
les  Birmans  un  jugement  moins  fa- 
vorable que  celui  de  Symes  j  peut- 
être  cette  di  (Ter  en  ce  dans  la  maniè- 
re de  voir  le  même    objet    tient-elle 
à  ce  que  ce  dernier  réussit ,   taudis 
que  l'autre  échoua  dans  sa  mission. 

E s. 

SYMMAQUE  (  Celius  ),  élu  pape, 
le  2'i  novembre  49^  ,  successeur 
d'Auastase  II,  était   originaire  de 


SYM   .  327 

Sardaigne  ,    et  diacre   de   l'église 
romaine.  Sa  nomination  eut  l'aveu- 
timent  du  plus  grand  nombre  ;  mais 
le  patrice  Festus,  qui  voulait  faire 
souscrire  l'Hénotique  de  Zenon,  c'est- 
à-dire  y  l'édit  d'union  Acs  Catholi- 
ques et  des  Eutychiens ,  gagna  plu- 
sieurs suffrages  à  prix  d  argent ,  et 
(it  élire  l'archi-pretre  Ijaureut ,  qui 
fut  consacré  dans  l'église  de  Sainte- 
Marie  ,  en  même  temps  que  Symma- 
que  l'était  dans  la  basilique  de  Cons- 
tantin. Cette  double  élection  causa 
un  schisme ,  dans  lequel  on  prit  pour 
arbitre  le  roi  des  Goths ,  The'odorrc , 
tout  Arien  qu'il  était.  Il  décida  que 
cehii-là  serait  conservé,  qui  avait  été 
élu  le  premier ,  et  par  le  plus  grand 
nombre.  A  ces  conditions^  Symma- 
que  fut  reconnu  pour  le  pape  légi- 
time ;  Laurent  céoa  sans  résLstauce, 
et  devint  ensuite  évêque  de  Nocera. 
Un  concile  tenu  à  Rome ,  au  mois  da 
mars  490  9  rendit  des  décrets  contre 
les  élections  faites  au  moyen  d'intri- 
gues ou  de  violence  ,  et  statua  même 
aes  i-écompenses  pour  ceux  qui  dé- 
couvriraient les  auteurs  de  ces  cou- 
Sables  manœuvres.  Bientôt  a  près,  les 
ivisions  se  renouvelèrent  à  l'insti- 
gation de  Fcstus  etdeProbus,  qui 
rappelèrent  en  secret  T>aurent ,  accu- 
sèrent le  pape  Symmaque  de  crimes 
horribles  (  entre  autres  d'adultère  ) , 
et  subornèrent  de  faux  témoins  qu'ils 
envoyèrent  à  ttavenne  devant  Théo- 
doric.  11  fallut  donc  avoir  recours  à 
un  autre  concile  pour  juger  le  pape; 
il  fut  convoqué  en  5oi  ,  et  prit  le 
nom  de  concile  de  Palma ,  du  lieu  où 
il  se  tmt.  Le  roi  des  Gotlis  vint  à  Rome, 

fiour  y  maintenir ,  par  sa  présence , 
'ordre  et  la  tranquillité.  Plusieurs  dif- 
ficultés s'élevaient  contre  cette  forme 
judiciaire.  La  première  était  xle  sa- 
voir si  un  autre  que  le  pape  avait  le 
droit  de -convoquer  un  concile.  Cette 


SaS 


SYM 


.V. 


question  ne  fut  point  dâuttue,  parce 
que  Symmaque  déclara  qu'il  faisait 
lui-mânela  convocation.  Il  s'agissait 
encore  de  savoir  si  on  entendrait  les 
esclaves  du  pape  en  témoignage  con- 
tre leur  maître;  proposition  mons- 
trueuse, rcpoussde  par  toutes  les  lois. 
Enfin  ,  lorsque  le  pape  se  mit  en 
marche  pour  venir  se  dcffendre  de- 
vant rassemblée ,  une  troupe  de  se'- 
ditieux  l'accabla  d'une  grcle  de  pier- 
res y  lui  et  son  escorte  :  il  courut  le 
plus  grand  danger ,  et  y  aurait  péri , 
si  les  officiers  du  roi  n'eussent  re- 
pousse' les  assaillants.  Les  cvéques 
composant  le  concile ,  au  nombre  de 
soixante-seize ,  indignes  de  tous  ces 
excès,  se  hâtèrent  de  prononcer  l'ab- 
solution de  Symmaque ,  et  de  sortir 
d'une  ville  ,  où  leur  vie  e'tait  en  dan- 
ger, lia  forme  dans  laquelle  ce  juge- 
ment fut  ])ruuonce  est  remarquable  j 
les  cveques  dirent  :  «  Nous  déclarons 
»  le  pape  Symmaque  ,  déchargé, 
»  quant  aux  hommes,  des  accusa- 
»  tioiis  iiiteutées  contre  lui ,  laissant 
»  le  tout  an  jugement  de  Dieu.  Nous 
»  lui  rendons ,  eu  vertu  des  ordres  du 
»  prince ,  qui  nous  en  donne  le  pou- 
»  voir  y  tout  ce  qui  lui  appartient  au 
»  dehors  et  au  dedans  de  l'Église  ; 
»  nous  exhortons  les  fidèles  à  refuser 
»  la  communion  de  Symmaaue. 
»  Quant  aux  clercs, qui  ont  contriDue' 
»  au  schisme  ,  ils  rentreront  dans 
»  leurs  fonctions  après  avoir  obteim 
»  leur  pardon.  »  Celte  sentence  n'ob- 
tint pas  une  approbation  universelle. 
L'cvêqiie  de  Vienne  ,  saint  Avit , 
pensait  que  le  pape  n'avait  pas  pu 
être  juge'  par  les  cveques  ses  infé- 
rieurs ,  et  blâmait  ceux  du  concile 
de  Palme  de  s'être  charges  un  peu 
légèrement  de  cette  aflaire.  11  con- 
jurait le  sénat  de  ne  pas  donner  un 
aussi  mauvais  exemple.  Ces  discus- 
sions occasionncren:  luuiouveau  cun- 


sm 

ciky  tenaiBonecnSoS»  obSj»» 
ma^  chaïf^  Ënnodiu  de  son  apo- 
logie. La  question  de  droit ,  c*ert4* 
dire  de  l'incompëtence  du  condk  dt 
Palme,  fut  écartée  par  le  comcme- 
ment  ae  Symmaque  lui-même ,  ^ 
s'était,  par  le  fait,  soumis  à  ses  lo- 
ges. Ainsi  y  le  jugement  d'alMohitMii 
subsista  dans  toute  sa  force.  Les  éré* 

3ues  demandaient  que  les  aecnsateurs 
e  Symmaque  et  des  actes  du  con- 
cile fussent  condamnés.  L'em^CRur 
Anastase  s'était  plaint  d*avoir.  els' 
excommunié  par  le  pape,  qu'il  aocn* 
sa  à  son  tour  d'être  manichéen.  Sym- 
maque n'eut  pas  de  peine  à  se  justi- 
fier sur  ce  second  pomt^  mais  insista 
sur  le  premier  avec  fermeté ,  en  fai- 
sant observer  à  l'empereur  que  ce 
n^éuit  pas  lui  oui  avait  été  ezcoB- 
munié  principalement,  mais  Acace, 
dont  il  s'était  déclaré  le  protecteur, 
et  que  s'il  voulait  Tahandonner  , 
l'excommunication  tomberait  d'dfe- 
mcme.  Anastase  n'en  persécuta  pas 
moins  les  cveques  qui  refusaient  de 
souscrire  l'Hénotique ,  et  ces  pcrs^ 
cutés  trouvèrent  un  refuge  anprfcs  de 
Symmaque.  Le  pape  ne  cessa  îos- 

3u'à  la  fin  de  poursuivre  les  hmàm 
e  Nestorhis  et  d'Eutychës.  Les  érê- 
ques  orientaux  communiquaient  avec 
ces  hérésiarques  ;  mais  ils  écrinreat 
à  Symmaque  qu'ils  persistaient  nëan- 
moms  dans  leur  attachement  à  la 
cour  de  Rome  et  aux  principes  du 
concile  de  Calcédoine.  On  a  con- 
servé la  réponse  de  Symmaque  (dn 
8  octobre  5isi),  qui  exhorte  ces  évA- 
ques  à  êtrefermesoansleurfoi^maû  à 
condamner  hautement  tous  les  secta- 
teurs de  la  doctrine  contraire  ^  c'est- 
à-dire  ,  Ëutychès ,  Dioscore  y  Ti- 
molhée,  lierre  et  Acace  ,  en  leur 
faisant  entendre  qu'une  improbation 
tacite  ne  suffisait  ])as  pour  mériter 
une  communion  parfaite  avec  l'Église 


STH 

ie«  Saint  Gësaire ,  évècpie 
vint  à  Rome,  en  5i3 ,  pour 

les  droits  ae  son  Église , 
les  des  rëgleoients  faits  par 
m.  Sjmmaque  lui  accorda 
tides  j  ainsi  qu*il  paraît  par 
!  du  1 1  juillet  5 14.  Peu  de 
rës,  c'est-à-dire  le  19  du 
ois ,  ce  vertueux  pape  mou- 
rès  avoir  occupé  le  Saint- 
idant  quinze  ans  et  près  de 
is.  Il  eut  pour  successeur 
as,  D — s. 

IAQUE  {Quintvs'Auke- 
^ijNUs  Symmachvs  ) ,  est 
ns  la  littérature  par  dix  li- 
ettres  écrites  en  latin,  et  dans 
,  par  ses  efforts  pour  soute- 
ienne  religion  de  Rome.  Il 
lu  sein  de  cette  ville  ,  on  ne 
en  quelle  année ,  mais  avant 
du  quatrième  siècle  de  l'ère 

Son  père ,  Lucius-Avianus- 
bus,  préfet  de  Rome  en  364, 
fait  élever  avec  un  grand 
[nmaque  étudia  la  rhétorique 
laître  gaulois ,  qu'il  qualifie 
!im  Garundœ  (  Garumnx  ) 
(  1.  IX ,  ep.  86  ).  On  a  con- 
I  qu'il  avait  passé  quelques 
e  sa  jeunesse  à  Bordeaux  et 
it  suivi  les  leçons  d'Ausone 
II ,  89)  'j  mais  il  n'en  est 
oe  mention  dans  les  Lettres 
I  par  Symmaque  à  Auso^ 
ême;  et  il  est  plus  pro- 
e ,  sans  sortir  de  Rome ,  il 
u  pour  maître  d'éloquence 
lutre Gaulois  d'un  âge  avan- 
lemple  le  rhéteur  Minervius, 
t  une  école  dans  cette  ville 

ou  36o ,  et  qui  était  né  à 
L.  Les  talents  et  l'éducation 
laque  lui  ouvrirent  de  bonne 

carrière  des  fonctions  pu- 
il  avait  été  déjà  questeur, 
t  pontife  y  lorsqu'il  devint , 


STM  519 

en  368,  intendant  delà  Lucanieet 
du  pays  des  Brutiens  j  au  fond  de 
l'Italie  méridionale.  Eu  370,  il  était 

Sroconsul  en  Afrique  :  les  habitants 
e  cette  province  lui  érigèrent  une 
statue*  Rentré  dans  la  capitale  de 
l'empire ,  il  se  mit  à  la  tête  du  parti 
qui  s'efforçait  de  relever  le  paganis- 
me. Une  famine,  causée  par  une 
longue  sécheresse  et  par  l'impré- 
voyance des  administrateurs,  affli- 
gea Rome  en  383  :  on  ne  manqua 
point  d'imputer  cette  calamité  au 
renversement  des  anciens  autels,  ar- 
tifice ignoble  et  grossier ,  mais  re- 
doutable. L'empereur  Gratien  périt 
au  mois  d'août  ae  cette  même  année  : 
il  avait  fait  enlever  du  lieu  des  séan- 
ces du  sénat  un  autel  de  la  Victoire , 
renversé  jadis  par  Constantin ,  mais 
rétabli  par  Julien  et  maintenu  sous 
Valentinien.  £n  vain  Symmaque  , 
au  nom  d'une  grande  partie  des  sé- 
nateurs ,  avait  redemandé  cet  autd  : 
une  protestation  des  sénateurs  chré- 
tiens contre  cette  démarche  avait  été 
envoyée  par  le  pape  Damase  à  saint 
Ambroise  ,  et  présentée  par  celui-ci 
à  Gratien  y  qui  refusa  d'écouter  Sym- 
maque. Cependant  ce  zélé  défenseur 
de  ridolâtrie  païenne  obtint,  en  384, 
la  fonction  de  préfet  de  Rome  :  en  cette 
qualité ,  et  de  la  part  de  tout  le  sénat, 
disait-il^ il  rédigea^  sous  la  forme  de 
rapport ,  une  nouvelle  requête  qui , 
adressée  aux  princes  Valentinien  II, 
Théodose  et  Arcade, ne  fut,  en  effet, 
présentée  qu'au  premier  ;  elle  sub- 
siste dans  le  dixième  livre  des  Lettres 
de  l'auteur;  et  c'est ,  de  tous  ses 
écrits ,  celui  qui  tient  le  plus  à  l'his- 
toire. Il  y  réclame  le  maintien  d'une 
religionqui  a  garanti  la  prospérité  de 
l'état  ;  le  rétablissement  d'un  autel , 
dont  le  nom  était  le  cage  des  triom- 
phes  du  peuple  romam.  Le  principal 
argument  est  celui  qui  sert  k  soutenir 


33o 


SYM 


tous  les  victtiL  usages  y  bons  ou  mau- 
vais ,  savoir  qu'il  faut  respecter  des 
traditions  consacrées  par  Tauloritë 
des  siècles  ,  et  ne  pas  s  écarter  d'une 
route  où  les  traces  de  tant  de  géné- 
rations demeurent    imprimées.    Le 
préfet  parle  aussi  des  mtércts  per- 
sonnels compromis  par  ces  cliange- 
ments  :  il  représente  la  banqueroute 
qui  se  fait  aux.  vestales  cl  aux  prêtres, 
non-seulement  comme  injuste ,  mais 
aussi  comme  téméraire  ;  car  ,  dit-il , 
les  biens  dont  ils  jouissaient  étaient 
moins  des  largesses  que  des  préser- 
vatifs ,  que  des  assurances  contre  les 
fléaux  publics  ;  et  il  en  donne  pour 
preuve  la  stéiilité  inouïe  qui  désole 
cl  va  dépeupler  l'empire  :  ce  sont  les 
sacrilèges    qui    ont    desséché    une 
terre  naturellement  féconde  :  Sacri- 
legio  armas  exaniit,  11  est  diiUcile 
que  l'esprit  de  Symmaque  fût  réelle- 
ment imbu  de  ces  idées  superstitieu- 
ses; néanmoins  il  les  exprime  avec 
l'accent  delà  persuasion  ,  et  il  y  joint 
d'ailleurs    des   considérations   d'un 
.   ordre  plus  élevé  :  il  y  demande  la  li- 
berté générale  des  opinions  et  des 
pratiques  religieuses,  a  Nous  contcni- 
»  pions,  s'écric-l-il,les  mêmes  astres: 
»  un  même  ciel  nous  environne ,  et 
»  nous  adorons  tous  le  même  Dieu  : 
»  qu'importent  les  chemins  divers  que 
1»  nous  prenons  en  cherchant  à  le 
»  bien  connaître?  c'est  à  lui  que  tous 
»  aboutissent.  »  Symmaque  ne  veut 
point  entamer  ces  disputes  ;  il  les 
laisse  aux  oisifs  ;  sedhœc  otiosorum 
disputatio  est  :  il  se  borne  à  reven- 
diquer, pour  l'ancien  culte,  des  droits 
égaux  à  ceux  dont  le  nouveau  jouit. 
C'est  même  l'antique    Rome    qu'il 
fait  intervenir   pour   adresser  aux 
princes  celte   supplication ,  dont  le 
style  ne  semble  pas  indigne  d'une 
telle    prosopopée.   Saint  Am])roisc 
(  ^.  Il ,  3a  ) ,  ayant  été  informé  de 


STM 

la  prësentation  de  cette  rcqi 

demanda  communication, 

une  réponse  cloauente.  Il  ré 

tout,  (l'une  manière  péremp 

arguments  tirés  de  la  vétust 

ganisme  et  de  la   famine 

mais  non  sans  exemple  ^  qi 

avait  éprouvée  en  3o3.  Va 

II  n'eut  donc  aucun  égard  i 

lion  de  Symmaque ,  qui  ne  n 

dit  Flécnier,  que  la  gloire 

assezbien  défendu  sa  mauvai 

ce  qui  donna  lieu  à  un  poî 

temps-là  (  Ennodius  ) ,  ne 

la  Victoii*e  était  une  déesse  b 

gle  ou  bien  ingrate ,  puisqu' 

abandonné  son  défeaseur. 

Synmiaque  eût  fait  professii 

lérance ,   et  n'eût  inséré  i 

rapport  aucune  expression  i 

au  christianisme  ,  on  l'ace 

voir  inquiété,  emprisonné 

des  chrétiens  et  même  des 

à  l'occasion  d'une  enquête  q 

été  chargé  de  faire  contre  cci 

raient  endommagé  les  mu 

ville  :  il  repoussa  cette  ir 

calomnieuse  par  le  tcmoi^ 

officiers  publics  ,  et  princi 

par  celui  du  pape  Dainase 

testa,  peu  avant  de  mourir , 

chrétien  n'avait  été  incarcé; 

traité  par  le  nrcfet.  Symm 

serv'a  cette  charge  jusqu'à 

rannée  384  y  ^^  même ,  sel 

ni, durant  lo^  deux  années 

Mais ,  en  388  ou  389 , 

encore ,  en  complimentant' 

de  recpiérir,  au  nom  du 

restauration  de  l'autel  de  la 

aflairc  à  laquelle  il  tenait 

obstination  trop  peu  digne 

me  éclairé.  Théodose  qui , 

ravant,  lui  avait  pardonn 

lions  avec  l'usurpateur  Ma 

digna  de  tant  d'opinîâtreU 

Irc  roralciir  dans  uu  d 


SYM 

à  une  grande  distance.  Toute- 
assiodorc  u'aUribiie  cette  dis- 
qu'au  ressentiment  que  Tbe'o- 
ODServait  des  éloges  prodigues 
ime  parSymmaque.  Quoiqu'il 
t ,  nous  le  voyons  rentre  en 
dès  391  *y  car  il  était  alors 
.  Nous  ignorons  en  quelle  an- 
mourul  ;  ce  fut  probablement 
:  cours  des  dix  premières  du  cin- 
B  siècle  :  on  peut ,  sans  assigner 
ilesprccises'de  savie,  la  plâ- 
tre 095  et  4 10'  lî  survécut 
1rs  années  à  Tbcodose  ,  et 
ployé  par  les  fils  de  cet  cm- 
•,  Honorius  et  Arcadius.  Il 
ui-méme  un  fils,  Quinlus-A- 
i  -  Memmius-Symmachus  ,  qui 
lit  aussi  les  lettres,  et  qui  exer- 
;bargc  de  préteur  en  3c)'j  ,  et 
).  Le  goût  de  la  littérature  était 
taire  dans  cette  famille  ^  car 
aque  ,  soit  justice,  soit  piété 
,  donne  de  maguiliques  éloges 
:rs  et  à  la  prose  de  son  propre 
qui ,  selon  quelques  savants , 
lit  bien  être  le  Syraraaqne 
des  livres  d'histoire  cités 
)mandès.  Quant  à  celui  auquel 
icle  est  consacré,  il  jouissait , 
ttres  nous  rapprennent ,  d'une 
grande  fortune  ;  il  possédait 
irs  propriétés  rurales  et  une 
iicque  ])récieuse.  C'était  sur- 
omme  orateur  qu'il  avait  ac- 
mé réputatiou  brillante.  Ses 
iporains  Macrobe  et  Ammien- 
llin  rendent  hommage  à  son 
nce  :  Ausone  et  Pmdence  le 
irent  a  Cicérou  ;  et  leur  lémoi 
est  d'autant  plus  remarquable 
ne  partageaient  point  ses  er- 
,  et  que  Prudence  (  Foy» 
VI ,  160  )  a  même  écrit  deux 
de  vers  pour  les  réfuter.  Dans 
rs  des  deux  siècles  suivants  , 
lien  Soa'ate ,  Gassiodore  et 


SYM  -53*1 

Boëce  ,  Tont  aussi  beauccnip  loue  : 
nous  ne  pouvons  juger  à  quel  point 
ces  éloges  étaient  mérités ,  puisque 
nous  n'avons  plus  ses  panégyriques 
de  Théodose  et  de  Maxime ,  ni  son 
Discours  sur  Vettius  Agorius,  ni  enfin 
aucune  de  ses  Harangues^II  ne  nous 
reste  de  lui  que  ses  Lettres ,  que  son  fils 
avait  recueillies  et  distribuées  en  dix 
livres.  Elles  sont  en  tout  au  nom- 
bre de  neuf-cent-soixante-cinq ,  dans 
les  éditions  complètes  ;  mais  plusieurs 
ne  sont  que  de  très -courts  billets. 
Parmi  les  cent- trente  personnages 
auxquels  sont  adressées  les  Épîtres  de 
Symmaque ,  on  distingue  son  père  et 
son  fils ,  detrx  ou  trois  de  ses  frères  ; 
les  empereurs  Constance ,  Gratien  , 
Valentmien  II,  Théodose,  Arcadius  et 
Honorius  ;  le  poète  grec  Andronicus , 
le  poète  latin  Ausone,  et  un  Am- 
broise  qui ,  selon  Tillemont ,  n'est 
autre  que  le  saint  évêque  de  Milan. 
Quoique  cette  identité  ne  soit  pasrir 
goureusement  établie  par  le  contenu 
de  ces  lettres ,  Tillemont  pense  que 
saint  Ambroisc  et  Symmaque  ont  été 
long-temps  amis ,  et  même  qu'ils 
étaient  parents.  En  général,  toutes 
ces  Épîtres  portent  l'empreinte  d'une 
ame  douce  et  bienveillante  et  d'un 
esprit  exercé  à-la-fois  par  des  études 
littéraires  y  et  par  l'habitude  des  af- 
faires publiques  :  le  style  en  est  moins 
élégant,  et  quelquefois  plus  naturel 
que  celui  de  Pline  le  jeune  y  que 
Symmaque  paraît  cependant  avoir 
pris  pour  modèle.  Nous  croyons 
qu'elles  ont  été  jugées  beaucoup  trop 
sévèrement  par  Tiraboschi ,  et  même 

Î)ar  Heyne.  On  lésa  imprimées  avant 
a  fin  du  quinzième  siècle ,  sans  indi- 
cation de  lieu  ni  d'année  ;  mais  cette 
édition  n'étant  connue  que  par  une 
indication  assez  vague  de  Michel  De- 
nis, dans  son  Supplément  à  Mait- 
tairc  y  on  regarde  ordinairement  coni-^ 


33!i 


STH 


me  la  premiëre  celle  qui  a  ëtëdonnëe 
par  Barthëlemi  Cynischus  y  sous  le 
pontificat  de  Jules  II  ,  entre  1 5o3 
eti5i3:  c*est  un  in-4^.  dont  l'in- 
titulé   porte  Epistolœ unquam 

allas  impressœ ,  ab  inferis  penè  re- 
vocalœ,  Panzer,  qui  n'indique  point 
cette  édition,  fait  mention  de  celle 
de  Strasbourg ,  chez  J,  Schott ,  1 5 1  o^ 
iQ-4®.  Les  suivantes  sont  de  Baie, 
chez  Frobcn  ,  i54o,  in-8*».;  de  Pa- 
ris ,  Chesneau ,  1 58o  ,  iu-4°. ,  ayec 
les  notes  de  Juret  ^  de  Girncve ,  in- 
8". ,  1 587  et  1 599  ;  de  Saint-Gervais 
(Genève)  chez  Viguon,  iGoi  ,in-i6, 
avec  les  remarques  de  Jurct,  jointes 
à  celles  de  i'cditcnr  Jacques  LecI  ;  de 
Paris ,  clu'z  Orry ,  i()o4  ,  iu-4".  j  de 
Maïoncc,  iGoS ,  in-8»». ,  où  se  trou- 
vent les  notes  de  Sciuppius  ;  de  Neu- 
stadt,  1O17  et  1G28,  cl  de  Franc- 
fort ,  i(i4'i  ,  in-8«. ,  éditions  revues 
par  Philippe  Parcus^  qui  a  quelque- 
fois altéré  le  texte  plutôt  qu'il  ne  l'a 
corrigé.  La  dcrnii're  et  la  meilleure 
est  de  iG')3  ,  Leyde ,  chez  Wingcu- 
dorp,  in- 12.  L'abbé  Mai  a  décou- 
vert, dans  la  bibliothèque  am])ro- 
sienne,  (jiiehfues  faibles  del)ris  des 
harangues  dcSymmaque  ,  et  les  a  fait 
imprimer  à  Milan,  en  181 5,  în-8**., 
avec  d'autres  fragments  pareils  et  des 
notes.  On  voit  que  les  commenta- 
teurs n*ont  point  manqué  à  Symma- 
que;  mais  nous  ne  lui  connaissons 
point  de  traducteurs  eu  langues  mo- 
dernes ,  à  l'exception  d'une  version 
it'ilieune^  composée  par  Antonio  Te- 
desclii ,  qui  4  aussi  traduit  Pline  le 
jeune,  et  pubUée  à  Rome  en  17:249 
in-4*'.  Nous  croyons  les  Épîtres  de 
Symmaquc  fort  susceptibles  d'être 
rendues  avec  élégance  et  lues  avec 
intérct  dans  noti'e  langue.  Les  écrits 
à  consulter  sur  la  vie  et  les  travaux 
'le  Symmaque  sont  ses  propres  let- 
tres :  les  VTtes  qui  le  concernent 


STM 

dans  les  OEurres  dies  autan 
quatrième ,  da  dnquième  et  dn 
me  siècles ,  qui  ont  élé  no 
dans  cet  article;  une  DisserUti 
Juret  y  à  la  tête  de  réditic 
i6o4;  une  Notice  par  Jaoq*  ( 
froy ,  jointe  à  rëdition  de  ii 
une  autre  Notice  par  J*  Rosed 
imprimée  à  part  en  1697  ,  in-^ 
tome  X  des  Mémoires  de  Tilh 
sur  l'Histoire  ecclésiastique;  Y  g 
CXI  de  la  Vie  de  The'ôdose , 
l'Histoire  des  empereurs  du  ] 
Tillemont  ;  le  livre  m  de  la  1 
Théodose,  par  Fléchier  ;  les  c 
très  xxxi-xxxni  du  livre  xv 
THist.  Fxxlés.  de  Fleuri;  le 
XVI  du  liv.  m  de  la  BibUotha 
tina  de  Fabricius;le  cfaap.  m  c 
II  du  tome  second  de  Tirabosc 
et  les  pag.  1-19  du  sixième  y* 
des  Opuscula  acadcmica  de  H 
pages  contenant  le  piorceau  inl 
Censura  ingénu  et  marum 
Sjrmmachi, — Outre  l'auteur  d 
livres  de  lettres ,  outre  son  p 
son  ills  y  et  le  beau- père  de  I 
huit  autres  Symmaques  sont 
mes  dans  les  livres  de  littë 
ou  d'histoire  :  i^.  Martial  a  fai 
épigrammes  sur  un  médecin  1 
nom.  20.  Un  traducteur  grac 
assez  grande  paitie  de  TAuciet 
tament  (  Fojr.  son  article  ci-ai 
3^.  Un  autre  écrivain  grec  dî 
me  nom  est  cité  par  un  Kh 
te  d'Aristophane ,  par  Tzetzès 
Suidas  ,  et  dans  le  grand  i 
étymologique;  4*'*  Lucius-Au 
Symmacdus  ,  consul  en  33o , 
vait  être  l'aïeul  ou  l'oncle  de  l'j 
des  Épîtres;  5*>.  On  peut  ref 
comme  un  de  leurs  oescendi 
QuintiLs  Aurdius  Symmachus 
fut  consul ,  en  44^  9  avec  Aétiu 
Un  Sym MAQUK ,  ëvcque  d'Attd 
Lydie ,  assbta  an  coocik  d'^ 


STM 

^.  ^^.  En  Stia ,  deux  fils  de 
avaient  été  consnb  ensemble ,  et 
mx  s'appdait  Qiimtus  Âurelhis 
is  Synimaclius.  8^.  C'était 
tre  à  la  même  famille  qu'ap- 
lait  nn  Sjmmaque ,  sénateur  et 
X  ,  cite  par  Olympiodorc  dans 
is ,  pour  les  grandes  dépenses 
ivait  faites  durant  la  pre'ture 

fils.  D — N — u. 

^IMAQUE  (  QumTUS'AuRE' 
Me  M  M  lus  ) ,  illustre  se'nateur, 
idait  du  pre'fet  de  Rome  dont 
le  précède,  et  avec  lequel  on  l'a 
idu  quelquefois ,  bien  qu'il  y  ait 
eux  rinterralle  de  plus  d'un 
Dans  sa  jeunesse,  il  cultiva  la 
opbieavec  ardeur,  et  dut  à  ses 
i  ainsi  qu'à  ses  vertus  une  con- 
tion  qui  ue  s'accorde  pas  tou- 
|ku  rang.  Il  fut  de'signë  consul , 
55  ,  sous  le  règne  d'Odoacre  ; 
stoire  remarque  qu'on  ne  lui 
point  de  collègue.  Le  père  de 

étant  mort ,  il  se  chargea  de 
inistration  de  ses  biens  ;  et  lors- 
loi-ci  fut  en  âge  de  se  marier  ^ 
ionna  la  main  de  sa  fille  Rusti- 

(i).  L'habitude  de  vivre  en- 
s  fortifia  l'amitië  réciproque  du 
>ère  et  du  gendre  y  unis  déjà  par 
mes  principes  et  par  les  mêmes 
La  gloire  de  Boêce,  qui  lui  dé- 
I  Traites  du  SjrUogisme  Ii/po- 
ne  et  de  la  Trinité,  reflétait 
mmaque  ;  et  l'autorité  de  Boë- 
icrutde  celle  que  donnait  à  son 
lèie  mi  long  exercice  de  toutes 
tns  publiques  et  privées.  Oc-* 
e  l'âucation  de  ses  petits-fils , 
aitdes  jours  tranquilles ,  quanti 


SYM 


333 


eroît  aa»ey.  |cn«ral«nienL  que  Boece'ovait 
'abord  JCipii ,  fille  de  Festiu  ;  mais  le  n- 
boecbi  regarde  ce  mariage  conuna  dou- 
ai est  certain  aue  la  Bom  d'CIpi*  ne  ae 
w  «naa  leale  fois  dans  le*  ouvragée  de 
»y.  Ift  Siona  àéU.  UtUnUur,  it^» ,  III, 


la  disgrâce  de  Boëce  vint  mettre  son 
courage  à  la  plus  rude  épreuve.  Sym- 
maque  yeiUait  sur  sa  fille  et  ses  deux 
enfants ,  qu'il  avait  mis  en  sûreté,  et 
s'efforçait  de  ranimer  leur  espérance; 
mais ,  en  apprenant  la  mort  de  son 
gendre ,  il  ne  put  contenir  son  indi- 
gnation. Lesparolesindiscrèteséchap- 
pées  à  sa  douleur,  furent  rapportées 
à  Théodoric.  Chargé  de  fers ,  il  fîit 
traîné  de  Rome  à  Ravenne ,  où  on  l'é- 
gorgea  dans  sa  prison,  en  5i5  ou 
526  (t)} ,  et  suivant  l'opinion  la  plus 
accréditée ,  le  28  mai,  jour  où  l'on 
honore  sa  mémoire ,  à  Ravenne,  d'un 
culte  particulier.  L'histoire  contem- 
poraine nous  apprend  que  Théodo- 
ric ,  en  proie  aux  remords ,  imaginait 
voir  sans  cesse  l'ombre  menaçante 
de  sa  victime.  Un  jour^  dit  Procope 
{Hist.  des  Goths,  i,  c.  i  ),  qu'on 
venait  de  ser^'ir  im  poisson  mons- 
trueux sur  sa  table,  Théodoric  ef- 
frayé s'écria  qu'il  apercevait  le  visa- 
ge irrité  de  Sjmmaque  ;  et  l'on  ne 
peut  guère  douter  que  cette  appari- 
tion n'ait  contribué  à  conduii*e  au 
tombeau  un  monaix[ue  qui  s'était  si 
long- temps  montré  digue  du  trône  par 
ses  qualités  (f^.  Théodoric).  W — s. 
SYMMAQUE ,  le  quatrième  des 
interprètes  de  l' Ancien-Testament  en 
langue  grecque,  florissait  sous  l'em- 
pire de  Sévère.  Il  était  de  Samarie  , 
et  jouissait  d'une  haute  réputation  de 
savoir  et  de  sagesse.  Ne  pouvant  sa- 
tisfaire ,  parmi  les  siens ,  son  ambi- 
tion et  son  envie  de  dominer  y  il  em- 
brassa l'erreur  des  Ébionites  ;  et , 


(ï)  Le  rédacteur  de  Tart.  BOBCE  (IV,  645)  place 
•a  mort  en  5a6,  d'après  des  aatorilà  tr^respec- 
tablec.  Mai*  il  est  certain  que  la  mort  de  Boece, 
arrivée  au  mois  d'oclobre,  a  |»récédé  celle  de 
Symmaque ,  qu'on  place  au  mou  de  mai.  Aiiui 
Ton  peut  aMurer  que  Boëce  est  mort  an  plus  tard 
en  f^5.  Marius  rapporte  cet  érnienieDt  en  Ss^. 
Ce  point  de  chronologMi  a  été  discuté  par  D.  Ger- 
Taise ,  dans  une  dissertation  qn'oa  trouve  à  Iat«U« 
^t^yiêdm Boiet  (  Fof,  GUVAIII). 


334  SYM 

pour  contrarier  encore  davantige  les 
Samaritains,  il  entreprit  nue  nouvelle 
version  de  T Ancien  -  Testament  en 
grec,  qu'il  opposa  au  texte  ou  à  la 
version  dont  ils  i'aisaicnt  usage  dans 
leurs  assemblées,  il  en  publia  une 
jîremicre  cilition  vers  la  neuvième 
année  de  l'empire  de  Se'vcre  (177)» 
et ,  quelque  temps  après ,  une  secon- 
de, ou  plutôt,  comme  le  pense  dom 
lîernard  de  Moulfaucon  ,  quelques 
corrections  seulement.  Saint  Jérôme, 
Eiisèbe  de  Cesaree  et  la  plupart  des 
anciens  ont  regarde'  la  version  de 
Symmaque  comme  la  plus  claii'e  et 
la  pins  (ilegaute  de  toutes^  comme 
la  plus  coni'urme  à  l'original  he'breu, 
pour  le  sens  des  phrases  et  pour  la 
chronologie,    (^pendant   The'odore 
d'Hcraclée  n'a  point  suivi  le  senti- 
ment commun  :  il  a  prétendu  que 
Symmaque,  pour  ne  pas  se  traîner 
sur  les  pas  deroriginal,  et  pour  évi- 
ter les  aefauts  reproches  à  Aquila,  a 
fait  un  grand  nombre  de  conlre^sens. 
I^a  version  de  Symmaque  occupait 
la  quatrième  colonne  dans  lesHcxa- 
ples  d'Origcnc.  Il  ne  nous  en  reste 
que  de  légers  fragments ,  recueillis 
par  le  P.  de  Muntfaucon  :  Hvxajd, 
Orî^enis  nuœ  supersunt ,  etc.  (*c  sa- 
vant religieux  ,  iLms  son  Discours 
préliminaire,   rapporte  et  discute  , 
avec  le  talent  qui  le  caractérise ,  les 
opinions  des  anciens  sur  Symmaque 
et  sa  version.  On  peut  coiLsuller  aussi 
G.  (^ive  :  Scrlpi,  occlcsiast.  hislor. 
liller.y  p.  60;  Jalm  :  Iniroducl*  in 
libros  sacros  veteris fœderis ,  pag. 
56,  qui  a  fait  un  grand  éloge  de  la 
version  de  Symmaque  ;  Hody  :  ifc 
texl,  Bibl,  origin. ,  p.  588,  et  Thie- 
me  :  Dissert,  de  puritate  Sj'mnui' 
chi ,  1 735.  Hebed-Jesu  nous  apprend 
qu'on  trouve  chez  les  Chaldcens  des 
ouvrages  de  Symmaque,  pour  la  de* 
fense  des  Ébionites.  Ij-y. 


X 

T 
il 


STM 

SYMPHOBIEir  (Saint)  sotfHt 
le  martyre  à  AutuD ,  sottt  Mare-Ao- 
rcle.  Ne  de  famille  noble  et  cduétia- 
ne ,  il  avait  cic  instruit  avec  50m  dos 
les  sciences  divines  et  humainei.  B 
était  dans  la  fleur  de  Tâge,  génn- 
lement  estime ,  à  cause  de  sei  bdki 
qualités,  lorsqu'il   versa  ion  aar 

Sour  la  jfoi  de  Jésus-Christ.  La  vu 
'Autiin ,  une  des  plus  ilbuties  dm 
les  Gaules ,  était  alors  livrée  an  crib    ^ 
superstitieux  de  Cybèle.  Comne  Oi 
portait  dans  les  nies^  sur  on  càir 
magnifiquement  décoré  ,  k  flilK 
de   cette   déesse ,  Symphoricn  n» 
fusa  de  prendre  part  à  cette  eérf» 
monie.  Arrêté  par  le  peuple,  eonUl 
au  tribunal  d'Héradius ,  gûufernwr 
de  la  province ,  et  interroarf  pov 
quoi  il  refusait  d'adorer  Tunagadt 
la  mère  des  dieux,  il  répondit  foiV* 
tant  chrétien ,  il  n'adorait  que  le  vni 
Dieu.  Le  proconsul,  ayant  a|ifffîl 
qu'il  était  d'Autun,  et  qu'îl  apnarf^ 
uait  à  une  famille  noble,  loi  dk: 
a  Vous  vous  fiez  peut-être  s«r  valic 
»  naissance  illustre;  ignorcx-voM  kl 
D  ordres  de  Terapei^eur?  »  el  3  Foh 
voya  en  prison ,  après  Favoir  lût 
fra])per    cruellement.    Dcns   JMn 
après  ^  il  le  fit  comparaître  dé  bok- 
veau  devant  son  tribunal  :  c  Rnia 
»  honneur  aux  dienx  iaaiAortelaykî 
i>  dit -il ,  et  recevez  nne  gratificatioB 
»  du  trésor ,  avec  une  place  kovani" 
r>  ble  à  l'armée.  Je  vais  orner  l*Mtti 
))  de  fleurs  ;  et  vous  offirîrcs  >an 
»  dieux  l'encens  qm  leur ^  est  dA*  a 
Svmphorien  refusa  on   oftes  ,  cl 
ricraclius  ne  pouvant  vaincre  %^  ester 
tance,   le  condamna  à  être  déca- 
pite. Sa  mère,  le  voyant  paner  y 
comme  on  le  conduisait  hors  de  la 
ville ,  lui  dit  à  haute  voix  :  «  Mob 
»  £\\s^  mou  fils  Svmphorien,  sooft- 
»  nez-votis  du  Dieu  vivant^  ^.s^T^ 
»  courageux  jusqfu'à  la  fiii;'  âerts 


SYM 

î  cœur  vers  le  ciel ,  et  consi- 
i  celui  qui  y  règne  :  uc  crai- 
point  la  mort;  elle  vous  con- 
1  à  la  vie  étemelle.  »  Saint 
lorien  consomma  son  sacrifi- 
l'an  1  -jS.  Des  personnes  pieu- 
îrrcrent  son  corps  près  d'une 
e;  et  dans  le  cinquième  siècle^ 
one  ,  évêque  d'Aulun  ,  lit 
ine  église  sur  son  tombeau  ^ 
it  devenu  ce'lèbre  par  plusieurs 
es(  F,  Godcscard,  tome  vu  ; 
pa/icf.  Riiinart;  Fleuiy).  G- y. 
1PH0R0SE  (Saimt)  soufirit, 
es  sept  fils ,  le  martyre  ,  sous 
reur  Adiicn  ,  vers  Tan  1 20. 
ace  ayant  ordonne  que  Ton  ces 
,  avec  la  plus  grande  magniii- 
ladcdicacedii palaisqu'il  avait 
astruire  à  Tibur  ou  Tivoli*,  on 
.nça  par  ofl'rir  des  sacrilices , 
ngagcr  les  idoles  à  rendre  des 
».  Les  prêties  répondirent ,  au 
es  démons  :  «  La  veuve  Sym- 
'ose  et  SCS  sept  iils  nous  tour- 
lent  tous  les  jours,  en  iuvo- 
it  leur  dieu  ;  portez-les  à  sacri- 
,  et  nous  vous  promettons  que 
ycï'ux  scrfiut  favorablement 
tes.  »  Sympliorose,  qui  vivaità 
avec  SCS  fils ,  employait  ses 
qui  étaient  considérables ,  à 
nr  les  pauvres  et  surtout  les 
.ns  qui  souillaient  pour  la  foi. 
poux  Getulius  et  son  frèxe 
:ius  avaient  déjà  reçu  la  cou- 
du  martyre.  Symphorose  se 
ait  à  les  suivre.  Adrien  Tayaut 
nir  avec  ses  (ils ,  elle  repoussa 
les  promesses ,  toutes  les  mé- 
disant qu'elle  désirait  être  re'u- 
us  le  lieu  de  repos  avec  son 
;  que  l'empereur  avait  mis  à 
pour  la  même  cause.  Adrien 
duire  Symphorose  au  temple 
;idej  ou  lui  meurliit  le  visage  de 
ts,  on  la  pendit  par  les  cheveux. 


X 

\ 


SYN 


a35 


et  comme  elle  était  incl)ranlab1c , 
clic  fut  jetée  dans  la  rivière  avec  une 
pierre  au  cou.  Son  frère  Eugène,  qui 
était  un  des  premiers  magistrats  de 
Tibur ,  relira  son  corps  et  l'enterra 
sui*  le  chemin  près  de  la  ville.  I^e 
lendemain  Adrien  lit  comparaître  les 
fils  de  Symphorose.  Ayant  inutile- 
ment tout  employé  pour  les  gagner  » 
il  les  fît  étendre  sur  des  poulies  y  et 
serrer  avec  tant  de  violence,  que 
leurs  os  furent  disloqués.  Comme  ils 
s'animaient  les  uns  les  autres,  au 
milieu  des  tortures ,  Tempercur  les 
fit  metti-c  à  mort  sous  ses  yeux.  Ces 
martyrs  s'appelaient  Cresceos ,  Ju- 
lien ,  Ncmésius ,  Primitivus ,  Justin , 
Stacleus  et  Eugène.  Le  premier  fut 
égorgé  ;  le  second  reçut  un  coup  de 
poignard  dans  la  poitrine  ^  le  troi- 
sième eut  le  coeur  percé  d'une  lance; 
le  quatrième  fût  frappé  dans  la  pot- 
trine  ;  on  brisa  les  reins  au  cinquiè- 
me ;  ou  ouvrit  les  côtés  au  sixième;; 
enfin  le  plus  jeune  eut  le  corps  fendu 
depuis  le  haut  jusqu'en  bas.  Le  leil- 
demain  Adrien  fit  jeter  les  corps  de 
ces  martyrs  dans  une  fosse  profonde 
près  du  temple  d'Hercule.  La  per- 
sécution ayant  cessé  ^  les  Chrétiens 
donnèrent  à  leurs  reliques  une  sépuU 
turc  honorable  sur  la  voie  Tiburtine, 
entre  Rome  et  Tivoli.  On  voit  encore 
les  restes  d'une  église  qui  fut  cons- 
truite en  leur  honneur  dans  le  lieu 
qui  porte  le  nom  des  Sept  Frères» 
Leurs  corps  ayant  été  depuis  trans- 
férés à  Rome ,  dans  l'église  de  Saint* 
Ange  ,  on  les  y  trouva  sous  le  ponti- 
ficat de  Pie  IV,  avec  une  inscriptioa 
qui  rapporte  les  circonstances  ■  de 
cette  translation.  (Voyez  Godescard, 
tome  vi  ;  jécta  sanct,  Ruinart  ; 
Cciilier ,  tome  i  ;  Fleurv  >  tome  1.  ) 

G— Y. 
SYNCELLE  (  Georgs  Le), 
chronograpl^e.gr«^>  Vijkyait  au  hui- 


336 


SYN 


tième  siècle  de  Tère  vulgaire.  Le  titre 
de  syncclle  se  doiinait  à  un  oflicier 
prive' ,  attache  de  si  près  à  une  per- 
sonne eminente  ,  qu'il  ne  la  quittait 
point  ou  était  censé'  ne  s'éloigner  ja- 
mais d'elle.  George  remplit  auprès 
de  Taraise,  patriarche  de  Gonstan- 
tinople  ,  cette  fonction  intime ,  qui 
était  regarde'e  dans  cette  ville  comme 
la  seconde  dignité'  ecclésiastique  y  et 
même ,  selon  quelques  auteurs ,  com- 
me un  titre  pour  obtenir  la  premiore , 
lorsqu'elle  venait  à  vaquer.  II  y  a  des 
manuscrits  où  George  est  à-la-fois 
qualifié  syucelle  et  logolbète  ,  c'est- 
à-dire  archiviste  ou  chancelier  (  de 
l'éghse);  mais  on  a  lieu  de  penser 
que  les  copistes  ne  lui  ont  attribué 
cette  deuxième  qualité^  qu'en  le  con- 
fonds ut  avec  quelque  chroniqueur 
nommé  George  comme  lui.  En  effet 
plusieurs  écrivains  de  ce  nom  ,  énu- 
méréset  distingués  par  Allatius,  dans 
sa  Diainha  de  Georgiis ,  ont  vécu  au 
moyen  âge  et  particulièrement  au 
huitième  siècle.  Celui  qui  est  sur- 
nommé a/*a|3Tw>oç  (pêcheur),  et  celui 
qui  est  désigné  par  le  titre  de  moine 
ou  abbé,  ont  composé  des  chroniques  : 
peut-être  ne  sont-ils  pas  distincts  l'un 
de  Tautre  ;  ils  le  sont  du  moins  du 
Syncclle,  dont  la  Chronographie  tend 
à  établir  les  dates  des  faits  avec  mie 
méthode  rigoureuse  dont  on  n'aper- 
çoit ,  à-peu-près  ,  aucune  trace  dans 
leurs  extraits  historiques.  Toutefois 
il  n'est  pas  très-étonnant  qu'on  s'y 
soit  trompé  :  d'une  part ,  on  savait 
que  le  Syucelle  avait  laissé  un  Ta- 
bleau d'histoire  universelle  à  partir 
d'Adam;  dcPautre^la  plupart  des  ma- 
nuscrits de  sa  Chronographie  étaient 
défectueux  et  ue  commençaient  guère 
qu'au  siège  de  Jérusalem  par  Pom- 
pée :  il  est  arrivé  de  là  qu  on  a  pris 
pour  les  premières  parties  de  cet  ou- 
vrage ,  des  livres  qui  scmblAÎent  du 


S 


SYN- 

même  genre,  et  quiremontaioUiki 
création  du  monde.  Joseph  Sali- 
ger  s'est  aperçu  le  premier  de  cette 
erreur  ;  Petau  Ta  recomnie,  et  elle  a 
été  pleinement  dissipée  parla  pnUi- 
cation  du  véritable  oavPage  du  Syu- 
celle y  en  1 65a.  Nous  ne  savons  pr» 
que  rien  de  la  yie  de  ce  dironogri- 
phe  :  Anastase  le  InUiothécaiie,  qa 
Je  fait  moine  et  abbe' ,  dit  qu'il  était 
fort  considéré  dans  l*Église,  etmrïl 
a  combattu  avec  zèle  contre  ks  Ico- 
noclastes; mais  il  se  poomît  o- 
core  qu'il  y  eût  ici  quelque  confnsioB; 
car  c'est  surtout  un  Georfius  Çyma 
qu'on  voit  figurer,  au  huitièmesiècley 
armi  les  araenfsdéfimsenrs  du  cdie 
es  images.  Le  'Syncelle  vivait  a 
780  ;  il  écrivait  en  793  ,  vingt-an 
ans  avant  la  mort  de  ChariemagK  \ 
il  est  mort  vers  l'an  800  ,  sans  avoir 
eu  le  temps  d'achever  sa  Chronosa- 
phie,  qui  ne  va  point  au-delà  de  Pan 
284.  Selon  toute  apparenoe,  l'aotoir 
s'est  arrêté  à  ce  terme  ;  et  si  noni 
n'avons  pas  lout  le  travail  qu'il  anit 
laissé ,  c'est  parce  qu'en  effet  il  se 
rencontre  quelques  lacunes  dans  les 
copies  manuscrites  qui  nous  en  res- 
tent ;^  surtout  à  l'égard  des  vingt-lnit 
dernières  années  ,  c'est-à-dire  dcpois 
257.  L'une  des  plus  prédeosesde 
ces  copies  est  datée  de  l'an  loai  : 
elle  se  conserve  à  la  faibliotlièqae 
royale  de  Paris,  et  a  servi  'à  l'édi- 
tion de  16 12  ,  in-folio.  C'est  on  des 
volumes  de  la  collection  Byzantine  : 
on  le  doit  aux  soins  du  dominicaÎB 
Goar  (  F.  ce  nom) ,  qui  a  joint  au  teste 
grec  une  version  latine,  des  notes, 
des  tables  et  une  savante  préface.  M. 
Schoell  dit  que  cette  édition  est  I'mv- 
que  ;  ni^iis  ce  volume  a  été  rénapri- 
mé  à  Venise ,  en  1 73g ,  avec  tout  le 
recueil  dont  il  fait  partie.  En  com- 
parant la  Chronographie  du  Synedle 
à  ce  qu'on  posaècb  anjooid'bu  de  U 


d'Euscbc ,  ou  reconnaît 
: ,  Time  et  l'autre ,  unmè- 
fond,  qui  avait  été  fourni 
ifricain  (  f  qr.  Africain  , 
Ce|)eudaiit  Georjrc  ,  tout 
ant  du  travail  de  ceux  qui 
écédé  dans  cette  carrière, 
s  erreurs  avec  imc  sévérité 
lui  peu  acerbe  :  il  appelle 
&ôvTr,Tov .  étourdi  ou  extra- 
son  tour ,  le  Syucclle  a  été 
reuscment  par  ses  succes- 
-tout  par  Michel  Glycas 
Il  ,  5'.>-3  ) ,  qui ,  en  lui  em- 
»lusieurs  articles ,  en  criti- 
sci  grand  nombre   d'au- 
défauls  de   celte   conipo- 
jt  beaucoup  mieux  déuic- 
iephScaliger,  qui,  vers  la 
ènie  siècle ,  renouvela  ,  ou 
I,  la  science  chronologique, 
luisant  les  cadres  infoiiuos 
Jules  Africain  et  par  Ku- 
rge  y^a  jeté  çà  et  là  tout 
pu  trouver  ailleurs  de  dé- 
:uxct  de  traditions  vagnes. 
mme  eux,  Bérosc,  Aby- 
andre  Polyhistor ,  Castor, 
•y  ma!s  il  fait  usage  aussi 
s  anciennes  chronicpies  anu- 
a  recours  à  dos  (ivres  apo- 
tels  que  ceux  d'ilénoch  et 
e  rÉglise  ne  compte  point 
e  des  livres  sacrés,  et  qui 
issus  de   puérilités  et  de 
Il  prend  le  géographe  Pto- 
ri:n  roi  d'Egypte^  et  le  fait 
rain    de   Philij)pe    Aridée. 
des  notions  si  mai  choisies, 
çues ,  qu'il  compose  un  vo- 
amas  de  noincurlalures,  de 
)ns  et  de  dates.  Loin  d*y 
un  ordre  constamment  ré- 
'cvient  souvent  sur  ses  pasj 
besoin   de  quelque   étude 
ir  tout  IVusemble  de  son 
Kubsi  son  éditeur  Goar  a-t-il 

XLIY. 


SY» 


3S<) 


juge  indispensable  d'ajouter  un  Ca- 
nonchromcus ,  0Vst-à-dire  un  tableau 
des  temps ,  où  en  effet  toute  la  chro- 
nologie du  SynccUc  est  méthodique- 
ment résumée.  L'espace  entre  la  créa- 
tion et  l'ère  chrétienuc  y  est  de  55oo 
ans ,  selon  l'hypothèse  de  Jules  Afri- 
cain. Le  déluge  arrive  en  Fan  du 
monde  11  ^-à  ;  et  à  partir  de  2776  , 
les  xVnnales  sacrées  sont  rapprochées 
de  celles  des  rois  chaldéens  ou  baby- 
ioniois ,  et  des  rois  d'Egypte.  Ces 
derniers,  en  'iSifi  ,  se  part.igeut  eu 
deuxbranchesparallèles^Voir:  ceux 
de  Memphis  et  ceux  de  Thèbes.  Une 
suite  de  rois  arabes  commence  [lar 
Mardocentcs,  en  3ooi  :  le  royaume 
de  Sicyone  s'établit  en  3.» 38  ;  celui 
d'Argos  est  fondé  par  Inachus   en 
3691  ,  celui  d'Athènes  par  (>écrops, 
en  3945.  Ensuite  la  ruine  de   Troie 
est  lixée   à   l'an   du   monde  /\3àS 
(  1 1 72  av.  J.-C.)  ;  et  à  partir  de  cette 
époque,  le  nom  d'Éuéc  ouvre  une 
liste  de  rois  du  Latium.  Les  royau- 
mes de  Lacédémone  et  de  Cormthe 
apparaissent  en  J^G']6  :  les  Macédo- 
niens ,  vingt  ans  après ,  ont  Carauus 
pour   premier  roi;  et  c'est  »i  l'an 
47*i6  depuis  !a  création,  774  avant 
notre  ère,  que  le  Sy  ncellefait  commen- 
c(  r  celle  des  olympiades  ,  dent  l'ou- 
verture véritable  est  en  7 76.  11  sup- 
pose de  même  que  la  fondation  de 
Rome  est  de  75G  ,  au  lieu  de  7^3  , 
et  que  l'ère  de  Nabonassar  s'est  ou- 
verte en  75*2  au  lieu  de  7^17,  nom- 
bre qui  se  déduit  de  la  Table  de  Pto- 
lémée.  L'avènement  de  Cyrus,  qu'on 
place  eu  r)/)() ,  n'aurait  eu  lieu,  selon 
George,  qu'en  548.  Il  n'est  pas  j)lus 
exact  sur  la  date  de  la  mort  d'A- 
lexandre ,  ni  sur  le  commencement 
de  l'ère  des  Scleucide*; ,  ni  sur  les  an- 
nales des  Lagides;  et  la  concordance 
(fu'il  prétend  établir  partout  entre 
l'histoire  profane  et  l'histoire  sainte  ; 


2^ 


338 


SYN 


a  donne  lieu  à  d'innombrables  difU- 
cuttës.  Voilà  (iucls%ont  les  princi- 
paux résultats  de  la  Chronogrnphie 
à  laquelle  il  a  dû  sa  cc'Icbritc  :  ils 
sont ,  comme  on  voit,  si  peu  vrais 
ou  si  peu  justes ,  qu'on  ne  doit  pas 
complersurlaprccisiondesdëtailsqui 
s'y  rattachent.  Maître  tant  d'imper- 
fections ou  mrme  d'erreurs  ,  cette 
compilation  est  devenue  la  source  où 
beaucoup  de  chronologistes  ont  pui- 
se' de  préférence  dans  le  cours  du 
moyen  âge  ,  et  même  depuis  le  re- 
nouvellement des  lettres.  En  i  "jSo  , 
Bou&;ainville  aîné  ,  au  sein  de  1  aca- 
démie des  inscriptions,  attribuait  en- 
core au  Syncelle  une  très-grande  au- 
torite' ,  et  le  distinguait  parmi  ceu\ 
des  anciens  écrivains  qui  avaient  sup- 
puté les  temps  avec  le  plus  d'atten- 
tion et  d'exactitu4e.  La  même  aca- 
démie a  mis  au  concours,  en  1804, 
V Examen  critique  des  sources  où  ce 
chronographe  a  puisé  ,  et  dé  l'usage 
qu'il  en  a  fait  :  le  prix,  a  été  ad- 
jugé à  un  mémoire ,  non  encore  im- 
Erimé  ,  de  M.  Le  Prevot  d'Iray.  — 
a  Chronographie  du  Syncelle  a  été 
continuée ,  de  'i85  à  8 1 3 ,  par  Théo- 
phane  l'Isaurien. — On  a  sous  le  nom 
de  George  le  Syncelle ,  une  oraison 
sur  l'ascension  des  âmes  après  la 
mort ,  un  autre  en  l'honneur  de  Za- 
charie,  père  de  saint  Jean-Baptiste; 
des  fragments  sur  l'empereur  Héra- 
clius,  sur  Justin  et  Justinicn,  sur 
Léon  l'Isaurien  :  des  versions  latines 
de  ces  écrits  se  rencontrent  dans  trois 
manuscrits  de  la  bibliothèque  du  Roi. 

D — N — u. 
SYNESIUS,  célèbreécrivain,  évê- 
quc  de  Ptoléma'ide ,  en  Afrique ,  na- 
quit à  Cyrène,  capitale  de  la  Penta- 
Sole,  et  ilorissait  sous  les  règnes 
'Arcadius  et  de  Théodosc-le- Jeune. 
Sa  famille  était  une  des  plus  illus* 
très  de  l'Asie  "  Mineure.  Il  nous  ap- 


STN 

prend  lui  -  même  (  Lettr.  t 
généalogie,  inscrite  dans  le 
publics ,  remontait  jusqu'à 
c'est-à-dire,  que  l'origine 
dait  dons  la  nuit  des  tem| 
du  désir  d'étendre  ses  copn 
il  se  rendit  à  Alexandrie,  et 
parmi  les  disciples  de  la  ( 
malheureuse  Hypathie  (  P' 
XX,  i33),  pour  laquelle 
va  toujours  la  plus  tendre 
A  l'étude  des  sciences  il  w 
dre  celle  de  l'éloquence,  et  f 
ge  d'Athènes ,  dans  le  dess< 
quenter  ses  écoles;  raaLs  j 
comme  il  s'en  était  douté, 
ville  n'avait  plus  rien  d*ilh 
vénérable  que  le  souvenir  c 
leurs  et'  de  ses  philosophe 
i35).  La  carrière  des  cm 
blic^  était  ouverte  à  son  ; 
et  il  pouvait  se  promettre  < 
courir  d'mie  manière  brilla 
préférant  son  indépendance 
honneurs ,  il  refusa  toutes  h 
qui  lui  furent  offertes,  pc 
une  vie  paisible,  en  suivant 
11  partageait  son  temps  ent 
re ,  l'étude ,  la  chasse  (  i  ) ,  c 
re  de  son  jardin.  «  Je  ne  f 
dit  -  il  (  Catastase ,  p.  6( 
métier  de  la  rhétorique;  in 
cultiver  les  arbres  et  élever  > 
de  chasse.  Mes  doigts  s'us 
à  manier  la  plume  qu'à  n 
dards  et  des  bêches.  »  Cepc 
ncsius  ne  pouvait  rester 
aux  maux  qui  pesaient  sn 
patriotes.  Il  se  chai*gea  ( 
leurs  plaintes  à  l'empereur 
et  de  solliciter  les  secouR 
avaient  besoin.  Dans  sou  c 
ce  prince ,  il  ne  touche  qu% 


(1)  On  tronre  une  L«im  d«  Sy: 
ChasM ,  trad.  en  fna|.  par  M.  Saa. 
sailti  du  TrmiU  tlê  Xa  dUiM  d'Af 
1690,  ittrit. 


SYN 

îon  message ,  cl  s'c'lcnd  sur 
)  de  la  royauté.  C'est  aussi 
;re  qu'il  nous  est  parvenu, 
e  du  philosophe  ue  déplut 
'empereur ,  puisqu'on  sait 
siou  eut  tout  le  succès  qu'on 
lit.  Synesius  resta  trois  ans 
tinople.  Il  quitta  celte  ville 
au  moment  où  elle  comraen- 
dcsolcepar  un  treniLlcment 
ce  qui  ne  lui  permit  pas  de 
ongé  de  ses  amis.  Peu  de 
Ts,  ayant  visite,  pour  la 
ois,  Alexandrie,  il  s'v  ma- 

Van  4o'5  ou  ^o\,  U  avait 
î  l'empereur  un  décret  qui 
ait  de  toutes  lescliarp;es  pu- 
lais  il  eut  rougi  de  s'en  ])re- 
is  les  circonstances  dillici- 
trouvait  le  j)ays  ;  et  on  le 
resscr  d'aider  ses  compa- 

ses  conseils  et  de  son  ar- 
Pentapole  était  souvent  ra- 
'  des  Marcomans  et  autres 
barbares  établies  dans  le 
.  Dans  une  de  leurs  inc.ir- 
s'em parèrent  des  domaines 
us ,  dont  on  ne  put  venir  à 
s  cliasser.  Il  aurait suppor- 
Iieur  avec  plus  de  resi^ua- 
m  eut  souffert  seul  ;  mais  il 

femme  et  des  enfants  dont 
inquiétait  vivement.  Oblige 

Cyrène,  il  erra  long-temps 
imille,  sans  trouver  un  asi- 
utation  qu'il  s'était  acquise 
alents  et  ses  vertus  décida 
inLs  de  Plolemaule  à  l'élire 
ue,  vers  4'^*  Synesius  les 
;  faire  un  choix  plus  conve- 
rmi  les  motifs  de  son  refus, 
►lus  remarquables  sont  :  l'un, 
oulait  point  quitter  sa  fem- 
picUe  il  était  tendrement  at- 
utre,  qu'il  ne  partageait  pas 

de  l'Eglise  chrétienne  sur 
3  de  l'ame,  sur  la  fin  du 


SYN 


339 


monde  ,  ni  sur  la  résurrection  de  la 
chair  (  Voy.  VIfist,   ecclésiastique 
de  Fleury ,  xxii ,  4»  )•  Vaincu  par  les 
instances  de  Tlicophile ,  patriarche 
d'Alexandrie,  Synesius  reçut  enliii 
rordination;  et,  suivant Evagre  (liv. 
jy  1 5  ) ,  cette  cérémonie  fut  prc'cédéa 
par  celle  de  son  b-iptime.  Ainsi  Pou 
peut  conjecturer  qu'il  ne  professait 
pas  encore  le  christianisme,  lors  do 
son  élection  à  l'ëpiscopat.  Synesius 
obtint  la  permission  de  passer  quel- 
ques mois  dans  la  retraite,  pour  se 
disposer,  par  la  prière,  à  ses  nou- 
veaux devoirs.  La  haute  idée  qu'il  eu 
avait    conçue   l'effrayait   tellement , 
qu'il  fut  sur  le  point  de  se  dérober , 
par  la  fuite  ,  à  des  fonctions  qu'il 
craignait  de  ne  pouvoir  remj)lir;  mais 
dès  qu'il  eut  pris  possession  de  son 
siège,  il  nemontraplusnitaibh'sseni 
hésitation.  Saisissant  toutes  les  occa- 
sions d'instruire  son  troupeau,  il  par- 
vint à  faire  disparaître  jusfpi'aiix  der- 
nières traces  de  l'arianisme.  Informe 
des  exactions  d' Andronic,  gouverneur 
de  la  Pentapoîe,  il  essaya  de  le  faire 
changer  de  conduite;  eî.  voyant  qu'il 
persévérait  dans  le  mai,  il  l'excom- 
munia :  mais  Andronic  ayant  encou- 
ru la  disgrâce  de  l'empereur,  Syne- 
sius ne  mit  pas  moins  de  zèle  à  le 
servir  qu'il  en  avait  mis  à  solliciter 
sa  punition.  Plolémalde  ayant  été  as- 
siégée en  4  »  ^ ,  il  concounit  de  tous  écs 
movens  à  la  défense  de  cette  ville , 
veillant  la  nuit  sur  les  murailles  avec 
les  soldats,  et  les  encourageant  par 
ses  discours  et  par  ses  largesses.  Sy- 
nesius avait  eu  de  sou  mariage  trois 
fds ,  auxquels  d  survécut.  On  place 
sa  mort  vers  Pan  43o.  Évoplc,  son 
frère ,  lui  succéda  dans  l'évèchc  de 
Ptolëmaïdc.  Les  ouvrages  qui  nous 
restent  de  Synesius  prouvent  qu'iï 
avait  des  connaissances  étendues  ol 
variées.  Fabricius  en  a  donné  hsé^ 

32..  / 


J\0 


SW 


très,  dans  la  Bibl.  grœca,  vni.  o.ià- 
'j3o  :  I.  Discours  à  Jrcadius  sur  les 
devoirs  de  la  rorautc,  traduit  en 
irauvais  ,  jar  Daniel  d'Anj^e,  Paris ^ 
i5r>r) ,  in -6*».  II.  Pion,  ou  de  Tins- 
litn.'iou  do  sui-meiuc.  L'aulcur  v  cite 
souvnill)ion(iiirysostomc,lll.J&/og^ 
flu  charnu*,  plein  d'érudition.  Ant. 
Duvordier  l'a  trad-iit  en  fran^:ais; 
mais  cette  vcr.'iion  n'a  pjinl  ele  ini- 
priiucc.  1 V.  ii -/-'j,'.^  pÛLni  ou  la  Provi- 
dence. Daîis  re  tiailt,  Syne^^ius  dcf- 
ent  !es  ni.iliic  .rs  de  Sf:n  teinj>s,  sous 
le  voi'e  iVwnv  \Jh\c  (iivotienue.  V. 
i'ne  Ilomê'ie  .s: m  la  niauiiM'e  de  cc'- 
]«*I)rer  les  fO'o.  Vî.  Le  Livre  des 
songes .  ])iilî'i(-  <'\\  ^}fc.'  à  la  suite  du 
Traite  d' AilJniidore  :  lie  V Interpré- 
tation dvs  stmges  j  VenLsc,  A;.Je, 
iji8,  in-8'.;  en  grec  et  en  'afin,  de 
la  versit'U  d'Ant.  Piclion,  avec  un 
(lonnnentaireueNice'plîoreGrepforas, 
Paris,  i:")8(i,  in-B^.;  nouv.  éd.,  re- 
vue par  l'ViMi.  jMorel ,  ibid.,  i(îoi  , 
in-8'\  VU.  Des  Lettres^  au  nombre 
décent  rin.pianlc  -  cinq.  E!!es  sont 
fort  intéressantes ,  mais  nialljcureu- 
>ejnenl  ranj;ces  sans  aucim  ordre , 
i:;r.  et  lat. ,  Paris,  i()o5,  in-8".;  ca 
p;rec ,  avec  les  SchoUes  de  Ncopliyte, 
Vienne,  i7()'i ,  in-8'\  On  doit  cette 
édition  e^lintec  à  rirej:;oirc  Demc- 
triades  ('.>.).  Vill.  Une  Ifomélie  et 
deux  Discours  ,  dont  l'un  est  inti- 
tule :  Calastase.  IX.  Une  Lettre 
ou  Dissertation  ,  à  Pui'on  ,  iavorî 
d'Arcadius  ,  en  lui  adressant  un 
asln>î.il)e  (i'arjrent.  C'est  la  pre'- 
far(»  d'un  traite  de  Svnesius  Sur 
raslroUibe .  <j':e  nous  ayon»  per- 
du ('^).  CiOmnie  S^ne^ills  n'y  nomme 

(V*  Lut*  liiîiriU-  Svuvïiii.^  J  HvP-ilbie ,  cnie 
j  Vnivil  il  ..riii  <>nii-i.iliie.  iiMUi»  apprciidl  usaHi*  qu  un 
J'uif.ii:  4tl'»r.  tir  l'.i-  'i::!!',!-!:  l'ii  [MbC  iiijuci-.r.  ^  A'o>-, 
Jj;iMlVT,  \IV.  .<:!  ) 

.'.V'  <hî  €;i.iij^'li:ic'»|iH- «  tl  iiinM'iiuuuI  a\iiit  IiPAu- 
•  9t>ii|>  irHii.>l"};>«  »\vv  il-»  |MiiTii.jiliprc9  modmie^ 
(  Htioltti  U  ,  h'iit.  des  m  :lh. ,  1 ,  3  •  J  }.  /'.  itli  Fap- 


SYN 

point  Plolemée  parmi    les  aatems 
qui  se  sont  occupes  de  l'astrolabe  ou 
plainsphcFc  ,  Delambi-e  en  conclut 
que  cet  astronome  n'a  fait  que  s'ap- 
])ro[.rier  le  planisphère  imaginé  pr 
iiipparqnc  (Yoy.  f/f5foircf  de  laS" 
tronomie  ancienne  ,    ii  ,    4^3  et 
suiv.).  X.  Des  Hymnes f  au  nombre 
de  di\ .  gr.-lat. ,  de  la  version  de  Fr. 
Portns ,  Henri  Estienne ,  i  .^168 ,  in- 
16;    Paris,  1570,  in -80.;  ou  en 
trouve  une  traduction  en  vers  fran- 
çais ,  par  Jacq.  Gourtin  ,  dan.«  ses 
OEnvres  poétiques^   Pari»,    i58i, 
in  -  I  u.    Les     OEuvres    do    Syne- 
sius  ont  été  pid>lices  m  prcc,  par 
Adrien  Tu  mebe,  Paris,  i5.j3,in-h»L, 
éd.  vrineefts ,  belle  el  rare,  mais  peu 
recliercliee.    I/C  P.  D.    Peta>i  en  a 
donne  une  édition  grecque  et  latine, 
Paris,  1612,  i63!iy  in  -  fui.  La  se- 
conde c.>tla  ])lus  belle  et  la  plus  com- 
])ltre.  Outre {(  s  auteurs  cites,  ou  peut 
consulter,  pour  [)l'jsdcilctails,r/r/5f. 
ecrle'siutiff.  de  1  illcmont^  xii,4p9' 
554  ,  et  VHist.  des  auteurs  sacrés  ^ 
])ar  D.  ^ciilier ,  x ,  1 49^  -  Sir.  Li 
Disserta  tion  de  Matt.  Chladni ,  Théo- 
loi^umena   Synesii ,   Wittemberg  , 
1713,  in-4**. ,  et  celle  de  P.- Ad.  Boy- 
sen ,  Philosophumena  Sjynesuj  Hal- 
le. 17  i4,iu-4"' — Plusieurs  autresau- 
teurs  grecs  ont  [lorté  le  nom  de  St- 
NEsius.  On  trouve,  dans  le  Eecueil 
des  chimistes  crocs ,  une  Lettre  d'un 
Synesius,  pbilosopbe,  à  Dioscorc, 
prètredn  temple  de  Sérapîs,  à  Aleun* 
drie,  toiicbant  un  Opuscule  cbimique 
de  Denioerife.  ¥À\c  a  e'tc'  îusérëe  par 
Fabricius,  avec  la  traduction  latine 
en  regard,  dans  la  Biblioih,  gneca^ 
viiT,  233.  —  Un  autre  Syicesius  fsl 
auteur  d'un  Traité  des  fièvres  jY^ 

I><irl  <1<'  Dclmulire ,  xur  u»  MriBoire  dp  M.  0«3 . 
MWul  [lunr  titre  :  U^it  tiplMH  d'mm  «tfrvÛv^fM* 
.*  )  •teùm ,  dans  Im  Mimoiru  de  TîmlîlBt»  chMt 


\ 


STN 

et  eii  latin ,  a?cc  des  no- 
in-Étienne  fiernai'd,  Ams- 
49,in-8o.        W— s. 
l ,  roi  de  la  Niimidie  oc- 
:*est-A-dirc  de  la  Maurita- 
ppeîa  depuis  Césarienne , 
meDcement  de  la  seconde 
^e ,  une  alliance  avec  le$ 
t  eut  alors  pour  ennemi 
roi  numide ,  que  les  Car- 
sci  tèrent  contre  lui .  Vain- 
sini2:sa  ,  (ils   de  Gala  , 
•étira  en  Maïuitanie  ,  où 
^'elles  leve'es.  Il  se  prëpa- 
r  le  de'troit  pour  joindre 
s  en  Espagne ,  lorsqu'il 
;  noureau.  Ce  prince  par- 
int ,  à  force  de  courage , 
lir  dans  ses  états ,  et  il 
traiter  avec  les  Gartba- 
sque  Scipion  le  premier 
près   avoir  rcfduit  TEs- 
à  sa  cour  pour  l'engager 
négociation.  On  a  vu  à 
XLl  ,  3o6  )  que  Syphax 
it   charmé  des    maniè- 
caractère  de  Scipion  , 
t  UD  traité  secret  avec 
Irubal  étant  parvenu  à  lui 
:  sa  il  lie  Sophonisbe  ,  le 
'Ut  entièrement  subjugué 
lits  de  cette  célèbre  Car- 
1  fit  la  guerre  à  Masi- 
Tallic  des  Romains  ^  et 
•  ce  prince  quelques  avan- 
uc  Scipion  deliarqua  en 
rpbax  se  déclara  pour 
mena   ses  troupes  de* 
,  où  étaient  les  magasins 
omaine,  s'en  rendit  mai- 
(er  la  garnison  au  fil  de 
)éra  ensuite  sa  jonction 
'  carthaginoise.  Mais  la 
livante  fut  fatale  au  roi 
pion   et  Masiuissa  sur- 
rôlèrent  son  camp.  Sj- 
va  avec  deux  milk  cinq 


STR  54i 

■  cents  clieyanx ,  joignit,  avec  de  nou- 
velles foi'çes,  les  troupes  carthagi- 
noises ,  livra  bataille  aux  Romains , 
fut  encore  défait  à  cinq  journées  d'U- 
tiqoe^  et  legagna  la  Numidie  avec 
une  partie  de  ses  troupes.  Poursuivi 
par  Masinissa  et   LseJius   jusqu'au 
cœur  de  ses  états ,  -il  vint  courageu- 
sement au-devant  de  l'ennemi  ^  fut 
vaincu  et  fait  prisonnier  avec  son 
fils  Yermina  y  et  vit  Cirtha ,  sa  ca« 
pitale  ,  tomber  au  pouvoir  des  vain- 
queurs. Devenu  captif  des  Romains , 
ce  malheureux  prince  fnt  conduit  k 
Albe  dans  le  pays  des  Marses ,  pour 
fervir  ensuite  d  ornement  au  triom- 
phe de  Sdpidn  (Fan  de  Rome  553). 
Poly)^  dit  qu'il  mourut  k,  Rome, 
'peu  de  jours  après  cet  événement  ; 
mais  tous  les  historiens  ancieos  ai» 
surent  qu'il  ne  put  suryivre  k  son 
infortune ,  et  que  sa  mort  précéda 
la  pompe  triomphale  de  Scipion  l'A- 
fricain. Les  vainqueurs  donnèrent  une 
partie  de  son  royaume  k  Masiuissa  ; 
mais  ils  respectèrent  sa  mémoire , 
et  décernèrent  à  ce  malheureux  prin- 
ce des  obsèques  honorables.   B-*p. 
SYRIANUS ,  philosophe  et  gram- 
mairien grec,  naqujt  à  Alexandrie, 
vers  l'an  38o  de  i'ère  chrétienne.  11 
vint  faire  ses  études  à  Athènes ,  sous 
le  platonicien  Plutarque ,  fik  de  Nâ- 
torius.  Parent  et  ami  d'un  autre  gram- 
mairien ,  nommé  Ammonianus ,  il 
lui  ressemblait  par  le  caractère  ai^ 
tant  que  par  l'extérieur.  Tous  deux 
étaient  d  une  belle  figure  et  d'une 
haute  taille;  tous  deux  étaient  ro- 
bustes et  bien  portants,  en  sorte  que 
la  nature  leur  avait  accordé  les  mé- 


\  I 


mes  avantages  ;  mais  au  jugement 
de  Damascius^  copié  par  Suidas, 
Sjrianus  méritait  mieux  les  faveurs 
de  la  divinité ,  parce  qu'il  était  un 
vrai  philosophe,  tandis  qii' Ammo- 
nianus n'était  occupé  ou'à  disserter 


3d'jt 


SYR 


sur  les  [)ocles ,  et  à  parler  correcle- 
luciit  le  crcr.  Dninasciiis  racoutc 
nicoi  e  qii  Amtiioiuauiîs  avail  un  ane 
qui  aimait  a  en  tondre  parler  sur  la 
philosopliic.  IMais  i'étliteiir  de  Sui- 
das (  Kiister  )  ,  dit  qti'il  faut  ])later 
au  iiombrcdî's  au:»s  eoiix  qui  ajoutent 
loi  à  ce: le   iii.sljire.  Syrian-is  rem- 

{>]aça  Phitarque  dans  la  direction  de 
'ccoie  d'Alliènts,j^sque^cr.s  l'année 
45o  ,  qj.i  fut  celle  de  sa  mort.  On 
distinji;ue  parmi  ses  disciples  Hcrmias, 
Domninus^  et  le  célèbre  Proclus,  qu*il 
désigna  pour  son  successeur.  11  vou- 
lait aussi  le  maiier  avec  Aidesia  ,  sa 
Earcnte,  distinguée  par  sa  pictc  et  sa 
ienfaisauee;  mais  Proclus  allégua 
un  oixlre  de  la  divinité  ,  qui  Tcmpê- 
cbait  d*y  consnitir.  E!le  épousa  lier-' 
niias  qui  n'était  pas  moins  vertueux 
qu'elle.  Suidas  nous  donne  le  catalo- 
gue de  ])lusicurs  ouvrages  que  Syria- 
nus  avait  écrits  et  qui  n'e\i>tenl  plus  i 
].C'u  Commcnlak'c  ^v\T  llornneen- 
tici,  en  sept  livre.'.;  il  en  résulte  que 
Syrianus  est  le  plus  ancien  de  ceux 
que  l'on  désigne  .sous  le  nom  de  sclio- 
liastes  d'Hom're.  H.  De  !a  lie/nibli- 
qiw  de  Platon.  III.  De  la  T/u*o!o;,  ic 
(V Orphée,  1  Y.Dcs  Dieux  (Cllomcrc, 
Y.  De  \\4ccord  entre  Orphée ^  Fy- 
thd^ore  et  Pluton.WA)cf  Oracles, 
en  dix  livr^.s.  (omme ,  en  pjrl.inl  de 
Proclus  ,  Suidas  repète  les  mêmes  ti- 
tres ,  on  est  fende  à  croire  que  le  dis- 
ciple de  Syrianus  n'a  fait  que  trans- 
crire les  oii\  rages  de  son  maître,  du 
quel  il  nous  reste  :  1.  Ln  (iommen- 
taire  sur  qrielques  parties  de  la  me- 
ta])îïy.Mq;ie  d'Arist(»le,  (pii  a  pour 
principal  but  de  deTendre  Piaîuii  coîl- 
tre  les  objections  drs  Per:|Miteîic!cns. 
Le  texte  grec  de  ce  Commentaire  n'a 
pas  c'te  public.  Jérôme  15ago!ini  a  fait 
une  traduction  latine  de  la  partie  qui 
traite  des  livres  m,  xîi  et  xr.i ,  qu'il 
avait  trouvée  seule  dans  un  muLUs- 


f. 


SYR 

crit.  Elle  a  paru  à  Venise ,  i558, 
iu-4^.  Au  jugement  d*un  très-bon  cri- 
tique, le  texte  original  mcriteraitdf 
voir  le  jour.  La  Libliotlicqiie  royale 
de  France  en  possc'de  deux  manus- 
crits cotes  n°».  i89>  cl  i8()4.  Celui- 
ci  est  revu  par  une  main  habile;  TuD 
et  l'autre  sont  terminés  par  un  éclair- 
cissement sur  la  Proyideuce.  On  s'a- 
perçoit ,  continue  le  même  critique , 
en  lisant  le  Commentaire  de  Syria- 
nus ,  qu'il  ramène  tout  à  Orphée ,  à 
Pytliagore ,  à  Platon ,  et  qu'il  re- 
arde  Platon  et  Jambliqiic ,  comme 
es  véritables  interprètes  de  ces  phi- 
losophes ;  ainsi  recelé  ne'o-platoni- 
cieune  n'est  qu'une  dérivation  de 
l'ancienne  école  ionienne.  IL  Un 
Commentaire  sur  la  rfaétOI7qued'He^ 
mogènes.  11  se  trouve  dans  l'édition 
Aldine  des  rhéteurs  grecs,  publiée  a 
i5o8et  1589.  F — A- 

SYROPÙLUS    (StLVFSTRE), 

grand  eeclésiaitpie  de  l'Église  de 
Coiistantiuople ,  se  rendit,  en  cette 
qualité',  au  concile  de  Florence, 
avec  le  patriarche.  II  c'tail  l'un 
des  cinq  premiers  grands  -  vicai- 
res, et  souscrivit ,  comme  les  autro 
membres  de  TKgîisc  grecque,  le  dé- 
cret d'uuicn  arrêté  entre  les  Grecs  et 
les  Latins  ;  mais  étant  revenu  à  Cons- 
tant in.. pie  avec  l'empereur  Jean  Pa- 
léologue,  en  i44o,  et  voyant  l'aver 
sion  que  le  clergé  et  les  habitants  de 
Cunstantinoplemarquaicnthautement 
contre  l'union  ,  il  dc'savoua  Tacte 
qu'il  avait  signé  ;  et  afin  de  regagner 
la  jjopidarité  qu'il  avait  perdue,  il 
publia ,  en  grec  du  moyen  âge,11Iis- 
toirc  du  concile  de  Florence,  avec  le 
récit  des  évi'nementsqui  avaient  pré- 
cédé et  qui  suivirent  cette  assemblée. 
Un  manuscrit  de  sou  Histoire  k 
trouvant  à  la  bibliothèque  royale  de 
Paris,  Cl.  Sarrau,  conseiller  au  par- 
lement^ en  tira  ime  copie,  qu'il  oon» 


T 


STR 

s.  Voftsias ,  pour  la  publier  (  i  )^ 
adon,  ayant  oui  parler  de  cette 
,  en  instruisit  Charles  II  ;  qui 
dors  à  Bruxelles;  et  Rob.Oréygh- 
prëdicateur  du  prince,  fut  en- 
en  Hollande  vers  Yossius ,  qui 
mit  sa  copie.  A  la  première  pa- 
n  lisait  ces  lignes  écrites  de  la 
de  Sarrau  :  Describebani  mertf 
ugusto  164^ ,  Claudius  Sar- 
s  :  autographon  est  forma, 
i  vacant  in-quarto,  compactum 

i6o4>  "'*  P^^  se  fert ,  m 
^ulo  adverso  inferiori;  in  supe- 
est  nota  numeri  qiùnarii,  cuni 
?  stemmatisllenrici  /A^.Creygh- 
ublia  le  texte  de  Syropnlus ,  avec 
rsion  latine ,  sous  ce  titi'e  :  JliS' 

unionis  inter  Grœcos  et  Lati^ 
siue  conciUi  Florentini  narrO' 
rœcè  scripta  per  Sjrlvestrum 
opulum  (u),  magnum  eccle- 
ham ,  atqiie  unum  è  quinque 
Igeris  et  inlimis  consiliariis  pa- 
chœ  Constantinopolitani  y  qui 
lio  interfuit,  la  Haye,  1660^ 


!e   inaniurrit   rst  rarnre  ik   U  bibliotk^qiia 
,  »uu»  le  u".  Gr.  4'7'  'la  4^^  fruilleU,  lO' 
cnntiml,  en  grec  ilu  moyen  ftge  :  i^.  l'Hi»* 
u  coucile  A«  Florence,  par  Svropahu;  «<>, 
-el  du  concile  de  Florence;  3**.  le»  ('.onfe- 
qui   eoreot  lieu    dan»  le  concile  entre  le* 
et  les  Latins;  4*'-  un  Traite  de  Gennaditu  , 
>  (lire  :  Scliolarii  monofiia  in  mortem  Marti 
ni  Jùigcnici.  <  ies  quatre  ouvrages  parmifarnt 
■te  cents  de  la   oi^ine  main ,  peu  de   temps 
le  concile  de  Flor«^ce.   Le  manuscrit  était 
mage    quand    il  fut  acLelé  ponr  la  Btblio- 
•  royale  ;  il   avait    prubthlemcnt  appartenu 
ivant   à   une  llilJli(llh^que   d'Italie,   sous  le 
^7.  i^n  le  fit  relier,  eu  i()o4,  avec  les  armes 
nri  IV.  L'Histoire  du  concile  de  Florence  , 
rupulus  ,  y  est  divisée   en  doure  .<«ectioDS  ; 
unuire*)  de  chaque  section  sont  écrits  en  en- 
lige,  qui  a  pén<-tré  le  papier,  de  sorte  que  la 
t  sont   à  peine  li»ible».  La   reste  du  inanus- 
t  facile  h  lire.  '1  y  manque  la  première  sec- 
quelque:*  lignes  de  la  seconde  ,  comme  dans 
ir  de  Cl.    Sarrau.    Il  serait  à  désirer  qu'un 
iste  plu«    fort  que  Creygbtnn  publiât,   avec 
ertiiiu  ildèie ,  les  quatre  ouvrages  contenus 
!  manuscrit.  Le  commenrement  et  la  fin  étant 
s,   il   faudrait  chercher  à  rcloblir  les  textes 
''(•piilns  el  de  Geuuadius. 
'.reighlon  a  conwrvé  \guntpulii$ ,  c'est  une 
du  existe;  Syropulus   est  le  vrai  nom  de 


»       •  SYR 

in -fol.  Leoa  Allatius  a  critiqué  la 
Tersicm  et  les  notes    de   l'âiteur 
(  Fqy,  Creyghton  ,  X  «  269  )  ^  dont 
le  tniyail,  quoiqu'il  ne  soit  point 
sans  défaut,  est.pi^ieux  pour  les 
derniers  moments  de  Tempire  d'O- 
rient ou  du  Bas-Ëmpire.  Le  texte  de 
Syropulus  est  divise  en  douze  sec* 
tions.  La  première  et  les  premières 
lignes  de  la  seconde  manquent.  Dans 
la  seconde  et  la  troisième ,  il  a  ex- 
posé les  ttégociationsquit  depuis  1 434 
]usqii'en  1 438,  eurent  lieu  k  Gons- 
tantinopky  avec  les  papes  Martin  Y, 
Eugène  IV  et  avec  le  concile  de  Bâle.      ( 
L'auteur ,  oui  était  toujours  à  icôte 
du  patriarcne,  nous  montre  l'empe- 
reur Jean  Paléologue  allant ,  revenant 
au  palab  patriarcal ,  convoquant  des 
assemblées,  employant  la  flatterie, 
les  promesses  et  les  menaces  ponrdé- 
cider  le  baut  clergé ,  qui  paraissait 
ayoir  enborreur  l'union  avec  l'Église  - 
latine.  En  suivant  Syropulus^  on  croit 
tout  voir^  tout  entendre.  Il  met  en 
action  les  derniers  mouvements  d'un 
empire  mourant,  sa  faiblesse  et  ses 
vaines  passions.  L'auteur  de  Lascaris 
aurait  trouvé  dans  cet  ouvrage  des 
matériaux  pour  agrandir   son  ta- 
bleau. Il  y  avait  déjà  trente  ans  que 
l'on  parlait  d'union  entre  les  dâix 
Églises  ;  mais  le  projet  n'en  était  pas 
plus  avancé.  On  prit  confiancedans  le 
pape  Martin  V ,  qui  avait  en  l'atten- 
tion d'appeler  le  patriarche  sonfrèref 
ce  qui  paraissait  placer  sur  la  même 
ligne  les  chefs  des  deux  Églises.  On 
crut  qu'Eugène ,  son  successeur ,  agis- 
sait moins  franchement.  Ses  députés 
arrivèrent  peu  de  temm  aprèb  ceux 
que  le  concile  de  hàlt  envoyait  à 
Constautinople.  Ceux-ci  avaient  ap- 
porté avec  eux  huit  mille  .florins  en 
or,  qu'ils  offraient  à  l'empereur  pour 
couvrir  les  premiers  frais  du  voyage. 
Les  Pères  du  coucile  s'engageaient 


^f  f 


S\R 


cil  outre  à  fonniir  trois  galèrfs  et 
trois  cents  arcliers  ,  j)onr  la  défense 
de  (i(ji)siaiitiDople.  Pour  conférer 
avec  ces  denx  (iej.utations,  l'empe- 
reur el  le  jî.itri.irrlîr  nommèrent  une 
commission  dont  S^  lopiilus  devait 
être  membre.  II  s«!j-,plia  instamment 
le  iMfriarcîirdc  rMViTson  nom.  «  Oue 
»  pe'i\cnt ,  (lisaii  il,  nous  faire  ces 
»  LTîins ,  qui  ne  sont  pas  même  unis 
»  entre  eiix  ?  A  qî.oi  sert  -  il  d'avoir 
»  av(!c  e  ix  (le  I<  nçç.ies  conférences? 
»  O'i  lJ(;u^  ccnduJroiil  cesprojelsd'u- 
»  nion,  «fue  jamais  nous  ne  ]>ourrons 
»  ariienerà  une /in  îicureuse,  le  clergé 
»  et  les  îidMes  y  étant  si  hautement 
»  opposes  ?  1/ennemi  est  à  nos  portes. 
1»  vSans  aller  mriidicT  des  secours  si 
»  loin ,  rassend)'ons  nos  forces  con- 
»  \xv  lui;  voilà  le  parti  delà  sagesse: 
»  tout  le  reste  est  folie.  »  L'on  com- 
manda ,  et  Syropi:l:s  obéit.  L'empe- 
reur, qui  avait  pris  son  parti,  en- 
trait en  f'.renrqu  nd  un  lui  montrait 
quehjue  obstacle.  Il  n'épargnait  pas 
même  le  patriarche.  On  s'engagea 
envers  les  deux  d  pu:.»! ions.  Les  qua- 
tre calèrcs  nivoyéos  par  le  papic  ar- 
rivèrent sous  la  conduite  de  son  ne- 
veu. Peu  ar»rès  un  annonça  celles 
que  les  Pùvs  du  concile  m  voyaient. 
Le  neveu  du  pape  serait  allé  au-de- 
vant d'cilr-s ,  pour  les  combattre ,  si 
l'empereur  ne  l'avait  arrèlé.  On  se 
doViaa  pour  ic  p  ij  e.  Le  patriarche  , 
qui  n'osait  conlredire  le  prince,  or- 
donna de  faire  prendre,  (iaiis  toutes 
les  éîii'ses ,  ks  orn(  ments  et  les  vases 
les  phis  ])rL'cicuX;  aîln  de  pouvoir  se 
moiiîrcr  on  Italie  avec  la  magnili- 
c<'nrc  .[Ml  coîjvenait  au  chef  de  l'E- 
glise grecque.  «  Ce  fut  biçn  en  vain, 
dit  wSjrupulus ,  que  nous  fîmes  des  re- 
présentations contre  \\\w  pareille  fo- 
lie; et  malheureusemeiil  remj)ere!:r 
faisait  encore  pi  .  Il  avait  reçu  du 
pipe    quinze    miPe    ilorins    d'or , 


5Tït 

du  métropolitaiD  de  Kiow  nne  fxm- 
me  presque  aussi  forte;  et  tout  cela 
était  employé  aux  préparatifs  d*iiue 
magnificence  ridicule.  A  peine  doniM- 
t-il  six  mille  florins  au  patriarche,  ce 
qui  mécontenta  beaucoap  cehii-ci.  Je 
fis  prier  rempereiir,  ajoute  Syropii- 
lus .  de  vouloir  bien  me  dispensef  de 
faire  le  voyage.  On  lui  représenta ,  en 
ma  faveur,  que  radmim'.stration  deU 
justice  souffrirait  beaucoup  de  mon 
absence.  «  Misère  que  tout  cela  ,  ré- 
»  pondit-il ,  OD  trouvera  bien  quel- 
»  qu'un  qui  sache  réchaiiffvr  les  tri- 
»  bunaux  ,  en  attendant  que  nous 
»  revenions.  «Dans  la  quatrième  sec- 
tion ,  l'auteur  expose  le  départ  de 
l'empereur ,  son  arrivée  à  Venise ,  son 
entrée  à  Ferrare ,  où  le  pape  s'était 
rendu ,  les  retards  occasionnés  par  les 
diiiicultés  du  cérémonial.  Quand  on 
approcha  de  Venise,  Syropulus  fut 
envoyé  en  avant  pour  saluer  le  doge, 
et  pour  préparer  l'entrée  de  Perapc- 
reiir.  Le  doge  (il  demander  au  prince 
s'i!  avait  besoin  d'argent.  Paléologue 
ré|)oiidit  que  cinq  cents  ducats  lui 
feraient  plaisir  :  on  lui  en  compta 
six  cents,  et  quatre  cents  au  patriar- 
che qui  n'en  avait  désiré  que  trois 
cents.  Le  doge  otlVit  aussi  au  patriar- 
clic  uuc  provision  copieuse  eu  si:crc,   ' 
en  vin  ,  et  quarante  chandeliers  de 
gr.iiul  pri!L.  11  dit  à  l'empereur  et 
au   patriarche  :  a  Restez  ici,  coin- 
.ï  me  si  vous  étiez  chez  vous;  prenez 
»  v»!tre  iem])S  peur  examiner  lequel 
»  Vuuf  mieux  (l'aller  à  Ferra re  près 
i>  du  pape ,  ou  â  Baie  près  du  concile. 
»  En  visitant  la  ville,  dit  Syropulus, 
»  nous  admirâmes  surtout  la  statue 
w  de  Saint-iVîarc  que  l'on  peut  bien  ap- 
)>  i)cler  une  merveille  du  monde.  Lies 
»  f  iriues  me  vinrent  aux  y  eiix<,  quand 
»  je  ptiisai  que  les  pierres  précieuses 
1)  ikiîit  v\\o  est  omet ,  scmt  un  voJ 
»  fait  à  notre  égli.sc  de  Sainte  -S«- 


sn 

En  TÎsitant  les  (fglises  prin- 
le  patriarche  nous  ordonna 
s  bonnets ,  puisque  tel  est 
es  Latins.  Il  accepta  l'eau 
'on  lui  présentait ,  et  il  baisa 
)ect  une  châsse  précieuse 
elle  était  renfeimé,  lui  dit- 
ras  de  saint  George.  Nous 
les  des  reproches  ;  il  nous 
ilenee.  Au  même  moment  y 
tdeus.  oificiers  envoyés  rers 
l'empereur.  Selon  l'usage, ^ 
mandèrent  sa  bénédiction , 
lui  exposer  le  sujet  de  leur 
[1  leur  dit  d'ôter  leurs  bon- 
(une  ils  hésitaient ,  il  réi- 
ordre.  L'un  d'eux  obéit, 
a  bénédiciion  ;  l'autre  s'en 
isant  tout  haut  :  «  Je  puis 
passer  de  sa  bénédiction.  » 
tes  du  pape  et  ceux  du 
lient  à  Venise;  chacun  cher- 
igner  les  Grecs  à  son  parti, 
ur  fît  prier  le  patriarche  de 
férer  arec  lui.  Celui-ci  fei- 
oaladic  pendant  trois  jours, 
'4)ntenta  beaucoup  le  prince. 
ml  enfin ,  et  l'on  décida  que 

à  Fcrrare.  Selon  sa  pro- 
5  pape  avait  fait  remettre 
;nts  florins   d'or    au    pa- 

et  plus  à  l'empereur,  dans 
enir ,  dit  l'auteur ,  le  prince 
ur  Fcrrare ,  où  nous  n'arr 
[ue  plusieurs  jours  après  lui. 
ur  fit  auuoncer  qu'il  fau- 
ser  les  pieds  du  pape  ;  le 
e ,  que  nous  appuyions  for- 
•efusa.  IjC  pape  envoya  des 
i  ;  même  refus.  On  négocia 
ouïe  la  journée.  Le  patriar- 
nous  engageâmes  à  ne  pas 
»  banjue  que  tout  ne  fût  ré- 
l'un  des  cardinaux:  a  Vous 
ez  que  le  pape  est  le  succes- 
i  sauit  Piene  :  soit  ;  mais 
£-B0us  que  les  autres  ap^ 


SYA  545 

»  très  ont  baisé  les  pieds.de  crini 
»  qui  était  le  premier  parmi  eux.  Je 
9  m'en  retournerai  à  Constantinople. 
»  Couchés  dans  notre  barque  ,  nous 
»  disions  tristement  au  patriarche  s 
«  Ceci  n'est  qu'un  commenceinentl  A 
»  Constantinople,  vous  ne  vous  dou- 
»  tiez  de  rien  :  selon  vous,  les  Latins^ 
»  désirant  si  vivement  l'union  ^  de- 
»  vaient  nous  recevoir  à  bras  ouverts; 
9  vous  rejetiez  nos  représentations  : 
y  à  présent  vous  voyez  ce  qui  ar- 
»  rive.  »  Enfin  le  soir,  fort  tard,  le 
pape  fît  dire  qu'il  consentait  à  ce  que 
le  oaisement  des  pieds  n'eât  point 
lieu  })our  nous  }  mais  qu'il  ne  nous 
recevrait  qu'en  audience  particulière 
et  seulement  3ixà*la-fois.  I^es  discus-, 
sions  recommencèrent  quand  il  fallut 
régler  l'ordre  des  séances.  Malheu- 
reusement il  n'y  avait  point  d'union 
parmi  nous  ;  les  prétentions  de  nos 
évêques  entre  eux  amenaient  tou- 
jours des  scènes  scandaleuses.  Pour 
conférer  avec  les  Latins ,  une  com- 
mission fut  nommée  ;  et  bien  malgré 
moi ,  je  fus  de  nouveau  parmi  les  dix. 
On  commença  à  discuter  la  question 
du  purgatoire;  et  certes  nous  n'étions 
pas  bien  éloignés  les  uns  et  les  autres. 
L'empereiur,  à  qui  tousies  soirs  nous  en 
rendions  compte ,  nous  disait  :  a  Te- 
»  nezpVoiDB  bien  fermes  sur  vqs  syllo- 
»  gismes.  Ne  vous  laissez  pas  vain- 
»  cre.  v  Pendant  que  nous  disputions 
commedes  écoliers,  les  lettres  les  plu» 
eflrayantes  nous  arrivaient  par  Ve- 
nise. Amurath  s'avançait  contre  no- 
tre ville  avec  une  flotte  de  cent  cin- 
quante galères ,  et  une  armée  de  cent 
cinquante  mille  hommes }  les  nôtres ,  ' 
dans  leurs  lettres,  conjuraient  l'em- 
pereur et  le  patriarche  de  tont  quit- 
ter et  de  revenir  à  Constantinople , 
pour  défendre  la  capitale  de  l'em'- 
}irc.  Nous  nous  rassemblions  pour 
ire  nos  lettres ,  en  poussant  des 


i 


.  1 


546 


SYR 


cris  y  des  gëmisseuients  vers  le  ciel. 
L'empereur  et  le  jiatriarche  s'adres- 
screut  au  pape  et  aux  cardinaux  $ 
ils  ne  leur  demaudaient  que  quelques 
galères  pour  les  envoyer  contre  les 
Turcs.  Le  prince  nous  rassembla 
pour  nous  engager  à  nous  cotiser  et 
à  armer  ensemble  ime  ou  deux  galè- 
res. Mais  que  pouvions-nous  faii'e  , 
nous  qui  étions  réduits  à  vivre  des 
aumônes  que  Ton  nous  distribuait 
tous  les  jours?  Le  prince  envoya  pro- 
poser à  Venise  un  emprunt  :  le  pape 
avait  promis  de  le  seconder  ;  mais 
il  nous  trompait^  il  ne  donnait  que 
de  vaines  promesses.  Opendant  nous 
continuions  à  disputer  avec  les  La- 
tins et  entre  nous  ruons  étions  nous- 
mêmes  nos  plus  grands  ennemis  ;  nous 
ne  pouvions  nous  accorder  sur  au- 
cun point.  L'empereur  s'était  retiré 
dans  un  monastère  à  quelques  lieues 
de  Fcrrare  et  s'y  livrait  à  sa  passion 

Sour  la  chasse.  J'allai  plusieurs  fois, 
e  la  part  du  palriarclie,  lui  expo- 
ser le  méroiilcntcmenl  général.  En- 
lin  les  habitants  des  campagnes  voi- 
sines ,  poussés  au  désespoir ,  soime- 
rent  un  jour  le  tocsin  et  entrèrent 
dans  le  monastère  en  poussant  des 
cris  allreux.  Paléologue  ,  ettVayé, 
s'enfuit  à  Ferrare ,  d'où  nous  nous 
rendîmes  bientôt  après  à  Florence 
avec  lui.  C'était  au  mois  de  décem- 
bre 1438. L'empereur  étant  convenu 
avec  le  pape  et  le  patriarche,  que  le 
synode  serait  transféré  à  Florence  , 
nous  demandions  avec  inslance  de 
nous  en  retourner  à  Constantinople  ; 
nous  ne  pouvions  plus  su])porler  l'op- 
probre dont  nous  noiis  crjuvrions  , 
étant  obligés ,  pour  vivre ,  d'arracher 
auxLatins  les  modiques  secours  qu'ils 
nous  accordaient.  L'emperciu'  nous 
atterra  par  la  dureté  de  ses  expres- 
sions. On  nous  donna  quelques  flo- 
rins^ et  nous  partîmes  pour  Florence 


STR 

avec  le  patriarche.  Trois  prélics  à 
la  suite  du  prélat  s'éuieiit  ëridà 
pour  retourner  à  Gonstantiiiople.  Le 
patriarche  ùi  écrire  à  Venise  ,  d'oî 
on  les  ramena  sous  bonne  escorte.  Ib 
partirent  une  seconde  fois  ,  et  k  pi- 
triarcbe  manda  à  Gonslantinoplc^ 
qu'à  leur  arrivée  ils  fussent  dindes 
et  frappés  de  verges.  C'étaient  dîes prê- 
tres !  A  Florence,  l'empereur  presuit, 
menaçait  :  il  voulait  nous  «mdier 
ce  que  l'on  appelait  l'union  ;  OB  se 
renoit ,  plusieurs  par  crainte  et  pir 
des  raisons  politiques.  Il  nous  ras- 
sembla à  une  conférence  solemidle 
pour  proclamer  l'union  ;  et  en  cette 
occasion  y  il  arriva  un  événement  qui 
fit  une  singulière  impression  sur  l'as- 
semblée. Parmi  ses  cliiens  de  chasse, 
l'empereur  en  avait  un  qui  le  suivait 
partout,  même  chez  le  patriarche. La 
bête  favorite  se  plaçait  sous  le  trône 
impérial ,  sur  le  tapis  destiné  poo^ 
les  pieds  du  prince,  oui  avait  ratten- 
tion  d'avancer  ses  jambes  pour  ne 
point  la  déranger;  et  elle  donnait 
tranquillement  pendant  nos  séances  : 
mais  l'empereur  s'étant  échauffé  en 
proclamant  l'union ,  le  chien  com- 
mença d'aboyer  ,  et  couvrant  de  sa 
voix  celle  de  son  maître,  il  sem- 
blait protes<er  contre  l'acte  que  le 
prince  proclamait.  Les  officiers  du 
prince  cherchèrent  en  yaîn  à  l'ap- 
paiser  ;  il  fallut  le  tramer  hors  de 
la  salle.  IjC  patriarche  mourut  de 
vieillesse  et  ae  chagrins,  avant  U 
séance    où  les  Latins  et  les  Grecs 
rassem])]és  ]>rocIamcreut  l'acte  d'ih 
nion.  En  retournant ,  nous  passâmes 
de  nouveau  par  VenLse.  Là,  il  fat 
question  de  rendre  les  derniers  de- 
voirs religieux  à  notre  patriarche* 
A  sa  mort,  on  avait  trouvé  cba 
lui  une  cinquantaine  de  florins  d'or, 
que  l'empereur   dépensa   pour  ses 
chieus.  Nous  fimcs  vendre  h  l'en- 


STR 

les  petits  clTets  du  palriarclie  , 
de  pouvoir  couvrir  les  frais  du 
icc  funèbre.  Voilà  où  dous  en 
as  réduits.  A  Corfou,  à  Modon, 
:out  où  nous  abordions  sur  no- 
route,  on  nous  traitait  comme 
schismaliqiies,  des  tiausfuj;es; 
onstantiuoplc  ce  fut  encore  pis. 
ecclésiastiques  qui  y  étaient  res- 
refusaient  de  communicpier  avec 
s;  l'autel  où  nous  disions  la  messe 
t,  selon  eux,  profané,  pollué. 
piuion  était  si  générale ,  si  forte  , 
in  curé  de  la  campa j^ue,  qui  était 
j  à  Coustantinoj)lc  par  simple  cu- 
ite, pour  voir  1  intronisation  du 
veau  patriarche  ,  fut,  à  sonre- 
• ,  repoussé  par  ses  paroissiens  : 
e  fut  qu'avec  la  plus  grande  peine 
1  les  tranquillisa ,  eu  les  assurant 
l  n'avait  f?it  que  regarder  la  cé- 
onie,  saus  y  prendre  aucune  part. 
%int  cotte  confusion,  je  quittai 
lace  émiurnte  que  j'avais  dans 
lise  patriarchalc  ,  pour  vivre 
s  la  retraite.  Le  deuil  cfait  dans 
amillc  impériale.  Pendant  leur 
•nce  ,  l'empereur  et  son  frère  Dé- 
rius  avaient  perdu  chacun  leur 
jse.  Quand  ils  entrèrent  dans  le 
lis  ,  comme  ils  ne  voyaient  point 
r  au-devant  d'eux  l'impératrice 
i  sœur ,  il  fallut  bien  révéler  ce 
l'on  cachait.  L'empereur  ,  acca- 
de  chagrin  ,  me  fit  venir  :  il 
jta ,  il  pria  ;  mais  il  ne  put  faire 
iger  ma  résolution.  A  la  prière 
mes  amis,  j'ai  profité  de  mon 
r  pour  publier  celte  histoire.  » 

G— Y. 

YRUS  rPunr.ius).  T.Publius. 
ZALK  Vï  (  Ar< ToiNK  de  ) ,  l'un  des 
Heurs  poètes  hongrois  de  nos 
'S,  peut  être  regardé  comme  le 
lateur  de  la  littérature diamaîique 
sa  nation.  Sou  Pikko  Hcrtzeg 
a  première  pièce  régulière  qui  ait 


SZE  547 

ëtë  composée  en  langue  hongroise, 
et  les  amateurs  y  ont  trouvé  le  cerme 
d  un  talent  très  -  remarquable.  L'au- 
teur s'était  déjà  £ait  connaître  par 
une  Enéide  travestie ,  en  Hongrois, 
1 79'i ,  in  -  8°, ,  composée  sur  le  mo- 
dèle de  celle  de  Blumauer  (  Voy,  ce 
nom,  IV,  G02  ),  et  avec  plus  de  li- 
cence encore  que  celle  de  Scarron  ; 
aussi  l'ouvrage  fut  défendu  par  la  cen- 
sure ,  bien  que  Szalkai  ne  manquât 
point  d'un  certain  crédit  à  la  cour  :  il 
fut  pendant  cmelque  temps  attaché  à 
la  maison  de  l'archiauc  palatin 
Alexandre  -  Léopold.  Il  est  mort  à 
Bude,  en  août  1804.  G.  M.  P, 

SZEGEDI  (Jeaw-Baptiste),  je'- 
suite  ii'^ngrois ,  né  en  1699  y  dans  le 
comté  d'Eisenstadt  y  d'une  famille 
noble ,  professa  avec  beaucoup  de 
distinction  les  hautes  sciences  dans 
dilFérentes  maisons  de  son  ordre,  et 
fut  successivement  recteur,  mission- 
naire et  aumonier-général.  Il  se  fit 
remarquer ,  dans  ces  différentes  .pla- 
ces, par  ses  talents,  son  affabilité  et 
la  pureté  de  sçs  mœurs.  Très-versé 
dans  l'étude  du  droit  et  dans  l'histoire 
de  sa  patrie,  il  a  publié  :  I.  Tripar- 
titum  juris  Ilungarici  Tirocinium , 
Tirnau  ,  17  Î4,  in-13.  II.  Synopsis 
titulorum  Juris  Hungarici,  1784, 
in  8**.  III.  Décréta  et  vitœ  regum 
IJungariœ  aui  Transjrhaniam  pos- 
siderunt ,  Coloswar,  1743,  in  8\ 
IV.  fVerhotsius'  illustrât  us  ,  Tir- 
nau, 1753  ,  in-8*>.Szegedi  est  mort 
à  Tiniau,  leSdéc.  1760.  Z. 

SZEINT-MARTONIY  (  Ignace  ), 
savant  jésuite,  né  vers  le  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle,  mourut 
le  1 5  avril  1 798 ,  à  Belliza  dans  le 
comitat  de  Szalad  près  de  Csakaturn 
en  Croatie.  Voué  à  l'étude  des  mathé- 
matiques et  de  l'astronomie ,  il  ac- 
quit ,  dans  cette  partie  des  sciences  , 
une  telle  câelrité,  que  l'hnpëratricc  ' 


5/|5 


SZE 


Maric-Thcrcse  lVnvoy.1 ,  sur  la  dé- 
nia iule  dii  roi  de  Portiipal  Jean  V,  à 
Lisbonne,  où  il  fut  pince  comme  as- 
tronome do  la  cour,  avec  des  appoin- 
tcin<'uls  cousidérables  ,  et  eiivové  au 
Brt'sil,  pour  lever  le  pian  dos  fron- 
tièrrs,  près  du  fleuve  des  Amazones, 
qui  étaient  en  discussion  entre  l'Es- 
pagne et  le  Porl'îgal.  Il  s'occupa  de 
ce  travail  pendant  plusieurs  années  , 
et  il  en  c'tait  pre^qMe  à  la  fin ,  lorsque 
éclatèrent  en  Portugal  les  troubles 
qui  occasionnèrent  la  destruction  de 
son  ordre.  Tous  les  Jésuites  qui  se 
trouvaient  au  Brésil,  sans  exception, 
furent  arrêtes  par  les  ordres  du  pre- 
mier ministre  Pomlwl ,  et  embarqués 
])o^!r  Lisl)onne ,  où  on  les  mit  en  pri- 
son ,  en  attendant  l'instruction  de 
1«  ur  procès.  Szent  -  Martoniy  resta 
détenu  {)«-i?dii;t  huit  ans,  sans  être  in- 
terroge, et  li  ftii  eiiSiiite  mis  .avec  tous 
ses  eoiifrèrca  ^  dans  un  souterrain, 
où  il  ccvsa  de  voir  le  jour  j)€ndant  six 
ans ,  et  ne  revutpo'ir  toute  nourriture 
que  du  riz.  'Mijrie-Therèse  s'étant  in- 
*  formée,  à  plusieurs  reprises,  de  son 
sort ,  reçut  pour  réponse  que  l'on  ne 
pouvait  pas  le  trouver.  .\j:rcs  la  mort 
du  roi  Joseph  I*-'.,  tous  les  prison- 
niers ayan*  été  mis  en  liberté,  Szent- 
Martoniv  fut  de  rc  nombre.  Appelé 
auprès  de  l'ambassadeur  impérial, 
le  b  iron  de  Lobzeltern  ,  celui-ci  lui 
donna  Tar^'ent  nécessaire  pour  re- 
tourjjf  r  à  Vienni\  Il  eut  l'honneur  de 
raconter  to:ites  ics  avenli'res  à  l'ira- 
péiahice,  qui  en  fut  touclée  jus- 
qu'aux larmes,  et  il  se  rei  lit  «T. ms 
sa  patrie,  où  il  passa  lo'i  demiè- 
rcs  aiUKTS  de  sa  vie ,  aupi  i^s  de  sou 
nevcii  ,  Ij^iK-'ce  Szent  -  Mirtonir  le 
jeune  ,  curé  cl  d<»yen  à  He!li/  •  dins 
l'île  de  *■  sa  ka  tu  ni ,  en  l'aidant  dans 
rexcrcice  de  ses  soins  spirituels  , 
eoiîime  le  dunier  chapelain  ,  par- 
tageant sa  peusîon  avec  les  pauvres 


SZY 

et  avec  tous  les  malheareiix  qui  le* 
couraient  à  sa  bienfaisanoe.il  Âoural 
à  l'Âge  de  soiiuinte-qmDie  ans.      ZL 

SZTARAY  (Antoine y  comte  de)^ 
général  autrichieu ,  a ,  malgré  ses  ta- 
lents et  son  courage ,  laisse  mi  sou- 
venir peu  glorieux,  parce, que  soli 
nom  ne  se  rattache  guère  qu'à  des 
opérations  malheureuses.  Ou  le  voit 
d  abord,  en  1792 ,  cbargé  de  roo- 
yrir  la  retraite  du  duc  de  ^axe-Tes- 
clien  vivement  poursuivi  parDumon- 
riez ,  à  la  suite  de  la  bataille  de  Jm- 
mapes  {V.  GutaFAYT,  IK  ,83,ecDv- 
MouRiEz  au  supplément  )  ;  aux  coa- 
bats  de  Tirlemont  et  de  Liège;  cti 
Gourtrai  (  11  mai  1794)9  oùillîit 
dangereusement  blessé  :  en  ingiSy 
à  Forchheim  ,  Bamberg  ,  Wun- 
bourg  ,  et  surtout  à  Gronach  ,  oà 
il  se  distingua  par  son  babîkie'  d 
sa  bravoure.  Au  combat  du  pont  de 
Kehl  (  *io  avril  1 797  )  »  il  fut  blessé 
au  commencement  de.ractioB ,  et  ne 
put  empêcher  la  défaite  des  Antri* 
chiens.  Dans  les  campagnes  de  1799 
et  1 800 ,  il  combattit  sous  les  ordrv 
de  l'archiduc  Gharles  et  de  Kray. 
Ge  général  mourut  en  i8o8.  On  m 
lui  a  pas  contesté  une  grande  bra- 
voure personnelle ,  une  ardeur  infa- 
tigable ,  un  coup-d'œil  juste  et  p^é- 
trant  ;  mais  la  fortune  lui  fiit  too- 
jours  contraire.  11  servit  'dans  des 
temps  diiTiciles  ,  et  il  fut  blessé  ga« 
vement  à  presque  tontes  les  actiOBS 
où  il  prit  pai-t.  G:  M.  P. 

SZYMANOWSKI  (JosEvn),  né 
en  Pologne,  mourut  eu  1801'.  Ob 
a  de  lui  une  i^égonte  traduction  en 
^  '  '  >  polonais  du  TcmpU  ic  Gnide; 
"\  •!'.>  poésies  fugitives  qui  respirent 
le  ]-.;)  goût  et  le  sentiment  de  Vbar- 
mM-ii< .  r.!les  ont  été  recueiUics  aprts 
sa  i.i(  l't .  et  publiées  dans  le  Choix 
d'au i i:urs  polonais ,  en aO  vol. ,  Var- 
sovie .  i8o3-x8o5.       U— T— r. 


SiT 

fONOWIEZ  (  SiMow  ) ,  su^ 
Simomdes ,  né  en  1 553 ,  et 
1624  ,  était  citoyen  et  cha- 
Léopol  '  Lembcrg  )  en  Po- 
s  Ëclognes  sont  encore  jus- 
meilleures  de  la  langue  polo- 


SZY  349 

naise  :  le  naturel  y  ]i^  douceur  et  la 
sensibilitd  les  distinguent  éminem- 
ment, Cracoipieyiôag,  iih4^.;  1686, 
in-4^.  11  y  en  a  ringt  qui  se  trouvent 
dans  le  ChfÀx  hauteurs  polonais  ^ 
Varsovie,  iSoS-iSoS.   M— r— i. 


T 


il  (Abou-Djafar  MonAM- 
dc  DjoraIr  ) ,  célèbre  his- 
ibo  ,  naquit  à  Amol^  capi-> 
abaiistau  .  en  l'année  11^ 
e  (83i)  de  J.-C).  Il  se  dis- 
n?  ]'1usiei,rs  sciences,  *elies 
;<  sedcTAIcoran ,  la  connais- 
trjdilioii!!,  la  jurispniden- 
;tcire ,  rt  coin  posa  un  grand 
l'ouvra ;»<>  oui  altestpnt  la 
t  TélemLio  de  ses  rounais- 
Ti  fait  de  jurisprudence,  il 
te  au  nombre  des  docteurs 
';n  donne  le  titre  de  Moudj' 
ar  ce  qu'il  ne  s' attachait  à 
a*aucun   de  ceux  qui   ont 
•  école,  et  que  dans  toutes 
ïMs  eontrovcr;ées  il  se  dé- 
par  lui -u) orne  ,  indépen- 
de toute  antorité.  Il   eut 
•les  ,  parmi  Icsqacls  on  cite 
adi  ^îoali  ^^aluevvani,  fils 
a  ,  et  connu  sous  le  nom 
Itirazi  ou  Ehn-Aitarraz , 
'année  3po.   Moafi  fut  lui- 
cél<  bie  iiu i.seonsulte  ,  e!  on 
mait  Djordiriy  h  cause  de 
ement  aux  i;pinions  dcTa- 
)n  de'sii'ne  souvent  sous  le 
ils  de  Djoràir,'  Les  deux 
t  ouvrages  de  Tabari  sont 
entaiie  sur  l'Alconin,  et 
•e  ou  chronique  universelle, 
l  depuis  le  commencement 
jusqu'à  Tan  3oa de  l'hégi- 


re. Elle  a  été  abr^ëe  et  contionëe  par 
George  fils  d'Amid  y  connu  sous  lit 
nom d'£biuicm (  F.  cenom  );et]a 
partie  de  cet  abrégé  qui  commence 
à  la  naissance  de  Mahomet  a  été  pu- 
bliée en  arabe  et  en  latin.  On  dit  que 
l'Histoire  de  Taban  qui  etteënéni- 
lement  connue ,  n'est  qm  1  extrait 
d'un  ouvrage  beaucoup  plus  considé- 
rable que  cet  auteur  avait  d'abord 
composé  en  plusieurs  volumes  et  qu'il 
a  réauit  lui*méme.  L'ouvrage  de  Ta- 
bari a  eu  plusieurs  continuateurs  et  a 
été  traduit  en  penan  par  un  des  vi- 
zirs de  l'émir  samanîdie  Nouh  fils  de 
Nasr  ;  elle  a  aussi  été  traduite  en 
langue  turqof .  Tabari  passe  pour  un 
historien  véndique^  qui  a  mis  beau* 
coup  de  soin  à  s  assurer  de  la  mérité 
des  faits  qu'il  raconte.  AbouVéda, 
en  parlant  du  commentaire  de  Tabari 
sur  TAlcoran,  dit  que  c'est  un  livre 
qui  n'a  pas  son  pareil.  On  cite  en- 
core de  lui  ;  i®.  un  ouvrage  intitulé 
Eladab  elhamida  auélalMàk  isAmp- 
fisa^  qui,  à  en  juger  par  le  titre, 
doit  être  un  traité  de  morale^  a^.  un 
livre  qui  a  pour  titre  Tah^  aUh 
thar,  et  que  je  suppose  être  relatif 
aux  traditions;  3<*.  un  ouvrage  de 
jurisprudence  sur  les  questions  g<»h 
troversées  entre  les  docteurs»  On  re- 
marqua, quedans  ce  demief  ouyrage, 
il  n'avait  fiiit  aucune  mcntîaii  du  cé- 
lèbre docteur  Ahmed  fila  de  HaBbal, 


55o  TAB 

clief  d'une  des  quatre  sectes  réputées 
orthodoxes  parmi  les  Musulmans.  Ce 
silence  mal  interprc'té  le  rendit^  après 
sa  mort,  l'objet  de  la  censure  et  de 
la  haine  des  Hanbalites  de  Bagdad  : 
ils  calomnièrent  sa  mémoire  et  lui 
imputèrent  des  opinions  he'le'rodoxes. 
Tabari  mourut  à  Bagdad  en  Tannée 
3io  et  fut  enterre  dans  la  maison 
qu'il  habitait.  Il  serait  à  souhaiter 
qu'on  publiât  l'Histoire  de  Tabari  ou 
au  moins  Li  partie  de  celte  hist(»irc 
qui  commence' à  la  naissance  de  Ma- 
homet, d'autant  plus  que  rabrë$;ë  fait 
par  Elmacin ,  et  qui  a  été  imprime' , 
est  rempli  de  fautes  grossières  qui 
en  diminuent  considérablement  l'uti- 
lité. Au  défaut  du  texte  arabe,  on  fe- 
rait une  chose  utile  si  l'on  en  publiait 
la  version  persane.       S.  d.  S — y. 

TABARIN,  personnage  célèbre 
dans  les  rues  de  Paris ,  au  commen- 
cement du  dix  -  se[>tïème  siècle ,  et 
dont  le  nom  est  resté  proverbe,  était 
valet  ou  as'^ocié  de  Mondor,  charla- 
tan et  vendeur  de  baume.  C'étaient 
le  Pont  -  Neuf  et  la  place  Daupliine 
que  Tabarin  choisissait  le  plus  sou- 
vent pour  deljiter  ses  quolibets.  Mon- 
dor et  Tabarin  coururent  aussi  la 
province.  Du  reste,  on  ignore  les 
époques  et  les  lieux  de  sa  naissance 
et  de  sa  mort.  Boileau  le  nomme 
deux  fois  dans  son  Art  poétique 
(  chants  I  et  m),  commencé  en  t6(>(), 
et  publié  en  i(i'i4.  La  Fontaine  l'a 
encore  signalé,  dans  sa  fable  du  Mou- 
ton ,  de  la  chèvre  et  du  porc  que  l'on 
mène  à  la  foire  ; 

Le  charton  n^avaitpa»  defteim 
l)<r  Ut  mener  voir  l'abarin. 

Un  demi-siècle  avant ,  Tabarin  était 
au  plus  haut  de  sa  réputation.  En 
iGiî'i  ,  on  avait  imprimé  un  volume 
in-i2,  intitidé  :  Inventaire  universel 
des  Œuvres  de  Tabarin  ^contenant 
ses  Fantaisies  y  Dialogues,  Para» 


TAB 

doxes ,  Farces ,  Rencontn 

ceptions  ,  ouvrage  où ,  f 

subtilités  tabariniques ,  on 

loquente  doctrine  de  Moi 

semble  les  Rencontres  y  Co 

ne  et  Gaillardises  du  baroi 

telard,  La  même  année  vi 

la  Querelle  de  Tabarin  et 

cisquine,  sa  femme  ^  dialof;; 

En    i6'23 ,    parurent  VA 

prophétique  de  Tabarin ,  i 

Rccucd  des  OEuvres  et  F 

de  Tabarin ,  in  -  1 2 ,  et  e 

Rencontres  et  Fantaisies  i 

V asne  facétieux  du  Iniron 

telard^  in  -  la ,  en  dia^oî;c 

ans  après ,  on  mit  au  jour  la 

partie  du  Recueil  général 

contres  et  Questions  de  '. 

contenant    plusieurs     Qi 

Préambules ,  Prologues  e 

le  tout  non  encore  vu  m*  i 

Paris,  i(Î25,  in-i!?i.  Les  f 

bariniques  et  les  Aventun 

domont  ont  été  imprimées 

en  i(>.h,  in-i!i.  Dans  la  m 

on  donna ,  en  i63'i  ,  les  y 

et  amours  du  capitaine  R 

les  rares  beautés  d'Isabe 

inventions  folastres  de 

faites  depuis  son  départ 

jusqu'à  son  retour  y  in-i: 

tions  de  1637  et  de  tC)(y\ 

vres  et  Fantaisies  de  Toi 

tiennent  les  Farces  tahar 

les  Aventures  de  Rodom 

non  le  Gratelardy  quoiq 

ce  sur  le  titie.  Tous  ces 

sont  des  recueils  de  rëbiu 

de  mots  ,  quelquefois  grc 

même  genre  que  ceux  qui 

tés  par  Paillasse  y  dans  1 

et  sur  les  places  publiques 

TAB ARRANI  (  Piekr 

cin  italien ,  membre  de  I 

Bologne ,  naquit  à  Loml: 

récatde  Uwtpm,  k  3  1 


TAB 

re  éducation  ,  il  alla 
des  études  plus  se- 
e  bonnet  de  docteur 
et  en  médecine.  Le 
i  l'emmena  à  Rome, 
n  médecin.  Là ,  Ta- 
)lus  particulièrement 
ues  et  à  Tanatomie , 
îommerce  de  lettres 
Vlusschcnbroek.  Son 
mort  en  i^SS,  Ta- 
ncore  quelque  temps 
éssion  de  médecin  , 
p  l'étude  de  l'anato- 
>t  il  se  rendit  à  Bolo- 
it  la  réputation  des 
que  cette  ville  ren- 
sein.  Il  s'y  lia  étroi- 
docteurs  Galeazzi  et 
r  de  connaître  Mor- 
er  de  là  à  Padoiie, 
estime  de  ce  grand 
$  savants  professeurs 
llisnieri.  Il  retourna 
s,  où  il  resta  jusqu'en 
il  fut  appelé  à  Sien- 
lir  la  chaire  d'ana- 
ait  occupée  que  par 
a  retraite  du  célèbre 
ï  Rimini.«Tabarrani 
e  école  illustre  ,  y 
e  en  faveur  ,  et  for- 
îlèves.  Il  avait  déjà 
ins ,  lorsqu'une  dou- 
rendit  aveugle  :  en 
it  à  Lyon ,  pour  se 
es  mains  du  fameux 
n  ;  il  fut  obligé  de 
and-duc  de  Toscane 
)ur  adjoint  le  docteur 
son  élève ,  et  mou- 
le 5  avril  1779  ,  âgé 
mte-dis-sept  ans.  Ses 
[.  Deux  Lettres  sur  la 
•et  de  Viareggio ,  la 
leux  fois  y  dont  la  a*, 
no,  i74^,in-4°.;U 


TAB 


êSi 


seconde  n'a  été  imprimée  qu'une  fois, 
Pesaro  ,  1741  >  iu-4**.  II.  Observa^ 
tioncs  anatamicœ ,  Lucques ,  1 74^  y 
1753,  in-4°*0uvrâ|eexce11ent,q[iiia 
réuni  le  suffrage  de  fialler ,  Van  Swie- 
ten,  Morgagni  et  Portai.  La  seconde 
édition  est  supérieure  à  la  première. 
III.  Trois  Lettres,  dont  Tune  sur  le 
flux  de  sanc;  ;  la  seconde,  sur  l'opéra- 
tion de  l'bytlrocèle;  la  troisième,  sur 
les  ventricules  et  les  cavités  du  cer- 
veau, stur  rbymen,  sur  les  muscles 
supercostaux  et  intercostaux ,  et  sur 
le  larynx  ^  Lucques  «  1 764  4û^-4^*  IV* 
Des  Lettres  médico  -  anatomiqiies  , 
dans  lesquelles  il  rend  compte  de 
plusieurs  observations  faites  par  lui 
tant  sur  le  corps  bumain  que  stnr 
d'autres  corps  animés.  Sienne,  1 766, . 
in-4^.  Elles  se  trouvent  aussi  dans  le 
tome  3®.  de  Tacadémie  des  sciences 
de  Sienne.  V.  On  trouve  deux  Mé- 
moires de  lui  dans  le  premier  et  le 
sixième  volumes  des  actes  de  la  mi- 
mé académie ,  et  un  autre  dans  le 
dixième  volume  des  actes  de  l'insti- 
tut de  Bologne.  YL  II  a  encore  pu- 
blié divers  écrits  polémiques  occa- 
sionnés par  les  disputes  littéraires 
dans  lesquelles  il  s*e$t  souvent  engagé* 
Foy',  Fabroni,  F✠ Italor, ,  tome 
XIX,  p.  108.  C.  T— Y. 

TABERNiEM0NTANU;5  (Jac- 
ques Theodor  ,  plus  connu  sous  le 
nom  de  ) ,  médecin  allemand ,  qui  ac- 
quit une  certaine  réputation  comme 
botauîste,  était  ne,  vers  iSao^  à 
Bergzabem ,  petite  ville  du  pays  de 
Deux-Ponts,  dont  il  portait  le  nom 
latinisé.  Ayant  été  disciple  de  Tiagus 
ou  Le  Bouc ,  il  prit  près  de  lui  le  goAt 
de  la  botanique^  et  db-lors  il  fomut 
le  projet  de  continuer  les  trivaux  de 
son  maître,  pour  la  recherdie  des 

Ï)}antesderAUaiiagne:illniconsaeni 
e  reste  desa  vie,  ou  du  moins  tout  le 
temps  que  lui  laissa  de  libre  Veut 


35j 


TAB 


qu'il  fut  oblige  de  prendre.  Ce  fut  d'a- 
Lurd  celui  de  pharmacien  qu'il  choi- 
sit ,  comme  plus  conforme  à  ses  goûts. 
11  parah  q»  e  ce  fut  eu  i  5j3  qu'il  s'é- 
tablit à  Wcisseubourg  eu  Alsace  ; 
mais  ayant  voyagé  et  séjourné  en 
France ,  il  y  fit  des  études  plus  sui- 
vies en  médecine ,  et  y  reçut  le  bon- 
net de  docteur.  De  retour  dans  sa  pa- 
trie y  ii  pratiqua  cet  art  avec  distinc- 
tion y  se  seivant  le  moins  qu'il  pouvait 
de  remèdes  exotiques.  Sa  réputation 
était  telle  ,  qu'il  fut  appelé  par  Tévê- 
quc-  prince  de  Spire,  pour  être  son 
premier  médecin.  Tout  lui  faisait  es- 
pérer qu'il  obtiendrait  de  la  libéralité 
de  ce  prélat  les  moyens  de  publier 
les  matériaux  qu'il  recueillait  depuis 
si  long-temps  ;  mais  ce  protecteur 
étant  mort  avant  d'avoir  réalisé  sas 
promesses,  Tabernscmontanius  fut  me- 
nacé de  \ès  voir  s'ensevelir  avec  lui. 
Heureusement  il  trouva ,  à  Francfort- 
sur -le -Mein,  dans  Bassaîus ,  un  li- 
braire capable  de  l'apprécier,  et  qui 
n'épargna  rien  pour  mettre  au  jour 
son  ouvrage.  11  lit  exécuter  à  grands 
frais  toute  la  série  de  planches  en  bois 
qui  était  nécess/iire;  et  il  fit  pa- 
raître ,  en  1 588 ,  le  premier  des  liois 
volumes  in-fol.  qui  devaient  contenir 
le  fruit  de  trente-six  ans  de  recherches, 
sous  ce  titre  :  iVew  volkonimcn 
Kreuter-buch  ,„ ,  ou  Nouvel  herbier 
complet^  dans  letjuel  plus  de  trois 
cents  plantes  sont  figurées  et  décrites, 
avec  leurs  noms,  dans  plusieurs  lan- 
gues ,  etc.  Sur  ces  entrefaites  l'auteur 
mour.it;  et  son  ouvrage  restait  sus- 
pendu. Pour  ne  pas  décourager  les 
acquéreurs  et  voulant  leur  dc^nner  l'i- 
dée de  ce  que  serait  l'ouvrage,  Bas- 
sazus  publia  l.i  Collection  complète 
des  lig!ires  ,  rangées  dans  Tordre 
qu'elles  devaient  avoir,  avec  leur 
nom  seul,  sous  ce  titre  :  Eicones 
plantarum ,  seu  stirjnum omnis 


TAB 

generis  ^  tant  inquUinon 
exqticorum  ùi  gratiam 
reiqiw.  herbarim  studiosort 
parles  digestœ  ,  curante 
Bassœo  y  YraMciort  y  in-4**. 
allongée ,  1 588  et  90 ,  im 
ûg.  sur  chaque  page.  Les  tr« 
parurent  d'abord  succes!Û\ 
qui  a  fait  annoncer  cet  01 
trois  volumes  (  comme  cJai 
Bassjeus  delà  BiograpLic; 
médecin ,  Nicolas  firauer ,  s 
d'arranger  les  manuscrits 
nxmoutanus,  et  de  les  met 
de  voir  le  jour  ;  ce  qu'il  c 
1590  :  mais  ce  fut  en  l'abn 
sorteque,  quoique  divises  e 
purent  être  réunis  en  un  se 
m-fol. ,  de  844  P^gcSy  ^c  pr 
étant  de  685.  On  porte  s 
nombre  des  plantes  qui  s'j 
énumérées,  mais  dont  !i4 
ment  sont  figurées.  Cet  ou> 
d'abord  d'une  grande  cci 
fut  d'une  grande  utilité  ei 
gne  :  mais  dans  les  autres  p 
put  profiter  que  des  Eiqor 
figures  seules.Onles  trouva 
modes ,  par  la  reunion  du  ] 
nombre  de  plantes  commui 
l'Europe,  et  dont  qudquej 
trouvaient  figurées  pour  la 
fois  ;  mais  ensuite  ou  ne  ta 
s'apercevoir  que  la  scient 
rien  gagné  à  cette  publicati 
l'ouvrage  général,  compa. 
toii-e  des  plantes  de  Dalech 
avait  pani  à  Lyon  un  an 
vaut ,  ne  l'avait  surpassée  i 
point.  D'abord,  du  côte'  d 
gement,  on  peut  regarder 
ouvrages  comme  aussi  impa 
que  l'autre.  La  méthode 
par  Tabeniaemontanus  est 
({u'ou  a  cru  que  les  plantes 
jetées  au  hasard  :  c  est  un 
car  il  a  une  sorte  de  iBéch< 


TAB 

«i  pea  tiëe^  qu'on  a  peine  à  Taperce- 
.    TOir.  Nous  ne  dirons  rien  des  des- 
criptions ,    n'étant  pas  en  ëtat  de 
L.  les    juger   dans  l'auteur  allemand. 
^•^Pour  les  figures,  elles  sont  à  -peu- 
.     près  les  mêmes;  car  l'un  et  l'autre 
^    ont  fait  copier  celles  de  leurs  prcfdé- 
^  cesseurs:  mais  Dalechamp  l'avouait 
^  en  citant  les  sources ,  au  lieu  que  Ta- 
^  Iienia.*montanus  cachait  leur  origine. 
^  Aussi  Clusins,  et  surtout  Lobel  lui 
4  4»it-ils  fait  de  vifs  reproches  de  pla- 
^  giat.  Quant  à  la  citation  des  usages 
Biédicaux ,  il  est  certain  que  Tau- 
tear  allemand  l'emporte  de  beaucoup 
^  sur  le  frauçais    pour  la  quantité'  \ 
\  mais  l'on  trouva  que  c'était  le  cas 
\  de  dire  que  ce  qui  abonde  vicie.  Aussi 
->  4-t-ii  été  tourné  en  ridicule  sur  ce 
^  point,  en  beaucoup  d'occasions ,  par 
Jean  Bauhin  ;  et  l'on  a  approuvé 
les  retranchements  exécutés  par  son 
.•  éditeur.  Enfin ,  par  le  nombre  des 
\  plantes  ajoutées  aux  précédentes ,  Ta- 
/  Wnxmontanus  l'emporterait  y  en  ap- 
>  parence,surDalechamp,  si  l'on  comp- 
laît toutes  celles  qui  sont  présentées 
l  comme  nouvelles  ;  mais  en  les  exami- 
nant à  fond ,  on  verra  que  la  plupart 
ne  2M)nt  que  des  variétés  très- peu  dis- 
tinctes^ comme ,  par  exemple,  quand 
on  voit  de  suite  dix-huit  épis  de  mais 
doonc^    comme   autant    d'espèces  , 
fSL   qui  semblent  être  la    réjKftition 
du  même,  n'étant  distingués  entre  eux 
que  par  de  légères  nuances  de  cou- 
Kur  ;  en  sorte  qu'il  n'y  a  pas  trente 
plantes  qui  lui  appartiennent,  tan- 
dis qu'il  j  en  a  une  centaine  des  ])lus 
curieuses  dans  l'Histoire  de   Lyon. 
Les  seules  Eicones  ou  figures  com- 
parées avec  celles  de  Lobel ,  publiées 
en  iSSiy  sont  dans  le  même  rap- 
port qu'une  copie  Test  à  son  original , 
puisque  c'est  le  recueil  des  planches 
mêmes ,  par  conséquent  des  originaux, 
qoe  Plantin  avait  fait  exécuter  pour 

XLIV. 


TAB  353 

les  ouvrages  de  Qusius ,  Dodonée  ce 
Lobel.  Cependant  elles  ont  eu  leur  de- 
gré d'utilité  ;  et  ces  deux  ouvrages  ont 
concouru  cfbcacement  pour  déter- 
miner le  nom  des  plantes  avant  l'em- 
ploi des  méthodes  ;  et  quoique  de- 
puis ce  temps  y  ils  aient  perdu  beau- 
coup de  leur  prix,  ils  sont  encore 
consultés  avec  avantage.  Il  faut  re- 
marquer ici  que  Tournefort  semble 
faire  plus  de  cas  de  Tabemxmonta- 
nus  que  de  son  rival.  Quatit  à  l'ou- 
vrage complet,  il  a  conservé  plus 
long -temps  ime  sorte  de  popularité, 
étant  écrit  dans  une  langue  parlée 
sur  une  grande  étendue  de  pays» 
Aussi  a-t-ileu  plusieurs  éditions,  jus^ 
que  dans  le  dix  -  huitième  siècle.  La 
seconde  est  de  i6i3.  Séguierla  don- 
ne comme  faite  encore  à  Francfort  : 
mais  Ha  lier  la  date  de  Baie.  Les  plan- 
ches y  auraient  donc  été  transportées. 
Ce  qu'il  y  a  de  certain ,  c'est  qu'elles 
étaient  encore  à  Francfort  ,  chcx 
Bassxus,  en  i^ijB;  car  il  en  em- 
ploya au  moins  une  grande  partie^ 
c'est-à-dire  ,  environ   douze  cents  , 

Sour  faire  une  édition  complète 
es  ouvrages  de  Mathiole,  dirigée 
par  Gaspar  Bauhin.  Ces  figures  fu- 
rent donc  mises  dans  le  même  ordre 
que  dans  l'auteur  italien,  ce  qui  don- 
na la  facilité  de  vérifier  que  la  to- 
talité des  planches  de  cet  ouvrage 
avaient  été  copiées  par  Tabemae- 
montanus ,  et  qu'elles  avaient  fait  le 
fond  du  sien.  Bauhin  put  y  en  pren- 
dre de  mcme  deux  cents  autres  envi- 
ron y  qui  avaient  été  ajoutées  par  Ca- 
merarius;  il  en  choisit  enQn  deux 
cents  auti-es,  auxquelles  il  eu  joignit 
qiuirante-huit,  qu'il  tira  d'une  collec- 
tion qu'il  préparait,  et  qui'ne  parut 
qu'en  1620,  à  Francfort  ,  sous  le 
titre  de  Frodromus.  Ici  on  trou- 
ve encore  une  grande  conformits 
entre  l'ouvrage  de  Francfort  et  cdu 

a3 


354  ÏAB 

de  Lyon.  C'est  qne  celiii-ci  arait  aussi 
pour  priucipal  fond  la  copie  des 

Slaiicbes  de  Mathiole  ,  avec  cette 
ifferencc  que  le  libraire  Rouille ,  qui 
en  était  Tcntreprcueur ,  avait  conh 
mence'  par  les  faire  servir  a  uue  tra- 
duction française  de  Mathiole  lui-mê- 
me. Tout  prouve  donc  que  ce  fut  k 
Francfort  que  panit  encore  la  secon- 
de édition;  et  elle  fut  surveillée  par 
C  Bauhin ,  quoiqu'il  résidât  à  Bâle. 
Il  l'enrichit  d'une  synonymie  com- 
plète et  exacte  :  on  sait  que  c'est  la 
partie  où  il  s'est  le  plus  dutinj^ué  ; 
mais  ce  fut  bien  à  Bàle  que  parut  la 
troisième  édition,  en  i625,  chez 
Paul  Jacques,  ainsi  que  les  autres, 
en  1664-B7  et  173 1 .  Le  libraire  Jean 
Kônig  fit  entrer  dans  l'ouvrage  pos- 
thume du  même  Gaspar  Bauhin  , 
qu'il  publia  en  i(>68,  toutes  les  plan- 
ches de  Tabemxmoutauus  qui  pou- 
Taienty  convenir,  c'est-à-dire,  celles 
des  graminées  et  des  liliacées.  Le  P. 
Plumier  a  consacré  à  la  mémoire  de 
cet  auteur  le  genre  Tahttniœmonia" 
na ,  compose  d'arbres  ou  arbustes 
élégants,  de  la  famille  des  apor^nces. 
11  a  laisséi  quelques  autres  ouvrages 
sur  la  médecine  :  1.  un  Traité  des 
e.'!-  X.  minérales  d'Allemagne.  IL  Me- 
ihodus  curandi  pestem,  II 1.  Consi- 
lium  de  curandd  J'ebm  pestilcntiœ. 
IV.  Praclica  de  curandd peste,  Sui  - 
vant  iVlelchior  Adam ,  Tabernxmon- 
tanus  était  médecin  des  troupes  alle- 
mandes qui  faisaient  le  siège  de  Metz. 
II  dit  qu'il  s'y  servit  avec  succès  de 
la  poudre  d'armoise  pour  guérir  les 
plaies  d'arquebiisades  :  mais  ce  fut 
en  iTr^'i  qifeut  lieu  ce  fait  mémora- 
ble; et  ce  n'était  qu'eu  i5ji  qu'il 
quitta  son  maître  Tragus ,  pour  deve- 
nir pharmacien ,  comme  le  témoigne 
le  oertilicat  que  lui  délivra  celui-ci , 
cette  même  année.  On  ne  donne  d'au- 
tre date  prëcifse  sur  sa  vie  que  celle 


TAB 

de  sa  mort ,  qu'on  pbce  k  W 
159a;  nais,  coameonrava,oefbtla 
datede  la  publicationdes  Eicomes^mÀ 
sont  données  comme  posthumes.  U 
mourut  à  Heidelberg ,  où  il  taiMi 
dix  -  huit  enfants  de  trois  marîa^ 
qu'il  avait  contractés.     D-    >'»s. 

TABET  BEN  CORRAH.  Fey. 
Thabet. 

TABOR  (  jEAif-Oraoïf  ),  jnrû' 
consulte  allemand ,  né  le  3  seplMi- 
bre  i6o4  ,  k  Bautzen,  où  son  pot 
était  receveur  ,  fiit  élevé  dans  b 
maison  patci'iielle  et  apprit  À  lood 
les  langues  ancicimes.  Le  hasard 
ayant  fait  que  ses  maîtres  étaient 
des  jurisconsultes,  il  fut  imbu  db 
sou  enfance  des  principes  du  droit.  Il 
passa  ensuite  une  année  au  gymmst 
de  Halle  y  et  alla,  en  16*10,  i  Tn» 
vcrsité  de  licipzig.  Après  avoir  adi^ 
vé  sou  cours  académique ,  il  oeadiiL 
sit  comme  gouverneur  qudqves  jea» 
nés  gens  de  famille,  d'abora  à  Lnp*' 
zig,  ensuite  à  Strasl>ourg^  où  il  pnt 
le  grade  de  docteur  eu  droit.  Oto  kj 
offrit  même  une  chaire  de  piofa» 
setir  dans  cette  ville;  mais  sca  pa- 
rents ^  qui  venaient  dé  perdra  k  saal 
(ils  qu'ils  eussent  aveo  lui ,  dwè> 
rent  qu'il  rentrât  dans  le  sein  de  sa 
famille.  A  peine  arrivé  à  Bautaa , 
il  vit  ses  parents  mourir  ém  la  pasliL 
et  quatre  maisons  qu'ik  hn  «yiMil 
laissées ,  devenir  la  proie  d'un  inee»' 
die^  ainsi  que  sa  bibliolhèqoe  et 
d'autres  objets  prcdeux.  La  vépo- 
blique  de  Strasbourg  lai  ayant  ami 
proposé ,  pour  la  seconde  fou ,  mu 
(>laco  de  professeur ,  il  l'aoeepti  m 
1634.  Ce  fut  dans  cette  villOy  oèfl 
enseigna  pendant  vingt-dcnL  aiS| 
(^u'ii  acquit  sa  grande  oélébrilé.  Pk» 
sieurs  princes  d'empire  kn  avrioit 
fait ,  pour  l'attirer  k  leor  semoe, 
des  propositions  qu'il  avait  ifinséH; 
mais  ayant  peidn  son  époMOy  9ne» 


TAB 

cepla  la  place  de  conseiller  intime 
et  directçur  de  la  chancellerie  k 
Gustrow.  Le  duc  de  Mecklenboiirg , 
son  souverain  y  remploya  à  différen- 
tes missions ,  à  Vienne  et  à  Dresde. 
l£n  i(î(k)/rabur  se  rendit  à  Giessen, 
comme  chancelier  de  ruuiversité  et 
premier  profe;sseur  dcdroit.  Des  tra- 
casseries qu'il  essuya  dans  cette  ville 
l'engagèrent  à  se  démettre  de  ses 
fonctions  au  mois  d'octobre  1667^ 
et  4  se  retirer  auprès  de  son  iils,  qui 
^Uit  avocat  à  Francfort.  Il  y  mou- 
jTit  ,  le  {'À  décembre  1^)74.  Se- 
lon l'usage  des  jurisconsultes  alle- 
mands de  ce  tempslà  ^Tabor  a  écrit 
beaucoup  de  Dissertations  sur  des 
questions  détachées.  André  Myliu^, 

Professeur  à  I^ipzig^  en  a  recueil- 
trente-quatre  sous  ce  titre  :  /. 
O.  Taboris  Tractatus  anteà  sin- 
gulatim  editi ,  in  quibus  varia  et 
^ifficilUma  juris  ihemata  ex  ju- 
re publico  et  privato  ,feudali  et  ca- 
nonico  expUcantur ,  etc. ,  I^ipzig  , 
1688,  'i  vol.  iii-fol.  Une  autre  col- 
lection publiée  à  Giessen  en  1686 , 
iii-4*'-^  par  J.  C.  Ilter,  porte  ce  li- 
tre :  Exercitatianes  academicœ  de 
altero  tanto  usurario .  Pour  introdui- 
re une  nieiileurc  métbode  dans  l'étu- 
de du  droit ,  Tabor  publia  :  Filus 
uiriadneus  per  siniwsos  Pandecta- 
rum  juris  anjractus  viam  monS" 
trans  ^  Strasbourg  ,  1642,  in-fol.^ 
réimprimé  7  165*^.  Tout  l'ensemble 
du  droit  y  est  divisé  en  deux  parties 
et  rédm't  en  tableaux.  En  i652 ,  il  fît 
imprimer  :  Thésaurus  loçorum  corn  - 
munium  jurisprudentiœ  ex  Axio- 
malibus  Âug.  BarbosœetAnalectis 
J,  O.  Taboris,  ibid. ,  2  vol.  iti-4°. 
Son  (Us  Tobic  Otiion  en  donna  ime 
nouvelle  édition  à  Francfort  ,  en 
1  G']  t»  y  in-fol.  ;  Sam.  Stryck  une  troi- 
siènie^  Leipzig^  1^0,  in-fol.;  et 
Aiidr.  Chr.  RœsencfyUne  quatrième^ 


I^9P^Ç>  W!ày  "^-fol-  IJl  fam  enco- 
re remarquer  les  collections  qui  ont 
paru  sou£t  (es  titres  suivants  :  J^elâr 
tiones  ArgerUoratenses ,  ex  supre- 
mo  reipublicœ  dicasterio  lectœ,  ap- 
probatœ  atque  decisionijbus  gravis» 
simis  corroboratœ ,  éd.  Nie.  Thele- 
nius,  Francfort,  1675,  in-fol.;  et 
Deùsiones  et  consullationcs  de  va- 
riis  selectisque  juris  publiai  y  feudor 
lis  et  privati  argumentis  ,  Franc- 
fort ,  1 702  ,  in-fol.  ScH— L. 

TABOUET  (  Julien  ),  en  latin 
ra^o<;/Mi5,  jurisconsulte  et  historien, 
était  né,  dans  les  premières  années 
du  scizi<|me  siècle,  a  Chautenaj  près 
du  Mans.  11  acheva  ses  études  classi- 
ques a  Paris,  ou  il  eut  pour  profes 
seur  de  grec  le  célèbre  Danés  (  It.  cfi 
nom),  et  alla  vraisemblablement  en- 
suite faire  sou  cours  de  droit  à  'Tou- 
louse. Admis  au  nombre  des  avocats, 
il  obtint  des  succès  au  barreau,  çt, 
en  1 537 ,  fut  pourvu  de  la  charge  de 
procureur  -  général  près  le  sénat  de 
Çhambéri  (  i  ;.  D'un  caractère  trac4S- 
sier ,  il  ne  vécut  pas  long  -  temps  en 
bonnç  intelb'gence  avec  ses  confi^res. 
Ayant  été  publiquement  admonesté 
par  le  premier  président  Raimond 
Pellisson  (2),  il  s'en  vengea  en  le 
poursuivant  comme  prévaricqiteuc. 
Pellisson  y  traduit  devant  Ip  parle- 
ment dcDij  on,  fut  condampé,pararw 
rêl  du  16  juillet  i55a,  à  l'amende 
honorable  et  à  une  peiue  pécuniaire. 
II  appela  de  cette  sentence,  et,  ^veç 
Paide  du  conoptable  de  MontjQoren» 
ci ,  parvint  9  h  faire  annujer.  Des 
commissaires,  tirés  eu  pai^il  nombre 
du  parlement  de  Dijon  et  de  celui  de 
Pans,  auxquels  on  adjoignit  six  maî- 

(i)  La  Smvoie  ■▼■it  été  cooquÎM  par  Fiiinçnis 
!•'.,  f-n  iSW;  elle  o«  fatrcitituée  h  bod  aou^ciiiiii, 
cumiue  011  le  dit  pliu  ba»,  quVii  ^^^i^. 

(9)  Raiiunud  PellÙMiu  vUiil  le  buàicul  de  PanI 
Pei|i»»uu-ruiitanier,  ai  rnuuu  par  suu  dévouement 
pour  le  malheurenv  luriuteudaut  Fiiuquet ,  et  par 
••  belle  Histoire  dt  VacadcnTtefrauraiti', 

•j5..     ' 


356 


TAB 


très -des -requîtes,  rcndii'cnt,  le  l'i 
uetobre  i.5j(),  im  nouvel  arrêt  qui 
condamna  Tabouet,  comme  calom- 
niateur, à  subir  la  même  peine  qu'il 
avait  fait  prononcer  contre  IMlisson. 
Après  que  la  sentence  eut  ctc  exécu- 
tée, il  fut  reconduit  à  Cliamberi,  où 
il  resti  détenu  jusqu'en  i5.1(),  que 
cette  ville  fut  rendue  au  duc  de  Sa- 
voie. Il  obtint  alors  des  leltiTS  de 
rappel  ;  et  il  fut  rétabli  dans  ses  biens. 
Il  revint  à  Toulou.se .  y  donna  des  le- 
çons de  droit ,  et  passait  une  partie 
de  l'année  dans  une  maison  de  cam- 
pagne ,  qu'ilaceUbree  dans  une  pièce 
de  vers.  Ceptndant  ses  ennemis  con- 
tinuaientde  le  poursuivre  avec  achar- 
nement. Papou  avait  public ,  da ns  son 
Recueil ,  sous  le  titre  de  la  Chasse  de 
Tahouet ,  les  arrcLs  rendus  contre  lui , 
sans  faire  mention  de  ceux  qu'il  avait 
obtenus  en  divers  parlements,  à  son 
profit  et  avantage.  Tabouet  se  plai- 
gnit de  cette  partialité,  convainquit 
même  de  son  innocence  les  magis- 
les  plus  distingues  de  Toulouse,  puis- 
qu'ils l'admettaient  dans  leur  iulimi- 
le'.  Toutefois  des  •i()u])çons  graves  pe- 
saient sur  sa  mémoire  ;  mais  le  pré- 
sident Rouhier ,  ai»rès  un  examen  at- 
tentif delà  procéclure,  a  dcfclaréque 
Tabouet  avait  été  victime  d'une  intri- 
gue, et  sacrilié,  comme  partisan  des 
(luises,  à  la  haine  du  connétable  de 
Montmorenci  (3\  Suivant  la  plupart 
des  biographes,  Tabouet  mourut  dans 
un  âge  avancé,  vers  ij(r.i;  il  est  cer- 
tain qu'on  ne  peut  placer  sa  mort 
avant  iKii  ,  année  oii  il  publia  le 
Uecueil  de  ses  Lettres.  CVUit,  dit  son 
compatriote  Lacroi\-du- Maine  ,  un 
grand  thc'ologicn,  jurisconMilte  et  ora- 
teur, liistorim  cî  philosophe  ,  et  sur- 
tout !>ien  versé  dan>>  la  poé.-ielatiiîe.On 


TAB 

trouvera  la  liste  de  ses  ouvrages  dans 
les  3fémoires de  Niceron ,  t.  xx xviit,  I 
et  plus  complète  dans  les  Remarques 
de  Joly  sur  le  Dict.  de  Bayle.  INotis 
nous  contenterons  de  citer  :  I.  Ora- 
tioncs  Jbrenses  et  responsa  judicum 
illustrium ,  Parts ,  1 55 1 ,  ïu-S^.  C'«l 
la  seconde  édition  de  ce  Recueil  ;  la 
premièi-c  avait  paru,  Lyou,  i5ji- 
4-.Î ,  in-H*^. ,  deux  part.  ÎI.  De  qua- 
druplicis  monarchiœ  primis  autori- 
bus  et  niaç^istratibus ,  in  misceUa» 
neo  divini  et  humani  juris  corpere 
dispersis  y  ephemerides  hisloricœ , 
Lyon ,  1 558 ,  in-4°.  de  5*2  pag.  Sui- 
vant le  P.  Niccrou,  on  y  voit  quelque 
érudition ,  mais  sans  ordre  et  sans 
exactitude.  D.  Liron  dit  que  cet  opus- 
cule fut  mis  à  V index  à  Rome.  lIL 
De  rrpuhlicd  et  lingud  frandcâ  ac 
^othicei,  dvque  diversis  ordinibus 
Gallorum  vctustis  et  hotUemis^  nec- 
non  de  prima  senaUuun  origimtj 
etc.,  ibid.,  i55(),  in-^**.  de(rj  ]»•[. 
(iCt  Opuscule,  qu'on  voit  ordinaire- 
ment à  la  suite  du  précédent ,  fst 
écrit,  dit  le  P.  Le  Long,  d'un  style 
clair  et  concis,  et  contient  des  cno- 
ses  curieuses ,  |îrincipalemmt  sur  l'o- 
rigine des  chambres  de  justice  et  des 
divers  oiViccs  de  magistrature  [BiU* 
de  France^  i5483);  mais  ce  que 
l'auteur  rapporte  à  cet  égard,  ainsi 
(|ue  sur  la  langue  française,  qu'il  dit 
être  ciunposée  de  grec,  de  latin,  de 
gauliis  et  de  gothique,  a  été'  plus 
aprofondi  par  Pasquier,  NiraulmoDt, 
Ducange,  etc.  IV.  De  tnagistratibus 
post  catacUsmum  iristitutis^  ibid., 
I  .*)  M),  iu-'i".  de  tyi  pag.  Il  dédia  cet 
Onusmle  aux  trois  états  du  pavsde 
Savoie,  dont  il  mvoque  le  témoigna- 
gp  eu  faveur  du  zèle  et  du  désintérrs- 
sèment  a \  ce  lesquels  il  a  i-eniiili  ses 
fonctions  dans  cette  province.  V. 
Ilistorica  Franciiv  regum  gtmtsis , 
ditplici  îUah-cto  in  epitamen  con- 


TAB 

;  usqiœ  ad  Franoiscum  II  ^ 
i5()o,  in-4".  Cet  ouvrage  n'est 
comme  Ta  cujijecliirc  le  P.  Le 

e'crit  en  deux  langues,  mais 
•se  et  eu  vers.  VI.  Sabaudiœ 
vum  genealo^ia  romanis  ver- 
't latiali  dialcclo  in  historicam 
xim  digesla,  ibid. ,  i5()0,  in- 
rad.  en  franrais ,  la  même  an- 
ar  P.  T.  A.  (  Pierre  Tredelian  , 
in  ) ,  ibid. ,  in  -  4".  de  3G  pag. 
rnier  0])us(n;le  commence  par 
edicace  au  duc  do  Nemours, 
5  français ,  ])ar  Julien  Tabouet, 
eraiine  par  deux  autres  Pièces 
rs  adressées  au  duc  Jùnanuel- 
ert,  j)ar  Reinoud  Tabop.et,  fils 
utenr.  Knlre  !es  règnes  de  Be- 
ît  d'Humberl,  on  trouve,  en 
ite-six  vers  ,  nr.e  Première 
Ire  de  la  très-certaine  généa- 
de  Sai'oj}'ey  annonçant  que /rt 
e  eut  trente  rors  avant  l'eni- 
e  Ntron;  mais  leurs  noms  n'y. 
as  indiques.. VII.  Epidicta  ad 
ianos  pacis  autores  cpigram^ 
,  ibid.,  i65o,  in -4".  La  plu- 
ies pièces  que  renferme  ce  vo- 
Qt  adressées  aux  plus  fameux 
ents  et  conseillers  des  parle- 

de  France.  VllL  Epistolœ 
ianœ ffamiliares  et  misceUa- 
ibid, ,  1 5G 1  ou  1 5G4,  in-4**.,  de 
a  g.  L'abbc  Joly  prétend  que  la 
ère  date  est  fausse  j  cependant 
•elle  que  poi  le  rexempîairc  de 
iotlièquedu  Roi.  Ces  lettres  j  an 
re  de  gO ,  mais  toutes  sans  da- 
•nt  adresses  à  toutes  sortes  de 
mes,  et  ])euvent offrir  quelque 
t  pour  riiistoire  littéraire  du 
ne  siècle.  Quelques-unes  sont  ea 
latins,  par  fois  entremêles  de 
f/auteur  se  proposait,  sans  dou- 
donncr  une  suite  à  ce  Recueil, 
:  volume  est  termine  par  ces 
:  Finis  primœ  scctionis»  Outre 


TAB  357 

Ie6  ouvrages  dtés  dans  ie  corps  de 
l'article,  on  peut  consulter  les  Sin- 
gularités historiques  de  D.  Liron, 
I  ,  4-^5 ,  où  Ton  trouve  un  curieux 
article  sur  Tahouet.  W — s. 

TABOUREAU  (Louis  Philippe). 

r,  VlLLEPATOUR. 

TABOURIER  (Pierre-Nicol\s) 
ne  à  Chartres  eu  17^3,  y  fut  curé 
de  Saint -Martin,  adopta  la  consti- 
tution civile  du  cierge,  décrétée  par 
l'Assemblée  nationale,  en  1790,  et 
la  défendit  j)ar  sqs  écrits.  On  a  de 
lui  :  I.  Tableau  moral  du  clergé  de 
France^  etc.  avril,  1789,  in-8*». 
IL  Défense  de  la  constitution  ci- 
vile du  clergé  y  avec  des  réflexions 
sur  V excommunication  du  pape  , 
1791 ,  in- 8^.  de  48  nag.  ;  III.  Dis- 
cours pour  tranquilliser  les  cons- 
ciences sur  les  affaires  du  temps 
relatives  à  la  religion,  in-8**.  de  24 
pag.  ;  IV.  Entretien  sur  la  révolution 
française ,  in  -  8°.  V.  Adresse  sur 
la  divinité  de  la  religion  chré- 
tienne ;  etc. ,  à  tous  ceux  que  Pim- 
piétc  des  deniiers  temps  a  séduits, 
an  V  (1793);  in-12,  de  222  pag., 
terminé  par  un  Post  scriptum ,  qui 
est  une  pompeuse  apologie  des  tliéo- 

Ehilantropes.  Apres  la  terreur, Pab- 
é  Tabouricr  reprit  ses  fonctions ,  et 
resta  attaché  aux  cvêques  constitu- 
tionnels. Il  prononça,  dans  l'église 
de  Chartres,  en  1800,  un  Discours 
sur  la  conservation  de  Buonaparte  , 
à  l'époque  de  la  détonation  de  la  rue 
Saint-Nicaise.II  y  céîe1}rait avec  pom- 
pe la  délivrance  du  premier  consul , 
et  ce  Discours  fut  imprimépar  ordre 
du  préfet  du  département.  Tabourier 
assista  aux  conciles  des  constitution- 
nels ,  en  1 797  et  en  180 1 .  Dans  cette 
dernière  assemblée ,  il  fit ,  sur  le  régi- 
mu  métropolitain  ,  un  rapport  que 
l'on  trouve  dans  les  Actes  du  concile, 
tome  iT ,  pag.  9?.  Apres  le  concordat 


SJfe  TAB 

de  1801 ,  M.  l'cvèquc  de  Versailles 
nomiiia  l'abbc  Tabotirier  à  la  cure 
de  Saint-Pierre  de  Chartres.  Cet  ec- 
clésiastique est  mort  dans  cette  pla- 
ce le  '16  nov.  1 806.        P — c — T. 

l'ABOUROT  (É'rtENïiE),écr:vain 
face'tieux,  plus  connu  sous  le  nom 
de  Sieur  des  Accords ,  naquit  à  Di- 
jon en  1547.  ï^  ^'^*^  ^*'s  d'un  avo- 
cat au  parlement  de  cette  ville,  hom- 
tfie  d'esprit  et  de  mérite,  que  Saint- 
Julien  de  Balleure  cite  avec  éloge, 
dans  son  livre  de  l'Origine  des  Bour- 
gui£;nons  (  F.  Saint-  Julien).  Dans 
sa  jeunesse  y  il  se  rendit  familiers  les 
poètes  anciens  cl  mo(leiues>  et,  pre- 
nant Marot  pour  modMe,  parvint 
quelquefois  à  Fe'gaîer  dans  le  conte 
épigrammatiquc.  On  l'envoya  conti- 
nuer ses  études  à  Paris.  Il  nous  ap- 
S  rend  qu'en  1 504 ,  il  e*tait  au  collège 
e  Bourgogne,  et  âne,  cette  môme 
année ,  à  l'exemple  de  Simmias  et  de 
Porpliyrius  {F.  cts  noms),  il  compo- 
sa quelques  pièces  de  vers  figures , 
telles  que  la  ùoupc poétique,  la.  Mar- 
mite, etc.  Le  choix  de  pareils  sujets 
annonçait  déjà  le  goût  de  l'auteur 
pour  les  bizarreries.  Destiné  par  ses 
parents  à  la  cnrriëredu  barreau,  il  alla 
faire  son  cours  de  droit  à  Toulouse. 
Il  se  trouvait  dans  cette  ville  en  1 56^; 
et  son  application  au  travail  ne  l'em- 
pêchait j>as  de  se  divertir  avec  ses 
amis.  Peu  après  son  retour  k  Dijon  , 
il  fut  pourvu  de  la  charge  de  procu- 
reur (Vu  roi  au  baillage  et  à  la  chan- 
cellerie. Sou  inépuisable  gaîlé  dut  le 
rendre  l'amc  de  toutes  les  sociétés 
joyeuses.  Malgré  les  devoirs  de  sa 
place ,  il  trouva  le  loisir  de  publier . 
sous  le  titre  de  Bigarrures  ^  un  livre 
très-singulier,  oîi  l'esprit  et  Térudi- 
tion  se  le  disputent,  et  dont  le  succès 
Drouve  qu'il  avait  bien  saisi  lo  goût 
le  ses  contemporains.  I^i  décence 
n'y  est  pas  toujours  resi)eclée  :  mais 


S 


TÂb 

cette  Vertu,  emate  oA  Mît,  ttVbk 
pas  cdle  dettes  aïeux;  et  ils  Ae  enr- 
aient pas  d'employier  des  esnitft- 
sions  qiu  choqueraiéiDt  âîijoura'haî 
les  oreilles  les  moins  dclicales.  Ta- 
bouret avait  embrassif  te  pàrtî  et  la 
Liçue  avec  un  zèle  bien  cxtra^di- 
naire  dans  un  homme  d'un  caittclèn 
si  gaî.  n  mourut,  eà  tSgo,  A  Tâp 
de  quÀrante^ireis  ans,  d'une  ninbdllie 
an  foie,  et  fut  inhume'  dans  IVi^ikeS. 
Bénigne,  où  ses  fihlnî  cbhsacrèrentiu 
monument.  Les  armes  de  sa  famille . 
cta ient  im  tamboiu*  (  i  .  Il  y  joî^t  11 
devise  :  A  tous  accords  s  telle  èA\\h 
rigine  de  sa  seigneurie  des  jétftùris, 

3u'il  a  rendue  fameuse.  Au  «dtahhft 
e  ses  amis,  en  doit  dtet  PdUtis èe 
Thiard,  Peletier  du  Mttns ,  Pte^kéer, 
etc.  Sa  bibliothèque  était  nofllbmie 
et  bien  choisie.  On  troore  âiettfe'as- 
sez  fréqueminent  des  livres  'q[m  jper- 
tent  au  frontispce  soin  nom  atecsa 
devise.  Bayle  caràciért^  «insi  Ta- 
bou rot  :  a  il  avait  beaucoup  d'ciprit 
et  d'éruditron;  'mais  il  dottna  Brop 
dans  la  bagatelle,  v  Oatre  lia  Trwéàt- 
tion  en  vers  latins  'de  la  FMrmi  de 
B  onsard ,  et  du  FdWîUbh  de  Bméî  Bd- 
lean  (Paris,  i56d,  tu  -8^4),  «des 
SonneiSfkhi  tètc'de*drp«rt'oitf#Hqjet 
de  ses  amis ,  on  luî'doit  déte  ëKliens 
du  DictiomùUre  de  rimes  'fie  Jèita 
Lefèvre,  son  oncle.  La  'wtàùaàt  CM 
augmentée  de  ptns  de  knoitië(f^. 
LEFÈVRfc,  XIV,  '4Q8).  Se»  liillRS 
ouvrages  Sont  c  I.  Ub  EèeMt  ife 
Sonnets  ,  Pari^  •,  (Saliiôc  fMfli^, 
157:1.  C'est  Tabourot  qui  bM^  ^ 
pi*end  lui-même  reïistence  lie  oe  Vo- 
lume (*i)'y  mai^  il  est  si  nnre,^*M~ 
cun  bibliograpfbe  encore  tt*âi  n  AW- 
^é  le  formai.  II.  Lés  BigtùrfuMsH 
touchés  du  Séighéitr 'des  JStâeâtis, 


•  (i)  Taïubour,  ntrcfeia 
UicAt  dn  an 


H.  CV. 


c*}  Blfmrrurit,  ^.  éê  lljkr,  ^'477. 


m^ec  les  esêraignès  -d^omiowxs  ^ei 
les  apophtegmes  du  sieur  Gamlard, 

fentiihamme  de  U  FranckeComtë 
^aurgmçnotle,  Pa  ris ,  1 60!»^  in- 1  a. 
Cette  édition  >  ia  nius  réceaie^  est 
aassi  la  plus  isomplète.  Le  Premier 
livre  des  Bigarrures  fut  imprimé  sé- 
pardmeut,  suivant  Papillon  {Bibl. 
de  Bourgogne)^  Paris,  tS^a,  in- 
ô*'.  ;  mais  Ta])ourot  indique  lui-même 
comme  redit  ion  originale  oelle  de 
Paris  y  1 58^1  {Av^nt-Propos).  Il  s'en 
fit  quatre  ou  tinq  rcinipi-essions  ai 
fort  peu  de  temps.  En  1 58S ,  pai-irt 
le  second  livre  des  Bigarrures ,  que 
raiHeur  intitula  Quatrième j  car, 
dit-îl,  ce  volume  entier  ne  .serait  p46 
UealHgarréft'il  suivait  la  fomiedesor- 
dinaîres  écrivains.  A  là  suite  sont  ]<>« 
les  TùwAes ,  recueil  de  vers ,  panfti 
lesquels  on  trouve  des  ÉpigramHies 
fort  jolies  et  très-bien  tournées,  San- 
traaa  de  Marsy  en  a  publié  quelques» 
nftesdans  le  tome  Kides  Annales poé' 
tiqyes.  d<>.  Les  Esçraignes  difonnei* 
ses^coDies  en  prose^  licencieux  pour  là 

Ci^>art ,  ist  me  me  ordurièrs,  3<^.  EbGn 
ê  Apophtegmes  àa  aieuif'<}aulafd« 
personna^  imaginaire  (3),  anquèi 
T-ebourot  attribue  toutes  fes  sottises 
ft  eaivetés  qu'en  prête  k  Mm  -de  La 
féMssiej  potu:  ridiculiser  les  Fnoest 
Comlofs^  sojetsalok*s  de  l'Ëspiaipie^ 
et  fort  Prières  dans  la  Culture  dés 
lettres.  Ge  recueil  est  asseE.  rocher-* 
çké  f  (  du  moins  l'édition  citée  an 
c&mmenoemi€nt  de  eet  article  ) ,  e| 
ifténle  de  l'être  par  les  amateurs 
de  notre  ancienne  Ihtémture.  lU. 
lies  PiJdrtraUi  des  Quatre  demkn 
eues  Se  Boargogne  y  de  la  BiMoai 
de  Yaiois  ^  avec  leurs  ÉpitKttbes 
et  TalHtsgé  de  leurs  Vîcs^  en  latin 
et  ^ea  'français  ^  Paris ,  )  S87  ,  î    '^ 


VAB  16» 

de  %'k  feûilletr  {V.Xai  Mmammik, 
ibidh,  iS88y  iu-i$«».,  eoos  |e«Oltf.de 
JeûH  Festei  jgrgtow,  ànamiime 
d'Estienne  XdimnàiU  LesfrâktioM 
populaires  sOnt  en  yen;  fenais  La 
MenBoye'iie  nous  'dit  pas  st  es  bluiC 
ceUes  qu'on  a  conserNiefl  si;.kla||r 
temps  dans  les  almanaohs  de  4a  Stiil* 
se.  La  Monnoye  croit. que  TsJ^owrdt 
est  le  Téntable  auteur  ^  la.'i^«#* 
chrisie  ou  Jlèeirfl  connus,  Dijon  » 
i5^,  in«4<'4^  TithiÉMMKéVfiibW 
sOus  le  nom  de  JeiA  DespkmiMÊ'f 
qui  e»ieat  Timprinieiir.,  et  J^oM*,m 
eonàlluDè  sedoiide.élitiDii:^i5i7#> 
ÎB-I^.  On  Oouran  id'anir«s.itoldb. 
dans  k  mUath.  <fajèiifigtoyie,4f 
PopiHott^  le  Dia.  iéBÊffkiU^lWi, 
française,  deTabbé  Gonjelf  «li^ 
364 1  et  ><»  ilfo^^  deLa.MÉnniyi 
sur  la  J«U.4eLaoroîs4tt-lbîiiei — 
«FebenTanounoT,  opcled»pr«$oéd(Bi^ 
chanooieiet^bâaLde  Un^reii,  iMot 
«n  iS^Si,  'k  l'âce  êftaèHmâe-'eéÉt 
ans^  à  pdriiév  sens  le  oMliiiefde 
Xboinet  <Aibaa«,  ota  «taffRfÉunel: 
h  Gàleminar  êes*igl:§ar$^\mSèkr 
loéM^lisogres^  i^^hL^k^^,  ffstfà 
OuraHionfoifciiKfcAinëfais  wmkVMir 
flMMia^'de  Xdn  ^lerea ,  «lié  ftos  brnt. 
IL  0rcheségimphie^4mM  emfit* 
mtéediiil^^pèirJe^ykmm 
pers^smss  ywwrt  jf^effeoKiriC  ii|^ 
pre^êre^mmtiâÈurVhûmiêe  t  hsp 
^  dm  deÉsee,sfaiA.^:i5899  M^. 
de  Jb4  fanUelSj»  «ès«>ffm*^OBiico 
1^u>ins4esiHibènnh(Ms«aBs4a«B;.«et 
d'antres  avec  tOMm  ^^  %<mMSà 
n'y  ei  q«*meeeidftéditM»(4ViW% 
T.UnUZT^  r.  3itns(k 


'    'J'-f.  AMViL'^'^^^ 


4is7,  ewwiè— «k  Jaiinaiffertiivl 

iotû  ImhtaÎH  iSmvmmmaiÊi  tm  —af  dm*  tm  tfflH 


56o 


TAC 


TACCOLT  (Nicolas),  historien ;. 
ne  à  Begj^o  ,  en  1(390 ,  et  mort  dans 
la  même  viUc  ,  en  1 768 ,  était  telle- 
ment prëvenii  en  faveur  de  l'ancien- 
neté et  de  la  noi)Ics.sc  de  sa  famille, 
qu'il  se  proposa  d'en  dresser  la  ge'- 
néalogic.  Mécontent  de  ce  que  Bac- 
chîni  en  avait  déjà  publié  à  Rome, 
il  compulsa  les  archives ,  déroula  les 
parchemins,  cxa  mina  les  chartes ,  qui 
pouvaient  l'aider;  mais  lorsqu'il  eut 
rassembléphis  de  matériau!^  qu'il  n'en 
fallait  pour  sou  Imt ,  il  franchit  les  li« 
mites  qu'il  s'était  prescrites,  et  corn- 

fïosa  un  ouvrage  plus  éleudu  sur 
'histoire  de  son  pars.  Ce  travail  se 
ressent  du  pi^emier  plan  :  on  y  parle 
Beaucoup  plus  des  personnes  que  des 
choses  5  il  y  règne  d'ailleurs  un  tel 
désordre  ,  et  le  nombre  des  reiwei- 
cnemeuts  utiles  t  est  si  borj:é  quo 
l'on  ne  peut  presque  tirer   aucun 

Sarfi  do  cetto  lourae  compilation^ 
écoréc  mal-à-propos  du  titre  d'his- 
toire. Les  ouvrages  de  Tacci»li  sont  t 

I.  Appendici  tre  corrélative  alla 
diicendenza  Taccoli ,  i-ji'y  ,in4'^. 
C'est  nue  i-épolkse  au  P.  Bacchini. 

II.  Compcndio  délie  diramazioni  o 
sieni  discendcnze  de*  Taccoli ,  con 
alcune  memorie  istoriclie  più  n* 
marcabili  délia  ciità  dl  Re^fiio^ 
Reggio^  i']^i,  La  seconde  partie  de 
cet  ou\Tage  sert  de  premier  volume 
à  l'histoire  de  Reggio  :  les  deux  der- 
niers panireiit  sous  le  titre  suivant  1 
Memorie  storiche  délia  città  di 
Beggio  di  Lomhardia^  ii".  p/rrtie  , 
Parme ,  1 748 ,  et  iii«.  partie ,  Carpi , 
i76<),in-4®.  in.  Enunciative délia 
discendenza  Taccoli jParme ,  1 752. 
C'est  un  supplément  au  n'\  1".  /^qy\ 
Tiraboschi ,  Bibliot,  Modenesc  ,tom. 
v^pag.  i()f.  A — G — s. 

TACFARINAS  ,  chef  des  Afri- 
cains révolta  contre  Rome ,  rtait 
Numide  de  nation,  et  servait  dians 


TAC 

Tes  troupes  anxiliaires  de  l'empire  f 
vers  le  3«  consulat  de  Tibère.  Ayant 
déserté  eu  Afn'que,  il  rassembla  on 
grand  nombre  de  vagabonds  et  s'en 
déclara  le  chef.  Les  Mutulains ,  na- 
tion puissante  vers  la  contrée  de 
Sahara^  le  reconnurent,  et  il  vit 
bientôt  ses  forces  s'augmenter  par  la 
jonction  des  Maures  du  voisiiiage , 
sous  la  conduite  de  leur  général  Ma- 
zipa.  Tandis  que  Tacfarinas  disd- 
plinait  lui-m^me  ses  troupes  à  la  ma- 
nière des  Romaias ,  Maxipa  formait 
un  camp  volant  et  portait  le  fer  et 
)a  flamme  de  tous  côtés.  Les  Éri- 
thieus  grossirent  cette  confédératioiiy 
qui  menaça  de  renverser  la  puissance 
romaine  en  Afrique.  Mai.«  l'actinté 
du  proconsul  Furius  Camillus  en  ar- 
rêta les  progrès.  Le  proconsul  mar- 
cha contre  Tacfarinas  avec  une  seule 
légion,  et  le  délit  Tan  17  de  l'ère 
chrétienne.  Vaincu, mais  non  décou- 
ragé^ Tacfarinas  reparut,  avec  de 
nouvelles  troupes^  l'année  siiirante, 
faisant  des  courses  jusqu'au  cenirde 
l'Afrique  y  et  dévastant  tout  sur  son 
passage.  Son  armée,  divisée  en  phn 
sieurs  corps,  passait  avec  tant  de  n* 
pidité  d  un  endroit  à  un  antre , 
qu'aucun  détachement  ne  poorait 
l'atteindre.  Avec  l'élite  de  ses  forces, 
il  assiégea  un  château  près  des  bords 
de  la  Gagita ,  où  commantlaît  Dé- 
cri  us  ,  et  repoiLSsa  la  garnison  en  rase 
campagne.  Décrius ,  quoique  blessé, 
revint  à  la  charge^  fut  abandonné  de 
ses  troupes,  et  périt  sur  le  champ  de 
bataille;  le  château  tomba  an  pou- 
voir de  Tacfarinas.  Enhardi  par  ee 
succès ,  il  mit  le  siège  devant  la  vilk 
de  Thala  y  011  il  fut  attaqué  et  débit 
par  Lucius  Apronius ,  nouveau  pro- 
consul d'Afrique.  Tacfarinas  prit  la 
fuite  ,  mais  continua  de  harcoer  ks 
Romains ,  évitant  d'en  venir  à  nne 
action  générale.  Aussi  long  -temps 


TAC 

*cn  tint  à  ce  genre  de  guerre  , 
it  inutiles  les  efforts  de  ses  en- 
;  mais  ayant  voulu  s'avancer 
s  côtes  maritimes,  dans  Pes- 
edu  butin,  il  fut  attaque  dans 
np  par  Aproiiiîs ,  qui  !e  vain- 
le  força  de  se  réfugier  de  nou- 
ins  la  contrée  de  Sahara.  Sans 
attu  par  ces  défaites  reitcrces, 
inas  reprit  son  ancienne  mê- 
le faire  la  guerre ,  et  ne  fit 
le  des  courses  à  la  manière 
raides.Il  continua  de  recruter 
née,  et  poussa  l'arrogance  au 
l'envoyer  des  ambassadeurs  à 
.pour  le  nienacerd 'une guerre 
c  s'il  ne  Lii  assignait  pas,  k 
ux  siens,  un  clablissement  et 
•esqu'il  promettait  de  cultiver 
.  Tibère,  irrité  de  tant  d'au- 
)in  de  lui  accorder  sa  deman- 
3una  ordre  à  Junins  Blaesus  , 
eurd'Aproniusdans  leprocon- 
Afriqne, d'offrir  une  amnistie 
e  aux  insurgés,  mais  de  pour- 
encore  plus  vigoureusement 
inas,  et  de  tAcber  ,  par  toute 
B  moyens ,  de  se  rendre  maf- 
ia personne.  Ce  chef  faisait 
t?s  courses  sur  le  territoire  de 
et  se  retirait  parmi  les  Ga- 
es.  Les  mesures  prises  par 
produisirent  lenr  cil'et  :  Tac* 
fut  mis  en  déroute;  son  frère 
,  et  lui-même  réduit  k  se  ca- 
ins  un  désert.  Mais  un  puis- 
ifort  de  Maures ,  et  un  corj)s 
aires  que  lui  envoya  le  roi 
ramantes ,  le  mirent  encore 
)  en  état  de  tenir  tête  aux  lé- 
)maines.  II  recommença  ou- 
înt  la  guerre,  fit  courir  le 
ne  les  Romains  étaient  si  oc- 
illeurs,  qu'ils  seraient  obligés 
lonncr  l'Afrique,  et  que  ja- 
i  ne  trouverait  une  occasion 
vorablede  tailler  en  pièces  le 


TAC 


56i 


pen  de  troupes  qu'ils  y  avaient  alorsv 
Ce  chef  ras^mbla  ainsi  une  puissante 
armëe  d'Africains,  et  vint  assiéger 
Thubascum  ;  mais  il  se  vit  con- 
traint de  lever  le  siège  à  l'approcLc 
de  l'armée  romaine^  commandée  par 
Dolabella.  Ce  proconsul ,  l'ayant 
joint  par  une  marche  forcée ,  lui  li- 
vra bataille.  Tacfarinas  fut  défiait  et 
perdit  la  Vie  dans  l'action,  avec  un 
grand  nombre  des  siens,  après  avoir 
lait  des  prodiges  de  valeur.  Telle  fut 
la  fin  de  ce  brigand  célèbre,  qui, pen- 
dant huit  ans,  ébranla  la  puissance 
romaine  en  Afrique ,  et  eut  la  gloire 
de  combattre  et  de  mourir  pour  l'in- 
dépendance de  sou  pays.       B — p. 

TACH ARD  (  Gui  ) ,  jésuite ,  de  la 
province  de  Guienne  ,  embrassa 
jeune  la  règle  de  saint  Ignace  ,  et  se 
disposa ,  par  l'étude  des  sciences  ma- 
thématiques ,  k  la  carrière  des  mis- 
sions, dans  laquelle  il  brûlait  d'exer- 
cer sou  zèle.  Il  accompagna  ,  vers 
1680,  le  maréchal  d'Èstrees  dans 
les  colonies  de  l'Amérique  méridio- 
Dalc ,  où  il  resta  près  de  quatre  ans. 
A  son  retour ,  il  vint  à  Paris  ,  et 
ayant  su  qu'il  était  question  d'en- 
voyer des  missionnaires  à  la  Chine  y 
il  sollicita  de  ses  supérieurs  la  grâce 
d'en  faire  partie.  On  reçut ,  dans  le 
même  temps,  une  lettre  de  Constance 
(  r.  ce  nom,  IX,  4^i  ),  premier 
ministre  du  roi  de  Siam  ,  annon- 
çant que  ce  monarque  n'était  pas 
éloigné  d'embrasser  le  christianisme, 
ainsi  que  tous  ses  sujets.  Louis  XIV 
résolut  d'envoyer  à  Siam  le  cheva- 
lier de  Chaumont,  pour  s'assurer  de 
la  vérité  des  faits  et  reconnaître  l'im- 
portance que  ce  pays  pourrait  ofirir 
à  notre  commerce.  L'occasion  était 
favorable ,  et  il  fut  décidé  que  les 
missionnaires  destinés  pour  la  Chine 
accompagneraient  l'ambassadeur  à 
Siam ,  où  ils  ne  manqueraient  pas  de 


36i  TAC 

reciieiUîr  d'utiles  observations.  Iaa 
deux  Vaisseaux  qui  dcvaieuC  trans- 
porter (]liauinont  et  sa  iuite  mii«iiC 
a  la  voile  de  Brest  ^  Je  3  mars  i685 
(  F.  Gh^umont  ,  VIII ,  3o3 ,  et  A. 
G.  Destoucbes  ,  XI ,  240  ).  Pendant 
la  traversée,  le  P.  Tachard,  qui  n'a- 
vait pas  pour  la  prédication  les  mê- 
mes talents  que  ses  confrères  (  i  ) , 
quoiqu'il  dît  d'ailleurs  de  bonnes 
choses  (2)  ,  catéchisa  les  matelots 
etJes  gens  de  rcqui[>age,  parmi  les- 
quels se  trouvaient  deux  protestants 
qu'il  eut  le  bonheur  de  ramener  à  la 
foi  catholique.  Le  roi  de  Siam  reçut 
les  missionnaii'cs  avec  de  grands 
honneurs  ,  et  témoigna  le  desn*  d'en 
voir  quelques-uns  s'établir  dans  ses 
e'tats  ;  pour  y  répandre  le  f;oût  des 
sciences  de  l'Europe.  Le  P.  Tachanl 
fut  choisi  pour  aller  cherdier  de 
nouveaux  missionnaires  ;  et  tandis 
que  ses  confrères  s'avançaient  veis 
la  Chine  ,  il  revint  en  France  avec 
Chaumont,  moins  satisfait  de  son 
voyage  <|iie  le  bon  |>ère ,  qui  était 
encore  tout  émeiTeillé  de  ce  qn'il 
avait  vo.  11  repartit  en  1687  ,  avec 
Laloubcre  {rqyez  ce  nom  ;,  emme- 
nant donV:e  missionnaires ,  tous  ma- 
thématiciens et  remplis  de  zcle  pour 
la  -propagation  de  1  Évangile.  L'ac- 
cueil qu'il  reçut  du  roi  de  Siam 
et  de  son  ministre  le  toudia  |>lus  en- 
core que  la  première  fois.  Pénétre 
de  reconnaissance  pour  leurs  bon- 
tés ,  on  ne  doit  pas  être  surpris 
qu'il  ait  juge  ce  prince  un  homme 
extraordinaire,  et  qu'il  n'ait  pas  mê- 
me désapprouvé  les  vues  ambitieuses 
de  son  nimistre.  Comme  il  avait  ap- 
pris la  langue  du  pays,  il  fie  chargea 
â'nccompagner,  en  i688valindsleiif 


(Oi:'étaienl  In  P.  P.  FnnUncy,  Vikddou,  Ruv- 
Tet ,  Lcfmiulc  et  GerliHlou  (/'.  ce»  nonm). 
(«>  Voycï  le  JotitiitJ.  d«  Ch<i1iy ,  '^g.  t%  ,  4d, 


TAC 

servir  d'interprète^  les  aaibuiaikm 
que  k  rot  de  Siam'mvoyaît  k  léam 
XIV  etàusouverain  poalife.  Il  «sb- 
dufsit  lui-méaie  ces  ■mhiMaAftii»  k 
Rome  ,  pour  les  )>rëscnter  an  pape  j 
et ,  aprb  avoir  c^iteau  du  SêmH-mt 
des  reliques  et  les  instmctKMs  nëess- 
saires  >  il  repartit >  en  16^  ^  paw 
les  Indes.  La  fjussion  de  Sim  ayaU 
été  rtn'née  par  les  princes  de  Macas- 
sar,  il  se  rendit,  avec  la  plu|Mirt  de 
ses  confrères  ,  à  Pendichén*  Ltt 
grands  procès  que  les  jësiatM  p(M>- 
tugais  avaient  faitsdans  la  partie  né- 
ridionale  de  la  presqu'île  de  l'Inde  1 
lui  donna  l'espérance  d'oblenr  les 
mêmes  fruits  dans  le  nord;  aiais  k 
prise  de  Pondichéri  par  les  Holfatt- 
daisy  eu  1698,  reUrda  VeméoiMà 
de  ses  pieux  desseins.  Dfcs  que  ceUt 
ville  eut  été  rendue  à  la  Fnftcfey  p* 
le  traite  de  Risrwyck,  il  se  hâta  d'y 
retourner.  Pendant  son  afasflfecai  nt 
mission  s'était  établie  dans  k  tvjaa- 
me  de  Camate.  Il  résolut  éom  dt 
passer  dant»  le  Mochol ,  «t  Vanlla 
dans  la  province  M  Bcngak ,  ÀtÊÊX 
il  lut  l'un  des  premiers  «pâucfti  Oi 
voit,  par  une  lettfe  qu'il  «orMlde 
Ghandernagor,  le  10  )aimar  1911 
(3),  que  l'âçe  n'avait  poitat.  lUoA 
son  zèle  infatigablew  II  retounui,  mm 
de  temps  apras,  au  BcngAie^  «u  I 
mom-ut  d'une  maladie  contn^cilse, 
dans  l'cscrctcc  de  ses  travaux  «ras- 
géliques.  Outre  plusieurs  LeIMs  in- 
sérées dans  le  Kecneîl  des  XcMner 
édifumtesj  et  deux   DictkluaiMf 
latm-frauçais  et  français-laûn ,  a^ 
digés  pour  l'usage  du  duc  de  Boar- 
gognc ,  et  qui  furent  loug  temps  «i* 
ployés  dans  les  collèges  des  Jéni- 
tes  4) ,  et  même  dans  vétraa(er(  f^ 


lA^i 


it^ahlé$  y  ton.  Ztl 
1^. 


r«S!ïfc!p 


T† TiC                8BS 

on  doit  am  P.  Tacktrd  -:  «QniifeiiiM.£ii^qintltiit  lahMfotittÉ^ 

Siam  dei  PP.  Jésuiiei  yèexmmiy  il fvntît  tk^  «n  sénatv 

-  le  roi  âiuL  Indes  «C  à  k  dont  il  devint  i'ûniele  4t  te  ërmo^ 

;  leurs  t>bsenratioDs  as&o-  l'empereur  Aaà^ieft  «fant  été  tûé 


très^fentanpHuile  fit  <pn  m  9  ^it  p^ 

Second  Fo/ageiie  Siam,  zcnouvèiee  depuis  v  priaieséftst  Ab 

)  y  in  -  4^. ,  lig.  Ils  ont  été  M  d^bigner  -ua  sèèoeSBear.  Tadie 

;,  format  ÎQ-i a,  Amster-  |»rûiN>iiça  ,  en  teltè  leîrooBStanoè^ 

[aek/oEirmi/ de  l'abbé  de  tift  disconrs  qde  Fiaviib  V«f«S0aB 

"^o;^.  ce  nom) ,  (jne  l'on  y  nous  à  dooser^  (dans  4a  Vie  iTJith 

t\ethoixi 

i  à  son  ië^ 

-    »^     .  .  l'eBBiire. 

i  jLxxiii  et  XXXIV,  édk.  dantcecoaduttdegAiérosil^TacilB^ 

P.   Tachaid  y  fait  une  crai|pumt  qn'on  ne  Tint  m  "jeter  In 

^  sans  doute  très-exagé-  jeux  sur  1«-,  se  retira  'danB-attede 

ichcsses  de  ce  pays.  Sotis  ««s  terres  en'Gampànie^  oà'îlipaitt 

y  Lâloubëre  mérite  plus  deux  mbik  ÂnlioïKdecetenps;»  m 

ce  ;  mais  on  est  oblige  de  {bh  nffdé  par  le  ccésnl'enttiercica, 

î  dans  les  récits  du  P.  Ta-  «midémoiitra'aH  sénat  lanéoBfittf  de 

:  bonne  -  foi ,  une  candeur  faire  cemerl'interrtgne  dana  lialCiét 

S'il  trompe ,  c'est  (pi'il  a  Àidriic.  Lorsmieie  oonshl  eot-iehevé 

le  premier.  Il  ne  fait  que  déparier,  "BiGite  s*-ëlant  iiiféjffmtt 

qu'on  lui  a  dit  ou  ce  ou^il  donner  -son  avis^  fiit^kié^par  aek 


^ligé  >  et  les  observations  î|  aUégua  son  tngt  ipomr  ae 
»  que  son  Voyagecontient,  d'accepter  une  change  an-deâof  «de 
3mbre ,  sont  exactes.  W-s.  g^  forces  ';  les  aedalnaiioBli  dn  ééMK 
E  (  Marcus  '  Cljudws-  rintcrrompirents  et  û  fut  ffoÔdiàé 
^/empereur  romain,  fat  «mperear,  le  a5  septanbie  l^S.  Ob 
seur  d  Aurëlien,  après  un  tsboix^^txm&rihéBttrl'krBiéef  lot  aè- 
de six  mois.  On  ignore  ce  <»iieîBi  dam  tovtl^mcn^pardegim- 
ie  l'origine  de  la  fanûltede  j^s  dëMoastratiens  dévoie.  Dans  h 
;  mais  l'immense  fortane  premîei  diaoooirs  «qa'tl  prononça <d»- 
lissait,  comme  particulier,  yantkaénat,  TaoiK  aando^l'îaN 
conjecturer  que  ses  parents  lention  de  reiribe  à  t)e  cocj^iBÉBtt^ 
ans  l'état  un  rang  distia-:  toutes  ks  .pWitigatives  doBt^âfait 
d  un  esprit  juste  et  femke,  ^  di^oinHé.  -fiapeÉdahà  il  laàM 
stère  affable  et^ôiereux,  il  t>btcnir  k  tïéoséiat  fi'il  tViiÉlhijyt 
i  l'estime  publique  daas  lés  .polir -Hâ^vinatoai  frtlêé  :  lobi  de  t^ 
emplois  qu'il  i-emplit  suC-  «odenc^, Â'dît  fa''Û^jl&  àmt^tiàr 

,  Bouhour.  el  Cminirr.    Le  tW*!.  SIT  J|«e  fe «énat •CeBnaiÉrf^fcpM» 

(u<i,  l>our  la  première  Foie,  eu  1^7 ,  hu*Û  TCOait  de  «Cite.  'H  innDa30|l 

is  la  fc^ile  par  les  Barbou,  nui  le  Grent       ^     . ^^  .  ;  a,,  .  ■>  V        t 1 

1  "vj  et  1754.  i^  ilict.  iir.-tofta  pflrnt  aToieiÉfBt'aniroDe  par  i^aaan^  m 


364 


TAC 


fut  aiTectée  à  payer  la  solde  arriérée 
des  troupes ,  et  l'autre  à  reulrclieii 
et  à  rcm])c!Hssemcnt  du  temple  du 
Capitole.  Il  affranchit  tous  les  escla- 
ves qu'il  avait  dans  Ilome  ,   et  fit 
abattre  sa  maisou  et  construire  sur 
l'emplacement  des  thermes  publics. 
D'utiles  règlements,  qui,  malheui-eu- 
scmenty  ne  tardèrent  pas  d'être  né- 
gligés^ mirent  des  bornes  aux  extra- 
▼agances  du  luxe  de  la  table  et  des 
habits.  L'empereur  donna  lui-mcme 
l'exemple  de  Tordre  et  de  l'écono- 
mie. Tous  les  mets  qu'on  lui  servait 
étaient  fournis  par  son  jardin  et  pap 
sa  basse-cour.  Il  ne  changea  rien  à 
son  costume,  et  no  voulut  pas  per- 
mettre à  l'impératrice  de  porter  dei 
pierreries.  Une  loi  sévère  éj)ouvauta 
ceux  qui  se  permettaient  d'altérer  les 
monnaies.  Le  cours  de  la  justice  fut 
mieux  réglé  que  sous  les  rcffncs  ])ré- 
cédents;  et  les  esclaves  cessèrent  d'ér 
tre  admis  à  déposer  contre  leurs  maî- 
tres ,  même  soupçonnes  du  crime  de 
lèse  -  majesté.  Tacite ,  après  avoir 
assuré  la  tranquillité  des  citoyens, 
tourna  ses  vues  vers  rarraée.  Probus, 
auquel  il  reconnaissait,  dit-on,  des 
cnialités  dignes  du  trône  ;  V,  Probus, 
XXXVI ,  1 1 5  ) ,  reçut  le  comman- 
dement des  provinces  de  l'Orient,  et 
la  promesse  du  consulat  pour  l'année 
suivante.  L'empereur  se  rendit  en- 
suite dans  la  Tlirace  avec  Florien , 
nommé  préfet  du  prétoire.  Il  vengea 
la  mort  d'.lu rélien  sur  ses  meurtriers, 
et  chercha ,  par  ses  discours  et  par 
ses  largesses,  à  gagner  l'affection  des 
soldats.  Aidé  de  son  frère,  il  força 
les  Qoythes  ou  Goths  à  se  retirer  des 
provinces  qu'ils  venaient  d'envahir. 
Une  médaille  de  ce  prince  semblerait 
prouver  qu'il  remporta  sur  ces  peu- 
ples une  victoire  signalée;  mais  quel- 
ques auteurs  prétendent  qu'il  acheta 
Mur  retraite.  Ce  fut  vers  le  m^me 


TAC 

temps  (pi'éclata  la  conspiration  dont 
on  croit  que  Tacite  périt  victiine. 
Suivant  quelques  historiens ,   Maxi- 
mien, son  parent,  qu'il  avait  fait 
gouverneur  ae  la  Syrie,  ayant  excité 
des  mécontentements,  fut  tue  dans 
imc  émeute.  Xj^i  meurtriers,  craignant 
la  vengeance  de  Tacite,    s'onircm 
alors  aux  assassins  d'Aurelieu  ;  et , 
ayant  attaqué  l'cmperciir  pendant  h 
nuit,  le  massacrèrent.  Mais  d'autres 
disent  qu'il  périt  d'imc  maladie  oc- 
casionnée par  la  fatigue ,  à  Tarse  ou 
à  Tyane.  On  ignore  donc  le  genre  et 
le  lieu  de  sa  mort ,  qu'cm  place  du 
a5  mars  au  i  avril  276.  Il  était  iss 
de  soixante-cinq  ans  (  1  )  ,  et  n'avait 
occupé  le  tiH>ne  qu'environ  six  mois. 
On  a  vu  combien  Tacite  était  sobre , 
économe ,  ennemi  du  luxe ,  et  cepen- 
dant prodigue  de  sa  propre  fortune. 
A  des  qualités  si  rares,  il  joignait  le 
goAt  des  lettres,  dont   la   cnhure 
avait  sans  cesse  charmé  ses  loisin. 
Il  consacrait  une  partie  des  nuits  à 
lire  les  meilleurs  ouvrages,  particu- 
lièrement ceux  de  l'historien  Tacite 
(  Voy.  ce  riom  )p  dont  il  s'honorait 
de  desccudro ,  et  pour  leqnel  il  avait 
une  vénération  si  grande  qu'il  ordon- 
na que  ses  productions  fussent  pla- 
cées dans  toutes  les  bibliothèques. 
L'étude  ne   l'avait  cependant    pas 
guéri   de  la   superstition,   puisqu'il 
s'abstenait  de  tout  travail  le  second 
jour  de  chaque  mois  ,  regardé  par 
les  Rom  lins  comme  malheureux.  Oé 
voyait  dans  Interamne  (Terni)  le  cé- 
notaphe de  ce  prince  et  celui  de  son 
frère  Florien  {V.  ce  nom,  XV,  gti), 
avec  leurs  statues  de  trente  pieds  de 
hauteur;  mais  elles  furent  reoTCrsées 
dans  la  suite  par  la  fondre.  Noos 
avons  la  vie  de  Tacite  par  Flav.  Vo- 


(1)  Qiirlqiirs  rnileuri  lai  doBscnt  ^5 
ccUe  opinî'in  vaX  tolîiicmnit  ceafa  ** 

tun  dr  Niiul-Aioanl  (  /'.  es  bou  ). 


} 


TAC 

( ,  dans  V Histoire  Auguste  ; 
leUe  qu'avait  composée  Suétone 
ien ,  sur  un  plan  plus  détaillé , 
is  est  point  parvenue.  On  a  des 
Iles  de  ce  prince  en  or  et  en 
ej  celles  qu  on  cite  comme  d'ar- 
udebillon,  sont  probablement 
)nze  saucé.  F'o/.  le  Traité  de 
ionnet ,  sur  la  rareté  des  Mé- 
s  romaines ,  3 1 8.  W — s. 

CITE{C jius  Cornélius  Tj^ 
•),  célèbre  historien  latin,  $. 
lu  premier  siècle  de  Tère  vuU 
t  au  commencement  du  second, 
ues-uus  des  manuscrits  de  ses 
ges  lui  donnent  le  prénom  de 
is  y  au  lieu  de  Caius.  qui  paraît 
;  véritable.  11  est  Invariable* 
ppelé  Cornélius ,  cl  néanmoins 
le  croit  point  issu  de  la  famille 
ienne  que  ce  nom  désigne  et  que 
rendrait  encore  plus  illustre^ 
les  Cornélius  si  nombreux  de 
nne  Rome ,  on  démêle  des  plo- 
et  même  des  afllVauchis  i  il  est 
e  et  peu  important  de  savoir 
Is  descendait  celui  qui  a  im^ 
lise  le  nom  de  Tacite.  Proba- 
nt il  était  fils  de  Cornélius  Ve- 
citus ,  chevalier  romain  ,  pro-» 
ur  ou  intendant  de  la  Gaule 
ue  et  contemporain  de  Pline 
n.  On  connaît  cet  intendant 
e  inscription  trouvée  à  Julicrs, 
quelques  lignes  de  Pline  (  i  ) , 
t  dit  qu'il  eut  un  fils  qui ,  après 
i^raudi  de  trois  coudées  en  trois 
érit  d'une  contraction  de  nerfs 
Tige  de  puberté.  Certains  au- 
ont  prétendu  que  cet  enfant 
rueux  était ,  non  le  frère ,  mais 
ic  rhistorien  Tacite.  11  sulllt, 
carter  celle  hypothèse,  d'ob- 
qiie  Pline  rancieii  écrivait  ce 
vaut  Tan  -jq,  ou  mùne  avant 

t  >'al.  ,  VII,  1.;. 


TAC 


365 


77  y  k  une  époque  où  Tacite  ne  pou  • 
vait  avoir  fait  un  long  séjour  en 
Belgique  y  et  avoir  élevé  un  fils  jus- 
qu'à l'ige  de  plus  de  trois  ans ,  ou 
même  jusqu'à  l'adolescence  (^).  En 
effet  Tacite ,  outre  qu'il  ne  portait 
pas  le  nom  de  Férus,  avait  à  pei- 
ne vingt -trois  ou  vingt -deux  ans' 
en  77  y  étant  né  en  54  ou  55,  au 
commencement  du  règne  de  Néron , 
cinq  ou  six  ans  au  plus  avant  son 
ami  Pline  le  jeune,  qui  était  dans  sa 
dix-huitième  année  en  79,  au  mo- 
ment de  l'éruption  du  Vésuve  (3). 
Tacite  se  dit  Romain  ;  mais  c'était 
un  titre  qu'on  pouvait  prendre  sans 
être  né  dans  les  murs  de  Rome  ;  et 
s'il  fallait  en  croire  les  habitants  de 
Terni,  «urtout  leur  historien  Ange- 
loni ,  ce  serait  à  leur  ville  qu'appar- 
tiendrait l'honneur  d'avoir  produit 
ce  grand  écrivain  :  ils  lui  ont ,  au 
quinzième  siècle,  élevé  des  statues , 
afin  de  soutenir  cette  tradition,  qui 
n'est  d'ailleurs  confirmée  par  aucun 
témoignage.  On  ne  sait  rien  non  plus 
de  l'enfance  et  de  l'éducation  de  Ta- 
cite. 11  a  pu  être  disciple  de  Quinti- 
lien  :  qu'il  l'ait  été  réellement ,  comine 
le  disent  des  auteurs  modernes ,  c'est 
ce  qui  n'est  exprimé  ni  indiqué  nulle 
part  dans  les  anciens  livres.  On  se- 
rait plus  fondé  à  présumer  qu'il  a  , 
dans  sa  jeunesse,  suivi  au  barreau 
les  plaidoieries  d'Aper  et  de  Julius 
Secundus ,  orateurs  alors  très-renom- 
més. Sa  correspondance  avec  Pline 


(a)  Ou  lit  ici  dans  Pline  :  Ipti  non  pritlim  vidi- 
mus  ,  uu  Jpsi  nos  pritlem  vuiimus  ;  Nuuc  aTODj  Ta 
uous-même  depnis  peu  ,  ou  N'un*  avoua  Ta  il  j  R 
luug>leuips.  Selon  cette  seconde  leçon  ,  il  s'aginift 
d'un  fait  trop  anciru  pour  qu'il  pût  janiaii  ètreap* 
pliqnr  *  nu  lils  de  l'hutorien  Tacite;  mail  «o  «ap> 
poAAot  même  que  Pliue  parie  d'une  aventure  ré- 
cente ,  ce  qui  va  être  dit  de  la  nainMUce  et  du  ma- 
riage de  Tacite  prouverait  encore  qu'il  n«  pou- 
vait être  le  père  de  cet  enfant. 

(i)  Agebam  duodeviceùnuun  mttHutn  ,  dit  Pline 
le  ieune ,  1.  VI ,  ep.  »o.  Ccat  par  erreur  aue  Juate- 
l.ipse  et  quelques  autrci  ont  trauacrit  auoetftl'rc- 
tirmtm. 


366 


TAC 


le  Jeune  prouve  qu'il  avait  de  bonne 
koure  cultivé  la  poésie  ;  et  le  style  de 
SCS  ouvrages  en  prose  annonce  assez 
avec  quel  soin  et  quel  succès  il  s'était 
livré  à  l'étude  des  grands  modèles  de 
Fait  d'écrire  ,  particulièrement  de 
Thucydide.  Entre  les  sectes  philoso- 
phiques ,  il  paraît  avoir  préféré  la 
stoïcienne  :  on  le  trouve  presque  par- 
tout imbu  des  ma  limes,  pénétré  des 
sentiments  qui  la  caractérisent.  Ce 
fut  sous  le  règne  de  Vcspasien ,  vers 
l'an  73  ou  74  qu'il  entra,  nous  ne 
dirons  pas  dans  le  monde  ^  parce  que 
nous  craignons  que  cette  expression 
moderne  ne  cou  vienne  pas  assez  aux 
mœurs  antiques ,  mais  dans  la  carriè- 
re qui  s'ouvrait  à  l'émulation  et  aux 
talents  de  la  jeunesse  romaine.  On  a 
droit  de  conjecturer  qu'il  commença 
par  porter  les  armes  y  non-seulement 
à  cause  de  l'exactitude  et  de  l'habi- 
leté qu'on  remarque  dans  s^  récits 
lorsqu'il  s'agit  d'usages  et  de  dé- 
tails militaires,  mais  surtout  parce 
que  ce  service  était  eucore  l'appren- 
tissage ordinaire  de  ceux  qui  se  des- 
tinaient à  des  fonctions  civiles.  On 
sait  d'une  manière  plus  directe  qu'il 
embrassa  la  profession  d'avocat  peu 
d'aimées  avant  Pline  le  jeune,  qui 
s'honore  d'avoir  marché  sur  ses  tra- 
ces (4)-  Depuis  Auguste,  il  fallait, 
pour  devenir  questeur,  avoir  été  vi- 
gintmr  :  on  nommait  ainsi  vingt 
officiers  de  police  qui  surveillaient 
les  monnaies,  les  prisons,  l'exécu- 
tion des  jugements.  Il  est  fort  vrai- 
semblable que  Tacite  a  passé  par  le 
yigiutivirat  avant  d'arriver  à  la  ques- 
ture, que  lui  conféra  l'empereur  Ves- 
pasien  qui  mourut  en  79.  Il  suffisait 
alors  d'avoir  vingt-quatre  ansaccom- 

^4^  Jh'.latr  ^  di^nitate ^  pmpemodum  a^uairt.... 
KtfuiiUm  mJûlesctntulHS  quumjam  tu.  famé  gtorid- 
que  Jityreres ,  le  seuiti,  tiki  longu ,  sedpraximi't  »- 
tervuUo  H  essm  M  hmhim  cêmemfriirwbmm.  PI.  1.  VU , 
rp.  «o. 


TAC 

plispour  âtre€[ae8leiir,ee<piiaiilorîse 
à  supposer  que  'Tacite  rëuî(cn  78; 
maison  n'a  y  sur  ce  point,  aucmiiiitiv 
détail. II  avait  le  titre  de  chevalicr,cl 
la  questure  Im'  ouvrait  l'entrée  dn  se* 
nat.  Vers  la  même  époque ,  et  peol- 
étrc  dès  77,  il  épousa  la  fille  d'Agiv 
cola  (  ^.  l ,  3og-3i  i  ),  allûiiice  qii 
donne  lieu  de  croire  qu'il  tenait  dqà 
un  rang  honorable  parmi  les  jcuMi 
Romains.  lia  célèbre  les  Tertus  desa 
belle  -  mère  Domitia  ,  et  les  biopt- 
phes  lui  prêtent  l'intention  d'ëlCBOïc 
cet  éloge  sur  sa  propre  épouse,  qn^il 
n'a  cei>endant  louée  nalle  part  b 
considérant  les  circonstances  de  n 
vie ,  que  nous  venons  de  retraeer,QB 
ne  voit  pas  comment  jnsqa'akfs  3 
aurait  eu  le  temps  d'adnûnistrcr  as 
province  Belgique  :  ceux  gni  lai  at- 
tribuent une  telle  fonction  le  eiwfèn* 
dent  apparemment  avec  son  jkn.  D 
nous  apprend  lui-même  qn^dnià 
Vespasien  le  commencement  de  ses 
honneurs  publics,  accrus  dqmîs  par 
Titus ,  et  encore  plus  par  Draii- 
tieii  (5).  Il  n'obtint  pourtant  pas  som 
Titus  la  préture ,  qu'il  avait  c^éiée 
sous  Vespasien  même;  et  il  nepàrsil 
point  qu  avant  l'avâiementdeDoBÎ- 
tien,  il  eût  exerce  d'autres  charges 
que  celles  de  questeur,  d'édik,  et 
peut-être  de  tnbun.  Mats  aux  )cn 
séculaires  de  88,  il  se  tnmYnil  an 
nombre  des  quindécimvirs  déposî- 
Uires  des  livres  sibyllins  :  c^est  hi 
encore  qui  nous  instruit  de  oe  délai 
de  sa  propre  vie ,  et  i)  a)oiite  que  ce 
n'est  pas  pour  s'en  vanter  ^'il  k 
rappelle  (G).  En  même  temps  il  éluC 
préteur  (7);  et  nous  manquons  de 


(5)  DigmùmUin  moHnm  à  Vammsiam» 
à  Tito  auetam,  à  DomiUmmo  umfim 
Hîitor.  1. 1 ,  c.  I. 

(ti)   Quod  non  jmcUmtiâ  r^m9, 
e.  XI. 

(7)  ^  * 


Ls, 


TAC 

;Dements  sur  la  maniëre  dont 
acquitté  de  cette  fuoctioji  im-* 
te.  Il  sortit  de  Rbme  avec  son 
en  89  :  était-ce  disgrâce  ou 
s  volontaire,  ou  bien  allait- il 
r  quelque  fonction  ^  quelque 
ddanâune province?  Ceux  qui 
ité  ces  questions  n'ont  pu  les 
ve  d'une  manière  précise  :  seu- 

Baylo  a  montré  que  ,  selon 
pparence ,  Tacite  n'avait  point 
ini.  C'est  surtout  bien  mal'-à- 
i  que  certains  auteurs  prolou- 
odantdixanscetexi!  [U'étcndu^ 
1  trouve  Tacite  rentré  dans 
ivant  ]a  moVtdeDomitien,qui 
lit  que  huit  ans  après  les  jeux 
rcs.  Toutefois,  en  ()3,lorsqu' A" 

périt  dans  la  capitale  de 
*e,  l'absence  de  son  geudre  du- 
:ore.  a  Quel  surcroît  de  dou- 
s'eVrie  Tacite  ,  pour  moi  et 
I  fille,  (le  n'avoir  pu  soutenir 
illaucc,  jouir  de  ses  euibras- 
5  et  de  ses  derniers  regards! 
avons  perdu  quatre  ans  d'a-r 
par  l'ellet  de  notre  éloigne- 
I  L'historien  n'ose  point  allir- 
le  Domitien  ait  fait  empoisou" 
ricola ,  quoique  tel  fut  le  bruit 
,  et  que  les  proscriptions  or- 
s  peu  après  par  le  farouche 
air  aient  rendu  ce  premier  cri- 
ucoup  trop  croyable,  a  Bieur 
it  Tacite  ,  nos  mains  {  se- 
les  )  conduisirent  Helvidius 
on;  la  cruelle  séparation  de 
us  et  de  Rusticus  fut  notre  ou- 
et  il  fallut  uous  couvrir  du 
i  Senécion.  »  En  prenant  ces 

à  la  lettre,  on  a  voulu  en 
•e  que  Tacite ,  au  sein  du  se- 
rait cédé  au  torrent  et  s'était 
ux  bons  pUisiis  de  Oomilieo» 

style  figuré ,  pour  ne  pas  dire 
jîc ,  des  derniers  chapitres  de 
d'Agricola  ,  permet  bien  ,  cm 


SO7 


L" 


TAC 

semble,  de  n'appliquer  ka  expul- 
sions coËectives  qu'on  vient  de  lice, 
u'à  l'assemblée  des  sénateurs  ,  d 
supposer  qu'ils  n'avaient  pas 
tous ,  Sïias  exception  ,  coopéré  ^ 
ces  iniquités  sanguinaires.  C'est  pour 
mieux  exprimer  l'horreur  qu'il  en 
ressent,  que  l'historien  se  place,  en 
quelque  sorte,  au  nombre  des  compli^ 
ces ,  bien  sûr  que  les  couleiirs  odieu-i 
ses  dont  il  a  peint  la  tyrannie,  mon^ 
treront  assez  qu'elle  n^a  jamais  pu  le 
compter  parmi  ses  instruments.  On 
se  délivra  de  Domitien  en  96;  et  dès 
l'année  suivante ,  Tacite  parvint  au 
consulat  :  son  nom  ne  figure  poinf 
dans  les  fastes ,  parce  qu'il  n'était  pas 
consul  ordinaire,  mais  subrogé  par 
Nerva ,  nouvel  empereur,  à  Yii*gintus 
Rufus ,  qui  venait  de  mourir  et  dont 
il  prononça  l'éloge  funèbre  ;  ainsi  ^ 
dit  Pline  le  jeune  ,  la  fortune ,  ton* 
jours  lidbleà  Yirginius,  lui  gardait, 
après  sa  mort,  le  plus  éloquent  des 
panégyristes  C'est  le  seul  acte  quel^on 
connaisse  de  ce  consulat,  qui  n'était 
au  siirphu  qu'un  yain  titre  ,  et  qui 
laissait  à  Tacite  assez  de  loisir  pour 
qu'il .  so  livrât  à  des  travaux  lit^ 
téraires.  Il  composa ,  en  97  ,  U 
Vie  de  son  beau- père;  en  98,  le 
Tableau  des  mœurs  des  Germains^ 
Avait -il  visité  ces  peuple»,,  par- 
couru leur  pays  ,  observé  imméf 
diatemeut  leurs  habitudes  ?  cela 
n'est  rapporté  ni  indiqué  nulle  part; 
mais  on  serait  fort  tenté  de  le  croire, 
à  ne  considérer  que  l'exactitude  de 
cette  description,  le  nombre  et  U 
précision  des  détails  qu'elle  reolev- 
me  :  elle  semble  trop  originale  pour 
avoir  été  rédigée  d'après  des  mémoi- 
res étrangers;  et  d'aiUeurs  comme 
on  ne  sait  point  011  Tacite  a  passé 
les  quatre  années  de  89  à  o3 ,  rien 
n'empâche  de  supposer  q^'ilait  fiiit, 
durant  cette  ab^nee ,  qiidqu^  sé)oiir 


368  TAC 

en  Germanie.  Quoi  qu'il  en  soit  de 
cette  conjecture  y  il  n'eut  pas  plutôt 
achevé'  ce  livre  qu'il  conçut  l'idëe  et 
se  traça  le  plan  de  ses  grands  ouvra- 
ges historiques.  Il  n'avait  cependant 
point  renouce'  au  barreau:  nous  le 
retrouvons ,  en  99,  charge,  avec  son 
ami  Pline  le  jeune,  de  soutenir  l'ac- 
cusation intentée  par  les  Africains 
contre  le  proconsul  Marius  Priscus. 
Cette  affaire  eut  de  l'ëclat  :  elle  nous 
est  connue  par  le  récit  qu'en  fait  Pli« 
ne,  dans  une  de  ses  JjCttres  {l.'x  ep. 
XI  ).  a  Le  sénat ,  dit-il ,  nous  ordon- 
na^ à  moi  et  à  Cornélius  Tacitus,  do 
f)rendre  la  cause  des  Africains  contre 
e  proconsul ,  qui ,  dénoncé  par  eux^ 
se  retranchait  à  demander  des  juscs 
ordinaires ,  sans  proposer  aucune  dé- 
fense. Notre  premier  soin  fut  de  mon- 
trer que  l'énormité  des  crimes  dont 
il  s'agissait  ne  permettait  pas  de  civi- 
liser l'affaire;  car  Priscus  était  préve- 
nu d'avoir  reçu  de  l'argent  pour  con- 
damner à  mort  des  iimocents.  »  Son 
avocat^  Fronto  Ca  tins,  voulait  qu'on 
se  restreignît  à  examiner  s'il  y  avait 
eu  péculat.  Mais  le  sénat,  eu  don- 
nant des  juges  chargés  de  pronon* 
cer  sur  ce  chef  d'accusation  ,  dé- 
cida aussi  que  ceux  à  qui  l'on  disait 
que  Priscus  avait  vendu  le  sang  de 
plusieursvictimesinnocentes,  seraient 
assignés  et  entendus.  Il  ne  comparut 
qu'un  seul  de  ces  complices ,  Flavius 
Martianus;  un  autre  venait  de  mou- 
rir fort  à  propos.  Une  assemblée  se 
tint,  présidée  par  l'empereur  Trajan, 
qui  était  alors  consul;  c'était  au 
commencement  de  janvier,  époque 
ou  Rome  voyait  le  plus  de  sénateurs 
réunis.  Là  et  en  présence  de  l'accusé 
Priscus,  sénateur  lui-même,  et  de 
Martiamis,  duquel  il  avait  reçu  sept 
cent  mille  sesterces  pour  flétrir  et 
faire  étrangler  en  prison  un  chevalier 
romain, Pline  parla  le  premier  duiant 


TAC 

près  de  cinq  heures ,  et  l'c 
ensuite  Marcellin  défenseu 
tianus.  Le  lendemain ,  Sal 
ralis  plaida  pour  le  pro 
Tacite  répondit  avec  l'en 
gravité  majestueuse  qui 
saicnt  son  éloquence  (8) 
doyer  de  Fronton  pour  Pi 
jusqu'à  la  nuit,  et  ne  se  te 
dans  une  troisième  séance, 
cusés  furent  condamnés  à 
assez  douces  pour  des  attei 
mes:  mais  on  déclara  qi 
Tacite  avaient  dignementi 
ministère  et  l'attente  du 
voit  pard'autres  Lettres  de 
Tacite  composait  aussi  de 
vers,  et  que  les  hommes  le 
truits  de  ce  temps  recher 
société.  Celui  avec  lequel 
nait  le  commerce  le  plus  in 
Pline  lui-même  ,  qui  lui  a 
Êpîtres  (9) ,  ou  du  moins  < 
en  est  une  qui  semble  être 
réponse  de  Tacite.  Ces  Le 
ap])rennent  qu'ils  se  comm 
réciproquement  leui*s  ouvra 
mettaient  en  commun  tout 
avaient  de  lumières ,  de  ta 
gloire.  C'est  à  la  prière  de! 
aue  Pline  le  jeune  fait  un 
détaillée  de  b  mort  de  so 
des  autres  circonstances  de 
du  Vésuve.  Il  sait  que  l'clo 
son  ami  peut ,  mieux  qu'auc 
immortaliser  ces  tristes  sot 
il  espère  qu'elle  sera  aussi 
à  jeter  quelque  éclat  sur  la 

Sue  Pline  vient  de  tenir 
ans  l'affaire  de  Baebius  M; 
pourtant  qu'il  demande  qu' 
ou  qu'on  amplifie  la  vérité  ; 

(8)  Ref pondit  Corn,   TacUm  c% 
quod  tximimm  ormtioiû  9Jm  mttt ,  gf 

(<))  L.  1 ,  ép.  Gr)  et  sn  ;  1.  IV  ,  cp   I 
0  ,  iG  et  3u;  L  VII  ,  ép.  m  et  33;  I. 
I.  IX,  r\t.  I»;  I.  XI,  ép.  t4;  Muf  !■« 
dt  ces  épilrc»  puamit  ètr«  dt  Taôlt 


TAC 

cit  (idèk  suiHt  aux 
3lcs,  et  il  u'atteud 
xagcratioDS  ni  reli- 
es :  Ciceron  n'avait 
n  la  délicatesse  ,  en 
5  d'écrire  l'histoire 
t.  Dans   une    lettre 
iime,  Pline  raconte 
1  a  été ,  depuis  peu 
ae  par  Corneille  Ta- 
sistait  aux  jeux  du 
'un  chevalier  romain 
l'un  entretien  savant 
landa  s'il  était  d'Ita- 
itre  province.  Vous 
repondit  l'historien , 
cation  aux  belles-let- 
chevalier  répliqua  : 
ouPline?  Jcne  puis, 
: ,  vous  exprimer  avec 
is  avons  vu  nos  deux 
)rochés  et  confondus 
;  avec  celui  de  la  lit- 
mc.  L'un   des  deux 
lounit  vers  Tan  io3 
jeune,  XXXV,  77  )  : 
aitc  lui  survécut  long- 
use  qu'il  est  mort  oc- 
li  étendrait  sa  car- 
9s  l'an  i34  ou  i35; 
jns ,  sur  ce  point ,  au- 
eiit  positir.  Il   n'est 
nfants  ;  et  néanmoins 
3ire  qu'il  laissait  une 
[d'au  troisii'me  siècle, 
ite  se  gloriliait  de  des- 
grand historien,   et 
0,  un  préfet  des  Gau- 
>lemius,  le  comptait 
X.  C'est  ce  que  nous 
doine  Apolhnaire,  qui 
et,  né  au  sein  d*une 
e  très-illustre,  était 
,  philosophe   plato- 
ait  sous  le  règne  de 
rédéccsseur  immédiat 
a  ne  rapporte  aucun 


TAC 


369 


fait  de  la  vie  de  Tacite,  après  la 
fin  du  premier  siècle  de  TèreTulgaire; 
il  a  probablement  consacré  les  an- 
nées suivantes  à  la  composition  ou  à 
la  révision  de  ses  ouvrages.  Nous  ne 
possédo^qu'une  partie  de  ses  écrits; 
car ,  sans  narier  encore  de  la  perte 
qu'on  a  faite  de  plusieurs  livres  de 
ses  Annales  et  de  ses  Histoires ,  il  ne 
subsiste  rien  de  son  panégyrique  de 
Verginius ,  ni  de  son  discours  contre 
le  proconsul  Priscus ,  ni  de  ses  autres 
plaidovers,  ni  de  ses  poésies ,  ni  d'un 
livre  de  facéties,  dont  Fulgence Plan- 
ciadès  le  déclare  auteur.  Au  troisiè- 
me livre  de  ses  Annales  (c.  ^4),  il 
annonce  qu'après  avoir  achevé  les 
travaux  qu'il  a  entrepris ,  il  écrira  ^ 
s'il  en  a  le  temps ,  l'histoii*e  du  règne 
d'Auguste.  Ce  livre  nous  manque 
aussi,  soit  qu'il  n'ait  jamais  été  com- 
posé, soit  qu'il  ait  aisparu  comme 
tant  d'autres.  Au  nonibre  de  ceux 
qui  nous  restent  de  cet  illustre  écri- 
vain, on  comprend  quelquefois  le  Dia- 
logue sur  les  orateurs  ou  sur  les  cau- 
ses de  la  corruption  de  l'éloquence; 
excellent  opuscule  dont  nous  avons 
déjà  fait  mention  aux  articles  de 
Quintilien  (XXXVI,  44o,44i),et 
de  Suétone,  (pag.  1 49  ci-dessus).  Des 
savants  l'ont  attribué  soit  à  l'un ,  soit 
à  l'autre  de  ces  deux  auteurs;  mais 
Tacite^  outre  que  son  nom  se  lit  sur 

Ï)lusieurs  anciens  manuscrits  de  ce 
ivre^  serait  encore  assezdésigué  par 
le  caractère  des  idées  et  même  du 
style.  On  y  a  remarqué  des  tours  et 
des  expressions  quise retrouvent  dans 
ses  autres  ouvrages. :Le  grammairien 
Pomponius  Sabinus  a  cité,  comme 
énoncée  par  cet  écrivain ,  une  obser- 
vation critique  sar  les  faux  orne- 
ments des  productions  de  Mécène, 
calamistros  Mascenatis ,  et  c'est  en 
propres  termes,  ce  qui  se  lit  au  26^ 
chapitre  du  dialogue.  L'auteur  dit 

24 


5^o  TAC 

qu'il  était  dans  sa  première  jeunesse 
lorsqu'il  entendit  cette  conversation 
(lo);  et  il  en  fixe  la  date  à-peu-près 
à  Tan  76  de  notre  cre  ^  lorsqu'eu  effet 
Tacite  n'avait  qu'environ  20  ans, 
ou  moins  même ,  si  l'on  adoptait  l'o- 
pinion, un  peu  hazardëe,  de  Juste- 
Lipse  et  de  Dod\!vell ,  qui  ne  le  font 
naître  qu'en  Sg  ou  60.  Toutes  ces 
circonstances  sufiiraientpourledcsi^ 
gner  ^  mais  il  est  particubèrement  re- 
connaissable  au  soin  que  prend  l'au- 
teur de  ce  dialogue  ,  de  rattacher 
partout  à  l'histoire  politique  et  à  la 
science  des  mœurs  sociales ,  la  théorie 
de  l'art  oratoire.  Cette  littérature 
forte  et  profonde  est  celle  qui  convient 
à  l'historien  des  empereurs.  Si  les 
formes  et  les  mouvements  du  discours 
n'y  sont  pas  toujours  les  mêmes  que 
dans  ses  livres  purement  historiques, 
il  ne  faut  assurément  pas  s'en  éton- 
ner :  un  écrivain  tel  que  luisait  pren- 
dre plus  d'un  ton,  donner  à  un  en- 
tretien d'autres  couleurs  qu'à  un 
simple  récit ,  et  parler  le  langage  des 
orateurs  quand  il  les  met  en  scène. 
Nous  devons  dire  cependant  que  tous 
les  modernes  ne  s'accordent  pas  à 
lui  attribuer  cette  production  :  Beatus 
Rhenanus  a  le  premier  élevé  des  dou- 
tes sur  ce  point  ;  Juste  Lipse ,  Gas- 
par  Barth  et  Vossius  ont  laissé  la 
question  indécise;  Henri  Estienue  , 
fioxhorn,  Freinshemius ,  Graevius, 
Pichon ,  etc. ,  ont  pensé  qu'elle  devait 
se  résoudre  en  faveur  de  Quintilien  ; 
Morabin,  La  Bléterie,  Tiraboschi^  ne 
veulent  pas  qu'on  la  décide  pour  Ta- 
cite :  mais  c'est  pour  lui  que  se  dé- 

(le)  Un  de  sn  Irmtlucteuri  noux  dit,  en  la  nrr- 
nanl  lui-même  ii  Icniniu,  t/u'il  ilail Jort  jeune  lon- 
ifu*U  composait  ce  dialogue.  Cela  nuuB  iiAraît 
inciacl  ;  car  Tacite  ne  parle  que  du  lenap»  oà  il  pré- 
tend l'avoir  entendu,  el  il  déclare  qn' il  a  besoin  que 
Ml  mémnire  lui  en  rrtrace  tout  les  détails.  Juvenit 
admodkm  audivi....  JUtmorid  me  rrrordvtione  eput 
e%i  ,  ut....  iiidrtn  nmtf  Mumerif ,  iiidem  rtUioHihtt* 
prifeffumi; 


TAC 

dareut  ou  qu'inclinentP.  FiUioa,Co- 
lomiez ,  Dodwell ,  Schurzfleîsch ,  Si- 
grais ,  Brotier  j  Schulz ,  Œ)erlîn ,  Da- 
reau  de  la  Malle ,  etc.  ;  et  cette  opi- 
nion nous  parait  de  b'^aucoup  la  plus 
vraisemblable.  Du  reste,  le  màite  du 
Dialogue  sur  les  orateurs  est  géDért- 
lement  reconnu;  et  il  suffit  de  pren- 
dre une  idée  sommaire  du  sujet  pour 
en  sentir  l'importance.  Doit-on  pré- 
férer l'éloquence  à  la  poésie?  les  an- 
ciens orateurs  yalaient-ib  mienx  que 
ceux  du  temps  de  Yespasicn?  et  si 
l'éloquence  a  dégénéré ,  quelles  en  sont 
les  causes?  Ces  questions  débattues, 
la  décadencedu  genre  oratoire  demeu- 
re avérée,  et  imputable  à  la  mauTaise 
éducation  y  à  Timpéritie  des  nuitres , 
à  la  nonchalance  de  la  jeunesse.  Cha- 
cun des  interlocuteurs  soutient  cons* 
tamment  son  caractère  :  le  poète  Ma* 
teruus  y  parle  de  son  art  avec  en- 
thousiasme ;  l'avocat  Aper  a  de  la 
rudesse ,  son  éloquence  de  barreau 
est  veliémente^  mais  son  style  a  sou- 
vent de  l'élévation  ;  Messala  est  m 
rtricien  ({ui  se  possède  davantage, 
se  contient  dans  les  bornes  d'une 
discussion  grave.  Des  portraits  6dè- 
les  ,  des  parallèles  ingàûenx  y  des 
contrastes  habilement  mâiagés ,  des 
tours  varié»  et  toujours  justes,  don- 
nent un  grand  intérêt  à  cet  opnscde. 
Il  est  compris  dans  la  première  écb- 
ditiondes  Œuvres  de  'Tacite: mais fl 
manque  dans  un  grand  noouiR  des 
suivantes.  On  Ta  joint  qoekraeiHf 
aux  Institutions  oratoires  de  Quali- 
lien  ;  et  il  a  été  imprimé  i  part , 
in -80.,  àUpsai  en  1706;  à  CStMlin* 
gue,  en  17 19  ;  à  Leipzig ,  en  i^BB. 
Fauchet  ^  L.  Giry ,  Maucroiz,  Mé- 
rabiu ,  Bourdon  de  Sigrais,  Due» 
de  la  Malle  ,  Ghénier  et  M.  DaOkr  J 
4  'ont  tra  duit  en  français.  Entre  ces  to^ 
sions,  celles  de  Dureau  de  la  Malle  et 
de  Ghénier  nous  semblent  les  phf  fi- 


1 


TAC 

dëles  ,  les  plus  élégantes  et ,  à  tous 
égards,  les  plus  dignes  du  texte.  Noius 
avons   indique  déjà  un  autre  écrit 
qu'on  n'a  pas  coutume  non  plus  d'in- 
sérer dans  le  Recueil  des  ouvrages  de 
Tacite,  et  qui  se  place  dans  celui  des 
Lettres  de  Pline  :  c'est  une  très-courte 
Épître,  que  La  Bléterie  regarde, non 
sans  quelque  foudement,  comme  une^ 
réponse  à  celle  où  Pline  avait  con- 
seillé à  son  ami  d'associer  l'exercice 
de  la  chasse  aux  travaux  littéraires. 
«  J'aurais  bien  envie ,  répond  Tacite  j 
]»  (du  moins  nous  le  supposons  ainsi) , 
1)  de  suivre  vos  leçons^  mais  les  san- 
»  gliers  sont  si  rares  ici ,  qu'il  n'y  a 
D  pas  moyen  de  réunir  Minerve  et 
»  biane,  que  vous  me  dites  de  ser- 
»  vir  à-la-fois.  Il  faut  donc  ne  reu- 
»  dre  hommages  qu'à  Minerve  ,  en- 
»  core  avec  ménagement ,  comme  il 
»  convient  dans  une  campagne ,  et 
9  pendant  l'été.  Sur  la  route  même , 
o  ]'ai   esquissé  quelques  bagatelles 
»  qui  ne  sont  bonnes  qu'à  eûacer 
)»  aussitôt^  pur  babillage,  pareil  aux 
»  conversations  que  l'on  tient  dans 
»  une  voilure.  J'y  ai  ajouté  quelque 
9  chose  depuis  mon  arrivée ,  ne  me 
»  sentant  pas  disposé  à  un  autre  ti*a- 
»  va  il.  Ainsi  je  laisse  en  repos  les 
»  poèmes,  qui  ,  selon  vous  ,  ne  s'a- 
i>  chèvent  nulle  part  plus  heureuse- 
«  ment  ([u'au  milieu  des  forets.  J'ai 
o  retouché  une  ou  deux  petites  ha- 
»  rangues ,  quoique  ce  genre  d'occu- 
9  pation  soit  peu  aimable,  peu  at- 
»  trayant ,  et  ([u'il  ressemble  plus  aux 
»  travaux  qu'aux  plaisirs  de  la  vie 
»  champêtre  (i  i).  »  On  ne  conteste 
pas  l'authenlicité  des  autres  écrits 

^ .   ,  Ml  T         I  ■ 

(ïi)  D»U9  l'édition  Lispvirieune  Je   i6(k),  crlle 

U-ltre  ctprccédee  de  riii»criptioti  :  CoitieUo  Tacilo 

<uo  C.  Ptinius  S.  ,  taodiii  qu  ailleiirit  oo  lit  tuMJoiirji 

C.  Piiriu*  Tacito  uto.  il  efil  fort  probahie  que  Im 

I>ln9  auiititif  uMiiiiscrils  portaienl  :  Corn,  'l uc.'C, 

f'Iin.  \.   S.,   et  que  les  cupiKte.4  auraient  du  lire  : 

LvmeLut  'i'ncHiti  Cuio  Plinio  $ho  ,  $mluteiu. 


TAC 


3-1 


qui  subsistent  sous  le  nom  de  Tacite. 
Telle  est  d'abord  la  Vie  d'Agricola , 
que  Thomas  admire  comme  le  chef- 
d'œuvre  et  le  modèle  des  éloges  his- 
toriques. Ce  livre  contient  de  vives 
peintures  et  d'éloquents  discours  :  il 
offre  l'expression ,  toujours  noble  et 
vraie,  des  sentiments  les  plus  fiers  et 
des  aifections  les  plus  tendres.  L'au- 
teur se  montre  tour-à-tour  énergique 
et  pathétique,  avec  une  convenan- 
ce parfaite.  La  diction  est  partout 
savante;  mais  l'art  profond  qu'elle 
recèle  dans  la  structure  des  phrases , 
dans  le  choix  et  l'arrangement  des 
mots  ou  même  des  syllabes ,  ne  se 
manifeste  que  par  les  grands  et  rapi- 
des eflets  qu'il  produit.  Quel  que  soit 
pourtant  l'éclat  de  cet  ouvrage  si  jus- 
tement célèbre,  nous  doutons  qu'il 
porte,  autant  que  ceux  qui  l'ont  suivi, 
l'empreinte  du  goût  sévère  et  du  gé- 
nie pénétrant  de  Tacite  :  ce  n'est  )>as 
non  plus  celui  qui  a  fixé  le  premier 
les  regards  etl'attentioades  hommes 
de  lettres  du  quinzième  siëde.  Il  man- 
que dans  les  premières  éditions  de  cet 
historien;  il  ne  paraît  que  dans  celles 
de  Milan ,  vers  1 496 ,  et  de  Venise  , 

en  i497«  I^*P*"*  ^^  ^^  *  ^^  ^^^^  V^^" 
sieurs  réimpressions  et  traductions, 

même  particulières.  Pour  ne  rien  dire 
d'une  première  version  française , 
publiée  à  Paris,  en  i65G  ,  in-ia ,  ni 
de  celles  qui  embrassent,  avec  la  vie 
d'Agricola,  d'autres  livres  de  son 
geuore,  nous  n'indiquerons  ici  que 
deux  traducteurs  français,  Desrenau- 
des  ,  eu  1797  ,  et  M.  Mollevault,  en 
1822.  Ces  deux  versions,  imprimées 
à  Paris»  in-18,  sont  accompagnées 
du  texte ,  et  l'on  a  joint  de  plus  à 
celle  de  M.  Mollevault  une  carte  dres- 
sée par  M.  Walckenaer ,  et  représen- 
tant l'étal  de  l'Angleterre  au  temps 
où  Agricola  la  subjuguait  et  la  gou- 
vernait. En  effet,  l'ouvrage  latin,  ou- 

^4- 


572  TAC 

tit:  le  mérite  ëraiiient  ((u*il  a  comme 
production  littéraire,  a  aussi  l'avan- 
tage dVclaircr  riiistoirc  ancienne  des 
îles  Britanniques  :  mais  Tacite  a  jeté 
bien  plus  de  lumière  encore  sur  la 
ccographie  et  les  mcrurs  primitives 
de  la  dermanie.  Ce  livre  si  court,  sur 
un  vaste  sujet ,  est  d'un  homme  qui 
abrcgc  tout ,  parce  qu'il  voit  tout , 
dit  Montesquieu .  C'est  une  admirable 
introduction  à  THistoirede  l'Allema- 
gne ,  ou  plus  généralement  de  l'Eu- 
rope moyenne  et  occidentale. On  y  re* 
trouve  les  [iremiers  germes  des  cou- 
tumes et  des  lois  de  plusieurs  siècles; 
et  dans  ce  tableau  des  habitudes  pri- 
vées ,  des  opinions  communes  et  du 
régime  civil,  il  y  a  des  traits  si  ca- 
ractéristiques et  si  profonds ,  que 
d'âge  eu  âge,  et  de  nos  jours  même, 
ils  demeurent  rcconnaissables ,  quoi- 
que modiliés  ou  affaiblis  par  le  temps. 
Quiconque  veut  rechercher  les  ori- 
gines des  institutions  modernes,  mili- 
taires ,  judiciaires,  féodales,  a  besoin 
de  recourir,  avant  tout,  à  cet  antique 
exposé  des  mœurs  des  Germains  ;  et 
s'il  nous  fallait  dire  quel  est  le  plus 
instructif  des  livres  de  Tacite ,  nous 
serions  foit  tentés  de  nommer  celui- 
là.  11  y  règne  une  méthode  si  lumi- 
neuse et  si  naturelle,  que  les  transi- 
tions ,  quoique  bien  fréquentes ,  ne  se 
laissent  jamais  apercevoir. De  tant  de 
détails  rapidement  parcourus ,  aucun 
n'est  inutile ,  ni  obscur ,  ni  déplacé  : 
la  précision  du  style  ^  toujours  élé- 
gante ,  devient  énergique  ou  pittores- 
que, toutes  les  fois  qu'il  le  faut.  L'an- 
tiquité ne  nous  a  pas  laissé  un  plus 
parfait  modèle  de  description  ;  et 
pour  sentir  tout  le  prix,  de  cet  opus- 
cule ,  il  suillrait  de  le  comparer  aux 
morceaux  du  même  genre  (pii  se  l'en- 
contrent  dans  les  livres  de  Diodore 
de  Sicile.  On  a  cependant  accuse  Ta- 
cite de  n'avoir  penit  et  loué  des  peu» 


jÀes  barbares ,  qtie  pour  £tire  h  *»- 
tire  des  Romains  :  Vohaîre  a  fint 
accrédité  cène  prévention;  il  a  com- 
paré l'historien  «  à  ces  pédagogue 
»  qui,  pour  donner  de  i 'émulation  i 
"»  leurs  disciples,  prodiguent,  en  Inr 
»  présence ,  des  louanges  à  desenfimts 
»  étrangers ,  quelque  grossiers  qo% 
»  puissent  être.  »  Cette  relation  a, 
sans  doute ,  des  intentions  monta } 
mais,  à  nos  yeux,  son  caractèrelepios 
sensible  est  une  exactitude  scmpuleo- 
se  :  elle  ne  ressemble  assurànent point 
à  un  panégyrique; et  la  satire,  s^l  y 
en  a  ,  y  demeure  indirecte  et  sage. 
De  tous  les  écrits  de  Tacite ,  noai 
croyons  que  c*est  cehii  ^i  a  été  le 
plus  souvent  publié  :  il  est  joint  anx 
autres  dans  la  plupart  des  éditions , 
à  partir  de  la  première ,  et  -il  a  été 
assez  fréquemment  imprimé  sadscox, 
soit  à  part ,  soit  avec  Diodore  de 
Sicile ,  soit  en  dilTérentes  coHedions 
relatives  aux  peuples  Germains.  En- 
tre les  éditions  particulières,  nons 
indiquerons  seulement  celles  de  Nn- 
i-rmberg,  vers  i^^iy  in-ïol.  ;de 
Rome ,  vers  i474  y  iti-4^-  ;  àt  Lop* 
zig,in-4*'*,cni3og;deBâley  iSig, 
même  format  ;d'Âugsbourg ,  t58o  , 
in-8o.  ;  de  Strasbourg ,  în-8«. .  iSg4; 
de  Wittemberç^  in^. ,  1664;  d*Er- 
lang  ,  1618 ,  m-4°.  ;  de  Francfort , 
in-Ko. ,  1 7^5.  M.  Renouard  en  a  don- 
né ,  en  1705 ,  tme  édition  ib-iS,  md 
renferme  de  plus  la  Vie  d'Acricola. 
Ces  deux  livres  ont  été  tiawiita  ci 
anglais  par  J.  Aikiu,  l'un  en  17749 
in-S®.  ;  raufrc  in-4®- ,  en  1 778.  Hoos 
n'entrerons  pas  dans  le  détail  des 
versions  allemandes  ;  et  à  l'^id  des 
traducteurs  français ,  nous  nons  bor- 
nerons en  ce  moment  à  tenir  comple 
de  ceiix(|ui  n'ont  travaillé  qnesor  celle 
description  de  la  Germanie.  Le  roi 
d'Espagne  Philippe  V  s'éuît  eut- 
ce  à  la  rendre  dans  notre  langue , 


TAC 

soQ  éducation  à  la  cour  de 
Louis  XIV.  Nous  isuoroost 
l'auteur  d'une  version  im- 
i  Lyon,  in-8<>. ,  eu  ^706  : 
a  été  publiée  iur  1 1]^  >  à  Paris, 
y  est  de  M.  Boucher ,  pro- 
lu  parlement.  1^.  C.  L*  F% 
cke  en  a  mis  au  jour  unenou- 
i8a4j  ^^^^  une  mtroductioiiy 
nentaire ,  et  le  texte  latin  ^ 
•8(Ky  accompagné  d'un  atlas, 
erg  a  joint  un  lexique  à  une 
talienne  des  Mœurs  des  Ger* 
de  la  Vie  d' Agricoja,  Gèiies, 
,-80. — Les  deu:^  ouvrages  de 
liî  ont  le  plus  d'étendue  sont 
les  et  ses  Histoires  :  on  a  quel« 
)rétendu  qu'ils  ne  formaient 
ement  qu'un  seul  et  même 
latiusattribue  cette  opinion  k 
U5,  qui  la  fondait apparem- 
'  un  texte  de  saint  Jérôme , 
dit  que  l'Histoire  des  empe» 
uis  r^ivéuenient  de  Tibère 
mort  de  Domitien  ,  élait 
;  en  vingt  livres;  mais  Ter- 
en  citant  le  livre  cinq,  parle 
lent  de  celui  que  nous  appe^ 
nquième  des  Histoires  :  u  est 
lilleurs  ce  même  cinquième 
désigné  comme  le  seisième 
ullien ,  ce  qui  proure  ou 
ettait  peu  d'exactitude  dani 
ons,  ou  que  la  distinction  et 
"ation  des  livres  de  Tacite 
pas  très-bien  connues.  De^ 
on, n'hésite  plus  à  séparer 
ouvrages ,  la  plupart  des 
sont  persuadés  que  les  Hif- 
it  été  composées  avant  les 
Yossius ,  Bayle ,  Rollin ,  La 
,  Tiraboschi,  Brotier,  en  ju- 
i  d'après  un  passage  du  Br 
(me  des  Anoaks  ,011  l'autefir 
à  ce  qu'il  a  raconté  dans 
?du  règne  de  Domitien  ,.  nar- 
^jis  quibus  tes  wnperaloms 


TAC 


575 


l 


,^  ewipostii,  QiMlqoearuiit 
aiment  mieqx  oroife  que  rfastodai 
a  suivi ,  dana  Mm.  tratiȔl>  l'twdre 
des  évéïemenlB;  qu'en  canfémienec 
9  a  commencé  par  if»  ligne  de  Tibè- 
re, $u)et  des  premiersclme».  det  Aiif 
nales  ;  et  quoique  oette  cottjecliuPQBe 
soit  pas  la  plus  vraûsemUable ,  i  à 
convenu  de  s'y  conformer  deos  Is 
publication  et  Fétnde  de  tous  oès  K-» 
vres.  On  ccoît  que  llùstman  ne  les 
a  eolrairia  ^'ajprfcs  k  ntort  dé  Her^ 
va ,  fçtlXwM&i  DkmSf  et  sons  b 
rigne  de  Trajan ,  an  nom  duquel  11 
n'ajoute  pomt  un  parai  titre  :  JPini* 
ctDotiMii  êMNmvmj  et  împerkum 
Wrajani.  AaltfjMt  a  âritim  dham- 
tjrc  9«r  ia  signiucatîoa  deé.mets  Abr 
toirc  et  Aawfa  .*'il  n'^^espUdiis 
pes la  iMH.rfBfp d*wie aMaibetni* 
coflstasie^  el  trèa^piénse.  Sèuhnait 
il  semble  asaes  que^  ks.  AiÉnales  itt 
vaieat  nnwéder  touJAûrt  ^par  années^ 
et  que  l'HÎ3toire  n'était  poiiilâasii}y 
lie  à  i«»  clweBihigii  sf'ii|jlMirsWw^ 
Hat9.en  oomfMmntle&dtouiimRre- 

r&de  Taeke,  on  vt>it  mi'à  eet  ^ard, 
s'est  donné  à-pen-pm  la  même  U 
htrté  dans  Fui  el  daas-  Feotre»  et 
qa'ilaV  est  permk  fmquà  iffié' 
ment  dlidieveff  degeSods  réeils  éfc 
leportantmi  pea.an4elà  desdaM 
A«gtqMidles.il  alÛt  tee  ôVigé  de  1^ 
^nnir.  Gheikitiidistincliaii  ooBsis- 
terak  plil4t m  ^.qfm:lmiiùàé,m 
ft^ÊHUtiânÊl^  Aàà  KSt  r^mmlff , 
et  qôe  Im/'jiairatMasjDMm  ^ 
d'éteadue  dàna  les  Srtoirta,  tiMi 
qn'onva  le  voir  pu  resmtfdila 
Qutibe  el  de  CéHt  deoei.tteô  gMn- 
des  coBpmtions.  J4«  q^tn^^mît- 
miers  livxes  der  AnoUp^  4nè  lifl^ 
possède  entiers.;  le  ibMwabine  fd.ist 
miâilé  y  et  k  siwpii.'»  aeiit  il  ne  sW 
rien  pcrd4^'  eameiiiâit  kiigeede 
Tibëie,dvokPaa.i4  jasqa'eÂS^. 
Les  qiMrite  Ikmm  fàimitav  ^um 


I 


5:4  TAC 

lesquels  était  compris  le  règne    de 
Galigula ,  nous  mauqucnt  ^  auisi  que 
le  comincncemeut  du  xi*^.  ;  en  sorte 
qu'en  ouvrant  ce  qui  reste  de  celui- 
ci,  on  est  transporte'  à  l'anuce  47, 
5*^.  de  Claude  :  la  lacuue  est  d'envi- 
1*011  dix  ans.  On  n'en  remarque  plus 
de  ti'ës-scnsible  ou  de  très-importan- 
te jusqu'au  chapitre  35  du  livre  xvi. 
Ce  chapitre  ne  nous  conduit  qu'à  VaiU 
06  ;  et  la  perte  de  la  (in  de  ce  der- 
nier livre  des  Annales ,  nous  prive 
du  tableau  des  deux  dernières  aimées 
de  ^'éron.  Les  16  livres  embrassaient 
donc.  5 -î  ans  .-dans  les  20  livres 
d'Histoires,  s'ilsnous  avaient  clé  tous 
conservés,   Tacite   continuerait  ses 
rébits  depuis  la  mort  de  Néron ,  eu 
68,  jusqu'à  celle  de  Domitien,  en 
g6 ,  espace  de  vingt-huit  années  seu- 
lement. Il  ne  reste  que  les  4  premiers 
livres  et  le  commencement  du  5«. 
Us  coiTespondent  aux  règnes  éphé- 
mères de  Galba  ,  Othon ,  Vitellius  y 
et  à  celui  de  Vespasicn,  jusqu'à  la 
guerre  de  Civilis  {f,  ce  nom,  VIII , 
590  ),  en  70.  Les  livres  suivants 
achevaient  1  histoire  de  Vespasien, 
et  y  ajoutaient  celles  de  Titus  et  de 
Domitien.    Quant    aux   règnes    de 
îïcrva  et  de  Trajan,  l'historien  sem- 
blait les  avoir  réservés  pour  servir 
de  matière  à  un  troisième  ouvrage. 
Il  destinait  à  sa  vieillesse  ce  doux  et 
consolant  travail  ;  mais  on  a  lieu  de 
croire  qu'il  n'a  pas  eu  le  temps  de 
s'y  livrer  :  il  n'en  est  fait  aucune 
mention  dans  le  cours  des  siècles  qui 
ont  suivi  le  sien.  Toujours  venons- 
nous  de  voir  que  de  36  livres  histo- 
rirnies  qu'il  avait  composés,  il  en 
subsiste  à  peine  in.  Plus  d'une  fois 
on  s'est  empressé  d'annoncer  la  dé- 
couverte de  quelques  parties  des  19 
autres;  en  1O06  surtout ,  des  Napo- 
litains conçurent  ou  inspirèrent  cet 
espoir  :  leurs  promesses  ont  été  vai- 


TAC 

nés  y  comme  la  plupart  de  celles  du 
m^e  genre;  et  nous  devons  nous 
résigner  à  regretter  toujours  ces  tré- 
sors, dévorés  parle  temps ^  ou  dé* 
truits  par  l'ignorance,  à  moins  que 
des  palimpsestes  ne  nous  en  resti- 
tuent quelques  débris.  Mais  les  li- 
vres qui  nous  resteht  de  Tacite ,  s'ils 
ne  sullîsent  point  à  notre  instnic- 
tion ,  suffiront  du  moins  pour  pcr- 
pétlier  sa  gloire.  Les  Lettres  de  Pli- 
ne ne  laissent  aucun  doute  sur  k  ce- 
lelirité  dont  cet  historien  a  jonr  de 
son  vivant.  Quelques-uns  pensent  que 
c'était  lui  que  Quintilien  désignait 
par  ces  paroles  du  livre  x  (  c  i  ) 
des  Institutions  oratoires  :   c  Pour 
1»  l'honneur  de  notre  âge  ,  un  écri- 
•o  vain  Wt  encore,  qui  sera  nommé 
»  un  jour,  que  chacun  reconnaît  as- 
»  sez  aujourd'hui  (  qui  oUm  nomi- 
»  nabitur,  rame  intelUgitur  ).  Il  a 
»  plus  d'admirateurs  que  d'imita» 
»  teurs  :  sa  liberté  lui  a  nui;  on  a 
»  mutilé  ses  ouvrages;  mais  ce  qui 
»  en  demeure  porte  l'empreinte  inef- 
»  façable  de   son  gâiie    et   de  la 
»  hardiesse  céuéreuse  de  ses  scnti- 
»  mcnts.  »  Il   n'est  pas  certain  m 
même  probable  qnae  cet  doge  doive 
s'appliquer  à  Tacite;  et  nous  devons 
d'ailleurs  avouer  que  depuis  sa  mort 
cet    historien   a  été  fort   diverse- 
ment jugé.  D'un  èôté,  Vopisque  et 
Tertullien  l'accusent  de  mensonge; 
de  l'autre ,  Spart ien ,  Orose  «  Sî£>i- 
ne  Apollinaire ,  louent  sa  bonne-foi 
aussibien  que  son  talent*  L'empercor 
qui ,  au  3«.  siècle,  portait  son  nom, 
ordonna  de  placer  ses  livres  dans 
toutes  les  bibliothèques ,  et  d'en  tirer 
un  très-grand  nombre  de  copies  :  ce 
deuxième  ordre  n'aura  eu  sans  donle 
ou'ime  exécution    fort    imparbiie 
oans  l'étroit  espace  d'un  rqgne  de 
six  mois  ;  autrement  on  ne  eonee- 
yrait  pas  comment  auraient  pa  dis- 


TAC 

paraître  tant  de  parties  de  ces  ou- 
vrages. Quoiqu'ils  aient  continue'  d'ê- 
tre cités  par  quelques  écrivains,  com- 
me saint  Jérôme ,  Sulpice-Sévère , 
Cassiodore ,  Jomandès ,  Fréculphe , 
Jean  de  Salisbury,  on  peut  dire  qu'en 
général  ils  ont  été  fort  peu  étudiés 
pendant  le  moyen  âge.  Mais  depuis 
le  renouvellement  des  lettres,  ils  sont 
devenus  l'objet  d'une  sorte  de  con- 
troverse qui  peut-être  dure  encore. 
Si  Come  de  Médicis  et  le  pape  Paul 
m  ont  cLerché  dans  Tacite  les  le- 
çons de  la  plus  profonde  politique; 
si  Bodin^  Muret,  Juste Lipse,  ont 
révéré  en  lui  l'un  des  grands  maîtres 
de  l'art  d'écrire;  si  Montaigne  Va 
couru  d'un  fil^  et  si  enfin  la  plu- 
part des  savants  du  seizième  siècle 
ont  contribué  à  expliquer ,  répandre 
ou  recommander  ses  écrits ,  il  faut 
dire  aussi  qu'Alciat  et  Fcrret  criti- 
quaient sa  latinité ,  que  Casaubon  le 
reléguait  parmi  les  auteurs  du  deu- 
xième orore,  et  que  Budé  l'accusait 
d'imposture,  de  perversité,  ou  en 
propres  termes,  de  scélératesse.  Dans 
l'âge  suivant,  il  a  trouvé  encore  des 
censeurs  rigides ,  tels  que  Du  Perron, 
Strada ,  Rapin  ,  Saint  -Évremond; 
mais  il  recevait  les  honmiages  de  la 
reine  Christine,  de  Balzac,  de  Gui 
Patin,  de  La  Mothe  le  Yayer,  de 
Tillemont,  et  de  Racine  qui  l'appe- 
lait le  plus  grand  peintre  de  l'anti- 
çnite\  Au  dix-buiticme  siècle ,  tandis 
que  RoUin,  Voltaire,  Mably^  lui 
adressent  beaucoup  de  reproches ,  et 
Linguet  presque  autant  d'injures  qu'à 
un  contemporain,  il  retrouve  tant 
d'admirateurs ,  que  nous  n'en  pour- 
rons nommer  qu'un  fort  petit  nom- 
bre ;  en  Angleterre ,  Gordon  et  Gib- 
bon ;  en  France ,  La  Blcterie ,  Bro- 
ticr,  d'Aiembert,  Thomas  et  La- 
harpe.  Il  est ,  aux  yeux  de  d'Aiem- 
bert, le  premier  des  historiens;  il  n'a 


TAC  37i 

fait  que  des  chefs-d'ceiiyi*e ,  ajoute 
Laharpe  (112)  :  c'est  lui,  selon  Tho- 
mas (  Ess,  sur  les  éloges ,  eb.  xv  ) , 
qui  est  descendu  le  plus  ayant  dans  les 

Srofôndeurs  de  la  politique,  et  qui  a 
onué  le  caractère  le  plus  imposant 
à  l'histoire.  Quels  sont  maintenant 
les  défauts  si  graves  que  lui  impu- 
tent ses  censeurs  modernes?  D'abord 
sa  latinité  leur  paraît  suspecte;  et 
cette  critique  étrange  s'est  reprodui- 
te, même  aepuis  qu'elle  a  été  réfutée 
par  Muret,  dont  l'autorité  est  d'un 
si  grand  poids  en  une  telle  matière. 
Il  nous  semble  qu'après  tout ,  c'est 
une  langiie  assea  riche  et  assez  pure 
que  celle  qui  exprime  les  plus  fortes 
pensées  et  les  plus  vifs  sentiments , 
qui  colore  les  détails ,  qui  pejnt  les 
caractères ,  qui  anime  les  récits,  qui 
rend  sensibles  les  nuances  les  plus 
délicates.  Nous  ne   saurions   nous 

Slaindre  non  plus  de  la  précision  et 
ela  rapidité  du  style,  quand  l'ex- 
pression demeure  partout  juste  et 
complète,  nerveuse  sans  effort^  clai- 
re par  son  énergie  même,  et  moins 
(igui'ée  que  pittoresque.  S'il  y  reste 
quelques  traces  d'afiectation,  comme 
le  soupçonnait  Montaigne  ^  nous  de- 
vons avouer  qu'elles  ne  nous  sont 
pas  sensibles.  Tacite  craignait  à  tel 
point  d'altérer  l'histoire  en  la  char- 
geant d'ornements  étrangers,  qu'il  n'y 
insérait  d^autres  harangues  que  celles 
qui  avaient  été  réellement  pronon- 
cées. Il  ne  les  transcrivait  pas  litté- 
ralement :  il  élaguait  les  détails  su- 
perflus et  supprimait  les  digressions 
prolixes  ,  resserrait  et  enchamaût  les 
idées  afin  de  leur  donner  plus  de  for- 
ce et  de  clarté  ;  mais  il  en  conservait 
le  fonds  et  ne  l'inventait  pas.  C'est  à 
notre  avis  ce  qu'on  doit  reconnaître 

(13)  VoTC»  OB  ncdlsat  eipoi^  âe»  motifi  de  «• 
jugenMnt  (Um  U  fycit  d«  Lahwp«.  PmI.  i,  1.  n», 
«.  1,  »Mt.  1. 


376  TAC 

en  comparant  le  discours  que  tient 
l'empereur  Claude  au  chap.  ^4  du 
livre  XI  des  Annales ,  avec  le  texte 
qui  se  lit  sur  deux  Tables  de  bronze 
retrouvées  à  Lyon  ,  et  regardées 
comme  antiques.  De  part  et  d  autre  y 
Tempereur  s'élcvc  contre  le  préju- 
gé qui  proscrit  les  innovations;  il 
rappelle  les  changements  politiques 

2UI  se  sont  opérés  successivement 
ans  l'état  romain  ;  il  soutient  qu'il 
est  avantageux  d'acquérir  en  Italie , 
hors  de  l'Italie,  des  citoyens  distin- 
gués, des  sénateurs  illustres;  et  il 
fait  particulièrement  l'éloge  des  Gau- 
lois, dont  la  fidélité  ne  s'est  pas  dé- 
mentie de])nis  qu'on  a  traité  avec 
eux.  La  difFérence  ne  consiste  qu'en 
ce  que  l'historien  a  retranché  quel- 
ques détails  locaux  et  personnels ,  et 
une  dissertation  plus  inutile  sur  l'o- 
rigine du  roiServius,  et  sur  les  noms 
du  mont  Cœlius.  Mais  il  est,  dit-on, 
des  faits  bien  plus  importants ,  que 
Tacite  a  mal  connus  ou  infidèlement 
retracés.  En  cfTct,  les  fausses  idées 
qu'il  donne  des  Juifs  et  des  (chré- 
tiens ,  sont ,  à  notre  avis ,  sans  excu« 
se  :  puisqu'il  écrivait  l'histoire,  il 
devait  s'éclairer  assez  pour  ne  point 
partager  des  préjugés  populaires  si 
odieusement  injustes.  Nous  regret- 
tons aussi  qu'eu  rapportant  de  pré- 
tendus miracles  de  Vespasicn  ,  il  se 
laisse  soupçonner  d'y  ajouter  foi. 
Doit-on  dire  ensuite  que  son  humeur 
indopcnclante  cl  satirique  l'entraîne 
au-delà  dis bonics  de  la  vérité,  quand 
il  s'agit  dcsnifinirs  et  des  actions  des 
maîtres  <l(i  monde?  Nous  ne  le  pen- 
sons point.  Il  n'est  pas  sans  doute 
impartial  entre  la  tyrannie  et  la  li- 
berté, entre  le  vice  et  la  vertu;  mais 
Tibère,  Claude  et  Néron  ne  pou- 
vaient être  calomniés  :  quelque  af- 
freuses que  soient  les  couleurs  dont 
il  les  peint .  ils  ne  s'offrent  pas  sous 


TEC 

des  )oun  plus  ftyoraiMes  dms  ks  r^ 
cits  de  Suétone ,  ni  dans  les  sutns 
monument»  historiqnes  de  ee  siède^ 
ni  dans  les  traditions  perpétuées  diK 
rant  les  âges  suivants  f  aucune  dei 
flétrissures  qu'il  leur  imprime  n*ert 
effacée  ou  affaiblie  par  des  témoîgu- 
ges  de  quelque  valeur  ;  et  jusqu'ici 
l'on  n'a  su  opposer  aux  siens  «pe  de 
pures  dénégations  ou  des  considërs- 
tions  vagues  sur  l'invraisemblance 
des  excès  monstrueux  qu'il  signak; 
comme  si  la  perversité  bnnuine, 
exaltée  par  l'usage  du  pouvoir  ab- 
solu, enhardie  par  l'impunité,  o^ 
couragée  par  1  adulation  ,  devait 
reconnaître  des  limites  I  A  yraî  di- 
re ,  les  premiers  à  qui  ces  nKirceans 
de  Tacite  ont  déplu  étaient  des  ffit^ 
sonnages  qui  s'y  croyaient  dâioneés 
d'avance.  Thomas  a  ditque  Louis XI, 
Henri  VIII ,  Philipi|e  II ,  n'auraient 
jamais  dû  voir  Tacite  dans  une  bî- 
Lliothèque  sans  une  espèce  d'effroi; 
et  lorsque  cette  observatioB  eut  élé 
confirmée,  il  y  a  vingt  ans,  par  les 
aveux  d'un  usurpateur  et  de  sesilalr 
teurs ,  un  poète  (Ghëiiiep}s' 
de  la  reproduire  : 


Tacit*  en  traits  de  flenniM 

Et  lou  Dom  prononcé  Ciir  pâlir  }m  tgwtmêm 

Toutefois ,  sauf  les  pertes  qne  noos 
avons  indiquées ,  ces  redoutables  li- 
vres ont  traversé  les  âges,  et  retttm- 
vé ,  depuis  qnatre  siècles ,  phis  de  leo- 
teurs  que  jamais.  Il  s'en  conserve 
deux  anciens  manuscrits  à  Florence. 
L'un  seraitdel'an  IgS,  si  l'on  s'enra»* 
portait  à  la  note  qui  le  termine;  ma» 
tes  Bénédictins  (  Nouv.  Traité  de  di- 
plomatique, m ,  v]B'^8o)j  ont  re- 
connu une  écriture  lombame  dn  di- 
xième ou  du  onzième  siècle;  ef  octlt 
remarque  paraît  fort  juste,  quoiqii'ci* 
le  ait  été  modifiée  par  Eraesti  et  par 
quelques  autres ,  qui ,  en  aroaaiit  qoe 
ce  n'est  qu'une  copie  faîte  sor  Vi 


TAC 

^ ,  la  font  remonter  au 
iècle ,  au  septième  y  même 
*.  Le  second  manuscrit  de 
vient  de  Corbie  ou  Cor- 
estphalîe ,  où  il  a  été  trou- 
receveur  nommé  Arcbim- 

I  X  paya  celte  découverte 
fication  de  cinq  cents  écus  ; 
miers  livres  des  Annales 
mis  parce  manuscrit,  dont 
pas  non  plus  très-bien  do- 
ta eu  cite  quatre  de  la  bi- 

du  Vatican  :  Tun  de  la  lin 
âème  siècle ,  cl  les  autres 
rnes.  Beatus  Rhenanus  en 
m  qui  avait  clé  auparavant 
Bude,  et  duul  il  exacérait 
•ilé.  Ceux  de  Paris  ne  ]ouis- 
d'un  Irès-grand  renom  : 
:ant  y  celui  qui  existait  à 
n  de  l'Oratoire ,  et  que  Dot- 
écrit  ,  se  recommande  par 

II  est  d'ailleurs  défectueux, 
et  semble  assez  peu  anté- 
édilions.  La  première  de 
arut  à  Venise ,  chez  Ven- 
lire ,  vers  1 4^  ;  et  le  quin- 
te en  fournit  cinq  autres 
5oit  dans  cette  même  ville , 
L)me  et  à  Milan.  Toutes 
*olio  ;  et  elles  compren- 
is  la  dénomination  aln's- 
ste,  plusieurs  livres,  tant 
•es  que  des  Annales.  11  en 
ne  des  éditions  de  Venise  , 
Rome,  i5i4  ;  mais  celle 
dans  cette  dernière  ville,  a 
lar  Béroalde  le  jeune.  Elle 
]uable  en  ce  que  les  pre- 
;s  des  Aunales ,  récemment 
\y  y  étaient,  pour  la  pre- 
,  imprimés.  Les  précéden- 
ts commençaient  par  les 
t  Valerium ,  du  onzième 
îs  1 5 1 5 ,  on  distingue  celles 

i5fG;  de  Milan,  i5i7;de 
fz  Froben,   ifiiQ,  toutes 


TAC  37  7 

trois  in  -  fol.  encore^  puis  celles  des 
Juntes ,  h  Florence ,  en  1 5^7 ,  in-8'»., 
et  des  Aides ,  à  Venise ,  en  t  534n  in- 
4^*  j  avec  des  notes  de  Beatus  Rhe- 
nanus et  d'Alciat.  Le  travail  de  Rhe- 
nanus se  retrouve  dans  plusieurs  édi- 
tions de  Bâle,  particulièrement  dans 
celle  de  1 543,  m-fol.  Il  en  existe  une 
sous  la  même  date ,  publiée  à  Lyon , 
in  -  8". ,  chez  les  Gryphes ,  avec  les 
remarques  de  Ferret.  Les  corrections 
et  les  notes  de  Juste  Lipse  ont  enri- 
chi les  éditions  d'Anvers,  1574» 
in-8*'.;  1600,  in -4°.  Vers  le  même 
temps,  Pichena  et  Gruter  travail- 
laient aussi  sur  Tacite.  Les  résultats 
de  leurs  recherches  ont  été  joints  au 
texte  de  cet  historien,  en  1600,  k 
Florence;  en  1607  ,  à  Francfort,  in- 
80. ,  et  à  Anvers ,  in-fol.  ;  en  1 608,  à 
Paris,  dans  ce  dernier  format.  Les 
trois  principales  éditions  elzëviricD- 
nes  sont  celles  de  i634,  k  Leyde ,  % 
tomes  in- 12;  de  1640,  dans  la  mé*» 
me  ville,  et  pareillement  en  1  yoL; 
de  1672-73,  à  Amsterdam,  2  voL 
in -80.  Dans  la  première,  on  a  suivi 
celle  de  Juste  Lipse  ;  la  seconde  a  été 
revue  et  annotée  par  Grotius ,  et  l'on 
y  a  joint  un  troisième  tome  imprimé  à 
Amsterdam,  en  1649,  et  contenauti 
le  Commentaire  de  Henri  Savile  f 
dans  la  troisième ,  Fréd.  Gronoyius 
a  réuni  ses  propres  notes  à  celles  de 
divers  commentateurs,  y  compris 
Bemegger,  qui  avait  publié  les  sien- 
nes ,  avec  le  texte  de  Tacite ,  à  Stras- 
bourg, en  i638  et  1664 ,  in  -  8".  Le 
Tacite  ttd  usum  Delphini ,  donné  par 
Pichon ,  à  Paris ,  1682-87 ,  4  "^^  î^*- 
4".  ;  n'a  de  valeur  que  parce  que  les 
exemplaires  n'en  sont  pas  très-com- 
muns. On  estime  davantage  l'édhion 
de  I^yde,  1687 ,  2  vol.  iii-80.,  pré- 
parée par  Théod.  Rycktui  (  Fqjrez 
ce  nom ,  XXXIX ,  389  ) ,  et  enrichie 
de  ses  remarques.  Elle  a  été  repro- 


378  TAC 

duite  à  Dublin,  en  1780,  en  3  to- 
mes in  -  S^.  Neuf  ans  auparavant , 
Jacq.  Gronovius  avait  fait  paraî- 
tre à  Utrecbt,  en  a  volumes  iu-4^. , 
un  Ta  ci  le  cum  nolis  variorum  y  qui 
différé  assez  peu  de  celui  de  i6']'i,  et 
que  lesFoulis  ont  réimprimé  a  Glas- 
gow, en  4  vol.  in-ia,  en  1753.  Er- 
nesti  venait  de  publier ,  en  1 752 ,  à 
Leipzig,  2  vol.  in-8<*,  qui  ontreparu  en 
177'Jt,  et  dans  lesquels  sont  compri- 
ses les  notes  de  Juste  Lipse ,  de  J. 
Fred.  Grouovius,  de  Nicolas  Hein- 
sius,  avec  celles  d'Ëmesti  lui-même. 
Eu  17G0,  Brindiey  réimpiimait  à 
Londres ,  en  4  vol.  in- 18^  le  Tacite 
de  Byckius ,  en  même  temps  que  liar- 
bou  donnait  à  Paris ,  en  3  vol.  in-i  a, 
une  édition  de  ce  classique,  revue  par 
Lallemand.  Celle  de  Brotier ,  en  4 
tomes  in-4°.,est  de  1772  :  elle  a  e'ië 
renouvelée  en  177G,  avec  des  addi- 
tions, 7  vol.  in- 12.  Brotier  (  Fc^. 
YI ,  38,  )  n'a  pas  seulement  com- 
menté Tacite,  il  a  osé  remplir  les 
trop  grandes  lacunes  qui  interrom- 
pent et  décomplëtentles  récits  de  cet 
nistorien  ,  et  il  a  aussi  ajouté  un 
supplément  au  dialogue  aes  Ora- 
teurs. Parmi  les  éditions  publiées  de- 
Euis  1 786,  nous  indiquerons  celles  de 
londres ,  1 790,  disposée  par  H.  Ho- 
mcr;  des  Deux  Ponts,  1792,  4  vol. 
in-80.^  de  Parme,  chez  Bodoni,  1795, 
3  vol.  iu-4^*  9  q^ii  ne  contiemient  que 
les  Annales;  d'Édinbourg,  1798,  4 
vol.  in-4".  (c'est  une  copie  du  Tacite 
de  Brotier);  de  Leipzig,  1801,  2 
vol.  in-8*'. ,  édition  d  Ërnesti^  revue 
et  augmentée  par  Oberlin  ;  de  Lon- 
dres ,  chez  Valpy ,  5  vol.  in-B®.  , 
où  se  retrouvent  les  notes  et  le^  dis- 
sertations de  Brotier ,  avec  des  ex- 
traits de  plusieurs  autres  commen- 
taires et  quelques  remarques  de  Por- 
son.  Enfin,  de  1819  <i  1821 ,  M.  Le 
Maire  a  publié^  à  Paris ,  pour  entrer 


TAC 

dans  sa  collection  de  daasiqnes  la- 
tins, 6  vol.  in-80.,  intitulés  :  Com. 
Tacitus  y  qualem  omni  parée  Ubtt" 
traiumy  postremo  pubUciwUJ.  Jmc. 
Oberlin  ,  cm  selecta  addiiainenU 
subjunxUJos,  Nauâei  :  on  u  repro- 
duit le  texte  et  les  notes  d  Emesti , 
plutôt  que  de  Brotier ,  dont  le  tn- 
vail  a  es5uye%  en  1801  ,ime  eritîqiie 
amëre,et  en  gàiéral  assez  juste^dans 
les  observations  de  M.  Ferlet  sur 
Tacite ,  2  vol.  ii>8<*.  Nous  ayons, 
dans  cette  liste  des  plus  importan- 
tes éditions  de  Thistorien  des  Césars, 
nommé  ses  principaux  commenta- 
teurs :  il  convient  dry  joindre Bfuret, 
qui  n*a  point  été  employé'  par  les 
imprimeurs  à  revoir  le  texte  y  nais 
qui  Ta  publiquement  explique,  et  à 
qui  l'on  doit  un  commentaire  sur  ks 
Annales,  de  courtes  notes  sur  ks  an- 
tres livres,  outre  trois  Harangues  sur 
les  caractères  de  ces  cheCs-d^œam. 
On  rencontre  aussi  des  ohserratîons 
critiques  et  historiques,  à  la  suite  de 
quelques-unes  des  traductions  qui 
vont  être  indiquées.  Ayant  dqa  nit 
mention  des  versions  particuUeres  de 
la  vie  d'Agricola,  du  Tabkan  des 
mœurs  des  Germains,  et  du  Dialogue 
sur  l'éloquence ,  nous  n'avons  &  nous 
occuper  ici  que  de  celles  des  Anna- 
les, des  Histoires,  ou  de  la  totalité 
des  ouvrages  de  Tacite.  Ils  ont  été 
traduits  en  laneue  polonaise  ,  en 
1775,  3  vol.  in-o*'.;  et  Baden  [J^uff. 
III,  199,  200)  a  donné  une  tk^ 
sion  danoise  des  Annales ,  qui  passe 
pour  excellente  :  elle  a  paru  à  Co- 
penhague en  1773  et  78,  ia-8*«i  3 
vol.  LesFlamanas  cnonldeuxaBcScB* 
nés,  l'une  de  Grosnewamt,  TauHc 
de  J.  I^éonard  Fénacol  :  Delft,  1616^ 
in-4®*  \  Amsterdam ,  i64&,  in-8^*; 
mais  ils  ne  lisent  plus  que  celle  de 
P.  Com.  Ho£dy  publiëe  en  1684» în- 
fol.  et  réimprimée  dans  le  mioe  for- 


TAC 

es  ouvres  du  traductear , 
iicyllus  (  F.  XXVllI , 
s  au  jour  un  Tacite  alle- 
t535  :  c'est  un  volume 
irimé  à  Maïence,  et  dé- 
ytag  {Anaîect,  ii  j  9^  y 

version  et  celle  de  Grot- 
brt,  1657,  in-80.,  ont  été 

par  cdles  de  J.  Sam. 
imbourg,    inoS,  3   vol. 

'atzkecr.xxxm,  154. 

eboui^  et  Halle,  ijjCS- 
»  m-b«.;  de  Ch.  Fnfd. 
80  et  81 ,  in-80.,  a  vol., 
phis  nouvelles.  Richard 
a  traduit  en  anglais  les 
:  Henri  Savile  les  Histoi- 
iuni  Tun  et  l'autre  travail 
ion  in-fol.  de  Londres, 
vei*sion  de  Thomas  Gor-* 
fe  en  1718,  1731 ,  a  vol. 
îtë  souvent  réimprimée: 
les  in-80.  ;  1 753, 5  vol.  in- 
^v.  in-8®.;  1770,  5  v.  in- 
accompagnée de  discours 
^  critiques  etpolitiques,  qui 
t  de  succès  et  qiii  ont  été 
1  français,  Amsterdam, 
)1.  in-ia;  Paris,  1794 ,  3 

mais  en  elle-même,  die 
'un  très-grand  mérite ,  non 
lie  d'Arthur  Murpliy ,  dé- 
rke  ,  en  1793,  4  vol. 
éimprimée  en  8  tomes  in- 
35.  Murphy  a  joint  aussi 
Ides  réflexions  politiques, 
ru  suggérées  par  les  cir- 
où  il  écrivait  plutôt  que 
ts  de  rhistorien  latin.  Les 
i espagnols  de  Tacite  sont: 
Barientos  (Madrid,  i6i4, 
nmanucl  Sueyro  (Anvers, 
5°.),  Léandre  de  Saint- 
ouai,  1639,  in-4®.  )•  On 

pas  bien  l'auteur  d'une 

lienne ,  imprimée  à  Venise, 

George  Dati  donna  k 


TAC  37g 

sienne  en  i563,  in-4®*>  et  die  eut 
dhisieurs .  éditions  jusqu'à  eèlle  de 
Francfort,  en  i6ia.  Le  premier  es- 
sai de  la  traduetioa  oâSSate  de  Da* 
vannti  parut  k  florenee ,  in-4*, ,  en 
1 596  :  elle  a  MéfxAAïét  ensuite  cbes 
les  Juntes,  en  1600,  in^4*'.  ;cbékNes* 
ti^  aussi  il  Florence,  en  i637,î&fol.; 
à  Venise^  en  1677^ in-4®.;  à  Padone, 
chet  GommOyCn  tT^Sy  3  tomes  în- 
4®*>  à  Paris  ^  cbey  Quill^^»  ^  ^7^» 
a  vol.  in*ia ^  à  Bassano ,  en  1790  et 
en  i8o3 , 3  vol.  in*4^-  »  7  compris 
desadditions  )  k  Milan ,  1 7^ ,  9  vol. 
in-ia,  avec  le  texte;  à  Pans ,  18049 
trois  volumes  in-ta,  reihu  par  M. 
Biagioli.  Quoique  Davanzati  {Vqgr. 
X  ,  579-581  ) ,  lutte  de  fort  près 
avec  Tadtei  il  y  a  bien,  de  temps 
en  temps  j  qudques  idées  qn*il  nepar-, 
vient  pas  à  exprimer;  mais  cette 
traduction  n'en  est  pas  moins .  com- 
me Ta  dit  Ginguene,  nn  dief-d  oeuvre 
de  pureté  de  style ,  de  (breei  de  pré- 
cision et  d'd^noe.  On  ne  saurmil 
faire  le  inéme  éloge  de  œHed'Admno 
Politi,  imprimée  k  Rome ,  en  i6o3  y 
itt^8<^. ,  À  vcgoise,  en  i6o4 ,  in*fa , 
et  quèlq[ues  antîres  fois  jusqu'en  1644  " 
les  éditions  de  t6i8,  de  i6ao  et  de 
i6a8 ,  in-4^. ,  comprennent  une  Ver- 
sion des  Apborismes  ^oKtiqae&qn'A- 
lamos  Barientos  avait  joints  à  son 
Tacite  espagnol.-— ^Peut-être  n'est-îl 
point  de  langue  modenie  qui  puisse^ 
"a  que  la  française  >•  lepv^ 
poisées  de  rdoqueiort  et  in* 


génieux  bistoricn  des  premien  ea 
pereun,  imiter  sa  précision^  «ttein<- 
dre  à  son  éléance,  aspirer  à  son. 
énergie.  Cependant  MannoiftéletLa- 
barpe  l'ont  déclarëintradnin3dc!dcns 
notre  langue  ^  œ  qm  montra  an  moins 
qu'ils  n'avaient  pas  une  IrMianCe 
idée  des  tentatives  faites  avant  1 790. 
Il  semble  en  effet  presque  inutile  dk 
rappeler  les  ]^  aneiennes ,  dwÊrk- 


38o 


TAC 


dire  âvl  seizième  siècle  et  même  du 
dix-septième.  Après  Ange  Capelle,  qui 
s'«igagca,  le  premier  clicz  uoiis,  dans 
cette  can'ière,  Etienne  de  La  Planche 
publia  Us  cinq  livres  â^Annahis , 
timrnés  en  français ,  Paris  ,  i54B  , 
i555  et  i58i  ,'in-4**.  (  Vqy.  La 
Planche  ,  XXIII ,  384  )•  ^-^  prési^- 
dent  Claude  Fauchet  donna,  en  1 582, 
in-folio,  une  version  complète,  qui  ne 
satisfit  point  Pasquier  ,   quoiqu'elle 
vint  d'iui  personnase  d'honneur ,  et 
qu'elle  ait  eu  plusieurs  érlitions.  La 
traduction  mise  au  jour,  eu  i^>i9  et 
en  16:28  ,  par  Jehan  Baudoin,  l'un 
des  premiers  membres  de  Ta ca demie 
française ,  n'a  pas  eu  un  long  succès; 
et  l'on  ne  se  souvient  pas  davantage 
de  celle  de  Raoul  Lemaître  ,  impri- 
mée en  iG36 ,  iii-fol.  ^  ni  de  celle 
d'Achille  de  Harlay  de  Clianvalon  , 
qui  ]>arut  dans  le  même  format ,  en 
1644*  Perrot  d'Ablancourt  en  com- 
posa une  qui  fixa  l'attention  publique 
durant  un  demi-siècle  :  la  première 
édition ,  en  3  vol.  in-12 ,  fut  achevée 
en  i(35i  ,  et  suivie  d'environ  dix  au- 
tres :  on  la  trouvait  belle  et  infidèle  ^ 
comme  toutes  les  productions  du  mê- 
me traducteur:  aujoiurd'hui  Ton  n'a- 
dopterait guère  que  la  seconde  partie 
de  ce  jugement.  Amelot  de  La  nous- 
saye  la   critiqua  vivement  dans   un 
volume  in- 12  ,  imprimé  en  1686  , 
sous  le  litre  de  Morale  de  Tacite  :  un 
neveu  de  Perrot  prit  sa  défense ,  et 
déda  le  censeur  d'eu  faire  uuc  aussi 
bomie.  AuieluL  arcepla  le  défi  ,  et 
traduisit  les  six  premiers  livres  des 
Annales  ^  en  y  ajoutant  des   Notes 
historiques  et  politiques.  Cet  ouvra- 
ge, qui  ne  formait  ^  eu  1(^90  ,  qu'un 
vol.  in-4**.,  en  remplit  dix  in- 12  dans 
l'édition  d'Auistei-dam,  en    1731  , 
parce  qu'on  y  a  fait  entrer  la  suite 
des  Annales ,  déplorablcmcnt  tradui- 
te p«r  François  Bruys ,  ou  par  un 


TAC 

anonyme^  que  les  lettres  initiaks 
C.  de  G.  ne  font  pas  comudtn.  Le 
professeur  Guéria  oflril  «h  paUie , 
en  174^9  3  vol.  în-ia ,  dignes  ■« 
plits  de  servir  aux  études  de  ses  A- 
ves  :  c'était  une  interprélatioB  sdo- 
lastique  et  inanimée  des  AmialeSy  des 
Histoires  et  de  la  Vie  d^Agrîooh. 
Jean-Jacques  Rousseau  s^essaya ,  m 
1754  ,  sur  le  premier  livre  des  ffis- 
toires  seulement  :  il  aspâraît  k  tra- 
duire le  style  de  Tacite;  maïs  il 
avoue  qu'un  si  rude  joutevr  l'ent 
bientôt  fasse.  Peut  -être  neannobs 
a-t-il  lui-même  un  peu  trop  déprécié 
ce  travail ,  et  T'en  a-t-on  beancoap 
trop  cru  sur  sa  parole.  S'il  n'a  m 
rarement  vaincu  les  difficultés,  3  les 
a  toujours  senties  ;  et  peur  la  pie- 
mière  foû  ,  Tacite  annHt  pu  se  le- 
connaître  de  temps  en  temns  dans 
notre  langue.  Une  fidélité  phs  eons- 
tante  et  plus  sévère  distingue  la  In- 
duction que  d'Alembcrt  a  donoée  dfc 
morceauiK  choisis  dans  les  divers  en- 
vrages  de  l'historien  latin  :  aie  est 
d'un  goût  très'pur;  et  si  les  eorieavs 
n'en  graissent  pas  asses  Tives ,  on 
doit  convenir  au  moins  qu'il  était  tel 
diâicile  de  mieux  faire.  C'est  ce  fa*â 
prouvé  La  Blélerie,  lor8q»*apri8  dit 
ans  de  veilles  ^  il  a  mis  en  hmiëre  sa 
pénible  et  rampante  version  des  An- 
nales (  Par»  ,  1768  ,  3  Toi.  in-Tti)w 
Elle  n'est  guère  connue  auîonid'hw 
que  par  ces  deux  vers  de  VcMlnive  : 

r>r<  tlogmr*  de  QocHicl  an  triste  pi— élite , 
Hii  bourgcoii  du  Matmis  •  fait  pamr  IMMSk 

Dotteville  a  traduit  d'aboid  les  Hs- 
toires  (  1772  ,  deux  tomes  iii*i!a)  » 
puis  les  six  derniers  livres  des  An- 
nales (  1774*  3  vol.  in^ia),  cnanitt 
les  six  premiers(a  vol.  in-id,  ^77^ 
A  regard  de  k  Vie  d'Apîcola  et  £1 
Mœurs  des  Germains ,  qne  La  BW- 
terie  avait  toléraUencM  tradirii«| 
en  1 755,  BotieviDe  s'est  bontfi»^ 


Tac 

!r  ce  travail  daus  ses  éditions 
)a  (7  vol.  in-i'i  ),  et  de  1799 
l.  in-8».  ) ,  qui  contiennent  ainsi 
?acitc  en  latin  et  en  françai:»  , 
:e  pourtant  le  Dialogue  des  ora- 
mais  avec  de  très  -  bonnes  no- 
des  Suppléments  historiques 
remplir  les  lacunes  des  textes, 
traduction  est  fort  estimcfe  ; 
lant  Dureau  de  La  Malle  en 
omposcimenoitvelle,  qui  parut 
)o ,  3  vol.  in-8".  ;  et  qui  se  re- 
isit  en  1 808 ,  un  an  après  la 
du  traducteur  ,  perfectionnée 
li  ,  et  revue  par  M.  son  fils  : 
econde  édition  est  en  5  vol.  in- 
îUe  comprend  le  texte  latin  , 
troductiou ,  des  Remarques  bis- 
es et  littéraires  ,  un  Tableau 
)logique  des  événements  rap- 
par  Tacite,  etc. ,  un  Tableau 
ogiqiie  de  la  famille  des  Cë- 
une  Table   des   matières  ,  et 
îrte  de  Tempire  Romain.  Une 
me  édition  ,  publiée  en  1817  , 
igmentée  des  Suppléments  de 
r  ,    qui    portent    le    nombre 
plumes   à  six   :  la  quatrième 
is  presse  et  paraîtra  en  1826, 
i  soins  de  M.  Noël.  Le  mérite 
travail  est  assez  attesté  par 
il  qu'il  a  reçu  ,  par  le  succès 
rs  croissant  qu'il  obtient  cha- 
is que  la  publication  s'en  re- 
le  'y  et  quoique  ce  qui  en  a  été 
article  Dureau  (  XII  ,  357-- 
semble  nous  dispenser  ici  de 
ngs  détails  ^  nous  rendrons  du 
hommage   à  Télégance  et  à 
flité  de  cette  traduction.  En 
nt ,  comme  il  Ta  voue ,  de  tout 
I  y  avait  d'heureux  dans  les 
entes  ,   surtout  dans  celle  de 
ille,  Dureau  de  La  Malle  en  a 
e  meilleure ,  et  qui ,  très-prë- 
en  elle-même,  se  recommande 
par  la  correcMOQ  parfaite  du 


TA£ 


38i 


texte  qui  l'accompagne  ,  'Ct  par  toui 
les  autres  accessoires.  La  nouvelle 
édition  sera  accompagnée  des  sup- 
Ifléinents  de  'Brotier  ,   traduits  par 
M.  Noël,  il  nous  reste  k  indiquer  un 
Essai  de  traduction  des  Annales  par 
M.  Sénac  de  Meilhan ,  Paris,  170g, 
in-8*>. ,   une  dernière  version  com- 
plète de  Tacite^  par  M.  Gallon  de  La 
bastide,  Paris,  i8i!2  ,  3  vol.  in-ia; 
et  celle  que  M.  I^  Tellier  vient  de 
publier  ,  en  1 826 ,  de  plusieurs  ex- 
traits des  Ann-jles,  des  Histoires  et 
de  la  Vie  d'AgricoIa  (  2  vol.  in-S». , 
P^q)^,  le  Journal  des  sewants  j]uï\\et 
i8'i5  ). — Les  notes  delà  plupart  des 
traducteurs  et  des  commentateurs  de 
Tacite  sont  historiques  ou  philolo- 
giques plutôt  que  politiques  et  mora- 
les ;  mais  d'autres  écrivains  se  sont 
spécialement  appliqués  à  recueillir  les 
leçons  que  les  livres  de  cet  historien 
peuvent  offrir  aux  princes^  aux  hom- 
mes d'état,  aux  citoyens.  C'est  le 
sujet  de  quelques  livres  de  Scipione 
Ammirato ,  de  Filippo  Cavriana ,  de 
Vergilio  Malvezzi ,  ae  Trajano  Boc- 
calini ,  etc. ,  en  langue  italienne  ;  de 
Chp.  Forstner,  de  J.  H  Boeder ,  en 
latin  ^  d'Amelot  de  La  Houssaye,  en 
français  ;  de  Thomas  Gordon  ,  en 
anglais.  Nous  avons  déjà  fait  men- 
tion de  ces  deux  derniers  ;  et  à  l'é- 
gard des  autres ,  nous  renvoyons  aux 
articles  qui  les  concernent  dans  cette 
Biographie  universelle.  Nous  en  omet- 
tons un  grandnombre  d'autres,  et  nous 
n'ajouterons  à  cette  liste  que  le  nom  de 
Wéguelin,  qui  a  inséré  dans  les  Mëm. 
de  l'a  Cad.  de  Berlin  des  Dissertations 
sur  ce  qu'il  appelait  l'-^rt  Psycho- 
logique, tart  caractéristique  y  mo- 
rai  et  politique  de   Tacite  :  c'est 
l'un  des  premiers  essais  d'une  école 
qui  croit  aprofondir  ce  qu'elle  obs- 
curcit, et  mii  replongerait  les  prin- 
cipes et  les  otflaib  même  des  smnces 


38a 


TAC 


morales  dans  les  plus  épaisses  tciië- 
bres^y  si  leur  lumière  pouvait  s'étein- 
dre au  cœur  de  l'homme  ,  et  si  les 
écrivains  classiques  ancieits  et  mo- 
dernes y  Tacite  peut-être  plus  qu'au- 
cim  autre ,  n'avaient  su   les  revê- 
tir d'un  immortel  éclat.  Emesti  et 
d'autres  philologues  ont  fort  dépré- 
cié tout  ce  qu'où  a  publié  d'observa- 
tions morales  sur  l  Histoire  des  Cé- 
sars ;  de  son  coté ,  Gordon  et  d'autres 
écrivains  politiques  ontparlé  avec  peu 
yde  respect  des  Commentaires  gram- 
maticaux. :  la  vérité  est  que  le  premier 
service  à  rendre  à  l'instniction  clas- 
sique est  de  bien  établir  les  textes ,  de 
les  vérifier  et  de  les  interpréter  avec 
une  exactitude  rigoureuse  ;  que  nous 
devons  à  ces  travaux  difUciles  beau- 
coup de  reconnaissance  et  d'estime  ; 
mais  que  pourtant  ce  ne  serait  pas 
faire  un  usage  raisonnable  des  livres 
historiques,  que  de  n'y  point  étudier 
la  science  des  mœurs  et  des  sociétés , 
puisqu'aprës  tout  ils  n'ont  d'utilité 
réelle  qu'en  perfectionnant  les  théo- 
ries y  qu'en  les  rendant  sensibles  , 
qu'en  servant  à  les  étendre  ,  et  au 
besoin  à  les  rectifier  par  rexpéricncc. 
C'est  visiblement  la  destination  que 
Tacite  a  donnée  à  ses  écrits  ;  et 
tous  ceux  qui  les  ont  ou  loués  ou 
censures,  sont  d'accord  sur  ce  point. 
Nous  avons  ,  dans  le  cours  de  cet 
article,  recueilli  plusieurs  de  ces  ju- 

âcments  ;  il  en  existe  un  tel  nombre 
'autres,  au  milieu  des  livres  de  lit- 
térature et  d'histoire ,  que  nous  n'en- 
treprenons point  ici  de  les  indiquer: 
l'un  des  plus  récents  et  des  plus  re- 
marquables se  trouve  dans  les  Mé- 
moires de  M.  Ancillon. — Les  Vies  de 
Tacite,  soit  abrégées ,  comme  celle 
qu'a  rédigée  Juste  Lipsc,  soit  ver- 
lieuses,  comme  celle  que  La  Rléterie 
a  mise  à  la  tcte  de  ses  traductions  , 
soit   précises  et  savantes  ,   <:orame 


TAC 

celle  que  Ton  doit  à  Brotier ,  sont 
aussi  trop  nombreuses  pour  qu'on 
nous  en  demande  le  catalogue.  Nous 
désignerons  néanmoins  les  notes  qui 
concernent  notre  historien  dans  le 
second  volume  de  l'Histoire  des  ODr 
pereurs  par  Tillemont ,  et  l'article 
que  fiayle  lui  a  consacre.  Mais  sob 
caractère  ,  son  génie  ,  et  à  vrai  dire 
tout  ce  qu'il  y  a  de  mémorable  dans 
sa  vie,  il  faut  le  chercher  dans  ses  oif 
yrages  :  c'est  là  qu'il  continue  de 
vivre  pour  les  délices  des  kommei 
sages  ,  pour  l'effroi  des  pervers  et 
pour  l'instruction  de  la  plus  lointaine 
postérité.  i) — v — ir. 

TACONNET  (  Toussaint  -  Gii- 
par)  ,  né  à  Paiîs ,  le  4  juillet  i^So^ 
d'un  menuisier ,  fut  destiné  à  Petit 
de  son  père ,  et  cependant  envoyé  ai 
collège,  où  il  ne  se  distingua  que  pir 
ses  espiègleries.  Après  avdraclim 
ou  peut-être  interrompu  ses  études,  il 
fréquenta  les  cabarets  et  autres  lieu 
méprisés  par  la  société.  Ses  ressour- 
ces épuisées ,  il  était  sur  le  point  de 
s'engager  dans  un  régiment.....  Oh 
lui  oflritune  place  de  manœuvre  do 
décorations  à  la  comédie  françaiie. 
11  suppléait  au  besoin  le  souffloB*: 
un  jour  il  laissa  tomber  une  coulisie 
qui  faillit  écraser  une  actrice ,  cl  S 
reçut  son  congé  sur-le-champ.  Ea- 
voyé  par  les  comédiens ,  TacoôaeC 
se  fit  comédien  lui-même;  mais  ce 
fut  sur  le  théâtre  de  la  Foire.  Db 
son  deljut,  il  eut  de  grands  sucob, 
prit  du  goût  pour  sa  nouvdie  pm- 
fcssion,  et  devint  même  auteur.  Lcn 
de  la  réunion  de  l'Opéra  -  Cmniqw 
du  théâtre  de  la  Foire  avec  les  lH- 
liens  ,  en  l'jOiXj  Taconnet ,  qui  nV 
vait  pas  été  du  nombre  des  adcBi 
conservés ,  ûit  trop  heureus  d'ébC 
employé  dans  les  ateliers  des  moM 
plaisirs;  mais  une  nouvelle  tronpeb* 
raine  se  forma  bientôt,  et  il  J fat 


TAC 

.  Nicollet,son  directeur,  ayant 
1,  peu  aprës^  la  permission  d'e'- 
jn  théâtre  sur  le  boulevard  du 
le  y  ce  fut  là  que  Taconnet  ac- 
le  grande  réputation.  Les  rôles 
gnes  et  de  savetiers  e'taient 
dans  lesquels  il  excellait.  Il 
les  premiers  au  naturel;  aussi, 

il  voulait  exprimer  le  dernier 
de  son  mépris  pour  quelqu'un, 
il  :  Je  le  méprise  comme  un 
d'eau.  Son  talent  pour  jouer 
(retiers  était  tel ,  que  Préville 
avec  esprit ,  quVZ  serait  dé- 
dans les  rôles  de  cordonniers. 
nduite  n'avait  jamais  été  ré- 
\;  sa  santé  eu  souffrit.  Unechu- 
1  fit  lui  occasionna  une  plaie  à 
be.Il  n^avait  d'autre  ressource 
aller  à  l'hospice  de  la  Charité, 
et ,  à  la  fortune  duquel  il  con- 
it ,  vint  oil'rir  cent  louis  ^ux 
de  l'hospice,  pour  sauver  son 
[■aconnet.  JW.  Nicollet,  ditce- 
,  qui  l'avait  entendu ,  prêtez-' 
ouze francs  à  compte.  On  ra- 
que quelques  instants  avant  sa 

voyant,  dans  le  lit  à  coté  du 
m  compagnon  menuisier  qui 
t  le  deruier  soupir  :  «  Cama- 
lui  dit  il,  va-t-en  dresser  le 
e  chez  Pluton ,  et  annonce  que 
lerai  ce  soir  le  Savetier  avocat 
fort  du  bœuf  gras.  »  Taconnet 
t  le  'ig  d.écembre  1774  à 
leures  du  matin.  Il  est  au- 
l'un  grand  nombre  de  pièces 
âtre.  A  la  suite  de  Tune  a'elles 
rocès  du  Chat  ),  on  en  trouve 
te  dont  vingt-  trois  sont  indi- 
comme  imprimées.   Une  seule 

l'avoir  été  depuis  :  c'est  le 
"  donné  et  le  Baiser  rendu.  Le» 
icles  de  Paris ,  11^.  partie , 
contienoent  une  listebeaucoup 
mple,  et  qui  doit  avoir  été' 
i  par  l'auteur  lui-même^  à  en 


TAC 


383 


juger  par  cette  note  qui  raccompa- 
gne :  «  Toutes  ces  pièces  (  au  nom- 
bre de  quatre-vingt-trois  )  existent 
tant  imprimées  que  manuscrites  ; 
mais  plus  de  quarante  ont  été  sup^ 
primées  par  des  ordres  supérieurs 
auxquels  V auteur  se  soumet  avec 
respect,  »  La  plus  ancienne  de  ces 
pièces  est  de.  1749;  c'est  le  Ztf^- 
rinthe  d'amour  y  opéra  -  comique. 
Aucune  n'est  restée  au  théâtre.^  La 
Petite  écosseuse,  parodie  àeV Écos- 
saise de  Voltaire ,  fut  jouée  et  impri-  / 
mée  en  1760 ,  in-8<>.  La  tragédie  de 
Rosemonde{Fqx,ce  mot,  aXXIX, 
34  )  n'est  point  imprimée.  La  Mort 
du  Bœuf^ras,  tragédie  pour  rire , 
jouée  et  imprimée  en  1767^^  s'est 
conservée  quelque  temps  sur  les  théâ- 
tres de  société.  Outre  ses  comédies  , 
Taconnet  a  composé  :  I.  Tablettes 
lyriqueSy  in-32.  II.  Almanach  chan- 
tant ,  ou  Soirées  amusantes ,  1 761 , 
in-3'2.III.  L'Ami  de  tout  le  monde, 
almanach  en  vaudevilles,  1762 ,  in- 
3'2.  IV.  Jérôme  à  Fanchonnette  , 
avec  la  réponse,  héroïde,  *7^9  » 
in-8<>.  Y ,  Mémoires  d'un  jritfolite  y 
par  l'auteur  ambulant ,  1761  ^  in- 
12,  fiction  satirique.  VI.  Stances 
sur  la  mort  de  Marie,  princesse  de 
Pologne ,  reine  de  France ,  1 768  , 
in-4^.  J.  B.  Artaud ,  né  k  Montpel- 
lier ,  le  a6  décembre  1 732 ,  est  au- 
teur de  l'opusaile  anonyme  intitulé  :  ' 
Taconnety  ou  Mémoires  historiques 
pour  servir  à  la  vie  de  cet  homme 
célèbre  y  article  oublié  dans  la  Né- 
crologie de  1775.  Amsterdam  (  Pa- 
ris ),  1775,  in  -  12.  Un  Éloge  de 
Taconnet  se  trouve  en  tête  des  Spec* 
iacles  desfoires  et  des  houlevaras  de 
Paris  y  etc. ,  4°»  ;?flrfie,  pour  l'année 
MDCCLXVI  (lis.  MDCCLXXVI), 
in-a4.  Le  26  novembre  1776  ,  on 
joua,  sur  le  théâtre  de  Nicollet, 
l'Ombre  de  Taconnet,  comédie  en 


384  I'àG 

deux  actes.  Tacoimet  y  paraissait 
au  déDOiiementy  pour  prououcer  sur 
les  débats  entre  les  savetiers  et  les 
cordonniers.  On  a  reiircseutc,  en 
1807  ,  au  tliéâtrc  des  Yariétes,  Ta- 
connet  chez  RamponneaUy  ou  le 
Réveillon  de  la  Courtilley  comédie- 
folie,  de  MM.  Francis  y  Désaugicrs 
et  Morcau ,  imprimée  en  1 808 ,  in- 
8<*.  M.  MartainviUe  a  donné  au  théâ- 
tre de  la  gailc ,  eu  1811^  Taconnet , 
comédie  en  un  acte ,  réimprimée 
en  181^.  On  doit  à  MM.  Merle  et 
Brazier ,  Préville  et  Taconnet ,  ou 
la  Comédie  sur  le  Boulevard ,  vau- 
deville grivois,  joué  en  18 17,  sur  le 
tliéàtre  des  Variétés,  imprimé  eu 
1817  ,  et  dont  la  3«.  édition  est  de 
1818.  — Taconnet  [Jacques)^  frère 
aiué  du  précédent  et  comédien  au 
tliéatre  d-j  NicoUet,  est  auteur  du 
Congé  de  semestre ,  comédie  en  un 
acte ,  mêlée  de  vaudevilles.  A.  13 — t. 
TACQUET  (  André  ) ,  mathéma- 
ticien ,  né  en  i(3i  I  ,  à  Anvers ,  em- 
brassa jeune  la  rrgle  de  Saint  Igna- 
ce ,  et  apri'^  avoir  régenté  quelque- 
temps  les  humanités,  fut  <:hargc  de 
renseignement  des  mathématiques.  11 
professa  cette  science  pendant  quinze 
ans  avec  beaucoup  de  succès ,  et  mou- 
rut de  phthysie  dans  sa  ville  natale, 
le  '^3  déc.  16G0.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  I.  CfUnaricorum  annu- 
lorum  libri  iv ,  unà  cum  Dissertai, 
phjrsico  '  mathematicd  de  circula- 
rium  volutatione  per  planum  ,  An- 
vers i65i  ; — Uber  r.,  ib.  i659,în- 
4"*  Dans  cet  ouvrage ,  dit  Montucla, 
l'auteur  se  propose  de  mesurer  la 
surface  et  la  solidité  des  divers  corps 
oui  se  forment  en  coupant  un  cyliiv 
drede  diverses  manières  par  un  plan, 
et  celles  des  diflcrents  solides  de  cir- 
convolution, formés  par  un  cercle 
tournant  autourd'un  axe  donné.  Mais 
il  y  règu»  une  afiectatioa  toutf44ait 


TAC 

superflue  de  démontrer  dans  le  style 
de  la  géométrie  ancienne ,  des  choses 
déjà  démontrées  par  Guldui ,  CaTali^ 
n ,  Grâoire  de  Samt- Vincent ,  etc. 
(  Voy.  Jiist.  des  Mathémmt.f  n, 
82  ).  II.  ElemenZa  geomeiriœ  pLh 
nœ  ac  solidœ ,  qwJtm  acoeimd  er 
ArchimedetheorenuAm^îliïiA^  i654, 
i655 ,  in-80. 111 .  ArilhmeticmJ^ 
ria  et  praxis  accuratè  demcmtnh 
ta,  Louvain,  i6j5  ;  Anvers  i655,  is- 
8^ .  Ces  deux  ouvrages  du  P.  Tacqnet, 
recommandables  par  leur  clarté ,  oot 
été  long-temps  suivis  dans  les  écoles 
de  la  Société.  IV.  Opéra  maAem» 
ticuy  Anvers,  1668  et  1669  în4bl. 
Ce  vol.  contient  :  Astramomm  U" 
hri  VIII  ;  Geomeiriœ  praeiieœ  IM 
ni;  Opticœ  libri  m;  Cmiapinae 
libri  m;  Architeciurœ  miiiiarislh 
ber  unus ,  etc.  Dans  son  traité  d'ai- 
tronomie  Tauteur  suppose  la  tone 
immobile,  quoiqu'inténeuremcntooD- 
▼aincu  de  la  vérité  dn  sysihacde 
Copernic;  mais  il  craignait  de  s'é- 
carter de  Riccioli  (  Vçy.  ce  non) 
3u'il  avait  pris  pour  guide^  et  d'à- 
opter  une  opinion  ,qni  pacairnît 
contredire  le  texte  des  Livres  sairts. 
Delambre  a  donné  l'analYse  dt  eet 
ouvrage  dans  V Histoire  Je  f  Mtio- 
nomie  moderne j\u  53 1-36.  W--— s. 
TADINO(GABaiEL),  gteml 
italien, né  vers l'amiëe  l480yill■^ 
tinengo  près  de  Beroame,  se  icadit 
d'abord  auxToeux  oe  sea  partnlii 
qui  le  destinaient  ii  la  médecÎK; 
mais  entraîné  par  ses  gofttSyiléto- 
dia  l'architecture,  et  seibinasMi 
un  ingénieur  françab  chargé  de  h 
réparation  des  fortifications  de•Bc^ 
game.  En  sortant  de  eet  apprcAbh 
sage ,  il  offrit  ses  serrioes  anx  Véb* 
tiens,  menacés  de  rcsts  écraséi  IM 
les  efforts  de  la  Ligne  de  CflAw 
(i5og).  Pendant  cette  ktle  déuf^ 
treusoy  Tadino  donna  dsi  jÊm^ 


TAD 

dé  son  habileté  ,  et  mdrita, 
guerre  fut  Icrmincc ,  d'e- 
au rang  de  snrintendanl- 
s  fortifications  de  Candie, 
alicr  de  Saint- Jean  de  Je'ru- 
5i2 ,  il  se  distingua  au  sie- 
les  ,dont  il  fut  un  des  plus 
efenscurs.- Maigre  la  f unes- 
cette  campagne  ,  il  obtint 
inderie  de  Saint-Etienne , 
nsuite  ccliangëe  contre  le 
Barlette.  La  trcve  dont 
t  alors  les  Vénitiens  et 
!  Malte  lui  fit  accepter  le 
grand -maître  d'artillerie 
armées  de  Charles-Quint , 
it  dans  toutes  ses  expédi- 
re  la  France.  Épuisé  d'an- 
e  travaux,  il  désira  finir 
dans  la  retraite;  mais  à 
il  regagne  ses  foyei-s ,  qu'u- 
e  {^ucife ,  éclatée  entre  les 
et  la  Porte ,  rendit  ses  con- 
isaires  à  ses  concitoyens.  Il 
!  par  le  sénat,  à  Venise, 
2;éra  des  mesures  sages  et 
>  pour  mettre  les  îles  de 
l  à  Tabri  des  Musulmans, 
ounit  en  i5^3.  F'oj,  Gal- 
Mcmoric  di  Tadino ,  etc.  , 
1783,  in-4*^.,  ornés  d'une 
rappée,en  i538,  en  l'Iion- 
3  général ,  dont  on  voit  le 
l'un  côté,  et  une  batterie 
de  l'autre,  avec  cette  ins- 

UbI  EATIO  y  U)l  FORTUNA 

.  Il  n'est  pas  vrai  que  ïa- 
,  comme  son  historien  l'a 
,  riuventeur  des  contre- 
'  moyen  d'attaque  des  pla- 
onnu  long-temps  avant  lui; 
tiens  en  ont  même  quelque- 
sage.  A — G — s. 
EDDYxVILDOUZ  ou  IL^ 
ie  Gha/jja,  était  lui  des  es- 
rks  ou  ma  ml  ou  ks  ,  ([ne  le 
au  ride  Schcliab-eddyn  Mo- 

xnv. 


TAD  385 

hammed  arait  fait  élever  avec  soin 
et  adoptés,  pour  lui  tenir  lieu  d'en- 
fants. Ildouz  ayant  reçu  de  ce  mo- 
narque le  gouvernement  du  Kermau 
et  du  MelLran,  provinces  situées  en- 
tre Ghazna  et  l'Indoustan  ,  se  trou- 
vait place'  avantageusement  sur  le 
passage  de  sou  souverain  pour  lui 
faire  sa  cour  et  en  obtenir  des  faveurs 
nouvelles.  En  effet,  Scbehab-eddyn , 
au  retour  de  sa  dernière  expédition 
dans  l'Inde ,  donna  à  son  ancien  es- 
clave l'étendard  royal  de  Ghazna  , 
et  sembla  le  déclarer  ainsi  son  succes- 
seur. Mais  après  la  mort  du  conqué- 
rant (  ^.Mohambied  II,  XXIX,!i  16), 
les  omrahs  turks  appelèrent  au  trô- 
ne son  neveu  Mahmoud  et  refusèrent 
de  se  soumettre  à  Ildouz.  Ce  dernier 
fut  néanmoins  reconnu  roi  de  Ghaz- 
na, par   la  renonciation  de  Mah- 
moud, prince  indolent ,  qui  se  con- 
tenta du  vain  titre  d'empereur  et 
d'un  simulacre  de  souveraineté.  Tadj- 
eddyn  Ildouz,  véritable  dépositaires 
de  toute  l'autorité ,  voulut  régner  sur 
tous  les  états  que  son  ancien  maître 
avait  possédés.  Il  envahit  le  Pendj- 
ab et  s'empara  de  Lahor,  l'an  6o3 
(  11207  ).   Mais  Cothou'u-eddyn  Aï- 
bek ,  roi  de   Dehly,  reprit  bientôt 
cette  ville  après  avoir  défait  Ildouz 
qui  ,    po4irsuivi    jusqu'*!    Ghazna , 
perdit  une  seconde  bataille  ainsi  que 
son  royaume,  et  fut  contraint  de  se 
réfugier  dans  le  Kerman.  Rappelé 
par  ses  sujets ,  il  surprit  ^on  rival 
qui  eut  à  peine  le  temps  de  s'enfuir 
et  de  repasser  l'Indus.  Tadj-eddyu , 
loin  d'être  corrigé  par  cette  leçon , 
ne  mit  pomt  de  Domes  à  son  ambi- 
tion. 11  prit  Herat  et  conquit  une 
f)artie  du  Seistan  :  mais  ayant  eu 
'imprudence  de  faire  la  guerre  au 
fa  meux  M  oha  mmed ,  sulthan  du  Kh  a- 
rizmc  (  F,  Mohammed  Ala-eddyn  ), 
il  encourut  la  vengeance  de  ce  puis- 

'j5 


/ 


586 


'n 


lAD 


saut  monarque  ,  qui  lui  rnleva  pour 
toujours  le  royaume  de  Gliazua.  l^c- 
duit,  pour  la  seconde  fois  ,  à  ne 
régner  que  sur  le  Kerman ,  il  ne 
laissa  pas  de  recruter  une  armée 
nombreuse ,  en  attendant  une  oc- 
casion de  pouvoir  reculer  les  frontiè- 
res de  sou  petit  état.  La  moit  de  Co- 
thoub  -  eddyn  et  l'usurpation  de 
Scham-.'reddyn  Iletmisch  (  Foj'.  ce 
nom)  parurent  à  Tad j -eddyn lldouz 
des  circonstances  favorarables  pour 
rentrer  avec  avantage  dans  Flnaous- 
tan.  Il  conquit  d'abord  les  provinces 
du  nord  et  pénétra  jusqu'à  Dchly  ; 
mais  ayant  ctc  vaincu  par  Scliams- 
eddynl  an6i'2(i'ii5),il  fut  fait  pri- 
sonnier et  termina  ses  jours  dans  les 
fers  après  un  règne  de  neuf  ans.  Il  ne 
laissa  point  de  successeur,  et  le  Ker- 
man passa  sous  la  domination  des 
dynasties  établies  en  Perse.     A — t. 

TADJ-EDDYN(  Aly  lŒNKnAÏn  ) 
de  Bap;bdad ,  historien  arabe,  mort 
eu 674  del'hég.  (  1275  de  J.-C.  ) ,  a 
compose' :I.  Histoire  des  hommes 
illustres,  en  5  vol.  II.  Histoire  du 
Caire,  III.  Histoire  des  Khalifes , 
et  ])lusieurs  autres  ouvrages  histo- 
riques. Z 

TAFTAZ\NI  (Saadeddyn  Mas'- 
ouD  al), iilsd'Omar, est  ainsi  nomme 
dans  tous  les  manuscrits  de  l'Escurial 
et  de  la  bibliothèque  bodlelenne  cites 
par  Uri  et  par  Casiri ,  et  tous  ceux 
de  la  bibliothèque  de  I>eyde,  et  non 
pas  Taktazani  ou  Tagtazani ,  com- 
me le  nomme  Herbelot  eu  diilercnts 
endroits.  Ibn  Kasscm  ,  dans  son 
Histoire  universelle^  raj^porte  h  l'an 
79Ji  dr  Thcg.  (  i389  de  J.-C.  )  la 
mort  <\f*  Taftazani  à  Marasch ,  et 
cette  ci'.'-que  est  indiquée  aussi  par 
lierbch.t  ,  qui  se  trom|)e  lorsqu'il 
dit  ailhiirs  que  le  mcme  Taftazani 
mourut  l'an  75 1  (  i35o  ).  Taftazani 
cite  comme  un  grand  juriscon- 


TAF 

suite  par  le  célèbre  liistorier 
Ibn-Arabchah.  Parmi  les  n( 
ouvrages  qu'il  écrivit  sur  di 
matiëi-es,  on  remarque:  1. 1 
ment  aire  du  Coran.  II.  Un 
maire  arabe. \\\,  Un  autre 
sur  la  Grammaire ,  intitulé 
^e.  IV.  Divers  traites  de  Th 
V.  Un  Commentaire  sur  la 
maire  de  Zamakhschan.  VI 
tre  sur  la  Rhétorique  de 
VII.  Commentaires  swT  troi 
ges  intitulés  Clef  des  scien 
Abou-Yacoub  al-Moali,  pai 
eddyn  al-Cazvini,  et  par  Se 
d\Ti  al-Socaki  (  Vqy.  Socav 
donne  aussi  un  Appcndîx  à  T 
de  ce  dernier.  VII  ï.  Trait éi 
de  son  essence  ^  de  son  exii 
de  ses  attributs.  IX.  Comn 
sur  la  clef  de  la  jurispnid 
Yaliia  bcn  Saidal-Sirami.  X 
de  logique.  XI.  Commentaii 
métaphysique  d'Avicoinc.X 
tome  du  droit  canonùme 
Traité  du  droit  civil,  Xl\ 
et  Recueil  de  droit,  La  bibli 
ue  TËscurial  en  possède  troi 
plaires,  dont  un  est  autogra 
ouvrages  se  trouvent  tous  ma 
à  la  bibifcth.  de  inËsciirîal , 
ques-uns  à  la  bibl.  Bodiéieai 
bihliotliè(|uedu  roi  à  Paris,  c 
de  Leyde.  Il  existe  en  outre  à 
Paris  plusieurs  manuscrits  d 
auteur  ,  qui  ne  sont  point 
catalogués.  Volneyditydbiis» 
ge  eu  Syrie  ,  t.  11  ,  p.  f)0  , 
trouvé  une  Rhétorique  de  la 
sition  de  Taftazani  parmi  les 
crits  du  couvent  de  Marhan 
la  montagne  des  Druses. 

TAFURI  (  Jean  -  BsRifi 
biographe  ,  naquit  en  1696 
dô,  petite  ville  delà  terre d'< 
Après  avoir  passe  ses  prenii 
nées  dans  ladîssipatioD,iIs*cf 


TAF 

tort;  et  autant  ses  ^udes 
I  tardives,  autant  ses  pro- 
it  rapides.  Ses  ourrages 
le  développement  successif 
!S  j  car  il  travailla  d'abord 
sa  ville  natale,  pub  sa 
enfin  tout  le  royaume.  G'é- 
ler  y  pour  ainsi  dire  ,  du 
l'inconnu ,  et  étendre  ses 
après  avoir  augmenté  ses 
amour  des  lettres  ne  l'em* 
s  de  remplir  des  charges 
;et,  dans  le  tremblement  de 


TAF 


S87 


f trouve  plus  de  patriotisine  que  de 
umières  :  elle  est  bien  an  -  dessous 
des  éloges  qu'on  Un  a  prodigués.  V. 
Censmrmsopra  1  Giomali  ai  Maiieo 
SpineUi  di  Giouenazzo,  Les  notes 
m*bliécs  paj^Muràtori ,  sons  le  nom 
de  Tafun ,  aBparttenDcnt  k  Vàhbé 
Pollidori.  Ce  tut  f  oor  en  repousser 
k  responsabilité,  que  notre  autimr 
fit  paraître  les  siennes  dans  k  vi«  vo- 
lume de  Calogerà.  YI.  jini,  dtsFa^ 
rariis  GuUUeiy  denta  Jof^ifim  ^ 
etc.,  Lecce,  I7a7,  în-^.yréîmpri- 
-enversa  de  fond  en  comble    méedans  le  vu*  Tol.  de'Calogerà. 
I  Nardo,  en  1 743,  on  vit  ce    Tafuri,  qui  a  été  l'éditenr  de  cet  00- 
"  ^      *     .  :i     r-i  ..      vrage,  Ta  cnrieU  de  quelques  notes. 

VU.  Armotazioni  entidie  sapra  le 
cronacke  di  AnUneUo  CcmgeTj 
dans  le  viii*.  vol.  du  mène  recueil  ^ 
et  avec  de  nouvelles  remarques  dans 
a  de  lui  :  I.  Fita  di  S,  Gre^  le  tom.  m,  part.  5^  de  U  CoUeorion 
meno ,  Lecce ,  1 7 :i3,  in- 1 7 .    des  faistoriens  de  5ap!es.  L'avocat 

Ambolo  publia  des  observations  sous 
le  titre  suivant  :  Rispostu  aile  criii- 
cke  annoiazioni  di  Tqfuri  sapra  k 
CromAe  di  Cimiger,  I.ecce^  1736, 
in-4°.  YIIL  NùUzie  intomo  mUa 
yita  ed  aile  opère  di  Anmdo  di  â^ 
tanzof'(iani  le  x*  Vol.  &  Galogerà) 
suivi  de  corrections  et  de  iupplé^ 
ments  à  l'ouvrage  de  cet  bistorieli , 
la  notice  seule  a  été  réimprimée  dans' 
l'édition  de  GoManio  de  1735  ;  <fie 
Bugge  (Rudia)  ^  aux  envi-  fait  aussi  partie  de  la  eouectioD  â» 
larente ,  et  non  pas  dans  un    Gravier.  IX.  DeZT  crimêe ,  silo  eâ 

antickità  délia  àttàdilfardb^àÊm 
le  xi<>  vol.  de  Caloeerà.  Les  six  pr«^ 
miers  chapitres  senlement)X.  FNtm* 
menti  degli  atti  délia  Ccngreàa^ 
zione  ardinata  da  Gregoriù  XlK, 
per  VemetÊdazioae  deua  BMà', 
etc.,  dans  le  xxxi«  toI.  de  Galomâi, 
avec  plusieurs  rensc^nements  ibiô- 
graphiques  sur  les  prébts  chargés  de 
cetravail.XL  htoiia  degUseritian 


'empli  de  zële  et  de  philan- 
apporter  des  consolations 
ours  à  ceux,  qui  avaient  le 
[ert  de  ce  terrible  fléau.  Il 
lans  cette  ville  ;  le  2^  mai 


ire  est  le  patron  de  la  ville 
).  n.  Ragionamento  istori- 
aniichi  studj  ed  Accade^ 
%  cittàdi  Nardb.  (  Dans  le 
ic  de  la  Cronica  de'  mincri 
nti^  par  Lama,  ibid.,  17013, 
m.  Giudiùo  iniomo  alla 
\zione  délia  patria  di  Enr 
'  ah,  de  AngeUs.(Dsiiïs  le  iv* 
ecueil  de  Galogerà.)  L'auteur 
que  cet  ancien  poète  latin 


lu  même  nom,  près  de  Lecce, 
de  Angelis  l'avait  prétendu 
NGELis^  n^  i()*j).  L'opinion 
ri  fut  attaquée  par  un  de  se$ 
iotes  ,  qui  publia  (  sous  le 
pposc  de  Mctello  Alessandro 
):  Risposta  alla  Cnticafatta 
de  Angelis,  etc.,  ibid.,tom. 
.  Délie  scienze  e  dellc  arti 
te,  illusiraie  ed  accresciute 
10  rû*  iVa^o/i,  Naples,  1738, 
ompilation  médiocre  ,  et  qui 


nati nel  regno  di  Aio/rott, Captes , 
1744*70  f  9  ▼ol.  iB-ia  ;  c  est  Voq- 


388 


TAF 


vrage  le  plus  important  de  rnuieur, 
([ui  a  le  mc'ritc  d'avoir  le  premier 
traite  l'histoire  littéraire  de  JSapIrs 
moîus  superricicllement  que  ne  l'a- 
vaieut  fait  Toppi  et  Nicodemo.  Il  a 
cte'  maltraite  par  Sigiioreili  ,  qui  iic 
vaut  pas  mieux,  que  Tafuri,  auquel 
il  a  beaucoup  emprunte.   Le    pre- 
mier volume  de  cet  ouvrage  com- 
prend les  écrivains  nés  dans  le  ro>  a  u- 
me  de   Naples   avant  l'ère  chré- 
tienne :  leurs  notices  y  au  nombre  de 
quatre- vingt  -  une  ^  sont  rangées  par 
ordre  alphabétique  ,  et   précédées 
d'une  introduction  relative  à  l'an- 
cienne géographie  du  royaume.  Dans 
les  volumes  suivants ,  les  noms  sont 
disposés  par  ordre  chronologique  : 
l'auteur  y  a  jouit  également  un  dis- 
cours sur  l'état  des  sciences  et  des 
lettres  pendant  les  siècles  barbares. 
Cette  seconde  période  ,  qui  s'étend 
jusqu'il  la  lin  du  16^.  siècle,  remplit 
six  volumes.  Les  deu\  deniiers  (  t 
la  moitié  du  septième ,  contiennent 
des  additions  et  des  correctious  awia 
volumes  précédents.    Tafuri  avait 
déjà  rassemblé  les  matériaux  pour 
la  contiiuiation  de  son  ouvrage,  qu'il 
aurait  probablement  refondu  eu  en- 
tier, s'den  avait  eu  le  loisir.  Ses  hé- 
ritiers conscrvont  plusieurs  de  ses 
manuscrits  ,  entre  autres  la  suite  de 
l'histoire  littéraire ,  en  3  vol.  in-4®. , 
et  des  additions  nombreuses  »\  la  Bi- 
bliothèque napolitaine  ,  de  Toppi , 
en  I  vol.  iu-fol.  f^qy»  Soria  ,Storici 
napolctani^  ])af;.  577.     A — g — s. 

TAGILKEaU  (Vincent),  avocat 
au  parlement  de  Paris ,  dans  le 
XVI 1°  siècle ,  était  né  dans  l'Anjou. 
Il  est  principalement  connu  par  un 
Discours  de  V impuissance  de  V hom- 
me et  de  la  f crame ,  qui  paraît  avoir 
été  composé  ])our  une  ail'aire  parti- 
culière à  laquelle  il  s'intéressait.  Ta- 
i;creau  prouve, dans  cet  ouvrage,  que 


TAG 

le  congres  est  déshoniiéte ,  impossible 
dans  son  exécution,  plus  propre  â 
éprer  sur  la  question  qu'on  veut  dé- 
cider ,  qu'à  faire  découvrir  la  vérité 
(  roy,  Lamoignon  ).  L'édition  de 
1  Oi  'j ,  in-8**. ,  offre  des  additions  et 
des  retraiichemens  qu'on  ne  trouve 
point  dans  celle  de  iGi  i ,  que  Bou- 
chel  a  insérée  dans  sa  Bibliothèque 
du  droit  français.  Ce  traite  ne  aif- 
fcre  de  celui  d'Hotman  sur  le  même 
sujet ,  qu'en  ce  que  Tagercau  y  a  mis 
plus  d'ordre  et  a  discute  qudques 
questions  de  plus.  Il  est  encore  au- 
teur du  Frai  Praticien  français  ^ 
Paris,  i633  ,  in-80.  T— d. 

ÏAGESEN ,  F.  Tausah. 
TAGHRY-BERDY  (Bew  ) ,  Far, 
Adovl-Mauacen. 

TAGLIACARNE  ,  r^-  Tbéo- 
crÈne. 

TAGLIACOZZÏ  (  Gaspar  ),  chi- 
rni-gien ,  né  en  ;  ^ffi ,  d'un  ùiI»îcaDt 
d'étoiles  à  Bologne,  iit  ses  études  à 
l'université  de  cette  ville,  où  il  eut, 
|)our  maître  Cardan.  Reçu  docteur  â 
l'âge  de  vingt-quatre  ans ,  il  obtint 
peu  de  temps  après  une  chaire  de 
chirurgie,  et  s'appliqua  particulièrp- 
incnt  au  traitement  des  lésions  des 
oreilles,  de  l'excision  des  Icrrcs,  et 
surtout  des  nez  coupés.  Il  publia  snr 
cette  dernière  opération  ,  on  livre 
dans  lequel  il  ne  se  montre  que  théo- 
licien,  quoique  son  ancien  biogra- 
phe et  plusieurs  de  ses  contempo* 
rains  assurent  la  lui  avoir  vu  exécu- 
ter avec  succès  dans  les  principa- 
les villes  d'Italie.  Il  ne  faut  pas  croire 
pour  cela  que  Tagliacoui  ait  ëteTin- 
ventcur  de  cet  art,  sur  lequd  d'an- 
tres auteui*s  avaient  écrit  avant  lui, 
et  qui  était  pratiqué  par  uu  certain 
Braiica,eu  Sicile,  par  Vianeo  et  d'an- 
tres chinirgiens  en  Calabre.  Ce  que 
Fon  doit  k  ce  professeur ,  c'est  d  a- 
voir])ul)lié  sur  la  réparation  dcsccz 


TAG 

niicr    ouvrage   méthodique , 
ne  à  présent  est  le  travaii  le 
mplet  que  l'on  possède  sur 
irtie.  Il  est  divise  eu  deux 
dont  l'un  contient  vingt-cinq 
es,  et  l'autre  vingt,   suivis 
;t-deux  planches  grave'es  sur 
t  d'une  table   gene'rale  des 
s.  Du  temps  de  Tagliacozzi  , 
it  l'hahitudc  d'étaler  beau- 
L'érudition  ,    en   rapportant 
;s  passages  tires  des  anciens 
.  Se  conformant  à  cet  usage, 
emploie  les  premiers  arti- 
son  traite'  à  prouver  la  di- 
l'importance  du  nez,  des  lè- 
des  oreilles  ;  invoquant  l'au- 
rs  mcxlecins,   des  orateurs, 
:es,  et  jusqu'à  celle  des  pc- 
Église  et  de  la  Bible.  Ce  n  est 
[ix-neuvicme  chapitre  qu'il 
:e  que  Ton  savait  avant  lui 
2  opération,  et   en  quoi  sa 
;  s'accorde  avec   ces  tradi- 
omplètcs.  Il  cite,  h  cette  oc- 
Galicn ,  Celse ,  Paul  d'Égi- 
ni  les  anciens,  et  Benedetti, 
,  Vesalc,  Pare',  Schenk,par- 
nodemcs,  presque  tous  ses 
orains.  Cette  opération,  dit- 
•ndée  sur  l'art  cle  grellbr  ;  car 
une  partie  vivante  du  corps 
utre^à-peu-près  de  la  même 
qu'un  bourgeon  sur  un  ar- 
is  l'on  se  tromperait  fort  si 
yait  remplacer  les  cartilages 
udes  oreilles  par  les  muscles 
ou  de  tel  autre  endroit  charnu 
.  Ce  n'est  que  par  répiderme 
peut  espérer  de  re'parer  ces 
»  mutilés;  car  il  n'y  a  qjie  la 
soit  presque  partout  la  mè- 
ne peut  y  avoir  d'adhésion 
uface  et  entre  des  parties  ana- 
agliaco/.zi  f.iit  rrpendant  l'c- 
on  de  (piatrc  espèces  de  peau  ; 
)rd mlla  j)rclVrcncc  h  celledu 


TAG  38ç) 

bras  y  il  rejette  exnress<$meiit  la  })cau 


du  front  commedillicileà  se  joindre, 
et    d'un   autre  tissu  que  celui  du 
nez.  Les  joues  lui  paraissent  trop 
m  usculeuses ,  et  il  ne  croit  pas  que 
l'on  puisse  ecorcher  les  mains  et  les 
pieds  ^  sans  compromettre  la  vie.  Il 
ne  trouve  rien  de  si  convenable  que 
la  partie  du  bras  audessus  du  cou- 
de. Il  conseille  au  chirurgien  opéra- 
teur de  prendre  plutôt  un  grand  lam- 
beau qu'un  trop  mince  ^  parce  qu'il 
yaut beaucoup  mieux  avoir  mi  gros  nez 
qu'un  petit  :  Minus  cnim  malum  est 
amplas  gestare  narcset  proUxas.,,, 
qiiam  imminutas  et  déformes.  Il 
n'est  pas  rare ,  dit-il ,  de  voir  ci*oî- 
trc  le  poil  sur  ces  nouvelles  narines, 
et  dans  ce  cas,  on  est  oblige'  de  se 
faire  raser  le  nez.  Il  examine  ensui- 
te l'âge,  la  constitution,  l'e'tat  de 
santé  ,   la    saison  ,   l'heure  même 
dans  laquelle  l'opération  peut  être 
essayée  avec  succès.  Il  discute  s'il 
vaut  mieux  se  servir  de  la  peau  d'un 
tiers  que  de  celle  du  blessé  ;  et  quoi- 
qu'il ne  doute  pas  que  la  greffe  ne 
puisse  avoir  lieu  eu    employant  la 
peau  d'uniautrc,  il  regardcncanmoins 
comme  presqu'impossible  d'assujétir 
deux  personnes  à  un  état  d'immobilité 
parfaite,  pendant  un  assez  grand  es- 
pace de  temps.  H  lui  paraît  même 
peu   probable  qu'une    pareille  mé- 
thode ait  jamais  été  pratiquée.  Dans 
le  second  livre  de  son    ouvrage , 
Tagliacozzi   décrit  l'ppération ,    et 
fait  connaître  les  instniments  et  l'ap- 
pareil dont  on  a  besoin  pour  l'exé- 
cuter. Nous  renvoyons  au  traité  mê- 
me ,  ceux  qui  seraient  curieux  d'en 
apprendre  les  détails.  Depuis  l'ap- 
parition de  ce   singulier  ouvrage  , 
personne  n'avait    songé  à    revenir 
sur  le    même    sujet,   si   ce   n'était* 
pour  en  donner  quehpic  idée,  Fyens 
(  Fi\Ycz  ce  nom,  XYI ,  aoG  ),  im 


«>i)o 


tac; 


(l<\s  clôvcs  cle  Tagliacozii ,  consacra 
i>lu.sie!irs  chapitres  friiii  livre  intitu- 
le :  De  piwci/mis  artis  chinirpcœ 
controvvrsiis ,  àjuHfsontor  un  apcrru 
(le  la  uiclliodc  de  son  maître.  A  en 
jii^er  d'après  T  en  once  de  ce  travail 
(  I)e  nasi  amputât i  ex  carne  bra- 
cfUi  restitutionc  ) ,  l'un  dirait  que , 
Tautcur  partage  Terreur  commune 
de  son  temps ,  de  croire  que  Ton  ré- 
parait les  nez  avec  de  la  chair;  tan- 
dis qu'il  dit  exprcs-icinent  :  JVon  fit 
scissio  in  miiscidis  hrachii ,  scd  tan- 
tum  in  ciitc.  Mais  il  se  trompe  lors- 
([n'en  supposant  qu'on  puisse  faire 
i!sage  du  bras  d'un  autre, il  cite  l'au- 
torité de  Tagliaco/jj ,  qui ,  tout  en  ad- 
mettant le  principe,  se  montrait  peu 
dispose  à  en  adopter  les  consérpie^n- 
ces.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  important 
dans  l'ouvrage  de  Fyeiis,  c'est  le 
jiassagc  où  il  déclare  avoir  ctc'  té- 
moin de  plusieurs  gue'risons  obtenues 
])ar  son  maître.  Comme  il  se  trouve 
encore  des  personnes  qui  en  doutent, 
nous  crovons   devoir  les  renvoyer 
au  te'moii;nai;e  d  un  auteur  contem- 
porain. Cette  opération  ,  qui  paraît 
avoir  c'tc  trës-suivie  en  Italie,  ne  fut 
j)resque  point  accueillie  dans  le  reste 
de  l'Europe;  et  sans  le  cas ,  cite'  par 
llildan,  d'un  nez  ampute'  et  remis  eu 
irM)'>. ,  ])ar  Criiton,  à  Lausanne^  on 
ne  ])ourrait  riter  aucun  exemple 'de 
|iareilles  opérations  entreprises  hors 
'.^Italie;  les  chirurj^ieiis  s'éta ni  bor- 
nes ,  dans  les  autres  pays,  à  dis- 
«•uter  sur  la  pns>i])ilite  ou  l'impos- 
sibilité (le  la  méthode  de  Tagliaco/.7.i. 
(filiez   les    Italiens  même,   il   y  eut 
des  p:(jresse'irsqui  la  rejetèrent  com- 
me irupratieable;  et  un  Cicnois nom- 
mé i)"lla    Crore  (  /'.  <e  nom,  X, 
uB'^."^,  qui,  en  i(ii'^,  remplissait  une 
chain»  de  mé<lecine  à  Home ,  en  par- 
lait comme  d'une  chose  absurde  et 
ridicule.  On  peut  juger  de  ce  que  l'on 


TAG 

en  pensait  dans  les  autres  parties  de 
l'Europe ,  d'après  un  passage  des 
Institutions  chirurgicales  d'Hcijlcr 
{r.  ce  nom,  XIX,  5g'j  ),  qui,  en 
i^^Hç),  écrivait  que  lorsqu'on  a  le 
malheur  de  perdre  son  nez,  la  meil- 
leure manière  de  le  remplacer,  c'est 
d'en  commander  nu  autre  en  bois  oo 
en  argent  (  chap.  73  );  et  TouTrap 
d'Ileister,  traduit  dans  presque  tou- 
tes les  langues,  a  été,  pendant  m 
demi-siccle ,  le  seul  traité  général  q«c 
possédât  la  cliinirgic  moderne.  Les 
rêves  des  pnrli>ans  de  la  sy-mpathk 
vinrent  ajouter  encore  à  riDcnêdulitê 
des  antagonistes  de  Tagliacoui.  1/ 
célèbre  Van  Helmont  (  f^.  ce  nom, 
XX  ,  1 5  ) ,  en  répondant  à  ceux  qm 
attribuaient  en  grande  partie  le  succès 
de  cette  opération  à  l' intervention  da 
démon ,  raconte  sérieiisemcDt  l'aven- 
ture d'un  Ri-uxell  ois  qui ,  ayant  perdu 
son  nez  dans  une  bataille,  en  empniii* 
ta  un  autre  sur  le  bras  d'un  laoou- 
reur,  à  Bologne.  Il  était  tout  lier  desa 
nouvelle  acquisition  ,  lorsqu'au  bout 
de  treize  mois  ,  il  sentit  tout-à-coop 
son  nez  se  refroidir  et  tomber  ai  pu* 
tréfactiou.  Étonné  de  cet  accident ,  3 
en  demar.da  une  explication  àsoocU- 
nirgien  Tagliacozzi,  qui  lui  apprit 
qu'au  nirme  jour  et  au  même  instant 
(m  ce  nez  tombait  à  Rruxelles,  le  nul^ 
heurerix  laboureur  qui  l'avait  fourni 
rendait  le  dernier  soupir  à  Bologne. 
«  Il  y  a  encore  des  personnes  vi- 
)>  vantes  ,  ajoute  l'historien,  qui  ont 
»  été  témoins  de  ce  fait  :  et  je  de- 
0  mande  ce  qu'il  y  a  là  a'incompré- 
»  liensi1)le  ou  de  suniaturel  (  i).  * 
Robert  Tludd  fait  à  peu-pris  le  mêflie 
conte  dans  sa  réponse  à  Forster,  qv 
avait  osé  révoquer  en  doute  les  ver 
tus  surprenantes  de  l'onguent  ^rrM» 


(0  De  Magnelied  vulnentm  ncCimili  H  UfiH^" 
cfiniliaue.  Pnrit ,  l(ni ,  itt-S^f  $  «S. 


TAG 

a  métliode  de  TdgUacom 
ue  tombée  dans  TouLIi , 
Gentleman  s  ma^azi- 
compte,  cil  1794, d'une 
illeusc  opcroe  à  Kiimar  , 
mah  ,  et  dont  \q6  détails 
rausniis  par  V  Hircarrah^ 
le  de  iMadras.  L'n  Mali- 
servicc  de  la  compap;nie 
ayant  eu  ime  inain  et  le 
dans  les  prisons  de  Tip- 
rejoi£;nit  dans  cet  état 
Bombay  ,  à  Seringa pa- 
bout  d'une aniiée, il  trou- 
rgien  indien, cpii  se  cbar- 
rendrc  le  ne/,  au  moyen 
îau  de  peau  détachée  du 
TsPeunant(3):/^.  cenom^ 
3i  j  ) ,  et  (rautres  voya- 
taieut  était  héréditaire 
ornas ,  caste  des  Indous  y 
tnK  en  aunie  temps  l'art 
er.  On  ne  comprend  [ws 
1  peotvavoirde  commun 
rolessionet  l'opcralioudu 
rapport  que  nous  y  avons 
c'est  qu'on  cnii>loie  de  la 
:elaine  ])o;ir  donner  aux 
V.  une  forme  élégante, que 
nie  serait  incapable  de 
•lle-méme.  Quoi  qu'il  eu 
ît  que  les  chirurgiens  an- 
)uvé  la  méthode  indienne 
I  ri^iliciuie,  puisque  c'est 
nt  du  Iront  qvi'ils  preu- 
1  qui  doit  former  le  nez, 
péralion  leur  ait  souvent 
es  journauv  ont  donné 
le  tristes  détails  (  î  )  sur  un 
à  (pii  Ton  avait  en  vain 
'cm'llre  un  ne/,  aux  dé- 


iii.',o. 
firiLiostitn.  I,i)ridr«'<i  ,  I7Î)8  ,  ">■  vol. 

mtt    (  jpcrat'u  n  .     /m    ^I.    TllWKIlS. 


TAG 


391 


pens  de  ses  joues,  après  lui  avoir 
inutilement  écorchc  le  front.  11  ue 
ue  nous  appartient  pas  de  décider  la- 
quelle des  deux  méthodes  mérite  d't- 
trc  encouragée;  mais  il  uous  semble 
que  l'on  se  trompe  fort  lorsqu'on 
avance  que  celle  de  Tagliacoz/i  est 
d'origine  asiatique:  car^  comme  uous 
l'avons  déjà  remarque,  ce chirurgieu 
s'est  expressément  prononcé  contre 
l'emploi  delà  peau  du  front.  Le  procé- 
dé auquel  le  docteur  Gracfe  a  pompeu- 
sement donue'  le  nom  de  méthode  al- 
lemande, u'estdans  le  fond  que  l'opé- 
ration taliacotienne  ou  calabraise , 
avec  quelques  légères  modiQcations , 
qui  ne  uous  paraissent  pas  assez  im- 
])ortantes  pour  lui  obtenir  le  titre  de 
nouvelle  méthode.  On  rendrait  nu 
plus  grand  service  à  la  science  en  dé- 
gageant l'ouvrage  de  TagHacozzi(5) 
de  tout  ce  qu'il  va  de  superflu,  et  eu 
puli'ant  ce  qu'il  a  dit  de  bou  sur  une 
opération  eucora  peu  connue  et  si 
rarement  pratiquée.  On  pourrait  met- 
tre à  profit  les  nouvelles  connaissan- 
ces physiologiques  et  anotomiques , 
et  résoudre,  d'après  de  meilleures 
données ,  les  questions  importantes 
trop  légèrement  discutées  par  le  pro- 
fesseur de  Bologne.  Tagliacozzi,  après 
avoir  occupe  pendant  plusieurs  an- 
nées la  chaire  d'anatomie  à  l'univer- 
sité de  cette  ville,  y  mourut  le  7  no- 
vembre 1599.  Ses  compatriotes  lui 
élevèrent ,  dans  les  salles  de  leur 
théâtre  anatomi([ue  ,  uue  statue  te- 
nant un  nez  à  la  main ,  avec  une 
inscription  ti'cs  -  honorable.  Ses  ou- 
vrages sont  :  I.  De  curtorum  chi- 
ntrgiâ  per  insilionem  ;  additis  cutis 
tradiicis^  instrumentorum  omrdum , 
ataue  deligationum  iconibus  et  ta- 
bulis  y  libri  duo ,  Venise,  1597 1  ***' 


(5)  M.  Piirt»!  rapjielle  Talincot  ou  T,i,iliannfrso. 
Pdjiiic  pour  le  piviiiicr  j  nwi»  qin  v«ul  une rjiuUc . 


Dî>I 


TAG 


M.  ,  fig. ,  réimprime  sons  le  titre 
suiyAnii  Cheiriirgia  nova  denarium, 
aurium ,  labiorumquc  dtJccUi  pcr 
insitionem  cutis  ex  hitmero  ,  arte 
hactenùs  omnibus  ipwtd^  sarciendo^ 
Francfort  (  1 5()S),  in-B*'.  II.  Kpistola 
ad  nicronymum  JUcrcurialcni ,  de 
naribus  multb  anle  abscissis ,  rcfi- 
ciendis,  dans  l'ouvragede  Mercuriaie, 
intitulé  :  De  dccoratione  ,  ibid.  ^ 
i5S']  j  in-8".  III.  Consilia  meiUca^ 
dans  le  Recueil  de  Lantcnhach  ,  in- 
titule :/(a/iVe  mcdicontm.,,,  consilia 
mcdicinalia ,  ibid.,  iGo5,  iu-4^'*t 
yqjr^  Mutio  (de Plaisance) ,  Oralio 
in  ohitu  G.  Taliacotii ,  Bologne , 
1^99  y  in-4".  —  Brambilla,  Storia 
délie  scojwrte  dcç^V  Italianiy  tome 
II  f  pag.  t2i3.  —  Fantuzzi ,  Scrittori 
bolognesi  ^  tome  viii,  pag.  (ii.  — 
Laronio,  Decl'  inncsti  animaU  ,'^Y\- 
lan,  i8o4,  m-S**.  ,  lîg.  —  Carpue, 
j4n  account  of  Uvo  succcssful  pe- 
ratiqns  for  resioring  a  lost  nose  , 
Londres  y  181G,  in-4".;fig.lVT.  Brcs- 
chct  en  avait  annonce  une  traduction 
française ,  qui  n'a  pas  encore  paru  ; 
l'ouvrage  a  e'té  traduit  en  allemand  , 
par  Graefe,  Berlin  ,  1817,  in-4^.  — 
Graefe ,  Rhinophistik ,  ou  Vart  de 
remplacer  la  perte  du  nez  ,  etc.  , 
ibid.,  1818,  in-4".  \  lig^  (en  alle- 
mand ),  trad.  en  latin,  par  le  doc- 
leur  llecker.^Schonbcrg,  Sullu  tvs- 
titîizionc  del  naso  ,  Naples ,  1819 , 
in-8<*.  ,  fjp;.  ;  on  en  a  rendu  compte 
dans  la  IJiblioteca  italiana  ,  année 
1820.  —  Portai ,  Ilistoirv  de  Vana- 
tomie  ,  tome  11  ,  pag.  lO:*).  —  Dic- 
tionnaire des  sciences  médicales , 
article  Nez,  par  IViry  itLaurcnl, 
tome  XXXVI ,  ])ap.  7'*.     A — c — s. 

TAGLIAZUl'iClll  (  Jluomi)  ,  lit- 
térateur, ne  à  Modène,en  1O74  1 1'"' 
tra  dans  les  ordres  ,  elfnt  pro!cj:;ifpar 
le  duc  llrtiaiid  1" .,  son  maître,  dont  il 
obtint  nue  place  dans  la  cliancellcric 


TAG 

ducale.  Il  le  suivit  k  Bologne ,  où  il 
connat  cette  élite  de  littérateurs  et  de 
savants  qui  avaient  fait  de  l'école  de 
cette  villp  la  première  université  d'Ita- 
lie. Peu  après  son  retour  à  Modène,  le 
prince  lui  conféra  un  bénéfice ,  et  la 
chaire  de  langue  grecque  au  collège 
des  nobles.  Tagliazuccni  remplit  ces 
fonctions  jusqu'à  l'année  1733,  épo- 
que à  laquelle  il  prit,  on  ignore  par 
quel  motif,  la  résolution  de  se  rendre 
à  Milan  y  où  il  ouvrit  une  classe  de 
lîttératiu-e  et  de  philosophie.  Il  y 
forma  plusieurs  élevés,  entre  autres 
la  célèbre  Marie  Gactanc  Agnesi ,  à 
laquelle  il  apprit  le  grec  et  1  algèbre. 
Presse  en  même  temps  de  se  charger 
de  la  direction  du  collège  Afarùmo, 
à  Bergame,  et  de  remplir  la  chaire 
d'éloquence  à  l'université  de  Turin , 
il  se  décida  pour  ce  dernier  emploi , 
qui,  bien  que  plus  modeste,  le  pla- 
çait sur  un  thcjîtrc  plus  convenaole. 
Tagliazuccbi  y  resta  jusqu'à  l'année 
1743^  qu'il  profita  de  sa  retraite, 

Sour  aller  tei'ininer  ses  jours  à  Mo- 
ène,  où  il  mourut  le  i*^'.  mai  i^Si. 
Ce  ])rpresseur ,  qui ,  par  ses  travaux, 
a  contribue  à  répandre  le  goût  de 
l'étude  de  la  langue  italienne  en  Ita- 
lie même,  où  elle  était  très-n^Ugée, 
ne  mérite  ])as  uurang  parmi  les  écri- 
vains distuigucs;  mais  ce  serait  nue 
injustice  que  de  lui  en  refuser  uu 
])armi  les  liabilrs  instituteurs.  Ses 
ouvrages  sont  :  I.  Epigramma  gre- 
ro,  colla  Iraduziotu'.  lalina^  per  lu 
febti\'ilà  ili  snn  Cemirûano  y  Bolo- 
gne ,  1703  ,  iu-4".  11.  Uliîma  per- 
se eu  zione  di  Saulle  contro  Davide , 
oratorio,  Modènc,  1708,  iu-4**«Ill- 
Prose  e  poésie  toscane  ,  Turin  , 
I73:'5,  in-S".  Ce  recueil  contient 
deux  Di>serta lions  sur  la  nécessité 
d^introduiie  Tctude  de  la  langue  ita- 
lienne dans  l(-s  écoles  d'Italie;  un  dis- 
couis  d'ouverture;  dos  traductions 


TAG 

H  du  latin  y  et  quelques  poë- 
nalcs.  W ,A  Carlo  Enima- 
)razione  pane^irica  ^  ibid. , 
i-8<*.  V.  Orazione  e  poésie 
lituzioiie  delV  Accademia 
ignOy  etc.,  ibid.,  173G,  in- 

RaccoUa  di  prose  e  poésie 
lelle  régie  Scuole  ,  ibidem , 

vol.  in-8". ,  réimprime'  plu- 
is,  et  prëce'dc  d'un  discours 
ne  sur  la  manière  d'instruire 
sse  dans  la  littérature.  VII. 
panegirico  al  rc  di  Sarde- 
rgame,  1757,  in-8».  Vllï. 
rica  poesia,  Paris  (Venise), 
n-8". ,  ouvrage  posthume  , 
ar  l'abbc  Vicini.(/^o^.Zac- 
toria  lettcraria  d  Italia  , 
,  pag.  7Î28;  Mcmorie  per 
illa  storia  letteraria  ,  ann. 
ag.  2oo;Tirabosclii,  Biblio- 
tdenesey  tom.  V^  pag.  167.) 

A — G — s. 
LJREAU  (  Jacques),  poète 
,  naquit  au  Mans  vers  1527. 
e  était  juge  au  Maine;  et  sa 
ilarie  Tiercelin,  appartenait 
ncienne  famille  du  Poitou. 
s  Tiercelins,  les  uns  abbés, 
îs  guerriers,  licutenaut-gc'ne'- 
ouverneurs  ou  seigneurs, sont 

dans  les  vers  de  Tahureau. 
rie  aussi  de  son  frÎTC  Pierre, 
ait  et  cultivait  les  lettres.  La- 
Li  Maine  dit  que  Pierre  Tahu- 
[uoiqnc  voue  à  la  profession 
les,  avait  profondément  ctu- 
jurispriidence,  mais  qu'il  ne 
usage  de  son  savoir  en  ce 
[ue  pour  concîilier  les  plai- 
t  les  enij)rclier  de  s'engager 
)rocediircs  dcs-lors  ruineuses  ; 
t'ait  d'ailleurs  compose  ,  en 
en  prose,  ])liisieurs  ouvrages 
icun  n'est  imprime,  et  parmi 

ou  distinguait  une   histoire 
lies  de  François  1^' .,  Henri  11, 


TAH  3g3 

François  II ,  Charles  IX  et  Ileori  111 
juscpi'cn  i584;  un  livre  de  lajiolice 
cti-cpubliqucFrauçaise,  ou  «  discours 
»  siirles  états  eto£^ces  tant  des  nobles 
»  que  de  ceux  de  robe  longue  et  de 
»  leur  première  institution.  »  Selon 
La  Croix  du  Maine,  Pierre  Tahu- 
reau ,  sieur  de  la  Chevalerie  et  du 
Chesnay,  n'avait,  en  1 584,  qu'environ 
5o  ans,  et  cependant  il  était  le  frère 
aîné  de  Jacques ,  dont  ce  biographe 
et  Duverdier  s'accordent  à  placer  la 
naissance  vers  i5a7.  Il  y  a  là  néces- 
sairement quelque  erreur:  Pierre,  s'il 
était  l'aîné,  devait  être  à  peu  près 
sexagénaire  en  1 584.  ^^  ^*  *J"C  ^^^ 
deux  Tahureau  descendaient  du  con- 
nétable Bertrand  du  Guescliu  ;  c'est 
du  moins  ce  que  I^a  Croix  du  Maine 
encore  déclare  avoir  vu  par  les  mé- 
moires et  enseignements  de  cette 
maison.  Quoi  qu'il  en  puisse  étre^ 
Jacques  Tahureau,  qui  est  le  princi- 
pal sujet  de  cet  article ,  nous  est  re- 
présenté comme  ayant  fait,  dès  son 
enfance, de  rapides  progrès  dans  l'é- 
tude des  langues  grecque  et  latine  : 
SCS  talents  littéraires  s'annonçaient 
déjà.  Néanmoins,  durant  son  premier 
séjour  à  Paris ,  il  embrassa  l'état 
militaire  et  s'enrôla  dans  l'armée  de 
Henri  II  :  il  y  fit  une  ou  deux  cam- 
pagnes contre  Charles-Quint^  c^  de- 
vait être  en  i552  ou   i553  :  il  avait 
alors  environ  si5  ans.  S'il  s'est  distin- 
gué par  sa  bravoure ,  il  a  eu  la  mo- 
destie de  n'en  rien  dire  dans  ses  poé- 
sies :  il  s'est  contdité  de  chanter  les 
exploits  de  ses  parents lesTiercdins. 
Après  avoir  parcouru  plusieurs  pro- 
vinces ,  il  revint  dans  la  capitale,  y 
reprit  bientôt  le  goût  des  letti-es,  et 
mérita  l'estime  des  poètes  les  plus 
renommés  de  ce  temps,  Mellin  de 
Saint-Gelais,  La  Péruse,  Joachim 
du  Jlellay ,  Jodelie ,  Ronsard ,  etc.  : 
il  obtenait  cii  même  temps  les  bonnes 


Soi  TAU 

grâces  de  qnclaues  puissants  pcrsou- 
nagcs ,  particulièrcmeut  de  Louis  de 
Lorraiuc,cardiual  de  Guise.  Mai^^rc 
CCS  In'illaiils  succrs ,  le  dcsir  de  for- 
mer uii  établissement  plus  solide  le 
ramena  au  Mans,  où  il  se  maria; 
mais  il  mourut  bientôt  après,  en 
1 555 ,  à  peine  ;igc  de  vingt  -  sept 
ans  accomplis.  La  Croix  du  Mai- 
ne «  a  entendu ,  de  ceux  qui  avaient 
»  vu  Jacques  Tahureau  ,  que  c'était 
»  le  plus  l)eau  ^ontilliomme  de  sou 
»  siècle  et  le  plus  dexlre  à  toutes 
»  sortes  de  gentillesses,  »  Il  avait. 

Feu  de  temps  avant  sa  mort,  livre  à 
impression  trois  dillcrents  recueils 
de  vers.  Le  premier  jîarut  à  Poitiers, 
chez  les  De  Ma  rue  f  et  Bouchetz  frè- 
res ,  en  1 554  ,  iu-H**.  avec  une  dédi- 
cace à  M.  le  révérendissime  cardi- 
nal de  Guise,  datée,  par  l'auteur,  de 
Poitou ,  en  cette  même  année.  C'est 
aussi  la  date  du  second  recueil ,  in- 
titule :  Sonnets,  Odes  et  Mignardi- 
ses amoureuses  de  TAduiiree;  petit 
vol.  in-<S^». ,  qui ,  pareillement  publie 
à  Poitiers,  se  réunit  au  précèdent. 
Le  troisième  est  un  in-4''.  de  vingt- 
deux  feuillets,  dont  les  premiers  cou- 
tiennent  une  Oraison  (  en  prose  ) 
adressée  au  roi ,  sur  la  gramliutr  rw 
son  règm'y  ainsi  ([ue  sm-  i\:xcvllence 
iîc  la  langue  française  ;  el  les  der- 
niers ,  des  vers ,  qui  sont  dédiés  à 
M™*^.  Marpieritc,  lille  de  Henri  II, 
et  qui  roulent  sur  divers  sujets  de 
morale.  Le  poète  a  peu  survécu  à  )a 
dédicace  de  ce  livre  ,  datée  par  lui 
du  i5  avril  i555  :  cet  i:i-|0  est  im- 
primé à  Paris,  chez  la  veuve  de 
Maurice  Laporle.  Eu  1574  ,  Jean 
Ruelle  réimprima  à  Paris,  pour  Ro- 
bert le  Manguier  ,  ïcs  poésies  de  Ta- 
hureau, mises  toutes  enstiiiiblc ,  in- 
8^». ,  avec  des  vers  d'Antoine  deBaïf 
à  la  louange  de  l'auteur.  Jacques 
Tahureau  avait   compose  quelques 


TAH 

autres  ouvrage»:  une  Traduction  en 
vers  français  deTEcrlésiaste,  laqueUe 
est  restée  manuscrite  ;  et  daix  Dûlo- 
goes  en  prose ,  qui  ont  été  publia  cb 
i5û(i,  cbez  Gabriel  Buon,  in-H«., 
avec  une  longue  épitrc  prëliminaiie 
de  Maurice  de  La  Porte  iils.  C'est 
l'édition  la  plus  connue;  on  en  cite 
d'autres  de  Paris ,  1 56a  et  1 565  »  ia- 
80.  ;  de  Lyon ,  1 568 ,  in- 16.  Noos  ae 
saurions  faire  aujourd'hui  un  giand 
éloge  des  poésies  de  Tahureau:  ks 
idées  en  sont  devenues  fort  comaui- 
ncs;  elles  ont  été  beaucoup  mîaa 
expriméiïs;  mais  il  y  a  de  l'aisanoect 
Quelquefois  de  Pharmonie  dans  la 
oiction  de  ce  poète;  et  si  sa  canière 
s'était  prolongée ,  il  avait  aasci  d'i- 
magination f  de  talent  et  d'étude  pour 
obtenir  de  plus  véritablca  aneecs. 
Cou  jet  et  d'autres  censeurs  ont  jugé 
eu  toute  rigueur  le  second  dci  ttois 
recueils  ci^essus  indiqués  :  ce  sont 
des  pièces  erotiques  »  dont  pIutieDrs 
sont  en  ell'ct  trop  libres ,  jNurtMnliè- 
remeut  les  six  qui  sont  intîtailKS 
î^iisors.  L'.t//ffnirM,doat  il  œlèbic 
les  Mignardises ,  était  tue  dcaoî- 
selle  de  Tours,  pour  laquelle  il  await 
conçu ,  dès  l'âge  de  quatorze  aai ,  si 
^\ous  l'eu  croyons ,  l'amour  le  plas 
passionne.  Son  enthousiasme  8*ând 
jusques  sur  la  ville  de  Taon,  qui 
devient  à  ses  yeux  une  des  mervol- 
les  de  l'univers.  11  est  plus  grève 
dans  ses  autres  pièces  de  vers,  quand 
c'est  aux  rois ,  aux  princes ,  aintgutt- 
i'iers,  aux  poètes  et  surtout  k  la  poé- 
sie  elle-même  que  ses  bommaees  sont 
adressés.  On  peut  distin^i^icr  oans  ses 
Œuvres  soixante-quatre  Ter^oontR 
ceux  qui  le  blâmaient  de  s'être  Tooé 
aux  MuseSy  cinq  Stances  sur  lesdia- 
gers  de  l'indiscrétion,  l'ode  ou  Vtift 
tre  au  cardinal  de  Guise,  une  Qiti 
Charles  Tiercclin,  sur  les  servicrs 
rendus  par  ce  seigneur  i  François  I*^*; 


TAH 

i  les  pièces  c'roliqiics,  Je  Son> 
fjj'ez  combien  V Amour  est 
ifit,  et  une  Kpigraiiime  coii- 
courlisauc  (  i  ).  L'iiitilulc  des 
ialogues    en    prose   aiiiionce 
î  sont  pas  moins  profitables 
élieux ,  et  que  les  vices  (Vun 
y  sont  repris  fort  dprement 
ms  animer  à   les  fuir  et  à 
a,  vertu.  Ta  bureau  s'y  moque 
leurs  sottises  accretiitëes  au 
lu  seizième  siècle;  par  exem- 
livres  astroloj];i((ucs  Je  Pierre 
i  (  for.  Bayic,  L)ict.,   ail. 
:  il  avance  moine  que  les  au- 
«  plus  révères  sont   précisé- 
s plus  grands  sols  ^  «  témoin, 
,  Platon ,  qui  ^  ëtaul  monte 
us  haut  (le  la  quintessence  de 
lie,  nous  est  allé  forger  de 
j   idées    imaginaires  ,   etc.  » 
logues,  maigre  l.i   franchise 
aîtc  qui  les  a  loug-tf*mp«  re- 
ndes ,  ont  conserve  pou  d'ia- 
nc  pourraient  plus  SiTvir  qu'à 
redes  opinions  humaines ,  de- 
in   ii)oo   jusqu'à    i5jo  :  ils 
put  des  connaissances  et  des 
isscz    etcn(Uies   pour   un  tel 
Pasquier  cependant  les  a  ceu- 
jar  ce  vers ,  qui  fon  le  à  lui 
nièce  cinquante-neuf  (lu  troi- 
livre  de  ses  èpi grammes  iali- 

aui  t'ulet  riJ-lur  a^i  cmnibut  ip*''; 

i)i  La  Mounoye  dit ,  pcat-être 
ont  autant  (rinjnsticc  et  de 
i ,  que  Pav^pu^r  devait  songer 
roj)res  dialogues  «  dont  toul 
onde  aurait  s;ijet  de  se  mo- 
,  mais  dont  personne  pourtant 
moque ,  parce  que  personne  ne 
t.»  Ou  lit,  p.  '21 G  du  tome  IV 


Ne  t*eNhi»lii5«  pliM  si  NrrrV 

Vend  si  cbcr  maititfii.iiit  l'amour  ; 

ILIlc*  veut  avoir ,  la  i-usi'e  , 

l»e  quoT  Taolieter  h  Km  tour. 


TAI  395 

de  la  Bîbliothhque  des  poètes  fran- 
çais ,  depuis  le  douzième  siècle  jus- 
qu'à îMallierbe,que  Tahureau  se  pro- 
posait de  composer  «  deuv  autres 
n  dialogues  ,  dont  les  interiociitetirs 
»  seraient  le  Dëmocritiq  et  le  Cos- 
»  mopliile.   »   Ces  noms   sont  pré- 
cisément ceux  des  deux  personna- 
ges entre  lesquels  ont  lieu  l(?s  deux 
dialogues  qui   subsistent.  Toutefois 
il  est  yrai   que  l'auteur  devait   y 
joindre  deux  autres  morceaux  du 
même  genre.  C'est  du  moins  ce  <^uc 
nous  apprend  son  éditeur  Maurice 
La   Poi'te  f   frère    d'Ambroise   La 
Porte  à  qui  Tahureau  avait  laissé 
une  copie  des  deux  premiers  dialo- 
gues  et  (lui  mourut   vers  la  lin  de 
ranuéc  1 555  (  F'qy.  l'art,  de  Mau- 
rice de  La  Porte,  XXXV,  4^4? 
455  ).  Les  livres  à   consulter  sur 
Jacques  Tahureau  sont  les  OEuvrcs 
mêmes  de  ce  poète  ^  l'Épitre  mise  à 
la  tête  de  ses  dialogues ,  par  Maurice 
La  Portcj  les  Épithètesau  même  La 
Porte  au  mot  Tahnreau  j  les  articles 
qui  le  concernent  (  lui  et  son  frbi-e 
Pierre)  dans  les  Bibliothèques  de  La 
Croix  du  Maine  et  de  Duverdier; 
dans  Niceron,  xxxiv  ,  2o4  -au  ; 
dans  la   Bibliothèque  française   de 
Goujet,xiï,4o'5'2.Q"antautom.vi 
des  Annales  poéticpies ,  et  autom.  iv 
des  Poètes  français,  jusqu'à  Malhei^f 
be,  etc..  on  n'y  trouve  que  des  no- 
tices incomplètes  ou  inexactes  de  la  ^ 
vie  et  des  productions  de  Jacques 
Tahureau.  D— w— u. 

TAÏE  ou  THAI-LILLAH 

(Aboubekr  Abd  elkerim),  i4*-^^2i- 
life  abbasside  de  Baghdad ,  rempla- 
ça son  père  Mothy-Lillah ,  (jui  avait 
été  forcé  d'abdiquer  l'an  363  de 
l'hég.  (9*74  de  J.-C.).  Il  suivit,  mal- 
gré lui ,  les  milices  turkcs  qui  j  ré- 
voltées èontre  l'émir-al-omrah  Bakh- 
tclarEzz-<9ddaulah ,  allèrent  le  com« 


3g'i  TAI 

battre  k  W«isct1i  :  mais  après  diver- 
ses 4k  ostili  tes  sans  résultat,  Adliad-ed- 
daulali,  souverain  de  Chyraz ,  étant 
veun  au  secours  de  sou  cousin,  battit 
les  Turks ,  et  le  ramena  dans  Bagh- 
dad.  Le  khalife  qui ,  pendant  la  ba» 
taille  ,  s'était  cclîap}>edes  mains  de 
SCS  tyrans,  revint  aussi  dans  sa  capi- 
tale où  Adliad-eddaulali  lui  témoigna 
]>eaucoup  de  respect ,  releva  Tcciat 
de  sa  maison  et  pourvut  magnifique- 
ment à  son  entretien.  Les  deux  princes 
Bovva'îdes  se  brouillèrent  bientôt  : 
Adhad-eddaulab  ayant  vaincu  et  fait 
])érir  son  cousin  l'an  30^  (978) ,  de- 
vint maîtie  de  la  charge  d'eniir-al- 
omrah  y  et  ne  cessa  de  montrer  les 
plus  grands  égards  au  khalife ,  dont 
il  devint  le  beau-pcTc deux  ans  après. 
Thaï  continua  de  vivre  dans  une  heu- 
reuse tranquillité  sons  le  gouverne- 
ment de  Samsam-ed-daulah  et  de 
Chérif-cd-daulah  ,  qui  possédèrent 
successivement  la  dignité  que  s'était 
arrogée  leur  père  Adhad-eddaulah  : 
mais  le  second  étant  mort  en  870 
(î)"9)*son  frère  Boha-eddaulah  ,  qui 
lui  succéda  ,  cessa  de  ménager  le  kha- 
life. Avide  des  richesses  que  la  mu- 
nificence de  ses  prédécesseurs  avait 
[>crmis  à  ce  priiice  d'amasser ,  il  lui 
envoya  demander  une  audience.  ïhaï 
l'ayant  reçu  solennellement,  un  olli- 
cier  déilémilc ,  a  posté  par  Témir  ,. 
s'approcha  du  khalife  cunime  pour  lui 
l>aiser  la  main  suivant  la  coutume , 
le  saisit  avec  force  et  lui  fit  descen- 
dre rapidement  les  marches  de  son 
tronc.  On  s'empara  de  sa  personne, 
malgré  ses  prières  et  ses  gémisse- 
ments, et  ou  l'entraîna  dans  le  palais 
de  Boha-eddaulah ,  où  ,  ni  présence  de 
iLMiioins  ,  il  fut  contraint  d'abdiquer 
le  vain  titre  qu'il  avait  ]>orlé  ])rès  de 
(li\-huit  ans.  Cet  événement  eut  lieu 
Tiin  38i  (pf)i  ).  Thaï  survécut  dou/e 
ans  à  sa  dis'jracc ,  cl  les  passa  auprès 


TAI 

de  Gadcr-Billab  son  fiiccttSfur,  qni 
lui  témoigna  toujours  beaacoup  de 
considération.  Il  mourut  en  393 
(  I  oo3) ,  âge  de  soixante-seize  ans. 

A— T. 

TAIKO-SAMAfutlepremiercnbo 
ou  empereur  séculier  du  Japon.  De- 
puis la  fondation  de  cet  empire  par 
8yn-Mu,  environ  660  ansavant  JAj., 
il  était  gouverné  par  un  pontife  oa 
daïro,  qui  réunissait  dans  sa  person-' 
ne  y  comme  on  a  tu  depuis  les  kha- 
lifes ,  la  double  autorité  civile  et  ec- 
clésiastique. Plusieurs  fois  des  gâiê- 
raux  avaient  tenté  de  s'affrandiirde 
son  pouvoir ,  mais  leurs  révoltes 
avaient  été  promptcmeut  cftouBees. 
Ce  grand  changement  ne  devait  èln 
accompli  que  par  celui  qui  fait  le 
sujet  de  cet  article.  Fide-jos  ,  oom 
sous  lequel  il  fut  d'abord  comn, 
était  de  la  plus  basse  extnction 
Dans  sa  première  jeunesse ,  il  avait 
été  réduit  à  se  mettre  aux  gages  d'un 
paysan ,  qui  l'employait  à  couper dn 
DOIS  et  à  le  porter  ensuite ,  sur  soo 
€011^  à  la  ville  voisine.  Fatigue  d'un 
état  si  pénible ,  il  s'enfuit ,  et  devint 
domestique  d'un  officier  deNoln- 
nanga,run  des  plusbabiles  gënànnx 
du  Japon  y  lequel  s'était  arrogé  la 
souveraineté  de  quelques*  promee 
dans  les  environs aeMeaco.  Sonnoo- 
veau  maître,  qu'il  amusait  par  KS 
saillies ,  ayant  vanté  son  esprit  à 
Nobmianga ,  celui-ci  voulut  le  voir , 
et  le  prit  à  son  service.  Le  connp 
de  Fide-JoSy  et  les  talents  qu'il  mon- 
tra dans  plusieurs  occasions  impor- 
tantes, relevèrent  rapidement  aux 
premiers  emplois  militaires.il  sot  se 
concilier  l'a flcctioi  des  soULitS  par 
sa  bienveillance;  et  Nobunangnydans 
une  émeute,  ayant  été  tué  avec  son 
fds ,  Fide-Jos  lui  succéda  sans  obs- 
tide  (  i583  ).  Plus  habile  que  son 
|>rcilccesscur,il  s'empressa  de  iccon- 


TAI 

naître  râutontédu  daïro,  dont  il  re< 
çiil  le.  litre  de  quciinbuku  ,  c'est-à-dire 
de  lieuteiiant-pcncral  en  service,  gé- 
rant de  Tempire.  En  lui  prodiguant 
des  marques  de  respect  et  de  sou- 
mission 9  il  ne   visait   qu'à  le  dé- 
pouiller de  sa  puissance  temporelle. 
Il  lui  fit  élever ,  dans  Méaco  ,  un  pa- 
lais superbe  où  il  le  tint  renferme  , 
sous   prétexte  qu'à    l'exemple   des 
dieux ,  dont  il  était  la  vivante  image, 
il  devait  se  soustraire  aux  regards 
indiscrets  des  peuples.  Il  augmenta 
le  nombre  de  ses  gardes  et  des  oili- 
ciers  destinés  à  le  servir;  et,  parles 
hommages  dont  il  l'entourait,  trompa 
si  bien  le  daïro ,  qu'il  ne  put  jamais 
se  douter  qu'il  était  prisonnier.  Maî- 
tre du  trône,  Fide-Jos  parut  ne  s'oc- 
cuper (pie  d'accroître  la  prospérité 
de  l'empire.  Il  encouragea  l'agricul- 
ture ,  le  commerce ,  les  arts  ;  et ,  par 
ses  soins, diliérentes  villes  furent ag- 
grandies  et  reçurent  d'utiles  embel- 
lissements. Mais  il  songeait  en  secret 
aux  moyens  d'alFermir  son  pouvoir , 
CD  restreignant  celui  des  princes  et 
des  grands ,  que  le  moindre  mécon- 
tentement pouvait  entraîner  à  la  ré- 
volte. Ce  fut  dans  ce  dessein  ,  qu'en 
iSqîx  ,  il  annonça  le  projet  de  réunir 
la  Corée  à  l'empire  du  Japon.  Si  la 
conquête  de  cette  péninsule  eût  été  )c 
seul  but  de  cette  expédition ,  quel- 
ques mois  auraient  siiÛi  pour  la  ter- 
miner^ mais  Fide-Jos  voulait  prolon- 
ger la  guerre.   Il  laissa  son  armée 
manquer  de  vivres  et  de  munitions  , 
et  donna  le  temps  aux  Chinois  de  ve- 
nir au  secours  (lu  roi  de  Corée.  Pen- 
d.'4nt(|ue  la  guerre  continuait  avec  des 
5iicc(*s  balancés  ^  il  faisait  construire, 
.1(1  tour  de  son  palais,  des  habitations 
magnifiques,  pour  y  loger  les  fem- 
mes et  les  enfants  des  seigneurs  dont 
il  redoutait  le  plus  l'infhicnce  ,   et 
tout  en  les  ainu.^ant  pardcsfctcscou- 


TAI  397 

tinuelles^  les  y  retenir  comme  au- 
tant d'otages.  Les  Clnnois ,  battus 
dans  divei-ses  rencontres,  furent  obli- 
gés de  demander  la  paix.  Fide  -  Jos 
ne  la  leur  accorda  qu'à  des  condi- 
tions onéreuses,afin  de  trouver,  dans 
l'inexécution  des  traités ,  un  prétexte 
de  continuer  la  guerre.  Les  seigneurs 
japonais ,  ruinés  et  épuises  de  fati- 
gues ,  furent  trop  heureux  d'obtenir 
la  permission  de  revenir  dans  leurs 
terres ,  en  laissant  leurs  familles  à  la 
cour,  où  ils  avaient  d'ailleurs  la  li- 
berté d'aller  les  voir.  Il  ne  restait 
donc  plus  à  Fide-Jos  qu'à  maintenir 
dajis  le  devoir  un  peuple  naturelle- 
ment turbulent  et  ami  des  nouveau- 
tés. Il  le  lit ,  en  publiant  des  lois  si 
sévères  que  la  moindre  infraction 
était  punie  d'un  châtiment  corporel, 
quand  le  coupable  n'appartenait  pas 
aux  classes  privilégiées.  Après  avoir 
établi  son  autorité  absolue ,  il  son- 
geait à  bannir  de  ses  états  les  étran- 
gers, surtout  les  Portugais,  quand  il 
mourut ,  le  8  septembre ,  suivant  le 
P.  Charlevoix  {Histoire  du  Japon, 
XI ,  I  ),  ou  le  16  décembre  1697  , 
peu  de  temps  après  avoir  pris  le  titre 
de  TaïkoSama ,  c'est-à-dire  chef 
des  grands.  Il  avait  désigné  son  fils 
pour  lui  succéder;  mais  ce  jeune 
prince  fut  supplanté  par  son  tuteur. 
Ain^i,  tous  les  soins  qu'il  avait  pris 
pour  as&urer  l'autorité  dans  sa  famil- 
le ,  en  précipitèrent  la  mine.  Taïko- 
Sama fut  mis  au  rang  des  dieux  par 
le  daïro ,  sous  le  nom  de  de  Ssin  Fatz- 
man,  c'est-à-dire  le  second  Fatzman , 
ou  le  dieu  de  la  guerre.  On  voyait 
encore  ,  du  temps  de  Kxmpfer ,  son 
temple  à  Méaco  (  Hist.  du  Japon  , 
1 ,  174)*  Comme  il  persécuta  le  pre- 
mier la  religion  chrétienne  au  Japon, 
les  missionnaires  ,  dit  le  P.  Charle- 
voix (vi ,  a)^peuvent  fortbien  avoir 
été  trop  crédules  sur  le  mal  (pi'on 


SgS  TAI 

débitait  de  ce  prince.  C'est  à  tort 
qu'ils  l'ont  rcprosculc  comme  un  ty- 
ran cruel.  Pendant  son  règne  ,  il  ne 
fit  mourir  qu'un  pelit  nombre  de 
chi'étiens^  et ,  si  Ton  veut  examiner 
les  raisons  qu'il  eut  puurlcs  condam- 
ner au  supplice  ,on  ne  le  taxerapoint 
d'avoir  été  sanguinaire  (  ibid.  viii  y 
6  ).  Taiko-Sama  possédait  toutes  les 
.qualités  des  grauas  princes  y  le  cou- 
rage ,  la  prudence  et  la  fermeté.  Les 
seuls  défauts  que  l'histoire  lui  repro- 
che sont  une  excessive  vanité  et  de 
fréquents  eni portements,  qu'il  s'effor- 
çait quelquefois  de  réprimer.  W — s. 
TâILHIÉ  (  Jacqufs),  historien, 
était  né,  vers  le  commencement  du 
dix  -  huitième  siècle ,  à  Villeneuve , 
diocèse  d'Agen.  Disciple  de  RoUin ,  il 
conserva  la  plus  vive  reconnaissance 
des  soins  qu  il  en  avait  reçus.  Ce  fut 
pour  faciliter  aux  jeunes  gens  la  fu- 
ture des  Histoires  de  RoUiu  qu'il  eu 
publia  des  Abrégées,  Il  paraît  que  le 
succès  inespéré  qu'obtint  ^on  Abrégé 
de  ri listoire  ancienne  décida  sa  voca- 
tion pour  les  lettres.  Tailhié  avait  em- 
brassé l'état  ecclé.siasti((ue.  Les  ])ar- 
ticularités  de  sa  vie  sont  inconnues. 
On  ignore  même  la  date  de  sa  mort, 
que  Fontette  place  avant  l'année  1 768 
(  Voy.  la  Bibl.  hist,  de  la  France , 
n".  i^i'io);  mais  il  est  probable 
qu'il  a  poussé  sa  carrière  jusqu'en 
1778,  époque  de  la  publication  du 
dernier  ouvrage  qu'on  lui  attribue. 
On  cite  de  hû  :  I.  Abrégé  de  V his- 
toire ancienne  de  RoUin ,  I^ausanne^ 
i']/\/^ /m-  l'À ,  î}  \o\. ,  souvent  réim- 
primés. La  quatrième  édition,  Neuf- 
châtel,  1770,  in- itx,  revue  par  l'au- 
teur ,  e^t  augmentée  d'une  table  géo- 
graplii(|ue.  On  l'a  réimprimée,  Lyon^ 
iHof),  lig.  11.  Abrégé  de  l'histoire 
romaine,  avec  des  réflexions  criti- 
ques, politiques  et  morales,  Paris, 
1 7  05,  4  vol.  hi'j'À}  nouvelle  édition 


TAI 

renie  ^  corrigée  et  anguenlëe  •  1 784» 
S  vol.,  Lyon  ^  1801,  iBoS,  ioa5,iih 
11,5  vol.  Ces  deux  Abré|^  ont  êké  1^ 
rivalises  par  le  Prms  de  l'hiitoîre  l'- 
ancienne et  de  l'histoire  romane ,  pir 
M.  Royou  (  Voyez  ce  nom ,  dus  b 
Biopaph.  des  nommes  vùhuêU  ,  ▼ , 
a64).  in.  Histoire  de  Louis  JU, 
Milan  (  Paris f,  1755 ,  3  vd.  m-is. 
Elle  est  exacte,  mais  écrite ,  niivaat 
Fréron  {Ann.  liitér) ,  a^ec  une  plaît 
simplicité.  IV.  Abrégé  dhroMion- 
que  de  l'histoire  de  la  société  ic  Jé- 
sus, sa  naissance,  ses  progrès,  n 
décadence,  etc.,  1759,  a  part.  îa- 
12;  nouv.  éd.  augmentée  y  1760,  w^ 
la.  V.  Remarques  succincies  etpa- 
ciliques  sur  les  écrits  pour  et  centre 
la  loi  du  silence ,  1760,  in- 13.  VI. 
Portrait  des  Jésuites  j  176a,  in-ia. 
Vil.  Histoire  des  entreprises  Ai 
clergé  sur  la  souveraineté  des  rob, 
i^G*;,  3  vol.  in- 13,  mni  à  Tnidexà 
Rome,  le  iç)  juillet   1768.  VIIL 
Traité  de  la  nature  et  du  gowerm 
ment  de  V Église ^  Berne,  '778,  3 
vol.  in- 13.  Cet  ouvrage  et  le  prM- 
dent  sont  allribués  à  l'abbé  TaîDiîéy 
par  Barbier ,  dans  son  Diet.  des 
anor^mes.  V^--«. 

TAILTaNDIERCCharles-Louis), 
savant  bénédictin  de  la  congr^tion 
de  Saint -Maur,  naquît,  en  1705, 
dans  la  ville  d'Arras.  Il  fit  profes- 
sion ,  en  1  y  37 ,  à  Tabbaye  de  JuflA- 
ges,  et,  s  alûndonnant  àTntiieÎB- 


pulsion  donnée  par  quelques -ans  de 
^e&  confrères ,  se  dévoua  tout  cnlkf 
à  l'étude  des  antiquités  nationakl. 
En  1 788 ,  il  fit  paraître  le  Pmjdt 
d'une  histoire  générale  de  Giamps- 
gne  et  de  Brie,  in -4^.  C'est  nneci- 
cellente  dissertation  ,  dont  on  traife 
l'analyse  dans  les  Observmiiam  de 
l'abbé  Desfonlaincs  sur  les  éciilsBio- 
dernes  ,  xv«.  lettr. ,  p.  314.  LaboUe 
Unigenitus  avait  réveOléleiqMKlkf 


TAT 

iu  jansénisme;  et  D.  Tail- 
le malheur  de  se  rendre 
ir  l*ëloge  des  appelants, 
iterrompre  les  recherches 
entreprises  sur  l'histoire 
ipne ,  il  vint  à  Paris,  et  se 
'■  publier  le  Dictionnaire 
*  bretonne ,  par  D.  Le  Pel- 
;  nom).  L'éditeur  l'enrichit 
cequicontientl'histoirede 
eltique ,  son  origine  et  ses 
et  dans  laquelle  il  indique 
[ui  l'ont  conservée  dans  le 
ailes  et  dans  l'Armorique. 
t  ensuite  à  I).  Morice  (  F^, 
pour  la  continuation  de 
de  la  province  de  Breta" 
rès  la  mort  de  son  colla- 
I  en  puLiia  le  second  vo- 
i-jSô.  Les  talents  qu'avait 
Taillandier  lui  méritèrent 
ses  supérieurs.  II  obtint  y 
he  bénéfice,  le  titre  d'ab- 
in  parlibus ,  et  mourut  en 
-e  1rs  ouvrages  cités ,  on  a 
Lettre  a  1).  Montfaucon 
*ien  monument  découvert 
le  de  ^Qims  { Mercure ^fé- 
\).  II.  Lettre  sur  les  diffë- 
slalions  du  corps  de  saint 
bè  de  GIanf(;uiI ,  Paris , 
-  12.  111.  h' Eloge  de  D. 
tcHe  du  tome  ix  de  VHist, 
%  France  (  /'.  I).  Rîvet). 
taptiste  Taillandier,  jé- 
lis,  s'embar([ua,en  1707, 
^lalo ,  pour  les  missions 
fit  le  tour  du  monde  par 
e  et  les  Philippines ,  et 
zèle  à  Pondichéri.  Quel- 
/alions  recueillies  dans  ses 
ont  insérées  dans  les  Let- 
ntes.  Voy.  le  Journal  des 
1715,  p.  'x^(S,  W — s. 
VSSON  (  Ji:an  -  Joseph  ) , 
laye ,  près  de  Bordeaux , 
l'un  négociant ,  qui  lui  fit 


TAI  599 

faire  d'exocllcntes  études.  Voyant  le 
peu  de  goût  qu'il  montrait  pour  le 
commerce,  ses  parents  lui  laissèrent 
le  choix  entre  la  robe  et  le  petit  col- 
let. Déjà  passionne  pour  les  arts,  il 
rejeta  l'un  et  l'autre  avec  une  égale 
répugnance.  Assuré  de  Téloignement 
de  sa  famille  pour  une  profession  qui 
promet  plus  de  gloire  que  de  fortu- 
ne, et  n'osant  contrarier  ouvertement 
un  préjugé  si  fortement  enraciné,  il 
s'avisa  de  rendre  les  murs  de  la  mai- 
son interprètes  de  ses  projets.  BiriF- 
tôt  on  lut  dans  tous  les  corridors  et 
les  escaliers ,  écrits  en  grosses  lettres  : 
Je  serai  peintre  ou  je  mourrai  y  y  en 
jure  par  Raphaël.  AfTermi  dans  ces 
dispositions  par  la  lecture  de  Vasa- 
ri,  de  Félibien  ,  etc.,  ainsi  que  par 
l'exemple  de  La  cour,  son  ami,  qui 
éprouvait  la  même  opposition  dans 
sa  famille,Taillasson  parvint,  à  force 
d'importunités,  à  triompher  de  toutes 
les  résistances.  Mais  son  départ  fut 
signalé  par  ses  parents  comme  celui 
d'un  mauvais  sujet  dont  on  ne  peut 
rien  faire ,  et  qu'on  abandonne  à  son 
malheureuxsort.  S'étant  mis  en  route 
avec  Lacour,  ils  arrivèrent  à  Paris, 
en  1 764.,  et  se  placèrent  dans  l'école 
de  Vien.  Malgré  son  âge  de  dix-huit 
ans  et  son  extrême  délicatesse,  qui 
tenait  peut-être  plus  encore  de  sa 
grande  sensibilité  que  de  ses  facul- 
tés physiques,  Taillasson  vint  à  bout 
de  triompher  de  toutes  les  difficul- 
tés que  présentent  aux  élèves  les  prin- 
cipes des  beaux-arts.  Impatient,  com- 
me sont  tous  les  artistes ,  d'aller  ad- 
mirer les  chefs-d'œuvre  de  la  peintu- 
re dans  la  tciTe  classique  des  arts,  et 
n'ayant  pas  réussi  dans  le  premier 
concours ,  plutôt  à  cause  de  la  briè- 
veté du  temps  accordé  aux  élèves 
pour  ces  sortes  de  concours,  que 
])ar  défaut  de  talent,  il  résolut  de 
faire  le  voyage  à  ses  frais.  En  ayant 


4oo  TAI 

oLtcnu  les  moyens  de  sa  Camille ,  mi 
[>cii  revenue  sur  son  compte  el  sur 
relui  des  lïeaux-arLs,  il  p.-irtit  pour 
riulic,  vers  i77-3.  S'ctaul  livre  à 
l'étude    avec  ardeur    pendant   les 
quatre  années  qu'il  passa  à  Rome , 
peu  de  temps  après  son  retour  à  Pa- 
ris il  se  fit  agréer  «î  r«icade'mie  de 
iieinture ,  sur  un  tableau  reprc'sentant 
la  naissance  de  liOuis  XI il ,  et  rece- 
voir deux  ans  après ,  sur  celui  d'U- 
lysse enlevant  à  Pliilocli'le  les  llc- 
ches  d'Hercule.  Dans  le  nombre  des 
tableaux  qui  font  bunneur  au  talent 
de  Taillasson,   nous   citerons   :   I. 
Firç^ilc  lisant  V Enéide  à  Anç^iiste. 
II.  Une  Scène  de  la  tragédie  de 
Rodogum'.  111.  Oljnipias  arrêtant 
la  fureur  des  soldats  venus  pour 
Vassassiner.  IV.  Timoléon  visité  à 
Syracuse  par  des  élranf^ers.  V.  La 
Mort  de  Sénètpie.  VI.  Androma- 
tpie  versant  des  larmes  sur  le  tom- 
beau d* Hector.  W\,  lléro  et  Léan- 
dre,  etc.  D.ms  le  cboix  des  sujets 
peints  par  Taillasson  ,  aiiLsi  que  dans 
Iciir  exécution ,  on  ivr.onnait  toujours 
une  profonde  sensibilité  et  beaucoup 
d'expression.  Le  seul  reprocbc  qu'il 
ment.it,  et  qui  tenait  plutôt  à  sa  ti- 
midité et  au  désir  de  bien  faire  qu'au 
manque  de  talent,  était  celui  de  re- 
venir trop  souveul  sur  la  même  par- 
tie, ce  qui  donne  à  ses  tableaux  l'air 
d'être  faits  péniblement.  La  littéra- 
ture et  la  poésie  étaient  l'objet  de 
ses  délassements.  On  a  de  lui  plu- 
sieurs poésies,  entre  autres  un  petit 
j)oème  imité  des  chants  de  Selma 
d'Ossiau ,  dans  lesquelles  on  retrou- 
ve la  même  sensibilité  que  dans  ses 
lablraïTX.  Son  ouvrage  intitulé  :  Ob- 
servations  sur  quelques  grands  ptin" 
très  [^  1807  ,    in  -  8".  ) ,    est  aussi 
utile  aux   ai'tisl&s   «[u'il   est  agréa- 
ble   aux   amateurs.    Ce   fut     ainsi 
i\\\Q ,  parvenu  à  l'a^jc  de  soixautc- 


TAI 

qiKiti*eaDS,i>aBscs  bitre  les  dâioes 
(le  l'amitic',  le  charme  des  arts  él  «- 
lui  des  lettres ,  Taillassou  lîit  enkfif 
à  ses  amis  le  1 1  novembre  180g.  Il 
montra  dans  ses  derniers  momats 
une  sécurité'  parfaite  ,  celle  dW 
ame  pure  qui  n'a  ancuu  reprodieà 
se  faire.  La  veille  de  sa  mort ,  rap- 
pelant un  de  ses  amis  ,  qui  le  croyait 
endormi,  et  lui  serrant  la  main  :  Dî- 
sons-nous  donc  bon  soir  mon  «mi, 
car  demain  il  ne  sera  plus  temps. 
L'auteur  de  cet  article  a  donne  nr 
Taillasson  une  Notice  plus  étadnc, 
qui  a  e'tc  imprimée ,  «n  1 8 1 1 ,  dans  k 
Moniteur  et  dans  les  Mémàttes  de 
r athénée  des  arts.  Il  existe  sur  hn 
une  autre  Notice ,  par  Bnnm-Nccr- 
gard  (  Magasin  encyeL  ,  1810 , 1, 
3 10).  P-^ 

TAILLE  (  JcAïf  DE  La),  va 
vers  1 540,  à  Bondaroy,  près  de  Pi- 
tliiviers  ,  d'une  familte  noble.  Son 
pore  ,  qui  était  sans  instruction  , 
voulut  que  son  fils  on  edt,  et  l'en- 
voya étudier  k  Paris.  Jean  de  la 
Taille  e^it  au  nombre  de  ses  matim 
Marc-Antoine  Muret;  ce  fnt  àQ^ 
léans  qu'il  fil  son  droit ,  sons  Anor 
du  Bourg  (  f^.  ce  nom  )•  On  peut 
croire  que  La  Taille  était  destiné  à 
la  magistrature  ;  mais  la  loctnre  dfl 
Ronsard  et  de  Du  Bella  j  le  fit  re- 
noncer à  la  jiirisprndcnoe ,  et  il  s'a- 
donna à  la  poésie.  Il  avait  suivi  pen- 
dant quelque  temps  le  parti  des  ar- 
mes; il  était,  en  ifiGâ,  an  camp 
près  de  Blois  ;  et ,  en  i568i  *■ 
camp  devant  Loiidun  :  c'est  tont  a 
qu*on  sait  de  sa  vie  ;  il  n'était  pis 
mort  eu  1602*  Il  a  été  éditeur  des 
ouvrages  de  Jacques,  son  ùttt  ca- 
det, mort  avant  lui  (  f^.  ci-après]: 
il  est  lui-même  auteur  de  :  L  Â- 
montrance  pour  le  roi  à  tous  ses 
sujets  qui  ont  pris  les  armes,  i563, 
iu-8^.^  pièce  de  vers,  ramprimëe 


TAI 

en  1572 ,  à  la  saite  de  Saiïl.  II.  Saiil 
le  furieux^  tragédie,  iTi^îx,  m-8*>., 
précédée  d'un  discours  sur  VArt  de 
la  tragédie ,  et  suivie  d'un  éloçe  de 
Jacques  de  La  Taille,  etc.  lll.  La 
Famine  ou  les  Gabaonites ,  tragé- 
die, 1573,  in-80.  On  trouve  à   la 
suite  la  Mort  de  Paris,  Alexandre 
et  OEnone  ,  poème  ,  le  Courtisan 
retiré^  le  Combat  de  fortune  et  de 
pauifreté ^  autre  poème;  les  Cori- 
vauXy  comédie  en  cinq  actes  et  en 
prose  (  qui  n'est  point  imitée  de  l'A- 
rioste ,  malgré  ce  qu'on  lit  dans  la 
Bibliothèque  des  théâtres ,  dans  les 
Recherches  de  Beaucbamps,  dans 
la  Bibliothèque  chartraine  de   D. 
Liron ,  dans  Léris  ,  et  même  dans  la 
Bibliothèque  du  Théâtre-Français, 
(par  Marin  et  le  duc  de  La  Vallière); 
le  Négromant ,  comédie  en  cinq  ac- 
tes et  en  prose  ,  imitée  de  l'Arioste, 
des  Élégies,  etc.  IV.  La  Géomance 
abrégée  de  Jean  de  La   Taille , 
pour  savoir  les  choses  passées ,  pre- 
scrites et  futures  ;  ensemble  le  bla- 
son des  pierres  précieuses,   i574, 
iii-8^.  ^  contenant  aussi  quelques  pe- 
tites pièces  de   vers.   V.   Histoire 
abrégée  des  singeries  de  la  Ligue, 
iSqS,  in-8^. ,  réimpriimée  avec  la 
Satire  ménwpée,  Ratisbonne,  1711, 
et  Paris  ,    Uelangle  ,     i8!i4.   VI. 
Discours  notables  des  duels,    de 
leur   origine  en  France  ,    et   du 
malheur  qui  en  arrive  tous  les  jours 
au  grand  intérêt  du  public.  Le  P. 
Niceron  dit  qu'il  y  a  nien  des  faits 
dans  ce  livre.  Quant  au  poème  en 
trois  chants ,  intitulé  :  Le  prince  né- 
cessaire ,  dont  Lacroix  du  Maine 
fait  mention ,  et  dont  La  Taille  parle 
liii-mrmc  en  tête  de  Saûl,  il  ne  pa- 
raît pas  qu'il   ait  été  imprimé. 

A.  B— T. 
TAILLE  (  Jacques  de  La  ) , 
frère  cadet  de  Jean ,  était  né  à  Bon- 

XLIV. 


TAI 


4oi 


darojr,  en  i54'2;  l'exemple  et  les 
conseils  de  son  frère  le  portèrent  à 
cultiver  la  poésie.  Des  l'âge  de  seize 
ans ,  il  composa  des  pièces  de  vers , 
et  même  des  pièces  de  théâtre.  Ce- 
pendant  il  n'a    pas    été  mis   par 
Baillet   au  nombre  des  enfants  cé- 
lèbres.   Jean  Dorât    avait  été    son 
maître  de  grec  ,   et  l'élève  faisait 
beaucoup  d  honneur  au  professeur , 
s'il  faut  en  croire  Jean  de  La  Taille. 
Jacques  mourut  de  la  peste,  à  Paris, 
au  mois  d'avril   i562,  âge  seule- 
ment   de  20    ans.  Selon    Lacroix 
du  Maine,  il  haïssait  tellemeut  les 
Manceaiix  et  les  Normands  ,  qu'il 
louait  Dieu  de  ne  pas  l'avoir  fait 
naître  en   Normandie ,  ni  dans  le 
Maine  y  mais  en  Beauce.  On  a  de  lui 
les  ouvrages  suivants ,  dont  sbn  frère 
fut  l'éditeur  :  I.  La  Manière  defcU- 
re  des  vers  en  français  comme  en 
grec  et  en  italien^  1578,  iu-8«. 
Les  vers  mesurés  sur  la  quantité  et 
sans  rimes  n'ont  pas  été  naturalisés 
en  France ,  malgré  les  tentatives  fai- 
tes à  diverses  reprises.  (  F,  Mousset). 
IL  Daire ,  tragédie,  i573,in-8*>. 
Daire  est  Darius  ;  c'est  dans  le  récit 
du  cinquième  acte  que  l'auteur  a  pris 
une  licence  dont  on  ne  connaît  pas 
d'autre  exemple ,  au  moins  dans  le 
genre  sérieux  :  voici  les  dernières  pa- 
roles ^u'ou  y  rapporte  de  Danus 
qui  pne  Alexandre  d'avoir  sa  famil- 
le en  recommandation  : 

O  Âlruuidre,  adieu  f  quelque  part  que  tu  sois  , 
Ma  mère  rt  mes  «^ufanfii  ave  en  recoruiuanda.... 
U  ne  put  acbever ,  car  la  riitirt  l'en  gard». 

111.  Alexandre,  tragédie,  1/575. 
Léris ,  dans  son  dictionnaire,  et  les 
Anecdotes  dramatiques,  attribuent 
à  Jacques,  trois  autres  pièces  :  Atha- 
mont ,  JViobéet  Progné,  Ces  pièces, 
que  mentionnent  aussi  Lacroix  du 
Maine  et  D.  Liron ,  n'ont  point  été 
imprimées;  du  moins  on  n'en  connaît 

a6 


4oi 


TAI 


aucun  eiKiD plaire.  IV.  Rocueil  des 
inscriptions  ,  anafçrammatismes  et 
autres  œuvres  poétiques ,  «i  la  suite 
du  Soûl  le  furieux^  de  Jean  de  La 
Taille.  Le  Morcri  de  1 759  annon- 
ce que  dans  la  Bibliothèque  fran- 
çaise de  Goujel  on  trouvera  une 
tiistoire  exacte,  etc. ,  des  dcu\  fi'èrcs 
de  La  Taille ,  où  il  a  su  corrigei*  les 
fautes  qui  c'iaient  e'cliap])e'c.s  à  ceux 
rioi  en  unt  parle  avant  lui.  Mais  le 
(lix-liuitieme  et  dernier  volume,  qui 
ait  e'té  ))ublic  de  la  Biblothèque 
française  y  e,st  de  17.56  :  il  est  A 
croire  que  l'article  sur  les  frères  de 
La  Ta i lie  faisait  |)artie  des  tomes 
dix-neuf  et  vingt,  qui  sont  restes 
manuscrits  (  f^oj,  («oujet,  XVIII, 

/ÏÂILLEPIED  (Noix),  historien, 
ne',  \'ers  i54o,  dans  le  diocèse  de 
Rouen ,  prit  jeune  Thabit  de  cordc- 
Jicr,  se  lit  recevoir  docteur  en  llie'o- 
logie  à  la  faculté'  de  Paris ,  et  pro- 
fessa plusieurs  années  cette  science  à 
Pontoise  et  dans  d'autres  maisons  de 
son  ordre.  Désirant  mener  uuc  vie 
pkis  parfaite  ,  il  passa  dans  Tordre 
des  capucins ,  et  mourut ,  en  1 589 , 
à  Angers  ,  où  ses  confrères  venaient 
dV'tre  reçus.  Comme  leur  église  n'é- 
tait pas  achevée  ,  il  fut  inhumé  dans 
la  chapelle  dite  du  Saint- Esprit,  sous 
les  murs  de  cette  ville.  C'était  un 
homme  savant  et  laborieux,  mais 
crédule.  Outre  quelques  livres  tliéo- 
loçique.s,  cités  par  nos  anciens  bi- 
bliothécaires I^a croix  du  Maine  et 
Duverdier,  mais  qui  ne  jnniveut  plus 
offrir  aucun  mtéret(  /'.  JJuindkukn  ), 
on  a  de  lui  :  I .  Les  Fies  (le  léUthcr , 
dr  Carlos f ad t  (André  l^odeslein)  et 
de  V.  Martyr^  Paris  ,  1^77,  in-8". 
\jx  vie  de  Luther  a  été  réimprimée , 
avec  celles  de  Calvin  et  de  Th.  de 
Bczc  ,  par  Jérôme  Boiser  ,  sons 
c«  titie  :  Histoire  des  vies,  mœurs. 


TAI 

a€les  et  morts  des  trois  jnimeipMa 
hérétiques  de  notre  temps ,  Doiui, 
iGit>,in-iïi,rarc(i).ll.  CommteB- 
tariiin  ThrenoSy  sive  lamentatkmes 
Uieremicp  prophetœ  ,  ibid. ,  iSSa, 
in  S^". ,  cite  par  Vogt ,    CtU,  Ubrot, 
rarior.  III.  Abrégé  de  la  phâoso- 
phie  d* Aristote  y  i583  ,  m^^,  IV. 
Histoire  de  l'état  et  république  da 
Druides  y  Eubages,  Sarouides,  Bu^ 
des ,  Vacies ,  anciens  Français,  gi» 
veraeursdu  pays  des  Gaules,  drwM 
le  déluge  jusqu^àJ.-C,  ibid.,  i5oS, 
in-8^.,  livre  plein  de  fables  et  d'idén 
singulières,  mais  qui  u'en  est  pti 
moins  recherché  des  curieux.  On  ai 
trouve  l'analyse  dans  la  BUtL  kist, 
di*.  la  France^  i,  38i3.  J.  Geei& 
FricK  en  a  donné  im  extrait  dans-k 
Commentar.  deDruidis  oceidaâaL 
Pojnélor.  philosophis,  v-,  p»rf»(  f, 
Frick  ).  V.  Recueil  des  antiquitét 
et  singtdarités  de  la  thIIc  de  Hêum, 
Rouen,   1587,  ii>-&>.,  rare.  U  ji 
des  exemplaires  avec   im  noiifai 
frontispice  de  lOi  0.  VI.  UAntifÀi 
de  Pontoise ,  ibîd. ,   1 58^  ,  în  -  fc 
VIL  Traité  de  VapfMuiiian  des  Ê$^ 
pritSy  à  savoir  des  amesa^rMii 
fantômes ,  etc.,  itt-ia  ^  saureulra* 
primé  dans  les  premières  auiMili 
17'.  siècle.   L'édition  que  préfiMtf 
les  curieux  est  celle  de  t6oa ,  i»i^ 
Paris.  Cet  ouvrage ,  dit  Ijenckl  J^ 
fresnoj ,  d'iui  hon>me  babîfe.  Mi 
crédule  y  est  écrit  bifn  lauguîn» 
ment;  il  n'a  pas  laissé  d'aTOÎrqait 
que  cours.  Fqx.  la  table  dèia«M% 
à  la  suite  de  son  Recueil  de  Dist^ 
tations  sur  Us  apparitions,    W* 
TAISAND(PiEâiiE),ji 


né  à  Dijon,  le  *]  jauTÎer  i6^â 
(ils  d'un  cmiseiller  au  baBli|llft 


'O  C.Vst  p>r  nrrur  qne,  dans  lr«  MlMiVb 
trilmr  ù  T..iIJepird  U  I  ic  rfc  n.  Aâfar^Aflâ 


tl«  Dolf  ec. 


'» 


.  I 


TAi 

^t,  H  pareot  de  Bossiiet. 
voir  fait  ses  études  avec  siic- 

colléç;e  des  jésuites  à  Pont- 
sou  ,  il  alla  faire  son  cours  de 
Touloiv>e,  et  prit  ensuite  ses 
i  l'université  d'Orléans.  11  se 
)ieut6t  au  premier  rauç;  des 
avocats  qui  fré({uentaient  le 
1  de  Dijon.  Plusieurs  de  ses 
ers  furent  insérés  dans  les 
ixdu  Palais.  Dans  un  voyage 
:,  en  iG^S,  à  Paris,  il  reçut 
loiguagcs  particuliers  de  l'es- 
i  preuiipr  président  de  La  moi- 

de  mademoiselle  de  Scudéri, 
Imit  aux  réunions  de  savants 
le  était  i'oracle(^^ScuDtRi  ). 
catessc  de  sa  poitrine  ayant 
Taisand  de  renoncer  au  bar- 
1  acquit,  en  i68o,  une  charge 
orier  de  France.  Dans  les  loi- 
e  lui  laissait  cette  place ,  ilen- 
dilTércnts  ouvrages,  entre  au- 

CommerUaire  sur  la  coutume 
:hé  de  Bourgogne,  qu'il  mit 
r  en  1698,  in- fol.  II  se  démit 
barge,  qu'il  avait  exercée  avec 
ir  pendant  vingt-six  ans,  ré- 
.€  con!>acrer  entièrement  ses 
rcs  années  à  la  culture  àits  !et- 
oais  le  temps  lui  manqua  pour 
îr  les  ouvrages  qu'il  méditait, 
id  mourut  h  Dijon  ,  le  12 
{•^ID,  et  fut  inhumé  dans  Té- 
de  Saint  -  Étiemie ,  sous  une 

décorée  d'une  épitaplic  ra])- 
;  par  Papillon  (  BibL  de  Baur- 
'  ,  II  ,  5oG  ).  Quelques  jours 
sa  mort,  il  avait  reçu  de  Louis 
on  médaillon  d'or ,  comme  un 
ragcmeut  à  ses  travaux.  Outre 
jes  opuscules  ascétiques  ,  on  a 
:  L  Histoire  du  droit  romain , 
,  iOnS  ,  in-i'i.  11  dédia  cet  ou- 

à  Èossuet,  alors  évétpic  de 
HB.  IL   Commentaire  sur  la 
du  duché  déf  Bourgogne  ; 


TAI 


4o3 


il  se  proposait  de  dernier  une  édition 
augmentée  de  cet  ouvrage ,  que  celui 
de  Bouhier  (  ^o^.  ce  nom  )  a  rendu 
tout-à-tait  inutile.  IIL  Les  Fies  des 
plus  célèbres  jurisconsultes  de  tou- 
tes les  nations,  tant  anciennes  que 
modernes,  par  ordre  alphabétique, 
au  nombre  ae  près  de  cinq  cents.  Ce 
n'est  qu'une  compilation  (  Voyez  D. 
Simon,  xlii,  p.  386).  La  plupart 
des  articles  sont  fort  succincts ,  quoi- 
que rédigés  avec  peu  de  précision  ; 
l'auteur  est  trop  sobre  de  dates  et  de 
détails  bibliographiques.  La  Notice 
la  plus  importante ,  par  son  étendue 
et  sou  exactitude ,  est  celle  du  prési- 
dent Favre ,  qui  occupe  69  pages. 
I^s  aiticlesdes  trois  Socin,  juriscon- 
sultes de  Sienne  (  Marien  l'ancien  , 
mort  en  146*7  ;  Marien  le  jeune ,  en 
i556;  et  Barthélemi,   en  1607  )y 
sont  aussi  traités  avec  quelque  dé- 
veloppement. Claude  Taisand  ^  son 
iils ,  religieux  de  Citeaux ,  en  donna, 
la  première  édition  ,   Paris  ,  1721  , 
in  -  4**-  »  précédée  de  la  Vie  de  l'au- 
teur ,  qu'il  avait  publiée  séparément 
en  1715.  La  seconde  édition ,  Paris^ 
1737,  in-4**.,  augmentée  (par  Per- 
rière ) ,  laisse  encore  beaucoup)  à  dési- 
rer (  i  ).  La  Monnoye  avait  fait ,  sur  cet 
ouvrage ,  des  remarques  que  le  nou- 
vel éditeur  paraît  n'avoir  pas  con- 
nues ,  puisqu'il  n'en  a  pas  prolité. 
La  bibliothèque  et  les  manuscrits  de 
Taisand  furent  légués  par  son  fib  à 
l'abbaye  de  Ctteaux.  Outre  des  ques* 
/ 10/15  de  droit  et  des  })laidoy ers,  on 
remarque^  parmi  les  manuscrits,  des 

fi^,  1^  froDti»|iiLe  de  l'édition  d«  1737  •iinoncc 
qii  elle  est  au^mrtitct  d'un  lirri.  Le*  addittoH* 
Tout  de  la  pu.,*'  583  à  \t\  pa^c  74j«  ;  naû  «lies  im 
ifiiur  p.u  fu.iduefc  dans  l'uuTi-uge:  rllri  ont  été  ia. 
liriiiiées  pour  vXtti  piiutes  «111  eiemplaireu  qui 
étaient  eu  loaga^iu,  dr  l'editiou  da  1711.  Le»  addi- 


tion* seule*  ayant  «té  iuipriniéen  en  1737  .  ir  n« 
•i   l'un   peut:  cuuipler  pour   nouvM*  édition  l«a  , 
exampUii  M  dn  Taisand  qviipoTlcul  cette  dittt.  Aa  ' 
reit'  y   lei  addition  t    de  Fvrri^re   sont    presqw* 
tnate*  pri^o  de»  H!into:rcs  d*  Niorma.     A.  B— T, 

16.. 


4o4  TAI 

traductions  des  lois  de  Cicéron  et 
des  poésies  de  Gatiillc,  et  un  Recueil 
ou  Dictionnaire  de  bons  mots ,  choi- 
sis des  anciens  et  modernes ,  en  70 
vol.  in-12,  dont  son  iils  annonçait 
le  projet  de  publier  un  extrait ,  sous 
le  titre  de  Tainaniana.  On  peut  con- 
sulter ,  pour  plus  de  détails  :  la  Fie 
de  TaLsând ,  déjà  citée  ^  la  BibL  de 
Baurgopte  ;  et  les  Vies  des  Coni- 
rnentateurs  de  la  coutume  de  Bour- 
gogne, par  Bouliicr.  Le  portrait  de 
ce  jurisconsulte  a  e'tc  grave  in-.fO. 

W— s. 
TAÏ-TSOU  (i),  emncreur  de  la 
(^bincjclief  etfondatcurae  îa  dynastie 
des Tclieou postérieurs,  nionti  sur  le 
Irone  Tan  f)5i  de  î'crc  chrcticime. 
Ayant  son  élévation,  il  portait  le  num 
de  Kono-ouci,  qu'il  avait  illustre' 
dans  la  guerre  contre  les  Tartarcs. 
Ses  talents,  joints  à  sa  naissance, 
relevèrent  rapidement  aux  premiers 
emplois  militaii^es.  Il  fut  un  des  qua- 
tre mandarins  auxquels  IVmpereur 
Kao-tsou  recommanda  son  iils  Yu-ti, 
qu'il  avait  déclaré  son  successeur.  La 
confiance  de  ce  prince  dans  ses  mi- 
nistres ne  fut  pomt  trompée.  Kono- 

(i)  On  A  de\ï  eu  i>crn<iiun  de  faire  ubteryer  que 
Irt  uoni*  pur  IniqiirU  1rs  rnipereuri  vliiiiuii  muiI 
dr»îgiie>  dam  les  écrite  des  l'Jiiro|i(>cus  ue  «ont  pas 
dr  Tcritalilvs  doiiih  ,  nuis  df><t  apprllatiou»  4ioiiori- 
fh]ues  deevnjcec  i  et»  priuirt  aprèa  leur  ainri  ,  ou 
des  titres  auigu«rs  ans  anaves  île  leur  n*KBe.  Les 
nouis  di*  Taj-tMJU  et  de  Tai-lsoung  anparlîennciit  k 
la  première  dassc  ,  niusi  que  cmii  de  ('.lii*t<^iu  et 
de  (..hi-rnoung,  de  W-en-li ,  de  Wou-ti  et  plusieurs 
autres.  Chai-un  de  ces  iiuiiif  revient  dans  l'histoire 
chinoise  aulaut  de  fois  qu'il  y  a  dr  cluiif;eiaent  de 
dynastie  ,  et  l'ordre  dans  lequel  il*  rr]>araiiif(«Dt  est 
A  peu  pr^s  fixé  par  l'usage ,  de  sorte  que  pour  sa- 
Toir  de  ouel  prince  ou  entend  varier,  il  e5t  ueres- 
saire  d'être  infuriné  du  nom  de  la  f'arnille  impériale 
tb laquelle  re  prince  appartenait.  Ta'i-tiwin  [leç^rnnd 
airut'  «'Ht  le  nom  qu'on  donne  d'ordinaire  au  fuo- 
dateur  d'nue  dyuaktie,  TaHsiiung  (  l'  grand  il- 
hulrr  prince  )  m  celui  gui  l'a  contolidee  itu  qui  en  a 
•ugineutc  l'rrUt  ou  la  puisMnre.  Du  reste  il  y  a  daus 
|e«antiale«rliiiiiji4«*»iinp  doiicaine  dr  Tai-lviu  et  au- 
lanl  drTwi-lsouiig.  Pour  n'-enlcmlrr  il  ftiut  a-ouler  le 
nom  de  la  dvnn<lie  :  Suimfi  Tai-ltMiinig  ou  Tluiiig 
Tiii-tsuunK',  fe  T  i't.«oungdr  \n  dyiinstif  dr»  Soung 
ou  de  d'Ile  dr^Than;;  ;  Tclieou  Tiii-tsoti  ou  Yuuan- 
Tdi-lKun  ,  Ir  Ta i -4  «ou  des  Tcheon  ou  desTnuan, 
••le.  A.  H— T. 


TAl 

ouci,  charge  de  pacifier  Les  ptotm* 
ces  de  l'occident ,  assi^ea  les  chefr 
des  rebelles  dans  les  places  où  ils  s'^ 
taicnt  renfermés,  et  les  força  de  se 
donner  la  mort.  Aflermi  sur  son  trô- 
ne ,  Yu-ti  ne  songea  plus  qu'à  se  li- 
yrer  à  son  goût  eflcéne'  pour  les  plai- 
sirs. Il  abandonna  le  soin  du  gouver- 
nement à  ses  ministres,  et  nomma  le 
brave  Kono-ouci  commandant-géné- 
ral de  ses  troupes.  Des  ministres  in- 
tègres ne  purent  voir  sans  peine  les 
revenus  de  l'état  dissipés  en  vaines 
prodigalités.  Au  risqueae  lui  déplaire, 
ils  osèrent  faire  des  représentations 
à  Tempereur  sur  la  nécessité  de  dimi- 
nuer ses  dépenses.  Yu-ti ,  loin  de  leur 
savoir  gré  de  cette  noble  franchise,  les 
lit  mettre  à  mort,  et  donna  en  même 
temps  l'ordre  d'exterminer  leurs  fa- 
milles. Un  sort  pareil  menaçait  Ko- 
no  -  ouci.  I^s  solda  te ,  dont  il  avait 
gagné  le  cœur  par  sa  prudence  cC  lei 
libéralités ,  l'engagent  k  se  rendre  k 
la  cour,  pour  dissiper  les  impressions 
fâcheuses  qu'on  aurait  pu  donner  k 
l'empereur  sur  sa  conduite,  «t  tons 
veulent  l'accompagner.  Eflrajé  par 
le  bruit  de  sa  marche,  Yu-ti  rassem' 
ble  à  la  hâte  des  troupes,  et  s'avance 
au-devant  de  Kono-oud  ;  mais  il  est 
abandonné  par  ses  soldats  :  sa  capi- 
tale lui  ferme  ses  portes.  Il  arrive  la 
nuit  dans  un  village  dont  les  habitant» 
prennent  les  armes  pour  sa  d^nise  ; 
et ,  dans  le  tifmulte ,  l'empereur  est 
tué  sans  être  reconnu.  Kono  -  ond 
s'empresse  d'inviter  l'impératrice  k 
se  concerter  avec  les  mandarins  pour 
désigner  un  successeur  à  l'empire. 
Les  suffrages  se  réunirent  sur  nu  ne- 
veu d' Yu-ti  ,  que  ce  prince  avait  adop- 
té; mais  ce  choix  mécontente  les  sol- 
dats. Alors  l'impératrice  fortie  Kono- 
ouci  de  saisir  les  renés  de  l'éttt. 
Le  premier  soin  de  Taïrtsou ,  en 
tant  sur  le  trdne,  fut  de -publier 


TAI 

de  générale.  Descendant  d'une 
ranches  de  la  grande  famille 
beou,  il  ordonna  que  sa  dynas- 
endrait  ce  nom.  Des  qu'il  eut 
éses  états  Jl  alla  visiter  le  tom- 
leConfucius,  auquel  il  décerna, 
1  édit,  le  titre  de  roi.  Les  cour- 
qui  raccompagnaient  lui  ayant 
;enté  Tinconvenance  d'accorder 
e  à  un  homme  qui,  pendant  sa 
vait  été  le  sujet  d'un  petit  priu- 
On  ne  peut,  répondit -il ,  trop 
cr  celui  qni  a  été  le  maître  des 
t  des  empereurs,  »  Cependant 
e  d'Yu-tJ  n'avait  point  renoncé 
^rétentions  au  trône.  Allié  avec 
les  gouverneurs  mécontents ,  il 
da  pas  à  lever  l'étendard  de  la 
e.Tal-tsou  chargea  quelques-uns 

généraux  de  marcher  contre 
belles.  L'alTaiblissement  de  sa 
l'obligeait  de  rester  dans  son 
.  Tous  les  soins  ne  purent  le  ré- 
j  et  il  mourut,  en  ç)54 ,  à  l'âge 
quante  trois  ans ,  laissant  pour 
iseur  son  neveu ,  qui  prit  le  nom 
ii-tiong.  D'après  ses  intentions , 
nhumé  en  habit  de  bonze.  C'est 
a  deu3Jème  année  du  rëgne  de 
ace  que  fut  publiée  l'édition  des 
King^  imprimée  avec  desplan- 
lebois;  véritable  édition  »ri»- 
dit  M.  Abel-Rémusat ,  qm  fixe 
[ue  de  l'établissement  de  l'art 
raphique  à  la  Chine  {Joum.  des 
1820,  p.  v')57  ). — Ce  nom  de 
Tsou  est  commun  à  plusieurs 
teurs  de  dynasties  à  la  Chine  , 
le  plus  célèbre  est  celui  qui  est 
irement  cité  sous  le  nom  de  Gen- 
I ,  ou  plus  exactemeut  Tching- 
lan  (  P''.  Djenguyz-khan  ). 

W— s. 
.1  -  TSOUNG  ,  empereur  de  la 

,  succéda  ,  l'an  97  7 ,  à  son 
Taï-tson ,  fonda teiir  de  la  dj- 
des  Song ,  et  qui ,  pendant  un 


TAI 


4o5 


règne  de  dix-sqif  années ,  avait  af- 
fermi sa  puissance  et  amélioré  le  sort 
des  peuples  ,  en  favorisant ,  par  des 
lois  sages  j  l'agriculture ,  le  com- 
merce et  les  arts.  Le  nouvel  empe- 
reur se  concilia  l'estime  et  l'airectiOD 
de  ses  sujets  parle  respect  qu'il  mon- 
tra pour  la  mémoire  de  Confucius; 
il  se  hâta  de  renouveler  Tédit  qui 
déclarait  exempts  d'impôts  les  des- 
cendants du  sage  législateur  de  la 
Chine  ,  et  accnit  les  privilèges  dont 
ils  avaient  joui  jusqu'en  954.  Taï- 
tsoimgétoufla,  presque  sans  peine,  la 
révolte  du  prince  de  Han  ;  mais  il  ne 
fut  pas  atissi  heureux  dans  son  des- 
sein de  s'opposer  aux  excursions  des 
Tartares  de  Leno.  La  guerre  qu'il 
leur  lit,  entremêlée  de  revers  et  de 
succès ,  l'occupa  presque  sans  relâ- 
che. Jamais  pnnce  n'aima  plus  ten- 
di-ement  sa  mère.  Quand  ses  loisirs 
le  lui  permettaient ,  iJ  examinait  luî- 
méme  ce  qu'on  devait  servir ,  le  ma- 
tin et  le  soir ,  à  la  table  de  l'impéra- 
trice. Dans  la  dernière  maladie  de 
cette  princesse  y  il  ne  quitta  son  che^ 
vet,  ni  le  jour ,  ni  la  nuit;  et  le  cha- 
grin que  lui  causa  la  mort  de  cette 
mère  chérie,  affaiblit  beaucoup  sa 
santé.  Plusieurs  années  après  ,  ayant 
été  conduit,  dans  un  voyage,  au  palais 
de  Tong-tcheou ,  il  changea  de  cou- 
leur en  l'apercevant,  et  ait  à  ses  of- 
ficiers :  a  C'est  ici  que  ma  mère  a 
prodigué  tant  de  soins  et  de  caresses 
à  mon  enfance;  et  maintenant  ma  re- 
connaissance n'a  plus  de  chemin  pour 
arriver  jusqu'à  elle.  »  En  prononçant 
ces  derniers  mots ,  sa  voix  s'éteignit 
et  des  larmes  inondèrent  son  visage 
(  Mémoires  sur  les  Chinois ,  iv  , 
254).  Tai-tsoung  protégea  les  lettres. 
Savant  lui-même  ,  il  s  était  fait  une 
bibliothèque  composée  de  quatre- 
vingt  mille  volumes  (  Descript,  de 
la  Chine  y  par  Dubalâeyi«'.)llchan- 


4o6  TAI 

goa  raDcieono  division  de  l'empire  y 
qu*il  partagea  en  quinze  provinces  , 

et  mourut ,  en  Cfxi  y  ^  ^'^S^^  ^^  <^"^ 
quantc-netif  ans.  Les  historiens  chi- 
nois s'accordent  à  K»uor  le  discerne- 
ment de  Tal-tsoiinç; ,  son  cquitc' ,  et  la 
sagesse  avec  laquelle  il  distribuait  les 
récompenses  et  les  châtiments.  Fojr, 
Thiï>tsoung.  W — s. 

TAlX  ((lUiuLAUUE  de)  y  naquit  à 
Fresnai,  près  de  Cliâtoaudun  ,  vers 
1 53u.  Issu  d'une  famille  noLle  de  la 
Tourainc  (i),  il  devint,  jeune  enco- 
re y  chanoine  et  doyen  de  l 'église  de 
Troyes,  el  abbé  de  Basse-Fontaine. 
Il  mourut  le  *;  septembre  1 5(|().  On 
ti'ouve,  dans  les  Mélanges  histori- 
ques que  Nicolas  Camusat  (it  impri- 
mer à  Troyes ,  en  1 0 1 9 ,  in-S**. ,  nn 
ouvrage  curieux  et  intéressant  de  G. 
de  Taix;  il  a  pour  titre  :  Jiccueil 
sommaire  des  propositions  faites 
i$ux  Etats  de  Blois  j  en  i5';6 ,  etc. 
Députe  à  cette  assemblée  fameuse,  il 
le  fut  aussi  à  celle  de  Melun ,  en 
iSrg,  et  à  celle  de  Paris,  en  i586, 
il  dut  ces  missions  honorables  à  son 
attachement  à  la  cause  royale  et  à 
son  aversion  pour  les  Ligueurs.  Ce 
ne  fut  que  long-temps  après  sa  mort 
qu'on  livra  à  l'impression  ses  Mé- 
moires des  affaires  du  clergé  de 
France ,  en  1 57! i ,  1 5^9 ,  1 58o , 
1 585  et  i58G ,  en  forme  de  journal, 
etc. ,  Paris ,  Bouillcrot ,  1 6'i5 ,  1  voL 
iii-4".  Cet  ouvrage,  non  moins  cu- 
rieux que  son  Recueil  sommaire ,  ren- 
ferme une  foule  de  particularités  qui 
n'ont  pas  cesse  d^offrir  un  grand 
inteVêt.  D — b — s. 

T  A  I  Z  Y    (  Cf.AUDK-ANDRK-jEAN- 

Baptistk  (x)quebi:rt  de),  ancien 
capitaine  au  régiment  de  Bresse-in- 


TAl 

fanterie,  né  à  Rdm.  le  i5  îaaw 
1 758 ,  mente  d'être  uîstiiieiie  Dami 
les  plus  savants  biUiograpMS  ae  sa 
temps.  Dès  qu'il  est  lemunë  ses  éli- 
des,  il  entra  fort  jeune  au  serrioe, 
fut  d'abord  attache,  comme  Tolan- 
taire ,  au  régiment  dePoiton ,  -et  pMr 
sa  dans  cdui  de  Bresse,  en  1773*  A 
l'époque  où  les  États-Unis  d'Améri- 
que déclarèrent  leur  indépendanee, 
Tai7.y  fit  successivement  et  aTecA- 
tinction ,  la  guerre  sur  les  Taissean 
du  roi  le  Saint-Esprit^  le  Somv- 
rain  et  le   Triomphateur,  Il  assislK 
«i  la  prise  de  Tabago ,  aux  cofldiaii 
de  Saint-Christophe  et  de  la  Gfaesa- 
pcack ,  signala  sa  braroure  à  la  |B- 
se  d'York-to>vn   en   -Virginie ,  «I 
notamment  au  combat  du   ilk  ani 
1 78a.  A  son  retour  en  France,  il  k 
dela.ssa  par  l'étude  des  scteneesA 
des  belles-lettres,  pour  lesqueUes  îl 
avait  un  goût  passionné.  La.  tcvoIh' 
tion  éclata  ;  et  Taizy,  singukièraBÇBt 
attaché  à  la  monarchie ,   «liëflîli 
pointa  re] oindre Parmée  despmom, 
réunie  sur  les  bords  du  Rhin,sa«i 
les  ordres  du  prince  de  Coudé  ,  m 
1791. 11  se  trouva  k  tontes  les  atti- 
res où  il  j  avait  de  la  floîre  à  ac- 
quérir, hit  blessé  à  Oberkanlaeh, 
en  1796 ,  et  eut  pour  récompai- 
se  la  croix  de  Saint- Louis.  Ayaot 
suivi  l'armée  de  Condé ,  en  Afc- 
magn(^rt   en   Russie ,  en   qnahr 
de  major,  il  ne  la  quitta  que  Ims- 
qn'élle  fut  licenciée,  en  17^(6.  Mi 
qn'il  lui  fut  permis  de  rentrer  dns 
sa  patrie ,  il  vmt  y  recueillir  les  dé- 
bris de  sa  fortmie,  et  consacra  Ifl» 
ses  moments  à  sa  famille  et  il  V4bt 
de.  Littérateur  distingué ,  tout  ce 
qui  sortait  de  sa  plume  annonçait  mie 
saine  critique  ^  un  goût  par  ot  ielî- 
cat.  S'étant  occupé  à  mettre  en  or- 
dre la  bibliothèque  de  Aeias,  îl^  ic- 
ciicillity  par  oe  travail  deprééML 


é' 


TAI 

liblio^rnphiques  ;  et  il 
ictiuu  d*eii  ])rocurer  de 
utiles  à  Barbier^  pour 
nairc  des  anonjmes , 
Biographie  universelle, 
lie  (le  fort  bons  articles, 
i  manuscrits  des  Notices 
1  plus  {;raud  intérêt.  Tai- 
k  la  critique  la  plus  ju- 
aux  plus  vastes  connais- 
arc  modestie.  Rien  sur- 
l  .sa  jïroLitc  et  son  de'sin- 

Cet  Lonime  de  bien  , 
des  clicv;iliers  français, 
carrière  à  Keiins,  le  8 
/).  J— B. 

H  ou  TACASCH  (  Ala 
iltbau  du  Kharizuie  ou 

,  était  le  iils  aîné  d*ll- 
lui  avait  donné  pourar- 
illc  de  Djorid,  près  ae 
c  d«i  Sihoun  (  le  laxar- 
arl  d'11-Arslan  ,  son  jdus 
litliau  Chah  Mahmoud , 
s  sur  le  tronc  par  le  ci^ 
i  tutelle  de  sa  mcre ,  Tan 
:;.  (  1 172  de  J.-C.),Ta- 
aa  une  juste  part  dans  la 
ic  son  père ,  offrant  de 
arizme  à  son  frère ,  et  de 

du  Khoraçan.  Sa  de- 
l  été  rejelée ,  il  rassem- 
ipes  ,  et  au  moyeu  des 
reçut  du  khan  de  Gara- 
mtra  dans  le  Kharizmc, 
me  suhlian^  et  força  son 
•étirer  à  Niscliabour.  La 
eu  entre  les  deux  princes 
leurs  années  ;  mais  vSul- 
<e  maintint  dans  la  partie 
I  Khoraçan.  L'an  588 
kasch  alla  dans  l'Irak 
secours  de  Tatabek  Ki- 
r,  ce  nom)^  attaque  par 
sulthan  seldjoukidc  de 
ni,  à  sou  arrivée,  que  ces 
f  avaient  fait  la  paix,  et 


TAK  407 

ne  voulant  pat  perdre  entriTeiucut  le 
fruit  de  sa  campagne ,  il  s'empara  de 
Rcï   et  de  Thabrek.  L'amiée   sui- 
vante ,  il  devint  seul  possesseur  de  la 
monarchie  Kharizmienue  ,   par   in 
mort  de  son  frère.  En  690  (  1 194)« 
il  revint  dans  l'Irak,  pour  faire  la 
{îiicrrc  à  Tboghrul ,  qui  avait  repris 
Keï ,  et  il  réunit  à   son  empire  tous 
les  états  de  ce  sulthan,  le  dernier  des 
seldjoukides  de  Perse  (  f^qr.  Tho- 
GRouL  m  ).  Plusieurs  poètes  con- 
temporains célclirèrent  sa  couqiiéte 
de  1  Irak.  Au  printemps  suivant,  il 
marcha  vers    le  Mawar-al-nahr , 
pour  airêter  queU[ues  mouvements 
duKhande  Saganak,  qui,  étant  venu 
au-devant  de  lui ,  se  soiunit  et  obtint  s«t 
çràcc,  Sand  jar^beau-frèivdu  sulthau^ 
avait  trempé  dans  une  conspiration 
dont  le  but  était  de  soustraire  ic 
Khoraçan  à  la  domination  de  Ta- 
kasch.  Ce  prince  le  lit  arrêter   et 
aveugler:  mais  bientôt  y  à  la  demande 
de  sa  sœur,  il  le  mit  en  liberté,  et 
lui  accorda  une  pension.  Cependant 
le  khalifeNasserliedin-Allah;  croyant 
reconquérir  l'Irak  plus   facilement 
depuis  qu'il  n'était  (uus  défendu  par 
la  présence  de  son  souverain ,  y  en- 
voya une  armée.  Ynanedj ,  gouver- 
neur dlspahan,  obligé  de  se  replier, 
alla  aussitôt  joindre  ses  forces  à  cel- 
les de  Miagen,  gouvernair  de  Reïh. 
Mais  ce  dernier ,  ennemi  d' Ynanedj , 
lui  iit  co<iper  la  tête  ,  qu'il  envoya 
au  sulthan ,  comme  celle  d'un  traître 
dévoué  au  khalife  (  P^qy.  Cotlogh 
YffANEDj  ).  Takasch  démêla  l'im- 
posture; mais  dissimulant  ses  soup- 
çons, il  marcha  vers  l'Irak,  vam- 
quit  les  troupes  de  Baghdad ,  et  for- 
ça le  khalife  à  demander  la  pa  ix , 
et  à  se  désister  de  ses  prétentions  (  f^. 
Nasser  Ledin-Allah  ).  Ije  perfide 
Miacen  fut  destittic  et  mis  dans  imc 
étroite  prison.  L'an  5gi  (  1 197  ^^ 


4c»8 


TAK 


Takiisch  riilirprit  une  exoéditiou 
roiitrf  ïcs  Kiiitaiis  ,  lioiM  l'cnipin* 
('lait  eu  décadence.  Il  prit  Uokhara  ; 
et  loin  de  .se  venger  (les  liabilants , 
«pii  pendant  le  siège  l'avaient  insulte' 
de  la  manière  la  plus  grossière ,  en  je- 
tant dans  son  camp  un  cliicu  Lorgne 
afi'ublc  d'un  turban  et  d'une  robe 
persane,  avec  cet  ecriteau  :  Foicivo- 
ire  sulthan,  il  leur  pardonna  et  les 
combla  de  bienfaits.  Takasch ,  pen- 
dant sa  dernière  campagne  dans  l'I- 
rak, avait  commence  rrxeculiuu  de 
son  projet,  d'exterminer  la  série  des 
Ismaeîiens  ou  Batheniens  [f.  Hacaiy 
REN  S  \  BU  AH  ).  Il  avait  de])i:is  charge' 
son  iils  Ala-eddyn  Mohammed  ,de 
l'ontiuuerà  poursuivre  ces  assassin^, 
et  à  les  chasser  de  tous  leurs  repai- 
res. II  ne  vit  pas  l'issue  de4:ette  guer- 
re, ([ui  prit  fin  à  sa  mort,  arrivc'c 
au  mois  de  ramadhan  5()(i  (  juillet 
l'ioo  ).  T.ikasch  avait  ngne,  avec 
autant  de  gloire  que  de  bonheur, 

Jdus  Je  vingt-huit  ans.  Ce  prince  ha- 
)ilc,  \ aillant,  juste  et  libiTal ,  laissa 
un  vaste  empire  à  son  liJs,  (pu  l'a- 
grandit encore,  et  uc  sut  pas  le  con- 
>erver  (^.  Mohammed  Ala-eddyn  ). 
Il  j)arait  (pi'il  fut  le  premier  prince 
turk  qui  adopta  le  croissant  pour  or- 
ner le  faîte  de  ses  palais.  A — t. 
TAKTAZANI.  r.  Taftazani. 
TAKY-EDDYN  OMAR  (  Melik 
EL-MODBAFFEi\  ) ,  premier  roi  de  Ha- 
mah ,  de  la  dynastie  des  Ayoubides, 
était  iils  de  Sehahin-Chah ,  frère  ai- 
ne du  grand  Saladin.  11  lit  partie  de 
TexpiMi lion  que  Nour-eddyn.  sulthan 
de  Syrie,  envoya  contre  l'Egypte, 
l'an  r)C}\  (ïi()H),  et  y  demeura  au- 
près de  son  oncle  Saladin.  Lorsque 
ce  dernier ,  maître  de  l'Egypte,  en 
5C7  (  1 1  -^  I  ) ,  et  inquiet  sur  les  inten- 
tions de  Nour-etldyn ,  eut  assemble 
ses  parents  et  ses  principaux  ofTiciers, 
pour  les  consulter,  le  jeune  Ta ky- 


TâK 

cddyn  s'ëcria  le  premier  que  si  l'a- 
tabek  venait  en  Egypte,  ou  le  rece- 
vrait les  armes  à  la  main ,  et  on  k 
forcerait  de  retourner  en  Syrie.  Ia 
vieil  Ayoub^  père  de  Saladin ,  repri- 
ma la  pétulance  de  son  petit  -  nls: 
mais  Saladin  put  compter  dès-Ion 
sur  le  courage  et  le  dévouement  de 
Taky-eddyn.  C'est  à  tort,  cepcndauty 
que  Renaudot  et  Marin  ont  a%'aoce 
qu'il  le  mit  à  la  tctc  des  troupes  qu'il 
envoya,  l'an    508  (  1  i^^a)  ,  'con- 
quérir Barca  et  Tripoli^  eu  Afri- 
que. Ce  fut  un  Turk  ,   jadis  s(Ai 
esclave ,  nomme'  Taky-eddyn  Kara- 
Kousch ,  qui  fut  charge  de  cette  ex- 
pédition y  et  ce  Turk  fut  le  premier 
de  sii  nation  qui  lit  la  gueri-e  eu  Afri- 
que. Quant  à  Taky-eddyn  Omar ,  il 
suivit  son  oncle  en  Syrie.  Il  perdit  un 
de  ses  fils  à  la  bataille  d  Ascaloa 
(i  177),  partagea  lui-même  tous  les 
dangers  de  Saladin  daftas  cette  dérou- 
te ;  et ,  Tanuce  suivante,  il  en  obtiut, 
*  titre  de  fief,  la   principauté  de 
Hamah.  Deux  ans  après  (1180),  il 
vainquit,  avec  deux  mille  cavaliers , 
ou  avec  mille  seulement,  le  sulthan 
d'Ieouium,  qui  avait  fait  une  invasm 
en  Syrie ,  à  la  tcte  de  vingt  millehonh 
mes  (  F,  Kilidj-Abslan  II  )•  L'an 
1 1 83,  il  alla  gouverner  l'Egypte,  où  il 
remplaça  son  oncle  Melik-d-Add  (  F. 
ce  nom).  A  la  bataille  de  Tibériadey 
ce  fut  lui  qui  fit  prisomiîér  le  roi  de 
Jérusalem  ,(|ui  s'empara  de  la  vraie- 
Croix  ,  et  qui  présenta  au  sultban  ces 
deux  trophées  d'une  victoire  écLi- 
tante.  Au  fort  de  l'action ,  suivant 
Abou'1-feda ,  il  avait  favorisé  ia  re- 
traite de  Raimoud  II ,  comte  de  Tri- 
poli ,  en  lui  ouvrant  un  passage  à  tra- 
vers le  corps  qu'il  commandait.  Sa- 
ladin, ayant  pris  Laodicée ,  l'année 
suivante ,  en  remit  le  commandement 
à  Taky-eddyn,  qui  en  fit  réparer  ks 
fortifications  et  en  ajouta  de  uouni* 


TAK 

il  entendait  fort  bien  l'art 
T  les  jilaccs  y  et  il  dirigea 
la  constniction  de  la  cita- 
la  ma  h.  Pendant  le  sie'ge  de 
Q-d'Acre  par  les  chrétiens, 
,  il  commandait  l'aile  droite 
n.  Il  enleva  les  positions  de 

s'avauça  jusque  sous  les 
a  ville,  et  en  facilita  le  ra- 
'nt  :  mais  ayant  été  chargé 

des  renforts  à  Tarmée  mu- 

il  employa  son  temps  etses 
prendre  la  ville  d'Helata  et 
;  invasion  dans  !c  Diarhekr^ 
;  cause  que  le  snlthan  lui  at- 
.  reddition  de  Saint  -  Jean- 
la  I  gré  cette  faute ,  Taky-ed- 
erva  la  confiance  de  son  on- 
iitinuri  de  recevoir  des  mar- 
oalées    de   sa    satisfaction. 

villes  de  Hamah,  îMaarrah, 
I,  Manhedj  ,  Laodicée,  et 
utres  places  qu'il  possédait 

ainsi  que Meïafarekin,  dans 
)iarbekr ,  il  en  obtint ,  en 
Si  villes  de  Harran ,  Orfa  ou 
Samosath  et  Almanzar.  Ër- 
une  tardive  ambition  y  il  at- 
roi  deKhélath  en  Arménie, 
a  qnelques  places ,  le  vain- 
i'assiégea  dans  sa  capitale, 
ktimour  ayant  eu  recours  à 
tien  du  khalife,  Taky-eddyn 
na  son  entreprise  sur  Khé- 

alla  mettre  le  siège  devant 
rd.  Il  y  tomba  malade ,  et 
en  ramadhan  687  ,  octo- 
Il  ).  Son  fils  Melik-el-Man- 
:ha  sa  mort  et  ramena  Tar- 
amah ,  où  il  fit  inhumer  le 
son  père.  Taky-eddyn  Omar 

sa  valeur ,  son  activité ,  ses 
t  sa  fermeté ,  une  des  princi- 
onnesde  la  maison  d'Ayoub, 
es  princes  qui  contribuèrent 
i  fonder  la  puissance  de  Sa- 

avait  d'ailleurs  des  conuais- 


TAL  4og 

sauces  littéraires,  et  cultivait  la  poé- 
sie avec  succès.  Son  fils  Me!ik-cl- 
Mansour ,  ayant  voulu  se  mettre  en 
possession  de  toute  sa  succession  , 
sans  l'agrément  du  sulthan  sou  on- 
cle ,  perdit  tout  ce  que  son  père  avait 
possédé  au-delà  de  l'Ëufrate  y  et  ne 
conserva  que  les  villes  qui  compo- 
saient la  principauté  de  Hamah. 
Cette  branche  de  la  famille  de  Sala- 
din  diu-a  jusqu'en  74^  (  i34^).  On  y 
compte  huit  princes^  dont  le  septiè- 
me fut  le  célèbre  historien  et  géo- 
graphe Abou'l  -  Feda  (  F,  ce  nom). 

TAKY-EDDIN.  V.  Makhizi. 

T  ALBERT  (  François-Xavier  ), 
littérateur  estimable,  naquit  le  4  ^oût 
1 7:28 ,  à  Besançon ,  d'une  famille  dis- 
tinguée dans  la  magistrature.  D'excel- 
lentes études  le  préparèrent  à  l'état 
ecclésiastique  ,   qu'il   embrassa    de 
bonne  heure.  Un  de  ses  oncles,  cha- 
•noine  du  chapitre  de  Saint- Jean  y  lui' 
résigna  sa  prébende^  et  libre  de  tout 
soin ,  il  put  cultiver  son  goût  pour 
les  lettres.  En  1754^  l'académie  de 
Dijon  proposa  la  question  sur  M  Ori- 
gine de  l'inégalité ,  que  J.-J.  Bous- 
seau  ,  en  la  traitant  y  a  rendue  si  fa- 
meuse (  F.  Rousseau  ).  L'abbé  Tal- 
bert  concourut ,  et  remporta  le  prix. 
Son  discours  fut  imprimé;  mais  il  le 
supprima  ,  des  qu'il  eut  vu  celui  de 
Rous.seau  ;  et  il  n'aimait  pas  s'enten- 
dre rappder  son  prétendu  triomphe 
sur  ce  redoutable  athlète.  L'annëe 
suivante ,  il  prononça ,  devant  l'aca- 
démie française ,  le  Panégyrique  de 
saint  Louis,  Membre  de  l'académie 
de  Besançon  ,   depuis  son  origine 
(  175Î1),  ily  fitagréger,eni757,  le 
savant  et  laborieux  Schoepilm  (  f^. 
ce  nom  ) ,  dont  l'admission ,  à  rai- 
son de  sa  qualité  de   protestant, 
éprouva  beaucoup  d'obstacles.  L'ab- 
bé deSoraize,  1  adversaire  le  plus 


4io  TÀL 

opiniâtre  de  Schoepfliiiy  venait  de 
renouveler ,  dans  le  sein  de  Tacadé* 
mie ,  la  dispute  de  la  prëefmiaeDce  de 
la  laugiie  française  sur  les  lanfi^ues 
anciennes  (  F,  CBAnPENTiER  ).  Tal- 
bert  ouvrit  la  scaucc  suivante  par 
une  Dissertation  sur  le  mente  res- 
pectif des  Ianp;ue5  grecque,  latine  et 
française  :  «  Je  loue,  dit-il,  le  zèle 
»  des  défenseurs  de  notre  langue  ; 
»  mais  je  crains  fort  que  plusieurs 
»  d'entre  eux  n'imitent  ces  anciens 
»  clievaliers  qui  combattaient  qiiêl- 
»  quefois  pour  des  dames  qu'ils  ne 
»  connaissaient  pas  (i).  »  Ce  trait 
lui  fit,  de  l'abbé  de  Soraizt,  un  ir- 
réconciliable ennemi.  Depuis  quel- 
ques années,  de  fréquents  démêlés 
avaient  éclaté  enli*e  le  parlement, 
jaloux  de  la  conservation  des  privi- 
lèges de  la  province,  et  M.  de  Boy- 
nes ,  qui  réunissait  la  double  charge 
de  premier  président  du  parlement 
et  d'intendant.  M.  de  Boynes  cnil" 
\es  terminer  par  un  coup  d'éclat ,  et 
obliut  des  lettres  d'exil  contre  les 
trente  conseillers  qui  moutrnieut  le 
plus  d'opposition  à  ses  volontés. 
Dans  le  nombre  des  eiiilos,  l'ablié 
Taibert  comptait  des  amis  et  plu- 
sieurs parents  ;  il  n'hésita  pas  à  pren- 
dre bautcmcut  leur  défense^  et  jeta 
le  ridicule  à  pleines  mains  sur  M.  de 
Boyues  et  ses  i>artisans ,  dans  -une 
foule  de  pamphlets  en  vcr«  et  m 
prose ,  écrits  avec  beaucoup  de  ma- 
lice et  de  gaîlé.  L'auteur,  quoique 
prot(^é  par  l'anonyme,  fut  décou- 
vert facilement  ;  et  ime  lettre  de  ca- 
chet l'envoya  d'abord  (  1759)  au  sé- 
mindirc  de  Viview ,  puis  au  château 
dePierre-Encise ,  où  il  expia  sa  faute 
par  urc  déteution  de  près  de  trois 
années.  Ce  temps  ne  fut  pas  perdu 
pour  son  insti-uotion  :  il  se  pcrfec- 

(i^  Cell»   c]ii»n-lalinn  m  Iroiivr   daiv*  le  lierufit 
■uvBMnt  dM  miftënm  àe»  aradvmirienu .  t.  il. 


TAL 

tionna  dans  la  langue  grecque 
nourrit  de  la  lecture  des  me 
ouvrages  anciens  et  modernes, 
à  la  liberté,  l'abbe  Talbert  r 
avec  un  nouvel  éclat  dans  la  a 
évangélique  ;  et  après  avoir 
dans  les  principales  chaires  d 
ris,  preclia  successivement  à 
sailles  et  à  Lunévillc ,  où  il  re 
bon  roi  Stanislas  l'accueil  h 
flatteur.  L'évéquede  lascar, 
Noë  (  F",  ce  nom  ),  l'ayant 
pour  son  grand-viciirc,  l'cng. 
rentrer  dans  la  lice  académiqi 
1 769  ,  il  remporta  deux  pi 
poésie,  l'un  à  l'académie  ae 
par  des  Stances  sur  l'indiist 
l'autre  à  l'académie  d'Âmien 
une  Epître  sur  les  avantages  d 
versité.  IjC  choix  de  ce  demie 
prouverait  qu'il  n'avait  point 
oublié  sa  disgrâce ,  quand  mén 
la  rappellerait  pas  dans  lesdeu 
suivants,  qui  terminent  la  pièc 

Ja  dui*  mix  cmipa  dn  »ort  laoB  rrpoii,  moa 
Ui  urraz  Mir  mf»  débris ,  \mi<àiam,\m mtm  i 

11  adressa,  l'année  suivaiite, 
cadémie  de  Dijon ,  son  Ela 
BayaréL  L'ouvrage  ,  arrivé 
tard ,  lui  fut  renvoyé  par  le 
taire,  avec  une  apostille,  c  J'< 
»  consolé ,  dit-il;  car  î'araia 
»  couru  pour  le  prix  de  rëloqoe 
»  non  pour  celui  de  la  coane 
Depuis  ce  moment ,  tous  ses  \ 
rent  marqués  par  'autant  de  i 
De  17711  à  1778,  il  remporti 
prix  dans  différentes  académi 
son  éloge  de  l'Hôpital,  ronn 
Toulause ,  obtint  le  prenûcr  m 
à  l'acaddnie  française ,  dont  i 
tagca  les  suffrages  avec  celui  d 
\yé  Rémi.  Les  triomphes  litti 
de  l'abbé  Talbert  étaient  no  ul 
à  sa  fortune.  Dans  un  moment 


(«^  Artrtis^rmmt  en  tilt  4t  1* 


>e  vit  forcé  de  vendre  ses 
(5).  Ses  amis  lui  conseillè- 
re quelques  dema relies  près 
e  d'Autun  ^  charge  de  la 
i  bëncticcs.  (^  prélat  lui 
ruelle  remploi  profil ue  de 
i  :  tt  Monseigneur,  lui  rë- 
bbe  Talbert ,  quand  j'ai  eu 
vinct-cinq  louis,  craignant 
uvoir  pas  les  rendre  si  je 
intais,  j'ai  mieux  aimé  ti- 
ttre  de  cliange  sur  une  aca- 
M.  Tabbé,  lui  dit  aussitôt 
p ,  il  n'est  ])as  donné  à  tout 
de  se  procurer  de  Targent 
'cilseftots.  »  Quelques  jours 
lui  conféra  le  prieuré  du 
Malades ,  diocèse  de  Rouen , 
le  douze  mille  livres.  L'ab- 
t  renonça  pour  toujours  à 
les  couronnes  dans  les  aca- 
t  se  consacra  au  ministère 
ire.  En  1779,  il  eut  Tliou- 
e  cboisi ,  une  seconde  fois^ 
noncer  devant  l'académie 
le  panégyrique  de  saint 
orateur  fut  fréquemment  in- 
par  les  applaudissements 
îurs  (4).  En  1781  ,  il  prê- 
nt  le  roi  le  sermon  de  la 
.,  dont  on  remarqua  surtout 
et  la  péroraison.  L'amitié 
sait  depuis  long- temps  à 
iomies  oc  distinctieo  de  sa 
le  fixa  à  Paris.  Il  en 
3C  elles  dans  les  premiers 
de  la  révolution  pour  les 
Italie,  puis  à  Lera'berg dans 
e,  où  il  mourut  le  4  juin 
'âge  de  75  ans.  Les  quali- 
»  de  Talbert  l'emportaient 

insrr^a  qnr  reWe  qiir,  lui  R^ait  tuJjn- 
e  df  KoiiMi ,  nonr  l'A/ogc  tin  Ciinli- 
e  :  *\ïe  ntail  d  anjrnt .  et  ne  vnlail  que 
franrs  ;  il  l'cnlauru  d'un  cprcle,  j«nr 
TÎt  :  Ma  pauvreté  m'a  saus'èc.  Note  de 

les  iottmaux  du  temp^,  et  entre  aa* 


TÀL  4ii 

m^me  sur  tes  talents.  Plein  de  bon- 
homie et   de  simplicité  ^    quoique 
malin  ^  il  fabait  les  délices  des  so- 
ciétés par  son  enjouement  et  son 
obligeance  naturelle.  Avec  de  l'esprit^ 
a  dit  Laharpe,  et  des  connaissances, 
l'abbé  Talbert  écrit  plus  en  rhéteur 
de  province  qu'en  orateur  et  eu  hom- 
me de  goût  (Correspond,  littéraire ^ 
t.  a).  Ce  jugement  est  beaucoup  troj> 
sévère.  Ses  ouvrages  sont  déparés ,  il 
est  vrai ,  par  de  fréquentes  incorrec- 
tions; mais  elles  sont  rachetées  par 
des  beautés  réelles  ;  et  Ton  ne  peut 
guère  douter  que  s'il  eut  attaché  plus 
de  prix  à  laisser  un  nom  comme  ora- 
teur, il  aurait  pu  se  placer  pi*èsdc 
FJéchier ,  son  modèle.  Li    liste  des 
ouvrages  de  l'abbé  Talbert  n'a  pas 
encore  été  domiée  complète.  On  a  de 
lui  :  I.  Discours  qui  a  remporté  le 
prix  de  l'académie  de  Di]on,  cii 
1 754 ,  in-8<>.  de  55  pages ,  très-rare. 
La  devise  choisie  par  Tauteut,  Qate 
sunt,  a  Deo  ordinata  sunt,  fait  as- 
sez connaître  la  manière  dont  il  avait 
envisagé  son  sujet  (  5).  II.  Pane'gyri- 
que  de   Saint-Louis  ,  prononcé  en 
présence  de  MIVI.  de  l'académie  fran- 
çaise. 1755 ,  in-8".  III.  Compliment 
au  roi  de  Pologne,  le  j  our  de  l'Assomp- 
tion de  la  sainte  Vierge ,  17^^'  '^' 
4<*.  IV.  Vers  sur  la  mortdu  Dauplim 
«t  du  roi  Stanislas ,  1766 ,  in-8*».  V. 
Ode  sur  V industrie  yi^m  a  remporté 
le   prix  de  l'académie  de  Pan ,  en 
1769 ,  in-4^.  et  in  8°. ,  et  insérée  dam 
une  foule  de  recueils.  L'atrtcur^  £t 
Fréron  ,  a  le  talent  de  rendre  wrec 
noblesse  les  grands  objets  ,  les  phis 
petits  mêmes,  et  ceux  qui  prêtent  le 
moins  à  la  poésie ,  Année  littéraire  y 
IV ,  <)4-  VI.  Les  Avantages  de  l'ad^ 

(5)  Peut-rtre  duit-oa  rappeler  la  aauîère  d«Bt 
la  queSlinii  avait  été  prênentéa  par  l'acadéaiie  âe 
nijan  :  Quelle  cH  U  nmrrede  Hnêfiiiliei  liet  rtm- 
fiUion*  pormi  Itt  %ommes?  m  4flU  «H  -«uiph*^  •pur 
lu  lui  naturwlle? 


4ia 


TAL 


versitéy  pocme ,  couronne  par  l'aca- 
démie d  Amieus ,  en  1 7O9 ,  in  8*\ 
VII.  Le  Citoyen ,  poème  ,  lu  à 
Tacadémie  de  Besançon  ,  Mercure  y 
fe'vrier,  i  nOg.  VIII.  Oraisonfunèhre 
du  duc  de  Duras ,  maréchal  de  Fran- 
ce et  gouverneur  de  Franclie-Comlé, 
Besançon,  1770,  in-8".  IX.  Éloce 
historique  du  chevalier  Bayara , 
ibid. ,  1770  ,  in-8°.  ;  il  est  pré- 
cédé d'un  Précis  sur  la  chevalerie , 
très-bien  fait  et  très-curicus..  X.  Elo- 
ge  lùstorique  de  Bossuet ,  couronné 
parracadémie  de  Dijon,  en  177^9 
ibidem,  1773,  in-B*.  XI.  Eloge  de 
MassiUon,  ibid.  1773,  in-S*^.  Xll. 
Éloge  de  Montaigne ,  couronné  par 
Tacadcmie  de  Bordeaux  ,  eu  1774, 
Paris  ^  177^»  in-8".  ;  il  est  suivi  de 
notes  intéressantes  et  qui  prouvent 
que  l'auteur  avait  fait  une  étude  pro- 
fonde des  origines  de  la  langue  fran- 
çaise. XIII.  Éloge  de  Louis  XV ^ 
Besai^on,  1775  ,  in-8^.  De  tous  les 

{)aué$:;yriques  ,  dit  .La  Harpe  ,  dont 
es  chaires  et  les  académies  ont  re- 
tenti depuis  la  mort  de  ce  monarque, 
il  n'en  est  aucun  où  Ton  ait  rassemblé 
si  scrupuleusement  tous  les  faits  re- 
marquables que  l'on  peut  recueillir 
dans  un  si  long  règne.  Cet  éloge  est  le 
plus  historique  de  tous  )  c'est  lÀ  ce  qui 
le  caractérise.  Ce  caractère  se  retrou- 
ve aussi  dans  les  notes ,  qui  sont  ins- 
tnictives.  XIV.  Eloge  du  cardinal 
d'Amh(dsey  couronné  par  l'acadé- 
mie de  Rouen,  ibid.,  1777,  in-8**. 
XV.  PbUus  y  £pitre  à  un  sage^  qui  a 
remporté  le  prix  à  l'académie  d'A- 
miens, en  1 777 , Besançon ,  in-8<*.,  in- 
sérée dans  V  Esprit  des  journaux^  jan- 
vier, 1778  ,  A. VI.  Éloge  du  chance- 
lier de  i  Hôpital  y  couronné  à  Toulou- 
se en  1777,  ibid. ,  iu-8". ,  réimprime 
plusieurs  fois,  notamment  dans  la 
Collection  de  divers  éloges  publics  à 
l'occasion  du  prix  propose  par  l'aca- 


TAL 

demie  française^  en  1777 9  p 

meilleur  éloge  du  chancelier  de 

pital ,  Paris  (  Hollande) ,  177I 

80.  XVII.  Éloge  de  PhiUppe 

léans  y  régent ,  couronné  par  1*2 

mie  de  ViUefranchc .  en  1 777 , 1 

çon,  in-8«.  Wlll.  Éloge  dcBo 

couroimé  par  la  même  académ 

1778,  ibid.,    1779,  in-8«. 

Essai  sur  la  vie  et  les  ouvra^ 

Fléchier  r  l'auteur  l'avait  coi 

pour  l'édition  complète  des  Ot 

de  l'évêque  de  Nismes.  XX.  j 

g^-rique  de  saint  Louis  ,  prc 

devautl'académiefrançaise ,  en 

Paris,  in-8».  XXI.  Complime 

au  roi ,  à  la  fm  d'un  sermon 

ciel,  prêché  le  jour  de  la  Tous 

1781 ,  Besançon,  in-B**.  Oui 

Sermons ,  l'abbé  Talbert  a  lai 

manuscrit  :  V Histoire  des  ne] 

tions  concernant  la  successio 

couronne  d'Elspagne.    Cet  01 

était<terminé  des  1758;  mais] 

seiur  ayant  exigé  des  retrancha 

il  renonça  à  le  faire  imprim 

ignore  ce  qu'il  est  de  venu.  Les  r 

de  l'académie  de  Besançon  ci 

nent  un  assez  grand  nombre  di 

ceaux  inédits  de  Talbert;  mai 

mi  celles  de  ses  compositions 

n'a  pas  TespéFance  de  reeottvi 

mais ,  on  doit  regretter  surto 

Traduction  en  vers  de  Vniéu 

un  poème  intitulé  VHermiiage 

on  n'a  que  des  fragments  qu 

pellent  sans    trop  de  dësav 

la   Chartreuse  de  Gresset.  I' 

reste  à  parler  des  écrits  qu 

sèrent  sa  détention.  Le    pr: 

est  un  poème  en  vers  de  nu 

la^ ,  intitulé  :  Langroenet  a 

fers  ;  c'était  le  nom  d'un  ( 

1er  au  parlement,  créature  de 

Boynes.  Il  fut  imprime  separ 

17^9,  in-13,  deaojp.,50U2 

brique  AntiboinCf  de  Fumprim 


TAL 

îiUaix.  (6)  Cette  édition,  très- 
est  décorée  d'estampes  satiri- 
gravées  à  Teau-forte  :  elle  fut 
mée  et  même  brûlée  /  dit-on , 
rét  dn^illllement  de  Besançon 

le  SiSionnairc  des  libres 
mnés  au  feu  ^  parM.Peignot, 
o  )  ;.mais  cette  dernière  alléga- 
est  pas  prouvée.  Le  poème  de 
x)gnct  se  trouve  dans  VHistoi- 
îgorique  de  ce  qui  s'est  passé 
\s  remarquable  à  Besancon , 

Vannés  1756.  Il  occupe  les 
62- 1 1 7  de  ce  volume ,  dont  on 
a  publication  à  Terrier  de 
i  (f^.  ce  nom  ci-après  ) ,  prési- 

la  chambre  des  comptes  de 
I^  plupart  des  autres  pièces 
mposent  ce  Recueil ,  si  rare 
n*eu  a  pas  vu  jusqu'ici  un  seul 
laire  complet  y  peuvent  être  at- 
îs  â  l'abbé  Talbert(7).  Philip- 
;  La  Madelainc,  l'un  de  ses 
es  plus  intimes ,  lui  a  consa- 
e  Notice  dans  le  Dictionnaire 
êtes  français  y  qui  fait  partie 
"^eUte  Encjrclopédie  poétique 
ilippon).M.  Grappin  a  lu  son 
à  l'académie  de  Besançon  y  en 

On  Y  trouve  quelques  inexac- 

qm  ont  été  corrigées  dans 
idc.  W— -s. 

LBOT(Jean),  comte  de 
sbury,  etc.,  surnommé  VA- 
OHglais  y  second  fils  de  Ri- 

lord  Talbot ,   naquit ,  vers 

il  Blecbmore  dans  le  Shrop- 


I  aniii  df  M.  de  Boyne*  étoient  désigne* 
t>riquct  dejîlleul. 
»cr»  p«ut-ètre  bien  aite  dr  trouver  ici  les 

c««  pièces  :  le  Siège  de  Thémis.  L»  Pi- 
Reveblion  du  frèr?  Pacume.  ÏJk  nouvelle 
iq«e.  Relation  de  ce  qui  »'e»l  pa*»é  dao!* 
gaie  des  avocate  ,   au   sii)et  de   Tmlèyc- 

buit  cooseillers  au  parlemeuf.  Rrlatiou 
SrfÏDt-Yvmi.    L'iîpee   perdue  de  l'aTOcat 

Des  Odes  et  dillerentrs  Piiices  de  vers  i 
r  des  exilés.  Une  Ordonnance  {  supposée) 
m  Bo^'DCs,  pour  fournir  des  voitures  aux 
■  AttetBts  par  de«  lettre  de  ctrhet  et  en- 
i^rn^et  aux  enfers. 


TAL 


4i3 


shire ,  sous  le  règne  deRicbasd  IL  On 
le  voit  figurer  au  parlement ,  vers 
i4io^  et  il  fut,  on  ne  sait  pour  quel 
motif,  enfermé  à  la  Tour^  la  pre- 
mière année  du  règne  de  Henri  V 
(  14 1 3  ).  Il  ne  tarda  pas  à  être  mis  en 
liberté ,  et  fut  même  nommé,  au  mois 
de  février  suivant^  lord  -  lieuteàant 
d'Irlande.  Ses  lettres  de  nomination 
lui  donnent  les  titres  de  sir  Jean  Tal- 
bot,  chevalier  -  lord  Fumival  (i). 
Pendant  la  durée  de  son  commande- 
ment, il  battit  Donald  Mac  Murgbe, 
rebelle  irlandais,  qui  jouissait  d  une 
grande  réputation  ;  le  fit  prisonnier  y 
et  l'envoya  en  Angleterre,  chai*gé  de 
fers.  r..e  roi  d'Angleterre ,  qui  venait 
de  se  lier ,  par  un  traité  secret^  avec 
le  du c  de  Bourgogne ,  opéra ,  en  1 4 1 7 , 
une  descente  sur  les  cotes  de  Norman- 
die,  à  la  tête  d'une  petite  an&ée  de 
cinq  mille  cinq  cents  hommes,  et  en- 
voya à  Charles  VI,  peu  de  joiu^ 
après  son  débarquement,  un  écrit  en 
forme  de  manifeste,  par  lequel  il  loi 
demandait  la  restitution  du  royaume 
de  Franœ.  Talbot,  qui  faisaitpartiede 
cette  expédition ,  contribua ,  l'année 
suivante,  avec  le  comte  deWarwick, 
à  la  prise  du  château  -  fort  de  Dom- 
front,  et  montra  une  grande  bravoure 
au  siège  de  Rouen ,  qui  retomba  sous 
la  domination  des  Anglais  y  deux  cent 
quinze  ans  après  sa  confiscation  sur 
Jean-sans-Terre.  Talbot  retourna  en 
Angleterre  vers  1^21,  Après  avoir 
rétabli  la  tranquillité,  un  instant  trou- 
blée dans  les  comtés  de  Salopetd'He- 
reford ,  il  paraît  qu'il  revmt  sur  le 
continent  avant  la  fin  de  l'année , 

Puisqu'on  voit  son  nom  sur  la  liste 
es  généraux  anglais  qui  combat- 
taient en  France  avec  Henri  V.  La 
ville  du  Mans ,  dont  les  Anglais  étaient 

(1)  U  avait  épousé  Maud,  fille  aînée  d«  air  Tho- 
mas Nevil,  et  de  Jeanne,  bériti^e  de  Cuillanme, 
lord  FumÎTal .  dont  Talbot  prit  le  nom  «t  le  titre. 


4i4  TAL 

o»  posaeiMian  depuis  loog  -  temps , 
ayant  été  surprise  par  les  Français 
(  i4'-^7  )  >  Suifoik  y  qui  y  conunandait , 
se  relira  dans  la  citadelle ,  où  il  n'a- 
vait des  vivres  que  pour  trois  joni-s, 
et  ùl  avertir  Talbot  de  sa  de'tresse. 
Gelui-ci  partit  précipitamment  d' A- 
lençott ,  entra  de  nuit  dans  la  forte- 
resse ,  d'où  il  fondit  sur  les  Français, 
qui  ne  s'attendaient  pas  à  cette  atta- 
que impre'viie.  Ils  furtnt  chassés  de 
la  ville  aussi  promptement  qu'ils  s'en 
étaient  emparés.  Talbot  et  Suffolk , 
après  cet  exploit,  marchèrent  sur 
Lavai,  qu'ils  emportèrent  d'assaut  ; 
et  le  premier  alla  ensuite  aider  le  com- 
te de  Warwick  à  s'cmpai'cr  de  Pou- 
torson^  place  importante  par  sa  si- 
tuation, qui  avait  empêché  le  duc  de 
Bedford  ae  porter  la  guerre  au-delà 
de  la  Loire.  Talbot  et  Ross  en  furent 
nommés  gouverneurs ,  vers  le  milieu 
de  i4'28.  I^  comte  de  Warwick  ayant 
été  mandé  en  Angleterre ,  pour  y  rem- 
plir les  fonctions  de  gouverneur  du 
jeune  Henri  VI ,  les  Anglais  perdirent 
en  lui  l'un  de  leurs  meilleurs  géné- 
raux. Il  fut  remplacé  par  le  comte 
de  Salisbury,  qm,  ayant  réuni  sous 
ses  ordres  Talbot  et  les  autres  capi- 
taines, comm(?nça  la  campagne  par 
la  prise  de  plusieurs  places  qui  le  ren- 
dirent maître  des  environs  d'Orléans. 
Il  vint  reconnaître  cette  ville  le  8 
octobre,  et ,  quoique  d'abord  repous- 
se par  Gaucourt,  qui  en  était  gou- 
verneur, il  s'en  rapprocha  le  lu,  don- 
na ,  le  même  jour,  un  assaut ,  iit  jouer 
la  mine  le  lendemain ,  et  s'empara  du 
fort  des  Tourelles.  Prévoyant  que  le 
siège  serait  long ,  Salisbury  avait  ré- 
solu d'embrasser  la  place  par  une 
enceinte  de  plusieurs  forts ,  lorsqu'il 
fut  tué  par  un  boulet  de  canon.  Le 
duc  de  Bedfort  ne  lui  donna  point 
de  successeur;  mais  il  chargea  du 
tîommandcment ,  avec  un  ]K>uvoir  à- 


TAL 

poi-prb  éçJty  k  comte  dr  SuflUk, 
te  lord  Poil,  son  frère,  Talbot,  Gk^ 
cidas  (2)  et  les  autres  dicfik  N«v 
n'entrerons  pasdans  Igjrtail  fkaop^ 
rations  de  ce  siège  ii|pÉtoable,  iék 
dé]iendait  le  salut  de  K  rVanee;  nos 
dirons  seulemenîqne  ,depiiisranifél 
de  la  pucelle  d'Orléans  (  F.  Ibahu 
d'Arc)  y  les  Anglais,  frappësd'imefiF 
reur  panique,  n'éproirvèrent  qw  d» 
désastres ,  furent  forcés  enfiB  en  fe 
lever ,  le  8  mai  1 4^0  j  et  de  s'éloigpMr 
précipitamment,  abandonnant  knf 
malades ,  leurs  bagages ,  leurs  nfiH 
et  leur  artillerie.  Sufiblk  se retindas 
Jargeau ,  où  il  se  vit  bientôt  âsàêfjS 
et  obligé  de  se  rendre  prisonaMir; 
Talbot  se  rendit  à  Meun ,  où  ilsefn^ 
tifia.  Les  Français,  enhardis  park 
succès,  attaquèrent  la  place:  ctTst 
bot ,  devenu  général  en  chef  des  tvss- 
pes  anglaises ,  depuis  le  désasM  ds 
Sufiblk,  fut  contraint  die  Fj  ' 
ner,  et  perdit',  bientôt.aprts, 
genci.  Poursuivi  par  l'amiéB 
çaise,  il  se  retirait  Teri  la  Bu—», 
par  le  chemin  de  Janville ,  losMn 
rencontra  les  troupes  ^œ  sir  Ma 
Falstolf  et  Rampton  hu  anMOMSl 
Taudis  qu'il  délibérait,  iooertutt  /i 
poursuivrait  sa  roate  ou  a*îl  mte* 
drait  sur  ses  pas,  l'a  vaut- gpiik  dtt 
Français,  conduite  par  le  ffflméraW*t 
le  maréchal  de  Boussac,  La  Hôfy 
Xaintrailles,  n'était  jAm  qv'i  otf 
denii-lieue  de  distance^  sans  qa*itt 
fut  informé.  Le  corps  de  bataille  dsM 
lequel  se  trouvait  la  Pucelle^  ne  tank 
pas  à  arri^Tr.  Les  Anglais  ckint 
frap]>és  d'une  telle  stupeur,  qu'ils  sa- 
bliërent  même  de  rctrancber  lenn  s^ 
chers  derrière  une  palissade  de  f^ 
quets  ferrés^  manœuvre  qui  leor  vnul 
tant  de  fois  i*éussi.  Ils  en  auraistsa 
au  surplus  à  peine  le  temps  ;  car  dk 

(«)  MnnstiTlet  l'mdU    Ch 
qu'il  fut  tut  AU  lirtc  a'OrWiaA. 


TAL 

furent  en  présence  ^  kt  Fran^ 
*ondirent  sur  eux  ayec  furie, 
•t,  quoique  attaque  avant  d'à* 
ait  ses  dispositions,  soutint  ce 
creflbrtavec  autant  de  prc'scn- 
sprit  que  de  valeur.  Il  avait  mis 
k  terre  avec  tout  ce  qu'il  put , 
e  moment ,  rassembler  de  Dra- 
pns.  Tandis  qu'ii  disputait  la 
re  par  des  prodiges  de  valeur , 
»lf,  ce  même  général ,  vainqueur 
uruée  des  Harengs,  frappéd'u- 
reur  subite,  touma  bride,  et 
na ,  par  sa  fuite ,  une  partie  des 
».  Eu  vain  Talbot  se  surpassa 
hne  :  il  ne  fit  que  retarder  sa 
5  et  la  rendre  plus  meurtrière, 
onné  de  tous  cotes,  blesse'  au 
rt  sans  espérance  de  rétablir  le 
it  ni  de  se  dégager ,  il  se  rendit 
[itrailies ,  laissant  sur  le  champ 
aille  de  Patay  deux  mille  cinq 
ie  ses  soldats.  Douze  cents  fu- 
its  prisonniers  (3)  ;  et  les  Fran- 
près avoir  poursuivi  lesfojards 
àJanville,sVraparcrentduchâ- 
c  cette  ville ,  où  ils  trouvèrent 
âge  et  rartillerie  des  Anglais, 
railles  conduisit  son  prisoimier 
t  le  roi  ;  et  en  lui  présentant  le 
Talbot ,  il  demanda  et  obtint 
mission  de  lui  rendre  la  liberté 
ançon.  Les  liisturiens  anglais 
dent  au  contraire  que  Talbot 
)endant  trois  ans  rt  demi  pri- 
r  des  Fr.'inçais  ;  qu'il  fut  échan- 
tre  X.'ïintraillcs,  le  i '2  février 
et  qu'après  rtro  resté  quelques 
Is  rn  An*;let(rrc ,  il  revint  en 
?,  re]>rendrc  \v  commandement 
»upcs  an;:;! aises.  11  paraît  cepcn- 
n'en  !  43o ,  Talbot  ^Vmpara  de 
v'/f  ) ,  que  les  Français  ne  tarde* 


^•«tTrS  t  n-  prrtr  \r  ri'imhrf  Jm  fUM  cju'i 
i(-iiln,«-t  celui  Ui">   i>riAuimi«i'X  du  rrjil  a 

iii<<tr<cli>l .  Ka£iiuTliu:rm«  ,  Cbr.  d^Franct. 


TAL 


4i5 


reiitpa8àrepreiidre;etqii'en  i43i,lt, 
maréchal  de  Bonssac  et  Xaintrailles , 
ajant  rassemblé  huit  cents  hommes, 
pour  faire  des  courses  en  Normandie, 
furent  rencontrés,  près  de  Goiiroay , 
par  le  comte  de  Warwick  et  Talbot; 
et  que  le  mai-échal ,  ayant  jugé  la  par- 
tie trop  inégale,  reprit  la  roule  du 
Beauvoisis^  abandonnant  Xaintrail- 
les. Celui-ci  ,  après  s'être  vaillam- 
ment défendu ,  fut  obligé  de  se  rendre 
à  Talbot,  qui,  se  rappelant  la  con- 
duite généreuse  du  guerrier  français 
après  la  bataille  de  Patay ,  et  non 
moins  généreux  que  lui ,  le  fit  mettre 
immédiatement  en  liberté.  En  1433, 
Talbot ,  nouvellement  arrivé  d'An- 
gleterre, del)arqua  en  Normandie, 
avec  huit  cents  hommes  d'armes ,  et 
s'étant  joint,  à  l'IsIe-Adam,  k  l'évêque 
de  Thérouenne  et  à  Gallois  d'Aonay, 
s'empara  de  Beaumont- sur-Oise  et  de 
plnsieurs  autres  placés,  et  reprit,  en 
1435,  la  ville  de  Saint-Denis  qui  es- 
tait tombée  quelques  mois  auparayant 
enti-e  les  mains  des  ennemis.  Informé, 
en  i436,  de  la  tentative  faite  par  les 
Français  de  surprendre  Rouen,  où  ils 
avaient  des  intelligences ,  il  les  attei- 
gnit h  quelques  lieues  de  la  ville,  et 
les  défit  entièrement.  La  rigueur  de 
l'hiver  n'emp^ha  pas  l'infatigable 
Anglais  de  terminer  la  campagne  par 
une  expédition  aassi  hardie  qu'ingé- 
nieuse :  ce  fut  l'escalade  de  Pontoise, 
exécutée  au  mois  de  février  1437. 
IjCs  fossés  de  la  ville  étant  glacés 
et  cottverts  de  neige,  Talbot,  pcn* 
dant  la  nuit,  lit  approcher  les  plus 
braves  de  ses  gens ,  revêtus  de  draps 
blancs.  A  la  faveur  de  ce  stratagè- 
me ,  ils  gaguèrcnt  le  haut  des  forti- 
fications sans  être  aperçus  ,  et  se 
rendirent  maîtres  de  U  place  :  le  ma- 
réchal de  l'islc- Adam,  qui  s'y  trou- 
vait, n'eut  que  le  temps  de  faire 
rompre  une  poterne,  par  laquelle  il 


4i6  tâl 

se  sauva.  La  prise  de  Pontoise  ëuit 
uo  dvenement  important;  car  elle 
exposait  les  habitants  de  Paris  ^  dont 
Charles VII  était,  à  cette  époque,  eu 

I)osse$sion,  aux  incursions  contjnuel- 
es  de  la  garuison  anglaise,  qui  s'a- 
vançait quelquefois  jusqu'aux  portes 
de  la  capitale.  La  même  année  ,  le 
duc  de  Bourgogne ,  devenu  l'ennemi 
des  Anglais^  ayant  fait  assi^er  le 
Crotoy  par  mer  et  par  terre ,  Talbot 
rassembla   à  la  hâte  quatre  mille 
hommes  de  trou|)es  de  Normandie  , 
et  an'iva  sur  les  bords  de  la  Somme. 
Quoique  la  rive  opposée  fût  bordée 
de  troupes  ennemies,  i*intrépide  An- 
glais ne  balança  pas  :  laissant  une 
partie  de  son  monde ,  il  se   jeta  le 
premier  à  Teau,  et  suivi  par  un 
petit  nombre  de  soldats  d'élite  ,  qui 
tenaient  les  armes  clevées^il  parvint, 
sans  obstacle ,  sur  l'autre  rive.  Les 
troupes  boui*guignones  ,  qu'une  ac- 
tion si  hardie  semblait  avoir  rendues 
immobile:»^  ne  firent  aucun  efibrt 
pour  s'y    opposer.   Mais   Talbot  , 
sans   s'arrêter ,   toiurna   sa   marche 
vers  le  Crotoy  et  y  fit  entrer  un 
convoi.  Dans  le  même  temps ,  sept 
navires  anglais  attaquèrent  les  vais- 
seaux ennemis  qui  bloquaient  le  port, 
et  les  obligèrent  de  se  réfugier  dans 
le  havre  de  Saint -Vallery.  Les  Bour- 
guignons se  dispersèrent ,  et  le  gé- 
néral anglais  réduisit  en  cendres  les 
fortifications  élevées  autour  de  la 
ville ,  et  fit  rentrer  en  Normandie  sa 
petite  armée  couverte  de  gloire ,  et 
victorieuse    sans    avoir  combattu. 
L'épuisement  des  finances  de  l'An- 
gleterre ,  le  défaut  de  troupes ,  et , 
plus  (Tue  tout  cela ,  les  cabales  qui 
troublaient  la  cour  de  Tjondrcs  ,  for- 
cèrent Talbot  à  se  tenir  sur  la  défen- 
sive ,  et  à  borner  ses  exploits  k  la 
prise  de  quelques  places  de  peu  d'im- 
portance. Le  connétaUe  de  Riche- 


TAL 

mont  ayant  investi  Mcaux  av 

menceftient  de  juillet  li^),  • 

porté  ta  place,  après  trois  sei 

de  siège ,  la  garmson  anglaise 

tira  dans  le  marché,  rompit  1 

et  mit  le  connétable  dans  la  ne 

de  former  un  second  siège  plu 

cile  que  le  premier.  Talbot  ac 

de  Normandie ,  à  la  tète 'de 

mille  combattants ,  résolu  cl 

vrer  la  citadelle  à  quelque  pr 

ce  fût  ;  mais  ce  fut  en  vai 

offrit  le  combat  aux   França 

connétable  ,  assuré  du  succ< 

meura  tranquille  dans  ses  lig 

le  général  anglais  ,  après  a?G 

pris  une  bastille  ,  et  fait  ent; 

vivres  et  quelques  troupes  < 

marché ,  reprit  la  route  de  N 

die,  voyant   qu'il   était  égj 

impossiole  de  faire  lever  le 

de  forcer  les  Français  à  coni 

trois   semaines  après   sa  n 

Meaux  capitula.  Talbot  ne  ta 

à  prendre  sa  revanche:  ap| 

qu  Avranches  est  vivement 

par  le  même  connétable  , 

au  secours  de  cette  place  ,  ] 

gué  la  petite  rivière  de  Sée 

un  quartier  mal  gardé  des 

françaises  ,  penèu^  dans  la 

fond  sur  les  ennemis ,  détn 

ouvrages  et  s'empare  de  leur 

rie,  ce  qui  les  contraignit  d*a] 

ner  leur  entreprise.  Réuni  au  c 

Sommerset ,  il  assiège  et  prêt 

fleur  et  quelques  autres  plao 

lever  le  siège  de  Pontoise  (  1 4^ 

Charles  VII  était  en  persom 

le  dauphin  (5);  et  si  les  an 

glaises  conservèrent  encore 

réputation ,  elles  durent,  en 

partie ,  cet  avantage  à  la  bra 

au  talent  de  l'infatigable  Tal 


(5)  1^  inrfiM  «luiée  Ir  roi  dv  Ff 
nouveau  PoiitoÎM»  et  bprît  d'ai— lU  n» 
i^MfHmrc  dri  AnfiUii. 


TAL 

-c,  le  20  mai  i44^7.^  l^  <^i- 
î  comte  de  Slircwsbury.  Vers 
e  la  même  année ,  il  investit 
de  Dieppe  ;  mais  le  dauphin 
es  assiégeants,  s'empara  de 
îdontes  et  délivra  celle  place 
).  Il  paraîtrait  (jiie  Talbot 
des  plenipolenliaires  anglais 
;  la  même  année  de  traiter  de 
avec  le  roi  de  France;  mais 
)cia lions  n'eurent  aucune  sui- 
1 44  i  î  ^^  obtint  une  pension  de 
:onts  marcs ,  et  fut  envoyé  de 
j  eji  Irlande ,  comme  lord- 
nî.  Il  s'y  rendit  en  i44^>  > 
la  ,  bientôt  après ,  à  Trim  un 
mt  où  l'on  fit  plusieurs  lois 
isurer  la  se'curite  des  Anglais^ 
tint ,  au  mois  de  juillet ,  des 
latentes  qui  lui  couferiTcnt  le 
;  comte  de  Wexford  et  Wa- 
,  et  lui  accordèrent  la  r<mres- 
la  ville  cl  du  comte  d  eWaU*r- 
e  la  barounie  de  Dungarvan  , 
i  i447  "•  Talbot  revint  en 
rrc  ,  laissant  pour  députe  eu 
:  son  frère  Richard  Talbot , 
•que  de  Dublin.  En  1 449  >  ^" 
?ncore  ligiu'er  eu  France  par- 
généraux  anglais  qui  dcfendi- 
Normandie  ;  mais  ses  ellorts 
•nt  empêcher  les  Français  de 
es  progn\<i  ra  pides.  Au  mois 
ire ,  ils  mirent  le  siège  devant 
de  Rouen  :  Talbot  y  donna 
îuves  de  son  grand  courage.  • 
e  les  bourgeois  de  celle  capi- 
rent  fait  publier  les  articles 
ipitulation  qu'ils  venaient  de 
e  avec  le  roi ,  et  dans  lesquels 
eut  demandé  et  obtenu  que  la 
n  anglaise  sortirait  avec  ar- 
bagagcs ,  Talbot  furieux  ras- 
ses  troupes  et  se  saisit  du 
palais  ,  du  château ,  et  de 
»s  autres  postes  ;  le  peuple 
cote  prend  les  armes  ,  et  sc- 

XLIV. 


TAL  4i^ 

condc  par  Charles  Vil  en  personne  , 
accouru  avçc  le  brave  Dunois  ,  il 
enlève  successivement  tons  les  pos- 
tes défendus  par  les  Anglais,  et  for- 
ce Talbot  et  le  duc  de  Sommerset , 
régent  d' Angleterre,  à  capituler,  après 
nu  siège  où  l'on  ne  tira  pas  un  coup 
de  canon  ^  et  qui  ne  coûta  aux 
Français  que  quarante  soldats  que 
Talbot  jirécipita  des  remparts.  Ce 
guerrier  fut  au  nombre  de^»  otages 
que  le  rcgcut  livra  aux  Français,  et 
qui  devinrent  prisonniers  de  guerre 
par  le  refus  que  Ht  le  commandant  de 
Honfleur  de  remettre  la  place,  con- 
formément aux  termes  de  la  capitu- 
lation de  Rouen.  Il  ne  fut  délivre  que 
l'année  suivante  (i45o),  sa  liberté 
ayant  été  un  des  articles  de  la  capi- 
tu]ati<m  de  Falaise.  Il  se  ]>as8a  quel- 
que temps  s^ns  rpi'on  le  vît  paraître 
dans  les  expéditions  militaires  ,  soit 
<pie  ce  fût  une  des  conditions  (Je  sa 
délivrance  ,  soit ,  comme  quelques 
historiens  l'ont  rapporté,  qu'indigné 
contre  les  lâches  qui  trahissaient 
l'honneur  de  sa  nation  ,  il  ait ,  pen- 
dant cet  intervalle,  accompli  le  vœu 
qu'il  avait  fait  d'un  pèlerinage  à  Ro- 
me. Il  lit  cirectivcmeut  un  voyage  en 
Italie,  d'où  il  ne  revint  qu'en  \i^5i, 
A  cette  époque  ,  Charles  Yll  ve- 
nait de  s'emparer  de  la  Guien- 
ne  ;  mais  comme  les  rois  d'Angle  • 
terre  avaient ,  dans  tous  les  temps  , 
extrêmement  ménagé  la  noblesse  de 
cette  province,  et  que  plusieurs  mai- 
sons illustres  tenaient  des  possessions 
ou  des  dignités  dépendantes  de  ces 
anciens  maîtres ,  un  ccrtaiu  nombre 
des  principaux  seigneurs  se  reudît 
h  Londres  ,  et  proposa  au  conseil  la 
conquête  de  cette  contrée  comme  mic 
enti-eprise  facile.  Talbot ,  nouvelle- 
ment revenu  d'Italie  ,  fut  nommé 
commandant  d'une  flotte  anglaise  ,ct 
lieutenant  de  laGuienne,  où  il  seren- 


4iS  TVL 

dit  cil  octuhrc  i^'ri  ,avec  un  corps 
Je  (jiiatrc  mille  hoiiniirs  pour  srcoii- 
<Vr  les  inecontenîs.  11  dekirqua  sur 
les  côtes  du  Medoc  ,   où   Loparrc 
Ta  t  tend  ait ,  cl  lui  livra  la  place  de 
ce  nom  :  toutes  les  villes  et  forte- 
resses de  celte  petile  province  ou- 
vrirent leurs  portes  avec  le  même 
empressement  :  Bordeaux  ne  tarda 
pas  à  suivre  cet  exemple  ;  et  Talliot 
y  enlra  en  triomphe,  si\  jours  après 
son  de1)arquement.  S'ctant  ainsi  ren- 
du maître  de  tout  le  Bordelais ,  il 
pénétra  dans  le  Pe'rigonl,  assieç;ea 
etpiitQistillouet  Fronsac.  11  recou- 
vra toute  la  (luiennc  en  moins  de 
temps  encore  que  le  roi  de  France 
n'en  avait  employé  à  la  subîug;uer  , 
ranm»epremlenle.  Charles  V  J 1 ,  plus 
iudipie  qu'elVraye'  des  succès  rapides 
des  ennemis  ,  vole  à  lour  rencontre. 
Chahannes ,  Tnn  de  ses  ç;enerau3L,  in- 
vestit Chalars  et  T cm  porte  d'assaut 
le  sixième  jour  ;  et  Tarmee  royale  , 
commandée  par  les  maréchaux  de 
liolieac  et  de  Jaloj^nes,  et  grossie  des 
trouves  de  Bretagne  ,  sous  les  onlres 
du  comte  d'Ëtampcs  ,  ainsi  que  de 
celles  de  plusieurs  autres  princes  et 
seigneurs, vient,  le  i3  juillet  i4^3, 
mettre  le  siège  devant  Castillon.  Le 
gênerai  anglais,  cédant  aux  instances 
des  liordrlais  .  se  détermine  ,  quoi- 
qu'avcc  répugnance,  à  ?or;irde  Bor- 
('eaux,  et  à  marcher  au  secours  de 
la  |>1ace,  à  la  tcte  de  mille  hommes 
d'armes.  Son  lils,  nouvellement  ar- 
rive' d'Angleterre  a^ec  un  renfort  de 
cincj  mille  hommes  et  quatre-vingts 
bâtiments  de  transport  charges  de 
vivres  et  de  munitions  de  guerre,  ne 
tarda   pas  à  le  suivre  avec  le  reste 
iîe  raruu'c  anglaise.  La  défaite  d'un 
corps  lie  francs -archers ,  qui  défen- 
daient un  poste  avance',    lui  parut 
d'abord  d'un  frtVorahle  augure  :  il 
les    poursuivit    jusqu'au   ramp  des 


TAL 

Français ,  dont  les  foiiîncatioDS  Ji- 
rlge'es  par  Bureau ,  grauil-inaiti-e  de 
rartillene,rctonnèreut  d'autant  plus 
que  les  assiégés  veuaient  de  lui  maii' 
der  que  les  ennemis  preuaient  la  fuite. 
Talbot ,  surpris  ,  mais  inaccessibk 
à  la  terreur ,  attaqua,  sans  balancer, 
le  retranchement  que  défendait  l'étile 
de  la  noblesse  française.  Les  canon 
et  les  bombardes  placés  sur  le  rcm- 
pait  foudroyaient  les  Anglais  sans 
ralentir  leur  fureur  :  la  terre  était 
jonchée  de  morts.  Après  deux  heures 
d'im  combat  extrêmement  meurtrier, 
les  Anglais  commencèrent  à  fléchir: 
dnix  fuis  ramenés  k  la  charge  pr 
Talbot,  ils fui*cnt toujours  repousses. 
liCS  Français  eux  -  mêmes  ,  épiisês 
d'une  action  si  opiniâtre ,  ne  com- 
battaient plus  avec  la  même  ardeur, 
lors^qu'ils  turent  ranimés  par  un  coq»s 
de  cavalerie  bretonne  ,  sous  les  or- 
dres de  Moutaubau  et  de  La  Huniu- 
daye  qui  fondirent  tout-a-conp  sur 
rarrière-ganledcs  Anglais.  Ceux-ci, 
pressés  de  tons  cotés ,  tirent  des  pro- 
diges de  valeur  ;  mais  aiictm  d'eux, 
dans  cette  journée,  ne  pouvait  dm- 
tcr  le  prix  du  courage  au  liraTc  Tal- 
bot. Ce  généreux  vieillaid  (il  iTUtà 
cette  époque  plus  de  quatre -Tinfls 
ans  ),  désespérant  désormais  de  Tin- 
cre,  résolut  de  vendre  cher  du  moins 
sa  défaite  au  vainqueur.  Monté  sir 
une  haquenée,  car  la  faiblesse  it 
'  son  âge  ne  lui  avait  pas  pcnnis  de 
mettre  pied  à  terre,  blessé  au  visaj^i 
couvert  de  «ang ,  il  courait  de  raing 
en  rang  ,  exhortant  les  siais  par 
ses  discours  et  phis  encore  par  son 
exemple,  lorsque  la  haquenée  qi 
le  portait ,  fut  atteinte  d*un  coupdt 
coule^Tine,  et  rentraSiia  par  sa  dnt- 
te.  T^a  fatipie  de  l'action,  k  sai^ 
qu'il  perdait,  avaient  tcllcmcniqwi- 
sé  ses  forces ,  qu'il  ne  put  januîs  se 
relever  :  couvert  de  nouvelles  V.?s- 


.1 


julé  aux  pieds ,  il  clait  près 
r ,  loi*sque   son  fils  accou- 
•  le  doga^pr.  ïalbot,  à  celte 
)rit  Tusaj^e  do  ses  sens  :  c*e- 
lernicr  ellort  du  couiaj;c  et 
iturc.  Il  pria  son  fils  de  se 
t  de  conserver  ses  jours  pour 
asion  plus  utile  à  la  patrie  : 
iirs  eu  combattant  pour  elle  , 
:-il ,  vivez  pour  la  sauver.  » 
c  Talbot ,  pcnetrë  de  la  plus 
lîleur ,  ne  songea  plus  qu'à 
dans  des  flots  de  sanj;  fran- 
uteur  de  ses   jours.  Assailli 
îs  parts,  il  tomba  perce'  de 
auprès  de  sou  illustre  père, 
icr  respirait  rucore  lorscju'un 
archer  ,  qui  ne  le  connaissait 
ëgorj^ca  pour  le  dépouiller. 
a  mort  de  ce  grand  nomme, 
n  se  rendit ,  et  Farmce  anglai- 
lispersa.    Ce   qui   en   restait 
larqua  prccipitanmiotil.  Ainsi 
e  7  ou  'io  juillet  i4^3,  le  lié- 
4chill€  de  V  Jjv^lctcrrc  ;  ex- 
ns  dont  ses  compatriotes  se 
nt  pour  le  designer.  Us  au- 
pu  ajouter  à  ce  surnom  glo- 
.cs  litres  plus  honorables.  Tal- 
■'nait  aux  vertus  militaires  les 
5,  encore  plus  respectables  , 
ele  homme  et  de  citoyen.  Su- 
:1e,  dévoue  à  sa  patrie,  ami 
,  ennemi  généreux ,  exact  ob- 
nr  de  sa  parole,  jamais  il  ne 
a  foi ,  dans  un  siècle  où  les  tra- 
ëtaient  si  communes.  Il  porta 
le  ans  les  armes  contre  la  Frau- 
peudanl  un  si  long  temps ,  ou 
t  trouver,  en  consultant  tous 
uimentsde  ce  siècle,  aucune  ac- 
li  le  rende  coupable  de  la  plus 
injustice.   Une  niëtë   sincère 
[  le  sceau  à  tant  ae  nerfection. 
)orta  au  tombeatt  les  regrets 
X  nations  rivales  ;  et  quoiqu'il 
nte  de  SluTwsl.nirv  ,  de  Wex- 


TAL 


4if) 


ford  et  de  Waterford ,  l'histoire  ne 
le  désigne  que  sous  le  nom  de  ïal- 
bot. Il  fut  d'abord  enterre  eu  Fran- 
ce, avec  son  fils  aînc.  Son  corps 
fut  ensuite  transporté  à  Whilrîiur, 
dans  le  Sliropshire,  où  on  lui  éle- 
va un  monument  ,  sur  lequel  ou 
grava  une  inscription  qui  rappelle 
ses  litres ,  l'époque  et  le  lieu  de  sa 
mort.  Camden  dit ,  dans  ses  RemainSy 
que  l'épée  de  Talbot  fut  trouvée  dans 
la  Dordognc,  long  -  temps  après  sa 
mort ,  et  vendue  par  un  paysan  à  uu 
armurier  de  Bordeaux  :  elle  partait 
cette  inscription  eu  mauvais  latin  : 
Sum  Talboti  m,  iiii  c.  xuii ,  pro 
vinvcrc  inimico  mco.     D — z — s. 

TALBOT  (Charles),  grand-chan- 
celier de  la  Grande-Bretagne,  de  la 
même  famille  que  le  précédent,  était 
fils  de  Guillaume  Talbot,  évcque  de 
Durham  (i),  et  naqiiit  en  1G84.  H 
entra  de  bonne  heure  dans  la  carrière 
du  barreau,  s'y  (il  distinguer,  et  fut 
élu ,  en  1 7 1() ,  membre  du  parlement, 

Sar  Tregony  dans  le  Cornouaille.  Il 
cviut  avocat-ge'néral  (  solUcitor-ge- 
neral)  en  172G;  et  la  ville  de  Dui-- 
ham  le  choisit  pour  la  représenter  à 
la  chambre  des  communes,  prolia- 
blement  par  suite  des  démarches  des 
amis  de  son  père ,  qui  en  était  éyéque 
à  cette  époque.  Au  mois  de  novembre 
1733,  George  II  lui  remit  le  grand- 
sceau,  l'admit  dans  son  coiLseil  privé, 
l'établit  lord- grand-chancelier,  et  le 
créa  baron  de  la  Grande  -  Bretagne. 
Alors  il  résigna  la  place  de  chancelier 
du  diocèse  d'Oxford,  que  son  père 


(i)  Cl uilUume  Talbot,  né  en  i6îjp,  njlni  dans- 
l'>s  nrdro,  et  >oii«  le  règiiv  de  Jdcquc»  II,  prrrh>t 
et  itipt  avec  la  plus  grande  viuleure  centre  la  reli- 
gion cal!ii>Ii(]ue.  Il  deriiit  f»arrf!(kWeineut  t!oy«^n 
de  Wiirccster,  cvèque  d'Oxfurd  ,  do  Sali»biii  v  ,  et 
(-aiiu  di'  Ourl^m  ,  et  monnit  en  I73n.  ()o  a  <Ie  lui 
deux  Dihcoursproiionres  à  Io  thniiihre  de*  paU*»  , 
l'un  en  faveur  de   l'union    ent 


■ntrc  rAiiglelciie  et 
l'Irlnudi-,  et  l'autre  dans  le  prot*èi  de  Sacbe%'erell. 
Il  a  pnhlii:  ennuUc  uu  vuluiue  in-8<».  de  Scruiou», 


4>o  lAL 

lui  avait  doniicc  loi'M(u*il  uccupait  ce 
sie|*e,  et  mourut  ç;i*ncTaIcuicut  re- 
grette ,  le  i-i  février  i^B*;  ,  avec  la 
rcputatiuii  île  grand  orateur,  de  ma- 
gistrat intègre  et  plein  de  sagacité' , 
et  d'homme  de  Lieu.  D-z-s. 

TALBOT  (RoBtRT),  antiquaire 
anglais,  ne  à  Tliorp,  daiu»  le  comte 
de  Nortliampton ,  au  commcncemcut 
du  seizième  siècle ,  fut  clevc  à  Tuni- 
versilc  d'Oxford ,  dont  il  sertit ,  en 
I  />3o ,  po«:r  entrer  dans  les  ordres. 
Kn  i54l,  il  obtint  une  prébende  à 
Wells;  et  en  i5.\'] ,  il  fut  fait  tréso- 
rier de  IVglisc  cathédrale  de  Nor- 
wich  ,  place  qu'il  exerçait  encore  à 
IVnoquc  de  sa  mort ,  arrivée  le  a-^ 
août  1 558. 11  s'est  l)eaucoup  occupe 
de  recherches  sur  les  antiquiti*s  de 
son  pays  ;  et  ses  collections  ont  ete 
d'une  très-grande  utilité  à  Leiaml , 
Baie,  r.aïus ,  Camdeu  et  autres.  Il  a 
aussi  fourni  à  rarchevc(}ue  Parker 
plusieurs  ouvrages  saxons,  qu'il  te- 
nait du  docteur  Owen,  médecin  de 
Henri  VllI.  Il  a  laissé  >es  manusaits 
«î  New 'Collège.  C'est  le  pi*emier 
Anglais  qui  ait  cclairci  l'Itinéraire 
d'Antonin,  par  des  Commentaires  et 
des  Notes  ,  dont  Camden  s'est  beau- 
coup servi ,  et  que  Hearne  a  impri- 
més à  la  (in  du  troisième  volume  de 
l'Itinéraire  de  Leiand,  d'après  un 
manuscrit  de  la  bil)liothèque  Bod- 
ié'irnne.  IjCS  Notes  de  Talbot  ne  vont 
que  jusqu'il  la  sixième  route.  Camden 
a  suivi  en  général  tout  ce  que  Talbot 
a  dit  des  stations;  mais  Burton  dif- 
fiM'e  de  lui,  dans  son  Commentaire 
sur  VIlinéraire  iVAntonin.  ^s  au- 
tres manuscrits  sont  :  I.  Annan  ex 
strrcore ,  iv/  de  œm^maticis  et  pro- 
phelicis ,  (pii  se  trouve  dans  le  Cor- 
pus Collège,  à  Oxford;  cl  H.  De 
chartis  quibusdam  rrgum  Brilan- 
norum  ,  conservé  dans  Benet's  Col- 
lège, à  Cambridge.         D — z — s. 


TAL 

TALBOT  (PiEMŒ),  ardicvèiftaf 
de  Dublin ,  né  en  Irlande ,  en  iCm , 
d'une  illustre  famille  ongina ire  d'An- 
gleterre, fit  «es  études  en  Portugal, 
chez  les  Jésuites  ^  entra  dans  leur  so- 
ciété,  fut  ordonne'  prêtre  à  Rone,  d 
professa  la  théologie  morale  k  An- 
vers. Southwell  dit  qu'il  sortit  de  b 
Société ,  jusUs  de  cousis,  aai»  cens 
de  lui  être  entièremoit  dévoué.  Qé- 
menl  IX  l'éleya  sur  le  si^e  de  Du- 
blin ,  où  il  se  fit  généralement  esti- 
mer. Il  passait  pour  plus  habile  po- 
litique que  savant  théologien.  Gcpiai- 
daut  ses  ouvrages  de  controrerw  ne 
sont  pas  sans  mérite;  en  voiei  ks  ti- 
tres :  I.  Traité  de  la  nature  de  la 
foi  et  ile  Vhêrésie^  Anvers,  1657, 
in -8^.  II.  Catéchisme  hisÊonoÊej 
ibid.,  i658,in-4o.  III.  IfuOitéJk 
clergé  protestant^  Bruxelles,  i658, 
in  -  8^.  IV.  Traité  de  la  n^gion  et 
du  gouvernement,  Gand,  1670,  in- 
4".  V.  Réfutation  des  prine^es  du 
protestantisme  contre  StiUiinleety 
Londres ,  1678 ,  in  -  4^.  VI.  Lettre 
pastorale  aux  catholiques  dlibade, 
Paris  ,  1674  ,  in  -8û.  VII.  Rmi- 
de  contre  l'athéisme  et  tkérésie^ 
ibid. ,  in  -8<** ,  contre  le  Stmtent  de 
Blackloe ,  qui  s'était  d^nsé  um 
le  nom  deTh.  White.  VIII.  Mistmrt 
des  iconoclastes ,  ibid. ,  in .-  8*.  IX. 
Histoire  du  manichàsme  et  dupé- 
lagianismCy  ibid.,  in^S^.  L'anlovj 
prétcud  que  Blackloe  et  ses  paiti- 
sans  font  revivre  ces  deux  béréaK. 
X.  Pugnajidei  et  ratioms  CÊsm  tt- 
nascente  pclaeianismo  et  mmi 
clupismOy  16^5 ,  in-4***  XI.  Blaeik- 
laanœ  hœresa ,  oHm  ia  PHaght 
et  Manichœis  atunnatm,  muae  d^ 
TUib  renasccntis  fdstoria  et  rrafiÊtë- 
tio ,  Gaiid ,  in  -  4°*  Ce  piâat  avait 
composé  plmicurs  autres  ouvrages , 
qui  n'ont  point  été  imprimés.  Aocu- 
sé,  en  1678,  d'avoir  pris  part  sa 


I 


TAL 

prctcodu  complot  pixpiste  ,  l'arche-  • 
vcquc  Talbot  fut  enferme  au  château 
de  Dublin,  où  il  mourut^  en  1680. 

T— D. 
TALBOT  (  Catherine  ) ,  Anglaise 
distinguée  par  ses  vertus  et  par  son 
esprit,  naquit  eu  mai  1720.  Fille  uni- 

ue  d'Edouard  Talbot ,  second  fils 
l'eTeque  de  Durham  et  neveu  du 
chancelier,  elle  vint  au  monde  cinq 
mois  après  le  décès  de  son  père,  qui 
mourut  dans  sa  vingt-neuvième  an- 
née ,  laissant  sa  veuve  sans  fortune. 
Heureusement  celle-ci  reçut  de  son 
frère   Bcnson  ,   depuis  cvéqiic   de 
Gloucester  ,  et  de  Secker  ,  qui  fîit 
élevé  dans  la  suite  sur  le  siège  ar- 
chiépiscopal de  Caiiterbury ,  tous  les 
services,  toutes  les  consolations  qui 
pouvaient  adoucir  ses  regrets.  I>e  der- 
nier, qui  avait  éprouve  l'obligeance 
d'Edouard  Talbot,  reporta  sa  recon- 
naissance sur  sa  famille ,  et  regarda 
dcs-lors  mistriss  et  miss  Talbot  com- 
me faisant  partie  de  sa  maison.  Après 
qn'il  eut  perdu  sa  fenu|e,  il  leur 
abandonna  même  le  soin  ne  ses  inté- 
rêts domestiques.  li'esprit  vif  et  les 
qualités  lieureiLses  de  Catherine  se 
devcIo])pèreut  rapidement.  A  des  étu- 
des  graves    elle  joignit    celle    des 
langues  modernes  et  àzs  arts  d'agré- 
ment :  la  géographie ,  l'astronomie  , 
la  musiff  ne ,  le  dessin ,  la  ^leinlure  à 
Taquarellc,  furent  tour-à-tour  l'objet 
de  son  application.  Elle  commença 
de  bonne  heure  à  confier  au  papier 
M*s  pensées  et  ses  sentiments ,  mais 
.sans  .'iiicuii  désir  de  publicité.  On  a 
ini prime  après  sa  mort, dans  le  Gen- 
tleman s  mai^azine,  de  17*^0,  une 
lettre  spirituelle  el   ])1iilohophique  , 
•  idre.Nbèe  par  elle,  à  Tagc  de  seize  ans, 
;i  la  fille  nouvelle-née  de  J.  Talbot, 
f iU  du  iliancelier ,  et  cette  lettre  a 
ete    reproduite    daiiî»    d'autres     it- 

riieils.  ()nej<pjes  aiirirs  Irtlres ,  éeii- 


TAL 


/i2l 


tes  vers  le  même  «Age,  semblent  an- 
noncer qu'elle  avait  alors  autant  de 
légèreté  d'esprit  et  même  de  malice , 
qu'elle  montra  par  la  suite  de  soli- 
dité :  mais  une  inclination  mal  re- 
conmie  répandit  sur  ses  pensées  une 
teinte  sensible  de  mélancolie.  Catheri- 
ne Talbot  se  faisait  remarquer  par  une 
piété  éclairée,  et  parrexerciceconti- 
nuelde  la  charité,  dans  la  plus  gran- 
de étendue  de  ce  mot.  Liée  avec  des 
personnes  d'un  rang  et  d'un  caractère 
élevé,  elle  eut  pour  amie  intime  mis- 
triss  Elisabeth  Carter  (  V.  ce  nom  ) , 
ornée,  comme  elle,  des  avantages  de 
l'esprit;  et  ce  fut  à  cette n mie qu'elk* 
abaÂidomia,  en  mourant,  les  manus- 
crits de  ses  opuscules.  L'archevêque 
Secker  mourut  en  1 7G8 ,  léguant  à 
mistriss  Talbot  et  à  sa  fille  une  rente 
annuelle  d'environ  /^oo  livres;  mais 
sa  pupille  ne  lui  survécut  que  jKîude 
temps  :  elle  mourut  d'un  cancer ,   le 
9  janvier  1 770.  Mistriss  Carier ,  sans 
être   aveuglée  par  une  prévention 
bien  naturelle,  jugea  que  phisk^uis 
écrits  de  son  amie  étaient  dignes  des 
regards  du  public.  Uéiuiis  et  iinj>ii- 
més  sous  le  titre  à^Essais  sur  di- 
vers sujets  ,  ils  furent  généralement 
goûtés  :  ou  y  reconnut  l'épanchement 
d'une  ame  sensible  et  religieuse  ,  et 
le  fruit  d'un  esprit  cultivé.  liCs  Hê- 
jlexionssur  les  jours  de  la  semaine  y 
qui  furent  imprimées  séparément  en 
un  volume  d'environ  quarante  pa- 
ges, etuent  un   grand  su«r<-ès,  et  il 
s'en  débita  plus  de  vingt -cinq  mille 
exemplaiiTS.  On  a  donné,  en  iSiix  , 
une  septième  étliliou  des  Essais^  en 
deu\  volumes  in-S".,  précédés  d'une 
Notice  sur  la  vie  de  l'auteur ,  par  le 
rcv.  Montagne  Peiinington.  Ce  recueil 
se  compose  principalement  à* Essais, 
de  Lettres  à  un  ami  sur  un  élat  fu- 
tur,  de  Dialogues,  Av  Pnstoraits 
eii  |>iosc,  iVfmitaliony    d'Oyyiiiff . 


iai  TA  T. 

à! Allégories  et  Hq poésies.  On  attri- 
Ime  à  iniss  Talhol  Ib  trenticmc  nu- 
méro (lu  Bamhlcr y  3o  juin  i-jSo. 
Klic  cul  aussi,  dil-oii,  quelque  part 
au\  Lettres  athéniennes.  Ou  a  pu- 
blie, il  y  a  quelques  années ,  sa  Cor- 
rcsponclaîice  avoe  m istriss  Carter.  L. 

TALEBI.(r.Tn.4LKni). 

TALLART  (i)  (Camille  d'Hos- 
TUN,  duc  DE  ),  niarecbal  de  Fran- 
ce ,  né  eu  iGS-x ,  d'une  ancienne  fa- 
milic^du  Daupliiné ,  lut  d'aboixl  ji;ni- 
don  Afis  gendarmes,  puis  iTie:itre-de- 
camp  du  r('f;i  nient  Royal -Cra va  les , 
et  fit  ses  ])remirres  arnies  sons  le 
(îrand  Condc,  en  Hollande,  el  sous 
Tnrennc,  en  Alsace,  où  il  eut  part 
au\  brillantes  campaj^nes  de  1O74  ^^ 
I  On  .1 .  Nonim é  brij;adier ,  eu  i  (>7 7 , 
et  maréchal -d e-ramp  ,  en  1G7S,  il 
obtint  CCS  diflërrnts  grades  en  se 
montrant  aussi  haljiîe  q:ie  coî'.ragrux. 
dans  divers  commandements  qui  lui 
furent  confiés  sîir  la  Sarre  et  sur  le 
Rhin.  En  i()9o,  il  conçut  le  dessein 
de  passer  ce  lieuve  sur  la  g!ace, 
pour  mettre  à  contribiition  le  Rhin- 
gauj  et  cetle  enireprise  ])rrs(p:e  té- 
méraire ont  un  succès  complet.  11 
fut  blesse  d'un  iv;)up  de  mousqsiel  à 
ICbersburg,  en  1 0()i ,  et  le  roi  le  nom- 
ma Iieuleuant-îién('rai ,  en  UipB.  La 
paix  delliswyckfitcessrr  ses  Irav.'ux 
guerriers,  en  \()\)']  ;  mais  la  mort  de 
Charles  11 ,  roi  d'ivspagnc,  étant  ve- 
iiue  menacer  IT.uropc  d'un  nouvel 
embrasement,  il  fut  envoyé  en  An- 
gleterre, comme  a ndjass.ideur  extra- 
ordinaire ,  et  charge  de  négocier 
avec  les  nombreux  asjnrants  à  celte 
importante  succession.  Tallart  con- 
«luisil  celle  n<" -ociatitMi  avec  beau- 
couj)d'!i.i'niî''h',eî  i!  conr.'iil  ,dans  ie 
jiu'mo  l«ïi)js,  un  haiîéde  j.'arlac;e  eu 


I  ,  (.'r-:  ji.ii-  i-i  II  ,ii    iji,.'  ï.t  nliip.f  t  ili-«  lii<liirii:ii« 
>  ■  1 1\  vu:    /  ((/■  ■' 


TAL 

faveur  de  relcclciir  de  Bavière.  Pour 
prix  de  ces  services ,  le  roi  le  nommi 
chevalier  de  ses  ordres ,  et  gourer- 
neur  du  pays  de  Foix.    I^  guerre 
ayant  recommencé  ,  en  17 ou,  il  fut 
mis  à  la  tcte  d'un  corps  dctstiné  àagû' 
sur  le  Rhin ,  et  réussit  à  faire  pas- 
ser des  secours  dans  Kayscrswfrdt , 
assiège  par  les  Impériaux.  Il  ehaia 
ensuite  les  Ilollamlais  du  camp  de 
Mulheim,  s'empara  de  Traerbacli, 
et  reç  it.  en  récompense  de  ces  o- 
])loils ,  If  bâton  de  maréchal  de  Fru- 
cc  (  i4  janvier  1703  ).  Commandât 
en  cette  qualité  l'armée  d'Allema- 
gne, sous  le  duc  de  Bourgogne,! 
s'empara,  en  peu  de  jours,  de  BH- 
snch  ;  et  lorsque  le  prince  eut  quitlé 
Tarmée,  il  mit  le  siège  devant  Landao, 
qui  Ht  une  plus  longue  défense.  Les 
Impériaux  ayant  réuni  leurs  fores 
sous  les  ordres  du  prince  de  liesse, 
pour  attaquer  Ic-s  Français  dans  levs 
lignes  ,  Tallart  marcha  bravement 
au-devant  d'eux ,  les  rencontra  pièl 
de  Spire ,  fi  les  ayant  surpris  par  k 
rapidité  dc*'ses  mouvements,  rem- 
porta une  victoire  complète  et  si  dé- 
cisive ,  que  Landau  se  rendit  le  len^ 
demain ,  et  que  toute  l'Alsace  resU 
au  pouvoir  de  la  France.  Cette  épo- 
r[uc  est  la  plus  brillante  de  sa  tk, 
et  quoi  qu'eu  dise  Feuquières,  l'oo  de 
ses  détracteurs,  ce  triomphe  fntdA 
aux  bonnes  dispositions  autant  qtt*i 
la  valeur  du  maréchal ,  qui  sut  pren- 
dre l'initia tivc  des  mouvements,  et 
profiler  de  la  surprise  de  L'euiemi, 
attaqué  avant  d'avoir  pu  se  former, 
et  vaincu  lorsqu'il  crovait  mardier 
à  une  victoire  assurée,  bans  rivresse 
du  succès ,  Tallart  écrivit  au  roi  mie 
fanfaronnade  qui  a  eu  beaucoup  d'i- 
jiiila leurs.  «  ^onsavonspri5  àl  cmie- 
»  mi,  lui  diî-il,  plus  de  drapean 
»  et  d\'lendai-ds,  que  votre  majestv 
»  n\i  ])erdu  de  soldats.  »  Apris  un 


TAL 

liant  exploit,  ce  maréchal 
destine  à  des  succès  encore 
ieux  ;  on  lui  donna  le  com- 
;nt  de  Tarmce  la  plus  im- 
,  et  il   alla  remplacer  Vil- 

avait  eu  le  malheur  de  dc- 
'clectenr  de  Bavière.  Trois 
Vauçaises  furent  alors  en- 
i  secours  de  ce  prince.  Celle 
oi  forma  une  espèce  de  ré- 
•  le  l\hin,  tandis  que  celles 
in  et  de  ïallart   se   rcuni- 

troujics  de  rclcctciu* ,  dans 
;s  d'Hochslett,  où  Marlbo- 
e  prince  Eugène  vinrent  les 

Nos  gcne'raux  avaient  pour 
periorilc  du  nombre  ;  ils  eu- 

le  temps  de  se  concerter, 
laîtrc  le  terrain,  et  ils  dcli- 
avcc  calme,  dans  uu  con- 
uerre  tenu  en  présence  de 
'.  Cependant  il  eût  ctti  diili- 
ïire  de  plus  mauvaises  dis- 
..  Tallart,qui  avait  battu 

à  Spire,  en  le  prévenant 
mouvements  rapides  et  im- 
fit  celle  fois  tout  le  contrai- 
tlendit  sur  un  mauvais  ter- 
V.  profila  d'aucun  de  ses  avan- 
n  avait  arrête  dans  le  con- 

Tarmee  combinée  serait  di- 
deux  parties  distinctes  ;  que 
)es  de  Marsin  et  de  Tëiec- 
meraicnl  la  gauche ,  et  celles 
rt ,  la  droite.  Chacun  s'ar- 
:omme  s'il  eut  conduit  mie 

part ,  de  manière  que ,  par 
rreric  sans  exemple,  la  ca- 
dcs  deux  armées  placée  à 
aile  de  l'iuie  et  à  Taile  gau- 
Tautre,  formait  le  centre  de 
combinée.  Cette  armée  était 

pîrallcicmcnt  à  uu  ruisseau 

•  au  lieu  de  chercher  à  en 

le  passai;e  ,  on  s'en  tint 
;uc,  hii.Nsaut  duus  rinterval- 
laiîes  de  BoIsliU  et  de  Bien- 


TAL  425 

heim.  Pom*  comble  de  maladrc&se, 
Tallart  sépara  ses  deux  ligues  par 
une  large  fondrière^  et  il  lit  pis  en- 
core eu  plaçant  sur  le  front  de  sou 
aile  droite,  dans  le  village  de  Blen- 
Iieim  y  vingt-sept  bataillons  et  douze 
escadrous  de  ses  meilleures  troupes. 
Marlborough ,  qui  commaudait  la 
gauche  de  rennemi,  après  avoir  pas- 
se le  ruisseau  sans  obstacle ,  marcha 
droit  au  centre  de  rarmée  com])iuée, 
et  ne  vint  faire  capituler  Bleuheim , 
que  lorsqu'il  eut  cufonce  ce  centres! 
mal  disposé,  et  mis  en  fuite  les  Ba- 
varois et  Marsin ,  obliges  de  renon- 
cer à  un  commencement  de  succès 
pour  faire  face  à  leur  droite, qui  ve- 
nait d'être  mise  à  découvert  par  la' 
déroute  de  Tallart.  Quant  à  ce  gé- 
néral y  toujours  brave  de  sa  personae, 
il  fit  tous  ses  efforts  pour  rétablir  Le 
combat ,  et  voulant  rallier  ses  trou- 
pes ,  il  se  jeta  tête  baissée  dans  la 
mêlée  ;  mais  ayant  la  vue  très-courte,, 
il  prit  im  corps  ennemi  nourdes  Fran- 
çais ,  et  fut  pris  et  conduit  à  Marlbo- 
rough» Ainsi ,  il  était  dans  les  iiiaLis 
de  l'ennemi ,  lorsque  les  troupes  qui 
occupaient  Bleuheim,  se  rendiraitpar 
capitulation;  et  il  n'eut  aucune  part 
à  ce  honteux  dénouement  d'une  jour- 
née si  désastreuse.  On  le  conduisit  en 
Angleterre,  comme  une  sorte  de  tro- 
phée ,  avec  les  drapeaux  et  les  canons 
que  l'on  avait  pris  f  et  il  resta  huit 
ans  prisonnier  à  Londres.  Ou  pré- 
tend que  son  séjour  dans  cette  capi- 
tale ne  fut  pas  tout  à-fait  inutile  à  la 
France ,  et  qu'il  y  concourut  par  ses 
intrigues  à  faire  rappeler  de  1  armée 
d'Allemagne  le  duc  de  Marlborough. 
Ce  qu'il  y  a  de  sûr,  c'eàt  (ju'il  îfut 
parfaitement  traité  par  la  reine  An- 
ne, ([ue  cette  princesse  le  renvoya 
sans  échange ,  et  que  dès  le   com- 
mencement de  s.i  captivité,  le  roi  de 
France,  opposant  ses  faveurs  aux 


M 


TAL 


disgrâces  de  la  fortune ,  lui  donna  le 
gouvernement  de  la  Franche-Comte'. 
Après  son  retour,  en  1712,  il  fut 
crée  du«  d'Hostun ,  et  sa  terre  fut 
érigée  eu  duclie'  pairie;  euAn,  Louis 
XIV  lui  doima  une  preuve  d'estime 
encore  plus  grande ,  en  le  nommant, 
par  sou  testament,  membre  du  con- 
seil de  régence.  Ce  tes ti ment  étant 
resté  sans  exécution  (  V.  Orléans, 
XXXII  ,111),  Tallart  fut  quelque 
temps  oublié;  mais  le  régent  lui-mc- 
me  le  rappela  ensuite  au  conseil  5  et 
lorsque  Louis  XV  prit  les  renés  du 
gouvernemeiit ,  il  eut  recpurs  aux  lu- 
mières du  maréchal,  et  le  fit  mi- 
nistre-d'état. L'académie  des  sciences 
l'avait  admis  comme  membre  hono- 
raire, en  17^3,  et  il  présida  cette 
compagnie  l'amiée  suivante.  Il  mou- 
rut le  10  mars  1728.  «  C'était,  dit 
»  Saint-Simon,  im  homme  de  taille 
»  médiocre,  avec  des  yeux  un  peu 
»  jaloux ,  pleins  de  feu  et  d'esprit , 
»  mais  sans  cesse  battu  du  diable  par 
9  son  ambition , ses  vues,  ses  menées 
»  et  ses  détours  ;  un  homme  enfin  à 
»  la  compagnie  duquel  tuut  le  monde 
»  se  plaisait,  et  à  qui  personne  ne 
»  se  fiait.  »  Fontenelle ,  qui  a  fait 
son  Éloge  historique ,  en  qualité  d'a- 
cadémicien ,  le  traite ,  selon  l'u- 
sage ,  beaucoup  plus  favorable- 
ment :  il  ne  dit  pas  à  quelle  espè- 
ce de  connaissances  ce  grand  sei- 
oieur  dut  T honneur  d'entrer  à  l'aca- 
démie; il  dit  bien  moins  encore  com- 
ment ,  malgré  ses  écl)ei\s  .  le  roi  lui 
conserva  toujours  sa  faveur;  maison 
voit ,  dans  Saint-Simon,  que  le  fut 

Sar  suite  dr  la  protection  de  Villeroi 
ont  la  fortune  eut  tant  de  rappori'% 
avec  la  sienne.  —  I^  fils  aîné  du  ma- 
réchal lie  Tallarl .  brigadier  dr^s  ar- 
mées du  roi .  mourut  di\s  bî(-s:!rcs 
qu*il  avait  rcTUcs  à  côté  de  lui ,  dans 
la  malheureuse  journée  d'Hochsictt. 


TAL 

Son  second  fils,  qui  lui 

SCS  biens  et  titres,  n'a  pas  laisse  de 

postérité.  M — b  j. 

TALLEMANT  (François),  iinna- 
teur  français,  naqidt  k  La  Rochelle , 
vers  1620.  Ayant  embrassé  rëtat 
ecclésiastique,  il  obtint  plusieurs  bé- 
néfices :  l'abbaye  du  Val  chretiep, 
le  prieuré  de  Saint-Irénëe  de  Lyoo; 
et  fut  pendant  vingt-quatre  ans  au- 
mônier du  roi  Louis  XIV.  On  a  phs 
de  peine  à  se  rendre  compte  de  sa 
succès  dans  la  carrière  JitléraÎRy 
car  on  n'a  de  lui  ancune  prodnctîoa 
antérieure  à  \i\5i ,  époque  où  il  en- 
trait à  l'académie  française.  S'il  fi- 
gure en  1662  dans  la  liste  des  gos 
de  lettres  recommandes  par  Chape- 
lain ,  c'est  avec  cette  note  :  c  II  sait 
»  assez  la  langue  grecque  et  ladoe^ 
9  et  pour  la  française  ce  qu'il  écrit 
»  n'est  pas  naturel.  On  n'a  rien  Ta 
v  de  lui  qu'il  ait  fait  de  son  chef, 
»  que  qucirpjes  lettres  et  qnclqiies 
»  préfaces ,  dont  on  ne  q^urait  oiie 
»  ni  bien  ni  mal.  Il  s'est  {été  dans  b 
»  traduction  des  Vies  de  Plutarqae,à 
v  quoi,  par  un  grand  travail,  il  rémsr 
9  sit  fort  bien.  D'antre  entrepnK 
»  où  il  faut  du  fond  et  du  dessein,  îi 
»  ne  s'en  tient  pas  lui-même  capable.  » 
Cette  version  de  Plutanpie  parut  i 
Paris,  en  8  vol.  in-ia,  de  i663i 
iG65,  fut  réimprimée  à  Bmdics, 
en  1667  ,  et  eut ,  pendant  la  rie  da 
traducteur,  quelques  autres  ëdîtioiis. 
II  s*cn  faut  pourtant  qu'elle  ait  réuS' 
si  au\  yeux  du  public  comme  à  cens 
de  Chapelain  :  c'est  à  Fr.  Tallemant 
que  s'applique  le  vers  de  Boileau  : 

Et  11-  MT  ft.HliicIriii  i!u  frannÎA  li'.taiiot. 

(  ilp.  %il  y  T.  go)- 

Huet  dit  qu'elle  déplut  même  à  la 
rour,  qui  la  trouva  diffus' et  languis- 
>aute.  On  coi^vint  généralement  que 
>i  Talleui ml  savait  le  grec  ,  ce  dent 


TAI. 

ne  convenait  pas ,  s'il  euten- 

itin,  ritalicn,  Taudais ,  Fes- 

comme  ses  amis  l'en  jfëlici- 

ii  cfcriyail  fort  mal  en  lanp;uc 

B.  Sa  traduction  de  Plntar- 
icee  depuis  par  celles  d'An- 
ier  et  de  Ricard  (P^.  ces  deux 

C,  4^3,  et  XXXVII,  5oi  , 
Tétait  d'avance   par    celle 

t>  (  ^ojez  ce  nom,  II, 
'rançois  Tallcraanl  se  mit 
I  traduire  de  l'italien  Vl/is- 
?  la  république  de  P'ani- 
•  Nani ,  c'est  -  à  -  dire  seu- 
la  première  partie  de  cet 
,  celle  qui  répond  aux  an- 
i3  -  1^)44  •  Celte  traduction, 
à  Paris,  eu  i(i79  et  1680, 
n  -  lîi,  reparut  à  Cologne, 
;  et  cette  seconde  édition  est 
>le,  parce  qu'on  y  a  rétabli 
âges  retranches  ou  altérés 
iremicre.  fta  seconde  partie, 
:nd  jusqu'à  l'année  16^1  ,  a 
en  plus  mauvais  français  eu- 
r  Masclaury ,  Amsterdam  , 
u  vol.  in-i!2  :  Nani  (  Foy. 
55.4  ) ,  méritait  d'avoir  de 
jiles  interprètes.  Pour  com- 
listc  des  écrits  de  Fr.  Tal- 
nous  n'avons  plus  à  citer 
ttre  contre  Furetière,  insérée 
^lercure  Galant  de  mai  1 088; 
mois  où  mourut  Furetière, 
mune  ahhé  Tallemant  avait 
1  à  exclure  de  l'académie 
î,  en  i68j.  Cet  ahbc  a  fait 
clqiies  vers  ensevelis  en  des 
Drosseltc  prétend  qu'il  s'c- 
T  rinimitio  de  Roilean  par 
ence  qu'il  avait  eue  de  lire , 
c  acaflémie,  une  lettre  où  il 
fpic  lesatiriunc  venait  d'èlre 
t  maltraité  dans  nne  m.iison 
elle,  derrière  l'iiôtci  Coudé, 
ne  des  anecdotes  fabuleuses 
isemUaUes  dont  Brossette  a 


TAL 


4^5 


grossi  sou  commentaire;  car  la  ré- 
gularité bien  connue  des  mœurs  du 
poète  aurait  trop  démenti  cette  ca- 
lomnie; et  nous  ne  poirvons  croire 
que  l'abbé  fût  assez  dépravé  pour  se 
la  permettre.  Il  était  néaimioms  d'un 
caractère  fort  inquiet  :  il  ne  pouvait 
rester  paisible  ;  et  dans  un  temps  où 
plusieurs  membres  de  racaaémic 
française  étaient  appelés  Son  Éminen- 
ce^  Son  Excellence,  Sa  Grandeur, 
etc. ,  on  le  qualifiait ,  dit- on ,  Son 
Inquiétude.  Il  mourut  h  Paris ,  le  6 
mai  1693 ,  étant  sous-<loycn  de  l'a- 
cadémie. Peut-être  était- il  pai-ent 
d'un  Tallemant  y  des  Beaux  {domt^ 
de  Saintooge  )  y  auteur  d'une  épita- 
phe  en  vers  ,  de  Patru ,  imprimée  en 
quelques  recueils.  D — n — u. 

TALLEMANT  (  Paul  ) ,  littéra- 
teur français^  cousin  du  précédent, 
et  comme  lui  ecclésiastique  et  acadé- 
micien, était  ne  à  Paris,  le  18  juin 
i652.  Son  aïeul  maternel,  Pugetdc 
Montauron ,  receveur-général  des  fi- 
nances ,  avait  acquis  et  dissipé  une 
grande  fortune  ;  attirant  chez  lui 
des  gens  de  lettres  ,'.et  prétendant  ré- 
compenser leui*s  travaux  ;  accep- 
tant et  payant  cher  de  nombreuses 
dédicaces.  Ce  qui  lui  restait  de 
biens,  ce  que  cette  munificence  et 
d'autres  profusions  n'avaient  ])oint 
épuisé,  fut  réclamé,  peu  avant  sa 
mort,  par  la  cliamljrc  de  justice, 
chargée  d'examiner  son  administra- 
tion. Ce  financier  avait  marié  sa  fille 
à  Gédéon  de  Tallemant ,  (jui  exerça 
les  fonctions  de  ma  tire  des  requêtes 
et  d'intendant  de  ])rovince ,  et  qui , 
riche  de  plus  de  cent  mille  livres  de 
rente  ,  parvint  «iussi  à  dissii>er  son 
ra))ital  par  ses  prodigalités  dans 
ses  intendances ,  par  les  pertes  énor- 
mes qu'il  fit  au  jeu  chez  le  cardi- 
nal Mazarin ,  et  par  ses  relations 
avec    des    littérateurs    faméliques. 


4aO  TAL 

11  m  lo^-viit  quelques' -  111)»  dans 
suii  liùlrl,  il  en  pensioiiu«'iit  plusieurs 
autres;  il  les  traitait  tous  inagnid- 
(|ueiiieiit.  Ku  iiu  mot  l'aïeul  et  le  i>ère 
de  Paul  Tallemaut  avaient  si  Lien 
procède',  qiiclors(|u*iI  les  perdit  Tun 
et  l'autre,  étant  lui-même  fort  jeu- 
ne, .  ils  lui  laissaieut  à  peine  de 
quoi  subsister.  Mais  il  avait  connu 
chez  eux  y  outre  leurs  parasites,  tout 
ce  qu'il  y  avait,  dit  de  Bozc,  de  plus 
distingue  à  la  ville  et  à  la  cour.  Il 
était  d'ailleurs  parent ,  non  seule- 
ment de  Fran^^ois  Talleinant,  mais 
;nissi  de  l'evêque  de  Marseille  Po- 
meuse  ,  cl  de  deux  dames  qui  avaient 
alors  du  crédit  et  de  la  cc'lcbrite , 
JM"»<'.Peli.ss.irict  Mn»<^.  de  La  Sablière. 
II  sut  tirer  p.-irti  de  ces  relations  :  le 
j;(»ùt  des  poésies  galantes  dominait 
dans  la  j)lui)art  de  ces  iociclos;  Tab- 
Lc  Paul  Tallemant  fit  de  petits  vers, 
des  idylles,  des  pastorales,  deses- 
quissesd'opera.Il  composa,  dès  Page 
de  dix-huit  ans,  un  Voyage  à  Pile  d'A- 
mour, opuscule  en  vers  et  en  prose, 
qui  fut  imprime  à  Paris  ,  in-iîi ,  en 
iG(33  ,  et  qui  reparut,  en  1GG7  ,  en 
Hollande,  dans  un  Recueil  de  pièces 
nouvelles  et  galantes.  C'est  une  com- 
posilion  allégorique,  destinée  à  dé- 
crire les  cliarmes,  mais  aussi  h  in- 
diquer les  ecueils  et  les  périls  des 
Sassions  tendres  :  il  n'en  fallut  pas 
avantage  j)our  ouvrir  à  Tallemant, 
en  i()()G,  les  portes  de  l'académie 
française  ,  011  n'entraient  encore  ni 
Quinault,  ni  La  Fontaine;  ni  Racine, 
(fui  faisait ^/i//ro/7i^//f/e;  niBoileau, 
qui  avait  acliCA'ésepl  de  sq$  Satires  ; 
mais  on  vient  de  voir  combien  Tal- 
lemant avait  de  protecteurs  dans  ses 
])roches ,  dans  ses  amis ,  d.âns  les  an- 
ciens peiî.siunnaircs  de  sa  famille. 
(Juaiid  sa  mère  le  vit  académicien  , 
successeui-  de  (lombaud  :  De  mes 
cinq  enfants  ,  dit-elle,  en  voilà  ton» 


TAL 

jours  UD  de  pourvu.  Ce  propos  «n'é' 
»  tait  pas  tout-à-fait,  ait  oe  Boki 
»  dans  les  règles  d'uue  esLacte  logi- 
»  que  ;  mais  par  la  suite  il  se  troura 
9  heui*eusemetit  justifié  pour  l'hon' 
»  îieitrdifs  lettres.  9  C'est  par  erreur 
que  le  même  de  Bozc  ne  donne  à 
Paul  Tallemant,  lorsqu'il  pronon- 
ça son  discours  de  re'ccption  ,  que 
vingt- deux  ou  vingt-trois  ans  :  il  eu 
avait  vingt-quatre;  et  durant  les  six 
années  suivantes ,  il  ne  mit  au  jour 
aucune  autre  production.  Mais  en 
liy'j'iy  il  fit  un  éloge  funèbre  da 
chancelier  Séguier;    en    i&jS,  un 
premier  pancgiriqiie  de  Louis  XI Y, 
et  une  Harangue   à  ce  monarque, 
après  la  prisedc  Macstricbt  ;  en  16^4 
un  Compliment  à  l'archevêque  de  Pa- 
ris ,  Haiiay  ;  eu  iG^S  ,  ou  Discours 
sur  l'utilité  des  académies^  en  1676, 
une  Réponse  au  jésuite  Lucas ,  qui  ve- 
nait de  soutenir  que  les  inscriptions 
publiques  devaient  être  en  latin  et 
non  en  français  :  c'est  un  procès  yi 
acte  souvent dcljattu  entre rônidilion 
et  la  raison ,  et  que  la  seconde  a  Icplos 
souvent  perdu.  Sous  l'année  16^27, 
on  eut  de  Tallemant  un  Pau«(yriqiK 
du  roi  sur  la  campagne  de  Flanut, 
imprimé  et  enseveli ,  comme  les  dis- 
cours précédents ,  dans  les  recueils 
de  l'académie  française;  et  sous  Pas- 
née  1G78 ,  les  paroles  d'un  opéra  de 
Perséc,   chanté    au  Louvre,  pour 
M(n<:.  de  Thiangc.  Beauchamps  fait 
mention  de  cet  opéra  ,  dont  Nioenn 
et  de  Boze  ne  parlent  pas,  occupés 
qu'ils  sont  de  recueillir  les  titres  de 
toutes  les  harauguos  académiques  de 
cet  écrivain.  Au  foud,  ce  fut  k  dics 
qu'il  dut  ses  succès  et  sa  fortune.  I«es 
lectures  que  l'académie  lui  fit  faire, 
dans  les  séances  publiques,  demû 
iG^'i  jusqu'en  1G77  ,  lixèreni  rat- 
teution  de  Colbert,  et  valurent  au 
])eiit-fds  deMontaiiroudcs  pcnaons , 


TAL 

Ars  bcnc(i<:e.s,  îcs  prieures  d'Aiiibicr- 
Ic  et  (le  Saint-Albin.    Le   ministre 
songea  ninne  à  Tenvoycr  à  Rome  en 
qUitiile  d'auditeur  de  Rote  :  il  le  pla- 
r.i,  vers  i()r3,  dans  racadc'mie  des 
incdailles ,  avec  une  pension  de  cinq 
cents  ecus  :  cette  académie  ,  qui  de- 
puis est  devenue  celle  des  inscrip- 
tions, n'était  encore  composée  que  de 
3Tiatre  personnes  ;  (^olbert  lui  procura 
c  plus  la  charge  d'intendant  des  de- 
vises de   tous   les  cdilices  royaux. 
Quand  Le  Brun  entreprit  les  tableaux 
de  la  grande  calerie  de  Versailles,  il 
en   concerta  les  dessins  avec  Paul 
Tallemant ,  qui  y  joignit  des  inscrip- 
tions fort  verbeuses.  On  les  trouva 
si  mauvaises ,  dit  Furetière ,  qu'il  y 
eut  ordre  de  les  ellaccr  :  Cliaqientier 
en  com|)ysa  de  nouvelles,  qui  dispa- 
rurent à  leur  tour.  Lorsque  Colbert 
mounit,  en  i()83,  Tabbc  Tallejnant 
avait  commence  et  fort  avancé,  dit- 
on  y  la  description  de  toutes  les  mai- 
sons royales.  Il  était  avantageuse- 
ment connu  de  la  reine  de  France  , 
qui   mourut  la  même  année  et  qui 
avait  assisté,  ainsi  que  d'autres  prin- 
cesses, aux  sermons  qu'il  prêchait 
aux  (^irmc'Iites  de  la  rue  du  Bouloi 
et  aux  Nouvelles  Catholiques  :  car  il 
s'était  fait  théologien  et  prédicateur 
pour  convertir  des  parents  calvinis- 
tes qui  lui  restaient  h  Paris  et  sur- 
tout à  Li  Rochelle.  Après  avoir  pro- 
noncé, au  sein  de  l'académie  françai- 
se ,  un  KIogc  du  ministre  qui  l'avait 
conibîé  de  bienfaits,  il  y  fit  encore 
une  Haran^^iie  sur  le  rétablissement 
de  la  santé  du  roi ,  en    1687  ,  et  un 
tien  lier  Panégyrique  de  ce  prince,  en 
i08<).  En    i^>()7  ,  il  mit  à  la   tête 
des  Oî'jivres  de  Benserade  (Paris, 
dcMercy  ,  '2  vol.  in-ici)  un  Discours 
sommaire   touchant   la    vie   de   ce 
porif  ,  disroins  qui  a  étéquel({iiefois 
aUrilmé  mal  à   propos   à  François 


TAL  427 

Tallemant.  Paul  a  recusilli,  en  1  OpB, 
des  Remarques  et  décisions  gram- 
maticales de  Pacadcmie  française.  11 
eut  ordre ,  à  ce  que  raconte  d'Olivet, 
de  se  designer  sur  le  frontispice  de 
ce  petit  voiumc  (  in-i 2  ) ,  par  les  ini- 
tiales L.  (  l'abbé  )  T.;  l'académie  ne 
voulant  ni  répondre  du  style  de  ce 
rédacteur ,  ni  prendre  sur  elle  toutes 
ces  décisions ,  dont  la  plupart  n'éma- 
naient que  d'un  bureau  particulier. 
On  Pavait  chargé,  dans  le  cours  de 
Tannée  1694,  des  fonctions  de  secrcy 
taire  de  l'académie  des  médailcs,  qui 
comptait  alors  Luit  membres  (i). 
Il  fut,  dans  cette  compagnie,  l'un 
des  collaborateurs  et  l'âiteur  de 
l'Histoire  de  Louis  XIV,  par  les  mé- 
dailles ,  qui  parut  pour  la  première 
fois  en  170'Ji  :  il  y  avait  attaché  une 
préface,  qu'on  a  depuis  juge  à  pro- 
ies de  supprimer;  elle  n'est  que  dans 
es  cinquante  premiers  exemplaires 
de  l'édition  in-folio  ;  mais  on  l'a  ré- 
imprimée en  Hollande ,  et  Camusat 
l'a  transcrite  dans  son  Histoire  criti- 
que des  Journaux  (  tom.  11^  p.  iSo- 
197  ).  C'est  peut-être  le  meilleur 
écrit  de  P.  Tallemant ,  et  il  n'est  pas 
très-facile  de  deviner  pourquoi  l'on  a 
craint  d'en  faire  usage.  De  toutes  les 
conjectures  proposées  sur  ce  point , 
la  plus  probable ,  a  notre  avis ,  est 
celle  qui  suppose  qu'on  aura  été  mé- 
content de  ce  que  l'auteur  s'était 
permis  de  parler  fort  au  long  et 
même  à  deux  reprises ,  de  la  médail- 
le que  lit  frapper  Diane  de  Poitiers , 
maîtresse  de  Henri  II ,  avec  la  lé- 
gende :  Omnium  victorem  vici  (  V. 
Diane,  Xï,  1174  )•  On  ne  ti'ouva 
rien  à  redire  dans  l'Oraison  funèbre 

(1)  tibarpciilicr  ,  V,  Talleiniiit ,  A.  l'riibifii  , 
Biii  iur  ,  Uoilrju,  l'uurrcil  ,  Keunu:l«>t  ri  l<4  l.'iu- 
ht-re  :  —  ( '.liupi't^iu  ,  lk>nrz<>ii> ,  (^uiuanll  ,  ll<ilu^- 
aaut,  e\  Vvs.w  df*  lu  <ÎIihj>cUc,  qui  nv.iieul  <-I«- de 
rHtc  ii«:.uli-iiiic  ,  «-taîriit  luorl^.  Perrault  et  raiibr 
<ir.'iUoifl  fl'bUicut  iclirc*. 


}; 


428 


TAL 


de    Cil.   Perrault ,  prononcée    par 
Tallcmant  y  k  racadcmic  française  , 
ni  dans  les  c'Iogesau'il  fit,  comme  se- 
crétaire de  racauemie  des  iuscrip 
tions,  de  cinq   membres   de   cette 
compagnie:  le  duc  d'Anmont,  Et. 
Pavillon,  Ducbc,  Pouchard  et  Ba- 
rat,  décèdes  en  1704,  1705  et  1706. 
De  Boze  s'est  servi ,  pour  louer  ces 
cinq  morceaux,  d'expressions  assez 
étranges  :   a  La   manière  ingénieu- 
se ,  dit-il ,  dont  M.  Tabbé  décrivait 
»  nos  pcites,  a  souvent  fait  5oi/^m(cfr 
w  qu'elles  fussent  plus  fréauentes.  » 
Ou  est  d'autant  plus  surpris  d'un  tel 
souhait ,  que  les  cinq  Notices  dont  il 
s'agit ,  et  qui  remplissent  à  i>eine  ,  à 
elles  toutes  ,  dix  pages  in-4°. ,  n'of- 
frent aucim  trait  remarquable.  C'était 
évaluer  à  bien  peu  de  cliosela  pertedes 
académiciens,  que  de  la  trouver  com- 
pensée par  l'éloquence  de  leur  secré- 
taire. Dii  reste,  Tallcmant  se  démit  de 
ce  secrétariat  en  1706;  mais  il  con- 
tinua d'assister  assidûment  aux  séan- 
ces de  l'une  et  de  l'autre  compagnie. 
Dans  l'académie  française,  il  répondit 
en  qualité  de  directeur ,  aux  discours 
de  réception  de  l'abbé  de  Louvois  et 
du  marquis  de  Saint-Aulaire^  qui  ve- 
naient d'être  élus  malgré  Despréaux. 
Le  goût  des  vers  le  reprit  en  1 7  07  :  on 
lui  attribue  une  épigramme  sur  M.  et 
M'"<^  D acier.  11  publia  en  1 709 ,  sous 
le  titre  de  fer  luisant,  la  traduc- 
tion d'une  églogue  deHuet;  il  tradui- 
sit aussi,  dans  ses  loisirs,  d'autres 
poésies  latines  du  même  auteur  y  et 
quelques  Psaumes.  Mais  ces  dernières 
versions  n'ont  point  été  imprimées  , 
non  plus  que  des  Maximes  pour  /V- 
loquvnce  ,  qu'il  s'amusait  à  rédiger 
ou  à  recueillir.  Vers  le  commencement 
^le  r.niuéc  1 7 1 1  ,  il  essuya  une  alta- 
[uc  d'.'ipoplcMc,  languit  encore liix  - 
huit  vakÀs  ,   el  mourut  i  Paris  le  3o 
juillet    i7i.>.   Il  .iv.'iit  ^u    .icquérir 


TAL 

et  conserver  des  amis  qiii  le  re- 
grettèrent. Plus  l'ecommandable  par 
stis  vertus  que  par  ses  talents  ,  il  était 
d'une  société  douce,  et,  selon  de  Rd- 
ze ,  sa  seule  présence  inspirait  la 
gaîté;  a  il  brillait  surtout  dans  la 
parties  d'tm  honnête  piaisir  pr 
d'heureuses  saillies  et  par  des  ud- 
promptu.  »  L'article  qui  le  cob- 
ceme  dans  le  tom.  xxii  de  Nîcenn , 
est  emprunté,  en  grande  partie,  de 
l'Éloge  qu'a  fait  de  lui  de  Èoze,  M» 
successeur,  depnis  iro6,  dans  la 
place  de  secrétaire  de  racadémiedei 
inscriptions.  D— m— v- 

TALLEYRAND .(  i  )    est  db  sv- 
nom  que  prirent ,  au  commcnoemait 
du  douzième  siècle,  plasîeiin  sei- 
gneurs de  la  famille  des  comtes  sou- 
verains du  Périgord,  qui  remonte, 
par  les  maies,  jusqu'à  Boson  1**., 
comte  de  Charroux  ou  de  la  Mar- 
che, mort  vers  la  fin  du  dixiène 
siècle.  —  HÉLiË  Y,  dît  Talleyrabd, 
déjà  comte  dePérigord  l*an  11 16, 
après  son  père  Boson  111 ,  est  un  des 
premiers  qui  aient  porte  ce  sunon, 
devenu  depuis  le  titre  dislinctîf  d'une 
branche  cadette  de  cette  illustre  mai- 
son. Hclie  V  se  distingua,  roinmela 
1)lupart  de  ses  successeurs,  par  sa 
laine  contre  les  Anglais,  alors  maî- 
tres d'une  partie  de  la  France.  11 
entra  dans  une  ligue  contre  Ricktid 
(  Cœur -de-Lion  ),  duc  d'Aquitaine, 
qui  y  par  ses  cruautés  ,  ayait  sonlerc 
les  seigneurs  français  ses  vassau. 
Secouru  par  son  père  Henri  H ,  rsi 
d'Angleterre ,  et  par  les  troupes  du 
roi  d'Aragon ,  Richard  assiégea  Ptay* 
Saint-Front  (  ville  séparée  alors  w 
Périgucux  ) ,  et  s'emjuira  de  ortie 
place,  malgré  la  iX'sisL'iiicedu  comité 
llélie ,  qui ,  bientôt  après ,  eu  cfauw 


(  l'i  (a:  ii'iiii ,  <|ui  p^iaîl  A«<Mi  vie  »ii|;îii4În^*' 
■  m  ii<.*lli    «lu    luiii*,    >'wTÎliail    aulictou  TîilfVteM 
/':.://<-/ Il  m/ .  'i'tsIiutanH  v\  J  tiUtmmt 


TAL 

s.  Pendant  que  Richaitl, 
(l'Ancflelcrre  ,  était  dé- 
ili  i<  lie.  à  s(»n  retour  de  la 
tr  ,  Hélie-  Talleyraiid  lit 
ous  dans  l'Aquitaine;  mais 
Ide demaudcila  paixjors- 
rd  eut  recouvré  sa  li]>erté. 
ttacLéà  la  France,  il  aban- 
larli  de  Jean  Sans-Tcrrc  , 
de  Richard,  et  fit  hom- 
on  comltf  à  Pliilippe-Au- 
i  i'2o4.S'étanl  croisé  pour 
c ,  il  mourut  en  y  arrivant, 
vante. — Son  Iroisit-me  j'ils, 
,LYr.A>D  ,  Tut  le  chef  de  la 
?s  comtes  de  Griç;nols,de- 
ices  de  Chalais  et  de  Tal- 
e  qui  n'a  pas  cmpcclic  que 
•  nom  n'ait  clé  porté  par 
ei*sonnaj;e5  de  la  branche 
:*à  coni  les  de  Périgord  ,  suc- 
'Ilélie  V,  eurent  des  dé- 
'.  le  chapitre  (le  Puy-Saiul- 
îveo  les  habitants  de  cette 
î  Périj;ueux.  DejMus  l'af- 
ment  des  communes ,  il  y 
i  qui  montrèrent  jdus  de 
de  constanec  «pie  ces  deux 
ir  défendre  leur  indépen- 
trc  les  comtes  de  Périp;ord. 
iudII,  deuxième  fds  d'Hc- 
divisa  pour  les  asservir, 
longues  guerres^  elles  se 
ians  une  même  enceinte , 
Leurs  querelles  ayant  rc- 
:  bientôt,  un  jugement  de 
s,  eiii'À^ij^  prononça  que 
ïÉLiE  VI ,  (ils  d'Arcbam- 
)crdrait ,  pour  le  temps  de 
droits  qu  il  prétendait  sur 
Saiut'Frout,  les  attribua 
antSy  en  dédommagement 
crtcs  y  et  condamna  la  cité 
eux  à  des  dommages  et  in- 
cnlevant  ainsi  au  comte  de 
le  droit  d'administrer  la 
ins  ses  domaines ,   saint 


TAL  429 

Louis  prépara  la  révolution  qui,  par 
le  traité  de  ri^Q,  priva  le  comte  de 
Périgord  Archamdaud  III  de  Pim- 
médiatiou ,  et  conmiença  les  grands 
malheurs  de  cette  dynastie.  Un  autre 
traité,  qui,  en  12471  avait  affranchi 
BosoN  1*»".,  comte  de  Grignolset  ses 
successeurs,  de  Pliommagc  envers 
les  comtes  de  Périgord ,  leurs  aînés , 
fut  confirmé  en  1277,  en  faveur 
d'HÉLiE  II  de  Talleyrand  ,  fils  de 
Boson. — RoGER-BuiifARD,  deuxième 
fils  d'Hélic  YII  et  petit  -  fils  d'Ar- 
chambaud  III ,  fut  un  des  seigneurs 
les  plus  considérés  de  son  temps. 
Pour  le  récomjîenser  du  zèle  qu'il 
avait  montré  dans  les  guerres  de  la 
France  contre  l'Angleterre,  Philippe 
de  Valois  lui  donna  la  terre  de  Mon- 
trevel,  et  lui  rendit,  en  i342,  une 
partie  des  droits  de  domination  dont 
ses  ancOtres  avaient  été  dépouillés. 
Les  Anglais  ayant  soumis  toutes  les 
places  du  Périgord ,  Roger-Bernard 
de^'int,  malgré    lui,    vassal   d'une 

{)uissance  qu'il  n'avait  cessé  de  com- 
)attre.Mais  leprincedc  Galles,  vou- 
lant le  gagner  par  des  bienfaits,  lui 
remit  la  ville  de  Périgueux.  Le  com- 
te résolut  alors  d'abolir  enfin  l'autori- 
té municipale  des  boui*gcois  de  cette 
cité.  Ils  furent  protégés  par  Jean 
Ghandos, lieutenant-général  de  Guieu- 
ne  pour  le  roi  d'Angleterre,  et  main- 
tenus dans  les  droits  de  seigneurie  et 
de  juridiction  :  ce  jugement  fut 
confirmé  par  le  prince  de  Galles ,  en 
i3G3.  La  même  année,  Boson  II de 
Talleyrand,  prince  de  Chalais,  fut 
obligé  de  rendre  hommage  à  l'Angle- 
terre, pour  sa  terre  de  Grignols.  La 
maison  de  Périgord ,  ainsi  que  les  au- 
tres grands  vassaux  de  Guieime,  se- 
coua le  joug  des  Anglais .  et  rentra 
sog^s  la  domination  de  la  France ,  ci 
i3(>8.  Roger -Bernard  mourut  l'an- 
née snivante ,  laissant  deux  fils,  dont 


43o  T.VL 

le  second,  Talluvr  AND  de  Pcrijjord, 
iiit,  en  iS-jo,  coramandaiit-gciicral 
dans  la  GuicuDc  pour  le  roi  de  France, 
qui  le  qualifiait  son  cousin.  —  Ar- 
cuAMBAun  V,  raîné,  ayant  en  de 
nouveaux  démêles  avec  les  habitants 
de  Peripueux ,  pour  un  droit  de  ])ea- 
gc  y  dédaigna  de  le  soumettre  au 
jugement  du  parlement  de  Paris  ,  et 
traita  ces  bourgeois  de  reltelles  *  mais 
ils  obtinrent  du  roi,  en  1 3(j'i,  la  per- 
mission d'informer  contre  le  comte. 
Ârchambaud  prit  les  armes  pour 
soutenir  ses  prétentions; mais  en  pro- 
testant qu'il  ne  voulait  que  défendre 
ses  droits,  et  nullement  attenter  con- 
tre ceux,  du  roi  de  France,  l.es  hos- 
tilite's  furent  même  suspendues  ,  ])ar 
reiitremise  de  son  cousin,  llelie  III 
DE  Tam.eïram)  ,  sire  de  Grignols, 
prince  de  Chalais,  fils  de  Boson  11  , 
et  chambellan  de  Charles  Vf.  Ku 
i3()j,  Ârchambaud  se  soumit  et  li- 
vra au  roi  quatre  châteaux  forts. 
Mais  voyant  qîie  le  ministère  pen- 
eh.ut  en  faveur  des  bourgeois ,  il  re- 

})ritles  armes.  Trop  faible  pour  tenir 
a  campagne  devant  l'armée  royale  , 
commandée  par  le  maréchal  de  ]iou- 
cicaut,  et  force  de  se  rendre,  après 
avoir  soutenu  un  siège  de  deux  mois 
dans  le  clialeau  de  Muntagiiac,  il  fut 
conduit  h  Paris,  où  le  parlement  le 
condamna  au  bannissement  ^  par  un 
premier  arrêt  ,  en  i3<)l;  et  p.':r  un 
second ,  en  i  ?u)H ,  à  j>er(i!e  la  tête  et 
son  ronile.  Le  roi  lui  lit  grâce  de 
la  vie;  et  son  frère  (  I-iouis  duc 
d'Orieans  ),  t\vi  convoitait  les  eUts 
du  comte  de  Pcrigord  ,  lui  donna 
de  l'argent  pour  passer  en  Angleterre, 
où  Arcl)ambautl  mourut  l'année  sui- 
vante. —  AucuAMiiALH  M  ,  mcnije 
avant  la  mort  de  son  père,  fut  remis 
m  possession  du  Perigurd  .  parordi*c 
(iii  roi  .  qui  n'en  retint  «pie  la  capi- 
tale. La  iiaulcur  avec  Uf|uelic  Ar- 


TAL 

chambaud  récjama  cette  yiUe  ne  fit 
qu'ajouter  à  ses  torts  béreditaires. 
Sa  tentative  d'eolever  la  fille  d'un 
bourgeois  de  Pcrigueux ,  acheva  de 
le  perdre.  Le  parlement ,  pour  ce 
délit,  le  bannit  et coniisqua  ses  biens, 

Ear  arrêt  du  ig  juin  i3()9.  Arcliam- 
aud  se  retira  en  Angleterre,  et  le  com- 
te de  Pcrigord  fut  donné  au  duc  d'Or- 
léans ,  qui ,  des  long-temps,  préparaît 
la  ruine  de  cette  maison.  Archam- 
baud revint  en  France  avec  les  Anglais; 
mais  il  ne  put  recouvrer  son  patri- 
moine, et  mounit  en  i4^^y  sans  pos- 
térité. Le  comté  de  Périgord  fut  ven- 
du, en  1 437*  par  Charles ,  duc  d'Or- 
léans, fils  de  Louis,  à  JeaudeBloîs, 
dit  de  Bretagne,  dont  la  petite-fille 
l'apporta  en  dot,  avec  le  vicomte  de 
Limoges,  à  Alain  d^Alhret,  qu'elk 
épousa,  en  1470-  Antoine  de  Boui^ 
])on  l'acnuit ,  par  sou  mariage  avec 
Jeanne  a  Albret;  et  leur  fils,  HfDri 
IV,  le  réunit  à  lacouronneyen  iSSc). 
Après  l'extinction  delà  puissance  et 
de  la  race  des  anciens  comtes  de  ¥6- 
rigord,  la  branche  cadette  ,  conme 
sous  le  nom  de  sires,  puis  comtes,  de 
Grignols,  et  enfin  princes  deQialab 
et  de  Talleyrand,  a  continué  jusqu'à 
nos  jours.  A — ^t. 

TALLEYRAND  DE  PâlI- 
GOHD  (  Hélie  ),  cardinal,  né  en 
i3oi,  était  le  second  des  trois  fils 
d'Hciie  VI L ,  comte  de  Pérîgoid.  Sa 
mère,  Prunissendë,  fille  de  Roger- 
Bernard  III,  comte  de  Fuis ,  et  Tme 
des  plus  belles  femmes  de  sou  temps, 
fut,  dit-on,  le  principal  lieu  mii 
retint  en  France  le  pape  Clément  V. 
Destiné  à  l'état  ecclésiastique,  Tal- 
leyrand  lit  de  bonnes  études ,  et  s'ap 
niiqua  si>écialement  au  droit.  Ses  ta- 
lents et  sa  naissance  réterèrent  npi- 
drinent  aux  premières  dignités  de 
TKglise.  Poun  11 ,  des  IVn£auce,  d'un 
benéiice,  il  devintnrrhidiacredePc- 


is  de  Uichcmoiul,  diocl*- 
abbc  de  Clianceladc  et 
iinoj^cs ,  en  1 3 9. 4  ;  "lais  il 
•nsacrc  à  cause  de  son  a^e, 
qu'en  novembre  i3'25, 
iliait  qu'éveque  nomme, 
p're,  en  i3'28,  à  rëvechc' 
et  sacre  parle  pape  Jean 
lui  accorda  un  subside 
r  tous  les  ecclésiastiques 
L'se.  ])edaij];nant  la  pom- 
îtree  solennelle  dans  Au- 
uue  retraite  de  six  jours 
le  Saint-Germain  de  celle 
n  de  satisfaire  plus  libre- 
ission  pour  les  lettres  ,  il 
une  espèce  de  cloître  où 
îi  bel  api^irtemenl  à  quel- 
e   de   révêclié.   L'année 
confirma,  par  un  diplo- 
Coulanpjcs,  la  fondation 
Ireuse  de  lîasseville;  et, 
l  assista  à  la  consécration 
e  Saint-LoiiisàPoissy.  Le 
v.iit  eu  occasion  d'appre'- 
liie,  voulant  Tattacher  à 
î,  le  (it  venir  à  Avijpion, 
et,  par   une   promotion 
î  créa  cardinal -prêtre  de 
''e  aux    liens  ,   au  titre 
.  T.dieyrand  acquit  bien- 
îîrandc  inlluence  dans  le 
ue.    A  la   mort  de   Jean 
i3Ji ,   il  se   trouva   le 
dinaux  iVanrais,  quircni- 
l.nis  !c  conclave ,  sur  la 
»  italiens,  et  qui  élurent 
.  Il  sf  dr'niii, cette  année, 
d'Auxcnc.  et  obtint  j)lus 
.'AIIkuio.  \a\  i34'>.  ,ilcon- 
vsammcut  à  relcrlion  de 
1  :  aussi  jouis.sait-il  d'un 
bornes  aupirs  de  ce  pon- 
il  |)nrt.'iç:;rail  d'ailleurs  le 
('  faste  et  |)(»ur  les  plaisirs, 
iiaudc  du   i;('ucral  et  des 
';  «](s  (/ndclifTs,  le  pape 


TAL 


45 1 


le  nomma  protecteur  de  ronlrc  de 
saint  François.  Agnès  de  Perigord  , 
sœur  du  Cardinal,  avait  épouse  Jean, 
duc  de  Gravina  ,   l'un  des   lils    de 
Charles  II,  roi  de  Naples.  Charles 
de  Dura 7. ,  issu  de  ce  mariage ,  ayant 
enlevé  Marie  d'Anjou,  saiir  de  la 
reine  Jeanne  I". ,  quoiqu'elle  eût  c'te 
promise,  par  le  roi  Uobeit^son  aïeul, 
à  Louis  1"^^. ,  roi  de  Hongrie,  et  ne 
pouvant  l'ëpouser  sans  dispense ,  par- 
ce qu'elle  était  sa  nièce  à  la  mode  de 
Bretagne;  Talleyrand  obtint  du  pa- 
pe cette  (dispense  pour  son  neveu  : 
mais    ce  mariage  attira  au  cardi- 
nal une  longue  suite  de  chagrins. 
Charles  de  Duraz  fut  accuse  d'avoir 
trempe  dans  l'assassinat  de  sou  beau- 
frcre  André',  roi  de  Naplcs,  soit  qu'il 
eût  peut-être  fomente  la  division 
entre  ce  piince  et  la  reine  Jeanne , 
son  épouse ,  soit  qu'on  le  crut  senlc-^ 
ment  intéressé  à  ce  qu'ils  n'eussent 
point  d'enfants.  Ces  accusations  re- 
jaillirent sur  Talleyrand  ,  à  qui  ce- 
pendant on  uepouvait  reprocher  tout 
au  plus  que  a'avoir,  par  ses  intri- 
gues ,  retanle'le  couronnement  d'An- 
dré, et  influé  par  là,  quoique  trcs- 
indirectement ,  sur  la  mort  de  ce 
prince.    Elles   éclatèrent  scandaleu- 
sement dans  une  occasion  remarqua- 
ble. 11  s'agissait  d'influencer  rélcc- 
tion  d'un  empereur  à  la  place  de 
Louis  V,  que  Clément  VI  avait  ex- 
communié. IjCs  cardinaux  français, 
dont  Talleyrand  était  le  chef,  vou- 
laient   faire    nommer    Charles    de 
Luxemboui'g  ;   mais  les  cardinaux 
gascons,  alors  sujets  de  l'Angleter- 
re, a^ant  à  leur  tête  le  cardinal  de 
Comminges,  formaient  une  violente 
opposition.  Dans  la  chaleur  de  la 
dispute ,  les  deux  cardinaux ,  en  plein 
consistoire ,  sans  égard  pour  la  pré- 
sence du  pape,  vomirent  l'un  contre 
l'autre  des  injures  atroces,  s'appr- 


432  TAL 

lant  rcciproqucmciit  traîtres  à  l'Egli- 
se ,  etc.  Coinmiuges  reprocha  à  Tal- 
Icyraïul  d'avoir  trempé  dans  l'assas- 
sinat du  roi  André.  Le  cardinal  de 
Pcrigord ,  furieux ,  se  leva  pour  frap- 
per son  rival ,  'qui  se  disposait  à  lui 
tenir  tête  ;  et  ils  allaient  en  venir  aux 
mains ,  si  leurs  collègues  et  le  pajMï 
lui-même  ne  les  eussent  séparés.  Cette 
scène  causa  une  grande  rumeur  dans 
Avignon  :  les  partisans  et  les  domes- 
tiques des  deux  cardinaux  s'armè- 
rent de  part  et  d'autre;  mais  une  i-é- 
conciliation  apparente  empêcha  l'ef- 
fusion du  sang.  Cependant  la  faction 
de  Talleyraud  remporta  :  Charles 
fut  élu  roi  des  Romains ,  en  1 346 , 
et  bientôt  la  mort  de  Louis  de  Ba- 
vière le  laissa  possesseur  du  tronc 
impérml.  Lorsque  Louis ,  roi  de  Hon- 
grie, ait  vengé,  a  Naples,  la  mort  de 
son  frère  André,  il  écrivit  au  pape, 
four  se   plaindre  de   Talleyrand , 

?u'il  accusait  d'y  avoir  parlicipc. 
llémcnt  VI  chargea  son  légat,  le 
canliual  Gui  de  Boulogne,  m  i3^8, 
de  réconcilier  le  roi  de  Hongrie  avec 
la  reine  Jeanne,  et  de  jiistiiier  Tal- 
leyrand. Tia  négociation  traîna  en 
longueur.  Louis  ,  par  ses  lettres ,  par 
ses  ambassadeurs ,  revenait  sans  ces- 
se à  la  charge  contre  le  caiilinal;  et 
le  pape  répondait  toujours  qu'il  n*é- 
tait  pas  imaginable  qu'un  prélat  il- 
lustre par  sa  naissance  ^  ses  talents 
et  ses  vertus ,  eût  voulu  se  déshono- 
rer par  un  crime  où  il  avait  si  peu 
d'intérêt.  Enfin,  la  paix,  conclue  à 
Avignon,  en  i35i  ,  et  surtout  la 
peste,  ([ui  força  le  roi  de  Hongrie  de 
retourner  clins  ses  états ,  rendirent 
le  trône  à  Jeanne,  et  la  tranquillité 
au  cardinal,  qui.  corrigé  par  cette 
leçon ,  cessa  de  se  mêler  d  intrigues 
«'Iraugère.s.  Ce  fut  à  celte  époque 
qu'il  connut  Pétranpie ,  dont  il  de- 
vint Tami,  le  protecteur,  et  qu'il  au- 


TAL 

rait  fait  nommer  secrétaire  aposto- 
lique, s'il  avait  pu  yaincre  le  goât 
du  poète  pour  rindépendanoe  et  pour 
l'Italie  (  Fqy.  Petrabque  ).  Lon- 
quc  le  fameux  tribun  Rienzo  eut  été 
conduit  prisonnier  à  Avignon ,  le  car- 
dinal de  Périgord  fut  probablemoit 
un  des  trois  commissaires  que  le  pa- 
pe chargea  de  le  juger ,  et  aont  riîs- 
toire  ne  nous  à  pas    transmis  les 
noms.  Le  jugement  no  fut  point  pro- 
noncé ;  et  Rienzo ,  grâce  k  sa  répu- 
tation de  poète  et  d'orateur ,  peut- 
être  aussi  aux  sollicitations  de  Pé- 
trarque ,  fut  mis  en  liberté ,  et  repa- 
rut quelque  temps  sur  l'horizon  po- 
litique {F,  RiEMzo  ).  Talleyrand  fut 
encore  un  des  commissaires- média- 
teurs qui  s'interposèrent  Taînement 
1>our  rétablir  la  [Vkix  entre  les  réjia- 
)liqiies  de  Venise  et  de  Gènes.  La 
mort  de  Clément  VI,  en  1 35a,  four- 
nit au  cardinal  une  nouvelle  occa- 
sion de  déployer  son  ascendant  5Dr 
le  conclave.  On  sentait  la  nécesHtf 
de  réformer  la  cour  pontificale,  et 
de  doimer  à  Clément  un  sucgcsmut 
dont  la  morale  fût  moins  relâchée. 
Déjà  Vm\   avait  jeté   les  yeux  sur 
Jean  Birel ,  général  des  Ghartmx, 
connu  par  la  sainteté  de  sa  vie  et  la 
hardiessedc  ses  prédications.  QàW- 
Icz-vous  fam/  dit  Talleyrand, ef- 
frayé ,  aux  cardinaux.  ( i )iiV voyez- 
vous  pas  que  ce  moine ,  accoutumé 
à  [gouverner  des  Muichorètes  i  vau- 
dra nous  soumettre  à  Vaiulmiede 
sa  refile  ?  Il  nous  forcera  d^  aller  à 
pied  comme  les  apôtres^  et  rf'm- 
i'oj'cr  nosbeaux  chevaux  à  la  chaf' 


I  *  r^llf}  riiiiil  »r  rrpriilit .  dil^M  ,  À' 
|h'-«-Ii<-   Ir   ^(llt■r•il  <lr%  (IhurlrniB   4*«Cr 
roinliU  cri  nrdrr  lU  liimfiiîlk  ,    Ht  mhrwtr 
^llilil|IIr  diBTtrraw  de  VaucUîm  ,  Jn«t  m 
Ar<lMmb«ud  IV,  rnmtc  d«  Prrigord , 
ii-!i  tiiiiflcmeiilii  ,  et  il  b  dota  i)«  ^nm*  aii 
d'iir. 


.U 
■  Mn 


iriocfiilM.  Sous  I?  1.011- 

-il  joua  le  ]irciiii«r  rôle 
liro.s  et  les  iii-^ocia lions  les 
rUiiti'ï.  Nummc  légal, 
-'■'■M' 


Il  ]-!< 


?  lictcrn 


roi  de  Ni 
.ii.Lei8se|>tcml>ici350, 
'.  où  les  armées  de  Frauce 
lerre ,  qui  se  trouvaient 

p  dejmis  la  Teilie,  piTsdu 
Maii]i<Ttiiis  ,  conijnni- 
iliranlei-,  il  pnriiidp  Poi- 
e  puiiit  du  joui-:  et  l'iaril 
uti'  bridi 


1  le 


„„i.;E; 


;a{;er  l'artioii.  Il  lit  la  mi 
iiipr 


it  o1>t< 


di- 


*lcs 


aislic?  devi!ip;N]ii;iliT  lie; 
iloya  ce  temps  ii  ;iller  plu- 
d'iin  rauiji  h  l'aitlie,  pour 

nenl:  mais  irs  jiréleiilioiLS 
lu  loi,  r,n-(Iciir  présdinp- 
«  L'Olll'lisaU'i,  liiicoiici'i'tè- 
icnrr  et  riiuMletc  ilu  iegat. 
lain  il  Icnta  de  noitve;iiix 
listes  Fraurai»,  au  lieu  de 
lui  dirent  i|tie  s'il  p.ii'ais- 
if  illui  en  fioiirrail  mal 
I  reloiirua  dune  auprcs  du 
Galles ,  et  lui  dit  :  Beau 
t  ee  que  vmu  pourrez  :  il 
combattre.  Alors 
alhenraïuc  bataille  de  Poi- 


TAI,  433 

lie  Durait,  iieveu  de  Tallevrand,  ajant 
été  lue  di's  le  premier  choc ,  ie  vain- 
queur envoya  son  corps  au  U^at,  aii- 
tpicl  il  .-.d>-cssa  (juelques  reproclics  de 
ce  que  des  gens  de  sa  suite,  au  lieu  de 
rentrer  avec  lui  dans  Poitiers,  aTaient 
combattu  pour  les  Françiiis.  hc  car- 
diual  de  l^crigord  fut  encore  charge' 
d'aller  à  Metï,  auprès  de  l'empereur  ■ 
Charles  IV, puis  a  Londres,  afin  de 
solliciter  la  lioerlc  du  roi  Jcau  :  mais 
il  ne  putobtenird'Ëdouardin  qu'u- 
ne trêve  de  deui  ans  entre  la  France, 
l'Angleterre  et  leurs  alliés.  BausTiii- 
terrallc  de  ces  deux  légations,  il  cou- 
rut uu  grand  danger.  Depuis  la  dé- 
route de  Poitiers,  des  l>aiides  de  dé- 
serteurs et  de  brigands  dévastaient  la 
France.  Celle  que  commandait  Ar- 
naud de  Servolc,  dit  Yarchiprétre: 
ravagea  le  comtatVeuaissin,  se  pré- 
senta devant  Avignon  ,  que  défen  ■ 
daient  ses  murs  nouvellement  bâtis  , 
et  exigea  du  papeqiiarantcmilleceus. 
Connue  la  plupart  des  chefs  c'iaient 
des  gentiisbommcs  gascons,  parents 
du  ieii  pape  Clément  VI ,  les  Avîgno- 
nais ,  presses  par  la  famiue,  voulaient 
saci'ificr  les  cardinaux ,  parents  ou 
créatures  de  ce  poutife,  et  surtout 
Talleyrand,  parce  qu'ils  les  soup- 
çonnaient d  intelligence  avec  les  ban- 
dits. Innocent  VI  cm  besoin  de  toute 
son  autorité  pour  les  sauver.  lie  car- 
dinal de  Périgord  qui ,  suivant  Pélrar- 
qne,  trouvait  plus  beau  de  faire  des 
papes  que  de  l'être,  lit  élireUrbain  V, 
après  la  mort  d'Iimocent,  en  t36'J  ; 
et,  saiisfaitdececlioix.il  disait  plus 
tard  :  ji  présent  noua  avons  un  pa- 
pe. Pierre  I'"'.,  roi  de  Cypre,  par- 
courant l'Europe  pour  soliciter  des 
secours  contre  les  Musulmans ,  vint  à 
la  courd'Aviguon,oùsc  trouvait  le  roi 
â$  France.  Urbain,  qui  depnis  son 
'  exallatioR,  n'avait  cesse  d'inviier  tes 
princes  chrAtens  à  la  concorde ,  et  à 
38 


454  ÏAL 

rt^nir  leurs  cHorts  contre  les  infidè- 
les, prêcha  la  croisade.  Le  roi  de 
France  en  fut  déclare'  le  clief ,  et  Tal- 
leyrand  légal.  L'cipédilion  devait 
avoir  lieu  dans  deux  ans  ;  mais  le  car- 
dinal mourut  le  17  janvier  i3(i|,  et 
le  monarque  le  8  avril  suivant.  JiC 
prélat  s'était  procuré  depuis  loup- 
temps  des  notions  sur  la  contrée  qu'il 
devait  visiter.  11  existe  à  la  biMio- 
tlièque  royale  de  Paris,  à  la  suite 
d'un  beau  manitscrit  in  -  folio ,  des 
Voyages  de  Marc  Paul  et  autres  an- 
cieimes  relations ,  u<*.  839'i^  un  Trai- 
té de  Vétat  de  la  Terre  -  Sainte  et 
de  rÉgjpte,  composé,  en  i336, 
d'après  l'oixlre  de  Talleyrand ,  par 
Guillaume  de  Bouldesellc  ;  traduit 
du  latin  en  français,  par  fi-ère  Jean 
Lelonc  d'Ypres,  moine  de  Saint  Ber- 
tin,  à  Saint-Omer,  en  i35 1 ,  et  con- 
tenant plusieurs  belles  miniatures  : 
celle  qui  est  en  telc  olî're  le  car- 
dinal assis,  à  qui  l'on  présente  ce  li- 
vre. Talleyrand  aimait  et  proté- 
p;cait  les  lettres;  il  était  aussi  iustniit 
qu'on  pouvait  l'être  dans  un  siècle  a 
demi-barbare.  Pétrarque,  malgré  sa 
prévention  pour  l'Italie  et  son  anti- 
pathie contre  la  France,  convient 
(|ue  les  cardinaux  de  Boulogne  et  de 
Périgord  étaient  les  plus  forts  ra- 
meurs de  la  hartjne  apostolique.  Il 
les  compare  aussi  h  deux  puissants 
taureaux  dominant  jHtrmi  le  trou- 
peau de  Jésus-Christ ,  dajis  les  pâ- 
turages de  son  Éfilise.  Froissart  dit 
qu'ils  étaient  les  plus  (grands  du  sa- 
cré collège*,  peut  êtie  à  cause  de 
leur  naissance.  Parmi  les  liCttres  de 
Pétrarque  il  Talleyrand,  il  en  est 
une  où  il  le  prie  de  le  justillcr  dans 
res]»rit  d'Iunorrnl  VI,  à  qui  l'on 
avait  persuadé  que  ce  poète  était 
sorcier.  Le  cardinal  laissa  une  fo|;- 
tunc  très  -  considérable.  Outre  la 
chartreuse  qu'il  avait  aclievée,  et 


TAL 

le  collège  de  Périgord,  qu'il  avait 
fondé  à  Toulouse ,  son  testament  et 
son  codicilc,  que  François  Diichesnc 
a  donnés  en  entier,  dans  le  tome  ii 
de  son  Histoire  des  cardinaux  Jranr 
cais  jOiXrcui  quehjues  dispositions  as- 


dans  la  collégiale  (aujourd'hui  ci- 
thédrale)  de  Saint -Front,  à  Pen- 
gueux,  ville  qu'il  aUcctiounait  (lartiou- 
lièreineut ,  parce  qu'il  y  avait  reçu  les 
premiers  cléments  des  lettres.  Il  fon- 
da ,  dans  cette  église,  douze  chapel- 
lenies,  et  lui  légua  cent  eiuquanle 
florins  d'or.  Il  augmenti  de  ciuquan- 
te  chanoines  l'abba\ede  Chancelade, 
où  il  n'y  en  avait  que  vingt -deux.  Il 
légua  cent  florins  d'or  aux  cbapîtres 
de  Limoges  ,  d'Auxcrrc ,  de   Péri- 
gueux  ,  à  l'église  de  Saint-Pierre-aux* 
liens,  à  Rome,  de  Saint-Mëdard en 
Périgord  ;  deux  cent  cinquante  à  celle 
de  Saint-Benoit-du-Sault,  à  Bourges, 
etc. ,  etc.  lùiHu  il  laissa  à  son  neveu, 
Talleyrand  de  Périgord,  die^'alier et 
depuis  commandant  en  Giiienne,  au 
nom  de  (iharles  V ,  toute  la  çuwai' 
té  de  poivre  quil  aidait  à  Mont- 
pellier et  dix  mille  florins  d'or^  qui 
lui  étaient  dus])ar  un  marchand  df 
cette  ville.  11  est  évident  que  ce  car- 
dinal s'étiit  enrichi  principalement 
par  le  commerce ,  profession  qui  sans 
doute  ne  faisait  puint  déroger  la  no- 
blesse ,  puisqu'elle  se  cunciILiit  avec 
les  plus  hautes  dignités  sacerdotales. 
Le  portrait  de  Talleyrand ,  qu'a  don- 
né FrançoLs  Duchesne,  a  e'té  graré 
d'a])n's  un  tableau  que  l'on  voyait  à 
Toulouse,  dans  la  chapelle  du  collè- 
ge de  Périgord.  A — t. 

TALLEYRAND  (Hhoii  de), 
comte  de  Chalais,  troisième  fib  de 
Daniel,  prince  de  Chalais,  eut  poor 
aicul  maternel  Bliisc  de  Monttie, 


TAL 

maréchal  de  France,  cl  naquit  vers 
la  fui  de  1599.  Élevé' dès  Tenfance 
avec  Louis  XI II ,  doue'  de  tous  les 
agréments  exte'rieurs  ,  et  d'une  gran- 
de >ivacite  d'esprit,  il  se  concilia 
ramitic  des  jeunes  courtisans  par 
son  empressement  à  leur  rendre  ser- 
vice. 11  accompagna  le  monarque  en 
Languedoc  ,  et  se  signala  ,  sous  ses 
yeux,  aux  sièges  de  Montpellier  et  de 
Monlauban.  A  Tagc  de  vingt  ans-,  il 
fut  pourvu  de  la  charge  de  maîti'c  de 
la  garde-robe  du  roi ,  et  devint  bien- 
tôt le  favori  de  ce  prince.  Quelle  am- 
bition n^eûtpasctc  satisfaite?  cepen- 
dant, si  Ton  en  croit  quelques  auteurs 
contemporains  ,  il  songea  dès-lors  à 
s*insinuer  dans  la  confiance  de  Gas- 
ton ,  duc  d'Orle'ans ,  qui  pouvait  un 
jour  occuper  le  trône  ,  et  contribua 
beaucoup ,  par  des  rapports  enveni- 
mes y  à  éloigner  tout  rapprochement 
entre  Gaston  et  le  roi ,  dans  le  but 
de  se  rendre  de  plus  en  plus  néces- 
saire à  tous  deux.  D'autres  vont  jus- 
qu'à dire  qu'il  consentit  à  se  rendre 
1  espion  du  cardinal  de  Richelieu  près 
de  Gaston  (  P'a^'.  les  Mémoires  de 
Fabbe'  d'Artigny  ,  vi ,  2o3  ).  Ce  qui 
parait  plus  certain,  c'est  que  l'amour 
de  Chalais  pour  la  duchesse  de  Che- 
vreuse  (  Fc^.  ce  nom  ),  lui  fit  par- 
tager la  haine  de  celte  dame  contre 
le  premier  ministre,  et  qu'il  se  trouva 
mêle'  dans  toutes  les  intrigues  for- 
me'es  pour  obliger  le  roi  à  le  ren- 
voyer. Chalais  était  à  la  tète  des 
jeunes  seigneurs  qui  voulaient  empê- 
cher le  mariage  de  Gaston  d'Orléans 
avec  M^'*^.  de  Mont])eusier.  La  réso- 
lution avant  clé  prise  d'assassiner  le 
cardinaf  de  Richelieu  dans  sa  mai- 
son de  Limours  ,  il  s'engagea  de  lui 
porter  le  premier  coup ,  et  (it  mê- 
me fabriquer  exprès  un  poignard  à 
Bruxelles.  Le  commandeur  de  Va- 
lençay,  auquel  il  confia  ce  projet  cri- 


TAL 


435 


minel ,  l'en  fit  rougir  y  et  alla  sur-le- 
champ  re'vëlcr  tout  le  complot  au 
cardinal,  comme  s'il  en  a  vaite'të  char- 
ge par  Chalais.  On  peut  voir ,  dans 
l'article  d'OnLKANS,  XXXIl,  84, 
comment  l'habile  ministre  sut  profi- 
ter de  cette  circonstance  pour  afler- 
mirsonpouvoir.il arracha  le  consen- 
tement de  Gaston  à  son  mariage  avec 
M^*«.  de  Montpensier,€l  le  conduisit 
à  Nantes ,  où  cette  union  devait  être 
célébrée.  Chalais  y  suivit  le  roi,  sans 
aucune  défiance  ;  mais  à  peine  arrive' 
dans  cette  ville  ,  il  fut  arrêté  (  le  8 
juillet);  et  une  commission  fnt  créée 
aussitôt  pour  le  juger.  I^e  comte  de 
Louvigny  avait  accusé  Chalais  d'a- 
voir formé  un  projet  contre  la  vie 
du  roi.  Mais  il  n'esistait  aucune 
preuve  de  ce  complot ,  et  la  dénon- 
ciation de  Louvigny  n'oflrait  pas  la 
moindre  vraisemblance.  Le  cardinal 
alla  visiter  Chalais  dans  sa  prison  , 
et  lui  promit  sa  grâce,  s'il  voulait 
se  reconnaître  coupable,  cl  déclarer 
qu'il  n'avait  agi  que  par  le  conseil 
de  la  reine  (  Mém,  de  M^^.  de  Mot- 
teville ,  1  ,  a8).  11  fit  plus  qu'on  ne 
lui  demandait.  Les  juaes  ,  quoique 
vendus  au  cardinal  oe  Ricnelieu  , 
voulant  conserver  l'apparence  des 
formes  de  la  justice ,  ne  se  conten- 
tèrent pas  de  ses  aveux  ;  ils  firent  en- 
tendre comme  témoins  les  gardes 
qu'on  lui  avait  donnés  dans  sa  pri- 
son; et  les  plaintes  échappées  à  ce 
malheureux  jeune  homme,  des  propos 
peu  mesurés  contre  la  personne  du 
roi,  furent  trouvés  suitisants  pour 
motiver  sa  condamnation  au  dernier 
supplice.  Apres  la  lecture  de  l'arrêt , 
il  se  hâta  de  rétracter  tout  ce  qu'il 
avait  dit  qui  pouvait  compromettre 
la  reine  et  M"»^.  de  Chevreuse.  La 
princesse  du  Chalais,  ayant  vainement 
sollicité  la  grâce  de  son  fils,  obtint  seu- 
lement qu^n  lui  épargnerait  les  hor- 

'J.8.. 


.\Z6  TAL 

rciirs  (le  la  qMo^lioii  y  c\  {[uon  adou- 
cirait les  dispusitioiis  iufamaiilrs  du 
ju<i;eincut.  II  (Tiivit  cnsuilc  à  sa  mo- 
re ,  lui  demanda  pardon  des  clia- 
j»rins  qu'il  lui  causait;  et  se  pré- 
para a  Ta  c^o m  plissement  de  ses  de- 
voirs de  clirctien.  Ses  amis  avaient 
fait  cacher  l'exécuteur,  dans  l'espoir 
que  le  moindre  délai  pourrait  amener 
sa  grâce.  Mais  on  trouva  dans  la 
prison  un  malfaiteur  qui  consentit  à 
remplacer  le  bourreau.  Cet  homme  , 
n'ayant  pas  l'habitude  de  se  servir 
du  glaive,  s'arma  d'une  doloire,  dont 
il  frappa  trente-quatre  fois  l'infortu- 
ne Chalais,  avant  de  séparer  sa  tcte 
de  son  corps.  Ainsi  périt ,  le  19  août 
iG'^G  (i),  à  l'âge  de  vingt-six  ans, 
le  comte  de  Chalais,  victime  de  la 
veugeance  du  cardinal  de  Richelieu. 
IjaKorde  a  public:  les  Pièces  du  pro- 
cès de  Henri  de  Tallcyrand ,  Londres , 
(Paris)  1781  ,  iu-i a,  orne  des  por- 
traits de  (llialais  et  de  IM"»*^.  de 
Chevreusr( /'o>-.  Borde,  V,  i58\ 
— Son  frère  ahie' Charles  11  de  Ïai.- 

LEYRAND,    UC   VCrS  I^qCJ,   pHuCC    dc 

Chalais,  marquis  d'Exideuil,  ])aron 
de  Mareuil,  etc.  ,  et  fut  charge  par 
JiOuis  XI 11  d'une  mission  diplomati- 
que en  Turquie  et  en  Russie.  Jacipies 
Roussel,  sou  collègue,  l'ayant  des- 
servi auprès  du  patriarche  de  Mos- 
cou, le  C/ar,  peu  habitue'  aux  usages 
judiciaires  des  peuples  polices,  l'en- 
voya saus  formedejiroccsen  SiWrie, 
où  le  malheureux  Tallcyrand  demeu- 
ra trois  anncVs.  11  en  fut  rappde  à  îa 
mort  du  patriarche,  et  s'embarqua, 
le  i3  fc\rier  iG35,  à  Riga  pour  re- 
v(înir  en  France  avec  Olearius,  dc 
qui  nous  empnintons  ces  détails  {'.i). 
Il  épousa,  en  1^87,  Charlotte   de 


■  Il  V.i  iiiiii  yfts   \r    1;  M-pIcinl.rr  ,   lirftr  qu'un  lit 
:iii  hiiA  lie  Miii  ]iiirlruil. 

{%)  ntcjiiii^,  Vii^.-ii{«  Je  Miment  if ,  îiv.   i  .  Utnt. 
I  ,  l«.  6;). 


TAL 

Pom])adonr^  et  en  eut  deux  fils  qui 
cohiiuuèrent  la  braiiclic  des  piinces 
de  Chalais  {F'.  Uhsins).  —  André, 
frère  puînc' des  précédents,  fut  la  tige 
des  comtes  de  Griguols.     W — s. 

TALLEYUAND-PÉRIGORD 
(Alexandre- Angllique  de)  était 
fiis  du  marquis  dc  Talieyrand,  tué 
au  siège  de  Tournai  en  174^,  et  na- 
quit à  Paris  le  18  octobre  i^SG.  Sa 
miTC  ,nccCharail]art,  et  dame  du  pa- 
lais de  la  reine,  étant  restée  veuve  fort 
jeune ,  montra  autant  de  force  d'ame 
que  de  prudence  dans  la  conduite  de 
sa  maison  et  dans  l'éducation  de  ses 
enfants.  Le  fils  dont  nous  parlons  fîit 
envoyé  au  collège  de  la  Flèche  et  en- 
tra ensuite  au  séminaire  deSt.-S(dpi- 
ce.  Pourvu,  en  ijOîa^  de  Tabbaye 
du  (lard ,  diocèse  a' Amiens ,  il  fit  ses 
éludes  théologiques  sous  la  dîrectiou 
de  M.  Bourlier ,  qui  mourut  depuis 
évêquc  d'E>Teux.  Nommcf  aumôuirr 
du  roi  et  grand-vicaire  de  Yeidun^il 
n'avait  que  trente  ans  lorsque  M.  delà 
Roche-  Aymon ,  archevêque  de  Reims, 
le  choisit  pour  coadjuteur.  Outre  le 
grand  âge  de  ce  prélat ,  ses  fonctions 
de  grand  aumônier  le  retenaient  sou- 
vent h  la  cour  et  lui  faisaient  sentir 
le  besoin  d'un  évcque  qui  le  rempla- 
çât dans  le  gouvernement  d'un  vaste 
diocèse.  L'abbé  de  Talleyraud  fut  sa- 
cré le  a8  décembre  1^61»,  sous  le  ti- 
tre d'archevêque  de  Trajanople,  et 
prit  d'autant  plus  de  part  à  radmi- 
nistration  épiscojiale ,  que  M.  de  la 
Roche- Aymon  devint,  quelques  an- 
nées après  ,  ministre  de  la  faillie, 
])lace  qui  ToMigcait  à  une  résidence 
enroi*e  plus  prolougce  à  Yersaillrs. 
En  1 769 ,  le  roi  nomma  le  coadju- 
teur de  Reims  à  l'abbaye  de  Hant- 
villiers  ;  et,  en  1770,  l'assembler  du 
clergé  lui  acconia  une  distinction 
flatteuse  et  l'admit  comme  suppléant 
de  son  archei'cque ,  que  ses  iubnni- 


TAL 

tes  cl  SCS  occupatioiis  empcchaient 
lie  se  trouver  assiducmeiit  aux  seau- 
ces.  Le  cardinal  de  la  Uoclie-Ay- 
moii  étant  mort  le  '>.']  octobre 
'777  »  ^''  ^^  Talleyrand  lui  suc- 
céda de  droit  ;  il  se  démit  de  ses  ab- 
bayes et  reçut  eu  échange  celle  de 
Saint-Quentin  en  Tlsle.  Son  séminai- 
re fut  confie  à  la  cougre'gation  de 
Sa int-SuIpice.  Les  hos])ices  furent 
l'objet  de  la  sollicitude  du  prélat:  il 
procura  un  asile  aux  vieux  prêtres  et 
répandit  des  secours  abondants  par- 
mi les  malheureux.  Un  mont  de  pie- 
té fondé  à  Keiins,  des  encourage- 
ments donnes  aux  manufactures,  un 
troupeau  de  mérinos  amené  d'Espa- 
gne à  ses  frais  et  dispersé  dans  les 
campagnes,  des  secours  distribués  à 
propos  pour  remplacer  les  couver- 
tures de  chaume  par  la  tuile ,  prou- 
vèrent qu'aucun  bien  n'était  étranger 
à  la  sollicitude  de  M.  de  Talleyrand. 
Nommé  membre  de  la  deuxième 
assemblée  des  notables ,  puis  député 
aux  états  généraux ,  il  lutta  vaine- 
ment contre  les  innovations,  signa 
les  principales  protestations  du  coté 
droit  y  et  publia  en  sou  nom  des 
e'crils  pour  défendre  les  droits  de 
son  siège ,  entre  autres  une  Lettre 
aiLv  électeurs  (le  la  Manie ,  du  8 
mars  1791  ,  et  deux  Ordonnances 
du  4  ^vril  et  du  'x  mai^  sur  les  élec- 
tions de  deux  cvcques  constitution- 
nels :  ces  trois  écrits  sont  développés 
cl  font  sentir  rirrégularilé  des  mesu- 
res ])rescriles  ])ar  les  nouveaux  dé- 
crets. L'esprit  qui  dominait  dans 
rassemblée  constituante,  et  les  trou- 
J)lcs  du  royaume  _,  engagèrent  l'ar- 
chcveque  de  Reims  à  se  retirer  à  Aix- 
|j-(]hapelle,  d'où  il  envoya  son  ad- 
lie'sion  aux  dernières  protestations 
du  côté  droit.  Des  Pays-Bas  il  passa 
on  Allemac;uc .  à  l'approche  des  ar- 
mées françaises  :  Wcimar  et  Bruns- 


TAL  437 

mrick  furent  tour-à-tour  sa  résidence. 
Loi'squcPie  Vil  demanda , eu  1801  , 
aux  évèques  de  France  leur  démis- 
sion, l'archevêque  de  Reims  et  quel- 
ques autres  prélats,  qui  demeuraient 
dans  cette  partie  de  l'Allemagne,  fi- 
rent des  réponses  dilatoires  ^  ils  ex- 
posèrent leurs  motifs  dans  une  lettre 
du  u6  mars  1802,  adressée  au  pape, 
et  dans  les  réclamations  du  6  avril 
i8o3.  Du  reste,  ces  prélats  s'abstin- 
rent de  tout  exercice  de  juridiction. 
La  sauté  du  cardinal  deMontmorenci 
l'ayant  oblige  de  quitter  la  cour  de 
Louis  XVIII,  et  de  retourner  en  Al- 
lemagne, ce  prince  appela  M.  de 
Talleyrand  à  Mittau  ,  et  l'admit 
dans  son  conseil.  Le  prélat  suivit  le 
roi  en  Angleterre,  et  fut  nommé 
grand-aumônier  à  la  mort  du  cardi- 
nal de  Montmorenci ,  en  1 808.  Les 
événements  de  181 4  ramenèrent  en 
France  ces  nobles  exilés  ;  M.  de  Tal 
leyrand  fut  inscrit  le  premier  sur  la. 
liste  des  pairs  du  royaume  ^  et  chargé 
de  présenter  les  sujets  pour  les  évc- 
chés.  En  1816,  le  roi  augmenta  ses 
attributions^  par  ime  ordonnance  du 
i3  avril;  mais  le  ministère  fit  ré- 
voquer cette  mesure ,  le  mois  sui- 
vant. On  eut  pareillement  à  regretter 
que  ses  conseils  n'eussent  pas  tou- 
jours été  suivis  dans  l'affairedu  con- 
cordat ;  sa  sagesse  et  sou  esprit  de 
conciliation  eussent  aplani  bien  des 
obstacles.  Le  prélat  donna  sa  démis- 
sion de  l'archevêché  de  Reims,  qu'il 
avait  refusée  précédemment ,  et  en- 
gagea quelques-uns  de  ses  collègues  à 
souscrire  la  lettre  de  soumission 
adressée  au  pape,  le  8  nov.  1816. 
Cette  démarche  facilita  la  conclusion 
des  alHiires.  Le  28  juillet  1817  ,  M. 
de  Talleyrand  fiit  fait  caiilinal ,  sur 
la  i)résentation  du  roi,  qui  lenomin.i 
à  1  archevêché  de  Paris.  Sou  rang, 
son  âge  et  son  expérience  y  le  place- 


4M  TAfc 

reat  à  la  tête  de  ses  collègues  daiis 
les  délibérations  qui  eurent  lieu  sur 
les  alFaires  de  Teglise  de  Frauce ,  et 
le  respect  qu'on  lui  portait  fit  plus 
d'une  l'ois  ]»  cValoir  son  avis  danb  les 
matières  les  plu  s  importantes.  I/cxé- 
cution  du  ctucordai  de  iHi*;  avant 
rencontre  des  obstacles  inattendus  , 
le  nouvel  archevêque  de  Paris  ne  prit 

Î>ossession  de  son  siège  qu'en  1819. 
IjC  choix  de  sou  coadjuteur,  divers 
rcglemeuts  pour  le  clergé,  le  rétablis- 
sement des  retraites  pastorales ,  la 
rédaction  d'un  nouveau  Bréviaire , 
les  encouragements  donnés  aux  petits 
séminaires,  tels  furent  les  actes  les 
plus  importants  d'uu  épiscopat  qui 
lie  dura  que  deux  aus.  Le  cardinal  de 
Péri gord mourut  le  '20  octobre  1 82 1 . 
Le  roi  j  dont  il  avait  si  long-  temps 

Sartagé  rinfortunc ,  lui  donna ,  peu- 
aut  sa  maladie ,  <les  témcugua^&s 
d'intérêt  et  d'attachement  ;  et  les 
rinces  vinrent  le  visiter  sur  son  lit 
e  mort.  Ses  obsèques  t'urcut  célé- 
brées avec  pompe.  Le  2()  novembre, 
il  y  eut  un  second  service  à  Ko- 
tie-Dame,  où  M.  Frayssiuous  pro- 
nonça l'oraison  funèbre  du  carduial: 
ce  discouri  a  depuis  été  imprimé. 
Peu  après  ^  le  cardinal  de  Bausset  pu- 
blia une  Notice  historique  sur  sou 
ami.  Ou  trouve  dans  V  Ami  de  la  Re- 
ligion,  tome  XXIX,  page  3ii  y  une 
courte  Notice  sur  le  cardinal;  et  à  la 
table  des  matières  de  ce  même  Re- 
cueil ,  on  indique  les  actes,  les  aO'ai- 
res  et  les  délibérations  auxquels  il  prit 
part.  P — c — T. 

TALLIEN  (  Jean  -  Lamdert  ), 
ne  à  Paris,  en  i-jOi) ,  était  fils  d'uu 
maîlrc-d'hùtel  du  marquis  de  Bercy, 
qui ,  lui  ayant  trouvé  quelques  di>po- 
sitions ,  se  chargea  des  frais  de  son 
éducation,  et  eu  lit,  non  pas  un  sa 
vaut ,  mais  un  de  ces  hommes  tou- 
jours si  nombreux  en  Frauce  ,  qui , 


S 


TAL 

n'ayant  qu'efflcorc  une  partie  des 
connaissances  humaines,  croient  ce- 
pendaut  les  posséder  toutes ,  et  ne 
doutent  point  suitout  qu'ils  ne  soient 
ap][H'lés  à  gouverner  leurs  sembla- 
bles. Tallien  perdit  son  protecteur 
au  commencement  de  la  révolution  : 
il  avait  déjà  été  clerc  de  procnrcur 
et  clerc  de  notaire  ;  il  se  jeta  dans 
la  carrière  politique  avec  toute  l'ar- 
deur de  sou  caractère ,  et  fîit  d'abonl 
secrétaire  du  député  Broustaret ,  puis 
prote  de  Pimonmerie  du  Monileory 
dans  lequel  u  inséra ,  le  7   janvier 
I  «jç)si ,  une  espèce  de  prospectus  de 
la  feuille  qu'il  publiait  depuis  cinq 
mois,  sous  le  titre  d*yimi  eu  et- 
tojen.  Ce  journal ,  que  l'on  afilchait 
sur  les  murs  de  Pans ,  était  deiliMl 
à  soulever  la  populace  contre  Loais 
XVI  et  ses  ministres.  Les  Jacobins 
en  faisaient  les  frais  ;  et  ce  fut  dans 
cette  société ,  dont  Tallien  était  un 
des  membres  les  plus  assidus ,  qu'il 
fit  les  premiers  essais  de  cette  an- 
dacieuse    et    véhémente   éloquence 
qui  eut  plus  tard  sur  de  grands  ëfë- 
nemcnts  ime  influence  si  décisÎTe.  U 

Srenait,  dans  ce  prospectus  y  le  titre 
e  fondateur  de  la  oociété  JhUeT' 
7Uillc  de  Vun  et  de  Vautre  sexe, 
séant  au  palais  Cardinal  (Soubise), 
où  il  faisait ,  disait-il  y  un  prône  ci' 
vique  pour  enseigner  aux  citqyens 
peu  instruits ,  leurs  devoirs  et  leurs 
droits.  Ne  négligeant  aucun  moyen 
de  se  faire  remarquer ,  il  publia,  veis 
la  même  époque,  son  discours  pro- 
noncé aux  Jacobins  Sur  les  causes 
qui  ont  produit  la  réyolutian.  Les 
circonstances  et  l'âge  de  Fauteur  nims 
dis])enseront  ,  sans  doute,  de  ren- 
dre compte  en  détail  des  maximes 
jiolitiquesde  ce  Montesquieu  de  Ting^ 
trois  ans;  il  nous  suffira  de  dire  aoe 
les  Discours  et  les  Écrits  de  TaUien 
(ixèrcnt  alors  sur  lui  les  regards  des 


TAL 

Aires,  et  qu'il  fut  bientôt 
urnes  les  plus  populaires 
nfluenls  de  ce  i^irti.  C'est 
reputaiion  d'ardent  na- 
[1  se  présenta ,  le  8  judlei 
barre  de  TAssemblëe  na- 
ame  orateur  d'une  des  sec- 
ris  ,  qui  l'avait  charge'  de 
)ntre  la  destitution  de  Pé- 
ppelait  alors  son  père  ce 
capitale ,  que  plus  tard  il 
SOI  vre  avec  ta  ut  d'acbame- 
^ÉTHioN  ).  On  se  rappelle 
>utatious  préludèrent ,  par 
!uses  harangues  y  à  la  ré- 
I  10  août.  Tallicn  prit  une 
ïtive  à  cet  évéuement.  Les 
ivaient  uommé  secrétaire- 
la  commune  qui  s'installa 
l'hotel-de-ville^  au  milieu 
i,  qui  se  perpétua  maigre 
;,  et  qui  fut  le  centre  et 
Le  toutes  les  intrigues  e€ 
massacres  de  cette  épo- 
)  août,  il  viut,  en  cette 
1  barre ,  où  il  dénonça  des 
i  ,  eilrayés  des  événe- 
lient  demandé  des  passe- 
*  retourner  daus  leurs 
its.  Il  annonça  que  ces 
avaient  été  refusés  par  la 
,  on  approuva  le  refus, 
reçut  les  honneurs  de  la 
itre  jours  après,  il  j  re- 
se  plaindre  du  décret  de 
prononcé  contre  cette  mé- 
le,  et  vanta  avec  beaucoup 
les  services  qu'elle  avait 
.'Assemblée ,  son  zèle  à 
r  les  conspirateurs  et  les 
i ,  dit- il ,  étaient  tous  en^ 
devaient  bientôt  purger 
'sence  le  sol  de  la  liberté, 
\  joui's  avant  les  massa* 
isonSy  queXallien  parlait 
itieu  de  ces  horribles  mas- 
rim  encore  à  la  barre , 


TAL  ij^ 

accompagné  de  Tnwhott .  ciptei^^ 
sauvage,  qni  portait  unelobguebarbe, 
et  dont  la  révolution -du  lo  aoAt 
avait  fait  un  municipal.  Ces  dépotés 
de  la  Commune,  restée  en  fonctioiis 
malgré  les  décrets ,  amurncbent  no*  - 
sitivemcnt  queles  massacres  avaieM 
cessé.  Cependant  celle  Sami^mrtké- 
lemi  du  peuple  >  tomiie  Tapi^it 
Manuel,  dura  encore nlnsKiurs  joon 
à  Bicétre,  Ott  elle  se  taisait  à  eoiipi 
de  canon,  et  à  la  Force,  d'oà  les 
mnnictpanz  pouvaietti ,  sans  sortir 
de  kur  salle ,  entendre  les  cris  do» 
vietimes.  Les  deux  oratenrs  flreal 
ensuite  onvericBMit  l'apologie  de  la 
justice  du  penle^  dé  son  éùaUé- 
ressèmera  j  aeiw  de  l'ardre  f«e  le^ 
assassins  avaient  étaUi  dans  knrs 
opérations;  enfin  Tallien  dit,  «n  par- 
lant des  victimes  :  U  n'jr  mmU  là 
quedesscélémUs.Oa  conçoit  qtie  dès- 
lors  il  dut  être  considéré  comme  l'on 
des  principaux  auteurs  deees-aaaa* 
cres  :  c'était  loi  d'ailleurs  qoi  avait 
signéla  plus  grande  potiedss  erdies 
d'arrestation,  qui  avait  daniié  le  sigMl 
des  ^orgements  par  nue  circolair»i 
faite  et  signée  de  coneert  aTecliasofll 
(  ^.  ce  nom)  ;  et  il  avait  reçoet  di^flié^ 
dans  ses  bureaux  les  di^pnoiiles  diji 
victimes  ;  il  avait  cnvové  ,  seos  le 
contre-seing  du  minstie  Danton ,  son 

Îirotecteur  et  son  ami(  ^.DAinroir), 
'horrible  ciroalaffeda  3  seplentoe^ 
rédigéepar  Muot,  «rdbiliiiéeàfiùe 
égorge  tons  les  fAêtmkfm  duifrks 
dSparlcaento  cniiiné  Pmm  f  «^ 
il  avait  dâivré  fas  bons  ^^^ 
BMot  aux  ëgŒigeurs  •  Il^ttis  oe 
taips  le  nom  de  SepCsinMièir  a'o 
pu  être  séparé  dfe  cdid  io  ZaHitn  ; 
sa  )eunesie,.lft  délife  vsàvtsoA  de 
l'époque ,  des  lU'iioia  inootfissia- 
blés  rendnii  k  là  patrie  et  à  l'ho- 
manilé ,  h  saint  ae  «udques  mal- 
heureux  Mustraits  an  ter  oesassas-. 


*. 


;**^..-,î*^      ,    • 


44o 


TAL 


siiis  (  i),  ricu  n'a  pu  eflaccr  cette  hor- 
rible souillure  ;  d  amers  reproches  lui 
en  ont  cte  faits  à   toutes  les  époques 
et  par  tous  les  partis ,  incmcaaiLs  la 
Convention  nationale ,  où  ce  crime 
est  le  seul  dont  on  ne  se  soit   pas 
vante'.  L'un  des  hommes  les  phis  à 
portée  de  savoir  ce  qui  se  passait 
alors,  Senart ,  a  founu  de  nouveaux 
détails  sur  ces  aflï'euses  journées  ;  et 
la  plupart  de  ces  détails  sont  encore 
des  preuves  contre  Tallicn  :  il  Tac- 
cuse  surtout  de  s'ctre  approprié  les 
dépouilles  des  victimes  ,  que  les  as- 
sassins lui  apportaient ,  et  qu'il  en- 
fermait dans  un  colfre  dont  lui  seul 
avait  la  clef.  Une  autre  accusation 
de  Senart  contre  le  grelller  de  la 
Commune ,  paraît  moins  prouvée  ; 
c'est  d'avoir  dirigé,  par  les  ordres 
de  Danton,  et,  ce  qui  est  phis  invrai- 
semblable ,    contre   la    volonté    de 
Foumier  raméricaiii ,  le  massacre 
des  prisonniers  d'Orléans ,  qui  se  fit 
à  Versailles  à  la  même  époque  (  F. 
Lkssart  et  Bris^ac  ).  Ce  fut  sous  de 
tels  auspices  que  le  département  de 
Seine  et  Oise  nomma  Tallien  député  à 
la  Convention  nationale ,  où ,  dès  les 
premières  séances  ,  il  eut  à  défendre 
la  Commune  encore  accusée  de  meur- 
tres et  de  spoliations ,  et  Marat  son 
conseil  et  son  coopéra  tour.  Manuel 
ayant  proposé ,  à  la  même  époque , 
de  loger  le  président  de  l'assemblée 
aux   Tuileries  ,    Tallien  fit  rejeter 
cette  demande ,  disant  que  les  repré- 
snitantsd'un  peuplelibre  ne  devaient 
être  logés  qu'au  cinquièmeétage .Dans 
la  séance  du  i5  décembre  ,  il  pres.sa 
avec  beaucoup  de  chaleur  le  juge- 
ment de  Louis  XVI ,  s'opposa  à  ce 

(i)  On  a  «ilé,  |iarniî  ]ei  personnel  qii«*  Tallipn 
ftaiivii  diiii>  1rs  inassui-rrH  Ht*  M'pirinbrc,  Hui* ,  %a- 
lel  (le  lIiuiiiIiii*  (le  LimiIa  \V|  ^/'or.  ce  unm,  au 
Supitlt^mt  ;  .  et  l'iivucat  dn  Houui^rrfl,  qnî  Jui  ■ 
réunit  ce  k<'iii<n,k:iiage  au  ciMi»eil  de*  Cinq-Cenl», 
uti  iU  fiirriit  colli-^UL-t  en  f^^. 


TAL 

qu'où  lui  donnât  des  conseils,  et 
ajouta  de  nouvelles  charges  à  l'ac- 
cusation. Le  même  jour,  son  achar* 
nemeiit  contre  ce  prince ,  autant  que 
son  7jc\e  à  défendre  la  Conunune,  If 
fit  censurer  par  un  décret ,  pour 
avoir  dit  que  ce  serait  en  yain  quela 
Convention  nationale  permettrait  à 
Lom's  XVI  de  voir  sa  ÊimiUf ,  si  la 
Commune  ne  le  voulait  pas...  Le  len- 
demain ,  c'est-à-dire  plus  d'un  mois 
avant  la  condamnation ,  il  dit  hau- 
tement à  la  tribune ,  qu'il  ne  fallait 
s'occuper  de  l'expulsion  des  Bour- 
bons ,  qu'après  la  mort  de  Louis  !... 
Il  vota  ensuite  pour  cette  mort ,  et 
contre  l'appel  au  peuple.  Dans  b 
question  du  sursis,  il  proposa  de  n'en 
point  accorder^  par  numanitéf  et  le 
]our  même  de  l'exécution  (ai  jin- 
vier  ) ,  il  fut  élu  président.  Deuxioun 
auparavant,  ne  pouvant  empedier 
que  la  Convention  ordonnât  y  sur  la 
demande  de  Gensonnc ,  que  des  pour- 
suites seraient  faites  contre  les  sep- 
tembriseurs, il  obtint,  par  une  sorte 
de  compensation,  que  du  moins  il  en 
fût  également  ordonné  contre  ceux  qui 
avaient  défendu  Louis  XVI  au  lo 
août.  Le  2(ifévrier  1 793,il  prit  encore 
la  défense  de  Marat,  prétendant  que 
la  Convention  n'avait  pas  le  droit  de 
le  décréter  d'acciisatiou,  et  il  ajou- 
ta :  Ce  sont  les  hommes  de  fi^pfd 
au  peuple  qui  veulent  assassUur 
l'ami  du  peuple.  Envoyé,  peu  de 
temps  après,  avec  Carra,  conuK 
commissaire  dans  les  départemcsts 
de  l'Ouest ,  au  moment  où  ces  con- 
trées se  soulevaient  contre  la  tyran- 
nie conventionnelle  >  il  Y  montn  ce- 
pendant quelque   modération.   Se- 
nart ,  révolutionnaire   encore  plus 
forcené  que  lui ,  l'accuse  d'avoir  alors 
épargné  des  royalistes.  Ce  qu'il  y  a  de 
sûr ,  c'est  que  ce  fut  à  sa  demande  que 
la  Convention  rapporta  son  décret 


TAL 

la  ville  d*Orlcans  en  étal 
CHU  dans  celte  assem- 
la  crise  du  5i  mai  s'an- 
les  plus  \iolenlcs  coii- 
concounil  de  tout  son 
riomphe  de  la  commu- 
dc  Robespierre.  Quand 

la  Gironde  eut  suc- 
î  montra  Tun  des  plus 
e  poursuivre,  et  ce  fut 
►sa  de  mettre  liors  de  la 
s  qui  s'étaient  soustraits 
ccusation.  Ce  fut  encore 
'  multiplier  Icsproscrip- 
iça  un  complot  imagi- 
à  sauver  le  ge'nëral  Cus- 
e  même  temps  il  prenait 
l'infâme  Rossignol  ,avec 
telle  que  la  Convention 

put,  sans  en  témoigner 
ilement ,  l'entendre  s'e'- 
que  m'importe  à  moi 
e  quelques  maisons  I..n 
eu  de  cette  terrible  ef- 
ies  passions  ,  qu'on  en- 

à  Bordeaux,  avec  son 
►eau,  afin  d'y  établir  le 
t  révolutionnaire ,  et 
3ursuivrc  daus  leur  der- 
2S  débris  du  parti  de 
Les  Journaux,  les  Mé- 
mps  ,  tous  les  témoigna- 
nt à  le  représenter  dans 

comme  le  digne  ëmule 
des  Lebon  et  des  Collot- 
^raigiîant  d'abord  ,  ou 
raindre  la  résistance  du 
il  s'établit  à  douze  lieues 
,  dans  la  pclite  ville  de 
ce  fut  là  qu'ayant  re'u- 
'il  y  avait  dans  la  côn- 
es féroces  et  avides  de 
i  composa  son  comité'^ 
;t  son  armée  révolution- 
ue  tout  fut  ainsi  prépare', 

ordres  et  ses  arrêts  de 
ordelais  consternes:   et 


TAL 


44i 


quand  il  eut  exercé  de  loin  pendant 
quelques  mois  la  plus  sanguinaire 
tyrannie ,  il  fit  dans  Bordeaux  une 
entrée  à  laquelle  il  donna  l'air  d'un 
triomphe,  et  vint  se  loger  sur  la  pla- 
ce où  il  avait  fait  dresser  l'échafaud. 
Là ,  tous  les  jours  on  le  vit  diriger  de 
sa  fenêtre  les  exécutions ,  applaudir 
aux  supplices  qu'il  avait  ordonnés. 
Une  de  ses  premières  victimes  fut 
Biroteau ,  son  collègue ,  qu'il  insulta 
lâchem^t  avant  de  l'envoyer  aux 
bourreaux.  Il  frappa  ensuite  sur  le 
commerce,  et  poursuivant  le  Tiégo- 
ciantisme  ,  comme  on  disait  alors , 
il  fît  arrêter  et  condamner  les  plus 
riches  commerçants,  et  les  acca- 
bla de  taxes  aussi  excessives  qu'ar- 
bitraires. Lorsqu'il  eut  détruit  par 
le  maximum  et  les  conGscations 
toutes  les  sources  de  l'industrie  ,  il 
menaça  de  l'échafaud,  et  fit  réelle- 
ment exécuter  ,  ceux  qui  ne  pu- 
rent remplir  leurs  engagements.  En- 
fin, lorsque  la  famine  vint  mettre  le 
comble  aux  calamités  de  ce*te  mal- 
heureuse ville ,  loin  que  ce  fut  pour 
le  proconsul  un  aveitissement  de 
l'amurdité  de  son  système ,  il  en  ac- 
cusa ,  suivant  l'usage  du  temps ,  les 
malveillants ,  les  accapareurs  y  et  ce 
fut  encore  un  prétexte  pour  désigner 
de  nouvelles  victimes.  Tous  ces  faits 
sont  tirés  de  sa  correspondance  avec 
la  Convention  nationale  et  les  Ja- 
cobins^ qu'il  informait  exactement  de 
ses  opérations.  11  était  alors  parfaite- 
ment d'accord  avec  les  meneurs  des 
comités:  suivant  en  tous  points  leurs 
instructions  et  leurs  avis ,  il  en  rcce^ 
vait  tous  les  jours  des  félicitations; 
mais  une  circonstance  imprévue  vint 
tout-à-coup  changer  ses  idées  et  sa 
position.  M™°.de  Fontenai,  née  Ca- 
barrus  ,  l'une  des  femmes  les  plus 
belles  de  ce  temps-là  étant  arrivée  à 
Bordeaux ,  pour  aller  en  Espagne ,  se 


44a 


TAL 


rëiiuir  à  sa  famille,  fut  mise  en  pri- 
son. Tout  annonçait  qu'elic  serait 
conduite  a  i'e'chafaud,  lorsque  sa  beau- 
té' li\a  les  regards  du  jeune  procou- 
sul.  Après  avoir  obtenu  sa  délivrance 
et  telle  de  son  mari,  M'»*^.  de  Fon- 
tenai  se  servit  de  son  ascendant  sur 
Tallien  pour  soustraire  à  la  mort 
un  grand  nombre  de  victimes  ;  et  si 
le  sang  ne  cessa  pas  entièrement  de 
couler ,  l'eflusion  en  fut  du  moins  de 
beaucoup  ralentie.  Mais  les  féroces 
agents  du  proconsul,  les  hommes  de 
sang  et  les  spoliateurs  dont  il  s'était 
entoure'^  ne  purent  consentir  à  un 
tel  changement  :  ils  y  apportèrent 
tous  les  obstacles  qui  furen,^  en  leur 
pouvoir  et  le  dénoncèrent  aux  co- 
mite'sde  la  Cou  vcntion.Tal  lion  les  des- 
titua ,  les  incarcéra ,  mit  en  liber téâm 
phis  grand  nombre  de  prisonniers ,  et 
se  rendit  à  Paiis,  pour  faire  approu- 
ver sa  conduite:  mais,  comme  il  au- 
rait dû  s*y  attendre,  ses  collègues 
des  comités  le  reçurent  fort  mal  ;  ils 
lui  reprochèrent  son  modéraniis- 
me;  et  M'"**,  de  Fontenai,qui  l'a- 
vait suivi  dans  la  capitale,  y  fut 
arrêtée.  C'était  peu  de  temps  après 
la  mort  de  Camille  -  Desmoulins  ^ 
de  J^croix  et  de  Danton ,  immo- 
lés à  la  haine  de  Rubespierre  ; 
])eaucoup  d'autres  députés  étaient 
menacés  du  même  sort ,  et  le  tyran 

Eouvait  d'un  seul  mot  le  faire  su- 
ir  à  Tallien.  Dans  une  situation  aussi 
pc'rillcuse ,  celui-ci  prit  le  parti  de 
dissimuler  et  de  tromper  ses  ennemis 
par  une  feinte  exagération.  Ce  fut 
ainsi  qu'il  dénonça  avec  ime  nou- 
velle violence  aux  Jacobins  et  à  la 
Convention,  les  nobles,  les  aristo- 
crates, les  modérés;  qu'il  accusa  la 
lenteur  des  tribunaux  révolutionnai- 
res ,  enfin  qu'il  prit  la  délcuse  de 
Joui*dan -Coupe -Tète.  Ce  plan  lui 
réussitd'abord  assez  bien  :  il  recouvra 


TAL 

uue  partie  de  son  crédit ,  et  fut  nomme* 
successivement  secrétaire  et  prési- 
dent de  la  Convention  nationale.  C'est 
en  cette  qualité  qu'il  lit,  le  19  mai 
1794 ,  mie  réponse  courageuse  à 
deux  habitants  de  Cette,  qui  étaient 
venus  demander  qu'on  mît  la  mort 
à  l'ordre  du  jour  :  a  Dites  à  cem 
»  qui  vous  ont  envoyés ,  que  nous  ne 
»  sommes  pas  des  anthropophages.  » 
La  Convention  applaudit  k  son  pié- 
sideut ,  et  les  audacieux  orateurs  fu- 
rent expulses.  Mais  Robespierre  k 
perdait  pas  de  vue  Tallien  :  ses  liai- 
sous  ,  son  caractère  audacieux  et  l'csr 
pèce  de  popularité  qu'il  Tenait  d'ao- 
.  quérir  inqmétaient  vivement  le  tnrqu 
Le  1 2  jum,  il  l'accusa  d'avoir  nsut- 
té  les  patriotes  en  les  traitant  d'es- 
pions aes  comités ,  et  il  couvrit  de 
menaces  et  d'injures  ses  expia- 
tions et  ses  excuses.  Un  autre  ]oar, 
il  le  tinça  encore  plus  rodemnit 
aux  Jacobins ,  lui  reprochant  de 
par!er  sans  cesse  de  ses  périls  , 
d'avoir  toujours  la  suiUotiM  de- 
vant les  yeux;  enfin  il  fit  rayer  sod 
nom  du  tableau  de  la  société.  Tal- 
lien comprit  toute  l'étendue  du  dan- 
ger  daas  lequel  il  M  trouvait  cngaeé. 
Environne  d'espions,  il  n'osait pv 
couche^  chez  lui ,  et  ne  voyait  qof 
pendant  la  nuit  et  en  tremUant  cen 
de  ses  collègues  que  la  haine  de  Robcs^ 
pierre  avait  frap^iés  des  uèmMcntt- 
tcs.  Ne  pouvant  échapper  aux  pros- 
criptions du  tyran  qu'en  renvenanlss 
puissance ,  ces  députés,  presque  Uni 
anciens  amis  de  Danton  ^  se  con- 
certèrent en  secret  sur  les  moyens  de 
panenir  à  un  but  aussi  difficile.  Am- 
si  se  forma  une  conjuration,  trb- 
vague  et  très-impuissante  dans  son 
origine ,  mais  que ,  peu  de  jours  avant 
la  catastrophe  ,  l'orgueil  et  la  mala- 
dresse de  Robespierre  fortifièrent 
d'une  partie  des  membres  du 


TAL 

ut  public^  et  de  tous  ceux  du 
;  de  sûreté  gëncrale.  Voilà 
eut  se  prépara  la  révoliitiou 
hermidor.  Ou  peut  voir  à  l'ar- 
OBLsriERRE  Ics  dctails  de  cette 
ition  mémorable  :  uous  y  ajou- 
que ,  depuis  long- temps ,  uu 
nombre  de  députés  avaient 
d'attaquer  le  tyran  ,  mais 
:uD  d'eux  n'osait  engager  cette 
le  lutte  ^  que  tous  tremblaient 
t  lui  y  et  qu'à  peine  Bourdon 
adicr  avaient  osé  la  veille 
contre  l'impression  du  dis- 
de  Maximilien  y  lorsque  Tal- 
;eul  et  spontanément  ait  le 
5e  d'interrompre  Saint  -  Just 
.  ce  nom  ) ,  et  d'apostropher 
pierre,  a  J'ai  vu  le  tyran  de 
franco  ,  dit  -  il  ^  dresser  ses 
s  de  proscription  ,  donner  ses 
*es  aux  assassins.  Je  Técou- 
hier  quand  il  nons  désignait  à 
s  coups....  Ses  yeux  ne  peuvent 
$  rencontrer  dans  cette  enceinte 
lomme  qui  ne  soit  son  ennemi, 
I  n'ait  forcé  de  Totre.  La  pa- 
y  le  genre  humain ,  s'élèvent 
re  lui  :  nous  remplirons  leurs 

*eances »  Oui,  s'écrièrent 

:ous  ceux  que  la  terreur  avait 
imés  si  long-temps  :  à  bas  le 
à  bas  le  nouveau  Cromwell  ! 
1-Va rennes, jusque-là  Tinstru- 
i  dévoué  et  si  cruel  de  Robes- 
(  F.  Bill  AUD ,  au  Supplément), 
4-\'arennes  qui ,  trois  jours  an- 
iDt,  avait  menacé  Tallien  d'u- 
»rt  prochaine,  se  réunit  à  lui 
icciiser  le  tyran  ;  et  il  déroule 
t  l'assemblée  se^  crimes  qu'il 
issait  si  bien!  Tallien  reprend 
;  la  parole^  et  il  s'écrie  avec 
mvellc  énergie  :  «  Si  la  Con- 
ion  trahissait  mon  attente ,  si 
hésitait  à  prononcer  sa  déli- 
tée y  si  elle  n'avait  pas  le  cou- 


TAL 


443 


»  rage  de  décréter  sur-le-champ  d'ac- 
»  cusation  le  tyran ,  je  me  suis  armé 
»  d'mi  poignard  ,  et  je  suis  prêt  à 
»  lui  percer  le  sein.  »  Il  fait  alors 
briller  son  poignard  ;  et  toute  l'as- 
semblée se  lève  pour  témoigner  son 
adhésion.  La  permanence  est  dé- 
clarée j  Robespierre  et  ses  compli- 
ces sont  décrétés  d'accusation;  ou 
les  envoie  dans  diverses  prisons. 
Mais  on  eut  ensuite  l'impriKlence  de 
suspendi'e  la  séance  ;  et  y  dans  le  mê- 
me ^moment  Robespierre  et  ses  amis^ 
réunis  à  l'hôtel  -  de  -  ville ,  entourés 
des  municipaux>  des  plus  funeux  ja-  - 
cobins  et  des  troupes  d'Henriot ,  se 
nrépa raient  à  la  résistance.  Collot 
allerbois  épouvanté  accourt  pour 
avertir  ses  collègues  d'un  danger  que 
la  peur  grossit  à  ses  yeux  ;  et  son 
discours  glace  tous  les  esprits.  Dans 
un  moment  aussi  critique ,  ce  fut  en- 
core Tallien  qui  rendit  le  courage  à 
ses  collègues,  o  Par  sa  révolte ,  dit- 
V  il ,  le  tyran  vient  de  nous  offrir  le 
9  seul  moyen  qui  nous  convienne 
D.pour  en  délivrer  la  patrie.  Vous 
»  n'avez  plus  besoin  de  la  décision 
»  d'un  triDunal  qu'il  a  lui-même  for< 
»  mé.  Mettezrle  hors  la  loi  avec  ses 
»  complices.  Frappez  du  même  dé- 
»  cret  la  commune  rebelle;  nommez 
»  un  commandant  de  la  force  armée; 
»  saisissez  l'oifensive  :  c'est  s'assurer 
»  la  victoire.  »  Aussitôt  le  décret  de 
hors  la  loi  est  prononcé  ;  et  l'on  nom- 
me Barras  commandant  de  la  force 
armée.  Tallien  le  suit  à  l'attaque  de 
l'hôtel-de- ville:  et  le  lendemain^  il 
vient  annoncer  la  mort  du  tyran  ^  in- 
vitant ses  collègues  à  la  joie  ^  et  leur 
disant  que  le  mêmé'coup  doit  ebrauLer 
les  trônes  de  tous  les  despotes ,  et  les 
convaincre  que  la  France  ne  sera  ja- 
mais gouvernée  par  un  maître.  Dans 
la  même  séance  ,  il  dénonça  Ju- 
lien de  la  DrômC;  jeune  homme  de 


Î44 


TAL 


dix-neuf  aiis  ^  son  successeur  à  Bor- 
deaux ,    qui  ayait,  dit -il,  exercé 
dans  cette  ville  im  pouvoir  révol- 
tant, et  que  Robespierre  avait  mis 
à  la  tcte  de  rinstructiou  publique. 
M.  Julien  réclama  contre  cette  de'- 
nouciation  au  club  des  Jacobins  et 
dans  les  journaux.  Il  mit  à  son  tour 
en  évidence  les  crimes  de  son  ad- 
versaire ;  et  il  résulta  de  cette  lutte  , 
comme  de  toutes  celles  du  même  gen- 
re qui  eurent  lieu  dans  ce  temps  -  Là , 
qu'un  peu  de  lumiore  fut  répandue 
sur  des  faits  qui  depuis  ont  été  mis 
encore  dans  un  plus  graud  jour.  Aus- 
sitôt après  le  9  thermidor ,  Tallien 
fut  nommé  membre  du  comité  de  sa- 
lut public ,  et  les  Jacobins  le  rétabli- 
rent sur  leur  liste.  Il  eut  beaucoup 
de  part  à  toutes  les  opérations  d!e 
l'assemblée;  et  nous  devons  dire  qu'il 
ne  se  servit  alors  de  son  influence 
que  dans  les  intérêts  de  la  justice  et 
de  l'humanité.  Cette  époque  est  sans 
doute  la  plus  belle  et  la  plus  hono- 
rable de  sa  vie  ;  mais  les  récrimina- 
tions ,  les  reproches  des  divers  partis, 
et  peut-être  aussi  les  reproches  qu'il  se 
faisait  à  lui-même,  l'cloignèrent  bien- 
tôt de  cette  heureuse  situation.  Tau- 
dis que ,  sur  sa  demande  ,  on  sup- 
primaii   le  tribunal  révolutionnaire 
et  (pie  l'on  fermait  le  club  des  Ja- 
cobms  ,    tandis    qu'il    poursuivait 
Carrier,  Lebon  et  les  autres  agents 
du  terrorisme,  ceux-ci  rappelaient 
à  leur  tour  ses  excès  à  Boixle^ux  et 
les  massacres  de  septembre.   Cam- 
bou  l'accusa  un  jour  à  la  tribuned'a- 
voir   sijïné  pour   quinze  ceiit  mille 
francs  do  bons  aux  égorgeurs.  Tal- 
lien répondit  avec  assez  de  fermeté  et 
de  présence  d'esprit  ;  et  le  nom  de 
M""',  «le  Fonlenai  ayant  été  pronon- 
cé d.ins  la  chaleur  de  la  discussion  , 
il  déclara  qu'il  l'avait  épousée.  Dans 
le  même  temps,  les  journaux,  qui 


TAL 

jouissaient  d'une  «nlière  liberté, et 
dont  la  plus  grande  partie  était  rédigée* 
par  des  ennemis  de  la  révolution  Joi 
adressaient  les  mêmes  reprocbes ,  et 
semblaient  ne  lui  tenir  aucun  comp- 
te des  services  rendus  à  leur  parti. 
Au  milieu  de  cette  espèce  de  feu  croi- 
sé, dirigé  sur  lui  des  deux  extrémités 
de  l'horizon  politique ,  on  cofiçoitqiie 
Tallien  ne  put  conserver  long-temu 
sa  popularité.  La  voyant  s'aflaÎMir 
de  ]  our  en  j  our ,  il  essaya  en  vain  deh 
relever  en  supposant  un  assassioat 
dont  il  aurait  été  victime  yà-peu-pw 
comme  avaient  fait  Kobespiem  ft 
Collot  ^  ou  plutôt  comme  il  avait  di^à 
fait  lui-même  à  Bordeaux ,  à  l'épomie 
la  plus  terrible  de  sa  mission.  Il  oé- 
clara  qirun  homme  aposté  dans  la 
rue  avait  Liché  sur  lui  un  coup  de 
pistolet.  Mais  il  avait  à  peine  été  ef- 
fleuré; personne  ne  crut  k  son  récit; 
et  ce  fut  pour  les  journalistes  un  nou- 
veau' sujet  de  railleries ,  dans  les- 
quelles ils  mélèi'cnt  M.*^^  .TalliendW 
manière  assez  ficbense»  Cependant 
la  victoire  que  la  Convention  natio- 
nale remporta  les  n  et  3  prairial  ai 
III  (juin  1795),  sur  le  parti |dek 
Montigne  (  F,  FÉaAun) ,  et  à  laqaelli 
Tallien  prit  une  part  très  -  active  cl 
très -honorable,  lui  rendît  un  peu  de 
faveur.  II  rentra  au  comité  de  sakt 
public,  où  il  avait  donn  Ai  démission, 
et  se  rendit ,  en  qualité  de  commis- 
saire ,  à  l'armée  de  l'Ouest^  que  com- 
mandait le  général  lioche.  D  7  fat 
témoin,  presque  eu  arrivant ,  delà 
malheureuse    affaire    de    QoilMnB 
(  P^qy,  SoMDREUiL  et  Heavillt  }• 
Après  la  défaite  des  royalisles,  il 
sembla  vouloir  s'éloigner  du  théâ- 
tre des  massacres  qui  devaient  en 
être  la  suite.  Laissant  à  son- col- 
lègue Blad  le  soin  d'orf^aniser  Jcs 
commissioas  militaires^  et  depv^- 
rer  les  supplices ,  il  se  hlta  devenir 


TAL 

,  pour  Y  cclcbror  Tannivcr- 
i  9  llicrmidor.  Arrive'  dans 
le,  il  V  vit  quelques-uns  de 
?iis  amis ,  et  ses  colièp;ucs  du 
lesalul  publicqui  luirepro- 
de  se  laisser  entraîner  vers 
listes.  Alors ,  se  rappelant  ses 
>  sentiments  et  !es  gages  trop 
trop  nombreux  qu'd  avait 
à  la  revohition ,  eraignant 
us  toul  le  rétablissement  d'un 
u'il  avait  tant  contribue  à  ren- 
.1  monta  à  la  tribune  le  même 
i  la  même  beure  qu'il  y  avait 
la  puissance  de  Hobespierre 
uparavant.  Après  avoir  sa- 
i versa  ire  de  ce  grand  jour  y  il 
l'allairc  de  Quiberon  ,  un 
très-emphatique,  Irès-inju- 
)ur  les  vaincus  (2),  et  qui 
*  ôter  tout  espoir.  Les  lois 
L\s  émigrés  condamnaient,  il 
,  tous  les  prisonniers  de  Qui- 
la  mort  ;  mais  ceslois  avaient 
nés  dans  des  temps  de  tar- 
de sang.  Tous  les  jours  la 
ion  rapportait  des  décrets 
lème  époque  ;  et  depuis  la 
e  Robespierre  ,  on  n'avait 
u  de  ma.ssacre  pareil.  En- 
devait  faire  croire  que  quel- 
îfs  seulement  seraient  sacri- 
îtait  Ta  vis  du  général  Ho- 
ais  Tallien  avait  résolu  de 
icr  personne  ]  et  l'on  n 'ex- 
as  même  les  enfants  ni  les 
]ues.  Dans  sa  fureur  y  il 
,  contre  ces  infortunes  ,  un 
j;e  aussi  atroce  que  ridicule  , 
it  que  l'on  avait  saisi  sur 
s  poignards  empoisonnes  j 
jutri  :   u  Les  flots  ont  rejeté* 


n  C'iiuincrM  1  m>ii  di.^cnurs  ni  disant 
litiiMi  (le  (^)iul)«rtin  a>ait  de  diri);«'e 
f.  On  ne  j>»'iir  iiitr  i\\\K  celle  ait.Hcrtion 
■.<i<>m  liPAiiroiip  «le  iat>p<n'l.«  ;  iir.iix  elail- 

:l  C'>M\  '  •irni  cl.'  tenir  (i:ni<  tiii  |f|  nio- 
i«'il  I. (liante  .' 


TAL 


445 


»  sons  le  glaive  de  la  loi  ce  vil  ra- 
»  mas  de  stipendiés  de  Pitt,  ces  exc- 
»  crables  anlems  de  tous  nos  maux; 
»  ils  ont  ose'  remettre  le  pied  sur  la 
»  terre  natale:  la  terre  natale  les  de'- 
»  vorcra.  »  Voilà  comment  s'expri- 
mait ,  sur  le  compte  des  royalistes , 
celui  que  dans  le  même  temps  Lcmaî- 
tre ,  un  de  leurs  agents ,  désignait 
dans  ses  listes  comme  l'un  des  hom- 
mes qui  devaient  leur  être  favorables. 
Deux  mois  plus  tard,  à  l'époque 
du  1 3  vendémiaire  (  septem.  i  ng5  ), 
il  ne  se  montra  pas  moins  acnamé 
contre  ce  parti ,  le  déDonçant  indivi- 
duellement et  collectivement  dans 
toutes  les  séances  qui  précédèrent  cet 
événement^  et  déclamant  surtout 
avec  beaucoup  de  violence  contre  les 
journalistes,  qui  l'attaquaient  à  leur 
tour  par  des  railleries  et  de  sanglan- 
tes épigrammes.  C'est  ainsi  que,  par 
une  inconséquence ,  quia  eu  beaucoup 
d'imitateurs  ,  l'homme  qui  ,  dans 
toutes  les  occasions,  avait  invoqué  la 
liberté  de  la  presse,  ne  manquait  ja- 
mais d'en  condamner  l'usage,  lors- 
que cet  usage  lui  était  contraire.  Il 
avait  demandé  très-vivement  cette  li- 
berté quand  il  s'agissait  d'attaquer 
Louis  XVI  ;  il  la  demanda  ensuite 
contre  Robespierre,  et  contre  les 
membres  des  comités  qui  lui  survé- 
curent; mais  à  l'époque  du  1 3  ven- 
démiaire, il  provoqua  les  mesure^  les 
plus  violentes  contre  les  journaux 
et  contre  les  écrivains  politiques. 
Faisant  alors  tous  ses  enorts  pour 
ramener  le  régime  révolutionnaire, 
il  proposa  de  créer  une  commission 
de  cinq  membres,  chargée  de  pré- 
senter des  mesures  de  salut  public , 
et  il  fut  lui-même  un  des  cinq  com- 
missaires ;  mais ,  soit  que  l'opinion 
générale  se  montrât  trop  contraire  à 
un  pareil  changement,  soit  que  Tallien 
craignît  de  retomber  dans  les  mains 


4'ifi 


TAL 


(les  jacobins ,  In  commission  ne  pro- 
posa que  des  mesures  insigniliantes  ; 
ot  le  moment  de  lerreiir  (pie  la  vic- 
toii-c  conventionnelle  avait  inspire 
s'évanouit  avec  le  bniit  du  canon 
qui  avait  mis  en  fuite  les  Parisiens. 
Quinze  jours  après  cetle  victoire  , 
Tliibaudeau  prononça  une  longue 
philippique  contre  la  commission  et 
plus  particulièrement  contre  Tal- 
lien,  qu'il  acheva  de  perdre  dans  l'opi- 
nion publique,  en  le  peignant  tan- 
tôt comme  un  terroriste  enrichi  par 
la  révolution,  tantôt  comme  un  traî- 
tre vendu  aux  Bourbons.  Se  voyant 
encore  appuyé  par  les  tribunes  et 
par  une  partie  (le  rassemblée  ,  Ta!- 
lien  repondit  avec  assez  de  présence 
d'esprit,  mais  sa  position  n'en  devint 
pas  meilleure;  if  n'eut  presque  au- 
cune part  à  la  formation  du  gouver- 
nement qui  fut  alors  établi  par  la 
constitution  de  Tan  III;  et  ce  n'est 
que  par  le  sort  (lu'i]  devint  membre 
du  conseil  des  Cmq-Cents ,  où  il  eut 
encore  moins  de  crédit.  Cejiendanton 
le  vit,  dans  cette  assemblée  ,  s'atta- 
cher de  plus  en  plus  aui.  principes 
de  la  révolution ,  et  parler  successi- 
vement contre  les  royalistes ,  contre 
les  agents  de  l'Angleterre ,  contre 
l'admission  de  Job  Aymé  et  contre 
celle  de  M.  fiarbé-jVIarbois.  Le  9 
juillet  17O7,  il  sortit  de  la  salle  com- 
me un  furieux ,  éclatant  en  murmu- 
res contre  le  décret  qui  venait  d'être 
rendu  en  faveur  des  fugitifs  de  Tou- 
lon. Dans  le  même  temps  ,  par  une 
bizarrerie  que  peut  seule  expliquer  la 
diversité  de  ses  rôles  et  la  versatilité 
de  ses  opinions ,  il  eut  à  se  défendre , 
presque  à  la  fois ,  d'avoir  participe 
à  la  conjuration  de  Lavillcheurnois, 
agent  royaliste ,  et  d'avoir  été  un  des 
terroristes  les  nias  sanguinaires  ;  en- 
lin  d'avoir  dirigé  les  assassinats 
de  septembre.  Cette  fois  ce  fut  Du- 


TAL 

molard  qui  lui  adressa  cette  1 
accusation,  et  il  le  ùt  dans  d 
mes  si  injiu*ieiix  et  si  positif 
Tallien  ne  put  se  dispenser 
pondre.  Fraisant  à  la  tribu 
aveu  de  ses  torts,  une  espècecî 
de  honorable  ,  que  devraicnl 
ter  les  prédicateurs  de  révo 
ces  insensés  qui  prétende; 
gler  à  leur  gré  les  événements 
9  C'est  un  malheur ,  d'être  ii 
»  un  temps  de  révolution;  ] 
»  trop  souvent ,  entraîné  par 
j»  constances ,  on  ne  peut  su 
»  l'impulsion  de  son  cœur , 
»  conseils  de  la  sagesse.  Je  do 
9  pleurer  sur  ces  temps  désa 
»  puisque  )'ai ,  peut-être ,  cont 
»  les  faire  naître  par  l'exasp 
»  de  mes  opinions. ...  J'ai  n 
n  dans  mi  temps  où  la  véril 
»  couverte  par  le  voile  dcspa 
»  mais  l'erreur  n'est  pas  un  ci 
0  Et  qui  scraitasscz  vain ,  poi 
»  mer  qu'il  a  toujours  jugé  sa 
»  notre  étonnante  révoliitioB. 
De  pareils  aveux  étaient  bie 

Cour  désarmer  les  accusate 
'allicn  ;  personne  ne  rénondj 
molard  lui-même  garda  le  sili 
la  révolution  du  18  fructid< 
survint  peu  de  jours  après^  i 

Sour  long-temps  aux  récrimi 
e  cette  espèce.  Tallien  n'abu 
de  la  victoire  de  son  parti; 
vit  même  faire  des  efforts  pou 
traire  quelques  victimes  à  la 
tation.  Mais  son  influence  ava 
toujours  disparu ,  etsamissio 
lative  était  finie.  Il  rentra  dan 
curiléde  la  vie  privée,  sans  qu 
)ie  le  public  s'aperça tde  sa  retra 
pouvant  s'accoutumer  à  une  1 
existence^  et  se  voyant  en  proi 
chagrins  domestiques  ,  il  ré» 
s'éloigner  de  sa  patrie ,  et  su 
l'igyptc  le  gôiéral  Buonaparl 


TAL 

l  elc  fort  lie,  et  qui  même 
clque  reconnaissance  (3), 
crédit  sembla  le  suivre 
mers  ;  il  nViit  d'abord 
le  savant  ,  puis  celui  de 

V Institut   d'Egj'pte  , 
:leur  d'un    journal   qui 

au    Caire  (  la  Deçà- 
mne  )  ;    il    devint    en- 
islrateur   dos  domaines 
*t  son  existence  fut  sup- 
iis   cette  contrée  ,   tant 
rtey  resta  ;  mais  après  Je 
général,  il  éprouva  tou- 
tracasseriesdela  part  de 
succédèrent.  Menou  finit 
de  s'embarquer  pour  la 
y  faisant  précéder  d'une 
on  ne  comprend  p;uère 
»  dont  l'eiret  inévitable 
re  arrêter  à  son  arrivée, 
ilieur  les  Anglais  l'enle- 
a  traversée,  et  le  con- 
ondres ,  où  il  fut  très- 
par  le  parti  de  l'oppo- 
b  des  Wigbs  lui  donna 
:te  ;  et  l'on  y  vit  le  célè- 
é  à  table  à  coté  de  Tal- 
lesse  de  Devonsliire  lui 
son  portrait  entouré  de 
renvoya  les  diamants  et 
rait.  Revenu  en  France, 
accueilli  par  le  cbef  du 
t ,  et,  ce  à  quoi  il  devait 
adre ,  plus  mal  encore 
lien.  Peu  de  temps  après, 

fut  prononcé  par  les 
.  On  a  peine  à  concevoir 
d'emplois  et  de  missions 


iinu  «!»•  Barra»  .  prnaiJrc  ranne 
l'on  voii  Haits  l'.irir  (ic  in<<r)s«!;*> 
fut  Tftllii-ii  qui  lui  sertit  dr  Ic- 
[^■na.i. 

•>*.  Tsillirn  «■|»o»j»i«TVI .  Jn5ei>li  d^ 
le  Cliiin»T.  Klli»  arait  m  oc  joii 
lien  une  tiJIr  qni  rrçut  au  nais- 
e/Tiider. 


TAL  44^ 

importantes  Tallien  se  trouvât  alors 
sans  fortune;  et  les  reproches  de  spo- 
liation qu'il  avait  si  souvent  essuyés 
nedevaientpasle  faire  présumer;  ce- 
pendant 'tl  n'eu  est  pas  moins  vrai 
qu'on  le  vit  dans  un  extrême  dénue- 
ment. Ce  fut  seulement  au  bout  de 
quelques   années  ,  que,  par  la  pro- 
tection de  Fouché  et  celle  de  M.  de 
Talleyrand,  il  obtint  l'emploi  de  con- 
sul de  France  à  Alicautc  ,  où  il  fut 
atteint  de  la  fièvre  jaune  ,  et  perdit 
un  œil.  II  revint  aussitôt  en  France ,  et 
y  conserva  son  traitement.  Une  telle 
faveur  a  fait  dire  qu'il  rendait  des 
services  à  la  police;  et  cette  asser- 
tion a  été  répétée  avec  plus  de  vrai- 
^mblance  encore,  lorsque,  malgré  le 
décret  de  bannissement  contre  les  régi- 
cides, il  a  continué  d'tebiter  la  capi- 
tale.Si  ce  n'est  pas  unecalomnie,  il  faut 
croire  que  ces  services  étaient  bien 
mal  payés  ,  car  peu  de  temps  avant 
sa  mort(  i6  novembre  1820) ,  il  fut 
obligé  de  vendre  ses  livres  pour  vi- 
vre ;  et  plus  tard  les  journaux ,  qui 
publièrent  sou  Éloge ,  dirent  que  sans 
une  auguste  munificence ,  il  serait 
mort  de  misère.  M — d  j. 

TALMONT  (Gabrielle  de  Bour- 
bon ,  princesse  de  )  était  fille  de 
Louis  1<^^'.,  comte  de  Montpensier , 
mort  prisonnier  en  Angleterre ,  et  de 
Gabrielle  de  La  Tour,  sa  seconde 
femme.  Au  mois  de  juillet  i485,  elle 
fut  mariée  à  Louis  II ,  sire  de  La 
Tremoille ,  l'un  des  plus  grands  ca- 
pitaines de  son  siècle  (  F.  Tremoil- 
le). De  cette  union  ^  formée  par  la 
politique,  mais  dont  l'inclination  et 
les  vertus  des  deux  époux  resserrè- 
rent les  nœuds,  naquit  Charles ,  prince 
de  Talmont.  Gabrielle  se  chargea  de 
veiller  sur  l'éducation  de  son  bis,  et 
sut  lui  inspirer  le  goût  des  lettres , 
qu'elle  cultivait  elle-même  avec  suc- 
cès. Jean  Bouchet  (  Voyez  ce  nom  ) , 


448 


TAL 


chroniqueur  du  Poilou ,  que  la  prin- 
cesse honorait  de  son  estime  ^  nous  a 
Inissc',  sur  ses  occupations  ,  des  dé- 
tails précieux  par  leur  naïvelc.  «  Elle 
employait,  dit  -  il .  une  partie  de  sa 
journée  en  broderie  et  autres  menus 
ouvrages  appartenants  à  de  telles  da- 
mes ,  et  y  faisait  trav,ailler  ses  demoi- 
selles ;  mais  y  quand  aucunes  fois^  elle 
en  était  eimuye'e ,  se  retirait  en  son 
cabinet  bien  çarni  de  livres,  lisait 
quel([ues  histoires  ou  cliose  morale 
ou  doctrinale }  et  s'y  ctait  son  esprit 
emiob'.i  et  enrichi  de  tant  de  bonnes 
sciences  ,  (lu'elle   composait  petits 
traités  à  l'honneur  de  Dieu,  de  la 
Vierge  Marie ,  et  à  l'instruction  de 
ses  demoiselles  (i).  »  Le  (ils  qu'elle 
aimait  si  tendrement  fut  tue  à  la  ba- 
taille de  Marigiian.  Depuis  elle  ne  lit 
plus  que  languir  ^  et  mourut  consu- 
mée  de    chagrin ,    au    château   de 
Thouars  ,  le  3()  novembre  i5i6.  Ses 
restes  fiirenl  déposes  dans  un  tom- 
beau ,  au  milieu  du  chœur  de  l'église 
collégiale  ,  avec  une  epitaphe  dont 
les  dates  sont  inexactes   {'i).  Dans 
celle  que  consacra  Bouchet  à  la  me'- 
moire  de  celte  princesse ,  il  la  com- 
pare à  ri((ontiiim,  à  Christine  de  Pi- 
sé, à  S.ipho  {en  prose,  non  en  wè- 
ire),  et  enfin  à  Pauline,  dame  ro- 
maine ,  célèbre  par  l'amitic  que  lui 
porUi  St.  Jérôme  (  r,  ce  nom  ).  Les 
ouvrages  de  Gabrielle ,  restés  manus- 
crits, sont  :  Contemplation  sur  la 
nativité  et  passion  de  N.  S.  J.-C,  ; 
—  le  Château  du  Saint-Esprit  ;  — 
le  riateur ,  ou  le  Voyage  du  péni- 
tent;— V  Instruction  des  jeunes  fil- 
les. Le  P.  Ililarion  de  Coste  a  public 
rr^oge  (le  celle  princesse,  dans  ses 
Jlisloires  calkoUques  des  hommes 


I  ij  V«»v.  Ir  i'lir\;tJ.vr  Sttns-l\i  iHoche  j  de  J.  Huu- 
«hrt  ,  ril.    »lr  l5^7,  f"!    8j|. 

(■«)  Viiv.  Iii  lUhf.  du  I\'il<ni ,  pur  Drcui  dit  R*- 
Jirr  ,  I  •,  7. 


TA.L 

et  dames  illustres  par  leur  piclé,  et 
dans  son  Recueil  aes  éloges  des  rà- 
nés,  etc.  W— s. 

TALMONT  (  A.  Ph.  de  La  Tw- 
MoiLLE,  prince  de  ),  second  fils  du 
duc  de  La  Trémoille ,  quoique  jeune 
et  n'ayant  jusqu'alors  mené  qu'une 
vie  très -dissipée  ,    embrassa   avec 
beaucoup  d'ardeur  la  cause,  de  b 
monarchie  el)ranlée  parlareyolatîoB 
française  ,   entra  dans  la  conHédé- 
ration  poitevine  formée  dès  le  com- 
mencement àeingXy  afin  de  oombat- 
tre  ccttaréyolution,  et  passa  en  Âllg|^ 
terre ,  pour  y  veiller  aux  intérèti  de 
son  parti.  11  se  rendit  alors  sur  le 
Rhin,  se  réunit  aux  émigrés,  qui  se 
préparaient  à  pénétrer  en  Franoe,  et 
lit  cette  première  campagne  en  ou-' 
lité  d'aid&dc-camp  du  comte  dÂ^ 
tois.  Rentré  en  France  an  commcD- 
cement  de  1 793 ,  avec  un  nouren 
plan  d'insurrection  pour  les  provin- 
ces de  l'Ouest,  il  parcourait  ses  do- 
maines, et  se  trouvait  à  Qiâtean- 
Gonthicr ,  quand  vint  à  éclater  le 
soulèvement  d'une  partie  de  la  B^^ 
tagne  et  de  la  province  du  MaÎDe, 
soulèvement  qui  précéda  de  pende 
semaines  celui  de  la  Vendée.  Le  pn- 
cedc  Talmont  futarrM,  tmuSki 
dans  les  prisons  d'Angers,  dvooé 
dès  ce  moment  à  Tëchafand.  11  ne 
fut  sauvé  que  par  une  intrigue  btt 
heureuse  et  fort  habilement  ménaflfe 
par  l'abbé  de  La  TremoiUe ,  aon  nè- 
re^  dans  le  sein  même  de  la  Gofentt- 
tiou  nationale.  Un  député  qu*on  avait 
gagné  se  transporta  dans  les  prisoni 
d'Angers,  pour  concerter  l'évaiM 
du  prince  auquel  il  proposa  secfèlr- 
meutde  retourner  en  Angleterre  onde 
passer  dans  la  Vendée.  «  Jecboiiisla 
I»  Vendée,  répondit  le  jeune  TalflUNrt; 
»  tout  mon  sang  est  pour  mon  roi, 
»  et  je  le  verserai  pour  lui  jnsipi'âla 
»  deriiiercgouttc.  »  Pendant  ntrans- 


I 


j 


TAL 

l'Angers  à  Laval,  ses  propres 
(avonsèrcnt  sa  fuite,  et aes  pay- 
postc's  l'escortèrent  jusfju  aux 
:is  de  Saumur ,  dont  les  Ven- 
reuaieiit  de  se  rendre  maîtres, 
rivée  produisit  la  plus  grande 
on  dans  ia  Vendée.  L'éclat  de 
un  et  sa  belle  iij^nre  en  impo- 
i  la  muUitiulc.  Il  fut  fait,  sur- 
np ,  i;éncral  de  cavalerie  ven- 
,  et  j)rit  place  au  conseil.  A 
lie  de  Nantes  ,  le  '>.H  juin  1795, 
nala  nardesjn'odicjesde  valeur 
atlielineau  etd'Elbee ,  parcou- 
'anG;s,  harangua  ])lusieiirs  fois, 
ena  au  coinJjat  les  Vendéens 
âges.  Il  fut  blesse  en  chargeant 
le  de  la  cavalerie  royale.  Ren- 
ns  la  Vendce,  il  prit  part  à 
c  tontes  lot  actions  de  cette 
mémorable  :  impétueux  et 
l'ardeur  ,  il  aurait  toujours 
combattre.  Après  la  malhcu- 
ournee  de  (.hàiillon ,  et  les  dc- 
eitcrees  des  Vendéens,  il  insista 
eut  j)our  qu'on  se  rendît  maître 
sa^e  de  la  Loire, et  de  l'entrée 
tagne.  Il  allirma  que  ses  intelli- 
dans  celte  j)rovince  lui  avaient 
qu'elle  n'attendait  que  la  pre'- 
les  Vendéens  pour  se  soulever 
veau  ;  que  d'ailleurs  on  pou- 
mptcr  sur  des  leve'es  conside- 
de  royalistes  dans  ses  vastes 
êtes  de  Laval  et  de  Vitre.  Son 
n  se  tn)u\;nt  conforme  à  celle 
ichamps,  ([ui  voulait  envoyer 
ichemcnt  dans  le  Bas-Anjouet 
agne  ,  poiu'  se  nu'uager  une  re- 
Mi  cas  de  revers.  A  il  moment 
rise  où  l'aririèe  Vendéenne  lut 
;  p<>iiss<'C  veis  i.i  Loue,  on  de- 
le  pruiee  de  1  .diuonl  avee 
mille  roN.distes,  |)0ur  gardej- 
e  de  Sauil-I'^lorciil.  \|)rès  l.i 
UJ'Mse  is'sue  de  l.i  baîaille  de 
t  .  il  pioîc'ge.i  de  tout  son  pou- 

\LI^ . 


TAL 


449 


voir  le  passage  des  Vendéens  sur  la 
rive  droite^  et  peu  de  jours  après, 
il  concourut  au  gain  de  la  bataille  de 
Jiaval.  Il  s'opposa,  dans  le  conseil,  a 
la  resolution  des  chefs  qui  desiraient 
rentrer  dans  la  Vendée ,  et  il  fut  d'a- 
vis qu'on  se  dirigeât  vers  Saint-Malo , 
a  lin  d'y  recevoir  les  secours  promis 

Far  les  Anglais.  Celte  détermination 
ayant  emporté^  il  prit,  avec  Icchcva- 
lierdeFleuriot,  le  commandement  de 
la  colonne  qui  se  porta  de  I^aval  sur 
Vitré  ^  se  replia  ensuite  sur  l'armée 
royale,  qui,  remportant  plusieurs 
avantages  ,  et  se  dirigeant  sur  le  Co- 
tcntin,  vint  mettre  le  siège  devant 
Granville.  De  la  prise  de  cette  place 
maritime  dépencfait  l'issue  de  l'ex- 
pédition de  lord  Moira  ,  charge 
de  porter  des  secours  aux  royalistes, 
étant  à  la  veille  de  mettre  à  la  voile 
des  ports  d'Angleterre ,  pour  se  diri- 
ger d'abord  sur  Jersey.  Mais  déjà 
les  Vendéens,  repoussés  dans  leur  at- 
taque sur  Granville,  et  complète- 
ment découragés^  voulaient  à  tout 
prix  regagner  la  Vendée  ;  ils  étaient 
même  en  pleine  révolte  contre  leurs 
chefs.  Dans  cette  confusion ,  le  prin- 
ce, accompagné  de  Beau  voilier,  de 
Solérac  et  du  curé  de  Saint-Laud, 
gagne  la  plage  pour  s'y  embarquer. 
A  cette  nouvelle,  les  Vendéens  s'in- 
dignent; et  regardant  la  démarche 
du  prince  comme  une  désertion ,  dé- 
tachent un  piquet  de  la  cavalerie 
sous  les  ordres  de  Sloillet  pour  l'ar- 
rêter. Le  détachement  entoure  lé 
])rince  et  le  ramène  au  camp  avec  les 
autres  chefs cpii  l'avaient  suivi,  a  Ils 
)>  n'avaient  frété,  dirent-ils,  qu'un 
)ï  bateau  pécheur  pour  Jersey,  alin 
0  de  presser  l'arrivée  des  secours  de 
)>  l'Angleterre  ,  et  samer  «pielf|!ics 
n  femmes.  »  Du  reste  ,  le»  témoi- 
gnages dill'èrent  sur  le  fait  de  l'éva- 
sion projetée  du  prii^ce  de  Talmonl. 

•>9 


45o  TAL 

Sart'putatioDct  son  honneur  seraient 
à  l'abri  de  toute  alleinle ,  selon  l'ex- 
plication  qu'en  donne  M.  de  Res- 
ta in  j»  ,  o  (licier  vendéen ,  qui  a  survé- 
cu au  désastre  de  son  parti.  L'armée 
se  trouvait  à  Avranches,  la  veille  de 
l'attaque  de  Granville ,  lorsque  deux 
marins  s'étant  fait  introduire ,  à  dix 
heures  du  soir  ,  devant  le  prince,  lui 
présentèrent  une  lettre  écrite  par  une 
personne  qui  lui  était  chère,  et  de 
plus  un  bijou  de   prix  ,  qui  ne  lui 
laissa  plus  de  doute  sur  la  réalité  du 
message.  Ou  le  conjurait  de  se  con- 
fier aux  deux  marins,  qui,  tenant 
une  barque  prête,  le  transporteraient 
à  Jersey,  et  l'y  mettraient  en  sûreté. 
lie  prince  répondit  en  ces  termes^  en 
présence  même  de  Rostaing  :  «  J'ai 
»  promis  de  défendre  la  cause  pour 
»  laquelle  j'ai  tiré  l'épée,  et  que  je 
»  crois  juste  ;  et  ce  serait  violer  ma 
r>  parole  que  d'abandonner  mes  com- 
»  pagnons  d'armes  :  je  partagerai 
»  jusqu'à  la  mort  leurs  travaux  et 
»  leurs  dangers.  »  On  objectera  sans 
doute  qu'il  y  eut  au  moins  de  la  lé- 
gèrelé  et  de  l'imprudence  après  une 
telle  déclaration ,  à  se  porter  sur  la 
cote  avec  des  personnes  qui  ne  dé- 
guisaient  pas  leur  intention  de  se 
mettre  en  mer.  Quoi  qu'il  en  soit ,  le 
prince  lit  de  nouveaux  prodiges  de 
valeur  à  la  bataille  qui  fut  donnée 
j)eu  de  jours  après  entre  Dol  et  An- 
train;  lui  seul,  quand  presque  toute 
les  divisions  dcrarmée  royale  étaient 
en  déroule  et  fuyaient  vers  Dol ,  tint 
ferme  avec  une  poignée  de  braves, 
jus(|u'à  ce  que  Larochejaquelein  vint 
le  joiudie.  l'iu  rentrant  à  Dol ,  ce  gé- 
néralissime  (les   Vendéens    déclara 
que  c'était  au  princcî  d<;  Talmont 
'|u'on  était  redevable  de  la  victoire, 
f  icliii-ci  suivit  l'armée  au  siège  d'An- 
gers ,  (|ui  fut  tout  aussi  malheureux 
que  celui  de  Granville.  Marchant  de 


TAL 

là  sur  la  Flèche  ^.mie  plaine  séparait 
les  Vendéens  de  rarmée  répuÛicai- 
ne.  Talmont  ^   presque  seul  y   s'a* 
vançait  à   cheval.  Beconmi   À  sod 
écharpe  blanche ,  un  bussard  Tint 
le   défier  au  conbat.   «    Je    t'at- 
tends, lui  crie  le  prince.  »  Le  hus- 
sard fond   au  g*lop  sur  lui  ;  les 
sabres  se  croisent }  Talmont  pare^ 
frappe ,  et  d'un  coup  assure,  partt- 
ge  en  deux  la  tête  de  son  adTersaiie. 
A  la  déroute  du  Nans^  le  i4  dé- 
cembre ,  il  chai'gea,  au  milieu  du  feu, 
les  hussards  ennemis  a  l'entrée  de  la 
ville.  Après  sa  défaite  •  rarmée  roya- 
le n'ayant  pu  repasser  la  Loire,  se 
trouva  rcfduite  à  sept  mille  homaïa. 
Talmont  et  Fleuriot  se  mirent  à  leur 
iho  avec  d'autres  officiers,  et  mar- 
chèi'ent  sur  le  boo^g  de  Nort.  Mail 
Fleuriot  ayant  été  nommé  geiiénl  ei 
chef,  Talmont,  blessé  de  cette  prâe- 
i*encc, quitta  l'armée.  Ce  désir rauno- 
modéré  de  la  commander,  ma%ié 
l'état  misérable  ou  elle  se  trourait, 
marquait,  certes,  encore  pins  de 
dévouement  que  d'ambition.  Il  er- 
rait déguisé   en   paysan   dans  ks 
environs  de  Laval  et  de  Fouafam, 
accomi>agné  d'un  fidèle  domeitiqnB» 
nommé  Matdcin,  quand  il  toÏAs 
dans  une  patrouille  de  la  garde  ni- 
tionale  de  BaKOuses.  U  fut  coBdnit  i 
Fougères,  sans  etiti  recomm;  ma» 
la  fille  de  l'au])ergiste  de  &niiC-J^ 
ques^  en  le  voyant,  s'écria  :  «  C'crt 
le  prince  de  Talmont  !  »  Cet  indi^ 
cret  élan  était  d'autant  plus  odicnK, 
que  le  prince  avait  sauvé  U  père  de 
cette  malheureuse  lors  dupassaeedes 
Vendéens.  Traduit  devant  le  tf&Éral 
Beanfort ,  qui  commandait  A  Fougfe 
res ,  Talmont  jeta  son  bonnet  de  paf- 
san ,  et  répondit  avec  fierté  :  «  Ou,  )e 
y>  su  is  le  prince  de  Talmont;  soiianle- 
)>  huit  cond>ats  contre  les  r^oUi- 
»  cains    m'ont  familiarisé  a^ec  la 


i 


TAL 

:.  >»  Un  ofllcier  nomme  Hiiard  , 
landant  pomxiiioi  il  avait  em- 
Ic  parti  royaliste,  en  reçut  cet- 
use  :  <c  Issti  des  LaTreuioilIe, 
lu  scip;ncurde  Laval  el  de  Vi- 
princc  moi- mtnie,  je  devais 
ir  mon  roi  ;  et  je  ferai  voir,  en 
ant  mourir,  que  j'étais  digne 
cfendre  le  trône.  »  Il  deman- 
ir  seule  f;race  le  tre'pas  le  plus 
t;  mais  les  conventionnels  en 
Q  dans  cette  contrée  se  le  dis- 
at  comme  une   proie.  Il  fut 
ire  à  Heiuies,  où  Lsnue-1-.aval- 
avant  pu  lui  arracher  aucune 
lion ,  lui  dit  un  jour  en  colère  : 
»s  un  aristocrate,  et  je  suis  un 
iote. —  Tu  fais  ton  métier,  et 
mon  devoir,  répondit  leprin- 
•)  Parole  sublime ,  et  que  rien 
-passe  dans  rantiquitë,  comme 
es  tem])s  modenies.  On  prolon- 
lisérahlement  sa   vie   ])endant 
nois,  dans  les  cachots  de  Ren- 
ms  que  Taffaiblissement  de  ses 
diminuât  sou  courage.  Enfin 
pplice  ayant  été  demande  à  la 
ntion,  il  fut  transféré,  quoique 
e,  à  Vitré,  puis  à  Laval,  où 
faud  fut  dressé  devant  Tentrée 
pale  de  son  château.  L'exécu- 
ui  lit  tomber  sa  tête  lui  devait 
.  Elle  fut  mise  sur  une  pique  et 
ec,  ainsi  que  celle  d'Aniubault, 
tendant ,  au-dessus  de  la  porte 
ival.  On  regrette  qu'avec  tant 
leur  et  de  dévouement,  ce  prin- 
it  pu  périr  les  armes  à  la  main. 
,  comme  tous  les  La  Trémoil- 

la  plus  haute  taille  et  de  la 
noble  (igurc,  il  joignait  à  ces 
.iî:e.->  extérieurs  une  bonté  inal- 
e.  Son  fidèle  Malelein ,  qu'on 
t  sauver ,  s'écria  :  u  Moi ,  survi- 

à  mon  maître  !  non  ,  j'aime 
ux  mourir  ;  »  et  il  monta  sur  le 
'.  échafaud.  ï^  corps  du  digne 


TAL 


/iTu 


descendant  du  vainqueur  de  Saint- 
Aubin  fut  enfoui,  avec  ceux  d'une 
multitude  d'autres  victimes ,  dans  les 
landes  de  La  Croix  -Bataille,  près 
de  Laval.  Quand  ces  landes  furent 
vendues ,  après  la  restauration  de  la 
maison  royale ,  on  réserva  le  terrain 
qui  renfermait  les  cendres  du  prince 
et  de  SCS  compagnons  d'infortune. 
En  iSs'j,  il  fut  enclos  de  murs;  et 
une  souscription  volontaire  fut  ou- 
verte pour  élo-er,  dans  ce  lieu  de  sé- 
pulture, un  monument  à  la  inémoire 
du  prince  de  Talmont  et  des  victimes 
de  nos  discordes.  Ce  monument  con- 
siste en  un  autel  en  granit ,  surmonté 
d'ime  crok.  Sur  une  table  de  mar- 
bre ^  incrustée  dans  le  devant  de  l'au- 
tel ,  on  a  gravél'objetdu  monument  et 
les  noms  qu'il  doit  rappeler.  B — p. 
TALON  (Omer),  littérateur  du 
seizième  siècle,  était  ne,  suivant  La- 
croix-du-Maine ,  dans  le  Vermandois. 
On  lit,  dans  le  Dict.  de  Moréri  (éd. 
de  1759),  qu'il  naquit  à  Amiens,  et 
qu'il  était  le  second  fils  d'Artus  Ta- 
lon ,  colonel  d'im  régiment  irlandais 
au  service  de  Charles  IX.  Cette  der- 
nière assertion  e  t  évidemment  erro- 
née ;  mais  elle  n'en  a*  pas  moins  pas- 
sé dans  V Histoire  littéraire  aA- 
miens,  par  le  P.  Daire  (  F,  ce  nom) , 
et  sans  doute  ailleurs  (i).  Omer  s'ap- 
pliqua j  dès  son  enfance ,  à  l'étude  des 
langues  et  de  la  littérature  ancien- 
nes. En  1534?  îl  ^t  pourvu  d'une 
chaire  de  rhétorique  au,  collège  du 
cardinal   Le  Moine  ;  et  il  la  rem- 
])lit  d'iuie  manière  brillante.  Lié  de 
l'amitié  la  plus  étroite  avec  le  célè- 
bre et  malheureux  Ramus ,  .sou  com- 
patriote, il  dut  employer  tout  son 
crédit  pour  faire  adopter  par  l'uni- 

(i>  En  cflcl  ,  il  e»t  iinpaii»il>|«i  d'admrltrr  qu'O- 
mrr  Talon,  ué  vn-s  i5lr,  li\t  \r.  M>cond  fiU  d'an 
colou^l  au  ttrricm  de  OiKrle^  IV  ,  «jui  ur  |Mirvtnt 
»ti  trùuc  f{u'cn  iS(m». 


AH'x 


TAL 


f 


vcrsilc  les  changrmaifs  que  Ramiis 
)ropQSait  dans  renseignement  des 
angues  et  de  la  philosophie;  mais 
rien  ne  montre  qu'il  ait  partagé  le 
penchant  de  son  ami  pour  les  réfor- 
mes religieiLses.  On  croit  assez,  çéné- 
ralement  que  Talon  était  ecclésiasti- 
que ;  et  quelques  auteurs  assurent  ^ 
mais  sans  preuve ,  qu'il  fut  nommé 
curé  de  Saint-Nicolas  du  Ghardonnet. 
Une  maladie  cruelle,  et  qui ,  dans  un 
autre  temps,  donnerait  mie  opinioti 
peu  favorable  de  ses  mœurs ,  empoi- 
sonna SCS  dernières  années.  L'état 
déplorable  auquel  il  était  réduit  ne 
pouvait  lui  permettre  de  prendre 
part  à  la  querelle  de  Ramus  contre 
Tu ni(*bc.  Cependant  liamus  employa 
le  nom  do  son  ami  dans  cette  guerre 
{'i)-y  mais  Turnèbe  reconnut  facile^ 
lement  cette  petite  ruse  {f^oj^,  Adr. 
TurnÈbe).  Omer  Talon  mounit^  eli 
1 5(>i ,  à  Tagc  au  moius  de  cinquante 
ans.  Le  P.  l)airc  a  donné  la  liste  de 
ics  ouvrages ,  qui  n'offrent  plus  au- 
cun intérêt ,  dans  V Histoire  littéral' 
re  d'Amiens ,  p.  94  c*  suiv.  Ils  ont 
été  recueillis  par  Thom.  Freig ,  Bâle, 
P  Perna,  1 5^  5 ,  in-4°.  de  ?o6  pag.  Ce 
volume  est  orné  d'une  préface  de  l'é- 
diteur (3).  Outre  des  Lettres^  des 
Disscrlalions  et  des  Harangues^ 
pidiliées  avec  celles  de  Raiiius,  Pa- 
ris ,  1 577 ,  in  -  8»\  (  Fqyez  Ramus, 
XXXV II,  65),  on  y  trouve  un 
Traité  de  rhétorique  élémentaire 
{ Institut ionc s  oratoriœ)^  qui  eut 
une  grande  vogue  dans  tout  le  cours 
du  seizième  siècle.  La  première  édi- 
tion est  celle  de  Paris,  1344  ou  1^45, 


(v*.  On  iir  J'MiIf  p.i.i  i|iK<  Kamux  nn  miîI  Je  %«'rtln- 
LU*  iiiit«iir  <lo  IVcrit  inlitulv  :  Autlomnri  'l'ahré 
aiinuniilio  uii  .Itliian.  'l'urntbum y  J*aiik,  i55(>, 
iii-S". 

:'^j  Olle  «•  iil:"ii  rs\  iMtitiiU'u  :  .Iw/oniari  Ttdtti 
tfurm  i^t'tn  lu.fii  'I  fir*i.iirn  'hr  -if  pot\is,  K||f  c«i 
ainsi  un  iiiniMiinvnt  <ir  l'auiilic  i|iii  Xn  iivuil  r'iiit- 
(.iiiiuient  uni». 


TAIi 

in  -  8*^.  Parmi  les  nombreiues  râm- 
pressions  de  cet  ouvrage ,  on  doit  ci- 
ter celle  que  Cl.  Minos  et  Jean  Pisca- 
torius  ou  le  Pécheur ,  ont  accfunua- 
gnces  de  leurs  Commenta  ires*  Antome 
Foqueliu,  compatriote  de  Takm, 
l'inséra  tout  entière  dans  sa  Rhéto- 
rique française ,  Paris  >  1557,  iik- 
80.;  ouvrage  oublié  depuis  lou- 
temps ,  et  que^  par  ce  motif,  on  d  a 

Sas  cru  devoir  mentionner  k  l'article 
c  Foquelin  (  F.  Foquelih,  XV , 
234).  W— f. 

TALON  (  Omer  ) ,  Fun  des  phs 
célèbres  avocats-  généraux  du  pure- 
ment de  Paris ,  était  né  vers  iSqS. 
Sa  famille  était  originaire  d'Irlande ^ 
où  elle  possédait  des  terres  et  des 
places  considérables.  Le  premier  de 
ses  ancêtres  qui  s'établît  en  France , 
fut  nommé  colonel  d'un  riment  i^ 
landais  sous  Charles  IX.  (  i  )  Depds , 
les  Talon  n'ont  pas  cesse  de  founir 
à  la  magistraturedes  personnages  re- 
commandables  par  leurs  vertus  et  leur 
capacité.  Omer  acheva  ses  étudessous 
Dautruy ,  de  Troyes  ,  savant  doc- 
teur de  Sorbonne,  qui  resta  son  con- 
seil et  son  ami.  Dirieé  par  cet  halîk 
maître , il  fît  de  rapides  progrès  dasi 
les  lettres  ,  l'histoire,  le  droit  et  la 
théologie.  Il  fut  admis, en  i6i3,daBS 
l'ordre  des  avocats,  et  nc^  tarda  pas 
à  se  signaler  au  barreau.  En  i6a5  ^ 
il  épousa  Françoise  Doujat  «  fille 
d'un  avocat-général  de  la  reine  Bhrie 
de  Médicis  et  de  Gaston  duc  d*Qp- 
léans.  Dcs-Iors ,  il  partagea  tout  son 
tempsentre  les  affaires  etlessoinsqn'îl 
devait  à  sa  famiUe.  Son  firèiv  amé 
lui  otfrit  la  cbarge  d'avocat-gàiénl 

(i)  Cftie  gronlogic  de*  Talon,  iii—'i  l'i  Jm«  k 
Dirt.  de  Blurcri,  «crait  ronlivditc  par  «■  Metd» 
Denis  Tainu ,    dont  rarticle  ■oit j    fcqatl 


que  r(!  qu'il  y  avait  de  plus  grand  daoft  b  raba  iC 
le  uiîuÎMtvre  «orUît  dai  procnraara,  #1  «tinï- 
iiiPiiiR  en  rfail  aurti.  Voy.  lea  M^mmmt$Jkti  "' — 


TAL 

nt,  qu'il  se  proposait  de 
cla  refusai  a  abord  y  ditil, 
emploi  trop  lourd  et  trop 
éaamoius ,  après  une  lou- 
ice  y  laquelle ,  de  ma  part, 
;inte ,  ni  affectée ,  la  solli- 
ma  femme  et  de  mes  pro- 
•ressanteque  je  lâchai  pied 
le  faire  ce  qu'on  voulut.  » 
ossession  le  1 5  novembre 
jîcBtot  il  elFaça  tous  sqs 
irs  ,  que  sa  modestie  lui 

3u'il  ne  pourrait  jamais 
a  ni  \ingl-ilcux  ans  qu'il 
e  cliarge ,  il  eut  l'occasion 
es  questions  les  plus  im- 
[c  noire  droit  public,  et 
irune  clarté'  et  un  ordre 
vSuperieurà  tous  les  ora- 
I  temps  ,  il  évita  presque 
cïauts,  dont  le  pins  grand 
ation  ridicule  d'un  savoir 
juna  le  premier  l'exemple 
euce  simple  et  grave.  Les 
la  Fronde,  en  mettant  en 
noblesse  de  son  caractère, 
nt  les  moyens  de  prouver 
ment  à  ses  devoirs  et  son 
;  à  la  cause  royale.  Si , 
iual  de  Retz,  on  remar- 
s  Contradictions  dans  sa 
'est  (ju'U  était  emporte  , 
5  les  autres  ,  par  les  lor- 
imcnt  dans  ces  sortes  de 
:  une  impétuosité  qui  agite 
en  un  même  moment  de 
les  (  Méni. ,  liv.  iv  ).  Ses 
1  franchise  donnaient  à 
raude  influence  sur  les  de- 
s  du  parlement.  Il  s'en  ser- 
ment pour  maintenir  cette 
dans  le  devoir  envers  le 
ou  ])our  l'y  rap])eier  ^ 
s\"ii  écartait.  La  régente 
(jaston  ,  duc  d'Orléans  , 
unaissait  les  intrigues  ,  à 
es  du  roi ,  ce  prince  hcsi- 


TAL 


/i53 


tait  sur  le  parti  qu'ii  devait  preii- 
di'c.  Ce  fut  dans  cette  circonstance  mé- 
morable (  4  février  1 65 1  ) ,  (pie  Talon 
prononça  cette  improvisation  que  le 
cardinal  de  Retz  regardait  comme  ime 
des  plus  belles  qui  eussent  été  faites, 
a  Je  n'ai ,  dit-il  ^  jamais  rien  lu ,  ni 
ouï  de  plus  éloquent.  Il  accompagna 
ses  paroles  de  tout  ce  qui  pouvait  léftr 
donner  de  la  force  ;  il  invoqua  les 
mânes  de  Henri-le-Grand  ;  il  recom- 
manda la  France  à  saint  Louis ,  un 
genou  en  terre.  Toute  la  compagnie 
fut  émue  si  fortement ,  que  j'en  vis 
la  clameur  des  enquêtes  commencer  à 
s'affaiblir  (  Afem.,  liv.  m).  »  Le  cha- 
grin que  Talon  éprouvait  de  la  conti- 
nuation àes  troubles  unit  par  altérer 
sa  santé.  Il  tomba  malade  d'hydro- 
pisic ,  et  les  médecins  jugèrent  bientôt 
le  mal  sans  remède.  Le  lendemain  de 
Noël ,  il  reçut  le  viatique  avec  la  fer- 
veur et  la  dévotion  que  l'on  devait 
attendre  de  sa  piété  exemplaire.  Quel- 
ques mois  auparavant ,  sentant  déjà 
sa  fin  prochaine,  il  avait  dressé,  pour 
son  fils  une  règle  de  conduite  «  qui 
contient ,  ajoute  le  digne  fils ,  dont 
noas  empruntons  les  expressions  , 
des  sentiments  si  chrétiens ,  si  élevés 
et  si  dignes  d'un  homme  d'honneur , 
que  j'en  estime  plus  la  possession  que 
celle  des  biens  qu'il  me  peut  avoir 
laissés  (  Mém,  de  Talon  ,  v ii i  , 
123  ).  »  Lorsque  son  fds  se  présenta 
devant  sou  lit  pour  lui  demander  sa 
bénédiction,  il  lui  dit,  par  trois  fois: 
«  Mon  fils ,  Dieu  te  fasse  homme  de 
bien.  »  Il  mourut,  le  29  décembre 
i652 ,  à  l'âge  de  cinquante-sept  ans, 
et  fut  inhumé  dans  une  chapelle  de 
l'église  Saint -Come,  où  reposaient 
déjà  son  père  ,  sa  mère,  son  frère 
aîné,  et  sou  précepteur  Je.»n  Dau- 
truy.  Omcr  Talon  laissait  des  Mé- 
moires de  son  temps, mêlés  de  pièces 
justificatives.  Son  fils  les  a  continues 


454 


TAL 


l 


jusqu'au  mois  de  juin  i653.  Ils  ont 
été  publiés  par  Ant.  Franc.  Jolly  (a), 
la  ïiayc,  173*,  S  vol.  in-ia.  Cette 
e'dîtion ,  imprimée  d'une  manière  peu 
correcte,  laisse  d'ailleurs  beaucoup  à 
désirer,  l'éditeur  s'élaut  servi  d  un 
manuscrit  incomplet ,  et  d.ins  lequel 
les  matières  étaient  mal  classées ,  dé- 
faut qu'il  n'a  pas  pris  le  soin  de  cor- 
riger. Voltaire  (  emV.  du  Siècle  île 
Louis  XI r)  juçe  ces  Mémoires  uti- 
les ,  di|];nes  d'un  bon  magistrat  et  d'un 
bon  citoyen.  Sans  doute  le  public  en 
accueillerait  avec  plaisir imc nouvelle 
édition.  Pendait  long-temps  on   n'a 
connu  Talon  comme  orateur ,  cpie  par 
le  témoignage  de  ses  contemporains , 
et  par  quelques  fragments  d<*  ses  Dis 
cours  insérés  dans  des  Recueils  où 
eu  de  lecteurs  avaient  la  facilité  de 
es  cherclicr.On  ï^avaitpourtantqu'il 
existait  un  recueil,  eu  i5  vol.  in-fol., 
des  Plaidoyers  d'Omer  Talon  et  de 
Denis ,  son  fils  (  Foy,  l'art,  suiv,  \ 
Celte  précieuse  collection,  ayant  été 
acquise  assez  récemment ,   par  M. 
Druon,  pour  la  bibliothique  tle  la 
chambre  des  députés  ,   !M.   Rives , 
avocat  aux  conseils  du  roi  et  à  la 
cour  de  Cnssation  ,  en  a  extrait  les 
morceaux  les  plus  intéressants,  qu'il 
a   pul)li('s  sous   le   titre  A' Œuvres 
d* Orner  et  de  Dards  Talon.  Paris  , 
1821  ,  6  vol.  in-8\  :  le  premier  con- 
tient les  Disroiu's  d'Omer  sur  des 
questions  politiques  ,  au  nombre  de 
quarante- quatre  ;   et   son  éloge  de 
Jérôme  Bij;non  (  F.  ce  nom  ),  qu'il 
avait  composé  pendant  une  maladie 
grave  de  ce  magistrat,  en  faisant  des 
vœux  pour  qîi'il  fût  inutile  f3;.  L'é- 
diteur l'a  fait  [>récéder  d'im  avertis- 
sement,  de  VÉlo^e  d'Omer  Talon  , 


(ai  Va  iiDii  |>.i<  l'ahÎH"  ./;■'» ,  ifiiiiPU'  le  (lit  M.  Ri- 

(1^  (V  »r>iih.«it    fut    uiHiirt- ,    IMiiMiiir    Pi^tioii  lii- 
iiiiiiinit  qu'en   \(i'îti.  i|i;ulre  .tiii  «nprr*  Talon, 


TAL 

en  latin,  par^Lalleinant ,  proCeascnr 
d'éloquence  an  eolléee  Masarm,  avec 
la  traduction  françaue  en  rcgaid,  et 
d'un  Discours  sur  Teloqnence  judi- 
ciaire en  France.  Il  a    pl^cé  à  la 
fin,  comme  modèle  de  rëloqucsce 
du  temps,  l'Éloge  prononcé,  en  161 1, 
par  Nicolas  de  Verdun  ,  premier 
[)résidcnt  du  parlcmoit  de  Paris,  da 
grand-pcre  de  la  femme  de  Tahm. 
Le  second  yolumecoaticnt  cinq  Ois- 
cours  et  vingt-quatre  Mercuriales  de 
Denis  Talon,  précddësd'un  aTertiae- 
ment  de  l'éditeur.  Les  deux  yohmei 
suivants  renferment  les  PUîdojen 
d'Omer  Talon  ,  au  nombre  de  qna- 
raute-neuf ,  et  les  deux  derniers,  een 
de  Denis^  au  nombre  de  quatre-yin^ 
onze.  Tous  deux ,  dit  M.  Rives  ,  au- 
raient atteint  la  perfection  de  l'do- 
queiice  judiciaire  sous  le  ramoft  de    k 
la  diction  ,  s'ils  eussent  moms  aen- 
puleusement  sacnfic  au  deâr  d'qp- 
ler  le  style  périodique  des  anciss. 
Ils/ essayèrent ,  il  est  vrai,  de  se 
soustraire  à   ce  culte  si^entiticîix 
de  l'antiquité;  mais  encooragé  par. 
l'exemple  de  son  père,  Denia^nrtMt 
aurait  du  aller  oeauooup  plus  Ma 
(  Disc,  prélimin. ,  cxvi  )•  Nalpé  io 
défauts  résultants  du' système  qa'ib 
avaient  adopté,  on   est.  firappé  de 
l'éloquence  et  de  la  pureté  oc  sifie 
de  ces  deux  orateurs,  en  pensant  qn  ib 
s'exprimaient  dans  une  langoe  qaî 
n'était  point  encore  formée.  En  i63l, 
époque  des  débuts  d*Qmer  Talon , 
aucun  des  ouvrages  immortels  dont 
s'honore  le  grand  siècle  de  nofne  lit- 
térature n'avait  paru  ;  et  même  b 
plupart  des  écrivains  qui  de?aicBl 
l'illustrer ,  u'étaient  pas  encore  uék 
ijC  Portrait  d'Omer  Talon  a  èé 
gravé,  d'après  Phil.  de  Cbampapifr 
.  par   Morin  et  par  Mrilan.   il  fait 
partie  du   Reatàl  de   Moncomec 

W 


TAL 

►N  (DLNis\,iilj»du  précèdent, 
Paris,  au  mois  de  juin  li'riS, 
eut  terminé  ses  cours  ,  ii 
avec  la  charj»c  d'avocat  du 
IiateJet,  la  promesse  de  la 
ce  de  sou  père  à  la  place 
général.  Un  avaitquc  vingt- 
is  et  demi  quaud  il  fut  an- 
succéder,  a  Dait^  Temploi , 
uc  j'exerçais  depuis  deux 
rais  pu  acquérir  quelque  fa- 
la  stérilité  dv$  .ilFaires  u'a- 
u  cette  jurisdictio])  déserte, 
ement  des  causes  qui  dcsi- 
î  ministère;  outre  plus  Tin- 
itiou  des  jeunes  ejens  ,  qui 
leur  divertissement  à  Fétu- 
paresse  (jue  je  ressens  na- 
nt  eu  moi ,  me  privaient  de 
I  de  lumières,  que  je  pou- 
icrir  par  Tassiduité  dans  le 
fe  me  trouvai  pourtant  obli- 
lie  pas  jeter  ma  mère  dans  le 
•sespoir,  et  esiiérant  qu'elle 
la  conduite  de  ma  vie ,  je 
lai  tout  entier  à  la  fonction 
général  »  (  Mém.  d'Omer- 
iii ,  19.4  •  i^e  lendemain  de 
e  son  père  (.')0  décembre, 
alla  prendre  place  au  par- 
't  le  même  jour  il  fut  pré- 
r  M.  ]a'  Tellier ,  au  roi ,  qui 
ieiller  d'état.  Ainsi,  comme 
[ue  M .  Hives  (  i  )  »  *'  obtint ,  à 
it  dans  la  haute  magistra- 
•  dignité  que  Ton  regardait 
ime  la  récompense  des  ser 
l'un  mérite  éprouvé.  Bien- 
re  du  docteur  Arnauld  con- 
aminateurs  de  son  ouvrage 
inq  pi(q)Ositions  de  Jansé- 
le  fameux  procès  de  M**»^. 
;>ensier  contre  iVl"»*^".  d'Ai- 
:  M.  le  duc  de  Richelieu,  au 


'1^ 


lAL 


455 


sujet  de  la  terredeChampiçnyC  1657% 
lui  fournirent  Toccasion  de  justifier, 
d'une  manière  brillante,  toutes  les 
espérancesqu'on  avait  conçues  de  ses 
taieuu.  Désigué  d'abord  pour  ins- 
truire le  procès  contre  Fouquet(f7>^. 
ce  nom),  il  ne  tarda  pas  d'être 
remplace  dans  des  fonctions  qu'il 
n'aurait  pas  remplies  au  grande 
ceux  qui  voulaient  la  perte  du  sur- 
intendant f  et  fut  envoyé  procureur- 
général  aux  grands-jours  d  Auvergne, 
en  i665.  11  concourut  ensuite  à  la 
rédaction  des  ordonnances  regardées 
encore  comme  l'nn  des  plus  beaux 
inonuments  du  règne  de  Louis  XIY 
(/^Glill. DE  Lamoignon,XX1II, 
ii)6); et  il  ne  tint  pas  à  Denis  Talon 
qu'on  n'entreprit  dès -lors  de  conci- 
lier les  coutumes  des  différentes  pro- 
vinces ,  dont  les  dispositions  variées 
étaient  la  source  d'une  fonle  de  diffi- 
cultés sans  cesse  renaissantes.  Ses 
services  furent  récompenses  ,  en 
I  (k)  ) ,  par  le  don  que  lui  fit  le  roi 
d'une  des  deux  charges  de  prudent 
à  mortier,  nouvellement  créées.  En 
entendant  d'Agucsseau  porter,  pour  la 
première  fois ,  la  parole  comme  avo^ 
cat-généi'al ,  Denis  Talon  prédit  tout 
ce  qu'on  devait  attendre  de  lui  :  «  Je 
voudrais,  dit^l,  finir  comme  ce  jeune 
homme  commence.  »  Talon  mourut  le 
'I  mai*s  1698,  à  l'âge  de  soixante- 
dix  ans,  vivement  regretté  de  tous 
ceux  qui  l'avaient  connu  (!2).  On  peut 
consulter,  sur  ses  ouvrages,  l'art. 

f)récédent  ;  mais  c'est  à  tort  qu'on 
ui  a  long-temps  attribué  le  Traité 
de  l'autorité  des  rois  dans  le  gou- 
vernement de  V Église  (  F.  Bouti- 
GNY,  V,  4o^)"  ^0"  portrait  a  été 


■l\filt>*f.tntnt  «"Il  \i'\f  clii  toiiio  ftccood 
iVOm-i   t/  de  /'..7I1.  7'i./iM.  p.  VII 


(•«'(  Oeoi»  T«lon  n'eul  point  de  d«c«id«nce 
iiiAsinliiie.  .S»  fille  otiiquc  ëpou»  un  d'AIigre. 
AiuM  l'illuslre  femille  des  Tjon  «t  «rteinte  de» 
le  di\-Muli«ine  iiècle  ,  et  l'aTocat  du  roi  m  Ch*- 
tclet  de  Pi.ria  ,  de  i-e  nom.  en  1790,  ne  loi  «pi^r- 
ti-nait  piitiit. 


4j(> 


TAL 


gravii  un  grand  nombre  de  fois ,  dans 
divers  formats.  Lesamatçnrs  recher- 
chent surtout  ceux  qu'on  doit  au 
burin  de  Poilly  et  de  Nanlcuil.  W — s. 
TALON  (Jacques  ),  prctrc  de 
rOrato ire ,  parent  du  célèbre  avocat- 
geiicrai  de  ce  nom  y  était  (ils  de  Ni- 
colas Ta  ion ,  notaire  et  sc*crctairu  du 
parlcuicut.  Il  s'attacha  au  cardinal 
de  La  Valette ,  qu'il  suivit  dans  ses 
campagnes  do  i(i35  et  i63Gy  en 
qualité  de  son  homme  de  confiance. 
ÂpiTS  la  mort  de  ce  cardinal ,  en 
1(339,  il  se  retira  «au  sémhiaire  de 
Sa  in  t-Ma  gloire  ,  y  reçut  les  oi*dres 
sacres ,  et  entra  dans  la  congrégation 
de  l'Oratoire,  en  1 04 8.  Députe  du 
second  oitlre  à  l'assemblée  du  cierge' 
de  1043  ,  il  y  remplit  les  fonctions 
d'agent,  et  eu  rédigea  le  ])roccs- ver- 
bal. Le  P.  Talon  passa  les  dix  der- 
nières années  de  sa  vie  dans  la  mai- 
son de  l'Institution  ,  à  laquelle  il  lit 
réunir  son  prieure  de  Saint-Paul -au- 
iiois ,  dans  le  diocèse  de  Soissous. 
C'est  dans  cette  maison  qu'il  mourut 
le  'J.2.  février  16']  i ,  âge  de  soixante- 
treize  ans  ,  après  y  avoir  menii  une 
vie  très-editiante.  .Ses  ouvrages  al- 
testcnf  qu'il  avaitl'esprit  trè's-cultive. 
Cfsonl  :  I.  Imtrucliuns  chréùcnnes 
tirées  du  catéchisme  du  concile  iie 
Trente ,  rédigées  dans  un  ordre  Irès- 
juolliodi(|ue,  et  dcMices  aux  deux 
jeunes  j)rinces  de  Conti ,  Paris,  i^iô^, 
iu-i().  M.  Les  Exercices  de  Thait- 
lère ,  sur  la  vie  et  la  passion  dcJ.-C.^ 
traduits  du  latin ^  ibid. ,  iGGq,  in- 
lu.  III.  La  f^ie  etlesœm'res  spi- 
ritiwlUs  lie  Sainl-Pienv  d\Jlcan- 
tarUy  dc.liees  à  la  reine ,  ibid.,  1 670, 
in- 12.  IV.  fie  de  la  mère  Made- 
leine,  tit.  Saint- Joseph  ,  carmtliie. 
(i'e>l  une  seconde  édition  de  rr]\' 
(|u\'n  avait  j)ubli<vlrP.  Srn.pdf ,  n:- 
lourinfc  j)niu'  le  style,  et  augmentée 
de  pliîs  d'un   tiers.  \  .  OEuyras  spi- 


TAL 

rituelles  de  Louis  de  Grenade,  Pa- 
ris,  1668^  in-fol.  Cette  traduction  y 
qui  a  toujours  passe  sons  le  nom  dn 
sieur  Girard ,  est  rëelkment  du  P. 
Talon.  Son  ami ,  M.  Girard,  n'aV^it 
fait  qu'el)aucher  la  Guide  des  pé- 
cheurs jiorsqvi^'û  mourut.  VI.  Fie  de 
sainte  Marie-Madeleine  de  Pazzi, 
traduite  de  l'espagnol ,  1G7 1 ,  iu-i3. 
VII.  Mismoires  du  cardinal  de  La 
Valette,  Ils  avaient  été'  rédigés  par 
le  P.  Talon ,  et  n'ont  été  publies  qa'ai 
l'jn'Jtj  a  vol.  in-i;i.  On  conservait 
de  lui  dans  la  bibliothèque  de  l^Ins- 
titution ,  un  recueil  in-folio  de  Let- 
tres et  d'instructions ,  qui  auraient  pu 
fournir  bien  des  éclaircissements  sur 
l'histoire  du  temps.  T — D. 

TALON  [^  Nicolas  ) ,  jésuite,  ne  à 
Moulins ,  en  i(>o5,  s'engagea  de  boB- 
ne  heure  dans  l'état  religieux ,  et , 
après  avoir,  suivant  l'usage  de  l'ins- 
titut^ consacre'  plusieurs  années  à 
l'enseignement  des  humanités  et  à  la 
prédication ,  employa  le  l'esté  de  sa 
vie  à  la  rédaction  de  divers  ouvrages 
ascétiques ,  qui  sont  maintenant  oa- 
bliés.  C'était,  suivant  l'alibé d'Arti- 
gny  (  Nouif.  MémtHr.  de  littéral.  ) , 
un  homme  d'esprit  ^  d'une  imagina- 
tion vive  et  un  bon  écrivain  pourré- 
poquc.  11  mourut  à  Paris,  en  iGgi, 
à  l'âge  de  quatre-vingt-six  ans.  Outre 
une  Oraison  fiaièbre  de  Louis  XllI 
et  la  Description  de  la  pompe  funè- 
bre du  prince  de  Coixlé  (  ib45 ,  in- 
4».  ) ,  on  cite  du  P.  Xalon  :  I.  Vkiy 
toire  sainte  ^  Paris  ^  i64o  et  années 
suiv. ,  4  tomes  in  -  4'*-  Persuadé  que 
beaucoup  de  persomies  ne  pouvaient 
plus  goûter  l'ancienne  et  majestueuse 
simplicité  des  Écritures,  il  avait  cou- 
ru le  projet  d'écrire  une  Histoire  des 
Juifs ,  ipii  fût  à  -  la  -  fois  édifiante  et 
agrilaliio.  Cependant  il  finit  par  se 
borner  à  choisir  les  Principaux  évé- 
nements ,  qu'il  distrÎDiia  par  cbapi- 


TAL 

D'ailleurs  il  ue  se  fit  aucun  scru- 
dc  paraphraser  les  discours  qui 
>nt  qu'indiqués  dans  le  texte  ,  et 
joindre  des  détails  et  des  ré- 
)nsqui  lui  appartieuncnt  eu  pro- 
Rien  n'est  plus  sinj!;ulier  que  cel- 
ril  fait  sur  le  pouvoir  de  la  beau- 
ans  le  chapitre  où  il  représente 
er  aux  pieds  d'Assuérus.  L'abbé 
ligny  les  a  trouvées  si  plaisantes, 
les  a  recueillies  dans  ses  Mé* 
es,  IV,  1 38-48.  Malj;ré  les  dé- 
dc  cet  ouvra f^e ,  il  eut  un  grand 
îs  lors  de  sa  publication;  et  il  a 
•éimprimé  plusieurs  fois,  dans 
s  formats.  Il  en  existe  une  belle 
)ninlol.,  Paris,  Cramoisy,i665, 
LU.  V Histoire  sainte  dit  Nou- 
'  Testament ,  ibid. ,  16G9,  ^  v. 
I.  C'est  la  suite  de  l'ouvrage pré- 
it;  mais  elle  ue  reçut  pas  le  mô- 
ccueil.  N'ayant  point  été  réim- 
ée,  elle  est  devenue  rare,  sans 
recherchée.  111.  La  Fie  de  St. 
icois  de  Sales ,  ibid. ,  i65o ,  in- 
au  -  devant  dos  OEmres  de  ce 
,  dont  le  P.  Talon  est  l'éditeur, 
,  i6()i ,  in-fol.,  et  séparément, 
l,  in-r-i.  IV.  Les  Peintures 
\iennes ,  ibid.,  1607  ,  1  vol.  in- 
ornées de  ioo  grav.  V.  La  Vie 
aint  François  Borgia  ,  ibid. , 
,  in- 12.  Le  Portrait  du  P.  Ta- 
élé  grave  par  Ileer.  W — s. 
^MBRONl  (Joseph),  littérateur, 
Bologne,  en  1773,  fit  ses  étu- 
i  l'université,  cl  en  1794?  ^^" 
au  concours  la  place  de  ])aléo- 
lie,  ou  d'insprrtc'ur  aux  archi- 
Ic  la  nu'nic  ville.  Lorsque  les 
es  franraise's  (h'bordèrent  pour 
cmi(Te  lois  en  Loinbardie,  il  se 
t  à  Mil.ii;,  a/in  de  prendre  part 
ivcnemcnts  ((iii  se  prq)araieut 
cette  cuntne.  H  s'attacha  au 
le  Marescalciii,  ([u'il  suivit  au 
«•s  de  Rastadl  et  à  Vienne ^  en 


TAM 


457 


qualité  de  secrétaire  de  la  légation 
cisalpine.  Sitôt  que  la  guerre  éclata, 
en  1799,  entre  la  France  et  l'Autri- 
che ,  ïambroni ,  qui,  après  le  départ 
du  ministre ,  en  ayait  rempli  les  fonc- 
tions ,  quitta  Vienne ,  et  revint  à  Mi- 
lan ,  où  il  fut  nommé  sous-secrétaire 
du  directoire.  Les  revers  des  armées 
républicaines  l'obUgërent  de  cher- 
cher un  asile  dans  les  montagnes  de  la 
Savoie ,  qu'il  regarda  ensuite  comme 
une  seconde  patrie ,  s'étant  allié  à 
une  famille  de  Chambéri.  Apres  la 
bataille  de  Marengo,  et  la  nouvelle 
organisation  donnée  à  la  république 
cisalpine ,  Tambroni  fut  attaché  à  la 
légation  italienne ,  à  Paris ,  et  il  y 
occupa  postérieurement  la  place  dfe 
chef  de  division  du  ministère  des  af- 
faires étrangères,  dirige  par  son  an- 
cien protecteur ,  le  comte  Marescal- 
chi.  En  1H09,  il  fut  nommé  consul 
à  Livoume,  et  deux  ans  après,  trans- 
féré, avec  le  même  titre,  à  Rome ,  où 
il  s'entoura  de  savants  et  d'artistes. 
A  la  chute  du  gouvernement  impé- 
rial,  en  181 4  T  Tambroni,  rentré 
dans  la  vie  privée ,  eut  p«rt  à  la  ré- 
daction du  Giomale  arcadico^  où 
il  fit  insérer  un  assez  grand  nombre 
d'articles.  Ces  travaux,  et  son  goût 
pour  les  arts  ,  lui  méritèrent  d  être 
admis  à  VArcadie ,  à  l'académie  de 
Saint-Luc  ,  à  la  société  Archéologi- 
que^ à  la  Tiberine  de  Bome,  et  à 
Facadémie  Impériale  et  royale  des 
beaux-arts  de  Vienne.  Il  était  déco- 
ré de  Tordre  de  la  couronne  de  fer , 
et  appartenait,  depuis  1804,  À  Tins- 
titut  de  France,  en  qualité  d'associé 
étranger.  Tambroni  est  mort  à  Ro- 
me,  le  10  janvier  1824.  Ses  ouvra- 
ges sont  :  1 .  Compendio  délie  storie 
di  PoZonm,  Milan,  1807,  'x  vol.  in- 
8\  IL  Ode  y  Milan,  1816,  in-fr'. 
III.  A,  S.  Ml  Francesco  imperato- 
re  e  re,  ode,  ibid.,  in-fol.  IV.  Let^ 


458 


TAM 


tvra  di  un  impiegalo  diplomatico 
iwllu  cortti  dci  Brasile ,  ad  un  suo 
amicu  inltaUa  (  ibid.  ),  i8l(3,  in- 
fol.  (  anonyme  ).  V.   Descrizione. 
de  dispinti  a  biionfresco ,  esegidii 
inunagalUiria  del  Palazzo  di  Broc- 
ciano ,  a  Roma ,  dal  signor  Palagi , 
Rome,  1816,  in-8<».  VI.  Lettere  in- 
torno  ail'  urne  cinerarie  disotterra- 
te  nel  pascolare  di  Castel  Gandol- 
/o,ibid.,  1817,  in-S».  VII.  A  Li- 
cori  J'arlenopea ,  ode  saffica,  iu- 
8**.  Vlll.  Di  Cermino  Cetinini,  trai- 
tât o  dipitturay  messoinhœcla  pri- 
ma volta^  con  prejazione  ed  an- 
notazioni ,  Kome,   i8'^2  ,  in-8*\  Ce 
Traite,  ((ni    avait  etc  déjà  signalé 
par  Vasari ,  Uamliniet  Bottari,  était 
resté  inédit  parmi  les  manuscrits  de 
la  bibli()tliè({ue   vatieane.  L'éditc^nr 
s'est  seivi  d'nne  copie  moderne ,  exé- 
cutée en  1 787 ,  et  qui  appartenait  au 
baron  de  Stoscli.  Elle  est  maintenant 
au  Vatican,  dans  le  fonds  Ottoboni, 
n<\  '.^'Wji.  Les  chapitres  les  plus  re- 
marquables de  cet  ouvrage  sont  ceux 
où  l'auteur  parle  de  l'art  de  peindre 
à  r huile;  d'en'umiuer  et  de  dorer  les 
manuscrits.  Il  parait  que  les  Italiens 
employaient   les   couleurs  à  l'huile 
avant  l'année  1  .\  1  o ,  époque  à  laquelle 
on  prétend  que  Jean  de  Bruges  en 
litnour  la  première  fois  la  découverte. 

IX.  Lettere  ni  signor  Benci  ,autore 
délie  ossen^aziorii  intorno  al  trat- 
tato  suddetto ,  ibid.,   1822,  iu-8". 

X.  Lcttera  al  signor  Lama  intorno 
alcuni  edificj  ont  ricnnosciuti  delV 
antiea  vil  ta  di  Boville ,  ibid.,  ï823, 
in-8".  XI.  Lcttera  al  signor  Polet- 
ti  intorno  ail*  antiea  citlà  di  fJo- 
i'ille^  ibid.,  i82i3,  in-8*'.  Xï[.  In- 
torno alla  vita  di  Canova ,  coinen- 
tario,  Venise,  i825,  in-8".  XIII. 
Soixante-huit  articles  sur  des  objets 
de  Iwanx-arls  ,  insérés  dans  le  Gior- 
naïf  arcadico  ,   de    Rouie.   Parmi 


-     TAM 

les  cents-  inédits  de  Jataibroiii,  on 
cite  les  suivants  :  1^.  Tre  satire,  m 
terza  rima;  a?»  QÊUUtonÊiei  no- 
uelle;  3<*.  Cemto  intorno  àOo  ito- 
to  attuale  (  1816  )  délie  keUe  «r 
ti,  in  Roma;  4».  La  letturu  A> 
7ia  tragediaf  —  //  Faceendane  dd 
viUaggiOj  ou  Quanti  Taddeig  ^ 
Il  matrimomo  per  contradizuœ , 
comédies;  5^.  Vue  J'raductioa  iO' 
tienne  dEutrope.  A 

TAMBRONl  (GbOTii;!»), 
du  précédent ,  née  à   Bologpe,  m 
j'jSS,  montra,  des  son  enfonce yV 
penchant  invincible  pour  Ici  ékofa 
classiques.  Trayaillant  dans  hallpe 
chambre  où  son  frère  prennlda^fe- 
çons  de  grec ,  elle  profita  en  9ê»H 
de  cet  enseignement;  et  m  par  ék 
suspendit  son   ouvrage  ponr  aider 
l'enfant  h  répondre  aine  qacttioiii 
de  son  maître.  Les  jiarents  k  dëcidK 
rent  alors  à  cultiyerd*aiissibeiiTtnMi 
dispositions  ;  et  ils  confièrcnt  l*ns- 
truction  de  la  jeune  personne  kim 
savants  jésuites  espagnols (Golombit 
d' Aponte  ) ,  qui  lui  pi-oâîgoènnt  lo« 
leurs  soins.  En  pen  de  tempe  Qotilk 
fut  en  état  de  composer  àes  Tasqai, 
récités  à  l'académie  des  InettrÊeeti^ 
la  firent  admettre  dans  cette  sodélé. 
Elle  justifia  ce  choix,  en  piifaKaat,  à 
l'occasion  du  mariage  dn  pmidal, 
un  Ëpitlialame  grec ,  oà  elle  atait  se- 
mé avec  grâce  des  traits  saillants  eii- 
pruntcs  des  anciens.  Les  Arcadinsde 
Rome  ,  l'académie  Etnuque  de  Cir- 
tone,la  CZ^m^ntmede  Bologne,  s*an- 
presscrent  de  l'admettre  aussi  diw 
leur  sein  ;  et  le  sénat  de  cette  dcnittR 
ville  lui  accorda  une  distinctioB  Im 
autrement  llattctise,  en  Ini  offrant, 
en  1794  y  1a  chaire  de  langue  grer- 
que  h  cette' ancienne  université,  fm« 
|Kir  un  privilège  luiiipie ,  a  loaveit 
comi)té  des  femmes  sor  le  banc  des 
protesseiirH  (  Fojr.  AovESi ,  1 ,  3ei , 


i 


TAM 

et  Bassi  ,  III ,  5o3  )  M«n^  Tambroni 
conserva  cette  place  jusqu'à  l'aiince 
1798,  époque  à  laquelle  elle  en  fut 
dépossédée  pour  n'avoir  pas  voulu 
prêter  le  serment  de  haine  à  la  royau- 
té ,  exigé  par  les  lois  de  la  républi- 
que cispadane.  Elle  crut  ne  pouvoir 
mieux  employer  ce  temps  ne  loisir 
qu'à  faire  un  voyage  en  Espagne 
pour  y  accompagner  son  vieux  ins- 
tituteur, le  P.  d'Aponte.  Elle  revint 
avec  lui  en  Italie,  au  moment  où  Ton 
donnait  une  meilleure  organisation  à 
la  république  italienne.  Le  premier 
consul  Buonaparte,  sans  s'arrêter 
aux  opinions  politiques  de  celte  fem- 
me illustre,  rendit  justice  à, ses  ta- 
lents ,  et  Ot  rétablir  son  nom  sur  V Al- 
bum des  professeurs.  Lorsque  ,  par 
suite  de  nouveaux  règlements,  les  chai- 
res de  langue  grecque  furent  suppri- 
mées dans  les  universités  d'Italie  , 
M"^«.  Tambroni  rentra  au  sein  de  sa 
famille ,  et  y  mena  unevie  très-retirée. 
A  la  connaissance  du  grec,  elle  joi- 
gnait celle  du  latin ,  du  français ,  de 
l'anglais  et  de  l'espagnol.  Sa  corres- 
pondance avec  les  savants  étrangers 
était  trcs-eteudue  ;  et  d'Ansse  de  Vil- 
loison  disait  qu'il  n'y  avait  en  Euro- 
pe que  trois  hommes  capables  d'é- 
crire comme  elle,  et  quinze  au  plus 
en  étatdela  comprendre.  M*"«^.  Tam- 
broni avait  une  extrême  défiance  d'el- 
le-même; et  bien  qu'elle  ait  beau- 
coup écrit,  très-peu  de  sçs  ouvrages 
ont  été  imprimes.  Stis  mœurs  étaient 
aussi  pures  que  ses  manières  étaient 
aimables.  Son  cœur,  fermé  aux  pas- 
sions vulgaires,  s'ouvrait  facilement 
aux  sontiments  généreux;  et  rien  n'é- 
galait sa  roc omiaissauce  envers  ceux 
qui  .'ivaient  pris  soin  de  son  éduca- 
tion. Elle  fut  snrtont  très- attachée  au 
P.  dWpuijfo,  (jii'clle  ne  quitta  jamais 
pendant  sa  vie,  et  dont  elle  consacra 
la    mémoire  par  un  modeste   tom- 


TAM  45p 

beau  élevé,  à  ses  frais,  'dans  la 
chartreuse  de  Bologne.  M™*=.  Tam- 
broni est  morte  dans  celle  ville,  le 
4  juin  181 7.  Ses  manuscrits  pas- 
sèrent dans  les  mains  de  son  frè- 
re, qui  se  proposait  de  les  pid>lier. 
On  a  d'elle  :  I.  EpUaïamio  grec- 
ilaL  ,  per  le  nozze  Fa^^a-Ghisilieri 
(  Parme  ),  Bodoni,  179'i,  in-4^.  II. 
Ode  gr,4tal ,  pel  parto  délia  con- 
fessa Spencer,  Bologne ,  179'i ,  in- 
4°-  m.  Ode  pindarica  gr.-itaL  per 
la  ricuperata  salute  delV  arcives- 
cwo  di  Bologna,  ibid.,  1793,  in- 
8".  IV.  Ode  sajfica  gr.'ital,  al  con- 
te Marescalchiy  Crisopolis  (  Parme  ), 
Bodoni ,  1 794 ,  in-4*^.  V.  Elegia  gr, 
in  onore  di  Bodoni ,  con  la  traduz, 
di  Pagnini^  Parme,  1795,  in-4^- 
VT.  Orazione  inaugurale  pel  dotto- 
ra  mento  {in  chirurgia)  délia signo- 
ra  Maria  dalle  Dorme,  Bologne, 
1806,  in-8<^.     ^  A — G — s. 

TAMAR.  r.  Thamar. 

TAMERLAN ,  est  le  nom  vîdgaire 
mais  classique  du  héros  tartare  que 
les  historiens  orientaux  appellent  Ti- 
mour  -  Beig  ou  Emir-  Timour  (  i  ) , 
et  les  Chinois  Tlei-mou-eul.  Il 
descendait  de  Djenghyz-Khan  par 
les  femmes ,  et  ces  deux  conquérants 
avaient  pour  ancêtres  paternels  deux 
fils  de  Bouzandjyr ,  grand  khan  des 
Mongols  ;  mais  Timour  était  de  la 
branche  cadette.  L'empire  fondé 
par  Djenghyz  eu  forma  quatre 
sous  ses  descendants.  Le  premier  , 
dont  les  autres  dépendirent  quelque 


(1)  Timour,  Demour  ou  Pitnir,  VtjpiWu'f-r  en 
langae  mongol*.  iVett  d«  ce  mol  ,  ioint  it  relui  de 
/.rnK  (  hoiUux  )  en  perMn,  cpie  nos  bistorirns  ont 
Formif  I«  nom  de  Tanierlan.  Qnant  anxlitre)!  d'rf- 
inir  et  deheic  ,  fovs  lesqucl»  Timonr  est  urdinaire- 
inent  d(5igue  dans  l'histoire,  ce  M>nt  denx  nutU 
»ynoiiini*s,  l'un  ar^be ,  l'aotre  furc,  qui  r»pri- 
nirat  pgalfnient  le  titre  de  {irince,  fomniandant  , 
etc.  f.fs  nuiD«  entiers  de  Tainerlan  ,  lorsqu'il  fui 
par^fiiu  à  |;i  iinprèaie  pniMaiice,  étaient  Sti/lhan 
Kin/nt-um  Cothb-tfLhn  Timour  Kour^Khan  Su- 
hch-K'-ian.  Nou&  en  donnerons  pins  bu  la  »ÎKui 
Hmiion 


4r>o 


TAM 


temps,  domiua  sur  la  crtiiidc  Tar- 
Uii'ïc  c(  sur  la  Cliinc  (  Fojy,  Oktaî  , 
Mangou  et  Chi-Tî>ou  ).  IjC  second 
sVteudit  sur  tous  les  pays  au  Dord 
de  la  mer  Noire  et  de  la  mer  Cas- 

})ieuDe ,  renferma  dans  ses  limites  la 
Russie  presque  entière  y  une  partie 
de  la  Pologne,  et  poita  le  nom  d'em- 
pire du  Kaptchak  (  f^c^.  Batu  et 
OuzBEK  ).  J^e  troisième  comprit  la 
Perse,  T Arménie ,  la  Mésopotamie  et 
une  partie  de  TAsie-Mineure  (  rqy. 

lloVLACOU  et  BEnADER-KHAN  ).  Él- 

fm  le  quatrième,  qui  reçut  le  nom  de 
son  fondateur ,  Djagataï  ,  l'un  des 
fils  de  Djcngliyz-Klian ,  renferma  le 
Mawar-cl-nalir  ou  Transoxanc  ,  le 
Kliarizme,  IcMongolistanet  plusieurs 
yays  à  l'est  et  au  sud  des  fleuves 
J)jihoun  et   Sihoun  (  l'Oxus  et   le 
laxartcs  ).  C'est  dans  les  e'tats  du 
Klian  de  Djagataï  que  la  famille  de 
Ta  merlan  était  établie.  Son  père , 
Targ.iï ,  chef  de  la  tribu  de  Berlas , 
possédait,  à  titre  de  fief,  la  province 
de  Kesch ,  peu  éloignée  de  Samar- 
kand ,  et  poitait  le  litre  héréditaire 
dcNowian,  réservé  aux  descendants 
des  branches  souveraines.  Caradjar- 
Nowfan  ,  trisaïeul  de  Targaï ,  avait 
été  vézir  de  Djagataï.  Tamcrlan  na- 
quit à  Sebz ,  faubourg  de  la   ville 
de  Kcsch  ,   ou  dans  le  village  de 
Khouadjeh-Ilgar,  peu  distant  de  cette 
ville,  le  5   ou  'i5  chaban  ^36  de 
rhcgirc(  '20  mars  ou  9  avril  i33(>). 
On  assure  qu'il  vint  au  monde  les 
mains  fermées  et  pleines    A'  sang. 
KIcvé  parmi  les  jeunes  seigneurs  de 
sa  tribu  ,  il  apprit  de  l)onue  lieui  c  à 
brandir  un  sabre  ou  une  lance  ,  à 
nionlrr  les  chevaux  les  plus  fongueux, 
et  à  chasser  les  bêli'S  féroces  :  il   ne 
juriail  (jiM^  (le  couronnes  et  de  coii- 
«pieles ,  et  se.^  jeux  étaient  des  eoni- 
baLs.  11  prit  sur  les  amis  de  son  en- 
•jiice  eet  ascendant   que   donne   la 


TAM 

supérioritc  du  ^àiie  :  il  leur  posiu* 
4a  même  de  lui  prêter  scrmcnl  de  fi- 
délite  y  et  ils  furent,  dans  la  suite,  les 
compagnoDsdescsexploits.  Dès  l'âge 
de  douze  ans  ,  il  entra  dans  la  car- 
rière militaire  ;  mais  ce  n'est  qu*i 
vingt-cinq, qu'il  commence  à  finntr 
dans  l'histoire.  Son  père  Tenait  de 
mourir  ;  et  son  onde  ,  Hadjjy  Sdf 
eddyu  Berlas,  était  devcna  le  ckf    , 
de  sa  tribu  y  par  ancienneté  d*lp, 
conforméinent  aux  lois  de  Djcn^^ 
Khan.  lies  troubles  qui  diVliiiMiy 
alors  la  Transozane  ouvrirait  à  Ti- 
mour  une  carrière  cp'il  pareonnt 
avec  ardeur.  I/empire  de  Djap- 
taï   portait,   dès    son  oricine,  le 
germe  d'une   prompte   dccadencp. 
L'insubordination  ,  tes  révoltes  dtt 
nowians  avaient  affaibli  l'autorilé 
du  souverain.  Vingt  khans  s'étaicul 
succédés  eu  moins  d'un  sîcde.  Ca- 
zau  ,  le   dernier  ,  devenu    odîens 
par  sa   tyrannie,  avait  péri  dus 
une   bataille  contre  ses  cmirs  lé- 
voltés.  Mir  Cazagan,  leur  chef,  dis- 
posa alors  de  l'empire  et  le  goorcr- 
11a  sagement,  au  nom  des  dens.  khans 
qu'il  plaça  tour-à-tour  sur  le  trow  ; 
mais  il  fut  assassiné  Tau  759(i35B). 
Son  fils  ,Mir  Abdallah ,  ayant  eidlé 
un  mécontentement  généra* ,  soit  pour 
avoir  abandonne  l'ancienne  capilalc 
du  Djagataï  ,  et  établi  le  si^  de 
l'empire  à  Samarkand ,  soit  pour 
avoir  élevé  un  nouveau  khan  a  la 
lace  de  cdui  qu'il  avait  fait  moiiri^ 
e  désordre  fut  à  son  comble  dans  h 
Transoxane  :  car  la  plupart de^  aa- 
ircs  provinces  ,1c  Kharizme ,  Balkh, 
Kothan  ,   Badakhschan  ,  etc. ,  for- 
maient déjà  autant  de  principantrs 
indépendantes.  Cet  élat  d*anarchie 
])ar;it  favorable  à  Togluiik  Timour, 
({uis*éuiit  fait  roi  de  Iva^hcar  ou 
du   Djetlch.   Issu  de  Djenchji,  il 
))rit  le  titre  de  khan  de  Djagitai, 


r. 


TAM 

liit  1.1  Traiisoxane,  l'an  16 1 
).  Hadjy  Seif-eddyu  Berias, 
lit  joue  un   rôle  important 
.  guerres  civiles ,  s'enfuit  dans 
raçan  :  mais  Tamerlan  ,•  son 
se  soumit  au  nouveau  khan, 
e  cLcf  de  la  tribu  de  Berlas , 
julirme  dans  la  possession  de 
ipautë  de  Kesch  ,  et  dans  le 
laemenl  de  dix  mille  hommes, 
tentions  et  les  entreprises  de 
[oucein,  qui  voulait  s'arroger 
emement  de  la  Transoxane  , 
pelit-fils  de  Mir  Cazagan,y 
rent  la  discorde.  Toglouk  Ti- 
reviut  Taiince  suivante,  vain- 
uccin,  dissipa  son  parti,  fit 
i  mort  plusieurs  chefs  de  fac- 
lissa  sou  ills  Elias  Khodjah 
)our   gouverner   cette   vaste 
3  ,   et   lui   doiuia  Tamerlan 
îscil.  Il.idjy  Ik'iJas,  qui  avait 
u  dans  les  rangs  des  ennemis 
:vcu,  ayant  regagne  le  Khora- 
t  tue  par  des  brigands.  ïi- 
fut  pas  long-temps  d'accord 
remiermiuistred'ÉbasKhod- 
irs   dërurids   eu   vinrent  au 
'il  partit  de  Samarkand, alla 
?,  dans  le  désert  de  Khiwa  , 
[ouccin ,  dont  il  avait  e'pou- 
ir,  et  s'attacha  à  sa  mau- 
lune.  11  mena  quelque  temps 
errante   et  aventureuse,   et 

toutes  les  vicissitudes  du 
lis  sa  constance  ,  son  cou- 
sa  présence  d'esprit  triom- 
de  tous  les  périls ,  de  tou- 
ahisons.  Tamerlan  fit ,  avec 
i-frère,uiie  invasion  dans  le 
et  ce  fut  là  qu'il  reçut,  dans 
;  cojnl)at  ,  à  la  main  et  au 
u\  blessures  qui  le  rendirent 

et  boiteux.    La   mort  de 

Timour  ayant  place,  en  ^65 

Elias  Khodjah  sur  le  tronc 

igar;  Tamerlan  etHoucein, 


TAM 


461 


auxc[uels  il  faisait  la  guerre ,  le  pour- 
suivirent avec  des  forces  très-infc'- 
rieures,  lorsqu'il  quitta  Samarkand, 
mirent  son  armée  en  déroute,  et  man- 
quèrent dôJc  faire  prisonnier.  Ija  va- 
leur que  Tamerlan  avait  déployée 
dans  tous  ces  combats,  lui  acquit  une 
grande  réputation  ,  et  lui  gagna  la 
confiance  et  Tamour  des  soldats.  Jus- 
qu'alors un  intérêt  commun  l'avait 
uni  à  l'émir  Houcein;  mais  ils  se  di- 
visèrent lorsqu'ils  eurent  affranchi  la 
Transoxane  de  la  domination  étran- 
gère. Tous  deux,  également  ambi- 
tieux^ aspiraient  au  pouvoir  su])rê- 
mc ,  et  aucun  d'eux  ne  voulait  céder 
à  l'autre  :  mais  Tamerlan ,  qm' ,  su- 
périeur en  talents  militaires  ,  aurait 
pu  recoiurir  aux  armes ,  employa  les 
ressources  de  la  politique,  et  ajourna 
Texécutionde  ses  desseins.  11  sut  per- 
suader à  son  beau-frcre  de  convoquer 
un  kouriltaï.  Dans  cette  diète  géné- 
rale, il  peiçnit  avec  force  les  mal- 
heurs des  dissentions  civiles, exposa 
la  nécessité  d'élire  un  chef ,  et,  con- 
naissant la  vénération  que  l'on  con- 
servait pour  la  race  de  Djenghyz- 
Khan  ,  il  fit  tomber  tous  les  suAragcs 
sur  Kaboul-Aglen,  homme  d'un  gé- 
nie borné ,  qui ,  dégoûté  des  gran- 
deurs ,  parle  sort  funeste  de  plusieurs 
princes  de  sa  famille  qui  avaient  oc- 
cupé le  tronc ,  s'était  retiré  du  mon- 
de, et  avait  embrasse  la  profession 
de  derviche.  Ou  le  trouva,  comme 
Abdolonyme,  cultivant  son  petit  jar- 
din; on  le  revêtit  du  manteau  royal, 
et  on  l'emmena  à  Samarkand,  où  il 
fut  reconnu  et  proclamé  khan ,  avec 
toutes  les  solennités  en  usage  chez  les 
Ta r tares.   Cette  révolution  ramena 
Elias   Khodjah  dans  le  Mawar-el 
iiahr.  Il  remporta  une  victoire  im- 
portante sur  Tamerlan  et  Houcein  ; 
mais  la  résistance  que  lui  opposè- 
rent les  habitants  de  Samarkand , 


\ 


iOa 


TAM 


cl  la  mortalité  qui  raVapca  son  ar- 
inoc,  rubligèreiit  de  rcloiinior  dans 
SCS  ctaLs.  Apres  le  ilcparl  du  kliaii 
de  Kascligiir ,  Timour  et  Hoiiccin 
rciiouvclcrciit  Ici.r  alliance,  et  ré- 
fonucreni  ,  par  des  uiesui*es  sévè- 
res et  viulcntcs  y  plusieurs  abus  qui 
s'étaient  introduits  dans  l'état:  mais 
l'ambition  (ou,  s'il  faut  en  croire 
l'historien  panégyriste  de  Tamerlan, 
la  dilîërence  de  leurs  caractères  )  ne 
tai"da  pas  à  les  brouiller  de  nouveau. 
Houccin ,  avare  et  injuste,  ne  s'occu- 
pait qu'à  i"épai-er  ses  pertes  par  les 
extorsionsles  plus  criantes.  Les  émirs, 
auxquels  il  avait  imposé  des  taxes 
exorbitantes,  ne  jiouvanl  satisfaire 
son  avidité,  curent  recours  à  Tamer- 
lan ,  qui  donna  jusqu'aux  bijous  de 
sa  femme ,  sœur  de  Floucein  ;  et  ce- 
lui-ci eut  la  bassesse  de  les  accepter. 
Cependant  des  seigneurs,  jaloux  de 
leur  pouvoir,  aigrissaient  leur  niésin- 
telligeme.  Timour ,  accusé  de  trames 
criminelles  contre  le  khan  et  contre 
Houcein,  vint  à  Samarkand,  et  se 
justifia  pleinement  :  mais  il  ne  put 
oublier  cette  injure  ;  et  la  mort  de  sa 
femmeayant  rompu  tous  les  nœuds  qui 
l'attachaient  à  sou  beau-frère,  il  cessa 
de  le  ménager,  et  se  forma  un  parti. 
Échappé,  en  7(>7  (  1 36.3),  à  plusieurs 
pièges  que  Houcein  lui  tendait,  il  leva 
des  troupes  pour  sa  défense  person- 
nelle, et  prit  les  armes  contre  lui.  Un 
des  faits  les  plus  singuliers  elles  plus 
inconcevables  de  la  gueri*e  qui  éclata 
entre  les  deux  rivaux ,  fut  la  prise  de 
Karsehi  ou  Nakhschab,  que  Timour 
surprit  avec  deux  cent  quarante-trois 
hommes,  quoiqu'il  y  en  eût  douze 
mill(>  dans  la  place.  Après  diverses 
hostilités,  réduit  à  six  cents  hommeS; 
il  traversa  le  Sihoun,et  se  replia  sur 
Taschkend ,  où  le  bruit  des  secours 
que  le  nouveau  khan  de  Kaschgar  se 
disposait  à  lui  enyoyer ,  suffit  pour 


TAM 

obliger  Houcein  h  demander  la  paix. 
Tamrriau  s'y  prêta  Yolonticrs,  afin 
d'cmjtécher  rarrivéc  de  ses  daner- 
reux  auxiliaires.  Il  se  joignît  â  lui 
pour  réduire  les  rois  de  jBadakh- 
scliau,  quis'ctaieut  révoltés  plusîcun 
fois,  et  pour  soumettre  la  plopirt 
des  feudataircs  de  l'empire  de  Djag^ 
taï ,  qui  avaient  arboie  l'îndépcndiih 
ce.  Les  deux  émirs  marcbèrnit  auM. 
contre  une  puissante  armée  de  Did- 
tes ,  qui  menaçait  le  Mawar-el-iiihry 
mais  qui ,  désunie  par  l'anarchie,  k 
retira  à  leur  approche.  La  paix  enbe 
Timour  et  Houcefn  ne  fut  pas  deloi- 
gue  durée.  Celui-ci  ayant  recoinriéla 
ville  de  Balkh ,  qui  avait  appartem 
à  ses  ancêtres,  en  fit  rebâtir  la  dti- 
delle ,  et  y  établit  sa  résidaioe.  Hn 
des  soldats  et  des  ofliciers,  il  oUim 
son  rival ,  par  de  nouveUes  perfidies» 
à  recourir  aux  armes.  Avant  de  ^a^ 
taquer ,  Tamerlan  alla  visiter  on  do- 
cendant  de  Mahomet ,  le  seid  Berdkë, 
(|ui  lui  donna  un  étendard  et  on  laM- 
bour,  symboles  de  la  sonvenaeltf, 
en  lui  annonçant  qu'il  possédenit  ai 
jour  l'empire  du  monde.  Ce  léw»- 
^lage  apparent ,  ou  supposé  port- 
ctre,  de  la  protection  oivine,  atf- 
menta  considérablement  le  parti  de 
Timour ,  et  accrédita  son  usiflrpalîflBi 
Le  succès  couronna  dàs  -  lors  tooMi 
ses  entreprises.  Il  remporta ,  piès  de 
Balkh ,  une  victoire  déûsive  sur  Hoi- 
ccin,  qui,  assiégé  dans  cette TÎRe, 
offrit  de  se  rendre ,  à  condition  d'a- 
voir la  vie  sauve,  et  de  passer  du 
la  retraite  le  reste  de  ses  jours.  B 
obtint  cette  capitulation^  mais,  m 
défiant  de  la  clémence  de  son  vain- 
queur ,  il  se  cacha  dans  on  minaift 
de  la  grande  mosquée.  II  y  fiit  dé* 
couvert  et  conduit  â  Timour , 
les  mains  duquel  il  abdiqua  la 
raincté.  Deux  émin,   ses  a 
personnels,  lui  dtèrent  la  ne;  et  Foi 


\ 


TAM 

loutcr  que  sa  mort  u^ait  eu 
ition  de  Tamcrian ,  s*il  uc 
lauda  pas.  En  eil'et ,  dfedx 
s  furent  brûlés  dans  la  cita- 
lalkh,  et  leurs  cendres  jetées 
Deux  autres  pc'rireut  dans 
Hi  ils  avaient  ëtc  forces  de 
forteresse  fut  rasëe,  ainsi 
les  palais  de  Houccin.  I^e 
el  Siilthan^  qu'il  avait  siibs- 
iboui-Âglen,  fut  mis  à  mort, 
is  ses  biens ,  ses  trésors,  son 
iviurent  la  propriété  de  Ti- 
ui  garda  les  quatre  princi- 
imes,  et  distribua  les  autres 
rtisaus.  Cet  événement^  ar- 
madhan  77 1  (  mars  ou  avril 
mit  Tenipire  de  Djagataï 
ûr  du  vainqueur,  âu  milieu 
semblée  nombreuse  de  tous 
s  et  des  gouverneurs  de  pro- 
l  monta  sur  Utrone,  ceignit 
s  le  baudrier  royal ,  et  posa 
ine  sur  sa  tétc.  Ensuite  les 
rosterués  répandirent  sur  lui 
s  d*or  et  des  pierreries,  sui- 
outume  des  IMongols ,  et  lui 
it  le  titre  de  Saheb  -  kcran 
du  monde  ou  du  siècle),  de- 
éditaire  dans  sa  famille  ('i). 


m  flignific  nrojirfiiu'iit  niailre  ou  tri' 
raMclet  cvnfofcliont.  Il  a  potir  ongiiiff 

où  ^ont  le»  ()rieiit;iiiT  que  toutes  ]<-« 
extraordinaire!!,  |»by!ii«jiies ,  politique» 
'»  ,  qui  arriveul  daii*  Je  monde  .  «eut 
O'decs  rruoe  conjonction  de  planète*, 
prit  le  titre  de  kultlian  <|ue  ver«   la  fui 

on  V  ajouta  le  •uriioin  per>.inde  Ktant- 
»ul  «ignifter  Itrurrux.  Il  portait  aussi  le 
ui-Khan  ,  que  d'Heibcfot  et  de  Gui- 
i*ent  par  gendif  ou  allié  tlu  khan, 
;t  la  siguificatiou  du  uiol  Foiimn ,  honst 
binoit  de»if;nent  l'amerlau ,   et  qui  si- 

che\-au-léger.  M.  Malc«»lnci,  dam  son 
t'erte ,  nou»  paraît  donc  avoir  comuiis 
Kii  UHsuvant  que  KourUian  ,  nu'il  ccril 
tait  tout  hiiiiplciuent  le  nom  de  fauiille 

et  eu  rcprocliant  k  uo%  deux  orienla- 
"1  c  lioinpés  lur  «c  point.  Qu.ml  au 
thh-itiJt  n  i  Ir  polr  tîe  In   rri'gion  )  ,  il 

tou>  ceux  de  h  nu-iue  espèce,  .Vei/- 
ut-r<!d^n  ,  etc.,  (yiuniuu  à  un  trè»- 
•re  de  persoumRi-s  mu<ulmaus,  cl  n'eit 
ribut  de  la  naissance  ni  de    la  M»uTe- 


TAM 


41» 


Il  eut  la  sage  politique  de  ne  ja- 
mais prendre  celui  de  kban,  réservé 
à  la  race  de  Djenghyz  :  il  le  donna 
d*abord  à  Soyourgatmisch  -  Agien , 
issu  de  cette  famille,  puis  à  Mahmoud 
sultban ,  iils  de  ce  prince  ;  et  en  s'at- 
tribuant  une  autorité  absolue  ,  il  ne 
fut  en  apparence  que  régent  de  l'empi- 
re. A  près  son  installation,  Timour,  qui 
avait  habituellement  résidé  à  Kesch , 
sa  patrie ,  choisit  Samarkand  pour  sa 
capitale  ;  cette  ville  devint,  sous  son 
règne ,  aussi  belle  el  aussi  célèbre  que 
le  Caire  et  Baghdad.  Il  y  convoqua 
une  diète  générale ,  où  tous  les  grands 
furent  sommés  de  se  rendre.  Un  seul, 
par  son  refus  ,.manifesta  sa  haine  con-  - 
tre  Ta  merlan,  soutint  sa  résistance 
à  main  armée,  se  soumit, se  révolta, 
obtint  son  pardon,  reprit*les  armes, 
et  fut  enfin  renfermé  dans  une^'troite 
prison.  Timour  employa  la  première 
il  nuée  de  son  règne  à  rétablir  l'or- 
dre et  la  tranquillité  dan^  son  em- 
pire ,  et  à  réorganiser  l'adrainis- 
tratiun  publique.  Ce  fut  en  772 
(  ^^71)  que  commença  la  carrière 
vaste  et  non  interrompue  de  ses  vic- 
toires et  de  ses  conquêtes.  Il  traversa 
le  Sîhoun,  et  porta  la  guerre  dans  le 
royaume  de  Kaschgar  ou  pays  des 
Djettes,  anciens  sujets  du  Djagataï, 
et  depuis  ses  éternels  ennemis.  Il  les 
subjugua ,  et  leur  donna  un  gouver- 
neur dont  la  révolte  excita  bientôt 
des  troubles  dans  cette  centrée,  et  j 
attira  de  nouveau  les  armes  de  Ti- 
mour i  qui  triompha  aisément  des  re- 
belles. Le  Kharizme  éuit  la  seule  pro- 
vince de  l'empire  de  Djagataï  que 
Tamerlan  n'eut  pas  fait  rentrer  sous 
sa  dépendance.  Houcein  Sofy  qui,  pen- 
dant  Tes  guerres  civile»,  en  était  de- 
venu souverain  par  droit  de  concjucte , 
refusa  fièrement  de  subir  le  10"g^ 
et  fit  arrêter  l'ambassadeur  de  Ti- 
mour. Mais  celui-ci  ayant  vaiocu  les 


464 


TAM 


Kliarizmiens,  sur  les  bords  du  Dji- 
houu,  Tan  778,  assiégea  la  ville  de 
Kath,  qu'il  emporU  d'assaut,  fit 
main-basse  sur  tous  les  babitants^ 
n'épargna  que  les  femmes  et  les  en- 
fants, et  désola  toute  la  contrée.  Hou- 
cein  Sofy,  battu  sur  tous  les  points , 
mourut  à  Oiu^liendj ,  où  il  s'était 
renfermé.  Son  lils  Yousouf ,  qui  lui 
succéda,  obtint  la  paix  à  condition 
que  sa  nièce  Klian-Zadeli ,  la  plus 
belle  princesse  de  son  temps ,  épou- 
serait le  mirxa  Moliammed  Djilian- 
gliyr  y  liis  aîné  de  ïamerlan.  Mais 
après  le  dépari  du  vainqueur,  il  ou- 
blia sa  premessc ,  cl  reprit  les  ar- 
mes. Timour  rentra  dans  le  Khariz- 
me ,  Tannée  suivante,  força  ce 
prince  à  tenir  sa  parole,  et  lit  Célé- 
brer à  Samarkand ,  avec  une  evtrcme 
magnilicence,  les  noces  de  son  (ils  et 
de  la  princesse.  L'an  'j'jG  (i575),  il 
marcha  de  nouveau  contre  IcKascL- 
gar,  donl  Kamar  eddyn  s'était  ren- 
du souverain ,  vainquij  les  troupes  de 
cet  usurpateur,  le  contraiguit  d'a- 
bandonner le  pays ,  et  s'empara  de 
plusieurs  personnes  de  sa  iamillc, 
entre  autres  de  sa  rdleDi!chad-Agba^ 

3u'il  épousa  dans  la  suite.  Au  milieu 
es  fêtes  qui  curent  lieu  à  Ouzkeud , 
à  l'occasion  de  l'arrivée  d'une  de  ses 
steurs ,  il  découvrit  une  conspiration 
tramée  contre  lui  par  quelques-uns 
de  ses  généraux.  11  lit  périr  les  chefs , 
pardonna  aux  autres  ,et  envoya  ceux- 
ci  avec  des  troupes  sur  les  traces  de 
Kamar-eddyn.  Maisilsse  révoltèrent 
dans  le  KascLgar ,  et  ayant  reçu  de 
])uissants  secours  d'Ourousch ,  khan 
du  Kaptchak,  ils  vinrait  assiéger 
Samarkand.  Timour  ap]irit  cette 
fïîcheuse  nouvelle  dans  le  Kharizme, 
où  de  nouveaux  troubles  avaient 
exigé  sa  présence  :  il  chargea  son 
fils  Djilianghyr  du  soin  de  sa  ven- 
geance. Ce  jeiuic  prince  battit  les  re- 


ï 


TAM 

belles ,  et  les  força  de  s*eiif uir  dans 
le  Kaptchak ,  d'uù  leurs  trames  con- 
tre Ouroiisch-Khan  ,  qui  leur  avait 
donne  asile,  les  oblicèrent  bientôt  de 
revenir  auprès  de  Kamar-eddjD , 
qu'ils  déterminbrent  à  recomraencerla 
guerre.  Timour  alla  les  combattre  ca 
persoiuie;mais  pendant  que  la  majcn- 
re  partie  de  son  année  était  à  la  pour- 
suite des  fuyards,  il  fut  surpris aTSC 
sa  faible  escorte ^  j^ar  Kamar-eddp, 
qui  était  à  la  tcte  de  quatre  mille  ci- 
yaliers  ;  et  il  ne  sortit  de  ce  mauraîs 

|)as  qu'aiirès  des  prodiges  de  vaknr. 
Il  prit  DÎentôt  sa  revaudic,  et  fil 
courir  le  même  danger  à  son  rsnÊtr 
mi.  Au  retour  de  cette  expédition ,  il 
trouva  sa  capitale  plongée  dans  le 
deuil ,  par  la  mort  de  son  (Us  aîné , 
prince  digne  de  sa  tendresse  et  des 
regrets  des  peuples  qu'il  devait  gai* 
verner.  Timour  fut  accablé  de  celte 
perte  :  elle  ne  put  être  réparée,  pes 
de  temps  après ,  que  parla  naissance 
du  mirza  Ghah-roku ,  son  quatriè- 
me iils ,  dont  la  mère  était  lille  de 
Gazan-Khan.  Tandis  que  Tamerlan 
achevait  de  conquérir  le  Kascihgar, 
et  poursuivait  saas  reliclie  Kamar- 
eddyn^   il   rencontra    Tcktamiach- 
Aglen ,  prince  de  la  race  de  Djcn^yz, 
qui  était  venu  rédamer  son  sfcoun 
pourenlever  au  filsd'Ourouscb-Kkan 
le  trône  du  Kaptchak.  Timour  saisit 
avec  ardeur  cette  occasion  de  se  Tcn- 
ger  d'un  monaraue  dont  le  pèreaTait 
favorise  les  rcuelles  du  Dia&ilâ. 
De  retour  à  Samarkand,  il  donaa 
des  troupes  à  Toktamisch  ,  le 
voya  dans  le  Kaptchak,  s'y 
dit  bientôt  lui-même,  et  le  fit  cou- 
ronner khan  à  Saganah,  l'an  778 
(  Voyez  Toktamisch  ).  I^  roi  dr 
Kharizme    avant    manqué  à    ses 
serments  ,   Timour  entra  dans  ses 
étiLs,  l'an  jHb,  et  l'assi^ea  dans 
Ourghcndj.  Yousouf  Sofy,  pour  Tin- 


TAM 

le  dcTia  en  combat  singu- 
ais  n'osa  se  raoutrer  lors- 
ce  conquérant  arme'  à  la  lè- 
pre l  à  se  mesurer  avec  lui. 
d'Ourghendj  dura  trois  mois 
;  la  mort  de  Yousouf,  sur- 
ans  rintervalle,  n'cmpcclia 
labilanls  de  se  défendre  jns- 
lemicre  extrémité'.  Leur  ville 
:  d'assaut  et  livrée  au  pillage, 
rifs ,  les  docteurs ,  les  savants 
lisans furent  envoyés  à  Kesch, 
de  Tamerlan  ,  qui  l'ayant 
»our  sa  résidence  d'été,  la  for- 
fonda  un  magnifique  palais, 
an  séj  our  délicieux.  Tiinour , 
space  de  dix  ans ,  avait  ré- 
npire  de  Djagataï  dans  ses 
;s  limites.  Une  apparence  de 
ivait  donc  coloré  toutes  les 
qu'il  avait  entreprises  :  mais 
PS  exaltèrent  son  ambition  j 
satisfaire,  il  devint  injuste 
;  et  le  reste  de  sa  vie  n'offre 
an  tableau  de  conquêtes  aussi 
ue  rapides ,  de  carnage  et  de 
ions.  Ses  regards  se  porte- 
bord  sur  la  Perse ,  qui ,  de- 
lécadence  de  l'empire  d'Hou- 
>e  trouTait  démembrée  sous 
lalion  de  plusieurs  dynasties 
?l  toujours  armées  les  unes 
îs  autres.  Les  princes  Ilklia- 
la  tribu  mongole  deDjeliiïr, 
mt  conservé  la  partie  la  plus 
aie,  depuis  l'Ara xe  jusqu'au 
rsique,  et  possédaient  Tau- 
adan,  Sulthanieh ,  Baghdad, 
.  Haçan  Bczurr  ).  Toutes 
inces  du  midi ,  depuis  Ispa- 
lient  au  pouvoir  de  la  famille 
dhafferides  (  r.  Mobabez- 
.  Le  Chyrwan  ,  le  Ghylan, 
nderan  ,  le  Djordjan  et  le 
,  avaient  leurs  souverains 
iers.  Enfin,  le  Khoraçan  se 
partagé  entre  les  Sarljcda- 

xi.iv. 


TAM 


465 


riens,  qui  en  possédaient  quelques 
districts  occidentaux  (  F'oj'.  Abdel 
Rezzak  et  Wadjiu-eddyn  ) ,  et  les 
Molouk-Kurls  qui  étaient  maîtres  de 
la  partie  la  plus  considérable  et  la 
plus  orientale.  Gaïath-eddyn  Pir- 
Aly,  prince  régnant  de  cette  dernière 
dynastie,  à  Texemplede  son  père  Me- 
lik-Houcein,  avait  profitédes  troubles 
de  l'empire  de  Djagataï ,  pour  agran- 
dir ses  états  sur  cette  frontière:  mais 
depuis  l'élévation  deTimour,  il  s'é- 
tait tenu  sur  la  défensive,  et  avait 
même  envoyé  des  ambassades  et  des 
])résents  à  ce  redoutable  voisin.  Ce 
fut  sur  lui  que  Tamerlan  porta  ses  pre- 
miers coups.  Précédé  par  son  (ils  Mi- 
ran  Chab,  qui , ayant  traverse  leDji- 
boun,  l'an  '78^1  (i38o),  prit  et  pilla 
la  ville  de  Badgdiz ,  il  partit  au  com- 
mencement du  printemps  de  l'année 
suivante,  et  alla  visiter,  à  Andekoud, 
un  de  ces  dervicbes  qui  passent  pour 
saints ,  en  aiTectant  d'être  fous.  Le 
solitaire  lui  jeta  aussitôt  une  poitrine 
de  mouton  à  la  tête.  Tamerlan  pu- 
blia que,  par  ce  présage,  Dieu  lui 
promettait  le  Kboraçan,  que  les 
Orientaux  appellent  le  royaume  de 
la  Poitrine  ,  le  regardant  comme  le 
milieu  de  la  terre.  Il  s'empara  de 
Serakhs ,  où  il  obligea  un  frère  de 
Gayath-eddyn  de  se  rendre  à  discré- 
tion ,  et  prit  d'assaut  Fouscbendj , 
dont  il  fit  massacrer  les  habitants , 

Sour  se  venger  de  leur  résistance  et 
e  deux  blessures  qu'il  avait  reçues 
pendant  le  siège.  Gaïatb-eddyn  n'a- 
vait pu  ni  prévrfir  ni  empêcher  cette 
subite  invasion  :  il  se  trouvait  à 
Nischabour,  qu'il  venait  d'enlever 
aux  Sarbedariens.  Il  accourut  dé- 
fendre Hérat ,  sa  capitale  j  mais  les 
habitants^  qu'intimidaient  le  sort  de 
Fouscbendj ,  le  mauvais  succès  de 
leurs  jiremiers  efforts  et  les  menaces 
de  Tamerlan,  forcèrent  leur  souve- 

3o 


/iC6 


TAM 


lainânnoycr  un  de  ses  lils  pour 
apaiser  le  coiHjueraiit ,  cl  à  se  livrer 
lui-même  au  vainqueur  ,  en  mohar- 
rem  788  (avril  i38ï).  Timour  rasa 
les  fonifications  de  la  ville ,  en  en- 
leva tous  les  trésors,  et  jusqu'aux 
portes ,  qui  étaient  revêtues  de  ban- 
des de  fer,  ornées  de  ciselures  et 
d'inscriptions  ;  il  dépouilla  les  habi- 
tants de  tous  leurs  biens,  ne  leur 
laissa  que  la  vie ,  et  en  envoya  plu- 
sieurs familles  à  Kesch.  Apres  avoir 
exigé  que  Gaïalh-eddyn  ordonnât  à 
son  plus  jcimc  fds  de  livrer  la  for- 
teresse d'Escbkildjeh  ,  qui  passait 
pour  imprenable ,  et  s'être  emjjarc 
de  Nischabour,  il  rendit  à  ce  prince 
ses  états  dévastés  :  mais  au  bout  de 
((uelqiies  mois ,  irrité  par  la  résistance 
de  la  ville  de  Terschiz ,  que  Gaïath- 
cddyn  ne  put  déterminer  à  ouvrir 
ses  portes,  il  lit  arrêter  ce  prince 
avec  ses  fils  et  ses  frères  j  et  bientôt, 
à  la  nouvelle  d'une  révolte  qui 
avait  éclaté  à  Jlérat,'ilse  vengea  sur 
rcMc  malheureuse  famille,  qui  fut 
exterminée.  Dans  cet  intervalle ,  il 
s'était  empare  en  personne  ou  par  ses 
p;éiiéraux ,  des  villes  de Sebzwar  et  de 
'I  jjoiis,  qui  appartenaient  auxSarbe- 
darieus.  Leur  prince,  Khodjah-Aly 
Movv .Vieil ,  implora  sa  clémence,  s'at- 
tacha à  sa  personne, et  le  suivit  dans 
loules  ses  expéditions.  Aly  -  Beig 
Djouiigoibany,  prince  de  Knelat, as- 
siégé daii.'sccUcplace;et  l'émir  Waly, 
*«ou\erain  du  Djordjan ,  cfl'rayé  au 
dcij.Nlrc  d'Iilsfcrain  ,  où  toutes  les 
maisons  avaient  été  ruinées  et  la  po- 
pnl.'ilion  nilière  passée  au  fil  de  l'épée, 
])rouiirci!t  de  se  soumettre:  mais  pen- 
dant <[iu'  Timour  passait  l'hiver  à 
IU>kIiara  ,  ils  réunirent  leurs  forces 
vi  vîiîniii  assi(*p;er  Sebzwar.  Le  re- 
tour du  cdiiqucraut  les  (diligea  de  se 
séparer.  Aly-lieij; ,  surpris  dansKhe- 
lat ,  teiil  I  »!e  faire  assassiner  Tamer- 


TAM 

lau,  au  moyen  d'mie  conférence  qu'il 
lui  proposa  ;  se  soumit .  lorsqu'il  vit 
les  Tartares  monter  à  1  assaut  ;  s'en- 
fuit dans  les  montagnes,  où  il  résista 
encore  quelque  temps  y  et  Tint  enfin 
se  livrer  au  vainqueur,  en  lut  pré- 
sentant un  sabre  et  un  suaire ,  en  si- 
gne de  dévouement  ;  ce  qui  n'empê- 
cha pas  Timour  de  le  faire  arrêter 
et  mettre  à  mort.  Après  la  destruc- 
tion de  Kbelatet  la  nrisede  Tendiix, 
Tamerlan  accepta  les  prësents  et  la 
soumission  de  l'émir  Waly,  et  loi 
accorda  un  délai  pour  venir  Ini  ren- 
dre hommage.  Les  rebelles  de  Hént 
furent  réduits  par  le  mina  Minn- 
Ghah^  etics  têtes  de  ceux  qui  aTsint 
été  tués  furent  empilées  en  fonne  de 
tour.  Tamerlan  eut  la  doire  de  per- 
fectionner cette  horrible  ^  mais  sin- 
gulière espèce  de  monument.  Ayant 
repris  Sebzwar,  qui  s'était  révolté, 
il  en  fit  périr  tous  les  habitants;  mais 
il  réserva  deux  mille  prisonuen^ 
qui,  entassés  tout  vivants  les  nnssar 
les  autres ,  avec  du  mortier  et  de  la 
brique ,  servirent  de  nutérianx  à  la 
construction  de  plusieurs  tous.  An 
milieu  de  ces  triomphes ,  des  cka- 
grins  domestiques  rappelèrent  vn 
momentce barbare  aux  scntimcnli  de 
la  nature  et  de  l'humanité.  Il  cal  la 
douleur  de  perdre  suocessivcBait 
une  de  ses  filles ,  sa  faanc  Dilcbad- 
Agha ,  et  surtout  sa  soeur  Gmtlmik- 
Terkhan-Agha ,  nrincesse  pieuie  et 
charitable ,  dont  les  sajus  '^"'fffils  ki 
avaient  été  souvent  utSes ,  eC  qui  s'é- 
tait honorée  par  les  collèges ,  les  mo- 
nastères, les  hospices  et  autresédifices 
publics  qu'elles vait  fondés.  L'an  785 
(i383) ,  Timour  envoya  une  armée 
dans  le  pays  des  D  jettes  ,  pour  dé- 
truire le  parti  de  Kamar  •  eddya , 
et  marcha  lui-même,  avec  cent  mille 
hommes ,  k  la  conquttc  du  Sâtfan. 
11  reçut  les  .soumissions  des  princes 


-  / 


TAM 

Dais  il  saccagea  plusieurs 
'C  antres  Zarandj ,  dont  il 
même  les  enfants  au  bcr- 
i  ses  soldats  pillèrent  jus- 
us  des  portes.  Le  gouver- 
Tavait  autrefois  blessé  h 
étant  tombé  en  son  pou- 
t  percer  de  flèches.  Après 
ert  le  Seïstan  de  ruines  et 
■s  y  il  envoya  des  troupes 
rent  les  mêmes  excès  dans 
,  l'Afghanistan  et  le  pays 

.  Rassasie  de  caniacc  et  de 
Il  "^      •   1 

lia  se  reposer  trois  mois  à 

1.    L'année   suivante,   il 

émir  Waly  près  de  Djord- 

duisit  en  cendres  Ëstera- 

ipitalc  j  où  tous  les  habi- 

it  passés  au  fil  de  l'épée. 

larchc  rapide  à  la  pour- 

e  prince,  il   prit  Réi ,  et 

îrae  jusqu'à  Sulthanieh  , 

mpara,  quoique  cette  ville 

au    sulthan    ilkhanide , 

elaïr  ,  qui  ne  lui    avait 

îun  sujet  de  mécontentc- 

revint  par  les  montagnes 

;  Rostemdar  ,    où  Waly 

lé  :  il  l'obligea  de  chercher 

die  ;  entra  dans  le  Mazan- 

reçut  les  hommages  des 

lawamides  d'Amoul  et  de 

étaient  Seids  ou  desccn- 

prophètej  et  regagna  Sa- 

pour  y  mettre  oi^re  aux 

son  empire  ,  dont  il  allait 

pendant  trois  ans.  L'expé- 

1  venait  de  faire  n'était  que 

de  celle  qu'il  entreprit  en 

5  ).  Sons  prétexte  que  Tok- 

^han  ,  qui   lui  devait  le 

Saptchak ,  avait  pénétré  à 

ec  dans  rÀdzcrbaïdjan ,  et 

han  Alimcd-Djelaïr,  prin*. 

t  dissolu ,  était  incapable 

?r  ses  sujets  contre  les  in- 

rangèrcs  •  il  se  déclara  le 


TAM  467 

vengeur  de  ceox-ci  envers  le  souvei 
rain  qni  étaityenulesattaqueretcelu 
qui  ne  savait  pas  les  d<^endre.  Ces 
motifs  spécieux  lui  facilitèrent  la 
réduction  de  Tauris,  de  TAdzer- 
baïdjan  et  de  tous  les  pays  jusqu'à 
l'Âraxe.  Il  passa  ce  fleuve ,  s'empara 
sans  beaucoup  de  r&istanee  de  la  for- 
te place  de  Kars,  entra  dus  la  Géor- 
gie, prit  d^assaut  Téflis,  sa  capitale^ 
et  emmena  le  roi  Bagrat  Y ^  ^'il  for- 
ça d'embraaser  Pislamisme.  S^  cê- 
néranx  ravageaient  en  mène  temps 
le  pays  des  I^zffliis  etdes  ailtres  peu- 
ples tartntSy  AaUû  dans  les  mon- 
Ugnes  da  Ganease,  Uàèb  sujets  ou 
vassaux  de  Tempire  dn  Kaptchak  ; 
ce  qui  provoqua  entre  Tameilan  e jt 
Toktamiscli  une  mptnre  et  dcis  * 
guerres  longues  et  sanâantes.Glieikh 
Ibrahim ,  prince  du  Ghirwan^  vint 
alors  se  soumettre  à  Tamisrlan , 
et  lui  offrir  des  présents ,  dont  cha- 
que espèce  était  composée  ,de  neuf 
Çièces ,  suivant  la  eooûune  Jcs* 
'artares.  Gomme  3.  'n*y  avait  que 
huit  esclaves,  oà  donc  est  le  neu- 
vième? dit  k  conquéraiit:— {Tesl 
moi,  répondit  Ibrahim  y  qui ,  par  cet- 
te basse  flatterie^  gagDA  les  nonnes 
grâces  de  llmoury  et  fut  confirmé 
dans  la  souveraineté  dn  Chirwan.  Les 
petits  prin6cs  dn  Ghylan,  qui  avaient 
conservé  leur  indépendance,  envoyè- 
rent aussi  des  dépatéi  à  TomcUan  ,  / 
et  devinrent  ses  tribotaires.  Dans 
sa  marche  vers  TAdiierbaîdjàp/it 
s'était  détourné  pomr  réduire  Malek 
Azzeddyn ,  atabek  dn  netit  Louristan, 
et  chef  d'un'  peuple  ae  iMbiAts  »  qui 

Îûllaientles  caravanesdés  pèlerins  de 
a  Mekke.  Timonr  ki  prit  Ourond- 
gherd  et  Khorrem-Âbaa,  seifprinci- 
pales  plaça;  fit  raser  la  secondé^  et 
précipita  duhânt  dé  leurs  montagnes 
un  grand  nombre  tte^  cçs  brkânds*'  Ce 
fut  pour  \é  tiktaie  motif,  ^  à  son  re- 1, 


iJtiS 


TAM 


tour  de  la  Geurgic,  il  attaqua  4fSi 
Turkomans  de  la  tribu  Cara-Kaioun- 
Ion  (du  mouton  uoir),  clahli.s  dans 
r Arménie;  leur  Hileva  les  places  de 
Baya/id ,  Arz  -  roum ,  etc. ,  cl  força 
Gara  -  Mohammed,  leur  clief ,  de  se 
sauver  dans  les  montagnes.  11  agréa 
l'hommage  de  rémir  Tabartcii,  et 
lui  laissa  la  principauté  d'Arzeiidjan. 
fl  alla  ensuite  assiéger  Van  et  Vas- 
tan,  qui  appartenaientàMalek  Azz- 
eddyu;  prit  d*assautla  première,  et 
fit  périr  un  crand  nombre  des  habi- 
tants :  mais  il  paixlonna  à  ce  prince  , 
lequel,  n'ayant  pulesdétermiiier  à  ren- 
dre la  place ,  en  était  sorti  pour  aller 
se  jeter  aux  pieds  du  vaintpieur,  qui 
lui  donna  le  gouvernement  de  tout  le 
Koutdistan.  Cliali  Cboudjah ,  roi  de 
la  Perse  méridionale^  ayant  deviné  , 
deslong-tempsy  les  projets  deTjnuun*, 
lui  avait  envoyé  une  amba:>sade  et 
des  présents,  et  s*éLiit  allié  avec  lui, 
par  le  mariage  de  sa  fille  avec  un  pe- 
tit-iils  du  conquérant.  Avant  de  mou- 
rir, il  lui  avail  mrnie  recommandé 
son  iils  Zein-AlaLuliu.  Le  jeune  ])riii- 
ce,  sommé  d'aller  se  prosterner  de- 
vant Timour ,  fait  arrêter  son  am- 
bassadeur,  et  lui  fournit  un  prétexte 
pour  envahir  les  états  des  Mod balle- 
rides.  Kn  789  (1387),  Tamcrlan 
vint  camper ,  avec  une  partie  de  sou 
armée  ,  devant  Ispabau,  dont  les 
clefs  lui  fiireut  présentées  par  un  on- 
cle du  roi.  Il  y  fit  son  entrée  ;  et  i'(Uï 
s'occupait  à  réj^lcr  le  montant  de  la 
contribution  que  la  ville  devait  payer, 
lorsqu'une  émeute,  j)rovoquéepar  un 
incident. fortuit,  coûta  la  vie  à  trois 
mille  Tarlares.  La  furwir  de  Timour* 
ne  j»eut  se  décrire.  Sourd  a  toutes  les 
exruses,  à  tous  bs  moyens  de  i-épa- 
ration  qui  lui  sont  pro[)osés,  il  assié};c 
la  ville,  l'emporle  d'assiiut ,  maljçré 
la  résislaïu^e  désespérée  des  habi- 
tants, et  oitlonne  un  massacre  géué- 


TAM 

ral^  dont  il  n'cxci'pti!  que  les  quap 
tiers  habités  par  les  dc^ccndauts  de 
Mahomet  et  par  les  docteurs  de  la 
loi ,  ainsi  que  les  maisons  où  les  Tar- 
tares  avaient  trouve'  un  asile  (3).  G*t- 
te  épouvantable boucheriearriva  le  6 
dzoulkadah  789  ( iSnov.  iSSy). Dn 
états  authentiques  tenus  à  cet  eflet, 
nous  apprennent  que  l'on  apporta  sur 
les  remparts  d'Ispahan  soixante -dix 
mille  têtes ,  dont  on  forma  plusieurs 
tours  en  divers  endroits  de  la  rille. 
Il  faut  ajouter  à  ce  nombre  une  foule 
de  victimes  qui  ne  furent  point  enre- 
gistrées ,  leurs  têtes  n^ayant  point  été 
payées  aux  bourreaux.  Chyraz  ouvrit 
SCS  portes;  mais  Zcin-Alabediu  avait 
pris  la  fuite.  Plusieurs,  autres  princes 
ModhafTèrides  s'ctant  rendus  dau 
cette  capitale  poiur  se  soumettre  an 
vaiiHiueur,  il  doima  à  Chah  Yahia, 
l'un  d'eux ,  le  trône  de  Chyraz.  Aprrs 
avoir  n'glé  à  la  hâte  les  aflaircs  delà 
Perse,  il  reprit  la  route  de  Samar- 
kand ,  où  sa  présence  était  nécessai- 
re. Des  révoltes  avaient  éclaté  dans 
le  Kbarizme  ,  dans  le  Khoraçan , 
dans  le  Mongolistan.  Les  tronpes  du 
Ka  ptchak ,  envoyées  par  Toktamiscli, 
avaient  fait  une  iuyasion  dans  la 
Transoxaiie ,  vaiucu  le  mîi*za  Ornais 
Cheikh,  près  d*Otrar;  assiégé  sans 
succrs  S.-ibran  et  Bokbara ,  pénàrc 
jiis(p]'<iu  Djihoun,  et  ravagé  toute  la 
contrée.  TamerIaumitd*abonl  eo  ju- 
gement les  olHciers  qui  u*avaieut  pas 
siT.oiul  é  la  valeur  de  sou  fils  et  empêche 
sa  défaite.  Un  général ,  convaincu  de 
lâcheté,  fut  condamné  à  avoir  la  bar- 
be rasée,  le  visage  fardc\  et  k  £tit 
promené  dans  Samarkand  avec  nnc 
coilTurede  femme  sur  la  tête.  Timour 
entra  daiLslcKharizmeen  79o(  1 388^; 

(3)  \  Ti-Trinnle  d'Alrxandrtf,  qui  .«ail  r«»M«r 
1.1  tuMkwiu  Hr  Pijidarr,  dm  rÎBctvdie  JcTINw*. 
U'  muqiirrrint  Urtirc  rfiargn*  c«U«  Je  KIm/pIi 
Itnnir-Mil;  n  Viirv. ,  cilt'Iirr  dottctir  worf  Jmn* 
tiu  au. 


TAM 

établir  la  tranquillité,  il 
,  fit  raser  eutiërenient  la 
cmer  de  l'orge  sur  le  sol 
t  occupe',  et  transféra  ses 
Samarkand.  Il  employa 
elte  année  et  les  deux  sui- 
ufTer  les  révoltes ,  à  punir 
,  au  nombre  desquels  était 
Mireké;  à  porter  la  guerre 
Toviuces  limîtroplies  du 
afin  de  prévenir  les  în- 
Toktamisch  ;  et  dans  les 
an  des  D jettes,  pour  dé- 
>uissauce  dont  le  Toisîna- 
le  constante  étaient  un  su- 
it de  troubles  pour  son  em- 
lail  de  ses  campagnes  dans 
de  la  Tartarie ,  n  offre  que 
t,  à  cause  du  changement 
les  noms  àes  villes  et  des 
Ll  suffit  de  savoir  que  les 
mées  qu'il  y  envoya  ou 
luisit  en  personne ,  trions 
:tou  t  des  D  jettes  et  desau- 
du  Mongolistan  ;  queKe- 
Aglcn  et  Kamar-ôldyn, 
raius,  furent  poursuivis 
là  de  rirtisch  ;  et  que  les 
Timour ,  voulant  laisser 
:nt  de  ses  vastes  conquê- 
ent  leurs  armes  et  leurs 
ugis  au  feu ,  sur  les  pins 
3isines  de  ce  fleuve.  Dans 
le  Tannée  79^  (  1 890  ) , 
cpritla  conquête  du  Kapt- 
vcrsa  les  plaines  au  nord 
nd ,  en  poursuivant  Tok- 
|ui  fuyait  devant  lui  à 
dcVcrts.  Parvenu  aux 
rOuloug-  Tadj  ,  il  y  fit 
in  obclibqiie  sur  lequel  on 
iîon  ordre ,  la  date  du  jour 
le  de  son  passage.  Apres 
lire  mois  d'une  marche 
iidant  laquelle  son  armée, 
e  vivres  ,  n'eut  d'autres 
]uc  des  herbes  ,  des  œiifs 


TAM  469 

d^oiseaux  satiYacéSy  et  les  produits 
de  la  chasse;  il  franchit  la  Tobol  et 
quelques  auto^  rivières ,  et  ayant 
traversé  le  Yaik  y  il  rencontra  près 
d'un  lac ,  entre  œ  fleuve  et  le  Volga , 
l'armée  de  Toktamisch.  La  lataule 
fut  longue  et  sanslante.  Timimr  m 
dut  la  victoire  qu'à  im  traître  qiBfd 
«▼ait  gagné  :Pomcterqia  poitaitl^r- 
tmdard  dn  Kaptchâk  ^rajaiit  rb- 
versé ,  les  soUats  du  febaù  eraN&t 
qtie  leur  maître  aTÛtjpéri,  et  prirent 
Ul  fuite.  Tamerlan  ut  reposer  ses 
troupes  près  d'un  mots,  suf  les  bords 
du  Volga  y  entra  dans  Serai ,  capitale 
du  Kaptchaky  s'assit  sur  le  trdne  des 
khans ,  et  retourna  dans  ses  états , 
tnibtànt  après  lui  une  fioub^decan* 
tift.  U  donna  le  goinireniCBacnt  an 
Khoraçan  à  son  fils  Miran-Ckah  qui 
l'avait  accompagné  dans  cette  expé- 
dition^  et  cdm  &  Ghama ,  Kabcml/ 
Gandahar  et  de  tous  les  nays  d^nis 
le  Dfîhoun  jusmi'à  l'Indos  •  k  son 
petit-fils ,  ^Mohâmnei  Djiban- 
gh^r.  Non  nurins  inbtigible  dn'am- 
Ëitieux  ,  Tamerlan  ^pitte  (Samar- 
kand ,  au  mois  de  redid>  5g4  (  juin 
1^^  h  po^^  achever  la  conméte  de 
la  Perse.  Une  grare  maladie  l'arrête 
à  Bokhara.  A  pebe  rëtaUi ,  il  at- 
taque les  Scids  du  Mazanderan,  qui 
s'étaient  retint  dans  une  forteresse 
par  h 
.lise 
pour  les  assiéger  y  les  force  de  Capr-  < 
tider  y  s'empare  de  leurs  rîchesàes 
et  de  leurs  personnes  ;  cxtemùne  fme 
partie  de  leurs  sujets  qui  paraissaient 
être  un  reste  des  Batheniens,  Ismaé^  , 
lides  ou  Assassins ,  dëtniits  par  Hôu- 
lagou  (  Foy.  KrA-QuzuRK-OuiiiD 
et  RoRM'EDDTif  KHOvascHAu)  :  mais 
plus  barbare  qu'eus,  il  met  à  feu  et  à 
sang  la  ville  d'Amonl.  11  passe  uue 
partie  de  l'hiver  avec  les  princesses 
de  sa  famille ,  dans  un  superbe  pi^is 


battue  par  les  flots  de  la  mer  Cas- 
pienne. 11  se  sert  de  leurs  vaisseaux 


«7'* 


TAM 


f.iril  avait  fait  bâtir  près  de  Djur- 

il jaii  ;  et  dès  le  !24  "f^""  79^  (  9  P"" 
\  icT  1393  ) ,  il  s'avance  iins  la  Per- 
se ,  et  va  ravager  le  Koiirdistan ,  le 
Louristan  et  le  Khouzistan,  taudis 
<[ue  des  détachements  de  ses  Irou- 
l)es  portent  rcnouvante  jusqu'à  Caz- 
i)vn  et  Baghdad.  11  marche  vers 
(  *iiyraz  ,  pour  châtier  les  princes 
Modhafiendes,  qui  étaient  sans  cesse 
m  guerre  les  uns  contre  les  autres  , 
et  délivrer  les  peuples  de  leur  ij^ran- 
me;  mais  il  trouve  dans  Chah  Man- 
sour  im  ennemi  digne  de  lui ,  et  il 
aurait  p«ri  dans  la  bataille  que  ce 
vaillant  prince,  avec  imc  poignée  de 
braves ,  osa  lui  livrer ,  sans  la  valeur 
de  son  fils  Ghah-Rokh  ,  qui  lui  ap- 
])orla  la  tête  de  son  ennemi  (  VqX' 
Mansour-Chah  ).  Maître  du  royau- 
me de  Perse  par  i'ienlière  destruction 
(îes  princes  de  la.  race  de  Modhafler , 
qui  s'étaient  livrés  volontairement, 
il  en  gratifie  le  mirza  Qmar-Cheikh , 
«il ors  l'ainé  de  ses  fils  ,  et  donne  au 
mir/a  Miran-Ghah  celui  de  l'Adzer- 
baïdjan,  avec  tous  les  pays  jusqu'à 
la  chaîne  du  Caucase  et  aux  frontiè- 
res de  l'empire  Othoman  ^  à  la  char- 
ité de  conquérir  les  provinces  qui 
n'étaient  pas  encore  subjuguées.  Ti- 
iiiuur  marche  ensuite  contre  Bagh- 
dad ,  que  le  sulthau  Ahmed  Djdaïr 
abandonne  à  son  approche  :  il  entre 
^an5  résistance  dans  cette  capitale  , 
cl  se  contente  de  fa  mettre  à  contri- 
iiutiun.  Bassora  et  Moussoul  ouvrent 
leurs  portes  ;  Tekrit ,  où  commandait 
l'cuiir  Ilaçan  ,  fameux  par  ses  dé- 
[)rédations ,  soutint  un  siège  mé- 
morable ,  où  soixante- douze  mille 
huninies  furent  employés  pendant 
trois  ."^nnaines  à  miner  les  rochers 
(|ui  >crv;iionl  d'appui  à  cette  forte- 
resse. Tamerlan  fit  périr  cet  intré- 
pide brigand  avec  tous  ses  soldats  ; 
niciis  il  épargna  les  habitants.  Pour 


TAM 

laisser  à  la  postérité  des  moaumeuls 
de  sa  justice  cruelle  et  de  la  valeur 
de  ses  troupes ,  il  voulut  que  les  py- 
ramides de  tètes  humaines  que  ses  iu- 
génicurs  constnibirent  ,  porUssent 
cette  inscription  :  Ainsi  sontpymslei 
voleurs  ;  et  que  l'on  conservAt  en- 
tières une  partie  des  prodigieuses 
fortifications  de  la  place.  Lorsqu'il 
eut  travci'sdie  Tigre  j  il  reçut  les  sou- 
missions de  la  plupart  des  petits 
princes  de  la  Mésopotamie  et  oe  la 
Basse- Arménie ,  au  nombre  dcfquek 
était  le  dynaste  d'Hisn-Kaifii,  bi- 
ble et  dernier  rejeton  de  la  &mîlle 
du  grand  Saladin.  La  conduite  ëm- 
voque  et  irrésolue  d'Isa,  roi  de  Sur- 
din  y  de  la  race  des  Ortokidety  l'a- 
posa  aux  malheurs  d*un  n^  ;  mais 
le  vainqueur  se  contenta  db  hî  don- 
ner son  frère  Saleli  pour  sacccssear, 
et  accorda  la  vie  aux  habitants  , 
en  faveur  de  son  petit-iib  Oidon^ 
Beig,  dont  la  naissance ,  que  mrit 
bientôt  celle  d'un  autre  fils  de  Ckak- 
Rokh  y  adoucit  les  regrets  de  Tamer- 
lan  sur  la  mort  de  son  fils  Omar- 
Cheikh.  Ce  prince  y  âgé  de  qnannie 
ans  ,  venait  de  succomber  sons  m 
trait  lance  par  une  main  inoiMne, 
devant  une  place  qu'il  assi^eait  da» 
le  Kourdistan.  Pir-Mohaauned  tcb- 
gea  la  mort  de  son  père,  en  fiiUaat 
main -basse  sur  tous  les  babîtantSy 
et  lui  succéda  dans  le  gouveinancnt 
de  la  Perse.  Timour  rémiit  alors  tous 
ses  efforts  contre  Cara  Tousoof ,  cbcf 
de  la  tribu  du  Mouton  Noîr^:  mais 
après  avoir  pris  Yan  où  commandait 
un  fils  de  ce  prince  ;  et  tandis  qm 
ses  troupes  assiégeaient  les  antres 
places  dont  ce  Turkoman  s*ëlait  at- 
tribué la  souveraineté;  le  conquérant 
entra  dans  la  Greorgie,  afin  de  se 
venger  de  l'artifice  que  le  roi  Bagiat 
avait  employé  {>our  reconvrer  sa 
couronne  et  sacrifier  un  eoips  de 


TAM 

u(c  {P^(>}'.  M  AH  moud-Su  L- 
iN  ),  il  fui  amcnc  an  camp 
ircs ,  pieds  cl  mains  lies. 

allait  se  racllre  au  lit , 

lui  j)resenta  cet  illustre 
•.  II  vint  au-devant  de  lui, 
[u'on  brisât  ses  fers ,  le  fit 
ir  sou  tiijùs,  et  s'entretint 
ncnt  avec  lui.  On  prétend 
ut  s'empêclier  de  rire  en  le 
on  pour  l'insulter ,  comme 
t  Bajazet  y  mais  pour  lui 
irquer  la  bizarrerie  de  la 
[iii  avait  mis  les  destinées 

entre  les  mains  d'un  bor- 
1  boiteux.  Ensuite  il  le  con* 

disj:;rare  qu'il  s'était  atti- 
}n  obstination ,  Un  tc'moi- 
lis  grantls  égards ,  lui  don- 
iite  particulière  et  lui  ren- 

>  Mo  usa ,  qui  avait  ete'  fait 
.  On  a  fort  exagère  l'his- 
1  cage  de  fer ,  sa  forme  , 
,  ainsi  que  les  humiliations 
uvais  traitements  dont  le 
acca])la  le  malheureux 
Iprès  avoir  lu  ce  qu'ont 
sujet  plusieurs  auteurs 
,  nous  sommes  persuade's 
oit  pas  entièrement  rejeter 
lis  qu'il  ne  faut  radmetlre 
t'S  modifications.  On  a  vu 
rlan,  loin  de  se  piquer  de 
enver?  les  princes  vaincus, 
ivaiî  à  toute  outrance,  et 
it  orcUnairement  à  mort 
e  sort  mettait  en  son  pou- 
efois  il  crut  avoir  des  rai- 
le'nager  Bajazet  avant  et 
victoire  :  il  promit  de  hii 
s  états.  Mais  le  farou- 
d  du  sulthan  ,  ses  mena- 
accès  de  fureur  ,  obli- 
i  vainqueur  à  le  resserrer 
ement,  et  à  le  faire  voya- 
i)lement  dans  un  chariot 
i!!e«us  les  bons  procèdes 


TAM  47-y 

de  Timour  ne  se  démentirent  pas  ;  et 
lors^ju'au  bout  d'un  an,  le  chaarin 
eut  cause  a  Bajazet  la  maladie  dont 
ilmounit,onlelitresteràAk-Scbehr, 
où  les  médecins  les  plus  habiles  furent 
charges  de  le  soigner.  La  victoire 
d'Aucjre ,  dont  Tamerlan  envoya  la 
relation  dans  toutes  les  provinces  de 
son  empire  ,  lui  soumit  l'Asie  Mineu- 
re entière.  Il  trouva  dans  Brousse  les 
femmes  et  une  partie  des  trésors  de 
Bajazet  ;  il  y  mit  en  liberté  plusieurs 
Français  que  ce  sulthan  y  gardait 
prisonniers  depuis  la  bataille  de  Ni- 
copoHs.  Il  congédia  deux  ambassa- 
deurs qu'Henri  111,  roi  de  Castille^ 
lui  avait  envoyés;  leur  remit  plusieurs 
princesses  espagnoles^  qui  étaient  cap- 
tives,   et  les  fit  accompagner  par 
un  musulman  ,   auquel  il  donna  des 
lettres  de  créance  pour  le  monar- 
que castillan.  Mécontent  de  l'empe- 
reur de  Constantinople  et  des  Génois 
établis  à  Fera ,  il  exigea  d'eux  un  tri- 
but ,  pour  les  punir  d'avoir  manqué 
au  traité  par  lequel  ils  s'étaient  en- 
gagés à  ne  point  fournir  aux  Turcs  les 
moyens  de  passer  d'Europe  eu  Asie, 
et  à  ne  pas  donner  asile  aux  fugitifs. 
Timour  séjourna  un  mois  à  Kqutayeh, 
et  y  célébra  ses  triomphes  par  des  fê- 
tes brillantes ,  tandis  que  ses  troupes 
dévastaient  l'Anatolie  jusqu'aux  ri- 
ves du  Bosphore.  Les  richesses  que 
renfermait  la  ville  de  Smyrne  et  le 
désir  de  se  venger  des  Grecs ,  le  dé- 
terminèrent à  assiéger  cette  place , 
3ui  avait  résisté  sept  ans  aux  armes 
e  Bajazet.  Il  la  prit  d'assaut,  eu 
quinze  jours,  à  la  fm  de djoumadii^'i'. 
8o5  (fin  décembre  i4o'>()y  maigre  , 
la  bravoure  du  grand-maître  de  St.- 
Jean  de   Jérusalem  ,    Phihl)ert  de 
Naillac ,   et  de  ses  chevaliers.  La 
ville  fut  pillée,  rasée  entièrement;  et 
tous  les  habitants  qui  ne  purent  passe 
sauver  par  mer  ,  furent  massacrés. 


47^  TAM 

rop€  ;  dlc    facilita   aux  Russes  les 
moyens  de  s'afFiauchir  du  joug  des 
Tartares ,  fous  lequel  ils  gémissaient 
depuis  près  de  deux  siècles ,  et  de 
faire  queltpies  pas  vers  la  civilisa- 
tion. Timour  rentra  dans  la  Géor- 
gie, y  exerça  de  nouvelles  vengean- 
ces, battit  les  Âwars,  les  Kasi-Kou- 
mouks  et  autres  peuples  du  Caucase, 
et  revint  en  Perse ,  par  Ghamakhy. 
Tandis  qu'il  portait  la  flamme  et  le  fer 
dans  les  contrées  entre  la  mer-Noire  et 
la  mer  Caspienne,  le  mirza   Mo- 
bammcd-Sulthan ,  avait  pénètre'  jus- 
qu'à remboucliurc  du  golfe  Persi- 
que ,  et  force  le  roi  d'Hormuz  à  payer 
tribut.  11  revint  joindre  son  aïeul  h 
Samarkand^  où  le  conquérant  clait 
ïurrivc  à  la  fin  de  «798  (  septembre 
i3(/6  ).  Après  cinq  ans  d'absence  et 
de  travaux,  Ta  merlan  avait  besoin  de 
ie  délasser.  11  passa  l'aunce  suivante 
dans  la  Transoxane ,  au  milieu  des 
fcles  et  des  plaisirs  ;  fit  bâtir  un  ma- 
gnifique palais  dans  les  environs  de 
sa  capitale;  dcima  à  sou  111s  Chah- 
BokL,  la  souveraineté  du  Khorayan, 
du  Seïs tan  et  du  Mazandcran,  jus- 
qu'à Firouzkouli  et  Reï  ,  et  l'envoya 
résider  à  Herat  :  il  reçut  une  ambas- 
sade de  l'empereur  de  la  Chine;  et 
maria  un  de  ses  petits-fils  à  une  iJIe 
de  Kczer-Kliodjah^Khan  des  Djette^. 
Il  épousa  lui-même,  à  61  ans ,  une  au- 
tre fille  du  même  prince.  L'âge  scm- 
])lait  n^avoir  afTaibli  ni  sa  vigueur 
ni  son  activité;  aussi  s'occupait  -  il 
alors  des  préparatifs  de  Tune  de  ses 
plus  brillantes ,  mais  de  ses  ])lus  dif- 
liciles  entreprises.  Déterminé  à  con- 
quérir l'indoustan,  qui,  sofis  nn  sou- 
verain faible  et  sans  capacité  {f  o}', 
Mauimoui)  m  )  ,  était  déchiré  par 
des   dissculions    intestines  ;  il   siip- 
posa  n'y  etic  excité  que  ]>ar  les  sol- 
licita lions  de  plusieurs  do  ses  enfants. 
Mais  ses  émirs  ,  fatigués  de  tant  de 


TAM 

guerres ,  et  soupirant  après  le  repos , 
se  récrièrent  contre  un  projet  dont  ils 
représentèrent  les  dangers  et  les  in- 
convénients, même  en  cas  de  succès. 
Timour  voulait  les  punir  de  leur  op- 
position :  il  finit  par  recourir  au  Co- 
ran, suivant  sa  coutume,  et  leur  kt 
un  verset  dont  le  sens  ,  iavorakle  à 
ses  desseins ,  leur  persuada  d*eBTaliir 
un  pays  dont  la  plus  nombreuse  popu- 
lation était  idolâtre.  Il  porta  la  cava- 
lerie deson  armée  à  quatre-yinet-don- 
ze  mille  hommes,  nombre  égal  â  ce- 
lui des  surnoms  donne»  au  prophètt 
des  Musulmans,  ce  qui  fut  regardé 
comme  un  heureux  présage.  Précédé 
par  son  petit-iilsPir-IVIoliammed  Djî- 
nanghyr ,  qui  gouveniaît  les  prorm- 
ces  limitrophes   de  rindouslatt|  il 
partit  de  Samarkand ,  au  mois  de 
redjeb  Boo(iin  de  mars  i398].Uat- 
taqua^  dans  leurs  montagnes  courcr- 
tes  de  neige ,  les  Siapousch ,  peadcs 
idolâtres  et  pillards ,  au  midî  dn  Ba- 
daklischan,  et  eu  détruisit  un  nombie 
considérable;  mais  il  y  perdit  beau- 
coup de  chevaux  ,  et  courut  person- 
nellement de  grands  dancers ,  n'ayant 
pu  redescendre  de  ces  rocners  quesos- 
pondu  par  des  cordes.  II  dompta  d dé- 
peupla  ainsi  plusieurs  tribus  d'Af- 
ghans. Arrivé,  au  bout  de  six  mois , 
sur  les  bonis  de  l'Indus,  îl  letrarer- 
ia  sur  un  pont  de  bateaux^  au  m&ne 
endroit  où  le  sulthan  Dîelal-eddyn 
l'avait  autrefois  passe  k  la  nage  en 
fuyant  devant  Djenghyz-Khan  ;  et  fl 
délivra   Pir- Mohammed  ,   assî^ 
dans  Moultau  par  les  Indiens ,  aux- 
quels il  avait  enlevé  cette  TÎlIe.  La 
marche  de  Timour,  jusqu'à  DcUv, 
ne  fut  qu'une  suite  de  cruautés  et  Âe 
dcfvasta  lions.  Près  de  livrer  batailleau 
Miithan  Mahmoud,  il  fit  égorger  cent 
mille  esclaves  qui  l'embarrassaient, 
icinj)orta  une  victoire  complète,  le  i3 
janvier  1 399 ,  s*empara  de  DeUf  y  la 


TAM 

,  y  fit  un  immense  butin  et 
»re  infini  de  captifs.  11  Ira- 
Gange,  vainquit  Moubàrek- 
princc  de  Thoglouk-Pour , 
la  un  grand  nombre  d'In- 
le  Guèbres  sur  les  deux  ri- 
euTe }  défit  plusieurs  autres 
reçut  les  soumissions  de 
-uns ,  entre  autres  de  Cliah 
-,  roi  de  Kaschmyr;  et  rc- 
21  cbaban  80 1  (28  avril 
dans  sa  capitale,  où  il  fon- 
iuperbe  mosquée.  Tamerlan 
enfin  dispose  à  jouir  de 
repos;  mais  la  mauvaise 
ration  de  son  fils  Miran- 
e  rappela  bientôt  dans  la 
cidentale ,  où  le  méconten- 
:t  le  desordre  étaient  extrê- 
roi  de  Géorgie  avait  cliassé 
tes  musulmanes  de  ses  états, 
e  invasion  dansTAdierbaid- 
iultban  Ahmed  Djelaïr  étiit 
ns  Baghdad ,  avec  le  secours 
Oman  Cara-Yousouf ,  qui 
5si  recouvré  ses  possessions 
Diarbekr  ;  et  tous  deux  mc- 
Tauris.  Tamerlan  quitta  Sa- 
[  le  8  mobarrem  8o'i  (10 
e  1399),  et  vint  catnper 
)îaiue  de  Carabagh  ,  près  de 
11  pardonna  à  sou  fils,  sans 
:e  ses  bonnes  grâces,  pu- 
ort  ses  musiciens  ,  ses  com- 
balternes ,  et  fit  grâce  aux 
»  coupables.  Il  envahit  en- 
Géorgie,  brûla  toutes  les 
ruina  tout  le  pla  t  pays ,  et 
Q  grand  nombre  de  prison- 
ais  la  rigueur  du  froid  et  la 
li  cau.'ièient  des  pertes  con- 
s ,  et  roLligèrent  de  rctour- 
abagli.  Dans  le  même  temps, 
>cs  pelit-fiLs  faisaient  triom- 
armcs  sur  deux  points  diflé- 
mirza  Roustcm  obtenait  des 
s  sur  le  sullhaii  de  lîaglidad^ 


TAM  473 

et  son  frère  Iskander ,  après  la  mort 
du  khande  Kaschgar,  Kezcr-Khodjah 
s'était  emparé  de  ce  royaume  et  de 
Khotan.  Au  printemps ,  Timour  ren- 
tra en  Géorgie  ;  et  ^  ne  se  borDant  pa» 
au  prétexte  de  la  différence  de  reli- 
gion, il  s'autorisa  du  refus  que  fit 
le  roi  George  de  livrer  un  fils  dusul- 
(han  Ahmed  Djela'ir.  II  recommença 
ses  dévastions ,  lui  enleva  plusieurs 
places ,  le  força  d'errer  dans  les  mon- 
tagnes ^  et  de  chercher  mi  refuge 
chez  les  Abkhas  ;  contraignit  les 
Géorgiens  d'embrasser  l'islamisme, 
livra  aux  supplices  ceux  qui  ne  vou- 
lurent pas  apostasier,  tt  ordonn;! 
que  des  matières  enflammées  fussent 
jetées  dans  les  cavernes  qui  servaient 
d'asile  à  plusieurs  de  ces  malheureux. 
Il  se  laissa  toucher  enfin ,  accorda  la 
paix  à  George,  qui  s'était  décidé  k 
renvoyer  le  prince  ilkhanide;  et  il 
counit  exercer  les  mêmes  fureurs  dans 
les  états  de  deux  autres  princes  géor- 
giens. Une  lutte  terrible  allait  bien- 
tôt s'engager  entre  Tamerlan  et  un 
rival  presque  aussi  puissant  et  non 
moins  barbare  que  lui.  L'empereur 
grec  de  Constantinople,  attaqué,  dé- 
pouillé de  la  plupart  de  ses  pro- 
vinces, et  insulté,  dans  sa  capitale^ 
1>ar  les  Turcs  Othomans ,  envoya  sol- 
iciter le  secours  de  Tamerlan ,  par 
un  ambassadeur.  Siu:  ces  entre&itesy 
Taharten ,  émir  d'Arz-roum  et  d'Ar- 
zendjan ,  vassal  du  monarque  tartare, 
fut  sommé  y  par  Bajazet  I<^'.  (  Baya- 
zid  llderim  ) ,  de  payer  tribut  à  l'em- 
pire Othom^n.  Timour  se  plaignit  de 
ce  procédé  dans  une  lettre  mêlée  de 
conseils  et  de  reproches.  ï>e  fier  sul- 
than  répondit  par  une  lettre  mena- 
çante ;  et  la  guerre  éclata  entre  les 
deux  conquérants.  Timour  commen- 
ça les  hostilités,  le  i*^'' mobarrem  8o3 
(  T2  août  i4oo  ).  11  tailla  en  pièces, 
près  de  Césarée ,  une  armée  turque , 


4:4 


TAM 


romniaiidee  par  un  fils  de  Bajazct , 
et  assiégea  Siwas.  Maigre'  Tcpaisseur 
prodigieuse  des  remparts  de  cette 
j)lacey  les  habitants,  voyant  qu*il  les 
avait  minés  ^  et  qu'une  partie  des 
tuurs  était  écroulée,  craignirent  les 
horreurs  d'un  assaut.  Dans  l'espoir 
d'attendrir  le  vainqueur ,  ils  envoyè- 
rent au-devant  de  lui  un  millier  d'ei^. 
fants  eu  bas  âge  ,  qui  portaient  tous 
un  Coran  sur  la  tcle,  et  faisaient  i-c- 
tentir  l'air  du  cri  de  j4Uah ,  aJUah , 
interrompu  par  leurs  gémissements  ; 
mais  le  barbare  détacha  un  parti  de 
cavc'iliers ,  qui ,  par  son  ordre  ,enlevè- 
jTiit  respectueusement  des  mains  de 
CCS  enfants  le  livre  sacré ,  et  les  écrasè- 
rent tous  sous  les  pieds  des  chevaux, 
n  lit  toutefois  grâce  de  la  vie  aux  ha- 
bitants': mais  il  réduisit  en  esclavage 
les  Chrétiens  ;  imposa  une  contribu- 
tion sur  les  Musulmans;  fit  enterrer 
vivants  les  quatre  mille  hommes  qui 
cumposaieijtia  garnison, et  abandon- 
na a ii\ flammes  la  ville, après  l'avoir 
pillée ,  au  mépris  de  la  capitulation. 
]  1  sVnipara  ensuite  de  Malathia  ,  une 
(les  dernières  conquêtes  de  Bajazet. 
J'C  >  oisinage  de  la  Syrie  l'invita  sans 
doute  h  laisser  respirer  un  instant  les 
TiiiTs,  pour  tom&cr  sur  les  Mam- 
louks.  Il  avait,  quelques  années  au- 
paravant ,  sommé  le  sulthan  d'Egyp- 
te de  se  reconnaître  son  vassal.  Pour 
toute  réponse,  Barkok,qui  régnait 
alors,  fit  arrêter  l'ambassadeur  ta r- 
lare.   Tamerlan  dissimula   cet   ou- 
trage, soit  que  sa  domination  ne  fut 
]>as  encore  assez  solidement  établie 
dans  rOccident,  soit  qu'il  craignit 
«l'altaqucr   une   milice  belliqueuse  , 
roni mandée  par  un  chef  audacieux 
4!l  puissant  (  /^.  Barkor  ).  Mais  les 
troul.Jcs  qui  déchiraient  l'Écyptede- 
])iiis  la  mort  de  ce  sulthan ,  lui  paru- 
rent une  circonstance  favorable  pour 
su  venger  d'un  prince  qui ,  à  l'cxcui- 


TAM 

Sic  de  son  pcrc^  refusait  de  fléchir 
cvant  le  conquérant  de  i'A&ie  (  F. 
Faradje).  Tamerlan  arrive  en  Syrie: 
la  défaite  d'une  armée  égyptUDiie, 
près  d'Halep ,  le  rend  maître  de  cette 
ville ,  le  1 3  rabi  i  ^^.  (  i«<^.  novembre). 
Ses  troupes  y  entrent  pcle-mâe  avec 
les  vaincus ,  et  s'y  livrent ,  neodanl 
({uatre  jours ,  aux  excès  les  plus 
iflouis  de  deliauche  et  de  imcîlé. 
Tamerlan  y  fait ,  suivant  sa  coutune, 
élever  plusieurs  tours  de  iHes  fcu- 
maines.  Elles  avaient  dix  coodéesde 
haut  et  vingt  coudées  de  circnh.  Ai 
milieu  du  carnage ,  il  s'amasait  à  dis- 
courir avec  les  docteurs  arabes,  mTA 
avait  épargnés,  et  leur  demandait  ut* 
niquemcnt  quels  étaient  les  ttiîi  ■ir 
tyrs,desTartares  ou  des  Syriens^ 
avaient  péri  dans  la  journée  piëeé- 
dente.  Le  château  ayant  capîtnlt,3QP' 
donna  seulement  l'arrestation  désgé- 
néraux  qui  s'y  étaient  renftméi;  cl 
il  leur  rendit  la  liberté  peu  de  temps 
après ,  quoique  l'uu  d'eux  eAt  lait  pé- 
rir le  héraut  qu'il  leur  avait  envôfé 
avant  la  bataille.  Le  sort  d'Halep  cl 
celui  de  Hamah,  qui  fut  â-pcaprii 
pareil ,  répandirent  la  temur  om 
toute  la  Syrie.  La  plupart  des  places 
se  rendirent  ;  et  Timioor  arriva  pib 
de  Damas.  Déjà ,  dans  qnelqoes  com- 
bats partiels,  les  Mamloux,  avec 
des  forces  très  -  inférieures ,  avaiml 
triomphé  des  Tartares.  Le  sollkta 
était  canipé  devant  cette  ville  pcm 
la  défendre.  On  ea  vint  anx  miÎM^ 
L'issue  de  l'action  fut  indécise,  rt 
les  deux  armées  restferent  sar  k 
champ  de  bataille.  Tamerian  ank 
demandé  la  iiaix;  il  n'y  mettait  d*a»> 
trc  prix  que  la  délivrance  de  son  asi- 
bassadeur  :  elle  lui  fut  refiisée  ;  et  i 
délibérait  s'il  décamperait  ou  s'il  M- 
commencerait  le  combat ,  lonqw  h 
fortune  lui  donna  une  preuve  àpMt 
de  sa  faveur.  Qudqucs  beigs 


TAM 

•èrcnt  avec  leurs  U'oupes, 
eut  en  Egypte.  Les  autres 
gnant  qu'ils  n'y  excitas- 
solution  ,  enlevèrent  Fa- 
rirent  en  bâte  la  route  du 
îste  de  Tarme'e ,  privé  de 
anda  .LesMamlouks  cpars 
ien  pièces  par  lesTartares. 
is  se  joignirent  a  la  gar- 
mas.  Tamerlan,  repoussé 
remicre  attaque ,  et  pré- 
lougue  résistance ,  eut  re- 
use.  ^1  affecta  une  grande 
pour  une  ville  qui  avait 
p  de  plusieurs  prophètes , 
e  capitulation ,  et  feignit 
înter  d'une  contribution 
uaiid  il  l'eut  reçue ,  il  exi- 
unes  plus  fortes ,  qui  lui 
rtées.  Alors  il  leva  le  mas- 
iblissant  le  vengeur  d'Aly 
nille  de  Mahomet,  dont 
:éiiiens  avaient  autrefois 
persécuteurs  (4)j  il  fit 
orture  leurs  descendants , 
orcer  à  livrer  leurs  ri- 
en sacrifia  un  grand  nom- 
>it  en  esclavage  les  fem- 
enfants,  et  incendia  leur 
I  quitta  enfin ,  le  3  red- 
cvrier  1401  ).  Satisfait 
l'il  remportait  de  la  Sy- 
te  appréciateur  du  cou- 
;  la  tactique  des  Mam- 
a'alla  point  les  attaquer 
.  Il  repassa  l'Eufrate ,  et 
vainement  assiégé  le  prin- 
la  forteresse  de  IVIarain , 
lit  rendue ,  il  vint  dresser 
levant  Baghdad ,  que  ses 
maieut  bloqué.  Le  licutc- 
)  sulthan  Ahmed  y  avait 
put  résister  long-temps  à 
si  redoutables.  Il  tenta  de 
n  s' embarquant  sur  le  Ti-. 

'e«Oiiimc>-ades  (/'.MOAWIAH  !•'.  ) 


TAM 


A:'' 


gre;  mais  il  périt  dans  les  flots  avec 
sa  fille.  En  ce  moment ,  un  dernier 
assaut  livré  aux.  assiégés,  pendant 
que  l'extrême  ardeur  du  soleil  les  re- 
tenait dans  leurs  mabons ,  mit  leur 
ville  au  pouvoir  du  conquérant ,  le 
27  dzoulkadah  (  9  juillet  ).  Tout  y 
fut  égorgé,  sans  égard  pour  l'âge 
ni  le  sexe.  Le  carnage  dura  huit 
jours  ;  le  nombre  des  morts  fut  in- 
calculable. On  évalua  celui  des  têtes  à 
environ  quatre-vingt-dix  mille ,  qui 
servirent  à  la  construction  de  cent- 
vingt  tours  ;  mais  on  n'y  comprend 
Sas  la  foule  des  victimes  qui  pensent 
ans  le  fleuve,  ou  qui  s'y  précipitè- 
l'ent  afin  d'échapper  aux  bourreaux. 
Quelques  gens  de  lettres  furent  seuls 
épargnés  ;  ilsreçurentméme  des  che- 
vaux et  une  escorte  pour  se  rendre 
enlieu  de  sûreté.  Bagndad  fut  entiè- 
rement détruit  ;  et  de  tous  les  mo- 
numents des  khalifes  Abbassides  et 
des  princes  qui  leur  avaient  succédé  , 
Timour  ne  respecta  que  les  mosquées, 
les  collèges  et  les  hôpitaux.  Cepen- 
dant Bajazet,  excité  par  Cara-You- 
souf  et  par  Ahmed-Djelaïr,  qui  s'é- 
taient réfugiés  auprès  de  lui ,  avait 
enlevé  Arzendjan  à  l'émir  Taharten, 
et  se  disposait  à  poursuivre  ses  con- 
quêtes vers  rOncnt.  Mais  troublé 
par  le  bruit  des  succès  et  des  prépa- 
ratifs de  son  lival ,  il  eut  recours  à 
la  médiation  de  Taharten  lui*même , 
pour  obtenir  la  paix.  Tamerlan  ac- 
cueillit d'autant  mieux  ces  proposi- 
tions ,  qu'il  répugnait  à  combattre  un 
prince  devenu  la  terreur  des  Chré- 
tien^. Modéré  dans  ses  prétentions  , 
il  se  bornait  à  exiger  que  Bajazet  lui 
cédât  la  place  de  Kemak,  voisine 
d'Arzendjan,  et  qu'A  lui  livrât  Cara- 
Yousouf ,  mort  ou  vif,  ou  que  du 
moins  il  le  chassât  de  ses  états  :  (Ah- 
med-Djelaïr avait  quitté  l'Anatolie 
pour  se  rapprocher  de  Baghdad).. 


47« 


TAM 


En  atlnidaiit  In  réponse  du  mouar- 
que  uthoinan,  Tiniour,  campe  près 
cic  l'Arnxc,  y  faisait  creuser  un  canal 
de  navigalion  qui  avait  ëte'  comblé  , 
et  auquel  il  donna  le  nom  de  Nahr- 
Bcrlas.  En  même  temps  il  rassem* 
Liait  des  troupes  de  toutes  les  par- 
ties de  son  empire.  Ses  e'mirs , 
fatiguc's  de  la  guerre ,  lui  représen- 
tèrent que  les  astres  annonçaient 
de  funestes  présages  pour  la  nou- 
yellc  expédition  qu'il  voulait  en- 
treprendre. Aûn  de  ranimer  leur  cou- 
rage ,  il  fit  intervenir  son  astrologue 
qui ,  expliquant  d\ine  manière  favo- 
rable Tapparitioii  d'une  comète  vers 
roccident ,  déclara  qu'elle  ne  mena- 
çait que  le  sulthan  des  Turcs.  Ta- 
merlan  quitta  ses  quartiers  d'hiver 
le  i3  rcajeb8o4  (  i6  février  i4o'0> 
envoya  de  nouveaux  ambassadeurs  h 
Rijazet,  et,  dans  sa  marche  vers 
l'Anatolie ,  prit  le  château  de  Re- 
nia k.  Il  reçut  alors  du  sulthan ,  une 
réponse  pleine  de  hauteur  et  de  lier- 
té  :  il  n'eu  persista  pas  moins  dans 
SOS  propositions  pacifiques,  et  les  lui 
transmit  pour  la  dernière  fois,  fia- 
jazet  n'y  répondit  pas.  Avant  de 
congédier  les  ambassadeurs  de  ce 
])rince ,  il  leur  donna  le  spectacle  ef- 
frayant de  son  armée  ^  qu'il  passa 
en  revue  :  elle  était  de  huit  cent  mille 
hommes  ,  la  plupart  endurcis  à  tous 
les  climats.  Gomme  Bajazet  occupait 
la  route  de  Tokat  ,Timourprit  par  le 
midi  de  l'Anatolie ,  épargna  les  ha- 
bitants de  Césarée;  mais  s'empara 
de  toutes  leurs  moissons ,  et  arriva 
devant  Ancyre  ou  Angoura  ,  qu'il 
investit.  Il  était  sur  le  point  de  s'en 
rendre  maître  ,  lorsqu'il  fut  obligé  de 
lever  le  sicge ,  pour  s'oj» poser  au 
sulthan^  qui,  à  la  tête  dc<ju  itie  cent 
mille  hommes ,  venait  toinlwr  sur 
?50u  arrière-garde.  11  donna  le  com- 
mandement de  sou  aile  gaurltc  à  son 


t 


TAM 

fils  Chah-Rokhy  et  à  ses  petits-Gk 
Khalil  et  Houceiu  ;  celui  de  la  druile 
à  son  fils  Miran-Ghah  et  k  Aboà- 
bekr ,  l'un  des  fils  de  ce  dernier.  11 
laça  au  centre  son  petit-GIs  Mo- 
ammed-Sulthan ,  devant  lequel  on 
portait  pour  étendard  une  queue  de 
cheval  rougie,  surmontée  d'an  crois- 
sant j  et  qui  avait  sous  lui  les  prin- 
ces Pir^Mohammed ,  Omar,  luan- 
der,  etc.  Il  adjoignit  à  tous 
mirzas^  les  plus  nabiles  de  ses 
raux;  fortifia  son  front  d'une 
d'éléphants  qu'il  avait  amenés  de 
rinde ,  et  qui  portaient  des  toofSydi 
haut  desquelles  des  soldats  lançaiot 
des  traits  et  des  finix  gr^eois ,  et  se 
mit  à  la  tête  du  corps  oe  réMnc. 
fiajazet  occupait  le  centre  de  son  ar- 
mée, avec  ses  en£sints,  Moosa,  Isi 
et  Moustafa.  Son  aile  gauche  ëuit 
commandée  par  son  fils  SoKmaB 
Tchelebi ,  et  sa  droite  par  k  mé- 
pt  PesirlaSy  despote  de  Serrie ,  dont 
il  avait  épousé  la  sœur.  Sa  réMTfe 
était  sous  les  ordres  de  Mahomet ,  le 
plus  sage  de  ses  fils.  La  charigeMMUia 
à  dix  heures  du  matin ,  le  19  on  le 
27  dzoulkadah  804  (  18  ou  96  jni 
1402  ),  suivant  les  historiens  onoi- 
taux,  ou  le  a8  juillet,  suivant  la 
Grecs.  Les  Othomans,  ëpuiséi  dela- 
tigueet  de  soif,  résistèrent  cnTaîi 
à  l'impétuosité  des  Tartares  :  lems 
ailes  plièrent  bientôt  ;  la  mort  de 
Pesirias  ,  la  défection  d*une  par- 
tie des  troupes  de  Bajazet,  qui  pas- 
sèrent dans  l'armée  de  TameilaB  ^h 
disparition  de  Moustafa ,  l'un  de  ses 
fils ,  la  fuite  de  trois  autres ,  com[ilé- 
tèrent  la  déroute.  Bajazet^ posté sw 
une  émineuce ,  et  déployant  tue  va- 
leur inutile  ,  combattit  en  désespm, 
jusqu'à  ce  que  se  voyaut  attaqué pr 
Timour  eu  [personne  ,  et  cntonrf 
(l'eiiuemis ,  il  profita  des  tàicbrescif 
la  nuit  pour  leur  échapper.  Arrclc' 


TAM 

dans  sa  fiiilc  {F'q/.  Mahmoud-Sul- 
THAN-KiiAN  ),  il  fui  amené  au  camp 
des  Tarlarcs ,  pials  cl  mains  lies. 
Ta  merlan  allait  se  mettre  au  lit , 
lorsqu'on    lui  présenta   cet  illustre 
prisonnier.  Il  vint  au-devant  de  lui, 
ordonna  qu'on  brisât  ses  fers ,  le  fit 
asseoir  sur  son  lapis ,  cl  s'entretint 
familièrement  avec  lui.  On  prétend 
qu'il  ne  put  s'empêcher  de  rire  en  le 
voyant ,  non  pour  rinsulter ,  comjoie 
Je  croyait  Bajazet ,  mais  pour  lui 
faire  remarquer  la  bizarrerie  de  la 
fortune  y  qui  avait  mis  les  destinées 
du  monde  entre  les  mains  d'un  bor- 
gne et  d'un  boiteux.  Ensuite  il  le  con- 
sola de  la  disgrâce  qu'il  s'était  atti- 
rée par  son  obstination ,  lui  témoi- 
gna les  plus  graiuls  égards^  lui  don- 
na une  tente  particulière  et  lui  ren- 
dit son  fils  Mousa ,  qui  avait  été  fait 
prisonnier.  On  a  fort  exagéré  l'his- 
loij*c  de  la  cage  de  fer ,  sa  forme , 
son  usage,  ainsi  que  les  biuniliatious 
et  les  mauvais  traitements  dont  le 
vainqueur    acccibla    le  malheureux 
siiltlian.  Âpres   avoir  lu  ce  qu'ont 
écrit  à  ce  sujet    plusieurs   auteurs 
orientaux ,  nous  sommes  persuadés 
qu'on  ne  doit  pas  entièrement  rejeter 
ce  fait,  mais  qu'il  ne  faut  l'admettre 
qu'avec  des  modifications.  On  a  vu 
que  Taraerlan ,  loin  de  se  piquer  de 
générosité  envers  les  princes  vaincus, 
les  poursuivait  à  toute  outrance ,  et 
condamnait  ordinairement  à   mort 
ceux  que  le  sort  mettait  en  son  pou- 
voir. Toutefois  il  crut  avoir  des  rai- 
sons de  ménager  Bajazet  avant  et 
après  sa  victoire  :  il  promit  de  lui 
rendre    ses    états.    Mais   le   farou- 
che orgueil  du  sulthan  ,  ses   mena- 
ces ,    ses    accès   de  fureur  ,    obli- 
gèrent sou  vainqueur  à  le  resserrer 
[>Ius  étroitement,  et  à  le  faire  voya- 
j;er  probablement  dans  un   chariot 
giilic.  D'aiileius  fes  bons  procc'déa 


TAM  477 

de  Timour  ne  se  démentirent  pas  ;  et 
lorsfpi'au  bout  d'un  an ,  le  chagrin 
eut  causé  à  Bajazet  la  maladie  dont 
il  mounit, on leiit  restera  Ak-Schehr, 
où  les  médecins  les  plus  habiles  furent 
chargés  de  le  soigner.  La  victoire 
d'Ancyre ,  dont  Tamerlan  envoya  la 
relation  dans  toutes  les  provinces  de 
son  empire  ,  lui  soumit  l'Asie  Mineu- 
re entière.  Il  trouva  dans  Brousse  les 
femmes  et  une  partie  des  trésors  de 
Bajazet  :  il  y  mit  en  liberté  plusieurs 
Français  que  ce  sulthan  y  gardait 
prisonniers  depuis  la  bataille  de  Ni- 
copolis.  Il  congédia  deux  ambassa- 
deurs qu'Henri  III ,  roi  de  Castilie , 
lui  avaitenvoyés;  leur  remit  plusieurs 
princesses  espagnoles^  qui  étaient  cap- 
tives,   et  les  fit  accompagner  par 
un  musulman  ,  auquel  il  donna  des 
lettres  de  créance  pour  le  monar- 
que castillan.  Mécontent  de  l'empe- 
reur de  Constantinople  et  des  Génois 
établis  à  Fera ,  il  exigea  d'eux  un  tri- 
but, pour  les  punir  d'avoir  manqué 
au  traité  par  lequel  ils  s'étaient  en- 
gagés à  ne  point  fournir  aifx  Turcs  les 
moyens  de  passer  d'Europe  en  Asie, 
et  à  ne  pas  donner  asile  aux  fugitifs. 
Timour  séjourna  un  mois  à  Kqulayeh, 
et  y  célébra  ses  triomphes  par  des  fê- 
tes brillantes ,  tandis  que  ses  troupes 
dévastaient  l'Anatolie  jusqu'aux  ri- 
ves du  Bosphore.  Les  richesses  que 
renfermait  la  ville  de  Smyme  et  le 
désir  de  se  venger  des  Grecs,  le  dé- 
terminèrent à  assi^er  cette  place , 
qui  avait  résisté  sept  ans  aux  armes 
de  Bajazet.  Il  la  prit  d'assaut,  en 
quinze  jours,  à  la  fin  de  djoumadi  i^' . 
8o5  (fm  décembre  i4o''i)y  malgré  ^ 
la  bravoure  du  grand-maître  de  St.- 
Jean   de   Jérusalem  ,    Philibert  de 
Naillac  ,   et  de  ses  chevaliers.  La 
ville  fut  pillée,  rasée  entièrement;  et 
tous  les  habitants  qui  ne  purent  passe 
sauver  par  mer ,  furent  massacrés. 


47  H 


TAM 


Timoui'rrçul  alors  des  ambassadeurs 
de  Soliman  et  dMsa^  iUsdc  Bajazet. 
lla^i*ca  leurs  hommages  et  confirma 
le  premier  dans  la  souveraineté'  de  la 
Turquie  d'Europe.  Il  reçut  aussi 
les  soumissions  du  gouverneur  de  Ti le 
Scio.  Ayant  appris  la  mort  de  Baja- 
zet ,  n  donna  des  larmes  à  sa  mémoire, 
rendit  la  liberté  à  son  lils  Moiisa, 
lui  fournit  les  moyens  de  conduire 
honerablemcnt  le  corps  de  son  père 
à  Brousse ,  oùctaient  les  tombeaux  de 
ses  ancêtres  ,  et  Tétiblit  souverain 
tributaire  de  la  Turquie  d'Asie.  Quel- 

3ues  jours  après,  Tamerlan  eut  la 
ouleiir  de  perdre  son  petit-fils ,  son 
héritier  présomptif,  Monammed-Sul- 
than^  prince  déjà  célèbre  par  ses 
talents  et  ses  exploits,  qui  mourut  à 
Cara-Hissar,dans  sa  vingt-neuvième 
année.  lia  cour  et  Tarmcc  partagè- 
rent le  deuil  de  Tempereur.  On  brisa 
le  tambour  d'airain  du  jeune  mirza  , 
et  l'on  ne  monta  ni  chevaux,  blancs 
ni  gris.  I/arrivée  d'une  ambassade  du 
sulthan  d'Écypte  ,  qui  se  reconnais- 
sait vassal  de  Timour ,  avait  séché 
ses  larmes.  La  vue  des  de!ix  enfants 
de  sou  petit-iils  les  lit  couler  de  nou- 
veau, sans  exciter  toutefois,  dans 
son  amc  ,  aucun  remords  sur  lès 
maux  dont  il  avait  affligé  l'huma- 
nité, aucuns  mouvements  de  pitié  sur 
les  innombrables  familles  qu'il  avait 
privées  de  leurs  pères  ou  de  leurs  en- 
fants. Maître  de  l'Asie  -  Mineure  , 
vainqueur  des  Turkomans  et  des 
Tarlares  noirs,  qu'il  incorpora  dans 
son  année ,  Tamerlan  donne  à  son 
petit-fils  Abou-Bekr,  le  gouvernc- 
niful  de  Baghdad  ,  le  charge  de  re- 
bâtir cette  ville,  et  rentre  en  Géorgie, 
pour  punir  le  roi  George  qui ,  au 
lieu  do  se  rondreai  personne  au  camp 
impérial ,  y  avait  envoyé  son  frère 
(^.onstantin.  Dos  flots  de  sang  coulent 
cncoïc  dans  ce   malheureux  pays. 


TAM 

Les  églises,  les  monastères ,  sont  ra- 
vcrsés  ;  sept  cents  villages  sont  niinn. 
Enfin  Tamerlan  paraît  las  de  tuer  H 
de  détruire  :  il  accorde  la  paix  an  ni 
de  Géorgie,  moyennant  un  tribut 
annuel.  Il  fait  rebâtir  Baïlacan^jTÎIk 
depuis  lonç-temps  abandonnée ,  et  va 
passer  l'hiver  à  Carabagh  ayec  sca 
armée,  sons  des  cabanes  de  paîKr. 
11  y  reçoit  les  hommages  et  les  o 
pliments  de  condoléance  de  plusî 
princes,  et  de  l'imam  Berekê, 
ami ,  dont  la  mort  renouvelle  Uenldc 
ses  douleors.  Après  avoir  traTcné 
l'Araxe  et  donnd  au  mîrza  Omar. 
son  petit-fils  ,  l'investiture  de  b 
Perse  occidentale ,  et  des  autres  pro- 
vinces qui  avaient  formé  autrm 
l'empire  de  Houlagon ,  il  arriTe,a 
moharrem  807  (  juillet  t4o4)« 
dans  sa  résidence  impériale ,  qu'il 
avait  quittée  depuis  sept  ans  ;  il  7 
visite  les  mosquées ,  les  ooUœes ,  m 
hôpitaux  bâtis  pendant  son  aEscnce, 
donne  des  audiences  piiUiqncs  où  kms 
ses  sujets  sont  admis  à  lui  pràoUfî 
leurs  requêtes  et  leurs  plamlcs,  et 
fait  pendre  deux  magistrats  conm- 
sionnaires.  Il  reçoit  une  mmveHeaa- 
bassade  du  roi  de  Gasiille  qui,  entre 
autres  présents  ,  lui  envoyait  ta 
tapissenes  à  personnages ,  aiprtl 
desquels  les  chefs-d'œuvre  dn  pcia- 
tre  Many  auraient  para  difbhiMi* 
(  Fqy.  Manès).  Il  employa  lespbs 
habiles  ouvriers  de  la  Perse  cl  oc  h 
Syrie ,  a  la  construction  d*mi  magv- 
fiqiie  palais  dont  les  mors  înlârÎMn 
furent  revêtus  de  cnoankpies  et  de 
porcelaine.  Rien  ne  manquait  ii  h 
gloire  et  à  la  prospérité  de  Timov: 
en  Egypte  et  dans  la  plus  gmèt 
partie  de  l'Asie  ^  son  nom,  craint  cC 
respecté,  était  gravé  snr  les  aoa- 
nnies ,  préconisé  dans  les  mosqnées. 
Mais  depuis  long-temps  il  médilaîtane 
conquête  plus  importante,  celle  delà 


TAM 

sur  laquelle  il  élevait  des  prc- 
s  comme  allie'  à  la  famille  de 
yz-khan,  dont  les  descendants 
ieut  été  chasses  en  i3(i8  (  F, 
-woii  ).  Deux  ambassades 
vait  envoyées  au  fondateur 
ynastie  des  Ming,  en  i388 
> ,  le  tribut  ou  plutôt  les  pré- 
:  chevaux  et  de  chameaux  qu'il 
iflrir ,  et  même  une  lettre  dont 
ive  la  traduction  dans  le  tome 
j  Mémoires  sur  les  Chinois  , 
le  style  louangeur,  soumis  et 
ueux  contraste  singulièrement 
)  ton  habituel  et  la  brillante 
1  du  monaraue  tarlare;  ne 
t  être  rcgaraés  que  comme 
atagèmcs  dont  il  usa  pour 
r  la  défiance  de  l'empereur 
Chine ,  sur  ses  projets  ul- 
».  Mais  il  avait  besoin  de 
îr  les  chefs  ta  r  tares  ,  qui , 
expédition  précédente, avaient 
né  des  mécontentements.  Il 
ua.  donc  une  dicte  générale , 
•uvrit  par  des  fctcs  magnifi- 
auxquelles  donnèrent  lieu  les 
ie  six  des  mirzas  ses  petits- 
es  durèrent  deux  mois  en  tiers, 
admit  les  ambassadeurs  d'É- 
et  de  Castille.  Lorsqu'il  eut , 
moyen ,  disposé  favorable 
les  émirs  à  seconder  ses  pro- 
ies harangua,  et  affectant  une 
e  douleur  a'avoir  répandu  tant 
musulman ,  il  exhorta  ses  guer- 
oupablesdu  même  délit,  à  l'ex- 
allant  se  purifier  dans  le  sang 
inois  idolâtres  ,  et  en  élevant 
squées  sur  les  ruines  de  leurs 
s.  Son  enthousiasme  entraîna 
rs  :  on  mit  la  plus  graude.ac- 
ux  préparatifs  ;  ou  forma  un 
ie  deux  cent  mille  cavaliers 
,  commandés  par  les  chefs  les 
ibiles  ;  et  l'ardeur  fut  si  gran- 
on    n'a  (tendit    pas   le    prjn- 


TAM  479 

temps  (5).  Le  a3  djoumadi  i*^»".  807 
(  27  nov.  i4o4))  Tamcrian  sortit 
pour  la  dernière  fois  de  Samarkand  y 
où  il  avait  pris  à  peine  cinq  mois  de 
repos.  La  terre  était  couverte  de  neige. 
Plusieurs  de  ses  chevaux  et  de  ses  sol 
dats  périrent  de  froid.  Il  ne  laissa  pas 
de  continuer  sa  marche,  traversa  le 
Sihoun  sur  la  glace,  et  arriva  ,  le 
12  redjeb  ,  à  Otrar.  De  sinistres 
présages  annoncèrent  sa  fin  pro- 
chaine. Une  (lèvre  violente  l'obligea 
de  s'arrêter  dans  cette  ville ,  et  il  y 
mourut  le  17  chaban  807  (18  février 
i4o5  ) ,  âgé  de  soixante  -  onze  ans 
(soixante-neuf  années  solaires] ,  après 
en  avoir  régne  trente-six.  Tamerlan 
n'avait  eu  que  quatre  fils ,  dont  les 
deux  aînés,  Gallth-eddyn  Moham- 
med Djihanghir ,  et  Moezz-eddyn 
Omar  -  Cheikh  ,  moururent  avant 
lui.  Mohammcd-Sulthan ,  l'aîné  des 
deux  fils  du  pacmier ,  étant  mort 
aussi  ;  ce  fut  le  puîné ,  Pir  Moham  • 
med  Djihanghir^que  son  aïeul,  avant 
d'expirer ,  déclara  héritier  de  l'em- 
pire ,  dont  il  avait  démembré  pré- 
cédemment plusieurs  vastes  provin- 
ces, pour  en  former  des  aj)anages 
en  faveur  de  Chah-Rokb,  le  plus 
jeune  de  ses  fils ,  et  des  enfants  de 
ses  fils  Omar-Cheikh  et  Moezz-eddyn 
Miran-Chah.ll  montra  beaucoup  de 
résignation  et  de  piété  dans  ses  der- 
niers moments ,  donna  de  sages  avis 
aux  princes  de  sa  famille  qui  étaient 
auprès  de  lui,  et  regretta  de  ne  pouvoir 
embrasser  le  mirza  Chah-Rokh.  A 
sa  mort,  il  laissa    trente-six  fib» 


(5)  Le  bruit  d«  c«  formidable  Mrmament  ëlsit 
fiarveua  à  la  Chine ,  uîi  le  succMMiir  de  l'empr- 
leur  Houng-woa  avait  prit  toute*  les  inerares  néce»* 
•aires  de  défense  ,  lomqu'il  t  apprit  la  mort  de  Ta- 
merlan. Il  ne  laissa  pas  d'envoyer,  deux  an*  après, 
un  sceau ,  de  Pargetit  et  des  soieries  qu'il  lit  offrir 
Mir  le  tombeau  du  conquérant,  comme  un  témoi- 
gnage de  «a  coii»idération  pour  le  gendre  cii's  Vurn  ; 
et  cependant  le  monarque  chinoi»  ^tait  le  (ils  du 
prince  qui  avait  chas>ê  cette  dyi)aslie  uiougole. 


H9o 


TAM 


pclits-fils  et  arrière  petits  -  fils  vi- 
vants ,  aiusi  ([uc  dix-sept  princes- 
ces  :  mais  cetlc  nombreuse  postérité, 
loin  de  contribuer  à  radermissemcnt 
de  la  ])uissance  qu'il  avait  fondée  , 
fut  la  principale  cause  de  sa  ruine. 
I^a  vaste  monarchie  de  Tamerlan 
eut  le  sort  de  tous  les  empires  éta- 
blis par  la  violence  et  Tinjustice. 
Son  testament  ne  fut  pas  respec- 
te'. L'ambition  arma  ses  petits-lils 
et  sc^  principaux  capitaines  les 
uns  contre  les  autres.  Le  mirza  Kha- 
lil  disputa  le  trône  à  son  cousin  Pir- 
Mohammed-Djihangliir,  qui  périt  à 
Balkh  par  la  main  d'un  traître.  Les 
contrées,  subjuguées  par  Timour,à 
l'ouest  du  Tigre,  au  nord  de  l'Araxe, 
au  sud  et  à  l'est  diffSilioun,  recou- 
vrèrent leur  indépendance  (  F".  G  ar  a- 
YousouF,  MiR an-Chah, et  ausuppl. 
ÂHMED-DjELAin  ).  Mais  la  sagesse  et 
les  vertus  paciiiquesde  soniils  Cliali- 
RokL  retinrent  encore  pour  un  siècle, 
sous  la  domination  des  Timourides , 
la  Perse  entière ,  la  Transoxanc  et 
les  provinces  septentrionales  de  Tin- 
doustan  (  Foy.  Cuah-Rokh  ,  Vil  , 
et  aux  suppl.  ).  Eniin ,  lorsque  de 
nouvelles  aissentions ,  survenues  en- 
tre les  successeurs  de  ce  dernier 
prince  (  Voyez  0  u  l  o  u  g  h-B  e  i  g  , 
Mouammed-Mirza  et  âdou-Said  ) , 
curent  facilité  auxTurkomans  et  aux 
Ousl)eks  {Voy,  Ouzoun  -  Haç.an  et 
ScuAiBEK  )  les  moyens  d'enlever  la 
Perse  et  la  Transoxane  aux  descen- 
dants de  ïamerlan  ;  un  de  ceux-ci 
pénétra  plus  avant  dans  l'Inde,  et  y 
fonda  l'empire  Moghol  ou  Mongol , 
ainsi  nommcdc  la  nation  à  laquelle  ap- 
partenaitson  fondateur  (/'^  Bauour); 
empirequi ,  aprèsavoir  subsiste  deux 
siècles  avec  gloiri»  (Voy.  Akhbar  et 
Aureng-Zeib),  a  dcchu  rapidement 
de  nos  jours  (  Vo^'.  Mouammed  Xlïl 
et  XIV  ;  et  Cbau-Alem),  et  n'existe 


TAM 

plus  que  dans  nn  fantôme  de  souTf- 
rain  qui  siège  encore  siu*  un  troue  à 
Dehly ,  protège  et  pensionné  par  ks 
Anglais.  S'il  faut  en  cMiire  les  hûto- 
riens  persans  qui  ont  parlé  de  Ta- 
merlan ,  ce  prince  fut  le  modèle  des 
rois  et  des  conquérants;  et  nol  n'é- 
gala son  courage,  ses  talents,  sei 
vei-tus  et  ses  exploits.  Ceux  qui  ne 
lui  font  pas  un  mérite  de  ses  cnua- 
tcs ,  croient  que  Dieu  les  lui  a  pdu*- 
données  avant  sa  mort.  Un  anteor 
arabe ,  qui ,  seul ,  semble  s'être  atta- 
ché à  le  décrier ,  nous  en  a  tracé 
néanmoins  le  portrait  suivant  :  Ti- 
mour  avait  la  taille  haute ,  la  t^ 
grosse,  le  front  grand,  le  teint  bLoc 
et  jcoloré ,  la  physionomie  onverte , 
les  traits  réguliers ,  la  barbe  long*, 
la  voix  forte  et  claire.  Il  était  deifB 
accidentellement  boiteux  et  mandiot 
du  cote  droit.  Il  joignait  à  bcaneoup 
de  fermeté  d'esprit ,  une  constance 
inébranlable ,  une  grande  (tàiéln- 
tion ,  un  jugement  sain,  et  une  ^lîl^ 
d'à  me  qui  ne  se  démentit  jamais. 
Sobre  ,  actif  ,  intrépide  ,  vig»* 
lant ,  robuste ,  infatigable ,  3  dà» 
tait  le  mensonge;  il  estimait'b  In- 
voure  comme  la  qualité  lapluieMa- 
tielle ,  la  récompensait  UbéFakncBt 
dans  ses  soldats;  et  comme  3  hv 
donnait  lui-même  rescmple  dn  en- 
rage ,  il  savait  à-la-fois  s'en  lut 
craindre,  aimer  et  respecter.  Le  wè- 
mo  historien  lui  reproche  d^avair 
préféré  le  code  de  DjenghyxKhiaà 
a  loi  de  Mahomet.  Le  père  Catrw 
croit  (fue  Tamerlan  penchait  pov 
le  christianisme;  d'iierbelot  peofe 
qu'il  favorisait  l'islamisme  ;  et  Vol- 
taire avance  qu'il  admettait  la  tolé- 
rance universelle  pour  tontes  ks  R- 
ligions.  Ces  diverses  opinions  soal 
pins  on  moins  erronées.  Tinonr 
suivait  le  code  civil  et  luilitaiie  de 
Djcnghyz-khan,  auquel  il  ne  panit 


i: 


TAM 

bit  de  notables  change- 
on  ne  peut  douter  qu'il 
itablement  soumis  à  la 
Boran ,  puîs^'il  l'intro- 
ses  états,  suivant  une 
fils  Cbah-Rokli  à  l'em- 
I  Chine  (6).  Cependant 
irait  la  secte  d'Aly  ou  des 
{u'il  faisait  la  guerre  &u 
Tempire  Othoman  et  au 
gypte ,  qui  professaient 
usulmaues  orthodoxes  ; 
où  Ton  était  alors  en 
les  mœurs  ,  les  usaces  et 
de  rOricDt ,  et  qudques 
lamerlan  avec  des  prin- 
s  y  relations  où  la  politi- 
lëre  plus  de  part  que  la 
ent  croire  qu'un  monar- 
montrait  l'ennemi  des 
î ,  devait  être  l'ami ,  le 
.u  christianisme.  Le  seul 
cruautés  en  Géorgie  eût 
ntraire,  dans  un  siècle  où 
le  communication  entre 
cuples  auraient  été  plus 
lour  affectait  même  un 
onr  l'islamisme ,  une  at- 
puleuse  à  en  observer  les 
était  toujours  entouré  de 
noliahs^  visitait  les  saints 
,  les  pieux  solitaires,  etté- 
rtout  beaucoup  de  respect 
nistres  de  la  religion  et 
cendauts  du  prophète.  Il 
L  jamais,  à  la  veille  d'un 
ordonner  des  prières  pu- 
il  passait  lui-même  pres^ 


I  de  Chalt-Rokh  ne  doit  pas  ^e 
mrat  à  la  lettre.  Arant  Taraerlan , 
Mongols  ,  tant  du  Kaptcfaak  et  de 
a  Diagataî ,  ayant  emoraMé  l'isla- 
t  introduit  dans  leurs  états.  Mais 
que  tous  leurs  sajeta  n'avaient  pas 
pie ,  et  que  ce  ne  fut  qa'aprjn  la 
rois  empires  sous  la  puissance  de 
le  raabométismc  fut  grn«=mleuieBt 
abli  parmi  les  Tarlarcs  Mongol* ,  à 
cnv  qui,  rhnssô  deja  Chine,  con- 
ter les  conlrm  toitines. 

LLIV. 


TPAM  1|8i 

que  tonte  la  nuit  en  oraisons  et  en 
méditation ,  la  face  prosternée  contre 
terre,  dans  un-com  de  sa  tente. 
C'est  à  sa  conduite  exemplaire ,  c'est 
à  sa .  réjçutation  de  .samteté.  que 
lesbistoriens  nmsnhnans  attriDnent 
ses  triomphes  sur  Bajazet  j  dont 
la  momie  et  la  religion  étaient  fort 
relâchées.  Des  prédictions  favora- 
bles annonçaient  ordinairement  les^ 
entreprises  de  Timour.  Soit  qa*il 
eût  la  faiblesse  de  croire  aux  sciences 
occultes  ^  soit  qn'il  feignît  d'y  a^u- 
ter  foi,  il  semblait  attacher  beau  « 
eoup  d'importance  à  ces  prophéties  • 
au'u  jufieaitutilesàraecomphssement 
ae  ses  desseins.  On  le  regardait  et  il 
se  regardait  probablement  lm<4n£me 
comme  un  mstrument  dont  Dieu  se 
servait  pour  châtier  les  tyrans  y  les 
princes  mjustes,  et  lesnations  Musul- 
manes qui  s'abandonnaient  k  la  dis- 
solution et  à  l'impiété.  On  l'appdait 
Mùueyà  mm  -  ôÛTt^^a^  (  l'invisible 
par  la  grâoe  de  Dieu  ).  On  disait 
qu'une  lumière  céleste  se  reposait  sur 
w%  épaules  ,  lorsqu'il 'livrait  bataille 
à  ses  ennemis.  Aussi  ses  entreprises 

Sassaient-elles  pour  des  inspirations 
'en  haut ,  et  ses  actes  d'inhumanité 
pour  des  décrets  de  la  Providence. 
Il  n'est  donc  pas  étonnant  qn'imbu 
ds  ces  idées,  Timour  y  à  l'exemple 
de  Djengbyz-Khan ,  ait  aspiré  à  k 
monaixbie  universelle  :  c'était^  son 
unique  passion.  La  terre ,  disait-il  y 
ne  doU  avmr  qu!un  maître ,  comme 
il  n'jr  a  qu'un  Dieu  dans  le  ciel:  et 
qu'est-ce  que  la  terre  Offee  tous 
ses  habitants  pour  Vamèition  tTun 
grand  prince  ?  Il  était  intimeBient 

{>ersuaaé  ^e  des  états  déchirés  par 
es  dissensions  intestines^  des  peuples 
écraaés  par  un  gouvernement  oppres- 
sif^ ne  pouvaient  être  heureux  ^'en 
passant  sous*  sa  domination.  Mais  les 
obstacles^  la  râistonOe  irritèrent  ton 

5i 


482  TÂM 

caractère  naturellement  irascible ,  et 
le  rendirent  cruel.  Tel  fut  le  principe 
de  son  insatiable  ambition  ;  telles  fu- 
rent les  causes  de  ses  continuelles  et 
sanglantes  guerres,  de  ses  longues  dé- 
vastations ,  de  ses  massacres  épou- 
vantables. Il  faut  en  conclure  que  si 
Tamerlan  fut  un  grand  guerrier ,  un 
conquérant  fameux ,  il  fut  aussi  un 
très-mauvais  roi  ;  car  il  est  douteux 
que  le  but  qu'il  se  proposait  ait  été' 
souvent  atteint.  Son  gouvernement , 
à  la  vérité,  était  ferme  et  vigoureux; 
mais  son  plan  d'administration  fut 
vicieux.  Les  divers  commandants 
qu'il  établissait  dans  les  pays  con- 

Suis,  étaient  en  même  temps  oHîciers 
e  justice  et  receveurs  des  deniers 
Sublics.  Cette  étrange  cumulation 
onnait  lieu  aux  abus  les  plus  criants. 
Tamerlan  croyait  y  obvier  en  pla- 
çant auprès  de  chacun  de  ces  fonc- 
tionnaires un  kotoul  ou  successeur  , 
qui  n'en  était  véritablement  que  l'es- 
pion et  le  délateur.  Mais  un  pareil 
système  de  politique ,  en  instruisant 
le  souverain  de  tout  ce  qui  se  passait 
dans  ses  états  ^  devait  l'exposer  à 
commettre  un  grand  nombre  d'injus- 
tices. Il  les  ré})arait  souvent  par  sa 
sévérité  :  il  eût  mieux  valu  les  em- 
pêcher par  sa  prévoyance.  Le  mal 
était  cependant  moins  grand  qu'il  ne 
l'aurait  été  sous  un  prince  moins 
éclairé.  Quels  désordres  d'ailleurs  ne 
devait  pas  entraîner  son  excessive 
libéralité  pour  les  braves  ^  lorsqu'il 
accordait ,  à  eux  et  à  leurs  descen- 
dants jusqu'à  la  septième  génération, 
le  singulier  et  dangereux  privilège  de 
ne  pouvoir  être  poursuivis  pour  au- 
cun crime,  à  moins  de  l'avoir  commis 
neuffoisPTimournejoignaitdoncpas, 
au  talent  de  subjuguer  les  hommes, 
comme  le  dit  son  panégyriste,  Tart 
de  les  rendre  heureux  :  eflroi  de  ses 
ennemis  ^  idole  de  ses  soldats  ,  on 


TÂM 

peut  douter  qu'il  ait  été  le  père  de 
ses  peuples.  Toutefois  ^  il  transporta 
dans  la  Traasoxane  les  trcfsors  de  la 
Perse,  de  l'IiidoustaD ,  de  la  Syrie  et 
de  l'Asie-Mineure.   Samarkand ,  où 
il  tenait  une  cour  brilla nte,  fut,  sou 
son  règne ,  la  ville  la  plus  florissantr 
de  l'Orient.  Il  y  attirait  les  savants, 
les  gens  de  lettres ,  tes  artistes  ks 
plus  célèbres.  Il  leur  accordait  cnr 
eénéreuse   protection ,   s'entreteotit 
familièrement  avec  les  premiers ,  et 
employait  les  seconds  aux  embellisBe- 
ments  de  sa  capitale  et  de  la  ville  de 
Kesch,  où  il  était  né.  Mais  borsdr 
la  Transoxanc,  ou  ne  cite  que  lo 
places  et  les  monuments  qu'il  a  it- 
truits ,  et  fort  peu  de  ceux  qu'il  a  fon- 
dés. Les  Tartares  même  de  eeCte  con- 
trée y  qu'il  enrichit  pour  la  iptraAn 
fois ,  sont  bientôt  après  devcnns  aussi 

{)auvres^'auparavant.  Timov,  im 
a  vie  privée ,  n'était  plus  le  broacke 
conquérant  <,  le  fléau  de  llnrnuBité; 
il  déposait  l'orgueil  du  trône  ^  et  se 
montrait  sensible  à  l'amitiëy  à  la  re- 
connaissance ,  à  tous  les.  satDicBts 
de  la  nature.  Constant  dans  ses  affec- 
tions ,  il  conserva  la  plupart  de  ses 
ministres ,  de  ses  capitaines,  jvqn'à 
leur  mort  y  et  transmît  k  leurs  ci* 
fants  les  charges  et  les  dioiitn  dont 
ils   avaient  été  revêtus.  Il  ne  pa- 
raît pas  qu'abusant  des  délices  ôi 
harem ,  il  y  ait  rasscmbkf  ce  wmi 
nombre  de  concubines,   qui  fome 
une  partie  du  faste  des  monaïqMS 
de  l'Orient.  11  avait  quelques  éponso 
légitimes,  toutes  filles  de  rois  m 
de  grands  seigneurs.  L'une  d'dks, 
selon  les  auteurs  chinois ,  avait  pour 
père  le  dernier  empereur  de  la  Qii- 
ne  ,  de  la  dynastie  mongole  on  des 
Yuen»  Il  leur  témoignait  des  ^puds, 
de  la   confiance  ^    et    les    laissait 
jouir  de  beaucoup  de  liberté,  de 
considération  et  de  crédit.  Jamais 


TAM 

les  plaisirs  ne  le  détoiirDaient  de  ses 
devoir»    Union  prince,  disait-il, 
n'a  jamais  assez  de  temps  pour  ré- 
gner et  pour  travailler  au  bonheur 
des  sujets  que  h*  Tout -puissant  lui  a 
confiés    comme    un    dépôt    sacré. 
J'en  ferai  ma  principale  occupa- 
tion ^  pour  (pi  au  jour  du  jugement 
dernier ,  les  pauvres  ne  tirent  pas 
le  pan  de  ma  robe  ,  en  criant  ven- 
geance contre  moi.  11  ne  connaissait 
a  autres  délassements  que  la  chasse 
et  le  je:i  d'échecs ,  qu'il  avait  per- 
fectionne et  compliqué ,  afin  de  se  re- 
présenter plus  iidèleraent  les  évolu- 
tions dos  soldats,  et  d'occuper  son 
esprit  d'une  manière  plas  intéressau- 
tc  et  plus  conforme  à  sa  passion  do- 
minante. 11  ne  voulait  pomt  qu'on  se 
permit  en  sa  présence  des  bouffon- 
neries triviales ,  ni  qu'on  s'entretînt 
de  brigandages ,  de  meurtres  et  de 
viols  ;  mais  il  aimait  à  entendre  la 
vérité  ,  et  n'était  point  eimemi  de  la 
bonne  plaisanterie.    Un    jour   qu'il 
était  au  bain  avec  plusieurs  seigneurs, 
il  proposa  pour  divertissement  d'es- 
timer ce  que  valait  chacun  des  assis- 
tants. Un  poctp (Ahmed  Kermaui ,  ou 
Baba  Sa  wdai)  qui  se  trouvait  au  nom- 
bre des  courtisans,  fut  chargé  du  rôle 
d'appréciateur,  dont  il  s'acquitta  avec 
beaucoup  d'esprit.  Et  moi,  dit  Ta- 
merla  n ,  combien  m' estimerais-tu? — 
Trente-cinq  aspres,  répondit  le  pri- 
scur.  Comment!  reprit  le  monar- 
que, c'est  ce  que  vaut  la  serviette 
que  j'ai  autour  de  moi,  —  C'est 
aussi  à  cause  de  la  serviette ,  répli- 
qua le  poète,  que  je  vous  ai  mis  à 
ce  prix.  Loin  de  s'olï'enser  de  cette 
>lais:«nteric.  Ta  merlan  fit  au  rail- 
eur    un    ])résent    considérable.   La 
plupart  des  priucrs  de  l'Orient  cul- 
tivent la  poésie  ;  Timour  ne  leur  res^ 
semblait  pas.   Dans  sa  première  ex- 
pédition   contre  Ikghdad  ,  ii  reçut 


}: 


TAM  483 

une  pièce  de  vers  que  le  sulthao 
Ahmed-Djelaïr  lui  adressa  pour  le 
délounier  de  son  entreprise.  Pldi  à 
Dieu  ,  s'écria-t-il ,  que  j'eusse  ap» 
pris  à  composer  des  vers  ,  pour  ré- 
pondre  sur  le  même  ton  au  suUhan 
de  Baglidad!  11  fut  obli|;é  de  char- 
ger de  sa  réponse  son  fils  Miran-chah. 
Le  sceau  et  les  monnaies  de  ce  conqué- 
rant portaient  trois  cercles  rangés 
ainsi  «o» ,  avec  cette  devise  :  Rasti 
Rusti  (  vérité ,  salut  ).  La  devise  a 
quelque  rapport  avec  le  38*.  verset 
de  l'évaugile  selon  saint  Jean  :  quant 
aux  trois  cerclcs,ilsne  pouvaient sienî- 
fier ,  comme  on  l'a  dit ,  que  Tamenan 
étiit  maître  des  trois  parties  du  mon- 
de, puisqu'il  ne  possédait  pas  même 
l'Asie  entière;  mais  plutôt  que  sa 
domination  s'étendait  sur  trois  cli- 
mats (6).  Le  corps  de  Timour,  em- 
baume, renfermé  dans  un  cercueil 
d'e'bène,  avait  été  inhumé  à- Samar- 
kand ,  sous  un  dôme  magnifique , 
dans  le  même  tombeau  que  Timam 
Bereké,  suivant  ses  intentions,  afin^ 
disait-il ,  qu'au  jour  du  jugement , 
mes  .mains   suppliantes  implorant 
l'assistance  d'un  intercesseur  y  puis- 
sent tenir  la  robe  de  cet  enfant 
du  prophète.  Trois  siècles  après  , 
cette  sépulture  fut  violée  par  un  au- 
tre conquérant   plus  avide  ,  aussi 
'  cruel ,  mais  moms  célèbre ,  moins 
habile  ,  et  surtout  moins  pieux.  Na- 
dir-Chah ,  roi  de  Perse ,  se  trouvant 
à  Bokhara ,  et  ayant  su  que. la  ]lier- 
re  sépulcrale  de  Timour  passait  pour 
un  objet  curieux  (7) ,  ordonna  ae  la 

(6)  Lm  i^éugraphn  oriinilaui  dirûtoA  )«  terre  en 
nrpt  i-liniAlM  on  lonos  qui  f 'rfpudent  du  nord  «u  sud. 
L  rmpire  de  Tutorrlan  pouvait  bien  canprmdrr  la 

^ilus  Ki'and^'  partir  d<'»  n'irions  ailuees  en  Afie,  »oas 
ef^  3*.  ,  4*.  *t  S*,  eliinafs. 

(7)  Suivant  Alidool-Kerym  {yorifiede  VlmAr  à 
In  Mekkr,  traduit  par  Laiigir* ,  io-i8.  pnKR4^)» 
on  prrlmd  qnc  c'était  nn  bi'v.oard,  matière  que 
ïrt  oriculaux  ra-'f^ent  an  nombi^  de*  pierre*  prc- 
rteu»eii  (  f'oj.  TkiFA^CHY  )  :  c'était  peul-»'trr  une 
table  lurmée  d'an  frMud  noMbre  de  be»uar«U. 

3i... 


m 


TAM 


transporter  à  Mcschchd,  avec  ha 
portes  d'airain  du  colle'gc  annexé  an 
tombeau  :  mais  en  la  levant  on  la  cassa 
en  quatre  morceaux,  que  Nadir  fit  ren- 
voyer à  Samarkand  {F,  Nadir).  La 
vie  de  Tamerlan  a  exerce  la  plume 
^e  plusieurs  écrivains.  L'histojre  la 
plus  complète  et  la  plus  exacte  de 
cet  homme  extraordinaire ,  quoique 
commandée  par  un  de  ses  petit-fils , 
est  celle  que  Cheryf-eddyu  Aly  de 
Yezd  a  écrite  eu  persan ,  sous  le  titre 
de  Zafar  ou  Dhafer-Nameh  (  le  livre 
de  la  victoire  ) ,  et  dont  la  traduction 
française ,  par  Fr.  Petis  de  La  Croix, 
est  intitulée  :  Histoire  de  Tiniur 
Bec,  etc.  On  ne  peut  reprocher  à 
l'auteur  pei-san  ,  que  d'avoir  conti- 
nuellement encensé  son  héros  ,  et 
d'avoir  loué  jusqu'à  ses  cruautés  et 
ses  violations  du  droit  des  gens  (  F. 
Cherif-eddyn  et  Petis  de  la  Croix). 
Celte  histoire  a  été  copiée  et  abré- 
gée par  Mir-Khond ,  Khondemir  et 
les  autres  historiens  persans.  Celle 
qu'Ahmed  ibn  AralvChah  a  dounée 
en  arabe ,  ne  mérite  pas  le  même  re- 
proche. Syrien,  et  sujet  du  sulthau 
d'Éçypte ,  l'auteur  n'a  vu  dans  Ta- 
merlan qu'un  ennemi ,  qu'un  héréti- 
que ,  que  le  dévastateur  de  sa  patrie , 
l'incendiaire  de  Damas:  et  dans  son 
fh\e  religieux  et  patriotique ,  il  ne  le 
traite  que  de  monstre ,  de  tyran ,  de 
fléau  au  genre  humain,  et  semble 

S  rendre  à  tâche  de  l'avilir  et  de  le 
éerier.  Si  son  emportement  est 
louable',  sa  véracité  ne  peut  cire 
que  suspecte.  Cet  ouvrage  a  été  mis 
en  français,  par  Vattier,  sous  ce 
titre  :  Histoire  du  grand  Tanter- 
lan  ,  traduite  de  l'arabe  ,  du  fils  de 
Gueraspe ,  Paris ,  iG58  ,  in-4**. ,  et 
par  Manger,  en  latin  (  Fqx*  Abab- 
CHAH).Nezmy  Zadeh  Efcndy  a  écrit 
en  turc  une  Histoire  de  Timour  ,im- 
primée  à  Coostantinoplc,  ou  17^5, 


T4M 

sous  le  titre   de   Tarikk^Timaur. 
Quoique  ce  soit  une  version  de  l'ou- 
•  vraçe  précédent,  elle  doit  être  im- 
partiale ,  à  en  juger  par  une  histoi- 
re de  Baghdady  où  cet  auteur ,  dans 
le  peu  qu'il  dit  du  conquérant  tartarr 
et  de  Bayazid,  rapporte  la  maladie 
et  la  mort  du  smtlian ,  sans  faire 
mention  de  la  cage  de  1er  (  Fqjr, 
Nezmt  ).  Le  poète  persan  Ahmisl 
Kermani,  est  auteur  d'une  histove 
de  Timour ,  en  vers ,  intitulée  ;  Tt- 
mour-Namèh.  On  a  publié  une  cov- 
te  histçire  de  Tamerlan,  sous  œ  ti- 
tre :  Magni  Tamerlani  Sçythêmim 
imperatoris  Fita  j  à  Pctro  Penih 
dino  Pratenseconscripta,  Florentîae, 
1 553 ,  in-8<>.  de  54  pag.  H  existe  m 
espagnol  :  Historia  delgran  Tamer- 
lan^y  relacion  delviage  jr/amamuh 
on  de  la  ambaxada  que  Gimze^z 
le  hizOyttc.y&ï  Sevilla,  i58ayin-faL; 
rare  et  curieuse,  h^ Histoire  duercni 
TamerlaneSjOÙsont  décriiestesm- 
contres ,  batailles ,  etc. ,  dsawU  son 
règne  de/^o  àSo  ans ,  tirée  âesmo- 
numents  antiques  des  Arabes,  pr 
Jean  du  Bec ,  abbé  de  Mortenwr  et 
de  Ponterou,  Lyon,  1602,  i»^., 
est  un  ouvrage  apocryphe ,  «fijo^ae 
l'auteur  cite  un  prétendu  Al  naon, 
dont  il  dit  avoir  fait  Iradnire  le  ma- 
nuscrit pendant  ses  voyages  an  L^ 
vant.On  a  aussi  :  Timur,  vnigb  Ta- 
merlanes,  par  J.  H.  Boeder, Stras- 
bourg, 1657  ,  in-4^.  ;  Porinii  du 
grand  Tamerlan ,  traduit  par  Vat- 
tier, Paris ,  i658,  i&-4®.  oainctvoB 
a  donné  une  Histoire  du  grand  Ta- 
merlan ,  traduite  sur  les  origiaauz , 
Paris ,  i6'77,  in-ia.  C'est  un  tissu  de 
fables  et  danacLrooismes.  L'auteur  j 
suppose  que  Timour  a  conquis  la  Chi- 
ne et  l'Egypte ,  qu'il  nrot^eait  les 
Chrétiens ,  etc.  EnGn,  le  P.  Btsmt^ 
jésuite ,  a  publié  VHistoire  de  Ta- 
merlan, empereur  des  ITofolv,  et 


TAM 

conquérant  de  l'Asie,  Paris,  1759^ 
•2  vol.  iu- 12.  Cet  ouvrage,  générale- 
ment mieux  écrit ,  et  plus  exact  que 
le  préccdent,  est  annonce  comme 
le  re'sume'  des  histoires  de  Cherif- 
cddyu  etd'Ibn  Arab-Chah,  que  l'au- 
teur  paraît    avoir    eu    rintcntion 
de  concilier  :  mais  il  contient  aussi 
im  grand  nombre  de  méprises ,  et 
même  des  épisodes  romanesques  évi- 
demment controuvés  ,  tels  que  la 
conspiration  et  la  mort  de  Mirza- 
Omar-Cheikh ,  faussement  accusé  par 
une  sultbane  dont  le  supplice  expia 
le  crime;  le  mariage  de  Miran-Gbah 
avec  une  prétendue  régente  du  royau- 
me d'Hormuz  ;  le  couronnement  de 
Pir  -  Mohammed  Djihanghir  à  Gol- 
coude  et  à  Dehly,  etc.  On  s'aperçoit, 
d'ailleurs ,  que  le  P.  Margat  est  ab- 
solument étranger  au  sujet  et  à  la 
matière  qu'il  traite.  On  crut  même, 
dans  le  temps ,  que  l'auteur  avait  eu 
l'intention  d'y  caractériser  des  traits 
et  des  personnages  du  règne  de  Louis 
XV ,  ce  qui  causa  beaucoup  de  bruit 
et  lit  mettre  le  livre  à  l'index.  On  at- 
tribue à  Tamerlan  un  Traité  de  po- 
L'tique  et  de  tactique,  écrit  en  langue 
mongole ,  et  adressé  par  lui  à  ses  en- 
fants ,  comme  une  sorte  de  testament. 
Ke  titre  de  Mémoires  conviendrait 
mieux  à  cet  ouvrage ,  où  les  motifs 
et  le  récit  des  principales  actions  de 
sa  vie  se  trouvent  mêlés  à  des  règles 
qu'il  trace  poqr  l'administration  de 
ses  vastes  états.  On  y  remarque  de 
sages  maximes  que  sa  conduite  a  trop 
souvent  démenties.   Il  a  été  traduit 
en  persan  par  Abou-Thalebal-Hocei- 
ny.  Celte  version ,  dont  le  manuscrit 
est  la  seule  preuve  existante  du  livre 
de  Timour,  a  été  publiée  en  1783, 
avec  des  notes ,  par  M.  White  ;  et 
M.  Davy  y  a  jomt  une  traduction 
anglaise.  C'est  d'après  ces  deux  ver- 
sions que  feu  Langlès  a  donné  les 


TAM  485 

Instituts  politiques  et  miliUUres  de 
Tamerlan,  avec  une  "Vie  de  ce  con- 
quérant, despotes  et  des  Tables  his- 
toriques et  géographiques  ,  Paris, 
1787 ,  in -80.  Quoique  l'authenticité 
de  l'origine  première  de  cet  ouvrage 
ne  nous  semble  pas  suffisamment 
constatée,  nous  sommes  assez  portés 
à  croire  que  Timour  peut  bien  en  être 
l'auteur.  On  y  reconnaît  le  style  sec, 
dur  et  impéri«ix  d'un  despote  de 
l'Orient.  Un  autre  fait,  qui  vient  à 
l'appui  de  notre  opinion  ,  c'est  que 
deux  empereurs  de  l'Indoustan ,  is- 
sus de  Tamerlan,  ont  écrit,  et  sans 
doute  à  son  exemple  ,  des  Com- 
mentaires ou  Mémoires  (  Foqt,  Ba- 
BOUR  et  Akjbbar).  Il  existe ,  aux  ar- 
chives du  royaume ,  une  Lettre  de 
Tamerlan  ,  écrite  en  persan  et  adres- 
sée à  Charles  VI,  roi  de  France.  M. 
Silvestre  de  Sacy ,  dans  un  Mémoire 
lu  à  l'Institut ,  le  3  juillet  181:1 ,  a 
reconnu  que  cette  pièce  porte  tous 
les  caractères  d'autheotieite ,  malgré 
la  simplicité  du  style  et  des  formes 
extérieures ,  malgré  la  nécligence 
de  l'écriture  et  l'absence  de  tous 
les  ornements  employés  dans  les 
correspondances  des  monarques  de 
l'Orient  :  mais  ce  savant  a  démontre 
que  la  traduction  latinede  cette  pièce 
est  l'ouvrage  d'un  missionDaire(  Jean, 
archevêque  de  Sulthauieh ,  de  l'or- 
dre des  frères  prêcheurs),  qui, étant 
porteur  de  la  lettre ,  y  fît  des  ana- 
chronismes  et  des  interpolations, 
afin  de  s'attirer  plus  de  considéra- 
tion et  de  donner  plus  d'importance 
à  la  mission  dont  il  se  disait  chargé; 
que  cette  mission ,  dont  les  chroni 
ques  du  temps  ont  parlé  comme  d'u- 
ne véritable  ambassade,  n'avait  pour 
objet  ni  la  politiqne  ni  la  religion,  et 
se  boniait  à  une  lettre  de  recomman- 
dation sollicitée  par  celui  qui  en  était 
porteur;  enfin  que  la  traduction  latine 


486  TAM 

d'une  Lettre  du  mirza  Miran-Ghah  , 
iointe  aux  deux  autres  pii'ces ,  mé- 
rite sans  doute  les  mêmes  repro- 
ches; mais  que  rarchcvéque  Jean 
en  garda  probablement  l'oiiginal 
persan ,  pour  s'en  faire  un  titre  a'in- 
ti'oduction  dans  quelque  autre  cour 
de  TEiu-ope  (8).  I^e  be'ros  tartarc 
aurait  dû  exercer  la  verve  des  poè- 
tes dramatiques  ;  cependant  nous  ne 
coimaissons  que  Mark>o,  qui  ait  don- 
ne' en  anglais  une  tragédie  du  Grand 
Tamerlan ,  ou  le  Bercer  scjrthe  , 
fondée  sur  l'opinion  que  l'on  avait 
alors  de  l'origine  de  ce  conquérant. 
En  France,  Pradon  Ta  mis  en  scè- 
ne dans  sa  tragédie  de  Tamer- 
lan^ ou  la  Mort  de  Bajazet  ,  le 
moins  mauvais  de  ses  ouvrages  après 
Régulas.  Ce  sujet  a  (;té  traité  aussi 
sous  le  titre  de  Bajazet  /'''".  par  le 
chevalier  Paccaroni.  Tamerlan  , 
opéra  en  quatre  actes  ,  par  Morel  , 
musique  de  Winter,  a  été  représenté 
à  rAc.jdcmie  royale  de  musique,  en 
i8o'j,  et  remis  sur  le  même  théâtre 
en  i8l5.  A — t. 

TA  MI  M  ou  Temym  ,  sixième 
prince  de  la  dynastie  des  Ze'irides , 
Badisides  ou  Sanhadjides  ,  fut  le 
successoiir  de  son  père  Moezz ,  Tan 
453  de  rhég.  (  1061  de  J.-C.  ), 
sur  le  trône  de  l'Afrique ,  ébranlé 
par  l'invaiion  des  Arabes  (  f^ojy, 
Moezz  )  et  par  l'insubordination 
des  grands,  qui  avaient  plongé  l'état 
dans  l'anarchie.  Tamim  soumit  les 

(f»')  L'auliMii-  Ar  rel  article  a  rcrurilli  aux  archi- 
\r^  tlu  iiiiiiUli-ri>  df«  niliiiro  i  lraii|;iTcs,  ^■{  tbii» 
divfr*e«i  r<-l»lioii«»  dr  vu\aj;i's,  |»luj»imi>  eiriiiplr* 
{tarrils    d'iiii|>i>sliiifs    4li|ilumuliqiie»  ,    roinuiikp* 

5 MI-  ce*  iiilri;.'aiilk,  ipii  s'cri^fMiciit  i:ii  ambuNSM- 
Inir^  tlMt*  dinV-rniti-*  coins  dci'A<ic  .  Irnil  i>nHr 
latitfairu  uji«*  vHiiic  ^lui-iolv,  «lue  [mur  jniiir  di} 
l'indfunilf'iittaclM-r  nu  lilie  «jii'ils  nMiri)Rieiit.  L<*M 
lomicre»  ijue  rLuropc  doiL  aux  jiroKrrv  de  l'alud* 
des  luDguea  iirimtule.i.  l'fiidrnt  iuipussililm  aa'|our- 
d'hui  ce4  hontrtitev  iu|><'rrki'rii-k.  IjB  IrtiJucUcm 
chÏDUÎM!  de  la  Letire  lie  Taujrrian  à  lj'eui|>crcur 
'    Houhr-Wou,    titi'c,  |»agr '|7n,  ci-dr«»u»,    diftere 

Ei!ut-«lrc  «ncore  plu»  d«  rongimil  que  la  Tcnion 
itiuc  de  M  letlri-  à  Charlra  VI. 


TAM 

villes  de  Safacas  et  de  Sous;  mais 
pour  réduire  Naser  ou  Nasrowia,  qui 
s'était  emparé  de  Tunis  et  de  Kai- 
ro  wan ,  il  eut  recours  À  l'une  des  deux 
tribus  arabes  qui  dérastaieut  l'Afri- 
que ;  et  il  dut  la  victoire  aux  troupes 
qu'il  en  reçut,  non  moins  qu'à  la  dé- 
fection de  l'autre  tribu ,  nui  abandon- 
na les  étendards  du  rebelle  le  jour  de 
la  bataille.  Les  drapeaux  et  les  tam- 
bours des  vaincus  furent ,  pour  Ta- 
mim ,  l'unique  fruit  d'une  Yictoire  ^m 
augmenta  la  puissance  de  ses  enne- 
mis. II  parvint  néanmoins  à  rétablir 
ses  affaires ,  et  reprit  Tunb  et  Kai- 
ro^van,  l'an  4^8  (  1066).  Quelque 
temps  après ,  il  envoya  une  flotte  et 
une  armée  en  Sicile  y  sous  les  ordres 
de  sts  fils  Ayoub  et  Afy,  pour  s*«»- 
poser  aux  progrès  des  Normaiids.  Ils 
débarquèrent,  l'un  k  Palerme,  Tan- 
tre  à  Girgenti  (  Agrigente  ) ,  où  ib 
réunirent  leurs  forces.  L'alcaïde  Aly 
Ibn  Nimat ,  l'un  des  plus  puissants 
émirs  de  Sicile^  jaloux  des  deuxfr^ 
res ,  voidut  les  forcer  de  remettre  à 
la  voile,  et  leur  livra  bataille;  il  fol 
tué,  et  Ayoub  fut  proclaméémîr  :  mais 
les  soldats  africains  ayant  sans  cesse 
des  querelles  avec  les  nfusulmaus  dn 
pays ,  Ayoub  et  son  frère ,  l'an  484 
(  1 068-9  ) ,  évacuèrent  la  SicÔe , 
qui  resta  au  pouvoir  des  Francs ,  à 
l'exception  d  Enna  et  de  Girgenti^ 
qu'ils  ne  prirent  que  plusieurs  amiëes 
après.  Un  nouveau  rebelle  «  repoussé 
de  Mahdyah,  qu'il  assi^eait  Tan 
466  (  1078),  alla  s'emparer  deKaï- 
rowan ,  que  Tamim  reprit  aussitôt. 
L'an  481  (  1088),  les  Grecs  et  les 
Chrétiens  de  Sicile,  avec  une  flotte 
de  quatre  cents  voiles,  abordèrent 
dans  J'île  de  Coussira  (i),  la  mirent 
à  feu  et  à  sang ,  et.  allèrent  prendre 


(i^  Aujuurd'bui  Paatalarâ ,  «t  mm  pai  4hm  J'V> 
de  Corse,  cobuim  TobI  dit  4»  G«ifaM  tl 

duUDC. 


TAM 

2awila  en  Afrique,  Tamim, 
las  de  forces  dis(>oiiibles  k 
ser ,  acheta  la  paix  au  poids 
k  rendirent  la  Tille,  et  se 
lërent.  Vers  ce  même  temps, 
arrive'  en  Afrique,  à  la  aie 
ipe  d'aventuriers ,  s'empara 
i,  dont  il  ne  fut  chassé  qu'an 
plusieurs  années.  L'ao  489 
Tamim  reprit  la  ville  de 
ont  son  frère  Amrou  s'était 
ître.  Deux  ans  après ,  il  re* 
sur  les  Siciliens ,  les  îles  de 
le  Kerkeni  {1).  Après  avoir 
encore  Tunis  et  Safacas,  oc- 
de  nouveaux  rebelles ,  ilpa- 
ramim  jouit  eniîn  des  dou- 
repos  et  de  la  paix  pendant 
ères  années  de  son  règne, 
duré  environ  quarante-sept 
lounit  en  redjeb  5oi  (fe* 
S),  à  l'âge  de  soixante-dix- 
prince  recommandable  par 
âge,  sa  libéralité,  sa  clé- 
i  justice,  autant  que  par  b 
de  son  esprit  et  par  son  ta- 
la  poésie.  Il  laissa  soixante 
uarante  iUs.  Il  eut  pour  suc- 
ahia,  l'un  de  ceux-ci,  dont 
(Us  ,  dépouillé  de  tous  5^ 
:  Roger ,  roi  de  Sicile ,  fut 
r  prince  de  la  dynastie  des 
(  r.  Haçan  al  Sanhadjy, 
ément  ;.  A — t. 

Ml  (  Aboxj-ThaherMobaii- 
s  de  Yousouf  de  Sarasosse , 
à  Cordoue  un  Recueil  decin- 
ecamaty  ou  Discours acadé' 
à  rimitation  de  ceux  du  céle- 
ri :  il  en  existait  un  cxem- 
la  bibliothèque  du  Vatican  , 
s  manuscrits  de  Pierre  Du- 
il  y  est  retourné  ,  après 
é  quelques  années  à  la  bi- 
le  royale  de  Paris.  Voy.  la 

D  piu  Ilarba  ri  Mu(>r(|up,  c(»cnia«  !'• 
lies. 


TAM  489 

BibL  at.  d'Assemani,  toiÉ.  1 ,  put. 
588  et  le  Cotai,  des  nuuu  duMSU 


à  la  bibL  du  Fatiemny  et  remus 
commissaires  fhmcais ,  bsMmé  à 
Lciptig ,  en  i863 1  p.  33.  M.  SO- 
vestre  de  Sacy,  dans  sa  Ckresioméh 
tkiey  U  III,  p.  194,110118  «ppmd 
que  le  héros  de  ces  di8C0«nv«i 
mi  œruin  Aboo-Habib;  qœravlanr 
melses  récits dansla  bouche  de  MouBr  ' 
dAcBenH<miam;et  qu'Hadii  Khilfit 
en  faitmc&tkm.-^Unaatre'rkmiiBiiNi 
Tëmimi  de  Maroc  est  anteor  d'ooe 
Histoire  de  U  Mauritanie,  ou  dniU- 
gme  des  MauresenEspÊmneiéi» 
se  trouve  4  la  bibKoth.  acacmiiKde 
Leydé,  n<>  17^*  Dombaj  a  traonit 
de  l'arabe  en  allemand,  une  Hftf- 
Udre  anonyme  des  reis  Maures  {F^ 

DOMBAT  ).  Zk 

TAMMEAMEA,  roi  de»  Oètf 
Sandwich  dans  le  Grand  océan,  fiit 
un  de  ces  hommes  doués  de  k  ibfoè 
d'esprit  cl  du  géiie  néeessaireé  mir 
opérer  des  diangementB  dtflet  4^ 
les  habitades  d'un  peuple;  il  nehn 
a  auinquë  que  d'être  né  dans  un  ^Vf 
plus  vafste  pour  laisser  mie  gîÛMe 
renommée.  Tammeamea  appurMuâf 
à  la  race  des  chefs  :  à  VéMMéthk 
m^deCook  (1780)  il  tek  d^ 
parvenu  k  Vkfjt  viril;  sa  bnmNbfe 
te  distinguait  ;  il  ne  prit  aseoiie  pàif 
il  ce  funeste  évàiement.  Tenieim  , 
roi  d'Ovaihy,  la  principale  tie  èè 
l'archipel  des  Sandwieti ,   âyutt^ 
quelque    temps  apitey  mëcoéttlrte 
les  grands  de  Téut,  fiitmis  A  Mirt 
Le  pouvoir  suprême  ftit  iJUfté  à 
Tammeamea,  qui  liieDtAt  col 
sion  d'en  &ire  im  usage  qui  di 
dait  un  homme  d'un  eiprilpéuéWHit. 
La  paix ,  conclue  en  li^i  uiUthi 
nations  eivilisëea  qrf  s^élftkDt  eemr 
battues  sur  roeéan  kû^ttàfpm^  allait 
apporter  de  granda  ehailgtw«li 
ebw  «a  pevj^e  à  deni-iBtfftfft»  M* 


488  Tm 

bitaot  quelques  îles  du  Graud  océan 
au  nord  de  Véquateur.  De  nombreux 
navires  y  profitant  des  indications 
laissées  par  rimmortel  Cook ,  sur 
les  profits  que  devait  donner  le  com- 
merce des  fourrures  échangées  avec 
les  habitants  de  la  côte  nord-ouest  de 
rAmériquc  septentrionale ,  et  trans- 
portées ensuite  à  la  Chine  y  parcou- 
rurent les  parages  situés  entre  les 
deux  contrées.  Les  îles  Sandwich ,  et 
notamment  Ovaihy ,  leur  oITraient 
une  excellente  relâche  pour  se  pour- 
voir d'eau  et  de  vivres.  Plusieurs 
marins  dc^rtèrcnt  et  se  fixèrent  dans 
ces  îles.  Leur  conversation  fit  con- 
cevoir à  Tammeamea  que  la  vbite 
des  navires    des    peuples    civilisés 

Souvait  être  avantageuse  sous  plus 
'un  rapport;  il  accueillit  ces  étran- 
gers y  et  les  prit  sous  sa  protection. 
])es  chefs  inférieurs,  dont,  en  quel- 
ques occasions ,  l'autorité  contreba- , 
lançait  la  sienne  (  car  le  gouverne- 
ment de  ces  îles  offrait  des  traces  du 
régime  féodal  ) ,  séduits  par  l'appât 
des  richesses  en  armes  et  autres  ob- 
jets que  renfermaient  les  vaisseaux  ^ 
formèrent  plusieurs  fois  des  complots 
pourVen  emparer  et  massacrer  les 
équipages  :  quelques-uns  de  ces  cruels 
desseins  réussirent.  Tammeamea  y 
qui  comprenait  que  cette  conduite 
éloignerait  les  étrangers  de  son  île  , 
ouqu'e  lie  attirerait  sur  son  peuple  de 
cruelles  représailles  ,  fit  souvent 
échouer  les  projets  sanguinaires  des 
autres  chefs.  Ayant  fini  par  acquérir 
un  pouvoir  souverain  ,  il  put  répon- 
dre aux  étraugers  de  leur  sûreté  dans 
ses  états.  Lorsque  Vancouver  visita 
Ovaïhy,  Tammeamea,  qui  n'était 
pas  encore  parvenu  à  ce  degré  d'au- 
torité ,  pensa  que ,  pour  préserver 
ion  peuple  des  mauvais  traitements 
que  fui  avaient  fait  éprouver  quelques 
navigateurs ,  il  convenait  de  se  met- 


TAM 

tre  tous  la  protection  d'un  prime 
puissant.  En  conséquence ,  dans  uk 
des  relâches  du  navigateur  anglais, 
il  se  reconnut,  ainsi  (jue  son  peuple , 
en  février  1794>  su]et  du  roi  oeb 
Grande-Bretaene.  Tous   les    dicfs 
avaient  assbte  à  la  dâibéntîoo  ;  il 
fut  convenu  mie  le  laonsrque  ctnn- 
ger  ne  se  mêlerait  en  rien  du  geu- 
vernement  intérieur  de  l'île:  ainsi  u 
souveraineté  se  bornait  à  un  droit  de 
protection.  Cependant ,  pour  prix  de 
sa  soumission,  Tammeamea  s'était 
fait  construire ,  par  les'  charpcntîcn 
de  Vancouver,  une  jolie  çoëiette«Ge 
bâtiment  devint  un  modelé  pour  s 
construire  de  pareilles.  Tanmwaaea 
eut  une  flotilîe  ;  il  remployi  pour 
conquérir  d'autres  lies  de  l'arcnipil 
des  Sandv^ich.  Plus  tard,  il  anM 
un  navire ,  monté  en  partie  par  des 
matelots  ses  sujets ,  le  cliargea  de 
bois  de  sandal  et  de  nacre  de  pcrie, 
et  l'expédia  pour  Canton.  Le  bâti- 
ment ,  qui  était  conuiandë  par  ua 
capitaine  américain  ,  ne  fat  pas  ad- 
mis par  les  Chinois ,  parce  qae  ce 
peuple ,  esclave  des  formalités  ^  ne 
connaissait  pas  le  paTÎUon  ffa  se 
présentait  pour  la  première  £ms.  En 
clfet ,  Tammeamea  n'avait  pas  adop- 
té la  bannière   britannique;  il  a 
avait  pris  une  particulière.  Ne  nei- 
geant aucune  occasion  d'introdure 
parmi  son  peuple  les  arts  utiles  des 
peuples  d'Europe  >  il  accueillait  les 
artisans  de  tous  les  genres ,  et  les 
encourageait  à  former  des  élèves.  II 
sentait  tout  ce  qui  manquait  k  fcs 
compatriotes  ,  et  regrettait  de  n'a- 
voir pas  les  moyens  ae  les  faire  par- 
venir au  degré  d'instruction  anqnd  3 
desirait  les  voir  arriver.  Du  reste  il 
avait  établi  parmi  eux  une  police 
très-sévcre.On  jouissait,  dans  les  U» 
Sandwich ,  de  la  mime  sAreië  qw 
chez  les  peuples  les  plus  dviliiés. 


TAM 

[w  ces  mêmes  uticfis 

quelquefois  les  cfuts  de 
ibles,  il  coc^t  de  rires 
m  1816,  loispi'ozi  capi- 
ricain  lui  racooU  qoepla- 
rires  russes  parcooraicnt 
océan  .  et  deraieut  venir 
andwich  pour  s'en  empa- 
aussitôt  cûDStruire  un  fort 
r^hou  ;  et .  lorsque  l'on  vit 
pavillon  russe,  il  rasscm- 
r  de  lui  quatre  mille  hom- 
les  armes.  Avant  reconnu 
l'A,  commandé  par  M.  de 
,  ne  voyageait  qu'avec  des 
paciliques .  il  le  reçvt 
*nt  et  lui  fit  fournir  tout  ce 
vait  besoin  y  disant  qu*il 
une  vive  satisfaction  k 
irice  à  une  expcfdition  de 
es.  Parmi  les  présents  que 
lui  firent ,  les  plus  agréa- 
lui  furent  deux  mortiers 
ertaine  quantité  de  bom- 
neamea  avait ,  à  Ovaibj  , 
;ami  de  plusieurs  pièces 
}  son  commerce  avec  les 
s  lui  avait  procuré  un  tré- 
iq  cent  mille  piastres  for- 
>èces,  beaucoup  de  mar- 
et  quelques  navires  mar- 
mpIctemcDt  créés  :  ricbes- 
rojuaires,  si  Von  considère 
que  de  la  première  relâche 
jver  ,  en  1 793  ,  Tammea- 
lui-mcme  trouver  ce  navi- 
lour  échanger  des  bananes 
3chons  contre  des  clous, 
lea  mourut  à  Ovaïhy,  au 
aars  1819,  après  une  ma- 
quclqucs  jours.  Quand  il 
rocher  sa  fin^  il  fit  rassem- 
ir  de  lui  les  chefs  des  îles 
ient  soumises^  et  Ic^  exhor- 
!nt  à  maintenir  les  institu- 
ayait  établies  :  a  C'est  aux 
i  blancs ,  dit-il ,  que  nous 


TAM  489 

»  soBBMS  rcdevaUcs  de  tovt  ce  que 
9  Doos  avons  acquis  de  bon.  Je  vous 
9  invite  a  les  rc^wctcr.  eux  et  tout 
y  ce  qu'ils  possèdent,  et  à  le$  laisser 
>  jouir  paisthlfincnt  de  tout  ce  que 
9  je  leur  ai  accordé.  »  11  nomma  en- 
suite ,  pour  son  successeur ,  Rîo-rio , 
s:^n  fils  «îné.  Cependant  il  craignait 
que  ce  fils  ne  conservât  pas  ce  qu'il 
avait  établi.  A  Tépoque  de  sa  mort , 
Tammeamea  devait  être  âgé  de 
soixante-quinze  ans.  Les  Russes,  qui 
le  virent  pour  la  dernière  fois  ,  en 
1817 ,  lui  trouvèrent  l'air  d'un  sep- 
tuagénaire. Vancouver  y  qui  se  sou- 
venait de  ravoir  vu  en  1779  >  se 
le  rappelait  comme  un  honmie  d'une 
physionomie  très  «farouche  :  il  fut 
aCTéablement  surpris  ,  en  1 798 , 
d  observer  que  les  années  avaient 
adouci  la  férocité  des  traits  de  ce 
chef ,  et  que  sa  figure  annonçait  de 
la  franchise  et  de  la  générosité.  11  eut 
de  fréquentes  occasions  de  reconnaî- 
tre son  esprit  d'ordre  et  sa  sagesse. 
Toutes  ses  questions  étaient  judicieu- 
ses ;  rien  de  ce  qui  était  utile  n'é- 
chappait à  SCS  remarques.  Tammea- 
mea  avait  le  talent  de  se  faire  obéir  : 
la  tranquillité  de  ses  états  ne  fut  pas 
ti'oublée  pendant  sa  vie.  Il  n'avait 
pu  porter  ses  réformes  sur  plusieurs 
usages  de  ses  compatriotes ,  quoi- 
qu'il en  connût  les  vices  et  l'absur- 
dité ;  le  temps  lui  manqua  pour  ef- 
fectuer ses  projets.  On  trouve  des 
détails  sur  cet  homme  extraordi- 
naire dans  les  Voyages  de  Vancou- 
ver j  dans  celui  de  M.  de  Kotzebue  y 
dans  le  Voyage  pittoresque  autour 
du  monde  de  M.  Chorb,  et  dans 
plusieurs  autres  relations.  Son  fils  ^ 
nio-rio  j  venu  en  Angleterre  ayec  sa 
femme,  en  i8a4>  P<nur  réclamer 
l'aide  du  gouvernement  britaimique, 
ne  put  supporter  le  climat  d'une  île 
si  aifféreute  de  la  sietme  :  il  mourut 


l9f> 


TAN 


après  quelques  mois  de  séjour;  sa 
femme  était  dccédcc  a  va  ut  lui.  Leurs 
coips  ont  ete'  portés  à  Ovaïliy ,  par 
un  nâtîment  anglais.  Ë — s. 

TANAQUIL,  V,  Servius-Tul- 
Lius  et  Tarquin-lE'Superbe. 

TANARA  (  Vincent),  ne  à  Bo- 
logiie  vers  le  commencement  du  dix- 
seplième  siècle,  fut  e'ievë  à  l'acade'- 
mic  des  Ardenti  (  i  ) ,  ou  del  Porto  ^ 
et  passa  sa  jeunesse  entre  les  travaux 
de  la  guerre  et  l'amusement  de  la 
chasse,  qu'il  aima  passionnément. 
Rien  n'annonçait  en  lui  le  talent  de 
l'écrivain,  lors([u'admis  à  la  fami- 
liarité du  cardinal  Sforza ,  il  se  sentit 
épris  de  l'amour  de  l'étude,  à  la  vue 
d  une  riche  l)iblioHl^que  que  ce  pré- 
lat avait  rassemblée,  et  qu'il  tenait 
généreusement  ouverte  à  ses  amis. 
Après  la  mort  de  son  jirotccteur, 
Taiiara ,  accablé  de  chagrins  domes- 
tiques, tâcha  de  les  dissiper  eu  s'oc- 
cupant  delà  composition  de  quelques 
ouvrages,  doiïf  mi  seul  a  été  impri- 
mé. C'est  un  tableau  de  la  vie  cham- 
pêtre, dans  lequel  ou  peut  apprendre 
à  régler  son  ménage,  lorsqu  ou  a  le 
temps  et  la  patience  de  chercher  de 
bons  conseils  au  niilieii  d'une  foule 
de  détails  oiseux.  L'Economia  del 
ciltadino  in  viUa  (  Bolocnc,  i<)44  > 
in-4**.)  est  divisé  <'nsept  livres ,  dont 
chacun  a  un  litr<'  particulier,  savoir: 
le  Pain  et  le  /'m  ;  la  /'igné  et  les 
■ibcillcs  ;l.i  Basse-cour ;\q Potager; 
le  Ferger ;  \vs Champs ;\3i  Lune çlla 
Soleil,  L'édition  de  164H  contient 
un  petit  supplément  sut  \es  qualités 
du  chasseur.  Il  existe  plusieurs  ré- 
impressions de  cet  ouvrage  ,  qui , 
bien  qu'il  renferme  quelques  obser- 


(i)  (<Vtait  fine  iii<ii»«tu  d'i^ucalum  ,  «lirigM*  par 
Im  PH.  SomaMiur»,  cl  i»ù  uvait  «>t«-  •■li-vc  lirnuit 
\IV.  Véc  tuHii  d  »c«driiiir  tie»  tntrnli  .  lui  «vait 
«tr  diHiur  pur  le  M-naiciir  PtiIctitU  ,  qui  ou  fiit  )e 
t'oudalf'tir  en  i558. 


TAN 

vations  curieoses  (  a  ) ,  ne  fait  |tf 
beaucoup    regretter    la    nâfigMi 
qu'on  a  mise  à  la  publicatioa  da 
auti*e$  traités  du  même  autev 
la  pèche  j  la  chasse,  et  le  Milbi|rl. 
d'hôtel,  ou  le  seigneur  dans  sonckl- 
teau  (  la  Scalco^  o  il  Gentâmm 
in  viUa  ).  Tanara  mourut  à  Boiom 
vers  1667.  Foy,  Pantiuuû ,  &i£b^ 
n  Bolognesi ,  viii ,  74*      A— a— fc 
TANCARVILLE  (  Jeah  II  ii- 
comte  DE  Melun  comte  de  )  M 
fils  de  Jean  I'^>^. ,  vicomte  delMBi 
grand  chambellan  de  Franoe,  ipi 
par  son  mariage  avec  Jeanne,  OM 
deTancarville,  attira  dans  sa  iaaie 
(  1  ) ,  déjà  illustrée  depuis  pfaa  de  M 
siècles  par  ses  grandes  cnarps  etM 
alliances,  la  diguitë  de  t liiiiilirfcs 
et  connétable-  héréditaire  de  Rcr- 
maudie.  Jean  II  ,  qui   était  ptlil- 
neveu  de  Simon  de  Melun  ,  m- 
réchal  de  France ,  tué  k  la  bataifc 
de  Courtrai,  en  iSoa,  sefitranv- 
quer  parmi  les  plus  yaillanls  chera- 
liers  de  son  temps  :  il  Ht  ses  picniè- 
res  armes  contre  les 


eu  Prusse  qu'en  Espagne ,  eoaînltîl 
contre  les  Anglais  sous  les  onbfsds 
Jean ,  duc  de  Normandie  cl  fib  dn 
roi  Philip[)e  de  Valois,  en  iSf^î 
eut  part  à  la  prise  de  MiremonI ,  an 
sièges  d'Angoulême  et  d'AignUoi. 


(«)  C'nl  ainai  que  da«a  le  livr*  Il  il 


rulliin*  du  r«i«rMi  ,  iniî  mtI  ea  llalî»  k 
(In  <-x 


vignct  :  il  rappurle  dn  «xenplfs «■  prMraWB^ 
II*!»  ahrillm  m*  df'couTrciit  Vmne  k  fwÊÊwm  Im  iîcIn^ 


tr*  qu*rn«*9  rructintrenl,  Aa  livre  IV ,  S  AhM  b 
riilturc  du  (^iprier,  auoiqve,  m  aérnétti,  Stfl 
viKiialr  le  «iiuiMl  de  lUilufiM  rnMii  frm4.  n  «Mli 
Iri  <*h(iii»  de»  contrée»  àlpiacs,  regard*  kfaiil 
du  itiildRue  comme  le  meilleur  qai  eiàalt,  cC  i^H* 
qiu>  5«  tige  e^\  quel<|iwlui«  de'le  nwamw  ^^ 
«■iii-'he  :  pour  l'obtenii ,  on  tlhne  pnani  l*hif«r  !■ 
druv  Kraine»  rranîe»qni  coapeMBteeaftwlCi^M 
celui  dn  aalreJi  ombeUiIrrea.  £a  perlil  in^KKt 
d'a^rtinent ,  il  ikmu  appreMl  qee  Ih  ' 
vendaient  trtv-cher  à  iMojt— ,  «■  i 
Ica  lubéreuwe  ne  fauaieKt  qac  t'y  î 

Kui-}iluii  le  Hti-p  ii'eflt  Rii^re  qa' ^ 

l'iiiitrnr  fmnàt  itnmfn  k  h 

(0  lien  eiirteroeomiiik»,^niMW| 
i:uuitci  de  BIchiB ,  de  B^wibiIb  (^.  llBLBIiy 


iï 


•I- 


TAN 

se  suivante ,  il  servit  eu  Nor- 
e;  et  lorsque  la  ville  de  Caea 
tse  d'assaut  par  les  Anglais,  il 
lit  valeureusemeDt  cette  place 
é  connétable  Raoul  de  Bnenne 
fiait  prisonnier.  Rendu  à  la  li* 

il  jouit  de  toute  la  confiance 
Jean  II,  qui  érigea ,  en  sa  fa- 
la  seigneurie  de  Tancarville  en 
,  le  4  févrîc;r  i35i.  L'année 
lente^  il  avait  succédé  à  son  père 
1  charge  de  grand  chambellan  : 
Jean  venait  de  lui  conférer  cel* 
grand-maître  de  France.  Il  fut 
ï  par  ce  prince  d'aller  négocier 
nage  de  Philippe  de  France , 
i  duc  de  Bourgogne  y  avec  la 
u  comte  de  Flandre,  Robert 
le.  A  la  journée  de  Poitiers  y 
S56 ,  il  combattit  vaillamment 
ean  III ^  son  fils  aîné  ^  et  Guil- 

de  Melun ,  archevêque  de 
son  frère.  Fait  prisonnier  avec 

W  fut  conduit  en  Angleterre  y 
demeura  jusqu'en  1558,  que 
ice  le  renvoya  en  France,  ainsî- 
m'  frère  rarchévêque  ,  pour 
ratifier  par  les  états  les  con- 
(  au  prix  desquelles  le  mo- 
!  anglais  consentait  a  rendre  la 
au  roi  captif.  Paris  était  alors 
»ie  à  la  sédition.  Le  roi  de  Na- 

Charlcs  le  Mauvais,  et  le 
:  des  marchands  Marcel  m- 
nt  chaque  jour  à  l'autorité  du 
in  ,  Charles ,  qui  gouvernait 
bsence  du  roi.  Le  retour  de 
rville  et  de  son  frère  alar- 
iement  les  factieux ,  que  les 
de  ces  deux  fidèles  seigneurs 

menacés  et  qu'ils  se  virent 
;  de  quitter  la  capitale.  Le 
e  répandit  qu'ils  rassemblaient 
s  environs  des  gendarmes  ])0ur 

leur  afl'ront.  \^  terreur  de- 
'nérale,  on  tendit  des  chaînes 
s  rues;  mais  le  règne  des  &e* 


TAN 


4oi 


tieux  n'était  pas  encore  à  son  terme*. 
Ce  ne  fiit  que  Pannée  suivante  que  le 
dauphin^  entouré  d'une  brave  no- 
blesse ,  pqt  rentrer  dans  Paris,  où  il 
fut  reçu  avec  enthousiasme.  Tancar- 
ville fut  alors  désigné,  par  le  dan- 
Eiiin  y  parmi  les  n^odateurs  de 
i  paii  de  Bretimiy ,  et  il  fut  en- 
suite au  nombre  acs  quarante  ota- 
ges donnés  pour- la  garantie  di  ce 
traité.  Le  roi  Jean^  devcna  Ub»^  le 
fit  entrer  dansaon  f^wit  ^  ^rmt 
conseil  :  ce  prmce  lui  confite  en  ov> 
tre  la  dignité  de  souverain  maître  dea 
eaux  e|  forêts.  Le  comte  de  Tancar- 
ville eut  Clément  une  arande  pan 
aux  affaires  sous  le  roi  Charles  V.  Il 
mourut  Tau  i58a.  Ilëlait  à  la  Cm 
gouverneur  de  Ghampasne ,  Jm 
Bourgogne  et  de  LangueooCé  Jean 
III 9  son  fils  aine ,  grandrchambd- 
lan  de  France  ;  mourut  saop  poitéritë, 
l'an  iS65.—GuiUanme  iv,  vicom- 
te de  Melun,  comte  de  Tama»* 
viLLB  ^  second  fils  de  Jfowi  jQ ,  si|e» 
céda  à  son  frère  dans  la  dignité  de 
arandrchambdlan.  U  eut  part  à  tous 
fes  événements  du  règne  de  Charles 
VI  j  et  dans  presque  tous  les  actes 
qui  nous  sont  restés  du  gooveniD- 
ment  de  ce  prince ,  le  nom  du  comte 
de  Tancanrillc  figure  à  la  tête  de 
ceux  du  grand-conseil.  Dans  des  let« 
très,  damnées  au  mois  de  novembre 
iSga ,  confirmatives  de  l'orddpnaiH 
ce  concernant  la  majorité  des  roîsf 
portée  par  son  prédécesseur  y  Gharkè 
Vl  qualifie  Tancarville  de  prince  da 
sang  y  nosiri  ccmsangumeL  \\  fiit 
char^y  depuis  i5^  jusqu'en  i5Q7^ 
de  diverse»!  n^ociations  an  ^00- 
terre:  il  se  rendut  auprès  du  roi  mr 
chard  II,  pour  confirmer  le  tiaifé  de 
Breti^ j  ;  à  Avignon  3  accmnpagna 
les  pnnoesdu  sang  «pour  traiter  avec 
le  pape  Benoit  Xm  ,  an  sujet  du 
schisme  d'Occident;  à  Floicnce  «t 


49i 


TAN 


dans  l'ile  de  Gypre,  il  conclut  des 
alIiaDces  avantageuses  à  la  France. 
L'an  1596,  il  alla  prendre  posses- 
sion de  l'e'tat  de  Gènes,  qui  s'était 
donne'  au  roi.  A  son  retour ,  il  fut 
pourvu  de  la  charge  de  grand-bou- 
tciller  de  France  et  de  celle  de  pre- 
mier président  lai  de  la  cour  des 
Comptes.  Lors  des  dissensions  funes- 
tes qui  s'élevèrent ,  à  la  cour  de 
l'insensé  Charles  VI  y  entre  les  partis 
d'Orléans  et  de  Bourgogne ,  Tancar- 
ville  s'attacha  fortement  à  Jean-sans- 
Peur,  duc  de  Bourgogne.  Il  fut  tué 
l'an  i4i5 ,  à  la  bataille  d'Azincourt, 
ne  laissant  qu'une  fille,  nommée  Mar- 
guerite y  qui  porta  la  vicomte  de  Me- 
lun  et  le  comté  de  Tancarville  dans 
la  maison  d'Harcourt ,  par  son  ma- 
riage avec  Jacques  de  Harcourt ,  dont 
elle  eut  une  fille,  Marie,  qui  épousa, 
le  célèbre  Dunois.         D — a — r. 

TANCHEL1N(  1  ) ,  hérésiarque  qui 
dogmatisait  à  la  fin  du  onzième  et 
au  commencement  du  douzième  siè- 
cle, était  né  à  Anvers.  C'était  un  sim- 
ple laïc,  d'un  esprit  fort  subtil^  et 
qui  ne  manquait  pas  d'une  certaine 
éloquence.  La  ville  d'Anvers  n'avait 
alors  qu'un  seul  prêtre,  de  mœurs 
])lus  que  suspectes.  Tanchelin  profita 
de  cet  abandon  pour  répandre  ses 
erreurs  parmi  ses  compatriotes.  Il 
agit  d'abord  secrètement,  séduisant 
les  femmes,  qui  séduisirent  leurs 
maris.  Le  nombre  de  ceux  qu'il  avait 
induits  en  erreur  s'étant  augmenté, 
il  devint  plus  hardi,  prêcha  sa  doc- 
trine publiquement ,  souvent  même 
en  pleme  campagne.  Il  marchait  avec 
une  pompe  royale,  environné  de  gar- 
des qui  portaient  devant  lui  un  éten- 
dard et  une  cpée.  L'or  brillait  sur 
ses  habits  et  dans  sa  coilFure:  habita 


(1)  Lp  nom  de  r«l  IirrcMariiuo  v«n>  «uivaut  li'i 
tl:llVrvtil*  aiileiini.  Plu<icur»  l'HpitelIful  TaucW- 
Uw.  D«>lv  1«  Buiniu*  2  «ffuiemiu ,  iTaitrc»  Sifcb«rt. 


TAN 

et  vestibus  deaurads  incedensiU 
table  était  splendidement  serrie.  Soi- 
vi  de  trois  mille  hommes  bien  arméi, 
il  imposait  par  cet  appareil  mili- 
taire. Ceux  qu'il  ne  gagnait  pas  pir 
la  force  de  son  éloquence  étaient  sob- 
ju{i;ués  par  la  crainte ,  et  malhcnrà 
qui  lui  résistait  (a).  Quant  à  sadiK- 
trine,  il  ne  reconnaissait  aucune  dis- 
tinction entre  les  laïcs  et  ceux  qa 
avaient  reçu  les  ordres }  il  oompUit 
pour  rien  les  évèques  et  les  prœes  ; 
il  enseignait  ([u'en  lui  et  aes  secta- 
teurs consistait  la  Traie  Édise  ;  il  re- 
gardait les  temples  cithohquesooH- 
me  des  lieux  de  prostitution,  et  in 
sacrements  comme    des    proCua- 
tions;  il  attaquait  surtout  odni  de 
l'Eucharistie ,  disant  qu'il  e'tail  sans 
vertu  ^  et  il  niait  la  pcésenoe  récUe. 
A  ces  impiétés  il  en  joignait  ben- 
coup  d'autres  y  réunissant  dans  mb 
enseignement  les  impuretés  des  oios- 
tiques ,  les  opinions  de  Bérengei  sur 
rLucharistie  y  les  erreurs  des  dona- 
tistes ,  etc.  Le  peuple  Técoutail  com- 
me un  oracle.  A  cette  doctrine  per- 
nicieuse ,    Tanchelin  joîsnait    ki 
mœurs  les  ]>lus  dépravées,  s  akadon- 
nant  aux  plus  honteuses  impadîcîléi| 
abusant  des  filles  en  présence  de  lens 
mères ,  et  des  femmes  au  tu  et  sa  de 
leurs  maris  ;  et  tel  était  l'âat  de  fas- 
cination auquel  il  aTait  amené'  ce 
malheureux  peuple  ,  qu'il  pairial 
à  lui  faire  rcgaraer  ce  cynisme  ré- 
voltant  comme   une   «uTre  spiri- 
tuelle ^  et  que  celles  cpii  n'aTaintfis 
obtenu   cette  faTCur  se  trouvaMMl 
malheureuses.  Tanchelin  pousn  l'au- 
dace jusqu'à  s'attribuer  ta  dirinilé, 
s'égalant  à  Jésus-Christ,  eCdiiait 
que  comme  lui  il  aTait  reçu  la  pUm- 
tude  du  Saint-Esprit.  Onktfaitde 


(1)  U  toail  cam  qn*il  mc  piwvail  mi 


TAN 

u  pied  de  ses  statues;  on 
t  des  autels;  tout  ce  qu'il 
;bë  était  regardé  comme 
'oD  buvait  commeiun  spcf* 
lu  dans  laquelle  il  s'était 
n  joui*,,  en  pr^ence  d'un 
mbreux,  il  se  fit  apporter 
de  la  Sainte-Vierge;  lui 
a  main  et  prononçant  les 
mariage ,  il  déclara  qu'il 
pour  épouse.  Puis  récla- 
)résents  de  noces,  il  fit 
X  coffres,  l'un  de  son  côté, 
côté  de  l'image;  et  cette 
s'empressa  d'y  apporter 
uses  offrandes,  les  fem- 
nt  jusqu'à  leurs  colliers 
cndants  d'oreilles.  Vers 
cbelin  partit  pour  Rome 

moine,  avec  un  prêtre 
ervacbier ,  son  zélé  parti- 
lessein  était  de  porter  la 

jusque  dans  le  centre  de 
té ,  ou  du  moins  d'y  sur- 
s  lettres  de  communion. 
y  réussir ,  ils  s'en  retour- 
ays-Bas ,  dogmatisant  en 
i  ils  en  trouyaient  l'occa- 
le  ils  passaient  par  Colo- 
rie, qui  en  était  archevê- 
it  de  leurs  menées,  les 
et  enfermer  dans  les  pri- 
cbevêcbé.  Le  clergé  d  U- 
lyant  été  informé ,  écrivit 
le  priant  de  ne  point  leur 
erté;  mais  malgré  les  pj^ 
'on  prit ,  ils  parvinrent  à 
ancbelin  fit  une  fin  digne 

après  avoir  infesté  les 
Utrecbt  et  de  Cambrai  y 
sa  doctrine  dans  la  Hol- 
rabant  et  une  partie  de 
,  il  fut  tué  par  un  prêtre 
qui  lui  cassa  la  tctedans 
une  navigation.  Depuis 

qui  date  à-peu-près  de 
itait  écoulé  environ  huit 


TAN  493 

ans.  Dans  cet  intervalle ,  Borchard , 
évèque  de  Cambrai,  avait  rétabli , 
dans  réglis<^  de  Saint-Michel  d' An- 
vers, douze  chanoines,  espérant  qu'a- 
vec ce  secours ,  il  serait  possible  de 
rappeler  à  la  foi  les  peuples  abusés. 
Les  chanoines,  après  quelques  tenta- 
tives, trouvèrent  que  cette  entrq)rise 
était  au-dessus  de  leurs  fq^roes.  Ils  en 
avertirent  Burchard ,  qui ,  lié  autre- 
fois avec  saint  Norbert,  crut,  dans 
cette  extrémité,  que  ce  qu'il  pouvait 
£iir€  de  mieux  était  de  s'adraser  à 
lui.  Norbert  venait  de  fonder  Pré- 
montré :  il  s'empressa  de  répondre 
au  vœu  de  son  ancien  ami  (  r.  Nor- 
bert, XXXI,  36i).  Upartit  de  Pré- 
montre, ea  X  1^3,  avec  Evermodeet 
Waltman^  deux  de  ses  disciples , 
auxquels  il  adjoignit  quelques  doc- 
teurs de  l'école  &  Paris  et  de  celle 
d'Anselme  de  Laon,  qui  venaient 
d'embrasser  son  institut.  L'esprit  de 
douceur  et  de  charité  du  saint,  son 
éloquence  persuasive  et  les  prédica- 
tions de  ses  compagnons,  ne  forent 
pas  sans  effet.  On  abjura  le  Tancheli- 
nisme  entre  leurs  mains;  on  rap- 

Sorta  de  tous  côtés  les  hosties  ^e, 
epuis  plusieurs  années,  les  disciples 
de  Tanchelin  gardaient  dans  des  cor- 
beilles ou  des  trous,  pour  leurs  pro- 
fanations. Les  temples  furent  répa- 
rés et  rouverts,  les  autds  redresses  , 
les  croij;  exposées  à*  la  yâiération 

fmblique^  le  sacei'doce  rétabli ,  et 
'Eucharistie  honorée.  Après  i'heii* 
reuse  issue  de  cette  mission^  Noibert 
retourna  à  Prémontre;  mais  aupara- 
vant, Burchard  et  les  chanoines 
d'Anvers,  sentant  combien  une  colo- 
nie de  pardk  ouvriers  pouvait  être 
utile  dans  un  pays  où  la  foi  n'était 
pas  encore  complètement  affermie , 
offrirent  au  saint  l'église  de  Saint- 
Michel.  U  y  laissa  douze  da  ses  cha- 
noines, hommjQi  lâës  d'instruits. 


494  TAN 

Waltmaii  fiil  le  premier  abbé  de 
cette  maison ,  qui  aeviut  im  des  pbis 
beaux  établissements  de  Tordre  de 
Prcmontré ,  et  qui  florissail  encore 
il  y  a  quelques  années.  Cependant  le 
Tanchelinisme   u'clait    pas  de'lruit 

Sartout.On  en  trouve,  versceteraps, 
es  traces  en  divers  lieux ,  notam- 
ment à  Avip;non,  à  Novon  ,  au  rap- 
port de  (jiiibert  de  Noj;cnt,  et  à 
ivois,  an  diocèse  de  Trêves.  L'ar- 
cbevèque  J^runon  s'y  transporta,  et 
fit  arrêter  qualrodccos  sectaires.  Eu- 
fin,  par  les  soins  de  quelques  saints 
personnages ,  cette  hérésie  fut  entiè- 
rement exlirpoe.  L — y. 

TANCRRDE,  un  des  chefs  de  la 
l>remière croisade,  était  Sicilien  d'o- 
rigine, du  coté  de  son  père  Odon-le- 
Bon,  et  Normand  du  côté  de  sa  mère 
Emma  ,  fille  de  Tancrède  de  Haute- 
ville  ,  pore  du  fameux  Robert  Guis- 
card  y  auc  de  Calabre  (  V,  Gliscard, 
XIX,  182).  Aucun  des  auteurs  qui 
ont  parlé  de  lui  n'a  fixé  l'époque  de 
sa  naissance,  ni  fait  connaître  sa  jeu- 
nesse. Raoul  de  Caen ,  qui  a  écrit  sa 
Vie  en  vers  et  en  prose  (  V,  Raoul  , 
XXXVII,  87),  a  fait  de  ce  héros 
un  portrait  qui  peut  suppléer  à  ce  si- 
lence, tt  Le  haut  rang  cïe  ses  parents^ 
dit-il ,  n'inspira  aucun  orgueil  au  jeu- 
ne Tancrède.  Les  richesses  de  son 
{)ère  ne  le  portèrent  point  à  la  niol- 
f^s%^.  Il  surpassa  les  jeunes  gens  de 
son  âge  par  son  adi*esse  dans  le  ma- 
niement des  armes,  et  les  vieillards 
par  la  gravité  de  ses  manières.  Cha- 
que jour  il  offrait  aux  uns  et  aux  au- 
tres un  nouvel  exemple  de  vertu. 
Scnipuleux  observateur  des  précep- 
tes de  Dieu  ,  il  mettait  tous  ses  souis 
à  retenir  les  leçons  qu'il  entendait,  et 
à  les  répéter  dans  les  conversations 
avec  ses  égaux.  II  évitait  d'otfenser 
personne ,  et  pardonnait  aisément  à 
ceux  qui  rofleiisaient.TancnMie  était 


iXAN     " 

le  premier  à  louer  l'adresse  ou  la  râ- 
leur descs  adversaires.  Il  disait  qu'il 
fallait  combattre  ses  enoemis  el  vm 
les  déchirer.  Il  ne  parlait  jamaûde 
lui-même  ;  uiais  il  brûlait  de  faire  pa^ 
1er  de  lui  :  nour  y  parvenir ,  il  pië- 
férait  les  veilles  au  sommeil  y  le  tn- 
vail  au  repos.  Aussi  chaque  jo« 
acquérait-il  de  nouveaux  titres  à  b 
gloire.  Dans  les  combats,  il  coi^itnt 
pour  rien  les  Uessivcs ,  et  n'ëparpiil 
ni  son  sang  ni  celui  de  l'ennesaL  llv 
seule  chose  cependant  rinquiëuil  et 
l'agitait  sans  cesse  :  il  ne  savait  eM- 
ment  accorder  les  droits  de  la  nmc 
avec  les  préceptes  de  Dieu;  car ItSâ* 
gneur  ordonne  de  présenter  la  jonei 
celui  qui  nous  frappe ,  et  la  loi  de  li 
guerre  défend  d'épargner  même  m 
parent.  Cette  opposition  entre  la  diw- 
trinc  de  Dieu  et  les  maximes  du  WÊk' 
de  avait  en  quelque  sorte  cnckaiBék 
courage  de  Tancrède,  et  Ini  Ikuail 
préférer  ime  vie  paisible  à  Ta^ivite 
guerrière  :  mais  lorsqu'en  iog0« 
le  pape  Urbain  II  eut  promis  la  ré- 
mission de  leurs  pécbà  aoz  Chié 
tiens  qui  iraient  combattre  les  iafi- 
dclcs,  il  se  réveilla  de  sa  lélbar 
gie.  Enfla nmie'  d'une  aidev  m- 
croyable  en  voyant  qu'il  ivganûL 
de  faire  servir  son  èpée  à  la  doJR 
du  christianisme,  il  se  mit  i  pr^siv 
tout  ce  qui  lui  était  nécessaire,  tf 
réunit  assez  d'armes ,  de  cherantf 
de  provisions  pour  lui  et  ses  coaps- 
gnons.  »  S 'étant  réuni ,  en  10^ , 
à  son  consin  Bohémond  «  pince  de 
Tarente ,  pour  aller  joindre  Vwxai/t 
des  Croisés  (  F.  RouBMoifn  ) ,  il  coa- 
scntit  à  servir  sous  ses  cidres.  ToM 
deux ,  s'étant  embarqués,  aboidlral 
en  Epire.  Tancrède,  qaî  chuclwil 
l'occasioud'exercersaYalcarpSepsT 
tait  tantôt  en  avant  de  l'ansts,  po« 
découvrir  les  embûches ,  1ABllc■a^ 
chait  siu*  les  darricies  ponrénrtv 


TAN 

Uards ,  et  se  montrait  toujours 
,  toujours  au  milieu  des  dangers, 
aëe  sicilienne  e'tant  arrivée  à  la 
•c  Vardari,  que  les  chroniques 
lent  Bardai  ou  Fardai,  campa 
wes  jours  sur  ses  bords.  La  rapi- 
u  courants'opposaitau  passage; 
ulre  rive ,  couverte  d'ennemis , 
t  un  spectacle  effrayant  pour  les 
es.  Tancrède,  voyant  qu'on  hé- 
,  traversa  le  fleuve ,  accompa- 
l'un  petit  nombre  des  siens.  A 
eut-il  mis  le  pied  sur  le  rivage 
5c  qu'il  se  vit  enveloppe'  d'une 
tude  de  Grecs.  Le  nombre  des 
lis  ne  l'eflfraya  point.  Il  s'ouvrit 
ssage  avec  son  cpée ,  et  tua  tous 
:}u'il  attaqua.  L'armée  de  Bohé- 
,  qui  était  restée  de  l'autre  coté , 
it  les  Grecs  en  fîiite  ,  n'hésite 
passer  le  fleuve.  Les  uns  le  tra- 
it à  la  nage^  les  autres  sur  des 
les  ou  sur  leurs  chevaux  ;et  dans 
itant,  toute  l'armée  est  à  l'au- 
•rd.  Il  restait  six  cents  pèlerins, 
e  portaient  point  d'armes ,  et 
yieillesse  ou  la  maladie  mettait 
l'état  de  combattre.  Les  Grecs 
îrent  sur  cette  troupe  faible  et 
léfense  ;  et  les  deux  rives  reten- 
de cris  et  de  gémissements, 
'ède ,  qui  poursuivait  les  Grecs 
Ts ,  revient  sur  ses  pas ,  repasse 
ive  avec  deux  mille  hommes, 
es  Grecs  en  déroute ,  venge  sur 
es  blessures  faites  à  des  femmes 
;s  vieillards  sans  défense ,  et  re- 
prendre sa  place  à  Tavant-gar- 
empereur  grec  Alexis  fut  fort 
lé  en  apprenant  que  Bohémond 
traversé  l'Adriatique,  et  s'était 
ré  de  la  Macédoine.  Il  essaya 
[;ner  par  des  promesses  flatteu- 
lui  qu'il  ne  pouvait  vaincre,  et 
ressa  des  lettres  et  des  députés, 
l'attirer  à  Constantinople.  Bo- 
nd, séduit  par    les  offres  de 


TAN 


495 


l'empereur,  partit,  et  laissa  le  com- 
mandement de  l'armée  à  Tancrède. 
Celui-ci ,  se  déûant  de  la  trompeuse 
amitié  des  Grecs ,  dédaigna  les  pré- 
sents d'A!exis;etiI  avait  déjà  résolu  de 
s'éloigner ,  lorsqu'il  apprit  que  Bohé- 
mond s'était  soumis  à  rendre  homma- 
ge au  prince  grec.  La  crainte  d'éprou- 
ver un  pareil  sort  hâta  sa  résolution. 
Il  partit  seul ,  sans  suite,  couvert  d'un 
habit  grossier,  et  s'embarqua  pour 
l'Asie ,  où  il  alla  se  joindre  aux  au- 
tres chefs  croisés  qui  se  rassem- 
blaient sous  les  murs  de  Nicée.  Peu  de 
temps  après ,  Bohémond  étant  venu 
l'y  joindre,  il  ne  lui  dissimula  point 
son  mécontentement ,  et  jura  de 
ne  pas  remplir  les  promesses  qu'il 
avait  faites.  Cependant  Nicée  était 
assiégée  par  les  Croisés.  Le  comte 
Raimond  de  Saint  -  Gilles  ,  arrivé 
le  dernier,  plaça  ses  tentes  devant 
la  porte  orientale  de  cette  ville. 
L'armée  turque  descendit  par  le  re- 
vers de  la  montagne  voisine  pour 
entrer  par  cette  porte  et  donner 
du  secours  aux  assiégés.  Un  cri  s'ë« 
lève  aussitôt.  Le  comte  court  le  pre- 
mier au-devant  de  l'ennemi;  les  autres 
chefs  le  suivent.  Tancrède  .  qui  était 
éloigné ,  arrive  sur  son  cheval  à  tou- 
te bride.  Le  combat  était  encore 
douteux ,  et  les  esprits  flottaient  entre 
la  crainte  et  l'espérance  ;  mais  Tan- 
crède, a^ant  coupé  la  tête  à  un  turc 
en  arrivant ,  rendit  le  courage  aux 
Croisés,  et  abattit  celui  des  enne* 
mis.  Les  InCdèles  se  hâtèrent  de  re* 
gagner  les  montagnes ,  poursuivis  par 
\es  Chrétiens ,  qui  en  tuèrent  un  grand 
nombre  et  rentrèrent  dans  leur  camp, 
faisant  entendre  de  toutes  parts  le 
nom  et  les  louanges  de  Tancrède.  La 
ville  de  Nicée  ayant  été  remise  aux 
troupes  grecques  (  1 097  ) ,  Bohémond, 
lié  par  son  traité  et  par  son  serment, 
alla  trouver  Alexis,  qui  s'ëtait  avancé 


496 


TAN 


jusqu'à  Pclccanc ,  et  lui  amena  Tan- 
crcde  comme  il  ravaitjpromîs  :  mais 
l'empereur  fut  plus  eflfrayc  que  sa- 
tisfait de  la  présence  de  ce  dernier , 
dont  il  ne  put  obtenir  qu'un  hom- 
mage conditionnel.  Tancrède  e'tait 
d'avis  que  les  places  prises  sur  les 
Turcs  ne  devaient  être  confiées  qu'à 
la  garde  des  Francs ,  parce  que  les 
Francs  suifisaient  pour  les  de'fendre. 
Il  pensait  que  ce  serait  les  restituer 
aui:  Turcs  que  de  les  confier  aux 
Grecs.  Quaut  à  lui- même ,  il  ne 
voulait  pas  servir  en  même  temps 
deux  maîtres ,  l'armcfc  des  Croises  et 
l'empereur  de  Goustantinople.  On  dit 
même  qu'il  ne  de'^uisa  point  ces  sen- 
timents et  qu'il  les  fit  coimaitrc  à 
Alexis  avec  sa  franchise  guerrière. 
«  Si  vous  voulez  commander  aux 
Croises,  lui  dit-il,  mettez  vos  soins  à 
leur  être  utile  :  comptez  sur  l'obéis- 
sance de  Tancrcde  ,  tant  que  vous 
prouverez  votre  zcle  pour  l'armée  du 
Ch  rist.  »  Ayant  e'te'  invite  à  demander 
à  l'empereur  quelle  espèce  de  présent 
lui  serait  agréable^ il  répondit  que  la 
tente  impériale  pourrait  seule  lui  plai- 
re. Or  cette  tente  était  un  ouvrage  ad- 
mirable;ony  voyait  des  rues  gamiesde 
tout  comme  dans  une  ville  ;  vingt  cha- 
meaux l'auraient  à  peine  portée.  Alexis 
apprenant  celte  demande ,  s'emporta 
contre  Tancrcde,  et  finit  par  lui  dire  : 
Je  ne  te  juge  digne  d'élre  mon  ami 
ni  mon  ennemi  ;  et  moi  y  reprit 
Tancrède  ,  en  riant  de  sa  colère 
percur ,  je  vous  trouve  digne  d'être 
mon  ennemi  et  nonmon  ami.  Dès  ce 
moment  Alexis  et  Tancrède  ne  se  ren- 
contrèrent ])l us  ensemble.  Tancrède  se 
liata  de  fuir  la  présence  du  prince  grec, 
et  Bohcmond  le  suivit  de  près.  Un 
messager  dercmpcrcur  eut  ordred'al- 
Icr  après  eux  et  de  les  ramener  ;  mais 
ayant  échappé  aux  pièges  d'Alexis, 
ils  ne   voulurent  plus  s'y  exposer. 


TAN 

L'armée  des  Croisés,  apiis  la 
de  Nicée  aux  troupes  greotpwSy  a jait 
continué  sa  m^^e,  eut  k  soutenr 
contre  les  Turcs  un  combat  dans  k- 
quel  Tancrède  perdit  son  frère  Gal- 
iaume ,  et  courut  lui-même  de  grands 
dangers.  Il  y  laissa ,  dit  un  historîcB, 
sa  lance  et  son  pennon.  Robert  de 
Normandie  et  Bohcmond  firent  des 
prodiges  de  valeur  et  sauvèrent  l'ar- 
mée qui  reprit  sa  route  vers  AntîodM. 
Tancrède  s'éloicna  du  camp  el  en- 
tra dans  la  Ciliae,  où  il  fit  k  siège 
de  Tarse.  Baudouin^  frère  de  God^ 
froi,  étant  survenu  ^  il  s'ékra  w 
querelle  entre  lui  et  Tancrède  peor 
la  possession  de  la  ville  :  après  de 
violents  de'bats ,  Tancrède  alla  s'cb- 
parer  deMamistia.  Bientôt  Baudoôi 
arriva  sur  si»  traces.  Ce  fut  alois 
qu'on  vit  se  renouvdler  les  qucfeUo 
qui  avaient  éclaté  k  Tarse  ;  les  deu 
rivaux , suivis  de  leurs  guerriers,  ci 
vinrent  aux  mains  ;  le  kndnnain  dn 
combat ,  les  deux  partis  se  rappro- 
chèrent de  nouveau ,  et  chaam  do 
chefs  ,  après  avoir  conqds  phi<* 
sieurs  villes ,  revint  à  Faniée  chré- 
tienne; Tancr^  loué  pour  sa  maié- 
ration  et  sa  valeur  ^  Baodooii  Ulné 
généralement  pour  ses  injaitiees  et 
ses  violences.  Tancrède  suivit  les 
Croisés  qui  allèrent  asiii^  Ai- 
tioche  et  campa  près  de  BohâBOiL 
Pendant  ce  si^e  mânoraUe  ,  1 
intercepta  tous  les  cbemins  «  tk 
manièi*c  qu'aucun  habitant  n'osMt 
sortir  de  .  la  ville.  Cependant  h 
garnison  tentait  encore  qoekraes  ei- 
cursions  y  et  surprenait  qaoqneMi 
les  Chrétiens.  Pour  prévenir  lem 
attaques  imprévues ,  Tancrède  A 
se  mettre  en  embuscade  dus  vnliei 
par  lequel  ils  avaient  coutume  de 
passer.  Les  assiégés  qui  avainl-  «n 
vague  soupçon  du  piège  qu'on  knr 
tendait;  n'envoyèrent  œ  jour  Ufi-un 


TAN 

•c  de  fourragciirs.  Les 
iicrcde  se  caclicrent ,  et 

se  montra.  Les  Turcs 
rentrèrent  sans  être  in- 
jour  suivant  ils  reviu- 
mbrcux  et  plus  près  du 
crcde  retint  encore  les 
isièine  jour,  les  Turcs  , 
reparurent  en  plus  grand 
ncrède ,  sortant  alors  de 
ade ,  fond  sur  eux.  et  en 
)t3.  Il  envoya  à  Tevéque 
atdu  papcauprèsdeTar- 
atc-dîx  tt'tes  des  ennc- 
ic  la  dîme  de  son  triom- 
cgat,  en  reconnaissance, 
ter  soixante  -  dix  marcs 
ont  Tancréde  se  servit 
ter  ses  dettes.  Ce  guerrier 
îintëresse',  avait  coutume 
Mon  trésor  ,  ce  sont  mes 
eu  m'importe  que  je  man- 
nt,  pourvu  qu'ils  en  aient, 
n plissent  leur  bourse ,  Je 
mr  moi  les  soins ,  les  ar- 
fatigue,  la  grêle  et  la 
3rsqueses  soldats  étaient 

les  combats  du  jour  ou 
les  de  la  nuit ,  il  les  dis- 
faire leur  service;  mais 
ipensait  jamais  du  sien; 
me  il  faisait  celui  des  au- 
ur  étant  sorti  seul  avec 
n'ayant  que  son  cpc'e,  sa 
I  bouclier  ,  il  fut  attaque 
ires ,  qu'il  coucha  morts 
.  Ce  fut  dans  ce  combat 
a  son  ccuyer  de  garder  le 
es  exploits.  Son  historien 
Aen  ne  peut  s'expliquer 
extraordinaire,  et  il  le 
à  tout  ce  que  l'antiquité 
rand.  Cependant  le  sie'ge 
durait  depuis  plusieurs 
sette  se  faisait  cruellement 
li  les  assiégeants  comme 
assiégés.  Plusieurs  chefs 

LIV. 


TAN       •  49, 

croisés  se  retirèrent  du  camp  et  scpar- 
ta'^èreut  la  campagne  environnante. 
Tancréde  s'établit  à  Emma  et  à  Ha  re- 
né,  villes  dont  le  territoire  e'tait  très- 
fertile.  Toujours  en  avant  pour  com- 
battre, ce  prince  fut  aussi  le  premier 
à  secourir  ses  compagnons,  qunnd  la 
disette  se  fit  le  plus  vivement  sentir. 
Il  n'éloignait  personne  de  sa  table,  y 
admettant  même  des  guerriers  à  qui 
d'autres  chefs  avaient  refusé  la  leur  ; 
mais  il  ne  put  souffrir  que  cette  disette 
servît  de  prétexte  pour  abandonner 
l'armée.  Guillaume  CarpentieretGui 
le  Rouge ,  ou,  selon  d'autres,  Pierre 
l'Ermite  lui-même ,  s'étant  retirés  se- 
crètement, H  les  poursuivit,  les  attei- 
gnit, et  les  ramena  au  camp  tout 
honteux.  Pendant  que  la  ville  d*An- 
tioche  tombait  au  pouvoir  des  Croi- 
ses (juin  1098),  parles  intelligences 
et  la  ruse  de  Bohémond ,  Tancréde 
était ,  selon  sa   coutume ,    occupé 
d'intercepter  les  communications  et 
de  fermer   les  chemins.  Lorsqu'il 
apprit ,   par  les  fuyards  ,  que  la 
ville  était  prise,  il  s'exhala  en  plain- 
tes et  en  reproches  contre  son  cousin 
Bohémond,  qui  lui  avait,  pour  ainsi 
dire ,  envié  l'honneur  de  monter  le 
premier  sur  les  remparts  ;  mais  il  ne 
tarda  pas  à  trouver  une  autre  occa- 
sion de  signaler  son  courage,  dans 
la  bataille  que  les  Croisés  livrèrent  à 
Korbougah ,  général  des  Persans.  Au 
rapport  de  Raoul  de  Caen ,  il  pour- 
suivit les  Turcs  vaincus  vers  l'Ôron- 
te,  en  faisant  un  carnage  affreux.  Son 
historien  le  compare  à  un  léopard 
qui  se  rassasie  de  sang  au  milieu  d'u- 
ne bergerie.  Ija  conquête  d'Antioche 
étant  assurée,  et  Bohémond  en  étant 
nomme  prince ,  Tancréde  se  joignit 
aux  comtes  de  Normandie  et  de  St.- 
G  il  les,  pour  aller  mettre  le  siège  de- 
vant Marra,  ville  riche  et  popiueuse. 
Les  Croisés  ne  tardèrent  pas  à  éprou- 

i2 


49»  TAN 

ver,  devant  cette  place ,  les  mêmes 
maux,  que  devant  Ântiôclie.  Nous  ne 
parlerons   point  des  discordes  qui 
troublèrent  alors  Tarmec  chrétienne , 
ni  des  excursions  que  iirent  les  pèle- 
rins dans  la  Syrie.  Au  printemps  de 
Taunce  suivante  1099,  les  chefs  réu- 
nis résolurent  de  marcher  sur  Jéru- 
salem. Quand  l'armée  chrétienne  fut 
arrivée  à  Ramla ,  les  chrétiens  de 
Bethléem  vinrent  implorer  le  secours 
des  Croisés.  Tancrcde  partit   avec 
trois  cents  hommes  au  milieu  de  la 
nuit  ,  et  planta  l'étendaixl  victorieux 
des  Francs  au  lieu  même  où  naquit  le 
sauveur.  Bientôt  il  s'avança  vers  Jéru- 
salem, et  devançant  tous  ses  compa- 
gnoiLsse  rendit  seul  sur  la  montagne 
des  Oliviers,  qui  n'est  séparée  de  la 
ville  que  p9r  la  vallée  de  Josaphat. 
Pendant  que ,  du  haut  de  cette  mon- 
tagne, il  contemplait  la  cité  sainte, 
im  ermitQ  Taborda  et  lui  en  fit  dis- 
tinguer  les    principaux,   lieux.   Cet 
ermite    lui    demanda    ensuite    qui 
il  était,  et  lorsqu*il  eut  appris  qu'il 
parlait  au  neveu  de  Robert  Guiscard, 
il  s'écria  :  «  Quoi  !  vous  êtes  du  sang 
»  de  ce  chef  sous  la  foudre  duquel  la 
»  Grèce  trembla  tant  do  fois,  qui  fit 
»  fuir  Alexis ,  qui  fit  ouvrir  les  por- 
»  tes  de  Dy  rrachiuni ,  et  n  qui  toute  la 
»  l^ilçario  olniit  jusqu'au  fleuve Var- 
»  dans.  Vous  parlez  à  un  homme  qui 
w  vous  connaît,  et  qui  n'a  point  ou- 
»  blié  le  dévastateur  de  sa  patrie:  ce 
»  guerrier ,  qui  fut  mou  ennemi ,  ré- 
»  pare  enflures  anciennes  oifenses  en 
»  vous  envoyant  ici.  »  Oet  entretien 
se  prolongea  jusqu'à  ce  quel'ennite  , 
apercevant  cinq  soldats  qui,  sortis  de 
la  ville  ,  descendaient  dans  la  vallée , 
et  s'avançaieut  avec  confiance  vers 
la  montagne,  en  avertit  Tancrède; 
celui-ci  dit  adieu  à  l'ermite,  et  alla 
au-devant  des  ennemi.s.  Comme  ils 
>  enaientàlui  h  des  intervalles  inégaux, 


TA» 

il  en  tua  trois  l'un  après  l'autre,  ks 
fit  rouler  dans  la-  vallée  y  et  pour- 
suivit le  reste  jusqu'aux  murs  de  la 
ville.  Mais  repousse'  à  son  tour ,  il 
revint  vers  les  siens ,  qui  commen- 
çaient à  s'inquiéter  de  son  absence. 
Cependant  l'armée  des  Croises  arriva 
devant  Jérusalem  ;  les  comtes  deFian- 
dre  et  de  Normandie  vinrent  placer 
leur  camp  devant  la  porte  de  oaint- 
Ëtienuc.  Tancrède  était  à  leur  droite; 
il  eut  ordre  d'attaquer  une  tour  qa'on 
appela  dans  la  suite  la  Tour  de  Tour 
crede.  Les  Croises ,  impatients  de  con- 
quérir la  cité  sainte ,  rêsokirent  de 
monter  à  l'assaut  dès  le  lendemain,  et 
ils  parcoururent  tout  le  voisinage  pour 
trouver  du  bob  propre  à  fane  des 
échelles  ;  mais  ce  fut  inutilement  :  toat 
le  bois  avait  été  enlevé  par  les  Mu- 
sulmans. Cependant  y  quelques  pou- 
tres cachées  n'échappèrent  pas  aux 
recherches  de  Tanciède.  On  ne  put 
toutefois  en  faire  qu'une  seule  éckok, 
qui  fut  appliquée  au  mur  de  la  tour 
qu'il  était  chargé  d'attaquer.  Ce  per- 
rier,  l'épée  à  la  main,  se  di^o* 
sait  à  monter  le  premier  k  TassauL 
Déjà   il  avait  mis  le  pied  sur  l'é- 
chelle ;  mais  on  loi  représenta  k 
dignité  de  son  rang,  de  sa  nus- 
sauce  ,  les  services  qu'il  avait  Rt- 
dus ,  ceux  qu'il  pouvait  rendre  ci- 
core.  Nobles  et  soldats  ^  tons  récU- 
maient  contre  sa  résolution.  EaSm, 
on  se  saisit  de  sa  main  droite ,  car  <k 
la  gauche  il  tenait  déjà  réchcUe, 
et  on  lui   enleva  son   épée.   Tou- 
tes les  tentatives  ayant  été  inutiles, 
les  chefs  décidèrent  qu'on  irait  pai^ 
tout  à  la  recherche  du  bois  nécessaiR 
au  siège,  et  qu'eux-mêmes  ne  s'a 
dispenseraient  pas.  Mais  toutes  kus 
démarches  furent  encore  une  fois  » 
tiles.  Tancrède  seul  fit  une  déeoK- 
verte ,  que  Raoul  deCaen  n'hésilepii 
à  reganler  comme  miracokoil.  li 


bcr  en  leur  pouvoir.  Tan- 
orta  d'abord  à  la  mosquée 


TAN 

atteint  d'une  funeste  dys- 
mais  il  monta  toujours 
t  se  trouvait  souvent  forcé 
idre ,  et  de  s'éloigner  dans 
u  écarté.  C'est  ainsi  qu'un 
nt  retiré  dans  une  profon- 
il  aperçut,  sur  un  rocher, 
rceaux  de  bois  propres  aux 
que  l'on  se  proposait  de 
.  Plein  de  joie,  il  va  exa- 
précieux  objets,  et  décou- 
loin  des  arbres  de  haute 
est  curieux  de  comparer 
t  na'if  de  Raoul  de  Caen, 
lompeuse  description  du 
bois  ainsi  découvert  dans 
goes  voisines  de  Sichem 
i  constructions  des  Croisés, 
elles  furent  achevées  (  i4 
19  ) ,  la  ville  sainte  ne  tarda 

r  pouvc 

>rd  à  la 
't  y  planta  son  drapeau  au 
carnage.  Trois  cents  Sar- 
lirés  sur  la  plate -forme 
de  lui  une  sauve  garde  • 
était  la  fureur  des  Croisés, 
sonniers  musulmans  furent 
,  malgré  les  prières  et  les 
u  héros ,  modèle  de  la  che- 
u  milieu  du  tumulte  et  du 
le  la  victoire,  Tanci'ède  ne 
as  les  dépouilles  des  Sar- 
butin  qu'il  fit  dans  la  Mos- 
u'il  partagea  avec  Gode- 
seigneur  ,  fut  si  considé- 
il  employa  deux  jours  à  le 
iportcr.  Parmi  ces  riches - 
•mptait  soixante  -  dix  lam- 
viugt  étaient  d'or  et  cin- 
irgent.  Chaque  lampe  d'or 
ize  cents  drachmes ,  et  cha- 
?  d'argent  trois  mille  six 
avait,  en  outre,  un  vase 
l'un  poids  énorme.  L'envie 
la  pas  de  s'élever  contre 
,  parce  qu'il  avait  été,  dit 


TAN  499 

Raoul,  plus  que  tous  les  autres- chefs, 
favorisé  de  Dieu.  I^  prêtre  Anioul , 
nommé  gardien  du  temple,  l'accusa, 
dans  le  conseil  des  princes.  Tancrëde 
répondit  avec  une  éloquence  guerriè- 
re; et  les  princes  décidèrent  qu'il 
rendrait  sept  cents  marcs  au  temple; 
ce  qu'il  fit  sans  hésittr.  Cependant, 
à  la  nouvelle  de  la  prise  de  Jérusa- 
lem ,  le  Soudan  du  Caire  envoya  con- 
tre les  Chrétiens  une  armée  nom- 
breuse ;  mais  elle  fut  dispersée  à  da 
bataille  d' Ascalon ,  où  Tancrède  com- 
mandait l'aile  gauche ,  avec  le  duc  de 
Normandie.  Ce  fut  lui  qui  enfonça  le 
centre  de  l'armée  égyptienne,  et  qui 
y  porta  le  désordre.  Après  cette  vic- 
toire ,  la  plupart  des  chefs  delà  croi- 
sade reprirent  la  route d«  l'Occident  ; 
Tancrcde  resta  avec  ses  chevaliers  en 
Orient,  fidèle  compagnon  de  Go- 
defroi ,  qui  lui  donna  la  ville  de 
Caîphas  et  la  principauté  de  Tibé- 
riade  ou  de  Galilée.  Si  l'on  en  croit 
l'historien  Albert  d'Aix,  Tancrède 
voulut  ,  après  la  mort  du  roi  de 
Jérusalem ,  faire  tomber  la  couronne 
sur  la  tête  de  son  cousin  Bohé- 
mond;  et  il  se  rendit  dans  la  ville  sain- 
te ,  pour  gagner  les  princes  et  les  ba- 
rons du  royaume.  Mais  on  avait  déjà 
envoyé  à  Ëdessc,  afin  d'informer  Bau- 
douin de  la  mort  de  son  frère ,  et  de  le 
presscip  de  venir  lui  succéder.  On  refu- 
sa à  Tancrède  l'enti-ée  de  Jérusalem. 
Ce  prince,  irrité,  se  porta  sur  JaflTa , 
où  il  apprit  que  Bauaouin  était  près 
d'arriver.  Craignant  de  le  rencontrer, 
il  regagna  Tibériade,  et  Baudouin  fut 
reconnu  pour  successeur  légitime  de 
Godefroi,tandisqueBûhémon4auquel 
on  avait  député,,  pour  l'engager  k  ve- 
nir, fut  fait  prisonnier  par  les  Turcs. 
Devenu  roi  de  Jérusalem,  Baudouin 
cita  plusieurs  foisTancrède,  pour  qu'il 
vîntlui  rendre  compte  de  sa  conduite, 
et  le  reconnaître  comme  son  seigneur; 

32.. 


:>oo 


TAN 


mais  !e  prince  de  Galilée  ne  répondit 
d'abord  qu'avec  liauieiir  et  mépris , 
et  il  finit  par  demander  au  roi  une 
entrevue,  dans  laquelle  il  consentit 
à  rendre  hommage ,  sans  renoncer  à 
la  principauté  qu'il  tenait  de  Gode- 
froi.  Les  déliais  en ti*e  ces  detixf  rin- 
ces n'étaient  pas  termiucs,  lorsque 
des  députés  d  Antiochc  vinrent  con- 
jurer Tancrcde  de  se  rendre  dans 
leur  ville  pour  la  gouverner  pendant 
la  captivité  de  Boliémoud  (  1 1  oo). 
Touché  du  malheur  de  son  cousin  y 
mais  ne  se  bornant  pas  à  de  vains 
regrets  ,  il  convoqua  la  milice  de  la 

Î>roviuce ,  fortifia  Antioche  et  les  vil- 
es des  environs.  Eu  peu  de  temps, 
il  soumit  Malmystra ,  Adaiia  et  Tar- 
se, qui  avaient  secoué  le  joug  du 
prince  d'Autioche.  l/cs  satrapes  des 
Turcs  et  des  Arméniens  ,  appre- 
nant qu'il  avait  réduit  toute  la  pro- 
vince ,  recherchèrent  son  alliance  et 
son  amitié;  ils  lui  envoyèrent  de 
riches  présents  en  or  et  en  argent, 
des  chevaux  y  des  mules  et  des  étoUrs 
de  soie.  Taucrèdc  s'empara  ensuite 
de  Laodicée  y  après  un  an  de  siège. 
Ce  fut  à  cette  époque  que  les  del)ns 
des  armées ,  parties  d'Occident  sous 
h'S  ordi-es  des  ducs  de  Poitiers  et  de 
Bourgogne, se  réunirent  dans  Antio- 
che. De  violents  murmures  s'élevaient 
contre  Baimond  de  8t.-Gilles ,  q..'oii 
accusait  d'avoir  trahi  la  cause  des 
Croisés;  Tancrcde  le  fit  mettre  en 
prison  et  ne  lui  rendit  la  liberté  qu'à 
la  sollicitation  des  princes  chrétiens. 
Bohémond  étant  enGn  sorti  de  sa 
captivité  ^  Tancrcde  lui  rendit  sa 
principauté  dans  un  état  plus  flo- 
rissant qu'il  ne  l'avait  reçue.  Il 
eut  en  échange  deux  petites  vil- 
les; mais  peu  de  temps  après  ,  Bau- 
douin du  Bourg  y  comte  d'Édcs- 
se  y  ayant  été  Lût  prisonnier  après 
un  combat  où  Tancrcde  sauva  luic 


TAN 

{lartie  des  Chrétiens ,  il  fut  choisi 
ui-méme  poiu:  gouverner  le  comté, 
qu'il  ne  tarda  pas  à  voir  attaqué  par 
les  Sarrasins,  venus  jusque  sous  les 
murs  de  sa  capitale.  Ne  se  enfant 
pas  assez  fort  pour  leur  résister ,  il 
demanda  secrètement  des  secours  à 
Bohémond  ;  mais  se  voyant  presié 
plus  vivement,  et  Toulant  pitrair 
les  Musulmans  y  il  sort  de  la  ville 
en  ordre  de  bataille  »  s'aya^ice  en  si- 
lence jusqu'au  camp  ennemi ,  etlois- 
qu'il  est  tout  près ,  fait  sonner  sa 
trompettes ,  pousse  de  grands  cris , 
et  se  précipite  sur  les  Turcs ,  qai 
étaient  encore  plongés  dans  k  son- 
meil  :  il  en  fait  un  grand  carnage,  et 
pénètre  jusqu'à  la  tente  des  princo 
Diekermich  etSockmany  qm  nW 
que  le  temps  de  prendre  la  fuite  cl 
lui  laissent  toutes  leurs  richeues.  Bo- 
hémond se  voyaut  sans  cesse  Beucê 
par  les  Turcs  et  par  les  Grecs ,  rt  ju- 
geant que  des  secours  lui  étaient  né- 
cessaires pour  se  maintenir  dus  a 
principauté,  rappela  Tancrède  «- 
près  de  lui  ;  et  dans  une  assemblée 
tenue  dans  la  basilique  de  Sainl- 
Pierre  y  déclara  Tinlention  oo  il  àûi 
de  passer  en  Eiurope  et  d'alkrcacitcf 
les  peuples  de  la  France  k  In  fréter 
des  forces.  Tancrède  essaya  en  vais 
de  le  détouriicr  de  ce  pn^ct,  a 
offrant  de  se  charger  ni  -  mise 
de  cette  missiou.  I^e  prince  d'At* 
tiochc  s'embarqua,  en  Tan  iio3i  ' 
avec  peu  de  moude ,  laissant  Tai- 
crède  pour  gouvemier  à  sa  "place  t 
mais  emportant  l'or,  Targait  et  ki 
pierreries.   Antioche  resta  sans  dé- 
leose,  sans  garde  et  dans  mm  pôurie 
funeste.  Ce  fut  alors  «{ue,  auwtssi 
historien  y  Tancrcde  ue  bot  que  ift 
l'eau  pendant  quarante  joiiGiy  disant 
qu'il  ne  voulait  pas  se  livrer  i  h  sen- 


sualité peudaut  aue  ses  com^ 
d'armes  étaient  oa      a  disiiak  Miii 


TAN 

de  riches  citoyens  d'Antio- 
ent  lui  offrir  deVargent,  qu'il 
,  et  avec  ce  secours ,  il  rclc^'a 
courages  y  et  fut  bientôt  à  mè- 
*r  attaquer  la  Yilled'Artësie. 
le  siège  ;  et  avec  ses  machines 
3,  e'branla  fortement  les  tours, 
dhwan,  pnnced'AIep,  étant 
avec  trente  mille  hommes,  il 
mettre  en  devoir  de  lui  résis- 
e  CCS  deux  armées  se  trouvait 
ine  couverte  de  rochers  ^  où 
lUX  ne  pouvaient  pas  courir , 
se  soutenir.  Tancrede^  pro- 
ibilcment  de  cette  circons- 
î  retire  pour  laisser  arriver 
sur  ce  terrain  difficile,  et 
Ty  voit  engagé ,  il  tombe  sar 
met  dans  une  déroute  com- 
prcs  avoir  repris  et  fortifié 
Tancrèdc  revint  à  Antio- 
projetait  d'assiéger  Alep^ 
le  députa tion  d'Apaméevmt 
irendrela  résolution  de  s'em- 
!  cette  ville  \  la  faveur  de 
dissensions  qui  venaient  d'y 
3e  projet  eut  un  plein  succès, 
emps  après,  une  multitude 
2  Turcs ,  venus  de  l'Orioit, 
'a  Mésopotamie ,  et  y  fit  de 
avagcs.  Tancrëde,  qui  avait 
de  ce  pays ,  envofa  deman- 
ïcours  au  roi  de  Jérusalem , 
bientôt  le  joindre  à  la  tétc 
9upés.  Tous  deux  passèrent 
te  et  trouvèrent  les  ennemis 
;  dans  le  pays  ,  mais  com- 
à  se  réunir  pour  résister  aux 
s.  Après  quelques  mouve- 
;  peu  d'importance ,  ceux-ci 
passé  le  fleuve  en  pr^ence 
ilmans,  curent  la  douleur  de 
1er  en  pièces  leur  arrièje- 
ns  pouvoirla  secourir.  L'an- 
inte  (  1 1  o8  )  le  comte  Bau- 
son  parent  Josselin ,  après 
de  captivité,  se  rachetèrent. 


TAN 


5oi 


en  domiant  des  otages  et  ime  rançon. 
Taucrède ,  préveou  da  retottr  de  Bau- 
douin^ lui  refusa  d'aboad  l'entrée  de 
la  ville  d'Édesse;  mais  se  rappelant 
ensuite  le  serment  qu'il  avait  fait  loi«- 
qn'on  lui  avait  confié  le  commandiez 
ment  de  cette  ville,  îl  remit  Ëdesseet 
tout  son  territoire  à  leur  prince  l^î- 
time.  Josselin  et  Baudouin,  irrités  ou 

S^  remier  rrfas,  ne  tardferettt  pas-à  hd 
éclarer  la  '  guerre.  J>  prcnicr  en- 
vahit la  principauté  dfAfllHidie.et 
appela  les  Turcs  ii  son  sfeours.  Un 
combat  sanglant  fut  livré ,  où  Tan- 
crède  et  ses  guerriers,  d'abord  Aran- 
léSy  finirent  par  rester  vietprieux. 
Cependant  les  hommes  sages  nartin- 
rent  à  rétaUir  la  concordé.  Gê  int  vers 
ce  temps  que  Bertrand,  filsdnfomte 
Raimond  de  Saint-Gilles ,  déhanpBa 
au  port  de  Saint-Siméon,  avec  mie 
flbtte,  génmse.  Tancrède  envoya  le 
saluer,  et  hn-m&ne,  rassemblant  ses 
troupes,  sortit  de  la  viHe  et  Talla 
recevoir.  Les  denxpiwNiM  Vembras** 
sferent  et  passerait  ensenibte  fa  nuit 
au  milieu 'de  la  jm.  Le  lendemain 
Tancrède  demanda  à  Bertrand  le 
motif  de  son  arrivée.  Aniis  qnriipies 
compliments ,  Bertrand  pria  k  gon- 
vemeur  d'Antiocbe  ■  de  Hp/ieBiM^ 
tre  la  partie  de  cette  Tffle  '.  411e  aÏDli 
père  avait  occupée  le  prsnipr.  Tan- 
crède répondit  qu'A  lei^it,  k  eoii- 
dition  que  Bertrand^  Paidenrit  il  as- 
siéger et  reprendre  ttaniistra,  ^% 
venait  de  perdre  parla  trabisdn  des 
Arméniens ,  qui  I  avaient  rendue  '  tt 
l'empereur  deS  Grées.  Bertcand  se 
refusa  à  cette  condition  j  en  opjMh 
sant  la  îASScà  qu'il  avait  promise 
au  prince  grec;  mais  il  offrit  d'as- 
siéger D jibela  qui  cp{Mirtenait  aux 
Sarrasins»  iWrae  i^isla'ptar  ifa- 
mistr^i  ^«f^^iè'jMiuviilr tdHItiS^r  h 
l^'Wll^  ,'41  \xà   si- 


s. 


5o2 


TAN 


tcriitoiic,  lui  et  sa  troupe  ;  et  dans 
le  mcmc  moment ,  il  euvova  partout 
nue  dcTeiise  expresse  de  lui  fournir 
(les  vivres.  Bertrand  n'eut  plus  d'au- 
tre ressource  que  de  s'éloigner  ^  et  il 
alla  faire  à  Guillaume  de  Sartange , 
qui  régnait  dans  le  pays  de  Calamela, 
une  demande  à-peu-prcs  {Pareille,  et 
qui  fut  accueillie  de  la  m(  me  manière. 
Toutefois  Guillaume  inquiet  des  ré- 
clamations de  Bertrand  ,  après  avoir 
pris  conseil  des  siens ,  envoya  de- 
mander des  secours  à  Tancrède,  qui 
promit  de  lui  en  donner.  Bertrand , 
informé  de  cette  alliance,  alla  as- 
siéger Tripoli ,  en  même  ti'mps 
(pi'il  fit  dire  au  rui  de  Jérusalem  ^ 
<{ue  Guillaume  de  Sartange  et  Tan- 
crède  lui  avaient  refusé  les  villes 
dont  son  père  s'était  rendu  maître  , 
et  qu'ils  étaient  ligués  pour  lui  faire 
la  guerre.  Le  roi  reçut  les  députés 
avec  bienveillance,  et  promit  à  J3er- 
trand  sa  protection.  Il  manda  aussi- 
tôt à  Tancrcde  et  à  Guillaume  de 
venir  le  trouver  à  Tripoli ,  où  il  se 
rendit  lui-même  avec  cinq  cents  ca- 
valiers et  autant  de  fantassins.  Tan- 
crcde et  Guillaume  partirent  avec 
soixante -dix  cavaliers  d'élite.  Bau- 
douin du  Bourg  et  Josselin  les  joi- 
gnirent à  Tripoli ,  d'après  l'ordre 
du  roi  ,  et  s'étant  expliqués  de- 
vant lui ,  tous  se  réconcilièrent.  Le 
roi  rendit  à  Tancrède  la  ville  de 
Cjaiplias  ,  Tibériade  et  Nazareth  , 
avec  tous  les  revenus  :  il  reçut  de 
lui  le  serment  de  foi  et  hommage. 
Après  cet  arrangement,  les  princes 
chrétiens  poussèrent  le  siège  de  Tri- 
poli avec  plus  de  vigueur,  et  prirent 
cette  ville,  par  capitulation,  en 
1 109.  De  nouveaux  sujets  de  querel- 
les ne  tardèrent  pas  à  s'élever  entre 
Baudouin  du  Bourg  et  Tancrède.  La 
ville  d'Edesse  ayant  été  de  nouveau 
attaquée  par  les  Turcs ,   Baudouin 


TAN 

envoya  demander  du  secours  aa  roi 
de  Jérusalem,  en  se  plaignant  que 
c'était  à  l'instigation  de  Tnncredc 
qu'il  se  voyait  menace  par  les  Infidè- 
les. Le  roi  y  se  joignant  au  comte 
Bertrand,  vola  au  secours  d*Édesse. 
Les  Turcs  se  retirèrent  précipitaB- 
ment  du  côté  de  Haran.  Alors  le  roi 
envoya  à  Antioche  des  dépatà, 
chargés  d'amener  Tancrède,  afin 
qu'il  exposât  j  en  présence  des  chefe 
de  l'armée^  les  sujets  de  plaînles 
qu'il  avait  contre  Baudouin duBooK, 
et  qu'il  répomUt  aux  accusations  de 
ce  prince.  Tancrède  refusa  d'abord 
de  se  rendre  aux  ordres  du  roî.  En- 
fin, sur  l'avis  des  siens,  il  partit 
avec  quinau:  cents  cavaliers,  conrcrts 
de  cuirasses.  Le  roi  le  recul  trMâcn, 
et  l'ayant  fait  venir  dans  rasseai- 
blée  des  fidèles,  lui  dcnunda  par 
quel  motif  il  avait  pu  armer  des 
Turcs  contre  des  Chrétiens.  Taocrè* 
de  ne  chercha  point  à  s'excnscr;  il 
avoua  qu'il  n'était  point  Tcnn  au  se- 
cours de  ses  frères  parce  que  Bau- 
douin ,  oui  commandait  Édotte, 
refusait  ae  payer  le  tribut  oae 
cette  ville  et  plusieurs  autm  de- 
vaient à  Antioche,  leur*  Béfaro- 
polc.  liC  roi  ne  trouva  point  oette 
excuse  fondée ,  et  il  fit  obsomr  à 
Tancrède  que  l'usage  d'un  txibnt, 
qui  avait  eu  lieu  parmi  les  Muni- 
mai|s  y  ne  pouvait  se  continuer  entre 
des  princes  chrétiens ,  qui  avaicBl 
arrêté  que  chacun  gardait  libie- 
meut  tout  ce  qu'il  gagnenil  sv 
les  Sarrasins ,  sans  tpst  pcnfln- 
ne  pût  lui  en  disputer  la  poiiei- 
sion  y  et  que  tous  se  devaient  asds- 
tance  et  appui.  Tancrbde,  toocbé 
de  ces  raisonnements,  rndit  sen 
amitié  au  comte  d'Ëdesse,  pmut 
qu'il  serait  à  l'avenir  fidèk  allië 
comme  il  l'avait  été  dans  le  piinâ- 
pe ,  et  qu'il  ne  manquerait  y — ^  ^ 


TAN 

ses  frères.  La  paix  étant 
te  y  les  princes  chrétiens  réu- 
nirs  troupes,  et  poursuivi- 
Turcs  jusque  dans  Les  mon- 
e  Haran.  Mais  ceux-ci  revin- 
u  de  temps  après  y  en  plus 
ombre  ,  et  fondirent  sur  la 
ute'  d'Antioche.  Alors  les 
>  chrétiens  se  réunirent  de 
y  avec  le  roi  de  Jérusalem, 
ourir  Tancrcde ,  et  les  deux 
»e  rencontrèrent  sur  le  che« 
lésaréc.  Les  Turcs  passèrent 
re  rive  de  TEuphralc,  et 
Qt  dans  un  lieu  trcs-spacicux, 
;sta  pendant  i6  jours  en  oL- 
i.  Les  Chrétiens  ne  pouvaient 
le  combat  avec  les  Turcs,que 
i  de  leurs  chevaux  dérobait 
s  de  leurs  eimemis  .'cependant 
t  sans  cesse  harcelés;  et  les 
siues  ne  pouvaient  apporter 
Lsious  au  camp.  I^a  disette 
et  de  fourrage  fut  bientôt 
.  £niin,  le  seizième  jour, 
iens  se  rangèrent  en  bataille^ 
'lires  en  firent  de  même; 
illons  Chrétiens  s'étant  por- 
rop  de  célérité  sur  les  ailes 
s  y  une  grcle  de  traits  les 
le  revenir  vers  le  corps  de 
iprcs  avoir  perdu  beaucoup 
le.  Baudouin  et  Tancrède 
rs  leurs  se  retirer ,  levèrent 
(1  de  la  croix  ,  et  se  portè- 
ride-abatlue  sur  les  Turcs, 
lâchèrent  pied,  selon  leur 
,  et  se  retirèrent  par  bandes 
i  de  mille.  Le  lendemain , 
lu  jour^  ils  tinrent  conseil ,  et 
irnèrent  dans  le  Khoraçan. 
!  alla  ensuite  assiéger  la  for- 
/Atarcb  ou  Sarepta  ,  qui 
aravant  soumise  au  prince 
;  rayant  trouvée  défendue 
onne  garnison ,  il  établit  des 
de  guerre, et Taltaqua  jour 


TAN 


5o3 


et  niMt.  Après  divers  assauts ,  il  s'ou- 
vrit une  entrée  dans  la  ville  sans 
pouvoir  y  pénétrer  encore  à  cause  de 
la  grosseur  des  pierres  qui  embarras- 
saient le  passage  et  des  traits  meur- 
triers ^ue  les  Turcs  lui  lançaient. 
Ceux-ci  voyant  l'acharnement  de 
leurs  ennemis^  offrirent  à  la  fin  de 
capituler.  Tancrède  reçut  de  l'or, 
de  l'arcent ,  des  effets  précieux ,  et  il 
entra  dans  la  ville  d'où  la  garnison 
eut  la  liberté  de  sortir.  11  alla  en- 
suite faire  le  siège  d'un  château  ap- 
Selé  FetuJum,  dans  les  montagnes 
e  Djiblab.  Le  siège  de  ce  fort  l'oc- 
cupa trois  mois ,  et  il  ne  s'en  rendit 
maître  qu'après  des  assauts  réitérés. 
Ce  fut  son  dernier  exploit.  Il  re- 
vint à  Antioche,  où  il  mourut  de  ma- 
ladie,  en  1 1 1 2 ,  laissant  dans  le  mon- 
de un  souvenir  illustre  de  ses  hauts 
£aiits  et  de  la  sagesse  de  son  adminis- 
tration ,  et  dans  l'église  la  mémoire 
étemelle  de  ses  aumônes  et  de  ses 
œuvres  de  piété.  C'est  le  jugement 
qu'en  porte  ( Guillaume  de  Tyr.  Tan- 
crède avait  épousé  la  fille  naturelle 
de  Philippe,  roi  de  France ,  nommée 
Cécilia.  On  dit  qu'à  son  lit  de  mort, 
voyant  devant  lui  sa  femme  et  un 
jeune  homme  nommé  Ponce,  fils  de 
Bertrand ,  comte  de  Tripoli ,  il  leur 
conseilla  de  se  marier  quand  il  ne  se- 
rait plus  :  ce  qui  eut  lieu  en  effet. 
Tancrède  fut  inhumé  sous  le  porti- 
que de  l'église  du  prince  des  apôtres. 
Nous  avons  fait  connaître  ce  héros 
tel  que  le  représentent  les  vieilles 
chroniques  ;  son  caractère  ainsi  tra- 
cé par  l'histoire  ne  nous  offre  point 
l'éclat  poétique  et  romanesque  que 
lui  a  donné  l'Épopée.  On  cherche  eu 
vain  dans  les  faits  historiques  de  sa 
vie  quelque  chose  qui  puisse  ressem- 
bler aux  amours  de  Clorhide,  dont 
le  Tasse  a  fait  une  peinture  si  sé- 
duisante. Tancn!de  fut  par  ses  vertus 


5o4  TAN 

;;uernères  le  modèle  des  chevaliers 
de  son  temps  ;  le  poète  italien ,  en 
traçant  son  portrait,  a  peint  la  che- 
valerie du  seizième  siècle  et  non  pas 
celle  du  douzième  ;  telle  est  la  cause 
de  la  différence  qui  se  trouve  entre 
le  héros  des  chroniques  et  celui  de  la 
Jérusalem  délivrée.  Baoul  de  Cacn , 
attache'  au  service  de  Tancrcde  , 
nous  a  laisse'  une  histoire  iutilulcc  : 
Gesta  Tancredi,  M.  Dcllxirre  a  pu- 
blié Histoire  de  Tancrèdè ,  Paris , 
I  Sua ,  in- 1  •».     D — B — E  et  M — d. 

TANCRÈDÈ,  roi  de  Sicile,  fils 
de  Uocer  duc  de  Fouille,  et  pctit-fils 
du  roi  Roj^er  II ,  était  ne  liors  du 
mariage,  d'une  demoiselle  noble ,  qui 
lui  transmit  par  succession  le  comte 
de  Lecce.  Guillaume  I^>^. ,  son  oncle , 
en  parvenant  au  trône ,  le  fit  arrêter 
de  crainte  que  Tancrèdè  ne  lui  dispu- 
tât la  succession ,  en  se  fondant  sur  le 
bniit  qui  courait  déjà ,  que  sou  père 
et  sa  mÎTe  avaient  e'ie'  secrètement 
maries.  Tancrèdè  re'ussit  cependant 
h  s'ëchaj)pcr  de  sa  prison,  et  il  s'en- 
fuit àCiOnstantiuopfe  :  il  eu  revint  à 
la  mort  de  Guillaume  T'. ,  et  fut 
reçu  avec  distinction  par  Guillaume 
II ,  son  cousin.  Sa  bravoure  ,  sa  gé- 
nérosité ,  sa  prudence  le  rendirent 
cher  aux  Siciliens  ;  il  cultiva  les  let- 
tres ,  les  mathématiques ,  l'astrono- 
mie ,  la  musique  ,  à  une  époque  où 
tout  l'occident  de  l'Europe  était 
plongé  dans  la  plus  profonde  barba- 
rie. Guillaume  II ,  dernier  survivant 
dans  la  ligne  légitime  masculine  des 
conquérants  Normands  de  la  Sicile, 
hésita  s'il  appellerait  au  trône  sa 
tante  Constance,  Clic  de  Roger  II, 
ou  sou  cousin  Tancrèdè.  Le  mariage 
de  Constance  avec  Henri  VI  de  Soua- 
})e  le  lit  pencher  pour  la  première; 
mais  fous  les  Siciliens  et  tous  lei 
Normands  favorisaient  le  second  \  et 
lorsque  Guillaïuue  II  mounit^  le  16 


TAN 

novembre  1 189 ,  sans  avoir  fait  de 
testament,  les  états  de  Sicile,  conro- 
qués  à  Palerme,  proclamèrent, apib 
aes  delxits  assez  vifs ,  Tancrèdè ,  fo 
fut  couronné  au  mois  de  janvier  1 190. 
Mais  à  peine  monté  sur  le  trône,  1 
fut  appelé  a  combattre  les  plus  dan- 
gereux ennemis.  D'une  part  le  maré- 
chal Testa  ,  général  de  Henri  VI  et 
de  Constance ,  envahissait  la  PornHey 
de  concert  avec  le  comte  d' Aodzia  ; 
d'autre  part ,  Richard  Gceurde-LiM, 
arrivé  à  Messine  avec  Philippe -Air 
guste  ,  à  la  fin  d*aoftt   1 1  go ,  dai 
son  voyage  de  Terre-Sainte,  fonaa 
contre  Tancrèdè  les  prëtentions  kl 
]>his  extravagantes  ,  pour  le  donaiit 
de  Jeanne  d'Angleterre,  sa 
veuve  de  Guillaume  II.  Les 
des  Croisés  furent  employées  à 
mettre  les  chi)teaux  de  Messine, et  t 
massacrer  ses  habitants.  Enfin  Ri- 
chard partit  pour  la  '^^errenSaÎDle , 
emportant  les  sommes  immenses  qne 
Tancrcde  lui  avait  payées  pour  obte- 
nir la  P'ùi;  le  maréchal  Testa  tit 
son  armée  consumée  par  les  nuda- 
dies  dans  la  Pouille  ;  le  comte  d'Aii- 
dria  perdit  la  vie  dans  une  cmlios- 
cade  ;  et  Tancrèdè,  possesseur  paci- 
ficpie  des  Deux-^iciles ,  maria ,  en 
1191  ,  son  iils  Roger  avec  IrisK» 
fille  d'Isaac  -  Ange  ,  empereur  de 
Constantinople.  Mais  dans  cette  an- 
née, vers  la  fin  d'avril ,  Henri  VI 
entra  hostilement  dans  le  rojauBC 
de  Naples  pour  recouvrer  rhéritaee 
de  sa  femme  Constance  ;  il  porta  la 
désolation  dans  ces  riches  proTums, 
dont  il  incendiait  les  villes  et  les  cU- 
tcaux.  Pour  la  seconde  fois,  les  ma- 
ladies causées  par  la  chaleur  de  la 
saison    détruisirent  l'armée    alte- 
rna ude.  Henri ,  au  mois  de  septem- 
bre ,   se  retira ,  par  Gcncs ,  en  Al- 
lemagne.   Constance  ,    qu'il  anit 
laissée  à  Salerne  ,  fut  livrée  i  Tau- 


TAN 

par  les  habitants  de  cette  viUe, 
Dduilc  à  Pa  terme.  Mais  Tan- 
vit  en  elle  «ne  pi  oche  parente 
I  point  nue  rivale  :  après  l'avoir 
e  quelque  temps  en  reine  à  sa 
,  il  la  renvoya  ,  en  1 1 92 ,  corn- 
le  prt'scnts ,  vers  son  mari ,  sans 
e  aucune  condition  h  la  liberté 
lui  rendait.  La  guerre  se  conti- 
nu eflct  entre  les  0 (liciers  de 
i  VI  et  le  roi  Taucrède.  Ce  der- 
'avança  jusqu'à  Pcscara  ,  et  re- 
à  Tobcissance  Richard  comte 
lano  ;  mais  obligé  de  retourner 
ciîe ,  il  laissa  les  troupes  impé- 
rcprendre  l'avantage  en  son 
ce.  Dans  une  troisième  campa- 
en  1 193 ,  il  combattit  avec  suç- 
on rad  Mosca  in  Cervello,  génc- 
B  Henri  VI  ;  à  la  fin  de  l'année, 
tour  en  Sicile  ,  il  eut  la  douleur 
oir  mourir  son  fils  aîné  Roger, 
nté,  qui  avait  déjà  j: ou (Tcrt  quel- 
atteintes  durant  la  précédente 
agi:e,  ne  résista  point  à  ce  non- 
malheur  ;  il  mourut  au  com* 
ement  de  Tannée  1 194  >  laissant 
ne  Sibille  tutrice  de  son  second 
uillaume  111.  S.  S — i. 

lNCRÈDE.  rojr.  Rouan. 
iNDY  (James  Napper),  né  enlr- 
, en  1 757,  fut  d'abord  négociant 
lin ,  se  montra  dans  sa  patrie  un 
memis  les  plus  ardents  de  la 
lation  anglaise  ,  et  fit  surtout 
r  son  opposition  à  l'époque  de 
solution  de-'France.  II  publia  , 
91 ,  un  plan  de  réforme,  et  fut 
le'  secrétaire  d'une  association 
tboliqucs  romains ,  quoiqu'il 
ssât  la  religion  des  protestants 
onformistes.  Il  fut  nommé  c^ 
des  volontaires  de  Dublin  ,  et 
en  quelque  façon  ,  l'étendard 
révolte.  Bientôt,  poursuivi  par 
cLi*es  du  ministère  anglais ,  il  se 
ia  en  France  ,  où  il  fut  très- 


TAN 


5o5 


bien  accueilli  par  le  Directoire  exé- 
cutif ,  qui ,  voulant  se  servir  de  son 
influence  pour  tenter  une  descente 
en  Irlande  y  le  nomma  général  de 
brigade ,  et  lui  accorda  des  secours 
pour  lui  et  ses  compagnons.  Ayant 
été  placé  à  la  tête  d'un  petit  nom- 
bre d'Irlandais,  qui  partageaient 
ses  principes  et  sa  destinée ,  il  fut 
jeté,  dans  le  mois  d'août  1798, 
sur  la  côte  occidentale  de  Done^al , 
avec  un  corps  de  troupes  françaises , 
commandé  parle  général  Re^^  tandis 
que  le  général  Humbert  faisait  une 
desceute  sur  un  antre  point  (  à  Kil- 
lala);  mais  cette  troupe,  ]icu nom- 
breuse, ayant  appris  la  défaite  du  gé- 
néral Humbert,  prit  aussitôt  le  parti 
de  se  rembarquer.  Napper  Tandy , 

3ui  avait  été  excepté  par  le  parlement 
u  bill  d'amnistie ,  s'étant  réfugié  à 
Hambourg  ,  fut  livré  par  les  ma- 
gistrats de  cette  ville  ,  avec  le  frère 
d'O  Connor^  sur  la  réquisition  du  mi- 
nistre d'Angleterre  Crawfort.  Buo- 
nauarte  ,  alors  premier  consul  de 
FnKce ,  écrivit  à  cette  occasion  au 
sénat  de  Hambourg  une  lettre  mena- 
çante ,  où  l'on  remarquait  la  phra- 
se suivante  :  a  Le  courage  et  l  éncr- 
V  gie  maintiennent  les  états  ;  c'est  la 
»  lâcheté  qui  les  renverse.  »  Trans- 

Sorté  dans  les  prisons  d'Irlande ,  Tan- 
y  fut  condamné  à  mort  par  la  cour  du 
banc  du  roi  ;  mais  ce  jugement  n'ayant 
pas  été  exécute,  il  recouvra  la  liberté 
lors  de  la  paix  d'Amiens ,  à  la  de- 
mande de  l'ambassadeur  de  France  , 
et  il  se  hâta  de  retourner  dans  ce  pays. 
Arrivé  à  Bordeaux  dans  le  mois  de 
mars  180a  ,  il  mourut  dans  cette 
ville ,  le  if\  août  i8o3.    M — o  j. 

TANNEGUI  DU  Chatel  ,  Tun 
des  plus  vaillants  capitaines  du  quin- 
zième siècle,  descendait  d'une  ancien- 
ne et  illustre  maison  de  Bretagne.  Dès 
sa  première  jeunesse  »  il  montra  des 


5a6 


TAN 


inclinations  guerrières ,  et  se  signala 
par  divers  exploits.  Son  frcre  aine 
(iuiilaume  ayant  été'  tue\  en  i4o4^ 
par  les  Anglais,  devant  Hle  de  Jer- 
sey y  il  descendit  sur  les  cotes  d'An- 
gleterre y  suivi  de  quatre  cents  cbeva- 
liers  bretons ,  et  revint  charge'  d'un 
immense  butin.  11  entra ,  peu  de  temps 
après ,  au  service  du  duc  d'Orléans , 
qui  le  nomma  son  premier  chambel- 
lan. Après  la  mort  de  ce  prince ,  as- 
sassine par  le  duc  de  Bourgogne  (  F, 
Ori^eans,  XXXII,  8i  ),  il  accom- 
pagna Louis  d'Anjou,  que  les  Napo- 
litains invitaient  k  reconquérir  son 
tronc,  et  contribua  beaucoup  aux  suc- 
cès passagers  que  celui-ci  obtint  sur 
Ladislas  ,sou  cumpctileur  (  V.  Louis 
II ,  XXV,  24H).  A  son  retour  de  cette 
expédition  ,  le  dauphin  le  prit  à  son 
service,  et  le  nomma  maréchal  de 
Guienue.  En  1 4 1 3  ^  il  fut  revêtu  de 
la  charge  importante  de  prévôt  de 
Paris.  II  déjoua  plusieurs  complots 
des  Bourguignons,  et  notamment,  en 
1 4 1  ^>;  nue  conspiration  dout  les  chefs 
cxpicTcnt  leur  crime  dans  les  suppli- 
ces. Mais  malgré  son  infatigable  sur- 
veillance ,  il  ne  putempecher  des  traî- 
tres de  se  glisser  dans  le  palais,  et  de 
choisir  leurs  victimes  dans  la  famille 
royale.  Le  dauphiu  Louis  et  Jean^ 
son  frère,  moururent  de  poison,  à 
quelques  mois  d'intervalle  (  F.  Char- 
les VI ,  VI II ,  1  i(i).  11  ne  restait  phis 
à  la  France  qu'un  seul  descendant  de 
ses  rois ,  (piand  un  complot ,  tramé 
par  quelques  citoyens  obscurs ,  livra 
Paris  aux  Bourguignons.  Averti  du 
danger  par  les  cris  de  victoire  des 
conjurés^  Taunegui  vuleà  l'hôtel  du 
d-niphin ,  l'emporte  dans  ses  bras  à 
la  Bastille,  et  le  conduit  ensuite  à 
Mchni.  Dès  qu'il  a  mis  eu  sûreté  ce 
précieux  dépôt,  il  revient  à  Paris, 
espérant  surprendre  les  Bourgui- 
gnons: mais  un  comliat  s'engage  dans 


TAN 

la  rue  Saint -Antoine.   Les   Qriëa- 
nais  ,   commandes  par  Tann^m  « 
n'ccha(men^  qu'avec  peine  k  une  po- 
pulace furieuse.  Quatre  mille  victimes 
ne  peuvent  assouvir  sa  rage.  La  guci^ 
re  civile  étale  ses  horreurs  d'un  Dout 
à  l'autre  du  royaume.  Les  Anglais, 
profitant  de  nos  discordes ,  s'empa- 
rent de  la  Normandie  ;  et  pour  qae 
rien  ne  manque  aux.  malheurs  de  la 
France,  la  famine  et  la  peste  dëd- 
ment  ceux  que  le  fer  a  épargnés.  Lb 
deux  partis  sentent  également  le  he-    | 
soin  d'une  réconciliation.  TanMem 
est  chargé  par  le  dauphin  de  nfocicr 
avec  le  duc  de  Bourgogne ,  pour  l'em- 
pêcher de  s'allier  aux  Anglais.  Due 
entrevue  des  deux  princes  est  fixée  à 
Montereau.  Le  duc  de  Bourgogne, 
qui  ne  s'y  rend  qu'avec  répugnance , 
y  est  assassiné  {F",  Jeav-sams-Peub, 
aXI  ,  469  ).  Ihi  Chatel  avait-il  con- 
seillé ce  crime,  et  s'en  est-il  raidale 
complice?  Les  historiens  bourgui- 
guous  l'accusent  tous  sans  héûler; 
mais  Tanuegui ,  dont  on  ne  nent  ré- 
voquer en  doute  la  loyauté,  jura  sur 
son  honneur  que  le  meurtre  dn  doc 
de  Bourgogne  n'avait  point  é^pié- 
médité,  et  s'offrait  de  maintèair  son 
serment  par  les  armes  contre  deux 
chevaliers.  Aucun  ne  se  préscirta  pour 
relever  le  défi.  C'est,  d'après  ks  idées 
du  temps,  une  preuve  qu'on  n'était 
pas  convaincu  qu'il  lût  rêelIcBCBt 
coupable.  Une  enquête  fut  iâite  par 
les  olllciers  du  duc  de  Bourgope; 
des  témoins  furent  entendus  ;^  âîil- 
Foix  ,   après  avoir  #flcamîiiP  jgggg 
dépositions ,  dédare  Du  Ghatcl  cl  k 
dauphin  innocents  du  meurtre  it 
Jpan-sans-Peur  (Voy.  les  CEw^ft$ 
de  Saint'FoiXy  v ,  ao6  et  soit.). 
C'est  aussi   l'opinion   de  ..Vollaire 
(  Œuvres ,  xvii ,  35i .  éd.  deKeU, 
in-8".  :  ;  mais  le  nouvel  histom  des 
ducs  de  Bourgogne  n'a  point  cm  d^ 


TAN 

udrc  La  mémoire  de  Tuidc- 
î  si  grave  accusatioa  (Voy. 
?5  ducs  de  Bourgogne  y  par 
irante,  rv').  Tam>egui  nar- 
disgrâce  du  daupbip ,  des- 
r  son  père ,  et  le  suivit  daiis 
ie  la  France  y  seule  partie 
me  qui  pût  encore  lui  don- 
asile.  Ce  prince,   en  arri- 
roue  y  récompensa  la  fidélité 
atel,  en  l'élevant  aux  pre- 
plois.  S'il  était  vrai,  com- 
t  Pasquier  (  Reclterches  de 
:e ,  VI ,  4  )  >  H"^  Tannegui , 
assemblée  du  conseil,  eut 
propre  main  le  comte  dau- 
uvcrgue ,  cet  acte  de  violen- 
lit  toutes  ses  qualités  ;  mais 
ilogic  des  comtes  d'Auver- 
Savaron  (Voy.  les  Origines 
lont  ) ,  prouve  que  Pasquier 
informé.  Les  courtisans  ne 
tir  saus  jalousie  la  faveur  de 
l.  I^e  connétable  de  Riche- 
gca  son  renvoi.  Charles  VII 
se  priver  d'un  serviteur  dont 
ssait  le  dévouement^  mais 
,  sentant  que  ce  sacrifice 
'ssaire  au  bien  de  l'état,  dé- 
i  intention  de  se  retirer  en 
;  et  rien  ne  fut  capable  d'é- 
1  résolution.  Le  roi  lui  don- 
rdes  pour  sa  sûreté  dans  le 
et  le  nomma  sénéchal  de 
^ ,  où  il  fixa  sa  demeure.  En 
fut  nommé  grand  -  sénéchal 
nce.  Cinq  ans  après,  il  se 
iiome  avec  le  titre  d'ambas- 
son  retour  de  cette  mission 
?,  il  mourut,  en  i449i  ^ 
jviron  quatre  -  vingts  ans  , 
:-putati<<n  d'un  grand  capi- 
*un  politique  habile.  W-s. 
FJill   Li   CHATEL,  VI- 
Li  f>«  .l.»-rr    I    .  rifve»*  du 


TAN  S07 

précÂient ,  était  le  ù\s  puîné  d'Œi- 
viei  dn  Chatel ,  chambdlan  du  duc 
de  BreUf^De.  Son  onde  ^  qui  n'avait 
point  dlieritier ,  se  chargea  de  le 
former  dans  l'art  de  la  guerre ,  et  de 
rinstruiredes  usages  de  la  dievalerie. 
U  fiit  l'un  des  tenants  du  tournois 
cde'bré  en   i449  j  ^  Tarascon  ,  in 
présence  du  bon  roi  René  (3).  L'af- 
fection qne  Charles  VII  portait  au 
grand  sénéchal  de  Provence  s'éten- 
dit sur  son  neveu ,  qu'il  fit  grand- 
maître  de  son  écurie  (3).  A  cette 
charge,  Tannegui   joignit  celle  de 
lieutenant  du  Languedoc  y  et  en  cette 
Qualité ,  il  solliciu ,  plusieurs  fois  y 
des  états  de  la  province  ,  une  aug- 
mentation d'impôts  que  les  circons- 
tances rendaient  nécessaire.  Au  mo- 
ment de  la  mortde  Charles  VII«  tous 
les  courtisans  désertèrent  le  palais , 
empressés  d'aller  porter  leurs  hom- 
mages au  nouveau  roi  (  Louis  XI  )y 
qu'ils  avaient  si  souvent  desservi  près 
de  son  père.  Tannegui  seul  resta  près 
du  corps  de  son  bienfaiteur.  Il  donna 
les  ordres  pour  ses  obsèques ,  et  y 
dépensa  trente  mille  écus ,  qui  ne  lui 
furent  remboursés  qu'au  bout  de  dix 
ans  (4).  Après  avoir  rempli  ce  triste 
devoir ,  il  partit  pour  la  cour  du  duc 
de  Bretagne ,  François  II ,   aui  le 
nomma  grand -maître  de  son  hotcl. 
U  rendit  d'importants  services  à  ce 
prince  ;  mais  ayant  osé  lui  représen- 
ter que  son  goût  excessif  pour  les 
femmes  l'avilissait  aux  yeux  de  ses 
sujets,  il  encourut  sa  disgrâce,  et 
fut  obligé  de  se  réfucier  en  France. 
Louis  XI ,  désirant  l'attacher  à  son 
service,  lui  rendit  la  charge  de  grand- 
maître  des  écories;  el  deux  ans  après 

1    V  ,j.  VRuUMn  dt  Hetu  ,  par  M.  le  naamU 
ie  ViIfc»*»Tf  ftit|iMiiw»,  II,  S». 


—  '.  '  '.->  Ir-:; 


-.v«.-  hl* 


'  ;    A  I  jrt.  FAJISÇOtS  II .  XT.  ^  .  «•  aUrtlw*. 

«VK   I>i!T¥n«Ct  '     ifn     11  JnhMlHiifM      ML^*% 


*r» 


'•4» 


r>o8 


TAN 


(ij(»8),  le  nomma  gouvoniciir  du 
Uoiissillou  ,  que  le  roi  d'Aragon  lui 
avait  engage  pour  trois  cent  mille 
ecus  d'or.  Ix?  vicomte  de  IjA  Bellici-e 
(  c'est  le  uom  que  portait  alors  Tan- 
negui  )  fui  Fuu  des  premiers  cheva- 
liers deToi-dredeSaint-IVlirlicL  Em- 
iiloye'  tour-à-tour  par  Louis  XI  dans 
les  guerres  et  d^ms  les  n'^gociaiions  ^ 
il  justifia  paitout  la  conliauce  que 
lui  accordait  ce  prince  soupçonneux. 
L'ayant  accompagné  au  sie'ge  de 
Bouchain ,  taudis  qu'il  en  examinait 
les  fortifications  avec  le  roi  qui  s'ap- 
puyait sur  son  épaule  ,  il  fut  atteint 
d'un  coup  de  fauconneau.  Sentant  sa 
blessure  mortelle  ,  il  dicta  ses  der- 
nières Yoloutcs^  et  expira  dans  les 
derniers  jours  de  mai  i477*  Il  J<*'^~ 
sait  trois  filles,  sans  fortune,  quoi  qu'il 
eut  commandé  des  armées  et  gouver- 
ne des  provinces.  Par  son  testament, 
il  pria  te  roi  de  marier  la  seconde,  de 
perniellre  que  ses  amis  mariassent 
l'a?n(*c ,  et  de  laisser  à  sa  veuve  le 
soin  de  pourvoir  la  troisième.  Il  le 
priait,  en  outi-e  y  de  payer  ses  dettes, 
jurant  par  la  mort  qu'il  attendait  y 
(uril  n'avait  pas  dépense  un  sou  des 
deniers  publics  ,  autretneut  que 
pour  le  service  de  l'état.  Enfin ,  il  lui 
demandait  pardon  de  ses  emporte- 
ments et  de  ses  désobéissances  ^  car 
folie,  dit-il ,  me  les  fit  faire  plus  que 
malice  (  Voy.  I/ist.  de  France^  par 
Ganner,  ix ,  4iB,  édition  in-4"«  )• 
Le  roi  le  regretta  sincèrement ,  prit 
soin  de  ses  obsèques  ,  et  voulut  qu'il 
fût  inhumé  dans  l'église  Notre-Dame 
de  Cléry.  On  conserve,  à  la  bibliothè- 
f  [ue  royale,  plusieurs  Lettres  de  Louis 
XI  au  vicomte  de  La  Bell ière.  L'a bbc 
Lcnglet  Diifresnoy  en  a  publié  quel- 
ques-unes dans  son  édition  des  Mé- 
moires de  Comines.  On  a  son  porr 
trait   gravé  par  Odicnvre ,   in -4**. 

W— s. 


TAN 

TANNER  (Mathias),  jësnîte, 
né,  en  iG3o,  à  Pilseu  dans  la  Bo- 
hème, embrassa  la  rëgle  de  saiul 
Ignace,  à  seize  ans.  Apres  avoir  pro- 
fessé ,  suivant  l'usage  de  rinsUtut , 
les  humanités,  la  philosophie,  h 
théologie  scholastique  et  polcmiquc, 
et  l'Écriture  sainte,  il  lut  nomme 
recteur  du  coll(^e  d'Olmutz  ,  et  en- 
suite de  Prague.  LIu  protindal ,  il 
se  rendit  à  Borne,  en  1675,  et  lor»» 
que  ses  fonctions  furent  expirées, 
re>  int  à  Prague ,  où  il  mourut  dam 
les  premières  anuéesdu  dix-huiticme 
siècle.  Outre  quelques  opuscuks  en 
langue  bohème ,  parmi  lesquels  00 
cite  une  Histoire  du  Mont  Olivet 
dans  la  Moravie,  près  de  Stambonrg, 
et  un  Dialogue  y  dans  lequel  un  exa- 
mine si  un  homme  mané  peut ,  du 
consentement  de  sa  femme,  cndiras- 
ser  l'état  ecclésiastique  ,  on  a  du  P. 
Tanner  :  L  Cruentum  Chrisii  sacrt- 
ficium  incruento  missœ  saenfido 
explicatum  ,  Prague,  166g,  in-u. 
U.SocietasJesuusgue  adsattgumis 
et  vitœ  prqfusionem  in  Etunpdy 
Jsid^  Ajricd  et  Ameried  mHiUm; 
sit'e  vitœ  et  mortes  eontm  m  m 
caiisdfidtd  interfecti  sicirt,  ibid.* 
1G75,  in-foL,  fig.  m.  Jlisliifia 
societat,  Jesu  ;  stvtf  ndtœ  eC  gesU 
prœclara  PP,  iSoc.,  flnd. ,  i6g4i 
iu-fol. ,  Gg.  Ces  deux  ouvrages  sont 
écrits  avec  une  élégance  remar^oabk; 
mais  on  les  recberche  surLont  pow 
les  beaux  portraits  dont  ib  sont  or- 
nés. —  Tanner  (  Adam  ) ,  jânile, 
né  à  Inspruck,  eu  i5^a ,  fiit  praiiBi- 
seur  de  théologie  k  Vienne  ,  cC  chan- 
celier de  l'université  de  Prague.  II 
mourut  en  i63a,  après  avoir  publié 
un  grand  nombre  d  écrits ,  enfle  as- 
tres: Astrologia  sacra ,  Ingolstadi, 
]G!2t ,  in-fol.  W— s. 

TâNN  ER  (  BKRif  ARD  ) ,  né  à  Pira- 
gue ,  avait  parcouru  b  Bohine ,  sa 


} 


TAN 

,  ritaîic  et  la  Pologne ,  lors- 
1678,  il  fut  choisi  pour  ac- 
gncT .  en  qualité'  de  çentil- 
c-intcrprî'le,  L'ambassade  qnc 
Jobicski ,  roi  de  Pologne,  en- 
i  Moscou,  vers  le  czarFcodor 
heodore  Alexiowitch  ,  frère 
rre-le-Grand.  Cette  mission  fut 
r}uable  par  son  éclat  et  sa  ma- 
lice (  V,  SOBIESKI  ,  XLII , 
La  relation  que  Tanner  en  a  pn- 
I  )  est  piquante  *  on  y  trouve  le 
it  fidèle  des  mœurs  moscovites, 
u'elles  étaient  quelques  années 
e  règne  de  Pierre  I®*".  Le  récit 
auteur  nous  attache  particu- 
ent,  parce  qu'en  le  suivant  on 
e  sur  la  route  que  l'armée 
ise  a  marquée ,  en  1812,  par 
'actions  glorieuses  et  par  des 
res  si  effrayants.  «  La  diète  de 
le,  dit-il,  ayant  termine  ses 
IX,  en  1677  ,  le  roi  et  la  re- 
lue ,  après  la  paix  de  Zuro- 
résolurenl  d'envoyer  des  am- 
ies solennelles  aux  premiers 
•ques  de  l'Europe.  Je  fus  d'a- 
ittaché  à  celle  de  la  Turquie, 
celle  qui  allait  à  Moscou  ;  le 
,  Michel  Czartorysky,  palatin 
olhinie,  en  était  le  chef.  Ce 
qui  voulait  paraître  à  la  cour 
ars  avec  \!i  magnificence  d'un 
rit  quinze  cents  personnes  à  sa 
Je  ne  fus  placé  que  dans  le 
cme  rang  des  oftlcicrs  ;  cepen- 
'avais  trois  chevaux  de  main 
lOmestique.  I^c  i^^.mars  1678, 
rrivâmes  à  Minsk,  de  là  à  to- 
sur  la  Bérczina  ,  dont  les 
marécageux  retardèrent  notre 
A  Mohilow ,  nous  étions  en- 


gaiio  poloncMlhnanicti  in  Moscoviam  ,  pO" 

i  Polvn'ut  rrfii<  ac  reipubUca  mandalo  et 

unno  iG-HJeLnlfr  %u(c<pla  ,  ht efiter  sed 

tfuoad   fingiila  notiJ'itîa  'IffCripta  à   Irfte 

licfn.   f^cp,    Fntnr.  Tannetv ,    Nurem- 

»0  ,  iu-4«. 


TAN  5og 

corc  sur  le  territoire  polonais ,  les 
Moscovites  ayant  été  obligés  de  ren- 
dre cette  ville,  dont  ils  s  étaient  em- 
parés. Nous  y  passâmes  le  Dnieper, 
que  nous  traversâmes  une  seconde 
fois  avant  d'arriver  à  Smolensk. 
Pendant  nos  malheurs,  les  Moscovi- 
tes s'étaient  empare's  de  cette  ville,  et 
ils  avaient  jusque-là  refusé  de  la  ren- 
dre. Le  prince  Czartorysky  y  fit  son 
entrée  avec  grande  pompe.  Nous  y 
trouvâmes  tout  étaî)li  sur  le  pied 
moscovite.  Les  habitants  avainit 
même  été  forces  de  quitter  l'habille- 
ment polonais  pour  prendre  ce^ui  de 
leurs  nouveaux  maîtres.  4 près  avoir 
passé  une  troisième  fois  le  Dnieper , 
nous  a  rrivâmes  à  Polanov^'^ce ,  où  nous 
contemplâmes  long-temps  avec  dou- 
leur la  fosse  carrée  que  le  roi  Sigis- 
mond  avait  fait  creuser  pour  indiquer 
les  limites  delà  Pologne.  Nous  traver- 
sâmes Wiasma ,  Czarskezamoiscie, 
Mojalsk ,  et  enfin  le  prince  fit  son 
entrée  k  Moscou,  précédé  par  cinq 
cents  voitures  qui  menaient  les  équi- 

Eages.  Ayant  traversé  les  parties  de 
i  ville  appelées  Slobodow  et  Zemle- 
nigorod,  nous  arrivâiçes  au  Kitaïgo- 
rod,surla  porte  duquel  le  czar  s'é- 
tait placé  pour  nous  voir  entrer. 
Quand  le  prince  dut  avoir  sa  pre- 
mière audience ,  le  grand  écuyer  mos- 
covite vint  dans  un  char  avec  les  che- 
vaux que  le  roi  de  France  avait 
donnés  au  czar ,  ainsi  que  le  char. 
11  conduisit  l'ambassad!e  au  Krim- 
gorod  (  Kremlin  ) ,  où  est  la  rési- 
dence du  ezar.  En  nous  congé- 
diant après  l'audience ,  ce  monar- 
que nous  promit  de  nous  régale*. 
On  fit  entrer  l'ambassade  dans  une 
vaste  salle  du  Ki'emlin,  où  l'on  nous 
servit  une  énorme  quantité  de  plats 
couverts  de  poissons  hachés  et  telle- 
ment disposés  qu'ils  représentaient 
toutes  sortes  d'animaux.  Je  ne  sais 


5io 


TAN 


avec  quoi  on  les  avait  assaisonnes 
ils  répandaient  dans  la  salle  une 
odeur  fctide  qui  paraissait  plaire 
aux  Moscovites  ;  mais  qui  nous  sou- 
levait le  cœur.  Le  prince  {Knias) ,  qui 
faisait  les  honneurs  pour  le  czar, 
commença  à  porter  les  santës  avec 
un  grand  vase  plein  d'eau-de-vie; 
ensuite  vinrent  la  bière ,  Vbydromel , 
enfin  le  vin.  Les  officiers  du  czar 
burent  sans  mesure  ;  ils  tombaient 
dans  la  saUe  sans  connaissance  y  et 
on  le  jetait  dans  la  cour.  Les 
séances  conmicncèrent.  On  proposa 
au  czar:  !<>.  de  conclure  un  armis- 
tice de  quatorze  ans  avec  la  Pologne; 
20.  une  ligue  offensive  contre  les 
Turcs;  3°.  de  rendi-c  les  villes  de 
Smolcnsk,  de  Kiow  et  le  palatinat 
de  Wielicka;  et  enfin  de  permettre 
aux  catholiques  le  libre  exercice  de 
leur  relidon.Le  czar  déclara  de  suite 
qu'il  était  inutile  d'agiter  le  dernier 
point  ,  que  jamais  il  ne  raccorde- 
rait. Pendant  les  négociations^  sur- 
vint la  Saint-Théodore ,  felc  du  czar. 
Il  voulut  de  nouveau  nous  régaler. 
Ce  fut,  comme  la  première  fois  ,  une 
quantité  de  plats  monstrueux ,  cou- 
verts de  i)oissons  assaisonnés  avec 
do  rhuilcae  lin:  Tudeur  nous  soule- 
vait le  cœur.  Nous  fîmes  des  efforts 
pour  ne  point  mécontenter  le  czar. 
Après  de  longues  discussions,  on  con- 
vint que  les  jMoscovites  rendraient 
le  Palatinat  de  Wicliska ,  et  qu'ils 
paieraient  deux  millions  en  argent 
comme  dédommagement  pour  Smo- 
leiisk  et  Kiow ,  qu'ils  refusèrent  de 
rendre.  La  ligue  contre  les  Turcs  fut 
aussi  conclue.  Les  officiers  de  l'ambas- 
sade que  les  négociations  ne  regar- 
daient point  avaient  la  plupart  lié  des 
connaissances.  Un  d'eux  fut  surpris 
par  le  mari,  qui  traiti  sa  jeune  épouse 
selon  les  mœurs  du  pays.  Celle-ci  fu- 
rieuse fit  mourir  l'époux.  Ayant  été 


TAN 

convaincue ,  eUe  fut  amenée  sur  la  pla- 
ce publique^  dépouillée  de  tout  ym- 
meut,  et,  dans  cet  état,  ayant  ks 
mains  Héà  derrière  le  dos,  exposée  à 
tous  les  regards ,  et  ensuite  jetée ,  jus- 
qu'à la  moitié  du  corps ,  dans  ODe 
fosse  que  l'on  remplit  de  terre.  Elle 
devait  y  rester  troisjomrs  et  trois  mnls; 
mais  &$  chiens  aflamés  s'étant  jcfléi 
sur  elle  y  die  se  défendît  tant  qo^cBe 
put  par  ses  cris ,  et  parvint  &  en  saisir 
un  avec  les  dents;  mais  ses  força 
s'étant  bientôt  épuisées ,  elle  fbt  dé- 
vorée toot  entière.  Il  faut  avoir  va 
cet  horrible  spectacle  pour  s'en  for- 
mer une  idée.  Le  gouvernement  est 
si  barbare ,  que  personne  n'osa  por- 
ter secours  à  cette  infortanée.  A 
on  mille  de  la  ville ,  on  trouve  Nie- 
meczka  Sloboda  y  petite  ville  fondée 
par  des  colons  allemands.  Nons  j 
allions  souvent ^  nous  croyant  heu- 
reux quand  nous  n'avions  point  sois 
nos  yeux  les  mœurs  sauvages  des 
Moscovites.  Un  de  iips  officiers  ayut 

Sromis  le  mariage  à  une  jeune  veuve 
e  cette  colonie ,  le  beau-pèce  de 
celle-ci,  qui  était  depuis  Ion{;-lenips 
ingénieur  dans  l'armée  moscovite,  se 
proposa  de  profiter  de  l'occasion 
pour  quittei*  ce  maudit  pays  et  re- 
tourner dans  sa  patrie.  Le  gonverae- 
ment  avant  eu  vent  de  son  projet,  fl 
fut  décidé  que  y  pour  rcmpèclier  de 

Eartir  y  on  lui  casserait  les  aenx  Jam- 
es y  et  qu'on  lui  couperait  la  maia 
droite.  Ce  pauvre  malheureux  rmré- 
senta  qu'il  ne  pourrait  plus  taire 
lé  signe  de  la  croix.  On  loi  aceorfa, 
comme  ime  grâce  insigne  ,  d'avoir 
la  main  gauche  coupée  au  lien  de  la 
droite.  Quand  il  fut  guéri,  nous  oé- 
lelirâmes  la  noce  chez  une  jeune  veu- 
ve qui  tenait  auberge.  Notre  joîe  bien 
innocente  déplut;  la  maison  fut  en- 
tourée^ la  veuve  et  l'ingcnienr  em- 
menés et  conduits  sur  la  place  puibU- 


TAN 

que  y  où  ce  pauvre  homme  fut  ache- 
vé' à  coups  de  knout.  On  releva  les  vê- 
tements deJa  veuve  par-dessus  sa  tête, 
pour  lui  donner  cinquante  coups  de 
knout  y  sans  que  ces  sauvages  se  lais- 
sassent toucher  par  ses  cris.  Ses  amies 
l'emportèrent  chez  elle  demi -morte. 
Le  lendemain  de  la  Saint-  Laurent , 
nous  nous  rendîmes  avec  la  foule  dur 
les  bords  de  la  Moskwa.  Le  patriar- 
che arriva  avec  son  clergé.  Aussitôt 
qu'il  eut  béni  le  fleuve  ^  et  qu'il  y  eut 
fait  descendre  trois  fois  l'image  de  la 
Sainte  Vierge  portant  l'Enfant- Jésus, 
les  Moscovites  de  tout  âge  et  de  tout 
sexe  se  dépouillèrent  sans  aucune  pu- 
deur, et  se  jetèrent  dans  l'eau.  Nous 
YOidumes  plusieurs  fois  aller  prendre 
des  bains  dans  le  Ûeuye;  mais  cha- 
que fois  nous  fumes  obligés  de  nous 
éloigner  ^  ne  pouvant  soutenir  la  yue 
des  indécences  que  la  foule  commet- 
tait. »  Pour  revenir  en  Pologne,  Tam- 
bassade  prit  la  route  qu'elle  avait 
suivie  en  allant  à  Moscou.    G — y. 
TANNER  (Thomas),  biographe 
i     anglais  ,  né  en  i6'74  ?  fut  admis  ^  à 
seize  ans  ,  au  collège  de  la  Reine  à 
Oxford  ,  où  il  se  distingua  par  son 
application  à  l'étude^  et  par  la  ra- 
pidité de  ses  progrès.  Au  nombre  de 
ses  condisciples  se  trouvait  Edmond 
Gibson  (  F^.  ce  nom  ) ,  depuis  évêque 
de   Londres  ;  et  la  conformité  des 
goûts  établit  entre  eux  une  amitié  qui 
dura  toute  leur  vie.  Son  Essai  sur 
l'histoire  monastique  de  l'Angleterre 
(  I  )  l'ayant  fait  connaître  de  Moore , 
évêque  de  Norwiçh ,  ce  prélat  lui 
procura  la  place  de  chancelier  de  son 
église  y  et  lors  de  sa  transmutation 
sur  le  siège  d'Ély  ,  une  prelîende  de 
ce  chapitre.  Passionné  pour  les  re- 
cherches d'histoire  littéraire  ,  Tan- 


(t)  Cet  Es§at  parut  en  aogUU,  Oxford.  i6q5  , 


TAN 


5ii 


ner  y  consacrait  les  loisirs  qu'il  de* 
vait  à  son  bienfaiteur  et  travaillait 
à    justifier  l'idée   que  les   savants 
^  avaient  conçue  de  son  érudition.  De 
nouveaux  bénéfices  furent  le  prix  de 
ses  honorables  efforts.  Archidiacre 
de  Norwich  et  chanoine  du  chapitre 
de  Christ  d'Oxford,  en  ijSi ,  u  fut 
élu  évêque  de  Saint-Asaph  ,  et  mou- 
rut à  Oxford ,  en  i735  ,  laissant  à 
ses  héritiers  le  soin  ae  pid)1ier  le  ré- 
sultat de  ses  recherches.  David  Wil- 
kins ,  chanoine  de  Ganterbury ,  mit 
enfin  au  jour  le  grand  ouvrage  de 
Tanner ,  sous  ce  titre  :  BibUotheca 
Britannico-Hihemicay  sive  de  script 
torihus  qui  in  Anglid,  Scotid  et  Hi- 
bemid  j  ad  sœculi   xvii   initium 
jlonierunt,  Londres ,  1748  ,  m-fol. 
Le  savant  éditeur  a  fait  précéder  cet 
ouvrage  d'une  Notice ,  tirée  d'un  an- 
cien manuscrit ,  sur  l'état  des  lettres 
dans  la  Grande-Bretagne  ayant  l'in- 
vasion des  Romains.  La  Bibliothèque 
de  Tanner  contient  toutes  les  re- 
cherches de  Leiand,  Bale^  Pits  et 
des  autres  biographes  aoglais  qui 
l'avaient  précédé;  mais  il  a  corrigé 
leurs  erreurs  et  réparé  leurs  omis- 
sions. C'est  l'ouvrage  le  plus  com- 
plet que  l'on  connaisse  sur  l'histoire 
littéraire  d'Andeterre.  Il  est  rare  en 
France.  W— s. 

TANNEVOT  (Alexandre),  né 
à  Versailles ,  en  169a,  d'un  père  em- 
ployé ,  on  ne  sait  pas  précisément  k 
quel  titre,  dans  les  bâtiments  du  roi, 
fut,  pendant  soixante  ans,  dans  les 
bureaux  de  MM.  Lecouturier  et  de 
Boulogne.  Il  finit  par  devenir  premier 
commis  des  finances  et  premier  se- 
crétaire de  M.  de  Boulogne  y  alors  con- 
trôleur -général.  Il  avait  exercé  les 
fonctions  de  censeur  royal,  et  en  por- 
tait encore  le  titré  lorsqu'il  mourut , 
en  1 773.  Exempt  d'ambition ,  il  ne 
chercha  point  à  faire  fortune.  Il  fut 


5l3 


TAN 


route  sa  vie  un  financier  dcsintcrcssc 
t't  pauvre,  et  un  poète  médiocre.  On 
a  de  lui  :  I.  Poésies  diverses ^  ï7^^> 
in-iîi  :  nouvelle  édition,  l'jiiôy^  y. 
in-  rx,  liB  pi-cmier  est  divise'  en  deux 
parues,  qui  ont  chacune  leur  table  , 
quoique  n'ayant  qu'une  pagination  ; 
ce  qui  fait  que  quelques  bibliographes 
portent  l'édition  à  trois  volumes.  On 
y  trouve  deu\  Tragédies  déjà  impri- 
mées ,  trente  Fables ,  quelques  Odes, 
quelques  Épilres  et  des  Chansons  ou 
Pièces  de  circonstances.  VÉpîlre  à 
mes  livres,  antérieure  ou  non  aux 
Charmes  de  V étude ,  par  Marmon- 
tel  (  qui  sont  de  1760  ) ,  leur  est  cer- 
tainement inférieure.  Taunevot  n'a 
pas  été  mieux  inspiré  dans  son  mor- 
ceau intitulé  :  j4  l  auteur  d'une  ÉpU 
tre  à  Uranie  (  Voltaire  ).  Les  deux 
seules  pièces  qui  soient  supportables 
sont  deux  Chansons  un  peu  loncues , 
intitulées  :  le  Philosophisme  et  V Es- 
prit. La  dernière  ,  contre  le  livre 
d'Helvétius ,  est  citée  quelquefois  ; 
elle  commence  ainsi  : 

O  rincoinpaniLlr  lirre 
Qn«  le  livre  Dt  Ve.*prit. 

IL  SethoSy  tragédie  en  cinq  actes  et 
ou  vers ,  1789 ,  in  8*^.  Cette  pièce  est 
tirée  du  roman  de  l'abbc  Terrasson 
(  F.  ce  nom  ).  Elle  n'a  point  été  re- 
présentée; mais  elle  a  été  réimprimée, 
en  176G,  parmi  les  Poésies  de  l'au- 
lenr,  sous, le  titre  de  Daluca.lll, 
Adam  et  Eve,  ou  la  Chute  de  Vhom^ 
me,  tragédie  en  cinq  actes  et  en  vers, 
1 74^7  in-8<*.  j  réimpiimée ,  en  1 76(), 
dans  ses  Poésies  diverses.  Beaucoup 
de  passages  sont  imités  du  Paradis 
perdu  dcMilton ,  que  Taunevot  avait 
01  le  projet  de  traduire  en  vers  fran- 
çais. IV.  ï-.es  Décrets  divins  y  ode 
sur  la  convalescence  dundy  1 747  » 
in-4". ,  réimprimée  dans  un  Recueil 
de  pièces  choisies  sur  les  conquêtes 
4lu  roi  y  174^»  petit-iii-8''. ,  mais  non 


TAN 

admise  par  l'auteur  dans  ses  Poé- 
sies y  en  1766.  V.  Lettre  à  M.  Kiâ-  I 
flin ,  préteur  de  Strasbourg  ,  sur  k 
ivre  d'estampes  qu'il  a  fait  graver 
à  l'occasion  du séfcur  du  roi  à  Stras- 
bourg, fÂi,  in -4^-9  ^'on  com- 
Ims  dans  les  volumes  de  1  ^66.  VI. 
i^a  Parque  vaincue ,  divrrtissemcst 
en  un  acte  sur  la  ronyalesccDce  de 
M.  le  duc  de  Fronsac ,  exécu- 
té k  l'hôtel  de  Richelieu  ,  à  Ver- 
sailles^ et  imprimé  en  1757,  nais 
non  reproduit  dans  les  Tolumcs  de 
1 7^6.  VIL  jé  Messieurs  les  docttars 
de  la  maison  et  société  de  Sorhim- 
ne ,  épître  en  vers  y  1 764  «  ûi-4^.f  qui 
valut  à  l'auteur  wi  reacrit  de  la  Sor- 
bonne ,  qui  lui  rend  grâce  de  soo  zèle 
à  combattre  les  ennemis  de  la  reli- 
gion. V Épître  et\e  Rescrit  sont  dans 
les  volumes  de  1766.  VIII.  Qnelqun 
autres  Pièces  dans  les  joumaiiXy  on 
imprimées  séparément ,  mais  faisant 
partie  des  Poésies ,  et  dont  réDiuné- 
ration  serait  fastidieuse  et  snperfliie. 


en  1  n^n  ;  et  11  a  eie  recuieur  «s  no- 
tets  de  Lalande,  recueillis  en  1738 
(T.Lalande,  XXlIIy  3i4);  ^''■I 
est  l'auteur  des  Préface  ^  Avertisse- 
ment et  Avism  A.  B— t. 

TâNSILLO  (Louis),  poète  ita- 
lien ,  né ,  vers  l'année  1 5io ,  à  Ve- 
nosa ,  d'une  ancienne  famille  origi- 
iinircde  Noie  (i),  s'attacha  au  suit 
de  la  maison  de  Tolèide,  et  servit 
avec  distinction  sons  les  ordres  de 
don  Garcia ,  fils  de  don  Pèdre,  viee 
roi  de  Naples.  Poète  et  soldat,  il  en* 
ploya  ses  premières  années  â  rende 
et  à  la  guerre;  ce  qui  l'empêcha  de 
se  livrer  avec  beaucoup  d'assidoitcà 
la  composition  de  ses  ouvrages,  dsot 
la  perfection  est  moins  le  râultaldn 


\^  Vîo  fMutn-  m  Kolm ,  io  m  f'emosm 


TAN 

travail  que' le  fruit  spontané  d'un  ta- 
lent ricbemcnt  doté  par  la  nature. 
Dans  le  dialogue  intitule'  :  //  Gonza- 
ga,  le  TasK  place  cet  écrivain  au 
nombre  des  meilleurs  poètes  de  son 
temps;  et  Ton  ne  peut  (jue  souscrire 
à  un  pareil  suffrage  :  mais  il  n'eu  est 
pas  de  même  de  ceux  qui  prétendent 
élever  Tansillo  au-dessus  de  Pétrar- 
que. Ces  jugements  ,  dictés  par  la 
passion  y  s  ils  ne  le  sont  pas  par  l'igno- 
rance ,  ne  font  qu'abaisser  les  hom- 
mes qu'on  essaie  d'agrandir.  Que 
dire  aussi  de  Stigliaui  ,  qui  sou- 
tient que  son  compatriote  a  été  volé 
par  Marini,  à  qui  il  a  inspiré  les 
plus  beaux  Concetti  (ti)  ?  La  pre- 
mière production  de  Tansillo   fut 
un  poème ,  qui ,  tout  en  blessant  les 
mœurs ,  jeta  les  fondements  de  la  ré- 
putation littéraire  de  l'auteur.  Nulle 
part  peut-être  la  tradition  des  an- 
ciens usages  ne  s'est  si  bien  conservée 
que  dans  qu^ques  provinces  du  royau- 
me de  Naples.  Cette  liberté ,  ou  plu- 
tôt cette  licence  de  parler ,  qu'à  une 
certaine  époque  de  l'année  les  Ro- 
mains accordaient  à  leurs  esclaves  , 
et  qui  a  fourni  à  Horace  l'une  de  ses 
plus  belles  satires  (  3  ) ,  était  jadis 
autorisée  pendant   les   vendanges , 
à  Noia,  non  loin  du  berceau  des 
y4tellanes.   Alors   toute  distinction 
d'âge ,  de  sexe ,  de  rang,  s'effaçait  ;  et 
le  aemier  des  paysans  se  permettait 
d'adresser  aux  passants  les  traits  les 
plus  mordants  et  les  plus  licencieux. 
Ce  fut  pour  solenniser  ces  orgies  que 
le  poète  composa  le  Fendenimiatore, 
où ,  sous  le  voile  d'une  allégorie  pi- 
quante, il  alarme  la  pudeur,  sans  lui 
porter  ouvertement  des  atteintes.  Ce 
poème ,  écritdans  l'automne  de  1 534i 


(•»)  f'rnne  il   Marini  ,e  colla  .ttui  garbala  ron- 
rht  tin ,  g/i  carpi  tutli  i  tuoi  million  c*mefUi.  LeT- 

3)  I>a  7«,  dn  ll«  lirr». 
XLIV, 


TAN 


Si3 


parut  cette  année  même  y  maigre  la 
défense  qui  en  avait  été  faite  à  celui  qui 
était  chargé  d'en  garder  le  manus- 
crit. Cette  imprudence  eut  des  suites 
fâcheuses  pour  l'auteur ,  dont  l'exis- 
tence était  d'ailleurs  fort  agréable 
En  iSSg,  il  suivit  don  Garcia  en 
Sicile  ,  où  l'on  préparait  des  fê- 
tés pour  eéle'brer  le  mariage  de  don- 
na Antonia  Cardona  avec  ce  seigneur 
espagnol.  Tansillo  augmenta  I  édat 
de  cette  pompe  par  un  mtermède^  re- 
présenté ,  avec  une  magnificence  ex- 
traordinaire ,  à  Messine.  Le  théâtre 
fut  dressé  sur  deux  galères  jointer 
ensemble  par  une  plate-forme ,  amar- 
rées près  du  rivage  et  toutes  pavoi- 
sées  ae  drapeaux.  La  description  de 
ce  spectacle  nous  a  été  conservée 

Sar  un  historien  contemporain  (4), 
ont  le   récit  a   induit    en   erreur 
Fontanini^  qui,  n'ayant  jamais  vu 
cette  pièce,  a  imaginé  que  c'était 
une  pastorale  intitulée  TirciSy  et  que 
l'on  devait  regarder  comme  le  pre- 
mier essai  de  ce  genre,  en  Italie: 
mais  le  savant  Apostolo  Zeno  a  prou- 
vé (5)  d'une  manière  péremptoire 
que  ce  poème ,  que  l'on  croyait  per- 
du, et  aontil  possédait  un  exemplai- 
re, n'était  autre  chose  qu'un  long 
dialogue  dramatique,  à -peu -près 
comme  la  Cecaria  d'Épicurc,  qui 
aurait  des  titres  bien  plus  incontesta- 
bles à  passer  pour  i'inventeur  du  dra- 
me pastoral ,  si  l'on  n'en  trouvait  dé- 
jà des  traces  dans  quelques  scènes 
de  l'Orphée  dePolitien  (  F',  Beccari, 
I V ,  5  ).  Eu  1 55i ,  Tansillo  fit  partie 
de  l'expédition  que  Charles-Quiut  di- 
rigeait contre  Tunis  ;  et  il  combattit 
à  cote  de  don  Garcia  de  Tolède,  sous 
les  murs  de  l'ancienne  ville  d'-r^^^ro- 


(4)  Maurolico  ,  Renim  Siemnarum  compentHmm, 
Dans  le  MisctUtutem  de  Bahisa,  il,  337 . 
(^5)  VoY.  tm  Bîotcs  «ir  Fontaiiinî,  i»  4^. 

33 


5i4  TAN 

disiuni,  qui  fut  cmpoiiëe  d'assaut. 
£11  s'associaDt  aux  exploits  de  son 
protecteur,  il  ne  laissait  échapper  au- 
cune occasion  de  Tamuser  et  de  le 
distraire  :  ce  qui  faisait  dire  à  ce  prin- 
ce qu'il  avait  à  son  service  un  Ho- 
mère et  un  Achille  re'unis  dans  la 
même  personne.  Tansillo  recon- 
nut cette  faveur  par  l'honorable 
mention  qu'il  ût  de  son  Mécène,  dans 
plusieurs  endroits  de  ses  ouvrages. 
Ce  poète,  d'un  caractère  doux  et  de 
mœurs  irréprochables  ,  ne  put  se 
soustraire  aux  rigueurs  de  l'inquisi- 
tion ,  qui  mit  tous  ses  vers  à  Y  index* 
Le  t  seul  ouvrage  qui  méritât  cette 
rigueur  était  le  Fendemmiatore  y 
qu  il  tâcha  de  se  faire  pardouner  par 
un  nouveau  poème  intitidé  :  LeLagri- 
me  di  San  Pietro ,  dont  le  sujet  indi- 
(lue  assez  le  but.  Cette  composition , 
(l'un  cadre  trop  vaste  pour  être 
rempli,  fut  précédée  par  une  Can- 
zone  adressée  à  Paul  I Y  (6) ,  et  dans 
laquelle  le  poète  implorait  son  par- 
don par  d'humbles  supplications  et 
)iar  le  plus  sincère  repentir.  L'effet 
(le  cette  pièce  surpassa  l'attente  de 
l'auteur ,  qui  eut  la  satisfaction  de 
voir  son  nom  disparaître  entièrement 
de  la  réimpression  de  Ylntlex,  où 
l'on  aurait  pu  sans  injustice  laisser 
le  FendemnUatore,  Les  Poèmes  de 
Tansillo  les  plus  estimés  sont  :  // 
Podere  et  la  Balia  (  la  Ferme  et 
la  Nourrice).  Dans  le  premier,  il 
domie  des  instructions  pour  le  choix 
et  l'entretien  d'une  maison  de  cam- 


{fi)  ^  daoB  cctU  piic«  on  im  trooTait  pu  Im 
v«rs  toi  van  !■  : 

/^  ProvUéHMa 

Jfms  nomi^  il  Polo  e'I  Pitre ,  m  tt  eoHgiumgt, 
I.'uM  eoH  Ufasc»^  l'altro  col  dtmimmm. 

(  Pral  IV  s'appelait  Pirrre  Carrfm  \  on  pourrait 
doator  qu«  ce  lott  h  Paul  IV  qu'elle  a'adrcMCi  car 
«e  pape  ,   mort  le  19  ao&t  iSSp,  «cmbie  n'avoir  pu 

r rendre  aucune  part  ni  i  la'  condaouMtion  m  i 
akMiInlioB  d«  Tanaillo ,   dont  les  onrrMM  farciil 
kiiâ  i  VmJk*  par  un  dérret  du  3o  drretnl»v«  tSS^. 


S 


TAN 

lagne,  et  dans  l'autre,  ilivcomman- 
le  aux  mères  de  nourrir  eDcft-nêmn 
leurs  enfonts.  Ces  deux,  wrmm^  r^ 
marquables  par  la  correction  an  str- 
ie et  parla  beauté'  des  diétaib.  resle» 
rentlong-temps  ienores,  aprfcsU  mort 
de  rautenr,sur  ladalede  laqaeUeoe 
a  beaucoup  dispute.  Tandis  ope  Zno 
la  plaçait  à  Tamiëe  i56g,  CRKtm- 
beni  la  disdit  arrivée  en  i57iyecTi- 
raboschi  en  i5g6  (7).  On  sVtail  e^ 
néralement  attaché  k  TopinioB  on 

Sremier,  soutenue  par  le  t^mmgMp 
'Ammirato ,  qui,  dans  ses  Ofusco- 
Uf  raconte  ayoir  laissé,  en  i56^, 
Tansillo  rieux  et  malade  à  Gacte,  j 
exerçant  les  fonctionsde  gouYemeu; 
mais  ces  calculs  ont  été  redroMi 
par  Tafuri  (8) ,  qui  a  pnmvé  qoe 
ce  poète  mourut  à  Teano,  dans 
le  royaume  de  Naples,  le  i*'»  dé- 
cembre i566.  On  Toit  encore  soa 
tombeau  dans  l'église  de  l'AnnoD- 
ciade  de  la  même  yille»  Contem- 
porain de  Bembo ,  de  Casa  •  de  TA- 
rioste ,  d'Annibal  Garo ,  des  deux 
Tasse ,  Tansillo  ne  le  oUe  feairhnk 
aucun  des  écrivains  de  ce  grand  siè- 
cle, par  la  grâce  du  stykyl'hanao- 
nie  des  vers ,  le  choix  des  expres- 
sions 'j  et  si  l'on  est  en  droit  dski  re- 
5  rocher  le  mauvais  usag^  qa'l  a  bit 
e  ses  talents  y  en  traitant  nn  saict 
aussi  libre  que  cdui  du  FloMlan- 
miatore^  on  se  réconcilie  bcilemcnt 
avec  lui ,  lorsqu'on  hi  voit  plenrer 
sincèrement  sa  faute ,  et  consacrer  le 
reste  de  sa  vie  ii  des  travanxamsi  ro- 
commandables  pour  le  bot  qne  poar 
l'exécution.  Ses  ouvrages  sqnt  :I./I 
fcndemndalore ,  Naples ,  1 534^  îi^ 


Ç-)  r/crt 

chi ,  et  qui  a  été  rmrodaîlc 
de  son  omwnfê.  Elw  aowi 
placement  d«  cbiSHi  lowa  in 
An  lien  de  1S69,  M  «an  iifiiaf  tS^ 
[H)  V05.  .frhuori  Jfi^têlHmm,  km. 


»• 


TAN 

in-8<>*  ;  Venise ,  1 549,  "*" 
le^  qui  n'a  qoe  cent  qua- 
is octaves,  a  été  quel- 
iprimé  sous  le  titre  sui' 
zc  di  coltura  sopra  gU 
onne  (sans  lieu  ni  nom 
r),  153^  ,  in-8o.  Il  exis- 
QS  où  les  vers  de  Tausillo 
idus  avec  d'autres  poè- 
lesqueb  celui  qui  est  in*- 
ze  in  Iode  âcUa  Mentay 
l-à-propos  au  même  au- 
mdemmiatore  a  été  tra- 
içais  par  Grainville,  Pa- 
in-1 3,  et  dédié  aux  jeu-^ 
qui  comptent  leurseiziè' 
Ds  y  avec  cette  épigraphe, 
Ifétromanie  : 

prescrira  la  lecture  &  ra  fUl«. 

version ,  intitulée  :  le  Jar- 
r,  ou  le  FendangeuTy  ib., 
3),  in-  la,  fig.,  avec  le 
rtient  à  Mercier  (  de  Com- 
ui,  répondant  d'avance 
les  qu'on  eût  pu  lui  adres- 
lemple  de  saint  Augustin, 
VEgUse ,  et  scandalisait 
me  mère,  D'aiDeurs  il  a 
ire  de  se  charger  de  ce 
ns  un  moment  où  le  Ca- 
Issait  des  cendres  du  Fo' 
Le  Lagrime  di  San  Pie- 
^acchi^  i585,  in-4^.  Les 
eox  premières  stances  de 
me,  qui  n'a  pas  moins  de 
nts,  parurent  à  Venise, 
^. ,  et  furent  attribuées  au 
jcci  :  mais  cette  produc- 
mérite  inégal^  appartient 
>tâtion  à  Tansilfo ,  qui  y 
loyé  vingt  -  quatre  ans  , 
)îr  la  terminer.  L'édition 
est  très  -  fautive.  Ou  lui 
le  de  Venise,   i()o6,in- 
lli  argomenti  e  le  aile- 
icrezia  Marinella,  edun 
ifine  di  Tommaso  Costa: 


TAK 


5i5 


imité  en  français  nar  Malberbe,  Pa- 
ris, 1587.    i58o,  in-4^M  traduit 
en  esnagnôl,  par  le  p.  Damien  Alva- 
rez, lYaples,  i6i3,in-i2.nL  Idue 
PeUegrinif  Naples ,  Scorigâo,  1 63 1 , 
in-4^. ,  trë»-rare.  C'est  la  pièce  qui  a 
fait  passer  TansiDo  pour  rinventeiur 
du  drame  pastoral!  Grescimbeni^ 
Fontanini  et  qudques  autres  Tout  H- 
sienée  arbitrairement  sous  le  titre  de 
Tirets^  IV.  Smetti  e  Cantoni  y  Bo- 
logne, 171 T, in-  12.  V.  LaBaUay 
poemetto  cm^  annotaauoni  di  Gio, 
jém^,  Kanza,  Vercei!,  ^1^1 9  ûi' 
4^*  ;  poème  en  trou  chants  et  en  ter- 
cets, trad.  en  vers  andais,  ^ar  M, 
W.  Boscoe,, Dublin  y  loooy  m-ia; 
3*.  éd. ,  avec  le  texte  et  one  Notice 
sur  Tansillo.  VI.  JR  PoJere ,  Torin^ 
1769,  in-ia;  Venise,  i77o,iii-8<>.; 
poème  en  frois  chants  et  en  tercets* 
VII.  Capiiolo  in  Iode  del  tàifersi  i 
capelUy  Naples  y  iSao,  in -4*°.  Qt 
petit  poème ,  adressé  k  Simon  Porno, 
a  ete  publie  dermèiement  par  k  mar- 
quis Villarosa ,  à  l'occasicm  d*nn  ma- 
riage. VIII.  Deux  Becueils ,  dont 
l'un  intitulé  :  Opère,  Venise,  1738, 
in-4^*;  et  l'autre  :  Poésie ,  Londres 
(  Livoume  J,  178^2.  in-ia  :  c'est  le 
premier  qai  est  le  plus  compkt.  Ou- 
tre les  ouvrajjes  dont  on  vient  de  ren- 
dre compte ,  d  existe  trois  Comédies 
({ni  portent  le  nom  de  TansiKo,  sa- 
voir :  i^,  HScfista,  comedia  héi- 
lissima^  Vicencc.  1601.  in  -  ta. 
C'est  le  Filosofo  de  l'Arétin;—  a». 
//  CavaUerizzOj  comedia  (ngeOÊù» 
5a,ibid.,  1601  eti6oi8^ii^ia«.G!iprt 
le  Marescalco  de  l'Arétin  j-^^It  Fmr 
ta  y  comedia  leggiatbra^  ib.,  1601 , 
in-  la.  C'est  iJ^pocrito  de  rArétià. 
Ces  trois  pièces  ont  été  réimprimées 
ensemble,  ibid.,  1610^  in-ia.  C'est 
un  certain  Jacques  0oronett  qui  est 
l'auteur  dé  cette  fraude,  dont  on  ne 
s'est  aperçu  qoe  tard,  pa^  la  ptéean- 


33 


•• 


'il  6 


TAN 


tion  que  cet  éditeur  avait  prise  de 
supprimer  les  passages  les  plus  libres 
de  1  Arétin  et  de  changer ,  avec  les 
titres,  les  noms  des  acteurs,  et  le 
commencement  des  prologues.  Voy. 
Nicodemo  :  Addizioni  al  Toppi ,  p. 
1 59  ;  —  Niceron ,  xvxii ,  349  •  ^or- 
nale  de^  letterati  d'Italia,  xi ,  1 1 0. 

TAN-TAO-TSI,  l'un  des  plus 
grands  ministres  et  des  plus  habiles 
gëne'raux  qu'ait  eus  la  Chine ,  floris- 
sait  au  commencement  du  cinquième 
siècle  de  Tère  chrétienne,  sous  les 
premiers  empereurs  de  la  petite  dy- 
nastie des  Soung.  Son  courage  et  ses 
talents  le  firent  connaître  d'On-ty, 
fondateur  de  cette  dynastie,  qui  Te'- 
leva  aux  premiers  emplois  de  l'ar- 
mée. Lors  de  son  avènement  au  trô- 
ne ,  ce  prince  le  créa  ministre  de  la 
guerre ,  et  lui  laissa  le  soin  de  distri- 
buer aux  officiers  et  aux  soldats  des 
Tecompeiises  proportionnées  à  leui*s 
services.  Tan-tao-tsi  justifia  la  con- 
fiance de  son  souverain,  et  mérita 
l'estime  publique  par  la  sa[^esse  de 
ses  mesures  et  par  son  désintéresse- 
ment. On-ty  mourut  en  422,  après 
avoir  donné  la  régence  de  l'empire  à 
ses  quatre  principaux  ministres ,  en 
attendant  la  majorité  de  Ghao-ty,  son 
fils  aîné ,  qu'il  avait  établi  sou  suc- 
cesseur. Les  vices  de  ce  jeune  prince 
l'ayant  fait  juger  indigne  du  trône  ^ 
les  régents  lui  substituèrent  Ouen-ty, 
l'un  de  ses  frères.  Trois  des  minis- 
tres craignant  que  Ghao-ty  ne  tentât 
de  reprendre  1  autorité,  résolurent 
de  le  faire  mourir;  et  malgré  les  re- 
présentations de  Tan-tao-tsi,  qui  ne 
partageait  pas  leur  manière  de  voir , 
ils  exécutèrent  un  crime  qu'ils  ju- 
geaient nécessaire  à  la  tranquillité  de 
l'état.  Le  nouvel  empereur  ne  pou- 
vait pas  conserver  à  sa  cour  les  meur- 
triers de  son  frère  :  il  les  dépouilla 


TAN 

de  leurs  emplois ,  et  les  exila.  Ceux-> 
ci ,  craignant  qu'il  ne  portât  plus  loin 
la  vengeance ,  prirent  les  armes.  Cette 
sédition  fut  étouffée  promptement 
pa  r  Tan-tao-tsi ,  que  l'empereur  avait 
investi  de  toute  sa  confiance.  Tout  le 
temps  qu'il  fut  à  la  tête  de  ramée, 
il  comprima  les  rebelles ,  et  battit 
les  Tartares.  L'envie  parvint  cepen- 
dant à  rendre  sa  fidélité  suspede. 
Ouen-ty ,  alors  malade ,  se  laissa  per- 
suader que  son  gënûal  n'attnuit 
que  sa  mort  pour  s'emparer  dn  trô- 
ne au  préjudice  de  l'héritier  légitime. 
Mandé  à  la  cour,  sous  «pidqiie  pré- 
texte^ Tan-tao-tsi  fut  retemi  prison- 
nier. Il  pr^it  sur-le-champ  le  sort 
qui  le  menaçait,  et  dépoiuUant  les 
marques  de  sa  dignité,  qu'U  fouli 
aux  pieds  :  «  On  en  veut,  dh-il,  i 
mes  ]ours;  mais  en  me  faisant  mou- 
rir on  renverse  le  boulerari  de  l'em- 
pire. »  L'empereur ,  dont  la  santé  se 
rétablissait,  se  refusait  de  crabe  k 
la  trahison  du  guerrier  qui  lui  avait 
donné  tant  de  preuves  d'attache- 
ment; mais  enfin  ^  vaincu  par  ksim- 
portunitës  des  courtisans,  il  j^pM 
son  arrêt  de  mort,  en  436*  It vn- 
sion  des  Tartares  ne  laida  pas  à 
venger  Tan-tao-tsi,  que  isi  vert» 
rendaient  digne  d'une  mcOkare  Gb. 
On  trouve  une  Notice  sur  ee  guer- 
rier célèbre ,  dans  les  Jfâmvnef  a/r 
les  Chinois  y  v,  na-80-  W— •- 
TAlSTARANI,MoineddinAdiwi 
est  cité  dans  V Histoire  des  pokes  de 
Douletschah  Samarcandi ,  come 
l'un  des  plus  distingués.  Suivant  al 
historien,  il  fut  pro&sair  à  Bagdad, 
au  collée  I^izamîa  ,  du  temps  de 
Nizam  Almoulk ,  qui  mourut  en  ffi 
de  l'hég.  (1091)  ;  et  quoique  soo  la- 
lent  pour  la  poésie  fut  son  mondre 
mérite ,  il  composa  cependant  kflau- 
coup  de  morceaux  de  poésit  anbe, 
avec  un  art  extraordinaire.  On  dis- 


TAN 

liuguc  sui'tout  son  Poème  en  Thon- 
neur  de  Nizam  AlmoulkyOÙil  réunit 
les  doubles  rimes  à  la  repétition  de 
la  même  syllabe  ,  à  la  (in  des  vers , 
l'emploi  fréquent  de  beaucoup  de 
mots  foi-mant  le  même  son.  C'est  ce 

Foème  si  ingénieux,  si  vanté  dans  tout 
Orient,  que  M.  de  Sacy  a  publié, 
dans  sa  Chrestomathie ,  avec  une  tra- 
duction française  et  de  savantes  no- 
tes ,  où  il  a  fait  usage  de  closes  iné- 
dites ,  pour  éclaircir  les  enoroits  obs* 
curs.  Cette  traduction  a  été  com- 
posée d'après  le  manuscrit  arabe  de 
la  bibliothèque  royale  de  Paris , 
coté  T  454 ,  d'après  deux  autres  ma- 
nuscrits, l'un  de  la  bibliothèque  bod- 
Jej . ,  no.  1 27  4 ,  l'autre  de  Li  biblio- 
thèque de  Leyde,  n®.  1637 ,  et  d'a- 
près un  commentaire  qui  se  trouve  à 
cedernier  manuscrit.  Tantarani  a  mis 
aussi  en  vers  le  Traite  de  jurispru- 
dence ,  intitulé,  Fasit  du  célèbre  Ga- 
zali ,  dont  il  avait  été  le  disciple.  Z. 
TANTALE ,  chef  des  Lusitaniens, 
réunit  tous  les  suffrages  après  l'as- 
sassinat de  Viriathc ,  et  fîit  clu 
généralissime  des  troupes  lusita- 
niennes; mais  moins  heureux  que 
son  prédécesseur,  il  entreprit  impru- 
demment le  siège  de  Ségontia ,  et  se 
vit  bientôt  enveloppé  par  l'armée  de 
Servilius  Cépion.  Tantale  fat  obligé 
de  mettre  bas  les  armes  avec  toute 
son  armée _,  l'an  i4i  avant  J.-C. ,à 
condition  cependant  que  les  Romains 
donneraient  à  ses  soldats  des  terres  à 
cultiver  pour  qu'ils  pussent  subsister 
sans  être  forcés  de  se  livrer  au  bri- 
gandage. B — p. 

TANUCCI  (  Bernard  ) ,  ministre 
napolitain,  né  en  1698,  à  Stia  en 
Toscane  ,  apprit  le  droit  à  l'univer- 
sité de  Pisc,  où  il  eut  pour  maître 
Avéra  ni.  A  peine  ses  études  furent- 
elles  terminées  qu'il  prit  rang  parmi 
les  professeurs  de  la  même  école  où 


TAN  .517 

il  s'était  fait  remarquer  comme  élève. 
Il  j  signala  sa  présence  par  la  cha- 
leur avec  laquelle  il  appuya  l'ancien- 
ne prétention  des  Pisans  à  la  décou- 
verte des  Pandectes.  Il  eut  pour  ad- 
versaire Grandi  (  Fq^'  ce  nom, 
XVIII ,  ngi  ) ,  qui  soutenait  que  ce 
manuscrit,  conservé  jadis  à  Pise^  ne. 

fu'ovenait  pas  d'Amalil ,  comme  on 
'avait  donné  à  entendre,  et  que  le 
droit  romain  n'était  pas  non  plus  res- 
té inconnu  dans  les  provinces  de  l'em- 
pire d'Occident  jusqu'à  la  prise  de 
cette  ville ,  en  1 1 35.  Quoiqu'il  fut  dif- 
ficile démarquer  avec  précision  d'où 
les  Pisans  avaient  tiré  ce  trésor  de 
jurisprudence,  il  lui  paraissait  plus 
que  probable  qu'il  leur  avait  été  ap- 
porté de  Bologne ,  ou  de  Coustanti* 
nople ,  par  quelqu'un  de  leurs  com- 
patriotes. Tanucci  s'éleva  contre  ces 
opinions ,  et ,  ne  se  bornant  pas  aux 
armes  de  la  dialectique^  il  excita  au- 
tour de  lui  les  passions  haineuses  ^ 
qui  ne  sont  guère  destinées  à  jouer  un 
rôle  dans  les  discussions  littéraires. 
La  question  prit  un  caractère  grave  ; 
et  les  habitants  de  Pise^  auxquels  on 
avoit  fait  accroire  qu'en  leur  contes- 
tant la  découverte  des  Pandectes  ^  on 
déchirait  l'une  des  pins  belles  pages 
de  leur  histoire ,  s'ameutèrent  contre 
Grandi ,  mis  dans  un  embarras  plus 
grand  encore  par  la  publication  a'un 
nouvel  ouvrage  de  Tanucci  (  1  ). 
L'attitude  du  peuple  devint  si  me- 
naçante que  les  recteurs  de  l'uni- 
versité eurent  recours  à  l'autorité 
pour  faire  cesser  ce  scandale.  Le 
grand-duc  imposa  silence  aux  deux 
partis.  Celui  qui  sortait  triom- 
phant de  la  lutte ,  obéit  sans  peine  à 
cette  résolution  ;  il  n'en  fut  pas  de 
même  de  Grandi^  qui,  ayant  eu  Tim- 
prudence  de  recommencer  l'attaque  , 

(i|  Voy«  Fabroai,  Fitm  iimlonun^  tom*  viiij 
p.  a48. 


5]8 


TAN 


?. 


adiera  de  se  perdre  dans  ropinion 
publique.  Tanucci ,  qui  aurait  pu 
abuser  de  la  victoire,  eut  la  genëro- 
site  d'offrir  une  réconciliation  ;  et  cet 
acte  rétablit  la  bonne  intelligence  en- 
tre deux  riyaux  qui  e'taient  plus 
faits  pour  s'estimer  que  pour  se 
combattre.  A  cette  dispute ,  qui  avait 
fonde  la  itfputation  littéraire  de  Ta- 
nucci ,  succédèrent  d'autres  débats , 
ui  préparèrent  son  élévation.  L'in- 
ant  don  Carlos  (  F,  Chaules.  III , 
tom.  YIII ,  1 5 1  ) ,  en  traversant  la 
Toscane,  vit  la  discipline  de  son 
armée  compromise  par  l'impunité 
mi'un' soldat  espagnol  avait  trouvée 
dans  les  murs  d  un  couvent.  Quel  que 
fut  le  respect  de  ce  prince  pour  la 
religion  et  ses  ministres  ,  ne  voyant 
aucun  rapport  entre  l'bommage  dû 
k  la  divimté  et  l'inviolabilité  récla 
mce  en  faveur  d'un  assassin  ,  il  in- 
sista pour  que  le  meurtrier  fdt  livré 
au  bras  de  la  justice,  et  désira  en 
même  temps  qu'un  jurisconsulte 
expérimenté  examinât  sans  pré- 
vention l'origine  et  les  conséquen- 
ces de  cette  partie  des  immunités 
ecclésiastiques.  Tanucci  .  qui  s'é- 
tait cbargé  de  cette  tâcne ,  établit 
Î[ue  le  droit  d'asile ,  contraire  aux 
ois  bumaines  et  divines  ,  devait  être 
regardé  comme  subversif  de  tout  pou- 
voir l^itime.  L'ouvrage  fut  supprimé 
à  Rome;  mais  l'auteur,  employé  dans 
l'armée  espagnole ,  suivit  don  Carlos 
à  la  conquête  du  royaume  de  Naples  y 
où  il  franchit  bientôt  tous  les  degrés 
de  l'ambition.  Ce  pays  respirait  à  pei- 
nede  la  longue  opression  des  vice-rois, 
qui  avaient  fait,  delà  contrée  la  plus 
florissante,  l'état  le  plus  malheureux. 
IjC  peuple  y  gémissait  dans  le  plus 
honteux  esclavage,  et  la  fortune  pu- 
blique ,  confiée  a  des  mains  avides , 
y  était  exploitée  au  proGt  des  prin- 
ces étrangers.  L'agriculture ,  le  com- 


F. 


TAN 

merce,  entravés  par  de  nomhRiixok- 
tacles,  sans  encouragements  et  sa» 
but ,  présentaient  le  spectide  le  plus 
affligeant.  Quelques  hommes  instraîts 
avaient ,  par  intervalle ,  élevé'  h  voii 

Sour  faire  cesser  tant  de  dësor- 
res;  mais  leur  patriotisme ,  impuis- 
sant pour  arrêter  le  mat,  n'avait 
abouti  qu'à  les  perdre;  et  rexempk 
de  Giannone  n'était  fait  pour  oieoiin* 
er  personne.  Charles  111 ,  en  prenut 
es  renés  du  gouvernement ,  sentit  la 
nécessité  de  guérir  des  plaies  ansii 
profondes  ;  mais  plus  capable  dt 
vouloir  le  bien  ^e  de  ropAer, 
il  s'en  rapporta  aux  lumifcres  de  Ta- 
nucci, qm,  sans  aucune  expérience 
des  affaires,  attaqua  les  préroplÎTet 
de  la  cour  de  Rome  et  les  pmriléKs 
àes  nobles,  avec  beaucoup  plus  a  >• 
chamement  que  de  prudence,  0  obli- 
gea les  barons  à  répondre  aux  giicls 
de  leurs  vassaux ,  ^u'ik  deraiot 
désoimais  s'habituer  à  eousidén 
comme  les  sujets  de  leor  comnon 
maître  :  il  dimimia  1rs  taxes  de  b 
chancellerie  romaine;  défcafit  les 
nouvelles  acquisiti<»is  aux  imîwj 
mortes  ;  borna  la  jurkdidioB  des 
évêques ,  et  enleva  au  nonoe  du 
pape  le  droit  qn'îl  s'était  airogf  de 
prononcer  des  arrêts,  et  de  kl  fûe 
exécuter  sous  les  yeux  même  du  bo- 
narque.Mais  ces  coups ,  frsppéi  iso- 
lément et  sans  aucun  pbn  combiné , 
ébranlèrentl'ancien  éuGcesanspoicr 
les  bases  du  nouveau.  Se  reposant  snr 
la  foi  des  traités  et  sur  la  protection  de 
l'Espagne^Tanucci  secnitdispcnséde 
pour>'oir  à  la  sûreté  de  l'état  :  celte 
négligence  qui,  dans  la  guerre  delà 
Pragmatique  sanction  (1^4^), 
avait  exposé  Charles  III  &  ûffitx  no 
acte  de  neutralité  sous  le  canon  d^ 
amiral  anglais,  se  prolongea  pen- 
dant tout  le  règne  du  sucoesscnr  de 
ce  prince ,  et  fit  desoendreltroyanme 


TAN 

Ici  dp  raagdqpoiitaacfs  mili- 
le  l^urope.  Taoucci  ne  régla 
eux  les  affaires  de  la  justice; 
ribuoaux ,  qm  par  leur  inde'- 
ce  auraient  pu  atténuer  les  tî- 
eorps  sodai ,  rirent  sonrent 
rréts  cassés  par  des  ordon- 
f  et  la  yolonte  d'un  ministre 
lée  aux  décisions  des  juges. 
y  a  est  Trai ,  Tidée  de  réfor- 
lois }  et  une  commission  fut 
e  pour  rédiger  le  projet  dn 
u  code ,  dont  les  noms  de  Var- 
icducca  ,  de  Joseph-Aurêle 
naro ,  de  Joseph-Pascal  Q- 
arantissaîent  le  mérite.  La  na- 
endait  avec  impatience  le  jour 
pourrait  saluer  son  roi  du  ti- 
rince  l<^lateur  ;  mais  de  tous 
ranx  il  ne  resta  on'un  monu- 
érile  du  cUe  et  oes  lumières 
gistrats  qui  avaient  présidé  à 
ande  entreprise;  et  le  Codice 
0 ,  imprimé  à  un  petit  nombre 
plaires ,  est  demeuré  presoue 
1  au  pays  qu'il  devait  régir.  I>e 
côté  que  l'on  examine  cette 
arrière  politique  de  Tamicci , 
che  en  yain  ce  qui  a  pu  ser- 
bndement  à  la  haute  réputa- 
laqnelle  il  s'éleva  de  son  yi- 
)l  qui  ne  Ta  pas  abandomé 
»a  mort.  Son  système  finan- 
lit  faux  ;  car ,  dans  un  pays 
où  l'on  aurait  dA  encoura- 
irts ,  perfectionner  les  métho- 
eoles,  tracer  des  routes  j^  ou- 
s  ports  ,  creuser  des  ca- 
tabiir  desmanufsictures  ^  î)  ne 
les  ressources  que  dans  les 
y  dont  il  hérissa  le  royau- 
létriment  de  l'industrie  et  de 
Iture.  Il  ne  se  montra  pas  plus 
é  à  protéger  les  savants  qui 
it  de  tous  cotés  pour  lui  of- 
ruit  de  leurs  veillés.  On  a  vu 
>  il  ftt  des  jurisconsultes  :  on 


TA^ 


5i9 


ne  sera  pas  moins  surprif  en  appre- 
nant que  ce  fut  sous  son  ministère 
que  1  abbé  Genovesi  mourut  dans 

I  obscurité  et  la  misère;  que  Gianaone 
eémit  douze  ans  dans  les  prisons  dn 
Piémont  et  que  y  dans  un  pays,  om, 
s'honorait  de  posséder  Pratuli , 
Martordli,  MaiEoechi,  on  ait  songé 
k  ùiin  venir  Venuti  et  Baiardî  peur 
expliquer  les  antiquités  d'Hercola- 
num.  Ce  qui  paratt avoir  contribuée 
é^rer  ropiniMi  puUîqiiesnr  Tanso- 
Gi,  e'est  la  f«metë  qu'on  l«i  vit  ié- 
plo^rer  contre  l'établtasement  de  Pito- 
quisition.  Ma»  repousser  cet  oAeux 
Irihmal ,  c'était  faire  respeeter  ui 
ancien  privilège ,  dont  les  NapolîtaÎBs 
t'étaient  toMionrs  montrés  jalouEX«  H 
fallait  bk»  plus  de  docilité  qnodecoii- 
rage  ponr  suivre  l'impalsîonde  looCes 
les  classes  des  cito]fens,  et  snrtoot  eeUe 
des  magistrats  qui  s'étaient  déclares 
les  premiers  contre  lesempiétemeols 
dn  cardinal  SpineUL  Tanuoci  eserça 
une  influence  fins  réfAi  et  phi  fa- 
neste  lonqae,  resté  dépositaire  it 
la  eoaGance  de  son  maître  «l^dé  à 
succéder  en  Espsgneà  Feidinana  VI  y 
il  enloura  le  jeone  monarque  dïfcom^ 
mes  médiocres,  se  flattaiit  ainsi  de 
se  nerpélucr  dans  le  ponvoir.  Il  dut 
d'aMÂ  le  partager  avec  les  mem- 
bres d'mi  conseil  de  r^enoe  qiie 
Charles  III  arvait  institué  par  son 
acte  de  Tenoneiation  du  6  octobre 
1759.  Mais  it  ne  tarda  pas  il  Peip- 
porter  sur  ses  coltèmies  ;  et  ce  fèt 
pendant  la  minorité  dn  roi  ,quc  Jbrt 
de  l'appui  du  cabinet  de  Madrid, 
il  entreprit  de  sonstraise  le  roymme 
k  toute  dc^pendaiiceduSatnt-âîége. 

II  profita  de  l'atteinte  portée  an  pou- 
voir sniritiiel  par  Fespubion  des 


spirituel  par 
îésuites,  par  les  dénâés'de  Oémait 
XIII  aveelacçnrdePBrme^etpnr 
des  clamiors  qu'excita  en  fiatf^qpe 
l'apparitîoii  de  la   bulk  Im    tm 


^20 


TAN 


na  Domini  ,  pour  ordouiiei* ,  eii 
1 769  ,  roccupation  de  Bënevent  et 
de  Ponteooi*vo ,  à  l'exemple  de  la 
France,qui  avait  pris  possession  d'A- 
vignon. Ce  premier  acte  d'hostilité' 
fut  Je  signai  d'une  guerre ,  que 
Tanucci  conduisit  avec  plus  de  té- 
mérité que  de  raison.  En  177^2  9  il 
essaya  de  s'emparer  des  duchés  de 
Castro  et  de  Ronciglioue ,  en  fai- 
sant valoir  les  droits  du  roi  de 
Naples  comme  héritier  des  Far- 
nèse  ;  il  supprima  ensuite  un  grand 
nombre  de  couvents  en  Sicile,  dis- 
tribua des  abbayes  ,  suscita  des  que- 
relles sur  la  nomination  des  évéques^ 
sur  leur  jurisdiction ,  et  presque  sur 
leurs  devoirs.  Cette  couauite  altéra 
la  bonue  intelligence  qui  régnait  en- 
tre la  cour  de  Naples  et  le  Saint- 
Siège  et  qui  paraissait  cimentée  par 
le  concordat  de  1 741.  On  perdit 
même  tout  espoir  de  conciliation 
lorsqu'on  menaça  pour  la  pre- 
mière fois  de  supprimer  l'hommage 
de  la  haquenée  ;  et  l'on  ne  sait  pas 
où  l'esprit  novateur  du  ministre  se 
serait  arrêté,  si  le  mariage  entre  Fei"- 
dinand  et  une  archiduchesse  d'Au- 
triche (  F'q/,  Caroline  ,  au  Supplé- 
ment) n'avait  pas  affaibli  son  crédit , 
la  nouvelle  reine  l'ayant  regardé , 
dès  le  premier  instant,  comme  le 
seul  obstacle  à  l'accomplisssement 
de  ses  projets.  Après  avoir  lutté 
quelque  temps  contre  l'ascendant 
toujours  croissant  de  cette  princesse, 
le  favori  de  Charles  III  dut  se  i-ctirer 
le  jour  011  elle  se  présenta  au  conseil 
avec  tousles  avantages  d'une  mère  qui 
venait  de  donner  un  héritier  au  trône. 
Tanucci,  remplacé (  octobre  1776  ) 
par  le  marquis  de  la  Sambuca  ^  an- 
cien ambassadeur  à  la  cour  de  Vien- 
ne, eut  assez  d'esprit  pour  prévoir 
les  maux  dont  le  royaume  était  me- 
nacé; mais  ayant  à  s«  reprocher  de 


TAK 

n'avoir  pas  assuré  le  bonheur  d'u- 
ne nation  par  des  institutions  sa- 
ges et  durables  ,  il  descendit  au 
tombeau ,  en  regrettant  les  honoeun 
perdus ,  plutôt  ^e  le  bien  qu'il 
n'avait  pas  su  faire.  U  mourut  i 
Naples,  le  09  avril  1783.  On  a  de 
lui  :  I.  Epistola  ad  nobiles  soeias 

tantur  ex  Ejkstoid  Guidonis  GnuÊdi, 
dePandectis;  etc. ,  LucqucSy  in^ 
in-8o.  Cet  ouvrage  fîit  supprime  par 
ordre  du  grand-duc  de  'Toscane.  II. 
Difesa  seconda  deW  uso  okêêco 
délie  PandetiCy  e  del  rUrovamento 
delfamoso  manoscritto  di  esse  « 
j4malfi ,  Florence ,  1 7  ^9 1  in  -  4*- 
III.  Epistola  de  Pandectis  Pûms 
in  Amalplùtand  direpiione  êmat- 
lis  y  ad  academicos  Etruscos ,  û 
qud  cùnfuUmUir  mœ  Guido  Crn- 
dius  opposuit  Fr,  TaureiUo,  et  Heu, 
Brencmanno;  et  defensio  vstfstfifi- 
qui  Pandectarum ,  ibid. ,  1^3 1 ,  s 
vol.  in-4**.  Ou  avait  dnà  disputé  snr 
la  découverte  des  Panaectes  :  lepie- 
mier  qui  se  prononça  contre  ks  in- 
tentions des  Pisans  fut  Donato- An- 
tonio d'Asti ,  dont  l'ouvrage  eitîib- 
titulé  :  SulP  uso  ed  oiUmti  ddb 
ragion  civile  neUe  proimck  idt 
impero  occidentale  dal  did^fir 
rono  inondate  da'  hoiharijaioé 
Lottario  II ,  Naples,  i^ao ,  in-8^. 
Grandi  et  tous  ceux  qui  en  ont  parié 
après  lui  ont  profité  des  redieicha 
de  ce  savant  jurisconsulte  (a).  IV. 

(«)  Pour  compléter  l'article  d«  Ti 
poff  inutile  de  donner  Ib  lu  le  dM  i 
•driTMiire  GraDdi  :  i°.  Emittnêm  dm 
J.  Avrianium ,  Piie,  i^ab,  iB-4*-î  et 
1717,  in*^**' I  Mconde  editioD ,  angaa 
tes  H  de  pièces  ioatilicatîve».  a*.  #^ 
stiâ  rpisiottl  de  Pmndtciit  mAt.nhi  imt 
tt  opffutnaliones  B.  T'mnmeci,  im  c/m 
UapritUm  Imxœ  impresso,  rjrpotiimt.  Wim,  nrfi 
iii-^o.  3°.  yuevaitîfmmbimtlfUms^HmMU^mmim 
pisane^  e  di  ihi  primm  U  rmmm»mtmtm  ,  (ÏB  SMdb 


Luremhtrii  (•nagmmnw  à'Aiktffo 

meitiqne  de  rBmtenr]| ,  TmnnM  t73o  .  b^.  |*> 

■Mflii  Bfmmf  patrieti  Trmmmui»  p  '* —  ''" — 


TAP 

Dissertazione  del  domimo  antico 
de  Pisani  mUaCorsècajàdua  Visio* 
ria  del  regno  di  Corsica^  par  Cam- 
biagiy  tome  i ,  pag.  i65,  et  dans  le 
Recueil  intitule'  :  Sa^gi  di  disserta- 
zioni  Etrusche  di  Cortoma, Xomè^iiy 
pag.  in 3.  Lastre  fit  insérer  un  Elo- 
gio  del  marcliese  Tanucciy  dans  les 
NoveUeletterar.fiorentinedit  1 788 , 
col.  385.  A — G-rs. 

TAPPER  (  RuEWARD  ) ,  doyen  et 
chancelier  déi'uniyersitë  de  Louvain^ 
ne  à  Enkhuysen,  fut  envoyé'  au  con- 
cile de  Trente  par  l'empereur  Cbar- 
les-Quint,  qui  avait  conçu  la  plus 
haute  estime  pour  ses  connaissances 
et  le  zèle  avec  lequel  il  défendait  la 
doctrine  catholique.  Il  eut  aussi  â 
soutenir  contre  Baïus  quelques  dé- 
bats qui  lui  attirèrent ,  peut-être  mal- 
à-propos  ,  l'accusation  de  Pelagianis- 
me.  Appelé  à  Bruxelles  par  Philippe 
II  y  il  y  mourut  d'une  attaque  d'apo- 
plexie ,  à  l'âge  de  soixante-douze  ans, 
le  2  mars  iSSg,  laissant  ses  biens 
aux  pauvres ,  et  sa  bibliothèque  k  la 
faculté  de  théologie  de  Paris.  Ses 

de  interpoiatiome  GralUmi  (pseadonyme) ,  Bolocne, 
1694  (raenu,  i73e  ),  in-40.  5».  Epittola  mlUr» 
J.  Aveitmio^  dePanaeetit^  inédit.  Voy.  Brcnk- 
man.  HistoritPmndectarum ^  tru  fatum  exemptant 
/torentùiiftlCj  Direcht,  17»,  u»-4*'*;  Valscccbi 
(  -virginitu  )  £/  istola  de  veterihus  Pisana  emtmtà, 
constitutif  f  ad  GuiJonem  Grandi  ,  FIorcBOt  » 
1727  ,  in-40.  Scbeivar  (Christ.  GolU.  )  Dist/uuitio 
an  omnia  pandedarum  exemplaria ,  fiMV  adhue 
extuni  f  e  fiorentinis  manaverimt ,  Ahorf,  a  733* 
ui-4">  Brenkman.  Epittola  ad  Ft,  Iltiselinitm , 
qua  examinanturpraeeipua  eapita  epi'Jiolm  Gmdo* 
nUs  Grandi  de  Pandeciis  ,•  née  non  diiserialionit 
similif  ,  OMctore  Schwarttio  ,  Utrecht,  1733,  xttrlfi 
Ooadagni ,  de  Florentine  Pandeetantm  exemplarif 
an  sit  imperat,  Jusiiniani  arehetipum  ,  ditsertttio  , 
Kotne,  175»,  in-80.;  Leip«i(!,  i75»,  in-S*.  ,  «• 
Sieiiuc,  1755  ,  in-80.  Borgo  dal  Borgo,  Dis$erta 
sione  topra  1  coffici  Pisani  délie  Pandette ,  Pue , 
a  76.5  ,  in-4®.  ;  et  StraTio»(  Barchard.  GottlO  ^«« 
serteUio  de  controvenid  inter  Grandium  et  Tanuc 
cium.  Leipiig,  1740.  et  dani  la  Bihliolheca  feUe- 
tifs.  juris.  Voy  es  aussi  le  Jour»,  litter.  d«  l'Aile 
ruagDC  ,  anntV  174a  ,  lom.  s  ,  part.  a.  L'uniTersiU 
de  Moscou  a  propose  ,  m  1834  ,  un  prix  de  deux 
c<rot  cinquante  roubles  pour  rexaiocn  aprofoMli 
de  l'origme  de  ce  manuscrit  des  Plandrctes  flo- 
rentinesk  (  Bulletin  kiitor.  ,  i«in,  iSaij ,  p.  3St , 
ium.  J  ,  n°.  407  ). 


TAP 


5:11 


œuvres  ont  été  recueillies  a  Cologue, 
l582,in  fol.  Noa^  citerons  seulement: 
I.  Explicatio  arUcuIorum  J'aculta- 
lis,  dédié  au  roi  Philippe  II.  Dans  sa 
préface,  l'auteur   fait  voir,  d'une 
manière  claire  et  solide ,  que,  depuis 
les  ap6tres ,  l'église  a  constamment 
fait  usage;  de  l'autorité  que  J.-G.  lui 
a  confiée,  et  qu'elle  a  décidé  eu  der- 
nier ressort  les  questions  qui  se  sont 
élevées  parmi  les  fidèles  :  «  D'après 
»  les  ordres  de  l'empereur  Gharles- 
»  Quint,  dit-il^  j'ai  recueilli  les  tra- 
»  ditions  de  notre  faculté  de  Lou- 
»  vain^  qui  a  sans  cesse  combattu  les 
»  erreurs  des  novateurs.  Dans  mes 
»  leçons ,  j'établissais  la  foi  de  l'é- 
»  glise  d'après  les  saintes  écritures 
»  et  d'après  la  tradition.  Ces  le- 
»  çons  dogmatiques  se  sont  données 
»  avant  1  <epoque  où  je  reçus  ordre 
»  de  l'empereur  de  me  rendre  au 
»  concile  ae  Trente.  Un  de  mes  âè- 
»  vcs  prenait  dans  mes  leçons  ce  qui 
»  lui  convenait ,  passant  œ  cpii  con- 
»  trariait  sa  manière  de  penser.  Il 
»  communiqua  ses  cahiers ,  et  cette 
»  mauvaise  rapsodie  a  été  iinprimée 
»  à  Lyon  y  comme  venant  de  moi. 
»  Ne  pouvant  soufirir  une  pareille 
»  infiaélité^  et  à  la  prière  de  mes 
'  »  amis,  je  publie  mes  leçons  telles 
»  qu'elles  ont  été  données.  »  Un  des 
élèves  de  Tapper,  Lindan,  évèque 
de  Ruremonde ,  n  publié  les  dbcours 
théologiques  de  son  maître  sous  ce 
titré  :  Imewardi  Tapperi ,  Decam 
et  CanceUarii  Lot^aniensis  y  OraiiO' 
nés  theologicœ ,  potissimas  reUgith- 
nis  cathoticœ  corUrwersias ,  dve- 
ram  Germaniœ  pacanda  raHionem 
expUcantes.  Una  cum  aureo  ejus- 
dem  coroUario ,  de  «em  calami- 
tatum  Belgii  cousis  mique  remediis, 
ad  Carolum  V  et  FerdàmndumL 
Cologne,  lB^^•  Dané  la  préface, 
adreuée  àresq^ereur  Rodolphe^  l'é- 


52a 


TAP 


diteur  dit  :  «  Ces  discours ,  que  je 
»  vous  oflire,  sire,  sont  ceux  d'un 
»  maître  qui  a  laisse'  dans  le  cœur  de 
»  ses  e'Ièves  de  précieux  souvenirs. 
»  Tapper  était  considéré  comme  ua 
»  oracle,  non  seulement  à  Loovain , 
»  dans  les  provinces  bclgiques  et  k 
»  la  cour  ae  l'empereur,  mais  les 
»  étrangers  euxnnemes  accouraient 
»  pour  entendre  sa  voix.  L'empereur 
»  Charles-Quint  le  faisait  venir  près 
9  de  lui  pour  le  consulter  dans  les 
i>  grandes  questions  qui  regardaient 
»  l'état  de  la  religion  en  Allemagne 
»  et  dans  la  Belgique.  Ayant  été  en- 
»  voyé,  par  ce  prmce  et  par  son  fils 
»  Philippe  y   au   concile   de  Tren- 
»  te,  il  se  fît  tellement  remarquer 
»  dans  cette  auguste  assemblée .  que 
»  les  légats  du  souverain  pontife  et 
w  les  présidents  du  concile  lui  assi- 
w  gncrentunc  place  honorable,  et  on 
»  ne  publia  ni   canons  ni  décrets 
»  avant  qu'il  n'y  eut  donné  la  der- 
»  niëre  main.  »  II.  Ruardi  Tapperi 
quœstio  quodUbetica  de  effectihiis 
quos  consuetudo  cpcratur  inforo 
conscientiœ,  etc.  pronundata  publi- 
ée LwanU  in  scholis  Artium ,  1 520 , 
iu-4^.  III.  Tapperi  Epistolœ  alier- 
nœ  de  gratiœ  et  liberi  arbitrii  con- 
cordid   cum  AiU.  Reginaldo  de 
gratid  eficaci ,  1706,  in-fol.  Les 
novateurs  publièrent  contre  lui  le  li- 
belle suivant  :  Ruardi  Tapperi  en- 
chusani  hœreticœpravitatisprimiet 
postremi  per  Belgium  inquisitoris 
apotheosis  sive  satjrra  in  ipsum, 
Franeker  ,  1 643 ,  in- 1  !2.      fr--T. 

TAPLIN  (  Guillaume  ),  cbirur- 
pen  vétérinaire  anglais,  mort  en 
)<invier  1807  ,  est  regardé,  par  ses 
compatriotes  ,  comme  le  promoteur 
clos  progrès  qu'a  faits  Part  vété- 
rinaire dans  ces  derniers  temps.  On 
a  de  lui  :  I.  Obsen^ations  sur  F  état 
dclml  du  gibier  en  Angleterre, 


TAR 

1 771 ,  in-8®.  Après  avoir  exj 
causes  de  la  rareté  du  gibier 
lin  propose,  pour  prévenir  1 
conage,  de  considérer  commi 
seur  autorisé  tout  possesseu 
revenu  annuel  de  cinq  livres  st 
moyennant  quoi,  dit -il,  le 
aura  autant  de  protecteurs  < 
maintenant  d'ennemis.  II.  Di 
tion  sur  l'écurie  du  genllefm 
Nouveau  système  de  ferrure , 
1790 ,  a  vol.  in-8<>.  Ce  livre  1 
supérieur  à  tout  ce  qu'on  ava 

{'usqu'alors  sur  le  même  sa\t 
'auteur  fut  blâmé  du  ton  de 
dont  il  s'exprimait  A  l'égard 
devanciers.  III.  Observatim 
tiques  sur  les  blessures  Jaiii 
chevaux  par  des  épines ,  sur  • 
dons  piqués  y  sur  le  bcitemem 
des  instructions  sur  la  mam 
les  traiter  et  guérir  j  1790, 
IV.  Compenduun  ,  on  Trmi 
géde  la  ferrure  pratique  ei 
rimentate ,  1796.  V.  jDieiit 
de  la  chasse ,  1804.  VI.  Q 
morceaux  détachés ,  inséra 
Magasin  de  la  chasse  (S 
magazine  ) ,  particulièrementc 
criptions  de  la  chasse  royale  < 
foret  de  Windsor ,  ëcrilOyi 
dans  le  véritable  esprit  d'un  ch 
On  croit  que  Tapfin  fut  Tëdi 
Cabinet  du  chasseur^  a  vol. 
ouvrage  de  luxe^  contenant  V 
et  la  description  des  varietësdi 
canine.  Des  chagrins  domcst» 
tristèrent  ses  dernières  année 
fectèrent  même  ses  facultés  i 
tuelles. 

TARABOLOUS  (  Ali-Paci 
nommé  ) ,  parce  <p'il  était  de  1 
fut  fait  grand  veur  par  Acbm< 
i6g'i.  Son  ministère  fut  rei 
ble  par  la  prise  de  Seîo ,  i 
Vénitiens  s  emparèrent,  et 
pillage  de  la  caravane  de  la  B 


TAR 

r  les  Arabes.  A  la  mortd'Acli- 
'arabolous-Ali,  cpii  n'avait  ni 
$  y  ni  adresse,  crut,  à  l'exem- 
quelqiies-uDS  de  ses  prëdëces- 

pouvoir  placer  sur  le  tr6ne 
yerain  de  son  cboix.  Il  pré- 

y  élever  Ibrabim ,  (ils  d'Acb- 
>rince  âge'  seulement  de  trois 
ras  le  nom  duquel  il  espérait 
ner  :  il  était  appuyé,  dans  ses 
L  son  ambition,  par  le  mupbti. 
>lan  n'eut  pas  de  succès;  et 
pux  furent  forcés  de  seproster- 
X  pieds  de  Mustapba  II ,  lors 
proclamation,  en  i6g5.  Le 
lu  souverain  dissimula  son  res- 
ent ;  mais  dès  la  même  année  le 
!i  fut  déposé,  et  le  grand  vezir 
olous  étranglé,  sous  prétexte  de 
rsation  :  il  ne  laissa  que  la  repu- 
d'un  fripon  et  d'un  ambitieux 
roit.  S — y. 

RAFAH  (  AvRou  BEN  Ala- 

est  l'auteur  de  l'un  des  sept 
:s  arabes  connus  sous  le  nom  de 
ikab  (  I  ).  Livré  aux  plaisirs  et 
oésie  ,  aimant  et  cbcrcbant  les 
its ,  sans  aucun  souci  de  l'ave- 
arafab  dissipa  son  patrimoine 
tira ,  par  sa  conduite  déréglée, 
Iveillance  de  sa  famille.  11  ne 
;t  point  ses  penchants  volup- 
dans  le  poëme  que  nous  possè- 
de lui.  La  brièveté  de  la  vie , 
té  que  la  mort  met  euti'e  le  li- 

et  le  sage  qui  cultive  la  vertu, 
'objet  de  ses  chants  et  les  mo- 
ir  lesquels  il  prétend  se  justi- 
farafaii,  qui  vivait  près  de  la 


.  l'on  rn  croit  une  note  tîrce  d'un  innnoN- 
Mo«llakalu,  qui  Mt  duos  la  bibliolhcqu* 
de  S«xe-(rotha,  ce  nom  de  lUoallalai  (suf- 
vienl,  lion  point  rommr  on  dit,  de  ce  que 
Dfes  ont  «te  «nupendas  À  la  porte  de  la 
m«is  de  ce  que  les  Arabe* ,  en  enteadnnt 
aa  morceau  de  poésie  d'un  mérite  Rupe- 
'écHaient ,  dann  leur  admiration  Alhi  Ion 
ichei-le) ,  c'est-à-dire,  gra-vet-le  dans  votre 
:  {Joum.  des  sav. ,  1810,  p.  «79  et  980  ). 

G.  Itt.  P. 


TAR 


523 


naissance  de  Mahomet,  c'est-à-dire 
vers  la  fin  du  sixième  siècle  de  notre 
ère,  mourut  à  l'âge  de  26  ans,  par 
la  pei'fidie  d'Amroù,  roi  de  Hira. 
On  raconte  que  ce  poète  et  son  oncle 
Motalammes^  ayant  fait  des  vers  sati- 
riques contre  un  des  rois  de  Hira,  en 
Arabie,  ce  prince,  pour  se  venger , 
leur  donna  des  lettres  cachetées , 
avec  ordre  ,  à  l'un  de  ses  gouver- 
neurs, auqud  ils  devaient  lesremettre, 
de  tuer  les  poiteiirs.  Motalammes  , 
plus  rusé ,  ouvrit  là  lettre  et  ne  la  re- 
mit point;  Tarafah ,  ^ui  voulut  s'ac- 
quitter de  la  commission ,  obéit  et  en 
fiit  la  victime.  Le  savant  Réiske  a 
publié  à  Leyde,  en  174^9  sa  Moal- 
lakah ,  avec  une  traauction  latine , 
des  gloses  arabes ,  un  prologue  et 
des  notes  remplies  d'érudition.  Cet 
ouvrage  donne  lieu  de  regretter  que 
Beiske  n'ait  pas  laissé  le  recueil  en- 
tier des  Moaliakah  (a).        J — w. 

TARAISE ,  patriarche  de  Cons- 
tantinople ,  étart  né  dans  cette  ville 
au  milieu  du  hqitième  siècle ,  de  pa- 
rents patriciens.  Son  père  se  nom- 
mait ueorges,  et  sa  mère  Eucratie. 
Les  talents  qu'il  annonça  de  bonne 
heure  lui  ouvrirent  la  camère  des 
emplois.  Il  fut  revêtu  de  la  dignité 
de  consul ,  et  devint  ensuite  premier 
secréuire-d'état.  Après  la  mort  du 
patriarche^aul ,  l'impératrice  Irène 
jeta  les  yeux  sià"  Taraise  pour  lui 
succéder.  Il  se  défendit  d'accepter 
cette  charge ,  donnant  pour  motu  de 
son  refus  qu'ayant  vécu  jusqu'alors 
dans  le  monde,  il  n'avait  pas  les 
qualités  d'un  prélat. Mais  Irène  ayant 
insisté ,  Taraise  fut  obligé  de  se  sou- 


fa)  Les  antetars  des  sn  autres  MoaUakahs  son» 
Zoheir  (  Voy.  ce  nom  ^;  Amrial-Caïs  (  tom.  n, 
p.  63  );  Amrou  J>«a  IL«kbonni,  dootM.  "^«^ 
ten  a  publié  le  poiine,  léna,  l'^ft  (/*'"'5" 
sa». ,  mai  i8so ,  p.  »7»  )  ;  Hws»  b-»  »  «"^ 
(  Xlx,  iAx)\  Aalmli  (  U,  «4» 
(XXin,5o3). 


5i4 


TAR 


mettre.  Toutefois  il  exigea  qu'un 
concile  général  serait  asseiÉziblc  pour 
mettre  fin  aux  désordres  occasionnes 
parles  iconoclastes.  Il  fut  consacré  le 
jour  de  Noël,  l'an  784;  et  il  s'em- 
pressa d'adresser  sa  profession  de 
foi  au  pape  Adi'ien  et  aux  évêques 
d'Asie.  Le  concile  s'ouvrit  le  i*"". 
août  786,  à  Gonstantinopic ,  dans 
l'église  des  Saints-Apotres;  mais  la 
violence  des  Iconoclastes  ayant  em- 
pêché les  pcres  de  délibérer ,  il  fut 
transféré ,  l'année  suivante ,  à  Nicée, 
où  Taraise  se  rendit  accompagné  des 
lécats  du  pape  et  des  députés  des 
églises  d'Orient.  Ce  concile  condam- 
na l'hérésie  des  iconoclastes ,  et  ré- 
tablit le  culte  des  Images.  Taraise 
s'emjiressa  de  faire  exécuter  cette 
décision.  Plein  de  zèle  pour  le  main- 
tien de  la  discipline  apostolique  ,  il 
fit  disparaître  tous  les  abus  qui  s'é- 
taient glissés  dans  l'administration 
des  choses  saintes ,  et  condamna  les 
simoniaques.  Il  bannit  le  luxe  de  sa 
table  et  de  sa  maison,  assigna  sur 
SCS  revenus  des  sommes  sulllsantes 
pour  subvenir  aux  besoins  des  pau- 
vres, qu'il  visitait  fréquemment,  et 
se  consacra  tout  entier  à  l'instruction 
des  peuples.  Taraise  s'opposa  vive- 
uieut  au  dessein  de  Constantin  de 
répudier  son  épouse  pour  placer  sur 
le  troue  une  des  suivantes  d'Irène, 
sa  mère  {F.  Constantin  vi,  IX, 
479  )  ;  mais  il  n'osa  pas  excommunier 
ce  prince ,  dans  la  crainte  qu'il  ne  se 
déclarât  pour  les  iconoclastes.  Cette 
condcsceudance,  qui  fui  regardée 
comme  une  faiblesse ,  ne  le  garantit 
poiutdcla  haine  del'empereur.  S'il  ne 
fut  pas  forcé  d'abandonner  son  siège, 
il  eut  la  douleur  de  voir  ses  proches 
bannis,  et  les  domestiques  qui  hii  té- 
moiguaient  de  l'attachement,  rem- 

I)laces  par  de  vils  espions.   Malgré 
es  infirmités  dont  il  était  accablé^ 


TAE 

il  remplit  tous  ses  devoirs ,  atk  b 
même  zèle ,  jusqu'à  sa  mort  y  arrivée 
en  806,  le  a5  février ,  jour  où  l'é- 
glise honore  sa  mémoire  d'un  culte 
Sarticulier.  Ses  restes  furent  di^oià 
ans  un  monastère  qu'il  avait  toiidtf 
sur  les  rives  du  Bosphore.  Nom 
avons  le  Discours  de  Taraise  i  l'im- 
pératrice  Irène,  pour  sedëfendre  d'ac- 
cepter les  fonctions  de  patriaiehe, 
ainsi  que  ses  Lettres  au  pape  Adiioi 
et  aux  évêques ,  dans  le  recueil  des 
Conciles  du  Père  Labbe  VII,  34  et 
suiv.  Sa  Fie,  écrite  par  Igoaee, 
son  disciple ,  et  depuis  métropolitaa 
de  Nicée.  a  été  traduite  en  latin,  pir 
Gentien  Hervet.  Cette  Tersion,  pu- 
bliée par  Surius ,  l'a  été  depuis  dau 
les  Acta  sanctomm  ,  avec  un  oob- 
mentaire  du  P.  Henschen.  Ou  ci 
trouve  un  bon  extrait  dans  les  Fks 
des  pères  de  Butler ,  traduit  en  fna- 
çais  par  Godescard.  W— s. 

TARAUDET,  vqr-  Flassa». 
.  TARBÉ  (Pierre-Habdouiii)  ,  né 
à  Sens ,  le  a8  décembre  17^8,  ae- 
auit ,  en  176a  ,  l'imprimerie  du 
diocèse ,  et  s'occupa  y  dès  celle^o- 
que,  de  recherches  liistoriqpei  sur 
la  ville  et  le  diocèse  de  Scos.  ïe  Dic- 
tionnaire des  Anonymes  le  déagnej 
sous  le  numéro  ^55 ,  comnc  artew 
de  VAlmanach  hisiorwye  db  db- 
cèse  de  Sens  y  qu'en  effet  Q  réd^ei 
pendant  dix-neuf  ans,  de  17m  à 
1781  inclusivement.  Cet  abnanadi, 
qui  a  eu  beaucoup  de  vogiMy  ddoBt 
la  collection  est  recherchëe  ^  con- 
tient ,  dans  les  premières  amiéps  j  da 
auecdotes  siu*  1  histoire  ÔTOe,  eedé- 
siastique  et  militaire  de  la  ^ralk  de 
Sens,  et  depuis  l'année  1770 1  b 
description  nistorique  et  topogia- 
phique  des  villes ,  boures  et  Vulapi 
du  diocèse,  par  ordre  lubhabélbwe. 
A  partir  de  l'an  i78!i  "jumucii 
1790,  le  même  ouvrage  a  éléieiîgc 


TAR 

TàVbë  des  Sablons ,  auteur 
ûls  historiques  sur  le  baillia- 
iens  ,  publies  ,  en  1787  ,  à  la 
une  édition  m-4^.  de  la  Cou- 
e  Sens  {Dict.  des  Anonymes^ 
3),  et  à*un  Manuelpratique  et 
itaire  des  poids  et  mesures  y 
a  un  grand  nombre  d'éditions 
n- 1 8,  in- 1 2  et  in-8<>.  Son  père , 
.voir  j  oui  d'une  grande  repnta- 
bonncur  et  de  probité ,  est  mort 
let  I  ^84;  laissantplusieurs  fi^ 
rempli  des  fonctions  bonora- 
tttre  les  deux  aînés  {F",  les  artî- 
yauts),nous  nommerons:  i^. 
RBÉ  DES  Sablons  ,  cberaber 
légion-d'honneur,  dont  nous 
parlé  ci-dessus ,  et  déjà  cité  , 
AiLLY  ,  pour  la  fermeté  qu'il 
a  ,  comme  maire  de  Melun  y 
*  l'arrestation  de  ce  savant. 
Tarbé  de  Vauxclaib  ,  ins- 
•-géncral  des  ponts  et  cbaus- 
it  maître  des  requêtes  au  con- 
fut.  5^'  M.  Tabbé  de  SaivT" 
uiN  ,  lieutenant  -  colonel  de 
rie,  officier  de  la  légion  d'bon- 
déoédé  le  24  décembre  181 1. 
ois  frères  ont  obtenu  indivi- 
aent  du  roi  ,  en  février  1816, 
ttres  d'anoblissement.  L^.  M. 
ore  Tarbe  ,  imprimeur  de 
connu  par  son  coût  poiur  les 
ités ,  et  qui   réaige ,   depm's 

l'Âlmanach  historique  et 
itique  du  départ,  de  1  Yonne 
a  ville  de  Sens.  S — g — 8- 
^É  (  Louis  -  Hardouin  ) , 
précédent ,  naquit  à  Sens  ,  le 
it  1753  ,  et  y  fit  d'excellen- 
ides  au  collège ,  dirigé  par 
ofesseurs  de  1  université,  qui 
Qt  de  succéder  aux  Jésuites. 
>ût  naturel  le  portait  vers  l'é- 
les  lettres;  mais  des  circons- 
le  forcèrent  d'entrer  à  Paris , 
m  homme  de  loi  :  il  y  suivit 


TAR 


SaS 


les  leçons  de  Técole  de  droit ,  et  se 
fit  recevmr  avocat.  Bientôt  il  fut 
aopelé  à  mi  autre  genre  de  travail. 
Un  rapport  lumineux  dans  une  af- 
faire importante  le  fit  remarquer  de 
M.  LefebvTe  d'Ormesson,  controleur- 
eénéral  des  finances ,  qni  l'admit 
dans  ses  bureaux.  Il  ne  tarda  pas  k 
s'y  distinguer  par  la  sagesse  de  sa 
conduite^  et  une  rare  mtelligence; 
monta  rapidement  aux  grades  les 
plus  âevés  f  et  derint  premier  com- 
mis des  finances  sous  le  mmistère 
de  Necker  et  de  Galonné ,  pais  direc- 
teur des  contributions  sous  M.  de  Les- 
sart.  U  occupait  ce  poste ,  lorsque  le 
roi  le  nomma  ministre  des  contribu- 
tions ^  le  18  mai  1791  ;  ce  choix  fut 
confirméparle  suffrage  public.  On  y 
voyait  Televation  d'un  hommed'mie 

Srobité  austère j,  d'un  esprit  droit, 
'une  vigilance  infatieable.  Quelque 
orageuses  queiussent  afors  les  drcoDS- 
tances ,  Taibësut,  par  la  donoearde 
ses  mceurs ,  condUer  son  dévoAment 
an  roi  avec  le  choc  des  partis.  Les 
hommes  les  plus  ennenus  du  trône , 
les  esprits  les  plus  turbulents,  ne  pu- 
rent lui  refuser  leur  estime.  Il  eut  k 
organiser ,  dans  le  cours  de  son  mi- 
uistère ,  tontes  les  parties  de  l'admi- 
nistration financière.  L'Assemblée 
constituante ,  sous  le  prétexte  d'a- 
méliorer l'état ,  l'avait  rejeté  dans  le 
chaos.  On  avait  renoovdë  tons  les 
genres  de  contributioDs  ;  tontes  les 
compannes  financières!  étabeni  dis- 
soutes. Il  fallait  liquider  les  atiden- 
'ûlités  et  créer  de  non- 


nes com[ 
veaux  produits;  k  cette  immense  no- 
menclature de  contributions  diver- 
ses et  variées  suivant  les  personnes  y 
les  provinces,  et  les  privilèges  de 
chaque  ordre ,  il  &Uait  substi- 
tuer un  impôt  commun  à  toutes  les 
classes  de  rétat.  Taibë  se  jeta  coo- 
ragenscmem  dans  ce  travail 


5a6  TAR 

se  y  ta  ordonna  toutes  Les  parties  ;  et , 
ce  qui  dépose  en  (aveur  de  ses  talents, 
c*est  que  Tadministration  est  encore 
aujourd'hui  à  -  peu  -  près  telle  qu'il 
la  fil  dans  un  très-court  espace  de 
temps.  Trop  modeste  pour  ambi- 
tionner les  honneurs  d'un  vaste  hôtel 
et  le  faste  des  grandeurs  ,  il  garda 
son  appartement  de  la  rue  du  Hasard; 
et  ce  nit  là  que  ses  collègues seréu* 
nirent  pour  rédiger  les  motifs  du 
veto  que  le  roi  se  disposait  à  ap- 

Eoser  sur  les  décrets  de  TAssem- 
lëe  législative  relatifs  à  Tàougra- 
tion  et  à  la  déportation  des  prêtres* 
Mais  la  marche  des  événements  deve- 
nait de  plus  eu  plus  effrayante,  les  par- 
tis étaient  prêts  à  en  venir  aux  mains , 
il  aurait  fallu  un  coup  d'état  pour  sor- 
tir d'une  crise  aussi  périlleuse,  et  la  fai- 
blesse de  Louis  XVI  ne  permettait  pas 
de  l'espérer.  Tarbé,  voyant  quele  trô- 
ne était  forcé  cha((ue  jour  à  des  con- 
cessions qui  devaient  le  renverser, 
convaincu  qu'il  était  impossible  aux 
ministres  de  conjurer  tant  d'orages  , 
demanda  sa  démission  au  moisdcma  rs 
I  ngi.  Le  roi ,  en  l'acceptant,  daigna 
Im  en  exprimer  ses  regrets  dans  une  let- 
tre écrite  tout  entière  de  sa  main.  Le 
1 5  août  suivant ,  il  fut  compris  dans 
un  décret  d'accusation  avec  MM.  de 
Montmorin  ,  Duport-Dutertre  ,  Du- 
portail  et  de   Bertrand  Mole?ille. 
Fort  du  témoignage  de  sa  conscience, 
il  se  disposait  à  se  rendre  à  la  haute- 
cour  nationale  ,  lorsque  l'enlèvement 
et  le  massacre  des  prisonniers  d'Or- 
léans l'obligea  de  chercher  une  retrai- 
te inaccessible  aux  fureurs  des  assas- 
sins :  il  y  passa  près  de  trois  ans , 
livré  à  de  continuelles  angoisses, sou- 
vent obligé,  pour  échapper  aux  visi- 
tes domiciliaires ,  de  se  tenir  caché 
dans  des  armoires  masquées.  Enfin 
le  tcmns  arriva  où  il  put  reparaître 
sans  aauger  ;  il  revint  à  Sens ,  sa 


TAR 

patrie ,  et  y  vëcnt  â«  tdn  de  cas  de 
ses  parents  et  de  ses  amis  que  la  té- 
volution  n'avait  pas  moisioinés.  Il 
s'y  livrait  paisiblemeat  à  mb  fpM 
p  les  lettres ,  lonqa*c&  1797  ,  h 
o  âl  des  Gîna-Gents  lui  doua  ■■ 
marque  honoraUe  de  son  esliae,  m 
le  portant  sur  là  Ibte  des  ^^imAiAaÊm 
pour  le  Directoire  esécatif;  nns  il 
s'était  voné  k  la  retraite  ,  ctDesaa|ei 
point  à  en  sortie.  II  nfiua  rwfSM' 
ment  les  emplois  qni  lui  fbrcnl  ofirti, 
même  à  rëpo<^ae  du  consulat ,  m 
M.  Gandin ,  mmistre  des  fH— rt . 
et  depuis  long-temps  son  ami ,  la 

Sroposa  d'entrer  oans   le  conri 
'état,  et  Lebrun,  tnàaifeme  eos- 
siil ,  de  se  charger  de  la  prébs" 
tui*e  de  la  Seine.  Profiondàsoft  at 
fecté  des  malheurs  de  Tangpsls  fh 

mille  qu'il  avait  servie,  il  n* "^ 

point  servir  d'autres  ;  et 
il  s'était  retiré  ahsobment 


tune.  Ses  chagrins  pcssonask  ,  kl 
malheurs  de  sa  famille  dont  sifl 
membres  avaient  été  prosaito  asm 
le  régime  de  la  terreor  ,  la  fMi  ds 
plusieurs  de  s^  amis ,  «.wM  fixe- 
ment aifecfe  son  ame  nalanl^MM 
douce  et  sensible.  Se  emlf  a^étoit 
affaiblie  :  il  mourutle  7|ÀÀ|Bs0^ 
âgé  A  cinquante  -  troil  aat  y  da 
suites  d'une  apoplexie  doMI- il 
été  frappé  cinq  ani 
s'était  retire  dans  va 
de  campagne, qu'ilnYaiti 
de  Sens ,  où  il  virait  d*taH« 
de  six  mille  francs,  qse  le 
Gaëte  lui  avait  fait  oMcwr^Lefllk 
des  lettres  ne  l'avait  jamaie  afiss- 
donné  au  milieu  mime  de  ■ 
nations  ministérieUes|  il  se 
dans  la  lecture  des  cbcfc* 
de  l'antiquité.  Pendant  In  tenasr  d» 
1793  ,  lonqn'il  était  rédml  k  se 
tenir  renfermé  dans  unloealdefid- 
ques pieds,  il  s'oeenpa  de  In MMe- 


TAR 

tion  en  vei's  des  ëpigrammes  de  Mar* 
tial ,  de  celles  surtout  qu'un  homme 
honnête  peut  traduire  sans  offenser 
les  mœurs.  Elles  n*ont  pas  été  im- 
primées, et  sont  encore  dans  les 
mains  de  sa  famille,  ainsi  que  le  ma- 
nuscrit de  ses  Pocsiesfugitives.  On  re- 
marque, parmi  ces  dernières ,  la  Ro- 
mance célèbre  de  la  Folle  par  amour  : 

C'c«t  dans  les  champs  de  la  Neostri*. 

On  a  long-temps  ignoré  ^el  en  était 
l'auteur,  et  aans    plusieurs    écrits 
du  temps  on  voit  qu'elle  fîit  attri- 
buée à  J.-J.  Rousseau.  Cadet  Gas- 
sicourt,  dans  son  Fqjrage  enNor^ 
mandicy  après  avoir  raconté  les  mal- 
heurs de  cette  victime  de  l'amour , 
rapporte  cette   romance  et  en  fait 
honneur  k  un  officier,  qui,  touché  de 
tant  d'infortunes  composa  ces  vers , 
que  l'on  chanta  bientôt  dans  toute 
la  Normandie.  Louis-Hardouin  Tarbé 
attachait  trop  peu  d'importance  à 
ses  produitions  pour  réclamer  celle- 
là  ;  mais  elle  prouve  qu'il  avait  un 
talent  véritable  pour  les  compositions 
douces  et  gracieuses.  La  musique  en 
a  été  composée  parDarondeau  père^ 
et  gravée  dans  le  temps.     S— g — s. 
TARBÉ  (Charles)^  frère  du 
précédent,  et  l'un  des  députés  les 
plus  distingués  de  l'Assemblée  légis- 
lative, naquit  à  Sens,  le  19  avril 
1 7  56 ,  Y  fit  d'excellentes  études ,  em- 
brassa la  carrière  du  commerce,  et 
s'établit  à  Rouen,  où  il  ne  tarda  pas 
à  se  faire  remarquer  par  son  habi- 
leté, sa  droiture  ,  l'étendue  de  ses 
connaissances ,  et  la  manière  élégan- 
te et  facile  avec  laquelle  il  exprimait 
ses  idées.  Sa  réputation  lui  ouvrit 
|>romptement  l'accès  des  emplois  :  il 
fut  successivement  membre  du  tribu- 
nal et  de  la  chambre  de  commerce, 
et  officier  municipal  ;  et  il  déploya , 
dan9  rcxercice  de  ses  fonctions,  au- 


TAR  5a7 

tant  d'activité  que  de  talents.  Il  était 
membre  du  corps  municipal,  lorsque 
le  comédien  Bordier  vint  à  Rouen , 
prêcher  les  doctrines  révolutionnai- 
res, et  fut  arrêté,  condamné  et  pen- 
du dans  les  vingt-quatre  heures  (août 
1 789  ),  par  arrêt  de  la  chambre  des 
vacations  du  parlement.  Tarbé  n'a- 
vait eu  aucune  part  à  cet  évàiement. 
Cependant  quelques  années  après,  il 
fut  accusé,  aans  la  société  des  Jaco- 
bins de  Paris ,  de  l'avoir  provoaué. 
Dubois  de  Grancé  proposa  mêmede  le 
dénoncer  à  la  Convention ,  et  de  pré- 
lever sur  les  biens  de  Tarbé  une  pen- 
sion pour  le  fils  de  Bordier.  Mais  l'ac- 
cusation était  si  mal  fondée  Qu'elle 
n'eut  aucune  suite.  Charles  Tarbé 
s'était  montré, dès  le  commencement 
de  la  révolution,  tellement  prononcé 
pour  la  cause  du  roi ,  que  les  élec- 
teurs du  département,  qui  parta- 
§eaient  ses  principes ,  le  nommèrent 
éputéâ  l'Assemblée  législative.  Il 
justifia  leur  choix  par  un  courage 
opiniâtre  et  une  isvariaMe  fidélité 
aux  intérêts  du  trdne.  Nommé  mem- 
bre du  comité  colonial ,  il  défendit 
avec  autant  de  talent  que  de  fermeté 
la  cause  des  colons ,  combattit  avec 
chaleur  les  doctrines  des  Brissot  et 
des  négrophiles,  et  toutes  celles  qui 
tendaient  à  ébranler  la  monarchie. 
On  s'étonna  souvent  d'entendre  un 
simple  négociant  discuter  avec  au- 
tant de  darlé  que  de  profondeur 
les  questions  de  la  plus  naute  po« 
litique  ;  mais  il  avait  soigneuse- 
ment entretenu  son  goût  pour  l'étu- 
de,  et  il  concevait  avec  une  si  rare 
facilité ,  que  les  matière^  les  plus  ar- 
dues lui  devenaient  en  peu  de  temps, 
familières.  On  le  vit  combattre  suc- 
ces^vement  les  Jacobins ,  la  Gir<mde, 
la  Montagne ,  s'élever  contre  le  li- 
cenciement de  la  garde  du  roi ,  re- 
pousser les  dâionckilious  contre  le 


5i8  TAR 

comité  Autrichien ,  et  braver  les  vo- 
ciférations de  la  tribune.  Son  intré- 
pidité et  les  épigrammcs  dont  il  ac^ 
rait  quelquefois  ses  discours ,  lui  va- 
lui-ent  les  honneurs  de  la  prison. 
Grange-Neuve  ayant  reçu  un  souf- 
flet de  la  main  d  un  député  royalis- 
te ,  nommé  Jouneau^  et  cette  querelle 
ayant  suscité  de  violents  débats ,  l'as- 
semblée se  disposait  à  rendre  un  dé- 
cret contre  ce  dernier ,  lorsque  Tar- 
bé ,  par  un  amer  sarcasme ,  proposa 
de  généraliser  le  projet,  et  de  gra- 
duer la  peine  suivant  le  nombre  de 

soufflets  qu'un  Girondin ;  cette 

phrase  fut  interrompue  par  un  tu- 
multe affreux ,  et  l'auteur  de  Famen- 
dcment  fut  envoyé  pour  huit  jours  à 
l'Abbaye.  Depuis  ce  temps   il   ne 
cessa  d'être  en  butte  à  la  naine  des 
Jacobins;  mais  il  n'en  perdit  rien  de 
son  courage,  et  combattit  jusqu'au 
dernier  moment  pour  la  cause  du 
trône.  Un  historien ,  qui  a  décrit  les 
infortunes  de  Louis  XVI,  a  rendu  aux 
sentiments  de  Tarbé  une  justice  écla- 
tante lorsque  retraçant  l'heure  fatale 
où  le  prince,  cédant  aux  instances 
de  quelques  conseillers  ou  perfides  ou 
imprévoyants ,  se  rendit  dans  le  sein 
de  l'assemblée  :  a  Ijc  monai*que,  dit- 
»  il ,  y  trouva  du  moins  pour  ap- 
»  puis  de  son  innocence  Tarbé,  Vau- 
»  blanc,  etc.  i>.  Après  la  chute  du 
trône,  Tarbé,  rendu  à  la  vie  pri- 
vée ,  ne  pouvait  manquer  de  parta- 
ger les  honneurs  de  la  proscription  : 
arrêté  à  Rouen ,  il  resta)  pendant 
tout  le  temps  de  la  terreur ,  enfermé 
h  l'Abbaye  de  Saint-Ouen^  et  ne  dut 
son  salut  qu'à  la  chute  de  Robes- 
pierre. Il  revint  alors  à  Sens,  au 
sein  de  sa  famille ,  où  il  trouva  son 
frère ,  qui  comme  lui  avait  échappé 
au  fer  des  proscripteurs.  11  avait  lais- 
fié  dans  cette  ville  des  souvenirs  si 
honorables ,  que  les  électeurs  roya- 


TAR 

listes  du  département  de  ITobk 
s'empressèrent  de  lui  donner  un  té- 
moignage de  leur  estime ,  en  le  nom- 
mant député  au  conseil  des  Gn|- 
Cents  (  1  y97).  Il  reparut  dans  la  car 
rière  l^latiTe  avec  les  mêmes  ta- 
lents, les  mêmes  prind]^  et  le  mê- 
me courage.  Défirnseor  mtrépîdedes 
lois  protectrices  de  la  aocMë  et  da 
intérêts  des  colonies ,  il  signala  à  Tii- 
dignation  publique  cet  liorriUe  Son- 
thonax ,  qu'il  traita  de  bounen  da 
blancs  et  d'incendiaire  de  lems  pio* 

Sriétés.  Dans  la  chaleur  des  ddmti, 
n'épargna  nas  même  un  menkc 
du  comité  colonial  ^  nominrf  Maiec, 
qui  s'était  rendu  recommandaUr  au- 
près des  proscrits  de  1 798 ,  par  le 
zèle  qu'il  avait  déployé  pour  enesir 
leur  liberté.  Tarbé  Im  reprocha  de 
n'avoir  montré  ni  le  oanctèred'oa 
député^  ni  le  courage  de  la  Tcria: 
mais ,  averti  par  les  muiulm es  dates 
collègues,  il  s'empressa  de  iép$m 
ce  que  ces  expressions  aTaiml  de 
trop  amer  ^  et  n'en  obtint  pas  boîds 
le  rapport  du  décret  qui  autorisait 
le  directoire  à  enTojer  de  nooveia 
des  commissaires  i  SainfJlommgne. 
Son  opposition  constante  antrimn- 
virs  qui  opprimaient  alonla  France 
et  le  gouvernement  hû-ofeme ,  ses 
liaisons  avec  la  sodéltf  de  Gi^, 


son  penchant  connu  pour  la 

de  Bourbon ,  devaient  fidre  tomber 


sur  lui  les  foudreft  qoi  attcmiicBt 
les  plus  illustres  de  set  coD^;ves 
dans  la  journée  du  18  firneddor.  U 
fut  compris  dans  la  Este  de  déports- 
tion }  mais  il  s'était  fait,  par  la  baa* 
chise  de  son  caractère ,  des  amis  fa 
plaidèrent  sa  cause  ;  et  k  Directoire, 
cédantà  leurs  instances,  seèdnlarts  de 
faire  annuler  sa  nomination.  Lé  fi* 
nit  sa  carrièrepolitique  Retiré  demm- 
veau  à  Rouen ,  il  seduposaitiae  plus 
vivre  que  pour  ses  amis  et  m  bmîl* 


TAR 

le ,  dont  il  était  chdri,  lorsque  cette 
ville  lui  donna  de  nouvelles  marques 
de  sa  confiance  et  de  son  estime  ,  en 
l'appelant  aux  places  de  membre  du 
conseil  général  an  déparlement,  d'ad- 
joint municipal,  et  de  membre  de  la 
chambre  du  commerce.  Ses  conci- 
toyens se  flattaient  de  jouir  encore 
long-temps  de  ses  lumières ,  lorsque 
les  chamDres  d'assurances  de  Rouen 
et  du  Havre  le  pressèrent  d'accepter 
une  mission^  honorable  à  Cadix.  Il 
céda  à  leurs  instances,  se  rendit  dans 
cette  ville  ou  il  fut  atteint   d'une 
fièvre  inflammatoire ,  qui  l'enleva  à 
ses  amis  et  à  son  pays ,  qu'il  pouvait 
encore  servir   lonc-temps.  11  était 
âgé  de  quarante-huit  ans ,  et  n'avait 
jamais  été  marié.  Son  frère  aîné,  vi- 
vement alFecté  de  cette  perte,  ne  lui 
survécut  que  deux  ans.  Charles  Tar- 
bé ,  quoique  très-instruit  dans  les  di- 
verses branches  du  commerce,  de  la 
marine,  des  finances  et  du  droit  pu- 
blic, n'a   laissé  aucun   ouvrage.   Il 
avait  aussi  des  connaissances  éten- 
dues dans  l'histoire ,  les  antiquité  et 
la  numismatique.  S — G — s. 

TARCAGNOTA  (Jean),  histo- 
rien, né  à  Gaètc,  vers  la  fin  du 
quinzième  siècle ,  descendait  d'une 
ancienne  famille  ,  alliée  à  la  maison 
impériale  de  Constantinople ,  et  qui, 
pendant  les  guerres  de  la  M  orée  (  F. 
Mahomet  11  ,  XXVÏ,  21/f  ),  avait 
quitté  Misitra  ,  où  elle  s'était  établie, 
pour  aller  clicrcber  un  asile  dans  le 
royaume  de  Naplcs.  Dépouillé  de 
son  rang  et  de  sa  fortune ,  Tillustre 
rejeton  des  Palcologiics  dut  s'abais- 
ser à  chcrclicr  des  ressources  dans 
ses  talents.  Il  entreprit  plusieurs  voya- 
ç;cs  pour  acquérir  de  nouvelles  con- 
naissances ,  afin  de  tirer  un  jour  parti 
de  son  cflucation  :  il  parcourut  le 
royaume  de  Naplcs,  la  Sicile,  une 
^raiulr  part  iode  Tltalie,  et  s'arrêta  un 

XLIV. 


TAR 


5^9 


certain  temps  à  Venise ,  pour  y  pu- 
blier quelques  traductions  du  grec  ; 
mais  il  choisit  pour  demeure  Floren- , 
ce ,  où  son  nom  n'était  pas  inconnu , 
uu  de  ses  ancêtres  (i)  y  ayant  joui 
de  l'estime  de  Laurent  de  Médicis , 

?ui  y  préparait  le  grand  siècle  de 
iéon  A.  Tarcagnota  fut  pris  en  af- 
fection par  un  sécréta ii-e  de  Corne 
l^^.f  qui  daigna  lui-même encouracer 
les  efforts  de  cet  étranger.  Le  plus 
considérable  des  ouvrages  de  ce  der- 
nier est  celui  où  il  entreprit  de  ras- 
sembler, dans  un  seul  cadre^  les  mo- 
numents épars  de  l'Histoire  particu- 
lière de  chaque  peuple.  C'était  une 
grande  témérité  que  de  se  charcer  ^ 
d'une  pareille  tâche ,  non  moins  dé- 
courageante par  son  étendue  que  par 
la  diihculté  de  puiser ,  dans  les  ar- 
chives et  les  chroniques  du  moyeu 
âge  ,  les  matériaux  nécessaires  à  la 
continuation  des  Annales  du  mon- 
de ,  depuis  l'époque  la  plus  reculée 
i'usqu'aux  temps  les  plus  modernes. 
)aDS  l'état  d  imperfection  où  les 
études  historiques  se  trouvaient  pen- 
dant la  première  moitié  du  seizième 
siècle ,  il  y  avait  certdnement  du 
mérite  h  concevoir  une  telle  pensée  ; 
mais  il  était  presque  impossible  de  la 


^i)  Michel  Marulli  Tarcagnota,  l'nn  des 

principaux  i-ciugicii  de  CouKiantinople  qui  trouva 
rent  uu  asile  honurnhle  <•  U  cuurde  Laurent /eiHo- 
gnifique ,  figura  parmi  Ira  plus  illustrcii  ccrÎTain^ 
'duquÎDsièroe   siècle.    U    auparUniait  à  l'acadeinie 
de  Ponlanuk,  et  fut  Irès-lic  avec   Saunazar  ,   qui 
embrassa  la  dePefisc  de  cet  c'tranger  cnulrc  les  atta- 
ques de  Politien.  Ce  dernier  nvin't  aspire  à  la  main 
u'Aleiandra  Scala  (  i'^'o^-.  ce  nom,  XLl,  i4),    de- 
venue In  frmmr  de  M.irulii ,  qui  ne  ci*aignit  pas  de 
prendre  In  plume  puur  conibalire  uu  aussi  redrm- 
li«l)l<'  rival.  Le  Kccueil  de  ses  ptKrsies  latines  (Flo- 
rence, i3<)7,  in-i".  )  se  compose  de  quatie  livr»** 
d'rpigraniuM'H  ,    d<-  trois  li\rcs  d'hvmues,   et  d'mi 
poi.-uir  non   arho»*   sur  l'éducation  d'uu   prince. 
Marulli,    rti   revenant  à   cheval  de  Volterra  ,    se 
noya  dan^  1;*  Cerina^  petite  rivière  delà  Toscane. 
Le  Gioviu  pl.»ce  cet  événemctil  vers  l'anw'e  i5cm». 
f'oy.  Hedy ,  dt;  gnccis  iUustr.  lingum  grttrtr   Utte- 
ntrumque  humaniortim  mfuuratorii'Ut  ,  l^ndr^s  , 
174'  >  in-8«».  ;  et  Boemer,  de  erulibus  grarcis ,   im- 
demquo  litlcrarum  in  Ilalin  inttnuratotwuSy  Leipi., 
•750,  io-8*». 

31 


5 


\ 


!}'ào 


TAR 


TAR 


bien  remplir:  et  Tarcacuota ,  loin  de 
yaincre  les  obstacles  aont  il  s'était 
entoure  ,  les  augmenta  par  le  désor- 
dre de  la  narration  ,  l'incorrection 
du  swle ,  le  vide  des  idées  ,  et  par 
cette  tàcbeuse  disposition  à  recueillir 
les  bruits  les  plus  vagues  pour  expli- 
quer d'une  manière  extraordinaire 
les  événements  les  plus  communs. 
Malgré  ces  défauts ,  ou  ne  peut  con- 
tester k  ce  travail  l'avantage  d'a- 
voir été ,  sinon  le  premier  ^  du  moins 
le  meilleur  essai  a  une  bistoire  uni* 
verselle  dans  la  langue  italienne. 
L'auteur  mounit  à  Ancone,  en  1 566. 
On  a  de  lui  :  I.  Alcuni  cpuscoletti 
deUe  cose  moralidi  Plutarco ,  trad. 
du  grec,  Venise,  1 543,  a  vol.  in-8". 
réimprimé  plusieurs  fois  dans  la  mê- 
me ville,  in-o*^.  Tarcagnota  a  traduit 
tous  les  ouvrages  contenus  dans  le  se- 
cond volume,  et  quelques-uns  du  pre- 
mier :  le  reste  appartient  h  d'autres 
traducteurs.  M,  À  che  f^uisa  sipos- 
sano  e  conosctre  e  curare  la  infer- 
mità  deW  animo ,  trad.  de  Gafien , 
ibid.  y  i549,  in-8^.  Le  même  Traité 
a  été  ensuite  traduit  par  Firmani , 
Rome ,  1 558,  in  -  8*». ;  et  par  Betti , 
U«4le,  1587,  in-8<».  Celte  dernière 
version  est  la  plus  estimée.  111.  De 
mezziche  sipossono  tenerc per  con- 
scryarc  la  sanità ,  traduit  du  mrmc, 
ibid. ,  1549,  in -8".  Il  en  existe  une 
autre  traduction ,  par  Galcnno,  Pa- 
lerme,  i63o,  in-8".  IV.  ItAdcmc^ 
poème ,  Venise ,  1 55o,  in-8^.  V.  Del 
sito  e  lodi  delta  cit  ta  di  NapoU^  con 
tiîia  brt^e  istoria  dé*  re  suoi,  e  délie 
cose  più  di'^nc  altrove  ne*  mcdesi- 
mi  tvmpi  a^vcmUe ,  Naples ,  1 5(56 , 
in  -8".  L'auteur  a  employé  la  /orme 
du  dialogue,  ce  qui  rend  son  récit 
très-ennuyeux.  Il  donne  la  descrip- 
tion du  site ,  de  l'étendue  et  des  ob- 
jets les  plus  remarquables  de  cette 
rapitnle ,  dont ,  par  une  nouvelle  er- 


reur,  il  attribue  la  fondation  à  PbJ- 
laris,  Ipan  d'Agrigente.  VI.  DelT 
istorie  del  mcndo,  le  quati  con  fai- 
te quelle  particolmnià  cke  hisapm- 
no  y  contengono  quanta  dmlpmeh 
pio  del  mmdofin  t^  tempi  nostn  i 
successoj  Venise,  i5&k,  4  yoL  ■- 
4".;  réimpr.,  ibkl.,  tSnSj  i585, 
i588,  iSg-j^  i^y  160G.  Au  trab 
dernières  éditions,  on  a  joint  on  civ* 
quième  volume  contenant  on  Snrokt- 
ment  par  Dionîgi  (a)*  qui  «  aosa 
donne  un  Abresë  de  eelte  loudt 
compilation.  Il  ra  intitulé  :  isiarie 
del  numdo  dal  suo  prÛÊcipio  al  saut 
t6o6  ,  ibid. ,  i65o^  3  toI.  iB-4«. 
Dans  les  quatre  pronien  vohinîct  àa 
anciennes  réimpressions  mmt  cob- 
{)rises  les  suites  ajoutées  par  ki  con> 
tinuateurs  de  Tarcagnota  ,  savoir: 
Mambrino  Roseo,  dont  le  trayail s'é- 
tend depuis  i5i3  jusqu-à  i5^5,  et 
César  Gampana ,  qui  Ta  jusqu'à  l'an- 
née 1 5g6.  L'onvrage  de  œ  denier  a 
été  imprimé  srâarément,  sons  œ  li- 
tre :  Istorie  del  mondo  dal  z5^o  al 
1596,  Venise,  si^o-j  ,  a  roL  in-4*. 
11  a  eu  lui-même  pour  continDalear 
un  anonyme ,  dont  le  livre  cal  iolilu- 
lé  :  Giunta  aile  storie  aB  Cegan 
Campana,  scritta  da  grmmmÊton 
dal  1 595  al  iGoo ,  Rrescia ,  1601 , 
in-4«'.  VU.  Borna  risimarmta,  êi 
Italia  iUustraia ,  trad.  dn  latin .  de 
Biondoy  Venise,  i54a,  in-8*.  VIIL 
Borna  trionfanicy  trad.  dn  mîine, 
ibid.,  i548,in8<».  Ces deox  traduc- 
tions ,  publiées  sons  le  nom  de  Zatrô 
Fauno ,  sont  a  ttribuees  à  Tarcaanoti; 
mais  il  est  permis  de  ne  point  adap- 
ter cette  conjecture,  qui  B*est  foiti- 
liée  |)ar  anc4uie  preuve.  Voy.  Ghioe- 
carelli  :  De  illust,  scnpi,  qmmn- 


(1^  Au  Itni  de  Farni-ie  (  Fimtnu),  mm 
l'n  iin|irSiTM' jiar  rrrrur  dam  Yom^rmmérC 
r«rp|li ,   il  fant  Itrr  /'«ifrfr,  tmr  crDiaaip 

nv  &  Fanit. 


flUi< 


TAR 

pio  Neapolisjloruenmt ,  pag.  35o  ; 
Tafuri  :  Scrittori  napolctani,  tom. 
m,  pag.  99*  Soria  :  Storici  napo- 
lctani,  pag.  583.  A — G — s. 

TARDIEU  (  Marie  -  Febuier  ) , 
nëe  ail  commencement  du  dix-sepliè- 
me  siècle  ,  était  fille   de  Je'rémie 
Ferrler  (  ro/.  ce  nom)  de  Nîmes , 
ministre  protestant  converti.  Mariée 
à  Tardieu,  lieutenant  criminel  de 
Paris ,  elle   lui  apporta ,  en  même 
temps  que  de  grands  biens,  une  dis- 
position contagieuse  à  la  plus  sordide 
avarice.  Dès  que  les  deux  époux  fu- 
rent unis ,  ce  fut  à  qui  fonrnirait  le 
plus  de  traits  aux  nombreuses  pein- 
tures qu'on  a  faites  de  leur  lésineiie. 
Tous  les  mémoires  du  temps  sem- 
blent attester  que  le  tableau  qucBoi- 
Icau  en  a  tracé  (  Sat.  i  o  )  n'est  pas 
exagéré,  et  que  surtout  la  parcimo- 
nie et  l'avidité  de  la  femme  y  «ont 
frappants  de  vérité.  On  sait  que  c'est 
elle  que  Racine  désignait  dans  la 
Pauvre  Bahonette  des  Plaideurs  ;  et 
Gui  Patin  en  avait  déjà  fait  un  por- 
trait non  moins  hideux.  Tombé  dans 
risolcment  et  dans  le  mépris,  sans 
parents,  sans  amLs,sans  domesti- 
ques, sans  secours  ,  le  malheureux 
couple  fut  assailli ,  au  milieu  de  la 
nuit  y  par  deux  brigands ,  dans  sa 
demeure  solitaire^  et  massacré,  le 
9J\  août  i6G5.  Les  assassins  étaient 
deux  frères ,  nommés  Touchet ,  de  la 
province  d'Anjou.  Le  parlement  en  lit 
prompte  justice  :  pris   en  flagrant 
délit  j  ils  furent  roués   vifs  ,  trois 
jours  après,  sur  le  Pont-Neuf,  en  fa- 
ce de  la  statue  de  Henri  IV ,  à  la  vue 
de  la  maison  de  leurs  victimes  y  qui 
clait  située  sur  le  quai  des  Orfèvres. 
Il  paraît  que  Tardieu  ne  manquait  ni 
(le  sens,  ni  de  lumières,  et  qu'il  au- 
rait pu  se  faire  un  nom  dans  la  ma- 
ççistrature;  mais  il  ne  lui  reste  de  cé- 
lébrité que  celle  que  son  triste  sort , 


TAR 


53 1 


et  le  vice  qui  en  fut  la  cause,  la  lui  font 
partager  avec  sa  femme.    V.  S.  L. 
TARDIEU   (  Nicolas  -  Hewri  ) , 
graveur,  né  à  Paris,  en  1674,  fut 
un  des  meilleurs  élèves  de  G.  Audran, 
et,  sous  la  dii-ection  de  cet  habile 
maître,  grava  la  suite  des  batailles 
d^Alexandre.  Il  fut  reçu  à  l'académie 
en  1713 ,  et  y  présenta,  pour  mor- 
ceau de  receplîon,  le  portrait  du  duc 
d'Antin ,  d'après  Rigaud.  Ses  ouvra- 
ges les  plus  remarquables  sont  une 
MadtlètWy  d'après  Bertin;  le  Sa- 
cre de  Louis  XF  j\t  Tombeau  des^ 
Iwmmes  illustres  (t Angleterre  et 
le  Plafond  de  la  galerie  du  Palais- 
Roy  ta.  Il  mourut  en  1749*  —  Jao 
ques-Nicolas  Tardieu,  son  fils,  se 
distingua  aussi  par  d'excellents  mor- 
ceaux de  gravure,  tek  que  :  V 4pva^  ' 
rition  de  Jésus  à  la  Fierge ,  d'a- 
près le  Guide  ;  les  Misères^  de  la 
guerre  j  le  Déjeuner  flamand  ^  d'a- 
près Ténicrs ,  et  nn  grand  nombre 
de  portraits.   —  Pierre  -  François 
Tardi£17,  cousin  du  précédent,  ajou- 
ta à  la  célel)rité  de  ce  nom ,  qui  u\'i 
pas  cessé  d'être  distingué  dans  Tart 
de  la   gravure  ,  jiar  des  morceaux 
également  recommandables ,  savoir  : 
Persée  et  Andromède ,  et  le  Juge- 
ment de  Paris ,  d'après  Rubens.  Z. 
TARDIF  (Guillaume),  littéra- 
tcur,  né,  vers  i44o,  au  Puy  en  Vê- 
lai, professa  les  humanités  et  la  rhé- 
tori(pic  au  collège  de  Navarre,  avec 
distinction.  Au  nombre  de  ses  élèves 
il  compta  le  célèbre  Reuchlin  (  F, 
ce  nom),  qui  témoigne,  dans  plu- 
sieurs endroits  de  ses  ouvrages , l'es- 
time qu'il  avait  pohr  les  talents  de  son 
maître.  Fr.  Flerio  lui  dédia,  en  1467, 
son  roman  :  De  amore  CaniiUi  et 
Emiliœ  (  Florio,  XV,  97  ) ,  par  une 
Epîlre  ou  l'on  apprend  que  Tardif 
était  connu  depuis  long-temps  d'une 
nianièi*e  avanfa^euse.  Charles  VIII , 

34.. 


m 


532 


TAR 


i|[ii  l'huuurail  d'uuc  alTcction  parli- 
ciilicrccti  aimant  ;iu  trÔDe,lDiium- 
ma  son  tcrtciir  urdînairc.  Les  succès 
de  TaiTlif  M  sa  vauilc  uc  puiiTaicnt 
manquer  de  lui  susciter  des  ennemis. 
L'un  de  ses  collègues ,  Jcrùmc  Baibi, 
l'atuiqua  \tvciiiciit,  dans  une  satii'c 
inrituJc'c  :  RlieUir  gloriosus^F.  li-ty- 
m,lIl,'J60,q'ie Tardif  ne  laissa  pas 
sans  rcjMiise.  Un  ij;nore  l'ênaque  de 
sa  mort.  Outre  une  iSlilioti  de  Soltn, 
rare  et  recliercliée  (  Paris,  P.  de  Gc- 
sarb,  vers  j47i),in-4".>  on  connaît 
(le  lui  :  I.  Gntmmalica  et  BhetoTi' 
ca  (Paris,  Cxsai-i.«,  vers  1480),  in- 
{"^  CiCt  ouvrage  est  .si  rare,  qu'il  n'a 
pas  cti-eomiu  des  plus  savants  biblio- 
graplics.  (îe  n'est,  au  surplus,  qu'une 
compilation  des  préceptes  des  meil- 
leurs auteurs.  H.  Jpolofftcs  et  Fa- 
bles d'Èsofic,  trad.  du  latin, de  Laur. 
Valle,  Paris.  Ant.  Vcrard  (  i4<)0  ), 
ili  •  fol.  de  36  feuillets.  I^es  qnatorsc 
derniers  cotilinment  tes  Dits  de  Pln- 
taii^uG.  T.a  l)i1iliotliJYiuc  du  Roi  nos-, 
scde,  de  cet  ouvr.-ice .  un  magnilique 
exemplaire  sur  vclin.  Dans  la  d«li- 
race  à  Cl.arks  VIII ,  Tardif  se  Aé- 
clarcletraducleur  d'un.^rt  demou- 
rir,  que  M.  Van  Praet  conjecture  de- 
voir être  l'ouvrage  de  Matthieu  de 
Ciaeovir  (  r.  Mathiiku  ,  XXVH , 
48o  !  t;.  IV.  C'est  le  Livre  de  l'art 
th  lafiuic-imiicrie  et  des  ckinis  de 
cliassc,  iliid-,  Ant.  Veiaiil ,  i/jqm  , 
in-fol.;  réimprime  pinsicurs  fuis,  for- 
mai iji-4". ,  séparément  et  à  la  suite 
de  roiivrage  de  rraudèjes  (  /'.  ce 
nom  ,  XV ,  435  ).  L'autein'  nous  ap- 
pniirl ,  ilaus  sa  dcdie,ice  a  Cliarics 
VHI.qn'il  composa  eu  livre  ytar 
o\]n'(.-s  counnniHlcniont  de  ce  prince. 
flVsi  nne  c.miiil.itiou  des  Traites 
.sur  l,t  ciiass.-  de  Roi ,  p.ir  D.incliiis , 


TAR 

nioamus,  Guillinus  et  Guiceunasl, 
apteurs  fort  peu  connits  anjourd'hai. 
Il  existe  de  la  première  édition  un 
exemplaire  sur  vélin,  k  la  hiblio- 
ibL-que  du  Roi.  V.  ^nti  BmJbina 
■Del  recriminatio  Tardiviaita  m 
Balbiim,  ibid.,  i4g5,  in  -  4».  Ot 
^ïnti  u'a  point  été  connu  par  BiîlfeL 
L'article  que  Prosp.  Marchanda  cod- 
sacre  k  Tardif  est  curieux;  nuis  il 
n'est  pas  exempt  d'eneurs.  On  peut 
encore  eousulter  h  BibUothèq.  iet 
thereuticograpbes  de  Ijallenunt,  p. 


TARDY(jEj»w),futo 
Ch  jtelet ,  du  temps  de  la  ligne ,  a 
■  Sqi.  Le  duc  de  Maïenne  ,  qoe  b 
faction  des  Seiie  reconnaissait  dni 
pour  stm  chef,  prévoyant  qoe  te 
parlement  se  tournerait  do  coté  da 
roi ,  et  qu'il  y  ra  mènerait  les  pai|te, 
voyait  avec  plaisir  que  les  Sazeoi  di- 
minuassent l'autorité, et  ilseproBiei- 
tait  qu'en  se  cboquant  In  uns  \a 
autres,  ils  se  détruiraient  à  M»  avan- 
tage. Le  parlement  avait  nuntjc  ab- 
sous le  nommé  Brîgard,  accuK  pu 
les  Seize  d'êf  ■  -  ••• 


les  rovalistes.  Les  plus  empoclAde 
cette  faction  résolurent  de  k  MHS 


de  ce  jugement.  Ils 
lin  un  conseil  secret  de  dit.  tmân 
eux,  {tar  l'avis  desquels  touio  kl  du- 
ses  importantes  devaient  paner.  O 
consul  jugea  qu'il  fallait  le  iâûn 
du  président  Bi-îsson ,  de  Lante, 
conseiller  au  parlement,  et  ds  T»^, 
conseiller  au  Chttdet,  qui 
toutes  leurs  mesures.  Jk 
donc  une  sentence  de  moK 
CCS  trois  magistrats,  et  l'i 
au-dessus  des  sigtutures  de  ffruir" 
notables  Itourgeôis  qu'ils  availBliK' 
prises  sous  un  autre  préiede.  Si 
vertu  de  cet  acte ,  ils  se  sainoldi 
leius  trois  victimes ,  les  meièw*  *<■ 
CliAtelet .  et  les  prndircM  Am  otW 


TAR 

prisuu.  Le  président  Brisson  fut  le 
premier,  «  finissant  par  une  cataslro-^ 
phc  indigne  d'un  si  docte  et  si  excel- 
lent personnage^  mais  assez  ordinaire 
à  ceux  qui  veulent  flotter  entic  deux 
partis.  »  Mezeray.  A  Tégard  de  Jean 
Tardy ,  Hamilton  ,  cure  de  Saint- 
Cosme ,  soutint  qu'il  avait  trouve' 
chez  celui-ci  deux  livres  contre  la 
maison  de  Guise  et  les  ligueurs,  pour 
lesquels  le  parlement ,  séant  à  Paris, 
avait  blâme'  Tardy.  Cet  arrêt  revint 
à  la  me'moire  des  Seize  ;  Hamilton  y 
l'un  des  plus  furieux  ligueurs,  se 
rendit  chez  Tardy ,  l'obligea  de  sor- 
tir de  son  lit,  où  il  était  retenu  à 
cause  d'une  saigne'e,  et  le  fit  conduire 
dans  la  chambre  haute  du  Châtelet, 
où  le  président  Brisson  et  Larcher 
c'taieut  déjà  pendus.  A  .cette  vue^ 
Tardy  s'évanouit  :  les  bourreaux  pro- 
fitèrent de  ce  moment  pour  le  pendre 
(  Vqjr»  Brisson  ).  Z. 

TARDY  (  Claude  ) ,  né  à  Langres, 
le  8  mars  1607 ,  étudia  la  médecine, 
vint  se  fixer  à  Paris,  vers  i643, 
et  ne  tarda  pas  à  v  jom'r  d'une 
réputation  qu'd  justifia  par  ses  tra- 
vaux. Professeur  d'anatomic,  il  con- 
tribua beaucoup  à  faire  adopter  la 
nouvelle  doctrine  d'Harvey  sur  la 
circulation  du  sang.  Tardy  ne  se  bor- 
na pas  au  cours  d  anatomie^  il  donna 
chez  lui  des  leçons  de  chii-urgie.  Il  y 
a  lieu  de  croire  qu'il  mourut  vers 
1670.  Voici  le  titre  de  ses  ouvrages, 
presque  tous  écrits  en  latin  :  I.  Quœs- 
lia  inedica  discuiienda  in  schoUs 
medicorum ,  etc. ,  i643  ,  in-4**.  II. 
niustratio  thcseon  dejensarum  in 
scholis  ,  etc.  III.  Tempus  infusio- 
7iis  animœ,  IV.  Hippocratica  pur- 
^andi  inethodus  ,  Paris,  16^6,  V. 
In  libnun  Ilippocratis  de  virginum 
morbis  commcntatio ,  Paris,  1648. 
Vï.  Cours  de  médecine,  contenant 
toutes  les  classes,  Paris,   1OO7,  'i 


TAR 


533 


vol.  in-4''.  —  Tardy  (  Jean  ) ,  mé- 
decin à  Touruou ,  sa  patrie ,  a  pu- 
blié :  I.  Disquisitio  phjsiologica  de 
PiUs  y  i6o9,in-8«.  IL  Ilistoirc 
naturelle  de  la  fontaine  qui  brûle 
près  de  Grenoble  ,  at^ec  la  recher- 
die  de  ses  causes  et  principes  , 
Tournon,  1618,  ia-8<^.  III.  Disser- 
tations physiologiques ,  etc.  D-B-S. 

TARELLO  (  Camille  ) ,  auteur 
agronomique  italien  ,  est  connu  par 
un  ouvrage  qu'il  fit  paraître  sous  ce 
titre  :  Ricordo  d^agricoltura ,  Ve- 
nise, in-S*».,  1567,  qui  reparut  à 
Mautoue  en  1577,  liri*!  et  i735;  à 
Trévisc  en  1731  j  enfin  de  nouveau 
a  Venise,  1772,  in-4%  avec  des  no- 
tes du  père  Scosteni.  Tarello  sut  se 
distinguer  à  cette  époque,  en  ajou- 
tant aux  documents  puisés  dans  les 
anciens  auteurs  ce  que  son  expé- 
rience lui  avait  indiqué.  C'est  ce  que 
démontre  principalement  la  première 
des  deux  parties  qui  composent  son 
ouvrage.  Ainsi  il  prescrit  de  labourer 
le  champ  huit  fois  avant  d'y  semer 
du  blé ,  et  que  ce  ne  soit  que  dans  le 
quart  de  sa  propriété.  Il  veut  qu'on 
le  remplace  dans  le  reste  par  d'autres 
productions.  On  voit  ici  la  première 
mdicatton  de  la  rotation  de  récoke  ou 
de  l'assolement  bieu  ménagé.  C'est 
donc  à  tort  qu'on  a  fait  honneur  de 
cette  découverte  aux  agriculteurs  an- 
glais. TareQo  cite  des  exemples  pour 
prouver  l'avantage  de  la  multiplica- 
tion des  labours.  La  seconde  partie^ 
sous  forme  de  dictionnaire,  concerne 
encore  la  culture  des  champs  :  là  l'au- 
teur rcnti*e  dans  l'esprit  de  son  siècle, 
en  citant  plusieurs  pratiques  supers- 
titieuses ou  peu  dignes  de  foi ,  qu'il 
emprunte  aux  auteurs  anciens ,  aux- 
quels il  donne  trop  de  confiance.  Il 
revient  cependant  sur  les  avantages 
des  fréquents  labours.  Il  conseille  de 
faire  macércrlc  blé  avant  de  Icscmcr^ 


634 


TAR 


dans  Tiuinc  corrompue  et  dans  l*cau 
de  chaux ,  de  le  répandre  très -clair , 
de  le  fouler  souvent.  Il  loue  beau- 
coup la  culture  de  la  luzerne ,  qu'il 
désigne  sous  le  nom  de  crcsti.  Il  veut 
qu'à    des  époques  déterminées  on 
transforme  les  prairies  en  champs  par 
le  défrichement^  pour  les  ramener 
ensuite  à  leur  première  destination , 
pratique  encore  usitée  ^  notamment 
en  Suisse.  C'est  aussi  dans  ce  pays 
qu'on  a  rendu  une  justice  tardive  à 
cet  auteur ,  comme  on  le  voit  dans 
les  notes  que  lui  consacra  Dav.  Si- 
gismond  Gnmer ,  dans  la  quatrième 
partie  du  Recueil  d'écrits  sur  raj:;ri- 
culture  de  la  société  de  Borne ,  com- 
mencée en  1761.  Cependant  on  n'ap- 
prouva pas  le  conseil  qu'il  donne  de 
jjrûler  sur  place  les  chaumes  et  la 
quatrième  partie  des  ])rairie$.   M. 
Ivart  vient  aussi  de  faire  sentir  le 
mérite  de  Tarello  dans  son  Traité 
articulier  sur  les  assolements  ^  pu- 
lie  en  i8ai.  D—p — s. 
TARKNTE  (  Louis  de  ).  Forez 
I/)UIS,XXV,!246. 

ÏAHGA  (  J^ONARD  ) ,  niédeciu , 
né  à  Vérone,  en  i'73o,  fit  ses  élu- 
des k  l'université  de  Padoue ,  oii  il 
eut  pourmaitreMorgagiii.il  y  remplit 
quelque  temps  imc  chaire ,  que  le 
mauvais  état  de  ssl  santé  l'obligea 
de  quitter.  Le  même  motif  lui  fit 
ensuite  refuser  une  autre  place  sem- 
blable, à  l'université  de  Pavie.Il  mit 
beaucoup  de  zi-le  à  préparer  une  nou- 
velle édition  de  Cclse ,  dont  il  épura 
le  texte,  cl  qu'il  enrichit  de  Notes. 
Ce  travail  et  l'augmenta  lion  d'une  col- 
lection de  médailles,  pour  lesquelles 
il  clait  très-passionné ,  l'occupèrent 
pendant  toute  sa  vie,  qu'il  termina  le 
u8  février  181 5.  Ou  a  de  lui  :  Cvlsi 
vpcra  ,  e.r  rccnpiitione  Leonardi 
Tar^œ  ^  Padoue,  Coiniuo ,  i76{), 
2  vol.  in-4°.  —  Le  même  y  suivi  d'un 


l 


TAR 

Lexicon  Ceîsien.  Vérone ,  1810. 
1  vol.  in-4*'-  j  ëaitîon  plus  ample, 
mais  moins  correcte  que  la  précé- 
dente ,  qui  a  servi  de  texte  aux  édi- 
teurs de  Hollande ,  Leyde  ,  1^85  , 
in -4^.  ,  avec  les  Dissertations  de 
Bianconi.  A     g     s, 

TARGE  (Jean -Baptiste),  Listo- 
rien,  né,  vers  1*720,  à  Paris,  joi- 
gnit à  l'étude  des  langues  modernes , 
celle  des  sciences  exactes.  Lors  de  la 
création  de  l'école  militaire ,  il  y  fut 
nommé  professeur  de  matbëmatvpes. 
Quelques  versions  de  l'anglais  hu  né- 
ritèi-ent  un  rang  honoralue  parmi  ks 
traducteurs.  11  obtint  une  pension,  cC 
s'établit  à  Orléans,  où  n  passa  k 
reste  de  sa  vie ,  au  milieu  de  ses  li- 
vres ,  et  mounit  en  1 788.  C'est  nn  des 
bienfaiteurs  de  la  biblîothcque  pnUi* 
que  de  cette  ville.  Il  était  correspon- 
dant de  l'académie  royale  de  marine. 
Indépendamment  des  traductions  de 
V  Histoire  d^ Anfff  terre  ^  par  Smo- 
lett,  1759,  in-ii,  19  vol-  (l);de 
V Histoire  de  la  pierre  de  Tlnàe, 
depuis  1^4  5,  par  Orme,  i^GS^in-ia, 
îi  V.,  et  de  VJlbrêgé  chronoiofuiue , 
ou  Histoire  des  découvertes  biles  pr 
les  Européens  dans  les  diiTëRates  par- 
ties du  monde,  par  Barrow,  i'J^'6, 
in-i:2,  iavol.(a),onadelui  :I.lfi5- 
taire  d'Angleterre,  depuis  le  traité 
d'Aix-la-Chapelle  jusqu'en  1763,  Pa- 
ris, 1768,  5  vol.  in*  ra.  L'est  une 
continuation  de  Smolett  (  FV^f .  ce 

^  (0  yo^m  rariicle Smolett,  do«t  Twgc  lai 
IVlitgr  en   trie-  d«  «on  dîs-atBTÎ^iiM    i  »!■■■    H 


|uiiit  ■  «a  tfiiduction  qnelqiMs  boI „^ 

tantes.  Nnua  citerons  »euîeiu«t  ici  cdic  oc  U 


re 
•u 


>  que  Siuoliit  a  été  plus  impartial  qnpHamr.aa 
iel  du  procès  de  rînfortunêe  Maric-Sl^rt.  T«r- 
ge  rfirve  d'aillrurs  plaaîrurji  faulrs  de  S»elrit 
5iir  riiiirtoire  ancienne  d'AoflcIfrr*  ( V«y. la  JImwb. 
dvf  tavantt  de  janvier  iHlo,  p.  38  ). 

(n''  Dans  la  préface,  il  annonce  |»  pmiet  dt  ne- 
seiiidlrr  en  un  corps  d'hiftoirc  Imiiea  In  tti^rf 
%  i>n  i(iii  mit  été  faites  pour  U  recbrrcha  de*  lnB|»- 
liulr*  ,  itinqu'à  la  mactaiaede  Harrimn  ;  iiuû»  d"**- 
trrs  <ii|u>grnienti  l'rmptihcrfJiit  4m  M'miLmMU  dv 
cet  uuTragp. 


TAR 

nom  ).  II.  Histoire  de  Vayénement 
de  la  maison  île  Bourbon  au  trône 
d'Espagne^  ibid. ,  177ÎI,  0  vol.  iii- 
IJ.    Elle  est  écrite  avec  diffusion, 
iDai^  estimée  pour  Tcxactitude  des 
faits  et  le  talent  de  les  présenter  sous 
leiir  véritable  point  de  vue.  III.  JJis* 
toire  générale  d'Italie,  depuis  la 
décadence  de  Tcmpire  romain ,  ibid. , 
1774,  4  vol.  in-i'i.  L'auteur  n'eut 
pas  le  loisir  de  la  terminer.    W — s. 
TARGET  (Gui-Jean-Baptiste), 
né  il  Paris,  Je  1 7  dcc.  1 783, fut  un  des 
plus  célèbres  avocats  de  la  capitale^  à 
uce  épo<[iie  où  Téloquence  du  barreau 
s'était  élevée  à  ime  trfs-graude  hau- 
teur. Contemporain  du  fameux  Ger- 
bier,  il  lutta  plusieurs  fois ,  sans  dé- 
savantage, avec  lui ,  dans  les  causm 
les  plus  importantes.  On  a  prétendu 
même  que ,  capable  d'un  travail  plus 
soutenu  ,   il  aurait  fondé  son  élo- 
quence   sur    plus  d'instniction  ^  et 
que  s'il  ne  marcha  pas  toujours  l'é- 
gal de  Gerbier   dans  la  plaidoie- 
rie,  il  lui   fut  supérieur  au  cabi- 
net. Une  élocution  facile  et  fleurie , 
que  quelques  critiques  ont  cependant 
accusée  de    diflusion  ,  notamment 
dans  un  de  ses  Mémoires  pour  le 
cardinal  de  Rohan ,  un  bel  organe , 
des  talents  littéraires  distingués ,  et 
beaucoup    de   savoir  ,   lui    ouvri- 
rent, en  17B5 ,  les  portes  de  l'aca- 
démie française.  Alors  il  s'éloigna 
de  l'audience,  et  ne  s'occupa  plus 
que  de  consultations.  11  nous  serait 
impossible  de  le  suivre  dans  tous  ses 
travaux  de  jurisprudence  ;  nous  nous 
bornerons  à  dire  que  sa  réputation 
au  palais  commença  par  une  plai- 
djoierie  pour  les  fr(*res  Lioncy  y  con- 
tre les  Jésuites  :  le  champ  était  vas- 
te à  parcourir  contre  de  tels  adver- 
saires; le  savoir,  le  raisonnement, 
la  critique  et  l'éloquence  pouvaient  y 
figurer  tour-à-tour  ;  Target  plaida 


TAR 


535 


victorieusemflut  cette  cause  devaiit 
des  juges  peu  disposés,  par  leturs 
opinioBs,  k  l'écouter  avec  faveur. 
Dès-lors  il  vit  croître  sa  réputa- 
tion et  augmenter  de  plus  en  plus 
le  nombre  de  ses  clients.  M.  Garât, 
membre  comme  lui  de  l'académie 
française,  a  beaucoup  parlé  des  ta- 
lents de  son  confrère ,  dans  une  cau- 
se où  il  était  question  des  rosières  de 
Salenci.  En  retraçant  le  souveuii*  de 
la  plaidoierie  de  Target ,  M.  Garât  a 
trouvé  le  moyen,  en  louant  l'avocat, 
de  faire  en  méeie  temps  une  descrip- 
tion brillante  de  l'institution  de  Saint- 
Médard.  S'il  faut  l'en  croire,  l'élo- 
quence de  Target,  aussi  pure  que  ha 
vertus  de  ses  clientes,  produisit  à 
Paris  un  effet  prodigieux  :  la  peintu- 
re ,  la  poésie,  la  musique  et  lie  théâ- 
tre s^emparèreut  de  la  fêle  de  SaloB- 
ci ,  et  les  plus  grands  seigneurs  vou- 
lurent avoir  des  rosières  dans  leurs 
domaines.  Lors  de  la  création  du 
parlement  Maupoou,  Target  resta' 
fidèle  à  l'ancienne  magistrature  :  il 
ne  parut  point  à  l'audience  des  ni- 
veaux juges  ,  quoiqu'il  en  fut  re- 
cherché ,  et  publia  m^e  contre  ets 
un  Factiun  intitulé  Lettres  d'un 
homme  à  um  homme ,  que  quelques 
personnes  ont  comparé  aux  meilleurs 
écrits  de  Montesquieu.  Lorsque  le 
parlement  eut  été  rétabli,  Target  fut 
un  des  premiers  de  son  ordre  à  féli- 
citer sur  leur  retour  ces  magistrats 
alors  bien-aimés ,  mais  que  plus  tard 
il  devait  lui-même  délaisser  dans  une 

Çroscription  bien  autrement  funeste, 
'arget  fut  député  aux  états-généraux 
par  la  ville  de  Paris;  et  son  non 
sortit  nn  des  premiers  du  scrutin 
électoral.  Entièrement  dévoué  aux 
intérêts  du  tiers-état ,  il  les  défendit 
dès  le  principe  en  toutes  les  occa- 
sions ,  et  se  plaça  dès-lors  au  pre- 
mier rang  des  orateurs  dans  cette 


536 


TAR 


assciDblée  fameuse.  Cependant  nous 
devons  faire  observer  que  le  genre 
d'elocjuence  de  la  ti'ibune  politique 
ne  doit  pas  ^trc  le  même  que  celui 
du  parquet  judiciaire  :  Target  ne 
s'en  aperçut  ])as  toujours^  et  Ton 
remarqua  quelquefois  dans  les  ha- 
rangues du  députe  des  défauts  qui 
ccliappent  dans  les  plaidoieries  des 
avocats.  Son  talent,  comme  celui 
de  beaucoup  de  ses  confrères ,  était 
prolixe  et  vague.  Se\servant  tou- 
jours de  grands  mots  sonores,  et 
le  plus  souvent  vides  de  sens,  tels 
que  le  çrand  {jeiwre  y  la  grande 
nation  y  il  oiTrit  le  premier  exemple 
de  cette  loquacité'  révolutionnaire 
devenue  plus  tard  si  ridicule ,  et 
qui  fut  des  -  lors  l'objet  de  raille- 
ries universelles.  Tout  le  monde  se 
rappelle  encore  cette  phrase  qui 
donna  lieu  à  tantde  persiflages  :  Vas- 
seniblée  ne  veut  que  la  paix  et  la 
concorde^  suivies  du  calme  et  de 
la  tranquillité,  I^eanmoins  Target 
jouit  pendant  quelque  temps  d'un 
assez  grand  crédit  dans  l'assem- 
blée :  nommé  un  des  premiers  com- 
missaires dans  les  inutiles  confé- 
rences pour  concilier  les  trois  or- 
dres, il  eut  la  mission  particuUère 
d'engager  le  clergé  à  se  rémiir  au 
tiers-état^  pour  la  vénfication  des 
pouvoirs  respectifs ,  et  s'en  acquitta 
avec  beaucoup  de  zcle  et  même  d'ha- 
bileté. II  fut  aussi  membre  des  comi- 
tés les  plus  importants,  et  notam- 
ment de  celui  de  constitution ,  dont 
il  était  un  des  plus  habituels  rappor- 
teurs :  mais  ce  fut  là  que  ses  détrac- 
teurs trouvèrent  en  abondance  des 
aliments  à  leurs  plaisanteries  dans  ses 
longs  et  fastidieux  discours ,  si  péni- 
blement élaborés.  Ou  disait  qu'il  était 
en  couches ,  et  tout  le  inonde  parla 
des  couches  de  Target  et  de  la  Tar- 
(féline  constitutionnel^ ,  qu'il  de- 


TAR 

vait  mettre  au  jour.  Comme  iliallajt 
le  supposer  soufirant  dans  une  telle 
situation,  on  repandit,  devaut  la 
porte  de  sa  demeure ,  ime  grande 
quantité  de  paille  et  de  fumier ,  pour 
que  le  bruit  des  voitures  n'inlerrom- 
pît  pas  son  repos.  DansTasscmUée, 
il  suivit  le  plus  ordinairement  les 
traces  de  i'abbë  Sieyes,  alors  le 
Calchas  de  la  France  rëvolutiouiai- 
rc ,  et  il  appuya  de  tous  ses  monm 
la  fameuse  déubération  du  17  juin, 
qui  fit  crouler  l'ancienne  monardiie, 
et  dont  Sieycs  fut  à-Ia-fois  le  proro- 
cateur  et  le  rédacteur.  Cependant 
quoique  ses  opinions  indiquassent  la 
route  qu'il  fallait  prendre  poor  ar- 
river à  la  république^  il  rejeta  oobs- 
tammeut  ce  système,  impratîcabk 
dans  un  pays  tel  que  U  Fruioe. 
Dans  la  cusoission  sur  la  sanctioD 
royale,  il  vota  pour  le  tieto  suspen- 
sif Il  fut  un  des  défenseurs  ks  plus 
détermina  de  la  dédaiation  ds 
droits  de  l'homme ,  et  combattit  ceux 
qui  desiraient  qu'dle  nfe  fût  pas  I1b> 
troduction ,  mais  le  coroUanc  de  la 
nouvelle  Charte,  entre  autns  Ma- 
louet  et  Mirabeau,  qui  la  joniat 
au  moins  inutile.  Plusieurs  muoHà 
voulant  qu'après  la  révolutioB  mi  i4 
juillet  une  anmistie  f&t  proooncée 
pour  tous  les  faits  contre-révolatioii' 
naires ,  et  (pie  le  baron  de  Bcnnral 
y  fût  compris,  Target  ^^■tflwda  qu'on 
le  traduisit  au  Châtdet;  et  sa  propo- 
sition fut  adoptée.'  Lors  des  dmts 
qui  préparèi'ent  la  rëTolntioii  da 
5  et  6  octobre ,  il  soutint  et  dé- 
veloppa la  motion  de  son  ooUègae 
Camus  ,  qui  demandait  qu'on  exi- 
geât du  roi  la  sanction  de  oetie 
déclaration  dangereuse  ,  aTant  de 
lieu  statuer  en  matière  de  finances. 
VaiIiu  Target  fut  un  des  dépaléi 
constituants  dont  les  combÎBaisoBf 
curcait  pour  but  de  concentrer  Ms 


TAR 

rs  dans  rassemblée ,  et  de 
oi  le  chef  dégrade  d'une 
î  dont  ils  ne  conservèrent 
t ,  et  qui  dans  le  fait  n'esis- 
Le  3  novembre  1789,  il 
[1  avait  été  le  panégyriste 
gé  des  parlements  ,  et  ap- 
ement  la  motion  d'Alexan- 
th,  qui  fît  prolonger  les 
ie  ces  grands  corps  ;  mc- 
aratoire  de  leur  suppres- 
l'on  décréta  le  24  mars 
'  la  proposition  de  M.Boe- 
lembre  du  parlement  de 
•get  voulait  qu'en  suppri- 
parlements  on  conservât 
laussées  et  les  bailliages, 
de  janvier  1790  ,  il  fut 
résident  ,  et  de  nouveau 

cette  occasion ,  par  les 
biaisants ,  qui  dirent  qu'cn- 
ix  fauteuils ,  il  s'était  trou- 
)ar  terre  (i).  Au  mois  de 
fit  décréter  la  suppression 

monastiques,  et  repoussa 
projets  de  loi  sur  la  pres- 
dant  que,  dans  les  circons- 

l'on  se  trouvait,  il  n'y 

à  statuer  à  cet  égard.  Ce 

fit  régler  le  cérémonial  de 

on  du  i4  juillet  1790.  A 

ion  des  nouveaux  coi-ps  ju- 

il  fut  nommé  juge  d  un 
laux  civils  de  Pans.  Dès- 
rut  peu  a  la  tribune  y  et  dans 
ie  l'année  1791  ,  il  ne  fit 
otion,  ne  proposa  aucun 
:  mérite  d'être  cité.  Thou- 
e  nom  )  s'était  emparé  de 
ous  les  rapports  qui  res- 
faire  pour  compléter  la 
m;  les  plaisanteries  dont 
ssait  d'accabler  le  député 
ieu    l'avaient    discrédité  , 


1  l»Iu»  haut  que  I  arget  était  de  I'hca- 
i>c.  (  FcY.  îklAUliY  ,  XXVII  ,  573  , 


TAR 


537 


et  il  aima  mieux  garder  le  silen- 
ce que  de  s'exposer  à   essuyer  de 
nouveaux  sarcasmes.  Ce  fut  cepen- 
dant lui  qui  donna  la  lecture  du 
proccs-verbal  de  la  clôture  de  la 
session  de  cette  fameuse  assemblée 
constituante^  où  il  n'acquit  rien  pour 
sa   gloire  y  et   perdit  beaucoup  de 
de  sa  réputation.  Il  vécut  alors  dans 
l'obscurité  jusqu'au  mois  de  décem- 
bre  1793*  où  Louis  XYI  lui  fit 
l'honneur  de  le  designer  pour  l'un  de 
ses  défenseurs;  honneur  auquel  il  eut 
la  faiblesse  de  se  refuser.  Ses  amis 
ont  prétendu  que  sa  santé  ne  loi  per- 
mettait pas  de  se  charger  d'une  cau- 
se aussi  pénible;  mais  cette  santé 
n'exigeait  pas  qu'il  mit  le  public  dans 
la  confidence  d'un  aussi  cruel  refus , 
par  le  petit  écrit  signé  :  Le  Républi- 
cain Target ,  qu'il  fit  répandre  avec 
profusion.  Pendant  le  régime  de  la 
terreur  ^  il  fut  secrétaire  du  comité 
révolutionnaire  de  sa  section  ,  dont 
un  savetier  nommé  Chalandon  était 
président.  On  a  long-temps  parlé  de 
ce  Chalandon ,  im  des  plus  terribles 
agents  de  Robespierre  :  comme  cet 
homme  savait  à  peine  lire,  c'était 
Target  qui  rédigeait  ses  dénoncia- 
tions et  ses  actes ,  avec  une  docilité 
sans  exemple.  On  a  dit  que ,  dans  ce 
misérable  emploi^  Tarcet  sauva  la 
vie  à  beaucoup  de  monde  :  nous  ai- 
mons à  le  croire  ;  car  dans  le  fond , 
et  malgré  ses  erreurs  y  ce  ne  fut 
point  un  méchant  homme  ;  il  était 
même    assez  obligeant.  Cependant 
nous  sommes  forcés  de  dire ,  comme 
chose  notoire ,  que  de  tous  les  comi- 
tés révolutionnaires,  celui  que  prési- 
dait Chalandon  remplit ,  plus  qu'au- 
cun auti'e  peut-être,  les  prisons  de 
proscrits,  et  qu'un   grand  nombre 
périrent  sur  1  échafaud.  En  179B, 
Target  futnominé  membre  du  tribu- 
nal de  cassation.  Lorsque  le  projet 


138 


TAR 


d*an  code  civil  uniforme  fut   sou- 
mis à  l'examen  des  tribunaux ,  il  fut 
un  des  commissaires  chargés  par  sa 
compagnie  de  présenter  ses  observa- 
tions au  couveruement.  Il  inséra  dans 
ce  travail  une  opinion  sur  le  divorce, 
qui  mérite  d'être  remarquée.  On  lui 
confia  y  quelque  temps  après  ,   de 
concert  avec  quatre  de  ses  collèguies, 
la  préparation  d'un  code  crimiuel. 
Il  a  laissé  sur  ce  sujet  un  discours, 
où  sont  exposées  les  yties  qui  doivent 
servir  de  base  à  cette  importante  lé- 
gislation. Tai'get  est  mort  k  Mofiè- 
res ,  le  7  septembre  1 807.  Il  a  publié  : 
I.  Observations  sur  le  commerce  des 
^rain5  (faites  en  1769),  Paris,  1776, 
m- 12.  II.  Mémoire  sur  Vétat  des 
Protestants  enFrance,  1787.  T^bar- 
pe  fait  un  grand  eluge  de  cet  ouvrage 
dans  sa  correspondance  russe.  lit. 
3friP^{7ion,  on  cahicrdu  bailliage  de 
1 788,  in  8  '.IV.  Jjes  États-Généraux 
comfoqués  par  Louis  XVI,  ia-8°., 
en  3  parties,    i'j89.   V.  Observa- 
tion sur  la  manière  d'exécuter  les 
lettres  de  convocation  aux  états- 
généraux,  in-80. ,  1789.  VI.  Rap- 
port fait  au  nom  du   comité  de 
constitution ,  '29  sept.  1 790 ,  in-8*>. 
VII.  Déclaration    des  droits    de 
l'homme  en  société,  iu-8**.  On  a 
publié  contre  lui  divers  pampblets^ 
entre  autres  :  1".  Bulletin  des  cou- 
ches de  M,  Target ,  père  et  mère 
de  la  constitution   des  ci  -  devant 
français  ,  etc. ,  in  -  80.  2®.  Rele- 
vailles ,  rechute  ,  et  nouvelle  con- 
ception de  M,  Target.  3°.  La  Tar- 
getade,  tragédie  un  peu  burlesque , 
parodie  de  VAthalie  de  Racine  (par 
Huvier  dp  Fontenclles,  179; ,  in-B®. 
M.   Mura  ire  a  donné  un  Éloge  de 
Targcf,  1807,  in-8<».  B — u. 

TARGIONI-TOZZETTI  (Jean), 
médecin  et  botaniste,  né  h  Florence , 
en  1713^  fit  ses  études  à  l'université 


TAR 

de  Pise,  où  il  prit  le  degré  de  doc- 
teur, â  l'Âge  de  vingt-deux  ans.  Les 
honneurs  littéraires,  précoces  codibc 
ses  talents,  firent  bientôt  de  ce  jeam 
élève  un  savant  distingue  ;  et  dcie- 
tour  à  Florence ,  il  ajouta  au  tîtrede 
professeur  extraoïdiiiaire   de  PEm 
celui  de  membre  de  la  société  de  kor 
tauique ,  dirigée  par  Michdi  j  4n  j 
par  son  activité,  avait  répanm  le 
goût  de  cette  science  parmi  sei  om- 
pati'iotes.  Targioni s'attacha  avxpii 
d'un  guidp  aussi  éclaire  ,  psfoo»- 
rut  avec  lui  les  belles  caiopigtci 
de  la  Toscane,  l'aida  dans  toutes  49 
recherches;  et  lorsqu'il  dutlileuicr 
la  mort  d'un  si  bon  maître ,  îf  ot  k 
consolation  de  s*ci)  entendre  proda- 
mer rhéritier  et  le  successeur.  S09 
premier  soin  fut  de  compléter  le  Oh 
talogue  des  plantes  du  îaidîn  de 
Florence  (  Vof.  Micheu,  jLXV11I| 
592  ).  11  prit  ensuite  paît  aux  te- 
vaux  des  académies  de  la  Gnoea  i| 
des  Apatistcs,  auxquelles  il  avait  êli 
agrégé  ,  et  il  concourut,  avecsos 
confrère  Gocchi,  à  mettre  en  ordre 
la  superbe  collection  des  owiaga 
rassemblés  par  MaçIiabeccU,cfdûii| 
il  fut  nommé  le  bibiiothéciire*  U  dé- 
buta dans  cette  carrière  pir  U  pabB- 
cation  d'une  partie  de  la  oorreipop- 
dance  inédite  de  ce  savant  floroAi 
(  F.  Magliabecchi,  XXVI»  i3|  ) 
avec  les  littérateurs  italieosct  ëkiSQ- 
gers  ;  recueil  important,  qqi  jcte 
un  grand  jour  sur  l'iiistoqc  tuft 
raii-e  du  dix-septième  sièdcEn  i^l/^ 
Targioni  remit  au  docteur  tSsOÊffx 
sa  placede  directeur  du  jaidiii  deko^ 
tauioue  ^  afin  de  povtoir  dispoicr 
plus  librement  deson  temps,  vàntfv 
tie  ducpiel  était  consacrée  à  b  U9Êi 
des  grands  ducs ,  dont  il  était  deieHi 
le  médecin.  Il  entreprit  alofs  des 
voyages  dans  Tinlàneur  de  la  Tos- 
cane, cxamioaut  tout  ce  qui  aTiii 


TAR 

là  Tagriculture.  à  l'industrie 

sciences  naturelles.  11  fit  en 

emps  paraître  des  observa- 

nportantes  sur  le  traitement 

eurs  maladies  ;  sur  répidémie 

le'e  1752;.  la  récolte  des  blés 

5  et  1766,  etc.  En  sa  qualité 

missaire  du  bureau  de  santé  ^ 

oya  beaucoup  de  zèle  pour 

er  rinoculation  de  la  petite- 

il  étudia  le  caractère  des  iiè- 

domiqucs ,  encouragea  le  des- 

entdes  marais,  et  proposa  des 

5  pour  rendre  moms  fréquen- 

louda  lions  deTArno,  auxquel- 

icurs  parties  de  la  Toscane  sont 

?s.  Ne  se  bornant  point  aux  de- 

e  son  état ,  il  envahit  le  do- 

ie  rarcbcologie,  et  donna  la 

lion  des  objets  d*art  et  d'an- 

iontlc pays  qu'il  habitait  estsi 

ent  pourvu.  C'est  par  une  telle 

de  connaissances  qu'il  a  ren- 

BCture  de  ses  voyages  utile  et 

e  à  toutes  les  classes  de  lec- 

le  naturaliste  s'y  confond  sou- 

ec  l'historien ,  et  le  savant  ne 

ntre  pas  au-dessous  de  l'ar- 

e  recueil  fut  suivi  par  un  autre 

e  non  moins  important  sur  les 

i  des  sciences  physiques   en 

e,  et  par  lequel  Targionitcr- 

ï  carrière  littéraire.  Une  ma- 

e  langueur,  dont  les  sympto- 

î    manifestèrent  dès   l'année 

le  conduisit  au  tombeau  ,1e  7 

'  1783.  Ce  professeur  appar- 

en  qualité  d'associé  étranger, 

ciété  royaîe  de  médecine  de 

lans  laquelle  Vicq  d'Azyr  pro- 

ion  éloge.  Ses  ouvrages  sont  : 

era  sopra  una  numerosissima 

di  farfalle  ,  vcduiasi  in  Fi- 

mlla  meta  diLugliOj  174*  > 

:e,  174T  ,  i»-4*'v  '•?>•  11-  ^^ 
di  alcuni  viaggifatti  in  di- 

arii  délia  Toscana  per  oê- 


TAR 


53ç) 


servare  le  produzioni  naturali,  e  gU 
anlichi  monumenti  di  essa ,  ibid. , 
lySi  - 1754 ,  t)  ToL  in  -  8».  11  en 
existe  une  seconde  cfdition,  ibid.^ 
1768-  1779,  12  vol.  in-8**.,  aug- 
mentée de  quelques  M émoirei» inédits 
de  Micheli  et  de  plusieurs  supplé- 
ments de  l'auteur.  La  traduction 
française  pnbliée  en  179^,  1  roi. 
in-8**.  ,  ne  contient  que  le  voya- 
ge fait  en  ift^i.Wl,  Lista  dino- 
tizie  d*isiona  naturale  délia  Tos- 
cana^ che  sidesiderano ,  ibid.,  1 76 1 , 
in-fol.  IV.  Baccolta  di  osseryazioni 
mediche ,  ibid. ,  1 76 1 ,  in  -  S''.  V. 
Prodromo  délia  corografiay  e  délia 
topograjia  fisica  délia  Toscana  , 
ibid.,  1754»  in  -  8"*.  VI.  Belazione 
di  aletmi  innesti  di  vajuolofatti  in 
Firenze ,  ibid.,  1766  et  1757  ,  in- 
8**.  VII.  Bagionamenti  suW  asri- 
coUura  Toscana,  Lucqucs,  1759  , 
in-S*'.  On  en  donna  un  extrait  inti- 
tulé :  Selva  di  notizie  ed  osservO" 
zioni  sopra  il  grano ,  specialmente 
diiro,  Naples,  i764,in-4°.  VlII. 
Succinta  relazione  delV  ultima  ma- 
lattia ,  morte  ed  apertura  del  ca* 
davere  di  Girolamo  Samminiati  , 
Florence,  1760,  in-fol.  IX.  Parère 
sopra  Vutilità  délie  colmate  di  BeU 
lavista ,  per  rapporlo  alla  salubriià 
délia  Faldinievole y  ibid.,  «760, 
in-fol.  Cet  ouvrase  fut  attaqué  pajr 
Pierre  Ant.  Nenci,  auquel  Taulegjr 
répondit  par  les  deux  écrits suivanp: 
X.  Considerazioni  sopra  il  parère 
di  Nenci  intomo  le  acqiie  stagnanr 
ti  délie  Colmate,  etc.,  ibid.^  i?^^» 
in-fol.  XI.  Sommario  di  documenii 
correlatùfi  aile  considerazicmpre- 
cedenti/ùÀà.,,  17^0,  in-fol.  Ail. 
Bagionamenio  sopra  le  cause  ed  i 
rimedj  delV  insalubrità  d^ aria  délia 
F aldinievole y  ibid.,  1761 ,  2  v.  in- 
4*^. ,  fig.  Xlll.  Siiologia^  ovvero 
raccoUa  di  osseryazioni ,  di  espe- 


54o  XAR 

rienze^  e  ragionamerUi  sopra  la  na- 
tura  e  qualità  dé*  granit  e  deUe  fa- 
rine péril  paniûciOjlÀyowxney  1 765, 
a  vol.  io-4^-  XIV.  Alimurgia ,  ossia 
modo  di  render  mena  gravi  le  ca- 
restie^proposto  per  solUcvo  de^  po- 
verij  Florence,  1 767 ,  in^**-  >  le  Pre- 
mier volume  seulement.  Il  parut  con- 
tre cet  ouvrage  une  forte  diatribe 
dans  le  troisième  vol.  du  Giomale 
délia  letteratura europea^Y yeràoity 
1767 ,  in-B^.,  ce  qui  donna  lieu  à  la 

Publication  d'un  ccritintitulé:  y/yia- 
si  e  difesa  délia  célèbre  opéra  in- 
titolala  :  AlimurgiAj  etc.  XV.  /s- 
truzioni  circa  le  manière  d'acérés- 
cere  ilpanecon  l'uso  di  alcune  sos- 
tanze  vegelabili ,  Pisc,  17^7,  in- 
8<>.  XVI.  Disainine  di  alcuni  pro- 
getiifatti  nel  secolo  XFI  per  sal- 
vareFirenze  daW  inondazionideW 
Amo^  Florence,  1 767,  in-8*>.  XVII. 
Relazioni  délie  febbri  che  si  sono 
provate  epidemiclie^  in  diverse  parte 
tlella  Toscana ,  Tanno  1 767 ,  ibid. , 
1767  ,  in-8«.  XVIII.  Reùzione  dél- 
ia ricognizione  dcl  cadavere  délia 
fanciuUa  Anna  Maria  Cioni,  ibid., 
1770,  in-  4**.  XIX.  Raccolta  di 
opuscoli  medico-pratici^  ibid.,  1 778, 
in- 12.  XX.  Raccolta  diteoricj  os- 
servazioni  e  regole  per  dissipare  le 
asfissie,  etc. ,  ibid. ,  1773,  iii  -  8°. 
•iuCï.  Notizie  degli  aggrandimenti 
délie  scienze  fisiche  y  accaduti  in 
Toscana  nel  corso  dianni  sessanta^ 
nel  secolo  xrii ,  ibid.,  1780,  4 
vol,  iu-4".j  vaste  re'pcrtoire  de  ren- 
seignements concernant  les  progrès 
des  sciences  pbysiques  et  naturelles, 
pendant  le  oix-septicme  siècle,  en 
Toscane.  Le  troisième  volume  ren- 
ferme de  nouveaux  détails  sur  les 
travaux  de  Tacadcmic  del  Cim^nto, 
dont  Targioui  a  reproduit  les  Mé- 
moires ,  publics ,  eu  i(j6(>  ,  j)ar  Ma- 
galotti(  roy.  ce  nom,  XXVI,  1 10). 


TAR 

A  la  fin  du  quatrième  Toiume,  l'ai- 
teur  avait  aunonoé  cinq  autits  Bc* 
oueils  pareils,  rdatifs  à  Fëut  da 
sciences  sous  les  règncf  de  G&w, 
François  et  Ferdinand  I*».;  de  CimÊ 
III  et  de  Jean  Gastoo.  U  se  propi- 
sait  aussi  de  remonter  JnSqa'aiK 
temps  les  plus  reculés ,  et  de  rama- 
bler  les  monuments  ëpan  des  tiM 
scientiG(|ues  de  la  Toscane  ,  soos  h 
domination  des  Étrusques,  des  Ro- 
mains, des  Barbares,  et  de  lar^ 
blique  florentine.  La  mort  Tioft»- 
tcrrompre  ce  grand  dessein ,  q/ii 
e'tait  beaucoup  plus  facile  de  caoot- 
voir  que  d'exécuter.  XXIL  TniitU 
delfiorinodi  sigUio^  elc.,da»k 
^^.  vol.  des  actes  délia  soaeià  Cs- 
lombaria^  Livourne,  1759,  i»4*- 
XXIII.  Notizie  data  hOBùtt» 
Gaddiana  di  Firenze  e  «Ce! jwovoflc- 
quistofatto  dei  codid  fmsSm  e 
pati  délia  medesima,  doBm  fi 
pûbUca  MagUabeckianaj  etc.,  dans 
les  Novelle  letterarie  Fhmàim^ 
annce  1 7  56,  col.  65-8 1 .  XXIV.  Bmc- 
coUa  di  opuscoUfideo  medki^t\0' 
rcnce,  1780,  ai  toI. iopS** ^las- 
tri-,  Eloçio  di  Gio.  Tmrpam^Tasr 
zetti,  ibid.,  année  1783,  csL  07, 
I  iti.Sone'loge  par  Vicqd'A^,oaui 
le  Recueil  de  ses  ourrages,  tom.iii, 
pag.  3o5.  Celui  que  Pâli  rjdlad^ 
vant  Tacadëmie  des  GeoÊffcfli ,  a 
1 784 ,  n'a  pas  été  imprimé.  A-«-fc 
TARIK  Beit  Zeiad,  famenr  cf 
pitaine  arabe ,  le  premier  MuiJ 
man  qui  ait  pénétre  en  EspapSyd 
qui  l'ait  gouvernée,  ^— «nmdf^  i 
Tanger  un  corps  de  dix  mille  Anki 
Égyptiens,  que  lui  avait  confiéi  k 
gouverneur  d'Afrique  ,  Moosa  te 
Noseir ,  et  avec  lesquels  il  somil  a 
joug  du  Coran  tout  le  Ma§idi,(b 
Mauritanie),  dqiuis  les  sonros  ds 
fleuve  Moulvia,  vers  l'an  87  defWg. 
(  70O  de  J.-C)'  Q    Iques     ' 


TAR 

,mccontcDts  de  Rodrigue , 
rain ,  e'tant  venus  solliciter 
porter  ses  armes  en  £spa- 
uverneur,  avant  de  se  ren- 
>  désirs,  voulut  se  procurer 
:;nemcnt5  sur  la  Péninsule, 
les  informations  qu'on  lui 

chargea  Tarik  de  s'assu- 
s  rapports  qu'on  lui  avait 
Ht  sincères.  Tarik  choisit 
.  cavaliers  ^  passe  de  Tan- 
ila,  où  il  traverse  le  dë- 
)  quatre  grandes  barques , 
les  côtes  d'Andalousie  ^ 
m  ver  de  résistance;  et  en- 

tioupeaux  ,  des   prison- 
'il  ramène  en  Afrique,  au 
amadlian  91  (  juillet  710)* 
d  par  ce  succès^  Mousa  pré- 
rmement  plus  considérame; 
a  obtient  encore  le  comman- 
de général  aborde ,  le  5  red- 
28  avril  711),  sur  la  côte 
îs  y  et  s'empare ,  après  trois 
combats ,  du  mont  Galpé , 
ave  Théodomir  avait  vail- 
défendu  (  F",  Tiieodomir  ). 
près  im  avantage  remporté 
Valérie  musulmane  sur  celle 
goths,  Tarik  gagne  sur  le 
igue  ,  près  de  Aerès  de  la 
,  le  !i6  ramadhan  (  i  n  juillet 
mémorable  bataille  ae  Gua- 
ui  dura  neuf  jours,  et  dans 
1  tua  de  sa  main  le  monar- 
joth  (  F,  Rodrigue).  Après 
oire,  il  partagea  ses  troupes 
oq)s ,  par  le  conseil  du  com- 
,  que  les  auteurs  arabes  ci- 
ouT  la  première  fois.  Tarik 
ilors  Ecija ,  Malaca  ,  Jaen, 
,  et  eutra  dansTolède  presque 
tance.  Il  confisqua  seulement 
des  habitants  qui  avaient  fîii 
3clie  des  Musulmans ,  et  lais- 
utrcs ,  moyennant  un  tribut 

leurs  propriétés ,  leurs  lois^ 


TAR 


541 


leurs  juges,  ainsi  que  leurs  temples , 
à  condition  qu'ils  n'en  élèveraient 
pas  de  ncoveaux ,  qu'ils  ne  feraient 
point  de  processions  publiques,  et 
qu'ils  ne  s'opposeraient  pas  k  la  pro- 
pagation de  r  islamisme.  Maître  de  la 
capitale,  Tarik  parcourt  les  pro- 
vinces centrales  de  l'Espacne^  et  dé- 
truit les  restes  ëpars  de  1  armée  des 
Goths.  Il  s'empare  de  Guadalajara  ^ 
et  trouve  «n  nobd  de  cette  ville ,  dans 
celle  d'Almèida  (ou  de  la  Table,  cnii 

Î tarait  être  la  màne  que  Medina-Ce- 
i  ) ,  une  table  d'émeraude ,  ou  plu- 
tôt d'une  matière  moins  précieuse , 
mais  enrichie  de  perles  et  de  pier- 
rerieSy  qn'on  disait  avoir  apparte- 
nu à  Salomon.  Il  j  avait  un  an 
oue  Tarik  gouvernait  les  provinces 
d'Espagne  subjuguées  par  sa  valeur , 
lorscpie  Mousa  vmt  amter  le  cours 
de  ses  triomphes,  et  en  recueiBir  le 
fruit  (  F.  MoirsA  Ben-Naser  ,XXX, 
339).  Tarik  va  à  la  rencontre  de 
Mousa  jusqu'à  Tahvera^  et  lui  pré- 
sente la  part  du  butin  qui  lui  a  été 
réservée.  Mousa ,  qui  avait  dâendn 
à  son  lieutenant,  après  la  bataille  de 
Xerez,  de  passer  outre,  jus^'à  et 
qu'il  eut  reçu  des  renforts,  Im  repro- 
cha durement  d'avoir,  par  sa  déso- 
béissance, compromis  le  salut  de  l'ar- 
mée qui  lui  était  confiée  :  il  le  priva 
de  son  commandement,  r  accusa  d'a« 
voir  soustrait  un  des  pieds  de  la 
précieuse  table,  le  fît  charger  de  fers, 
et  s'oublia  jusqu'à  le  frapper.  Les  or- 
dres du  khaÛfe  WaUdV.  rendi- 
rent à  Tarik  sa  liberté  et  le  comman- 
dement d'un  corps  d'année  avec  le- 
quel il  conquit  une  partie  de  l'Ara- 
con ,  de  la  Catalogne  et  dé  la  province 
de  Valence.  Sa  réconciliation  avec 
Mousa  n'était  qu'apparente  :  il  ne  lui 
rendait  point  compte  de  ses  opéra- 
tions. Celui-ci  ,  aans  ses  expédi- 
tions, s'appropriait  tout  It   notin 


54^  TAR 

fait  sur   reimemi  :  Tarik  alMndon- 
liait  le  sicu  à  ses  soldats ,  et  n'en  pré- 
levait  que  la  cinquième  partie  pour 
le  khalife.  Aussi,  dans  ses  dépêches 
à  son  souverain ,  ue  manquait-il  pas 
de  dénoncer  les  exactions  et  la  cupi- 
dité' de  Ternir.  Mousa  y  de  son  côte' , 
accusaitTarikd'avoir ,  par  son  insu- 
bordination et  ses  prodigalités,  dé- 
truit l'union  et  la  discipline  parmi  lei 
Musulmans.  Pour  terminer  leurs  dif- 
férends ,  le  khalife  les  rappela  l'un  et 
l'autre.  Tarik  partit  le  premier.  Tan 
95  (  7 1 4  ) ,  laissant  à  Hab^)  al-Fehri , 
son  lieutenant,  le  soin  d'achercr  la 
réduction  de  la  Galice  et  de  la  Lusi- 
tanie.  Ariivé  à  Damas,  il  eut  une  au- 
dience du  khalife ,  qui  voulut  enten- 
dre de  sa  bouche  le  récit  de  ses  ex- 
Sloits,  et  l'assura  qu'il  était  satisfait 
e  sa  conduite.On  peut  voir ,  à  l'article 
Mous  A ,  comment  Tarik ,  en  présence 
de  ce  prince ,  triompha  de  l'impos- 
ture de  son  rival.  Il  cessa  néanmoins 
d'être  employé  ,  et  mourut  dans  une 
honteuse  obsairité;  mais  son  nom , 
resté  au  promontoire  qui  fut  sa  pre- 
mière conquête  en  Espagne,  s'est 
perpétué  dans  celui  de  Gibraltar^ 
formé,  par  altération,  de  Djehal- 
Tarik  (  montagne  de  Tarik  ).  C'est  à 
tort  que  les  historiens  espagnols^  les 
compilateurs,  Cardonne  et  les  auteurs 
de  la  grande  Histoire  laiiverselle , 
font  diMix  et  même  trois  ^fersoniiages 
diiléreiits  de  Tarik,  an  moyen  de 

3nelqiics  variantes  dans  l'ortographc 
e  son  nom  et  de  ses  surnoms.  11  est 
constant  que  c'est  hii  seul  qui  opéra 
les  deux  premiers  dob.irqueuieiits  en 
Espagne ,  et  qui  en  cumnieiiça  la  con- 
quête. A — T. 

TARIN  (Jea:^),  né  à  Beaufort 
en  Anjou ,  le  3  juin  ï:")8(>,  vint  à 
Paris  en  i()i5,  et  s'y  maria  en 
i(Vi8.  11  était  alors  ]n*ofrsseur  d'é- 
loquence grcapie  et   latine  au  rol- 


TàR 


rccitiMC 


lége  royal,  et  avait  été  rectr 
Funiversité  de  Paris  dans  ks  a 


1635  et  1&16.  Ce  fut  en  cette^ 
lite  qu'il  obtint  du  paricmcat  k 
condamnation  du  jésuite  SanUidli 

Î[ui  eut  quelque  éclat  ;  ce  qni  tnin- 
ut ,  de  la  part  de  Louis  XlII ,  wi 
lettre  de  félicitation ,  datée  de  F» 
tainebleau,le3  mai  1 6?6. En  i6n 
il  obtint  un  breret  de  conseiller  cl  £ 
professeur  en  histoire  et  géognphk 
et  celui  de  lecteur  royal  en  éloBOKMr 
latine.  Tarin  mourut   à  Pans,  k 
ai  janvier  1666^  laissant  plnîéai 
enfants.  L'un  de  ses  fils,  gouvctteg 
de  l'île  de  Saint  -  Donungne ,  ta 
tué  à  bord  de  son  vaisseau ,  en  eo^ 
battant  contre  les  Anglais,  k  sS 
janvier  1691.   Ses  descendanli  « 
sont  établis  k  Semur^    en  Bourp- 
gne ,  dont  son  épouse  était  origi- 
naire. On  a  de  lui  :  I.  Uii  Éloge  è^ 
cardinal  de  Gondi ,  mtthcwèpe  dK 
Paris,  mort  en  161 6.  IL  Une  In- 
duction latine  de  la  PhîlocaliedYM- 
gcnc,  de  l'ouvrage 'de  ibcbarie,  Ht 
mundi  apifido  ,  et  un  Recnefld'op- 
nions  céUl>res  sur  rame.  III.  Qtarl- 
ques  pièces  de  poésies  latinei  flr  les 
événements  du  temps  :  i*.  FùtuA 
rrgis  irwictissimi  àedàt»  <litfiiii , 
et  summo  viro  cardmaU  ibs  ât 
Eichelieu  soteria  nuaimm  ,  i633  ; 
'j".  Eminentissimi  et  mcempttr^èt 
cardinali  ditci  soteria  ,  lâS  ;  3*. 
Qtwd  bcmam,  fausium  ,  fiSx  et 
st'nipiternum  sakttare  sit  rtg ,  it 
ginœque   chrisîiùnissimis  ,  mîât 
munusj  i(i38;4**.  Beditus  €pUti^ 
simus  ,  sife  dies  ttna  et  «msta 
decimi  mensis  ,  i65a.  etc.      Z, 

TARIN  (PiERBE  ; ,  médedtf  sit- 
tomiste ,  était  né ,  dans  les  pnaibti 
années  du  dix-huitième sièaeyi  Âir 
teiini  dans  le  Gatiuais.  Il  adm 
ses  études  médicales  à  la  tàeéÊèit 
Paris ,  et  se  contenta  de  prorire  h 


TAR 

le  bachelier.  Plus  occupe  de 
rie  que  de  la  pratique  ae  son 
consacra  presque  tous  ses  ins- 
i  trayail  au  cabbet  et  aux  dé- 
ations  de  Tamphithcâtre.  On 
plusieurs  observations ,  alors 
es  et  intéressantes,  sur  la  struc- 
cerveau.  Le  premier  il  vit  la 
;tte  transversale  destinée  à 
s  deux  couches  optiques,  et 
IX  prolongements  supérieurs 
velet^  qui  le  joignent  aux 
tubercules  quaori  -  jumeaux 
;  Histoire  de  la  médecine , 
►rengel,  iv,  «iCS).  Tarin  se 
I  de  fournir  au  Dictionnaire 
ipedique  (  P^.  Diderot)  tontes 
ces  relatives  à  l'anatomie  et  à 
siologie.  Son  article  uinato^ 
:  surtout  fort  estime'.  Dans  un 
[uc  la  nature  de  l'ouvrage  IV 
t  de  resserrer ,  il  a  su  prësen- 
ec  rhistoire  de  cette  science, 
s  avantages  qu'elle  offre  aux 
ns,  aux  artistes,  aux  philo- 
,  aux  magistrats,  etc.  Tarin 
\  sa  vie  laborieuse  à  Paris*  en 
3utre  ses  Traductions  des  Élé- 

de  phj'siologie  de  Ha  lier , 
in-8''.  ;  de  la^esmoeraphie 
:riptiou  des  liç;amentsau  coips 
a,  par  Jos.  Weitbrecht,  1 75îi, 
,  et  une^cdition ,  enrichie  de 
des  Éléments  de  chimie  de 
lave,  traduits  par  Allamand, 
6  vol.  in-ia ,  on  a  de  Tarin  : 
mepistola  ad  Guattanum  de 
mid ,  Paris ,  1 748 ,  et  dans  le 
[v  des  Dissert,  chirurg.  de 

L'appareil  qu'il  indique  est 
impie,  mais  insuffisant  :  c'est 
lotomc  légèrement  courbe'  et 
mde  canuclcc  ordinaire.  IL 
i  inler  arterias  mesœraicas  , 
]ue  lacteas ,  immediatum  de- 
immercium^  ibid.,  174^.  11 
►nonce  pour  Ta  Jlirmatîve.  Cette 


TAR  S43 

Dissertation  se  trcave  dans  le  tome 
VII  du  Becneil  de  Haller.  IIL  ^it- 
thrcpoUmie  ou  VArt  de  disséquer  y 
etc.  y  ibid. ,  1 750 ,  3k  vol.  in- 1  a  ^  fig. 
«  Cet  ouvrage,  dit  M.  Portai,  est  rem- 
pli de  préceptes  intéressants.  La  bui-* 
nière  de  Tai^m  de  disséquer  le  eenrvaa 
est  fort  bonne;  et  je  m'en  sers  avec 
beaucoup  d'avantage.  On  trouve,  à 
la  lin,  cpielquesobsmrations  qui  peu- 
vent servir  de'oiodèles  anx  prati* 
ciens,  dapsdes  cas  semblables»  Sa  Aié- 
tbode  de  faire  l'onvertiire  d'nii  corps 
et  celle  de  Tembanmer^  mériientd^ 
tre  lues  »  {ffist.  de  Farmiomie  ^  v, 
44^  )•  IV.  Âiffenarim  atuiiomica , 
ibid.,  1753,  in -40.,  fi|<ft'est  la 
description  du  cerveau  et  du  cervelet 
IjCS  plattcbes  sont  exactes*  V.  Dm^ 
tionnaire  anatonUgue,  suivi  d'une 
Bibliothèque  anatomiqueetphysiolo- 
gique ,  Paris,  1763,  in-4^*  Cet  ouvra- 
ce  est  encore  recbénhé.  On  a  dit,  et 
depuis  on  n'a  cessé  de  répéter,  sans 
examen,  que  la  BOdioêhémêe mmUo- 
mique  de  Tarin  n'était  qn  un  extrait 
du  MetkodMis  stttdii  mediei  d^  Hal- 
1er.  Qu'il  ait  profité  des  reoherdies 
de  son  devancier,  il  en  avait  le  droit, 
et  il  en  convient;  mais  il  ne  s'est 
point  contenté  de  le  copier.  Dans  la 
préface.,  il  remercia  l'anbé  SalUer  et 
le  savant  médecin  Falconet  des  se- 
cours qu'il  en  a.  reçus  pour  perfec- 
tionner son  travail.  Le  Dictionnaire 
anatomîque  est  une  introduction  né- 
cessaire aux  ouvrages  suivants  :  VI. 
Ostéo^aphie  ou  Description  des 
os^  ibid.,  1753,  in-4^*>  fig*  I«eft 
planches  sont  empnmtées,  pour  là 
plupart,  aux  ouvrages  des  anatomis- 
tes  modernes.  Cependant  il  a  fait  des- 
siner, d'après  nature.,  plusieurs  liga- 
ments et  cartilages.  Le  texte  n'est 
guère  qu'une  compilation ,  qui  serait 
plus  utile  si  les  matières  étaient  ran- 
gé^ ifiLïi%  un  ordre  plus  métbodiyie» 


544 


TAR 


VII.  Myographie,  ou  Description 
des  muscles ,  ibid. ,  i  t53  ,  in  -  4**.  i 
fig.  C'est  un  extrait  de  1  ouvrage  d'Al- 
binus  (  F,  ce  nom ,  1 ,  4^5  )  ;  mais 
les  planches  de  Toriginal,  réduites  au 
tiers  y  ne  sont  plus  reconnaissabies. 

VIII.  Observations  de  médecine  et 
de  chirurgie  y  ibid,,  1768,  3  vol. 
in-ia;  recueil  estimé.         W — s. 

TARLATÏ  (Guipo),  gentilhomme 
toscan ,  dont  la  famille  possédait ,  de- 
puis le  dixième  siècle ,  dans  les  Apen- 
nins ,  des  fiefs  qui  relevaient  de  1  em- 
pire. Les  Tarlati  s'attachèrent  d'une 
manièi-e  invariable  au  parti  Gibelin. 
Guido ,  qui  était  chef  de  cette  famille 
au  commencement  du  quatorzième 
siècle,  entra  dans  les  ordres  ,  sans 
pour  cela  renoncer  à  la  canière  mi- 
litaire, ou  aux  intrigues  d'un  chef 
de  parti.  Élevé  k  l'évêché  d'Arezzo , 
il  s'empara  de  la  souveraineté  de 
cette  ville ,  le  2  octobre  i3a3;  il 
surprit  aussi  Città  di  Castello ,  qu'il 
soumit  au  parti  Gibelin ,  et  par  là  il 
attira  sur  lui  l'excommunication  du 
pape  Jean  XXII.  11  assista,  en  1 3^7 , 
au  parlement  de  Trente  ,  dans  le- 

2uel  les  chefs  des  Gibelias  d'Italie 
ctcnnincrent  Louis  IV,  empereur 
élu ,  à  venir  à  leur  secours  ,  et  il  fut 
un  des  trois  évèques  interdits  et  ex- 
communiés qui  mirent  sur  la  tête  de 
cet  empereur  la  couronne  de  fer,  le 
3 1  mai ,  dans  la  basilique  de  Saint- 
Ambroise  à  Milan.  Mais  Louis  de 
Bavière ,  ayant  ensuite  yiolc  un  sauf- 
conduit  donné  par  Tarlati  aux  am- 
bassadeurs de  Pise ,  ce  seigneur  s'é- 
loigna de  lui  :  accablé  de  doiiloiir  d'a- 
voir en  même  temps  perdu  son  cré- 
dit auprès  de  l'empereur  et  auprès 
du  ])ape ,  il  tomba  malade  et  mounit 
à  Montcncro ,  près  de  Livourne ,  au 
mois  d'octobre  1  3a 7.      S.  S — i. 

TARLATI  (PiERUK  ),  .surnommé 
Saccone  ,  était  frère  du  piéccddur , 


TAR 

auqud  il  succéda  en  i3a7 ,  dtnt  h 
souveraineté  d'Areno  et  de  Gitti^  S 
Castello.  Élevé  dans  la  Téàask  la  phi 
sauvage  des  Apennins ,  ouïe  chileaii 
de  Pietramala ,  chef-lieu  de  son  pdk 
état ,  domine  des  déserts  qœ  de  Bal- 
tes neiges  couvrent  pendant  nne  moi- 
tié de  Tannée,  Saccone  était  aecou- 
tumé  à  braver  tous  les  danpn, 
comme  toutes  les  fatigues  et  toutes 
les  intempéries  de  Pair.  II  comcnail, 
dans  un  siècle  civilisé,  et  au  mOîeD 
de  |)eunles  amollis,  les  mceunetlo 
habitudes  des  conouéranls  du  Ncxd  ^ 
antiques  auteurs  ae  sa  race.  H  aé- 
prisait  le  luxe  et  la  mollesse  de  llta- 
lie;  mais  il  s'était  instmit  dans  la 
politique ,  et  il  en  connaissait  tsns 
tes  artifices  ;  il  était  en  mteie  tcBp 
le  plus  redoutable  soldat  dans  ns 
champ  de  bataille ,  et  le  partîsaB  le 
plus  rusé  et  le  plus  ineénieuz,  kn- 
qu'il  voulait  surprenore  uneplacc, 
ou  tromper  ses  ennemis  par  un  stra- 
tagème. Attaché  h  ses  montâmes ,  fl 
semblait  prétendre  plutât  àOefcoir 
le  roi  des  Apennins  qu'i  '^^'■mw 
sur  les  contrées  fertiles  qui  sont  k 
leur  pied.  Il  avait  dépomDe  h  h  - 
mille  de  Tag|^la  de  k  soofcnd- 
neté  de  Massa  Trebaria  ;  1  a¥Ùt  de 
même  assujcti  les  UbertÎDâ  âfec  tOB 
leurs  châteaux  9  et  son  ponroir  s'é- 
tendait sur  toutes  les  hantes  moma- 
gnes  de  la  Toscane  ,  de  la  Bftnfp* 
et  de  la  Marche  d'Ânoone.  Gttà  di 


Castello  et  le  bourg  Saînt-Sépukkf 
s'étaient  soumis  à  lui  ;  il  entait 
réduire  Pérouse  à  la  mCme  dâ»- 
dance,  lorsqu'en  i336,  il  s'enageSi 
comme  allié  de  Mastinode  La  Sob, 
dans  la  guerre  que  ce  prince  fit  ans 
Florentins.  Ceux-ci  réussirent  à  U 
iutercei)ter  tous  les  secours  du  sei- 
gneur de  Vérone,  qui  dans  k  aàne 
temps  éprouvait  des  échecs  râlMs. 
Tarlati  ^  pressé  par  des  amées  fort 


TAR 

.  supérieures  ,  après  ayoir  perdu  déjà 
''  plusieurs  chàteau!L ,  fut  obligé ,  le  i  o 
mars  i337  ,  de  rendre  Arezzo  aux 
Florentins.  La  paix  qu'il  obtint  à  ce 
prix  y  ne  dura  i>as  long  -  temps.  Au 
mois  de  mars  i34'a,  ayant  éveillé 
les  soupçons  des  Florentins^  il  s'é- 
chappa d'Arezzo  où  Ton  voulait  Tar- 
rêler  :  ses  parents  furent  jetés  en 
prison  ;  mais  Saccone  n'en  réussit 
pas  moins  à  faire  prendre  les  armes 
à  tous  ses  vassaux  dans  les  Apennins. 
Dès-lors  se  refusant  à  faire  aucune 
paix  y  et  ne  compromettant  jamais 
ses  soldats  dans  la  plaine  ,  ou  en 
bataille  rangée ,  il  demeura  l'ennemi 
constant  des  Guelfes  et  des  Floren- 
tins. De  Pietra-Mala  oij  il  s'était  éta- 
bli ,  il  dirigeait  tous  les  mouvements 
qu'on  voyait  éclater  dans  les  com- 
munes moins  puissantes  de  Toscane , 
dausleMugcllo,  et  le  Casentin.  Quoi- 
que sa  bravoure  fût  éprouvée  dans 
les  combats  ^  il  était  plus  renommé 
encore  pour  les  coups  de  main ,  la 
petite  guerre,  et  l'art  de  surprendre 
les  places.  Parvenu  à  l'âge  ae  qua- 
tre-vingt-seize ans,  il  sentit,  au  com- 
mencement de  Tannée  i35G ,  les  ap- 
proches de  la  mort;  et  comme  il 
remarquait  déjà  la  consternation  de 
ceux  qui  le  servaient,  il  voulut  enga- 
ger son  fils,  Marc  Tariati^à  profiter 
de  la  sécurité  où  la  nouvelle  de 
son  agonie  avait  plongé  ses  enne- 
mis, pour  surprendre  le  fort  cliâ* 
teau  de  Grcssa  près  d' Arezzo.  L'en- 
treprise manqua,  et  le  vieux  Sac- 
cone apprit  eu  mourant ,  que  la  for- 
tune qui  l'avait  toujours  secon- 
dé ,  devenait  infidèle  à  sa  famille. 
A  peine  fut-il  mort ,  que  son  fils  et 
ses  neveu  \  furent  dépouilles  de  la 
j)lus  grande  partie  de  leurs  posses- 
sions. S.  S — I. 

TARLO  (Jean),  noble  polonais 
du    palaliuat   de  Poscn,    s'illustra 

XT.IV. 


TAR 


54^ 


k 


ar  son  dévouement  et  son  courage , 
oisque ,  sous  le  règne  de  Jean  Casi- 
mir ,  la  Pologne  succombant  sous  le 
poids  de  ses  m^heurs,  Charles  Gus- 
tave, roi  de  Suède,  envoya  dans  la 
Grande  Pologne  (  1 655  ) ,  un  corps  de 
dix-sept  mille  hommes,sous  \^  ordres 
du  feld-maréchal  Wittemberg.  Des 
que  l'on  en  eut  la  nouvelle,  la  noblesse 
des  palatinats  de  Poseu  et  de  Kaliscb 
se  rassembla  dans  la  yille  d'Uys- 
cie.  Un  Polonais,  indigne  de  ce  nom, 
suivait  l'armée  ennemie.  S'étant  ren- 
du à  Uyscie ,  il  y  publia  une  procla- 
mation dans  laquelle  Charles  Gusta- 
ve, invitant  les  habitants  de  la  Grande 
Pologne  à  se  soumettre,  leur  pro- 
mettait sa  bienveillance,  la  conser- 
vation de  la  religion,  des  lois  et  des 
propriétés ,  et  leur  faisait  les  mena- 
ces les  plus  effrayantes  s'ils  persis- 
taient dans  leurs  projets  de  résistan- 
ce :  le  pays  devait  être  mis  à  feu  et  à 
sang ,  et  les  habitants  emmenés  pri- 
sonniers ou  mis  à  mort.  Après  avoir 
fait  lecture  de  cette  proclamation ,  le 
traître,  appelé  Radzielowski,  exal- 
tant les  forces  de  l'ennemi,  soutenant 
que  toute  résistance  était  inutile, 
qu'elle  entraînerait  les  plus  grands 
maux  ,  engageait  ses  compatriotes 
à  céder  à  la  pécessité.  Jean  Tarlo 
s'avança ,  et  dit  d'un  tonde  voix  ti-ès- 
élevé  :  a  Ne  vaut-il  pas  mieux  souffrir 
»  pour  sa  patrie  que  de  lui  faire  hon- 
»  te  ?  Celui  qui  souffre  pour  sa  patrie 
i>  agit  comme  un  homme  vertueux  et 
»  bon  citoyen  ;  celui  qui  préfère  son 
o  intérêt  au  bien,  de  sa  patrie  est  un 
»  lâche  et  un  homme  injuste.  »  Ce- 
pendant le  parti  de  Radzielowski  pre- 
nant le  dessus,  Tarlo  quitta  l'assem- 
blée ;  et  les  Suédois  s'approchant,  la 
noblesse  îles  deux  palatinats  se  soumit 
à  Charles  Gustave.  La  nuit  suivante , 
Radzielowski  ayant  fait  entourer  la 
maison  de  Tarlo ,  ce  brave  polonais 

35 


546  TAR 

fut  arrête  et  conduit,  comme  rebelle, 
à  la  Ibi-tcrcsse  de  Graudenz.  Mais  la 
Pologne ,  après  avoir  éprouve'  tous 
les  di'sastres ,  se  releva  enfin.  Les  bons 
citoyens  reprirent  courage  :  le  parti 
de  Jean  Casimir  se  fortifia  ;  el  Char- 
les Cf  lista  vc ,  menace  par  les  Danois, 
fut  oblige  de  se  retirer,  ne  lais- 
saut  que  des  garnisons  pour  dc'fendre 
Irsplaces.  Stanislas  Potockî  et  George 
Lubomirski  s'avancèrent  avec  cpiinze 
mille  hommes  (1659),  et  vmrcnt 
mettre  le  siège  devant  Graudeuz* 
Comme  ils  se  disposaient  à  domiei* 
l'assaut,  roillcicr  prépose  h  la  garde 
des  prisonniers  de  la  citadelle  ins- 
truisit Tarlo  que  le  feu  était  déjà 
dans  quelques  parties  de  la  ville ,  et 
qu'elle  pourrait  à  peine  tenir  encore 
(Tuelqiics  jours,  a  Ne  voudriez-  vous 
y>  pomt,  dit  Tarlo,  m'aîder  à  recou- 
y*  vrer  ma  liberté  ?  Je  serai  renon- 
»  naissant.  »  L'officier  ne  demanda 
ue  protection ,  si  la  ville  était  prise 
'assaut.  A  minuit ,  Tarlo  s'écbappa 
et  arriva  au  camp.  On  s'y  préparait 
pour  l'assaut  :  on  chantait,  suivant 
rusa  gc,  des  cantiques  religieux.  Ayant 
été  conduit  devant  les  chefs,  il  s'en- 
gagea à  servir  de  guide  a  ses  compa- 
triotes ,  et  à  les  conduire  à  l'assaut. 
Il  arriva  le  premier  sur  les  murailles, 
tenant  de  la  main  gauche  un  drapeau, 
et  de  la  droite  un  sabre;  mais  l'échelle 
])ar  laquelle  il  était  monté  s'étant 
rompue  sous  les  pieds  de  ceux  qui  le 
suivaient ,  il  reçut ,  en  combattant 
comme  un  lion ,  huit  blessures  avant 
que  Ton  pût  arriver  à  son  secours. 
iSe  sentant  défaillir,  il  s'enveloppa 
dans  sou  drapeau ,  afin  qu'on  ne  le 
lui  culcvat  point;  et  il  tomba.  Peu 
apvhs ,  1h  garnison  mit  Ixis  les  armes, 
«t  se  rendit  prisonuière  de  guerre. 
Les  chefs  de  l'armée  polonaise,  étant 
entrés  dans  la  ville,  et  instmits  de  ce 
qu'avait  fait  Tarlo  ,  rassemblèrent 


3 


TAR 

l'armée  pour  rendre  lesdeniers  koa^ 
neurs  à  ce  brave ,  dont  ils  firent  dé-  ' 
poser  le  corps  dans  l'église  des  Je" 
suites.  On  y  voit  encore  son  tombeiQ 
ai  marbre,  dans  la  chapdle  de  St.- 
Jean.  Le  noble  chevalier  s'appuie  sur 
le  drapeau  qu'il  tient  en  main;  et  on 
y  lit  1  inscription  suivante  : 

Joantiem  Tailo  relinetkmc  t'mm, 
Ingentem  Ulum  imimum,  in  smmmû  mditnilallhn 
In  sno  romdklit  uitu  pennnis  fkmm. 

G— t. 

TARNOWSKI  (  Jeaw), 
le  Grand  ),  l'un  des  jdas  il 
guerriers  de  la  Pologne ,  naquit  en 
1 488 ,  de  Jean ,  comte  de  Tamow  y 
palatin  de  Cracoyie ,  dont  les  ancê- 
tres avaient  commandé  avec  {knv 
les  armées  de  la  Pologne.  Sa  mèfe 
était  petite-fille  de  Zawieski,  dît  k 
Noir ,  un  de  ces  preus  cheraKos 
dont  les  exploits  sont  racontés  dans 
les  Annales  polonaises,  sous  le  règne 
des  premiers  Jagellons.  Tout  annen- 
çait  en  lui  dès  ro&nce  oncsprittrèi- 

Srécoce  :  ilexpliçpiaitVirgplei  l'te 
e  dix  ans  ;  à  treîae  îl  eotre^ondut 
en  latin  avec  le  roi  Albert  et  avec 
son  conseil.  En  Pologse ,  l^ssgrron- 


lait  queles  familles  nôUes, 

de  procurer  un  ajppui  à  k , 

les  envoyassent  a  des  ***C^"*  d*» 
rang  éminent^  auprès  qeaqpdi  3ft 

Cassaient  lemrs  premières  annéek 
amo  wski  fut  d'abord  confié  an  ea^ 
dinal  Frédéric;  il  s*attaclia  ensuite  à 
Martin  Drzewicki,  évèqnedePkw- 
myzl  et  chancdier  de  la  eonreoM  , 
qui  le  recommanda  au  roi  Albert. 
Le  prince  prit  le  jeune  comte  en  af* 
fection  :  étant  tombé  dangerenscinent 
malade ,  et  sa  porte  étant  relîaée  & 
ceux  qu'il  n'appelait  pas  auprès  de 
sçn  lit ,  le  petit  cracovien  (  coBÙtf 
le  roi  l'appelait),  fut  seul  exœpldll 
entrait  librement  dans  la  chasbre 
du    monarque ,   pour    IVntnkmr* 


TAR 

mort  d'Albert  9  Tarnowski 
ment  en  faveur  près  des  rois 
re  et  Sigismond-Au^uste. 
jeunesse,  il  partageait  son 
itre  Tëtude  des  belles  lettres 
erciccs  de  Tart  militaire.  Re- 
it  les  vieux  gëneVaux  et  les 
expe'rimente's  dans  les  afiai- 
iquesv  il  leur  faisait  desques' 
t  il  écoutait  leurs  récits  avec 
Anime  par  cet  esprit  cheva- 

qu'il  tenait  de  ses  ancêtres, 
hercLer  dans  les  pays  loin- 
gloire  et  rinstruction.  Ayant 
>  cotes  de  la  mer  Noire ,  la 
la  Palestine ,  il  s'arrêta  en 
f  où  Émauuel ,  roi  de  Por- 
aisait  la  guerre  aux  Maures, 
par  ce  prince  d'un  comman- 
militaire ,  il  se  fit  cbérir  de 
et  du  roi ,  qui ,  n'ayant  pu 
ir  k  sou  service,  le  combla, 
départ,  de  riches  présents, 
ski  ayant  parcouru  toute 
e ,  et  ayant  laisse  partout 
renirs  honorables  ,  revint  en 
.  L'empereur  Charles-Quint, 
lui  donner  une  preuve  de  son 
fi ,  le  créa  comte  de  Tempire 
.  Ce  prince  et  le  pape  Léon  X 
;èrent  pour  le  roi  Sigismond 

lettres  dans  lesquelles  ils 
lient  la  haute  considération 
rnowski  s'était  acquise  près 
Etant  de  retour  en  Pologne, 
du  roi  la  chAtellenie  de  Woy- 
et  peu  après  le  palatiiiat  de 
e  Russie.  Les  troupes  polo- 
;t  lithuaniennes  étaient  réu- 
LS  les  ordres  du  prince  Cons- 
^strogski ,  pour  marcher  con- 
Russes.  larnowski  se  hâta 
à  Tarmée ,  où  un  corps  de 
lires  nobles  le  choisit  poup 
es  deux  armées  étaient  en  pré- 
ans  les  plaines  d'Ûrsza  ;  s'a  - 
t  hors  aes  rangs,  revêtu d'ar- 


TAR 


547 


mes  éclatantes ,  avec  un  casque  pa- 
naché à  la  manière  des  Espagnols,  il 
porta  au  plus  brave  de  Tarmëe  enne- 
mie un  dëû  qui  ne  fiit  pas  «ccépté; 
mais  dont  le  général  en  chef  Ostroga- 
ki  montra  beaucoup  de  mécontente- 
ment. 11  dénonça  au  roi  et  a  la  diète 
l'imprudent  Tamowski  quisedéfoidit 
ainsi  :  a  J'ai  défié ,  dit-il ,  Fennemi  k 
»  un  combat  singulier^  afind'éprou- 
»  ver  savaleur  et  pour  encourager]^ 
D  braves  que  je  commande;  je  n'aa 
»  expose  qne  ma  personne.»  Ostrop- 
ki  Tép\up9.  arec  sagesse  :  «  Appre- 
»  nez,  ]eune  homme  ^  que  Ton  ne 
»  coqibat  point  en  Pologne'comme 
»  dans  les  armées  de  la  Luntanie; 
»  le$  Russes  (rai  nous  font  la  guerre 
9  ofi  ressemblent  pas  aux  soldats 
»  maures.  Ne  compares  point  la  sn^ 
»  bordipation  qui  doit  r^ner  dam 
»  nos  camps  à  la  faible  discipline  que 

V  vous  pouvezavoir  remarquée  dans 
»  les  troupes  commandées  par  le  roi 

V  de  Portugal,  p  Tamownj  eut  oc- 
casion de  faire  ouUier  cette  première 
faute  :  dans  la  campagne  suivante , 
il  combattit ,  à  la  tête  de  ses'volon- 


remporta  sur  les  Russes ,  il  sut  si 
bien  ménage  ses  soldats  qu'il  n*en 
perdit  que  deux.  Le  sultfaan  Soliman 
était  venu  assiéger  Bdgr^de  avec  une, 
armée  nombreuse,  Ixmis ,  roi  de  Hon- 
grie et  de  Bohême,  ayant  demande 
des  secours  à  Sigismond  son  oncle  , 
ce  prince  lui  envoya  un  corps  de  six 
mille  hommes,  sous  les  ordres  de 
Tamowski  (  i5ai  ).  Celui  -  ci  fit  sa . 
jonction   avec  l'armée  hongroise; 
mais  on  arriva  trop  tard  :  Belgrade 
et  Sabacz  avaient  capitulé.  Sonman> 
se  pressa  de  réparer  les  fortifications 
de  ces  deux  places;  et  y  ayant  mis 
garnison,  B  reprit  |e  cbcmiù  deCoas-- 

35.. 


548 


TAR 


Uintinoplc.  Tariiowski  reTint  en  Po- 
logne sans  avoir  eu  occasion  de  se 
dbtinguer.  Le  rot  lui  donna  néan- 
moins le  bâton  de  grand gcne'ral  delà 
couronne.  Lorsque  les  Moldaves  se  je- 
tèrent sur  la  Pokucie  (  1 53 1  ) ,  Tarno- 
wski  les  repoussa  au  -delà  de  leurs 
frontières^et  croyant  avoir  mis  la  pro- 
vince en  sûreté,  il  licencia  ses  troupes. 
Pierre  palatin  de  Moldavie,  étant 
revenu  à  la  tctc  de  vingt- cinq  mille 
hommes  ,  Tamowski  counit  à  sa 
rencontre  ,  avec  cinq  mille  hom- 
mes levés  à  la  hâte.  Lorsqu'il  fut 
en  prclsnice  de  Tenncmi ,  on  lui 
conseilla  de  faire  un  mouvement  ré- 
trograde sur  Halicz ,  et  d'y  atten- 
di>e  des  renforts  :  «  Non  ,  dit-il  ^ 
»  je  ne  commencerai  pas  aujourd'hui 
»  à  tourner  le  dos  à  l'ennemi.  »  Sa 
petite  armée  reçut  ces  paroles  avec 
des  cris  d'acclamation.L  ayant  accou- 
tumée, par  de  petites  attaques,  à  mé- 
1»riscr  mi  ennemi  si  supérieur  en  nom- 
bre ,  il  prit  position  à  Obatyn.  Les 
Moldaves  s'avancèrent  pour  enve- 
lopper son  camp  :  la  victoire  leur 
paraissait  assurée  ;  ils  craignaient 
seulement  que  quelques  Polonais  ne 
trouvassent  moyeu  d'échapper;  mais 
après  un  combat  sanglant,  ils  furent 
repousses  et  mis  en  désordre  au-delà 
de  leurs  frontières,  ayant  abandonné 
cinquante  canons  et  quatre  mille 
morts.  Tarnowski  revint  à  Cracovie, 
011  se  trouvaitle  roiSigismond.  Le  sé- 
nat ,  le  clergé  et  les  habitants  allèrent 
à  sa  rencontre.  On  traînait  devant 
lui  les  canons  pris  à  l'ennemi ,  et 
parmi  lesquels  se  trouvaient  ceux 
que  le  roi  Albert  avait  perdus  dans 
son  expédition  malheureuse  en  Vala- 
kic.  Apres  ces  trophées  venaient 
quatre  cents  prisoniuers  ,  à  la  tête 
(lcs(ïue!s  marchaient  le  grand  chan- 
celier de  iVîoJdavie  ,  et  les  chefs  de 
Tannée.  Le  cortège  triomphal  con- 


TAR 

duisit  le  vainqueur  à  l'e'i^lise  cathé- 
drale, et  il  déposa  sur  le  tombeau 
de  saint  Stanislas  les  étendards  enle- 
vés à  Tennemi.  De  là ,  il  se  rendit  an 
Palais  royal.  Sigismond,  se  levant 
du  trône ,  alla  au-devant  de  lui  jus- 
qu'à la  grande  porte ,  honneur  qu'il 
n'avait  accordé  à  aucmi  autre.  Après 
avoir  remercié  la  Proyidenoe,  T:ir- 
nowski  conjura  le  roi  de  ne  plu« 
tenter  Dieu ,  en  envoyant  ainsi  nce 
poignée  de  braves  contre  un  ennemi 
si  nombi*eux.  Comme  les  Tartarrs 
menaçaient  la  Podolie(  i534),  ilaUa 
prendre  position  sur  le  Bug;  et  ces 
i)euples  barbares  se  retirèrent  dans 
l'intérieur  de  leur  pays.  lie  roi  l'ap- 

Sela  promptement  en  Litbuanîe,  le 
uché  étant  menacé  par  Iwan  Iwa- 
nowicz,  qui  avait  dcciarê  la  guerrrà 
la  Pologne.  Tamowski  marcba  m 
toute  hâte  à  Wilna  j  arec  un  coips 
d'élite ,  dont  il  iit  la  rerue  en  pré- 
sence du  roi.  A  l'invitation  du  ptÎDcr, 
le  grand -général  de  lidmame  oéd;t 
le  commandement  à  Tamowski, qui 
réunit  les  deux  bâtons  de  la  Pdlcgne 
et  de  la  Lithuanie ,  dbtinctionlHeB  ra- 
re ,  vu  l'esprit  de  jalousie  qs  rqpiait 
entre  le  duché  et  le  royaiuK-LeCrar 
s'étant  rétiré  dans  rintôîev  de  irs 
états,  Tarnowski,  qui  le  snivût ,  hù 
enleva  Homla  et  Starodub.  Uraurah 
poussé  jusqu'à  Moscoa;  mais  il  éuit 
embarrasse  par  les  prisonnendoot  le 
nombre  surpassait  celui  de  rarmëe  po- 
lonaise. Entraîne'  par  une  dure  néca* 
site,  après  avoir  mis  de  côté  les  o^ 
ciers ,  il  livra  les  soldats  prisomxirrs 
au  droit  cruel  de  la  guerre.  Tarnowski 
rougit  depuis  d'avour  somllêsa  gloÎR 
par  une  action  si  barbare,  et  an  lit  de 
la  mort  y  il  ne  croyait  pas  pouvoir 
Teipier  devant  Dieu  par  le  plis  vif 
repentir.  Les  Moldayes  se  pr^unnt 
à  une  nouvelle  irruption  y  Tanowski 
fut  charge  d'aller  porter  h  {jonre 


TAR 

au  milieu  de  ces  peuples  inquiets  et 
remuauts  (  1 538  ).  Le  roi ,  qui  avait 
faitcourouncr  son  (lis,  Sigismond-Au- 
giiste ,  confia  ce  jeune  prince  à  Tar- 
no  wski,  afin  qu'il  apprit  la  guerre  sous 
im  si  grand  maître.  1^  reine,  informée 
que  la  santé  de  sou  fils  unique  souf- 
frait de  la  fatigue  et  de  la  longueur 
des  marches ,  fit  tant,  par  ses  prières 
et  ses  instances ,  que  le  roi  le  rappela 
à  Cracovie.  Tarnowski  s'avança  jus- 
qu'à Choczim  :  le  palatin  y  effrayé  en 
voyant  que  la  Moldavie  était  à  dé- 
couvert ,  vint  trouver  le  général  po- 
lonais dans  sa  tcnlc  ;  les  conditions 
de  la  paix  étant  réglées ,  il  jura  foi 
et  hommage  au  roi  de  Pologne.  Ce 
fut  après  ces  nouveaux  succès,  que 
la  dicte  de  Pétrikau ,  sur  la  proposi- 
tion du  roi ,  décréta  qu'on  lèverait 
deux  gros  par  arpent  de  terre ,  pour 
en  faire  don  à  Tarnowski  ^  comme  il 
aimait  beaucoup  plus  la  gloire  que 
l'argent,  il  distribua  cette  somme^si 
considérable,  entre  sca  compagnons 
d'ai^mcs.  Sigismond-Auguste   ayant 
succédé  à  son  père  (i548);  Tarnowski 
servit  le  jeuneprince  avec  dëvoûmeat^ 
et  son  iufluencè  lui  fut  très -utile  à  la 
diète  de  Pétrikau  (  i55a  ).  Le  haut 
clergé  avait  soulevé  la  noblesse  par 
des  actes  arbitraires  ;  et  les  nobles 
proposaient ,  contre  les  évêques ,  les 
mesures  les  plus  violentes.  Tarnows- 
ki prit  parti  pour  la  noblesse ,  mais 
avec  une  si  grande  modération  y  que 
révêque  de  Prezemysl,  qui  était  le 
plus  lueuacé  ^  implora  sa  protection 
et  se  mit  sous  sa  sauve  ganie.  De  Pé- 
trikau, Tarnowski  se  rendit  à  Dant- 
zig ,  avec  le  jeune  roi,  qui  voulait  y 
faire  recounaître  son  autorité.  Cette 
ville,  fiore  de  ses  privilèges ,  de  son 
commerce  et  de  ses  liaisons  avec  l'Al- 
lemagne ,  paraissait  très-agitée  contre 
les  Polonais.  Le  bruit  s'étant  répandu 
que  Ton  avait  placé  des  tonneaux  de 


TAR  r,49 

poudre  dans  les  caves  du  château , 
pour  le  faire  sauter  quand  le  roi  y  se- 
rait avec  sa  cour  :  le  prince  descendit, 
avec  Tarnowski  et  son  cortège,  dans 
des  maisons  particulières.  Dès  les 
premiers  jours,  il  y  eut  des  discus- 
sions entre  les  Polonais  et  les  habi- 
tants. Un  magistrat,  que  le  roi  fit  ve- 
nir, osa  dire  au  prince  qu'au  premier 
mécontentement  il  ferait  sonner  Je 
tocsin.  Tarnowski,  qui  ne  croyait 
point  que  l'heure  fiit  venue  de  punir 
cette  insolence,  rassembla  tous  les 
magistrats ,  et  leur  parla  avec  tant 
de  fermeté  et  de  sagesse ,  que  les  es- 
prits se  calmèrent.  Enfin  le  roi,  pen- 
aant  tout  son  séjour ,  fut  traité  avec 
les   égards  dus  au  souverain.   Les 
malheurs  de  Jean  Zapol ,  comte  de 
Zips ,  fournirent  encore  à  Tarnowski 
Toccasion  de  montrer  la  grandeur  de 
son  a  me.  Ce  prince,  élu  roi  deHongrie, 
avait  été  chassé  par  les  Autrichiens* 
Errant,  sans  secours,  il  fut  accueilli 
r  le  héros  polonais,  qui,  bravant 
es  menaces  de  Ferdinand ,  lui  donna, 
pendant  deux  ans ,  la  ville  de  Tar- 
now  pour  demeure ,  avec  uu  revenu 
suffisant  pour  soutenir  sa    dignité. 
Jean,  étant  remonté  sur  le  trône ,  lui 
envoya  un  bouclier  d'or  massif ,  avec 
un  bâton  de  grand -général ,  dont  la 
valeur  fut  estimée  à  quarante  mille  du- 
cats. Il  fit  aussi  ériger  un  autel  dans 
l'église  principale  de  Tamow.  C'est 
dans  cette  ville  que  mourut  Tamo  ws- 
ki ,  en  1571,  âgé  de  quatre  -  vingt- 
trois  ans.  Ou  lui  fit  de  magnifiques 
obsèques ,  auxquelles  plusieurs  sou- 
verains furent  représentés  par  leurs 
envoyés.  Ce  grand  homme  aimait  les 
lettres.  11  avait  enrichi  sa  bibliothè- 
que de  tout  ce  qu'il  avait  pu  trouver 
en  ouvrages  rares,  imprimés  ou  ma- 
nuscrits. Il  accueillait,  à  Tarnuw, 
les  savants  qui  venaient  l'y  visiter  ; 
et  il  en  avait  fixé  plusieurs  auprès  de 


les 


55o 


TAR 


lui  par  ses  bienfaits,  entre  autres 
Tranq.-Ândr.  Dalmata^  qui  écrivit , 
dan§  cette  résidence ,  son  Admonitio 
ad  optimates  Polonos.  Tarnowski 
avait  composé  une  Histoire  de  son 
tonps  ,  qui  n'a  pas  été  publiée. 
Nous  avons  de  lui  :  I.  Conseils  sur 
l'art  militaire  y  en  polonais  ^  im- 
primés sous  ses  yeux  ;  à  Tamow , 
i558,  in -4**.  Il  y  parle  des  bou- 
lets ronges ,  dont  on  croyait  la  dé- 
couverte postérieure  à  cette  épo- 
que. IL  De  bello  cunt  juratissimis 
christianœjidei  hostibus  Turds  ge» 
rendo  disputatiosapientissima ,  cum 
Prœfatione  Joannis^  Strassii  ad  Ca- 
raUan  V^  Bom.  Imper.  Ausustum, 
Il  écrivît  ce  petit  Traité  dans  le  temps 
où  Charies-Quint  le  pressait  de  venir 

Ç rendre  nn  commanaement  contre  les 
'urcs.  ni.  Un  Traité  sur  les  loiSy  et 
les  discours  les  plus  importants  qu'il 
a  tenus  dans  les  diètes  de  Pologne  (en 
latin  ).  Pour  les  détails  de  sa  vie,  il 
faut  consulter  Paul  Jove,  Neiige- 
bauer,  Warsxewieski ,  Starowolskî, 
Niesiccki,  Gomieki.  On  trouvait, 
dans  la  bibliothèque  de  S^aluski,  deuic 
Vies  manuscrites  de  Tarnowski,  dont 
l'une  a  été  publiée  par  M.  Thadée 
Mostov\rski  ^  dans  les  premiers  volu- 
mes de  ses  Auteurs  polonais.  G — t. 
TARPEl A.  Fc^.  RoMULus  et  Ta- 

TIUS. 

TARQUIN  {Lucius  Tarqui- 
Njus  Pfiiscus),  cinquième  roi  de 
Rome,  était  oripnaircdeCorinthe  et 
né  à  Tarquinies ,  -ville  d'Étnirie ,  Tan 
de  Rome  98  (  avant  Jésus-Christ , 
656  ).  Si  pour  établir  rauthenticité 
des  faits  historiques  ,  l'étendue  des 
détails  consignés  dans  les  auteurs  an- 
ciens pouvait  sufTire,  aucune  histoire 
ne  serait  mieux  attestée  que  celle  de 
Tarquin:  mais  comme  parmi  ces  his- 
toriens ,  les  premiers  en  date  ne  fleu- 
rirent que  quatre  siècles  au  moins 


TAR 

après  œ  prince ,  ils  n'otit  pu  aToir 
sur  sa  fie  qne  des  mbmimcDts  ahë- 
rés  et  des  traditions  vagues  et  incom* 
plètes.  n  &nt  donc  se  résoudre  i  ne 
voir  qu'un  roman  ingénieux  dans  ce 
que  racontent ,  d'après  des  autoritéi 
si  suspectes ,  Tite-  Live  y  et  surtout 
Denys  d'Halicarnasse ,  qui  jamais 
n'est  embarrassé  sur  rien,  et  qui,  poor 
cela  même  qu'il  est  si  riche  de  dé- 
tails sur  des  époques  si  âoienëes^ 
n'offre  à  son  lecteur  que  des  ricnésseï 
stériles  et  qu'une  science  mensongère. 
C'est  un  point  de  critique  que  Ton 
croit  avoir  suffisamment  tflabli  dans 
les  articles  Romnlus ,  Mntiiû  Scerob 
et  Servius  Tullius  (  F,  ces  noms  ). 
Démarate ,  père  de  Tarquin  PAd- 
den ,  était  Corinthien  ;  il  ajmarte^ 
nait  à  la  famille  des  Bacehiaoes  i^ 
sne  d'Hercule,  et  qui  aprb  aTOÎr 
donné,  pendant  plusMurs  sîèclesydes 
rois  à  Corinthe,  avait  fini  par  y  for- 
mer une  puissante  oligarchie  en  divi- 
sant le  pouvoir  entre  tons  ses  mon- 
bres.Demarale  selivralt  an  eonmer- 
ce  maritime  et  faisait  de  fréquarts 
voyages  enltalie,  vendant  ans  Étros- 
ques  ce  qu'il  exportfdt  de  la  Gièee, 
et  important  k  Corindie  ks  denrées 
del'Étnirie.  11  avait  aoqmsde  ipin- 
des  richesses^  lorsque  la  lynmae  de 
Cypselus  (  f^.  ce  ncfùH  y  X,  4®s) ,  qui 
renversa  l'oligarchie  k  Corinthe, 
força  Démarate  à  s'e^alrifer.  Il  aSa 
se  fixer  à  Tarquinies  avec  tow  ses 
trésors  ;  et  un  mariage  a  vflrtaganx  le 
fit  entrer  dans  une  des  premières  fin 
milles  de  sa  patrie  adoptive:  son 
éi)ouse  lui  donna  deux  filS|qu*iIâevii 
dans  les  sciences  de  l'Étmne  et  deb 
Grèce.  Aruns  l'atné  mimrat  s  son 
père  inconsolable  k  snivit  liientft 
au  tombeau ,  léguant  par  tcstamort 
toute  sa  fortune  à  Lucufnon  son  Ifr- 
cond  fils  ,  au  pr^udiœ  de  l'enlSut 
que  laissait  Aruns ,  et  qui  pour  œ  mo- 


TAR 

tif  (uisiirnommé E^eriuSj  le  pauvre. 
Aiusi  Deiiys  d*Haiicarnasse  prend  &i 
peu  la  peine  de  donner  de  la  vrai- 
semblance à  ses  récits  ,  qu'il  fait  du 
même  homme  le  père  le  plus  tendre 
et  l'aïeul  le  plus  injuste.  Naturelle- 
ment ambitieux ,  Lucumon  renonça 
bientôt  au  séjour  de  Tarquinies ,  où  sa 
qualitéd'étrangerlefaisaitdëdaigner, 
pour  s'établir  à  Rome ,  où  cette  mê- 
me qualité  était  un  titre  de  faveur. 
«  Ghe7  un  peuple  nouveau  y  dit  Tite- 
live,  où  les  illustrations  toutes  ré- 
centes étaient  la  récompense  du  mé- 
rite ,  un  homme  de  talent  et  de  cœur 
ne  pouvait  manquer  de  trouver  sa 
place.  »  Cet  historien  et  Deuys  d'Ha- 
lica  masse  rapportent  qu'à  l'entrée 
de  Lucumon  dans  Rome,  un  aigle ^ 
après  avoir  plané  au-dessus  de  sou 
chaniot,  lui  enleva  son  chapeau  et 
le  hii  remit  ensuite  sur  la  tête.  Tana- 
qui],  son  épouse ,  instruite  dans  la 
science  des  ai^ures ,  vit ,  dans  cet  in- 
cident merveiiiciix  ^  le  présage  assuré 
de  la  grandeur  futurede  Lucumon.  Ce 
n'est  pas  le  seul  prodige  de  ce  genre 
que  doit  présenter  la  viedecepnncc. 
Les  Annales  romaines  étaient  rem- 
plies,à peu-près  comme  lesChroniques 
du  moyen  âge,  de  prétendus  miracles. 
Lucumon  pouvait  avoir  vingt-cinq 
ans  ;  et ,  d'après  l'opinion  commune , 
il  vint  à  Rome  la  îiuiticme  année  du 
règne  d'Ancus  (  G'iy  avant  J.-C.  ). 
Ce  prince  accueillit  avec  distinction 
un  étranger   qui    transportait  dans 
ses  états  de  grandes  richesses  et  de 
nombreux  clients.  Ces  derniers  fu- 
ient réunis  dans  une  tinbu  et  curie 
particulière.  Quant  à  Lucumon,  le 
roi   de   Rome  lui  donna,  pour  lui 
et  pour  les  siens ,  des  terres  à  culti- 
ver et  un  emplacement  au  sein  de  la 
ville  où  ils  bâtirent  des  maisons.  Ti- 
te-Live  ne  fait  pas  mention  de  tou- 
tes ces  circonstances }  selon  lui ,  c'est 


TAR 


55 1 


de  ses  propres  deniers  que  Lu- 
cumon acheta  une  habitation.  Ce  fut 
alors  que  ce  nouveau  citoyen  de  Ro- 
me changea  son  nom  en  celui  de  Lu- 
cius  Tarquin.  Tanaquil  prit,  dit-on  , 
celui  de  Caia  Cxcilia  ;  mais  les  histo- 
riens ont  persisté  à  ne  la  désigner  que 
sous  son  nom  Toscan  (i).  L'neureux 
Tarquin  ne  tarda  pas^  devenir,  après' 
le  roi  y  le  personnage  le  plus  considé- 
rable de  Rome  par  sa  valeur  à  la 
guerre,  sa  sagesse  dans  les  conseils, 
et  surtout  par  le  noble  usage  qu'il 
faisait  de  ses  richesses.  Sa  bourse , 
toujours  ouverte  à  ses  amis  comme 
aux  indigents,  n'était  jamaisépuisee 
lorsqu'il  s'agissait  de  seconder  de  ses 
avances  les  entreprises  du  prince. 
Ancus  ^  en  mourant ,  le  nomma  tuteur 
de  ses  deux  fils ,  qui  touchaient ,  dit 


(i)  Cette  princnse  pasMÎt  pour  f^nmAemm^i- 
ricuue  :  die  u'etait:  uai  moius  aavnDle  duu  l'art  de 
guérir  et  dam  celui  de  condaire  sa  mainon  avec 
ecomonrie ,  que  daiu  la  acience  du  gouT^vacoicnt 
de  l'ëtat.  Sa  mémuire  re»la  en  Trneratioa  vhet.  les 
Romains  pendant  plusicnn  ri^clet.  Sdoo  Tîte- 
Live,  on  conservait  i  Bome  d«t  ouvrages  de  «c» 
niaiiu.  Vurron  atrarait  qu'il  avait  vu  dans  le  tem- 
ple de  Saucna  la  quenouille  et  le  fnsean  de  Tana- 
unîl ,  cliargea  de  la  laine  qu'elle  avait  filée  ;  et  que 
I  on  cardait  dans  le  temple  de  la  Fortune  une  robe 
royale  qn'cHe  avait  &ile,  et  tpie  S«rvnia  Tnllius 
avait  portée.  Pline,  qui  rapporte  ce  fiut ,  i^unte 
que  c^etait  ^  cause  de  cela  que  les  rooMiiacs  qui  i>e 
mariaient  étaient  suivies  d'nne  personne  tenant 
une  quenotiille  et  an  fuseau  K**^****  ^  I«>ne.  Il 
dit  amsi  que  cette  reine  fut  la  première  qui 
Gt  de  c«s  tuniques  tissues  que  l'on  donnait  aux 
garçons  quand  ils  prenaient  la  robe  virile,  ih» 
attribuait  de  graniies  vertus  i  sa  c«intnre,  où 
l'un  »upp(isait  que  Tanaquil  ,  qui  avait  trou- 
vé d'escrllenls  remVdes  contre  les  maladies  , 
les  avait  enfermés.  C'est  pourquoi,  selon  Sez- 
tu%  Pompeius  llnfu» ,  ceux  qui  aJIaieiit  en  enlever 
qnalqncs  raclures,  se  pemwdâteat  qu'elles  leur 
apporteraient  la  guérison.  5>aint  Jérôme  observe 
que  Tarquin  YAneitH  était  moins  connu  <|ue  son 
épouse.  |ja  vertu  insigne  de  cette  reine  ,  aioute-l- 
\\,  ml  trop  avant  imprimée  dans  la  mémoire  de 
tous  les  siècles  pour  en  ilre  iamais  eflSMrce.  Il  na- 
raît ,  d'après  Jnvénal ,  Ausone,  et  Sidoine  Apolli- 
naire ,  qu'die  était  fbrt  impérieuse,  et  que  les  an- 
ciens donnaienl  le  surnom  de  Tanaquil  aux  fimimcs 
qui  menaient  leurs  maris  :  au  reste  comme ,  de  la 
part  de  l'épouse  du  premier  Tarcmin ,  cet  empire 
tournait  au  bien  des  «uict*  et  à  la  gloire  de  sou 
mari  ,  il  ne  fiiut  pas  en  uûre  i  cette  reine  un  sujet 
de  reproche.  Bayle,  dUns  son  Diettaimaire ,  a  con- 
sacré un  article  curiein  i  Tanaquil  {J^oy.  ci-dea* 
sus  Servius  TuUins  XLIl .  i4*  «t  soiv. ,  et  ciHq>rès 
Terqnia  le  Siiptrée  ). 


55'2 


TAR 


Tit€-Live,  à  T^gc  de  pul)crtc.  Deiiys 
d'Halicarnassc^  sans  enti^er  dans  au- 
cun détail ,  dit  siroplrmeutque  comme 
du  vivant  du  feu  roi  Tarquin  était  de- 
vciui  le  plus  illustre  des  Romains  ;  à 
la  morta'x\ncus,  il  fut  juge'  d'unecom- 
mune  voix  digne  d'occuper  le  trône 
(an.  av.  J.-C.6i4-L'liistorien  Grec, 
panégyriste  outre'  des  Romains^  n'af- 
fecte ici  mie  concision  qui  lui  est  peu 
ordinaire,  que  parce  qu'il  aurait  fallu 
cesser  de  louer  Tarquin.  Plus^incère, 
Titc-Livc  raconte  qu'ingrat  envers  la 
mémoire  de  son  bienfaiteur ,  l'hom- 
me de  Tarquinie  par\'int ,  par  ses 
intrignes^  à  se  faire  adjuger  la  cou- 
ronne' au  détriment  de  ses  pupilles. 
11  sut  les  éloigner  de  Rome ,  le  jour 
de  l'élection  ,  sous  prétexte  d'une 
partie  de  chasse,  a  Avant  lui ,  ajoute 
cet  historien,  personne  n'avait  en- 
core brigué  la  royauté  :  c'est  lui  qui 
le  premier  imagina  de  haranguer  le 
peuple  pour  se  concilier  les  suffra- 
ges. ))  Le  seul  motif  qui  puisse  faire 
Paraître  moins  odieuse  l'action  de 
arquin ,  c'est  que  le  trône  à  Rome 
n'était  pas  héréïditaire.  Au  reste, 
Tarquin  ne  fut  pas  le  premier  étran- 
ger qui  eût  régné  sur  l'état  romain; 
déjà  Tatius  et  Numa ,  tous  deux  Sa- 
bins,  avaient  occupé  le  trône,  et 
Tarquin  lui-même  devait  avoir  pour 
successeur  un  étranger  en  la  pcr- 
sonue  du  latin  Scrvius  TulIius.Cicé- 
ron  ,  dans  son  Traité  de  la  Répu^ 
hUqucy  est  d'accord  avec  Tite-Live 
sur  la  manière  dont  Tarquin  s'é- 
leva au  trône.  Le  nouveau  roi  de- 
vait la  couronne  à  la  faveur  popu- 
laire :  pour  continuer  à  se  i^endre 
agréable  aux  pléljc'icus  ,  il  tira  de 
leur  ordre  cent  hommes  distin- 
gués par  leur  courage  et  leur  ap- 
titude aux  afl'aires  publiques,  les  fit 
patriciens,  et  les  promut  au  rang  de 
sénateurs.  On  les  appela  pères  des 


TAB 

nouvelles  familles  y  patres  minontm 
geniiumy  pour  les  disOngner  des  an- 
ciens sénateurs ,  âppeic»  pères  des 
anciennes  familles ,  patres  majerum 
gentium.  Les  vestales ,  préposées  à 
la  garde  du  feu  éternel,  n'etaieot 
que  quatre  ,  Tarquia  en  porta  k 
nombre  à  six.  Par  ses  soins ,  la  gran- 
de place  de  Rome  fut  entourée  de 
boutiques ,  qu'il  cmicéda  k  des  paiti- 
culiers.  Avant  lui  les  murs  de  cette 
ville  étaient  construits  de  pierres  bru- 
tes posées  sans  art  les  oncs  sur  ks 
autres  :  il  y  substitua  des  pieires  de 
taille  bien  polies  et  dont  chacune  fai- 
sait la  charge  d'une  charrette.  H  bâ- 
tit ces  égoûts  qui  subsistent  encoit 
aujourd'hui ,  et  au  prix  desqods  Ra- 
me, au  faite  de  sa  puissance,  n'avait 
rien  déplus  magnifaque  (d).  U  avait 
voué ,  pendant  une  guerre  contre  ks 
Latins ,  un  temple  à  Jupiter  Gu»- 
tolin;  il  commença  d'en  jetv  ks  n» 
déments  sur  le  sommet  au  monlTar- 
péien ,  dont  il  fit  une  îM»n*«f  eqik- 
nade,  «  comme  si,  ditTit»Iii?fyfl 
eût  présagé  dès  •  lors  que  ce  teaipk 
recevrait  un  jour  les  Toaa  de  font 
rUnivers.  »  Romulus,  Numa,  Ajmds 
Marcius,  avaient  fait  catrar  dans 
leur  système  religieux  les  dimités 
grecques  concurremment  avec  kt  di- 
vinités celtiques }  et  depuis  la  fonda- 
tion de  Rome ,  on  n'avait  pas  vu  de 
simulacres  dans  les  temples.  Où  a 
prétendu  que  Tarquin,  adoraleardcs 
divinités  grecques ,  les  propesa  i 
l'adoration  des  Romains,  sous  ks  # 
formes  nobles ,  gracieuses  et  tcnifaki 
que  devait  leur  donner  le  ciseau  des 
sculpteurs  grecs    et  toscans.  Ce- 

(«)  FerguHon  duu  son  Hùloirwdetm  f^HUifaf 
romaine  tie  poaTaot  croira  «|u*UB  Ici  o«¥>fl  V 
|wrtîut  ft  un  peujpl«  BaiMHit ,  r«ttrifci  &  ^ 


pie  anlerirar  qui  a\att  {«ai  d'ans  gnNiâ 
(l«ns  un  temps  înrimna  ;  mais  d'frii  T 
MvaDt  antiqtuirc  Sripîon  Kttfbî  ,  c'wt 
luènir  qu'il  faut  regarder 
Porigine  qu'oa  lui  priU  < 


TAR 

le  grande  révolution  dans  le 
des  Romains;  et  les  auteurs 
nt  écrit  sur  cette  partie  de 
>ii*e  romaine  ne  l'ont  point 
remarque.  (3).  Parmi  les  ou- 
s  de  Tarquiu  ,  il  ne  faut  pas 
re  le  grand   cirque  ,  dont   il 

Tenceinle ,  si  Ton  en  croit 
Ave,  qu'il  ne  fil  qu'embellir , 
Denys  d*Halicarnasse ,  et  qui 
t  être  un  jour  l'un  des  plus  beaux 
i  ville  de  Rome.  Ce  prince 
a  deu\  fois  le  nombre  des 
iicrs.  11  les  porta  d'abord  à 

cents;  puis  à  deux  mille  qua- 
nts ,  après  avoir  subjugue  les 
i.  Cice'ron ,  en  consignant ,  dans 
>ailë  De  la  République ,  ces 
s,  qui  ne  contredisent  nullement 
i  Isde  Tite-Li  vc  et  deDenys  d'Ha- 
asse,  ajoute  que  l'ordre  ëques- 
.'çut  de  Tarquin  la  forme  qu'il 
t  conserver  jusqu'à  son  temps; 
ici  il  faut  sortir  de  l'histoire 
rentrer  dans  la  fable.  Tarquin 
t  changer  les  anciens  noms  de 
ises ,  Rbamnenses  et  Luceres , 
fs ,  par  Romulus ,  aux  trois  cen- 

équestres.  Selon  d'autres,  il 
îdit  les  diviser  eu  trois  nouvel- 
bus  oucenturiesy  pourleurdon- 
on  nom  et  ceux  de  deux  de  ses 
;  mais  il  en  fut  empêche' par  At- 
3uvius  y  célèbre  augure ,  initié  à 
îs  secrets  divinatoires  des  Étrus- 
Lc  roi  ])arut  fort  irrité  de  cette 
•ition  :  il  taxa  même  ce  prc- 
imposture.  Annonçant  aux  Ro- 
;  assembles  dans  la  place  publi- 
ju'il  va  le  confondre ,  il  mande 
js  à  son  tribunal.  L'augure  ap- 
e  :  u  11  est  temps ,  lui  dit  Tar- 
;i ,  de  nous  donner  des  preuves 
ta  science.  J*ai  dans  l'esprit 

.-aul'ort  ,  daui;  s<i  héptihliiftie  romaine ,  pa- 
1  i8iî  ,  prr^culc  à  cet  égnrd  des  dctails 
•jfux  {Vi\.  l". ,  chap.  1  et  a  ). 


TAR 


553 


»  un  dessein  de  difficile  exécution;  je 
»  veux  savoir  s'il  est  possible  ae 
»  l'accomplir.  »  Le  devin  consulte 
le  vol  des  oiseaux^  et  répond  que  la 
chose  est  faisable.  «  1%  voilà  con- 
»  vaincu  d'imposture  ,    lui  dit   le 
0  roi  ^  en  montrant  un  caillou  et 
»  un  rasoir  qu'il  tenait  cachés  sous  sa 
»  robe  ;  car  je  songeais  à  couper  ce 
»  caillou  avec  ce  rasoir.  »  Tous  les 
assistants  de  rire  aux  dépens  de  l'au- 
gure, qui,  sans  se  déconcerter,  ré- 
pliqua :  <i  Eh  !  bien ,  donnez  le  coup 
»  de  rasoir;  et  la  pierre  sera  tran- 
»  chée.  »  Le  roi  fait  Fessai  :  le  fer 
divise  le  caillou  en  deux ,  et  blesse 
même  la  main  qui  le  tient.  L'admi- 
ration de  la  foule  succède  aux  rail- 
leries contre  l'augure.  Tarquin  pfc^ 
rait  confus  à  son  tour.  Il  conniy^ 
de  faveurs  Naevius ,  et  lui  fait  élever 
une  statue  d'airain.  On  la  voyait  en- 
core sur  la  placepublique ,  du  temps 
de  Ciceron,  de  Tite-Live ,  de JDenys 
d'Halicarnasse,  et  même  de  Pline. 
La  pierre  et  le  rasoir  furent  enfermés 
tout  à  coté,  sous  un  autel  appelé 
putéal.  Si  l'on  veut  bien  considérer 
que  Tarquin  avait  tout  exprès  sous 
sa  robe  une  pierre  et  un  rasoir ,  on 
reconnaîtra  facilement  que  cette  scè- 
ne était  concertée  d'avance  ,    afîi/ 
d'inspirer  au  peuple  une  foi  entière 
aux  augures. Le  roi  et  Narvius y  réus- 
sirent à  souhait  ;  car,  d'après  le  té- 
moignage unanime  des  historiens,  la 
dignité  d'augure  obtint  désormais  à 
Rome  une  telle  considération ,  que , 
soit  dans  la  paix,  soit  dans  la  guerre, 
rien  ne  se  fit  plus  sans  qu'on  eût  re- 
cours aux  auspices.  Tarquin  eut  sou- 
vent les  armesàla  main.  Sa  première 
guerre  eut  lieu  contre  les  peuples 
du  Latiimi.  Il  prit  d'assaut  la  ville 
d'Apioles ,  et  célel)ra    sa   victoire 
par  des  jeux ,  avec  plus  d'appareil 
et*  de  magnificence  que  les  rois  ses. 


554 


TAR 


prëdi^essenrs.  Le  spectacle  consis- 
tait en  combats  du  ceste  et  eu  cour- 
ses de  chevaux.  La  plupart  des  ac- 
teiu^,  dit  Tite-Live,  étaient  tires  de 
l'Étrurie.  XJte  irruption  subite  des 
Sabins  occupa  de  nouveau  les  Ro- 
mains. Dans  un  premier  combat  y  la 
victoire  fut  indécise  et  la  perte  de 
ceux-ci  considérable.  Tarquin ,  l'at- 
tribuant à  l'infériorité  de  sa  cava- 
lerie ,  donna  ^  comme  on  l'a  vu  ^ 
tous  ses  soins  à  l'augmentition  du 
nombre  des  chevaliers.  Cette  opé- 
ration faite  y  le  roi  de  Rome  livra 
une  seconde  bataille   aux  Sabins  ; 
et  grâce  au  succès  d'un  stratagè- 
me ^  il  remporta  une  victoire  signa- 
lée.  Les  vaincus  lèvent  de  nouvel- 
les troupes ,  et  vout  au  -  devant  de 
jJpiFquin.  Ils  sont  battus  une  seconde 
rois^  et  demandent  la  paix.  Ils  l'ob- 
tiennent en  cédant  Collatie  avec  son 
terri  toire.Tite-Li  venons  a  conseiTé  la 
formule  de  cette  cession.  Ce  document 
peut ,  jusqu'à  un  certain  point ,  être 
coiLsidérc  comme  un  monument  au- 
thenti(|uc  (lu  règne  de  ce  prince.  Tar- 
quin doima  le  gouvernement  de  Colla- 
tie au  fils  dç  son  frère  Aruns.  Après 
«avoir  triomphé  des  Sabins,  le  roi  de 
Rome  tourna  ses  armes  contre  les 
Latins  :  toute  cette  cuerre  se  pas^ 
sa  en  actions  partielles  et  surtout 
en  sièges  de  places;   mais  ses  ré- 
sultats furent  importants  ,  s'il  est 
vrai  que  Tarquin  prit  alors  les  vil- 
les de  Corniciilc  y  de  Ficuliiée,  de 
Camcrie,  de  Cnistumèi'e,d'Amério- 
le  ,  de  Médullie  et  de  Nomente,  avec 
leurs  dépendances.  Ce  fut  à  la  suite 
de  ces  utiles  acquisitions^  qu'il  se  vit 
en  état  d'entreprendre,  pour  Tem- 
liellissement  et  l'assainissement  de 
Rome ,  ces  immortels  ouvrages  dont 
on  a  déjà  parlé, et  qui  furent  tels, 
dit  Bossuct,  que  Rome  n'en  rougit 
pas  f  même  ipiand  elle  se  vit  maitres- 


TAR 

se  du  monde.  Denys  d'Halicanaai 
et  Tite-Live  rapporleàt,avec  des  c^ 
constanoes  àpeu-jirës  scmblahlety  ki 
guerres  de  l^rquin  oontre  ks  LatÎM 
et  les  SaUns:  mais  Fliîstoria  latii 
ne  dit  pas  un  mot  de  cette  km» 
lotte  contre  les  Étrusques,  qui,  tém 
Denys  d'Halicamasse  ,  daia  aorf 
ans ,  et  qu'il  décrit  avec  beucoip 
d'étendue.  Or  comment  croira  ^ 
Tite-Live  y  si  amoureux  de  k  ^nc 
de  sa  patrie ,  aurait  në^iflë  onpokl 
d'histoire  si  bien  d'accord  avec  mm 

Elan  ?  Même  dissentimeDt  entre  ksab 
itfviateurs  ;  Eutrope,  Auclku  Vic- 
tor^ l'Épitome  deXite-LÎTe,  Cmn% 
dans  le  Traité  de  la  Rtfpfdilkiae,  ^ 
dent  le  silence  sur  cette  guerre^  taidîi 
que  FloniSy  Paul  Orose  et  ks  Fasks 
Capitolios  l'ont, mcntioiiiiée.  Fkns 
et  Orose  n'ont  n4p[iepaiU  qmàtaât> 
là.  Ils  disent,  Tm-et  rautffCyqoeTn^ 
quin  soumit  les  dôme  natMos  de  b 
Toscane.  En  voyant  de  pareîlks 
contradictions  sur  des  ponts  si  âa- 
portantSy  il  faut  bien  ae  léaumàn 
a  ignorer  les  commiuiiiMi  iill  de 
l'histoire  Ronuine  :  car.  dus  leeC 
sujet  où  l'on  ne  ncat  rdefer  à  k 
certitude  j  le  comble  de  k  sekMe  est 
de  savoir  douter;  et  aisifmrt  c'att 
le  seul  parti  qui  soit  aageapitsks 
importants  travaux  des  Bcaeiov*, 
des  Levesque  y  desNidnbr,  ei  de 
plusieurs  antres  ^ndiii  tniffÙM  tf 
allemands.  Cepcndaat.  pour 
qner ,  s'il  se  peut ,  Vu 
union  des  deux  nations 
Romaine,  it  cette  ëpoqne,  i 
vancer  trop  loin  oana  k  champ  dsi 
conjectures  y  que  de  faire  de  Taifin 
l'Ancien ,  non  pksun  exilé  TokaiiiR 
d'Étrurie,  mais  un  des  rais  (  iâÊOt 


mous )  de  ce  pays ,  qui,  appdé è r^ 
gner  dans  Rome ,  au  mime  titre  fae 
Numa,  surkseukréputattondrsa 
puissance  et  de  sa 


TAR 

à  Tctat  Romain  la  paiiie  de 
urie  sur  laquelle  il  aurait  déjà 
?,  soit  du  chef  de  son  père,  soit 
on  mariage  avec  une  princesse 
mg  royal  de  la  Lucumouic  de 
niuies }  On  voit  la  puissance 
aine  prendre  sous  lui  de  pro- 
ux  accroissements  ,  qui  cessent 
e  invraisemblables  ,  si  Ton  ad- 
quc  ce  prince,  posse'dant  une 
ie  domination  dans  son  pays , 
it  à  Rome  le  siège  de  sa  souve- 
!te.  Florus ,  après  avoir  parle' 
conquêtes  de  Tarquiu  sur  les 
sque? ,  ajoute  :  a  De  là  noiis 
venus  les  faisceaux,  les  robes 
les,  les  chaises  curules,  les  col- 
,  les  manteaux  guerriers  ,  la  to- 
•ëtexle  j  de  là  les  robes  enricbîes 
oderies ,  de  là  les  tuniques  à  pal- 

etc.  »  Quand  on  attribuerait  à 
uin  l'ancien  l'importation  à  Ro- 
e  toutes  les  inventions  des  Étrus- 
,  ce  ne  serait  pas  encore  une 
re  de  ses  conquêtes  sur  ce  peu- 
Toscan  lui-même  ,  il  serait  na- 
qu'il  eut  fait  part  au  pays  qui 
it  adopte  des  objets  d'utilité'  ou 
ixc  que  sa  patrie  s'honorait  de 
•der.  Au  reste ,  si  l'on  en  croit  le 
•ignage  d'auteurs  plus  dignes  de 
le  Florus,  phisieurs  de  ces  mêmes 
'S  étaient  connus  à  Rome  avant 
[uin.  Ce  ne  fut  pas  ce  prince,  mais 
Romdus  mii  aurait  emprunte 
Toscans  les  douze  licteurs  (Denys 
licamasse ,  Tite-bive  ) ,  et  la  tra- 
m  robe  royale  (  Pline  le  natiira- 
).  Quant  aux  chaises  curules  , 
"obes  ornées  de  palmes  et  debro- 
's  et  aux  manteaux  guerriers, 
on  n'a  aucune  raison  de  contes- 
Je  leur  introduction  à  Rome  vicn- 
3  Tarqniu.  Ce  fut  aux  Sabins  plu- 
u'aux  Étrusques  que  lesRomaia*^ 
njnlcrent  l'annextu  qui  devint 
emcnt  distiuctif  des  sénatepurs  et 


TAR  555 

des  chevaliers.  £n  elTet  les  Sabins 
qui -assiégbrcnt  le  Capitole  sons  Ro- 
mulus  portaient  des  anneaux  (  Tite- 
Live),  et  selon  Pline ,  parmi  les  sta- 
tues des  rois  de  Rome .  on  ne  voyait 
que  le  SabinNuma  ctServiusTullius 
qui  fussent  représentés  avec  l'anneau  : 
la  statue  de  Torquin  l'Ancien  n'avait 

Sas  cet  ornement.   Pour  ce  qui  est 
u  char  de  triomphe  doré  et  traîné 
par  quatre  chevaux ,  Florus  paraît 
ne  ^étre  pas  trompé  ;  son  témoigna- 
ge est  d'accord  avec  celui  de  Tite- 
Live  et  de  Plutarque ,  qui  y  dans  la 
Vie  deRomulus ,  reprend  Denys  d'Ha- 
licamasse^  pour  avoir  dit  que  ce 
prince  triompha  sur  un  char  lors- 
qu'il rentra  dans  sa  ville  chargé  des 
dépouilles  opimes;  \jt  premier  des  rois 
de  Rome  n'institua  que  le  triomphe  à 
pied,  appelé  petit  triomphe,  ova- 
Uo;  et  Tarqmn  l'Ancien  lut  le  pre- 
mier chez  les  Romains  qui  reçut  les 
honneurs  du  triomphe  sur  un  char. 
Denys  dUalicamasse ,  Pline  et  Aure- 
lius  Victor  nous  apprennent  à  quelle 
occasion  Tarquin  mtroduisit  l'usage 
des  toges  pi-étextes  et  de  la  bulle  d'or, 
ornements  toscans  :  ce  fut  en  faveur 
de  son  fils,  à  peine  âgé  de  treize  ans, 
qui  avait  tué  un  ennemi  dans  une  ba- 
taille. Au  reste,  quel  que  soit  parmi 
les  sept  rob  celui  auquel  ou  puisse 
faire   nonneur  de   l'introduction  à 
Rome  de  ces  divers  objets  ,  il  n'en 
reste  pas  moins  un  fait  incontestable  : 
c'est  que  presoue  tout  ce  qui  était  an- 
cien chez  les  Romains  était  Étrus- 
que. Tarquin  avait ,  pendant  trente- 
huit  ans ,  travaillé  pour  la  gloire  et 
pour  le  bonheur  de  Rome  ,  lorsque 
les   fils  d'Ancns  a  postèrent  contre 
lui  des  assassins  qui  le  massacrèrent 
dans  son  palais ,  où  ils  s'étaient  intro- 
duits sous  prétexte  de  réclamer  sa 
justice.  «  Avouons,  dit  un  critique 
moderne  ,  que  leur  patience  fut  Ion- 


'  I 


55a 


TAR 


gue,  et  qu'il  est  fort  cxtraordÎDairc 
que  des  hommes  capables  de  satis- 
faire leur  ambition  par  un  assassinat 
attendent  trente -huit  ans  pour  le 
commettre.  »  On  peut  voir  dans  l'arti- 
cle Servius  Tullius  quelles  mesures 
actives  prit  Tanaquii  pour  empédier 
les  fils  d'Ancus  de  profiter  de  ce  cri- 
me. Ils  e'taient  déjà  ailes  àSuessa  Po- 
metia  cacher  leur  honte  et  leurs  re- 
grets ,  lorsque  le  peuple  romain,  par 
une  loi  curiale ,  les  bannit  à  porpc- 
tuité(an.av.  J.-C.  578).  Si  Ton  pou- 
vait croire  que  tous  les  actes  de  pré- 
voyance y  de  justice  et  de  sagesse , 
toutes  les  victoires ,  tous  les  mo- 
numents que  l'on  attribue  â  Tar- 
quiu,  ont  e'të  réellement  son  ouvrace, 
il  faudrait  le  mettre  au  nombre  des 
plus  grands  et  des  meilleurs  princes 
qui  aient  jamais  régne  surleshommes. 
Le  biographe  anglais  Rowca  écrit  la 
\ie  de  ce  monarque,  avec  beaucoup 
d'exactitude  et  de  soin,  comme  corn- 

Îiilatour  ;  mais  il  ne  s'est  montré  nul- 
omeut  critique;  et  d'ailleurs  il  ne 
quitte  jamais  le  ton  du  panégyrique. 
Sa  Notice  avec  sept  autres  du  même 
auteur,  traduites  par  Bellanger,  se 
trouve  imprimée  à  la  suite  de  plur 
sieurs  éditions  du  Plutarque  de  Da- 
cier.  D — ^b — b. 

TARQUTN  le  Superbe  (  Lucius 
T.iRQUJNWs  SuPERBUs),  Septième 
cl  dernier  roi  de  Rome,  était,  selon 
Tite-Live,  fils  de  Tarquin  l'Ancien , 
et  sou  petit-fils ,  selon  Denys  d'Ha- 
licaniasse.  Le  premier  de  ces  histo- 
licns  suivait  Topinion  de  tous  ceux 
qui  l'avaient  précédé ,  à  l'exception 
(lu  seul  Caipumius  Pison  Frugi, 
pour  la  version  duquel  l'auteur  des 
Antiquités  romaines  s'est  détermi- 
ii(*.  Ou  s'étonne  que  Tite-Live  n'ait 
pas  pris  la  peine  d*examiner  com- 
bien était  absurde  l'opinion  vers  la- 
quelle il  s'était  laissé  entraîner  par  la 


TAB 

foule  (1).  S'il  était  Trai  que  Tai 
l'Ancien  eut  été  père  de  Tarqi 
Superbe  y  il  en  résulterait  que  l 
de  ce  dernier  se  serait  prok 
jusqu'au  de  là  de  cent  dix  an 
moins  de  supposer  que  Tanaquii 
mis  au  monde  étant  âgée  de  soix 
dix  ans  au  moins ,  ce  qui  est  d'à 
moins  probable  que ,  dans  ce  syst 
il  faudrait  encore  admettre  que, 
ans  après  ,elle  aurait  donne  un 
Lucius  Tarquin  ,  en  la  personne 
runs  Tarquin.  Ces  deux  traits 
sent  pour  faire  sentir  le  rie 
d'une  tradition  à  la  rcfiitatio 
laquelle  Denys  d'Haï  icamass( 
pas  dédaigné  de  consacrer  un 
pitre  entier  (3).  Tout  deviei 
contraire  facile  à  expliquer  da 
généalogie  des  Tarquins,  ains: 
dans  leur  histoîi'e,  quand  m 
Lucius  et  Aruns  petits-fik  de 
den  y  et  qu'on  donne  k  l'aine  si 
et  au  plus  jeune  quatre  ans , 
mort  de  leur  aïeul.  On  peutToii 
la  notice  sur  Servius  Tullius  (  31 
147  ) ,  que  ce  monarque  fit  ép 
à  ces  deux  jeunes  princes  les 
filles  qu'il  avait  eues  de  son  c) 
Tarquinia ,  fille  de  l'^ncim.  Par 
double  union ,  Servius  réparait 
tant  qu'il  était  en  lui ,  le  tort  d 
usurpation,  si  Ton  peut  flétrir 
nom  les  moyens  qm  l'avaicut 
au  trône ,  dans  une  monarcluc 
principe  de  l'hérëdité  n'avait  ji 
été  consacré.  £11  effet ,  les  RonQ 

Sour  cette  époque  du  moins ,  < 
aient  si  peu  la  légitimité  dans  1 

(i)  Jlie  F..  TAnpÙHhn,  Prùei  TmM^mi* 
filius  neposne^uerit  ^  nmmm  ii^mtt  i  ptmwii» 
auctorihufjilium créaitUrim,  (I.  i,c.4l*^ 

{%)  ytntitfnilit  nmmimeStMw.   IV, 


duction  de  Vahhé  Dclkn^.  Ici  n«B3r*  a'I 
ua^ae  n'a  rira  lais«ê  i  faire  au  criti^nc  Bi 
«nii  ft'est  contmté  da  reproduira  aca  affi 
(Voy.  Piiteriation  sur  l  imeertitudêdm  ri 
■uVr-f  ticrle*  dt  l'Hitt.  romaême ,  p.  isi  d 


'iii  et  SUIT.) 


TA» 

'oit  de  ùaissance ,  que  TiteJjfve 
ne  le  récit  -de  la  mort  de  Ser- 
par  cette  refleiion  :  a  Ce  fut 
ir  lui  un  surcroit  de  gloire  d'à- 
r  été  le  deiiiier  de  nos  monar- 
»  légitimes.  »  On  peut  yoït, 
la  Notice,  déjà  citée,  sur  ce 
ctable  monarque^  les  détails  de 
rénement  tragique.  Servius  aTail 
é  en  Lucius  Tarquin  mi  enne* 
'autant  plus  dangereux  que  le 
de  gendre  du  roi  r^nant  rap- 
lait  davantage  du  trône  le  petit- 
1  feu  roi  Tarquin  V  Ancien;  mais 
ime  par  lequel  Lucius  ravit  le 
et  la  vie  à  son  beau- père  ^  n'é- 
pas  son  coup  d'essai.  Déjà  il 
mérité  les  noms  d'incestueux 
I  fratricide.  Aruns ,  son  jeune 
y  aussi  doux,  aussi  modéré  que 
is  était  audacieux ,  cruel  et  tv- 
que ,  avait  çu  le  malheur  d  é- 
*r  Tullie^  qui,  capable  de  tous 
imte,  ne  tarda  pas  à  détester 
fpoux,  tandis  qu'une  horrible 
•rmité  de  scélératesse  lui  fit  con- 
r  une  passion  coupable  pour 
is  Tarquin.  L'épouse  de  ce  der- 
appdée  également  TuUie  ,  pos- 
t  les  paisibles  vertus  de  son 
et  s'efforçait  de  contenir  les  af- 
penchants  de  son  mari ,  aussi 
ment  que  sa  sœur  ^  ennemie  de 
ère,  et  dévorée  d'ambition ,  dé- 
lit toutes  les  ressources  de  sa  mé* 
:cté  pour  faire  partager  à  l'hon- 
Aruns  ses  criminels  desseins, 
née  enftn  des  obstacles  qu'il 
)pose ,  elle  révèle  à  son  beau- 
ses  plus  secrètes  pensées ,  et  lui 
en  même  temps  sa  personne. 
ainsi  que  tous  deux  se  prépa- 
t  par  rinceste  au  meurtre  d  un 
,  d'une  sœur  ,  d'un  mari ,  d'imc 
le  et  d'un  père.  Aruns  et  la  fem- 
le  Lucius  Tarquin  moiururent 
isonncs  par  ce  couple  infâme, 


TAU  557 

et  Lucius  forma  avec  Tullie  les  noeuds 
d'un  aifreux  hymenée.  L'histoii^î  ne 
parle  plus  de  cette  horriUe  femme , 
après  le  dernier  crime  ou'dle  com- 
mit envers  le  cadavre  de  son  père 
(  Fqy,  Servius  Tullius  )  ;  mais 
elle  rcpr&ente  Tarquin  comme  un 
modde  de  tyrannie.  Dks  ce  moment , 
selon  Gîcéron  (3) ,  au  roi  succéda  le 
maître  ;  et  eomïne  dit  Florus ,  Tar- 
quin n'exerça  pas  mieux  qu'il  ne  l'a- 
vait acquise ,  une  puissaujse  achetée 
Îiarle  crime  (  année  534  ^▼^  J*-C*) 
1  ne  se  fit  élire  ni  par  le  sàiat,  ni 
par  le  peuple.  Affectât  de  ne  voir 
en  Servius  Tullius  qu'un  usurpa- 
teur, il  prit  la  couronne  comme  un 
droit  béreditaire  :  prétention  tout-à- 
fait  contraire  au  droit  ppUic  de  la 
monarchrà  romaine ,  où  la  lq;itiniite' 
nerœidait  quedansFélection.  Assiégé 
de  terreurs  comme  tous  les  despotes 
quj  ne  régnent  que  par  la  crainte /il 
s'entoura  d'une  garde  fimmckey  se 
montrant  rarement  au-dekors ,  te- 
nant secrets  les  momeots  ou  fl  pa- 
raîtrait en  public,  et  n'admettant 
dans  son  palais  que  les  personnes 
qu'il  7  avait  mandées.  Il  extermina 
U  plupart  des  sénateurs-,^  ne  con- 
sulta plus  ceux  qui  /estaient ,  et  ne 
les  appela  même  pas  à  l'exercice  de  la 
justice,'C'étaitdans  son  conseil  privé 
que  se  r^la  désormais  Tadministra- 
tion  intérieure,  et  que  se  décidèrent 
la  pais  et  la  guerre ,  sans  jamais  pren- 
dre le  vœu  du  peuple  ni  du  sénat.  II 
se  réservait  les  causes  capitales ,  ou  se 
reposait  du  soin  de  les  |uger  sur  des 
magistrats  vendus  ou  subjugués.  Ainsi 
Délirent  le  père  et  le  frère  de  Lucius 
Junius  Brutus  (  Foy,  ce  nom ,  VI , 
666  ),  qui  lui-même  ne  conserva  la 
vie  qu'en  contreCaisant  l'insensé.  Les 
plel)eiens,  si  l'on  en  croit  Dcnys 

(3)  0«  .rrimUieé,  liv.  Il ,  ch.  «S. 


558  TAR 

d^Halicamossc ,  ravis  de  Toir  les 
grauds  liumilk'S ,  disaient  hautement 
qu'ils  l'avaient  bien  mérite  par  leur 
conduite  hostile  envers  Servius  Tul- 
lius;  mais  ils  changèrent  de  senti- 
ment, lursqu'euiL-mêmes  furent  char- 
ges d'impôts  arbitraires  et  de  cor- 
vées continuelles,  a  Tarquin  ,   dit 
Montesquieu ,  usurpa  le  pouvoir  du 
peuple  :  il  lit  des  lois  sans  lui  ; 
il  en  Qt  même  contre  lui.  »  Alors  fu- 
rent abolies  les  lois   rendues  par 
Servius  Tullius ,  de  concert  avec  le 
sénat  et  le  peuple ,  en  faveur  de  Té- 
calitc  des  citoyens  devant  la  loi. 
Tarquin  lit  briser  les  tables  sur  les- 
quelles elles  étaient  gravées.  Il  dé- 
truisit aussi  le  règlement  qui  pro- 
Sortionnait  les  impôts  aux  facultés 
u  contribuable  :  les  phfbéiens,  com- 
me les  sénateurs,  furent  soumis  à  une 
ta^  égale  ,  malgré  l'inégalité  des 
fortunes.  Le  tyran  alla  jusqu'à  inter- 
dire les  assemblées  de  curies ,  tant  à 
Rome  que  dans  la  campagne ,  bien 
qu'elles  n'eussent  d'autre  objet  que 
des  sacriiices  commandés  par  la  re- 
1  igion  :  il  craignait  que  ces  réunions, 
où  le   mécontentement  pouvait   se 
communiquer,  n'amenassent  des  ré- 
voltes. Ses  espions  étaient  partout  ; 
et  ces  agents  ,  qui  n'étaient  point 
connus  pour   tels  ,  parlaient  sou- 
vent contre  Tarquin  pour  découvrir 
ce  que  chacun  pensait  de  lui  :  en- 
suite ils  lui  dénonçaient  ceux  aux- 
quels il  était  échappé  quelques  paro- 
les contre  l'état  présent  des  affaires , 
(  Denys  d'Hahcarnasse  ).  N'admet- 
tant  au  service  militaire  que  ceux 
des  plébéiens  qui  lui  étaient  dévoués, 
il  occupa  le  reste  du  peuple  à  des 
travau\  publics.  Rome  fut  ainsi  dé- 
corée de  uouvcau\  édifices:  les  égoûts 
commencés  par  Taiïjuin  l'Ancien  fu- 
rent conduits  jusqu'au  Tibre  ,  l'am- 
phithcatre  de  ce  prince  entouré  de 


Tiu» 

portkpiesy  et  le  Gapitoleëleré.  Mil 
si  rhistoire  n*a  pas  charge  le  tablm 
du  despotisme  de  Tarquin ,  cesmim- 
meQtSfquidcTaieutfiire  radmîntÎM 
de  la  pokérité  y  firent  ledésepoirdc 
ceux  qui  les  exécutèrent.  Toide  h 
population  romaine  se  trouvait  ta^ 
tramte  d'y  travailler  sans  reUcbe; 
lesartisans  étaient  forcés  d'abanàoa- 
ner  les  occupations  qui  les  fiiisaîot 
vivre ,  pour  embellir  les  palais  et 
Tar(|[uin  ;  et  le  despote  ne  leur  bîiat 
distnbuer  à  chacun  qu'une  trèiw 
tite  quantité  de  blë.  Par  une  peu- 
que  assez  familière   aux  tyrans,  fl 
cherchait  dans  Tétrai^er  des  ani- 
liaires  contre  ses  sujets,  soodojut 
à  grands  frais  des  troupes  mercnsâ* 
res.  Il  entretenait  des  liaisons  d'au- 
tié  avec  les  chefs  du  Latiom;  1 
choisit  même  jMimii  les  Latins  aa 
époux  pour  sa  fille  ^  dans  la  pensa 
ne  d'Octavius  BUanûlius,  qui  piétaa- 
dait  descendre  d'Ulrisa  et  de  Giicé. 
Une  odieuse  perfidie  le  ddîna  d» 
Tumus  Heidonius,  eitoycn  d'Aricîe, 
rival  de  Biamilius ,  en  crédit  et  en 
puissance.  Dans  l'assenUée  géDêm- 
le  des  difiërents  peuples  LatÎM,  t^- 
nue  à  Ferentum  y  Taifân ,  qirès 
avoir  fait  condamner  et  aassacNr 
comme  traître  à  la  patrie  eethoae 
me  dont  le  seul  crime  ëlailde  UIimt 
l'ambition  du  roi  de  Home ,  se  fit 
déclarer  général  de  la  mtioa  latine , 
titre  qu*avaient    obtenu  son  aial 
ainsi  que  son  prédéoeasenr.  La  nalioB 
des  Herqiques^  et  deooL  cités  Vab* 
auesy  Ëchetra  et  Antiam,  cnlrbot' 
dans  cette  confédératioo ,  qui  fittdb* 
lors  composée  dequamnIe-ieptTilki; 
toutes  envoyèrent  des  dépotés  aus 
fériés  latines ,  pour  confinur ,  par 
des  fêtes  rdigieoses,  leor  alUaMs 
commune ,  sous  la  fiéfomiémam 
de  Rome.  Tarquin  soumit  psr  la 
force  des  armes  les  Sains,  et  ks 


TAR 

ibuuiices.  Il  combattit 

Volsqiies,  et  s'empara  de 
^ometia ,  où  il  trouva  qua- 
lents  d'or  et  d'argent  y  qu'il 

pour  la  constmctiou  du 
.e  Jupiter  Gapitolin.  Denys 
masse   parle  de  ces  deux 

mais  Tite-Live  passe  sous 
[^elte  que  Tarqidn  fit  con^ 
>abins.  Ce  prince  ent^prit 
!  soumettre  Gabics  ,  ville 
rt  conside'rable ,.  ainsi  que 
t  encore  au  temps  de  De* 
alicarnasse  la  vaste  encein- 

murailles  ruinées.  I^es  lia* 
ecourus  par  les  peuples  voi- 
larmait  la  puissance  du  roi 
nains  ,  arrêtèrent  pendant 
lées  ses  armes  jusqu'alors 
ises.  Les  Gabiens  triom- 
lëvastaient  la  campagne  ro- 
ce  fut  à  cette  occasion  Que 

fortifia  Rome  du  coté  du 
le  Gabies.  On  admirait  en- 
temps  de  Pline  le  naturalis- 
!  partie  de  fortifications  : 
Tarqoins  surent  toujours  im- 
1  leurs  ouvrages  un  caractère 
leur  et  de  durée  !  Voyant  que 
Dt  il  employait  la  force  con- 
labiens,  il  eut  recours  à  la 
xtbs,  son  fils,  feignit  d'a- 

maltraitë  par  lui ,  et  se 
2ns  cette  ville  ennemie;  il 
vi  d'un  grand  Inombre  de 
is  transfuges,  et  apportait 
;  grosses  sommes  d'argent. 
lUut  pas  davantage  pour  ins- 
IX  Gabiens  une  confiance 
:  on  donna  bientôt  à  Sextus 
andement  de  quelques  par- 
(liaient  ravager  la  campa- 
linc.  Tarquin  averti  d'avan- 
iles  ces  sorties,  n'opposait  à 
pi'une  petite  troupe  de  ci- 
ji  lui  étaient  suspects  :  Sex- 
louj  ours  vainqueur,  rendant 


TAR  559 

ainsi  à  son  père  le  àùoiAt  service 
de  ledâifrerdeses  cmiemîs  partica- 
liers,  et  de  confirmer  les  Gabiens 
dans  leur  foneste  confiance.  Élevé 
bientôt  par  enx  au  commandement  àe 
toutes  leun  forces ,  il  Teuroya  con- 
sulter  smr  la  conduite  qu'il  devait  te- 
nir. Le  roi  déRome^sans  faire  aaeii- 
ne  réponse,  mena  le  messager  de 
sen-fils  dans  son  lardm,  et  abattît 
avec  sa  canne  les  tétes^  des  pavots 
qui  s'élevaient  an-dessas  des  antres. 
Sextus  était  digne  de  comprendre  la 
pensée  de  son  père  :  dès  ce  moment, 
ayant  n^hi  de  perdre  les  principal» 
Gabiens,  il  les  accusa  d'avoir  consr 
pire  contre  ses  jours ,  et  se  servit 
pour  cela  de  lettres  de  Tarquin, 
que  Sextus  avait  trouvé  moyen  de 
glisser  pami  les  papiers  d'Antistins 
Pétrone ,  le  plus  conodérable  d'en- 
tre eux.  Ce  malbenreux  fot  lapidé 
par  le  peuple;  et  les  soldats  de dex* 
tus  massacrèrent  dans  leurs  maisons 
tous  ceux  qu'il  plot  an  jeune  ^rran 
de  désiener  comme  ws  complices;  An 
milieu  du  trouMe  où  cette  exécution  a 
plongéles  Gabiens, Tarquin  se  préMi^ 
te  aux  portes  delenr  ville ,  011  il  entre 
sans  coup  férir  :  mais  cette  fois,  selon 
Denys  drHaKcamasse,  €  d^ooiHanl 
le  caractèrede  tyran  pour  prendreee- 
luideroi,  »  il  nefitmmonrir  niexiler 
personne,  rendit  ans  habitants  leurs 
oiens  et  leur  file,  et  lemr  donna  le 
droit  de  eité  romaine.  Cet  kiMmMi 
ajoute  oue Tarquin  écrivit  de  sa  main 
les  conoitions  auxquelles  il  les  rece- 
vait sous  sa  protection  et  dans  son 
amitié.  Aucun  fait  de  l'histoire  des 
rois  de  Rome  ne  parait  mieux  attesté. 
C'était  sur  la  peau  mèmedubceof  qui 
avait  été  offert  en  sacrifice  ponr  ga- 
rantie de  la  bonne  -  foi  des  contrac- 
tants ,  que  l'on  avait  ensuite  transcrit 
le  traité;  et  cette  peau,  étendue  sur 
un  écusson  de  bois ,  élait  suspendue 


56o 


TAR 


(lans  le  temple  de  Jupiter  SaDcns,  où 
Dcnys  d'Halicaniassc  dit  l'avoir  vue. 
La  conduite  de  Tarquiii-ic-Superbc  en- 
vers les  Gabieus  j  rattachement  qu*il 
sut  inspirer  aux  Latins,  prouvent 
qu'il  avait  avec  les  étrangers  une  po- 
litique bien  ditrerente  de  cel'e  qui  le 
dirigeait  dans  ses  rapports  avec  ses 
sujets.  Aflranclii  des  soins  d'une  guer- 
re qui  l'avait  occupe  pendant  sept 
années  y  il  voyait  sa  puissance  mieux 
aflermie  que  jamais. Maître  de  GabicS; 
arbitre  du  Latium ,  il  avait  humilie' 
les  Sabius  et  les  VoIs(]ues,  et  tenait 
en  respect  leur  pays ,  par  rétablisse- 
ment des  colonies  de  Signia  et  de  Cir- 
cci ,  où  ses  fils  Titus  et  Aruns  Tarquin 
avaient  conduit  une  population  guer- 
rière. Son  alliance  avec  la  puissante 
Lucumonie  de  Clusium  lui  assurait 
l'amitié  des  Étrusques.  Toute  Ja  cote 
qui  s'étendait  depuis  Ostie  jusqu'à 
Terrac'me  était  soumise  à  ses  lois  ;  et 
il  avait  même  donné  à  Rome  ime  ma- 
rine marchande  f,4);  ™^is  '*^on  grand 
objet,  comme  celui  de  tous  les  rois 
ses  prédécesseurs ,  était  d'assurer  sa 

fmissance  continentale.  C'est  dans 
'intérêt  de  la  grandeur  romaine,  au- 
tant que  de  l' embellissement  de  sa 
ville ,  qu'il  reprit  alors  la  constnic- 
tion  du  temple  de  Jupiter  Capitolin, 
dont  son  aïeul  avait  préparé  l'empla- 
cement eu  aplanissant  la  crête  du 
mont  Tarpéien.  Tarquin  -  le- Super- 
be en  jeta  les  fondements  et  en 
commença  la  construction  \  mais 
malgré  l'activité  qu'il  mit  à  hâter 
rachcvemeut  de  ce  grand  ouvrage , 
il  no  fut  terminé  que  la  troisième  an- 
née de  la  répu!)liquc  ;  et  ce  fut  le  con- 
sul Horatius  Pulvillus  qui  en  fit  la 
dédicace.  Co  fameux  temple  de  Jupi- 
ter ,  autant  admin*  que  vénéré  des 
•^■^^^■"^~        ^— ^^~        •^-^'^'^'^^•^—^^•^^•^^ 

f«iiiiiiirrtr   roiitlii  riilir   Hciiir  rt  OditUagv,  \a  3'. 

JIIIHC  lit    lil    MJMllllilJllf   IKIlKlilIt-. 


TAR 

Romains  djins  les  siècles  de  len 
gloire,  n'ayait  souffert  aucune  atteintr 
jusqu'au  temps  de  Tempcreur  Vilel- 
iius  (  Vo^.  ce  uom).  Il  était,  sr- 
lon  Bossuct  y  «  digne  de  la  nu- 
»  jesté  du  plus  grand  des  Dieux  et 
»  de  la  gloire  future  du  peuple  ro- 
»  main.  »  Quelques  fables  se  sont 
mêlées  à  l'histoire  de  sa  construction. 
Lorsque ,  sous  Tarquin  l'Ancien ,  ou 
abattit  les  édifices  sacrés  qui  cou- 
vraient les  flancs  du  mont  Tarpéini, 
le  dieu  Terme  et  la  déesse  de  la  Jcur 
nesse  déclarèrent ,  par  ror|;ane  de 
leurs  prêtres, qu'ils  ne  T0ulaientpa5 
céder  la  place  qu'occupaient  Icîin 
autels.  Les  augures ,  consultés  sur  ce 
prodige, répoudirent  que  la  râistan- 
ce  de  ces  deux  divinités  indiquait  qiie 
jamais  Romene  verraic  seslimitrsfor 
cces,ni  ne  manquerait  d'une  jeunesse 
belUmieuse.  C'était  sans  doute  u» 
frauae  de  Tarquin  T  Ancien  ou  de  ses 
prêtres.  Son  petit-fils,  en  l'imitant, 
prouva  combien  il  se  jouait  aisémoit 
de  la  vie  des  hommes.  Comme  on 
creusait  les  fondations  du  temple 
on  trouva  une  tête  d'homme  aussi 
fraîche  que   si  elle    eAt   éùt  coo- 

Sée  tout  récemment.  Un  augure 
'Étrurie  annonça  qoe  cette  tetc, 
si  merveilleusement  conserrëe ,  {pro- 
mettait que  Rome  serait  la  capitale 
de  ritahe,  lialiœ  capul  :  dès-Ion  le 
mont  Tarpéien  prit  le  uom  de  Cajù- 
tôle.  Ce  ne  fut  pas  la  seule  occasui 
où  Tarquin  montra  qu'il  savait  faire 
concourir  le  fanatisme  grossier  de 
ses  sujets  aux  desseins  de  sa  poKÔ- 
tique.  Il  acheta  «fort  cher  us  K' 
vres  sibyllins  qui  étaient  censés 
contenir  les  destinées  de  Féut,  et 
nue  l'on  consultait  dans  les  grands 
dangers.  Ses  rebuts  aflcctés  enrcn 
la  vieille  devineresse,  qui  lui  vendit 
trois  de  ces  livres  après  avoir  hrWIes 
six  autres  y  ont  quelque  rapport  avec 


P^  TAR 

la  dispute  simulée  de  l'augure  Nae- 
▼ius  et  de  Tarqiiin  TAncicn.  Les  li- 
vres sibyllins  furent  conserves  avec 
respect  au  Capitole ,  dans  un  cofire 
de  fer;  dix  patriciens  étaient  char- 
gés de  veiller  sur  ce  dépôt.  Ces  volu- 
mes ,  bien  qu'enfermés  dans  un  cof- 
fre de  fer ,  furent  bnilés  Tau  88  av. 
J.-C,  dans  la  guerre  des  Marscs, 
lors  de  l'incendie  qui  dévora  une 
partie  des  édifices  situés  sur  cette 
colline  sacrée.  Le  terme  de  la  tyran- 
nie de  Tarquin  était  enfin  arrivé  : 
il  assiégeait  Ardée,  capitale  desRu- 
tules ,  lorsque  son  fils  Scxtus  ,  «  en 
»  violant  Lucrèce  ,  fit  une  chose  qui 
»  a  presque  toujours  fait  chasser  les 
»  tyrans  d'une  ville  où  ils  ont  com- 
»  mandé  ;  car  le  peuple  k  qui  une 
»  action  pareille  fait  sentir  sa  ser- 
9  vitude ,  prend  d'abord  une  réso- 
lu lution  extrême  (a).  »  On  peut 
voir,  dans  les  articles  Lucius  Junius 
Bnitus  (VI,  167  ),  Tarquin  Col- 
latin  (IX,  45^)  et  Lucrèce  (XXV, 
575  ) ,  les  principales  circonstan- 
ces de  la  révolution  qui  amena  l'ex- 
Îulsion  des  Tarquins.  Outre  que 
ite-Live  et  Denys  d'Halicamasse, 
en  racontant  le  viol  de  Lucrèce  avec 
des  détails  très-particuliers,  ne  s'ac- 
cordent nullement  sur  plusieurs  cir- 
cxmstances,  ainsi  qu'où  l'a  remarqué 
à  l'arliclc  de  cette  dame  romaine, 
on  peut  ajouter  que  quelques  auteurs , 
entre  autres  Servius,  attribuent  ce 
ciime,  non  pas  à  Scxtus,  l'aîné  des 
trois  fils  de  Tarquin,  mais  au  plus 
jeune ,  «pii  se  nommait  Aruns.  D  au- 
tres érrirains  graves  ont  accusé  la 
vertu  de  Lucrèce  :  saint  Augu'itin,  le 
premier  de  tous,  semble  s'ctre  mépris 
eu  jugeant  l'action  de  cette  femme 
d'après   les  principes  du   christia- 


(•>')    Moiifr»qiiim ,    Grandeur   et  d%cmlencc  des 
liomnin^^  c\i.  i**". 

XLIV. 


TAR 


5Gi 


nisme  :  mais  on  bonne  morale,  on  ai- 
merait mieux  qiieLucrèce  eût  préféixf 
la  vertu  à  sa  réputation ,  et  qii  clic  eut 
reçu  la  mort  de  la  main  de  Scxtus ^ 
plutôt  que  de  lui  céder  pour  se  tuer 
ensuite.  Verri,  dans  les  Nuits  romai- 
nes ,  nous  paraît  avoir  porté  la  lu- 
mière dans  tout  ce  que  rliistoire  de 
ce  prétendu  viol  présente  d'invrai- 
seniblable.  Ce  n'était  pas  par  de  froi- 
des dissertations  morales ,  ou  par  des 
plaisanteries  encore  plus  fades,  qu'il 
fallait  attaquer  cette  tradition ,  mais 
par  une  discussion  raisonnée  des 
circonstances  sur  lesquelles  elle  est 
établie.  Rien  effectivement  de  plus 
mal  ourdi  (jiie  la  fable  que  Lucrèce 
fit  à  sa  famille  et  à  son  époux  après 
la  nuit  fatale  où  elle  s'étiit  livrée  aux 
désirs  de  Sextus.  Ce  qu'on  peut  louer 
seulement  dans  cette  femme  célèbre, 
c'est  le  courage  avec  lequel  elle  se 
punit  d'un  moment  d'oul^li  ;  car  ce 
n'est  pas  selonles  lumièresdu  christia- 
nisme qu'il  convient  de  juger  son  sui- 
cide ,  mais  seulement  d'après  les  idées 
des  anciens  sur  cette  matière.  Peut- 
être  aussi  Lucrèce ,  en  donnant  nti 
appareil  si  théâtral  à  sa  fin  tragique, 
cédait-elle  à  l'entraînement  du  fana- 
tisme politique.  Passionnée  pour  k 
libcité,  peut-être  n'avait  -  elle  souf- 
fert les  cmbrassements  criminels  du 
fils  de  Tarquin  que  pour  y  trouver 
un  prétexte  d'exciter  les  Romains  à 
secouer  un  joug  tyrannique.  Une  re- 
marque à  faire  sur  cet  événement,  et 
qui  se  rapporte  immédiatement  à 
l'histoire  de  Tarquin,  c'est  que  les 
circonstances  qui  amenèrent  la  pre- 
mière entrevue  de  Lucrèce  et  de  Sex- 
tus prouvent  la  licence  qui  régnait  à 
la  cour  de  Tarquin.  Il  fallait,  pour 
offrir  ce  degré  de  dépravation ,  que 
Rome  fut  déjà  parvenue  à  une  civi- 
lisation avancée.  IjCS  règnes  brillants 
desestroisdeniiersrois,  et  leurs  rela- 


r>(ij 


TAR 


TAR 


^ 


tioiis  multiiiliccs  avec  les  étrangers , 
avaient  saus  doute  fait  coiuiaiti'c  aiii 
Uoiiiaîus  Jes  liahitiides  de  luxe ,  et  des 
jouissances  auxquelles  il  leur  fallut 
rcnoucer  des  que  leur  patrie  eut  cesse' 
d'être  lui  royaume  puissant  \^r  ses 
alliances,  par  son  territoire  et  son 
commerce,  pour  devenir  une  répu- 
blique,  entourée  d*ennemis  et  sans 
auti*e  ressource  qiK*  la  culture  de 
(luclqucs  champs  dont  la  possession 
(levait  être  sans  cesse  disputée  Vé- 
pce  à  la  main.  Ce  fut  Tan  de  Rome 

'^44  9  c^  ^"^  (^  '^^^'  année  de  son  rî- 
l^ne,  que  Tarquiu  fut  banni  par  une 
loi  curiate.  a  I^e  peuple ,  dit  Montcs- 
<niieu ,  se  souvint  un  moment  qu'il 
était  législateur I  et  Tarquin  ne  fut 
plus.  »  bi  le  reçue  de  ce  prince  avait 
cesse ,  sa  vie  politique  était  loin  d'etro 
terminée.  Âge  de  soixante-quinze  ans, 
la  vieillesse  l'avait  blanchi ,  mais  non 
point  atlaibli.  11  se  retira  d'abord  à 
Gabies ,  où  il  avait  cLibli  roi  son  fjl:i 
Sextus  :  de  là  il  se  rendit  h  Tarqui- 
nies ,  où  il  fut  reçu  avec  empresse- 
ment partons  lcshabitanLs/(ui  ctaiait 
liers  de  la  gloire  que  Tarquin  l'An- 
cien avait  attachée  au  nom  de  leur 
ville.  Une  ambassade  de  Tanpiinicus 
alla  même  à  Rome  demander  lo  ro- 
tablissemcut  des  Tarquins.  Cette  de* 
mande  ayant  été  repoussce,  les  dé- 
putés réclamèrent  au  moins  la  res< 
titution  des  biens  de  celte  faniille. 
Rien  n'était  ])lus  juste  :  ces  ri-> 
chcsses  avaient  été  apportées  à  Rome 
par  Tarquin  TAncien.  I^e  séii.it  pen- 
chait pour  ne  pas  les  rendre  ^  mais 
n'osant  prendre  siu*  lui  celte  grande 
injustice,  il  renvoya  la  discu&sion  de 
l'adaire  à  l'assemblée  du  peuple  , 
qui  prononça  la  restitution ,  à  la  ma- 
jorité d'une  s<*ulc  voix.  Ce  décret, 
vraiment  honorable  pour  le  caractère 
romain,  peut  faire  supposer  que  Tar- 
quin n'avait  pas  aussi  céiicralemnit 


encouru  la  haine  da  paiple  que  k» 
histonons  ont  voulu  to  faire  croire; 
car  quel  |Mni(>lc  se  pîqiia  jamai»  d'ê- 
tre juste,  encore  moins  gffnéreux en- 
vers ceux  qu'il  regardait  comme  ses 
ennemis?  Déjà  le  décret  conuBeaçait 
à  s'exécuter,  lorsque  les  députés  ta r- 
quinienSy  restai  à  Rome  pour  recueil- 
lir lesbiensdu  roi  proscrit ,  lendimit 
toute  restitution  imposûble ,  en  fo- 
mentant, parmi  les  jeunes  patrieinv. 
tme  conspiration  en  sa  iaytrar.  On 
a  exposé,  dans  la  Notice  déjà  ci- 
tée sur    Bnitus  ,  quel    fol  le  ré- 
sultat de  ce  complot  y  dont  la  dê- 
rx)uverte  occasiomia  le  supplice  des 
deux  nis  de  ce  consul ,  cl  Tinjnils 
exil  de  Collatin ,  collègue  de  Bntus. 
C'éLiit  l'ordre  des    patriciens  qni 
avait  seul  fait  la  révolution;  et  le  sé- 
nat en  avait  seul  profite  ,  en  substi- 
tuant son  pouvoir  aris|o<vetiqneà  la 
monarchie.  Pour  intéresser  le  pctqilc 
au  nouveau  n^gime ,  et  surtout  pour 
prévenir  toute  rcconciliation  avec  ks 
TarquiuSyOn  se  garda  bien  deçoofisi- 
((lier  admiuistf ativcmcDl  leurs  Inns  ; 
mais  le  mllngc  eu  fui  abandonné  à  h 
multitude.  IJo  monument,  ieroépar 
la  natm-e ,  attestait  enccTf ,  de  Icpipt 
de  Ueiiys  d'Ilalica ruasse,  irtK  S[MH 
liation  tumultuairc  :  un  wonceaii  de 
(gerbes  tirées  d'un  cbevip  du  rsi, 
lut  précipité  dans  le  Tifaîe ,  et  s*ar- 
rc'tant  sur  des  Itas-fonds,  Ibrina  affC 
lo  temps ,  au  milieu  de  ce  fleof  c ,  uns 
petite  île  qui  fut  cous;icrée  k  Gsee* 
lape.  Tarquin  ne  songea  pbis  qui 
rentier   à    main    armée   dans   m 
états.  A  sa  voix^  Terqiiinia,  Vém% 
et  d'autres  villes  de  la  Tyirhéne 
lèveut  des  troupes  iK>ur  sa  ctsw. 
On  |)eut  voir  encore,  dan»  le  Vit 
de  Brutus  ,  le  récit  de  Ja  halailli 
qui  alors  se  livra  ,  et  dans  laqudfe 
le  consul  Bnitus  et  Aruns,  m  de 
Tanpiin ,  s'entre  -  tuèrent  xfith  un 


TAR 

icharnc.  La  Iiiltc  des  deux 
c  fut  pas  moins  opiniâtre. 
Titus  Tarquin.  qui  com- 
it  l'aiic  drciro  des  Tyrrhc- 
rrnt  eu  déroute  rai!oj:i;;iurlje 
ïins  ,  et  furent  sur  le  point 
leurs  retraneiiemenls:  m:iis 
iiivanle,  Valerius  l*iil»licola 
3s  Tvrrheniens ,  en  tua  un 
m])re,  et  se  rendit  maître 
mip.  Le  cour.igcdeTarquin 
LÛ'ieur  au\  revers  ,  et  il  ne 
i  pas  de  sa  fortune.  Il  arma 
onie  Porsenna  ,  roi  de  Clu- 
'nnc  des  plus  puissantes 
netes  de  la  Toscane.  On  a 
dans  Tartielc  Mutins  Seae- 
orez  ee  nom  ,  XLl  ,  ^  ), 
'autorité  de  Pline  ,  Suctonc 
,  quel  fut  le  v<fri table  re'- 
rette  p;uerre.  Porsenna,  vain- 
s  Romains  ,  leur  imposa  des 
is  fort  dures  ;  mais  comme 
ivait  s'ein pécher  d'admirer 
•a'*c  j.  il  fJî)a:idon;ia  la  cause 
[uins  ,  pour  lesquels  rien  ne 
iilc  dans  le  traite.  Denys 
masse  donne  ])our  motif  de 
ïdoii  une  tentative  eoupa- 
par  le  roi  de  Rome  et 
Irc  Mamilius  ,  afin  d'enle- 
Muics  lilles  que  les  Romains 
lonnces  pour  olaj^es  au  roi 
im  (  ^oj'  (iMiMR,  IX  ,  7  ). 
I,  iudiji^e,  oitlonna  aux  Tar* 
sortir  de  son  camp  le  jour 
fais  le  vieux  monarque  n'a- 
encore  epusse  toutes  ses  res- 
ni  lasse  t(ius  ses  allir's.L'an- 
iuivil  ^elltrepri^e  du  roi  de 
contre  luune  ,  la  guerre  fut 
auxSabins.  (jui  avaient  ])ro- 
anç^cr  de  la  république  nais- 
irravaf^er  son  leniloire.  fies 
i  eurent  Ta  van  la  p;e  dans  deux 
;  mais  les  Sabins,  à  la  suite 
:rmble'e ççe'ne'ra le  delà  nation, 


TAR 


563 


résolu  l'en  l,  d'un  commun  accord,  de 
continuer  la  guen*c  :  et  ce  fut  à  la 
s  >llicitation  de  Sextns  Tarqm'n  qu'ils 
j^rirent  ce  parti.  A  force  de  présents 
et  de  prières,  il  J*agna  les  chefs  de 
cli.Hjiif  ville  ,  et  les  engagea  à  pren- 
dre les  inleVèts  de  sa  famille  ;  il  sou- 
leva aussi  contre  les  Romains  les 
villes  de  Fidènes  cl  de  (.ameVic ,  et 
les  fit  entrerdansia  ligue  des  Sabias. 
Tous  ces  peuples  ,  pour  reconnaître 
les  bienfaits  qu'ils  avaient  reçus  de 
lui ,  ee  sont  les  expressions  de  Denys 
d' lia liea niasse  ,  le  de'clarcrent  gene'- 
ralissimc,  avec  un  pouvoir  absolu 
de  lever  des  soldats  dans  toutes  les 
villes  de  la  confédération.  La  fortune 
traliit  encore  cette  fois  les  efforts  de 
Sextns.  Par  ses  habiles  dispositions, 
il  s'eiait  ménage'  une  victoire  infail- 
lible sur  les  Romains ,  qu'il  comptait 
surprendre^  dans  leur  camp  au  mi- 
lieu de  fa  nuit;  nn  déserteur  décou- 
vrit ce  projet  au  consul  ,  et  Sextus , 
surplis  Ini  -  même,  fut  vaincu.  Les 
iSabins  ouvrirent  la  campagne  sui- 
vante par  nn  avantage  signalé  sur  le 
consul  Postliumius,  puis  par  une  am- 
bassade chargée  de  demander  le  ré- 
ta])lissemenl  des  Tarquins  et  la  sou- 
mission des  Romains  à  l'empire  de 
la  nation  Sabine.  Ceux-ci  répon- 
dirent à  ces  propositions  par  une 
nouvelle  victoire  près  d'Erète.  Les 
Sabins,  toujours  excités  par  Tar- 
quin ,  ne  déposèrent  pas  les  armes  ; 
mais  vaincus  de  nouveau,  l'année  sui- 
vante ,  près  de  Cures ,  par  le  consul 
Spurius  Cassius  Viscellinus,  ils  dc- 
maudcrenl  la  paix.  Qui  croirait  qu'a- 
près trois  tentatives  aussi  désastreu- 
ses ,  Tarquin  trouva  encore  moyen 
d'ameuter  contre  Rome  trente  na- 
tions de  la  confédération  latine  ? 
Celle  nouvelle  guerre  dura  quatre 
ans;  mais  avaut  qu'elle  commcn- 
r.lt,  Tarquin,  et  Mamilius  son  gendre, 

36.. 


r>(>\  ïAR 

ioinciilcTriil  une  seconde  conspira- 
tion au  sein  de  l\oine.  Déjà  une  am- 
bassade des  LatiiLS .  eu  rerlaniant  le 
relablissciuoiit  du  roi,  avait  excite  «ne 
viveagitationparuii  le  peuple. Lcsple- 
bciens  .  opprimes  comme  citoyens , 
tortures    comme  débiteurs    par  les 
riches  et  avides  patriciens ,  no  dis- 
simulaient ]>oiiit  cprils   rejïiTttaient 
Tarnuin.  L'or  du  vieux  monarque^ 
adroitement  distril)iie  auxnlus  dclei^ 
minés  des  plcbiMcns,  lui  ralliaun  parti 
nombreux.  Les  conjurés,  auxquels 
se  joignirent  une   foule  d*csclave^ , 
avaient   résolu   dVj];orger  les  séna- 
teurs ,  de  s'emparer  des  postes  les 
plus  importants  de  la  ville,  et  d'en 
ouvrir  les  portes  aux  Tarquins.  Le 
sénat ,  les  consuls  étaient  sans  dé- 
fiance. Toul  '.romctlail  un  succès 
facile  aux  partisans  du  roi,  lorsque 
deux  |)ersonnages  i\c  la  famille  roya- 
le ,  Publius  etMarcus  Tarcjuinins  de 
Laurente,  tourmentés  par  des  son- 
s;e>»  eirravants ,  et  dociles  aux  conseils 
d'un  devin,  vinrent  révéler  au  con- 
sul Sulpieius  la  conjuration,  dont  ils 
avaient  le  secret.  Ce  magistrat  iil 
donner  aux  conjurés ,  par  les  Tar- 
quins de  Laurente ,  un  faux  avis  de 
se  rendre  sur  la  place  publi(|uc,  au 
milieu  de  la  nuit;  là  ilssoirent  aus- 
tot  enUnucs  et    désarmés  par  des 
triiijpes  qne  Sulpieius  avait  appos- 
lées;  et  le  lendemain  ils  funnt  îous 
j)assés  .iu  fil  de  Tépéc*  par  \v>  bour- 
reaux.  Les  Taiciums  de  Laurente  , 
pour  prix  de  leur  délation ,  reçurent 
avec  le  droit  de  eilé  romaine,  une 
somme  d\irj;enl  considérable,  et  des 
terres.  La  guerre  des  Ilom.niis  con- 
Ire  les  Latins  s'ouvrit  par  le  siège 
(le  Fidène>.  dont  les  consuls  ne  pu- 
rent s'iiup.ïrer ,  grâce  à  un  secours  de 
blé  et   d'armes  (|ue  leur  lit  passer 
Sextus  Taitjuiii.  (le  prince,  qui  jonc 
un  si  grana  rôle  dans  Thistoire  de 


TAR 

Denys  d'1 1  al ica masse,  mît  en  méaK 
temps  le  siège  devant  Signia,  qiii  ap- 
partenait aux  llomains  ;  mais  il  fui 
contraint  d'abandonner  cette  entre- 
prise. Fidènes  ne  tomba  que  l'aDiire 
suivante  sous  les  coups  de  Titus  Lar- 
tius.  Ot  échec  ue  fait   que  rcdoo- 
])Ier  le  courage  des  Ijatins  :  les  dffpi> 
tés  des  trente  pennies  ra:tsemblés  â 
Fereiitum ,  jurent  ae  ne  pas  dÔMiser 
les  armes  que  Borne  ne  soit  humi- 
liée, et  les  Tarquins  rétablis.  Orta- 
vins  Mamiliiis  et    Sextiis  Tarqain 
sont  élus  généraux  de  la  coaSêdén- 
tioii,  avec  les  pouvoirs  les  plus  éten- 
dus. Nouvelle  ambassade  des  TÎUts 
Latines  à  Rome.  Le  sénat  accepte  b 
guerre  plutôt  que  de  flécbir.  Ë&ayé 
cependant  du  nombre  de  ses  enne- 
mis, il  demande   du  secours  an 
Volsqnes  et  aux  Heniiques;  mais  ce 
fut  en  vaiu  :  l'actiTité  des  Tarquins 
multipliait  partout  leurs  partisans. 
Le  peuple  Romain  refiisede  s'anner: 
si  1  on  ne  iHnit  pas  aflbmer  qu'il  re- 
grettait larqurn,   du  moins  il  se 
trouvait  encore  plus  malheureux  sons 
le  despotisme  des  patriaens ,  qw 
sous  celui  d'un  monarque:  Il  est  en- 
core moins  douteux  qne  Taïqnin  fo* 
mentait  sourdement   cette  dîfiûon 
entre  les  deux  ordres.  Quoiqu'il  en 
soit,  Titus  LartiiiSj  nommé  didateor 
et  revêtu  des  marques  de  l'autorité 
royale,  imprima  tant  de  respect  aux 
plébéiens ,  qu'ils  selaitshrent  cnrâkr 
et  conduire  contre  les  Latiiis.  Le  dic- 
tateur ,  arrive'  devant  les  cnufiui*» 
s'occu|>a  moins  de  les  combattre  qM 
de  semer   parmi  eux    la  dîmioB. 
Après  un  avantage  assex  léger  rem- 

t)orté  près  de  Tu5culum«  u  sut  û 
)ien  gaguer  les  coeurs  des  Latins , 
par  son  humanité  euTcrs  leurs  co0- 
])a gnous  d*armes  bleasés  et  piiMm- 
uiers ,  qu'il  obtint  de  la  coufaiera- 
lion  une  trêve  d'une  année.  Kobc 


TAR 

pendant  cet  intervaUc,  d'uDc 
irofonde  j  mais  c'était  le  calme 
•coureur  de  Torage  :  Tarquin 
milius,  parcounmt  toutes  les 
Latines,  avaient ranimd le  zèle 
agistrats  pour  la  cause  du  mo- 
e  de'chu.  Ils  avaient  mchne  ex- 
e  TadministratioD  des  affaires 
Itat  tous  les  plel)éiens  qui  ne 
ient  point  la  euerre.  Us  trou- 
t  aussi  moyen  a'armcr  les  V  ois- 
contre  les  Romains.  Dans  ce 
int  danger,  le  sénat  recourut 
la  seconde  fois  à  la  dictature  : 
>ix  tomba  sur  Postbumius ,  qui , 
ne  victoire  décisive  rcmporufe 
lords  du  lac  Régille ,  teitnina 
terre  et  fit  évanouir  les  der- 
î  espérances  de  Tarquin.  Les 
fils  de  ce  monarque ,  Sextus  et 
,  ainsi  que  Mamilius ,  sou  gen- 
périrent  dans  cette  journée  en 
attant  avec  la   plus  brillante 
r.  Les  Latins  chassèrent  de  leur 
oire  l'infortuné  vieillard,  resté 
[e  sa  nombreuse  famille.  Il  aUa 
ir  à  Cumes,  auprès  d'Aristo- 
^  tyran  de  cette  ville,  qui  lui 
I  les  yeux  et  lui  fit  des  funé- 
s  royales.  Tarquin  n'avait  pas 
:>anaonné ,  même  après  sa  aer* 
défaite,  par  ceux  des  Romains 
'abord  avaient  partagé  son  exil, 
partie  de  ces  proscrits  demeura 
Gumes ,  les  autres  se  dispersè- 
en  dilTérentcs  villes  :  tous  enfin 
ient  finir  leurs  jours   loin  de 
patrie.  Six  ans  après  ,  lorsque 
e,  livrée  aux  horreurs  de  la  di- 
,  envoya  des  commissaires  pour 
:er  du  blé  à  Gumes,  les  exil^ 
iiis  obtinrent  d'Aristodème  la 
ission  de  retenir  ces  envoyés 

gage  des  biens  qu'ils  avaient 
s  à  Rome.  Le  tyran  lui-même 
nslitna  juge  de  ce  procès.  Pen- 
qu'il  l'instruisait ,  Les  coûimis- 


TAR 


565 


saires    romains  trouvèrent   moyen 
de  sauver  leurs  personnes  ,  laissant 
leurs  bagages^  leurs  esclaves  et  tout 
l'argent  destiné  k  l'achat  du  blé.' 
Telles  sont  les  principales  circons- 
tances   que  présente  Denys  d'Ha-* 
licaYnasse  sur  la  longue  lutte  de» 
Tarquins  contre  Rome.  Tite-Live* 
diflei«  de  cet  historien  en  plusieurs 
points  importants.  D'abora ,  après 
avoir  Élit  de  Sextus,  non  l'aîné,  mais 
le  dernier  des  fils  de  Tarquin,  il  place 
la  mort  de  ce  j eune  prince  immédia  te-     « 
ment  après  l'expulsion  de  son  père. 
S'étant  retiré ,  dit- il ,  à  Gabies ,  qu'il 
regardait  comme  son  propre  royau- 
me, il  y  trouva  la  juste  punition  de 
ses  rapmes  et  ses  meurti*es  :  il  fut  as- 
sassiné à  son  tour.  Arrivé  à  la  guer- 
re de  Porsenna  contre  les  Romains , 
Tite-Live  ne  parle  point  de  la  tenta* 
tivedcTarquin  poiir  enlever  Glélie  et 
les  jeunes  romaines  livrées  en  otage    ^ 
au  roi  de  Glusium.  11  se  contente  de       ' 
représenter  ce  prince  comme  aa$eE 
indiflerent  aux  intérêts  des  Tarquins^ 
sans  avoir  aucune  raison  pour  se 
brouiller  avec  eux.  Toutefois ,  dans 
l'historien  latin ,  Porsenna  y  après  sa       « 
retraite  prétendue,  envoie  plutôt  par 
bienséance  que  par  zèle,   une  otr* 
nière  ambassade  aux  Romainj^Mi^ 
solliciter  le   rétablissement  ffir  ecr. 
princes.  La  réponse  du  sénat  fiit.qiie 
Rome  ouvrirait  plutôt  ses  portes  aHK. 
ennemis  qu'à  des  rois,  et  que  les  Ro-^. 
mains  su[^iaient  Porsenna  de  wê- 
point  s'opposer  à  ce  qu'ils  AuMP^  U-- 
ores.  Dès  ce  moment,  le  roi  d'Étah; 
rie  déclara  ou'il  renonpût  àsejnflir> 
delà  cause aesTarquiiis.« Quel 4|iisr' 
soit  leur  dessein,  ou  de  ciotianfr 
la  guore  ou  de  vivre  en  paix,  dit- il> 
il  est  temps  c^u'ils  aiOent  cherehcr 
ime.autre  retraite.  Je  ne  veux  pas  ^ ue 
rien  puissedësonnsai^  tronUerTupien . 
qui  doiir^gnnrettMJiu^ifllepciH 


566 


TAB 


pie  romain.  »  Denys  d*llalicai-uu«se 
ne  dit  pas  un  mot  de  cette  seconde 
négociation  de  Porseiiua  en  faveur 
des  Tarquins;  et  ou  doit  louer  ici 
son  silence  judicieux.  Kn  eOet,  il 
est  invraisemblable   qu'un    souve- 
rain pui?$saut  et    victuricu\  tienne 
aussi  ^leu  au  succès  de  ses  démar- 
ches^ auprès  dune  république  faibic 
et  qu'il  avait  presque  redtiite  aux 
abois,  toi  racontant  la  guerre  contre 
les  Saluiis ,  Tite  -  Live  paraît  avoir 
ignore'  la  part  qu'y  prirent  les  Tar- 
quins, selon  riiistonen  grec.  A  pro- 
pos de  la  création  du  premier  dicta- 
teur Titus- Lu r lins,  l'historien  latin, 
5 lus  judicieux  dans  ses  doutes  que 
ans  ses  ailirmations,  pi-eseutc  cette 
réflexion  :  o  On  ne  s'accorde  ni  sur 
l'année  ni  sur  le  nom  des  consuls  aux- 
queb  on  crut  devoir  retii-cr  la  con- 
fiance publique ,  yarcc  qu'ils  étaient 
aussi,  à  ce  qu'on  dit ,  de  la  factiondes 
Taix|uins.  On  ne  s'accorde  pas  non 
plus  sur  le  num  du  premier  dicta- 
teur. »»  Ce  trail  prouve  mieux  encore 
que  tous  les  détails  fouruis  par  De- 
nys d'Halicarnasse  ,  combien  Tar- 
quin  conservait  de paiiisans  à  Rome. 
Tite-Live  n'hésite  pas  à  faire  com- 
battre ce  monarque  en  personne  à 
la  jornnéc  de  Régille.  Apercevant 
Posthimiius  à  la  tête  de  ses  lignes, 
qui  disposait  et  animait  ses  troupes , 
il  oublie ,  dit-il ,  tout  ce  que  l'âge  lui 
a  oté  de  force  et  de  souplesse;  il  ne 
consulte  que  sa  fureur,  et  pousse  son 
cheval  à  toute  bride.  Blessé  au  côté, 
il  ne  dut  la  vie  qu'à  un  gros  des  siens 
oui  accourut  pour  le  dégager.  Denys 
u'Halica masse  avait  également  trou- 
vé ce  récit  dan  s  deux  anciens  auteurs, 
Licinius  et  Gellius;  mais  il  Ta  rejeté 
comme  invraisemblable^   n'admet- 
tant pas  qu'un  homme  de  quatre- 
vingt-neuf  ans  pût  ainsi  payer  de  sa 
persoime.  Cela  n'est  pourtant  pas  sans 


TAR 

exemple  :  on  sait  qoe  ce  fut  à-pen- 
près  au  même  â(^  que  Massinissa, 
faisant  à-k-fois  l'office  de  soldat  et 
de  générai',  remporta  uoe  Tictoiie 
sur  les  Carthaginois.  Ce  roi  des  No- 
nn'des  n'avait  pas,  en    s'aposaBl 
ainsi ,  des  motifs  aussi  puissants  qt-e 
Tarquin,qui  combattait  pour  sa  cou- 
ronne. Tite-Live  parle  aussi  des  ei* 
λloits  et  de  la  uioit  d'un  des  fib  de 
^ucius  Tarqinn  ^  qui  combattait  à 
la  tcte  du  cor[Ni  des  exilés;  mm 
il  ne  nomme  point  ce  jeune  piince. 
Enfin  son  réi^it  se  termine  par  en 
mots,  qui  confirment  tous  nos  dou- 
tes ciitiqucs  sur  cette  ëpoque.  «  Je 
»  trouve  dans  quelques  auteurs  que 
»  ce  fut  cette  année  seulement  (onk 
»  du  consulat  d'Aulns  PostLumios  rt 
»  de  Titus  Yirginius  )  que  se  doaoa 
»  la  bataille  du  lac  Régdk  ;  que  PM* 
»  thumius,  se  défiant  desdispositions 
»  équivoi[ues  de  son  colN^My  se  dé- 
Tà  mit  du  consulat  ;  qu'il  lut  cwoî^ 
9  nommé  dictateur.  I^  chronologie 
»  de  ces  pi'emiers  temps  est  si  coo- 
»  fuse  par  les  yariations  dos  diflEmnts 
»  autetirs  ,  qu'il  est  bien  dlifficiky 
»  vu  l'extrême  distance  on  i*OB  se 
»  trouve  des  événements  et  des  his- 
»  toricns  même ,  de  nuiqner  a?rec 
»  urécision  l'ordre  des  eonsalats  et 
A  l'époque  de  cbaquo 
Au  reste,  quelque  dii  ' 
être  les  critiques  sur  les  eîrcoDStin- 
ces  secondaires  de  la  réfohitiea  qû 
amena  l'expulsion  des  T^u^quns,  m 
ne  saurai  t  avoir  qu'on  seul  arâ  sur  les 
talents  qne  déploya  le  dernier  roi  ds 
Rome.  On  ne  peut  nier  d^aboid,4 
rappelant  ses  conquêtes  y 
ments,  ses  alliances,  que  m» 
n'ait  contribué  k  la  grandenr  des 
Romains  aussi  bien  que  ceW  de  Mi 
prédécesseurs;  et  Montesqnien  «t 
loin  de  faire  une  exception  poor  Ar- 
quiu,  quand  il  dit  que  tous  ta    ' 


<k  Romç  a  furent  de  grande  penoit- 
»  nages,  et  qu'on  ne  trouve  point  dil- 
u  leurs  dans  l'histoire  une  suite  non 
w  interrompue  de  tels  liommes  d'état 
»  et  de  tel!»  capitaines.  »  Il  porte  mê- 
me sur  ce  prince,  si  unanimement  flétri 
parles  liistoriens,  ee  jugement,  tm  pen 
iropllatteur  pait-étre ,  mais  où  il  y  a 
du  vrai.  «  Le  portrait  deTarquin  n'a 
n  point   été  liattd  |  son  nom   n'a 
y*  éokappé  à  aucun  des  orateurs  ^ui 
»  ont  éo  à  parl^  contre  !a  tyrauiM: 
M  maissacondniteavantsonMalbeor^ 
Tf  âne  l'on  vuit  qu'il  prévoyait  ;  sa 
9  ciooeeur  pour  hs  peuples  ▼ainens  ; 
1»  sa  lil)ératité  envers  ks  soklats  ;  cet 
a  art  qu'il  eut  d'intéres«èr  tant  de 
»  gens  à  sa  conseeration  ;  ses  ouvra- 
»  gcs  pubKcs  ;  son  courage  à  la  guer- 
»  te  ^  sa  cousta  Me  dans  son  malheur; 
»  une  guerre  de  vingt  ans  qn^it  iif  ou 
«  qn'il  fit  faire  an  prap^e  romain, 
«  sans  royaume  et  sani  bii»ns  ;  sds 
«  continuelles  fc^sourees,  font  bieli 
«  voir  que  ce  n'était  pas  nn  homme 
w  méprisable,  ti  Sans  doute  e'est  tme 
triste  gloireque  d'avoît  été  réduit ,  non 
point  pendant  vingt  ans ,  ^ais  séùH- 
ment  pendant  quatorze,  k  suse*tcr 
des  guerres  contûmeHcs  à  son  pay^  : 
mais  Tarquln  croyait  avoir  le  droit 
de  reconquérir  ce  qu^il  appelait  sdn 
héritage  ;  et  l^on  ne  pourra  du  fflMils 
lui  reprocher  d'avoir  épargné  aiEl  per- 
sonne ,  tandis  qoe  ses  fils  éf  tam  ie 
vaillants  ^rHeri»  se  sacrifiaient  pour 
sa  cause,  une  autre  vérité  tp  donne 
toute  l'histoire  de  ce  temps ,  c'est 
que,  jusqu'à  l'institution  es  tr^unat^ 
(e  pem>tc  romain  ne  gagna  rien  à 
l'expufsion  des  rois^  sinon  d^jTVofr 
beaucoup  de  tyrans  au  iiea  a  mi. 
Tons  les  historiens  sent  d^aoeord  stnr 
ce  point:   et  pour  n'en  citer  qu'un 
smfy  Tite-Live ,  bien  que  très-tavo- 
l'abkf  à  k  cause  républicaine  ,  dit  en 
propres  lermes,  qu'après  la  miorf^Ac 


TAR  907 

If 

Tarqnin ,  le  peuple,  qu'bn  àVait  jus- 
que  --  k  mâmeé  avec  ttn  som  extiédu^, 
commença  des  -  lors  à  essuyer  des 
vexatioM  dé  4a  part  dé  la  naVkjfit 
C  r.  PtTBLitts  SiAVitiui  PKfsdvs , 
XLII,  i3i  ).  Enfin  si  l'on  neMiit 
tirer  aucone  conclusion  positive  d'un 
passage  dé  Cicéroft  relatif  à  Tar- 
quitt ,  on  doit  y  trdnrcr  du  molAs 
mk  motif  de  lire  avec  défianœ  tout  ce 
qu'on  rapporte  sor  les  crimes  de  C6 
prince.  «  Tarqnin,  dit  Ponttaff  ta- 
»  main ,  dan^  ta  troisifemff  Phifib- 
Té  pique  ^  né  fût  tA  impfe;irierQèi^ 
4  B  ne  Ait  que  superbe,  et  ce  tiçe 
tf  hi  coftta  le  iràtie.  w  Malveiki 
a  danhé  une  vie  de  Tarquhi  :  ^est 
moins  une  biographie  qinme  décb- 
matîon  contre  là  tyrannie  (  Fqy.  ee> 
t*^*fi,XXVl,4ii).     6— «— B. 

TARQOimOS  aoi.t.iTWtïs. 

(  f^.C0LtATll^,ÎX,'455l). 

TAHQtnmUS  (SEXTOd)  ^cy. 

TARR  AK  AROFF  (  AiiHA-Pj- 

du  mariage  clandestin  de  Thnô^- 
triee  de  Rus^  Elisabeth  et  d^Atocis 
RftzumosM  ,  fol  etAvfé&jkf affilés 
douze attt,  et  conduite  àr  Rente  pairie 
mce  Kirdluiiriil  /Àmt  fe  projet  était 
[e  U  Tàiitener  pins  tdrd  eu  ftus^kryi-  ' 
in  deroà]^(rsef  à  Gatheritien^jêt  ^ 
profiter  ms  trouUes ,  soit  J^AIf  "t^ 
propre  mtérét,  sbSt  inmr  ènitf  âH  Ih- 
Pologne.  Anssrtdi  qtfdBé  fut  làiltîllâe^ 
de  cet  eii!èveffler.t,(ladierinè  fit  MÎihr 
les  biensdtt  prince  »  qè!  •  apris  ^çir 
vendu  sei  «namànts,  nit  éUtjUét 
retourner  incognito  d!ans  sapanfllf, 
pour  y  chereher  dé  nonvâmi'  rèdt- 
sources.  En  quittant  Rome,.ffhisAa 
sa  pupille  sods  la  gar^  d'nhe  seiiiè 
gouvernante.  Ce  fut  aldrs| .  opM  '  te 
comte  AksLfa  OrfoflT ^  iiw  '^nu 
Fordr^        8*ëh 


if 


568 


TA.R 


elle.  Il  lui  odrit  des  secours  que  sa 
situation  la  força  cVacccptei*  ^  et  lui 
Ut  cnlixToir  la  pussiLilité  d'opcrcr 
en  Russie  une  révolution  en  sa  faveur. 
Ces  idées  u'ctiient  pas  nouvelles  pour 
la  jeune  Tarrakanuil'  :  elle  crut  tout 
ce  qu'on  lui  dit.  Le  prince  de  Uad- 
zivill  Tavait  accoutunufe  à  ce  lan- 
gage. L'astucieux.  OrlolV  jie  négli- 
gea rien  pour  lui  plaire  :  protesta- 
tions, soins  déliculs,  respects  flat- 
teurs, il  employa  tout,  et  iinit  par 
demander  sa  main  qu'il  obtint.  Sous 
pre'lexte  qiie  le  mariage  devait  être 
celpl)re  selon  le  rit  de  l'église  grec- 
que ,  il  aposta  des  scélérats  qui , 
déguisés  en  prêtres,  trompèrent  la 
trop  crédule  Tari'akanofi*  par  une 
yaine  céi*cmonic.  Dès- lors  Orloflf, 
ne  songeant  plus  qu'à  la  conduire 
dans  un  lieu  propre  à  ses  desseins , 
la  décida  facilement  à  le  suivre  à  Pi- 
sé^ puis  à  Livourne ,  où  était  une  di- 
vision de  l'escadre  russe.  Ou  sut  lui 
inspirer  le  désir  de  voir  le  port ,  et 
l'infortunée  demanda  elle-même  à  vi- 
siter la  flotte.  En  vain  des  amis  fidè- 
les conseillèrent-ils  à  la  piincesse  de 
ne  pas  s'éloigner  de  la  ville  ;  elle  mé- 
prisa leurs  avis ,  et  se  rendit  au  port 
avec  sa  suite  ordinaire.  On  la  fit  en- 
trer dans  une  cbaloupe  élégante  ^  le 
consul  anglais  y  sa  femme  ^  celle  du 
contre-amiral  s'y  trouvèrent  avec 
elle.  L 'embarquement  s'était  fait  à  la 
vue  d'un  peuple  immense.  Lorsque 
]a  princesse  fut  près  du  vaisseau  où 
Ton  avait  préparé  une  fête  brillante, 
on  en  desc(;ndit  un  fauteuil  magnifi- 
que ,  décoré  des  armes  «le  Russie  ; 
et  l'un  eut  soin  de  lui  faire  remar- 
quer cette  distinction.  Dès  qu'elle  fut 
as.'ïise  dans  le  fauteuil ,  on  la  hissa 
doucement  à  bord,  et  ses  mains  fuient 
aussitôt  chargées  de  fers  ;  on  prétend 
même  que  des  cris  d'angoisse  et  de 
doulem'  parvinrent  j^s({u'au  rivage^ 


TAR 

et  que  la  victime  expira  dans  les  lior* 
reurs  d'uu  supplice  aflTreux.  Cette 
opinion,  qui  est  celle  de  quelques 
historiens,  n'est  point  admise  par 
Castera.  Cet  auteur  assure  que  la 
princesse  y  conduite  à  Pclcrsliourg , 
fut  enfermée  dans  la  forteresse,  et 
qu'après  une  captivité'  qui  dura  six 
ans ,  l'inondation  de  1777  ayant  ap- 
porté les  eaux  de  la  Newa  dans  sou 
cichot ,  elle  y  trouva  la  lin  de  sa 
vie  et  de  ses  infortunes.  L'Lîstoirede 
cette  malheureuse  princesse  a  été 
l'objet  de  plusieurs  comjiositioiis  lit- 
téraires ,  entre  autres  d'un  roman  pu- 
blié à  Paris,  en  i8i3 ,  par  H™^  de 
R. ,  sous  le  titre  de  Arma  Petrow- 
na  y  fille  d'Elisabeth^  1  vol.  in-ix 

M — ^D  j- 
TARSI A  (  Galeas  de  ) ,  poète  ita* 
lien ,  né,  vers  1476 ,  à  Co6enza,p3s$a 
ses  premières  années  sous  les  dra- 
peaux de  Frédéric  II  d'Aragon,doDt 
il  obtint  la  faveur  et  pleura  les  re- 
vers. Il  connut  la  cclebre  Vittoria 
Colonna  ,  qui  lui  inspira  de  beaux 
\txsj  en  se  montrant  insensible  à  la 
passion  qu'elle  avait  fait  naître. 
Placé  dans  la  même  position  qoe 
le  chantre  de  Vaucluse ,  il  empmnta 
sa  lyre  ,  et  sut  en  tirer  les  plus  don 
accords.  Il  ne  reste  de  Tarsia  qu*» 
petit  nombre  de  poésies  ,  toutes  re- 
marquables par  1  énergie  du  stjle , 
la  fraîcheur  du  coloris ,  et  cet  ait 
diflicile  de  conserver  une  certaine 
originalité  ,  même  dans  rimitatios 
d'un  beau  modèle.  Des  juges  éclai- 
rés, tels  que  Gravina  et  Crescimbe- 
ni ,  n'ont  pas  craint  de  le  présenta 
lui  -  même  comme  celui  de  Casi 
et  de  Costanzo ,  .sans  réfléchir  que 
les  vers  de  Tarsia,  presque inconnos 
du  vivant  de  l'auteiur,  ne  parurcat 
pour  la  première  fois  qu'en  1617. 
II  les  avait  composés  dans  le  châteii 
de  Bclmoute  en  Galabre,  dont  i 


TAR 

it  le  nom ,  et  ou  il  alla  s'enfer* 
après  la  mort  de  sa  femme  , 
n  y  vivre  que  de  ses  souvenirs, 
inil  ses  jours  en  1 53o ,  et  non 
u  i55i  ,  comme  Ta  prc'tendu 
zzi  y  Tu  II  de  ses  éditeurs ,  qui 
§t  rapporte  à  la  date  d*un  poë- 
0  dédié  à  un  persounage  ho- 
me. Cette  ressemblance  de  noms 
aussi  confondre  notre  poète 
m  autre  Galéas  de  Tarsia,  cou- 
[uel  il  existe  un  jugement  outra- 
(2).  Le  marquis  Spiriti  s'est 
éd'eclaircir  ce  doute,  en  prou- 
eutre  autres  choses  ,  que  Vami 
marquise  de  Pescara,  revêtu 
lûtes  fonctions  de  régent  de  la 
e  coiu:  de  la  Vicaria ,  avait 
un  nom  honorable  dans  la 
trature.  Les  Rime  de  Tarsia , 
;cs  pour  la  première  fois  par 
,  ^'aples ,  1 6 1 7 ,  in-  r^ ,  ont  été 
urs  fois  réimprimées ,  ibid. , 
,  I T 1 5  ;  avec  le  Canzoniere  de 
tim ,  et  à  la  suite  des  Rime  de 
Qzo ,  Padoue  1 738 ,  in-8".  Mais 
ueil  le  plus  complet  est  celui 
irut  à  Naples ,  en  1 7  58  ,  in-8<*. , 
une  Notice  sur  I  auteur  ,  par 
iy  qui  en  avait  déjà  parlé  dans 
emorie  degli  scrittori  cosen- 

A — G — s. 
RSIA  (  Paul  -  Antoine  de  ) , 
ion  ,  né^  au  commencement  du 
pticme  siècle ,  à  Conversano  , 
a  Pouille,  prit  Thabit  occlésias- 
et  étudia  la  théologie  à  Timi- 
f  de  Naples.  Quelques  essais 
ésic  latine  le  rendirent  digne 
irleuir  à  l'académie  des  Oziosi 


'fmroui,  par  Jcrômc  ParaLosco.,  Vcui«e  , 
-1". 

a^nifiriii  (jalealim  tltt  Tnrtiu  ,  Calai'rr 
■  ffueirliiiii  ifiutnif/turiiirH  morum  t'atsallo- 
usittis  ptT  nuÂgnant  I  itfiani  P' tcaiitr  ,  ifuod 
vsiinte  e<H  t  rue  tant ,  olc. ,  tIi.  (>rainiiticu. 
eiS.  hc^niNeapolit.  consdii.  V«iiisiy  iHîif 
rets.  104. 


TAR  569 

(  F.  Manso,  XXVI ,  5 1 3  ),  dont  le 
nom  contrastait  souvent  avec  l'activi- 
té de  ses  membres.  Le  comte  de  Con*. 
versano ,  dans  les  terres  duquel  Tar- 
sia était  ne,  lui  proposa  d'aller  en 
Espagne,  pour  administrer  ses  biens. 
Tarsia  s'établit  à  Madrid  ^  où  il 
employa  une  partie  de  son  temps  à 
la  composition  de  plusieurs  ouvrages 
et  à  l'étude  de  la  langue  espagnole. 
Dans  un  de  ses  écrits,  intitulé  :  Je 
Mémorial  politique ,  il  lui  échappa 
quelques  traits  contre  le  gouverne- 
ment de  Venise;  et  cette  imprudence 
l'exposa  aux  ressentiments  du  sénat, 
qui  donna  ordre  à  son  ambassadeur 
d'en  porter  plainte  auprès  du  roi. 
Philippe  IV  ,  malgré  la  protection 
qu'il  accordait  à  cet  étranger,  ne  put 
pas  se  dispenser  de  faire  oroit  à  cette 
réclamation  ;  et  Tarsia ,  relégué  dans 
la  ville  de  Guadalaxara ,  y  resta  jus- 
qu'à ce  qu'il  plût  au  monarque  de  le 
rappeler  à  Madrid ,  où  il  mourut  pea 
après  ^  en  1670.  Ses  ouvrages  sont  : 
\,  DeS,  J.  Baptistœ  laudibus^  Na- 
ples, 1643,  in-4*'.  IL  Historia  di- 
vœ  Virginis  insulœ  Cupersanensis  y 
Madrid,  1648,  in  -  40.  IIL  Histo- 
riarum  Cupersanensium  libri  iiiy 
ibid.  ,  1649  ,  in  -  4°.  ;  réimprimé 
ar  Burmann,  dans  sa  Collection 
es  historiens  de  l'Italie,  tome  ix^ 
partie  5°.  IV.  NupiiaUs  currus , 
elogOs  ac  symhoUs  apparatus,  ad 
hjmenœos  Fhilippi  IF  et  Mariœ 
Jknnœ  Hisp.  reg.  Saragosse^  1^9; 
in  -  4°.  V.  Memoriale  poUtico-his- 
toricum  ,  ibid.,  1657,  in- 4**-  VI. 
Europa  carminé  descripta^  ibid.^ 
1 659,iu- 1 6.  V  IL  Fida  de  Don  Franr- 
cesco  de  Quet^edo  Fillegas ,  ihid,  y 
ir)63 ,  in-8«.  VIII.  TumuUos  de  la 
ciudad  y  régna  de  Napoles ,  enel 
anno  1647  ,  Lyon,  1670,  iu-4°.  Le 
sujet  de  ce  livre  est  la  révolution  de 
Masanicllo,  que  l'auleur  peint  avec 


S: 


570  TAR 

trop  de  partialité  pour  l'Espagne.  Il 
paraît  que  la  Vie  da  cardinal  Baro- 
niiis  et  deux  Traites,  dont  Tarsia 
parle  dans  ses  ouvrages,  u'ont  ja- 
mais e'tc'  imprimés.  Voyez  Soria  : 
Storici  Napoletani ,  pag.  687 ,  et 
Giornale  de'  Ictterati  d'Italia ,  an. 
1 789 ,  pag.  I  oî.  A — o — 9. 

TARTÂGLIA  (Ange-Ladello)  , 
condottiere  italien ,   se  reinlit   fa- 
meux à  la  fin  du  quatorzième  et  au 
commencement  du  quinzième  siècle. 
Long-temps  attache  à  Sforza ,  dont  il 
était  comme  le  premier  lieutenant ,  il 
se  brouilla  avec  lui  en  i4o6,  au  sie'ge 
de  Pise.  Bon  soldat ,  et  général  mé- 
diocre ,  il  était  plus  propre  à  exécu- 
ter les  projets  aes  autres  qu'à  eu  for- 
mer lui-même.  Il  fut  ensuite  un  des 
lieutenants  de  Braccio  de  Montone  , 
qui ,  pour  le  récompenser  de  ses  ser- 
vices, et  en  même  temps  le  brom'ller 
toujours  davantage  avec  Sforza  ,  lui 
donna  ,  en  i4iO  ,  tous  les  fiefs  que 
ce  dernier  possédait  dans  l'état  de 
Sieiuie.  En  \\*i\  ^  Tartaglia  entré  au 
service  du  pa|>e  Martin  Y ,  se  trouva 
de  nouveau  subordonné  à  Sforza ,  tan- 
dis que  Braccio  était  sun  adversaire. 
Le  premier,  qui  nourrissait  une  vieille 
rancune  contre  Tarlaglia  ,  le  lit  sai- 
sir à  Avette ,  où  ils  se  trouvaient  en- 
semble ,  et  mettre  à  la  torture  pour 
l'obliger  à  révéler  ses  intclligetices 
avec  BfHCcio.  Après  avoir  luug-tcmps 
soufTert  sur  le  chevalet  des  bour- 
reaux, Tartaglia  eut  la  tête  tranchée. 
Ses  soldats ,  impatients  de  le  venger , 
]>assèrent  fous  dans  le  camp  do  Brac- 
cio ,  afin  de  combattre  le  condottiere 
qui  avait  fut  périr  leur  général. 

S.  S — I. 
TARTAGLIA  ^Nicolas),  géo- 
mètre ,  né  au  commencement  du 
seizième  siècle,  était  le  fils  d'un  mes- 
sager de  Brcscia,  surnommé  le  Ca- 
vaUnrOj  a  cause  d'un  cheval  rpii 


tab 

l'aidait  à  remplir  set 
Quelque  fiiiUes  qoe  fusseflt  ses  pfv- 
iits ,  ils  tnî  suffisaient  pour  rentictim 
de  sa  famille  ;  et  sa  mort  laplongoa 
dans  la  plus  horrible  misère.  RiCDhn , 
orphelin  k  Kâge  de  six  ans ,  ut  eoB- 
mençait  qti'â  [leiiie  à  ëpder,  et  ce  fat 
presque  tout  ce  cfn'il  apprit  Aes  an- 
tres ;  car  lorsqu'il  Todnt  i^Cttrar 
k  écrire  ,  il  dut  s'arrêter  à  la  màUé 
de  l'alphabet ,  n'étant  pas  en  4M  4e 
payer  son  maître.  Poiir  coililile  de 
malheur ,  il  reçat  eînq  eon^  dt  »- 
bre  des  soldats  de  Gaston  de  Fiii , 
qui,  lors  de  la  reprise  je  Krtscii,  ca 
i5ij  (  r.  Garm  ,  XYllI,  5i5)» 
poursuivirent  cet  enfant  )iBq|K  dans 
la  cathédrale ,  ou  ils  le  laissèrent  nas 
connaissance ,  sur  las  mardio  de 
l'autel.  Fja  moins  grare  de  aès  bki- 
surcs  lui  fendit  1^  lèvres,  et  lui  etn- 
sa  un  embarras  dans  la  prenMMÎi- 
tion  ;  ce  qui  l'exposa  anSt  nitletiel 
de  ses  camarades.  Oli  l'appcta  Ftff- 
tagliay  lebégne,  et  ce  nom  W  de- 
meura ,  ses  nareàts  ne  Itii  en  ejvt 
point  transmis  (  1).  Il  était  dimê  k 
rillnstrer;  car ,  en  d^tde  tav  iet 
obstacles  qui  s'opposaient  Mdtffe- 
loppement  de  son  génie,  îl  f'dfeia  aa 
premier  rang  des  m  Hlif  alilîf  imi  de 
son  siècle.   Dénué  de  toot  moyen 
d'instruction ,  il  se  mit  à  étaSs  Um 
les  livres  qui  bit  tombeienl  sens  k 
main ,  préférant  ceux  oè  il  apewe 
vait  des  calculs  et  des  Agareadc  B^eaé 
trie.  Après  qnelqae»  aaato  d'amn 
singulières  études,  il  fut  en  étal  dVi- 
seigner  lui-même  ce  qn^  avail  si  pé- 
niblement appris ,  et  passn  di&  aa^ 
nées  à  Vérone ,  expliqua  lea  élmarfl^ 
d'iuiclide  à  Vicciicc,  remplitnnecbti- 

(i)  (les  dt^lailt  non%  imt  <^ê  coVHrvrfi  Mv  Ar* 
Ligiiii  Iiii-mêine,  qni  m  parle  d*M  wmBwfcj^* 
k>  :  ^lfic«  iii  eti  iiffi-HuoHÎ  di^ûntt  \AT.  ▼itjt^'^ 
Vill.  riiiiKurtw  t'rsc  IroMiptf  «  cfilNHtklP^  Vl< 
■a  lîcu  du  liv.  VI,  d'un  MiTni|tf  tfifMvfMV  * 
loul  qu'un  seul  vol.  de  aSS  ~- — "^  ^^ 


TAR 

matliémaliques  à  Brtsâa  j  et 
encore  à  Venise ,  bu  il  mou- 
i  i557.  Lie'  d'abord  avec  Car- 
auquei  il  s'empressait  d'an- 
*  toules  ses  découvertes ,  Tar-> 
ne  consentit  à  lui  communi- 
elle  de  la  solution  des  ikpia- 
cubiques  ,  qu'il  venait  de  faire 
nanière  fort  ingénieuse ,  qn'a- 
a  avoir  reçu  le  serment  du  se- 
plus  inviolable.  Cardan  ne  tint 

compte  de  sa  promesse;  et 
ava  encore  sa  faute  en  s'ap- 
ant  la  nouvelle  méthode ,  qu  il 

dans  le  traité  intitulé  :  De 
lagnd,  Tartaglia  s'en  plaignit 
ncnty  en  criant  au  parjure; 
e    réponse  orgueilleuse  faite 

réclamations  le  mit  dans 
illc    fureur    qu'il    pensa   en 

l'esprit.  ]Se  songeant  plus 
umilier  son  rival ,  il  eut  re- 
I  un  moyen  souvent  employé 
i  temps;  c'était  de  vider  les 
es  littéraires ,  à-peu-près  com- 
e  affaire  d'houueur ,  et  avec 
les  formalités  d'un  duel.  Les 
bampions ,  après  s^étre  quel- 
mps  provoqués  par  des  pro- 
1 ,  s'envoyèrent  des  cartels  , 
m  desquels  Tartaglia ,  qui  se 
lit  le  plus  emporté  ,  menaçait 
i  et  son  disciple  Ferrari  (  F'qy, 
i,  XIV,  ^oè)  de  leur  lat^r 

ensemble,  et  d'un  seid  coup, 
f  ne  saurait  faire  aucun  bar-- 
l'Italie  (2).   Cependant,  quel 

son  désir  de  se  mesurer  avec 
:re,  il  dut  se  contenter  d'en- 

lice  avec  Téleve ,  et  la  lutte 
u  en  k'>49  j  dans  l'église  de 
Maria  del  Giardino,  à  Mi- 
i  préseuce  d'un  nombre  cou- 
)le  de  spectateurs.  Cette  thèse 
été  annoncée  d'une   manière 

jret  Fantuzii ,  Scriltoii  Jiolvgnesi  ,  Itf 


TAR  571 

trèft-vagoe:  ccr  elle  embrassait  b 
g|éoraétrîe,rarit1imétique,  la  perspec- 
tive, Tarcliîtectureja  cosmographie, 
la  musique,  l'astrologie;  et  ancun 
autair  n'en  ëtait  exclus  4  quoiqu'on 
eût  désigné  particulièrement  ArcU- 
mède ,  Apollonius  ,  Ptolémée ,  En^ 
clidc,  ViteHion^  Vitrvre ,  B^otùon- 
tanos  etc.  Totttefob  ,on  s^m'  Ihft 
k  des  proMèmes  beaneoup  plUs  dï- 
rienx  qne  difficiles ,  et  ceux  de  Fet^ 
rari  étaient  bien  moins  del  pro|KiBt- 
tions  de  géométrie  qne  des  question^ 
métaphysiques,  TartagKa  entame. U 
discussion  en  relevant  une  erreor  de 
Cardan  dans  la  solution  d'un  pro- 
blème qnll  Ini  avait  adressé  :  les  Ju- 
ges eurent  Tair  d'en  <;onvenir ,  et  leur 
adhésion  excita  des  mnrmofes  si 
violents  dans  rassemblée,  qne  là 
séance  en  fut  troublée ,  et  même  bt- 
terrompoe.  Cette  partialité  du  public 
intimiii  Tarta^a  ,  qui  s'évada  se- 
crètement de  Husn ,  en  prenant  van 
chemin  détonmé  pour  enter  qudqoè 
embàche  du  cdtë  d^  partisans  de 
son  adversaire.  Ainsi  se  termina  ce 
débat  qni,  loin  de  contribuer  aux 
progrès  de  la  science ,  détounu  deoat 
hommes  habiles  de  lenrs  études  mé^ 
thodiqnes  et  paisiUes.  Ce  ^ue  les 
mathématiques  doivent  k  Tartaglia  , 
c'est  la  solution  des  équations  & 
troisième  degré ,  par  des  formule» 
auxquelles  on  a  injustement  conservé 
le  nom  de  Cardan;,  des^  méthodMj^ 
devenues  inutiles  de  nos  jours  9  P^ 
construire  les  problèmes  d'Eucnde, 
avec  une  seule  ouverture  de  compas; 
quelques  Aéories  sur  les  progrès  des 
coefficients  des  termes  d'un  Innome^ 
et  sur  le  mouvement  des  projectiles» 
Il  doit  être  aussi  regardé  comme  nn' 
des  premiers  qui  aient  appliqué  !et 
mathématiaues  à  TartiDene  et  à  Part 
militaire.  Ses  ouvrages  sont  :  1* 
Nutmis&enzmàoèùwavUammm^ 


5-72  TAR 

i^amente  trwata  ,  utile  per  cias- 
cuno  spcculatiwo  matematico  boni- 
hardiero,  ed altri ,  Venise,  i537  » 
iu-4".  ,   et  ibid.  ,    i5jo,    i55i    et 
1 583  ,  m-4"*  f  avec  un  Supplément 
au  troisième  livre ,  qui  traite  de  la 
mesure  des  distances ,  et  des  hau- 
teurs. II.  Euclide ,  diligcntemente 
rasseitaio  ed  aW  integrità  ridotto , 
seconda  le  due  traduzioni  (de  Cam- 
pauo  et  de  Zamherto),  etc.,  Venise, 
1543,1544)  i545,in-fol. ,  et  i5G5, 
1 5()9 ,  1 585,  iu-4".  C'est  la  première 
traduction  italienne  d'Kuclide.  111. 
Archimedis  opéra  emendata  ,  etc., 
1 54  < ,  in-4".  Montucla  (  Jlist.  des 
mathéniaiiq, ,  1 ,  563  )  s'est  trompé 
en  disant  que  cette  traduction  latine 
d'Ârcliimèdc  reparut  avec  Touvrage 
suivant.  IV.  Quesitiediiwenziom  di- 
verse^ ibid  ,  1 55o ,  1 55 1 ,  in-4**->  et 
ibid. ,  1 554 ,  in-4°. ,  avec  un  Sn])plc. 
ment  au  sixième  livre,  qui  traite  de 
l'art  de  fortifier  les  places.  Cet  ou- 
vrage contient  des  recherches  sur  le 
service  de  l'artillerie,  la  théorie  du 
tir ,  la  fabrication  de  la  poudre  à  canon 
et  la  défense  des  places.  Ku  parlant 
delà  dccou  verteattribuéeà  Sch  wartz, 
l'auteur  se  déclare  contre  Topiiiion 
générale,  d'après  laquelle  elle  serait 
l'eilët  du  hasard.  Il  soutient  au  con- 
traire que  l'on  lit  ce  terrible  mélange 
avec  intention  et  spéculatwement.  Ce 
qui  doit   encore  étonner  davanta- 
ge, c'est  qu'il  regarde  Archimède 
comme  le  premier  et  le  ve'rilable  in- 
venteur de  la  poudre  (  ZtV.  /// ,  quest. 
y).  Y.  La  Travagliaia  uwenziotie, 
ossia  résolu  générale  per  sollcvare 
non  solamcnte  ogni  a/J'oFidata  nave, 
ma  una  torrc  solida  di  métallo , 
ibid.,  i55i ,  in  -4".  On  parlait  un 
jour  ,  devant  l'auteur  ,  des  moyens 
inulilcmcul   employés  pour  retirer 
un    vaisseau    du  fond  de    la   mer. 
II    n'eu  fallut  pas  davantage  pour 


TAR 

y  faire  rêver  Taitaglia ,  qui  11e  tar* 
da  pas  à  proposeï'  uu  nouveau  pro- 
cède. Il  consiste  en  ime  cspooe  de  le- 
viev  ou  cabestun  ,  e'tabli  à  bord  de 
deux  vaisseaux  ancres  près  du  bâti- 
ment submergé  (3). L'auteur  donne  en 
même  temp  la  description  d'une  clo- 
che de  verre  pour  descei|dxe  dans  la 
mer  et  y  demeurer  quelque  temps.  Il 
avait  pris  toutes  les  précautions  pour 
garantir  le  plongeur  contre  les  flots 
et  les  iK'tes  marines.  Il  n*oiiUia 
que  la  manière  de  le  faire  respirer. 
Tartaglia ,  qui  avait  compose  ce  trai- 
té au  moment  où  il  éprouvait  de  for- 
tes coutrariétc»  de  la  part  de  se» 
compatriotes ,  lui  donna  le  titre  de 
TravagUata  im^enzkme  ^  qui  se  rap- 
porte moins  à  la  diliicullc  de  l'ou- 
vrage qu'à  la  situation  de  l'aDteur. 
VI.  Ragionamenti  sapra  la  Trgpa- 
gliata  invenzione  ne  qualisi  didÙA- 
ra  il  libro  d'Archimcde ,  intUoUUo 

De  INSIDENTIBUS  AQUiB,  Siid.,  i55i, 

in-4^-  VII.  Generid  traiiaio  de'  mt 
meri  e  misure  ,  nel  quale  si  JSffifttf- 
rano  i  primi  principj  e  la  primA 
parte  délia  geometria ,  ibid. ,  1 556- 
1 56o,  'X  vol.  in-fol.y  ilg.  VIII.  7/vf- 
trato  di  aritmeticaj  ilMd.y  i55G, 
iu-4^^  ;  traduit  en  f rançûs^fw  Gos- 
seliu  (  rqjr.  ce  uom ,  XYIIi,  i5o), 
Paris ,  1 578 ,  in  -  H». ,  et  i6i3 ,  îb- 
4^.  IX.  DescHzione  idV  tÊrt^sio- 
sa  macchina/atta  percanmre  il  gë^ 
leone,  Venise,  i5oo,  in  -  4^.  Cest 
un  moyen  à-peu-près  semUaUe  à  ce- 
lui qui  avait  été  imaginé  par  Tauteu, 
et  qui  échoua  complètement  devant  le 
port  de  Venise.  L'opération  lot  di- 
rigée par  un  certain  Gampi  deFesa- 
ro.  X.  Archimedis  de  insidentâms 
aquœ ,  libri  duo ,  ibid. ,  1 565 ,  in-4*- 


(3)  n  i>>t  ('loatwmt  qn'on  dc 
tiiHi  (Iv  nel  ouvrage 
J\*pUt'uiioHe  *lcl  AMI 
ruperan  /«  itavi ,  «te.  ,  VaDÎM,  1700 ,  i»^** 


TAR 

C'est  une  cdition  à  part  dé  la  Tra- 
duction latined'Arcbimède.'X]./or- 
dani  opusculum  de  ponderositate  , 
correctum  novisauejiguri  auctum, 
ibid.,  j565,  in-4°.  XII.  Opere^  îb., 
1 606 ,  in  -  4^*  ^  recueil  se  compose 
des  ouTrages  suivants  :  i^.  Queàti 
ed  ùweîizioni  diverse;  a^.  La  Tra- 
t^agliata  im^enzione  ;  3».  Nuwa 
sdmza;  4^-  Ragionamenti  scpru 
ArcJdmede,  Voy.  Montucla  et  Tira- 
boschi.  A — G—  s. 

TARTAGNI  (  Alexandre  ) ,  ju- 
risconsulte ,  smnomme'd'lmola,  par- 
ce qu'il  était  originaire  de  celte  ville , 
dans  la  Romagne  y  vécut  dans  le 
quinzième  siècle,  fut  contemporain 
de  Balde  et  de  Paul  deCastro,  et  pro- 
fessa le  droit  à  Padouc.  Il  avait  étu- 
dié la  jurisprudence  sous  Jean  d'Imo- 
la  et  sous  d'Anania ,  et  il  eut  k  son 
tour  beaucoup  de  disciples.  Il  passa 
successivement  â  Ferrare,  à  Bolo- 
gne, occupant  avec  la  plus  grande 
distinction  la  cbaire  de  droit.  0& 
l'appelait  le  Docteur  de  la  vérù' 
té.  Tiraqueau  en  a  fait  un  grand 
éloge  ,  et  Décius  prétend  qu'on  ne 

Souvait  pas  s'éloigner  des  opinions 
'Alexandre  Tartagni  sans  tomber 
dans  l'erreur.  Il  professapendant  l'es- 
pace de  trente  ans  avec  distinction^  et 
ses  ouvrages  ont  joui  d'une  grande 
vogue.  U  a  écrit  sur  le  Digeste,  sur 
le  Gode^  sur  les  Clémentines^  sur  les 
Décrétalès  :  ses  Remarques  sur  Bar- 
tole  prouvent  qu'il  préférait  sa  pro- 
pre aoctriuc  à  celle  de  ce  juriscon- 
sulte^ et  ses  conseils ,  ConsUia  y  ont 
été  très-utiles  à  Dumoulin,  qui ,  les 
ayant  étudiés ,  y  puisa  la  plus  grande 
partie  de  sa  saence.  Il  mourut  k 
Bologne,  en  li??'  âgé  de  cinquan- 
to-trois  ans  ;  et  laissa  trois  fils,  dont 
l'aîné ,  appelé  Antoine  Tartagni ,  fut ,' 
comme  son  père  ,tm  savant  pnriscon- 
Mhe.  Ou  a  érigé  à  At^xatodreoi^sa- 


TAR  573 

Serbe  monument  en  marbre  Mane, 
ans  l'éelise  de  Saint-Dôminique,  où 
il  fut  innumé^  dans  Tépitaphe  ms- 
ente  sur  ce  mausolée ,  il  est  qualifié 
ainsi  :  Legum  verissimo  oeJ/iMss^ 
mo  interpreti.  B— i. 

TARTAROTTI  (  Jébôme),  né  à 
Roveredo ,  eni  7  06  ^  reçut  sa  premiè- 
re instiiiction  sous  les  yeux  de  ses 
mrents,  et  fut  envoyé,  en  iJfaS'.  k 
l'université  de  Padouè ,  où  il  Mivit 
les  leçons  des  plus  babiles  pn>fis9» 
seurs.  Il  fréquenta  aussi  la  société  des 
frères  Yolpi ,  et ,  à  leur  exempley  fon- 
da,  dans  sa  patrie,  im  cerc£e/dont 
les  membres,  appelés  Dodemsiy  con- 
tribuèrent beaucoup  à  répandra'l*â- 
monr  des  bonnes  études  dans  cette 
extrémité  de  l'Italie,  Taitarotti  y 
prit  le  nom  de  «S^^d^gio^qui  pa- 
rut former  une  antithbe  bicane  avec 
les  efforts  qu'on  lui  v<^ît  faire  pour 
civiliser  ses  compatriotes.  Non  con- 
tent d'avoir  donné  un  but  à  Itnrs'  tra- 
vaux^ il  songea  aux  mora»  de  les 
roidre  publics;  et  il  profita  des  ren- 
seîgnements  recueillis  dans  lésat^crs 
de  Comino  j  pour  monter  une  impri* 
merie  d'où  sont  sorties  quelques  bon- 
nes éditions.  Il  s'en  servit  lui- indnie 
5our  publier  on  ouvrage  dans  lecniel 
attaquait  la  philosopnie  des  sconùh 
tiques  ^qid  ne- lé  ménagèrent  pe^  i 
leur  tour.  Cette  guerre  de  plttiM^ 
qui  eût  une  influence  âicbense  sur  le 
iaraetèce  de  Tartarotti,  accrut  sa  ré- 
putation; et  il  ne  tarda  pas'l^reiâe^ 
voir  du  roi  de  Sardaigne  Vinvîtatîonr 
d'aller  remplir  une  cbaire  à  Tuniver-       * 
site  de  Tunn.  Peu  satisCût  des  fonc^' 
tiens  d'instituteur ,  qu'il  avait  esefr 
cécs  k  Inspruck  y  il  prë£éra  vivire  ait 
milieu  de  ses  occupations  littérai- 
res ;  il  continua  sa  guerre  avec  les- 
partisans  d'Aristote  ^  et  entreprit  ^ 
dalis  le  mèçie  temps  y'  d'^cWvrii^'io 
«exie  À  la  iKFoie  AM^ei^  «nh 


574 


TAR 


va  il  aïKjurl  il  renonça  aussitôt  que 
parut  le  Commentaire  de  Ycuturisur 
le  Dante.  Sou  {;oiJt  pour  la  retraite 
ne  Tenipecha  pas  (rccoulcr  les  pro- 
positions «lu  airdinal  Passionci,  au-> 
près  duquel  il  se  renciri  en  i  ^SS  j  mais 
une  année  ne  sV'tait  pas  encore  écou- 
lée ,  qu'il  fut  oblige  de  se  si'parèrdece 
|)relat ,  qui  nu  témoignait  du  mecon- 
tentementau  sujet  de  critiques  dirigées 
contre  Fontnnini.  Tartarotti  quitta 
Rome,  et  vint  s'établir  à  Venise,  où 
il  (it  connaissance  avec  Marc  Fos- 
carini ,  qui ,  occupe  alors  de  son  grand 
travail  sur  la  littérature  vénitienne  , 
lui  proposa  de  l'aider  dans  ses  re- 
chcrcbes.  Ce  fut  en  revenant  d'un 
voyage  à  Turin,  pendant  lequel  il 
avait  acquis  l'estime  et  l'aniitic  de 
Mafléi ,  de  Carli  et  des  hommes  les 
plus  marquants  de  l'épuque,  que  Tar- 
tarotti  découvrit,  diins  la  bibliotlic- 
ue  de  Zeuo,  le  manuscrit  original 
e  Jean  Sagomino,  le  plus  ancien 
chroniqueur  de  Venise.  Celte  décou- 
verte excita  la  jaluiisic  dn  Foscarini^ 
qui  y    malgré  toutes    ses   qualités  , 
ne  souOrait  pas  de  rivaux  dans  sa 
carrière   littéraii-e   (  Fojr.  Foscari- 
Ni  ,   XV  ,  3rji  ).   Leur  mésintelli- 
gence ne  fit  qu'augmenter ,  lorsfpi'im 
journal  littéraire  qui  s'imprimait  à 
Venise  eut  porté  un  jugement  défa- 
vorable sur  une  Dissertation  de  Tar- 
tarotti ,  relative  à  la  Chronique  d'An- 
dré Dandolo,  insérée  par  Mnratori 
dans  le  tome  xxv  de  son  grand  Re- 
cueil des  historiens  d'Italie.  L'auteur 
crut  reconnaître  dans  cet  article  le 
style  de  son  ancien  patron  ;  et  il  re- 
poussa cette  att.'Kpic  par  un  pamphlet 
intitulé  ;  Esame  di  alcunc  notizie 
leiitrarie    cJi    escono  in   Italia  , 
Rovcredo  ,    175^.   11  avait   aussi 

Î)iTparé   une  critique  sévère  contre 
'ouvrage  de  Foscariui,  qui ^  par  des 
moyens  cachés  ,  en  fit  empêcher  Li 


l 


TA& 

publication.  Tartarotti  tooma  tes  ar 
mes  contre  d'antres  coBemis;  et  fl 
mourut,  pour  ainsi  dire,  en  combat* 
tant,  le  16  mai  1761.  De  tons  ses 
écrits,  le  plus  connu  est  TonTia- 
ge  sur  !e  sabbat,  dont  il  se  proposa 
de  dévoiler    l'imposture.  La  nu- 
gie ,  née  de  la  corruption  de  la 
doctrine  de  Pytbagore  et  des  an- 
ciens mages ,  envanit  pour  la  |re- 
mière  fois  l'Europe ,  à  la  faveur  des 
hérésies  des  Valentîniens ,  des  Ba* 
silidiens  et  des  sectateurs  de  Carpo- 
crate ,  de  Marcion  et  d'autres ,  qui, 
élevés  dans  les  principes  mystiques 
des  praires  de  l'Egypte  et  de  la  Peiae, 
croyaient  pouvoir  maîtriser  la  nata- 
re ,  (  n  se  mettant  en  rapport  avce  ks 
bons  et  les  mauvais  esprits,  dont  feor 
fertile  imagination  avait  peuplé  le 
monde.  Ce  commerce  avec  les  es- 
prits fut  sévèrement  rëpnmvë  par 
l'Église  et  flétri  par  les  tribunaos. 
Il  y  eut  bientôt  une  jurispradcnos 
spéciale  sur  la  magie;  et  1rs 
istrats  s'armèrent  de  rigueur 

""  ''"  "^ "~^écil4el  qm  ex- 

'imprudcnee  de 
eurs aveux,  arrachés  le pksJoovcBt 
parla  violence  des  torfnm.  CatkoE- 
qiies  etProtestanU^tonsëlaîctftcgde- 
ment  imbus  de  ce  préjugé,  qûaenifé- 
quemment  les  suites  les  plm  ffntfftn. 
Ijc  célèbre  Bartole  (  F.  ce  nom ,  Ul, 
4^4  )  conseillait  froidenent  â  ■■  érè- 
que  de  Novare  de  faire  périr  à  pcA 
feu  une  mallieiircu.se  femme  aecwl 
d'avoir  adoré  le  diable ,  et  d'avoir  ci 
recoui^  aux  sortili^es  pour  faire  pé- 
rir des  enfants  (  1  ).  Au  quiniifaBe  A 
cle,  ces  procès  s'étaient  tellcBcnt  wd* 
tipliés  ,qiic,  dans  lcdiocèscdtCdst| 
on  brillait  eiiviron-ccnt  femmes  p« 
an  :  en  trois  mois  en  en 
cinq  cents  à  Genève.  En 


{; 


C'>  Zit«tli,  ComsUim  cwi 
in^iL,  tnm.  t  f  emri.  fù  ' 


nMwlwy  Y< 


TAR 

c  des  sorciers  augmentait 
moyens  mêmes  employés 
cikterminer  ;  et ,  si  l*oii  en 
jiTpet  ('i),  sotis  François 

CQ  aurait  pas  eu  moins  de 
c  en  France,  où  les  lois 
pas  plus  humaines.  Tant  de 

exercées  contre  le  sexe  le 
e  ,  réveillèrent  la  pitié'  dans 
généi-eux  ;  et  l'on  chercha 
er  rirregularité  de  telles 
es,  tout  eu  admettant  la 
2  du  crime.  Mais  ,  un  siè- 

tard  ,  ou  traita  la  ques- 
pkus  d'indépendance,  quoi- 
le  ne  fût  pas  sans  dauger  ; 

1609 ,    sons    le    meilleur 

la  crédulité  et  Tignoran- 
magistrat  attenteront  à  la 
U5  de  six  cents  individus , 
de  sorcellerie,  dans  une 
)viiicc  de  la  France  {^oy, 

XXUI,  528).  Ce  ne  fut 
■ju  que  l'on  dcToiidit  aiiîl 
L  de  donner  cours  aux  ac- 

de  ce  genre.  Mais  il  n'en 
lia^i  dans  le  reste  de  TEu- 
i  Ton  coniinnail  de  ]>er- 
?5  sorciers  avec  le  même 
lent.  En  1717,  deux  fem- 
jt  exécutées  près  de  Uovc- 
ce  spectacle,  dont  Tarti- 
it  été  tëmoiu  dans  sa  jeii- 
letermina  peul-ctre  à  com- 
uite  un  ouvraec  sur  cette 
Sou  livre  est  divisé  en  trois 
ilont  la  première  contient 
rches  sur  Torigiiic  du  sab- 
leconde  en  montre  i'impos- 
t  la  troisième  eu  calcule  les 
jces.  En  compulsant  les  ar- 
moyen  a  gp,  railleur  trouve, 
vr«ige  d'im  prélat  dudixiè- 
,  un  passage  où  il  est  qucs- 
irtaines  femmes  qiù  se  van- 

Il     ■  ■  I     ^^1— — ^i>y^— I     II       II  ^•r^mmmm^f^^m^ 

\9Sal,intr,  liv.  I  ,  lii^roun  1. 


TAB 


5^5 


tiient  d'entreprendre  de  longs  voya- 
ges nocturnes  sur  des  anima  ui^,  pour 
assister  à  des  réunions  nombreuses 
présidées  par  Diane  (3).  C'est  peut- 
être  la  première  fois  qu'il  est  (ait 
mention  dans  l'histoire,  du  sabbat  et 
de  cette  société  à  laqudte ,  dans  le 
siècle  suivant ,  on  donna  le  nom  de 
BoLDA,  dérivé  peut-être  de  un- 
hold^  qui,  en  allemand,  siçnifienié- 
chant.  Cette  fabk  pàiétra  en  Anglc^ 
terre ,  où ,  selon  Jean  de  Salisbiiry 
(4))  il  existait,  au  douzième  siècle, 
une  troupe  de  sorcières ,  dont  le  mot 
d'ordre  était  Hébodudenocticula, 
ou  plut6t  noctilucay  qpi^  i)ar  cette 
qualiiication, semble  avoir  beaucoup 
de  rapport  avec  Diane.  lies  mêmes 
traditions  se  propagèrent  en  Italie^ 
en  Portugal ,  en  Espagne  et  en  Fran- 
ce; et  deux  évêques  (5)  appartenant 
à  co  dernier  pays  nous  ont  transmis 
les  plus  amples  détails  sur  cette  con-» 
frérie  de  Diane.  En  lâpg^  un  ëcri- 
vain  plus  érudit  que  philosophe 
(  F'q/,  Martin  Del  bio,  XI,  ui) 
publia  un  ouvrage  (0)  poiur  ac- 
créditer les  mêmes  fables ,  qui  n'ont 
pas  manqué  de  partisans  jusqu'au 
siècle  dernier  ;  car  un  certain  Bois^ 
sier  (7),  qui  a  ose  réfuter  l'ouvrage 
de  Saint-André  contre  la  magie  (8) , 
lui  reprocha  pi*esque  comme  un  cri- 
me d'avoir  doute  de  l'intervention  dn 

diable  dans  les  sortilèges.  Thomasins 

■  ■     -    j III 

{^)  Sti-lemta  mulieres....  profitinttir  noetuml$ 
fèohs  cum  Diatid ,  pitganonitu  d:  d .  et  innnnirrA 
multiludine  mnlienim  ^ifitilarr  sti/ter  quasdam  be%- 
lias  ,  f  /  lUuUa  tertanuik  ipntia  iuUtapt^it»  nociU  âi> 
Ictitio  p  rîitimirc.  Rcpiiion ,  De  K(XLK8IASTICIS 
i>im:ipli.nia  ,  etc.  liv,  ii  ,  chap.  3(i4. 

(/j)  De  nugls  eurtaliiim,  liv.  II,  rhiip.  17. 

^SiYve»  de  Cbartrai,  Derrctnlia.  PM-tif  If, 
r]«ap.  3o.  —  Va  Guillanme  de  Paris,  De  Unitfeno^ 
Liv.  II  ,  chap.  1)1. 

[()\  Disifuisitionum  nuigicarum  libri  ifor.  Lou* 
vain  ,  iD-4**. 


T^ 


I.f tires  au  tujft  dtamalifiees  et  dut  soridéfet. 


Paris,   17^1,  iu-i«. 


(8)  f.fltm  fur  fa  magie ,  /et  magiciêmt  et  fr»  wr- 
irt ,  ikid. ,  i7«5.  L'aotewr  ftail  prraiier  b*^*^^ 


Ctt 

iiii  rui  d(*  FraocF 


576  TAR 

assure  qu'à  la  même  cpocpie  de  sem- 
blables opinions  régnaient  en  Allema- 
gne ,  où  la  plupart  des  savants,  con- 
vainais  de  Vexisteuce  des  sorcières, 
approuvaient  la  rigueur  avec  laquelle 
elles  ctiient  traitées  par  les  lois  (g). 
C'est  en  ctlctlc  dernier  pays  de  l'Eu- 
rope 011  les  macistrats  aient  osé  pro- 
noncer la  peînedemort  contre  ce  cri- 
me imaginaire  (10).  Il  n'était  donc  pas 
inutile  d'attaquer  ce  préjuge,  ctTar- 
tarotti  aurait  bien  mente  de  Thuma- 
uite,  si,  par  une  inconséquence  inex- 
plicable y  il  ne  se  fût  pas  déclaré  le 
partisan  de  la  magie ,  tout  en  prou- 
vant l'impossibilité  du  sabbat.  Le 
comte  Carli  {F,  ce  nom ,  VII,  1 46), 
à  qui  l'auteur  avait  communiqué  son 
travail,  releva  ce  vice  de  l'ouvrage, 
observant  qu'il  n'y  avait  presque 
point  de  diflei-euce  entre  un  sorcier  et 
un  magicien,  et  que  l'existence  de  l'un 
entraînait  nécessairement  celle  de 
l'autre.  Tartarotti  eut  le  tort  de  ne 
pas  en  convenir;  et,  dans  une  répli- 
que ridicule ,  il  reproduisit  tous  les 
arguments  des  fauteurs  de  la  ma- 
gie, pour  constater  la  réalité  des 
oracles  ^  des  spectres ,  des  pos- 
sédés ,  des  esprits  follets  ,  etc.  Il 
lui  paraissait  d'ailleurs  contraire  aux 
ti'aditions  bibliques  d'en  douter  ;  et 
c'est  à  ce  dernier  reproche  que  répon- 
dit le  marquis  Mafici ,  qui,  dans  son 
livre  intitulé  :  VA  rie  magica  Me- 
f^uata,  Vérone,  1760,  in-4**.,  sou- 
tint que ,  de  tout  temps ,  la  magie 


[r\)  J'uî^ui  erudilunim  et  tlari diaboliun  ,  tt  dati 
sa^wi  multr.i  ,  et  juttuûmum  ae  ftiiisimuni  e>te pro- 
cetsitm  hiirtmiii  utitntum  ronirà  ru*  ^  non  svliim 
^iln  ,  Krd  eùiim  ni  Ut  penuadcre  laburant.  (De  cri- 
nùue.  mngi.r  ^  G.  ) 

(10)  l.c  P.  Fri^i  ,  lïoiir  «Toir  soatran,  m  i-55  , 
<]ii<>lfpi('4  tbè^oi  Mir  le  niAnie  .«ujet  (  de  malis  spiri- 
tihiis ,  rontmffiie  in  i-nrpora  poUstalé)  ,  pn^tnidait  & 
l'iioniimr  d'«T»ir,  leprcniicr,  rlrvr  la  voii  routre 
ce  i>rpjiicr.  MdU  |p  fait  i-^t  cju'i  celle  époque  ,  il 
iif  rciilaii  plu»  rien  à  dire  iiur  Icii  virciors  ,  aprè* 
les  deba»  i-irilés  en  Italie  |Mr  rapi>aritiou  de  1  <m- 
vm^r  de  TarfnruKi. 


TÂR 

avait  ëtë  regardée  comme  nn  conle 
ridicule  par  les  esprits  sages  et  rdî- 
gieux  y  et  qu'elle  n'est  jamais  entrée 
pour  riendansla  doctrine  de  l'Église, 
il  s'expliqua  encore  plus  clairement 
dans  un  second  ouvrage  intitulé  :  la 
Magia  annickUtUa^  ibid.^  <7^49 
in-4^.y  en  répondant  à  l'apologie  de 
Tartarotti  y  qui  persista  £uis  toutes 
ses  opinions.  Nais  le  marquisMairei, 
qui  avait  embrassé  la  dâcnsé  de 
Carli,  ne  partageait  pas  toutes  ses 
idées,  et  u  pensait  que  la  magie, 
inadmissible  après  le  grand oenrrede 
la  Rédemption  j  aurait  Uen  po  exis- 
ter avant  Jésus-Christ.  La  question 
fut  loin  d'être  décidée ,  et  d  y  eut 
jusqu'à  quatorze  écrivains  qm  plai- 
dèrent pour  et  contre  le  diaUe.  Pbs 
récemment ,  le  conseiller  GantZy  dans 
un  ouvrage  intitulé:  De ctûiibm  mm- 
gicis ,  eorumçue  perpeimo  ad  eede- 
siam  et  rempubiicam  haiiiu.  Vien- 
ne^ 17^9  in-8<>.yfit  de  nokivdics 
remarques  contre  Tartarotti  et  Blaf- 
fei ,  en  appuyant  fortement  le  sys- 
tème d'incrédulité  de  Cariî.  Enfin 


un  écrivain ,  bien  plus 
a  soutenu  la  cause  de  ht  magie 
(  Fqjr,  FiARD  au  Supplânott).  Tar- 
tarotti ^  qui  y  conune  ott  TÎenl  de  k 
dire ,  avait  échoué  dans  one  qneitioa 
philosophique ,  avait  fait  des  édid» 
profoi^es  sur  la  langueitalieuw,  qa^H 
maniait  avec  beaucoup  dliahuelé. 
En  revenant  la  première  fois  de  hi- 
douc,  il  publia  un  Discours  dmsfe- 
auel  il  dévoila  les  défauts  de  recèle 
de  Marini,  qui  ne  manquait  pas  en- 
core d'admirateurs  ca  Italie.  C'éàk 
un  service  rendu  au  bon  KoAc,  et  il 
faut  lui  en  savoir  gré.  Mau.oscra4- 
on  le  louer  paiement  de  n^a?oir 

I)oint  voulu  ajfprendrele  firançaispir 
a  crainte  de  corrompre  la  punirde 
son  style?...  Il  avait  fermé  une  asln- 
breusebiUiothiqney  doDtfl  disposa 


TAR 

en  faveur  de  riiôpital  de  Rovercdo. 
Ses  compatriotes  ,   reconnaissants  , 
ont  placé  sou  buste  dans  une  des  sal- 
les (Te  leur  hôtel-de-ville.  Les  ouvra- 
ges de  Tartarotti  sont  :  I,  Ragiona- 
inento  intomo   alla  poesia   lirica 
ioscana  ,  Rovcredo,  1728,  in-  8*>. 
II.  Idea  délia  logka  aegli  scolas- 
tici  e  de'  modemi ,  ibid. ,  1 73 1 ,  in- 
8».  Cet  essai  fut  attaque' pai*  un  cer- 
tain Valletta  y  auquel  l'auteur  répon- 
dit par  Touvrage  suivant  :  Osserva- 
zioTÙin  difesa  délia  modernafilo' 
sofia,  m.  Ragionamento  délie  dis- 
fi  de  letierarie,  osia  publicité  difesc 
iU  concUisioni ,  ibid.,  1785,  in  -  8<>. 
IV.   Dissertazione  sapra  la  diffe- 
renza  délie  ioci  italiane  ,  che  pa- 
jono    sinonime  ,    dans    le  Recueil 
de  Calogerà.  V.  Dissertatio  de  ori- 
gine ecclesice  Trident inœ ,  Venise, 
1 745,  iii-4^.  VI.  Memorie  istc^chs 
intomo  alla  vita  e  morte  de'  santi 
SisiniOy  Martirio,  ed  Alesaandro , 
Vérone,  174^,  iu-4''.  VII.  De  ver- 
sione  Rujiniana ,  Trente  y  1748,  in- 
4".  VIII.  Del  congresso  no^tumo 
délie  lammie,  con  due  Disserta^ 
zioni  sopra  V  arie  magica ,  Rove- 
redo ,  1 749  ^  in-4**.  Un  anonyme  y 
repondit  par  l'ouvrage  suivant  :  y^ni- 
madt^ersioni  critiche  sopra  il  not- 
lumo  congresso  délie  lammie ,  \e- 
nise,  1751,  in -40.  IX.  j^pologia 
del  congresso  délie  lammie  y  ibid. , 
1 75i ,  in-4^.  X.  De  episcopatu  Sa- 
hionensiS.  Cassiani  martjriSy  de- 
que  S,  Ingenuini  ejusdem  urhis  épis- 
copiactis,  ibid.,  1750,  in-4**.  XI. 
Memorie  antiche  di  Roveredo,  ibid . , 
1754,   in-4**.  XII.  Apologia  deUe 
Memorie  antiche  di  Roveredo ,  Luc- 
qucs,  1758,  in-40.  XIII.  Dell'  ori- 
gine délia  chiesa  di  Aquileja ,  Mi- 
lan, 1759,  in-4".  XIV.  La  conclu- 
sione  de'  Francescani  riformati , 
Venise ,  1 765 ,  in  -  8». ,  petit  poème 

XLIV. 


TAR 


577 


burlesque,  réimprimé  dans  le  Recueil 
suivant  :  XV.  Rime  scelte  deW  abba- 
te  Tartarotti,  Rovercdo,  1785,  in- 
80.,  avecle  portrait  de  l'auteur.  L'é- 
diteur de  ces  poésies  est  Clemcntino 
Vannetti,  qui  y  a  joint  un  discours 
préliminaire  et  des  notes.  Voy.  Rac- 
colta  di  Orazioni  funebri ,  con 
varie  poésie  in  Iode  di  Tartarotti , 
ij)id.,  176a  ,  iii-4**-         A — G — s. 

TARTAROTTI  (  Jacques  ) ,  frère 
du  précédent ,  né  en  1 708,  se  proposa 
d'écrire  l'histoire  de  Éoyeredo,  où  il 
exerçait  la  profession  de  notaire.  ^e& 
compatriotes  applaudirent  à  cette  en- 
treprise, à  laquelle  il  dut  renoncer , 
n'ayant  pu  obtenir  le  moindre  encou- 
ragement de  la  part  du  gouyememeiit. 
Il  ne  continua  pas  moins  à  fouiller 
dans  les  archives ,  et  il  fît  une  riche 
collection  de  titres  et  de  chartes,  dont 
il  n'aurait  pas  manqué  de  tirer  parti, 
s'il  n'était  mort ,  dans  la  force  de  l'â- 
ge, le  18  mai  1737*  Ce  fut  à  Ghiu- 
sole  qu'il  découvrit  le  manuscrit  de 
Jean ,  diacre  de  Vérone ,  auteur  d'une 
Histoire  universelle.  Cet  ouvrage  , 
dont  parlent   Panvinio  ,   Maûei   et 
d'auties  ,    fut  dépose'  dans  la  bi- 
bliothèque capitulaire  de  la  même 
ville.  On  a  de  Tartarotti  :  I.  Sag- 
gio  délia  bibliotheca  Tirolese^  Rove-' 
redo,  1733,  in -4^-  Todeschini  en  a 
donné  une  réimpression,  Venise,  1 7  7  7 , 
in  -  4^< ,  avec  aes  notes  et  des  addi- 
tions. II.  Raccolta  délie  iscrizioni 
più  antiche  délia  P^al  Lagarina  , 
dans  les  Memorie  anticipe  di  Rovc- 
redo. Voy,  l'article  précédent.  III, 
Quelques  médiocres  Essais  de  poé- 
sie, insérés  dans  la  seconde  édition 
de  la  Riblioteca  Tirolese,  où  l'on 
trouvera  d'autres  renseignements  sur 
l'auteur.  A — g — s. 

TARTERON  (  Jacques  ),  jésuite 
né  à  Paris ,  le  7  février  i644^  fit  ses 
études  au  collège  de  Glermont  (depuis 

37 


5^8  TAR 

Louis-te-Graiid ) ,  et  v  soutint;  eu 
1 665  y  fies  thèses  sur  la  comète  qui 
fixait  l'attention  de  tous  les  astrono- 
me de  TEurope  (Voy.  la  BibL  as- 
tronomiij.  de  Lalande ,  'jG3  ).  Ayant 
embrasse  la  règle  de  saint  Ignace ,  il 
professa  les  humanités  et  la  rhétori- 
que arec  un  grand  éclat  ;  mais  il  se 
fit  connaître  surtout  par  ses  Traduc- 
tions <V Horace ,  de  Pitsc  et  de  /m- 
vénaly  qui  furent  d'autant  mieux  ac- 
cueillies qu*il  n'en  existait  point  alors 
de  supportables.  Sa  version  des  EpU 
très  et  des  Satires  d'Horace  parut 
en  i685;  mais  les  libraires ,  plus  as- 
surés du  débit  d'un  Horace  conii)Iet , 
y  joignirent  une  traduction  des  ÔdeSy 
qu'ils  avaient  demandée  à  l'infatiga- 
ble abbé  de  Bellegarde  (f^.  ce  nom). 
Les  instances  de  ses  amis  décidèrent 
enOn  le  P.  Tarteron  à  compléter  son 
travail.  Sa  Traduction  des  Odes  rem- 

Slaça  celle  de  l'abbé  de  Bellegarde , 
ans  l'édition  de  1704.  Elle  fut  rcim- 
Srimée  Tannée  suivante,  précédée  de 
eux  Lettres  à  un  ami,  dans  lesquelles 
il  se  félicite  d'un  succès  sur  lequel  il 
ne  comptait  pas ,  «  dans  un  temps , 
dit-il ,  où  Icde'bit  de  ces  sortes  de  li- 
vres ne  va  pas  si  vite  que  celui  de  la 
Prière  publique  et  du  Diable  boiteux 
(l).  »  La  Traduction  de  Per5cetde 
Juwénaly  imprimée  en  1688,  eut 
aussi  plusieurs  éditions.  Elle  est  or- 
née d^me  Préface, dépai-éc  par  quel- 
ques longueurs,  mais  dans  laquelle 
les  beautés  et  les  défauts  des  trois  sa- 
tiriques latins  sont  appréciés  assez 
solidement.  Eu  1710,  Pierre  Coste 
s'a vi^  de  donner,  à  Amstci*dam ,  une 

(1)  On  nmait  ,  dit  Micbaull,  c«niiucut  fournit' 
firr  crLIe  |iUiMkuteric  Quelque!  lÏKnw  sprè» ,  le 
tradartrur  ai«iu(r  t^ii'il  n'rat  acqui»  udc  rrputation 
Icsilime  Y»f  l'uMidiiitr  4  un  travail  «nlreprii 
daii*  dci  \ue>  iiiDiK-rote* ,  ri  mrm«  louaklri  devant 
Iltrii  Pt  devant  le*  hoiiiiuM.  Qui  aurait,  dit  Mi- 
ihault ,  iamaia  peiL«p  qu'inte  tràducliun  d'IlotACe, 
quelque  bf>nne  qu'elle  fût .  dût  mériter  i  un  reU- 
RiciiY  de»  liiOMiget  durant  Oîen?  MiUmg.  hittpriq, 
al  fthilolo^itf,  ,1,   l3l. 


TAR 

nouvelle  édition  de  lHorace  in  P. 
Tarteron,  avec  des  remar^aei  crili- 
tîques  et  les  pièces ,  ainsi  que  la 
passages  supprimés  par  le  fxwàat- 
teur ,  comme  trop  licenciem.  Le  P. 
Tarteron  se  plaignit  du  procédé  de 
son  éditeur,  dans  une  lettre  îmék 
dans  les  Mémoires  de  Tréroos ,  no- 
vembre 1 7 1  o.  Gettelradnction  d'Ho- 
race a  long-temps  été  la  pins  ofrâi- 
ble  que  nous  ayons  eue;  mais  wk 
peut  soutenir  la  comparaison  avec 
celles  de  Batteux,  de  Binet,  et  sot- 
tout  de  MM.  Campenon  et  Des^rak  II 
en  est  de  m^e  de  sa  TraduclioB  de 
Juvéual  et  de  Perse  ,  qu'ont  ébm 
celles  de  Dusaulx  ,  de  ^|3is  et  de  I^ 
monnier.  Tarteron  monrot  k  PSuà, 
le  la  juin  1720.  W— <. 

TARTINI  (  GiusEFPE  )  ,  naqmt  à 
Pirano  en  Istrie,  le  i9  aTid  i6g3. 
Les  événements  de  sa  YÎe  antàîeus 
à  l'époque  où  il  se  }eta  sans  retour 
dans  la  carrière  musicale,  ofliCDtdes 
exemples  assez  frappams  de  la  bîar- 
rorie  des  destinées  humaines.  En  ki 
donnant  une  éducation  sragnée,  sei 
parents  eurent  en  vue  de  le  Cnre  en- 
trer dans  un  ordre  rdnnenz;  il  fit 
des  études ,  d'abord  à  VOnUario  £ 
S.  FilippoNeri ,  cnsûiteà  Cflvo  fh- 
tria  y  dans  le  collège  des^MM  ielfe 
Scuole.  Dans  Tun  et  Tantic  étaHis- 
sement ,  il  se  fit  remarquer  par  ban- 
coup  d'aptitudeetd'intdHncQ  nw 
parvenu  à  Tadolescence ,  u  ne  Todkt 
point  se  prêter  aux  projets  de  sa  6- 
mille  sur  l'eut  qu'aie  se  proMiîl 
de  lui  faire  embrasser.  Il  garait  qne 
son  éloignement  ^otir  laTie 
tique  tenait  prinopalcBsent  1 
très-vif  qu'il  prit,  i  Capo  i 
pour  la  musique ,  leTiolon ,  et 

f>our  l'art  de  l'escrime,  aaqad  fl  it 
ivra  avec  une  espèce  depasikm.  Sv 
parents ,  ainsi  frustrés  dans  Icv •- 
poir,  tentèrent  de  hi  ftire  srifR 


TAR 

b  carrière  du  barreaUi.Il  alla  étudier 
la  jurisprudence  à  l'université'  de  Pa- 
doue  y  et  se  distingua  même  dans 
cette  nouvelle  branche  d'e'tude  ;  mais 
l'exercice  de  Tescrinje  avait  pour  lui 
deâ  charmes  dont  aucune  autre  occu- 
pation ne  pouvait  le  distraire.  La 
salle  d'armes  ne  fut  pas  le  seul  théâ- 
tre sur  lequel  il  fit  briller  son  adresse; 
il  rencontra  y  peut-être  parce  qu'il  les 
cherchait  y  plusieurs  occasions  de  se 
lettre  en  duel  ;  enfin  cette  manie  ^t 
chez  lui  de  tels  progrès,  qu'il  conçut 
le  dessein  d'aller  s'établir  dans  quel- 
que grande  capitale  pour  y  exercer 
la  profession  de  maître  en  fait  d'ar- 
mes. Omnia  vincit  amor;  le  spa- 
dassin Tartini  n'avait  aucune  parade 
contre  les  traits  de  ce  vainqueur  ;  en- 
fin il  dut  aussi  se  dire  :  et  nos  ceda- 
mus  amori.  Épris  d'une  jeune  de- 
moiselle ,  à  qui  il  donnait  des  leçons 
de  musique ,  il  l'épousa  secrètement  ; 
et  ce  mariage  clandestin,  lorsqu'il 
fut  connu ,  attira  sur  lui  la  colère  de 
sa  famille  autant  que  de  celle  de  sou 
épouse.  Un  des  chefs  de  celle-ci  était 
le  cardinal  Georges  Gornaro ,  évéque 
de  Padoue;  Tartini,  redoutant  les 
suites  de  son  ressentiment,  s'enfuit, 
de  cette  ville  où  il  laissa  sa  femme , 
et  se  rendit  à  Rome  déguisé  en  pèle- 
rin. Ne  se  croyant  point  en  sûreté^  il 
s'enfuit  de  Rome  et  mena  une  vie  er- 
rante et  malheureuse  jusqu'au  mo- 
ment où,  s'étant  réfugié  dans  un  cou- 
vent à  Assise ,  il  put ,  grâce  à  l'in- 
térêt que  lui  portait  le  gardien,  dont 
il  était  parent ,  trouver  un  asile  incon- 
nu  à  ses  persécuteurs.  Son  séjour 
dans  ce  couvent  détermina   sans  re- 
tour sa  vocation  musicale;  il  y  trou- 
va un  organiste  habile,  IcP.Boemo, 
avec  qui  il  acheva  ses  études  de  mu- 
sique^ et  il  travailla  sans  relâche  h 
perfectionner  son  jeu  sur  le  violon. 
lie  calme  religieux  de  cette  retraite, 


TAR  579 

les  leçons  du  malheur  qu'il  put  y  mé- 
diter à  loisir ,  eurent  une  granae  in- 
fluence sur  son  existence  morale.  Lta 
fougue  de  son  caractère  se  calma  ;  on 
n'aperçut  plus ,  dans  son  commerce , 
que  les  bonnes  qualités  dont  la  na- 
ture l'avait  doué  ,  et  le  musicien , 
qui  réunissait,  à  un  talent  distingué, 
beaucoup  de  modestie  et  de  simpli- 
cité ,  fit  entièremoit  oublier  les  écarts 
de  l'étudiant  en  droit.  11  resta  deux 
ans  ainsi  caché.  Pendant  ce  temps 
la  colère  du  cardinal  Gornaro  s'était 
apaisée;  et  l'on  aurait  '\'T)u1u  décou- 
vrir la  retraite  de  Tartini  pour  lui 
rendre  son  épouse  et  sa  patrie,  tan- 
dis que ,  ignorant  cet  heureux  chan- 
gement ,  il  ne  formait  d'autre  vœu 
que  de  rester  ignoré;   et  quand  il 

Î'ouait  du  violon  dans  le  chœur  de 
'église,  c'était  derrière  un  rideau 
qui  le  cachait  aux  yeux  du  public. 
Mais  on  ne  peut  tout  prévoir;  le  vent 
souleva  un  jour  ce  rideau  pendant 
l'exécution  d'un  morceau  de  musique; 
Tartini ,  reconnu  par  uuPadouan  qui 
se  trouvait  dans  1  église,  fut  d'abord 
saisi  d'une  terreur  qui  se  changea 
bientôt  en  une  vive  satisfaction,  quand 
il  entendit  les  heureuses  nouvelles 
ne  lui  apprit  son  compatriote.  Peu 
e  temps  après  sa  rentrée  dans  le 
monde,  il  fut  appdé  k  Venise  pour 
être  membre  d'une  académie ,  dont 
le  roi  de  Pologne  était  protecteur. 
Là  se  trouvait  un  célèbre  joueur  de 
violon,  Yeracini  de  Florence,  qui 
inspira  une  telle  admiration  à  Tar- 
tini ,  que  celui  -  ci  ,  pour  ne  pas 
être  en  rivalité  avec  lui  ,  qmtta 
Venise  et  se  sépara  même  de  sa  fem- 
me ,  dont  l'humeur  n'étaitguère  com- 
patible avec  celle  d'un  homme  tran- 
quille ^  doux  et  ami  de  l'étude.  Il 
1  envoya  à  Pirano  auprès  de  son  frère, 
et  se  retira  k  Ancâne  en  1714*  "^^r* 
tmi  était  alors  dans  sa  vingt-troîsiè- 

37" 


l 


r,8o 


TAR 


uie  annce,  et  c'est  de  Tcpoque  de  son 
séjour  à  Ancône^que  datent  ses  pre- 
miers droits  à  la  celeliritc  parle  style 
(l'exécution  qu'il  s'est  formé  et  qu'il 
a  transmis  à  son  école ,  ainsi  que  par 
le  talent  de  la  composition  «t  les  dé- 
couvertes d'acoiistiqne  musicale  dont 
nous  parlerons.  Après  sept  ans  de 
travaux,  il  fut  nommé,  en  1711 , 
-chef  d'orchestre  de  l'église  de  Saint- 
AuftoineàPadoue.  Cet  orchestre  était 
composé  de  viugt-quatre  musiciens 
r[ui  acconipuguaient  seize  chanteurs. 
Deux  ans  plus  tai-d,  il  fut  appelé  à 
Prague  à  l'occasion  du  couromie- 
ment  de  l'empereur  Charles  VI ,  et 
il  y  séjourna  trois  ans ,  après  lesquels 
il  revint  à  Padoue,  pour  s'y  fixer. 
Les  olTrcs  les  plus  avantageuses  ne 
purent  jamais  le  déterminer  à  en 
sortir  ;  il  y  fut  accompagné  par  son 
ami  Vandini ,  joueur  de  violoncelle^ 
avec  lequel  il  avait  vécu  à  Prague, 
lia  célèbre  école  qui  l'a  fait  appeler 
en  Italie  il  maestro  deUc  nazioni, 
et  d'où  sont  sortis  Pagin ,  Nardini , 
Pasqualino  Bini,  Alberglii,  Domeni- 
co  Ferrari ,  Canninati ,  M"»<^.  Sirmcu, 
La  Houssave  ,  Capuzzi^  etc. ,  fut 
fondée  par  lui ,  en  i^aS.  Ses  élèves 
en  ont  formé  d'autres ,  parmi  les- 
quels nous  pouvons  nommer  Pugna- 
ni  et  Viotti,  taisant  à  regret  un  nom 
(|ui  occupera  une  place  nien  distiu- 
j^uée  dans  les  fastes  de  l'art  musical. 
Tartini ,  atta([ué  du  scorbut,  à  l'âge 
de  soixante-dix-huit  ans ,  succomba 
à  cette  maladie  malgré  les  soins  assi- 
dus de  son  ami  Nardini ,  qui ,  à  Li 
première  nouvelle  de  sa  maladie, ac- 
courut de  LivouiTie,  pour  lui  prodi- 
guer les  témoignages  de  sa  reconnais- 
.sance  et  de  son  dévouement.  11  mou- 
rut le  16  février  1770.  Son  corps 
fut  déposé  dans  l'église  de  Sainte- 
Ciathsriue.  Une  cérémonie  funèbre, 
ordonnée  par   son  successeur  Giu- 


TAR 

lio  Meneghini,  fut  célébrée  en  son 
honneur  dans  Péglise  des  Serri- 
tes.  L'abbé  Fanzago  proiiooça  sou 
éloge ,  et  la  chapelle  Saint-Antoiix 
exécuta  un  requiem  j  de  la  compo- 
sition de  P.  Valloti.  Tartini  peut 
être  considéré  comme  musicien  exé- 
cutant j  comme  compositeur  et  com- 
me auteur  d'ouvrages  scientifi^oa  et 
techniques  sur  la  musique.  Nous  pen- 
sons ,  auant  aux  deux  premières  ma- 
m'ères  de  l'enyisager ,  que  les  lecteurs 
verront  avec  plaisir  la  note  suivante, 
qui  nous  a  été  fournie  par  M.  Bail- 
lot  .  de  la  musicrae  du  roi,  pranior 
violon-solo  de  l'Opéra  ,  et  prolei- 
scur  à  l'école  royale  de  musique. 
Cl  Tartini  s'est  rendu  célèbre  comme 
»  compositeur  et  comme  TÔlnose. 
»  Son  traité  de  musique ,  fimdé  en 
»  partie  sur  le  phénomène  du  troisiè- 
»  nie  son ,  a  été  l'objet  des  disscrta- 
»  tiens  de  plusieurs  savants  iHnslRS 
»  du  siècle  dernier.  U  est  i  aooliai- 
»  ter  que  ceux  de  nos  jours  s*ooen- 
»  pent  de  sa  découverte  y  pour  fixer 
»  en  même  temps  d'une  numière  qnii- 
»  conque  les  bases  de  la  conpos- 
»  tion  d'après  des  j^rinemes  mvam- 
»  blés.  Les  ouvrages  deTaitimsmit 
»  connus  de  tous  ceuxqm  onA  éé  en- 
»  rieux  d'observer  la  maidie  et  les 
»  progrès  de  l'art  musical,  et  de  se 
»  tormerlegoAtcnétndiantlcspinds 
»  modèles.  On  a  de  œ  comwrijlBBr 
»  cent  Sonates  ^  etantant  de  uOMor- 
»  tos  ;  un  Traité  des  agréfti^^do 
»  chant,  l'Art  de  rarcbet, et  meLrt- 
»  tre  adressée  à  M^^.  SîrnflB,ctsff- 
»  vaut  de  leçon  à  ceux  qui  jonatdi 
»  violon  (i).  Tartini  a  fonné  ku- 


(0  Dit-liuttdeirtpliu  bdlwSoHtei  «ft  *»^ 
fri  de  nuuvMu  &  ruMBi  dn  Ak««i  da  CMHaTMl»' 


Tcri< 


re  tir  Pitria,  H  M  IrnuTMitMi  wyÎB  dp 
U  rac  Dffrgèrc  SîkGimcmIim,  m  :  i**.i 
hliri  &  Auulcrdim.—  L'Art  dâ  l*i 
iliiui  !■  l>iTi«MMd«»  dcfdw  d* 
]>rreicHs4eJ.*B. 


•Se 


TAR 

»  coup  d'clèvcs ,  parmi  lesquels  Pa-  ' 
»  gÎM,  violon  français  y  était  consi-  * 
»  dërë ,  par  son  maître  lui-même ,  > 
D  comme  celui  qui  avait  le  mieu^ 
»  saisi  son  style.  A  l'aide  de  quel- 
»  ques traditions, et surtoutau moyen 
»  des  ouvrages  qui  nous  restent  de 
»  ce  grand  artiste ,  on  peut  se  faire 
»  une  idée  assez  juste  de  son  mé- 
»  rite ,  tant  pour  la  composition  que 
»  pour  Texccution.  Ses  composi- 
)>  tions ,  devenues  étrangères  a  la  gé- 
»  ncration  présente  ,  ont  par  cette 
»  raison  encore  plus  besoin  que  d'au- 
lx très  d'un  traducteur  habile  qui 
»  puisse  les  faire  apprécier  à  leur 
o  juste  valeur;  mais  la  beauté  de 
»  leur  facture,  jointe  au  sentiment 
»  profond  qui  les  a  dictées,  les  sau- 
>»  vera  de  1  oubli  des  gens  de  goût. 

V  La  manière  d'écrire ,  ou  plutôt  de 
»  noter  des  anciens  musiciens,  n'in- 
»  diquait  que  vaguement  tout  ce  qu'il 
»  fallait  faire  pour  bien  exécuter  la 
«musique;  ce  n'ç'tait,  principale- 
»  ment  dans  les  adagios,  qu'une  es- 
»  pèce  de  canevas ,  sur  lequel  l'exë* 
«  cutant  traçait  différents  dessins 
9  qu'il  changeait  souvent ,  selon  la 

V  disposition  de  son  ame ,  au  gré  de 
i>  son  imagination.  Un  adagio  de 
»  Tartini ,  qu'il  a  brodé  de  dix-sept 
»  façons  diflérentes  (a),  nous  révâe 
7t  le  secret  de  sa  manière  de  rendre 
»  la  mélodie,  et,  jusqu'à  un  cer- 
»  tain  point,  celui  de  ses  ressources 
»  dans  les  détaib.  Son  Traité  des 
»  agréments  du  chant  (3)  nous  ap- 
»  prend  aussi  avec  quels  égards  pour 
»  l'harmonie  ce  grand  maître  savait 
»  employer  les  ornements  ;  mais  en 


TAR 


S8^ 


Soaate  du  Diable,  d'après  U  rêve  de  Tartini.  Enfin 
U  Lettre  i  M°>e.  Sirmcn  est  rclatëe  dans  les  Noti- 
ces de  M.  Fajolle  sur  Corelli  ,  Tartini ,  «te. 
Tout  le  reste  est  en  manoscrit. 

(i  /  C«  morceau  curieux  se  trooTc  à  U  fin  d«  la 
DÎTiston  ait  éco]e<«  du  violon  de  J.-B.  Cartier. 

(3)  Traduit  de  l'italien  par  Dcnia. 


»  considérant  ici  plutôt  Fc  fond  que  la 
»  formedeses  compositions ,  c'est-ii^ 
»  flire,  en  les  prenant  telles  qu'il  les 
»  a  écrites  ,  et  non  telles  qu'il  les 
»  rendait,  on  ne  craint  point  d'à- 
»  vancer  que  la  musique  de  Tartini 
»  renferme  des  beautés  tellement  d'ac- 
»  cord  avec  les  éléments  des  pas- 
D  sions ,  avec  cet  accent  de  la  nature 
»  qu'on  retrouve  le  même  dans  tous 
»  les  temps  ,  qu'elle  ne  manquerait 
»  point  aujourd'hui  son  effet  sur  des 
»  auditeurs  non  prévenus.  Le  violon, 
))  harmonieux  ,   touchant  et  plein 
»  de  grâce  sous  V archet  de  Tar- 
ît tini  (4) ,  a  pris  pour  la  première 
»  fois   une  expression   dramatique 
»  dans  ses  adagios,  dans  ces  chants 
n  auxquels  U  est  impossible  de  ne 
»  pas  attaclier  un  sens  ,etoà  Von 
»  s'aperçoit  à  peine  que  la  parole 
»  manque  (5).  Mais  on  doit  repro- 
»  cher  à  Tartini  l'abus  des  trilles  et 
»  des  ornements.  On  est  surpris  de 
»  voir  une  mélodie  d'une  si  grande 
»  expression  surchargée  quelquefois 
»  de  broderies  sans  nombre ,  et  corn- 
V  me  étouffée  sous  des  fleurs.  C'était 
»  le  travers  du  temps  ;  Corelli  n'avait 
»  point  été  exempt  de  ce  défaut  (6). 
»  Les  grands  compositeurs  moder- 
n  nés  ont  prévenu  un  pareil  écart  en 
»  fixant  toutes  leurs  intentions  par 
»  des  signes  positifs.  Du  temps  de 
»  Tartim,  la  s^phonie,  telle  mie 
rt  nous  la  connaissons  depuis  Hayon , 
»  n'existait  point  encore  :  tous  les 
»  instruments  agissaient  de  concert 
»  (ainsi  que  l'indique  le  nom  de  con- 
î)  certo  ),  et  entraient  presque  tou- 
»  jours  en  fugue;  or,  le  caractère 


(4)  Méthode  de  violon,  r«di|(<«  pw  M.  Baillot. 

(5)  Encyclop^ie,  article  Concerto,  pw  Cin- 
guentf. 

(6)  Nous  aTOM  nne  édition  de  sm  Sonates,  oA  se 
trouvant,  rar  nn«  aaeaodeliOMlta  cbints  de  s«a  Ada- 
gios arac  daa  orMOuats  trUia  hiU,  nMu  dont 
la  cMtinaittf  fcligae.' 


58a 


TAR 


»  essentiel  de  la  fugue  exige  deTëga- 
»  lite  cutre  les  parties ,  qui  devien- 
»  neiit  récitantes,  chacune  à  son  tour. 
»  Cettt:  forme  excluant  la  variété , 
»  sous  le  rapport  de  retendue  ,  em« 
»  pccliait  le  violon  de  prendre  un 

V  plus  grand  essor.  Maintenant  que 
»  cette  contrainte  a  disparu  ou  qu'elle 
»  n'est  que  momentanée ,  et  que  les 
»  instruments  à  vent  sont  venus  fur- 
»  mer  un  second  orchestre ,  le  grand 
»  effet  qui  en  résulte ,  et  Tintérét 
»  qu'inspirent  comme  solos  quel- 
»  ques  uns  d'entre  eux ,  ont  permis 
»  au  violon  de  se  livrer  à  toute  la 
9  variété  de  ses  moyens,  et  l'ont  nid- 
»  me  oblige  à  employer  tous  les  res- 
»  sorts  de  la  magie  pour  conserver 
»  son  empire.  C'est  ainsi  qu'il  est  de- 
»  venu  si  puissant  entre  les  mains 
»  de  Viotti ,  dont  les  compositions 
»  semblent  avoir  atteint  ce  beau  idéal 
»  fait  pour  captivera  jamais l'admi- 
)»  ration  universelle.  Mais  les  ton- 
»  rhantes  inspirations  de  Tartini,si 
»  bien  scconcfces  en  lui  par  la  science, 
»  n'en  feront  pas  moins  les  délices  des 
»  âmes  sensinles  ;  elles  auront  ton- 
»  jours  ce  charmesecret  attaché  aux 
»  ouvrages  où  le  cxcur  a  eu  la  ])lus 

V  grande  part ,  et  se  feront  distinguer 
»  dans  tous  1rs  tein))S  par  cette  tendre 
»  expression,  celte  gracieuse  mollesse 
T»  touteparticnlici*càIal>elleItilie.  » 
On  peut  voir,  dans  le  journal  ency- 
clopédique de  Venise  de  1775,  l'in- 
dication (Punc  quantité  considérable 
d'dniviTs  manuscntes  de  Tarlini,  dé- 
posérs  par  le  cqtitaiiie  Tartini ,  son 
neveu.  Il  paraît  que  toutes  ses  com- 
positions ,  et  même  ses  méthcwlrs 
pratiques  pour  le  violon  ,  n'ont 
pas  été  publiées;  et  ce  sont  des  ma- 
nuscrits  intéressants  pour  ceux  qui 
les  possèdent.  La  Hibliographie  mu- 
sicale de  Forkel  indique  un  de  ces 
manuscrits,  ayant  pour  titre  :  LexiO' 


TAB 

nipratiche  dcl  vioUno;  un  antre  in- 
titulé :  Lezioni  scpra  i  varj  gateri 
di  appoggiature,  di  triUi  tramoUê 
mordenti,  a  été  traduit  en  fittiçaîs, 
par  P.  Denis,  sons  le  titre  de  Tmiié 
des  agréments  de  ta  musùme,  tit. 
Tartini  a  aussi  laisse  mr  la  partie 
scientiiiaoe  delà  musiqiie  des  aum 
crits  inédits, dont  nous  dirons  no  HOt 
On  a  beaucoup  parlé  de  la  Smulie 
du  diable,  que  M.  J««B.  Cartier,  qn 
la  tenait  de  M.  Baillot,  a  frit  paver 
dans  son  intéressant  Recueil  de  la  di- 
vision des  écoles.  Voici  comment  La- 
lande,  à  qui  Tartini  lui-mâne  avait 
conté  cette  anecdote  curieuse ,  la  np- 
porte,  dans  son  Voyage  d*Ittlie; 
a  Une  nuit  (en  1718  ) ,  il  rèfiil 
»  qu'il  avait  fait  un  pacte ,  et  qie 
)>  le  diable  était  à  son  lamce.  Toit 
»  lui  réussissait  an  gré  de  an  denn. 
)>  Ses  volontés  étaient  tonjtmrt  pié- 
»  venues  par  son  nonvenn  domo- 
»  tique.  Il  imagina  de  lui  donner  iM 
»  violon,  pour  voir  s'il  pairicndiiit 
»  à  jouer  quelques  beam  ain;  mus 
»  quel  fut  son  étonnement,  lon^'fl 
»  entendit  une  sonate  si  aingnlibe  et 
»  si  belle,  exécutée  avec  tanCdesn^ 
»  riorité  et  d'intelligence ,  qf!"!  ■•- 
»  vait  rien  connu  qui  dAt  mtf  en 
»  parallèle.  Il  éprouva  tant  de  sbi^ 
n  prise ,  de  ravissement  y  «pi'il  «afci^ 
»  (lait  la  respiration.  RéfciU  nar 
»  cette  violente  sensation ,  il  nnt  à 
»  l'instant  son  violon,  dans  I  eipsir 
»  de  retrouver  une  partie  de  ce  fa'l 
»  venait  d'entendre;  mais  oe  fatcn 
))  vain.  La  pièce  qu'il  compoia  akns 
n  est ,  «1  la  vérité ,  la  meîUeera  qui 
V  ait  faite  ;  et  il  l'appelle  cnoaie  h 
u  Smiaie  du  diaUlef  nais  alla 
»  tellement  au  -  dessous  de  celle 
»  l'avait  si  fortement  émUf  qn^ 
»  brisé  son  violon  et  abandémitf  jltf 
n  toujours  la  n  ta^Uloî^MM 

9  possiblede;  des 


■ 

s 


TAR 

lui  procurait  (7).  »  Le  seul 
de  musique  vocale  de  Tar- 
MHt  coniui  est  im  Miserere 
la  chapelle  sixtioc ,  le  mer- 
it  de  1  année  17^  9  devant 
élément  XIII.  On  a  dit  que 
position  méritait  de  tenir  le 
an(;  parmi  celles  de  l'auteur, 
[cation  d'unç  pareille  asser- 
*esserait  très  •  certainement 
îurs  de  musique;  et  Paris 
les  moyens  désirables  de  la 
ssons  maintenant  aux  tra- 
Tailini ,  qui  ont  pour  objet 
scientiiique  de  la  musique, 
i  caractères  qui  distinguent 
Hème  musical  de  celui  des 
il  en  est  un  principal,  sa- 
armonie,  en  donnant  à  ce 
j^niftcatton  que  lui  attribuent 
iens  modernes  (8).  L'iiar- 


t  d'un  fiançais  en  Italie  ^  dmns  les  mn- 
1766,    tome  yill,  p>g.  a()3,   édition 

fnelqucfl  rainoni  de  p«n*cr  que,  ebem 

les  accepliom  de*  mois  harmonie  , 
•$Mre ,  M  rapportaient  r««pectiTCtB«nl 
ion  des  soiu  ,da  grave  à  ''<uj[k^  ma 
Ça  mesurr  ,  ou  mode  de  divinion 
L'opinion  assez  géiwrrale  est  qu'ils  ne 

ni  ne  connaisMÎeat  Y  harmonie  ^  en 
t  mot  l'accent  ion  moderne  ;  cepen- 
|>as  perçai»  d  élever  encore  quelqnes 
■•-II*"  opinion  ?  On  est  assuré  qu'ils 
des  morceaux  i  Yoctave  ,  soit  par  les 
Y  les  •uMlrumtrnts ,  ce  qu'ils  apuelairat 
I  y  a  naturellement  nnliphoiiie  lorsqae 

et  des  femmes    chantent  eiisemhle; 

Vuiiiison  s'appriait  homofthojiie ;  mais 
surer  que  la  sensation  de  Vacirord 
née  immétliatcmetil  par  la  nature , 
onnancc   du   corps  suiiore  ,    soil  res- 

tbnl  de  siècles  ,  inaperçue  aux  oreil- 
les  des    niosiciens   grecs.   Vainement 

que  la  tierce  inajenrr  trop  forte , 
ir<<ient  par  uue  »iiite  de  quintes  jus- 
•^Hràve,  par  riix,  comme  une  disso- 
upiMJsant  l'assertion  exacte,  des  cen- 
ts île  voix  uu  de  son»  d'instnimenls 
iiivf-nt  faire  entendre  la  tierce  de  la 
:ord  ,  el  d'aillrurs  il  restait  la  quinte. 

(I«-*  instruments  do  perfiiffion  ,  les 
»nl  l'orif-ine  paraît  remonter  ù  une 
ri  ruKe.  et  qui  ,  daus  notre  système  , 
linuireuiont  une  des  sous-orlavcs  de  la 
■  quarte  au  nravr ,  ou  sa  quinte  à  l'ai- 
le ton  du  morceau  qu'on  exécute.  Ces 
s ,  qni ,  d'apri-s  les  fresques  et  les  bas- 
u<'» ,  «-(aieut  ioiu*es  ensemble  par  le 
len  ,  sonnaient-elles  runi>s<m  ,  l'octa- 
Miilo  d'accord*  7  Nims  cil erons ,  it  pro- 


TAR 


583 


uionie,  dans  ce  sens,  est  une  sucet- 
sion  ii  accords ,  soumiae  à  des  règles 
d'après  lesquelles  on  peut  composer 
plusieurs  chants  difiërentSy  qui,  as* 
sujëtts  à  un  rhythme  commim ,  et  en- 
tendus ensemble ,  font  un  efièt  agréa- 
ble à  roreille  :  c'est  ce  qu'on  appelle 
jouer  ou  dbanter  enpartiet»  On  rë- 
gks  ont  été'  trcovéet  ]^r  tâtoanemciity 
en  prenant  pour  guide  le  aentîmeiic 
de  l'oreiUéy  bien  des  sièdes  tTasC 
qu'on  se  fut  avisé  de  voaknr  les  rap- 
porter à  des  principes  phTBic9-iM|' 
thématiques.  La  théorie  fondée  nir 
ces  principes  a  deux  parties  dîstine- 
les  :  dans  l'une,  on  considère  les  sons 
en  eux-mêmes;  dans  l'autre,  on  les 
considère  par  rapport  à  l'impresMoa 
qu%  font  sur  nos  organei.  iLa  pre- 
mière partie  est  assez  avancée;  mais 
la  seconde  est  encore  bien  inconpl^ 
te.  Heureasement ,  cpioique  loi  loi» 
assignées  à^ l'harmonie, à  la  fianaâf' 
tion,  à  la  succession  des  aoeoids,  se 
soient  qu'exp^imenlales ,  eapyii- 
ques,  leur  piHaite  oenvensnee  avee 
notre  organisation  n'en  cet  pasMoias 
une  véritéde  fait  incontestable  AÎHt, 
qu'une  oreille ,  sans  être  préparée  par 
aucune  succession  aniéncorede  sens' 
ou  d'accords»  entende  deux  sons  à 
rÎAtervalle  d'one  seconde ,  conie 
ut  y  ré  y  elle  désirera  naturdieBMBt 
la  solution  de  cette  seconde,  par  1» 


pos  de  cesIttiM,  onepaUodinltf  qmiiiOMafrBppé». 
en  voyant  k  aMs«MiiiM  oollactiQa  é»  imiM  ^m^ 
M.  Pacho  ■  rapportée  dt  U  (WrénMqae;  c<w  ta- 
bès cuoiqaes  sonoras  sont  mam  de  ewrill»*»*» 

près  semhhltlw  à  celks  au  inMr ■■!■  à  xnriM. 

Lnfin  ponrquoi  les  iouenrs  de  harpa,  pcÎBt»  «ar  I«b 
murs  des  tombeam  des  rois  ,  ft  iMWs  ,  dêmm  fc 
grotte  appela  CaUtnmbes  des  harftê^  OBtrilB, 
comme  nos  bwrpîstes  actneb  ,"  les  deux  ■wits  •■»> 
pkrférs  cttseralile  ^  faire  somer  les  cardai  1  ( Vo^.. 
If  grand  ouvrage  jmhlii  fmr  la  Comumitdon  rf'JB- 
^rpte).  Ces  faits  ,  aavqmU  m  mirait  sncwa  an 
aîunter  d'anlrca,  sont  propraa  à  tmn  i 


que  les  anciens  connaÎMaiôit  at  aoylojaiaat  dlai-* 
très  accords  ^Mi  calai  à»  roetair».  C<tt»  ■"■y* 
présente encora  «d  varta  chna»  da  tumtrmfÊ  è 
hmt  q«  i*o€cnp«td«nifaMraat  dtlatMria 


584 


TAR 


morohe  diatonique  d'une  dos  deux 
notes ,  savoir  :  la  descente  de  Vut  sur 
le  si  y  ou  la  montée  du  re  sur  le  mi 
(  ceux  qui  connaissent  la  théorie  de 
Rameau  verront,  dans  la  seromle  so- 
lution, de  l'analogie  avec  une  marche 
de  sixte,  qu'on  lui  a  bien  contestée). 
Si  l'oreille,  préparée  par  une  harmo- 
nie dans  un  ton  détermine  ,  celui 
à^ui ,  par  exemple  ^  est  frappée  par 
la  simultanéité  des  sons  sol^  si,  ré  ^ 
fa  y  l'appel  de  Vut  par  le  si,  et  du  mi 
par  le  fa,  se  fera  aussitôt  sentir  ;  et 
l'oreilfe  se  reposera  agréablement  sur 
la  solution  sol,  ut,  mi.  Elle  aurait 
un  appel  de  plus  ,  et  même  une 
augmentation  d  énergie  dans  les  deux 
autres,  s'il  s'agissait  du  mode  mineur 
et  de  la  solution  de  si,  ré ,fa ,  la  b 
par  ut  y  mi  b,  sol,  etc.  On  serait  dans 
une  grande  erreur  si  l'on  pensait  que 
de  pareib  effets  sur  nos  organes  sont 
des  résultat5  de  convention  ou  d'ha- 
bitudes acquises.  Il  est  bien  vrai  que 
la  fréquence  des  sensations,  l'exerci- 
ce, donnent  ci  une  oreille  juste  une  plus 
grande  finesse  de  sentiment;  mais  ces 
phénomènes  organiques  ont  leur  prin- 
cipe préexistant  dans  la  nature  ;  et  on 
les  retrouvera  les  mêmes  chez  tous  les 
individus  bien  organisés.  Nous  con- 
naissons des  théories  musicales  dans 
lesquelles  la  considération  des  appels 
dont  nous  venons  de  parler  a  été 
employée  comme  un  moyen  de  rap- 
porter les  rëdes  de  l'harmonie  à  des 
espèces  de  lois  d^ affinité  ou  d'attrac- 
tion; mais  de  pareilles  théories  ne 
sont,  au  fond,  que  des  modes  parti- 
culiers d'énouciation  des  phénomè- 
nes ,  dont  elles  ne  founnssent  pas 
l'explication.  Rameau,  dans  son  sys- 
tème, a  immédiatement  attaqué  les 
diiHcultés.  Profitant  des  découvertes 
faites  sur  la  résonna uce  du  corps  so- 
nore (  V.  Raucau  et  Sauveur  ),  il  a 
pris  pour  base  de  sa  théorie  la  pro- 


TAR 

duclion  des  harmoniqHes  qui  se  font 
entendre  avec  le  son  fondamental, 
La  longueur  d'une  corde  sonore  étant 
représentée  par  i ,  les  premiers  har- 
moniques ,  ceux  qu'une  oreille  un 
peu  exercée  distingue  dans  le  sovémi* 
par  cette  corde,  surtout  si  cUe  est 
métallique  et  résonne  nettement  dans 
les  tons  graves ,  donnent  les  unissons 
de  ceux  que  feraient  entendra  ds 
cordes  des  mêmes  matière ,  grosseur 
et  tension ,  dont  les  longueurs  seraient 

% ,  '/î  1  'A  y  Vs-  ï^  son»  %  rt  '{ 
ne  sont  que  des  répliques  d'octaves; 
mais  on  a  V3  et  */s  ,  le  premier,  oc- 
tave de  la  quinte^  et  le  second,  do«blr 
octave  de  la  tierce  majeure.  Ain 
voilà  l'accOrd  parfait  majeur  lâen 
éubli.  11  s'agit  ensuite  de  uer  à  ces 
phénomènes  de  résonnanœ  raocorl 
parfait  mineur,  les  accords  diiio- 
nants ,  leurs  préparations ,  leurs  so- 
lutions; et  l'on  ne  peut  se  dissimnkr 
qne  cette  tâche  présente  de  gnmds 
embarras.  Au  reste ,  ce  n'est  pas  dans 
les  ouvrages  de  Rameau  qu'il  &iit 
chercher  la  solution  de  ces  dîffical- 
tés;- mais  dans  les  Elémenis  de wuh 
sique  théorique  et  pratique  ^  aûpaat 
les  principes  de  M.  BameaUj  édmr' 
cis  ,  développés  et  simpi^h  par 
d'Alembcrt  (  Fo^'ez  l'art.  d'AuH- 
BERT  ).  La  théorie  de  k  basse  famdÊr 
mentale,  qui  simplifie  et  abrqp  eo»- 
sidérablement  l'étude  de  l'haraumiey 
est  présentée ,  dans  cet  onynge,  avec 
une  clarté  et  un  ordre  parfaits.  Voîâ 
maintenant  la  notion  sommaire  que 
nous  avons  donnée,  dans  notrelf «m- 
nique  analytique,  du  systone  mus- 
cal  par  lequel  Tartini  a  tooIu  mb- 
placer  celui  de  Rameau  :  «  Tardm  a 
é  pris,  pour  arriver  au  mJme  bot, 
»  une  route  inverse,  en  appaifooe. 
D  de  celle  de  Rameau.  Il  a  reaanaB 
»  qu'en  faisant  entendre  cmmhc 
rt  deux  sons  voisins  qndooB^Mi-prift 


TAR 

«  parmi  ceux  que  rendraient  les  sous- 
»  divisions  •/•  ,  '/a ,  % ,  '/s  ,  etc. , 
»  d'une  corde ,  sous  une  tension  cona- 
»  tante,  on  entendait  en  même  temps 
9  un  troisième  son ,  engendre  par  fi^ 
r>  deux  autres,  et  qu'il  a  juge  être  le 
9  son  '/».  Tartini  a  ët^  trompe  par 
i>  ridentité  des  octaves ,  et  a  pris 
»  pour  le  son  i  de  la  corde  entière 
»  le  son  */»  de  sa  moitié,  qui  est  l'oo- 
9  taye  du  précédent.  La  production 
»  de  ce  troisième  son  a  pour  cause 
s>  infim'ment  probable  les  coïnciden* 
»  ces  des  vibrations  des  deux  sons 
»  e^érateurs,  coïncidences  qui,  pen- 
»  dant  un  temps  donné,  s(mt  en  nom- 
9  bie  égal  à  cdui  des  vibrations  de 
9  la  corde  i ,  pendant  le  même  temps. 
»  Lorsque  ces  coïncidences  ont  lieu  ^ 
ji  il  en  résulte  des  renflements  de 
9  sons  ou  battements  (  suivant  Tex- 
»  pression  des  organistes)  ^  qui^  af- 
9  fectant  l'oreille  plus  fortement  que 
»  les  vibrations  intermédiaires,  don- 
»  nent  la  sensation  d'un  son  particu- 
»  lier,  distinct  des  deux  sons  réelie- 
»  ment  produits  par  des  moyens  mé- 
»  caniques.  «  Cette  explication  est 
entièrement  conforme  à  cdle  que  le 

frand  géomètre  Lagrange  a  donnée , 
ans  un  Mémoire  sur  les  phénomènes 
du  son,  faisant  partie  du  premier  yo* 
lume  de  la  Collection  de  l'académie 
de  Turin  (9).  Ainsi  la  connaissance 
des  premiers  phénomènes  observés 
du  même  genre  que  ceux  qui  ont-servi 
de  base  au  système  de  Tartini  est 
due  à  Sauveur.  Nous  avons  parlé,  à 
Farticle  de  ce  savant ,  de  l'usage  qu'il 
en  a  fait  pour  connaître  le  nombre 
absolu  de  vibrations  longitudinales 
pendant  un  temps  donné,  d'un  filet 


{tf\  Voye»  Im  Mi\celUinra  philo/inphieo-malke» 
mmOcm  $ocietalit  pri¥atm  Titrùiemiis  ,  aonée  175Q, 
^""*-  I  »  P"K«  >o3  ,  et  la  Mifami^tu  amutjli^ue  oe 
r^trar  dm  ect«rtide,  s*,   cfteti*,  4<>.  Mction, 


TAR 


585 


oucylindred'air,mis  en  motfvement^ 
dans  un  tuyau ,  de  manière  à  rendre 
im  son  musical  déterminé  (^.  Sau- 
veur ).  Nous  n'en  devons  pas  moiiif 
rendre ,  k  Tartini,  la  justioe  de  dire 
qin'il  ne  tint  que  dé  lui-même  la  a»- 
naissance  du  troisième  son ,  qomque 
ses  expériences  soientpostérieuresyde 
plusieurs  années,  k  ceUesde  Sauveur, 
qui  sont  consignées  dans  les  Mémoi- 
res de  l'académie  des  sciences  de 
1 700.  On  voit ,  page  36  de  la  Disser- 
tation de  Tartim  ,  portant  la  date  de 
1767  ,  qu'il  fit  sa  découverte  sur 
le  violon  à  Ancàne  ,  en  1714  :  ne 
voulant  point  y  mettre  de  mystère, 
il  s'empressa  dCe  la  communiqaer  aux 

Srofesseurs  de  musique ,  et  en  fit  un 
es  éléments  de  l'instruction  des  êh- 
ves  de  son  école  de  Padoue.  Elle  fut 
bientôt  généralemient  connue;  mais 
son  analogie  avec  les  expériences  de 
Sauveur  ne  fiit  saisie  et  expliquée  par 
Lagrange  que  long-temps  après.  Les 
Mémoires  de  Sauveur  n'étant  los 
que  par  un  petit  nombre  de  savants, 
et  les  ouvrages  de  Tartini  étant  exr 
trêmement  rendus,  ce  deniîer  a 
dû  naturdkaient  avoir,  aux  jeui^ 
du  public,  la  gloire  «Lclosîve  de 
l'invention  (loV  Ainsi ,  tandis  foe 
Rameau  engendre  les  sons  aigus  ptr 


(le)Tiirtini  a  employa  an*  . 
tfqtthralMito  à  cdl«  éêlfmtfjm 
mmMnt  à  I'umic  aairi  par  !«• 
et  Ttipœirr  eomme  has0  ou  Jimdtmmft  ( 


OOBUMfliiMM 


,  1m  aoiw  gr«T«i  de  l'acounl  «l|  nUy  tmif 
et  de  Ms  reoTerscmeiits  mû,  sol,  mit  «M,  wt^  «i. 
<Wtte  ëq«iToc|se  de  awU  a  feUdir«A  4 

penoimei  pea  iartruites  dans  etttf ^ 

ta  preni^  id^  de  la  êmuêJMU 
paiianait  pas  à  Bw— n  t  iUaaa'aaftpaaidI 
tioo  que  ce  nnisieien  doaae  exdmhrêweiit  le  mmb 
dejhndmmtnude  k  k  note  la  plaa  mtm  d*an  «i- 
ctnrd  dont Ica mm  m  treaTeot  tmtUétmêhvtmr 
dre  direct,  comoM  ioiàÊÊuV*C90wà9êlt  ù,  fé, 
yâ,  et  <pM  cette  aote  tmmtf  aom  mam  <*-  ^dh 
miemtmU  dau  to«a  lu  mmriwMfa  de        dm 


•  I» 


586 


TAR 


les  sons  graves ,  Tardn!  engendre  les 
sons  graves  par  les  sons  aigus  :  on 
peut  dcfriver  d'une  source  commune 
ces  deux  manières  de  procéder  qui 
paraisjient  si  différentes  ;  mais  ce  n'est 
pas  ici  le  lieu  de  traiter  une  pareille 
question.  Des  Mémoires  soumis  en 
ce  moment  au  jugement  de  l'académie 
royale  des  sciences  de  Paris ,  jette- 
ront un  grftnd  jour  sur  cette  matière, 
et  les  lumières  qu'ils  répandront 
ajouteront  de  nouveaux  titres  à  ceux 
que  la  célèbre  école  polytechnique 
s'est  déjà  acquis  à  la  reconnaissance 
du  monde  savant  et  de  la  société 
en  général.  Quelque  incomplets  que 
soient  les  systèmes  de  Rameau  et  de 
Tartini ,  ils  n'en  ont  pas  moins  été  fort 
utiles  et  à  l'acoustique  et  à  la  théorie 
musicale  ;  ils  ont  ouvert  la  voie, 
donné  l'impulsion;  et  si  l'on  pos- 
sède jamais  une  théorie  musicale 
complète ,  une  partie  de  la  gloire  de 
sa  découverte  devra  appartenir  aux 
deu\  hommes  qui  ,  les  premiers  , 
ont  tenté  de  substituer  des  principes 
raisonnes  à  l'empyrismc.  —  Tartini 
eut  toujours  les  meilleurs  procédés 
pour  son  épouse ,  quoiqu'elle  le  ren- 
dît malheureux  par  son  mauvais  ca- 
ractère. Les  émoluments  de  sa  place 
étaient  bien  faibles  (  quatre  cents  du- 
cats); cependant,  non-seulement  il 
en  remplissait  les  fonctions  avec  la 
plus  scnipuleuse  exactitude  ,  mais, 
connne  chef  d'orchestre  ,  il  jouait, 
par  complaisance  et  par  zèle,  beau- 
coup plus  souvent  que  ne  le  portaient 
ses  engap;emenls.  Malgré  la  uiodiciié 
de  son  revenu,  il  trouvait  le  moyeu 
de  soulager  des  familles  indigentes, 
de  faire  élever  des  orphelins  à  ses 


«o/,  ri  fftt ,  r'rmi  i'in-t>rr  .*i7,  l'iiï  ml  npjM'li'r /«■/.•- 
tiuiHcntiilc.  De  lîi  i  rilr  .liniplificHtinti  dr  la  lIniiHe 
liarniuiiî(|ur ,  par  l'IiMirrux  <  I>iMninriit  on  crmiiiiii, 
ou  t.i\JiimiUc* ,  li'MTfirdft  ili>iil  .iup*iniTaiil  rbacuii 
eiail  cutuidi-re  iiKtividuelleBwut  »  utolcautil. 


TAR 

frais.  Les  élèves  qui  y  afccdeidi^ 
sitions  y  étaient  trop  paarres  pov 
payer  ses  leçons,  les  reeerateat  p»' 
tuitement.  Ses  ^ods  talents  ont  rat- 
dn  sa  mémoine  impërissaible  ;  sesvcp- 
tus  la  feront  chérir.  Les  ouvngcs 
dans  lesquels  Tartini  a  «spoeé  m 
théorie  musicale  sont  :  I.  TwmiUHI» 
di  musica ,  seeondo  la  verm  5c»nu» 
delT  ormonia ; Padoue ^  inS^pm- 


4^.  On  trouve  un  extrait 
cet  ouvrage  dans  le  Dictionnaire  de 
musique  de  J.-J.  Rousseau,  k  l'ait. 
Système.  Serre  de  Geoëre  ajaat  vi- 
vement attaqué  la  théorie  de  Tarnuy 
celui-ci  répondit  par  un  nouvel  o«- 
vrage ,  ayant  pour  titre  :  II.  BùpotU 
diGiuseppe  Tartim  alla  eriikméd 
di  lui  Traitato  di  musiea ,  di  Jf. 
Strrre  di  Ginevra,  Venise,  17^, 
in-8^.  Tartini,  tout  en  rcpondaiit  à 
cette  critique,  en  profita  ncSmmoÎBS, 
et  il  améliora  sa  théorie  dans  on 
troisième  traité  intitulé  :  III.  Disser- 
tazione  dei  prindpj  dtff  mrwumia 
musicale,  conienuta  nel  djaigmeo 
eenere,  Padova,  1767',  in  4*.  Les 
manuscrits  inédits  dont 


Sarlé  offrent,  d'aprks  les  npparts 
e  ceux  qni  les  ont  eiawoéi,  des 
idées  systématiques  étnagocs  à  k 
théorie  musicale.  Son  poitrait  a  été 
gravé  en  France  d'après  le  dessii 
de  M.  P.  Guerin  appartenant  k  M. 
J.-B.  CarttRr.  P— wt. 

T AilU FFI  (  Josera  -  AirroniB  ), 
l'un  des  premiers  poètes  de  l'ItaKt 
dans  le  dix-huitième  siècle,  naqnità 
Bologne,  en  1722,  et  fit scséWa 
chez  les  jésuites  de  cette  Tille*  OUip, 
par  la  volonté  de  sa  iamîlle,  de  se 
consacrer  à  la  Jurisprudence  ,  il  fa| 
reçu  docteur ,  en  1739,  et  se  ren£t 
à  Rome  pour  achever  ses  étuddi 
Ayant  aloi-s perdu  son  père,  il  mal 
à  ses  premiers  gaùtB  litlâniicif  rt 
selivra  avec  beaucoup  d'aidenrh-iife 


TAl 

our  k  poëiîe.  Il  «ocompagoâ 
rd  en  Poloçney  comine  secrëuî- 
uirdmal  Yisconti ,  quiafaitélé 
é  nonce  apostolique  dans  eetto 
e ,  et  se  fit  tellement  estimer  de 
lat^  qu'il  fut  nommé  auditeur 
ncelier  de  la  nonciature.  Lors- 
cardinal  retourna  en  Italie  ^ 
i  resta  à  Vienne,  où  il  fut 
î  des  affaires  de  la  cour  deRo» 
'est  alors  qu'il  se  lia  avec  leeë- 
Mëtastase,  qui  lui  fit  sourtnl 
leur  de  le  consulter ,  et  loi  don» 
e  son  c6te,  d'excellents  avis 
ses  compositions  poétiques, 
je  le  pape  Clemeut  XIV  enC 
é  un  antreintemooce^  Tamfi 
À  Rome,  où  il  se  consacra 
liier  à  la  culture  des  lettres.  It 
it  dans  cette  ville ,  le  ao  avril 
Ses  principaux  ouvrages  sont 
Recueils  de  poésies ,  Rome, 
et  un  Eloge  de  Métastase  y 
,  1783.  Z. 

RUTIUS  (  Lucius  ) ,  appelé 
Tarruntius ,  et  surnommé  Pir^ 
î,  philosophe  mathématicien, 
à  Firmium ,  ville  d'Italie  au 
es  Piccntins.  Tout  ce  qu'on  sait 
rie,  c'est  qu'il  était  contempo- 
:  ami  de  Cicéron,  ainsi  que  de 
n.  Le  premier  de  ces  écrivains, 
iou  Traité  De  la  Divination 
II ,  eh.  47  ) ,  le  qualifie  de  fa- 
is noster.  Tarutius  se  mêlait 
mp  d'astrologie  judiciaire.  Il 
iprofondi  la  science  des  Ghàl- 
;  et  Pline  nous  apprend  qu'il 
fcrit  en  grec  un  Livre  sur  Tas- 
fiie.  C'était  sur  le  passé  et  non 
venir  que  cet  astrologue  avait 
enlion  d'établir  ses  horosco- 
t  il  les  appliquait  à  l'histoire 
ne.  Ce  que  raconte  Plutarque , 
ît  de  Tarutius ,  prouve  à  quel 
les  titres  de  mathématicien  et 
>logue  donnaient  à  caix  qui 


TIR  5B7 

s'eD  devaient  dn  les  anciens  le 
prÎTiWgadesejouer  de  k  crédulité  des 
iMMMaMs,  deeenxuièn»^  passaient 
alors  pour  très-ëcUr^  Vairon ,  k 
plus  savant  des  Raauiîns  dans  Fkîs* 
toîrt,  proposa  à  TatutiaSySOB  bbî, 
de  trouver  le  yw  et  Yïmat  de  la 
uaÎKance  de  Boasalus^  en  remontant 
depuis  SCS  actions  conBues,  oomme 
cela  se  pratiqns  ponr  la  rësohrtÎQs 
des  proMtees  ait  géométrie.  Le  pU- 
losoj^he  de  Finpwm ,  apsèe  avoir 
conndëié  les  actions  de  Roanks, 
les  ciroonstances  dosa  vie  et  le  genre 
do  sa  mort,  ei  comparé  tons  ces  ifr- 
cUents  fBseadble  y  prononça  baidî- 
mem,  eonune  un  fait  inoontestaUoy 
qee  œ  frînee 'avait  4té  oonfn  la  pie» 
nièie  année  de  ia  seoendeotym^iiade, 
le  vingt  -  trouième  )0«r  dn  mois  qno 
les  Émtiens  mMnmcnt  okoiak,  ven 
la  troisième  heure  du  jour ,  àla^icUo 
il  y  eut  nne  éclipse  entière  de  sekil; 

Su'il  vint  au  monde  le  ai  du  mois  de 
^ot ,  vers  le  lever  du  soleil ,  ^  oa'il 
fonda  Rome  le  g  du  mois  de  pnar- 
mouti  (  I  )  ;  date  qui ,  selon  Petau,  ré- 
pond au  4  octobre.  Cicéron  (  loco  Ck" 
tmiù)  raraorte  le  même  fait  d'une 
manière  nien  différente  :  il  dit  que 
Tarutius,  «  remontant  au  jour  de  la 
»  fête  de  Paies ,  ou,  sdon  la  tradition, 
9  Rome  (ut  fondée  par  Romulus ,  di-* 
TU  sait  que  la  lune  était  alors  dans  la 
9  balance  ;  et  il  n'hésitait  pas  à  tirer 
»  l'horoscope  de  Rome.  »  Du  reste  9 
on  doit  à  Plutarque  et  à  Cicéron  la 
justice  de  reconnaitre  qu'ils  n'étaient 
pas  aussi  confiants  que  Varron  dans 
la  science  de  Tarutius.  Le  premier 
rapporté  l'anecdote  du  ton  de  l'iiH 
crédulité;  et  le  second  s'écrie  :  «  Pds- 
»  sance  inconcevable  de  l'errenr  ! 
»  quoi  !  le  jour  natal  d'une  ville  ap- 
»  partiendra  aussi  à  rinflucnce  éa 


(1)  PWfprqM,  rit  4» 


589 


TAR 


»  étoiles  et  de  la  lune!  etc.  »  Une  re- 
marque très  -  grave  peut  toutefois 
trouver  sa  place ,  à  propos  de  la  dif- 
férence du  jour  que  chacun  d'eux  a 
prétendu  que  Tanitius  assignait  à  la 
fondation  de  Rome.  Le  jour  de  la  fête 
de  Paies  9  mentionné  par  Gice'ron^  ré- 
pond au  21  avril,  date  bien  éloignée 
de  celle  du  4  octobre ,  qui  résulte 
du  texte  de  Plutarque.  Ge  qu'il  j 
a  de  certain ,  c'est  que  Varron  n'a 
pas  craint  de  donner  le  calcul  chi- 
mérique de  son  ami  l'astrologue 
pour  base  de  sa  chronologie  ro- 
maine. Solin  cite  également  Tarutius 
comme  garant  de  la  date  de  la  fon- 
dation de  Rome;  et  il  l'appelle  le 
Çlus  célèbre  des  mathématiaens  {2). 
'arutius  est  mentionné  par  Pline  au 
nombre  des  auteurs  d'où  il  a  tiré  les 
matériaux  du  dix- huitième  livre  de 


(a)  Solia ,  cb.  1*^. ,  pagt  s ,  Mit.  de  SaaiMUic. 


TAR 

son  Histoire  naturelle  (3).  On  Fa  ciri- 
fondu  quelc|iiefeis  avec  Lachis  Am- 
tins  f  historien  y  qui  avait  pnUié,  soos 
Auguste,  riiistoirc  de  la  premièie 
guerre  punique,  et  aiu|iid  SéoèqiK 
reproche  son  afifectation  maladroile 
à  imiter  le  stjle  de  Sillaste.  Bajie 
a  fait  un  article  cnrieiix  sur  le  ma- 
thématicien Tarutius,  qu'il  appelle 
Tarruniius  (4)*  M.  Schcdl  Ta  omis 
dans  son  Histoire  abrégée  de  U 
littérature  romaine;  et  id  mtee 
l'on  n'aurait  pas  jugé  cet  astroloeiie 
digne  d  une  notice  particulière ,  a  le 
trait  que  Ton  avait  à  citer  de  lui  ne 
confirmait  ropinion  énoiioée  dios 
plusieurs  autres  articles  sur  l'inoerci- 
tude  de  l'histoire  des  premien  aè- 
des de  Rome.  D— ii— a. 


(5)  Lit.  i«». 

(4)  Voye, 
Tarutiut. 


t.  «r 


FIN   DU   QVABAIfTE-QUATRlEME   VOLVItB. 


mu\  IfIBKAKY 


Jlii..rv..ft  fnlh-rh.... 
l'itivhimrftiiiISOl