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Mk
DE L'IHPRIMEHIË D^EVEAAT,
BUE DU eApaAn, ne. 16.
■Mia
i
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE.
ANCIENNE ET MODERNE,
■IISTOIBE, PAB OBDiie ALPHABETIQUE, DE LA VU PUBLIQUE ET PUVEE DE
TOUS LES aOMMH QUI K MWT FAIT UKABQn&H FAR LZUBS ÉCKITS,
LEUU ACTIOM, LfiUBS TAUHTI, LEURl VERTUS ET LIIIU OklHES.
RÉDIGÉ PAR VUE SOCIÉTÉ DE G^S DB LETTRES ET DE SAVANTS.
TOME QUARANTE-QU^Tfll.IJÈME.
A PARIS,
CHEZ L. G. MICHAUD, LIBRAIRE -BDITEUB,
PUCE DES VICTOIRES, N°. 3,
1826.
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DE L^IHPRIMEHIË D*ËVEAAT,
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RUB DU eÀPRANi N^ l6.
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SIGNATURES DES AUTEURS
DU QUARAin'Ë-QUATRIÊME VOLUME.
MM.
MM.
BaiacBOTm
G — «• Dm ÂMGà^igm
\ — T. Abil-Rbmusàt.
D. ÂATÀUD.
r. H. AVDIFFIBT.
P. Db BiAUCBJlMP.
àu. Cattbàu-Gallbtillb.
H. p. PiLLBT.
T— V GoQOBBBaT DB TàUT.
T. Db Glubt.
Dubois.
DBmBG.
Dàubou.
Dv PsTir-THOUABS.
DVBOIOIB.
DBfPOBTBS-BoBCR BBOB-
DbBOS db Là ROQVBTTB.
fl. EtbiIb.
•A. Fobtià-dIJbbab.
T y FoiisBT ( Théophile )•
•V. Glbt.
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Hi. ILliirBOTB.
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1. L'ECITT.
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L — b«>b. Laboudbbib»
Maltb-Bbub.
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, MiCBÀUD jeune.
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P— c— T. Picot.
P. D— T. Paul DupoRT.
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BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE.
S
OTRABON, le premier géoçra plie
de raotiquite' sous le rappoit histori-
que et littéraire , naquit à Amasee
dans la Cappadoce , environ cin-
rnte ans avant J.-C. Ses ancêtres
côte' maternel e'taient au nombre
des personnages les plus distinp;iiés
de Li cour des Mitliriaa tes. C'étaient
des généraux , des gouverneurs ou
satrapes , des pontifes , dotés de n-
ches domaines ; les uns d'origine
grecque comme ÏDorjlaus j\cs autres
du sang asiatique ( comme l'indique
le nom de Moaphcmes ). Mêlés dam»
toutes les affaires publiques du royau-
me dû Pont , tour-à-tour favoris ou
yictimes de la cour , quelques-uns
prirent, dans des vues ambitieuses, le
parti des Romains; et un ourle de
Sirabon livra quinze cb.'Iteaux- forts
(i) à LucnlliLS . mais n'obtint pas de
Pom[>ée , successeur de ce général ,
l'exécution des magnifiques pro-
messes qui lui avaient été faites ('0.
Comment arrive-t-ir qu'après nous
avoir si bien instruits de l'histoire
de ses aïeux maternels, notre au-
C'! ^GO'jpiOi n'est pa* liira r«ndu par place*
ftrte* d»n« la tradartion françaîve de Strabon. Oa
|.«Tit r«»rtclure de c*- passage et drqurlqiien nuire»,
ytr 1# gou«rrneinajt da ruvaum* du Poot était
uhmJbI , mai* atec un mélange de deapotii^me.
TU I Strab. , ^;épg. , X , p. 4:7 1 47*' li**» de «620,
XLIV.
teur ne nous apprenne rien sur
son père? Comment un nom ro-
main se trouvc-t-il mêlé parmi ceux
des grands seigneurs d'un royaume
asiatique ? Le silence de Strabon nous
autorise d'abt.rd à croire que sa famille
paternelle (itait d'une origine obscure.
Nous ajouterons encore qu'elle pa-
raît avoir clp semi-romaine ^ et nous
croyons qu'elle a été fondée par un
protégé de la maison de Pompée-le-
Granu. Cette hypothi'se paraîtra si
singulière , cpic nous devons présen-
ter , avec beaucoup de soin , les
motifs, qui nous la font regarder
comme digne d*attention. La con-
naissance que ce géographe avait
de la langue latine , est prouvée
Sar ses bititions de Fabius Fieîor ,
e Ca;cilius et d'un cerUiin Asinius,
ainsi cjiie par le jugement nioli\c,
quoique trop sévère , qu'il porte sur
les plagiats aeshistorinis la tms a l'é-
gard des ouvai^^'S historiques des
Grecs. Peut-être aussi sa juste appré-
ciation de la grandeur politique et de
la sagcsscadministrativedes Homa ins,
ainsi que sa conviction de la nccessilé
d'un pouvoir monarchique paraî-
tront à un lecteur assidu de son ou-
vrage une pjeuve que Strabou était
élevé dans 1rs idées romaines des
dernier temps de la république. Les
•i STB
liaisons de Strabon avec la maison
de Pompée , nous semblent assez
frappantes. Notre géographe saisit
avec une sorte d'empressement l'oc-
casion de parler honorablement de
Ponipeiiis Strabon, homme peu re-
commandable (3). Enlin , il semble
classer Scrtorins avec le brigand
Firiaius , et même contredii-e , d'a-
])rès des Mémoires particuliers , les
circonstances glorieuses de la mort
de ce capitaine (4). Il nous .ip-
prend lui - même (pi'il suivit les
cours de cet Aristodème qui avait
été gouverneur des enfants de Pom-
pée (5). Tout ceci ne semble-t-il pas
mdiquer dans Strabon un Romain du
coté paternel, et le (ils d'un homme
Hé avec la maison de Pompée? Nous
risquerons même une conjecture plus
positive. Pompée Strabon , père de
Pompée-le-Grand , eut le sobriquet de
Strabon ou louche, non - seulement
parce qu'il avait lui-même ce défaut,
mais encore parce qu'il l'avaitcn com-
mun avec I\lénogincs , son cuisinier ,
auquel il ressemblait beaucoup (()).
Ponipée-lc-Graud,étautcxtrimement
diilicile sur sa nourriture (n) , n'au-
rail-il pas eu soin d'amener dans son
expédition d'Asie le fameux cuisinier
de son père, devenu j)ar héritage son
esclave ou son client ? Le cuismier
du quartier -général , devenu pcjil-
etreniteudanl , n'a-t-il pu faire épou-
ser à un parent y ou épouser lui-même
une riche héritière d'une famille il-
lustre , mais placée par les circons-
tances à la merci du général en chef?
De tout temps ^ et même de nos
' \) Sirjilt. , t^irog. , V, p. aia ("".ir. Coni. I.
;îiStrali. , (fVc^. , III , p. i5A, i6i. Piitciuius
(« pi :s lu llbcrlo ili- t-i>rri;ï«T i( i lt> Iritr, « t il • «te
Miivi par Iihi.s \ps, f>itili'iirji ; mai* iiuu< iiv tmoDK
■ittcuii c-oiiiptc «le (f rkaiipviui-Dl viol^'iit.
•;.î) Slrab. , iîè't^. XIV, p. G'»j.
>i\) Pliii. , ^ II, cap. 19.
.-) C.ir. m\ lltic. 7. a.
STR
jours , on a va ce qu'il y a de plus éle*
yë s'abaisser avec beaucoup de flexi- '
bilité pour conser^^er les faveurs de T
la fortune. Divers détails viennent l
confirmer cette conjecture : le géo- '
graphe Sti'aboii avoue qu'il n'avait
pas la vue bonne (8) ; peut-être con- ^
servait-il un vice héréditaire dans les '
organes visuels , et c'est prcciscmeut
le Strabisme qui expliquerait ses ex- .
pressions erronées sur la position
parallèle des îles d'Elbe , de Corse
et de Sardaigne. Nous savons qu'il «
est possible de contester les raisons '
sur lesquelles nous nous appuyons; *
une à une , elles i>araiti*ont faibles ,
mais leur ensemble nous a paru aussi
concluant que bien d'autres hypo-
thèses admises; d'ailleurs, en eiu-
sions-nous une idée exagérée ^ leur
rapprochement n'en sera pas moins
utile pour ceux qui voudiout exa-
miner cette question , que nous
croyons avoir été entièrement négli-
gée et dofit cependant la solution jet-
terait une nouvelle lumière sur l'his-
toire littéraire d'un ouvrage im-
portant. Quoi (pi'il eu soit, Stiaboin,
né avec de la fortune , reçut nue édu-
cation distinguée ; il fit ses études à
Nysa (prèsTralles) sous Ari5todème,â
Aniisusdansle Pont , sous Tyraunion ,
età Séleucie(de Cilicie)sons Aénai^iie,
philosophe péripatéticien. Devenu
un des hommes les plus lettrés de son
temps, il alla visiter Alexandrie, si fa-
meu^^e encore par ses savants , quoi-
que déjà privée d'une grande partie
de ses trésors littéraires ; c'est pro-
bablement là que la lecture des écrits
des géographes -astronomes lui ins-
pira l'idée d'une géographie plus
philosophique et plus historique. II
s'y attacha encon* au péripatéticien
J^oëthus de Sidon ; mais à Tarse ,
'«) Slrab., Ctioi,. , V, p. ««3, >»S.
STR
irilte éminemmoit Uttërairé, il adop-
ta les doctrines du stoïcien Atbëno-
dore , doctrines qui semblent avoir
predomiae dans ses écrits et leur
avoir imprimé un caractère d'éléva-
tion et de gravité, quelquefois même
aux dépens de ce goût d'o]).sor-
▼ation exacte, que la philosophie
d'Aristote eut favorisé davantage
(9). Strabou j qui dans sa jeunesse
avait parcouru rAsîe-Minem'e et le
Pont jusqu'aux frontières de l'Ar-
ménie , visita , vers Tan il\ avant
J.-C. , la Syrie , la Palestine , la
Phénicic et l'Egypte jusqu'aux ca-
taractes : il se lia d amitié avec £lius
Gallus , qui , par ordre d'Auguste ,
entreprit une expédition en Arabie.
Plus tard, il visita la Grèce ^ entre
autres la ville de Gnossus en Crète ,
chère a son cœur par des souvcnii's
de famille, l'immortelle Athènes ,
les ruines de l'infortuné Pélopoucse^
peat*-être la Macédoine, et plus cer-
tainement rÉpire. Il parcourut la
péninsule Italique , et vit , des hau-
teurs de Populonium , les îles d'Elbe^
de Corse et de Sardaigne. Nous
crojons aussi qu'il voyagea dans la Si-
cile, et ce fut même apparemment par
cette voie qu'il entra aans l'Italie; car,
dans un voyage maritime , il longea
de près la cote de la Cyrénaïque (10).
Enfin , un long séjour dans la capi-
tale de l'empire, lui ouvrit l'accès
an\ sources romaines , pour décrire
l'occident et le nord de l'Europe. Il
consacra ses moments de loisir à
U composition de ses ouvrages ,
Mvoir des Mémoires historiques y
ciiés par Josèphe , par Phi ta rq ne et
par lui-même, et delà Géographie ^
dunt la majeure partie nous est res-
'r Strah.. '^^«■t'j;. . Il . |>.io3: •< \nu< aiilri-s inloi-
• cm r.a, iH>U9 ii'aimous p«« 1rs siilililv^ ri'<'li*-icbrs
> <]' KtiDlnie. M
iin^Strab., £;é0f., XT1I, p. 838.
STR 3
tée. On peut assurer qu'il ne termina
cet ouvrage qiie dans les premières an-
nées du règne de Tibère , par consé-
quent , dans un âge avance , surtout,
si, avec M. Schoell , on veut le faire
uuitre soixante ans avant J.-C. , car ,
en ce cas , il aurait eu soixante-qua-
torze ans à la mort d'Au«*uste. Les
derniers événements relatifs à l'his-
toire de la Judée, que notre auteur
rapporte, sont la morl d'Archelaus,
fils d'IIérodc , dans l'exil , l'an 7 de
J.-C. , et In nomination d'Antipas et
Philippe, iils d'Hérode, à la dignité
de tétrarque , l'an *i de J.-C. S'il eût
connu le second voyage d'Antipas à
Rome, et son exil à Lyon , en l'an
38 , il en aurait naturellement parlé
dans cet endroit où il peint les mal-
heurs de la famille d'Hérode. Ainsi ,
la rédaction du xvi<^. et avant-der-
nier livre de Strabon , tombe certai-
nement dans l'espace compris entre
l'an 7 et l'an 38, comme M. Letronne
l'a remaïqué (11). D'autres asser-
tions resserrent encore cet espace :
un passage du iv*. .livre démontre
que l'auteur écrivait trente^trois ans
après la conquête et la paciGcation
des peuplades montagnardes de la
Rhétie par Drusus et Tibérius ( i a),
événement que nous croyons pouvoir
fixer à l'an i5 avant J.-C; par con-
séquent Strabon avait commencé la
rédaction de son ouvrage l'an 1 8 avant
J.-C. , époque qui convient avec le
tableau ue la tranquillité générale de
l'empire, tracé à la fin du \^. livre,
après le triomphe de Germanicus sur
les Chcnis^pics (en l'an 1 7 av. J.-C),
dont notre auteur fut probable-
ment témoin oculaire. On a cité le
passap du xir. livre sur l'autono-
mie des Cvzicéniens , comme une
^ii\ Letroune , Sot. sur la trad. /raJif . , V, s5 ,
{in) Slrab. , Céoj^. , iv, p. ao6.
t..
4 STR
preuve que ce lirre a ele' rédige
avant l'anuce aG de J.-C. (i3) ; et,
en efTet , il semble que tout l'ou-
vrage était terminé avant les mal*
heurs domestiques qui se succédèrent
dans la dernière moitié du règne de
Tibère. Nouscroyons aussi qu'un écri-
vain philosophe comme Strabon ,
qui a rendu justice aux grandes
idées qu'il entrevoyait dans le sys-
tème tliéologiquc et législatif de
Mo'ise , n'aurait pas gardé le si!ence
sur Jésus-Christ , s'il avait coumisa
mort.Tout semble donc con tra ireà l'o-
pinion de M.Gosscllin^qui fait écrire
Strabon jusqu'à Y an 44 ^pi'ès J.-C.
Mais, d'un autre côté , tout système
chronologique positif sur notre au-
teur est su)ct à des dillicultés. Com-
ment expliquer son silence sur l'in-
surrection de Tacfarinas , sur le
grand tremblement de terre en Afri-
que ? On sait qu'il parle de Gcrma-
nicus comme vivant ( 1 4). Nous pen-
sons qu'il faudrait examiner si l'ou-
vrage de Strabon ii'ofl'rc pas dos in-
dices d'une double rédaction ? Si
notre auteur , travaillant en riche
amateur , dans des moments de loi-
sir entre ses voyages , n'a pas rédigé
quelques parties de son ouvrage, f»ar
exemple le xvii^. livre, dans un âge
moins avancé , sur un plan moins
étendu que, j)ar exemple, les livres
xiàxvi/sile mauuscritdu vir. livre
a jamais été complètement terminé?
si l'auteur a mis au jour son travail,
ou si ce précieux monument , resté
imparfait , n'a pas été d'abord con-
servé dans sa famille , et publié seu-
lement à uu petit nombre de co-
pies y qui auront circulé dans la par-
tie orientale de l'empire romain ?
(i3)Strab., Géog. ,XlIf p. 57G; CaMub. , cd
hc. ; Lipt. ad Tacit. Annal. IV, 9. H(j; I.e-
Iranna, I. c.
STR
Cette dernière conjectmre deviefll
presque indispensable pour expliquer
comment la géographie de StraiKHi
a pu rester inconnue â son siècle ;
comment un érudit , uu bibliophile,
un naturaliste commePline, un mora-
liste , et de plus un stoïcien comme
Sénèqiie , et un historien-géographe
comme Tacite , ont pu ignorer com-
plètement l'existence d'un ouvrage
qu'ils étaient trop bons juges pour ne
pas apprécier? En supposant que
Tacite n'ait pas eu occasion dénom-
mer Strabon , comment n'aurait-il
pas, en parlant d'Archelaiis , roi de
Cappadoce , profité des faits curieux
que ce géographe seul a consignés 7
Comment Sénèque n'aurait-il pas rap- *
Sorte tant de curiosités naturelles
écrites par Strabon ? Comment Pli-
ne , qui aime à faire combattre les
Grecs entre eux , n'aurait-il tiré au-
cun parti des disputes de notre au-
tour contre Ephore et Possidonius?
11 nous parait démontré que ces trois
écrivains n'ont point vu la Géogra-
phie de Strabon et n'ont jamais en-
tendu parler de lui. Les écrits de Jo-
sèphe et de Plutarque sont les plus
auciens où l'on trouve Strabon citcj
mais ce n'est que comme auteur des
Mémoires historiques , qu'il avait
composés avant sa Géographie, et
dans lesquels il parait avoir réuni des
recherches critiques sur diverses épo-
ques de l'histoire. Quatre livres de
cet ouvrage se rapportaient à des
évcnements antérieurs à Polybe ; il
cite lui-même le sixième comme étant
le deuxième de ceux qui font suite à
Polybe. On voit par Plutarque , qu'il
les avait au moins poussés jusqu'à la
mort de César. Les premiers qui ont
cité sa Géographie , sont Marcien
d'Honiclée , Athénée et Harpocra-
tion. Ce n'est que dans le moyen âge
({u'a commencé la haute réputation
STR
abon : elle devint tellement
iTe , qa*on le désignait sim])lc-
lous le nom du Géographe.
réputation n'est certes pas
e. Seul parmi les anciens ,
Hérodote et Tacite , i! a conçu
graphie comme une doctrine
que , comme le tableau raison-
la surface du globe avec tous
ets de curiositécénerale , à une
i donnée, tandis que Pline et
lée, dominés par un faux es-
icntifique , n'y voient qu'une
lomenclature ou une table des
)ii5 astronomiques. Strabon
ut qu'un géographe doit em-
T aux scieuces mathématiques
rsiques , ce qui est nécessaire
ieterminer la figure et les me-
ie la terre. « 11 doit connaître
animaux y les plantes et tout
•ne la terre produit d'utile ou de
iible.... Il doit fixer ses regards
les divisions naturelles de la
c , et sur la diversité des na-
s , plutôt que sur les limites
les caprices des gouvernements
nt momentanément.. .. Les mon-
les , les fleuves , les mers , les
pics, voilà les objets qui doivent
servir de jalons-.. «Mais il doit
ns rechercher les expressions
ihéma tiques que celles qui se
t aisément comprendre.... La
graphie doit être calculée pour
âge de tout le monde et spé-
icment pour celui des hommes
itiques. Elle est d'une haute
ité pour toutes les connaissances
Jes ; l'avoir ignorée a été la
se des plus grands malheurs; son
le est un objet digne du philo-
he moraliste. » (i5) Ce sont là
incipes vrais, étemels, dignes de
STR
5
l'atleiitionde ces esprits fauxqHÏ, en-
core de nos jours , veulent réduire la
géographie à des formes mathémati-
ques ou l'obscurcir par des termino-
logies barbares, et par un jargon
métaphysique. C'est dans ces prin-
cipes que Strabon conçut son bel ou-
vrage. Les deux premiers livres en
forment comme l'introduction : il j
passe en revue les systèmes d'Éra-
tosthënes et d'Hipparque , ainsi que
les principales assertions d'Ëphore,
de Polybe, de Posidonius. Maigre
les erreurs de Strabon , malgré sa vé-
nération un peu superstitieuse pour
la géographie d'Homère, dans laquel-
le il ne sait pas distinguer les fablc^
mystiques et héroïques d'avec les ob-
servations réelles, ce travail est la
base de nos connaissances sur l'his-
toire de la géographic^^ncienne. I^e
troisième livre , ou se trouve la des-
cription de l'ibérie , contient , outre
les extraits de Polybe , de Posido*
nius et d'Artéraidore , beaucoup d'a-
perçus recueillis dans des Mémoires
du temps de César et de Pompée. La
peinture des mœurs et de la civilisa-
tion y ofli-e le plus grand intérêt. Le
vaste pays des Gaules , avec les îles
Britanniques etThulé ( la Norvège) ,
occupent l'auteur dans le quatrième
livre ', où il a lieaucoup profité des
Mémoires de César , mais non pas
sans quelque confusion y et où il s est
de nouveau donné le tort de tour-
ner en ridicule les relations de
Pythéas, au lieu de les analyser fidè-
lemeut. 11 est juste d'observer que ce
livre paraît contenir l'indice d'une
lacune (i6), et que le géograjjbesc
plaint de la discordance qui régnait
entre les auteurs romains eux-mêmes
sur les endroits les plus rapprochés
de Rome. Le nom latin des rates et
Sirwb., Céog., I, p. 4, 9; i4, 4a ; IV, p.
r, p. a53.
(iG}Slrab. , Ciog., IT, p. 178,
6 STR
d'autres iudices prouvent qu'il avait
consulté beaucoup d'auteurs romains^
et les importants détails qu'il nous a
laissés sur Marseille , cette Athènes
des Gaules , ne sont pas seulement
tirés des Républiques d Aristote, mais
encore de la bouche des Romains qui y
avaient étudié. La description des
nations qui habitent les Alpes y quoi-
qu'intéressante , laisse regretter que
l'auteur ait craint , par respect pour
les oreilles délicates, de nous donner
une nomenclature plus complète*
Dans les hvres v et vi , il décrit l'I-
talie avec ses îles. A l'exception d'une
erreur relative à la Ligune, c'est un
des morceaux les mieux faits de la
géograpliie ancienne. L'auteur , pé-
nétré du mémo esprit que Den^s
d'Halicarnassc , discute avec une
bonne critique les origines des Ro-
nlains , des Etrusques et des autres
nations italiques , sans citer Tite-
Live, soit qu'il ne Tait pas connu, soit
qu'il ait eu en lui peu de coniiance.
Tout ce tableau de l'Italie est rempli
d'observations i)crsonnplles de Stra-
bon ; mais quel est le chorograpfie
dont il invoque l'autorité en pailant
de la Sardaigne? Les érudits n'ont pu
le découvrir; toutefois , il nous parait
bien évident que ce n'est pas Agrippa ,
car notre géographe cite nommément
à plusieurs reprises ce grand homme
d'état , mais c'est ton j ours comme ad-
ministrateur , jamais comme auteur
d'une chorographie. Par quel bizarre
caprice l'aurait^ il donc déguisé sous
le nom du chorographe , en rappor-
tant les mesures faites par ses onlres ?
Nous irons même plus loin : nous
croyons que la carte d'Agrippa a
été très-imparfaitement connue de
Strabon.— M. Lelev\ el , dans ses Re-
cherches sur la géographie ancienne
( en polonais ) , a traité fort savam-
ment de cette carte , et a même es-
sayé de la reconstruire sur une petite
échelle. Sans pouvoir lire avec fruit
un livre polonais , nous croyons
avoir déchiffré, à coups de diction-
naire, le sens des observations de M«
Lelewel, et nous nous flattons d'avoir
compris ses cartes. Ce savant et ingé-
nieux critique, après avoir eXammë
les mesures» faites par ordre d'A^
grippa^ montre les vices et les er^
reurs du système de Strabon où plu-
tôt de l'esquisse que ce géographe
historien essaie de donner des svs-
tèmes précédents connus en Grèce.
La carte qui résulte des mesu-
res locales positives ordonnées par
Agrippa est très-supérieiu^e en exac-
titude À la carte formée des aperçus
de Strabon ; et comme il serait in-
juste de supposer que celui-ci aurait
mal compris des - matériaux aussi
clairs et aussi authentiques ^ on doit
penser qu'il n'a pu en avoir une com-
munication complète. Pline lui-même,
mieux servi en raison de son rang
dans l'état , ne paraît pas avoir
toujours rapporté exactement les ëlëi-
mcnts de la carte d'Agrippa ; et en
effet , nous sommes tentés de croire
qu'elle n'est jamais devenue vérita-
blement publique, quoiqu'elle ait été
répandue en beaucoup de mains;
Qu'on nous permette de développer
ici nos idées, encore peu mûries,
mais intimement lices au sujet de cet
article. Auguste' et Agrippa nous
semblent d'abord avoir été frappes
de la nécessité administrative et mi-»
litaire d'avoir de bonnes routes , et
d'en posséder dans les archives de
l'état des tableaux exacts. Gette
pensée, bien plus que l'ûmour de la
céographie , guidaitleursopérationsi
Des inspiecteurs des grands chemim»
furent d'abord distribués dans l'em-r
pire (17). Ensuite les rapports de ces
(17; Suel. In Ocl., 37.
STR
mrs des ponis et chaussées
ait connaître l'extrême inexac-
«s mesures g<^opraphiqucs an-
» , on résolut de faire mesii-
tes les distances itinéraires de
-e y et ici on fut obliç^' d'avoir
(au savoir des Grecs ( i H).c( Ze-
is acheva Ja mesure des par-
entales deTempireen vingtnin
iq mois, neuf jours ;Theodutus^
[es parties septentrionales en
leof ans huit mois dix jours;
He , celle des parties mcridio-
D vingt-cinq ans un mois dix
• Peut-on révoipier on doute
dication si minutieuse ? Peut-
econnaître l'esprit se'vcre d'A-
? C'est probablement sur les
du portique rommoucé par
»a ,qQe cette indication se trou-
uvee. Ce portique ofl'rait , aux
s do public , une mappemonde,
loute rectifiée eu gros d'après
vaux des ingénieurs géogra-
ffais les détails de ces travaux
la propriété du gouveniement.
p nous en apprend l'emploi.
que gouverneur, nous dit-il,
it une description de sa pro-
e, avec indication des distances
lieux en milles , de i'ctnt des
es et des petits chemins , des
itagnes cl desrivièi-cs (19). »
comme , par lerapprocliemcnt
is passages des anciens , nous
is concevoir la nature du grand
ordonné par Agrippa. Si
!nant on nous demande ce que
inentendparle chorographe?
iirrms qu'il a voulu designer
lieur-géographc de lu partie
livc de l'empire à l'isard de la-
il invoque son autorité. Pour-
e cite-î-il que rarement ces iu-
Jlii«'u» liiter , i'osiHOffroftfi. init,
t%jet. , De re nùUlari, iJf , tf .
STR
n
J
génieurs ? parce que leur travail , '
contemporain de la rédaction de l'ou-
vrage clc Strabon , n'était pas ache-
vé , et n'était connu qu'à 1 égard de
quelques parties. Pourquoi ne les dé-
signe-t-il pas nominalement? parce
aue , dans leur qualité d'employés
de l'état , ils étaient soumis à de gran-
des restrictions à l'égard des com-
mimications. Peut-être notre géogra-
phe a X-\\ encore connu un écrivain
romain que noits regardons comme
important , quoique ses ouvrages
soient perdus ; c était un certain
Balhus , qui avait rédigé , du temps
d'Auguste , un ouvrage complet sur
les mesures et les limites de toutes
les provinces romaines , ouvrage
Sent -être extrait avec permission
u grand travail ollicicf (ao). Si
ce Balbus a été le secrclû ire-rédac-
teur latin attaché aux ingénieurs-
géographes grecs , on conçoit que le
nom de Chorographe lui a pu rester
dans le langage usuel. Mais nous
manquons de matériaux pour décider
plus spécialement cette question : il
nous suflit que le mot chorographe
dénote ici moins un indiWdu qu une
fonction, une mission. Telle est la
solution que nous proposons d'un
problème que Casaubon avait pro-
mis d'examiner , et que les traàuc-
teurs français de Strabon se sont
aussi engages à résoudre. Nous al-
lons voir sMls tiendront leur parole ,
et si , se fondant sur quelques passa-
ges de Pline, ils soutiendront que
c'est Agrippa lui-même qui a écrit
une ch orographie , où il aura voulu
rester anonyme , mais qui plus tard
aura été citée sotis son nom , de sorte
que Strabon aura pu ignorer celle
{•xo) « Pulbut ffK'NiMftK limilum ri trrmittomm ,
» tcmfHtrihut . lugusli , ' omnium jiravmciarum Jor-
» ma$ et civilatum mentums comptttas in comimrn-
» tmrùn eontuUt. MFrooliniu De CoUm'tis, p. Wî4-
8
STR
circoQStauce connue de Pline. Notre
hypothèse est plus dans les moeurs et
l'esprit des Romains. — Le livre vu
de Strabou est consacré, dans sa pre-
mière moitié, à la description des pays
entre le Rliin et le Tana'is , et au nord
du DanuL»e , c'est-à-dire à la moitié'
de l'Europe actuelle. Mais selon no-
tre auteur , la terre habitable se ter-
minait au cinauante-cinquième pa-
rallèle , et le rivage de la Germanie
venait presqu'cn ligne droite joindre
un Occan sarmatique ima[;inaire ,
qui occupait remplacement de la
Scandinavie et de la Russie septen-
trionale. On conçoit donc combien cet-
te esquisse doit être succincte , incom-
plète , fautive ; elle l'est même com-
parativement aux auteurs grecs cites
par Pline, et dont une partie était con-
nue à notre auteur , mais qu'une cri-
tique systématique lui faisait prendre
pour des hommes crcdu'es ou même
pour des imposteurs. C'est ainsi qu'il
rejette les relations de Pythéas sur
Thulë , nom vague sous lequel ce
voyageur réunissait les choses qu'on
lui avait rapportées, ou que peut-
être il avait vues en partie, sur tous
les pays au nord-est et à l'est des
îles Britanniques; Strabon dédaigne
également llécatée de iMilct (le jeu-
ne ) ^ dont Pline au moins a tiré quel-
ques indications curieuses quoique
mal rendues; il paraît avoir ignoré
\q.s écrits de Philémon et de Xéno-
phon (de Lampsaque) , écrits qui,
d'après Pline , devaient être reni-
))lis de détails curieux sur la mer
Baltique et les pays Gothiques et
Siavons , entre autres de noms géo-
graphiques recueillis dans l'idiome
même de res peuples. En regrettant
la déplorable négligence d'un esprit
aussi élevé que Strabon (négligence
signalée mais non pas rachetée par
les extraits informes du compibtcur
STR
Phne) , nous devons reconnaître que
ce septième livre contient plusieui*»
morceaux importants tirés de sour-
ces originales ou perdues. Tds sont
les détails sur la Germanie , tirés
d'un Asinius qui , selon nous , pour-
rait bien être Asinius PoUion ; tels
sont l(» fragments de Posidonius sur
les migrations des Cimbres , confon-
dus avec les Cimmériens, fragments
qui font doublement regretter les
écrits de Philémon; tels sont encore
les précieux renseignements recueil-
lis dans les rapports des généraux
romains sur le puissant royaume des
Gèles et des Daces qu'il distingue ( et
nous croyons avec raison); telles sont
les indications des noms des peupla-
des pannonienncs ; tel est surtout
l'important passage sur les peuples
à l'est de la Bohême, soumis par
Maroboduus , savoir les Zoumi ou
les Fiimois , établis alors en Po-
logne, les Mougilones et les Ly^ii^
dont les noms paraissent siavons;
les BiUoiieSy qu'on retrouve peut-être
dans la Lusace ( à moins que qnelque
nouveau manuscrit ne nous autoriseà
lire Gutoru'S ) , enlin les Sibini , sur
les([uels il serait trop lopg d'expo-
ser uutre opinion. Ces renseignements
sontprobablementdus à Maroboduus
lui-même, puisque ce prince a [tassé
une partie de sa vie à lia venue en
Italie, où Strabon a pu le voir. Nous
avons , dans le premier volume du
Précis de la Géographie universelle,
indiqué Timpurtance de ces noms de
peuples, évidemment indigènes et
authentiques. Les traducteurs fran-
çais de Strabon , étrangers à la phi-
lologie sej)tenlnonale , n'ont pas
compris nos observations ; ils les
ont passées sous silence et se sont mis
à corriger arliitrairement le texte
même de leur auteur. La fin du septiè-
me livre de Strabon paraît avoir
STR
siJ>i un sort singulier; car non-seu*
lement il en manque une grande par*
lie , mais même avant cette lacune ,
les cliapitres relatifs à la Macé-
doine supérieure sont peu dignes
d*iui gcograplie-voyageur 5 ils ne va-
lent guère mieux que les extraits qui
les suivent y et la lacune pourrait
bien commencer un peu plus haut. Il
y a du désordre dans la manière
dont est placé le chapitre sur les Lë-
lèges. D'ailleurs l'Épi re , la Macé-
doine, la Thrace, l'illyrie, d'après
les proportions générales de l'ouvra-
ge auraient dû occuper un livre à
elles seules. Peut-être cette partie
n'a-t-clle jamais été achevée au gré
de l'auteur ; peut-être en méditait- il
une seconde rédaction , que la mort
l'aura empêché de terminer. Ia!s li-
vres VIII, IX et x^contenaut la géo-
graphie et l'ethnographie de la Grè-
ce avec ses îles , supposent un plan
plus étendu que les livres précé*
dents; les détails topocraphiqucs ,
les discussions, les traits uistoriques y
les digressions mythologiques incmey
alwndent ; c'est un résumé précieux
des obst^rvatioiLS pcrsoiiiiclles de l'au-
teur et de celles de beaucoup d'écri-
rains célèbres mais peitlus. Le livre
onzième commence fa descripliun de
l'Asie et traite particulièrement des
régions caucasicimes , de l'Arménie ,
delà Médic, de rilyrcanic et de la
fiactriane. Les prévent ion s de l'auteur
contre Hérodote , et sa déférence pour
lautorlté plus récente de Patrocle,
amiral de Seleucus et d'Antiochus,
liiifaitaclopter l'opinion eiT0iiécd*une
communication entre la merOa^pieu-
ne et TOccan septentrional. Mais ce
qi'ila extrait de 1 héophane , compa-
j;non de Pumpée^sur l'Ibérieet TAI-
Ésuie, d'Apollunide et de Dcllius,
ami de Marc-Autoiue, sur la Mcdic,
'l'ApulIodorc^ sur la Parthic et sur le
STR g
royaume grec de la Bactriane , est
d'un prix d'autant plus grand que-
c'est païf ces extraits seuls que nous
connaissons beaucoup de faits his-
toriques du plus haut intérêt , relatifs
à ces pays. Dans les onzième , dou-
zième et quatorzième livres , Strabou
nous a rendu un service non moins
important en décrivant avec un soin
particulier l'Asie-Mineure , sa patrie :
c'est incontestablement la meilleure
partie de l'ouvrage, et en même
temps le meilleur morceau de géo-
graphie-physique et historique ([ui
nous reste de toute l'antiquité. Outre
plusieurs auteurs indigènes perdus,
entre autres Démctrius de la Troade ,
Xantlius de Lydie, Philippe de Ca-
rie , il s'appuie sur svs propres ob-
servations et sur des Mémoires par-
ticuliers. Langues , cultes , gouver-
nements , toute l'Asie-Mineure enfin ,
nous en devons la connaissance à ces
trois livres, que uous trouvons encore
trop succincts , parce que Strabony
a snppo>c connu ce qui ne l'était
qu'aux gensdu ])ays.Ou pourrait ex-
traire de ces trois livres un aperçu
de la gcographic-physique de cette
péninsule trcs-siiperieur à celui de
plusieurs voyageurs modernes. Le
gcogra[)he ancien dépeint très-bien
l'étendue du plateau central de l'Asie-
Mineure ('^1). Il a encore le mérite
de nous avoir conservé beaucou]) de
mots des langues ancieinies perdues ,
et de uous avoir par-hi fourni le
moyen de nous former une idée , in-
complète il est vrai, des liaisons
des peuples de l'Asie-Mineure avec
les Arméuieus , les Syriens , les
Ilellcucs et les Thrace. Le quiuzième
(91 '; La mot ni henrciix de la laii|{Uf (!roc(|iin
OpOTTsOtOV l '■>'»ituKnvpl'>>ur ) , acte ujrioiiiiii
{lar uu d<» Irn'iiiclriirii t'i^iifais, (pti ■ iiiriiu* fait
iiun note [luur MMilciiir qutr «,« uol wut liiitr O'I-
liu« i moutcc dt'uc*.
lo SÏR
livre décrit Flnde, T Ariane et la
Perse , pays que Strabon n'avait pas
vus ; aussi prend-il ses précautions.
« Nos lecteurs y dit-il , doivent ici'
être indulgents , soit à cause du grand
•éioignement des lieus et du petit
nombre des voyageurs^ soit à cause
de la légèreté et de l'ignorance qui
régnent dans leurs relations. Souvent
n'ayant rien vu par eux-mêmes , ou
n'ayant vu qu'en passant , et ne
parlant que d'après des ouï-dire, ils
n'en décrivent pas moins les objets
comme s'ils les avaient scnipuleuse- '
ment examine^. » On voit que les
voyageurs de ces temps valaient les
nôtres. Les compagnons d'Alexan-
dre, semblables à ceux de Buona-
parte, se contredisaient â chaque ins-
tant en parlant des choses qu'ils as-
sit raient avoir vues,parceque chacun
faisait son roman particulier, a IjC
» j;)rincc aimait à croire aux mcr-
» veilles qu'on racontait sur les pays
» où il avait porté ses armes. » Stra-
bon s'elForcc de distinguer le vrai et
le faux dans ces rccitsj et sa critique ,
même quand elle n'est pas heureuse,
a toujours le mcr'tc d'être ingénieuse
et impartiale. Néarquc, Onésicrite
et Aristobiile sont ceux parmi les
compagnons d'Alexandre que notre
géographe parait avoir le plus con-
sultés; mais il se plaint beaucoup
du goût d'Onésicrite pour les fables ;
il parle lionorablemnitdcCiallisthène
son confrère rn philosophie ; mais il
fait peu de ras du roman élcganldeCli-
tait[iie dont nous possédons probable-
ment l'imitation dans Qninte-Ciirce.
IjC voyage de Mégastlïèiies à Pali-
Iwthra , sous Séleucus Nicaiior, est
la source où Strabon a puisé le i>lus
abondamment pour les mœurs et l his-
toire naturelle • mais la relation de
Daïmaclnis , ambassadeur de Séleu-
cus , quoique sévèrement censui'ce
de
STK
r notre géographe, lui a fourni
es extraits qui font regretter la perte
de l'ouvrage. C'est la partie del'Indtf
située entre le Lahor et le Bengale
que Strabon connaît le mieux : il n'a'
pu se former une idée claire dés par-
ties maritimes ni delà configuration
de la Péninsule , quoiqu'il eut en con-
naissance de quelques navigations des
Romains et des Egyptiens , soit à la
cote de Malabar , soit mêmeauxbou*-
ches du Gange ; mais ceux qui avaient
fait des voyages étaient des mar-
chands et des matelots, dont il ne
put tirer rien d'intelligible. Ce qui
gênait Strabon dans sa manière ifi
concevoir l'Inde, c'était l'autorité
imposante de Patrocle , amiral d«
Séieucus , qui, d'après des mémoires ,
plutôt que d'après des navigations
réelles , décidait que l'Inde se termi-
nait à l'Océan Indien , et que cet
Océan joignait l'Océan Scythiqne ,
dont la mer Caspienne était un Golfe.
C'est le système de Patrocle qui a
fait rejeter à Strabon l)eaucoup d'au-
tres renseignements d'où il aurait dû
conclure l'extension immense du con-
tinent, tant au sud qu'à Test et au
nord. Quant k la fameuse Taprobane,
notre auteur rapporte quelques dë^
tails que son savant contemporain
Nicolas de Damas avait reçus des
ambissadeurs d'un prince Indieu aa-
prrs d'Auguste ; mais d'abord ces
détails ne contiennent absolument
rien qui s'applique à Ta pruliane ; en-
suite le ])rince s'apjHîlait Parus ,
d'a])rès un passage ('22), ou selon
im autre ('^S; , il y eut deux ambas-
sades^ l'une de Pandtony l'autre de
Parus. Ce sont , selon le savant urien»
taliste M. Wahl , les noms de deux
dynasties de l'Inde continentale , très-
(aa) Strah. , Céogr. , XV, 719.
(«3) Idem. , îLid. , p. (JS(î.
STR
oses dans les traditions oi-ien*
, les Kourouwanjr ou les fils dn
, et les Pandiwai^ ou les (ils
Joue. Férus équivaut à Korus
ourou (a4)* Il est plus certain
es Pandion régnaient dans le
1 méridional , dans le Pandi-
ialam ou le royaume de Ma-
ïj elles Porus {^5) dans les en-
5 du Pendjab. Nous ne voyons
pas sur quel fondement le sa-
n. Schoell applique ce passage
trabon à Taprobane , d'où il
.va des ambassadeurs à Rome
MIS Gaude; mais ceu!L-là n'y
Qt qu*après Tëpoque vraiscm-
ï de la mort de Strabon , et ce
pe dans Pline qu'on en trouve
âts; celui qui les envoyait pre-
( simple titre de Raja{bachia).
otions de Strabon sur Ta prô-
ne dépassent sur aucun point
d'Ottésicrite et d'Ératosthc-
Les détails que ce géographe
! sur les productions ^ les usa-
e culte^ ne peuveut être appré-
ue par les nommes versés dans
igues diverses de l'Inde ^ et qui
*mc temps auront égai^ à la
lorpbose que les idées des Plin-
mt du subir dans la tétc d'un
et dans une langue étrangère.
:4Miiiaît dans Strabon le systë-
s castes , avec quelques légères
iioDS , l'opposition entre les
nanes et les sectateurs de Doud-
les Sermanes ou Samanijra ,
putes intérieures rntrc les sec^
armi lesquelles il désigne les
nés ou Paramangha ^ et m
il tous les traits de la société
Mse et civile des Hindous , telle
éjà une ancienne civilisation ,
blement inconnue à llérudotc,
'alil , Oftindien , Il , 3i8, 3.i7, i>53.
« ooiB vital «an» donir dr futm ou poiu ,
STR
II
k Gtésias et à leurs guides persans ^
l'avait créée dans les régions inté-
rieures sur les bords du Gange, du
Kbrisna et du Nerboudda. En com-
parant le tableau raisonné de Stra-
bon a vccles immenses uomendatures^
les citations confuses, les indications
disséminées de Pline , on s'écrie dou-
loureusement : Pourquoi le géogra-
[>he n'a-t-il pas eu un peu plus de pa-
tience et d'indostrie de copiste lou
pourquoi le naturaliste n'avait-il pas
le jugement , le goôt et les vues phi-
losophiques du géographe ! Le reste
du quinzième livre n'est pas moins
curieux ; c'est la Perse surtout qui
y attire notre attention , et c'est en-
core d'après des sources peu con-
nues , ou même des observations
personnelles que parle notre auteor.
Le fameux passage sur le culte du
feu dans la Cappadoce, qu'il dé-
crit comme téraoiu oculaire, est p6Ét«
être le plus authentique de tous ceux
de l'antiquité sur le même objet : on
doit, par conséquent, avx)ir une con<^
fiance spéciale dans ce que Strabon
dit d'après d'autres historiens sur le
culte des mages en Perse, bien qu'il
faille se rappeler , à l'égard de ces
explications , que c'est un philoso^
phc grec qui parle , et qu'un philo-
sophe grec n'embrassait pas, comme
nous autres chrétiens , dans tn coup
d œil universel , tous les éléments du
monde spirituel ( pour emprtmter
une expression de saint Paul ). Il est
aussi probable que dans ces impor-
tants renseignements de notre géo-
graphe f plusieurs liturgies spéciales
de diverses sectes ou branches de
Mages ont été mêlées ensemble ('26).
Le seizième livre contient la Babylo-
uie , la Mésopotamie , la Syrie et
(«G) KIruker , SuftpUmeml «m Zind- -Iv^st» , il ,
put. ») p. 75.
13 STB
l'Arabie. Beaucoup de choses sout
tirées de Néarque,d'Artéinidore,de
Posidonius , d'Évatostbcnes ^ mais
Strabou avait encore des sources
particulières, et il avait hii-méme
traversé la Syi'ie maritime, (i'est sa
coDÛance dans son propre coup-
d'oeil passager^ qui lui a fait com-
mettre la plus grossière erreur en
confondant le lac Sirbonis sur les
bords de la mer, arec le lac AsphaU
tite. Mais , pour un païen , il rend
une justice éclatante aux grandes idées
morales qui régnent dans la législa-
tion de Moïse ; il en voudrait presque
faire un philosophe du Portique ; il
a pulire en greclelivrede la Sagesse,
et nous ne voyons pas sur quoi s'ap-
puie l'omnisciencc des Allemands,
lorsqu'ils aillrment queStrabon a dû
copier tout cela daus un autre écri-
vam. Vers la fin du livre, il donne
ÙÈtB renseignements tirés de ses pro-
pres enlrclicns avec iEiius Gallus,
Sréfet d'ÉgjTpte, et avec Atliéno-
ore de Tarse , le précepteur d'Au-
guste, qui avait été à Pélra , chef-lieu
des Nabathéeus. Enfin le dix-septiè-
me et dernier livre nous offre un
tableau spécial de l'Ép^ypte et une
esquisse rapide du reste de l'Afrique,
L'auteur avait lui-même voyagé en
Egypte sur le Nil jusqu'aux Cata-
ractes; il faisait partie du brillant
cortège de son ami yElius Gallus ,
gouverneur du pays ; et ce fut en pré-
sence de beaucoup d'olliciers et de
soldats romains, qu'il entendit la fa-
meuse statue de Menmon rendre, aux
j)remiers rayons du jour, un son dis-
tinct comme si quelqu'un Teiit frap-
pée: il ne crut pas au miracle ; mais
pourquoi n'alla-t-il pas lelcndcmain
examiner deuouveau le phénomène?
On voit que le gouvcracur et sesamb
voyageaient plus en curieux qu'en
savants; les fctes et les hommages
■
STR
les environnaient ; il v avait dans Ir ■
cortège une espèce de prêtre ésjf-
tien de basse classe, nomme' Ghéré-
mon ,qui servait de but aux plaisan-
teries de l'illustre compagnie; maîi
pour ce qui est des prêtres savants ,
mstniitsdans les hiéroglyphes , Stn*
bon n'en rencontra aucun ; il ne res»
tait que des desservants des temples
qui maintenaient les cérémonies ex-
térieures, etdes jongleurs qui savaient
faire ouvrir k gueule à un crocodile
sacré, pour lui faire agréer rofirande
de chair et d'hydromel. Ainsi , en
supposant un philosophe stoïcien^
comme l'était Strabon, disposé it
étudier le grossier fétichisme des
Égyptiens et à scruter la douteuse
science de leurs prêtres , les moyens
lui auraient manqué. Il faut donc con- \
sidérer sa relation de l'Éjypte com- i
me le résultat d'un coup d œil passai- \
ger , intéressant seulement sous le {
rapport des localités et de l'état civil }
de l'Egypte romaine. En accordant «
ceci aux détracteurs de Strabon , .
nous ne pouvons pas admettre, avec
le savant M. Gossellin , que le géo-
çraphe grec ait navigué, sans s'en ■
douter, sur le canal d'Oxyrinchu»,
en prenant ce canal pour le vrai
Nil , et celui-ci pour un canal. Rien
ne prouve cette assertion, qu'on fonde
uniquement sur le silence du géogra-
phe-voyageur, k l'égand de quelques
villes remarquables. Nous serions
tentés de croire que Strabon fit une
excursion à Myos-Hormos , et qu'il
vérifia de ses yeux , qu'il partait
cent vingt bâtiments ér^yptiens pour
l'Inde ; d'abord le mot grec offre ce
sens chez les auteurs les plus rappro-
chés du temps de notre écrivain (a'y).
(*7^ I^TOpOUttyjV <ï'l Slniljini. « J'raf occ«-
nîon de m'aMiircr n dît la traduction ftançaiiie.
Plntarmie, dans LuntUu» ^ rn disant qne re Ro-
maîa 4^ut/« les nonaoïcnU d« Mcin^tLi», 9\Jii ttitt»
STR
t fut à Myos-Hormos que
, aa retour d'Arabie, Ta-
iis-Gallus , et il est proba-
avait envoyé' quelqu'un vi-
lieus; enfin ce passage se
ins l'ensemble de ceux ou
nous e'tale la carte de ses
Après avoir décrit TÉgypte
il, après avoir profite' de
Q militaire de Pétronius et
âge d'Âgatharcbide , pour
vec intérêt de l'Ethiopie
, il prend tout - à - coup
ère d'abreviateur superû-
ird de l'Afrique septentrio-
:cidentale ; à peine daigne-
crer quelques pages à ces
^ions , et encore ces pages
s absorbées par des dé-
criques et politiques. Com-
t-il pu dédaigner ainsi les
;recs qui avaient e'crit sur
? Ignorer le pe'ripled'Han-
s écrits géographiques de
•n contemporain? Ne pas
davantage sur les passages
ts qu'il nous a heureusement
du naturaliste Iphicrates ,
-aient dû lui faire soupçon-
tilité de l'Ethiopie occiden-
us répéterons ici la conjec-
lous avons déjà émise : la
rédaction de sa Géographie
jeunesse de Strabon,peut-
>n séjour n Alexandrie ; la
édaction date de sa vieil-
. livres iv". , vn«. et xviio.
I ville d'Atitioche, emploje le terme
dans le seat le plus positif. Il s'en
it dans son TheseV. Galipii ( lib. 2 ad
it : Je Jcs ai vu p*=rir, ifJTOpYitJX
J'JÇ. l>Pnirrac detlDÎt Icmot tijfoOtX
d'observation personnelle ( lib. a de
■i*lotc r.iviiil déjà prit dniu la uir.'iic
i I* mpprocJiant de l'anatouiie. Lnfiit
djque ooù. comme un des sjnonrnie.i
• Xons no pouvons pas aprofundir ici
a ; B0U.1 ne voulons que l'iudiquer.
STR i3
n'ont pas e'té complètement revus par
l'auteur , mort probablement sur le
travail : ils nous sont parvenus dans
la forme plus légère et plus supe^-
cidle qu'un jeune littérateur et phi-
losophe voulait donner à son ouvrage.
Nous trouvons une preuve très-forte
àe cette hypothèse dans l'espèce de
double emploi oui se manifeste entre
le morceau final du livre i v® et celui
du livre xvii*. ; dans l'un et l'autre
il jette un coup - d'œil général sur
l'empire romain ^ les deux morceaux
auraient dû être réunis^ ou bien le
dernier aurait dû être remplacé par
une péroraison plus digne de l'en-
semble. Mais la fin du livre xvii''. ,
où il n'est question que d'Auguste et
non pas de Tibère, était écrite long-
temps avant la fin du livre vi®. , et
l'auteur n'a pas eu le temps de les
coordonner. Nous n'ignorons pas que
dans le livre vi°. , le roi - géographe
Juba est nommé comme vivant , et
dans le livre xvii** comme mort y ce
qui semblerait prouver une rédaction
progressive et unique de tout l'ou-
vrage; mais nous expliquons cette
circonstance par des corrections iso-
lées. Après cette analyse des travaux
deStrabon, il ne nous reste qu'à par-
ler de ses principaux éditeurs, com-
mentateurs et traducteurs. L'édition
Princeps est celle des Aides , Venise,
1 5 1 6, in-fol. On estime celle deCasau-
bon , réimprimée par Morel , Paris ,
1620, in-fo). j celle d'Almeloveen ,
An^sterdam, 1707 ; celle de Sieben-
kees, continuée par Tzchucl^e, Leip-
zig , 1796- i8ii, six vol. in-8<».;
c'est la plus ample et la plus riche
en notes ; enfin celle du savant grec ,
M. Coray, 1818, 1819, quatre vol.
in-8^., abondante en corrections cri-
tiques , souvent très - ingénieuses et
accompagnées d'un excellent com-
mentaire. L'édition de Falconer, Ox-
i4
STR
ford, 1807, a vol. ÎD-fol., n'est re-
marquable que par l'ignorance dëdai-
goeuse de l'éditeur , qui ne connaît
pas même le nom des savants conti-
nentaux. La traduction latine an-
cienne de Phoi^orinus et de Tifemas
( F<y^€z GuARiM , XVIII , 593 )
est très - intéressante , parce qu'elle
paraît fondée sur des manuscrits
particuliers. Elle est antérieure «i la
publication du texte , ayant été im-
primée à Rome j cliez Swéinheim et
Pannarz , sans date , mais des 1 469
ou 1 47 1 • La version latinede Xylan-
der , Bâle , 1 67 1 , est un travail
bien savant pour le temps ; elle est
remarquable encore parce qu'cMe
foime le Pont -aux- Anes y par où
passent les littérateurs, les natura-
listes et autres , qui veulent citer
Strabon sans l'avoir lu dans le tex-
te, ce qui est dangereux, précisé-
ment à cause de l'élégante latmité du
traducteur. I^a pédanterie de Penzel
rend sa traduction allemande illisi-
ble ; mais il s'y trouve , dit - on , des
remarques phîines de sagacité {Neue
philologische Bibliothek, 11 , p. 1 52 ,
324)- 1-'^ proposition de publier une
traduction française de Strabon,
ayant été faite au gouvernement par
quelques gensdeleltres. l'institut, con-
sulté sur cet objet , en iit conlier l'exé-
cution à des hommes plus savants que
ceuxqui en avaientdonné l'idée. MM.
Laporte du ïlieil , Gosscllin et Co-
raî en furent chargés. M. I^etronue
les remplaça pour les livres xvi*-. et
xvii*". I^ traduction entière a paru
en 5 volumes ( Paris, i8o5-i8i9 : ;
mais on attend toujours en vain une
partie des éclaircissements et l'intro-
duction. C'est sans contredit un tra-
vail tiès-utile, très-laborieux et très-
méritoire dans son ensemble ; la pu-
blication du texte du livre i\^ , d'a-
près un manuscrit delabibSothèqne
STR
du roi, donne même «1 cette tradtiction
toute l'importance d'une édition cri-
tique. Les édaircisscnients pid)liéi
sont pleins de recherches savantes;
mais on regrette l'admission d'un
système de traduction qui , en ex-
cluant l'élégance, vise à une exac*
titude qu'elle n'atteint pas toujours.
On regrette que M. Gossellin ait pro-
posé tant de corrections arbitraires
pour assujétir le texte à son opinion
particulière , et que MM. du Tneil et
Goraï n'aient pas mieux connu les
travaux allemands sur l'histoire mo-
rale des peuples et celle des langues,
afin de mettre plus de critique dans
leurs notes sur ces deux objets. Le
travail de M. Letronne a obtenu des
suHrages unanimes. Parmi les essais
sur quelques parties de Strabon ,
nous remarquerons surtout le com^
meucement d'une édition par Bre-
quigny, la Dissertation deLunemann
et celle de Rommel sur le Caucase ,
les Conjecturée criticœ de Tyrwbitt et
l'important chapitre Stbabos dans
la Géographie des Grecs analjrséeàt
M. Gosselliu. M. Hennicke a écrit une
Dissertation latine sur les sources où
Strabon a puisé (Gottingue, 1791),
et M. Heeren a traité le même sujet
dans ses Commentai, de fonti"
bus geograph, Strabon, (Gottingue ,
1823 ). Marsilius Cagnotus a traité
de race de Strabon dans ses Farim
observât. y c. 'Jto, p. *if\ô' 'ÀiàQ.
M. B— N.
STRABUS ou STRABON ( Wa-
LAFRiuE ) , bénédictin du neuvième
siècle, se distingua par l'étendue de
SCS connaissances, et publia de nom-
breux écrits , entreaut.es, des vere ,
plus élégants que ne semblait le pitH
mettre l'époque où il les composa.
Les circonstances de sa vie nous sont
parvenues très-incertaines. l.,es bio-
graphes anglais , comme Baie et Pits ,
I aoglo-s^on y ué <en An-
,^mre ou pacent du Yéoé^
«de. Us >pr^eiidait qu'a-
gît pris YnaiM k Xondres^
iidier à Fulde, et qu'il y. eut
Atxe le célèbre AIcuîil; suis
as nos&ihle qu'il ait été el€ve'
jM y comme ils le disent , il
en 758. Sigebert etTritheim
sent , avec plus de yraisem-
aë en Allemagne y et Strabus
: indique la Souabe comme
natal. Il fut elevëdans Tab-
Saint-^all, par Grimoald,
ce célèbre monastère; c'est ce
oie un passage d'un auteur
orain , qui félicite ce prélat
été le précepteur d'un aussi
iptûste. Strabus passa , vers
i , à l'abbaye de Fulde y où il
leçons de >Raban Maur : ses
nies , il revint à Saint-Gall ,
fut nommé doyen en 84^ ,
bbe de la célèbre abbaye de
lu dans le diocèse de Gons-
la piété exemplaire et son
savoir lui attirèrent une
considération ; ce qui le (it
par Louis I*^''. , dit le Ger-
, comme son ambassadeur
Gbarles-le-Chauve. Strabus
à Paris y dans le cours de
ission , veis 849. Dix-neuf
fcrits ont été publics dans
s recueils, notamment dans
Caoisius , intitulé : AiUiquœ
i; ils se trouvent dans le
les sept volumes, qui compo-
ïcueil. Nousneciteronsque ses
s principaux : I. Glossa ordir
sacrant scripturam , 7 vol.
Anvers, lâgo. On trouve
Ibtoire littéraire de France ,
[es différentes éditions de ce
nais on croit qu'il est de
ou du moins que c'est le ro-
ses leçons, que Strabus avait
STR
i5
recueillies. Il en est de m^nie du
suivant : rll. Glossœ latma-barbà-
rœ de partibus corporis humam,
Goldast l'a inséré d^ns saa Becuôi
iRfi5 dlemanicœ. III. De officiis di*
vinis sii^ de exordus et ûwremen'
tis rerum mclesiasticanan : Godilëe
le lit entrer dans sa collection inti-
tulée : Spéculum antiquœ dettotioms
drcà missam, Mons, i549 ; de là
il passa dans d'autres recueils. Cet
ouvrage est utile , surtout pour faire
connaître l'ancienne discipline de l'É-
glise. IV. Sermo seu tractatus de
subversione Jérusalem , commenta-
rias m Novuni Testamentum ^ pu-
blié par Dom Martianay ( Fo^ez ce
nom , XXVII , 287 ) y dans Je cin-
quième volume des Œuvres de saint
Jérôme. V. Picturœ historiarum
Novi Testamenti (Goldast, Manuel
biblique, Francfort, 1620^ p. 35 ).
VI* Homilia in initium Evan^elii
Mattlicei de genealogid Ckristi, pu-
blié par Dom Bernara Pez ( Fqy. ce
nom , XXXIII , i5 ), dans son Thé-
saurus anecdotorum , vol. 4 ; on y
trouve aussi , vol. a. VII. Expositio
XX primorum Psaknorum.Uahré^
ou Ëpitome des commentaires de Ra-
ban sur le Lévitique , inséré dans les
Ol'Luvres de ce savant , est de Stra-
bus ^ les auteurs de l'Histoire litté-
' rairc de la France lui attribuent le
Gommentaire des annales de Fulde.
il a mis une préface à l'ouvrage de
Thcganus de Gestis Ludovici PiL
Strabus a publié en outre plusieurs
Vies de samts y dont quelques-unes
sont en vers. VIII. De vitd B.
Gain confessor. , recueillie d'abord
par Surins y ensuite par Goldast ,
et par Mabillon , iS^c. 2. hened. Il en
a vait composé une autre en vers^qu'on
dit exister dans labibl. deSaint-Gall.
IX. Fiia sancti Otbmari abhatis ,
et deux autres vies de saints en vers.
«6
STR
X. De visionibus sancii JVeltini
canonici hasilcensis. Strabus compo-
sa cepoèmedcneufceDt5Ters,àrage
de dix-huit ans . et il n'y ëpargnepas
la mémoire de Lbarlemagne, car u le
représente livré dans l'autre monde, à
un supplice toujours renouvelé , pour
le pumr de ses adultères : c'était sous
le règne du (ils de ce monarque qu'il
s'exprimait aussi librement. XI.
Douze Hymnes à l'honneur des Apô-
tres; Basnage les attribue à saint
Fortunat. XlJ. Poemata : ce sont
des pièces très-courtes la plupart , mê-
me des distiques, sur dilf crents sujets ,
souvent profanes. Metzler lui attribue
d'autres poèmes religieux, l'un en-
tre autres sur les miracles de la sainte
Vierge; mais ils sont restés manus-
crits. Ces ouvrages assurent à Stra-
bus une place distinguée parmi les
écrivains ecclésiastiques du moyen
âge; mais c'est à peine s'ils sont
consultés par les théologicus , en
sorte que sans un petit poème de
45o vers, sa réputation se serait
peu étendue ; grâce à celte produc-
tion , Strabus a mérité l'attention des
littérateurs et des savants. Elle porte
ce titre : XII ï. Hortulus ou Petit
jardin. On le voit d'ubord cité dans
un poème sur les plantes publié sous
le nom de Macer Floridus, en 1 477 :
on y trouve, au chapitre xxv : JJe
Ligustico j uii passage qui commence
ainsi :
//ii/ic oculis StrahutJettujH: et odort norn-am
dit ensuite qu'il ne sait pas si
Strabus a dit cela d'après sa propre
expérience, ou sur l'autorité des li-
vres, à doctorum lihris. L'éditeur,
dans une note marginale, dit que
Strabus fut disciple de Baban; mais
la première édition de VHortuUis
prut à Nuremberg en i5i2 , chez le
libraire Jean Weysscnbourg , sous
STR
ce titre : Hortulus omatissimui
carmifds elegantid delectabilis ;
Jean Atrocianus le lit reparaître à la
suite de Macer , en 1 53o , sous le nom
de Strabus Gallus, ce qui fît regarder
depuis ce temps cet auteur comme
français. Il y a apparence que le vé-
ritable titre portait Strabi decani
sancti Galli Hortulus. Strabus fut
réimprimé avec le poème de Fiera ,
intitulé Cœna (F, Fiera ). Ganisius,
en l'insérant dans ses Antiquœ Icc^
tiones , publia, pour la première fois ,
l'Épître dédicatoire adressée à Gri-
moald , abbé de saint Gall. On re-
trouve encore VHortulus dans le
traité De diœtd d'Ëobanus Hessus,
et dans le recueil d'André Rivinus,
Rei hortensis scriptore metriciy Leip-
zig , iG53, in-o<>. : Gaspar Bartli
publia quelques corrections et des
remarques sur ce poème, en 1624^
dans ses Adversaria, Ces nombreu-
ses publications sont une preuve du
cas qu'on a fait de l'opuscule. 11
nous reste à le considérer en lui-mê-
me , sous les rapports de la littérature
et de la scieuce. Pour le style on l'a
jugé plus élégant que le siècle où il
a été écrit ne le promettait. On y trou-
ve des traits de mythologie ; mais ils
sont employés sobrement et avec
goût ; la versification est facile et
assez correcte ; seulement quelquefois
les mots sont contractés pour les ac-
commoder à la mesure. Ëii voici un
échantillon :
IlnC nnn %ola tnthi paii-fecit oftinto^/îtmar
f uffiiirii , iftmsiia lihnt nec if-'tio prifrit
iVcn/ l<'ln)f et iiuiH'iiH , tftnhii* otii lon^n flierum
PoyIfioMti y e.rfterirm trhtit ftorttere ptvlalum.
C'est la terminaison d'ime préface
de quatorze vers. L'auteur annonce
donc que ce qu'il va publier est le
fruit de sa propre expérience , et
qu'il a préféré Tétude et le travail à
luie longue vie passée dans l'oisiveté.
Nous connaissions ces vers depuis
STR
long-temps , parce qu'ils avaient ctc'
ein[ilojé» j comme cpigraplie par
uo auteur célèbre, qui s'est fait admi-
rer pour la précbion avec laquelle
il a employé ses découvertes. C'est
Linné y qui s'en est f crvi à la ti'tc
de son Gênera plant arum ; mais il
n'avait point indiqué la source où il
ks avait puises, et jusqu'au moment
où nous les avons lus dans Strabus ,
nous les cherchions dans les poètes de
l'antiquité. L'ouvrage est divisé en
Tingt-sii chapitres, eu comptant la
préface ; le second , de cmquantc
Ters y contient des géuéralitcs sur la
culture des plantes ; les préceptes ex-
posés sont toujours exprimés avec
devance et précision , et sont tiès-
justes : tels soi^t ceux sur l'arro-
scment où il prescrit entre autres
de ne jamais se servir d'eau froide.
Les chapitres qui suivent, au nombre
de vingt-trois , plus ou moins courts ,
contiennent la description d'autant de
plantes. C'est une moisson bien pau-
Tre , dit M. Spreugcl; aussi ne faut-
il pas la considérer comme Ténu-
iiératioit complète des plantes qui se
trouvaient alors dans les j airains ^
flutis de celles seulement que Strabus
wigoait lui-même dans son petit coin
de terre , sans doute pcuaant qu'il
était simple étudiant près de Ha-
ban ; el alors , quoique dans uuc
abbaye des plus opulentes, il n'avait
pas toutes les commodités de la vie,
témoin deux requêtes en vers , qu'il
adresse â son maître : l'une Pro cal-
ceamentis afm d'obtenir des souliers
pour ne pas marcher nu-pieds comme
les brutes, l'autre afin d'avoir un do-
mestique. Il n'avait donc à sa dis-
position qu'uu petit terrain, qu'il cul-
tivait dans ses moments de récréa-
tion. 11 en décrit les plantes sans
aucun ordre; on y distingue comme
fleurs d'agrément le lys , la rose , le
ZLrv.
S
STR 1 7
pavot et le glaïeul ; comme plantes
potagères , la courge , le pepou ( qui
n'est pas le melon ) , le cerfeuil , le
persil et le raifort ; comme plantes
odorantes et de bordure , l'aurons,
l'absinthe , le (eiiouil, la sauge, iious
le nom à' E délite us^iis, la sclarée, la
livéclie IWissicum , la menthe , le
)ouîiôt , îc Ni'pcLi , Tambrosie : il
it au sujet de cette plante, qu*il ne
peut décider si c'est celle que les aiî-
cicus nommaient ainsi : il croyait
être sur de la nomenclature des au-
tres, ce qui prouverait qu'une soilc
de tradition maintenait au moins les
noms des anciens ; enfin comme plan-
tes purerneut médicales, il cite la
rue , la bctoine et l'aigremoine. Les
vertus qu'il attribue à ces plant&s
sont fa]iulc:isrspour la plupart ; mais
les desrriplioiis sont bonnes. On voit
que Strabus peut passer pour le di-
ijne précurseur des poètes la lins mo-
aerues qui nou> ont laissé des poè-
mes didactiques sur l'agriculture,
comme Pontânus^ Rapin, Yanière ,
ctc. Son ouvrage ne déparerait pas
la collection qu'on pourrait en faire,
suivant le dcsir de Pluche. ( Voyez
Spect, de la N., tom. ii. ) D-p-s.
SÏRAD A ( Famien ) , historien ,
né à Rome en i '^ja , et l'un des meil-
leurs élèves d*Horace TurscUin et
de François Benci, embrassa Tins-
titution de saint Ignace , et pro-
nonça ses vœux dans le collège ro-
main. Il y enseigna la rhétorique
Scndant quinze ans , et en formant
es orateurs par ses préceptes, il
les encouragea par son exemple ,
lorsqu'il fut invite à prêcher devant
les papes Clément VÎIl et Paul V-
Sa voix retentit encore au Vatican à
la mort de Grégoire XV, dont il
prononça l'oraison funèbre , en pré-
sence do sacré collège. Urbain VllI,
protecteur zélé des lettres, aurait
i8
STR
Toulu récompenser le mérite de l'o-
rateur ; mais non moins savant auc
modeste , Strada bornait son ambi-
tion h obtenir un nom eu littérature.
Il s'était annoncé par quelques dis-
cours académiques, et par un re-
cueil dans lequel il avait essayé d'i-
miter le style de plusieurs poètes
latins. C'était le moyen de n avoir
aucune manière à soi^ car il est
impossible d'être à-la-fois Virgile
et Lucain , Claudicn et Stace , Lu-
crèce et Ovide. Mais ces tours de
force étaient alors à la mode , et Ti-
raboscbi lui-même n'a .pas su se
défendre d'admirer dans otrada un
talent aussi versatile. On aurait pro-
bablement oublié cet écrivain, s'il n'a-
vait pas entrepris un ouvrage plus
sérieux sur la longue et opiniâtre
lutte qui détacha de la domination
espagnole les provinces Batavcs. IjC
cardinal Bontivoglio dit qu'après une
attente de trente années ^ on vit paraî-
tre, en i63a(i), le premier volume
de cette histoire, dont le second ne fut
Sid)lié qu'en 1 647 • Ces deux parties^
ivisées en vingt livres , commen-
cent à l'abdication de Charles- Quint,
en i555, et s'étendent jusqu'à la
reddition de RhinsLerg ( 3o janvier
1.590 ). Elles embrassent par consé-
quent une période marquée par les
grands événements qui se succédè-
rent en Flandre , sous le gouverne-
ment de la duchesse de Parme , du
duc d'Albe y du grand commandeur
Requesens , de don Juan d'Autriche
et d'Alexandre Farnèse. L'auteur ne
s'était point dissimulé la grandeur
de sa tâche : regardant même com-
me peu convenable pour un religieux
de manier les armes et de parier
de guerre, il se reprochait la har-
ri\ Ce fui fUtm In mrmt année rjuc BentiTn^ho
(Mihfiii fc^n Itittom ilr la guerre Hr Ftnmiirt ,
STR
diesse d'avoir conçu un pareil
vivant , comme il le faisait ,
cloître, plus occupé des temps
que des intérêts de son siècle
il ne voulut pas renoncer à 1
tage d'employer des rcnseign
puisés <( dans les lettres et l
» moires de ceux qui avaie
» dans toutes ces guerres ,
» avaient commandé qu'elles
» sent. » D'après ce peu de me
supposé que Strada avait écr
l'influence delà maison des Fa
d'autant plus qu'il s'exprim-
admiration sur Marguerite d'
che, et sur le prince de Parme
si c'est un tort que d'en h on»
mémoire , la plupart des h
doivent s'avouer presqu'auss
pables que l'historien ; car il <
ficile de ne pas rendre justic
qualités éminentes de ces prin<
instruments de la puissance d
lippe IL II paraît d'ailleurs pc
bable que leurs portraits aie
flattés à dessein par la main qui
ces paroles remarquables : «
n siècle a presque perdu la lib<
» parler , par le vice même de
» vains qui ne se proposent c
» plaire aux grands, et qui, n
» cette faute sur le temps et s
» mœurs y appellent vertu du
» la complaisance et la flatterie
» moi , qui ai le témoignage (
» conscience , que j'interroge
» souvent , et que je ne trou
» sujétie sous Vempire d\
» prince ni achetée par a
TU faveur, je supplie ceux q
» feront l'honneur dq considère
» travail ; que , comme pour
» l'histoire , ils demandent ei
» un esprit dégagé d'amour
» haine pour l'un et ptfur 1
» parti , ils appoétékit de mêm
n lecture de cotte* histoire un
STR
» dcsintëressé . de peur qu'on ne blâ-
•» me sans raison une nourriture y
» si elie Tient à s'aigrir dans un es-
3» tomac malade et indispose» ( livre
!«'. ). Ce qu'on est plus en droit de
reprocher à Strada c'est la facilite
avec laquelle il se jette dans des di-
gressions inutiles(a)^qui nuisent à Tin-
semble de l'action et arréleiit h cha-
one pas le développement d'un drame
a<mt l'atrocitë fait attendre la fin
ayec impatiaice. L'intérêt du spec-
tateur se refroidit au milieu de tant
de de'tails insignifiants sur la yic pri-
Tëe des acteurs de cette sanglante
catastrophe : on désirerait aussi plus
d'économie dans les épisodes; on re-
grette y par exemple y que l'au-
teur ait donné trop d'importance au
combat de Austerweel , k la reddi-
tion de Limbourg , de Valenciennes ,
et qu'il n'ait pas fait mieux con-
naître les circonstances qui accom-
I»gnèrent la prise de Harlem et le
ûéçe de Leyde. On doit convenir
aussi mie le style est déparé par
l'abus des comparaisons et des sen-
knees; par ces vaines précautions
de-t'orateuTy si déplacées dans un
historien , dont la simplicité est mille
ibis préférable à la recherche. Mal-
ices défauts , l'ouvrage de Strada
tient une place distinguée parmi les
Iravaiix historiques du dix-septième
siècle ; et si l'auteur doit se reconnaî-
tre inférieur à Bentivoglio , dans
l'art de bien décrire les lieux , que
eeliu-ci avait eu l'avantage d'obser-
ver lui-même, il ne méritait pas les
invectives de Scioppii^s (5) ni les cri-
tiques de Bentivoglio (4) y qui Ta
{a) BcntiTOglio «n a fait U remarque, par au
r^trHto qnî oe manque paA de juitew. // maggior
iiftiio è cke Vaatiorr ai eognome Sirada , e*ca
ImUoJmori ^ifttrada. Voj. ne» Mrracircs, rbap. ix.
^J) fnfmmim Famiani , Amsterdam, i6(i3, in-ia.
(4i Mfmorie , tm>tf9 diaria , Amiterdam, 164S,
STR iQ
examiné plutôt avec la jalousie d'un
lival qu avec l'équité d'un juge.
Strada a eu pour continuateurs deux
de ses confrères , Dondini et Galluc-
cio ( r. ccsuoms , XI , 549; ^* XVI ,
3^8 ). Il mourut à Rome le 6 sep-
tembre 1649. On a de lui : I. Oratio-
nés III ^ de Passione Donùm ; àadks
le recueil intitulé: SocietatisJesuora-
tioneSy Rome, 1 64 1 , in- 1 :i. Ces trois
passions furent préchées dans la cha-
pelle pontificale devant Clémeiit VIII
et Paul V. II. Prolusiones et Para-
digmata eloquentiœ , ibid. 1617,
in-4^* Les pins remarquables de ces
discours sont ceux où l'auteur exa-
mine le caractère à.ts principaux his-
toriens de l'antiquité. Kynaston s'est
chargé de défendre Tacite contre les
attaques de Strada; voyez sou ou-
vrage intitulé : De impietate C,
Comelio Tacito Jalsb ohjectaia ,
Oxford, 1761, in-80. lu. Oratio
in novendialifunere Gregorii XV ^
ibid. i6îi3,in-4*'. IV. Oratiuncula
qud ÏDrhanuni FUI coUegium ro-
manum inviseniem excepit, Wil-
na , 1 624 , in- 1 ^. V. Eloquentia bi-
partita. Gouda, i654, in-12. C'est
dans cet ouvrage que l'auteur a
donné un échantillon de différents
styles. VI. De beUo Belgico de-
cadts duœ y Rome, i63a-47 > 2
vol. in-foL, avec des figures gravées
par Baur, Jean Miel et autres artis-
tes estimés. La première décade (dix
livres ) s'étend depuis le départ de
Charles-Quint de Flandre, en i555,
jusqu'à la mort de don Juan d'Au-
triche, en 1578; traduit en Ita-
lien, parPapiui, ibid., i638, iu-
4®. I^ seconde décade comprend les
événements arrivés de 1 5^0 à 1 590 ;
traduit en italien par Scgneri , ibid.,
i64B,in-4**. Les deux décades ont
été réimprimées ensemble à Mai en -
ce, i65i , in-4®.; traduit en français
2..
ao STR
par P. Diirycr , Paris, i65o , i voL
m-fol. ; en espagnol ( avec la conti-
miation du P. Dondino ) , par le P.
M^chor de Novar, Cologne, 1692,
3 vol. in-fol. Anvers, 1701 , 3 vol.
in-8*>. Parmi les ouvrages inédits de
Strada , on cite la troisième décade
de l'histoire de Flandi-e, dont on as-
sure que la cour d'Rspagoe avait
empécne' la publication. • Voyez
Southv^ell, Biblioth .Script» Societ.
/^5ii.Rome, 1676 ,in-foI. ,pag. 200;
Tiraboschi^ Storia deUa lelleratura
itaïianay tom. viii. A — g — s.
STRADA DE ROSBERG ( Jac-
ques ) , antiquaire , né à Mautoue ,
au commencement du seizième siècle,
fut des premiers à transporter l'é-
tude des médailles dans les travaux
historiques. Il donna aussi l'exem-
ple , fâcheux pour son pays, de tra-
nquer des objets d'arts , et d'en-
richir les étrangers aux dépens de
ritalie. En passant par Lyon , en
1 55o , il profita de l'état de détresse,
dans lequel était tombé Scrlio ( Foy,
ce nom , XLII ,76). pour acheter
de lui tous ses portefeuilles , dont il
publia une partie à Francfort , en
1575. Il se rendit ensuite à Rome,
et acquit de la veuve de Périn del
Vaga deux caisses de dessins origi-
naux , parmi lesquels il y en avait
plusieurs de Rapliaël. Il passa par
Mantoue, et il emporta les cartons
de Jules Romain , que le fils de cet
artiste lui céda pour une somme
dont il aurait bien pu se passer.
Strada , qui avait oWuu le titre
d'antiquaire et de commissaire des
guerres an service des empereurs Fer-
dinand. Naximii'ionet Rodolphe II,
répandit ces trésors en Allemagne,
et gagna beaucoup d'argent par ce
commerce , d'autant plus lucratif
qu*il était sans concurrence. Il em-
ploya une partie de ses profits à
STR
l'impression de ses ouvrages , dont
quelques-uns n'étaient pas sans mé-
rite pour l'époque où ils parurent. Ce
spéculateur mourut à Prague^e 6 sept.
1 588. On a de lui : l,EpUomethesauri
antiquitattim , hoc est imperatomm
rom. orient, ac occident, iconum ,
ex antiquis numismat. dèlineato-
rum j Lyon , i553 , in-4®. ; Zurich,
1557 , in-8<». ; Rome , 1577 , in-8'»,,
avec un grand nombi-e de planches
en bois ; trad. en français sous le
titre de Trésor des antiquités , par
liouvcau , Lyon , 1 553 , in - 4°. ; en
allemand , par Dicthel Keller , Zu-
rich , i558, in-8*>. II. Imperato^
rum romanorum omnium orient, et
occident, imagines , ex aniiquis
numismat. delineatœ,Z\mch, i559,
in-folio, avec figures en bois. I^^es
portraits sont accompagnés d'une
courte notice sur la vie de cha-
que empereur , depuis J. C<»ar jus-
qu'à Charles-Quint. Cet ouvrage pa-
raît n'être que le résumé d'un travail
immense , entrepris par l'auteur sur
les médailles impériales , anciennes
et modernes. Ce recueil , terminé en
1 55o , et dédié aux Fuggers^ formait
3i vol. in-fol. , conservés dans la
bibliothèque de Gotha. Fojrez Cy-
priani, Catalogus cod. Mss. biblioim.
Gothanœ, pag. 83. Dix volumes
in-folio de manuscrits du même gen-
re sont conservés à la bibliothèque
impériale de Vienne , savoir : deux
pour les médailles consulaires , trois
pour le haut-empire , trois pour les
médailles grecques , et deux de mé-
langes. Lambecius ( Comment, t ,
7 ) en a fait graver, pour servir
e spécimen , une médaille consulai-
re de Pctilius , remarquable par la
l)eauté du dessin de Strada , mais '
peu propre à donner une idée de la ^
dimension des originaux : il lui a
domié près de sept pouces de diamè- I
l
STR
I. Dessins artificiaux de tou-
tes de moidins , de pompes et
tM^entions pour faire monter
Fraucfort , iG 17-18, 2 vol.
Ce recueil a été publié par
m Strada , dont le$ ouvrages
t être considérés comme la
es travaux de son aïeul (i)«
terous les suivants : i^. S^nir
yina et humana poniificum ,
torum et requin , Prague ,
D-fol. a®. Fitœ ùnperatorum,
nujfue romanorum , etc. , à
Zœsare ad Ferdinandum II
tarem , Francfort, i6i5 , in-
irec les médailles des empe*
et en allemand , ibid. , iGiS,
in-ful. 3^. Genealogia et
tiàstriœ ducum,arciùducuni,
, et imperatorum , à Roduû
. , ad Ferdinandum II ,
i6!i9, in-fol. Cet ouvrage ap>
t en grande partie à Jacques
f qui i*avait presque terminé
)rt. 4^* Commentaria de re-
lis ab imperatoribus Mathid
Unando II ^ ab anno 161 7
9, avec le volume précédent.
lîoriœ Romanorum pontiji*
S. Fetro usque ad Gresor,
conservé en manuscrit dans
othéque de Gotlia ( Fabiic.
». antiq. , 1 760 , in-4". , p.
A — G — s.
iD AN ( Jeaw ) ou STRAD A-
pcintre , né à Bruges , en
ippartenait à une famille no-
me dans le pays sous le nom
I ET , et qui avait été obligée
latrier au commencement du
le siècle, accusée d'avoir
dans le meurtre de Charles-
comte de Flandre. Après
Kiécfai et tuiu crxxx ijai ont parlé d«
•n , ToBt cru mal-à^ropoa le fiU de Jac>
a : U n'm riail que le petit-tU*. k'^qgf.
de l'oovrage ct-dcwiu.
SXa ai
avoir appris la peinture dans sa
ville natale , Stradanus , voulant «t
perfectionner, parcourut ritalie. Ar-
rivé dans cette contrée^ 3 alla d'à*
bord à Rome, où, en étudiant avec
soin les chefs^d'œuvra de Raphaël et
de Michel-Ange^ il puisa un meilleur
goiit de composition et ime plus
crande correction de dessin. Avant
de quitter Rome^ il peignit, en con-
currence avec Daniel de Volterre et
FrançoiB Salviati , quelques-unes des
peintures du Belvédère, li visita en-
suite Napies et quelques autres villes
dltalie, dans lesquelles il laissa def
preuves de son talent. Mais, séduit
par la beauté du pays et les mœurs
des Labitaiits , ii s établit à Florence,
où Vasari remploya diiiis la plupart
des travaux dont il était chargé pour
orner les palais du duc de Toscane.
Il y exécuta im grand nombre de ta-
bleaux à fresque et k Tbuile. lies
conseils d'uu pareil maître, et sur-
tout la vue des chefs-d'œuvre qui
frappaient ses yeux de toute part^
le rendirent un des plus habiles pra-
ticiens de l'époque. Parmi ses pein-
tures les plus remarquables , il faut ci-
ter le Christ entre deux Larrons , piè-
ce remplie de soldats et de cavauers
d*irae dimension plus grande que na-
ture. L'amour de la patrie l'ayant eor
fin déterminé à revenir en Flandre , il
fixa son séjour à Bnigcs, où il exécu-
ta, pour l'église de l'Annonciation,
un Christ sur la croix , auquel un des
bourreaux présente V éponge. Cette
belle composition , gravée par Philip-
pe Galle, est unepreuvedela manière
grandiose et savante qu'il avait rap-
portée d'Italie y et de la science du
dessin qu'il y avait acquise. A ces
qualités il joignait la couleur, qui est
I apanage des peintres de son pays. ^
II exécuta^ à rimitation de Ilems-
kcrkc, une suite de compositions ti»
23
Str
rëes des Actes des apôtres; et il y dé-
ploya toute rc'tendue de son talent.
Stradan ëtait membre de l'académie
de peinture de Bru$;es. Malgré sa su**
pénorité, il fut toujours simple, mo-
deste, et vécut très-retiré. Pour se
délasser de ses grands travaux. , il se
plaisait à peindre de petites compo-
sitions d'animaux , de chasses , de
batailles y d'une exécution ferme ,
savante et facile. Il vivait encore en
1604. P — s.
STRADIVARIUS ( Antoine ) ,
celcbre facteur d'instruments à cor-
des et à archet, né à Crémone , vers
l'année 1670, fut le dernier et le plus
habile élève desAmati, qui, penoant
plus d'un siècle^ jouirent de la répu-
tation d'être les premiers luthiers de
l'Europe. Nicolas Âmati, le fondateur
et le chef de cette école ^ avait eu
l'honneur de travailler pour Charles
IX ( I ) , dont l'ame sombre et farou-
che n'était pas insensible aux charmes
de l'harmonie. Stradivarius donna
d'abord à ses violons une forme
très-bombée; mais il s'aperçut bien-
tôt qu'on aurait pu hausser la voix
de ces instruments , en diminuant leur
(i) Nieolai Amali , aidé par son frère Antlri ,
fit , pour la chapelle de ce prince, TÎr.gt-qaa»
tre instniiiienUy CDeb-d'cruvrede lutherie « qu or-
nait encore l'art de la peinture. Us cunf i*taient en-
MX dessus, siv quintes, six tailles, et six bassc;p
de viulun. La simplicité' des formes , foiute ik nn
timbre parfait de voix , distingue le* onvrages
de ces deux artistes. Il est à regretter que leurs
patrons ne soient ordinairement f^ne petits ou
moyens. AusM leurs viulous , construits sur çraods
jatrons, sont-ils aussi rares que recherche*. Ijt*
•ons eu siiut admirables , et le seul reproche qu'on
pourrait leur faire, serait que la quatrième corde
a une legî-re teinte de Bécberessc. Jirùnte Amati ^
'fils ahM d'Abdré, compfisa également sur deux
modèle», dont le plu<i grand est aussi le plus t»r
iimr, Antoine .tmuli suivit les principe* dr son
frère Jcrôoie, •*( Haii» leurs iuslruroeuls, la jirc-
mîère corde est souvent tr<ip niiurc, et toujours
trop ditire de sons. Nicolms Amaii^ Gis de JérÂme,
et que l'ou a quelquefois confondu avec Nitolas
l'ancieu , a fait des violons remarquable* jponr la
finrme, la aatièrc, le coloris et le son. Il est flk-
cbcitx que les stecundes soient presque toujours na-
sales , pai le peu d'épaisseur des flancs du Ibnd.
lie dernier de^ Amati fut U UilUtre de StradÎTarius ,
qui les a surpaMci tous.
STR
cavité, qui, dans les modèles qu'il
suivait , n'était pas en rapport avec
la longueur des cordes. Cette innova-
tion fut très-heureuse , et il est main-
tenant reconnu qu'en altérant les pro-
portions de Stradivarius^ on porte
atteinte à la 5om>riftf' des violons (a).
Cependant elles ne suffisent pas pour
obtenir de bons instruments; et l'on
ignore ce qui donne aux ouvrages
de cet artiste, une supériorité qne
les meilleurs imitateurs sont encore
bien loin d'égaler. On croit que II
sonorité des stradwariûs , tondée
])rincipa1ement sur la juste propor-
tion des parties^ est peut-^tre aussi le
produit au temps , de la qualité da
Dois , et d'un vernis pardcnlier qui
le recouvre. On doit an même lu-
thier des violoncelles non moins re-
tentissants que ses violons^ et beau-
coup plus rares dans le commerce.
Les amateurs les ont quelquefois
poussées à des prix exorbitants dans
les ventes , où on les rencontre diffi-
cilement. (3 ) Les violons de Stradiva-
rius ont un mérite inégal , et ne sont
Sas tous coupés sur le même patron.
>n en compte de trois espèces :
grands, petits et moyens : ce sont
les premiers qu'on estime le plus ,
et qui servent de type général aux
(a) M. Chanot , officier du génie nuiritime , s'était
flatte de tirer plus de son des violons ca arroadiasaat
leurs contours , et eu les soumettant & quelques an-
tres modifications. U avait obtenu que l'Académi*
des sciences rendît en i8i4 « un compte favorable
du résultat de ces innovations. Mais les amateurs et
les artisU-s s'en sont tenus aux anciennes foniMs,
qui sont maintenant les seules qu'on Toit dons les
orcliestres.
(3) Le prix mojen des violons de Stmdi varias
est, en France, de trois mille francs; on les a vu
qudiquefuia payer inaqu'à cinq mille. Les v>o«
luncclles, quoique beaucoup plus rares que les
violons, (on présume qu'il n'en existe qu'une dou-
saiue en tout en Europe , ) sont ordinairement du
même prix ; la raison en est que le nombre des
loueurs de basse, est inlmiment plus borné que
celui des violinii^tcs. Cependant on a l'excnole
d'un de ers derniers instruments acheté dix mule
fraucs; et le fameux Dnport ne voulut pas céder su
|>etite basse de Stradivarius ft un amatair qoi lui
in offrait vingt millt fnuics.
SÏR
miNlernes. Les mauvais stra-
lappartiennent ordinaii'emeiit
;oDtrefacteiirs , qui étaient
is irès-nombrcux. Pour se te-
abri de ces su[)ercheries^ les
olinistei ne se contentent pas
Te'tiquétte collée au fond de
ment qu'on leur oiTre ; ils
it l'arcliet, et ils l'essaient,
iilîcile de mî tromper à cette
. De tous les violons de Stra-
>, les plus parfaits sont ceux
âbriqucs de 1*700 à 17 au,
où il paraît qu'il euit
•ute la force de son talent.
le de ce célèbre luthier , se
nt quelques bons élevés ,
très Joseph Guaroerius (4) ,
ouvrages, quoiqu'iuférieurs
de sou maître y sont très-
lés. On ne connaît pas la
ccise de la mort de Stradi-
elle a dû néanmoins arriver
>.8. A — G — s.
LFFORD ( Thomas Went-
comtc ue), un des plus
hommes, a dit David Hu-
aieitt JwnoréV Angleterre y
I Londres, le i3 avril iSgS,
mille alliée au sang royal,
nation fut digne de sa nais^
e collège de Saint-Jean, à
ige , retentit de ses succès
, et sou père , l'un des
ri Pierre Gnameiiut^ le pr^min*, éXkft
rî<M , rt lautrr di* Jêrôin« Aouli , vou-
Iriur rtre uriginnui , Hrcnt dm changr»
riiiripr^ Citr» dhp leurs uiahrn. Kn ii|t«
■ viiiitc«, ni forliûstiii \r.s ciiai^MniM et
it Ir niodi'lf , i\* vint parvenim & ilnii-
d é«'lat M leuru ouvrages , mais irar
ordr, d'une sé<:bfrc»»r rxrctf.wive, a
i«i dire . McriBe** nui autren. Jmieiih
«rot pvni' flrre /'i'aii('Oif Luput^ liitiiier
k'nrteinherj;, et fière de yirolas, sur-
■'rawce U) Slratiitniriiis du jsiirle. i'r.
4 Standard t-n i^îH . TÏni »'vLdilir en
794 , et il e%l mort A Parii en fuiUet
«utcnr d'un |M'til iinvra^je intitule ; /a
011 te fiarfti'l lull.iir. l'-ifi.-», i8 6,
il r^liIlM! btbirc qui va clivgeu de \*
STE
iJ
plus grands luopriétaito du tomU'
d'York, se hâta de féconder de si heu-
reuses dispositions en faisant voyager
le jeune Wcntworth dans les princi-
paux états du continent. Créé cheva-
lier, à son retour , par Jacques l®»". ,
marié à la fîlle aînée du comte de Cum-
bcrlaud; et, presqu'au même instant,
devenu dès sa vingt-unième aim^ le
chef d'une famille de onze enfants
et le maître d'une fortune de six mille
livres sterling de reiites ( revenu
énorme à cette époque ) , Thomas
Wentworth honora sa vie privée
par des études graves et suivies , et
J)ar un entier dévouement aux liens
lu sang et à tous les devoirs domes-
tiques. Tuteiu: des enfants de sou
beau-frère, toute l'activité àc celte
amc ardente parut concentrée daas
le soin de leur rendre un riche })atn-
moine , que huit années de poursui-
tes persévérante» assurèrent enfin
dans leiurs mains. L'emploi de juge
de paix et gaixle des archives du
comté d'York lui ouvrait , à vingt-
six ans, la carrière publique. A peine
investi de ces fonctions > il reçoit du
premier ministre l'ordre de les rési-
Cer en faveur de son prédécesseur.
. réponse de Wentworth fut si im-
posante que le favori , rétractant sa
lettre , le pria d'oublier ce nJlUen-
tendu. A l'heure même , Buckin*
gham jurait de l'en faire souvenir.
Peu de mois après ( 'io janvier 1 6u i ) ,
s'ouvrit ce parlement mémorable où
l'histoire remarque pour la première
fois deux partis disUncts, c^ui de la
corn* et celui de l'opposition. Went-
worth ^niemlu-epoui- le comléd' York,
fît honorer des deux partis l'indepeu-
dance consciencieuse do son vote;
et si une maladie de neuf mois , si
la duuleur d'un veuvage prématuré
ne lui permirent point de preudits
dcs-lorstout l'ascondant que lui pru-
ai . STR
inettaicut son talent et son caractère,
il eut une gloire bien rare dans les
discordes civiles, c'est que toutes ses
opinions parlementaires 'sont deve-
nues des jugements de la postëritë. Il
censura hautement les monopoles, les
taices illégales , les emprisonnements
arbitraires. On rentendit professer ce
principe crue a les privilèges et fran-
T$ chises des parlements e'taicnt Van-
» cien et incontestable droit de tout
» Anglais, son droit de naissance et
» rhe'ritage de ses pères. » Mais il
défendit la tolérance religieuse du
roi y dénoncée par left Puritains } les
droits patemefs de Jacques , mecon-
mis dans l'alliance que les commu-
nes lui imposaient pour son fils ; en-
fin le droit de paix et de guerre, in-
séparable de toute royauté. Jacques
mourut, et un nouveau parlement fut
convoque' en 1 6îi 5. Charles r-*". était
roi; inaisBuckingliam était premier
ministre , et , suivant le témoignage
de Hume , les choses en étaient ve-
nues au point qu'elles ne pouvaient
plus rester indécises : il fallait livrer
ce qui restait des libertés anglaises
ou les sauver sans i*etard des usur-
pations ministérielles. Le choix du
député d'York ne pouvait être dou-
teuXgDans cette courte session , son
autorité fut grande : car son opposi-
tion fut loyale , pleine de vigueur,
mais toujours respectueuse pour la
couronne je! son respect n'était point
uiie vainc formule, une concession h
l'usage et aux convcnaucrs parle-
mentaires , c'était l'acte d'iine pro-
fonde conviction. Un refus absolu de
subsides aurait moins offensé le roi
que la défiaulc parcimonie des Com-
munes. L'iiicroA'ablcser^'ilitcdes par-
lements soiis Élisal)otli , les homma-
ges prodigués à Buckingham, dans
ta session précédente , et , plus que ces
fajlb , Tubjesdion du favori et des
STR
i
courtisans , égarèrent la candeur de
Charles : dans l'attitude imprévue
de l'opposition , il vit ime conspira-
tion contre sa prérogative , peut- être
une hostilité contre sa personne, et
il congédia le parlement. Avant la
session, Buckingham avait sollicite'
Wentworth de le servir. « J'honore
n le ministre du roi , ré[H)iidit ce der-
» nier; je lui rendrai tous les ser-
» vices que peut rendre un centii-
» homme et un homme de bien. »
Après la session , le favori rendît an
député un beau témoignage en lui fer*
mant l'entrée du parlement. C'était
Pépoque de la nomination des shé-
TÏÙ , dont la haute magistrature
emporte obligation de résider dans
la province qui leur est confiée^ et ,
Sar conséquent, exclusion directe du
roit de siéger dans les deux cham-
bres. Un nouveau parlement fut con-
voqué; mais la veille des élections,
Wentworth avait été nommé grand-
shérift'du comté d'York. Six autres
chefs de l'opposition , simultanément
promus au même oiHce , ne crurent
pointdevoir abdiquer la candidature:
Wentworth seul , après avoir épui-
sé tous les moyens de faire rétrac-
ter sa nomination par le roi, ne
tenta nul effort pour être réélu au
parlement. Son discours , le jour où
il prit possession de sa dignité nou-
velle, fut une bien noble protesta-
tion contre la petite ruse qui l'éloi-
gnait de la chambre basse. On ne
sait si la violence des nouveaux dé-
putés Gt regretter au ministre l'ab-
sence de sir Thomas; mais nomina-
tivement accusé dans les deux cham-
bres, Buckingham rechercha l'appui
du grand-shériff d'York, et Went-
worth consentit à le voir. Cette
entrevue avec le favori n'est point
demeurée suspecte : un mois après ^
le parlement était dissous , et le
STR
sbériff dYork , présidant la cour
du comté y reçnt en pleine séance
Tordre de se démettre de sa char-
ge de garde des archives. Went-
worth lut publiquement la dépêche
rojale, protesta de son obéissance,
et j portant à ses ennemis le dcTi de
démentir le témoignage (pi'il rendait
à soo administration- : « On peut
• bien croire, ajouta-t-il, (pie je
» sais par quels moyens je cons«rye-
» rais ma place; mais, en vérité ce
» serait la payer trop cher. Je la
» quitte donc sans regret, n'ayant
» encore la conscience ni d'aucune
» faute eu moi, ni d'aucune yertu
» dans mon successeur , qui ait pu
9 motiver l'acte qui vient de m en
» dejpomller. » Toutefois son cœur
sooOrait de lire le nom du roi au
bas d'un acte dont on avait cru Tac-
caUer comme d'une flétrissure pu-
blique. On le voit par ce^u'il écrivait
à cette époque aux amis qu'il con-
servait à White-Hall. Il ne demande
point d'emploi ; mais il sollicite la
faveur d'une accusation directe et
précise. Qu'il lui soit donné de se
)ustîGer; que l'estime du roi lui reste,
et il sera consolé. Ce n'est pas que
sa conscience fléchisse devant une
disgrâce. « Dans tontes mes actions ,
» écrivait-il^ le contentement des
» autres sera toujours subordonné
« au mien propre; et ce ne peut être
» par conséquent ni mon premier
« besoin, ni ma principîile étude. »
Cependant les besoins de l'étit deve-
naient pressants , et Buckiiigliam ne
voulait rien devoir aux moyens lé-
gaux. Une taxe extraordinaire fut
exigée sous le nom d'emprunt. Wrnt-
ivorlh déclara qu'il ne pouvait payer
un impôt non consenti par le parle-
ment. Emprisonné h Marshalsea , il
doiuia le premier un mémorable
exemple suivi plus tard par Hamp-
STR
!25
den (Fqy. ce nom), aux applaudisse-
ments de toute l'Angleterre. Ses amis
le pressaient d'obéir; il ent , dit M.
de Lally, de tous les courages le plus
difficile, celui de déplaire à l'amitié
pour faire son devoir. Conduit de-
vant le conseil , il demanda comp-
te à ses accusateurs de tout ce
qu'ils étaient au roi dans l'amour
ae ses peuples. « Demandez , s'é-
li criait A/^ntworth , demandez à
» un parlement ce que lui seul peut
» accorder; et vous verrez si j'ai
V une seule faculté que Je ne dé
» voue k secourir le roi dans toute
succédé à sa détention, pour prendre
place dans ce parlement de 1628 ^
convoqué par la détresse du conseil ^
tel futl'clau donné à l'opposition par
ses chefs , qu'au milieu de tant de
griefs publics et prives, au milieu de
l'exaspération geiiérale des espriu,
pas un membre du parti populaire
ne proféra un seul mot qui effleurât
la prérogative ou la dignité de la cou-
ronne. Les discours de Wentworth
ont été conservés : on s'étonne de
trouver tant d'ame et de noblesse
dans un contemporain de Pym et de
Cromwell. Nul faste dans les mots ;
nulle trace de cette emphase et de
cette pédanterie mystique, défaut si
général et si populaire en ces temps
de fanatisme. Partout c'est une ame
simple et forte qui s'épanche avec
énergie et simplicité ; et , toutefois ,
jamais peut-être l'éloquence parle-
mentaire n'a uni plus de chaleur à
plus de mesure , surtout dans ce dis-
coursoù rappelant avec velièmence les
oppressions qui venaient de finir , il
demande justice et réparation au nom
du roi , ))lus encore qu'au nom du
peuple^ et propose cette fameuse Pé-
!l6
STR
tUion de droits , votcc par Vunani-
mité individuelle des deux cham-
bres , et demeurée jusqu'à uos jours
le plus précieux monument des li-
bertés anglaises. Le roi voulut d'a-
bord en éluder la sanction. Went-
"worth y qui avait obtenu de la cham-
bre basse la concession des subsides
avant toute concession royale, fit
suspendre la délivrance du bill qui
]es accordait. Vainement les minis-
tres proposèrent au parlement de s'en
rapporter à la parole de Charles;
yamement ils rédigèrent une déclara-
tion royale conçue dans les termes
les plus généraux et les glus décisifs;
Wentworth et le parlement furent
inflexibles. Tout-à-coup un message
du roi défend aux Communes de cen-
sui*er l'administration. Les esprits ,
lon^-temps contenus, éclatent ; un cri
s'élève contre Buckingham ; sa mise
en jugement était imminente , lors-
que Charles parut au milieu des
chambres assemblées , et sanctionna
la Pétition de droits. Le premier
jour fut tout à la reconnaissance ; le
deuxième jour, on reparla de griefs;
le troisième , le nom du favori se
mêlait à toutes les plaintes. Une re-
montrance factieuse est arrêtée; déjà
les Puritains avaient jeté le masque ;
le pouvoir légitime du roi n'était plus
sacrépour la chambre; l'épiscopat
était dénoncé , la constitution de l'é-
glise anglicane menacée avec une
sorte de fureur. La surprise de Went-
worth fut grande , son indignation
fut vive. Nourri dans le sein de l'É-
glise établie , pénétré d'une vénéra-
tion filiale pour ses dogmes , plein de
foi dans son autorité, il déclaradiau-
tcment qu'il avait erreur de ce qu'il
venait d'entendre , et que quiconque
voudrait attaquer l'Église ou la cou-
ronne devait s'attendre à combattre
fiir Thomas Wentworth. Les Puri-
STR
tains crièrent à rai)ostasie. Du jour
où la tête de Buckingham avait été
demandée par les Communes , Went-
wrorth gardait le silence. Cette géné-
rosité avait paru suspecte à plusieurs ;
le cri de sa conscience soulevée leur
sembla une déclaration de guerre.
Appelé à la pairie, et dès-lors pré-
senté à la cour , la mort de Buckin-
gham lui ouvrit le conseil privé , et
lui donna la présidence de la cour du
Nord , sorte de dictature créée par
Henri YllI. C'est ici qu'il faut s^ir-
rêler pour juger Wentworth. Reniait-
il en un moment ses principes et sa
vie passée ? Un grand nombre d'é-
crivains l'accusent : Charles Fox
l'appelle un grand coupable y Hume
lui-même paraît soupçonner sa vertu.
Mais , si l'on n'oublie pas que la
loyauté parlementaire du député
d'York avait prévenu toutes les
avances de la cour , que sa ruptiure
avec l'opposition , trop brusque et
trop franche pour nepas exclure toute
idée de calcul , précéda de deux mois
y offre de la pairie; que du reste il'
ne fut pas un seul instant associé a
l'administration de Buckingham , il
paraît diflicile de ne pas l'ausoudre.
Dans cette session même , il avait
dénoncé V entrepreneur de la misère
publique , avec une énergie d'expres-
sion qui. certes ne cachait aucune
arrière-pensée. On proposait des cor-
rections pour assurer à la pétition de
droits la sanction royale : il avait
répondu qu'i'Z nen laisserait pas al-
térer une sjrllabe, La cour du Nord,
il est vrai , était uu tribunal d'excep-
tion : mais elle était ancienne , eue
avait fait beaucoup de bien ; et d'ail-
leurs Hume afUrmc que Wentworth
ne la présida pas même une seule
fois. Certes , l'administration des
comtes du Nord ne fut point pour
lui une sinécure : ses biographes
STR
\c louent i l'enyi des prodiges qu'il
opéra dans ces proyinccs ^ pres-
saot ayec une incroyaUe activité
le recrutement de la milice et l'expé-
dition des affaires, soulageant le pau-
vre et qruintuplant le revenu du roi.
Mais , SI Wentworth , présidant une
commission , semblerait démentir son
caractère, Wentworth administrant
au nom du prince etdansia limitede sa
Srérogative, abandonnant À d'autres
es attributions judiciaires excessives
et peu l^ales, n'a pas besoin d'apo-
logie. Deux des plus ardents promo-
teurs delà pétition de droits, Edouard
littdton et Dudley Dicges ( F, ces
noms ), quittèrent avec lui les rangs
populaires , entraînant après eux des
derections nombreuses; et , lorsqu'une
scène violente eut précipité la disso-
lution du parlement ( F, Ch ables I^^*.,
VIII , 206) , l'un et l'autre j)rétè-
lent à l'administration l'appm d'une
babileté éprouvée , et d'une popula-
rité irréprochable. La cour accueil-
lait ces nouveaux alliés avec une dé-
fiance qui les honore : dans les nom-
breuses séances du conseil où se pré-
parèrent les abus d'autorité qui
suivirent , le nom de Wentworth ne
se rencontre pas une seule fois. Ses
liaisons , d'abord purement relicieu-
ses y avec.Laud, évéque de Londres,
dissipèrent bientôt tout ombrage.
Laua dirigeait la conscience de Char-
les, et Wentworth fut nommé gou-
verneur ( lord âepuXy ) de l'Irlande ,
en i63a. Nul poste ne pouvait lui
paraître plus honorable; car nulle
commission ne semblait plus déses-
pérée. La malheureuse Irlande, pleine
d'insurrections et de haines invétérées,
épuisée par les exactions des gens de
finance et les extorsions des gens de
guerre , attaquée à force ouverte dans
ses croyances , privée de toutes les
garanties de {'nomme en société.
STR
^7
sans sûreté, sans propriété, sans
justice, demandait depms quatre siè-
cles un libérateur à r Angleterre , et
n'obtenait que des hommes faibles ou
tyrans. Quatre cents ans de violences
et de guerres intestines n'avaient pu
lasser ni la turbulence des peuples ,
ni la cupidité des ojfficiers du roi :
des provmces entières s'étaient vues
contraintes à racheter plusieurs fois
leur sol , envahi en masse par le fisc.
Enfin, nul point d'appui dans ce
royaume à un pouvoir légitime ; il
fallait dompter à - la - fois une na-
tion exaspérée , un conseil oppres-
sif , une Église persécutrice , des
grands plus accoutumé à l'insulte
qu'à l'obe'issance. Les succès du nou-
veau gouverneur tinrent du miracle.
Avant de paraître en Irlande , il avait
obtenu des Catholiques un don vo-
lontaire de 30,000 bv. st. , et du roi,
la promesse d'un parlement irlan-
dais. Avant que l'année finit , il avait
payé , vctu , augmenté l'armée , dé-
chargé les nationaux du logement
des troupes , fait taii*e toute opposi-
tion dans le conseil , enlevé à IHma-
nimité un vote de six subsides dans
le parlement, et de huit subsides
dans l'assemblée du clergé. Les cou-
tumes barbares revisées , les distinc-
tions d'origine abolies , la distribu-
tion de la justice désormais assu-
rée , une police plus régulière , des
lois protectrices de la propriété et
de l'agriculture . tels furent les bien-
faits d'une deuxième session du par-
lement. Wentworth l'avait prolon- ,
gée de trois mois , contre les ordres
positifs de Charles : il lui en annonça
la clôture par ces paroles : « Le peu-
ple le plus heureux de la terre re-
mercie maintenant Dieu et son roi. »
L'ignorance, la cupidité, la débau-
che, la simoiiie, désolaient l'Élise
protestante d'Irlande. Bientôt des
38 STR
temples s'aérèrent ; des écoles furàit
fondées f l'épiscopat irlandais pro-
dama la confession de foi anglicane.
L'union des deux Églises soumettait
celle d'Iriande au régime intérieur de
l'Église d'Ançleterre, et par consé-
quent à l'inquisition , établie par Eli-
sabeth dans son royaume, sous le
nom de haute commission ecclésiasti-
qtie. Wentworth en modéra l'action.
Pas an catholique ne put se plain-
dre que safm lui eût coûté un che*
9eu de sa tête; et, par son influen-
ce, les mceurs s'adoucirent ; des allian-
ces multipliées rapprochèrent la race
conquérante de la nation conquise ;
l'hospitalité irlandaise redevint célè-
bre. Dans le même temps , des jurys
nationaux restituaient à la couronne
des usurpations presque séculaires.
L'Édise recouvrait un revenu patri-
monial de quarante mille livres ster-
*linc. L'Irlande avait enfin une justice;
et le conseil s'étonnait de voir , en
moins de trois ans , la dette ancienne
payée , le déficit annuel comblé , des
taxes odieuses supprimées , le mode
de perception adouci , et la recette
accrue de cent quatre mille hvres
sterling. Tout fut prodige dans l'ad-
ministration nouvelle. L'indigente Ir-
lande eut des manufactiu^es : son com-
merce ^ créé par Wentworth , encou-
ragé par ses libéralités, par sa pro-
tection persévérante , put livrer ses
produits à vinct pour cent au-dessous
des prix de Houande. Les pirates, qui
infestaient les cotes d'Angleterre , n'o-
saient braver un gouverneur prêt à
monter à cheval à toutes les minU"
t^ du jour; et , pendant cette admi-
nistration de sept années , un seul na*
vire irlandais fut pris. On pressent
qn'uD homme d'une volonté si droite
et û forte , d'une vigueur d'exé-
cntton si admirable , n'avait point
cntratué une telle révolutixm sans
STR
soulever contre lui des haines puis*
santés et des intérêts sans nombre.
Modéré avec le parlement , mais ab-
solu dans le conseil, il s'indignait
trop du mal y et son cœur était trcp
près de ses lèvres pour contenir tou-
jours dans de justes bornes l'expres-
sion d'un mépris ou d'un courroux
mérités. Sa sensibilité impétueuse ,
aigrie par des contradictions de tous
les jours , céda une fois à l'impatien-
ce ae faire un exemple, en mettant k
ses pieds le plus vil et le plus déclaré
de ses ennemis. Lord Moimtnorris ,
secrétaire • d'état et garde du sceau
privé d'Irlande, apprenant une petite
vengeance d'un de ses parents, onensë
par le gouverneur, s'était écrié : // a
un frère qui se vengerait d'une au-
tre manière. Le secrétaire - d'état
avait un emploi dans l'armée. Un or-
dre du roi, sollicité par Wentworth,
défère Mountnorris, comme coupable
de provocation à l'insubordiiiatioD
parmi les troupes. Cette cour , com-
posée des premiers dignitaires eu
royaume et de l'armée, prononce , à
l'unanimité, la peine de mort. Went-
worth fait Ure la sentence au con-
damné , lui promet son intercession
auprès du roi , et obtient sa grAce.
Mountnorris était un homme décrie;
mais sa famille était puissante. L'a*
bus de pouvoir était manifeste ; et ^
dans les trois royaumes y il n'y eut
qu'un cri contre Wentworth. La sen-
tence de mort ne pouvait lui être re^
Srochée : le tribunal avait été libfft
e toute influence ; mais une accusa-
tion capitale, une mise en jugement^
mi conseil de guerre , pour ime pa->
rôle arrogante échappée dans la li-
berté d'un repas y voilà ce que les cir-
constances pouvaient excuser , ce
qu'aucune toutefois ne pouvait ab-
soudre. Blâmé par ses pliLS vrai»
amis , le gouverneur parut soudaine-
STR
i la cour , le compte rendu de
ministratioD k la main. Le roi
l'entendre en plein conseil ; et
après avoir expose' le saccës
pant , si rapide de toutes ses
ïSy après avoir imploré de nou-
unëliorations peur l'Irlande y
vorth parla dci'irritabilifë na-
i son caractère , Charles l'in-
pit vivement , le dispensant de
pologie, et lui prodiguant les
[lauds témoignages de sa re-
ssance. Mais pendant que tout
rait en Irlande , tel était l'a-
scanent de la marine d'Angle-
que la Hollande usuri)ait le
le pèche dans les mers Lritan-
; les Barbaresques enlevaient
ets anglais jusque sous le ca-
î Plymoutb. Wentworth ne
plus qu'à venger ces insultes ^
prévenir d'autres. Il voulait
flotte fût équipée sur - le-
; et , dans la chaleur de son
l épuisa tous ses moyens d'in-
'. pour faire payer la taxe des
lUX, dans le comté d'York,
ges du royaume l'avaient dé-
)ustc; mais le parlement ne
point consentie. Aussi ^ dans
ps même, Wentworth adres-
au roi les instances les plus ef-
pour que ce'te taxe, légitime
*. d'être nécessaire , ne fui point
née de sa destination; pour
m préservât religieusement la
té de ces levées : il le pressait
nbler un parlement pour les
ner. Tout-à-coup l'Ecosse est
. La lîturcie épiscopale d'An-
e , impruoemment publiée , est
sëe par le peuple avec fureur
«ARLES \^^ y Wentworth fut
te; voici sa réponse : Frépa-
guerre sans perdre une mi-
as^ec la ferme résolution de
if)iU ce qui serait honorable
ST&
AQ
pour Véviter. Ces paroles étaient ap-
puyées d'un projet de prodamation
et d'un plan de campagne. Il ne fut
pas cru; mais, avant la fin de cett^
année ( i638) , Charles était détrôné
en Ecosse , et les rebelles marchaient
sur l'Angleterre. A cette nouvelle^
Wentworth lève une petite armée
en Irlande , envoie au roi les épar*
gnes du trésor public, ordonne k
ses fermiers de verser à l'échiquier
le revenu de toutes ses terres , jus-
qu'à la dernière obole. Cependant
l'Irlande renouvelait ses serments de
fidélité, repoussait le covenant par
des anathèmes publics ; et le couver»
neur déjouait une conspiration qui
ouvrait ce royaume aux rebelles.
Leur invasion devenait imminente,
Charles appela Wentworth près de
lui. La guerre à l'Ecosse- , un
parlement à l'Irlande; tel fut le
premier mot du fidèle ministre. Le
roi promit tout. Un premier parle-
ment s'assemble à Dublin ; Went-
worth y paraît avec le titre de vice-
roi ( lord - li&itenant ) , obtient un
vote unanime de quatre subsides ,
agrée six autres subsides offerts
par le clergé ^ souscrit lui - mi-
me , pour la couronne , un ença^t-
ment de vingt mille livres stming ;
double son armée: et , le quinziènie
jour depuis son départ^ il était de
retour en Angleterre. Une fièvre ac-
cablante le retint à Chester, loin du
parlement qui allait s'ouvrir. Dix
jours après , tout ce parlement était
soulevé contre la cour. Le comte de
Strafibrd (c'est désormais le nom du
vice-roi d'Irlande) se foit porter
mourant au conseil^ et dicte un mes-
sage royal si franc et en même temps
si habile , que la majorité revint au
roi sur l'heure. Tout était sauvé , si
la perfidie d'un ministre ( F, t. YHI,
p. 210) n'avait fait dissoudre le par-
3d
STR
kment : Strafford ftit atterré de ce
deniier coup. On d^spera quelque
temps de sa vie. Les uutes s'accu-
mulaient autour de lui. Charles tirait
de prison un lord écossais conyaincu
de naute-trabison , et le renvoyait à
ses compatriotes ^ chargé d'un mes-
sage où des pairs d'Angleterre invo-
quaient le secours de leurs armes. A
1 approche subite des rebelles , un
général abandonnait trente lieues de
pays et d'immenses magasins ^ sans
combattre. Cette déroute indigna
Strafibrd. Investi du commande-
ment , il étai^ monté à cheval , lors-
qu'il ne pouvait encore marcher. Les
Ecossais s'arrêtèrent. Le roi satisfait
lui défendit d'agir. Une négociation
s'ouvrit. Les rcnelles demandèrent^
avant tout, que^ jusqu'à la conclu-
sion d'une pais, définitive , leur ar-
mée fût solaée par le roi. Strafford
révolté voulut donner la mesure de
leur faiblesse. Une division écossaise
iiit attaqua par ses ordres et mise
en déroute sous ses yeux. Charles lui
interdit d'achever sa victoire , se
soumit à toutes les conditions impo-
sées par les rebelles y et licencia 1 ar-
mée d'Irlande pour payer la leur.
Le vice-roi demanda sa retraite. Tou-
tefois , vaincu par les supplications
du roi , il était resté à son poste ,
frappé d'impuissance , lorsqu'il ap-
prit qu'un bill d'accusation , parti
de la chambre basse d'Irlande, le
traduisait devant ses pairs. Quatre
mois auparavant , cette même cham-
bre lui avait prodigué , quoique ab-
sent, les plus vifs et les plus libres
hommages. La fortune avait changé;
et l'accusation avait été rédigée , lue,
emportée sans discussion et presque
sans mise aux voix , dans une seule
séance. Strafford courut à Londres ,
malgré les cris d'effroi de ses pro-
ches. Il apportait la preuve des liai-
STR
sons intimes de ses ennemis avec les
ennemis de l'état. Il se trouva préve-
nu. Le long parlement venait de
s'ouvrir ; et ces mêmes puritains ,
dont les émissaires avaient préparé
l'accusation d'Irlande , riaient dé-
jà sur l'Angleterre. Le plus habile
de leurs chefs , Pyni , entre précipi-
tamment à la chambre basse, tait
fermer les portes ; et , sûr désormais
du secret de la délibération y il an-
nonce l'arrivée de Strafford, l'accu-
se vaguement de tous les maux de
l'Angleterre , et propose de deman-
der sur l'heure à la chambre haute
son arrestation immédiate. Un seul
membre , Falkland , connu par ses di-
visions privées avec le vice-roi , pro-
posa un comité d'enquête. Pym répon-
dit que si Strafford pouvait parler k
Charles une seule fois,toute accusation
devenait superflue : que, du reste , c'é-
tait aux j uges à peser les preuves, qu'il
sufGisait aux communes de signaler le
coupable. La motion homicide pas-
sa , et Sti-afibrd était à peine assis au
milieu des lords y que Pym parut à
leur barre y dénonçant y au nom des
communes,des crimes qu'il ne spéci-
fiait pas. L'accusé ne put que faire
entendre quelques mots, tant les pairs
avaient hâte d'obéir au vœu de Vau-
tre chambre^ et de prononcer la mi-
se en arrestation du yice-roiy jusqu'à
ce que les communes eussent produit
les charges annoncées contre lui.
Cej^endant le chancelier d'Irlande et
d'autres hauts fonctionnaires étaient
accusés de trahison; le chevalier Rat-
cliffe , de tous le plus ami de Straf-
ford et le plus capable de le déten-
dre , était enlevé de Dublin , mis à
la tour de Londres , sans autre motif
qued'oter au vice-roi l'appui de leurs
démarches et l'autorité de leur té-
moignage. Un comité, mi - parti de
loids et de membres des communes,
STR
s^ appliqua sans relâche à préparer
tics charges : un serment inouï dans
les contnmes anglaises imposait le si-
lence aux commissaires sur tous les
actes de l'information. Tout fut uoii-
Teau dans cette étrange procédure ^
et les formes plus que tout le reste.
Les ministres du roi furent interrogés
sur des opinions émises dans l'invio-
lable secret du conseil. Eniin , après
trois mois d'inquisition , l'acte d'ac-
cusation fut produit et conimuniqué
à l'accusé , qui fut sommé d'y repon-
dre avant huit jours. Un conseil lui
fîit accordé, mais avec injonction de
se réduire à la discussion du droit. Il
demanda la permission d'assigner à
son tour des témoins ; on lui donna
trois jours pour les réunir : la plupart
étaient en Irlande. Les communes
s'étaient élevées contre la concession
d'un conseil ^ elles récusèrent non-
seulement les évêques, mais les lords
créés depuis l'arrestation. Le comte
d'Anmdel, ennemi déclaré de Straf-
fbrd, fut chargé parles pairs de di-
riger les delxits. Pym , choisi pour
développer les charges, soutint hau-
tement que si aucun des vingt - huit
chefs allégés n'était un crime de
hante trahison , tous ramassés en- ^
senMe formaient ^ par accumula-
tien, une trahison constructible , en
décelant V intention de détruire les
lois fondamentales du royaume, La
défmse de StrafTord fut dic^e de sa
▼ie. La lutte se prolongea aix - huit
jours. Seul en présence de treize accu-
sateurs , tous aguerris par les triom-
phes de la tribune , forcé de répon-
dre à l'improvbte à des faits enveni-
més avec art, à des questions lon-
guement préméditées , il< mêla tant de
modestie à la fermeté de ses répon-
ses; il opposa tant d'éloquence aux
déclamations de ses ennemis, tant
de présence d'esprit, tant de dialec-
STR
3i
tique à leurs sophismes , une grâce si
noble à leurs grossièretés , une mo-
dération si accablante à leurs inju-
res ; que , 51 Von en excepte un bien
petit nombre, dit Withlocke, tous
les cœurs se sentirent émus de pitié
ou de remords. L'historien qui rend
ce témoignage n'est pas suspect; il
présidait le comité accusateur , et il
vota pour le meurtre. Une indicible
frénésie s'était emparée des commu-
nes. Trois jours avant la discussion
du fait, elles avaient accueilli contre
l'accusé un bill à^attainderj sorte de
Sroscription législative qui dispense
e toute forme et de toute preuve ,
et qui a servi de modèle aux mises
hors la loi de la Convention na-
tionale de France. La veille delà dis*
ciission du droit , elles délibérèrent
sur la mise en jugement des conseils
de StrafTord, avant qu'ils eussent dit
un mot pour sa défense. Ses conseils
furent entendus et prouvèrent qu'au-
cune loi ne punissait les faits imputés
à l'accusé : le lendemain , ces mêmes
faits furent déclarés crime de haute
trahison par les communes. Enfin
Pym produisit un dernier témoignage.
Va ne , secrétaire d'état , homme sans
foi y flatteur de Charles et de la reine,
mais vendu aux Puritains, lui avait
livré des notes sur une séance du con-
seil où StrafTord avait parlé de ré-
duire l'Ecosse par les armes. Le ré-
dacteur de la note prêtait au comte
une expression ambiguë ( ce royau-
me ). Pym appliquait ces mots à
l'Angleterre , et tonnait contre le
traître qui avait you\u faire la guer-
re au peuple du roi. Le crime sem-
bla palpable aux communes : et
bien que les membres du conseil eus-
sent protesté sans exception contre
la calomnie de Vane , bien qu'inter-
roge à son tour et pressé par les
questions de l'accusé , Vane eut fini
3a
STR
par déclarer comme eux , avec ser-
mtaty que Strafibrd n'avait pense'
qu'aux rebelles d'Ecosse; bien que le
texte seul de la note suffît pour ruiner
l'accusation ; cette notc,écrite par Va-
ne et lue par son fils , fut déclarée équi-
valente à la production de deux té-
moins à diarse : et le bill de mort fut
envoyé k la chambre haute , à la ma-
jorité de ao4 voix contre Sq. Parmi
ceux qui osèrent être justes , l'histoii'c
nomme trois membres du comité
accusateur : Hyde { depuis comte de
Clarendon) , qui se sépara hautement
de tous ses collègues ; Selden,le plus
violent des chefs puritains ; et le lord
Digby , ennemi acharné du yice-roi.
Quelques jours après, ravocat-çéiié-
ral de la couronne posait en pruici-
pe , devant les pairs j que la mission
du parlement était de faire les lois
et non de les suivre , surtout contre
une bete féroce telle que Strallbrd;
et les pairs, décimes par la terreur ,
assièges et menacés par une populace
en furie, transmettaient le bill de
Ï>roscription au roi. On peut voir, k
'article Charles I««*., les longues an-
goisses du monarque et ses déplora-
bles tentatives pour sauver celui au-
quel il avait écrit dans sa prison :
« Je ne puis vivre en paix avec moi-
» même qu'eu vous assurant, sur ma
1» parole de roi , que vous ne souflri-
» rez ni dans votre honneur ni dans
1» votre vie. p Informé des scrupules
et des périb du prince, Strafibrd
se dévoua. 11 écrivit au roi pour lui
rendre sa parole et le prier de sanc-
tionner le bill; sa lettre était sans
faste , sans amertume : « Mon con-
» sentement , disait-il , vous acquit-
» tera plus devant Dieu que ce que
» pourrait faire le monde entier. »
Le danger s'accrut ; le roi fut faible,
et il autorisa des conmiissaires à si-
gner tous les bills proposés à sa sanc-
STR
lion. L'un de ces commissaires était
le comte d'Axundel , qui n'hésita
S oint à voter ainsi deux fois la mort
'un homme que sa haine lui otaitle
droit de juger. Les communes arrê-
tèrent des remcrciments au monar-
que , en décrétant que jamais le der-
nier bill ne pourrait être cité en
exemple, et que désormais tout an-
glais serait jugé selon la loi du pajs^
comme si ce biU n'eût jamais existé.
Le premier mouvement de Strafford
appartint à la nature. En apprenant
la sanction, il laissa échapper ces pa-
roles du Psalmiste : JVe mettez point
votre confiance dans les princes ni
dans les enfants des hommes; car
le salut n^est point en eux. Tr^is
jours lui ctaieut donnés pour se pré-
parer à mourir. \jd roi envoya son
Lis à la chambre haute pour implo-
rer de la médiation des lords quel-
que adoucissement dans la peine. II
n'obtint pas même un sursis , et le
lurlcndemain ( 1 5 mai 1 64 ^ )> Iç bour-
reau consomma le meurtre. Milord,
pardonnez - moî, criait cet homme
avant de frapper. — A vous et à tout
le monde , répondit le martyr. Plus
admirable encore sur l'écha&ud qu'à
la tribuue et dans le conseil , il ne
proféra point une parole qui ne fikt
un acte a héroïsme , priant pour le
roi; pour l'Angleterre, pour ses ju-
ges , imposant à la fureur du peuple
par la dignité de son visage, et maî-
trisant la douleur de ses proches par
la sérénité de ses discoui's. — Ainsi fi-
nit cette.vie toute d*une pièce^ com-
me on l'a dit des héros de Plutar-
que, et toutefois si diversement jn-
gée. Cette âme si haute ^ si pure, si
mvariablement fidèle au roi et an
pays, n'a pu échapper à l'accusation
de versatihté ,de corruption. Sa cor-
respondance, publiée par ses con-
temporains, suffit il la réfuution de
STR
tes rcprocbcs. Elle atteste qu'à une
cpoque où certes la solidarité des
miDistres n'était point de principe
en Angleterre , le vice-roi d Irlande
réclamait contre les mesures arbi-
traires de sescoilcgiies, comme il les
aurait dénoncées à la tribune; et si
des contradictions de chaque Joiu- ou
la doulenr des désastres publics lui
an*achent de loin en loin quelques
expressions impeu absolues sur l'in-
dépendance du pouvoir , sans cesse
il loue , il regrette les parlements; sans
cesse il les recommande au roi , et
toujours les faits répondent aux pa-
roles. En Irlande, où Strafford était
le maître , il avait tenu plus de ses-
sions à lui seul pendant sept années
que ses prédécesseurs dans un demi-
siëcle. La sévérité lui était imposée
comine nue nécessité des temps , com-
me un devoir public; elle deviut une
babitude de son caractère, plus tard
le cri de ralliement de ses ennemis ,
et ils furent nombreux. La gloire
d'avoir abattu l'hydre féodale en Ir-
bnde lui devint funeste en Angle-
terre. Naturellement fier avec les
grands, les difficultés de sa posi-
tion, les souffrances aiguës ae la
Çontte hii arrachèrent plus d'ime
foîs des paroles chagrines ou im-
périeuses : on lui reprocherait de
Ift hauteur, s" il eût paru moins ami
du pauvre , moins dévoué à la no-
Messe qui faisait son devoir, a J'ai
9 trouvé y disait - il , la couronne ,
B relise et le peuple au pillage ; je
9 n'ai pas cru pouvoir les délivrer
» avec des sourires et des révéren-
» ces. » Au reste , nul ne contribua
plus crue lui à fixer les principes alors
si indécis de la constitution d'An-
deterre; et, s'il reconnut, comme à
Sparte ^ la triste nécessité de laisser
donnir les lois pour un jour , il de-
■andait hautement nne prompte et
XLIV.
STR
33
solennelle réparation à la loi pour
ces dangereux exemples. Peu d'hom-
mes publics ont été aussi avides que
lui de toutes les joies de famille et
des délices de la retraite. On voit ,
par ses lettres, qu'il s'y abandon-
nait du fond de l'ame , et c'est une
preuve de plus que l'exercice du pou-
voir n'avait poiut corrompu ce cœur
si tendre, cet homme si vrai, sibieu
né , que , dans les occasions les plus
imprévues , il trouvait tout d'abord
et d'inspiration la réponse la plus
noble et le conseil le plus généreux.
Il fut marié trois fois , et la Biogra-
phie doit recueillir le nom de sa 2«.
femme , Arabella Hollis , fille du
comte de Clare, à laquelle rien n'a
manqué de ce qui pouvait rendre un
époux xîomme Strafford heureux et
fier d'une telle épouse. La mémoire
de Straffurd fut réhabilitée par le
parlement sous Charles II , et sou
fils reprit son rang à la chambre
haute. Sa vie a été écrite, peu de
temps après sa mort , par le cheva*
lier Ratcliffe^ son ami, et de nos
jours par M. Mac-Diarmid. Tout le
monde a lu celle qui a été publiée
par M. de Lally-Tolendal , Londres,
1 795 ; et Paris , 1 8 1 4 , in-80. Celte
réimpression ne comprend pas le
Comte de Strafford ^ tracédie eu 5
actes et en vers, qui formele 2<^. vol.
de l'édition de Londres. F — t j.
STRALENBERG (Philippe-
Jean ) , lieutenant-colonel au service
de Suède , naquit , en 1C7G , dans
la Poméranie suédoise , sous le nom
de Tabbert , que sa famille changea
en celui de Stralenberg, lorsqu'elle fut
anoblie par Charles XII , en l'^on.
Après avoir fait les campagnes de
Pologne, il accompagna le roi de
Suède dans son expédition contre la
Russie, et assista à la bataille de
Pultawa. Ayant voulu secourir son
3
34
STR
frèi'c , il fut jpriîj par les Russes. Con-
àuîl d'aboraà Moscou, il fut envojd
ensuite en Sibe'rie^ où il passa treize
aniie'es. Ayant eu la permission de
faire des voyages dans rinterieur de
ce pays , il en dressa une carte dé-
taillée , qu41 conlia en dépôt à un
marchand de Moscou. Ce marchand
e'iant mort , la carte fut portée à
Pierre I'^'*. , qui la trouva très-intéres-
sante et la garda. Stralenberg en fut
instruit , et recommença son travail.
Ayant obtenu la permission de re-
tourner en Suède , il passa à Pétcrs-
bourg , et fut présente an Czar. Ce
prince voulut le rclenii* à son service,
et lui fit des propositions avantageu-
ses ; mais il refusa , et se rendit à
Stockholm ^ où il obtint , avec assez
de peine , ut^e compagnie et le titre
de lieutenant-colonel , en 1724, quel-
ques années après la mort de Char-
les XII. En 1730 , il sollicita la per-
mission d'aller à Lubeck, où il fit im-
primer sa Description historique et
géographique des parties septen-
trionales et orientales de l'Europe
et de VAsie , en allemand , in-4**.
En 1740^ il fut nommé commandant
de la citadelle de Carlshamn , où il
mourut en I747' ^ — -^u.
STR ANGE (Robert) , graveur, ne
en 1725, dans l'une des îles Orcades,
vint fort jeune à Paris , et entra dans
Técole de Le Bas , qui excellait dans
le paysage^ et qui faisait de la pointe
un plus u'équent usage que du burin.
Strange abandonna bientôt la ma-
nière de ce maître et le genre dans
lequel il travaillait , pour se livrer
à riiisloircj et ses premiers ou-
vrages , tous copiés d'après les plus
grands maîtres , annoncèrent un ar-
tiste habile. En 1758, il fit un voya-
ge de cinq ans en Italie , où il étudia
tous les chefs-d'œuvre. Il fit en mê-
me temps ime ample collection de
STR
dessins précieux, qu'il se proposaitde
gravera son retour, etvmtse fixera
Londres , où il déploya , dans une fou-
le de morceaux- précieux , toute h
beauté de son intniment. Doue du vé-
ritable sentiment du beau^ il échapDa
à la contagion du mauvais goût de
son époque ; et lorsque Boucher était
appelé le peintre des grâces , et que
la gravure multipliait à Tenvi ses pro-
ductions, Strange ne%onsacra son ta-
lent qu'à traduire les plus beaux ou-
vrages du Corrège, de Raphaël, du
Gudc, du Titien et de Carie iVIaratte.
Il eut l'amour-propre, trop rare , de
ne rien exposer aux regards d'indigne
de lui, et il ne se laissa jamais sé-
duire par l'intérêt. Également estime
comme homme et comme artiste , il
avait été reçu de l'académie de Paris ,
et il était membre de celles d^ Rome,
de Florence , de Bologne , professeur
de l'académie royale de Parme , et
directeur de la société des artistes de
r Angleterre. Il serait trop long de
rapporter tous les ouvrages de cet
haoïle graveur. Ses estampes sont
remarquables par la douceur du
burin, le choix des sujets et la cor-
rection du dessin. Le seul repro-
che qu'on puisse leur faire, c'est
qu'elles manquent parfois de vigueur;
mais l'artiste, qui connaissait son vé-
ritable talent, a évité, la plupart du
temps , d'exécuter des pièces dans
lesquelles cette quahté était néces-
saire. Il avait invente une méthode
par laquelle, au moyeu de quatre cou-
leurs, il savait i-eudre les dessins
originaux de manière à opérer l'illu-
sion la plus frappante. Ses composi-
tions les plus remarquables sont : I,
Le Saint Jérôme du Corrège , qui a
fait partie du iVIusée du Louvre , et
3ui , en 1 8 1 5 , a été rendu à Parme y
'où il avait été tiré. II. Venus coUr-
chécy d'api-ès le Titien. III. Danaé^
STR
d^aprb le mène maître. IV. Fénus
et Adonis pttrtatd peur la chasse y
d'après le mésie maître. V. Charles,
prmce de Galles , Jacques , due
d'York j et la princesse Marie ,
enfants de Charles /"". , roi d'Aw-
gieterre, VI. Le Portrait en pied
de Charles /' ^ , en habits royaux.
VII. Charles /'^, en pied, suivi
d'un page et d'un ecuyer qui tient
son cheval . VIII. Henriette-Marie
de France , reine d'Angleterre ,
femme de Charles /*"''. , ayant au-
près d'elle le prince Charles de Galles,
et portant cLns ses bras le jeune Jac-
ques , duc d'York , encore enfant.
Ces quatre beaux portraits sont d'a-
près Van-Dyck. En i76(), Strange
publia à Londres un volume in-S''. ,
irait de son séjour en Italie , sous le
titre sinyant : A descriptive catalo-
gue of a collection of selectedpic-
tares from the roman , florentine ,
lombard, venitian , neapolitan , fie-
wdshj french and spanish schools,
etc. {Catalogue descriptif d'un choix
de peintures des écoles romaine ,
fiorentine , lombarde , vénitienne ,
napolitaine , flamande , française
et espagnole ; auquel sont jointes
des remarques sur les principaux
peintres et sur leurs ouvrages, avec
une liste de trente - deux dessins
diaprés les tableaux capitaux des
grands maîtres, rassemblés et des-
sinéspendant un voyage de plusieurs
années en Italie ). Strange mourut
à Londres , en i «jgS. P — s.
STRAPAROLi de CAR AV AGE
( JEAiV'FaAif çois ) , conteur italien du
seizième siècle , n'est guère connu que
par le titre de son recueil. Fontanini ^
Argelati, Zeno^ Tiraboscbi, n'en ont
presque point parlé; et le comte Bor-
romeo ( Catalog, de Novellieri Ita-
Uam ) . qui s'est un peu étendu sur
les dîfiërpntes éditions de l'ouvrage ,
ST»
35
ne donne aueun renseignement sur
l'auteur. Dans une préface , mise en
tête de la traduction française des
Contes de Straparola , on dit que ce
nom pourrait bien être une qualifica-
tion acndémiipie plutôt que le nom
d'une famille. On connaît en effet l'u-
sage, autrefois fort commun en Ita-
lie , de se déguiser sous des titres non
moins ridicules que celui du corps
dans lequel on était admis ; et comme
on s'appelait Insensato , Balor-
do y StorditOy ce qui ne devait flat-
ter l'amour-propre de personne, on
aurait pu se nommer Stra ( extra )-
parole y pour marquer cette faculté
quelquefois désirable pour soi , mais
presque toujours fâcneuse pour les
autres , de parler beaucoup sur toutes
sortes de sujets. Si cette supposition
était vraie, ce qui nous paraît peu pro-
bable, il resterait encore unedécouver-
tc à faire sur le personnage véritable
qui s'est cacbé sous cette fausse déno-
mination. Il vivait en i5o8, époque
où parut un de ses ouvrages à Venbe;
et il n'était pas mort en i554^ an-
née de la publication de la seconde
Îiartie de ses Contes. Le premier vo-
umcy imprimé en 1 55o, exposa l'au-
teur à de graves accusations. On le
traita durement de plagiaire, la sour-
ce de la plupartdeses nistoires ayant
été recoimue. Un littérateur français
( Laisné ) , qui s'est donné la peine de
vérifier ce reproche, ne l'a pas trou-
vé sans fondement; et, d'après son
calcul, Straparola aurait puisé le sujet
de vingt et une de ses Nouvelles dans
le seul livre de Morlino ( V, ce nom,
XXX, 192 ) , outre les emprunts
faits à Boccace, au Pogge, au Peco-
rone ( Fof, Ser. Giovanni , XVII ,
t^i(j ) , à Machiavel ( i ) , etc. Au reste
(i) Mollira R tiré le fa)«l de V Ecole d*sjèmmet
dp la IV«. nuuTeik; de la !▼•. nuit de Straparola.
3..
36
STR
ces larcins étaient autorises par
l'exemple , et une reine ( F. Mar-
guerite DE Valois, XXVIÏ, 20)
ne s'est pas fait scrupule de s'en
rendre coupable. Straparola s'est plu
particulièrement à imiter le Decarae'-
ron , qui a été le modèle ge'ncral de
tous les anciens conteurs italiens. De
même (pie Boccace a rassemblé aux
euTirons de Florence une troupe
joyeuse de jeunes gens et de femmes
qui s'amusent à débiter des contes ,
tandis que la peste exerçait des ra-
vages dans la ville ) aiusi Strapa-
rola transporte sur l'île de Mura-
no , à Venise , et cbez Lucrèce Sforce,
une société de demoiselles et de gen-
tilshommes , qui racontent des nou-
velles, se proposent des énigmes,
composent des fables, pour passer
agréablement leur temps, lom des
dissensions civiles qui avaient éclaté
en Italie après la mort de François
Sforce, duc de Milan. Le style de
cet auteur est moins soigné , mais
plus coulant que celui de Boccace.
Ses conceptions sont bizarres et rem-
S lies de tout ce qu'une imagination
éréglée peut enfanter pour causer
de l'étonuement et de la surprise.
L'astrologie , les enchantements , les
métamorphoses, tout est mis en jeu
pour animer ces récits , dont l'obscé-
nité égale souvent l'extravagance. Les
ouvrages de Straparola sont : L So-
netti y strambotti , epistole e capi-
foZÏ, Venise, i5o8, in-B*». II. Le
piacevoU notti , ibid. , Comin de
Trin, i55o-i554, 2 vol. in-S**. L'é-
dition de 1557 est la plus recher-
chée. La plupart des réimpressions
postérieures sont mutilées : celle de
Venise, 1^99, in-4**., a été aug-
mentée de cent énigmes , par J. Cé-
sar délia Croce ; ce cjui la rend chè-
re , quoiqu'elle soit imparfaite. Cet
ouvrage 1 été traduit en français
STR
par LouvMu et Larivey , Paris ,
1 585 , in - la ; (ibid.) 1 726 , a voL
in - 1 2 , édition revue par La Mon-
noye. III. Nwella d'un caso no-
tabile intervenuto a un gran gen-
tihiomo genoi^ese yWemsey s. d., m-
4°. , et 1 558 , in - 8^. ; réimprime
vers la (in du siècle passé , ibid. (Lon-
dres ) , in-4'^. Ce n'est que la premi^
re Nouvelle de Straparola. A-g-s.
STR ATA. rqx. Fornari { Marie-
Victoire ).
STRATA ( Zanobi da ) , poète
lauréat, né en i3i2, à Slrata , petit
village à deux lieues de Florence, fut
élevé par Jean de' Mazzuoli , son
père, fameux grammairien , qui avait
été le maître de Boccace. Zanobi ac-
quit par ses talents une considéra-
tion que son origine semblait lui
refuser. En i332 , il remplaça MaK-
zuoli dans une école de belles-let-
tres établie à Florence, et s'y fit
remarquer par son savoir. Sa re-
Sutation attira sur lui l'attention
e son compatriote Nicolas Accia-
juoli , grand sénéchal du royaume
de Sicile; et cette protection lui va*
lut d'abord la place de secrétaire du
roi de Naples , et peu après ( i355),
I^onneur d'être couronné k Pise,
par l'empereur Charles IV, qu'il ne*
mercia dans un discours latin , mêlé
de prose et de vers , dont les biblio-
thèques de Florence ont conservé
quelques copies ( Oratio habita ad
Carohim IF; de fama ). Cet hom-
mage public, qui^ dans le quatorziè»
me siècle , ne fut accordé qu'à Pé-
trarque , jeta un nouvel éclat sur le
nom de Strata. Appelé à la cour
d'Avignon, il fut nommé protono-
taire apostolique , et secrétaire des
brefs d'Innocent VI. Si Ton devait
en croire un document publié par
Lami {NweUe letterarie , 1748 y
p. niQ), ce poète aurait été élevé
STR
au siëge de Monte Casino (i), peu
avant sa mort y armée dans Ja ville
d'Avignon, en i36i. On" ne peut
jug«rde son mérite que d'après le
témoignage de y^% contemporains ,
qui l'ont regarde comme l'un des
plus grands nommes de son temps. >
Pétrarque le loue beaucoup dans ses
Lettres (2) , dont quelques-unes sont
adressées à notre poète, entre autres
celle où il lui recommande de prendre
soin de ses écrits. Les Florentins
avaient conçu une si haute estime du
mérite de 2Lahobi , quelle plaçant au
même rangqu'Accurse, Dante, Pétrar-
que et Boccacc, ils décidèrent , en
jBqô, que des tombeaux leur seraient
dfvés dans l'éslise de Santa Maria
del Fiore. La ailliculté de réunir les
cendres de ces illustres citoyens,morts
presque tous hors de leur patrie y
arrêta ce projet , ce qui est fait pour
inspirer un grand regret de la perte
des poésies de Strata,dontil ne reste
que cinq vers latins publics par Mé-
bos dans la vie de Traversari, p. 90.
Zanobi s'était proposé de chanter
les exploits du premier Scipion y
lorsqu'il apprit que son ami Pé-
trarque travaillait à un poème sur
le même sujet ( V Afrique ): soit dé-
licatesse^ soit crainte, il n'osa pas
sem^ureravec un rival aussi redou-
table 9 et descendant au rôle modeste
de traducteur , il s'exerça sur les
Morales de saint Grégoire , ouvrage
qui aurait dû le décourager par sa
langueur , et qu'en effet , il n'eut pas
le temps d'achever. L'académie de
la Crusca a honoré de ses suftrages
^1) On B« coniiaU point de •icgc ^Ucopal de ce
Dooi. La célèbre abbaye du Ittuut Omîu n'est \t»»
10 rvêcfaé.
(a*) Il «irait r<>pendaDt témoigné qiieltjne jalou'
ffic av soiet du couronoetneut de Zauobi : « V.»\-
>c« à QD Alleiuaud (^l'ein|irreur ) qu'il appartient
• àt ÎMger la incrile littéraire d'uu Italien ?» /*r<rf.
*/ iM^rrf . il medicum, StralA fut couronne Uciic
aa* i^^ PcUrarq««b
SÏR
37
ce gr«uid travail , qu'elle a rangé air
nombre des tcsii di Ungua. il eA
existe une ancienne édition intitulée :
I. ï Morali del Pontejicc san Gre-
gorio Maf^no , sopra il libro di
Giobbe ^ Florence, i/jBG, !i vol.
in-fol. Zanobi n'a pas été plus loin
que le chapitre dix-huitième du dix-
neuvième hvre : la suite appartient à
un traducteur anonyme ( le bienheu-
reux Jean de Tossignano , évêque
de Ferra re ). La rareté et le mérite
de ce livi-e engagèrent le cardinal
Tommasi d'en ordonner une réim-
pression (Rome, i'7i4-3o, 4 ^^'
iH-4°. ), qui est très-fautive, malgré
les soins de Mgr. Fontanini , qui s é-
tait chargé d'en revoir les épreuves
(r. les Notes de Zeno à la BibUoih.
italienne de Fontanini , tome 11 , p.
409^). On doit au cardinal Alexandre
Albani d'en avoir fait continuer l'é-
dition après la mort de son véné-
rable confrère. Une troisième édition
sortit des presses de Simone, Naplcs,
r745 , 4 vol. in-4°. H. Registrum
litierarum apostolicarum Itmoccn"
tii papœ sexii , anno sui pontifica-
tûs nono ( 1 3G 1 ) , dans le Thésau-
rus no^fUS anecdoiorum , par Mar-
tèrc et Duraud , tome 11 , pag. 843-
107a. III. Sogno di Scipione , vol-
tato in greco per Plamide , e fatlo
volgare per Zanobi da Strata ,
Pise, 1816, i»-8o. Fq/. Villani
( Phil. ) , nte d'uomini illustri Fio-
rentini , pag. vi. — Elogi d'uomini
illustri Toscani y tome 1*^., p. 160,
et Tiraboschi , Storia dclla tcttera-
tara italiana , tome v. A — g — s.
STUATICO ( LE COMTE Simon ) ,
mathématicien , né à Zara, en 1733,
et confié aux soins d'un oncle qui
dirigeait un établissement d'éduca-
tion à Padoue , fré(|uenta l'univer-
sité de cette ville , 011 il prit le degré
de docteur; et fut nommé professeur
38
STR
de médecine ^ ayant à peine vingt-
cinq ans. Destini^, eu l'^Gi , à ac-
compagner l'ambassade que le se-
sénat veniti^i envoya it à George III,
pour le féliciter sur son avènement au
trône , Stratico s'arrêta quelque
temps eu Angleterre^ pour en étu-
dier les usages et les mœurs. De re^
tour à Padoue , il fut destiné à rem-
placer le marquis Poleni, dans la
chaire de mathématiques et de navi-
gation. Les connaissances qu'il avait
acquises dans ses voyages le ren-
daient propre à diOcreutes fonc-
tions y et lui ouvrirent les portes de
Slusicurs académies , entre autres
e la société royale de Londres. Ap-
pelé, par le gouvernement de JVIilan^
à l'université de Pavie (iBoi), Stra-
tico y sup[)lc;i souvent le professeur
Volta dans les cours de physique ,
quoiqu'il ne fût chargé que a ensei-
gner Tait nautique. Il devint en-
suite membre du comité d'instruc-
tion ])nblique , puis président de la
junte pour les travaux hydrauliques
du duché de Modène, et directeur
général des ponts et chaussées de
i'ex-royaume d'itahe. En 1 8o3 , il
fut élevé au rang de sénateur , et dé-
coré des ordres de la Légion-d 'Hon-
neur et de la Couronne de Fer. L 'em-
pereur d'Autriche lui avait accordé
la croix de Saint-Léopold , la pen-
sion de sénateur , et le rang de pro-
fesseur émérite des universités de
Paduuc et de Pavie. Stratico, qui
était le doyen des littérateurs ita-
liens, est mort à Milan le iG juille;
i8*Jt4, à^é de QT ans. Ses ouvrages
sont : I. Oraiio habita in ^mna-
sio Patauino , Padoue , Comino ,
17G4 , in-8'». II. Séries proposition
nuniy conibmns elementa mecka-
TÛcœ et staticœ eanimque varias
appUcationes y ac prœsertim ad
tkeoriamarchitecturœciviUsei nau-
STR
ticœ^ ibid., 177», in -8^. IIL Bac-
colta di proposizioni d^idrosttUiea
e d'idrauUca. ibid.^ >77^> ûi - 9p.
IV. Teoria compita délia eostrm-
zlone edel maneggio de* basîimenti,
trad. du français d'Euler , arec no-
tes , ibid., 177G, in-B®., fjg. V. Ele-
menti d'idrostatica e d'idratdica^
ibid. , 1 791 , in-80. VI. De duabus
formis archetjrpis œneis ad oti-
tiquwn nuniisma majoris moduli
pertinentibus disqidsitiOy \érofte,
1791 , in-8«.,iig. VII. DeW antico
teatro di Padot^a , Padoue , 1 795 ,
in-4*' , fig. VIII. Focabolario di ma-
rina y nelle tre lingue itaL - ingl,-
francese^ Milan, i8i3-i4, 3 ▼oL
in-t^., fig. IX. Esame marittimo
teorico praticOj oy\fero trattato di
meccanica applicato alla costrth-
zione ed alla manotfra de vascetliy
traduit du français de Don George
Juan et de Levêque , avec des obser-
vations, ibid., 1819, a vol. in-4**-,
figures. X. Bibliografia di marina
mille varie lingue deW Europa o
sia raccolta de' titoli de* libri, i quali
trattano di quesVarte^ ibid.^ \oi3 ,
in-4". XI. Osservazioni sopra varf
effet tideUapressione de*Jltddi,dajïS
les Mémoires de la Société italien-
ne. XII. Deir inclinazione deUe
sponde nesli alvei de*fiumi , dans
les actes de l'Institut italien. XIII.
Saggio de* principj da* quali di'
pende il giudizio délie opère d^ar^
chitcttura civile, part, i et 11 , ibid.
XIV. De' bastimenti a rcmi da
guerra degli antichi, ibidem. XV.
Sul FLUCTUS DKCUMANUS O DECIMUS
de* poeti latini; e suUa trichimia ,
o terza ondata degli scrittori gre-
ci, ibid. XVI. Sulla declinazione
delV ago magnetico , ibid. XVII.
Saggio storico sugli specclU ardet^
ti , ibid. XVIII. Dtscorso sopra tat"
chitettura gotica y ibid. XIX.
STR
seriaziane sctpra alcuni fsnomeni
magnetici, ibîd. XX. Osservazio-
ni suif architettwra délie' scale,
ibid. XXI. Sopra le leggi d' agita-
zione de* fiuidiy contenuti in vasi
osdllarai, dans les Mémoires de Ta-
Cûdémie de Padoue. XXII. In-
tomo ad unfcnomeno délia diffira-
zione délia luce, ibid. XXIII . Délia
confluenzaj e dellefocij osbocchi
de Jiumiyïbià. XXtV. Discorso re-
cilato neU* accademia délie belle
arti di Milano, dans les actes de la
même académie. XXV. M. Fitru-
viiPollionis architcctura, cum exer-
ciiationibus /. Poleni^ et êommen-
tanis variorum, Udinc, 18.2') et
suiv., devant former 4 vol. in -4**.,
avec Sao planches. Cette édition , la
plus complète de Vilruve , et qui est le
fruit de trente-cinq années de recher-
ches de Stratico et d'autant de Po-
leni , qui y avait travail le aux frais
de la république de Venise , est
maintenant sous presse à Udine. Le
texte en esjt collationné avec les édi-
tions de Rode et de Schneider , nou-
TeJIement publiées en Allemagne.
A — G — s.
STRATONdc Lampsaque, philo-
sophe grec, était fils d'Arcesilas; dis-
ciple de Théophraste , il lui succé-
da dans son école , Tan 'i!\% avant
J.-C, et acquit, par son éloquence et
son savoir, une réputation immen-
se. Ptolcmée Philadclphe , roi d*É-
gjpte^voulut être initie par lui dans les
secrets de la philosophie^ et fut tel-
lement satisfait de ses leçons , qu'in-
dépendamment de ses honoraires , il
lui fit présent de quatre-vingts talents,
somme prodigieuse. Straton fut sur-
nommé le Physicien , parce qu'il
s'éfait attaché particulièrement à l'é-
tude de la physique, c'est-a-dire, des
lois de la nature ; mais les titres de
plusieurs de ses ouvrages prouvent
STR
39
qu'il avait aus.*>i cultivé la morale et
la politique. On n'est pas certain
qu'il soit i'autenr du Traité des cou-
leurs^ que plusieurs critiques lui at-
tiiboent, et qui est impruné sous le
nom de Théophraste dans îes Œu-
vres d'Aristote. De tous ses écrits
il ne reste que des fragments insuffi-
sants poiur apprécier ses idées philo-
sophiques. De là les jucements con-
tradictoires que \^ modernes en ont
portés. D'après deux passages de
Cicéron et de Plutarque , on voit
que Straton attribuait à la nature les
qualités productives , sans lui ac-
corder l'intelligence. Il n'était pas
nécessaire , suivant lui , de recourir
aux dieux pour expliquer le monde :
la création et l'économie de l'univers
ne sont que l'accomplissement des
lois de la physique et de la méca-
nique. T^ibnitz et Bayle ont con-
clu de cette proposition que Stra-
ton ne reconnaissait d'autre dieu que
la nature ^ et en conséquence l'ont
regardé comme un des précurseurs
du spinosisme. Cudwortn le range
parmi les hylozoites. Batteux ne
voit dans ce philosophe qu'un hom-
me qui veut faire au bruit, n'im-
porte de quelle manière : arrivé,
dit-il^ dans un temps où les dogmes
les plus hardis ne faisaient plus
qu'autant de sensation qu'il en fallait
pour produire la célé})rité y il osa
dire ouvertement ce qu'on avait pen-
sé avant lui ( Hist. des causes
premières , 35 1 ). Mais le judi-
cieux Brucker déclare que ce n'est
pas sur quelques lignes qu'il peut se
permettre de juger l'ensemble du
système de Straton. Dans une lettre
adressée à Zimmermaun ( i ) , il s'ef-
force de repousser l'accusation d'a-
(i) CcUe lettre a élc ioaéréepar ScLelhom, dani
les Âmaenital. Uuenaittp XIII, 3ii.
4o STR
tbcisme dont on a voulu flétrir ce
Shilosophe^ et prouve que le passage
e Cice'ron ( Academ, , iv, 38 ) , sur
lequel elle repose tout entière , suffit
pour démontrer que Stratonu'a point
nie' l'existence des dieux ^ quoiqu'il
n'admît pas, comme Dcmocrite , que
leur intervention immédiate fût né-
cessaire a la création et au maintien
de l'univers. Stratou avait reçu de
la nature un tempérament fbrt déli-
cat, qui l'obligeait à xivre de régi-
me. Il s'éteignit, sans souffrances, en-
touré de ses amis et de ses disciples,
après avoir dicté son testament , que
Diogènes Lacrce nous a conservé, et
par lequel il instituait Lycon ( V. ce
nom ) , son successeur dans l'école
qu'il avait dirigée dix-liuit ans avec
gloire. Diogènes ( Fies des philoso-
pJies) donne les titres des nombreux
ouvrages de Straton , dont ou doit
regretter la perte , d'autant plus que
les questions les plus importantes y
étaient traitées. Bruckcr a rassemblé,
dans son Histoire de la philosophie^
tout ce qu'on sait de Sti-alon , et di-
verses maximes de ce philosophe ,
extraites des ouvrages de Sexlus
£mpiricus , Simplicins et Stobée.
Voici les plus remarquables: le siège
de Tame est dans le cerveau ; — L'a-
me agit par les organes des sens; —
Le temps est la mesure du mouve-
ment et du repos ; — Tout corps a
de la pesanteur et tend sans cesse
vers le centre. W — s.
STRATON, poète grec, dont on
ignore la patrie; on ne connaît pas
mieux les autres circonstances de sa
vie. II est cop(;nd.'int vraisemblable
qu'il florissail sous l'empereur Sep-
timc Sévère. Il a attaché son nom à
l'un des uioniiinciits les plus déplora-
bles de la corruption qui marqua
les mœui-s de la Grèce, en publiant
uu recueil d'épigrammes , la plupart
STR
obscènes, de différents auteurs. Il se»
rait difficile d'en traduire même le
titre avec décence , et sa muse a large-
ment contribué à le grossir. Ce recueil
forme un des livres du manuscrit de
l'anthologie , devenu célèbre sous le
nom de Manuscrit palatin , et con-
servé aujourd'hui à la bibliothèque
du Vatican. Ce livre contient deux
cent trente- huit épigrammes , dont
quatre-vingt-treize sont de Straton.
Ou en trouve cinq autres dont il est
aussi l'auteur , dans le livre des Epi-
grammes satiriaues , et une sixième
dans l'Anthologie de Planude ; mais
il n'est pas certain que cette dernière
soit de lui : le titre l'attribue à Mc-
léagre ou à Straton. On ne peut s'em-
pêcher de reconnaître dans celles de
cespiècesdont la lecture est toléraUe,
des pensées ingénieuses, exprimées
avec élégance j mais on déplore qu'il
ait prostitué sa muse à un sembla-
ble sujet: heureusement que la langue
qu'il a employée atténue beaucoup
le danger d'un tel ouvrage. Avaul
que le manuscrit palatin eût été pu-
blié , Reiske avait pris la peine de
placer à la suite de son ^tipn de
l'Anthologie de Céphalas , une table
des auteurs dans les écrits desquels
se trouvaient éparscs les pièces du
Recueil de Straton , sur lequel nous
ne nous sommes peut-être que trop
étendus. Terminons en disant avec
ce mî-me Reiske : Computrescat in
illo cœno qui animum^ ad meliora
nequit attollere. Si — D.
STRAUCH (Jean) , jurisconsulte ,
naquit, le -i septembi-e 161 a, à Col-
ditz en Misnie : son père était cais-
sier de l'él cet rire douairière de Saxe^
Sophie de Brandebourg , qui rési-
dait dans cette petite ville. Après
avoir fréquenté le gymnase deZeitz,
il étudia aux universités de I/eipzig
et de léna ; prit ; eu 1 638, le grade de
STR
ès-arts et fut bientôt après
i professeur d'éloquence et
ire à Leipzig, en i65i doc-
droit, et en i652 profes-
dinaire à Icua. La place de
des magistrats de Bninswick
tié oil'erte à son ami Adam
celui-ci, qui n'euyoulaitpas ,
[u'on la conférât, en 1660, à
1. Mais comme ce dernier se
ait à £runs\N ick, le même Stru-
i Tenait d'être appelé à Wei-
Qt nommer à saplacedcprofes-
éna et assesseur du tribunal au-
1 obtint par la suite le titre de
1er intime et la charge de pré-
du consistoire et de chauce-
êlé d'une manière désagréable
îs tracasseries domestiques du
raard de Saxe-Iéna , il en eut
3 chagrin , qu'il s'empressa
)ler^ en iC-^ti, les ])1aces de
►eur de droit etvicc-cijancelier
en, où il mounit le 1 1 décem-
yg.Strauch jouit d'une grande
é dans les tribunaux d'Alle-
, où ses nombreuses disserta-
out toujours citées. Vingt-cinq
traités ont été réunis sous le
VOpuscula juridicay histori-
lologica rariora xxriniwum
en collecta y curd C. G.
ii^ Francfort, i ']*>-'] , in 4".,
le, 1729, in-4'^. ; vingt-neuf
sous le suivant : Disscriatio-
' univcrsum jus Juslinianeura
um , theorico-praticœ xxix,
1C59, in-4". , et réimprimées
38, 1^74 ^^ i<38ii; trois an-
us celui-ci : Dissertationum ca-
irum solemnium trias , léna ,
\n-\^. On a formé une collec-
* quinze de ses programmes ,
ée : ntœalifjuot veterum jn-
sidtorum ; comjuishit , rc-
t , indice instruxit Ch, G,
\y Ic'na, 17^3, in-fr^. Ou a
STR
^1
aussi de Strauch im Lexicon par-
ticidarum juris , léna, 167 1 , in-4",
réimprimé en 1684 et 17 19^ S — l.
STRAUCH (FRANçois.RAiMowD)y
évêque de Vich , et Tune des vicli»
mes des dernières réTolutions espa-
gnoles , naquit en 1 760 , à Tarra-
gone , où sou père , capitaine dans uu
régiment suisse au service d'Espa-
gne, s'était marié. Après avoir fait à
oaragoce ses premières e'tudes, il
prit, en 1776 , Thabit religieux chez
les Cordeliers observantins de Tile
Maïorque, où le régiment de son pè-
re se trouvait en garnison ; et il dé-
veloppa, pendant son noviciat, des
talents assez distingués pour être
bientôt après chargé d'enseigner la
philosophie dans son couvent, puis
Sourvu y k l'université de Palma ^
'une chaire de théologie, qu'il occu-
pa vingt-cinq ans. A l'exacte obser-
vation des devoirs de sou état, le P.
Strauch joignait un talent remarqua-
ble pour la prédication , et des con-
naissances étendues en histoire et eu
mathématiques; la plupart des lan-
gues vivantes lui étaient familières :
aussi les savants de l'Espagne les
plus distingués recherchaient sa so«
ciété ou sa correspondance. Lors de
l'invasion de la Péninsule, par les
troupes de Buonaparte , eu 1B08 , il
fut nomme aumônier d'un régiment
suisse , montra dans cet emploi au-
tant de zèle que de courage à secou-
rir les militaires sur le champ de
bataille, et eut même ses habits
percés de balles. Des désordres
qu'il ne put réprimer le détermi-
nèrent cependant k quitter l'armée ,
et à retourner à Maïorque , au com-
mencement de i8r2. 11 continua de
se livrer aux fonctions de son état et
au ministère de la chaire , consa-
crant en même temps ja plume à
la défense de l'Église et de la mo-
4a STR
narchie légitime, tant par le» ouvra-
ges qu'il traduisit en espagnol ou au'il
composa, que parles journaux aont
il fut le principal rédacteur. Son
zèle déplut aux révolutionnaires ;
et ils ne laissèrent échapper aucu-
ne occasion de le dénoncer comme
un fanatique , ennemi de la liberté.
Croyant trouver , dans quelques ex-
pressions d'mi sermon du carême
qu'il prêcha en i8 1 3, la matière d'une
accusation suffisante pour leperdre ,
ils le déférèrent au Saint-Omce; et,
bien que l'accusatioii ait plus tard été
reconnue calomnieuse , il demeura
dans les prisons de l'inquisition de
Maiorqnc, depuis le -jiB juillet jus-
qu'au inilini de décembre de la même
année. Fortdu sentiment de sou inno-
cence , Strauch refusa de profiter d'u-
ne occasion de s'évader , fut enfin ac-
quitté, mais continua d'être vn butte
aux persécutions des Ubtrales, IjC re-
tour de Ferdinand VU dans ses étals
semblait promettre à ce savant reli-
gieux un avcinr plus tranquille. Il
fut mandé à la cour et nommé é.ê-
que de Vich ou Vique , en Catalogne.
On lui fit entendre qu'il ne resterait
dans un si petit évêché (pie jusqu'à
ce qu'il en vaquât un autre plus con-
sidérable; mais il déclara qu'il ne
se détenninerait pas à rompre l'al-
liance qu'il aurait une fois contractée
avec une église, (piel([ue pauvre qu'elle
fût, puisqu'il avait hii - mrnie fait
vœu ae jïauvietr'. Sacré à Barcelone,
par Tévèque d'Ui*gel , il se rendit
dans son diocèse , continua de mener,
dans son |)alais ,1a vied'un religieux,
et de porter l'habit de son oixlix?,
montant souvent eu chaire, et faisant
à pied toutes ses visites. Son zèle à
s'opposer aux entreprises des nova-
teurs ciuitrc l'autorité ecclésiasti-
que , et à prévenir l'introduction
livres défendus, lui suscita '(k
(lue
des
STR
nouveaux cimemts. Bientôt le ser-
ment de fidélité à la constitution des
cortès leur fournit un prétexte pour
le tourmenter. Il avait dédare avec
fermeté qu'il ne le prêterait pas tant
que le roi ne l'aurait pas prêté ; et il
s'était même , dès ce moment , pr^
Sa ré à la mort. On l'épargna cepen-
ant alors ; et les révolutionnaires se
contentèrent de maltraiter son crand-
vicaire eu sa présence. FeroiDand
ayant ensuite prêté serment a la nou-
velle constitution , Strauch n'hésî-
ta point à suivre l'exemple de son
souverain; mais il ne crut pas que
cette promesse l'autorisât à faire ce
qui serait contraire à la loi divine ou
aux règles de l'Église. C'est ainsi
qu'il refusa de publier le décret des
cortès , du a3 octobre 1 8'io , qui sou-
mettait les réguliers aux ordinaires ,
sans l'intervention du pape. On le dé-
nonça aussi pour avoir empêché
dans son diocèse (par un mandement
du i3 juillet iBir)) la publication
d'un catéchisme constitutionel , im-
primé en langue catalane , et qui ren-
fermait plusieurs choses contraires à
la doctrine de l'Église. L'évêquc de
Vich n'ignorait pas le danger auquel
il était exposé. On le pressa de cner-
cher sa sûreté dans la fuite. L'évêque
de Carcassone (M. A. -F. de La Por-
te ) et M. Carrière, vicaire - général
de Perpignan , lui olFrirent à l'envi
un asile honorable a'iprès d'eux : il
ne crut pas pouvoir abandonner son
troupeau dans des circonstances aus-
si critiques. Il venait de procurer
à sa ville épiscopale le bienfait d'une
mission prcchce par les Capucins ; et
il continuait de se livrer «ivec ardeur
aux fonctions de son ministère, lors-
qu'il vit fondre sur lui l'orage cpii
grondait dqHiis long-temps. Mis aux
arrêts, dans son palais , le 1 1 octo-
bre iSaa y tomme prérémi d'être en
STR
avec la rrgence d'Urgcl ( i ) ,
rec dix-oeuf reliâeux de son
mmeiië à la citadelle de Bar-
!t bientôt mis au secret . daiib
ois de cette prison d'état,
devant des juges dont il re-
econnaître la compétence , il
imnc à mort ^ appela de celte
y fut abson5 par d'autres ju-
'en fut pas moins inhuma i-
nassacré. Sous prétexte de
lire à Tarragone , où on le
l'un acquittement définitif ,
iq mois de captivité ^ on le
r sur une tartane, le 1 6 avril
vec un de ses religieux (a) ,
l'avait point quitté. Ayant
e à Molius de Rey , il fit dî-
; lui les deux oÎHciers qui
daient son escorte. Ils le for-
3ieutôt après , de quitter son
religieux ; et l'on se remit
he, pour continuer la route
?. Arrivé à Vallirana (3), un
nent de l'escorte se porte en
omme pour aller à la décou-
t croit voir se former un at-
ent avec l'intention de déli-
prisonniers. Aussitôt on or-
1 prélat et à son compagnon
ndre de leur chariot. Ou les
dans un chemin creux; et
«nt percés de balles. Après
dépouillés , leurs meurtriers
nt triomphants à Barcelone^
ant la Trag^aZa. Telle était la
[ue ceux-ci inspiraient , que les
s deux victimes demeurèrent
irs sans sépulture. On n'osa
rer dans le cimetière de Val-
u'après en avoir obtenu la
il t^ne cetir rrgmre rlml r«»inn'»«cr du
Matafliirida , du iMrou d*Lrolr<» ri de
t'rcut , archrvrque de l'arra^uue : (uns
it iiHirU en i8i5.
ligufl (^uingJek, frôie lai du cuuvcut
aiiruts , de Pahn i.
itié dwqMB d« BarcrlocM è Villafraiicâ.
STB
43
permission du chef politique de la
Catalogne. L'année suivante , la tran-
qmllité étant rétablie , on transféra
en procession les deux corps à l'é-
glise cathédrale de Yich , ou on leur
lit des obsèques solennelles : l'Oraison
funèbre du vénérable prélat y fut
f)rononcée (le i a février 1 8^4) par
c P. Raimond de Jésus , supérieur
des Trinitaires déchaussés de Vich.
Cette pièce a été imprimée sous ce
titre : Oracion funèbre , etc. , det
ilL S. 2>. F. Rà/mundo Strauch y
Vidal (4) chispo de Vichy etc., Per-
pignan , i8a4 , in-8®. de 70 pag. ; et
nous en avons tiré les principaux dé-
tails de cet article. Il nous reste à don-
ner la liste des ouvrages de Strauch :
I. Une Carie de Vile MMorque ,
d'autant plus recommandable qu'elle
est faite sur les lieux , et que l'auteur
entendait bien le dialecte du nays ,
un peu différent du catalan et ou va-
lencien. IL Un Discours ( pseudony-
me ) sur l'influence de la religion
dans la carrière des armes, IIL Se-
manario cristiano -politico di Mal-
lorca y Palma , Guasp , t8i 2 - 1 4 f
feuille hebdomadaire, dont la collec-
tion forme cent six numéros. Il y
combat les doctrines anti- religieuses
de divers journaux et pamphlets ,
dont l'Espagne était alors inondée.
Ses principaux collaborateurs étaient
le P. Aledo, dominicain, et le P.
Barthélemi Altemir , franciscain (5).
IV. V Histoire du clergé de France
pendant la résfohition y parBarruel,
traduite en espagnol. La seconde édi-
tion est augmentée de notes et pièces
justificatives. V. Les Mémoires , du
(4) Suivant un UMge munrt. cominau en E^isfnr.
Slruuch avail ruulume de }oiadre à «on nom edui
de oa nièie, nce J' itiml.
(51 On ■ de ce dernier nnc \otice sor Slranrk ,
de laquelle on trou\e un extrait dan* VJmi de Im
trdgian H du roi, du 37 août i8i3 ( »**• 944 '
XXXVII , 73. )
4i STR
même y sur le jacobinisme , traduits
et augmentes de notes. II s'occupa
de ce travail pendant sa de'tentiou.
VI. Diverses Réfutations de VAuro-
ra patriotica Mallorquina , et d'au-
tres pampblets révolutionnaires. VII.
EljiscalfiscaUzadOy i8i3, in -4**.
C'est une réfutation , article par ar-
ticle , de l'acte d'accusation lancé
contre lui. Il y porte le défi au pro-
moteur fiscal y d'établir quand, com-
ment et à quelle disposition du gou-
vernement , lui Strauch s'est jamais
opposé.* VIII. Une traduction en es-
pagnol ( d'après une version (6)
Italienne ) de la Réalité du projet
de Bourefontaine , démontrée par
l'exécution {Fojr. Fillkau, XIV,
536, col. i);mais il paraît que celte
traduction , autre fruit du loisir de
sa prison k Maïorque, n'a pas été
imprimée. C. M. P.
STRAUSS ( Jean ). F, Struys^
STREATER (Robert ) , peintre,
naquit à Londies , en iG'24. Fils
d'un peiutrc obscur , il reçut de lui
les premiers éicmeats de son art;
mais, placé endn sous la direction
de Dumoulin , il ne tarda pas , sous
ce maître, à devenir l'artiste le plus
vanté de son époque. Sa réputation
devint si grande, que Graham, au-
teur d'un Essai sur les peinti-es d'An-
gleterre, inséré à la suite de l'ouvra-
ge de De Piies , avance que Streater
était le plus grand peintre et l'artiste
le plus universel qu'eût produit la
Grande-Bretagne. Robert Whitcbal,
(U) T.a renlhi d l pro^etlo di Dorgi^Foiitana ,
ina. du frniii-uis ( par Anloiiie-Murie Auilirogi ),
Veniir , i-f)Q . in-8". (> fut par ordre de Clnnrrit
XIII , ciue ce |tMiile so i-'ii.ir};(>H de. ce travail. Il eu
c'iiMfc de» I dilidii.s uiih-rii'iiri > U ct-llf «pie uoiis vc-
n<iiMde<:iler. i::il<-ii ponirent h Rome, à Amw el m
I<iiC(jiieii ; mai'» nous en i(;nurons lu diilr. Il ne faut
pakc-uofoiidrr tel ouvrage avrc !e<tiiivant : V.tnticiy
fHVf(rtlo Hi Vi i^o-Foulaiia d*i' miutt tni fiiansfuisli
cvnUnuiUo e CcHifuin, p;ir riMiiç^iiit Gustù , V«in»c ,
i8*io , lu-So. , ucmvelU editiou corrigée ri aiig-
mcxttve. X t t.
SIR
dans sa Description en vers der
Seinturcs du plafond du théâtre*
'Oxford , va plus loin encore , et
termine son Poème par deux vers
dont le sens est que la postérité sera
plus redei^able à Streater qu'à Mi-
cltel-Ange lui-même. Il cultivait tous
les genres de peinture ; mais il soi-
gnaitses succès mieux encore peut-être
que ses ouvrages. A la restauration de *
Charles II, ses prôneurs firent tant au-
près de ce monarque, qu'ils obtinrent,
pour lui , le titre de peintre du roi.
Fendant les dernières anuéesde sa vie,
il fut cruellement tourmenté delà pier-
re 'y et le monarque prenait à sa santé
un intérêt si vif, qu il envoya exprès
à Paris chercher un chinirgien assez.
habile pour lui fa ire l'opération; mais
avant l'arrivée du chirurgien, Strea-
ter mourut, en i(38o. Ce peintre a
aussi gravé à l'eau - forte ; mais sa
pointe u'oil're rien de piquant Ses
gravures consistent ; I. en Divers
morceaux d' arclUtecture , d'après
J. Dinant. II. Bataille de Nasebjr ^
très - grande pièce en travers. P — s
STKITTER ( Jean-Gotthelf de),
historien russe, naquit, en 1740 , à
Idstcim dans le duché de Nassau.
Après avoir Uni s^s études, il se rei»-
dit à Pétersbourg et y obtmt la place
d'iuspecteur du gymnase de 1 aca-
démie des {jcicnces. En 1780 , il fut
nommé archiviste de l'empire, puis
conseiller d'état. Il moût ut le !2 mars
1 80 1 . Son érudition , et les nom-
breuses recherches qu'il fit dans les
historiens Byzantins lui assurent la re-
connaissance de tous ceux qui s'inté-
ressent aux progrès des études histo-
riques. Le résultat de ses travaux pa*
rut sous le titre de Mcmoriœ popu-
lorum olim ad Daiuibium , Po/i-
tum Euximim, Paludem Maeoti-
dem y Caucasum, Mare Caspium^
et indc magis ad septcnlriones inco-
STR
Icjitium y e scriptoribm historiœ By^
zaniinœ erutœet digestœ , vol. i-iv,
Pétersbourg ,177 1-80 , in-4**- Strit-
ter eotreprit ce trayail ^ en 1768^
par ordre de racadëmie des sciences
dcSaint-Pélertbourg, qui le fit impri-
mer à ses frais. Le plan eu avait ctë
conçu par Scblœtzer. Lui et Fisclier
e'Uient chargés de revoir la rëdac-
ttou ; mais Schlôtzcr quitta Saint-
Pétersbourg peu de temps après le
commencement de l'impression. Mai-
gre quelques défauts dans l'éxecution
du plan prescrit^ cet ouvrage est
d'une grande utilité pour les recher-
ches historiques , et deux excellentes
tables des matières eu rendent l'u-
sage très-facile. D'après le désir
de l'académie des sciences de Pé-
tersLourg , Striltcr avait fait un
Abrégé de cet ouvrage , également
en latm , et dont la traduction russe,
laite par Sevjetow , parut à Péters-
bourg, en 4 vol., 1770-75, in-S®.
Il a encore publié plusieurs Dis-
sertations historiques en russe , et il
a laissé non terminée une Histo'^e
de l'empire russe, également écrite en
nisse, et dont les deux premiers to-
mes in 4^- parurent à Pétersbourg en
i8oo« Kl-^h.
STROBELBERGER (Jean-
Éti£NH£ ) , médecin allemand, né à
Gratz, vers le commencement du
dix-septième siècle , étudia à Mont-
peIlicr<^oii il se fit recevoir docteur
en 161 5. Nommé médecin des eaux
de Carlsbad, il y mourut en i63o.
11 profita de son séjour en France
pour la parcourir en diflerents sens
et examiner ses ressources sous le
rapport politique et médical : de
là Touvragc qu'il publia sous ce
titre: GalUœ politico-medicœ des-
criptio y léna, i id'io , in- 1 G , et 1 G'2 1 ,
in- 1:2, de 3oo p. Dans la cinquiè-
me section , il passe en revue les
STR
45
plantes les nlus rares q[u'il ait trou-
vées dans les environs de Paris et
d'Orléans, en Normandie , .\ Genève ,
à Lyon, dans la Provence, surtout
autour d'Hyères , où il a vu la canne
à sucre cultivée \ enfin il parcourut
les contrées heureuses de Narbonne
et de Montpellier , où il recueillit les
plantes les plus rares. II aborda aussi
les Pyrénées et étendit ses courses
jusqu'en Espagne. On trouve donc
dans cet Opuscule l'esquisse de la
Flore française;mais, comme on peut
bien le penser , fort incomplète. Il y
exhorte ceux de ses compatriotes qui
voudront connaître la France, à l'exa-
miner dans les provinces méridiona-
les , qui lui fournirent les matériaux
des deux opuscules suivants : i<>.
Traité du kermès , De Cocco bo'
phico et confectione jilchermes ,
léna, i6io , in-4**. , de i3 pages.
Strobelbcrgcr y décrit le chêne qui
porte l'écarlate , quercus cocciger ^
9ÈÊfi que l'animal qui la produit(mais
ifignorait sa métamorphose ); la
récolte du kermès , et il parle des
autres coques tinctoriales ; enfin il
passe en revue tous les médicaments
simples qui entrent dans la compo-
titionde l'alkermès.a*'. Dansia JÎas-
ticholosia , qu'il publia à Leipzig en
iG'iB, m-B»., de 109 pages, il dé-
crit successivement toutes les parties
du lentisque, tous les médicaments
qu'on en tire , et il prétend , mais sans
fondement, qu'on peut se servir de son
finiit et de son bois aulieu du carpo^^iZ-
samiim. Il remarque que le lentisque
produit peu de mastic en Italie. Il
ajoute les caractères par lesquels on
peut reconnaître le bon , et la manière
de le recueillir; enfin il énumère tous
les médicaments dans lesquels peut
entrer le mastic. On voit que Stro-
belberger a été le précurseur des aca-
démiciens des Curieux de la natiu'c.
46
STR
qui Oaiîsaient des volumes sur une
seule plante\ ad normam acad. eu-
ffistoria MonspeUensis , Nurem-
berg, 1623. D — p — s.
STROEMER ( ^URTIN ) , profes-
seur d'astronomie, né , eu 1707 ,
à Upsal , et mort en 1770, dans
la même ville , remplaça dans la
chaire d'astronomie le savant An-
dré' Celsius. A Tëtude de l'astro-
nomie , il joignit celle de la phy-
sique et fut un des premiers qui s'ap-
phquèrent à connaître l'usage de
rélectricitc' dans la médecine. Après
avoir été chargé d'organiser l'école
des cadets de la marine à Carls-
crona , il entreprit un travail pénible
pour perfectionner les cartes des co-
tes de la Suède. Outre les Mémoires
Srésentés par Strœmer à l'académie
es sciences de Stockholm , dont il
e'tait membre y on a de lui une Mr
duction suédoise des Éléments d'Eur
cUde ci des remarques sur les anciens
calendriers runiques usités en Suède.
Son Éloge^ lu à l'académie des scien-
ces de Stockholm par Benoit Femer,
a été' imprimé en 177^9 Stockliolm ,
in^*'. C — AU.
STROGONOFF ( le comte
Alexandre de), d'une ancienne fa-
mille russe ( 1 ) , naquit vers le milieu
du dix -huitième siècle, reçut une
éducation extrêmement soignée, et
se fit remarquer , dès sa première
jeunesse , par son goût pour les let-
tres , les arts , et surtout pour la lit-
térature françabe. Voulant perfec-
tionner ses connaissances , il voyagea
dans différentes contrées , et passa
plusieurs années à Paris ,^011 il vécut
(i) Un tl« ses ancrtrrs s'rlail distingue dans le
s«»i^me siècle , en faisant connuître an cjar Iwaii
IV les uiojens de conquérir la Sil^rie.
STR
au milieu des hommes les plus dis-
tingués par leur esprit et leur sa-
voir. Revenu à Petersboiurg , il fut !
nommé président de l'académie des
beaux arts , et iit le plus noble usage
de son immense fortune , en don-
nant un asile dans sou hôtel aux gens
de lettres , aux artistes , et surtout ea
formant une belle collection de ta-
bleaux , de médailles , de gravures ,
et une riche bibliothèque , qui fut
toujours ouverte aux amis des scien-
ces et des arts. Ce fut lui qui écri-
vit à l'abbé Delille , en 180^ ,
pour lui faire connaître que l'empe-
reur Alexandre acceptait la Dédicace
de laTraduction del'Ënelde. Ses deux
lettres , qui furent remarquées par le
ton de pohtesse et d'élégance qui les
distingue , ont été imprimées eu tête
des dernières éditions de la traduc-
tion de Delille. Le comte de Strogo-
noff est mort à Petersbourg , le 17
septembre 1811. — Le comte Paul
Steogonoff, neveu du précédent ^
entra au service , comme cornette ,
^" ^779' ^^ ^^^ aide-de-camp du
firince Potemkin , de 1788 à 1791.
1 devint successivement gentilhomme
de la chambre , chambellan , con-
seiller piivé , sénateur, et collègue du
ministre de l'intérieur. Il iit la cam-
agne de 1 8o5 , en Autriche , et celle
e 1807 , en Prusse, à la suite de
l'empereur Alexandre , et fut élevé ,
pendant cette dernière , au grade de
général - ma j or - ad j iidant. Quoiqu'à
cette époque le comte StrogonofT ne
suivit plus la carrière militaire, il
montra qu'il était toujours digne d'y
paraître avec éclat. Après avoir
assisté , le 24 mai , à l'atFaire de
Goostadt contre le maréchal Ney , il
obtint de l'hetman Platoff, de parta-
ger les daDget*s de la journée dii ^5 ,
et combattit à la tête ac ses cosaques.
Le 'ic}, il fut encore présent au com-
S
STR
leilsbeii;. Employé, en 1808.
les Suédois en Fintajode , il
luda peodant trois semaines La
e colonne destinée à Texpàli-
» îles Alaud , et poursuivit
J ju5(^ue sur les côtes de Suède.
09 , il combattit contre les
m Moldavie , traversa Le Da-
10 août, près Galatz eu Bul-
:oncourut , dans le courant du
aois , à la prise de Molscbinc,
3 à celle de Kosleige. Le 4
bre , il mit en pleine déroute ,
osscwat , le scraskier Ho-
[ahmoud Pacha, et reçut, pour
ense de sa conduite en cette
n y une épée d'or garnie en
ts , avec cette inscription :
3 brat^oure, 11 lit ensuite la
;ne cuntie Tannée française ,
I . puis celle de i Si 3 ^ et fut
» les mursdcLaon, eu février
— Le baron Alexandre de
NOFF , né en 177a , annonça
fance du goût pour les lettres
ts, et parcourut l'Allemagne,
ce et Htalie. Il a publié à Ge-
n 1809, deux volumes de
à ses Amis , écrites avec
p de sensibilité^ et auxquelles
it deux petits ouvrages fort
lables , sous ce titre : Vllis-
'S Chevaliers de la rallée ;
oire de Pauline Dupuis, Le
i Strogonoff était alors dans
de cécité et de faiblesse qui
rien à la sérénité de son
mourut le 22 septcinl^re
M — D j.
)ZZI (Pallas) , érudit , né,
, à Florence, apprit le latin
ornas Calandrino , ditdeSar-
. Nicolas, XXXI, ^4* )>
c à l'école d'Émanuel Chry-
l'un des plus illustres réfugiés
antinople , et dont les tra-
ntribuèrent puissamment à
STB 47
b renaîssano^ de» lettres en Italie.
Enflamme' de l'amour de l'étude ,
Strozzi n'eut pas moins de part
aux progrès des letties , eu em-
ployant une grande partie ae sa for-
tune à entretenir des savants , à ou-
vrir des écoles , à ramasser et à fai-
re copier des manuscrits , qu'il tirait
à grands frais de la Grèce. C'est à
lui que l'on doit l'AImageste de Pto-
lémée , les Vies de Plutarque , les
OEuvres de Platoii , la Politique
d'Aristote. 11 aurait continué de ren-
dre des services à la littérature , s'il
avait pu se tenir éloigné des allaires
publiques ) mais son nom , ses ncUes-
ses et son instruction ne lui permi-
rent pas de demeurer inactif au mi-
lieu des factions qui agitaient alors
sa patrie. En i4o6, il fut donné en
otage aux Pisans , pour garantir le
traité qu'ils venaient de signer avec
les Florentins. Il fut ensuite chargé
de plusieurs missions au nom de la
république ; et il reparut trois fois à
la cour de N a pies , pour y féliciter
d'abord Louis d'Anjou, au sujet de la
victoire qu'il venait d'obtenir sur La-
dislas , eu 1 4 1 < ; puis le comte de
La Marche lors de son mariage avec
Jeanne II , en i4i^9 enfin, le roi
Alphonse V, qui l'avait emporté sur
sa femme et sur René d'Anjou , en
14^3. Strozzi alla aussi, en i43f ^
déposer les hommages de ses conci-
toyens aux pieds d'Eugène IV; et il
assista depuis aux conciles de Fer-
rare et de Sienne. Au milieu de ces
graves occupations , il ne perdait pas
de vue ce qui pouvait contribuer à
éclairer son pays j et , lorsqu'en
1 4^H , il fut placé à la tête de l'uni-
versité, il n épargna ni peines ni
soins pour la relever de l'abaissement
dans lequel elle était tombée. Il y At-
tira plusieurs hommes célèbres ( /^.
Peilelpwù, XXXIV, 46), et la
48 STR
soumît à de nouveaux règlements y
<pii l'ëlcvàrcnt bientôt à un haut de-
cré de splendeur. 11 avait eu Tidee
de fonder une bibliothèque , qu'il au-
raft dotée de tous les manuscrits
dont il était le possesseur; mais ce pro-
jet fut traversé par les persécutions
qui réloigncrent de Florence. Côme
de Médicis, qui venait d'en usur-
per le pouvoir , sentit la nécessite' de
se délivrer de ceux qu'il ne pou-
vait gagner par ses bienfaits. Stroz-
zi , sincèrement attaché aux libertés
publiques , et au-dessus de tout
moyen de corniption , se déclara
contre cette oligarchie ; et , en 1 433 ,
il aida Renaud Albizzi ( F, ce nom ,
1 , 437 ) h triompher des partisans
. dos Medicis. Mais ceux-ci ne tardè-
rent pas à prendre leur revanche y et
Côme , en revenant de son exil y
proscrivit à son tour les chefs du
parti populaire. Strozzi, chassé de
son pays , alla se réfugier »\ Padoue,
où entouré de savants, il passa le
reste de ses jours, et mourut le 8
mai i4^'<2. Il légua quelques manus-
crits grecs et latins ( i ) au monas-
tère de Sainte-Justine, comme un
témoignage de sa reconnaissance en-
vers les Padouans, pour l'hospitali-
té qu'ils lui avaient accordée. On
cite plusieurs de ses traductions du
grec ; aucune n'a été imprimée
( Voy. Negri , Scrittori fiorentini ^
pag. 443 ). Sa Vie, écrite par un
certain Vespasien de Florence, est
aussi restée médite dans la bibliothè-
que Magliabeckiana. Méhus en a
donné quelques extraits dans la Vie
de Traversari. A — g — s.
SÏROZZI (Titus-Vespasikn),
poète latin, né vers l'année i^'xx,
k Ferra re, où sa famille s'était réfu-
(0 Oii fn troiivfriiidîi-alion dans ladisa^rtation
Au P. Frdertci, iiililuli'e : Délia hihlioihrca di
•V. Ouistinadt Pttdm-a fPudaue ^ i8i5, iii-8<*., p. ii.
STR
{;icc à la suite d'une loi qui la proscri-
vait de Florence(i), fut un des Ita- <
liens qui cultivèrent avec le plus d'é-
clat la poésie latine pendant la se-
conde moitié du quinzième siècle. A
la mort de son père, en 14^7 y il lut
placé sous les yeux d'un oncle ma-
ternel , qui le confia aux soins de
Guarino de Vérone ( F, GuARiifi ,
XVIII y 593 ). Sous cet habile insti-
tuteur, le jeune élève se familiarisa
en peu de temps avec les anciens
auteurs , et il tâcha surtout d'imiter
les poètes. Le duc Borso {F. Este,
Xll 1 , 37 a ), qui régnait al ors à Fcf- .
rare, y attirait un grand nombre de
savants , par son hospitalité et par ,
ses largesses. Il prit en afiection
Strozzi , dont il encouragea les pre-
miers pas dans la carrière littéraire.
licrcufc I^^. , qui n'eut pas moins
d'estime pour le favori de son pred/é-
cesscur, envoya , en i473, otroui
à Naplcs, pour y recevoir la da-
chesse Éléonore , son épouse., fiDe
du roi Ferdinand d'Aragon. Il k
nomma ensuite gouverneur de la Po-
lésine de Rovigo ; et lorsque les
troupes vénitiennes envahirent celte
Î)roviuce , il l'appela auprès de
ui , pour l'aider à mettre ses autres
états à l'abri d'un ennemi aussi puis-
saut. Pendant cette guerre désas-
treuse , Strozzi eut le chagrin de voir
deux de ses chiiteaux brûlés et la
plupart de ses terres exposées à la
fureur d'une soldatesque indisci-
plinée. Il supporta ces revers avec
Dcaticoup de courage; et au retour
de la paix , en 1 484 ; il se moatn
plus empressé de réparer les mal-
heurs publics que les siens. S'étant
rendu à Lugo pour y rétablir l'auto-
(1) Sa «frar LuciV, qui rpoum Jran Botardo y
roiiitr de Scandian», fut la mcre At MrtUiî—
Itniard» , feu leur du ixirane de Roland VA mon,
( /'. IkjJAROO, V. 39.
STR
es dncs de Ferrare , que les
Dents y avaient considerable-
iflâiblie j il trouva les esprits
ne telle effervescence , que ce
qu'au bout de plusieurs mois
mt y rétablir Tordre. 11 figu-
méme année , à la tête de la
tion envoyée à Rome par Hcr-
.'Este , pour y féliciter In-
VIII sur son exaltation au
cat. Le discours que Strozzi
iça devant le sacré collège,
te occasion, fat très applaudi,
DUS a été conservé, tn rcve-
k cette mission , il fut élevé
barge de président du grand
\ des douze (3) , la plus bau-
litc de Tclat , après celle du
qui eu était le chef. Le de-
»béir à la volonté de son maî-
mporti sur toute autre con-
ion ; mais il s'aperçut bien-
r cVtait un trop pesant fardeau
on âge ; et la crainte de trahir
(îance du prince lui fit de-
T comme une grâce d'asso-
ux travaux de son ministère
5 Hercule ( Voy, l'article sui-
; ce qu'il n'eut pas de peine à
r. Il profita de cette faculté
aller passer une partie de sou
à la campagne , qu'il aimait
rap , et où il s'occupait de la
»n de ses ouvrages. Mais en
se dérobait - il aux affaires ,
muaient le chercher jusques
a retraite ; et il dut souvent
entir de n'y avoir pas renoncé
ornent. Presque toutes les an-
le son administration furent
ées par de grandes calamités :
bordemcnts du P6 , les inva-
ftrangères , un tremblement de
l la peste mirent le pays dans
ta tion la plus fâcheuse. 11 fal-
uJice de* dodiri Sofi.
» '
XLIV.
STR 49
lut encore lever des contributions ex-
traordinaires sur un peuple déjà
épuisé par tant de désastres ; et ces
mesures sévères, mais indbpensa-
bles , proclamées au nom du conseil ,
rendirent Strozzi odieux à toutes
les classes , qui , selon l'expres-
sion énergique d'un historien conv
temporain (4) , détestaient ce minis-
tr? più, del diabolo. Il fut sensi-
ble à l'injustice de ses concitoyens ^
dont il s'est plaint dans une de ses
satires. Ces clameurs l'cloignèrcnt
de plus en plus de la ville , et ,
après s'y être rendu une dernière fois
Sour faire reconnaître le successeur
'Hercule ( /^.Este Alphonse, XIII,
878 ), il alla mourir dans une mai-
son de campagne, nommée Racano ,
non loin de Ferrare , vers les pre-
miers jours de septembre i5o5.
Strozzi a laisse un assez grand nom-
bre de poésies de différents genres.
Son Recueil , qui fut pid)lie' la |Mre-
mièi-e fois par Aide Manuce , en
1 5 1 3 , se compose de six livres de
Soésies erotiques , de trois livres
'JEolostichoiiy et d'autant de satires,
d'épigrammes et d'épitaphes. Il
avait commencé un poème intitulé
la Borsiade j dont les dix premiers
chants étaient esquissés : il en avait
reconunandé la révision et la publi-
cation à sou fils Hercule , qui ne vêl-
ent pas assez pour s'acquitter de ce
devoir. C'était pourtant l'ouvrage
auquel Strozzi tenait le plus , car il
le regardait moins comme une pro-
duction littéraire , que comme un
monument de sa reconnaissance en-
vers le duc Borso , son protecteur.
Les poésies de cet auteur se font re-
marquer par une élégance bien rare
chez les autres écrivains de sou
(4) Diario Ferrarete , publie par Mumtorî dans
\t$ Aeripl. rerum ilalir., XXIV, 401.
/l
5o
STR
temps. Sou style se rapprocbc beau-
coup de celui d'Ovide, pour la faci-
lite'; mais il n*est pas rehausse par
celte liclicsse d'imagination qui
distingue le chantre des Métamor-
phoses. L'ahbë Mittarclli ( V, ce
nom, XXIX y i^Oy dans son ou-
vrage intitulé : Bibl, Codicum Mss,
sancti MichaëlisFenet. , pag. 107 4;
a publié quelques pièces inédites de
Stroz2d , entre autres : De Situ ru-
ris Pelosellœ , et la Préface de la
traduction italienne du traité de
Pétrarque sur la Fie solitaire. Ses
autres ouvrages sont : I. Strozii
po'étœ pater etjilius, Venise , Aide ^
i5i3 ^ in-8". ; et Paris, Colines,
1 53o , in-8". Les poésies de Strozzi
pcre occupent la seconde moitié du
volume , depuis la pag. 1 oa. II. Ora-
tio ad Innocent, FUI , Ferraren-
sium ducis nomine; dans le recueil
intitulé : Oraliones claror. homi-
num editce ab academid Fenetdy
Venise, i559, in-4®. Fo^. Barotti,
Memorie storiclie de* letterati Fer-
raresij Ferrare, 1777 , lom. i, pag,
109. A — G — s.
STROZZl ( IkacuLE ) , fils du
précédent , et meilleur poète que lui ,
naquit à Ferrare, en i47ï- H eut
l'avantage d'avoir pourpi-écepteurs
liaptiite Cl ua ri no et Aide Manuce;
mais ce fui surtout son père Titus
qui, en lui inspirant le goût de la poé-
sie latine , se prépara un rival desti-
né à le surpasser. A l'âge de dix-huit
ans , le jeune Strozzi conçut un amour
violent, qui l'obligea , pour ainsi di-
jc, de recommencer ses études, afin
d'exprimer sa passion dans une lan-
j;uc plus à la uoitée de sa maîtresse.
Ce fut le Ijcnibo qui se chargea de ce
second aoprcntissage j et Strozzi ,
(jui était acjà panenu à bien écrire
en latin , s'essaya dans la composi-
tion de quelques poésieis italicmies ,
STR
qu'on doit regarder comme très-
médiocres , puisqu'elles ne lui ont
point survécu. Quatre de ses son-
nets y insérés dans le recueil intitule :
Rime ile' poeti Ferraresi, Ferrare ,
1713, in-o^. , ne contiibuentpaapea
à fortifier cette conjecture, oes au-
tres productions , qui lui ont mérité
une place distinguée parmi les potes
latins modernes , sont en grande
Sartie adressées à Lucrèce Borgîa,
ont Strozzi parle souvent dans ses
vers. Il avait eu le projet de com-
poser un poème sur Ludovic Sfor-
za , duc de Milan ; mais le be-
soin de chanter ses propres amoors
l'emporta sur le desir de célébrer les
exploits d'un héros. Hercule d'Esté,
en sortant des guerres qui avaient
troublé ses états , chercha qudques
distractions dans les amusements
dramatiques. Il chargea Strozzi de
la direction de ses spectacles; et, en
1 493 , parmi leslfêtes données à Fer-
rare^ à l'occasion du mariage du
duc Alphonse avec Anne Sforce, on
vit jouer deux pièces de Térmce et
dePlaute^ {VAndria et XesMéneck-
mes), traduites en italien jpar les
savants que le duc avait attirés au*
près de lui. Des soins plus graves
occupèrent ce favori les anuMS soi*
vantes, où il fut nommé adjoint an
président du conseil des douze (^it^f.
l'artide précédent ). Il était encore
si jeune qu'il rougissait , comme
il l'avoue lui-même , d'avoir à pré*
sider une assemblée de magistrats
blanchis dans les affaires. U expia
cet honneur par la haine publique,
à laquelle il ne fut pas moins en but*
te que son père. A la mort de oe
dernier , il sollicita la grâce d'é«
tre déchargé de ce fardeau; mais
ce ne fut qu'en i5o6 que le due
consentit à lui donner un succes-
seur. Strozzi crut alors ne pouvoir
STR
assurer son boakeur au*eii
it Barbe Torelli , cette oame
[le il avait été si long - temps
. Tout semblait sourire à ses
ors^ela nuit du 6 juin 1 5o8^
eortuxStroszi, attaqué dans
f expira percé de vingt-deux
s. On a toujours ignoré le vé-
luteur de ce crime, que Tim-
des assassins a fait rejeter
lue Alphonse I*»". , qui ré-
Fcrrare (i). Les Poésies de
font partie du volume dont
ïr\é dans l'article précédent.
f ajouter une pièce qui man-
s l'édition des Aides, et qui est
? : Parenetica in saxum , Fer-
499 > ^° '^^* Dans le recueil
cer , qui a pour titre : Vena-
tucupium y etc. , Francfort ,
in-4^. , on a réimprimé un pê-
ne de Strozzi, sur le même
oj. Calcagnioi : Oratio infu-
erc, Strozzij à la suite des
latines de Titus et d'Hercule
; et Barotti, Lelterati Ferror
ig. 117. A — G — s.
[>ZZI (Philippe), sénateur
1 y né en 1 4B8 , se trouva ,
leite prématurée de son père
la tête d'une fortune considé-
ït exposé à tous les dangers
Epërience y dans les temps les
ageux de la république. I^es
, qui venaient d'être bannis
tari, dan* Its notes ajoatéeM au pu«>me de
^t positivement que la mort de Strozzi
ige tlel suo tignore , qui brûlait aunsi
pToreili. Cette opinion a été dernière-
tfée et conunentee par Ginguené ( liis-
uirv d'Italie III , 449 ) < 1"' * '^^ reate ,
» reproduire les arf^uments de Giuvio et
tcbt . Mais cette passion du duc pour
lit-^rie un motif a«se7. puis»aut pour at-
TÎe d'un homme qui permellatt déjà ik
te d'écouter les toux d'un rival ? De-
lindre qne le mari se serait montré plus
ramant ?
ppelait anssi Philippe ; et ce fnt pour en
la ntéwoire , qne sa veuve donna ce
t i son fils , i|at avait reçu en uaiiMnt
etui'B«pti*i9.
STR
5i
de Florence , avai^it été remplacés
par une espèce de dictature 4ont on
avait, revêtu wi citoyen beaucoup
plus recommandable par ses verttis
que par ses talents ( Fqy, Soderini ,
aLII , 567). La veuve du dernier Mé-
dicis ( F. Pierre Medicis, XXVIIl ,
67 ) , en cherchant un époux pour
sa fille Clarice , fixa ses regards sur
le jeune Strozzi , qui , par ses rela-
tions et ses richesses , pouvait un
jour faciliter le retour de ces il-
lustres exilés. Cette alliance , stipu-
lée de part et d'autre avec plus d'em-
pressement que de prudence , fut dé-
sapprouvée par le gouvernement, qui
ne vit pas sans inquiétude la réunion
de deux familles si puissantes. Quoi-*
que Philippe n'eût conçu aucune pas-
sion pour Clarice y qu'il connaissait
à peine, il ne soutfrit pas qu'on fît
violence à ses affections^ dans un
état où l'on venait de proclamer la
liberté des citoyens. Il brava le cour-
roux de ses parents, les menaces des
magistrats , les cris des factions ^ et
alla célébrer son mariage sur le ter-
ritoire de l'Église. Son absence ren-
dit ses ennemis plus audacieux : il en
comptait dans le sein même de sa
famille, qui n'avait pas i^eu con-
tribué au renvoi du père de Cla-
rice. Pierre Soderini , ambitionnant
les suffrages de la midtitude, profita
de cette disposition générale des es-
prits , pour frapper un coup qui de-
vait le rendre encore plus populaire*
Il cita Philippe Strozzi à paraître
devant les Prieurs, pour justifier sa
conduite ; soutenant que dans un état
bien administré, l'on ne devait point
permettre à un simple citoyen de
prendre des résolutions aussi impor-
tantes , sans le consentement de ses
chefs. Philippe se rendit à l'appel
du gonfalonier , qui , n'osant pas le
faire arrêter, comme il en avait te-
4..
5i
STR
moignë le désir , travailla sourde-
ment à le perdre. Il chargea y dit-ou,
Machiavel y qui remplissait alors la
charge de secrétaire de la seigneurie,
d'établir , dans un acte d'accusation
dresse' contre Strozzi , qu'en s'alliant
à une famille proscrite y on renonçait
au droit de vivre dans sa patrie. Pla-
cé en présence d'aussi redoutables
adversaires, Philippe déjoua leurs
intrigues , en répondant , que , par
un ancien privilège de la république,
les femmes étaient exclues des lois
de proscription , et que loin de se
croire proscrit lui-même , il deman-
dait le rappel immédiat de son épouse.
Les juges, n'osèrent pas contester un
droit aussi légitime; mais, se décla-
rant oflcnsés de quelques mots échap-
Sés à Strozzi dans la chaleur de sa
éfense , ils le condamnèrent à payer
une amende de cinq-cents écus d'or ,
et à se temr trois ans loin de Flo-
rence. Il se rendit , en 1 5o8 , à Na-
ples , pour y subir sa pimition , quel-
que injuste qu'elle dût lui paraître ;
mais Clarice , qui était venue pren-
dre l'admhiistration de ses biens ,
dissipa beaucoup de préventions ,
et obtint même que son mari fût
rappelé. C'était le moment où les ré-
publiques italiennes se voyaient me-
nacées par les soldats de Louis XII
et par les projets ambitieux de Jules
II. Dans l'mcertitudcdes événements,
il n'était pas moins dangereux de se
prononcer en faveur de l'un que de
l'autre. Cependant Soderini , e'bloui
par le succès des armées françaises,
accorda au roi la ville de Pise , pour y
assembler nn concile, (|iii devait s'oc-
cuper de la réformation de rÉglisc.
Le pape répondit a cette décision, eu
mettant Florence en interdit ( 1 5 ii ) ^
pt son anathème souleva contre le
ï;onfalouicr tous les esprits timorés.
Jules 11 , ne s'en tenant pas aux me-
STR
naces , promit des secours à quicoD-
que se chargerait de rétaUir i'auUh
rite des Medicis. Un certain Prin-
zivalle , jeune étourdi , qui avait a
un entretien avec le pape à Bologne^
comptant sur l'assistance de Strozs,
auquel il s'empressa de communi-
quer ses projets , avait oâTeit d'opé-
rer ce changement. Fermant l'oreiDe
à ses suggestions, Philippe lui ordoona
de sortir promptement de Florenee
s'il ne voulait pas l'obligera dévoiler
SCS manœuvres. Ce refus déconcerta
les conjurés , qui n*osèrent plus rico
entreprendre; mais un renfort de trou-
pes espagnoles , et l'annonce de l'ar-
rivée de Gonzalve , suifirent pour
relever le courage du pape , qui st
déclara ouvertement contre la répu-
blique, en nommant chef de cetteexpé-
dition le cai^inal Jean de Médicis( ri»
LÉON X , tom. xxiv 9 117 }. Ces pré-
paratifs irritèrent d'abord les rlo-
l'entins contre les partisans des Me-
dicis; mais le désastre de Prato et
l'approche de l'armée papale déooii-
ragèreut les plus intrépides. Philippe
Strozzi y qui avait été retenu en ota-
ge, fut renvoyé; et comme il avait*
pénéti-é les vues des Médias sur son
Î>ays , il ne voulut point les aider à
'asservir. Lorscjue Ijéon X , en ar-
rivant au pontificat , essaya de ié
f^agner par f'ofire d'une principauté,
Strozzi lui fit répondre que, conteitt
de son état , il n'enviait le sort de per-
sonne. U n'accepta que les foiictionsde
trésorier de la chambre apostolique ,
à Florence; charge qu'il conserva sous
les successeurs de son oncle. Il ne fat
pas toujours en faveur à la cour de
Clément Vil , qui était aussi son pa-
rent , et dont il avait partagé le sort
lorsque, surpris par les Colonne, ee
pape dut chercher un asile dans le
château Saint-Ânge ( i5a6). Philippe
n'en sortit que pour être livré en
STR
i MoDcada ( Vcy, ce nom ,
y 344 ) y <iu'il suivit jusqu'à
Gëmeut VII , qui avait pro-
ibK du passe , tomba sur ses
, dès qu'il put rassembler
s soldats; et celte démar-
prudente exposa Strozzi à
rigueur de ses gardiens. En-
Lans une prison , ce dernier
m tout à craindre si y par
es sommes d'argent , il ne
^cnu à se racheter. Il se ren-
•es du pape , qui , ne voulant
rendre à une justification , lui
nauvais accueil. Philippe le
ans regret , deux jours avant
15^7 ) aue Rome fut sac-
ar les solaats du connétable
•bon. Il se rapprocha de Fio-
[ui n'e'tait pas moins exposée
ae; et il eut avec Capponi ,
et les autres chefs du parti
re , des conférences dont le
t de rétablir l'ancienne forme
emement. On fit part de cette
)n au cardinal de Gortone
s Passerino ) , qui , se voyant
>ui dans la ville, résigna vo-
uent sa place de gouverneur,
t de Florence, accompagné
Ijte et d'Alexandre Medicis.
. qui avait été l'agent princi-
cette heureuse révolution ^
is assez de fermeté pour en
( conséquences. Il eut même
d'abandonner sa patrie, au
où elle avait le plus besoin
seils et des secours de ses
1 Mais^ affligé delà perte de
le , redoutant également l'in-
« du peuple et le courroux
lent Vil , dont les affaires
nt prendre un aspect plus
le f il partit pour Lyon ^ où
dit que sa présence était né-
En eâët , il y entretenait une*
maison de commerce ^ qui
vSTR
53
correspondait avec ses banquiers éta-
bUs à Venise , à Florence , à Rome ,et
racme en Espagne. ^t& profits étaient
proportionnés à ses spéculations ;
et malgré les malheurs auxquels il
se trouva exposé vers la fin de sa
vie , il put léguer à ses héritiers une
somme de trois cent mille écus en
espèces , outre une valeur considéra-
ble en meubles et en immeubles. Pen-
dant son séjour à Lyon , les habi-
tants de la ville prirent les armes
contre leur gouverneur , et l'ayant
Ï)oursuivi jusque sur l'autre bord de
a Saône , Strozzi , dans la maison
duquel ce fonctionnaire s'était ré-
fugié , rassembla ses gens y alla au-
devant des factieux et leur en imposa
par son courage. Il parvint à les dé-
sarmer ^ et à ramener le gouverneur
eu triomphe dans son propre hôtel.
Après une année d'absence^ il prit
k résolution de repasser en Italie :
démarche imprudente pour un hom«
me qui s'était proposé de rester in-
diâféreotau milieudela lutte qui allait
s'engager entre les partis ! À peine
fîit-il arrivé à Lucques , qu'il reçut
de la commune l'ordre de rentrer â
Florence^ et du pape l'invitation de
s'enrôler sous ses drapeaux. Il ne vit
d'autre moyen d'échapper à ce dou-
ble danger , que de feindre une ma-
ladie 'y et une fois qu'il eut pris le par-
ti de jouer un tel rôle , il fiit obligé
de le conserver jusqu'à l'année i53o,
époque de l'entière soumission de
Florence. Appelé dans cette ville ,
pour en renouveler les approvi-
sionnements , il sentit la nécessité
d'aller à Rome . pour avoir une ex-
plication avec le pape. Cette fois ,
il en fut bien reçu, et on le con-
sulta même sur les mesures à pren-
dre pour mettre la Toscane à l'a-
bri d une nouvelle secousse. C'est avec
peine qu'on voit on si noble carac-
54 STR
tère S€ moDirer favorable h k tyran-
nie que le pontife se proposait de ré-
tablir dans la personne d'un bâtard
de sa famille {F. Alexandre M£Dicis,
XXVIII ,7a). Strozzi se chargea
mcme d'en apporter la nouvelle à
SCS concitoyens , et ne fit pas diHi*
culte' d'accepter le prix de ce sei-vice
en siégeant dans le conseil de l'op-
Sresseur de sou pays , et en recevant
e ses mains le diplôme de se'nateur.
Maigre' ces concessions faites à l'am-
bition des Modicis , il ne se crut plus
en sûreté' auprès d'eux. Pre'voyant
qu'après la mort de Clément Vil , il
serait expose' sans défense à la haine
de ses ennemis, il profita du départ
de Catherine de Mcdicis, dont il
était le parent , pour faire partie de
sa suite. Le pape le vit avec plaisir
à la tête de la maison de sa nièce ; et
Strozzi, après avoir assisté au ma-
riage célébré à Marseille , le 28 octo-
bre 1 533 , resta à la cour de France
en qualité de légat du Saint-Siège.
A ia mort de Clément VII ( i534 ),
il accompagna les cardinaux français
en Italie y et assista au conclave qui
élut Paul III. Sous ce pape , il
éprouva beaucoup de contrariétés
pour terminer les affaires de son ad-
ministration avec la chambre apos-
tolique. Mais c'était peu en com-
paraison des persécutions auxquelles
il était en butte à Florence. Son fils
Pierre ( rqy, son article p. 58 ci-
après), sur une fausse accusation,
avait été obligé de se soustiaire au
supplice par la fuite. Philippe, n'o-
sant pas aller le défendre à Florence ,
où le duc Alexandre déployait déjà
tous les vices d'un tyran , se repro-
chait en silence d'avoir contribué
à son élévation. Il résolut de ré-
parer ce tort en arrêtant , avec les
autres mécontents , qui y comme lui ,
appartenaient aux principales famil-
STR
les de la Toscane, d'adresser iior
députation à Charles - Quint y pour
l'engager à intervenir dans leurs dis-
sensions domestiques. I.<es envoyés
qui allèrent chercher l'empereur jus-
qu'à Tunis, le suivirent à Naplcs ,
où ils se rencontrèrent avec le duc
Alexandre , destiné à épouser Blar-
guérite d'Autriche , fille naturelle de
l'empereur. Il l'emporta Cacilemcnt
sur ses adversaires , auxqiieb il jon
de faire expier sévèrement leur au-
dace. Strozzi perdant tout espoir
de rentrer dans sa patrie y alla cher-
cher un asile à Venise ( i536 ),
le seul état libre de toute l'Italie, i
Dès-lors Alexandre ne mit plus da
frein à sa fureur. 11 jeta dans les ;
fers un grand nombre de citoyens ,
{)roscrivit les absents , et saisit tous
eurs biens au profit du fisc. Phi-
lippe y enveloppé dans ces mesures
désastreuses , supporta ses revers
avec beaucoup de courage. Il eut
même la générosité d'ordonner k ses
commis , répandus dans les comp-
toirs de Lyon , de Venise et de Rome^
de l'abandonner plutôt que de s'ex-
poser à la rigueur des lois, eu s'at*
tachant au sort d'un banni. Biais au-
cun d'eux n'usa de cette permissioD,
ils déclarèrent tous vouloir par^
tager sa disgrâce. Stroizi menait
une vie très-retirée à Venise , où il
était occupé à traduire quelques
ouvrages du grec, lorsqu'une nuit*
( 8 janvier 1 537 ) ^ on le réveille eu
sursaut pour lui annoncer l'arrivée
d'un homme , qui demandait y avec
beaucoup d'instance , à lui parler.
C'était Lorenzino de Médicis, qui
venait de poignarder le duc Alexan-
dre , dans une partie de débauche.
Philippe se chargea de répandre cette
nouvelle , et il expédia acs couriers
. aux cardinaux Salviati et UidoUi y
pour les engager à se rapprocher
STR
>mice, avec les exilés Floren-
ni étaient à Rome, prômet-
d'en faire de même à la tête
n: qui étaient dispersés dans
très yilles de l'Italie. En ef-
lès le 1 1 janvier, il était à Bo-
f où en peu de jours il mit sur
n corps de deux mille hommes ,
ê les défenses du pape. Tout
lit sourire à ses projets , lors-
nomination du successeur d'A-
ire ( Fqf. Come de Medigis ,
I 9 76 ) , sous les auspices de
irreur , qui avait mis garnison
les châteaux de Florence, de
t de Livourne , jeta l'épouTanfe
['esprit des conjurés. Hs se sé-
9it sans avoir rien arrêté : mais,
» d'attendre la décision de leur
ils se laissèrent persuader, par
issadeur de France à Venise ,
)rendre les armes pour deli-
nir pays du joug d'une famille
rcc. Philippe Strozzi, déclaré
e cette entrepnse, en accep-
esponsabilité. Il se rendit de
lu à Bologne , d'où il alla
ir à Montemurlo , position
nt plus défavorable pour un
pr- général, qiie les premiers
d)Ienients étaient peu nom-
, et qu'il régnait déjà de la
iclligencc entre les chefs. Côme,
de tout ce qui se passait dans
ap des bannis , tes fit sur-
-e par un corps de trois mille
întshommes , qui remportèrent
i une victoire complète; et cette
e ( i*^. août 1537 ), qui cou-
la puissance des Médicis, et
aux Florentins tout espoir de
, a conservé le nom de dé-
Botta) de Montemurlo, Phi-
Strozzi , après des prodiges
leur , dut remettre l'cpée à
Iversaire , Alexandre Vilelli,
conduisit prisonnier à Flo-
STR
rence. Il fut ^«nciié le lend^mata de-
vant C^me de Médicis , qui voiHiit
jouir de son hiuniliatiou. La plupart
des princes de l'Europe firent des
démarches pour sauver la vie d'une
si illustre victime. Ceux qui s'inté-
ressèrent le plus en sa faveur, fîirent
Paul III, le roi de France et Cathe-
rine de Médicis , qui n'était pas en -
core arrivée au pouvoir. Tout fut
inutile : ils ne purent pas même le
Soustraire aux tortures qu'on lui fit
subir pour obtenir l'aveu qu'il avait
dirigé le bras de l'assassin du duc
Alexandre (^). Strozzi soutint cette
Ï)remière épreuve ; mais sentant qu'il
ui serait impossible d'en subir une
seconde , il aima mieux sacrifier sa
vie que compromettre son honneur.
Profitant d'une épée , que le hasard
lui fit découvrir dans le fond de son
cachot , il s'immola (3), le 1 8 septem-
bre 1 538 , après avoir écrit sur les
murailles de sa prison ces paroles
mémorables : « Si je n'ai pas su vi-
» vre, je saurai mourir. » On prétend
même qu'en retirant le fer de sa bles-
sure, il traça en lettres de sang , ce
vers de Virgile :
Exortan aliquis nosirit ex otsibut uUor.
Le cadavre fut dérobe à tous les re*
ga rds,et l'on n'a jamais su ce qu'il était
devenu. Le testament de Strozzi, dont
(9) Bayle cite Baisse jpour pronTcr que ce fut
par le rouseil de Strorci que fA*renùno assassina
le dnc Alexandre. Son plus Tort aripinicnt est qao
les deux filles du meurtrier (-pouscrent les eoGiul»
de Philippe , dont l'uu était le marcclial Pierre
S(roy«i. Il prélead que ces derniers n'oa^rent na»
manquer Ik la parole dnum-e par leur p^re. îlnais
n*cst-il pas plus simple de penser qu'ils ayen% voulu
associer leur sort Ik If famille d'un proscrit , re-
gardé par eux comme le linttus de leur patrie.
(?) Segni rst le premier qui ait os^ réroquer en
doute cet acte de désespoir. Il pr:'(rnd , mais saa^
alWguer aucune nulorité , que ce fut Vitelli ou le
marquis del Vasto, qui se chargèrent de âiire
égorger Strosni, pour s'acqnillrr de la parole
3u'il» lui avaient . donnée d«* «••• pa» le livrer au
uctUînie. for. Stgui, Storh h'ioitnliiie, |il>. IX ,
pag. 14s. C'est un^ étrange «anwre de tenir «m»-
pa^^« promeifc !
56
STR
on trouva une ancienne copie dans la
bibliothèque Biccardianak Floren-
ce , (4) portait entre autres choses ,
qu'en recommandant son ameàDieu,
il le priait de lui accorder au moins
une place à coté de ces hom-
mes vertueux qui n*0Dt pas vouhi
survivre à la ruine de leur patrie (5).
Strozzi était très- verse' dans la lit-
térature ancienne, et il avait tra-
vaillé à épurer le texte de Sue'toue,
ainsi que celui de Pline le natura-
liste. Il avait traduit les ouvrages
suivants : I. Del modo di accam"
pare , trad. du grec de Polybe , Flo-
rence , Torrcntmo , i55u, in-8o.
II. Scella d'apotegmi , trad. du grec
de Plutarque , avec le volume pre'-
ccdent. III. DegU ordini délia ro^
mana milizia , trad. du grec de Po-
lybe, inédit. Ce manuscrit fait partie
de la bibliothèque Magliabechiana ,
classe viii , n®. 1 8. Voyez sa Fie
écritepar son cousin Laurent Strozzi y
imprimée à la suite de VIstoria délie
guerre délia republica Fiorentina ,
par Varchi , Leyde (i^uS), in-
fol. £lle a été traduite en français
par Requicr , Paris , 1 764 , in- 1 '2. —
La même , dans les Memorie di più
illustri iiomini deUa Toscana , Li-
voume , 1 757 , in-40. ,pag. 49 ; — «t
son Eloge parmi ceux des illustri
Toscani^ tom. 111, pag. 98. A-g-s.
STROZZI ( LÉON ) , fils du précé-
dent , et Tun (les plus hardis na-
vigateurs de son temps , naquit à
(4) Hiibac ( Fntrelien XXMV , rirtip. VI "\ dit
•voir TU Iui-iiu*Di« rcirigiiiiil Ao ce tr^tamnit h \\a-
tat.y parmi le» |Mpier» de Pompée Frangipane. Il
•ioule que Slroixi M>ait roroniniandé It tv* enfant»
de d^rrrer %r* o% du liru uù on les anrHit depoM-n
& Florence, et de les liansportrr h Vrnior , alin ,
«lisait-il, que *'il n'avait pu avoir le Itnuhe'ur de
▼irrc danr une ville libre , il pût jouir de celte
grâce après .^a niurt ; et que ses cendres reposas-
aeot en paix hors de la domination du vainqueur.
(5) I.'animn a Dio raccoman'lo pri-guti'
dfllo rhe te altro di hen* darle non vuule , le dim
almeno ifuil litogo dov* è Calone L'ticense. rd
altti timiti virtuoti nomini che tatjint hunnoJtiUo,
STR
Florence y en i5i5. Revêtu de h
dignité de Prieur de Capoue , le
jour même qu'il prit les insignes de
chevalier de Saint - Jean de Jérusa-
lem , il voulut payer par ses services
cette faveur , qu'il ne devait qu'à la
protection de Clément YII ^ son pa-
rent. Il se distingua dans les guerre»
contre les Turcs; et déjà ses exploits
l'avaient élevé aux premiers grades
de la marine de son ordre , lorsqu'il
apprit la fin déplorable de son père ,
dont il jura de venger la mort. Après
avoir pris part au siège de Nice, en
1 54^ , il s engagea au service de k
France , qui ^ par ses prétentions sur
l'Italie et par sa rivalité contre l'Es-
pagne, semblait être la seule puis*
sance capable d'abaisser un jour l'or-
gueil des nouveaux ducs de Florence*
Le roi le nomma chef d'escadre ,
et l'envoya en mission auprès de So- 1
liman II , qui dut être fort étonné de
voir transformé en messager de paix
un homme qui s'était jusqu'alors
battu avec tant d'acharnement contre
le croissant. Cette expédition y d'une,
nature toute paciiique y ne repondait
nullement aux projets haineux de
Strozzi , qui , à son retour de Con5-
tautinople , perdit tout espoir de ti-
rer l'épce contre les oppresseurs de
sa famille. François 1«*'., dont les
derniers souhaits étaient de cicatriser
les plaies profondes faites à la Fran-
ce par les guerres étrangères , eut le
chagrin de léguer à son successeur
une couronne teinte du sang de ses
sujets , et un trône cl)ranlc par le»
dissensions domestiques. Henri II ,
allié à la maison des Médicis , et
livré aux conseils du connétable de
Montmorenci , ennemi secret des
Strozzi y ne présentait aucune chance
de devenir l'instrument de leurs ven-
geances particulières. Ces réflexions ,
quoique justes en elles-mêmes , ne
STR
pouvaient qu'entraîner à de Causses
dànarches^ et le parti le plus sage
était de les abandonner , pour ne
songer qu'à bien remplir ses deyoirs.
Lorsque Henri II, voulant signaler
son avènement au trône par un acte
magnanime , envoya ( 154*: ) une
flotte en Ecosse ^ pour aider la reiue
( y, Marie de Lorraine , XXVII ,
98 ) y à se défendre contre les intri-
gues d'Elisabeth , ce fut Strozzi qui ,
à la tête de vingt galères y répandit
l'effroi parmi les conspirateurs re-
tranches dans le château du cai*di-
nal de ^int-Andrc ( David Beaton ) ,
dont ils avaient fait leur première
.victime. L*amiral français , après
avoir eu un entretien avec le vice-
roi d'Ecosse, homme faible etirre'-
solu ( V. Hamilton , Jacques, XIX ^
358 ) , cerna le château , et obligea
les assiégés de se rendre à la discré-
tion du vainqueur, qui ne leur garan-
tissait que la vie. 11 repassa la mer
an travers d'une flotte anglaise^ em-
menant avec lui un riche butin et un^
grand nombre de prisonniers. Le roi
M combla d'éloges , et lui ordonna
de presser les travaux d'un arme-
ment considérable que l'on avait
commencé à Marseille , pour s'oppo-
ser aux progrès de la puissance na-
vale de Charles - Quint. Strozzi , ja-
loux de la réputation d'André Doria,
osa sortir à sa rencontre , lorsqu'on
i55i , cet habile marin traversait
la Méditerranée avec quarante-qua-
tre vaisseaux , pour aller embar-
quer à Barcelone l'archiduc Maxi-
milien et sa famille ( roj". Maxi-
milieu II, XXVII, 6o3). L'appa-
rition soudaine d'une flotte française,
qui avait déjà gagné le vent , parut
si menaçante, que Doria, coutre son
habitude, recula jusqu'à Yillefran-
che^d'où il vogua en pleine mer pour
ériter cet obstacle ou pour le com-
STR
57
battre avec avantage. Non content
de ce succès, Strozzi prit la route de
l'Espagne ^ et s'approcha de Barce-
lone y en arborant le pavillon im-
périal , et en saluant les forts de la
ville. Le peuple se porta en foule sur
les quais , et un grand nombre de
matelots étaient en mer pour rame-
ner leurs camarades en triomphe,
lorsque Strozzi, qui n'avait pas assee
de monde pour opérer un del>arque-
meiit , se contenta d'effrayer cette
multitude par une décharge générale
d'artillerie ^ et reprit le chemin de
Marseille , en traînant à sa suite quel-
ques bâtiments , capturés sous le ca-
non même des Espagnols. Ce coup de
niaiu, blâmable pour son inutilité,
épargna une humiliation à celui qui
1 avait dirigé. Le connétable y qui ne
cessait de desservir Strozzi auprès
du roi, parvint à le faire rappeler; et
François de Montmorenci, accem-
Sagné du comte de Yillars^ avait
éjà quitté la capitale ^ pour aller
S rendre le commandement del'esca-
re à Marseille. Strozzi , auquel on
avait laissé ignorer l'ordre de sa des*
titution , se doutant du but de ce voya-
ge , monta sur une des galères prises
en Espagne^ et sans attendre son suc-
cesseur, franchit la chaîne qui fermait
le port , et alla chercher un asile
à Malte. Ce qui le détermina surtout à
brusquer son déi)art , ce fut le soup-
çon qu'on eût envoyé des émissaires
pour l'assassiner. 11 prétendit même
en avoir obtenu l'aveu d'un nommé
Corso , qui s'était chargé de ce crime;
et il s'en plaignit au roi , en lui fai-
sant remettre l'étendard de l'amiral ,
avec une lettre , dont voici le com-
mencement : m Sire , la gloire a été
» le motif qui m'a fait ambitionner
» l'honneur de vous servir : le soin
» de ma vie , et l'intérêt de cette
» même gloire me forcent aujour*
58
STR
» d'hui à m'cloigner de votre royau-
» me , puisc[ue je vois qu'on ne
» destine d'autre récompense à la
« fidélité de mes services et à tant de
» travaux , qu'un congé honteux , ou
» une mort indigne; ce qui est cons-
» tant par les dépositions de ceux
» qu'on avait chargés de m'assas-
» siner^ etc. » ( Voy. De Thou , ii ,
1^7 ). Mécontent de l'accueil du
grand- maître don Jean d'Omédès ,
vieux Aragonais, qui voulait tirer ven-
geance de l'affront fait à Barcelone ^
Strozzi quitta Malte , etse mit à faire
la guerre aux infidèles , en courant
quelquefois même sur les chrétiens ^
lorsqu'il y était forcé par la disette
des vivres ou des munitions. Heureu*
sèment il n'exerça pas long -temps
ce métier peu digne d'un homme
si illustre. Appelé presqu'à - la fois
au service de l'empereur, de la Fran-
ce et de Tordre de Malte , qui était
S lus que jamais exposé aux attaques
esbarbaresqueSy il préféra les offres
de la France y qui venait ( 1 554 ) de
recommencer la guerre en Flandre et
en Italie. Avant de reprendre le com-
mandement des galères françaises
stationnées à Port-Ercole, et qui
devaient seconder les opérations de
l'armée envoyée en Toscane , Strozzi
fit crier à sou de trompe dans tous
les ports de la Sicile et de Malte ,
qu'u étaitprctà dédommager les pro-
priétaires des bâtiments qu'il avait
attaqués dans les mers du Levant.
Ce ne fut qu'après s'être acquitté de
ce devoir , qu'il se rendit à son poste,
suivi de quelques chevaliers ; la plu-
part bannis ae Florence. En atten-
dant les renforts qu'on lui annonçait
de Provence , il ordonna des excur-
sions dans la principauté de Piom-
bino , où il n'y avait presque point
de garnisons. Jl investit le fort de
lino (que Brantôme appelle Es-
STR
eariing) , défendu mr (piatre-ringfs
hommes, et qui n'était important ni
par ses fortifications , ni par son
emplacement. Irrité de la réponse
du commandant , qui avait refusé de
se rendre , Strozzi s'obstina , sans
raison , à l'assiéger j et un jour qu'il
s'était avancé bien près des rem-
parts pour reconnaître cette place ,
il reçut un coup de mousquet d'un
paysan caché dans les joncs , et qui
n'était pas digne de trancher une vie
aussi précieuse. Mais , comme le dit
naïvement Brantôme : « Quelquefois
» telles gens malotrus font des coujs
» dangereux qu'on ne penserait )a-
» mais. » ( f^. ses Capitaines fran-
çais, rr, 3aa ; Fie de Léon Strozze),
Strozzi fut emmené sur-le-champ à
bord d'une galèi*e , et transporte' à
Castiglion délia Pcscaïa, où il expira,
en 1 554 , âgé à peine de trente-neuf
ans. Lorsque le marquis de Mari-
gnan devenu maître de Port-Ercole ,
ternit son triomphe en livrant Otto-
bon de Fiesque à la vengeance d'An-
dré Doria, et les proscrits florentins
au grand duc Côme V^, , le cadavre
de ï^'on Strozzi , qui avait été en-
terré à Scarlino , fut exhumé et jeté
à la mer , le ^4 3"'° i555. Ferrez
Thévet, Histoire des plus illustres eè
stwants hommes j etc. Paris , i^i>
in-ia , tome vi , pag. inS. A-g-s.
STROZZI (Pierre) , frère aîné du
précédent , après avoir , dans sa
jeunesse , porté l'habit ecclésiasti-
lue , le quitta pour suivre la carrière
ippnt
guerre en servant sous les ordres du
comte Guido Rangoni , et en 1 536 ,
il contribua beaucoup à faire lever le
siège de Turin par les impériaifx. A
la nouvelle de l'assassinat d' Alexan-
dre , il accourut auprès de sou père ,
STR
pourpreodre part à Tcntreprise des
émigrés qui voulaient rendre à Flo-
rence sa liberté'. Philippe ayant été'
fait prisonnier à Montemurlo , le i^**.
août 153*; , et étant mort ensuite
dans les prisons de Corne !«'., Pierre
Strozzi sentit qu'il était le vengeur
que son père avait invoqué en mou-
rant ; il n'eut plus dès lors d'autre
pensée que celle d'associer à sa haine,
contre Médicis,une puissance redou-
taUe ; il voulut donner à la liberté
de sa patrie l'appui de la France y
puisque la tvranme y avait été con-
solidée par l'empereur. Cet espoir le
fit entrer dans l'armée française , et
il se trouva au siège de L uxembourg
en 1543. L'année suivante, il fut en-
voyé à la Mirandole avec une armée
de sept mille fantassins et quelque
cavalerie , pour prendre par derrière
le marquis del Yasto , qm défendait le
Milanez ; mais il y fut battu. En 1 545,
il servit dans Farmée navale sous
l'amiral Annébault , et il fut ensuite
créé général des galères de France.
Dans une nouvelle guerre il fut ren-
Ti3fYé à la Mirandole , en i55i , pour
défendre Octave Famèse contre les
impériaux. Mais quelque progrès que
fit Pierre Stroizi dans la carrière
de l'ambition , il n'avait encore joui
d'aucune satisfaction, puisqu'il n'a*
vait pas pu atteindre les frontières
de sa patne. Enfin la guerre de Sienne
lui fournit l'occasion si long-temps
désirée; il fut envoyé, en i554 , au
secours de cette ville, que Come h^*
assiégeait. N'ayant pas des forces suf-
fisantes pour contraindre celui-ci à le-
ver le siège , il essaya de l'en détour-
ner par une incursion hardie au tra-
vers de toute la Toscane. Avec trois
mille fantassins et trois cents che-
vaux, il traversa l'état florentin de
Sieune jusque près de Lucqucs , où il
trouva des renforts qui lui étaient
STR
59
envoya de la Mirandole.Mais comme
il revenait vers Sienne , il fiit atteint
et défait près de Lucignano , le a août
1 554 9 par le marquis de Marignan
qui avait rassemblé des forces très-
supérieures. Strozzi, se confiant à sa
haine contre le bourreau de son père ,
soutenait la guerre malgré l'extrême
disproportion de ses forces. Au lieu
de secours dont il avait besoin après
sa défaite , on lui envoya de Pans le
bâton de maréchal de France. Il es-
saya quelque temps encore de soute-
nir le courage des Siennois et de dé-
fendre Montalcintf et Porto-Ercole.
U revint en France après avoir été
obligé d'abandonner cette dernière
Êlace , le 16 juin i555 ( Voyez
BUSQUET ). Il retourna , deux ans
plus tard , en Italie pour prendre le
commandement de l'armée du pape
Paul IV , avec laquelle il rem{>orta
quelques avantages , mais oui ne
I approchèrent point de son Dut. U
se trouva , au mois de janvier 1 558,
au siège de Calais, et fut tué, le ao
juin de la même année, au siège de
Thionville , d'un coup de mousquet
dont il fut atteint en allant choisir
l'emplacement d'une batterie. Son
corps fut porté à Épemay, ou il est
enterré ( 1 «Il laissa un fils (Philippe)
et une fille , mariée au comte de
Tende. S. S— i.
STROZZI ( Philippe ) , l'un d»
grands capitaines d'un siècle si fé-
cond en héros, était fils du précé-
dent, et naquit à Venise, en i54i.
II fut amené, l'année suivante, en
France , et placé comme enfant
d'honneur près du dauphin^ depuis
François II. a Son père fut fort eu-
(i) L'«l>btf IforrUi « donn^ quelques déuilf «or
le nuiréchal Stro«»i , \ ki lêle de I édition m 'il •
pabliee en ifMt d«« %\mnv9ncp$-« la rtihhia ai Ma-
done y împrînèe* sotiâ le fMux oum du PoeM Scier-
la, nuiit qui •ont de Pierre Stroxu ( Votes U
Mmauel dm Ubrmit\ , au mot Simmuf ).
6o
STR
» rieux de le faire très-bien nourrir ^
» et surtout très-bien instruire aux
« bonnes lettres. Un jour ({u'il lui
» demandait compte de l'emploi de
» sa matinée , j'ai , répondit Philip-
» pe^ monte à obérai, joué à la
» paume , et ensuite déjeune. Mal-
» bcureux ! reprit son père , faut-il
» que tu rassasies le corps ayant
» 1 esprit? Que jamais cela ne t'ar-
» TÏye : avant toutes choses, rassasie
w ton ame de quelque belle lecture
» et étude, et après fais de ton corps
» ce que tu voudras. » Les récits
qu'il entendait faire des exploits de
ses ancêtres échauffaient sa jeune
imagination, et il brûlait du désir
de les imiter. A quinze ans , il s'en-
fuit , emportant une partie de la vais-
selle de sa mère ^ pour paver les
frais du voyage, et rejoismt l'armée
en Piémont , où il ne taraa pas à si-
gnaler sa valeur. A son retour, il
obtint le grade de capitaine , et fut
employé tant en France que dans les
pays étrangers. Il se distingua par-
ticulièrement aux sièges de Calais et
de Guines , sous les ordres du duc
de Guise. En 1 563 , il fut nommé
colonel des gardes françaises ; et
après la mort de Dandelot ( P^ojr. ce
nom ) , il obtint la charce impor-
tante de colonel-général de, l'infau-
rie. Avant le combat de là Rocbe-
Abeille , de vieux soldats , prévoyant
que raff*aire serait sérieuse, regret-
taient M. de Brissac , sous lequel ils
avaient servi , et murmuraient tout
bas : Ah, où est M. de Brissac? Où
il est? mordieu ! leur dit Strozzi , qui
les avait entendus ^ vous n'avez qu'à
me suivre , et je vous mènerai aussi
avant , et eu un lieu aussi chaud
qu'il ait jamais pu vous mener; sui-
vez, suivcz-nioi. L'engagement fut
très-vif. Avec six cents hommes ,
Strozû soutint pendant plus d'une
STR
heure les efforts de quatre mille ar*
quebusiers ; mais entouré de toutes
Earts il fut obl^é de céder au nom-
re, et fait prisonnier. Ayant été
promptement échangé contre le bra-
ve La Noue ( F, ce nom , XXXI ,
4io ) , il alla chercher de nou-
velles occasions de se signaler , et
fit des merveilles à la bataille de
Moncontour. Au siège de la Rochcile
(i 57 3) y il monta le premier k Tas*
saut, suivi de Brantôme (i) et d'un
petit nombre de braves; mais la brè*
che ne se trouva pas praticable pour
des soldats pesamment armés , et il
fallut négocier avec les assiégés. Il
améliora la discipline de l'infanterie,
pourvut ses soldats d'arquebuses
d'un plus gros calibre , et leur ap-
prit à s'en servir. Il fut compris , en
1 579 , dans la promotion des cheva-
liers du Saint-Esprit. La reine-mère
lui fit donner, en i58i , le comman-
dement de la flotte destinée k soute-
nir les prétentions de dom Antoine ,
reconnu roi de Portugal. Strozzi ne
consentit qu'avec peine k se démet-
tre de sa charge de colonel-général y
dont le roi voulait gratiûer le duc
d'Espemon. Il reçut en dédomma-
gement une somme de cinquante mille
écus , dont il acheta la terre de
Bressuire en Poitou. Il partit de
Brouage au mois de mai 1 58a, et fit
voile pour les Açores. Ayant voulu
prévenir la jonction de la flotte es-
agnole avec les bâtiments attendus
'Europe , il attaqua l'amiral Sain-
te-Croix , le q6 juillet (îx). Dans l'ac-
tion, il fit tout-à-la fois le devoir de
capitaine et de soldat; mab étant
tombé couveit de blessures, il fut
conduit k l'amiral espagnol ^ qui
(i) La d^Uib qne Brant&me doim« nir cet m-
Mut sont (3* un grand intérêt
(i> Et non U 99 , comm« on lit & Tari. Saimte-
Croix, XXXXI, 534.
S
STR
STR
6i
donna l'ordre de le jeter
(3). Ainsi pe'rit, à Tâge de <
à la mer
quarante-
deux ans y Philippe ^trozzi , digne
par ses qualités d un meilleur sort.
Brantôme y qui Vavait accompagne
vingt-cinq ans , dans la plupart de
ses guerres et voyages, en France et
hors de France , lui a consacre' une
corieuse Notice ( x . in6 y éd. de
1740)* «C'était^ dit -il, un aussi
homme de bien qu'il en sortit jamab
de sa nation. 11 n'avait que cela de
mauvais , qu'il était le plus froid
ami qu'on ne vit jamais. » De Thou
donne de grands éloges à Strozzi
( liv. 75) : Far sa probité , dit-il , sa
bonne-foi et sa générosité, il pou-
vait être comparé à ceux qui ont
possédé ces vertus dans le degré le
plus minent; d'ailleurs , il était si
mrave , qu'il n'y avait point de péril
qu'il ne fut toujours prêt d'affronter ;
mais il manquait de prévoyance. H.
T. sieur de Torzay, a public : Fie ,
mort et tombeau de PhiL Strozzi,
Paris, 1608, in-80. Son Portrait a
été gravé par Th. de Leu, in-80. ,
et plusieurs fois depuis , notamment
dans le Recueil de Moucornet. W-s.
STROZZI ( Cybi AQUE ) , profes-
seur de l'université de Pise , naquit
en i5o49 dans un château près de
Capalle, à sept milles de Florence.
Verse dans les langues et la philoso-
phie ancienne . il fut l'un des plus
mtrqpides ergoteurs de son temps , et
on l'admira souvent dans ces assauts
d'érudition , où \s victoire reste or-
dinairement , non pas au plus savant,
mais au plus adroit. En revenant
d'un long voyage , il ouvrit une école
de philosophie à Florence, et il y ac-
quit une telle célébrité que Tuniver-
(3) Qoelqncs auteurs disent que Saïute-Croix
fit pôteaarder Strox«i : et qu'il vitaiteucure quiir.d
3 fat \tté & U tuer. Mais I>e Thou dit queolroi-
ti était mort quand il ftit porté dans la chambre
de l'iuiural espagnol.
site de Bologne voulut enrichir de
son nom la liste de ses professeurs*
Après y avoir, pendant huit ans , ex-
pliqué Aristote , avec un succès tou-
jours plus marqué , il fut , en 1 549 ,
rappelé en Toscane par le grand-duc
Come I®**. , qui lui destina la pre-
mière chaire de philosophie à l'uni-
versité de Pise. Ce prince, ffsi l'hono-
rait d'une estime particulière , allait
souvent passer des heures entières
avec lui dans de savants entretiens.
Strozzi, qui, au |;oûtdes arts et de
l'agriculture, alliait une connaissance
profonde des ouvrages d'Aristote ,
tâcha d'en compléter le Traité sur la
politique , dont les derniers livres
étaient destinés à renfermer les idées
de ce philosophe sur la milice, la
souveraineté et le sacerdoce. Malgré
les éloges que plusieurs écrivains , et
les encyclopédistes entre autres ( Art.
AaisTOTÉLisME ) , out prodîgués à ce
travail , il faut avouer que Strozzi est
veste bien au-dessous de l'original ,
et l'on dirait qu'il a été plutôt oc-
cupé d'imiter le style, que de deviner
les pensées de son modèle. Ses bio-
graphes se sont plu à répéter , que
plongé tout entier dans 1 étude , ce
savant n'avait jamais voulu s'enga-
ger dans les liens du mariage; pour-
tant dans son testament , déposé à
la bibliothèque Strozziana ( Mss. D.
4- i33),il nomme quatre enfants ^
qu'il avait eus de sa femme Elisabeth
d'Ouofrio de Susiana , partium Ro-
mandiolœ. Après avoir exercé, pen-
dant vingt ans , les fonctions de pro-
fesseur à l'université de Pise, Strozzi
y mourut le 6 décembre i565. Il or-
donna que son corps fût rendu à la
terre qui l'avait vu naître , et on lit
encore, dans l'église de Saint-Cyria-
que à Gaj)alle , le marbre qui re-
trace les circonstances principales de
la vie de ce continuateur d'Aristote.
6a
STR
Ses oayrages sont : I. De repubUcd
libri duo, scilicet ix et x reliquis
octo additi , quos scriptos non reti-
quU Aristotetes , grec - lat. ) Flo-
rence , Junte , 1 56a , in - 4^. , tra-
duit en français j par Morel , dans
l'édition complète de cet ouvrage
(trad. par Louis Le Roi, dit Be-
gius ). Paris , i6oo , in - fol. , pag.
4^7. Cette continuation a été omise
dans les trois versions récentes de la
Politique à^Aristote, II. Orationes ,
swe introductiones in aliquot Aris-
totelis de moribus Ubros , Paris ,
if)99, in-4°. Ces Discours servent
d'introduction aux quatre livres de
l'Éthique d'Aristote , sur la tempé-
rance , la justice , l'amitié et le bon-
heiur comparé à la sagesse. On a faus-
sement attribué à Strozzi la traduc-
tion latine des Stromates de saint
Ciément d'Alexandrie, Florence, Tor-
rentino ^ 1 55 1 , in-fol. Elle appartient
à Gentian Hervet ( Fqjr. ce nom ,
XX , 3 1 o ) , qui vivait à Rome , vers
le milieu du seizième siècle. Voyez
Vita Kjrriaci Strozœ ( par Papire
Masson ) , Paris , iGo4 , in-4^« ; et
son Éloge par Salvino Salvini , dans
les iUustri Toscani, m , 1 4^. A-g-s.
STROZZI ( Laurence ) , sœur du
précédent y et née, comme lui, à Ca-
palle, en i5i4, prit l'habit de Saint*
Dominique dans le couvent de Saint-
Nicolas di Prato , où elle vécut pen-
dant les guerres qui désolèrent la
Toscane sous le règne du grand-duc
Corne I*'^. La sainteté de sa vie atti-
rait autour d'elle les hommes les
Î^lus renommés par leur piété et par
eur instruction. Elle s entretenait
souvent avec Ochino et Vermigli ( V»
Pierre Martyr , XXVII , 336 ), qui
l'édifiaient par leurs discours, autant
qu'ils devaient la scandaliser ensuite
par leur apostasie. Elle pleura leur
erreur , et expia par des pénitences
STR
très-austères le tort , excusable sans
doute j d'avoir eu des relations avec
ces deux ennemis delà religion. Son
cœur , enflammé de Tamour le phis
pur , lui dicta ces chants sacrés qui
pendant long-temps ont été les seu^s
qu'on ait fait entendre dans les ^lises.
Elle en composa sur toutes les fIStes
de l'année, les rangeant d'après Tor-
dre de leur céle'bration. Ou a P^t*
être trop vanté le style de ces Hym-
nes, qui ont été traduites en Tcrs
français par Simon George Pavillon ,
et mises en musique par Jacques Mau-
duit^ appelé avec non moins d'exa-
gération j par Mersenne , le père de
Vharmonie. Laurence termina sa vie
dans le cloître , le 10 septembre
1591. Son Recueil est intitidé : In
singula totiusanni solemnia hjrmni,
Florence , Junte , 1 588, in-S^. f^.Ic
P. Hilarion de Coste , Éloges et Vies
des Femmes illustres , etc. , tome
II , pag. 97. A— -G — §.
S T R 0 Z ZI ( Pierre ), secrétaire
des brefs sous Paul V , né à Floreo-
ce, vers l'année 157 5, étudia la phi-
losophie sous Lazare Bonamici. Il
apprit aussi les mathématiques y
aima les arts et se mélf^ d'architec-
ture. A l'élection de Le'on XI , en
1 60 5 , il se rendit à Rome , où il fut
nommé secrétaire des brefs adpnn*
cipes , place importante , qu'il con-
serva sous Paul V y duquel il obtint ,
en outre, un bénéfice sur la chapelle
Yaticane , quoiqu'il ne fut pas entré
dans les ordres et qu'il eût déclaré
son intention de ne jamais les pren-
dre. Cette nomination , qui était si
formellement contraire aux canons,
indisposa les collègues de Strozzi ,
qui n'osant pas blâmer la faiblesse
au protecteur , se tournèrent contre
le favori. En attendant , ce dernier
venait de rendre un service éminent
à l'Église, en amenant les Nestoriens
STR
kfs à reconnaître l'autorité du
iést. Mais la haine paria plus
le la reconnaissance : Strozzi,
lait charge' de diriger les tra-
pie Paul y faisait exécuter
me maniificence extraordi-
lans la basilique de Sainte-
tfajeure^ eut le malheur de ne
is&ire le goût de ce pontife,
(itade cette circonstance pour
le crédit dont il avait joui
lors ; et Strozzi mécontent de
asseries y dont il lui était facile
roir le résultat , se démit vo-
ement de ses charges , et alla
igier en Toscane y où il fut
' professeur de philosophie à
rsité de Pise. Oubliant les
qu*il devait aux dignités dont
i été revêtu , il s'engagea dans
is du mariage , et, comme
fparer ses torts , il voua son
r-né à l'état ecclésiasticpie.
mourut sous le règne de
l"". , vers l'année i64o. Ses
•aux ouvrages sont : I. Sj^no-
Ihaldœorum , suivi des Pre-
éUdœis consuetœ y ex guibus
'orum inpapam et ecclesiam
ns cukus , Rome , 1617 ^
II. Disputât io de origine et
Uibus Chaldœorum , sive ho-
non Nestorianorum y ibid. ,
in-4^- L'auteur y rend compte
conférences avec le P. Adam ,
u patriarche de Babjlone ( F,
ici , de Clans poniificia"
HsUÀarum scriptoribus , et J.
si, dani sa Finacotheca , tome
lOZZI (Berv à3D)y ait a Prête
ise ou il Gapuccino , naquit
s, en i58i , de parents pau-
t étudia chez Pierre Sorri y ar-
itif de Sienne. A l'âge de seize
avait déjà quelque réputation,
d se dégoûta bientôt aela peio- ,
STR
63
ture, résolut d'entrer dans Tendre
des capucins , et déclara qu'il vou-
lait commencer son noviciat au cou-
rent de Saint-Bamabé. On fit de
vains efforts pour le détourner de ce
projet. Quelques années après , le
goût de la peinture se révedla chez
fui. Ou l'encouragea dans le désir
qu'il montrait de s'y livrer de nou-
veau , en lui représentant qu'il pou-
vait faire subsister^ par ton talent ,
sa mère et sa sœur qui étaient dans
la misère. Pour obtenir la permission
de quitter l'habit et le couvent , et
de rester seulement prêtre séculier,
Bernard fit en secret le portrait du
père général. Il ne tarda pas à se dis-
tinguer par des compositions har-
dies et savantes. On commença bien-
tôt à le rechercher pour l'employer à
peindre des fresques. Les plus belles
qu'il ait laissées sont à Saint-Tho-
mas , dans le palais de Jean-Étienne
Doria, etdans le chœur de l'église
Saint-Dominique. U exécuta ce der-
nier ouvrage à la lueur d'une torche,
parce que le lieu n'avait pas d'ou-
verture d'où pût venir la lumière.
On n'avait pas encore travaillé de
cette manière en Italie, depuis que
des peintres grecs , venus de Cpnstan-
tinople, et pour la plupart moines
basiliens, avaient peint ainsi dans
les catacombes de Rome. La mère de
Strozzi étant morte, et sa sœur étant
mariée, les capucins déclarèrent oue
puisque les motifs qui l'avaient oé-
termmé à sortir du cloître ne sub-
sistaient plus , il fallait qu'il y rentrât
et qu'il reprit l'habit : mais Bernard
différait toujours de répondre. Une
intimation de Rome Im vint alors,
pour qu'il eût à rentrer , avant nx
mois, chez les capucins ou dans
tout autre ordre régulier qu'il vou-
drait choisir. N'ayant pas obéi , il
fut arrêté et mis en prison dans le
64
STR
couvent de son ordre. Ses amis et
qudques parents tentèrent de le de'li-
vrer , et entrèrent la nuit dans les
jardins du couvent, en cherchant â
pëne'trer jus€[u'à sa prison. Ils furent
malheureusement découverts ; le sort
de leur ami n'en devint que plus de'-
Slorable , et il fut resserre' avec plus
e rigueur pendant trois ans. On lui
rendit enfin la liberté^ mais on le re-
tint dans le couvent avec plus de se-
ve'ritë que les autres religieux. Un
jour cependant il demanda la per-
mission d'aller voir sa sœur : le su-
pe'rieur la lui accorda^ à condition
qu'il serait accompagné d'un frère
servant.Bemard, arrivé chez sa sœur,
pria le frère servant d'attendre dans
une salle basse, et entra seul dans
l'appartement, sous prétexte d'avoir
à conférer sur des atlaires de famille.
Aidé , alors par plusieurs amis , il
quitta la rol>e de moine, se (it raser,
prit des habits de ])rctre et se sauva
par un escalier secret. Le jeune frère ,
mformc que sou religieux était parti ,
alla sur le champ en informer le su-
périeur, qui fit chercher Bernard et ne
put parvenir à découvrir sa retraite.
Le lendemain , Strozzi fut secrètement
embarqué pour Venise ,oii il trouva
des protectems puissants qui le re-
commandèrent à la cour du pape ,
aOn qu'il ne fût pas inquiété. Il fit
un grand nombre d'ouvrages dans
cette ville , à la bibliothèque de Saint-
Marc, à la procuratorerie, à l'église
de Saint-Benoit et à l'hôpital des in-
curables. Bernard mourut dans cette
même ville , en 1 644 ) <^t ^"^ enseveli
à Saint-Fosca.Ou plaça sur son tom-
beau cette épitaphe : Bemardus
Strotiuspictorum splendor, Liguriœ
decuSy hïcjacet. 11 avait du feu , de
l'énergie , de l'abondance; mais il ne
montra pas plus d'égalité et de te-
nue dans son talent, que de cons-
I
STR
tance dans son caractère. Son des-
sin est souvent incorrect y ses fi-
gures manquent quelquefois de no-
blesse ; il suivait l'impulsion d'un
enthousiasme subit et rapide , qui ne
lui permettait pas de rcdéchir sur
ses compositions. Le Musée royal de
France a deux tableauxdu Capuccino.
Le premier représente saint Antoine
de Padoue , tenant l'Enfant Jésus qui
le caresse. Le second , la Vierge avec
l'Enfant Jésus sur des nuages , en- ;
tourés de diftérents attributs. Strozzi 1
doit être surtout jugé d'après ses ;
fresques. Son école a eu quelque celé* i
brité. Ses principaux élèves sont An-
dré Ferrari , Jean-François Cassana,
Clément Bocciardo, appelé Clemen-
tone à cause de sa grosseur énorme.
Ces trois artistes n'ont jamais égalé
leur maître. A — d.
STROZZI ( Jules ) , poète italien,
né à Venise , en 1 583 , tils naturel
d'un noble florentin , s'efforça d'cllk-
cer la tache de son origine par des
succès littéraires. Il s'exerça dans It
poésie ; mais ses essais ne furent point
heureux. En i6o8, il se rendit à
Rome y où il devint le fondateur d'une
académie , qui y sous le nom des Or-
dinati , devait balancer le cràlit de
celle des Umoristiy auxquels il ne
Sardonnait pas de faire peu de cas
e ses vers. Les nouveaux académi-
ciens , qui avaieut obtenu du cardi-
nal Deti la permission de se rassem-
bler dans son palais , eurent im deliut
si favurablc , qu'ils donnèrent pour un
moment à leurs rivaux, lieu de crain-
dre d'en rester éclipses. Un certain
Tronsarelli , nom presque inconim au-
jourd'hui, mais qui passait alors pour
e plus grand poète dramatique de
l'Italie , attirait surtout beaucoup de
monde à ces réunions , que les Aldo-
brandini protégeaient , et où les mu-
siciens venaient souvent disssiper l'^it-
STR
lusë par les poètes. Mais octtc
; ne dura pas loDg-temps : le
aal , qui n avait pas un goût
5 pour les lettres , se lassa
ain que Ton faisait dans sa
n ; et Strozzi , parvenu , on ne
as comment . à ta place de pro-
lire apostolique , négligea ses
ires , qui ne tardèrent pas à se
•ser. Après un assez long séjour
ne , il prit la résolution de re-
er à Venise , où , entraîné par
ision pour la musique , il forma
ociété pliilarmoniqiie ( sous le
des Unisoni ) ( i ) , à la tête de
lie on Tit briller sa fille adop-
Wbe, Tune des plus fortes mu-
nes de son temps. 11 s'amusait
à composer des drames , dans
fis il déployait une richesse d'i-
nation qui était bien près de
avagance. Il trouvait moyen d'y
entrer des devi|f^ des jeux de
y des anagranB , qui sillon-
it la scène en Iffires de feu. Ces
cries enlevaient tous les suflra-
et donnèrent une telle célébrité
uteur , qu'un de ses avortons
latiques mérita l'honneur d'être
avec un grand Itixe de décora-
devant la cour de Louis XIV;
jée même ( i645 ) qu'il fallait
protecteurs à Conieille pour y
admirer Rodo^une. Strozzi,
t'était essayé aussi dans l'épo-
âvait enfanté un long poème ,
ingt-quatre chants, sur la funda-
de Venise, en se flattant de l'em-
er sur Marini , dont il partageait
Il em re»te un recueil hititulr : f'eglie de*
I mt'cadfMiri unisoni , Vruise , iG3A , in-ii.
àt dtScile cl'iii»ginrr qnriqar cho«e de plu*
le cpe ict tra'vaux de cette aradéuiie. Le P.
■t« P»lbvirino , ( for. ce nom , WXll ,
, <|ut en était le membre le plos illustre , rc-
mt an ]owr h l'inTÏtation de la présidente,
ccit de *€% aventures amoureue* , et d«r%oilii
isti ncfruti da amore alla présenta d* una
t. Vegli» Trna , paj. m.
XLIV.
STR
65
tous les défauts^ sans en avoir ni To-
riginalité, ni la verve. Le peu de suc-
cès de cette tentative lui fit songer
à se frayer une nouvelle roule ,
et ce fut alors qu'il s'attacha défini-
tivement au théâtre. Jl mourut à Ve-
nise , en i66o. Ses ouvrages sont :
I. Escijuie faite in Roma a FeréU-
nando I y gran duca di Toscaria,
Rome, 1609, in 4°. II. Erotilla ,
tragedia , Venise , 16 1 5 , in-4**. III.
Esequie faite in Fenezia a Cosimo
II, gran duca di Toscana , ibid. ,
i6ai , in-foK, fig. IV. Il Natale
d* Amore , anacronismo , ibid. ,
i6'22, in-i2. V. L'Eruditissime os*
servaziuni sopra le cerimonie eccle^
siastiche délia settimana santa ^
il)id. , 1 623 , in- 1 6. VI . Fenezia edi-
ficata, poemaeroico , con gli arga-
menti di Francesco Cortcsi , ibid. ,
1624, in-fol., fig. , avec le portrait
de l'auteur. VII. // Rarbarigo ,
ovver Vamico soUevato , poema
eroico , ibid., 162G , in -4"* c'
in-8'». , fig. , ouvrage en 5 chants.
VIII. La Proscrpina rapita , ana-
topismo , ihid. y i63o, in-4". IX.
Letiera sopra il solenne possesso
preso dal cardinal Comaro , pa^
iriarca di Fenezia , ibid. , iGS'J ,
in-4*'. X. Délia , o la Sera sposa
del sole , dramma , ib- , i (i39 ,in- 1 1,
' XI. Lafinta pazza , o Achille in
Sciro , Plaisance, 1G41 , in-4°. >
réimprimé sous le titre suivant :
Fesle teairali per la finta pazza ,
Paris , 1G45 , iu-fol. , fig. Le célèbre
Torelli dirigea le jeu des machines ,
lorsque ce drame fut donné à la salle
du Peiii Bourbon, XII. Lafinta sa-
via , dramma , Venise , i643 , in- 1 :?.
XIII. Romolo e Remo , dramma ,
ibid., 1045^ in- TU. XIV. LcNozze
di Peleo e di Teti, com média ,
1 654 , in-4**. , avec la Traduction
française. A— g — s.
5
<jG
STR
8TRUDEL { PiuiRE ) , peintre ly-
rolien, ne', vers i6()o, à Uez^ dans
la vallée de Naiispcrg , qui fait par-
tic dc^ l'cvcche' de Trente, se rendit
à Venise , dans sa première jeunesse,
Sour y c'tudier la peinture, cl entra
ans rëcolc de Carlo Lolti , où il se
fit bientôt distinguer par ses progrès
rapides, et se lia d'une étroite ami-
lie avec RotlimaycF , son condisciple.
Ses ouvrages se répandirent dans
toute ritalie , et fixèrent Tatteutiou
de l'empereur Leopold , qui lui accor-
da le tilrede Kiron. Ce prince se plai-
sait à le voir travailler, et l'honora
des mêmes marques d'estime dont
Cbarics-Quint avait comblé le Titien.
On regrette (pie les changements faits
depuis au château impérial aient
obligé de détruire une partie des
ouvrages de Stnidel. L'église de
Saint* Laurent , celle des Augustins ,
dans le faubourg de Landstrass, à
Vienne, et le couvent de Closter
Ncubourg ont de lui des tableaux
d'autel dont on admire le coloris.
Parmi ses compositions les plus
estimées, on cite : un Ecce homo,
un Saint Jean tÉwarigéliste et
wie Sainte - Famille y qui faisaient
romement de la galerie de Dussel-
dorf. Il excellait à peindre les enfants
nus, comme le prou vent les Bacchana-
les qu'il a exécutées; et peut êlren'a-
t-il,en cette partie, d'autre rival que
le Dominiqum. Stnidel était doué du
génie de son art. Ses compositions
sont originales, et ne sentent l'imita-
tion d'aucun maître ; elles rappellent
seulement, jiar leur marche nette et
savante, qu'il avait étudié en Italie.
Son dessin est correct, sa couleur
chaude et vigoureuse, quoique parfois
trop égale et privée de cet éclat qui
frappe dans les tableaux du cheva-
lier Lil)cri , son énnile. Stnidel mou-
rut à Vienne , eu 1717. P — s.
STR
STRUENSÉEC I ) ( Adam), théoto-
gicn danois , connu par ses écrits as-
cétiques et par sa piété, naquit^ le 8
septembre 1 708 , à Ncu-Ruppin^dans
la Marche de Brandebourg. Son père,
honnête tisserand , lui donna une édu-
cation analogue à soii modeste état,
mais qui , sous le point de vue mo-
ral , ne laissa rien à désirer. Le jctuic
S iruensée fréquenta l'école de sa ville
natale, et fit de tels progrès, mie
dès -lors il put être l'instituteur des
enfants de sou frère aîné. Api'ès avoir
commencé ses études académiques
à Halle , il les continua k léna ,
attiré surtout par les leçons de
Buddœus , dont le savoir et la piété
exerçaient une heureuse influence sur
beaucoup d'étudiants. Ce professeiur
l'accueillit avec bonté , et lui confia
l'instniction de son (ils. Sous ses aus-
pices Slruensée se forma , par-
mi les étudiant^ et les gens de lettres,
une société <§b|le réunissait tous les
dimanches, pMr s'entretenir sur des
objets religieux et sur la Bible. Ce
fut dans ces réunions ( appelées coi'-
loquia hihlica ) que Stniensée se lia
avec la secte des frères Moraves et
avec son fondateur , le comte Zîn
zcndorf. Cependant il resta fidèle
à sa communion ) et il accepta *,
en 1730, la place de chapelain du
comte de Sayn - et - Wiltgenstein , k
Berleburg , et fut nommé , par le roi
de Prusse, en 1733, pasteur d'une
paroisse de la ville de Fialle. Le roi de
Danemark Frédéric V l'appela , en
1759 , anprès de lui , à Gottorp ,
pour prêcher devant la cour; et, des
l'année 1 760 , il fut nommé surinten-
dant-général des duchés de liolstcin
(0 I'» fjinillc SlruciiW'f , pr<iprriiimt Stnin-
>\eiiM*r ( lurr vra^etKf ^, df!*< •nid d'un marin d«
Lubrtk , i|iii , d«ti> un •ikhimiiI de di«iiK«T' t>M »cuj
<-oiidui|-r un pttrt une fli»llt* nt-lM<iiii>iit rliatrgée, H
fuL iltH-or** pur la r<-pnlilii|Ui' di' v.v nou h«iiiorali|«
de: liuv ù cuiisiJ vvr le buuvcuii de miu (.'Ooragc.
STR
«l de Sdkswig , place très • imnor-
tante. II mourut en 1 791. Ses aeu!L
fils sont devenus célèbres ( Voy^. les
articles suivants ). Z.
5TEUENSÉE DE CARLS-
BACH (Charles -Auguste)^ fils du
précédait^ né à Halle, fit ses études
au fameux gymnase de la maison des
Orphelins , puis à Tuniversitc de sa
ville natale. Un goût décidé pour les
sciences exactes l'engagea à renoncer
à l'état ecclésiastique y'auouel il s'é-
tait voué, et à entrer dans la carrière
de l'instruction publique. En 175G^
il prit le grade de maitre-ès-arts , et
donna des cours publics de mathé-
matiqœs et de langue hébraïque. En
1757,11 fut appelé, comme profes-
seur de philosophie et de mathéma-
tiques, à l'académie des jeunes nobles
de Lîegnitx; mais la guerre ayant
êdate la mâmc année, cette forteresse
fut tour -à-tour piise par les Autri-
chiens et par les Prussiens. Les éco-
les de StFuensée restèrent désertes ; et
il eut le loisir de s'occuper lui-même
des difle'rentes sciences utiles aux élè-
ves de l'académie, dont la plupart
étaient destinés à la carrière militai-
re. Dès 1760, il publia des Èlé^
menis d'artillerie , qui sont encore
aujoor'dhui le manuel des jcimes of-
ficiers de cette arme ; et, eu 1770 ,
me Architecture militaire , qui n'a
pas été surpassée en Allemagne. Ces
ouvrages se distinguent par la pré-
cision et par une méthode aussi sû-
n que lumineuse. Frédéric II en
faisait grand cas; et il envoyait sou-
Tcnt des gentilshommes à Liegnitz ,
ponr se former sous un aussi bon
maître. EIn 1 770 , le frcredeStruensée
ilors tout-puissant eu Danemark {V,
l'article suivant ) , l'appela à Copen-
hague, et le lit nommer intcndajit
des finances , avec le titre de couseil-
kr de justice. II se familiarisa bien-
STR 67
tôt avec la science de l'économie po-
litique, qui dès-lors devint son ooc?i-
pation favorite; mais il ne jouit pas
long - temps de l'existence brillante
que la faveur de son frère lui avait
procurée. Enveloppé dans sa chute ,
u se vit arrêté et plongé dans un ca-
. chot de la citadelle. On voulut le
rendre complice des crimes imaïd-
naires dont on acaisait le mmistre
tombe; et comme on découvrit qu'il
avait entretenu une correspondance
suivie avec un ami en Prusse , on re-
Î[uit le gouveiiiement de ce pays de
ivrcr celte correspondance. Fré-
déric II y donna son consentement ;
mais il déclara en même temps qu'il
s'attendait à ce qu'on fit, à un nomme
qui était né son sujet etqui avait étéà
son service , un procès régulier; ajou-
tant crue, si l'on ne pouvait le convain-
cre d'un crime, il le réclamerait.
Stniensée était une tote trop méthodi-
aue pour avoir pris part aux projets
de réforme de son (î-èrc , qu'il envisa-
geait comme les rêves d'im homme
de bien. 11 S'était boiiié aux fonctions
de sa place. Son administration fut
trouvée irréprochable ; et comme il
n'existait pas même un prétexte pour
l'inculper , on lui rendit la liberté. II
se hâta de quitter un pays où il avait
éprouvé une telle persécution, et vint
cnercher im nouvel emploi chez son
protecteur, en manifestant le désir de
l'obtenir dans la partie des finances;
mais le roi , sans lui en oter l'espé-
rance, exigea qu'il reprît, pourquel-
que temps , ses fonctions à Liegnitz ,
où il s'était rendu si utile. U y resta
cinq ans , s'occupant surtout de ma
tières d'administration. Ses écrits
ont montré combien il était pro-
fond dans cette partie. Eiiiiu Frédé-
ric ayant établi^ en 1777, à El-
bing , un bureau snccursai de la ban-
que royale, en confia la direction à
5..
68
STR
Strucnscfc. L'activitc que celui-ci sut
donner à la navigation de ce port dé-
cida le roi à l'appeler , en 1 782 , à
Berlin , comme conseiller intime au
de'partemcnt des finances et comme
directeur de Tc'tablissement royal ,
connu sous le nom de Société pour
le commerce maritime. En 1789^ le
prince royal de Danemark (le roi ac-
tuellement régnant), étant parvenu à
rage de majorité, et voulant réparer
le mal que Strucnsée avait si injuste-
ment souffert , lui conféra la noblesse
sous le nom de Carlsbacli ( i ). Ënlin ,
en 179 1 , le nouveau roi de Prusse
Frédéric- Guillaume le nomma mi-
nistre des finances et chef du dépar-
tement des accises , des douanes
et du commerce. Quoiqu'on fût
promplcment revenu de Topiniou
tout-à-fait exagérée qu'on avait
de ses talents , il se maintint au
ministère jusqu'à la (in de ses jours,
et mourut le 17 octobre i8o4 ,
d'une hydropisie de cerveau. Strucn-
sée fut un administrateur sage et
intègre ; mais il ne fut pas un grand
ministre. Beaucoup de clarté daus
les idées , un excellent jugement for-
tif iépar l'applicationaux sciences nia-
tliéma tiques , tels étaient ses moyens.
La probité , la justite et le désinté-
ressement formaient la base de son
caractère. La nature lui avait lefusé
deux bienfaits sans lesquels il n'y a
pas de génie : Tiuiagination et Ja
.sensibilité. Délest lul la poésie, il
désignait par ce mot tout ce qui
manquait de méthode; pratiquant la
vertu, mais Tainiant sans enthou-
siasme et ne la recherchant pas dnns
les autres. IndiUcreut aux qualités
(\\ On n'a paxiMi non» <'t|ili(|iicr l'oriKino dv ta
iium , f]uî u'(»l celui (l'unciiiic trnr de Struni«rr.
Frui-rtr» lui u-t-il clë doiiiit< rn l'Iiriniinir tic mi
m^i-«,fillr uniqurdudocinirC.nrI, rfucini mrdocin
À9 \m rtnir de I>4iirinark. On roiicoit ijui» l'itu u'«it
pa» f umla j r«i>pcl«fr le DUm dv 2}(rueu>«r.
STR
morales des personnes avec les^elks
il était en rapport, il n'éprouvait
Î)as de répugnance à se voir entoavé
['hommes vicieux , et ne montrait
i)as plus d'égards pour rhomme de
Dieu que pour le méchant. Simple
dans ses manières et dans ses vête-
ments , il ne put jamais acquârir
l'aisance que donne l'usage du mon-
de. Savant y il se plaisait dans la so-
ciété des gens instruits : il recevait
chez lui les hommes de lettres et ai-
mait à les entendre discuter sur des
matières d'érudition ; mais comme
ministre, il ne faisait rien pourks
lettres. 11 avait un souverain mdpris
pour les beaux esprits, qu'il regardait
comme des têtes exaltées et presque
comme des insensés. On ne croit pas
qu'il ait jamais admis à sa table
un artiste. Doué de beaucoup de
courage, il ne montra aucune fer-'
meté à faire passer ses avis dans les
conseils , quelque mauvais que lui
parussent ceux des autres. Il lui
suillsait de mettre sa responsabi-
lité à couvert , en consignant son op-
position dans les procès -verbaux, tn
généra] , il ne sut jamais prendre le
ton d'autorité qui appartient à un
ministre. II était pour ses subordon-
nés doux et poli ; mais ils n'eurent
jamais «n lui un père et un ami. Peu
susceptible d'attachement, son tem-
péra ment le portait néanmoins vers
le se\e. La seule perte qu'il ait vi-
vcriîi ont sentie , fut celle de sa femme,
fille d'un négociant de liegnitz, qui
mourut peu d'années avant lui(u),
laissant trois lilles, dont deux sont
mariées à des fonctionnaires estima-
bles. Aucune chai-ge du peuple, au-
cune mesuie (Iseaîe, n'accuse la mé-
moire de Struensée; mais son nom
(•>', O ne fut pas i>iius ctoniiriuent qu'on lui vil
rt'pitiidrc de» Wrmt» à celte ocvatiou.
STR
atudi€ à aucune iostitution de
iBaoee. Ses ouvrages, tous eu
e allemande , sont : I. Elé^
f dTartillene y lÀe^uitz y 17(30,
n cndoona de oouyelles éditions
69 et 1788. Une quatrième
les additions que les progrès
rts avaient rendues nécessaires ,
ignée par J. G. Hoyer : elle
à Leipzig en 18 17. II. \JArt
lire du comte de Saxe , Lieg-
1 767-68. C'est imc Traduction
hrencs , accompagnée d*un Mé-
dont on fait grand cas. III.
ents d'architecture militaire,
itz, 1770, 3 vol. in-8". Il en
une seconde édition on 1 786.
Krebs en publia un abrégé en
in-8®. , Copenhague , 1 797.
Recueil d'écrits sur Vécono-
politique y Liegnitz, 1.776, a
1-8®. Le premier volume ren-
des traductions. V. Des-
on abrégée du commerce des
poux états d'Europe , Leipzig ,
, 2 vol. in-8^. VI. Mémoires
'S objets essentiels de Vécono-
oUtiquey Berlin, 1800. 3 vol.
Ce Recueil , que Stiiienséc mit
r dans un âge avancé, et qui ren-
des ouvrages publics aupa ra-
mais auxquels il a mis la der-
main , doit ctre regardé comme
ritable dépôt de ses principes
inistration , et la conclusion
tes ses expériences. C'est celui
>rtera son nom à la postérité,
atières y sont toutes de la plus
importance; 1 °. Surlesjrsteme
ierdes états de Silésie, son
-e, les principes sur lesquels
ysey et les avantages qui en
suite; 1^. Sur les moyens par
is un état peut se procurer de
nt pour des besoins extraor-
esy surtout en temps de guerre,
mr examine les avantages et
STR 69
les inconvénients de chacun des trois
systèmes , qui sont l'augmentation
des impots , la thésaurisation et les
emprunts ; 3^. Sur les lois anglais
ses , relativement au commerce des
grains , d'après Arthiur Young , avec
des obser^'ations; 4*^* ^^'' ^ liber-
té du commerce des grains dans les
états prussiens ; 5^. Sur la li*-
berté du commerce des matières
d'or et d'argent en Prusse; 6^. Sur
les finances de France ou V admi-
nistration de M. Necker, C'est une
histoire complète et raisonnée de tout
ce qui s'est passé dans les finances
de France depuis l'assemblée de
notables de 1707, jusqu'au décret
qui créa laoo millions d'assignats^
7<^. Une suite d'opuscules divers.
Rien de plus lumineux que tout ce
qui forme ces trois volumes. On y
trouve partout la clarté d'une télé
éminemment mathématique; auai-
ne proposition n'y est hasardée ,
chacune est suffisamment prouvée ,
et les propositions ultérieures en
découlent comme des conséquen-
ces nécessaires ; enfin les choses les
plus abstraites y sont mises à la
portée de tout le monde. Struensée
fut enterré à Matschdorff près Rup-
pin, daus la Nouvelle Marche, vil-
lage qui lui appartenait. Il n'exis-
te pas de biographie de ce ministre,
car l'ouvrage de M. delleld, intitulé:
Struensée , Esquisse dédiée à ceux
auxquels sa mémoire est chèrcy Ber-
lin, 1 8o5, in-80., n'est, à proprement
parler, ni un Éloge, ni même une Vie ;
ce sont simplement les épanchements
et les observations infiniment spiri-
tuelles , quelquefois trcs-originales , *
du seul homme peut - cire auquel
Struensée ait été attaché, .lulaiit du
moins qu'il était susceptible de l'ê-
tre. M. de Held peint plutôt l'homme
que le ministre. S — l.
70 STR
STRUENSÉE ( Jcan-Fréderig) ,
frère du prdccdcnt , naquit à Halle y
en 1737. La dévotion cxce&sive et
minutieuse des parents et des maîtres
de Strueasce le firent tomber dans
l'extrême oppose. Lecteur assidu de
Voltaire et surtout d'flelvétius, le
jeune étudiant en médecine devînt
d'abord ennemi des religions posi-
tives , et se forma bientôt une morale
tout-d-fait c'picinienne et un système
complet de matérialisme. Il avait déjà
le titre de docteur en médecine, lors-
qu'en inSn son pcre l'emmena à Al-
tona, ou il allait occuper le poste de
Srincipal pasteur. Devenu médecin
e la ville et du canton y Struensée se
livra à tous les plaisirs , tint table ou-
yerte, contracta beaucouo de dettes,
et voulut aller dans l'Inde pour faire
fortune. Dès 1 763 il écrivit dans un
Journal philosophique plusieurs Mé-
moires ^ entre autres sur les obstacles
de l'accroissement de la population;
mais il déposa sa plume , attendu,
disait-il à ses amis, « que l'étcit d'é-
crivain ne conduit pas à la richesse. »
Struensée, qui avait reçu une ôluca-
tion soignée, et qui joignait à une fi-
gure agréable beaucoup d'esprit, de
Sénétration, et surtout une ambition
émesurée, chercha à se lier avec
des personnes placées dans une si-
tuation plus élevée que la sienne . et
y parvint facilement. Il compta bien-
tôt parmi ses amis le comte de
Rantzau-Aschberg et M. de Brandt ,
dont l'un fut dans la suite le princi-
al instrument de sa chute, et l'autre
e compagnon de son infortune. 11
sut se concilier aussi la bienveillance
de M"»«.*dc Berkrnticn , femme de
l'ancien grand maître de la maison
de Frédéric V , qui l'introduisit à la
cour de Danemark. C'est par sa
protection et par celle du comte de
kantzau , qu'il fut nommé, en 17G8,
Fe
STR
médecin particulier du roi Christi»
VII. Il accompagna ce scaveraÎB-
dans son voyage en France et en An-
§leterre, et ne tarda pas k s'insiniier
ans ses bonnes grâces. A son retour
sa faveur s'accrut encore , et le jeune
comte de Holck , qui exerçait ime
grande influence sur le roi , con-
tribua à raugnienter en conduisant
souvent Struensée chez Christian. Le
docteur devint de plus en plus agréa-
ble à son maître , qui l'emmenait quel-
quefois chez la reine. Au mois de m«
17 70, Struensée fut chargé de l'ino-
culation du prince royal. Les suites de
cette opération, auj ourd'hui si simple^
inspiraient à cette éj)oaue beaucoup
d'inquiétude ; et Mathilde,qui aimait
tendrement sou fils , ne crut pas de-
voir le quitter un instant. Commt
Struensée était aussi ])resque toujours
dans la chambre du jeune prince, les
occasions qu'il eut d'entretenir la i-ei^-
ne furent très -fréquentes , et il acquit
sur son esprit le même empire qu'il
avait obtenu sur celui du roi. Ma-
thilde^ fatiguée de sa situation k la
cour, où elle n'exerçait aucune in-
fluence, crut trouver dans Struensée
l'homme qu'il lui fallait pour ensor*
tir. Bientôt il eut, par son crédit, la
direction de l'éducation de l'héritier
du trône. Peu de temps après on le
nomma conseiller de conférence et
lecteur du roi, avec un traitement de
Suinze cents écus; enfm il fut consr*
éré comme le chef du parti de la
jeune reine. I/C Danemark était alors
gouverné par une ligue de dnq no-
bles comtes, pénétrés de principes
a rbtocra tiques et très - opposés aux
réformes : c'était Bemstorf, l'on-
cle du célèbre ministre , Thoit ,
homme savant mais despote, Rih
sencrantz , personnage fin et même
intrigant , ifoltke et RcvcntUyWy
hommes intéressés. Membres du coor
STR
seil secret , ils se partageaient la sou-
veraioeté. Bernslorf intriguait pour
derenir seul maître; ëtran£;er , il
cherchait à s'appuyer sur la Russie.
Les dc'lianccs mutuelles de ces Pen-
torques frayaient le chemin à ceux
qui voulaient les renverser ; l'opinion
publique censurait leur système de
eouTemement , souvent- oppressif et
dilapida teur. Ils voulurent, mais trop
tard , s'opposer aux entreprises du
Sartidela jeune reine ; malgré l'appui
e Philoso^ihofT, ministre de Russie
à Copenliagne , le crédit de Matliilde
et de Struensec prit de nouveaux
accroissements. Brandt, ami de ce
dernier , iiit nomme directeur des
spectacles de ta cour (juillet 1770)^
en remplacement de Holck , qui était
tombé en disgrâce , ainsi que sa
sœur et d'autres courtisans amis
du ministère. Bcrnstorf fut renvoyé
le i3septcmb. 1770, parles menées
alors combinées de Roscncrantz
et de Rantzau-Aschberg , appuyées
en secret par Struensée qui , dès
le 4 septembre^ avait /ait rendre,
sans le concours d'aucun ministre ,
nu ordre du cabitist , contenant
abolition de la censure des livres et
des journaux, inesure qui fut annon-
cée de nouveau aux ëvêques, par un
rescrit du i4 septembre. G est ici
qœ commence réellement le minis-
tère de Struensée , quoiqu'il n'eut
ancun titre légal. Le ^4 septembre
le pouvoir du conseil privé , qui ,
depuis la révolution de 1660, avait
la prétention de mettre des bornes au
Îiouvoir absolu des rois de Danemark^
lit anéanti par un rescrit qui deman-
dait aux membres restants de ce con-
seil leur avis sur le meilleur mode
d'organiser l'autorité consultative de
ce corps. Us ne prirent pas la peine
siiperliue de répondre. Le 27 déc.
1770 im acte rojral , rédigé par
STR
V
Siruensc'e, alK)lit le conseil privé ,
» afin de rétablir dans s.'i pureté le
» pouvoir monarchique tel qu'il a étc'
o confié à nos ancêtres par la nation
» et dans le sens où la nation le leur
» a donné, n C'était une déclaration
de guerre à l'aristocratie; c'était une
révolution véritable, ou dumoins une
interprétation de celle de 1O60; les
cfTetsde cet acte subsistent cncorcdans
le gouvernement et dans l'opinion.
Les comtes Thotl, Moltke , nosen-
crantz et Rcveiitlow, reçurent leur
démission de toutes leurs places.
Struensée avait eu , le 1 8 décembre ,
le litre de maître des requêtes , ti-
tre modeste m.nis équivalent à celui
de ministre et secrétaire d'état. Alors
toute l'autorité se trouva dans les
mains du parti de la reine , ou plu-
tôt de Struensée, qui avait obte-
nu que le roi ne travaillerait plus
directement avec ses nouveaux mi-
nistres, mais qu'ils lui porteraient seu-
lement leurs portefeuilles etics lui lais-
seraient jusqu'à ce qu'il les leur ren-
voyât avec sa décision. Les menaces
de la Russie pour obtenir le rétablis-
sement de l'ancien ministère, nepro-
duisirent aucun elTet, et au mois de
juillet IT7I, Struensée, qui déjà
gouvernait le royaume , obtint le ti-
tre de ministre du cabinet , et un or-
dre du roi pour que tous les départe-
ments de l'administ^'ation lui obéissent
sans qu'il fut nécessaire de produire
la signature du souverain. IjC même
jour Brandt et Struensée furent éle-
vés au rang de comtes. Le parti do-,
minant se composait dës-lors de la
manière suivante : la reine, Struensée,
Brandt , le colonel Falkenskiœld qui
s'occupait à réformer l'armée de
terre, le général Ga?hler, qui diri-
geait la réforme de la marine. C'é-
tait Icsalfidcs; mais ils s'appuyaient
cncoredn grand nom et de l'esprit pcr-
71 STR
sonnci du comte de Rant'zau-Asch-
berg, homme sans mœurs et sans
principes, ayant le goût inné des chan-
gements et des révolutions de cour.
Ils avaient encore admis dans leurs
rangs le comte O.slen, habile diplo-
mate, mais lie avec la cour de Rus-
sie où Rantzau avait joué un rôle eu
1761 ; ces deux personnages trahis-
saient Struense'e autant qu'ils le pou-
yaient Deux dames eurent une part
immense aux intrigues de cour; la
première était M'"^'. Gœhicr, maî-
tresse déclarée de Struensée, fem-
me charmante , amie intime de la
reine et qui avait repoussé les galan-
teries russes de Philosophoff; la se-
conde était la comtesse de llulstein ,
maîtresse de Brandt , femme impé-
rieuse, méchante, ennemie de la
reine, et qui souvent eTjranlait Tami-
tié de son amant pour Struensée. Il y
avait dans un parti semblable plus
d'éléments de dissolution qu'il ne
fallait. Struensée avait appelé auprès
de lui trois Allemands de mérite , son
frère , pour diriger les finances , le
célèbre botaniste OEder, pour amé-
liorer le sort des na^sans , et un cer-
tain M. Sturtzqui lu] faisait des phra-
ses. La présence de ces étrangers et la
préférence que donnait Struensée à la
langue allemande , irritaient toute la
Sartie littéraire de la nation. Cepen-
ant le système de Struensée, tel
Îu'il l'a développé lui-même dans sa
éfense , n'était pas sans vues gran-
des , justes et salutaires. Il cher-
cha d'abord à délivrer le Danemark
de l'influence tyrannique que la Rus-
sie s'était habituée h y exercer. Coa-
vaincu delà fausseté du principe ad-
mis depuis long-temps, et qui faisait
considérer la Suède comme l'eime-
mie naturelle et nécessaire du Da-
nark, il résolut de renoncer peu à
i se mêler des affaires intcneures
STR
de oe royaume , et cultiva soigneiiw-
ment son amitié, cherchant aussi à re-
gagner la bienveillance de la France,,
qu'on avait traitée jusqu'alors avec
un froid repoussant. Si Struensée
mérite des éloges pour les mesures
qu'il lit adopter , afin d'assumer Tin-
dépendauce nationale , il n'en mérite
pas moins pour les réformes qu'il in-
troduisit aans l'administration in*
térieure; toutesavaientuubut d'utilité
publi(pie : elles tendaient à prévenir
les disettes , à diminuer les impots , -
à briser les entraves qui arrêtaient
l'industrie nationale , à adoucir les
lois pénales , à abréger les formahtés
de l'ancienne jurisprudence, enfin à
établir l'ordre dans toutes les bran-
ches de l'administration. Plusieurs
de ces mesures , bonnes en elles-mc-
mes, excitèrent des mccontenlements-
profonds, parce qu'elles blessaient
des intérêts privés, et qu'elles furent
peut-être adoptées avec trop de pré-
cipitation. Mais sa plus grande fau-
te, son tort iuexcusalJe fut d'irri-
ter le clergé et d'inquiéter le sen- ^
timent religfeux : par exemple ,
il avait cru devoir abolir les défen-
ses qui empêchaient le mariage en-
tre cousins et entre beau-frères et
belles- sœurs ; mais, dans un accès
philosophique, il y joignit la liberté
pour l'adultère d'épouser sa compli-
ce après la mort de l'époux, a Li-
» berté infâme , dit un écrivain da-
» nois, qu'un peuple vertueux rejeta
» avec horreur. » Une autre ordon-
nance défendit les enterrements dans
l'intérieur des villes , innovation sage
et adoptée aujourd'hui par l'opinion;
mais dans sa qualité de matérialiste
et d'épicurien, le ministre y ajouta
l'ordre tyrannique de n'enterrer les
morts qu'au milieu de la nuit, ce
qui dans un climat froid et humi-
de équivalait à l'abolition de ces
\
STR
7»
pieux deroirs « L'atLée ! s'dcria
V iinëciirain danois^ il craint que
o Taspect de la mort ue trouble ses
V coupables voluptés ! » Ajoutons
a ces traits rintroduction de mœurs
trop bbres à la cour , des fctes trop
galantes, et cette naïveté anglaise
qui prétait a la médisance : ajoutons
ces distributions de vin et de viandes
à la populace par lesquelles le méde-
cin-ministre acquérait moins de po-
pularité que de mépris. L'ordonnan-
ce que Struenséeiit rendre pour mo-
dérer le nombre des corvées ( mars
177 1 ), et celle par laquelle il établit
la liberté de la presse , lui ont surtout
attiré les éloges des étrangers. Ses en-
nemis abusèrent cniellement de cette
dernière concession et la tournèrent
contre lai en répandant ^ dans d'af-
freux libelles, les insinuations les
£lus atroces sur ses liaisons avec
t reine. Cette licence fut poussée
i tel point j qu'il se vit obligé
d'en faire restreindre les excès par
tue ordomiauce qui rappelait simple-
ment que la liberté de tout im])ri-
iner n excluait pas la responsabi-
lité devant les tribunaux. C'est ce
qu'il aurait fallu dircdansla premic-
, re ordonnance ; mais y en accordant
\ la liberté de la presse, le ministre
favori n'avait cru donner des armes
qu'à l'opinion ennemie des aristocra-
tes. Ignorant la langue du pays, il
ne savait pas que la nation danoise ,
; tout en détestant les abus adminis-
tra tifs , ne voulait pas d'un cbarla-
L tan pour réformateur. La presse con-
tinua donc, quoiqu'avec pliLs de cir-
conspection , à l'accabler ae ridicules
et de reproches. Bientôt le méconten-
I tement éclata sous un aspect plus
I M'neux. Au mois de septembre 1 77 1 ,
! des mouvements excités par des ma-
telots norvégiens qui avaient civ
réfonm» , et auxquels on refusait
STR
leur paie , prouvèrent que Struen-
sée counaisiiait la crainte et man-
quait de cette fermeté de caractère
et de cette prévoyance si nécessaires
à un ministre. Quoiqu'il e^ à sa dis-
position plusieurs régiments, il ne
prit aucune précaution , et coda sans
résistance à toutes les demandes des
révoltés. Il montra la même £aiblesse
lors du licenciement des gai-des à
pied , qui eut lieu à la fin de cette
aimée. Les gai*des , aussi remarqua-
bles par leur dcvoiunent fidèle que
par leur stature colossale , écoutaient
sans murmurer leur licenciement ;
mais quand on voulut enlever leur
drapeau et les incorporer à d'autres
régiments , ils saisissent leur dra
peau et aux cris : La mort ou un
con^ë honorable l ils s'emparent du
cbateau, et soutenus par la bour-
geoisie , ils n'en sortent qu'au bout
de vingt-([iiatre heures, ayaut obte^
nu individuellement un congé hono-
rable signé de la main du roi. Les
adieux du peuple a la garde furent
touchants ; ils annonçaient la chute
du ministre. L'ambassadeur anglais,
M. Keith en était si persuadé , que ,
par ordre de sa cour, il proposa à
Struenséeune somme d'argent et une
retraite en Anglclerre, a (in de sau-
ver la reine de la catastrophe que les
diplomates prévoyaient. La reine
douairière Julie , qui abhorrait Caro-
line-Mathilde et Struensée , se mit à-
la tête de leurs ennemis; et le prince
Frédcric, qui partageait les ressenti-
ments de sa mère , entra dans le com-
plot, où Ton vit ligurer en première
ligne le comte de Uantzau , mécon-
tent de Struensée, et Koller , colonel
d'un régiment en garnison à Copen-
hague. Mais c'était Guldberg , pré-
cepteur du prince Frétléric, qui avait
tracé le plan du complot et rédigé
d'avance les prodamations et les
74
STR
ordoiutances nécessaires. Apres avoir
lonç- temps mûri leur projer, les
conjures résolurent de profiter de
l'occasion que leur offrait un bal
qui devait avoir lieu à la cour ,
le jour où le régiment de Kolîer*
montait la carde au château. A la
suite de ce haï , lorsque Mathilde
et Struens(^e étaient ensevelis dans un
profond sommeil, les conjurés péné-
trent dans les appartements du roi ,
l'intimident et le forcent de signer
l'ordre d'arrêter la reine et ""ceux
qu'ils appelaient ses complices; et
cet ordre est mis immédiatement à
exécution. Ainsi s'opéra , sans éprou-
ver de résistance et sans qu'il y eut
une goutte de sang répandue , l'une
des révolutions les plus extraordinai-
res dont l'histoire fasse mention. Ce
fut le colonel Koller oui se rendit
chez Struensce , pour l'arrêter sans
attendre l'ordre du roi. Réveillé en
sui^ut, le ministre ne fit aucune
résistance , et fut emmené à la cita-
delle , dont on avait préparé la pri-
son pour le recevoir avec ses amis.
Bientôt il fut chargé de chaînes ainsi
que son fi-ère , le comte de Brandt et
le colonel Falke'nskiœld. Neuf com-
missaires furent nommés pour les en-
tendre. Nous n'entrerons pas* dans
les détails de la procàlure qui fut
suivie à leur égard , et où tout por-
tait Fempreinte de la partialité et de
l'injustice les plus révoltantes. Nous
dirons seulement que tout fut em-
ployé pour accumuler contre Stiuen-
sée les accusations les plus ridicules
et les moins fondées. On avait ré-
duit à six les principaux chefs d'ac-
cusation : lo. dessein abominable
contre la personne sacrée du roi ;
2®. projet de forcer le roi à re-
noncer au gouvernement j 3<». com-
merce avec la reine : 4**» la manière
dont il avait élevé le prince royal ;
STR
5<>. le pouvoir et l'aut
bornes qu'il avait acquis
affaires de l'état; ô®. ra(
tion de ces mêmes affaires
premiers chefs étaient i
anssi n'osa -t-on pas même
rer dans le r^umé gêné
fiscal dressa. On appuyait
me sur les aveux qu on
avoir obtenus de Stnienséi
et de la reine Mathilde ( F
et que l'avocat du roi , Wi
citer textuellement dans
doyer contre Strucnséc. Le
de l'ex- ministre, Uldahl,
culpabilité de son client, el
sur ce seul point , la demi
le. Il faut remarquer toutef
historiens les plus récents
l'aveu de Struensée comr
sérable subtei^fiige adopt*
but de sauver sa tête , en c(
tant celle de la reine. Ils ]
anssi que l'aveu de la rein
librement signé de la maii
princesse. Quant à Tédu
prince royal , Struensée d
que des éloges : on lui rep
ne pas avoir suivi les métl
naires sous les rapports pi
moraux y et d'avoir par là
vie du prince royal; mais
sait pas que c'était au mo
par Struensée que cet enfan
né avec un tempérament
délicat , devait une santé
qui se fortifiait chaque j
développement rapide de î
Les deux derniers chefs d'
pouvaient facilement être c
car Struensée devait sa g
la volonté du roi , et tous
gements considérables au'il
et qu'on donnait pour des <
tat , étaient tous revêtus d
ttire du souverain. Le poii
difficile était de justifier
STR
acttDtë la ddecatîoD dupou-
sohi ,àont le roi de Danemark ,
ia Loi rcjxalcy ne pouvait se
r, et dont , par conséquent, un
pmit , sans crime . accepter la
abilité. A ce grand principe ,
gênerai rattachait les desti-
arbitraircs, les attaques sur
ion et les moeors et tout le
d'innovation de Tex-minis-
7 avait là de quoi le faire
ner légalement : mais on n'en
as besoin; sa condamnation
;oIae d'avance, et les juges
: aucun e'gard aux justifica-
s déclarèrent Struensée cou-
e tous les crimes' qu'on lui
t. L'horrible peine de la loi
crime de lèse-majesté au pre-
ef , par adultère avec la reî«
onr naute trahison envers la
betc' royale y fut prononcée
us ses détails dégoûtants.
«, après avoir abjuré les
s du matérialisme et faix une
km raisonnée et même très-
[sonnée y de son retour au
lîsme y parut résigné et écrî-
eCtics ae pardon à ses enne-
onnels , entre autres au comte
. Quant à Brandt, il croyait
^happer avec une disgrâce
ir; mais la haine du prince
envers Falkenskiœld, qui l'a*
Itë , les «rdrcs secrets de la
M. Oslen , et ^ puisqu'il faut
l'exaspération du peuple de
gue, exduaient toute idée de
* roi était un être sans volon-
es mains du parti vainqueur.
ivril 177a) ce prince con-
sentence, et le lendemain
t et Brandt furent tirés d'un
nfect où ils avaient passé
; mois , et décapités. Leurs
artelés furent placés sur la
les dm létcs fixées ^r des
STR
75-
pîcux sous la potence ordinaire. Ces
horribles opérations firent fuir la
plupart des spectateurs et produisi-
rent un changement dans les senti-»
ments publics , changement qui de-
puis est allé en augmentant. « Nous
» ne craignons pas d'être démentis
» par un public juste et éclairé ,
» dit J. K. Hôst ( I ) y quand nous
» assurons que Struensée avait bien
» mérité de la patrie. Nous ne pré-*
» tendons point qu'il ait été exempt
» de quelques faiblesses morales ,
» telles qtie Tambition , l'amour du
3 pouvoir, l'arrogance, et même un
» peu d'intérêt personnel ; mais ces
» faiblesses ne détruisent point son
9 grand mérite comme administra-
» teiur de l'état ; et lors même que sa
V manière de voir l'aurait induit en
» erreur , il est hors de doute qu'il
» eut constamment pour but le bien
» général , et aue , par l'établisse-
» ment de la lioerté de la presse y il
» réveilla une foule d'idées saines et
» lumineuses , que depuis il a été im--
» possible d'effacer. Aussi un grand
» nombre de ses institutions , anéan*
» tics d'abord par le pouvoir qui
» succéda au sien , ont- elles été ré"
» tablies plus tard. Plusieurs même
» n'ont pas été un instant abolies. »
Mais cet historien ajoute que la po-
litique ne peut pas disculper Struen-
sée cTune grande dose d'imprudence
et de légèreté; il convient aussi que,
sur plusieurs points , ce favori avait
blessé les lois du pays. La tête de
Struensée resta exposée jusqu'en
1775, où ses amis parvinrent à la
faire enlever j elle a été remise^ soit
( i) Histoire du eomtt de Struensée , et d« mm»
minittère{ en danois ), Copeiihatue, i8».4» * ▼®l»
in-8a. , arec an 3«. ▼olume àr piecr» juititicalivea^
Non» rlrvon» Ik rextrèine i>bHf(r«nce de M. Maïle-
Bran , U traduction de pliuicnra morceaux de ca^
ouvrage , qui nous ont scrri à compléter uotr«
Nolice.
76 STR
à sa famille^ soit à iin de ses amis en
Allemagne. D — z — s.
STRUTÏ( Joseph), antiquaire
anp;lais, dessinateur et graveur au
pointillé et au lavis , ne' le 27 octobre
•749>ciitra, à Tâge de quatorze ans,
en apprentissage chez le peintre
William- Wyime Ryland , et se fît
recevoir, en 1770, élève à l'acadé-
mie royale, où il obtiut les médail-
les d'or et d'argent; la première,
pour un tableau à Thuile, et la der-
nière pour la meilleure figure acadé-
mique. IjC sujet de son tableau était
tiré de V Enéide ; et son triomphe fut
d'autant plus éclatant^ que le célèbre
Hamilton avait été son compétiteur.
En 1770, le directoire du muséum
britannique le chargea de quelques
dessins. Les richesses réunies dans
cette collection d'objets d'arts et de
science tournèrent son attention vers
l'archéologie; et il y fit de tels progrès,
que deux ans plus tard(i773) il pu-
blia : Des Antiquités rqjralcs et
ecclésiastiques de l'Angleterre ,
in-4**.; et en 1774, le premier tome
des Essais sur les mœurs , les usa*
ges y les armes , les vêtements,
etc. y des habitants de l* Angle-
terre, depuis V invasion des Saxons
jusqu'au règne de Henri FUI. Le
second tome panit en 1775 , et
l'ouvrage entier fut réimprimé en
1797. Il est très- recommaudable
par les recherches, et par les gravu-
res qui l'accompagnent. En 1777 et
177H, Strutt publia une Chronique
de V Angleterre y *x vol. in-4°., qu'il
voulut étendre jusqu'à (>; mais, faute
d'encouragcmciit , son projet resta
sans exécution. En 1783 et i78(i, il
fît paraître les deux, tomes de son
Dictionnaire des graveurs. Comme
le premier ouvrage de ce genre pu-
blié en Angleterre , il mérite beau-
coup d'éloges. L'histoire de la gra-
STR
vurc , qu'il fait remonter jusi^u'à'
Tubal-Caïn , lui sert d'introducUon,
et se fait remarquer par de bons ju-
gements et des connaissances éten-
dues. L'ouvrage est orné de plusieurs
planches gravées avec soin, d'après
quelques estampes rares des anciens
maîtres. L'auteur se vante, dans sa
préface , d'avoir porté le nombre des
artistes à plus de trois mille , tandis
que Basan n'en mentionne que le tiers ;
mais on peut lui reprocher d'avoir
iaséré dans son livre un trop grand
nombre de noms obscurs ou insignîr ,
fiants. On aurait désiré qu'il eut don-
né de bonnes notices et la liste exacte
des ouvrages des graveurs vivants de
son pays , et c'est justement ce qu'il
a totalement négligé. Mais ce qui
donne un véritable prix à son livre,
c'est qu'il s'y montre en artiste qui a
réfléchi sur la pratique et la théorie <
de son art , par le talent avec lequel
il sait caractériser la maiiici*e de cha-
que graveur. En 1 790, Strutt fut obli-
gé , par une affection asthmatique, de
se retirer à la campagne. Il demeura
5 ans à Bacon's-Farm , dans le Hertr
ford-shire ; et ce fut là qu'il grava
une série de planches estimées pour
l'ouvrage : The PUgrim's Proaress,
Son vif intérêt pour la jeunesse lui ût
établir à Tewin une école du diman-
che, qu'il surveilla lui-même , et il
eut la satisfaction d'en voir les heu-
reux effets. En 1795 , il i-evint à
Londi'es,'-et se mit k réunir des ma-
tériaux ))our son Tableau complet
des luibillemenis du peuple anglais
depuis l'établissement des Saxons
jusqu'à nos temps : le premier
volume parut en 1 79O, et le second
en 1799, in-4**. Ils contiennent i43
planches. Une traduction française
du premier volume par Boulard ,
sous le ùtrc à* Angleterre ancienne y
ayec(yj planches^ parut en 1789,
STR
n-4**« Les planches qiii dcvaiont
î la traduction de la deuxième
ODt cte' gravées , mais u'ont
publiées, cette version n'ayant
imprimée. En 1801 , wStnitt
Les Jeux et Amusements du
anglais, in- /^^,^ avec 4o gra-
»roduction qui, par la nouveau-
ijet et par la manière dont il
te, culnn grand succès. L'au-
»urut le i5 oct. 18012. La bon-
itrutt le fit chérir de tout le
: ses connaissances dans This-
; son pays et ses talents corn-
iste lui assignent une place
ble dans Li Biographie. 11 a
n outre en points rouges : I.
naissante portée dans File
re par l'amour et le désir,
ulore remettant la boîte fa-
Epiméthee, \U, Le roi Can^
t Gj'gès y d'après Iicsueur.
lerica, sujet allégorique sur
re de TAngleterrc contre les
nis , d'après Robert Edge
. Cinq sujets allégoriques
arStothart, et tirés du ro-
stique anglais , intitulé Bu-
Pilgrim, Il a laissé quelques
•its , que son (ils a publics : I.
r Iloo-Nall, Roman du vieux
et le rieur temps , drame ,
1 a. II. L'Epreui^e du crime,
its d'ancienne superstition ,
)ma tique , etc. , en vers. P-s.
JVE ( George- Adam ) , ju-
Ite, auquel ses compatriotes
rné les noms à'Ulpien et de
n de TAllcmagne , naquit en
Magdebourg, d'une famille
le. Il étudia d'abord à l'a-
dc léna , où il fit de rapides
Jans la philosophie, les let-
istoire et le droit, et se ren-
1640, à Helmstadt, pour
nner ses connaissances, sous
ite de Conriug {F. ce nom).
STR nn
Ayant été pourvu d'une charge d'as-
sesseur à Halle, en 1 645 , il prit ses
degrés. Tannée suivante, avec une
telle distinction qu'on lui offrit une
chaire vacante à l'académie de léna.
Les Éléments de droit civil et de
droit féodal, qu'il publia quelque
temps anrcs, furent adoptés parla
plupart ats universités d'Allemagne;
et le succès croissant de ces deux ou-
vrages, joint à ceux qu'il obtenait
dans sa chaire et au barreau , éten-
dirent promptement sa réputation.
11 quitta la carrière de l'enseigne-
ment en i6^io, pour accepter la
place de premier conseiller de la ville
de Brunswick , qu'il remplit pendant
(Tuatrc ans y et il fut ensuite employé
dans des affaires importantes par
l'électeur et les princes de Saxe ,
ainsi que par le prince de Hesse-
Darmst^dt. Il revmt, en i(i73, à
léna , occuper la chaire de droit ca-
nonique, la première de l'académie^
fut élu président du sénat et du con-
sistoire, et mourut, le i5 décembre
1 692 , à l'âge de soixante-treize ans.
Struve , marié deux fois , se vit père
de vingt- quatre enfants, huit lilles
et seize garçons , qui remplirent tous
des emplois honorables , et dont plu-
sieurs se sont distingués dans ren-
seignement. Outre une foule de Dis-
sertations et de thèses , dont on trou-
vera les titres à la suite d'une notice
sur ce savant professeur, dans Zeu-
mcr, Vitœ prof essor, academ. le-
nensisy 2°. part. , i Sq - 54 > on a de
lui plusieurs ouvrages de droit, ac-
cueillis lors de leur publication, mais
oubliés maintenant. On se contentera
de citer :l,Jurisfeudalis Syntagma,
II. Jurisprudentiœ civiUs Sj^ntag-
ma y souvent réimprimés l'un et l'au-
tre dans le i^e. siècle. III. Centu-
ria decisionum : quœnam res feu-
dales, quœnam allodiales? Franc-
78 STR
fort, 1693^ m-40. IV. CmcUiatio
legum pugnanUuni quas Gothqfre-
ilusverlo iMMO areuity ib., 1695,
.in-4^. U cherche à donDcr, dans cet
.ouvrage , la solution des antinomies
. -ou contradictions , que Godefro^
.avait signalées dans les lois romai-
nés ( r. GiFTEK , XVII, 339, et
GoDEFROY, ibid. , 5)53 , note ). V.
Dedsiamufi juris opificiarii centum
^t àUquot y léua j 1 708 , in-4^*9 <^"*
vrage posthume , publié par im des
Sis de Vauteur. Burck. Gotthelf , un
autre de ses ûls , a publié : Mânes
Strwiani sive de viid et scriptis
Georg, Adami Struvii^ léna^, 1 noS,
iii-80. On en trouve un extrait dans
les Acta eruditor, Upsiens. , même
année, p. 1117. W — s.
STRUVE(BuRKHARD-GoTTHELr),
l'un des plus savants et des plus la-
borieux Bibliographes de l'Âllema-
•gne, était fils du prccédeut, et na-
quit à Weimar , en 167 1 . Son père
•cultiva ses heureuses dispositions
avec le plus grand soin. Il étudia ,
•dans son enfance , les éléments des
langues anciennes, des mathémati-
•ques , de l'histoire et de la géogra-
phie , et fut ensuite mis , avec son
îrère aîné , sous la direction du célè-
bre Cellarius ( f^. ce nom ) , alors
recteur du gymnase de Zeitz. L'ap-
plication et la docilité de Burkhard
lui méritèrent l'amitié de son maître,
qui le chargeait de faire des extraits
«et de recueillir des notes pour l'édi-
tion qu'il préparait du Thésaurus
^ruditionis de Basile Faber. Ce tra-
Tail , qui n'était pour lui qu'une cs-
tpèce de délassement , eut l'avantage
«oe le familiariser de bonne heure
:avec les écrivains de l'antiquité. Il
-quitta 2^itz à seize ans pour passer
â l'académie de lena , où il tit ses
cours de philosophie, d'histoire et
4t jurisprudcDoe , avec une iucontes-
STR
table supériorité sur tous ses a
ciples. Comme la plupart des <
de l'université , Burkhard fréq
Quelque temps les salles de dai
'escrime ; mais il s'en lassa bi<
et depuis employa ses loisirs
tude ae la langue française , da
quelle il lit de rapides progrès
1689^ il soutint une thèse : 2
dis equestribus , sous la présii
de Schubart , nommé , l'annét
vante , professeur à l'académ
Heidelberg , où il le suivit poui
tinuer de profiter de ses leçons. 1
avoii- terminé ses cours , U fréq
les académies de Francfort •
Halle , dans le dessein de perfe
ner sts connaissances et de
sayer dans la carrière du bar
Son frère aîné , conseiller
prince de Hesse , le charge
teiminer une affaire qu'il avait
mée en Hollande. Il profita de
occasion pour visiter les sa van
plus illustres de ce pays , et 1
second voyage à la Haye , dai
auel il recueillit im grand no
ae livres rares , de médailles et
tiquités. 11 avait le projet de s<
di^c en Espagne et en AngleU
mais une maladie grave l'cm};
d'exécuter ce dessein ; et des
fut rétabli , Burkhard rejoignit
frère, qui l'employa dans différ
affaires pour les cours de D;
stadt , Stuttgard et Cassel. L'a:
ue lui témoignait le comte d'I
er avait décidé Struve à siiiv
seigneur en Suède , d'où il a
parcouru tout le nord de l'Eu
pour en étudier les antiquités ;
fatigué d'attendre le départ Ai
Mécène, il se rendit à Wetzlar
V faire un cours de droit public <
Icmagne. Il y tomba malade uc
coude fois. A peine convalescei
apprit la mort do son père , et 1
l
SIR
^*€ùmèmt temps la nouvellode
isayenture de son frère , qui s'ë-
iiine' totalement en poursuivant
cfaercbe de la pierre philoso-
. La part qui lui revenait dans Ja
»ioD paternelle et la vente de
ibînet ainsi que de sa garde-
servîreot à payer les dettes de
ire , dont il avait partage la
Sa conduite dans cette cir-
mce difficile fut admirable;
il se trouvait sans ressource:
ir l'effrayait. Cependant il fi-
\r triompher de la mélancolie
; minait depuis deux ans , et
'avait jeté dans les illusions
ietisme : il reprit ses études
nne oouvelle ardeur'. Nommé
tliécaire de l'académie de lena,
)n y il ouvrit aussitôt des cours
uliers de physique , de litté-
çrrecque et d'antiquités. 11 se
revoir, en 1702, docteur en
et en philosophie à Halle, et
r à l'académie de lena , où ,
ins après ^ il remplaça Schu-
son ancien maître , dans la
d'histoire. Les talents de
; attirèrent â cette école un
concours d'auditeurs ; et les
'es qu'il publiait ajoutaient,
» année , à sa réputation. Pour
r à lena , les curateurs de l'a-
ie joignirent h son double em-
; titre de professeur extra or-
c en droit , et sollicitèrent pour
ui de conseiller de l'éleclenr de
que ce prince s'empressa de
rorder avec wi traitement con-
ble. Partageant son temp en-
Qseignement et l'émde , Struve
dès- lors une vie paisible, et
a le a8 mai 1 788 , à l'âge de
ite-sept ans. Il avait été marié
fuis , et il laissa trois filles ,
* sa première , et deux de sa
me femme. On a de ce savaut
STR
79
un très-grand nombre d'ouvrages ,
dont on trouvera les titres à la suite
de son éloge daus les Acta eruditor.
Lipsietis, , 1740,517-28. Outre une
foule de Thèses et de Dissertations ,
parmi lesquelles on se contentera de
citer celle De Doclis impostoribus ,
léna, 1703, 1706, in-8«. (i), et de
nouvelles éditions augmentées des
Rerum germafiicar. scriptores de
Freher et de Pistorius ( F. ces noms ),
on doit faire mention ici des deux
Journaux littéraires auxquels Struve
a eu la plus grande part : Jlcta
Utteraria ex manuscriptis eruta,
lena , 1 703 et ann. suiv. , in-80. , dix
parties(2); il les recueillit, en 1 718,
et les publia sous ce titre : Collecta^
neorum Mss,excodicibusJragmerk-
iisantiquitatis , atque epistoUs anec-
dotiseruditontm, excerptorum;tom.
primus. Ce volume fut suivi d'un se-
cond , en 1 7 1 7 , qui contient huit
parties. — Bibliotheca antiqua j
i7o5,in-4^. Dans ce Journal, entre-
pris siu: le plan des Acia eruditO'
rum , il se proposait de rendre comp-
te des ouvrages devenus rares et ou-
bliés dans les autres feuilles périodi-
ques. La mort de l'imprimeur , arri-
vée on mars 1707 , arrêta la publi-
cation de ce Journal , dont il n'a paru
que vingt-se^t numéros; un libraire
(0 Dans cette dissertation , Struve, aprt« aroir
doute tri-s-judirieusement de l'cxisteuce da ia-
nieat traité : De lrif>us impostoribus , fiuit, d'apri*
tire mauvaise interprétation d'un pasMK*» de la
préface deW-ilheifiuus triumphalus a« Canipanelfa,
pir conrlnre qu'il n'est pa» permis d'ignorer le
temps de l'édition de cet ouvrage , qu'il attribue
à Doreaee. Vov. la Dissertation de 1^ Monuoye,
sur le prrtenrfn livre des Troi% impaxtenn , Jk le
siii'e du 3le«flgirt/t« , tome IV, Si*). L'OposruIe />•
{{priii imfMtfloril'ui c»t réimprimé « la suite de la
quatrième é.iition de Vlnirvduclio in nolttiant rri
Ittleinria^ leua , i^iS , petit in-8».
(a) Le Journal des savants, de 1707, donne^la
notice des pii-ces contenues dans le premier vo-
lume : ou y distingue le Manuscrit de Nicolas
Srhmidt , contenant plun de rent trente alphabets
de diflirents caractî-res et de toutes sorte» de lau-
Kiirs , avec la Vir de cel auteur l>aJ^an ^ / «/.
SCHMID, XLl, iBo. )
8o
STR
de Icna les a reproduits ^ en 17 lo ^
soiis ce litre : Thésaurus variœ cru-
ditionis ex scriploribus potissimùm
sœculi xri et xrii collectus, tes
autres ouvrages les plus importants
de Struvc sout : I. ^d Christophor.
Cellarium epistola de Bihliothecis ,
liarumque prœfectis , lena , 1696 ,
in- 1 2. II . Bibliotheca juris selecta ,
ibid. , 1703 , in-8'>. , souvent re'im-
primë avec des additions et des cor-
rections. La meilleure édition est
celle de 17 56, 2 tom. in-8*>. , avec
les augmentations de J. Gotb.Buder
{F. ce nom , VI , 227 ). III. Inlro-
ductio in notiliam rei Utterariœ et
usum Bihliothecarum , cum supple-
mentis Lilicnthalii , Coleri, Koehle-
ri y etc. , ibid. , 1704, in-8<*. , sou-
vent reimprime'. On estime l'édition
de Francfort, 1754, 2 vol. in S**. ,
que Ton doit à J. - Clir. Fischer
( Fqfr, ce nom , XIV , ^73 ) ; mais
cet ouvrage a cte tellement amé-
liore' par Jugler , qu'il en a fait
un livre tout nouveau , et indispen-
sable à quiconque veut étudier 1 nis-
toire littéraire ( Voyez Jugler ,
XXII , 1 1 1 ). IV. BibUotheca phi-
losophica in suas classes distributa^
ibid. , 1 704 , iu-8<>. Elle a été per-
fectionnée par Kalile , à la prière de
Struve ; rt l'édition qu'il en â don-
née , Goltingue , 1 740 , 'x vol. in-8*>. ,
est la plus estimée ( F. Kahle ,
XXII , 209 ). V. Seh'cta BibUo-
tlieca historica , ibid . , 1 7 o5 , in-8". ;
Leipzig , 1740 , 2 vol. in-S®. , avec
des additions de J. Gottl. Buder.
L'c^ition commencée par J. George
Meusel est bien supérieure à toutes
les précédentes j mais malheureuse-
ment elle n'est pas terminée ( F.
Meusel , XXVllI, 493). VI. His-^
toria et memorahilia Bibliolhecœ
lenensis , Helmstadt , 1 7 o5 , in-4**. ,
inséré par Schmidt dans le second
STR
supplément àrouTragedeMad
Bihliothecis et archifis ( f^.W
VII. Sjntagma historiœ ge
cœ , à prima gentis origine ,
in-4*'. ; réimprimé sons ce
Corpus historiœ gerUis gemu
173© , in-fol. , 2 vol. , prëa
la Bibliothèque des écnvainsd
toire d'Allemagne , par J. Gh
der. VI IL Historia juris Ro
Justinianœiy grœci , germ
etc. , Accesserunt prolegomt
scriptoribus historiœ juris y
1718, in-40. IX. BibUotheca
rum rariorum , ibid. , 1719,
X. Antiquitatum Rom^marui
tagma sit^e de sacrorum, ce
niis systema , ibid. , 1728 ,
XI. Bibliotheca saxonica ,
1786, in-8^\ Voy.l'jÉZog^cde
dans la Bibl. germanique^ tom
w.
STRUYS (Jean), voyagei
landais, dont le vrai nom étai
Janszoon Strauss (1 ) , parcoii
grand nombre de pays , depun
jusqu'en i(i72. 11 s'embarqu
bord comme aide-voilier, sur
vire qui alla désarmer à Gèi
république l'acheta , l'équipo
qu un autre et les envoya dans J
Il paraît (pie c'étaient des espè
corsaires; celui qui portait \
fut pris par les Hollandais. J
accepta du service sur un va
de la comnagnic des Indes. Il
royaume ae Siam , le Japon
mose, et revint en Hollande, \
septembre i65i. Après s'être !
quatre :|ns chez son pi re , il re
mer , et la quitta de nouveai
qu'il fut à Livourne ; il visit
partie de l'Italie, et s'engagea
nise dans l'armée navale qui
(1) Voy. Gcorgi, Dûchcr'Lêxicon , $•
ivb.
STR
litre les Turcs. Il fut pris plu-
fois, s'échappa ou fut déliTre,
mit les îles , les cotes de l'Ar
, et nîvit, en 1657, Ams-
1 , où il se maria. U menait une
nquiUedepuis dix ans, lorsqu'il
que Tempereur de Moscovie
lit équiper quelques vaisseaux
nsterdam pour aller en Perse,
la mer Caspienne : il n'y eut ,
1 Y point d'attache qui put me
nir. » Monté , le i*^. septem-
568 , sur un vaisseau qui fit
pour la Baltique , il deDarqua
i , gagna Moscou , et arriva par
sLva , rOka et le Volga sous
urs d'Astrakhan. Le la juin
, la flotte sur laquelle il servait
île pour la mer Caspienne. Son
ent échoua siu: la cote du Dag-
I ; et il fut fait prisonnier avec
jmpa gnons. On les mena au
u tchamkal de Bayance au sud
irkou ; il fut vendu à un Per-
changea de maître , et ajnrcs
ies courses , fut racheté à Cha-
f par un Géorgien , ambassa-
lu roi de Pologne. Un an après,
a sa rançon à ce patron, dont
rait eu nullement à se louer, et
octobre 1671 , se joignit à une
ane qui partait pour Ispahan,
i eusuite k Chiras ,Lar et Gom-
s^embarqua pour Batavia , et
des aventures sans nombre,
iTa en Hollande , le 7 octobre
, et se relira , quelque temps
i, dans leDitmarsch (paysda-
au nord de Hambourg ) , où il
•nt en i694- Struys avait pu-
, en hollandais , les Mémoires de
c {roya^ien door Moscovien,
larien , Oost- Indien ^ Amster-
, 1677 , in-4**. , iig. ). Hs furent
iiits en allemand , l'année sui •
e, ibid. , in-foL; ils tombèrent
e les mains de Glanius qui les
XLIV.
STR
81
publia en français y sous ce titre : les
Foyages de Jean Strttjs en Mos-
covie, en Tartarie , en Perse , aux
Indes , et en plusieurs autres pars
étrangers, traduits du jlamand ,
Amsterdam, 1681 , in-4'^.y carte et
figures ; Lyon, iG8a , 3 vol. in- 1 a ,
fig.; Amsterdam, 1718^ 3 vol. in-
I *i y cartes et fig. Cette relation est
d'un homme sans éducation ; cepen-
dant on y trouve de bonnes observa-
tions sur les îles du Cap Vert , Ma-
dagascar j Siam , le Japon , l'Archi-
pel, la Russie, le Daghestan et la
Perse. La révolte de Stenko-Radun ,
chef des Cosaques^ contre l'empe-
reur de Russie , y est racontée eu dé-
tail. Struys se montre parfois cré-
dule, et paraît même vouloir tromper
ses lecteurs ) par exemple , lorsqu'il
raconte son ascension sur le mont
Ararat , où il cucrit un vieil ermite
qui lui fit don u'un moirceau des dé-
bris de l'arche (sk). I^ carte de la
mer Caspienne est inexacte à un
point inconcevable; les figures ne
valent pas mieux. On trouve, à la fin
du troisième volume , la relation du
naufrage du 7er^c/uf/2mg > vaisseau
hollandais. E — s.
STRYK ( Samuel de ) , juriscon-
sulte allemand , naquit le 'i'i novem-
bre iG4o. Son |)ère avait un petit
emploi & liCU^en ^ dans la Marche de
Priegnilz. Ce fut dans cette ville que
Stryk reçut l'instruction élémentaii-e.
A 1 âge de douze ans , il fut envoyé
au gymnase de Seohauseu , où il res-
ta trois ans. 11 eu passa trois autres
au gymnase de ('iOiogno-5ur-la-Sî)rcc
( Berlin ). En iG'iS , il se rcnclit à
(1) I.F Journal des uvaiils du 9i îuillet lOAi ,
en rendant compte àt cci voyage* , nie ijuelquei
autres Eiits lucunungerii que StruyH alKnnailcrpru-
dant avoir tu» de tr* i»r«iprc« yeu« , tria nue le
Uuraiiex ou Aanut Srythicut den liorda du Vol||a;
II'!» habitants de la partie nirrîdioiinle de Foruiosc
qui ont toiu, derrière le doa, une loiHpM qu^*
iieinbl^k \ odle d'oo lifMif, «te.
6
8^
SÏR
rmiivcrsilc de Willcubcrg , où il étu-
dia la théologie j et soutint une
thèse : De aquis supracœlestibus,
11 se consacra ensuite à la juris-
prudence; et, aprèh avoir frci[uente'
les cours des professeurs de droit de
Wittcnberg , il al'a , en i G(> i , ache-
ver ses études à Francfort- sur -l'O-
der y SOUS le célèbre jurisconsulte
Bruiuieniann. Il y soutint deux tliè-
ses , qui firent sensation , l'une : De
ordinariis regnum consequendi mo-
dis ; l'autre : De dardanariis. Il fit
ctisnite un voyage en Hollande et en
Angleterre, où il suivit les cours des
plus célèbres j ur isconsultcs. Revenu à
Francfort il obtint le droit d'y ensei-
gner. Di\ Dissertations qu'il publia
successivement : De jure scnsuiim ,
où il établit les droits qui ont leurs
principes dans les sens dont la nature
a doué l'homme , ainsi que les droits
des malheureux qui sont privés de
l'un ou de l'autre sens , lui firent
une si grande réputation, qu'à l'âge
de vingt-six ans , il fut nommé pro-
fesseur extraordinaire de Novelles;
après quoi il prit le grade de docteur
en droit. En 1668, il fut nommé
professeur des ïnstitutcs ; et , à la
mort de Brunnemann, en lO^a, il
obtint la chaire des Pandectes. Sa
célébrité était déjà si grande, que
l'empereur I^'opold lui adressa des
lettres de noblesse. En i(>8o, il ob-
tint la chaire du Code ; et , deux ans
après, il fut nommé chef de la faculté
de droit. En 1690, l'électeur de Saxe
pria l'électeur de Brandebourg de
fui céder ce professeur, qu'il vou-
lait placer d'une manière avantageuse
à son université de Wittenberg. Fré-
déric ni y consentit, à condition que
Sti-yk reviendrait dans sa patiic des
qu'elle réclamerait ses services ; ce
cpii arriva bientôt. Lorsaue l'électeur
fonda l'université de Halle , eu liki'À
STB
il y ap|)elaStryck, comme sou conseil-
ler intime, directeur del'univcrsîtc, et
premier professeur de jurispnidence.
Celui ci se rendit d'autant plus volon-
tiers à cet appel , qu'il avait éprouvé
beaucoup de désagrémeiiLs ^ tant de
la part de ses collègues au tribunal
d'appel à Wittenberg , dont il était
menibre , que de la part des ministres
de l'électeur , qu'on accusa d'a-
voir été jaloux de l'accueil que leur
prince lui avait fait. Peu de temps
après, l'empereur lui offrit Ja cbarge
ém inente de conseiller auliquc ac
l'empire, avec celle de directeur de
l'université qu'il allait établir à Bres-
lau ; mais il refusa , parce qu'il était
décidé de terminer sa vie à Halle. Il
mourut dans cette ville , le a3 juillet
in 10, Il avait épousé, en i665, une
fille de Brumiemann , son ancien
maître, de laquelle il eut un fils,
Jean - Samuel , qui , pendant quinze
ans, fut son collègue, comme pro-
fesseur de droit à l'université de
Halle. Cette épouse étant morte en
16*77, ^^ forma de nouveaux liens
avec ime fille de WordenhofTer , ju-
risconsulte de Hambourg , qu'il |)er-
dit au bout de trente ans, sans en
avoir d'enfants. Stryk dut sa célé-
brité autant à ses écrits qu'à sou ta-
lent remarquable pour l'enseigne-
ment. Il forma une foule de juris-
consultes, qui de toutes les parties de
l'Allemagne étaient accourus pour
l'entciiJre; et ses le^^ons étaient tel-
nicnt recherchées que lorsqu'il quitta
\Vittenl)erg, un grand nombre d'é-
tudiants le suivirent à Halle. L'cx-
cellenre de ses principes de morale
et de religion , sa bonté naturelle et
sa bienfaisance le faisaient générale-
ment aimer et respecter. Ses écrits
sont regardés comme des oracles et
cités comme autorité devant les tri-
bunaux , toutes les fois que pour la
w-
STR
décision d'une question , il n'est pas
viccessaire de consulter Diistuirc et
les antiquités; car, sous ce rapport,
il laissait beaucoup à désirer. Ces
écrits consistent eu Consultations et
Décisions, en Traitcfs sur des matières
de'tache'es , qu'il a publies en forme
de dissertations. Les Consultations
ou Décisions , qui s'occupent de ques-
tions de droit civil , ont été réunies^
au nombre de trois cents , dans les
Cansilia ffallensium jureconsulto-
rum, qui ont paru en 1783, 2 vol.
in -fol. Elles forment les deux der-
niers volumes de l'édition des OEu-
vres de Strjk , dont nous parlerons
1)lus bas. Les Dissertations ont éga-
emeiit été réimprimées en forme de
collection. Ce sont ces recueils que
Ton cite ordinairement, et dont il
faut par conséquent connaître les ti-
tres. Trois cents de ses Dissertations
se trouvent réunies sous le titre de
Disputationes juridicœ Francofur-
tenses, 6 vol. in-4°., Francfort, 1690
à 1705, auxquels son Gis ajouta les
Dissertatianes ffalenses , Leipzig ,
i7i.>i72o, 1 vol., in-4°. Il faut y
joindre les Recueils suivants : Centu-
ria di/ferentiarum juris veicris et
novissiini , item xti décades dijfe-
reniiarum juris civilis et canouici ,
Francf. , 1697 , in 4'*»; De jure sen-
suum tractatus, Francfort- su r-l'O-
der , 1 6ôly , in - 4'^« ( dix Disserta-
tions) t la dernière édition est de
1^76; — Tractatus de succès sione
abinlestato y ibidem, ad V., 1667,
in-4'*. ( douze Dissertations ) : ce re-
cueil a été réimprimé eu 1759; —
Tractatus de actionibus forcnsibus
irtvestigandis et cautè eligendis ,
ibid., ivi88, in-4'^ ( onze Disser-
tations) : la dernière réimpression
est de 1769; — Tractatus de dis-
sensu sponsalitioy Tiullitate matri-
momi et desertione malitiosd, Wit-
STR
83
tenb. , 1699, in - 4^* ( ^i^ Disserta -
lions ) : réimprimé en 1 7 33 ; — Trac-
tatus de cautelis testamentorum ,
Halle, 1703, in -4®. ( quinze Disser-
tations) : dernière édition, de 1768;
— Tractatus de cautcUs juramen-
torum in foro obseruandis. Cette
Dissertation, qui parut à Francfort,
en 1 706 , in-4**. , a clé tellement aug-
mentée dans les éditions suivantes ,
qu'elle forme uu volume de plus de
700 pag. in-4**.; dernière réimpres-
sion de 1 7 58 ; — Spécimen usûs mo-
demi Pandectarum ad lib, i-r, in-
4^* La ]»remière édition de ce Re-
cueil de vingt-une Dissertations parut
en i(i9o ; la dernière en 1780. 5tiyk
eu donua deux continuations, dont la
première , sur les livres vi à xii , ren-
ferme huit Dissertations ^ et la secon-
de , sur les livres xii à xxii , onze.
Après la mort de Stryk , son fils ^
réuni à J.-H. Bœbmer et à J.-F. Lu-
dovici , acheva cet important ouvra-
ge, en publiant deux continuations.
Jja dernière édition de ees quatre con-
tinuations est de 1 776. On doit encore
à Stryk , Prœlectiones riadrinœ de
cautelis contractuam , Wittenberg ,
1684 , in-4^. , dont la dernière édition
a paru à Berlin , en 1 753. Une tra-
duction allemande a été imprimée à
Francfort -sur -l'Oder, en 1700 et
1727 , in-4".; Introductio ad pra-
xin forensem cautè instituendam ,
il)., 1691 , in-4^* : la quatrième édi-
tion est de 1763; Examen juris
feudalis , ibid. , 1^)75 , in - la ,
réimprimé, pour la dernière fois, en
\']iSYï\ Annotationes succinctœ in
LauterbaclUi comjtendmm juris ,
Leip/.ig , 1 70 1 , iu-4*'. ; réimprimées ,
pour la dernière fois , en 1 77,7. Stryk
a été l'éditeur de l'ouvrage suivant :
Joan. Brunnemanni de jure eccle-
siasiico tractatus posthumus , in
usum ccclesiarum cvangelicarum ,
6..
84 STR
Wiltnibcrg , in-4**. , donl la qiiatric-
in€ édition est de 1699.0» a publie son
Cours sarLauterbachii Compcndium
Digestorum, dont la septième édition
parut en 1 •; 1 8, cl la dernière en 1 74 1 •
fous les onvraç;es de Slryk el de son
fils ont ëte reunis en seize vol. in-fol.,
Uim, 1^44 ^ 1755. Les onzième et
douzième volumes de celte collection
renferment des Dissertations inédites.
Une autre collection ne contient qu'un
cboix. d'ouvrages , sous le titre d'O-
pera prœstantiora , 4 vol. in- fol. ^
Halle, 1746. Nous passons sous si-
lence d'autres productions auxquelles
il eut part. Le célèbre Heineccius pu-
blia , en 17 10, en latin , un Panégy-
rique de Stryk, qui est regardé com-
me un chef-d'œuvre ; on le trouve à
la suite des Fundanienia styli cultio
ris de ce jurisconsulte. S-— l*
STRYKOWSKI (Matrias), pre-
mier historien de la Lithuanie,^a
patrie , acheva ses études k Gra-
eovie. Voulant se perfectionner dans
la littérature grecque et latine, il
voyageai en Asie , en Italie , en Alle-
magne et en France, où il recher-
cha la société de Budé , de Paul-
Manuce et des autres savants qui,
travaillaient avec ardeur à la restau-
ration des letlre^i. Etant rentré en
Pologne^ il fut nommé, par l'évcque
de Samogilic, chanoine de Miednice
et archidiacre du diocèse. Tous les
moments que ses devoirs ne deman-
daient point étaient consacrés à l'é-
tude et à des recherches sur l'his-
toire. Sigismond- Auguste^ visitant
la Lithuauie , entendit parler de Stry-
kowski et de ses travaux. Il voulut
le voir , et afin de s'attacher un
homme si précieux , il le nomma
conservateur des archives de la cou-
ronne. Strykow.ski passa le reste de
ses jours ;i met lie vn ordre et à étu-
dier les documents confiés à sa gar-
I
STR
de. Il a écrit en polonais des Suco^
lujues , une Elégie sur la mort de
Sigismond - Auguste , un Poème sur
le couronnement de Henri , duc d'An-
jou, la Fie des rois de Pologne j la
Guerre des Turcs , à laquelle il avait
été présent , un Traité sur la liberté
de la nation polonaise , et enfin une
Histoire des peuples Slaves^ sous ce
titre : MatfUœ Qssototi^icy Stry-
kowskiesokronikaPolsha^ Litews-
ka, RusKa, Pruska^ Moskewska ,
Tatarska (ou Chronique de la Polo-
ne y de la Lithuanien ae la Russie , de
a Prusse y de la Moscotne et de la
Tartane), Kœnigsberg , 1 58a, in-f«>.
« Pour composer ce grand ouvrage ,
dit un savant bien digne de le juger
(i)^ Strykowski avait fait usage de
douze chroniques manuscrites en
langue lithuanienne , de neuf en lan-
gue prussienne et livonienne , de cinq
en langue polonaise , et d'une foule de
manuscrits en langues russe, bulgare
et slavonne. Il est le premier qui ait
osé compulser ces documents des an-
tiquités slavonnrs. On doit regretter
ue sa chronique « fruit de sept ans
e travail , et dont il ne fit tirer
qu'un petit nombre d'exemplaires,
soit devenue si rare et qu'on n'ait
point pensé à la réimprimer. Dans
sa préface , il avait promis de la pu-
blier encore en latin et en allemand; il
en fut empêché parle mauvais état de
sa santé ^ par la difficulté de couvrir
les frais de l'entreprise et sans doute
aussi par l'impudence avec laquelle
des étrangers osèrent s'appropner le
fniit de ses longues et pénibles re^
cherches. On a noté , dans sa chro-
nique, des erreurs chronologiques
qu'on excuse facilement quand on
peiLse combien il était difficile de
(i) Rriiiin , De scriptorum Polontm et Ptuuim M
hihiiolhi ed Brauniand eoUoriorttm virtutihuM et iij-
lu* emtmlogm H Judieium , Colonne, 17*3 , tB-4**
3
STR
mettre eo onlre des maiiuAcrits ré-
diges CD tant de laiigues difFercntes et
chez des peuples qui n'avaient reçu
que depuis quelques siècles la religion
cil retienne, et avec elleTartdVcrire
et les premiers éléments de la civili-
sation. L'italien Guagnini lit paraî-
tre, dans le même temps , eu latin,
une description de la Sarmatie euro*
peenne, avec une Chronique abrégée
de la Pelote et de la Lithuanie.
StrykowsLi réclama vivemeut contre '
cette pidilication ; prenant Dieu et
sa conscience à témoin, que Guagni-
ni ne savait pas écrire ( litteraruni
rudis ) ; qu^a jant , comme gouver-
neur de VV'itepsk , des ordres à lui
donner , il avait lâchement eule-
vé ses manuscrits, et qu'après y
avoii* fait quelques légers cliangc-
ments, il les avait publiés en Jatin.
Ceux qui ont pu comparer l'une et l'au-
tre chronique, assurent que c'est au
fond lemrme ouvrage. Le roi Étieuue,
dans le privil^e qu'il signa à Yilna
(i58o), en faveur de Strykowrski,
reconnaît que la description de la Sar-
matie est l'ouvrage de cet auteur. Ce-
pendant l'italien Guagnini avait osé,
deux ans auparavant, publier le tra-
vail qu'il avait si lâchement pillé.
Passkowski fit paraître ( 1 6 1 1 ) , en
polonais, la chronique de Guagniui,
avec quelques additions et sous les
yeux de l'auteur ; c'est toujours l'ou-
vrage de Strykowski. Koialowicz a
été beaucoup plus sage et plus mo-
deste que Guagnini * en commençant
son Histoire de la Lithuanie^ il dit
franchemeut, sans même nommer
Guagnini : Strykowski, cet homme
si trudit , a le premier publié l'his-
tvire de la Lithuanie^ qu'il avait ,
avec tant de soin et si fidèlem^^nt ,
ùrèc de documents manuscrits.
Mais comme il a écrit enpolonais et
({H il est à présent ( iG4o ) presque
STK
85
impossible de te pi-ocurer un exurn-
plaire de sa Chrojtif/UK , l'utilité île
V ouvrage m* répond nullement aux
immenses recherches de l'auteur.
Afin d'en conserver le souvenir , on
m a engagé à traduire et publier
sa Chroîiique en latin. J'ai cédé en
partie à ces vœux , en prenant cette
chronique pour base de mon tra-
vail. Âiusi mon Histoire ne m'ap-
partient qu'à raison de tordre nou-
veau que j'ai cherché à mettre dans
les recherches de ce savant. »• La
chronique de Strj'kowski n'existe
point à Paris, et i'autcur de cet arti-
cle n'a pu la découvrir, ni en Alle-
magne ni en Pologne. G — y.
STRYPK ( Jean ), hiogr^iphc, na-
quit le i^^. nov. 1(343 , à Londres,
ou plutôt à Shepuey( village voisin;,
où son pcre, réfugié brabançon^ avait
im petit élablisscnieiit de commerce.
11 iit ses études à Cambridge, em-
brassa l'état ecclésiastique , exerça ,
pendant plus de cinquante ans , l'oili-
cc de pasteur à Lo w-fjcyton en Ëssex,
et mourut le 1 1 décembre i jSt , à
llamey. On a de lui 1 I. Plusieurs
Notices biographiques, entre autres
cellcde rarchevcque Craumer, i6ç)4y
in-fol. ; celles do sir Thomas Smith ,
i6()8, in-8*>., du docteur Helmer,
évoque de Londres , 1701 , in-B®. ;
de sir John Clieke, 1705, iii-8". ; de
l'archevwjue (jrindal , 1 7 1 o , in-fol. ,
de l'ai-chevcque Whitgift , 1 7 1 8 , in-
fol. , etc. 11. Amuiles de la réfor-
mation, 4 vol., do 1709 à 1731.
\\\. Leçons pour la jeunesse et pour
l'âge mur, 1 Gt^) , in- vx.YS . Sermon
prêché aux assises d' H ertford, 1689,
et autres Discours proiioncxfsde i(x)5
à I7'i4« ^*^ plus important de ses
travaux est 1 édition de la Descrip-
tion de Londres , par Stow , dont il
s'occupa pendaut huit a us ( Fojr.
Stow ). Les ouvrages historiques do
86
STR
Strypc sont remarquables par IVlcn-
due et l'exactitude des recherches j
mais sou style est sans ëlc'gance , et
d'une extrême monotonie. Sa Notice
sur Cranmcr a c'tc réimprimée à
Oxford , en 1810, iu-8". , revue par
Hemi Ëllis . avec des additions et
une Vie de Fauteur. Ou a puLlié des
Mémoires sur Strype , et. l'ou cou-
serve de hii une vofuminciise corres-
pondance, et divers opuscules manu-
cri ts , au Muséum bnta nique. Z.
STUART (Robert II), roi d'E-
cosse, était ucveu Je David II (Bru-
ce ). Selon l'opinion commune^ il
descendait de Bauquo , thane de Lo-
chabir ( V, tom. V , p. 3 1 7 ) , qui fut
assassiné avec trois de ses fils , en
io53 , parordrc de Macbeth. Fléau-
ce, leqnalric'me lils, s'étant sauvé à
la faveur de la nuit , se réfugia près de
Malcolm Canraore , duc de Cumber-
land, fils du dernier roi. 11 alla en-
suite chez Griflith ap Lewellin, prin-
ce delà paitieseptentrionaledupays
de Galles, dont il épousa Infille. lien
eut un fils nommé Walter.Sa qualité
d'étranger lui attira la haine de la no-
blesse galloise , qui le fit assassiner :
il n'avait alors que vingt- cinq ans.
Walter, parvenu à l'âge viril, ven-
gea la mort de son pcre sur celui qui
en était le priucipal auteur , quitta le
pays , et vint en Ecosse, où Malcolm ,
parvenu au trône, l'accueil lit et récom-
pensa ses services par le don de terres
considérables et de la charge de sé-
néchal ( Stuart ) , dont le tilre devint
son nom et celui de sa famille. Wal-
ter mourut en i oç)3 , laissant six fils
et trois filles. Alain Taîné , qui lui
succéda dans sa dignité , mounit en
1 1 53, Walter 11 on 1 1 77 , Alain II
en 1 2o4 : tous deux furent prodigues
de leurs biens envers les couvents.
Alain II fit le vovage de la Terre-
Sainte. Walter f II , surnommé de
STU
Dundonald, devint grand-justicier
du royaume et mourut eni ^4 < • Wal-
ter IV se distingua dans les guerres
qui troublèrent le règne de Robert
en i3 15. Ce monarque lui donna en
mariage sa fille Marie; l'année suivan-
te , ceile-ci , étant très-avancée dans
sa grossesse , tomba de cheval et se
tua ; on lui fit l'opération césarienne,
et ce fut ainsi que Robert vînt au
monde. L'accoucheur chargé de l'o-
pération l'avait blessé k l'œil , ce
qui le fît surnommer ^/fare££-^e.
Pendant que son oncle David II était
en France {F. tom. VI , p. 76), ilfut
chargé de la régence et tint encore
les rênes de l'état durant les dix ans
de la captivité de David^ à laquelle il
avait essayé vainement plusieurs fois
de mettre un terme. Lorsqii'enfin ce
prince eut recouvré sa liberté , Ro-
bert envoya Jean , son fds aîné y avec
les autres otages qui devaient tenir
la place du roi ; il offrit même de re-
mettre tous ses enfants à l'ennemi
jusqu'à ce que la rançon de David
fut entièrement acquittée , et s'enga-
gea , si elle ne l'était pas , et si le roi
refusait de rentrer dans sa prison y
d'aller tenir sa place avec deux au-
tres lairds. A la mort de David, en
1 3*^0 , Robert fut recoimu roi , con-
formément au testament de Robert
l^^,, mais ce ne fut pas sans opposi-
tion: Guillaume , comte de Douglas,
réclamait la couronne comme issu
Sar les femmes de Dervegild , soeur de
eau Bailleul; ses prétentions , regar-
dées commes frivoles par tous les
Écossais qui aimaient sincèrement
leur patrie, et même par ses amis,
furent rejetées par un acte du parle-
ment réuni à Scone. Cette assem-
blée déclara Jean , fils de RoLeit ,
son successeur. Le premier soin du
nouveau roi fut de régler toutes les
affaires relatives h l'Angleteire. Il
STU
■s*occupa de payer ce qui c'uit encore
4û sur la rançon de David , et réso-
lut d'oliserver reL'gieusement la trê-
ve : cependant il se tenait sur ses
gardes , car il connaissait l'esprit
ambitieux d*Édouard III. En elTet
les hostilités éclatèrent bientôt et du-
rèrent pendant tout le règne de Ro-
bert Les historiens e'cossais, observe
Robertsou , se sont bien plus occupes
de raconter les guerres de Robert 11,
que de nous instruire de ce qui con-
cernait radniinistratiou deTctat. Ils
decnycut longuement des escarmou-
ches et des excursions de peu de con-
séquence, tandis qu'ils gardent un
Srofond silence sur ce qui s'est passe
urant quelques années de ti'auqnil-
litc. Des trêves nombreuses et morne
des traites de pai\ faisaient cesser
parintervalle ces guerres qui livraient
les frontières des deux royaumes à
des dévastations continuelles. Dès la
première année de son règne, Robert
reoouvela l'antique alliance de son
royaume avec la France ; et à l'avé-
ucment de Charles VI au trône, il
lui envoya un ambassadeur pour le
complimenter et resserrer l'union.
Dans la dernière guerre de Robert
avec l'Angleterre, son armée rem-
porta la victoire h la bataille san-
glante qui se donna, le '2i juillet
i388, à Otterburn : elle est connue
sous le nom de Chasse de Cheviot y
et le souvenir en a été conservé par
une baUadr célèbre , sous le même
titre. Une trêve signée en France ,
en 1 389 , mit fin à reilusion du sang.
Robert, accablé par l'âge et les fati-
gues, mourut au château de Dun-
donald , le 19 avril 1 890 , regretté
de ses sujets, au^iquels sa vaillance,
sa sagesse et son équité , l'avaient
rendu cher. E — s.
STU ART (RoiîERT III), fils du
précédent^ lui succéda sans aucun
STU 87
olistacle, et fut couronné le i3 août
1 39o.I^parlenicnt,asscmbléà Perlh,
changea le nom de ce prince, qui
s'appelait Jean, et lui donna celui
de Robert, chéri de la nation. La
santé délicate du nouveau roi ne lui
permettait pas de s'occuper avec as-
siduité des affaires publiques. Son
frère Alexandre , comte de Fife , fut
nommé premier ministre. La pre-
mière année de ce règne fut tranquil-
le ; mais bientôt l'esprit belliqueux
et remuant des nobles excita des
troubles. Us formèrent des partis qui
se faisaient une guerre à outrance.
Les troupes du roi ne réussissaient à
rétablir la paix qu'avec beaucoup de
dillicullé et seulement pour peu de
temps. L'autorité des chefs de clans
ou tribus était plus forte dans leur
territoire que celle du monarque.
D'ailleurs Robert, qui à un tempé-
rament valétudinaire joignait un es-
S rit médiocre , n'était pas eu état
'entrer eu lice avec des hommes
sans cesse disposés à tirer répée pour
augmenter plutôt que pour défendre
leurs droits. Leur pouvoir prit ime
si grande extension, et jeta aes raci-
nes si profondes , que lorsque les suc-
cesseurs du faible Robert voulurent
rétablir les prérogatives de la cou-
ronne , ils succond^èreut cbms leur
enti'cprise.Hcureusementqucferoyau-
me fut , pendant les premières années
de Robert, en paix avec l'Angleterre.
La trêve conclue en 1 389 fut prolon-
gée à plusieurs reprises; pms Henri
IV , après avoir détrôné Richard II ,
exig<;a qu'elle fût renouvelée. Ce-
pendant on reprit de nouveau les ar-
mes en 1 4oo. Henri , arrivé sur les
fronlicrcs d'Ecosse , demanda que
Robert et les grands de son royaume
s'assemblassent à Édinbourg pour lui
rendre hommage; et il s'avança jus-
qu'à Leith. David, fils aîné de Ro-
88
STU
bert, répondit que ses prétentioiis
citaient mal fondées, et lui proposa ,
pour éviter l'eilusion du sang , de vi-
der la querelle par un comnat entre
un certain nombre de nobles pris dans
chaque nation, ajoutant que lui-mê-
me se présenterait a la tête des Écos-
sais. I^ régent déGa Henri à un com-
bat singulier. On conçoit que le roi
d'Angleterre n'accepta pas des con-
ditions de ce genre; mais il eut à lut-
ter contre les mauvais temps , la di'
sctte et les maladies ^ qui le forcèrent
de s'éloigner. On convint d'une trêve,
qui fut rompue en i4o2. On en con-
clut une nouvelle en i4o4> ^ l'on
arrêta le projet d'un congrès sous la
médiation de la France^ pour une
paix définitive. Tandis que les cho-
ses prenaient cette tournure favora-
ble, David se livrait à des dérègle-
ments si scandaleux y que son mal-
heureux père, k qui l'on en porta des
plaintes , chai^ea le duc d Albany ,
régent du royaume, d'arrêter le jeu-
ànt prince. Le duc , qui aspirait au
trône , s'empressa d'exécuter cet or-
dre , et fit enfermer David dans le
château de Falkland. Bientôt cdui-ci
mourut, victime des traitements ri-
goureux qu'il avait éprouvés dans sa
Srison. A cette nouvelle , la tendresse
e Robert se réveille : il pense que la
perfidie du duc d'Albany l'a privé
de son iils. Abattu par la douleur, il
renonça au gouvernement, et se re-
tira à l'île de Bute , pour y vivre dans
la solitude et veiller sur les jours de
Jacques, son second fils. Ne le croyant
pas encore à l'abri des projets du
duc d'Albany, il le fit embarquer
pour la France , sous la conduite du
comte desOrradeset d'un évêque, et
lui remit des lettres de recommanda-
tion pour le roi d'Angleterre, dans
le cas où les vents contraires l'obli-
geraient de relâcher dans ce pays.
STU
Quoique la trêve diirât encore, le
vaisseau fut pris par des bâtiment!
anglais. L'éveqnes échappa; Jacques
et le comte furent enfermés dans la
Tour de Londres. Robert ne put
supporter cette nouvelle crise. Le
chagrin termina ses jours en i4o5.
STU ART ( Marie), ror. Mame.
STU ART ( Arabêlla ) plus con-
nue dans l'histoire sous le nom de
lady Arabelle , offre un exemple dt
cette fatalité attachée à l'illustre et
malheureuse famille des Stuarts. La
destinée de cette princesse a quelque
rapport avec celle de la fameuse Ma-
demoiselle , fille de Gaston , duc
d'Orléans. Toutes deux se virent
contrariées dan.« leurs inclinations et
persécutées par des rois leurs cou-
sins. Mais si la fierté de Louis XI Y
le forçait y malgré lui , à prévenir la
mésalliance d'une proche parente ,
sa générosité naturelle épargna du
moins à l'amante et peut-être à l'é-
pouse de Lauzun , le traitement ri-
goureux quel'ombrageux Jacques I^.
fit subir à lady Arabelle , pour la pu-
nir de s'être mariée en secret et con-
tre sa volonté. Fille de Charles
Stuart , comte de Iienox , le frère ca-
det de ce Henri Damley que Uarie
fit asseoir sur le trône, Arabelle eut
pour mère Elisabeth ^ fille de sir
GuillaumeCavendish de Ghatsworth,
chevaber ( Km'ght ) du comté de
Derby. On place sa naissance vers
l'année 1377 (1). Elle fut élevée à
Londres sous les yeux de la vieille
comtesse de Lenox , son aïeule. Quoi-
qu'elle n'eût point, comme sa tante
Marie, les avantages personnels d'une
rare beauté ou d un esnrit éclatant ,
sa main ne laissa pas d'être recher-
chée par un grand nombre d'ambi-
- >
(1) Suitanl Oldji, >Uc éUil utc «B 157S.
STO
'éblouissaient son illustre
et ses droits éventuels à la
d'Angleterre. Après la mort
re,arrivéeen long^ comme
restait seule bëntière de la
Lenox, on projeta pour elle
mariages y tant dans sa pa-
lans les pays e'trangers. Le
lousin, qiu n'e'tait encore
les VI d'Ecosse, sedispo-
donner pour époux Esme
'il ayait créé duc de Leuox ,
it de s'être marie lui-même ,
frait comme son héritier,
ine Elisabeth empêcha cette
[uisemblaitpourtant si con-
fia succession du trône d'An-
'e'tant pas alors déterminée
DÎcre positive , la politique
les puissances de TËurope
ussi sur la main de ladj
et il fut question delà marier
Savoie et à d'autres prin-
ainsi que , pour lui appli-
pression d'un biographe
Il , elle traînait à la queue
mteau presque royal , tous
tcurs d'une couronne en
*e. Cependant , parvenue à
lie commençait à vouloir
;r ses propres sentiments
ilance de sa destinée , lady
y û nous en croyons de
ncut le désir de se marier
:omte de Northumberland ,
ne puisse croire, avec l'his-
nçais , que ce mariage ait
t lieu secrètement. Au sur-
ojet transpira et suffit pour
rindicalive Elisabeth, qui
er lady ArabcUe dans une
la mort de la reine d'An-
[uelques mécontents formè-
ssein extravagant de trou-
ix publique en s'emparant
rabelle , et de couvrir de ses
trône le bouleversemoit
STU 89
qu'ils méditaient^ en proposant de
la marier à quelque seigneur an-
glais , dont l'appui fortifierait leur
cause et soulèverait le peuple en leur
faveur. Mais cette conspiration ne
devint fatale qu'à ses auteurs, qui fu-
rent promptement mis en déroute y
et dont quelques-uns furent arrêtés et
punis de mort. Il ne paraît pas que
lady Arabelle ait eu connaissance de
ce complot y dont le prétexte était son
élévation y et qu'au surplus l'histoire
ne nous a transmis que d'une ma-
nière vague. Elle jouit de sa liberté
et d'une apparence de faveur à la
cour, quoique d'ailleurs sa fortune
fût peu digne de son rang , jusqu'à
la fin de l'année 1608, où elle en*
courut y sans qu'on en sache précisé-
ment la cause , le déplaisir du roi Jac-
ques. Cependant aux fêtes de Noël, oii
la joie et les divertissements préva-
laient à la cour sur toute autre consi-
dération , elle fut accueillie comme
par le pissé: on lui fit présent d'un ri-
che service de vaisselle plate, on paya
ses dettes et on augmenta son revenu
annuel. Peut-être voulait- on, par ces
marques de faveur, la rendre docile
au joug du célibat qu'on lui imposait.
Mais ce'soin était déjà probablement
inutile, puisqu'au mois de février
1609 , on découvrit qu'elle avait lié
une intrigue d'amour avec Guillaume
Scymour , fils de lord Beauchamp et
petit-fils du comte d'Hertford. Mal-
gré les mesures qui furent prises ,
bien qu'on les eût fait comparaître
tous deux pour recevoir une Sévère
réprimande , ils se marièrent en se-
cret peu de temps après. C'est un
tableau assez bizarre que la vie d'une
princesse , qui semble n'avoir jamais
ocaipé ses amis comme ses ennemis
sous aucun autre point de vue que le
don de sa main. Ici des princes et
des factieux intriguaient ou conspi-
90
STU
raient pour qu'elle eût un e'poux ; là
des reines et des rois veillaient à ce
qu'elle n'en eût point 5 ou la traitait
en crimineUe d état pour en avoir
choisi un. Toute son histoire depuis
sa naissance jusqu'à sa mort ne se
compose que de projets de maria-
ge. Quand on apprit , dans l'e'të de
1610 y que sa destinée était enfin ac-
complie, et qu'elle avait épousé Sey-
mour , on la confia comme prison-
nière à la surveillance de sir Thomas
Parry; et Seymoui* fut mis à la tour.
Il paraît cependant que leiur capti-
vité n'était pas très-rigoureuse. Lady
Arabelle avait la permission de se
promener dans les jardins de son
gardien; et elle entretint, pendant
long- temps, un commerce de lettres
avec son époux. Mais le secret de
cette correspondance ayant été trahi,
on résolut de la faire partir pour
Durham, rigueur qui fa jeta dans
un profond désespoir. £lle forma ,
pour sa délivrance et celle de Scy-
mour^ par l'entremise de quelques
amis f un plan dont l'exécution com-
mença avec un heureux succès. Nous
n'entrerons point dans les détails de
cette double évasion , qui se termina
par la fuite de Seymour dans les Pays
bas y et une seconde arrestation de la
princesse. Ramenée à Londres, en-
lermée à la tour, une seule consola-
tion vint adoucir son malheur : ce
fut la nouvelle que Seymour était eu
sûreté. £lle avait bien plus à cœur ,
s'écriait-elle ,1e bouheur de son époux
que le sien même. Sa raisuu et sa sauté
uc résistèrent pas néanmoins à ce der-
nier revers, et il parait qu'elle fut at-
teinte de quelques accès de folie , qui y
dit un biographe anglais y amusèrent
un certain temps la cour par les récits
qu'on eu faisait 5 et puis on cejssa d'y
Senser. Ija pauvre Arabelle continua
e languir clans sa prison jusqu'au 37
septembre 161 5, époque où s
fortunes se terminèrent avec s
On prétendit , mais sans en ail
de preuves , qu'elle avait eu
poisonnée. Après sa mort, Sey
obtint la permission de reven
Angleterre, et il se distingua
les guerres civiles par son dévot
à la cause de Charles I^**. Il s
eut à la restauration et fut r
par un acte du parlement da
titre de duc de Sommerset qu
porté son bisaïeul. Charles II a(
pagna cette grâce des paroles le
honorables pour lui , pronono
plein parlement. Seymour u
point eu d'enfants de Lady Ara
mais on peut conjecturer qu'i!
serva toujours le souvenir h
tendre de sa malheureuse ép
puisqu'il donna son nom à u
SCS ulles d'un second lit. Ph
dans son Theatrum poetarum
ge Lady Arabelle parmi les
modernes, et d'autres écriva
ont décerné le même honneu
ignore sur quel fondement, <
n'existe d'elle que trois lettres
tes avec goût. On a conservé so
trait en pied, qui fut peint eu
lorsqu'elle n'était âgée que de
ans , et .qui ferait croire qu'é
douce d'une grande beauté ; ma
était alors destinée à monter
troue. P. D-
• STUART ( Jacques -Édo
François ) y fils aîné de Jacqu
roi d'Angleterre, et de Ma rie d
dèue , prétendant à la couronne
le nom de Jacques 111 , na<
Londi'es , le 1 o j uin i (388. Il re
naissant le titre de prince de C
et fut baptisé selon le rit de V
catholique. Le roi , sou pèr
donna le pape Innocent XI pou
rain. La naissance inopinée d'i
ritier de la couronne y après s
STC
9«
^btcftrdr Jicti
ndoididili fi-
lit â U
n.
fill w Tvdbit poMt ^ son fib Y
unitfir
ii|ile que le nomrtaiHie était
: sapptusè. Il n'aviiît pas en-
I notf. lorsque le prinre
dâku\|iu poor sVinpam
'. Jacques n , <iêKspenuit
le sa cause. sVtait faite d*eD-
reine et son fils en France ,
t>Ddiiitr du fameux duc de
Ils n^abordèreiii à Cabis
aToir couru mille dançers ;
ant alors couverte des vais-
* Tusarpateur. I/infortune
e ne tarda pas à rejoindre
p au château de Saint-Ger-
le Louis XIV lui avait doo-
asile. Le pnnce de Galles
ïDCore que œuf ans , lors-
ite', célèbre encore jusqu^à
», fut sur le point de lui
es droits dont Tavah de-
i révolution de 168H. Pen-
légocia lions qui préparèrent
le Ryswiok (i6i)';' , le ma-
» Boufflers eut une entrevue
lue de Portland, entre les
nps , près de Biuxelles. liC
proposa, de la part de Louis
assurer au jeiuie prince , fils
les II , la couronne d'Angle-
prës la mort de Guillaume
ilaume accepta la proposi-
hésiter; il s'engagea même
emcnt à faire révoquer l'acte
isement qui aj)pe1(iit au tronc
; Glocester ( fils du prince de
rk et d'Anne , seconde fille
les II ) , et promit de décla-
rince de (înlles son succes-
is Ix^uis XIV ayant commu-
t arrangement au roi Jacques,
; le rejeta , en obscrvanl qu'il
bien supporter avec patience
ion de son gendre , mais
qpt u ae Tvotait poMt q«r soi
partîcipit yi^ JMqpHS II ia>:
16 sfpi. i-oi. Des qu'il eut ffr-
M I» jfux\ Limis \l\\ fidUe à h
pn]«Ms< qa*il loi avait £iîte sur son
Ht de noit ; r. Jic^TS il . XXI .
359\ reronmit son fits roi dWnde-
lorre . sons le titre de Jacques UL
La rrine-mtre avait fait consulter h»
chels du parti jacohite sur la conduite
qnVUe avait à tenir dans cette imiH'ir^
tante conjoncture ; mais sans atten*
dre leur réponse « elle fit jvaraitrf un
manifeste adressé à la nation anglai-
se. Cette pièce avait été communi«^uér
préalablement au cabinet de \er-
sailles : néanmoins « elle ne fut )H>int
imprimée à Paris , mais ii Liège. On
se borna à cette seule démarche : il
ne fut question d'aucime entreprise »
ni même de sollicitations pour reittu-
vrer la couronne. Le prétomlaut se
réduisait à promettre solennellement
que lorsque la providence Paurait
replacé sur le troue de ses j>ères , il
gouvernerait selon les lois , et main-
tiendrait tous les privilèges de PÊglisc
anglicane. La mort de Guillaume 111,
qui suivit de très-près celle de Jac-
ques II , vint ranimer les espérances
de la cour de Saint-Germain. Ses rela-
tions secrètes avec le célèbre duc de
Marlborough et le premier ministre
Godolphin , devinrent beaucoup i>lus
actives. Il parait constant, toutetois,
que l'on était d'accord sur la néces-
sité d'à] ounier toute tentative jusqu'A
la mort de la reine Anne. Le préten-
dant était lui-même tellement éloigné
de ridée de détrôner sa sanir , que ,
dans les instructions qu'il fit passer
au duc Hamilton , chef de ses parti-
sans en Ecosse y il lui recommanda de
faire adopter par la reine Anne le plan
"
^1) Le rni Jacipuw «■iiiitiniin |iUiii«iunil <*« iait
rfiiiar({nal)le clat» ir» Mriiiuirw. Voyr« lu f i> il*
Jarifurt II , trhduitr p«r M. Ctilirii, luni. IV.
9*
STU
suivant lequel la couroune , apW» m
mort, serait rendue à son frère. 11
faut observer qu'à cette e'poque , TÉ-
cosse n'était pas encore réunie à
l'Angleterre; que, par conséquent,
les Ecossais étaient entièrement li-
bres de prendre y à l'égard de la suc-
cession, les mesures qu'ils jugeraient
convenables^ sans la participation
des Anglais. Le prétendant leur de-
mandait trois choses : i^. de s'op-
poser à la réunion ; 2^. de ne point
l'obliger d'abjurer la religion catholi-
que ; 3^. de rejeter la succession de
la maison d'Hanovre. Les adhérents
des Stuarts adoptèrent et firent pré-
valoir ces trois points. Les esprits
étaient alors si bien disposés eu Ecos-
se , que si le descendant des rois de
ce pays s'y lut présenté , sa présence
eût opéré un soulèvement général en
sa faveur. La réunion de l'Ecosse à
l'Angleterre , qui eut lieu eu 1706,
exaspéra tellement le peuple du pre-
mier de ces royaumes , que les chan-
ces y devinrent encore plus favora-
bles au (ils de Jacques II. Il fut pro«
clamé roi d'Ecosse par une troupe de
cinq cents hommes déguisés en fem-
mes. Mais ce jeune prince se défiait
de sa fortune : il ne croyait pa& pou-
voir rien entreprendre sans Tassis-
tance de Louis A.1V; et le monarque
français, qui soutenait alors la guerre
contre l'Europe coalisée, ne jugea pas
à propos de hasarder une expédition
d'outre-mer. Un émissaire au parti
jacobitc fit , vers cette époque , une
peinture si séduisante du dévoû-
ment crue les Écossais conservaient
pour leurs anciens maîtres y que
Louis XIV se rendit enfiu aux ins-
tances du prétendant. 11 fit équiper
à Duukerque une escadre qui portait
des lrou[)es de de'barqucmcnt. Le cé-
lèbre chevalier Forbin , qui la com-
mandait , se dirigea sur la cote d'É-
STU
oû9se,auQ0rdd'Édinboiirg (1708].
Il eut un engagement avec une flotte
anglaise fort supérieure à la sienne
Le débarquement étant jugé imprati-
cable, le prétendant, qui avait alon
vingt ans , insista fortement poir
être mis à terre ; Forbin s'y reniu ,
et ramena le prince, qui rejoignit en
Flandre l'armée du duc de Bourgo-
gne. Il servit aussi sous Villars, et
se distingua par sa valeur à la ba-
taille de Malpiaquet. Il portait, pour
la première fois , le nom de chaNiÀ.
lier de Saint-George sous lequel il
fut communément désigné par la
suite. On voit, dans la correspon-
dauce des agents royalistes y (pie
Mariborough se montra fort offenaé
de ce qu'on lui avait laissé ignorer le
projet de la desrenie; mais . pin»
mécontent encore des procédés dn
nouveau ministère dont fa reine Anne
venait de s'entourer , le duc repril
ses liaisons avec la cour de Saint-
Germain : il lui fit part de son d»*
sein de quitter le commandement de
l'armée. La veuve de Jacques II fit
à Mariborough une réponse renuir*
qiiable : elle exhorta ce grand gâidral j
à demeurer à la tête des troupes, afin j
de conserver le pouvoir de servir cf- J
fica cernent la cause du roi légitime, 't
Peu après , Mariborough transmit an ?-
chevalier de Saint-George le vœu mia- ''
nime de ses partisans, qui rappe-
laient de nouveau en Ecosse. Le pr^
tendant, flatté de cette invitation ,
implora la magnanimité de Louis
XI V. Lr grand roi Im témoigna sa
douleur de ce que l'état de ses aiTairtt
ne lui permettait pas de suivre Ici
mouvements de son conir. C'est , ci
eflct , h cette époque même que s'ou-
vrirent les conférences de la Haye.
Le marquis de Torcy négligea d'an-
tant moms les intérêts du prétendant,
(pic c'était avec Marlborougb qii*it
ir
STU
jA prompte rupture des
fit cvaDOuir l'espoir de
aÎDt-Germain. Bientôt , il
es furent reprises à Ger-
, pour être de nouveau
■s; et la guerre se ralluma
lent arec une fureur nou-
levalier de Saint-George
ais sans succès , la per-
abarquer à Brest les régi-
laisau service de France,
une nouvelle expédition.
)rs l'idée de se taire ren-
e par la princesse même
ait; en consâ}uence, il
eine Anne , sa sœur , une
a étendue ne nous permet
r ici dans toute sa teneur
ci les passages les plus
s : « Madame , c'est à
it réservé le glorieux ou-
ma réintégration dans
s légitimes. La voix de
e la nature vous y ap-
5 promesses que vous
s au roi notre père vous
it. Je me flatte que , si
^idéc par votre propre
I , vous accueillerez la
franche proposition de
?^otre propre frère , le
lâle de votre nom , k
illemand qui transmettra
lement à des étrangers
; langage et d'un autre
"S affaires de cette impor-
ouvant être convenaole-
ées par lettres , je vous
envoyer quelqu'un muni
lein pouvoir , ou de don-
pour celui que je vous
etc. » Ckîtte lettre de-
, mii fut r'crite en 1711 , »e trou-
19 la A'otice sur l^ chevalirr tle
ai fait |>artie àe l'introduction
I caniinal Vubots , public.* par
HirTv, 1 Tol. in-8». , r»T\f , i8i5.
STU
93
meura sans réponse : il paraît même
qu'Anne en fit mystère à ses servi-
teurs les plus intimes. Ceux-ci , in-»
certains des sentiments de leur sou-
veraine y penchaient pour la maison
de Brunsvsricky quelques-uns mêmes
contie leurs propres principes. Quant
aux partisans vrais ou simulés du
prétendant , ils le pressèrent ^ dans le
même temps, de changer de religion^
ou du moias de commencer par
attacher ostensiblement à sa personne
un ministre du culte protestant. La
perplexité du fils de Jacques 11 était
extrême : il se voyait placé entre
deux sacrifices, celui de sa croyance
ou celui de sa couronne. Il répondit
à cette sommation par une lettre aussi
adroite que modérée , qui se termine
ainsi : « On ne doit pomt me savoir
» mauvais gré d'user de la faculté
» que j'accorde aux autres , d'adhé-
» rer à la religion que leur conscience
» leur indique pour la meilleure. »
Mais tandis que ce piince infortuné
se consumait ainsi en efforts se-
crets , les cours de Versailles et de
Saint-James décidaient de son sort,
et en faisaient une des conditions
de la paix d'CJtrecht ( 17 13 ).
La succession de la couronne d'A^
gleterre dans la ligne protestante fut
reconnue par Louis XIV j et cédant
au besoin impérieux de la paix , il
consentit même à éloigner de ses
états le chevalier de Samt- George.
Secrètement averti, ce prince s'était
déjà retiré à Bar. Les whigs , qui do-
mmaicnt alors dans le parlement,
lui envièrent cet humble asile ; et les
ministres exigèrent que le duc de
Lorraine en privât l'illustre réfugié.
Le chevalier de Saint-George revint
secrètement à Paris, où le gouver-
nement français feignit de ne point
l'apercevoir. De phis en plus animés
contre ce malheureux prince , les
<j4 STU
vrhigs osèrent demander à la reine de
mettre à prix la tête de soapronre
frère. Elle refusa d'abord , et ne dis-
simula même pas son indignation.
Mais le parti protestant , sous pré-
texte d'armements secrets qui se fai-
saient en Irlande , r^ouyela ses
instances avec tant d'acharnement y
qu'Anne se vit dans la cruelle néces-
sité d'apposer sa signature au bas
d'une proclamation , où elle promet-
tait cm(| mille livres sterling à qui
traduirait le prétendant en justice.
A cette somme , les communes en
ajoutèrent une auli« de cent mille
liv. sterling. Les lords, de leur côté,
i*éclamèrent la stricte exécution des
lois poitées contre les non-jureurs.
C'était ainsi que l'on désignait ceux
3ui n'avaient pas prctc le serment
'abjurer à jamais la domination des
Stuarts. Telle était la situation in-
térieure de la Grande - Bretagne ,
lorsque la reine Anne cessa de vivre
(12 août 1714 )• Un mot qui lui
échappa dans ses derniers instants ,
révéla le secret de toute sa vie : « Ah !
mon cher frère, s'écria-t-elle, que je
vous plains! » Ce frère infortuné
n'avait pas cessé , malgré la paix
d'Utrecht, de recourir à tous les
moyens de faire valoir ses droits.
Daus l'espoir de se ménager j sur le
continent , une protection puissante
il fit demander la main cTune des
archiduchesses d'Autriche , lilles de
l'empereur Charles V I . Cette deman-
de fut déclinée avec tous les ména-
gements possibles. ÏjC souverain d'un
petit état ne craignit pas de lui té-
moigner un intérêt plus rcel. Des que
le duc de Lorraine apprit la mort de
la reine Anne , il adressa au préten-
dant une lettre qui ne fait pas moins
d'honneur à ses vues politiques qu'à
la générosité de ses sentiments,
a Considérez, lui dit-il , que l'cpo-
STU
» que qui doit décider de vol
» est arrivée. L'honneur qu
» m'avez fait durant votre
» dans mes états y et la llbei
» vous m'avez accordée de vo
» ce que je pense , m'engageni
» conjurer maintenant de vo
» venir que , par la mort de 1
» Anne , la France est libre
» engagement avec l'Angletcr:
» qu avaient contractés le n
» chrétien n'ayant été pris <
» la reine personnellement ,
» avec la nation anglaise (3).)
de Lorraine lui indiqua ensu
cosse comme le point le pic
rable à son débarquement <
desseins ultérieurs. I^es éi
whigs conviennent eux-mên
la présence seule du fils des
eût ouvert tous les chemins ai
A chaque instant, et sur tous le
de la Grande-Bretagne , il s
festait des mouvements en sa
Mais im nouveau malheur ^
truire ses espérances. Lou
mounit , et l'autorité passa
mains du duc d'Orléans , qi
aussitôt dans des relations tr
tes avec George I®*". Lord
ambassadeur du nouveau r<
gleterre, était instruit de
Erojets du prétendant^ par
trickland , qui trahissait
ment la confiance du chev
Saint-George (4). Le régcr
(3) (>lle lettre »e Ironvc te»t«ell
l'intruductioii de» Minuntes du eartiin
cités plim hnnt.
(4) Lord Slair , »e fiant lu-u «ns |»>»r
j;«riit, ftirma If rum[ii*>L df se défaire
dnat Y»T un ••.«asfiimt. Il en cliargea ii
iMimnié Douglas f qui »e mit en einbuac
uaiicourt, tiir lu nmte de Bretagne ,
valiei- de Saiut-G»'orge devait prendn
s'embarquer r novembre 171.'»"). La i
ii«>»te de ce» endroit pénétra le projet
le prince, enivra le* aiisassiiM, qui e
chrx eJle , et le» fit arrêter. Non ronli
sauve Ib clievalier de Soint-Oeorge, >
géiiéreuie hii procura les moycnk de o
STU
avec noblesse d'expulser
tmprincc qui , comme lui,
re- petit-fils de Henri IV.
dant sentait néanmoins
î sa position avait de cri-
solut de tenter enfin la for-
voya l'ordre à ses parti-
er le masque. Ils lui o))ci-
urant aux armes sous les
:omtc de Marr, ils pro-
ie prince roi d'Ecosse,
n de Jacques VIII. Sur
de l'insurrection , Jacques
i incopiito h Dunkerque ^
t sur les cotes d'Ecosse. Il
> choses en mauvais état;
brent maigre' sa présence :
ontraint de repasser en
ambassadeur de George
1 de nouvelles plaintes au
duc d'Orlcaus , quoiqu'il
er à son cœur , invita le
à se retirer , en lui indi-
non comme une retraite
Mais l'ombrageux gou-
de George I*^»'. le jugea
près, et il se servit de
'te des intelligences se-
rine Stiiart avec le car-
oni, pour demander qu'il
;non , et sortît pour tou-
ritoire français. Le pre-
^nvainquit lui-même que
en était interdit , quand
me de la signature du
triple alliance qui eut
717 , entre la France,
et la Hollande. Le pape
lui olliit un asile (ligne
la capitale du monde
chevalier deSaint-Geor-
ça point à l'accepter. Le
STU
95
(T, en le dt'j^uiaaiit en eccicsiMsti-
eu-ve dv J;irqiit>5 II, infoiuK'»: de
^oixlut toir fa lil)(;ralrirc de sou
» de »on portrait ( Voy. les l'ièca
..T Place, loin. 1". ).
souverain pontife lui fit rendre tous
les honneurs dos à la royauté. Il était
depuis peu de temps à Rome, lors-
que l'on annonça la conclusion de
son mariage avec la princesse Marie-
Casimire Sobieska , petite - fille du
grand Sobieski. Mais on ne tarda
pas d'aprendrc que l'empereur Char-
les VI , dont la princesse était pa-
rente, se montrait tellement con-
traire »\ ce mariage, qu'il la fît arrê-
ter dans le Tyrol, qu'elle traversait
pour se rendre auprès de son futur
époux. Le cardinal Âlberoni , à cette
époque même, fit adresser au pré-
tendant , de la part de Philippe V,
l'invitation la plus pressante de se
retirer en Espagne. Le chevalier de
Saint -George y fut reçu en roi :
Valladolid lui lut offert pour sa ré-
sidence. Philippe lui dit qu'il y serait
traité comme le roi son nhre l'avait
été a Saint-Germain par Louis XIV.
I/Espagne faisait alors la guerre k
la France ou plutôt au régent. La
paix s'étant rétablie , le prétendant
jugea convenable de retourner à Ro-
me, où il fut bientôt rejoint par la
princesse Sobieska. Leur union fut
bénie par le pape; il en naquit, dans
la même année (1720), le prince qui
fera l'objet de l'article suivant. Sa
naissance fut notifiée oiriciellementà
tous les cabinets de l'Europe, et par-
ticulièrement aux ministres et princi-
paux oiliciers de la couronne d'An-
gleterre. La mort du pape Clément
XI ne changea rien à la situation du
prétendant : son successeur , Inno-
cent XIII , lui donna un nouveau té-
moignage de considération , en aug-
mentant sa garde ordinaire. Mais un
violent chagrin domestique vinttrou-
bler la paix dont jouissait l'auguste
réfugié. Égarée par des suggestions
perfides , la princesse , dont il atten-
daitla consolation de sa vie^deman-
g6 STU
da une sëpâradon , et le réduisit â la
désirer lui-même. Ce ne fut qu'après
des altercatious affligeantes pour ses
partisans^ que le cardinal Alberoni,
qui était alors fixe' à Rome^ parvint
à re'concilier les deux époux.. Le pape
Clément XII ^ à l'imitation de ses
prédécesseurs , s'empressa de ]es
combler des attentions les plus déli-
cates. Il donna aux deux jeunes prin-
ces leurs ûls l'autorisation de possé-
der des bàiéfices sans recevoir la ton-
sure. Quoique le chevalier de Saint-
George n'ait négligé aucune occasion
de revendiquer ses droits k la cou-
ronne et de protester contre l'usur-
pation qui les lui avait ravis, il ne
prit point de part active k l'expédi-
tion tentée par le prince son ûls en
1745. Il ne paraissait plus occupé
que de chercher des consolations dans
l'espoir d'un monde meilleur. Sa hau-
te piété et son extrême bienfaisance
lui conciliaient le respect et l'affec-
tion du peuple comme de toutes les
fersonnes admises dans son intimité.
1 mourut à Rome, le 2 janvier i '766,
à l'âge de 78 ans. S — v — s.
STU ART ( Charles - Édouard-
Louis- Philippe -Casimir), fils du
précédent^ et connu, comme lui , sous
le nom de prétendant à la couronne
d'Angleterre , naquit à Rome le 3 1
décembre i^ao. Il fut appelé dans
sa première jeunesse , le comte d'Aï-
banv : c'est sous ce titre qu'à l'âge
de dix-sept ans, il fit un vovage à
Parme , à Gènes et à Milan. Il ne fut
l'objet de quelquedistinction que dans
la dernière de ces villes • le gouverneur
de la Lombardie et le ministre du
roi d'Espagne lui rendirent visite. Ses
jours s'écoulaient dans l'obscurité,
quoiqu'il eût manifesté plusieurs fois
le désir d'exposer sa vie pour recon-
Sucrir le trône de ses pères. La guerre
c 1740 7 qui divisa de nouveau la
STO
France et l'Angleterre , permr
Stuarts de concevoir quelque
rauce. Louis XV consentit, en
à ce que le prince Charles-Éd
fût appelé à Pans. Nais cemom
portant à-4a-fois ses armes en
dre , en Allemagne et en Italii
pouvait consacrer l'attention
forces nécessaires à une expé
maritime contre la Grande-Brel
Le jeune Edouard attendait une
sion favorable , et elle ne se pi
tait pas. Abandonné , en qi
sorte , des politiques et des guei
ce fut dans les conseils d'un j
de l'Église qu'il retrouva l'esp
le courage, a Que ne tentez-voi
dit le cardinal de Tencin , de ]
dans le nord de l'Ecosse? votre
présence pourra ranimer votre
et vous créer une armée. Il f
bien alors que la France vous
tienne. » Celte idée hardie fut ;
tée avec empressement par le
fils de Jacques II. Après avoir 0
le consentement de son père , il
cupa , dans le plus grand secre
préparatifs de Texpédition, L
gociant d'ongine irlandaise , é(
Nantes , fournit un bâtiment d
huit canons, sur lequel le ]
s'embarqua le 12 juin 174^
milieu des réjouissances occasi(
par la victoire de Fontenoi. L
ment de l'humiliation de i'Angl
semblait propice. Apres avoir c
péà une croisière anglaise, Cl
Edouard tourne l'Irlande et del
sur la cote occidentale d'Écos:
tre les îles de Mull et de Sky
premiers habitauts auxquels il
clare tombent à ses genoux : «
que pouvons -nous jpour vous
disent-ils ; nous ne virons que d
noir , et nous sommes désann
Je mangerai de ce pain avec
répond le fils des rois, et je
STD
apporte des armes. » Il n'avait ce-
pendant que qucl(jues centaines de
sabres à leur distribuer; et sept of-
ficiers seulement raccompagnaient.
Un morceau de tafl'etas y attache' à
nne pique, devient Téteudart royal.
Le prince s'empresse d'annoncer aux
rois de France et d'Espagne qu'il est
descendu sur le soi où régnaient ses
pères , et que les peuples accourent
au-devant de lui. Ces monarques le
félicitent et le traitent de frëre : ils
joignent quelques secours à leurs com-
pliments. Jamais l'œuvre de la révo<
tution de 1688 ne parut plus près
d'être renversé. Le roi George 11
était sur le continent ; dans toute
l'Angleterre on comptait à peine six
mille hommes de troupes réglées. Le
prince , à la tête des Montagnards et
vêtu comme eux , se porte rapide-
ment sur Perth , et s'empare de cette
ville importante. Aussitôt il j fait
proclamer Jacques III , son père ,
Iroi d'Angleterre , d'Ecosse et 4'Ir-
lande, et lui-même régent de ces
royaumes. Les chefs de sa petite ar-
mée semblaient hésiter sur la marche
qu'il convenait de suivre. « A Édin-
oourg ! » s'écrie-t-il; on le suit. La
capitale de l'Ecosse ouvre ses portes :
celle de l'Angleterre même tremblait
dé)à. La régence établie par George
il manifeste sa terreur , en mettant
lichemeiit à prix la tète du fils des
rois. Le jeune Stuart répond noble-
ment à cette proclamation sangui-
naire , en défendant à ses adliérents
d'attenter aux jours du prince qui
n'était à ses yeux qu'un usurpateur.
n apprend que le général Cope mar-
che sur lui avec une armée double
de la sienne : il vole à sa rencontre ,
l'atteint à Preston-Pans , et le bat si
complètement , que ce gênerai s'es-
time heureux de s'échapper lui quiu-
âëme. Au bruit du danger qui mena-
XLIV.
STU
97
çaitia couronne, le roi George s'était
hâté de regagner l'Angleterre. Bientôt
il y rajipela une partie des troupes
qui faisaient la guerre dans les Pays-
Bas. Mais déjà Qjarles-Édouard avait
traversé tout le nord de l'Angleterre:
son avant -garde occupait Derby , à
U-enlc lieues de Londres; la terreur
et la confusion régnaient dans cette
grande capitale : les boutiques et la
banque même y étaient fermées. Pen-
dant ce temps , quelques Irlandais au
service de France méditaient une
diversion en faveur du prétendant.
Le comte de Lally , si connu par sa
fin tragique , était l'ame de 1 entre-
prise. Un armement se prépare à
Dunkenjuc et à Ostende : le duc de
Richelieu devait commander l'expé-
dition. Des lenteurs la font manquer :
elle se borne à de faibles secours en
hommes et en argent. « Avec trois
mille Français , s'écriait le jeune prin-
ce, je me rendrais maître de l'Angle-
terre ! » Mais réduit à des bandes
irréguliërcs , il lui était imposssible
de suivre un plan ri\e dans ses opé-
rations. Les milices anglaises repren-
nent Édinbourg derrière lui : il est
obligé de revenir brusquement sur ses
JM*!. On lui annonce qu'une armée
ennemie , double de la sienne , n'est
lus qu'à six milles de lui, à Falkirk.
Ivole au-devant d'elle , la met dans
une déroute complète , et l'oblige
d'aller se jeter dans un camp retran-
ché , au milieu des marais. Quoique
l'on fut au cœur de l'hiver ( '28 jan-
vier 1746) , Charles - Edouard ne
veut pas laisser reposer l'ennemi :
il attaque et force les retranchements.
Cette double victoire, dans le même
jour, semblait décider du sort de la
guerre ; mais c'est à cette époque mê-
me qu'elle prit un caractère sérieux.
Le duc de Cumberland pénètre en
Ecosse, à la tête d'un corps consi-
7
[,
§8 STU
dérable. Les troupes de son adver-
saire, manquant de vivres et exté-
nuées par la rigueur de la saison , se
voient contraintes de lever le siège de
Stirling , et bientôt après , de se re-
plier sur Invemess y dans la pointe
septentrionale de l'Ecosse. Le prince
hanovrien passe enfin la Spey : une
bataille était inévitable. Elle eut lieu
à Culloden , le 11 avril 1 746, jour à
jamais memoraule dans l'histoire
d'Angleterre. Quelques instants y dé-
cidèrent entre deux dynasties. Saisis
d'une terreur panique y les monta-
gnards, jusque-là si redoutables, cher-
chent leur salut dans la fuite. Entraî-
ne dans la déroute générale, n'ayant
pas le temps de faire panser une bles-
sure qu'il avait reçue dans le combat,
le petit -fils de Jacques II errait à
Çicd dans les montagnes et les forets,
ous les compagnons de son infor-
tune , à l'exception de deux amis fi-
dèles, qu'il avait amenés de France^
l'abandonnent. Il gagne le poit d'A-
rizai^, situé sur la côte nord - ouest
de l'Ecosse^ mais, sachant qu'il est
poursuivi , il s'éloigne de ce lieu , au
moment même où deux bâtiments
français y abordaient. Des partis an-
glais battaient la campagne en tous
sens. Le prince espère du moins trou-
ver une retraite sûre dans la petite
île de Stornaway , l'une des plus
septentrionales des He'brides. Un ba-
teau de pécheur l'y transporte. Il y
découvre aussitôt des soldats du duc
de Cumberland; il est obligé de pas*-
ser la nuit dans un marais. Au point
du jour, il se remet en mer^ sans
provisions et sans savoir quelle route
tenir. Bientôt il est entouré de vais-
seaux ennemis; et il n'a plus d'autre
moyen de sahit que de s'échouer sur
la grève d'un îlot désert et presque
inabordable. C'est là qu'il attend que
k mort vienne mettrt un terme à ses
STU
souffrances. H ne lui restait qu'un peu
d'eau-de-vie pour soutenir ses forces
et celles de ses deux compagnons.Quet
ques poissons secs, laisses sur le ri-
vage , furent regardés comme un bien^
fait de la Providence. Dès que la mer
parut libre, on rama vers l'île de
Vist , où il avait relâche' en venant
de France. Il y trouve d'abord un
Eeu d'assistance et de repos ; mais au
out de trois jours, surviennent des
milices du parti victorieux. Le prin-
ce s'enfonce dans une caverne , où il
passe trois jours et trois nuits. Il s'es-
time heureux de pouvoir gagner une
autre île , où les mêmes péiils ne tar-
dent pas à le menacer. Il repasse la
mer^ et se hasarde sur la cote, n'é-
tant plus couvert que de quelques
lambeaux d'habit montagnard. Il
aperçoit une femme à cheval; il s'ap-
proche ^ il reconnaît miss MacdonaÛi
qu'il sait dévouée aux Stuarts , et il
s'en fait reconnaître. Elle lui indique
une caverne où il attendra sans dan-
ger des secours et un guide. Deux
jours se passent : personne ne parait
Aux tourments de la faim , se joi-
gnaient ceux d'ime maladie cruelle :
le corps du prince était couvert de
pustules enflammées. Un aifidé de
miss Macdonald se montre enfin : S
lui annonce qu'elle l'attend dans Itk
de Benbécula , chez un pauvre gentit
homme d'un dévouement connu;
mais déjà ce fidèle serviteur était ar-
rêté avec toute sa famille : il faut en-
core se cacher dans des marais. Mus
Macdonald déclare qu'elle peut sau-
ver le prince sous des habits de ser-
vante, qu'elle apporte, mais qu'eUe
ne peut sauver que lui. Ses comna*
gnons d'infortune le supplient d'ac-
cepter cette offre. Il s'arrache de leurs
bras , et , sous le nom de Betty , suit
la courageuse Ecossaise dans l'île de
Skye. Ils étaient dans l'habitatioa
j
STU
imme dn parti , lorsque
est tout-à-coup investie
its anç;lais. C'est le prin-
e qui leur ouvre. Il a le
i*ctre pas i*ei:onuu j mais
sa présence compromet
nillc , et plus encore sa
11 s'éloigne seul. Après
le' long - temps , épuise
Q et la fatigue , il se
ippcr à la porte d'une
nom que prononcent les
, il voit qu'il est tombe
ins ennemies. 11 se prc-
oins devant le maître de
Le iils de votre roi , lui
t vous demander du pain
t. Prenez les misérables
qai me couvrent; vous
e les rapporter un jour ,
lais des rois de la Gran-
;ne. » Ces nobles et tou •
oies désarment l'ennemi
11 aide le prince à re-
cosse. La prenûère nou-
apprend le malbeurcux
louard , c'est que miss
est enlevée , que tous les
; sa famille sont frappés
s à^attaimler. Quant au
même , les ministres de
s'étudièrent à le rendre
lux yeux du peuple, par-
it été terrible. Tous ceux
iers qui avaient été pris
imbats y expirèrent dans
supplices , dont on fit un
I peuple de Londres. Le
cobites ruissela dans tou-
s de rÉcosse. Tous , sur
prièrent Dieu à haute voix
e trône au roi légitime,
a cour de Versailles , vi-
•mée sur le sort de l'au-
r, envoya deux frégates
occidentale d'Ecosse. Les
:hcrchërentlongtcmps eu
STU 99
vain d'iIe en tle. Enfin, le 2Q sept, , il
parut^ et l'on se hâta de reprendre le
chemm de France. Mais la destinée
de ce malheureux prince semblait en-
core le poursuivre 5 deux fois il fut
sur le point d'être enlevé par des
croisières anglaises. 11 ne fut pleine-
ment en siireté, que lorsqu'il eut dé-
barqué à Saint-Pol-de-Léon ( i o oc-
tobre i']f\6)* Ce nouvelles infortunes
l'attendaient en France : le traité de
paix d'Aix-la-Chapelle , signé deux
ans après son retour , contenait une
clause qui décelait les craintes que
son nom seul inspirait encore à ses
adversaires. Le ministère britannique
exigea que le prince qui l'avait fait
trembler n'eût point la permission de
reposer sa tête sur le sol français ; et
les ministres de Louis XV , oubliant
que leur maître avait accepté de ses
sujets le titre de Fictor et pacijica-
tor{i)y consentirent à cette condi-
tion humiliante. Justement indigné ,
Giarles-Édouard se plaignit amère-
ment de la cruauté dont on usait en-
vers lui y après avoir solennellement
promis de ne point l'abandonner; il
rappela qu'il .avait l'honneur d'être
Sarent du roi de France, puisqu'il
escendait d'une fille de Henri IV. Le
gouvernement affecta de fouler aux
pieds ces titres sacres aux yeux de
tout Français : le coui'age du prince/
aicri par tant de souffrances et d'in-
sultes , refusa de plier sous la néces-
sité^ et c'est alors que se passa la
scène la plus scandaleuse et la plus
affligeante pour tous les coeurs oien
nés. Cliarlcs-Édouard recherchait les
endroits publics , croyant y être
plus en sûreté que chez lui. La po-
lice, qui suivait ses pas, le voit entrer
à l'opéra : elle fait ses dispositions ,
(t) Cm deux mots d^orateut le picdettal de 1«
statur érigée à Louis XV, «vr U pince de iao_uoa4
p«r U ville de P«rU,
lOO
STU
et quand , à la sortie du spectacle ,
le prince monte dans sa voilure ,
il se srut saisi par des agents
aposlcs. 11 se degajije de leurs bras,
il se dcLat ; aussi-tôt , sous pre'-
tcxtc qu'il a des j»istolcts dont il
peut faire usage , le fils des rois
voit lier ses mains ronimc celles
d'un vil malfaiteur. Toute la ca-
pitale retentit de cris d'indignation.
a Ce fut là , dit Voltaire , le dernier
coup dont la destinée accabla une gé-
nération de rois pendant trois cents
années. » Rendu à la liberté , Char-
les-Edouard choisit j)our sa première
retraite la ville de Bouillon : le gou-
vernement anglais l'y trouvant enco-
re trop près , il alla retrouver son
Î>ère à Rome. Ils semblaient Tun et
'autre ne devoir plus aspirer qu'au
repos, lorsque les cvéuements failli-
rent ramener le jeune prince sur la
scène politique. Au milieu d'une paix
profonde , les Anglais s'emparèrent
de deu\ vaisseaux français, sur le
banc de Terre-Neuve ( \n55 ). Le
comte de Lally , mandé à Versailles ,
et consulté sur les mesuresà i)rendre,
'répond, sans hésiter, qu'il faut des-
cendre en Angleterre avec le prince
qui, dix ans auparavant, y avait
conquis tant de cirurs par sa vail-
lance et par ses infortunes mêmes.
Charles - Edouard est secrètement
averti : il jiaraît à Navarre ciiez le
duc de Bouillon , sou cousin , et à
Nanci chez le roi Stanislas. Lally a
des conférences avec lui; et profitant
aussitôt des facilites que lui donnait
le commandement des côtes de Pi-
cardie, il rouvre ses rorrespondan-
ces a\ ec les Jaeobitcsdes trois royau-
mes. Mais tout-à-roup le ministère
français renonce à ses projets contre
r Angleterre j le prince Edouard re-
toui-Dc de nouveau à Rome. La cour
de Versailles, qui l'avait si lâchement
STU
abandonné et si indignement
sentait néanmoins qu'il éU
politique de ne pas laissèrent
éteindre une race royale,
vait encore être utile h ses
Klle négocie donc le maria{
jeton des Stuarts avec la jei
cesse de Stolberg-Gcedern.
cours de la maison de Bou
surèrent aux époux un apan
veiiable. T^a mort du prétend
du prince, qui arriva vers
temps , contribua beaucoi
faire accepter l'asile que h
duc de Toscane Tjéopold In
dans ses états. Il y prit le
comte d'Albany. Le bonheu
tique qui lui faisait oublier
gués traverses d'une existe
jours agitée, fut d'une tro
durée. La comtesse alla fixe;
jour à Borne chez le cardina
'son beau-frère. Son époux
filusîeu]|i;s années à cette sej
1 moiSèét k Flor^ee le 3 1
17B8. Tous les faits que Vi
de lire sont authentiques :
d'autres dans la vie de ce mal
descendant de Marie Stuai
Charles ïc>*. , qui ^ sans avoi
me caractère , ne peuvent ce
être passés sous silence. T
deux apparitions qu'il osa
Londres; la première en i
la seconde en 1761 , quoiqi
du parlement qui mettait s
prix n'eut pas été révocjué.
célèbre historien David llimic
ici d'autorité. Voici une letl
écrivit d'Édinbourg , le 1 3
1773, à son ami le docteur
(2). « Il est certain que le
» dant était à Londres en \*j5l
))su de milord Maréchal (
(a; Celle Iflire m trouve m ivtier dmt
duction dm Mémetirt dm cmnlimml Dnboi
p«r railleur rf« cet article.
STU
h ) qoim'a dit en avoir une par-
^connaissance.Le prince prenait
m de précautions , qu'il sortait
rtement le jour , avec son lia-
ccoutumé y en ôtant seulement
ftoile. Cinq ans après , je con-
me histoire à lord Holderness,
tait secrétaire d'état en 1753 ,
i joutai que je présumais que
lit avait échappé à sa con-
ancc. — Aucunement, me dit-
quî croyez-vous qui m'en ait
• le premier ? ce fut le roi
^e Tl lui-même. Il me deman-
î qu'il y avait à faire; j'hcsi-
.. Rien du tout , reprit le roi ;
u'il sera las de l'Angleterre, il
rtira. — Mais ce qui vous sur-
ira davantage, continue David
; , c'est que milord Maréchal,
lies jours après le couroune-
dc George III ( 1761 ) , me
ae le jeune prétendant était
à Londres pour voir cette
lonie , et qu'en eflct , il l'avait
IVIiloi-d tenait ce fait étrange
lomme qui , ayant reconnu le
* dans la foule, lui dit à l'o-
: V. A. R. est le dernier être
t que je me serais atteudu à
îr ici. — ('/est la curiosité , ré-
t le prince, qui m'y conduit;
je vous assure que Tliomme
t l'objet de toute celle pompe
lui que j'envie le moins. » La
cette lettre contient des par-
és sur lesquelles Hume se
beaucoup moins crédule: tel
>ruit répandu par quelques
5 mécouteiits, que l'héritier
irts avait protilé de son sé-
jomlres, pour abjurer la re-
îthoiique. D'autres ennemis
osèrent lui imputer les vices
bas et les plus odieux.. La
9nt il vient d'être question ,
que c'était Helvétius qui s'é-
STU
loi
tait chargé de répandre ces calomnies
en France. Suivant lui , par exemple ,
le petit-fils de Jacques II avait laisse
paraître tant de lâcheté au moment
de s'embarquer à Nantes pour sa
grande expédition d'Ecosse , qu'il
aurait fallu le porter, pieds et pomgs
liés y à bord de son vaisseau. Croirait-
on que , dans ces deniiers temps mê-
mes , il s'est trouvé des écrivams an-
glais assez dépourvus de toute pu-
deur , pour* outrager jusque dans sa
tombe un prince malheureux ? mais
la valeur, l'humanité, que fit éclater
Charles -Edouard sur les champs de
bataille , et sa constance héroiqire
dans l'infortune, parleront toujours
plus haut que la voix de ses obscurs
calomniateurs. Dernier rejeton d'une
race royale poursuivie pendant plus
de trois siècles par une fatalité inex-
Slicable, l'histoire lui assurera des
roits étemels à l'admiration et à la
pitié. On n'y bra jamais son nom
sans s'écrier avec Je plus illustre de
ses biographes : « Que les hommes
privés qui se plaignent de leurs pe-
tites infortunes, jettent les yeux sur
ce prince et sur ses ancêtres ! » Per-
sonne n'ignore que Voltaire a consa-
cré deux chapitres de son Précis du
siècle de Louis XP^, au récit détaille
de l'expédition d'Ecosse , en 1745.
Ce brillant morceau mérite toute
croyance : l'auteur fut employé par
le miuistère français pour composer
des manifestes au nom du prétendant.
11 eut entre les mains sa correspon-
dance et celle de ses principaux of-
ficiers. Charles - Edouard , comme
nous l'avons dit , avait épousé la
princesse Louise - Maximilienne de
Slolberg-Gœdern, née à Mens, en
i7Vi, et de trente-deux ans plus
jeune , par conséquent , que son
époux. Cette union , mal assortie, fut
loin d'être heureuse. La comtesse
103
STO
d'Albany se retira d'abord à Bome^
laissant le comte à Florence , où il ter-
mina sa carrière. Dès qu'il eut cesse
de vivre ( 1 788 ) , sa veuve, qui e'tait
encore fort belle , satisfit le désir
qu'elle nourrissait depuis long-temps
de voir Paris. La cour de France lui
assura les moyens d'y vivre d*une
manière conforme à son rang. La
révolution, qui ne tarda pas d'écla-
ter y la força de retourner en Italie ,
avec le célèbre Alficri , dont elle s'é-
tait déclarée l'admiratrice la plus
passionnée. Le poète n'éprouvait pas
une moindre exaltation pour la com-
tesse : « C'est vous , lui disait-il dans
la dédicace de sa tragédie de Mirray
c'est vous qui êtes la source où je
puise mon génie , et ma vie n'a com-
mencé que du jour où elle a été en-
chaînée à la vôtre. » La comtesse
perdit Alûeri à Florence : elle y éterni-
sa sa douleur en lui faisant ériger un
mausolée par Canova. lia Toscane ,
par suite des événements de la guerre,
tomba sous la domination de Buo-
naparte. Il connaissait la haine que
lui portait la comtesse ; il la manda
à Paris ^ elle soutint sa présence et
ses reproches avec une fermeté qui
étonna le despote. Il lui permit de
retourner à Florence , où elle consa-
cra le reste de son existence à lui ar-
tiste français qui avaitété l'ami d'Aï-
fieri. Il paraît mcme constant que,
par un mariage de la main gauche,
elle honora du don de sa maiu Fran-
çois - Xavier Fabre , peintre d'his-
toire. Il est certain, du moins^ qu'elle
l'institua son légataire universel.
La comtesse d'AIbany^ est morte le
ag janvier 18*24. S — v — s.
STUART (Heuri-Benoit), frère
du précédent , naquit le 6 mars 1725,
etfut baptisé^ au mois de mai suivant,
Sar le pape Benoît XIII. Appelé
'abord le duc d'York , il devint
STU
ensuite cardinal dn même nom^ lon-
3ue le pape Benoît XIV l'eût revêtu
e la pourpre romaine en 1747. Le
jeune duc n'avait encore que vingt-
deux ans. Le roi de France lui donna^
5 eu de temps après y la riche abbaye
'Anchin. Son état ne lui permit
de prendre aucime part aux événe-
ments qui agitèrent la vie dn prince
son frère. Mais dès qu'il eut reçu la
nouvelle de sa mort, il se reearda
comme légitime souverain ofe la
grande Bretagne. Son testament, qu'il
tit à cette époque^ ordonnait que son
titre d'Henri IX fût inscrit sur sa
tombe. En conséquence, il voulait
être traité de Majesté dans son inté-
rieur. On raconte, a ce sujet, qu'un
des fils de George 111 ^ voyageant
en Italie^ désira être présenté chei
le cardinal d'York , et qu'il n'hésita
nullement à se confoxmer à l'usage,
en suivant chez l'auguste vieillard
Tctiquctte observée chez les rois. Le
carduial d'York mourut en 1807,
à l'a ge de quatre-vingt-deux aus. Avec
lui s'éteignit jusqu au nom de cette
famille, plus infortunée encore qu'il-
lustre, qui avait rempli le monde du
bruit de ses malheurs. Après la mort
du cardinal d'York, on trouva des
papiers d'une haute importance dont
il était demeuré possesseur. Ils con-
tiennent la preuve fréquente que les
Stuarts avaient conservé de nom-
breux partisans dans les trois royau-
mes. Ces papiers ont été acquis par le
roi d'Angleterre. S — v — s.
STUART (Marie). ^V.Mjlrœ,
XXVII , 98.
STUART ( Jacques ) , architecte
et antiquaire^ naquit à Londres, en
171 3. Son père, appartenant à U
marine^ eut peu de moyens de lui
donner une éducation soignée y et
il mourut lorsque Jacques , l'aîné de
ses quatre enfants, ne se distinguait
STU
re ^ par la Yivacitë de son es-
f et un goût décide pour les
du dessin. II commença par des-
et peindre des combats pour
arcband du Strand , et fut assez
ux pour placer chez lui ime de
nirs y comme demoiselle de bou-
. Il trayailla ainsi pendant plu-
i années , soutenant par ses pro-
! reste de sa famille. Malgré les
;es d^une semblable position et
iductions dont ce jeune homme
entouré au milieu de la capi-
il continua de se perfection-
>ar Tétude la plus opiniâtre de
les arts, consacrant à l'ana-
f et à la géométrie le peu de
» qui lui restait. II reçut, dans ce
klà , quelques leçons d'un maî-
! dessin ; mais ce fut toujours à
«près recherches et à ses études
lut ses progrès. La nécessité et
ication furent ses seuls maîtres,
sir de comprendre les passages
qu'il voyait au bas de quelques
res , fut le premier motif qui
apprendre cette langue; il ap-
□suite le grec de la même ma-
, et dirigea surtout ses études
rarchitecture. Il desirait ar-
LcntToir Rome et Âtliënes. Mais
it affligé d'une loupe au front :
lirurgien promit de le guérir
)yen d'un traitement long et ré-
. Une opération n 'aurait-elle
lus promptcment le même ré-
? Oui , répliqua le chirurgien;
elle serait douloureuse et ne se-
assans danger. Stnart réfléchit
>ment , puis se plaçant dans un
lil, a Coupez, Monsieur, dït'ïl,
ne bougerai pas. » L'opéra-
ut un plein succès. Il ne partit
Rome que lorsqu'il eut assuré
lence de sa famille ; et alors il
odit à pied dans la capitale
ïis , où il étudia ayec la plus
STU
io3*
▼ive ardeur , sous la direction de
l'architecte Revett y tout ce qui est
relatif à l'architecture et aux forti-
fications. Son maître devint bientôt
son ami , et ils gagnèrent ensemble
la Grèce , dans le mois de mai-s
1750. Arrivés à Athènes, ils y ren-
contrèrent leurs compatriotes Wood
et Dawkins , que le même goût pour
l'antiquité avait amenés dans ces
contrées. Dawkins fut enchante de
faire connaissance avec un confrère
voué aux mêmes études , mais dont
les ressources étaient loin d'égaler
les siennes. Ce fut pendant son sé-
jour à Athènes que Stuart prit de*
linitivcment la résolution de suivre
la carrière de l'architecture et du
dessin. Comme il était entièrement li-
bre y il s'engagea dans l'armée autri-
chieune , et fit une campagne en qua-
lité d'ingénieur. Revenu à Athènes , il
dessina et mesura les principaux mo-
numents de cette ville , et il n'en partit
qu'en 1753, avec son ami Revett..
Après avoir visité Salonique , Smyr-
ne et les îles de l'Archipel , ils ar-
rivèrent en Angleterre au commence-
ment de 1755. Le résultat de leurs
courses et de leurs travaux scienti-
fiques parut en 1 762 , sous ce titre i
Antiquités d'Athènes mesurées et
dessinées par /. Stuart et Nicolas
Revett , peintre et architecte, tome
i^*". , grand in-fol. Cet ouvrage est ,
sans contredit , une des meilleures
productions du dix-huitième siècle.
C'est un digne pendant des magnifi-
ques descriptions de Palmyre et de
Balbec , par Dawkins et Wood. Il
valut à Stuart le surnom à! Athénien,
et l'estime de tous les amis des arts.
Lord Anson le fit nommer intendant
de l'hôpital de Grccnwich. Les ré-
Î)aration3 importantes et les cmbel-
issemcnts aue cette maison a reçus,
après un uiccndic y ont été iaUi
io4
STU
d'après ses dessins et sous son ins- •
pectiou. Il consliuisit aussi à Lon-
dres , plusieurs maisons qui attestent
la pureté de son goût et la solidité de
ses connaissances. Stuart fut marie
deux fois , et il eut quatre enfants
de son second mariaç;e , outre autres
un garçon qui , à l'âge de trois ans ,
montrait une passion étonnante pour
le dessin. Cet enfant mounit oe la
petite vérole , en 1187 ; Stuart en
conçut tant Je chagrin, (pi'il expira
lui-même , peu de temps après , le 1
février 1 780. Les trois derniers vo-
lumes des udntiquités iV Athènes ^
n'ont paru qu'ajirès sa mort , le se-
cond tome , en 1 790, avec des expli-
cations et notes de iWi^'fo/i; k troi-
sième^ en 1794? avec le texte de
Bevett , et le quatrième , en i8i5 ,
avec un texte explicatif et historique
de Tajrlor.Cfii ouvrage a été' traduit
en français par M. Feuillet, 1808^
181 5, 3 vol. iu-fol , qui ont paru en
huit livraisons. Z.
STUART (sir Charles ' , général
anglais, né eu 1753, était fils du
marquis de Bute ( Vojr, ce uom ).
Élevé sous les yeux de sou père,
il manifesta , dès sa jeimesse , un
goût décidé pour l'art militaire ainsi
que pour la science diplomatique.
Apres avoir été présenté par lord
Bute dans les prijici pales cours de
l'Eiu'ope , suivaul Tiisage des clas-
ses supérieures de la société anglai-
se, il entra au service à l'Age de dix-
sept ans, et fil ses premières armes
en qualité d'aide-de-camp du vice-
roi d'Irlande. 11 passa, eu 1773,
en Amérique , où il se distingua
dans plusieurs occasions, à la tcte
d'un corps d'élitf. Au commen-
cement clés deux dernières guer-
res avec la France , il fut promu
au grade de maréchal-de-camp, et
reçut le commandement des trou-
STO
pes employées dans la Méditâmr
née. Il se rendit maître de Hle de
Corse; et, après avoir concilié , au-
tant qu'il dépendait de lui, les intë-
retd opposés qui , dans tous les temps,
ont divisé les habitants de cette île ,
il retourna en Angleterre en 1796;
mais ce ne fut que pour repreiâie
aussitôt le commandement d'un corpi
auxiliaire de huit mille hommes que
la Grande-Bi'etagne envoyait en Por-
tugal ,aliu de défendre ce pays contre
les menaces de la France. Le génë*
rai Stuart entra dans le Tage au
commencement de l'année 179^; et
il fut mis en possession des oifiTé-
rents forts qui défendent Lisbomif.
11 passa près de deux ans dans ce
pays; et il n'est pas possible de dou-
ter que la sagesse de ses combinai-
sons et de ses conseils n'ait contribué
à em])écher L'invasion de ce royau-
me , projetée , vers ce temps ^ par le
Directoire exécutif de France. Ce lut
aussi alors qu'en faisant connaître
les moyens que le Portugal , jusque-
là trop peu considéré, sous le rap-
port de ses ressources militaires, pou-
vait mettre en action , il prépara la
résistance sur laquelle l'armée an-
glaise devait plus tard fonder ses pre-
miers succès dans la Péninsule. Nom-
mé une seconde fois au commande-
ment des troupes employées dans la
Méditerranée , le général Stuart en-
treprit , au mois de septembre 1 798,
une expédition contre l'île Minor-
que, défendue par une garnison de
quatre mille cinq cents E^agnols. Il
dél)arqua ses troupes à Adaya, an
noixl de cette île, pénétra dans l'in-
rieur , et , en y prenant position , réus-
sit à paralyser les efforts de l'enne-
mi. En quatre jours, il se rendit maî-
tre des villes du Port - M ahon et de
Citadella , seules places qui lui ofTriv
sent de la résistance , et fit ensuite ,
STD
nyer la moindre perte , la
e cntiërn de l'île. A peine
përadon était-elle terminée^
* suite de Tiovasion des Frau-
is le royaume de Naples,
ut oblige de se rendre en Si-
1 de protéger cette île con-
s entreprises ; et il lui suf-
transportcr deux régiments
mettre à Tabri d*ime in va-
la fin de cette même année ,
irgé de reprendre Tîle de Mal-
t Buouaparte s'était emparé
up férir j mais comme les
anglaises n'étaient point as-
breuscs , ses opérations ■ aprt's
fût emparé du restant de
se bornèrent au blocus de
rtte ; et cette forteresse ne se
ii'aprês y avoir été forcée par
le. Ce fut alors qu'à la suite
position que le général Stuart
; que ia souveraineté de l'île
te fût transférée à une au-
sance , il résigna son com-
lent , et retourna en Angle-
es intentions du ministère y à
d , furent dévoilées par l'op-
, dans la chambre des com-
et il est certain que l'Angle-
it la conservation de cette île
lamations du général Stuart,
lier lieu , et par suite aux opi-
n'exprima la chambre des
les , lorsqu'il y siégeait, dans
s de l'opposition. Ce général
luprintempsdc l'année 1 8oi ,
coi'e à la ileur de son âge. Il
nix lils. Le plus jeune mourut
icc naval; et l'aîné, sir Char-
rt , est celui qui , après la res-
n des Bourbons , fut ambas-
ie la cour de Londres h celle
ce. B — p.
ART { Gilbert ) , écrivain
, ne en 174^ •> dans l'uni-
d'Édinbourg , où son père
STU
103
était professeur d'humanités, fut des"
tiné aabord au barreau ; mais après
ayoir passé mielqties années chez un
procureur , il fut détourné de cette
carrière par son goût pour les étu-
des historiques et philosophiques.
Ses progrès furent rapides. Une Dis-
sertation historique sur l'antiqui-
té de la constitution britannique ,
qu'il publia en 1*761, étonna dans
un jeune homme ae vingt - deux
ans, et lui valut, de la part de l'uni-
versité , le degré de docteur en droit ,
que son père reçut en même temps
que lui. Un Tableau de la sodé-
té en Europe dans son passade
de la barbarie à la civilisation, qui
parut quelques années après , le lit
connaître plus avantageusement en-
core , et prouva que l'auteur avait
étudié avec fruit les monuments les
plus précieux du moyen âge. Gil-
nert Stuart vint à Londres en 17C8,
et jusqu'en 1775 y concoiurut à la
rédaction du Jlfo7tfA(;^ Review; mais
se trouvant gêné sans doute pour
satisfaire dans ce journal la malveil-
lance dont il était animé, il revintdans
sa ville natale commencer un écrit du
même ^tnttyV Edinbur^h Magazine
and Reçiew, qui eut , pendant quel-
ques mois , un grand succès , grâce à
la sévérité et même à la virulence
avec laquelle la critique y était exer-
cée. On apprend , dans une de ses let-
tres, qu'il avait eu l'idée à* orner son
Î)rcmier numéro d'une caricature , ou
ord Monboddo (r. ce nom) était re-
présenté en quadrupède. La gravure
aurait été accompagnée d'une des-
cription, à la manière de BuSbn, de
cet animal encore inconnu. Le ré-
dacteur du Magazine , homme d'un
caractère jaloux , à qui les succès
d'autruifaisaientombrage,s'attachaà
miner les célel)rités qui 1 oITusquaient.
Les historiens Henry, Robertson, Gib-
io6
STU
bon , furent particulièrement enbutte
à ses sarcasmes. Le public, qui par-
tout semble prendre plaisir à voir
rabaisser, même par des hommes
qu'il méprise , ceux que leur mérite
élève au-dessus de la foule , applau-
dit aux premières attaques que Muart
dirigea contre les meilleurs écrivains
de sa nation , mais il finit par en être
dégoûté et indigné. Cet ouvrage pé-
riodique^ auquel travaillèrent aussi
Smeme(i), le docteur Blacklock et
le professeur Bicbardson , perdit par
degrés , toute sa vogue. La résis-
tance que Stuart éprouva de la part
du clersé, des autorités civiles^ et de
toutes les personnes honnêtes , le
transporta ae haine contre la ville
où il avait reçu le jour : « Je déteste
mortellement cette cité et tout ce qui
y respire, écrivait-il en 1774* Mal-
heur à ce pays , malheur aux hom-
mes , aux femmes et aux enfants qui
l'habitent! » A ce sujet, D'Israeli le
compare à Gollot d'Herbois , qui eût
voulu mettre le feu aux quatre coins de
la ville de Lyon , pour se venger d'y
avoir été chassé de la scène au bruit
des sifflets. UEdinburgh Magazine
cessa de paraître en 1776. L'irri-
tation que causa cet échec au rédac-
teur principal , était augmentée par
le succès dont il voyait couronner
les travaux de ses émules. Peu
intimidé par le nombre des enne-
mis qu'il s'était déjà faits , Stuart
dirigea ses invectives contre le célè-
bre Bobertson^ qui avait à ses yeux
le tort d'avoir traité, dans sa fa-
meuse Introduction , le même sujet
que lui dans son Tableau de la sa-
(i) Guillaume Siudlie, imprimeur et homme d«
lettre* , aut^el on a coniwcn^ quelques licnes
«hna cette biographie (XLïI, 470 >-, était d'an
caractère bim diH*ereDt de aon rullaborateur : il eut
on ionraTec lui une querelle très-vire pour aToir,
•rec autant d'adresse que de prudence , mcta-
morphoké en panégyrique dans son journal une sa-
lir* Maire contre m lords lUiiaet et Monboddo.
STU
eiéte\ Il attaqua ^ sans aiici
gement , les opimons de t;et
sur certains points contestés
toire de son pays. Ce futd'ab
des Observations conceman
public et V histoire constitua
de l'Ecosse 1779, in-S**.
te , en blâmant la violence
expressions , on fut obligé d
nir qu'à quelques égaras i
tort que dans la formé. Robi
vengea, dit-on , de cette agre:
s'op posant à ce que Stuart <
chaire de droit public de l'u
d'Édinbourg. Celui-ci redo
hostilitésdans son Histoire d
depuis rétablissement de l
mation jusau*à la mort de
Marie, 1702, a vol. in- 4°
se proposa de justifier Mari(
contre les calomnies de Buchi
pétées par Robertson. Bien q
nion qu'il soutient ici ait j
l'immoralité de son caraclè
supposer qu'il ne s'est rang
les zélés partisans de Mai
pour être en opposition avec
vain qu'il haïssait. Éloigné
pays par l'horreur qu'il y ic
et par rimpuissance d'y fâir<
mal dont if éprouvait le besoi
Sarutà Londres en 1 782, et j
e nouveau à la rédaction <
ques écrits périodiques , le i
Herald et VEnglish Review.
duite privée était très-peu
re. L'habitude de l'intempi
contractée de bonne heure ,
vaux excessifs , et les tourm
séparables des passions hai
minèrent sa constitution ri
il revint à Édinbourg , dans
de santé déplorable , et m(
quarante-deux ans, le i3 juij
A ceux de ses ouvrages qi
avons cités , il faut ajoute
un écrit anonyme contre le
STU
. ^ avait publia une Gram-
latine, 177^1; '2®. Histoire
kéblissement de la reforma^
iligieuse en Ecosse , Liondres ,
in-4'^. Cet ouvrage est re-
aWe pour la chaleur du style ,
ne pour Timpartialitë. Parmi
1rs portraits tracés avec vi-
y on fut étonne de ne pas trou-
dui du fameux réformateur
; mais l'auteur répara cette
on dans son Histoire d'Ecosse.
i dut aussi la publication des
tf ( lectures ) sur la cous-
in de l'Angleterre , par Sul-
revues et augmentées, 1774*
eilleur de ses ouvrages j le
au de la société en Europe ,
imprimé en 1778, avec des
ons , in-4**. ; il a été traduit en
is ( 1789. 1 vol. in-8*>.), par
H. Boulard , qui a aussi traduit
me auteur la Dissertation^ citée
laut , sur V ancienne constitu-
les Germains y 1794, in- 80.
iede Stuart se distingue parla
et la concision ; mais on lui a
ché de la roideur , et une sin-
B prédilection pour l'emploi
rcssions vieillies, inusitées ou
;ères ; ce aiii donne à ses écrits
r de traduction , et en rend
ture péuiblc. Quelques frag-
des lettres que Gilbert Stuart
it d'Édinbourg à son libraire
adres , achèveront de faire cou-
le mauvais naturel de cet hom-
avait formé une véritable 00ns-
on littéraire contre la rcputa-
u docteur Henry , auteiu: d'une
re d'Angleterre sur un nouveau
11 parvint à troubler le repos de
crivaiu estimable , et arrêta
nt long-temps le deljit de son
ge. Voici ce qu'il écrivait en
: « Le révérend historien vient
ter la société instituée pour
STU i©7
propager 1 instruction chrétienne ^ à
armer pour sa cause. Je me vois au
moment d'être persécuté par tout le
clergé , et de le persécutera mon tour.
Les ministres sont chauds et zélés ^ je
suis froid et impassible , comme un
sceptioue déterminé : puisque je suis
entré oans la lice , je combattrai : je
remporterai la victoire , ou Je pérurai
en homme. »... « David Hume veut
se charger de la critique de Henry ;
mais cette tâche est si précieuse , que
je prétends m'en acquitter moi-même:
je ne la céderais pas àMoses, quand
d la demanderait comme une faveur;
non , pas même à l'homme selon le
cœur ae Dietf. »... 4 ni^rs 1774 :
« Heniy est complètement ruiné ; sa
rente est arrêtée; un grand nombre
de ses exemplaires lui sont renvoyés:
dites-moi , je vous prie , comment il
se trouve maintenant à Londres 7 • . .
Que ne puis - je me transporter à
Londres pour te vilipender dans le
Monthljr Review! un feu croise du
Monthlf Review et du Critical Re-
view le réduirait en poussière. Ne
pouvez - vous rien de ce dernier
coté ? . . . Soyez assez obligeant , je
vous en supplie, pour lui faire un
peu sentir votre tonnerre ; c'est une
faveur que je n'oublierai jamais*
Si Whitaker est à Ijondi*es , il peut
lui donner une tape ; Paterson lui en
donnera une autre. Frappez de tous
côtés: le misérable tremblera, pâ-
lira ^ et s'en retournera avec la cons-
cience de sa de'bilité. ... Je lui ré-
serve un coup mortel ; je veux con-
sommer sa ruine , quand les flammes
de l'enfer s'élèveraient pour m'en
empêcher. »... 3 avril 1775. « Le
pauvre Henry est au lit de mort, et
ses amis disent que c'est moi qui l'ai
tué. J'ai reçu cette nouvelle comme
un compliment, et j'ai répondu qu'on
me fabait trop d'honneur. » David
io8
STU
Humc^ sur Tassistancc duquel Stuart
avait compte pour déprécier l'ou-
vrage de Hcniy dAns]eMonthly Re-
view , avait trop de probité' pour ne
pas tromper l'attente de cet homme
Sassionné , et grossit dès-lors la liste
es ennemis de Stuart. « C'est trop
pour moi , écrit - il à cette occasion ,
a être assailli à-la-foLs par des incrc'-
dules et par des dévots ; mon orgueil
ne peut supporter cela. » Mais cet être
si vain , qui nevoyait dans toute la lit-
tératurequc Montesquieu digne de lui
être compare' , se doutait peu que le
temps ne ferait qu'alierniir la répu-
tation du docteur Henry , tmdis que
ses propres ouvra «;os, uécredités sur-
tout par le caractère de leur auteur
{lenl raient , de jour en jour , de
'estime publique. Il lui manquait
une des (|ualitcs les plus essentielles
pour écrire l'histoire , comme i)our
exercer la critique : £7^>'/iiM^ suivant
l'expression de Malherbe , la science
et ta conscience. Nous devons les
fragments de sa correspondance à M.
d'Israeli , qui a justement placé (}il-
bert StUcirl au nombre des auteurs
malheureux. L.
STUDBE lihNBi), savant auteur
anglais , naquit en î63i à Partnev,
j)rês (le Spilsbye en Lincolnshire.
Son père, niiuislre de cette paroisse,
fut obligé de s*en éloigner, parce qu'il
avait manifesté du pcncliant pour les
opinions desauaba|»tistes. Accouipa-
iiué de sa fejume et «le ses enfants, il
se relira en Irlande; mais lorsaue \n
rébellion éclata dans ce pays, en i iy\ \ ,
mistriss Stubl>e s'enfuit précipifain-
menl, reviul eu Angleterre, et vécut
à Londres du travail de ses mains.
Henri , qu'elle amena avec elle, avait
alors dix ans. louvoyé à l'école de
Westminster, il s'y distingua telle-
ment , que le célèbre instituteur Hus-
by {r.ccuonij , se glorifiant d'un pa
STU
rcil élève, le présenta un jour à siiHoi-
ri Vane le jeune , comme un sujet de
grande espérance. Cet ardeot répu-
blicain goûta l'esprit de Stubbe, kd
Ht de légers présents , et lui donna
fréquemment à sa table un repas, qui
n'était pas pour l'écolier une chose
indiilérente ; car il n'avait alors que
deux sous à dépenser à son dîner,
comme il l'a raconte depuis; et son
déjeuner dépendait de la paresse oude
l'incapacité d'un condisciple , dont il
était convenu de faire le devoir à ce
prix. Il obtint une sorte de bourse ,
et fut admis , en 1649, comme étu-
diant, au collège Christ-Church d'Ox-
ford. Sa vanité naturelle s'était nial-
heureusement accrue par ses succès.
Plusieurs de ses camarades le trou-
vaient hautain et insolent; et , suivant
l'historien de l'université , Wood ,
les coups de ]>oing et de pied ne lui
étaient pas épargnés. L'occasion de
se venger se présenta, et il en profita
lâchement : ce fut en 1G49, lorsque
le serment de fidélité à la république
fut envt»yi» à l'université par sir Henri
Vane. Stubbe , abusant de son crédit
auprès de ce chef parlementaire, fit
exj)ulser du collège ceux qui lui
avaient marqué de l'aversion. Après
avoir i)ris le degré de bachelier-ès-
al^s, il partit pour l'Ecosse, et de
i(î53 à iOj:!, servit dans l'armée
parlementaire. Rentré à Oxford, il y
obtint, en iG^*; , la place de coa<»cr-
vateur adjoint de la bibliothèque
bodiéienne; ce qui le mit à portée
d'étendre son instruction. Il put en
proli 1er jusqu'en i659, 011 cet em-
ploi lui fut oté , pour avoir publié
plusieurs écrits (pii , à la veille de la
restauration, devenaient des torts
graves : c'étaient V Apologie de sir
Henri fane} Essai sur la bonne
vieille cause ; la Lumière sortant
des tétièbres , avec une Apologie
STU
des auakers, où le clergé et les uni-
versités notaient pas ménage's. Stub-
be se retira pourlors âStratford-sur-
ÂTon,eD Warwickshire; et, comme
il avait fait quelques e'tudes médica-
les, il se mita pratiquer Tart de gué-
rir. N'e'tant cuire dans le parti révo-
lutiounaii^ que par faiblesse et par
atraiuement, il soufTrit peu de la
réaction politique. Il avait servi par
ses écrits la cause qui venait de suc
comber; mais il ne s'était attaché à
aucune secte , et n'avait pas usé de
son crédit pour s'élever et s'euricliir:
aussi, la restauration du tronc étant
consommée , tandis que son protec-
teur, excepté de l'amnistie , payait
de sa tcle la part très - active qu'il
avait prise à la révolution, Stubbe
fîit à peine inquiété. Il chanta la pa-
linodie et trouva grâce aisément. Il
promit d'observer inviolablemeniro-
bàssance passive; lorsque l'épiscopat
ûitrétabh^ il reçut la confirmation
des mains du diocésain. Dans la pré-
face de La Bonne vieille cause , pu-
bliée en i6j9, il avait exalté VO-
céana d'Harrington; en 166 1 , il écri-
TÎt contre cet ouvrage ; que pouvait-
il faire de plus ? Ce fut cette même
amiée qu'il se rendit à la Jamaïque,
avec le titre de médecin du roi pour
celte île: mais l'influence fâcheuse
de ce climat sur sa santé le ra-
mena en Angleterre ; et s'étnnt de
nouveau iixc à Warwick , il y exerça
la mcderinc avec beaucoup de répu-
tation , ainsi qu*à Batli , sa résidence
dVte. Entre plusieurs écrits qui sor-
tirent de sa plume après la restaura-
tion , on cite particulièrement ceux
3u'il dirigea contre la Société royale
e Ijondres. L'espiit qui animait
cette compagnie savante avait, dès
sa première institution, alarme les
partisans de la philosophie ancienne,
qd aflectaient-ae représenter les vues
STU 109
de plusieurs de ses membres com-
me destructives , non-seulement du
vrai savoir , mais de la religion mê-
me. C'est ce qui détermina le docteur
Sprat à donner, en 1GG7 , V Histoire
de la société rojr aie , ci Joseph Glan-
vill ( roj\ ce nom ) un traité inti-
tulé : Phis ultra, ou les progrès et
l'avanccmeut de la science depuis
le siècle d'Aristote ; exposé de quel-
ques - uns des perfeclionncménts les
plus remarquables introduits récem-
ment daas la science utile et pra-
tique , pour encourager les études
pliilosophiques , i6(i8. Stubbe atta-
qua les deux ouvrages à-la-fois avec
beaucoup de force , d'adresse et d'é-
rudition , dans un volume in-^*^. ,
publié en iG^o^ sous ce titre : a Les
légendes ne sont pas de Tliistoirey
ou échantillon de quelques obser-
vations sur l'Histoire de la société
royale ; avec le Plus ultra de M.
Gianvill réduit à rien » L'auteur
accuse les membres de la société
de tendre à jeter du mépris sur l'an-
cien et solide savoir , spécialement
sur la pîiilosopliie d'Aristote ; à sa-
per les fondements des universités ,
à détruire la religion établie , et mê-
me à introduire le papisme. Cette
attaque fut la source d'une contro-
verse qui se soutint quelque temps
avec violence ; et Stubbe nous ap-
1)rend que ses adversaires, poussés à
)out , le menacèrent d'écrire sa vie ;
mais, à cet égard, lui-mcme s'exé-
cutiit d'assez bonne grâce : l'excuse
de sa conduite antérieure était dans
ses obligations envers un homme qui
avait accueilli son enfance et encou-
ragé ses premiers pas. Le besoin de
témoigner sa reconnaissance avait été
sou unique mobile ; et ce sentiment
l'avait égaré. Combien d'ames faibles,
dans les révolutions politiques , ne
^'attachent d'abord à une faction que
IIO
STU
par le hasard des liaisons priy(seS; et
dont le patriotisme d'emprunt tombe
aycc ces liaisons! Stubbe ëtaità Bath
eu juillet lO^G, lorsqu'il fut appelé à
visiterun malade à Bristol: il partit le
soir, prit une fausse route, et se noya
en traversant une rivière. Ce fut son
ancien antagoniste Glanvill qui pro-
nonça son oraison funel)re. Wood,
qui fut le contemporain de Henri
Stubbe , lui accorde un savoir pro-
digieux y mie rare facilite' et une
grande force d'ëloculion ; mais ces
avantages furent ternis par une ex-
trême faiblesse et un manque de di*
gnitc'. 11 fréquentait assidûment les
cafés y et s'y attirait quelquefois de
mauvais traitements par l'intempé-
rance de sa langue. L.
STUBBS ou STUBBE ( John ) ,
savant légiste anglais , né vers l'an
1 54 1 > fit ses études classiques à
Cambridge, d'où il passa à l'école
de jurisprudence de Liucoln's-Inn^ à
Londres. 11 adopta les principes des
puritains^ à ce qu'on présume, par
suite de son alliance avec le célèbre
Thomas Cart\vright(f^. ccnom),qui
avait épousé sa sœur. L'alarme que
le peuple conçut , vers 1579, pour le
maintien de la religion protestante ,
du bruit répandu que la reine Elisa-
beth allait s unir au duc d'Anjou y fut
pour Stubbe l'occasion de signaler
son zèle pour cette doctrine. 11 publia
un écrit satirique intitulé : Découvert
te d*un gou//rc oà V Anç;lelvrre ne
peut manquer d'être engloutie par
un nouveau mariage français , etc.
La reine fut vivement irritée, et ren-
dit une ordonnance foudroyante.
L'auteur et Téditeur, ayant été décou-
verts etarrclcs, furent condamnés,
en vertu d'un acte de Philippe et
Marie contre les auteurs et venaeurs
d'écrits séditieux., à avoir la main
droite coupée. Cette soitence sévère
STU
fut exécutée cruellement; mab Stubfae
la subit avec fermeté. Après que sa
main droite eut été tranchée avec ua
couteau déboucher, à coup de mar-
teau , il 6 ta son chapeau de la main
cauche, et cria : Que Dieu conserve
la reine! Son malheur ne lui Ht rien
perdre de la considération dont il
jouissait; et comme on ne voulait pas
se priver de ses talents , il fut em-
f)loyé, quelques années après, parle
ord trésorier Burleigh , k répondre
à la Défense des catholiques anglaiSy
du cardinal Allen. On conserve,
parmi les papiers de Burleigh dépo«
ses an muséum britannique, des Let-
tres que Stubbe avait adressées à ce
ministre et à son secrétaire Hickes ;
et comme la plupart furent écrites
de sa main gauche , elles sontsicnées
Scœva, 11 a traduit du français les
Méditations de Théodore de Bèze
sur le Psaume premier, et sur les
Sept Psaumes delà pénitence. La dé-
dicace de cette traduction à lady
Bacon , est datée de Thelveton en
Norfolk, le 3i mai i58si, et signée
également John Stubbe Scœva. On
ignorerannée de sa mort. — Philippe
Stubbe , que Wood croit être le père
ou le frcre du précédent , est auteur
d'un livre intitulé : VAnatomie des
abus ^ et d'autres ouvrages contre
les vices de son temps. L.
STUBBS (George), anatomiste
célèbre et peintre d'animaux, naquit
à Livcrpool , en 1^36 ( ou , sdon
Chalmers,en 17^24)* Quelques his-
toriens ont avancé sans preuve , qu'à
l'âge de 3o ans, il se rendit à Rome
pour se perfectionner dans son art.
Il paraît, au contraire, que c'est à
Londres qu'il vint se fixer , et il ne
pouvait choisir un théâtre plus favo-
rable pour se livrer à la double étude
de la dissection et de la peinture des
animaux, etenparticutierducbeval,
i
<
STU
laquflk il a excelle. MaU ses
issancesenanatomie comparée
ont jamais donDë un sentiment
et noble des formes , et sur-
le la figure humaine. Il ne
t dans les objets qu'il copiait
i qui frappait ses regards , sans
ber jamais à s'clever jusqu^au
de'al. C'est ce que prouve son
u de Phaéton , où il n'y a de
ent remarquable que les che^
Le Tigre qu'il a peint d'après
ï , n'a jamais été égalé pour le
iase; mais les Lions qu'd a re-
ités dans les tableaux du Che-
x présence du Lion , et du Che-
svant la Lionne , sont à ceux
ibens ce que des chacals sont
m lui-même. Cependant pcr-
n'a su rendre comme Stubbs
les qualités des chevaux de
•, quoique l'on reconnaisse pour-
ans ses tableaux la précision
aiseur defac simile , comme
ime un de ses hbloricns , plu-
e le génie d'un peintre. Parmi
ieaux, ou vante encore le JPor-
ie Philis , beau chien d^ arrêt
d Clarmont , gravé par Benja-
reen, et le Chien d* arrêt épa-
j dans un paysage découvert
Spanish pointer ) , gravé par
!et. Stubbs est peut-être le pre-
)eintrc qui ait peint en émail
i'aiLssi grandes dimensions. Il
issooié de l'académie royale,
lime les gravures de paysa-
d'afiimaux qu'il a exécutées.
66, il termina l'ouvrage sui-
Tlic anatonvy of the horse
atomie du cheval) , contenant
cription des os , cartilages ,
is , ligaments , nerfs , artères,
et glandes de cet animal ,
Ux'huit planches dessinées
s nature. Après sa mort arri-
1806, il a paru trois liyrai-
STU m
sons de son Tableau de l'anatomie'
comparée de la structure du corps
humain , d'un tigre et d'un oiseau
ordiruiire f avec trente planches.
Cet ouvrage devait avoir six livrai-
sons. On a encore de lui les' cinq
fûèces suivantes , qu'il a gravées à
'eau- forte : J.Le Chacal et le Lion.
II. La Lionne et le Lion. III. La
Lionne et le Chet^alAW. Le Lion et
le Cerf. V. Le Masque du Cheval
brun , avec la Généalogie 'de ce
cheval. P — g.
STUCK ( Jean -Guillaume ) ou
StuckiuSj né à Zurich, vers le milieu
du seizième siècle , se livra à de pro-
fondes études sur l'antiquité , et se
fit une réputation par son Trai-'
té des festins des Anciens , et de
leurs sacrifices y qui fut imprimé
à Zurich , en iSgi , in-fol., et joint
à d'autres écrits sur le même sujet ,
en 1695 , Leyde, 1 vol. in-fol. Cet
ouvrage est le résultat de longues et
savantes recherches. On a eqpore de
Stuck un bon Commentaire sur Ar-
rien , et un parallèle d'Henri IV avec
Charlemagne , sous le titre de Caro^
lus Magnus redivivus y in-4**., iSgS.
Stuck mourut en 1607. Z.
STUCK ( Theophile-Henri ) , bi-
bliographe né à Halle en Saxe, le 27
septembre 1716^ fut nommé ^ en
1 744> inspecteur des salines , et en
1751 , trésorier de sa ville natale. Il
consacrait à l'étude les moments que
SCS fonctions lui laissaient, et s'oc-
cupait surtout de minéralogie y de
géographie et d'histoire. Il mon-
rut le Jo juillet 1787. On a de lui ,
en allemand, Catalogue de relations
de voyages et descriptions de pays,
anciennes et modernes ; esquisse
d'une partie priru:ipale de l'histoire
littéraire de la géographie; Halle ,
1784, in-80. j Supplément, ibid. ,
1785 ; seconde partie publiée après
lia
STU
la mort de l'auteur, par H. Ch. We-
ber, ibid., 1787, in-Ô»\ Cet ouvrage,
impoitant pour Thistoirc de la géo-
graphie , atteste les comiaissances et
l'assiduité de l'auteur. On n'en avait
pas encore vu d'aussi complet dans
cette partie. , L'intention de Stuck
a été', dit l'éditeur , d'exclure de son
répertoire les chroniques, les topo-
graphies , les écrits purement histo-
riques ou statistiques^ de même que
Icsmanuelsetdictionnaires géographi-
ques; il ne s'est écarté de celte règle
que dans un petit nombre de circons-
tances. D'un autre culé , il a pense
que les livres relatifs à l'histoire na-
turelle de pays et de territoires parti-
culiers , et ceux qui traitent de la géo-
graphie physique , des mœurs et dos
coutumes des peuples ^ entraient dans
son plan. Les difle'rentes éditions , et
les traductions sont indiquées : le
nom des auteurs et des traducteurs
est écrit entre deux parenthèses ,
quand il ne se trouve pas dans le
titre; cette portion de travail con-
tient de nombreuses reclilî calions.
Enfin des voyages imaginaires y ont
même été insérés; mais une note
avertit le lecteur que ce ne sont que
des fictions. La Table des matières
oflrc les difïërentes contrées , placées
Sar ordre alphabétique , et les noms
es voyageurs ou des livres qui les
ont décrits. Les voyages contenus
dans des recueils sont nommés à
leur lettre , avec renvoi au numéro
sous lequel est la collection. Stuck
n'aurait pas pu , k moins d'étendre
prodigieusement son sujet , donner
un jugf'uient motivé sur chacun des
livres qu'il passe en revue; il se bor-
ne à faire, sur quelques-uns, des
remarques succinctes qui en indi-
quent le contenu. Il renvoie , pour le
reste, aux journaux littéraires qui
en ont parlé. Le nombre des cents
STU
indiqués dans le Répertoire et dans
les Suppléments est de trois mille
quatre cent cinquante-deux. Cet ou-
vrage obtint un gAipd succès , et il
le mérite, malgré quelques dâauts.On
ne sait pas pourquoi l'auteur a inséré
dans son Catalogue V ffistoirephiiosO'
phique de Raynal; celle de la Grèce,
par Gillies ; V Essai de Clarkson sff
l'esclavage des nègres ; des livres
sur l'économie politique, etcEolin
plusieurs voyages , notamment des
Français , sont oubliés ; d'autres sont
mal indiqués , et quelquefois le titre
est fautif. Il a paru un si grand nom-
bre de Vo yaçes depuis 1 787 , que
les amis de la géographie doivent
souhaiter qu'il soit publié une suite
à l'ouvrage de Stuck. E — s.
STUCKLAND ( André de ) , maî-
tre provincial de l'ordre Teutonique
en Livonie, en i^^So, se rendit célè-
bre par ses exploits contre les Lithua*
nieus , les Samogitiens et les Sémi-
galliens , qui étaient venus en Livonie
pour l'empccher de prendre posses-
sion de sa nouvelle dignité. Il les bat-
tit, les chassa de cette proyince, et
les poursuivit jusque dans leur pnK-
Src pays. Il rendit même tribataire
e sou oixlre la Sémigalle , et n'ac-
corda la paix et sa protection à Mcn-
dog , grand-duc de Lithuanie, qii'i
condition qu'il se ferait chrétien. Ce
priuce fut obligé de se soumettre à la
volonté d'André, qui le fit instroiie
par un prêtre de son ordre , et qaî
iit ensuite ériger , en sar fareur,
la Lithuanie en royaume, le 16 juil-
let \'Jt'ji, par le pape Innocent IV.
La bulle d'érection portait que ce
royaume était la propriété de saint
Pierre , et que Mendog et ses succes-
seurs en feraient hommage au Saint-
Siège. André de Stucklainl bâtit, en
1 j>5'A , la forteresse de Memel , aux
confins de la Prusse, et força les lia-
u
M
<
STU
l'île d'Ocsel de renoncer à
é des femmes. II se démit
sa dignité' , et se retira en
f , où il mourut. Mendog
tard de se soumettre au
;e; et il secoua le joug des
teutoniques y sous rad-
on d'un autre André , qua-
iccesseur de Stuckland. Il
î titre de roi pour repren-
le grand-duc, et fit un uorri-
icrc des Chrétiens qui se
t en Pologne , en Prusse et
e. Z.
KLEY (William), anti-
médecin anglais, naquit^
à Holbecli en Lincolnshire,
lille ancienne. 8a mcrc des-
es mêmes anccties que la
le Bolcyn. 11 fit ses études à
te de Cambridge , et s'atta-
nilièrement au!L sciences mé-
1 faisait en même temps des
s dans la campagne y pour
des plantes , et il ajouta
' au Ciatalo^e que Ray a
:cl1es qui croissent auxcnvi-
amLridge. Après qu'il se fut
i médecme pratique , à Lon-
le célèbreMeadyà Tliôpital
ornas, il commença d*exer-
profession à Boston , dans
icciiatalc.En i7i7,il trans-
fsideiice à Lonares , uù il ne
1 à se faire connaître. La So-
aie lui ouvrit son sein. Il fut
rciuiers qui relevèrent celle
iquaires , en 1718. Il fut
it un des premiers membres
iétc de Spaldiug. Élu y ( i ) eu
îrié littéraire de Spalding ne fut daD4
une rt'anion d« qoMouct f^fittUmemoui
luble. daniiuii café, Ie« feuilles du B»-
t tatler ) df Strelc. Elle fut fuiidêe , en
Uaricp JbhuKut , ioloodaut dn auinolr
. qai, «u 1717, conoHirutA rtl«T«r
1rs antîiiiMÎreB. Uor bibliothèque «*v
OA cabiaét d'abti<|(iité» oidiTerMecoP-
fcHu DOS» occupon» de toales le» 5cien-
ZLIV.
STU
ii3
1 720 , membre du collège des méde-
cins, il fut cLargé, deux ans après,
de faire le cours fondé par Gulstou
( Gulstonian lecture ) , et choisit
j)our sujet de ses leçons Tanatomie
de la rate. Le précis eu fut imprimé,
en 17^3, sous ce titre : La rate , sa
description, ses usages , ses mala-
dies ,sv\Wi de quelques observations
anatomiques sur la dissection d'un
éléphant, avec des planches coloriées^
in-fol. Ces planches , suivant Haller ,
ont été copiées de Vésa le, sans qu'où
l'ait avoué, et elles otlrent des er-
reurs. Stukeley avait publié précé-
demment (1720) quelques opuscules
sur des points d'antiquité. C était là
son terra in favori. La persuasion qu'il
y avait dans les secrets de la franc-
maçonnerie quelaucs restes des mys-
tères d'Eleusis , l'engagea à se faire
initier dans cette société; et il devint^
en 1 728 , maître d'une loge , à laquelle
il présenta la description de l'amphi-
théâtre romain de Dorchester. Bien-
tôt , généralement aimé et estimé^ les
distinctions vinrent le chercher. Il fut
nommé censeur du collège des méde-
cins, conseiller de la société royale, se-
crétaire de la société des antiquaires,
l'un des commissaires chargés d'exa-
miner l'état des instruments à l'obser-
vatoire de.Grecuwich. Il vint, en
]7'20,s'cublir àGrantliam, où les
principales familles recoururent à ses
sdins 'y mais , souJÛTrant alors de la
ce» ,de ton* Ie« aris, erriTsit lefond^ileiir dunane
de M« lettres; noai* n'eirliimii de no« entretiens
<^ue ia p«>]tti(|ae, qui nous jrt'.enit dans la cunfa-
mab et le désordre, i» La Micirtf dr Sualding k'c-
tcttdil rapidenient , et liieutAt la liste de ses mem-
bre* s'enriclùl des |ilas grands iioius qnt* puisse
citer la litténitare anglaise. Iiaac flewtoii , sirlûas
Sloaue, A. UeMl, Pope, G«y, etc. M. Jobisou y
donna entre antres écrits i JurisftniJenlia Johu,
arec des nutet . et d«k' dasnns du siigf sur leqnrl
Job aduiinislrait la j^ce; ivw Du»ettalt«H lur
Im vates murrint ( tifûÀirlitua VttMa^, ' tfue l'auteur
peoso avoir du Ails, non de iwrcelaiae mais d'à-
Rate. Il moûnit ei| i7ôS. (.«< détail» «dnl tir»
•l'un Mciaoirk.dc J. McoIsn. iA<^ dairt I» nhUo-
ikrca Britatmirm, n*. X\. . . L.
8
1,4
STU
goutte cl fuiré (\c gainer la cham-
bre pendant l'hiver , il faisait , au
printemps, pom* s'en ilédommager ^
de longnts promeuades ^ ou plutôt
des voyages, qu'il utilisait en obser-
vant les monuments antiques places
sur sa route. Il se flattiitdc pouvoir
reconnaître toutes les traces de l'cx-
[Kfditton de G<^sar dans l'île Britan-
nique , ses camps , ses stations , etc.
IjC r^ultit de ses coiurses studieuses
fut déposé dans phisieiu'S ouvrages
intiressants ; mais, emporte nar soii
imagination , il s'y est livre' à des con-
jectures qui n'ont pu résister «i l'exa-
men des esprits lijiourcux. Ses dou-
leurs augmentant et la profession de
médecin commençant à lui peser , il
prit la résolution, encourage par l'ar-
chcvétpic Wakc, de la quitter , et
d'entrer dans les saints onlres. La
cure d' Ail-Saints, à Stamford, lui fut
domufc en 1 730. Ce fiit alors qu'en-
tendant vanter les merveilleux eîlcts
qfi'avait prodfiits sur un grand nom-
bre de goutteux l'huile arthritique,
inventée par le docteurllogers, il vou-
lut l'essayer sur hiimcme. Il éprouva
d'abiH'd nn grand soulagement^ peu-
.i-peu ses douleui-s céssèi-ent; à l'aide
d*un régime convenable et par l'abs-
tinence des boissons fermentécs , il
recouvra sa santé première. La rc-
ronnaissanrt> et l'humanité lui diclb-
rent , en 1 ^33 , une lettre k sir Ilans
»Sloane ; et , Tannée suivante , un
Traité sur la cause et la guérison
de la goutte par un tunii'eau trai-
tement , livre qui a eu plusieurs édi-
tions. Depuis cette espèce de rénova-
tion , son activité sembla redoubler.
11 donna , en i73() (in -4*.), le pre-
mier numéro d'un ouvrage intitulé :
Palœographia sacra j on suite de
Discours sur les monuments antiques
qui ont rapport à l'Ecriture sainte.
L'auteur pn*trnd montrer que la
STU
mythologie palemic est dcfrivéc dr
l'histoire sainte , et que le Raccbus
des poètes n'est autre que le Jchovah
de rÉcriturc. II avait rangif sa col-
lection de médailles grecques suivant
l'ordre de l'histoire sacrée. Ayant
perdu sa femme , il épousa , en 1 788,
la scRur de Boger et bamuel Gale(i^.
ce nom ) , avec lesquels il était déjà
lié par l'analogie de leurs études. Eq
1740 ; parut sa Description de Âo-
nehenge, dédiée au duc d*ADcastcr,
aui l'avait nomme l'un de ses chape^
lains , et lui avait donné la cure de
Sômerby, près Grantham. Ce fut
Stnkelcy qui prêcha, eA 17411 le
Sermon du 3o janvier, devant la
chambre des communes. Il fut, dans
le cours de cette année, l'un des fon-
dateurs de la société égyptienne,
composée de personnes qui avaient
été en Egypte, bien qu'on n*appren-
ïic pas que lui-même eut Ihit ce voya-
ge. Le duc de Montaigu,qm était
de celte réunion , le distingua parti-
culicrcment, elle ramena dans la ca-
pitaie , en lui donnant, en 174? y 1^
rectorat de Saint - George , Qiieeo
Square. Deux Mémoires sur le trem-
blement de terre de 17^0, lus k la
société royale, et un Sermon pro-
noncé sur ce sujet d'alarme générale,
rémiis en nn volume in - 8^. , sous ce
titre : la Philosophie des tremète-
ment s de terre, naturelle et religieÊh
se; un Sermon prêché devant le coi-
ffe des médecuis : Dà ta guérisùt^
des maladies , coïïune uh des ctf-
ractères du Messie , et que1c(taes «ë-
tres écrits de peu d'éteDoûe, fiurcÉC
trs temerstruits de sa vcilléi. A la
suite d'une attaque de paraWaie, il
moiu-nt le 3 mars i']iî5. StuUcy i
était un homme de brâuoonp de sa- .
voir et de sagacité. Il devait la ooo- J
sidération dont il jouissait k ses «pu- .
lités morales autant qu'à ses talents. [
STU
raclcrc toutefois ct;)k singu-
préseiitait uuc sorte de bigar-
j la bonté dominait. Tj'êvc({iie
rton dit que ce caractoro lui of-
UTfnt » cette espèce de repas
uintque les Franyaisappelleiit
'^i/, par uu amalgame uecbo-
u'ûiit pas etc destinées a se
cuscniiile. » L'étude profon-
avail faite de l'histoire dnii-
ct sans doute aussi Timpor-
ril y attachait, Tavaient fait
faniilièremcut, entre ses amis
, Varchidruidc du siècle, (.)n
proche , avons - nous dit , de
pas su, dans son désir de
pr des traces clFacces par les
borner l'essor de son imagi-
ce reproclie tcmbe principa-
sur sa Description du Brill
p de Gîsar .i rancras : elle se
iaiis le second vulunie de sou
"iunt curiosum , ou Descrip-
i antiquités et curiosités oL-
dans ses voyages en Grande-
e, Ijondres, 1776, in - fol. ,
3 planches. Ce vohmic con-
ssi : Itcr horcalcy 17*25, et
ion de Richard de Cirenccs-
KicBARD , XXX VIT, 3 7 i ),
notes de Stukcley et de J5er-
c premier volume de Vllinc-
avait déjà paru en 1 7 ^4 7 ^^-
nc de 100 jpl. On doit eucore
tiquaire : Palœographia hri-
,n^ i,i743;n^-2, 17455
\oite de Carausius , par las
«, 1757 , 1759, a vol. in-
il a ciicrçhé à ii^er les j)riu-
Ivcncmenls du gouvcnienwnt
mperenr en Bretagne. L'his-
iibbon(chap. i3), eu rcn-
stice à l'éniditibn de l'au-
clarc qu*il a rejeté la plupart
ojecliires, trop hasardées. Le
Stukcley avait annonce une
r des anciens Celtes j^Afil-
STU
1 1:>
culicTcnjent des ]T,'niiors hal)itauts
de la Grande - Rret.ii'ue. Elle était
presque tcrmiuée, et de\ait former
4 vol. in - fol. , avec plus de 3oo. pi.
Une grande partie de ce travail est
entrée dans les Descriptions de Stoiie-
heiige et d'Abury. L'explication qu'il
a donnée de l'origine et de l'usage de
a's ouvrages prodigieux de l'anti-
quité la plus reculée, est regardée
comme la plus vraisemblable el la
plus raisojiuable qui ait été produite
sur ce point. Il en a d'ailleurs cojis-
laté les dimensions avec la plus gran-
de exactitude. Le Sionchert^e resti-
tue' aux druides anglais y a paru en
1 740 , Londres , in - fol. ^ Abuiy ,
temple des druides, etc., 174^^ <
in-fol., figur. On a publié, après sa
mort, vingt-trois planches destinées
à accompagner un ouvrage considé-
rable sur les anciennes monnaies an-
glaises , spécialement celles de Cuno-
belin; mais il ne parait pas que le
texte ait été imprimé. liC P. Mont-
faucon a inséré, dans son ylntiquité
exjditpiée , des dessins de Stukcley ,
qui lui avaient été transmis par l'ar-
chevêque Wake. Entre quelques écrits
que rantiquaire anglaLs avait his dans
les s(»ciétés dont il était membre, mi
coiLserve , au muséum britannique, la
descriptiond'une voiture mise en mou-
vement par un homme placé au -de-
dans, li.
STURE ( Sténon ) , surnommé
l'Ancien, administrateur du royau-
loc de Suède, était d'une famille an-
cienne et puissante , alliée à celle du
loi Charles VIII. A la mort de ce
prince , les J)<inois demande rent que
l'union de Calmar fut renouvelée^
mais ^ en i47'? un parti puissant
po]:ta Sténon Sture à Ta tête du gou-
vernement , avec le titre d'adminis-
trateur. Christian l«'. de Danemark
parut à \à tète d'une armée , et dc-
'8..
ii(> STU
mnnda la couronne. Sturc alla à sa
rcnconlre , le de'lit , et consens le
pouvoir. L'administrateur rcmj)orla
ensuite d'autres victoires sur les Rus-
ses, qui avaient opc'réune invasion en
Finlande. Gepcudant il se forma con-
tre lui im parti , en Suède même. Le
sénat le dcpouilU de sa dignité, le
déclara ennemi de la patrie , et le fit
excommunier par l'archevêque d'Up-
sal. Dans le même temps , Jean , qui
avait succédé^ en Danemark , à Chris-
tian 1er, , se rendit en Suéde avec une
aimce, défit les troupes de Sture, et
fut proclamé roi eu i407' ^**"'® *^
retira en Finlande ; mais aes plaintes
s'ctaut c'ievees contre le roi, il rq)a-
nit et fut nomme administrateur une
seconde fois , en r5o i . Il conserva le
gouvernement jusqu'à sa mort, arri-
vcfe en 1 5o3. Sténon Sture l'Ancien
est regarde', en Suède , conmie im des
hommes les plus remarquables de ce
pavs. A une prudence consommée^
il joignait un courage et une fermeté'
inelira niables. Voulant s'appuyer du
peuple contre les grands, il admit
aux dictes les laboureurs , qui avaient
e'tc' louç-temps opprimés et humiliés.
Ce fut lui qui jeta les fondements de
l'université d'Upsal, et qui intro-
duisit l'impnmerie en Suède. Son
tombeau est dans le temple de la ville
de Strengnacs. De sa femme Ljgborg
Tott, il eut un fils mort en i493 , et
ime fdle, qui se fit religieuse a Wads-
téna. — Sturk (Svante), adminis-
trateur de Suède, était d'une famille
différente de celle de Sténon l'Ancien ,
qu'il remplaça dans la dignité d'ad-
ministrateur , en iSo/f. Jean , roi de
Danemark, renouvela ses prétentions,
mais en vain. Pour ponvoir résister
d'autant mieux aux Danois, l'adini-
nistratcur conclut avec les Russes une
trêve de soixante ans. Après avoir
tenu les rênes du gouvernement avec
STU
fermeté et vigilance ^ dans un temps
difficile, Swante Sture mourut en
1 5 1 ïi. Il avait eu de sa femme lUîra
Gedda , un fils nommé aussi StoiOD
Sture, qui lui succéda. G — Air.
STURE ( Sténon) le Jeune, admi-
nistrateur de Suède , eut des diémé-
lés violenta avec Trolle, archevêque
d'Upsal , dont le père avait e'të soa
compétiteur pour fa dignité d'admi-
nistrateur du royaume. Ayant, cher-
ché en vain k se réconcilier avec ce
prélat ambitieux y Sture le cita devant
les états; mais l'archevêque ne compa-
rut point , s'enferma dans son château
de Maelle, près d'Upsal , et y soutint
un siège. Les états, n'ayant pu pbte>
nirde lui aucune réponse satisfaisan-
te, le déposèrent, comme perturba*
teur du repos public , en i5 1 7 , et le
forcèrent à quitter son château , qui
fut rasé. Trolle s'adressa à Christian
II , roi de Danemark , qui, rompant la
trêve qu'il avait signée avec 1 admi-
nistrateur .déclara la guerre à la Sue-
de ( r. Christian II ). Sturc lui ré-
sista , et remporta sur ses troupes
une victoire , à quelque distance de
la capitale. Mais Christian ayant re-
paru avec de nouvelles forces , il fal-
lut le comliattie de nouveau; et l'ad-
ministrateur fut au - devant de hii ,
avec un corps de milice rassemblé k
la licite. Il j-encontra les Danois à fio-
gesund , et leur livra bataille , le ig
janvier i5:io. lia victoire allait se
déclarer pour lui, lorsqu'il reçut une
blessure mortelle. Il fut emporte do
champ de bataille pour être conduit
a Stockholm ; et il expira en pas-
sant , sur la glace , le lac Maâjr.
Christian avança , et somma la ville
de Stockholm de se rendre; mais t
Christine Gyllerstiema , vnivc de
l'administrateur , la défendit avec >.
un courage héroïque. Cependant
Christian ayant été proclama roi
STU
et couromié par Trolle , à Upsal j
Gliristioe fîit réduite à capituler.
Elle avait obtenu la promesse d'un
e'taUissement en Finlande ; Chris-
tian , la voyant eu son pouvoir , la
fit couvrir de fers et jeter dans une
prison. Le coq>s d^ son ma ri fut dé-
tenre'y traîné sur la claie, etbrâlésur
une place publique. Lorsque Gustave
Vasa se fut élevé contre le roi j la
veuve de Sture fut transportée à Co-
penhague, en i5ïi4- EUe recouvra la
liberté, et se remai-ia à Jean Tureson,
sénateur. Sténon Sture le Jeime ter-
mina %9l carrière à la fleur de son
âge. Aussi grand que ses deux pré-
décesseurs, par le courage et le pa-
triotisme , il les surpassa par sa oou-
eeur, sa franchise, son humanité.
An moment d'expirer , il cherchait
encore à se réconcilier avec Trolle,
et à prévenir les malheurs qui me-
nçaient sa patrie. Il eut de Chris-
tine plusieurs enfants, dont Gusta-r
ve !•«■. dirigea l'éducation , mais
qoi, parleur naissance, leur nom
et les nombreux partisans qui se
ralliaient autour d'eux ^ inspirèrent
des soupçons à la famille que les
succès de Gustave avaient portée sur
le trooe. Svante Sture fiit mis à
mort car ftrdre d'Éric XIV , le îi4
mai 1667. Le même jour, ce prince ,
4ans on accès de rage, attenta aux
jours de Nicolas Sture, et donna or-
dre défaire périr Éric , l'im et l'au-
tre fils de Svante : la famille de Sture
s'éteignit en 1 7 i6(f^. Christian II,
Gustave l^**., Trolle ). C—au.
STURLESON. V. Snorro.
STURM (Jacques) deSturmecr,
i'un des plus illustres magistrats de
son siècle, descendait d'une ancienne
et noble famille de la Souabc ( 1 ) ? ^^
.*) I-* iwincipili- rtsideocc tic kca aucclic» i-tait
STU 117
naquit à Strasbourg en 14B9. Des sa
première jeunesse , 11 se fit remarquer
par son goût pour l'étude et par sa
piété. Érasme, dans une lettre adres-
sée, en 1 5 1 4 9 à la société bttéraire
fondée à Strasbourg par Winiphe-
ling ( Voy. ce nom ), le qualifie de
jeune homme incomparable. Sturm
se prononça l'un des premiers en fa-
veur de la réforme que Luther veuait
d'établir en Allemagne , et décida ses
compatriotes à l'adopter. Appelé par
sa naissance à suivre la carrière des
emplois publics, il acquit une juste
considératioii parles services impor-
tants qu'il rendit à la patrie. Le sé-
nat de Strasbourg y en i5:26 , fit frap-
per en sou honneur une MédaiÛe
portant d^un côte l'effigie de Sturm ,
et au revers un trophée avec cette
légende : Fictrix fortunœ paiientia.
Il contribua beaucoup à l'érection du
gjmnase, dont il fit donner la direc-
tion à Jean Sturm , célèbre huma-
niste , avec lequel on l'a confondu
quelquefois ( r. l'article suivant).
Cet établissement lui dut une biblio-
thèque qu'il enrichit de plusieurs
ouvrages précieux. Il fut le prolec-
teur et l'ami de Sleidan , auquel il
fournit des secours abondants pour
la rédaction de sun Histoire de la
réforme { F". Slkiuan, p. ci-dessus).
L^cloquencc de Sturm , sa modestie
et sa candeur lui méritèrent l'estime
des princes et des hommes d'état ,
avec lesquels il eut à traiter des alla ires
publiques (a). Pendant vingt -huit
ans il fut l'oracle de ses compatrio-
tes, et il mounit, le 3o octobre i553,
emportant leurs regrets. Il avait clé
député 91 fois, tant aux dictes de
l'empire qu'à la cour de Charles-
{7) Obi'rlin ■ publié ilaii» le Magaun encrcUntc-
'jiffu^, 180J, m, 187, une filtre de Fraiirui» 1^'.
.\ Sliinu , qui montre bien luutu l'afluvliou que le
munarquc (torlait au nwgistrat.
1 1
8
StU
Quint cl eu Angleterre. Sa corrc«-
{)ondance , conscn'ée en [Partie dans
es archives de Strasbourc, peut
douncr une iddcdc la multipucité des
négociations dont il avait e'té char-
ge , et qu'il eut le bonheur de termi-
ner toutes à Tayant^ge de sa patrie.
Louis Ghr. Mieg a publid une lettre
de Sturm : De emendondd acad.
HeideWergeiisi ( i Sati ) , dans les
Momtmentapietat. et Utterar. viror»
illustr. y Francfort, 170ÎI., i , ^76-
70. On a de M. Fritz V Eloge , en
allemand, de ce grand magistrat^
précède de son portrait en buste/
gravé par Schuler. Le portrait en
Sied de Sturm est l'un des ornement»
e la bibliothèque de l'académie de
Strasbourg. Il a étégrayéin-fol. (en
bois) etin-4^ W — s.
STURM (Jeaw), célëbre huma-
mste, que l'on a confondu quelquefois
avec le précédetit , cuit néi le i®'.
octobre 1 507, à SIeida ou Schleiden,
dans rEiffel , oii son père était rece-
veur du comte de Mandcrschcid.
Après avoir fait ses premières études
avec les jeunes seigneurs de cette
terre, Stiirm se rendit à Li^ et
ensuite à Louvain, 011 il perfectionna
ses connaissances dans les langues
anciennes^ et commença même à don-
ner des leçons. Il s'associa , peu de
temps a[)rès, pour l'établissement d'u-
ne imprimerie, avecRutger Rescius,
savant helléniste. Bayle dit qu'ils dé-
butèrent par une édition iM Homère;
mais clic est restée inconnue k Mait-
taire, qui ne cite de ces deux impri-
meurs qu'une édition de Xénophon :
les Entretiens mémorables 'de Sa-
crale, i529 , in -4**. iAnnaL typo-
graph.y II, 7^2). Sturm vint, la mê-
me année, à Paris, sans doute dans
le dessein de trouver les moyens de
placer cet ouvrage. L'accueil qu'il y
reçut des savants le décida faciJomoirt
STD
à se fix^r dans ^e viik qui
sentait ^ sons tous les rapport
de ressources que LouTBin. I
l'autorisation d'ouvrir une éc
qui fut fréquentée par nn gran
brc d'élèves. A cette époque ,
liers étant logés et nourris
maître dont ils suivaient les
Sturm fut obligé de se nariei
Souvoir se reposer sur sa fen
étails qui l'auraient détourm
tude. Dès l'origine de la réfoi
religieuse, il en avait adopté les
pes ; mais il ne les manifestait
vertement. Effrayé de la rigii
ordonnances rendues contre l
tiques, il s'empressa d'accepté
cède recteur ata gymnasequei
de fonderies ma gistrats deStra
Il en fit l'ouverture en 1 538
talents contribuèrent bcancoi
célel)rité de cette école, qui <
en peu d'années , Tune des p
rissantes de l'AUemaene, e
1 566 , l'empereur MaximDier
va au rang d'académie. Zël
les progrès de la réforme , St
chargea de différentes missîoi
les intérêts des Protestants. î
son était ouverte à tous ceux q
fraient pour la cause de la religj
Sleîdan); et non-seulement i
gea entre eux toutes ses écon
mais il contracta pour eux de
onéi*euses. Son penchant p<
dogmes de la confession hel
lui suscita des ennemis violei
mi les sectateurs de la coi
d'Augsbourg. L'aigreur que 1
nistreslnthérieiis mettaient dai
instructions l'empêcha long •
de les fréquenter. Osiander lu:
cha de n'avoir pas assisté ur
fois au prêche depuis vingt ai
l'i * Cr»l par crrrnr qu* |)lii»:riir)» l>îu|;
miri-nt t\ue Shiriii l'ut iiourvu d'une cltaii
fc-iitrur r«>\ al cLins les languf» grecque et
STU
Âtnai à TQ9 sermons, lui répon-
h iStiinn ; et tous prêcheriez
eaos j Strasbourg, que je nl-
pas TOUS entendre, s il fallait,
non silence , approuver vos in-
res. » Ses fougueux a^^'crsaircs
Ht par lui faire 6ter, eu 1 583 ,
cp de recteur , qu'il remplissait
squarante-ciuq années, a vecnn
> toujours croissant (a). On se
du prétexte de son grand âge
donner cette place à Melchior
s y l'un de ses disciples; mais
osa pas priver Sturm de son
ment. Au chagrin qu'il oprou-
sa destitution, se joignit pour
I perte de la vue. Il se re-
laos une eimpagne^ prcs de
boi'jg ; et il y mourut ^ le 3
iSSq , daas sa q^iiatre - vingt-
ème amicc. Quoiqu'il eût été
f trois fois , il ne laissa point
ints. C'était un homme donc des
:ës les plus aimables^ obligcaut^
nix^ et portant la générosité
'à se priver du néccssaij'c pour
rir ceux qui se trouvaient dans
M>in. Dégagé de tout esprit de
, il rendait justice aux vertus et
talents de ceux qui ne parti-
it point ses opinions religieuses.
ainsi qu'on le vit coustamnicut
l'éloge de Bembo , de Sadolet ,
ia conduite lui mérita l'estînie
véque de Sti'asbourg et de plu-
autres prélats et princes c^itho-
u II a publié un grand nombre
Tagcs^, dont on trouve les titres
les Elof;es des savants, pal-
ier^ les Mémoires de Nicerou ,
XXIX , etc. Oberlin en a donné
ïtice détaillée, dans trois Pro-
In iS^ft, Stnriii a\ail |)fnir Hii<1ilriiM> . !<.ti-<i
r 1<*> |>li-l>t-ieii.s , iroift |m iii« <■« , Mii^l-ipi.ilic
«-t liaroiiit , cl lieux r«iils ^«iiIiI-Imuiiiiii*'
ht/tvr. lui- Xliasl'vu fii . p«» 31. llntuitui
STU
>»9
gramfnes imprimés eu i %So4 et 1 8o5.
filtre une édition des QEuyrcs de
Cicéron , 1 557 <^lsuiv., iu-8'^., 9 vol.,
et des Traductions Intifws yHxcc des
notes, de la Bkétonque d^Aristotc ,
et de plusieurs Traites d'Herniogène,
ou citera de Sturm : I. De Uuera-
rum ludis rectè aperiendis UluTy
Strasbourg, i538, in-4'*.; rciiuiiri-
mé plusieurs fois séparément ou dans
des recueils d'o]Miscules du même gen-
re. II. De amissd diccndi ratioue ,
et quomodo ea n^ctiperanda sit , li-
hri duo , ibid., i538, iu-4'*. 111. /n
partitiones Çiceronis oratonas dia-
logi quatuor , ibid. , 1 SSq , iii - 8'>. ;
on trouve à la suite l'opuscule que
nous veuons de citer : De amissd di-
cendi rationc, IV. Pivlegomena //.
e. prœfationcs in pptimos quosque
utriusque lijiguœ script ores, 7juy\v\\
( i565), iu - 8". V. De imitaliom-
oratorid libri très, cum scholiis ,
Strasbourg , 1574 , in - 8*'. VI. iA.»
universd ratione eloattionis rhetti-
ricœ libri quatuor, ibid., i57fi, in-
8'\ Cet ouvrage n'est diyi^sé qiiVn
trois livres, quoique le litre en an-
nonce quatre. Idem, Stra^ibouig ,
i582, iii-8''. C'est uu commeutaire
des principes d'Ilcrmogène , très-
aniplc et Ircs-niéthodique ( Voy. (ii-
iK'rl , Jug, sur les auteurs qui ovt
traité de la rhétorique y ji , iH^;.
Vil. Anti-Pappi quatum^, Mviis-
tadt , 1 58o-8i , in - 4". , tnVrare.
Ce sont des repon.ses à Pappus ,
( Paëp ) professeur en théologie à
vStrasbourg , et Tun de ses plus ar-
denls adversaires, licnr. Strol).iiu] ,
recteur du g>mnase d(^ Thorii , a
i-ecueilli les ouvrages de Sturm u-
latifs à l'éducation ; dans le tome i' ' .
{[cVInstitutio litterata , sive de dts-
cendi atque dûceudi raliom.'VUoiu ,
i.08() et ann. scqq. . in - » ., » %«»•
Oenius n iuim scj deux TiaiUi
l'iO
STU
De Htterarum ludis et De nobilitate
litteratd, dans les' Farior, auctorum
consilia, Rotterdam, 169:1, in -4°.
Enfin Frëd.-And. Hallbauer a réuni
tous les Opuscules classiques deSturm
sous ce titre : De institiUione scho-
lasticd opuscula omnia , lena ,
1 «ySo, in - S**. Cette édition, indiquée
comme revue et augmentée, est enri-
chie d'une preTace. Sturm était en
correspondance avec un grand nom-
bre de savants. Ses Lettres à Rog.
Ascham int été publiées avec les
Réponses de ce docte anglais ( V, As-
cham , II , 563). On a le portrait de
Sturm in-4°. et iu-fol. , en bois , pax
Bem. Josin. W — s.
STURM ( Jean-Christopue), le
restaurateur des sciences physiques
en Allemagne , naquit le 3 novembre
i635 , à rlilpolstein dans la princi-
pauté de Ncubourg. Son përe , maî-
tre de la garde-robe de l'électeifr
Î)alatin, fut entièrement ruiné par
es guerres qui désolèrent , à cette é-
λoque^ les provinces voisines duRIiiu.
iC jeune Sturm , obligé de pourvoir
à sa subsistance y ne vécut pendant
quelque temps que des secours qu'il
recevait de la pitié publique. Tou-
ché de sa situation, Daniel Wulfer ,
pasteur de l'église Saint-Laurent de
Nuremberg , recueillit cet enfant , et ,
après s'être assuré de ses disposi-
tions , lui fît obtenir une bourse au
gymnase de cette \nlle. Pendant huit
ans que dura son cours d'études j il
appnt les langues anciennes : c'était
tout ce qu'on enseignait alors dans
les écoles inférieures ; mais il y fit de
grands progrès. Aide de son géné-
reux bienfaiteur , il put, en i656,
aller faire son cours de philosophie
à l'académie de Icna. Sturm y prit
ses degrés avec distinction, et se
rendit ensuite ( 1660) à I^yde pour
suivre les leçons des plus habiles pro-
STU
fesseurs. Au bout d'un an , il reprit
le chemin de TAllemagnc , visita les
principales villes de Saxe , et revint
à léna j se préparer , par l'ëtude de
la théologie , a la carrière du minis-
tère évangelique. Sturm trouva de»-
lors le moyen de témoigner sa re-
connaissance au vénérable Wulfer^
en se chargeant de surveiller l'édu-
cation de ses {'\i , qui faisaient leurs
cours à l'université. Dès qu'il eut re-
çu les ordres , il obtint une vocation
pour une paroisse du comte d'Ëttin-
gen ; et il aurait fini ses jours dam
les obscures fonctions du pastorat,
si ses ;imis n'avaient sollicité pour
lui la chaire de physique et de ma-
thématiques à 1 académie d'Altdorl
Il en prit possession en 1669 , et la
remplit pendant trente -quatre ans,
avec un zèle infatigable , et le succès
le plus brillant. L Allemagne lui dut
l'introduction de l'enseignement des
mathématiques dans les gymnases et
dans les écoles de campagne ; et ce
ne fut pas un médiocre service qu'il
rendit aux enfants de la classe ou-
vrière , de les familiariser de bonne
heure avec des connaissances qui
trouvent une application dans tons
les états , et dont le besoin se fait
sentir à chaque instant. La philoso-
phie d' Aristote dominait encore dans
les universités lorsque Sturm avait
fait son cours à léna ; mais il avait
étudié celle de Descartes pendant son
séjour en Hollande ; et doue d'un
sens droit, il n'avait pu s'empêcha
de reconnaître que les raisonnements
de ce philosophe sont souvent plus
clairs et plus concluants que cens
d'Aristote. L'admiration qu'il con-
servait pour le philosophe de Sta-
gyrc ne lui permettait pas de si
ranger parmi ses adversaires: il tentj
d'abord de concilier ses principe
avec ceux des philosophes modernes
STtI
y suivant Diderot , ne mit
affaire plus de chaleur et
iToy. V Encyclopédie , au
Hisme). Mais cette ma>
lilosopher ne tarda pas
ire: il abandonna* donc le
;corder des doctrines in-
i , et choisit , dans les
dans les modernes y les
pii lui parurent le plus
à la raison et à l'expé-
saya de faire adopter son
îar les académies d'Aile-
s'il n'y réussit pas aussi
mt qu'il l'aurait désire',
u moins justice à la droi-
vues et à la sagesse de
ns. Si la physique ne dut
i des découvertes nouvel-
it reconnaître qu'il rendit
ervices à cette science , en
ant, et en répandant le
périences. Chéri des nom-
es qui , de toutes les par-
Jlemagne , accouraient à
aimé de ses confrères , il
26 décembre 1703 , lais-
ngs regrets à l'académie
dont il avait été la gloire
înt. Outre un grand nom-
ics sur les questions scien^
plus importantes agitées
ps , on lui doit des traduc-
emand, des OEit^fesà^AT-
.»t du Planisphère d'Isa ac
?n latin, deV architecture
ie de Bockler ( Fojy, ce
647 ). Ses ouvrages sont
ns l'oubli à rai^^on même
» des sciences , auxquels ils
Dntribué ; mais on ne peut
Td'eu indiquer ici les prin-
Collegium exj)crinientale
mm y etc. , Nuremberg ,
'1 vol. in-4*\ , lig. C'est
de toutes les (*\j)éricnccs
le , alors nouvelles et peu
STO
i2r
connues , (pie l'auteur avait repétées
devant ses elèyes , atec des explica -
tions. On y trouve, souvent même
avec des perfectionnements , ce que
les ouvrages de Kircher et de Scbott
offrent de plus curieux en physique'
expérimentale : le douzième essai ( i ,
74 ) offre le spécimen d'une pasi-
graphie assez semblable à la Poly-
graphie de Kircher , et dans le genre
de celle qui a été exécutée de nos
jours sur une petite échelle ( Voy.
Cambry ). II. Comctarum natura y
motus et origo , secundùm Hevelu
et Petiti hjrpotheses , et historia
cometarumadannum i677,Altdorf,
in-4°- III. Scientia cosmica sive
astronomica, spJiœrica et^heorica,
tabulés comprehensa , Nuremberg ,
1684 , in -fol. Cet ouvrage, réim-
primé plusieurs fois , forme le ^
cond volume du Mathesis juvenilis ,
dont on parlera ci-dessous. IV. P^-
sicœ conciliatricis conamirta, ibid.^
i685, in- 12. Il s'y propose d'accor-
der les principes de l'ancienne et de
la nouvelle pnysique. >Dans la pré-
face , qui mérite d être lue , il s'atta-
che à montrer combien l'esprit de
secte est nuisible aux progrès de la
saine philosophie. V. Philosophia
eclectica^ ibid., 1686, in-8<>. , deux
parties. C'est un recueil des princi-
pales dissertations qu'il avait publiées
précédemment sur différents systè-
mes de philosophie. Vî. Phjsica
eclectica sive hjrpothetica , ibid. ,
1697 , in- 4®. , îx vol. Doppelmayer a
publié le second , en i jîi2 j le pre-
mier volume traite de la nature des
animaux, de leur génération et de
leurs organes ; de la machine de
\h\\m\ et de ses effets; de l'homme
et des merveilles de son organisa-
tion , des sens , etc. ; le second , de
la l'ormentation du chyle et des hu-
meurs , de la respiration insensible ;
13*1
STU
déjà uiitré£aclifl»i , etc. VII . MaUèciis
enucîeata, iIl-8'^ VIII. MaUiesis
jiwemlis, ibid., 1701 , 2 vol. iu-8<).
C'est , comme on voit , un abrège
des diflereotes parties des mathéma-
tiques à l'usace des jeunes gens. Leib^
uitz estimait beaucoup cet ouvrage ;
mais il aurait désiré qu'il fût ^us
complet Sebiz , médecin de Stras-
bourg , possédait une coliectioft de
Lettres de Sturm y en deux volumes ;
mais il ne les communiquait pas vo<>
lontiers ( F* les OEwres de I^eibnitz,
édition de Dutens ^ vi , 298 ). On
trouve des détails sur les ouvrages
de Sturm , dans le Journal des sa-
vants j dans les Nouvelles de la
répubL des lettres de Bayla , dans
les Acta eruditor. lipsiens. ; mais
^on doit consulter surtout la Notice
que lui a consacrée Sigism. J^^cq.
Apinus ^ dans les FUœ philosophor.y
Altdorf, 1738, in-4^. Voyez aussi
V Histoire critique de la pfulosophie,
par Brucker, W — s.
STURM ( L£oivAia>-CaBisTOPH£),
célèbre architecte , natif d'Altdorf ,
et fils du précédent , lit ses études à
l'académie de Leipzig , où il acquit des
connaissances très-étendues dans tou-
tes les parties de son art. Ses talents
le firent bientqt connaître : â pciuosor-
ti de l'école , le duc de Bruuswic le
nomma professeur de mathématiques
à Wolfenbuttcl ^ il remplit ensuite la
chaire de cette science à racadc'roic
de Francfort sur TOder. Le duc de
Mecklenbourg le tira de la carrière
de renseignement , pour lui confier ,
avec le titrtî de conseiller , l'inten-
dance générale de ses bâtiments. Ce
fut dans les loisirs que lui laissait
c^^tte place honorable que Sturm com-
posa les ouvrages qui répandirent
bientôt sa réputation dans toute TAI-
Jcmagne. Mais Texccs du travail
détruisit sa santé y et il mourut à
STU
Gustrçw, cp 1719, àl-àccd
quaute ans. Les ouvrages de Si
tous écrits en aUemand , sou
cette raison peu répandus enFi
Les principaux sont : I. IiUr
lion a r architecture civife àç ]
Goldmann , Wolfenbuttel ,167
fol , fig. Il donna dans la su
Abrégé de l'architecture de
mann , Augsbourg , 1 7 1 4 9 û^f<
Traité d'architecture milit
Nuremberg , 170a , in-4°. ; no
édition, corrigée et augmentée,
1719. III. Introduction à Vi
tecture militaire , Francfort , i
in-80. IV. LeFéritahle Faubù
Haie, i7o8,in-8*>. V.Para/tti
^stèiftes de fortification de
ban y Cohorn et Rimpler y à
bourg 9 17 lÔ, in-foL VI. le
Abrégé de V Architecture civ
militaire, ibid. , 1718-ao, i
^eize parties contenant autai
Traites sur les différents ordres
chitecture , rorncmait , la dé
tion, les colonnes , les arcs deti
])he 'y la construction et la dis
tion intérieure des maisons de
ticuliei*s à la ville et à la camp
des palais , des cdinces publics
temples , des écoles et des g\'mx
des tombeaux et ccuolapTies
On y trouve en outre des traiti
l'art du nivellemcut ,'sur lescom
tious hydrauliques , pon|s , pai
écluses , moulins , elc. En nu
ce recueil est une véritable
clopcdie d'aichileclure. On ren
pour plus de détails , au Méi
sur la vie cl les ouvrages de Si
dans la Bibliotlièquc gennan
xxvii, Gjt-85. W—
STURM (CuRiSTOPUE-CniiÉT
)redicatcur , de la même famill
es ))reer(lenls , naquil à Aug&lu
le ^5 jau\ . 1 7.40. Sun pcjc, juri
suite et notaire , lui doima une
I
STC
iMa. Dcstiaé à lu tkëo-
passa quelques années aux
es de léna et de Halle , fut
en 1761 y un des instituteurs
;e de cette dernière TÎile,
tf du gymnase de Sorau , en
t quitta , en 1 767 y la car*
rîDstructîon pour la place
r dSuie des églises de Halle.
y il fiit chai^ des^mémes
à l'Oise du Saint-Esprit
ibourg y et plus tard de celles
er pasteur de la paroisse de
ierre k Nanmbourg, où il
le a6 août 1 786. Parmi ses
remarque : I . Anecdotes
lier V esprit et ies mœurs, ti-
mciens auteurs Grecs et Ro^
vol. , Halle, 1 767,in-8o. II.
ns a^ec Dieu aux heures du
our chaque jour de Vannéey
flaMe, 1768, in-80. Cet ou-
lit eu huit éditions en 1 801 .
isons et cantiques pour les^
Halle, 177 1, in-8«. Wu-
itions. IV. Méditation, sur
'S de Dieu dans V ordre de
fei de la providence , pour
our de Vannéey 1 vol. ,
775 , troisième édition ,
-c^ : (on en compte environ
raduiten français par la rei-
ine de Prusse. Il en a aussi
sessivement des traductions
[ses y danoises et suédoises ;
!e part cet ouvrage n'a eu
I pareil â celui dont il jouit
I Angleterre, où il a été im-
ns tous les formats. Z.
ME ou STURMl VS , prc-
é de FuWe , né en Bavière ,
ommencemcnt du huitième
t dès son enfance confie à
ce , qui le mit au monastère
ar, sous la conduite de S.
. Ajant reçu les saints 01-
)récha rÉvangile pendant
STU
1*3
troisani dans les contrées voioines, et
demanda âS. Boniface la permission
de se retirer dans un lieu aésert avec
deux autres religieui. Le saint évé-
qvLOy leur ayant donné sa bénédic-
tion , leur dit : « Allet dans le Buch-
• wald ou la forêt des hêtres; vous
» y trouverez un Uen propre k des
» serviteurs de Dieu, v Étant entrés
dans ces lieux sauvaees ( 786 ) , ils
arrivèrent à Hirschfeld ou «Ghamp-
du-Cerf , et j bâtirent quelques caba-
nes : tels furent les commencements
du monastère célèbre qui porte ce
nom. St. Boniface jugea que ce lieu
était trop près de peuplades saxon-
nes très-farouches , et d'après l'avis
du saint évéque, Stnrme remonta la
Fulde, et ayant trouvé un lieu pro-
pre à son dessein, il en rendit comp-
te à S. Boniface. Le lieu appartenait
4u prince Carloman ; le saint évéquc
le lui demanda pour y fonder un mo-
nastère , en lui faisant observer que
ce serait le premier que Ton eût éta-
bli dans la partie orientale de son
i^aume. Le prince accoida ce ter-
ram avec une étendue de quatre mille
rs k Tentour. Ayant fait expédier
diplôme de donation , il engagea
les seigneurs des environs à contri-
buer , par leurs libéralités, à l'éta-
blissement du nouveau monastère
(744)- Sturme s'y établit d'abord
avec sept religieux qui travaillaient
de leurs mains; St. Boniface vint
avec des ouvriers, pour les aider
à défricher le terrain et à bâtir
l'église. Leur nombre s'augmcntnnt ,
le saisit cvêque leur donna des ins-
tructions par écrit , et Sturme j)our
ablxî. Ainsi fut fondée la célèbre
abbaye de Fulde , qui a été éri-
gée en cvéclié. On y suivait la rè-
j»lc de St. Benoit. D'après les or-
dres de S. Boniface, Sturme par-
lit avec deux religieux ( 747 )', poui
124 STO
aller en Italie visiter les monastè-
res, entre autres celui du Mont-Cas-
sin. A son retour il r^la sa commu-
nauté' sur les observances les plus
parfaites qu'il avait remarquées: et
sa maison s'éteudant de jour en jour
avec la réputation de sa sainteté , il
eut en peu de temps la consolation d'y
voir près de quatre cents i*eligieux.
Ghartemagney occupé de la guerre con-
tre les Saxons , desirait ardemment
que l'on pût convertir ces peuples à
1 évangile , étant persuadé que c'était
le seul moyen de les civiliser et de
mettre un frein à leurs révoltes. Pour
travaillera cette mission importante ,
il choisit de saints prêtres , dont les
chefs furent S. Sturme et S. Wille-
hade. Depuis la mort de S. Boniface,
S. Sturme consacrait à la prédica-
tion évangelique tous les moments
(pi'il pouvait dérober à l'administra-
tion ae son monastère. Avant été dé-
noncé par l'archevêque de Maïence,
il fut envoyé en exil , mais rappelé
peu de temps après. Son abbaye fut
déclarée exempte de la juridiction
archiépiscopale, et mise sous la pro-
tection immédiate du roi. Gharlema-
gne^ plein de confiance en la vertu
et la sagesse de Sturme ,l'cnvoya vers
TassilloD, duc de Bavière , pour qu'il
rétablît entre eux la bonne intelligen-
ce. £n se mettant en marche contre
les Saxons (779), le prince recom-
manda la conversion de ces peuples
aux prières des religieux de Fulde ,
et il emmena avec lui leur abbé. S.
Sturme s'appliqua avec un zèle infa-
tigable à mstniire et baptiser les
Saxons dans la contrée qui lui avait
été assignée. Ges peuples s'étant ré-
voltés (778) , cl une troupe détachée
se disposant h tomber sur le monas-
tère de P'iiide poiu- le dctniire , S.
Sturme, (|ui m fut prévenu, aver-
tit SCS religieux en leur ordonnant de
STU
se hâter d'enlever le corps de S. Bo'
niface, qni reposait sous leur église.
Lies Saxons furent heureusement re-
poussés avant d'avoir pu exécuter
leurs projets. S. Sturme , succom-
bant sous le poids des années , vou-
lait retourner à son monastère ;
Charlemagne , cnii savait apprécier
son zèle apostolique , l'engageait à
demeurer encore quelque temps k
£hresburg;maisle mal augmentant,
il revint à Fulde avec un médecÎB
que le prince avait chargé de le soi-
gner. Un breuvage donné à cfmtre-
temps le réduisit a l'extrémité. Il fit
sonner les cloches et assembler sei
religieux pour les ex^rter k persé-
vérer dans l'observance de la règle ;
sa mort arriva le 1 7 décembre 77g.
Il fut canonisé par Innocent II en
I iBq. On coaserve ses reliques dans
l'église de Fulde. Sa vie, écrite par
S. Eigild , quatrième abbé de cette
maison, a été publiée avec des notei
par Mabillon , sec. 3 , ben. part 3.
G — Y.
STUB Z ( Helfrich ( i )-Piewib ) ,
littérateur allemand, naquit À Darm-
stadt , le 16 février 1736. Aprb
avoir achevé ses humanités au gym-
nase de cette ville , il étudia le droil
à Gottingue , à lena et à Giessai ,
et entra, en 1759, comme secré-
taire particulier , chez le baron de
Widmann , ministre de l'impératrice
reine à Munich. Voyant que sa qiia*
lité de protestant l'empêchait de
faire son chemin en Autriche, il ac-
cepta , l'année suivante , une place
semblable chez M. d'Eyben , chan-
celier du duché de Holstein , qui le
fit eutix^r dans une carrière plus con-
venable à ses talents que les travaux
du barreau. Apres avoir éprouvé
\i) Ceux (|ui «fi.-rîvciil rn latin, trtiduî»cnt et
iut>l ulipuiand par Iv mot (tn-r tioethiif.
j
STt
biietë , en le chargeant de dif-
5 missions à Vienne et à Wetz-
I Je mit en e'tat de se rendre y
b , à Copenhague , et le mu-
\ bonnes recommandations,
ig - Emest , comte de Bern-
qu'on distingue des autres mi-
de son nom par l'epithète
luf , en fit son secrétaire par-
* y et lui donna une place au
ement des affaires étrangères.
ans la maison de ce ministre,
lit Klopstock , et qui était le
•TOUS des hommes d'étal , des
î lettres, et des artistes , que
lassa les années les plus heu-
de sa vie. Ce fut là que se dé-
rent les qualités aimables qui
it rechercher dans le monde ,
rma son style dans la société
nmes de lettres, et qu'il apprit
ner et à peindre avec les ar-
Eln 1760, il obtint le titre
eiller de légatiou , et fut choi-
p accompagner le jeune roi
an VII , dans son voyage
nce et en Angleterre. Ce fut
turz une occasion de connaître
rs hommes célèbres , et de se
c quelques-ims des plus distin-
el vétius , M"»*". Geoffrin et Gar-
tretinrent avec lui une corres-
ce suivie , et qui fut un \Tai
rce d'amitié. C'est à ce voya-
m doit une de ses plus jolies
lions , ses Lettres d un Voya-
qui renferment des détails in-
its et alors nouveaux sur
Johnson, Garrick, Angelica
ann , M">«. Geoffrin , d'Alem-
lelvétius , le théâtre français,
Iraient alors les Gairon , les
il , les Lekain , Mole , Pré-
nfÎM, sur M. et M™«. Necker.
0 , sou protecteur ayant été
du ministère par Struensée^
>l3tint mie place très-lucra-
STO
1^5
tive à la direction générale des pos-
tes j et Vêtant lié avec le nouveau
favori , il vit s'ouvrir devant lui
une perspective non moins brillan-
te : mais , enveloppé dans la chute
de Stniensée , il fut arrêté , et
conduit dans une prison d'état , où
il passa quatre mois y livré à un dé-
sespoir qui altéra sa santé et chan-
gea son caractère. Cependant, les au-
teurs de la révolution de i '772 se con-
tentèrent du petit nombre de victimes
qui avaient été immolées à leurs pas-
sions , et la prison de Sturz s'ouvrit.
On ne lui rendit pas sa place , mais
on le nomma membre de la régence
d'Oldenbourg , avec àt& appointe-
ments qui n étaient que le tiers de
ceux dont il avait joui. Le prince de
Holstein , auquel le duché d'Olden-
bourg fut cédé peu après , augmen-
ta bientôt son revenu , et lui ac-
corda , en 1776, le titre de conseil-
ler d'état. La petite ville où Sturz se
vit relégué i^'ctait sans doute pas
comparable au théâtre sur lequel il
avait brillé pendant quelques années,
et les occupations de sa place étaient
peu conformes à ses goûts ; néan-
moins son existence aurait pu être
agréable , s'il avait su étouffer ses
regrets * mais ni la tendresse de son
épouse, fille du colonel Mazar, ni
l'attachement des amis qu'il se con-
cilia dans sa nouvelle résidence , ni
la réputation littéraire qu'il acquit
à cette époque , ne purent lui faire
oublier ce qu'il avait perdu. 11 de-
vint hypocondre , et tomba dans
une espèce d'apathie qui contras-
tait singulièrement avec son ancienne
vivacité. Cependant il fut assez maî-
tre de lui-même pour ne jamais se
plaindre de l'injustice qu'il avait -
éprouvée. Une seule fois , les espé-
rances dont il se berçait toujours en
songe se trahirent, et ce fut peu de
ia6
STU
jours avautsa m.rt. Pour soigner sa
santc, il s'était rendu , €0^779 , à
Brcmen , chez un de ses amis y
M. Schiihniackcr , agrut du roi de
Danemark^ pendant son séjour dans
cette ville , il reçut une lettre de Co-
penhague , dont le contenu Taifecta
si vivement qu*il s'en trouva mal :
il paraît qu'on lui annonçait un pro-
chain changement de fortune. Son
corps ne put supporter cette commo-
tion , il fut saisi a une ilèvrc maligne,
qui l'emporta le 12 novembre l'JlOy
à l'âge de quarante-trois ans. Des
deux filles que son épouse lui avait
données , la cadette mourut de la
petite vérole , trois mois ayant lui :
qiielques mois après, sa veuve accou-
cha d'un 111s. ^lurz était grand et
hien fait. Sa physionomie, sans être
belle , était mobile et spirituelle ; il
parlait et écrivait le français avec
une grande facilité ; il savait aussi
très-bieu l'anglais , le danois et l'es-
pacnol ; les langues savantes ne lui
étaient pas étrangères. Il brillait
dans la société par un esprit vif y
enjoué , et par un talent particulier
pour raconter. Considéré comme écri-
vain , il appartient aux meilleurs
Srosatclurs de sa nation. La société
ans laquelle il avait vécu , et la lec-
ture des beaux modèles français
ayaient formé sou .style , qui était
trës-châtié : mais il n a pas toujours
su cacher la peine que cette correc-
tion lui coûtait. Il n'a point écrit d'ou-
vrage d'imc certaine étendue; son
goût sévère d(^voua les écrits de sa
' jeunesse, tels qu'ime Julie, tragédie
en cinq actes et en prose, où il a ce-
pendant fait preuve de talent pour Je
dialogue , ce qui est bien rare parmi
les Allemands. Peu de temps avant
sa mort , il [niblia un choix de ses
oiniscules sous le titre de première
CoUtfûiiiMy où l'on trouve les l<;tU€s
SUA
dont vy^s avons parlé , ka
morceaux piquants sur Pitl
Chatham ) , sur J.-J. Rousseau
Kloptstock. A son lit de mor
fendit de rien publier de ses 1
crits : aussi la deuxième Col
de ses écrits^ publiée en 1 78 «,
tient-elle que des morceau \ c<
parmi lesquels il y eu a pi
que la sévérité de l'auteur
probablement condaimics a !
Une nouvelle édition parut à 1
eu 178O, sous le titre iV Œm
SturZy S4 vol. in-8'\ L'iioni
lettres qui la soigna lit uu cl
tout ce que Stur/. avait pul
conservM tout ce qui se trouva
la première collée lion , en
cliant de la seconde tout ce qi
bablemcnt l'auteur aurait su)
lui-même. T^es Soui^imirs du la
/. R, E, y comte de Bcmstoi
avaient paru ou 1777 , siuil l
leur morceau de ce recueil, h
du volume est une Notice bioj
que sur Sturz, daus laquelle U'
prenons que le tilcntdc Tautei
faire des portraits fut une des
du malheur qu'il éprouva en
On peut supposer, d'après ce
l'on trouva, parmi les elîcts deî
sée, le portrait peint par Stur:
personne impliquée dans le
\F. Strukwskk). s
SUARD ( Jean-Baptiste-.
NE )y de l'Académie française,
le 1 5 janvier 17349 a Hesançoi
d'univci-sité et ville de guerre
rit tout-tvla fois , dès sou ,ci
e goût des lettres et le goût <
mes. Les duels , à cette éi
étaient fort à la mode ; et pci
que la sévérité excessive des l
vaitfaitqu'augmctHer la viol
f>réjugc. Vainement on de
e port d'arxncs aux ctudiau
qiijlndles>'ci^ientjl!nH]uciiiQ
l
SOA
et les officiersdc la garnison;
s ces qtierellcs^ mii , ponr la
, se Tinaîpnt à la cnutc au jour,
s officiers ayaicnt ctc blesses.
it Âppelë un soir, comme te-
l'uii de ces combats , par un
nis y qui avait reçu d un of-
rvcu du ministre de la guerre,
le plus sanglant. L'étudiant
ilheur d*être trop venge ! Une
le passait non lom de \k : cba-
*rcbant h l'éviter, prit la fui-
rd seul fut arrête' et conduit
•n. Sur le refus qu'il fit de
l'cftudiant qui avait tue' l'of-
n le crut l'auteur de sa mort;
i mit les fers aux pieds, y
l aussi pour les mains ? de-
t-il avec sang -froid. Son st-
Dstant , sa noble re'signatiou
irent le parlemeiit de IJesan-
>rable; mais le gouvemeujr,
e Randan, voulant, pat (m
, mettre un terme aul duels^
laçaient d'aiTaiblir la garnt-
igbit le délit et l'accasé avec
îiirs les J)lrfs hoircs , et rcns'-
e exiler Snard aux îles Sain-
iierite.On fit auparavant de
X efforts pour lui arracher le
X)upable: il persista aie taire,
»a , sans murmure, enlever
le natale, à ses amis et à sa
n n'avait alors que dix-5ept
idu à là liberté' , au bout ae
mois d'une étroite captivité^
rit, bientôt après, la tjésolu-
enirà Paris, pour y ctlkiver
s , seule carrière qui convint
wtiâance de son caractère et
flprit. Que de jeunes gens à
àcnrâiffnt tiré parti des eau-
s circonstances dé sa capti-
s'en seraient fait^ dans ce
uidenr, un moyen de for-
iiihicnd'liommes,d'nn talem
»pnt fort ordinaires, s'étaien t
SUA 127
merveilleusement trouvés de la Bas-
tille! Oombiou d'auli-cs l'avaient re-
cherchée vainement ! Suaixl , qui Ta-
yait trouvée sans la chercher, ne
s'en vanta jamais , ne s'en plaignit ja-
mais ; et long-temps cette aventure,
qui lui aurait donné une célébrité pré-
coce « qui l'aurait fait accueillir et
caresser d'un grand nombre de so-
ciétés , comme une victime du pou-
voir arbitraire , resta ignorée de ses
meilleurs amis. Marmontel lui-mclme
fie l'apprit que fort tard; et il l'ap-
prit snigulièrcmcnt. Par une rare con-
formité de sentiments, de conduite
et de disgrâce avec Sua rd, Marmou^
tel avait été envoyé A la Bastille pour
des vers qu'il n avait pas faits , et
dont il avait obstinément refusé de
hommctrautenr. Devenu libre, mais
encore tout plein des terreurs do sa
prison , il accourt chez Suard : a Ah î
» mon ami, lui dit -il, vous ne pou-
i> vez vous faire une idée du déses-
• poir qu'on éprouve quand on entre
0 dans cette chambre fermée par une
» porte de fer, quand on entend re-
» tentir ces énormes vcrroux ! Vous
» ne pouvez vous figurer ce que c'est
» que de passer trois morteUes se-
» maines anus cet affreux cachot. —
» Pardonnez-moi , lui répondit tran-
0 quillement Suard; r^r j'ai passe
» aix-huit mois aux îlesSainte-jM'.ar-
» gnente , dans une pareille demeure ,
» t;onfondu avec des scélérats, mal
» nourri , mal couché , et n'enten-
» dant, avec le bruit des verroux,
» que le bruit des va^es de là mer ,
9 qui baignait ma pnson. » En arri-
vant à Paris , Suard avait senti le be-
soin d'y trouvei*un emploi. Il avait
été recommandé, par M™«. GeofTrin,
à un homme puissant. Reçu par ce-
lui-ci avec un peu d'impertinence , il
refusa de retourner chez lui. M*"*^.
Gcoifrin l'en gronda, a Quand ou n'a
vxB SUA ^
» pas de chemise^ , lui dit relie avec
0 impa^encc , il ne £aut pasr avoir de
» fierté. — Au contraire, lui répondit
» son jeune protégé , c'est alors qu'il
o faut en avoir, afin d'avoir quelque
V chose. » Marmoutel , plus heureux
que M"»<». Geoffrin, lui avait procuré
une place. Suard , apprenant qu'elle
était désirée par un de ses amis , la
refusa pour la lui faire obtenir. Enfin
un riche financier l'avait placé com-
me surnuméraire , avec douze cents
francs de traitement. Suard , n'y trou-
vant rien à faire , laissa l'emploi , et
remit les émoluments. Ce fut à cette
époque qu'il connut l'abbé Arnaud.
Ils s'aimèrent tout d'abord ; et leur
attachement n'éprouva jamais la
moindre altération. Logés vbigt-cinq
ans sous le même toit , ils mirent eu
commun leur bourse et leur esprit.
Le ménage ne fut pas heureux, en dé-
butant. Le Journal étranger, qu'ils
entreprirent ensemble , fut estimé ;
mais il eut peu de vogue : il n'était
que spirituel et raisonnable. Par bon-
heur, il existait alors un ministre
ami des letti'cs , et même ami des
gens de lettres (i). Nos deux journa-
listes furent chargés par lui de la ré-
daction de la Gazette de France,
gazetle officielle , qui ne se permettait
pas d'être amusante, mais qui n'en
avait pas moins un grand nombre
d'abonnés. Dix mille Irancs de trai-
tement furent donnés aux rédacteurs;
mais tout cela venait d'un ministre :
tout cela disparut avec luil Suard et
Arnaud rentrèrent philosophique-
ment dans leur première médiocrité ,
et continuèrent leur Journal étran-
ger, sous le titre de Gazette litté-
raire de l'Europe. Celle-ci ne vécut,
conmie l'autre, que deux années,
grâces à la paresse de l'un des rë-
^1 ) Le duc de Olioîtcul.
SUA
dacteurs , et peut-être de t
deux. Cependant quelques ar
Suard avaient sufli pour le fa
naître avantageusement de
qui se mêlait dans le monde
tiverles lettres ou deles proté
meilleures sociétés lui iureni
tes. Il fut aimé, considéré d.
tes. Il y avait porté, dès soi
ce que d'autres n'y acquièf
par un long usage. L'urbanit
langage et de ses manières é1
lui une inspiration du goût :
tait seulement perfectionnée
bonne compagnie , et surtou
commerce des femmes. Sa ]
n'était ni recherchée ni scr
n'était pas non plus cette ]
nonchalante , qui dit oui à
monde et ne conteste rien ;
cilité de caractère et d'opL
commune aux gens qui n'ou:
nion ni caractère. C'était uj
tude raisonnée de concessio
aux lois ou aux bienséances i
ciété. Par égard pour l'âge ,
sexe, pour la supériorité du
du génie, Suard savait se ta
quefois devant l'opinion d
mais il gardait la sienne. 1
de ses amis , et même de se:
teurs, joignaient à de grandi
de malheureux travers d'i
tion {1), Suard aima leur p(
mais , loin d'approuver leurs
il combattit souvent le da
leurs doctrines de toute la. le
la raison ou du sentiment. %
hommes considérables . Se ^ i
gui affectionnèrent le phiis >
Uut distinguer BufTon. Ce fu
BufTon qui lui fit connaît
primeur Panckoucke,rccoi
Ue par les services qu'il na
lettres et par le noble usage qu
(a) Urlvrtiu», le baroD d'Uuibucb ,
SUA
1 fortune et de ses talents. Ce fut
irès le conseil de Buffon que Pane-
cke donna sa. sœur en mariage à
rdy sa soeur, aussi distinguée par
hannes de sa personne que par
grâces de son esprit, et à qui
tl dut, pendant cinquante ans,
uiheur et Tagrëment de sa yie. Il
it lie avec plusieurs étrangers
1res. De ce nombre étaient DaWd
le et Horace Walpole. Il voulut
1 tour leur rendre visite. Le jour
arriva à Londres , il y avait une
lie populaire en faveur du fa-
1 démagogue John Wilkes , que
liiiistère était parvenu à faire
ire de la chambre des corn-
es. La populace, qui obstruait
mes, fit poliment descendre de
ire Suara et son compagnon de
igc, les força d*ôter leur cha-
I, et de crier avec elle : Fïw
I IFilkes , vive la liberté ! Ce
it effraya d'abord les voyageurs
n'avaient pas encore vu la revo-
it franrrise ); mais le lendemain
jr paraissait plus, et Sua rd put
er tranquillement les illustres
als dont il était attendu. Un
le pasteur d'un village d'Ecosse,
omme qui avait constamment
dans la retraite , et qui , exempt
iré jugés que donne la solitude ,
t tout le goût d'un homme du
le y un e'cnvain plein d'élégance ,
islorien sage et véridique , pro-
et lumineux , le digne rival de
e , s'il ne lui est pas supérieur ,
Ttson enOn , déjà célèbre dans
! TAngleterre par son Histoire
^sse (3) , s'occupait , en cemo-
.y de son Histoire de Charles-
If. Suard lui demanda et ob-
adlement la faveur de traduire
Joe traduction , la leule complète de cet
ff a été donnée pu- M. Campepon, ea i8ai|
XLIV.
SUA 11^
h premier cet ouvrage en fran-
çais. Robertson fit plus ^ il lui en-
voya les feuilles à mesure qu'on les
imprimait. La traduction fut ho-
norée des plus illustres suffrages , soit
nationaux , soit étrangers. Elle reçut
l'approbation de Hume, de Wal-
pole , de Gibboh, et la plus flatteuse
de toutes, celle de Robertson lui-
même. On y trouve , en effet, une
facilité élégante , un todr libre et na-
turel , presqu'inconnus dans les ou-
vrages traduits. L'éclatant succès
de V Histoire de Charles - Quint ,
mit à la mode les traductions de
l'anglais ; et, comme cela ne manque
jamais d'arriver y la mode en fut
poussée jusqu'à la fureur et se sou-
tint jusqu'à ce qu'une autre manie
vint occuper la mobile imagination
des ParisieLÇ* Ce fut , en effet, à
cette époque que commença cette
guerre si puérile dans son objet ^ si
étonnante par sa durée , cette guerre
de musique ^ image grotesque , mais
fidèle, des tristes divisions politiques
quLnous ont agités depuis. Deux par-
tis Tétaient formés. Lenom de Gluck,
le nom de Piccinni étaient les cris de
ralliement. Le théâtre de la guerre
était la salle de l'Opéra. Marmontel
armait pour Piccinni, l'abbé Arnaud
Sour le chevalier dGluek ; Suard se
éclara pour celui-ci. Mais de tous
les généraux de cette armée burles-
que , il fut le seul peut-ctre que sa
politesse n'abandonna jamais. On fit
jouer des deux cotés une artillerie de
chansons , d'épigrammes et de pam-
phlets. Le seul écrit digne de survi-
vivre à la circonstance qui l'a fait
naître est de Suard ; ce sont les Let-
tres de VAnorv^me de F'augirardy
.persiflage plein d'esprit, de finesse
et de goût , où toutes les bienséances
étaient respectées, où la raillerie,
toujO»irs piquante , était toujours sans
9
ï3o
SUA
.'imerlumc ; vrai iiiodMc ilc plaisan-
terie qu'où lira loug-tcmps avec plai-
sir... puuiTU qu'on ncsoit pas piccin-
iiislc. ï-ics titres littéraires de Snard^
son esprit juste et lin , la connais-
sance parfaite qu*il avait des diiTi-
C(dtés et des ressources de notre lan-
Ç^ie, surtout de cette partie de la
langue née de l'usage de la bonne
compagnie , et que Yaugela.'; parlait
.sûrement moins bien que M"»<'. de
Se'\'ignc y. enfin TeiLtremc amabilité
de son caractère, lui avaient ouvert ,
des l'année i j7'^, les portes de l'a-
cadémie française. 11 y fut nomme le
même jour que Tabbé Delillc ^ mais,
desser^'is l'un et l'autre auprès du
loi , leur nomination ne fut point
approuvée , et l'on procéda à une
auli'c clect'on. Elle était à j)eine ter-
minée que Louis XV, mieux informe,
Jeur permit de se remettre sur les
rangs à la première occasion. Cette
occasion ne tarda pas : Delille fut
nomme l'année suivante , et Suard
quelques mois après. Quelle accusa-
tion leur avait donc attiré la dis-
grâce la plus sensible que pinsse
éprouver un homme de lettres? On
les avait dénoncés comme encyclo-
jiédisles , quoique jamais ni l'un ni
l'autre n'eût écrit une seule ligne
])our TEncyclopôlie. C'était une ac-
cusation qui, pour être déjà devenue
un peu banale, n'en était pas moins
dangereuse ; cir elle les signalait à
l'autorité comme ennemis de toute
autorité. La modération de Suard , la
nature de son esprit essentiellement
raisonnable, repoussainit une telle a c-
cus<'i(ion ; la conduite de toute sa vie
l'a réfutée. Loin d'énoncer, en i^Sq,
les doctrines «pi'on lui supposait en
177-2 ; loin de se souvenir des deux
événements de sa vie où le couver-
nement lui avait donné quelque droit
de se plaindi-e , il ne songea qu'à dé-
SUA
fendre rautoritë légitime contre les
Samphlétaires de l'anarcbic. Honoré
es plus intimes confidences des mi-
nistres Montmoriu et Sainte-Croix, il
consigna particulièrement ses protes-
tations monarchiques dans un jour-
nal intitulé les Indépendants, Mais
la voix de la raison commençait k ut
plus être entendue. Klle ne tarda pas
à devenir suspecte. L'académie fran-
çaise elle-même , l'académie qu^on
représentait , vingt ans auparavant ,
comme le foyer de l'indépendance ,
fut de'noncée comme le foyer de l'a-
ristocratie. On vit un académicien,
Chamfort , demander à crands cris h
suppression de Ta cadémie. Vainement
Suaixl en prité]o({uemment la défense;
elle fut , peu de jours après ^ enve-
loppée dans la prosciiption coroinu-
iie, dans la destruction universelle de
nos lois et de nos institutions. Certes
Suard n'avait nul penchant pour le
gouv<Tuement absolu. 11 aimait la
liberté, mais cette lil)erté décente ,
bien ordonnée, qui a ses limites ainsi
que le pouvoir , qui est conforme aux
habitudes et aux mœurs nationales.
Il aimait la lilx^rté, mais il détestait
la liceuce , irréconciliable ennemie
de la liberté. Le mot seul de révolu-
tion lui faisait horreur. Son anti-
pathie naturelle pour toute espèœ de
désordre éclata non- seulement con-
tre les actes de violence et d'injus-
tice qui se commirent, mais encore
contre les folies qui se mêlèrent à ces
atrocités. Suard se déroba , lorsqu'il
le put , par la retraite , au spectacle
de ces honteuses extravagances. Dis
qu'il le nut aussi , il reparut sur la
scène politique. 11 rq)rit cette plume
courageuse , consacrée au soutien de
l'équité^ de la raison et du goût;
et mérita d'honorables persécutions.
Poursuivi au i3 vendémiaire (fjQd),
proscrit au 18 fructidor (1797), fl
\
SUA
f de quitter la Fiance , pour
oakaite' d'y voir rappeler
Français. Il revint sons le
ement consulaire , croyant
professer ses opinions po-
mais le despotisme naissant
air s'en accommoder. N'o-
pcrse'culer Siiard , on cher-
bord à le gagner ; on le dis-
on le caressa. Les caresses ,
ices ne pouvaient rien sur
ivail deviné V homme dans
mière entrevue ; et voici a
:casion. Cet homme n'aimait
ite , et il avait bien ses rai-
ir cela. La réputation de cet
1 l'importunait : c'était un
verains qu'il avait le plus à
; détrôner. « Votre Tacite,
m jour à Suard , n'est qu'un
nateur , un imposteur, qui a
nié Néron.... oui , calomnié*
fnlin , Néron fut rcgrellé du
i. Qiicl malheur pour les
s qu'il y ait de tels histo-
» — a Cela peut-être , ré-
i Suard : mais quel malheur
es peuples, s'il n'y avait de
istoriens pour retenir et cf-
les mauvais princes ! » Plus
aissait l'indépendance d'es-
c caractère de Suard , plus
chait à la vaincre ^ plus il
i d'opposition , plus on fai-
ibrts pour le ranger sons le
espe'rance de le gagner fut
jusqu'à l'aveuglement. On lui
jne lettre où , après quel-
fcautions oratoires , on lui
ue l'opinion publique s'é-
Air deux, faits : la mort du
nghien , et le procès du gé-
oreau ; qu'il était essentiel
îdresser dans les journaux,
î chef du gouvernement ver-
c plaisir , et même avec
ssaoce , que Suard y dans le
5UA
I/iî
journal politique (le Publiciste) (4)
dont il était propriétaire , a idfh a
ramener cette opinion publique éga-
rée Voici quelques mots de
la réponse de Suaid , lidMoraent
transcrits de l'urisinai : a J'.i n3
» ans, Monsieur; mon caracii re ne
» s'est pas plus assoupli avec Tage
» que mes membre*. Je veux acbe-
» ver ma carrière comme je l'ai par-
» courue. Le ])reniicr olqet sur le-
» quel vous m'invitez à écrire est uu
» coup d'étil qui m'a profondément
». affligé, comme un acte de violence
» qui blesse toutes mes idées d'équité
» naturelle et de justice politii|ue. l>e
» second motif du nïéconlentement
» public porte sur l'intervention no-
» toire du gouvernement dans une
» procédure judiciaire soumise à une
D cour de justice. J'avoue encore
» que je ne ciiuiiais aucun acte du
» pouvoir qui ùnwo exciter plus na-
» turellemeiil i'i;j(|iiiitndc de chaque
» citoyen pour s.i sùi été personnelle.
» — Vous voyez , IMonsicur, que je
» ne puis redresser un sentiment gé-
» néral que je partag*?. » Cette ré-
ponse ne provoqua pas immédiate-
ment la suppression du Publiciste^
qui n'eut lieu qu'en 1810; mais elle
en fut la véritable cause. II dut en coû-
ter beaucouj) à Suard , pour cesser
d'être journaliste. Le tour ingéuieux
de son esprit le rendait très-propre
à cette espèce de ministère public, si-
utile dans les mains d'un écrivain
bommedebien. — Suard ne s'honora
pas moins dans une autre fonction « la
censuredes pièces de tliéâtre,qu'il dut,
dès l'année in'7j,àla confiance de
Louis XVI, et qu'il conserva jusqu'en
1 790. 11 exerça cette censure avec
une douceur et une impartialité inal-
(4) CV-tait U seule propriric qui lui r**-»!*»! .
quoique en ait pn dire une biu{;rapliie t-(Mi>viM|>ii>
raine, trop pasAidoiMfe pour ^Ire iu*tf.
9-
i3a
SUA
tcrabics. I/auteur seul da Mariage
de Figaro le trouva d'une se'vcrité
infleiible, et ne put jamais obtenir
son approbation, dont il eut au reste
le talent de se passer. Suard soutint
obstinément son opinion sur cet ou-
vrage. Il la proclama même en pleine
académie (5) ^ dans un discours qui
lui fit beaucoup d'honneur, sans nui-
re au succhs àc Figaro ; car, suivant
l'usage , plus le scandale e'tait signa-
lé ^ plus la foule s'y portait. Les
Srands^ les ministres, les nobles, les
épositaires des lois et de la morale
publique^ couraient applaudir à leur
propre satire , battre des mains aux
traits sanglants re'pandus dans l'ou-
vrage contre les institutions sociales,
et préparer eux-mêmes , des ce mo-
ment peut-être, l'esprit de révolu-
tion qui devait bientôt après les ren-
verser. — Suard avait un tact par-
ticulier pour décrire et pour carac-
tériser l'esprit ou le talent des per-
sonnages célèbres dont il parlait :
voilà ce qui rend si agréables et
si piquantes ses Notices sur Robert-
son, Vauvenargues , M°>e. de Sevi-
gné , Larocbcfoucauld , Labruyè-
re, Drouais, Pigalle^le pape Gan-
ganelli (Clément aIV) etle Tasse (6).
Voilà aussi ce qui donnait beaucoup
de prix aux rapports faits par lui
sur les concours académiques, en sa
qualité de secrétaire perpétuel de l'A-
cadémie française , place où il s'est
toujours montré l'élcgant et hono-
rable interprète de cette compagnie.
Ou dit , dans un conte charmant,
« Qu'il est bien peu d'auteurs qui Taillent leurs
ouvrages. »
On pourrai t dire le contraire de Suard.
Il était fort supérieur à tout cequ'il a
(5) Scance jiiihlique du 5 )uiu 1784 , i laquelle
aMistait le rut de SuJ'de.
^6) Vuy. Iw 5 vol. daê MiUmget de UuinUuM.
SUA
fait; et, chose remarquable
vait aucun des défauts qu'î
fait supposer ses qualités. Soi
3ui ne semblait que fin et déli
c l'étendue et de la prof
Cette raison droite et ferme ,
glait toujours ses actions et
me^ et qui leur donnait un<
rence de roideur , n'excluai
en lui les illusions et les pic-
l'imagination. L'exquise i
qu'il semblait tenir de Fon
n'était point chez lui , com
était ^dit-on, dans l'auteur d
des , un froid calcul de l'iiité]
sonnel : elle venait du cœui
allait au cœur. Bienvcillai
tous , il l'était surtout pour ]
nés gens qui avaient besoin
seils ou d appui. 11 les accue
les encourageait , il proclam
i*oie leurs talents naissants;
lomme qui avait beaucoup ^
que les souvenirs du passé c
rendre plus difficile sur le ]
n'exaltait jamais l'un aux dé
l'autre. Il vantait souvent le
siècle ; il souriait plus souven
auxespéranccs que donne len<
Son ame^ dont il avait su n
les passions, s'ouvrait aiscuQ
douces émotions de la pitié,
tre sentiment , l'amitié , rcçi
une espèce de culte. Il n'ai
des hommes honorables , il 1
tendrement , il les aima toujc
modération de s^s opinion
3ues ne fut jamais l'efFet ni
ifférence, nide la timidité. ;
cas de la prudence ; mais i
tait la peur , qui prend soui
nom , la peur qui louvoie ,
giverse, qui fléchit devant
(?) Ce furent, en grande partie, se* 4
mcots qui drcidîi-eiit M 31. Auger et ^
«ml'er daos la carrière uù l'uu «t !'«■
tant boaorâ depuis.
SUA
]tn les enhardit par sou si-
t devient conipUce du crime
issant commettre. Il mani-
ibliquomcDt , au no mars
a (Idélité au roi, qui, à sou
lui euvoya Tordre et le cor-
Saint-Michel. Sa vieillesse
iptc d'infirmités , de prëvcn-
d*cnnui. 11 mourut le ^o juil-
, après mie courte maladie,
le quatre-vingt-six ans , em-
les regrets, non-seuicmeut
nbre immense df amis de tous
, mais encore de tout ce qu'il
à Paris d'hommes conside-
;oit dans l'état, soit dans les
j'aiitcur de cetleNolice lui a
à l'aca demie française. Heu-
'esquisse qu'il vient de tra-
it donner aux jeunes cens
t pas conuu Suard , quelque
1 miiter , et de fonder , corn-
leur réputation littéraire sur
lëration personnelle ! Voici
le ses travaux, littéraires : I.
•crite de Vautre monde par
^csfontaines à M. Fréron ,
n-S**. Cet opuscule eut du
II. Traduction des deux
» voyages du capitaine Cook
•K ). IJI. Variétés littérai-
9, 4 ^^^ . in- 1 a ^ nouvelle édi-
5 soignée , i8o4 , 4 vol. in-
scueil , outre plusieurs écrits
l, en contient de l'abbé Ar<
e quelques autres mains. IV.
du règne de Charles-Quint,
ie l'anglais de Robertson,
ann. suiv. ,6 vol. in-i'i ou 2
\9, 'y réimprimé avec des cor-
en 1816 et 18*2^, 4vol. in-
^ie €ie David If unie , écrite
ncme , et trad. de Tanglais ,
-1 !2. Suard s'était proposé de
V Histoire d'Angleterre de
mail il y renonça lorsqu'il
ic M^'^.Belot avait commen-
SUA
i33
ce le méiue travail. VI. Histoire de
V Amérique j^9X Robertson , trad.de
l'Andais, par Suard et MoreUet,
1 770,1 vol. ijQ-4**., 1 780, 4 vol.in-ia.
Il est facile de reconnaître , dans cette
traduction , ce qui est du à la plu-
me du premier. Quelque temps avant
sa mort , il en prépara une édi-
tion nouvelle qui parut en 181.8, 3
vol. iu-8<*. ; elle contient deux 11-
vre3 nouveaux, traduits par Morellct.
VIII. Mélanges de littérature ,
i8o3-i8o5, 5 vol. in-8'^. Indépen-
damment de pliLsieurs notices citées
dans le cours de cet article , ces mé*
langes recueillis par Suard renfer-
ment de lui beaucoup d'autres ex-
cellcuts morceaux ; nous citerons :
10. De Voltaire et de BettinelU*,
a®. Conseils à un jeune homme ;
3^. Lettres du solitaire des Pjrré-
nées ; 4'** -^^ V acadénùc française
et De M. Cïiamfort ; 5^ De Fia-
ton ; 6«>. Observations sur les lois
pénales ; 70. De la liberté de la pres-
se; 80. Lettres sur la censure des
théâtres ; de l'administration de la
justice , et du jury anglais , etc. U
a disséminé dans des recueils pério-
diques un grand nombre d'opuscules,
entre des notices biographiques ^iirdcs
personnes avec lesquelles il avait été
lié. Les vingt premiers volumes de
la BiograplUe universelle furent en-
richis par lui d'articles remarqua-
bles j notamment sur Addison, Ba-
con , Chesterfieldj etc. Dans sa no-
tice siu: Olivier Cromivelly Suard
s'exprimait avec tant de force et de
vérité sur la tyrannie iu protecteur
britannique, que des censeurs impé-
riaux crurent y reconnaître un ta-
bleau trop ressemblant de la tyran-
nie qui pesait alors sur la France.
Dirigés par leur chef Pommereul
{ V. ce nom ) , ces censeurs se hâ-
tèrent de supprimer les passages
1 ..r 1
S'JA
les plus sailî;*nts , au point que
Suard refusa de si-^ner son article
ainsi mutile. Mais les cdileurs delà
Biographie unh'crsclle , voyant la
puissance impériale près de tomber
(cela se passait en décembre 1 8 1 3 ) ,
dillerèrent de quelques jours la pu-
blication du volume où se trouvait
cette notice; et lorsrpic la censure
iwX renversée , ils purent donner
Tarticie tel que l'auleur l'avait écrit.
iSuard fut encore Tedileur de quel-
ques ouvr;i2;es dont r.Qus n'a>ons
Î)oint parle. Un livre de Nai;;eon
'académicien lui donna , entre au-
tres manuscrits , celui des iMiinoires
sur la vie de Diderot. J'ip;eant la pu-
blication de cet écrit danj:;ereuse , il
le retint lonj^-lenips ,dans la vue d'é-
viter un scandale, justpfà ce qu'une
})arentede l'auteur ^ult en re'clamer
a j)roprie!e. T.a prévoyance de
Suard était fondée. Ces mémoires ont
ete imprimes depuis à la suite d'une
nouvelle édition de Diderot ; et ils
ont c'te l'objet d'nn piocès. M. Ga-
rât a ]ndjlié , en i H'ao , des Mémoires
liistoriqucssurSuariL On peut s'éton-
ner d'abord (j;:e cet cîcrivain ait trouve'
dans son sujri la matière de deux vo-
lumes in-S".: maison s'apen;(»it en
le lisant qur le titre (jn'ila cbei>i n'est
qu'un ])rete\te pnr.i- amener le ta-
bleau de la litler.ilijM' cl de la philo-
sophie pendant le j.i"»i(ide (|u'a em-
hrassd la car rii re li 1 1( i li i re d e 8 ua rd .
Nous ne parlerons point d'un Essai
fie Mênu*ir<*s composes par >î"»'".
tSuard , <:et ouvrage n 'avant e'tc im-
]u inie qu'à un petit nombre d'exem-
plaires de;t!nî*s à l'amitic. K — n.
Sli ARKS ( Fu ANcois ) , théologien,
naquit à Orrnade, le 5 janvier iS/JS,
d'une famille noble. 11 achevait son
cours de droit à l'aca demie de Sala-
lamanque , quand , par les conseils de
son directeur^ il prit l'babit de saint
l
SUA
ï*naee. La diOiculté qu'il e'pronvart
à concevoir les principes de la pLi-
Josoj)hie tels qu'on les ciiseignart
alors dans les écoles , fit juger à ses \
maîtres qu'il ne serait jamais qu'un !
sujet médiocre ; et lui-même en était '
ersuadc le premier ( i ). Il pria donc
e recteur de le dispenser de suivre
ce cours: mais celui-ci par\'int à lui
rendre la confiance dont il avait be-
soin; et, peu de temps après, ayant
ete placé sous la conduite du ce'ièbre
P. Kodripuez '".0, parla rapidité de
ses progrès, il sut réparer le temps
perdu et acheva ses études de la ma-
nière la ])liis brillante. Charp;c d'en-
seijijner la philosophie à Ségovie, ilnc-
cuj)a ensuite successivement les chai-
res de théolop;ieà Valiadolid, Rome,
Alcalà ,Salamanque; et partout ses le-
çons furent suivies par un grand con-
cours d'auditeurs. La première chai-
re de l'université de Coimbrc ctant
venue à vaquer, le roi d'Espagne
Philippe II la lui conféra, sur la
présentation des chefs de cette aca-
dcnn'e. Avant d'en prendre posses-
sion, le P. Suarès se fit recevoir doc-
teur .î l'académie d'Kvora. Donc d'u-
ne ardeur infatigable et d'une mé-
moire qui tenait du prodige, il passait
\\\ Stnv4iiit Ip 1*. Oiifliii , « Suan-» put à nrist
n l'tii- ;ii{iu::. i!:iii< !ii S'iricli' : ii l'iif fj'ahurd leTuM*;
Mil lit ■!«• iiuiivcllr» iii>luiicr». inran'^ dvnuiudtr
>« iiit'im ."i % iniInT [•ariiii Ii*» IriTo». l'IuGii ou ic re-
>• f-ii* , i-t i'dii i'faif rnc-iirc sn'r lo pniiil d« Ir mi-
>> viiMT. Iitrfi|ii'iiii vieux ji-nuitc ilit : Atlendobfl,
» il ui<* M'ii.i.li- fjiic vv \i-\mv liitiiiinr ««•nriiit aÎM-
K ni^til , ri |ii-iiM- t(iii-|qiii-riiîs fiirl birn ( "Stuy. k»
>i Vèluf •/,>•* (il* '3Jii'l)nii|l , Il , f>f) ^ ; w liiai4 m Sua-
I-I-» nv.iil «Mi !h « ■iiiifitliiiii f;ii'ilt* , an nr «oit pat |«
iiKilit 'piMir Ifipicl nii l'aiii"dit rrî'ii^F. I«a|i«fîlr anfc^
fliil4' rripixii tM-p.u- Oiiiliii, n*r«l d«>iic \t\\s vraiim»
li'iihlr. On a 'iiivi tl-in^ rrt arlirlr le rt^rit d<>* l>i-
Lliii(;raplie9 <Irk j'siiitcj», lrr»-in<ilriiil!i urdinairv»
UK-iil i\v ce ipii Ci°ii« ri-ur |riir> < oiili-tTra.
'») Cr cili-lirp ail leur •»riii(]ap, m* h VallaJo-
li«l , en ij-t6, vt iiiiirt ù S4;\ilir. m iGiti { f e^ez
«i>n .irlicli-, t. TtXWlII, p. AHa ), np dnit ^as
rfrr «.Miufùiidu nyrc \r kimliPiirruv Alphoune Ko-
clri;;ut'/. , aiilrn 'p-Miilr, m' ù S<-{(utir »u i.'»3t, vt
iiiiirt h Mui'irquf. 1<> 3i octnlirt* 1(117. <''ni| la
WarilictilÛMi lie tf dtTiiicT. qui a •>!•• i-eltLrre ai%
Vatican , Ik is îuin iKa'i. / vj . l'Ami d« b rcli§ï«^
et du roi, 6 iuUld 181S , XLIV| a45.
SUA ••
liai de ses livres tout le temps
le consacrait pas à de pieux
xs , et n'oubliait rien de ce qu'il
b. Les succès qu'il obtiut à
re accrurent encore sa reputa-
I prit une part active aux dis-
[ue fit naître le système sur ia
de son confnre le P. Molina
nom , XXIX , 3u i ) , et ima-
;lui qu'on a nomme' conduis-
li n'en est qu'une modification,
equel il est inutile de s'éteudre
lisqu'il est abandomic' depuis
?mps. Invite par le pape Paul
Itaquer le seraient d'allégeance
roi Jacques I^'. exigeait de ses
il pid)iia , dans ce but : De-
C€Uholicœ jidei contra angli-
ectœ errores, Coimbre , 16 1 3,
Cet ouvrage ne pouvait man-
B déplaire à Jacques I*^*". , qui
rûler par la main du bourreau,
IVghse Saint-Paul à Londres,
éfendit la lecture à ses sujets,
.es peines sévères. ( On assiure
larès aurait désire' de partager
de son livre.) Le pape l'en re-
i par un bref, en date du 9 sept,
et le roi d'Espagne, à qui Jot:-
«". s'étaitplaintdeceque cemo-
; avait autorisé , dans ses états ,
lication de cet ouvrage , eu fit
»gie : mais on en porta le même
?nt en France qu'en Augleter-
m arrêt du parlement de Paris,
le "iO juin 1614^ condamna ce
lu fm , conune renfermant àes
les contraires aux droits des
ains (3). Il n'en fut pas moins
rimé , la même année , à Colo-
t il l'a été depuis plusieurs fois.
i , consulté sur toutes les ques-
importantes de théologie, fut
à se rendre à Lisbonne , pour
fut pour réfuter In prÎBcipes de Saarrs
b. Abbot publia : la l)ifrn*r. da puavuir
itt des roi» \^y. ASIOT, i, i^; ).
SUA
i35
assister à des conférences crui devaient
avoir lieu en présence au légat. Il
tomba malade à son anrivée en cette
ville, et y mourut, le a5 sept. 1617.
Quelques instants avant d'expirer , il
dit à ceux qui l'entouraient : a Je
» ue croyais pas qu'il fût si agréable
» de mourir. » Les ouvrages de cet
illustre théologien sont très - nom-
breux ; on en trouvera les titres dans
la BibL soc. Jesu, p. aS^ et suiv. Ils
ont été recueillis à Ma leuce et à Lyon ,
i63o et ann. suiv. , in -fui., ^3 vol.
L'édition la plus récente est celle de
Venise, 1740. Le P. Noël, son con-
frère, eu a publié un jihrégé , Ge-
nève, 173^, 1 vol. in -fol. , et y a
joint deux Traités, l'un : De justi-
lia et pire, tiré de Lessius ; et l'au-
tre : De matrimonio , extrait du
grand ouvrage de Sanchez {V. Noël,
XXXI , 337 ). Les ouvrages de Sua-
rès sont écrits avec ordre et netteté.
11 savait , dit le P. Oudin fondre,
avec une adresse admirable, presque
toutes les différentes opinions sur les
matières qu'il traitait. Sa méthode
était d'ajouter ensuite ses propret
idées aux discussions théologiques,
et d'établir avec solidité son senti-
ment. I^ Traité des Lois , du P. Sua-
rès , passe pour son meilleur ouvra-
ge. Il a été réimprimé m^e en An-
gleterre. L'abbé de Lon^eruc en fai-
sait très-grand cas, aiasique de celui
de la Religion, Le P.' Ant. - Ignace
Deschamps, jésuite , a publié la F'ie
du P. Suarès, en latin, Perpignan,
1671, in-4^. W-is.
àUARÈS ( Josepu-Mabie) , sa-
vant antiquaire , était iib d'un audi-
teur de la rote d'Avignon , et naquit
en celte ville vers la Gn du seizième
siècle. La culture des lettres et de la
poésie , l'étude des chartes et des an-
ciens manuscrits occupèrent tôur-à-
tour sa jeunesse. Ajant embrassé
i36
•SUA
{;
l'ctat ecclcsiastiqiie y il fut nommé
iiévôt de la cathédrale d' Aviguon :
e cardiual Fxauçois Barbcriu , char-
mé de ses talents , emniaia Siiarcs à
Rome, lui confia le soin de sa biblio-
thèque, et lui lit obtenir le titre de
camcricr du pape Urbain YIII. 8ua-
rèsfut, en iG3o , promu à révcché
de Yaison. Il vint prendre possession
de son diocèse , et partagea son temps
entre les travaux évangéliqucs , 1 é-
tude de la numismatique et les anti-
quités. La yillc de Yaison hii dut le
rétablissement de l'églLse de Saint
Quinidius ( f^. le Gallia christiana).
Il se démit, en i6G(i , de sou évéclié^
eu faveur de son frire ; et revint à
Borne , où il fut nommé garde de la
bibliothèque du Yatican et Yicairc
de la Basilique de Saint - Pierre.
iSuarcs mourut le 8 décembre 1G77.
Allatius a publié^ dans les j4pcs ur-
hanœ , le catalogue des ouvrages que
ce prélat avait fait imprimer jus-
qu'alors^ et la liste, beaucoup plus
étendue, de ses manuscrits. Outre
une Traduction latine dos Opuscules
de saint Nil , ijnprimée avec le texte
grec y dont il est le premier éditeur ,
des lettres et des discours, on a de
Suarcs : I. Notitia librorum Basili-
corum; dans l'édition des Basilic
ques^ publiée par Fabrot ( Fqy^ ce
nom); dans l.e Corpus juris ^ Ams-
terdam , i663 y et dans la BihUoth,
or. de Fabricius , xii , 4^)7. II.
Vc Joraminibus lapidum in pris-
cis œdificiis diatriba , Lyon^ lÔSa .
in-8<». , inséré dans le Nwus thesaur.
deSallengre, i^ 317. Suarès n'a pas
été aussi heureux que Peiresc dans
l'explication qu'il donne des trous
qu'on remarque sur les pierres des
anciens édillces. Peiresc a démontré
que CCS trous servaient à recevoir les
caractères des iu^riptions ( F', Pei-
SEsc, XXXIII, 258). III. Deves-
SDA
tibus Ultcratis , sive quibus nomirm
intextii siuit , diatriba , Yaison y.
iGj,'i, in- 4**, lY. Prœnesies anii-
qua lihri duo , cum numismatibus,
inscriptionibus et fleuris ^ Rome,
1 055 , m-^"^. Cet oua rage, rempli dé
recherches intéressantes , a été t&Wr
primé daus le Thesaur. antiquitai.
llaliœ, tom. viii. Y. VituUciœSylr-
vestrill , Pontificis maximi, Lyon ^
]G58^ iu-4". Suai-cs, dit Lenglet
Dufresuoy, est louable d'avoir fait
l'apologie d'un pape si étrangement
calomnié. Sa dissertation est curieu-
se et peu commime. Y. Descriptk-
uticula civitatis u4venionensis et
comitatàs Fenascini ^ ibid., 16689
in-4**. YII. Choro^aphia diversîs
Fasionensis i^rsibiis cxpressa ( F.
BoYER DE Sainte Marthe , Y ,
4.iG). Ylll. Dissertatio de Tracala^
Rome, i()G7 , in-4**. L'auteur y re-
cherche la signification de ce not
ainsi que le motif pour lecniel on en
avait fait un surnom de 1 empereur
(iOiistantin. IX. Conjectura de U"
bris de Imitalione Christ i , corum-
que authoribus, ibid. , iG(>8, in-4*'-
Suarès prétend que les trois premiers
livres de V Imitation sont de Jean
abbé de Yerceil; qu'ils ont été re-
touchés par Thomas à Kempis , cC
que le quatrième est de Gersoo. Maïs
ce système de conciliation ne satisfit
])ersonne ( Y. les Considérations de
M. Gence , à la suite de la Dissert»
de M. Barbier, sur les -traduction&
françaises del'lmitation, p. i']S){ï),
X. Arcus Septimi Severi auff. œri
incisus , cum explicatione , ibid. ,
1676, iu-fol.; fig., rare et recher-
ché. XI. Denumismatis etnummis
antiquis dissertatio; dans l'/ziCro-
duction de. Ch. Patin à l'Hist. des
médailles^ Amsterdam , iGSS, et
(i) Voy. PAPCMOca, XXXII, 5i7, Mit i.
SUA
aSjrmbola Utterariaàe Goriy
1-33. Cet opuscule avait pa-
tarémeniy Rome 1668^ in-4^.
Lettre sur la patrie et les pa-
ie la belle Laure ; dans VHis^
le la noblesse du Comtat, ftar
-Curt j m y aoo. Niceron a
lans ses Mémoires y tome xxii ^
es de vingt-neuf ouvrages ou
les de Soarès ^ mais cette liste
pas complète (2). On conser-
manuscrits dans la Lîblio-
Barberine. Son portrait a cte'
par Desrochers. W — s.
JLET DES NOYERS ( Fran-
intendant des finances et se-
e d'ëtat sous Louis XIII , était
1578, (ils d'un maître de la
rc des comptes. Le cardinal de
eu remploya dans des afl'aircs
antes ; et ce fut lui qui fonda
merie royale d'abord cftablie
es galeries du Louvre. ( ^qy.
oiSY et Trichet ). On a
il aimait les arts et qu'il les
*ait ; cependant ce At par un
en contraire qu'il fit biiilcr le
peint par Michel- A n^e^^m
? chef-d'œuvre de ce grand
! , et dont François !«''. avait
le château de Fontainebleau,
en conséquence d'un zële pa-
a'un scrupuleux baron alle-
di recteur des bâtiments de
or y dégrada autrefois dans la
de Dusseldorf les plus belles
s an noltbre de près de cent j
% avec soin sur les origi-
CD les faisant toutes couvrir
smlpteur ignorant y en sorte
r put voir la Vénus de Mé-
: chemise , lé Laocoon en cu-
'Hercule Famèse en caleçon,
iV parle point , par exemple , de ■• cor-
cc «Tcc le P. Iforia de 1 Oratoire, que
• î narrée daas se* AntiquiUU€S tccUsim
«piat. »g-3a , «le.
SUA i3j
et ainsi du reste. Sublet mourut le ao-
octobre i6^5, dans sa maison de
Dangu , où il s'était retiré. T — ^d*
SUBLEYRAS ( Pierre) , peintre,
naquit en 1 699 , à Uzès , d'un peintre
médiocre , dont il reçut les premi<Te»
leçons , mais qui bientôt ne se^ja^a
plus capable de Itii rien enseigner .Le
jeune Subicyras se rendit à Toulouse ,
où il eut pour maître Antoine Bivalz.
A l'âge de vingt-cinq ans , il vint à
Paris , en 1^24 9 concourut deux ans
après pour le grand prix acadàni*
que ; et le remporta. Son tableau re-
présentant le Serpent d'airain ^ est
encore un des plus estimés de ceux
qui sont exposés au musée, quoique
le goût de dessin n'en soit pas pur;
mais on en estime la composition et
surtout l'harmonie générale. Parti
pour Rome , en 17^8, il s'y maria,
en 1 789 , à Maria Felice Tibtaldi , qui
peignait la miniature , et dont la
sœur avait épousé Charles Trémol*
licre. Peu après on le reçut à Taca-^
demie de Saint-Luc , etson morceau'
de réception fut une esquisse repré*
sentant Jésus-Christ à table chez
Simon le Pharisien. Cette esquisse ^
ainsi que le tableau exécuté en grand,
pour un monastère voisin de Tu-
rin , et dont il existe une grawre ^
l'eau-forte par l'auteur mcme , se
voient maintenant au musée du Lou-
vre , qui possède aussi du même
peintre , outre son tableau de con-
cours , une esquisse de V Empereur
Théodose recevant la bénédiction
de saint Ambroise , et un tableau ou
plutôt encore une esquisse soignée ^
repre'sentant un Saint Bruno , comme
le disent la Notiq^u musée et quel-
ques autres Gatali|lies : mais suivant
M. Lavallée ( Galerie du Musée, par
Filhol , tome vi ) , Saint Benoit res-
suscitant un enfant. L'académie des
ArcadicDS le compta aussi au nombre
i38
SUB
de ses membres ^ ainsi que sa femme;
et scion l'usage adopte'par cette asso-
ciation, ils reçurent tous deux un
nouveau nom^ l'un fut appelé' Pro£o-
gène j l'autre Astérie. Subleyras,
aimé des principaux personnages de
la cour de Rome y fit plusieurs ta-
bleaux pour le pa|>e , et par la pi*o>
tection du cardinal Valcnti y il fut
chargé d'en peindre un pour l'égli-
se de Saint Pierre de Rome. Comme
ces tableaux qui , à cause de l'hu-
midité ne peuvent être exposés dans
cette basibque même , sont copiés en
mosaïque , ce qui les éternise en quel-
que sorte y l'avantage de les compo-
ser est très -recherché y rai*ement
accordé à des étrangers ; plus rare-
ment encore on les exécute ainsi du
yivant de l'artiste. Quoique Subley-
ras , dans l'intervalle du temps qu^il
travaillait au sien, eût peint des por-
traits , des tableaux de chevalet , et
qu'il eut fait un voyage à Naplcs y il
termina ce tableau en 174^ y ^t il
fiit exécuté tout de suite en mosaïque.
Il représente V Empereur Falens ,
partisan des hérétiques , s' évanouis-
sant pendant que saint Basile célè-
bre les saints mystères. C'est un
morceau d'une belle ordonnance , et
d'une couleur très-suave. Subleyras ,
dont la santé avait toujours été
faible , mourut à Rome , le a8 mai
' 749 y à ^'^gc de cinquante ans , et
fut enterrédans régliscde Saint- An-
dré dei Fratri. 11 laissa quatre enfants
très-jeunes , avec une fortune médio-
cre. Il ne forma point d'élève d'un
talent distingué. Subleyras avait de
la douceur dans le caractère y et une
franchise estimabk. 11 aimait la lit-
térature, la musicpketmême les hau-
tes sciences. Ses contemporains eu-
rent une srande estime pour ses ta-
lents : estime que la postérité a par-
tagée avec qudques restrictions > car
SUB
il convient de dire que si oct a
fut un des plus habiles de sente
il parut à une époque de décad
où l'école romaine , c& partie
avait beaucoup dégénéré. D—
SUBLIGN Y , avocat au parli
de Paris, dans le dix-septième j
et non comédien , comme quel
uns l'ont écrit y s'adonna aux 1
plus ^'au barreau , et fut avec ]
plaisir { F, ce nom , XXX , 3k
maître eu poésie de la comtesse
Suze. Après avoir écrit contr
cine , il prit la plume en sa ù
On a de lui : I. La Folle quel
comédie en 3 actes et en prose ^ i
in-ia. Cette critique de VArûb
que de Racine , fut jouée sur k
tre du Palais-Royal, le 18 mai i
avec un grand succès. L'autc
s'étant pas nommé , Racine atl
cet ouvrage à Molière y o
brouilla ces deux grands hoii
Subligny , en faisant imprin
pièce, la dédia à la marrâlM
L'HôpitaF, et y ajouta une 1
préffice , dans laquelle il re
quelques vers de la tragédie.
» comédie ne fut pas , dit Rac
» fils , inutile à l'auteur critiqui
» corrigea dans la seconde é
» è^ Andromaquey quelques né|
» ces de style y et laissa uéan
» subsister certains tours uouv
» que Subligny mettait au m
» des fautes de style , et qui
» été approuvés depuis , comm
» reux , sont devenus famili
» notre langue. » II. Réponse
Critique de la Bérénice dcR
par 1 abbé de Yillars , 1671
Dissertation sur les Tragéd
Phèdre et Hippolytey 1O.77, i
Ces trois Ouvrages ont été réi
mes par les soins de l'abbé G:
dans le Recueil de Dissert
sur plusieurs tragédies de Coi
SUB
Baeine- 1740 9 ^ vol. in-ia.
{Fausse Clélie , histoire Jran-
galante et comique ,1670,
souvent rëimprimefe , V. La
ction des célèbres Lettres por-
es y i6()9 , in-ia {F, Cuamil-
II, 16; GUILLERAGUES, XIX,
etSouzA, XLiiiy 22a). VI.
ures ou Mémoires de Hen-
Sih'ie de Molière , 167*2 , six
in- 1 3 , rcimprimëes plusieurs
lareraeiit, et dans les OEuvres
dame d<* Filledieu. On attri-
rore à Subligny ^ 1 *». La Muse
\ine; 1^, le Vésespqir extra-
\y comédie non imprimée; 3<>.
litres pièces qui font partie des
»de Baron ( la Coquette et la
• Prude yCiVffomme à bonnes
?s). D'un autre cote, c'est k
re gentilhomme nommé d'A-
qu'on donne non -seulement
me à bonnes fortunes , et la
\te , mais encore les j4veniures
ie de Molière; ces points ne
is faciles à débrouiller au jour-
— La fille de Subligny fut une
mières femmes qui parurent
ra comme danseuses de pro-
. Car la dauphinè , et au-
rincesses ne se faisaient pas
onteni scrupule de danser à la
ans les b<il]eLs, où, lors des re-
ations à Paris, les mêmes rôles
mes étaient remplis par des
s habillés en femmes. On cite
t du Triomphe de V Amour ,
linault et Henscrade, joué en
comme le premier où aient
!'^'^. Fontaine et quelques au-
' Histoire de l'Opéra dit que
moisellc Subligny panit peu
iij)s après la demoiselle Fon-
, et fut aussi fort applaudie
sa danse ; mais elle quitta le
re , en 1 705 , et mourut après
ic 1736. » A. B — T.
SUB
189
SUCKLING ( sir John ), écrivain
anglais y né, en 1609, à Witton en
Middlescx y était fils d'un contrôleur
de la maison du roi. Son intelligence
se développa de très-bonne heure. On
assure qu'à cinq ans il parlait ie la-
tin, et à dix savait écrire en cette
langue. Formé par la lecture ainsi
que par la société des hommes du
bon ton que fréquentait son père , U
fut distingue par la vivacité et l'a-
grément de son esprit et par des ma-
nières élégantes et gracieuses. Ayant
joint les drapeaux de Gustave- Adol-
phe, il fut, dit- on y dans l'espace de
six mois, présent à cinq sièges^ trois
batailles et quelques escarmouches.
De retour en Angleterre, on le vit
aussitôt lancé parmi les hommes de
la cour les plus à la mode, et parmi
les plus beaux esprits du temps ,
lord Falkland, Davenant, Ben Jon-
son , Digby , Haies d'Eton. C'était
un galant accompli , dans les idées
du jour, et l'un de ceux qui tour-
naient le plus agréablemoit des vers
légers. Il composa , pour amuser la
cour , plusieurs pièces de théâtre , et
déploya sa magnificence dans les cos-
tumes et les décorations qu'elles exi-
geaient. Le3 lettres de Straflbrd rap-
Sortent , comme un exemple de pro-
igalité inouie, que la mise en scène
à'yéglaure lui coûta quatre ou cinq
cents livres sterling. Suckling eutbien-
tôt occasion de faire un emploi bien
différent de sa fortune. La guerre ci-
vile avait éclaté. Les dangers de
la monarchie l'appelèrent aux ar-
mes. Ayant obtenu la permission de
lever, poiur le service du roi, une
compagnie de cent cavaliers , il vou-
lut que ses soldats fussent des nlus
brillants de l'armée, et dépensa aou-
ze mille livres steriing à leur équipe-
ment. Malheureusement ces guerriers^
si richement v^tus y placés à l'avanin
i4o SUC
gai-de des troupes opposées aux co-
veiiaulaircs ocussais , ne tinreut pas
devant reimemi , et furent mis en fui-
te à Newburn , eu 1 63c), Les re'puLli-
caius n'épnrgni'rent pas le ridicule à
]a trou|)e de Sucklinp; et à son chef ;
et les épi<;ramraes qui furent faites k
cette occasion n'ont point encore cftë
oubliées. Ou présume que le chagrin
qu'il en ressentit contribua pour
beaucoup à avancer sa mort, arrivée
le 7 mai 1G4 1 , dans sa trente - deu-
xième année. Comme il n'avait, en
cultivant la poésie , cherché que le
plabir et non la gloire littéraire, ses
écrits , imprimés seulement après sa
mort^ ont été )uç;és avec indui(;rnce.
On y trouve de la rudesse et des in-
corrections rpf il eut été facile de faire
disparaître; mais on y tro)ive aussi
l'expressitm vive et orij^inalo des sen-
timents de l'amour , du dédain , de
l'espérance trompée. L'auteiu* réussit
dans ce qu'on appelle en Angleterre
ballade. On cite la Session des poè^
tes , les rers à un rival , V Amant
honnête^ la WdWaàe Sur une Noce.
On a de lui des Lettres assez bien
écrites, et qui contieiment des obser-
vations (lues ou profondes. Un opus-
cule intitulé y la Religion expliquée
par la raison, remanpiable par la
solidité du raisonnement et ])ar la
pureté du style, semblait annoncer
que l'esprit de son auteur , rapide-
ment mûri par l'infortune , allait se
porter vers des objets moins frivoles
que ceux qui l'avaient captivé jusque-
là , lorsqu'il fut enlevé par une mort
prématurée. Ses ouvrages dramati-
ipies , Af^laurCy Brennoralt ,\cs Go-
helins , ont disparu du théâtre depuis
long - temps. 8es Olùivres furent pu-
])liées, pour la première fois, en
1G4O, in-8". Le grand nombre d'é-
ditions qu'elles ont eues depuis est
^Kiit-ctrc dû CD partie à la licence qui
SUC
règne dans ses poésies comme dant
ses lettres. \jc libraire Tonson en a
donné, eu i^iç), l'éditioD la plu
correcte ; et c est sur celle-ci «raè la
éditeurs de la Collection des Poka
anglais (ai vol. in -8®., 1810 el
î^niv.) ont imprimé ceux des poènff
de Suckling que la décence leur po^
mettait de reproduire. L.
SUDKT ,( Jeaw-Mathias), pro-
fessciu* à l'université de Prague, ap-
ta , dans le commencement du dix-
septième siècle y une question qnî ,
deux cents ans plus taitl, a éte'Yiv^*
ment discutée d!ans le sein de Tinsti-
tut de France. Kn i8i!i et iSiS,
dans les inscriptions qui furent ërp
gécs pour célébrer rentrée de nos ar-
mées en Russie , on confondit les Rus-
ses avec les anciens Roxolans; ceqoi
éprouva une vive contradiction, ht
pour et le contre furent exposés dau
plusieurs séances. Sudet, supposant
que les Russes , les Roxolans et les B<h
hémiens ont une seule etmêmeorigiflic^
avai t, en I (> 1 4 1 posé la thèse suiTanU^
eu latin : a Nous établissons et noof
9 soutiendrons y comme très-proba*
» ble,que la nation Bohémienne tîit
» son origine , non des Slaves, com-
» me Tout assuré Énée Sylvîus cl
» Jean Dubraw , mais de la Russie
» ou Roxolanie. n Cette piemSèic
thèse ayant fait bniit parmi les sa-
vants de la Bohème ; Sudet dërdop-
pa sa pensée, dans une brochure qn il
fit paraître sous ce titre : De origim
Bohemorum et Slavonan snbseàr
vd y Joh. - Mathiœ à Sudeiis , Lei^
zig., iGi5, iii-4°. Troïle, recteuroe
l'université de Prague , sVIcva conM
Sudet ; et , selon les manirs du temps ,
les iu jures ne furent point épargnées
dans la contestation. Pour une pro-
motion qui devait avoir lieu le 17 fé*
vrier iGi5, Troile posa difiërenlcs
thèses , parmi lesquelles on renarque
i
t
e
;
I
SUD
te : Bohemos origine Box(h
e gui scripsit , an alia Me^
aUa porcellus loquatur,
seconae promotion , Troïie
« Sudet un discours yëhë-
'il fit imprimer sous ce ti-
Bokemid pid contra Roxo-
rague , i6 1 5 , in - 4°. Sudet
^rda point comme battu.
: thèse qu'il soutint au col-
»lîn , le 'i 1 décembre 1 6 1 5 ,
t imprimer à Prague , il pro-
nouveau la question : Les
ns descendent-ils desRoxo^
les Slaves-Croates? et H se
)ur l'origine roxolanc. Troï-
posa mie troisième tlièse :
rolania M, Nie. Trdili ad-
jannis - Mathiœ à Sudetis
cui titulus : Quœstiones
^ague, i6iG. Ici ïroïle, ne
)lus de mesure, disait, entre
Maneat lioxolanus , qui,
autBolwmus esse non vult;
tcjtha et Barharus qui suos
To harharis a^noscit
taque ipse Scjtha , Barba-
oxolamis sit , qui et Bohe-
t Germanorum ari^inem à
Icducit Sipaler ejus in
nimquàm peccansset y ta-
orem injuriam nationi Cze^
'rcere non poluissct , quàm
cmjtîium ^enuerit. L'uni-
; Prague donna tort à Sudet ,
a ma ^ par un décret donne
, d'avoir ose' faire imprimer
i sans l'approbation de Tuni-
t du recteur. G — y.
(Pikrre), chirurgien, na-
aris, le aS dccmibre 1739.
î, Jean Sue, maître m chi-
d'ajîrès la déclaration de
ortant que les examens aux
raient soutenus eu latin, s^é-
ve dans la nécessité , mal^'
ivancc' , de même que le cc'-
SUE i4i
lèbre J. -L. Petit , de se livrer à l'é-
tude de la langue latine. II connais-
sait trop rimportance des études pour
ne pas mettre tous ses soins à diriger
celles de son fils. Aussi celui-ci avait-
il acquis des connaissances très-éten-
dues dans les langues anciennes. Il
succéda , en i^5a , à son père, dans
la charge de chirurgien de la ville de
Paris. 11 n'était encore que candidat
en chirurgie, et il fut reçu maître en
1 ^GS.Sa thèse deiéception eut pour
titre : De seciione cœsared. En 1 -66,
il épousa M^ï»^. Passemant, fille d'un
opticien célèbre, dont il n'eut qu*un
fils , qu'il perdit avant l'âge de pu-
berté. En 1 7(17 , La Martiuière le
nomma professeur et démonstrateur
de l'école pratique , conjointement
avec Lassus. Il en résulta , entre ces
deux professeurs , une rivalité qui ne
devint que trop souvent un sujet de
scandale de la part du second. Sans
cesse occupé de l'avancement de la
science , Sue , malgré l'ardeur de son
zèle pour le travail , plein d'aménité
pour SCS confrères , cherchait la vé-
rité de bonne foi. Il portait dans les
discussions un esprit de modération
bien propre à servir de modèle. Las-
sus , avec un désir non moins vif de
contribuer aux progrès de la scien-
ce, avec un talent supérieur et des
qualités brillantes , avait le tort de
s'abandonner aux explosions d'un
amour propre exccssif^et aux saillies
d'un esprit caustique. En 1770 ,
Sue débuta dans la littérature mé-
dicale , par la traduction , du latin
en français , de la première édition
( 1758 ) de la Pathologie de Gau-
bius, un vol. in-ia. Cet ouvrage^
quoique n'ayant pas encore tous les
développements que l'auteur lui don-
na ensmtc, fut adopté par les écoles,
et y remplaça la Pathologie de Boer-
haave^ d!ont beaucoup d'idées parais-
i4i SUE
saient dès-lors surannées. Gaiibiiis mit
au jour y en i-^^S, une seconde édition
de son ouvrage. 11 en avait préparé une
troisième , lorsque la mort l'enleva
aux sciences. Son travail ftit publié ,
un an après ( 1 78 1 ) , par DaviaHahn.
Ënfm Ackerman en donna une qua-
trième édition, avec des additions,
on 1787. Sue profita de ces diverses
améliorations , dans une édition nou-
velle de sa Traduction , qui demeura
long-temps classique dans les écolesde
médecine. En 1 77 1 , il publia un Die*
tioimaire de chirurgie, en un vol. iii-
8^. , qui eut quelque succès , et dont
une seconde édition parut en 1779.
L'académie de chirurgie , appréciant
son zèle infatigable , le nomma prévôt
du collège, puis conseiller, commis-
saire pour les extraits et pour la cor-
respondance , enfin receveur de ses
fonds. Ces fonctions honorables dé-
veloppèrent chez lui le goût de la vie
sédentaire, et eu même temps celui
des recherches littéraires médicales,
Sour lesquelles il n'avait que trop de
ispositions. 11 publia , en peu a'an-
nées : I. Êlétncnts de chirurgie ,
en latin et en français , in-8<>. , 1774-
II. Eloge de Louis XV , in-o". ,
même aunée. III. Un Discours pro-
noncé aux écoles de chirurgie, in-8'^,
17*^5. IV. Un Mémoire^ en un vol.
in-o'\ y 1776, sur l 'anévrisme de l'ar-
tère crurale, dans lequel il indique le
premier la possibilité de la ligature
de l'artère iliaque externe, opération
qui depuis a été exécutée avee succès.
V. Des Lettres çritiqiws sur un ou-
vrage intitulé : Etat de la médecine
en France, in - 8<>. , 1 776 , insérées
dans les Mémoires historiciues , criti-
ques et littéraires de Goulin , in - 4"«
VI. Un Précis sur les ouvrages de
Passrmant, ingénieur du roi, m-8<'.y
1778. Il est suivi d'un petit Supplé-
ment au Dictionnaire des artistes
SUE
de Fontenaj , et de quatre pagode
notes ou corrections au Supplérant
de la ^rance littéraire de Lapor-
te. VII. Des Essais hisioriquet et
critiques sur l'art des accoudie*
ments chez les anciens et chez les
modernes , in - 8*». , 2 vol. , 1 77^1
VIII. Anecdotes de métledne, ekh
rurgie, etc. , a vol., in - la^ 1785..
IX. Examen d'un ouvrage intitidé t
Nouvelles historiques , biographi-
ques, de médecine 4 in-8<>., 1785.
X. Nomenclature des thèses soute-
nues au collège de chirurgie , depuis
1749 jusqu'en 1786, in-4**. , 1787.
Tant de travaux ne l'empéchëmit
pas de continuer avec zèle son pro-
fessorat au collège de chirurgie; et,
en 1 790 , le roi le nomma professeur
de thérapeutique dans la chaire ¥i-
cante par la mort dliévin , pkcé
qu'il perdit, peu de temps après, par
la suppression de l'académie de chi-
rurgie. En 1794 9 lûrs de la forma-
tion de l'école de santé , actuellement
Faculté de médecine, il y fut nommé
bibliothécaire, puis professseur de
bibliographie , et ensuite de médeci-
ne légale et trésorier de cette école.
Son assiduité à remplir ces dive^
ses fonctions ne ralentit nullemeut ses
travaux littéraires. Il publia bientôt,
XI. un J perçu sur la médecine léga-
le an viii , in - 8^. XII. un Mémoùt
historique sur Goulin, même année.
XllI. Des Observations sur quelques
maladies des os , insérées dans le
Cours de clinique externe, d'après
Dcsaidt, de Cassius. Enfin, XIV. son
Histoire du galvanisme , 4 ^oL in-
8"., 1801 et ann. suiv. Cet ouvrage
eut le plus grand succès. C'est un pré-
cis analytique des travaux qui furent
faits , à cette époque , sur le galva-
nisme. II contribua beaucoup à faci-
Inbr les recherches de ceux qui se li-
vraient à l'étude des faits nouyeaux
SUE
icnuit cette branclie impor-
! la physique , et des pheno-
>liy$ioIogiqnes qui s'y ratta-
et zèle toujours actif de Sue,
dans uu âge avance , le ren-
neux pour la Faculté , dont il
des membres les plus assidus.
oyait à l'étude , daus sa re-
; Yincennes , les moments que
tions lui laissaient de libres,
infirme depuis quelques au-
ne survécut que quinze jours
>ouse ; et il mourut à Paris ,
il 1816. N— H.
NO AAGESON. F. Aage-
NON !*=*". , roideDancmart ,
lommc Tyfve-Skcjr {barbe
e); quelques historiens l'ont
ppclé Suen Otte ou Othon,
le l'empereur 0 thon II , lors-
it en Danemark, en Q-ja^don-
10m à ce prince alors âgé de
; , et le fit baptiser avec Ha-
»taud , sou père. Impatient de
Suénon se révolta contre son
s historiens ont dit qu'il avait
î à Iulin , ville de la Pomé-
si célèbre dans ces temps
arie , et que sous les yeux de
oke, il avait été formé k la
p féroce de cesiècle. Animéde
ce que l'on inspirait dans
dIl Suénon se croit digne
er le trône , et demande à son
* portion du royaume à gou-
surle refus d'Harald, il arme
lent, se fait un parti chez les
, et promet aux Danois, en-
cens oans le cœur, de rétablir
lavciiu Dictionnaire hist. rnlif/. rt bi~
* rnoMcré deux nrticleo daiiA la même
WV, p. i56, aprè.« Ini fn avoir c]«')m don-
Ir i". vol. , p. 3. Lm doubler ou tri-
9 dr cr genrv »ont trop rolhiiiuiiii (lan«
liUlitin pour mt-riter d'rtic bif^ualrs :
invieiidra qu'il faut une distraction nu
;K>ur donner deux fois un article dius la
SUE ,43
l'ancien culte ; Palna-Tokc se joint à
lui avec sa troupe dévouée. liarald
est obligé de fuir en Normandie, au-
près de Richard, duc de ce pays.
Celui-ci aide Harald à dompter les
rebelles. Harald pardonne à son fils,
qui, loin d'être touché de tant de bon-
té , arme de nouveau : sa flotte est
battue; il se réfugie en Vandalie.
éqiupe une nouvelle armée , descend
secrètement en Sélandc, et apprenant
que le roi doit passeï* la nuit par un
bois , accompagne seulement d'un
petit nombre de gai-des , il le tue
d'un coup de flèche. Parvenu ainsi
au souverain pouvoir par un parri-
cide , en 985 , Suénon rétablit le
culte des idoles. S'il faut en croire
les Chrom'ques du moyen âge, il ne
tarda pas à être puni de son apos-
tasie. Engagé trois fois dans une
guerre cruelle contre les habitants de
Iulin , il fut fait prisonnier chaque
fois ; la première et la seconde , sa
rançon se monta si haut, qu'à la
troisième , le trésor public se trouva
épuisé. Daus cette extrémité , les da-
mes danoises eurent la générosité de
sacrifier leurs joyaux et leurs pierre-
ries pour délivrer leur roi. Suénon ,
voulant signaler sa reconnaissance ,
ordonna qu'à l'avenir les filles eussent
dans les successions une part égale à
celle de leurs frères. Cette disposition
de la loi existe réellement ; mais son
origine paraît fabuleuse : en effet ,
l'histoire des trois captivités de ce
prince est au moins douteuse. Pouroo*
cuper l'armée qui l'avait aidé à de-
venir roi, Suénon en employa une
partie à ravager la Saxe, déjfendue
par Othon III , tandis que l'autre ,
embarquée sur la flotte , croisait sm'
la mer du Nord , et tenait l'Angle-
terre dans des alarmes continuelles.
Dès 991 , Éthelred, effrayé des des-
centes p^odiques des Danois^ letur
i44 StIE
offrit une grosse somme d'argent
pour qu'ils sortissent de son pays.
Suënon^ jugeant parla qu'il aurait
beaucoup à gagner , arriva y l'année
suivante , avec une flotte nombreuse ,
renforcée de celle d'Olaiis, roi de
Norvège. Ces deux princes assie'gl'rent
Londres inutilement : ils saccagè-
rent les provinces voisines , et ne
se retirèrent que lors qu'Éthelred eut
acheté leur départ ; mais comme il
n'avait pas payé entièrement la som-
me convenue , les Danois revinrent
bientôt , mettant tout à feu et à sang.
L'îte de Wight était en quelque sorte
leur place de guerre; ils y déposaient
leur Dutin. Éthelred se soumit enCn
à payer trente mille livres d'argent ,
somme très - considérab'e poiu* Je
temps , qui fut levée par le moyen
d'une imposition appelée danegelt
( argent danois ). Cette taxe de-
vint dans la suite d'autaut plus oné-
reuse pour les Anglais , que le cler-
gé et les moines en rejetèrent le
fardeau sur le peuple. Suénon n'a-
vait pas été présent à cette expé-
dition; il était allé en Norvéjge ,
appelé par la vengeance de Sigrida,
veuve aÉric le victorieux , contre
Olaiis Tryggeson, Il répudia sa fem-
me Gunild ,et épousa Sigrida. Olaiis ,
mécontent de cette alliance, enlève
Tliyra, sœur de Suénon, l'épouse, de-
mande k celui-ci les biens de cette
sœur, qu'il retient injustement, et ar-
me une puissante flotte . Suénon, aidé
des secours du roi de Suède, et d'É-
ric, seigneur norvégien, défait, sur
les cotes de Poméranie, Tannée nava-
le d'Olaiis qui , de désespoir , se pré-
cipite dans la mer. Une partie de la
Norvège échoit à Suénon, et lui four-
nit de nouveaux moyens de nuire à
l'Angleterre. Éthelred , non moins lâ-
che que perfide , avait fait égorger en
un seul jour (a3 février looa) tous les
StTE
Datkois , hommes , femmes et c
qui se trouvaient dans ses éu
sœur de Suénon fut décapitée
avoir vu massacrer ses en£a
cette nouvelle, Suénon sort ai
flotte de trois cents vaisseaui
cend en Comouailles , s'avanc
le pays , brûle Exeter , passe
bitants au fil de l'épée, défai
mée d'ÉtheIred ; et , après avoi
pli r Angleterre d'incendies et <
nage, il retourne passer l'hi^
Danemark. Ce prince continu,
les ans , des expéditions semb
Éthelred se racheta, eu loo!
une grosse somme. L'année suj
les Danois en exigent une pa
prétendant qu'on leur a proi
tribut annuel. Les Anglais tent
dernier elFort pour se défend]
sont défaits. I^es Danois s'em
de l'Angleterre orientale. Canti
est pris. En ioi3, Su<$non i
Loudres ; Éthelred se réfugie c
mandie. Londres ouvre ses po
Suénon , qui est proclamé roi
gleterre. On doute cependant
ait été couronné. Il mourut en
sans que l'on sache par quell
se : mais il paraît que sa lin
pas naturelle; on en raccnte le
constances assez diversement
fils Canut lui succéda. E-
SUÉNON II,petit.filsdupréc
par sa fille Estrith, en reçut l
d'Estrithson. Son père était le
Ulson, arrière-petit-fils d'Olai
roi de Suède. La race mascul
Ciauut-le-Graud s'étanl éteinte
la personne de Hardi Canut, 5<
Magnus I^^. ^ j^q[ ([© Norvège ,
succédé à ce dernier, en ïol^'à
un traité conclu avec lui ( /^.
wus I".„xxvi, i44)« Tous î<
torieus représentent Suénon c
un jeune nomme doué de to
avantages extérieurs et des pli
su
ditëf . Comblé d'honneurs par
iSf et uommë vice • roi de Da-
li, il fit soulever ce pays con-
prince; mab plusieurs fois
, il était encore errant en
, lorsqu'il Y apprit, en 1047,
t de son bienfaiteur , qui l'ap-
au trône. 11 fut reçu à bras
s. Harald , roi de Norve'ge ,
iToîr inutilement essayé de lui
a couronne , ravagea lé Jutland
Dt plusieurs campagnes consé-
s. 8uénon alla le chercher avec
te y et le combattit sans rcsul-
rqué. La guerre dura plusieurs
» avec une fureur incroyable. £n-
it décidé qu'un combat général
lit fin aux hostilités. Ce combat
u le 10 août io63. Suénon fut
1 , et ne put échapper à la mort
ir la générosité de l'amiral uoi>
i, qui lui permit de regagner
its. 11 leva une nouvelle armée,
ée suivante , les deux rois , las
guerre si cruelle , eurent une en-
f sur les bords du Gœtha-elf , et
irent de garder chacun ce qu'ils
laient. Quelques années après ,
n y apprenant que la dureté du
mement de GuilIaume-le-Con-
it causait beaucoup de murmu-
1 Angleterre fit partir son frère
D y avec une flotte considérable,
ci , débarqué sur les côtes du
iumberland^ fut joint par des
ais f des Danois établis dans le
et beaucoup de mécontents. Dé-
ivait emporté York. Guillaïune
offrir une grosse somme par des
lires, et se dclKirrassa ainsi de
nemi. Elsbern , de retour eu Da-
rk , après avoir perdu une par-
ses vaisseaux par une tcrai)e-
t envoyé en exil par son frère
Suénon avait épousé Gytha ^
3 Jacques Amund, roi de Suède,
le elle était sa parente k un de-
XI.IV.
SUE
I 5
gré éloigné , il fut forcé de s'en s'fpa-
rer , sur les représentations d'Aoel-
bert , archevêque de Brème ; mais en
mémo temps il reprit plusieurs maî-
tresses qu'il avait écartées. Il e& eut
douze enfants , dont plusieurs oc-
cupèrent le trône. Aoelbert , qui
avait excité le ressentiment de Sué*
non , vint à bout de le fléchir , ei^
l'allant trouver à Siesvig, et l'en-
gagea même k conclure un traité d'al-
liance avec l'empereur Henri IV^ qui
était alors en guerre avec Adolphe ^
duc de Saxe , et ses alliés. Henri pro-
mettait à Suénon une partie de ses
conquêtes , h condition qu'il fît chez
les Saxons une irruption du côté de
l'Elbe. Celui-ci remonta effectivement
ce fleuve; mab son armée déclara,
qu'elle ne voulait pas attaquer d'an-
ciens amis , et Suénon fut obligé de
retourner en Danemark. Ce prince
ayant fait assassiner y dans une église
de Roskild, des seigneurs qui s'étaient
permis des propos injurieux sur son
compte , Guillaume , évêque de cette
ville y lui défendit l'entrée du lien
saint, en lui reprochant publique-
ment son crime. Suénon reconliut sa
faute , et offrit de réparer le scandale
qu'il avait donné. H passa les der-
nières années de sa vie dans des exer-
cices de pénitence , et mourut le 8
mars 1074* Adam de Brème , qui vi-
sita le Danemark durant le règne de ce
S rince , le dépeint comme très-versé
ans lés lettres , et dirigeant lui-mê-
me les clercs qu'il envoyait prêcher
en Suède, eu Norvège et dans les îles
voisines. H ajoute qu'il était très-af-
fable et généreux envers les étran-
gers^ et qu'il n'avait d'autre vice
que l'incontinaice. Harald III et qua-
tre autres Gïs de Suénon régnèrent
après lui. — SuÉifON III , fils d'Éric
Ëmund, fut surnommé Grathcy du
nom d'une bauille où il périt. Après
10
i46 SUE
rabdioatkmd'ÉnclIlCl'ÂeiieAu) , en
1 1 47 y il contesta la couronne à Ca-
nut V ( Voy. l'article de ce dernier ,
VI ï, 4^). Ces querelles dureront
pendant tout son règne , maigre des
traités de partage souvent signes ; et
le royaume éprouva toutes les hor-
reurs de la guerre civile. Suénon,
ayant fait assassiner Canut , en 1 1 5o ,
devint l'objet de la haine publique.
Yaldemar qui , d'après un accord
fait ayec les deux autres princes, pos-
sédait le Jutland indépenidamment du
Slesvig^ son patrimoine , parvint à
échapper aux embûches que Suénon
lui avait dressées , et se sauva dans
la péninsule. Suénon l'y suivit, espé-
rant le surprendre avant qu'il eût
eu le temps de se mettre en défense ^
mais Valaemar était prêt à le rece-
voir , et soutint plusieurs combats ,
dont aucun ne fut décisif. Enfin , le
^3 octobre 1 1 !>7 , les deux ennemis
se rencontrèrent dans la plaine de
Grathe , près de Viborg. Suénon bat-
tu prit la fuite ^ et en traversant un
marais , y enfonça, et fut retenu par
le poids ae ses armes. Des soldats de
Valdcmar Ty découvrirent ^ et lui
tranchèrent la tête. Suénon avait
épousé Adélaïde, fille de Conrad,
margrave de Misnie. Il n'en eut
ou'une fille , qui fut mariée à Ber*
tnold H y comte d'Andechs , mar-
grave d'Istrie, vers 11 76. E — s.
SUÈRE DUPLAN (Jean-Mau-
rice ) , né , vers le milieu du dix-
huitième siècle , à Rieux ^ d'une
famille noble, embrassa l'état ec-
clésiastique, et partagea son temps
entre les devoirs du ministère et la
culture des lettres. Affligé de voir les
langues anciennes négligées^ il conçut
le projet d'en ranimer le goût, en
faisant imprimer , à ses frais , de
nouvelles éditions d'ouvrages grecs ,
dont il distribuait gratuitement les
SUE
exemplaires. En 1786 9 il do
Psautier y en grec, suivi de:
cip^ales hymnes de l'Église ,
prières de la messe , dans la
langue. Il annonce , dans la pi
son intention d'employer ses
gnes à oublier des éditions co
desmf illeurs ouvrages grecs et
11 invite les personnes zélées
l'instruction de la jeunesse ^
adresser leurs ouvrages, qu*i
gage à faire imprimer , et téi
te désir de voir quelque habile
niste entreprendre une trac
grecque des ff/mnes de Santei
niversité de Paris s'empressa (
citer Suère-Diiplan sur un proj*
l'exécution devait être fort ut
bonnes études. 11 publia, en
un recueil de discours ( Con
swe orationes ex grœcis his
excerptœ ^ , Paris , un vol. in-
1788, une édition grecque
pnocle , ibid. . a vol. in-ia
1 789 , les Racines de la long
Une ( mises en vers français )
cédées d'un Discours de saint
soslome , grec et français , sur
cation, in-i a. Cet ouvrage, l'ej
savant Fourmont ( F. ce nom
3^^ ), était devenu rare; et
rendre un véritable service qu
re}>roduire; mais on ne sait coi
le nom de Suère-Duplan se
seul sur le frontispice de la réi
s ion. Sa probité bien conuw
modestie repoussent l'idée qi
eu rintcntion de s'approprier
va il de Fourmont : il est plu
bable que l'imprimeur y aui
' sou nom sans le consulter (
(1) r^ ouv I âge, qu« Fourmont «Tiiit
Aant mror«' ôroliiMrf fut rni|iloyr commr I
•iqurau collège Riaiarin : rêditiou l'utasM
trturat épuîkéf , rt une IncMcerte de c
ayant empêché Ja réimpreuton , il devin
fiijiil par «trc onblié (f o^. l'Éloge d« Fi
par r rrret , Aemd. drs tntrr. , tom. XV i
4i9. ) L« r^NnprfMÎuo d«iMM» « ifSç, i
SUE
et savant ecclésiastique , e'cbap-
aime par miracle , aux ora ges de
olution , est mort oublie , dans
irantde 1806. Aucun des jour-
lîtteraires qui paraissaient en
« à cette époque , n'a paye' ,
uelqucs lignes , un tribut de re-
issance à la mémoire d'un ci-
bienfaisant dont la fortune et
îilles avaient été consacrées à
iser le progrès des bonnes étu-
ms sa patrie. Indépendamment
livra ges cités , on a de Suère-
m : un Essai d'office enfran-
avec une préface enricnie de
3ns des Pères, favorables à cette
ation. W — s.
fÊTONE ( Cjius Suetonws
fQUiLLUS ) , historien latin ,
t au premier siècle de Tère vul-
, et mourut au deui^ième , on
it pas en quelles aimées. Seule-
, comme il dit qu'il était fort
encore sous Demi tien , vingt ans
la mort de Néron , c'est-à-dire
^, on a lieu de le croire né
Vespasicn, entre 64 et 79. Il
apprend aussi que son père,
mius Lenis, était tribun de la
t:me légion , et combattait à Bé-
, où Vitelliiis vainquit Otlion.
t dit avoir lu , dans un manus-
Linus au lieu de LeniSy et il
cture que ces syllabes Linus y
dées d'une petite lacune, sont
ornières de PauUinus , d'où il
ut que riiistorion Suétone était
Il général Suétone Paulin ( ^o;^.
:1e suivant). Cette opinion , quoi-
>utenucpar quelques auteurs mo-
s , avant et après Muret, est gé-
pment abandonnée , comme in-
liablc avec diverses circonstan-
er .Siii-n'-PiipIan qiip comme tditrur : le
t ainsi cuiirii : I.<"i Kariues de la langue la-
r«-»<nilées .'• U ifuiicssc, par J. M. DfsutTe
SUE 147
ces des récits de Suétone et de Tacite.
Paulin était général , sénateur^ con-
sulaire^ Lenis n'est désigné par son
fils que comme un simple chevalier,
angusti'Clai^ius, D'autres ont prë-<»
tendu que l'historien Suétone était
petit-fils jde Paulin : ce qui est fort
peu vraisemblable encore; car Sué-
tone parle de son propre aïeul ^ sans
le désigner comme un personnage cé-
lèbre. Il faut donc se contenter de
savoir qu'il était fils de Xenû: Bajle
a remarqué la conformité de ce sur-
nom avec celui de TranquiUus.h^m-
time et inaltérable amitié qui a régne
entre Suétone et Pline le jeune a fait
conjecturer qu'ils étaient compatrio-
tes , tous deux nés dans la Gaule ci-
salpine (^. Pline le jeune, XXXV,
76 ) : c'est un point sur lequel on
n'a pas non plus de renseignements
positifs à l'égard de Suétone; mais
quatre lettres de Pline lui sont en
eflet adressées. La première (1. i. ep.
18 ) tend à dissiper les alarmes
qu'un son^e avait inspirées au Jeune
Suétone , la veille du jour où il cievÂit
plaider une cause : il était donc alors
avocat ; peut-être même avaitnl aussi
donné des leçons de grammaire , de
rhilorlque y et plaidé , dans les éco-
les , àts causes imaginaires : c'est du
moins ce que l'on pourrait conclure
d^un texte de Suidas , et de quelques
mots d'une lettre de Pline à Hispa-
nus ( 1. 1 ^ ep. 24 )• P^i* ^^ seconde ,
de celles qui sont écrites à Suétone
lui-même (1. m , ep. 8) , on voit que
celui-ci avait été nommé tribun mili-
taire a la sollicitation de son ami,
mais qu^il consentit à céder cet hon-
neur à Ga?sennius Silvanus. Dans une
troisième épître ( v , 11 ) , Pline le
presse de publier des ouvrages déjà
composés et impatiemment attendus.
La quatrième ( ix , 34 ) ne tient point
à l'histoire personnelle de Suétone;
10..
i48 SUE
mais c'est pour lui que Pline le jeune
écrit h Trajan la ciuafre-vingt-quin-
zième lettre du livre x. Nous y ap-
prenons que Suétone s'était marid et
n'avait point eu d'enfants : l'empe-
reur est supplie de lui accorder le
jus trium Uberontm , c'csl-à-dire
les exemptions et privilèges de ceux
qui avaient trois lils ; c'était une fa-
veur dilTicile à obtenir, et que pour-
tant l'empereur ne refusa point. Suc'-
toue demeurait alors chez Pline, qui ,
en le voyant de plus près, l'estimait
et le che'i issait davantage : Suetomum
Tr. prohissimum , honestissimum ,
vruditissimum virum jàm pridern in
contubcrnium acccpi , tanlbquc ma-
gis diligcrc cœpi quanlh hune pro-
piàs inspexi. Nous ne savons rien
du surplus de sa vie , sinon par quel-
ques lignes de Spartien , où il est dit
qu'étant devenu secrétaire ( magis-
Per epistolarum ) de l'empereur
Adrien, il pei'dit celte place pour
s'être conduit, à l'egaiil de l'irape'-
ratiice Sabine , avec plus de familia-
rité qu'il ne convenait. Moréri et
d'autres biographes emploient le ter-
me de pris^Mttés en traduisant ce
Sassage : mais Tillemont obser\*e ju-
icieusement que l'histoire ne ^ex-
plique pas sur la nature des liber-
tés que Suétone et d'autres oHicicrs
avaient pu prendre avec Sabine ; et
d'ailleurs , si les mots injussu ejus ,
qui se trouvent dans le texte de Spar-
tien, signifient sans l'ordre de l'em-
pereur , le sens qu'on a voulu donner
à familiariùs V gérant ^ n'est aucune-
ment admissible. Quoi qu'il en soit ,
Suétone fut renvoyé de la cour impé-
riale en l'année 12 1 ^ et nous ignorons
combien de temps il siu^écut à cette
disgrâce. Dans la liste assez longue
de ses écrits , on a placé un livre sur
les hommes ilhistres , et même celui
cpie Laitance indique , en disant (fiie
SUE
Tarquitius , dissertant sur les per-
sonnages célèbres y de illustnku
viris disscrens y rapporte qii'EscQ-
lape fut exposé aussitôt après sa
naissance, et allaité par une chienne.
On veut que Tarquitius soit une al-
tération de Tranquillus. Yossius ,
pour réfuter cette opinion , observe
qu'il y a en im auteur réellement
nommé Tarquitius ^ dont les livres
sont cités , non -seulement par Lac-
tance, mais aussi par Ammien Mar-
cellin. Cependant saint Jérôme et
V incentde Beauvais font mention d'ufi
livre ou d'un Catalogue virorum il-
histrium , rédigé par Suétone , et où
se trouvait un article sar Pline l'an-
cien. On a , d'après ces indications,
attribué quelquefois h. Suétone , ainsi
qu'à Pline et À Cornélius Nepos ,
le recueil de Notices hbtoriques,
qui a été reconnu depuis pour one
production d'Aurclius Victor ( Fqy.
ce nom, ITI , 78). Mais Suétone avait
écrit en effet plusieurs livres qui ne
subsistent plus : un sur les jeux ( oa
les écoles) des Grecs, deux sur les
spectacles des Romains > deux sur ks
lois et les coutumes de Rome, un sur
la vie de Cicéron ou sur son Traité
de la république , trois sur les roîs^ un
sur les oflices y et^ selon Priscien, jus-
qu'à huit sur les préteurs ; de plus dès
tableaux généalogiques; des txAéi
sur l'année romaine, sur les noms pro-
pres , sur les paroles de mauvais au-
gure, sur les notes dont se seryaicnl
les grammairiens ou critiques; surks
défauts corporels , sur les différentes
formes d'habillements; enfin des mé-
langes intitulés De rdfus variai, ou
Prata ou Parerga, Les auteurs qm
citent ces ouvrages avec plus on
moins de précision sont Âtungcfle,
TertuUien, Charisius, Seryius, Au-
sone , Priscicn ,. Isidore de SévîDe ,
Tvtzcs et SuidA. Nous ne tenons pas
I
SUE
c d'uDe Hisioria ludicra , qui
; n'être , troas qu autre titre ,
nirragc sur les jeux des Grecs
; Romains , ni d'un Traite
sibus puerorum , ce dernier
étant, selon toute apparence,
faute des copistes de ôervius',
I de Grœcorum. U im reste
d'hui de Suëtone^ outre les
les douze Césars , que de très-
s Notices sur les grammairiens,
rhéteurs , sur Tércnce , Hora-
icain. Perse, Juvcnal et Pline
n^ encore ce dernier article,
consiste qu'en douze ou quinze
est-il évidemment suppose ; car
UT paraît y confondre les deux
erreur dans laquelle ne pouvait
r l'intime ami du second. Les
> qu'on a élevés sur les articles
al. Perse et Lucain sont beau-
noins fondés; on y retrouve la
a de Suétone, ainsi que Ta
c Saumaise. L'authenticité des
qui concernent Horace et Té-
n'a point été contestée. Ces
Notices faisaient partie d'un
historique sur tous les poètes
, qui comprenait une vie de
e , dont le grammairien Donat
rait quelques lignes. Le livre
béteurs illustres ne nous est
nu que réduit à six chapitres,
>n rencontre néanmoins plu-
faits d'histoire littéraire qui
lisent point autre part : il eu
ire autant du livre des gram-
»ns (romains) , qui est d'ail-
plus étendu et peut-être même
et. C'est par son Histoire des
Césars que Suétone est princi-
ent connu : cet ouvrage , ualu-
lent divisé en douze parties,
i quelquefois en huit, dont les
remièrcfe correspondaient aux
?miers empereurs : Jules-César,
e, Tibère , Caligula , Claude et
SUE
i4o
Nérou ; la septième comprenait Oàl-
ba , Othon et Vitellius, et la huitiè-
me, le^ empereurs de la famille Fia-
vieuuc Vcspasien , Titus et Domitico.
Mais cette division n'appartenait
qu'aux copistes , et die n'étaîjt point
uniforme; car Loup de Ferriëres ne
partageait l'ouvrage qu'en deux li-
vres , et Vincent de beauvais en comp-
tait douze. Comme les premières A-
gnes de la vie de Jules César sç rap-
portent à une époque où il est âgé
déjà de seize ans , on a supposé, non
sans quelque probabilité , que le com-
mencement oe ce livre était perdu; et
Louis Vives a pris la [)eine d'en ré-
tablir les premières pages. Suétone
s'est proposé de tracer le tableau des
mœurs privées , de la conduite per-
sonnelle de chacun de ces douze prin-
ces^ plutôt que celui des aflaires poli-
tiques et militaires de leurs rëgn^.
11 ne suit pas rigoureusement l'ordre
chronologique des faits; et néanmoins,
ainsi que le cardinal Noris l'a re-
marqué, il ne s'en écarte pas autant
qu'on le pourrait croire; d fait cor-
respondre ,1e plus qu'il peut , la dis-
tribution des matières à la succession
des temps. En général, ou rend hom-
mage à l'exactitude , à la véracité de
cet historien : Linguet qui l'a , dans
le dernier siècle, accusé de mensonge
et de calomnie, a été victorieusement
réfuté par Tiraboschi et par liaharpe.
On a reproché, avec plus de justice,
à Suétone , d'avoir fait un recueil
d'anecdotes souvent scandaleuses, et
quelquefois si scandaleusement ra-
contées , qu'il y a presque autant de
licence dans les récits que dans les
actions mêmes , comme le disait
saint Jérôme. De telles peintures, en
cfl'ct , ne sont profitables que lors-
qu'elles sont décentes; et pour mon-
trer h nu la dépravation et Tignonri-
uie dos Tibère et des Néron , il fallait
i5o
SUE
ime sagesse , un goût, un art , qui man-
quaient à Suc'tonc. Mais Tillemont et
a'autrcs censeurs, qui se plaignent de
son excessive liberté', conviennent
du moins qu'il est vendiquc. On a vu
quelle idée avait conçue de sa pro-
bité son contemporain Pline le jeune.
Yopiscus l'a depuis qualifié emen-
datissimus et candidissimus. Au re-
nouvellement des lettres, Ange Po-
litien , Érasme^ Bodin, Vives , Juste
lipse, etc. , ont décerné à son ou-
vrage de magnifiques éloges , aux-
quels peut-être ils n'ont pas mis assez
de restrictions. Nous le trouverions
mieux aprécié par I^a Harpe (Lycée,
part. I , liv. III, c. i , sect. i) : a 11
» est exact jusqu'au scrupule et ri-
» gourcusement méthodique; il n'o-
» met rien de ce qui concerne Tliom-
» me dont il écrit la vie; il rapporte
» tout, mais il ne peint rien. C'est
» proprement un anecdotiery si l'on
» peut se serA'ir de ce terme , mais
» fort curieux à lire et à consulter. »
De nombreux manuscrits de ces
douze vies se conservent à Rome, à
Paris, à Turin, à Zurich, à Berne....
et ont servi à préparer des éditions
qui se sont extrêmement multipliées.
Les div-luiit pi*emicres ont été pu-
bliées avant l'année i5oo ; et depuis
ce temps on en compterait plus de
cent antres, en écartant celles qui ne
se recommandent à aucun titre. Nous
ne pourrons indiquer ici que les plus
prérirnses et les plus utiles: Home,
1 470 , au mois d'août , iii-fol. : c'est
la prcini' rcde toutes); Rome, Sweyn-
h('imril*annartz, i470,in-fol.; Ve-
nise, Jan-on, 1471 ,in-fol.... Venise,
Aide, i3iG, in-8«... Genève, iSq^,
in-4". ; Paris, imprimerie royale,
1 04 i , in- 1 '1 ; Amsterdam , Elzévir ,
i(»5o, in- j... Utreclit, 1O79,, in-
4**.; Paris, 1G84, în-4"- 1 ^ Tusage
n Daupiiiu; Dtrccht, i(k)o, 1 vol.
SUE
iiv-S^.; Lenwarde , 1 7 1 4 > a toL ni"
4^. 9 Amsterdam , 1 786, s vol.in-4^.;
Leipzig, 1 748 , in-80. ; Leydc ^ > 7^ i ,
in-8*». ; Deux-Ponts, 1800, in-o°. j
Leipzig, i8o4> 9 vol. in-80. Les
principaux éditeurs de Suétone ont
été G. Ant. Campanus , J. J. André,
évêque d'Alérie, Égnatius y Érasme,
Isaac Casaubon , Grufer , Graevius^
Pitiscus, Oudendorp, E'mesti; mais
plusieurs autres savants, Phil. Be-
roaldo , H. Lorit {Glarcanus)y To^
rentius, Juste-Lipse^Boxhom, Pierre
d'Almeida , etc. , ont contribué , par
des recherches et par des notes, il
éclaircir le texte de cet auteur. Il t
été traduit en italien par Paul dd
Rosso , dont la version , publiée en
i554 , a été réimprimée à Venise en
1 788, în-4^. ; en espagnol , par Jai-
mo Barlholomeo , Tarragone, 1 5g5;
en anglais, par Philémou Toland,
Londi-es, \oG6 , in-fol.; par J. Hu-
ghes, 1717-26, a vol. in-i a; par J.
Clarke , 1733, in-8<>. ; enfin par
Alexandre Thompson , 1 795 , in-o^.i
en allemand , par Wagner^ 137'»
in-8".; en danois, par H. D. HoIL;
en langue belgique , par Abrali. Bo-
gaert ,elc. Quant aux Versions fran»
çdises y lia Harpe, qui donnait h
sienne pour la troisième , était dans
l'erreur : on avait déjà celles de Mi-
chel de Tours , Paris , 1 5'jo , in-fol.;
de George de La Bouticre , Lyon ,
1 .55() , iu-4*^. ; de J. Baudouin , Paris,
i6'48, in-4**.; d'un anonyme , Ams-
lei-dam, Elzévir , i665, in-ia; et
de Bernard Dutheil , Paris, 1670,
in- 12. La Traduction de La Harpe
parut en 1770; et celle de Delisle àc
Sales ( sous le nom de Henri Ophellot
de la Pause , anagramme de philoso-
phe de la nature) en 1771 : celle-ci
est en quatre tomes in 8'\ , a cause
des mélanges et des notes qui l'accom-
pagnent ; et l'autre ai a vol., qni
SCE
\ râmpnmé&en i<8o6, et de^
aas-la collection des .ceuviics de
«pe..Cc traducteur, quoiqu'on
leprocbé plusieurs méprises ,
«1 s*a perçoive cru' il a travaillé
te, est néanmoins le plus élé-
t quelquefois même le plus d-
ae Suétone ait eu dans notre
aTant la fin du dernier siècle,
litres Versions ont été publiées
» en 1807 , l'une par M. A. L^
Roche , in-B*'. ; l'autre , sans
retranchement , par M. Mau-
fvesque, en Q voL, du même
t. Les Remarques de Laisiié
personne et les écrits de Sué-
insérées dans le Nouveau Re-
es piëqes fugitives d'Arcliaim-
; tom. I , pag. aS-G^ ), sont
ntées , en partie , de l'article
Qceme cet historien latin , dans
:ionnaire de Bayle. — Vopiscus
d'un Suétone surnomme Op-
i/j, qui avait écrit uue Vie de
Tcur Tacite. D — n — u.
ETOMUS PAULIN US est
; plus grands généraux qu'ait
its l'empire romain dans le
?r siècle de l'ère chrétienne,
lion publique , dit Tacite, qui
ique jamais de donner un rival
;rand homme , le comparait à
Ion. Nul n'était plus savant
l'art des combinaisons mili-
et ne déployait, dans les occa-
îificil&s, plus de prudeuce et de
oid ; nul ne se montrait plus
t plus vigilant pour tout ce qui
tt empêcher uu revers ; et la
de de n'être pas vaincu était
irée par lui comme le commen-
: de la victoire. Mais, ainsique
on , dont il fut l'émule et le
porain , Suetonius Paulinus
dans les temps du plus soni-
lu plus dégradant despotisme.
emoircs qu'il semUe avoir
SUE
i5i
écrits ne sont point parve»» ins-
qii'à Doos ; et nous sommes réduits
à recueillir, dans le petit nombre des
auteurs anciens qui nous restent de
cette époque , quelques détails sar ce
qiii le concerne. Nous tâcherons de
n en omettre aucun ^ et de les classer
chronologiquement. On ignore éga-
lement la date et le lieu de sa nab-
sance. Il paraît pour la premièi^ fois-
dans l'Histoire , au commencement
du règne de Claude , et déjà nous le
trouvons revêtu de la diguité de pré-
teur. C'est eu cette qualité qu'il fut
envoyé, l'an 87 de J.-C. , en Mauri-
tanie , pour y combattre les peuples-
de cette contrée qui s'étaient révol-
tés ( I ). Comme son expédition dans
ce pays est aussi un voyage de dé-
couvertes et qu'elle a enrichi la
Géographie , nous rapporterons ce
qu'en a dit Pline , le seul auteur qui
aonne quelques notions sur cet im«
Sortant événement. C'est après avoir
écrit le mont Atlas , que le natura-
liste romain ajoute (2) : <t Suetonius
D Paulinus, celui que nous, ayons vu
9 depuis consul , est le premier des
ft capitaines romaius qm ait franchi
9 le mont Atlas et se soit avancé de
» quelques milles au-deli.... Il a rap-
9 porté que sa cime mit couverte
» d'épaisses couches de Dciges,même
» pendant l'été. U y parvint après
9 dix campements, et pénétra ensuite
9 plus loin jusqu'à im fleuve nommé
» Ger , à travers des solitudes cou-
9 vertes d'une poussière noire , d'où
9 s'élèvent çà et là des pointes de
9 rochers qui paraissent toutes brû-
9 lécs , lieux innabitables , même en
9 hiver, à cause de l'extrême cha-
9 leiur. On appelle Canariens les peu-
(i) Dion CasMun, Hist. lib.60, c. A, p. 9^7?
edit. Rrim. , in-folio.
(%) Flin., Hùl. ntâ, , lib. T, ««p. t- — i«li»,
«•y. XXIY.
i5a
SUE
» jiltt mil vivent dans les fonlu voi-
» sifiies de ces déserts. EUes abondent
» en éléphants , en bètes féroces et
» en serpents de tout genre. 11 est
» assez constant que cette nation des
9 Canariens est voisine de celle des
» Éthiopiens y qu'on nomme Peror-'
» ses. » Nous avons ailleurs démon-
tré (3) que l'expédition de Suetonius
Paulinus ne s'était pas étendue au-
delà du pays de Tafilet^ et que le
fleuve Ger dont parle Pline est
celui qu'on nomme actuellement Zizj
sur les bords duquel se ti'ouve encore
une ville nommée Gers, Pline nous
apprend , dans un autre endroit de
son ouvrage, que les Perorses étaient
un peuple de l'Atlas^ et il n'est pas
douteux que les Canariens ne soient
le même peuple que celui qui habi-
tait Canaria y une des îles Fortu-
nées j et sous le même parallèle que
les vallées qui sont au sud de l'Atlas.
Dion-Cassius^ qui fait aussi mention
de l'expédition de Suetonius Pauli-
nus , nous apprend que peu après on
envoya dans cette contrée , nouvelle-
ment découverte , un autre préteur ,
Cn. Hosidius Geta. Dans ces orûlants
déserts , son armée manqua périr de
soif; elle fut sauvée par la décou-
verte inopinée d'une source , et elle
vainquit Salabus , chef des Mauri-
tinicns. G; ne fut qu'après cette vic-
toire que , selon Dion , l'empereur
Claude résolut de réum'r toute la
Mauritanie à l'empire romain. Il
partagea ce pays en deux provinces ,
la Maiiritame tingitanc ^ et la Mau-
ritanie césarienne. Il est diflicile de
concevoir, d'après un ensemble de
faits si bien fiés , et si décisifs ,
comment il s'est trouvé tint de sa-
vants qui ont pensé que Suetonius
SUE
PaoUnus avait francbi le erand d»>
sert de Sahara , et s'était araiioë
avec son armée presque sur lesbwidB
du Joliba , si impropremait confiMida
par eux avec le iNiger des andens.
Mais l'imagination aime à exercer
son influence jusque sur la sévèie
érudition . et ne parvient que trop
souvent à l'écarer. C'était une graine
gloire pour Suetonius Paulinus ^ d'a-
voir étendu au midi les limites &
l'empire romain \ il eut encore celle
d'empêcher qu'elles ne fussent dimi-
nuées daas le nord , et même il les
agrandit en triomphant de peuples
belliqueux et justement exaspérés
contre leurs oppresseurs. Vers l'an
59 de notre ère , il fut créé consol
subrogé , et envoyé comme gouver-
neur aans l'île de la Grande-Breta-
gne (4). Le bes6in qu'on avait de lui ,
et son propre mérite , l'avaient, même
sous le règne d'un Néron, porté â ce
poste éminent. L'île qu'on lui don-
nait à gouverner était à découvrir
et à conquérir. Les Romains y avaient
seulement formé , dans la partie mé-
ridionale, des établissements mal as-
surés. Suetonius PauL'nus soumît ,
vers le nord et à l'ouest y plusieurs
peuples qui jusqu'alors étaient res-
tés mdépendants , et il établit cliei
eux de fortes garnisons. L'île Afoms
ou l'île Anglesey , qui n'est sépa-
rée de la cote occidentale d'Al-
bion que par un étroit canal , était
pour tous les peuples bretons un ter-
ritoire sacré. Ses sombres et mjslé-
n'cuses forêts recelaient leurs autcb
les plus vénérés ; c'est dans cette der-
nière retraite que s'était réfudé le
grand-paêtre des druides avec FïSlîte
des guerners. Suetonius Paulinns ré-
solijt d'eu faire la conquête y et sous
V Aj'rufHc it-jHcntnonaU y p. B;©.
!//• l'in'riifur i/c
{.\) Tacite, Ânn., XIV» sQ à 4*** "* ^n^*^»
r p. i/| rt i5.
SUE
to Yrai on supposé que oeux
lidaient avaient secouru les
il fit marcher contre eux
te. Mais parvenus sur le ri-
» soldats romains s'arrétè-
oyant les femmes bretonnes
I deuil , les cheveux épars y
.es torches enflammées , et
on peint les furies ; les drui-
mrant les rangs , levant les
ers le ciel , et prononçant
écations. Suetomus Paulinus
n avant ses drapeaux , tra-
ce eux le détroit dans des
}u'il avait fait construire ex-
antraîne à sa suite sonarmcfe,
: restée immobile d'ctonne-
l'efiroi; il fond aussitôt sur
ns , les envdoppe dans leurs
feux , en fait un grand car-
abat leurs forets , et ren-
irs autels, que le sang des
raitsi souveut arrosés. Tan-
Suetonius Paulinus rerapor-
grande victoire , les cruau-
i exactions des centurions et
[idants romains avaient ex-
5 la partie de la Grande-Bre-
i\sL conquise , la plus fu*
es insurrections. On avait ,
dre de Tempereur , imposé
dles taxes, et on les exigeait
î rigueur extrême (5). Bodi-
ive du roi des Icènes , avait
pëc de verges , et ses deux
aient été violées par les olB-
m empereur stupide et féroce,
, à l'exemple de leur maître^
■issaioitles traités , les droits
ions et oeux de l'humanité,
ution enfanta le dcsir de la
ce ; et tous les Bretons pri-
armes. Les Romains , et les
ss Romains > qui habitaient
riche colonie oe Canudodu-
SUE
i53
num ou Golchester, dans FemUp-
mium , municipe près le village mo-
derne de Saint-Alban , et dans Lan-
dinium ( Londres ) y déjà célëbre par
ses navires et son commerce, furent,
aprës une courte résistance, massacrés
sans pitié. Heureux ceux qui périrent
en combattant ; les autres furent cnn
cifiés, brûlés, empalés ^ou subirent
des supplices que Tacite n'a osé
qu'indiquer y mais dont l'historien
Dion nous a retracé les horribles dé-
tails (6). Suetonius Paulinus envisa-
gea toute la grandeur du danger; fl
vit la puissance romaine sur le point
d'être anéantie dans la Grande-
Bretagne et ne dépendant plus que
des chances d'une bataille. Compre-
nant qu'il serait écrasé par le nom-
bre , SI , pour protéger les villes et les
cantonnements il divisait ses forces,
U les réunit et grossit son armée de
toutes les garnisons. Il attira ensuite
fes Bretons dans la plaine ; et quoi-
qu'ils fussent anim<» jusqu'à la fr^
nésie par la vue et les paroles élo-
quentes de la reine Bodicée , qui leur
montrait son corps déchiré par les
verges , et ses deux filles outragées , il
remporta sur eux une victoire com-
Çlëte , et en fit un grand carnage,
'acite porte k quatre-vingt mille le
nombre des Bretons qui furent mas-
sacrés dans cette bataille. « Les sol-
» dats romains , dit-il , n'épargnè-
» rent pas même les femmes ; et des
9 monceaux de cadavres se trou-
'» vaient accumulés sur les bêtes de
» somme percées de traits. » Sueto-
nius Paulinus continua de tenir la
campagne, et acheva de soumettre
les relaies. Ceux - ci , occupés de»
soins de leur vengeance^ avaient née-
lige de cultiver la terre , et il en résui-
iiU| hb. 6S| ch. I , p. lAi.
[(S) Dion CaMÎiu , ttùt. , Ub. 6a , p. 1008 , »<'• 7>
«dit. in-folio, de Rrimar.
i94 sm
ta une afTreuae famine qtii fix fit jM^rir
un graud nombre (7). La guerre était
terminée y et Suetouius Pauliuiis ne
songeait plus qu'à étendre et couso-
, lider la puissance que la victoire lui
avait assurée , lorsque de nouveaux
embarras lui fureut suscités. Le des-
potisme avait su , daus le gouverne-
ment des provinces , diviser l'auto-
rité pour qu'elle ne lui devint pas fu-
neste. L'administration des iinances
était couiiée à un procurateur ou in-
tcndaut, tandis que le Icgat ou pro-
consul avait le commandement des
armées. Le procurateur de la Grande-
Bretagne était alors un certain Julius
Classiciamis qui ^ jaloux de Sueto-
nius Pauliuus , le contrariait dans
toutes les mesures qu'il voulait pren-
dre , et excitait sourdement les Bre-
tons à la résistance. Suetouius Pauli-
uus fît contre lui de justes plaintes ;
et pour prendre connaissance des
diflérends qui s'étaient élevés entre le
proconsul et l'intendant , Néron en-
voya dans la Bretagne un de ces êtres
vils qui peuplaient sa cour , et aux-
quels seuls U accordait sa confiance.
L'affranchi Polyclète , par son faste
et son insolence, vint étonner les
Bretons eux-mêmes , tout courbés
qu'ils étaient sous le joug de l'adver-
sité. Ils ne pouvaient concevoir com-
ment les Romains , avec tant de cou*
rage et de licrté , montraient tant de
servilité et de bassesse. L'affranchi
prit le parti de l'intendant , et cher-
cha à nuire au grand capitaine; mais
comme il ne pouvait anéantir sa
gloire et les suffrages de l'armée , il
se contenta d'insinuer que la haine
des Bretons envers un général qui les
avait vaincus était un obstacle au
rétablissement de la tranquillité. En
conséquence , comme si la guerre
SUE
n'eût paê été tenninée, on (
dre à Suetouius Pauliuus d(
l'armée à Turpiliamis , do
sulat venait d expirer. Celi
taqua point un eiiuemi fa
décora du nom de pais sa
inaction. Suetouius fut
ment blessé qu'on lui en
palme certiine au moment
avoir triomphé de tous les <
il ne lui restait plus qu'à s
Il dissimula cependant , et (
de Bretagne , ce théâtre d
ploits , après y être resté
Il avait eu , pendant ce tem
tamment auprès de lui , coi
de-camp, le jeune Agricole
vait un jour soumettre l'i
aux armes romaines , et qn
core plus redevable de l'in
de sou nom à la plume de s
Tacite, qu'à l'cclntdece gra-
phe. Huit ans après, l'an G
ère , nous retrouvons Sueto
linus commandant l'infaul
cavalerie de l'empereur Otl
butte aux intrigues de Lie
culus, préfet du prétoire
iiisé et méchant , ignorant
de la guerre , et jaloux de 1
que le vainqueur des Mai
Bretons avait acquise sur 1
soldats ! Quand Vitcllius ,
d'une puissante armée ; vii
à Othon le trône impérial ,
Pauliuus conseilla à celui-*
une bataille , et de tramer
en longueur. Il appuvait
nion de motifs irrésistible»
cite nous a fait connaît
donnent la plus haute ic
grande capacité et de la y
de ses vues (8). Othon ne
ses conseils , et joignit à
une faute plus grande enc
(7) Tacit. , liisl. , lib. t , cap. 87-90. — Lib. II. (8) T«A. , Uùt, , lib. 1 , cap 3^.
StTE
.nx instances de ses oourtî-
ses flatteurs, et de s'e'carter
ICC pour ne pas exposer sa
acrce. 11 perdit la Dataille,
rc'c à Bedriac , près de Cre-
, abandonne de tous les
î tua de SCS propres mains,
it reconnu empereur. Alors
Paulinus se trouva dans
ion pénible. Oblige' de se
la cour du nouveau maî-
bit de suppliant, il eut de
obtenir audience , et se scr-
loyen de défense peu liono-
lis qui lui roussit. Ce qui
c que Teftet du hasard ou
ationd'Othon , la longueur
zlie , la fatigue des lroii])es,
irngement , le mélange des
t des vivandiers , tout cela
enté par Suelonius Pauli-
ne le résultat de ses ruses
rer la victoire à un empe-
digne de régner que celui
rdres duquel les destinées
placé. Vitellius le crut , et
ue perfidie du général lui
iner sa fidélité. Nouvelle
je les dissensions civiles
5 prolongées brisent enlin la
des liommes les plus éner-
pamenueiil à souiller les
les plus dignes d'estime.
, après Tévènement que
is de raconter , ne fait plus
le Suetonius Paulinus. Les
c nous avons réunis dans
nous le montrent, pendant
î trente-deux ans, toujours
plus hautes dignités , et à
s armées ; il devait donc
é en âge lorsque Vitellius
IVmpire ; et celte époque
peu é'oignée de celle qui
fin de sa carrière. W — r.
i ( EUSTACUE LE ) ^0/,
SVP i55
StfFFBEN { Jeah ), jcfeuite, né,
cil i5()5, k Salon en Provence, em-
brassa la règle de saint Ignace &
quinze ans. Après avoir professe la
philosophie à Dole, et la tbéolbgié
à Avignon , il quitta la carrière de*
l'enseignement pour celle de la chaire.
Les succès qu'il obtint' étendirent
bientôt sa réputation; et ses supé-
rieurs rappelèrent à Paris , où ses'
talents ne lurent pas moins appréciés
que dam; le reste de la France. La-
reine-mère Marie de Modicis le nom-
ma son confesseur en iGi5, et l'ho-
nora de toute sa confiance. Le P.
Sufl'ren s'en miontra digne par la sa-
gesse des conseils qu'il ne cessa ^e
lui donner, et il ne tint pas à lui
d'empêcher la rnpture éclatante que
devait amener l'opposition constante
de la reine , aux vues et aux volon-
tés du roi sou fils. Il accompagna
cette princesse à Blois^ et ne revint
qu'avec elle a la cour , où il ne se fit
remarquer que par sa douceur, sa
piété et sa franchise. C'est le tànoi-
gnage que lui rendent , même les écri-
vains protestants. Louis XIII , après
le renvoi du P. Séguiran , voulut
avoir le P. Suflren pour confesseur;
mais lareiue-mères'y opposa, dans
la crainte d'être privée d'un direc-
teur qu'elle estimait ; et il fallut né-
gocier avec cette princesse pour ob-
tenir son consentement. En lui an-
nonçant sa nomination à la place de
confesseur du roi , le cardinal de Ri-
chelieu lui traça la conduite qu'il de-
vait tenir dans ce poste éminent (i).
Mais le P. Sull'ren n'avait pas les
qualités convenables pour se mainte-
nir long-temps à la cour, au milieu
d'intrigues et de querelles sans cesse
renaissantes. 11 ne tarda pas d'être
Cl) La LrUrr du cardinal de Rirhclit'u ou P.
Suirrcn B« trouve dans le Rccurit de pùcM iittA-
rtstamicîf publia par La Place, Ul, a5o.
y
i56
SUF
remplace. On prétend même que le
cardinal de Bichelieu le fit bannir.
Mais il est plus vraisemblable que
Sufiren sollicita la permission de re-
joindre dans les Pays-Bas la reino»»
mère y à laquelle, maigre' ses torts
réels 9 il ne cessait pas de porter un
attacbement sincère. Il la suivit en
Andeterre; et il se disposait à se
rendre avec elle à Cologne, qui de»
vait être le terme de la vie errante
de cette malheureuse princesse, quand
il tomba malade sérieusement. Son
état ne l'empêcha pas de s'exposer
aux hasards du voyage; mais anivé
à Flessingue, îl y mourut le i5 sep<
tembre i64i > à l'âge de soixante-
seize ans. Ses restes lurent rapportés
à Paris et déposés dans Téglise pro-
fesse des jâuitcs« Outre quelques
Opuscules ascétiques^ on a de lui:
des Semions j Paris , 1622-23 , 2
vol. in-80. j et V Année Retienne,
ibid. , i64x , in-4**- > 6 vol. Cet ou-
vrage , qu'il avait composé à la prière
de saint Frauçois de Sales, a été
abrégé par le P. Frbon y Nanci ,
1728, 2 vol. in- 12. Quoique le style
de l'abréviateur soit plus correct,
plusieurs personnes préfèrent la sim-
plicité de l'original. Le portrait du
r. SuiTreu a été gravé plusieurs fuis
par Michel Lasne, format in-4^* y et
par Mariette. W-s.
SUFFREN DE SAHST-TROPEZ
( TjOUIs-Jérôme ) , né en 172U , dans
le diocèse d'Arles , d*unc famille no-
ble , embrassa l'état ecclésiastique ,
devint prévôt du chapitre de Saint-
Vincent de Marseille, et fut sacré
évêque de Sisteron , le 3o septembre
1 764. D'un caractère bon et géné-
reux , il se fit chérir dans les fonc-
tions de l'épiscopat , par ses vertus
<!t son savoir. Ce fut en 1780 qu'il
commença le canal qui porte son
nom , et qui a deux lieues d'étendue.
SUF
Ce oanal ne coûta que auatre^riqgt-
dix mille francs » dont la proTÎace
fournit le tiers: Qavingtuplé la va-
leur des terres de cinq lieues carrées;
et considérablement augmenté les li-
chesses des habitants de Sistcrgnt
« Les pères me nuudiront , disait
» ce vertueux prélat ; mais les »
» £ants béniront ma mémoire. » Ja-
mab prédiction ne s*est mieu3L vôi-
fiée. En 1824 ^ la ville de Sistem
a élevé un obélisque en l'homieur de
son bienfaisant évéque. Ce prélat,
qui avait été sacré évéaue de Nerem
en 1789 , fut oUigé oe miittcr la
France au commencement de la ré-
révolution , et il mourot dans l'exil.
SUFFREN SAINT-TROPEZ
( .Pierre AsrnRE de ) ^ frère da
précédent , et l'un des plus grands
nommes de mer que la France ait
produits , naquit au château de Saint-
Cannat en Provence , le i3 piil-
let 1726. Sa famille y qui tenait m
rang distingué parmi la noblesse de
cette province , le destinant k la na-
rine , l'envoya à Toulon dès qu'il eut
terminé ses études. U s'y em&cqiia,
en 1743 , comme garde-marine, sv
le vaisseau le Solide , qui faisait par-
tie de l'armée française ft espa^uok
combinée^ et pour son déchut, Snf-
fren assista au combat que ce vaîir
seau soutint contre le Ifonhumbet'
land. L'année suivante, étant sur là
Pauline , à la Martinique , il parti-
cipa à un autre combat ; et le saag-
froid qu'il montra dans ces deu
actions fit présager ce qu'il devais
être un jour. Au désarmement de ci
navire, il se rendit à Brest, et bt>
embarqué sur le Trident, L'escadie
dont ce vaisseau faisait partie fbt , k
la suite d'une entreprise infructncii-
sc contre la colome anglaise d'An-
napolis , dispersée par une tempête ,
SUF
ir une atmce siipcricure
plupart do» vaisseaux
)Osaient tombcreut au
renncmi , mais le TVî-
petit nombre de ceux
t h. lui ccliapper. Nom-
de vaisseau , en 1 7/1^ ?
a siu* le Monarque ,
rc de M. de TÉtanduè-
: combat qu'elle sou-
lauteur de Belle - Ile ,
rai Ha^vk, ce vaisseau
.Hgë d'amener , Siitlren
Dnier et conduit en An-
il ne resta que peu de
)aix de 1^4^ semblait
r au repos ^ il en pro-
rendre à Malte, et se
ircndi*e ses degrés dans
)int Jean de Jcsnsalem.
mbre des clievaliers , il
années qui s'ecoulcrent
i k faire ses caravanes ,
à Toulon qu'à la iin de
*c année. Les hostilités
imcnce' en 1755 , une
inquanle-buit vaisseaux
Brest , pour protéger le
le cbevalier de SiiflTren
faire partie. Il fut em-
le DaupliiTi' Rq)'aL Ce
ant e'td sépare de l'csca-
la route , fut rencontré
inglaise; mais , profitant
u'ité de sa marcne , il se
le port de Louisbourg ,
rentrer à Brest. La Fran-
ilors arme trois esca-
1, récemment fait lieutc-
lisseau , s'embarqua sur
lans celle du marquis de
nière , qui était cliargée
e siège de Malion, dirigé
•chai de Richelieu. Celte
it devant Minorque le 19
et mouilla le lendemain
idella.La ville se rendit à
SUF 157
]a première sommation ; mars il fal-
lut faire le siège du fort Saint-Phi-
lippe , où s'était retirée la garnison
anglaise. La Galissonniëre , pour
empêcher cette place d*^rc secourue,
avait établi sa croisière entre Ma-
jorque et Minorque^ lorsqu'il eut
connaissance de l'escadre de l'amiral
Byng. Le combat qui s'engagea fut
à l'avantage des Français , ( F'qyez
Byng) , et cette victoire fut suivie de
la prise de Port-Mahon. Après avoir
navigué sur divers bâtiments, Suf-
fren reçut , en 1750, l'ordre de se
rendre à Toulon , où M. de Ladue
venait d'armer une escadre de sept
vaisseaux, destinée pour l'Inde. Il nit
embarqué sur VOce'an, hcin août,
cette escadre , se trouvant à la hau-
teur du port de Lagos, fut rencon-
trée par une armée anglaise forte de
quatorze vaisseaux. L'mfériorité des
forces de M. de Laclue ne lui per-
mettant pas d'engager le combat, il
prit le parti de se réfugier dans ce
Çort, qui appartenait aux Portugais,
'ont devait lui faire croire qu'il
y serait en sûreté, puisque cette puis-
sance était neutre ', mais les Anglais ,
sans respect pour le pavillon portu-
gais , vinrent attaquer l'escadre fran-
çaise jusque sous les forts. Trois vais-
seaux furent pris ; deux se brûlèrent
à la cote, et deux seulement pu-
rent se sauver. V Océan fut au nom-
bre des premiers, de sorte que le
chevalier de SufTren fut une seconde
fois prisonnier. On le verra plus tard
S rendre sa revanche sur les Anglais,
ans une circonstance absolument
semblable. Sa captivité ne futjpas de
longue durée; et il revint & Toulon
au mois d'octobre suivant* La paix ,
([ui eut lieu au commencement de
1 763 , faisait craindre À Suffren une
longue inactivité: mais il obtint,
l'année suivante , le commandement
i58 5UF
du chebec le Caméléon^ avec la
mission de protéger le commerce
daus la Méditera uuée. Quelque temps
a^res y il prit le conmiaudemcut
du Singe, dans l'escadre du comte
Ducliall'aut, dirigée contre les Sa-
letius; et il fut témoin du désastre
qu'éprouva cette expédition devant
Larrache. Promu au grade de capi-
taine de frégate, en 1707, SuHVen
se rendit à Brest. On y réunissait une
escadre sous les ordres du marquis
de Breugnon , que le roi envoyait à
Maroc , pour y traiter de la paix.
CiCt amiral lui confia le commande-
ment de la frégate V Union , sur la-
quelle il avait arbore son pavillou.
Au retour de celte campagne , il se
rendit à Malte ; et pendant les quatre
années qu'il y resta , il parvint au
grade de commandeur , et fit , sur les
galères de la religion , différentes
courses contre les Barbaresques.
Ayant été nommé capitaine de vais-
seau,eu 1 7 72 , il vint prendre , h Tou-
lon , le commandement de la Mignon-
ne, et lit, avec cette frégate, deux
croisières successives dans les mers
du Levant. Ijc comte Ducliadaut,
qui lit, eu i77(>, une campagne d'é-
volutions, lui donna le commande-
ment de VAlcmènt ; et, l'année sui-
vante , le comte de Barras lui fit faire
une campagne semblable. Lors de la
guerre entreprise pour Tindépeudan-
ce de l'Amérique ( 1 778) , vSulfrcn iit
partie de Tescadre du comte d'Itls-
laiug, sur le Fantasque. Pendant la
relârlic que cette année fit à Boston,
l'amiral , apprenantque cinq frcfgates
anglaises étaient mouillées dans la ra-
de de Newport, chargea SuHren d'al-
ler les y attaquer avec son vaisseau ,
auquel il adjoignit trois frégates. Le
commandeur se présenta devant cet-
te rade le lendemain. Elle était dé-
fendue par un fort : il y pénétra sous
SUF
toutes voiles, Gtyalla s'embosMr le
plus près possible des frégates enne-
mies; mais celles-ci ne rattendircnt
point. Après avoir tiré quelqua
coups de canon , elles s'échouërat à
la cote , et s'y brûlèrent. Suflren . sa-
tisfait du succès de son expe'dîtioa,
rejoignit le comte d'Elstamg à la
Martinique , où ce dernier lui avait
donné rendez-vous. Au combat de la
Grenade (G ]uillet 1779)9 le An-
tasque , qui faisait partie de l'avanl-
garde , se distingua par une manceii-
vrebrillante, et eut soixante hominei
hors de combat. L'armée du comte
d'Estaing, après avoir conquis k
Grenade, attaqué Savaunah , et con-
tribué puissamment aux succès de
l'armée de terre , rentra à Brest , ai
mois de nov. 1 779. Le compte avaa-
tageux que cet amiral rendit de Snf-
fren fit donner à celui-ci le com-
mandement de l'escadre légère, dam
l'armée combinée de France et d*Ef-
pagne^ aux ordres de don Louis de
Cordova. Cette armée se trouvant,
le 9 août 17 Ht y à la hauteur dp
cap Saint- Vincent, tomba au milisi
d'un convoi anglais destiné pov
l'Inde, et escorté par un vaisseau et
deux frégates. SufTren, qm monlak
le Zélé y se mit à la poursuite dei
bfUimenLs de guen-eimais la supërio*
rite de leur marche l'empêcha de ks
atteindre ^ et il dut se borner à faire
amener douze bâtiments marchands,
dont quati'e furent amarinés par sqb
vaisseau. Jusqu'ici la vie de Suffira
a sans doute été assez active et asseï
remplie ; mais d'autres événements
vont lui fournir l'occasion de dé-
ployer ses talents et sa bravoure iir
un plus vaste théâtre. Dès le coii-
mencement de l'année 1778, les An-
glais avaient tenté diverses eDtrepri-
ses sur les établissements français et
hollandais dans l'Inde. La guerre ac-
V
SUF
lu'Ûs soutenaient contre les di-
princes indiens était mêlée de
s et de revers ; mais leur mari-
ivait un but constant, celui d'a-
ir , dans ces parages y les deux
s pubsanccs qui pussent lutter
c TAnglelerre. Les hostilités
e la Hollande ayant été décla-
SI 1781 , les Anglais s'empare-
de Négapatam et de plusieurs
>toirs sur la côte occidentale de
tra. Les Hollandais, se trou-
, en raison de rinfériorité de
narine , hors d'état de protéger
.olonies qui leur avaieut coûté
d'efforts , de patience et de
ge, proposèrent au gouverne-
français de se lier avec eux
m traité. A peine -ce traité
il conclu ,'que le cabinet de Ver-
» fut informé du projet forme à
res d'envahir le cap de Bonne-
-ance. La prise de cette riche
ie devait entraîner la perte de
'ia , de Ceyian , ainsi que celle
utres possessions hollandaises
ngale et à k cote de Coroman-
)ans cette perplexité , les états-
aux chargèrent la France, non-
nentde protéger le cap de Bon-
Sérance^ mais ils lui remirent ,
que sorte , cette colom'e, en lui^,
îttant d'y envoyer , pour sa dé-
, ime carnison toute composée
upes françabes, qu41s prirent
solde. JvC ministère avait be-
i'un homme ferme, actif et en-
*nant pour l'opposer au com-
re Johnston , qui commandait
fdilion anglaise. Son choix tom-
: le commandeur de Sulfren. On
lis ses ordres cinq vaisseaux et
frégates; et il fut autorisé à ar-
le pavillon de chef d'escadre,
les mers de l'Inde. Sorti de
, le 22 mars 1781 , avec Tar-
.u comte de Grasse, il s'en sé-
SUF 459
para k la hauteur de Madère. Le 16
avril V Artésien, qui avait reçu or-
drede précéder l'escadre , ayant aper-
çu dans la baie de la Praya cinq
vaisseaux anglais, qui y étaient à
l'ancre , le commandeur ne douta
pas que ce ne fût l'escadre du com-
modore Johnston ; et û forma aussi-
tôt le projet de l'attaquer , sans res-
pect pour la neutralité du pavillon
Portugais qui flottait sur les forts de
île. On se souvient qu'il avait à pn^n-
dre sa revanche de l'aifaire de Ia-
gor. Après avoir fait signal à ses fré-
gates et au convoi de continuer lenr
route, en tenant le vent, il donna
l'ordre de se disposer au combat, de
former la ligne sans avoir égard à
l'ordre de bataille , de forcer de voi-
les , et enOn de se préparer k mouil-
ler. Tous ces signaux se multipbaient
et se succédaient trop lentement au
gré de sa bouillante ardeur. Lui-mê-
me^ se couvrant de voiles à l'instant,
et S9ms remarquer s'il était suivi
des vaisseaux de son escadre , pénè*
tre dans la baie, et, arrivé près du
vaisseau commandant, laisse tomber
l'ancre par son travers, en faisant un
feu terrible. WJlnnibal, qui suivait
immédiatement le Héros, vint mouil-
ler en avant de lid. Dans cette posi-
tion , recevant beaucoup plus de bor-
dées qu'il n'en pouvait rendre, il
éprouva , en peu de temps , les plus
grands dommages dans sa mâture et
dans ses agrès. L'Artésien manœu-
vrait pour venir prendre poste auprès
du Héros ; mais son capitaine ayant
été tué y et ayant été abordé par un
bâtiment anglais, il dériva au large.
IjC Fengeur et le Sphinx , après
avoir tii'é quelques bordées, se virent
entraîner par les courants, et furent
obligés de laisser porter au large.
Le Héros et VAnnibal se trouvaient
mouillés au milieu de l'escadre eniie-
i6o SUF SUF
jour, 'on t'aperçut qa*il .
para. Le commaDdear alors
roate vers le cap de Boi
rance , et il y fut rejoint
conyoi. Son arrivée avmt
anglaise, préserva cette e
danger qui la menaçait ; et
tion de Johnston n'eut d'aï
tat que la prise de cinq
hollandais. SuSren , après
barvué les troupes qui dev
ter dans la colonie, et po
besoins de ses vaisseaui
reilla pour l'île de Fran
fit sajonction avec l'escadi
te d'Orves. Il avait été pr»
cette colonie par sa repu
on l'y attendait pour arré
de la campagne qu'on al
pendre. Son escadre épr<
Desoins de toute espèce,
était précieux ; la présent
mandeur semblait avoir to
Il communiquait son ard
actrvité à tout ce qui l'aj
administrateurs , cne£i ,
soldats y étaient ammés du
zèle ; la nécessité développ
sources ; et l'on vit , non
rîes , a|)pareilla avec son escadre nement , une escadre et
dans l'intention d'attaquer les Fran- aussi considérables prits
çais y et aussi de s'emparer de Vjin^ 4 la mer dans un espace de t
nibalj qu'il voyait démâté. Dès que couit. ïje 7 déc. 1781 ^l'c
k commandeur l'aperçut : allons , '
s'écria-t-il, point de manœuvres hon-
teuses ; et aussitôt il fait le signal de
former la ligne de combat. Cette
contenance pi*oduisit le meilleur effet :
l'escadre ennemie, qui avait le vent ,
s'approcha jusqu'à une portée et
demie de canon , mais voyant les
Français l'attendire en travers , elle
ne crut pas à-propos de recommen-
cer le combat. Suifren resta toute la
nuit dans la même position , tenant
ses feux allumés pour provoquer l'a*
mirai anglais à 10 suivre , mais au
mie^ les trois antres vaisseaux étant
trop éloignés pour pouvoir les ser
condel*. Leur position devenait de
plus en plus critique ; forc^ de la
quitter pour ne pas succomber sous
le feu qui les accablait , ils coopèrent
leurs cables , et après une heure et
demie du combat le plus vif et le
plus meurtrier, ils portèrent anlarce.
Cette retraite ne pouvait se faire plus
à-propos ; car à peine VAnmbal fut*
il hors de la portée du canon des
Anglais, qu'il démâta de tous ses
mâts. \jQ Sphinx vint le tirer de dan»
ger en le prenant à la remorque. Le
Héros n'éuit pas , comme on peut
le penser , dans un meilleur état; sa
mâture était debout , mais criblée de
boulets et presque en équibbre, tous
les étais et presque tous les haubans
ayant été coupés. Le commandeur,
vpyant l'impossibilité de détruire un
ennemi dont il avait juré la perte,
abandonna enfin cette baie, mais
avec autant de fierté qu*il y était
entré , et prit congé de l'escadre
anglaise en la saluant à coups de
canon. L'amiral Johnston , après
avoir réparé ses plus fortes ava-
à la voile , sous les ordre
d'Orves. Elle était compo!
vaisseaux, trois frégates r
vettes. L'armée de terre c
tie sur huit bâtiments de
qui portaient l'artillerie €
tions. Le 19 janvier 17I
connaissance d'un vaisseai
Le Héros, qui se trouvai
l'armée , eut ordre de le
comme il était d'une n
périeure, il fut bientôt
téedu canon; le comba
vigoorcusemcnt. Pendant
SUF
TS vaisseaux forçaient de voi-
outenir le Héros , mais avant
vée , Tangkis avait amène :
Armihal. de cinquante ca-
n début aussi lieurcux ré-
i joie dans rarmee. L'amiral
ilta«[uc , déjà depuis quelque
L*une maladie grave , n'avait
\ cette campagne que par un
zcle. Le 3 février , sentant
iprochcr , il remit son com-
ent à Sudren , et le 9 , il
se' d'exister. Avant que Tes-
»parciliât de l'île de France,
île décide que Madras serait
de son alterage. Le projet
aandcur était de manœuvrer
ère à y arriver au point du
de surprendre les Anglais
attaque imprcMie ; mais les
louillages que le calme et les
nlraires obligèrent l'escadre
Ire à la vue de terre , firent
• ce projet. Le i4 février,
ronuaissancc de Madras , et
iignala neuf vaisseaux mouil-
les forts. Il n'était pas pru-
les attaquer dans cette posi-
»si SutFren jugea-t-il à-propos
inuer sa route pour Pondi-
L peine l'escadre française
e dépassé Madras, qu'on vit
lis sous voiles. L'amiral alors
1 de prendre les mêmes amu-
es vaisseaux ennemis, et de
même route : toutefois Fin-
ie l'amiral Hughes , en a])pa-
, n'était pas de combattre,
aller couvrir Trinquemalé.
nt SufTren , résolu de l'a me -
i engagement , manœuvra de
que le 19, les deux escadres
ant en présence , le combat
lévitable : il eut lieu par le
de Sadras ; mais le com-
r, contrarié dans ses pro-
]a bnime , le temps ora-
XLIV.
SUF
161
F
gcux , et par les mauvaises ma-
nœuvres de plusieurs de ses vais-
seaux , ne put les réaliser j et ce com-
bat n'put d'autre résultat que de
montrer à Fa mirai anglais à quel
homme il avait affaire. SufTren alors
dirigea sa route sur Poudichén, oiji
il ne resta que le temps nécessaire
pour prendre des informations sur le
point où il devait débarquer les trou-
es qu'il avait à boi'd. Les lettres qui
'y attendaient lui ayant fait connaî-
tre que Pôrto-Nove présentait toutes
les facilités désirables , il se détermi-
na à s'y rendre , et il y mouilla le 23
fév. Ce fut là qu'il reçut M. Piveron ,
envoyé français a uprèsd'Haïder-Aly ,
ainsi que deux des principaux om-
ciers de ce nabab , charcés de le
complimenter , et de faire délivrer à
Fescadre et aux trouj)es de terre tous
ce dont elles avaient besoin. Le com-
mandeur , prenant dès ce moment
l'initiative , exigea , avant le del^ar-
quement des troupes , que le nabab
souscrivît un traité dont les princi-
pales conditions furent, que 1 armée
française serait indépendante, qu'on
y adjoindrait un corps de quatre
mille hommes de cavalerie, un de
six mille d'infanterie , et qu'il serait
annuellement payé à l'armée vingt-
quatre lacks de roupies , ou environ
sept millions deux cent mille francs.
Haïder-Aly consentit à tout ; et Suf-
fren quitta Porto-Nove pour aller à
la recherche des Anglais. I^ 9 avril ,
au point du jour^ on signala quatorze
voiles ennemies. L'amiral lit aussitôt
former l'ordre de bataille ; on ma-
nœuvra pendant trois jours pour con-
server l'ennemi , et surtout pour lui
gagner le vent ; et le i a , les deux
armées se trouvant en présence , le
combat s'engagea , et il dura avec
acharnement pendant cinq heures.
SufTren , voyant trois de ses vais-
II
i62
SUF
seaux, dëgrecs rester en arrière, Gt
signal de cesser le feu , et de te-
nir le vent , afin de mettre les An-
glais entre la terre et lui. Ce com-
bat ayant eu lieu par le travers de
Proyédien, il en prit le nom. IjCS
deux escadres furent très-maltraitées;
mais la perte des Anglais fut plus
considérable, car le 19, se retrou-
vant encore en présence , et le com-
mandeur voulant engager l'amiral
Hughes à une nouvelle action , en le
prolongeant dans les difTérents bords
qu'il e'tait oblige' de courir, celui-ci
s'y refusa obstinément, eu forçant
de voiles pour l'éviter. Suflren , dont
les vaisseaux avaient besoin de répa-
rations, se trouvant , le 3o avril , en
vue de Batacolo, petit comptoir hol-
landais , y fit jeter l'ancre. I^e scorbut
avait exerce de grands ravages dans
les équipages ; ou débar((ua les ma-
lades , et on les fit camper sous des
tentes ; les habitants fournirent des
bœufs : le pays offrait aboiHlammeut
une sorte d'herbage appelé brèdes ;
ce qui , joint à la pèche et au gibier ,
arrcta bieulôt les progrès de cette
cruelle maladie. Un mois suiUt ])our
faire à l'escadre les réparations dont
elle avait besoin ; les malades étaient
presque tous rétablis , de nouveaux
a p provision nements avaient été fa ils :
le commandeur douna i'oi-dre de le-
ver les tentes ; et le 3 juin , l'escadre
mit sous voiles, se dirigeant sur (tou-
delour ; ellc's'arrrta devant Tranque-
bar])ou!' y prendre cinq cents bœufs,
qui lui (>tuintt envoyés par llaïder-
Aly, et pour traiter de divers appro-
visiunucmcnts. Chemin faisant , elle
s'empara de (pialre b.'itiments an-
glais, chargés de vivres et de nnmi-
tions. Arrivé à Goudelour , Sullren
envoya le major de son es<;adre au-
près d'Ilaïdei-Aly , pour proposer
an nabab de irprendrc N^apatam^
SUF
dont les Anglais s'étaient empara
ouelque temps auparavant sur les
HoUandab , et pour lui demander ,
à cet effet, quatre cents européens
et un bataillon de cipayes. Ne dou-
tant pas que le nabab n'acccptit
sa proposition , il s'occupa , dès
ce moment , à préparer tout ce
qui était nécessaire pour cette opéra-
tion. On embarqua les munitions sur
les flûtes , et les troupes furent mises
sur les vaisseaux. Le nabab ayant
acquiescé aux demandes du comman-
deur , l'escadre appareilla en se diri-
geant sur Négapatam. La BeUone,
qui avait été chargée d'observer l'en-
nemi pendant la relâche à Gouddonr^
rencontra l'amiral dans sa route, d
lui apprit que les Anglais étaiot
mouillés devant Nc^apatam. Cette
nouvelle changea les projets de Snf*
fren^mais, ravi de trouver l'occasioi
d*un nouveau combat , il fit signal de
forcer de voiles , en continuant h
même route. Bientôt , en effet , on dé-
couvrit l'escadre anglaise au mouil-
lage. Comme il était trop tard pour
engager une action ^ le commaDdnr
donna l'ordre de mouiller. Le Icnds-
maiu ( n juillet 1782 ) , à dix licuti
et demie , le combat commença en-
tre les deux <i vaut-gardes, et à orne
heures , il devint général. Le fira b
plus terrible régnait de part et d'au-
ure depuis cinq heures , lorsqu'une
saute de vent jeta le désordre dans
les deux, lignes : toutefois cet accideol
fut plus défavorable aux Angiaii,
dont plusieurs vaisseaux , ayant été
entièrement désemparés, furent dis*
pers<fs saus pourvoir rallier leur ami*
r.i I . Le Superbe, que montait Hughes,
et qui avait été aux prises avec le Se'
ros , se trouvait très- mal traité; enfin
le l'eu ayant cessé, les AuglaisalU
au mouillage devant N^apalam,!
attendre les ordres de leur chef. Sot-
j
SCF
f CQ panne sur le cbamp de
'oyait fuir devant luiVes-
«mie , et hâtait même à
canon la marche de ceux
mutaient pas assez vite l'or-
ra ite qui venait de leur être
^cadre française alla mouil-
kal , à deux lieues de Né-
La position des Anglais ,
luvaieut âu vent, leur per-
' venirrattaquer s'ils avaient
ommencer le combat. Suf-
i toute la nuit et une partie du
i à les observer; mais voyant
deTamiral Hughes, il sedé-
niiu à conduire son escadre
our pour l'y réparer. Klle
voiles depuis quelques heu-
ju'on aperçut un petit bâti-
ichë de l'escadre anglaise,
avili on parlementaire. L'of-
montait ce bâtiment , étant
bord du Héros , remit une
sir Edward Hughes , par
:elui-ci réclamait le vaisseau
qui , dans le combat de la
près avoir demandé quartier
é son pavillon , l'avait en-
issé et i-ecommencé son feu.
ajoutait-il y proOte du mo-
le Sultan mettait un canot
j et allait l'a mariner , pour
trois volées qui avaient fait
;e affreux. L'amiral Hughes
t en réclamant ce vaisseau
du roi d'Angleterre , et
i'ëtant rendu à l'un des bâti-
î son escadi'e. Le comman-
lour qui cette réclamation
: énigme , répondit que Vj^-
lyant point combattu , ne
a voir, a mené; qu'il n'avait
naissance qu'aucun de ses
X se fût reudu ; mais que si,
fvénement quelconque, cela
c, il serait allé l'enlever lui-
t milieu de Fescadre anglaise ;
SUF
i63
qu'au reste il allait vérifier les faits.
Dites cependant à M. Hughes^
ajouta-t-il , que s'il croit de son de-
i^oir d'insister , il peut venir cher-
cher ce vaisseau lui-même. Il n'é-
tait que trop vrai qu'un des vaisseaux
de l'escadre avait amené dans le com-
bat du 6. Le capitaine du Sésfère y
homme faible et dont la valeur atait
déjà été suspectée , se voyant dans un
grand danger, perdit la tcte à un tel
point que, sans considérer la honte
aont il allait se couvrir,il voulut se ren-
dre , et ordonna d'amener le pavillon.
Deux volontaires auxquels il en donna
l'ordre refusèrent de l'exécuter j mais
il rencontra des hommes plus com-
plaisants y et le pavilloi^iut amené.
Lorsque cette nouvelle parvint dans
les batteries, les ofilciers ne voulurent
point y croire ; l'un d'eux ( M. Dieu )
vole sur le pont y et voit effectivement
le vaisseau sans pavillon. Il adresse
alors au capitaine les représentations
les plus vives, et il essaie de lui faire
honte de sa lâcheté : tous ses efforts
étaut inutiles , il lui déclare qu'il est
le maître de son pavillon , mais que
ni lui, ni ses camarades y ne voulant
point partager son opprobre y le
vaisseau ne se rendra pas , et qu'ils
vont continuer le combat. Cet officier
descend aussitôt dans les batteries y
et le feu recommence avec une vi-
gueur nouvelle ( i ). Malheureusement
pour le Sultan , il venait de mettre
en panne , et se disposait k envoyer
&on canot pour amariner le Sévère y
lorsque les bordées de ce vaisseau y
le prenant eu poupe , lui causèrent un
dommage considérable. Cependant
le capitaine , à qui il était devenu en
quelque sorte impossible d'exécuter
(i) Lorsque en circouatmices furent devennet
publiquM^ un disait dans l'escadre que le capitai-
ne du Sévère avait roulu se rendre aux ÂngUii,
Ibaia que Dieu ne l'aTait p«« permis.
II ••
t6i
SUF
sa résolution , avait fait rcKisser son
pavillon ; et ce fut ainsi que la bra-
voure de ses officiers sauva le vais-
seau qui lui e'tait confié. Ce der-
nier combat avait mis le comble aux
mécontentements que ressentait de-
Suis long-temps l'amiral de la con-
uite de plusieurs des capitaines de
sou escadre. Le commandant du Se-
çère fut suspendu ; ceux de V Arté-
sien et du Vengeur reçurent Tordre
de remettre leurs commandements ;
quelques autres officiers^ coupables de
lâcheté et d'insubordination , furent
envoyés à Tlle-de-France. Mais quit-
tons ces détails afUigeants , et reve-
nons à Haïder-Aly. Son admiration
pour le commandeur s'était encore
accrue par la dernière victoire qu'il
avait remportée. Ayant appris son
retour à Goudeloiir , il lui écrivit
pour lui témoigner le désir qu'il avait
âc le voir ; et sans attendre sa ré-
ponse , il ût les dispositions pour
que son armée se mît en marche. Le
35 juillet , SuflVen ayant été prévenu
que le nabab venait d'arriver à Ba-
hour , le fit saluer par le canon delà
place et par l'artillerie de l'escadre.
11 lui envoya en même temps son
major , pour le compUmenter , et
prcndi-e son jour pour leur entrevue.
Elle fut fixée au lendemain. Le na-
bab y dont le camp était éloigné d'en-
viron deux lieues de Goudelour , en-
voya un détachement de cinq cents
cavaliers , sous les ordres de Goulam-
Al y Khan , général en chef de sa ca-
valerie , pour servir d'escorte au
commandeur. Le u6 , SufTren des-
cendit à terre avec six de ses capi-
taines y et plusieurs officiers de son
escadre. Apres avoir été compli-
menté par le général du nabab , il
monta , ainsi que sa suite y dans les
palanquins qui leur avaient été en-
voyés , cl if sortit de Goudelour ,
SUF
escorté par la cavalerie dl
par un bataillon de Cipayes.
vaut aux premières lignes
mée j il trouva toute l'infa:
nabab rangée en bataille e
tant les armes; les tam]>
taient aux champs L'amiral
te furent introduits imméc
auprès d'Haïder , qui y aiiss
aperçut Suflrcn , se leva , v
cevoir à l'entrée de sa tent
donna l'accolade. Revenu à ;
et ayant mis le commande
côtés , il lui présenta son s(
Kérym-Saheb, ainsi que toi
gneurs de sa cour y les chei
armée et tous les envoyés i
rents princes de l'Inde résid
de lui. Après les premiers
nients^ le nabab exprima
joie qu'il avait de voir le c
dcur y et son admiration pou!
toires : Avant votre arrh
côte , lui dit-il , je me crc
grand homme et un grand ^
mais vous m* avez éclipse', p
êtes un grand homme. Suffre
cotc^ Im dit les choses les plu
ses sur ses faits d'armes ; et i
répétait à sa cour tout ce que !
le commandeur ; mais s'ap
tout-a-coup que la position
quelle Sull'ren était placé lui
incommode , à cause de son
point ^ il fit apporter des ca
et l'engagea à s'asseoir à
pécune , sans égards pour l'c
qui , dit-il , n'était pas fai
lui. Jje commandeur , aval
rendre au camp du nabab, a^
la nouvelle de l'arrivée d
à rile-de- France, avec si
seaux de guerre , deux frégs
un grand nombre de bâtin
transport, portant cinq mil
mes ae troupes : il en fit pai
der-Aly , et lui apprit c»
SUF
jue ses frégates venaient de
"erd'une goélette anglaise qui
k ^ëgapatam le colonel Hom,
d'un mérite distingue. Le
reçut ces nouvelles avec la
inde joie } et y pour la temoi-
de'tacha de son turban une
en diamans , dont il orna le
I du commandeur; il lui pré-
issi un scrpeau(ti) fort riche,
. bacues d'un grand prix,
capitaine reçut un serpcau
d'or , un châle , et imeplaque
ichie de diamants et de pier-
ieuses. L'usage étant d'ajou-
cheyal à ces objets, ou d'en
la valeur en argent à ceux
ni ce présent est inutile , le
ût compter pour cet ob->
e roupies à chaque capi-
l'éléphant qu'il destinait à
fut représcuté par dix sacs
i roupies chacun ( la roupie
r. 5o c. ). Cette première en-
où il ne fut point question
s ^'dura cependant près do
ires. Le nabab , en la tcrmi-
.«manda au commandeur un
i particulier , et le pria d'ac-
idéjeuncr pour le lendemain.
ra ensuite , toute sa cour l'i-
il reconduisit Sufiren jus-
lortie de sa tente. Les même»'
s que celui-ci avait reçus à
Ivée lui furent rendus à son
joulam-Aly-Khan^ ainsi que
i seigneurs, l'accompagnc-
pi*à la tente qui lui avait été
; , non loin de celle d'Haïder,
* garde d'honneur était com-
>rès de sa personne. Le leu-
1e déjeuner fut préparé dans
e particulière : il se compo-
lets apprêtés à la turque ; et,
attention délicate , le nabab
là b UÊuae$if»t , ca étoffe d'or.
SUF
i65
avait fait disposer le service , et sur-
tout les sièges , ^ la manière euro-
péenne. Pendant le repas il s'entre-
tint constamment avec Suifren , par
l'entremise de Piveron. Ses com-
bats contre l'escadre anglaise furent
le sujet de la conversation , et il ne^
cessait de lui témoigner son admira-
tion sur son activité et sa valeur. Le
déjeuner terminé ^ Haïder-Aly invita
le commandeur k passer dans sa-
tente , et là ils eurent un entretien de
plusieurs heures. Le nabab lui fit
l'exposé de ses plans de campagne
contre les Anglais , de ses projets de
les chasser de l'Inde avec le se-
cours de la France : mais en mém&
temps il ne lui dissimula pas ses in-
quiétudes , causées par les conquêtes
que l'armée anglaise avait faites ré-
cemment dans son pays sur la côte
de Malabar^ et dans ses propres do-
maines ; ses craintes sur la défectioa
des Mahrattes, qui, disait-il, fini-
raient par s'allier aux Anglais^ et
pourraient l'exposer k un grand dan-
ger , si les troupe françaises aux or-
dres de Bussy n'arrivaient prompte-*
ment. La franchise et la noblesse que
Suflr.en mit dans ses réponses , l'iii-
térêt qu'il témoigna au nabab , l'em-
pressement qu'il lui montra de re-
mettre proniptementà la mer poun
aller combattre les Anglais , l'as-
surance positive qu'il lui donna de
la prochaine arrivée des secours
envoyés par le roi de France , char-
mèrent ce prince, et lui inspirèrent
pour l'amiral une estime et une con-
fiance sans bornes. Cette entrevue se
termina avec le même cérémonial
que la première ; et le commandeur ,
en annonçant a^u nabab le projet qu' il
avait de retourner le soir même à
Goudelour , lui proposa devenir jus-
-u'à la côte pour jouir du spectacle
e son escaore pavoiscc , et dans
1
66
SUF
toute la pompe dont les yaisseaus
sont siisceptiblrs. Haïder s'en dé-
fendit par lin compliment aussi flat-
teur que spirituel , en répondant au
gëncVai , qu'il ne s'était déplacé que
pour avoir le plaisir de le voir et
qu'il ne lui restait pins rien à dé-
sirer. Alors y oubliant la morcue
ordinaire aux souverains de 1 A-
sie , il reconduisit le commandeur
jusqu'au delà de sa tente , et lui dit
en le laissant aller : Adieu , M, de
Suffren; heureux le souverain qui
possède un sujet aussi précieux que
vous ; j'espère que vous reviendrez
bientôt couvert de nouveaux lau-
Tiers , je ne puis vous exprimer le
désir que j'en ai , et la confiance
que vous ni avez inspirée. Cet épi-
sode de la vie de Suifren doit être à
jamais mémorable dans l'histoire;
car il est sans exemple qu'un des plus
Suissants souverains de l'Asie se soit
épia ce de plus de quarante lieues j
avec une armée de quatre-vingt mille
hommes, dans le seul but de donner
un témoignage de son estime à un
général étranger. SufTren fut instruit
dans les premiers jours d'août, i ^B'i ,
que l'escadre anglaise s'était dirigée
sur Madras, où elle était occupée à em-
barqiier des troupes dont on ignorait
la destination. Aussitôt il appareille,
et fait route pour Tranquel>ar , espé-
rant y obtenir des i*cnseip;ncments.
Trom[Kî dans celle attente, il se dirige
sur Batacolo. La frégate la Conso-
lante^ ox])édicc de Tlle- de-France,
y était depuis trois jours ; elle ap-
prit au '^('lierai que les vaisM'aux le
Saint-Mictud^ de 60, ci F Illustre ,
de 74» escortiiut huit bâtiments de
transpoil , chargés de troupes et de
munitions, étaient mouillés h Galle,
où ils n'attendaient que des vents
favorables pour le rejoindre. Ce ren-
fort ne pouvait arriver plus à propos
SUF
pour rexécntton du projet que médi-
tait Suffi'en. En momllant k Èatacolo,
il avait expédié un de ses bâtiments
légers pour reconnaître la baie de
Trinquemalé. lie rapport ^du capi-
taine lui ayant donné la certitude
que l'escadre anglaise n'y était point,
il se détermina à faire le siège de
cette place. Tjes deux vaisseaux et
le convoi parurei^t le 21. Le mê-
me jour, le cutter le Lézard moral-'
la dans la rade de Batacolo. Il
apportait à Suffren des paquets de
la cour , contenant l'apiïrobatioD de
sa conduite à la baie de la Praya,
et la confirmation de toutes les grâ-
ces qu'il avait demandées pour les
oiliciers de son escadre. Une lettre
du grand-maitre de Malte , en le fëli-
citant sur ses succès y lui annonçait
qu'il avait été fait bailli. Ces noo-
velles portèrent la j oie à bord de tous
les bâtiments, car Suffren était chéri
de tous ceux qui serraient sous sa
ordres. Le '25 août , l'amiral fit si-
gnal d'appareiller y et de se prëpvcr
au combat. L'escadre se troirva nen-
tot à la vue des forts de Trinquemalé.
Le succès de l'entreprise dépendait
Iu'incipalement de la célérité; il fil-
ait qu'une attaque aussi vigou-
reuse qu'imprévue fît tomber celle
place avant qu'elle pût être secourue.
La descente eut lieu à deux tiers de
portée de canondes forts. LesAnclais,
pris à l'improyiste , n'y opposèrent
aucun obstacle. Le 27 août , h h
pointe du jour , le général des-
cendit à terre; il visita les traTaoi
commencés^ fit élever de nouvelles
Ixitteries , et construire des retran-
chements. Les ouvrages ayançaieàC
rapidement ; on était déjà panrena à
a ssurer les communications entre eut.
Suffren se portait partout, animant el
dirigeant tes travailleurs. Enfin ^ le
'29, les batteries commenoirent à
SUF
elles consistaient en six. ca-
le i8 et trois mortiers. Leur
arfaitement dirigé^ était très-
."tear^ mais les plates-formes ,
ites y à cause de la pre'cipita-
e démontèrent et s'affaissèrent
tement. Il fallut suspendre
le pour les réparer : on s'en
toute la nuit; et au jour y les
es se trouvèrent en état. Le feu
nença le 3o, avec une nou-
igueur. A neuf heures , le gc-
t sommer le fort principal de
Ire , quoique la brèche fût en-
in d'être faite. L'olîicier fran-
nnt , deux heures après , avec
;ier du génie. Ils portaient les
ons auxquelles le gouverneur
tait k capituler. Suflren les
un peu exigeantes ; mais il ne
is devoir se rendre difficile :
it moins des' prisonniers (pie
e important de Trinquemalé
oulait. La garnison obtint les
irs de la guerre et son renvoi
ras. L'accession du fort d'Os-
trg à cette capitulation , qui
u le lendemain , pei^init aux
is d'arborer leur pavillon sur
s points de la baie. Ainsi ,
q jours , le bailli de Suf-
empara d'un des plus beaux
c rinde et d'une place , qui ,
position , assurait ses moyens
ue et ses communications. Son
timent de l'arrivée de l'esca-
;laise ne tai*da pas à se réali-
Ic TMnit trois jours après la
e Trinquemalé. SuITren était
à terre , occupé de mettre sa
e k l'abri de toute attacpie,
Hi signala l'emiemi. Aussitôt il
» le rembarquement des trou-
:oumc k bord de son vaisseau,
spose à livrer im combat d'u-
f espèce. Le jour commençait
T lorsqu'on aperçut les vais-
SUF 167
seaux anglais ; l'éloignement où
ils étaient encore au soleil couchant
ne leur permit pas d'avoir connais-
sance de l'escadre française. Ils lais-
sèrent ton^r l'ancre ; et on les vit ,
au jour , manœuvrant pour s'appro-
cher de la baie. Il devint évident qne
l'amiral Hughes, ignorant la pnse
de Trinquemalé , venait pour le se-
courir ; et sa manœuvre marqua bien-
tôt sa surprise et sa consternation.
Suffren avait donné l'ordre de virer
à pic. Une forte rafale , qui s'éleva
subitement, litdéraper plusieiu*s vais-
se<iux. Le Flamand vint tomber sur
r Orient , qui ne l'évita qu'en appa-
reillant précipitamment. Le Héros
aborda 1 Annihal^ qui était encore
mouillé; et ces deux vaisseaux éprou-
vèrent des avaries assez majeures.
TiO général donna le signal d'appa-
reiller et chai^ea la Bellone d'aOer
reconnaiti'e l'ennemi , qui conti-
nuait à s'éloigner. On faisait petites
voile<î , lorsque l'escadre reçut l'or-
dre de mouiller avec une grosse
ancre. Plusieurs capitaines profitè-
rent de cette circonstance pour se
rendre à bord du Héros. Ils repré-
sentèrent à l'amiral que peut-être il
serait de la prudence de s'abstenir
de combattre. Trinquemalé pris as-
surait à l'escadre un port pour l'hi-
vernage et un rendez - vous pour les
convois. On avait présenté le combat
aux Anglais , en appareillant k leur
vue ; mais , puisqu'en prenant le bord
du large, ils entraînaient l'escadre
loin de Trinquemalé et du convoi, il
fallait tenir le vent pour y revenir.
Ces considérations commençaient à
el)ranler Suffren , lorsque la Bellone
vint lui rendre compte que l'escadre
anglaise n'avait que douze vaisseaux
( l'escadre française se composait de
quatorze), a Messieurs, dit -il, si
» l'ennemi était en forces supérieu-
i68
SUF
» rcs, je me retirerais; contre des
» forces c'gales, j^aurais de la peine
» à prendie ce parti : mais contre
» des forces inférieures , il n'y a pas
)> à balancer ; il faut combattre. »
Ou était à sept lieues de l'escadre an-
glaise. La grande inégalité de mar-
cLe des vaisseaux , dont six seule-
ment étaient doubles en cuivre, obli-
gea SufTren à se mettre en panne avec
ses meilleurs voiliers , pour attendre
les plus mauvais; mais il n'y resta
pas assez long-temps pour que la li-
gne pût se former, quoique les vais-
seaux qui devaient prendre leur pos-
te se fussent couverts de voiles pour
s'y rendre. Dans le dessein de mettre
sa ligne parallèlement à celle dcs-An-
glais, Sulïreu envoya l'ordre à son
avant - garde d'arriver , ordre ([u'il
rendit général bientôt après. L'ar-
tésien et le Saint - Michel l'exécutè-
rent avec tant de célérité , qu'en peu
de temps ils s'approchèrent à demi-
portée de canon du vaisseau de tête
ennemi , mais de l'avant à lui. Alors,
pour ne pas se trouver entièrement
sous le veut de la ligne anglaise, ils
revirèrent au plus près , tribord amu-
re, manœuvre qui fut exécutée par
les vaisseaux qui les suivaient. IjC si-
gnal général à toute l'escadre d'arri-
ver fut de nouveau arboré ; mais
comme il ne s'exécutait pas assez
promptemcnt au gré de l'amiral , il
le lit appuyer d*un coup de canon. On
crut , dans les batteries , que c'était
le commencement du combat : les
bordées partirent. L'Illustre, qui
suivait , envoya la sienne ; et il fut
imité par les autres vaisseaux. L'es-
cadre anglaise riposta , mais sans
discontinuer de courir grand largue ;
et en un instant le feu devint général.
Suflren , au désespoir de voir le com-
I)at engagé lorsque son escadre était
aujisi mal formée en ligne ^ multi-
SUF
pliait les signaux à chaque divistoB?
et , pour ainsi dire , à chaque vais-
seau ; mais la ligne contiDuail à
être sans ordre : peu de yaisseaux
pouvaient combattre avantageuse-
ment ; la plupart étaient trop au vent;
les autres tiraient des volées sans ef-
fet. L'escadre anglaise , au conlraire,
formée dans le meilleur ordre , faisait
un feu terrible. Ses efforts se diri-
ceaieut particulièrement sur le centre
de l'escadre française , où étaient le
Héros , Y Illustre et VAjax, qui l'a-
vaient seuls approchée à portéede fu-
sil. En vain le général répétait le A-
gnal de venir à son secours : le- gros
de son escadre se trouvait presque en
calme , ou du moins le vent était si
faible, qu'il ne pouvait manceuvrerf
tandis que les vaisseaux ennemis,
favorisés par une brise très-fratche,
évoluaient à leur aise , et écrasaient
l'amiral et ses deux matelots (3). 11
était même à craindre que l'avant-
garde anglaise, en revirant , ne mit
ces trois vaisseaux entre deux Ceux i
mais V Artésien y qui jugea leur po-
sition, se porta rapidement par le
travers de cette avant - garde , com«
battit lui seul les trois premiers vais-
seaux , les tint en respect , en força
même deux de laisser arriver , et, par
cetf ^ belle manœuvre , sauva Tami-
ral. iDans ce moment, le feu ayant
pris à bord du Vengeur ^ obligea les
vaisseaux les plus rapproch» de
lui de s'éloigner; et ce mouvement
augmenta le désordre qui régnait
dans la ligne française. SuiTren, se
croyant abandonné par son escadre ,
était au désespoir , et voulait s'*euse*
velir sous les ruines de son vaisseau.
Déj.î il avait perdu son grand mât;
celui de perroquet , de fp.ugue et le
{V\ Pu* ce moi oo enl«nd l«
qui «n |>réc«d« on autre.
TAÎMCMl q«i SMl «I
SUF
hune venaient de tom-
s de joie qu'il entend à
s vaisseaux ennemis qui
ent, il regarde sa mâtu-
çoit que son pavillon de
cnt est abattu : u Des
s'ccria-l-il; qu'on ap-
pavillons blancs , qu'on
3ut à Tentour du vais-
)c voyait furieux , cou-
unette, s'oflVir, en quel-
ux boulets ennemis, ne
survivre à sa défaite;
e de la France veillait
devait le dédommager
2t ëcbec. Le combat du-
ne heure et demie , iso-
ve'rité, et partiellement,
les vaisseaux français
i se rejoindre : la nuit
combat. Les Anglais al-
ler à Madras. Plusieurs
iseaux paraissaient très-
:t Tun d'eux avait perdu
a t. Telle fut l'issue d'une
heureusement commen-
allieureusement suivie ,
ccès de laquelle se rcu-
endant tant de chances
ullren resta persuade que
î ses vaisseaux l'avaient
»udu moins qu'ils avaient
îuir à son secours aussi
t qu'ils l'auraient pu.
mlement était extrême ;
r même , il en donna des
non équivoques. L'es-
oute la nuit en panne sur
bataille. Le lendemain^
plus l'cnnemijelle fit rou-
uemaléj cependant avant
[le était destinée à éprou-
au malheur. Le 8 sept. ,
es du matin , on entendit
;anon; et le jour fit voir
vaisseau l' Orient échoue'
ite-sale , situ«e à Ten-
SUF 169
trée de la baie. Tous les vaisseaux
eurent ordre de mouiller pour lui
porter secours. On reconnut bientôt
qu'il avait donné sur des rochers ca-
chés sous l'eau, en sorte que la vé-
tusté de ce bâtiment , qui ne se sou-
tenait plus sur l'eau que par le jeu
des pompes , surtout depuis le com-'
bat de Provédien , 6ta tout espoir de
le sauver. Les vents contraires retin-
rent l'escadre au mouillage; et elle
ne put rentrer dans la baie que le 1 ^.
C'était un spectacle vraiment dou-
loureux que de voir l'état dans
lequel revenait cette escadre. Dès
qu elle fut rentrée dans la baie de
Trinquemalëy on s'occupa de répa-
1 er les vaisseaux désemparés ; et les
équipages y apportèrent une si gran-
de activité , qu'en moins de quinze
jours, elle fut en état de repren-
dre la mer. Pendant cette relâche,
SufTren reçut des avis qui lui donnè-
rent de l'inquiétude pour Goudelour.
Haider-Âly avait été obligé de se por-
ter dans le Nord avec son armée. Les
Anglais, profitant de son eloigne-
ment, étaient sortis de Madras, et
campaient sur le coteau de Périmbé^
près de Pondichéri, d'où ils sem-
blaient menacer Goudelour. On avait
réuni , dans cette place importante ,
une grande quantité de vivres et d'ap-
provisionnements , et il fallait la con-
server à quelque prix que ce fût. L'a-
miral expédia la Bellone au- comte
d'HofTelize, pour lui annoncer son
retour prochain à la côte , et lui re-
commander , dans le cas où il serait
attaqué, de tenir jusqu'à son arrivée.
Ëd'ectivement ce général, par des
manœuvres sagement comninées, sut
forcer à l'inaction l'armée qui lui
était opposée , et faire , en attendant
les renforts qui lui étaient annoncés ^
ime campagne d'observation juste-
ment admiiéc. Le i^f. octobre, Tes-*
170
SUF
cadre étant réparée et approTision-
bée , Suflren appareilla pour se ren-
dre à Goudelour , où il mouilla le 4*
En y entrant , l'escadre éprouya en-
core une nouvelle perte. Le Sphinx ,
qui était en tête de la ligne , mouilla
trop précipitamment ; le Bizarre ,
qui le suivait , craignant d'être gêné
parle mouvement de culée du Sphinx ^
se vit obligé (l'arriver ; malheureu-
sement ce vaisseau ne fut pas assez
sensible à l'action de son gouver-
nail et à la disposition de ses voi-
les , pour le uire venir au vent
lorsquil eut doublé le Sphinx ^ et
on le vit échouer par le plus beau
temps du monde. Toutes les em-
barcations volèrent à son secours :
mais, balotté par la lame sur un
fond de roches, il se creva bien-
tôt; et l'on dut perdre tout espoir de
le sauver. L'amiral fut très -sensible
à cet événement : il voyait ayec peine
cette diminution de ses forces , tandis
qu'il savait que celles des Anglais ve-
naient de s'augmenter de cinq vais-
seaux. Ce chagrin fut tempéré parla
satisûiction de ne pas trouver Gou-
delour assiégé , ainsi qu'il l'avait
craint. Le général Coote, qui avait
effectivement le projet d'attaquer
cette place, était en route pour ve-
nir l'mvestir , lorsqu'apprenant la
prise de Trinquemalé, il se retira
jusqu'au Grandmont, sous Madras ,
où son armée passa tout l'hivernage
suivant. Ainsi c'était encore à l'ami-
ral qu'on devait la conservation de
ce poste important. On était arrivé
au la octobre , et ni l'une ni l'autre
escadre ne pouvait rester plus long-
temps à la côte de Coromandd. Les
Anglais se réfugièrent à Bombay^ ne
doutant pas que l'escadre française
ne fût|obiigée d'aUer , suivant l'nsace
ordinaire y se ravitailler à l'Ile de
France, à quinze cents lieaes du théâ*
SUF
tre de la guerre. Certains ah
trouver les premiers à la oôt
romandel , au retour de la 1
son, ils espéraient bien recc
supériorité qu'ils avaient pc
reprendre, avant l'arrivée d
çais, toutes les conquêtes q
ci avaient faites. Trinquen
frait à Suffreu un port 9
où ses vaisseaux pouvaient
sûreté; mais le climat en
insalubre pour des équipage
ses par tant de fatigues et ]
long séjour à la mer. L'ilc
matra, à la partie orienta
mer des Indes., offre une ra
sûre. La terre y est d'une fer
le , que les vaisseaux y tra
abondance toutes les espèce
fraîchissements. Ce fut ce
que Suffren choisit pour faii
neret reparer son escadre. E
reilla de Goudelour le 1 5 oci
mouilla à Achem le i^.nov*
rations avançaient rapiden
malades se rétablissaient , k
corvette , expédiée de 111c «
ce, vint annoncer l'arrivée p
dé M. de Bawy , avec trois v
de guerre , et un convoi cl
troupes et de munitions. V(
réumr à ce nouveau renfort
appareilla d' Achem , le ao d<
cmquante jours après y et
Son intention étant de retou
côte de Coromandel : il s'
Ganjam , comptoir anglai:
sur la côte d'Orixa , et y
une grande quantité de b
chargés de vivres pour le coi
Anglais. Le la janvier 178
mouillé par le travers des
du Gange, on vit, au déclin
une con^ette se diriger s
cadre , et laisser tomber Vi
milieu d'elle. C'était le Cùi^
trente canons , commaiidée {
SUF
sir Edouard Hughes. Cet offi-
Toyant les Français bien loin
ayait cru donner dans l'csca-
yiaise. Il informa Suffren que
ab Haïder-Aly e'tait mort le 7
\). Son fils Tippou-Saëb lui
iiccëdë, et paraissait avoir hé
sa haine contre les Anglaisées
;empsquede sa confiance dans
nçais. Suffren s'empressa de
ire, pour le féliciter sur son
lent , et l'engager à suivre les
desseins de son père , en l'as-
que , de son côté ^ il le secon-
de tout son pouvoir. Bus-
endu si impatiemment y arriva
avec trois vaisseaux et une
', escortant trente bâtiments,
'un convoi beaucoup plus con-
fie, qui avait été disséminé
c trajet. La belle saison s'a-
t ; et l'on devait s'attendre
î jour à voir paraître l'amiral
s. L'escadre française n'était
état de se mesurer avec les
5. Son infériorité eu nombre
e moindre des obstacles. Les
ïux qui venaient de la rai-
ayant essuyé des avaries ,
t besoin de réparations ; les
y auxquels on n'avait pu en
[ue de provisoires à Achem ,
; dans le même cas. Enfin
jre devait être presque en-
ent radoubée. Suffren se bâta
»arquer les troupes. Il fit dis-
* sur les vaisseaux les munitions
nvres apportés par le convoi;
;quc ces opérations furent lei>
; j il mit à la voile pour se ren-
Trinquemalé. Les vents con-
rendirent la traversée fort lon-
'amiral trouva néanmoins dams
irconstance la récompense de
tivité : car les premiers vais-
>j. Hydkr-Alt, tom.XXI.
SUF
171
seaux entraient à peine dans la baie,
lorsque la Fine, qui étiit en obser-
vation, signala dix-sept vaisseaux de
guerre. Suffren donna aussitôt l'oixlre
de forcerdevoilcs; et l'amiral Hughes
sembla être arrivé tout exprès pour
être témoin derentréederescadrcfran-
çaise à Trinquemalé. Une heure plus
tard , im combat était inévitable ; et
l'amiral français n'était pas en état
dele soutenir. D'aprësles^mstructions
données par la cour à M. de Bussy,
Sufiren se trouvait , en quelque sorte,'
sous ses ordres : il crut donc devoir
lui rendre compte de l'heureuse ren-
trée de l'escadre à Trinquemalé. Suf-
fren avait toutefois un motif encore
plus pressant d'expédier h la côte.
En appareillant de Goudelonr , il
avait détaché deux vaisseaux et deux
frégates , pour croiser k la hauteur
de Madras , afin d'intercepter un
convoi qu'il savait y être'àttcndu. Il
était donc essentiel de prévenir ces
croiseurs de la présence de l'escadre
anglaise , et de leur donner l'ordi*e dtf
revenir. L'amiral expédia en consé-
quence là frégate la NaLadcy com-
mandée par Yillaret de Joyeuse. lia
mission était délicate et périlleuse.
Suffren ni le capitaine Yillaret ne se
le dissimulaient pas. Aussi cet officier,
en recevant ses instructions ; lui de-
manda-t-il , avec une gatté toute fran-
çaise , s'il avait en la précaution d'y
joindre des lettres de recommanda-
tion pour le gouverneur de Madras
et pour l'amiral Hughes. L'événe-
ment ne justifia que trop ces crain-
tes. Trois jours après son départ, la
Naiade eut , à la chute du jour, con-
naissance d^un vaisseau anglais , qui
l'obligea d'amener, après un combat
meurtrier ( F. Yillaret - Joyeuse ).
Pendant ce temps , la plus incroyable
activité régnait dans la baie deTrin-
quemalë. A memre qn'un yaîsseau
17a SDF
était réparé , il allait mouiller dans
Tarrière-baie pour se mettre eli ap-
pareillage. Cinq seulement y étaient
déjà rendus , lorsque Tescadre an-
glaise parut. Aussitôt SufTi^n j dont
le vaisseau était encore retenu dans
le port y passe sur l'un de ceux qui
se trouvaient dans l'arriëre-baie y et
les fait embosser. Hugbes, voyant la
contenance de l'escadre française,
protégée d'ailleurs par une forte bat-
terie placée sur la montagne de la
Découverte y continua sa route vers
le sud. Dans l'ignorance où était
Sufiren sur la destination des An-
glais y il dut craindre quelque ten-
tative sur Goudelour. Bussy ne
lui avait pas inspiré une grande
confiance ; et sans douter de sa bra-
voure personnelle , les plans qu'il lui
avait développés lors de leur pre-
mière entrevue y etsurtout le système
de guerre défensive qu'il paraissait
résolu de suivre , n'avaient pas obte-
nu son approbation. L'amiral était
dans cette incertitude lorsque des
lettres de ce général , hasardées sur
un bateau qui avait passé de nuit au
milieu de l'escadre anglaise , vinrent
conGrmer ses craintes et lui appren-
dre la fâcheuse position dans laquelle
il se trouvait. Sir James Stuart, par
des manœuvres qui n'eussent peut-être
pas réussi en présence de tout autre
général que Bussy ^ avait acculé l'ar-
mée française jusque sous les murs
de Goudelour, et l'avait forcée de
s'y renfermer. L'escadre anglaise
était venue mouiller par le travers
du camp du général Stuart^ pour
intercepter tout secours. Dans cette
situation , Bussy appelait l'amiral
à son aide ; mais il ne se dissi-
mulait pas , disait - il , le danger
qu'il y avait à essayer de venir le
délivrer en présence de dix-huit vais-
seaux de guerre ^ n'en ayant que
SUF
quinze à leur opposer. Cet <
n'en était pas un pour Suf
ira dégager Goudeloui*. Ai
16 , à la hauteur deXranque]
frégates lui signalèrent dix-hi
seaux de guerre , mouillés
sud de Goudelour. Aussitôt
pelle la Cléopdtre , passe
Dord ( 5), et s'avance pour rea
lui-même l'ennemi. Le vent
tait d'arriver en ordre de bat
l'escadre anglaise. Celle-ci, ne
pas à propos de restera l'auc
pareilla , en sorte qu'elle-mê
le blocus de Goudelour, qu
devait plus reprendre. 11 et
tar4 lorsqu'on avait aperçu r«
il n'entrait pas dans le plan
fi-en d'entamer un combat a
S roche de la nuit eût empécu
écisif ; lorsqu'il se vit à p*
canon de l'escadre anglaise
tenir le veut à la sienne , et
après il ordonna de virer ^
vant ^ par la contre-marche,
glais en firent autant. La
passa en observation de part
tre, les deux escadres cour
bordées. Au jour . l'escadi
çaise se trouva la plus rappn
terre : celle des Anglais était a
La brise, déjà très-faible de
tomba successivement; en so
ne pouvaut manœuvrer, Su
mouiller dans la rade de Goi
En forçant y pour ainsi dire ,
glais à lui célcr cette positi
mirai acquérait um grand av
celui de pouvoir renforcer s
(5) Lcf derniers bttHnents ■n-iwrf»
•▼aient apporté à Suffirai l'ordre de m
i une ordonnance du roi , qui enfoîipD
les commandants d'escadre de passer i 1
{régate , au moment d'un comiMit. L'a'
leurcase du ta arril 178*, où le conte
fut fait priscmnier sur son Taissemt 1
Paris, nrait nécessité cette ordoMBMict
être était>elle plu nécessaire po«r Si
pour tout antre , Ini dont b pmacsM M
pas toui«mi« aiin r«ndK«.
SUF
( avec des détachements pris
les troupes, et parmi les Ci-
>. En efl'et, on s'occupa pen-
toute la nuit de l'emlKirque-
de ces détachemen^. Les offi-
apprirentà Sull'ren l'e'tat de dc'-
) où rarméc c'tait réduite, la joie
avait causée son arrivée , et
tir que Ton mettait en son cou-
Le 1 8 au matin , l'escadre ap-
Ha en forçant de voiles. Ayant
it sur l'ennemi, on manœuvra
la journée pour engager le com-
mais inutilement; les Anglais
lèrent de la supériorité de leur
be pour l'éviter. Le lendemaib ,
; manœuvre , avec aussi peu de
te. SufTren ne concevait pas
'amral Hughes, dont l'armée
plus nombreuse , n'acceptât
un combat présenté avec tant
stance. Enfin , le 'lo juin ^ il se
a plus près de l'enuerai. Les
, qui étaient toujours à l'ouest,
DDaient l'avantage. Il passa sur
^ate y et lit aussitôt , suivant
sage , le signal d'approcher à
îde pistolet. A une heure après
la distance entre les deux ar-
e'tait telle t^\t l'amiral Hughes
luvait plus éviter le combat,
fut pourtant qu'à trois heu-
demie que l'action s'engagea.
n , à bord de la Cléopdtre ,
urait la ligne , doimant ses or-
tous les vaisseaux, mais n'ayant
I d'en stimuler aucun, car tous
ittaient vaillamment , surtout
it- garde , qui soutint le plus
eliTorl de l'ennemi. On se bat-
epuis une heure , lorsque le
manifesta dans la hune d'ar-
du vaisseau le Fendant. Le
and y qui le suivait, s'appro-
our le couvrir. Pendant qu'il
:ait celle manœuvre, le Gibral-
Dta de couper la ligne y dans
SUF 173
Tespace que le Flamand venait de
laisser libre; celui-ci, faisant aus-
sitôt une forte arrivée, lui envoya
toute sa volée, et l'obligea de se reti-
rer. On continuait à combattre avec
vigueur de part et d'autre , mais le
feu de l'escadre française , mieux
nourri et plus vif, forçait , de temps
en temps , les vaisseaux ennemis à
laisser arriver. L'ardeur des cqui»
pages était telle y que la nuit qui sur-
vint put à peine faire cesser le com-
bat. Il dura deux heures et demie ,
sans causer de grands dommages à
l'une ni à l'autre escadre. L'intention
de SufTren étaat de le recommencer
aussitôt que le jour paraîtrait , les
frégates parcoururent la ligne , en
recommandant à chaque vaisseau de
ne point perdre l'ennemi de vue. Le
lendemain matin, l'escadre^ entraînée
par les courants , était sous le vent de
Pondichéri. L'amiral ne voulant pas
s'éloigner de Goudelour, fit le signal
de mouiller sur une petite ancre. A
midi y le Covenirjr signala les An-
glais au sud-est , à environ cinq lieues.
Les vents leur étant favorables , Suf-
fren ne doutait pas qu'ils ne fissent
porter sur lui , et il était prêt à met-
ti*e sous voiles pour aller au-devant
d'eux ] mais il les attendit vaine-
ment. L'escadi'e passa la journée et
la nuit du iS à l'ancre ; le lendemain,
au point du jour y elle se disposait k
appareiller , lorsqu'on aperçut les
Anglais faisant route au N.-N.-O.
sans ordre. L'amiral Hughes ne s'at-
tendait pas sans doute a se trouver
si près de l'escadre française; cepen-
dant dès qu'il put la distinguer , il
tint le vent. SufTren , qui ne desirait
rien tant que d'engager une nouvelle
action , fit aussitôt le signal de for-
mer la ligne de combat y en appro-
chant l'ennemi ; mais les Anglais for-
cèrent de voiles en dirigeant * leur
174 SDF
route sur Madras , où ils se réfugiè-
rent. La supériorité de leur marche
ne laissait à Suffren aucun espoir de
les atteindre ; et ne voulant pas per>
dre de vue Goudelour^ il ordonna
de tenir le vent , et revint naouiller
dans celte rade le lendemain. Quoi-
que ce dernier engagement n'eût rien
produit de décisif , il n'était' pas
moins glorieux pour le bailli de Suf-
fren d'être venu attaquer une armée
supérieure à la sienne , de Tavoir
forcée de quitter sa position , de le-
ver le blocus de Goudelour ,*et d'ac-
cepter un combat qu'elle aurait dû'
Présenter elle-même. On se figurerait
iificilement la joie de l'armée assié-
gée y lorsqu'au lever du soleil , ses
yeux , fatigués depuis si long-temps
de l'aspect des couleurs ennemies ,
purent contempler le pavillon blanc,
auquel la valeur de Suffren venait
de donner un nouvel éclat. On ac-
court sur le rivage ; l'armée entière ^
oubliant que l'ennemi est sous les
murs de la place , n'a plus qu'un
seul désir, celui de voir l'amiral.
Il paraît enfin ; il vient conférer avec
le général , sur les moyens de faire
lever le siège , et lui offrir de dispo-
ser de ses troupes et de ses équipages.
Bussy l'attendait sur la plage avec
son état-major. Voilànotre sauveur j
dit ce général en le présentant à tous
les omciers de l'armée. Alors les cris
de joie se renouvellent , l'air en re
tentit, et l'écho put les porter jusque
dans le camp ennemi. Suffren étonné^
se trouve tout- à -coup enlevé de
terre , et transporté dans un palan-
quin. Les soldats veulent ravir aux
noirs l'honneur de le porter; et mal-
gré ses refus et sa résistance, il fait
une entrée triomphale dans Goude-
lour, au milieu des transports d'al-
l^resse de l'armée et des habitants.
A son arrivée à terre y le conseil «'as-
SUF
semble; l'amiral, ^en i
troupes qui lui avaient
quelques jours auparav
d'y joindre un corps (
formé de détachements
de chaque vaisseau, et
par des officiers de la
secours fut accepté, iJ
inutile. Sir James Stuar
f>résence de Suffren eût
'eifet de la tête de Médi
privé des secours que
fournir l'escadre anglai
pérâl d'emporter désorn
demeura dans l'înactior
qu'une suspension d'ai
entre les assiégés et lésa
quelques coups de can
loin en loin , n'eussent
Goudelour était en état
fren , retourné a bord
seau, attendait l'issue de
lorsque , le 2g juin, à
jour , une frégate anglai;
portant pavillon parlen
mouilla , quelques moi
au milieu de l'escadre.
Hughes faisait proposeï
à fiussy , de cesser les
leur annonçant que les
de la paix avaient été
sailles , le 9 février i «jÊ
quiesça à cette propos
frégate fut chargée ae y
cadi'e , pour en donner
tous les bâtiments. Le
nuit fut interrompu par
fois répétés , de vive le
on mêlait, avec enthous
du chef qui venait de
tant de gloire l'honneu
français. Suffren se dis[
reiller pour conduire l'e
quemalé , où il savait
1 attendait pour la ra^
que, le a5 juillet, la f
veillante arriva d'Euro
SUF
le de la paix^ et les ordres
ir rdativemem à l'escadre.
)es ordi'es , cinq vaisseaux, et
;ates étaient destines à rester
ide, sous le commaudemeut
Peynier. L'amiral appareilla
autres, pour opérer sou re-
France. On toucha au cap
SrËsperance. Suilren y était
ielques jours , lorsque Tes-
iglaise vint y relâcher. Les
lui étant pas favorables, elle
[ues bords à courir pour ga-
aouillage. IjC coup-d'œil de
était si sûr et si e!Lercé ,
Faut la manœuvre d'un des
Ldc cette escadre, il annonça
itse perdre, et ordonna de
chaloupes prêtes à lui por-
1rs. En effet, peu de mo-
irés , le vaisseau anglais fit
y vola de toutes parts ^
chaloupes françaises ar-
les premières , et, pour
teur , ce ne fut pas lin spec-
s intérêt que de voir ces
idres, najguère si acharnées
stniction réciproque, riva-
ibligeance et se prodiguant
les plus empressés. Le a6
4, le Dailii de Suffren rentra
ort de Toulon , après une
e troifT ans. Les honneurs
eot dans sa patrie : ses cou-
e reçurent avec enthousias-
tats de Provence firent frap-
dédaille à son effigie , avec
ription : le cap protégé;
tALÉ pris; GOUDELOUR D£-
'uiDE défendue; six gom-
llEUX.. LES ÉTATS DE PRO-
r DÉCERNÉ CETTE MÉDAILLE
Kiv. Jamais ni les Tuienne,
idé, ni mcmc le maréchal
l'avaient reçu, au retour de
pagucs . un accueil plus ho-
ae celui qui fut fait an bailli
SUF 175
de Suffren à son arriva à Versailles.
En entrant dans la salle des garde&y
le maréchal de Gastries , alors mi-
nistre de la marine, dit : a Messieurs ,
» c'est NL de Suffren. » Aces mots ,
les gardes'du-corps se levèrent , et ,
quittant leur mousqueton , lui formè-
rent un cortège jusqu'à la chambre
du roi. Louis XVI l'entretint pendant
plusieui's heiTres ; et l'amiral fut éton-
né des détails dans lesquels ce monar-
que entra avec lui sur ses campa-
gnes. La reine et les princes le com-
blèrent de témoignages d'estime et
d*admiration. Le roi le nomma che-
valier de SCS oidres, et lui accorda
les entrées de sa chambre. Une qua-
trième charge de vice-amiral fut créée
en sa faveur , et l'ordonnance portait
qu'étaut uniquement érigée pour lui ,
elle serait supprimée à son décès. Il '
ne pouvait paraître au spectacle , ni
dans aucun lieu public , sans que la
foule empressée lui témoignât, par se»
acclamations , l'enthousiasme qu'ins»
Eiraient ses exploits. Au mois a'octO">
re 1787 , quelques difficultés entre
la France et l'Angleterre ayant fait
craindre une guerre nouvelle , le roi
ordouna l'armement d'une armée na-
vale au port de Brest , et , en dési-
cuant le bailli de Suffren pour en pren-
dre le commandement. Sa Majesté
lui donna le choix des capitaines qui
devaient servir sous ses ordres. Il se
disposait à se rendre en ce port, lors-
qu d fut atteint d'une maladie grave.
Les soins qui lui furent prodigués le
tirèrent du danger qui menaçait sa
vie ; mais ^ depuis ce moment , sa
santé fut toujours chancelante , et ii
mourut à Paris le 8 décembre 1788*
Suffren était d'une taille ordinaire y
mais d'un embonpoint extrême. La
régularité de ses traits donnait à sa
physionomie un aspect noble et gra-
cieux. Ses manières ^ aisées et polie»
I-JÔ
SUF
avec ses cgaux , devenaient douces et
affectueuses pour ses inférieurs. A un
sang -froid imperturbable dans Tac-
lion, il joignait une activité et une
ardeur extrêmes. Courageux et brave
jusqu'à la tc'méritë , il e'tail d'une ri-
gueur inflexible pour les officiers chez
lesquels il croyait remarquer de la
faiblesse ou de la lâcheté'; et ni le
rang , ni les liens de l'amitié' , pas
même ceux du sang , ne pouvaient
tempérer sa seVëritc, lorsqu'il s'agis-
sait de fautes contre l'honneur ou
contre la discipline. A une grande
élévation de caractère, il alliait des
connaissances très-étendues et une ex-
trême vivacite'd'espri t et de j ugement.
£u un mot il reunissait toutes les
qualités qui font le guerrier illustre ,
le marin expérimenté et l'homme es-
timable. Trublet, ancien capitaine de
yaisseaii , a donné : Histoire de la
campagne de Suff'ren dans les mers
de l Inde y un vol. in-8*>. L'auteur de
cet article a publié , en 1824 , Essai
historique sur la vie et les campâ-
mes au bailli de Suffren , Paris ,
in-8". , avec portrait. H — Q — w.
SUFFRID PETRI. Fojr. Petbi ,
XXXIII, 533.
SUGER, abbé de Saint -Denis,
naquit , en 1 087 , de parents pau-
vres , à Saint-Denis^ suivant Félibien;
à Tours en Beauce, suivant quelques-
uns , ou à Saint-Omer , suivant d'au-
tres. Ce qu'il y a de sûr , c'est ou'il
fut placé, à l'âge de dix ans^ aans
raboaye de Saint - Denis , où était
élevé Louis VI. Quoique ce prin-
ce , né en 1 081 , eût six ans de plus
que Suger , et qu'on ne puisse ad-
mettre qu'il se formât dès-lors en-
tre eux une liaison que le temps ne
fit qu'augmenter , comme nos rois
avaient des rapports continuels avec
cette maison religieuse, où ils allaient
souvent passer quelques jours dans la
SOG
retraite ou dans des con^
savantes , il est hors de è
Suger dut le bonheur d'être
son roi au choix que ses p
rent du monastère où ils I
cièrent. Ce prince l'appel
de lui dès qu'il fut monté sut
et il eu fît son conseil et s*
Ne réparant pas la basses
naissance par un extérieur
geux , Suger avait plus d'
à vaincre pour se faire ren
mais une niémoive prodi^ie
élocution facile, un sens dro
coup d'érudition et une actii
tant plus sûre qu'elle s'ui
un caractère réfléchi; telli
les qualités qui lui donnèren
ecclésiastiques et les grands
un ascendant d'autant moin
té qu'il sembla se faire unel
plus modeste à mesure <
quit plus de grandeur et d'
En efl'et ^ ayant été nomme
Saint-Denis , en 11 22 , il
manières , les équipages ^ le 1
grand seigneur : ce qui n'ét
quand on sait qu'un archev<
évoque , un abbé , et sui-tout
de Saint-Denis, suivant 1<
féodal, jouissait, dans les c
qui formaient son bénéfice
les droits de la souveraine
rendait la justice , avait l'adj
tion suprême sur un grand
de vassaux, et qu'ainsi il é
sa position même , entraîiM
selon l'esprit du monde : ;
usage ne pouvait pas loi
faire autorité pour un honm
Suger. Touché des exhort
saint Bernard, qui prêchait
tant d'éloquence que de zële
forme dont le clergé du siè
besoin , l'abbé de Saint-Dei
le premier l'exemple, et mil
dans sa conduite autant de s
SUG
ait cru deroir dcplojrr de
large p^r le monarque d*ad-
r la justice et de perfection-
lois , il montra un génie si
iUL affaires, qu'il reunit bien-
n ministère les négociations
i la guerre ; il aida , par une
litique , au mourement qui
it ralVranchissement des vil-
|u*il prévît les avantages que
ité tii^rail de Tétabli^ment
juunes, soit que la religion
lanité le décidassent seules à
- les lois de la servitude. Il
; dernier soupir de Louis ,
•uvrit de ses larmes : Mon
Il , lui dit le roi , pourquoi
quand la miséricorde de
'appelle au ciel? Suger vit
ter son crédit sous le règne
: car Louis VII , avec autant
s privées que son père , était
voir les qualités indispensa-
ir gouverner dans un siècle
ois , entourés de crands vas-
lépeodants , n*aTaient de puis-
ue celle qu'ils conquéraient.*
bon esprit de sentir que ce-
avait été pour Louis -le-
n conseiller fidèle , devien-
our le ûls de ce monarque
istre nécessaire. Saint Ber-
nait de recevoir du pape Eu-
[ , Tordre de prêcher la se-
:roisade : les malheurs des
chrétiens établis dans la Pa-
et l'esprit d'aventures qui
e ^ninemment ce siècle, (1-
rndre la croix à quatre-vingt
rançab. Le roi se mit à leur
algré l'opposition de Suger,
jusqu'à écrire au pape , pour
ontife empêchât la croisade;
iiit en vam y rien ne put ar-
ardeur des croisés et le zèle
arque. Il donna la régence à
[uiraccepta uniquement parce
xuv.
&UG
Kl
qoerardeur pour les voyages d'outre-
mer était si générale, que les seigneurs
auxquels on pouvait l'oÛrir se se-
raient trouvés humiliés de'rester dans
leur patrie tandis que leurs pairs
marchaient à la conquête de la Terre-
Sainte ( I ). Pendant l'absence de Louis
VII , Suger gouverna la France avec
l'intégrité d'un homme qui n'avait
f>oint désiré cet honneur, et avec toute
'activité qu'on aurait eu droit d'at-
tendre de celui qui l'aurait brigué. Le
bon ordre qu'il mit dans les finances
rendit moins désastreux les revers
que les Français éprouvèrent en Pa-
lestine; et sous son administration ^
le royaume ne cessa pas d'être tran-
quille et florissant. 11 est vrai que la
tâche du régent fut rendue moins dif-
ficile par la paix cénéralequi résulta,
en Europe, du départ de tant de
guerriers pour la Terre^inte. Ce-
pendant Suger, craignant de ne pou-
voir suppoiter plus long-temps tout
le poids de l'autorité, écrivit à son
maître des lettres pleines de tendresse
et de dévouement pour l'engager k
revenir dans ses états ; et lorsqu'cnfîn
les désastres de cette croisade eurent
obligé le monarque de se rendre à ses
vœux, il vola au devant de Lii ; et
leur entrevue offrit le plus touchant
spectacle. Le roi loua hautement son
zèle, la sagesse de son administra-
tion , et il lui donna le titre de Père
de la patrie. Sueer avait alors un
grand avantagea il était le seul hom-
me en Europe qui se fût oppose k la
croisade. De toutes parts on vantait
sa prévoyance, et toutes les plaintes
se dirigeaient contre saint Bernard.
Ainsi 1 abbé de Saint-Denis, jouissant
de plus en plus de la faveur de sou
souverain , continua de gouverner le
(i) Le comte de Ner^rs , qui (iit noramtf rrgent
du roTsume, conjointeueut avrc Suger, reiiMa
cet emploi par c« Mul motif.
1«
178
SUG
royaume avec la même sagesse et le
même succès ; mais dans raniice
1 1 5'1 , lorsque de nouveaux desas-
tres dans la Palestine vinrent encore
une fois r(?veiller le zèle des chrétiens
de rOccident, on vit , chose difficile
à croire, l'abbc Suger,qui s'était op-
pose avec tantde^orceàrcxpediliôn
de Louis Vil , prendre la résolution
de secourir Jérusalem , et , dans une
assemblée tenue à Chartres, exhorter
les princes , les barons et les évêqucs
à s'enrôler sons les drapeaux de la
guerre sainte. Comme on ne répon-
dait à ses discours que par le silence
de la douleur et de Fétonnemcnt , il
forma le projet de tenter lui seul
une entreprise dans laquelle avaient
échoué deux monarques. Suger, à
Tâ^e de soixante-dix ans, résolut
de lever une armée, de l'entretenir
a ses frais et de la conduire lui-mô-
me dans la Palestine. Selon la dévo-
tion du temps , il alla visiter à Tours
le tombeau de saint Martin, afin
d'obtenir la protection du ciel; et dé-
jà plus de dix mille pèlerins se dis-
posaient h le suivre eu Asie , lorsque
la mort vint arrêter l'exécution de
ses desseins. Dans ses derniers mo-
ments, il invoqua l'assistance et les
prières de saint Bernard , qui l'exhor-
ta à ne plus détourner ses pensées de
la Jérusalem céleste^ dans laquelle ils
devaient bientôt se revoir. La France
perdit , la même année, deux hommes
qui l'ont illustrée, l'un par des quali-
tés et des talents utiles à la patrie ,
l'autre par son el<5quence et des ver-
tus chères aux chrétiens. Dans un
temps où l'on «e songeait qu'à dé-
fenclre les privilèges de l'Église, Su-
ger défendit ceux de la royauté et
ceux du peuple. Tandis que d'élo-
quents prédicateurs animaient le zèle
des guerres saintes, toujours accom-
pagnées de quelques désastres , l'ha-
SUG
bile ministre de Louis VU
la France à recueillir un joL
salutaires de ces grands év
Au jugement de ses conter
il vivait à la cour en sage c
et dans son cloître en saint
0 S'il V a dans l'Église d(
écrivait saint Bcrnai-d au
gène , quelque vase de prix
bellisse le palais du roi des i
sans doute le vénérable abb(
Comme abbé de Saint Den
sédait peut-être plus de
qu'un moine ne doit en avi
qu'il se proposait d'entre
armée; mais il n'employa
trésors que pour le service
trie et de l'Église; et jam
n'avait été plus riche que so
ministration. Il reforma h
de son ordre sans mériter le
il fit le bonheur des peu]
éprouver leur ingratitude
servit les rois et obtint leur s
fortune le favorisa dans 1
entreprises ; et pour qu'il n'
de malheureux dans sa vie
ne pût lui reprocher aucuj
il mourut lorsqu'il allait
une armée en Orient. Enfi
ce ne fut que quelques moif
mort que s'accomplit Icdiv
léonore d'Aquitaine et de L<
rhistoire lui a fait un méril
tre opposé, tant qu'il vécut,
contraire à la religion et à
que, mais que cependant 1
ne saurait blâmer. IjCS af
l'état ne firent jamais oubl
ger les obligations qu'il dei
plir comme moine , comme
Saint-Denis et comme l'eccli
qui , étant le plus en évidei
spécialement chargé de mai
France la pureté de la foi. C
dans les OEuyres de l'abbé
une Dissertation sur le lieu
SUG
tiou qui u'a pas terrai iic
des à cet égard : il est
uimer qu'où ignore Te-
i naissance, puiscjue les
vains qui lui donnent
ans à sa mort arrivée en
qu'il vint au monde en
'digieux de Saint-Denis
•eut de graver siu* son
gît Vabhë Sitgcr : on
sr qu'ils n'y aient pas
ites qu'il est d'usage de
les épilapbes. On a de
itœ Ludovici VI et re-
ce , de trajislatiotie cor-
ionysii et Sociorum , ac
le ecclcsiœ à se œdifi-
; trouve dans le tome ïv
ion de Ducliesue , et dont
onnc un supplément. II.
rt sud adminislratione
esne en a donné une édi-
1648, iu-8". On trouve
lettres de Suger, et un'
5mbre qui lui soutadres-
Golleclion de INIartcneet
jours courtisan et favori
ger, lorsqu'il écrit l'his-
sous silence les cvéne-
îsquels les princes ont eu
ts. Par exemple , dans
5i années du règne de
une, il ne dit rien des
rvenus entre ce monar-
"cent II , quoique per-
mieux connaître les cir-
ie cette alVaire; et dans
Fxuis-le-Gros , il ne parle
atives que lit ce prince
la dissolution du ma-
il. Cliton ,tils de Robert
nandic , av.j une lille
'Anjou , mariage qu'il
}litique de la France de
ntre les prétentions du
prre, et ou il échoua j
lit rien des diOfércnds
SUII ' 179
qu'eut Louiâ-le^ros avec Étienue ,
évequc de Paris ^ âiffërends dans les
quels ce monarque^ scfduit par les in-
trigues de son senëchal Etienne de
Garlandc , eut peut-être quelques
torts et fut obligé de céder. Duchesne
a publié y en 1048 , d'après un an-
cien manuscrit , que Ton croit être
du secrétaire de 6uger : Fita Su^
gerii abbatis S. DU»^sUy sumnU
Frandœ mihistri , etc. , in - 8®.
Michel Baudier a donné V Histoire
de V administration de Suger , Pa-
ris , 1645, in -4**. D. Geryaise a
fait paraître, sous le voile de l'ano-
nyme, V Histoire de Suger, abbé de
Saint'DervjrSytXCjVmSj I73;i,3to1.
in-it2. Cet ouYiageest estimé. L'aca-
demie française ayant proposé pour
sujet de prix, en 1770, V Éloge de
Suger y le Discours de M. Garât fut
couronné. Il existe un autreDiscours,
[)ublié e|i 1 779 , qui pr^ente une sa-
tire ingénieuse, mab ]feu fondée, de
la Vie et de .l'administration de Sih
ger. F-E. et M-d.
SUHM ( ULRiG-FfiÉDÉRiG D£), di-
plomate saxon, naquit à Dresde , le
29 avril 1691. Son père, conseiller
privé de rélcetenr et son ministre à
Paris , l'envoya très-jeune à Genève,
oii il (init ses études. Il se rendit en-
suite à Paris auprès de son père,
qui guida lui-même ses premiers pas
dans la carri^e diplomatique. £n
1 7 18, son souverain le nomma mi-
nistre plénipotentiaire h Vienne, et
en 1 720 , lui conféra les mêmes fonc-
tions à la cour de Prusse. Pendant
son séjour à Berlin, qui se prolongea
jusqu'en 17^0, Suhm eutlebonlicur
de gagner l'estime et même l'amitié
du grand Frédéric, alors prince royal.
Unis par les liens de la philosophie ,
ils avaient souvent des enti'etiens qui
se prolongeaient fort avant dans la
nuit, et lorsqu'ils (urent éloignés l'un
12..
Sô
SUH
de l'autre , ils eurent une correspon-
dance qui a été imprimée, en 1787 ,
sous ce titre : Correspondance fa-
milière et amicale de Frédéric ai^ec
Suhm, 'i. vol. Elle dura cinq ans, de
1736 à 1740. Suhm faisait grand
cas de la philosophie de Wolfl*^ et il
traduisit , pour son usage , la méta-
physique de ce philosophe. En 1737,
u remplaça , à Pétersbourg , le comte
de Lynar , comme ministre de Saxe;
et ce fut alors que sa correspondance
avec Frédéric eut le plus d'activité.
Le prince royal manquait d'argent ;
et Suhm fut chargé secrètement de
lui en trouver en Russie , chose assez
didlcile à celte époque. La plus gran-
de partie des Lettres contenues dans
le tome second se rapportent à cette
alFaife. Frédéric, à son avènement
au trône, pressa son ami d'entrer au
service de Prusse, ce que Suhm n'hé-
sita point d'accepter. Apres avoir re-
çu sa démission de l'électeur de Saxe ,
il se rendait à Berlin , en novembre
1 740 , lorsqu'il fut atteint , à Varso-
vie , d'une maladie qui l'enleva en
peu de jours. M — d j.
SUHM ( Pierbe-Fbédéric ) , l'un
des plus célèbres historiens danois ,
naquit à^Copeuhague , le 18 octobre
1728 , d'une famille originaire de Po-
méraiiie ^mais établie dcpuistrcs-lonç-
lemps en Danemark, don père était
amiral de la marine danoise. Le jeune
Suhm , dont l'éducation se ressentit
des suites d'un changement fréquent
de maîtres , se distingua néanmoins de
bonne- heure par d'heureuses disposi-
tions et par une passion extraordinai-
re pour la lecture. A seize ans , il avait
lu non seulement tous les bons au-
teurs latins , mais encore quinze
cents volumes de la bibliothèque de
PIcssen à Ncsbyeholm , où bou père
demeurait. En l'J^^ > >l se fit ius-
crirc à l'université de Copenhague y
SUH
et en 1747 j il reçut le titn
junker ou gentilhomme de
veur précoce qui l'appelait
rière des honneurs ; mais il
à son père le désir de chei
occupations solides. Celui-ci
1 74^7 de le ^^ ire nommer asc
tribunal de la cour. Suhm n!
brassé l'étudede lajurisprui
pour être agréable à son pè
se démit-il bientôt de cetem
se livrer entièrement à la li
qui offrait plus d'attrait à s*
Depuis cette époque , il se 1
tamment éloigné des fonc
bliques , quoique le gouv
l'eût successivement nomn
homme de la chambre ,
de conférence , chambellan
historiographe rojral. Une
il parut participer auxaffai
mies : ce fut lors de cette coi
des courtisans qui renversa 1
* re de Struensée et de Branr
conduisit ces deux favoris de
VII sur l'échafaud et a m
delà reine Car oline-Matbil4
est incontestable , c'est q
remplirait avec une assidi
tieuse ses devoirs comm
homme de la chambre , qu
tait pas de l'antichambre d
douairière , ame de la cou
u'il avoue lui-même avoir
e la proximité d'une ré
par un des initiés, et avoir
vitation de cette personne,
plan d'une constitution mo
tempérée; plan qui fut pn
vainqueurs du 1 7 janvier , i
écartèrent. Ce fut donc l'e
bolir le pouvoir arbitraire
rendit Suhm favorable à c<
lution. C'est dans cet espri'
la victoire , il publia , peut-
trop de coropbisance ,
pour exposer les pre'tei
l
SUH
incus et les nrîncipes du
iûistcre; mais ii ne cher-
btint aucun pouvoir. Le
Jerustorf qui , en 1784,
'administration de 177 1 ,
e en Troidcur avec Sulim :
'opinion pu))Iique airecta
ans l'opposition modérée
[ui sortait peu de sa biblio-
protégeait, avec ciicons-
Mipics jeunes écrivaujs en-
• les idées nouvelles. Con-
aintenant la vie littéraire
elle est un modèle d'ac-
, et nous dirons presque
' commerce qu'il entrete-
les esprits les plus dis-
son temps , tels que (xram,
te, aiguillonnait en lui le
Illustrer comme auteur. A
ngt ans , il débuta dans la
stettrespar la publication
logue aans le genre de
ucien. L'année suivante il
; sa Défense de la Corné'
e , et quelques traductions
les anciens. Il entreprit ,
le visiter la Norwcge avec
ling , jeune savant , qui
son goût pour les antiqui-
lies, et s'v maria avec la
iche négociant de Trond-
ntheim ). Son zèle pour la
des monuments propres à
un nouveau jour sur l'ori-
•euples du Nord , le retint
ns dans ce pays. Il fournit,
Q de Philaltthè s, plusieurs
t Dissertations historiques
ériodiqiie qui parut sous le
ollections de Trondhiem.
jour, à la même époque ,
^tère du dix-huitième Siè-
iiction remarquable, et qui
md succès. U y a cherché
procher du style de La-
mais il n'a jamais pu imi-
SUH
181
ter la concision du moraliste français.
Des afi'aires de famille et les soins
qu'exigeait l'éducation d'un fils uni-
que , et surtout le besoin d'être à por-
tée des grandes bibliothèques et de
suivre une vaste correspondance lit-
téraire , le ramenèrent, en 17^5, à
Copenhague , dont il ne s'éloigna
plus. Il publia dès-lors cette immense
suite de travaux sur l'histoire de
Danemark , qui doivent immorta
liser son nom  ces travaux se joi-
gnirent, de temps en temps, des pro-
ductions d'un genre moins sévère ^
telles que des romans historiques ,
entre autres Sigur et Ilabor, tra-
duit en français par M. CoiHîer ,
dans ses Romans du Nord , 3 vol. iu-
1 2 ; G^ritlia , traduit dans le même
Recueil , et les Trois Amis , qui est
son meilleur ouvrage et un des meil-
leurs dans ce genre , aujouixl'hui si
perfectioimc' par Walter Scott. Ce
qui donne de la valeur aux Romans
historiques de Suhm , c'est une pro-
fomle connaissance des mœurs , des
institutions et des croyances reli-
gieuses de la Scandinavie ancienne ;
ce qui leur manque , c'est ce style
original , hardi y entraînant , que le
romancier écossais a puisé dans son
génie. Les Idylles de Suhm n'ont que
le mérite de l'élégance. Ses essais lit-
téraires, surtout son Portrait d' II oU
herg et son Eloge de Luxdorph ,
ont souvent toute la linessc de Fon-
tenelle. Mais tous ces écrits ont
été effacés par trois grands ouvrages
historiques , savoir : I. \J Introduc-
tion à V Histoire critique du Dane-
mark , 5 vol. in-4*'. 9 composée de
différentes parties , 1 <». Intraduction
générale à V Histoire , ou Essai sur
i origine des peuples , i vol. in-4^. ,
1769. C'est un coup-d'œil critique
qui , à plusieurs égards , peut encore
guider dans les études historique»
lS2
sim
ceux mêmes qui ont lu tous les tra-
vaux des Allemands 5 car SuLm , fi-
dèle à la chronologie de Moïse, est
indépendant des préjuges pliiloso-
pliiqucs auxquels les Allemands ont
trop souvent sacrifié. H analyse avec
beaucoup d'impartialité les monu-
ments giccs , romains, héhreux et
phéniciens, li'^. Essai sur l'origine
fies peuples du Nord, i vol. in-^**. ,
1770. Ici (ont est spécial et puisé
dans les documents islandais , com-
parés aux témoignages de Thistoire
générale; c'est, à quelques assertions
près , susceptibles de controverse , le
livre le plus clnssique^oi- cettematière,
et c'est df-plus une sorte de bibliothè-
que complète. 3'\ Odiîi ou la Mytho-
logie et le culte du Nord pàien , i
vol. in- 4®. , ^77* ; ouvrage en-
core pins précieux que le précé-
dent , et qui ;, malgré les recherches
postérieures , reste la .base de toute
étude critique de l'odinisme. Les Al-
lemands , qui afiectcnt de confon-
dre le svstcrae tout-â-iait scandi-
iiave et peuttctre asiatique de l'odi-
nisme aVec le culte grossier et in-
forme de Teut et de Mannus , ont
pille ce travail de Suhm, sans le ci-
ter et souvent sans le comprendre.
4^. et 5*^. Histoire des peuples sortis
du Nord ; 1 vol. in-4®., 1772 et
1773. Les Goths occupent la pre-
mière section; la deuxième com-
prend les nations gothiques ^ savoir :
les Gepidcs , /férules y Scores ,
Ilirres , Turcilingucs , Rugiens,
F'anws , T^andalcs et Bourgui-
gnons ; diins la troisième, il est
question des Longohardi ou Lom-
bards ; la quatrième embrasse les
./fngles, les Frisons, les Suèvcs y
les ÂU^manni , les Juthungues et
les Thuringiens, C'est là que Suhm
a montré toute la force de son érudi-
tion y au point qu'après avoir lu les
SUH
recherélies postérieures (
riens allemands , même
Schlôtzer , on est obligé (
au critique danois , cow
à-la-fois phis érudit , plus
et surtout plus à l'abri de
nie systématique , de toute
sique et de tout mysticism
veries de M. Mone , d'H
sur l'odinisme, et celles de
kerton et Grâljerg sur 1<
paraîtront incojxcevables ^
ont lu les recherches cri
S.uhrn. Les cinq volumes
venons de caractériser fc
ensemble, terminé par un
dex ; mais il faut reniari
existe séparément dés ad
des corrections importante
ouvrages subséquents de Vi
Histoire critique du L
pendant les siècles païen
in-40., i774,-in75,i77(]
avec un volume de Tableau
in-fol. , formant un ensem
rement distinct du précède!
quement consacré à discuter
diniciles de l'histoire danc
que l'auteur les a résolus (
ment, ce serait donner un <
sa modestie; il faut même
que le principe de Suhm de
toutes les traditions à un on
nologiqiie et à une série hi
n'est pas entièrement confoi
critique philosophiqjie ; il
cie pas assez \cs traditioi
ques et populaires , qui , «
fausses et souvent même ci
r<'mpreinte de la vérité , ne
se plier â aucun système c
gique positif, et nVn sont
authentiques^ parce qu'elles
cho des siècles contemporair
toire critique est terminét
ample index. Nous arrivoi
vrage qui est ocbevc en- n
SUH
jiiSrjii'à r.iii i4oo: III. liistKtjVc du
Danemark , dont il n'a paru ([uc
va tomes in - 4". : Je premier a
été publié en 178a. Dans \t$ tomes
que nous avons lus de cet immense
ouTragc, Tau leur reprend souvent,
dans des notes trcs-etendues, les points
qu'il craint de n'avoir j)as assez
cclaircis par ses travaux préparatoi-
res , et il suit les Danois dans leurs
anciennes conquêtes et émigrations.
L'histoire des Ostmans^ dans l'Ir-
Ijuide; des Varangues^ à Constant i-
nople ; celle surtout des Normands en
France, s'y trouvent non-seulemciil
exposées, mais profondcmcnl discu-
tées d'après les documents peu connus
delà littérature islandaise, conij)arcs
à tons ceux que les savants élranj^ers
au Noi*d ont pu coasulter. (^e n'est
pas luie histoire agréable à lire; mais
c'est , comme tous les ouvrages de
i'auteury une source abondante de no-
tions nouvelles sur toutes les bran-
ches de l'histoire , liées à celles du
Danemark. Aussi , lorsque Taca-
demie des inscriptions et belles-let-
tres proposa , comme sujet de prix,
l'Histoire dcrinyasiondesNormands,
1 auteur de cet article fît observer à
quelques membres , qu'ils feraient
mieux de faire traduire ce que Suhm
a écrit sur ce sujet. Nous devons
maintenant faire connaître les Mé-
moires isolés de Suhm sur d'autres
parties de l'histoire : il y en a d'une
grande importance ; ceux qui sont re-
1 Al ifs aux Patzinakites[\']']o) , aux
Chazares ( 1 7 8 1 ) , aux C/zes ou Po-
lowzes ( 1 7 24) > inérilent encoré de
Tatteotion. On trouve les deux pre-
miers dans les Mémoires de raciidé-
mie des sciences de Copenhague , et
le dernier dans l'édition des Annales
de Nestor de Schloctzer, ])ar Srhé-
rcr. Suhm sentait parfaitement ([iie,
pour compléter Thistoirc du Nord
SliH
183
et de r Est de l'Europe ,il faut unir la
connaissance des antiquités et des lan-
gues sciuidinaves à celle tics antiquités
et des langues sclavoncs etiiunoises;
mais , a<:cablc j)ar l'immensité de ses
études, il laissa ec travail à ceux qui
voudront lui succéder. Suhm a conti-
nué l'importante collection des Scn'p-
tores rcmm danicarum mcdii œvi ,
commencée par Langebeck ( V. ce
nom , XXII , 336 ), depuis le tome
IV jusqu'au tome vni ,quoi(jue , dans
J'incendie de 171)}., qui consuma le
château royal , il eût perdu les ma-
nuscrits du tome vi, et même celui
d'un tome de son 1 listoire. On a encore
de lui une Dissertation sur les caitses
qui ont fait triompher le christia-
nisme sur la doctritic d'Odin, im-
primée dans le i<=^. {orixcàw Musée
Scandinave. Ce fut jujur lui le chant
du cygne. 11 nous reste à considérer
ce grand homme dans sa qualité de
protecteur des Icltres ; il a fait plus
qu'aucun particulier dans aucun pays.
Passionné pour la gloire de sa patrie,
il consacrait sa fortune à favoriser en
Danemark les progrès des lettres et
à y propager les connaissances utiles.
Il entretenait, h l' uni vcrsité,les jeunes
gens dans lesquels il. trouvait des dis-
positions pour les sciences, et leur fa-
cilitait , par tous les moyens en son
pouvoir , rentrée de la carricre qu'ils
promettaient d'honorer un jour: il
employait chaque année des sommes
considérables à l'impression des li-
vres les plus im])orlaiils. Outre les
frais de ses trois grands ouvrages his-
toriques, il fit eeu\ des derniers vo-
lumes des Scrif flores renim. dani-
carum , vi paya le manuscrit et
riinpression de six volumes islan-
dais,(lej)uisle Landnamahokj i';74 ->
j u sc( u 'à 1 ^Ejrhyf^s^iu - Suf^a , 1 J o 7 .
Mais le plus célèbre monument de sa
muniliconccfut rédiîi-Mulos 4nnaU>
i8^
SUH
j^bulfedcejpav Adlety 5 vol. , 1 789-
ï794î elle lui coûta 4^000 rixdalers
( 24,000 francs ), elle est exlrême-
mcut recherchée. On lui doit entre
autres l'édition dctS^'m^'o^ adUtte-
raturam tetUonicam , etc. , par MM.
Nyei-up et Sandyig , 1787. Suhm
possédait une bibliothèque aussi pré-
cieuse par le choix oue par le nombre
dcsyoltimes,quis'e1eYaientà plus de
cent miUe^il 1 ouvrait au public. Pour
perpe'tuer le souvenir de ce bienfait,
on fit frapper une médaille repré-
sentant d'un coté son portrait et au
revers le temple d'ApoUon palatin ,
avec le mot : Aperuit, En 1796, il
céda cette belle collection à la biblio-
thèque royale de Copenhague, à des
conditions telles qu on pouvait les
attendre de son noble désintéresse-
ment. Ni Téclat de sts richesses , ni
les succès qu'il ne cessait d'obtenir
dans tous les genres , n'altérèrent
jamais sa bonté naturelle. Il fut, toute
sa vie^ simple j modeste et le plus
obligeant des hommes. Un accès de
goutte renle\'a le 7 septembre 1798,
à l'.ige de soixautc-oix ans. Sfuhm
était membre de presque toutes les
académies du Nord. La plupart de
ses Opuscules, épars dans les jour-
naux et les recueils scientifiques , ont
été réunis en i5 vol. , Copenhague ,
1788-98, Le dernier contient un Es-
sai sur sa vie et ses ouvrages par
M. RasmusNvenip, bibliothécaire de
l'université de Co]>cuhaguc ( Voy,
Nylrup , Biographie des hommes
vivants , iv , 554 ). Indépendamment
de ce premier tribut à la mémoire de
rillustrc bienfaiteur des lettres , M.
Nycmp a publié sur lui une Notice
dent la traduction allemande porte
ce titre : Précis sur la vie et les écrits
du P. -F. Suhm , traduit du danois,
par F, Eckard^ Copenhague, 1799,
iu*8^.0nen trouve un extrait dans le
SUI
Magasin encjrclopédique^ dnquiënie
numéro {an '] , 1 799 ) , 11. agS-
3oo. Le portrait de Suhm a été gravé
plusieurs fois , et l'académie de Co-
penhague a proposé son éloge an
concours. M. B— w.
SUICERCJean-Gaspab Sghweiiw
ZER , plus connu sous le nom latinisé
de ) , savant théologien et philologue,
naquit, en 1 620 y à Zurich , d'une fa-
mille établie en cette ville depuis le
commencement du quinzième siècle.
Après avoir terminé ses premières
études dans sa patrie, il vint en Fran-
ce , et suivit deux ans les leçons des
plus célèbres professeurs des acadé-
mies de Saumur et de Montauban. A
son retour, il embrassa la carrière
éva]igélique,etfut, en i643 , nommé
pasteur d'une commune rurale; mais
u ne tarda pas de renoncer aux fonc-
tions du ministère pour se dévouer k
l'enseignement ; et , après avoir été
chargé des classes inférieures , il
fut pourvu, en i(>6o, de la chai-
re d hc'breu et de grec au collège de
Zurich. Dans les loisirs que lui lais-
sait cette place , il fit une étude apro-
foudie des ouvrages des Pères grecs ,
et publia quelques écrits qui le firent
connaître avantageusement. Charles
Patin, dans la relation de ses voya-
ges ( r. Patin , XXXIII , i a6 ) , dit
qu'il a connu a quelques personnes
fort doctes à Zurich , entre autres^ M.
Suicer^ qui sait lui seul plus de crée
que tousles Grecs delà Grèce, et, a]Ou-
te-t-il , que j'estime encore pins pour
sa probité que pour sa science. » Siii-
cer se démit de ses emplois en i683 ,
et niounit, le ^29 déc. i(>84 (i). On a
de lui : I. Sjmtajiieos grœcœ quate^
Cl) Lt non pas m 1G68, coinm* I<> dit le Dtct.
ut.n'trsvl ; ui «-Il i7f»5, ctunmr \r diarut les rrdae-
teiir» de 1.1 lUblioih. rmisommée^U^ %!^S , cnufto-
daut Siiircr avec son lUn. Cette ((rave crrcw m
l>»fhc duii» Ir Pirt. de Mor^ri, *i. de 17S9.
SUI
s latinâ differt compendium ,
Ji, iG5i (u), in S"". II. EfZTTy-
c Eusehlas quo Misctllanca
nimiràm Chrjrsostomi^ et diiœ
liiMaf^ni Homiliœ contim-ntur:
ina item Nazianzeni , para-
dsJonœ et Psalmi aUquot^ etc.,
, i658, 1681 , in- 12. III. Sa-
'jn ohservationum liber singu-
; adjectum est in fine duplex
nen , alterum Supplementi Un-
^œcœ , alterum Lexici Hesy-
i,ibid., i6G5,iu.4o,iv. The-
is ecclesiasticus ^de patrihus
s ordine alphabetico exhibens
imique phrases y ritus^dogma-
œreses et hujusmodi alia spec-
Amsterdam , 1 682 , in - fol., 1
^jeX ouvrage, le plus important
publie Suicer , lui avait coûté
le vinj;t ans de travail. Jean-
Ipbe Wetstein , son ami , se
ea d'en surveiller l'impression,
îconde édition , Amsterdam y
, lin vol. in-fol., est corrigée et
entée d'un Supplément, que l'on
?u partie à son fils aîné, dont
;lc suit ( F. ci-dessous ). V. Le-
grœco-latimim et latino-grœ-
Zurich , iG83 , 2 vol , in - 4".
Ijrmbobim Nicœno- Constantin
ilanum , ex antiquitate eccle-
cdilîustratum , Ulreclit, 1718,
W— s.
ICER ( Jean - Hknri ) , fils du
dent , né à Zurich , le G avril
, fut initié par son père dans
maissance du latin , du grec et
cbre«].Adi\-septaus, il soutint
ticse de philosophie avec bcau-
de succès. Admis, peu de temps
, au saint ministère , il s'appli-
'abn'riu», par inad^crlaiirc , a d»l«" celte
dr i53i ( liil l. anica, >.>II , CR '^ ; la m»-
r «c tmavc* ({aii.<! le l'atalogiic de In l»:bl.
('il poiiririit soupçouuer i]iie le lilre du
rtc cette iViu^^e date; tnaÎA iiotts avons v««
il T abicu MDCLI.
sm
ivS5
cfua tont entier à l'étude de la théo-
logie et de l'histoire sacrée. S'clant
charçé de l'éducation d'un jeune
gentilhomme de Zurich, il parcourut
avec son élève une partie de la SuL55e
et de l'Allemagne. Pendant le peu de
temps qu'ils demeurèrpiit à Genève y
Suicer apprit le français , et se fami-
liarisa si bien avec les diilicultcs de
notre grammaire, qu'il prêcha , dans
la suite, aussi volontiers eu français
qu'en allemand. On voulut le retenir
à Hanau pour y professer le grec et
la philosophie ; mais il fut bien-
tôt rappelé à Zurich , et attaché
sur-le-champ au gymnase de celte
ville. Il succéda , en ii583 , à son
père dans la chaire de grec ; et l'an-
née suivante , il fut pourvu d'un ca-
nonicat. Ce savant professeur crut
devoir accepter, en 1700, la chaire
de théologie à l'académie de Heidel-
berg; mais il tomba malade peu de
temps après son anivée en cette ville,
et y mourut le a3 septembre 170$.
Il avait été marié trois fois. Outre
des Notes sur le Thésaurus ecclesias^
tiens cité plus haut , insérées dans le
Supplément k la seconde édition , on
connaît de lui : I. Compendium phy-
sicœ aristotelico-cartesianœ , Ams-
terdam , iG85; Baie, 1691 ,in-i)»
II. Un Commentaire sur l'Épilre de
saint Paul aux Colossicns ^ Zurich ,
1699, Mï-4°* ^^ trouve à la suite
trois Discours : De f^rtunis Grœciœ
antiquœ; De Grœcid christiand; et
De intemisEcclesiaa reformata ter-'
roribus. III. Spécimen commcntarii
in epistolam ad Ephesios , dans les
Miscellan. Duisburgensia 11. Ou a
la Fie de J. H. Suicer , en latin , par
Jean-Rodolphe Wolf, Zurich, 174^?
in-4". — On a confondu quelquefois ce
savant théologien avec un autre J. H.
Suicer , l'un de ses ancêtres , dont on
a : ( 'hronologia Helveticaj res gestas
m
sui
HeWeiiorum ad nostra usque tempo-
ra.., complectens ^ Hanaii, 1607,111-
4"., rciinprimc en i ^35, dans le Tfte-
saurus hehcticiis de Fucslin ( V, ce
nom ). L'auteur place la fondation de
Zurich à Tau du inonde 1980 : il est
d'ailleurs assez cxr^cl pour les faits
qui appaiiiennenl ;» rhisloirc moder-
ne. On connaît encore de lui une
grande Histoire de la Suisse jusqu'il
l'an i.^Sti, en allemand, conscrrce
en m^muscrit dans diveises hibliotlic-
ques ( Foy, lia lier , UibUoth. de
Vhist. suisse, iv , p. -''I7 )■ W — s.
SUIDAS, lexicographe j^rec, j'est
connu que par l'ouvrape qu'on a
sous son nomj mais il n'est ;>as pcr*
rais de croire, avec le savant Anj;e
Pulitien , (jue ce ï^oni 80tt su})pose.
Tous les manuscrits s'dccojiacnt /
})resenter Suidas ou Suda^ commi*
'auteur de ce Lexique , et il est cité
plusieurs fois pai Eusl;*the, le com-
mentateur d'Homère. On ignore 2a
patne de Suidas; et les savants :)o
conviennent pas entre eux de i'cpo-
que où il a vécu, Giraldi ])rc'lcnd que
ce fut sous le règne d'i;ugi?stc; mais
il le confond avec l'iiisîorlcn du mô-
me nom , dont parlent Slrahoo , Je
scholiaste d'ApolloniusdeKiiodcs, et
Etienne de Byzance. îvi îc rappro-
chant jusqu'au quatorzième siôcle ,
Jérôme Wolf est tombé dans un ex-
cès contraire , trompe' par quelques
additions faites à son I^exique par
des écrivains postérieurs h Suidas.
L'opinion la plus probable est qu'il
ilorissait à la fin du neuvi(;mc et
dans les premières années du dixiè-
me siècle. L'ouvrage de Suidas est
une compilation faite presque sans
choix et sans jugcraeiît. Pes copistes
ignorants sont encore venus ajouter
aux. fautes du premier auteur, en in-
.sérant dans le texte , des notes qui
ne font«}>1us qu'cinbrouillei les pas-
SUI
sages qu'elles deyaient cclaircir. Mal-
gré fous les défauts qu'on est endroit |
de lui reprocher , ce lexique n^ai :
est pas moins d'une haute importai!- j
ce, par le grand nombre die ïnf-
ments qu'on y trouve d'écrivains qû ;
ne nous sont point parveniu, ainâ j
que par les détails vraiment curieux j
qu'il prt'sente sur les poètes, les on< '
teurs et les historiens de l'anLiqnil^ i
C'est un trésor d'érudition , sans k 1
secours duquel l'histoire Jîttëraire 1
des (irecs et des Romains aurait of- L
fcrt d'immenses lacunes qu'il n'eût
jamais été possible de remplir.
L;i première édition' de Suidas ot
celle qu'on doit au savant Dcmétrios
Chalcoruy le ( rqjr, ce nom ) , Bliba , /
i490j in -fol. C'est un chef-d'cBS- ,
vre typographique. L'édition de Ve* .
nise, Aide , i Tm 4> offre des différai- .
ces notables dan: le texte. EJIe ht
reproduite à Baie, par Froben, ci
1 544. Jérôme Wolf traduisit, le pre-
mier , Suidas en latin. Cette Tcrsioa
professa
l'académie de Heidelbcrâ , eu doma ||
une nouvelle iraductionïadue, anc
ie texte grec , Genève , i ^ o ou i63o, ^
2 vol. in fol. Enfin le savant Lodol- J,
plie Kuster :x;vit le texte de Suidu j
sur des manuscrits de Paris et de jj
Londres, et le publia, Gimbridge,
1705, in-foi., 3 vol. , avec la Ter-.
sion de Portiu , corrigée dans m»
foule d'cndroiLs. Cette édition, supé*
rieure à toutes celles qui avaient pan
(i) , est pnfcédée d'imc DissertatigÊk
sur Suidas, que Fabricius a recuoM
lie dans la Bibl. grœea, ix , 6^1 (9).
il) M. CnUr.ird. profemieur & l'ami. cl'(>ilM«
itrrp.ire l'n cr inoiiienl un* nouvell* éjBtioB fc
I.r\i(|iir flr Siiiilnii.
( Ti r»l>rioiuii n fait «uivrr crtte dÎ!i»crUlie« J*
iroT.o Jfil I : !<'. Jcs auteur» claoi frhqucb a'dâ
SUI
er, beaucoup de savants,
nels on doit citer Jacq.
El. Bcrgler , Laur. Bos ,
se , Louis Valkeoaer , se
'S de rétablir ou d'expli-
issaçes de Suidas. Le ne-
cadémic des inscriptions
5 corrections de rabbc
Sainte - Croix , etc. Louis
[nibli(?' : Spécimen ohser-
%iscellanear, in Suidam,
1 , in - 4° • ; Jean Toup ;
^nes in Suidam, IjoikItcs,
n5 , in-S*». , 3 vol. ( F^i}\
in Chardon de La Rocîict-
voir donne, dans le Ma-
lopédiq. , des c'claircisse-
iielqucs articlc's de Suidas,
, daiîs ses Mëlah^es de
92. J.-Gli.-Gottl.Ernesti
A'xiques de Stiidas et de
F, ce nom ) Ions les pas-
h au culte dos anciens, et
s , avec des iK)tes , sous le
lossœ sacrœ , I^cinzip,
3*\ On conserve , h la bi-
publique de Leyde, un
mologique , attribue par
Suidas , lequel a successi-
artenu à H. Estiennc, Gol-
sius. Voyez Muller, Pro-
? Siiidd cum observât io-
\einesiiy Leipzig, i6g6,
W— s.
LA, vingt -troisième roi
bs d'Espagne, donna des
sa valeur, avant de par-
rone , en soumettant les
e'volte's. Devenu roi , en
l'élection des grands, il
; reformer les lois et de
peuple contre l'oppres-
cs et des comtes. Il prit
H»nr rompofpr son ouvrn['<* ; »"•
iir /(•«({uelji son Icxiqu»* oHrc Af*
; k\ 3'. (If ton» Ir-i prrsunnagc»
SUL
18'
les armes, dans la première aimët
de son règne, pour s'opposer aux ir
ruptions des Gascons , qui dc'solaien,
la Biscaye et la Navarre; et , à la tê-
te d'une armée nombreuse^ il les dé-
fit sur les bords de TÈbre. Les Gas-
cons durent â son humanité la sûreté'
de leur retraite , le va incjueur n'ayant
exige' d'eux que la restitution du bu-
tin et d'une forteresse qu'on croit être
Fontarabie. Ce prince acheva de
chasser les Romains de l'empire d'O-
rient , i^\ s'étaient maintenus dans
la province d'Algarve, et qui y con-
servaient encore deux généraux.
Il vainquit l'un par les armes , et
parvint à gagner l'autre par ses
libéralités. N'ayant plus de guerre à
soutenir, son caractère parut chan-
ger tout-à-coup. Il foula ses sujets^
qu'il avait gouvernés jusque-là avec
aouceur. Les grands se soulevèrent ,
et appelèrent à leur secours Sisenand,
goirvemeur de la Gaule gothique.
Suintiia marcha contre lui ) et déjà
les deux armées étaient en présence,
lorsque ses propres soldats , gacnés
par son rival , s écrièrent qu'il fallait
le déposer. Sisenandfut proclamé roi;
et Suintiia n'eut que le temps de fuir
et de se cacher dans une retraite où
il mounit , peu de temps après. B — p.
SULEAU ( FnAKçois-Louis ) , né
en 1 757 , d'une famille honorable de
Picardie , avait été élevé au collège
de Louis-le-Grand. Après avoir servi
quelque temps dans la gendarmerie
de France à Lunéville, il abandomia
la carrière des armes , passa dans
l'île de la Guadeloupe, en qualité de
sénéchal , et revint en France , 011
il fut pourvu d'une charge d'avo-
cat aux conseils du roi. Dès le com-
mencement de la révolution , dont
les conséquences funestes ne purent
échapper à un esprit aussi pénétrant
que le sien, il se livra, avec un déroû-
lis
SUL
ncut sans bornes, a la dcfcuse delà
nyautc'. A ses yeux. , les doctrines qui
a'aicnl (liclc les fameuses declara-
toiis du tiers-elal, des lo et i-y juin
•7H9, consacraient le renversement
le Tordre social en France. Ilfular-
iètcsur une dénonciation de la (lom-
niune et traduit devant le tribunal
du Ghâtelet, comme atteint et con-
vaincu du nouveau crime de lèze-
nalioïij dont le comité des recher-
ches de l'assemblée Constituante avait
enrichi i^on Code. Suleau , mis en ju-
jjt'mcnt aj)rès le baron de Besenval
et le marquis de Favras, baffoua ses
a excusa teurs , et même embarrassa ses
j uges qui prononcèrent son absolution.
Le Jiutrnal politique , lesarticles qu'il
publia à cette époque dans les Actes
des apôtres y et ses interrogatoires au
<^hâtclet, sont également remarqua-
bles par son courage , les saillies et
la verve de son esprit. Quelques pa-
ges surtout y remplies d'étonnantes
prophéties, rappellent la logi(pie et la
chaleur des meilleurs écrits de Mallet
du Pan. On lisait, dans le treizième
numéro de son Journal : a Je ne porte
» la vue qu'en frémissant sur une car-
» rièrc qui sera bientôt inondée de
» lleuves de sang , et d'un déluge de
» calamités. Peut-être mes premiers
» pas sur celte arène de carnage et
» de malheurs, seront -ils marqués
» par une catastrophe ! une sombre
i> inquiétude, et je ne sais quelles
» anxiétés m'avertissent d'une des-
» linée cruelle. Ces sinistres pressen-
» timents pourront bien rembrunir
i> mes couleurs , mais sans aflhiblir
» mou pinceau. » Et plus bas : « Louis
» XVI est délaissé au milieu de Paris,
» c'est-à-dire dans la sphère des plus
» déterminés régicides , à la merci
» d'une populace sanguinaire et ef-
» frénée , continuellement instiguéc
» par les plus furieux ennemis du
SDL
0 trône , par ces hommes prof
» ment pervers , qui ont déjà c
» que la monarchie , dont le fai
» seql contrarie les projets d<
» ambition , sera renversée sai:
n source , aussitôt qu'ils auront
» ché le (il qui l'attache encoi
» personne du monaraue.» Noi
tent de consacrer sa plume à
fense de la monarchie , on pei
que Suleau lui voua sa personi
me. La cause de l'infortuné F2
qu'il avait été appelé' à défc
plaidée avec une noble et éla
audace ; la conûance dont uni
malheureuse daigna l'honorei
fréquents voyages qu'il fit à Co!
les négociations qu'il conduis]
talent , notamment «elle dont
était de ramener Mirabeau à h
de la monarchie; enfin ses IJ
avec Cazalès , Rivarol , Du
Boyou et d'autres hommes
quants de cette époque , avaiei
lement ?vJié sur lui les regards <
les amis comme de tous les ei
de la royauté. La surveille de 1
le journée du 10 août 1792 « S
averti par Camille Desmoulin
ancien condisciple , avec lei
avait conservé des relations
l'intérêt de la cause royale)^
tête .était une des premières (
dées par les conspirateurs ,
l'asile que celui-ci lui offrait c
propre maison. Son cœur gé
s'enflammait à la seule peu
l'aflreuse situation de I^uis )
le 9, en racontant cette prop
à un témoin digne de foi , qui
transmis ces détails , il ajoi
depuis lonç-temps le sacrifie
vie était fait. Ixî soir , il se n
bonne heure aux Tuileries ,
forme de garde national. T(
nuit, il suivit, avec quelque:
grenadiers, le maire de Paris,
SUL
naient en qiidque sorte ca
lais qui trouva le moyen de
apper , à l'aide d'un décret
HioN ). Suleau , arrête' à huit
iu matin sur la terrasse des
ts , sous le prétexte qu'il fai-
lle d'une fausse patrouille ,
luit au corps de garde de la
}ii se ti'ouvaien t déj à quelques
es arrêtées sous le même pré-
t il y fut détenu , quoiqu'il
un ordre des oificiers muni-
de service au château , qui
gnaient de faire son rapport
t des choses au procureur-
syndic du département. Une
sanguinaire , Théroigne de
rt , montée sur un tréteau .
7 '
it alors au massacre des
ers la populace qui s'était
en foule dans la cour des
ts. Au bruit des vociférations
furie, Suleau dit à la garde
e : « Je vois bien qu'aiij our-
le peuple veut du sang; peut-
ne victime leursulfira-t-elle:
:-moi aller au-devant d'eux ;
erai pour tout le monde. » Il
précipiter ; on le retient ; mais
n'est différée que de quelques
, car elle a été résolue par
5 de la révolte. Trois victimes
t avant lui. Tbéroigne, qui ne
[ît même pas , ne cesse de le
cr sous le nom de l'abbé
il est investi , entraîné , se
omme un lion; et lorsqu'en-
e défense parait impossible ^
: les bras , et dit fièrement aux
is : « Égorgez-moi , et voyez
DÎns comment un royaliste sait
ir. 1) Sa tête fut mise au bout
ique , et portée en triomphe
meurtriers. Peu de temps
1 mort, il avait épousé M*^''.
lall , d'une famille suédoise
lée, aussi intéressante par ses
SUL iîg
talmts que par sa beauté. Il la laisa
enceinte d'un fils qui est né sept mts
après la mort de son père. Suleu
annonçait une histoire du renvere-
ment de la monarchie française ; ^
matériaux de cet ouvrage lui avai«t
été pillés; il s'occupait de les réuir
lorsqu'il périt d'une manière si d-
plorable. ^ L — d.
SULGHER-FANTASTICI MAl-
CHESINI ; Fortunée), improvii-
trice , née à Livounie, en 175,
annonça de bonne heure une faciké
si rare pour la poésie, qu'on l'cnta-
dit débiter des vers avant qu'elle it
appris l'art de les composer. Vouht
cultiver ce talent extraordinaire ,es
parents allèrent s'établir à Florece ,
011 cette jeune Sapho étudia les beis-
lettres , se rendit familières les tn-
guek savantes , et désira même'tre
mitiée dans les mystères de la naire.
Le but de ces différents travauxtait
de briller dans ces assauts [éti-
qucs , où l'on se charge de répidre
en vers à toutes les demandes d'a-
border toutes les questions , d**aly-
ser chaque pensée, d'éclairc les
points les plus obscurs de la litho-
logie , de l'histoire, des scietfs, et
de revêtir de formes poétitfs les
sujets les plus graves , poi jeter
dans l'étonnemeut ceux qu'oaurait
déjà surpris par l'éruditionCes es-
sais, si remarquables dans uiomme^
tiennent presque du prodig(^hez les
femmes ; et il n'est peut-êf permis
d'en juger qu'à ceux qui d entendu
M««. Sulgher chanter 0currem-
ment avec ses émules Mf • Massci
et Bandettini , ou avec 'iamonti ,
MoUo , Lorenzi , et le pï étonnant
de tous, Gianni. Assuj^ a"^ en-
traves des mètres, des rMins, de la
rime, elle marchait , s^ effort, l'é-
Çale de ces grands ir^ovisateurs ,
dont elle aurait cxcit/'ciivie , si le
90 SDL
. ;banne de sa Voix , la noblesse de
on geste ^ les grâces de sa personne,
l'eussent inspire des sentiments plus
lOux dans le cœur même de ses
ivaux. Ce fut dans un de ces mo-
aeuts d'inspiration, où l'homme scm-
île s'elcver au-dessus de sa nature ,
[u'Augeliquc Kautl'mann saisit les
raits mobiles de cette muse^ dont la
essemblance a été rendue encore plus
urable par le burin de M. Morgfien.
I»»c, Sulgher a eu deux époux , qui
nt ajoute' successivement de nou-
eaux noms à celui de sa famille.
l'Arcadic , en l'admettant dans son
îin , l'appela Thémire Parraside,
Dm sous lequel ou a public quelques-
%s de ses vers. Cette improvisatrice
H moile à Florence, le i3 juin
i24' ^ * d'elle : I. Un recueil de
i'ei/e ^ Florence , 1782, in85, et
I/omne , 1794 , in-b". II. Compo-
iHenti poetici^ Parme, 1791 , in-
8' III, Ero e Leandro , poernetto,
Liourne, i8o3 , in - 8". IV. La
nuLediAbcle, tragedia, Florence,
1É4, iu-8<'. V. Favole Esopiane ,
ibi, 180G, in -8*^. Fojr. sou Elo-
^io par M. Giotli, ibid. , 182/1. ,
SLIKOW DE SOLKI ( Jean
DÉMiRius ) , archevêque de Lem-
berg né dans le Palatinat de Sie-
radz d'une famille équestre^ mais
pauvi^ fut envoyé à l'académie de
Cractfe pour y suivre ses études, et
s'y diingua par sa modestie , sa
piété , ulant que par les connais-
sances ii'il acquit dans les lettres
grecque et latines. Son mérite le lit
connaîtrdu roi Sigismond Auguste ,
qui, l'avait nommé secrétaire d'étit,
Temployi dans los aliaires les plus
importants. Sous ce |)rince , et sous
SCS succc.sjjurs , Sulikov/ remplit ,
près de dilïteutes cours , quinze niis-
:sions^ dans lesquelles il montra autant
SUL
de prudence que de savoir. Sigi
étant mort ( 1 57 li) , Sulikow ,
de son oraison funèbre, (ît , c
sence des évêques et des gra
royaun^e , un discours latîi
pour le plan et l'élégance , mër
tre ci té comme modèle. On voit
l'exorde de ce discours , qui 1
primé (i), que l'orateur av.
envoyé , en 1 568 , auprès du
Danemark , pour le détoun
faire la guerre au roi de Suède
frère de Sigismond , et qu'il
rempli avec succès sa missioi
une longue et pénible négoc
Sulikow conseiTa auprès de
d'Anjou toute la faveur dont i
joui auprès de Sigismond; i
posa , pour célébrer l'avcnem
nouveau roi, un petit poème
intitulé : Urania , swc cœlesti
iio , où l'élégance de La poésie
pas oublier l'exagération des
ges. Pour apprécier Sulikow, <
écrivain et comme bomme à\
faut lire les Mémoires qu'il a ]
sur les événements de son t
sous ce titre : Joan, Démet.
kowu Comment ariu s hrevis
Folonicarum à morte Sigis
Augusti, Dantzig , 1O47 ,
Laissant de coté ce que l'aut
sur IcsaiFaires générales du roy
nous y prendrons quelques déta
le regardaient spécialement,
la mort de Sigismond^ dit-
dissidents ou seigneurs catbi
cLerchcrent à troubler le cou
ment du roi Henri de Valois ,
mandant à grands cris qu'av
lui imposer la couronne , on
jurer d'observer l'acte de 1
(1) hifuTifiT I). Si^itmundi Atiçutti ,
ftiii* , mi/yni tiiirii JÀthunnitt , etr. , Onu
Pcmclni Soli/^nwii à SoUi , ir^ti seerclaii
vir, lii;?, in-/|«, , et daiu Cromer ,
i53«), f. i>. 701.
SUL
doû qu'ils avaient formée (^.
rsKi et Zborowski ) ; ce <pii
ete'. L'agitatiou augmenta par
licatiou d'un petit écrit (2) ,
Il discutait la question de sa-
le roi refusant d'adopter quel-
unes des conditions qui lui
t e'té présentées , notamment
[uela confédération voidait lui
or^ on pouvait lui refuser obéis*'
La question étant ixfsoluene'ga-
nt, les confédérés firent beau-
le bruit dans les deux cham-
k grand maréchal qui était à
te, fit même arrêter. rimpri-
Sidikow, se levant, déclara
tait l'auteur de l'écrit* On s'é-
l'il fallait le mettre en accusa-
j'arcLevcquc primat déclara
y tous les éveques et le cler-
isaîent comme Sulikow. Le
t augmentant , le roi à l'invi-
duquel Sulikow avait corn-
et écrit 9 rétablit l'ordre , en
qu'il prêterait serment dans
le observée par ses prédéces-
ce qu'il fit; et il commença dès
lentâ exercer l'autorité royale.
. peine ce règne avait-il duré
lois, que le monarque s'en-
rètement. Tcnczyn , qui cou-
cs lui y n'ayant pu rien obte-
isvint avec les lettres que le
lui avait données. Sulikow
dans l'assemblée du sénat,
koUesse, et à la reine ; il eut
up de reproches à essuyer , à
le la faveur dont le roi l'ho-
On l'envoya aussitôt en Fran-
ir y veiller aux intérêts de la
e. Étant arrivé k Paris ^ il ap-
e la reine-mère , accompaguée
d'Âlençon , et de Henri , roi
arre , était allée aunlevantdp
•ment fur le$ tirait j qui penvrnl appartr-
-tiomfoite à yar$ovie , sur le couronne-
«, C^covic, »574» »u-4*»,
SUL iQi
son iib : il se hâta de la sui^, et
alla jusqu'à Qiambëri* En y ani-
vant j il trouva ^ à sa granois dou-
leur y le/ roi de Pologne, dan» un
bal que le duc de Savoie lui donnait.
Ayant saisi le moment, il bUma vi-
vement ce prince , de ce qu'il avait
ainsi abandonné la Pologne. U lui
adressa des remontrances (3), et lui
donna des avis, ^uo Henri parut écou-
ter avec bienveillance, ainsi que la
reine-mère. En chemin, leroi reçut de
Pologne des lettres très-dures. Il enr
gagea Sulikow k rester près de lui ,
pour soigner les affaires de ce
royaume. Par de nouvelles lettres ^
on l'avertissait que si pour le la
mai 1^75, il n'était pas revenu en
Pologne y on procéderait à une nou*
velle élection. Il fut ensuite téma
(pie le 4 novembre , l'élection aurait
heu. Sulikow , que l'on en avertit ,
conjura le roi d'envoyer en Pologne
des ambassadeurs qui v portassent
autre chose que des paroles ; qu'il de-
vait avant tout faire acquitter ce oui
était dâ à la maison du rcn et à 1^
mée , et lever ainsi tout doute sur son
retour. Heuri , se réveillant tout-à-
coup comme d'un profond sommeil ^
se hâta d'envoyer en Pologne Belle-
garde et Pibrac. Gelui-d étant ar-
rivé seul ( Fqy, Pibrac) , rarchevA*
que primat lui ordonna d'attendre
à 2akrocin ; il indiqua ensuite le jour
de l'élection , et le trmie fut dédarë
vacant. Sulikow^ voyant la tournure
que prenaient les affaires , demaa-
(3) On apabliéccc RemontruicM , mmu oa tîlr* :
Prohi et GaUia ac Polonim «mmniû viri ma GmUoê
et Sarméims oratu» , BAIe , \^fi , ÎB'^** i ci & bi mite
des GEaTrr* de Cromer, C(no|iiey sSPQ^ "J.^ p.
731. Dans ce discours, Soli^ow expose «nx Fratt«
Îni» et aux Polonais le* nûsoae tn\ deratent lear
aire désirer (ju« Heuri canservât i« trftae èm Polo-
gne ; il discute et réfute les objectiona que Ton
ftoUvait fàir« de ptrt «t d'antre, à ce prince^ poor
'engager à renoncer à la couronne oui lui avait
été deféhh; «afin il montre wx' âmn natioM
ijuM cHde leov ÎBltfr^ ^11 rtlovM enPolofn^H
\ç)i SUL
dait souvent au roi la permission de
retourner dans sa patrie. Le prince
et la reine-mère le renvoyaient d*un
jour à l'autre , en lâi faisant les plus
belles promesses. Quelques conseil-
lers dn roi l'avaient engage' à faire
surveiller les jeunes seigneurs polonais
qui étudiaient à Paris , étales retenir
en otage. Sulikow rejetant cet avis
comme imprudent etmdigneduroi ,
renvoya ces jeunes nobles dans leur
patrie , après leur avoir distribue des
Îrësents au nom du roi , et envoya en
ta lie ceux qui y consentirent. En-
fin Henri pria Sulikow de retourner
en Pologne^ pour y soigner ses in-
térêts à la diète. A son retour près
de Sicradz , on conseilla au prélat de
ne point passer dans cette ville, la
noblesse du palatinat, qui y était as^
semblée , étant vivement indisposée
contre le parti de Heuri , et particu-
lièrement contre son conseiller. Su-
likow crut devoir , au contraire^
aller trouver ces nobles , et il les re-
gagna à la cause du roi. De là , il se
rendit àCracovie , chez l'archevêque
primat, qui se montra peu favorable
à Henri et fort enclin à procéder à un
nouveau choix. Cepenuant SuHkow,
qui l'accompagna dans Varsovie ,
insinuait toujours qu'il fallait con-
:scrver ce prince pour éviter de grands
malheurs. Mais les légats de l'empe-
reur Maximilien s'étant emparés de
-ce faible vieillard , il déclara leur
maître roi de Pologne, et se hâta
d'aller à l'église pour chanter le Te
Dcttni, La noblesse , indignée en
voyant ainsi violer les droits de l'é-
lection , proclama reine la princesse
Anne , (il le du feu roi , lui donnant
]»onr mari Etienne Battory , pala-
tin de Transsilvaiîie , qui fut égale-
ment nommé roi. Chaque parti en-
voya des députés à celui qu'il avait
chobi. Quoique Battory eût pour
SUL
lui une immense majorité ,
clergé était incjaiet ^ parc«
prince favorisait , disait-on ,
velles doctrines. On députa
Sulikow, afin de savoir ce
était avant que le nouveau
rivât à Gracovie. Sulikow rc
sur le Pruth Battory entonr
louais catholiques , qui s'éta
tés d'aller le trouver. Ck>mi
rivée du nouveau député p
les alarmer , il leur propos
présents k l'audience que I<
accorderait ; mais il eut pei
nuit une audience secrète , o
truisit complètement le prin*
qui se passait ,et lui dit , enfi
« Professez la foi catholiqu
» ment et dans toute sa pu
» haut clergé, la reine , Iî
» l'armée et la noblesse voi
v dent. Faites-leur connaître!
» vos sentiments religieux ,
» resterez point au-dessous
» vos prédécesseurs. »
interrompit plusieurs foi
kow par ses soupirs , ses p
tiens et sa profession généra
catholique, ajoutant que «
» litique il avait caché sa i
» mais que sous prétexte d'i
D tie de chasse , il allait à
» confesser près d'un prêt
» grois , de qui il recevait !
» munion; que, comme S(
9 n'avait pas acquis une
v> sance bien profoi)de de la
» catholique , mais qu'il a
» instruire. » Le lendemain
dit la messe en versant des
b.-iisa rÉvangile , et moi
piété exemplaire. Les nono
dents s'écrièrent alors: Ces
a se sont déjà emparés du n
évêques ayant reçu cette n
se hâtèrent de la rëpandi
Gracovie , et la joie y lut
SDL
nme le roi était obligé de
latin , il cnca^a Sulikow
er auprès de lui ^ et celui-ci
^Dt cinq ans y son orateur.
se rendit à Cracovie y où il
une par Tévéque de Cuja-
îberequc primat ayant re-
enir. Tout allait bien en Po-
tais au dehors il restait un
nt : rempereiu* Maximiîicn
son (flecliou comme valide,
t indique' une diôtc à Ratis-
e roi ne voulant pas en-
-méroe , lesëtatsdu royaume
it Sulikow avec un autre sc-
ies chargeant de tout em-
tur faire reconnaître Battoiy
lercur et par les ëta tsdc i'em-
mission n'était point facile,
int à Prague , Sulikow et
son collègue allèrent sa*
3lphe et l'archiduc Ernest,
, les pliant de leur être fa-
près de l'empereur , leur
ant obtenu audience y ils re-
;ur lettre à Maximilicn, et
y dans un discours assez
en exposa le contenu. L'em-
lia vait écoute attentivement,
qu'on lui avait exposé tout
lire , en lui annonçant qu'il
choisi roi de Pologne, non
Write unanimement , mais
A jorité des états ; que ce fait
iDt contesté y il délibérerait,
nonces dissidents , Christo-
rov7ski demanda la parole
Hier ce que Sulikow venait
T. Celui-ci répondit qu'il
oyé pour présenter les hom-
u royaume à Tempereui*,
itruire sa majesté , et non
puta* avec des particuliers ;
tôt l'empereur ordonna au
e se taire. Le lendemain y
UT, ayant fait appeler les dé-
lar remit sa réponse poui* les
XLIV.
SUL 193
états de Poloçne. Ils le prièrent de
vouloir bien leur dire s il y avait
dans ces dépêches quelque chose qui
pût choquer les Polonais ; qu'alors
il ne devnit point trouver mauvais
qu'ils refusassent de s'en charger, et
ils demandèrent im sauf - conduit.
L'empereur leur dit : « Cela n'est
)> pas nécessaire ; vous n'avez rien
» à craindre tant que vous serez
» dans mes états. » Le jour même
de leur départ , à une petite dbtance
de Ratisbonne, ayant ?oulu passer
la nuit dans un village de la Bavière,
ils furent tumultueusement arrêtés et
conduits par ordre de l'empereur à.
Lintz , au milieu des vociférations et
des insultes d'une populace que l'on
avait ameutée , sous prétexte qu'ils
étaient des Turcs envoyés par JBat-
tory pour assassiner l'empereur.
Les deux députés restèrent en capti-
vité pendant quatre mois, jusqu'a-
près la mort de l'empereur. I^ors-
que Sulikow fut de retour, le roi
le nomma son chapelain, puis arche-
vêque de Lemberg , et il lui confia
différentes missions , entre autres
celle de régler les conditions de la
soumission des Livoniens , et de re-
cevoir leur serment. Il fut ensuite
chargé , conjointement avec le car-
dmal Radziwil , de l'administration
de cette province. Après la mort de
Grégoire XIII ( 1 58 j) , il fut envoyé
vers Sixte V, pour faire, au nom du
roi et du royaume , profession d'o-
bédience. A son retour y il reçut des
lettres du roi qui le pressait de venir
à la diète du Palatmat de Russie;
mais ce prince étant mort peu après
( i586 ) ( y. Battory), on indiqua
une diète à Varsovie , où l'archevê-
que* de Lemberg remit solennelle-
ment dans l'église de Saint- Jean , à
la reine Anne , la Rose d'or , bénite
par le souverain pontife ( 1687 ).
i3
194
SUL
Pendant Fintcrrègnc, Sulikow , qui
présidait le sénat.en Tabsence du pri-
mat, fit tous ses edbits pour modérer
l'ardeur des dissidents; et comme ils
voulurent lui faiie siener uu écrit en
leur faveur , et qu'ils paraissaient
prî's d'en venir aux. dcmicrcs vio-
lences, il jeta par tcircle capuchon
qu'il avait sur la tête , et se dé-
couvrit le cou , en leur disant de
frapper. Ils devinrent alors plus
raisonnables en apparence ; mais
voyant Lint d'agitation dans l'assem-
blée , Sulikow retourna dans son dio-
cèse. Les Tartares et les Turcs ayant
passe' le Danube , à cette époque , et
s'clant jcle's sur les provinces méri-
dionales de Pologne (iSHg), Za-
moyski accourut à î.embei-g, qu'il
commença à fortifier , pour en faire
le centre de ses opérations. L'arclie-
vêquc lui rcprcsenla que ce serait ef-
frayer la Pologne (pie de s'cnfornicr
dans une place, au lieu de tenir la
campagne, a Donnez-moi, repondit
u le gênerai, quarante mille bommcs
» de bonne cavalerie , avec vingt iiiil-
» le hommesde pied , et je saurai biai
i> aller trouver lès Turcs où ils sont.»
Le prélat Uii indiqua des ressources
toutes prêtes pour avoir de l'argent,
avec des Lommes; et il se rendit près
du primat , qui convoqua des diètes.
On courut aux armes , on donna de
l'argent; et les Turcs, après avoir
brûle Sniatin , repassèrent le Danube.
Sulikow mourut à I^embcrg , en i6o3,
après avoir gouverné son église j)en-
dant viLgt ans. Outre les ouvrages
({lie nous avons cités, on a de lui :
I. Méditations sur le Psaume 67 ;
Exurgat Dvus. IT. Les Fastes chré-
tiens, in. La Révolte du duché de
Prusse, sous Sif^ismond u^uguste.
On a trouvé, dans ses manuscrits,
uu Traité sur le Droit de la Liworde,
en deux chapitres ; la Topograpliie
SUL
de ce duché, etim recueils
la plupart sur les affaires
11 fut en correspondance c
ne Catlierincde MédicLs, <j
vait, après la fuite du ]
a Pourquoi avez - voils la
» mon fils? Si vous l'av
» vos affaires et les nôtn
» en meilleur état. »
SULLIVAN (Jkan
américain y né en inî^i , à
au district du Maine, f
major -général par le coi
le commencement de l'ii
des colonies anglaises, et
en 1776, le général Ame
commandement du Canada
céder cette contrée à la
de l'armée anglaise , il d<
mandant de la division
Is]and,et fut fait prisonni
gé peu de temps après
Stirling , il combattit \i
à la tête d'une division
dywinc et à Germantov
encore différents succès da
pagnes de 1777 et de 177^
voyé , l'année suivante , av
conti'e le» peuplades indic
disprsèrent , et dont i
rcnt et brûlèrent les 1
pour faire un exopiple qi
cité de ces nations sauvi
rendu nécessaire. I^ fra
général Sullivan , et peut
ses succès lui suscitèrent d<
II fut accusé d'avoir dei
fournitures trop considéri
ses troupes, et se vit oblig<
gner de l'armée. En 178
Ira au congrès , dont il c
bre.et fut, bientôt après, n
sident du New-llampsbirf
du même district. 11 moun
— Jacques Sulmvan , soB
quit eu 1744* c^ ^"^ ^<^
juge, accusateur public,
SUL
u Massachussetts. iDdépen-
iit de divers Mémoires ^ il a pu-
Obseryations sur la gouver-
: des États - Unis d'Améri'
•jgi , iii-8<*. II. Dissertation
banque y i79^* m* Histoire
rict du Maine , i «jqS, iu-8®.
sioire des terres du Massa-
is , 1801 , m-8*>. V. Visser-
sur la liberté constitution-
le la presse dans les Etats-
i8oi, in -8**. VI. Histoire
liens Penobscots. Z.
JjY ( Maurice de ) , ëvcque
is au douzième siècle , était né
mts très-pauvres dans le vit-
'. Sully , de SoUiaco y sur les
de la Loire; il n'appartenait
\^ famille illustre dont il por-
isi le nom. Vincent de Beau-
juiUaume de Nangis et d'au-
rivains racontent que, réduit y
sa jeunesse, à la mendicité ^ il
une ymiônc à laquelle on met-
ur condition qu'Û renoncerait
lir jamais évéque. C'était une
î idée que d'exiger d'un jeune
int un engagement pareil : on
Œu'il ne voulut pas le prendre,
ies-lors une vocation décidée
scopat et uu secret prcssenli-
e sa prospérité future. Il vint
et bieutôt enseigner à Paris ;
'cliait avec un éclatant succrs,
on le nomma chanoine de
». Peu d'années après, il repa-
is la capitale , ou il obtint un
cat et la dignité d'arcliidia-
ir la foi d'un sermon allrihué
t Bonaventure , D;i Boulai ,
rien de l'université , rapporte
femme vêtue de bure , un bâ-
incà la main , entra dans Pa-
demanda où était îe docteur
re, duntellese déclara la mère.
imes qui craignirent que le
r ne rougît de la voir en un
SUL 195
tel état, la rhabillèrent, lui donnè-
rent un manteau et la conduisirent
auprès de son fils< Il refusa obstiné-
ment de la reconnaître ; ma mère ,
disait-il , est une ])auvre femme qui »
ne porte jamais qu'ime tunique de
bure. Ijes dames la remmenèrent , lui
rendirent son bâton et lui firent re-
prendre ses premiers vêtements. Ainsi
équipée, elle revint trouver Maurice,
qui était alors dans une assemblée
nombreuse et brillante ; dès qu^il la
vit, il se découvrit, l'embrassa , et
s'écria : pour le coup, c'est bien ma
mère. C^simii* Oudin écarte cette
anecdote comme invraisemblable j
et surtout parce que le sermon d'où
elle est extraite n'est point de saint
Bonaventure, mais d'un théologien
du quinzième siècle , nomme Godes-
cale Hollen. Ceux qui la croient vraie
disent que l'honneur qu'elle fit à
Maurice de Sully attira sur hii les
regards et les suffraM, lorsque le
siège épiscopal de Paris vaqua , en
1 160 ; par le décès de Pierre Lom-
bard. ( rqyez ce nom, XXIV, 64).
Mais Césaire d'Heisterbach rap-
porte que les électeurs , ne pouvant
s'accorder sur aucun candidat, con-'
vinrent d'investir trois membres de
leur propre assemblée du di*oit de
nommer dérniitivement l'évéque ; et
que ces trois personnages , dont les
o})inious se trouvèrent également in-
conciliables , ne sortirent d'embarras
qu'en concentrant h leur tour leurs
pouvoirs dans un seul d'entre eux.*
Cet électeur unique était Maurice de
Sully, qui iit à ses collègues la dé-
claration suivante: Je ne dois choisir
qu'un sujet qui me soit parfaitement
connu , et quoique je veuillebieu sup-
poser que parmi les candidats il y
eu a de très-dignes, je né saurais eu
répoudre. Je ne puis sonder leurs
consciences^ je ne lis que dans la
i3..
ixjj SUL
miouic; et pour ne rien hasarder,
c'est A}aurice de Sully que je nomme.
Ce récit, qui .n*est ni coniirmc, ni
démenti non plus par par aucun des
.autres historiens conteuiporaias, a
paru de même fort suspect à Oudin :
nous ne le rapportons que parce
3u*il est adopte, non- seulement par
u Boulai, mais encore par les sa-
vants bénédictins auteurs du Gai-
lia Christiana nova. En 1 165, Té-
veque Maurice baptisa Philippe- Au«
guste , fils et successeur de Louis-le-
Jeune. Lorsqu'en 1188, huitième
année du règne de Philippe ^ ce prin-
ce établit la dîme saladine , Maurice
et d'autres prélats y consentirent^
au sein d'un concile tenu k Paris , ce
qui excita , dans une partie du der-
cé , un mécontentement dont Pierre
de Blois se rendit l'organe. Certains
droits honorifiques ou pécimiaires
donnèrent lieu à ]>Iusieurs démêlés
que Maurice df Sully eut k soutenir
contre des aDoés , des moines et
même contre le chapitre de sa ca-
thédrale : il s'agissait surtout de sa-
voir si les revenus des doyennés va-
cants appartiendraient au chapitre
ou à l'éveque : le pape Alexandre III
ayant commis, pour décider cette
aifaire, l'archevêque de Sens, Guil-
laume ^ les chanomes se désistèrent
de leurs prétentions. Quelques-unes
des opinions thcoloçi(]ues de Pierre
Lombard, déplaisaient fort à son
successeur, qui, par exemple^ ne
permettait point de celel>rer , dans
son diocèse, la nouvelle fête de l'Im-
maculée conception : mais Maurice
était un ardent défenseur du dogme
de la résurrection des corps ; et
pour contredire solennellement les
ennemis , alors nombreux , de cette
croyance , il fit insérer dans l'Office
des Morts ces paroles du livre de Job
Credo quod,... in wmssimo die de
SUL
terra surrecturus sum , <
pieux prélat fonda les abbaye
rivaux, d'Hermières, de Sa
toine-des -Champs , etc. ; mais
cipal fait de l'histoire de son
Sat est la construction de la
raie de Paris. Il en fit poser
mière pierre par le pape Aie
III , en 1 163, et durant les
trois années suivantes , il c(
tous ses soins à cette entrepris
des moyens qu'il employait ]
soutenir était de s'adresser
qui devaient accomplir quelq
nitences , et de les leur reme)
tout ou en partie , moyenn
contributions pécuniaires : p«
industrie spirituelle, Iidc 5
industrie j dit le P. Morin,
vint k une dépense k laquell
peine suffi le trésor d'un prio
pendant il se trouvait des ri*
qui n'approuvaient poîirt ce
thode , ou , comme dit Ejch
mon, ce manège; Pierre le (
en fit de graves reproct^ au
Quoi qu'd en soit , c'est à I
de Sully que Paris doit sa catl
ceux qui lui ont contesté cet \
ont é^ victorieusement réfîi
l'abbé Lebeuf ; et, sur ce po
témoimiages contemporains
positiu et si nombreux , que !
torité ne saurait être affaiblie
silence du Nécrologe de Téf
Paris ; silence toutefois biea
dans un long inventaire des
bienfaits , beaucoup moins
tants^ de cet évêque. U est 1
l'édifice ne fut achevé que s(
successeur , Eudes ou Odon , e
que certaines parties n'ont él
truites q^ue plus tard ; mais <
vrait déjà le chœiur lorsque 1
mourut, le 1 1 septembre 1 19
l'abbaye de Sainl-Victor,où i
depuis quelques mois, transi
r~
SUL
domicile. On a publie quelques-unes
des chartes qu'il a souscrites y et il
CD existe sept autres au\ archives du
royaume : elles ne sont pas d'un
grand intérêt. De six lettres qu'on a
ae lui^ trois sont adressées au pape
Alexandre , en 1 1 69 et 1 1 70 , et con-
cernent l'aflaire de TarchcTéque de
Catflerbiir^, Thomas Bekket ; la der-
nière y c'cnte en commun par l'évêque
de Paris et par celui de Nojon (Ber-
nard), contient ime censure amere
de la conduite du roi de la Grande-
Bretagne. Ces épîtres put été insérées
au tome xvi du Recueil des histo-
nens de France, où Ton trouve aussi
(t. XV et t. XVI ), celles qui ont été
adressées à Maurice de Sully par
Louis VU, par Alexandre III et par
rarcLevêque de Sens Guîllanme.
On connaît un assez grand nombre
de copies manuscrites des sermons de
Haunce , soit en latin , soit en fran<-
çais ; mais son e1o(^cnce est bien
froide et sa latinité fort peu élégante.
Les versions françaises mentent plus
d'attention, parce qu'elles sont au
moins un monument du langage de
cette époque.. Elles ont été, dit-on,
imprimées deux fois , in-4^. sans
date, et in-8^. à Lyon, en i5ii:
nous n'avons pu rencontrer ni l'une
ni l'autre de ces éditions. Des trai-
tés théologiques De curd amma-
mm. ^ De oratione dominicd et
ejus septem partibus , ont quelque-
fois été attribués à Maurice de Sully ;
mais ce ne sont en edet que quelques-
unes de ses prédications , réunies sous
ces titres. Il paraît avoir laissé un
livre de Canone missœ; Montfaucon
en cite un manuscrit qui existait à
Eourg(» , et dans l'intitulé duquel
l'auteur était qualifié Sancius Mou-
ritius. On avait en effet une très-haute
idée des vertus de ce prélat , et il a
long-temps conservé de la réputation,
SUL 197
quoiqu'il n'ait joué aucun rôle bien
remarquable dans les grandes affai-
res ^e son siècle', et que son nom ne
reste guère attaché qu'à la construc-
tion de l'église cathédrale de Paris.
Les détails relatifs à sa vie et à ses
écrits ont été recueillis par l'auteur
de cet article, p. 1 49-1 58 du t. xv
de l'Histoire littéraire de la France y
publié en i8ao,in-4*'. D^w— u
SULLY (Eudes ou Odon de), évc-
que de Paris après Maurice, était
né en Berri , à la Ghapelle-Damgilon ,
au sein d'une ùmille illustre .Pierre
de Blois l'appelait regum cansan-
fuineus : en effet, issu des maisons
'Angleterre et de Champagne, il
était encore allié de celle oe France
par sa cousine Alix, troisième-épou-
se de Louis-le- Jeune. En 1 187 , il fit
un voyage à Rome y et quoique bien
jeune encore , il y attira- les regards
par l'éclat de ses qualités personnel-
les, autant que par celui de sa nais-
sance. Jusqu'en 1 1^, il «e content»
de la modeste dignitë^JK» chantre de
l'église de Bourges, sons son-frère aîné
Henri, qui en était archevêque. Mais
élu pour succéder à MauriciPsur le
siège épifcopal de Paris y il fut sacré
en 1 197 , ainsi qu'on le conclut des
dates qu'il a données depuis à ses
chartes. On le voit , durant les deux
années suivantes, essayer sans suc-
cès d'abolir la fête des fous , qui a
duré jusqu'en 1 444 9 <m même au-
delà. Lorsque Innocent III eut jeté
un interdit sur les églLses de France, ^
à l'occasion du divorce de Philippe-
Auguste , Odon de Sully seconda vi-
vement l'autorité dn pontife ro-
main. Entre les actes de son ponti-
ficat y on distingue 'la fondation de
l'abbaye de Port-Rois, qui semble-
avoir été le berceau de Port -Royal.
Raciucn'a point négligé cette origine;
« L'abb^iye de Port-Royal , près de
T» Chevreuse , dit-il , est une des plus
» anciennes abbayes de l'ordre de
» Citeaux : elle fut fondée en i ao4(ou
» plutôt en 1206) par un éyéquc de
» Paris nommé Eudes de Sully , de la
» maison des comtes de Cbampagne y
» proche parent de Philippe - Au-
» guste. » Odon venait de provoquer
la croisade conti'e les Albigeois, quand
il mourut le i3 juillet ]2oH,n étant
âge que d'environ quarante ans. Sa
tombe, en cuivre, se voit, comme Ta
remarquéRacine^ à l'entrée du chceur
de Notre-Dame de Paris. Ses écrits
se réduisent à des chartes ctàdescpî-
ti*es ou ordonnances ecclésiastiques ,
ou synodales , duut il n'a probable-
ment pas été le rcdact( ur. On les
trouve éparses dans les compilatioas
de Du Rouiay et du père Dul>ois , et
parmi les preuves ou pièces justifica-
tives de VllisUiirt'! de Paris. Les
conhtiliitio^is d'Eudes de Sully sont
rassemblées, à la suite de la pragma-
tique de saint Louis , dans les OËn-
vres do Pierre^dc Blois, dans la Bi-
bliotlH'que des Pérès , dans la collec-
tion dejjconciles de Labbe, et dans
le i^tUmBcor eccîesiœ parisiensis ,
pubLé.. en i^l^^ par l'anihevêque
François de Harlay. La plupart des
auteurs du treizième si('cle donnent à
l'évcqueOdon de magniûqiies éloges,
qui ont été répétés dans plusieurs li-
vres modenics. Cependant Rigord ,
son contemporain , et l'un des meil-
leurs chroniqueurs de cet âge, eu in-
diquant sous l'aïUK^ 1 196 la promo-
tion d'Ki;d(\s au siégo épiscupal ,
aprt's la mort de Maurice, dit ([ii'on
perdit bcanctinp an change , que les
mœurs du nouveau prélat \w retra-
çaient ]ioiiit les vertus de son pn-dé-
cesseur : lon^è à prœdecessore mo-
ribus et vitd dissimilis. Une tradi-
tion dclavorable à Odon s'est pci-j)c-
_tuee Juscpi'au temps de saint Anio-
SDL
nin , qui le compte- au nom
prélats peu recommandablc
lit rien en faveur de Pierre <
( Foy» XXXIV , 391 ), qu'il s
dis connu à Rome , et qui ,
en Angleterre, espérait que ï
évéque de Paris lui procun
moyens de rentrer en Fra:
eonsti'uction de l'église de
Dame fut achevée pendant s
copat ; mais il n'est £iit auci
tion particulière des soins qi
prendre pour continuer l'ou'
îyfaurice. On peut consulter
vie d'Eudes de Sully , les j
et 79 du Galtia christiana
et 574-583 du tom. xvi de 1*
littéraire de la France. D-
SULLY ( Max I MILIEU dï
NE , due DE ) naquit à Rosm
décembre 1 56o , de Françoi
thune et de Charlotte d'Auvel
le second de quatre garçon*
élevé dans la relicion réfom
])èrc, possesseur d'une médi<
time , le plaça de bonne heur
du roi de Navan-e. Agé de de
le jeune Hosny étudiait à Pa
de la journée de la Saint-Bar
S'étant réveillé au bruit, s
vemeur et son valet sortirc
connaître la cause du tumult*
Îruis on nesut ce qu'ils étaient <
j'enfant , seid avec son hôte
de la présence d'esprit. 11 s
de sa robe d'écolier , mit
d'heures sous son bras , et i
au collège de Bourgogne. Le
servit de passeport à traver
sassins. Le principal du colli
cha durant trois jours. Quai
de Navarre s'échappa de la
France , le baron de Rosny
et Tie tarda pas k s'en fair
quer. Ce roi disait : « Il a
» gentil esprit; et, s'il vit, i
» jour quelque chose de bon
SDL
;aîtc du prince , sa noble fran-
sa brillante valeur, captivé-
entot tontes les affections du
fcuycr. Son précepteur La-
; se mêlant d'astrologie judi-
lui avait souvent recommandé
Acher au roi de Navarre , par-
:e pi'incc , après avoir touché
ne, s'asseoirait sur le trône de
. Henri avait sept ans de plus
iny . On vit s'établir entre eux,
jue la distance du rang le per-
, une rivalité* de bravoure et
jesse. Au siège de Vilicfrau-
Périgord, Rosny, précipité
fosse, remonta sur la brrebe.
nande, à l^ctoure, dans cent
ns , il partagea sans réserve
igers que chercliait le roi de
•e. Une circonstance suspen-
faits d'armes. Le duc d An-
ère de Henri 111 , faisait valoir
ftentions sur la souveraineté
r's-Bas , et emmenait à sa suite
id nombre de gentilshommes,
l'accompagna , dans l'espoir
mvrer des biens qui avaient
;nu â sa famille dans ce pays,
léresser en sa faveur un oncle
ante fort rirhcs. L'expédition
; et Rosny ne plut guère à ses
. de Flandre , à cause de sa re-
II revint en France, où le roi
arre le reçut avec joie. Il se
igrcable à une riche héritière,
c (!ourtenay , qu'il cfpousa. Le
le Rosny se lit dcs-lors remar-
ir de brillants équipages , de
11X gentilshommes et par le
Irc de sa maison. On s'éton-
e sa r(»rtnne coni])urtàt de si
iéprnses; mais on it^norail les
ces qu'il lirait de* son iiidus-
faisait arlieter eu Alltinague
vau\ (ju'il vendait l'oit cIh.t
:ogue. Dans la dissi|;ali«)n de
'sse, au milieu des dangers de
SUL
^99
la guerre, i! parut toujours préoccu-
pé du soin de s'enrichir, profitant
sans scrupule de circonstances dont
aujourd'hui la délicitesse de nos
guerrier» refuserait de tirer avanta-
ge, n avoue ingénument , dans ses
Mémoires , le bénéfice de ces rencon-
tres : au pillage de Villefranche , il
accepta niille écus d'or que lui offrit^
pour sauver sa vie ^ un vieillard pour-
suivi par des soldats. Le roi de Na-
varre, qui trouvait la bourse de Ros-
ny à son service , et souvent mieux
garnie que la sienne , fut tout disposé
à lui croire plus tard le talent de bien
conduire les finances d'un état (^qy.
Hi:nbi , XX, 101 ). Mais Rosny n'es-
tait encore qu'un oiîicier brave, heu-
reux , se vantant un peu trop , disait
Henri , et ne doutant de rien. A la
bataille de Contras , il dirigea l'ar-
tillerie. A Ivry,deux chevaux fu-
rent tués sous lui; et comme il se re*
tirait blessé de h mêlée , il s'empara
de l'étendard du duc du Maine. Pres-
que mourant, on le transporta, en
litière , dans son château de Rosny ,
dont on n'était pas fort éloigné. Ses
écuyers , tous blessés , raccompa-
gnaient. Le hazard amena le roi
sur la route qu% suivait ce triste
é(]uipage , et le cœur du prince fut
ému. Il embrassa Rosny des deux
bras, et avec l'élan chevaleresque
qui lui était naturel ^ il le déclara
braire soldat , vrai et franc chei^a-
lier. Quelle fut la surprise de Rosny
lorsque , peu de temps après , lés
gouvernements de Gisors et de Man-
tes lui furent refusés ! Il s'emporta ,
croyant ses services méconnus; mais
le roi , qui craignait de faire om-
brage aux Catholiques y n'eut garde
(le céder. A peine rétabli des blessures
d*lvry , Rosny en reçut une autre ,
qui lui causa toute sa vie de doulou-
reuses incommodités : une balle lui
200
SUL
traversa la bouche , et sortit derrière
le cou. Ayant perin sa femme ^ il
cpousa Racliel ac Gochefilet , veuve
du seigneur de Châteaupers. Née ca-
tholique^ clic embrassa la re'forme ,
Sour plaire à son mari. Il souffrait
e ses Diessurcs, se persuadait qiiele
roi était ingrat , et ne pouvant dis-
simuler ses chagrins, il se retira
au château dcÀosny. Ou s'étonne
qu'an serviteur dévoué, qui conce-
vait parfaitement la position difficile
du roi, eût tant de peine à y entrer
dans ce qui touchait son propre in-
térêt. En vain le bon prince lui disait
souvent : « Prenez patience , aussi
D bien que moi , et continuez k bien
» faii'e. » L'étude de Thistoirc char-
ma ses ennuis ; et il devint plus sa-
vant qu'il n'est ordinaire dans la pro-
fession des armes. La culture de ses
jardins lui oflrit aussi d'innocents
plaisirs. Son dépit étant calmé , il
s'empressa de porter ,à Henri des pa-
piers importants, tombés par hasard
entre ses mains. On y démêlait l'éten-
due des projets de la Ligue ^ et il s'en
entretint longuement avec le roi. Con-
sulté sur les moyens de pacifier le
royaume , il n*hésita pas à proposer
à Henri d'embrasser la fui catholique,
conseil assurémenfUésintéressé, puis-
que lui - même^ protestint zélé, de-
vait craindre que sa faveur ne dimi-
nuât par la conversion du monarque.
Geprmce commeuçaità ne pouvoir se
passer de Bosny. 11 l'employa dans
plusieurs négociations importantes ,
entre autres à détacher la Norman-
die de la Ligue. Lorsqu'il rentra
dans la capitale, il lui manda d'ac-
courir , afin d'aider à crier vive le
ROI, dans Paris, Une tentative pour
surprendre Arras ayant échoué, Hen-
ri se désespérait de ne la pouvoir
renouveler, faute d'argent. Alors
( i5(|G) il songea sérieusement à cou-
S0L
fier le soin de ses finances à Rofny* y
Écrivant d'Amiens pour lui aimonoer
ce dessein , il lui peignît son eitréne
détresse , dont il accusait les finan-
ciers, a Leur rapacité l'avait i^éduit,
» disait - il , à n avoir presqu'aucim
» cheval sur lequel il put combattre,
» ni un hamois.compfet qn'il pAt CA*
» dosser. Ses chemises étaient dé-
» chirées , ses pourpoints troués an
9 coude, et sa marmite souvent ztn-
n versée. » Cette position , tout in-
commode qu'elle fut , n'était pas sans
remède pour un roi de France; cl
Rosny consentit à entrer au conseil
des finances. Sa première mesure fiit
de parcourir les provinces , afin
d'examiner la comptabilité des rece-
veurs, et de faire rentrer les deniers.
Partout les ofllcio's des finances loi
suscitèrent des difficultés qui n'em-
pêchèrent pas de prompts résultats.
Menant à sa suite soixante-dix char-
rettes remplies d'argent , il revint au-
près du roi , qui était à Rouen. Ces
sommes se composaient, en grande
partie, de dépenses in'égulicres re je-
tées des comptes. Les courtisans, ja-
loux et moqueurs , ne purent renare
le roi insensible à l'évidence du suc-
cès; et , pour en assurer la continu^-.
tion , il laissa Rosny au conseil,, sans
l'employer au siège d'Amiens. G'es^
en 159.7 qu'il fut seul chargé des fi-
nances, ayant sous ses ordres les au-,
très conseillers. Deux ans après , il
fut déclaré surintendant. Jamais ua
miuistre habile n'avait été plus né-
cessaire à la France. Les produits
de l'impôt étaient engages à l'avan-
ce pour plusieurs années. Le trésor
pouvait à peine fournir vingt- trois
millions aux dépenses courantes.
La dette de l'état montait à trois
cents millions , somme énorme pour
ce temps. Les guerres civiles avaient
ruiué l'agriculture et le commerce*
SOL
[ue les drconstânces ne-
la coDTOcatioQ d'une as-
notables. Us proposèrent
er des dettes , à condition
!ur abandonnerait la moi-
nus de l'état y et se rédui-
ne moitié pour sa maison
n des troupes. La propo-
lit les droits de la cou-
oy fut seul d'ayis qu'on
voyait , dans la disposi-
rits , le danger d'un refus.
>ire qu'il fit comprendre,
tié assignée aux notables,
dont l'évaluation était
iX le recouvrement plus
s roi fut bientôt supplié
Ire, sans partage, la di-
finances ^ et , par l'es-
eux des notables , !e peu-
I la confiance dans la sol-
ale. Cette conduite babile
révint des troubles funcs-
nme circonstance, peut-
rendit un plus grand ser-
nri et à Vétat ( Voyez
Particularités sur les
des finances ). La re-
□gt millions arriérés sur
concilia au roi et à son
reconnaissance des peu-
nature d'impôt fut succès-
minuée de cinq millions ;
ntérieurs de moitié. Une
rère des dettes de l'état ,
orsement partiel amorti-
tte d'un capital de cent
fn recouvra quatre-vingts
domaines royaux usurpés
mes. L'intérêt de l'argent
II denier dix et douze au
î, en sorte qu'on ne put
elà de six écus quinze sols
nnuels, pour un capital de
-•e roi reconnaît, par l'édit
de ces dispositions , que
vé de l'argent nuit à l'a-
SUL
201
Sricultore et à l'industrie. Plusieurs
e nos sujets, dit-il , préfèrent l'oi-
siveté d*un gain à la fin trompeur ,
aux arts libéraux , à TexploiUtion
de leurs béritiges. C'était dans la
I>roduction du sol que Rosny voyait
e principe de la richesse de l'état,
a Le labourage et pastouraee , répé-
» tait-il souvent , voil^les deux ma-
» mdles dont la France est alimentée,
» les vrayes mines et trésors du Pé-
» rou. » Ces grandes vues n'excluaient
pas une continuelle attention aux dé-
tails minutieux de l'administiation.
Toutes les dépenses étaient contrô-
lées. Des formules de comptes furent
prescrites aux agents des finances ,
et l'on vit naître une régularité jus-
qu'alors inconnue. Le roi ordonna
qu'à la fin de chaque année , l'excé-
dant des recettes serait déposé , en
espèces , à la Bastille. 11 s'y trouva ,
lors de sa mort, près de quarante-
deux millons, quoiqu'on eut fait d'im-
menses travaux en tout genre, et des
approvisionnements de guerre. La
- soustraction de cet amas d'argent à
la circulation, a été l'objet de plus
d'une critique ; mais si l'on consi-
dère les circonst^ces , et à quel point
le crédit public manquait de bases
solides , on approuvera la prudence
du ministre: c'est l'avis de Forbo-
nais, juge instruit dans cette matière
( Foy. ses Considérations sur les
finances de la France ). Des soins
persévérants et douze années de paix
élevèrent très-haut la prospérité de
l'état. Le tableau de cet heureux
changement appartient au règne de
Henri IV. Le principal mérite de
Sully consiste dans l'amour de l'or-
dre et du travail , la rectitude de
j'icement , la fixité de volonté , le
zèle pour le bien de l'état. Scrupu-
leux ordonnateurdes deniers publics-
accélérant leur rentrée , il se persua^
10:1
SUL
da^ trop facilement peut-^tre y que
sa tâche n'avait pas iine autre (éten-
due. Jaloux de perfectionner les de'-
taib, l'amcHioration du système gé-
mirai des finances lui échappa. Con-
tradicteor obstine' des plans de Henri
sur raccroissemmtdes manufactures,
il goûtait la seVcnlë républicaine des
lois somptuaires , que réprouve le
caractère français. Il ne tint pas à
lui d'entraver Tindustrie des colons
qui fondèrent la nouvelle France dans
les déserts du Canada. Le roi voyait
pliLS loin que le ministre auquel il
s'efforçait vainement de persuader
que IVpargiK» de l'argent n'est pas
toujours une lionreusc économie. La
Çloire la j)!iis solide de Sully résulte
ne la vigueur qu'il déploya contre
les abus et les prodigalités. La fer-
meté de caractère qui ne faiblit pas
au gré des maîtresses du prince, ne
sera jamais ime vertu commune , et
la vie de ce grand ministre abonde
en traits de ce genre de courage.
Lorsqu'on lui demanda le paiement
des dépenses du baptcfme d'im fils
que le roi avait eu de Gabrielle d'Es-
trées , il vit toutes les largesses don!
celte cérémonie était l'occasion , ré-
pandues avec la morne jirodigalité
i\\\h la naissance d'un fils de France.
tin refus pouvait blesser Henri , au-
tant que G,ibriel!e ; il n'hésita pas à
le prononcer , disant nettement : Il
ny a itoint (Vciifant de France, l^e
roi , quelquefois embarrassé d(; la
roideur du surin Ifudant , le soutint
dans celle ucca-iion ; et la belle Ga-
brielle entendit ces dures paroles de
son amant : « Je me passerais mieux
» (le dix maîtresses comme a ous ,
» que d'un serviteur comme lui. »
La duchesse de Verneuil , non moins
chère a Henri , lut afiligcfe aussi par
l'économie de Rosny. Un jour , elle
lui remontra doucement , qu'il était
SUL
bien juste que le roi fît d
à SCS cousins , à ses pareil
maîtresses. La réponse fu
digne d'être conservée : «
» serait bon , madame , ri
» prenait l'argent en sa b(
» de lever cela sur le^ m
» artisans, laboureurs et
» il n'y a nulle raison ^ <
» qui nourrissent le roi , et
» et se contentent bien d*u
» tre , sans avoir tant de <
i> parents et de maîtresse
» nir. » Sully déchirant
yeux du roi la promesse <
que ce prince avait faite k
tragues , paraît plus sage
Il s'élève encore par sa p
ponse à cette apostrophe :
que vous êtes fou , Rosny
je voudrais l'être si fort
fusse tout seul en France
on résiste aux maîtresses
n'est guère disposé à se 1
mider par les courtisans
duc d'Épernon , malgré s.
sa violence , fut-il obligé \
ner les droits onéreux au \
levait dans ses gouverne
prince du sang, le comte d
s'était fait accorder par le
mission de percevoir une 1
toiles à l'entrée du royaumi
tion de Rosny annula cette
abusive. Livré tout entier
ces, il avait néanmoins c
vif attrait pour la guerre,
ses premières années. La
grand -maître de l'artilU
fortifications ne fut point
mains un simple titre d*li
a\ait ae(piis , si:r l'emplc
et sur l'attaque des places
naissances remarquables ei
où la théorie était encore
fance. An siège de Dreux
t(»nte l'armée en faisant s
SDL
} une tour que les boulets
pu entamer. Centre Topi-
ous les gâiëraux , k» forte-
Charbonnière et de Mont-
i Sayoîe furent prises sous
on. Il s'exposait avec si peu
cernent , que le roi lui écri-
▼ous m'cstes utile en la
de rartiilerie y j'ai encore
esoin de vous en celle des
s. Mon ami , que j'aime
^ntinuez à me bien servir ,
ion pas à faire le fol et
pie soldat. » Pendant la
re'paration des places et la
ion de plusieurs forleros-
lërcnt sa prévoyance. 11 ne
oins laboneux dans les fonc-
;rand voyer de France, de
.ami des bâtiments , de capi-
rëditaire des canaux et ri-
evenu ambassadeur près dc^
I**". , roi d'Angleterre , il
l'albance des deux couron-
ui traité, et il tenta d'obte-
onventions favorables à no-
nerce. Peindre Sully guer-
inistre, ne serait pas le faire
f tout entier , il faut en-
itrer en lui l'ami de sou roi.
le Tadversite coniuieuca cet
imt à toute épreuve qui
les camps le caractère d'u-
le fraternité, et s'arma dans
frilé d'une fraucliise rude et
amais Sully , consulté par
le dissimula sa pensée. Soii-
ae , sans être provoqué , i)
; an roi des représentations
nours peu convenables à son
sa dignité. On ne sait ce
it le plus admirer de la li-
. reproches , ou de la gran-
ne qui en supportait la ri-
n jour cependant, le roi dit
leur : « Voilà un homme que
iurais soufi'rir; il ne fait ja-
SUL
3o3
» mais que me contredire et trouver
» mauvais tout ce que je yeux; mais
» par Dieu, je m'en ferai croire, et
V ne le reverrai de quinze jours. »'
La menace aurait pu s'étendre plus
loin ; mais c'était déjà trop pour le
cœur de Henri. Dès le lendemain ma-
tin , à sept heures , il alla voir Sully
qu'il trouva travaillant dans son ca-
binet.— (c Depuis quand ête»-vous \k ,
lui dit-il ? — Depuis trois heures du
matin. — Eh bien . reprit le roi, ens'a-
dressaut aux courtisans,pour combien
voudriez-vous mener cette vie-là ? »'
Le prince se retira , après lui avoir
donné des marques de la plus douce
familiarité : a Embrassez - moi , et
» vivez avec la même liberté que vous^
» aviez accoutumé. Si vous faisiez
» autrement, ce serait, signe que vous
» ne vous soucieriez plus de mes af-
» faircs. » Le roi renouvelait à l'im-
proviste ses visites. Il resta quelque-
fois plusieurs jours à l'arsenal^ et
voulut j avoir un logement. Lors-
que Sully revint du parlement ,
après la cérémonie de sa réception
de duc , il trouva chez lui le roi, qui
lui dit : « M. le grand ihaître, je suis
» venu au festiu sans ^trc prié; se-
» rai-je mal reçu? » Qucl([ue solides
que fussent les fondements du crédit
de Sully , des intrigues de cour Tat-
laquercnt fortement. Une fois le roi
parut é}»ranlé; il avait n*pondu froi-
dement à une lettre justificative de
son ministre, ct'rentraut dans la rè-
gle de l'étiquette , ii le nommait mon
cousin y au lieu de m on, ami , selon
son habitude. Après Tcxplication ,
attendue avec une impatience mu-
tuelle , Rosny, à genoux , donna lieu
à ces mots devenus si fameux : a Rc-
w levez-vous , Rosny , ceux qui nous
)» regardent croiraient que je vous
» pardonne. » Dans les soucis de la
vie privée comme pour ^^ "fl^oircs
ao4 SUL
d'état y Rosny était l'homme du roi.
Chaîné souvent d'adoucir la reine ,
irritée des infidélités de son mari , et
aigrie par les Italiens, qui l'obsé-
daient , il fallait encore au'il mter-
YÎDt dans les brouilleries du roi et de
ses maîtresses. Le déroûment de l'a-
mitic l'encourageait dans de sembla-
bles missions, auxquelles son carac-
tère franc et brusque le rendait peu
propre. Le genre de vie qu'il ol^er-
vait lui donnait le temps de suflire à
toutes les affaires. Dès quatre heures
du matin, en toute saison, il se met-
tait au travail; à six heures sa toi-
lette était finie, et à sept il entrait au
conseil. Â midi il dînait, sans autres
convives que sa femme et ses enfants;
ensuite il donnait des audiences.
Apres souper^ il évitait les affaires ,
et se couchait à dix heures. Il s'occu-
pait sans relâche des préparatifs d'u-
ne grande expédition militaire, an-
noncée depuis long-temps , quand le
poignard d'un assassin priva la
France du plus vaillant de ses rois.
Dans ce jour funeste , Sully était in-
disposé, et Henri fut frappé en allant
le visiter à l'arsenal. Il n est pas sur-
prenant qu'après cet événement y
ses premières démarches manifes-
tassent le trouble d'une soudaine et
profuudc douleur. D'abord il vou-
lut aller au Louvre près de la reine;
des avis , recueillis aurant le trajet ,
lui firent craiudre que sa personne
n'y fût point en sûreté , et il revint à
l'Arsenal. Cette résolution fut blâ-
mée généralement : tous les yeux
étaient fixés sur le ministre , auquel
ou avait vu remplir un si grand rôle
dans le règne qui finissait. Jja prin-
cesse l'attendait , s'étonnait de ne le
pas voir , et dépêcha plusieurs mes-
sages pour hâter sou arrivée , avec
prière d'amener peu de monde. A
cette recommandation ; les défiances
SUL
de Sully s'accnirent teUemtiit, mi'il
alla coocbcr an château de la Bat-
tille, dont il était aouyemeor, et «'il
écririt i son gendre, ledncdeBo-
ban, Golond général des Soîmci,
d'entrer à Paru avec six mSk «ot
dats. Le lendemain, il seprteBtaai
Louvre, reçut un accueil ohUgeuC,
et dànéla cependant que son pesfw
était passé. On ne loi refusa pas li
permission de se retirer dans mw di
ses maisons de campagne. Il y tonlit
dau^ei^eusement malade, eC le ssih
venir de son bon maiti^ei tonous
présent à sa douleur , lui inqpira li
pensée de rimer on parallèle cntic
Henri et César. Il versifia aussi des
adieux à la cour et à ses cmploîk
Vdici le début :
Adiea maÎMiic, cIiMtMiiXf umet.
Adieu coDseib, Ircaon dcpoMs k ■» faj.
Détaché des aflaires publiques , fl ae
songeait qu'à retirer le plus d'argnl
possible de ses charges , en les resî- ]
cnant au gré de la reine. Préoeeopé !
de la crainte d'une prochaine pcné- '
cutîon contre lesprotestants , il conp- ^
tait envoyer un tiers de ses fond» J
en Suisse, et 'les deux autres lia» -'
à Venise et en Hollande. Sa la- :
mille le suppliait de ne pas se reti-
rer trop brusquement de la cour : on
présumait que le favori n'aurait pas
été éloigné de le souflnr quelque
temps à la tête des aflaires ; nais
Sully n'était pas d'humeur à ployer
devant un Italien qu^l nufprisaÎL
Huit mois après la mort du rw, il se
défit de la surintendance des finan*
ces , et successivement de ses autres
dignités. Non content d'aToir obtenu
de ses charges sept cent soixante
mille francs , plus deux cent quarve ,
te mille francs pour l'abandon de (
trois abbayes et des bénéfices ecclé- [
siastiqucs àoui le feu rei l'ayait pour j
SUL
reçut de la reine nue pen-
agbre de quarante-biiit mille
Ce n'était encore qu'une par-
ia fortune : il avait acheté la
e Sully 9 érigée pour lui en
et de grands domaines^ dont
idic plusieurs avec un gain
rable. 11 sut rendre ses servi-
taires lucratifs , puisqu'il éya-
lus de deux cent mille livres ,
»iitdansla seule expédition de
. L'accumulation d'une im-
fortune témoigne que Sully ne
a pas de servir l'état avec dé-
tsement. S'il faut en croire le
il de Richelieu, que la jalousie
oir abusé , Henri songeait , pen
ps ayant sa mort , à lili ôtcr le
ncnt des finances , non qu'il
nnât la fidélité de son cœur ^
i netteté de ses mains. Le car-
it encore, dans ^^ Mémoires :
eut assurer, avec vérité, que
remières années de ses servi-
urent excellentes ; et si quel-
n ajoute que les dernières fu-
moius austères , il ne saurait
'uir qu'elles lui aient été uti-
ins l'être beaucoup à l'état. »
Sully se retira, après avoir
stré durant quatorze ans les fi-
, il était âgédeciuquantc-un ans.
teaude Villebon,dans la Beau-
fint sa principale habitation ;
âdait l'été et l'hiver. I^e priu-
et l'automne il allait à Rosny,
' , et dans ses autres terres ,
oibellissait de Mtiments et de
». Son état de maison était ce-
n prince : il avait nombre d'é-
, ac gentilshommes, et jusqu'à
rdes ; mais l'cconomie prési-
cc luxe. Ayant conservé, par
lu roi , la direction de l'artil-
: des fortifications , la grande
et le gouvernement du Poitou ,
ai te fut sans doute peu acccs-
SUL
ao5
sible à l'ennui , qui accable ordinai-
rement les ministres rendus à la vie
S rivée. 11 trouva aussi ^ dans la ré-
action de ses Mémoires, une occu-
pation attachante. Plus d'une fois il
fut mandé à la cour et consul té. Rien
n'avait changé dans la forme de ses
vêtements, et sa tournure excitait la
risée des com'tisans, quoiqu'il leur
imposât par son maintien et ses
paroles, a Sire , dit - il un jour à
» Louis XIII , quand le roi yotre
» père^ de glorieuse mémoire, me
» faisait l'honneur de m'appekr,
» pour m'entretenir d'affaires , an
» préalable, il faisait sortir lesboiif-
B tons. » Une grande médaille d'or,
à l'effigie d'Henri IV, était toujours
suspendue sur sa poitrine. De temps
en temps, il la prenait, la contem-
plait^ et la baisait affectueusement.
Dans l'assemblée des protestants , te-
nue à Saumur , la n^ente fut mécon-
tente du duc de Sully. On vit qu'il
ambitionnait la faveur des réformés,
pour s'assurer les ménagements de la
cour. Mais il refusa de se jomdre aux
protestants armés , et demeura cons-
tamment fidèle. Son gendre, le duc
de Rohan, ne put 1 entraîner. En
plusieurs occasions, il transmit à la
régente des avis importants , et lui
donna de bons consens. Louis XIII
honora du titre de maréchal de Fran-
ce la vieillesse du plus dévoué des
serviteurs de son père (i 634)* Sa fa-
mille consistait en trois fils et deux
filles , restes d'un nombre plus con-
sidérable. Son fils aîné , le marquis
de Sully , issu de son premier ma-
riage avec Anne de Courtenay , lui
causa des chagrins : il était aussi pro-
digue que le duc était économe. De
fâcheux procès troublèrent les der-
nières années de Sully, après la mort
de son fils le marquis , lequel laissait
un fils marié à la fille du chancelier
aoG
SUL
Sifguier. Ce jeùiic homme , dirigé par
les parciits ac sa femme , intenta im
procès à son aïeul, et le gagna. Huit
jours après , le tiu décembre i64i y
Sully mourut à Villebou , âgé de 8a
aas ; sa femme vécut 97 ans. Elle lui
fit élever une statue et un magnifique
tombeau à Nogent-le Rotrou , Tune
de ses terres. Il persévéra > dans la
communion protestante , que sou iils
abandonna. Henri avait cru déci-
dait sa conversion, en lui promet-
tant Tcpée de connétable , et le
mariage du marquis de Sully avec
Heprietle de Vendôme y sa fille légi-
timée. Le pape lui adressa deux, let-
tres affectueuses, pour le conjurer
de rentrer dans le sein de l'église. Il
répondit fort respectueusement, sans
vouloir s'expliquer. L'opiniâtreté
était naturelle à sou caractère, et il
jouissait d'une flatteuse importance
dans l'association protestante. Sully
méi'ite d'être rangé parmi les grands
hommes de la France. Né pour les
armes , renommé entre les braves , le
f premier des généraux du temps dans
'art d'attaquer les places , il ne dé-
daigna pas d'employer ime partie de
sa vie à dresser des comptes et des
bordereaux. Il excella comme guer-
rier, (inaucier, ingénieur. Il tenta le
premier d'ijitroduire une régularité
constante dans l'administration des
finances : il ne trouva pas de guide
et de modèle dans les ministres qui
l'avaient précédé ; ses travaux frayè-
rent la route au génie de Colbert.
Personne n'avait encore dirigé les
affaires publiques avec autant d'or-
dre et d*écoiiomie. I^es opérations de
finances qu'il imagina ne furent pas
toutes heureusement conçues. Des
préjugés rétrécirent ses vues;etnéan<
moins sa réputation d'habileté est
montée au phis haut degré : il semble
que les Français aient pris à coeur de
SUL
récompenser le noble orgue
portait à placer la force et \
sance de l'état dans les tréso
l'agriculture couvre le sol d
trie. Ce système, convenable
au premier âge de^ nations,
Sullv d'une sorte d'austérité i
qu'i[ prit souvent pour r^l
actions. Digne ami d'un gn
sa bouche lui parla toujour
gage de la venté. L'exempl
amitié parfaite, si rare dans
dition privée , ne se reprodui
être jamais au même oegrë <
souverain et son sitjet. La ]
n'a pas séparé les deux an
l'admiration qu'elle leur aco
le nom de Sully s'est glorie
associé à la popularitéd'HenrJ
turellement violent , orgueill
tété , avide d'honneurs et d'à
n'évita point assez le double
s'être mit beaucoup d'emi
d'avoir amassé trop debiei
dulgence de Henri montre qi
racheta ses défauts par de b
qualités et d'importants j
Ou lui a reproché d'avoii
le conseil d'enfermer à la
le prince de /^oudé, dont
épouse inspirait au roi une f
sion. La vie entihre de c
homme s'oppose au soupçon
favorisé les dcn?glenients de
et l'on ne p*ut douter qu'il
les inconvénients politiques d
de Gondé vers les Espagnol
reproche encore l'intention d
de la reine en Toscane;
princesse ignorait par trop 1
de Va patience et ae la don
vers un mari infidèle. Nov
dons peu de monuments lii*
aussi précieux que les Ménr
Sully , auxquels il a donné
d'Économies rqra/«. C'est
ration étendue des événen
SUL
l'Henri IV ^ des opérations du
Dcment, surtout oe celles que
irigea. On y trouve d'intércs-
ctails sur la vie privée du roi^
f son miuistrCy et les intrigues
>iir. La forme du récit est des
uirres : les secre'taircsde Sully
nt à leur maître les circons-
le sa vie, qu'il de\'ait certai-
mieux conuattrc que pcrsou-
I pense que ces secrétaires ^ si
.truits, sont des personnages
s y mis eu scène pour éviter à
embarras de raconter lui-
» actions ( Voy . les Mémoires
idémie des Inscriptions ^ t.
ully publia les deux premiers
» en i634* I^e titre, san:» date
, porte que l'impression a
; à Amsterdam; mais elle eut
cbàteaù de Sully. C'est la
e édition, {jpnnue sous le nom
n aux vv verts, à cause des
ures de la vij;uetlc. Ixî troi-
r le quatrième tomes pani-
PariM , eu i06'X , viugt ans
1 mort de Sully, par les
1 savant Jeau le Laboureur.
ce temps , les rcimi)rcs-
sout multipliées. En 1 74*'> y
e rÉcluse eut l'idée d'arran-
iprès un nouvel ordre , et en
sderne , ces Mémoires , peu
ibles par leur mauvaise ré-
Ge travail n'est pas sans mé-
ause des notes dont il est ac-
né ; mais la vérité de l'his-
?st trop fréquemment altérée
Mipprcssions , par la refonte
des faits , des pensées et du
ully et les pcjsounages du
s parais:)ent plus que sous le
sèment d'une physionomie
' ( ^ ^J' Écluse des Loges).
ait composé d'autres écrits
perdus , savoir : Le Traité
erre; le Maréchal de camp;
SUL
.207
les Instructions de milice et police.
Il parait qu'il s'était aussi exercé
dans un genre frivole. Sa famille
conservait en manuscrit le roman al-
légorique de Gclastide. La vie de
Sully n'a pas encore été écrite avec
succès.Son éloge, par Thomas , cou
rouné par l'académie française eu
1763 , n'est pas la meilleure pro-
duction de cet écrivain , et les notes
qui y sont jointes contiennent plu-
. sieurs faits inexacts ( i ). G — l.
SULLY ( fifiNRi ;, artiste anglais,
a contribué beaucoup aux progrès
de rhurlogerie dans le dix- huitième
siècle. Élevé de Gutten , horloger à
Londres, il fit, sous cet habile maître,
de rapides progrès dans la mécani-
que. Il était doué d'un génie inven-
teur, et, dans sa première jeunesse,
il mérita l'estime de Newton, par
des recherches sur les longituoes.
Entraîné par le goût des voyages et
par le desir de s instruire , il passj^
peu de temps après en Hollande, puis
à Vienne , où le prince Eugène le
retint. Il profita de ses loisirs pour
perfectionner ses connaissances et
pour lire les Mémoires de l'académie
des sciences. Ayant fait un voyage à
Paris avec le duc d'Aremberg , il y
rechercha la société des savants et
devint bientôt l'ami du célèbre Ju-
lien Le Roy (/^^ ce nom , XXXIV,
i\'x) , le seul rival qu'il pût avoir
alors en France. Le duc d'Orléans
lui donna la direction de la manufac-
ture d'horlogerie qu'il se proposait
d'établir à Versailles. Sully perdit
bientôt cette place par son inconduitc',
et tenta d'élever, soutenu par le duc
(1) SiilS'c»! le .«ujrt dr plusicarii pircm Hr tlirfr-
tre : l. />* Roi fl le M tri tire on tirnn // et .S'ut-
Ir pur du (U>u(Iriiy , 17^5, iii-8*. II. Sullr et Boi*
n>tè, pi«'cr eii troi» nrtrt , par M. Raillt*!!! , a él*'
i'iiicr MiiN Kiicrcs Mir le ibcritrr de Lnuvo» , ru
iBii.'j. in. Vue Journée rte Xutlr , comédie en un
artr , par L. S. Mcrcirr , ■ vlv jouée anui san»
siiccis sur le thèutrr de l'Odénn, en t8og. A. B. — T.
!108
SDL
de Noaillcs, une seconde manufac-
ture à Saint-Geimain. Mais rembar-
ras des finaDccs , causé par les suites
du système ( F. Law ) , vint tout-à-
conp paralyser l'essor de l'indus-*
trie. L Angleterre profita de la chute
de nos manufactures pour au{i;menter
les siennes; et Sully retourna dans
sa patrie avec tous les ouvriers qu'il
put décider à l'accompagner. N'ayant
pas trouvé les ressources qu'il espé-
rait , il ne larda pas de revenir à Ver-
sailles, Ce fut alors qu'il exécuta sa
pendule à levier (i) pour mesurer
le temps en mer. Ce beau travail lui
mérita les éloges de l'académie et une
Sension de 600 liv. sur la cassette
u roi. Il avait appliqué à sa pen-
dule^ un échappement de son inven-
tion , dont il se promettait une plus
§rande justesse^ mais il fîit obligé
c l'abandonner pour revenir à l'é-
chappement dit à roue de rencontre:
c'est le premier dont on se soit
servi ; mais on n'en connaît pas l'in-
venteur. Dans le dessein de faire quel-
oues expériences en mer avec sa pen-
aule ^ il se rendit , en 1 726 , à Bor-
deaux , où il reçut des savants l'ac-
cueil le plus distingué. Pendant son
absence, il éprouva des pertes consi-
dérables y et à son retour à Paris ,
il trouva ses affaires dérangées. Il
tomba malade de chagrin. Des qu'il
fut rétabli , il s'occupa de tracer une
méridienne dans l'église Saint-Sul-
pice. Les membres de la société des
arts, qui s'était formée sous la protec-
tion du duc d'Orléans, ayant résolu
de reprendre leurs travaux , Sully
loua une salle pour les assemblées.
Trop occupé du succès de ce projet ,
doDt il attendait les plus heureux ré-
sultats ^ il s'échauffa le sang, fut atla-
(i> Ihi en Ironvela dMcription dans le Rectieii
des Machines de l'Acad. dcsScicncts, lY, 75.
SUL
qaé d'une fluxion de noitnne
rut le 1 3 oct. 1708. Gommé
abjuré la rdieion anglicane ,
humé dans Saint-Sulpice , 1
de sa méridienne , que Lemi
refaite depuis plus maguifiqu
Lemonnier , aXI V , 63 ).
yrages d'horlogeriede Sully 01
crits par Lepautc( F, cenom^
ao5), lequel a recueilii dec
sur la vie de cet artiste. On a d
I. Règle artificielle du tem^
ris, 1717, in-So. , réimprii
des additions par Jid. Le Roy
IL Description d^une honi
4^. III. Méthode peur ré{
montres et les pendules y ibid.
in-8®. Il y trace le plan d'ui
Traité d'Horlogerie qu'il n
le loisir de rédiger.
SULPICE-SÊVÈRE(i),
teur élégant de l'Sstoire sa ci
né, vers 363 , dans l'Aq»"*';
de parents qui tenaient un r.
tingué. 11 s'appliqua, dans
nesse^ à l'étuae au droit ^ s
carrière du barreau ^ qui co
alors aux premiers emplois,
signala pas moins par son él
que par son érudition. Un ri
riage, en ajoutant à sa forti
permit de déployer son goûl
magnificence. ïl faisait soi
habituel à Toulouse et à J
Eliisio (3) , près de Carcasse
(i) GeriuaJe le ntimme Sévrre-SiJ^
plusaocinui manuscrits , consultes par
nous coniirmeut 4ue Sulpirùu était K
mais i*uMi|{e contraire a prévaln.
(9) L'Aquitaine ne se bornait poia
province de Guieune et tr* dépend
comprenait tout le Langnedoc loaqt
nées. C'est sans preaves ipie l'on • d
Eice-ScT^e était natif d'Ai^rn : il est p,
Uble qu'il ^taitné àTouIoosc, ou da&a
de cette ville.
(3) EIhko ou FImùo , entre Tonloiu
sonne , aujourd'hui Imx , dans le ce
niaiu{( , suivant les autears de YJfiitkH
guetioCf 1 , 57. M. Sclurll nomme celli
et dit que c'est Lautun {Hisi. Ahrif^.
ittmaine ). ^'oT*i sor In uoMtioB d'
MonkMtnts rdigieux d* m. Dwa^fc,
SUL
e des lettres et la société de
les amis de choix y occupèrent
Lsirs. Doue' d'une ame sensible
a cœur généreux , il prévenait
(oîns ou les désirs de ses amis^
lais il ne fit éprouver un refus
L qui s'adressaient à lui dans
peines. La mort de /sa femme y
umait tendrement , vint inter-
re le cours de sa prospérité. Il
\X de quitter le monde , distri-
ne partie de ses biens auxpau-
, donna le surplus à l'Églife,
n réservant l'usufruit , et se re-
vers 392 , à PrimuUac (4) , où
fcut en cénobite , consacrant
son temps à la prière et aux
iccs de piété. On sait qu'il y fit
ou reconstruire une église pour
Ile il demanda des reliques à
Paulin, évêque de Noie, son
Le désir de se perfectionner
la vie chrétienne, le conduisit
de saint Martin, évêque de
•s , dont il devint le disciple et
accompagna dans ses fréquents
gcs. On croit assez généralement
Sulpice-Sévère embrassa l'état
siastiqueet qu'il fut ordonné prê-
L'invasion des Vandales dans
litaine l'obligea de chercher un
k Marseille, où il entra dans
Donastère et mou» ut vers 4 ^ o ,
int le P. Prato ( Fq/. ce nom,
XVI , II): mais la plupart des
B auteurs reculent sa mort jus-
Q 4^9» Gcnnade ( chap. xix )
ue Sulpice, sur la fin de sa vie,
>ta les opinions des Pélagiens ,
s qu'ayant reconnu son erreur,
m punit par le silence absolu qu'il
la le reste de ses jours. Les meil-
s critiques regardent ce passage
une intercalé par des copistes. On
SUL
209
a confondu Sulpice-Sévère avec un
évéque de Bourges de même nom ,
mort en 591 , et qui par conséquent
lui est postérieur oe près de deux siè-
cles (5). Le principal ouvrage que
nous ayons de celui qui est le sujet
de cet article , est V Histoire sacrée y
divisée en deux livres , dont le premier
s'étend depuis la création du monde
jusqu'à la ruine du temple , sousSé-
décias ; et le second jusqu'à l'an 4 1 o ,
au consulat de Stilicon. L'élégance
et la pureté du style mettent Sulpicc
Sévère si fort au-dessus des autres
écrivains de son siècle y qu'on l'a sur-
nommé le Salluste chrétien. On sait
qu'il av,ait pris cet historien pour
modèle. \J Histoire sacrée fut pu-
bliée , pour la première fois , par le cé-
lèbre Flacius lllyricus (Fb ancowitz),
Bâle , Oporin ( 1 55G ) , in-B». , de
49*2 pages. Siçonius,, ayant été char-
gé par Grégoire XIII d'écrire l'his-
toire ecclésiastique, fit précéder son
ouvrage d'une édition oe V Histoire
de Sulpice-Sévère, i58i ,in-8". ,en
richie desavants commentaires. Elle
a été reproduite par Argellati , dans
le tome iv des OEuvresde Sigonius,
augmentée des notes de Vorstius.
Traduite en français par Jean Filleau^
dès le sei;eième siècle, elle l'a été de-
puis par Louis Giry et l'abbé ^aul
( P^oj^, ces noms) ; W andelaincourt en
a donné une Version interlijiéairc ,
Bouillon , 1 ^ ^9 , in- 1 2. Nous devons
encore à Sulpice-Sévère : une Fie de
saint Martin de Tours {6) , publj|Be
d'abord dans le second volume des
PriimuUiaruM «^(MÏt près de ÎU-^'tCT* ; maif on
C9uuaitpa>1* position prrci««.
XLIV.
(5) Baroniu» et le Martyrologe Romain ont con-
fondu i'evAtiuc de Ilimi^c» a*ec Snlpîci^S«-vire
rbiiitorien. t^eltc erreur n «lé felevre par ll«noil
\1 V , dan» la préface du Maitrrohgf i[u'il a pu-
blie en 1749: *l T démontre que le Niint-Siëge n'a
iauiais nii* le >>**'" d« ce dernier daiiS le MMrlyro-
luge: oQ,lnt reod cependanl un culte dao* l'éi;ili'<e
de Tour», depuif un jlf^mpa immémorial, (j^'^fff/^
((]>' 1a Vie de Miot Marlln a élé trmà. en franç-
pwr Dorjer.
4
210 SUL
Poetœ christiani , Venise , Alde-
Manuce, i5oi ,in-4°«( ^-'c* Annal,
des Aides de M. Renouard ). Elle fut
re'imprimde en 1 5 1 1 , à Paris , in-4°. ,
avec troisDialoguesàumêmesLuUiur:
l'un sur les vertus des moines de l'O-
rient , et les deux autres sur la vie et
les miracles de saint Martin. D'après
ces derniers ouvrages , Sulpice-Se'-
vère a été quelquefois taxé de crédu-
lité et de manque de critique. Au
reste ,il a été témoin oculaire de plu-
sieurs des faiu qu'il rapporte, et sa
sincérité n'a pas été mise en doute.
On a encore de lui quelques Lettres.
Ses OKuvres ont eu une foule d'é-
ditions ; les plus rechcrcliécs sont
les suivantes : Lcyde , EIzévirs ,
i635, ibid., i643, in- ri. La se-
conde est moins belle , mais plus
complète. On y trouve une continua-
tion de l'Histoire sacrée jusqu'à Tan-
née i5i9, tirée de 1 ouvrage de
Sleidan : De quatuor imperiis ( F.
Sleidaic); Amsterdam, i6()5 , in-8o.,
Sar George Hom ; elle fait partie
e la collection Farioruni : Leipzig ,
1719, in-8^. ,par J. Leclerc; mais
l'édition la plus complète et la
plus estimée de cet auteur est celle
qu'on doit au P. Jérôme de Prato
Vérone, i'74"-54»in-4**«>^ vol. L'é-
diteur en promettait un troisième y
qui n'a pomt paru. Dans les notes et
les dissertations dont il Ta enrichie ,
il réfute , avec beaucoup de vivacité ,
les éditeurs protestants, nom , Wors-
tius , Ijeclerc , etc. ^ dont Chr. Adolp.
Klotz , rédacteur des j4cta eruditor.
Upsiens. a essayé de prendre la dé-
fense dans le compte que ce journal
(
troit
j) Les premi^rm éditiooi n'en contîrunrnt quA
If , dont une adrmftcr , p»r Snlpîce-Si'vt're , &
^^tiuie, M brlle-mrrr. H'ArbRry en ■ recueilli
cim^ nnuTplIe« daut le A/t»iri7i'|(e .- inaU let anlenn
Jf l'Hùl. litlir. de Fittnce rrnient que laprcmîrre
Mule esl deSulpite-Srvt're. LVditino de l<eclerr,
j.,^, contient »«7»/ tjrtiiT* de Sir^re .
par KniTir W|c«'l «i |»ir fWliii *
d«ronverlr#
SUL
a rendu d^*édition de Prato ann^
1759. On peut consulter le Becuéil
de Bollandus au ag janvier ; la Bi-
hUoth. choisie de Lcclerc,xx , SaS-
'jg^VHist. Uttéraire\de la Fnm-
ce. II , 95-1 16, et les auteurs citéi
par Sa X dans VOnomasticon ^ i,
46(). Les Dissert.de MoUer^àeBreit'-
haupt et de Feller , sur k vie de
Sévère, son mérite comme ëcrivain,
et son prétendu vœuàw silence , sont
indiquées dans le Cat. de Bunau ,
I, i633. W — ^8.
SULPITIA y dame romaine , vi-
vait sous le règne de Domitien , ven
l'an 90 de J.-C. y et avait épousé un
nommé Calanus^ qu'elle cnërissaît
tendrement. Elle lui adressa des ven
fort touchants sur Tamour et sar b
fidélité conjugale^ mais qui ne sont
pas venus jusqu'à nous. Il n'est nsiti
de cette dame qu'une satire médio-
cre contre Domitien, qui fut corn*
Î)osée à l'occasion de Tcxil desphi-
osopbes , et que l'on a impnmée
sous ce titre : De edicto DomUiam,
quelquefois avec Pétrone , avec Ju-
vénal , et dans le Corpus poetantm
de Maittaire, ainsi que dans lesPo»-
tœ latird minores, L édition pinc^
est celle de Strasbourg , i Sog , in-4*i
donnée par G. Menua. Le président
Bouhier a proposé des corrections sur
cette pièce , dans une lettre adresstfei
Burmann, et qui fait partie du Jlucet
laneœ ohservationes criticœ , Ams-
terdam, 1786. La satire de Sulpitia
a été traduite en vers français par
Fabbé de Marolles , à la suite de sei
Epithalames de Catulle, 1661 ,m-
8^. Une autre traduction tau vers,
par M. Gh. Monnard, avec le texte
eu regard et des notes , a paru a
1816, in-B». On a prétendu que cette
dame était l'auteur des charmantei
Élégies que l'on a ajoutées an qua-
trième livre de Tibulle; enfin on U
SUL
ttribué une satire De lite ,
1 chancelier de Lhopital.
litre Sulpitia . qui passait
us vertueuse des dames ro-
it choisie à ce titre , l'an
►me , pour prëseuter à Vê-
tue que l'oracle avait or-
>Hiir à cette déesse , afin
pirât plus de pudeur aux
M — D j.
TIUS - GALLUS. Voy.
ÏAN ED-DAULAH ( Abou-
) , roi de Perse de la djuas-
waïdes , succéda , Tan 4^3
son père Boha-ed-daulah.
e Cader lui envoya , de
la patente qui , en le confir-
ts la possession de Tlrak
charge d'émir-al-omrah,
rait le titre de Sullhan-
( le sulthan de Tempire ).
prince fut le premier de sa
corc d'un titre que la flat-
t, dq>uis peu d'anne'es, don-
eux Mahmoud le Ghaznevi-
ALAF, et Mahmoud, XXVI,
5 ancêtres n'avaient porte'
e d'ëmir (prince ou com-
). Il quitta le séjour d'Ard-
ca sa résidence à Ghiraz,
)ur son lieutenant dans l'I-
u-Galeb Fakhr-el-molouk:
énéral , au lieu de réprimer
es des tribus arabes et les
u'elles se faisaicut entre
ia le faste d'un souverai^
ile d'Ahwaz , et ne s'occu-
y amasser des richesses,
d-daulah le destitua, l'an
5) et le lit mettre à mort
près. Ce prince, voulant
bonne intelligence avec ses
ivait donné le gouvenie-
[ierman à Abou'iFewarès,
assora à Abou Taher-Kh os-
partie méridionale du Diar-
SUL
311
bekr à Abou - Aly -ai - Haçan ; mais
tous les trois se montrèrent ingrats.
Le premier se révolta , s'empara de
Chiraz , et y prit le titi*ede Ca^van^
ed - daidah. Forcé d'abandonner
cette capitale à l'approche du sul-
than, qui le chassa même du Ker-
man, il se retira auprès de Mah-
mopd le Ghaznevide, et en obtint
des secours, avec lesquels il recouvra
le Kcrman et Chiraz. Sulthan-ed-
daulah , qui était alors à Baghdad ,
en revint aussitôt, et triompha sans
combattre. Le lâche Abou'l Fewares
s'eni\iit d'abord à Ilamadan , où ré*
cnait un prince de sa famille; puis
dans les états du prince de Batyhâ,
qui se composaient des lagunes for-,
mées par le Tigre et l'Eufrate. Là il
eut recours à la médiation de son
frère Abou-Taher, qui gouvernait
Bassora. Sulthan-cd-daulah lui par-
donna généreusement, et lui rendit
son apanage , l'an 409 (1018): mais
uu rival non moins ambitieux , plus
actif, plus habile et plus brave, le
jeune Abou-Alj>al-Haçan , se déclara
contre lui. Il conunença par intri-
guer contre Abou-Mohammed-Ibn«
i>ahlan , yézir et lieutenant du sulthan
dans l'Irak , et entretint des corres-
Sondances avec plusieurs généraux
e ce prince. Sulthan-ed-daulah ,
informé des menées de son frère , se
rendit à Baghdad, l'an 4i i (1021).
Les troupes s'y mutinèrent, et com-
me il songeait à se retirer à Wascth,
elles ne voulurent pas le labser par-
tir qu'il n'eut nommé pour les com-
mander son fils ou son frère. Crai-
gnant d'exposer son fils , qui n'était
qu'un enfant, Sulthan-ed-daulah
choisit son^ frère Abou-Aly, pour
remplir^ en son nom, les fonctions
d'émir-al-omrah , à Bachdad. Mais
à peine fut-il arrivé à Tostar, dans
le Khouzistnu, que, se croyar.t dc«^agc
2ia
SUL
d'uDC obligadon que la viqlcnoe lui
avait arrachcfe^ il renvoya Ibn-Sah-
lan avec une armée, pour chasser de
Baghdad le jeune Abou-Aly , et pour
y reprendre ses premières fonctions.
Abou-Aly vint a la rencontre de ce
général , le vainquit y le fit prison-
nier^ onlonna qu'on lui arracnât les
yeux y et ayant supprime' le nom
de Sulthan-ed-daulah , dans la koth-
bail , il y substitua le sien , auquel le
khalife joignit le titre de Moscheref-
ed'daulah. Cette révolution eut lieu
à la fin de moharrem 4 1 2 (mai I oao).
Par un traite' conclu , l'année suivante,
entre les deux princes ^ Sulthan-cd-
daulah renonça formellement à la
souveraineté de l'Irak , en faveur de
Moscheref-ed-daulah (i), et consen-
tit même que leur frère Âbou-Tahcr
Khosrou , que l'ambition avait mis
dans les intérêts du nouvel émir-al-
omrah , possédât le gouvernement
absolu de Bassora et de l'Ahwaz.
Béduit à la moitié de ses états , Sul-
thau-ed-daulah mourut à Chiraz^
en chawal 4 < ^ ( décembre 1 0^24 ) y
dans la trente-deuxième année de son
âge^ après en avoir régné plus de
douze. Il eut pour successeur son fils
Abon-Kalandjar (ouKalidjar) Ëzzel-
moloiik , qui , après bien des vi-
(i) Celle parlif dr Tbisloire des Bowmdrs est
fort euiltrouilléc h caiisr de la ronrufîou qu'y ici-
teiit la diversité ri mêiiir la reflucmblHiicc dfn iionm.
D'IIrrbt'lot, aue tous 1rs compiialrurK ont rupié,
m- |)ur!e que ae trois fiis de Koha-cd-daiilnh, ne
fait iju'iin seul et mrmr personnage de Can-Hrn-ed*
daiiliili . f|u'il appelle S''ncr('-id-daulaL , cl de j^Tos-
cliiiT-ril ditnl««li , et qn'il l^a1i9po^ieaiu^iiIe llicAlre
delà ^M:rrrr,ri>utretoutrvr<«i»einblaucr, dti Krrmun
diiii» ri'ak. M. Silvt-iitir do Sacv , dans r.u de ses
JUcmoii-ci sur dit-t iSt i . iiititfnitr..i t/c la Pêne , nous
a fait rounuître un (Ile aiiiv de Boba-ed>dMii)ab , le-
3ur] mourut avant um père : mais il ne parle pus
e celui qui (;ouv(-rna IcKerinan .n'avaut en eu vue
que ceux qui ocupî rrulla cbarge d eiiiir-al-<inirBh*
Mnni(li(Ii<(]. Alii.u'l F«*(lrf MR lait luenlion d'Abou'l-
Fetvai-e!4 , qui- sons l'année 4' 5, a[m>s la mort dé
Suillianw-dilanliib; et l'antrur du /.ouh el Tiiwunk
q|ai le nomnic: (lawnm-eddx n , n.' le cilr que miu» le
règne de ce dernier prince. Le» cxh-tiils iuf »rnif»
de Blirkhond, par 'J'eseim, auraient S4ifli ucnointrtii»
puur edairrir ce pciiul d'bistoirr.
SUL
cissitudes, et malgré l'op]
ses oncles , parvint à rcco
les titres et les états qui a'
partenu à son père et à f
mais la mésintelligence de
fit passer bientôt sous la d
des Seldjoukides. ( Voyez
Beig^ et au Suppl. Meli
HIM.
SULZER ( Jean-Gasp.
à Winterthur , en i t 1 6 , el
Gotha, en 1779. 11 étudi*
cine à Strasbourg , où il ]
1740, -une thèse académi
ce titre : Historia morbc
rumdam Helvetiis endemi
1756, il fut appelé à Goth
médecin ordinaire du duc
Gotha. 11 occupa cet cm
exerça son art , avec un ^
CCS , pendant plus de cinq
et c'est à sa prudence et à
qu'on dut l'utroduction (
lation de la petite-vérole
grande partie de l'Allen
monument que la piété
a élevé à Gotha , le nomm
son : Firunij ah innocet
morum sua^itate , artis ^
mira in pauperes caritû
omnibus commendatissim
SULZER ( Jean -Geor
du précédent , naquit k W
en 1720. De vingt - cinq e
son père, magistrat d'im
et d'une probité à toute épn
eus de deux lils^ Jean-Gc
dernier. Il reçut la meillc
tion de SCS parents, qu'il {
un âge fort tendre. L'mstn
obtint aux gymnases de \
et de Zurich lui donna mo
pour les études que ne le (i
te l'exemple et 1 encourag<
condisciple, Jean Gessne
chanoine et célèbre natura
tiué à l'eut ccclàùiistîque
SUL
osophie et de Thistoire uar
s ëUidrs favorites. Institu-
cairc d'au cure de campa-
*inl quelques années , par-
m temps entre l'e'tude, la
ition de la nature et les agrë-
la société , il devint auteur,
et donna divers morceaux,
ouvrage périodique qui
lit à Zurich. Ces pièces ont
'illies à Berlin , et pu-
s le titre à^ Essais de phy-
liquée à la morale, For-
traduits en français , dans
iges philosophiques , Ley-
.. En 1744» Sulzer devint
* dans la maison d*uu nc'go-
flagdebourg; et, trois ans
obtint à Berlin une chai-
la thématiques au collège
m. En 1750, il fut reçu à
e des sciences , agrégé à la
philosophie spéculative. Il
s travaux principalement
sychologie. Les Mémoires
nit à Tacadémie sur cette
et qui sont répandus dans
on de ses travaux , furent
ite traduits en allemand et
deux volumes. Leur succès
plet; et Sulzcr fut compté
métaphysiciens de l'Alle-
i 1760, il perdit une femme
t épousée k MiigdeLourg, et
ait les délices de sa vie. Ac-
uileur,ilobtint, parle crédit
is d'Argrns, sou ami zélé,
»iou de faire un voyage eu
>ii il revint en 1763. Ce fut
î séjour dans sa patrie qu'il
articulicremeiitdesa Théo-
selle des beaux-arts , qu'il
tisfaction d'achever et de
lire (2 vol. in- 4**' 1 ^77^?
nd ). La deinière édition ,
;, est en 4 vol. in- 8<>. ,
important ouvrage restara
SUL
ai3
k jamais le principal monument de
la gloire de Sulzer. Une profonde
coimaissance des sciences, des arts
et des vrais principes du goût , a
présidé à sa composition. L'au-
teur desirait ramener les beaux-arts
à ce qu'il regardait comme le but
de leur première institution , les rap-
porter tout entiers au bien de la so-
ciété, en sorte que les sources mêmes
des plaisirs étant une fois épurées,
ils concourussent , par une heureuse
harmonie, à former de bous citoyens
( I ). Eu 1 764 , Sulzer résigna sa chai-
re , et voulut se retirer en Suisse;
mais Frédéric II , désirant le retenir
k Berlin , lui accorda une pension , A
le nomma professeur de philosophie
à l'académie des nobles, qu'il s'oc-
cupai t de fonder. Une maladie cruelle^
à laquelle ce savant avait été près de
succomber en 177 1 ,et qui avait mi-
né ses forces , l'engagea , en 1776^
à faire un voyage en Italie. Il passa
l'hiver à Nice , et s'y rétablit; mais,
ayant ensuite été surpris par le froid
et la neige , dans les montagnes de
la Suisse, il y retrouva tous ses maux,
et revint, ranuéc suivante , k Berlin,
où il vécut tranquillement. Le toi
l'avait nommé directeur de la classe
de philosophie avant son retour de
ce voyage, dont il a donné une re-
lation' fort intéressante , publiée à
Berne, en 1780 , et traduite en fran-
çais ( par Remfner) sous ce titre :
{i> Thiéhauît mconte, àno» «w Souvenirs de
Beiim , qn© Sulxw, l'nyant prié de faire traduira
cet uiivrdgeen franraia, et de l'envoypr 4 Paria,
pour y clrb imprimé, il en fut Mdrftfé q[ne|aue«
niurcrànx à un libraire qoi ne put »o rharger del en-
treprise. Mais Tliii'bauU aiouta an'il fut trrs-éton-
né de voir ensuite ces mètnes articles impriméi lit-
témlement dans rEnrrclopédie méthodique sous
le nnin de Marmontel. L article sur rallégnrie a
été tradnit en français par Jansen , 4 la tuile d«
VJÙégorie de Winckdmaun , Paris , an 7 (17O9 ) .
a vol. in -8». MilHn , dans son Diclionnair*- des
beauT a#ts , a largement puise dans l'ouvrage de
Saixer , qu'il n'a gutre eu qu'à réduire en ordre
alphabétique. M— D 1-
rii4
SUL
Journal d'un voyage fait en i"-']^
et 1 775 dans les pays méridionaux
de V Europe , La Haye , 1 78a ,
in-8''. Voici le jugeincnt que por-
te Foriney sur le caraclÎTc de Siil-
zer : o II pcnsnit forlcmcnt; il se
pe'nc'lrait des idées que sa luedila-
tiou lui avait fou mies et les plarait
dans sdn cerveau d'une mauicre inef-
faraLle. S'il etail question de soute-
nir ensuite ce qu'il avait une fois
conçu et projclc , il le faisait avec la
plus ji;ran(le fermeté, avec une vi-
gueur incl)r;;nlal)le; et les obstacles,
les résistances ne faisaient que leroidir
et le transformer en une espèce de
rocher, contre lequel tout effort était
inutile. Heureusement il voulait le
bien, le plus grand bien. \\ tendait «^
la perfection , à la plus grande per-
fection ; mais c'est peut-être cette vo-
lonté si louable , cette ardeur si gé-
néreuse, qui l'emportaient quelque-
fois au-delà du but , et qui l'empê-
cbaieut d'apercevoir des diflicultés
très-réelles , qui naissaient du temps^
des circonstances , des ressources ,
des moyens, eu un mot, de ce qui
c'tait d une nécessité indispensable
à la réussite de ses vues. » Ibiébault
le place au piTmier rang des auteurs
allemands , pour l'élégance du style
et la justesse des pensées. Sulzer mou-
rut à Berlin, le «27 février 1779. H
a écrit lui-même des Fragments sur
sa vie , publiés par I^icolaï , eu
i8o(), à Berlin, eu allemand; et le
docteur Hirzel a donné deux volumes
consacres à la mémoire de son ami ,
Wintcrtbrir, 1780 , en allemand.
Voyez au isi son Élof^e, par Formey ,
{^ Académie tic Berlin^ '770* '^*^"
portrait a vXé gravé par Dau. Ber-
ger, d'après Graf. H se trouvait sur
une médaille qui fut gravée en son
honneur, à Berlin, en I7j5, par
Abramson. Û — i.
SUM
8UMMARlPÂ(GEOiiGB DE So«.
MARiVA, plus connu sous son nom
latin DK ) , chevalier et poète, né
à Vérone, en i435 , étudia la juris-
prudence, fut gouvemear de Gn-
disca , en i488 , et mourut vers k
lin du quinzième siècle. On cite nue
piÎHîc signée de lui , en 1 4*76 , et dans
laquelle il prenait le titre de prwisor
fortalitiorum Feranensium^ A «s
occupations, déjà disparates entre
elles , Summaripa joignit Tamoar
de la poésie ; et , après avoir tra-
duit Homère et Juvénal, il oût en
tercets l'histoire de Naples , le»
actes d'un martyr, et jusqu'à son
propre testament. Le Jw^énal^ le
moins oublié de ses ouvrages, a le
me'rite d'être la première version
italienne de ce poète ; mais les
vers en sont ridicules y et ils. sur*
passent souvent rorieinal en ob-
scénité. On a de lui : 1. La Bainh
comiomachia d'Omero , trad. in
terza rima^ Vérone, li?® > in^*-
II. Satire di Giovenale , trad. in
terza rima y Trcvise, 1480 , in- fol.,
et Venise ( 1 53o) , in-80. Cette réim-
pression a été citée par Hennin ( F,
ce nom, XX, 68), de la manière
suivante : Prodiit Ripje , in - &^. ,
auctore Georgio Summjê ; et Arge-
lati {Biblioteca de* volgarùzatori
italiofd ^ II, 175), en parlant de
l'édition originale, au pied de laquelle
sont marqués ces mots : ji/mnsso
favio (Jluuio ) Silese , c cst-à-
dire près lejleuve Sile , nom de la ri-
vière qui coule près de TréviK ;
ajoute que cet ouvrage fut exécuté
chez Flavius Silese , prenant amsi le
nom d'une rivière pour celuide l'im-
primeur. Ce dernier s'appelait Jficfttf/
ManzoUno de Parme. 111. Marti-
rio dcl hcato Simone di Trente ,
Trévise, i48o, in-40. ÏV. Crvnica
délie cosc geste nel rvgno NapoUr
SUM
• atmi ç)5ç) , daW antio
0 al i4o5, per riihmos
, Venise , 1496, m-4".
{ sans date ) , recueil de
oche et cattive (dit Maflei).
lonnaissons pas autrement
e. On consers'e à la biblio-
•gUabechiana, à Florence,
manuscrite du testament
ripa , qui n'en a dicté en
î préambule. A — g — s.
3NTE ( Jeapt-Antoiwe ),
ne vers le milieu du sei-
le , à Naples , où il excr-
3fession de notaire ou de
f éprouva de graves per-
>our avoir dévoilé , dans
rc de ce royaume, roriginc
.noble de quelques familles
qui, n'osant pas contester
; ses détails génealoçiques,
m crime d'avoir fait cod-
blissement des gabelles et
oits de la couronne. L'ou-
iaisî , brûlé ' et l'auteur ,
5té mis aux fers , se vil
ie réformer quelques-uns
litres. Cette disgrâce l'af-
lent , qu'il mounit de cha-
} mars 1602. Son travail
ropremcnt parler , qu'un
faits , de renseignements
, classés d'après un cer-
, qui en rond la recherche
>l beaucoup , sans doute ,
cmbler les souvenirs c'pars
)n : mais ce mérite n'est
lairo* et ceux qui l'ont
•n élevant Summonte au
orien, lui ont donné une
ne pouvait que sVclipscr.
:me pas à l'abri de tont
oramc compilateur; et ses
artisans ont été obliges de
es censeurs, pour diminuer
l'ccrivain : ils ont ])rcl( iidu
»g( s les plus ritliciilesdcson
SUM
ai5
Histoire , s'étaient que des inteq)o-
lations introduites dans le but de nui-
re à sa réputation. En ce cas , on
devrait plutôt plaindre Summonte
que l'accuser d'avoir dit qu'il existait
une plante qui pouvait nous aider à
comprendre le chaut des oiseanx ;
que Virgile avait été constd k Va-
ples^ ou il avait laissé de beaux
ouvrages publics; que cette capi-
tale avait été assiégée par les Sara-
zins , en 58i , etc. Mais ou sent le
peu d'effet que ces absurdités auraient
produit sur l'esprit des contempo-
rains de Summonte , trop crédules
eux-mêmes pour relever de pareilles
bévues. Loin d'a},outer à ce que l'au-
teur avait écrit, on exigea la sup-
pression de plusieurs passages , qui
o'ont jamais été rétablis ^ quoique
les mêmes faits se trouvent rapportes
par les autres historiens de Naples.
Summonte del)ute par la fondation
de cette ville, dont il entoure le ber-
ceau de toutes les fables débitées sur
la sirène Partbénope; et il ne s'arrête
qu'à l'année 1 58u , où il termine son
travafl. Une grande partie du pre-
mier volume est consacrée aux tribu-
naux , ainsi qu'aux lois municipales
et administratives. Gianuone, qui a
Î)rofité des recherches de Summonte,
e cite toujours comme une autorité ;
et c'est déjà une forte présomption en
faveur d'un écrivain qu'on a trop
déprécié , lorsqu'on ne l'a pas loué à
outrance. La partie la plus faible de
l'ouvrage est celle qui a rapport aux
siècles barbares ; mais l'on sait que
du temps de Summonte l'on man-
quait des secours nécessaires ]>our
pénétrer dans les^ ténèbres du moyeu
âge , et que ce n'est qu'après la pu-
blication de tant de chroniques , de
chartes et de lexiques pour lesdéchi-
frer, qu'on a pu oser se jeter dans ce
délia le inextricable. Le style de cet au-
!ll6
SUN
tpur est tel qu'on doit l'attendre d'uu
chroniqueur : il écrit sans artifice et
sans prétention ; mais ses phrases ,
ordinairement incorrectes, se font
souvent remarquer par une certaine
naïveté qui contribue à inspirer de la
confiance au lecteur. Le libraire qui
entreprit T^tion de 1676, s'e'tait
adresse' à Samelli ( F'qy. ce nom ,
XL , 4^1 ), pour en faire disparaître
quelques taches. Ce savant lui ré-
pondit qu'il fallait traiter Summonte
comme les ruines de Pouzzoles y dont
on u'approchaitqu'avec respect. L'ar-
gument parut sans réplique ; et l'on
poussa ta vénération au point de
laisser sans remarques les erreurs
les plus grossières du texte. Ainsi l'on
reproduisit y entre autres , la phrase
suivante, qui contient presque au-
tant de fautes que de mots : « Numa
» accrédita le bruit que ses lois lui ve-
» naient de la nymphe Egéric , pour
» ne pas avouer qu'il les tenait de
» Pythagore, Grec » habitant dcMé-
» taponte, maintenant Manfredouia-
» Cotrone » ( livr. i«*". , chap. ^ ).
La mort de Summonte arrêta l'im-
pression de l'ouvrage, dont le troi-
sième volume ne parut qu'en iG4o ,
et le quatrième trois ans plus tard.
La difiiculté de rassembler ces parties,
publiées à des époques différentes ,
et sous l'action de la justice, engagea
Eulifon à les réimprimer en 167 5 5
et quoique cette seconde édition fût
calquée sur la première , elle déplut
à la cour de Rome, qui la fit mettre
à V index. Ce qui paraît avoir provo-
qué cette mesure , c'est un passage
où, en racontant la trahison du comte
de Caserte k Ccppcrano ( Fo^-. Man-
1 RF.i) , XXVI , 47^ ) 1 Summonte
cite l'autorité de saint Thomas , pour
Icgilimer le droit d'assassiner im ty-
ran. Ses ouvra^^es sont : I. Manuale
dmnorum officiorum , quœ juxta
SUN
ritum S. R. E, recitantu
Naples, 1596, in-8<>. II.
délia città e regno di Napt
ibid., 1601 , in-4°. Ce jprei
lume est très-rare : il fut ré
l'année suivante, avec plusiei
gements ; et cette nouvelle
porte quelquefob la date d
mière. Le second volume
1602, le troisième en i^h
quatrième en i643, in-4**.
deux éditions du troisième
la meilleure est celle qui
nom de François Sat^io. 1
vrage fut réimprimé en 167
in-4^-9 ^^ augmenté de la de
des antiquités de Pouzzoles,
fredo ; d'un Traité sur les h
même ville, par Villani j de
morceaux historiques , par
magiore (Biaise Altoraare);
Notice sur les tribunaux,
qucs de Naples, etc., réc
Sarnelli , qui en fut l'édi
troisième édition , ibid. ,
vol. in-4®. ,est accompag
Vie de rauteur , par de C
Voyez Soria , Siorici naj
pag. 570 , el ( Rogadei ) , S
tUritto pubblico e poliiico <
di NapoU , Cosmopoli ( L
17G7 , in-4®. , p. 4G. A
SUMOROKOF, Foy.i
KOF.
SUNDERLAND ( IIen
CER , 1*^'". comte de) éJj
Guillaume, loixl Spencer,
Pénélope , fille aînée de Hei
thesly, comte de Southan
Il naquit à Althorp , au m*
vembre 1620 , et épousa ,
dix-neuf ans , lady Dorothi
^—i ^— i— — ^— •■^^— ^— ^■^—
(i) Un antimiairr angbit , citr pa
liiii , a prt'teudu qu'elle dcscniHait.
côté», drsroîjid'AnulHrrte, d"Krn»s
de Ji'ruaalcm, d'Etpaguc , de Parti
SVHf
! de Leicester , femme
fe par sa beauté que
5 (a). Fleuri Spencer
le continent , lorsqu'il
rt de son père; il re-
temcnt en Angleterre,
dans la chambre des
I . Quoique oppose' aux
tëes par Charles I*»".,
)rince Tappui de son
> conseils. Il l'accom-
ëe , le suivit h Oxford,
de la bataille d'Ëdge-
lit combattu vaillam-
volontaire, n'ayant
aucuncommandement.
isersa lidclité et sa bra-
s !«»". le créa comte de
}ar lettres patentes du
11 ne jouit pas long-
onneur j car il fut tué
vaut , à la bataille de
I commandait une par-
tie de rarmée royale.
0 ( Robert wSpencer , 2«.
i unique du précédent ,
i I , et fut élevé par le
* , qui raccompagna
es qu'il fit sur le con-
t le temps queTAngle-
us la domination de
1671 , Charles II le
sadeur extraordinaire
Espagne , et le chargea
Sa Alajeslé Cathbli-
à la France et à TAn-
e les Provinces-Unies,
r du moins la neu-
Sunderland n'ayant
trée publique à Ma*
:ela se pratiquait or-
fut vu de trcs-mau-
Ja cour d'Espagne,
T son ressentiment,
SUN 317
décida^ par un ordre d'état, guà
l'avenir aucun ambassadeur n ob-
tiendrait d'audience particulière du
roi y qu'après sa première entrée pur
blique. N'ayant pu amener l'Espagne
à se déclarer contrelaHollande(3} , il
quitta Madrid , le 3o mai , et se ren-
dit à Paris , dans la même qualité. En
1673, il fut choisi pour rempliriez
fonctions de l'un des plénipotentiaires
qui devaient s'assembler à Cologne,
sous la médiation de la Suède ^ pour
le rétablissement de la paix générale.
Ce congrès n'ayant eu qu'une courte
durée , lord Sunderland revint çn
Angleterre, au mois de mai 1674,
et fut immédiatement admis au con-
seil privé. Au mois de juillet 1678,
il fut envoyé de nouveau en France ,
mais il ne put empêcher la signatu-
re d'un traité de paix particulier eu-
tre Louis XIV et les États-Généraux
(4). A son retour en Angleterre , lord
Sunderland fut nommé secrétaire-
d'état : nous n'entrerons point dans
le détail de -toutes les intrigues qui
occupaient alors le gouvemcment et
les deux chambres ; nous dirons seule-
ment que Sunderland contribua à la
prorogation d u pa r]ement,qui eut lieu
en 1 679, malgré l'opposition dcShaf-
tesbury ; que la même année il vota ,
ainsi qu'Essex et Uallifax , qui for^
maient avec lui, dans le conseil, ce
qu'on appelait le triumvirat y contre
l'exclusion du duc d'York de la
couronne; et qu'en 1680 , il se pro*
nonça avec beaucoup de force pour
l'exclusion de ce même prince, doni
il considérait alors V avènement au
trône comme une calamité nationa-
le. Charles II témoigna ua vif mé-
contentement de ce dernier vote de
Sunderland, et l'exclut de ses con-
(3) ]^lle •'•llia même btcc elle par le trallé da
bré« dans ses pwines , soiu le ^^ *""' 1073.
(4) >o Met ifl^S, tMiU d« KLn^e.
3l8
SUN
setls. Il le Ht entrer de pouvcau au
conscil-priye' ^ an mois de septembre
i6Sij et le nomma pnncipal secrd*
tairc-à'état. Ce fut en cfltc qualité
qu'à la mort de Charles 11 ( février
i685 ) , Sunderlaiid sipia Tordre,
pour proclamer le duc d'York , roi
d'Angleterre , sous le nom de Jac-
ques II. Ce prince lui conserva son
emploi, et le nomma y au mois de
décembre , président du conseil , et
au mois, d'avril 1687, chevalier de
la Jarretière. Sous le prédécesseur de
Jacques II , Sunderland avait été le
j^ensionnaire de la France ; il conti*
nua de l'être sous le rëgnc de ce der*
nier prince , dont il possédait à cette
époque toute la confiance : bientôt le
conseil ne fut plus assemblé que pour
la forme, et toutes les affaires furent
décidées entre le père Piter, Sunder-
Jand et le roi. En 1687, Spencer,
fils de Sunderland s'étant déclare
catholique, pour faire sa cour au
roi, ce dernier promit de l'imiter, et
il fit, en effet, en 1688, professioD
ouverte de catholicisme, après la
liaissance du prince de Galles. Les
intrigues du prince d'Orange, et Ica
projets qu'il avait formés contre son
i)eau-père, ayant été découverts par
la cour de France , Louis XI V en
fit donner avis à Jacques II , et pro-
j)osa en même temps de lui fournir
des secours suffisants pour repousser
l'invasion dont il était menacé et
renverser les projets des mécontents,
fiurnet accuse Sunderland de s'être
opposé à l'acceptation de ces of-
fres et à l'arrestation des person*
nés suspectes ; les dépêches de Ba-
riljon confirment ce fait et font con-
naître en même temps qae Sunder-
land avait refusé également d'ap-
prouver la proposition de faire venir
en Angleterre des trouj)es catholi-
ques d^rlandc. Quels que fissent les
SUN
motifs de Sunderiaad, celle condui-
te fit naître des soupçons, et kni
céda aux instances a^ catholiqnB,
en lui retirant sa confiance, et en
nommant k sa place le vicomte Prer-
ton. Sunderland se retira en HoUao-
de lorsque Guillaume effectua son
débarquement. Ce qu'il y a de sii-
gulier y c'est qu'il fut excepté de l*ack
d'amnistie signé par ce prince le a3
tuai 1690 y et qu'en 109a, le rot
Jacques l'excepta également du par^
don dans la déclaration qu'il raidît
au moment où il se disposait k ft
rendre à la Ilogue pour tenter un dé- '
barquement en Angleterre. Qndqae ^
temps après , Guillaume, qm avait
conçu une haute opinion dû talcnU ;
de Sunderland , lui accorda sa con-
fiance , le consulta sur les matiiRi
les plut délicates , et lui permit de
rentrer en Angleterre. En 1695, îl
alla le visiter à Althorpet resta jua-
êieurs jours avec lui. Sonderiand,
qui paraissait alors livré tout entier
au parti de Guillaume , fit des dé-
marches pour réconcilier les HVkîp
et les Torys ; mais ce fut vainanaiL
Le 19 avril 1 697 , il fut nomméloid
chambellan , et trois jours aprii -
membre du conseil privé. Cette n^ -
me année, Guillaume s'étant ifsiâ ^
en Hollande , Sunderland fut nonui^ ^
l'nn des lords justiciers ncndast
l'absence du roi. La chanuire dci
communes témoigna le mëcontenlr-
ment que lui inspirait la présoet
d'une armée considérable en As-
cleterre y et manifesta l'intentifli
de réduire ces forces à sept vSk
hommes. Sunderland voulait qn*dhi
fussent portées k 1 5,ooo , et la ci*- ^
duite Qu'il tint à ce sujet, dans les d^
bats du parlement , l'exposa ca
attaques aes Torys , tandis que ks
Whigs étaient jaUNix du crétStdoat
il }oui5sait auprès du roi. Le a0dé-
SUN
>97 , il donua sa démission
s emplois et se retira dans
ice a Altliorp, où il resta
• au conseil et sans se mêler
•es publiques , jusqu'à sa
ve'e le 28 septembre iroi.
î esprit mobile , vif et pe'-
i'uiie p;rande habileté dans
s , et de ces grâces irrësis-
fonttout pardonner, Sun-
suivant Bu met , changeait
:omme d* habit ; et cepen-
les partis Je recherchaient
ir et croyaient tous le pos-
piement. Kntraîne' par un
îsordonne' du faste , les
ëgitimes de pourvoir à ses
'arrêtaient rarement; aussi
il, sans he'siter, toutes les
ue la France lui offrit pour
intérêts de sa patrie. Tour-
partisan ou Tennemi du duc
protestant et catholique ,
Je cela convenait à ses in-
ut successivement ministre
îs II, de Jacques 11 et de
; , sans cju'on puisse a (Tir-
ait trahi les intérêts d'au-
souverains. D — z — s.
ERLAND( Charles Spen-
ième comte de) était le se-
u précédent , et d'Anne Dig-
3 George , comte de Bristol,
rons l'époque précise de sa
Il fut élevé par le savant
rimnel , qui fut successive-
ue de Norwich et de Win-
•on frère aîné étant mort
rite . il devint T héritier pré-
es biens et des litres du
lunderland leur père.Parve-
prescrit, il fut choisi en
ps par les bourgs de Hey-
Tivertou , pour les ropré-
ch ambre des communes ;
ur ce dernier , et le repré-
le parlement qui s'assem-
SDN
219
Ua en iôoS y et dans les qnaUre au-
tres qui lui succédèrent. Il avait
épousé, le la janvier 1694^ lady
Arabella , fîlle de Henri Gavendish ,
duc de Nevvcastle , et un an ne s'était
pas encore écoulé depuis la mort de
cette dame (4inin 1698) , lorsqu'il se
maria en secondes noces à la seconde
fille du célèbre Churchill, duc de Marl-
borough (16 janvier 1699). Au com-
mencement de 1705 , il accompagna
la reine Anne dans la visite qu'elle fit
à l'université de Cambridge , et sui-
vant l'usage, il fut reçu docteur en
droit. Nommé, au mois de juin delà
même année , envoyé extraordinaire
et plénipotentiaire auprès de l'empe-
reur Joseph I«^., pour lui adresser des
compliments de condoléance sur la
mort de son prédécesseur , et le fé-
liciter sur son élévation à l'empire ,
il fut chargé en même temps d'ar-
ranger les différends qui s'étaient éle-
vés entre ce prince et les Hongrois.
Après s'être concerté avec le duc de
Marlborough , il arriva à Vienne le
îi6 août ; et , réuni aux plénipoten-
tiaires de Hollande , il eut plusieurs
conférences avec les ministres impé-
riaux et les députés Hongrois. Il se
rendit ensuite à Tjrmau, que les der-
niers avaient choisi pour le lieu'de
la négociation; mais avant qu'elle eût
produit des résultats définitifs , lord
Sunderland retourna à Vienne , prit
son audience de congé, et se rendit à
la cour de Berlin, où il renouvela
avec Te roi de Prusse le traite de sub-
sides qui venait d'expirer , et par le-
quel ce prince s'engageait à entrete-
nir huit mille hommes en Italie. De
Berlin^ lord Sunderland passa dans le
Hanovre , et revint en Angleterre ,
après avoir séjourne quelque temps à
la Haye où il termina d'importantes
négociations avec les États-Généraux.
11 arriva à Londres , le 3o décembre
220
SUN
1705 ; et à la rentrée du parlement,
les deux chambres lui adressèrent des
remerciciDcnts pour les (grands ser-
vices quil avait rendus dans la der-
nière campagne , et pour ses pru-
dentes négociations avec les alliés
de S. M, Au mois d'avril i-joG, il
fut nomme' Tun des commissaires
chargés de traiter l'iuiion avec l'E-
cosse; cette négociation se termina
heureusement par une convention qui
fut signée , le u'2 juillet de la même
année , par les délégués des deux
royaumes. Le 3 décembre, il fut
nommé membre du conseil privé, et
l'un des principaux secrétaires-d'état.
Au mois de mai 1708 , il fit partie
du nouveau conseil privé qui fut for-
mé conformément aux dispositions
de l'acte passé pour rendre l'union
des deux royaumes plus complète et
plus emicre. Lors du procès de Sa-
cheverel, le comte deâunderland se
J Prononça fortement contre ce théo-
ogien dans la chambre haute ; et
lorsque la présence de Sacheverel
dans dilléreiitcs parties du royaume
y eut causé des troubles , Sunderland ,
consulté par le comte de Bradford ,
lord lieutenant du Shropshire, sur la
conduite à tenir daiw ces circons-
tances, hd écrivit, le 10 août 17 10,
d'api'cs l'ordre de la reine et du con-
seil, de poursuivre avec vigueur tous
les perturbateurs. Cette correspondan-
ce ayant été imprimée dans la gazette,
le parti de la haute Église on fut
Irès-irrité , et réunit ses eflorts pour
renverser Sunderland. La duchesse
de Marlborough, informée de ce com-
plot , tenta , auprès de la reine , plu-
sieurs démarches pour retarder la
chute de son gendre ; mais on n'y
eut aucun égard , et on ne lui fît mê-
me aucune réponse. La reine fut éga-
lement sourde aux prières du duc ,
qui se trouvait , à celte époque ,
SUN
à la tête de Tarméc anglaise , et
Sunderland reçut la dcmissioii de
tous ses emplois. Il suppoila sa dis^
grâce avec fermeté, et refusa d'ac-
cepter une })easiou de trois mille li-
vres sterling que la reine lui fit of>
frit , en répondant que s'il ne pouvatt
pas avoir l'honneur de servir son
pays , il ne voulait pas lui être k
charge inutilement. Lorsque George
I*^'^. monta sur le trône , son premier
acte fut de renvoyer les ministres de
la reine Anne , et de placer au ti-
mon des affaires les membres du
parti Whig. Sunderland obtint , le 3^
septembre 1 7 1 4 9 le poste important
de lord lieutenant a Irlande , à la
place du duc de Shrewsbury, et ren-
tra au conseil privé. Le mauvais état
de sa santé l'ayant forcé , au moîs^
d'août 1 7 1 5 , de résigner son goum-
nement , il fut nomme , cinq jours
après , lord garde du sceau privé,
et ensuite l'un des vice - trésoriers
d'Irlande. Au mois de mai 1716,1!
fut élu l'un des couvcmcurs de
Charter-House y et au mois de juuf
suivant, seul vice-trésorier d'Irlande,
Cette même année , il accompagna le
roi dans le Hanovre ,et ayant résigné,
il son retour ,roflicede lord ganledu
sceau , George V^. le nomma , le li
avril 1717 , l'un des principaux
secrétaires d'état , puis président du
conseil privé , le 12 mars 1718 , et
peu de jours après , premier commis-
saire de la trésorerie. Sunderland
possédait alors toute la confiance de
son souverain, et il continua d'en
jouir jusqu'à sa mort. Le 6 {février
1 7 1 9 , il rési{jna le poste de président
du conseil privé , et fut nommé pre-
mier gentilhomme de la chamW.
Pendant les voyages mie le roi lit en
Hanovre^ le comte de dundcriand &t
l'un des lords justiciers chargés de
gouverner le royaume durant l'abr
SUN
r ce souverain. La guerre qui
à cette époque entre l'Angle-
TEspagne ayant détermine'
•nicre puissance à tenter nue
i en Irlande , le duc d*Or-
embarqua sur la flotte cspa-
mais une violente tempête
dispersée à la hauteur du
aisterre , cette tentative fut
e: les seigneurs jacobites d'É-
jui étaient réfugies dans di-
parties de TEurope , pour
TaV acte d'attainder j)vonon-
e eux, et qui étaient revenus
se pour seconder les efforts
dOrmond en faveur des
, ne se laissèrent pas décou-
ar ce contre-temps, et par-
à soulever quelques-uns de
rtisans ; mais battus à Glen-
furenl de nouveau forcés d'a-
ler leur dessein et leur patrie,
and se rendit dans le Hanovre,
ndre compte au roi George
affaire. Il continua de rester
des affaires jusqu'à sa mort,
le 19 avril l'ji'i. Lord Sun-
encou rageait les arts et les
, et montra une grande inté-
ns le maniement des affaires
iSy sa fortune patrimoniale
pas augmenté , quoiqu'il eût
5-teraps à la tête du gouver-
11 avait épousé, en troisiè-
ces Judith Tichborne , sœur
mte de ce nom , dont il eut
s enfants qui moururent sans
é. Charles Spencer , Tun des
1 avait eus d'Anne Churchill,
>ar la suite, duc de Marlbo-
D — z — s.
lATORouSUNlATES,run
cipaux citoyens de Carthage,
lemi déclaré de liaunon : vou-
sfaire sa haine contre ce gé-
écrività Denis, tyran de Sy-
une lettre eu langue grecque ,
SUN 22 1
où il lui donnait avis de tous les pre'-
paratifs militaires qu'on faisait à Car-
thage contre lui , aussi bien que de
l'incapacité de Hannon , qui devait
commander l'expédition , et dont il
parlait avec le plus grand mépris ;
mais sa lettre ayant été interceptée ,
il fut déclaré, par le sénat , coupable
de baute-trahison , et reçut le châti-
ment dû k son crime ^ vers l'an 887
av. J.-C. La découverte de cette cor-
respondance criminelle donna lieu k
une loi par laquelle il fut défendu à
tout habitant de Carthage d'écrire
en grec, et même de parler cette
langue. Le but d'une défense si ex-
traordinaire était d'empêcher que
l'on correspondît avec l'ennemi. B-p.
SUN-TSEU , général et tacticien
chinois , était né plusieurs siècles
avant l'ère chrétienne ^ dans le
royaume de Tsi^ qui fait aujourd'hui
partie du Chan-toung. Déjà cou-
nu depuis long-temps par ses exploits
non moins que par ses talents , il
s'empressa d'aller ofiTrir ses services
au roi de Ou , menace par ses voi-
sins. Ce prince l'accueillit avec une
distinction flatteuse : Pensez-vous^
lui dit-il , que vous pourrez mettre
en pratique tous les préceptes que
vous avez donnés suri art militaire?
Prince, répondit Sun- tseu, je n'ai
rien dit dans non ouvrage que je
n'aie pratiqué dans les camps , et
j'ajoute , que je ne sois en état de
faire pratiquer à d'autres. Comment^
reprit le prince ; vous parviendriez
à donner aux femmes l'iiabitude de
la discipline , et vous vous flatteriez
de leur mspirer des sentiments guei^
riers I Sans doute , répliqua Sun-tseu.
Le roi fit venir alors ses femmes ^ et
leur dit'qu'il*chargeait ce général de
leur apprendre les évolutions mili-
taires. Sun-tseu^leur fit aussitôt dis*
tribuer des armes , et leur expliqua
Qiti SUN
k manière de s* en servit ; mais qutf nd
il en yiut à leur faire exe'cuter les
premières manœuvres , les guerrières
éclatèrent de rire. lia mauvaise hu-
meur du général redoubla leur gaî-
té. Alors il leur dit : Quiconque
n'ol)éit pas aux ordres du générai
mérite la mort; et malgré la défense
du roi de pousser plus loin la plai-
santerie , il abattit la tête des deux
favorites qu'il avait établies ses lieu-
tenants. Cet exemple de sévérité pro-
duisit Teflet qu'il en avait attendu :
toutes les autres obéirent. Mais le roi
renvoya le barbare Sun - tseu. Ce-
pendant il fut obligé de le rappeler
Bientôt après ; et avec son secours
il triompha de ses voisins. Tel est
en substance le récit des historiens
chinois : mais on ne doit peut-être
le regarder que comme une espèce
d'apologue imaginé pour montrer
que la sévérité est la base de la disci-
]»line. On a de Sun- tseu les Règles
de V Art militaire. Cet ouvrage, tra-
duit eu mandchou par Tordre de
l'empereur Khang-hi , eu 1710, l'a
été en français par le P. Amiot.
Cette traduction lait partie des Mé^
moires sur les Chinois , vu , 67-1 Sf).
A la Chine , cet ouvrage est regardé
comme un chef-d'œuvre y et comme le
f)récis de tout ce qu'on peut dire sur
'art delà guerre. On n'admet aux em-
plois militaires que ceux qui peuvent
l'expliquer, ou du moins en com-
menter quelques articles. W — s.
SURBECK ( Eugène-Pierre de),
de Suleure , fils de Jean - Jacques
Surbcck , maréchal de France , et
chevalier de Saint -Louis, mort à
Paris, en 1714, naquit dans cette
ville en 167 H. Il entra au service
de France , et parvint au grade
de capitaine - commandant do la
compagnie - générale des Gardes-
Suisses. En 1 738, il assihUi aux cam-
SUR
fragiles de Flandre , d'Alsace , de
fongrie, etc. , et il dressa lui-^nJne
des Mémoires circonstanciés des évé-
nements aux^els il avait eu part
Dès sa tendre jeunesse y il avait mon-
tré un goût décidé pour les médail-
les , qu'il cultiva pendant tonte sa
vie. 11 se proposa de commence
un grand ouvrage sur les médailles,
par la description de celles des em-
pereurs y depuis Jules César jusqu'à
TrajanDèce. \je manuscrit qu il avait
achevé fut remis à l'académie des
inscriptions et belles-lettres de Paiîs,
qui l'avait nommé son correspoo-
dant. Son cabinet a passé en Angle-
terre après sa mort. Il momiit i
Bagneux près Paris , en 1741» U — i.
SURENA (0, gméral des Par-
thés , célèbre par la victobre qa'il
remporta sur Crassus, l'an de Rome
6()9 (av. J.-C 55) , était d'une aais-
sance illustre. Sa famille avait le pri-
vilège de placer la couronne sur la tàe
du roi, le jour de son couronnement
Il possédait des richesses immenses;
une garde particulière , composée de
mille cavaliers, l'accompagnait dans
ses voyages , et il avait à sa suite
mille chameaux pour porter ses ba-
gages et deux cents chariots pour
ses femmes et ses concubines. Doutf
de tous les avantages extérieurs ,11
cherchait encore à y ajouter par les
ressources de l'art : il se peignait le
visage et frisait ses cheveux à la ma-
nière des Mèdes. D'aillairs personne
ne l'égalait, parmi les Parthcs,cn
bravoure et en habileté. Il avait con-
tribué beaucoup jiar sa valeur à ré-
tablir Orodes sur le trône. A la prise
de Séleucie, il était monté le pre-
Ci) Cr nom, Miivnnl Crétin-, ej»t c^hlt 4*aM
fliKiiilt', H il marquait la vmmdK ■CTinim* et
rpiii|>iri' , cl comnir |i> vivir tlii roi ara rtoiWi
( lli%t. ittntuînr, li\ . \Ll). Aiiiiit le nom 4tt '
quvur d« OaMua uc tiuiu tarait pM
SUR
sur les murailles , et eu avait
^ tous ceux qui les dëfeudaicnt
î. Tel était le guerrier que le
s Parthes choisit poiu- Toppo-
Crassus. Tandis qu'Or odes en-
lans rArme'nie pour se vencer
ibaze , allié des Romaius , bu-
«ne'tra dans la Mésopotamie ,
rit plusieurs villes sm* Grassus.
à 1 attendait sur les bords de
ira te où il avait concentré tou-
forces. Surena , pour le déci-
quitter une j)osition dans la-
il ne pouvait l'attaquer , eut
s à la ruse. Trompé par un
de Surena , qui sut captiver sa
illauce en lui rendant quelques
!S , le général romain s'avança
1 plaine pour livrer bataille
irthes , qui feignirent de re-
d'en vemraux mains. Surena,
e manœuvre habile^ enveloppa
mains , qui se trouvèrent as*
de toutes parts , sans pouvoir
' la moindre résistance ( V.
s X , i54 ;. La perte de cette
; fut le coup le plus terrible que
nains eussent souffert depuis
Cannes. Mais Surena tenut sa
>ar les indignes moyens qu'il
a pour se rendre maître de
i. L'ayant attiré dans une em-
;, sous le prétexte de régler
ditions de la paix ^ il l'obbgea
iter à cheval. Les Romains,
» de cette violence , tentèrent
opposer, et dans la mêlée,
nit tué. Surena lui fit couper
pour l'envoyer à Orodes , et
i corps exposé aux oiseaux de
Parmi ses soldats , il s'en
t un qui ressemblait à Gras-
rena le fit revêtir de la toge
ire , et par une imitation bur-
es triomphes des Romains,
lisit en pompe dans Sélcucie,
le musiciens et de licteurs ,
SUR
3^3
montés sur des chameaux. Ayant dé-
couvert dans le bagage d'un officier
romain les Milésiuifues d'Aristide
( r. ce nom, II , 44^ )j ^ 1^ produisit
aux magbtrats de Séleucie, comme
une preuve des mauvaises moeurs des
Romains. Mais outre que c'est mal
raisonner que de conclure du parti-
culier au général y' Plutarque, à qui
nous devons cette anecdote ( F'ie de
Crassus ) , observe judicieusement
que Surena, qui traînait toujours k
sa suite deux cents concubines , n'a-
vait pas le droit d'affecter tant d'aus-
térité. Surena ne jouit pas long-
temps du fruit de sa victoire. Orodes^
ne pouvant le récompenser du ser-
vice important qu'il venait de lui
rendre, trouva plus simple de le
faire mourir {F. Orodes, XXXII ,
164 ). 11 n'avait guère alors que
trente ans. Surena est le sujet de la
dernière tragédie de P. Corneille ,
1674. W— s.
SURENHUSIUS (Guillaome),
professeur des langues orientales au
lycéed'Amstei'dam^ florissait au com-
mencement du iS"^*'. siècle. Nous lui
devons Mischna , sive totius Hehrœ(h
rumjuriSy rituumy antiquitatum ,
ac îegum oralium Sj^stema , cum
clarissimorum rabbinorum Maïma-
nidisetBartenorœ commentariis irt-
tegris f Amsterdam , 16^- 1708 ,
in-fol. , six parties , ou trois volumes,
avec fig. Surenhusius s'était applique
avec beaucoup d'ardeur à l'étude du
grec , pour bien entendre le Nouveau-
Testament; mais s'étant aperçu qu'il
avancerait plus vite dans cette intel-
ligence en étudiant les rabbins, il se
livra à ce travail ; et le recueil dont
il est question, en est le fruit le plus
précieux. Il est divisé en six parties ,
suivant le nombre des ordres ( seda-
rim ) de la Mischna. Surenhusius j oin
constamment une traduction latine
aal
SUR
au texte bëbreu. Il est vrai que
de'jà yingt-un traites (Massecoth)
avaient e'tc'traduits par desbelyralsans
célèbres ; mais il a traduit lui-même
les quarante autres. 11 a donné ensuite
une traduction latine des Commen-
taires de Maïmonide et de Bartenora^
presque toute de sa façon ; il a donne'
enfm les Notes de%e$ prédécesseurs ,
et les siennes sur chaque traite'; et
de plus y mie pre'face k chaque partie.
Cette compilation est estimée et assez
rare. Cependant le P. Souciet , jé-
suite, a relevé quelques défauts qui
la déparent, dans une Dissertation
critique en trois Lettres , Journal
de Trévoux ^ et à la fin de son ex-
cellent Recueil, Paris, 1715, in-4®-
Ce docte religieux trouvait la version
de Surenhusius simple , inélégante ,
obscure, pleine d'inadvertances et de
négligences , qu'on pourrait peut-être
nommer autrement. Il l'accusait de
ne pas rendre toujours le sens de
l'auteur^ de lui faire dire quelquefois
tout le contraire de ce qu'il dit en
effet ; de passer des mots et des phra-
ses entières ; d'en ajouter qui ne sont
pas dans le texte; de changer des
explications en objections ; de ne pas
entendre certaines abréviations rab-
biniques; de donner dans toutes les
fausses idées des Juifs sur la Mischna;
d'être ridicule et minutieux dans ses
Notes , etc. Tout cela n'est pas sans
fondement , quoiqu'il y ait un peu de
passion. Surenhusius avait entrepris
sur la Ghémarc le même travail que
sur la IVIischna ; mais il n'en a rien
publié. L — B — E.
SURET ( Antoine ), né en 1692,
au villagodeCabrières près de Nîmes,
fiit admis , à Tâgc de dix-sept ans ,
dans la congrégation des prêtres de la
doctrine chrétienne. Successivement
professeur de grammaire , de belles-
lettres et de philosophie dans leur
SUR
collège d'Aix, desservant
roisse confiée à leurs soia
rieur de leur maison dao
ville; passé ensuite en la
lité à celle de Mende, il f
absence et à son insu , no
rieur-général de la congre^
l'assemblée des province
Paris , en 1750 ; et contii
même dignité, dix ans api
suffrages unanimes d'ime r
semblée. Ce double choix
compense de la piété , de
et de l'éloquence avec lesq
avant que pendant son pn
ralat , le P. Suret s'était
préserver son ordre de
cence des passions qu'excil
dans l'Église et même d
les dissentiments dans les <
ligieuses. On lut, dans
générale , un écrit qu'il vi
blier dans cette intentioi
lecture fixa tous les yei
L'épigraphe, empruntée c
lestm , pape , qu'il avai
la tête de son ouvrage ,
fit pour en faire connaît
a depuis été inscrite autt
porti^ait : Dominantur fia
non regulis domineniur;
jecti canonibus. Quand il
chef de son ordre, le P.
fia^ par quatre non vellese:
en forme de lettres, le
qu'avait produit la pren
ces écrits de circonstana
blié : Conférences de Me
en dix volumes ; Confère
morale et le Décalogue
vir de suite aux Conft
Paris , du P. Semelier , i
riage , l'usure et la resti
préface de ce livre est fn
Un Recueil de prônes , c
et de panégyriques comp
P. Suret, lui ayant été ai
SUR
lis en chaire que d'abondan-
e fit en ce cenre une grande
>n, particulièrement dans les
ecclésiastiques de Mende y
es présidait annuellement Xé-
'rappe' de paralysie , il se re-
. fin de son second ge'nëralat,
maison de sa congrégation
ion, et y mourut deux ans
e 17 janvier 1764. V. S. L.
[AN ^ Jeaw-Baptiste), pré-
j naquit a Saint-Chamas en
e, Je 20 septembre 1670.
[ prêtre de la congrégation
toirc^ il prêcha deux avents
carêmes à la cour , et avec
succès , que ses sermons lui
t révêchéde Vencc. Il assista,
nême année, au concile d'Em-
>mme suflTragant de cette më-
, «e qui le rendit un des ju-
son ancien confrère , Soa-
vêque de Senez. Dès qu'il
possession de son diocèse,
ona tout entier au soin de son
u. Naturellement bon et pai-
l maintenait , par son exem-
>ar ses discours , la concorde
on parmi ses administi'és.
; quelque paroisse se plai-
; son curé , Tindulgent prélat
lit aux paysans : « Souvenez-
, mes enfants , que les prêtres
des hommes : votre curé se
géra ; il me Ta promis. Re-
ez dans votre paroisse, et vi-
n paix. « Ce pieux évêque
iioe vie simple et frugale^ et
il possédât un des évcchés les
odiques de France , il laissa ,
rant,des épargnes considéra-
»tînées aux pauvres. On lui
es sièges plus riches ; mais un
3ndé sur l'attachement qu'il
à son troupeau, fut toujours
onse. Surian remplaça , en
M. de Goislin à l'académie
XLIV.
SUR
115
française , et la mén\e année ^ il pro-
nonça à Notre-Dame T Oraison funè-
bre de Fictor-Amédée , roi de Sar-
daigne. Quelques années avant sa
mort, on lui proposa de faire impri-
mer ses Sermons ; il répondit que le
feu ayant pris accidentellement à ses
cahiers, ils avaient été brûlés en
grande partie. C'est à tort sans dou«
te que quelques uns ont voulu assi-
miler son éloquence à celle de Mas-
sillon ; mais s il est loin de pouvoir
soutenir Ja comparaison avec le ce'-
lèbrc évêque de Clermont, l'on ne
saurait disconvenir qu'il n'ait droit
k un rang honorable parmi les ora-
teurs sacrés du second ordre. « Son
B éloquence, dit d' Alembert , son suc-
» cesseur à l'académie , fut touchan-
« te et sans art, comme la religioB
» et la. vérité. » Surian mourut dans
son diocèse , le 3 août 1 754 , âgé de
quatre-vingt-quatre ans. Ce prélat
avait évité avec soin dès le commen-
cement de sa carrière , de se mêler
des querelles du jansàiisme , alors si
actives. Il faisait assidûment sa
cour aux hommes puissants de tous
les partis, tels que les cardinaux Du-
bois , de Rohan , de Bissy, etc. ; et ce
fut ainsi qu'il parvint aux honneurs.
Du reste ^ il fut un des meilleurs évê-
ques de ce temps-là , fit beaucoup
Sour les pauvres , ne s'abstint jamais
e l'obligation de la résidence, et
montra beaucoup de courage et de
fermeté lors de 1 invasion des Autri-
chiens dans la Provence, en i745«
Nous avons quelques-uns de ses Ser-
mons , entre autres , celui sur le Pe-
tit nombre des élus , regardé comme
le meilleur , dans le recueil des Ser-
mons choisis pour tous les jours de
carême , Liège , 1 788 , 1 vol. in- 1 a.
On a imprimé, en 1778, in-ia,
son Petit Carême , prêché en 1 7 1 9.
M. Guérin , avocat a Aix , a donné,
i5
'ii6
SUR
en 1779, »n Éloge historique de
Siirian. V — n.
SURIAN (Josepu-Donat) , mé-
decin et pliarmacien à Marseille, à
la fin du di\-se|)tiëme siècle, avait
acquis des connaissances assez dteu-
dues en chimie et en botanique. Bc-
con , qui se trouvait alors intendant
des galères dans cette ville ^ songeant
toujours au\ moyens d'être utile aux
colonies des Antilles qu'il venait d'ad-
ministrer , regardait comme mi des
services les plus importants qu'il put
leur rendre ainsi qu à la mëre-patrie,
de faire dresser 1 inventaire exact de
toutes les richesses que la nature a
de'parties à ces climats. Surian hii
panit propre h remplir cette mis-
sion , (l'autant mieux que, vuson ha-
bileté reconnue en chimie , il pour-
rait concourir puissamment à l'en-
treprise que faisait alors l'académie
des sciences, de soumettre toutes les
plantes à l'analyse chimique , pour
constater leurs vertus médicales. Su-
rian accepta avec joie cette proposi-
tion j mais ayant besoin d'un com-
pagnon , il jeta les yeux sur le P. Plu-
mier, dont il connaissait les profon-
des connaissances en botanique et
surtout rhabilete' dans le dessin. Plu-
mier saisit avec empressement l'oc-
casion qu'il cherchait depuis long-
temps d'explorer des contrées nou-
velles, a Ils partirent en iG89,el re-
vinrent au Dout de dix-huit mois ,
charges, dit le malin P. Labat.de
<; raines, de feuilles, de racines, de
sols , d'huiles et autres babioles , et
de quantité de plaintes l'un contre
l'autre. » Il y a apparence quele mi-
nime avait plus de raison que le
uunlecin, ou qu'il fut mieux écoulé,
puisque celui-ci fut congédié et que
Plumier fut renvoyé aux îles pour
travailler de nouveau. T/CS deux as-
sociés s'étaient donc brouillés ^ mais
SDR
on n'en dit pas le motif. Ib
lèrent dès-lors séparément. Le
fut que le P. Phunier publû
vrage qui le plaça au premi
parmi les botanistes ( F'tyy
MiER ) , et que Surian de
Catalogue fort sec d'un pet
bre de plantes désignées
noms des pays, qui a pai
le Traité des drogues , pai
rv, 1698, et un autre Catal
drogues et médicaments dci
imprimé pag. 67-73 du D
curieux de Pomet ( rqy, ce
Paris, 1709, in - 8<*. Il ne f
pas étonnant qu'on envoyât 1
seid remplir une nouvelle mis
l'on sait quel profit la science i
de ses trois voyages.Cependanl
avait ime qualité précieuse dan
taniste : c'était une frugalite' g
« Quand il partait , le nôatii
aller herboriser , dit le P. Li
portait avec lui une caffetiëre
cale , c'est-à-dire , qu'on fait
fer avec de l'esprit de vin ;
ne garnissait la sienne que d'il
palma christ i ou de poisson.
tit sachet de farine de manioc «
pagnait la cafetière. Lorsqu'
arrivé au lieu où il voulait tra
il suspendait sa cafetière à un<
che j après l'avoir i-emplic d'
kilisier ou de fontaine. Il cuei
travaillant, et goûtait les her]
lui tombaient sous la main ^ <
autant d'anolis qu'il croyait ei
besoin : ce sont de petits lézai
sept à huit pouces de long , de h
srur de la moitié du petit doi
peut juger ce aue peut être Icui
(ju.iud il est vidé et écorché , et
gra isse il peut fournir aux herix
lesquelles ou le fait cuire. Une
avant son rqias, Surian allun
lampe , mettait les herbes dans
feticre avec autant d'anolis qu
SUR
re pour faire un bouil-
uelques grains de poivre
piment lui tenaient lieu
picerie ; et quand ce dî-
t , il vei'sait le bouillon
de Manioc , étendue sur
balisier. C'e'tait son po-
i serrait aussi de pain
ses auolis ; et comme la
dangereuse dans les pays .
afeticre lui servait pour
latin et celui du soir, qui
revenaient jamais à plus
six deniers. C'était pour
rai lorsqu'il pouvait at-
cnouille : elle lui servait
irs au moins. » Une telle
ait étonner leP. Labat,
îhait jamais sans s'être
ressources pour bien vi-
au milieu des bois. Au
Labat attribue à l'excès
rie peut venir dn zèle
'nce ; nous eu aurions
Iqnes autres exemples.
contenterons de celui
;liaux qui aurait trou-
; de Suriau encore trop
car il passait souvent
irs sans faire usage du
itcutant des provisions
emportait. « Mais, dit
pourtaut oui dire que
Acliait beaucoup de cette
iLd il mangeait hors de
l n'en était pas de même
; car quand on lui pro-
re un bon dîner , il s'en-
dler manger dos haricots
: dans une misérable ca-
levoir mettre ici celte ma-
•c économique , continue
que ceux qui voudront
icnt à qui ils en doivent
> Mais on voit que Surian
core qu'à son apprentis-
ri de pouvoir soutenir ses
SUR
227
forces avec le moins de frais possible,
a II travaillait à amollir les os .con-
tinue Labat ,et prétendait faire oonne
chère sans rien dépenser, s'il pouvait
trouver ce secret; mais , par bonheur
Sour les chiens , qui seraient morts
e faim si ce galant homme eût réus-
si , la discorde se mit entre le minime
et lui, et les obligea de se séparer. »
On voit que Surian avait été sur le
point d'enlever à M. Cadet Devaux
mie de ses plus utiles découvertes pour
l'économie domestique, la gélatine
des os. Le malin dominicain n'épar-
gnait pas même le P. Plumier dans
ses plaisanteries; mais au fond il
était obligé de respecter son savoir ,
comme on le voit par la manière dont
il parle de leur mission : a Le P.
Plumier avait , entre autres talents ,
un génie merveilleux pour la botani-
que , et une main admirable pour des-
siner ks plantes. Il avait été envoyé
aux îles avec un autre provençal, mé-
decin de profession et chimiste. La
cour qui les entretenait avait destiné
le minime pour dessiner les figures
des plantes entières on disséquées , et
le médecin - chimiste pour en tirer
les huiles , les sels , les eaux et autres
minuties dont on se sert aujourd'hui
pour abréger la vie des hommes^ sous
prétexte de leur conserver la santé. 1»
Il (init en disant : a A l'égard du mé-
decin , j'ai su , étant à Marseille, que^
continuant son travail de botaniste ^
il avait apporté certaines herbes qui
lui avaient paru merveilleuses pour
purger doucement. Il en fit faire de
la soupe , qui fit mourir lui, sa fem-
me, ses enfants et sa servante. Ainsi ,
dit charitablement Labat, devraient
faire tous ses confrefes quand ils
veulent faire quelque expérience. »
Dans tous les ouvrages de Plumier y
on ne ti*ouvo aucune trace de la més-
intelligence dont il a été question.
i5..
niS
SUR
Loin de lui faire aucun l*eproc1ic , il
honora sa racmoirc du plus beau
monument qu'il croyait pouvoir e'ri-
ger / la consécration d'un genre , en
disant que Surian eût été' un second
Dioscoride pour l'Amérique, s'il eut
vécu plus long -temps; car il méditait
de puolier une Pharmacopée amé-
ricaine, qu'il avait éprouvée par ses
propres expériences ; mais l'ouvrage
a péri avec lui. Plumier donna donc ,
en l'honneur , de son associé , le
nom de Suriana au genre qu'il forma
d'un arbuste élégant , de la famille
des rosacées, qui se trouve sur les
bords de la mer dans tous les pays
éqnatoriaux. D — P — s.
SURIN ( Jean-Joseph) , écrivain
ascétique ( i ) , né à Bordeaux , en
1600, était ûis d'un conseiller au
parlement de cette ville. Il fui élevé
dans la piété , et à l'âge de quinze
ans , il oLtint de son nerc , à» force
d'instances , d'entrer chez les Jésui-
tes. Tl fit son noviciat à Bordeaux,
et fut envoyé à la Flèche et à Rouen
i)our y continuer ses études. Son goût
c portait vers la solitude et vers la
vie contemplative , en même temps
2UC sa piété le rendait propre à la
ireclioii des consciences. Des l'âge
de trente ans , il fut regardé comme
un bon guide dans les voies de la
perfection, et l'on apprend par ses let-
tres que beaucoup de personnes pieu-
se* recherchaient ses conseils. Il se
livrait aussi à la prédication j et de
Marenncs , où il résidait , il visitait
les villes et les campagnes environ-
nantes , s'appliquantà toutes les fonc-
tions de son ministère, et faisantaimcr
Dieu par ses leçons et par ses exem-
ples. Sa haute vertu et son habileté
dans les voies intérieures , engagèrent
^1) NoiK «von* tmiTi l'orthographe ncliiffllr;
ibiTs le tmi|)<, un l'ippelait plu» ^l'iirralcDicnt
-SUR
se$ siipérîeiirs à loi confier an <
délicat et périlleux : ik Tenyo
à Loudun , ponr diriger le c(
des nrsulines , que l'on croya:
possédées du démon. Nous ne c
pas entrer ici dans les détails
afiaire qui fit tant de bruit ,
laquelle on a porté des jngem
divers ( F'cjr. GiUNDif a ) j ne
marquerons ponitantqae Surii
envoyé à Loudun qii après la
de Grandier , et que par cons
il n'eut aucune part à la triste
ce curé. Le 17 décembre 16
partit de Marennes pour aile
plir sa mission , et fut spécia
chargé de diriger la mère Jeai
Anges, prieui-e du couvent des
lines. Cette fille, qui n*avaitpaa
de prudence que de piété, se ti
alors dans les épreuves les pli
gulières et les plus difficiles^
Surin s'appliquait surtout 11 1
mer à la vie intérieure , et à lui
rer im entier détachement et i
milité profonde. Un manusa
nous avons sous les yeux 1
d'une manière très-circonstan<
moyens qu'il prit pour cens
fortifier la prieure ; lui-même
échapper aux tourments <ju'ei
celte lille. Le vendredi saint é
née i635^ il tomba aussi d«
état fort extraordinaire , et c
qui le raconte dans une let
P. d'Attichy. Près de deux
passèrent dans une alternai
combats et de calme : les un
gnaient le P. Surin d'être so
une si rude épreuve ; les au
blâmaient de négliger les exor
et de s'appliquer davantage I
la conduite intérieure des relit
A la fin de iC36 , ses supéri«
ordonnèrent de quitter Ix)ud
obéit aussitôt, et étant reto
Bonleanx , il se livra de nou^
SUR
de la cbnirç. Sod père mou-
cette e'poque , et la veuve ,
conseils de son fils, entra
carmélites, où sa fille avait
profession. Cependant beau-
personnes demandaient que
retournât à Jjouduu « pour
ce qu'il y avait commence ;
rieurs l'y renvoyèrent donc
, et la prieure fut totalement
le 1 5 octobre de cette aimée,
e d'im vœu qu'elle avait fait
vec le P. Surin au tombeau
çois de Sales, mort en odeur
été y quinze ans auparavant,
t le voyage séparément , en
it furent accueillis à Anneci
lère de Chantai , qui vivait
De retour à Bordeaux, Su-
Lrouva dans un état presque
isable {i) , jouis.s.:nt de toute
m, et cependant privé de
:e extérieur de ses facultés j
uvait ni marcher , ni parler,
î, et était en proie à des ten-
'iolentes. Dans cet état humi-
i crut, pour sa propre sûreté,
le tenir enfermé. Objet du
les uns et de l'inquiétude des
il eut assez de force pour of-
Dieu ses peines; et ce fut
>endant celle époque de dou-
L" tout genre, qu'il composa
tchisme spiriluA, et les Fort-
s de la vif! spirituelle , qui
écrits sous sa dictée , aussitôt
t eu état de parler. Au bout
de vingt ans, celle situation
î se calma pcu-à-peu ; Surin
•a , en i058, l'usage de ses
► , et renoua ses correspon-
ihwell altrihue «'n parlir cet rl-il . qu'il
u><>ii'«*!U'iiicii( . <i mi Iwcuva^c »|iie «le»
lui avaient «luiin-* h TiHtidiiii prniiaiit
ni. Il a'|uut<; ciuc le P. Surin, ditun aou
ir riiiiuulilr, a\.iit itrdiMnmcut (Ifruandu
-Ire ttuu pour un inM-nW, ce qu'il ob-
ct , '/uud c/ n'-'tfts: tandem cblinuit.
SUR
i\^f)
(lances lom;- temps iuterrompnes. Ou
a un graua nombre de lettres de di-
rection , qu'il adresisait à diflërcntes
personnes; il y parle avec simplicité
de l'éîat ou il avait langui pendant
tint d'années. Le prince de Conti ,
dont la conversion avait cte si écla-
tante , estimait le P. Surin , et ils
étaient en relation de lettres. Ce fut
ce prince qui fit imprimer le Caté-
chisme spirituel. Le jésuite entrete-
nait aussi une correspondance avec
des personnes distinguées dans le
monae cl à la cour ; il reprit Texer-
cicedu ministère, et il aimait surtout
à se rendre utile aux gens du peuple,
à visiter les pauvres â la ville et dans
les campagnes, et à leiur faire des ins-
tructions a leur portée. Les malades
les plus abandonnés étaient ceux aux-
quels il donnait plus volontiers ses
soins. Il aurait souhaité retourner à
Londun pour y visiter les personnes
qu'il avait dirigées autrefois ; mais
ses supérieurs ne jugèi-ent pas à-pro-
pos de le lui permettre. Jeanne des
Anges motuiit à Loudun , sur la fin
de janvier i665.0n a un grand nom-
bre de lettres du P. Surin adressées
à cette pieuse fJle. Il lui survécut
peu, et mourut le ai avril i665.
Sa Vie a été écrite par l'abbé Bou-
don, et publiée à Chartres, 1689,
in-80. ; mais cette Vie , toute en ré-
flexions , offre très peu de faits. On
a suivi principalement, pour cet arti-
cle, les Lettres spirituelles du P. Su-
rin , 2 vol. in-ia, et deux manuscrits
assez curieux , dont l'un est intitulé:
Abrégé de la véritable histoire de
la possession de Loudun , trois par-
ties formant 278 pag. in -4®., et *
Conduite du P. Surinenvers Jeanne
des Anges i in-i'i. Les deux seuls
ouvrages que Surin ait mis au jour
sont le Catédiisme spirituel, lOGi ,
1 vol. in-ia , et les Fondements de
!i3o
SUR
la me spirituelle , i66g, iii-i8; ils
lurent publiés sous ces initiales J. D.
S. F. P. ( c'est-à-dire Jean de Sainte-
Foi, Prêtre). Us ont été' plusieurs
fois réimprima et traduits en italien.
Les Fondements de la vie spiri-
tuelle y sont des réflexions sur quel-
Ïues maximes de l'Imitation ; le P.
Iriguon les revit en ijo3, et en,
donna une nouvelle édition. L'ou-
vrage a reparu en 1824 ^ dans le
Recueil de la Bibliothèque catholi-
que , avec une notice incomplète sur
le P. Surin ; une Notice plus étendue
se trouve dans VAmi du la religion ,
tomes XL1V et xlv. Depuis la mort
de Suriu, uu a public: I. Ses Dialo-
gues spirituels , revus par le P.
Champion, 1704,3 vol. in-ix IL
Les Lettres spirituelles , qui sont in-
téressantes, et dont il y a eu une
dernière édition en iSaS, '2 vol. in-
1 2. , etc. (3) Surin avait , de plus ,
laissé un grand nombre de manus-
crits , dont on trouve la liste dans
sa Vie, par Boudon, pag. 2Ç)5 , et
dans Tcaition de i8:i4 <lcs Fonde-
ments de la vie spirituelle , déjà
dtCP 1 C " T
SÛRIRliY. rqy, Saint-Remï.
SURÏTA. rqx. ZuRiTA.
SURIUS ( Laurent ) , écrivain
ascétique , et principalement connu
par sa compdation des Actes des
oaints , la première dans laquelle on
aperçoive les traces d'ime saine cri-
tique , naquit, eu i5t2'A , à I^ubeck.
Suivant la plupart des auteurs , ses
(3^ l.e Pnàiiiatrtir dr Viimour d« Difn, ouvrage
po<tiinuieqaeM. l'alibc f^ Soumi* a publiecni7m),
.î Paria. L'cJUrur dil qu'il en a retouche le slvle ,
et «ru'îl n'a ri«ni chani;«*Hn fî»nd de l'ouTrage. Il tnl
iatilnlr: <JueUion.t sur Vamourde Dieu^ «lui com-
posent l<-s fIcuT premiers livrt's; le troisième e»l
itiliUilé : Des tUffii-riiti tiegtvi /H'Iii s*rL-ver à un
grand tunour jumr Dieu, <«uivi.s de» .-Ivit udntairt\
ri srntimctil\ nfffftitriix, pui» du C/itctien en orat-
«ufi, eu l'itriue d'A'/i/rc/irn« , le luut extrait de*
ouvrage» du I*. Suriu. L'éditeur, Irouvaul ipi'iU
n'avaient pa% asMs d'onction , a place n cuaqac
rh.ipilrr de» arcctionn <pii y sont relativri. T-D.
SUR
parents avaient embrassé la fé
de Lutber; mais Hartzbeim (
ColoniensiSn p- 3i8)> dît qn*
élevé dans les principes de i
catholique , que son père ne
jamais de professer. Après
achevé ses humanités à F nm
il vint continuer ses études k Col
où il eut pour condisciple le I
nisius ( F, ce nom ) avec leqw
lia d'une étroite amitié. Le g«
la retraite , et ime certaine o
mité de caractère , les avaient i
inséparables. Tous deux renon
au monde pour se consacrer ei
ment à Dieu ; mais Canisius
dans Tordre naissant des Je
et Surins prit l'habit de saint B
dans le couvent des Gbartre
Cologne, en t54^* Dës-lors il
gea sa vie entre les devoirs q
imposait sa rc|;le , et la cul tu
lettres. Doué d'une ardeur in:
ble , la mort le surprit au mi!
ses travaux^ le 28 mai iS'jS,
avait beaucoup de simplicit
piété et de candeur. C'est ains
parle de Thon y dont le témo
n'est pas suspect. Mais on doit
cheràSuriusd'avoir,dans Te!
son zèle , adopté les fables le
grossières sur tes chefs desrcfc
et applaudi aux massacres delà
Barthélemi. Outre des tradi
latines des ouvrages ascétiqi
Taulère , de Rusbrock , de 1
ffclding , plus connu sous le 0
SidoniuSjéyêqxie de Mersburg,<
rent de Harlem , de Henri Susc
on lui doit : T. HomiUœ sivecon
prœstantissimorum ecclesiœ
mm in tvangeliatotius anni
<i) On n'a pa» cru devoir alonger wt s
b liiitc de toutes Ira Iraduclioii* de Surii
trouvera diUirt Ira Mcmoirei de IViceron. t
et plu» détaillée encore dans la BibUoik. <
«Il du P. Harlsbcim, iiij*>»- .
SUR
I , iS^ô , iii-fol. II. Con-
ia tùm gerwralia tùin pro-
atque jmrlicidaria ^ ibid. ,
vol. in-foL II dédia cette
au roi d'Espagne Philippe
3iina Tordre au duc d'Albe
lupter à Taiiteur cinq cents
comme une marque de sa
•n. Elle est depuis long-
►liée. III. Viiœ sanctorum
\io Lipomanno olitn cons-
bid. , iv'i'^o , et auuces sui-
vol. in -fol. Surius rangea
neilleur ordre les Vies des
bliees par Lippomani ( V,
)CX1V , 55i j; il en retou-
e, eten supprima plusieurs
lient prêter anx critiques
stants. Il enrichit d'ailleurs
i'un j^rand nombre de Vies
manuscrits. Aucun agio-
2 Tavait égale jusqu'alors
iclitude et la fidélité; et de
ts , en applaudissant à son
•n s'empressa de lui fournir
ux matériaux. La première
t promptemeut épuisée. Il
, des i^-jC), une seconde;
mort prématurée rcm])ècha
-tlelà du troisième volume.
)sander , son confrère , la
et y joignit un septième vo-
•mposé de pièces inédites.
?s ell'orts (les Protestants
ier le recueil de Surius (*i) ,
im])rimé plusieurs fois, La
édition est celle d(î Cologne,
iséc eu .vu tomes (un pour
lois ) ^ (pii se relient ordi*
t en VI ou vu volumes in-
î est ornée du ])ortrait de
et d'ur.e Notice sur sa Vie
|>1 lia «11- ceux «ini l'.nil le plus \\o-
iniir . tbiUK l«r II MO /'♦• nsn ftntmm ,
(Jin;il l>i)iid ^ Ih: irhti% litun^. , lib. i,
i ) -ic iilniiil iiusHi (J(>.s allrrutiiin.i c]uc
(«lucfuiN lailcf) aui Aciu» des Saint»,
ri- la lecture plu? < Uifiante.
SUR
•j3
et ses Ouvrages. Bollaudus cite avec
éloge ce Recueil {Acta Sanctor.
janu.y I , XII ), dont il existe deux
Abrégés, et dans lequel ont largement
puisé tous les compilateurs des Vies
des Saints. Tout y respire un esprit
de piété' , une grande candeur , et
beaucoup d*éruditiou et d'exactitude
pour le temps. IV. Commentarius
brevis rerum in orbe gestarwn , ab
anno 1 5oo , Louvain , 1 566 ^ 1 567 ,
in'8®. , et avec im supplément , Co-
Joçne, 1602 , iu-8^. , traduit eu fran-
çais et en allemand. Cet ouvrage est
une suite à la chronique de Naucle-.
rus ( F. ce nom ). Surius rentrci)rit
afîn de l'opposer à l'Histoire de la
réforme par Sleidan ( F, ce nom ) j
mais il n'avait pas les talents né-
cessaires pour lutter avec ^ivan-
tage contre cet historien. Son livre
fut néanmoins continue ( de i566
à 1 585 ) , par Isselt , par Brachel
(jusqu'à i65i ) , ^ar Tnulden (jus-
qu'à 1G60 ) , et par Henri Brewer
(jusqu'à 1673) :il est aujourd'hui
com])lètement oublié. — Le P. Ber-
nardin Surius , recollet , président
du Saint Sépulchre et commissaire
de la Terre-Sainte es années 1644 9
1645, 1646, 1647, a écrit son
voyage en flamand, et ensuite l'a
traduit en français sous ce titre t Le
Pieux Pèlerin , ou F'qx^ge de Je-
rusalem , divisé en trois lii^res, con-
tenant la description topograplU-
que de plusieurs royaumes , pajrs ,
villes ^ nations étrangères y nommé-
ment des quatorze religions orien-
taUfs , leurs mœurs et humeurs ^ tant
en matière de religion aue de civile
conversation } joint un Discours de
VAlcorany etc. Bruxelles, 1666,
in- 4"., divisé en trois livres : le Pè-
lerin voyageant , séjournant , re-
tournant, W— s.
SURLET. Fqr. Chorieb.
33a
SUR
SURREY (Henri Howard, com-
te de ) , bon poète et brave guerrier,
fils et petit-fils de deux lords -tre'so-
riersd' Angleterre et ducs de Norfolk,
X]uiquit vers Tannée i52o, et fut éle-
vé au château de Windsor, avec le
jeune Henri Fitzroy , duc de Rich-
mond , fils naturel d'Henri VIII« Ils
firent ensemble le voyage de Paris ,
en 1 53a. Ce furent eux ^ui reçurent
le roi d'Angleterre à Calais, lorsqu'il
vint vbiter Françob P*". Fitzroy
étant mort, en 1 536 , à dix-sept ans,
peu de temps après son retour , Ho-
ward passa en Italie, portant dans
son cœur l'amour que lui avait inspi-
ré une des plus belles femmes de son
temps , qu on croit avoir été Elisa-
beth Fitzgerald , fille du comte de Kil*
dare, qu'il a immortalisée dans ses
sonnets , sous le nom de Géraldine,
Pendant son séjour à Florence , il
publia un défi à tout venant, cliré-
tien ; j uif , sarrasin^ turc ou cannibale,
pour soutenir la beautésans égaledesa
maîtresse. Demeuré vainqueur dans
le tournoi institué à cette occasion
par le grand-<luc de Toscane , il se
proposait de signaler ainsi sa valeur
et sa fidélité dans toutes les grandes
villes de l'Italie , lorsqu'il fut rappe-
lé en Angleterre par Henri VI il. Il
eut part aux actions militaires les
plus vrillantes du rèçne de ce prince^
et surtout à la bataille de Flodden-
Field , où il commandait , et où il
obtint le titre de comte de Surrey.
La même année , ce guerrier fut en-
fermé au château de Windsor , pour
avoir mangé de la vi^^nde en temps
de carême, au mépris d'une procla-
mation royale. En i544> *ors de
l'expédition contre Boulogne , il fut
nommé maréchal-de-camp , et après
la prise de cette ville, en i546, ca-
pitaine - général de l'armée an^aise
en Francç^ et rcçu^ eu uwe temps
l
SUR
l'ordre de la Jarretière^ e
été battu, quelques mois a
les Français, en voulant i
un convoi, ce fut une cii
que ses ennemis , les Seyin
sirent pour chercher à le
fut accusé d'avoir ambitioi
de la princesse Marie, enn
per la couronne^ etd'avoii
armes royales aux siennes
u'on put prouver, c'est
lit que le roi était mal ce
'excusa sur l'impétuosité
nesse; mais, livré à un simp
était dévoué aux passions
naire Henri YIIl , il fut d
pabie de haute-trahison, ei
tranchée à Tower-Hill , le
-1546-7. Ce monarque^ qi
tant pour sa coui'onne , n
même, neuf jours après, :
forfait de plus. Le comte
est le premier Anglais , pj
blesse , qui ait eut comme:
Muses. Il est l'inventcu
blanc, et a, conjointemc
Th. Wyat, concouru à d
poésie anglaise un peu de
ceur de la poésie italien
n'avait pas avant eux. L<
plus distingués de l'An»
célébré son mérite. Poj
Foret de fFindsor , en lui
le lord Landsdown ( Grs
célébré dans des vers châ
Hn*« noble Sarrry fett tbe cacr
Sarrey, tLe GrauviJIe of a for
Ses Poésies ont été impi
celles de Th. Wyat et
autres poètes contemporai
in-4**.j et en i565, i5
1 574,1 585,1 587 .D'apr
de Pope , elles furent réi
Londres , in-80. , 1 7 1 7 ;
ment, dans la collection
Poètes aTiglais du docteu
d'Ëdiobourg; et enfin eo
SUR
• de notes critiques et hi9-
le Mémoii-es biographi-
. divers auteurs, par G.-
lo distingue , parmi ses
» Sonnets plus naturels
î Pe'trarque , sur lesquels
>urrey s'était forme , et la
les deuxième et quatriè-
ie y Enéide ( 1 557 ) , où
Sremier essai de ce yers
ont Milton et Thomsou
itardunsibel usage. S-d.
ÂjE ( Mabgueuite-Éléo-
ILDE DE VaLLON-ChALIS,
naquit vers Tan 1 4o5 , à
iteau sur la rive gauche
le. Des sa plus tendre en-
donna des preuves de ses
à peine âgée de onze ans
lit en vers une ode de Pe'-
es malheurs qui suivirent
e de Charles VI ayant
la capitale à un grand
î familles, elles viment
m asile sur les rives du
l'Isère et de la Durance
h in comptait beaucoup de
Clo tilde eut le bonheur
jur compagnes plusieurs
>, dont l'esprit et le goût
uèrent pas médiocrement
e sien. En i4^i > elle coa-
la Bérengcr de Surville,
me de vingt-deux ans , et
i même année , maigre' la
•re récente de sa mère. A
ié , Bérenger fut oblige
lindre l'armée de Charles
s dauphin. C'est pendant
ice que Clotilde composa
re he'roide, dans laquelle
la violence des feux de Sa»
•e'tend que celte pièce ayant
ee au célèbre Alain Char-
t que l'auteur n'aurait ja-
de la com*. On ajoute que
cmcût naquit l'antipatûie
SUR
a33
et le mépris que Clotilde montre en
divers endroits pour le poète ro]rai.
Pendant les sept années de son union
avec Bérenger , elle s'occupa de re-
fondre le grand poème qu'elle avait
commencé sous le titre de fygda^ ^
miTy et le fît entrer dans le j^Ian de
sa Phéljrpeîde. Elle entreprit aussi
le roman héroïque et pastoral du
Chastel d^ amour. Ayant perdu son
époux au siège d'Orléans, un fib
unique^ encore en bas âge , lui resta
Sour la consoler. Tout entière à< l'c-
ucation de cet enfant, elle s'occupa
de revoir ses premiers ouvrages et
de les corriger. On croit même qu'à
cette époque elle dut commencer des
Mémoires qui sont perdus, et dont
les premiers livres contenaient l'hb-
toire de l'ancienne poésie française.
Vers i45o, elle maria son fils à Hé-
loïse de Goyon de Vergy> qui niou-
rut en i468. Ce fils suivit de çrès
son épouse au tombeau ; et Clotilde
n'eut plus alors de consolation que
dans la société de sa petite-fille Ca-
mille, qui ne l'abandonna jamais, et
renonça pour elle au mariage. Ca-
mille mourut à quarante-cinq ans ,
et Clotilde , plus qu'octogénaire , ré-
solut d'aller respirer pour la derniè-
re fois l'air pur des lieux de sa nais-
sance. C'est là quelle apprit la nou-
velle de la victoire de Fomove , et
qu'elle composa son Chant royal
adressé à Charles VIII. Depuis cette
époque elle .n'a plus rien écrit j Clo-
Ulde éuit âgée de plus de quatre-
vingt-dix ans quand elle mourut. On
croit que ce fut à Vessaux , et qu'on,
l'y inhuma dans la même tombe qui
renfermait les cendres de son fils.,
d'Héloïse et de Camille. Les poésies.
de Clotilde de Surville ont été pu-
bliées en i8o3 , sous plusieurs for-
mats , par M. Vanderbourg. P«a.
d'ouvrages ont donne lieu à aut^nlt
!l34
SUR
de critiques; et il faut conveiiir'que
parmi les objections qui ont cHé fai-
tes, il en est quelques-unes auxquel-
les il est difficile de répondre. Beau-
coup de gens croient encore que la
plupart de ces poésies ont été com-
posées par le marquis J. E. de Sur-
Tille (f\ sonîarticle p. 23^ ci-après).
En effet y que Ton ote aux poé-
sies de cette dame l'orthographe
antique souvent recherchée jusqu'à
raffectation , on y trouvera toute la
pureté du langage , le choix varié des
mesures, le scrupule des élisions;
enfin, rentrelacenicnt des rimes ,
règle aujourd'hui consacrée, mais
inconnue au temps de Giotilde , et
même dans le seizième siècle. En
supposant que ces poésies aient été
écrites sous les règnes de Charles VI
et de Charles VII , comment se fait-
il que l'épouse de Bérengcr ait eu un
langage si épuré, vivant dans une
province où la langue française était
ignorée? On s'efforcerait en vain de
croire quelle a pu se raicontrcr avec
Voltaire dans la disposition d'un
conte dont Miltou a fourni le sujet,
et avec Bcrquiu , dans le sentiment
d'une romance charmante. En trte
de ses œuvres se trouve la traduction
d'une ode de S.iplio , et l'on sait que
presque tous les ouvrages de cette
femme poète ne nous sont point par-
venus. Denis d'ilalicamasse a cou-
serve' V Hymne à Vénus , et Longin
r Ode à une maîtresse. Les œuvres
de ce dernier furent imprimées à
Bâle, en î 554 , et Clotilde ne peut en
avoir eu connaissance. On objectera
peut-être que Clotilde a pu se ser-
vir des vers do (^a tulle à Lesbie, qui
sont une traduction do VOde de ^Or
pho; mais la première édition de ce
poète a été publiée à Venise, en
i47'^- , et celle de Vossius, où les
deux pièces de Sapho sont corrigées,
SUR
ne parut k Lejde qu'en 1
ne peut yoir dans vHéroii
renier qu'une allusion i
aux événements des demiën
du dix-huitième siècle. Il e
sible d'expliquer dans le F
la nature et de tunipers,
tilde composa , dit-on , k
ans , commait elle peut s
Lucrèce , dont l'ouvrage n'
encore découvert, et qui fu
pour la première fois , à Br
1473; et, en supposant qu'ell
nu des manuscrits, on ne c
mais qu'elle ait pu parler di
tellites de Saturne , dont le
fut observé par Huygens^ c
et le dernier par Herschell , «
Il serait aisé d'ajouter enc<
faits contradictoires , et de
que les pièces de poésie c
aans le discours prélimin
qui sont attribuées à quelq
mes, sont toutes controuvéc
sumé^ il est possible qu'u:
du nom de Clotilde de Su]
existé, qu'elle ait fait des T<
soit distmguce par ses poési
en examinant le recneil pir
le nom de cette dame , on 1
qu'une production moderne
de laniDcaux antiques. M.
ville , qui est réputé avoir é
trefacteuret l'auteur de la j
de partie du recueil , s'est se
foule d'expressions qu'il a c
qui n'ont jamais existé dan
gue romane. A une foule d
mes , simplement assujétis i
minaison française^ se join
thographe bizarre ^ compd
grand nombre de mots qui
naissance dqns le seizième s
[)eut consulter sur cette qu(
article de M. Raynouard
ré dans le Journal des sa
juillet i8ii4* Àti surplus y
SUR
loësies de Glotilde contient des
s d'une noble et naïve simplici-
ikisieurs d*eutre elles renferment
pensées fines et délicates , de
mantes descriptions , et des
tés très-remarquables. Une nou-
• fsdition des Poésies de Glotilde
lurvillc a paru eu i8ti5, Paris,
». , in- 1 2 et m''6i, R — t.
[JRVIIXE ( L0U1S-Ch ARLES DE
IXFORT, marquis de), général
^ais y était issu d'une ancienne
lie 1^ originaire du Périgord.
é parmi les pages , il embrassa
onnc lieiirc la profession des ar-
f et servit d'auord comme vo-
lire à l'armée de Flandre. Il fut
mé colonel du l'égimcntdc Tou-
î , en 1684 f et signala sa valeur ,
tête de ce corps daus les jour-
de Fleurus et de Stcinkerque. 8a
! conduite lui mérita le grade de
idier avec la place de lieutenant-
œl dans le régiment du roi. Il
battit sous les ordres du duc de
rgogne, pendant la guerre de
icccssion , et contribua même à
ctoire remportée sur les Hollan-
devaut Nimèguc. Nommé Jieu-
it- général , il fut employé eu
nagne ^ et décida le gain de la
ilie de Spire, en enfonçant, avec
giment du roi , sept bataillons
mis , dont la déroute entraîna
de l'armée impériale. Il reçut ,
;oB , un coup de mousquet, a la
ise de Lille , attaquée par le
ce Eugène et Marlborougli. L'an-
suivante , il fut assiégé dans
mai. Apres vingt-un jours de
cbée ouverte, il fut obligé d'a-
lonner la ville , et se retira
; la citadelle, qu'il ne rendit que
3 de vivres et de munitions. Fcu-
rcs lui reproche , dans ses Me-
'es ( V> FeuqiÈrus ), de n'avoir
employé tous les moyens qui se
sim
zA^
trouvaient à sa disposition pour con-
server cette place imjportante ; mais
l'enquête faite dans le temps justifia
pleinement sa conduite. Pendant oe
si^ mémorable, Surville fit frapper,
pour les besoins de la garnison, trois
sortes de pièces , de deux et de huit
sols , en cuivre , et de vingt sols , en
argent. Cette dernière monnaie, pour
laquelle il avait donné sa vaisselle ,
représente d'un côté le buste du
gouverneur , couronné de laurier y
et au revers , les armes de Tournai ,
avec le nom de AT. àe SurvUle ( F".
le Recueil de Pièces obsidionàles ,
par Duby^ pi. 18 et 19). Il était
sans exemple qu'un gouverneur eût
placé son emgie sur la monnaie qu'il
avait été dans la nécessité de frap-
per. La cour témoigna son méconten-
tement de cette nouveauté; mais le
S résident de Boze répondit , an nom
e l'académie consultée par le minis-
tère , que les pièces de siège n'étaient
pas , à proprement parler y des mon-
naies y et que par conséquent Sturille
n'avait préjuoicié d'aucune manière
aux droits du souverain ( F. les
Me'm, de Vacad. desinscrip,^ i.,
!i82 ). Surville mourut à Pans le 19
décembre 17^11 , âgé de soixante-
trois ans. W — s.
SURVILLE (Jean-Fraïiçois-Ma-
RiE de), otUcierde marine, naquit,
en 1 7 1 7 , au Port-Louis en Bretagne.
Dès l'âge de dix ans , il commença la
rude carrière de la mer , et navigiia
au service de la compagnie des In-
des, ainsi que son frère aîné. En 1 764 ,
il commanda le vaisseau la Renom-
mée , pour le voyage de l'Inde et de
la Chme. En 1756, ses talents, sa
bravoure et ses connaissances nauti-
ques lui firent donner le commande-
ment du vaisseau le Duc d^ Orléans y
de soixante canons, avec lequel il fit
une partie des campagnes de llude ,
a36
SUR
sous k comte d*Aché, qui demandft
et obtint pour ce jeune officier la
croix de Saint - Louis. Dans tous les
combats de cette guerre malheureu-
se , Surville se distingua par son in-
trépidité' et la plus rare présence
d*esprit. Il prit le commandement
du Centaure, après la mort de son
frcrc aine' , tué dans une action , en
1^57; niais le Centaure ayant été
condanme' à l'Ile-de-France, Surville
passa sur la Fortune , de soixante-
quatre canons. Ce vaisseau , charge'
de troupes et de passagers , se trouva
avoii' plusieurs voies d'eau à-la-fois.
Avciti de ce danger, Surville, eut
Tadressc et le boulieur d'arriver jus-
qu'à la hauteur de Fisch-Bay , sans
que son cquipace ni personne à
Lord eût pressenti l'horreur de cette
situation^ soif dans le langage y soit
sur la ligure du commandant. A cet
atterage , qui est à cent lieues à Test
du cap de Boune-Ëspérance , le vais-
seau échoua. Sui'vilie jouait avec les
femmes et les enfants , dans la cham-
bre du conseil , au moment où son or-
dre secret s'exécuta , au grand e'ton-
nemcut de tous. 11 ramena les soldats,
les passagers et l'équipage entier, par
terre , au Cap , sans avoir perdu un
seul homme, ni rien des bagages et
de la cargaison. Il repassa alors en
France , après dix ans des campagnes
les plus actives et les plus honorables.
Peu de temps après, il reçut une nou-
velle marque de coniiance, par la
mission que la compagnie des Indes
lui donna d'aller rétablir la ville de
Pondichéri ) et il eut en même temps
le brevet de gouverneur en survivan-
ce de cette colonie y et en rempht
les fonctions, en l'absence de liaw
de Lauristou. Ses talents et son cou-
rage toujours calme inspiraient une
confiance aveugle à ceux qui étaient
sous SCS ordres. Un seul trait Suffira
SUR
pour £ûre juger de sa fcnnetë Xi
et de sa présence d'esprit. T^ feu prit
un jour a un vaisseau qu'il comuuuh
dait; le vent soufflait avec force, d
Soussait les flamo]ies dans h raâtaR^
e manière à menacer le bAtimert
de l'embrasement le plus «rtak
Sunrille monte sur le pont, juge k
danger , et voit le remède an mt-
me instant. Il ordonne de revîrer de <
bord : les matelots obéissent. Celte
seule manœuvre chassa la flamne
hors des agrès , et sauva le Taisseu.
Tel était l'habile marin à qui Law,
gouverneur de Pondichéri , et Gbe-
valier , gouverneur de Chandenugor,
proposèrent, ai 176g, de l'associer
a un armement d'une grande impor^
tance pour le commerce et la naviga-
tion. Il s'agissait d'aller prendre pos-
session d'une île de la mer du dod,
découverte, disait -on, par les Aa-
glab, et distante de sept cents licoes
des côtes du Pérou. Il fallait d'abord
trouver cette île , dont la renommée
exaltait l'opulence. Il parait qu'aa
défaut de ce hasard heureux, dont
on n'avait pour garant que des d(»-
nées vagues^ les armateurs s'élaieirt
assurés d'une permission de oommcT'
cer de leur cargaison à Callao, dnt
le gouvernement espagnol ne permet-
tait pas l'entrée. Surville dirigea , à
Nantes, la construction du iSmrC-
Jean-Baptiste , excellent voilier, ar*
mé de trente - deux pièces de canon.
Il prit des vivres pour trois ans ci
tout ce qui était nécessaire à^un éq«-
page destiné à soutedir des fatigues
de tous les genres. Nommé commaa-
daut de cette expédition, et ayait
à son bord vingt- quatre soldats èi
bataillon de l'Inde, il appareilla dais
la baie d'Ëngeli, dans te Gang^, k
3 mars 1 769. Il se dirigea sur lesPki*
lippines , reconnut les îles Babonya-
nes , côtoya les îles Baschi ^ arri-
ï
î
SUR
i3 octobre f à une terre
(i) , et jeta l'ancre dans
ju'il nomma le port Pras^
insulaires Jiii ayant enie-
baloupe, Survillc, pour les
ileva et emmena quelques-
Jre eux ; ce qui fit succéder
3nstrations d'amitié un com-
rtrier^ qui coûta beaucoup
ss aux malheureux insulai-
;ux soldats blesse's à l'ëqui-
*s hostilités exercées contre
firent donner à cette terre le
rsacideMn la quittant, après
couvert plusieurs petites îles,
ut, le 17 décembre, la Nou-
ande , et y jeta l'ancre, dans
qu'il nomma baie de Lau-
M fond de celle baie , se trou-
nse , qu'il nomma anse Clie-
?n l'honneur des deux chefs
édition. Il est remarquable
is le même moment, le capi-
»ok relevait les deux pointes
nent l'entrée de cette vaste
qu'il nomma baie Double,
t si grande, qu'il n'est pas
ant que ces deux navigateurs
ient pas reucontrés. Surville
I peu de jours à la Nouvelle
. Un larcin ayant été commis
habitants, il lit mettre le feu
cases, enleva quelques In-
t fut accusé d'avoir, par ces
» et ces violences , peut - être
ires , préparé les esprits féro-
:es insulaires à la vengeance
arion ( r. ce nom ) fut victi-
1 77 I . Surv ille quitta la Nou-
ilaude, cl passa dans la mer
à la recherche de cette île pro-
objet de son voyap,e. Le scor-
a disette d'eau le forcèrent de
Ta la découvrir, et de gagner
(le Salomon, r<comiur$ eu 1788 , par
SUR 237
au plus vite les cotes du Pérou. Il
aperçut la barre de Chiles le 5 avril
1770. Pour avoir quelques heures
plus tôt l'audience qu il desirait du vi-
ce - roi , il voulut passer la barre en
canot. Le temps était très-mauvais r
la force des James entraîna la frêle
barque sur la barre , où elle chavira ;
et le malheureux Surville périt dans
les flots. Il fut enterré à Lima, avec
les honneurs dus à son titre de gou-
verneur de Pondichéri. S — y.
SUR VILLE ( le marquis Joseph
Etienne de )^ né dans le Yivarais ,
vers 1 760 , entra au service dans le
régiment de colonel-général, et fit
les campagnes de Corse et celles
d'Amérique^ où il se distingua par son
intrépidité. Se trouvant ensuite en
garnison à Strasbourg , il eut avec
un Anglais une querelle sur le courage
de la nation britannique qui , selon
kii , n'était brave que dans l'i-
vresse. L'Anglais ne s'étant pas cru
capable de relever ce propos , en
chargea on de ses compatriotes qui
habitait l'Allemagne ; et celui-ci en^
voya un cartel à Surville , qui se
rendit sur la frontière du duché de
Deux-Ponts, où les deux champions ,
après s'être fait réciproquement une
légère blessure, se séparèrent pour
ne plus se revoir. Le marquis de
Sui*ville avait mis en vers très-pi-
quants le récit de cette aventure;
mais il ne l'a jamais communiqué
qu'à ses amis. Il émigra , en 1791 , ,
et fit dans les armées des orinces les
premières campagnes de la révolu-
tion. Rentré en France , en 1798,
avec une mission du roiLouisXvIll,
il fut arrêté dans le département de
la Loire , et traduit devant une com-
mission militaire au Puy. Il tenta
d'abord de déguiser son nom ; mais
voyant qu'il ne pouvait y réussir, il
se dit hautement commissaire du
!238
SUR
roi y et marcha à la mort avec beau-
coup de courage (octobre 1798 ). Il
avait contië à sa femme le mamis-
crit des Poésies do Clotilde de Sur-
ville , Tune de ses aïeules ( F. ci-
dessus l'article de Clotilde de Sur-
ville ) y qui fut imprime' en i8o3 ,
et dout Tauthenticité , après vingt-
deux ans , donne encore lieu à des
doutes et à des discussions. Ce qu'il
y a de sur y c'est que l'auteur de cet
article, qui vit le marquis deSurville
à Paris en 1790 , eut communica-
tion du manuscrit y et qu'il le trouva
dès-lors complet , et tel qu'il a été
imprime en i8o3. D — p — s.
SUS-iNNE , fille d'Hclcias , était
parfaitement belle , et craignant Dieu,
ayant été' insti-uite par ses parents ,
selon la loi de Moïse. Elle avait
épousé Joakim, delà tribu de Jiida ;
et elle le suivit à Babyloue, lors-
qu'Israët y fut conduit en captivité ,
par Tordre de Nabuchodonosor ( F,
ce nom ), Joakim avait conservé de
grandes richesses, qu'il employait à
soulager ses compatriotes. C'était
dans sa maison que le peuple tenait
ses assemblées ; et les juges , établis
pour rendre la justice dans Israël , y
donnaient leurs audiences. Ces juges,
(pic l'Écriture nomme des >iejllaixls
( 1 ) , fiu'cnt frappés de la beauté de
Susaniic , et coiiçurcut pour elle une
ardente passion. Long-temps ik tin-
rent carnées leurs vues criminrlles ^
mais s'élant faitmutuellemcniraveu
de leur fol amour , ils se coucertcrent
sur les moyens de le satisfaire. Un
jour que Susanne était au bain , ils
saisirent l'instant où elle venait d'é-
loigner ses femmes, pour lui déclarer
leurs désirs impudiques , la mena-
it) i.r l'iiii ImIiith itlcniiH . MKiiilic «pilcmriil
inrini et iupc. IMusii'urt» rrili«j«,n"i» ««n» il'uur pni"*"
nue lo lilio dft vieillard» (^uv I iCcnliirtt itnniie^iiux
(iigihtlc Sii>aniir, u'a |)oiitt ia|»l»«»rt 3i I«mii ini-,
Utnif .\ Imr <li|(iiifv.
SUS
çant , si elle n'y consentait , de
Taccuscr d'adultère. Helas ! dit Su-
sanne y je ne vois que péril et qn'an-
goisse de toute part : mais j aine
mieux mourir sans avoir commis le
mal , que de pécher en la préwce
du Seigneur. Alors die éleva la vflii
Eour appeler ses lenunes. LesTidS-
irds irrités poussèrent aussi ds
grands cris, auxquels aocoururentles
serviteurs de Joakim. Le lendemai%
ils firent venir devant eux SusaïaSy
et mettant leurs mains sur sa tte.
jurèrent qu'ils l'avaient surprise ano
un jeune homme. L'assemUée la
crut y et Susanne fot condamnée à
mort tout d'une voix. Gomme on la
conduisait au supplice ^ Daniel ( F,
ce nom ) alo^ enfant , et incoom
dans Israël , s'écria : Je suis inno-
cent du sang de cette femme. On lu
demanda ce qu'il voulait dire par ces
Saroles ; et il ajouta : Pourquoi con-
amnez-vous une fille d'Israël, sans
vous assurer si elle est coupable?
Daniel obtint que Susanne serait jo-
gée de nouveau ; et les deux vieil-
lards^ ayant été interroges séparé-
ment , furent convaincus de faux
témoignage , par les contradictjons
de leurs réponses , et coudamnéi à
la peine qu'ils avaient youId fiÛK
subir à Susanne ( Voy. le Linv de
Daniel^ ch. xiii )• La peinture et la
gravure ont souvent reproduit Su*
siinne surprise par les vieillards : la
poésie s'est empai*ée aussi de cesuiet,
mais avec moins de succès (a). W-s.
I
(a) mm. lUrrr. Rndet rt DnfonlviQn o«l fiiil
jnurr mir le lliv^lrt; dii Vniideville, le i3 i
i^f).!. In Cha\tr. Sunmne, rauderille en d
iiiiiiriiui- 1.1 iiH'iiii' aiintH.' ; mai» dont In
tutitMi!* furent dvfvndue» liirs dn iugcmcBt
riv Aiiluiutttf , |>iirrr qu'un trouva de 1*
ruirv le iu|;vuiriit pnMitiucc runtrc SaaaaiM ffl
lui que le Irihunal revohitiuuuaire aTaît
contre la reine. M. Hlache a dooM aa tT "
la Porte-Saint- Martin, le a ianvicr 1B17,
intitule le» Drux yiciltmnU et Sntamne ,
reprei>eutMtiou» «uni defradnet dfpiiM qari^w
di
kl
Im
sus
JSARION , le plus ancien ijoèle
[|ue grec , donna ses premières
tentations vers Tan SBg avant
ère. Il c'tait ne' dans un petit
; de l'Attiquc, nomme Icaric j
; pièces y dont les sujets étaient
s et puises dans l'histoire , re'us-
t sur le théâtre d'Athènes. Lui
autre poète , appelé Dolon , eu-
pour récompense un panier de
i et un tonneau de vm, qu'ils
portèrent sur un quadrige. C'est
e nous apprennent les marbres
ros. Casaubon et d'auties mo-
s ont confondu Susarion avec
)ète comique , appelé Sanny-
, dont parlent Suidas , ainsi
hénée qui nous a conservé
B vers de lui. CeSannypon était
nporain d'Aristophane, qui s'est
é de son extrême maigreur.
F— A.
SON (le B. Henri), célè-
»cétique , était né probablement
stance, dans les premières an-
lu quatorzième siècle, de pa-
illustres. Il est désigne quelque-
ar le nom de Henri de Scws
Seuse ) , parce qu'il était de la
Kî , ou par celui de frère Henri
d , dont il a souscrit ses ouvra-
. l'âge de treize ans il prit l'ha-
saint Dominique à Constance,
envoyé par ses supérieurs à
ue, pour y achever ses études.
)ur qu'on lisait au réfectoire,
it l'usage, quelques chapitres
vres saints, cnleiKlant ces mots:
référé la sagesse aux royaumes
Uu Mil"!»!»!!.!»!!»- , i<)ii«' ?i l'Ambigu « «irui-
OMÏ pour siiirl la l'ha*t. Suutnnr. Antdiiie
, mort ni \!i->' . a\..il fait mic lr;ij;i'Jic de
. Vnf miirc jiii cr «ou-» le iMt'-inr lilrr, im-
eu ij8i , ;i |M»iir auteur Didier Oriet ;
LcduclMt <-l Aiiloinc Moatilirelirn ont
ite ckacuii *c «uicl ( / «>r. MoNICHRES-
;XfX. , 4? 5 )• Plw'cur» trapi'dic* laliiie.t
tnlres : Sutannn ( y-.'jn \c ralaioj;ub de
Vrylc ). A. H— T.
SUS a39
et auK trônes, et j'ai cru que les ri-
chesses n'étaient rien en comparai-
son ( Sagesse, vu , 8 )^ il se sentit
comme entraîne à la poursuite de la
perfection, et s'écria tout transporte :
« Je vais m'appliquer de toutes mes
forces à me procurer la sagesse; si
je la possède, je serai le plus heu*
reux des hommes* » Il renonça dès
ce moment aux habitudes du siècle
qu'il avait conservées dans le cloître;
et ayant résolu de se consacrer à la
carrière ëvangciique, s'y disposa
par la prière, la méditation et les
rigueurs de la pénitence. Après dix
ans d'épreuves, il reçut de ses supé-
rieurs 1 oidre de commen<^r sa sainte
entreprise. Les provinces d'Allema-
gne, mais principalement la Souabe
et l'Alsace, furent , pendant plus de
trente ans , le théâtre de son sèle et
de ses prédications. La pureté de ses
mœurs ne put le mettre à l'abri des
attaques de l'envie: mais les efforts
des méchants ne firent qu'afCermir
son ouvrage ; et après avoir vu ses
travaux couronnés par d'abondantes
moissons, il termina sa vie pénitente
à Ulm, le a5 janvier .i 366. Henri
possédait le don de contemplation
au degré le plus éminent. Outre des
sermons et des lettres , on a de lui
plusieurs opuscules ascétiques , écrits
avec une simplicité et. une onction
admirables, durius a recueilli ses
OEuvres^ qu'il avait traduites en
partie de l'allemand , et les a pu-
bliées, précédées de la He de l'au-
teur, par Elisabeth Staglin, une de
ses pénitentes (i) , Cologne, i555 ,
i588, i6i5,in-8». Elles ont été
traduites en français par D. Nicole
Lecerf , chartreux à Gaillon, Paris,
i586, i6i4, in-8^ ;eteniulienpar
V I ) Celle Vie a clé iii.scrcu i»ar le P. Hcnschon ,
dans les Acta toncloium . au Jt5 )au>ier.
a4o
SUS
le P. Ignace dcl Ncrtc , Domimcain ,
Rome, i663, in-4«. Parmi les ou-
vrages asce'tiques de noire auteur,
on distingue le Dialogue de la sa-
gesse , que Surius n'a donne que d'a-
Î)rès une traduction allemande. Henri
'avait compose' cependant en latin ,
sous ce titre : Ilorologium sapicn-
tiœ œternœ. Indeperoiamment des
copies qu'on en trouve dans plusieurs
bibliothèques, il a été imprimé, Paris,
1 480 , in-40.; et on en cite une édit.
sans date, que Ton croit antérieure.
Le P. Quetif , qui dit que cet ouvrage
était estimé dans le temps à Técal
de V Imitation, en a publié le prolo-
gue dans la BibL script, ord. Frœdi*
crtf or., d'après un mauuscrit du fonds
de Colbert. Il fut traduit, dès iSSg.
par un religieux franciscain de Neuf-
château en Lorraine. Cette version ,
dont la bibliothèque du Roi possède
un superbe manuscrit sur vélin , dé-
coré de quatre belles miniatures , a
été retouchée pour le slvle , et pu-
bliée par les chartreux ae Paris ( qui
supprimèrent le nom de l'auteur et
celui du traducteur ) sous ce titre :
Çx commence l'éloge de Savience,
nouvellement translatée de latin en
français , Paris, Ant. Vérard, i493>
in-fol. L'exemplaire de dédicace ,
offert par rimprimeiir au roi Char-
les VIII , est orné de vinct-cinq mi-
niatures (a). De Vienne, chanoine de
la Sainte Chapelle de Viviers en Brie,
a publié une nouvelle traduction du
Dialogue de la saeesse avec son
disciple , Paris , 1684, in-i a ; mais
elle est défectueuse. Il en existe des
versions anglaise imprimée dès 1 483,
et flamande. Le P. Jean Jarry prieur
de la chartreuse de Fontenay , a tra-
duit quelques Traités spirituels de
(»") M. V«n Pract en « <ionn«? U description dé-
tatllre daii« le Catal, des livres sur vtlim , I, 34*
et nuiTanlrs.
SUS
Benri Suson ( F. la Bibliatk
Duverdier, ii, 44^)* EnGn le cl
de Viviers , qu'on vient de <
traduit son Dialogue de la
Paris, 1701 , in- 1 a. Fa^. p<
de détails ,Echard , Scriptore
Prœdicator,, i, 653-59. ^
SUSSMILCH ( Jean - Pi
économiste et théologien ail
né à Berlin y en 1708, étudia
la médecine ; mais ses par
destinant à la tbéologie, 1 cm
à Halle, d'où il se rendit i
pour compléter son instruc
obtint ensuite une charge d'à
de régiment y et fut appelé' pi
fois à prêcher dans le cabmi
Frédéric-Guillaume. Il fit les
gnes de Silésie avec son régi
faillit être tué dans le presbyi
village cerné par les AutricI
retour de cette guerre y il fui
prévôt de l'église de Côln , à
et membre du consistoire.
vrage intitulé de t Ordre
lui ouvrit les portes de Vi
des sciences de Prusse ; et M;
l'engagea à faire un cours p
la même matière. Il fut un
teur distingué; mais son z*
porta jusqu'à signaler en cha
une virulence peu évangel
écrivain nommé Edelmann,
bli dans sa paroisse^ ne se
de parler ni d'écrire contr
vôt. Au consistoire, Sussmil
tous ses soins au bien-être d
et écoles de Prusse. Dans se
littéraires ,il a été le premie
magne qui ait essayé de
morale en rapport avec V
politique. Ayant été frapp<
lysie , en 1 763 , il fit ses ac
communauté dans un ser
chant , languit encore qu(
nées , et mourut le 1 7 mars
principal ouvrage de Sussn
sus
il donne une grande re-
; son Traité de V ordre
e5 variations du genre
is le rapport des nais-
?5, etc. On avait donne
en Allemagne surtout,
ion à rarilhmctique po-
nilch , ayant examiné al-
lés registres des naissan-
ît mariages, fut frappe'
Itats ; et , envisageant ces
a-fois en théologien et en
il entreprit cet ouvrage
roir la main de la Provi-
les cvéuemenls en appa-
ntcls (le la vie humaine.
s morlnlilés, le rapport
es et de la progéniture
pulation , les dillërences
lite dans les grandes vil-
nirg?î et les campagnes.
Missmilch ne paraît pas
rque' que les releve's sur
se fonde n'avaient pas
its avec l'exactitude ne'-
ussi quelques-unes de ses
ont été trouvées fausses ,
les tables statistiques ont
onnées. Selon Siissmilcli ,
r année, dans les villes ,
t sur trente -cinq à Irente-
lans les cani|)agnes , un
ute- quatre. Il s'en faut
up que cette ])ro[JOrtion
ncnt exacte pirtout. Au
travail, fruit de pénibles
et d'un esprit solide ,
Titc du ])ublic. Mis au jour
en 17 v*v» il f^'t réimprime
ugmentalious , en 17O1, u
•.; 3^. édit. , 1765. Après
l en parut une quatrième ,
?c un 3'". vol. rédigé par
Siissmilch a inséré une
on sur la concordance des
l'Orient et celles d'Occi-
is le recueil des Mémoires
XLIV.
SUT 241
de V académie des sciences et bel-
les-lettres de Berlin^ année 17 45»
L'auteur y établit des rappoits entre
les langues celtiques et orientales ,
par Ta comparaison de près de cent
mots pris seulement dans la lettre R.
Pelloutier, dans la préface de son
Histoire des Celtes , avoue lui
être redevable d'un grand nombre
de notes. On ne sait ce qu'est deve-
nu un Glossaire auquel il travaillait
depuis plusieurs années. Pende temps
avant sa mort, il avait compose une
Disseitition sur la langue primitive.
D— G.
SUTTON (Thomas), né à Knaith
dans le comté de Corke,en 1 53*2, fut
secrétaire du comte de Warwick , et
servit en Ecosse , et contre les Es-
pagnols, sur mer_, par oidre d'Elisa-
beth. Très-riche de son patrimoine,
(pi 'augmentèrent encore d'heureuses
spéculations et un riche mariage , il
dépensait son bien à secourir les indi-
gents ; et , désirant perpétuer ses bien-
faits, il acheta^ pour trente mille livres
sterling, la Chartreuse de Smithfield,
au comté de SufToIk , et la convertit
eu un hôpital pour les pauvres , (pii
subsiste encore sous le nom de Char-
ter-flouss, La cour lui fît offrir la
pairie , s'il voulait nommer son hé-
ritier le duc d'York , qui fut depuis
Charles 1*^^.; mais peu j aloux des hon-
neurs , il aima mieux consacrer son
immense fortune ( il avait environ un
million cinquante mille francs de re-
venu , somme énorme pour ce temps
là) , au soulagcme;^ des malheureux.
Cet homme bienfaisant mourut le 1 1
décembre 161 1 , et fut enterré dans
l'églige de son h(jpital. — Sutton
(Samuel) inventa, en 1740, nne
méthode de désinfecter les vaisseaux
par des tuyaux de communication
avec le feu des cuisines. Cette mé-
thode, qui fui aussitôt adoptée , a été
16
^42
SOT
depuis perfectionnée en France et en
Angleterre. — Robert Sutton , et
sou (ils Daniel, se sont rendus cclc-
hrcs en Auj^lelerre, eu perfeclion-
uaut la pratique de Tinoculation de
la pctitc-veroîc. Robert établit, eu
1737, à Dcbcnliam (Suflblk), une
maison de saute', où eu dix aiLS , il
inocula 2'm4 sujets sans en perdre
un seul. Daniel simplifia rucure sa
méthode, viut s'établir à lugatesto-
ne (Esse\ ), puis à Lundres. Dims-
dale ( F, ce nom ) , donna , en 1 7(37 ,
les de'tails de ce Iraitcnieut simpli-
fie, et quoique son livre eut ele, dès
1772, traduit eu iVanrais, les Sut-
ton couliuuaiont d'avoir inio jurande
vogue, et pass.jiout pour l'aire mys-
tère d'une paitie de leur proccd'J. J.
J. Garda ne jïubliii Le secret des
Sutton dé\>oilé y la Haye, 1774 ? P-^-
ris, 177O, iu-12, et ce niudc con-
servateur ne taida pas à se propa-
ger en France ( /'. Dkzotkux ) , où il
a même quoKjucfois essaye de lutter
contre I.» vaccination ' ^'. rior.Tz). Z.
SUVÉK ( JosKPH-Biir^oîr), pein-
tre , ne à Bruges, en 1743, fut place'
par sa famille chez un peintre de
celte ville , et acheva de se former à
P.'jris,sous Hachelier.il concourut
pour le grand i)rix, et quoi({ue etr.in-
ger, Tubtiiit, (Ml 177 1 , le gouverne-
mont aY.'inlbicu voulu dérogera Tusa-
ge eu .va faveur. L'académie l'agréa
eu i77(),etle reçut, l'aunee suivante,
au nombre de ses uunihrcs. Los élu-
des aprofoudies (ju'il avait fiiitos dos
Erîufipes de sou art , le porùrent
ieutôtnu professorat. En lin en i7()'.î,
Suvoe f'il nomme direclenr de Tocoie
de Frauro à Rome. Los onig( s de la
révolution , ];eudaut Irsqueis il fut
incarrcrc , étant ]>asses , il se rendit
à sou poste ( 1801 ). Sou premier
soin fut d'y reorgaiiisiT rac.idciuie,
anéantie, pendant cette malheureuse
suz
époque (F. Menageot). Son amovr
pour son ait, son désir de remplir
dignement la place qui lui était con- '
ficc y lui fiient surmonter toutes les
diircultes. De>i récole était parfai- 1
tement etabUe à la Villa Médicis, ;
et il allait jouir du fruit de ses tn- '
vaux, lorsque la mort vint le siu^
prendre le 9 février 1807. Bienfai-
sant et sensible y quoiqu'un peu lif , :
Suvée eut le secret de se faire des
amis , et celui encore plus rare de
les conserver. Si cet artiste ne pos-
sédait pas cette vigueur de couleor
et cette ii erté de touche qui impo-
sent au premier coup d'oeil, il connais-
sait parfaitement cette harmonie et
cette suavité qui plaisent toujours.
Sqs compositions étaient remplies
de grâce , et l'expression de ses
titcs douceetsentimeutaie. Parmi ses
nombreux ouvrages , on distin;;iie:
une OcscetUe dii Saint-Esprit et une
yidoration des rois , qui se voient ,
dausuueéglised'Ypres, etquis'yfont
admirera coté d'une Assomption de J.
Jordaeus ; une Résurrection ^ faite
pour l'église de Saiut-Donat; la Jifoft ;
de Culigni; nue Naissance delà Via^
^e y tableau sur lequel il fut agréé de
l'académie. On se rappelle encore
avec plaisir son tableau de SaiÉL ,
Denis , celui de Saifit François àt "
Sales et dcV"". de Chantai,' Peniit
temps avant la mort de cet artiste ^
l'Institut l'avait reçu au uombredestf
correspondants. L'auteur de cetart^
clo a ('crit r.ne Notice de Suvée, qu*3
a lue à re'cole spéciale de peinture,
et ini[)rinK'e cbins le Courrier deVEor ^
rope et des spectacles , du 27 joi" [
1 808. On a un Étoile historique de
Suvée, par Joaohim Lebrcton {M0*
^as, EncrcL , 1807 , vi , 55 ). P-i-
SU VV AROW. r. Souw ARow. ^
SUZ A N N ET { Pierre - Jka»- .
Baptiste CoimAifT , comte dc)>|
suz
généraux vcndccns, naquit
, , dans le Poitou , au cliâleau
larditTC , près de Monlaigu.
germain de Henri de la Ro-
uelein,il reçut aveclui la pre-
Incation , ainsi que celle ôes
militaires de Sorèr.e et de
,n 1 788, il entra dans îe rér- «-
:s gardes-françaises. Apics la
n de ce corps, il demeura
temps dans une inaction
Dès que les circonstances le
ut , il olT'rii ses services aux
français, sous lesquels il fit
pagne de ï 792 , ca qualité'
enant des hommes d*armes.
îusuile accompagne son père
eterre , sa valeur s'y trouva
leeparla fatalité des conjonc-
mais il put du moins y dé-
un zMe actif et touchant eu
des émigrés , ses compagnons
une (1). En 179^, il fut du
ombre de ceux qui , dans le
at d'ïlcrvilly , échappèrent
sacre de Qnibcron. Après ce
e, il alla rejoindre Cliaretle,
î tardant pas à le distinguer ,
ifia le commandement d'une
1. Ce général l'ayant charge
demander au gouvernement
ique des secours qui deve-
indispensahlcs , il s'acquitta
lission avec une ardeur que le
aurait dû mieux couronner,
'il revint dans la Vendée , à
les dangers les plus immi-
il apprit la fin tragique du
qui l'avait envoyé. Iloche
»»ron HfSu7auTi<'l , «on pi-rc, clail i liMrpc
isirihucr 1<> «tt .mis af ci>r«l«'5 par Icgoii-
l aiiglaii. n r»>si<|:i |)r«*q»i<* riHi>(,«mi<UMit
rrre , <-l n<* revint en l'rancr ffii'cn i8i4.
'Hl , cjiii I»' «li>ti-i2ii.«il particuliirriiiPn» ,
vice aniinil , grund'-cioii (!<' l'ordre de
lis, el meml>«<' du con-.»?!! de inarim». I,c
iRi5 . qnuifju»- Ire .s-!<()iinr3nl , il sr lit
d'assister au «crvue fisiiM>re de Luuis
,- fui w»»!»! d'iiu violent liisson, qui le
■ u lonibcan . le 17 IVvr c r tuirsint.
SUZ 145
<?lant parreim k soumettre les dé-
partements de l'Ouest , enjoignit au
comte de Suzannet de Sirtir de
France , et le fit conduire aux fron-
tières de la Suisse, Celui- -i ne fut
pas long-temps sans revoir e sol na-
tal : au commencement de 1797 , il
vint à Paris se concerter avec les
agents du roi Brotier et LavJlIeheur-
nois. La révolution du 18 fructidor
an v ('4 septembre 1797) l'ayant
forcé de suspendre ses projets, 1 An-
gleterre était le pays où l'appelait
l'intérêt de la cause qu'il servait.
Un séjour de six mois à Londres le
mit à portée de renouer ses négo-
ciations avec l'Ouest de la France.
Bientôt il s'y rendit , charge de
commander l'armée qui s'était cou-
verte de gloire sous Gharette , et il
Î)répara les mouvements qui, vers
a fin de T799 , éclatèrent contre la
république. Grièvement blessé dans
une affaire engagée presdeMontaigu,
il investit de son autorité le j^ne et
intrépide Grignon, qui périt dans
une action près de Chambreteau. Au
milieu des périls qui l'environnaient ,
le comte de Suzannet avait trouvé
un asyle dans la chaumière de bons
paysans ( les frères Michelot ) , dont
il reçut les soins affectueux , et qui
méritent un souvenir. En 1800 , le
commandement dont il fût revêtu ,
s'étendit sur toute la rive gauche de
la Loire. A cette époque , Je premier
consul voulut affermir son poirvoir
naissant par une pacification géné-
rale. Quelques royahstes accueilhrent
d'autant mieux ses propositions ,
qu'ils se flattaient de lui voir jouer
le rôle de Monk. Suzannet , aussi
avare du sang de ses soldats que pro-
digue du sien, embrassa cette illu-
sion. 11 eut même à triompher de la
résistance de plusieurs des siens ,
qui , sans prenare conseil de leur po-
16.
245 suz
sitioii difilcilc; , menaçaient de Uier
w de Légc ; j'aime mieux pc'rir que
î) de causer inutilement la mort de
« gens tels que tous. » A ces mots ,
le calme renaît , et le licenciement s'o-
père.Buonaparte,n' étant point rassu-
re' sur les tentatives que méditaient
les généraux vendéens , ne se bor-
na pas à les tenir en surveillance;
il iil enfermer au Tc'mple les comtes
de Suzannetel d'Andigné (2). En juil-
let 1801 j ils furent transfe're's au
château de Dijon , ensuite au fort
Saint-André , enfin au fort de Joux.
Après un an de captivité rigoureuse
dans cette dernière prison , ils par-
vini'eut à s'évader. Le premier con-
sul, craignant qu'ils ne se fussent ré-
fugies dans les contrées où leur pré-
sence pouvait ranimer des hostilités,
consentit à la levée du séquestre mis
sur leurs biens , à condition qu'ils
résideraient à cent lieues de Paris.
Le séjour de Suzannet fut fixé à Va-
lence. I^ procès de George Cadou-
dal et de Picbegni l'exposant à de
nouveaux orages, il s'en garantit
par la fuite, et s'estima fortlieureux
d'avoir seulement reçu l'oixlre d'al-
ler eu Allemagne. En 1807 , il ob-
tint la permission de revenir dans
sa patrie y et l'année suivante , il put
même habiter les lieux qui l'avaient
vu naitie. La couronne impériale
paraissant fixée sur la tête de Napo-
léon , les ressources des plus chauds
amis de la légitimité se réduisaient à
une pénible résignation. Apri'S avoir
consumé sa jeunesse dans des agita-
tions toujours renaissantes, dans des
espérances tou joins déçues, le comte
l'j) Vi.xf/ l'ui lir!r (il* <-r di iliÏT (l-u* i • /.";;/fi-
fihir il t hoin'tii \ »•■'■■ '.'f
suz
de Suzannet chercha le bonheur dans
une union bien assortie , et le trouva
en épousant W^^. d'Autroche Des-
marais , fille d'un officier aux gardes-
françaises. Voulant mener une fie
retirée et paisible , il persista dans k
refus que^ depuis plus de dix ans, fl
opposait aux offres réitéra que les
ministres étaient chargés de lui faire;
refus qui lui avait attu^' les persécu-
tions auxquelles il fut en butte. Les
chan«;ements qui , dans l'état politir
?fue de l'Europe , résultèrent de la
bile expédition contre la Russie,
rendirei aux royalistes la confiance
qu'ils avaient perdue. Le général
Suzannet en profita y pour combiner
dans la Vendée les mouvements d'une
insurrection qui devait y éclater le
T I avril 181 4 9 inais dont la reddi-
tion de Paris fit sentir l'imitilitr.
Nommé commissaire extraordinaire
par Louis XVIII , il usa de l'in-
fluence qu'il exerçait dans ce pays y
en y tempérant avec sagesse les es-
prits , qui ne se pliaient pas sans
Jieine à des mesures commandées par
a nécessité. Dès que l'on eut appris ,
en mars 181 5, le retour de buona-
parte, sur les côtes de Provence , il
s'occupa des moyens de lui lési^
par ime diversion. Quatre corps d'ar-
mée s'organisèrent promptement sur
une ten-e vouée à la tidélîté. Le
commandement en fut confié à
MM. Louis de La roche- Jaaudcm ,
d'Autichanip , de Sapinaïui et de
Suzannet. Le premier ayant dédare'
que le roi l'avait nomme général ca
chef , les trois derniers le recoonn-
reiit en celte qualité , quoi(pi'ii iut
le ))lus jeiuie et le moins avancé cd
grade. Ce général voulut alors que
toutes les forces se dirigeassent vers
la cùte; mais la plupart des soUats
.s*()bslinèrent à ne pas s'y rendre.
Dépourvus de fusils , de munitions ,
suz
s étaient décourages par
liblesse d'iiu convoi j
tance leur avait été exa-
Dt ils avaient protège le
it , efîëctuë par les An-
lignaient qu'un nouveau
lemeut annoncé par le
hcf , ne fût encore très-
Bt que tout moyen de re-
• fut interdit , s'ils s'eu-
is le Murais, En vain le
anet essava de détourner
l'une résolution au suc-
llc il était impossible à
ions d'armes de coucou-
il apprit sa mort , iî
ment justice à la pureté
itions. Il savait uc'an-
une voie sûre mais in-
celui dont il déplorait
.ait prouoncé sou rem-
ainsi que celui de MM.
) et de Sapinaud. Aussi-
t de désumou est sacrifié
néral. Loin de se laisser
les revers , on redouble
réorganise l'armée ; on
;n porter les dilléreuts
i Ruche-Scrvière. Atta-
it, le 'Jio juin, par unen-
[K'rieur eu nombre , le
•ii/.auuet se dévoue en
à la ti'te de son corps,
tombe sous lui percé de
iO!ii"r;' on il moule sur
csl atfcinî d'uuc balle ,
!m .nr< .i|ji(> il n'existait
.oi>;><' clr Maisdou^ où il
.on <ir..:riici-Q,éncVal , esl
?u lie sa .sépulture. Louis
ait couiirmé dans son
aréclial-de-eamp , et
imaudeur de Tordre de
Il a laissé une veuve ,
eur se j»laîl à n'îrare»* à
sa bile les exemples iTun
, éelaiie , courageux, el
SUZ 245
modeste , qui plaçait son ambition a
travailler à i'afiermissemeut de la re-
ligion et de la monarchie. S. S-n.
SUZE ( Henui de ), célèbre cano-
niste du treizième siècle , fut d'a-
bord évéque de Sisteron, puis ar-
chevêque d'Embrun ( lafio ). 11 de-
vint cardinal cvcqued'Ostic eu i2(iu,
d'où lui est venu le nom à*Ostien-
sis , sous lequel il est souvent cité.
11 mounit eu 1:271 , selon MM. de
Sainte-Martbc. C'était le plus habile
j urisconsulte de son temps , égalemenl
versé dans le droit canonique et dans
le droit civil; ce qui lui valut le titre,
de la source et ae la splendeur du
droit. On a de lui une Somme du droit
canonique et civil , connue sous le
nom de somme dorée ; Biile, i53']
et 15^3; Lyon, 1 588 et 1597 j un
Commentaire sur les Décrétalcs,fait
})ar Tordre à^ Alexandre IF; Rome,
1470 et 1473; Venise, i47^ct i58i.
Ces ouvrages , originaux en leur gen-
re , ont été d'ime grande ressource
aux cauouistes qui sont venus depm's.
Ï-D.
SUZE ( Henriettk dk Coligni,
comtesse de la ), née eu 1618, et
morte à Paris, le 10 mars 1073, fut
célèbre par sa beauté , par ses aven-
tures et par ses vers. Dans le roman
de ^/e//e ,M*^«. de Scudéri suppose
qu'l lésiode , endormi sur le Paruasse,
voit en songe les Muses , el que Cal-
lione, lui montrant les poètes qui
naîtront dans la suite des âges, dit:
« Regarde cette femme qui t'appa-
» raît: elle a , comme tu le rois, la
n taille de Pallas et sa beauté^ et je
» ne sais tiuoi de d<mx , de languLs-
» saut el de passionné, qui ressem-
» ble assez, à eeiair cliarmaiitquele.s
» peintres donnent à Vénus. (iClte il-
» iuslrc personne sera d'une si grau-
» de naissance , (prelleue verra pres-
)) que que les maisons royalcî» au-
346 SUZ
» dessus de la siciinc. Saclie Oiï"cI'c
» naîtra encore avec plus d'es^iiit
» que de beauté', (juoiqu'elle doive,
V comme ta vois, posséder mille
» charmes; elle aura même uneLonte'
» ç;«ine'reuse, qui la rendra digne de
y» toutes les louanges, sans te parler
» de tant d'autres admirables quaii-
» t(fs que le ciel lui prodiguera. Ap-
» prends seulement qu'elle teferades
» clegics si l>elles , si pleines de pas-
» sion , et si précisément du carac-
» tcre qu'elles doivent avoir , qu'elle
» surpassera tous ceux, qui l'auront
» précédée , et tous ceux, qui la vou-
» dront suivre. » Le temps, juge in-
flexible, n'a point donné à cetiees-
1)èce d'oracle raccomplisscment que
ui promit en vain l'amitié, llenrielte,
fille de Gaspar de Coligni, seigneur
de Cliatillou, maréchal de France ,
mort on i64(i, et pelite-fillc de l'a-
miral de Coligni, fut mariée, en
i(i4'^, h Thomas Eamillon , comte
de lladington, Écossais, et (Icviii;
veuve ]>cu de temps anrès son ma-
riage. Elle ne tarda pas à ép'.;nscr ,
en secondes noces, le comte de la
Suze, de l'illustre maison des comtes
de Champagne. Ce je ne sais quoi
iîc doux y de languissant, de pas-
sionné q\ie lVP^c,^e Sciidéri trouvait
dans sa jeune amie, fut trop bien re-
marqué par le comte de la Siujc , et
sa femme eut beaucoup à soulTrir de
ses soupçons jaloux. Elle aimait le
monde et ses plaisirs. La gloire des
poètes a ses dangers pour une jolie
îcmiue. Le comte résolut de conau ire
la sienne dans une de ses terres. On
lit dans toutes les Biographies, que,
pour se dérober aux exigeancesd'un
mari calviniste qu'elle ne pouvait ai-
mer^ la comtesse de la Suze, élevée
dans la même communion, se fjtca»
tholique, /z/m, disait la reine Chris-
tine, /i« ne voir son mari ni dans et
SUZ
morde lù dans Vauiie, Le mot fst
plaisant; mais il n'est peut-être que
cela. Ce fut un protestant, coDTerti
depuis quatorze ans au catholicisme,
le sieur de La Millctièrc , conseiller
du roi , auteur de plusieurs ou-
Trajesde controverse, qui, de con-
cert avec les cvèi;uesduHaDSeld'A-
miciis, entrepiil, eu ifi53 , la con-
version de la comtesse delà Si«xe.H
nous apprend lui - même, dans une
Lettre a M, de Couvreurs sur la
conversion de madame la camiesse
de la Suze ÇPaniSfYiiTCy loSS^in-
80.), qu'il composa pour l'exëciiiioB
de son pieuT dessein l'ouvrage in-
titulé : Le Flambeau de la vraie
Eglise y pour la faite voir à ceux
qui en sont dehors; et l'on sait que
ce livre fut imprimé aussi en i653,
avec l'approbation de l'assemblée du
clergé de France. I^a duchesse de La
Force , la reine et toute la cour s'in-
téresseront à cette conversion; la
«iomlesse voulut entendre ccntradic-
toirementLa IMilletièrc etMontpezat,
nu des ])lus fameux ministres de ce
temps, r.iais IvloiUpczat refusa d'en-
trer en conférence' , et ce refus pa-
k'aissaiit une défaite à la jeune néo-
phite, elle n'hésita plus. « Touteno-
tre cour, dit La Millctièrc, ena été
dans une joie indicible. La rdne Fa
conduite elle- même aux pieds du
sanctuaire{\c\S juillet i653). L'é-
loge fut prodigué, dans cette circons-
tance, à la nouvelle catholique, à
cette héroïne fille de tant de héros»
« Son esprit, disait La Milletiëre, est
» un chef-d'œuvre de la nature , ac-
» compagne de toutes les grâces ex-
D térieures... Sa connaissance s'élève
» d'un vol si sublime au-dessus delà
» portée commune de son sexe et du
» notre, que l'excellence et la facilité
» admirable des productions de son
» génie semblent fort appsodicr de
suz
» l'œUvre des intelligences célestes. »
On peut donc assij^oer, à la conver-
sion de M™<^. de la Suzc, un motif
S lus honorable que celui qu'on lit
ans tous les Dict-onnaiico liistori-
qucs. Quoi qu'il en soit, ce fut un
éve'neiucnt remarquable dans le siè-
cle de Louis XIV , que la conquête
de la pelite-iilie de l'amiral à la reli-
gion de Charles IX. M'"^dela Suze
savait bien que son entrée dans
la religion catholique ne suffirait
pas pour rcmpêclier de voir son ma-
ri dans ce monde. Les liens du ma-
riage devinrent plus fâcheux , sans
cesser d'être aussi forts : il fallut
en poursuivre la cassation. Vingt-cinq
mille ccus offerts au comte vainqui-
rent sa résistance; et l'on dit, à ce su-
jet, peut-être encore avec plus d'es-
prit que devéïilé : « M^^c. de la Suze
» perd 5o mille écus , car si elle n'en
» eût donne ^j mille à son mari ,
» celui-ci, ne pouvant plus vivre avec
» sa femme, aurait acheté sa sépara-
» tien au même prix. » Devenue li-
bre par arrêt ou parlement, la com-
tesse de la Suze ne s'occupa plus
qu'à faire des \ers , qu'à écrire des
billets galants, qu'à filer ce qu'on
appelait alors le parlait amour. Sa
DL-iison fut comme une succursale de
l'hôtel de Rambouillet. Les beaux
esprits du temps s')r réunissaient, et
ils piireut son parti dans un procès
qu'elle perdit contre M™'', de Cha-
lillon. a Le roi voulut savoir, dit
» Ménage , qui étaient ceux qui
» avaient été dans les intérêts des
» deux parties. On lui dit que les
» priuces et les personnes de qualité
» avaient été pour M"'*", de Châtil-
» Ion, etque IVIn^«^.dela Suze n'avait
» eu que \cs fauueites de son côté,
» voulant parler des poètes, à cause
D des vers qu'on avait faits en ce
» lcmps-là( lÔDQ et 1660 ) suf une
SUZ 247
» fauvette qui revenait tous les ans
» dans le jardin de W^^. de Scudéri
» lui annoncer le retour du prin-
»^ temps (i). » Ménage, qui était
une de ces fauvettes, ajoute: « Le
» prince de Conti me dit que la raison
r l'avait emporté sur les poètes. Je
» lui répondis que ceux qui avaient
» gagné n'avaient ni rime ni rai-
» son (2).» La perte de ce procès dut
achever de déranger les affaires de
M*"«. de la Sir/jc : elles étaient déjà
en fort mauvais état. On rapporte
qu'un exempt, accompagne de quel-
ques archers, vint un jour, à huit
heures du matin, saisir ses meubles.
Ellcn'étaitpas encore levée. L'exempt
fut introduit : a Monsieur , lui dit-
» elle, j'ai peu doimi cette nuit; je
» vous prie de me laisser reposer en-
» coredeux heures.» L'exempt se re-
tira : M*»®, de la Su>:c se rendormit; et
à dix heures , s'étant habillée et prête
à sortir , elle trouva l'exempt dans
l'a nti- chambre; elle le remercia, lui
fit de grands compliments, et en sor-
tant , lui dit du ton le plus calme :
Je vous laisse le maître y Monsieur.
Ijes Muses vinrent la consoler : elle
fut chantée par tous les poètes du
temps. Charleval lui donnait tout
l'esprit des neuf doctes sœurs de la
Grèce; il disait de ses vers :
Le r^onv.-f en fait tout «on plaiair,
El le Parnaiiie t-ii fait »■ gloire.
Enfm , il prétendait que M*»«. de Ja
Suze égalait Sapho , et que le temps
seulement la faisait aller après elle.
Largillière l'avait peinte assise sur un
char, roulant sur des nuages. IjC père
Bouhours , ou plutôt le conseiller
(1) Nenagiana , loin, I, p. .^oo, rdit. de 171.'».
(1) Ibid. Ménage «ioute qu'il avait roula cmpc-
clier ce procè»; qu'il avait en une ronférnire de
fiix hcaies aTCC lH™«. de Clifttillon, et que M"'*,
de La Suie avait «igné un écrit par leqael «H»
roBsvotflik à fe imir à êam ce qu'il J^rmit.
3.18
suz
Ficiibet, iîî ce madrigal^ digne du
siècle d'Augiustc ;
Quof dfti mblimi lapitnr per iiiaiiiu ctirru ?
An Jitno , un l'ufltti , an f'rnin ip*a vnnit ?
Sigeniu in*/iiriaSf Jiitfo; «i icripla , Minen-a;
Si >pecU'< nciitot , iiiiitfr ^Inivris enl.
Dans un autre madrigal qu'on lit au
bas de sou portrait , grave d'après
Miguard, ou dit (jue le mailrc des
jieuf Sœurs ne sàruît pas son maître;
([vc. pour faire des captifs , elle na
qu'à paraître ; que pour faire des
vers, elle na qu'à parler. Mais
c[uoiqu(îTiton du Tillet Tait mise sur
son Parnasse; quoique Boiloau lui-
même ait écrit, vingt-sept ans après
la mort de M'"c.de la i)uze (1700),
qu'il y a d'elle des Élégies d'un agré-
ment infini , la réputation de sa
beauté se soutient seule encore, et
celle de ses vers est tombée. Le style
de M*"<^. de la Suze est en gênerai
faible et sans couleur; il y a quelque
chose de fade dans sa douceur; sa
douleur a de la recherche, et son na-
turel paraît souvent apprête'. Le dix-
septième siècle n'a peut-être qu'une
bonne Élégie , celle de La Fonlainc
sur la disgrâce de Fouquet. D'ailleurs
M°»«. de La Suze n'a pu suivre les
conseils de Boileau : l'Art poétique
parut , pour la première fois , en
1674; elle était morte Tannée pré-
ce'dente. M*»»*^. de La Suze trouvait
seule le sujet de ses petites pièces ;
mais elle rimait diiTicnement sans le
secours deSubligny, deMontplaisir,
qui fut l'objet de plusieurs de ses
tlcgies. f -«clerc ne 1 a point ménagée
dans ses Mélanges de littérature :
tt Elle paraissait, dit-il, fort sérieuse
1» dans le grand monde; mais quand
» elle était avec ses amis , elle était
» si gaie qu'elle avait quelquefois des
» transports qui la portaient loin...
SUZ
i> alors ministre à Lumigny , de tra-
» vailler avec elle à mettre l'Oraison
» dominicale en vers burlesques : ce
» ({ui pensa faire déposer ce minii-
I) tre. » II n'est pas iuutile de remar-
quer que les auteurs protestants oe
sont j)as tous également favorables à
M^^^. de La Suze. On lui a long-
temps attribué une traduction en vers
français de la fameuse scène O Mir-
tillo , Mirtillo , du troisième acte du
Pastorfido, IMénage la mit en Te»
latins, et même en vers français;
maLs sous le titre fï* Elégie y et dans
un autre genre de vers , o par res-
» pect, dit-il, pour la traduction
» qu'on a ttribua it al ors généralement
» à M"^^. de La Suze, et qu'on a su
» depuis étr(> de l'abbé Régnier Des-
» marets (3) » (^. Torches). Par une
destinée singuhère,il est aujourd'hui
difficile de connaître, avec précision,
ce qui appartient à M"*<^.de I^a Suze
dans les nombreuses éditions des Ee*
cueils de poésies galantes en prose
et en vers , publiés sous son nom et
sous celui de Pellissun , qui fut son
ami (4). On y trouve aussi des pièces
de M^^<^. de Scudcri , du comte de
Bussy, de Bachaumont , de Cailly,
de Desmarets^ dcQuinault^ctc. On sait
que M""', de La Suze composa , outre
SCS Élégies y une Ode à la reine Chris-
tine y d'autres Odes , des Chansons ,
des Madrigaux , des Rondeaux, des
Stances régulières et irrcgulières , des
Billets galants ; mais on a compris
dans ces Recueils , sans aucune in-
dication du nom des autau*Sy la Prinr
cesse de Montpensier , par M"»<. de
Lafayette et Segrais ; le Démâé de
(.ï) Hîemigiana , loin. 111 , [». -ara.
n Elle disait qu'elle ne pouvait se
r> persuader que l'amour fui un mal...
» Elle engagea un jour M. Bruguier, ^oui, i:ii . :• v.i. iu n
suz
i cœur y par Tabbë Tor-
nple de la Paresse ; le
Vile d'Amour , et pUi-
pièces dont les auteurs
»nt encore inconnus. Par-
îs en prose qui peuvent
fes à jV1™c. de La Suze, on
T à la reine de Suède , où
etle singulière maxime :
levoir ne vaut pas une
'est faite par tendresse; »
M«"<=. de Lougueville ,
ser d'avoir pris le parti
ins la fameuse guerre
i la ville et la cour entre
s : « Trouvez bon , e'crit
La Suzc , que je vous de-
journée de jeudi pour
idre un malheureux à qui
a finement suscite votre
•n, comme le seul moyen
iaire perdre celte patience
le depuis tant de siècles ,
; se peut pas conserver
1 est me'prisé de vous ; »
i M™^, de Sullv, carme'-
i avait eni^oyé uiie tête
ns un panier de roses :
vez bien ce matin , ecri-
. de La Suzc , caché la
ious les fleurs, eu m'en-
[le chose que la seule in-
le votre vie peut regarder
ite. )) On trouvait quel-
'**. de La Suze parée de
1, et elle répondait à ceux
îTit sa coutume de soigner
vant de prendre la plume :
'ai à écrire. V — vk.
VBORG(ÉMANUEL),fa-
sa doctrine mystique ou
ue, naquit à Stockholm ,
était fils de Jespcr Svcd-
ue luthérien de Skara , en
hie , et fut anobli par la
le nom de Svedenborg.
Q religieuse que lui donna
SVE
^49
son père , qui n'était pas étranger aux
opinions mystiques , exerça sur l'es-
prit de cet enfant une influence si
marquée , qu'on disait de lui : Les
anges parlent par sa bouche. Ce-
pendant, malgré ces premières im-
pressions^ ce ne fut point par la car-
rière religieuse qu'il difbuta ; il en fut
même entièrement éloigné pendant
la plus grande partie de sa vie. Apres
avoir fait ses études avec distinction
à Tutàversité d'Upsal , il publia, dès
Fage de vingt-un ans, un recueil des
plus belles maximes de l'antiquité :
L, Annœi Senecœ et P. SjtH Mimi
forsan et alioruni sélect ce senten-
tiœ , cuni annotationibus Erasmi et
grœcd versione Scaligeri , notis il-
lustrât ce ^ Upsal, 1709. Cette dis-
sertation académique annonçait un
goût assez marqué pour l'érudition.
L'année suivante, Svedenborg fit pa-
raître un ouvrage d'un genre diffé-
rent : c'était une Collection de vers
latins : Ludus Heliconius , etc. , où
il annonçait autant d'imagination que
de vivacité d'esprit. Ce fut cette mê-
me année qu'il quitta sa patrie, et
qu'il chercha , dans les diÛerentes
universités de l'Allemagne , de la
Hollande et de l'Angleterre, k se for-
tifier dans l'étudedes mathématiques,
auxquelles il-'s'était déjà livré avec
ardeur. Revenu de ce5 voyages scien-
tifiques , il se fit connaître par un ou-
vrage périodique , composé d'Essais
et de Remarques sur cette science,
ainsi que sur la physique ( Dœdalus
hyperboreus , Stockholm, 1716,
1 7 1 7 , 1 7 1 8 , six parties en suédois ).
Çi/t travail lui acquit une telle réputa-
tion, que , dès la première amice , il
fut désigné pour accompagner à Lund
M. de Polheim , conseiller de com-
merce , qui y avait été mandé par
Charles XII. Svedenborg eut plu-
sieurs entretiens avec ce monarque ^
25o SVE
sans doute iui le nouveau calcul sexa-
gésimal invciite par ce prince , qui ,
i-econnaissant eu lui des talents sopc'-
Heurs, le nomma assesseur au cou-
geil des mines. Dans ce poste impor-
tant , Svedenboig Cl preuve d'un ge'-
uic inventif et d'ime grande connais-
sance de tout ce qui e'tait du ressort
de cette administration. Au moyen
de machines roulantes de son inven-
, tion il fit transporter au siège de
Frédériksball , en 1 7 1 H , à travers des
montagnes et des vallées , sur une
route de deux milles et demi de
Suède, deux galères et cinq grandes
chaloupes. Ces occupations ne l'em-
pêchèrent pas de publier, à cette épo-
que , plusieurs écrits sur des objets
de physique, d'algèbre, d'astrono-
mie et de mécanique , savoir 1 //i-
troduction à f algèbre , sous le titre
de VArt des règles , 1 7 1 7 . — Es-
sai pour fixer la valeur de nos mon-
naies y et déterminer nos mesures
de manière à supprimer les frac-
tions pourfaciliter les calculs y 1719.
— De la position et du mouvement
de la terre et des planètes (même
année). — Delà hauteur des ma-
rées, du flux et reflux de la mer,
plus grand jadis , at^ec les preuves
tirées de la Suède (même année).
Tous ces ouvrages sont écrits en sue'-
dois. A la mort de Charles XII, Sve-
dcnborg jouit de la plus grande fa-
veur auprès delà iciue Ulrique-ÉIc'o-
norc. Ce fut cette princesse qui lui
conféra , en 1719, ses titres de no-
blesse, et qui changea son nom de
SvediKrg en celui de Svedenborg.
Une récompense si flatteuse le décida
à f;iirc de nouveaux efforts; et, dans
l'année 1720, il entreprit, autant
dans l'intérêt de la science que par
les obligations de sa charge , de vi-
siter les mines de la Suéde. L'année
:>uivante, il voyagea eu Allemagne ,
'SVE
So^r examiner celles delà Sax
[arz, dans rélectorat de Ha
Pendant cette tournée , il rer
marques de la plus grande ce
ration , suitout à Brunswick ,
duc Louis-Rodolphe s'intéressi
ment à ses recherches. M«
qui est vérilablemcnt e'tODiu
prouve sa fécondité , c'est que
son voyage en Suède il pub)
ouvrages sur les sciences n
les ; et pendant celui qu'il
Allemagne , il en publia un aot
moins curieux et non moins :
tant. Ces ouvrages sont int
EssM sur les principes de
ses naturelles, on sur la m
d'expliquer géométriquemt
chimie et la physique expé>
taie, — Nouvelles découver
le fer et le feu, avec une 1
le forme de cheminée. —
velle méthode pour troui^er l
gitudes, soit en mer , soit sw
par le moyen de la lune. -
mère de constnnre les navii
Nouvelle construction d*è
— Manière d'éprouver la
Ut es des navires. L'ouvra g
publia pendant son voyag<
lemagne est un Recueil d^m
tions sur les choses naturelle.
ticulièremetU sur les minérc
feu et les couches des mont
Leipzig, 179/i (1). Ces écrit
tout le detT)*er, qni firent <
l'auteur une chaire de profeî
l'uni vei*sité d'CJpsal , n'étaient
prélude d'un plus grand ou'
Opéra philosophica et minet
ca,3 vol. in-fol. , ornés de li
vures, 1734. Il n'existait paj
vrage plus curieux et plus
(1^ C'est dans le 4** ▼ol. d« cet oan
rend ruuiple du noaTcmiystèaM dt calc
parCluurki* Xli.
SVE
métalli'i^ie. Tout ce qui est
aux métaux est dans le pre-
oliirae. L'ai'teur considère le
c'dif'Ce de riuiivers et cherche
•liquer. On peut iep;ardef cette
comme nu trailc de pî)ysiqne
le. En cll'el , il y développe
:cme complet de la nature du
visible, d'a])rës des idées qui
: propres et qu'il combine avec
i rigueur des mathématiques.
ÎDl doi'nédans TiuGni douéde
B primitive, produit , d'après
ir UQ raOiivement inteme et
hs forces secondaires , tous
uvemciits , toi'ies les formes
livité distribi'ées en éléments;
meiJs^ surt le nia^iiéiisme ,
, Tair, les gaz, etc. dont il
trace dans le rè^^i^e des oiga-
is. Critc pnblicaîioj fit une
sensalioii ; Tacadcmie impé-
' PétersboiTg Le hàla denom-
cdeUîJOip; son assoc'é. Il avait
)mé , qiiclfjues années a up?ra-
iem%i e de îa sociéié royale des
s de Stockholm ; et Tacadém'e
•nces de Paris lui fit peut-être
plus d'hounei r , en traduisant,
(nHislonc dos arts et niéiiers,
récrit !c plus satisCnsant qui
a'ors sur celte matière, son
)Ur le fer , qui se trouvait
t ouvrac^e. La même année,
borg avait aussi ii>'\t paraître
mi de philosophie spécula-
" l'infmi , la cause finale de
ition et le mécanisme de
de l'dme avec le corps,
, in-8'. Cet ouvrai;e annon-
e tendance aux idées mysti-
i son cnrance, mais Theure
pas encore ai rivée; et loin de
upcr, Svedeiiborg voyagea
ctci rc, en Hollande , en Fran-
Italie, cherchant à établir
AkïtH sur les sciences ualu-
SVE
i5i
relies. Tl séjourna pendant toute l'an-
née 1 733 , à Venise et à Rome 5 et fit
parai lie, dans les années suivantes,
son OEconomia i^ep^ni animalis et
les trois tomes du Réunion animale
perlustraium , ffui contiemient le dé-
veloppement ultérieur de son sys-
tème de la natuie. Par ces derniers
travaux, Svedenborg terminait ses
observations sur le monde visible ,
et en classait les phénomènes d'après
ses idées d'une manière originale;
mais il n'ajoutait rien à la réputation
que lui avait acquise son Traite sur
la métallurgie, et même ses ouvrages
précédents , dont le plus grand mé-
rite était d'avoir fait connaître à la
Suède le calcul ditférenticl, et d'avoir
donné des aperçus lumineux sur l'a-
platissement du globe vers les pôles ,
objet du voyage des mathémati-
ciens français envoyés par Louis XV.
Ce fut dans cette position brillante
que, renonçant au monde, à l'âge de
cioqiiante-ueuf ans, il se démit de sa
charge d'assesseur aux mines , pré-
tendant avoir de fréquentes commu-
nications avec les êtres spirituels et
des révélations sur le culte de Dieu
et les saintes Ecritures. On le voit
tout-à-coup , à la tête d'une fortune
immense, relever et soutenir une foule
de maisons de commerce d'Allema-
magne , par des bienfaits qui s'éle-
vaient à plusieins millions. EnOn il
annonça qu'il était chargé d'une mis-
sion divine; et il le dit avec tant de
simj)licité et un tel air de bonne-foi ,
qu'on ne put imaginer qu'il cherchait
à eu imposer. Voici comment il
raconte de quelle manière il fut
chargé du ministère sacré d'éclai-
rer les hommes : « Je dînais fort
» tard , dans mon auberge, à Lon-
» dres ( c'était dans le courant de
» Tannée 1 74^ ) , et je mangeais avec
» un gPQud appétit; lorsqu'à la hii
2^'?.
SVE
» (le mon repas , je m'aperçus qu'u-
» ne espèce de brouillard se répandit
» sur mes yeux , et que le plancher
» de ma chambre était couvert de
s> reptiles hideux. Ils disparurent :
» les ténèbres se dissipèrent; et je vis
» clairement, au milieu d'ime lumière
» vive , un homme assis dans le coin
V de la chambre y qui me dit d'une
» voix terrible : Ne manf^e pas tant.
» A ce mot, ma vue s'obscurcit: elle
» s'e'claircit ensuite peu-à-peu j et je
» me trouvai seul. La nuit suivante ,
» le même homme, rayonnant de lu-
V mière, se pre'senta à moi, et me
» dit : Moi , le Seigneur Créateur et
» Rc'demptcur , je t'ai choisi pour
» expliquer aux hoinraes le sens inle'-
» rieur et spirituel des Écritures sa-
» crées; je te dicterai ce que lu dois
» écrire CiCtte nuit, les yeux de
» mon homme intérieur furent ou-
» verts et disposés pour voir dans
1» le ciel y dans le monde des esprits
» et dans les enfers , où je tiouvai
0 plusieurs personnes de ma connais-
» sance , les uues mortes depuis long-
» temps, les autres depuis peu. »
CVst ainsi que s'exprime Sveden-
borg, dans une lellreàRobzam, qui
se trouve en Icle de la préface du
Traité De cœlo et inferno. Dès ce
moment il crut de son devoir, eu
sa qualité d'intermédiaire entre le
monde visible et le monde invisi-
ble , de ne s'occuper que des objets
qu'il apprenait des anges et de les
faire connaître aux hommes. De-
puis cette époque jusqu'à sa mort ,
il publia une foule a* ouvrages , ou
il expose, dans un langage simple
et dépourvu de tout ornement , le
résultat de ses entretiens avec les es-
prits célestes. Dans tous , il parle eu
témoin oculaire , attestant ses con-
versations avec Dieu et les anges,
a Voici re que le Seigneur m'a rc-
SVE
» vêlé à ce sujet , dit-il , ou l
I» ce que les anges iii*ont i
Tantôt il a assisté à une c
dans le temple de la sagess
il s'est entretenu dans le n:
rituel avec Pythagore , Soc
nophon , Luther , Calvin ,
Louis XIV, Newton, etc. \
les chapitres de tous ses T
une vision céleste , sous le lit
morahilia , qui confirme 1<
qu'il vient d'établir; et c
vision , il raconte , avec aul
tails que d'assurance , ce r
et entendu dans les cieux ei
du Seigueur et dans la s
anges. C'est de cette luaniëi
écrits tous les ouvrages m}
Svedenborg, depuis son Tk
te et de l'amour de Dieu \\\i
de la vraie religion ch relie
théologie imiverselle. Ils soi
bre de dix- sept. A mesure «
vait un de ces Traités , il s'e
pour aller le faire imprin
ares ou à Amsterdam. Ils
et goules par beaucoup de
la doctrine de Svedenborg
dit au point que le clergé :
fut alarmé , et cnit devoir
tre à une enquête : à sa dei
gouvernenieiit nomma une
sion qui examina les ouvr
discuta les principes. I^e r
cette commission fut plus
à l'auteur qu'on n'avait c
faut eu croire Pernely , I
sectateurs , ce rapport élab
la nouvelle doctrine ne hei
les dogmes de la confessio
bourg, et con(innautlamo
geliqne, elle pou vait éti*c toi (
Catteau , au contraire ^ Ta
ne'ral Je la Suède), elle fii
dangereuse cl hétérodoxe. *
sentiment semble être appu
passage d'un des sectatciii
SVE
•g. On lit dans Tabrégc de la
ac de cet auteur y que ^ts prc-
Fërelations l'ayant engage' dans
es coiifërences avec des ecclc-
ocs qui rejetèrent ses opinions,
it , et depuis cette époque, il ne
la pas à faire indistinctement
)séljteSy et ne s'ouvrit qu'avec
e à un petit nombre de person-
xqueiles il voyait de la bonne-
•puis sa mission , il habitait à
bolm une maison très-modeste,
dans un quartier isole et soli-
la pièce où il se tenait ordi-
icnt était tapissée de peintures
'iques et mystiques. Quand on
c visiter , il fallait sou vent atten-
ig-temps pour être admis. Quel-
( le docteur illumine était livre
méditation profonde , qu'on
ait de troubler j d'autres fois, il
•sait avec des morts illusti^es,
e pouvait quitter brusquement.
cet appareil permet de soup-
• qu€ Svedenborg n'était pas
nne - foi , et qu il n'aspirait
>iier un rôle et à faire des du-
urtout depuis que l'on connaît
et du merveilleux qui l'entoura.
t, par ses sectateurs mêmes, que
besses qu'il distribua , ainsi que
'avons dit plus haut, lui étaient
es par un certain Élie Artiste ,
le extraordinaire , d'une basse
lion, qui, guidé par une es-
Tenthousiasme , s'était élevé à
dnnaissances très-variées , et à
^rtnne colossale (2). Quant aux
lëties qu'on attribue à Sveden-
, les unes ne sont que d'hcureu-
ojectures , et les autres parais-
krc du genre de son anecdote
U reine Louise-Ulrique de Suè-
1 lui rendit un compte détaillé
a «crit un traité sur \f ^tand-iruvrt t\\xt
pte» regardent «.omoie le thcl"-d'cruvr« Je
SVE
255
et fidèle d'un entretien secret qu'elle
avait eu à Berlin avec son frère , le
prince royal de Prusse ( depuis
Frédéric II ) , et qu'elle ne croyait
connu de personne ; mais tous ceux
qui étaient au fait de ce qui se pas-
sait alors à la cour de Stockholm ^
savent que Svedenborg avait été ins-
truit par un sénateur qui entretenait
des relations particulières à Berlin ,
et qui était bien aise de faire con-
naître à la reine qu'on n'ignorait rien
en Suède de ce qui la conceniait»
Cependant il serait possible que Sve-
denborg soit resté étranger à tout ce
prestige de merveilleux dont ses dis-
ciples ont cherché à l'environner pour
affermir sa doctrine; et la conauite
de cet homme extraordinaire auto-
torise à le croire. Tous les auteurs
s'accordent à dire que %ft^ mœurs
furent exemplaires , et qu'il prati-
quait la morije pure qu'il prêchait.
L'auteur des Mémoires manuscrits ,
qui nous ont servi pour la rédaction de
cet article , assure , d'après des per-
sonnes qui avaient été en relation
avec Svedenborg , qu'il avait dans
son extéiieur nne grande simplicité,
et dans le commerce de la vie un
abandon de franchise qui n*est pas
ordinaire aux charlatans (3). Sveaen-
borg était parvenu à un âge très-
avancé , lorsqu'il entreprit un nou-
veau voyage en Angleterre. Arrivé
à Londres , il y fut frappé d'une at-
taque d'apoplexie qui le conduisit
au tombeau trois mois après , le
îîQ mars 1772, à l'âge de quatre-
(3) M. Grégoire, qui n'est pas iarorable m Sve-
denborg , s'explique cependant ainsi, m Ses visions
sont un phéuumène psycliologiqne assez élrao((C.
Il Ict A . dit-oii , iifl>il>-es de bunne-foi, parce qu'il
ne 5r dt'ftHit pan de l'illusion de ses setin i* Il cite
ensuite l'rM'iujile d'un savant de Berlin , qui avait
cprouvi- lr« iu>^ines pbénomènes dans le coursd'nne
maladie . mai» qui , toujours maître de sa raivon « le»
avait étudiés en observateur. ( //i<f. de* sectei re-
/ig. , lom. I, p» . ii3 \
l
a54 STE
virâgt'cinq ams. Ses restes furent dé-
posés dans Tcglise suédoise de Lon-
dres près de Radclifl'-llighway. )l
existe peu de notices sur )a vie p\i-
Tce de cet homme etsuilcs relations
u'il eut avec les savants et les gens
u monde; la plupart des faits qui
le concernent sont cousîç;oés dans son
cloge fimebre prononcé, le 7 oclobie
l'j'jî , dans le se'n de Facadémie
royale de Sîockliolm , par le coa-
seiller des mines Sai'del , secreU-re
de cette sociëîé , qui s*est aUacbé à
faire ressortir le savant et a cru de-
voir négliger tout ce cp'i a|,pai îenait
au tliéosophe. C'est ccpenaani soiis
ce dernier point de vue qi-e Sve-
denLoig présente, c>ii\)cuxdu philo-
sophe et de riï'sioricn , un iu-éiet
tout pariiculier, surtout depu's que
les S\edeol)orgiî>»es se :;ont constitués
c:n socîcJc. Il ne sera donc pas inutile
de cousir^ner ici un apciçu de leur
doctrine. Elle peiit se diviser en deux
parties; la premicTC est une espèce
de Genèse, où l'on rend compte delà
divinité et de la crécition; la seconde
développe les principes de la croyance
religieuse de cette secte. « U uV a
qu'un Dieu , dit SviKlenborg : il est
incréé , infini et seul ; il peut dire: Je
suis celui qui est. Dieu^st homme :
les anges ne le voient que sous la for-
me humaine; il est la vie parce qu'il
est amour : Tamour est son être y la
sagesse son existence. Dans le ciel ,
l'amour divin et la sagesse divine se
manifestent dans un soleil spiiituel,
qui n'est pas Dieu , nitiis le premier
procédant de Dieu ; la chaleur de ce
soleil est Tamour , la lumière est la
sagesse. Dieu étant amour, etl'amour
n'étant pas fait pour s'aimer soi-
même, if a dîi former des créatures
pour les aimer ; il les tira de lui-mê-
me et non du néant. C'est par le so-
leil spirituel que Dieu a tout crée im-
SVE
mtiiate&iait, et de U par le
raturel y celui-ci e'tant l'insti
de rauti*e. Après avoir expHqi:
ment les trois n^es de la na
sont formés des atmosphèn
rituelles , réceptacles du feu
et de la lumière divine, il 1
Thomme pendant sa vie. S'él
epsuite dans des l'égions mou
nues y il traite du monde spi
il donne la dcscri(>tion du ciel
posé de tro*s cieux : le ccle
spiriinel ei l'iaréiieur , qui,
son tout, représente l'homm
le c«el Sifpé»'''er.r est la téie; le :
ciel occupe depuis le col ju»
genoux ; Je troisième forire h
et les jambes. Il y a dans le c
eaux , des bois, des terres, d
dms , des palais y des cités , <
chesses, del'or, des diamant
fin tout ce que l'on voit sur la
mais tout y est spiriinel : il ^
emplois, un gouvernement, de
sirs, des travaux, un culte
des voyages. Cependant il n'y
d'espace , il n'y a pas de tenr
y parle une langue Dien diffère
celle des hommes , et par cous
il y a ime écriture et des livre
cieux sont peuplés d'auges m
femelles, qui se marient ; le ms
les fonctions de l'intelligence
femme celle de la volonté : ces
ont la forme humaine; il sont
à l'exception de ceux du ciel
rieur, qui sont nus. Outre ces
cieux , il existe encore le mom
esprits , le purgatoire des chn
espèce d'état mitoyen entre le
l'enfer: enfin l'enfer, qui faitd
tiiuiels efl'orLs contre le ciel , cî
mé d*un feu émané du même 1
pe que le feu céleste ; mais il d
mfernal dans ceux qui en rc^
l'influence avec des dispositioL
pures. Tel est l'abrégé de la C
SVE
edenborgistes ; quant à leur
e proprement Jitç, ellcreposc
is points : la divinité' de Je-
rist, la sainteté des écritures,
[ui est chariié. Ils admettent
>ëce de Trinité renfermée tout
dans le Christ. La Trinité
le comprend Tame, le corps
•'ration qui en procède. Celîc
forme un seul homme, de mê-
rrinité divin^ n'est qu'un Jé-
Le Christ est ceJëhovah, qui
•edccelui des Juifs qi»ecorome
on manifeste' diflcre de Dieu
»lé. Ainsi toute la Tiinite' est
Se'gneur Ucdempteiir ; aussi
itrent-ils le baptême avec celte
; : je te baptise au nom de
'Christ , qui est le père , lejîls
'.int-Espril, Tout , dans la Bi-
ésentc trois sens, le céleste,
tuel , le naturel, unis par des
ondances qui avaient été con-
squ'an temps de Job et qui
; retrouvées j)ar Svedenborg.
littéral est accessible ausimplc
s; le sens spirituel a été révé-
juveau à Svedenborg, et enfin
céleste nVst connu que des
?t ne regarde que Dieu. Ils
Itent pas tous les livres de
e ; leurs livres canoniques
; Pentateuquc , le livre de
ceux des Juges , des Rois , les
'S, les Prophètes, les Évan-
les Actes des apôtres; les an-
nt qu'une autorité subsidiaire,
mmes, dans Taulre vie, ont
ps, une forme humaine , des
des kjgemculs ; ils conser-
irs aflèctious : ils mangent,
ent, ils font l'amour; cepen-
ictienborg n'admet pns la ré-
on des corps. Après la mort,
sera revêtu d'un corps spiri-
était renfermé dans le maté-
. se rend alors an moode des
SVE
:*55
c:prils où Ton est préparé pour le
c-el oupoïT Tenfer, à la réserve d'un
pet*t nombre admis immédiatement
dans la gloire ou repoussés dans les
tourments. Jjes méchants ne peuvent
vivte dans le ciel; ratmospuère cé-
leste les suJocjuera»t j ainsi D'eu les
punit sans les damner. La foi seule
ne sauve paf^ po*nt de sa^uî sans re-
pentaoce; et qre'qiie er«cur qu'on ait
suivie, si c'est poor l'amour du bien
et non par vamiéque l'on a agi , on
est sauvé. Il n'y aura pas de Ijn du
monde, mais la Iju du sièc'e , ce qui"
signifie la lin de l'Église. L'Éslise
tics - ancienne on adamique , l'an-
cienne ou néot»qi?e, l'israélitique et
la chrétienne, ou catholique ou pro-
testante, ont eu toutes leur commen-
cement , leur progrès , leur fin. Le
dernier jvgement final a commence
en 17^7, époque à laqueMe a com-
mencé également le second avène-
ment de Jési's-Christ, non en per-
sonne , mais dans un sens spirituel.
Alors a paru la nouvelle Église chré-
tienne, désignée dans l'Apocalypse ,
parles nouveaux cicux et la nouvelle
terre. C'est pour préparer cette Jé-
rusalem nouvelle^ que Svedenborg,
rempli de l'esprit divin, a reçu l'ordre
d'expliquer la parole sacré, et d'ou-
vrir les cœurs à une union plus in-
time avec Dieu. A ces points fonda-
mentaux de leur yoyance religieuse,
les Svedenborgistes joignent une cons-
titution qu'il est curieux de connaître
parce que peu d'auteurs en font men-
tion. Le baptême, administré à des
enfants et à des adultes , qui est pour
eux le signe de réception dans l'É-
glise , n'est pas le prélude de l'ad-
mission de cette société : on peut en
faire partie sous la condition ex-
presse de croire dans le Seigneur, et
de fuir le mal de son propre moii-
yemeot. Celui qui vemplit ces deux
250
SVE
conditions peut participer , pendant
sept ans , an droit de suffrage dévolu
à tons les membres adultes des deux
sexes; il a droit encore à la célébra-
tion de la ccne , premier moyen d'u-
nion spirituelle avec le Christ, et
jouit de ce double avantage avant
de se faire recevoir formellement par
le baptême. Les membres ayant voix
sont divises en plusieurs classes. Les
non maries possèdent im sixième des
suffrages , les maries qui n'ont pas
trois enfants en ont un tiers y et la
moitié appartient à ceux qui sont
mariés , et qui ont trois enfants ifi
plus. Trois pouvoirs régisseut l'K-
glise de la nouvelle Jérusalem : le
premier ou le pouvoir absolu est re-
présenté par la Bible, qui est placée
en trois formats sur la chaise d!îi pré-
sident , place qui n'est jamais occu-
pée que par elle. IjC second pouvoir,
qu'on appelle pouvoir réactif ou ex-
pliquant , ou réglant , est réparti
Sarmi tous les membres ayant voix
e chaque communauté , et se ma-
nifeste par des délibérations ])rises à
la phu'alité des voix; le troisième
Souvoir ou le pouvoir actif ou déci-
ant, est confié à quatre directeurs
ou conseillers , dont un surveille Li
doctrine du Christ , un autre celle
des correspondances , le troisième
celle de la correction de Ja vie , et le
quatrième les rites ^aints. Ce dernier
est en mème-temj)s évcque ; il oilicie
conjointement avec les ecclésiastiques
qu'il consacre , et il surveille la dis-
cipline ecclésiastique en se concer-
tant avec les membres de la commu-
nauté. Les maisons destinées aux
réunions des 6vedcnborgistcs , sont
composées de deux salons , dont
l'un sert au baptême et aux délibé-
] rations, et l'autre à la célél)ralion
moi culte, qui se coni|)os(* de la con-
Icil îration des mariages , dt- la sainte
SVE
ccnc , de la lotion des pieds et d'une
liturgie pour les réunions des di-
manches et des grandes fêtes. Dans
ces réunions, le prêche est accompa-
gné de la lecture de la Bîbic et des
écrits de Svedenboi^ ; on y cliaak
aussi des cantiques. Dans ces don
salons , ou ne voit que des chaises et
de^ tables , aucun ornement n*iiiii-
que un lieu destiné à un culte. Série*
ment, dans le salon des dimanelicSf
il y a un endroit séparé q[iii sert de
chœur pour la musique. Les joui
ouvrables ces salons servent an
affaires civiles de la commonavlé.
Aucun signe extérieur ne distingK
les membres de cette secte. Lev
nombre s'élève à deux milk a
Suède , où ils sont tolérés. En 178)1
il se forma dans Stockholm une pdile
société exégétique et philanthropiqKp
qui , aux doctrines de Svedenoorgy
voulait rattacher les rêves da map^
tisme : le duc de Siidermanie, qv
passait hii-même pour avoir une pk»-
pension marquée vers les SvedeuMT
gistes , en était membre, ainsi qwk
prince Charles de Hesse ; mais dk
vit échouer îte,^ efforts pour s'étcodie
au-dehors^ surtout à Strasbourg, •&
elle n'eut qu'une existence râhàaiTC.
En Angleterre , les SvedeniXHgistef
jouissent , depuis 1 788 , d'une tolé-
rance publique y et avouée par k
gouvernement , ainsi que tous kl
cultes dissidents. Ils ont des ck-
])elles à Bristol , à Birmingham ,
Manchester et Londres. Au-deisns
de la porte de ces chapelles , on b
cette niscription : Nunc permisam
est ; allusion à raccomplisscmentdii
jugement dernier y qm est d^a a^
rivé d'après leur croyance. Il panil*
d'après les auteurs anglais, que cette
secte, qui s'était insensiblement pro-
pagée dans ce pays, y est maintenant
dans un état peu florissant. &
SVE
France , en Allemagne et en Pologne,
il n'existe que des adhérents et quel-
ques sectalcurs isoles , malgré les
assertions des partisans de cct!e
secte ( V, BuLow ;. Aii\ Indes orien-
tales, aux Etats-Unis et dans la
partie nuTidionalc de rAfriijuc, leur
nombre est plus considcrab'e. On y
tronvedescomm-ujautes cuti- res, qîii
correspondent entre elles et semblent
reconnaître pour centre deTEgiise la
société de Stockholm. L'opiiuon qui
règne parmi eu\, que la nouvelle Jé-
rusalem existe parfaitement organi-
sée au centre de l'Afrique , les a dé-
termines à envoyer des missions , et
à faire des voyages dans cette partie
du monde. ILs ont contribue ^ avec
UD vif inlércî, à la formation, dans ces
contrées, de colonies libres. Ils ne se
contentent pas de comlamner Fescla-
vagc des nègres ; mais ils font encore
fie continuels efi'orts ]>our abolir la
traite. C'est dans cette vue qu'ils ont
coopère' à rtftablissemrnt de Sierra-
Leone, où Ulric Nordcnskicvld a fon-
de , avec son compatriote Afzelius ,
une communauté qui a elc visitée par
Charles-Bernard Wadstrom elSpar-
mann, qui a passé pour être âlIUic
à celte secte , qtioiqu'il traite leur
auteur de visionnaire , et qui pour-
rait être du nombre de ceux, qui, sans
se faire définitivement recevoir, en-
trent dans celte société et en sortent
à leur gré. Les Svedenborgistes cher-
chent à répandre leur doctrine par
l'impression des ouvrages iheoso-
phiques de Svedcnborg , et par la
})ub!icationd\!u écrit pcfriodique, sous
e nom de Journal de la ]yom*eUc
Jérusalem {thc iicw Jérusalem Ma-
^asiné)^ qui s'imprimeà LondiTs. Ce-
pendant il paraît qu'il existe parmi
eux une espèce de schisme. Les uns
professent une adhésion absolue à tout
cecpi'a dit Svedcnborg: ils convien-
XLIV,
SVE
2^7
nenl qu'on trouve dans $c$ écrits des
difûcultés et des obscurités ;. m^is iU
croient que leur maUre n'a ])u , daas
une langue terrestre,' expiimer toutes
les idées spirituelles dont il était pé-
nétré. D'autres distinguent dans Sve-
dcnborg ce que le Seigneur lui a dicté
et ce que les anges lui ont dit. Les
])an)lcs de ces derniers leur semblent
moins infaillibles, à moins Qu'elles
n'aient été conîirmccspar le Seigneur.
Après avoir fait comiaître la doc-
trmc de Svedcnborg et avoir tracé
l'histoiie des progrès de sa secte , il
nous reste a donner les titres de
ses écrits théosophiques. L De cuU
tu et aniorc Dciy Londres, 174^*
ll,u4rcana cœlcstia « S vol. in-4**. ,
Londres , 1 749-50, C'est uui des ou-
vrages les plus importants de l'au-
teur , ainsi (pie le suintant. IU. De
cœlo et infcrno ex autUiis et visisj
Lombes , i7'>8 , traduit en fran-
çais par Perncty, a vol. in-8\,
Berlin, 1782. IV. De, ifliimo judi-
cio et Baif^loiiice destructû^ Lon*
dres, 1758. V. De equo albo de
quo in Apocalipsi^ Londres, 1758.
ha traduction française se trouve à
la suite d'un autre ouvrage de Sve-
dcnborg, trad. par Parraud. VI. De
teUurihus in mundo nostro solari ,
Londres , 17 58. VII. De novd Ilie-
rosoljrmd , Londres , 1758, VIII.
Deliciœ sapientiœ de amore conjur
^ali j Amsterdam y 175H. Il a été
trpd-.iit en français par M. de Bru-
more, Berlin et Baie , 1 784. IX. Sa-
picntia angelica de di\fino amore et
divind sapicntid , Amsterdam , 1 763.
X.. Doctrina novus flietosolymœ de
Domino j Amsterdam, 17G3. XI.
Doctrina vitœ pro novd Hieroso-
lymd , Amsterdam, 17O3. XII.
Continuatio de uUimo^Jiidicio et de
mundo spirituaii , Amsterdam ,
1763. mil. Sapiof^iit-angelica de
a58 SVE
divind providentid ^ Amsterdam ,
i'jG4. aIV. Apocalypsis revelata ^
Amsterdnm , 1766. XV. Summa-
riii exposiiio doctrinœ novœ eccle-
siœ, Amstei'dam, 1^69. LaTraduC'
tion française a ëte' imprimée à Pa-
ris , en 1797. XVI. De commer-
do animœ et corporis , Amsterdam ,
1763. Il en existe deux Traduc-
tions, l'une de Pernety , Paris , 1 785 ,
l'autre de Panaud. XVII. Fera
christiana religio sea unwersalis
theologia novœ ecclesiœ , Amster-
dam . 1771- Crt ouvrage contient
toute la doctrine de Svcdniborg. On
compte encore , parmi les écrits
imprimes de cet auteur, nn Supplé-
ment H la yraie reli&;ion , anivre
posthume , Réponse à la I^ettrc d'un
ami, etc. Il avait laisse un nombre
considérable de manuscrits dont on a
annoncé une édition à Londres, en
uo vol. in-4*'. Il en a paru la Clef
hiérogliphiqne. Pi-esquc tous les ou-
vrages tliéosoplii(|ucs do Svcden-
boi'g ont été traduits en anglais ( Ji
vol. iu-i*». ) ; et parmi les traduc-
teurs se trouve T. Hartlcv ( Fqx* ce
nom ) , ami intime de 1 auteur. Ils
ont été aussi traduits en allemand
par T.-C. OËtinger , grand partisan
de cette doctrine , sous ce titre:
Œuvres c^V/es d'Kmanuel Svédcn-
borg , 4 vol- , Francfort-sw-Mein ,
1776. On y trouve quelques Lettres
inédites de Svédciiborg à l'éditeur;
elles sont d'un mince intérêt. Enfin ,
depuis 1819, il paraît chez. Treuttcl
et Wurtz , une Traduction française
( annoncée en 36 vo1.)detoiLs les ou-
vrages du théosophe suédois , par
J.-P. Moet , ancien sous -bibliothé-
caire du roi. C'est le fruit de vingt
années de travail ; il en a paru 1 ^ vol.
in-80. Nous citerons encore la litur-
gicanglaisedcs Svédenborgistes y sous
ce titre : The Uturgjr <y the new
SWA
churck y cinquième édition , Lon-
dres, 1797. On trouve, à la snitede
cette liturgie, le catéchisme de cette
société y une cinquantaine de Canti-
ques k son lisage , composés par Jo-
seph Proud , et un Gatalogue^desOii-
vrages qui concernent la NÔuvcDe-
Jémsalcm , mais qui est loin d'être
complet. On a puUié , en i8ao,à
Copenhague^ une Fie de VassesMmr
Svédehborg , contenant une analyse
de son système et plusieurs fragmena
de ses écrits. On y voit (|[ue Svëdcn-
borg avait eu quelques idées de la
crânologie que le docteur Galla ics-
due si célèbre de nos jours.
C— AU et C— T.
SWAMMERDAM ( Jean ), oâi-
bre anatomiste hollandais, naquit
en 1G37, à Amsterdam, oii son père
exerçait la profession de pharaïa-
cien. Il commença ses études mrfi-
cales à Leyde^ et , avant de les to-
miner , il passa en France pour m
perfectionner dans l'art des dioee-
tions. Après y avoir fait de grands
{irogrès , il revint à Lcjde, et 7 vnt
e bonnet de docteur en iG6^. BMn-
tôt après , il se rendit dans sa vile
natale , et ne se sentant aucune incli-
nation pour la pratique de la méde-
cine , il fit sa principale occupaliim
de l'anatomie de l'homme et de edk
des insectes. C'est SwammerdamqBi
découvrit la méthode de rendre ploi
visibles et faciles a disséquer kl
vaisseaux artériels et veineux , m
y injectant de la cire liquéfiée par h
chaleur , et diversement colorée. Une
fièvre quarte ayant interrompu sel
travaux anatomiques, il changea di
goût après sa convalescence , etaka-
donna complètement l'étude de h
stnicture de l'homme , pour se eOB-
sacrcr tout entiers celle des insedes.
Dans cette intéressante hrandie de
la zoologie , il fit de nomluenses et
SWA
■tantes découvertes, et montra
abiletc et une patience admira-
1 dbscouant les parties les plus
ieuses (les animaux les plus re-
uables par leur petitesse. C'est
ntiuuant avec persévérance ses
rches , qu'il parvint à se for-
)cn-à-peu un très-riche cabinet
:oire naturelle qui^ après sa
y fut vendu par ses héritiers,
l'extrême contention d'esprit,
recherches sublilcs qu'exigeait
iture de ses travaux, tinirent
roubler ses facultés intellectuel-
1 toml)a dans une telle moro-
qu'il daignait à peine répondre
X qui lui adressaient la parole :
contentait de les regarder , et
lirait immobile. C'est dans cette
tsition d'esprit que , frappé du
eau système de dévotion mysti-
le la Ëourignon , il s'en déclara
laud partisan , et que , croyant
ïei' la divinité par ses études
>miques , cet habile observateur
I nature jeta le scalpel , et cou-
dindre dans le Holstein la fana-
: qui l'avait subjugué. Mais au-
Tant , pour que le secret de sa
lode d injecter les cadavres ne
>oint perdu , il l'avait conûé à
;ch , qui se servit habilement de
découverte. ( Voy^ Rurscn ).
mmerdam revint néanmoins
(ue temps après à Amsterdam ,
vécut dans la retraite jusqu'à sa
t , arrivée prématurément en
>, la même année que celle de
ouriguon. Vers la fin de sa car-
! , il était tellement maigre et dé-
ne, qu'il ressemblait à mi vrai
Ictte; et, dans cet état d'émacia-
, il avait de si violents accès de
jr mélancolique, qu'un jour il
au feu tout ce qu'il avait de ses
s entre les mains. Voici ceux qui
restent: 1. TraciaivLS physi-
SWA mSg
co-anaUnnicO'medicus de fjsspira^
tione j usuque ptdmonum, Leyde,
lôÔ'j , 1679 , in-8«>. ; 1738 , in-4®.
Quoique ce traite ne soit que la dis-
sertation inaugurale de l'auteur, il est
cependant remarquable par des faits
intéressants et nouveaux pour l'épo-
que, tels que des expériences sur le
mécanisme de la respiration , la dé-
monstration des valvules des vais-
seaux lymphatiques et du mouve-
ment de la lymphe , la description
des tubes déliés dont il se servait
pour gonfler ces vaisseaux, l'inven-
tion d un thermoscope pour appré-
cier le degré de chaleur aans les ma-
ladies felùriles , etc. II. Miracuhtm
natures , seu uteri mulMrbfabrieaj
notis in Fan ffomeprodromum UbU"
tratum, Itcy de, lii'j*! y i^VQ^ '7^7»
1729, in-4*'. Sous ce titre, Swam-
merdam embrasse tout le système de
la génération, et il se prononce en
favtor de l'existenee de l'œuf dans
l'ovaire : il saisit cette occasion pour
se faire l'apologiste de Van Home ,
aux dépens de Graaf, qu'il accuse
injustement de plagiat. 111. Histoire
générale des insectes, en hollan-
dais, Utrecht, 1669, in-4^.; tra-
duit en français, Utrecht, i68a,
1685, in -4^.; en latin ^ par H.
C. Henninius , Leyde , i6o5 y in-
4**. j Utrecht, 1693, iii-4^.; Ley-
de, 1733^ in-4^. Swammerdam es-
pose aans cet ouvrage une classiBca-
tion des insectes, et il la fonde sur
la stnictiure et les métamorphoses de
ces animaux; il en fait quatre classes^
et dans chacune il décrit avec soin
les diverses phases de la vie des in-
sectes. IV. Histoire de V éphémère ^
en hollandais, Amsterdam^ '^^^
in-do., traduit en latin, Londres ,
1681 , in-4^- Ce petit traité anato-
mique, que l'on peut regarder com-
me un chd^'œavK, ftit, dH-on,
17..
aGo SWA
écrit par rSwâmmerda m ^ dans Tin-
tentioii de tcinaif;ner sou amitié à in
!Rouri{;non. V. Biblia naturœ , seii
lUsloria insectorum in certas clas-
ses rtidiictày necnon cxcmplis et
anaiomico variorum animalculo-
nati examine œneisque tabulis illus-
tPota^ Lcydo, 1737-1738, a vol.
.in-fol.; traduit eu allcmaud, J^ip-
Kig, I ']j'À y in-ful. ; en auglais^ Lon-
dres, 17^^> in-fo1.; en français,
dans les tomes iv et y de la Collec-
tion académique de Dijon, partie
ëtrangi're. Voici riûstoirc de cette
pnblication , ()iii n'a point e'té faite
du viyanldc l'auteur. Quelque tcmjw
avant sa morl, wSwamniei-dam, pres-
sé par le ])esoin , avait vendu à vil
prix ses manuscrits et ses ligures à
Tliéveuot : uir demi-siècle apitrs ,
.JBoerbaav^îi: retrouva beurcusement
intacts ces trésors de la science, ics
racheta .pour une somme considéra-
ble, écrivit Li biof^raphiedc raiiteur,
et publia Touvra^ie en liolh-tiidais et
eu latin, par les suius de Oaubius.
Cette admirable production it^nfer-
me une fuiiie de faits extrêmement
curieux cit eatièrement inconnus
ayant Swatumerdam; il est impo.ssi-
{>lc de pousser plus loin Tanatomie
des petits . animaux , et d^ètre plus
exact dans la description de leurs
oignes, lo^ucls, par leur exiguité^
urésciitent toujours à la dissection
des dilVicullés considérables. 11 se
servait, pour séparer les molécules
animales s<ins les déchirer, de peti-
tes aiguilles d'ivoire qu'il aiguisait
lui-même au microscope. Eu réfu-
tant une foule d'erreiu\s commises
par les naturalistes qui l'avaient pré-
cédé dans la carrière, on peut dire
qu'il les a surpassés tous. A l'occa-
sion de l'histuii-edes aljeilles^ qui se
trouve dans le second volume^ Boer-
haave rapporte que cet excellent trai-
SWA
te était reste' long-temps cackécn
France , et il soiipçomic les acadétti-
ciens français qui avaient écrit w
le même sujet ^ de n'avoir point né-
gligé le manuscrit de Swammerdaa,
si riche en découvertes. Mais Boe^
liaavc n'apporte aucune preuve t
Tappui de son assertion. Si Von pcal
considérer Swammerdam comae
S resqu'in imitable dans l'anatoBie
es insectes, on n'apprendra pis
sans ctonnement qu'il a e'të mous
heureux dans celle d'aiiimaux pl«
volumineux, tels que les mulliisqiies,
par exemple , comme si la nature ne
l'avait apiiclé qu'à' l'obserration des
infiniment petits. U — d — ^ir.
SVVARTZ (Of.AUs), botaniste
suédois , né ,en i7(>o, à Noi^cepiae,
fut envoyé par son përe^ à l'Âge de
dix-huit ans, «i l'université d'Dp-
sal , où il suivit les cours dn fils oé
Linné \ mais bientôt , devenant son
maître, il parc(Minit,eulierborisaBt,
les provinces et les îles de la Suè-
de , pour atigmenter ses connaissan-
ces. A Tilge de vingt-trois 'ans, il
entreprit, à ses frais, des voyages
dans le Nouveau-Monde, e'todnsar
les lieux la flore de la Jamaïque ^ et
Saiut-Domiflgue et 4es autres iles ,
ainsi que celle des cotes de l'Amài*
que méridionale , et il alla ensuis
séjourner, pendant un an, 4 Londres,
oii il proiita des levons et des ri-
chesses végétales de sir Joac^
liinkft. Swartz revint dans sa pains,
en 1780 , riche des résultats non-
breux de ses études et de ses recker
ches. Il visita encore phis tard kl
Alpes de la Norvège et une partie de
la La poil ie. A son retour , il foC
nommé membre de l'académie de
Stockholm , et l'année suivante il n
fut président. Li place de prolcsseur
d'histoire -naturelle à l*instiUitîeB
médico-chirurgicale , les déèoralioM
SWA
c (le Vasa et de l'Étoile po-
ent ajoutées aux distinctions
acconla son souverain. 11
»usé, peu de temps après son
ans sa patrie , la iille du
îerp; dX psal , dont il eut un
s iille. Ce savant mourut le
!mbre iSi-^ , a])r(s avoir
par ses tia vaux utiles, Tlion-
/e'cole suédoise , fondée par
ses disciples. Il a établi plus
inle genres de plantes pha-
ps , ajoute' de nouvelles es-
l introduit un nuuvel ordre
s orchidées, (|ui ont ete' de
classées par Hiuwn, Du-
niars et llirhard. Swartz
rtant très-circonspect dans
valions , <t il s»? gardait
troduiie cie-î genres et des
itions inutiles au.-si , roni-
mirryuc Sprongol, ies gen-
a etalilis n'ont ^las uhi
lions <!e la î)art d'autres
s. Sos (le^c^ipli()ns de plan-
it claires et concises ; sou-
y ajoutait des ligures d'a-
proj)res dessins. Il est le
liotanisle suédois qui se soit
:i Fetude des [il.intesciypto-
vant la mclhodo d'Iletlwig.
di.'iut, il s'était dcj'i occupé
lionner celle qu'avait eta-
ne pour les mousses. 11
►eaucoup cette élude pen-
se jour aux Indes Occi-
et établit tnus nouveaux
mouMCs, le (louoslonie ,
(lium et rAlynij)ères. La
: lui e^t rCvievaMe d'une
ncr j»!ii> pariaile (les l'ou-
luillf d.ius la.(iielle il dc-
cîeineuî Iimî; ceulscsîH'ees,
(Mil trui.N genres non vaux ,
, Molli ia et C/uluntrs, Les
\v>f[iniius furent aussi l'ob-
reilierclies j dans h s der-
SWA aOi:
niei*s il dtabiit le eenre nouveau de
Wcrpa. Son premier ouvrage fut sa
dissertation De metïiodo musco^
ru m y qui termine le volume x des
Amœmtates academiciBde Linné, et
qui fut suivie de TListoirc àcGenti£h
na pulcliella , comprise parmi la
Mémoii-es de Tacadémie des sciences
do Stockholm pour 1785. A son
retour du Nouveau-Monde , il pu-
blia : l* Nova gênera et speciespùui'
'jzruniy Stockholm, 1788. II. 06-
jtiTvationes botanicœ , Ërlang ,
1701. III. Icônes vlantarum inco*
^/Ularum, ibid., 1794 , i". fasci-
cule, G pL (iolor. , in -fol. IV.
Flora Intllœ occidcntalis , Erlang ,
1707 à 1806, 3 vd. in-8*»* V.
yasciculus lichemun Americano^
rum y ibid., 181 î. VL Principes
ilti Sj'stèmc des animaux et des
végétaux (en suédois ) , Stockliolm ,
1 8 l'i , in-8«>. Cet ouvrage est regarde
comn e trcs-faiblc et peu digne de la
réputation de l'auteur. Le Journal
de J^of/im^ii^de Schrader,le Recueil
des Mémoires de l'académie des
sciences de Stockholm , celui de la
société Linnéeime , et d'autres collec-
tions savantes conlieniient de Swartz
•ni grand nombre de Mémoires de bo-
laniqiie. Il coopéra aussi slu Botanis-
te suédois, publié par Palmsbruch et
I^illberg, au Magasinp<Hir les ama-
teurs de fleurs^ par PféiHërs etRuss-
mann , ainsi qu'aux Annales de /'a-
cadémie d'agriculture de Suède.
Schrcho.Ta dédié à ce] botaniste le Tour
natea d'Aublet , qu-il regardait com-
me génériquement différent du Pos-
siru du même au leur; ensuite, Wahl
ayant démontré que ces plantes ne
forment cpi'un seul genre , "Will-
(hiiow conserva , pour les dcux^ le
nom de Swartzia ; toutefois Spreu-
gel fait obsciTer que leurs afluiités
iMtiuelIes ne sont pas encore bien
!i6a
SWA
connues. Hedwig ayait aussi donné
le nom de Swartzia à un genre de
mousses que le botaniste suâois dé-
signa lui-même par le nom de Cy^
norUodium. Swartz était officieux,
commuuicatif et plein de bienveil-
lance. Une Notice sur sa vie et ses
travaux ( par Sprengel ) a paru
dans le volume x des Nwa Acta
acad, Leopoldino-Carolinœ naturœ
curiosorum. En i8ti4) Tacadémie
de Stockholm a fait frapper une mé^
daiile à son honneur ; elle représente
d'un côté l'effigie du Botaniste^ et au
revers la plante CamaUaria maja^
Us y avec la jolie légende : honos dum
prata virebunt, D — g.
SWEDENBORG. F. Svedeh-
BORG.
SWEDIAUR ( François - Xa-
vier ) , médecin , naquit , le i^ mars
1^4^^ à Steyer dans la Haute -Au-
tnche, d'une famille originaire de
Suède. Apres avoir reçu de son père
la première instruction et suivi les
cours ordinaires de philosophie ^ de
mathématiques et de langues ancien-
nes , à l'école latine de sa ville nata-
le , il se rendit^ à Tâge de dix - huit
ans, à Vienne ; pour y étudier la mé-
decine^ vers laquelle l'avait porté
son goût particulier pour les scien-
ces naturelles. En joignant à ces étu-
des celle des langues vivantes de l'Eu-
rope , il s'appliqua surtout à profiter
des doctes leçons du célèbre Van-
Swicten et de celles de Dc-Haen sur
la clinique. A l'âge de vingt-trois ans,
il prit le grade de docteur , et voya-
gea pendant trois ans en Europe,
pour se perfectionner dans la scien-
ce et pour connaître personnelle-
ment les plus cclcbres professeurs
et praticiens. Au bout de .ce temps ^
il s'établit â Londres , et s'y livra à
l'étude et à la pratique de son art.
De concert avec set amis, los doc-
SWE
tears Nooth etHibnann , il ]
vérifia les expériences faîtes
ne , par Van - Swieten ^ sor
du sublimé corrosif comm*
dans les maladies siphilitîi
celles de Storcksur l'emploi
guedanslescancers.il consi{
un journal, le résultat de s
riences sur la ciguë emplo
les cancers , et se prononça
négative. S wediaur fut lié , à !
avec les célèbres praticien
housz , Pringle , Heberden
et Fordyce. Il s'occupa auj
dant son séjoiu* dans cette <
de l'étude particulière de 1
moderne , alors peu répand
gleterre. et publia la tradu
Traité ae chimie composé
ami le célèbre Bcrmnann. 1
il se rendit à ÉdiiiDOurc y j
Gullen , avec lequel il était
correspondance, et pour le
relativement à un ouvrage <
des observations sur la sip
commencement de la révolu
çaise , il quitta Londres , et
xer à Paris , où il se lia avec
du parti révolutionnaire, (
ment avec Danton , ce qui u
cha pas de poursuivre si
médicales et ae publier di
vrages. Il continua de vi*
ris jusqu'à sa mort, aui
le <J7 août 1834. Qoeiqi
qui agrandirent sa répat
savant , lui valurent une n
clicntclle. Voici les titres c
vrages: L Dissertaiio exh
cripiionem prœparatorun
micarum et instrumentorm
gicorum quœ possidet fact
dica VindoboTiensis , Vicni
in-4^. II. Methodus mcd
diema in nosocumiis Lonù
usitata, ibid.^ i777> û:
Practical observaiians on
SWE
dire, Observations pra-
es maladies vénériennes
Inidtres et les plus invé-
dres , 1 784 ; Edinbourg,
)o. ; id. en allcinaiid à
;86. IV. PhilosopIUcal
, Londi'cs 1786, iu-8^. ,
que le Monthly review
quintessence d'impiété'.
complet sur les sjmp^
î ejjets y la nature et
nt des maUidies siphili*
ris , 1 798 ; septième c'di-
. Cet ouvrage est le plus
le ceux qui sont sortis de
e Swediaur. Il y soutient
ilis ne nous vient pas de
, et qu'elle n'est point nou-
'ancien continent. Cesys-
; réfute' par des raisons
»ent d'une grande force.
a mcdica y Paris, 2 vol.
. Pharmacopœia medici
ïiversaUs , 3 vol. in-12 ,
\, VII. Novum nosolof;iœ
' ^stema , etc. , u vol in-
18 ri. Pendant les der-
es de sa vie , il s'occupa
té [général sur les ali-
il a laissé en manuscrit,
le nouvelle édition , très-
delà Pharmacologie et de
copée. Z.
\T (François), historien,
7 , à Anvers , embrassa ,
t terminéscs éludes, la pro-
son père , qui s'était enri-
commercc des tapisseriesj
liiiua de consacrer ses loi-
uilture des lettres et de la
irt (ju^il aima toute sa vie
un. Désirant perfectionner
ssanccs, il rechercha l'a-
s compatriotes les plus dis-
itre autres, d'Abrah. Or-
; nom ) , qui possédait un
abinet d'antiquités. Sweert
SWE
26S
eu tira les médailles rcpEéseotont les
divinités du paganisme, qu'il fit gra-
ver ( 1 ) ; et , après la mort d'Orteil ,
il rassembla les vers composés à sa
louange. Ce fut d'après les conseils
du P.Schott (f^cQT. ce nom) qu'il en-
treprit l'histoire littéraire des Pays-
Bas , pour suppléer à l'ouvrage de
Valère André, que l'on croyait per-
du. Celui-ci retrouva son manuscrit ,
et s'empressa de le oublier , avec
une préface , dans laquelle il accuse
Sweert de plagiat. C'était un repro-
che au moms prématuré, puisque le
travail de son émule n'avait point en-
core paru; mais les deux auteurs
ayant dû puiser aux mêmes sources ,
on pouvait prévoir qu'ils se rencon-
treraient souvent. Sweert mourut en
1 6'2g, On cite , parmi ses amis , Juste
Lipse, Jos. Scaliger , Casaubon , etc.
Outre des éditions de l'Opuscule de
Magius : De tintinnabulis ( F. Mao-
Gi, XXVI, i'^4)) ^^ ^ Poésies
latines de J. Boch ( F. ce nom , IV ^
6a 7 ), on a de lui des compilations qui
n'offrent aucun intérêt aujourd'hui ,
et dont on trouvera les titres dans les
Mémoires du P. Niceron, tome 27,
ainsi que dans ceux de Paquot. Nous
nous contenterons de citer : I. Selec-
tœ christiani orbis deliciœ ex urW-
bus, templis , bibliothecis et aUuniè^
Cologne, i6o8,in-ia; i6a5,même
format. C'est un recueil d'épitaphes,
genre qui paraît avoir eu pour lui un
charme particulier , puisqu'il en a
publié trois recueib. oweert a beau-
coup profité , pour celui-ci, de l'ou-
vrage de Natban. Cbjrtrée ( Fojr. ce
nom, VIII, S\g)iFarior, in Eu-
ropd itinerum deliciœ, IL Ducatûs
Brabantiœ monumenta sepulchra^
lia y et inscriptiones publicœ priffUr
(1) Jn deorum, Jetaiumque ctipiU •^ OrUU»
colleetm narratiomës kittoriem 9X mmmUcUs Andr,
SchoUi, AiiTtn,ûh4*.
204 SWE
tœque, Auvers, i6i3 , in - la. III.
Epitaphia joco " séria laiinay gai'
lica, ilalica, hispanica, lusiiani-'
ca, helgicay Cologuc, iCi'iS, iu-ia.
IV. Rtrum Belgicanim annales ^
Francfort, iGio, in^ibl. Ce volume,
qui devait être suivi de plusieurs au-
tres^ contient les Annales de Hollan-
de, de Jean Gerbrand de Lcyde, et
celles de Régner Suoy; les Annales
belgiques d'un anonyme, moine d'Eg-
mond , et de Gilles de Royc , moine
des Dunes. N . Alhenœ Bel^icœ ^ swe
nomenclator Inferioris Germaniœ
scriptorunij Anvers, iG'JiB, in -fol.
Cet ouvrage est pltiu d'inexactitu-
des^ il ne vaut pas, à beaucoup près,
celui de Valcrc André' : mais tous les
deux ont cte surpasses par la Bi-
blioth, Belgica de Foppens ( F, ce
nom ). W — s.
SWEERT(Émanlei-.), fleuriste,
ne' à à Sevenlxïrgen près de lîrcda ,
se rendit célèbre par son Labiletc'
dans la culture des plantes, dont il
finit par faire le commerce, et fut
nomme cLef {pra^fecttis) des jar-
dins de Tcmpereur Rodolfe 11. Ayant
fait graver les plus belles niantes
de ses collections, il les publia sous
le titre de Florilegiuin ampli ssi-
muni et selectissimum , in -fol. ,
Francfort. La pranière partie ])anit
en iGi2, et la seconde en i(ii4;le
tout, compose de dix -huit feuilles
d'impression , comjUTnanl une Épî-
tre dédicatoire , une Préface et un
Catalogue en quatre langues , soixan-
te-trois ])lanclies dans Ja première
partie et (piarante-trois dans Taulre.
Ainsi cent «lix j)lantes sont figurées :
la plupart sont des varitfles des lilia-
cees et «{uchpies arbres. Plusieurs
sont imitets du jnidin de Henri IV ,
par Vallctet Robin. Toutes ces plan-
tes sont réellement dessinées d'après
nature et gravées correctement , mais
SWE
très - séchemoit : elles rfMffrtWfnl
à celles de l'ouvrage que nous Tcnoni
de citer. C'est la manière de cette
e[)oque,cmploycedans XtFloriltgmm
de ae Bry , et V Hortusiloridus de
Dupas ( Passxus ). Les deux partia
réunies reparurent à Ainstcrdam, n
1O47. On cite d'autres éditions jus-
qu'en iGaa; mais comme on y Toit
toujours figurer la preface de iGia,
on peut les soupçonner identiques.
C'est donc à cause de ces images le-
pre'sentant des objets connus précé-
demment , que non-seulcmcnt dweert
est compte' parmi les botanistes ,
mais que^ de plus , IJnné a consacre
à sa mémoire , sous le nom de 5u«r-
tia,mv genre formé sur ime des phs
belles plantes alpines, de la famille
des gentianées. D — p — s.
SWEIGKER ou SCHWEIGKER
( Salomon ), ministre protestant , né
en i5:')4 à Sultz^ dans le pays de
W iirtemberç , est connu par son Toya-
ge en Turquie, en Egypte et dans la
Terre-Sainte. Le comte de Zinzendoif
ayant été nommé ambassadeur de la
cour autricbienne près de la Porte-
Otbomane , Sweîgker partit avec hn
en 1677 , comme ministre e'vangelî*
que de la légation. Le comte élanl
retourné à Vienne, en i58i , Sweîg-
Ivcr se rendit en Égvpte avec qnd-
qucs savants; il visita Alexanone,
Rosette, d'où il se disposait à passer
au Caire ; mais la peste y faisait de si
borribles ravages, qu'il traversa le
Nil , et alla dans la Terre - Sainte.
Après avoir vu Jérusalem , Betblé-
bem , Damas et Tripoli, il revint en
Allemagne , j)ar Cypre , Candie , Co^
fou et Venise. Crusius a ptiblielrs
d<'tails de ce voyage sous le titre
suivant : J/odoeporicon sive itinerÊr
riitm D. Salomonis Sweigkcri Sttl"
t; en sis , qui Constantinopoli in auld
h'gati imperaioris romani aliquot
SWE
clesiastafuit,et è Thra-
^jrptOy Palestind, jirahid,
rid peregrinatus est, conS"
à Mart, Crusio. , Leipzig y
1-12. Cette description est
d'un petit poème eu grec et
dans lequel Crusius raconte
es de Swei[;ker. G — t.
IRE ou SVERRIR, roi de
, illustre par sa valeur et sa
passe pour être l'auteur du
>yal j monument précieux de
ure islandaise. Ne' eu i i5i,
T rejeton des Ha raid fut
é dans une île éloignée , et
n chèque, qui l'ayant élcvd
, l'ordonna prêtre. En 1 1 7 1 ,
Norvège, dont il parcou*
;tement plusieurs provîii-
]u'il fut arrive dans la Var-
iruit se répandit qu'un fils
gurd , conservé comme par
se trouvait dans cette pro-
: l'on accourut de toutes
ir le voir. Tout anuonçait
descendant d'une race au-
le l'on croyait éteinte, et
laissé de si grands souve-
îroposa à Swerre de revcn-
5 droits : o II n'est pas en-
nps, disait -il; Magnus est
jissant ; vous n'ctcs qu'une
f d'hommes : je ne veux
ons sacrifier. » Comme on
16 Swerre avait formé le
lier en Palestine pour pren-
lux expéditions des croisés,
carder à vue, afin de con-
Norvége le prince sur Je-
iSaient les espérances de la
. On lui déclara même que
lit plus long -temps, ou le
î Magnus , pour prix de la
tion que l'on allait soliici-
re reçut alors le serment de
> , et jura sur son épce de ne
quitter. Ses partisaas , dont
SWE
nGi
le nombre augmentait tous les jours,
le proclamèrent roi de Norvése; et,
des Tannée 11 79 7 il était à la tête
d'une petite flotte. Magnus fut sur-
pris, et Swerre, après avoir gagné
ime seconde victoire , proposa , dans
une entrevue , que les deux concur-
rents partageassent entre eux la Nor-
vège. Magnus répondit : « J'ai été sa-
9 cré roi par le légat du pape et d'a-
9 près le consententement des états
9 du royaume. J'ai fait des serments :
9 je veux les tenir. Je c on sauverai ton-
V te la Norvège , ou je la perdrai avec
9 la vie.--*C'es,t bien à moi , répondit
» Swerre, qu'il appartient de re-
9 pousser toute proposition de par-
9 tage. Mon père , né roi légitime , a
9 été mis à mort; mon frère aîné Ha*
9 cou a été immolé par votre père
9 Erling, qui a fait attacher monu-ère
9 Harald il une potence. Mon troisiè-
» mefrère Sigurd a eu la tète trancbée.
9 Ainsi ont été traités tous mes pa-
9 rents. Sans perdre plus de paroles,
9 que chacun rentre dans son camp^
9 le sort des armes décidera. 9 Mag-
nus proposa de vider la querelle dans
un combat naval , où le nombre de
vaisseaux serait égal, puis il ajouta :
« Battez -vous, si vous osez, contre
9 moi; la Norvège sera le prix du
9 vainqueur. — Je suis prince, ré-
9 pondit Swerre; je vais me mettre
» à la tête de mes troupes , pour me
9 mesurer avec vous en bataille ran-
» gée : je laisse à d'autres le métier
9 de gladiateur. 9 Celte lutte dura
encore quatre ans. Eufin Magnus ,
complètement défait dans un combat
naval, voyant le vaisseau amiral
prêt à tomber entre les mains de l'en*
nemi . se jeta , avec les princes de sa
maison et ses généraux, dans la mer,
où il périt le i5 juin 1 184 ( ^o/,
Magnus vi , XXYI , 1/^6). Son
corps ayant été retrouvé , Swerre
966 SWE '
le fit conduire solenndlement k Ber-
cen y Taccompaguaut avec respect
jusqu'à relise cathédrale. Mag-
nos avait le visage découvert , et
ses amis pouvaient s'approcher de
lui. Un d'eux s'étant jeté sur le
corps , avec de grands cris de dou-
leur , Swerre dit : a Voilà des hom-
» mes comme je les aime : ils ne
» sont pas faciles à gagner. » L'on-
cle de Swerre fît l'oraison funèbre
en peu de mots, et comme il convient
à un soldat. « Le prince que vous
» pleurez , dit - il , a été bon envers
» ses sujets, mais impitoyable envers
» nous et notre famille; que Dieu
» veuille lui pardoimer comme nous
» lui pardonnons, v Swerre fît élever
un riche mausolée sur la tombe de
Magnus. N'ayant plus de compéti-
teur, et reconnu souverain de la Nor-
vège , qu'il avait conquise à la pointe
de l'épée, il récompensa généreuse-
ment ses soldats et leurs chefs. Pen-
dant tout son ri*gnc , il eut à lutter
contre les restes de la faction op-
posée, contre le haut clergé et con-
tre la coiu* de Rome. L'archevêque y
primat du royaume, faisait ses visi-
tes pastorales a\ec la pompe d'un
monarque. D'après les anciens usa-
ges, le roi prétendait que ce pré-
lat ne devait avoir à sa suite que
trcnle personnes, avec douze sol-
dats. L'archev(X{iie répondait que
le pape lui avait confîé le siège ar-
chiépiscopal avec tous ses droits; que
personne ne pouvait restreindre le
nombre des personnes qu'il lui plai-
sait de prendre à sa suite. La diète,
convoquée par le roi ( 1 189) , pro-
nonça contre l'archevêque , qui por-
ta ])lainte à la cour de Rome. Le pa-
]K (^'Icstiii III ( 1 19'Ji) e\communia
Swerre, jeta un interdit sur la Nor-
vc^e , et y envoya un légat pour in-
former. Ajircs quelques entrevues^ le
SWE
légat ayant vfAmé de sicnr le iti^
Swerre lui dit ; « Je eue povfMi
» vous êtes venu; Toue allée naii*
» ser notre argent, et Toue rmnm
» irez, tournant eo ridioaleleropih
» me de Norv^ et ses hahitanti, I»
» tiret-voiis sur le champ.» Iliéail
les évêques du royauDie , qoi bi dsih
aèrent l'onction royale. 0'a|isèi ■
auteur contemporain ( Guiilai^ de
Neubridge ), le sceau de Swcnt par-
tait l'empreinte suivante : Swenwm
rex magfiusyferus lU leo^^ mitis aC
agnus. Voulant faire la; paix avcck
cour de Rome, il assembla les cfl-
aues de son royaume , qui d^wdhmt
deux d'entre eux au sonreram fmA-
fe. Un Norvégien appeU Hredarp
revenu de Gonstantinople , préMU
au roi de Norvège des lettiee par In-
quelles l'empereur Alexia Gomnbt
le priait de lui envoyer im eoipe ià
mille hommes de bonnci troopes.
Swerre ayant rejeté cette
répétée avec de vives instances, tt»
dar obtint la permtssioa de se im-
drc dans les villes maritimes de Vê^
vége y et d'y enrôler les h
voudraient le suivre de bomK
té. Alexis Gomnène avait aussi »
voyé des députés pour demand» èê
secours aux rois de Suède et de Di-
nemark. Swerre était occupe ea Ns^
vége, le haut clergé ayant soidefe'Mt
partie du royaume contre bi , Clkl
rebelles, encouragés par lenn mt-
ces y ayant osé proclamer on ai4lf
roi. Innocent III, profitant de en
troubles , lança sur la Nonr^p ^
nouveaux anathèmes. Dans ks IdMi
que ce pape adressa aux iwé^pttt k
royaiune et aux rois de Danemaiktf
de Suède , il dit : « C'est pour povr kl
» Norvégiens que Dieu pcraiel la ^
» mination tyrannique de Sntjas-
» Nous nous étonnons que Ton pM^
» donner des seooursà M «pîslBlj
)
^
SWE
nssement avoir été recon-
confirme par le Saint-Sië-
isscz les Norvégiens, et
bandonnent. Ëxcommu-
artisans ; fermez les égli-
ians la partie de la Nor-
ui est attachée, on n'ad-
i'autres sacrements que le
aux enfants j fjue Ton re-
e'pulturc ecclésiastirpic à
irs (i 198). » Swerre, ac-
igne et d'inquiétude, tom-
1 Bergen. Sentant appro-
nicrs moments , il deman-
ments, qu'il voulut rece-
ir son trône. Il fit lire et
»a pre'scnce les dernières
qu'il donnait à son iils
on; et il ajouta : « Je
iprès ma mort on me de*-
face , afin que mes amis
memis puissent bien me
3 prince , si grand dans la
mauvaise fortune, mou-
1 , n'ctant âge' que de cin-
ns. Son histoire a été' re-
plusieurs auteurs contem-
itre autres , par Charles ,
lingeyr , qui paraît avoir
1 dictée de Swerre lui-mê-
Torfcei historiée rerum
T/m , pars 3a, et 4«. , Co-
1711, in-fol. On croit que
l'auteur du Miroir royal,
pour la première fois,
ieiine langue norvégicn-
ndaise , avec la version
itine, sous ce titre : Kongs-
utlogd a dauTisku og la-
lum regale cuminterpre-
nicd et latindy Soroe ,
4". Dans cet ouvrage , si
[)ar sou contenu et son an-
iicité , l'auteur converse
mt avec sou (ils , se pro-
Tinstruirc dans l'art de
•t d'administrer. Il divise,
SWE àfl7
dans Texoide, )e sujet qu'il va traiter
en quatre chapitres : Du commerce^
De la cour y Vu clergé et Des cul-
tivateurs. Il ne nous reste plus que les
deux premières parties y les deux au-
tres, SI elles ont été écrites, s Vtaut éga-
rées. La premièrepartie traite du Com-
merce maritime et des connaissances
qu'il exige. On y trouve un petit Trai*
té d'astronomie et de ph^ique pra«
tique et une belle Description des
vents et des tempêtes. Le commerce
des Norvégiens se faisant alors parti-
culièrement avecrHibemie , (l'Ecos-
se), l'Islande et le Groeidand , l'autedf
doime la description géographique de
ces îles, des mers qui les entourent y
s'attachant surtout aux objets qu'el-
les présentaient an commerce. Il dé-
crit fort au long les baleines , les au-
tres cétacés , la manière de les jprcn-
dre et d'en tirer parti. Ce qu'il dit
sur les volcans de l'Islande annonce
des connaissances physiques j rares
dans le doutiëme siècle. C'est dans
cette île qu'il place tes enfers. Il parle
d'un ouvrage sur les Merveilles de
l'Inde , qui avait été dédié à l'empe-
reur Manuel Comnène. La seconde
partie est divisée en deux chapitres.
Dans le premier , l'auteur parle de
ceux qui entourent le roi ; et dans le
secoua y il montre ce qu'est un bon
roi , ce qu'il doit faire et éviter,
a Si vous étiez appelé par le roi à
« partager avec lui les soins du eou-
D vememait , dit l'auteur k son nls ,
» prenez pour principe de vos ac-
» tions la cramte et l'amour de
» Dieu. Soyez intègre , juste et tem-
» pérant. N'oubliez jamais qu'il y a
» ime autre vie , et que nos bonnes
» et mauvaises actions vous survi-
» vronl quand ^ de cette vie si cour-
» te y vous passerez dans l'éternité.
« La plus grande partie des hommes
» vivent et meurent commedes bêtes^
a68
SWE
» ou plutôt pis que les bétes, puisque
» celles-ci remplissent leur destina-
» tion. Étant le ministre de votre roi,
» aimez- le au-dessus de tout , après
a Dieu. » Ce que Tauteur dit sur les
usages de la cour ^ sur la guerre , sur
la conduite d'une armée, sur Fa ttaque
et la défense des places, est précieux
Sour l'histoire des mœurs du Nord
ans le douzième siècle. On a aussi
découvert, dans la bibliothèque roya-
le de Copenhague, un manuscrit du
treizième siècle ( n*». 1 1 4 9 A , in-4**.)?
qui contient un Traité de droit pu-
blic , écrit par Swerre , en ancienne
langue islandaise. Ce manuscrit a été
publié par Christ. WerlaulT, uu des
conservateurs de cette bibliothèque ,
sous ce titre : Anecdoton fûstoriarn
Swerreri régis Norvegite illus-
trans, è codics membranaceo hi-
hliothecœ Ama- Magnœanœ ^ ciun
versione latind et commentario. Co-
pcnhagiie , 1 8 1 5 , iu-8<>. Dans sa pré-
face , l'éditeur donne de curieux, dé-
tails sur Swerre , sur ses qualités ,se9
défauts et sur la lutted;ins laquellece
S rince fut engagé avec le haut clergé
c Norvège et avec la cour de Rome.
Ici l'on croit voir Henri IV en présen-
ce de la Ligue; et l'histoire des deux
princes oll're d'autres rapproche-
ments également frappants. Tous les
deux ont eu à conquérir à la pointe de
l'épce riiéritage de leurs pcrcs. Sur
le champ de bataille, ils désarmaient
l'ennemi par la promptitude, la sa-
gesse de leurs mesures et par leur
courage. Après la victoire , ils ga-
guaicut les cœurs par la franchiîie et
la loyauté du ])araon. Swerre eut un
avantage qui fut refusé au chef des
liourbons. Ayant vécu dans la re-
traite jusqu'à Tàgc de vingt-cinq ans,
le descendant des llaralds avait fait
des études fortes et aprofondics.
Il connaissait parfaitement riûstoi-
SWE
re , la philosophie, la tbéol
droit civil et canonique. Il p
comme Henri , toutes les rc
de l'art oratoire. Sur le ch
bataille, il enflammait ses
en leur entounlint des Hyn
crés , qu'il avait composés.
cours qu'il leur adressait 0
force de raison, cette loyaut
droit au cœur du soldat et
fait mépriser le danger. Ce
discours seraient dignes d'ê
de sou histoire et d'être
séparément, comme modo!
véritable éloquence militait
vrage que l'on a découvert (
ment acquiert une nouvelle in
ce en ce moment où les espr
cupent si vivement de la ao«
Bossuet et des quatre articles
glise gallicane adopta en 16
ci le plan de Swerre, que,
développements, il appuie
textes pris dans l'Écriture
dans les Lettres des papes ci
écrits de saint Augusthi, de :
rome et des autres Pères de
Dans l'exercice de ses droits,
té royale est indépendante del
ecclésiastique. J.-C. a établi s
pour exercer des droits spir
non pour usurper l'admin
des cnoses qui sont puremc
monde. Ija situation d'un
devient déplorable quand
trouble l'ordre social par s€
tements. Les sentences d'à
que le pape et les éveques 1
légèrement sont nulles. Le:
du clergé envers l'autoriti
relie sont clairement tra<
rÉcrilure sainte et daus
canon. C'est Dieu lui - m
a investi les rois de la ;
qu'ils exercent. Que les ec
([ues ouvrent les saintes Ec:
les saints Pères , et ils y ti
SWE
K et exprcssemoit ordonne
'ent , comme les antres sti-
ssa uce et respect au souvc-
I autre cûte , les rois sont
cconler à TÉgilse prolcc-
speciale. La Nurvrçe est là,
histoire et avec ses faits ,
ver que ses rois ont, en tout
ercc ce droit de uatroiia^c
itlaires ecclésiastiques. Les
js qu'un roi pourrait avoir
[>rè5 les instances des évc-
t nulles ; et ses succAseurs
svendiqiser des droits inlic-
majcitéroyaîe. » Aiusi sV.\-
vcrs la iin du douzième siè-
rince du Nord, en son vied
laïklais ; et c'est le même
II uut tenu depuis St. Louis,
le- Bel et Louis- le -(îrand,
ont réclame c<^i!tre îles prc-
ui, poussées outre mesure,
. troubler la paix daiLs leur
(i— Y.
NllEIM î Conrad ) , alle-
rtage avec son compatriote
( r. ce nom f i ; , XXXI I ,
p;loirc d'avoir porte !*impri-
Italie. Il paraît que Sweyu-
:essa, eu 147^, la société'
t faite avec Pannartz , que
qtliquer tout entier à l*art
en cuivre. 11 entre|)rtt une
; Ptoleniéc^ et la préface de
lion , qui parut eu i47^
fit'CKiNCK , VI , -207 ),
qu'il mourut y après avoir
trois années à cette occu-
cc qui porte la date de
eu i47(> ^n i477.« ^" ^^*^
IV rage sous le nom seul de
im ; mais beaucou]> portent
Swvynheim et Pannartz,
et Sweynbeim ont , les prc-
'■rticitf dr PAKintris , r.'i-«t p«r Uule
que Ic< (Juixstlonn lH\'i Tlt^m^x aout
;^i tour dat* est ii)7*>.
SWI 369
mi'ers , fondn et employé' des carac-
tères grecs ( il y a des passages grecs
dans leurLactancede i4^>^) ; les pre-
miers ils ont fait usage des registres
contenant les premiers mots de cha-
que feuil!et ^leur César est de 1 ^ik)) ;
les ])remiers eniin , ils ont mis à leurs
éditions des préfaces ( V Apulée est
de i4^>9 ), et des notes margina-
les ( leur AulugelUi est encore de
i4(>9). A. B — T.
SWlENTOTiHNA, reine de Bo-
hème , épouse de Wratislas II , était
fille de Casimir , roi de Pologne , et
de Marie Dobrognicwa, lilledeWla-
dimir-le-Grand , duc de Kiow. Dans
les chroniques bohémiennes , elle est
appelée Swata^va , en latin Béatrix.
Cette princesse épousa , en 1 06^ , en
troisième noces Wratislas II , duc de
Bohème , et en 1 o8<) , elle reçut avec
son époux la couronne et l'onction
royale. Sage et pieuse , elle vit avec
beauroiq> de chagrin les désordres
de Boleslas-lc-llarai , roi de Pologne,
son frère , et lui fit des représenta-
tions que Wratislas appnya de son
autorité. Tout fut inutile, et S. Sta-
nislas, évequc dcCracovie, ayiint éxé
sacrilié aux passions fougueuses de
Boleslas , ce mauvais piince fut
obligé de se soustraire par la fuite à
l'indignation de ses sujets ( Vojr, Bo-
leslas ). Swientochna eut de Wra-
tislas quatre fik: Brzcczisbs, Bor-
zivoy , Wladislas et Sobieslas. Elle
vécut assK long-temps pour les voir,
Tnn après Tanlre, succéiler à leur
l^ëre , ayant survécu plus de trente
ans à son mari , mort en 109^. Le
ciel parut l'avoir conservée, alln que,
par son autorité , elle put calmer les
dissensions qui éclatèrent dans sa
famille. Celle princesse n'eut que des
malheurs à déplorer : Brzcczislas, son
lils aîné, après im règne de sept ans,
fut assassiné à l'instigation des V
370 SWl
sowiez ({ni appartenaient h la famille
riante (i 100); Boruvoy ^ son se-
cond fils y aprbs avoir goiiTcmë la
Bohème pcnoant six ans , ftit chasse
par son neveu Swientopclk , qtii eut
poiur successeur Wladistas , troisième
iils de Swientochna: ce dernier fut
presque toujours en guerre avec ses
frères Borzivovet Sobieslas. En 1 1 1 1 ,
leur mère , à U)rce de prières , les re-
concilia. De nouveaux troubles e'tant
survenus , elle fit encore la paix entre
eux(i \*ii). Enfin en 1 123, Wladis*
las , tombe dangereusement malade,
et e'tant vivemeut sollicite par son
épouse, de dcfsigner pour son suc-
cesseur sou cousin Otton , comte
de Moravie, Swientochna^ chargée
d'années et d^iiilirmités , accourut à
Prague. Wladislas , cédant aux lar-
mes et aux touchantes i*cpréscnta-
tions de sa mère , se reconcilia avec
son frère Sobieslas et le désigna pour
son successeur. G — y.
SWIENrOPELK(i), roi de Mo-
ravie , reçut le baptême avec Radis-
la w, sou oncle ; en S6iy des mains
de S. Cyrille et de Méthodiiis , apô-
tres des peuples Slaves , dans la Bul-
garie et la Bohême. Oubliant ce
qu'il devait à Radislaw son bien-
faiteur , qui lui avait donné une pro-
vince de la Moravie eu fief, il livra
sou malheureux oncle à Louis-le-Ger-
mauiqiie, qui lui fit crever les yeux:
par là Swientolpelk dcviut maître et
roi delà Moravie (870). Au^ommen-
cemeut du huitième siècle , ce royau-
me comprenait la Norique et l'an-
{i)Swirnli>peU virât lU deux mot* sUTes; U
prcmirr Swiento , Mi{;ninr tainl . fHcri : 1r ««cond
pM , pttUck , piUk uu pulk , TCiil dire U§ion , ro»
hortc^ mfjfiiHeat , el ({itMlipiefois peiiple^ nmtion. Le
mol Swiniln|)<>1k paraiiiMnl trop dur aui autenrt ,
«mi mlun rcrivaicul eii latin , iU l'adimcirent ca l«
ciiangrant m '/.uiieotiboldiu , /uurntiliold ou Sua-
limluloii. I<e fila d'Amoul , dnc dr I<«irr«D« , qmi
ualiM>lêai« avait r«f aU nom de ton parrain^ $i«ien-
lo|»rlk, rtti de Moravie, n'eit connu dMM l'1ib>
taiM qm» mm It non cl~ * —
SWI
cieone PanDone toot cabin;
les Huns s'étant jetés wr la
nome orientale , le royanme
Swimtopelk n'en avait nias «r
partie occidentale; cqienoant il
prenait encore les deux rives di
nube depuis lintz jusqu'à Set
c'est-à-dire rAutncfae pnmrc
dite et la basse Hongne. La
hême dépendait aussi de oe
royaume, dont Swientopelk
l'investiture des mains de Lou
Gi^rmâniqiie. Ije nouveau roi, 1
çonné d' in fidélité , fut arrêté,
en prison , mais bîentdt après
en liberté, parce qu'on n'avait
convaincre. On lui confia mk
commandement de l'année bavai
pour aller soumettre Slavaman
rent de Radislaw, qui s'était ré
Mais Swientopelk pensait à se ▼
de l'affront qui lui avait été
beaucoup plus qu'à réduire ses
patriotes. Des qu'il fîit arrii
Moravie , il s'éloigna secrèteme
ayant rassemblé un corps de Kn
mora viennes, il tomba onisgiH
sur les Bavarois , qui , se gardai]
dans leur camp , furent tons ei
ou faits prisonniers , malgré V
présentations de S. Méthodîu
conduite de Swientopdkétaitp
gulière ; mais il montra beaneoi
zèle pour la propagation de la I
tholique, envoya plusieurs foi
députés au pape , et reçut dei
tructions et des éloges de la eo'>
Rome en différentes circonstai
surtout à l'occasion de la conrc
de Borzivoy, duc de Bohême, <
quelle il fut le principal autei
faisait sa résidence à Wéléhrad
sud d'Olmutz, surlaMorave.
difficultés s'étantélevées ausiqel
comté dépendant de la Morai
situé * les fri ntières de la Bai
les pr 5 s'adiessèfem i
SWI
roi de Germanie. Swiento-
nëconteat passa le Danube
lout à feu et à sang. Ces raya-
ërent doix ans et demi ; enfin
■eur Gharles-le-Gros se ren-
864 > dans la Basse- Autriche;
une entrevue qu'il eut avec
opeik, il lui céda toute la Pan^
pour laquelle ce roi lui fit
i;e comme vassal. En 892 ^
«ur Amoul , qui avait mon-
plus grande bienveillance à
>pelk , e'taut venu sur les fron-
e la Moravie , le (it inviter à
revue; ce qui fut refuse avec
' par ce prince. Amoul ir-
;agca les peuples voisins à
sur la Moravie, laquelle eut
ip à souflrir de leurs iiictir-
»wientGpelk mourut en 894 9
de SCS voisins . laissant trois
Dt Taine , appelé Swientibold,
éda. Il ne sut point défendre
i;e paternel ,qin, enpeud'an-
pvinl la proie des peuples voi-
G—Y.
ENTOPELK ou ZUENTl-
roi de Ijorraine , était fils na-
Tempereur Amoul ^ et reçut
ni de Swientopeik, roi de
î, son parrain ( F'. TarUcle
nt).Son père, qui avait pour
vive affection, voulait le de'-
)n héritier, et le faire recon-
31 de Germanie ; mais ayant
union légitime un fils (Louis)^
succéda dans la suite , il se
i de proposer Swientopelk
'S de Lorraine pour leur roi,
fut d'abord rejeté. I /année
;, Amoul tint un concile dans
isde Tribure près de Malence.
jues assembles envoyèrent an
députés pour lui demander
: disposé à protéger les égli-
k en affermir Tautorité. Le
fit dire qu'ils n'avaient qu'A
SWI 571
s'acquitter fidUement de leur minis-
tère, et qu'ils le trouveraient toujours
prêt à combattre quiconque oserait
leur n^tster. Alors les évéques , se le-^
vaut de leurs sic^ , s'écrièrent : FTve
le grand roi Amoid I Ils firent soi^
ner les cloches j chanter le Te Datm^
et s'étant inclinés devant les dépu»
tés , il les prièrent de témoigner aa
roi toute leur reconnaissance. Le mo-
narque se rendit au concile; et les
évéques furent admis k sen conseQ
secret Ce fut probablement U qu'il
réussit à vaincre toutes les résistan-
ces, et que l'on consentit à le re-
connaître pour roi de Lorraine
( 895 ). Peu de temps après , Ar-
noul convoqua une diète générale k
Worms , où , du consentement des
grands et des évéques ^ il déclara et
fit couronner Swientopelk roi de
Lorraine. Dans les archives de S«
Mihiel^ d'Eptcraach , de Prumm^
de S. Maximin à Trêves , de S*
Èvre à Toul,,de S. Gr^oire en
Haute - Alsace , dans les catnednles
de Trêves et de Toul , on trouve des
chartes accordées par ce prince, en
895 et 8g6, avec son effigie, son
monogramme et sa qualité de roL
D'après cela . on voit aue le royau-
me de Lorraine s'étenoait bien loin
au-delà des limites du diicbé qui a
porté cenom. Eudes , comte deParis ,
avait été proclamé roi de Fraiice, au
préjudice de Charles - le - Simple.
Swientopelk , sous prétexte de sou-
tenir celui-ci contre Eudes , mais en
effet dans le dessein d'augmenter sa
puissance . entra en France , et vint
mettre le siège devant Laon. Cette
ville se défendit avec courage; et
Eudes, qui était en Aquitaine , eut
le temps d'accourir à son secours.
Sans l'attendre , Swientopelk leva le
siège, et rentra dans ses eiats (8g6).
C'est da» ees droonstanees que Fem-
n-jn SWI
qucs, archev^c de Reims, pressé
par le pape Etienne VI , de venir à
Rome, écrivait : « Je me rendrai un
» jour près de vons^ si cependant
r> les cliemiiis deviennent Hures. A
V présent ils sont fermes par Swien-
V topelk , fils du roi Amoul. Ce prin-
» ce attaque Téglise de Reims, dont
» il prend les biens pour les donner
» à ses vassaux. Je vous en prie, rc-
» primez sa tyrannie, par votre au-
«> torite' apostolique, d Les comtes
Etienne , Odacres , Gérard et Mat-
fned avant eu le malheur de déplai-
re h Swicntopclk, ce prince les dé-
pouilla de leurs Liens et de leurs di*
gnités. 11 vint à ïrcves , et partagea
entre ses serviteurs les biens de ces
seij^neurs , ne se réservant que deux
abbayes de filles, l'une à Metz et
l'autre à Trêves, lesquelles avaient
été' usurpées par les comtrs tombés
en disgrâce. Aruoul était alors à Ro-
me, où il s'était fait reconnaître empe-
reur. Son (ils lui envoya demander son
consentement pour le mariage qu'il
voulaitcontracter. D'après l'aveu de
l'empereur , Swientopelk envoya des
ambassadeurs au couUe Eudes , roi
de France, qui accorda sa fille Oda
au roi de Lorraine. Ij'enipereur
ayant convoqué une diète générale
à Worms (897 ), Swientopelk, qui
s'y rendit, fut accueilli avec af-
fection par son père, qui le réconci-
lia avec les quatre comtes dont il
avait partagé les dépouilles. Depuis
cette époque, les comtes Gérard et
Malfried prirent une part très -acti-
ve aux aflfaires de la Lorraine. Le
célèbre Rép;inon , abbé de Prumm ,
fut obligé de se démettre de son ab-
l)aye en fa veut- île Richard^ qui était
frère de ces deux comtes (899).
Swientopelk avait alors éloigné, sans
n'en! sût par quel motif, le plus fi-
èle de ses conseillers, le doc Régi-
i
SWI
I
naire; rayant, dépouillé de M
et de ses dignités , il ne lui an
né que treize jours pour qu
royaume^ Les amis du duc se
reiit à lui, et se retirèreiât d
lieu entouré de marais, Appe
fus. Swientopelk marcha cont
mais il fut obligé d'abandoni
entreprise. I^es mécontents i
trouver Charles-le-Simple, q
vorisé par leur parti , marcb
éprouver de résistance , sur à
Chapelle , Nimèguc et Prum
paix s'étaut faite entre les deu
ces , Charles repassa la Meus€
vint en France. Swientopelk
à la diète convoquée à Saint
sur le Rhin , en 098; et il y
conférences avec les disputés è
pereur Amoul et du roi Chai
paraît qu'à son insu , ou prit 1
sures pour lui oter la Lorraii
par sa conduite , il s'était attir
coup d'ennemis. Ayant fait :
ment une seconde tentative su
fos , il ordonna aux évcques
royaume d'excommunier lesd
gneurs rebelles. I^es prélats s'
s<int avec constance, il les c
d'injures et d'outrages. C'est
blement en cette circonstanc
osa frapper d'un bâton Ratbo
cbeveque de Trèves.Unc telle b
envers un prélat qui jouissait
grande faveur auprès du roi ,
beaucoup à la baine que Swiei
s'était attirée. Le mécontei
étant devenu général , les gra
royaume allèrent trouver le roi
qu'ils proclamèrent roi de Le
à Thiouville. Swientopelk i
contre eur, et ils lui livrcrc
les bords de la Meuse , une 1
sanglanjle , où il périt , le 1 3 ao
G
SWIENTOPEI-K , grand-
Kio>v , Ois aipé .de. Wladi
SWI
,<fpoiisa, vers Tan looo, un
(Bolesks l*^. j roi de Pologne,
princesse fut envoyée en Rus*
r son père , (jui la fit accompa-
lar Reinbom , évèqne de Gol-
3e prâaty joignant une mission
lique à cetle que le prince lui
Mmfiéè; prêcha la foi aux Rus-
rec un zèle héroïque , et voulut
les traces de Brunon et de Bo«
, qui avaient subi le martyre en
pant l'Évangile dans les mêmes
es. Swientopelk , à la prière de
is , son beau-père , racheta le
de Bruuon et Venvoya en Po«
Wladimir - le - Grand s'étant
rti et ayant adopté le rit grec ^
que son fib Swientopelk pra*
la religion romaine , cette dif«
e contribua beaucoup à ai'*
I père contre le fils^ et cdui-ci
fermé avec son épouse et aveo
le Reinbem , dans un fort d'où
sortit qu'après la mort de son
en ICI 5. Son droit d'aînesse
hii faire obtenir la couronno
f; maisFattachement qu'il avait
é pour l'Église latine , et ses
is avec les Polonais , enne*
laturcls des Russes , avaient
i de lui sts sujets. Tous les
se portèrent vers son frère
qui avait été chéri de leur père
imir. Cependant ce frère géué-
cédant aux. lois de la nature j
lut son frère pour son souve=>
Tant de générosité ne put flé-
twicntopelk : peu rassuré par le
éressemcut de son frère, if le fit
>yabiem€nt massacrer ,lui et leur
cadet , appelé Gelb. Cette bar-
eicita l'indignation de tous les
es russes ; et le duc de Nowco-
iroslaw^ s'étant mis en marcne
d'une armée, pour venger lé
re de ses frères j Swientopelk
qiris , battu et forcé de se ré-
XLIV.
SWI
«7»
fegierfnPolofDey oè il alla «nccwe
une foi» implmwr les seeoun àt son
bean-père. Ce monarque ^ stfdiât par
la promesse que loi fit son gendre de
le reconnaître poor sonvemn dn dn-
ché de KioWy se mit de noBYean
en campagne y et vint y à la file d'onp
Îiuissante année, porter k fer et le
eu dans les environs deKiow. Il âiit
près de s'emparer de cette villes
lorsque Temperear Henri l'oUigea ,
Sar une diversion y de revenir pomr
étendre son royaume* La paix ayant
bientât été conclue avec Tempe-
leur , Bokslas se disposa à Cure de
nouveaux efforts en fiiveurde Swîen-
topc&ietles deux princes ne tardb*
rent pas à se diriger encore mie fins
contre la Russes. Avant rBDContrrf
Jarodaw sur les boros du Bog , ib
le mirent en fiiite , et s'emparirelit de
Kiow» Aucun obstacle ne s'opposait
au rétaUissement de Swientopâk; et
ce fat alors q^^ de cono^ avec son
beau-pire^ il dilata Tarchevêque
4e KIow vers Jarosbw pour propo-
ser à ce pnnce de lui renvoyer son
ëpouse, iDle de Boleslas , ainsi que
l'évèque Reinbem. A cette coiidition,
il offrait de rendre la belle-mère | la
femme et les huit sœurs du pnnce
russe , que l'on avait trouvées dans
le couvent de Sainle-Sophie k Kiow.
Swientopelk vojfait avec peme qu'il
n'avait que le titre de grand^uc, h
ville et les places^brles a;|rimt garni-
son polonaise. Devant satislaîrs anx
besoms de cette armée étrangère ,.cC
ne pouvant suffire à toutes les de-
mandes, il mécontenta les Polonais ,
qiûy fiers de leurs succès» se nennei:
taient tous les excès. De là s'éle-
vèrent de vives altercations entre le
beau-père et le gendre.Enfin Boleslas
ayant rassemble son armée^ à un si-
gnal donnrf^la ville deKiow^quele roi
avait |asfae4à épargnée ^ fiit , ainsi
' i8
374 ^swi
qucleseQyiiH>iis,abando»f)cc au pill»'
^c. Bolcslas relounia eu Pulogue avec
son armcc , cuiuicnaut connue otaces
deux sœurs de Swicutopelk, et les
principaux scigucuisdupays, où Ja-
roslaw rcviut aussitôt. Svvienlopelk ,
qui avait pris à sa soide uu cor|)s
iioud)rcux de Pieczingowicus y fut
vaincu , mis eu fuite, et se sauva jus-
qu'à Brzesc sur le Bug , où il fut ac-
cueilli par ie gotivcnieur polonais.
Ayant erre pendant (juelque temps ,
saus oser paraître à la cour de son
beau-père , il succomba sous le poids
de ses malheurs, et mourut dans une
petite ville sur les frontières de la
Bolicme. G — y.
SWIENTOPELK , duc de Bohè-
me, était llls d'Otlun , marquis d'Ol-
mutz, qui mourut eu 1091 , et fut
dépouille' de la succession de sou
jHîre par son oncle Wratislas II ,
roi de Bohème, qui donna le duché
d'OImutz à son fils Brzécislas. Swien-
topelk, cédant à la nécessite, réussit
à se faire accueillir par l'usurpateur
de ses droits , et il l'accompagna
dans ses expéditions contre le prince
Udalric et contre Wladislas Ileriuaii ,
duc de Pologne; mais Borzivoy ayant
refusé de parLiger avec lui les siib5i-
des au\(|uels les Polonais furent sou-
mis, S wicntopelk, indigné, rassem-
bla ses forces en Moravie ( 1 io5), et
s'avança jusqu'à Prague. Cette |)re-
luière tentative ayant échoue , il re-
vint avec de nouvelles forces , se fit
prulamer duc de Bohème , et força
Borzivoy de s'enfuir en Pologne , puis
auprès de l'empereur Henri , qui en-
joignii à Swientopelk de venir lui
rendre compte de sa conduite. Obligé
d'oijéir , le duc fut mis en prison; cl il
n'en sortit qtraj)n-s avoir promis do
payer dix liiilie miucs d'argent. Ar-
riv*' à Prague , ii en envoya sept
mille avec son frère Ottou , qui devait
SWI
rester jusqu'à oe que toute It fomne
fût acquittée. Les causes pobliqiics
étant épuisées , Swientopelk reeoa*
rut aux plus odieuses exactions pour
satisfaire l'empereur ; et un liu lui
étant né , il décida ce prince à le tour
Si I r 1 es fo nts de baptême. Ou conduisit
l'enfant à Bamberg, où il setrouTait:
après la cérémonie , rempereur fit
au père reonisc des trois mule marcs
qu'd devait encore, et il inviu Swien-
topelk à l'accompagner dans une
expédition contre les Hongrois. Le
duc de Bohème s'y distingua; nuis
ayant appris , tandis qu'il ravageait
la Hongrie , que Borzivoy , favorise
par Mutina de la famille des Wen-
zowicz, était entré dans son ducbc,
il se hâta de quitter la Hongiîe,
et forya bientôt Borzivov de se ré-
fugier de nouveau eu Pologne. Mu-
tina fut décapité ; Swientopelk ,
oubliant toute retenue dans sa Tea-
geance , fit mettre à mort les Wcrs-
sowicz, même les enfants qui étaient
à la mamelle. « C'est chose lior
» rible , dit Dubrawski , ont de
» raconter ce qui se passa. Boiée, '
» un des Wcrzovicz , était assis à
9 table avec ses enfants , auand la
» assassins entrèrent chez lui. Oki se
9 jette d'abord sur le fils, ensoile
9 sur le père , dout l'cpouse, eo»
» verte du sang de son mari, tomba
1) évanouie sous la taUe. Tout fol
V pillé. Ensuite on tomba sur les ea-
9 fauts , en disant qu'il fallait tuer
9 les louveteaux aussi bien qpt les
9 loups. Les assassins e'taicnt pajëi:
9 ils recevaient une drachme poork
» meurtre d'un enfant, ou comme ils
9 disaient, pour un louveteau, etdfltt
» drachmes pour un loup. Coopa-
» rant à Hérodc celui qui douait
9 de tels ordres y on croyait voir
9 dans ces horreurs un nouveao^mas^
M saci-c àcs Innocents. Qudqaei-
SWI
Werzowicz échappèrent et se
rërcnt eu Pologne. Cette famille,
tenait de si près à nos princes ,
presque entièrement détruite. »
i de Hongrie, ayant voulu tirer
ance des ravages que Swiento-
ivait commis dans son royau-
întra dans la Moravie pour la
ter.Swicntopelk alla au-devant
t , après l'avoir force de s'e'loi-
pcnètra dans le royaume de
rie, qu'il ravagea de nouveau,
t ainsi porte au loin la terreur
n nom , il rentra en Bohème
é de Lutin. La même année
)), il suivit Tempereur Henri
jne expcdilii'u contre les Polo-
Ayant perdu , au siège d'un fort
é (iéra , un de ses généraux ,
Il chérissait la valeur , il lit dé-
le fort , sans y laisser pierre
ierre. De là il s'avança , avec
ereur , contre la ville de Glogau.
liabitauts , découragés par un
iiégc et [)ar des attaques qui se
daient jour et nuit, députèrent
S\vientope!k aiîn d'obtenir, par
ntervention , une trêve de cinq
, promettant de se rendre, si
ce délai ils n'étaient point se-
is. Pendant ce temps un des
izovicz dressa des embûches à
iitopelk. Comme ce prince sou-
ivec l'empeieiir , un assassin se
it aux soldats de sa garde , et
Li'il eut quitté la tente impériale,
ça sur lui un trait (pu le fraj)pa
les épaules avec une telle vio-
, que le prince expira sur-le-
ip ( 21 septembre 1 109). L'as-
1 s'eclia])pa , selon les uns, par
esse de son cheval ; seloivd'au-
il fut mis (Il pièces parla garde
ince. Les trou[)es bohémiennes,
lies dans h-ur pays , déposè-
e cori»s(Ic \vuv dijc dans un mo-
re qu'il avait fond,'. G — y.
SWI 275
s WIENTOPELK ^^ , duc de Po-
mëranic , obtint ce titre , au commcxh
cement du douzième siècle , des rois
de Pologne , et se de'darant indé-
pendant , refusa bientôt de payer le
tribut auquel il s'était engage'. Atta-
qué parBoleslas Ki'zywousty, et mis
en flûte , il se jeta dans la ville de
Nackel , où il soutint un siège de trois
mois. Étant sorti par capitulation ,
il remit une somme considérable,
(it de nouveaux serments , donna
son iiJs en otage, et fut confirme'
dans sa dignité ( 11 19). L'année
suivante, Boleslas fut obligé de faire
une seconde campagne pour punir
une nouvelle révolte. Les Poméra-
niens ayant été vaincus près de Brom-
bei-g , Swientopelk se jeta de nou-
veau dans Nackel, dont il avait répa-
ré les fortifications. H fallut former
un siège régulier. Trois fois les assié-
gés réussirent à mettre le feu aux
tours. Enfin Boleslas étant maître
des murs y la garnison , qu'il mena-
çait de passer au fil de Tépée , livra
sod chef Swientopelk , qui fut em-
mené en Pologne , et renfermé pour
le reste de ses ] ours. G — y.
SWIENTOPELK II , duc de Po-
méranie , était slave de nation. At-
taché par alliance à la famille ré-
gnante de Pologne , il fut nommé ^
en 1 9. 1 "^ y par le prince Leszko , gou-
verneur de la Poméranie^ avec obli-
gation de lui payer annuellement une
somme de mille marcs d'argent. Peu
de temps après son installation , les
habitants de la Prusse orientale , en-
core [la'iens et barbares , s'étant je-
tés sur les provinces septentrionales
de la Pologne et sur la Poméranie ,
les habitants de cette dernière pro-
vince lui ollrirent le titre de duc, es-
pérant de lui une protection plus effi-
cace que des princes polonais^ tou-
jours désunis entre eux. Sv\^lentopeIk,
18..
a^O
SWI
((iiî ne se croyait pas encore on me-
sure de satisfaire ses projets ambi-
tieux, rtfpondic à celte ollir, qu'il se
contentait de ]»oi'ter le nom de gou-
verneur ; et continuant de gouverner
le duché' (pie les Danois avaient de'-
vasle, il y rétablit Tordre et Ta-
Londance.-mais pendant ce temps, il
fomentait en secret des divisions
parmi les princes polonais. Ayant
donne' sa sa'ur en mariage à Wla-
dislas Odonicz, il fournit des trou-
pes h ce ])rince , pouf faire des
mcursions sur les domaines de Wla-
dislas Laskonogi , son oncle , avec
lequel il était en guerre. Odunicz
ayant rejuis ses domaines, Swien-
topelk, lier de Taccroissemait que
])renait son pouvoir , demanda à
Jjcszko le titre de duc au lieu de celui
de gouverneur. Le prince ayant pris
du temps pour délibérer , Swicnto-
pelk refusa d'envoyer le tribut au-
quel il s'était obligé. I^>szko indiqua
pour le jour do la Saint Martin
( lati-j ) nue dicte à Gonzawa , près
de Zyn ; et il y invita les princes de
la famille royale, ainsi que Swienlo-
])elk. Celui ci ])romit d'abord de s'y
rendre ; mais ce fut seulement le 1 4 no-
vembre, que, d'intelligence avccOdo-
niez , il entra dans la ville k la tête
d'une troupe nombreuse , surj)rit I-.es-
koctllenri de Hrcslau au bain , tua le
premier de sa jiropre main , et pour-
suivi 1 1 lenri, cpii fut bles.s<' da iigereusc-
meut et iransporté à Breslau. Après
cette horrible trahison, Swienlopelk
se fit proclamer duc , et porta le ra-
vage en Pologne. Ayant réuni ses ar-
mes à celics (les chevaliers de Tordre
tcutoniqne qui venaieul de s'établir à
Ciilm , il s'empara de jïlusieurs for-
teresses. jAIais considérant ensuite que
les chevaliers avaient soumis pres-
que toute la Prusse orientale , qu'ils
y ct.ibli^saicut des places fortes ,
SWI
et qu'ils y organisaient leur gou-
vernement, il commença à redoutar
le Voisinage de ces guerriers entre-
prenants , d'autant plus que tous les
jours il leur arrivait des renforts de
la Saxe , de la Bohème et de TAlIe-
magne : il craignit qu*après avoir
ailérmi leur puissance , ils ne cher-
chassent à le punir de ses crimes et
à ^ enger les insultes et les torts qu'il
avait faits à la Pologne. D'après ces
considérations , il se lia secrètement
avec les habitants de la Rnisse, leur
promettant secours pour chasser les
chevaliers y et recouvrer leur indé-
pendauce. IjCS hab2ta^ts^ rassemblés
au signal donné ^ se répandirent de-
i)uis la Warmie jusqu aux côtes de
la mer Baltique , détruisant les villes
qui se trouvaient sur leur passage, et
massacrant sans pitié les habitants
( 19.43). Balga et Elbing furent les
seules places qui rcsistcreoL Ce fut
alors (pi'un légat , envoyé' par le pape
pour régler les nouveaux ëyechës
que les chevaliers avaient érigés dans
la Prusse, exhorta Swientopelkàla
paix. Celui-ci , sans rien écouter, se
répandit dans le Palatinat , dont il
s'empara , h l'exception de Thom ,
Culm et Raszyn. Les chevaliers per-
dirent y en cette occasion , plus de
cinq mille hommes, sans compter
les trou]>es étrangères qui c'taient ve-
nues k leur secours. Les habitants
furent massa ci'és ou menés en escla-
vage , et les chevaliers furent dans
une telle épouvante , qu'ils se dispo-
saient à évacuer la Prusse. De Gnlm,
Swientopelk se jeta sur la Masovie;
Plock, capitale du duché, fut incen-
diée et ses églises pillées. A cette nou-
velle , Grégoire IX fit prêcher, en
Allemagne et en Pologne , une croi-
sade contre S\N ientopelk ; et deux
princes polonais s'ctant re'imis aux
chevaliers , on commença une nou-
SWI
[Tdmpagnc en surprenant Zar-
;. Svvientopclk étant accouru
•éprendre cette place , fut de-
mis en fuite. Après aToir rc-
V^yvzogrod et Nakel , les cho-
i pénétrèrent dans le cœur de
ne'ranie , ravageant la Cassubie
à Oliva et Dantzig. Swiento»
'adressa an Icgat du pape y
landa la paix. 11 promit avec
at et par écrit, qu'il n'aurait
e relation aycc les habitants de
sse , qu'il enverrait contre eux
cours si les chevaliers en, dé-
lient; il donna pour otages son
aé , et deux de ses gcnc'raux.
cet homme turbulent et sans
; pensait qu'à profiter de la
cre occasion ne rompre ses
Qts. Ayant étendu sa ligue y et
it fait entrer les habitants de
luianie occidentale avec ceux
Prusse , il se jeta de nouveau
Palâtinat de Culm ^ et mit en
îs chevaliers qui voulaient Tar-
Gomme il tenta , mais inutile-
de délivrer son fils et ses aa-
ages , on les transporta en An-
, 11 s'empara de Swiécie , qu'il
i pour être maître de la Vistule.
m, grand-maître de l'ordre,
sit de ces événements Iimocent
, ayant envoyé un légat en Prus-
ivit à Swientopelk des lettres
ante.« : « Vous avez osé, lui
I , prendre les armes contre les
;ieux hospitaliers et contre les
rins ; vous vous êtes emparé de
rées sur lesquelles vous n'avez
in droit , puisqu'elles dépen-
du siège apostolique. Prenez-
rdc, vous attirerez sur vous la
:e de Dieu et celle du Saiut-
e. On dit que déjà, depuis huit
vous êtes excommunié pour
trribles impiétés ^ et que vous
; moquez des ordres qui
SWI 277
» vous Mïil donnés par l'Église. Con-
» vertisscz-vous : smon nous procé-
» derons contre vous avec la plus
» grande sévérité ( ia45). » Le pape
écrivit daas le même sens à Tarche-
vêque de Gnesne , et à ses suifra-
gants. « Swientopelk , qui se dit
i> faussement chrétien , abuse de ce
» nom^ Afin qu'il ne puisse pas d'à-
» vantage se glorifier d'écraser im-
» punément les fidèles, nous vous
» mandons de l'avertir. Si dans
9 quinze jours, après avoir reçu nos
» lettres , il ne se désiste point de ses
9 violences . excommuniez-le , lui et
» ses complices , et iipplorez contre
» lui l'autorité séculière. » Swiento-
Î)elk méprisant toutes ces menaces,
e légat apostolique, dont il avait
aussi repoussé les représentations,
Srécha la croisade contre lui , pen-
ant que les dominicains ^ dans les
diocèses de la Saxe , exhortaient les
fidèles k prendre les armes pour le
même sujet. Les chevaliers ayant
reçu des renforts de l'Allemagne , et
Swientopelk ayant étédéfait, il écou-
ta enfin les représentations du lé-
gat, et la paix fîit conclue aux pre-
mières conditions ( 1^4^ )? ^^i^
les croisés refusèrent de rendre les
otages de Swientopelk. Au mépris de
cette paix , Henri , troisième grand-
maître des chevaliers, s'empara d'une
forteresse appartenant aivx Poméra-
meuSé Swientopelk reprit la place
d'assaut, passa la garnison au fil
ae l'épée, mit en fuite les troupes des
chevaliers, et ravagea la contrée se-
lon sa coutume. Un légat, envoyé par
le pape ^ réussit à concilier les deux
partis , et les chevaliers rendirent à
Swientopelk son fils avec les autres
otages ( ia4^)* Celui-ci tint, à la
vérité , ses derniers arrangements
avec ses chevaliers 5 mais n'ayant
remis qu'avec peine Nackcl à la Pq-
'J78 swi
logne , il fit enlever cette place p»ir
son (ils ' et les priiircs polonais qni
vinrent pour la rejv. cndrc furent re-
pousses avec perte (i'>.55). Swiento-
pelk eut encore des diflcrcnds frvec
Warcislas ^ duc de la Pomcranie oc-
cidentale , et il se jeta sur les terres
de son voisin. Les cvcques de Gamin
et de Cujavie ayant pris parti pour
Warcislas , leurs terres fînent rava-
gées , et Tim d'eux fut sur le point
d'être fait prisonnier par les Ponie-
raniens ( i'^Sq). Ce fut ainsi que
pendant près de cinquante ans , cet
tiomme, aussi ambitieux que féroce ,
fut la terreur de ses voisins. Il mou-
rut à Dantzig , et fut enterre dans le
couvent d'Oliva en i '206. On croit
que. dans ses derniers moments, il té-
moigna un vif regret de l'assassinat
du prince I^szko. Ses deux fils par-
tagèrent entre eux le duclie' , (jui ne
tarda pas d'être envahi par les clio-
valiers teutoniqurs. G — y.
SWIENTOSLAS ou SWIEN-
TOSLAW , grand duc de Russie ,
petit-fils d'Olcg, succéda , en 94^ 1 •'*
son père Igor, qui avait ctc mis à
mort par lesDrzevIiens révoltes. La
princesse Olga , qui s'empara de la
régence pour son fils S\%ientoslas ,
encore enfant , vengea d'une manière
éclatante la mort de son époux ( P^.
Olga ). Ayant embrassé le christia-
nisme , elle fit inutilement tous ses
efforts pour porter son fils à imiter
son exemple. Swientoslas, lorsqu'il
eut atteint sa majorité, pensa moins
à gouverner le grand duché qu'à at-
taquer ses voisms et k se signaler
par ses exploits militaires. Afin de
s'habituer aux fatigues de la guerre,
il avait mené, dès i?on enfance, une
vie très-dure. Il ne mangeait que de
la chair de cheval ou des bêtes sau-
vages , qu'il faisait lui-même rolir
sur des charbons. N'ayant ni teule
SWI
ni équipage, il passait la nuit cv
plein air , couclic sur la coiivcrlure
de son cheval ^ et la tête appnyée sur
sa selle. Sa mère ayant inutilement
tenté de le retenir à Kiow , il s'avan-
ça vers les rives du Don , de TOka
et du Volga. Après avoir soumis les
Wiatitches, il tourna ses armes coih
tre le khan des Khozars. L'ayanf
battu , il prit Bielovège ou Sarkd ,
ville fortifiée par des ingénieurs
grecs. De là il conquit les contrées
situées entre l'embouchure du Volga
et celle du Don; ainsi il pouvait aisé-
ment, par la mer Noire et le Dnie-
per, établir ses communications en-
tre Tmoutorokan et Kiow. II ne
tarda pas à trouver l'occasion d'u-
ne conquête encore phis importante.
L'empereur grec Nicéphore Phocas
étant mécontent de Pierre, roi des
Bulgares, engagea , en 967 , Svrien-
loslaw à déclarer la guerre à ce
prince. On ne pouvait faire au grand
duc une proposition plus agréable.
Ayant reçu de Consfantinople une
somme considérable comme subside,
il parut bientôt sur le Danube avec
une armée de 60,000 hommes. lies
Buigarr^s , après de vains efTorts ,
furent mis eu fuite; leurs villes se sou-
mirent au vainqueur, et lair roi suc-
comba sous le poids de ses malheurs.
Swientoslaw se voyant maître de
l'ancienne Mésie, s'abandonnait à ses
plaisirs dans Péréyaslawelz , que les
au leurs byzantins appellent la cran-
dé Péréiasiaw ; mais les PetcTiéii^
gués ou Pieczyngowiens , profitant
de son absence , avaient ose ( en
968 ) , pour la première fois, at-
taquer la Russie ; s'étaut avancés
jusqu'à Kiow, ils y renfcrmcmit
Olga avec ses petits-fils. Les habi-
tants , réduits au désespoir, parlaient
déjà de se rendre , lorsque les Piec-
zyngowiens furent attaqua inopiné-
SWI
ment par un gënëral nisse appelé
Prititcn , qui avait rassemblé un fai-
ble corps ne troupes. Les barbares
s'enfuirent^ croyant voir Svsientos-
law tomber sur eux , et la ville fut
délivrée. Olga s'empressa d'avertir
Swientoslaw , qui , étant accouru ,
repoussa ces étrangers et les éloigna
de ses f routières. Le calme et la paix
étaient rétablis dans le grand-duché,
Swientoslaw n'avait qu'a rendre ses
sujets heureux : mais ses vœux le
portaient sans cesse vers les rives du
Danube. On peut voir, à l'article
Olga f combien ce projet contraria
les desseins de cette princesse. Lors-
qu'elle eut fermé les yeux, Swientos-
law, n'y voyant plus d'obstacles, ré-
solut de transférer le siège de son
empire sur les bords du Danube, où,
sans doute, la civilisation était plus
avancée que sur les bords du Dnie-
per. Avant d'entrer en campagne
(070), il donna le gouvernement de
Kiow à son fils aine Yaropolk ; à
CMeg , son second (ils, la Drzewfanie
ou le pays des Drzewiiens, et il en-
voya , pour gouverner à No wgorod,
im troisième fils appelé Wladimir,
issu d'une union illégitime avec une
concubine appelée Maloucha. C'est
ce dernier prince qui gouverna en-
suite la Russie avec tant de gloire,
sous le nom de Wladimir-Ie-Graiid
(f^qy^. Wladimir). Après avoir pris
ces mesures, Swientoslaw se mit en
marche vers la Bulgarie. Étant arrive
près de Pére'iaslawetz , il se vit tout-
à-coup attaqué par une armée nom-
breuse. Un combat long et sanglant
s'engagea ; la victoire penchait pour
les Bulgares , quand Swientoslaw
s'écria : « Mourons, amis, mouronsj
» mais mourons en braves î » A ces
? ►a rôles, les Russes redoublent d'ef-
orls; les Bulgares cèdent , et la ville
de Péréyoslavetz est prise d'assaut.
SWI . 270
Swienfbslaw résolut d'y fixer son
séjour; cependant il permit à Bo-
ris , fils du dernier roi , de porter
les insignes de la dignité royale.
Alors les Grecs commencèrent à re-
connaître la faute qu'ils avaient com-
mise eu attirant les Russes sur les
bords du Danube. Jean Zimiscès,
empereur d'Orient , somma Swien-
toslaw d'évacuer la Bulgarie , ainsi
qu'il en était convenu avec l'empe-
reur Nicéphore. Le grand-duc répon-
dit fièrement que bientôt il serait à
Gonstantinople , et qu'il rejèterait les
Grecs en Asie. On se prépara , de part
et d'autre, à combattre. Les histo-
riens russes ne sont point d'accord
avec les bizantins sur \cs événements
de cette guerre; mais ce qui est
certain , c'est que le grana - duc
ayant réuni aux Russes les Bul-
gares, les Hongrois et Piéczyngo-
wiens , alors ses alliés , entra dans
la Thrace qu'il ravagea jusqu'à An-
drinople ; après des combats san-
glants , il retourna dans la Bulgarie.
Gela se pas<sait en 9^0 ; l'année sui-
vante, Zimiscès entra dans la Thrace ,
après avoir envoyé une flotte qm
devait se tenir à l'meboucbure du
Danul>e , pour intercepter les com-
munications des liasses avec Kiow.
\)es ambassadeurs russes s'étant pré-
sentés ", il \cs fit conduire dans son
camp , et leur permit de retourner
vers leur chef. Laissant derrière lui
le gros de son armée , il arriva à
l 'improviste sous les murs de Péréyas-
lavvctz. Les Russes , qui occupaient
cette ville , se défendirent avec cou-
rage; mais malgré leurs efforts, )a
ville fut prise d'assaut ; et ZimLscès
s'avança contre Swientoslaw. Les
deux chefs se rencontrèrent dans les
environs de Dorostol, aujourd'hui
Silistria. Après un combat opiniâtre,
Swientoslaw fut obligé de se iTlu^icr
a8o
SWI
dansDorostol.Tja (lotte grecque étant
arrivée , la ville fut cernée do toutes
parts, et aprbs un siège de deux mois ,
considérant qu'il ne lui restait qu'un
Eetit nombre de braves, la plupart
lesscs comme il Tétait lui-même,
Swicntoslaw se décida enfin à de-
mander la paix. Tliéophane, au nom
de Zimiscès, et Sweneld, au nom de
Swieutoslaw , signèrent le traité sui-
vant : a Au mois de juillet, indiction
» nv. Tan (du monde) (>4'79, moi
9 Swientoslaw, prince de Russie, fais
« serment de vivre jusqu'à la fm do
» ma vie en paix et bonne intelligence
» avec vous, Zimiscès, grand empo*
» reur des Grecs , avec vous Boris et
V Constantin , empereurs très-chr^
» tiens, ainsi qu'avec tous vos peuples,
» promettant , du nom de tous les
V Russes , boyaids et autres , me»
9 sujets^ de ne jamais rien entre-
» prendre contre vous > de ne jamais
V conduire mon arméo ni celle de»
V étrangers dansla Grèce, la province
» de Cherson et la Bulgarie* S'il ar-
« rivait qua d'autres ennemis mar*
« chassent Contre la Grèce, je me
9 déclarerais contre eux et les com-
» battrais. Si moi et mes sujets man-
3 quions à remplir ces condition»
• fondées sur la justice, puissions-
9 nous devenir l'objet delà malédic-
n tiou des dieux que nous adorons.
9 Quenous soyons alors jaunes com-
9 me de l'or, et que nous périssions
» par nos propres armes. » Une entre-
vue eut lieu sur les bords du Danube.
L'empereur, entouré de ses ccuycrs,
couverts d'armures en or , s'y ren-
dit à cheval ; Swicntoslaw , vêtu d'un
simple habit blanc , arriva dans luie
banpie, qu'il conduisait lui-même.
Les (irocs, eu le voyant , furent frap-
pés d'admiration. 11 était , disent-ils ,
d'une taille moyenne et assez bien
fait; il avait la poitrine large, le cou
SWI
gros, les jeux bleus, les sourcils épais,
le nez aplati , de longues moustaches^
peu de barbe , et sur la tête une me- •
che de cheveux comme marmie de
sa haute extraction. A une de ses
oreilles pendait un anneau d'or orné
de deux perles et d'un rubis; sa phy-
sionomie était sombre et faroacne. Il
resta assis dans sa barque , j laissant
venir l'empereur qui descenait de che-
val. Après s'être entretenus quelqoè
temps , les deux princes se separèreot
bons amis. Swicntoslaw s'etant em-
barqué avec une armée faible, et ha-
rassée de fatigue , reprît le chemin
de Kiov7^ en s'embarquant sur le Da-
nube et côtoyant la mer Noire. D'a-
f)rës Nestor, les habitants de Péreyas-
avet£ ayant fait connaître aux Pie- ,
Czyngowieus que Swientoshiw retour
nait à Kiow chargé d'un butin immen-
se etsuivi d'unfaible corp»de troupes ,
ces peuples se hâtèrent d'aller occa-
per les cataractes du Dnieper, pour
y attendre les Russes à leur passagCi
A cette nouvelle , Sweneld , ce saee
capitaine, qui avait déjà commanfe
sous OIeg et Igor, conseilla à Swicn-
toslaw d abandonner ses barques, et
de faire par terre le tour des écuâb.
Le prince, rejetant ce conseil, s'obs-
tina à passer l'hiver à Bielobërège,t
l'embouchure du Dnieper , oii les
Russes eurent beaucoup a soufirir de
la faim. Au retour du printemps ,
Swicntoslaw, qui avait mutilemcnt
attendu des renforts de Kiow, se mit
en marche avec un petit nombre de
braves. Attaqué par les Piéczyn|0-
wiens , il périt sans gloire. Kouru ,
le chef de ces barbares, hii trancha
lui-même la tête , et depuis il se ser-
vit de son crâne comme d'une coupe.
Quelques Russes, commandes par le
brave Sweneld , échappèrent au car-
nage et revinrent à Kiow, apportant
ces tristes nouvelles (an 973). ^
/
SWI
SWI
361
ENTOSLAS , duc de Now-
;l de Tchemigow , Tim des
*s princes qui aient gouverné
ie , vivait au douzième siècle.
»lod^ duc de Nowgorod, son
yant été arrêté par ses sujets
» y et enfermé avec sa femme
ifants, Swientoslas, qui avait
principauté de Tchemigow ,
lue de Nowgorod à sa place f
»n premier mouvement fut de
"Wzéwolod en liberté. Celui-*
; devenu grand- duc et souve-*
: la Russie , après la mort de
k ( 1 1 39 ) ^ bwientoslas fut
! gouverneur de KioW, pen*
le le eraud-duc portait la guer»
valliae. A la mort de ce priu"
ientoslas contribua beaucoup
monter son frère Igor sur le
ie Russie. Les habitants de
, qui, du vivant du dernier
ivaient déjà prêté serment à
se rassemblèrent tumultueuse-
après avoir assisté aux funé-
de Wzéwolod. Swientoslas
seul au milieu d*eux^ et leur
ida ce qu'ils desiraient : a I^a
ce, s'écrièrent - ils. Les juges
mes par Wzéwolod ont op-
léles faibles. Jurez, pour vous
3tre frère y que vous serez vous-
les nos juges , ou aue vous vous
z remplacer par aes seigneurs
les et intègres. » Swientoslas
te promesse solennellement; il
idit de cheval y et baisa le crn-
ivec respect. Tandis qu'il était
e avec son frère, la populace
t jetée sur la maison d'un de ces
iniques, pour la piller, il y cou-
rétablit l'ordre. Le prince Isias-
étant ensuite révolté contre le
-duc , Igor fut mis en fuite , et
i entre les mains du vainqueur,
nferma dans un couvent ( 1 1 46).
lioslâs y son frère y réunit une
partie des troupes dispersées, et se
retira à Nowgorod Severski. Isias-
law étant monté sur le trône de Rus-
sie , proposa à Swientoslas d'aban-
donner son frère Igor, et lui offrit ,
à cette condition , d'augmenter son
apanage t a Prenez plutôt tout ce que
• je possède , répondit cet excellent
f» prmce ; mais rendez la liberté à
> mon frère. » Ne pouvant rien ob-
tenir par ses prières , il fit , de concert
avec d'autres princes , des prépara-
tifs pour aller délivrer Igor : mais il
ne fut point heureux dan^ ses eSbrts,
et, par suite de ses revers, ses pro-
pres domaines furent livrés au pilla-
ge. Se voyant vivement poursmvi , il
se retira , avec sa femme et ses en-
fants, dans une épaisse foret. Ne pre-
nant conseil que ae son courage et de
son désespoir, il mit en fuite un corps
de cavalerie nombreux, et pénétra
jusqu'à Moscou. Le prince de Souz-
dal l'accueiUt et lui donna une fête
somptueuse ( 1 1 4t )• C'est la premiè-
re fois que , dans les Annales russes ,
il est question de cette ville, qui fut
plus tard la capitale de l'empire. Le
grand-duc Isiaslaw étant occupé à la
guerre , les habitants de Kiow se je-
tèrent sur le couvent où le dernier
grand-duc Igor était enfermé; et ils
fui ôtèrent la vie. Son frère Swien-
toslas, au désespoir, jura qu'il ven-
gerait cet attentat ; et dès-lors toutes
les passions rendirent la guerre de
plus en plus acharnée. Les traités de
paix ne furent que des trêves bien-
tôt suivies d'hostilités encore pliis
cruelles. Swientoslas avait de tout
temps été lié avec le prince George ,
surnommé Longue - Main ou Dolgo-
rouki , qui mourut après un règne de
trois ans. Son successeur lui offrit
d'agrandir son apanage , s'il voulait
réunir ses efforts aux siens : « Nous
» sommes parents, répondit Swicn-
a82
SWI
n to8la8,poarqnoi chercherions-iiotis
* k nous mûre? comment oserais- je
» accepter des préientsnoiir prendre
7> les armes contre mes frères 7 » Ros-
tislaw y ëfevé siir le trône de Russie ,
avait e'té jusque-là l'ennemi déclare
de Swicntoslas. Celui - ci le de'sarma
par le don d'une panthère et de che-
vaux richement narnachcs. La paix
fut conclue entre les deux princes ;
et ils réunirent leurs forces pour pro-
téger les frontières méridionales de
l'empire contre des brigands qui dé-
vastaient les cotes de la mer Noire ,
les rives du Danube, et s'étaient mê-
me emparés d'Olescbie, célèbre pla-
ce de commerce, située k l'cmbou-
chure du Dnieper. Les deux princes
attaquèrent de concert ces barbares:
ils les mirent en fuite, et reprirent
les prisonniers et le butin qu'ils avaient
enlevés. Ils rejetèrent de même au-
delà des frontièr&s les Polowitks^ qui
ravageaient les rives occidentales du
Dnieper. I^a mort de Swicntoslas
fut une calamité pour la Russie mé-
ridionale. Son fils aîné OIeg lui suc-
céda à Tchcmigow; et son neveu
Swicntoslas , fils de 'Wzévolod, eut
Nowgorod Seversky; ce qui fut une
nouvelle source de dissensions et de
guerres civiles. G — T.
SWIERCKOWSKI , général de
cosaques , se distingua dans la guerre
qui éclata en Moldavie et en Vala-
khie, entre le palatin Iwon ou Juo-
uia^et le sulthan Sélim. Le premier,
voulant soustraire sa principauté au
joug des Turcs, appela les cosaques
à son secours ( i574)« A. leur arrivée,
il donna aux chefs un grand repas ;
et, au dessert, il fit présenter à cha-
cun d'eux nn plat couvert de pièces
d'or. Tous l'assurèrent de leur dé-
vouement jusqu'à la mort; et Swierc-
kowski fut le premier qui prêta ce
serment. Selim , instruit de œtlc dé-
SWI
fection, fit marcher cent mille bom-
mes contre Iwon. Swierckowslu^ qui
était à l'avant - garde avec ses cosr-
ques et six mille Moldaves , tomfas
inopinément sur Fennemi, le mit et
désordre ; et Iwon ayant donné de
son côté, on en fit on td carnage,
qucplus de cinquante mille Valaqna
et Turcs restèrent sur le champ it
bataille. De là on marcha sur dtû*
low, qui fut pris d'assaut. Les Tara
s'étant mis en marche pour seconrif-
la ville, Swierckowski les surprit et
les tailla en pièces. Iwon , instruit de
ces succès, vint joindre Swierckows-
ki. On marcha contre Teliinte, qoe
l'on emporta : tout y fat passé an fil
de l'épée. Bialogrod éprouva le mê*
me sort. Swierckowski , qui était tou-
jours en avant, se plaçait an cen-
tre avec ses cosaques armés de citar
bines . Il avait à sa droite les archcn^
et à sa gauche les cuirassiers. Apm
nant qu'un corps de Turcs et de xtf^
tares se gardait mal , il tomba sor cit
et les tailla en pièces. On ne fit qw
deux cents pnsonniers , qui foienl
tués à coups de faux après le con-
bat. Le chef de l'armée tur^e, qâ
s'y trouvait , offrit en vain , ponr it
ra jçon , deux fois son pesant en ar ,
trois fois en argent et une fois en pief'
rerics. Après 1 avoir gardé quelqaa
jours, pour apprendre de lui ce qifm
desirait savoir , il fut mis en picccs.
Sélim , effrayé par ces revers , fit as-
sembler une armée formidable , doal
le commandant en chef Tint k boit
de corrompre ZamicwicEf nn ds
généraux d Iwon. Au moment ék b
bataille allait s'engager , le traître ■
jeta du côté des Turcs , et décida h
victoire en leur faveur. Swierckowlii
et Iwon ne perdirent point coaragei
ils se retirèrent dans leur camp, aicc
vingt mille hommes qui lenr resuiedt
Iwon se ivndit à*des conditioBS Imt-
SWI
B. qne Tennemi jnra sept fois
drapeaux ; mais ces serments
observés à Ja manière des
ils mirent Iwou en pièces,
tcnle même de leur général ;
les prisonniers furent aussi la-
it égorgés. Swierckowski , à
ie ses cosaques , voulut se fai-
à travers les bataillons enne-
lais il tomba percé de coups y
i pu trouver la mort qu'il cher-
et il fut fait prisonnier, avec
lommes, qui seuls restaient de
i braves soldats. Ce fut en vain
Turcs employèrent les mena-
les promesses pour leur faire
r la foi chrétienne. Ils se vi^-
înt au poids de Top. Quand les
es de Swierckowski le permi-
n le transporta à Constantino-
ou il s'échappa et revint trou-
siens. Il jura entre leurs mains
rerait vengeance des Turcs, et
role , en répandant encore, pen-
lusieurs années, la terreur et la
ur les cotes de la mer Noire.
G— Y.
lETEN. y. VAN-swiETEn.
IFT ( Jonathan 1, surnommé
oltaire le Rabelais de TAngle-
naquit à Cashel , dans le comté
>])erai'y en Irlande, le 3o no-
e iGh-j.Sa famille était ancien-
lais pauvre. Quelques biogra-
abusant de ce qu'il était enfant
ime, et de ce que sir William
le lui témoigna toujours beau-
l'intérét, Tonl représenté com-
5 de cet homme célèbre; mais
ivéré que sir William Temple
depuis plus de deux ans, en
>saae sur le continent, quand le
Swift vint au monde. Dès qu'il
teint sa quatorzième année, sa
l'envoya au collège de la Tri-
1 Dubmi. Après y avoir consà-
latre ans à des lectures étran-
SWI
a83
gères à ses ëtades et g'étre montnf
mi asses mauvais écolier, souyent
puni par ses maîtres et rossé pair
ses camarades , il passa k Funi-
versité de la même ville, où il fit un
meilleur emploi de son temps. Ce fat
cependant alors qu'il jeta sur le pa-
pier Tesquisse de son fameux Conte'
du tonneau ( Taie of a Tub) (i).
Lorsqu'il sortit de l'miiyersité , sa
mère fui conseilla de passer en An-
gleterre , et de recourir à la proteo- ,_
tien de sir William Temple, dont
die était parente. Sir William ac-
cueillit parfaitement le jeune Irlan-
dais ; et ce fut en copiant les Mé«
moires de ce grand bomme d'état,
que le jeune Swift conçut ses pre-
mières idées politiques. Temple le
présenta au roi Guillaume 111 , qui
l'honorait souvent de sa visite ,
dans sa terre de Sheen. Ce prin>
ce coûta tellement la conversation
de Swift , qu'il le prenait pour comr
pagnon ordinaire ae ses promenades.
Swift aimait à raconter que le mo^
Krarque lui avait appris à cultiver les-
asperges à la manière hollandaise.
Guillaume lui offrit une compagnie
de cavalerie, qu'il refusa , en disant
qu'il se sentait plus de goût pour l'é-
tat ecclésiastique. Il entra en effet
dans les ordres. Lord Capel , vice-roi
d'Irlande , lui donna la prel>ende de
Kilroot; mais sir William Temple
l'engagea si instamment k revenir
partager sa retraite , qu'il r&igna sou
bénéfice , et repassa en Angleterre. Il
se flattait d'y en obtenir de bien plus
considérables : mais son protecteur
mourut ; et le roi parut l'avoir entiè-
rement oublié. Il prit alors le parti
(i) C'est K>a« ce titre que cet ouTrege est grn^
relem'iut désigné en France , perce que le tredoo-
tenr l'a rendu mot h toot. Mail il est bon de saToir
qne par TmU ofm Taft» les Aoileis entendent ce
qne nons entendons pur Cont9 oUm , Conté dt ma
intr» Voit.
!i84 SWI
de retourner en Irlande, et parvint
enfin k s'y faire nommer doyen de
Saint-Patrick , titre sous lequel il est
souvent désigné par les écrivains an-
glais. Pendant son séjour chez sir
William Temple, il s'était secrète-
ment épris des charmes de la fille de
Johnson , son intendant. C'est cette
i'eune et belle personne qu'il a célé-
brée sous le nom de SteUa. Il la dé-
termina à venir le joindre en Irlande.
Quelle que fût sa passion pour elle j il
ne s'écarta jamais, dans sa conduite
k son égard, des règles de la décence
la plus sévère. Quoique élevé dans les
pnnci[>es des Whigs, il écrivit en
faveur du gouvernement. Les minis-
tres de la reine Anne lui témoignèrent
le désir de le voir. 11 fut si bien ac-
cueilli par les lords Oxford et Boling-
broke , qu'il fit plusieurs voyages à
Londres. Il y dînait habituellement
avec eux et d'autres membres du mi-
nistère, en petit comité. Cette familia*
rite le rendit tellement suspect au par-
ti de l'opposition, qu'il eut plusieurs
fois rhoniicur d'être dénoncé an par-
lement comme l'ame du conseil pri-
vé. Sa correspondance avec sa chère
Stella , qui a été conservée , prouve
clFectivement que Swift exerçait une
haute influence sur les mesures du
ministère. Sa fortune n'en devint ce-
pendant pas beaucoup plus brillante.
Ija reine Anne le flatta un instant de
l'espoir d'un évcclié ; mais cette prin-
cesse, ayant entendu décrier les opi-
nions religieuses du doyen doSaiut-Pa-
trick , ne voulut plus qu'on lui parlât
de lui. Swift prit le parti de retourner
en Iriande.Son doycunélui rapportant
plus de mille livres sterling, il cher-
clia dans les plaisirs delà société et de
la fable , à se consoler de la nullité
jïolititjue où il était tombé. Stella con-
liiniait à faire les honneurs de sa mai-
sou , quoiqu'il crut toujours devoir
SWI
an décorum de la tenir dans me ha-
bitation ^séparée. Au bout de soie
ans , il se résolut enfin à répoonr.
Le mariage fut béni par réveqneile
Clocher ; mais ce qui est resté incoB-
préhensible jusqu'à ce jour , c'est qM
Swift , en prenant Stella pour sa *
me y ne cessa pas de la traiter
loi^squ'elle n'était encore queson
Leur union ^ a dit un écrivain Ai
temps , était toute platonique* Col
à cette époque qu'eut l}ea ou
aventure amoureuse ^ où le doja
se montra non moins bizarre qoe
dans ses relations avec Stella. U
avait fait, k Londres, la coimaif-
sance d'une jeune hollandaise noa-
mée Elsther Van Homrigh , qu'A a
célébrée dans un de ses poèmes, soa
le nom de Fanessa. Gnannée d'a-
bord de l'esprit de Swift , Esikr
devint bientôt tellement éprise de a
personne, qu'elle lui proposa deFë»
pouser. Il éluda ses offres par da
plaisanteries; elle le suiyit néannuâi
en Irlande, et il lui rendait des m-
tes assidues : mais dès qu'il s'apoçrt
q^u'elle voulait renouveler ses pnps-
suions de mariage, il lui remit , di
sa propre main, une lettre qui H
lui permettait plus le moindre e^oir^
Estlier apprit, peu de temps apiiit
l'union du doyen avec Stella : VaàÈ
du chagrin la conduisit prompte-
ment au tombeau. Vu d'un oeil M
favorable à son i*etour en Irlanoe,
comme le partisan déclare du
tère anglais, S^vift trouva et
l'occasion de se rendre tout-â-co^
extrêmement populaire. Une émii-
sion considéranle de monnaie dehn
aloi jetait l'alarme dans la
manufacturière : le doyen de
Patrick écrivit ses Lettres du IXns-
jneVy pour démontrer l'inconv^biat
de cette mesure. De ce momenl fl
devint l'idole du peuple irhuadais.
SWI
irrésistible k ramenait
ssez fréquemment en An-
y avait contracte une
ae avec le célèbre Pope,
i semblaient être pour lui
ion ne'cessaire , depuis la
aturëe de cette Stella^
ent de toute sa tendresse^
op réelle de la négligence
»a languir. Yainementles
ift ont-ils tenté de le jus-
torts publics envers deux
barmantes femmes , qui
consacré toute leur exis-
t allégué pour excuse de
st de ses Dizarreries^ un
DStitution physique, sem-
li dont était ailligé Boi-
du moins y Boilcau n'eut
auté de recevoir les ser-
femme , de la réduire à
d'esclave^ et de la faire
te et de regrets. La triste
a reudit son insensible
)jet d'horreur pour ses
i familiers. Délaissé, at«
goutte et d'une surdité
lissante , il se livra plus
à la misanthropie et au
li faisaieut le foud de son
'es attaques réitéréesd'a-
uèrcnt tellement sur ses
llectuelies , que dans les
es amiées de son exis-
ua une vie presque pure-
e. Ses yeux, recouverts
eurs, lui causaient des
Tuellcs , que plus d'une
. les arracher dcsespro-
La mort le délivra enfin
taux , le 29 octob. 1 74^ :
c poiut d'accomplir sa
huitième aunée. Le cha-
était le doyen le fit en-
la cathédrale de Saint-
ci le portrait qu'a laisse
!;r personnage uuhomme
\
SWI
985
qui ATait véco dans SOB intîiiiittf :
« Swift semblait être on composé de
tous les extrêmes. Il mettait mie
sorte de modestie k ne jasiais parler
plus d'une minute de suite; mais il
s'emportait si quelqu'un Pimcvrom-
pait par tme seule obsenratioD ou
par un étenmement* Grand amateur
de pointes et de jeux de mots y il ne -
s'en permettait jamais qui Uessas*
sent la décence ou la rdigion; mais^
la plume à la main, il ne connaissait
pms de bornes. 11 se plaisait beau-
coup au milieu de plusieurs femmes^
et il ne pouyait cacner sa répng^iance
à se trouTCr téte4-tête avec les plus
aimables et les- plus jolies. Personne
ne se montra plus sensible que hn
aux prévenances des grands; et onlo
vit mille fois recheroher la socîéttf
des gens de la dernière classe du peu-
ple. £n voyage , il s'arrêtait de pré-
férence dans les auberges où il mit
s^ de trouVer pour commensaux de»
rouliers et des porlefiiiz. » Swift a
beaucoup écrit : les éditicms eomjA»
tes de ses OEmrres ne forment pas
moins de 18 à ao Tolumes; mais peu
de ses productions trouvent encore
des lecteurs. On ne connaît même
généralement en France que deux de
ses ouvrages : le conte du TamêÊm •
et les Fqyages de ûuUkwr à lÀttir
put. Le premier est unesatire aUégO^
rique ou, sous les noms de P^em,
de Martin et 4e /evm, il attaque
tour-À-tour le pape, Luther et Cal-
yin. Quelques plaisanteries asses ft» ^
nés ne peuvent faire trouver grâce à
ce ramas de déclamations souvent an-
)iies, et presoue touj ours prolixeset fa-
tigantes. Gtfuu'er est unuvrechâidcs
enfants : ils y trouvent des contes q[ni
|)euvent les amuser. Mais les espnts
judicieux et graves ne démêlent que
trop facilement, k travers toutes ces
folies , TinCentiott prémédâée de )o«
386 SWI
ter le ridicde sur toates les institu-
tioos qui servent de base à la société
humaine. Si ce livre , pins bizarre
qu'amusant , eut beaucoup de vogue
en Angleterre , c'est qu'il contenait
une foule d'allusions et même de por-
traits, aussi piquants pour les natio-
naux qu'insipides pour les étran-
gers. Sir Walter Scott ea donne
la def : mais les originaux n'existant
plus , les copies ont perdu tout inté-
rêt. Ce fut Voltaii'e qui, le premier,
vanta en France les Voj'a^es de
GuUiver, L'abbc Desfontaincs en don-
na ( 1727) une traduction que sir Wal-
ter veut bien trouver passable ( tôle-
rabljr good ) , mais qu'il n'a certaine-
ment point lue , et que nous pren-
drons la liberté , maigre sa décision,
de regarder comme pitoyable. Le
biographe anglais a soin d'aver-
tir que la continuation du Gulliver
n'est point de Swift , mais de son
traducteur : aucun lecteur exercé n'a
u s'y méprendre. IjC Rabelais de
'Angleterre a laissé quelques autres
ouvrages ; mais ils sont tombés dans
un tel discrédit , que sir Walter
Scott n'a pas même daigné en faire
la plus légère mention. De ce nombre
est un livre que l'on peutjuger d'après
sou titre du Grand Mystère ou de
VArt de méditer sur la Garde-
robe, Un autre écrit plus ignoré en-
coi*e , est une satire intitulée : John
Bull, sur la paix d'Ulrecbt. Elle eut
pour traducteur l'historien Vclly.
On a encore traduit eu français : I.
Ce que Swift a écrit contre Parlrice,
astrologue , dont il lit tomber les
vaines prédictions. IL Son ouvrage
intitulé , des Avantages qu'il y aw-
rait à abolir la Rehç^ion en Angle-
terre, petit écrit iiigéuicux, où il
tourne en ridicule les discours des
iiKTt^ulesctdes pcliis -maîtres d*An-
leterre. IIL Le Grand Mystère y
l
ir
SWI
on VArt de méâUer sur l
robe^ a»ec des Pensées h
sur les Études , la Gramn
Rhétorique et la Poésie. '.
sieurs ^crtf5Sons le titre di
tions d'esprit , contemmi
que les Arts et les Scicna
rare et de merveilleux. Pit
les autres ouvrajges de Swif
meures en anglais. Ses vers »
parfaits que sa prose; en
son style est nerveux , clair
Il égale en élégance et en e
les meilleurs écrivains en
sa nation , et il les surpassa
toujours en variété et ei
mais par suite de ses goûts
habitudes , ses écrits sont i
vent parsemés d'expressu
siëres et indécentes. 11 y p
moins toujours la vertu
image agréable , en lui opi
tableau hideux du vice. i>
principe , en matière de ]
était celui de Cicéron ^ que
et le bonheur du peuple e
mière de toutes les lois, L
Swift jouissait de plus de tr
livres de rente. Sa maiiièn
simple , modeste et frugale
sait beaucoup de superflu,
qu'il était le plus pauvre de
avaient une vaisselle d'arg
le plus nclie de ceux qui
pas d'équipage. Sensible
sèrc des pauvres , il im
faire un tonds, et d'étab'
leur soulagement , une ban
sans caution , sans gages ,
reté , sans intérêts quelcon
prétait à tout homme ou 1
i)as peuple , ayant quelq
ou quelque talent, jusqu'à !
reucc de dix livres sterlinj
à-dire plus de deux cent
monnaie de France. Le te
restitution du prêt était li»
SWI
ortionné à la situatioii
dtcur. Parla , il faisait
illiers de personnes , ani-
strie y encourageait les
:ruisait la fainéantise , et
& lui manquait de parole,
rquc' , les sommes prêtées
ans la banque , pour cir-
autres mains. On peut
r ce célèbre écrivain Fou-
Je : Lettres du comte
urla Fie elles Ouvrages
npriméà Paris, en 1753,
omte était ami intime de
»es Lettres sont curieuses
ntes; mais la traduction
à est très-fautive. La Vie
été écrite en anglais , par
m, Dublin, i785,in-o^.;
d a publié un Essai his^
le docteur Swift , etc. ,
^. ; et le romancier Wal-
donué une Notice sur le
sa Biographie des Ro"
élèbres , traduites en fran-
, j8'iG(i825). S-v-s.
[ Deapte ) était petit-fils de
vift , oncle du précédent.
Deanc lui venait de son
irai de ce nom , qui pétant
! des régicides , n'avait
dérobé sa tête à Técha-
1 mourant un an ou deux
es tau ration. Dcane Swift
îà l'université de Dublin.
à Goodrich en Hereford-
;u d'écrits qu'on a de lui se
lux œuvres de son illustre
<ssai sur la vie , le carac-
jrits du docteur! onathan
•5 , in-8^. Ce livre ne ré-
i rattente du public. L'uti*
[lies renseiguemonts , et de
ics dates ne dédommage
i lecteur de la confusion ,
partialité , ainsi que de
|ui régnent dans ce mor-
SWI ^
oean de biograpliiew L'auteur montre
surtout beaucoup d'aigreur à l'égard
de lord Orrery et du docteur Delany,
qui avaient ^précëdemment écrit sur
le même sujet. IL Le huitième yoL
in-4^* 9 ou les quinzième et seizième ,
in^o. des OEuwrs de Swift , 1765.
III. Lettres écrites par J\ Swift et
ses amis ^ de 1710 ^ l'j^i^ revues y
etc. y 1 768 , 3 vol. in-S**. , pour faire
suite aux trois volumes de Lettres
Subliés en 1766, sous l'inspection
u docteur Hawkesworth. Le nouvd
éditeur , qui se montrait extrêmement
jaloux de la réputation de son pa-
rent , aurait mieux mérité de sa mé-
moire s'il n'eut imprimé qu'un choix
des papiers qu'il avait dans les mains.
Deane Swift mourut à Worcestcr , le
11 juillet 1783. L.
SWIFT ( Théophile ) , fils du
Précèdent , paquit dans le comté de
[ereford. Il avait de l'esprit naturel,
et l'instruction ne lui manqua j)oint ;
mais un caractère fougueilx , et une
ceiiainebizaiTerie qu'il semblait tenir
de sa consanguinité avec l'auteur du
Conte du Tonneau, le firent surtout
remarquer en diverses circonstances.
Un duel ayant eu lieu en 1789 , en-
tre le duc d'York et le colonel Le-
nox , aujourd'hui duc de Riche-
mond^ Th. Swift s'efforça de donner
à la querelle une couleur politique ,
dans une Lettre au roi, qu il fit im-
primer. Les termes dans lesquels il
s'y exprimait sur le compte du colo-
nel^ offensèrent cet ofiicier, qui ayant
exigé de lui satisfaction, le blessa
d'un coup de pistolet. Ilfit paraître,
à diverses époques , quelques poèmes
de peu d'étendue 9 où l'on trouva de
l'esprit , des idées originales et de la
facilité. Un événement assez extraor-
dinaire lui donna occasion de dé-
velopper son talent dans un autre
genre , ainsi que son naturel énergi-
oSS SWI
que et ardent. Yers l'anndc 1790, la
sûreté' des dames de Londres fut me-
nacée par un rafiîuement de scéléra-
tesse qui rappelle les crimes du mar-
quis de Sade , et qui s'est rcnouvelë
récemment en France. Un homme ,
à qui le peuple doQna le nom du
Monstre j guettait le soir dans les
rues les jeuues personnes qui se trou-
vaient isolées , pour leur enfoncer
dans la hanche un instrument tran-
chant^ daus rintcntion, à ce qu'il
paraît, de les rendre boiteuses. A prbs
avoir édiappé quelque temps à la jus-
tice y il fut enfin reconnu par une
dcinoisclle qu'il avait ainsi blessée
phisieurs jours auparavant ; la blcs^
sure avait de trois à quatre pouces
de profondeur , et de neuf à dix d'é-
tendue. Arrêté et mis en jugement à
la cour d'Old-Bailey, il fut décla-
ré coupable , et condamne h. une
prison de six ans. C'était un fabri-
cant de fleurs artiiicielles , nomme
Rcnwick Williams. Théophile Swift
qui y [>robablemcnt persuadé de Tin-
uocence de cet homme, avait, pen-
dant le procès, faittousseselfortspour
le sauver^ persista dans son opuiion
après ([ue la sentence fut prononcée. Il
écrivit alors un mémoire intitidé : The
Monstcr^ al ail , etc. Le Monstre ^
ou V innocence de Benwick J^FIU
liams mise au grand jour , i^i)! ,
in- 8". de 21 3 pag.j l'auteur de ce
znémoire, peu accoutimiéaux ménage-
ments , passait en revue toute la pro-
cédure, et attaquait non-seulement le
caractère des témoins accusateurs y
mais aussi l'impartialité des juges y
qu'il prétendait a voir partagé les pré-
ventions populaires contre son client.
Théoidule Swift est mort en Irlande,
dans Pété de 181 5. On a de lui : I. Les
Escrocs ( Tlie («amblers), poème ,
in-4•^ 11. Le TempU^ de la fo-
lie y poème en quati*e chants , in-4"-
SWI
III. Adresse poétique à Sa Ma-
jesté y X788, in-40. IV. Lu Par-
lement Jëminm , 1789 , in - 4*«
V. Lettre au roi y mr la conduiie
du colonel Lenox , 1 789 y m-4^.
Les circonstances du duel sont np*
portées dans VAnnual register de
1 789 , Chronique , p. ao8. VI. Let-
tre à ff. A, Browne ( sur le dod
de l'auteur avec le colonel Lenoi),
1 789 , in-4^- 11 a contribué y par ses
communications , à enrichir de plu-
sieurs écrits jusqu'alors inédits l'é-
dition que sir Walter Scott a donnés
des OEuvres du doyen de Saint-Pa-
tnce* ëjm
SWINBDRNE (IIenri), ?oy«-
geur anglais, était le plus jeune fib
de sir Jean Swinburne, baronnet, d
appartenait à une famille calholiqne
du comté de Northumberland. Il na-
quit à Capheaton , résidence de son
père, et après avoir commencé son
éducation dans une école du comtt'
d'York ,il l'alla continuer à Paris, à
Bordeaux et à l'académie royale de
Turin. Lorsque ses études furent tff' 1
mmées, il parcourut les diflenntts |
parties de l'Italie , et se maria en- :
suite. Sa femme partageant son goât
pour les antiquités et pour ks beam-
a rts, ils partirent ensemble Yers 1 774*
et passèrent six ans à visiter les lieni
les ])lus remarquables de la France,
de l'Espagne , de l'Italie et de l'Aile*
mague. Il se lia , pendant ses vofa-
ges , avec les hommes les plus édaî-
rés des pays où il s'arrêtait , et reçut
des marquesd'estimede qudqucs sou-
verains. A son retour en Angleterre,
il se retira à la campagne, et publia,
eu 17797 ses Voyages en Espagne •
un vol. iu-4^. Quatre ans aprb , il
fit paraître le premier volume de ses
Voyages daus le i*oyau]ne des Deu-
Siciles, auquel il ajouta un second
voliune en 1 785. On acoorde géoéia-
Swi
Swifiburnc le mérite d'un
rvateiir : ses descriptions
» et animées j il est le prc-
ait fait bien connaître en
eles arts et les anciens mo-
de rK.«j)agne. Le mariage
î avec l^aul Henfield, lui lit
les desastres de cet aven tu-
; força d'aller sV'taMirdans
; de la Trinité, où il mourut
l'avril i8o3. Jean Biî^land
6 les Voyaj^es de Swinburne
edaction de l'Histoire d'Es^
ni a etc traduite en fran»
les avoir ete revue et cor-
r le gênerai Mattliieti Du-
Fojage en Esf)agne , de
;ie , a ete traduit en fran-
ris , 1787 , in -8<^.) , par
i Borde, qui avait déjà tra»
Foyage dans les Deiix-^
du mcnic auteur ( ibid* ,
vol. in - 8*^. ) , auquel OD
Iquefois, comme cinquième
le Voyage en Sicile , par
2t le rojagc de Bàionne à
c, traduit aussi de Swin-
lais qui ne se trouve pas sur
)rdinairc ( Foj'. le Manuel
re ). D — z — s.
sDKN ( JKAN-IlLNni Van),
l/\C) à la Haye, soutint, h.
vingt ans, une thèse sur l'at-
, à l'académie de Levde, et
né la même anucc professeur
e FraneLer, où il ouvrit ses
r un Discours : De caiisis 6T*
n rcbtis philosophicis. Dans
ice il s'a])pli([ua à diverses
ides sciences natin'elles , sur-
nagnctismc,.! l'électricité et
léorologic , avec cette pa-
inuticusc, si nécessaire dans
ces physiques. Pendant trei-
il ohserva non - seulement
■ jour , mais presque heure
re , les variations du ba-
SWI a89
romètrc, et dix ans de suite il no-
ta, chaque heure de la journée^ les
diflb'reuces de la déviation de l'ai-
guille aimantée. En 1777 , il parta-
gea avec Coulomb le prix décerné
par l'académie des sciences à Paris ,
pour ses Recherches sur les aiç;uiUcs
aimantées et leurs variations. Ce
travail de Van Swinden a été' inséré
dans le tome viii des Mémoires des
SM^ants étrangers j 1780. L'année
suivante , il obtint une médaille de
l'académie de Munich , pour sa Dis"
sertatioh sur l'analogie de l'élec-
tricité et du magnétisme^ in-8'\
Après avoir professé dix-huit ans à
Franeker, il obtint ,en 1 78^ la chai-
re de physique et d'astronoiuie à
l'athénée d'Amsterdam. 11 y débuta
par un Discours : De hypothesibus
phfsicis , quomodo sunt è mente
Newtoniintelligendœ.Daîis la capi>
taie de la Hollande , il ne se rendit pas
moins utile qu'à Franeker: les éta-
blissements publics, les savants, les
citoyens , invoquèrent à Tenvi ses lu-
mières et consultèrent son profond sa«
voir. Appelé dans une commission de
l'amirauté^ il rédigea un Almanach
à Vusage des marins , et un Traité
sur la fixation de la longitude en,
7fier, lequel a été réimprimé cinq fois;
la dernière édition , corrigée et aug-
mentée, est de i8o3.11 le fit suivre ,
en 1 79G , d'un Traité sur deux ins-
truments^ l'octant et le sextant. Le
nouveau système décimal introduit eu
France avait attiré son attention; il
lut à la Société FeUx mentis , plu-
sieurs dissertations sur ce sujet. Lors
de l'organisation de la république bâ-
ta ve, il fut appelé au pouvoir exécu-
tif; et en 1 798 , il reçut, avec M. Ei-
nea:, la mission de se rendre à Paris ,
pour s'entendre avec les savants fran-
çais sur l'établissement du nouveau
système métrique. A son arrivée à
«9
ago SWI
Paris, il était déjà si versé dans ce
système , qu'il put aiscmciit le mettre
à la portée du public. Son Rapport
fait a V Institut (les sciences et arts,
le UQ prairial an va, au nom de la
classe mathématique et physique ,
sur la mesure du méridien de Fran-
ce , et les résultats qui en ont été
déduits pour déterminer les bases
du nout^eau système métrique , et
son Précis des opérations qui ont
servi à déterminer les bases du nou-
veau système métrique, lu à la séan-
ce publique de V Institut, le r»*.
messidor an'] y furent insérés dans
le Recueil des Mémoires de cette
compagnie. Après son retour dans
sa patrie, il continua ses travaux sur
les poids et mesures , dont l'unifor-
mité lui paraissait, comme au gou-
venemcnt français , un objet de la
plus haute importance. C'est à lui
qu'on attribue le Rapport que la pre-
mière classe de l'institut des Pays-
Bas fit sur ce sujet, aprës i8i4,
au nouveau gouvernement de ce
royaume. L'activité savanle de Van
Swiuden se faisait sentir partout; il
présidait ta commission sanitaire
d'Amsterdam; il avait contribuée
l'organisation de l'école de marine
de la nu'^'me capitale ; il donnait ses
avis à l'institution des aveugles : dans
sa vieillesse encore il était membre
de la commission pour la rectifica-
tion du cours des rivières. 11 fut nom-
mé , en 1 8o3 , correspondant de
l'institut de France; il appartenait
au\ principales sociétés savantes
d'Europe , et il en était un membre
très-actif. T-iCsMémoires des académies
de Bruxelles et de Turin renferment
de lui des observations météorologi-
3 lies ; il donna, à la première classe
e l'institut des Pays-Bas, une Dis-
sertation sur la pression de l'ath-
mosphèrc ; dans le Recueil de la So-
SWI
cicte hollandaise de Harlem , on a ia-
sére son traite sur le Binôme de
Newton. II possédait bien le latin,
le hollandais et le français , et il a
écrit dans ces trois langues. Van
S winden est mortaprës unecourte ma-
ladie, le 9 mars iSaS^àrâge de
soixante-seize ans. Il avait eu de sa
femme , Sara Riboulot, un fils et trois
ailes. L'Athénée et la Société Felàx
meritis , k Amsterdam, le célébré^
rent par des hommages publics; soi
éloge funèbre prononcé dans la der-
nière de ces compagnies , par M. Van
Lennep , a été publié à Amsterdam,
1 8u 4^ in-8o., avec la listedes ouvrages
de Van S winden , et une pièce de vtn
de Harmen Klingin,en son honneur.
Il a pani aussi une Notice sur Van
Swiuden, in-4**> Voici les principaux
ouvrages qu'il a publiés, indépendam-
ment de ceux qui viennent d'être
mentionnés. I. Cogitationes de tw-
riis philosophiœ capitibus , 1767 ,
huit parties in-8<>. II. TeniamiKa
ilieoriœ mathematicœ dephœnomc-
nis magncticis , 1769, m-4''. III.
Observations sur le froid rigotmux
de 1776. IV. Dissertations sur U
comparaison des thermomètres ,
1777. V. Dissertation sur Vamdor
logie de l* électricité et du mmné-
tisme, 1784 , in-80. Yi. RecueSék
différents Mémoires sur Véleciriàté
et le magnétisme. Sous ce titre , il
réunit, en 3 vol. in-S*'., plusieurs
petits traités qui avaient d'abord été
publiés séparément. VIL Descrip"
tion d'une machine inventée par*
Z. Emsinga, pour représenter k
système du monde ^ 1780, i8oi.
VIT T. Observations météorologiqmes
pour l'année 1779 à 1780. IX-
Description d*une nouiveue pompe
pneumatique, X. Principes de géo-
métrie , 1 790. XI. Traité st/r ks
poids et mesures, 1809, a toI. in-
SWl
vragc où celle matière est
fond. XII. Tables des mesu-
on^iieur^ de capacité et des
te. , en Hollandais. On trouve
usicurs morceaux de lui dans
lal de physique y dans les
; pe'riodiqucs de la Hollande ,
; le Magasin universel ^ le
er des lettres et des arts ; il
ur Taurorc boréale, la lumiè-
cale , la population et la mor-
'Amsterdam, le magnétisme
, etc. Ce savant professeur
îidés pour plusieurs articles
ograp/iie , et il a rédigé seul
Musschenhroek. D — g
NTON (Jean), philologue
, né en 1708 , dans le Chcs-
tra dans la carrière du minis-
ugéîi([ue , et fut nommé clia-
c la factorerie anglaise à Li-
II ])ro(ita des loisirs que lui
cet emploi pour continuer ses
et perfectionner ses connais-
dans les langues orientales,
jr en Anglelcrre, il f.it nom-
cssenr au collège de Cîirist à
, l^ientôt après , la sociélc
do Londres s'empressa de
tre au nombre de sts mem-
i vie u'otl're plus qu'une suite
aux : il mourut le f\ avril
rchivi.siede Tacadémic d'Ox-
ivintou est un des collabora -
' V Histoire uni\^ersclle ( F.
>'Aî>Ai; ). Outre des Recher-
anglais,surralpliabetdePal-
^ Hai'.tuf.lkmv, ut , 444)»
tome XLN m des Traiisac-
hilosophiqiiQS , on cite de ce
: 1. Disscrtatio de linguU
' rcf^alis vcrnacula , Oxford,
11-4". Dans cette dissertation,
^(• j propose de prouver que
sges ou les Phéniciens , qui
hii sont le même peuple, ont
lans rÉtrurie leur culte et
SWI
^l
leur langue, iooX il s'eflbroe de re-
trouver les traces. Tout en rcodaut
justice à son immense émditiou^
Wachter a combattu le système de
Swinton par de courtes observa-
tions insérées dans les j^cta erudi-
tor, Lipsem. , ann. 1744* M- ^^
priscis Romanorum litteris disserta-
tion ibid., 1746, in-4°. III. Meti-
lia sive de Quinario gentis MetiUiSy
è numis vetustis , cœteroquin mim-
mè nntisy ibid., 175©, in-4**. IV.
Inscriptiones Citicœ ; sive in binas
inscriptiones Phœnicias y irUer ru-
dera Citii nuper repertas conjectu-
rœ, Accedit de numis quibusdam
Samantanis et Phœmciis disserta-
tio y ibid., 1 7^0 , in-4°. , petit volu-
me rare et recherché. V. Dissert,
on a Parthian coin , Londres , 1 7 fi^,
in-4°. , et dans les Transactions
philosophiques, 1. i , 86. VI. Sur
des médailles samnites étnisques ,
parthiques , phéniciennes ( de Pliilis-
tis , reine de Syracuse ) , puniques ,
de Laodicée^ etc. , et sur les chilFres
ou caractères numériques phéniciens
usités à Sidon, ibid. , tom. 49 «i 60.
Vil. Description (F une médaille
inédite de Vimper. Crispina ^ des
Dartianissiens ; Explication d'im mo-
nogramme qui se voit sur un Qui-
naire très-ancien, etc., dans V Abré-
gé des Transact. pliilos. , par Gi-
belin ( ou plutôt par Millin ) , i, uS^J
et 2O0. W — s.
SWITZER (Étîenne), jardinier
anglais , probablement d'origine
suisse , comme son nom l'indique ,
se distingua dans sa profession^ au
commencement du dix - septième
siècle, par des ouvrages qui au-
nonçaient des connaissances au-dessus
de son état. Ou n'a aucun détail
sur sa vie i)rivée ; seulemeut on
présume qu il travailla chez les
Londou et Wise, jardiniers célc-
19..
^9^
SWI
bres de celte (époque; qu'eiisuile il
cultiva, po!ir son compte, des jar-
dins et pépinières, h J*ensci{i;ne du
Pot-;i- Fleur , situes à Milbank près
Westminster , et (pi'il mourut en
174^7 après avoir public' eu anglais
les ouvrages suivants : I. Iconogra-
phia rusiicay orthe nobîeman gentle*
rnen and sardcners récréation^ con-
tenant la direction générale pour dis*
tribuer une propriété étendue ( coi//»-
tiy seat )en jardins , parcs , enclos ,
etc., avec un système général d'a-
griculture ; le tout éclairci par un
grand noml)re de gravures en cuivre,
laites sur les dessins de l'auteur,
Londres, 3 vol. in - 8*»* II. The
practical fruit and lûtchens gar*
den, Londres, 17*^71 in-8**. ; le
Jardin pratique, fruitier et potager,
ou mctlioHe à suivre pour élever les
brocolis d'Italie y les cardons d'Es*
pagnt'ct autres légumes étrangers , ac*
compagne d'un précis sur la luzerne,
le sani-foin et autres plantes sauvages,
avec la méthode debr ûler Targilepour
Tamélioration des terres , et portée h.
son dernier degré de perfection dans
la quatrième édition , qui panit en
I7'ji9, I vol. in-8*». ïll. introdiic-
lion to a f^cneral, etc. Introduction k
un système général d'hydrostatique
et d^hydraulique, Londres, 17^-9,
•2 vol. in-4«. IV. Dissertation sur la
vrai cytise des anciens ^ Londres,
I7v3i. V. Unii'ersal System^ ou
Sjstùnie philosophùiue et praVupie
des eaux et de leur conduite , avec
des gravures, Londres 1730, :i vol.
in -4". Dans les préfaces de ces ou-
vrages , on trouve des particularités
concernant Thistoirc du jardinage en
Angicterre. (le fut S\Nit/.er qui, le
)remier, donna aux Anglais, eu 1 7 17,
es directions cou vénal >lcs pour obte-
nir des primeurs par \c moyen des
serres chaudes. 1) — p — s.
1
SYA
SYA<}BIUS (ÂFR^Nius) , est ap-
pelé seulement Syagrîus par Ammien
Marcel lin , qui en fait mention sous
l'an 3G9 de notre ère , époque à la-
quelle il était notariuSy ou secré-
taire de l'empereur Valentioien. Ce
prince, voulant défendre les frontières
de la (laulc contre les Germains , lit
élever une fortei*essc à ManLeim,
â l'endroit où le Necker se jette daiis
le Rhin. Il voulut ensuite en cons-
truire une autre au-dessus, sur les
rives du Necker , auprès du lieu oi't
se trouve aujourd'hui Heidelberg.
Sjagrius fut chargé de pre'sider à ce
travail , conduit par deux généraux.
Les Allemands , Toyank avec peine
tous ces ouvrages aestinés à les as-
servir , attaquèrent les Romains dans
le moment où ceux-ci charriaient des
terres , et les tuèrent à coups d'e'pëp.
Les deux généraux ne furejit pas
épargnés. Syagrius s'échappa seul,
et Valentinien lui reprocha vivement
de n'avoir pas su exposer sa vie. lifî
malheureux secrétaire fut exile dans
son pays , à Lyon , oùlcs muses le con-
solèrent de sa disgrâce. Ses poésies,
selon Sidoine Apollinaire , étaleot su-
périeures à tontes celles qui ont pam
depuis. Il mérita ainsi l'amiticaAu-
sone, qui lui dédia le recueil des sien-
nes, et qui , chargé deJ'^ucatîon de
Cira tien , fils de Valch>tinicn , lui
obtint la faveur de ce jeune prince.
Syagrius rentra , par ce moyen , dans
la carrière des honneurs, il fut trois
fois préfet^ et une fois consal l'an
38u. C'est à tort, selon Tillemont ,
que Goltzius et d'autres l'ont confondu
avec le consul de l'amiéc préccdenlc,
qui s'appelait Flavius Syagrins, on
Kvagrius, et qui d'ailleurs est abM-
lument inconnu. Quant «1 Afranius
Syagrius , il eut un [ils qui fut phe
du comte Égidius ou Gilles , et une
(ille appelée Papi:iuilla , qui ftiKnicrc
SYA
)l , célèbre dans les Gaules ,
nilicu du cinquième siècle,
ce Ferreol que d'habiles gc'-
ps ont voulu faire descendre
n de France ( Voyez Fer-
Syagrius eut une statue à
: fut enseveli à Lyon , où l'on
encore son tombeau du
Sidoine Apollinaire. F-a.
RIUS , (ils , non pas d'Ao-
mme on Ta dit à l'article
mais du comte Égidius ou
F, ce dernier article) , était
?til- (ils du consul de ce nom ,
lit d'une fortune considcra-
ibii de laquelle il se croyait
de suivre l'exemple de «on
tudiaut l'art militaire. Lors-
pereur INTajorien vint dan»
s combattre les Yisigotbs ,
, Sidoine Apollinaiie, qui
tout récemment l'éloge de
, écrivit au jeune Syagrius
appeler à ses devoirs : nous
tore celte lettre dans laquelle
nseillc de faire des ellbrls
■iter les honneurs du triom-
e menace d'être raye' par le
lu rôle de la noblesse, si ,
les ricbesses anx bouneiirs ,
e entièrement aux travaux
ml turc. 11 ne paraît pas que
ait suivi ce conseil ; car
mort de son ])ère, arrivée à
l'an t\i\\ , il u'herita ni du
lement désarmées romaines,
on ne au comte Paul , ni du
des Francs , dontC^Jnlde'ric
possession. Il se renferma
îconde Belgique, à Soissons,
:roit (pi'etait le centre des
s de son père , et y vécut
lent au milieu des convul-
l'empire romain, qui cessa
exister. Occupe du soin de
c , il mérita les éloges de
par la pvetc de son lan-
SYA
ag?
gage , et par les lois qu'il donna aux
Bourguignons > qu'il s'eîî'orçait de
civiliser. Clovis, qui avait succe'de',
l'an 481 , à son père Childe'ric, et
qui régnait à Tournai , voulut mettre
à pro(it sa supériorité' dans l'art mi-
litaire. II se fortifia du secours des
autres rois Francs qni descendaient y
comme lui, de Clodion. Celui de Cam-
brai , appelé' Raguacaii^e , s'ëtant
joint h lui, tous deux s'avancèrent
dans le territoire de Soissons. Clovis
voulut livrer une bataille décisive , et
conduisit ses troupes dans une plaine
où il dë(ia Syagrius , qui accepta le
combat. Mais cet indigne (ils a'Égi-
dius , ayant vn que les Romains com-
mençaient h plier , prit la fuite , et
vint chercher un asile dans le royau-
medesVisigoths. Alaricre'guait alors
à Toulouse. Ne croyant pas devoir
s'exposer au ressentiment du vain-
queur , en faveur de celui dont Je
père avait toujours e'te' l'ennemi de
sa nation , il renvoya chargé de cbaî-
nes le malheureux Syagrius. Clovis
le (it garder soigneusement , et dès
qu'il fut en possession des états de ce
faible ennemi , il donna l'ordre qu'on
le fît mourir en secret , l'an 4^0 de
notre ère. En lui fuiit la domination
des Romains dans les Gaules , qui fu-
rent partîgées entre les Visigotlis ,
les Bourgm'gnons et les Francs. —
L'Histoire ecclésiastique des Gaules
])arle encore d\in autre Syagrius
(ils de SaWi et d'Ercbanfrède y ci-
toyens de la ville d'Albi. Sa fa-
mille, qui était très-riche, et ç;aUloÎ5e
d'origine, tenait un rang distingue en
Aquitaine , parmi celles qni avaient
conservé le nom de romain». II
était le frère aîné de Didier , quia été .
mis au rang des Saints. Clotaire, de-
venu maître de l'Albigeois , l'an "
Cii5, con(ia , trois ans après, le gou-
vcmemcut de cette pr<mucc à Sya*
^94
SYA
grhts , qui inciiti , par f»cs scrnces ,
d*ctre clcvc , l*au 6*^5 , a la charge
de duc de Marseille. Ce nouveau gou-
vernement coniprruait une grande
partie de la Provence , et outre le
titrededuc , donnait celui de patriccà
ceux qui l'exerçaient. Syagrius s'y fit
remanjuer par sa picftc ; et à sa morty
i'au ()'i8, d laissa la meilleure par-
tie de son bien aux pauvres et aux
cfglises. Son frère Didier fut duc 'de
ALirseiUc après lui , et quitta ce du-
ché' pour ctre évèque de Cahors; ce
que l'on a mfgligé d'observer à l'arti-
cle DiuiEE. La veuve de Syagrius ,
applce fiertolène , fit un pieux usa-
ge de ^es grandes richesses , et con-
sacra aussi sa vie à l'exercice des
vertus les plus austères ; ils n'eurent
point d'enfants. F — a.
SYAGRIUS ou SYAGRE(8aikt),
évêt|urd'Autuii, fut e'Ievé à repisco-
pal vers l'an 5(>o. Fortunat lui cfcri-
vait. Domino saticto apostolicœ se-
dis diptissimo Sjagrio papœ, Adon
de Vienne l'apin^lle un homme de la
plus luutic sauitvtê. Il ONt appelcf
saint dans un concile de Met?.. 11 as-
sista aux conciles de Lyon , ii x^^^^']) ;
de Paris y iv ^ 673 ); de Màcon, i
{ :">8o ) ; de Lyon , m ( 583 ) ; de
M«icun« Il v58d) et aux autres conci-
les qui se tinrent en France de son
temps. La paix fut troublée , en
5c)u , dans le monastère que sainte
Radegonde avait fonde à Poitiers;
Qirodiclde, fille du roi Chariliert,
étant siirlie scanda leiuscment de cette
maison , emmenant avec elle plus de
quarante re]igieu>es, S. Syagrius fut
chargé, avec quelques autres cvc<pies,
d'y rétablir Tordre « et il assista au
concile qui se tint à Poitiers peur cet
objet. Le roi Gontran , qui avait en
lui une grande confiance . voulut qu'il
raccompagnât à Paris , pour assister
au baptême de Clotaîre 11 , qui se fit
SYA
à Nantcrrcy en Soi. Le pape Gré-
goire-le-Graud lui donna des manpKs
éclatantes de son estime , et lui re-
commanda les missionnaires qu'il en-
voyait en Angleterre, sous la "condoile
de saint Au^stin (5g7). 11 lui confia
{)lusieurs missions importantes dans
es Gaules. Écrivant à la reine Bni-
nehaut, pour la remercier de la cha-
rité qu'elle avait exercée envers ces
missionnaires , il hii dit: « Vous ava
» désiré que le pallium fftt CDToyë
» à notre frère coévéque Syagrius :
» nous nous empressons de répondre
A à ce vœu qui nous est bien agréa»
» ble y d'autant plus que l'empcrev
» l'approuve; et nous ayons remis k
» palkum au prêtre Candide, f k
» nous envoyons vers vous , et qm k
i> remettra delà manière Gonvenable
«> à Syagrius , après que celui-ci hi
» en aura fait la demande par écrit «
(5i)7). On avait signalé au pape des ^
abus qui déshonoraient l'Eglise dt
France. Saint Grégoire envoya l'ab-
bé Cyriaque avec une longue lettn
adressée à Syagrius d'Autun, ani
archevêques de Lvon , d'Arles et de
Vienne. Après avoir exposé ces abos,
il termine ainsi : « Nous vous CDJoî-
» gnons d'assembler aussitôt un oon-
v> cile, pour régler ces objets impor-
« tants ; notre frère Syagrius , de
» concert avec le concile , nous fera
n sou rapport , par l'abbé Cyriaqiie
» qui reviendra vers nous. » En mi-
sant remettre le pallium à Syagrius,
le pape lui écrivit eneoie: • Aiîn mv
n tout réponde à cette nourdle ué-
» vationJ'pglised'Autnn, dont TOUS
v êtes évcqiie « aura dans la province
» le premier rang , après odle de
» Lyon, qui est la métropole, et
« voiLs garderez cette prérogainc
» dans les conciles aiuLquels tous as-
u sistei-ez , et que vous sousccires.
» Cependant nous vous cqbCobs tfé-
SYA
nent le soin de convoquer et
[iir le concile que nous ayons
inc pour extirper les abus ,
nt que les rois ont pour \ous
ifiectiou particulière y et que
pourrez d'autant plus efilca-
it veiller à ce que le bien se
9 Le pape écrivit aussi à Bru-
pour lui commander la tenue
iode: Quant fi endam,a\oi\te-
ri coepiscopoffue nostro Syc^
\em KESTRUM PROPRIUAl UO-
specùilitcr delcgare cura-
ge \k quelques auteurs ont pu
î que Syagrius était parent
lehaut^ mais, par d'autres
I preuve que les paroles citées
pport qu'à l'aHcction et à la
atiouqiic lesaintëvêque avait
i. D'autres lettres du pape
ius ont rapport à diilcrents
le discipline. 11 l'engage à
des mesures pour que deux
italiens y qui étaient venus
(ianles,pour y vivre avec
bcr te, fussent renvoyés à leur
litain. G — y.
^MlAM (Thomas) , célt-bre
anglais , naquit, en i(i',>4, à
•d-Kagle, comté de Dorsct.
voir ctiirlié qucKpicr temps
niversité d'Oxford, il frit
'■ la quitter pour éviter les
fies guerres crivilcs , et il se
ez son fii-rc. (jiii cl.iil iiiaLi-
•rî's le conseil vlii docteur
("ioxe, qui soignait ce dcr-
lenham se détermina à vm-
'élude de la médecine, re-
:ford, où il prit le grade
lier, le i4 «vril i()48, puis
à Cambridge pour y rece-
loniunirs du doctorat. Il s'é-
"iuite à Westminster, et v
? tels succès , qu'à l'âge de
ans , il jouissait de la rc<
l'un des premiers praticiens
SYD ayS
do rÂDgieterrc. Quoique son talent
fut bien connu et apprécié à Lon-
dres , il n'alla se fixer dans cette ca-
pitale , à litre de licencié du collège
royal ^ que vers la lin de sa carrière,
arrivée le uç) décembre 1 68«) , après
qu'il eut été long - temps tourmen-
te de la goutte. Sydenham a rendu
de grands services à la science. Pour
s*en faire une idée, il faut se rap]>c-
1er qu'il vivaità ime époque où lamé-
decineétaitcnvabied'un coté par l'ap-
plication outrée et hypothétique des
principes de la chimie(^.SYLvius),
et de l'autre par celle , non moins
hasardée , des mathématicpies. Sv-
denham évita ce double écueil^ il dé-
montra combien toutes les hypothè-
ses de son temps étaient futiles et il-
lusoires , et, en s'appnyant sur la pu-
re oliscrvation des faits^ il ramena
les esprits dans la route , presque en-
tièrement abandomiée , de la nature
et de l'expérience. Il est vrai que l'il-
lusti^el^cke , son ami , doit avoir une
grande part aux succès de Syden-
bam, qui recotuiciit l«i-même avec
candeur combien les conseils du mé-
decin philosophe lui ont été utiles.
Voiri comniMil vSvdeuhain expri-
me ses idé<« à l'éj^ard des prin-
cipes sur Ksquels la médecine doit
leposiM- : « De uiriiie ()u'lIi])pocr.'ile
bîâmc avec raison ceux <) ni attachent
trop d'iinpuilance aux h>polliè.ses
sur la nature du corps hxiu.i in, de
même il faut encore aujourd'hui fai-
re de justes reproches aux é<:rivains
qui fondcul principalement sur \a
chimie l'espoir qu'ils ont de voir la
médecine se perrectioniier. On doit,
il est vrai , convenir que cet art est
extrêmement utile lors([u'il se ren*
ferme dans ses propres limites ; mais
des qu'on croit que les indications
curatives peuvent être fournies ftar
tel ou tel élément du corps , on se
^
SYD
perd en spëculations sur de belles
chimères, foutes ces hvpotlièses , qui
sont les produits de rimacination et
ne reposent point sur Tobseryation
des faits , seront renversées et détrui-
tes par le temps ^ taudis que les juge-
ments de la nature ne périront qu a*
vec la nature elle-même. Quoique les
hypothèses établies sur des axiomes
philosophiques soient toujours trom-
peuses et inutiles ; cependant il en est
3ui se fondent sur des faits, et qui se
éduisent de la pratique médicale c
ces dernières sont inébranlables. Il est
donc bien plus sûr de tirer les indi*'
cations curatives des faits qui prou-
vent l'utilité ou les incouTénients de
certaines choses , que d'avoir égard
à des principes occultes. » ( Tract,
de hydrop^ ). Sydenham observait ,
avec une scrupuleuse attention, les
constitutions atmosphériques, parce
qu'elles donnent naissance au\ épidé-
mies, lesquelles, à leiu* tour, exer-
cent une grande influence sur le ca«
ra clerc des maladies intercurrentes et
sur le traitement qui doit leur être
applique. Mais les principes d'aprè9
lesquels il se règle pour distinguer
les constitutions épidémiques sont
vains et incertains , parce que la pré-
sence ou l'absence d'un seul phéno-
mène organique , comme , par exem-
ple , la moiteur ou la sécheresse de
la peau, ne sam-ait jamais suilire
pour conduire à la connaissance du
véritable caractère d'une affection ai-
guë. Avec l'esprit d'observation dont
il était doué, Sydenham ne tarda
pas à se convaincre que les épidémies
dont il fut témoin étaient de nature
inflammatoire, et il les combattit
avec succès par la saigncx;. Dans
l'une d'elles cependant, il avait cru
devoir s'abstenir de ce moyen , pour
donner la préférence aux cordiaux
et à la métiiodc échauirantc : mais
SYD
les accidoits ttcheux qni nbolthcHt
de ce traitement incendiaire lui fi-
rent adopter une méthode opposée y
qu'il suivit avec hardiesse ; et c*ert
ainsi qu'il obtint des succès supàîcnn
à ceux des autres médecins. Cette
méthode y dite arUiphlogisiU/ue m
rafraîchissante, il l'appliqua ayeciui
égal bonheur au traitement des peti-
tes véroles; et certes on lui doit la
plus grande recoimaissancepouravoir
introduit dans la pratique cette îm-
{>ortante modification curative. C'est
ui aussi qui paraît avoir dëcouvcft
la meilleure manière d'administicf
le quinquina dans les iiëvres inter-
mittentes f en prescrivant cette écor-
ce après la fin de l'accès ; Marda
Lister fait néanmoins honneur di
cette découverte au charlatanTalboL
Auteur de la composition du lauda-
Xium qui porte son nom , Sydenhaa
célèbre, à ce sujet, les prëcienx
avantages de l'opium y que le Tout-
Puissant a créé , dit-il , pour la cob«
solation de l'himianité souffrante, et
sans lequel l'art de gumr cesserait
d'exister. Mais il faut lui reprocher
de n'avoir point fait l'abandon com-
plet de cette polypharmacie qui ré-
gnait de son temps ; d'avoir accordé
trop de confiance aux vertus des be»
Eoards, des cordiaux , des purgatî&
ré|)étés , qui souvent détruisaient les
bons effets des évacuations sangui-
nes , et d'avoir cru que les maladiei
vénériennes ne peuvent être goério
sans salivation. Quoiqu'il ait éte]oD|^
temps en proie à une affection gout-
teuse et qu'il ait écrit un traite sv
ce sujet , Sydenham n'a poîat
connu la véritable altération organi-
que qui constitue cette maladie, et
conséquemment n'en a déterminé le
traitement que d'une manière embar-
rassée. C'est que , livré tout entier à
l'observation des symptômes , il avait
SYD
l'étude de l'anatomie y et spë-
Dt celle de rauatomie patno-
j qui seule conduit à la cou-
re positive de la le'sion des
. Quoiqu'il ait pris Hippo-
our modèle et pour guide,
reclioo, toute louable qu'elle
le justifie poiut de n avoir
fralisc ses observations et d'à-
u peu de compte des ti'avaux
>redéccsscurs. Aussi est-ce un
Tcment que les compatiiotes
nhamlcsalucntdu titred'Hip
an|;lais. Sans lui refuser la
un des meilleurs observateurs
ps modernes , il nous semble
à une distance immense du
Ide Cos, dont le vaste génie,
sant la nature entière ,a pro-
B premier des ve'rite's qui se-
ernelles. Sydenham n'est pas
1 Hippocrate, que iloullier^
:t BaïUou ; mais il est comme
, un médecin hippocratique,
dire qui a senti , de même que
de la médecine ^ le prix de
vation et de rexpcrieuce. On
cmc dire que la roule suivie
docteur anglais a ctc' ouverte
français Baiilou, qui, long-
luparavant, avait rcchcrcue',
constitution atmosphérique,
ses évidentes ou occultes des
lies , et avait fait apercevoir les
ts qui peuvent exister entre
le l'atmosphère et les maladies
tes. Les ouvrages de Sydcn-
int : T. Meihodiis curandife-
'opriis observât ionibus super-
2 y Ijondres, i()()6, 1668,
in-8°. ; Amsterdam , 1 666 ,
Le même ouvrage a aussi
ous le titre suivant : Observa-
medicœ circà morborum acii-
historiam et ciirationem ,
es, iGyf), in-8'».; Gcucve,
iu-i'i. Cet ouvrage , le plus
SYD 297
remarquable de Sydenham^ fut pri-
mitivement écrit en langue anglaise,
puis rendu en latin par Mapletoftet
Ha vers : il est divisé en six sections,
et renferme non-seulement toutes les
maladies fébriles et inflammatoires ,
mais encore l'observation de toutes
les constitutions épidcmiques qui se
succédèrent depuis 16G1 jusqu'en
1675. On s'aperçoit ici que l'auteur,
à l'exemple d'Hippocrate , tient
compte des efforts salutaires que fait
la nature pour repousser le principe
inorbifique qui la trouble. Sydrnham
est le premier qui ait clairement dis-
lingue la variole en discrète et en
conJQuente. 11. Epistolœ responso-
riœ diiCB : i'. De morins epiaemicis
ab anno iG^j adanruim 1680 , ad
Robertum Brady $ -Ji". De luis vene-
reœ historid et curaiione, ad lien-
ricum Pamam , Londres, 1 6S0 , in-
B®. ITL Dissertatio epistolaris ad
Gulielmum Cole de observationî-
hus nuperis circà curationem va-
riolarum conjluenlium , rwc non de
ajfcctione hystericdy Londres, iC8*i,
l683, in-8^.; Francfort, iG83, in-
B®. IV, Dissertatio de febre putri-
dd variolis conjluentWus superve-^
niente, et demictusanguincoàcal-
culo renibus impacto , Londres ,
l68'i , in 80. V. De podagrd^et hjr-
drope, Londres, i(383, in - 8**. ,
1085, in-80.; Amsterdam, i685 ,
in-8". VL Schedula mordtoria de
nm^œ febris ingressu , Londres ,
1688, in-80. VIL Processus integri
in omnibus ferè morhis curandis ,
Londres, 1693, iGgS, in-iti, lyo'î,
1717, 1726, in - 8*>.; Amsterdam,
i6g4, in-8".; Genève, 1696, iu-8<».;
Venise, i6g6, in-8<>.; Edinboiirg,
17.50, in-8*».; trad. en anglais, Loiï^
dres, 1(595 , in-8®., 1710 , in - la j
en allemand , Nureml)ei*g , 177'i , in-
80.J en français , i774; ^ ' ^^« ^*
!i9B SND
ouvrage posthume est uu abrégé de
médcciuc pratique, composé littéra-
lement d'apros les diverses produc-
tioiLS de Sydenham. Les Œuvres
complètes de ce médecin, sous le ti-
tre d' Opéra universa y ont eu une
grande quantité d'éditions , dont les
meilleures sont celles de Londres ,
173^, in-8'\ ^ Genève , 1737 , deux
vol. m-4".; Leyde, 1754, in-8«., de
S lus de 900 pages , avec une table
es matières très-étendue : elles ont
été traduites en anglais par G. Pe-
cliey, Londres, i6i)(), 1719, I734i
in-8"., et avec des notes de J. Swan,
Londres, 174^1 17^3, inS^.j par
G. Wallis, Londres, 1788, 'A vol.
in-8^.; en allemand, Leip/âg, 1717,
in-4".; en français, par A. F. Jault^
Paris, 177/1, '2 vol. hi-8<'.; Avignon,
1799, 12 vol. in-8".; nouvelle édition
revue et augmentée de notes, par J.
^. T. Baumes, avec un discours
apologétique contre Sprcugel, Mont-
pellier, 181 7, îi vol. in-8'\ ; idem^
par Prunelle, avec une Notice sur la
vie et les écrits de Sydenliam, Mont-
pellier, 181 (5, 2 vol. in-8'*. R-D-if.
SYDKNHAM (Floyer), hellénisle
anglais, remarquable pour son mérite
Eersonuel , et parce que sa (in mal-
ciu'euse donna lieu en Angleterre à
une institution de bienfaisance , na-
quit en 1710, et lit ses études au
collège Wadliam d'Oxfoi-d , où il
prit le degré de maître es -arts, en
1734. Il publia, en 1759: Pro/jo-
sii ion dHmprim er,par souscription ,
les OEuvres de Platon^ traduites
du ^rec en anglais ^ avec des notes
explicatives et critiques , et uu nou-
vel argument en tète de chaque Dia •
ioguc. (jClte espèce de syuo])sis , qui
pouvait servir d'introduction à l'ou-
vrage , fut bientôt suivi de la publi-
cation des ])rcmiors Dialogues : 1".
Le Grand Jfrf>pias ; le Petit
SYE
Hjrppias , trois rolmnes in • if.
La tradnctioa , les argomttila eC la
notes abondantes et étendues qui Fao-
compagnaient , prouvaient une cod»
naissance profonde de la phî]oM|Ak
de Platon, de la langoe, de rkîsim
et des mœnrs des Grecs ^ mais mal-
gré les suffrages dii petit nomlve ds
ceux qui pouvaient en juger y celle
entreprise fut à peu près stérilepav
son auteur. Les souscriptions fiuatf
rares; plusieurs des sonscriptenis
manquèrent même à leur engagement
et Sydenham . sans pttitecteur ^Qoei-
qu'il eût dédié son trayail à loid
Granvillc , et prive des enooorags-
meuts du public, ne donna qn'àd'as*
sez longs mtervalles la tradoctioB dei
deux parties du dialogue soiTant : Il
Banquet, Ia seconde partie parut ca
17G7. Privé enlin de moyens d'eus-
tence , et ne pouvant payer le chëcif
dîner qu'il avait reçu qudque teaqps
à crédit dans une auberge, le savait
laborieux et modeste fut anété ponr
dette , et mourut , dit-K>n , des suites
de cette détention , le i*'. aT. 1787 ,
ou dans l'été de 1788. Qudqucs po^
sonnes , qui faisaient partie iTuar cM
réuni au café du prince de Galles, ia*
formées de ce tnste événement , d
désirant prévenir le rctoor de pa*
reils sujets d'alRiclion pour les amâ
deriiumnnité et des letttes, i^sob-
rciit d'aviser aux moyens de fonocr
un fonds de secours en (aveor dd
écrivains qui le mériteraient par kor
caractère , leurs talents et lenr pon-
tion. Telle fiit l'origine de cette s»^
ciétc de bienfaisance appelée lejimb
littéraire^ qui , à l'ironrieur de b
nation anglaise, est aujonrd'huidMS
un état de i)rob[«érité croissante. L'-
SYnNKYCsm Philippe), rqjnrt
Sll)Ni:Y,XLn,3o6.
SYKîJ ( Arnoi.» ) , médecin hol-
landais, naquit à Amsterdam, M
!
i
SYE
Ayant pris un goût trcs-vif
a botanique , il parcourut dif-
2S parties de l'Europe , surtout
nce , rAnglclciTe et rAlicma-
pour augmenter ses couuais-
dans cette science : partout 11
des amis, en sorte qu'ayant ctc
é professeur de botanique à
, en 1O70 , pour remplacer
it Schuyl , qui venait de mou-
put établir des correspondau-
rantageiLscs pour cnricliir le
qui lui était confie. Plus de
ents plantes vinrent augmenter,
: moyen , le Catalogue qu'avait
son prédécesseur ; maiscen'ë-
>n en comparaison de la mois-
i se préparait dans son propre
Le goût des plantes exotiques
emplacé, parmi les plus riches
ants et auininistratears de la
de, celui des fleurs que la
iroscriyait , comme les tulipes y
:intbes, etc. Les Beverning ,
lumont , les Fagel , s'empres*
k Tenvi de tirer de leurs pos-
s des deux ludes ce qu'elles
l de plus rare et de plus beau
le règne végétal , au poin^
s sortait pas, à cette épwpie,
imeut des ports de Hollande y
lapitaine n eût les instructions
s détaillées pour rapporter , à
* prix que ce fût , des plantes
;s. C'est donc par là que s'in-
it en Europe tout ce que le
Bonne -Espcrauce avait de
rieux; mais c'était presque au
que de pareils collecteurs s*ac-
:nt de leur commission. Des
ers les accompagnaient quel*
: ils étaient ])lus eu état de
n choix 'y mais (pielque soin
(rit de ces nouveaux habitante
s serres qu'on leur préparait ,
art y languLss^.ient sans pro-
i fleurs , ni fruits . par consé-
SYE
^99
quent sans donner Ic5 moyens de
déterminer leurs aniuitc.s. Syon îucea
qu 11 était uect^sairc d envoyer quel-
qu'un qui pût étudier ces plantes dans»
tout le cercle de leur végétation ; et
il détermina Bevcrningà aouncr cette
mission à un jeune allemand , Paul
Hermann;et comme on peut le voira
son article (xx, '^55), aucun voyageur
botaniste ne réalisa mieux les espô-
rauces qu'on avait conçues. Partant
eu 1G71 , il envoya du cap de Bonne-
Esj)érance, des Indes et de Cey lan, des
graines, des bull>es et autres plantes.
Syen leur donnait, pour ainsi-dire,
une première éducation dans son pro-
pre jardin , afin de se mettre au
fait de leur culture , pour les dé-
Eoscr plus sûrement dans le jardin
otinique. Il étudiait aussi tout ce
qui concernait leur histoire naturelle.
11 comptait en faire part au public^
mais comme il ne pouvait assigner
l'époque de cette publication , vu
les matériaux qui s'accumulaient
joui-nellement ; loin de les enfouir ,
il favorisait les efforts que d'au-
\res faisaient pour eu profiter , no-
tamment Jacques Breyn. Celui-
ci lui en témoigna sa reconnais-
sance en le qualifiant de son trcs-
i [lustre Mécène ; et Syen le remercia
ui- ce titre par une petite pièce de
vers latins qui , suivant l'usage du
icmps, se trouve en tcte des centuries
cle plantes de cet auteur. Mais une oc-
casion imprévue vint le mettî'C à
portée de jouir de la plus riche
moisson de plantes exotiques qu'on
eût encore &ilc. Van Bheede venait
d'envoyer de Tlnde le maimscrit du
premier volume de son Uorlus Ma-
labiu'icus, S)nv fut chargé d'cxami-
uci' la uonieucLiture de cet ouvrage ,
et (!c la fa jic concorder i\\ ce les noms
précédemment ét«iblis , c'est-à-dire
de démêler les plante^ qui se trou-
3oo
SYE
vaîciit nrcsciilécs pour la prcmiorc
fois , d avec les anciennes : c'était
tout cp qu'on pouvait demander alors,
et il s'acquitta de cette commission
avec liabiletc ; mais lorsqu'on en at-
tendait la continuation dans les au-
tres volumes, on apprit sa iin pi-e'ma-
tui-ce, en 1(3(17 . ^^^^ Commelin et
autres continuèrent ce travail ; Paul
Hermann vint , au retour de son
voyage , en i(i8o , le remplacer
comme professeur , et au moyen des
notions qu'il avait recueillies dans
ce voyage , il put exécuter les pro-
jets formes par sou prcdécesseur pour
faire connaître les richesses végétales
des jardins de Hollande. D — p — s.
SYKES (Artuur-Agulkg) , tlie'a-
logicn , ne à Londres en 1G84 , e'iu-
dia à Tuniversilé do Cambridge, fut
nomme', en 17 lîi, vicaire de la pa-*
roisse de Godmersliam dans le comto'
de Kent , cumula , dans les dernières
années de sa vie, diUcrentes places
ecclésiastiques, et mourut à Londres
le •.>.3 novembre l'jî'yO. Parmi un
grand nombre d'écrits sur des que-
relles liller.iires et diffm'utes ques»
lions de the'ologie qu'il publia , en
remarque : T. Essai sur ta vérité
de la religion chréticntie , dans fe-
ipud on démontre comment elle est
réi 'llcm cnt fomîéc sur V Ancien Tes-
tament, i7i5Jn-8«. IL Réflexions
sur les principes et la connexion
entre la reli*^ion natundle et la re-
li^ion révélée y 17Î0, in-8'». Sykcs
se distingua entre les pasteurs de l'c-
glise anglicane par les princijies de
charité et de tolérance qu'il cuercha
à ré])andre , et il paraît même qu'il
e\eila la déliance des chefs intolé-
rants de cette église ; ce qui ne
renipccha pas, lors des troubles et
des persécutions qui eurent lieu en
Angleterre p.ir suite de lu dernière
entreprise du j)réteudant, d'élever
SÏL
sa voix en laveur des catholiques ,
et d'invoquer pour eux les princi-
]>es étcrucls de la justice, dans dcu
écrits y savoir: IH. De queUemm-
mère les papistes peiwetU-iU itn
regardés comme des sujets fidUei^
et jusqu'à quel point les rwrv-
clies qu'on leur fait sont^fcndm^
1740. lY. Sur la nécessité d^
méliorer les lois ctmcemant ietpth
pistes, et de les soumettre à me-
révision, 174^. Jean Disney, doc^
teur eu tliéofogie et membre de h
société des antiquaires, qui domu n
démission d'une cure d'un asseï
grand rapport, pour satisfaire an
conscience , a écrit une biograpliit
de A, A. Sykes , sous ce titre : Jle-
moires sur la vie et les écrits de.
A, A. S.f Londres , l'j^j in - 8*.
STLBURG ( Frédebig), filsd'a
pysan de Wcttcr près Marbong
en Hesse , naquit en 1 536. C'était m
savant aussi modeste que laborieU)
et un helléniste doué d'un esprit de
critique extrêmement juste. Sa vir
olfro peu d'événements mémorablo.
Il s'appliqua au grec sous Lamol
Bhodoman,à léua. Après ayoirfaît
quelques voyages . il fut, pcndantpb-
sieurs années, à la tétc de l'éooK de
LIch, dans le comté de Solms^elde
celle de Neuhaus près Wonns. Dé-
goûté de ces fonctions pënibles, q<i
ne lui prroettaient pas de se Unfr
à son ]>cnchant pour la litlcntuit
classique, il renonça à tout eaploi,
et s'attacha, jusqu'en i5gi , à Via-
Srimericdc Weche), à Francfort, et
epiiis h celle de Jer. Gommdini i
Ileidelbci-g , comme directeur des
éditions d auteurs grecs et latins fw
ces typographes pub1ierent.il com-
gea , avec inRnimeut de goâl, ks
testes altérés^ et les accom|>agna dr
l>onnc5 notes et de tables utiles. La
SYL
il âfcquit par œs travaux
indgravc de Hesse à lui
* pension sur les fonds de
de Marbourg , espèce de
dont il nV avait pas
n Allemagne. Son ëpita-
voit à Heidellierg , dit
t le i6 février i5cfi^
ion assiduité au travail
ongues veilles* On peut
itinic qne le monde fitté*
pour lui ^ par une lettre
1 déplore sa mort comme
re'parable pour la littc*
?unc. et par la manier»
di\ parle de cette mort ,
du dix-septième livre de
. Nous allons indiquer
les éditions auxquelles
ma ses soins, et qui sont
^rcbccs , maigre les prof-
its la critique litlcrairCi
>a rut par SCS soins, in-4'^.,
in-8o., une nouvelle e'di-
ionnc'e et augmentée , dô
rc grecque , et en 1 58'2 ,
Rudiments, de Nicolas
!cs deux livres clcmen-
it alors goneralcmcnt in-
ilesccolcs. IL En i583,
w5 grcc-Ialin, où il re-
rsiou d'Amaseus, et qu'il
lotcs, dcLouncs tables,
^rtalion Dcgrammalicis
nomaliis, 1 1 1 . En 1 584 >
ncfort le commencement
)n des OE tares (VAris-
ut successivement onze
ant cinq volumes in-4*'. ,
s on imprima , en 1 587 ,
rai. C'est encore la meil-
non la plus belle édition
s œuvres complètes du
le Stacçire. b^lie est sans
V. Edition de quatre dis-
ratCy F ni ne fort, i5S5,
lition desOEuvresdeDc-
SYL
3oi
nys d'Halycamassc , ibid. , 1 586 ,
en 2 vol. in-folio; première e'ditiou des
Œuvres complètes de ce rhéteur et
historien , d'une bonne et saine criti-
que , qui n'a pas e'tc surpassée. Syl-
burg y joignit, après l'avoir corrigée,
la traduction de Gelenius; mais après
sa mort; en i6i5; il parut une nou-
velle traduction qu'il avait faite lui-
même. VI. En i588, il commença
sa belle collection des Scripiores
hislorice Romance, Francfort, 3 vel.
in-folio , dont les deux premiers ren-
ferment, outre les Fastes cousulai^
res, l'ouvrage de Messala Corvinus ,
Aurelius Victor , Sextus Rufus , Flo-
rus, Velleius Paterculus ; la Chroni-
que de Cassiodore, Jornandès, Sué-
tone ; les six écrivains de l'histoire
Auguste^ Ammien Marcellin, Publius
Victor. Dans le troisième se trou-
tent Eutrope et son traducteur grec
Pœamus ; 1 extrait de Dion Cassius ,
rédige par Xiphilin, Ilérodien , Zo-
sime^ et les Césars de Julien , le tout
en grec. VII. En iSgo, à Francfort,
in-4°. , la Sjrntaxe du grammairien
Apollonius, Sylburg corrigea le texte
d'Aide et de Giunta. Cet ouvrage
n'a pas été réimprime avant 1817.
VIII. En i5()i , parut à Francf., en
1 vol., sa Collection de poésies gno»
miques ou morales de Pjthagore ,
Fhocj'lidc y Solon , etc. , en grec et
en latin. C'est la dernière entreprise
de la librairie de Wechel qu'il diri-
gea. IX. Le Commentaire a André
dejOrète sur l'Apocalypse, en grec
et en latin, Heidelberg , chez Com-
melin, i59'2 , in-folio. X. Ija même
année , chez le même imprimeur, la
première édition du texte grec de
l'ouvrage de Théodoret, dirigé con-
tre l'empereur Julien, et portant le
titre de Bemède contre les maladies
f^recques, çn 11 livr. Sylburg y joi-
gnit ta traduction latine que Zeno«
302
SYL
bio AcciajuoU avait publiée en 1 5 1 9 ,
et des notes. XI. Les Œuvres de
saint Clément d'Alexandrie , Hei-
delherg, i^cp. , iu-iblio, avec notes,
mais sans traduction. X I T. TjCS OKu-
vres i\^ saint Justin le Martyr , Hei-
delberc , i SqS , in-folio. La base de
cetteéaition est celle de 1 55 1 , donnée
par Robert Etienne; mais Sylburg a
corrige' le texte et y a ajoute des no-
tes. G'e'tiit la meilleure édition de ce
sarnt Père , avant celle de Paris de
174*^. Xll 1 . Ir n 1 594 , l'Etfmologi-
cum iiiflg7U///i,Hcidc!borg, in-fol. ,
édition bonne et critique, mais d'une
exécution mc<liocrc. Sylburg y ajouta
une table ; et plus tard clic fut réim-
primée sans changement , à cause de
sa rareté, Leipzig, 1816, in-4°. Ce
n'est que depuis celte réimpression
qu'on a commencé à publier des édi-
tions de VEtymologicum d'après des
manuscrits diliërents de celui qui avait
servi à Callierges : ce Grec avait
imprimé , en i499» » Venise, la pre-
mière édition , qui servit d'originalà
Sylburg. Wy.Saracenica , sive Col-
lectio scriptorum de rébus acrelisio-
iw Turcarum, grec et latin, Heidcl-
berg , 1 595 , in-8<». Ce petit recueil
contient la Réfutatioudcl islamisme,
par E ut hymius Zigabenus; \mc Bio-
graphie (le Mahomet, par un auteur
grec anonyme qui paraît avoir vé-
cu au onzième siècle, et quelques au-
tres morceaux de ce genre , en grec
et en latin , et en partie publiés pour
la première fois. XV. Eu 1597 ,
et ainsi après la mort de Sylburg, pa-
rut, chez Commelin, sa seconde Col-
lection de poètes grecs gnomiques ,
corrigée : elle a été souvent réimpri-
mée depuis. Sylburg laissa beaucoup
de matériaux destinés à une édition
d'Hérodote, qui servirent ensuite poiir
celle (pie ye//»^crm<tnn donna en 1 608
.1 Francfort. Il fournit aussi un
SYL
grand nombre d'aitictes aa Thesâtt
rus linguœ gr<F(?(V, de Henri ÉdtsML
Il existe nue Vie de Sylburg, ëcrile
en latin par J.G. Jung, Berlebooigi
i745,in-8<>. 5-^1»
SYLLA ou SULLA ( Lucius
CoRNKLius ) , ne' vers I*an de Bo-
rne G17 (avant J.-G. 137), dft*
cendait de la brancbe la inoÎBS il<«
lustre de l'antique maison des Cor*
nelieus (P^qjr» tome XLI, p- ^},
dont ; suivant l'expresnon deVeUni
Paterculus , la gloire arait été ^ ai
quelque sorte, interrompue depas
que l'ancêtre de Sylla à la sisiOM
génération , Cornélius BuGnus , ho>
nuré de deux consulats , d'wi triom-
phe et de la dictature, s'était vi
rayé de la liste des sénateurs pour
avoir eu chez lui plus de quinze maici
de vaisselle d'argent. A Rome, les fai-
tes ouïes condamnations des pères ni
retombaient pas sur leurs entants, CI
les descendants immédiats de Rufiflos
auraient pu relever l'honneur de kv
famille y s'ils avaient cti quelque mé-
rite* mais ils vécurent dans 1 uhscB-
rité. Plél)éien , Sylla eut commencé la
noblesse de sa maison : patricien dé-
gradé , il lui rendit l'hoimeur et la re-
monta au rang des plus considérables.
11 put même se passer d'une éduca-
tion honorable , pour devenir Je pr^
micr des Romains, tant la nature s'ô»
tait montrée prodigue envers loi de
ces dons précieux qui semblent app^
1er à Tempire celui qui les posaide!
Tout, dans la vie de cet homme éton-
nant, sort de l'uitlre comniiui.li n'eit
pas jusqu'aux débauches de sa pre-
mière jeunesse, qui n'aient quoqae
chose (l'extraordinaire. Bien qu'deit
dans un état voisin derindicenoe^aes
vices eurent d'al)oixl de l%sdat ; et
il trouva la source de sa fortune là
où tant d'autres ne rencontrent qu'op»
probrc et que ruiné. Sans cesse en-
SYL
de prostituées j d'histrious et
teleurs, il aima, des sou adoles-
, Tatîteur Mclrobius , cl devait,
it toute sa vie , pcrse've'rer dans
fâme attachement. Il séduisit ,
es grâces de sa jeunesse, Nico-
, riche courtisanne , qui lui lé-
)ute sa fortune. A la même epo-
Sylla recueillit T héritage de sa
mère qui l'avait chéri comme un
malgré ses désoi-dres. Dès ce
;nt , il fut compté parmi les
iliers romains les plus opulents,
put se frayer un chemin aux
nirs.Nomméquestenr, Tau 107
J.-C. \ G47 de Home ) , il alla
' en Afrique sous Marins , alor%
I pour la première fois. Sylla
t encore connu que comme un ai-
; deliauché. Le choix qu'il fai-
c ses familiers parmi 1rs plus
ouilons , le temps qu'il donnait
laisirs de la table, n'étaient pas
ture à déceler eu lui un amûi-
II semblait ne songer qu'àscan-
r Rome et nullement à la do-
•. D'ailleurs il passait pour un
ae doux ; il était railleur , mais
ncchauceté : ou le croyait bon,
qu'il riait à tout propos ; seu-
, parce (ju'il pleurait aisément :
il paraissait trop léger pour
capable d'aucun sentiment de
ancc. A son arrivée au camp ,
accueilli avec mépris par son
al , qui ne voyait en lui qu'im
ite , d'ailleurs tout-à-fait novice
l'art militaire. Mais il ne tarda
triompher de ces préventions ;
rius reconnut que la mollesse et
éreté de son questeur n'étaient
te'rieures , et cachaient la faci-
un génie supérieur aux hommes
le aux choses. Sylla se rendit
)t aussi habile dans le métier des
\ qu'aucmi oibcier de Tarmée.
le CDvers les soldats , il savait
SYL
3o5
se les attacher par ses bons offi-
ces , et n'avait jamais l'air d'at-
tendre la reconnaissance. Actif, in-
fatigable y il semblait se multiplier
dans les marches y dans les travaux ,
à tous les postes périlleux , sans
chercher a s'en faire un mérite , sans
jamais déprimer personne , pas mê-
me son cénéral , ainsi que l'in-
grat Ma nus en avait use à l'é-
gard de Métellus son patron. Sylla
Farvint même à gagner un instant
affection de son chef , par la pré-
cision avec laquelle il exécutait ses
ordres , et le bonheur avec lequel
il savait les prévenir. Deux batailles
furent successivement livrées contre
Jugurtha et Bocchus(/^q;^. ces' deux
noms ). Dans la première , Marins ,
surpris d'abord et contraint à reculer,
charge son ouesteur, qui commande la
cavalerie , d'occuper une hauteur ra-
fraîchie par une source abondante et
dont la possession , après avoir assure
la retraite et le bien-être des Romains,
doit leur procurer, pour le lendemain,
une revanche complète sur les barba-
res qui , se croyant vainqueurs , sont
campés négligemment dans la plaine.
Quatre joius après, nouveau combat
contre les deux rois africains. Ju-
gurtha , qui se surpasse lui-même,
est près d'arracher la victoire aux
Romains qui forment le corps de
bataille , et auxquels il fait croire
ue Marins vient d'être tué ; mais
y lia , toujours à la tête de la cava-
lerie , après avoir repoussé l'aile gau-
che des ennemis , survient en ce mo-
ment décisif, prend Bocchus en flanc,
le réduit à fuir , et force Jugurtha de
se dessaisir d'une victoire qu'il avait
pour ainsi dire surprise. Enfin Ma-
rins , qui s'était porté à son avant-
garde menacée, revient pour ache-
ver l'ouvrage si bien commencé par
son lieutenant. Dès -lors, Bocchus
l
3o4 SYL
ne sonç;c plus oirà la paix : il fait
prier Marins ac lui envoyer deux
hommes surs avec lesquels il puisse
traiter. Aulus Maulius et Sylla sont
cliarges de cette missiou; et bien que
celui ci fût le plus jeune , son élo-
quence et son adresse lui assignèrent
le rôle principal dans la négociation.
Le premier il insinua au roi de Mau-
ritanie, qu'il lui serait facile de faire
oublier au peuple romain unepremië*
rc faute , en rendant à la république
un important service. Bocchus com-
prit bien qu'il s'agissait de livrer
son gendre Jugurtba. Cet acte do
lâcheté , loin de révolter son cœur ,
lui paraissait déjà le mojen le plus
prompt d'acheter la paix , lorsouo
ce prince , aussi faible que perfiae ,
changea tout-à-coup d'avis par les
suggestions de quelques-uns de ses
favoris , vendus secrètement à Ju-
gurtha. Sylla et Manlius retournent
au camp de Marius , sans avoir rien
conclu. L'armée romaine était alors
m quartiers d'hiver : le bonheur de
Sylla voulut que pendant cet inter-
valle de repos ^ il eût occasion de ren*
dre à Bocchus un service important
qui accéléra l'heureux dénoûment de
la guerre. Marius, s'étant éloigné pour
aller surprendre une place ( la Tour
du Roi) , remit le commandement à
son questeur. Cependant Bocchus, qui
avait encore une fois changé de réso-
lution^ envoyait au proconsul (i) cinq
de ses plus habiles conseillers char-
gés de conclure la paix. Ces ambas-
sadeurs furent dépouillés en chemin
par des In'igands gétules , et arrivè-
rent presque nus au camp des Ro-
mains. Sylla y loin de les traiter en
ennemis comme Tinconstance de leur
roi aurait pu l'y autoriser , leur pro-
(i) L'aonvc du cmkuUI de Marins étant alun
rapinie , il cmitmua la Rorrre en qnalUê d« pr»-
cunanl.
SYTi
digtia les secours et les son
clamait leur dâiûment. Dan.
connaissance , ils n'hésitèrc
communiquer au questeur In
tions dont ils étaient chargé
général romain. Sylla leur*
la manière dont ils devaient
avec son chef. Marins, à
tour , mit en délibération
Positions des ambassadeur
emande préalable qu'ils
d'une suspension d'armes. \
d'avis de l'accorder ; et
discours que lui prête Sallui
sista sur l'instabilité des
tés humaines. Son avis
Marius autorisa en outre
ambassadeurs à se rendre
pour traiter de la paix. lies
très retournèrent auprès de
et ne manquèrent pas d
conter tous les bons oiH<
avaient reçus de Sylla. La n
sénat aux envoyés de ce ]
favorable , et tels en étaie
près les termes : Rome
pardonner à Bocchus y en
son repentir ; mais pour ol
liance et l'amitié du peuple
il faut qu'il la mérite. C'é
citement reproduire la p
de livrer Jugurtha. Bocc
que non encore fixé sur le
S rendrait à la [in , écrivit
e lui envoyer Syllapour r
communs intérêts. Ce dei
avec quelques troupes légè
fait jour à travers les noin
taillons de Jugurtha , qui
entreprendre contre les Rc
présence de Volux, fils de B<
était venu joindre Sylla |i
ger sa marche. Dans cette
le romain montra encore
générosité que de résolu ti<
tite troupe se voyant enre
les Numides , se croit i
SYL
et demande la mort de ce
Sylla s'oppose à celte vio-
neu qu'il partage les soup-
soldâts ; mais Voliix n'était
.raîtrc , et cette circonspcc-
éreuse sauva les Romains. A
de Boccluis , il courut de
mds dangers encore : le roi
csita long - temps , incertain
•rait Jugurtba au Romain,
main à Jugurtha; mais enfin
de fut livre ; et Sylla le con-
1 camp du proconsul. C'est
l'il ravit à son gênerai la
; terminer la guerre de Nu-
ommeMarius l'avait enlevée
lis , avec cette dillërence ce-
, que jMarius y était parvenu
moyens odieux , tandis que
I vSylla n'avait eu besoin ,
L'indre ce but, quedesemon-
lesleur le j)lns docile et le plus
Sa renom mee commença dès-
lancer la gloire de Marins ; et
que ce dernier menait Jugur-
>uite de son cliar triomphal ,
riait a Rome que des dangers
braves Sylla pour obtenir
tre captif. Chacun, dit PIu-
l'honorait et le respectait; et
3 était si glorieux de cet acte
âge et d'habiletc , qu'il fit
m cachet sur lequel il était
tel recevant Jiignrtha des
e Boccluis. (icla désespérait
mais rcdéchisaiit que Syl-
, au prix de lui , un per-
encorc trop peu important
? envie , il continua de l'em-
Dmme lieutenant. Durant son
onsulat, il le chargea de com-
'S Tectosages ( peuple gau-
habitait les environs de Tou-
Sylla lit prisonnier un de
s, nomme Copvlas. L'année
, envoyé par Marins contre
e germanique, qui
SYL
3o5
, envoyé i
?s, peuplad
xi.iv.
venait se joindre aux Teutons, il n'em-
ploya contre eux d'autres armes que
celles de la persuasion , et les décida
à embrasser le parti des Romains.
Après tant d'exploits et de travaux,
Sylla n'était encore que tribun de mille
hommes. Las d'obéir à un général ,
qui, tout en se servant de lui comme
d'un utile instrument , s'opposait à son
avancement , il le quitta pour s'atta-
cher à Lutatius Catulus , qui , ravi
d'avoir à sa disposition un officier si
actif et si habile , lui confia les
missions les plus importantes. Sylla
s'en acquitta avec d'autant plus de
zèle, que son nouveau chef était plus
disposé à lui rendre justice. Il aéiit
un corps considérable de Barbares
dans les Alpes. Les armées des deux
consuls manquaient de vivres. Sylla ,
chargé des approvisonnements de
Catulus^ en amena une si grande
quantité, que non- seulement les trou-
pes de ce consul furent dans l'abon-
dance, mais qu'elles purent fairp part
de leur superflu aux soldats de Ma-
rins , collègue de Catulus. Cette cir-
constance désespéra de nouveau ce-
lui-ci et redoubla sa haine pour un
homme dont les services l'humi-
liaient plus peut-être que des offenses
ne l'auraient irrite. La journée de
Verceil , dans laquelle Marins et Ca-
tulus combattirent en personne , vint
encore ajouter à tous ces motifs d'ini-
mitié. Le premier avait fait toutes
ses dispositions pour que l'autre con-
sul eut la moindre part à cette ba-
taille : la fortune de Sylla , qui par-
tout faisait palir l'étoile de Marius ,
déconcerta tout ce plan : le vent
ayant élevé des nuages de poussii-
re, Marius s'égara au fort de l'ac-
tion, et ce furent Catulus et Sylla
qui vainquirent réellement les Ciui-
bres à Verceil. Ce dernier , persua-
dé alors qu'il avait assez fait pour
3o6
SYL
pouvoir asj)ircr aux dignités ci-
viles , brigua la prédire urbaine.
I! ne fut j>oinl élu : le peuple , qui
savait que les liaisons de Sylla avec
Bocclius le mellraienl enniesure de
donner de magniliques combats de
bêles d'Afrique (a) , espe'r.iit, par
ce refsîs . le rcfduircà denianderrcdi-
litc. Toutefois, l'année suivante, il
acheta les suffrages et fut enfin pré-
teur. Comme il menaçait un ]our
Julius-Cxsar Strabo , père du dicta-
teur, d'user contre lui du droit de
sa charge : a Vous avez raisou de
l'appeler votre, repondit celui - ci,
car vous l'avez bien payée. » A l'ex-
piration de sa prdture(l'an de Rome
o6i),Svlla fut envoyé dans le royau-
me de Cappadoce, pour mettre sur
le troue Ariobarzauc, du roi par la
nation , du consentement des Ro-
mains^ et à la ])lacc duquel jMitli ri-
date , roi de Pont , avait c'îeve' un
])rince de sa famille sous la tutelle
de Gordius, uu de ses ministres.
Une seule bataille sulîlt h vSylln ]>our
renverser ce fantôme de roi , et pour
assurer la couronne sur la tète d' A-
riobarzane. 11 reçut alors une am-
bassade du roi des Parthes : jimais,
avant ce jour, les Romains n'avaient
eu de relations avec ce peuple , qui ,
dans la suite, leur devint si redouta-
ble. « IMais cela même , dit Plular-
(jue, est une nouvelle preuve de la
fortune de Sylla , qu'il iûl rtele pre-
mier des Romauis à (jui les Parthes ,
vc |)eup!e si lier , aient envoyé une
ambassade solennelle. » La liaiileur
avec laquelle; il se rompniia d.n;s
cette occasion frappa to::s les esprits :
il ])rit la place d'iiomieiu* entre Ario-
I)aiz.'ine elOmbaze, anlbas^afleI!rdu
roi des Parlbes , qui , furie.i\ de ce
[Ti] Syllu <'l. <T|V:f «î«i:iliii un CMiiiliiil , >.ù reiil
li'ili» ronili'itfi'fiit riinlri- oom K-a(!.'<if«ura.
SYL
(pic son représentant FaTait souflTerl,
le fit périr par la main du bourreau.
On raconte encore qu'un courtisan
d'Ariobarzane, admirant la majesté
que le ])rcteur romain déploya dans
cette fameuse entrevue , s'c^ia :
a Quel homme! il sera quelque joiu*
le premier de l'univers! »«Sjlla, de
retour à Rome, balança dès-lors réelle»
ment l'influence de Marins, dont l'in-
solence et le despotisme révoltaient
tous les patriciens. Des lors riuimi-
tic de ces deux rivaux, ne connut plus
de bornes. La faction populaireétait
pour le vainqueur des Gimbres : le
sénat avait jeté les yeux sur Sjlla,
afin de l'opposera Marins. Les deux
l)artis étaient en présence, lorsqu'une
démarche de Bocchus pensa leur
mettre les armes à la ma m. Ce prin-
ce , pour faire sa cour au peuple ro-
main, consacra, dans le Ca pi tôle, des
statues d'or représcutant les ylctoires
de Rome , et Bocchus lui - même qui
livrait Jugurtha entre les maînsde
Sylla. IMarius regarde ce monument
comme un affront fait à sa gloire; il
entreprend de le renverser. Sylla
réunit 6es partisans pour s'opposera
cette violence. La guerre civile va
donc ensanglanter Rome, lorsque h
guerre sociale , qu'on peut rq;aider
elle-même comme une véritable guer-
re civile , apporte une diversion ans
fureurs menaçantes de deux hommes
dont les passions régleront désormais
les destmécs du monde. Dans la
guerre contre les alliée , Marius fit
peu pour l'état et pour sa gloire;
Sylla , au contraire, acquit la répu-
tation d'un grand capitaine. U gagna
deux batailles sur les Samnites, furfa
leur camp dans la première, et tua
leur général dans la seconde. I^a prise
de liovianum, qui était le foyer de
la révolte , la conquête de plusicnrs j
auti'cs ])laccs considérables , cou- '
SYL
rcnt ces glorieux, exploits. T.cs
lis de Sylla afteclaient d'atlri-
es succès à la proleclion de la
e; mais rclui-ci , loin de s'en
er , se plaisait à eii convenir,
y a il à sa fortune ; il se disait
c par elle bien mieux que par
idnirc : c'était le moyen de di-
r en quelque sorte ses exploits,
îonvamcre les Romains querien
uvait résister à son bonbeur.
ettccroyance supers titieusc^eut-
concevoir le projet de devenir
itre de Rome; et les Romains
icmes , non encore façonnes à
rage , eussent-ils reconnu Sylla
maître? Entoure de la faveur
jne , il brigua et obtint le con-
à l'âge de quarante - neuf ans
de Rome 666, Tan 89 avant
. ). On lui donna pour collègue
us Pompeius Rufns. La guerre
e touchait à son terme; mais
avait à châtier Mitliridate, qui
: de faire massa<!rer quatre-
mille Romains dans les villes
>rient. La gloire de se mesurer
:c prince redoutable était digne
mbition de Sylla ; et déjà le sé-
li avait assigné l'Asie pour dé-
nent. Tout semblait alors suc-
k ses vœux : il venait d'obtenir
lin de Cîrrilia Metella , fille du
pontife Metellus. C'était peut-
; premier parti de la républi-
e peuple et la plupart des grands
?nt le père de Metella de s'être
lié , ne trouvant pas , dit Titc-
, digne d'une telle épouse celui
avaient pu juger digne du con-
DéjàSylla avait eutroisfnnmes:
la première, était morte après
oir donné une fille ; veuf d'iE-
a seconde, il avait épousé. en
•mes noces Cœlia, qu'il répudia
prétexte qu'elle était stérile;
dans lé fait pour s'unir h Me-
SYL
^O"'
teîla , déjà veuve de Marcus-^Emi-
lius Scaurus. Cependant Marins, aidé
de Sulpicius, tribun séditieux , se
fait donner le commandement de la
guerre contre Mithridate , par l'as-
semblée du peuple. Les consuls dé-
clarent la république en danger: Sul-
picius et ses satellites dissipent les
citoyens amis de l'ordre et des lois
qui entourent ces deux magistrats.
Sylla lui-même, poiursuivi par les
factieux, se précipite, au gi*and éton-
ncment de cnacun , dans la maison
de Marins : mais il n'avait pas trop
présumé de sa fortune; et son ennemi
mortel , généreux pour la première,
pour la seule fois de sa vie , le fait
évader par une porte dérobée. Une
condition , il est vrai , fut mise
à sa délivrance : c'était de rap-
porter l'édit qui, déclarant l'état en
danger , suspendait toutes les affai-
res publiques. Sulpicius, alors arbi-
tre de Rome , dépouille Q. Pompeius
de la dignité consulaire : s'il la con- '
serve à Sylla pour prix de sa con-
descendance, il prétend lui oter le
département de l'Asie et l'armée des-
tinée à combattre Mithridate , afin de
donner l'un et l'autre à Marins. Des
tribuns militaires se rendent à Noies ^
ou se trouvaient ces légions, pour en
prendre le commandement au nom
de ce dernier; mais Sylla eut le bon-
heur d'arriver au camp avant ces of-
ficiers , qui , à son instigation, furent
lapidés par ses soldats. A quel prix
avait-il acheté ce dévouement extrê-
me de son armée ? Plutarque nous
l'ajpprend : en favorisant rindisci-
pline, à tel point qu'un de ses lieute-
nants, Albinus, ancien prffteur,'ayant
été assotiimé par la' soldatesque, les
auteurs ' de ^ ce*- crime né furent pas
même récherçRés ; et Sylla se borna
à dire que ' lé**dëjir^ d'effacer leur
faute les rendrait plus déyouës et
20..
3o8
SYL
j)liïs vaillants. Il se dispose à inarclior
sur Rome; c'était, depuis Coriolan,
le seul exemple d'un pareil atten-
tai. Ses tribuns légionnaires Taban-
domient; mais il est joint en roule
par Q. Pompeius , sou collèçue. T^e
sénat , dont oulpicius et Maruis dic-
tent les délibérations y envoie audc*
vant de Sylla deux pi e'teurs , Brutus
et Servilius, pour lui deTendre d'en-
trer dans la ville. La troupe veut
tuer ces députes; elle brise leurs fais-
ceaux, et decliire leurs robes de pour-
pre : ils sont renvoye's avec ignomi-
nie. Sylla se remet en marche; il ap-
proche de Rome : nouvelle ambas-
sade qui vient, au nom du sénat, lui
ollïir toutes les satisfactions qu'il
Seul exiger. On n'y met qu'une con-
Jtion, c'est de ne pas entrer à main
aimée dans la ville. Sylla promet
tout; il donne ^ devant les ambas-
sadeurs , l'ordre de suspendre la
marche et de ramper sur le lieu
même ; mais ils ne se sont pas
plutôt éloignés , qu'il envoie Lu-
cius Basillus et Caius Mummius oc-
cuper , avec un détachement , la
porte Esquiline; lui-mtmc les suit de
])rès. Le peuple de Rome, bien que
sans armes, songe cependant à se
défendre : chacun monte sin* les toits
pour accabler de tuiles et de pierres
les soldats de Basillus , qui déjà pc-
nclrent dans les rues. Sylla survient
en ce moment; il crie qu on va mettre
le feu aux maisons ; lui-mnne s'arme
d'une torche et commande à ses ar-
<*liers de lancer sur les toits leurs
(lards enflammés. Dès ce moment
toute résistance cesse, et Sylla voit
Rome à ses pieds. Ce n'est pas cn-
<ore celle fois qu'il abusera de la
victoire. T^e sénat, qu'il assemble ,
annulle les actes de Sulpicius , ote
aux tribuns la proposition de toute
loi qui n'aurait pas d'abord été prc-
SYL
sentée au sénat, substitue les comkcs
par centuries aux comices par tri-
bus, cl prononce la coodamnatîûB
des deux Marius^p^re et fils, deSnl-
picius et de huit autres sàiateuis.
Rien de plus célèbre dans l'histoire
que la manière dont le vainqueur dei
Gimbres , proscrit dans cette même
Italie que sa valeur avait sauyëe,fii(
soustrait à la rage de ses bourreaux.
Sa gloire scidc fut son cgide {F'qrez
Marius ] ; mais l'infâme Sulpîcius,
trahi par un esclave , eut le sort qu'il
méritait. Sylla alFrancbit d'abora ce
serviteur perGde^ conmie il l'avait
promis; puis, par une sentence fort
luste , il fait précipiter du liaut de
la roche Tarpéienne celui que son
crime vient de faire citoyen romaîo.
Jusqu'ici Ton ne peut voirdans Sylla
3u'un consul légalement armé conbe
es séditieux , et qui ne songe qu'à
établir dans la république une robr-
me salutaire. Satisfait de la proscrip-
tion de quelques sénateurs , dont tous,
au reste , avaient meVité la mort en
violant les lois fondamentales de l'é-
tat, il montra une modération qu'il
crut sans doute lui être utile; car la
suite ne fît que trop voir qu'elle n'é-
tait point dans son caractère. Il souf-
frit que, pour l'élection desconsub
de Tannée suivante, on n'eAt aucun
égard à. sa recommandation en ùr
veur de Nonius son neveu, disait
qu'il était bien aise de voir les d-
toyens user de la liberté ^'il kor
avait rendue. Il ne s'opposa màM
pointa ce que Lucius GorneliusCîmUi
ami de Marius et partisan de la &0r
lion populaire y fût porté au conso-
lât. Sylla crut , il est vrai, le lier i
ses intérêts par un serment accoautt-
gné de tout ce que la supersiibon
poavait inventer de plus terrible;
mais cniel serment arrêta jamais
l'eflêt des haines politiques dans m
SYL
mbitieui? Le nouveau coumiI
[>as plutôt eu fonctions , qu'il
toutes ses promesses; et, à
itigation , le tribun Virginius
enter une accusation capitale
celui qui ayait proscrit Ma-
illa, laissant l'accusateur , les
t le procès , se hâta de partir
ie pour aller combattre Mi-
e. Il seutait que , malgré la
ni'il avait acquise par ses ex-
il n'e'tait pas encore eu état
»ler sou rival, dont la proscrip-
voisiue de ses immenses ser-
semblait avoir accru la re-
e. Poiu* le vaincre^ il fallait
ler par ses propres armes ^
dire par des victoires sur les
i de la république. L'insolence
a lui apprenait assez qu'en
ant a Rome il avait tout à
: c'était en Asie qu'il devait
ir le droit de dominer dan»
c'était en domptant un autre
la qu'il pouvait se mettre en
ichainerla faction populaire,
arrivé en Grèce, Sylla reçoit
iitations de toutes les villes ,
ption d'Athènes , qui , sou-
la tyrannie du philosophe
I, créature de Mithridàte (^.
5 ^11 , 443 ) , persistait dans
e du roi de Pont. Sylla iu-
4a-fois avec toutes ses forces
, défendu par Archelaiis, et
d'Athènes. Il lui eût été fa-
réduire cette cité par la fa-
nais pressé de retourner à
>our accabler la fuctiou de
» il donna assaut sur assaut ;
effet de la résistance inattcn-
Athéniens , qui , pendant uuc
e retinrent sous leurs murs ;
t beaucoup de temps, pour
oulu trop haliT la fin de
lerre. Toutes les rcssoui'ces
onucs de l'ait des sièges fu-
SYL
309
rcnt mises en usage par le général
romain. IHus de vingt mille mulets ,
dit Plutarqiie , travaillaieut sans i*e-
lache au service de ses machines et
de ses batteries. Pour ses ouvrages
de siège , il n'épargna ni les bois sa-
crés , ni les beaux arbres de l'Acadé-
mie et du Lycée. Il ne se fit pas plus
de scnipule d'enlever les trésors des
temples , sans respecter ceux d'Épi*
daure , de Delpnes et d'Olympie.
« Ces trésors , écrivait-il aux Am-
» phictyons , seront plus sûrement
» entre mes mains qu'entre les v6-
9 très. D'ailleurs je les rendrai après
y la cuerre. » On verra dans la suite
comment il s acquitta de cette pro-
messe. Un Phocéen , nommé Ga-
phis , qu'il avait envoyé à Delphes
pour recevoir les trésors d'Apollon
essaya vainement de le détourner de
cette spoliation sadt'ilége , en lui di-
sant que y lorsqu'il avait exposé sa
demande aux Amphictyons assemblés
dans le temple , on avait entendu ,
au fond du sanctuaire , résonner la
lyre du dieu, a Comment , répondit
» Sylla , n'avczrvou» pas compris
» que cette musique était un signe
» a'adhésion et de satisfaction, et
» nullement d'improbation et de mé-
» contentement? Faites-vous remettre
» hardiment ces trésors : c'est le
w dieu lui-même qui nous les 4opiie. »
Ils furent donc envovés au camp du
proconsul , mais à 1 insu des Grecs.
Jusqu'alors les Romains avaient af-
fecté un grand respect pour la reli-
gion des nations étrangères ; et cette
sage conduite avait été un des princi-
paux ressorts de leur politique con-
quérante. Sylla fut le premier qui s'en
écarta; mais, commel observe Plutar-
que, si lesFlamiuinus^lesManius Aci-
lius , les Paul Emile , avaient jusqu'a-
lors respecté les temples de la Grèce ,
c'est ^f cas yartuaux capitaines , pla*
I
5io SYL
CCS légalement à la t/ te des armées de
la république , u'a vaieiit sous leurs or-
dres que des soldats bien disciplinés ,
et ne les employaient que pourser\'ir
l'élal : mais comme Sylla et les gé-
néraux factieux qui l'imitèrent ne
tenaient le commandement que de la
violence et ne faisaient la guerre
ue pour leurs intérêts , il leur fallait
es trésors à tout prix ^ afin de cor-
rompre leurs soldats , et de se les
attacher personnellement. Cependant
le siège d'Athènes se prolongeait ,
et quelque pressé que fut Sylla par
des intérêts plus puissants , il s'obs-
tinait à la conquête de cette ville.
Voulait-il faire servir à sa gloire
l'antique gloire de cette cité (}ui avait
été si long-temps la dispensatrice de
la renommée? ou, ce qui est plus pro-
bable , voulait-il punir les Athéniens
des railleries obscènes et injurieuses
que du haut des remparts le tyran
Aristion faisait vomir contre lui et
contre sa femme Metclla? Jusqu'a-
lors il avait ignoré les dérèglements
de son épouse , et il ne pamt pas
dans la suite qu'il en eût moins de
considération pour elle. Passant sa
vie avec des histrions , des bateleurs y
et autres gens non moinsdécriés, Sylla
pouvait bien ne pas être aussi sus-
ceptible que César sur la fidélité con-
jugale. Ou a dit, d«'ms la notice déjà
citée sur Aristion , à quelles extré-
mités les Athéniens furent réduits
pendant un si lon^ sic^e. (^e tyran
était , parmi eux , le seul intéressé à
cette résistance sans objet pour la li-
berté delà Grèce; à la lin cependant,
sollicité par les prêtres et par les sé-
nateurs, il ne put se refuser à faire
une démarche paciliquc auprès de
Sylla. Les députes (ju'il choisit par-
mi SCS compagnons de débauche , au
lieu de s'acquitter de leur mission ,
se bornèrent à louer devant le gêné-
STL
rai romain Thésée, Ëumolpe etks
anciens héros d'Athènes : « Grands
» orateurs , leur dit Sylla , en les in-
V terrompant^ allez vous -en avec
» tous vos beaux discours; car je
» n'ai pas été envoyé à Athènes poor
» recevoir des leçons de rhétorique ,
» mais bien pour châtier des rebel-
» les. » Informé par ses espions
qu' Aristion néglige de faire garder
une partie des murailles qui peut être
facilement enlevée, il dirige un assaut
sur ce point dès la nuit suivante.
Athènes alors est livrée k toute la
fureur des Romains : Plutaroue écrit
que le sang qui fut verse' aans les
rues y regorgea par les portes , et se
répandit jusques dans les fiiubourgs :
il ajoute même au'on moutiâit enco>
re de son temps la hauteur à lamielle
ce fleuve de sang s'était elcTé. Outre
ceux que moissonna le fer des Ro-
mains , beaucoup d'Athéniens se don-
nèrent la mort pour ne pas survivre
à Texisteuce de leur ville. L'exemple
encore récent de Carthage, de Nn-
mance et de Corinthe ne permettaioit
d'attendre de Sylla aucune pitié povr
les malheureux Athéniens. Ge]^-
daut , fléchi par les instantes prières
de ceux de leurs concitoyens que
leur attachement pour Rome avait
fait bannir de leur patrie, il ar-
rêta enfin le carnage et la destruc-
tion y en disant a qu'il épargnait
» le grand nombre des rebelles en
» faveur du petit nombre des iano-
• cents , et qu'il pardomiait aux vi-
» vants en faveur des morts , » fai-
sant par ces derniers mots allusion
à la gloire passée d'Athènes. Après
avoir fait mettre le feu aux pnndr
paux édifices du Pirée , et privé ain-
si cette ville de tout moyen de défen-
se , il lui rendit la liberté, si l'on pou-
vait ap[K>]er ainsi le bienfait aune
puissance qui dédaignait de ravir à
SYL
rille dégénérée le droit de vi-
ous ses propres lois. Cependant
élaiis,que l habileté desdisposi-
de Syila avait rendu spectateur
• de la prise d'Athènes, était avec
>lte dans le port de Munychie ,
\s que Taxile, autre général de
rida te , venait d'entier en Grè-
ar la Macédoine , avec une ar-
de cent mille hommes. Arche-
loin de se laisser éblouir par
i grande supériorité de forces ,
sur terre que sur mer , n'espé-
vaincre un adversaire tel que
qu'en traînant la guerre en
leur et en coupant les' vivres aux
ïins, qui commençaient à souf-
de la disette dans les campa-
stériles et ravagées de l'Attique.
plan eut été suivi , le proconsul
-ait infailliblement vu forcé de
ruer honteusement à Rome. Mais
mpressa d'évacuer l'Attique ,
ixilc et Archélaiis auraient pu
rmcr , et mena ses troupes
la riche et fertile Béotie. Il
itsous ses ordres que seize mille
cents hommes : Taxile et les
aux ennemis, voyant ce pe-
tmbrc, obligent Archélaiis qui
)mmandc de changer son plan
présenter la bataille aux Ho-
) dans la vaste plaine d'Éla-
IjCS soldats de Sylla , qui
lent leurs ennemis , sont époiK
s et se tiennent enfcnnés dans
retranchements. Le général,
!a]>ile pour mener au combat
roupcs découragées, espère , à
(le fatigues et de travaux , les
lindre à le demander elles-mê-
l ne leur domic aucun repos ,
oî)liçc à détourner les eaux du
se dans de vastes fossés. Per-
n'est exempt de cette tâche :
reillc incessamment les travail-
et punit sévèrement ceux qui
SYL
3ii
ralentissent kurs efforts. Cependant
il voit avec imc fureiu* impuissante
les barbares ruiner les villes de Pa-
nope et de îx'badée. Les Romains de-
mandent enfin à marcher à l'ennemi»
« C'est bien moins le combat que
» vous demandez, leur répond Sylla
» d'un ton cravc et sévère , que la
» cessation ae tout travail. Au sur-
» plus , si vous voulez absolument
» combattre, prenez vos armes ^ et
» allez occuper ce poste. » En di-
sant ces mots^ il leur montre un mon-
ticule escarpé qui domine la plaine.
Les Romains s'élancent, et knalgré
les efforts des ennemis , ils ont enlè-
ve le poste désigné. Ce premier suc-
cès plaçant Arcuelaiis dans une po-
sition défavorable, l'oblige de trans-
porter son camp vers Chéronée.
Sylla , qui obs^èrve ce mouvement ,
envoie sur le champ une légion dans
cette ville , pour la mettre à Fa-
bri d'un coup de main. Lui-même
sitit l'ennemi avec le reste de ses
troupes. Pendant plusieurs jours, les
deux généraux firent des efforts réci-
proques pour se surprendre; à la fin,
Sylla sut contraindre Archélaiis k
combattre dans un lieu semé de ro-
ches , où sa nombreuse cavalerie et
ses chars armés de faux ne purent se
développer ( F, Mithridate vu,
XXIX, i63 ). Le succès fut long-
temps douteux. Vainqueur à l'aue
droite, Sylla se poi-ta rapidemeut
à la gauche , qui commençait à plier»
Sa présence rétablit le combat de ce
coté ; mais , dans le même moment ,
Archélaiis tente ui)e nouvelle atta-
que contre l'aile droite. Sylla , qui
semble se multiplier , revole ven
ce point menacé. Dès qu'il a paru ,
les Romains se sentent invincibles.
Archélaiis est repoussé, tandis qoe
l'aile gauche, où le proconsul a laisse'
une partie des soldats qui le servaient ,
3l2
STL
reprend ravantagc. La déroute des
barbares est complèto : ils fuient;
et les vainqueurs, entrant pèle- mêle
avec eux dans leur camp ^ en font im
horrible carnage. Plus de cent mille
Asiatiques auraient péri dans cette
journée , s'il était vrai que de leur
npmbreuse a rmee, dix mille seulement
purent se sauver à Cbalcis en Ënbce.
IJne exagération encore plus mani-
feste , c'est que du côte' des Romains,
quatorze hommes seulement manquè-
rent à l'appel après la bataille , et
encore deux rentrèrent au camp le
soir mcmc. C'est ce que Sylla avait
écrit dans ses Mémoires. Ou sait
combien des mcusonc;cs de cette es-
pèce lui étaient familiers pour faire
admirer sa fortune. Sur les tropbécs
qu'il érigea , il fit graver cette ins-
cription : A Mars, à la Fictoire^ à
Vénus , afleetant toujours de mettre
son bonheur au-dessus de son mérite.
Pourcéle'brer la victoire de Chéronée
il donna , h Tlièbes^ des jeux où des
musiciens disputèrent la palme. Pré-
tendant restituer aux dieux les trésors
qu'il avait culerés dans leurs tem-
ples , il expropria les Theluins de la
moitié de leurs terres, dont les reve-
nus furent désormais consacrés à
Apollon Pythien et à Jupiter Olym-
pien. Pendant ce temps^ le parti de
Marins triomphait à Rome^ bien que
ce farouche consul fut descendu dans
la tombe , au bruit menaçant des vic-
toires de son rival, Lucius Valerius
Flaccus substitué; dans le consulat^
à Marins défunt j se hâta de traver-
ser la mer Ionienne, avec une armée
qu'il destinait moins à combattre Mi-
thridalc que Sylla j et celui - ci , tou-
jours prOt pour la guerre civile,
marcha aussitôt vers la Thessalie ,
alin de jM'évenir Flaccus : mais à
])rine arrivé dans cette province, il
est forcé de retourner sur ses pas,
pour faire tête à ime armée Ai
quatre-vingt mille Asiati^es, qni ^
viennent d'aborder en Béotie , sous les
ordres de Dorilaiis. Archclaiis, qui •
s'était joint à ce nouveau gcnëral,
avec sesdixmillehommeséckappésan
désastre de Chéronée, essaya de lui
persuader d'éviter une bataule , et de
traînei* la guerre en longueur; mais
Dorilaiis ne tint pas plus compte que
Taxile des conseils ae ce prudent ca-
Î)itaine; il eut le même sort. Sylla
ébattit près d'Orchomène, dans une
vaste plaine , où cette fois les troupes
Î)ontiques auraient pu se déployer, si
e général Vomain n'avait neutralisé
pour elles l'avantage du terrain joiat
a celui du nombre, en coupant toute
la campagne de fossés et de tranchées .
profondes , garnies de redoutes. Par
ce moyen fut arrêtée la course imp^
tueuse des chars des ennemis. L'atU-
que de leur cavalerie fut plus dilEdle' .
k isoutenir : peu s'en fallut qu'elle ne
mît les Romains en déroute. Syl-
la , dans cette extrémité , desocndit
prom ptement de cheval , et saisissant
une ensei^e , il se précipita van
l'ennemi , à travers les rangs de»
fuyards, en criant : « Pour moiyRo-
» mains, je veux mourir ici; etouand
» on vous demandera eu que* lieu
» vous avez abandonné votre gêné»
Tù rai , souvenez - vous de répondre
» que c'est à Orchomènc. » Ce it*
proche rend aux Romains tout leor
courage : Sylla lesramëneà la charge;
et ils sont vainqueurs. Tandis qu'il
faisait ainsi triompher les armes de
la patrie, la faction de Macîus k
déclarait ennemi public , proscri-
vait sa tête , et confisquait ses Ineas.
Ce fut après la victoire d'OrchomiBe
que Sylla vit arriver dans son camp
sa femme Metella , ses enfants et plu-
sieurs sénateurs fugitifs , qui le piesp
saient de venir au secours de sesamii
SYL
:isans. Quelque impatient
répondre à leur vœu et
de se Tciigcr de ses enne-
le pouvait se re'soudre à
îvoir termine' la guerre
ur. II était dans cette
lorsque Milliridale, qui
)esoin de la paix , envoya
ige Arclielaiis. Sylla mit
igociation autant de liau-
n'avait eu d'autres af-
3 bien servir la republi-
iit même que la situation
c son parti le portait à se
> exigeant , afin de mieux
à tous ses ennemis. Mi-
oll'rait des troupes et de
r aller à Rome accabler
larius : il ne lui deman-
faire sortir les troupes
TAsie. Sylla rejeta cette
avec un froid dédain, et
Arclielaiis à j)rendre un
pliant. On a dit ailleurs
THRl DATK , XXIX ,
es furent les conditions
le proconsul. De nou-
ssadeurs vinrent les rati»
du roi do Pont, sauf cel-
prnaienl la cession de la
et la remise de soixante-
<( Quoi, s'écria Sylla,
î refuse ces conditions ,
n'attendais au contraire
venu à mes pieds, me re-
• ce que je lui laissais la
e , avec laquelle il a signe'
î tant de Romains. » La
ïtait près de se rompre,
oconsul allait passer en
le , par une faveur ines-
tune vint faire concourir
de cet heureux gcne'ral
même de ses ennemis,
iteuantde Flaccus, après
ne ce consul, s'était mis à
armée, et pressait les gé-
SYL 3i3
néraux de Mithridate avec d'autant
plus d'ardeur , qu'il voulait enlever
a Sylla Thonneur d'accabler entière-
ment ce prince. Mithridate, aux abois,
se résout enOn à demander une entre-
vue au proconsul : elle lui est accor-
dée à Dardanum , dans la Troade; et
Sylla déploya encore en cette occa-
sion cette fierté qui semblait annon-
cer en lui le maître du monde. Il re-
fusa la main que lui tendait le roi^
et lui demanda s'il ne voulait pas ter-
miner la guerre aux conditions qu' Ar-
clielaiis avait acceptées. Mithridate
gardant le silence : a Savez • vous ,
» reprit Sylla, que c'est aux sup-
9 pliants à parler les premiers , et
» que les vainqueurs u ont qu'à les
9 écouter en silence? » Le roi com-
mence alors une longue apologie de
sa conduite, a J'avais toujours en-
» tendu dire que vous étiez un prince
V très - éloquent, dit le Romain en
» l'interrompant. Je reconnais au-
p jourd'hui combien cette réputation
V est méritée, puisque vous n'avez
V pas manqué de paroles spécieuses
» pour pallier vos crimes et vos in-
» justices. » Puis, après lui en avoir
fait rénumération , il demanda une se-
conde fois au roi de Pont s'iluevoidul
pasratifier les conditionsqu'Ârchëmi ;
avait acceptées. Sur la réponse aflîr^v
mative de Mithridate , le proconsul
courut à lui, et l'embrassa; puis il
lui présenta les rois Ariobarzaue et
Nicomède. Ainsi se termina la guer-
re de Sylla contre Mithridate ( ^q;^.
Mithridate V,xxix, 1 65). Alors le
proconsul marcha contre Fimbria^
qui se trouvait en Lydie avec son ar-
mée. Cet indigne rival fut vaincu sans
coup férir. Abandonné par ses sol-
dats, qui passaient tous aans le camp
de Sylla , il se donna la mort. Les
trésors de l'Asie - Mineure , sur la-
quelle le proconsul leva une contri-
5i4 SYL
bution de vinp^t mille talents, senti-
rent à payer rafTocliou de ses ancicus
et nouveaux soldats. Il leur peiiiiit
en outre de vivre à discrétion dans
les villes qui s'étaient montrées infi-
dèles aux. Romains. Rieu ne s'oppo-
sait plus à son départ pour Rome.
Toutefois, partant d'Éphî»sc, avec
tous ses vaisseaux , il se rendit à
Athènes , où il se fit initier aux
grands mystères. Sans doute il vou-
lait, par cette dcniarrhe, ellacer la
réputation d'im pieté sacrilège (pie lui
avaient attirée la spoliation des tem-
Eles et la dévastation des Lois sacrés,
urant ce court séjoiu* dans la patrie
des Socrale et des Platon, il s'appro-
pria la bibliothèque d'Apellicon de
Téos , au sein de laquelle demeuraient
ensevelis et exposés à l'action dévo-
rante des vers , les seuls manuscrits
qui existassent des écrits d'Aristote
et de Théophraste. Il les lit tr.ins-
porter à Rome. Ainsi les ouvrages de
ces deux grands pliilosoplies seraient
probablement perdus pour nous si le
Romain Sylla u*avait passé par Athè-
nes pour ensanglanter sa patrie! Sur
le point d'arriver en Italie, il reçut
une preuve signalée du dévouement
de ses soldats. Après lui avoir renou-
velé leur serment, ils lui offrirent
tout l'argent qu'ils avaient pu amas-
ser. I^ien ({ue sa caisse militaire fût
vide, Sylla n'accepta point cette con-
tribution , laissant <i la fortune le soin
de lui créer d'autres ressources. Il prit
terre à Brindes selon les uns , à Ta-
rente selon les autres (l'an de Rome
G71 , 8i av. J.-Cl.), et pénétra sans
obstacle dans la (lampanie. 11 n'avait
que quarante mille hommes; mais la
discipline sévère qu'il (it observer à
ses troupes, comparée aux excès com-
mis par les soldats du parti contrai-
re, lui attira une foule de partisans.
Métellus Pius fut des premiers ^ se
SYL
joindre à lui {F. ce nom, XXYUIy
455 ). Toutefois Sylla voyait lëuis
contre lui deux cent mille soldats
commandés par quinze oàiéniix.
Sans compter ses ennemis, u marcbe
hardiment contre l'armée du consnl
Norbanus, et grâce à Fardem* de
ses troupes^ dès l'abord il la meCca
fuite. Ce succès décida die oduide
toute la guerre, eu inspirant à cbaqoe
soldat de Sylla une confiance en lui-
même, un mépris pour les ennemis,
qui le rendait invincible. Un an-
tre avantage remporté par M. Luoul-
lus, lieutenant du proconsul près de
Fidentia, où , avec seize coborteiyil
en vainquit cinquante , et tua dix-hnit
mille hommes, vint encore ajoaterà
cette force d'opinion. Ou peutToir
dans la Notice sur le consul L.Coiii«
Scipiony^5iiiticii5(XLI 93^7), com-
ment Sylla lit passer sous ses dit*
peaux toute l'armée de ce général ,
auquel il laissa la vie , moins par gé-
nérosité que par mépris. C'est à cette
occasion que Carbon dit qu'il avait
à comliattre à -la -fois, en SjlitLf
le lion et le renard , mais qw It
renard était le plus dangereux. Lci
troupes que lui amenèrent Gnssai
( ro^. ce nom, X , 194 ) et le }€»•
ne Cnéiis Pompée ( Fqx* ce nom^
XXXV , ^)i ) , personnages desb'
nés à jouer par la suite un si gnai
rôle, assurèrent à Sylla une siné-
riorité décidée. Taudis que Nornt*
nus et Carbon, vaincus parCrasiUi
Pompée et Métellus , sont forcA
d'évacuer l'Italie, Sylla défait dctt
fois le jewie Marins , auprès de M-
neste. Dans le dernier de ces com-
bats, vingt mille hommes furent toésH
huit mille fait« prisonniers du cMda
consul vaincu , tandis que le Taii-
queur, si l'on en croit ses prepcci
Mémoires , u'aiurait perdu que TUigl-
trois hommes. Le jeune Ilian«»> sam
SYL
nfcrma dans Preneste ;
t à Syila im ennemi qui
c'était le Samuite Pon-
f qui , songeant moins à
us qu'à nuire aux Ro-
le sur Borne pour la de-'
nessc romaine courtaux
3ose assez de résistance
i Sylla le temps d'arri-
dlle se livre aux portes
[esinus met d'abord en
gauche , où Sylla corn-
s soldats de ce dernier
lu camp , devant Pré-
répandent le bruit de sa
rassus , dont la destinée
^e vaincre poufr que d'à u-
Âllissent le fruit ^ avait
gauche des ennemis , et
'cé de livrer un nouveau
ivc une mort glorieuse y
victoire , qui lui échap-
as eût été le salut de
me, menacée des ven-
ylla 9 avait pu se croi-
H visita d abord le
aîaiile couvert de cin->
norts , et fil égorger sur
de huit mille prison-
ps de trois mille Sam-
envoya demander quar-
liérauts , reçut pour ré-
ccorderail la vie à ceux
aient dignes parla mort
;)a gnons. Ces infortunés
ent avec fureur les uns
; et mille seulement sor-
?urs de cet odieux com-
2S joignit à cinq mille
e la même nation. H les
mer dans le Cirque ; et
>rgés pendant qu'il ha-
éuat, dans le temple de
cris de ces malheureux
j de rassemblée , qui té-
urprise et son horreur.
avec un calme féroce ,
SYL
8i,^
et comme s'il eût prcmoDcë des pa-
roles de paix : « Continuez de m'é-
» coûter^ ce n'est rien^ oe sontquel-
» ques séditieux que je ifais châtier. »
Puis il reprit firoidement le (il de son
discours. Marius avait ùâi eouler
beaucoup de sang ; mais Sylla devait
l'expier par plus de sanç encorei Les
proscriptions du premier n*awêMM
surpris personne t il s'était tonjoars
montre dur et fiurouche. On jKHiTail
explimier sa iureur sanguinaire par
sa haine fougnense contre les patri-
ciens; mais on n'aurait famais sonp^
conué que SyHa y eét ami des plaisirs
et de la joie, pût snipasser Marius
en barbarie. La eruanté avait B^êne
chezlui un caractère particulier, e^cii
au'il y entrait une sorte de &ciiilé
a'humeuretde molle conqplaîsanoe.
Proscrivant sans haine et sans colère,
il accordait la tête d'un citoyen à ses
amis , et même au premier venu d'en^
tre ses partisan» , comme 9 aurait fait
un présent sans consé<|uence : le plus
souvent c'était le sounre de la bien-
veillance sur les lèvres qu'il pronon-*
çait des sentences de mort Pour être
proscrit , il ne fallait pas même avoir
été de la faction ennemie : il su£Bsait
d'être riche ^ et Sylla livrait à l'avi-^
dite sanguinaire de ses soldats , touÉ
ceux dont ils convoitaient la ié'
pouille. Depuis son entrée dans
Home , le sang n'avait point cessé ds.
couler par ses ordres. Dans cette d^
solation générale y un jeune sénateor^
Caïus Métellus, osa lui dire : « Qad
» terme mettras- tu Sylla aux infor-*
« tunes de tes concitoyens ? Nous ne
y te demandons par de sauver oeosB
» que tu as résoki de faire mourir ;
» mais delivre^ious d'une inquiétàde
» pire que la mort , et dn moins ap-
» prenas-nèuscenx que tn veux san*
» ver. » — - « Je ne sais encore eem;
» que)esanT«rat,nl^poBditlelpMuw^
5i6
STL
— a Nomme , du moins ^ ajouta Me-
» tellus, ceux que tu as condamne's. »
— « Je le ferai y répondit froidement
» Sylla ; » et c'est ainsi qu'il annon-
ça ia plus horrible proscription qui
i'amais ait fait frémir l'humanité.
)ejà trois listes fatales , contenant
ensemble cinq -cent -vingt noms ^
avaientparu;déjà les victimes avaient
c'të frappées^ lorsqu'il dit au peuple
en le haranguant , a qu'il avait aa-
9 bord proscrit ceux dont il s'était
n souvenu , et qu'il proscrirait les
9 autres à mesure qu ils lui rcvien-
» draient à la mémoire; mais qu'il
» ne pardonnerait à aucun de ses eu-
T» nemis. » Ainsi pe'rirent , en vertu
de ces listes fatales , quatre mille sept
cents Romains , paimi lesquels se
trouvaient quinze consulaires ^ les
deux consuls , quatre-vingts sénateurs
et seize cents chevaliers. Rome ne
fut pas le seul the'âtre de ces sanglau-*
tes horreurs. Des cites entières furent
proscrites : lesmursdc Preneste virent
tomber douze mille têtes. Florence ,
Spolète , luteramne , Sulmone , Bo-
vianum , Esemie , Tclesie , et main-
tes autres villes , fui*ent mises à feu
et à sang, et détruites de fond en
comble. Alors s'opéra dans les esprits
la plus triste , la plus épouvantable
des révolutions. La morale fut vio-
lée, et la nature méconnue dans ses
affections les plus saintes. On punis-
sait de mort le fils qui n'avait pas
dénonce son père proscrit , le frère
Sii n'avait pas trahi son frère , l'es-
ave qui n avait pas livré son maî-
tre. Les récompenses attendaient au
aur contraire celui qui se présentait
couvert du sang d'une victime. Syl-
la ne proscrivit pas seulement les
vivants , mais encore les morts , et les
cénérations à'naitre; car à la prière
de Gatilina , il mit au nombre des
proscrits^ comme s'il eAt été encore
STL
vivant , le frère que ce mon
assassiné pendant la guer
il déclara mfâmes les fils
tits fils de ceux qu'avait i
proscription , et confise;
Èiens. C'est après de tels
qu'il prit le surnom d'Heui
Ùx ) , qu'il eût porté k plu
tre, dit VeUcius , s*il eûl
vivre le jour qu'il acheva d
En écrivant aux Grecs ,
celui à'Éoaphrodite , c*e
fiwoTi de Vénus. Les p«i
Marins avaient succombé
le et en Afrique. Le consu
venait d'être ma&sacré en Si
les yeux de Pompée. Sert
soutenait encore j en Espagi
ti vaincu. Quant à l'admi
de la république y elle étai
ment dans la main de Syllf
plus question , dit Appien y
d'élection , ni de sort. Toi
avait fait en qualité de coi
proconsul fut déclaré pen
affranchi de toute responsi
lui décerna une statue éqiie
fis-à-vis la tribune aux \n
avec cette inscription : A
Sjrlla y l'heureux général,
blique était sans consuls. Syl
ordre au séuat d'élire un ii
ce magistrat temporaire lui
dictature. Se prévalant à V
me de cette magistrature rc
il parut dans la place publi
céaé de vingt licteurs , qui
la hache unie aux faisceau
d'abattre sans retour la fa*
pulaire, d'écarter pour ja
dignités de Tétat les homi
veaux , et de concentrer d<'
nat toute la puissance du j
ment, il commença par s
droits du tribuuat. Il rendit
la judicature, ôta au pciii
tioD des pontii», réduisit t
5YL
s , en enlevant aux villes la-
it de bourgeoisie romaine;
^menter le nombre des sé-
leur adjoignit trois cents
d'ordre équestre. Il porta
[es questeurs dehuità vingt,
i préteurs de six à huit. Il
ngueur les anciens régle-
• l'ordre dans lec^iel il était
briguer les magistratures,
ant pas d'arriver au con-
avoir été successivement
teur et préteur , etc. Pour
peuple l'apparence de la
y il assembla les comités ,
s tribus à se nommer des
jercevaut du haut de son
e ses plus habiles lieute-
;retius Ofella , qui , au mé-
oi concernant l'ordre des
rcs , sollicitait les suffra-
igne à un centurion de l'im^
qui est exécuté sur - le-
peuple indigné veut qu'il
>ticc de l'assassin. On Ta-
nt Sylla : a Laissez aller
me y dit -il; il n'a fait
ter mes ordres (3)» «
exemple n'effraya point
1 eut 1 audace de résister
li n'osa le punir , et qui lui
ne le surnom de Grand
e). Un ordre du dictateur
cession au tronc d'Egypte :
3 sa bouche fit cesser la
Murcna avait osé^ sans
, renouveler contre Mi-
ar ses soins ^ l'enceinte de
[>os il citn cet apologue , dont la dl^
'ible énergie fera connaître cooabiea
Srofoudrmrnt les Romaioa : « Un
uisant sa cliarrue, fut mordu par
eux fuù il intrrrumpit son travail
r M cbemifte. Mais les pons ayant
li mordre, il jeta sa chemise au fea
e pas encore obligé de perdre son
eur donner la chasse. Que les Taii^
nt de moi par cet exemple h ne pas
t fiiir* jeter au Cm pour |t troinè-
3i7
STL
Rome fut agrandie et le Capitok
'taiiré. Ra«iré par la bassesse des
Romains , le dictateor partageait
son temps entre ses yioleiices et ie»
plaisirs. Le jotur^jo^ inexorable, Â
condamnait «sans pitië une foule de
citoyens ; la nuit, neureùi tjran /il
se livrait «ans crainte k . tous les
l
bruyante.
e femmes publiques , dé jeuiies;geo8
dissolus et d« flatteurs parailà ^
consumait , dans le luxe et dans la
débauche y les riches d^ouilles dm
proscrits. De la même main dont il
avait spolié tatait de ôto jens respeb-
tables , il combla de biens dix nli^
esclaves. affranchis et en fit iles'<^
toyens. Ces nouveaux DlA&ns^i|ira
appda de son nom Gomâlens, fia
assuraient la majorité des snflbige»
dans les comices , en même têmpa
qu'ils pouvaient iM pour lui des si-
caires tout MCts dans l'occasion* II
généralisa , aaAs toute l'Italie , cette
mesure qui |arantissait son pouvoir
et sa sûreté. DéjÀ il avait dbtrOné
aux vingt4rois légions qui avaioit
combattu pour sa cause, une gran-
de partie des terresconfisquéés. Nom^
me consul pour l'année 67 3, il dé*
daigna cette magistrature .: UattAt
même il abdiqua la dictature aii &^
lieu du Forum , licencia ses licteurs,^
et dit avec assurance aux Romains 1
c Me voici semblable à voiis, prtt'i •
» vous rendre compte de tout le sang
» que j'ai versé. » Personnen'ékfalit
la voix, Sylla descendit de k tri*
bune, et se promena tranqnilfBBMifl
dans la place puU^ue âvae qpifims
amis. La foule du pvoble la regardait
avec une surprise mifiée de terreur et
d'admiration«ets'ouvraitrespeetueii-
sement pour le laisser passer. Le soir
il rentra dans sa maison, seul et à
pied, n n'y eut quNm jaune Ronurâ.
4
5i8
SYL
qni eut la liaiNlicsse de le suivre en
l'accablaDt d'iujmcs. Sylla , saus dai-
gner lui imposer silence , se conten-
ta de dire : « Voilà un jeune irtsensc
» dont l'exemple peiitdelourncr ceux
» qui se trouveront dans ma place ^
» de la quitter comme moi. » On
peut s'clouuer , au jjremier coiip-
dVil, que Sylla ait osé abtliquer;
mais quand on considère que, ])nr ses
massacres et ])ar ses proscriptions,
il avait exterminé ses ennemis et leurs
partisans ; que par ses dnu.itions, ses
lois et ses règlements , il avait tout
mis entre les mainsde ses créatures, on
voit qu'il n'avait rien à craindre dans
sa retraite. Il avait , pour veiller à sa
sûreté , un sénat formé par lui-
même , auquel il avait transféré la
souveraine puissance , et dont les
principaux membres lui devaientlenrs
immenses richesses. Il avait j)our dé-
fenseurs cent vingt mille soldats ré-
pandus dans toute l'Italie , dont la
fortune dépenilait de la stabilité des
actes de leur général, et qui étaient
toujours prêts à obéir à ses ordres. Il
avait allranclii les esclaves des pros-
crits, au nombre de dix mille, et il
pouvait les considérer comme des
gardes prétoriennes dévouées à sa
personne. Pompée et ses autres lieute-
nants poursuivaient, à la tête des ar-
mées , les restes malheureux du parti
ennemi. Enfin cette loi cruelle , qui
prononçait peine de mort contre tous
ceux qui donneraient retraite aux
proscrits , tenait ces infortunés loin de
l'habititionde leur impitoyable vain-
queur. La véritible cause pcmr la-
<pielle il put Unir ses jours en paix ,
«st exprimée dans son épitapbe faite
par lui-même : « Que jamais , ni
» ami ne lui a fait tant de bien , ni
» ennemi tant de mal , qu'il ne Tait
» rendu avec usure. » Après sa re-
traite, Sylla passa la plus grande par-
SYL
lie de son temps dans les plaisirs et ks
réjouissances, ayant toujours sa mai-
son remplie de chanteurs et de comé-
diens. Il consacra solennellement la
dîme de son bien à Hercule; et à l'oc-
casion de cette cérémonie , il donna
de magniiiqnes festins à tont le peuple.
Pendant ces fêtes, Metella tomba mor-
tellement malade. Les prêtres dëcb-
rèrent k Sylla qu'il ne lui était pas
permis d'aller la voir, ni de souffirr
que sa maison fût souillée par la
mort de qui que ce fAt. Il se bita
d'envoyer à son épouse mourante une
lettre de divorce , et ordonna qu'on la
portÂt sur le champ bors de sa mai-
son. La superstition lui fit tenir cette
odieuse conduite maigre lui; car il
était fort affligé de la perte de cette
femme, qu'il avait toujours beaucoup
aiméc>, et il lui fit faire des obscmiei
magnifiques, sans égard pour les lob
somptuaires que lui-même avait éta-
blies, a II les enfreignit bautenent,
dit Baylc , lui qui n'avait osé violer
le;?^ cérémonies ridicules et barbares
que les prêtres lui avaient marquées. »
Il avait eu de Metella deux jumeau,
im fils et une fille ^ qu'il nomma
Faiistus et Faiista: Quelques mois
après la mort de leur mère^ fl
épousa Valérie , sœur de l'oia-
teur Horlensius. Cette femme, jeu-
ne et belle , et qui venait de faire
divorce avec son premier mari , se-
duisitSylIa,déjà presque seitagébaire,
par des avances qui auraient pA tout
au plus entraîner un jeune nomme
sans expérience. Ellelm donna unfib
qui , né après la moi't de son pcre,
fut appelé Posthumus. Peu de temps
après ce cinquième maria^, Sylla,
dont la santé s'aflaiblissait, se retira
à sa maison de campa giic^sur le terri-
toire de Cil mes. Dans cette retraite, sa
principale occupation consistait à ré-
diger fes Mémoires, et il partageaitle
SYL
; de son temps entre la pêche , la
se , la promenade et les plaisirs
i table. Ce fut })endaut ces loisirs
donna aux. habitants de Pouz-
», SCS voisins, des lois fort sages
le gouvernement de leur rcpu-
le. Ses de1)auclies avaient telle-
: vicie la masse de son sang,
s'engendrait sur sa peau une
ibie quantité de vermine , qui
cssait de se reproduire, mal-
tous les soins j)ossib!cs , et
ge continuel des bains. ;4) Seii-
approcher sa lin , il mit la
ère main à ses IMemoires , qui
rent achevés que la veille de sa
. Les dernières lignes nousen ont
onsences par Plutarque : elles
i ent a-la-fois l'inconcevable su-
ition de Sylla, sa conliance in-
ble en sa fortnnc , et surtout une
ante sécurité de conscience ,
tant de forfaits. « J'ai vu en
igc, la nuit précédente, ccrivait-
nn de mes enfants mort depuis
I , qui me tendait la main , et
, me montrant Metella sa mère ,
îxbortait à laisser les alTaires ,
i venir auprès d'eux jouir du
os dans le sein de réternelle tran-
Ilité. Ainsi je termine mes jours
(ime me l'ont prédit les Chal-
DS, qui m'ont annonce qu'après
ir surmonté l'envie par ma gloi-
j 'aurais le bonlicur de mourir
s toute la fleur de ma prospe-
. » Ses Mémoires , adresses à Lu-
y qu'il nommait, par son tesla-
liiteiirdeson fils, étaient écrits
'c; il ne nous en est parvenu
idques fragments cités par Plu-
«'lillc a décrit Hiii.*>i l'alVreuse uial«dic de
la mrurp eu proie aii\ insecles hideux,
u piiuvrel»' *ont Ie« liôtrt hoiilenx :
nue il lu'erritr : Esl-ce donc lu cet liotnme
ur dauA ()rchoiu<->ic, et lu Louriean de
r.i»njc }
SYL
3i9
tarqnc. La veille de sa mort y ayant
appris que Granius , magistrat de
Pouzzoles , dans l'espoir de la fin pro-
chaine de Sylla , diflérait de payer
une somme due aux Romains il le
manda dans sa chambre , et le fit
étrangler eu sa présence. L'agitation
causée par cette scène violente , fit
crever un abcès que Sylla avait dans
le corps : il rendit par la boucke
une grande quantité ae sang , et sur*
pris , le soir même, par un violent ac-
cès de lièvre, il expira le lendemain, à
l'âge de soixante ans , l'an de Eo-
me G-^ô, Ainsi cet homme, sangui-
naire jusqu'au dernier instant de sa
vie, mouiut tranquillement dans son
lit , comme l'eût pu aspcrcr le plus
paisible des citoyens (5). Rien déplus
diilicile que d'apprécier sa conduite
et son caractère. « A bien examiner
le cours de sa vie, dit le président
de Brosses, on le trouve rem2>li d'in-
conséquences. Cet homme y si plein
de foi pour les oracles, si ^crédule
pour les songes, qu'il regardait com-
me autant d'avertissements directs
donnés ,par les dieux ; si religieux ,
qu'il portait toujours une imaçe d'A-
pollon pendue à son cou , pilla sans
scrupule les temples de Delphes et
d'Épidaure... Il aimait autant leplai-
sir que la gloire, et le travail que la
volupté. Ses désirs étaient trop vas-
tes et trop variés pour que nen fôt
capable de les contenir ou de les sa-
tisfaire. Chez lui l'homme privé vou-
lut ravir le pouvoir\u]>réme, et l'u-
surpatair aspira à la vie privée
Pour avoir guéri les plaies de la ré-
publique, il n'en sera pas moins re-
gardé comme un mauvais citoyen ,
puisque ce fut par des remèdes plus
(5) Corneille a exprimé ccUe pctwre dann Ciooa^
en comparant SvHa à Ccuar :
Mai^ l'un, rruel, Iwrhare, e*t mort aimé, tranquille,
C.umrnr no buu cittiym dam le acin de sa tiIIc.
5^0
SYL
cruels que les maux mimes Il fit
détester la justice de sa cause par
rinhumanitc de sa victoire j car on
ne peut nier qu*il n'eût eu raison de
prendre les armes Il fut ^ dit
Giceron , un maître consomme dans
trois vices pernicieux : la débauche;
l'avidilc , la cruauté'. Ni Tindigence
dans sa jeimesse , nile déclin de Tâge
ne purent mettre un frein à ses dérè-
glements. Il viola sans ménagement
ses propres lois ^ qu'il faisait obser-
ver par le fer et par le feu... Cepen-
dant il a eu ce bonheur, même au*
delà du tombeau , d'ctre le seul des
méchants hommes de son temps en
qui Tcciat des grandes actions ait
surpasse' la haine de ses afTreuses
cruautés. » A ces traits si frappants
de vérité' , on peut ajouter que le peu
de bien que put faire SvUa , en réta-
blissant Tordre dans l'état, lui sur-
vécut à peine ; tandis que toas ses ac-
tes concounirent à corrompre les Ro-
mains. Il rendit les soldats vicieux et
indisciplinés, pour se les attacher;
il corrompit les citoyens en introdui-
sant dans leurs tribus une soldates-
que licencieuse , et des aflranchis
teints du sang de leurs maîtres. Le
premier, en entrant armé dans Rome,
il viola cet asile de la liberté. Du
moment qu'il put se faire imnuné-
ment dictateur , la liberté de Rome
fut proscrite à jamais, et le calme qui
suivit son abdication (0) apprit aux
ambitieux capitaines romains com-
bien il lui eût été facile de garder le
pouvoir. Son usurpation fit des imi-
tateurs, son abdication n'en devait
S oint avoir. De tous les personnages
c l'histoire , Sylla est celui qui s'est
joué le plus cruellement de la vie de
(('!^ (lrvl>illi>ii luractrrite niiKi raltUicatioD d«
SyUa:
SylU , riiiiT^rl du Mng rnuMin ,
Abdiqoc iBsôIcmmeat l« pvuToir •ourcrain.
STL
ses semblables. Quelque gnni qa'il
paraisse dans ses victoires , il est en-
core plus extraoïdînaire dans ses
cruautés. Personne n*a montré pks
d'audace et plus de mépris pour les
autres hommes. Enfin, Sylla est le
seul tyran dont la puissance person-
nelle ait survécu à son usurpatioiL
Verri , dans les Nuits romaines^
Montesquieu, dans sa Grandeur As
BomainSy et dans son DialogueétEu-
cnz/e, nous ont révélé Sylla tout en-
tier. Cepeudant il faut se défier de
quelques anachronismes qui déparait
ce dernier morceau. Plutarque,(Fïe
deSj'lla)ynous le montre dans ses ha-
bitudes privées ; il nous peint son vi-
sage. « Ses yeux étaient, ait-Q,deeM-
leur \ierstiy vifs et étincelants à mer-
veille ; mais dans la suite, la couleor
de son visage les rendit terriUes i
voir; car, lorsqu'il avança en Igt,
il devint couperose et parsemé le tt-
clies blanches ; pour quoi un faiocv
d'Âthcnes le compara à une mûre san-
Soudrée de farine. » La gnerrcciTile
e Sylla forme une des parties ks
plus mtcre&santes des histoires d'Ap-
pien. I^e président de Brosses a doâ-
né une notice trcs-étenduesur€epe^
sonnagp.On a de M. de Jouy une tra-
gédie intitulée Sylla, repréfcnlK
avec succès au Théâtre - Français ,
en i8a3. Il existe plusieurs médail-
les de Sylla , et son buste oniait le
palais fiarberin. — Sylla ( Faustss
Cornélius ) , fils du précédait et de
Metella , né Tan de Rome 670 , em-
brassa le parti de Pompée et oob-
battit à Pharsale. Après celte |oB^
née, il se joignit à Caton d'Utique.
Fait prisonnier à la bataille de Tbap-
sus, il fut mis k mort par ordre de
César, qui aurait dû se rappeler b
clémence dont le père de Favtns
avait usé enverslui(andeRome7o6}.
— Sylla ( Ptd)lius-Gonidm8 ) , fik
1
SYL
Scrvius Sylla , frère du dic-
fut questeur dans le temps de
latioii de son oncle ^ et par-
rec avidité' à sa tyrannie ^ ce
mdit odieux au peuple. Il se
les ranes pour le consulat
tronius, Tan 688. Tous deux
lus; mais convaincus d'avoir
cette magistrature par cor-
jde suffrages, ils en furent
es. Outre' de cette disgrâce ,
Sylla entra avec Autronius
iremicre conspiration de Câ-
pres la seconde conjuration^
la sous le consulat de ,Cicé-
t accusé d'avoir trempe dans
colbplots : il eut pour défen-
«rteusius , qui parla en sa fa-
sujet du premier, et Cice'ron,
•prit sa aëfense sur le second
ccusation. Sylla fut absous ;
:e-Live , Suc'tone , Flonis et
ne le comptent pas moins au
des conjurés. Au reste, Cicé-
le défendit avec tant de suc-
éloquence au Larreau, parle
rec assez peu d'estime dans
>pondancc. On reconnaît mê-
tement que l'opinion qu'il
îllement de Sylla était défa-
, quand une considération
ère ne le forçait pas à poirier
ut. Sylla embrassa le parti
',et se signala dans les guér-
is : il aurait pu même, dans
ision 011 il commandait en
Itre fin à la guerre par l'en-
faite du parti ennemi , s'il
s cm devoir en réserver
r à sou général. Il montra
1 d'avidité à profiter des dé-
des vaincus, après le triom-
'.csar. Il fut marié à Cœcilia ,
> Memmius^dout il laissa un
lounit en 708. On possède
le médaille , dont le type est
>ire sur un char à dcuxcbe-
XLIV.
SYL
Sai
vaux; au revers est la tête de Rome.
— Servius Cornélius Sylla , frère du
précédent, trempa dans la conjura-
tion de Catilina , et fut condamné
comme son complice. — On vit, l'an
749, un Lucius-Comelius Sylla, con-
sul avec Au^te. Un autre monbre
de cette famille fut chasse du sénat
en 770 , par Tibère, pour s'être rui-
né par ses prodigalités et ses de1>au-
ches. Ce n'est pas le même que L.
Corn. Sylla, qm fut consid l'an 784,
sous le même empereur. — Corne-
lins - Faustus Sylla épousa , Tan
8o5 de Rome, Antonia, fille de l'em-
pereur Claude. Malgré sa nullité mo-
rale, il devint suspect à Néron, qui
s'imaginait que cette stupidité trop
réelle n'étaitqu'un dehors affectépour
cacher des vues ambitieuses. L'an
806 , Pallas et Burrhus furent accu-
sés d'avoir voulu faire Sylla empe-
reur. Bien que rien ne fôt moins
fondé que cette accusation , elle don-
nait trop d'importance à Faustus
pour que la haine du tyran n'eu f3t
pas augmentée. Un misérable af-
franchi du palais impérial , nomme
Graptus, assuré de plaire à son maî-
tre , dénonça Sylla comme ayant at-
tenté à la vie de Néron , à la ûiveur
de la nuit et au retour d'une partie
de débauche. Cette imputation ne
put être prouvée: mais 1 accusé n'en
fut pas moins exilé à Marseille ( l'an
de Rome 809). Son éloignement ne
rassura point Néron, qui envoya des
sicaires pour l'assassiner; et Sylla
fut égorgé comme il se mettait à ta-
ble , saus qu'aucun indice l'eût aver-
ti du danger qu'il courait ( l'an
de Rome 81 5 ). Sa tête fut portée
à l'empereur, qui, l'examinant avec
uu féroce plaisir , se moqua de ce
que Sylla était devenu chauve avant
l'â^e. En lui finit la postérité du
vamqueur de Mithridate. D — r — r.
ai
52'i SYL
SYLVA, r. SiLVA.'
SYLVKSniK (Saint), cl n pape
\c'x\ janvier 3i4, elail roinaiu de
naissance, et succéda à saint Miltia-
de. II avait ete' ordonne iirêlre parle
pai>e saint Marcelîi». (ÎVst tout ce
que Ton sait de sa famille et de sa
vie avant son élévation. Lepontilicat
de saint Sylvestre eût dû être heureux
et tranrpiille , nuis({ue Constantin
avciil fait cesser les persécutions, et
protégeait la relij^iou clirélienne de
tonte son autorité, en même temps
rpi'il Tenricliissait par la magni(i-
t^nce de ses dons ; niais les Douatis-
tes t ronflèrent de nouveau la pai\ de
rÉj;lise. Mécontents de la décision du
concJledc Rome, que saint Miltiadc
avait présidé, ils en lirenl convoquer
un autre dans A ries, oiiiUréilérorent
Icins accusations contre Ceci lien. St.
Sylvestre fut représenté dans ce con-
cile par ses léç;ats. Cécilicu fut de
nouveau justili(i; mais les jiersécu-
tions des Donatistes de^ aient encore
se prolonj^cr long-temps , ainsi qu'on
Y^ciii le voir dans les articles Clci-
LiKN, Constantin, Donat , saint
AiTfiusTiN , etc. Ce fut aussi sous le
pontificat de saint Sylvestre qu'éclata
l'hérésie d'Arius, et que Constantin
convoqua , en 3'>-5 , h Nicce le premier
concile n*cuménique ( /'. Constan-
tin-le-(irand, Aiuus, saint Atha-
nase), où l'on lixa d'une manière
irrévocable le dogme de la cousubs-
tantialité du Verbe ; et cette décision
solennelle est devenue le Symbole ou
profession de foi (pii se répète cliaque
jour dans le saint Sacrifice. On v éta-
blit aussi runiformité de la ccre1)ra'
tion de la Pâque pour toutes les égli-
ses de rOrient et de l'Occidi'iil , qui
fut indiquée pour le dimanclie après
le quatorzième jour de la lune de
mars. Le pape envoya des légats h
ce concile , ue pouvant y assister , à
'
SYL
cause de son grand âge. Il fut rgak-
ment témoin de la translation 4" ^^
ge de l'empire à Byzance (en 3a8];
et ce mémorable événement, qiii éten-
dit d'une manière si glorieuse l'empi-
re de la vraie religion, fut également
l'ouvrage du grand Constantin, qui
donna son nom à la nouvelle capitale
du monde chrétien. Quelques amufcs
auparavant (en 3^1 )^ pendant la
séjour de trois mois que ce même em-
pereur fit à Rome y il avait témoigne
une estime et une aficction particu-
lière à saint Sylvestre , en omanl
magnifîquemiiit une ^lise que le
pontife avait fait construire dans Ia
maison de l'uu de ses prêtres ; maison
ne voit rien, dans l'histoire contem-
poraine^ de cette donation de Cons-
tantin^ que l'on prétendit depuisavoir
été faite à saint Sylvestre , et qui de-
vait contenir une concession formelk
de la dignité et de la puissance tem-
])orelle. Cet acte semble ayoir âc
Ignoré jusqu'au huitième siëde, oùfl
paraît que ce fut le paiic Adrien l*'.
(en-j-jj), quiefl parla le premier. Do
moins ^ dans cet iutervalle ^ les grands
]iapes qui ont fait usage de leur puis-
sance et de leur juridiction spirituelle i
dans toute leur plénitude , tels ane
saint Léon et saint Grégoire, n'ont ja-
mais invoque celte donation à l'ap-
j)ui de leur autorité. On y a cru ce- -
pendant ; et non-seuicmeut les panes,
mais les empereurs eux-mêmes (Voy.
la liCttre de l'empereur Frédéric à
Adrien IV, en iifSr)), ainsi qne
d'autres personnages d'une science
éniinente, tels que le saint abbé de
Clairvaux , la citaient comme autliCBi
ticjue. On commença seulement, an
1 ■2"'*'. siècle à élever des doutes surce
point ; V. la Chronique de Godcfiroi
de Vitcrbe, et l'IIist. eccl.de Fleury,
tome XV y page 47 H ). Dans k qàar
7ièmc et le seizième silcles , dk fut
SYL
examinée avec encore plus d'atteu-
lioii j cl Ton en a, ditFlcury, re-
coiniu entièrement la fausseté'. Un
des arguments les plus forts avec les-
quels on Ta comballue , c'est qu'il y
est dit que Constantin fut baptise par
le pape Sylvestre , étant à Rome, tan-
dis qu'il est avéré par Tbisluire que
ce prince ne le fut qu'au moment de
mourir , par Eusëbe, évcxjue deNico-
médie ,\ille aux environs de laquelle
il se préparait à la guerre contre les
Perses ( P^o}\ Constantin , IX ,
473 ). On i)eut voir , dans f abriciua
(Bibl. gr.y tome vi, pag. 4)> le
texte de cette donation imaginaire
et l'indication des auteurs qui ont
écrit pour ou contre son authenti-
cité. Un des plus anciens qui en aient
parlé est Éuée de Paris , qui vivait
en 854- On peut consulter encore J.
Vogt , Historia lit ter aria Constan-
tini Magni^^aLs;. ^^'5'2, et parmi
les écrivains plus modernes , le célè-
bre Muratori. Les actions partiailiè-
res de saint Sylvestre sont restées
ignorées. 11 mounit l'an 335, le 3i
décembre y jour auquel on honore
sa mémoire. Il avait tenu le Saint-
Sïéf^c pendant vingt - un ans et onze
mois. Ce fut saint Marc qui lui suc •
céda* D""~"S.
SYLVESTRE 11 , pape, succes-
seur de Grégoire Y , fut élu le 9 fé-
vrier 999, Il s'appelait Gerbert, était
ne' cil Auvergne , et avait reçu , dans
un monastère d'Àurillac , la plus sa-
vante éducation. Ses talents 1 avaient
fait rechercher par l'empereur Othon
II y qui lui donna l'abbaye de Bobio;
et ce choix eut l'approbation univer-
selle. Après la mort d^Othon II I , Gcr*
bert revint en France, où il se plaça
auprès de l'archevêque de Reims , et
fut donné pour instituteur à Robert^
(Us de Hugues Capet. L'archevêque^
nomjuc Aruouly ûls naturel da roi
SYL
3i3
Lotliaire, après avoir été comblé des
bienfaits de Hugues , le trahit , eu se
jetant dans le ^)arti de Charles ,
fut déposé ^ dans un concile tenu à
Saint-Basile , près Reims , après avoir
avoué sa félonie , et Gerbert fut élu
eu sa place. Le pape Jean XV dé-
sapprouva cette déposition , et força
Hugues à tenir un autre concile ^ pour
examiner de nouveau cette aflfaire ,
qui ne finit que sous le règne suiTant.
Quoi qu'il en soit , Gerbert se pro*
nonçaavec beaucoup de chaleur con-
tre la décision de Jean XV. Il s'éleva
contre la puissance que s'attribuait le
pontife romain. Il dit qnele jugement
desévêquesest le jugemait del3ieu,et
queTévéque de Rome qui ^ étant aver-
ti, ne s'y soumet pas, doit être re-
gardé comme un païen et un publi-
cain. Tout cela n empêcha pomt Ar-
noul d'être rétabli dans son siège,
sous Robert ; mais Gerbert, dépouillé
à son tour de son archevêché , s'était
réfugié auprès de l'empereur, qui lui
avait donné le siège de Ravenne.
Après la mort de Grimoire V , il le
iit élever au Saint-Siège. Il y déploya
des talents , des lumières ^ et des ver-
tus surtout, qui étaient rares dans ce
siècle d'ignorance et de barbarie.
Pendant les quatre ans et quelques
mob , que dura sou pontificat , ilré-
gla toutes les affaires avec beaucoup
de sagesse. Il mourut le 1 1 nuû looo^
très-avancé en âge. On lui a rei)ro-
ché ime extrême sévérité f et ce re-
proche n'est pas tout -à-fait injuste ,
si l'on se rappelle la violence de ses
expressions contre Jean XV. T^e
temps l'avait adouci sans doute ; et
l'historien ne doit lui tenir compte
aujourd'hui que de ses grandes qua-
lités. Le président Hénaiilt dit que l'on
attribue à Gerbert l'introduction du
chiffre arabe ou indien , qu'il avait
bien pu tenir des Sarrasins , ^^^ d'^u^
31..
3j4
SYL
voyage qu'il fit en Espagne. D'au-
tres eu fout honneur à Tjc'onnrd de
Pise ( Vtrjrez Fibonacci ). Cepcn-
iiant ces cliiflrcs, sous une forme
leu diflërente , étaient connus chez
es Romains ; Boccc s'tn servait
dans le cinquième siixle j trois cents
ans avant l'arrivée des Arabes en
Espagne. Sans doute que l'usage s'en
étant conserve' dansrOrient, l'Euro-
i;
s
e les oublia jusqu'à la i-enaissance
es letti'cs y qu'on les retrouva chez les
Arabes , auxquels nous en attribuons
l'invention. Vojcz là-dessus , dans le
tom. XLViii delà Raccoltadi opuscoli
scientifici et Jilolo^ici y du P. Ca lo-
gera, une dissertation très -curieuse.
Ce fut aussi Gerbert qui entreprit la
première horloge , dans laquelle, on
i65o, on substitua le pendule au ba-
lancier. Sa grande science le faisait
passer pour magicien. Le moine Hu-
gues l'appelle Gerbert le philosophe.
On a de lui cent quarante- neuf Épi-
tres , un Discours contre la simonie,
quelques opuscules de mathémati-
ques , et'. { Fqy. JVIjbillon , jdnalcc-
/a, Il , ai5. ). On ouvrit son tom-
lieaii , en i(v|8, dans la basilique
de Latran. 11 était revêtu de tous
ses urnements pontificaux et parfai-
tement conseivé^ mais quand on
voulut y toucher , tout tomba en pous-
sière. Sylvestre 11 eut pour succes-
seur Jean XV IT. D — s.
SYLVESTRE 111 , anti-nape. F.
Benoit IX et Grécoihk VI.
SYLVESTRE-(.0ZZ0L1N1
(Saint), fondateur des Sylvestrius
eu Italie^ naquit l'an 1 1*^7 à Osimo,
dans la Marche d'Ancone. Avant
étudie le droit canon «t la théologie
à Bologne et à Padoue , il fut nommé
chanoine d'Osimo , et il s'acquitta de
sfis fonctions ecclésiastiques avec zèle
et édification jusqu'à 1 âge de qua-
rante ans ; mais alors la pensée de la
SYL
mort le frappa si vivement , qui!
prit la résolution de quitter entK^^
ment le monde. Il se retira dans im
lieu désert ;» et quelques persoimes
pieuses s'ctaut réimies à lui , il bidty
en l'iSi , le monastère de Monté-
Fano dans la Marche d'Ancone. En
f 'i48 9 'c P^P^ Innocent IV approuva
le nouvel mstitut y auquel son fonda-
teur n'avait donne d'autre règle que
oeUe de saint Benoît dans toute la
pureté. L'ordre des Sylvestrins se
répandit si promptemeut en Italie,
qu'il comptaitdéj à vingt-cinqmaisons
lorsqu'il perdit son bienheureux ins-
tituteiir. Saint Sylvestre mourut le
'26 novembre xoXi'] , âgé de quatre-
vingt-dix ans. Fqy. sa Vie par Fa-
brini , quatrième général de 1 ordre,
dans le Bresse Chron. délia Congreg.
deimotiachiSjrhesirini* G — t.
SYLVIUS ( fiwEAS ). F. Pie H.
SYLVIUS (Jacques ). Tqr. Du
BOIS.
SYI.V1US ( François) , mëdecin
allemand , d'origine française , et
dont le nom primitif ëtait Lebois,
mais ({ui est plus fréquemment ap-
pelé DE liE BoK , naquit à Hanau , m
I r> 1 4> Après avoir termine sesétndes
«1 Lcyde , il pratiqua qndque temps
dans sa ville natale, puisa Leydeet
à Amsterdam , futnomnie, en i658,
professeur à l'université de Lcyde,
et y mourut le i4 novembre liyjX
Sa pratique était heureuse : il tenait
un registre très-exact de ses obsenra-
tions , mais ne faisait aucun cas de
la scieuce que donnent les livres. Il
avait souvent recours k Fantopsie
cadavérique , trop peu pratiquée de
son temps ; et l'on peut le regarder
comme l'un des créateurs de l'anate-
mie pathologique. Il fut l'un des
premiers à rci)andre sur le continent
la doctrine d Harvey sur la drcnla-
tion du sang. On lui doit ausH ^mI-
SYL
cfcouvertcs anatouuqucs , telles
;tlc de Tos lenticulaire de la
du tympan : personne n'avait
; aussi bien montre les diffë-
. que présentent les tubercules
ijumeauxdans l'homme et chez
imaux ; car pour mieux obser-
cerreau , il en avait fait des
s transversales , et l'on voit
l'avait point néglige' Tanatomie
irëc. La beauté' de sa figure ,
iliteà s'exprimer avec élégance,
ient à ses leçons une fouie d'au-
s : il ne [)ut résister au désir
venir chef de secte , en intro-
ït daas renseignement médical
ouvelle doctrine que l'on peut
zr chimiatriijuc. Enchérissant
;s dogmes de Paracclse et de
lelmont , et les appliquant ar-
rementà l'appréciation des phé-
jcs morbides, il ne voyait dans
lides du corps humain t}ue des
\ et des alcalis ; dans les solides
appareil distillatoire , dans
iltérations humorales qu'une
f y qui était la cause générale
ites les maladies. Cette théorie,
rd combattue par Gui Patin,
: avec finesse, tantôt avec em-
mcnt , a long-temps exercé une
îureuse influence dans l'ensei-
ent public. Elle a iini parfaire
ausystème deSlahl, reuverséà
•ur par les doctrines plus moder-
Les ouvrages de Sylvius^ tous
en latin , et dont quelques-uns
traduits eu anglais et en aile-
, ont été recueillis sons le titre
iTfl ommVi, Amsterdam , 1O79,
;(fcnc've, \']Z\ ; Venise, 1708,
, in-fol. Parmi les éditions de
qui avaient paru séparément,
indiquerons : I. De motu ani-
e jusque lœsione , Leytle , 1 03^,
.11. Defcbribus^ ibid. , i()Gi,
III. Visputationum medica-
SYM
"3^5
rum decas , Amsterdam , i663 ,
in- 16. lY. Opuseida varia y Lejde ,
1 6O4 , in-i 1, Y. CoUegium medico^
practicwn , Francfort , 1 G64 ^ in- 1 a.
YI. Praxeos medicœ ideanova , en
3 parties , Amsterdam , 1 674 , m- 1 1».
Son bizarre système y est exposé fort
méthodiquement , par. des divisions
et des subdivisions à l'infini. YII.
De Inflammationc , Leyde , 1671 ,
in-4^. Cent- cinquante histoires de
maladies, observées sous sa direc-
ton , ont été publiées par Joach. MeF-
cklin f sous le titre de Casus médi-
cinales y et plusieurs de ses autopsies
cadavériques sont insérées dans les
Éphémérides des Curieux de la na^-
ture , années v et vi. Son oraison fu-
nèbre par Luc Schacht , Leyde ,
1 6n3 , in-4"- , a été réimprimée dans
la Éiblioth. script . medic. de Manget ,
tome II, ii^'. partie, page 338, et
dans la collection de ses QEuvres. Z.
SYMEONl ( Gabriel ). Fqy.
SlMÉONI.
SYMES (Michel), militaire et
voyageur auglab , embrassa de bon-
ne heure la profession des armes,
servit dans l'Inde, et parvmt au gra-
de de major. En 179^, sir John
Shore, gouverneur-général des éta-
blissements anglais dans cette con-
trée , jeta les yeux sur lui pour l'en-
voyer en ambassade à la cour du roi
des Birmans , avec iesquds il s'était
élevé des difficultés pour une viola-
tion de limites. Symes partit de Cal-
cutta le ai février; le navire toucha
aux îles Andaman : on y passa cinq
jours; le 18 mars on était devant
une des bouches de l'Iraouaddy :
bientôt on remonta ce fleuve jusqu'à
Rangoun. En attendant la permis-
sion de continuer son voyage à la ville
principale de l'empire , Symes alla
visiter Pegou , capitale d'un royaume
autrefois mdépendant^ mais depuis
3'i6
SYM
subjugue par les Birmans. Le 36
avril, il quitta cette yille et revint à
Rangouu; quelques jours après, il
reçut l'autorisation de poursuivre sa
route vers Amerapoura, résidence
du monarque birman , et située sur
riraouaddy. Il s'embarqua , le 29
mai, sur ce fleuve; le 18 juillet il en-
tra dans la capitale , 011 il fut reçu
avec les plus grands ëgards; mais ou
lui conseilla en même temps de ne
pas trop s'e'carlcr de sa demeure ,
avant d'avoir obtenu audience du
souverain. Ce prince était alors ab-
sent. Apres son retour, lorsque le jour
heureux eut été' fixé par les astrolo-
gues de la cour , Sjmes et les autres
Anglais furent conduits en grande
pompe au palais ^ le 3o août. L'em-
pereur ne se montra pas dans celle
occasion. Ce ne fut qu un mois après
(le 3o septembre)^ que, dans une
seconde audience solennelle ^ il panit
im instant au fond d'une niche ma-
guifiquc , fermée par des volets qui
s'ouvrirent pour le laisser voir , vêtu
avec un faste éblouissant. Il ne dit
pas un mot aux Anglais. Néanmoins
Symes eut lieu d'être satisfait de son
ambassade ; et malgré les tracas-
series que les ministres birmans lui
avaient suscitées ^ il couciut un trai-
té avantageux pour le commerce de
ses compatriotes. Le a 9 octobre, il
quitta la capitale; le 17 uovembic il
fut de retour à Rangouu , et le 22 dé-
cembre à Calcutta. L'année suivante,
le gouvernement du Bengale envoya
vers l'empereur des Birmans une se-
conde ambassade, dont le cipitaine
Hiram Cox fut le chef. Celui-ci fut
moins content delà cour d'Amerapou-
raqne Symes ne l'avait clé; car les
intrigues des principaux oibciersde la
cour , aidés de l'ascendant d'une des
femmes du monarque, rem])cchèn*nt
d'obtenir phisieurs choses qu'il solii*
STM
citait. Après qu'il fut revenn à Cal-
nitta j CD novembre 1797 , k goo-
Temeur-général fit de nouveau partir
Symes y qui , dans cette seconde o^
casion , réussit à se faire accorder ce
qu'il demandait. Il Tint ensuite a
Europe, où il publia la relation de sa
première ambassade. Il avait^cn ré-
com])ensede ses services ^ cV nom-
mé lieutenant-colonel du soixant^
seizième régiment de ligne. Ayant èé
envoyé en Es|)agne en 1808 , les &
tigues qu'il éprouva le forc^tnt de
s'embarquer à la Gorogne pollrr^
toumcr dans sa patrie: il ne put y
arriver; la mort le surprit dans ta
traversée, le 22 janvier 1809. Sm
corps fut apporté en Andeterre , cC
enterré le 3 février k Rodiester.i Oé
a de Symes y en anglais: Rdatkm
de l* ambassade anglaise ^ envn/ée
en 179.5 , dans le rqjrattme d^À9^
Londres, jSoo, in-4°«9 <>v 3 vol.
in-S». , avec 27 pi.; traduit en fr»-
çais par Chistera , Paris , 1 800 , 5 voL
iu 8». y avec un atlas; en allenuiid,
par Hager, Hamboui^ , 1 801 , îii-H^« ,
ligures. L'empire des Birmans, qoî
comprend les anciens royaumes d A-
racan , d'Ava et de Pegon • n'était
connu que par un petit nomhic de
l'eu tiens succinctes , telles que odio
de Fitch, Methold^ Percoto et an-
tres , la plupart insérées dans des re-
cueils de voyages. S^rmesa fort ha-
bilement rempli le vide qui existait
Son livre oflre un abrégé ae l'histoire
du pays et du peuple ; ime descrip-
tion des mœurs y oes usages des ha-
bitants, de bonnes observations sur
lair langue et sur leur rdigiou« Cet
ouvrage obtint un accueil iavoraUe,
qu'il méritait sous tous les rapporli.
Le tableau des coutumes^ de la lé-
gislation , des richesses et du com-
merce d'une nation nombreuse^ dbî^
santé et bcUiqiicuse, et qui ocpaunt
SiTM
clait restée jusqu'alors prcsqu'i-
gnorce de l'Europe , quoimi'cUe cul
conquis une grande partie de la vas-
te péninsule qui sépare le golfe du
Bengale de la mer de Chine ^ intéres-
sa généralement, et d'autaut plus,
qu'il était fait avec talent. Sjmes fut
aidé dans ses travaux par Thomas
Wood , ingénieur , qui s occupa des
observations asti'onomiqurs , et par
le docteur Buchanan j qui (it des re-
cherches spéciales sur la langue et
la religion des Birmans , recherches
3u'âl a insérées dans le vi« volume
es Asiatick Researches. Dalrym-
ple dressa la carte d'après les maté-
riaux que Wood et Buchanan lui
fournirent: ils en tenaient une partie
des naturels du pays. I^e caractère
aimable et conciliant de Symes lui
avait gagné la confiance des Bir-
mans; sa pénétration, ses connais-
sances ^ son esprit judicieux, l'aidè-
rent à faire un bon emploi des ren-
seignements qu'il avait recueillis. La
traduction française est exacte. La
reLition de Symes a , pour ainsi dire,
acquis un nouveau prix depuis que
les Anglais sont engagés avec les
Birmans dans une guerre qui n'est
pas encore terminée. Les mêmes cir-
constances ont motivé la traduction
en français , de la Relation d'H.
Cox , Paris y 1 825 , 2 vol, in-8" , qui
n'avait été publiée en Angleterre
qu'en 1817 , près de vingt ans après
la mort de sou autcm*. Cox porte sur
les Birmans un jugement moins fa-
vorable que celui de Symes j peut-
être cette di (Ter en ce dans la maniè-
re de voir le même objet tient-elle
à ce que ce dernier réussit , taudis
que l'autre échoua dans sa mission.
E s.
SYMMAQUE ( Celius ), élu pape,
le 2'i novembre 49^ , successeur
d'Auastase II, était originaire de
SYM . 327
Sardaigne , et diacre de l'église
romaine. Sa nomination eut l'aveu-
timent du plus grand nombre ; mais
le patrice Festus, qui voulait faire
souscrire l'Hénotique de Zenon, c'est-
à-dire y l'édit d'union Acs Catholi-
ques et des Eutychiens , gagna plu-
sieurs suffrages à prix d argent , et
(it élire l'archi-pretre Ijaureut , qui
fut consacré dans l'église de Sainte-
Marie , en même temps que Symma-
que l'était dans la basilique de Cons-
tantin. Cette double élection causa
un schisme , dans lequel on prit pour
arbitre le roi des Goths , The'odorrc ,
tout Arien qu'il était. Il décida que
cehii-là serait conservé, qui avait été
élu le premier , et par le plus grand
nombre. A ces conditions^ Symma-
que fut reconnu pour le pape légi-
time ; Laurent céoa sans résLstauce,
et devint ensuite évêque de Nocera.
Un concile tenu à Rome , au mois da
mars 490 9 rendit des décrets contre
les élections faites au moyen d'intri-
gues ou de violence , et statua même
aes i-écompenses pour ceux qui dé-
couvriraient les auteurs de ces cou-
Sables manœuvres. Bientôt a près, les
ivisions se renouvelèrent à l'insti-
gation de Fcstus etdeProbus, qui
rappelèrent en secret T>aurent , accu-
sèrent le pape Symmaque de crimes
horribles ( entre autres d'adultère ) ,
et subornèrent de faux témoins qu'ils
envoyèrent à ttavenne devant Théo-
doric. 11 fallut donc avoir recours à
un autre concile pour juger le pape;
il fut convoqué en 5oi , et prit le
nom de concile de Palma , du lieu où
il se tmt. Le roi des Gotlis vint à Rome,
fiour y maintenir , par sa présence ,
'ordre et la tranquillité. Plusieurs dif-
ficultés s'élevaient contre cette forme
judiciaire. La première était xle sa-
voir si un autre que le pape avait le
droit de -convoquer un concile. Cette
SaS
SYM
.V.
question ne fut point dâuttue, parce
que Symmaque déclara qu'il faisait
lui-mânela convocation. Il s'agissait
encore de savoir si on entendrait les
esclaves du pape en témoignage con-
tre leur maître; proposition mons-
trueuse, rcpoussde par toutes les lois.
Enfin , lorsque le pape se mit en
marche pour venir se dcffendre de-
vant rassemblée , une troupe de se'-
ditieux l'accabla d'une grcle de pier-
res y lui et son escorte : il courut le
plus grand danger , et y aurait péri ,
si les officiers du roi n'eussent re-
pousse' les assaillants. Les cvéques
composant le concile , au nombre de
soixante-seize , indignes de tous ces
excès, se hâtèrent de prononcer l'ab-
solution de Symmaque , et de sortir
d'une ville , où leur vie e'tait en dan-
ger, lia forme dans laquelle ce juge-
ment fut ])ruuonce est remarquable j
les cveques dirent : « Nous déclarons
» le pape Symmaque , déchargé,
» quant aux hommes, des accusa-
» tioiis iiiteutées contre lui , laissant
» le tout an jugement de Dieu. Nous
» lui rendons , eu vertu des ordres du
» prince , qui nous en donne le pou-
» voir y tout ce qui lui appartient au
» dehors et au dedans de l'Église ;
» nous exhortons les fidèles à refuser
» la communion de Symmaaue.
» Quant aux clercs, qui ont contriDue'
» au schisme , ils rentreront dans
» leurs fonctions après avoir obteim
» leur pardon. » Celte sentence n'ob-
tint pas une approbation universelle.
L'cvêqiie de Vienne , saint Avit ,
pensait que le pape n'avait pas pu
être juge' par les cveques ses infé-
rieurs , et blâmait ceux du concile
de Palme de s'être charges un peu
légèrement de cette aflaire. 11 con-
jurait le sénat de ne pas donner un
aussi mauvais exemple. Ces discus-
sions occasionncren: luuiouveau cun-
sm
ciky tenaiBonecnSoS» obSj»»
ma^ chaïf^ Ënnodiu de son apo-
logie. La question de droit , c*ert4*
dire de l'incompëtence du condk dt
Palme, fut écartée par le comcme-
ment ae Symmaque lui-même , ^
s'était, par le fait, soumis à ses lo-
ges. Ainsi y le jugement d'alMohitMii
subsista dans toute sa force. Les éré*
3ues demandaient que les aecnsateurs
e Symmaque et des actes du con-
cile fussent condamnés. L'em^CRur
Anastase s'était plaint d*avoir. els'
excommunié par le pape, qu'il aocn*
sa à son tour d'être manichéen. Sym-
maque n'eut pas de peine à se justi-
fier sur ce second pomt^ mais insista
sur le premier avec fermeté , en fai-
sant observer à l'empereur que ce
n^éuit pas lui oui avait été ezcoB-
munié principalement, mais Acace,
dont il s'était déclaré le protecteur,
et que s'il voulait Tahandonner ,
l'excommunication tomberait d'dfe-
mcme. Anastase n'en persécuta pas
moins les cveques qui refusaient de
souscrire l'Hénotique , et ces pcrs^
cutés trouvèrent un refuge anprfcs de
Symmaque. Le pape ne cessa îos-
3u'à la fin de poursuivre les hmàm
e Nestorhis et d'Eutychës. Les érê-
ques orientaux communiquaient avec
ces hérésiarques ; mais ils écrinreat
à Symmaque qu'ils persistaient nëan-
moms dans leur attachement à la
cour de Rome et aux principes du
concile de Calcédoine. On a con-
servé la réponse de Symmaque (dn
8 octobre 5isi), qui exhorte ces évA-
ques à êtrefermesoansleurfoi^maû à
condamner hautement tous les secta-
teurs de la doctrine contraire ^ c'est-
à-dire , Ëutychès , Dioscore y Ti-
molhée, lierre et Acace , en leur
faisant entendre qu'une improbation
tacite ne suffisait ])as pour mériter
une communion parfaite avec l'Église
STH
ie« Saint Gësaire , évècpie
vint à Rome, en 5i3 , pour
les droits ae son Église ,
les des rëgleoients faits par
m. Sjmmaque lui accorda
tides j ainsi qu*il paraît par
! du 1 1 juillet 5 14. Peu de
rës, c'est-à-dire le 19 du
ois , ce vertueux pape mou-
rès avoir occupé le Saint-
idant quinze ans et près de
is. Il eut pour successeur
as, D — s.
IAQUE {Quintvs'Auke-
^ijNUs Symmachvs ) , est
ns la littérature par dix li-
ettres écrites en latin, et dans
, par ses efforts pour soute-
ienne religion de Rome. Il
lu sein de cette ville , on ne
en quelle année , mais avant
du quatrième siècle de l'ère
Son père , Lucius-Avianus-
bus, préfet de Rome en 364,
fait élever avec un grand
[nmaque étudia la rhétorique
laître gaulois , qu'il qualifie
!im Garundœ ( Garumnx )
( 1. IX , ep. 86 ). On a con-
I qu'il avait passé quelques
e sa jeunesse à Bordeaux et
it suivi les leçons d'Ausone
II , 89) 'j mais il n'en est
oe mention dans les Lettres
I par Symmaque à Auso^
ême; et il est plus pro-
e , sans sortir de Rome , il
u pour maître d'éloquence
lutre Gaulois d'un âge avan-
lemple le rhéteur Minervius,
t une école dans cette ville
ou 36o , et qui était né à
L. Les talents et l'éducation
laque lui ouvrirent de bonne
carrière des fonctions pu-
il avait été déjà questeur,
t pontife y lorsqu'il devint ,
STM 519
en 368, intendant delà Lucanieet
du pays des Brutiens j au fond de
l'Italie méridionale. Eu 370, il était
Sroconsul en Afrique : les habitants
e cette province lui érigèrent une
statue* Rentré dans la capitale de
l'empire , il se mit à la tête du parti
qui s'efforçait de relever le paganis-
me. Une famine, causée par une
longue sécheresse et par l'impré-
voyance des administrateurs, affli-
gea Rome en 383 : on ne manqua
point d'imputer cette calamité au
renversement des anciens autels, ar-
tifice ignoble et grossier , mais re-
doutable. L'empereur Gratien périt
au mois d'août ae cette même année :
il avait fait enlever du lieu des séan-
ces du sénat un autel de la Victoire ,
renversé jadis par Constantin , mais
rétabli par Julien et maintenu sous
Valentinien. £n vain Symmaque ,
au nom d'une grande partie des sé-
nateurs , avait redemandé cet autd :
une protestation des sénateurs chré-
tiens contre cette démarche avait été
envoyée par le pape Damase à saint
Ambroise , et présentée par celui-ci
à Gratien y qui refusa d'écouter Sym-
maque. Cependant ce zélé défenseur
de ridolâtrie païenne obtint, en 384,
la fonction de préfet de Rome : en cette
qualité , et de la part de tout le sénat,
disait-il^ il rédigea^ sous la forme de
rapport , une nouvelle requête qui ,
adressée aux princes Valentinien II,
Théodose et Arcade, ne fut, en effet,
présentée qu'au premier ; elle sub-
siste dans le dixième livre des Lettres
de l'auteur; et c'est , de tous ses
écrits , celui qui tient le plus à l'his-
toire. Il y réclame le maintien d'une
religionqui a garanti la prospérité de
l'état ; le rétablissement d'un autel ,
dont le nom était le cage des triom-
phes du peuple romam. Le principal
argument est celui qui sert k soutenir
33o
SYM
tous les victtiL usages y bons ou mau-
vais , savoir qu'il faut respecter des
traditions consacrées par Tauloritë
des siècles , et ne pas s écarter d'une
route où les traces de tant de géné-
rations demeurent imprimées. Le
préfet parle aussi des mtércts per-
sonnels compromis par ces cliange-
ments : il représente la banqueroute
qui se fait aux. vestales cl aux prêtres,
non-seulement comme injuste , mais
aussi comme téméraire ; car , dit-il ,
les biens dont ils jouissaient étaient
moins des largesses que des préser-
vatifs , que des assurances contre les
fléaux publics ; et il en donne pour
preuve la stéiilité inouïe qui désole
cl va dépeupler l'empire : ce sont les
sacrilèges qui ont desséché une
terre naturellement féconde : Sacri-
legio armas exaniit, 11 est diiUcile
que l'esprit de Symmaque fût réelle-
ment imbu de ces idées superstitieu-
ses; néanmoins il les exprime avec
l'accent delà persuasion , et il y joint
d'ailleurs des considérations d'un
. ordre plus élevé : il y demande la li-
berté générale des opinions et des
pratiques religieuses, a Nous contcni-
» pions, s'écric-l-il,les mêmes astres:
» un même ciel nous environne , et
» nous adorons tous le même Dieu :
» qu'importent les chemins divers que
1» nous prenons en cherchant à le
» bien connaître? c'est à lui que tous
» aboutissent. » Symmaque ne veut
point entamer ces disputes ; il les
laisse aux oisifs ; sedhœc otiosorum
disputatio est : il se borne à reven-
diquer, pour l'ancien culte, des droits
égaux à ceux dont le nouveau jouit.
C'est même l'antique Rome qu'il
fait intervenir pour adresser aux
princes celte supplication , dont le
style ne semble pas indigne d'une
telle prosopopée. Saint Am])roisc
( ^. Il , 3a ) , ayant été informé de
STM
la prësentation de cette rcqi
demanda communication,
une réponse cloauente. Il ré
tout, (l'une manière péremp
arguments tirés de la vétust
ganisme et de la famine
mais non sans exemple ^ qi
avait éprouvée en 3o3. Va
II n'eut donc aucun égard i
lion de Symmaque , qui ne n
dit Flécnier, que la gloire
assezbien défendu sa mauvai
ce qui donna lieu à un poî
temps-là ( Ennodius ) , ne
la Victoii*e était une déesse b
gle ou bien ingrate , puisqu'
abandonné son défeaseur.
Synmiaque eût fait professii
lérance , et n'eût inséré i
rapport aucune expression i
au christianisme , on l'ace
voir inquiété, emprisonné
des chrétiens et même des
à l'occasion d'une enquête q
été chargé de faire contre cci
raient endommagé les mu
ville : il repoussa cette ir
calomnieuse par le tcmoi^
officiers publics , et princi
par celui du pape Dainase
testa, peu avant de mourir ,
chrétien n'avait été incarcé;
traité par le nrcfet. Symm
serv'a cette charge jusqu'à
rannée 384 y ^^ même , sel
ni, durant lo^ deux années
Mais , en 388 ou 389 ,
encore , en complimentant'
de recpiérir, au nom du
restauration de l'autel de la
aflairc à laquelle il tenait
obstination trop peu digne
me éclairé. Théodose qui ,
ravant, lui avait pardonn
lions avec l'usurpateur Ma
digna de tant d'opinîâtreU
Irc roralciir dans uu d
SYM
à une grande distance. Toute-
assiodorc u'aUribiie cette dis-
qu'au ressentiment que Tbe'o-
ODServait des éloges prodigues
ime parSymmaque. Quoiqu'il
t , nous le voyons rentre en
dès 391 *y car il était alors
. Nous ignorons en quelle an-
mourul ; ce fut probablement
: cours des dix premières du cin-
B siècle : on peut , sans assigner
ilesprccises'de savie, la plâ-
tre 095 et 4 10' lî survécut
1rs années à Tbcodose , et
ployé par les fils de cet cm-
•, Honorius et Arcadius. Il
ui-méme un fils, Quinlus-A-
i - Memmius-Symmachus , qui
lit aussi les lettres, et qui exer-
;bargc de préteur en 3c)'j , et
). Le goût de la littérature était
taire dans cette famille ^ car
aque , soit justice, soit piété
, donne de maguiliques éloges
:rs et à la prose de son propre
qui , selon quelques savants ,
lit bien être le Syraraaqne
des livres d'histoire cités
)mandès. Quant à celui auquel
icle est consacré, il jouissait ,
ttres nous rapprennent , d'une
grande fortune ; il possédait
irs propriétés rurales et une
iicque ])récieuse. C'était sur-
omme orateur qu'il avait ac-
mé réputatiou brillante. Ses
iporains Macrobe et Ammien-
llin rendent hommage à son
nce : Ausone et Pmdence le
irent a Cicérou ; et leur lémoi
est d'autant plus remarquable
ne partageaient point ses er-
, et que Prudence ( Foy»
VI , 160 ) a même écrit deux
de vers pour les réfuter. Dans
rs des deux siècles suivants ,
lien Soa'ate , Gassiodore et
SYM -53*1
Boëce , Tont aussi beauccnip loue :
nous ne pouvons juger à quel point
ces éloges étaient mérités , puisque
nous n'avons plus ses panégyriques
de Théodose et de Maxime , ni son
Discours sur Vettius Agorius, ni enfin
aucune de ses Harangues^II ne nous
reste de lui que ses Lettres , que son fils
avait recueillies et distribuées en dix
livres. Elles sont en tout au nom-
bre de neuf-cent-soixante-cinq , dans
les éditions complètes ; mais plusieurs
ne sont que de très -courts billets.
Parmi les cent- trente personnages
auxquels sont adressées les Épîtres de
Symmaque , on distingue son père et
son fils , detrx ou trois de ses frères ;
les empereurs Constance , Gratien ,
Valentmien II, Théodose, Arcadius et
Honorius ; le poète grec Andronicus ,
le poète latin Ausone, et un Am-
broise qui , selon Tillemont , n'est
autre que le saint évêque de Milan.
Quoique cette identité ne soit pasrir
goureusement établie par le contenu
de ces lettres , Tillemont pense que
saint Ambroisc et Symmaque ont été
long-temps amis , et même qu'ils
étaient parents. En général, toutes
ces Épîtres portent l'empreinte d'une
ame douce et bienveillante et d'un
esprit exercé à-la-fois par des études
littéraires y et par l'habitude des af-
faires publiques : le style en est moins
élégant, et quelquefois plus naturel
que celui de Pline le jeune y que
Symmaque paraît cependant avoir
pris pour modèle. Nous croyons
qu'elles ont été jugées beaucoup trop
sévèrement par Tiraboschi , et même
Î)ar Heyne. On lésa imprimées avant
a fin du quinzième siècle , sans indi-
cation de lieu ni d'année ; mais cette
édition n'étant connue que par une
indication assez vague de Michel De-
nis, dans son Supplément à Mait-
tairc y on regarde ordinairement coni-^
33!i
STH
me la premiëre celle qui a ëtëdonnëe
par Barthëlemi Cynischus y sous le
pontificat de Jules II , entre 1 5o3
eti5i3: c*est un in-4^. dont l'in-
titulé porte Epistolœ unquam
allas impressœ , ab inferis penè re-
vocalœ, Panzer, qui n'indique point
cette édition, fait mention de celle
de Strasbourg , chez J, Schott , 1 5 1 o^
iQ-4®. Les suivantes sont de Baie,
chez Frobcn , i54o, in-8*».; de Pa-
ris , Chesneau , 1 58o , iu-4°. , ayec
les notes de Juret ^ de Girncve , in-
8". , 1 587 et 1 599 ; de Saint-Gervais
(Genève) chez Viguon, iGoi ,in-i6,
avec les remarques de Jurct, jointes
à celles de i'cditcnr Jacques LecI ; de
Paris , clu'z Orry , i()o4 , iu-4". j de
Maïoncc, iGoS , in-8»». , où se trou-
vent les notes de Sciuppius ; de Neu-
stadt, 1O17 et 1G28, cl de Franc-
fort , i(i4'i , in-8«. , éditions revues
par Philippe Parcus^ qui a quelque-
fois altéré le texte plutôt qu'il ne l'a
corrigé. La dcrnii're et la meilleure
est de iG')3 , Leyde , chez Wingcu-
dorp, in- 12. L'abbé Mai a décou-
vert, dans la bibliothèque am])ro-
sienne, (jiiehfues faibles del)ris des
harangues dcSymmaque , et les a fait
imprimer à Milan, en 181 5, în-8**.,
avec d'autres fragments pareils et des
notes. On voit que les commenta-
teurs n*ont point manqué à Symma-
que; mais nous ne lui connaissons
point de traducteurs eu langues mo-
dernes , à l'exception d'une version
it'ilieune^ composée par Antonio Te-
desclii , qui 4 aussi traduit Pline le
jeune, et pubUée à Rome en 17:249
in-4*'. Nous croyons les Épîtres de
Symmaquc fort susceptibles d'être
rendues avec élégance et lues avec
intérct dans noti'e langue. Les écrits
à consulter sur la vie et les travaux
'le Symmaque sont ses propres let-
tres : les VTtes qui le concernent
STM
dans les OEurres dies autan
quatrième , da dnquième et dn
me siècles , qui ont élé no
dans cet article; une DisserUti
Juret y à la tête de réditic
i6o4; une Notice par Jaoq* (
froy , jointe à rëdition de ii
une autre Notice par J* Rosed
imprimée à part en 1697 , in-^
tome X des Mémoires de Tilh
sur l'Histoire ecclésiastique; Y g
CXI de la Vie de The'ôdose ,
l'Histoire des empereurs du ]
Tillemont ; le livre m de la 1
Théodose, par Fléchier ; les c
très xxxi-xxxni du livre xv
THist. Fxxlés. de Fleuri; le
XVI du liv. m de la BibUotha
tina de Fabricius;le cfaap. m c
II du tome second de Tirabosc
et les pag. 1-19 du sixième y*
des Opuscula acadcmica de H
pages contenant le piorceau inl
Censura ingénu et marum
Sjrmmachi, — Outre l'auteur d
livres de lettres , outre son p
son ills y et le beau- père de I
huit autres Symmaques sont
mes dans les livres de littë
ou d'histoire : i^. Martial a fai
épigrammes sur un médecin 1
nom. 20. Un traducteur grac
assez grande paitie de TAuciet
tament ( Fojr. son article ci-ai
3^. Un autre écrivain grec dî
me nom est cité par un Kh
te d'Aristophane , par Tzetzès
Suidas , et dans le grand i
étymologique; 4*'* Lucius-Au
Symmacdus , consul en 33o ,
vait être l'aïeul ou l'oncle de l'j
des Épîtres; 5*>. On peut ref
comme un de leurs oescendi
QuintiLs Aurdius Symmachus
fut consul , en 44^ 9 avec Aétiu
Un Sym MAQUK , ëvcque d'Attd
Lydie , assbta an coocik d'^
STM
^. ^^. En Stia , deux fils de
avaient été consnb ensemble , et
mx s'appdait Qiimtus Âurelhis
is Synimaclius. 8^. C'était
tre à la même famille qu'ap-
lait nn Sjmmaque , sénateur et
X , cite par Olympiodorc dans
is , pour les grandes dépenses
ivait faites durant la pre'ture
fils. D — N — u.
^IMAQUE ( QumTUS'AuRE'
Me M M lus ) , illustre se'nateur,
idait du pre'fet de Rome dont
le précède, et avec lequel on l'a
idu quelquefois , bien qu'il y ait
eux rinterralle de plus d'un
Dans sa jeunesse, il cultiva la
opbieavec ardeur, et dut à ses
i ainsi qu'à ses vertus une con-
tion qui ue s'accorde pas tou-
|ku rang. Il fut de'signë consul ,
55 , sous le règne d'Odoacre ;
stoire remarque qu'on ne lui
point de collègue. Le père de
étant mort , il se chargea de
inistration de ses biens ; et lors-
loi-ci fut en âge de se marier ^
ionna la main de sa fille Rusti-
(i). L'habitude de vivre en-
s fortifia l'amitië réciproque du
>ère et du gendre y unis déjà par
mes principes et par les mêmes
La gloire de Boêce, qui lui dé-
I Traites du SjrUogisme Ii/po-
ne et de la Trinité, reflétait
mmaque ; et l'autorité de Boë-
icrutde celle que donnait à son
lèie mi long exercice de toutes
tns publiques et privées. Oc-*
e l'âucation de ses petits-fils ,
aitdes jours tranquilles , quanti
SYM
333
eroît aa»ey. |cn«ral«nienL que Boece'ovait
'abord JCipii , fille de Festiu ; mais le n-
boecbi regarde ce mariage conuna dou-
ai est certain aue la Bom d'CIpi* ne ae
w «naa leale fois dans le* ouvragée de
»y. Ift Siona àéU. UtUnUur, it^» , III,
la disgrâce de Boëce vint mettre son
courage à la plus rude épreuve. Sym-
maque yeiUait sur sa fille et ses deux
enfants , qu'il avait mis en sûreté, et
s'efforçait de ranimer leur espérance;
mais , en apprenant la mort de son
gendre , il ne put contenir son indi-
gnation. Lesparolesindiscrèteséchap-
pées à sa douleur, furent rapportées
à Théodoric. Chargé de fers , il fîit
traîné de Rome à Ravenne , où on l'é-
gorgea dans sa prison, en 5i5 ou
526 (t)} , et suivant l'opinion la plus
accréditée , le 28 mai, jour où l'on
honore sa mémoire , à Ravenne, d'un
culte particulier. L'histoire contem-
poraine nous apprend que Théodo-
ric , en proie aux remords , imaginait
voir sans cesse l'ombre menaçante
de sa victime. Un jour^ dit Procope
{Hist. des Goths, i, c. i ), qu'on
venait de ser^'ir im poisson mons-
trueux sur sa table, Théodoric ef-
frayé s'écria qu'il apercevait le visa-
ge irrité de Sjmmaque ; et l'on ne
peut guère douter que cette appari-
tion n'ait contribué à conduii*e au
tombeau un monaix[ue qui s'était si
long- temps montré digue du trône par
ses qualités (f^. Théodoric). W — s.
SYMMAQUE , le quatrième des
interprètes de l' Ancien-Testament en
langue grecque, florissait sous l'em-
pire de Sévère. Il était de Samarie ,
et jouissait d'une haute réputation de
savoir et de sagesse. Ne pouvant sa-
tisfaire , parmi les siens , son ambi-
tion et son envie de dominer y il em-
brassa l'erreur des Ébionites ; et ,
(ï) Le rédacteur de Tart. BOBCE (IV, 645) place
•a mort en 5a6, d'après des aatorilà tr^respec-
tablec. Mai* il est certain que la mort de Boece,
arrivée au mois d'oclobre, a |»récédé celle de
Symmaque , qu'on place au mou de mai. Aiiui
Ton peut aMurer que Boëce est mort an plus tard
en f^5. Marius rapporte cet érnienieDt en Ss^.
Ce point de chronologMi a été discuté par D. Ger-
Taise , dans une dissertation qn'oa trouve à Iat«U«
^t^yiêdm Boiet ( Fof, GUVAIII).
334 SYM
pour contrarier encore davantige les
Samaritains, il entreprit nue nouvelle
version de T Ancien - Testament en
grec, qu'il opposa au texte ou à la
version dont ils i'aisaicnt usage dans
leurs assemblées, il en publia une
jîremicre cilition vers la neuvième
année de l'empire de Se'vcre (177)»
et , quelque temps après , une secon-
de, ou plutôt, comme le pense dom
lîernard de Moulfaucon , quelques
corrections seulement. Saint Jérôme,
Eiisèbe de Cesaree et la plupart des
anciens ont regarde' la version de
Symmaque comme la plus claii'e et
la pins (ilegaute de toutes^ comme
la plus coni'urme à l'original he'breu,
pour le sens des phrases et pour la
chronologie, (^pendant The'odore
d'Hcraclée n'a point suivi le senti-
ment commun : il a prétendu que
Symmaque, pour ne pas se traîner
sur les pas deroriginal, et pour évi-
ter les aefauts reproches à Aquila, a
fait un grand nombre de conlre^sens.
I^a version de Symmaque occupait
la quatrième colonne dans lesHcxa-
ples d'Origcnc. Il ne nous en reste
que de légers fragments , recueillis
par le P. de Muntfaucon : Hvxajd,
Orî^enis nuœ supersunt , etc. (*c sa-
vant religieux , iLms son Discours
préliminaire, rapporte et discute ,
avec le talent qui le caractérise , les
opinions des anciens sur Symmaque
et sa version. On peut coiLsuller aussi
G. (^ive : Scrlpi, occlcsiast. hislor.
liller.y p. 60; Jalm : Iniroducl* in
libros sacros veteris fœderis , pag.
56, qui a fait un grand éloge de la
version de Symmaque ; Hody : ifc
texl, Bibl, origin. , p. 588, et Thie-
me : Dissert, de puritate Sj'mnui'
chi , 1 735. Hebed-Jesu nous apprend
qu'on trouve chez les Chaldcens des
ouvrages de Symmaque, pour la de*
fense des Ébionites. Ij-y.
X
T
il
STM
SYMPHOBIEir (Saint) sotfHt
le martyre à AutuD , sottt Mare-Ao-
rcle. Ne de famille noble et cduétia-
ne , il avait cic instruit avec 50m dos
les sciences divines et humainei. B
était dans la fleur de Tâge, génn-
lement estime , à cause de sei bdki
qualités, lorsqu'il versa ion aar
Sour la jfoi de Jésus-Christ. La vu
'Autiin , une des plus ilbuties dm
les Gaules , était alors livrée an crib ^
superstitieux de Cybèle. Comne Oi
portait dans les nies^ sur on càir
magnifiquement décoré , k flilK
de cette déesse , Symphoricn n»
fusa de prendre part à cette eérf»
monie. Arrêté par le peuple, eonUl
au tribunal d'Héradius , gûufernwr
de la province , et interroarf pov
quoi il refusait d'adorer Tunagadt
la mère des dieux, il répondit foiV*
tant chrétien , il n'adorait que le vni
Dieu. Le proconsul, ayant a|ifffîl
qu'il était d'Autun, et qu'îl apnarf^
uait à une famille noble, loi dk:
a Vous vous fiez peut-être s«r valic
» naissance illustre; ignorcx-voM kl
D ordres de Terapei^eur? » el 3 Foh
voya en prison , après Favoir lût
fra])per cruellement. Dcns JMn
après ^ il le fit comparaître dé bok-
veau devant son tribunal : c Rnia
» honneur aux dienx iaaiAortelaykî
i> dit -il , et recevez nne gratificatioB
» du trésor , avec une place kovani"
r> ble à l'armée. Je vais orner l*Mtti
)) de fleurs ; et vous offirîrcs >an
» dieux l'encens qm leur ^ est dA* a
Svmphorien refusa on oftes , cl
ricraclius ne pouvant vaincre %^ ester
tance, le condamna à être déca-
pite. Sa mère, le voyant paner y
comme on le conduisait hors de la
ville , lui dit à haute voix : « Mob
» £\\s^ mou fils Svmphorien, sooft-
» nez-votis du Dieu vivant^ ^.s^T^
» courageux jusqfu'à la fiii;' âerts
SYM
î cœur vers le ciel , et consi-
i celui qui y règne : uc crai-
point la mort; elle vous con-
1 à la vie étemelle. » Saint
lorien consomma son sacrifi-
l'an 1 -jS. Des personnes pieu-
îrrcrent son corps près d'une
e; et dans le cinquième siècle^
one , évêque d'Aulun , lit
ine église sur son tombeau ^
it devenu ce'lèbre par plusieurs
es( F, Godcscard, tome vu ;
pa/icf. Riiinart; Fleuiy). G- y.
1PH0R0SE (Saimt) soufirit,
es sept fils , le martyre , sous
reur Adiicn , vers Tan 1 20.
ace ayant ordonne que Ton ces
, avec la plus grande magniii-
ladcdicacedii palaisqu'il avait
astruire à Tibur ou Tivoli*, on
.nça par ofl'rir des sacrilices ,
ngagcr les idoles à rendre des
». Les prêties répondirent , au
es démons : « La veuve Sym-
'ose et SCS sept iils nous tour-
lent tous les jours, en iuvo-
it leur dieu ; portez-les à sacri-
, et nous vous promettons que
ycï'ux scrfiut favorablement
tes. » Sympliorose, qui vivaità
avec SCS fils , employait ses
qui étaient considérables , à
nr les pauvres et surtout les
.ns qui souillaient pour la foi.
poux Getulius et son frèxe
:ius avaient déjà reçu la cou-
du martyre. Symphorose se
ait à les suivre. Adrien Tayaut
nir avec ses (ils , elle repoussa
les promesses , toutes les mé-
disant qu'elle désirait être re'u-
us le lieu de repos avec son
; que l'empereur avait mis à
pour la même cause. Adrien
duire Symphorose au temple
;idej ou lui meurliit le visage de
ts, on la pendit par les cheveux.
X
\
SYN
a35
et comme elle était incl)ranlab1c ,
clic fut jetée dans la rivière avec une
pierre au cou. Son frère Eugène, qui
était un des premiers magistrats de
Tibur , relira son corps et l'enterra
sui* le chemin près de la ville. I^e
lendemain Adrien lit comparaître les
fils de Symphorose. Ayant inutile-
ment tout employé pour les gagner »
il les fît étendre sur des poulies y et
serrer avec tant de violence, que
leurs os furent disloqués. Comme ils
s'animaient les uns les autres, au
milieu des tortures , Tempercur les
fit metti-c à mort sous ses yeux. Ces
martyrs s'appelaient Cresceos , Ju-
lien , Ncmésius , Primitivus , Justin ,
Stacleus et Eugène. Le premier fut
égorgé ; le second reçut un coup de
poignard dans la poitrine ^ le troi-
sième eut le coeur percé d'une lance;
le quatrième fût frappé dans la pot-
trine ; on brisa les reins au cinquiè-
me ; ou ouvrit les côtés au sixième;;
enfin le plus jeune eut le corps fendu
depuis le haut jusqu'en bas. Le leil-
demain Adrien fit jeter les corps de
ces martyrs dans une fosse profonde
près du temple d'Hercule. La per-
sécution ayant cessé ^ les Chrétiens
donnèrent à leurs reliques une sépuU
turc honorable sur la voie Tiburtine,
entre Rome et Tivoli. On voit encore
les restes d'une église qui fut cons-
truite en leur honneur dans le lieu
qui porte le nom des Sept Frères»
Leurs corps ayant été depuis trans-
férés à Rome , dans l'église de Saint*
Ange , on les y trouva sous le ponti-
ficat de Pie IV, avec une inscriptioa
qui rapporte les circonstances ■ de
cette translation. (Voyez Godescard,
tome vi ; jécta sanct, Ruinart ;
Cciilier , tome i ; Fleurv > tome 1. )
G— Y.
SYNCELLE ( Georgs Le),
chronograpl^e.gr«^> Vijkyait au hui-
336
SYN
tième siècle de Tère vulgaire. Le titre
de syncclle se doiinait à un oflicier
prive' , attache de si près à une per-
sonne eminente , qu'il ne la quittait
point ou était censé' ne s'éloigner ja-
mais d'elle. George remplit auprès
de Taraise, patriarche de Gonstan-
tinople , cette fonction intime , qui
était regarde'e dans cette ville comme
la seconde dignité' ecclésiastique y et
même , selon quelques auteurs , com-
me un titre pour obtenir la premiore ,
lorsqu'elle venait à vaquer. II y a des
manuscrits où George est à-la-fois
qualifié syucelle et logolbète , c'est-
à-dire archiviste ou chancelier ( de
l'éghse); mais on a lieu de penser
que les copistes ne lui ont attribué
cette deuxième qualité^ qu'en le con-
fonds ut avec quelque chroniqueur
nommé George comme lui. En effet
plusieurs écrivains de ce nom , énu-
méréset distingués par Allatius, dans
sa Diainha de Georgiis , ont vécu au
moyen âge et particulièrement au
huitième siècle. Celui qui est sur-
nommé a/*a|3Tw>oç (pêcheur), et celui
qui est désigné par le titre de moine
ou abbé, ont composé des chroniques :
peut-être ne sont-ils pas distincts l'un
de Tautre ; ils le sont du moins du
Syncclle, dont la Chronographie tend
à établir les dates des faits avec mie
méthode rigoureuse dont on n'aper-
çoit , à-peu-près , aucune trace dans
leurs extraits historiques. Toutefois
il n'est pas très-étonnant qu'on s'y
soit trompé : d'une part , on savait
que le Syucelle avait laissé un Ta-
bleau d'histoire universelle à partir
d'Adam; dcPautre^la plupart des ma-
nuscrits de sa Chronographie étaient
défectueux et ue commençaient guère
qu'au siège de Jérusalem par Pom-
pée : il est arrivé de là qu on a pris
pour les premières parties de cet ou-
vrage , des livres qui scmblAÎent du
S
SYN-
même genre, et quiremontaioUiki
création du monde. Joseph Sali-
ger s'est aperçu le premier de cette
erreur ; Petau Ta recomnie, et elle a
été pleinement dissipée parla pnUi-
cation du véritable oavPage du Syu-
celle y en 1 65a. Nous ne savons pr»
que rien de la yie de ce dironogri-
phe : Anastase le InUiothécaiie, qa
Je fait moine et abbe' , dit qu'il était
fort considéré dans l*Église, etmrïl
a combattu avec zèle contre ks Ico-
noclastes; mais il se poomît o-
core qu'il y eût ici quelque confnsioB;
car c'est surtout un Georfius Çyma
qu'on voit figurer, au huitièmesiècley
armi les araenfsdéfimsenrs du cdie
es images. Le 'Syncelle vivait a
780 ; il écrivait en 793 , vingt-an
ans avant la mort de ChariemagK \
il est mort vers l'an 800 , sans avoir
eu le temps d'achever sa Chronosa-
phie, qui ne va point au-delà de Pan
284. Selon toute apparenoe, l'aotoir
s'est arrêté à ce terme ; et si noni
n'avons pas lout le travail qu'il anit
laissé , c'est parce qu'en effet il se
rencontre quelques lacunes dans les
copies manuscrites qui nous en res-
tent ;^ surtout à l'égard des vingt-lnit
dernières années , c'est-à-dire dcpois
257. L'une des plus prédeosesde
ces copies est datée de l'an loai :
elle se conserve à la faibliotlièqae
royale de Paris, et a servi 'à l'édi-
tion de 16 12 , in-folio. C'est on des
volumes de la collection Byzantine :
on le doit aux soins du dominicaÎB
Goar ( F. ce nom) , qui a joint au teste
grec une version latine, des notes,
des tables et une savante préface. M.
Schoell dit que cette édition est I'mv-
que ; ni^iis ce volume a été rénapri-
mé à Venise , en 1 73g , avec tout le
recueil dont il fait partie. En com-
parant la Chronographie du Synedle
à ce qu'on posaècb anjooid'bu de U
d'Euscbc , ou reconnaît
: , Time et l'autre , unmè-
fond, qui avait été fourni
ifricain ( f qr. Africain ,
Ce|)eudaiit Georjrc , tout
ant du travail de ceux qui
écédé dans cette carrière,
s erreurs avec imc sévérité
lui peu acerbe : il appelle
&ôvTr,Tov . étourdi ou extra-
son tour , le Syucclle a été
reuscment par ses succes-
-tout par Michel Glycas
Il , 5'.>-3 ) , qui , en lui em-
»lusieurs articles , en criti-
sci grand nombre d'au-
défauls de celte conipo-
jt beaucoup mieux déuic-
iephScaliger, qui, vers la
ènie siècle , renouvela , ou
I, la science chronologique,
luisant les cadres infoiiuos
Jules Africain et par Ku-
rge y^a jeté çà et là tout
pu trouver ailleurs de dé-
:uxct de traditions vagnes.
mme eux, Bérosc, Aby-
andre Polyhistor , Castor,
•y ma!s il fait usage aussi
s anciennes chronicpies anu-
a recours à dos (ivres apo-
tels que ceux d'ilénoch et
e rÉglise ne compte point
e des livres sacrés, et qui
issus de puérilités et de
Il prend le géographe Pto-
ri:n roi d'Egypte^ et le fait
rain de Philij)pe Aridée.
des notions si mai choisies,
çues , qu'il compose un vo-
amas de noincurlalures, de
)ns et de dates. Loin d*y
un ordre constamment ré-
'cvient souvent sur ses pasj
besoin de quelque étude
ir tout IVusemble de son
Kubsi son éditeur Goar a-t-il
XLIY.
SY»
3S<)
juge indispensable d'ajouter un Ca-
nonchromcus , 0Vst-à-dire un tableau
des temps , où en effet toute la chro-
nologie du SynccUc est méthodique-
ment résumée. L'espace entre la créa-
tion et l'ère chrétienuc y est de 55oo
ans , selon l'hypothèse de Jules Afri-
cain. Le déluge arrive en Fan du
monde 11 ^-à ; et à partir de 2776 ,
les xVnnales sacrées sont rapprochées
de celles des rois chaldéens ou baby-
ioniois , et des rois d'Egypte. Ces
derniers, en 'iSifi , se part.igeut eu
deuxbranchesparallèles^Voir: ceux
de Memphis et ceux de Thèbes. Une
suite de rois arabes commence [lar
Mardocentcs, en 3ooi : le royaume
de Sicyone s'établit en 3.» 38 ; celui
d'Argos est fondé par Inachus en
3691 , celui d'Athènes par (>écrops,
en 3945. Ensuite la ruine de Troie
est lixée à l'an du monde /\3àS
( 1 1 72 av. J.-C.) ; et à partir de cette
époque, le nom d'Éuéc ouvre une
liste de rois du Latium. Les royau-
mes de Lacédémone et de Cormthe
apparaissent en J^G']6 : les Macédo-
niens , vingt ans après , ont Carauus
pour premier roi; et c'est »i l'an
47*i6 depuis !a création, 774 avant
notre ère, que le Sy ncellefait commen-
c( r celle des olympiades , dent l'ou-
verture véritable est en 7 76. 11 sup-
pose de même que la fondation de
Rome est de 75G , au lieu de 7^3 ,
et que l'ère de Nabonassar s'est ou-
verte en 75*2 au lieu de 7^17, nom-
bre qui se déduit de la Table de Pto-
lémée. L'avènement de Cyrus, qu'on
place eu r)/)() , n'aurait eu lieu, selon
George, qu'en 548. Il n'est pas j)lus
exact sur la date de la mort d'A-
lexandre , ni sur le commencement
de l'ère des Scleucide*; , ni sur les an-
nales des Lagides; et la concordance
(fu'il prétend établir partout entre
l'histoire profane et l'histoire sainte ;
2^
338
SYN
a donne lieu à d'innombrables difU-
cuttës. Voilà (iucls%ont les princi-
paux résultats de la Chronogrnphie
à laquelle il a dû sa cc'Icbritc : ils
sont , comme on voit, si peu vrais
ou si peu justes , qu'on ne doit pas
complersurlaprccisiondesdëtailsqui
s'y rattachent. Maître tant d'imper-
fections ou mrme d'erreurs , cette
compilation est devenue la source où
beaucoup de chronologistes ont pui-
se' de préférence dans le cours du
moyen âge , et même depuis le re-
nouvellement des lettres. En i "jSo ,
Bou&;ainville aîné , au sein de 1 aca-
démie des inscriptions, attribuait en-
core au Syncelle une très-grande au-
torite' , et le distinguait parmi ceu\
des anciens écrivains qui avaient sup-
puté les temps avec le plus d'atten-
tion et d'exactitu4e. La même aca-
démie a mis au concours, en 1804,
V Examen critique des sources où ce
chronographe a puisé , et dé l'usage
qu'il en a fait : le prix, a été ad-
jugé à un mémoire , non encore im-
Erimé , de M. Le Prevot d'Iray. —
a Chronographie du Syncelle a été
continuée , de 'i85 à 8 1 3 , par Théo-
phane l'Isaurien. — On a sous le nom
de George le Syncelle , une oraison
sur l'ascension des âmes après la
mort , un autre en l'honneur de Za-
charie, père de saint Jean-Baptiste;
des fragments sur l'empereur Héra-
clius, sur Justin et Justinicn, sur
Léon l'Isaurien : des versions latines
de ces écrits se rencontrent dans trois
manuscrits de la bibliothèque du Roi.
D — N — u.
SYNESIUS, célèbreécrivain, évê-
quc de Ptoléma'ide , en Afrique , na-
quit à Cyrène, capitale de la Penta-
Sole, et ilorissait sous les règnes
'Arcadius et de Théodosc-le- Jeune.
Sa famille était une des plus illus*
très de l'Asie " Mineure. Il nous ap-
STN
prend lui - même ( Lettr. t
généalogie, inscrite dans le
publics , remontait jusqu'à
c'est-à-dire, que l'origine
dait dons la nuit des tem|
du désir d'étendre ses copn
il se rendit à Alexandrie, et
parmi les disciples de la (
malheureuse Hypathie ( P'
XX, i33), pour laquelle
va toujours la plus tendre
A l'étude des sciences il w
dre celle de l'éloquence, et f
ge d'Athènes , dans le dess<
quenter ses écoles; raaLs j
comme il s'en était douté,
ville n'avait plus rien d*ilh
vénérable que le souvenir c
leurs et' de ses philosophe
i35). La carrière des cm
blic^ était ouverte à son ;
et il pouvait se promettre <
courir d'mie manière brilla
préférant son indépendance
honneurs , il refusa toutes h
qui lui furent offertes, pc
une vie paisible, en suivant
11 partageait son temps ent
re , l'étude , la chasse ( i ) , c
re de son jardin. « Je ne f
dit - il ( Catastase , p. 6(
métier de la rhétorique; in
cultiver les arbres et élever >
de chasse. Mes doigts s'us
à manier la plume qu'à n
dards et des bêches. » Cepc
ncsius ne pouvait rester
aux maux qui pesaient sn
patriotes. Il se chai*gea (
leurs plaintes à l'empereur
et de solliciter les secouR
avaient besoin. Dans sou c
ce prince , il ne touche qu%
(1) On tronre une L«im d« Sy:
ChasM , trad. en fna|. par M. Saa.
sailti du TrmiU tlê Xa dUiM d'Af
1690, ittrit.
SYN
îon message , cl s'c'lcnd sur
) de la royauté. C'est aussi
;re qu'il nous est parvenu,
e du philosophe ue déplut
'empereur , puisqu'on sait
siou eut tout le succès qu'on
lit. Synesius resta trois ans
tinople. Il quitta celte ville
au moment où elle comraen-
dcsolcepar un treniLlcment
ce qui ne lui permit pas de
ongé de ses amis. Peu de
Ts, ayant visite, pour la
ois, Alexandrie, il s'v ma-
Van 4o'5 ou ^o\, U avait
î l'empereur un décret qui
ait de toutes lescliarp;es pu-
lais il eut rougi de s'en ])re-
is les circonstances dillici-
trouvait le j)ays ; et on le
resscr d'aider ses compa-
ses conseils et de son ar-
Pentapole était souvent ra-
' des Marcomans et autres
barbares établies dans le
. Dans une de leurs inc.ir-
s'em parèrent des domaines
us , dont on ne put venir à
s cliasser. Il aurait suppor-
Iieur avec plus de resi^ua-
m eut souffert seul ; mais il
femme et des enfants dont
inquiétait vivement. Oblige
Cyrène, il erra long-temps
imille, sans trouver un asi-
utation qu'il s'était acquise
alents et ses vertus décida
inLs de Plolemaule à l'élire
ue, vers 4'^* Synesius les
; faire un choix plus conve-
rmi les motifs de son refus,
►lus remarquables sont : l'un,
oulait point quitter sa fem-
picUe il était tendrement at-
utre, qu'il ne partageait pas
de l'Eglise chrétienne sur
3 de l'ame, sur la fin du
SYN
339
monde , ni sur la résurrection de la
chair ( Voy. VIfist, ecclésiastique
de Fleury , xxii , 4» )• Vaincu par les
instances de Tlicophile , patriarche
d'Alexandrie, Synesius reçut enliii
rordination; et, suivant Evagre (liv.
jy 1 5 ) , cette cérémonie fut prc'cédéa
par celle de son b-iptime. Ainsi Pou
peut conjecturer qu'il ne professait
pas encore le christianisme, lors do
son élection à l'ëpiscopat. Synesius
obtint la permission de passer quel-
ques mois dans la retraite, pour se
disposer, par la prière, à ses nou-
veaux devoirs. La haute idée qu'il eu
avait conçue l'effrayait tellement ,
qu'il fut sur le point de se dérober ,
par la fuite , à des fonctions qu'il
craignait de ne pouvoir remj)lir; mais
dès qu'il eut pris possession de son
siège, il nemontraplusnitaibh'sseni
hésitation. Saisissant toutes les occa-
sions d'instruire son troupeau, il par-
vint à faire disparaître jusfpi'aiix der-
nières traces de l'arianisme. Informe
des exactions d' Andronic, gouverneur
de la Pentapoîe, il essaya de le faire
changer de conduite; eî. voyant qu'il
persévérait dans le mai, il l'excom-
munia : mais Andronic ayant encou-
ru la disgrâce de l'empereur, Syne-
sius ne mit pas moins de zèle à le
servir qu'il en avait mis à solliciter
sa punition. Plolémalde ayant été as-
siégée en 4 » ^ , il concounit de tous écs
movens à la défense de cette ville ,
veillant la nuit sur les murailles avec
les soldats, et les encourageant par
ses discours et par ses largesses. Sy-
nesius avait eu de sou mariage trois
fds , auxquels d survécut. On place
sa mort vers Pan 43o. Évoplc, son
frère , lui succéda dans l'évèchc de
Ptolëmaïdc. Les ouvrages qui nous
restent de Synesius prouvent qu'iï
avait des connaissances étendues ol
variées. Fabricius en a donné hsé^
32.. /
J\0
SW
très, dans la Bibl. grœca, vni. o.ià-
'j3o : I. Discours à Jrcadius sur les
devoirs de la rorautc, traduit en
irauvais , jar Daniel d'Anj^e, Paris ^
i5r>r) , in -6*». II. Pion, ou de Tins-
litn.'iou do sui-meiuc. L'aulcur v cite
souvnill)ion(iiirysostomc,lll.J&/og^
flu charnu*, plein d'érudition. Ant.
Duvordier l'a trad-iit en fran^:ais;
mais cette vcr.'iion n'a pjinl ele ini-
priiucc. 1 V. ii -/-'j,'.^ pÛLni ou la Provi-
dence. Daîis re tiailt, Syne^^ius dcf-
ent !es ni.iliic .rs de Sf:n teinj>s, sous
le voi'e iVwnv \Jh\c (iivotienue. V.
i'ne Ilomê'ie .s: m la niauiiM'e de cc'-
]«*I)rer les fO'o. Vî. Le Livre des
songes . ])iilî'i(- <'\\ ^}fc.' à la suite du
Traite d' AilJniidore : lie V Interpré-
tation dvs stmges j VenLsc, A;.Je,
iji8, in-8'.; en grec et en 'afin, de
la versit'U d'Ant. Piclion, avec un
(lonnnentaireueNice'plîoreGrepforas,
Paris, i:")8(i, in-B^.; nouv. éd., re-
vue par l'ViMi. jMorel , ibid., i(îoi ,
in-8'\ VU. Des Lettres^ au nombre
décent rin.pianlc - cinq. E!!es sont
fort intéressantes , mais nialljcureu-
>ejnenl ranj;ces sans aucim ordre ,
i:;r. et lat. , Paris, i()o5, in-8".; ca
p;rec , avec les SchoUes de Ncopliyte,
Vienne, i7()'i , in-8'\ On doit cette
édition e^lintec à rirej:;oirc Demc-
triades ('.>.). Vill. Une Ifomélie et
deux Discours , dont l'un est inti-
tule : Calastase. IX. Une Lettre
ou Dissertation , à Pui'on , iavorî
d'Arcadius , en lui adressant un
asln>î.il)e (i'arjrent. C'est la pre'-
far(» d'un traite de Svnesius Sur
raslroUibe . <j':e nous ayon» per-
du ('^). CiOmnie S^ne^ills n'y nomme
(V* Lut* liiîiriU- Svuvïiii.^ J HvP-ilbie , cnie
j Vnivil il ..riii <>nii-i.iliie. iiMUi» apprciidl usaHi* qu un
J'uif.ii: 4tl'»r. tir l'.i- 'i::!!',!-!: l'ii [MbC iiijuci-.r. ^ A'o>-,
Jj;iMlVT, \IV. .<:! )
.'.V' <hî €;i.iij^'li:ic'»|iH- « tl iiinM'iiuuuI a\iiit IiPAu-
• 9t>ii|> irHii.>l"};>« »\vv il-» |MiiTii.jiliprc9 modmie^
( Htioltti U , h'iit. des m :lh. , 1 , 3 • J }. /'. itli Fap-
SYN
point Plolemée parmi les aatems
qui se sont occupes de l'astrolabe ou
plainsphcFc , Delambi-e en conclut
que cet astronome n'a fait que s'ap-
])ro[.rier le planisphère imaginé pr
iiipparqnc (Yoy. f/f5foircf de laS"
tronomie ancienne , ii , 4^3 et
suiv.). X. Des Hymnes f au nombre
de di\ . gr.-lat. , de la version de Fr.
Portns , Henri Estienne , i .^168 , in-
16; Paris, 1570, in -80.; ou en
trouve une traduction en vers fran-
çais , par Jacq. Gourtin , dan.« ses
OEnvres poétiques^ Pari», i58i,
in - I u. Les OEuvres do Syne-
sius ont été pid>lices m prcc, par
Adrien Tu mebe, Paris, i5.j3,in-h»L,
éd. vrineefts , belle el rare, mais peu
recliercliee. I/C P. D. Peta>i en a
donne une édition grecque et latine,
Paris, 1612, i63!iy in - fui. La se-
conde c.>tla ])lus belle et la plus com-
])ltre. Outre {( s auteurs cites, ou peut
consulter, pour [)l'jsdcilctails,r/r/5f.
ecrle'siutiff. de 1 illcmont^ xii,4p9'
554 , et VHist. des auteurs sacrés ^
])ar D. ^ciilier , x , 1 49^ - Sir. Li
Disserta tion de Matt. Chladni , Théo-
loi^umena Synesii , Wittemberg ,
1713, in-4**. , et celle de P.- Ad. Boy-
sen , Philosophumena Sjynesuj Hal-
le. 17 i4,iu-4"' — Plusieurs autresau-
teurs grecs ont [lorté le nom de St-
NEsius. On trouve, dans le Eecueil
des chimistes crocs , une Lettre d'un
Synesius, pbilosopbe, à Dioscorc,
prètredn temple de Sérapîs, à Aleun*
drie, toiicbant un Opuscule cbimique
de Denioerife. ¥À\c a e'tc' îusérëe par
Fabricius, avec la traduction latine
en regard, dans la Biblioih, gneca^
viiT, 233. — Un autre Syicesius fsl
auteur d'un Traité des fièvres jY^
I><irl <1<' Dclmulire , xur u» MriBoire dp M. 0«3 .
MWul [lunr titre : U^it tiplMH d'mm «tfrvÛv^fM*
.* ) •teùm , dans Im Mimoiru de TîmlîlBt» chMt
\
STN
et eii latin , a?cc des no-
in-Étienne fiernai'd, Ams-
49,in-8o. W— s.
l , roi de la Niimidie oc-
:*est-A-dirc de la Maurita-
ppeîa depuis Césarienne ,
meDcement de la seconde
^e , une alliance avec le$
t eut alors pour ennemi
roi numide , que les Car-
sci tèrent contre lui . Vain-
sini2:sa , (ils de Gala ,
•étira en Maïuitanie , où
^'elles leve'es. Il se prëpa-
r le de'troit pour joindre
s en Espagne , lorsqu'il
; noureau. Ce prince par-
int , à force de courage ,
lir dans ses états , et il
traiter avec les Gartba-
sque Scipion le premier
près avoir rcfduit TEs-
à sa cour pour l'engager
négociation. On a vu à
XLl , 3o6 ) que Syphax
it charmé des maniè-
caractère de Scipion ,
t UD traité secret avec
Irubal étant parvenu à lui
: sa il lie Sophonisbe , le
'Ut entièrement subjugué
lits de cette célèbre Car-
1 fit la guerre à Masi-
Tallic des Romains ^ et
• ce prince quelques avan-
uc Scipion deliarqua en
rpbax se déclara pour
mena ses troupes de*
, où étaient les magasins
omaine, s'en rendit mai-
(er la garnison au fil de
)éra ensuite sa jonction
' carthaginoise. Mais la
livante fut fatale au roi
pion et Masiuissa sur-
rôlèrent son camp. Sj-
va avec deux milk cinq
STR 54i
■ cents clieyanx , joignit, avec de nou-
velles foi'çes, les troupes carthagi-
noises , livra bataille aux Romains ,
fut encore défait à cinq journées d'U-
tiqoe^ et legagna la Numidie avec
une partie de ses troupes. Poursuivi
par Masinissa et LseJius jusqu'au
cœur de ses états , -il vint courageu-
sement au-devant de l'ennemi ^ fut
vaincu et fait prisonnier avec son
fils Yermina y et vit Cirtha , sa ca«
pitale , tomber au pouvoir des vain-
queurs. Devenu captif des Romains ,
ce malheureux prince fnt conduit k
Albe dans le pays des Marses , pour
fervir ensuite d ornement au triom-
phe de Sdpidn (Fan de Rome 553).
Poly)^ dit qu'il mourut k, Rome,
'peu de jours après cet événement ;
mais tous les historiens ancieos ai»
surent qu'il ne put suryivre k son
infortune , et que sa mort précéda
la pompe triomphale de Scipion l'A-
fricain. Les vainqueurs donnèrent une
partie de son royaume k Masiuissa ;
mais ils respectèrent sa mémoire ,
et décernèrent à ce malheureux prin-
ce des obsèques honorables. B-*p.
SYRIANUS , philosophe et gram-
mairien grec, naqujt à Alexandrie,
vers l'an 38o de i'ère chrétienne. 11
vint faire ses études à Athènes , sous
le platonicien Plutarque , fik de Nâ-
torius. Parent et ami d'un autre gram-
mairien , nommé Ammonianus , il
lui ressemblait par le caractère ai^
tant que par l'extérieur. Tous deux
étaient d une belle figure et d'une
haute taille; tous deux étaient ro-
bustes et bien portants, en sorte que
la nature leur avait accordé les mé-
\ I
mes avantages ; mais au jugement
de Damascius^ copié par Suidas,
Sjrianus méritait mieux les faveurs
de la divinité , parce qu'il était un
vrai philosophe, tandis qii' Ammo-
nianus n'était occupé ou'à disserter
3d'jt
SYR
sur les [)ocles , et à parler correcle-
luciit le crcr. Dninasciiis racoutc
nicoi e qii Amtiioiuauiîs avail un ane
qui aimait a en tondre parler sur la
philosopliic. IMais i'étliteiir de Sui-
das ( Kiister ) , dit qti'il faut ])later
au iiombrcdî's au:»s eoiix qui ajoutent
loi à ce: le iii.sljire. Syrian-is rem-
{>]aça Phitarque dans la direction de
'ccoie d'Alliènts,j^sque^cr.s l'année
45o , qj.i fut celle de sa mort. On
distinji;ue parmi ses disciples Hcrmias,
Domninus^ et le célèbre Proclus, qu*il
désigna pour son successeur. 11 vou-
lait aussi le maiier avec Aidesia , sa
Earcnte, distinguée par sa pictc et sa
ienfaisauee; mais Proclus allégua
un oixlre de la divinité , qui Tcmpê-
cbait d*y consnitir. E!le épousa lier-'
niias qui n'était pas moins vertueux
qu'elle. Suidas nous donne le catalo-
gue de ])lusicurs ouvrages que Syria-
nus avait écrits et qui n'e\i>tenl plus i
].C'u Commcnlak'c ^v\T llornneen-
tici, en sept livre.'.; il en résulte que
Syrianus est le plus ancien de ceux
que l'on désigne .sous le nom de sclio-
liastes d'Hom're. H. De !a lie/nibli-
qiw de Platon. III. De la T/u*o!o;, ic
(V Orphée, 1 Y.Dcs Dieux (Cllomcrc,
Y. De \\4ccord entre Orphée ^ Fy-
thd^ore et Pluton.WA)cf Oracles,
en dix livr^.s. (omme , en pjrl.inl de
Proclus , Suidas repète les mêmes ti-
tres , on est fende à croire que le dis-
ciple de Syrianus n'a fait que trans-
crire les oii\ rages de son maître, du
quel il nous reste : 1. Ln (iommen-
taire sur qrielques parties de la me-
ta])îïy.Mq;ie d'Arist(»le, (pii a pour
principal but de deTendre Piaîuii coîl-
tre les objections drs Per:|Miteîic!cns.
Le texte grec de ce Commentaire n'a
pas c'te public. Jérôme 15ago!ini a fait
une traduction latine de la partie qui
traite des livres m, xîi et xr.i , qu'il
avait trouvée seule dans un muLUs-
f.
SYR
crit. Elle a paru à Venise , i558,
iu-4^. Au jugement d*un très-bon cri-
tique, le texte original mcriteraitdf
voir le jour. La Libliotlicqiie royale
de France en possc'de deux manus-
crits cotes n°». i89> cl i8()4. Celui-
ci est revu par une main habile; TuD
et l'autre sont terminés par un éclair-
cissement sur la Proyideuce. On s'a-
perçoit , continue le même critique ,
en lisant le Commentaire de Syria-
nus , qu'il ramène tout à Orphée , à
Pytliagore , à Platon , et qu'il re-
arde Platon et Jambliqiic , comme
es véritables interprètes de ces phi-
losophes ; ainsi recelé ne'o-platoni-
cieune n'est qu'une dérivation de
l'ancienne école ionienne. IL Un
Commentaire sur la rfaétOI7qued'He^
mogènes. 11 se trouve dans l'édition
Aldine des rhéteurs grecs, publiée a
i5o8et 1589. F — A-
SYROPÙLUS (StLVFSTRE),
grand eeclésiaitpie de l'Église de
Coiistantiuople , se rendit, en cette
qualité', au concile de Florence,
avec le patriarche. II c'tail l'un
des cinq premiers grands - vicai-
res, et souscrivit , comme les autro
membres de TKgîisc grecque, le dé-
cret d'uuicn arrêté entre les Grecs et
les Latins ; mais étant revenu à Cons-
tant in.. pie avec l'empereur Jean Pa-
léologue, en i44o, et voyant l'aver
sion que le clergé et les habitants de
Cunstantinoplemarquaicnthautement
contre l'union , il dc'savoua Tacte
qu'il avait signé ; et afin de regagner
la jjopidarité qu'il avait perdue, il
publia , en grec du moyen âge,11Iis-
toirc du concile de Florence, avec le
récit des évi'nementsqui avaient pré-
cédé et qui suivirent cette assemblée.
Un manuscrit de sou Histoire k
trouvant à la bibliothèque royale de
Paris, Cl. Sarrau, conseiller au par-
lement^ en tira ime copie, qu'il oon»
T
STR
s. Voftsias , pour la publier ( i )^
adon, ayant oui parler de cette
, en instruisit Charles II ; qui
dors à Bruxelles; et Rob.Oréygh-
prëdicateur du prince, fut en-
en Hollande vers Yossius , qui
mit sa copie. A la première pa-
n lisait ces lignes écrites de la
de Sarrau : Describebani mertf
ugusto 164^ , Claudius Sar-
s : autographon est forma,
i vacant in-quarto, compactum
i6o4> "'* P^^ se fert , m
^ulo adverso inferiori; in supe-
est nota numeri qiùnarii, cuni
? stemmatisllenrici /A^.Creygh-
ublia le texte de Syropnlus , avec
rsion latine , sous ce titi'e : JliS'
unionis inter Grœcos et Lati^
siue conciUi Florentini narrO'
rœcè scripta per Sjrlvestrum
opulum (u), magnum eccle-
ham , atqiie unum è quinque
Igeris et inlimis consiliariis pa-
chœ Constantinopolitani y qui
lio interfuit, la Haye, 1660^
!e inaniurrit rst rarnre ik U bibliotk^qiia
, »uu» le u". Gr. 4'7' 'la 4^^ fruilleU, lO'
cnntiml, en grec ilu moyen ftge : i^. l'Hi»*
u coucile A« Florence, par Svropahu; «<>,
-el du concile de Florence; 3**. le» ('.onfe-
qui eoreot lieu dan» le concile entre le*
et les Latins; 4*'- un Traite de Gennaditu ,
> (lire : Scliolarii monofiia in mortem Marti
ni Jùigcnici. < ies quatre ouvrages parmifarnt
■te cents de la oi^ine main , peu de temps
le concile de Flor«^ce. Le manuscrit était
mage quand il fut acLelé ponr la Btblio-
• royale ; il avait prubthlemcnt appartenu
ivant à une llilJli(llh^que d'Italie, sous le
^7. i^n le fit relier, eu i()o4, avec les armes
nri IV. L'Histoire du concile de Florence ,
rupulus , y est divisée en doure .<«ectioDS ;
unuire*) de chaque section sont écrits en en-
lige, qui a pén<-tré le papier, de sorte que la
t sont à peine li»ible». La reste du inanus-
t facile h lire. '1 y manque la première sec-
quelque:* lignes de la seconde , comme dans
ir de Cl. Sarrau. Il serait à désirer qu'un
iste plu« fort que Creygbtnn publiât, avec
ertiiiu ildèie , les quatre ouvrages contenus
! manuscrit. Le commenrement et la fin étant
s, il faudrait chercher à rcloblir les textes
''(•piilns el de Geuuadius.
'.reighlon a conwrvé \guntpulii$ , c'est une
du existe; Syropulus est le vrai nom de
» • SYR
in -fol. Leoa Allatius a critiqué la
Tersicm et les notes de l'âiteur
( Fqy, Creyghton , X « 269 ) ^ dont
le tniyail, quoiqu'il ne soit point
sans défaut, est.pi^ieux pour les
derniers moments de Tempire d'O-
rient ou du Bas-Ëmpire. Le texte de
Syropulus est divise en douze sec*
tions. La première et les premières
lignes de la seconde manquent. Dans
la seconde et la troisième , il a ex-
posé les ttégociationsquit depuis 1 434
]usqii'en 1 438, eurent lieu k Gons-
tantinopky avec les papes Martin Y,
Eugène IV et avec le concile de Bâle. (
L'auteur , oui était toujours à icôte
du patriarcne, nous montre l'empe-
reur Jean Paléologue allant , revenant
au palab patriarcal , convoquant des
assemblées, employant la flatterie,
les promesses et les menaces ponrdé-
cider le baut clergé , qui paraissait
ayoir enborreur l'union avec l'Église -
latine. En suivant Syropulus^ on croit
tout voir^ tout entendre. Il met en
action les derniers mouvements d'un
empire mourant, sa faiblesse et ses
vaines passions. L'auteur de Lascaris
aurait trouvé dans cet ouvrage des
matériaux pour agrandir son ta-
bleau. Il y avait déjà trente ans que
l'on parlait d'union entre les dâix
Églises ; mais le projet n'en était pas
plus avancé. On prit confiancedans le
pape Martin V , qui avait en l'atten-
tion d'appeler le patriarche sonfrèref
ce qui paraissait placer sur la même
ligne les chefs des deux Églises. On
crut qu'Eugène , son successeur , agis-
sait moins franchement. Ses députés
arrivèrent peu de temm aprèb ceux
que le concile de hàlt envoyait à
Constautinople. Ceux-ci avaient ap-
porté avec eux huit mille .florins en
or, qu'ils offraient à l'empereur pour
couvrir les premiers frais du voyage.
Les Pères du coucile s'engageaient
^f f
S\R
cil outre à fonniir trois galèrfs et
trois cents arcliers , j)onr la défense
de (i(ji)siaiitiDople. Pour conférer
avec ces denx (iej.utations, l'empe-
reur el le jî.itri.irrlîr nommèrent une
commission dont S^ lopiilus devait
être membre. II s«!j-,plia instamment
le iMfriarcîirdc rMViTson nom. « Oue
» pe'i\cnt , (lisaii il, nous faire ces
» LTîins , qui ne sont pas même unis
» entre eiix ? A qî.oi sert - il d'avoir
» av(!c e ix (le I< nçç.ies conférences?
» O'i lJ(;u^ ccnduJroiil cesprojelsd'u-
» nion, «fue jamais nous ne ]>ourrons
» ariienerà une /in îicureuse, le clergé
» et les îidMes y étant si hautement
» opposes ? 1/ennemi est à nos portes.
1» vSans aller mriidicT des secours si
» loin , rassend)'ons nos forces con-
» \xv lui; voilà le parti delà sagesse:
» tout le reste est folie. » L'on com-
manda , et Syropi:l:s obéit. L'empe-
reur, qui avait pris son parti, en-
trait en f'.renrqu nd un lui montrait
quehjue obstacle. Il n'épargnait pas
même le patriarche. On s'engagea
envers les deux d pu:.»! ions. Les qua-
tre calèrcs nivoyéos par le papic ar-
rivèrent sous la conduite de son ne-
veu. Peu ar»rès un annonça celles
que les Pùvs du concile m voyaient.
Le neveu du pape serait allé au-de-
vant d'cilr-s , pour les combattre , si
l'empereur ne l'avait arrèlé. On se
doViaa pour ic p ij e. Le patriarche ,
qui n'osait conlredire le prince, or-
donna de faire prendre, (iaiis toutes
les éîii'ses , ks orn( ments et les vases
les phis ])rL'cicuX; aîln de pouvoir se
moiiîrcr on Italie avec la magnili-
c<'nrc .[Ml coîjvenait au chef de l'E-
glise grecque. « Ce fut biçn en vain,
dit wSjrupulus , que nous fîmes des re-
présentations contre \\\w pareille fo-
lie; et malheureusemeiil remj)ere!:r
faisait encore pi . Il avait reçu du
pipe quinze miPe ilorins d'or ,
5Tït
du métropolitaiD de Kiow nne fxm-
me presque aussi forte; et tout cela
était employé aux préparatifs d*iiue
magnificence ridicule. A peine doniM-
t-il six mille florins au patriarche, ce
qui mécontenta beaucoap cehii-ci. Je
fis prier rempereiir, ajoute Syropii-
lus . de vouloir bien me dispensef de
faire le voyage. On lui représenta , en
ma faveur, que radmim'.stration deU
justice souffrirait beaucoup de mon
absence. « Misère que tout cela , ré-
» pondit-il , OD trouvera bien quel-
» qu'un qui sache réchaiiffvr les tri-
» bunaux , en attendant que nous
» revenions. «Dans la quatrième sec-
tion , l'auteur expose le départ de
l'empereur , son arrivée à Venise , son
entrée à Ferrare , où le pape s'était
rendu , les retards occasionnés par les
diiiicultés du cérémonial. Quand on
approcha de Venise, Syropulus fut
envoyé en avant pour saluer le doge,
et pour préparer l'entrée de Perapc-
reiir. Le doge (il demander au prince
s'i! avait besoin d'argent. Paléologue
ré|)oiidit que cinq cents ducats lui
feraient plaisir : on lui en compta
six cents, et quatre cents au patriar-
che qui n'en avait désiré que trois
cents. Le doge otlVit aussi au patriar-
clic uuc provision copieuse eu si:crc, '
en vin , et quarante chandeliers de
gr.iiul pri!L. 11 dit à l'empereur et
au patriarche : a Restez ici, coin-
.ï me si vous étiez chez vous; prenez
» v»!tre iem])S peur examiner lequel
» Vuuf mieux (l'aller à Ferra re près
i> du pape , ou â Baie près du concile.
» En visitant la ville, dit Syropulus,
» nous admirâmes surtout la statue
w de Saint-iVîarc que l'on peut bien ap-
)> i)cler une merveille du monde. Lies
» f iriues me vinrent aux y eiix<, quand
» je ptiisai que les pierres précieuses
1) ikiîit v\\o est omet , scmt un voJ
» fait à notre égli.sc de Sainte -S«-
sn
En TÎsitant les (fglises prin-
le patriarche nous ordonna
s bonnets , puisque tel est
es Latins. Il accepta l'eau
'on lui présentait , et il baisa
)ect une châsse précieuse
elle était renfeimé, lui dit-
ras de saint George. Nous
les des reproches ; il nous
ilenee. Au même moment y
tdeus. oificiers envoyés rers
l'empereur. Selon l'usage, ^
mandèrent sa bénédiction ,
lui exposer le sujet de leur
[1 leur dit d'ôter leurs bon-
(une ils hésitaient , il réi-
ordre. L'un d'eux obéit,
a bénédiciion ; l'autre s'en
isant tout haut : « Je puis
passer de sa bénédiction. »
tes du pape et ceux du
lient à Venise; chacun cher-
igner les Grecs à son parti,
ur fît prier le patriarche de
férer arec lui. Celui-ci fei-
oaladic pendant trois jours,
'4)ntenta beaucoup le prince.
ml enfin , et l'on décida que
à Fcrrare. Selon sa pro-
5 pape avait fait remettre
;nts florins d'or au pa-
et plus à l'empereur, dans
enir , dit l'auteur , le prince
ur Fcrrare , où nous n'arr
[ue plusieurs jours après lui.
ur fit auuoncer qu'il fau-
ser les pieds du pape ; le
e , que nous appuyions for-
•efusa. IjC pape envoya des
i ; même refus. On négocia
ouïe la journée. Le patriar-
nous engageâmes à ne pas
» banjue que tout ne fût ré-
l'un des cardinaux: a Vous
ez que le pape est le succes-
i sauit Piene : soit ; mais
£-B0us que les autres ap^
SYA 545
» très ont baisé les pieds.de crini
» qui était le premier parmi eux. Je
9 m'en retournerai à Constantinople.
» Couchés dans notre barque , nous
» disions tristement au patriarche s
« Ceci n'est qu'un commenceinentl A
» Constantinople, vous ne vous dou-
» tiez de rien : selon vous, les Latins^
» désirant si vivement l'union ^ de-
» vaient nous recevoir à bras ouverts;
9 vous rejetiez nos représentations :
y à présent vous voyez ce qui ar-
» rive. » Enfin le soir, fort tard, le
pape fît dire qu'il consentait à ce que
le oaisement des pieds n'eât point
lieu })our nous } mais qu'il ne nous
recevrait qu'en audience particulière
et seulement 3ixà*la-fois. I^es discus-,
sions recommencèrent quand il fallut
régler l'ordre des séances. Malheu-
reusement il n'y avait point d'union
parmi nous ; les prétentions de nos
évêques entre eux amenaient tou-
jours des scènes scandaleuses. Pour
conférer avec les Latins , une com-
mission fut nommée ; et bien malgré
moi , je fus de nouveau parmi les dix.
On commença à discuter la question
du purgatoire; et certes nous n'étions
pas bien éloignés les uns et les autres.
L'empereiur, à qui tousies soirs nous en
rendions compte , nous disait : a Te-
» nezpVoiDB bien fermes sur vqs syllo-
» gismes. Ne vous laissez pas vain-
» cre. v Pendant que nous disputions
commedes écoliers, les lettres les plu»
eflrayantes nous arrivaient par Ve-
nise. Amurath s'avançait contre no-
tre ville avec une flotte de cent cin-
quante galères , et une armée de cent
cinquante mille hommes } les nôtres , '
dans leurs lettres, conjuraient l'em-
pereur et le patriarche de tont quit-
ter et de revenir à Constantinople ,
pour défendre la capitale de l'em'-
}irc. Nous nous rassemblions pour
ire nos lettres , en poussant des
i
. 1
546
SYR
cris y des gëmisseuients vers le ciel.
L'empereur et le jiatriarche s'adres-
screut au pape et aux cardinaux $
ils ne leur demaudaient que quelques
galères pour les envoyer contre les
Turcs. Le prince nous rassembla
pour nous engager à nous cotiser et
à armer ensemble ime ou deux galè-
res. Mais que pouvions-nous faii'e ,
nous qui étions réduits à vivre des
aumônes que Ton nous distribuait
tous les jours? Le prince envoya pro-
poser à Venise un emprunt : le pape
avait promis de le seconder ; mais
il nous trompait^ il ne donnait que
de vaines promesses. Opendant nous
continuions à disputer avec les La-
tins et entre nous ruons étions nous-
mêmes nos plus grands ennemis ; nous
ne pouvions nous accorder sur au-
cun point. L'empereur s'était retiré
dans un monastère à quelques lieues
de Fcrrare et s'y livrait à sa passion
Sour la chasse. J'allai plusieurs fois,
e la part du palriarclie, lui expo-
ser le méroiilcntcmenl général. En-
lin les habitants des campagnes voi-
sines , poussés au désespoir , soime-
rent un jour le tocsin et entrèrent
dans le monastère en poussant des
cris allreux. Paléologue , ettVayé,
s'enfuit à Ferrare , d'où nous nous
rendîmes bientôt après à Florence
avec lui. C'était au mois de décem-
bre 1438. L'empereur étant convenu
avec le pape et le patriarche, que le
synode serait transféré à Florence ,
nous demandions avec inslance de
nous en retourner à Constantinople ;
nous ne pouvions plus su])porler l'op-
probre dont nous noiis crjuvrions ,
étant obligés , pour vivre , d'arracher
auxLatins les modiques secours qu'ils
nous accordaient. L'emperciu' nous
atterra par la dureté de ses expres-
sions. On nous donna quelques flo-
rins^ et nous partîmes pour Florence
STR
avec le patriarche. Trois prélics à
la suite du prélat s'éuieiit ëridà
pour retourner à Gonstantiiiople. Le
patriarche ùi écrire à Venise , d'oî
on les ramena sous bonne escorte. Ib
partirent une seconde fois , et k pi-
triarcbe manda à Gonslantinoplc^
qu'à leur arrivée ils fussent dindes
et frappés de verges. C'étaient dîes prê-
tres ! A Florence, l'empereur presuit,
menaçait : il voulait nous «mdier
ce que l'on appelait l'union ; OB se
renoit , plusieurs par crainte et pir
des raisons politiques. Il nous ras-
sembla à une conférence solemidle
pour proclamer l'union ; et en cette
occasion y il arriva un événement qui
fit une singulière impression sur l'as-
semblée. Parmi ses cliiens de chasse,
l'empereur en avait un qui le suivait
partout, même chez le patriarche. La
bête favorite se plaçait sous le trône
impérial , sur le tapis destiné poo^
les pieds du prince, oui avait ratten-
tion d'avancer ses jambes pour ne
point la déranger; et elle donnait
tranquillement pendant nos séances :
mais l'empereur s'étant échauffé en
proclamant l'union , le chien com-
mença d'aboyer , et couvrant de sa
voix celle de son maître, il sem-
blait protes<er contre l'acte que le
prince proclamait. Les officiers du
prince cherchèrent en yaîn à l'ap-
paiser ; il fallut le tramer hors de
la salle. IjC patriarche mourut de
vieillesse et ae chagrins, avant U
séance où les Latins et les Grecs
rassem])]és ]>rocIamcreut l'acte d'ih
nion. En retournant , nous passâmes
de nouveau par VenLse. Là, il fat
question de rendre les derniers de-
voirs religieux à notre patriarche*
A sa mort, on avait trouvé cba
lui une cinquantaine de florins d'or,
que l'empereur dépensa pour ses
chieus. Nous fimcs vendre h l'en-
STR
les petits clTets du palriarclie ,
de pouvoir couvrir les frais du
icc funèbre. Voilà où dous en
as réduits. A Corfou, à Modon,
:out où nous abordions sur no-
route, on nous traitait comme
schismaliqiies, des tiausfuj;es;
onstantiuoplc ce fut encore pis.
ecclésiastiques qui y étaient res-
refusaient de communicpier avec
s; l'autel où nous disions la messe
t, selon eux, profané, pollué.
piuion était si générale , si forte ,
in curé de la campa j^ue, qui était
j à Coustantinoj)lc par simple cu-
ite, pour voir 1 intronisation du
veau patriarche , fut, à sonre-
• , repoussé par ses paroissiens :
e fut qu'avec la plus grande peine
1 les tranquillisa , eu les assurant
l n'avait f?it que regarder la cé-
onie, saus y prendre aucune part.
%int cotte confusion, je quittai
lace émiurnte que j'avais dans
lise patriarchalc , pour vivre
s la retraite. Le deuil cfait dans
amillc impériale. Pendant leur
•nce , l'empereur et son frère Dé-
rius avaient perdu chacun leur
jse. Quand ils entrèrent dans le
lis , comme ils ne voyaient point
r au-devant d'eux l'impératrice
i sœur , il fallut bien révéler ce
l'on cachait. L'empereur , acca-
de chagrin , me fit venir : il
jta , il pria ; mais il ne put faire
iger ma résolution. A la prière
mes amis, j'ai profité de mon
r pour publier celte histoire. »
G— Y.
YRUS rPunr.ius). T.Publius.
ZALK Vï ( Ar< ToiNK de ) , l'un des
Heurs poètes hongrois de nos
'S, peut être regardé comme le
lateur de la littérature diamaîique
sa nation. Sou Pikko Hcrtzeg
a première pièce régulière qui ait
SZE 547
ëtë composée en langue hongroise,
et les amateurs y ont trouvé le cerme
d un talent très - remarquable. L'au-
teur s'était déjà £ait connaître par
une Enéide travestie , en Hongrois,
1 79'i , in - 8°, , composée sur le mo-
dèle de celle de Blumauer ( Voy, ce
nom, IV, G02 ), et avec plus de li-
cence encore que celle de Scarron ;
aussi l'ouvrage fut défendu par la cen-
sure , bien que Szalkai ne manquât
point d'un certain crédit à la cour : il
fut pendant cmelque temps attaché à
la maison de l'archiauc palatin
Alexandre - Léopold. Il est mort à
Bude, en août 1804. G. M. P,
SZEGEDI (Jeaw-Baptiste), je'-
suite ii'^ngrois , né en 1699 y dans le
comté d'Eisenstadt y d'une famille
noble , professa avec beaucoup de
distinction les hautes sciences dans
dilFérentes maisons de son ordre, et
fut successivement recteur, mission-
naire et aumonier-général. Il se fit
remarquer , dans ces différentes .pla-
ces, par ses talents, son affabilité et
la pureté de sçs mœurs. Très-versé
dans l'étude du droit et dans l'histoire
de sa patrie, il a publié : I. Tripar-
titum juris Ilungarici Tirocinium ,
Tirnau , 17 Î4, in-13. II. Synopsis
titulorum Juris Hungarici, 1784,
in 8**. III. Décréta et vitœ regum
IJungariœ aui Transjrhaniam pos-
siderunt , Coloswar, 1743, in 8\
IV. fVerhotsius' illustrât us , Tir-
nau, 1753 , in-8*>.Szegedi est mort
à Tiniau, leSdéc. 1760. Z.
SZEINT-MARTONIY ( Ignace ),
savant jésuite, né vers le commence-
ment du dix-huitième siècle, mourut
le 1 5 avril 1 798 , à Belliza dans le
comitat de Szalad près de Csakaturn
en Croatie. Voué à l'étude des mathé-
matiques et de l'astronomie , il ac-
quit , dans cette partie des sciences ,
une telle câelrité, que l'hnpëratricc '
5/|5
SZE
Maric-Thcrcse lVnvoy.1 , sur la dé-
nia iule dii roi de Portiipal Jean V, à
Lisbonne, où il fut pince comme as-
tronome do la cour, avec des appoin-
tcin<'uls cousidérables , et eiivové au
Brt'sil, pour lever le pian dos fron-
tièrrs, près du fleuve des Amazones,
qui étaient en discussion entre l'Es-
pagne et le Porl'îgal. Il s'occupa de
ce travail pendant plusieurs années ,
et il en c'tait pre^qMe à la fin , lorsque
éclatèrent en Portugal les troubles
qui occasionnèrent la destruction de
son ordre. Tous les Jésuites qui se
trouvaient au Brésil, sans exception,
furent arrêtes par les ordres du pre-
mier ministre Pomlwl , et embarqués
])o^!r Lisl)onne , où on les mit en pri-
son , en attendant l'instruction de
1« ur procès. Szent - Martoniy resta
détenu {)«-i?dii;t huit ans, sans être in-
terroge, et li ftii eiiSiiite mis .avec tous
ses eoiifrèrca ^ dans un souterrain,
où il ccvsa de voir le jour j)€ndant six
ans , et ne revutpo'ir toute nourriture
que du riz. 'Mijrie-Therèse s'étant in-
* formée, à plusieurs reprises, de son
sort , reçut pour réponse que l'on ne
pouvait pas le trouver. .\j:rcs la mort
du roi Joseph I*-'., tous les prison-
niers ayan* été mis en liberté, Szent-
Martoniv fut de rc nombre. Appelé
auprès de l'ambassadeur impérial,
le b iron de Lobzeltern , celui-ci lui
donna Tar^'ent nécessaire pour re-
tourjjf r à Vienni\ Il eut l'honneur de
raconter to:ites ics avenli'res à l'ira-
péiahice, qui en fut touclée jus-
qu'aux larmes, et il se rei lit «T. ms
sa patrie, où il passa lo'i demiè-
rcs aiUKTS de sa vie , aupi i^s de sou
nevcii , Ij^iK-'ce Szent - Mirtonir le
jeune , curé cl d<»yen à He!li/ • dins
l'île de *■ sa ka tu ni , en l'aidant dans
rexcrcice de ses soins spirituels ,
eoiîime le dunier chapelain , par-
tageant sa peusîon avec les pauvres
SZY
et avec tous les malheareiix qui le*
couraient à sa bienfaisanoe.il Âoural
à l'Âge de soiiuinte-qmDie ans. ZL
SZTARAY (Antoine y comte de)^
général autrichieu , a , malgré ses ta-
lents et son courage , laisse mi sou-
venir peu glorieux, parce, que soli
nom ne se rattache guère qu'à des
opérations malheureuses. Ou le voit
d abord, en 1792 , cbargé de roo-
yrir la retraite du duc de ^axe-Tes-
clien vivement poursuivi parDumon-
riez , à la suite de la bataille de Jm-
mapes {V. GutaFAYT, IK ,83,ecDv-
MouRiEz au supplément ) ; aux coa-
bats de Tirlemont et de Liège; cti
Gourtrai ( 11 mai 1794)9 oùillîit
dangereusement blessé : en ingiSy
à Forchheim , Bamberg , Wun-
bourg , et surtout à Gronach , oà
il se distingua par son babîkie' d
sa bravoure. Au combat du pont de
Kehl ( *io avril 1 797 ) » il fut blessé
au commencement de.ractioB , et ne
put empêcher la défaite des Antri*
chiens. Dans les campagnes de 1799
et 1 800 , il combattit sous les ordrv
de l'archiduc Gharles et de Kray.
Ge général mourut en i8o8. On m
lui a pas contesté une grande bra-
voure personnelle , une ardeur infa-
tigable , un coup-d'œil juste et p^é-
trant ; mais la fortune lui fiit too-
jours contraire. 11 servit 'dans des
temps diiTiciles , et il fut blessé ga«
vement à presque tontes les actiOBS
où il prit pai-t. G: M. P.
SZYMANOWSKI (JosEvn), né
en Pologne, mourut eu 1801'. Ob
a de lui une i^égonte traduction en
^ ' ' > polonais du TcmpU ic Gnide;
"\ •!'.> poésies fugitives qui respirent
le ]-.;) goût et le sentiment de Vbar-
mM-ii< . r.!les ont été recueiUics aprts
sa i.i( l't . et publiées dans le Choix
d'au i i:urs polonais , en aO vol. , Var-
sovie . i8o3-x8o5. U— T— r.
SiT
fONOWIEZ ( SiMow ) , su^
Simomdes , né en 1 553 , et
1624 , était citoyen et cha-
Léopol ' Lembcrg ) en Po-
s Ëclognes sont encore jus-
meilleures de la langue polo-
SZY 349
naise : le naturel y ]i^ douceur et la
sensibilitd les distinguent éminem-
ment, Cracoipieyiôag, iih4^.; 1686,
in-4^. 11 y en a ringt qui se trouvent
dans le ChfÀx hauteurs polonais ^
Varsovie, iSoS-iSoS. M— r— i.
T
il (Abou-Djafar MonAM-
dc DjoraIr ) , célèbre his-
ibo , naquit à Amol^ capi->
abaiistau . en l'année 11^
e (83i) de J.-C). Il se dis-
n? ]'1usiei,rs sciences, *elies
;< sedcTAIcoran , la connais-
trjdilioii!!, la jurispniden-
;tcire , rt coin posa un grand
l'ouvra ;»<> oui altestpnt la
t TélemLio de ses rounais-
Ti fait de jurisprudence, il
te au nombre des docteurs
';n donne le titre de Moudj'
ar ce qu'il ne s' attachait à
a*aucun de ceux qui ont
• école, et que dans toutes
ïMs eontrovcr;ées il se dé-
par lui -u) orne , indépen-
de toute antorité. Il eut
•les , parmi Icsqacls on cite
adi ^îoali ^^aluevvani, fils
a , et connu sous le nom
Itirazi ou Ehn-Aitarraz ,
'année 3po. Moafi fut lui-
cél< bie iiu i.seonsulte , e! on
mait Djordiriy h cause de
ement aux i;pinions dcTa-
)n de'sii'ne souvent sous le
ils de Djoràir,' Les deux
t ouvrages de Tabari sont
entaiie sur l'Alconin, et
•e ou chronique universelle,
l depuis le commencement
jusqu'à Tan 3oa de l'hégi-
re. Elle a été abr^ëe et contionëe par
George fils d'Amid y connu sous lit
nom d'£biuicm ( F. cenom );et]a
partie de cet abrégé qui commence
à la naissance de Mahomet a été pu-
bliée en arabe et en latin. On dit que
l'Histoire de Taban qui etteënéni-
lement connue , n'est qm 1 extrait
d'un ouvrage beaucoup plus considé-
rable que cet auteur avait d'abord
composé en plusieurs volumes et qu'il
a réauit lui*méme. L'ouvrage de Ta-
bari a eu plusieurs continuateurs et a
été traduit en penan par un des vi-
zirs de l'émir samanîdie Nouh fils de
Nasr ; elle a aussi été traduite en
langue turqof . Tabari passe pour un
historien véndique^ qui a mis beau*
coup de soin à s assurer de la mérité
des faits qu'il raconte. AbouVéda,
en parlant du commentaire de Tabari
sur TAlcoran, dit que c'est un livre
qui n'a pas son pareil. On cite en-
core de lui ; i®. un ouvrage intitulé
Eladab elhamida auélalMàk isAmp-
fisa^ qui, à en juger par le titre,
doit être un traité de morale^ a^. un
livre qui a pour titre Tah^ aUh
thar, et que je suppose être relatif
aux traditions; 3<*. un ouvrage de
jurisprudence sur les questions g<»h
troversées entre les docteurs» On re-
marqua, quedans ce demief ouyrage,
il n'avait fiiit aucune mcntîaii du cé-
lèbre docteur Ahmed fila de HaBbal,
55o TAB
clief d'une des quatre sectes réputées
orthodoxes parmi les Musulmans. Ce
silence mal interprc'té le rendit^ après
sa mort, l'objet de la censure et de
la haine des Hanbalites de Bagdad :
ils calomnièrent sa mémoire et lui
imputèrent des opinions he'le'rodoxes.
Tabari mourut à Bagdad en Tannée
3io et fut enterre dans la maison
qu'il habitait. Il serait à souhaiter
qu'on publiât l'Histoire de Tabari ou
au moins Li partie de celte hist(»irc
qui commence' à la naissance de Ma-
homet, d'autant plus que rabrë$;ë fait
par Elmacin , et qui a été imprime' ,
est rempli de fautes grossières qui
en diminuent considérablement l'uti-
lité. Au défaut du texte arabe, on fe-
rait une chose utile si l'on en publiait
la version persane. S. d. S — y.
TABARIN, personnage célèbre
dans les rues de Paris , au commen-
cement du dix - se[>tïème siècle , et
dont le nom est resté proverbe, était
valet ou as'^ocié de Mondor, charla-
tan et vendeur de baume. C'étaient
le Pont - Neuf et la place Daupliine
que Tabarin choisissait le plus sou-
vent pour deljiter ses quolibets. Mon-
dor et Tabarin coururent aussi la
province. Du reste, on ignore les
époques et les lieux de sa naissance
et de sa mort. Boileau le nomme
deux fois dans son Art poétique
( chants I et m), commencé en t6(>(),
et publié en i(i'i4. La Fontaine l'a
encore signalé, dans sa fable du Mou-
ton , de la chèvre et du porc que l'on
mène à la foire ;
Le charton n^avaitpa» defteim
l)<r Ut mener voir l'abarin.
Un demi-siècle avant , Tabarin était
au plus haut de sa réputation. En
iGiî'i , on avait imprimé un volume
in-i2, intitidé : Inventaire universel
des Œuvres de Tabarin ^contenant
ses Fantaisies y Dialogues, Para»
TAB
doxes , Farces , Rencontn
ceptions , ouvrage où , f
subtilités tabariniques , on
loquente doctrine de Moi
semble les Rencontres y Co
ne et Gaillardises du baroi
telard, La même année vi
la Querelle de Tabarin et
cisquine, sa femme ^ dialof;;
En i6'23 , parurent VA
prophétique de Tabarin , i
Rccucd des OEuvres et F
de Tabarin , in - 1 2 , et e
Rencontres et Fantaisies i
V asne facétieux du Iniron
telard^ in - la , en dia^oî;c
ans après , on mit au jour la
partie du Recueil général
contres et Questions de '.
contenant plusieurs Qi
Préambules , Prologues e
le tout non encore vu m* i
Paris, i(Î25, in-i!?i. Les f
bariniques et les Aventun
domont ont été imprimées
en i(>.h, in-i!i. Dans la m
on donna , en i63'i , les y
et amours du capitaine R
les rares beautés d'Isabe
inventions folastres de
faites depuis son départ
jusqu'à son retour y in-i:
tions de 1637 et de tC)(y\
vres et Fantaisies de Toi
tiennent les Farces tahar
les Aventures de Rodom
non le Gratelardy quoiq
ce sur le titie. Tous ces
sont des recueils de rëbiu
de mots , quelquefois grc
même genre que ceux qui
tés par Paillasse y dans 1
et sur les places publiques
TAB ARRANI ( Piekr
cin italien , membre de I
Bologne , naquit à Loml:
récatde Uwtpm, k 3 1
TAB
re éducation , il alla
des études plus se-
e bonnet de docteur
et en médecine. Le
i l'emmena à Rome,
n médecin. Là , Ta-
)lus particulièrement
ues et à Tanatomie ,
îommerce de lettres
Vlusschcnbroek. Son
mort en i^SS, Ta-
ncore quelque temps
éssion de médecin ,
p l'étude de l'anato-
>t il se rendit à Bolo-
it la réputation des
que cette ville ren-
sein. Il s'y lia étroi-
docteurs Galeazzi et
r de connaître Mor-
er de là à Padoiie,
estime de ce grand
$ savants professeurs
llisnieri. Il retourna
s, où il resta jusqu'en
il fut appelé à Sien-
lir la chaire d'ana-
ait occupée que par
a retraite du célèbre
ï Rimini.«Tabarrani
e école illustre , y
e en faveur , et for-
îlèves. Il avait déjà
ins , lorsqu'une dou-
rendit aveugle : en
it à Lyon , pour se
es mains du fameux
n ; il fut obligé de
and-duc de Toscane
)ur adjoint le docteur
son élève , et mou-
le 5 avril 1779 , âgé
mte-dis-sept ans. Ses
[. Deux Lettres sur la
•et de Viareggio , la
leux fois y dont la a*,
no, i74^,in-4°.;U
TAB
êSi
seconde n'a été imprimée qu'une fois,
Pesaro , 1741 > iu-4**. II. Observa^
tioncs anatamicœ , Lucques , 1 74^ y
1753, in-4°*0uvrâ|eexce11ent,q[iiia
réuni le suffrage de fialler , Van Swie-
ten, Morgagni et Portai. La seconde
édition est supérieure à la première.
III. Trois Lettres, dont Tune sur le
flux de sanc; ; la seconde, sur l'opéra-
tion de l'bytlrocèle; la troisième, sur
les ventricules et les cavités du cer-
veau, stur rbymen, sur les muscles
supercostaux et intercostaux , et sur
le larynx ^ Lucques « 1 764 4û^-4^* IV*
Des Lettres médico - anatomiqiies ,
dans lesquelles il rend compte de
plusieurs observations faites par lui
tant sur le corps bumain que stnr
d'autres corps animés. Sienne, 1 766, .
in-4^. Elles se trouvent aussi dans le
tome 3®. de Tacadémie des sciences
de Sienne. V. On trouve deux Mé-
moires de lui dans le premier et le
sixième volumes des actes de la mi-
mé académie , et un autre dans le
dixième volume des actes de l'insti-
tut de Bologne. YL II a encore pu-
blié divers écrits polémiques occa-
sionnés par les disputes littéraires
dans lesquelles il s*e$t souvent engagé*
Foy', Fabroni, F✠Italor, , tome
XIX, p. 108. C. T— Y.
TABERNiEM0NTANU;5 (Jac-
ques Theodor , plus connu sous le
nom de ) , médecin allemand , qui ac-
quit une certaine réputation comme
botauîste, était ne, vers iSao^ à
Bergzabem , petite ville du pays de
Deux-Ponts, dont il portait le nom
latinisé. Ayant été disciple de Tiagus
ou Le Bouc , il prit près de lui le goAt
de la botanique^ et db-lors il fomut
le projet de continuer les trivaux de
son maître, pour la recherdie des
Ï)}antesderAUaiiagne:illniconsaeni
e reste desa vie, ou du moins tout le
temps que lui laissa de libre Veut
35j
TAB
qu'il fut oblige de prendre. Ce fut d'a-
Lurd celui de pharmacien qu'il choi-
sit , comme plus conforme à ses goûts.
11 parah q» e ce fut eu i 5j3 qu'il s'é-
tablit à Wcisseubourg eu Alsace ;
mais ayant voyagé et séjourné en
France , il y fit des études plus sui-
vies en médecine , et y reçut le bon-
net de docteur. De retour dans sa pa-
trie y ii pratiqua cet art avec distinc-
tion y se seivant le moins qu'il pouvait
de remèdes exotiques. Sa réputation
était telle , qu'il fut appelé par Tévê-
quc- prince de Spire, pour être son
premier médecin. Tout lui faisait es-
pérer qu'il obtiendrait de la libéralité
de ce prélat les moyens de publier
les matériaux qu'il recueillait depuis
si long-temps ; mais ce protecteur
étant mort avant d'avoir réalisé sas
promesses, Tabernscmontanius fut me-
nacé de \ès voir s'ensevelir avec lui.
Heureusement il trouva , à Francfort-
sur -le -Mein, dans Bassaîus , un li-
braire capable de l'apprécier, et qui
n'épargna rien pour mettre au jour
son ouvrage. 11 lit exécuter à grands
frais toute la série de planches en bois
qui était nécess/iire; et il fit pa-
raître , en 1 588 , le premier des liois
volumes in-fol. qui devaient contenir
le fruit de trente-six ans de recherches,
sous ce titre : iVew volkonimcn
Kreuter-buch ,„ , ou Nouvel herbier
complet^ dans letjuel plus de trois
cents plantes sont figurées et décrites,
avec leurs noms, dans plusieurs lan-
gues , etc. Sur ces entrefaites l'auteur
mour.it; et son ouvrage restait sus-
pendu. Pour ne pas décourager les
acquéreurs et voulant leur dc^nner l'i-
dée de ce que serait l'ouvrage, Bas-
sazus publia l.i Collection complète
des lig!ires , rangées dans Tordre
qu'elles devaient avoir, avec leur
nom seul, sous ce titre : Eicones
plantarum , seu stirjnum omnis
TAB
generis ^ tant inquUinon
exqticorum ùi gratiam
reiqiw. herbarim studiosort
parles digestœ , curante
Bassœo y YraMciort y in-4**.
allongée , 1 588 et 90 , im
ûg. sur chaque page. Les tr«
parurent d'abord succes!Û\
qui a fait annoncer cet 01
trois volumes ( comme cJai
Bassjeus delà BiograpLic;
médecin , Nicolas firauer , s
d'arranger les manuscrits
nxmoutanus, et de les met
de voir le jour ; ce qu'il c
1590 : mais ce fut en l'abn
sorteque, quoique divises e
purent être réunis en un se
m-fol. , de 844 P^gcSy ^c pr
étant de 685. On porte s
nombre des plantes qui s'j
énumérées, mais dont !i4
ment sont figurées. Cet ou>
d'abord d'une grande cci
fut d'une grande utilité ei
gne : mais dans les autres p
put profiter que des Eiqor
figures seules.Onles trouva
modes , par la reunion du ]
nombre de plantes commui
l'Europe, et dont qudquej
trouvaient figurées pour la
fois ; mais ensuite ou ne ta
s'apercevoir que la scient
rien gagné à cette publicati
l'ouvrage général, compa.
toii-e des plantes de Dalech
avait pani à Lyon un an
vaut , ne l'avait surpassée i
point. D'abord, du côte' d
gement, on peut regarder
ouvrages comme aussi impa
que l'autre. La méthode
par Tabeniaemontanus est
({u'ou a cru que les plantes
jetées au hasard : c est un
car il a une sorte de iBéch<
TAB
«i pea tiëe^ qu'on a peine à Taperce-
. TOir. Nous ne dirons rien des des-
criptions , n'étant pas en ëtat de
L. les juger dans l'auteur allemand.
^•^Pour les figures, elles sont à -peu-
. près les mêmes; car l'un et l'autre
^ ont fait copier celles de leurs prcfdé-
^ cesseurs: mais Dalechamp l'avouait
^ en citant les sources , au lieu que Ta-
^ Iienia.*montanus cachait leur origine.
^ Aussi Clusins, et surtout Lobel lui
4 4»it-ils fait de vifs reproches de pla-
^ giat. Quant à la citation des usages
Biédicaux , il est certain que Tau-
tear allemand l'emporte de beaucoup
^ sur le frauçais pour la quantité' \
\ mais l'on trouva que c'était le cas
\ de dire que ce qui abonde vicie. Aussi
-> 4-t-ii été tourné en ridicule sur ce
^ point, en beaucoup d'occasions , par
Jean Bauhin ; et l'on a approuvé
les retranchements exécutés par son
.• éditeur. Enfin , par le nombre des
\ plantes ajoutées aux précédentes , Ta-
/ Wnxmontanus l'emporterait y en ap-
> parence,surDalechamp, si l'on comp-
laît toutes celles qui sont présentées
l comme nouvelles ; mais en les exami-
nant à fond , on verra que la plupart
ne 2M)nt que des variétés très- peu dis-
tinctes^ comme , par exemple, quand
on voit de suite dix-huit épis de mais
doonc^ comme autant d'espèces ,
fSL qui semblent être la réjKftition
du même, n'étant distingués entre eux
que par de légères nuances de cou-
Kur ; en sorte qu'il n'y a pas trente
plantes qui lui appartiennent, tan-
dis qu'il j en a une centaine des ])lus
curieuses dans l'Histoire de Lyon.
Les seules Eicones ou figures com-
parées avec celles de Lobel , publiées
en iSSiy sont dans le même rap-
port qu'une copie Test à son original ,
puisque c'est le recueil des planches
mêmes , par conséquent des originaux,
qoe Plantin avait fait exécuter pour
XLIV.
TAB 353
les ouvrages de Qusius , Dodonée ce
Lobel. Cependant elles ont eu leur de-
gré d'utilité ; et ces deux ouvrages ont
concouru cfbcacement pour déter-
miner le nom des plantes avant l'em-
ploi des méthodes ; et quoique de-
puis ce temps y ils aient perdu beau-
coup de leur prix, ils sont encore
consultés avec avantage. Il faut re-
marquer ici que Tournefort semble
faire plus de cas de Tabemxmonta-
nus que de son rival. Quatit à l'ou-
vrage complet, il a conservé plus
long -temps ime sorte de popularité,
étant écrit dans une langue parlée
sur une grande étendue de pays»
Aussi a-t-ileu plusieurs éditions, jus^
que dans le dix - huitième siècle. La
seconde est de i6i3. Séguierla don-
ne comme faite encore à Francfort :
mais Ha lier la date de Baie. Les plan-
ches y auraient donc été transportées.
Ce qu'il y a de certain , c'est qu'elles
étaient encore à Francfort , chcx
Bassxus, en i^ijB; car il en em-
ploya au moins une grande partie^
c'est-à-dire , environ douze cents ,
Sour faire une édition complète
es ouvrages de Mathiole, dirigée
par Gaspar Bauhin. Ces figures fu-
rent donc mises dans le même ordre
que dans l'auteur italien, ce qui don-
na la facilité de vérifier que la to-
talité des planches de cet ouvrage
avaient été copiées par Tabemae-
montanus , et qu'elles avaient fait le
fond du sien. Bauhin put y en pren-
dre de mcme deux cents autres envi-
ron y qui avaient été ajoutées par Ca-
merarius; il en choisit enQn deux
cents auti-es, auxquelles il eu joignit
qiuirante-huit, qu'il tira d'une collec-
tion qu'il préparait, et qui'ne parut
qu'en 1620, à Francfort , sous le
titre de Frodromus. Ici on trou-
ve encore une grande conformits
entre l'ouvrage de Francfort et cdu
a3
354 ÏAB
de Lyon. C'est qne celiii-ci arait aussi
pour priucipal fond la copie des
Slaiicbes de Mathiole , avec cette
ifferencc que le libraire Rouille , qui
en était Tcntreprcueur , avait conh
mence' par les faire servir a uue tra-
duction française de Mathiole lui-mê-
me. Tout prouve donc que ce fut k
Francfort que panit encore la secon-
de édition; et elle fut surveillée par
C Bauhin , quoiqu'il résidât à Bâle.
Il l'enrichit d'une synonymie com-
plète et exacte : on sait que c'est la
partie où il s'est le plus dutinj^ué ;
mais ce fut bien à Bàle que parut la
troisième édition, en i625, chez
Paul Jacques, ainsi que les autres,
en 1664-B7 et 173 1 . Le libraire Jean
Kônig fit entrer dans l'ouvrage pos-
thume du même Gaspar Bauhin ,
qu'il publia en i(>68, toutes les plan-
ches de Tabemxmoutauus qui pou-
Taienty convenir, c'est-à-dire, celles
des graminées et des liliacées. Le P.
Plumier a consacré à la mémoire de
cet auteur le genre Tahttniœmonia"
na , compose d'arbres ou arbustes
élégants, de la famille des apor^nces.
11 a laisséi quelques autres ouvrages
sur la médecine : 1. un Traité des
e.'!- X. minérales d'Allemagne. IL Me-
ihodus curandi pestem, II 1. Consi-
lium de curandd J'ebm pestilcntiœ.
IV. Praclica de curandd peste, Sui -
vant iVlelchior Adam , Tabernxmon-
tanus était médecin des troupes alle-
mandes qui faisaient le siège de Metz.
II dit qu'il s'y servit avec succès de
la poudre d'armoise pour guérir les
plaies d'arquebiisades : mais ce fut
en iTr^'i qifeut lieu ce fait mémora-
ble; et ce n'était qu'eu i5ji qu'il
quitta son maître Tragus , pour deve-
nir pharmacien , comme le témoigne
le oertilicat que lui délivra celui-ci ,
cette même année. On ne donne d'au-
tre date prëcifse sur sa vie que celle
TAB
de sa mort , qu'on pbce k W
159a; nais, coameonrava,oefbtla
datede la publicationdes Eicomes^mÀ
sont données comme posthumes. U
mourut à Heidelberg , où il taiMi
dix - huit enfants de trois marîa^
qu'il avait contractés. D- >'»s.
TABET BEN CORRAH. Fey.
Thabet.
TABOR ( jEAif-Oraoïf ), jnrû'
consulte allemand , né le 3 seplMi-
bre i6o4 , k Bautzen, où son pot
était receveur , fiit élevé dans b
maison patci'iielle et apprit À lood
les langues ancicimes. Le hasard
ayant fait que ses maîtres étaient
des jurisconsultes, il fut imbu db
sou enfance des principes du droit. Il
passa ensuite une année au gymmst
de Halle y et alla, en 16*10, i Tn»
vcrsité de licipzig. Après avoir adi^
vé sou cours académique , il oeadiiL
sit comme gouverneur qudqves jea»
nés gens de famille, d'abora à Lnp*'
zig, ensuite à Strasl>ourg^ où il pnt
le grade de docteur eu droit. Oto kj
offrit même une chaire de piofa»
setir dans cette ville; mais sca pa-
rents ^ qui venaient dé perdra k saal
(ils qu'ils eussent aveo lui , dwè>
rent qu'il rentrât dans le sein de sa
famille. A peine arrivé à Bautaa ,
il vit ses parents mourir ém la pasliL
et quatre maisons qu'ik hn «yiMil
laissées , devenir la proie d'un inee»'
die^ ainsi que sa bibliolhèqoe et
d'autres objets prcdeux. La vépo-
blique de Strasbourg lai ayant ami
proposé , pour la seconde fou , mu
(>laco de professeur , il l'aoeepti m
1634. Ce fut dans cette villOy oèfl
enseigna pendant vingt-dcnL aiS|
(^u'ii acquit sa grande oélébrilé. Pk»
sieurs princes d'empire kn avrioit
fait , pour l'attirer k leor semoe,
des propositions qu'il avait ifinséH;
mais ayant peidn son époMOy 9ne»
TAB
cepla la place de conseiller intime
et directçur de la chancellerie k
Gustrow. Le duc de Mecklenboiirg ,
son souverain y remploya à différen-
tes missions , à Vienne et à Dresde.
l£n i(î(k)/rabur se rendit à Giessen,
comme chancelier de ruuiversité et
premier profe;sseur dcdroit. Des tra-
casseries qu'il essuya dans cette ville
l'engagèrent à se démettre de ses
fonctions au mois d'octobre 1667^
et 4 se retirer auprès de son iils, qui
^Uit avocat à Francfort. Il y mou-
jTit , le {'À décembre 1^)74. Se-
lon l'usage des jurisconsultes alle-
mands de ce tempslà ^Tabor a écrit
beaucoup de Dissertations sur des
questions détachées. André Myliu^,
Professeur à I^ipzig^ en a recueil-
trente-quatre sous ce titre : /.
O. Taboris Tractatus anteà sin-
gulatim editi , in quibus varia et
^ifficilUma juris ihemata ex ju-
re publico et privato ,feudali et ca-
nonico expUcantur , etc. , I^ipzig ,
1688, 'i vol. iii-fol. Une autre col-
lection publiée à Giessen en 1686 ,
iii-4*'-^ par J. C. Ilter, porte ce li-
tre : Exercitatianes academicœ de
altero tanto usurario . Pour introdui-
re une nieiileurc métbode dans l'étu-
de du droit , Tabor publia : Filus
uiriadneus per siniwsos Pandecta-
rum juris anjractus viam monS"
trans ^ Strasbourg , 1642, in-fol.^
réimprimé 7 165*^. Tout l'ensemble
du droit y est divisé en deux parties
et rédm't en tableaux. En i652 , il fît
imprimer : Thésaurus loçorum corn -
munium jurisprudentiœ ex Axio-
malibus Âug. BarbosœetAnalectis
J, O. Taboris, ibid. , 2 vol. iti-4°.
Son (Us Tobic Otiion en donna ime
nouvelle édition à Francfort , en
1 G'] t» y in-fol. ; Sam. Stryck une troi-
siènie^ Leipzig^ 1^0, in-fol.; et
Aiidr. Chr. RœsencfyUne quatrième^
I^9P^Ç> W!ày "^-fol- IJl fam enco-
re remarquer les collections qui ont
paru sou£t (es titres suivants : J^elâr
tiones ArgerUoratenses , ex supre-
mo reipublicœ dicasterio lectœ, ap-
probatœ atque decisionijbus gravis»
simis corroboratœ , éd. Nie. Thele-
nius, Francfort, 1675, in-fol.; et
Deùsiones et consullationcs de va-
riis selectisque juris publiai y feudor
lis et privati argumentis , Franc-
fort , 1 702 , in-fol. ScH— L.
TABOUET ( Julien ), en latin
ra^o<;/Mi5, jurisconsulte et historien,
était né, dans les premières années
du scizi<|me siècle, a Chautenaj près
du Mans. 11 acheva ses études classi-
ques a Paris, ou il eut pour profes
seur de grec le célèbre Danés ( It. cfi
nom), et alla vraisemblablement en-
suite faire sou cours de droit à 'Tou-
louse. Admis au nombre des avocats,
il obtint des succès au barreau, çt,
en 1 537 , fut pourvu de la charge de
procureur - général près le sénat de
Çhambéri ( i ;. D'un caractère trac4S-
sier , il ne vécut pas long - temps en
bonnç intelb'gence avec ses confi^res.
Ayant été publiquement admonesté
par le premier président Raimond
Pellisson (2), il s'en vengea en le
poursuivant comme prévaricqiteuc.
Pellisson y traduit devant Ip parle-
ment dcDij on, fut condampé,pararw
rêl du 16 juillet i55a, à l'amende
honorable et à une peiue pécuniaire.
II appela de cette sentence, et, ^veç
Paide du conoptable de MontjQoren»
ci , parvint 9 h faire annujer. Des
commissaires, tirés eu pai^il nombre
du parlement de Dijon et de celui de
Pans, auxquels on adjoignit six maî-
(i) La Smvoie ■▼■it été cooquÎM par Fiiinçnis
!•'., f-n iSW; elle o« fatrcitituée h bod aou^ciiiiii,
cumiue 011 le dit pliu ba», quVii ^^^i^.
(9) Raiiunud PellÙMiu vUiil le buàicul de PanI
Pei|i»»uu-ruiitanier, ai rnuuu par suu dévouement
pour le malheurenv luriuteudaut Fiiuquet , et par
•• belle Histoire dt VacadcnTtefrauraiti',
•j5.. '
356
TAB
très -des -requîtes, rcndii'cnt, le l'i
uetobre i.5j(), im nouvel arrêt qui
condamna Tabouet, comme calom-
niateur, à subir la même peine qu'il
avait fait prononcer contre IMlisson.
Après que la sentence eut ctc exécu-
tée, il fut reconduit à Cliamberi, où
il resti détenu jusqu'en i5.1(), que
cette ville fut rendue au duc de Sa-
voie. Il obtint alors des leltiTS de
rappel ; et il fut rétabli dans ses biens.
Il revint à Toulou.se . y donna des le-
çons de droit , et passait une partie
de l'année dans une maison de cam-
pagne , qu'ilaceUbree dans une pièce
de vers. Ceptndant ses ennemis con-
tinuaientde le poursuivre avec achar-
nement. Papou avait public , da ns son
Recueil , sous le titre de la Chasse de
Tahouet , les arrcLs rendus contre lui ,
sans faire mention de ceux qu'il avait
obtenus en divers parlements, à son
profit et avantage. Tabouet se plai-
gnit de cette partialité, convainquit
même de son innocence les magis-
les plus distingues de Toulouse, puis-
qu'ils l'admettaient dans leur iulimi-
le'. Toutefois des •i()u])çons graves pe-
saient sur sa mémoire ; mais le pré-
sident Rouhier , ai»rès un examen at-
tentif delà procéclure, a dcfclaréque
Tabouet avait été victime d'une intri-
gue, et sacrilié, comme partisan des
(luises, à la haine du connétable de
Montmorenci (3\ Suivant la plupart
des biographes, Tabouet mourut dans
un âge avancé, vers ij(r.i; il est cer-
tain qu'on ne peut placer sa mort
avant iKii , année oii il publia le
Uecueil de ses Lettres. CVUit, dit son
compatriote Lacroi\-du- Maine , un
grand thc'ologicn, jurisconMilte et ora-
teur, liistorim cî philosophe , et sur-
tout !>ien versé dan>> la poé.-ielatiiîe.On
TAB
trouvera la liste de ses ouvrages dans
les 3fémoires de Niceron , t. xx xviit, I
et plus complète dans les Remarques
de Joly sur le Dict. de Bayle. INotis
nous contenterons de citer : I. Ora-
tioncs Jbrenses et responsa judicum
illustrium , Parts , 1 55 1 , ïu-S^. C'«l
la seconde édition de ce Recueil ; la
premièi-c avait paru, Lyou, i5ji-
4-.Î , in-H*^. , deux part. ÎI. De qua-
druplicis monarchiœ primis autori-
bus et niaç^istratibus , in misceUa»
neo divini et humani juris corpere
dispersis y ephemerides hisloricœ ,
Lyon , 1 558 , in-4°. de 5*2 pag. Sui-
vant le P. Niccrou, on y voit quelque
érudition , mais sans ordre et sans
exactitude. D. Liron dit que cet opus-
cule fut mis à V index à Rome. lIL
De rrpuhlicd et lingud frandcâ ac
^othicei, dvque diversis ordinibus
Gallorum vctustis et hotUemis^ nec-
non de prima senaUuun origimtj
etc., ibid., i55(), in-^**. de(rj ]»•[.
(iCt Opuscule, qu'on voit ordinaire-
ment à la suite du précédent , fst
écrit, dit le P. Le Long, d'un style
clair et concis, et contient des cno-
ses curieuses , |îrincipalemmt sur l'o-
rigine des chambres de justice et des
divers oiViccs de magistrature [BiU*
de France^ i5483); mais ce que
l'auteur rapporte à cet égard, ainsi
(|ue sur la langue française, qu'il dit
être ciunposée de grec, de latin, de
gauliis et de gothique, a été' plus
aprofondi par Pasquier, NiraulmoDt,
Ducange, etc. IV. De tnagistratibus
post catacUsmum iristitutis^ ibid.,
I .*) M), iu-'i". de tyi pag. Il dédia cet
Onusmle aux trois états du pavsde
Savoie, dont il mvoque le témoigna-
gp eu faveur du zèle et du désintérrs-
sèment a \ ce lesquels il a i-eniiili ses
fonctions dans cette province. V.
Ilistorica Franciiv regum gtmtsis ,
ditplici îUah-cto in epitamen con-
TAB
; usqiœ ad Franoiscum II ^
i5()o, in-4". Cet ouvrage n'est
comme Ta cujijecliirc le P. Le
e'crit en deux langues, mais
•se et eu vers. VI. Sabaudiœ
vum genealo^ia romanis ver-
't latiali dialcclo in historicam
xim digesla, ibid. , i5()0, in-
rad. en franrais , la même an-
ar P. T. A. ( Pierre Tredelian ,
in ) , ibid. , in - 4". de 3G pag.
rnier 0])us(n;le commence par
edicace au duc do Nemours,
5 français , ])ar Julien Tabouet,
eraiine par deux autres Pièces
rs adressées au duc Jùnanuel-
ert, j)ar Reinoud Tabop.et, fils
utenr. Knlre !es règnes de Be-
ît d'Humberl, on trouve, en
ite-six vers , nr.e Première
Ire de la très-certaine généa-
de Sai'oj}'ey annonçant que /rt
e eut trente rors avant l'eni-
e Ntron; mais leurs noms n'y.
as indiques.. VII. Epidicta ad
ianos pacis autores cpigram^
, ibid., i65o, in -4". La plu-
ies pièces que renferme ce vo-
Qt adressées aux plus fameux
ents et conseillers des parle-
de France. VllL Epistolœ
ianœ ffamiliares et misceUa-
ibid, , 1 5G 1 ou 1 5G4, in-4**., de
a g. L'abbc Joly prétend que la
ère date est fausse j cependant
•elle que poi le rexempîairc de
iotlièquedu Roi. Ces lettres j an
re de gO , mais toutes sans da-
•nt adresses à toutes sortes de
mes, et ])euvent offrir quelque
t pour riiistoire littéraire du
ne siècle. Quelques-unes sont ea
latins, par fois entremêles de
f/auteur se proposait, sans dou-
donncr une suite à ce Recueil,
: volume est termine par ces
: Finis primœ scctionis» Outre
TAB 357
Ie6 ouvrages dtés dans ie corps de
l'article, on peut consulter les Sin-
gularités historiques de D. Liron,
I , 4-^5 , où Ton trouve un curieux
article sur Tahouet. W — s.
TABOUREAU (Louis Philippe).
r, VlLLEPATOUR.
TABOURIER (Pierre-Nicol\s)
ne à Chartres eu 17^3, y fut curé
de Saint -Martin, adopta la consti-
tution civile du cierge, décrétée par
l'Assemblée nationale, en 1790, et
la défendit j)ar sqs écrits. On a de
lui : I. Tableau moral du clergé de
France^ etc. avril, 1789, in-8*».
IL Défense de la constitution ci-
vile du clergé y avec des réflexions
sur V excommunication du pape ,
1791 , in- 8^. de 48 nag. ; III. Dis-
cours pour tranquilliser les cons-
ciences sur les affaires du temps
relatives à la religion, in-8**. de 24
pag. ; IV. Entretien sur la révolution
française , in - 8°. V. Adresse sur
la divinité de la religion chré-
tienne ; etc. , à tous ceux que Pim-
piétc des deniiers temps a séduits,
an V (1793); in-12, de 222 pag.,
terminé par un Post scriptum , qui
est une pompeuse apologie des tliéo-
Ehilantropes. Apres la terreur, Pab-
é Tabouricr reprit ses fonctions , et
resta attaché aux cvêques constitu-
tionnels. Il prononça, dans l'église
de Chartres, en 1800, un Discours
sur la conservation de Buonaparte ,
à l'époque de la détonation de la rue
Saint-Nicaise.II y céîe1}rait avec pom-
pe la délivrance du premier consul ,
et ce Discours fut imprimépar ordre
du préfet du département. Tabourier
assista aux conciles des constitution-
nels , en 1 797 et en 180 1 . Dans cette
dernière assemblée , il fit , sur le régi-
mu métropolitain , un rapport que
l'on trouve dans les Actes du concile,
tome iT , pag. 9?. Apres le concordat
SJfe TAB
de 1801 , M. l'cvèquc de Versailles
nomiiia l'abbc Tabotirier à la cure
de Saint-Pierre de Chartres. Cet ec-
clésiastique est mort dans cette pla-
ce le '16 nov. 1 806. P — c — T.
l'ABOUROT (É'rtENïiE),écr:vain
face'tieux, plus connu sous le nom
de Sieur des Accords , naquit à Di-
jon en 1547. ï^ ^'^*^ ^*'s d'un avo-
cat au parlement de cette ville, hom-
tfie d'esprit et de mérite, que Saint-
Julien de Balleure cite avec éloge,
dans son livre de l'Origine des Bour-
gui£;nons ( F. Saint- Julien). Dans
sa jeunesse y il se rendit familiers les
poètes anciens cl mo(leiues> et, pre-
nant Marot pour modMe, parvint
quelquefois à Fe'gaîer dans le conte
épigrammatiquc. On l'envoya conti-
nuer ses études à Paris. Il nous ap-
S rend qu'en 1 504 , il e*tait au collège
e Bourgogne, et âne, cette môme
année , à l'exemple de Simmias et de
Porpliyrius {F. cts noms), il compo-
sa quelques pièces de vers figures ,
telles que la ùoupc poétique, la. Mar-
mite, etc. Le choix de pareils sujets
annonçait déjà le goût de l'auteur
pour les bizarreries. Destiné par ses
parents à la cnrriëredu barreau, il alla
faire son cours de droit à Toulouse.
Il se trouvait dans cette ville en 1 56^;
et son application au travail ne l'em-
pêchait j>as de se divertir avec ses
amis. Peu après son retour k Dijon ,
il fut pourvu de la charge de procu-
reur (Vu roi au baillage et à la chan-
cellerie. Sou inépuisable gaîlé dut le
rendre l'amc de toutes les sociétés
joyeuses. Malgré les devoirs de sa
place , il trouva le loisir de publier .
sous le titre de Bigarrures ^ un livre
très-singulier, oîi l'esprit et Térudi-
tion se le disputent, et dont le succès
Drouve qu'il avait bien saisi lo goût
le ses contemporains. I^i décence
n'y est pas toujours resi)eclée : mais
S
TÂb
cette Vertu, emate oA Mît, ttVbk
pas cdle dettes aïeux; et ils Ae enr-
aient pas d'employier des esnitft-
sions qiu choqueraiéiDt âîijoura'haî
les oreilles les moins dclicales. Ta-
bouret avait embrassif te pàrtî et la
Liçue avec un zèle bien cxtra^di-
naire dans un homme d'un caittclèn
si gaî. n mourut, eà tSgo, A Tâp
de quÀrante^ireis ans, d'une ninbdllie
an foie, et fut inhume' dans IVi^ikeS.
Bénigne, où ses fihlnî cbhsacrèrentiu
monument. Les armes de sa famille .
cta ient im tamboiu* ( i . Il y joî^t 11
devise : A tous accords s telle èA\\h
rigine de sa seigneurie des jétftùris,
3u'il a rendue fameuse. Au «dtahhft
e ses amis, en doit dtet PdUtis èe
Thiard, Peletier du Mttns , Pte^kéer,
etc. Sa bibliothèque était nofllbmie
et bien choisie. On troore âiettfe'as-
sez fréqueminent des livres 'q[m jper-
tent au frontispce soin nom atecsa
devise. Bayle caràciért^ «insi Ta-
bou rot : a il avait beaucoup d'ciprit
et d'éruditron; 'mais il dottna Brop
dans la bagatelle, v Oatre lia Trwéàt-
tion en vers latins 'de la FMrmi de
B onsard , et du FdWîUbh de Bméî Bd-
lean (Paris, i56d, tu -8^4), «des
SonneiSfkhi tètc'de*drp«rt'oitf#Hqjet
de ses amis , on luî'doit déte ëKliens
du DictiomùUre de rimes 'fie Jèita
Lefèvre, son oncle. La 'wtàùaàt CM
augmentée de ptns de knoitië(f^.
LEFÈVRfc, XIV, '4Q8). Se» liillRS
ouvrages Sont c I. Ub EèeMt ife
Sonnets , Pari^ •, (Saliiôc fMfli^,
157:1. C'est Tabourot qui bM^ ^
pi*end lui-même reïistence lie oe Vo-
lume (*i)'y mai^ il est si nnre,^*M~
cun bibliograpfbe encore tt*âi n AW-
^é le formai. II. Lés BigtùrfuMsH
touchés du Séighéitr 'des JStâeâtis,
• (i) Taïubour, ntrcfeia
UicAt dn an
H. CV.
c*} Blfmrrurit, ^. éê lljkr, ^'477.
m^ec les esêraignès -d^omiowxs ^ei
les apophtegmes du sieur Gamlard,
fentiihamme de U FranckeComtë
^aurgmçnotle, Pa ris , 1 60!»^ in- 1 a.
Cette édition > ia nius réceaie^ est
aassi la plus isomplète. Le Premier
livre des Bigarrures fut imprimé sé-
pardmeut, suivant Papillon {Bibl.
de Bourgogne)^ Paris, tS^a, in-
ô*'. ; mais Ta])ourot indique lui-même
comme redit ion originale oelle de
Paris y 1 58^1 {Av^nt-Propos). Il s'en
fit quatre ou tinq rcinipi-essions ai
fort peu de temps. En 1 58S , pai-irt
le second livre des Bigarrures , que
raiHeur intitula Quatrième j car,
dit-îl, ce volume entier ne .serait p46
UealHgarréft'il suivait la fomiedesor-
dinaîres écrivains. A là suite sont ]<>«
les TùwAes , recueil de vers , panfti
lesquels on trouve des ÉpigramHies
fort jolies et très-bien tournées, San-
traaa de Marsy en a publié quelques»
nftesdans le tome Kides Annales poé'
tiqyes. d<>. Les Esçraignes difonnei*
ses^coDies en prose^ licencieux pour là
Ci^>art , ist me me ordurièrs, 3<^. EbGn
ê Apophtegmes àa aieuif'<}aulafd«
personna^ imaginaire (3), anquèi
T-ebourot attribue toutes fes sottises
ft eaivetés qu'en prête k Mm -de La
féMssiej potu: ridiculiser les Fnoest
Comlofs^ sojetsalok*s de l'Ëspiaipie^
et fort Prières dans la Culture dés
lettres. Ge recueil est asseE. rocher-*
çké f ( du moins l'édition citée an
c&mmenoemi€nt de eet article ) , e|
ifténle de l'être par les amateurs
de notre ancienne Ihtémture. lU.
lies PiJdrtraUi des Quatre demkn
eues Se Boargogne y de la BiMoai
de Yaiois ^ avec leurs ÉpitKttbes
et TalHtsgé de leurs Vîcs^ en latin
et ^ea 'français ^ Paris , ) S87 , î '^
VAB 16»
de %'k feûilletr {V.Xai Mmammik,
ibidh, iS88y iu-i$«»., eoos |e«Oltf.de
JeûH Festei jgrgtow, ànamiime
d'Estienne XdimnàiU LesfrâktioM
populaires sOnt en yen; fenais La
MenBoye'iie nous 'dit pas st es bluiC
ceUes qu'on a conserNiefl si;.kla||r
temps dans les almanaohs de 4a Stiil*
se. La Monnoye croit. que TsJ^owrdt
est le Téntable auteur ^ la.'i^«#*
chrisie ou Jlèeirfl connus, Dijon »
i5^, in«4<'4^ TithiÉMMKéVfiibW
sOus le nom de JeiA DespkmiMÊ'f
qui e»ieat Timprinieiir., et J^oM*,m
eonàlluDè sedoiide.élitiDii:^i5i7#>
ÎB-I^. On Oouran id'anir«s.itoldb.
dans k mUath. <fajèiifigtoyie,4f
PopiHott^ le Dia. iéBÊffkiU^lWi,
française, deTabbé Gonjelf «li^
364 1 et ><» ilfo^^ deLa.MÉnniyi
sur la J«U.4eLaoroîs4tt-lbîiiei —
«FebenTanounoT, opcled»pr«$oéd(Bi^
chanooieiet^bâaLde Un^reii, iMot
«n iS^Si, 'k l'âce êftaèHmâe-'eéÉt
ans^ à pdriiév sens le oMliiiefde
Xboinet <Aibaa«, ota «taffRfÉunel:
h Gàleminar êes*igl:§ar$^\mSèkr
loéM^lisogres^ i^^hL^k^^, ffstfà
OuraHionfoifciiKfcAinëfais wmkVMir
flMMia^'de Xdn ^lerea , «lié ftos brnt.
IL 0rcheségimphie^4mM emfit*
mtéediiil^^pèirJe^ykmm
pers^smss ywwrt jf^effeoKiriC ii|^
pre^êre^mmtiâÈurVhûmiêe t hsp
^ dm deÉsee,sfaiA.^:i5899 M^.
de Jb4 fanUelSj» «ès«>ffm*^OBiico
1^u>ins4esiHibènnh(Ms«aBs4a«B;.«et
d'antres avec tOMm ^^ %<mMSà
n'y ei q«*meeeidftéditM»(4ViW%
T.UnUZT^ r. 3itns(k
' 'J'-f. AMViL'^'^^^
4is7, ewwiè— «k Jaiinaiffertiivl
iotû ImhtaÎH iSmvmmmaiÊi tm —af dm* tm tfflH
56o
TAC
TACCOLT (Nicolas), historien ;.
ne à Begj^o , en 1(390 , et mort dans
la même viUc , en 1 768 , était telle-
ment prëvenii en faveur de l'ancien-
neté et de la noi)Ics.sc de sa famille,
qu'il se proposa d'en dresser la ge'-
néalogic. Mécontent de ce que Bac-
chîni en avait déjà publié à Rome,
il compulsa les archives , déroula les
parchemins, cxa mina les chartes , qui
pouvaient l'aider; mais lorsqu'il eut
rassembléphis de matériau!^ qu'il n'en
fallait pour sou Imt , il franchit les li«
mites qu'il s'était prescrites, et corn-
fïosa un ouvrage plus éleudu sur
'histoire de son pars. Ce travail se
ressent du pi^emier plan : on y parle
Beaucoup plus des personnes que des
choses 5 il y règne d'ailleurs un tel
désordre , et le nombre des reiwei-
cnemeuts utiles t est si borj:é quo
l'on ne peut presque tirer aucun
Sarfi do cetto lourae compilation^
écoréc mal-à-propos du titre d'his-
toire. Les ouvrages de Tacci»li sont t
I. Appendici tre corrélative alla
diicendenza Taccoli , i-ji'y ,in4'^.
C'est nue i-épolkse au P. Bacchini.
II. Compcndio délie diramazioni o
sieni discendcnze de* Taccoli , con
alcune memorie istoriclie più n*
marcabili délia ciità dl Re^fiio^
Reggio^ i']^i, La seconde partie de
cet ou\Tage sert de premier volume
à l'histoire de Reggio : les deux der-
niers panireiit sous le titre suivant 1
Memorie storiche délia città di
Beggio di Lomhardia^ ii". p/rrtie ,
Parme , 1 748 , et iii«. partie , Carpi ,
i76<),in-4®. in. Enunciative délia
discendenza Taccoli jParme , 1 752.
C'est un supplément au n'\ 1". /^qy\
Tiraboschi , Bibliot, Modenesc ,tom.
v^pag. i()f. A — G — s.
TACFARINAS , chef des Afri-
cains révolta contre Rome , rtait
Numide de nation, et servait dians
TAC
Tes troupes anxiliaires de l'empire f
vers le 3« consulat de Tibère. Ayant
déserté eu Afn'que, il rassembla on
grand nombre de vagabonds et s'en
déclara le chef. Les Mutulains , na-
tion puissante vers la contrée de
Sahara^ le reconnurent, et il vit
bientôt ses forces s'augmenter par la
jonction des Maures du voisiiiage ,
sous la conduite de leur général Ma-
zipa. Tandis que Tacfarinas disd-
plinait lui-m^me ses troupes à la ma-
nière des Romaias , Maxipa formait
un camp volant et portait le fer et
)a flamme de tous côtés. Les Éri-
thieus grossirent cette confédératioiiy
qui menaça de renverser la puissance
romaine en Afrique. Mai.« l'actinté
du proconsul Furius Camillus en ar-
rêta les progrès. Le proconsul mar-
cha contre Tacfarinas avec une seule
légion, et le délit Tan 17 de l'ère
chrétienne. Vaincu, mais non décou-
ragé^ Tacfarinas reparut, avec de
nouvelles troupes^ l'année siiirante,
faisant des courses jusqu'au cenirde
l'Afrique y et dévastant tout sur son
passage. Son armée, divisée en phn
sieurs corps, passait avec tant de n*
pidité d un endroit à un antre ,
qu'aucun détachement ne poorait
l'atteindre. Avec l'élite de ses forces,
il assiégea un château près des bords
de la Gagita , où commantlaît Dé-
cri us , et repoiLSsa la garnison en rase
campagne. Décrius , quoique blessé,
revint à la charge^ fut abandonné de
ses troupes, et périt sur le champ de
bataille; le château tomba an pou-
voir de Tacfarinas. Enhardi par ee
succès , il mit le siège devant la vilk
de Thala y 011 il fut attaqué et débit
par Lucius Apronius , nouveau pro-
consul d'Afrique. Tacfarinas prit la
fuite , mais continua de harcoer ks
Romains , évitant d'en venir à nne
action générale. Aussi long -temps
TAC
*cn tint à ce genre de guerre ,
it inutiles les efforts de ses en-
; mais ayant voulu s'avancer
s côtes maritimes, dans Pes-
edu butin, il fut attaque dans
np par Aproiiiîs , qui !e vain-
le força de se réfugier de nou-
ins la contrée de Sahara. Sans
attu par ces défaites reitcrces,
inas reprit son ancienne mê-
le faire la guerre , et ne fit
le des courses à la manière
raides.Il continua de recruter
née, et poussa l'arrogance au
l'envoyer des ambassadeurs à
.pour le nienacerd 'une guerre
c s'il ne Lii assignait pas, k
ux siens, un clablissement et
•esqu'il promettait de cultiver
. Tibère, irrité de tant d'au-
)in de lui accorder sa deman-
3una ordre à Junins Blaesus ,
eurd'Aproniusdans leprocon-
Afriqne, d'offrir une amnistie
e aux insurgés, mais de pour-
encore plus vigoureusement
inas, et de tAcber , par toute
B moyens , de se rendre maf-
ia personne. Ce chef faisait
t?s courses sur le territoire de
et se retirait parmi les Ga-
es. Les mesures prises par
produisirent lenr cil'et : Tac*
fut mis en déroute; son frère
, et lui-même réduit k se ca-
ins un désert. Mais un puis-
ifort de Maures , et un corj)s
aires que lui envoya le roi
ramantes , le mirent encore
) en état de tenir tête aux lé-
)maines. II recommença ou-
înt la guerre, fit courir le
ne les Romains étaient si oc-
illeurs, qu'ils seraient obligés
lonncr l'Afrique, et que ja-
i ne trouverait une occasion
vorablede tailler en pièces le
TAC
56i
pen de troupes qu'ils y avaient alorsv
Ce chef ras^mbla ainsi une puissante
armëe d'Africains, et vint assiéger
Thubascum ; mais il se vit con-
traint de lever le siège à l'approcLc
de l'armée romaine^ commandée par
Dolabella. Ce proconsul , l'ayant
joint par une marche forcée , lui li-
vra bataille. Tacfarinas fut défiait et
perdit la Vie dans l'action, avec un
grand nombre des siens, après avoir
lait des prodiges de valeur. Telle fut
la fin de ce brigand célèbre, qui, pen-
dant huit ans, ébranla la puissance
romaine en Afrique , et eut la gloire
de combattre et de mourir pour l'in-
dépendance de sou pays. B — p.
TACH ARD ( Gui ) , jésuite , de la
province de Guienne , embrassa
jeune la règle de saint Ignace , et se
disposa , par l'étude des sciences ma-
thématiques , k la carrière des mis-
sions, dans laquelle il brûlait d'exer-
cer sou zèle. Il accompagna , vers
1680, le maréchal d'Èstrees dans
les colonies de l'Amérique méridio-
Dalc , où il resta près de quatre ans.
A son retour , il vint à Paris , et
ayant su qu'il était question d'en-
voyer des missionnaires à la Chine y
il sollicita de ses supérieurs la grâce
d'en faire partie. On reçut , dans le
même temps, une lettre de Constance
( r. ce nom, IX, 4^i ), premier
ministre du roi de Siam , annon-
çant que ce monarque n'était pas
éloigné d'embrasser le christianisme,
ainsi que tous ses sujets. Louis XIV
résolut d'envoyer à Siam le cheva-
lier de Chaumont, pour s'assurer de
la vérité des faits et reconnaître l'im-
portance que ce pays pourrait ofirir
à notre commerce. L'occasion était
favorable , et il fut décidé que les
missionnaires destinés pour la Chine
accompagneraient l'ambassadeur à
Siam , où ils ne manqueraient pas de
36i TAC
reciieiUîr d'utiles observations. Iaa
deux Vaisseaux qui dcvaieuC trans-
porter (]liauinont et sa iuite mii«iiC
a la voile de Brest ^ Je 3 mars i685
( F. Gh^umont , VIII , 3o3 , et A.
G. Destoucbes , XI , 240 ). Pendant
la traversée, le P. Tachard, qui n'a-
vait pas pour la prédication les mê-
mes talents que ses confrères ( i ) ,
quoiqu'il dît d'ailleurs de bonnes
choses (2) , catéchisa les matelots
etJes gens de rcqui[>age, parmi les-
quels se trouvaient deux protestants
qu'il eut le bonheur de ramener à la
foi catholique. Le roi de Siam reçut
les missionnaii'cs avec de grands
honneurs , et témoigna le desn* d'en
voir quelques-uns s'établir dans ses
e'tats ; pour y répandre le f;oût des
sciences de l'Europe. Le P. Tachanl
fut choisi pour aller cherdier de
nouveaux missionnaires ; et tandis
que ses confrères s'avançaient veis
la Chine , il revint en France avec
Chaumont, moins satisfait de son
voyage <|iie le bon |>ère , qui était
encore tout émeiTeillé de ce qn'il
avait vo. 11 repartit en 1687 , avec
Laloubcre {rqyez ce nom ;, emme-
nant donV:e missionnaires , tous ma-
thématiciens et remplis de zcle pour
la -propagation de 1 Évangile. L'ac-
cueil qu'il reçut du roi de Siam
et de son ministre le toudia |>lus en-
core que la première fois. Pénétre
de reconnaissance pour leurs bon-
tés , on ne doit pas être surpris
qu'il ait juge ce prince un homme
extraordinaire, et qu'il n'ait pas mê-
me désapprouvé les vues ambitieuses
de son nimistre. Comme il avait ap-
pris la langue du pays, il fie chargea
â'nccompagner, en i688valindsleiif
(Oi:'étaienl In P. P. FnnUncy, Vikddou, Ruv-
Tet , Lcfmiulc et GerliHlou (/'. ce» nonm).
(«> Voycï le JotitiitJ. d« Ch<i1iy , '^g. t% , 4d,
TAC
servir d'interprète^ les aaibuiaikm
que k rot de Siam'mvoyaît k léam
XIV etàusouverain poalife. Il «sb-
dufsit lui-méaie ces ■mhiMaAftii» k
Rome , pour les )>rëscnter an pape j
et , aprb avoir c^iteau du SêmH-mt
des reliques et les instmctKMs nëess-
saires > il repartit > en 16^ ^ paw
les Indes. La fjussion de Sim ayaU
été rtn'née par les princes de Macas-
sar, il se rendit, avec la plu|Mirt de
ses confrères , à Pendichén* Ltt
grands procès que les jësiatM p(M>-
tugais avaient faitsdans la partie né-
ridionale de la presqu'île de l'Inde 1
lui donna l'espérance d'oblenr les
mêmes fruits dans le nord; aiais k
prise de Pondichéri par les Holfatt-
daisy eu 1698, reUrda VeméoiMà
de ses pieux desseins. Dfcs que ceUt
ville eut été rendue à la Fnftcfey p*
le traite de Risrwyck, il se hâta d'y
retourner. Pendant son afasflfecai nt
mission s'était établie dans k tvjaa-
me de Camate. Il résolut éom dt
passer dant» le Mochol , «t Vanlla
dans la province M Bcngak , ÀtÊÊX
il lut l'un des premiers «pâucfti Oi
voit, par une lettfe qu'il «orMlde
Ghandernagor, le 10 )aimar 1911
(3), que l'âçe n'avait poitat. lUoA
son zèle infatigablew II retounui, mm
de temps apras, au BcngAie^ «u I
mom-ut d'une maladie contn^cilse,
dans l'cscrctcc de ses travaux «ras-
géliques. Outre plusieurs LeIMs in-
sérées dans le Kecneîl des XcMner
édifumtesj et deux DictkluaiMf
latm-frauçais et français-laûn , a^
digés pour l'usage du duc de Boar-
gognc , et qui furent loug temps «i*
ployés dans les collèges des Jéni-
tes 4) , et même dans vétraa(er( f^
lA^i
it^ahlé$ y ton. Ztl
1^.
r«S!ïfc!p
T†TiC 8BS
on doit am P. Tacktrd -: «QniifeiiiM.£ii^qintltiit lahMfotittÉ^
Siam dei PP. Jésuiiei yèexmmiy il fvntît tk^ «n sénatv
- le roi âiuL Indes «C à k dont il devint i'ûniele 4t te ërmo^
; leurs t>bsenratioDs as&o- l'empereur Aaà^ieft «fant été tûé
très^fentanpHuile fit <pn m 9 ^it p^
Second Fo/ageiie Siam, zcnouvèiee depuis v priaieséftst Ab
) y in - 4^. , lig. Ils ont été M d^bigner -ua sèèoeSBear. Tadie
;, format ÎQ-i a, Amster- |»rûiN>iiça , en teltè leîrooBStanoè^
[aek/oEirmi/ de l'abbé de tift disconrs qde Fiaviib V«f«S0aB
"^o;^. ce nom) , (jne l'on y nous à dooser^ (dans 4a Vie iTJith
t\ethoixi
i à son ië^
- »^ . . l'eBBiire.
i jLxxiii et XXXIV, édk. dantcecoaduttdegAiérosil^TacilB^
P. Tachaid y fait une crai|pumt qn'on ne Tint m "jeter In
^ sans doute très-exagé- jeux sur 1«-, se retira 'danB-attede
ichcsses de ce pays. Sotis ««s terres en'Gampànie^ oà'îlipaitt
y Lâloubëre mérite plus deux mbik ÂnlioïKdecetenps;» m
ce ; mais on est oblige de {bh nffdé par le ccésnl'enttiercica,
î dans les récits du P. Ta- «midémoiitra'aH sénat lanéoBfittf de
: bonne - foi , une candeur faire cemerl'interrtgne dana lialCiét
S'il trompe , c'est (pi'il a Àidriic. Lorsmieie oonshl eot-iehevé
le premier. Il ne fait que déparier, "BiGite s*-ëlant iiiféjffmtt
qu'on lui a dit ou ce ou^il donner -son avis^ fiit^kié^par aek
^ligé > et les observations î| aUégua son tngt ipomr ae
» que son Voyagecontient, d'accepter une change an-deâof «de
3mbre , sont exactes. W-s. g^ forces '; les aedalnaiioBli dn ééMK
E ( Marcus ' Cljudws- rintcrrompirents et û fut ffoÔdiàé
^/empereur romain, fat «mperear, le a5 septanbie l^S. Ob
seur d Aurëlien, après un tsboix^^txm&rihéBttrl'krBiéef lot aè-
de six mois. On ignore ce <»iieîBi dam tovtl^mcn^pardegim-
ie l'origine de la fanûltede j^s dëMoastratiens dévoie. Dans h
; mais l'immense fortane premîei diaoooirs «qa'tl prononça <d»-
lissait, comme particulier, yantkaénat, TaoiK aando^l'îaN
conjecturer que ses parents lention de reiribe à t)e cocj^iBÉBtt^
ans l'état un rang distia-: toutes ks .pWitigatives doBt^âfait
d un esprit juste et femke, ^ di^oinHé. -fiapeÉdahà il laàM
stère affable et^ôiereux, il t>btcnir k tïéoséiat fi'il tViiÉlhijyt
i l'estime publique daas lés .polir -Hâ^vinatoai frtlêé : lobi de t^
emplois qu'il i-emplit suC- «odenc^, Â'dît fa''Û^jl& àmt^tiàr
, Bouhour. el Cminirr. Le tW*!. SIT J|«e fe «énat •CeBnaiÉrf^fcpM»
(u<i, l>our la première Foie, eu 1^7 , hu*Û TCOait de «Cite. 'H innDa30|l
is la fc^ile par les Barbou, nui le Grent ^ . ^^ . ; a,, . ■> V t 1
1 "vj et 1754. i^ ilict. iir.-tofta pflrnt aToieiÉfBt'aniroDe par i^aaan^ m
364
TAC
fut aiTectée à payer la solde arriérée
des troupes , et l'autre à reulrclieii
et à rcm])c!Hssemcnt du temple du
Capitole. Il affranchit tous les escla-
ves qu'il avait dans Ilome , et fit
abattre sa maisou et construire sur
l'emplacement des thermes publics.
D'utiles règlements, qui, malheui-eu-
scmenty ne tardèrent pas d'être né-
gligés^ mirent des bornes aux extra-
▼agances du luxe de la table et des
habits. L'empereur donna lui-mcme
l'exemple de Tordre et de l'écono-
mie. Tous les mets qu'on lui servait
étaient fournis par son jardin et pap
sa basse-cour. Il ne changea rien à
son costume, et no voulut pas per-
mettre à l'impératrice de porter dei
pierreries. Une loi sévère éj)ouvauta
ceux qui se permettaient d'altérer les
monnaies. Le cours de la justice fut
mieux réglé que sous les rcffncs ])ré-
cédents; et les esclaves cessèrent d'ér
tre admis à déposer contre leurs maî-
tres , même soupçonnes du crime de
lèse - majesté. Tacite , après avoir
assuré la tranquillité des citoyens,
tourna ses vues vers rarraée. Probus,
auquel il reconnaissait, dit-on, des
cnialités dignes du trône ; V, Probus,
XXXVI , 1 1 5 ) , reçut le comman-
dement des provinces de l'Orient, et
la promesse du consulat pour l'année
suivante. L'empereur se rendit en-
suite dans la Tlirace avec Florien ,
nommé préfet du prétoire. Il vengea
la mort d'.lu rélien sur ses meurtriers,
et chercha , par ses discours et par
ses largesses, à gagner l'affection des
soldats. Aidé de son frère, il força
les Qoythes ou Goths à se retirer des
provinces qu'ils venaient d'envahir.
Une médaille de ce prince semblerait
prouver qu'il remporta sur ces peu-
ples une victoire signalée; mais quel-
ques auteurs prétendent qu'il acheta
Mur retraite. Ce fut vers le m^me
TAC
temps (pi'éclata la conspiration dont
on croit que Tacite périt victiine.
Suivant quelques historiens , Maxi-
mien, son parent, qu'il avait fait
gouverneur ae la Syrie, ayant excité
des mécontentements, fut tue dans
imc émeute. Xj^i meurtriers, craignant
la vengeance de Tacite, s'onircm
alors aux assassins d'Aurelieu ; et ,
ayant attaqué l'cmperciir pendant h
nuit, le massacrèrent. Mais d'autres
disent qu'il périt d'imc maladie oc-
casionnée par la fatigue , à Tarse ou
à Tyane. On ignore donc le genre et
le lieu de sa mort , qu'cm place du
a5 mars au i avril 276. Il était iss
de soixante-cinq ans ( 1 ) , et n'avait
occupé le tiH>ne qu'environ six mois.
On a vu combien Tacite était sobre ,
économe , ennemi du luxe , et cepen-
dant prodigue de sa propre fortune.
A des qualités si rares, il joignait le
goAt des lettres, dont la cnhure
avait sans cesse charmé ses loisin.
Il consacrait une partie des nuits à
lire les meilleurs ouvrages, particu-
lièrement ceux de l'historien Tacite
( Voy. ce riom )p dont il s'honorait
de desccudro , et pour leqnel il avait
une vénération si grande qu'il ordon-
na que ses productions fussent pla-
cées dans toutes les bibliothèques.
L'étude ne l'avait cependant pas
guéri de la superstition, puisqu'il
s'abstenait de tout travail le second
jour de chaque mois , regardé par
les Rom lins comme malheureux. Oé
voyait dans Interamne (Terni) le cé-
notaphe de ce prince et celui de son
frère Florien {V. ce nom, XV, gti),
avec leurs statues de trente pieds de
hauteur; mais elles furent reoTCrsées
dans la suite par la fondre. Noos
avons la vie de Tacite par Flav. Vo-
(1) Qiirlqiirs rnileuri lai doBscnt ^5
ccUe opinî'in vaX tolîiicmnit ceafa **
tun dr Niiul-Aioanl ( /'. es bou ).
}
TAC
( , dans V Histoire Auguste ;
leUe qu'avait composée Suétone
ien , sur un plan plus détaillé ,
is est point parvenue. On a des
Iles de ce prince en or et en
ej celles qu on cite comme d'ar-
udebillon, sont probablement
)nze saucé. F'o/. le Traité de
ionnet , sur la rareté des Mé-
s romaines , 3 1 8. W — s.
CITE{C jius Cornélius Tj^
•), célèbre historien latin, $.
lu premier siècle de Tère vuU
t au commencement du second,
ues-uus des manuscrits de ses
ges lui donnent le prénom de
is y au lieu de Caius. qui paraît
; véritable. 11 est Invariable*
ppelé Cornélius , cl néanmoins
le croit point issu de la famille
ienne que ce nom désigne et que
rendrait encore plus illustre^
les Cornélius si nombreux de
nne Rome , on démêle des plo-
et même des afllVauchis i il est
e et peu important de savoir
Is descendait celui qui a im^
lise le nom de Tacite. Proba-
nt il était fils de Cornélius Ve-
citus , chevalier romain , pro-»
ur ou intendant de la Gaule
ue et contemporain de Pline
n. On connaît cet intendant
e inscription trouvée à Julicrs,
quelques lignes de Pline ( i ) ,
t dit qu'il eut un fils qui , après
i^raudi de trois coudées en trois
érit d'une contraction de nerfs
Tige de puberté. Certains au-
ont prétendu que cet enfant
rueux était , non le frère , mais
ic rhistorien Tacite. 11 sulllt,
carter celle hypothèse, d'ob-
qiie Pline rancieii écrivait ce
vaut Tan -jq, ou mùne avant
t >'al. , VII, 1.;.
TAC
365
77 y k une époque où Tacite ne pou •
vait avoir fait un long séjour en
Belgique y et avoir élevé un fils jus-
qu'à l'ige de plus de trois ans , ou
même jusqu'à l'adolescence (^). En
effet Tacite , outre qu'il ne portait
pas le nom de Férus, avait à pei-
ne vingt -trois ou vingt -deux ans'
en 77 y étant né en 54 ou 55, au
commencement du règne de Néron ,
cinq ou six ans au plus avant son
ami Pline le jeune, qui était dans sa
dix-huitième année en 79, au mo-
ment de l'éruption du Vésuve (3).
Tacite se dit Romain ; mais c'était
un titre qu'on pouvait prendre sans
être né dans les murs de Rome ; et
s'il fallait en croire les habitants de
Terni, «urtout leur historien Ange-
loni , ce serait à leur ville qu'appar-
tiendrait l'honneur d'avoir produit
ce grand écrivain : ils lui ont , au
quinzième siècle, élevé des statues ,
afin de soutenir cette tradition, qui
n'est d'ailleurs confirmée par aucun
témoignage. On ne sait rien non plus
de l'enfance et de l'éducation de Ta-
cite. 11 a pu être disciple de Quinti-
lien : qu'il l'ait été réellement , comine
le disent des auteurs modernes , c'est
ce qui n'est exprimé ni indiqué nulle
part dans les anciens livres. On se-
rait plus fondé à présumer qu'il a ,
dans sa jeunesse, suivi au barreau
les plaidoieries d'Aper et de Julius
Secundus , orateurs alors très-renom-
més. Sa correspondance avec Pline
(a) Ou lit ici dans Pline : Ipti non pritlim vidi-
mus , uu Jpsi nos pritlem vuiimus ; Nuuc aTODj Ta
uous-même depnis peu , ou N'un* avoua Ta il j R
luug>leuips. Selon cette seconde leçon , il s'aginift
d'un fait trop anciru pour qu'il pût janiaii ètreap*
pliqnr * nu lils de l'hutorien Tacite; mail «o «ap>
poAAot même que Pliue parie d'une aventure ré-
cente , ce qui va être dit de la nainMUce et du ma-
riage de Tacite prouverait encore qu'il n« pou-
vait être le père de cet enfant.
(i) Agebam duodeviceùnuun mttHutn , dit Pline
le ieune , 1. VI , ep. »o. Ccat par erreur aue Juate-
l.ipse et quelques autrci ont trauacrit auoetftl'rc-
tirmtm.
366
TAC
le Jeune prouve qu'il avait de bonne
koure cultivé la poésie ; et le style de
SCS ouvrages en prose annonce assez
avec quel soin et quel succès il s'était
livré à l'étude des grands modèles de
Fait d'écrire , particulièrement de
Thucydide. Entre les sectes philoso-
phiques , il paraît avoir préféré la
stoïcienne : on le trouve presque par-
tout imbu des ma limes, pénétré des
sentiments qui la caractérisent. Ce
fut sous le règne de Vcspasien , vers
l'an 73 ou 74 qu'il entra, nous ne
dirons pas dans le monde ^ parce que
nous craignons que cette expression
moderne ne cou vienne pas assez aux
mœurs antiques , mais dans la carriè-
re qui s'ouvrait à l'émulation et aux
talents de la jeunesse romaine. On a
droit de conjecturer qu'il commença
par porter les armes y non-seulement
à cause de l'exactitude et de l'habi-
leté qu'on remarque dans s^ récits
lorsqu'il s'agit d'usages et de dé-
tails militaires, mais surtout parce
que ce service était eucore l'appren-
tissage ordinaire de ceux qui se des-
tinaient à des fonctions civiles. On
sait d'une manière plus directe qu'il
embrassa la profession d'avocat peu
d'aimées avant Pline le jeune, qui
s'honore d'avoir marché sur ses tra-
ces (4)- Depuis Auguste, il fallait,
pour devenir questeur, avoir été vi-
gintmr : on nommait ainsi vingt
officiers de police qui surveillaient
les monnaies, les prisons, l'exécu-
tion des jugements. Il est fort vrai-
semblable que Tacite a passé par le
yigiutivirat avant d'arriver à la ques-
ture, que lui conféra l'empereur Ves-
pasien qui mourut en 79. Il suffisait
alors d'avoir vingt-quatre ansaccom-
^4^ Jh'.latr ^ di^nitate ^ pmpemodum a^uairt....
KtfuiiUm mJûlesctntulHS quumjam tu. famé gtorid-
que Jityreres , le seuiti, tiki longu , sedpraximi't »-
tervuUo H essm M hmhim cêmemfriirwbmm. PI. 1. VU ,
rp. «o.
TAC
plispour âtre€[ae8leiir,ee<piiaiilorîse
à supposer que 'Tacite rëuî(cn 78;
maison n'a y sur ce point, aucmiiiitiv
détail. II avait le titre de chevalicr,cl
la questure Im' ouvrait l'entrée dn se*
nat. Vers la même époque , et peol-
étrc dès 77, il épousa la fille d'Agiv
cola ( ^. l , 3og-3i i ), allûiiice qii
donne lieu de croire qu'il tenait dqà
un rang honorable parmi les jcuMi
Romains. lia célèbre les Tertus desa
belle - mère Domitia , et les biopt-
phes lui prêtent l'intention d'ëlCBOïc
cet éloge sur sa propre épouse, qn^il
n'a cei>endant louée nalle part b
considérant les circonstances de n
vie , que nous venons de retraeer,QB
ne voit pas comment jnsqa'akfs 3
aurait eu le temps d'adnûnistrcr as
province Belgique : ceux gni lai at-
tribuent une telle fonction le eiwfèn*
dent apparemment avec son jkn. D
nous apprend lui-même qn^dnià
Vespasien le commencement de ses
honneurs publics, accrus dqmîs par
Titus , et encore plus par Draii-
tieii (5). Il n'obtint pourtant pas som
Titus la préture , qu'il avait c^éiée
sous Vespasien même; et il nepàrsil
point qu avant l'avâiementdeDoBÎ-
tien, il eût exerce d'autres charges
que celles de questeur, d'édik, et
peut-être de tnbun. Mats aux )cn
séculaires de 88, il se tnmYnil an
nombre des quindécimvirs déposî-
Uires des livres sibyllins : c^est hi
encore qui nous instruit de oe délai
de sa propre vie , et i) a)oiite que ce
n'est pas pour s'en vanter ^'il k
rappelle (G). En même temps il éluC
préteur (7); et nous manquons de
(5) DigmùmUin moHnm à Vammsiam»
à Tito auetam, à DomiUmmo umfim
Hîitor. 1. 1 , c. I.
(ti) Quod non jmcUmtiâ r^m9,
e. XI.
(7) ^ *
Ls,
TAC
;Dements sur la maniëre dont
acquitté de cette fuoctioji im-*
te. Il sortit de Rbme avec son
en 89 : était-ce disgrâce ou
s volontaire, ou bien allait- il
r quelque fonction ^ quelque
ddanâune province? Ceux qui
ité ces questions n'ont pu les
ve d'une manière précise : seu-
Baylo a montré que , selon
pparence , Tacite n'avait point
ini. C'est surtout bien mal'-à-
i que certains auteurs prolou-
odantdixanscetexi! [U'étcndu^
1 trouve Tacite rentré dans
ivant ]a moVtdeDomitien,qui
lit que huit ans après les jeux
rcs. Toutefois, en ()3,lorsqu' A"
périt dans la capitale de
*e, l'absence de son geudre du-
:ore. a Quel surcroît de dou-
s'eVrie Tacite , pour moi et
I fille, (le n'avoir pu soutenir
illaucc, jouir de ses euibras-
5 et de ses derniers regards!
avons perdu quatre ans d'a-r
par l'ellet de notre éloigne-
I L'historien n'ose point allir-
le Domitien ait fait empoisou"
ricola , quoique tel fut le bruit
, et que les proscriptions or-
s peu après par le farouche
air aient rendu ce premier cri-
ucoup trop croyable, a Bieur
it Tacite , nos mains { se-
les ) conduisirent Helvidius
on; la cruelle séparation de
us et de Rusticus fut notre ou-
et il fallut uous couvrir du
i Senécion. » En prenant ces
à la lettre, on a voulu en
•e que Tacite , au sein du se-
rait cédé au torrent et s'était
ux bons pUisiis de Oomilieo»
style figuré , pour ne pas dire
jîc , des derniers chapitres de
d'Agricola , permet bien , cm
SO7
L"
TAC
semble, de n'appliquer ka expul-
sions coËectives qu'on vient de lice,
u'à l'assemblée des sénateurs , d
supposer qu'ils n'avaient pas
tous , Sïias exception , coopéré ^
ces iniquités sanguinaires. C'est pour
mieux exprimer l'horreur qu'il en
ressent, que l'historien se place, en
quelque sorte, au nombre des compli^
ces , bien sûr que les couleiirs odieu-i
ses dont il a peint la tyrannie, mon^
treront assez qu'elle n^a jamais pu le
compter parmi ses instruments. On
se délivra de Domitien en 96; et dès
l'année suivante , Tacite parvint au
consulat : son nom ne figure poinf
dans les fastes , parce qu'il n'était pas
consul ordinaire, mais subrogé par
Nerva , nouvel empereur, à Yii*gintus
Rufus , qui venait de mourir et dont
il prononça l'éloge funèbre ; ainsi ^
dit Pline le jeune , la fortune , ton*
jours lidbleà Yirginius, lui gardait,
après sa mort, le plus éloquent des
panégyristes C'est le seul acte quel^on
connaisse de ce consulat, qui n'était
au siirphu qu'un yain titre , et qui
laissait à Tacite assez de loisir pour
qu'il . so livrât à des travaux lit^
téraires. Il composa , en 97 , U
Vie de son beau- père; en 98, le
Tableau des mœurs des Germains^
Avait -il visité ces peuple»,, par-
couru leur pays , observé imméf
diatemeut leurs habitudes ? cela
n'est rapporté ni indiqué nulle part;
mais on serait fort tenté de le croire,
à ne considérer que l'exactitude de
cette description, le nombre et U
précision des détails qu'elle reolev-
me : elle semble trop originale pour
avoir été rédigée d'après des mémoi-
res étrangers; et d'aiUeurs comme
on ne sait point 011 Tacite a passé
les quatre années de 89 à o3 , rien
n'empâche de supposer q^'ilait fiiit,
durant cette ab^nee , qiidqu^ sé)oiir
368 TAC
en Germanie. Quoi qu'il en soit de
cette conjecture y il n'eut pas plutôt
achevé' ce livre qu'il conçut l'idëe et
se traça le plan de ses grands ouvra-
ges historiques. Il n'avait cependant
point renouce' au barreau: nous le
retrouvons , en 99, charge, avec son
ami Pline le jeune, de soutenir l'ac-
cusation intentée par les Africains
contre le proconsul Marius Priscus.
Cette affaire eut de l'ëclat : elle nous
est connue par le récit qu'en fait Pli«
ne, dans une de ses JjCttres {l.'x ep.
XI ). a Le sénat , dit-il , nous ordon-
na^ à moi et à Cornélius Tacitus, do
f)rendre la cause des Africains contre
e proconsul , qui , dénoncé par eux^
se retranchait à demander des juscs
ordinaires , sans proposer aucune dé-
fense. Notre premier soin fut de mon-
trer que l'énormité des crimes dont
il s'agissait ne permettait pas de civi-
liser l'affaire; car Priscus était préve-
nu d'avoir reçu de l'argent pour con-
damner à mort des iimocents. » Son
avocat^ Fronto Ca tins, voulait qu'on
se restreignît à examiner s'il y avait
eu péculat. Mais le sénat, eu don-
nant des juges chargés de pronon*
cer sur ce chef d'accusation , dé-
cida aussi que ceux à qui l'on disait
que Priscus avait vendu le sang de
plusieursvictimesinnocentes, seraient
assignés et entendus. Il ne comparut
qu'un seul de ces complices , Flavius
Martianus; un autre venait de mou-
rir fort à propos. Une assemblée se
tint, présidée par l'empereur Trajan,
qui était alors consul; c'était au
commencement de janvier, époque
ou Rome voyait le plus de sénateurs
réunis. Là et en présence de l'accusé
Priscus, sénateur lui-même, et de
Martiamis, duquel il avait reçu sept
cent mille sesterces pour flétrir et
faire étrangler en prison un chevalier
romain, Pline parla le premier duiant
TAC
près de cinq heures , et l'c
ensuite Marcellin défenseu
tianus. Le lendemain , Sal
ralis plaida pour le pro
Tacite répondit avec l'en
gravité majestueuse qui
saicnt son éloquence (8)
doyer de Fronton pour Pi
jusqu'à la nuit, et ne se te
dans une troisième séance,
cusés furent condamnés à
assez douces pour des attei
mes: mais on déclara qi
Tacite avaient dignementi
ministère et l'attente du
voit pard'autres Lettres de
Tacite composait aussi de
vers, et que les hommes le
truits de ce temps recher
société. Celui avec lequel
nait le commerce le plus in
Pline lui-même , qui lui a
Êpîtres (9) , ou du moins <
en est une qui semble être
réponse de Tacite. Ces Le
ap])rennent qu'ils se comm
réciproquement leui*s ouvra
mettaient en commun tout
avaient de lumières , de ta
gloire. C'est à la prière de!
aue Pline le jeune fait un
détaillée de b mort de so
des autres circonstances de
du Vésuve. Il sait que l'clo
son ami peut , mieux qu'auc
immortaliser ces tristes sot
il espère qu'elle sera aussi
à jeter quelque éclat sur la
Sue Pline vient de tenir
ans l'affaire de Baebius M;
pourtant qu'il demande qu'
ou qu'on amplifie la vérité ;
(8) Ref pondit Corn, TacUm c%
quod tximimm ormtioiû 9Jm mttt , gf
(<)) L. 1 , ép. Gr) et sn ; 1. IV , cp I
0 , iG et 3u; L VII , ép. m et 33; I.
I. IX, r\t. I»; I. XI, ép. t4; Muf !■«
dt ces épilrc» puamit ètr« dt Taôlt
TAC
cit (idèk suiHt aux
3lcs, et il u'atteud
xagcratioDS ni reli-
es : Ciceron n'avait
n la délicatesse , en
5 d'écrire l'histoire
t. Dans une lettre
iime, Pline raconte
1 a été , depuis peu
ae par Corneille Ta-
sistait aux jeux du
'un chevalier romain
l'un entretien savant
landa s'il était d'Ita-
itre province. Vous
repondit l'historien ,
cation aux belles-let-
chevalier répliqua :
ouPline? Jcne puis,
: , vous exprimer avec
is avons vu nos deux
)rochés et confondus
; avec celui de la lit-
mc. L'un des deux
lounit vers Tan io3
jeune, XXXV, 77 ) :
aitc lui survécut long-
use qu'il est mort oc-
li étendrait sa car-
9s l'an i34 ou i35;
jns , sur ce point , au-
eiit positir. Il n'est
nfants ; et néanmoins
3ire qu'il laissait une
[d'au troisii'me siècle,
ite se gloriliait de des-
grand historien, et
0, un préfet des Gau-
>lemius, le comptait
X. C'est ce que nous
doine Apolhnaire, qui
et, né au sein d*une
e très-illustre, était
, philosophe plato-
ait sous le règne de
rédéccsseur immédiat
a ne rapporte aucun
TAC
369
fait de la vie de Tacite, après la
fin du premier siècle de TèreTulgaire;
il a probablement consacré les an-
nées suivantes à la composition ou à
la révision de ses ouvrages. Nous ne
possédo^qu'une partie de ses écrits;
car , sans narier encore de la perte
qu'on a faite de plusieurs livres de
ses Annales et de ses Histoires , il ne
subsiste rien de son panégyrique de
Verginius , ni de son discours contre
le proconsul Priscus , ni de ses autres
plaidovers, ni de ses poésies , ni d'un
livre de facéties, dont Fulgence Plan-
ciadès le déclare auteur. Au troisiè-
me livre de ses Annales (c. ^4), il
annonce qu'après avoir achevé les
travaux qu'il a entrepris , il écrira ^
s'il en a le temps , l'histoii*e du règne
d'Auguste. Ce livre nous manque
aussi, soit qu'il n'ait jamais été com-
posé, soit qu'il ait aisparu comme
tant d'autres. Au nonibre de ceux
qui nous restent de cet illustre écri-
vain, on comprend quelquefois le Dia-
logue sur les orateurs ou sur les cau-
ses de la corruption de l'éloquence;
excellent opuscule dont nous avons
déjà fait mention aux articles de
Quintilien (XXXVI, 44o,44i),et
de Suétone, (pag. 1 49 ci-dessus). Des
savants l'ont attribué soit à l'un , soit
à l'autre de ces deux auteurs; mais
Tacite^ outre que son nom se lit sur
Ï)lusieurs anciens manuscrits de ce
ivre^ serait encore assezdésigué par
le caractère des idées et même du
style. On y a remarqué des tours et
des expressions quise retrouvent dans
ses autres ouvrages. :Le grammairien
Pomponius Sabinus a cité, comme
énoncée par cet écrivain , une obser-
vation critique sar les faux orne-
ments des productions de Mécène,
calamistros Mascenatis , et c'est en
propres termes, ce qui se lit au 26^
chapitre du dialogue. L'auteur dit
24
5^o TAC
qu'il était dans sa première jeunesse
lorsqu'il entendit cette conversation
(lo); et il en fixe la date à-peu-près
à Tan 76 de notre cre ^ lorsqu'eu effet
Tacite n'avait qu'environ 20 ans,
ou moins même , si l'on adoptait l'o-
pinion, un peu hazardëe, de Juste-
Lipse et de Dod\!vell , qui ne le font
naître qu'en Sg ou 60. Toutes ces
circonstances sufiiraientpourledcsi^
gner ^ mais il est particubèrement re-
connaissable au soin que prend l'au-
teur de ce dialogue , de rattacher
partout à l'histoire politique et à la
science des mœurs sociales , la théorie
de l'art oratoire. Cette littérature
forte et profonde est celle qui convient
à l'historien des empereurs. Si les
formes et les mouvements du discours
n'y sont pas toujours les mêmes que
dans ses livres purement historiques,
il ne faut assurément pas s'en éton-
ner : un écrivain tel que luisait pren-
dre plus d'un ton, donner à un en-
tretien d'autres couleurs qu'à un
simple récit , et parler le langage des
orateurs quand il les met en scène.
Nous devons dire cependant que tous
les modernes ne s'accordent pas à
lui attribuer cette production : Beatus
Rhenanus a le premier élevé des dou-
tes sur ce point ; Juste Lipse , Gas-
par Barth et Vossius ont laissé la
question indécise; Henri Estienue ,
fioxhorn, Freinshemius , Graevius,
Pichon , etc. , ont pensé qu'elle devait
se résoudre en faveur de Quintilien ;
Morabin, La Bléterie, Tiraboschi^ ne
veulent pas qu'on la décide pour Ta-
cite : mais c'est pour lui que se dé-
(le) Un de sn Irmtlucteuri noux dit, en la nrr-
nanl lui-même ii Icniniu, t/u'il ilail Jort jeune lon-
ifu*U composait ce dialogue. Cela nuuB iiAraît
inciacl ; car Tacite ne parle que du lenap» oà il pré-
tend l'avoir entendu, el il déclare qn' il a besoin que
Ml mémnire lui en rrtrace tout les détails. Juvenit
admodkm audivi.... JUtmorid me rrrordvtione eput
e%i , ut.... iiidrtn nmtf Mumerif , iiidem rtUioHihtt*
prifeffumi;
TAC
dareut ou qu'inclinentP. FiUioa,Co-
lomiez , Dodwell , Schurzfleîsch , Si-
grais , Brotier j Schulz , Œ)erlîn , Da-
reau de la Malle , etc. ; et cette opi-
nion nous parait de b'^aucoup la plus
vraisemblable. Du reste, le màite du
Dialogue sur les orateurs est géDért-
lement reconnu; et il suffit de pren-
dre une idée sommaire du sujet pour
en sentir l'importance. Doit-on pré-
férer l'éloquence à la poésie? les an-
ciens orateurs yalaient-ib mienx que
ceux du temps de Yespasicn? et si
l'éloquence a dégénéré , quelles en sont
les causes? Ces questions débattues,
la décadencedu genre oratoire demeu-
re avérée, et imputable à la mauTaise
éducation y à Timpéritie des nuitres ,
à la nonchalance de la jeunesse. Cha-
cun des interlocuteurs soutient cons*
tamment son caractère : le poète Ma*
teruus y parle de son art avec en-
thousiasme ; l'avocat Aper a de la
rudesse , son éloquence de barreau
est veliémente^ mais son style a sou-
vent de l'élévation ; Messala est m
rtricien ({ui se possède davantage,
se contient dans les bornes d'une
discussion grave. Des portraits 6dè-
les , des parallèles ingàûenx y des
contrastes habilement mâiagés , des
tours varié» et toujours justes, don-
nent un grand intérêt à cet opnscde.
Il est compris dans la première écb-
ditiondes Œuvres de 'Tacite: mais fl
manque dans un grand noouiR des
suivantes. On Ta joint qoekraeiHf
aux Institutions oratoires de Quali-
lien ; et il a été imprimé i part ,
in -80., àUpsai en 1706; à CStMlin*
gue, en 17 19 ; à Leipzig , en i^BB.
Fauchet ^ L. Giry , Maucroiz, Mé-
rabiu , Bourdon de Sigrais, Due»
de la Malle , Ghénier et M. DaOkr J
4 'ont tra duit en français. Entre ces to^
sions, celles de Dureau de la Malle et
de Ghénier nous semblent les phf fi-
1
TAC
dëles , les plus élégantes et , à tous
égards, les plus dignes du texte. Noius
avons indique déjà un autre écrit
qu'on n'a pas coutume non plus d'in-
sérer dans le Recueil des ouvrages de
Tacite, et qui se place dans celui des
Lettres de Pline : c'est une très-courte
Épître, que La Bléterie regarde, non
sans quelque foudement, comme une^
réponse à celle où Pline avait con-
seillé à son ami d'associer l'exercice
de la chasse aux travaux littéraires.
« J'aurais bien envie , répond Tacite j
]» (du moins nous le supposons ainsi) ,
1) de suivre vos leçons^ mais les san-
» gliers sont si rares ici , qu'il n'y a
D pas moyen de réunir Minerve et
» biane, que vous me dites de ser-
» vir à-la-fois. Il faut donc ne reu-
» dre hommages qu'à Minerve , en-
» core avec ménagement , comme il
» convient dans une campagne , et
9 pendant l'été. Sur la route même ,
o ]'ai esquissé quelques bagatelles
» qui ne sont bonnes qu'à eûacer
)» aussitôt^ pur babillage, pareil aux
» conversations que l'on tient dans
» une voilure. J'y ai ajouté quelque
9 chose depuis mon arrivée , ne me
» sentant pas disposé à un autre ti*a-
» va il. Ainsi je laisse en repos les
» poèmes, qui , selon vous , ne s'a-
i> chèvent nulle part plus heureuse-
« ment ([u'au milieu des forets. J'ai
o retouché une ou deux petites ha-
» rangues , quoique ce genre d'occu-
9 pation soit peu aimable, peu at-
» trayant , et ([u'il ressemble plus aux
» travaux qu'aux plaisirs de la vie
» champêtre (i i). » On ne conteste
pas l'authenlicité des autres écrits
^ . , Ml T I ■
(ïi) D»U9 l'édition Lispvirieune Je i6(k), crlle
U-ltre ctprccédee de riii»criptioti : CoitieUo Tacilo
<uo C. Ptinius S. , taodiii qu ailleiirit oo lit tuMJoiirji
C. Piiriu* Tacito uto. il efil fort probahie que Im
I>ln9 auiititif uMiiiiscrils portaienl : Corn, 'l uc.'C,
f'Iin. \. S., et que les cupiKte.4 auraient du lire :
LvmeLut 'i'ncHiti Cuio Plinio $ho , $mluteiu.
TAC
3-1
qui subsistent sous le nom de Tacite.
Telle est d'abord la Vie d'Agricola ,
que Thomas admire comme le chef-
d'œuvre et le modèle des éloges his-
toriques. Ce livre contient de vives
peintures et d'éloquents discours : il
offre l'expression , toujours noble et
vraie, des sentiments les plus fiers et
des aifections les plus tendres. L'au-
teur se montre tour-à-tour énergique
et pathétique, avec une convenan-
ce parfaite. La diction est partout
savante; mais l'art profond qu'elle
recèle dans la structure des phrases ,
dans le choix et l'arrangement des
mots ou même des syllabes , ne se
manifeste que par les grands et rapi-
des eflets qu'il produit. Quel que soit
pourtant l'éclat de cet ouvrage si jus-
tement célèbre, nous doutons qu'il
porte, autant que ceux qui l'ont suivi,
l'empreinte du goût sévère et du gé-
nie pénétrant de Tacite : ce n'est )>as
non plus celui qui a fixé le premier
les regards etl'attentioades hommes
de lettres du quinzième siëde. Il man-
que dans les premières éditions de cet
historien; il ne paraît que dans celles
de Milan , vers 1 496 , et de Venise ,
en i497« I^*P*"* ^^ ^^ * ^^ ^^^^ V^^"
sieurs réimpressions et traductions,
même particulières. Pour ne rien dire
d'une première version française ,
publiée à Paris, en i65G , in-ia , ni
de celles qui embrassent, avec la vie
d'Agricola, d'autres livres de son
geuore, nous n'indiquerons ici que
deux traducteurs français, Desrenau-
des , eu 1797 , et M. Mollevault, en
1822. Ces deux versions, imprimées
à Paris» in-18, sont accompagnées
du texte , et l'on a joint de plus à
celle de M. Mollevault une carte dres-
sée par M. Walckenaer , et représen-
tant l'étal de l'Angleterre au temps
où Agricola la subjuguait et la gou-
vernait. En effet, l'ouvrage latin, ou-
^4-
572 TAC
tit: le mérite ëraiiient ((u*il a comme
production littéraire, a aussi l'avan-
tage dVclaircr riiistoirc ancienne des
îles Britanniques : mais Tacite a jeté
bien plus de lumière encore sur la
ccographie et les mcrurs primitives
de la dermanie. Ce livre si court, sur
un vaste sujet , est d'un homme qui
abrcgc tout , parce qu'il voit tout ,
dit Montesquieu . C'est une admirable
introduction à THistoirede l'Allema-
gne , ou plus généralement de l'Eu-
rope moyenne et occidentale. On y re*
trouve les [iremiers germes des cou-
tumes et des lois de plusieurs siècles;
et dans ce tableau des habitudes pri-
vées , des opinions communes et du
régime civil, il y a des traits si ca-
ractéristiques et si profonds , que
d'âge eu âge, et de nos jours même,
ils demeurent rcconnaissables , quoi-
que modiliés ou affaiblis par le temps.
Quiconque veut rechercher les ori-
gines des institutions modernes, mili-
taires , judiciaires, féodales, a besoin
de recourir, avant tout, à cet antique
exposé des mœurs des Germains ; et
s'il nous fallait dire quel est le plus
instructif des livres de Tacite , nous
serions foit tentés de nommer celui-
là. 11 y règne une méthode si lumi-
neuse et si naturelle, que les transi-
tions , quoique bien fréquentes , ne se
laissent jamais apercevoir. De tant de
détails rapidement parcourus , aucun
n'est inutile , ni obscur , ni déplacé :
la précision du style ^ toujours élé-
gante , devient énergique ou pittores-
que, toutes les fois qu'il le faut. L'an-
tiquité ne nous a pas laissé un plus
parfait modèle de description ; et
pour sentir tout le prix, de cet opus-
cule , il suillrait de le comparer aux
morceaux du même genre (pii se l'en-
contrent dans les livres de Diodore
de Sicile. On a cependant accuse Ta-
cite de n'avoir penit et loué des peu»
jÀes barbares , qtie pour £tire h *»-
tire des Romains : Vohaîre a fint
accrédité cène prévention; il a com-
paré l'historien « à ces pédagogue
» qui, pour donner de i 'émulation i
"» leurs disciples, prodiguent, en Inr
» présence , des louanges à desenfimts
» étrangers , quelque grossiers qo%
» puissent être. » Cette relation a,
sans doute , des intentions monta }
mais, à nos yeux, son caractèrelepios
sensible est une exactitude scmpuleo-
se : elle ne ressemble assurànent point
à un panégyrique; et la satire, s^l y
en a , y demeure indirecte et sage.
De tous les écrits de Tacite , noai
croyons que c*est cehii ^i a été le
plus souvent publié : il est joint anx
autres dans la plupart des éditions ,
à partir de la première , et -il a été
assez fréquemment imprimé sadscox,
soit à part , soit avec Diodore de
Sicile , soit en dilTérentes coHedions
relatives aux peuples Germains. En-
tre les éditions particulières, nons
indiquerons seulement celles de Nn-
i-rmberg, vers i^^iy in-ïol. ;de
Rome , vers i474 y iti-4^- ; àt Lop*
zig,in-4*'*,cni3og;deBâley iSig,
même format ;d'Âugsbourg , t58o ,
in-8o. ; de Strasbourg , în-8«. . iSg4;
de Wittemberç^ in^. , 1664; d*Er-
lang , 1618 , m-4°. ; de Francfort ,
in-Ko. , 1 7^5. M. Renouard en a don-
né , en 1705 , tme édition ib-iS, md
renferme de plus la Vie d'Acricola.
Ces deux livres ont été tiawiita ci
anglais par J. Aikiu, l'un en 17749
in-S®. ; raufrc in-4®- , en 1 778. Hoos
n'entrerons pas dans le détail des
versions allemandes ; et à l'^id des
traducteurs français , nous nons bor-
nerons en ce moment à tenir comple
de ceiix(|ui n'ont travaillé qnesor celle
description de la Germanie. Le roi
d'Espagne Philippe V s'éuît eut-
ce à la rendre dans notre langue ,
TAC
soQ éducation à la cour de
Louis XIV. Nous isuoroost
l'auteur d'une version im-
i Lyon, in-8<>. , eu ^706 :
a été publiée iur 1 1]^ > à Paris,
y est de M. Boucher , pro-
lu parlement. 1^. C. L* F%
cke en a mis au jour unenou-
i8a4j ^^^^ une mtroductioiiy
nentaire , et le texte latin ^
•8(Ky accompagné d'un atlas,
erg a joint un lexique à une
talienne des Mœurs des Ger*
de la Vie d' Agricoja, Gèiies,
,-80. — Les deu:^ ouvrages de
liî ont le plus d'étendue sont
les et ses Histoires : on a quel«
)rétendu qu'ils ne formaient
ement qu'un seul et même
latiusattribue cette opinion k
U5, qui la fondait apparem-
' un texte de saint Jérôme ,
dit que l'Histoire des empe»
uis r^ivéuenient de Tibère
mort de Domitien , élait
; en vingt livres; mais Ter-
en citant le livre cinq, parle
lent de celui que nous appe^
nquième des Histoires : u est
lilleurs ce même cinquième
désigné comme le seisième
ullien , ce qui proure ou
ettait peu d'exactitude dani
ons, ou que la distinction et
"ation des livres de Tacite
pas très-bien connues. De^
on, n'hésite plus à séparer
ouvrages , la plupart des
sont persuadés que les Hif-
it été composées avant les
Yossius , Bayle , Rollin , La
, Tiraboschi, Brotier, en ju-
i d'après un passage du Br
(me des Anoaks ,011 l'autefir
à ce qu'il a raconté dans
?du règne de Domitien ,. nar-
^jis quibus tes wnperaloms
TAC
575
l
,^ ewipostii, QiMlqoearuiit
aiment mieqx oroife que rfastodai
a suivi , dana Mm. tratiȔl> l'twdre
des évéïemenlB; qu'en canfémienec
9 a commencé par if» ligne de Tibè-
re, $u)et des premiersclme». det Aiif
nales ; et quoique oette cottjecliuPQBe
soit pas la plus vraûsemUable , i à
convenu de s'y conformer deos Is
publication et Fétnde de tous oès K-»
vres. On ccoît que llùstman ne les
a eolrairia ^'ajprfcs k ntort dé Her^
va , fçtlXwM&i DkmSf et sons b
rigne de Trajan , an nom duquel 11
n'ajoute pomt un parai titre : JPini*
ctDotiMii êMNmvmj et împerkum
Wrajani. AaltfjMt a âritim dham-
tjrc 9«r ia signiucatîoa deé.mets Abr
toirc et Aawfa .*'il n'^^espUdiis
pes la iMH.rfBfp d*wie aMaibetni*
coflstasie^ el trèa^piénse. Sèuhnait
il semble asaes que^ ks. AiÉnales itt
vaieat nnwéder touJAûrt ^par années^
et que l'HÎ3toire n'était poiiilâasii}y
lie à i«» clweBihigii sf'ii|jlMirsWw^
Hat9.en oomfMmntle&dtouiimRre-
r&de Taeke, on vt>it mi'à eet ^ard,
s'est donné à-pen-pm la même U
htrté dans Fui el daas- Feotre» et
qa'ilaV est permk fmquà iffié'
ment dlidieveff degeSods réeils éfc
leportantmi pea.an4elà desdaM
A«gtqMidles.il alÛt tee ôVigé de 1^
^nnir. Gheikitiidistincliaii ooBsis-
terak plil4t m ^.qfm:lmiiùàé,m
ft^ÊHUtiânÊl^ Aàà KSt r^mmlff ,
et qôe Im/'jiairatMasjDMm ^
d'éteadue dàna les Srtoirta, tiMi
qn'onva le voir pu resmtfdila
Qutibe el de CéHt deoei.tteô gMn-
des coBpmtions. J4« q^tn^^mît-
miers livxes der AnoUp^ 4nè lifl^
possède entiers.; le ibMwabine fd.ist
miâilé y et k siwpii.'» aeiit il ne sW
rien pcrd4^' eameiiiâit kiigeede
Tibëie,dvokPaa.i4 jasqa'eÂS^.
Les qiMrite Ikmm fàimitav ^um
I
5:4 TAC
lesquels était compris le règne de
Galigula , nous mauqucnt ^ auisi que
le comincncemeut du xi*^. ; en sorte
qu'en ouvrant ce qui reste de celui-
ci, on est transporte' à l'anuce 47,
5*^. de Claude : la lacuue est d'envi-
1*011 dix ans. On n'en remarque plus
de ti'ës-scnsible ou de très-importan-
te jusqu'au chapitre 35 du livre xvi.
Ce chapitre ne nous conduit qu'à VaiU
06 ; et la perte de la (in de ce der-
nier livre des Annales , nous prive
du tableau des deux dernières aimées
de ^'éron. Les 16 livres embrassaient
donc. 5 -î ans .-dans les 20 livres
d'Histoires, s'ilsnous avaient clé tous
conservés, Tacite continuerait ses
rébits depuis la mort de Néron , eu
68, jusqu'à celle de Domitien, en
g6 , espace de vingt-huit années seu-
lement. Il ne reste que les 4 premiers
livres et le commencement du 5«.
Us coiTespondent aux règnes éphé-
mères de Galba , Othon , Vitellius y
et à celui de Vespasicn, jusqu'à la
guerre de Civilis {f, ce nom, VIII ,
590 ), en 70. Les livres suivants
achevaient 1 histoire de Vespasien,
et y ajoutaient celles de Titus et de
Domitien. Quant aux règnes de
îïcrva et de Trajan, l'historien sem-
blait les avoir réservés pour servir
de matière à un troisième ouvrage.
Il destinait à sa vieillesse ce doux et
consolant travail ; mais on a lieu de
croire qu'il n'a pas eu le temps de
s'y livrer : il n'en est fait aucune
mention dans le cours des siècles qui
ont suivi le sien. Toujours venons-
nous de voir que de 36 livres histo-
rirnies qu'il avait composés, il en
subsiste à peine in. Plus d'une fois
on s'est empressé d'annoncer la dé-
couverte de quelques parties des 19
autres; en 1O06 surtout , des Napo-
litains conçurent ou inspirèrent cet
espoir : leurs promesses ont été vai-
TAC
nés y comme la plupart de celles du
m^e genre; et nous devons nous
résigner à regretter toujours ces tré-
sors, dévorés parle temps ^ ou dé*
truits par l'ignorance, à moins que
des palimpsestes ne nous en resti-
tuent quelques débris. Mais les li-
vres qui nous resteht de Tacite , s'ils
ne sullîsent point à notre instnic-
tion , suffiront du moins pour pcr-
pétlier sa gloire. Les Lettres de Pli-
ne ne laissent aucun doute sur k ce-
lelirité dont cet historien a jonr de
son vivant. Quelques-uns pensent que
c'était lui que Quintilien désignait
par ces paroles du livre x ( c i )
des Institutions oratoires : c Pour
1» l'honneur de notre âge , un écri-
•o vain Wt encore, qui sera nommé
» un jour, que chacun reconnaît as-
» sez aujourd'hui ( qui oUm nomi-
» nabitur, rame intelUgitur ). Il a
» plus d'admirateurs que d'imita»
» teurs : sa liberté lui a nui; on a
» mutilé ses ouvrages; mais ce qui
» en demeure porte l'empreinte inef-
» façable de son gâiie et de la
» hardiesse céuéreuse de ses scnti-
» mcnts. » Il n'est pas certain m
même probable qnae cet doge doive
s'appliquer à Tacite; et nous devons
d'ailleurs avouer que depuis sa mort
cet historien a été fort diverse-
ment jugé. D'un èôté, Vopisque et
Tertullien l'accusent de mensonge;
de l'autre , Spart ien , Orose « Sî£>i-
ne Apollinaire , louent sa bonne-foi
aussibien que son talent* L'empercor
qui , au 3«. siècle, portait son nom,
ordonna de placer ses livres dans
toutes les bibliothèques , et d'en tirer
un très-grand nombre de copies : ce
deuxième ordre n'aura eu sans donle
ou'ime exécution fort imparbiie
oans l'étroit espace d'un rqgne de
six mois ; autrement on ne eonee-
yrait pas comment auraient pa dis-
TAC
paraître tant de parties de ces ou-
vrages. Quoiqu'ils aient continue' d'ê-
tre cités par quelques écrivains, com-
me saint Jérôme , Sulpice-Sévère ,
Cassiodore , Jomandès , Fréculphe ,
Jean de Salisbury, on peut dire qu'en
général ils ont été fort peu étudiés
pendant le moyen âge. Mais depuis
le renouvellement des lettres, ils sont
devenus l'objet d'une sorte de con-
troverse qui peut-être dure encore.
Si Come de Médicis et le pape Paul
m ont cLerché dans Tacite les le-
çons de la plus profonde politique;
si Bodin^ Muret, Juste Lipse, ont
révéré en lui l'un des grands maîtres
de l'art d'écrire; si Montaigne Va
couru d'un fil^ et si enfin la plu-
part des savants du seizième siècle
ont contribué à expliquer , répandre
ou recommander ses écrits , il faut
dire aussi qu'Alciat et Fcrret criti-
quaient sa latinité , que Casaubon le
reléguait parmi les auteurs du deu-
xième orore, et que Budé l'accusait
d'imposture, de perversité, ou en
propres termes, de scélératesse. Dans
l'âge suivant, il a trouvé encore des
censeurs rigides , tels que Du Perron,
Strada , Rapin , Saint -Évremond;
mais il recevait les honmiages de la
reine Christine, de Balzac, de Gui
Patin, de La Mothe le Yayer, de
Tillemont, et de Racine qui l'appe-
lait le plus grand peintre de l'anti-
çnite\ Au dix-buiticme siècle , tandis
que RoUin, Voltaire, Mably^ lui
adressent beaucoup de reproches , et
Linguet presque autant d'injures qu'à
un contemporain, il retrouve tant
d'admirateurs , que nous n'en pour-
rons nommer qu'un fort petit nom-
bre ; en Angleterre , Gordon et Gib-
bon ; en France , La Blcterie , Bro-
ticr, d'Aiembert, Thomas et La-
harpe. Il est , aux yeux de d'Aiem-
bert, le premier des historiens; il n'a
TAC 37i
fait que des chefs-d'ceiiyi*e , ajoute
Laharpe (112) : c'est lui, selon Tho-
mas ( Ess, sur les éloges , eb. xv ) ,
qui est descendu le plus ayant dans les
Srofôndeurs de la politique, et qui a
onué le caractère le plus imposant
à l'histoire. Quels sont maintenant
les défauts si graves que lui impu-
tent ses censeurs modernes? D'abord
sa latinité leur paraît suspecte; et
cette critique étrange s'est reprodui-
te, même aepuis qu'elle a été réfutée
par Muret, dont l'autorité est d'un
si grand poids en une telle matière.
Il nous semble qu'après tout , c'est
une langiie assea riche et assez pure
que celle qui exprime les plus fortes
pensées et les plus vifs sentiments ,
qui colore les détails , qui pejnt les
caractères , qui anime les récits, qui
rend sensibles les nuances les plus
délicates. Nous ne saurions nous
Slaindre non plus de la précision et
ela rapidité du style, quand l'ex-
pression demeure partout juste et
complète, nerveuse sans effort^ clai-
re par son énergie même, et moins
(igui'ée que pittoresque. S'il y reste
quelques traces d'afiectation, comme
le soupçonnait Montaigne ^ nous de-
vons avouer qu'elles ne nous sont
pas sensibles. Tacite craignait à tel
point d'altérer l'histoire en la char-
geant d'ornements étrangers, qu'il n'y
insérait d^autres harangues que celles
qui avaient été réellement pronon-
cées. Il ne les transcrivait pas litté-
ralement : il élaguait les détails su-
perflus et supprimait les digressions
prolixes , resserrait et enchamaût les
idées afin de leur donner plus de for-
ce et de clarté ; mais il en conservait
le fonds et ne l'inventait pas. C'est à
notre avis ce qu'on doit reconnaître
(13) VoTC» OB ncdlsat eipoi^ âe» motifi de «•
jugenMnt (Um U fycit d« Lahwp«. PmI. i, 1. n»,
«. 1, »Mt. 1.
376 TAC
en comparant le discours que tient
l'empereur Claude au chap. ^4 du
livre XI des Annales , avec le texte
qui se lit sur deux Tables de bronze
retrouvées à Lyon , et regardées
comme antiques. De part et d autre y
Tempereur s'élcvc contre le préju-
gé qui proscrit les innovations; il
rappelle les changements politiques
2UI se sont opérés successivement
ans l'état romain ; il soutient qu'il
est avantageux d'acquérir en Italie ,
hors de l'Italie, des citoyens distin-
gués, des sénateurs illustres; et il
fait particulièrement l'éloge des Gau-
lois, dont la fidélité ne s'est pas dé-
mentie de])nis qu'on a traité avec
eux. La difFérence ne consiste qu'en
ce que l'historien a retranché quel-
ques détails locaux et personnels , et
une dissertation plus inutile sur l'o-
rigine du roiServius, et sur les noms
du mont Cœlius. Mais il est, dit-on,
des faits bien plus importants , que
Tacite a mal connus ou infidèlement
retracés. En cfTct, les fausses idées
qu'il donne des Juifs et des (chré-
tiens , sont , à notre avis , sans excu«
se : puisqu'il écrivait l'histoire, il
devait s'éclairer assez pour ne point
partager des préjugés populaires si
odieusement injustes. Nous regret-
tons aussi qu'eu rapportant de pré-
tendus miracles de Vespasicn , il se
laisse soupçonner d'y ajouter foi.
Doit-on dire ensuite que son humeur
indopcnclante cl satirique l'entraîne
au-delà dis bonics de la vérité, quand
il s'agit dcsnifinirs et des actions des
maîtres <l(i monde? Nous ne le pen-
sons point. Il n'est pas sans doute
impartial entre la tyrannie et la li-
berté, entre le vice et la vertu; mais
Tibère, Claude et Néron ne pou-
vaient être calomniés : quelque af-
freuses que soient les couleurs dont
il les peint . ils ne s'offrent pas sous
TEC
des )oun plus ftyoraiMes dms ks r^
cits de Suétone , ni dans les sutns
monument» historiqnes de ee siède^
ni dans les traditions perpétuées diK
rant les âges suivants f aucune dei
flétrissures qu'il leur imprime n*ert
effacée ou affaiblie par des témoîgu-
ges de quelque valeur ; et jusqu'ici
l'on n'a su opposer aux siens «pe de
pures dénégations ou des considërs-
tions vagues sur l'invraisemblance
des excès monstrueux qu'il signak;
comme si la perversité bnnuine,
exaltée par l'usage du pouvoir ab-
solu, enhardie par l'impunité, o^
couragée par 1 adulation , devait
reconnaître des limites I A yraî di-
re , les premiers à qui ces nKirceans
de Tacite ont déplu étaient des ffit^
sonnages qui s'y croyaient dâioneés
d'avance. Thomas a ditque Louis XI,
Henri VIII , Philipi|e II , n'auraient
jamais dû voir Tacite dans une bî-
Lliothèque sans une espèce d'effroi;
et lorsque cette observatioB eut élé
confirmée, il y a vingt ans, par les
aveux d'un usurpateur et de sesilalr
teurs , un poète (Ghëiiiep}s'
de la reproduire :
Tacit* en traits de flenniM
Et lou Dom prononcé Ciir pâlir }m tgwtmêm
Toutefois , sauf les pertes qne noos
avons indiquées , ces redoutables li-
vres ont traversé les âges, et retttm-
vé , depuis qnatre siècles , phis de leo-
teurs que jamais. Il s'en conserve
deux anciens manuscrits à Florence.
L'un seraitdel'an IgS, si l'on s'enra»*
portait à la note qui le termine; ma»
tes Bénédictins ( Nouv. Traité de di-
plomatique, m , v]B'^8o)j ont re-
connu une écriture lombame dn di-
xième ou du onzième siècle; ef octlt
remarque paraît fort juste, quoiqii'ci*
le ait été modifiée par Eraesti et par
quelques autres , qui , en aroaaiit qoe
ce n'est qu'une copie faîte sor Vi
TAC
^ , la font remonter au
iècle , au septième y même
*. Le second manuscrit de
vient de Corbie ou Cor-
estphalîe , où il a été trou-
receveur nommé Arcbim-
I X paya celte découverte
fication de cinq cents écus ;
miers livres des Annales
mis parce manuscrit, dont
pas non plus très-bien do-
ta eu cite quatre de la bi-
du Vatican : Tun de la lin
âème siècle , cl les autres
rnes. Beatus Rhenanus en
m qui avait clé auparavant
Bude, et duul il exacérait
•ilé. Ceux de Paris ne ]ouis-
d'un Irès-grand renom :
:ant y celui qui existait à
n de l'Oratoire , et que Dot-
écrit , se recommande par
II est d'ailleurs défectueux,
et semble assez peu anté-
édilions. La première de
arut à Venise , chez Ven-
lire , vers 1 4^ ; et le quin-
te en fournit cinq autres
5oit dans cette même ville ,
L)me et à Milan. Toutes
*olio ; et elles compren-
is la dénomination aln's-
ste, plusieurs livres, tant
•es que des Annales. 11 en
ne des éditions de Venise ,
Rome, i5i4 ; mais celle
dans cette dernière ville, a
lar Béroalde le jeune. Elle
]uable en ce que les pre-
;s des Aunales , récemment
\y y étaient, pour la pre-
, imprimés. Les précéden-
ts commençaient par les
t Valerium , du onzième
îs 1 5 1 5 , on distingue celles
i5fG; de Milan, i5i7;de
fz Froben, ifiiQ, toutes
TAC 37 7
trois in - fol. encore^ puis celles des
Juntes , h Florence , en 1 5^7 , in-8'».,
et des Aides , à Venise , en t 534n in-
4^* j avec des notes de Beatus Rhe-
nanus et d'Alciat. Le travail de Rhe-
nanus se retrouve dans plusieurs édi-
tions de Bâle, particulièrement dans
celle de 1 543, m-fol. Il en existe une
sous la même date , publiée à Lyon ,
in - 8". , chez les Gryphes , avec les
remarques de Ferret. Les corrections
et les notes de Juste Lipse ont enri-
chi les éditions d'Anvers, 1574»
in-8*'.; 1600, in -4°. Vers le même
temps, Pichena et Gruter travail-
laient aussi sur Tacite. Les résultats
de leurs recherches ont été joints au
texte de cet historien, en 1600, k
Florence; en 1607 , à Francfort, in-
80. , et à Anvers , in-fol. ; en 1 608, à
Paris, dans ce dernier format. Les
trois principales éditions elzëviricD-
nes sont celles de i634, k Leyde , %
tomes in- 12; de 1640, dans la mé*»
me ville, et pareillement en 1 yoL;
de 1672-73, à Amsterdam, 2 voL
in -80. Dans la première, on a suivi
celle de Juste Lipse ; la seconde a été
revue et annotée par Grotius , et l'on
y a joint un troisième tome imprimé à
Amsterdam, en 1649, et contenauti
le Commentaire de Henri Savile f
dans la troisième , Fréd. Gronoyius
a réuni ses propres notes à celles de
divers commentateurs, y compris
Bemegger, qui avait publié les sien-
nes , avec le texte de Tacite , à Stras-
bourg, en i638 et 1664 , in - 8". Le
Tacite ttd usum Delphini , donné par
Pichon , à Paris , 1682-87 , 4 "^^ î^*-
4". ; n'a de valeur que parce que les
exemplaires n'en sont pas très-com-
muns. On estime davantage l'édhion
de I^yde, 1687 , 2 vol. iii-80., pré-
parée par Théod. Rycktui ( Fqjrez
ce nom , XXXIX , 389 ) , et enrichie
de ses remarques. Elle a été repro-
378 TAC
duite à Dublin, en 1780, en 3 to-
mes in - S^. Neuf ans auparavant ,
Jacq. Gronovius avait fait paraî-
tre à Utrecbt, en a volumes iu-4^. ,
un Ta ci le cum nolis variorum y qui
différé assez peu de celui de i6']'i, et
que lesFoulis ont réimprimé a Glas-
gow, en 4 vol. in-ia, en 1753. Er-
nesti venait de publier , en 1 752 , à
Leipzig, 2 vol. in-8<*, qui ontreparu en
177'Jt, et dans lesquels sont compri-
ses les notes de Juste Lipse , de J.
Fred. Grouovius, de Nicolas Hein-
sius, avec celles d'Ëmesti lui-même.
Eu 17G0, Brindiey réimpiimait à
Londres , en 4 vol. in- 18^ le Tacite
de Byckius , en même temps que liar-
bou donnait à Paris , en 3 vol. in-i a,
une édition de ce classique, revue par
Lallemand. Celle de Brotier , en 4
tomes in-4°.,est de 1772 : elle a e'ië
renouvelée en 177G, avec des addi-
tions, 7 vol. in- 12. Brotier ( Fc^.
YI , 38, ) n'a pas seulement com-
menté Tacite, il a osé remplir les
trop grandes lacunes qui interrom-
pent et décomplëtentles récits de cet
nistorien , et il a aussi ajouté un
supplément au dialogue aes Ora-
teurs. Parmi les éditions publiées de-
Euis 1 786, nous indiquerons celles de
londres , 1 790, disposée par H. Ho-
mcr; des Deux Ponts, 1792, 4 vol.
in-80.^ de Parme, chez Bodoni, 1795,
3 vol. iu-4^* 9 q^ii ne contiemient que
les Annales; d'Édinbourg, 1798, 4
vol. in-4". (c'est une copie du Tacite
de Brotier); de Leipzig, 1801, 2
vol. in-8*'. , édition d Ërnesti^ revue
et augmentée par Oberlin ; de Lon-
dres , chez Valpy , 5 vol. in-B®. ,
où se retrouvent les notes et le^ dis-
sertations de Brotier , avec des ex-
traits de plusieurs autres commen-
taires et quelques remarques de Por-
son. Enfin, de 1819 <i 1821 , M. Le
Maire a publié^ à Paris , pour entrer
TAC
dans sa collection de daasiqnes la-
tins, 6 vol. in-80., intitulés : Com.
Tacitus y qualem omni parée Ubtt"
traiumy postremo pubUciwUJ. Jmc.
Oberlin , cm selecta addiiainenU
subjunxUJos, Nauâei : on u repro-
duit le texte et les notes d Emesti ,
plutôt que de Brotier , dont le tn-
vail a es5uye% en 1801 ,ime eritîqiie
amëre,et en gàiéral assez juste^dans
les observations de M. Ferlet sur
Tacite , 2 vol. ii>8<*. Nous ayons,
dans cette liste des plus importan-
tes éditions de Thistorien des Césars,
nommé ses principaux commenta-
teurs : il convient dry joindre Bfuret,
qui n*a point été employé' par les
imprimeurs à revoir le texte y nais
qui Ta publiquement explique, et à
qui l'on doit un commentaire sur ks
Annales, de courtes notes sur ks an-
tres livres, outre trois Harangues sur
les caractères de ces cheCs-d^œam.
On rencontre aussi des ohserratîons
critiques et historiques, à la suite de
quelques-unes des traductions qui
vont être indiquées. Ayant dqa nit
mention des versions particuUeres de
la vie d'Agricola, du Tabkan des
mœurs des Germains, et du Dialogue
sur l'éloquence , nous n'avons & nous
occuper ici que de celles des Anna-
les, des Histoires, ou de la totalité
des ouvrages de Tacite. Ils ont été
traduits en laneue polonaise , en
1775, 3 vol. in-o*'.; et Baden [J^uff.
III, 199, 200) a donné une tk^
sion danoise des Annales , qui passe
pour excellente : elle a paru à Co-
penhague en 1773 et 78, ia-8*«i 3
vol. LesFlamanas cnonldeuxaBcScB*
nés, l'une de Grosnewamt, TauHc
de J. I^éonard Fénacol : Delft, 1616^
in-4®* \ Amsterdam , i64&, in-8^*;
mais ils ne lisent plus que celle de
P. Com. Ho£dy publiëe en 1684» în-
fol. et réimprimée dans le mioe for-
TAC
es ouvres du traductear ,
iicyllus ( F. XXVllI ,
s au jour un Tacite alle-
t535 : c'est un volume
irimé à Maïence, et dé-
ytag {Anaîect, ii j 9^ y
version et celle de Grot-
brt, 1657, in-80., ont été
par cdles de J. Sam.
imbourg, inoS, 3 vol.
'atzkecr.xxxm, 154.
eboui^ et Halle, ijjCS-
» m-b«.; de Ch. Fnfd.
80 et 81 , in-80., a vol.,
phis nouvelles. Richard
a traduit en anglais les
: Henri Savile les Histoi-
iuni Tun et l'autre travail
ion in-fol. de Londres,
vei*sion de Thomas Gor-*
fe en 1718, 1731 , a vol.
îtë souvent réimprimée:
les in-80. ; 1 753, 5 vol. in-
^v. in-8®.; 1770, 5 v. in-
accompagnée de discours
^ critiques etpolitiques, qui
t de succès et qiii ont été
1 français, Amsterdam,
)1. in-ia; Paris, 1794 , 3
mais en elle-même, die
'un très-grand mérite , non
lie d'Arthur Murpliy , dé-
rke , en 1793, 4 vol.
éimprimée en 8 tomes in-
35. Murphy a joint aussi
Ides réflexions politiques,
ru suggérées par les cir-
où il écrivait plutôt que
ts de rhistorien latin. Les
i espagnols de Tacite sont:
Barientos (Madrid, i6i4,
nmanucl Sueyro (Anvers,
5°.), Léandre de Saint-
ouai, 1639, in-4®. )• On
pas bien l'auteur d'une
lienne , imprimée à Venise,
George Dati donna k
TAC 37g
sienne en i563, in-4®*> et die eut
dhisieurs . éditions jusqu'à eèlle de
Francfort, en i6ia. Le premier es-
sai de la traduetioa oâSSate de Da*
vannti parut k florenee , in-4*, , en
1 596 : elle a MéfxAAïét ensuite cbes
les Juntes, en 1600, in^4*'. ;cbékNes*
ti^ aussi il Florence, en i637,î&fol.;
à Venise^ en 1677^ in-4®.; à Padone,
chet GommOyCn tT^Sy 3 tomes în-
4®*> à Paris ^ cbey Quill^^» ^ ^7^»
a vol. in*ia ^ à Bassano , en 1790 et
en i8o3 , 3 vol. in*4^- » 7 compris
desadditions ) k Milan , 1 7^ , 9 vol.
in-ia, avec le texte; à Pans , 18049
trois volumes in-ta, reihu par M.
Biagioli. Quoique Davanzati {Vqgr.
X , 579-581 ) , lutte de fort près
avec Tadtei il y a bien, de temps
en temps j qudques idées qn*il nepar-,
vient pas à exprimer; mais cette
traduction n'en est pas moins . com-
me Ta dit Ginguene, nn dief-d oeuvre
de pureté de style , de (breei de pré-
cision et d'd^noe. On ne saurmil
faire le inéme éloge de œHed'Admno
Politi, imprimée k Rome , en i6o3 y
itt^8<^. , À vcgoise, en i6o4 , in*fa ,
et quèlq[ues antîres fois jusqu'en 1644 "
les éditions de t6i8, de i6ao et de
i6a8 , in-4^. , comprennent une Ver-
sion des Apborismes ^oKtiqae&qn'A-
lamos Barientos avait joints à son
Tacite espagnol.-— ^Peut-être n'est-îl
point de langue modenie qui puisse^
"a que la française >• lepv^
poisées de rdoqueiort et in*
génieux bistoricn des premien ea
pereun, imiter sa précision^ «ttein<-
dre à son éléance, aspirer à son.
énergie. Cependant MannoiftéletLa-
barpe l'ont déclarëintradnin3dc!dcns
notre langue ^ œ qm montra an moins
qu'ils n'avaient pas une IrMianCe
idée des tentatives faites avant 1 790.
Il semble en effet presque inutile dk
rappeler les ]^ aneiennes , dwÊrk-
38o
TAC
dire âvl seizième siècle et même du
dix-septième. Après Ange Capelle, qui
s'«igagca, le premier clicz uoiis, dans
cette can'ière, Etienne de La Planche
publia Us cinq livres â^Annahis ,
timrnés en français , Paris , i54B ,
i555 et i58i ,'in-4**. ( Vqy. La
Planche , XXIII , 384 )• ^-^ prési^-
dent Claude Fauchet donna, en 1 582,
in-folio, une version complète, qui ne
satisfit point Pasquier , quoiqu'elle
vint d'iui personnase d'honneur , et
qu'elle ait eu plusieurs érlitions. La
traduction mise au jour, eu i^>i9 et
en 16:28 , par Jehan Baudoin, l'un
des premiers membres de Ta ca demie
française , n'a pas eu un long succès;
et l'on ne se souvient pas davantage
de celle de Raoul Lemaître , impri-
mée en iG36 , iii-fol. ^ ni de celle
d'Achille de Harlay de Clianvalon ,
qui ]>arut dans le même format , en
1644* Perrot d'Ablancourt en com-
posa une qui fixa l'attention publique
durant un demi-siècle : la première
édition , en 3 vol. in-12 , fut achevée
en i(35i , et suivie d'environ dix au-
tres : on la trouvait belle et infidèle ^
comme toutes les productions du mê-
me traducteur: aujoiurd'hui Ton n'a-
dopterait guère que la seconde partie
de ce jugement. Amelot de La nous-
saye la critiqua vivement dans un
volume in- 12 , imprimé en 1686 ,
sous le litre de Morale de Tacite : un
neveu de Perrot prit sa défense , et
déda le censeur d'eu faire uuc aussi
bomie. AuieluL arcepla le défi , et
traduisit les six premiers livres des
Annales ^ en y ajoutant des Notes
historiques et politiques. Cet ouvra-
ge, qui ne formait ^ eu 1(^90 , qu'un
vol. in-4**., en remplit dix in- 12 dans
l'édition d'Auistei-dam, en 1731 ,
parce qu'on y a fait entrer la suite
des Annales , déplorablcmcnt tradui-
te p«r François Bruys , ou par un
TAC
anonyme^ que les lettres initiaks
C. de G. ne font pas comudtn. Le
professeur Guéria oflril «h paUie ,
en 174^9 3 vol. în-ia , dignes ■«
plits de servir aux études de ses A-
ves : c'était une interprélatioB sdo-
lastique et inanimée des AmialeSy des
Histoires et de la Vie d^Agrîooh.
Jean-Jacques Rousseau s^essaya , m
1754 , sur le premier livre des ffis-
toires seulement : il aspâraît k tra-
duire le style de Tacite; maïs il
avoue qu'un si rude joutevr l'ent
bientôt fasse. Peut -être neannobs
a-t-il lui-même un peu trop déprécié
ce travail , et T'en a-t-on beancoap
trop cru sur sa parole. S'il n'a m
rarement vaincu les difficultés, 3 les
a toujours senties ; et peur la pie-
mière foû , Tacite annHt pu se le-
connaître de temps en temns dans
notre langue. Une fidélité phs eons-
tante et plus sévère distingue la In-
duction que d'Alembcrt a donoée dfc
morceauiK choisis dans les divers en-
vrages de l'historien latin : aie est
d'un goût très'pur; et si les eorieavs
n'en graissent pas asses Tives , on
doit convenir au moins qu'il était tel
diâicile de mieux faire. C'est ce fa*â
prouvé La Blélerie, lor8q»*apri8 dit
ans de veilles ^ il a mis en hmiëre sa
pénible et rampante version des An-
nales ( Par» , 1768 , 3 Toi. in-Tti)w
Elle n'est guère connue auîonid'hw
que par ces deux vers de VcMlnive :
r>r< tlogmr* de QocHicl an triste pi— élite ,
Hii bourgcoii du Matmis • fait pamr IMMSk
Dotteville a traduit d'aboid les Hs-
toires ( 1772 , deux tomes iii*i!a) »
puis les six derniers livres des An-
nales ( 1774* 3 vol. in^ia), cnanitt
les six premiers(a vol. in-id, ^77^
A regard de k Vie d'Apîcola et £1
Mœurs des Germains , qne La BW-
terie avait toléraUencM tradirii«|
en 1 755, BotieviDe s'est bontfi»^
Tac
!r ce travail daus ses éditions
)a (7 vol. in-i'i ), et de 1799
l. in-8». ) , qui contiennent ainsi
?acitc en latin et en françai:» ,
:e pourtant le Dialogue des ora-
mais avec de très - bonnes no-
des Suppléments historiques
remplir les lacunes des textes,
traduction est fort estimcfe ;
lant Dureau de La Malle en
omposcimenoitvelle, qui parut
)o , 3 vol. in-8". ; et qui se re-
isit en 1 808 , un an après la
du traducteur , perfectionnée
li , et revue par M. son fils :
econde édition est en 5 vol. in-
îUe comprend le texte latin ,
troductiou , des Remarques bis-
es et littéraires , un Tableau
)logique des événements rap-
par Tacite, etc. , un Tableau
ogiqiie de la famille des Cë-
une Table des matières , et
îrte de Tempire Romain. Une
me édition , publiée en 1817 ,
igmentée des Suppléments de
r , qui portent le nombre
plumes à six : la quatrième
is presse et paraîtra en 1826,
i soins de M. Noël. Le mérite
travail est assez attesté par
il qu'il a reçu , par le succès
rs croissant qu'il obtient cha-
is que la publication s'en re-
le 'y et quoique ce qui en a été
article Dureau ( XII , 357--
semble nous dispenser ici de
ngs détails ^ nous rendrons du
hommage à Télégance et à
flité de cette traduction. En
nt , comme il Ta voue , de tout
I y avait d'heureux dans les
entes , surtout dans celle de
ille, Dureau de La Malle en a
e meilleure , et qui , très-prë-
en elle-même, se recommande
par la correcMOQ parfaite du
TA£
38i
texte qui l'accompagne , 'Ct par toui
les autres accessoires. La nouvelle
édition sera accompagnée des sup-
Ifléinents de 'Brotier , traduits par
M. Noël, il nous reste k indiquer un
Essai de traduction des Annales par
M. Sénac de Meilhan , Paris, 170g,
in-8*>. , une dernière version com-
plète de Tacite^ par M. Gallon de La
bastide, Paris, i8i!2 , 3 vol. in-ia;
et celle que M. I^ Tellier vient de
publier , en 1 826 , de plusieurs ex-
traits des Ann-jles, des Histoires et
de la Vie d'AgricoIa ( 2 vol. in-S». ,
P^q)^, le Journal des sewants j]uï\\et
i8'i5 ). — Les notes delà plupart des
traducteurs et des commentateurs de
Tacite sont historiques ou philolo-
giques plutôt que politiques et mora-
les ; mais d'autres écrivains se sont
spécialement appliqués à recueillir les
leçons que les livres de cet historien
peuvent offrir aux princes^ aux hom-
mes d'état, aux citoyens. C'est le
sujet de quelques livres de Scipione
Ammirato , de Filippo Cavriana , de
Vergilio Malvezzi , ae Trajano Boc-
calini , etc. , en langue italienne ; de
Chp. Forstner, de J. H Boeder , en
latin ^ d'Amelot de La Houssaye, en
français ; de Thomas Gordon , en
anglais. Nous avons déjà fait men-
tion de ces deux derniers ; et à l'é-
gard des autres , nous renvoyons aux
articles qui les concernent dans cette
Biographie universelle. Nous en omet-
tons un grandnombre d'autres, et nous
n'ajouterons à cette liste que le nom de
Wéguelin, qui a inséré dans les Mëm.
de l'a Cad. de Berlin des Dissertations
sur ce qu'il appelait l'-^rt Psycho-
logique, tart caractéristique y mo-
rai et politique de Tacite : c'est
l'un des premiers essais d'une école
qui croit aprofondir ce qu'elle obs-
curcit, et mii replongerait les prin-
cipes et les otflaib même des smnces
38a
TAC
morales dans les plus épaisses tciië-
bres^y si leur lumière pouvait s'étein-
dre au cœur de l'homme , et si les
écrivains classiques ancieits et mo-
dernes y Tacite peut-être plus qu'au-
cim autre , n'avaient su les revê-
tir d'un immortel éclat. Emesti et
d'autres philologues ont fort dépré-
cié tout ce qu'où a publié d'observa-
tions morales sur l Histoire des Cé-
sars ; de son coté , Gordon et d'autres
écrivains politiques ontparlé avec peu
yde respect des Commentaires gram-
maticaux. : la vérité est que le premier
service à rendre à l'instniction clas-
sique est de bien établir les textes , de
les vérifier et de les interpréter avec
une exactitude rigoureuse ; que nous
devons à ces travaux difUciles beau-
coup de reconnaissance et d'estime ;
mais que pourtant ce ne serait pas
faire un usage raisonnable des livres
historiques, que de n'y point étudier
la science des mœurs et des sociétés ,
puisqu'aprës tout ils n'ont d'utilité
réelle qu'en perfectionnant les théo-
ries y qu'en les rendant sensibles ,
qu'en servant à les étendre , et au
besoin à les rectifier par rexpéricncc.
C'est visiblement la destination que
Tacite a donnée à ses écrits ; et
tous ceux qui les ont ou loués ou
censures, sont d'accord sur ce point.
Nous avons , dans le cours de cet
article, recueilli plusieurs de ces ju-
âcments ; il en existe un tel nombre
'autres, au milieu des livres de lit-
térature et d'histoire , que nous n'en-
treprenons point ici de les indiquer:
l'un des plus récents et des plus re-
marquables se trouve dans les Mé-
moires de M. Ancillon. — Les Vies de
Tacite, soit abrégées , comme celle
qu'a rédigée Juste Lipsc, soit ver-
lieuses, comme celle que La Rléterie
a mise à la tcte de ses traductions ,
soit précises et savantes , <:orame
TAC
celle que Ton doit à Brotier , sont
aussi trop nombreuses pour qu'on
nous en demande le catalogue. Nous
désignerons néanmoins les notes qui
concernent notre historien dans le
second volume de l'Histoire des ODr
pereurs par Tillemont , et l'article
que fiayle lui a consacre. Mais sob
caractère , son génie , et à vrai dire
tout ce qu'il y a de mémorable dans
sa vie, il faut le chercher dans ses oif
yrages : c'est là qu'il continue de
vivre pour les délices des kommei
sages , pour l'effroi des pervers et
pour l'instruction de la plus lointaine
postérité. i) — v — ir.
TACONNET ( Toussaint - Gii-
par) , né à Paiîs , le 4 juillet i^So^
d'un menuisier , fut destiné à Petit
de son père , et cependant envoyé ai
collège, où il ne se distingua que pir
ses espiègleries. Après avdraclim
ou peut-être interrompu ses études, il
fréquenta les cabarets et autres lieu
méprisés par la société. Ses ressour-
ces épuisées , il était sur le point de
s'engager dans un régiment..... Oh
lui oflritune place de manœuvre do
décorations à la comédie françaiie.
11 suppléait au besoin le souffloB*:
un jour il laissa tomber une coulisie
qui faillit écraser une actrice , cl S
reçut son congé sur-le-champ. Ea-
voyé par les comédiens , TacoôaeC
se fit comédien lui-même; mais ce
fut sur le théâtre de la Foire. Db
son deljut, il eut de grands sucob,
prit du goût pour sa nouvdie pm-
fcssion, et devint même auteur. Lcn
de la réunion de l'Opéra - Cmniqw
du théâtre de la Foire avec les lH-
liens , en l'jOiXj Taconnet , qui nV
vait pas été du nombre des adcBi
conservés , ûit trop heureus d'ébC
employé dans les ateliers des moM
plaisirs; mais une nouvelle tronpeb*
raine se forma bientôt, et il J fat
TAC
. Nicollet,son directeur, ayant
1, peu aprës^ la permission d'e'-
jn théâtre sur le boulevard du
le y ce fut là que Taconnet ac-
le grande réputation. Les rôles
gnes et de savetiers e'taient
dans lesquels il excellait. Il
les premiers au naturel; aussi,
il voulait exprimer le dernier
de son mépris pour quelqu'un,
il : Je le méprise comme un
d'eau. Son talent pour jouer
(retiers était tel , que Préville
avec esprit , quVZ serait dé-
dans les rôles de cordonniers.
nduite n'avait jamais été ré-
\; sa santé eu souffrit. Unechu-
1 fit lui occasionna une plaie à
be.Il n^avait d'autre ressource
aller à l'hospice de la Charité,
et , à la fortune duquel il con-
it , vint oil'rir cent louis ^ux
de l'hospice, pour sauver son
[■aconnet. JW. Nicollet, ditce-
, qui l'avait entendu , prêtez-'
ouze francs à compte. On ra-
que quelques instants avant sa
voyant, dans le lit à coté du
m compagnon menuisier qui
t le deruier soupir : « Cama-
lui dit il, va-t-en dresser le
e chez Pluton , et annonce que
lerai ce soir le Savetier avocat
fort du bœuf gras. » Taconnet
t le 'ig d.écembre 1774 à
leures du matin. Il est au-
l'un grand nombre de pièces
âtre. A la suite de Tune a'elles
rocès du Chat ), on en trouve
te dont vingt- trois sont indi-
comme imprimées. Une seule
l'avoir été depuis : c'est le
" donné et le Baiser rendu. Le»
icles de Paris , 11^. partie ,
contienoent une listebeaucoup
mple, et qui doit avoir été'
i par l'auteur lui-même^ à en
TAC
383
juger par cette note qui raccompa-
gne : « Toutes ces pièces ( au nom-
bre de quatre-vingt-trois ) existent
tant imprimées que manuscrites ;
mais plus de quarante ont été sup^
primées par des ordres supérieurs
auxquels V auteur se soumet avec
respect, » La plus ancienne de ces
pièces est de. 1749; c'est le Ztf^-
rinthe d'amour y opéra - comique.
Aucune n'est restée au théâtre.^ La
Petite écosseuse, parodie àeV Écos-
saise de Voltaire , fut jouée et impri- /
mée en 1760 , in-8<>. La tragédie de
Rosemonde{Fqx,ce mot, aXXIX,
34 ) n'est point imprimée. La Mort
du Bœuf^ras, tragédie pour rire ,
jouée et imprimée en 1767^^ s'est
conservée quelque temps sur les théâ-
tres de société. Outre ses comédies ,
Taconnet a composé : I. Tablettes
lyriqueSy in-32. II. Almanach chan-
tant , ou Soirées amusantes , 1 761 ,
in-3'2.III. L'Ami de tout le monde,
almanach en vaudevilles, 1762 , in-
3'2. IV. Jérôme à Fanchonnette ,
avec la réponse, héroïde, *7^9 »
in-8<>. Y , Mémoires d'un jritfolite y
par l'auteur ambulant , 1761 ^ in-
12, fiction satirique. VI. Stances
sur la mort de Marie, princesse de
Pologne , reine de France , 1 768 ,
in-4^. J. B. Artaud , né k Montpel-
lier , le a6 décembre 1 732 , est au-
teur de l'opusaile anonyme intitulé : '
Taconnety ou Mémoires historiques
pour servir à la vie de cet homme
célèbre y article oublié dans la Né-
crologie de 1775. Amsterdam ( Pa-
ris ), 1775, in - 12. Un Éloge de
Taconnet se trouve en tête des Spec*
iacles desfoires et des houlevaras de
Paris y etc. , 4°» ;?flrfie, pour l'année
MDCCLXVI (lis. MDCCLXXVI),
in-a4. Le 26 novembre 1776 , on
joua, sur le théâtre de Nicollet,
l'Ombre de Taconnet, comédie en
384 I'àG
deux actes. Tacoimet y paraissait
au déDOiiementy pour prououcer sur
les débats entre les savetiers et les
cordonniers. On a reiircseutc, en
1807 , au tliéâtrc des Yariétes, Ta-
connet chez RamponneaUy ou le
Réveillon de la Courtilley comédie-
folie, de MM. Francis y Désaugicrs
et Morcau , imprimée en 1 808 , in-
8<*. M. MartainviUe a donné au théâ-
tre de la gailc , eu 1811^ Taconnet ,
comédie en un acte , réimprimée
en 181^. On doit à MM. Merle et
Brazier , Préville et Taconnet , ou
la Comédie sur le Boulevard , vau-
deville grivois, joué en 18 17, sur le
tliéàtre des Variétés, imprimé eu
1817 , et dont la 3«. édition est de
1818. — Taconnet [Jacques)^ frère
aiué du précédent et comédien au
tliéatre d-j NicoUet, est auteur du
Congé de semestre , comédie en un
acte , mêlée de vaudevilles. A. 13 — t.
TACQUET ( André ) , mathéma-
ticien , né en i(3i I , à Anvers , em-
brassa jeune la rrgle de Saint Igna-
ce , et apri'^ avoir régenté quelque-
temps les humanités, fut <:hargc de
renseignement des mathématiques. 11
professa cette science pendant quinze
ans avec beaucoup de succès , et mou-
rut de phthysie dans sa ville natale,
le '^3 déc. 16G0. Ses principaux ou-
vrages sont : I. CfUnaricorum annu-
lorum libri iv , unà cum Dissertai,
phjrsico ' mathematicd de circula-
rium volutatione per planum , An-
vers i65i ; — Uber r., ib. i659,în-
4"* Dans cet ouvrage , dit Montucla,
l'auteur se propose de mesurer la
surface et la solidité des divers corps
oui se forment en coupant un cyliiv
drede diverses manières par un plan,
et celles des diflcrents solides de cir-
convolution, formés par un cercle
tournant autourd'un axe donné. Mais
il y règu» une afiectatioa toutf44ait
TAC
superflue de démontrer dans le style
de la géométrie ancienne , des choses
déjà démontrées par Guldui , CaTali^
n , Grâoire de Samt- Vincent , etc.
( Voy. Jiist. des Mathémmt.f n,
82 ). II. ElemenZa geomeiriœ pLh
nœ ac solidœ , qwJtm acoeimd er
ArchimedetheorenuAm^îliïiA^ i654,
i655 , in-80. 111 . ArilhmeticmJ^
ria et praxis accuratè demcmtnh
ta, Louvain, i6j5 ; Anvers i655, is-
8^ . Ces deux ouvrages du P. Tacqnet,
recommandables par leur clarté , oot
été long-temps suivis dans les écoles
de la Société. IV. Opéra maAem»
ticuy Anvers, 1668 et 1669 în4bl.
Ce vol. contient : Astramomm U"
hri VIII ; Geomeiriœ praeiieœ IM
ni; Opticœ libri m; Cmiapinae
libri m; Architeciurœ miiiiarislh
ber unus , etc. Dans son traité d'ai-
tronomie Tauteur suppose la tone
immobile, quoiqu'inténeuremcntooD-
▼aincu de la vérité dn sysihacde
Copernic; mais il craignait de s'é-
carter de Riccioli ( Vçy. ce non)
3u'il avait pris pour guide^ et d'à-
opter une opinion ,qni pacairnît
contredire le texte des Livres sairts.
Delambre a donné l'analYse dt eet
ouvrage dans V Histoire Je f Mtio-
nomie moderne j\u 53 1-36. W--— s.
TADINO(GABaiEL), gteml
italien, né vers l'amiëe l480yill■^
tinengo près de Beroame, se icadit
d'abord auxToeux oe sea partnlii
qui le destinaient ii la médecÎK;
mais entraîné par ses gofttSyiléto-
dia l'architecture, et seibinasMi
un ingénieur françab chargé de h
réparation des fortifications de•Bc^
game. En sortant de eet apprcAbh
sage , il offrit ses serrioes anx Véb*
tiens, menacés de rcsts écraséi IM
les efforts de la Ligne de CflAw
(i5og). Pendant cette ktle déuf^
treusoy Tadino donna dsi jÊm^
TAD
dé son habileté , et mdrita,
guerre fut Icrmincc , d'e-
au rang de snrintendanl-
s fortifications de Candie,
alicr de Saint- Jean de Je'ru-
5i2 , il se distingua au sie-
les ,dont il fut un des plus
efenscurs.- Maigre la f unes-
cette campagne , il obtint
inderie de Saint-Etienne ,
nsuite ccliangëe contre le
Barlette. La trcve dont
t alors les Vénitiens et
! Malte lui fit accepter le
grand -maître d'artillerie
armées de Charles-Quint ,
it dans toutes ses expédi-
re la France. Épuisé d'an-
e travaux, il désira finir
dans la retraite; mais à
il regagne ses foyei-s , qu'u-
e {^ucife , éclatée entre les
et la Porte , rendit ses con-
isaires à ses concitoyens. Il
! par le sénat, à Venise,
2;éra des mesures sages et
> pour mettre les îles de
l à Tabri des Musulmans,
ounit en i5^3. F'oj, Gal-
Mcmoric di Tadino , etc. ,
1783, in-4*^., ornés d'une
rappée,en i538, en l'Iion-
3 général , dont on voit le
l'un côté, et une batterie
de l'autre, avec cette ins-
UbI EATIO y U)l FORTUNA
. Il n'est pas vrai que ïa-
, comme son historien l'a
, riuventeur des contre-
' moyen d'attaque des pla-
onnu long-temps avant lui;
tiens en ont même quelque-
sage. A — G — s.
EDDYxVILDOUZ ou IL^
ie Gha/jja, était lui des es-
rks ou ma ml ou ks , ([ne le
au ride Schcliab-eddyn Mo-
xnv.
TAD 385
hammed arait fait élever avec soin
et adoptés, pour lui tenir lieu d'en-
fants. Ildouz ayant reçu de ce mo-
narque le gouvernement du Kermau
et du MelLran, provinces situées en-
tre Ghazna et l'Indoustan , se trou-
vait place' avantageusement sur le
passage de sou souverain pour lui
faire sa cour et en obtenir des faveurs
nouvelles. En effet, Scbehab-eddyn ,
au retour de sa dernière expédition
dans l'Inde , donna à son ancien es-
clave l'étendard royal de Ghazna ,
et sembla le déclarer ainsi son succes-
seur. Mais après la mort du conqué-
rant ( ^.Mohambied II, XXIX,!i 16),
les omrahs turks appelèrent au trô-
ne son neveu Mahmoud et refusèrent
de se soumettre à Ildouz. Ce dernier
fut néanmoins reconnu roi de Ghaz-
na, par la renonciation de Mah-
moud, prince indolent , qui se con-
tenta du vain titre d'empereur et
d'un simulacre de souveraineté. Tadj-
eddyn Ildouz, véritable dépositaires
de toute l'autorité , voulut régner sur
tous les états que son ancien maître
avait possédés. Il envahit le Pendj-
ab et s'empara de Lahor, l'an 6o3
( 11207 ). Mais Cothou'u-eddyn Aï-
bek , roi de Dehly, reprit bientôt
cette ville après avoir défait Ildouz
qui , po4irsuivi jusqu'*! Ghazna ,
perdit une seconde bataille ainsi que
son royaume, et fut contraint de se
réfugier dans le Kerman. Rappelé
par ses sujets , il surprit ^on rival
qui eut à peine le temps de s'enfuir
et de repasser l'Indus. Tadj-eddyu ,
loin d'être corrigé par cette leçon ,
ne mit pomt de Domes à son ambi-
tion. 11 prit Herat et conquit une
f)artie du Seistan : mais ayant eu
'imprudence de faire la guerre au
fa meux M oha mmed , sulthan du Kh a-
rizmc ( F, Mohammed Ala-eddyn ),
il encourut la vengeance de ce puis-
'j5
/
586
'n
lAD
saut monarque , qui lui rnleva pour
toujours le royaume de Gliazua. l^c-
duit, pour la seconde fois , à ne
régner que sur le Kerman , il ne
laissa pas de recruter une armée
nombreuse , en attendant une oc-
casion de pouvoir reculer les frontiè-
res de sou petit état. La moit de Co-
thoub - eddyn et l'usurpation de
Scham-.'reddyn Iletmisch ( Foj'. ce
nom) parurent à Tad j -eddyn lldouz
des circonstances favorarables pour
rentrer avec avantage dans Flnaous-
tan. Il conquit d'abord les provinces
du nord et pénétra jusqu'à Dchly ;
mais ayant ctc vaincu par Scliams-
eddynl an6i'2(i'ii5),il fut fait pri-
sonnier et termina ses jours dans les
fers après un règne de neuf ans. Il ne
laissa point de successeur, et le Ker-
man passa sous la domination des
dynasties établies en Perse. A — t.
TADJ-EDDYN( Aly lŒNKnAÏn )
de Bap;bdad , historien arabe, mort
eu 674 del'hég. ( 1275 de J.-C. ) , a
compose' :I. Histoire des hommes
illustres, en 5 vol. II. Histoire du
Caire, III. Histoire des Khalifes ,
et ])lusieurs autres ouvrages histo-
riques. Z
TAFTAZ\NI (Saadeddyn Mas'-
ouD al), iilsd'Omar, est ainsi nomme
dans tous les manuscrits de l'Escurial
et de la bibliothèque bodlelenne cites
par Uri et par Casiri , et tous ceux
de la bibliothèque de I>eyde, et non
pas Taktazani ou Tagtazani , com-
me le nomme Herbelot eu diilercnts
endroits. Ibn Kasscm , dans son
Histoire universelle^ raj^porte h l'an
79Ji dr Thcg. ( i389 de J.-C. ) la
mort <\f* Taftazani à Marasch , et
cette ci'.'-que est indiquée aussi par
lierbch.t , qui se trom|)e lorsqu'il
dit ailhiirs que le mcme Taftazani
mourut l'an 75 1 ( i35o ). Taftazani
cite comme un grand juriscon-
TAF
suite par le célèbre liistorier
Ibn-Arabchah. Parmi les n(
ouvrages qu'il écrivit sur di
matiëi-es, on remarque: 1. 1
ment aire du Coran. II. Un
maire arabe. \\\, Un autre
sur la Grammaire , intitulé
^e. IV. Divers traites de Th
V. Un Commentaire sur la
maire de Zamakhschan. VI
tre sur la Rhétorique de
VII. Commentaires swT troi
ges intitulés Clef des scien
Abou-Yacoub al-Moali, pai
eddyn al-Cazvini, et par Se
d\Ti al-Socaki ( Vqy. Socav
donne aussi un Appcndîx à T
de ce dernier. VII ï. Trait éi
de son essence ^ de son exii
de ses attributs. IX. Comn
sur la clef de la jurispnid
Yaliia bcn Saidal-Sirami. X
de logique. XI. Commentaii
métaphysique d'Avicoinc.X
tome du droit canonùme
Traité du droit civil, Xl\
et Recueil de droit, La bibli
ue TËscurial en possède troi
plaires, dont un est autogra
ouvrages se trouvent tous ma
à la bibifcth. de inËsciirîal ,
ques-uns à la bibl. Bodiéieai
bihliotliè(|uedu roi à Paris, c
de Leyde. Il existe en outre à
Paris plusieurs manuscrits d
auteur , qui ne sont point
catalogués. Volneyditydbiis»
ge eu Syrie , t. 11 , p. f)0 ,
trouvé une Rhétorique de la
sition de Taftazani parmi les
crits du couvent de Marhan
la montagne des Druses.
TAFURI ( Jean - BsRifi
biographe , naquit en 1696
dô, petite ville delà terre d'<
Après avoir passe ses prenii
nées dans ladîssipatioD,iIs*cf
TAF
tort; et autant ses ^udes
I tardives, autant ses pro-
it rapides. Ses ourrages
le développement successif
!S j car il travailla d'abord
sa ville natale, pub sa
enfin tout le royaume. G'é-
ler y pour ainsi dire , du
l'inconnu , et étendre ses
après avoir augmenté ses
amour des lettres ne l'em*
s de remplir des charges
;et, dans le tremblement de
TAF
S87
f trouve plus de patriotisine que de
umières : elle est bien an - dessous
des éloges qu'on Un a prodigués. V.
Censmrmsopra 1 Giomali ai Maiieo
SpineUi di Giouenazzo, Les notes
m*bliécs paj^Muràtori , sons le nom
de Tafun , aBparttenDcnt k Vàhbé
Pollidori. Ce tut f oor en repousser
k responsabilité, que notre autimr
fit paraître les siennes dans k vi« vo-
lume de Calogerà. YI. jini, dtsFa^
rariis GuUUeiy denta Jof^ifim ^
etc., Lecce, I7a7, în-^.yréîmpri-
-enversa de fond en comble méedans le vu* Tol. de'Calogerà.
I Nardo, en 1 743, on vit ce Tafuri, qui a été l'éditenr de cet 00-
" ^ * . :i r-i .. vrage, Ta cnrieU de quelques notes.
VU. Armotazioni entidie sapra le
cronacke di AnUneUo CcmgeTj
dans le viii*. vol. du mène recueil ^
et avec de nouvelles remarques dans
a de lui : I. Fita di S, Gre^ le tom. m, part. 5^ de U CoUeorion
meno , Lecce , 1 7 :i3, in- 1 7 . des faistoriens de 5ap!es. L'avocat
Ambolo publia des observations sous
le titre suivant : Rispostu aile criii-
cke annoiazioni di Tqfuri sapra k
CromAe di Cimiger, I.ecce^ 1736,
in-4°. YIIL NùUzie intomo mUa
yita ed aile opère di Anmdo di â^
tanzof'(iani le x* Vol. & Galogerà)
suivi de corrections et de iupplé^
ments à l'ouvrage de cet bistorieli ,
la notice seule a été réimprimée dans'
l'édition de GoManio de 1735 ; <fie
Bugge (Rudia) ^ aux envi- fait aussi partie de la eouectioD â»
larente , et non pas dans un Gravier. IX. DeZT crimêe , silo eâ
antickità délia àttàdilfardb^àÊm
le xi<> vol. de Caloeerà. Les six pr«^
miers chapitres senlement)X. FNtm*
menti degli atti délia Ccngreàa^
zione ardinata da Gregoriù XlK,
per VemetÊdazioae deua BMà',
etc., dans le xxxi« toI. de Galomâi,
avec plusieurs rensc^nements ibiô-
graphiques sur les prébts chargés de
cetravail.XL htoiia degUseritian
'empli de zële et de philan-
apporter des consolations
ours à ceux, qui avaient le
[ert de ce terrible fléau. Il
lans cette ville ; le 2^ mai
ire est le patron de la ville
). n. Ragionamento istori-
aniichi studj ed Accade^
% cittàdi Nardb. ( Dans le
ic de la Cronica de' mincri
nti^ par Lama, ibid., 17013,
m. Giudiùo iniomo alla
\zione délia patria di Enr
' ah, de AngeUs.(Dsiiïs le iv*
ecueil de Galogerà.) L'auteur
que cet ancien poète latin
lu même nom, près de Lecce,
de Angelis l'avait prétendu
NGELis^ n^ i()*j). L'opinion
ri fut attaquée par un de se$
iotes , qui publia ( sous le
pposc de Mctello Alessandro
): Risposta alla Cnticafatta
de Angelis, etc., ibid.,tom.
. Délie scienze e dellc arti
te, illusiraie ed accresciute
10 rû* iVa^o/i, Naples, 1738,
ompilation médiocre , et qui
nati nel regno di Aio/rott, Captes ,
1744*70 f 9 ▼ol. iB-ia ; c est Voq-
388
TAF
vrage le plus important de rnuieur,
([ui a le mc'ritc d'avoir le premier
traite l'histoire littéraire de JSapIrs
moîus superricicllement que ne l'a-
vaieut fait Toppi et Nicodemo. Il a
cte' maltraite par Sigiioreili , qui iic
vaut pas mieux, que Tafuri, auquel
il a beaucoup emprunte. Le pre-
mier volume de cet ouvrage com-
prend les écrivains nés dans le ro> a u-
me de Naples avant l'ère chré-
tienne : leurs notices y au nombre de
quatre- vingt - une ^ sont rangées par
ordre alphabétique , et précédées
d'une introduction relative à l'an-
cienne géographie du royaume. Dans
les volumes suivants , les noms sont
disposés par ordre chronologique :
l'auteur y a jouit également un dis-
cours sur l'état des sciences et des
lettres pendant les siècles barbares.
Cette seconde période , qui s'étend
jusqu'il la lin du 16^. siècle, remplit
six volumes. Les deu\ deniiers ( t
la moitié du septième , contiennent
des additions et des correctious awia
volumes précédents. Tafuri avait
déjà rassemblé les matériaux pour
la contiiuiation de son ouvrage, qu'il
aurait probablement refondu eu en-
tier, s'den avait eu le loisir. Ses hé-
ritiers conscrvont plusieurs de ses
manuscrits , entre autres la suite de
l'histoire littéraire , en 3 vol. in-4®. ,
et des additions nombreuses »\ la Bi-
bliothèque napolitaine , de Toppi ,
en I vol. iu-fol. f^qy» Soria ,Storici
napolctani^ ])af;. 577. A — g — s.
TAGILKEaU (Vincent), avocat
au parlement de Paris , dans le
XVI 1° siècle , était né dans l'Anjou.
Il est principalement connu par un
Discours de V impuissance de V hom-
me et de la f crame , qui paraît avoir
été composé ])our une ail'aire parti-
culière à laquelle il s'intéressait. Ta-
i;creau prouve, dans cet ouvrage, que
TAG
le congres est déshoniiéte , impossible
dans son exécution, plus propre â
éprer sur la question qu'on veut dé-
cider , qu'à faire découvrir la vérité
( roy, Lamoignon ). L'édition de
1 Oi 'j , in-8**. , offre des additions et
des retraiichemens qu'on ne trouve
point dans celle de iGi i , que Bou-
chel a insérée dans sa Bibliothèque
du droit français. Ce traite ne aif-
fcre de celui d'Hotman sur le même
sujet , qu'en ce que Tagercau y a mis
plus d'ordre et a discute qudques
questions de plus. Il est encore au-
teur du Frai Praticien français ^
Paris, i633 , in-80. T— d.
ÏAGESEN , F. Tausah.
TAGHRY-BERDY (Bew ) , Far,
Adovl-Mauacen.
TAGLIACARNE , r^- Tbéo-
crÈne.
TAGLIACOZZÏ ( Gaspar ), chi-
rni-gien , né en ; ^ffi , d'un ùiI»îcaDt
d'étoiles à Bologne, iit ses études à
l'université de cette ville, où il eut,
|)our maître Cardan. Reçu docteur â
l'âge de vingt-quatre ans , il obtint
peu de temps après une chaire de
chirurgie, et s'appliqua particulièrp-
incnt au traitement des lésions des
oreilles, de l'excision des Icrrcs, et
surtout des nez coupés. Il publia snr
cette dernière opération , on livre
dans lequel il ne se montre que théo-
licien, quoique son ancien biogra-
phe et plusieurs de ses contempo*
rains assurent la lui avoir vu exécu-
ter avec succès dans les principa-
les villes d'Italie. Il ne faut pas croire
pour cela que Tagliacoui ait ëteTin-
ventcur de cet art, sur lequd d'an-
tres auteui*s avaient écrit avant lui,
et qui était pratiqué par uu certain
Braiica,eu Sicile, par Vianeo et d'an-
tres chinirgiens en Calabre. Ce que
Fon doit k ce professeur , c'est d a-
voir])ul)lié sur la réparation dcsccz
TAG
niicr ouvrage méthodique ,
ne à présent est le travaii le
mplet que l'on possède sur
irtie. Il est divise eu deux
dont l'un contient vingt-cinq
es, et l'autre vingt, suivis
;t-deux planches grave'es sur
t d'une table gene'rale des
s. Du temps de Tagliacozzi ,
it l'hahitudc d'étaler beau-
L'érudition , en rapportant
;s passages tires des anciens
. Se conformant à cet usage,
emploie les premiers arti-
son traite' à prouver la di-
l'importance du nez, des lè-
des oreilles ; invoquant l'au-
rs mcxlecins, des orateurs,
:es, et jusqu'à celle des pc-
Église et de la Bible. Ce n est
[ix-neuvicme chapitre qu'il
:e que Ton savait avant lui
2 opération, et en quoi sa
; s'accorde avec ces tradi-
omplètcs. Il cite, h cette oc-
Galicn , Celse , Paul d'Égi-
ni les anciens, et Benedetti,
, Vesalc, Pare', Schenk,par-
nodemcs, presque tous ses
orains. Cette opération, dit-
•ndée sur l'art cle grellbr ; car
une partie vivante du corps
utre^à-peu-près de la même
qu'un bourgeon sur un ar-
is l'on se tromperait fort si
yait remplacer les cartilages
udes oreilles par les muscles
ou de tel autre endroit charnu
. Ce n'est que par répiderme
peut espérer de re'parer ces
» mutilés; car il n'y a qjie la
soit presque partout la mè-
ne peut y avoir d'adhésion
uface et entre des parties ana-
agliaco/.zi f.iit rrpendant l'c-
on de (piatrc espèces de peau ;
)rd mlla j)rclVrcncc h celledu
TAG 38ç)
bras y il rejette exnress<$meiit la })cau
du front commedillicileà se joindre,
et d'un autre tissu que celui du
nez. Les joues lui paraissent trop
m usculeuses , et il ne croit pas que
l'on puisse ecorcher les mains et les
pieds ^ sans compromettre la vie. Il
ne trouve rien de si convenable que
la partie du bras audessus du cou-
de. Il conseille au chirurgien opéra-
teur de prendre plutôt un grand lam-
beau qu'un trop mince ^ parce qu'il
yaut beaucoup mieux avoir mi gros nez
qu'un petit : Minus cnim malum est
amplas gestare narcset proUxas.,,,
qiiam imminutas et déformes. Il
n'est pas rare , dit-il , de voir ci*oî-
trc le poil sur ces nouvelles narines,
et dans ce cas, on est oblige' de se
faire raser le nez. Il examine ensui-
te l'âge, la constitution, l'e'tat de
santé , la saison , l'heure même
dans laquelle l'opération peut être
essayée avec succès. Il discute s'il
vaut mieux se servir de la peau d'un
tiers que de celle du blessé ; et quoi-
qu'il ne doute pas que la greffe ne
puisse avoir lieu eu employant la
peau d'uniautrc, il regardcncanmoins
comme presqu'impossible d'assujétir
deux personnes à un état d'immobilité
parfaite, pendant un assez grand es-
pace de temps. H lui paraît même
peu probable qu'une pareille mé-
thode ait jamais été pratiquée. Dans
le second livre de son ouvrage ,
Tagliacozzi décrit l'ppération , et
fait connaître les instniments et l'ap-
pareil dont on a besoin pour l'exé-
cuter. Nous renvoyons au traité mê-
me , ceux qui seraient curieux d'en
apprendre les détails. Depuis l'ap-
parition de ce singulier ouvrage ,
personne n'avait songé à revenir
sur le même sujet, si ce n'était*
pour en donner quehpic idée, Fyens
( Fi\Ycz ce nom, XYI , aoG ), im
«>i)o
tac;
(l<\s clôvcs cle Tagliacozii , consacra
i>lu.sie!irs chapitres friiii livre intitu-
le : De piwci/mis artis chinirpcœ
controvvrsiis , àjuHfsontor un apcrru
(le la uiclliodc de son maître. A en
jii^er d'après T en once de ce travail
( I)e nasi amputât i ex carne bra-
cfUi restitutionc ) , l'un dirait que ,
Tautcur partage Terreur commune
de son temps , de croire que Ton ré-
parait les nez avec de la chair; tan-
dis qu'il dit exprcs-icinent : JVon fit
scissio in miiscidis hrachii , scd tan-
tum in ciitc. Mais il se trompe lors-
([n'en supposant qu'on puisse faire
i!sage du bras d'un autre, il cite l'au-
torité de Tagliaco/jj , qui , tout en ad-
mettant le principe, se montrait peu
dispose à en adopter les consérpie^n-
ces. Ce qu'il y a de plus important
dans l'ouvrage de Fyeiis, c'est le
jiassagc où il déclare avoir ctc' té-
moin de plusieurs gue'risons obtenues
])ar son maître. Comme il se trouve
encore des personnes qui en doutent,
nous crovons devoir les renvoyer
au te'moii;nai;e d un auteur contem-
porain. Cette opération , qui paraît
avoir c'tc trës-suivie en Italie, ne fut
j)resque point accueillie dans le reste
de l'Europe; et sans le cas , cite' par
llildan, d'un nez ampute' et remis eu
irM)'>. , ])ar Criiton, à Lausanne^ on
ne ])ourrait riter aucun exemple 'de
|iareilles opérations entreprises hors
'.^Italie; les chirurj^ieiis s'éta ni bor-
nes , dans les autres pays, à dis-
«•uter sur la pns>i])ilite ou l'impos-
sibilité (le la méthode de Tagliaco/.7.i.
(filiez les Italiens même, il y eut
des p:(jresse'irsqui la rejetèrent com-
me irupratieable; et un Cicnois nom-
mé i)"lla Crore ( /'. <e nom, X,
uB'^."^, qui, en i(ii'^, remplissait une
chain» de mé<lecine à Home , en par-
lait comme d'une chose absurde et
ridicule. On peut juger de ce que l'on
TAG
en pensait dans les autres parties de
l'Europe , d'après un passage des
Institutions chirurgicales d'Hcijlcr
{r. ce nom, XIX, 5g'j ), qui, en
i^^Hç), écrivait que lorsqu'on a le
malheur de perdre son nez, la meil-
leure manière de le remplacer, c'est
d'en commander nu autre en bois oo
en argent ( chap. 73 ); et TouTrap
d'Ileister, traduit dans presque tou-
tes les langues, a été, pendant m
demi-siccle , le seul traité général q«c
possédât la cliinirgic moderne. Les
rêves des pnrli>ans de la sy-mpathk
vinrent ajouter encore à riDcnêdulitê
des antagonistes de Tagliacoui. 1/
célèbre Van Helmont ( f^. ce nom,
XX , 1 5 ) , en répondant à ceux qm
attribuaient en grande partie le succès
de cette opération à l' intervention da
démon , raconte sérieiisemcDt l'aven-
ture d'un Ri-uxell ois qui , ayant perdu
son nez dans une bataille, en empniii*
ta un autre sur le bras d'un laoou-
reur, à Bologne. Il était tout lier desa
nouvelle acquisition , lorsqu'au bout
de treize mois , il sentit tout-à-coop
son nez se refroidir et tomber ai pu*
tréfactiou. Étonné de cet accident , 3
en demar.da une explication àsoocU-
nirgien Tagliacozzi, qui lui apprit
qu'au nirme jour et au même instant
(m ce nez tombait à Rruxelles, le nul^
heurerix laboureur qui l'avait fourni
rendait le dernier soupir à Bologne.
« Il y a encore des personnes vi-
)> vantes , ajoute l'historien, qui ont
» été témoins de ce fait : et je de-
0 mande ce qu'il y a là a'incompré-
» liensi1)le ou de suniaturel ( i). *
Robert Tludd fait à peu-pris le mêflie
conte dans sa réponse à Forster, qv
avait osé révoquer en doute les ver
tus surprenantes de l'onguent ^rrM»
(0 De Magnelied vulnentm ncCimili H UfiH^"
cfiniliaue. Pnrit , l(ni , itt-S^f $ «S.
TAG
a métliode de TdgUacom
ue tombée dans TouLIi ,
Gentleman s ma^azi-
compte, cil 1794, d'une
illeusc opcroe à Kiimar ,
mah , et dont \q6 détails
rausniis par V Hircarrah^
le de iMadras. L'n Mali-
servicc de la compap;nie
ayant eu ime inain et le
dans les prisons de Tip-
rejoi£;nit dans cet état
Bombay , à Seringa pa-
bout d'une aniiée, il trou-
rgien indien, cpii se cbar-
rendrc le ne/, au moyen
îau de peau détachée du
TsPeunant(3):/^. cenom^
3i j ) , et (rautres voya-
taieut était héréditaire
ornas , caste des Indous y
tnK en aunie temps l'art
er. On ne comprend [ws
1 peotvavoirde commun
rolessionet l'opcralioudu
rapport que nous y avons
c'est qu'on cnii>loie de la
:elaine ])o;ir donner aux
V. une forme élégante, que
nie serait incapable de
•lle-méme. Quoi qu'il eu
ît que les chirurgiens an-
)uvé la méthode indienne
I ri^iliciuie, puisque c'est
nt du Iront qvi'ils preu-
1 qui doit former le nez,
péralion leur ait souvent
es journauv ont donné
le tristes détails ( î ) sur un
à (pii Ton avait en vain
'cm'llre un ne/, aux dé-
iii.',o.
firiLiostitn. I,i)ridr«'<i , I7Î)8 , ">■ vol.
mtt ( jpcrat'u n . /m ^I. TllWKIlS.
TAG
391
pens de ses joues, après lui avoir
inutilement écorchc le front. 11 ue
ue nous appartient pas de décider la-
quelle des deux méthodes mérite d't-
trc encouragée; mais il uous semble
que l'on se trompe fort lorsqu'on
avance que celle de Tagliacoz/i est
d'origine asiatique: car^ comme uous
l'avons déjà remarque, ce chirurgieu
s'est expressément prononcé contre
l'emploi delà peau du front. Le procé-
dé auquel le docteur Gracfe a pompeu-
sement donue' le nom de méthode al-
lemande, u'estdans le fond que l'opé-
ration taliacotienne ou calabraise ,
avec quelques légères modiQcations ,
qui ne uous paraissent pas assez im-
])ortantes pour lui obtenir le titre de
nouvelle méthode. On rendrait nu
plus grand service à la science en dé-
gageant l'ouvrage de TagHacozzi(5)
de tout ce qu'il va de superflu, et eu
puli'ant ce qu'il a dit de bou sur une
opération eucora peu connue et si
rarement pratiquée. On pourrait met-
tre à profit les nouvelles connaissan-
ces physiologiques et anotomiques ,
et résoudre, d'après de meilleures
données , les questions importantes
trop légèrement discutées par le pro-
fesseur de Bologne. Tagliacozzi, après
avoir occupe pendant plusieurs an-
nées la chaire d'anatomie à l'univer-
sité de cette ville, y mourut le 7 no-
vembre 1599. Ses compatriotes lui
élevèrent , dans les salles de leur
théâtre anatomi([ue , uue statue te-
nant un nez à la main , avec une
inscription ti'cs - honorable. Ses ou-
vrages sont : I. De curtorum chi-
ntrgiâ per insilionem ; additis cutis
tradiicis^ instrumentorum omrdum ,
ataue deligationum iconibus et ta-
bulis y libri duo , Venise, 1597 1 ***'
(5) M. Piirt»! rapjielle Talincot ou T,i,iliannfrso.
Pdjiiic pour le piviiiicr j nwi» qin v«ul une rjiuUc .
Dî>I
TAG
M. , fig. , réimprime sons le titre
suiyAnii Cheiriirgia nova denarium,
aurium , labiorumquc dtJccUi pcr
insitionem cutis ex hitmero , arte
hactenùs omnibus ipwtd^ sarciendo^
Francfort ( 1 5()S), in-B*'. II. Kpistola
ad nicronymum JUcrcurialcni , de
naribus multb anle abscissis , rcfi-
ciendis, dans l'ouvragede Mercuriaie,
intitulé : De dccoratione , ibid. ^
i5S'] j in-8". III. Consilia meiUca^
dans le Recueil de Lantcnhach , in-
titule :/(a/iVe mcdicontm.,,, consilia
mcdicinalia , ibid., iGo5, iu-4^'*t
yqjr^ Mutio (de Plaisance) , Oralio
in ohitu G. Taliacotii , Bologne ,
1^99 y in-4". — Brambilla, Storia
délie scojwrte dcç^V Italianiy tome
II f pag. t2i3. — Fantuzzi , Scrittori
bolognesi ^ tome viii, pag. (ii. —
Laronio, Decl' inncsti animaU ,'^Y\-
lan, i8o4, m-S**. , lîg. — Carpue,
j4n account of Uvo succcssful pe-
ratiqns for resioring a lost nose ,
Londres y 181G, in-4".;fig.lVT. Brcs-
chct en avait annonce une traduction
française , qui n'a pas encore paru ;
l'ouvrage a e'té traduit en allemand ,
par Graefe, Berlin , 1817, in-4^. —
Graefe , Rhinophistik , ou Vart de
remplacer la perte du nez , etc. ,
ibid., 1818, in-4". \ lig^ (en alle-
mand ), trad. en latin, par le doc-
leur llecker.^Schonbcrg, Sullu tvs-
titîizionc del naso , Naples , 1819 ,
in-8<*. , fjp;. ; on en a rendu compte
dans la IJiblioteca italiana , année
1820. — Portai , Ilistoirv de Vana-
tomie , tome 11 , pag. lO:*). — Dic-
tionnaire des sciences médicales ,
article Nez, par IViry itLaurcnl,
tome XXXVI , ])ap. 7'*. A — c — s.
TAGLIAZUl'iClll ( Jluomi) , lit-
térateur, ne à Modène,en 1O74 1 1'"'
tra dans les ordres , elfnt pro!cj:;ifpar
le duc llrtiaiid 1" ., son maître, dont il
obtint nue place dans la cliancellcric
TAG
ducale. Il le suivit k Bologne , où il
connat cette élite de littérateurs et de
savants qui avaient fait de l'école de
cette villp la première université d'Ita-
lie. Peu après son retour à Modène, le
prince lui conféra un bénéfice , et la
chaire de langue grecque au collège
des nobles. Tagliazuccni remplit ces
fonctions jusqu'à l'année 1733, épo-
que à laquelle il prit, on ignore par
quel motif, la résolution de se rendre
à Milan y où il ouvrit une classe de
lîttératiu-e et de philosophie. Il y
forma plusieurs élevés, entre autres
la célèbre Marie Gactanc Agnesi , à
laquelle il apprit le grec et 1 algèbre.
Presse en même temps de se charger
de la direction du collège Afarùmo,
à Bergame, et de remplir la chaire
d'éloquence à l'université de Turin ,
il se décida pour ce dernier emploi ,
qui, bien que plus modeste, le pla-
çait sur un thcjîtrc plus convenaole.
Tagliazuccbi y resta jusqu'à l'année
1743^ qu'il profita de sa retraite,
Sour aller tei'ininer ses jours à Mo-
ène, où il mourut le i*^'. mai i^Si.
Ce ])rpresseur , qui , par ses travaux,
a contribue à répandre le goût de
l'étude de la langue italienne en Ita-
lie même, où elle était très-n^Ugée,
ne mérite ])as uurang parmi les écri-
vains distuigucs; mais ce serait nue
injustice que de lui en refuser uu
])armi les liabilrs instituteurs. Ses
ouvrages sont : I. Epigramma gre-
ro, colla Iraduziotu'. lalina^ per lu
febti\'ilà ili snn Cemirûano y Bolo-
gne , 1703 , iu-4". 11. Uliîma per-
se eu zione di Saulle contro Davide ,
oratorio, Modènc, 1708, iu-4**«Ill-
Prose e poésie toscane , Turin ,
I73:'5, in-S". Ce recueil contient
deux Di>serta lions sur la nécessité
d^introduiie Tctude de la langue ita-
lienne dans l(-s écoles d'Italie; un dis-
couis d'ouverture; dos traductions
TAG
H du latin y et quelques poë-
nalcs. W ,A Carlo Enima-
)razione pane^irica ^ ibid. ,
i-8<*. V. Orazione e poésie
lituzioiie delV Accademia
ignOy etc., ibid., 173G, in-
RaccoUa di prose e poésie
lelle régie Scuole , ibidem ,
vol. in-8". , réimprime' plu-
is, et prëce'dc d'un discours
ne sur la manière d'instruire
sse dans la littérature. VII.
panegirico al rc di Sarde-
rgame, 1757, in-8». Vllï.
rica poesia, Paris (Venise),
n-8". , ouvrage posthume ,
ar l'abbc Vicini.(/^o^.Zac-
toria lettcraria d Italia ,
, pag. 7Î28; Mcmorie per
illa storia letteraria , ann.
ag. 2oo;Tirabosclii, Biblio-
tdenesey tom. V^ pag. 167.)
A — G — s.
LJREAU ( Jacques), poète
, naquit au Mans vers 1527.
e était juge au Maine; et sa
ilarie Tiercelin, appartenait
ncienne famille du Poitou.
s Tiercelins, les uns abbés,
îs guerriers, licutenaut-gc'ne'-
ouverneurs ou seigneurs, sont
dans les vers de Tahureau.
rie aussi de son frÎTC Pierre,
ait et cultivait les lettres. La-
Li Maine dit que Pierre Tahu-
[uoiqnc voue à la profession
les, avait profondément ctu-
jurispriidence, mais qu'il ne
usage de son savoir en ce
[ue pour concîilier les plai-
t les enij)rclier de s'engager
)rocediircs dcs-lors ruineuses ;
t'ait d'ailleurs compose , en
en prose, ])liisieurs ouvrages
icun n'est imprime, et parmi
ou distinguait une histoire
lies de François 1^' ., Henri 11,
TAH 3g3
François II , Charles IX et Ileori 111
juscpi'cn i584; un livre de lajiolice
cti-cpubliqucFrauçaise, ou « discours
» siirles états eto£^ces tant des nobles
» que de ceux de robe longue et de
» leur première institution. » Selon
La Croix du Maine, Pierre Tahu-
reau , sieur de la Chevalerie et du
Chesnay, n'avait, en 1 584, qu'environ
5o ans, et cependant il était le frère
aîné de Jacques , dont ce biographe
et Duverdier s'accordent à placer la
naissance vers i5a7. Il y a là néces-
sairement quelque erreur: Pierre, s'il
était l'aîné, devait être à peu près
sexagénaire en 1 584. ^^ ^* *J"C ^^^
deux Tahureau descendaient du con-
nétable Bertrand du Guescliu ; c'est
du moins ce que I^a Croix du Maine
encore déclare avoir vu par les mé-
moires et enseignements de cette
maison. Quoi qu'il en puisse étre^
Jacques Tahureau, qui est le princi-
pal sujet de cet article , nous est re-
présenté comme ayant fait, dès son
enfance, de rapides progrès dans l'é-
tude des langues grecque et latine :
SCS talents littéraires s'annonçaient
déjà. Néanmoins, durant son premier
séjour à Paris , il embrassa l'état
militaire et s'enrôla dans l'armée de
Henri II : il y fit une ou deux cam-
pagnes contre Charles-Quint^ c^ de-
vait être en i552 ou i553 : il avait
alors environ si5 ans. S'il s'est distin-
gué par sa bravoure , il a eu la mo-
destie de n'en rien dire dans ses poé-
sies : il s'est contdité de chanter les
exploits de ses parents lesTiercdins.
Après avoir parcouru plusieurs pro-
vinces , il revint dans la capitale, y
reprit bientôt le goût des letti-es, et
mérita l'estime des poètes les plus
renommés de ce temps, Mellin de
Saint-Gelais, La Péruse, Joachim
du Jlellay , Jodelie , Ronsard , etc. :
il obtenait cii même temps les bonnes
Soi TAU
grâces de qnclaues puissants pcrsou-
nagcs , particulièrcmeut de Louis de
Lorraiuc,cardiual de Guise. Mai^^rc
CCS In'illaiils succrs , le dcsir de for-
mer uii établissement plus solide le
ramena au Mans, où il se maria;
mais il mourut bientôt après, en
1 555 , à peine ;igc de vingt - sept
ans accomplis. La Croix du Mai-
ne « a entendu , de ceux qui avaient
» vu Jacques Tahureau , que c'était
» le plus l)eau ^ontilliomme de sou
» siècle et le plus dexlre à toutes
» sortes de gentillesses, » Il avait.
Feu de temps avant sa mort, livre à
impression trois dillcrents recueils
de vers. Le premier jîarut à Poitiers,
chez les De Ma rue f et Bouchetz frè-
res , en 1 554 , iu-H**. avec une dédi-
cace à M. le révérendissime cardi-
nal de Guise, datée, par l'auteur, de
Poitou , en cette même année. C'est
aussi la date du second recueil , in-
titule : Sonnets, Odes et Mignardi-
ses amoureuses de TAduiiree; petit
vol. in-<S^». , qui , pareillement publie
à Poitiers, se réunit au précèdent.
Le troisième est un in-4''. de vingt-
deux feuillets, dont les premiers cou-
tiennent une Oraison ( en prose )
adressée au roi , sur la gramliutr rw
son règm'y ainsi ([ue sm- i\:xcvllence
iîc la langue française ; el les der-
niers , des vers , qui sont dédiés à
M™*^. Marpieritc, lille de Henri II,
et qui roulent sur divers sujets de
morale. Le poète a peu survécu à )a
dédicace de ce livre , datée par lui
du i5 avril i555 : cet i:i-|0 est im-
primé à Paris, chez la veuve de
Maurice Laporle. Eu 1574 , Jean
Ruelle réimprima à Paris, pour Ro-
bert le Manguier , ïcs poésies de Ta-
hureau, mises toutes enstiiiiblc , in-
8^». , avec des vers d'Antoine deBaïf
à la louange de l'auteur. Jacques
Tahureau avait compose quelques
TAH
autres ouvrage»: une Traduction en
vers français deTEcrlésiaste, laqueUe
est restée manuscrite ; et daix Dûlo-
goes en prose , qui ont été publia cb
i5û(i, cbez Gabriel Buon, in-H«.,
avec une longue épitrc prëliminaiie
de Maurice de La Porte iils. C'est
l'édition la plus connue; on en cite
d'autres de Paris , 1 56a et 1 565 » ia-
80. ; de Lyon , 1 568 , in- 16. Noos ae
saurions faire aujourd'hui un giand
éloge des poésies de Tahureau: ks
idées en sont devenues fort comaui-
ncs; elles ont été beaucoup mîaa
expriméiïs; mais il y a de l'aisanoect
Quelquefois de Pharmonie dans la
oiction de ce poète; et si sa canière
s'était prolongée , il avait aasci d'i-
magination f de talent et d'étude pour
obtenir de plus véritablca aneecs.
Cou jet et d'autres censeurs ont jugé
eu toute rigueur le second dci ttois
recueils ci^essus indiqués : ce sont
des pièces erotiques » dont pIutieDrs
sont en ell'ct trop libres , jNurtMnliè-
remeut les six qui sont intîtailKS
î^iisors. L'.t//ffnirM,doat il œlèbic
les Mignardises , était tue dcaoî-
selle de Tours, pour laquelle il await
conçu , dès l'âge de quatorze aai , si
^\ous l'eu croyons , l'amour le plas
passionne. Son enthousiasme 8*ând
jusques sur la ville de Taon, qui
devient à ses yeux une des mervol-
les de l'univers. 11 est plus grève
dans ses autres pièces de vers, quand
c'est aux rois , aux princes , aintgutt-
i'iers, aux poètes et surtout k la poé-
sie elle-même que ses bommaees sont
adressés. On peut distin^i^icr oans ses
Œuvres soixante-quatre Ter^oontR
ceux qui le blâmaient de s'être Tooé
aux MuseSy cinq Stances sur lesdia-
gers de l'indiscrétion, l'ode ou Vtift
tre au cardinal de Guise, une Qiti
Charles Tiercclin, sur les servicrs
rendus par ce seigneur i François I*^*;
TAH
i les pièces c'roliqiics, Je Son>
fjj'ez combien V Amour est
ifit, et une Kpigraiiime coii-
courlisauc ( i ). L'iiitilulc des
ialogues en prose aiiiionce
î sont pas moins profitables
élieux , et que les vices (Vun
y sont repris fort dprement
ms animer à les fuir et à
a, vertu. Ta bureau s'y moque
leurs sottises accretiitëes au
lu seizième siècle; par exem-
livres astroloj];i((ucs Je Pierre
i ( for. Bayic, L)ict., ail.
: il avance moine que les au-
« plus révères sont précisé-
s plus grands sols ^ « témoin,
, Platon , qui ^ ëtaul monte
us haut (le la quintessence de
lie, nous est allé forger de
j idées imaginaires , etc. »
logues, maigre l.i franchise
aîtc qui les a loug-tf*mp« re-
ndes , ont conserve pou d'ia-
nc pourraient plus SiTvir qu'à
redes opinions humaines , de-
in ii)oo jusqu'à i5jo : ils
put des connaissances et des
isscz etcn(Uies pour un tel
Pasquier cependant les a ceu-
jar ce vers , qui fon le à lui
nièce cinquante-neuf (lu troi-
livre de ses èpi grammes iali-
aui t'ulet riJ-lur a^i cmnibut ip*'';
i)i La Mounoye dit , pcat-être
ont autant (rinjnsticc et de
i , que Pav^pu^r devait songer
roj)res dialogues « dont toul
onde aurait s;ijet de se mo-
, mais dont personne pourtant
moque , parce que personne ne
t.» Ou lit, p. '21 G du tome IV
Ne t*eNhi»lii5« pliM si NrrrV
Vend si cbcr maititfii.iiit l'amour ;
ILIlc* veut avoir , la i-usi'e ,
l»e quoT Taolieter h Km tour.
TAI 395
de la Bîbliothhque des poètes fran-
çais , depuis le douzième siècle jus-
qu'à îMallierbe,que Tahureau se pro-
posait de composer « deuv autres
n dialogues , dont les interiociitetirs
» seraient le Dëmocritiq et le Cos-
» mopliile. » Ces noms sont pré-
cisément ceux des deux personna-
ges entre lesquels ont lieu l(?s deux
dialogues qui subsistent. Toutefois
il est yrai que l'auteur devait y
joindre deux autres morceaux du
même genre. C'est du moins ce <^uc
nous apprend son éditeur Maurice
La Poi'te f frère d'Ambroise La
Porte à qui Tahureau avait laissé
une copie des deux premiers dialo-
gues et (lui mourut vers la lin de
ranuéc 1 555 ( F'qy. l'art, de Mau-
rice de La Porte, XXXV, 4^4?
455 ). Les livres à consulter sur
Jacques Tahureau sont les OEuvrcs
mêmes de ce poète ^ l'Épitre mise à
la tête de ses dialogues , par Maurice
La Portcj les Épithètesau même La
Porte au mot Tahnreau j les articles
qui le concernent ( lui et son frbi-e
Pierre) dans les Bibliothèques de La
Croix du Maine et de Duverdier;
dans Niceron, xxxiv , 2o4 -au ;
dans la Bibliothèque française de
Goujet,xiï,4o'5'2.Q"antautom.vi
des Annales poéticpies , et autom. iv
des Poètes français, jusqu'à Malhei^f
be, etc.. on n'y trouve que des no-
tices incomplètes ou inexactes de la ^
vie et des productions de Jacques
Tahureau. D— w— u.
TAÏE ou THAI-LILLAH
(Aboubekr Abd elkerim), i4*-^^2i-
life abbasside de Baghdad , rempla-
ça son père Mothy-Lillah , (jui avait
été forcé d'abdiquer l'an 363 de
l'hég. (9*74 de J.-C.). Il suivit, mal-
gré lui , les milices turkcs qui j ré-
voltées èontre l'émir-al-omrah Bakh-
tclarEzz-<9ddaulah , allèrent le com«
3g'i TAI
battre k W«isct1i : mais après diver-
ses 4k ostili tes sans résultat, Adliad-ed-
daulali, souverain de Chyraz , étant
veun au secours de sou cousin, battit
les Turks , et le ramena dans Bagh-
dad. Le khalife qui , pendant la ba»
taille , s'était cclîap}>edes mains de
SCS tyrans, revint aussi dans sa capi-
tale où Adliad-eddaulali lui témoigna
]>eaucoup de respect , releva Tcciat
de sa maison et pourvut magnifique-
ment à son entretien. Les deux princes
Bovva'îdes se brouillèrent bientôt :
Adhad-eddaulab ayant vaincu et fait
])érir son cousin l'an 30^ (978) , de-
vint maîtie de la charge d'eniir-al-
omrah y et ne cessa de montrer les
plus grands égards au khalife , dont
il devint le beau-pcTc deux ans après.
Thaï continua de vivre dans une heu-
reuse tranquillité sons le gouverne-
ment de Samsam-ed-daulah et de
Chérif-cd-daulah , qui possédèrent
successivement la dignité que s'était
arrogée leur père Adhad-eddaulah :
mais le second étant mort en 870
(î)"9)*son frère Boha-eddaulah , qui
lui succéda , cessa de ménager le kha-
life. Avide des richesses que la mu-
nificence de ses prédécesseurs avait
[>crmis à ce priiice d'amasser , il lui
envoya demander une audience. ïhaï
l'ayant reçu solennellement, un olli-
cier déilémilc , a posté par Témir ,.
s'approcha du khalife cunime pour lui
l>aiser la main suivant la coutume ,
le saisit avec force et lui fit descen-
dre rapidement les marches de son
tronc. On s'empara de sa personne,
malgré ses prières et ses gémisse-
ments, et ou l'entraîna dans le palais
de Boha-eddaulah , où , ni présence de
iLMiioins , il fut contraint d'abdiquer
le vain titre qu'il avait ]>orlé ])rès de
(li\-huit ans. Cet événement eut lieu
Tiin 38i (pf)i ). Thaï survécut dou/e
ans à sa dis'jracc , cl les passa auprès
TAI
de Gadcr-Billab son fiiccttSfur, qni
lui témoigna toujours beaacoup de
considération. Il mourut en 393
( I oo3) , âge de soixante-seize ans.
A— T.
TAIKO-SAMAfutlepremiercnbo
ou empereur séculier du Japon. De-
puis la fondation de cet empire par
8yn-Mu, environ 660 ansavant JAj.,
il était gouverné par un pontife oa
daïro, qui réunissait dans sa person-'
ne y comme on a tu depuis les kha-
lifes , la double autorité civile et ec-
clésiastique. Plusieurs fois des gâiê-
raux avaient tenté de s'affrandiirde
son pouvoir , mais leurs révoltes
avaient été promptcmeut cftouBees.
Ce grand changement ne devait èln
accompli que par celui qui fait le
sujet de cet article. Fide-jos , oom
sous lequel il fut d'abord comn,
était de la plus basse extnction
Dans sa première jeunesse , il avait
été réduit à se mettre aux gages d'un
paysan , qui l'employait à couper dn
DOIS et à le porter ensuite , sur soo
€011^ à la ville voisine. Fatigue d'un
état si pénible , il s'enfuit , et devint
domestique d'un officier deNoln-
nanga,run des plusbabiles gënànnx
du Japon y lequel s'était arrogé la
souveraineté de quelques* promee
dans les environs aeMeaco. Sonnoo-
veau maître, qu'il amusait par KS
saillies , ayant vanté son esprit à
Nobmianga , celui-ci voulut le voir ,
et le prit à son service. Le connp
de Fide-JoSy et les talents qu'il mon-
tra dans plusieurs occasions impor-
tantes, relevèrent rapidement aux
premiers emplois militaires.il sot se
concilier l'a flcctioi des soULitS par
sa bienveillance; et Nobunangnydans
une émeute, ayant été tué avec son
fds , Fide-Jos lui succéda sans obs-
tide ( i583 ). Plus habile que son
|>rcilccesscur,il s'empressa de iccon-
TAI
naître râutontédu daïro, dont il re<
çiil le. litre de quciinbuku , c'est-à-dire
de lieuteiiant-pcncral en service, gé-
rant de Tempire. En lui prodiguant
des marques de respect et de sou-
mission 9 il ne visait qu'à le dé-
pouiller de sa puissance temporelle.
Il lui fit élever , dans Méaco , un pa-
lais superbe où il le tint renferme ,
sous prétexte qu'à l'exemple des
dieux , dont il était la vivante image,
il devait se soustraire aux regards
indiscrets des peuples. Il augmenta
le nombre de ses gardes et des oili-
ciers destinés à le servir; et, parles
hommages dont il l'entourait, trompa
si bien le daïro , qu'il ne put jamais
se douter qu'il était prisonnier. Maî-
tre du trône, Fide-Jos parut ne s'oc-
cuper (pie d'accroître la prospérité
de l'empire. Il encouragea l'agricul-
ture , le commerce , les arts ; et , par
ses soins, diliérentes villes furent ag-
grandies et reçurent d'utiles embel-
lissements. Mais il songeait en secret
aux moyens d'alFermir son pouvoir ,
CD restreignant celui des princes et
des grands , que le moindre mécon-
tentement pouvait entraîner à la ré-
volte. Ce fut dans ce dessein , qu'en
iSqîx , il annonça le projet de réunir
la Corée à l'empire du Japon. Si la
conquête de cette péninsule eût été )c
seul but de cette expédition , quel-
ques mois auraient siiÛi pour la ter-
miner^ mais Fide-Jos voulait prolon-
ger la guerre. Il laissa son armée
manquer de vivres et de munitions ,
et donna le temps aux Chinois de ve-
nir au secours (lu roi de Corée. Pen-
d.'4nt(|ue la guerre continuait avec des
5iicc(*s balancés ^ il faisait construire,
.1(1 tour de son palais, des habitations
magnifiques, pour y loger les fem-
mes et les enfants des seigneurs dont
il redoutait le plus l'infhicnce , et
tout en les ainu.^ant pardcsfctcscou-
TAI 397
tinuelles^ les y retenir comme au-
tant d'otages. Les Clnnois , battus
dans divei-ses rencontres, furent obli-
gés de demander la paix. Fide - Jos
ne la leur accorda qu'à des condi-
tions onéreuses,afin de trouver, dans
l'inexécution des traités , un prétexte
de continuer la guerre. Les seigneurs
japonais , ruinés et épuises de fati-
gues , furent trop heureux d'obtenir
la permission de revenir dans leurs
terres , en laissant leurs familles à la
cour, où ils avaient d'ailleurs la li-
berté d'aller les voir. Il ne restait
donc plus à Fide-Jos qu'à maintenir
dajis le devoir un peuple naturelle-
ment turbulent et ami des nouveau-
tés. Il le lit , en publiant des lois si
sévères que la moindre infraction
était punie d'un châtiment corporel,
quand le coupable n'appartenait pas
aux classes privilégiées. Après avoir
établi son autorité absolue , il son-
geait à bannir de ses états les étran-
gers, surtout les Portugais, quand il
mourut , le 8 septembre , suivant le
P. Charlevoix {Histoire du Japon,
XI , I ), ou le 16 décembre 1697 ,
peu de temps après avoir pris le titre
de TaïkoSama , c'est-à-dire chef
des grands. Il avait désigné son fils
pour lui succéder; mais ce jeune
prince fut supplanté par son tuteur.
Ain^i, tous les soins qu'il avait pris
pour as&urer l'autorité dans sa famil-
le , en précipitèrent la mine. Taïko-
Sama fut mis au rang des dieux par
le daïro , sous le nom de de Ssin Fatz-
man, c'est-à-dire le second Fatzman ,
ou le dieu de la guerre. On voyait
encore , du temps de Kxmpfer , son
temple à Méaco ( Hist. du Japon ,
1 , 174)* Comme il persécuta le pre-
mier la religion chrétienne au Japon,
les missionnaires , dit le P. Charle-
voix (vi , a)^peuvent fortbien avoir
été trop crédules sur le mal (pi'on
SgS TAI
débitait de ce prince. C'est à tort
qu'ils l'ont rcprosculc comme un ty-
ran cruel. Pendant son règne , il ne
fit mourir qu'un pelit nombre de
chi'étiens^ et , si Ton veut examiner
les raisons qu'il eut puurlcs condam-
ner au supplice ,on ne le taxerapoint
d'avoir été sanguinaire ( ibid. viii y
6 ). Taiko-Sama possédait toutes les
.qualités des grauas princes y le cou-
rage , la prudence et la fermeté. Les
seuls défauts que l'histoire lui repro-
che sont une excessive vanité et de
fréquents eni portements, qu'il s'effor-
çait quelquefois de réprimer. W — s.
TâILHIÉ ( Jacqufs), historien,
était né, vers le commencement du
dix - huitième siècle , à Villeneuve ,
diocèse d'Agen. Disciple de RoUin , il
conserva la plus vive reconnaissance
des soins qu il en avait reçus. Ce fut
pour faciliter aux jeunes gens la fu-
ture des Histoires de RoUiu qu'il eu
publia des Abrégées, Il paraît que le
succès inespéré qu'obtint ^on Abrégé
de ri listoire ancienne décida sa voca-
tion pour les lettres. Tailhié avait em-
brassé l'état ecclé.siasti((ue. Les ])ar-
ticularités de sa vie sont inconnues.
On ignore même la date de sa mort,
que Fontette place avant l'année 1 768
( Voy. la Bibl. hist, de la France ,
n". i^i'io); mais il est probable
qu'il a poussé sa carrière jusqu'en
1778, époque de la publication du
dernier ouvrage qu'on lui attribue.
On cite de hû : I. Abrégé de V his-
toire ancienne de RoUin , I^ausanne^
i']/\/^ /m- l'À , î} \o\. , souvent réim-
primés. La quatrième édition, Neuf-
châtel, 1770, in- itx, revue par l'au-
teur , e^t augmentée d'une table géo-
graplii(|ue. On l'a réimprimée, Lyon^
iHof), lig. 11. Abrégé de l'histoire
romaine, avec des réflexions criti-
ques, politiques et morales, Paris,
1 7 05, 4 vol. hi'j'À} nouvelle édition
TAI
renie ^ corrigée et anguenlëe • 1 784»
S vol., Lyon ^ 1801, iBoS, ioa5,iih
11,5 vol. Ces deux Abré|^ ont êké 1^
rivalises par le Prms de l'hiitoîre l'-
ancienne et de l'histoire romane , pir
M. Royou ( Voyez ce nom , dus b
Biopaph. des nommes vùhuêU , ▼ ,
a64). in. Histoire de Louis JU,
Milan ( Paris f, 1755 , 3 vd. m-is.
Elle est exacte, mais écrite , niivaat
Fréron {Ann. liitér) , a^ec une plaît
simplicité. IV. Abrégé dhroMion-
que de l'histoire de la société ic Jé-
sus, sa naissance, ses progrès, n
décadence, etc., 1759, a part. îa-
12; nouv. éd. augmentée y 1760, w^
la. V. Remarques succincies etpa-
ciliques sur les écrits pour et centre
la loi du silence , 1760, in- 13. VI.
Portrait des Jésuites j 176a, in-ia.
Vil. Histoire des entreprises Ai
clergé sur la souveraineté des rob,
i^G*;, 3 vol. in- 13, mni à Tnidexà
Rome, le iç) juillet 1768. VIIL
Traité de la nature et du gowerm
ment de V Église ^ Berne, '778, 3
vol. in- 13. Cet ouvrage et le prM-
dent sont allribués à l'abbé TaîDiîéy
par Barbier , dans son Diet. des
anor^mes. V^--«.
TAILTaNDIERCCharles-Louis),
savant bénédictin de la congr^tion
de Saint -Maur, naquît, en 1705,
dans la ville d'Arras. Il fit profes-
sion , en 1 y 37 , à Tabbaye de JuflA-
ges, et, s alûndonnant àTntiieÎB-
pulsion donnée par quelques -ans de
^e& confrères , se dévoua tout cnlkf
à l'étude des antiquités nationakl.
En 1 788 , il fit paraître le Pmjdt
d'une histoire générale de Giamps-
gne et de Brie, in -4^. C'est nneci-
cellente dissertation , dont on traife
l'analyse dans les Observmiiam de
l'abbé Desfonlaincs sur les éciilsBio-
dernes , xv«. lettr. , p. 314. LaboUe
Unigenitus avait réveOléleiqMKlkf
TAT
iu jansénisme; et D. Tail-
le malheur de se rendre
ir l*ëloge des appelants,
iterrompre les recherches
entreprises sur l'histoire
ipne , il vint à Paris, et se
'■ publier le Dictionnaire
* bretonne , par D. Le Pel-
; nom). L'éditeur l'enrichit
cequicontientl'histoirede
eltique , son origine et ses
et dans laquelle il indique
[ui l'ont conservée dans le
ailes et dans l'Armorique.
t ensuite à I). Morice ( F^,
pour la continuation de
de la province de Breta"
rès la mort de son colla-
I en puLiia le second vo-
i-jSô. Les talents qu'avait
Taillandier lui méritèrent
ses supérieurs. II obtint y
he bénéfice, le titre d'ab-
in parlibus , et mourut en
-e 1rs ouvrages cités , on a
Lettre a 1). Montfaucon
*ien monument découvert
le de ^Qims { Mercure ^fé-
\). II. Lettre sur les diffë-
slalions du corps de saint
bè de GIanf(;uiI , Paris ,
- 12. 111. h' Eloge de D.
tcHe du tome ix de VHist,
% France ( /'. I). Rîvet).
taptiste Taillandier, jé-
lis, s'embar([ua,en 1707,
^lalo , pour les missions
fit le tour du monde par
e et les Philippines , et
zèle à Pondichéri. Quel-
/alions recueillies dans ses
ont insérées dans les Let-
ntes. Voy. le Journal des
1715, p. 'x^(S, W — s.
VSSON ( Ji:an - Joseph ) ,
laye , près de Bordeaux ,
l'un négociant , qui lui fit
TAI 599
faire d'exocllcntes études. Voyant le
peu de goût qu'il montrait pour le
commerce, ses parents lui laissèrent
le choix entre la robe et le petit col-
let. Déjà passionne pour les arts, il
rejeta l'un et l'autre avec une égale
répugnance. Assuré de Téloignement
de sa famille pour une profession qui
promet plus de gloire que de fortu-
ne, et n'osant contrarier ouvertement
un préjugé si fortement enraciné, il
s'avisa de rendre les murs de la mai-
son interprètes de ses projets. BiriF-
tôt on lut dans tous les corridors et
les escaliers , écrits en grosses lettres :
Je serai peintre ou je mourrai y y en
jure par Raphaël. AfTermi dans ces
dispositions par la lecture de Vasa-
ri, de Félibien , etc., ainsi que par
l'exemple de La cour, son ami, qui
éprouvait la même opposition dans
sa famille,Taillasson parvint, à force
d'importunités, à triompher de toutes
les résistances. Mais son départ fut
signalé par ses parents comme celui
d'un mauvais sujet dont on ne peut
rien faire , et qu'on abandonne à son
malheureuxsort. S'étant mis en route
avec Lacour, ils arrivèrent à Paris,
en 1 764., et se placèrent dans l'école
de Vien. Malgré son âge de dix-huit
ans et son extrême délicatesse, qui
tenait peut-être plus encore de sa
grande sensibilité que de ses facul-
tés physiques, Taillasson vint à bout
de triompher de toutes les difficul-
tés que présentent aux élèves les prin-
cipes des beaux-arts. Impatient, com-
me sont tous les artistes , d'aller ad-
mirer les chefs-d'œuvre de la peintu-
re dans la tciTe classique des arts, et
n'ayant pas réussi dans le premier
concours , plutôt à cause de la briè-
veté du temps accordé aux élèves
pour ces sortes de concours, que
])ar défaut de talent, il résolut de
faire le voyage à ses frais. En ayant
4oo TAI
oLtcnu les moyens de sa Camille , mi
[>cii revenue sur son compte el sur
relui des lïeaux-arLs, il p.-irtit pour
riulic, vers i77-3. S'ctaul livre à
l'étude avec ardeur pendant les
quatre années qu'il passa à Rome ,
peu de temps après son retour à Pa-
ris il se fit agréer «î r«icade'mie de
iieinture , sur un tableau reprc'sentant
la naissance de liOuis XI il , et rece-
voir deux ans après , sur celui d'U-
lysse enlevant à Pliilocli'le les llc-
ches d'Hercule. Dans le nombre des
tableaux qui font bunneur au talent
de Taillasson, nous citerons : I.
Firç^ilc lisant V Enéide à Anç^iiste.
II. Une Scène de la tragédie de
Rodogum'. 111. Oljnipias arrêtant
la fureur des soldats venus pour
Vassassiner. IV. Timoléon visité à
Syracuse par des élranf^ers. V. La
Mort de Sénètpie. VI. Androma-
tpie versant des larmes sur le tom-
beau d* Hector. W\, lléro et Léan-
dre, etc. D.ms le cboix des sujets
peints par Taillasson , aiiLsi que dans
Iciir exécution , on ivr.onnait toujours
une profonde sensibilité et beaucoup
d'expression. Le seul reprocbc qu'il
ment.it, et qui tenait plutôt à sa ti-
midité et au désir de bien faire qu'au
manque de talent, était celui de re-
venir trop souveul sur la même par-
tie, ce qui donne à ses tableaux l'air
d'être faits péniblement. La littéra-
ture et la poésie étaient l'objet de
ses délassements. On a de lui plu-
sieurs poésies, entre autres un petit
j)oème imité des chants de Selma
d'Ossiau , dans lesquelles on retrou-
ve la même sensibilité que dans ses
lablraïTX. Son ouvrage intitulé : Ob-
servations sur quelques grands ptin"
très [^ 1807 , in - 8". ) , est aussi
utile aux ai'tisl&s «[u'il est agréa-
ble aux amateurs. Ce fut ainsi
i\\\Q , parvenu à l'a^jc de soixautc-
TAI
qiKiti*eaDS,i>aBscs bitre les dâioes
(le l'amitic', le charme des arts él «-
lui des lettres , Taillassou lîit enkfif
à ses amis le 1 1 novembre 180g. Il
montra dans ses derniers momats
une sécurité' parfaite , celle dW
ame pure qui n'a ancuu reprodieà
se faire. La veille de sa mort , rap-
pelant un de ses amis , qui le croyait
endormi, et lui serrant la main : Dî-
sons-nous donc bon soir mon «mi,
car demain il ne sera plus temps.
L'auteur de cet article a donne nr
Taillasson une Notice plus étadnc,
qui a e'tc imprimée , «n 1 8 1 1 , dans k
Moniteur et dans les Mémàttes de
r athénée des arts. Il existe sur hn
une autre Notice , par Bnnm-Nccr-
gard ( Magasin encyeL , 1810 , 1,
3 10). P-^
TAILLE ( JcAïf DE La), va
vers 1 540, à Bondaroy, près de Pi-
tliiviers , d'une familte noble. Son
pore , qui était sans instruction ,
voulut que son fils on edt, et l'en-
voya étudier k Paris. Jean de la
Taille e^it au nombre de ses matim
Marc-Antoine Muret; ce fnt àQ^
léans qu'il fil son droit , sons Anor
du Bourg ( f^. ce nom )• On peut
croire que La Taille était destiné à
la magistrature ; mais la loctnre dfl
Ronsard et de Du Bella j le fit re-
noncer à la jiirisprndcnoe , et il s'a-
donna à la poésie. Il avait suivi pen-
dant quelque temps le parti des ar-
mes; il était, en ifiGâ, an camp
près de Blois ; et , en i568i *■
camp devant Loiidun : c'est tont a
qu*on sait de sa vie ; il n'était pis
mort eu 1602* Il a été éditeur des
ouvrages de Jacques, son ùttt ca-
det, mort avant lui ( f^. ci-après]:
il est lui-même auteur de : L Â-
montrance pour le roi à tous ses
sujets qui ont pris les armes, i563,
iu-8^.^ pièce de vers, ramprimëe
TAI
en 1572 , à la saite de Saiïl. II. Saiil
le furieux^ tragédie, iTi^îx, m-8*>.,
précédée d'un discours sur VArt de
la tragédie , et suivie d'un éloçe de
Jacques de La Taille, etc. lll. La
Famine ou les Gabaonites , tragé-
die, 1573, in-80. On trouve à la
suite la Mort de Paris, Alexandre
et OEnone , poème , le Courtisan
retiré^ le Combat de fortune et de
pauifreté ^ autre poème; les Cori-
vauXy comédie en cinq actes et en
prose ( qui n'est point imitée de l'A-
rioste , malgré ce qu'on lit dans la
Bibliothèque des théâtres , dans les
Recherches de Beaucbamps, dans
la Bibliothèque chartraine de D.
Liron , dans Léris , et même dans la
Bibliothèque du Théâtre-Français,
(par Marin et le duc de La Vallière);
le Négromant , comédie en cinq ac-
tes et en prose , imitée de l'Arioste,
des Élégies, etc. IV. La Géomance
abrégée de Jean de La Taille ,
pour savoir les choses passées , pre-
scrites et futures ; ensemble le bla-
son des pierres précieuses, i574,
iii-8^. ^ contenant aussi quelques pe-
tites pièces de vers. V. Histoire
abrégée des singeries de la Ligue,
iSqS, in-8^. , réimpriimée avec la
Satire ménwpée, Ratisbonne, 1711,
et Paris , Uelangle , i8!i4. VI.
Discours notables des duels, de
leur origine en France , et du
malheur qui en arrive tous les jours
au grand intérêt du public. Le P.
Niceron dit qu'il y a nien des faits
dans ce livre. Quant au poème en
trois chants , intitulé : Le prince né-
cessaire , dont Lacroix du Maine
fait mention , et dont La Taille parle
liii-mrmc en tête de Saûl, il ne pa-
raît pas qu'il ait été imprimé.
A. B— T.
TAILLE ( Jacques de La ) ,
frère cadet de Jean , était né à Bon-
XLIV.
TAI
4oi
darojr, en i54'2; l'exemple et les
conseils de son frère le portèrent à
cultiver la poésie. Des l'âge de seize
ans , il composa des pièces de vers ,
et même des pièces de théâtre. Ce-
pendant il n'a pas été mis par
Baillet au nombre des enfants cé-
lèbres. Jean Dorât avait été son
maître de grec , et l'élève faisait
beaucoup d honneur au professeur ,
s'il faut en croire Jean de La Taille.
Jacques mourut de la peste, à Paris,
au mois d'avril i562, âge seule-
ment de 20 ans. Selon Lacroix
du Maine, il haïssait tellemeut les
Manceaiix et les Normands , qu'il
louait Dieu de ne pas l'avoir fait
naître en Normandie , ni dans le
Maine y mais en Beauce. On a de lui
les ouvrages suivants , dont sbn frère
fut l'éditeur : I. La Manière defcU-
re des vers en français comme en
grec et en italien^ 1578, iu-8«.
Les vers mesurés sur la quantité et
sans rimes n'ont pas été naturalisés
en France , malgré les tentatives fai-
tes à diverses reprises. ( F, Mousset).
IL Daire , tragédie, i573,in-8*>.
Daire est Darius ; c'est dans le récit
du cinquième acte que l'auteur a pris
une licence dont on ne connaît pas
d'autre exemple , au moins dans le
genre sérieux : voici les dernières pa-
roles ^u'ou y rapporte de Danus
qui pne Alexandre d'avoir sa famil-
le en recommandation :
O Âlruuidre, adieu f quelque part que tu sois ,
Ma mère rt mes «^ufanfii ave en recoruiuanda....
U ne put acbever , car la riitirt l'en gard».
111. Alexandre, tragédie, 1/575.
Léris , dans son dictionnaire, et les
Anecdotes dramatiques, attribuent
à Jacques, trois autres pièces : Atha-
mont , JViobéet Progné, Ces pièces,
que mentionnent aussi Lacroix du
Maine et D. Liron , n'ont point été
imprimées; du moins on n'en connaît
a6
4oi
TAI
aucun eiKiD plaire. IV. Rocueil des
inscriptions , anafçrammatismes et
autres œuvres poétiques , «i la suite
du Soûl le furieux^ de Jean de La
Taille. Le Morcri de 1 759 annon-
ce que dans la Bibliothèque fran-
çaise de Goujel on trouvera une
tiistoire exacte, etc. , des dcu\ fi'èrcs
de La Taille , où il a su corrigei* les
fautes qui c'iaient e'cliap])e'c.s à ceux
rioi en unt parle avant lui. Mais le
(lix-liuitieme et dernier volume, qui
ait e'té ))ublic de la Biblothèque
française y e,st de 17.56 : il est A
croire que l'article sur les frères de
La Ta i lie faisait |)artie des tomes
dix-neuf et vingt, qui sont restes
manuscrits ( f^oj, («oujet, XVIII,
/ÏÂILLEPIED (Noix), historien,
ne', \'ers i54o, dans le diocèse de
Rouen , prit jeune Thabit de cordc-
Jicr, se lit recevoir docteur en llie'o-
logie à la faculté' de Paris , et pro-
fessa plusieurs années cette science à
Pontoise et dans d'autres maisons de
son ordre. Désirant mener uuc vie
pkis parfaite , il passa dans Tordre
des capucins , et mourut , en 1 589 ,
à Angers , où ses confrères venaient
dV'tre reçus. Comme leur église n'é-
tait pas achevée , il fut inhumé dans
la chapelle dite du Saint- Esprit, sous
les murs de cette ville. C'était un
homme savant et laborieux, mais
crédule. Outre quelques livres tliéo-
loçique.s, cités par nos anciens bi-
bliothécaires I^a croix du Maine et
Duverdier, mais qui ne jnniveut plus
offrir aucun mtéret( /'. JJuindkukn ),
on a de lui : I . Les Fies (le léUthcr ,
dr Carlos f ad t (André l^odeslein) et
de V. Martyr^ Paris , 1^77, in-8".
\jx vie de Luther a été réimprimée ,
avec celles de Calvin et de Th. de
Bczc , par Jérôme Boiser , sons
c« titie : Histoire des vies, mœurs.
TAI
a€les et morts des trois jnimeipMa
hérétiques de notre temps , Doiui,
iGit>,in-iïi,rarc(i).ll. CommteB-
tariiin ThrenoSy sive lamentatkmes
Uieremicp prophetœ , ibid. , iSSa,
in S^". , cite par Vogt , CtU, Ubrot,
rarior. III. Abrégé de la phâoso-
phie d* Aristote y i583 , m^^, IV.
Histoire de l'état et république da
Druides y Eubages, Sarouides, Bu^
des , Vacies , anciens Français, gi»
veraeursdu pays des Gaules, drwM
le déluge jusqu^àJ.-C, ibid., i5oS,
in-8^., livre plein de fables et d'idén
singulières, mais qui u'en est pti
moins recherché des curieux. On ai
trouve l'analyse dans la BUtL kist,
di*. la France^ i, 38i3. J. Geei&
FricK en a donné im extrait dans-k
Commentar. deDruidis oceidaâaL
Pojnélor. philosophis, v-, p»rf»( f,
Frick ). V. Recueil des antiquitét
et singtdarités de la thIIc de Hêum,
Rouen, 1587, ii>-&>., rare. U ji
des exemplaires avec im noiifai
frontispice de lOi 0. VI. UAntifÀi
de Pontoise , ibîd. , 1 58^ , în - fc
VIL Traité de VapfMuiiian des Ê$^
pritSy à savoir des amesa^rMii
fantômes , etc., itt-ia ^ saureulra*
primé dans les premières auiMili
17'. siècle. L'édition que préfiMtf
les curieux est celle de t6oa , i»i^
Paris. Cet ouvrage , dit Ijenckl J^
fresnoj , d'iui hon>me babîfe. Mi
crédule y est écrit bifn lauguîn»
ment; il n'a pas laissé d'aTOÎrqait
que cours. Fqx. la table dèia«M%
à la suite de son Recueil de Dist^
tations sur Us apparitions, W*
TAISAND(PiEâiiE),ji
né à Dijon, le *] jauTÎer i6^â
(ils d'un cmiseiller au baBli|llft
'O C.Vst p>r nrrur qne, dans lr« MlMiVb
trilmr ù T..iIJepird U I ic rfc n. Aâfar^Aflâ
tl« Dolf ec.
'»
. I
TAi
^t, H pareot de Bossiiet.
voir fait ses études avec siic-
colléç;e des jésuites à Pont-
sou , il alla faire son cours de
Touloiv>e, et prit ensuite ses
i l'université d'Orléans. 11 se
)ieut6t au premier rauç; des
avocats qui fré({uentaient le
1 de Dijon. Plusieurs de ses
ers furent insérés dans les
ixdu Palais. Dans un voyage
:, en iG^S, à Paris, il reçut
loiguagcs particuliers de l'es-
i preuiipr président de La moi-
de mademoiselle de Scudéri,
Imit aux réunions de savants
le était i'oracle(^^ScuDtRi ).
catessc de sa poitrine ayant
Taisand de renoncer au bar-
1 acquit, en i68o, une charge
orier de France. Dans les loi-
e lui laissait cette place , ilen-
dilTércnts ouvrages, entre au-
CommerUaire sur la coutume
:hé de Bourgogne, qu'il mit
r en 1698, in- fol. II se démit
barge, qu'il avait exercée avec
ir pendant vingt-six ans, ré-
.€ con!>acrer entièrement ses
rcs années à la culture àits !et-
oais le temps lui manqua pour
îr les ouvrages qu'il méditait,
id mourut h Dijon , le 12
{•^ID, et fut inhumé dans Té-
de Saint - Étiemie , sous une
décorée d'une épitaplic ra])-
; par Papillon ( BibL de Baur-
' , II , 5oG ). Quelques jours
sa mort, il avait reçu de Louis
on médaillon d'or , comme un
ragcmeut à ses travaux. Outre
jes opuscules ascétiques , on a
: L Histoire du droit romain ,
, iOnS , in-i'i. 11 dédia cet ou-
à Èossuet, alors évétpic de
HB. IL Commentaire sur la
du duché déf Bourgogne ;
TAI
4o3
il se proposait de dernier une édition
augmentée de cet ouvrage , que celui
de Bouhier ( ^o^. ce nom ) a rendu
tout-à-tait inutile. IIL Les Fies des
plus célèbres jurisconsultes de tou-
tes les nations, tant anciennes que
modernes, par ordre alphabétique,
au nombre ae près de cinq cents. Ce
n'est qu'une compilation ( Voyez D.
Simon, xlii, p. 386). La plupart
des articles sont fort succincts , quoi-
que rédigés avec peu de précision ;
l'auteur est trop sobre de dates et de
détails bibliographiques. La Notice
la plus importante , par son étendue
et sou exactitude , est celle du prési-
dent Favre , qui occupe 69 pages.
I^s aiticlesdes trois Socin, juriscon-
sultes de Sienne ( Marien l'ancien ,
mort en 146*7 ; Marien le jeune , en
i556; et Barthélemi, en 1607 )y
sont aussi traités avec quelque dé-
veloppement. Claude Taisand ^ son
iils , religieux de Citeaux , en donna,
la première édition , Paris , 1721 ,
in - 4**- » précédée de la Vie de l'au-
teur , qu'il avait publiée séparément
en 1715. La seconde édition , Paris^
1737, in-4**., augmentée (par Per-
rière ) , laisse encore beaucoup) à dési-
rer ( i ). La Monnoye avait fait , sur cet
ouvrage , des remarques que le nou-
vel éditeur paraît n'avoir pas con-
nues , puisqu'il n'en a pas prolité.
La bibliothèque et les manuscrits de
Taisand furent légués par son fib à
l'abbaye de Ctteaux. Outre des ques*
/ 10/15 de droit et des })laidoy ers, on
remarque^ parmi les manuscrits, des
fi^, 1^ froDti»|iiLe de l'édition d« 1737 •iinoncc
qii elle est au^mrtitct d'un lirri. Le* addittoH*
Tout de la pu.,*' 583 à \t\ pa^c 74j« ; naû «lies im
ifiiur p.u fu.iduefc dans l'uuTi-uge: rllri ont été ia.
liriiiiées pour vXtti piiutes «111 eiemplaireu qui
étaient eu loaga^iu, dr l'editiou da 1711. Le» addi-
tion* seule* ayant «té iuipriniéen en 1737 . ir n«
•i l'un peut: cuuipler pour nouvM* édition l«a ,
exampUii M dn Taisand qviipoTlcul cette dittt. Aa '
reit' y lei addition t de Fvrri^re sont presqw*
tnate* pri^o de» H!into:rcs d* Niorma. A. B— T,
16..
4o4 TAI
traductions des lois de Cicéron et
des poésies de Gatiillc, et un Recueil
ou Dictionnaire de bons mots , choi-
sis des anciens et modernes , en 70
vol. in-12, dont son iils annonçait
le projet de publier un extrait , sous
le titre de Tainaniana. On peut con-
sulter , pour plus de détails : la Fie
de TaLsând , déjà citée ^ la BibL de
Baurgopte ; et les Vies des Coni-
rnentateurs de la coutume de Bour-
gogne, par Bouliicr. Le portrait de
ce jurisconsulte a e'tc grave in-.fO.
W— s.
TAÏ-TSOU (i), emncreur de la
(^bincjclief etfondatcurae îa dynastie
des Tclieou postérieurs, nionti sur le
Irone Tan f)5i de î'crc chrcticime.
Ayant son élévation, il portait le num
de Kono-ouci, qu'il avait illustre'
dans la guerre contre les Tartarcs.
Ses talents, joints à sa naissance,
relevèrent rapidement aux premiers
emplois militaii^es. Il fut un des qua-
tre mandarins auxquels IVmpereur
Kao-tsou recommanda son iils Yu-ti,
qu'il avait déclaré son successeur. La
confiance de ce prince dans ses mi-
nistres ne fut pomt trompée. Kono-
(i) On A de\ï eu i>crn<iiun de faire ubteryer que
Irt uoni* pur IniqiirU 1rs rnipereuri vliiiiuii muiI
dr»îgiie> dam les écrite des l'Jiiro|i(>cus ue «ont pas
dr Tcritalilvs doiiih , nuis df><t apprllatiou» 4ioiiori-
fh]ues deevnjcec i et» priuirt aprèa leur ainri , ou
des titres auigu«rs ans anaves île leur n*KBe. Les
nouis di* Taj-tMJU et de Tai-lsoung anparlîennciit k
la première dassc , niusi que cmii de ('.lii*t<^iu et
de (..hi-rnoung, de W-en-li , de Wou-ti et plusieurs
autres. Chai-un de ces iiuiiif revient dans l'histoire
chinoise aulaut de fois qu'il y a dr cluiif;eiaent de
dynastie , et l'ordre dans lequel il* rr]>araiiif(«Dt est
A peu pr^s fixé par l'usage , de sorte que pour sa-
Toir de ouel prince ou entend varier, il e5t ueres-
saire d'être infuriné du nom de la f'arnille impériale
tb laquelle re prince appartenait. Ta'i-tiwin [leç^rnnd
airut' «'Ht le nom qu'on donne d'ordinaire au fuo-
dateur d'nue dyuaktie, TaHsiiung ( l' grand il-
hulrr prince ) m celui gui l'a contolidee itu qui en a
•ugineutc l'rrUt ou la puisMnre. Du reste il y a daus
|e«antiale«rliiiiiji4«*»iinp doiicaine dr Tai-lviu et au-
lanl drTwi-lsouiig. Pour n'-enlcmlrr il ftiut a-ouler le
nom de la dvnn<lie : Suimfi Tai-ltMiinig ou Tluiiig
Tiii-tsuunK', fe T i't.«oungdr \n dyiinstif dr» Soung
ou de d'Ile dr^Than;; ; Tclieou Tiii-tsoti ou Yuuan-
Tdi-lKun , Ir Ta i -4 «ou des Tcheon ou desTnuan,
••le. A. H— T.
TAl
ouci, charge de pacifier Les ptotm*
ces de l'occident , assi^ea les chefr
des rebelles dans les places où ils s'^
taicnt renfermés, et les força de se
donner la mort. Aflermi sur son trô-
ne , Yu-ti ne songea plus qu'à se li-
yrer à son goût eflcéne' pour les plai-
sirs. Il abandonna le soin du gouver-
nement à ses ministres, et nomma le
brave Kono-ouci commandant-géné-
ral de ses troupes. Des ministres in-
tègres ne purent voir sans peine les
revenus de l'état dissipés en vaines
prodigalités. Au risqueae lui déplaire,
ils osèrent faire des représentations
à Tempereur sur la nécessité de dimi-
nuer ses dépenses. Yu-ti , loin de leur
savoir gré de cette noble franchise, les
lit mettre à mort, et donna en même
temps l'ordre d'exterminer leurs fa-
milles. Un sort pareil menaçait Ko-
no - ouci. I^s solda te , dont il avait
gagné le cœur par sa prudence cC lei
libéralités , l'engagent k se rendre k
la cour, pour dissiper les impressions
fâcheuses qu'on aurait pu donner k
l'empereur sur sa conduite, «t tons
veulent l'accompagner. Eflrajé par
le bruit de sa marche, Yu-ti rassem'
ble à la hâte des troupes, et s'avance
au-devant de Kono-oud ; mais il est
abandonné par ses soldats : sa capi-
tale lui ferme ses portes. Il arrive la
nuit dans un village dont les habitant»
prennent les armes pour sa d^nise ;
et , dans le tifmulte , l'empereur est
tué sans être reconnu. Kono - ond
s'empresse d'inviter l'impératrice k
se concerter avec les mandarins pour
désigner un successeur à l'empire.
Les suffrages se réunirent sur nu ne-
veu d' Yu-ti , que ce prince avait adop-
té; mais ce choix mécontente les sol-
dats. Alors l'impératrice fortie Kono-
ouci de saisir les renés de l'éttt.
Le premier soin de Taïrtsou , en
tant sur le trdne, fut de -publier
TAI
de générale. Descendant d'une
ranches de la grande famille
beou, il ordonna que sa dynas-
endrait ce nom. Des qu'il eut
éses états Jl alla visiter le tom-
leConfucius, auquel il décerna,
1 édit, le titre de roi. Les cour-
qui raccompagnaient lui ayant
;enté Tinconvenance d'accorder
e à un homme qui, pendant sa
vait été le sujet d'un petit priu-
On ne peut, répondit -il , trop
cr celui qni a été le maître des
t des empereurs, » Cependant
e d'Yu-tJ n'avait point renoncé
^rétentions au trône. Allié avec
les gouverneurs mécontents , il
da pas à lever l'étendard de la
e.Tal-tsou chargea quelques-uns
généraux de marcher contre
belles. L'alTaiblissement de sa
l'obligeait de rester dans son
. Tous les soins ne purent le ré-
j et il mourut, en ç)54 , à l'âge
quante trois ans , laissant pour
iseur son neveu , qui prit le nom
ii-tiong. D'après ses intentions ,
nhumé en habit de bonze. C'est
a deu3Jème année du rëgne de
ace que fut publiée l'édition des
King^ imprimée avec desplan-
lebois; véritable édition »ri»-
dit M. Abel-Rémusat , qm fixe
[ue de l'établissement de l'art
raphique à la Chine {Joum. des
1820, p. v')57 ). — Ce nom de
Tsou est commun à plusieurs
teurs de dynasties à la Chine ,
le plus célèbre est celui qui est
irement cité sous le nom de Gen-
I , ou plus exactemeut Tching-
lan ( P''. Djenguyz-khan ).
W— s.
.1 - TSOUNG , empereur de la
, succéda , l'an 97 7 , à son
Taï-tson , fonda teiir de la dj-
des Song , et qui , pendant un
TAI
4o5
règne de dix-sqif années , avait af-
fermi sa puissance et amélioré le sort
des peuples , en favorisant , par des
lois sages j l'agriculture , le com-
merce et les arts. Le nouvel empe-
reur se concilia l'estime et l'airectiOD
de ses sujets parle respect qu'il mon-
tra pour la mémoire de Confucius;
il se hâta de renouveler Tédit qui
déclarait exempts d'impôts les des-
cendants du sage législateur de la
Chine , et accnit les privilèges dont
ils avaient joui jusqu'en 954. Taï-
tsoimgétoufla, presque sans peine, la
révolte du prince de Han ; mais il ne
fut pas atissi heureux dans son des-
sein de s'opposer aux excursions des
Tartares de Leno. La guerre qu'il
leur lit, entremêlée de revers et de
succès , l'occupa presque sans relâ-
che. Jamais pnnce n'aima plus ten-
di-ement sa mère. Quand ses loisirs
le lui permettaient , iJ examinait luî-
méme ce qu'on devait servir , le ma-
tin et le soir , à la table de l'impéra-
trice. Dans la dernière maladie de
cette princesse y il ne quitta son che^
vet, ni le jour , ni la nuit; et le cha-
grin que lui causa la mort de cette
mère chérie, affaiblit beaucoup sa
santé. Plusieurs années après , ayant
été conduit, dans un voyage, au palais
de Tong-tcheou , il changea de cou-
leur en l'apercevant, et ait à ses of-
ficiers : a C'est ici que ma mère a
prodigué tant de soins et de caresses
à mon enfance; et maintenant ma re-
connaissance n'a plus de chemin pour
arriver jusqu'à elle. » En prononçant
ces derniers mots , sa voix s'éteignit
et des larmes inondèrent son visage
( Mémoires sur les Chinois , iv ,
254). Tai-tsoung protégea les lettres.
Savant lui-même , il s était fait une
bibliothèque composée de quatre-
vingt mille volumes ( Descript, de
la Chine y par Dubalâeyi«'.)llchan-
4o6 TAI
goa raDcieono division de l'empire y
qu*il partagea en quinze provinces ,
et mourut , en Cfxi y ^ ^'^S^^ ^^ <^"^
quantc-netif ans. Les historiens chi-
nois s'accordent à K»uor le discerne-
ment de Tal-tsoiinç; , son cquitc' , et la
sagesse avec laquelle il distribuait les
récompenses et les châtiments. Fojr,
Thiï>tsoung. W — s.
TAlX ((lUiuLAUUE de) y naquit à
Fresnai, près de Cliâtoaudun , vers
1 53u. Issu d'une famille noLle de la
Tourainc (i), il devint, jeune enco-
re y chanoine et doyen de l 'église de
Troyes, el abbé de Basse-Fontaine.
Il mourut le *; septembre 1 5(|(). On
ti'ouve, dans les Mélanges histori-
ques que Nicolas Camusat (it impri-
mer à Troyes , en 1 0 1 9 , in-S**. , nn
ouvrage curieux et intéressant de G.
de Taix; il a pour titre : Jiccueil
sommaire des propositions faites
i$ux Etats de Blois j en i5';6 , etc.
Députe à cette assemblée fameuse, il
le fut aussi à celle de Melun , en
iSrg, et à celle de Paris, en i586,
il dut ces missions honorables à son
attachement à la cause royale et à
son aversion pour les Ligueurs. Ce
ne fut que long-temps après sa mort
qu'on livra à l'impression ses Mé-
moires des affaires du clergé de
France , en 1 57! i , 1 5^9 , 1 58o ,
1 585 et i58G , en forme de journal,
etc. , Paris , Bouillcrot , 1 6'i5 , 1 voL
iii-4". Cet ouvrage, non moins cu-
rieux que son Recueil sommaire , ren-
ferme une foule de particularités qui
n'ont pas cesse d^offrir un grand
inteVêt. D — b — s.
T A I Z Y ( Cf.AUDK-ANDRK-jEAN-
Baptistk (x)quebi:rt de), ancien
capitaine au régiment de Bresse-in-
TAl
fanterie, né à Rdm. le i5 îaaw
1 758 , mente d'être uîstiiieiie Dami
les plus savants biUiograpMS ae sa
temps. Dès qu'il est lemunë ses éli-
des, il entra fort jeune au serrioe,
fut d'abord attache, comme Tolan-
taire , au régiment dePoiton , -et pMr
sa dans cdui de Bresse, en 1773* A
l'époque où les États-Unis d'Améri-
que déclarèrent leur indépendanee,
Tai7.y fit successivement et aTecA-
tinction , la guerre sur les Taissean
du roi le Saint-Esprit^ le Somv-
rain et le Triomphateur, Il assislK
«i la prise de Tabago , aux cofldiaii
de Saint-Christophe et de la Gfaesa-
pcack , signala sa braroure à la |B-
se d'York-to>vn en -Virginie , «I
notamment au combat du ilk ani
1 78a. A son retour en France, il k
dela.ssa par l'étude des scteneesA
des belles-lettres, pour lesqueUes îl
avait un goût passionné. La. tcvoIh'
tion éclata ; et Taizy, singukièraBÇBt
attaché à la monarchie , «liëflîli
pointa re] oindre Parmée despmom,
réunie sur les bords du Rhin,sa«i
les ordres du prince de Coudé , m
1791. 11 se trouva k tontes les atti-
res où il j avait de la floîre à ac-
quérir, hit blessé à Oberkanlaeh,
en 1796 , et eut pour récompai-
se la croix de Saint- Louis. Ayaot
suivi l'armée de Condé , en Afc-
magn(^rt en Russie , en qnahr
de major, il ne la quitta que Ims-
qn'élle fut licenciée, en 17^(6. Mi
qn'il lui fut permis de rentrer dns
sa patrie , il vmt y recueillir les dé-
bris de sa fortmie, et consacra Ifl»
ses moments à sa famille et il V4bt
de. Littérateur distingué , tout ce
qui sortait de sa plume annonçait mie
saine critique ^ un goût par ot ielî-
cat. S'étant occupé à mettre en or-
dre la bibliothèque de Aeias, îl^ ic-
ciicillity par oe travail deprééML
é'
TAI
liblio^rnphiques ; et il
ictiuu d*eii ])rocurer de
utiles à Barbier^ pour
nairc des anonjmes ,
Biographie universelle,
lie (le fort bons articles,
i manuscrits des Notices
1 plus {;raud intérêt. Tai-
k la critique la plus ju-
aux plus vastes connais-
arc modestie. Rien sur-
l .sa jïroLitc et son de'sin-
Cet Lonime de bien ,
des clicv;iliers français,
carrière à Keiins, le 8
/). J— B.
H ou TACASCH ( Ala
iltbau du Kharizuie ou
, était le iils aîné d*ll-
lui avait donné pourar-
illc de Djorid, près ae
c d«i Sihoun ( le laxar-
arl d'11-Arslan , son jdus
litliau Chah Mahmoud ,
s sur le tronc par le ci^
i tutelle de sa mcre , Tan
:;. ( 1 172 de J.-C.),Ta-
aa une juste part dans la
ic son père , offrant de
arizme à son frère , et de
du Khoraçan. Sa de-
l été rejelée , il rassem-
ipes , et au moyeu des
reçut du khan de Gara-
mtra dans le Kharizmc,
me suhlian^ et força son
•étirer à Niscliabour. La
eu entre les deux princes
leurs années ; mais vSul-
<e maintint dans la partie
I Khoraçan. L'an 588
kasch alla dans l'Irak
secours de Tatabek Ki-
r, ce nom)^ attaque par
sulthan seldjoukidc de
ni, à sou arrivée, que ces
f avaient fait la paix, et
TAK 407
ne voulant pat perdre entriTeiucut le
fruit de sa campagne , il s'empara de
Rcï et de Thabrek. L'amiée sui-
vante , il devint seul possesseur de la
monarchie Kharizmienue , par in
mort de son frère. En 690 ( 1 194)«
il revint dans l'Irak, pour faire la
{îiicrrc à Tboghrul , qui avait repris
Keï , et il réunit à son empire tous
les états de ce sulthan, le dernier des
seldjoukides de Perse ( f^qr. Tho-
GRouL m ). Plusieurs poètes con-
temporains célclirèrent sa couqiiéte
de 1 Irak. Au printemps suivant, il
marcha vers le Mawar-al-nahr ,
pour airêter queU[ues mouvements
duKhande Saganak, qui, étant venu
au-devant de lui , se soiunit et obtint s«t
çràcc, Sand jar^beau-frèivdu sulthau^
avait trempé dans une conspiration
dont le but était de soustraire ic
Khoraçan à la domination de Ta-
kasch. Ce prince le lit arrêter et
aveugler: mais bientôt y à la demande
de sa sœur, il le mit en liberté, et
lui accorda une pension. Cependant
le khalifeNasserliedin-Allah; croyant
reconquérir l'Irak plus facilement
depuis qu'il n'était (uus défendu par
la présence de son souverain , y en-
voya une armée. Ynanedj , gouver-
neur dlspahan, obligé de se replier,
alla aussitôt joindre ses forces à cel-
les de Miagen, gouvernair de Reïh.
Mais ce dernier , ennemi d' Ynanedj ,
lui iit co<iper la tête , qu'il envoya
au sulthan , comme celle d'un traître
dévoué au khalife ( P^qy. Cotlogh
YffANEDj ). Takasch démêla l'im-
posture; mais dissimulant ses soup-
çons, il marcha vers l'Irak, vam-
quit les troupes de Baghdad , et for-
ça le khalife à demander la pa ix ,
et à se désister de ses prétentions ( f^.
Nasser Ledin-Allah ). Ije perfide
Miacen fut destittic et mis dans imc
étroite prison. L'an 5gi ( 1 197 ^^
4c»8
TAK
Takiisch riilirprit une exoéditiou
roiitrf ïcs Kiiitaiis , lioiM l'cnipin*
('lait eu décadence. Il prit Uokhara ;
et loin de .se venger (les liabilants ,
«pii pendant le siège l'avaient insulte'
de la manière la plus grossière , en je-
tant dans son camp un cliicu Lorgne
afi'ublc d'un turban et d'une robe
persane, avec cet ecriteau : Foicivo-
ire sulthan, il leur pardonna et les
combla de bienfaits. Takasch , pen-
dant sa dernière campagne dans l'I-
rak, avait commence rrxeculiuu de
son projet, d'exterminer la série des
Ismaeîiens ou Batheniens [f. Hacaiy
REN S \ BU AH ). Il avait de])i:is charge'
son iils Ala-eddyn Mohammed ,de
l'ontiuuerà poursuivre ces assassin^,
et à les chasser de tous leurs repai-
res. II ne vit pas l'issue de4:ette guer-
re, ([ui prit fin à sa mort, arrivc'c
au mois de ramadhan 5()(i ( juillet
l'ioo ). T.ikasch avait ngne, avec
autant de gloire que de bonheur,
Jdus Je vingt-huit ans. Ce prince ha-
)ilc, \ aillant, juste et libiTal , laissa
un vaste empire à son liJs, (pu l'a-
grandit encore, et uc sut pas le con-
>erver (^. Mohammed Ala-eddyn ).
Il j)arait (pi'il fut le premier prince
turk qui adopta le croissant pour or-
ner le faîte de ses palais. A — t.
TAKTAZANI. r. Taftazani.
TAKY-EDDYN OMAR ( Melik
EL-MODBAFFEi\ ) , premier roi de Ha-
mah , de la dynastie des Ayoubides,
était iils de Sehahin-Chah , frère ai-
ne du grand Saladin. 11 lit partie de
TexpiMi lion que Nour-eddyn. sulthan
de Syrie, envoya contre l'Egypte,
l'an r)C}\ (ïi()H), et y demeura au-
près de son oncle Saladin. Lorsque
ce dernier , maître de l'Egypte, en
5C7 ( 1 1 -^ I ) , et inquiet sur les inten-
tions de Nour-etldyn , eut assemble
ses parents et ses principaux ofTiciers,
pour les consulter, le jeune Ta ky-
TâK
cddyn s'ëcria le premier que si l'a-
tabek venait en Egypte, ou le rece-
vrait les armes à la main , et on k
forcerait de retourner en Syrie. Ia
vieil Ayoub^ père de Saladin , repri-
ma la pétulance de son petit - nls:
mais Saladin put compter dès-Ion
sur le courage et le dévouement de
Taky-eddyn. C'est à tort, cepcndauty
que Renaudot et Marin ont a%'aoce
qu'il le mit à la tctc des troupes qu'il
envoya, l'an 508 ( 1 i^^a) , 'con-
quérir Barca et Tripoli^ eu Afri-
que. Ce fut un Turk , jadis s(Ai
esclave , nomme' Taky-eddyn Kara-
Kousch , qui fut charge de cette ex-
pédition y et ce Turk fut le premier
de sii nation qui lit la gueri-e eu Afri-
que. Quant à Taky-eddyn Omar , il
suivit son oncle en Syrie. Il perdit un
de ses fils à la bataille d Ascaloa
(i 177), partagea lui-même tous les
dangers de Saladin daftas cette dérou-
te ; et , Tanuce suivante, il en obtiut,
* titre de fief, la principauté de
Hamah. Deux ans après (1180), il
vainquit, avec deux mille cavaliers ,
ou avec mille seulement, le sulthan
d'Ieouium, qui avait fait une invasm
en Syrie , à la tcte de vingt millehonh
mes ( F, Kilidj-Abslan II )• L'an
1 1 83, il alla gouverner l'Egypte, où il
remplaça son oncle Melik-d-Add ( F.
ce nom). A la bataille de Tibériadey
ce fut lui qui fit prisomiîér le roi de
Jérusalem ,(|ui s'empara de la vraie-
Croix , et qui présenta au sultban ces
deux trophées d'une victoire écLi-
tante. Au fort de l'action , suivant
Abou'1-feda , il avait favorisé ia re-
traite de Raimoud II , comte de Tri-
poli , en lui ouvrant un passage à tra-
vers le corps qu'il commandait. Sa-
ladin, ayant pris Laodicée , l'année
suivante , en remit le commandement
à Taky-eddyn, qui en fit réparer ks
fortifications et en ajouta de uouni*
TAK
il entendait fort bien l'art
T les jilaccs y et il dirigea
la constniction de la cita-
la ma h. Pendant le sie'ge de
Q-d'Acre par les chrétiens,
, il commandait l'aile droite
n. Il enleva les positions de
s'avauça jusque sous les
a ville, et en facilita le ra-
'nt : mais ayant été chargé
des renforts à Tarmée mu-
il employa son temps etses
prendre la ville d'Helata et
; invasion dans !c Diarhekr^
; cause que le snlthan lui at-
. reddition de Saint - Jean-
la I gré cette faute , Taky-ed-
erva la confiance de son on-
iitinuri de recevoir des mar-
oalées de sa satisfaction.
villes de Hamah, îMaarrah,
I, Manhedj , Laodicée, et
utres places qu'il possédait
ainsi que Meïafarekin, dans
)iarbekr , il en obtint , en
Si villes de Harran , Orfa ou
Samosath et Almanzar. Ër-
une tardive ambition y il at-
roi deKhélath en Arménie,
a qnelques places , le vain-
i'assiégea dans sa capitale,
ktimour ayant eu recours à
tien du khalife, Taky-eddyn
na son entreprise sur Khé-
alla mettre le siège devant
rd. Il y tomba malade , et
en ramadhan 687 , octo-
Il ). Son fils Melik-el-Man-
:ha sa mort et ramena Tar-
amah , où il fit inhumer le
son père. Taky-eddyn Omar
sa valeur , son activité , ses
t sa fermeté , une des princi-
onnesde la maison d'Ayoub,
es princes qui contribuèrent
i fonder la puissance de Sa-
avait d'ailleurs des conuais-
TAL 4og
sauces littéraires, et cultivait la poé-
sie avec succès. Son fils Me!ik-cl-
Mansour , ayant voulu se mettre en
possession de toute sa succession ,
sans l'agrément du sulthan sou on-
cle , perdit tout ce que son père avait
possédé au-delà de l'Ëufrate y et ne
conserva que les villes qui compo-
saient la principauté de Hamah.
Cette branche de la famille de Sala-
din diu-a jusqu'en 74^ ( i34^). On y
compte huit princes^ dont le septiè-
me fut le célèbre historien et géo-
graphe Abou'l - Feda ( F, ce nom).
TAKY-EDDIN. V. Makhizi.
T ALBERT ( François-Xavier ),
littérateur estimable, naquit le 4 ^oût
1 7:28 , à Besançon , d'une famille dis-
tinguée dans la magistrature. D'excel-
lentes études le préparèrent à l'état
ecclésiastique , qu'il embrassa de
bonne heure. Un de ses oncles, cha-
•noine du chapitre de Saint- Jean y lui'
résigna sa prébende^ et libre de tout
soin , il put cultiver son goût pour
les lettres. En 1754^ l'académie de
Dijon proposa la question sur M Ori-
gine de l'inégalité , que J.-J. Bous-
seau , en la traitant y a rendue si fa-
meuse ( F. Rousseau ). L'abbé Tal-
bert concourut , et remporta le prix.
Son discours fut imprimé; mais il le
supprima , des qu'il eut vu celui de
Rous.seau ; et il n'aimait pas s'enten-
dre rappder son prétendu triomphe
sur ce redoutable athlète. L'annëe
suivante , il prononça , devant l'aca-
démie française , le Panégyrique de
saint Louis, Membre de l'académie
de Besançon , depuis son origine
( 175Î1), ily fitagréger,eni757, le
savant et laborieux Schoepilm ( f^.
ce nom ) , dont l'admission , à rai-
son de sa qualité de protestant,
éprouva beaucoup d'obstacles. L'ab-
bé deSoraize, 1 adversaire le plus
4io TÀL
opiniâtre de Schoepfliiiy venait de
renouveler , dans le sein de Tacadé*
mie , la dispute de la prëefmiaeDce de
la laugiie française sur les lanfi^ues
anciennes ( F, CBAnPENTiER ). Tal-
bert ouvrit la scaucc suivante par
une Dissertation sur le mente res-
pectif des Ianp;ue5 grecque, latine et
française : « Je loue, dit-il, le zèle
» des défenseurs de notre langue ;
» mais je crains fort que plusieurs
» d'entre eux n'imitent ces anciens
» clievaliers qui combattaient qiiêl-
» quefois pour des dames qu'ils ne
» connaissaient pas (i). » Ce trait
lui fit, de l'abbé de Soraizt, un ir-
réconciliable ennemi. Depuis quel-
ques années, de fréquents démêlés
avaient éclaté enli*e le parlement,
jaloux de la conservation des privi-
lèges de la province, et M. de Boy-
nes , qui réunissait la double charge
de premier président du parlement
et d'intendant. M. de Boynes cnil"
\es terminer par un coup d'éclat , et
obliut des lettres d'exil contre les
trente conseillers qui moutrnieut le
plus d'opposition à ses volontés.
Dans le nombre des eiiilos, l'ablié
Taibert comptait des amis et plu-
sieurs parents ; il n'hésita pas à pren-
dre bautcmcut leur défense^ et jeta
le ridicule à pleines mains sur M. de
Boyues et ses i>artisans , dans -une
foule de pamphlets en vcr« et m
prose , écrits avec beaucoup de ma-
lice et de gaîlé. L'auteur, quoique
prot(^é par l'anonyme, fut décou-
vert facilement ; et ime lettre de ca-
chet l'envoya d'abord ( 1759) au sé-
mindirc de Viview , puis au château
dePierre-Encise , où il expia sa faute
par urc déteution de près de trois
années. Ce temps ne fut pas perdu
pour son insti-uotion : il se pcrfec-
(i^ Cell» c]ii»n-lalinn m Iroiivr daiv* le lierufit
■uvBMnt dM miftënm àe» aradvmirienu . t. il.
TAL
tionna dans la langue grecque
nourrit de la lecture des me
ouvrages anciens et modernes,
à la liberté, l'abbe Talbert r
avec un nouvel éclat dans la a
évangélique ; et après avoir
dans les principales chaires d
ris, preclia successivement à
sailles et à Lunévillc , où il re
bon roi Stanislas l'accueil h
flatteur. L'évéquede lascar,
Noë ( F", ce nom ), l'ayant
pour son grand-viciirc, l'cng.
rentrer dans la lice académiqi
1 769 , il remporta deux pi
poésie, l'un à l'académie ae
par des Stances sur l'indiist
l'autre à l'académie d'Âmien
une Epître sur les avantages d
versité. IjC choix de ce demie
prouverait qu'il n'avait point
oublié sa disgrâce , quand mén
la rappellerait pas dans lesdeu
suivants, qui terminent la pièc
Ja dui* mix cmipa dn »ort laoB rrpoii, moa
Ui urraz Mir mf» débris , \mi<àiam,\m mtm i
11 adressa, l'année suivaiite,
cadémie de Dijon , son Ela
BayaréL L'ouvrage , arrivé
tard , lui fut renvoyé par le
taire, avec une apostille, c J'<
» consolé , dit-il; car î'araia
» couru pour le prix de rëloqoe
» non pour celui de la coane
Depuis ce moment , tous ses \
rent marqués par 'autant de i
De 17711 à 1778, il remporti
prix dans différentes académi
son éloge de l'Hôpital, ronn
Toulause , obtint le prenûcr m
à l'acaddnie française , dont i
tagca les suffrages avec celui d
\yé Rémi. Les triomphes litti
de l'abbé Talbert étaient no ul
à sa fortune. Dans un moment
(«^ Artrtis^rmmt en tilt 4t 1*
>e vit forcé de vendre ses
(5). Ses amis lui conseillè-
re quelques dema relies près
e d'Autun ^ charge de la
i bëncticcs. (^ prélat lui
ruelle remploi profil ue de
i : tt Monseigneur, lui rë-
bbe Talbert , quand j'ai eu
vinct-cinq louis, craignant
uvoir pas les rendre si je
intais, j'ai mieux aimé ti-
ttre de cliange sur une aca-
M. Tabbé, lui dit aussitôt
p , il n'est ])as donné à tout
de se procurer de Targent
'cilseftots. » Quelques jours
lui conféra le prieuré du
Malades , diocèse de Rouen ,
le douze mille livres. L'ab-
t renonça pour toujours à
les couronnes dans les aca-
t se consacra au ministère
ire. En 1779, il eut Tliou-
e cboisi , une seconde fois^
noncer devant l'académie
le panégyrique de saint
orateur fut fréquemment in-
par les applaudissements
îurs (4). En 1781 , il prê-
nt le roi le sermon de la
., dont on remarqua surtout
et la péroraison. L'amitié
sait depuis long- temps à
iomies oc distinctieo de sa
le fixa à Paris. Il en
3C elles dans les premiers
de la révolution pour les
Italie, puis à Lera'berg dans
e, où il mourut le 4 juin
'âge de 75 ans. Les quali-
» de Talbert l'emportaient
insrr^a qnr reWe qiir, lui R^ait tuJjn-
e df KoiiMi , nonr l'A/ogc tin Ciinli-
e : *\ïe ntail d anjrnt . et ne vnlail que
franrs ; il l'cnlauru d'un cprcle, j«nr
TÎt : Ma pauvreté m'a saus'èc. Note de
les iottmaux du temp^, et entre aa*
TÀL 4ii
m^me sur tes talents. Plein de bon-
homie et de simplicité ^ quoique
malin ^ il fabait les délices des so-
ciétés par son enjouement et son
obligeance naturelle. Avec de l'esprit^
a dit Laharpe, et des connaissances,
l'abbé Talbert écrit plus en rhéteur
de province qu'en orateur et eu hom-
me de goût (Correspond, littéraire ^
t. a). Ce jugement est beaucoup troj>
sévère. Ses ouvrages sont déparés , il
est vrai , par de fréquentes incorrec-
tions; mais elles sont rachetées par
des beautés réelles ; et Ton ne peut
guère douter que s'il eut attaché plus
de prix à laisser un nom comme ora-
teur, il aurait pu se placer pi*èsdc
FJéchier , son modèle. Li liste des
ouvrages de l'abbé Talbert n'a pas
encore été domiée complète. On a de
lui : I. Discours qui a remporté le
prix de l'académie de Di]on, cii
1 754 , in-8<>. de 55 pages , très-rare.
La devise choisie par Tauteut, Qate
sunt, a Deo ordinata sunt, fait as-
sez connaître la manière dont il avait
envisagé son sujet ( 5). II. Pane'gyri-
que de Saint-Louis , prononcé en
présence de MIVI. de l'académie fran-
çaise. 1755 , in-8". III. Compliment
au roi de Pologne, le j our de l'Assomp-
tion de la sainte Vierge , 17^^' '^'
4<*. IV. Vers sur la mortdu Dauplim
«t du roi Stanislas , 1766 , in-8*». V.
Ode sur V industrie yi^m a remporté
le prix de l'académie de Pan , en
1769 , in-4^. et in 8°. , et insérée dam
une foule de recueils. L'atrtcur^ £t
Fréron , a le talent de rendre wrec
noblesse les grands objets , les phis
petits mêmes, et ceux qui prêtent le
moins à la poésie , Année littéraire y
IV , <)4- VI. Les Avantages de l'ad^
(5) Peut-rtre duit-oa rappeler la aauîère d«Bt
la queSlinii avait été prênentéa par l'acadéaiie âe
nijan : Quelle cH U nmrrede Hnêfiiiliei liet rtm-
fiUion* pormi Itt %ommes? m 4flU «H -«uiph*^ •pur
lu lui naturwlle?
4ia
TAL
versitéy pocme , couronne par l'aca-
démie d Amieus , en 1 7O9 , in 8*\
VII. Le Citoyen , poème , lu à
Tacadémie de Besançon , Mercure y
fe'vrier, i nOg. VIII. Oraisonfunèhre
du duc de Duras , maréchal de Fran-
ce et gouverneur de Franclie-Comlé,
Besançon, 1770, in-8". IX. Éloce
historique du chevalier Bayara ,
ibid. , 1770 , in-8°. ; il est pré-
cédé d'un Précis sur la chevalerie ,
très-bien fait et très-curicus.. X. Elo-
ge lùstorique de Bossuet , couronné
parracadémie de Dijon, en 177^9
ibidem, 1773, in-B*. XI. Eloge de
MassiUon, ibid. 1773, in-S*^. Xll.
Éloge de Montaigne , couronné par
Tacadcmie de Bordeaux , eu 1774,
Paris ^ 177^» in-8". ; il est suivi de
notes intéressantes et qui prouvent
que l'auteur avait fait une étude pro-
fonde des origines de la langue fran-
çaise. XIII. Éloge de Louis XV ^
Besai^on, 1775 , in-8^. De tous les
{)aué$:;yriques , dit .La Harpe , dont
es chaires et les académies ont re-
tenti depuis la mort de ce monarque,
il n'en est aucun où Ton ait rassemblé
si scrupuleusement tous les faits re-
marquables que l'on peut recueillir
dans un si long règne. Cet éloge est le
plus historique de tous ) c'est lÀ ce qui
le caractérise. Ce caractère se retrou-
ve aussi dans les notes , qui sont ins-
tnictives. XIV. Eloge du cardinal
d'Amh(dsey couronné par l'acadé-
mie de Rouen, ibid., 1777, in-8**.
XV. PbUus y £pitre à un sage^ qui a
remporté le prix à l'académie d'A-
miens, en 1 777 , Besançon , in-8<*., in-
sérée dans V Esprit des journaux^ jan-
vier, 1778 , A. VI. Éloge du chance-
lier de i Hôpital y couronné à Toulou-
se en 1777, ibid. , iu-8". , réimprime
plusieurs fois, notamment dans la
Collection de divers éloges publics à
l'occasion du prix propose par l'aca-
TAL
demie française^ en 1777 9 p
meilleur éloge du chancelier de
pital , Paris ( Hollande) , 177I
80. XVII. Éloge de PhiUppe
léans y régent , couronné par 1*2
mie de ViUefranchc . en 1 777 , 1
çon, in-8«. Wlll. Éloge dcBo
couroimé par la même académ
1778, ibid., 1779, in-8«.
Essai sur la vie et les ouvra^
Fléchier r l'auteur l'avait coi
pour l'édition complète des Ot
de l'évêque de Nismes. XX. j
g^-rique de saint Louis , prc
devautl'académiefrançaise , en
Paris, in-8». XXI. Complime
au roi , à la fm d'un sermon
ciel, prêché le jour de la Tous
1781 , Besançon, in-B**. Oui
Sermons , l'abbé Talbert a lai
manuscrit : V Histoire des ne]
tions concernant la successio
couronne d'Elspagne. Cet 01
était<terminé des 1758; mais]
seiur ayant exigé des retrancha
il renonça à le faire imprim
ignore ce qu'il est de venu. Les r
de l'académie de Besançon ci
nent un assez grand nombre di
ceaux inédits de Talbert; mai
mi celles de ses compositions
n'a pas TespéFance de reeottvi
mais , on doit regretter surto
Traduction en vers de Vniéu
un poème intitulé VHermiiage
on n'a que des fragments qu
pellent sans trop de dësav
la Chartreuse de Gresset. I'
reste à parler des écrits qu
sèrent sa détention. Le pr:
est un poème en vers de nu
la^ , intitulé : Langroenet a
fers ; c'était le nom d'un (
1er au parlement, créature de
Boynes. Il fut imprime separ
17^9, in-13, deaojp.,50U2
brique AntiboinCf de Fumprim
TAL
îiUaix. (6) Cette édition, très-
est décorée d'estampes satiri-
gravées à Teau-forte : elle fut
mée et même brûlée / dit-on ,
rét dn^illllement de Besançon
le SiSionnairc des libres
mnés au feu ^ parM.Peignot,
o ) ;.mais cette dernière alléga-
est pas prouvée. Le poème de
x)gnct se trouve dans VHistoi-
îgorique de ce qui s'est passé
\s remarquable à Besancon ,
Vannés 1756. Il occupe les
62- 1 1 7 de ce volume , dont on
a publication à Terrier de
i (f^. ce nom ci-après ) , prési-
la chambre des comptes de
I^ plupart des autres pièces
mposent ce Recueil , si rare
n*eu a pas vu jusqu'ici un seul
laire complet y peuvent être at-
îs â l'abbé Talbert(7). Philip-
; La Madelainc, l'un de ses
es plus intimes , lui a consa-
e Notice dans le Dictionnaire
êtes français y qui fait partie
"^eUte Encjrclopédie poétique
ilippon).M. Grappin a lu son
à l'académie de Besançon y en
On Y trouve quelques inexac-
qm ont été corrigées dans
idc. W— -s.
LBOT(Jean), comte de
sbury, etc., surnommé VA-
OHglais y second fils de Ri-
lord Talbot , naquit , vers
il Blecbmore dans le Shrop-
I aniii df M. de Boyne* étoient désigne*
t>riquct dejîlleul.
»cr» p«ut-ètre bien aite dr trouver ici les
c«« pièces : le Siège de Thémis. L» Pi-
Reveblion du frèr? Pacume. ÏJk nouvelle
iq«e. Relation de ce qui »'e»l pa*»é dao!*
gaie des avocate , au sii)et de Tmlèyc-
buit cooseillers au parlemeuf. Rrlatiou
SrfÏDt-Yvmi. L'iîpee perdue de l'aTOcat
Des Odes et dillerentrs Piiices de vers i
r des exilés. Une Ordonnance { supposée)
m Bo^'DCs, pour fournir des voitures aux
■ AttetBts par de« lettre de ctrhet et en-
i^rn^et aux enfers.
TAL
4i3
shire , sous le règne deRicbasd IL On
le voit figurer au parlement , vers
i4io^ et il fut, on ne sait pour quel
motif, enfermé à la Tour^ la pre-
mière année du règne de Henri V
( 14 1 3 ). Il ne tarda pas à être mis en
liberté , et fut même nommé, au mois
de février suivant^ lord - lieuteàant
d'Irlande. Ses lettres de nomination
lui donnent les titres de sir Jean Tal-
bot, chevalier - lord Fumival (i).
Pendant la durée de son commande-
ment, il battit Donald Mac Murgbe,
rebelle irlandais, qui jouissait d une
grande réputation ; le fit prisonnier y
et l'envoya en Angleterre, chai*gé de
fers. r..e roi d'Angleterre , qui venait
de se lier , par un traité secret^ avec
le du c de Bourgogne , opéra , en 1 4 1 7 ,
une descente sur les cotes de Norman-
die, à la tête d'une petite an&ée de
cinq mille cinq cents hommes, et en-
voya à Charles VI, peu de joiu^
après son débarquement, un écrit en
forme de manifeste, par lequel il loi
demandait la restitution du royaume
de Franœ. Talbot, qui faisaitpartiede
cette expédition , contribua , l'année
suivante, avec le comte deWarwick,
à la prise du château - fort de Dom-
front, et montra une grande bravoure
au siège de Rouen , qui retomba sous
la domination des Anglais y deux cent
quinze ans après sa confiscation sur
Jean-sans-Terre. Talbot retourna en
Angleterre vers 1^21, Après avoir
rétabli la tranquillité, un instant trou-
blée dans les comtés de Salopetd'He-
reford , il paraît qu'il revmt sur le
continent avant la fin de l'année ,
Puisqu'on voit son nom sur la liste
es généraux anglais qui combat-
taient en France avec Henri V. La
ville du Mans , dont les Anglais étaient
(1) U avait épousé Maud, fille aînée d« air Tho-
mas Nevil, et de Jeanne, bériti^e de Cuillanme,
lord FumÎTal . dont Talbot prit le nom «t le titre.
4i4 TAL
o» posaeiMian depuis loog - temps ,
ayant été surprise par les Français
( i4'-^7 ) > Suifoik y qui y conunandait ,
se relira dans la citadelle , où il n'a-
vait des vivres que pour trois joni-s,
et ùl avertir Talbot de sa de'tresse.
Gelui-ci partit précipitamment d' A-
lençott , entra de nuit dans la forte-
resse , d'où il fondit sur les Français,
qui ne s'attendaient pas à cette atta-
que impre'viie. Ils furtnt chassés de
la ville aussi promptement qu'ils s'en
étaient emparés. Talbot et Suffolk ,
après cet exploit, marchèrent sur
Lavai, qu'ils emportèrent d'assaut ;
et le premier alla ensuite aider le com-
te de Warwick à s'cmpai'cr de Pou-
torson^ place importante par sa si-
tuation, qui avait empêché le duc de
Bedford ae porter la guerre au-delà
de la Loire. Talbot et Ross en furent
nommés gouverneurs , vers le milieu
de i4'28. I^ comte de Warwick ayant
été mandé en Angleterre , pour y rem-
plir les fonctions de gouverneur du
jeune Henri VI , les Anglais perdirent
en lui l'un de leurs meilleurs géné-
raux. Il fut remplacé par le comte
de Salisbury, qm, ayant réuni sous
ses ordres Talbot et les autres capi-
taines, comm(?nça la campagne par
la prise de plusieurs places qui le ren-
dirent maître des environs d'Orléans.
Il vint reconnaître cette ville le 8
octobre, et , quoique d'abord repous-
se par Gaucourt, qui en était gou-
verneur, il s'en rapprocha le lu, don-
na , le même jour, un assaut , iit jouer
la mine le lendemain , et s'empara du
fort des Tourelles. Prévoyant que le
siège serait long , Salisbury avait ré-
solu d'embrasser la place par une
enceinte de plusieurs forts , lorsqu'il
fut tué par un boulet de canon. Le
duc de Bedfort ne lui donna point
de successeur; mais il chargea du
tîommandcment , avec un ]K>uvoir à-
TAL
poi-prb éçJty k comte dr SuflUk,
te lord Poil, son frère, Talbot, Gk^
cidas (2) et les autres dicfik N«v
n'entrerons pasdans Igjrtail fkaop^
rations de ce siège ii|pÉtoable, iék
dé]iendait le salut de K rVanee; nos
dirons seulemenîqne ,depiiisranifél
de la pucelle d'Orléans ( F. Ibahu
d'Arc) y les Anglais, frappësd'imefiF
reur panique, n'éproirvèrent qw d»
désastres , furent forcés enfiB en fe
lever , le 8 mai 1 4^0 j et de s'éloigpMr
précipitamment, abandonnant knf
malades , leurs bagages , leurs nfiH
et leur artillerie. Sufiblk se retindas
Jargeau , où il se vit bientôt âsàêfjS
et obligé de se rendre prisonaMir;
Talbot se rendit à Meun , où ilsefn^
tifia. Les Français, enhardis park
succès, attaquèrent la place: ctTst
bot , devenu général en chef des tvss-
pes anglaises , depuis le désasM ds
Sufiblk, fut contraint die Fj '
ner, et perdit', bientôt.aprts,
genci. Poursuivi par l'amiéB
çaise, il se retirait Teri la Bu—»,
par le chemin de Janville , losMn
rencontra les troupes ^œ sir Ma
Falstolf et Rampton hu anMOMSl
Taudis qu'il délibérait, iooertutt /i
poursuivrait sa roate ou a*îl mte*
drait sur ses pas, l'a vaut- gpiik dtt
Français, conduite par le ffflméraW*t
le maréchal de Boussac, La Hôfy
Xaintrailles, n'était jAm qv'i otf
denii-lieue de distance^ sans qa*itt
fut informé. Le corps de bataille dsM
lequel se trouvait la Pucelle^ ne tank
pas à arri^Tr. Les Anglais ckint
frap]>és d'une telle stupeur, qu'ils sa-
bliërent même de rctrancber lenn s^
chers derrière une palissade de f^
quets ferrés^ manœuvre qui leor vnul
tant de fois i*éussi. Ils en auraistsa
au surplus à peine le temps ; car dk
(«) MnnstiTlet l'mdU Ch
qu'il fut tut AU lirtc a'OrWiaA.
TAL
furent en présence ^ kt Fran^
*ondirent sur eux ayec furie,
•t, quoique attaque avant d'à*
ait ses dispositions, soutint ce
creflbrtavec autant de prc'scn-
sprit que de valeur. Il avait mis
k terre avec tout ce qu'il put ,
e moment , rassembler de Dra-
pns. Tandis qu'ii disputait la
re par des prodiges de valeur ,
»lf, ce même général , vainqueur
uruée des Harengs, frappéd'u-
reur subite, touma bride, et
na , par sa fuite , une partie des
». Eu vain Talbot se surpassa
hne : il ne fit que retarder sa
5 et la rendre plus meurtrière,
onné de tous cotes, blesse' au
rt sans espérance de rétablir le
it ni de se dégager , il se rendit
[itrailies , laissant sur le champ
aille de Patay deux mille cinq
ie ses soldats. Douze cents fu-
its prisonniers (3) ; et les Fran-
près avoir poursuivi lesfojards
àJanville,sVraparcrentduchâ-
c cette ville , où ils trouvèrent
âge et rartillerie des Anglais,
railles conduisit son prisoimier
t le roi ; et en lui présentant le
Talbot , il demanda et obtint
mission de lui rendre la liberté
ançon. Les liisturiens anglais
dent au contraire que Talbot
)endant trois ans rt demi pri-
r des Fr.'inçais ; qu'il fut échan-
tre X.'ïintraillcs, le i '2 février
et qu'après rtro resté quelques
Is rn An*;let(rrc , il revint en
?, re]>rendrc \v commandement
»upcs an;:;! aises. 11 paraît cepcn-
n'en ! 43o , Talbot ^Vmpara de
v'/f ) , que les Français ne tarde*
^•«tTrS t n- prrtr \r ri'imhrf Jm fUM cju'i
i(-iiln,«-t celui Ui"> i>riAuimi«i'X du rrjil a
iii<<tr<cli>l . Ka£iiuTliu:rm« , Cbr. d^Franct.
TAL
4i5
reiitpa8àrepreiidre;etqii'en i43i,lt,
maréchal de Bonssac et Xaintrailles ,
ajant rassemblé huit cents hommes,
pour faire des courses en Normandie,
furent rencontrés, près de Goiiroay ,
par le comte de Warwick et Talbot;
et que le mai-échal , ayant jugé la par-
tie trop inégale, reprit la roule du
Beauvoisis^ abandonnant Xaintrail-
les. Celui-ci , après s'être vaillam-
ment défendu , fut obligé de se rendre
à Talbot, qui, se rappelant la con-
duite généreuse du guerrier français
après la bataille de Patay , et non
moins généreux que lui , le fit mettre
immédiatement en liberté. En 1433,
Talbot , nouvellement arrivé d'An-
gleterre, del)arqua en Normandie,
avec huit cents hommes d'armes , et
s'étant joint, à l'IsIe-Adam, k l'évêque
de Thérouenne et à Gallois d'Aonay,
s'empara de Beaumont- sur-Oise et de
plnsieurs autres placés, et reprit, en
1435, la ville de Saint-Denis qui es-
tait tombée quelques mois auparayant
enti-e les mains des ennemis. Informé,
en i436, de la tentative faite par les
Français de surprendre Rouen, où ils
avaient des intelligences , il les attei-
gnit h quelques lieues de la ville, et
les défit entièrement. La rigueur de
l'hiver n'emp^ha pas l'infatigable
Anglais de terminer la campagne par
une expédition aassi hardie qu'ingé-
nieuse : ce fut l'escalade de Pontoise,
exécutée au mois de février 1437.
IjCs fossés de la ville étant glacés
et cottverts de neige, Talbot, pcn*
dant la nuit, lit approcher les plus
braves de ses gens , revêtus de draps
blancs. A la faveur de ce stratagè-
me , ils gaguèrcnt le haut des forti-
fications sans être aperçus , et se
rendirent maîtres de U place : le ma-
réchal de l'islc- Adam, qui s'y trou-
vait, n'eut que le temps de faire
rompre une poterne, par laquelle il
4i6 tâl
se sauva. La prise de Pontoise ëuit
uo dvenement important; car elle
exposait les habitants de Paris ^ dont
Charles VII était, à cette époque, eu
I)osse$sion, aux incursions contjnuel-
es de la garuison anglaise, qui s'a-
vançait quelquefois jusqu'aux portes
de la capitale. La même année , le
duc de Bourgogne , devenu l'ennemi
des Anglais^ ayant fait assi^er le
Crotoy par mer et par terre , Talbot
rassembla à la hâte quatre mille
hommes de trou|)es de Normandie ,
et an'iva sur les bords de la Somme.
Quoique la rive opposée fût bordée
de troupes ennemies, i*intrépide An-
glais ne balança pas : laissant une
partie de son monde , il se jeta le
premier à Teau, et suivi par un
petit nombre de soldats d'élite , qui
tenaient les armes clevées^il parvint,
sans obstacle , sur l'autre rive. Les
troupes boui*guignones , qu'une ac-
tion si hardie semblait avoir rendues
immobile:»^ ne firent aucun efibrt
pour s'y opposer. Mais Talbot ,
sans s'arrêter , toiurna sa marche
vers le Crotoy et y fit entrer un
convoi. Dans le même temps , sept
navires anglais attaquèrent les vais-
seaux ennemis qui bloquaient le port,
et les obligèrent de se réfugier dans
le havre de Saint -Vallery. Les Bour-
guignons se dispersèrent , et le gé-
néral anglais réduisit en cendres les
fortifications élevées autour de la
ville , et fit rentrer en Normandie sa
petite armée couverte de gloire , et
victorieuse sans avoir combattu.
L'épuisement des finances de l'An-
gleterre , le défaut de troupes , et ,
plus (Tue tout cela , les cabales qui
troublaient la cour de Tjondrcs , for-
cèrent Talbot à se tenir sur la défen-
sive , et à borner ses exploits k la
prise de quelques places de peu d'im-
portance. Le connétaUe de Riche-
TAL
mont ayant investi Mcaux av
menceftient de juillet li^), •
porté ta place, après trois sei
de siège , la garmson anglaise
tira dans le marché, rompit 1
et mit le connétable dans la ne
de former un second siège plu
cile que le premier. Talbot ac
de Normandie , à la tète 'de
mille combattants , résolu cl
vrer la citadelle à quelque pr
ce fût ; mais ce fut en vai
offrit le combat aux França
connétable , assuré du succ<
meura tranquille dans ses lig
le général anglais , après a?G
pris une bastille , et fait ent;
vivres et quelques troupes <
marché , reprit la route de N
die, voyant qu'il était égj
impossiole de faire lever le
de forcer les Français à coni
trois semaines après sa n
Meaux capitula. Talbot ne ta
à prendre sa revanche: ap|
qu Avranches est vivement
par le même connétable ,
au secours de cette place , ]
gué la petite rivière de Sée
un quartier mal gardé des
françaises , penèu^ dans la
fond sur les ennemis , détn
ouvrages et s'empare de leur
rie, ce qui les contraignit d*a]
ner leur entreprise. Réuni au c
Sommerset , il assiège et prêt
fleur et quelques autres plao
lever le siège de Pontoise ( 1 4^
Charles VII était en persom
le dauphin (5); et si les an
glaises conservèrent encore
réputation , elles durent, en
partie , cet avantage à la bra
au talent de l'infatigable Tal
(5) 1^ inrfiM «luiée Ir roi dv Ff
nouveau PoiitoÎM» et bprît d'ai— lU n»
i^MfHmrc dri AnfiUii.
TAL
-c, le 20 mai i44^7.^ l^ <^i-
î comte de Slircwsbury. Vers
e la même année , il investit
de Dieppe ; mais le dauphin
es assiégeants, s'empara de
îdontes et délivra celle place
). Il paraîtrait (jiie Talbot
des plenipolenliaires anglais
; la même année de traiter de
avec le roi de France; mais
)cia lions n'eurent aucune sui-
1 44 i î ^^ obtint une pension de
:onts marcs , et fut envoyé de
j eji Irlande , comme lord-
nî. Il s'y rendit en i44^> >
la , bientôt après , à Trim un
mt où l'on fit plusieurs lois
isurer la se'curite des Anglais^
tint , au mois de juillet , des
latentes qui lui couferiTcnt le
; comte de Wexford et Wa-
, et lui accordèrent la r<mres-
la ville cl du comte d eWaU*r-
e la barounie de Dungarvan ,
i i447 "• Talbot revint en
rrc , laissant pour députe eu
: son frère Richard Talbot ,
•que de Dublin. En 1 449 > ^"
?ncore ligiu'er eu France par-
généraux anglais qui dcfendi-
Normandie ; mais ses ellorts
•nt empêcher les Français de
es progn\<i ra pides. Au mois
ire , ils mirent le siège devant
de Rouen : Talbot y donna
îuves de son grand courage. •
e les bourgeois de celle capi-
rent fait publier les articles
ipitulation qu'ils venaient de
e avec le roi , et dans lesquels
eut demandé et obtenu que la
n anglaise sortirait avec ar-
bagagcs , Talbot furieux ras-
ses troupes et se saisit du
palais , du château , et de
»s autres postes ; le peuple
cote prend les armes , et sc-
XLIV.
TAL 4i^
condc par Charles Vil en personne ,
accouru avçc le brave Dunois , il
enlève successivement tons les pos-
tes défendus par les Anglais, et for-
ce Talbot et le duc de Sommerset ,
régent d' Angleterre, à capituler, après
nu siège où l'on ne tira pas un coup
de canon ^ et qui ne coûta aux
Français que quarante soldats que
Talbot jirécipita des remparts. Ce
guerrier fut au nombre de^» otages
que le rcgcut livra aux Français, et
qui devinrent prisonniers de guerre
par le refus que Ht le commandant de
Honfleur de remettre la place, con-
formément aux termes de la capitu-
lation de Rouen. Il ne fut délivre que
l'année suivante (i45o), sa liberté
ayant été un des articles de la capi-
tu]ati<m de Falaise. Il se ]>as8a quel-
que temps s^ns rpi'on le vît paraître
dans les expéditions militaires , soit
<pie ce fût une des conditions (Je sa
délivrance , soit , comme quelques
historiens l'ont rapporté, qu'indigné
contre les lâches qui trahissaient
l'honneur de sa nation , il ait , pen-
dant cet intervalle, accompli le vœu
qu'il avait fait d'un pèlerinage à Ro-
me. Il lit cirectivcmeut un voyage en
Italie, d'où il ne revint qu'en \i^5i,
A cette époque , Charles Yll ve-
nait de s'emparer de la Guien-
ne ; mais comme les rois d'Angle •
terre avaient , dans tous les temps ,
extrêmement ménagé la noblesse de
cette province, et que plusieurs mai-
sons illustres tenaient des possessions
ou des dignités dépendantes de ces
anciens maîtres , un ccrtaiu nombre
des principaux seigneurs se reudît
h Londres , et proposa au conseil la
conquête de cette contrée comme mic
enti-eprise facile. Talbot , nouvelle-
ment revenu d'Italie , fut nommé
commandant d'une flotte anglaise ,ct
lieutenant de laGuienne, où il seren-
4iS TVL
dit cil octuhrc i^'ri ,avec un corps
Je (jiiatrc mille hoiiniirs pour srcoii-
<Vr les inecontenîs. 11 dekirqua sur
les côtes du Medoc , où Loparrc
Ta t tend ait , cl lui livra la place de
ce nom : toutes les villes et forte-
resses de celte petile province ou-
vrirent leurs portes avec le même
empressement : Bordeaux ne tarda
pas à suivre cet exemple ; et Talliot
y enlra en triomphe, si\ jours après
son de1)arquement. S'ctant ainsi ren-
du maître de tout le Bordelais , il
pénétra dans le Pe'rigonl, assieç;ea
etpiitQistillouet Fronsac. 11 recou-
vra toute la (luiennc en moins de
temps encore que le roi de France
n'en avait employé à la subîug;uer ,
ranm»epremlenle. Charles V J 1 , plus
iudipie qu'elVraye' des succès rapides
des ennemis , vole à lour rencontre.
Chahannes , Tnn de ses ç;enerau3L, in-
vestit Chalars et T cm porte d'assaut
le sixième jour ; et Tarmee royale ,
commandée par les maréchaux de
liolieac et de Jaloj^nes, et grossie des
trouves de Bretagne , sous les onlres
du comte d'Ëtampcs , ainsi que de
celles de plusieurs autres princes et
seigneurs, vient, le i3 juillet i4^3,
mettre le siège devant Castillon. Le
gênerai anglais, cédant aux instances
des liordrlais . se détermine , quoi-
qu'avcc répugnance, à ?or;irde Bor-
('eaux, et à marcher au secours de
la |>1ace, à la tcte de mille hommes
d'armes. Son lils, nouvellement ar-
rive' d'Angleterre a^ec un renfort de
cincj mille hommes et quatre-vingts
bâtiments de transport charges de
vivres et de munitions de guerre, ne
tarda pas à le suivre avec le reste
iîe raruu'c anglaise. La défaite d'un
corps lie francs -archers , qui défen-
daient un poste avance', lui parut
d'abord d'un frtVorahle augure : il
les poursuivit jusqu'au ramp des
TAL
Français , dont les foiiîncatioDS Ji-
rlge'es par Bureau , grauil-inaiti-e de
rartillene,rctonnèreut d'autant plus
que les assiégés veuaient de lui maii'
der que les ennemis preuaient la fuite.
Talbot , surpris , mais inaccessibk
à la terreur , attaqua, sans balancer,
le retranchement que défendait l'étile
de la noblesse française. Les canon
et les bombardes placés sur le rcm-
pait foudroyaient les Anglais sans
ralentir leur fureur : la terre était
jonchée de morts. Après deux heures
d'im combat extrêmement meurtrier,
les Anglais commencèrent à fléchir:
dnix fuis ramenés k la charge pr
Talbot, ils fui*cnt toujours repousses.
liCS Français eux - mêmes , épiisês
d'une action si opiniâtre , ne com-
battaient plus avec la même ardeur,
lors^qu'ils turent ranimés par un coq»s
de cavalerie bretonne , sous les or-
dres de Moutaubau et de La Huniu-
daye qui fondirent tout-a-conp sur
rarrière-ganledcs Anglais. Ceux-ci,
pressés de tons cotés , tirent des pro-
diges de valeur ; mais aiictm d'eux,
dans cette journée, ne pouvait dm-
tcr le prix du courage au liraTc Tal-
bot. Ce généreux vieillaid (il iTUtà
cette époque plus de quatre -Tinfls
ans ), désespérant désormais de Tin-
cre, résolut de vendre cher du moins
sa défaite au vainqueur. Monté sir
une haquenée, car la faiblesse it
' son âge ne lui avait pas pcnnis de
mettre pied à terre, blessé au visaj^i
couvert de «ang , il courait de raing
en rang , exhortant les siais par
ses discours et phis encore par son
exemple, lorsque la haquenée qiÂ
le portait , fut atteinte d*un coupdt
coule^Tine, et rentraSiia par sa dnt-
te. T^a fatipie de l'action, k sai^
qu'il perdait, avaient tcllcmcniqwi-
sé ses forces , qu'il ne put januîs se
relever : couvert de nouvelles V.?s-
.1
julé aux pieds , il clait près
r , loi*sque son fils accou-
• le doga^pr. ïalbot, à celte
)rit Tusaj^e do ses sens : c*e-
lernicr ellort du couiaj;c et
iturc. Il pria son fils de se
t de conserver ses jours pour
asion plus utile à la patrie :
iirs eu combattant pour elle ,
:-il , vivez pour la sauver. »
c Talbot , pcnetrë de la plus
lîleur , ne songea plus qu'à
dans des flots de sanj; fran-
uteur de ses jours. Assailli
îs parts, il tomba perce' de
auprès de sou illustre père,
icr respirait rucore lorscju'un
archer , qui ne le connaissait
ëgorj^ca pour le dépouiller.
a mort de ce grand nomme,
n se rendit , et Farmce anglai-
lispersa. Ce qui en restait
larqua prccipitanmiotil. Ainsi
e 7 ou 'io juillet i4^3, le lié-
4chill€ de V Jjv^lctcrrc ; ex-
ns dont ses compatriotes se
nt pour le designer. Us au-
pu ajouter à ce surnom glo-
.cs litres plus honorables. Tal-
■'nait aux vertus militaires les
5, encore plus respectables ,
ele homme et de citoyen. Su-
:1e, dévoue à sa patrie, ami
, ennemi généreux , exact ob-
nr de sa parole, jamais il ne
a foi , dans un siècle où les tra-
ëtaient si communes. Il porta
le ans les armes contre la Frau-
peudanl un si long temps , ou
t trouver, en consultant tous
uimentsde ce siècle, aucune ac-
li le rende coupable de la plus
injustice. Une niëtë sincère
[ le sceau à tant ae nerfection.
)orta au tombeatt les regrets
X nations rivales ; et quoiqu'il
nte de SluTwsl.nirv , de Wex-
TAL
4if)
ford et de Waterford , l'histoire ne
le désigne que sous le nom de ïal-
bot. Il fut d'abord enterre eu Fran-
ce, avec son fils aînc. Son corps
fut ensuite transporté à Whilrîiur,
dans le Sliropshire, où on lui éle-
va un monument , sur lequel ou
grava une inscription qui rappelle
ses litres , l'époque et le lieu de sa
mort. Camden dit , dans ses RemainSy
que l'épée de Talbot fut trouvée dans
la Dordognc, long - temps après sa
mort , et vendue par un paysan à uu
armurier de Bordeaux : elle partait
cette inscription eu mauvais latin :
Sum Talboti m, iiii c. xuii , pro
vinvcrc inimico mco. D — z — s.
TALBOT (Charles), grand-chan-
celier de la Grande-Bretagne, de la
même famille que le précédent, était
fils de Guillaume Talbot, évcque de
Durham (i), et naqiiit en 1G84. H
entra de bonne heure dans la carrière
du barreau, s'y (il distinguer, et fut
élu , en 1 7 1() , membre du parlement,
Sar Tregony dans le Cornouaille. Il
cviut avocat-ge'néral ( solUcitor-ge-
neral) en 172G; et la ville de Dui--
ham le choisit pour la représenter à
la chambre des communes, prolia-
blement par suite des démarches des
amis de son père , qui en était éyéque
à cette époque. Au mois de novembre
1733, George II lui remit le grand-
sceau, l'admit dans son coiLseil privé,
l'établit lord- grand-chancelier, et le
créa baron de la Grande - Bretagne.
Alors il résigna la place de chancelier
du diocèse d'Oxford, que son père
(i) Cl uilUume Talbot, né en i6îjp, njlni dans-
l'>s nrdro, et >oii« le règiiv de Jdcquc» II, prrrh>t
et itipt avec la plus grande viuleure centre la reli-
gion cal!ii>Ii(]ue. Il deriiit f»arrf!(kWeineut t!oy«^n
de Wiirccster, cvèque d'Oxfurd , do Sali»biii v , et
(-aiiu di' Ourl^m , et monnit en I73n. ()o a <Ie lui
deux Dihcoursproiionres à Io thniiihre de* paU*» ,
l'un en faveur de l'union ent
■ntrc rAiiglelciie et
l'Irlnudi-, et l'autre dans le prot*èi de Sacbe%'erell.
Il a pnhlii: ennuUc uu vuluiue in-8<». de Scruiou»,
4>o lAL
lui avait doniicc loi'M(u*il uccupait ce
sie|*e, et mourut ç;i*ncTaIcuicut re-
grette , le i-i février i^B*; , avec la
rcputatiuii île grand orateur, de ma-
gistrat intègre et plein de sagacité' ,
et d'homme de Lieu. D-z-s.
TALBOT (RoBtRT), antiquaire
anglais, ne à Tliorp, daiu» le comte
de Nortliampton , au commcncemcut
du seizième siècle , fut clevc à Tuni-
versilc d'Oxford , dont il sertit , en
I />3o , po«:r entrer dans les ordres.
Kn i54l, il obtint une prébende à
Wells; et en i5.\'] , il fut fait tréso-
rier de IVglisc cathédrale de Nor-
wich , place qu'il exerçait encore à
IVnoquc de sa mort , arrivée le a-^
août 1 558. 11 s'est l)eaucoup occupe
de recherches sur les antiquiti*s de
son pays ; et ses collections ont ete
d'une très-grande utilité à Leiaml ,
Baie, r.aïus , Camdeu et autres. Il a
aussi fourni à rarchevc(}ue Parker
plusieurs ouvrages saxons, qu'il te-
nait du docteur Owen, médecin de
Henri VllI. Il a laissé >es manusaits
«î New 'Collège. C'est le pi*emier
Anglais qui ait cclairci l'Itinéraire
d'Antonin, par des Commentaires et
des Notes , dont Camden s'est beau-
coup servi , et que Hearne a impri-
més à la (in du troisième volume de
l'Itinéraire de Leiand, d'après un
manuscrit de la bil)liothèque Bod-
ié'irnne. IjCS Notes de Talbot ne vont
que jusqu'il la sixième route. Camden
a suivi en général tout ce que Talbot
a dit des stations; mais Burton dif-
fiM'e de lui, dans son Commentaire
sur VIlinéraire iVAntonin. ^s au-
tres manuscrits sont : I. Annan ex
strrcore , iv/ de œm^maticis et pro-
phelicis , (pii se trouve dans le Cor-
pus Collège, à Oxford; cl H. De
chartis quibusdam rrgum Brilan-
norum , conservé dans Benet's Col-
lège, à Cambridge. D — z — s.
TAL
TALBOT (PiEMŒ), ardicvèiftaf
de Dublin , né en Irlande , en iCm ,
d'une illustre famille ongina ire d'An-
gleterre, fit «es études en Portugal,
chez les Jésuites ^ entra dans leur so-
ciété, fut ordonne' prêtre à Rone, d
professa la théologie morale k An-
vers. Southwell dit qu'il sortit de b
Société , jusUs de cousis, aai» cens
de lui être entièremoit dévoué. Qé-
menl IX l'éleya sur le si^e de Du-
blin , où il se fit généralement esti-
mer. Il passait pour plus habile po-
litique que savant théologien. Gcpiai-
daut ses ouvrages de controrerw ne
sont pas sans mérite; en voiei ks ti-
tres : I. Traité de la nature de la
foi et ile Vhêrésie^ Anvers, 1657,
in -8^. II. Catéchisme hisÊonoÊej
ibid., i658,in-4o. III. IfuOitéJk
clergé protestant^ Bruxelles, i658,
in - 8^. IV. Traité de la n^gion et
du gouvernement, Gand, 1670, in-
4". V. Réfutation des prine^es du
protestantisme contre StiUiinleety
Londres , 1678 , in - 4^. VI. Lettre
pastorale aux catholiques dlibade,
Paris , 1674 , in -8û. VII. Rmi-
de contre l'athéisme et tkérésie^
ibid. , in -8<** , contre le Stmtent de
Blackloe , qui s'était d^nsé um
le nom deTh. White. VIII. Mistmrt
des iconoclastes , ibid. , in .- 8*. IX.
Histoire du manichàsme et dupé-
lagianismCy ibid., in^S^. L'anlovj
prétcud que Blackloe et ses paiti-
sans font revivre ces deux béréaK.
X. Pugnajidei et ratioms CÊsm tt-
nascente pclaeianismo et mmi
clupismOy 16^5 , in-4*** XI. Blaeik-
laanœ hœresa , oHm ia PHaght
et Manichœis atunnatm, muae d^
TUib renasccntis fdstoria et rrafiÊtë-
tio , Gaiid , in - 4°* Ce piâat avait
composé plmicurs autres ouvrages ,
qui n'ont point été imprimés. Aocu-
sé, en 1678, d'avoir pris part sa
I
TAL
prctcodu complot pixpiste , l'arche- •
vcquc Talbot fut enferme au château
de Dublin, où il mourut^ en 1680.
T— D.
TALBOT ( Catherine ) , Anglaise
distinguée par ses vertus et par son
esprit, naquit eu mai 1720. Fille uni-
ue d'Edouard Talbot , second fils
l'eTeque de Durham et neveu du
chancelier, elle vint au monde cinq
mois après le décès de son père, qui
mourut dans sa vingt-neuvième an-
née , laissant sa veuve sans fortune.
Heureusement celle-ci reçut de son
frère Bcnson , depuis cvéqiic de
Gloucester , et de Secker , qui fîit
élevé dans la suite sur le siège ar-
chiépiscopal de Caiiterbury , tous les
services, toutes les consolations qui
pouvaient adoucir ses regrets. I>e der-
nier, qui avait éprouve l'obligeance
d'Edouard Talbot, reporta sa recon-
naissance sur sa famille , et regarda
dcs-lors mistriss et miss Talbot com-
me faisant partie de sa maison. Après
qn'il eut perdu sa fenu|e, il leur
abandonna même le soin ne ses inté-
rêts domestiques. li'esprit vif et les
qualités lieureiLses de Catherine se
devcIo])pèreut rapidement. A des étu-
des graves elle joignit celle des
langues modernes et àzs arts d'agré-
ment : la géographie , l'astronomie ,
la musiff ne , le dessin , la ^leinlure à
Taquarellc, furent tour-à-tour l'objet
de son application. Elle commença
de bonne heure à confier au papier
M*s pensées et ses sentiments , mais
.sans .'iiicuii désir de publicité. On a
ini prime après sa mort, dans le Gen-
tleman s mai^azine, de 17*^0, une
lettre spirituelle el ])1iilohophique ,
• idre.Nbèe par elle, à Tagc de seize ans,
;i la fille nouvelle-née de J. Talbot,
f iU du iliancelier , et cette lettre a
ete reproduite daiiî» d'autres it-
riieils. ()nej<pjes aiirirs Irtlres , éeii-
TAL
/i2l
tes vers le même «Age, semblent an-
noncer qu'elle avait alors autant de
légèreté d'esprit et même de malice ,
qu'elle montra par la suite de soli-
dité : mais une inclination mal re-
conmie répandit sur ses pensées une
teinte sensible de mélancolie. Catheri-
ne Talbot se faisait remarquer par une
piété éclairée, et parrexerciceconti-
nuelde la charité, dans la plus gran-
de étendue de ce mot. Liée avec des
personnes d'un rang et d'un caractère
élevé, elle eut pour amie intime mis-
triss Elisabeth Carter ( V. ce nom ) ,
ornée, comme elle, des avantages de
l'esprit; et ce fut à cette n mie qu'elk*
abaÂidomia, en mourant, les manus-
crits de ses opuscules. L'archevêque
Secker mourut en 1 7G8 , léguant à
mistriss Talbot et à sa fille une rente
annuelle d'environ /^oo livres; mais
sa pupille ne lui survécut que jKîude
temps : elle mourut d'un cancer , le
9 janvier 1 770. Mistriss Carier , sans
être aveuglée par une prévention
bien naturelle, jugea que phisk^uis
écrits de son amie étaient dignes des
regards du public. Uéiuiis et iinj>ii-
més sous le titre à^Essais sur di-
vers sujets , ils furent généralement
goûtés : ou y reconnut l'épanchement
d'une ame sensible et religieuse , et
le fruit d'un esprit cultivé. liCs Hê-
jlexionssur les jours de la semaine y
qui furent imprimées séparément en
un volume d'environ quarante pa-
ges, etuent un grand su«r<-ès, et il
s'en débita plus de vingt -cinq mille
exemplaiiTS. On a donné, en iSiix ,
une septième étliliou des Essais^ en
deu\ volumes in-S"., précédés d'une
Notice sur la vie de l'auteur , par le
rcv. Montagne Peiinington. Ce recueil
se compose principalement à* Essais,
de Lettres à un ami sur un élat fu-
tur, de Dialogues, Av Pnstoraits
eii |>iosc, iVfmitaliony d'Oyyiiiff .
iai TA T.
à! Allégories et Hq poésies. On attri-
Ime à iniss Talhol Ib trenticmc nu-
méro (lu Bamhlcr y 3o juin i-jSo.
Klic cul aussi, dil-oii, quelque part
au\ Lettres athéniennes. Ou a pu-
blie, il y a quelques années , sa Cor-
rcsponclaîice avoe m istriss Carter. L.
TALEBI.(r.Tn.4LKni).
TALLART (i) (Camille d'Hos-
TUN, duc DE ), niarecbal de Fran-
ce , né eu iGS-x , d'une ancienne fa-
milic^du Daupliiné , lut d'aboixl ji;ni-
don Afis gendarmes, puis iTie:itre-de-
camp du r('f;i nient Royal -Cra va les ,
et fit ses ])remirres arnies sons le
(îrand Condc, en Hollande, el sous
Tnrennc, en Alsace, où il eut part
au\ brillantes campaj^nes de 1O74 ^^
I On .1 . Nonim é brij;adier , eu i (>7 7 ,
et maréchal -d e-ramp , en 1G7S, il
obtint CCS diflërrnts grades en se
montrant aussi haljiîe q:ie coî'.ragrux.
dans divers commandements qui lui
furent confiés sîir la Sarre et sur le
Rhin. En i()9o, il conçut le dessein
de passer ce lieuve sur la g!ace,
pour mettre à contribiition le Rhin-
gauj et cetle enireprise ])rrs(p:e té-
méraire ont un succès complet. 11
fut blesse d'un iv;)up de mousqsiel à
ICbersburg, en 1 0()i , et le roi le nom-
ma Iieuleuant-îién('rai , en UipB. La
paix delliswyckfitcessrr ses Irav.'ux
guerriers, en \()\)'] ; mais la mort de
Charles 11 , roi d'ivspagnc, étant ve-
iiue menacer IT.uropc d'un nouvel
embrasement, il fut envoyé en An-
gleterre, comme a ndjass.ideur extra-
ordinaire , et charge de négocier
avec les nombreux asjnrants à celte
importante succession. Tallart con-
«luisil celle n<" -ociatitMi avec beau-
couj)d'!i.i'niî''h',eî i! conr.'iil ,dans ie
jiu'mo l«ïi)js, un haiîéde j.'arlac;e eu
I , (.'r-: ji.ii- i-i II ,ii iji,.' ï.t nliip.f t ili-« lii<liirii:ii«
> ■ 1 1\ vu: / ((/■ ■'
TAL
faveur de relcclciir de Bavière. Pour
prix de ces services , le roi le nommi
chevalier de ses ordres , et gourer-
neur du pays de Foix. I^ guerre
ayant recommencé , en 17 ou, il fut
mis à la tcte d'un corps dctstiné àagû'
sur le Rhin , et réussit à faire pas-
ser des secours dans Kayscrswfrdt ,
assiège par les Impériaux. Il ehaia
ensuite les Ilollamlais du camp de
Mulheim, s'empara de Traerbacli,
et reç it. en récompense de ces o-
])loils , If bâton de maréchal de Fru-
cc ( i4 janvier 1703 ). Commandât
en cette qualité l'armée d'Allema-
gne, sous le duc de Bourgogne,!
s'empara, en peu de jours, de BH-
snch ; et lorsque le prince eut quitlé
Tarmée, il mit le siège devant Landao,
qui Ht une plus longue défense. Les
Impériaux ayant réuni leurs fores
sous les ordres du prince de liesse,
pour attaquer Ic-s Français dans levs
lignes , Tallart marcha bravement
au-devant d'eux , les rencontra pièl
de Spire , fi les ayant surpris par k
rapidité dc*'ses mouvements, rem-
porta une victoire complète et si dé-
cisive , que Landau se rendit le len^
demain , et que toute l'Alsace resU
au pouvoir de la France. Cette épo-
r[uc est la plus brillante de sa tk,
et quoi qu'eu dise Feuquières, l'oo de
ses détracteurs, ce triomphe fntdA
aux bonnes dispositions autant qtt*i
la valeur du maréchal , qui sut pren-
dre l'initia tivc des mouvements, et
profiler de la surprise de L'euiemi,
attaqué avant d'avoir pu se former,
et vaincu lorsqu'il crovait mardier
à une victoire assurée, bans rivresse
du succès , Tallart écrivit au roi mie
fanfaronnade qui a eu beaucoup d'i-
jiiila leurs. « ^onsavonspri5 àl cmie-
» mi, lui diî-il, plus de drapean
» et d\'lendai-ds, que votre majestv
» n\i ])erdu de soldats. » Apris un
TAL
liant exploit, ce maréchal
destine à des succès encore
ieux ; on lui donna le com-
;nt de Tarmce la plus im-
, et il alla remplacer Vil-
avait eu le malheur de dc-
'clectenr de Bavière. Trois
Vauçaises furent alors en-
i secours de ce prince. Celle
oi forma une espèce de ré-
• le l\hin, tandis que celles
in et de ïallart se rcuni-
troujics de rclcctciu* , dans
;s d'Hochslett, où Marlbo-
e prince Eugène vinrent les
Nos gcne'raux avaient pour
periorilc du nombre ; ils eu-
le temps de se concerter,
laîtrc le terrain, et ils dcli-
avcc calme, dans uu con-
uerre tenu en présence de
'. Cependant il eût ctti diili-
ïire de plus mauvaises dis-
.. Tallart,qui avait battu
à Spire, en le prévenant
mouvements rapides et im-
fit celle fois tout le contrai-
tlendit sur un mauvais ter-
V. profila d'aucun de ses avan-
n avait arrête dans le con-
Tarmee combinée serait di-
deux parties distinctes ; que
)es de Marsin et de Tëiec-
meraicnl la gauche , et celles
rt , la droite. Chacun s'ar-
:omme s'il eut conduit mie
part , de manière que , par
rreric sans exemple, la ca-
dcs deux armées placée à
aile de l'iuie et à Taile gau-
Tautre, formait le centre de
combinée. Cette armée était
pîrallcicmcnt à uu ruisseau
• au lieu de chercher à en
le passai;e , on s'en tint
;uc, hii.Nsaut duus rinterval-
laiîes de BoIsliU et de Bien-
TAL 425
heim. Pom* comble de maladrc&se,
Tallart sépara ses deux ligues par
une large fondrière^ et il lit pis en-
core eu plaçant sur le front de sou
aile droite, dans le village de Blen-
Iieim y vingt-sept bataillons et douze
escadrous de ses meilleures troupes.
Marlborough , qui commaudait la
gauche de rennemi, après avoir pas-
se le ruisseau sans obstacle , marcha
droit au centre de rarmée com])iuée,
et ne vint faire capituler Bleuheim ,
que lorsqu'il eut cufonce ce centres!
mal disposé, et mis en fuite les Ba-
varois et Marsin , obliges de renon-
cer à un commencement de succès
pour faire face à leur droite, qui ve-
nait d'être mise à découvert par la'
déroute de Tallart. Quant à ce gé-
néral y toujours brave de sa personae,
il fit tous ses efforts pour rétablir Le
combat , et voulant rallier ses trou-
pes , il se jeta tête baissée dans la
mêlée ; mais ayant la vue très-courte,,
il prit im corps ennemi nourdes Fran-
çais , et fut pris et conduit à Marlbo-
rough» Ainsi , il était dans les iiiaLis
de l'ennemi , lorsque les troupes qui
occupaient Bleuheim, se rendiraitpar
capitulation; et il n'eut aucune part
à ce honteux dénouement d'une jour-
née si désastreuse. On le conduisit en
Angleterre, comme une sorte de tro-
phée , avec les drapeaux et les canons
que l'on avait pris f et il resta huit
ans prisonnier à Londres. Ou pré-
tend que son séjour dans cette capi-
tale ne fut pas tout à-fait inutile à la
France , et qu'il y concourut par ses
intrigues à faire rappeler de 1 armée
d'Allemagne le duc de Marlborough.
Ce qu'il y a de sûr, c'eàt (ju'il îfut
parfaitement traité par la reine An-
ne, ([ue cette princesse le renvoya
sans échange , et que dès le com-
mencement de s.i captivité, le roi de
France, opposant ses faveurs aux
M
TAL
disgrâces de la fortune , lui donna le
gouvernement de la Franche-Comte'.
Après son retour, en 1712, il fut
crée du« d'Hostun , et sa terre fut
érigée eu duclie' pairie; euAn, Louis
XIV lui doima une preuve d'estime
encore plus grande , en le nommant,
par sou testament, membre du con-
seil de régence. Ce tes ti ment étant
resté sans exécution ( V. Orléans,
XXXII ,111), Tallart fut quelque
temps oublié; mais le régent lui-mc-
me le rappela ensuite au conseil 5 et
lorsque Louis XV prit les renés du
gouvernemeiit , il eut recpurs aux lu-
mières du maréchal, et le fit mi-
nistre-d'état. L'académie des sciences
l'avait admis comme membre hono-
raire, en 17^3, et il présida cette
compagnie l'amiée suivante. Il mou-
rut le 10 mars 1728. « C'était, dit
» Saint-Simon, im homme de taille
» médiocre, avec des yeux un peu
» jaloux , pleins de feu et d'esprit ,
» mais sans cesse battu du diable par
9 son ambition , ses vues, ses menées
» et ses détours ; un homme enfin à
» la compagnie duquel tuut le monde
» se plaisait, et à qui personne ne
» se fiait. » Fontenelle , qui a fait
son Éloge historique , en qualité d'a-
cadémicien , le traite , selon l'u-
sage , beaucoup plus favorable-
ment : il ne dit pas à quelle espè-
ce de connaissances ce grand sei-
oieur dut T honneur d'entrer à l'aca-
démie; il dit bien moins encore com-
ment , malgré ses écl)ei\s . le roi lui
conserva toujours sa faveur; maison
voit , dans Saint-Simon, que le fut
Sar suite dr la protection de Villeroi
ont la fortune eut tant de rappori'%
avec la sienne. — I^ fils aîné du ma-
réchal lie Tallarl . brigadier dr^s ar-
mées du roi . mourut di\s bî(-s:!rcs
qu*il avait rcTUcs à côté de lui , dans
la malheureuse journée d'Hochsictt.
TAL
Son second fils, qui lui
SCS biens et titres, n'a pas laisse de
postérité. M — b j.
TALLEMANT (François), iinna-
teur français, naqidt k La Rochelle ,
vers 1620. Ayant embrassé rëtat
ecclésiastique, il obtint plusieurs bé-
néfices : l'abbaye du Val chretiep,
le prieuré de Saint-Irénëe de Lyoo;
et fut pendant vingt-quatre ans au-
mônier du roi Louis XIV. On a phs
de peine à se rendre compte de sa
succès dans la carrière JitléraÎRy
car on n'a de lui ancune prodnctîoa
antérieure à \i\5i , époque où il en-
trait à l'académie française. S'il fi-
gure en 1662 dans la liste des gos
de lettres recommandes par Chape-
lain , c'est avec cette note : c II sait
» assez la langue grecque et ladoe^
9 et pour la française ce qu'il écrit
» n'est pas naturel. On n'a rien Ta
v de lui qu'il ait fait de son chef,
» que qucirpjes lettres et qnclqiies
» préfaces , dont on ne q^urait oiie
» ni bien ni mal. Il s'est {été dans b
» traduction des Vies de Plutarqae,à
v quoi, par un grand travail, il rémsr
9 sit fort bien. D'antre entrepnK
» où il faut du fond et du dessein, îi
» ne s'en tient pas lui-même capable. »
Cette version de Plutanpie parut i
Paris, en 8 vol. in-ia, de i663i
iG65, fut réimprimée à Bmdics,
en 1667 , et eut , pendant la rie da
traducteur, quelques autres ëdîtioiis.
II s*cn faut pourtant qu'elle ait réuS'
si au\ yeux du public comme à cens
de Chapelain : c'est à Fr. Tallemant
que s'applique le vers de Boileau :
Et 11- MT ft.HliicIriii i!u frannÎA li'.taiiot.
( ilp. %il y T. go)-
Huet dit qu'elle déplut même à la
rour, qui la trouva diffus' et languis-
>aute. On coi^vint généralement que
>i Talleui ml savait le grec , ce dent
TAI.
ne convenait pas , s'il euten-
itin, ritalicn, Taudais , Fes-
comme ses amis l'en jfëlici-
ii cfcriyail fort mal en lanp;uc
B. Sa traduction de Plntar-
icee depuis par celles d'An-
ier et de Ricard (P^. ces deux
C, 4^3, et XXXVII, 5oi ,
Tétait d'avance par celle
t> ( ^ojez ce nom, II,
'rançois Tallcraanl se mit
I traduire de l'italien Vl/is-
? la république de P'ani-
• Nani , c'est - à - dire seu-
la première partie de cet
, celle qui répond aux an-
i3 - 1^)44 • Celte traduction,
à Paris, eu i(i79 et 1680,
n - lîi, reparut à Cologne,
; et cette seconde édition est
>le, parce qu'on y a rétabli
âges retranches ou altérés
iremicre. fta seconde partie,
:nd jusqu'à l'année 16^1 , a
en plus mauvais français eu-
r Masclaury , Amsterdam ,
u vol. in-i!2 : Nani ( Foy.
55.4 ) , méritait d'avoir de
jiles interprètes. Pour com-
listc des écrits de Fr. Tal-
nous n'avons plus à citer
ttre contre Furetière, insérée
^lercure Galant de mai 1 088;
mois où mourut Furetière,
mune ahhé Tallemant avait
1 à exclure de l'académie
î, en i68j. Cet ahbc a fait
clqiies vers ensevelis en des
Drosseltc prétend qu'il s'c-
T rinimitio de Roilean par
ence qu'il avait eue de lire ,
c acaflémie, une lettre où il
fpic lesatiriunc venait d'èlre
t maltraité dans nne m.iison
elle, derrière l'iiôtci Coudé,
ne des anecdotes fabuleuses
isemUaUes dont Brossette a
TAL
4^5
grossi sou commentaire; car la ré-
gularité bien connue des mœurs du
poète aurait trop démenti cette ca-
lomnie; et nous ne poirvons croire
que l'abbé fût assez dépravé pour se
la permettre. Il était néaimioms d'un
caractère fort inquiet : il ne pouvait
rester paisible ; et dans un temps où
plusieurs membres de racaaémic
française étaient appelés Son Éminen-
ce^ Son Excellence, Sa Grandeur,
etc. , on le qualifiait , dit- on , Son
Inquiétude. Il mourut h Paris , le 6
mai 1693 , étant sous-<loycn de l'a-
cadémie. Peut-être était- il pai-ent
d'un Tallemant y des Beaux {domt^
de Saintooge ) y auteur d'une épita-
phe en vers , de Patru , imprimée en
quelques recueils. D — n — u.
TALLEMANT ( Paul ) , littéra-
teur français^ cousin du précédent,
et comme lui ecclésiastique et acadé-
micien, était ne à Paris, le 18 juin
i652. Son aïeul maternel, Pugetdc
Montauron , receveur-général des fi-
nances , avait acquis et dissipé une
grande fortune ; attirant chez lui
des gens de lettres ,'.et prétendant ré-
compenser leui*s travaux ; accep-
tant et payant cher de nombreuses
dédicaces. Ce qui lui restait de
biens, ce que cette munificence et
d'autres profusions n'avaient ])oint
épuisé, fut réclamé, peu avant sa
mort, par la cliamljrc de justice,
chargée d'examiner son administra-
tion. Ce financier avait marié sa fille
à Gédéon de Tallemant , (jui exerça
les fonctions de ma tire des requêtes
et d'intendant de ])rovince , et qui ,
riche de plus de cent mille livres de
rente , parvint «iussi à dissii>er son
ra))ital par ses prodigalités dans
ses intendances , par les pertes énor-
mes qu'il fit au jeu chez le cardi-
nal Mazarin , et par ses relations
avec des littérateurs faméliques.
4aO TAL
11 m lo^-viit quelques' - 111)» dans
suii liùlrl, il en pensioiiu«'iit plusieurs
autres; il les traitait tous inagnid-
(|ueiiieiit. Ku iiu mot l'aïeul et le i>ère
de Paul Tallemaut avaient si Lien
procède', qiiclors(|u*iI les perdit Tun
et l'autre, étant lui-même fort jeu-
ne, . ils lui laissaieut à peine de
quoi subsister. Mais il avait connu
chez eux y outre leurs parasites, tout
ce qu'il y avait, dit de Bozc, de plus
distingue à la ville et à la cour. Il
était d'ailleurs parent , non seule-
ment de Fran^^ois Talleinant, mais
;nissi de l'evêque de Marseille Po-
meuse , cl de deux dames qui avaient
alors du crédit et de la cc'lcbrite ,
JM"»<'.Peli.ss.irict Mn»<^. de La Sablière.
II sut tirer p.-irti de ces relations : le
j;(»ùt des poésies galantes dominait
dans la j)lui)art de ces iociclos; Tab-
Lc Paul Tallemant fit de petits vers,
des idylles, des pastorales, deses-
quissesd'opera.Il composa, dès Page
de dix-huit ans, un Voyage à Pile d'A-
mour, opuscule en vers et en prose,
qui fut imprime à Paris , in-iîi , en
iG(33 , et qui reparut, en 1GG7 , en
Hollande, dans un Recueil de pièces
nouvelles et galantes. C'est une com-
posilion allégorique, destinée à dé-
crire les cliarmes, mais aussi h in-
diquer les ecueils et les périls des
Sassions tendres : il n'en fallut pas
avantage j)our ouvrir à Tallemant,
en i()()G, les portes de l'académie
française , 011 n'entraient encore ni
Quinault, ni La Fontaine; ni Racine,
(fui faisait ^/i//ro/7i^//f/e; niBoileau,
qui avait acliCA'ésepl de sq$ Satires ;
mais on vient de voir combien Tal-
lemant avait de protecteurs dans ses
])roches , dans ses amis , d.âns les an-
ciens peiî.siunnaircs de sa famille.
(Juaiid sa mère le vit académicien ,
successeui- de (lombaud : De mes
cinq enfants , dit-elle, en voilà ton»
TAL
jours UD de pourvu. Ce propos «n'é'
» tait pas tout-à-fait, ait oe Boki
» dans les règles d'uue esLacte logi-
» que ; mais par la suite il se troura
9 heui*eusemetit justifié pour l'hon'
» îieitrdifs lettres. 9 C'est par erreur
que le même de Bozc ne donne à
Paul Tallemant, lorsqu'il pronon-
ça son discours de re'ccption , que
vingt- deux ou vingt-trois ans : il eu
avait vingt-quatre; et durant les six
années suivantes , il ne mit au jour
aucune autre production. Mais en
liy'j'iy il fit un éloge funèbre da
chancelier Séguier; en i&jS, un
premier pancgiriqiie de Louis XI Y,
et une Harangue à ce monarque,
après la prisedc Macstricbt ; en 16^4
un Compliment à l'archevêque de Pa-
ris , Haiiay ; eu iG^S , ou Discours
sur l'utilité des académies^ en 1676,
une Réponse au jésuite Lucas , qui ve-
nait de soutenir que les inscriptions
publiques devaient être en latin et
non en français : c'est un procès yi
acte souvent dcljattu entre rônidilion
et la raison , et que la seconde a Icplos
souvent perdu. Sous l'année 16^27,
on eut de Tallemant un Pau«(yriqiK
du roi sur la campagne de Flanut,
imprimé et enseveli , comme les dis-
cours précédents , dans les recueils
de l'académie française; et sous Pas-
née 1G78 , les paroles d'un opéra de
Perséc, chanté au Louvre, pour
M(n<:. de Thiangc. Beauchamps fait
mention de cet opéra , dont Nioenn
et de Boze ne parlent pas, occupés
qu'ils sont de recueillir les titres de
toutes les harauguos académiques de
cet écrivain. Au foud, ce fut k dics
qu'il dut ses succès et sa fortune. I«es
lectures que l'académie lui fit faire,
dans les séances publiques, demû
iG^'i jusqu'en 1G77 , lixèreni rat-
teution de Colbert, et valurent au
])eiit-fds deMontaiiroudcs pcnaons ,
TAL
Ars bcnc(i<:e.s, îcs prieures d'Aiiibicr-
Ic et (le Saint-Albin. Le ministre
songea ninne à Tenvoycr à Rome en
qUitiile d'auditeur de Rote : il le pla-
r.i, vers i()r3, dans racadc'mie des
incdailles , avec une pension de cinq
cents ecus : cette académie , qui de-
puis est devenue celle des inscrip-
tions, n'était encore composée que de
3Tiatre personnes ; (^olbert lui procura
c plus la charge d'intendant des de-
vises de tous les cdilices royaux.
Quand Le Brun entreprit les tableaux
de la grande calerie de Versailles, il
en concerta les dessins avec Paul
Tallemant , qui y joignit des inscrip-
tions fort verbeuses. On les trouva
si mauvaises , dit Furetière , qu'il y
eut ordre de les ellaccr : Cliaqientier
en com|)ysa de nouvelles, qui dispa-
rurent à leur tour. Lorsque Colbert
mounit, en i()83, Tabbc Tallejnant
avait commence et fort avancé, dit-
on y la description de toutes les mai-
sons royales. Il était avantageuse-
ment connu de la reine de France ,
qui mourut la même année et qui
avait assisté, ainsi que d'autres prin-
cesses, aux sermons qu'il prêchait
aux (^irmc'Iites de la rue du Bouloi
et aux Nouvelles Catholiques : car il
s'était fait théologien et prédicateur
pour convertir des parents calvinis-
tes qui lui restaient h Paris et sur-
tout à Li Rochelle. Après avoir pro-
noncé, au sein de l'académie françai-
se , un KIogc du ministre qui l'avait
conibîé de bienfaits, il y fit encore
une Haran^^iie sur le rétablissement
de la santé du roi , en 1687 , et un
tien lier Panégyrique de ce prince, en
i08<). En i^>()7 , il mit à la tête
des Oî'jivres de Benserade (Paris,
dcMercy , '2 vol. in-ici) un Discours
sommaire touchant la vie de ce
porif , disroins qui a étéquel({iiefois
aUrilmé mal à propos à François
TAL 427
Tallemant. Paul a recusilli, en 1 OpB,
des Remarques et décisions gram-
maticales de Pacadcmie française. 11
eut ordre , à ce que raconte d'Olivet,
de se designer sur le frontispice de
ce petit voiumc ( in-i 2 ) , par les ini-
tiales L. ( l'abbé ) T.; l'académie ne
voulant ni répondre du style de ce
rédacteur , ni prendre sur elle toutes
ces décisions , dont la plupart n'éma-
naient que d'un bureau particulier.
On Pavait chargé, dans le cours de
Tannée 1694, des fonctions de secrcy
taire de l'académie des médailcs, qui
comptait alors Luit membres (i).
Il fut, dans cette compagnie, l'un
des collaborateurs et l'âiteur de
l'Histoire de Louis XIV, par les mé-
dailles , qui parut pour la première
fois en 170'Ji : il y avait attaché une
préface, qu'on a depuis juge à pro-
ies de supprimer; elle n'est que dans
es cinquante premiers exemplaires
de l'édition in-folio ; mais on l'a ré-
imprimée en Hollande , et Camusat
l'a transcrite dans son Histoire criti-
que des Journaux ( tom. 11^ p. iSo-
197 ). C'est peut-être le meilleur
écrit de P. Tallemant , et il n'est pas
très-facile de deviner pourquoi l'on a
craint d'en faire usage. De toutes les
conjectures proposées sur ce point ,
la plus probable , a notre avis , est
celle qui suppose qu'on aura été mé-
content de ce que l'auteur s'était
permis de parler fort au long et
même à deux reprises , de la médail-
le que lit frapper Diane de Poitiers ,
maîtresse de Henri II , avec la lé-
gende : Omnium victorem vici ( V.
Diane, Xï, 1174 )• On ne ti'ouva
rien à redire dans l'Oraison funèbre
(1) tibarpciilicr , V, Talleiniiit , A. l'riibifii ,
Biii iur , Uoilrju, l'uurrcil , Keunu:l«>t ri l<4 l.'iu-
ht-re : — ( '.liupi't^iu , lk>nrz<>ii> , (^uiuanll , ll<ilu^-
aaut, e\ Vvs.w df* lu <ÎIihj>cUc, qui nv.iieul <-I«- de
rHtc ii«:.uli-iiiic , «-taîriit luorl^. Perrault et raiibr
<ir.'iUoifl fl'bUicut iclirc*.
};
428
TAL
de Cil. Perrault , prononcée par
Tallcmant y k racadcmic française ,
ni dans les c'Iogesau'il fit, comme se-
crétaire de racauemie des iuscrip
tions, de cinq membres de cette
compagnie: le duc d'Anmont, Et.
Pavillon, Ducbc, Pouchard et Ba-
rat, décèdes en 1704, 1705 et 1706.
De Boze s'est servi , pour louer ces
cinq morceaux, d'expressions assez
étranges : a La manière ingénieu-
se , dit-il , dont M. Tabbé décrivait
» nos pcites, a souvent fait 5oi/^m(cfr
w qu'elles fussent plus fréauentes. »
Ou est d'autant plus surpris d'un tel
souhait , que les cinq Notices dont il
s'agit , et qui remplissent à i>eine , à
elles toutes , dix pages in-4°. , n'of-
frent aucim trait remarquable. C'était
évaluer à bien peu de cliosela pertedes
académiciens, que de la trouver com-
pensée par l'éloquence de leur secré-
taire. Dii reste, Tallcmant se démit de
ce secrétariat en 1706; mais il con-
tinua d'assister assidûment aux séan-
ces de l'une et de l'autre compagnie.
Dans l'académie française, il répondit
en qualité de directeur , aux discours
de réception de l'abbé de Louvois et
du marquis de Saint-Aulaire^ qui ve-
naient d'être élus malgré Despréaux.
Le goût des vers le reprit en 1 7 07 : on
lui attribue une épigramme sur M. et
M'"<^ D acier. 11 publia en 1 709 , sous
le titre de fer luisant, la traduc-
tion d'une églogue deHuet; il tradui-
sit aussi, dans ses loisirs, d'autres
poésies latines du même auteur y et
quelques Psaumes. Mais ces dernières
versions n'ont point été imprimées ,
non plus que des Maximes pour /V-
loquvnce , qu'il s'amusait à rédiger
ou à recueillir. Vers le commencement
^le r.niuéc 1 7 1 1 , il essuya une alta-
[uc d'.'ipoplcMc, languit encore liix -
huit vakÀs , el mourut i Paris le 3o
juillet i7i.>. Il .iv.'iit ^u .icquérir
TAL
et conserver des amis qiii le re-
grettèrent. Plus l'ecommandable par
stis vertus que par ses talents , il était
d'une société douce, et, selon de Rd-
ze , sa seule présence inspirait la
gaîté; a il brillait surtout dans la
parties d'tm honnête piaisir pr
d'heureuses saillies et par des ud-
promptu. » L'article qui le cob-
ceme dans le tom. xxii de Nîcenn ,
est emprunté, en grande partie, de
l'Éloge qu'a fait de lui de Èoze, M»
successeur, depnis iro6, dans la
place de secrétaire de racadémiedei
inscriptions. D— m— v-
TALLEYRAND .( i ) est db sv-
nom que prirent , au commcnoemait
du douzième siècle, plasîeiin sei-
gneurs de la famille des comtes sou-
verains du Périgord, qui remonte,
par les maies, jusqu'à Boson 1**.,
comte de Charroux ou de la Mar-
che, mort vers la fin du dixiène
siècle. — HÉLiË Y, dît Talleyrabd,
déjà comte dePérigord l*an 11 16,
après son père Boson 111 , est un des
premiers qui aient porte ce sunon,
devenu depuis le titre dislinctîf d'une
branche cadette de cette illustre mai-
son. Hclie V se distingua, roinmela
1)lupart de ses successeurs, par sa
laine contre les Anglais, alors maî-
tres d'une partie de la France. 11
entra dans une ligue contre Ricktid
( Cœur -de-Lion ), duc d'Aquitaine,
qui y par ses cruautés , ayait sonlerc
les seigneurs français ses vassau.
Secouru par son père Henri H , rsi
d'Angleterre , et par les troupes du
roi d'Aragon , Richard assiégea Ptay*
Saint-Front ( ville séparée alors w
Périgucux ) , et s'emjuira de ortie
place, malgré la iX'sisL'iiicedu comité
llélie , qui , bientôt après , eu cfauw
( l'i (a: ii'iiii , <|ui p^iaîl A«<Mi vie »ii|;îii4În^*'
■ m ii<.*lli «lu luiii*, >'wTÎliail aulictou TîilfVteM
/':.://<-/ Il m/ . 'i'tsIiutanH v\ J tiUtmmt
TAL
s. Pendant que Richaitl,
(l'Ancflelcrre , était dé-
ili i< lie. à s(»n retour de la
tr , Hélie- Talleyraiid lit
ous dans l'Aquitaine; mais
Ide demaudcila paixjors-
rd eut recouvré sa li]>erté.
ttacLéà la France, il aban-
larli de Jean Sans-Tcrrc ,
de Richard, et fit hom-
on comltf à Pliilippe-Au-
i i'2o4.S'étanl croisé pour
c , il mourut en y arrivant,
vante. — Son Iroisit-me j'ils,
,LYr.A>D , Tut le chef de la
?s comtes de Griç;nols,de-
ices de Chalais et de Tal-
e qui n'a pas cmpcclic que
• nom n'ait clé porté par
ei*sonnaj;e5 de la branche
:*à coni les de Périgord , suc-
'Ilélie V, eurent des dé-
'. le chapitre (le Puy-Saiul-
îveo les habitants de cette
î Périj;ueux. DejMus l'af-
ment des communes , il y
i qui montrèrent jdus de
de constanec «pie ces deux
ir défendre leur indépen-
trc les comtes de Périp;ord.
iudII, deuxième fds d'Hc-
divisa pour les asservir,
longues guerres^ elles se
ians une même enceinte ,
Leurs querelles ayant rc-
: bientôt, un jugement de
s, eiii'À^ij^ prononça que
ïÉLiE VI , (ils d'Arcbam-
)crdrait , pour le temps de
droits qu il prétendait sur
Saiut'Frout, les attribua
antSy en dédommagement
crtcs y et condamna la cité
eux à des dommages et in-
cnlevant ainsi au comte de
le droit d'administrer la
ins ses domaines , saint
TAL 429
Louis prépara la révolution qui, par
le traité de ri^Q, priva le comte de
Périgord Archamdaud III de Pim-
médiatiou , et conmiença les grands
malheurs de cette dynastie. Un autre
traité, qui, en 12471 avait affranchi
BosoN 1*»"., comte de Grignolset ses
successeurs, de Pliommagc envers
les comtes de Périgord , leurs aînés ,
fut confirmé en 1277, en faveur
d'HÉLiE II de Talleyrand , fils de
Boson. — RoGER-BuiifARD, deuxième
fils d'Hélic YII et petit - fils d'Ar-
chambaud III , fut un des seigneurs
les plus considérés de son temps.
Pour le récomjîenser du zèle qu'il
avait montré dans les guerres de la
France contre l'Angleterre, Philippe
de Valois lui donna la terre de Mon-
trevel, et lui rendit, en i342, une
partie des droits de domination dont
ses ancOtres avaient été dépouillés.
Les Anglais ayant soumis toutes les
places du Périgord , Roger-Bernard
de^'int, malgré lui, vassal d'une
{)uissance qu'il n'avait cessé de com-
)attre.Mais leprincedc Galles, vou-
lant le gagner par des bienfaits, lui
remit la ville de Périgueux. Le com-
te résolut alors d'abolir enfin l'autori-
té municipale des boui*gcois de cette
cité. Ils furent protégés par Jean
Ghandos, lieutenant-général de Guieu-
ne pour le roi d'Angleterre, et main-
tenus dans les droits de seigneurie et
de juridiction : ce jugement fut
confirmé par le prince de Galles , en
i3G3. La même année, Boson II de
Talleyrand, prince de Chalais, fut
obligé de rendre hommage à l'Angle-
terre, pour sa terre de Grignols. La
maison de Périgord , ainsi que les au-
tres grands vassaux de Guieime, se-
coua le joug des Anglais . et rentra
sog^s la domination de la France , ci
i3(>8. Roger -Bernard mourut l'an-
née snivante , laissant deux fils, dont
43o T.VL
le second, Talluvr AND de Pcrijjord,
iiit, en iS-jo, coramandaiit-gciicral
dans la GuicuDc pour le roi de France,
qui le qualifiait son cousin. — Ar-
cuAMBAun V, raîné, ayant en de
nouveaux démêles avec les habitants
de Peripueux , pour un droit de ])ea-
gc y dédaigna de le soumettre au
jugement du parlement de Paris , et
traita ces bourgeois de reltelles * mais
ils obtinrent du roi, en 1 3(j'i, la per-
mission d'informer contre le comte.
Ârchambaud prit les armes pour
soutenir ses prétentions; mais en pro-
testant qu'il ne voulait que défendre
ses droits, et nullement attenter con-
tre ceux, du roi de France, l.es hos-
tilite's furent même suspendues , ])ar
reiitremise de son cousin, llelie III
DE Tam.eïram) , sire de Grignols,
prince de Chalais, fils de Boson 11 ,
et chambellan de Charles Vf. Ku
i3()j, Ârchambaud se soumit et li-
vra au roi quatre châteaux forts.
Mais voyant qîie le ministère pen-
eh.ut en faveur des bourgeois , il re-
})ritles armes. Trop faible pour tenir
a campagne devant l'armée royale ,
commandée par le maréchal de ]iou-
cicaut, et force de se rendre, après
avoir soutenu un siège de deux mois
dans le clialeau de Muntagiiac, il fut
conduit h Paris, où le parlement le
condamna au bannissement ^ par un
premier arrêt , en i3<)l; et p.':r un
second , en i ?u)H , à j>er(i!e la tête et
son ronile. Le roi lui lit grâce de
la vie; et son frère ( I-iouis duc
d'Orieans ), t\vi convoitait les eUts
du comte de Pcrigord , lui donna
de l'argent pour passer en Angleterre,
où Arcl)ambautl mourut l'année sui-
vante. — AucuAMiiALH M , mcnije
avant la mort de son père, fut remis
m possession du Perigurd . parordi*c
(iii roi . qui n'en retint «pie la capi-
tale. La iiaulcur avec Uf|uelic Ar-
TAL
chambaud récjama cette yiUe ne fit
qu'ajouter à ses torts béreditaires.
Sa tentative d'eolever la fille d'un
bourgeois de Pcrigueux , acheva de
le perdre. Le parlement , pour ce
délit, le bannit et coniisqua ses biens,
Ear arrêt du ig juin i3()9. Arcliam-
aud se retira en Angleterre, et le com-
te de Pcrigord fut donné au duc d'Or-
léans , qui , des long-temps, préparaît
la ruine de cette maison. Archam-
baud revint en France avec les Anglais;
mais il ne put recouvrer son patri-
moine, et mounit en i4^^y sans pos-
térité. Le comté de Périgord fut ven-
du, en 1 437* par Charles , duc d'Or-
léans, fils de Louis, à JeaudeBloîs,
dit de Bretagne, dont la petite-fille
l'apporta en dot, avec le vicomte de
Limoges, à Alain d^Alhret, qu'elk
épousa, en 1470- Antoine de Boui^
])on l'acnuit , par sou mariage avec
Jeanne a Albret; et leur fils, HfDri
IV, le réunit à lacouronneyen iSSc).
Après l'extinction delà puissance et
de la race des anciens comtes de ¥6-
rigord, la branche cadette , conme
sous le nom de sires, puis comtes, de
Grignols, et enfin princes deQialab
et de Talleyrand, a continué jusqu'à
nos jours. A — ^t.
TALLEYRAND DE PâlI-
GOHD ( Hélie ), cardinal, né en
i3oi, était le second des trois fils
d'Hciie VI L , comte de Pérîgoid. Sa
mère, Prunissendë, fille de Roger-
Bernard III, comte de Fuis , et Tme
des plus belles femmes de sou temps,
fut, dit-on, le principal lieu mii
retint en France le pape Clément V.
Destiné à l'état ecclésiastique, Tal-
leyrand lit de bonnes études , et s'ap
niiqua si>écialement au droit. Ses ta-
lents et sa naissance réterèrent npi-
drinent aux premières dignités de
TKglise. Poun 11 , des IVn£auce, d'un
benéiice, il devintnrrhidiacredePc-
is de Uichcmoiul, diocl*-
abbc de Clianceladc et
iinoj^cs , en 1 3 9. 4 ; "lais il
•nsacrc à cause de son a^e,
qu'en novembre i3'25,
iliait qu'éveque nomme,
p're, en i3'28, à rëvechc'
et sacre parle pape Jean
lui accorda un subside
r tous les ecclésiastiques
L'se. ])edaij];nant la pom-
îtree solennelle dans Au-
uue retraite de six jours
le Saint-Germain de celle
n de satisfaire plus libre-
ission pour les lettres , il
une espèce de cloître où
îi bel api^irtemenl à quel-
e de révêclié. L'année
confirma, par un diplo-
Coulanpjcs, la fondation
Ireuse de lîasseville; et,
l assista à la consécration
e Saint-LoiiisàPoissy. Le
v.iit eu occasion d'appre'-
liie, voulant Tattacher à
î, le (it venir à Avijpion,
et, par une promotion
î créa cardinal -prêtre de
''e aux liens , au titre
. T.dieyrand acquit bien-
îîrandc inlluence dans le
ue. A la mort de Jean
i3Ji , il se trouva le
dinaux iVanrais, quircni-
l.nis !c conclave , sur la
» italiens, et qui élurent
. Il sf dr'niii, cette année,
d'Auxcnc. et obtint j)lus
.'AIIkuio. \a\ i34'>. ,ilcon-
vsammcut à relcrlion de
1 : aussi jouis.sait-il d'un
bornes aupirs de ce pon-
il |)nrt.'iç:;rail d'ailleurs le
(' faste et |)(»ur les plaisirs,
iiaudc du i;('ucral et des
'; «](s (/ndclifTs, le pape
TAL
45 1
le nomma protecteur de ronlrc de
saint François. Agnès de Perigord ,
sœur du Cardinal, avait épouse Jean,
duc de Gravina , l'un des lils de
Charles II, roi de Naples. Charles
de Dura 7. , issu de ce mariage , ayant
enlevé Marie d'Anjou, saiir de la
reine Jeanne I". , quoiqu'elle eût c'te
promise, par le roi Uobeit^son aïeul,
à Louis 1"^^. , roi de Hongrie, et ne
pouvant l'ëpouser sans dispense , par-
ce qu'elle était sa nièce à la mode de
Bretagne; Talleyrand obtint du pa-
pe cette (dispense pour son neveu :
mais ce mariage attira au cardi-
nal une longue suite de chagrins.
Charles de Duraz fut accuse d'avoir
trempe dans l'assassinat de sou beau-
frcre André', roi de Naplcs, soit qu'il
eût peut-être fomente la division
entre ce piince et la reine Jeanne ,
son épouse , soit qu'on le crut senlc-^
ment intéressé à ce qu'ils n'eussent
point d'enfants. Ces accusations re-
jaillirent sur Talleyrand , à qui ce-
pendant on uepouvait reprocher tout
au plus que a'avoir, par ses intri-
gues , retanle'le couronnement d'An-
dré, et influé par là, quoique trcs-
indirectement , sur la mort de ce
prince. Elles éclatèrent scandaleu-
sement dans une occasion remarqua-
ble. 11 s'agissait d'influencer rélcc-
tion d'un empereur à la place de
Louis V, que Clément VI avait ex-
communié. IjCs cardinaux français,
dont Talleyrand était le chef, vou-
laient faire nommer Charles de
Luxemboui'g ; mais les cardinaux
gascons, alors sujets de l'Angleter-
re, a^ant à leur tête le cardinal de
Comminges, formaient une violente
opposition. Dans la chaleur de la
dispute , les deux cardinaux , en plein
consistoire , sans égard pour la pré-
sence du pape, vomirent l'un contre
l'autre des injures atroces, s'appr-
432 TAL
lant rcciproqucmciit traîtres à l'Egli-
se , etc. Coinmiuges reprocha à Tal-
Icyraïul d'avoir trempé dans l'assas-
sinat du roi André. Le cardinal de
Pcrigord , furieux , se leva pour frap-
per son rival , 'qui se disposait à lui
tenir tête ; et ils allaient en venir aux
mains , si leurs collègues et le pajMï
lui-même ne les eussent séparés. Cette
scène causa une grande rumeur dans
Avignon : les partisans et les domes-
tiques des deux cardinaux s'armè-
rent de part et d'autre; mais une i-é-
conciliation apparente empêcha l'ef-
fusion du sang. Cependant la faction
de Talleyraud remporta : Charles
fut élu roi des Romains , en 1 346 ,
et bientôt la mort de Louis de Ba-
vière le laissa possesseur du tronc
impérml. Lorsque Louis , roi de Hon-
grie, ait vengé, a Naples, la mort de
son frère André, il écrivit au pape,
four se plaindre de Talleyrand ,
?u'il accusait d'y avoir parlicipc.
llémcnt VI chargea son légat, le
canliual Gui de Boulogne, m i3^8,
de réconcilier le roi de Hongrie avec
la reine Jeanne, et de jiistiiier Tal-
leyrand. Tia négociation traîna en
longueur. Louis , par ses lettres , par
ses ambassadeurs , revenait sans ces-
se à la charge contre le caiilinal; et
le pape répondait toujours qu'il n*é-
tait pas imaginable qu'un prélat il-
lustre par sa naissance ^ ses talents
et ses vertus , eût voulu se déshono-
rer par un crime où il avait si peu
d'intérêt. Enfin, la paix, conclue à
Avignon, en i35i , et surtout la
peste, ([ui força le roi de Hongrie de
retourner clins ses états , rendirent
le trône à Jeanne, et la tranquillité
au cardinal, qui. corrigé par cette
leçon , cessa de se mêler d intrigues
«'Iraugère.s. Ce fut à celte époque
qu'il connut Pétranpie , dont il de-
vint Tami, le protecteur, et qu'il au-
TAL
rait fait nommer secrétaire aposto-
lique, s'il avait pu yaincre le goât
du poète pour rindépendanoe et pour
l'Italie ( Fqy. Petrabque ). Lon-
quc le fameux tribun Rienzo eut été
conduit prisonnier à Avignon , le car-
dinal de Périgord fut probablemoit
un des trois commissaires que le pa-
pe chargea de le juger , et aont riîs-
toire ne nous à pas transmis les
noms. Le jugement no fut point pro-
noncé ; et Rienzo , grâce k sa répu-
tation de poète et d'orateur , peut-
être aussi aux sollicitations de Pé-
trarque , fut mis en liberté , et repa-
rut quelque temps sur l'horizon po-
litique {F, RiEMzo ). Talleyrand fut
encore un des commissaires- média-
teurs qui s'interposèrent Taînement
1>our rétablir la [Vkix entre les réjia-
)liqiies de Venise et de Gènes. La
mort de Clément VI, en 1 35a, four-
nit au cardinal une nouvelle occa-
sion de déployer son ascendant 5Dr
le conclave. On sentait la nécesHtf
de réformer la cour pontificale, et
de doimer à Clément un sucgcsmut
dont la morale fût moins relâchée.
Déjà Vm\ avait jeté les yeux sur
Jean Birel , général des Ghartmx,
connu par la sainteté de sa vie et la
hardiessedc ses prédications. QàW-
Icz-vous fam/ dit Talleyrand, ef-
frayé , aux cardinaux. ( i )iiV voyez-
vous pas que ce moine , accoutumé
à [gouverner des Muichorètes i vau-
dra nous soumettre à Vaiulmiede
sa refile ? Il nous forcera d^ aller à
pied comme les apôtres^ et rf'm-
i'oj'cr nosbeaux chevaux à la chaf'
I * r^llf} riiiiil »r rrpriilit . dil^M , À'
|h'-«-Ii<- Ir ^(llt■r•il <lr% (IhurlrniB 4*«Cr
roinliU cri nrdrr lU liimfiiîlk , Ht mhrwtr
^llilil|IIr diBTtrraw de VaucUîm , Jn«t m
Ar<lMmb«ud IV, rnmtc d« Prrigord ,
ii-!i tiiiiflcmeiilii , et il b dota i)« ^nm* aii
d'iir.
.U
■ Mn
iriocfiilM. Sous I? 1.011-
-il joua le ]irciiii«r rôle
liro.s et les iii-^ocia lions les
rUiiti'ï. Nummc légal,
-'■'■M'
Il ]-!<
? lictcrn
roi de Ni
.ii.Lei8se|>tcml>ici350,
'. où les armées de Frauce
lerre , qui se trouvaient
p dejmis la Teilie, piTsdu
Maii]i<Ttiiis , conijnni-
iliranlei-, il pnriiidp Poi-
e puiiit du joui-: et l'iaril
uti' bridi
1 le
„„i.;E;
;a{;er l'artioii. Il lit la mi
iiipr
it o1>t<
di-
*lcs
aislic? devi!ip;N]ii;iliT lie;
iloya ce temps ii ;iller plu-
d'iin rauiji h l'aitlie, pour
nenl: mais irs jiréleiilioiLS
lu loi, r,n-(Iciir présdinp-
« L'Olll'lisaU'i, liiicoiici'i'tè-
icnrr et riiuMletc ilu iegat.
lain il Icnta de noitve;iiix
listes Fraurai», au lieu de
lui dirent i|tie s'il p.ii'ais-
if illui en fioiirrail mal
I reloiirua dune auprcs du
Galles , et lui dit : Beau
t ee que vmu pourrez : il
combattre. Alors
alhenraïuc bataille de Poi-
TAI, 433
lie Durait, iieveu de Tallevrand, ajant
été lue di's le premier choc , ie vain-
queur envoya son corps au U^at, aii-
tpicl il .-.d>-cssa (juelques reproclics de
ce que des gens de sa suite, au lieu de
rentrer avec lui dans Poitiers, aTaient
combattu pour les Françiiis. hc car-
diual de l^crigord fut encore charge'
d'aller à Metï, auprès de l'empereur ■
Charles IV, puis a Londres, afin de
solliciter la lioerlc du roi Jcau : mais
il ne putobtenird'Ëdouardin qu'u-
ne trêve de deui ans entre la France,
l'Angleterre et leurs alliés. BausTiii-
terrallc de ces deux légations, il cou-
rut uu grand danger. Depuis la dé-
route de Poitiers, des l>aiides de dé-
serteurs et de brigands dévastaient la
France. Celle que commandait Ar-
naud de Servolc, dit Yarchiprétre:
ravagea le comtatVeuaissin, se pré-
senta devant Avignon , que défen ■
daient ses murs nouvellement bâtis ,
et exigea du papeqiiarantcmilleceus.
Connue la plupart des chefs c'iaient
des gentiisbommcs gascons, parents
du ieii pape Clément VI , les Avîgno-
nais , presses par la famiue, voulaient
saci'ificr les cardinaux , parents ou
créatures de ce poutife, et surtout
Talleyrand, parce qu'ils les soup-
çonnaient d intelligence avec les ban-
dits. Innocent VI cm besoin de toute
son autorité pour les sauver. lie car-
dinal de Périgord qui , suivant Pélrar-
qne, trouvait plus beau de faire des
papes que de l'être, lit élireUrbain V,
après la mort d'Iimocent, en t36'J ;
et, saiisfaitdececlioix.il disait plus
tard : ji présent noua avons un pa-
pe. Pierre I'"'., roi de Cypre, par-
courant l'Europe pour soliciter des
secours contre les Musulmans , vint à
la courd'Aviguon,oùsc trouvait le roi
â$ France. Urbain, qui depnis son
' exallatioR, n'avait cesse d'inviier tes
princes chrAtens à la concorde , et à
38
454 ÏAL
rt^nir leurs cHorts contre les infidè-
les, prêcha la croisade. Le roi de
France en fut déclare' le clief , et Tal-
leyrand légal. L'cipédilion devait
avoir lieu dans deux ans ; mais le car-
dinal mourut le 17 janvier i3(i|, et
le monarque le 8 avril suivant. JiC
prélat s'était procuré depuis loup-
temps des notions sur la contrée qu'il
devait visiter. 11 existe à la biMio-
tlièque royale de Paris, à la suite
d'un beau manitscrit in - folio , des
Voyages de Marc Paul et autres an-
cieimes relations , u<*. 839'i^ un Trai-
té de Vétat de la Terre - Sainte et
de rÉgjpte, composé, en i336,
d'après l'oixlre de Talleyrand , par
Guillaume de Bouldesellc ; traduit
du latin en français, par fi-ère Jean
Lelonc d'Ypres, moine de Saint Ber-
tin, à Saint-Omer, en i35 1 , et con-
tenant plusieurs belles miniatures :
celle qui est en telc olî're le car-
dinal assis, à qui l'on présente ce li-
vre. Talleyrand aimait et proté-
p;cait les lettres; il était aussi iustniit
qu'on pouvait l'être dans un siècle a
demi-barbare. Pétrarque, malgré sa
prévention pour l'Italie et son anti-
pathie contre la France, convient
(|ue les cardinaux de Boulogne et de
Périgord étaient les plus forts ra-
meurs de la hartjne apostolique. Il
les compare aussi h deux puissants
taureaux dominant jHtrmi le trou-
peau de Jésus-Christ , dajis les pâ-
turages de son Éfilise. Froissart dit
qu'ils étaient les plus (grands du sa-
cré collège*, peut êtie à cause de
leur naissance. Parmi les liCttres de
Pétrarque il Talleyrand, il en est
une où il le prie de le justillcr dans
res]»rit d'Iunorrnl VI, à qui l'on
avait persuadé que ce poète était
sorcier. Le cardinal laissa une fo|;-
tunc très - considérable. Outre la
chartreuse qu'il avait aclievée, et
TAL
le collège de Périgord, qu'il avait
fondé à Toulouse , son testament et
son codicilc, que François Diichesnc
a donnés en entier, dans le tome ii
de son Histoire des cardinaux Jranr
cais jOiXrcui quehjues dispositions as-
dans la collégiale (aujourd'hui ci-
thédrale) de Saint -Front, à Pen-
gueux, ville qu'il aUcctiounait (lartiou-
lièreineut , parce qu'il y avait reçu les
premiers cléments des lettres. Il fon-
da , dans cette église, douze chapel-
lenies, et lui légua cent eiuquanle
florins d'or. Il augmenti de ciuquan-
te chanoines l'abba\ede Chancelade,
où il n'y en avait que vingt -deux. Il
légua cent florins d'or aux cbapîtres
de Limoges , d'Auxcrrc , de Péri-
gueux , à l'église de Saint-Pierre-aux*
liens, à Rome, de Saint-Mëdard en
Périgord ; deux cent cinquante à celle
de Saint-Benoit-du-Sault, à Bourges,
etc. , etc. lùiHu il laissa à son neveu,
Talleyrand de Périgord, die^'alier et
depuis commandant en Giiienne, au
nom de (iharles V , toute la çuwai'
té de poivre quil aidait à Mont-
pellier et dix mille florins d'or^ qui
lui étaient dus])ar un marchand df
cette ville. 11 est évident que ce car-
dinal s'étiit enrichi principalement
par le commerce , profession qui sans
doute ne faisait puint déroger la no-
blesse , puisqu'elle se cunciILiit avec
les plus hautes dignités sacerdotales.
Le portrait de Talleyrand , qu'a don-
né FrançoLs Duchesne, a e'té graré
d'a])n's un tableau que l'on voyait à
Toulouse, dans la chapelle du collè-
ge de Périgord. A — t.
TALLEYRAND (Hhoii de),
comte de Chalais, troisième fib de
Daniel, prince de Chalais, eut poor
aicul maternel Bliisc de Monttie,
TAL
maréchal de France, cl naquit vers
la fui de 1599. Élevé' dès Tenfance
avec Louis XI II , doue' de tous les
agréments exte'rieurs , et d'une gran-
de >ivacite d'esprit, il se concilia
ramitic des jeunes courtisans par
son empressement à leur rendre ser-
vice. 11 accompagna le monarque en
Languedoc , et se signala , sous ses
yeux, aux sièges de Montpellier et de
Monlauban. A Tagc de vingt ans-, il
fut pourvu de la charge de maîti'c de
la garde-robe du roi , et devint bien-
tôt le favori de ce prince. Quelle am-
bition n^eûtpasctc satisfaite? cepen-
dant, si Ton en croit quelques auteurs
contemporains , il songea dès-lors à
s*insinuer dans la confiance de Gas-
ton , duc d'Orle'ans , qui pouvait un
jour occuper le trône , et contribua
beaucoup , par des rapports enveni-
mes y à éloigner tout rapprochement
entre Gaston et le roi , dans le but
de se rendre de plus en plus néces-
saire à tous deux. D'autres vont jus-
qu'à dire qu'il consentit à se rendre
1 espion du cardinal de Richelieu près
de Gaston ( P'a^'. les Mémoires de
Fabbe' d'Artigny , vi , 2o3 ). Ce qui
parait plus certain, c'est que l'amour
de Chalais pour la duchesse de Che-
vreuse ( Fc^. ce nom ), lui fit par-
tager la haine de celte dame contre
le premier ministre, et qu'il se trouva
mêle' dans toutes les intrigues for-
me'es pour obliger le roi à le ren-
voyer. Chalais était à la tète des
jeunes seigneurs qui voulaient empê-
cher le mariage de Gaston d'Orléans
avec M^'*^. de Mont])eusier. La réso-
lution avant clé prise d'assassiner le
cardinaf de Richelieu dans sa mai-
son de Limours , il s'engagea de lui
porter le premier coup , et (it mê-
me fabriquer exprès un poignard à
Bruxelles. Le commandeur de Va-
lençay, auquel il confia ce projet cri-
TAL
435
minel , l'en fit rougir y et alla sur-le-
champ re'vëlcr tout le complot au
cardinal, comme s'il en a vaite'të char-
ge par Chalais. On peut voir , dans
l'article d'OnLKANS, XXXIl, 84,
comment l'habile ministre sut profi-
ter de cette circonstance pour afler-
mirsonpouvoir.il arracha le consen-
tement de Gaston à son mariage avec
M^*«. de Montpensier,€l le conduisit
à Nantes , où cette union devait être
célébrée. Chalais y suivit le roi, sans
aucune défiance ; mais à peine arrive'
dans cette ville , il fut arrêté ( le 8
juillet); et une commission fnt créée
aussitôt pour le juger. I^e comte de
Louvigny avait accusé Chalais d'a-
voir formé un projet contre la vie
du roi. Mais il n'esistait aucune
preuve de ce complot , et la dénon-
ciation de Louvigny n'oflrait pas la
moindre vraisemblance. Le cardinal
alla visiter Chalais dans sa prison ,
et lui promit sa grâce, s'il voulait
se reconnaître coupable, cl déclarer
qu'il n'avait agi que par le conseil
de la reine ( Mém, de M^^. de Mot-
teville , 1 , a8). 11 fit plus qu'on ne
lui demandait. Les juaes , quoique
vendus au cardinal oe Ricnelieu ,
voulant conserver l'apparence des
formes de la justice , ne se conten-
tèrent pas de ses aveux ; ils firent en-
tendre comme témoins les gardes
qu'on lui avait donnés dans sa pri-
son; et les plaintes échappées à ce
malheureux jeune homme, des propos
peu mesurés contre la personne du
roi, furent trouvés suitisants pour
motiver sa condamnation au dernier
supplice. Apres la lecture de l'arrêt ,
il se hâta de rétracter tout ce qu'il
avait dit qui pouvait compromettre
la reine et M"»^. de Chevreuse. La
princesse du Chalais, ayant vainement
sollicité la grâce de son fils, obtint seu-
lement qu^n lui épargnerait les hor-
'J.8..
.\Z6 TAL
rciirs (le la qMo^lioii y c\ {[uon adou-
cirait les dispusitioiis iufamaiilrs du
ju<i;eincut. II (Tiivit cnsuilc à sa mo-
re , lui demanda pardon des clia-
j»rins qu'il lui causait; et se pré-
para a Ta c^o m plissement de ses de-
voirs de clirctien. Ses amis avaient
fait cacher l'exécuteur, dans l'espoir
que le moindre délai pourrait amener
sa grâce. Mais on trouva dans la
prison un malfaiteur qui consentit à
remplacer le bourreau. Cet homme ,
n'ayant pas l'habitude de se servir
du glaive, s'arma d'une doloire, dont
il frappa trente-quatre fois l'infortu-
ne Chalais, avant de séparer sa tcte
de son corps. Ainsi périt , le 19 août
iG'^G (i), à l'âge de vingt-six ans,
le comte de Chalais, victime de la
veugeance du cardinal de Richelieu.
IjaKorde a public: les Pièces du pro-
cès de Henri de Tallcyrand , Londres ,
(Paris) 1781 , iu-i a, orne des por-
traits de (llialais et de IM"»*^. de
Chevreusr( /'o>-. Borde, V, i58\
— Son frère ahie' Charles 11 de Ïai.-
LEYRAND, UC VCrS I^qCJ, pHuCC dc
Chalais, marquis d'Exideuil, ])aron
de Mareuil, etc. , et fut charge par
JiOuis XI 11 d'une mission diplomati-
que en Turquie et en Russie. Jacipies
Roussel, sou collègue, l'ayant des-
servi auprès du patriarche de Mos-
cou, le C/ar, peu habitue' aux usages
judiciaires des peuples polices, l'en-
voya saus formedejiroccsen SiWrie,
où le malheureux Tallcyrand demeu-
ra trois anncVs. 11 en fut rappde à îa
mort du patriarche, et s'embarqua,
le i3 fc\rier iG35, à Riga pour re-
v(înir en France avec Olearius, dc
qui nous empnintons ces détails {'.i).
Il épousa, en 1^87, Charlotte de
■ Il V.i iiiiii yfts \r 1; M-pIcinl.rr , lirftr qu'un lit
:iii hiiA lie Miii ]iiirlruil.
{%) ntcjiiii^, Vii^.-ii{« Je Miment if , îiv. i . Utnt.
I , l«. 6;).
TAL
Pom])adonr^ et en eut deux fils qui
cohiiuuèrent la braiiclic des piinces
de Chalais {F'. Uhsins). — André,
frère puînc' des précédents, fut la tige
des comtes de Griguols. W — s.
TALLEYUAND-PÉRIGORD
(Alexandre- Angllique de) était
fiis du marquis dc Talieyrand, tué
au siège de Tournai en 174^, et na-
quit à Paris le 18 octobre i^SG. Sa
miTC ,nccCharail]art, et dame du pa-
lais de la reine, étant restée veuve fort
jeune , montra autant de force d'ame
que de prudence dans la conduite de
sa maison et dans l'éducation de ses
enfants. Le fils dont nous parlons fîit
envoyé au collège de la Flèche et en-
tra ensuite au séminaire deSt.-S(dpi-
ce. Pourvu, en ijOîa^ de Tabbaye
du (lard , diocèse a' Amiens , il fit ses
éludes théologiques sous la dîrectiou
de M. Bourlier , qui mourut depuis
évêquc d'E>Teux. Nommcf aumôuirr
du roi et grand-vicaire de Yeidun^il
n'avait que trente ans lorsque M. delà
Roche- Aymon , archevêque de Reims,
le choisit pour coadjuteur. Outre le
grand âge de ce prélat , ses fonctions
de grand aumônier le retenaient sou-
vent h la cour et lui faisaient sentir
le besoin d'un évcque qui le rempla-
çât dans le gouvernement d'un vaste
diocèse. L'abbé de Talleyraud fut sa-
cré le a8 décembre 1^61», sous le ti-
tre d'archevêque de Trajanople, et
prit d'autant plus de part à radmi-
nistration épiscojiale , que M. de la
Roche- Aymon devint, quelques an-
nées après , ministre de la faillie,
])lace qui ToMigcait à une résidence
enroi*e plus prolougce à Yersaillrs.
En 1 769 , le roi nomma le coadju-
teur de Reims à l'abbaye de Hant-
villiers ; et, en 1770, l'assembler du
clergé lui acconia une distinction
flatteuse et l'admit comme suppléant
de son archei'cque , que ses iubnni-
TAL
tes cl SCS occupatioiis empcchaient
lie se trouver assiducmeiit aux seau-
ces. Le cardinal de la Uoclie-Ay-
moii étant mort le '>.'] octobre
'777 » ^'' ^^ Talleyrand lui suc-
céda de droit ; il se démit de ses ab-
bayes et reçut eu échange celle de
Saint-Quentin en Tlsle. Son séminai-
re fut confie à la cougre'gation de
Sa int-SuIpice. Les hos])ices furent
l'objet de la sollicitude du prélat: il
procura un asile aux vieux prêtres et
répandit des secours abondants par-
mi les malheureux. Un mont de pie-
té fondé à Keiins, des encourage-
ments donnes aux manufactures, un
troupeau de mérinos amené d'Espa-
gne à ses frais et dispersé dans les
campagnes, des secours distribués à
propos pour remplacer les couver-
tures de chaume par la tuile , prou-
vèrent qu'aucun bien n'était étranger
à la sollicitude de M. de Talleyrand.
Nommé membre de la deuxième
assemblée des notables , puis député
aux états généraux , il lutta vaine-
ment contre les innovations, signa
les principales protestations du coté
droit y et publia en sou nom des
e'crils pour défendre les droits de
son siège , entre autres une Lettre
aiLv électeurs (le la Manie , du 8
mars 1791 , et deux Ordonnances
du 4 ^vril et du 'x mai^ sur les élec-
tions de deux cvcques constitution-
nels : ces trois écrits sont développés
cl font sentir rirrégularilé des mesu-
res ])rescriles ])ar les nouveaux dé-
crets. L'esprit qui dominait dans
rassemblée constituante, et les trou-
J)lcs du royaume _, engagèrent l'ar-
chcveque de Reims à se retirer à Aix-
|j-(]hapelle, d'où il envoya son ad-
lie'sion aux dernières protestations
du côté droit. Des Pays-Bas il passa
on Allemac;uc . à l'approche des ar-
mées françaises : Wcimar et Bruns-
TAL 437
mrick furent tour-à-tour sa résidence.
Loi'squcPie Vil demanda , eu 1801 ,
aux évèques de France leur démis-
sion, l'archevêque de Reims et quel-
ques autres prélats, qui demeuraient
dans cette partie de l'Allemagne, fi-
rent des réponses dilatoires ^ ils ex-
posèrent leurs motifs dans une lettre
du u6 mars 1802, adressée au pape,
et dans les réclamations du 6 avril
i8o3. Du reste, ces prélats s'abstin-
rent de tout exercice de juridiction.
La sauté du cardinal deMontmorenci
l'ayant oblige de quitter la cour de
Louis XVIII, et de retourner en Al-
lemagne, ce prince appela M. de
Talleyrand à Mittau , et l'admit
dans son conseil. Le prélat suivit le
roi en Angleterre, et fut nommé
grand-aumônier à la mort du cardi-
nal de Montmorenci , en 1 808. Les
événements de 181 4 ramenèrent en
France ces nobles exilés ; M. de Tal
leyrand fut inscrit le premier sur la.
liste des pairs du royaume ^ et chargé
de présenter les sujets pour les évc-
chés. En 1816, le roi augmenta ses
attributions^ par ime ordonnance du
i3 avril; mais le ministère fit ré-
voquer cette mesure , le mois sui-
vant. On eut pareillement à regretter
que ses conseils n'eussent pas tou-
jours été suivis dans l'affairedu con-
cordat ; sa sagesse et sou esprit de
conciliation eussent aplani bien des
obstacles. Le prélat donna sa démis-
sion de l'archevêché de Reims, qu'il
avait refusée précédemment , et en-
gagea quelques-uns de ses collègues à
souscrire la lettre de soumission
adressée au pape, le 8 nov. 1816.
Cette démarche facilita la conclusion
des alHiires. Le 28 juillet 1817 , M.
de Talleyrand fiit fait caiilinal , sur
la i)résentation du roi, qui lenomin.i
à 1 archevêché de Paris. Sou rang,
son âge et son expérience y le place-
4M TAfc
reat à la tête de ses collègues daiis
les délibérations qui eurent lieu sur
les alFaires de Teglise de Frauce , et
le respect qu'on lui portait fit plus
d'une l'ois ]» cValoir son avis danb les
matières les plu s importantes. I/cxé-
cution du ctucordai de iHi*; avant
rencontre des obstacles inattendus ,
le nouvel archevêque de Paris ne prit
Î>ossession de son siège qu'en 1819.
IjC choix de sou coadjuteur, divers
rcglemeuts pour le clergé, le rétablis-
sement des retraites pastorales , la
rédaction d'un nouveau Bréviaire ,
les encouragements donnés aux petits
séminaires, tels furent les actes les
plus importants d'uu épiscopat qui
lie dura que deux aus. Le cardinal de
Péri gord mourut le '20 octobre 1 82 1 .
Le roi j dont il avait si long- temps
Sartagé rinfortunc , lui donna , peu-
aut sa maladie , <les témcugua^&s
d'intérêt et d'attachement ; et les
rinces vinrent le visiter sur son lit
e mort. Ses obsèques t'urcut célé-
brées avec pompe. Le 2() novembre,
il y eut un second service à Ko-
tie-Dame, où M. Frayssiuous pro-
nonça l'oraison funèbre du carduial:
ce discouri a depuis été imprimé.
Peu après ^ le cardinal de Bausset pu-
blia une Notice historique sur sou
ami. Ou trouve dans V Ami de la Re-
ligion, tome XXIX, page 3ii y une
courte Notice sur le cardinal; et à la
table des matières de ce même Re-
cueil , on indique les actes, les aO'ai-
res et les délibérations auxquels il prit
part. P — c — T.
TALLIEN ( Jean - Lamdert ),
ne à Paris, en i-jOi) , était fils d'uu
maîlrc-d'hùtel du marquis de Bercy,
qui , lui ayant trouvé quelques di>po-
sitions , se chargea des frais de son
éducation, et eu lit, non pas un sa
vaut , mais un de ces hommes tou-
jours si nombreux en Frauce , qui ,
S
TAL
n'ayant qu'efflcorc une partie des
connaissances humaines, croient ce-
pendaut les posséder toutes , et ne
doutent point suitout qu'ils ne soient
ap][H'lés à gouverner leurs sembla-
bles. Tallien perdit son protecteur
au commencement de la révolution :
il avait déjà été clerc de procnrcur
et clerc de notaire ; il se jeta dans
la carrière politique avec toute l'ar-
deur de sou caractère , et fîit d'abonl
secrétaire du député Broustaret , puis
prote de Pimonmerie du Monileory
dans lequel u inséra , le 7 janvier
I «jç)si , une espèce de prospectus de
la feuille qu'il publiait depuis cinq
mois, sous le titre d*yimi eu et-
tojen. Ce journal , que l'on afilchait
sur les murs de Pans , était deiliMl
à soulever la populace contre Loais
XVI et ses ministres. Les Jacobins
en faisaient les frais ; et ce fut dans
cette société , dont Tallien était un
des membres les plus assidus , qu'il
fit les premiers essais de cette an-
dacieuse et véhémente éloquence
qui eut plus tard sur de grands ëfë-
nemcnts ime influence si décisÎTe. U
Srenait, dans ce prospectus y le titre
e fondateur de la oociété JhUeT'
7Uillc de Vun et de Vautre sexe,
séant au palais Cardinal (Soubise),
où il faisait , disait-il y un prône ci'
vique pour enseigner aux citqyens
peu instruits , leurs devoirs et leurs
droits. Ne négligeant aucun moyen
de se faire remarquer , il publia, veis
la même époque, son discours pro-
noncé aux Jacobins Sur les causes
qui ont produit la réyolutian. Les
circonstances et l'âge de Fauteur nims
dis])enseront , sans doute, de ren-
dre compte en détail des maximes
jiolitiquesde ce Montesquieu de Ting^
trois ans; il nous suffira de dire aoe
les Discours et les Écrits de TaUien
(ixèrcnt alors sur lui les regards des
TAL
Aires, et qu'il fut bientôt
urnes les plus populaires
nfluenls de ce i^irti. C'est
reputaiion d'ardent na-
[1 se présenta , le 8 judlei
barre de TAssemblëe na-
ame orateur d'une des sec-
ris , qui l'avait charge' de
)ntre la destitution de Pé-
ppelait alors son père ce
capitale , que plus tard il
SOI vre avec ta ut d'acbame-
^ÉTHioN ). On se rappelle
>utatious préludèrent , par
!uses harangues y à la ré-
I 10 août. Tallicn prit une
ïtive à cet évéuement. Les
ivaient uommé secrétaire-
la commune qui s'installa
l'hotel-de-ville^ au milieu
i, qui se perpétua maigre
;, et qui fut le centre et
Le toutes les intrigues e€
massacres de cette épo-
) août, il viut, en cette
1 barre , où il dénonça des
i , eilrayés des événe-
lient demandé des passe-
* retourner daus leurs
its. Il annonça que ces
avaient été refusés par la
, on approuva le refus,
reçut les honneurs de la
itre jours après, il j re-
se plaindre du décret de
prononcé contre cette mé-
le, et vanta avec beaucoup
les services qu'elle avait
.'Assemblée , son zèle à
r les conspirateurs et les
i , dit- il , étaient tous en^
devaient bientôt purger
'sence le sol de la liberté,
\ joui's avant les massa*
isonSy queXallien parlait
itieu de ces horribles mas-
rim encore à la barre ,
TAL ij^
accompagné de Tnwhott . ciptei^^
sauvage, qni portait unelobguebarbe,
et dont la révolution -du lo aoAt
avait fait un municipal. Ces dépotés
de la Commune, restée en fonctioiis
malgré les décrets , amurncbent no* -
sitivemcnt queles massacres avaieM
cessé. Cependant celle Sami^mrtké-
lemi du peuple > tomiie Tapi^it
Manuel, dura encore nlnsKiurs joon
à Bicétre, Ott elle se taisait à eoiipi
de canon, et à la Force, d'oà les
mnnictpanz pouvaietti , sans sortir
de kur salle , entendre les cris do»
vietimes. Les deux oratenrs flreal
ensuite onvericBMit l'apologie de la
justice du penle^ dé son éùaUé-
ressèmera j aeiw de l'ardre f«e le^
assassins avaient étaUi dans knrs
opérations; enfin Tallien dit, «n par-
lant des victimes : U n'jr mmU là
quedesscélémUs.Oa conçoit qtie dès-
lors il dut être considéré comme l'on
des principaux auteurs deees-aaaa*
cres : c'était loi d'ailleurs qoi avait
signéla plus grande potiedss erdies
d'arrestation, qui avait daniié le sigMl
des ^orgements par nue circolair»i
faite et signée de coneert aTecliasofll
( ^. ce nom) ; et il avait reçoet di^flié^
dans ses bureaux les di^pnoiiles diji
victimes ; il avait cnvové , seos le
contre-seing du minstie Danton , son
Îirotecteur et son ami( ^.DAinroir),
'horrible ciroalaffeda 3 seplentoe^
rédigéepar Muot, «rdbiliiiéeàfiùe
égorge tons les fAêtmkfm duifrks
dSparlcaento cniiiné Pmm f «^
il avait dâivré fas bons ^^^
BMot aux ëgŒigeurs • Il^ttis oe
taips le nom de SepCsinMièir a'o
pu être séparé dfe cdid io ZaHitn ;
sa )eunesie,.lft délife vsàvtsoA de
l'époque , des lU'iioia inootfissia-
blés rendnii k là patrie et à l'ho-
manilé , h saint ae «udques mal-
heureux Mustraits an ter oesassas-.
*.
;**^..-,î*^ , •
44o
TAL
siiis ( i), ricu n'a pu eflaccr cette hor-
rible souillure ; d amers reproches lui
en ont cte faits à toutes les époques
et par tous les partis , incmcaaiLs la
Convention nationale , où ce crime
est le seul dont on ne se soit pas
vante'. L'un des hommes les phis à
portée de savoir ce qui se passait
alors, Senart , a founu de nouveaux
détails sur ces aflï'euses journées ; et
la plupart de ces détails sont encore
des preuves contre Tallicn : il Tac-
cuse surtout de s'ctre approprié les
dépouilles des victimes , que les as-
sassins lui apportaient , et qu'il en-
fermait dans un colfre dont lui seul
avait la clef. Une autre accusation
de Senart contre le grelller de la
Commune , paraît moins prouvée ;
c'est d'avoir dirigé, par les ordres
de Danton, et, ce qui est phis invrai-
semblable , contre la volonté de
Foumier raméricaiii , le massacre
des prisonniers d'Orléans , qui se fit
à Versailles à la même époque ( F.
Lkssart et Bris^ac ). Ce fut sous de
tels auspices que le département de
Seine et Oise nomma Tallien député à
la Convention nationale , où , dès les
premières séances , il eut à défendre
la Commune encore accusée de meur-
tres et de spoliations , et Marat son
conseil et son coopéra tour. Manuel
ayant proposé , à la même époque ,
de loger le président de l'assemblée
aux Tuileries , Tallien fit rejeter
cette demande , disant que les repré-
snitantsd'un peuplelibre ne devaient
être logés qu'au cinquièmeétage .Dans
la séance du i5 décembre , il pres.sa
avec beaucoup de chaleur le juge-
ment de Louis XVI , s'opposa à ce
(i) On a «ilé, |iarniî ]ei personnel qii«* Tallipn
ftaiivii diiii> 1rs inassui-rrH Ht* M'pirinbrc, Hui* , %a-
lel (le lIiuiiiIiii* (le LimiIa \V| ^/'or. ce unm, au
Supitlt^mt ; . et l'iivucat dn Houui^rrfl, qnî Jui ■
réunit ce k<'iii<n,k:iiage au ciMi»eil de* Cinq-Cenl»,
uti iU fiirriit colli-^UL-t en f^^.
TAL
qu'où lui donnât des conseils, et
ajouta de nouvelles charges à l'ac-
cusation. Le même jour, son achar*
nemeiit contre ce prince , autant que
son 7jc\e à défendre la Conunune, If
fit censurer par un décret , pour
avoir dit que ce serait en yain quela
Convention nationale permettrait à
Lom's XVI de voir sa ÊimiUf , si la
Commune ne le voulait pas... Le len-
demain , c'est-à-dire plus d'un mois
avant la condamnation , il dit hau-
tement à la tribune , qu'il ne fallait
s'occuper de l'expulsion des Bour-
bons , qu'après la mort de Louis !...
Il vota ensuite pour cette mort , et
contre l'appel au peuple. Dans b
question du sursis, il proposa de n'en
point accorder^ par numanitéf et le
]our même de l'exécution (ai jin-
vier ) , il fut élu président. Deuxioun
auparavant, ne pouvant empedier
que la Convention ordonnât y sur la
demande de Gensonnc , que des pour-
suites seraient faites contre les sep-
tembriseurs, il obtint, par une sorte
de compensation, que du moins il en
fût également ordonné contre ceux qui
avaient défendu Louis XVI au lo
août. Le 2(ifévrier 1 793,il prit encore
la défense de Marat, prétendant que
la Convention n'avait pas le droit de
le décréter d'acciisatiou, et il ajou-
ta : Ce sont les hommes de fi^pfd
au peuple qui veulent assassUur
l'ami du peuple. Envoyé, peu de
temps après, avec Carra, conuK
commissaire dans les départemcsts
de l'Ouest , au moment où ces con-
trées se soulevaient contre la tyran-
nie conventionnelle > il Y montn ce-
pendant quelque modération. Se-
nart , révolutionnaire encore plus
forcené que lui , l'accuse d'avoir alors
épargné des royalistes. Ce qu'il y a de
sûr , c'est que ce fut à sa demande que
la Convention rapporta son décret
TAL
la ville d*Orlcans en étal
CHU dans celte assem-
la crise du 5i mai s'an-
les plus \iolenlcs coii-
concounil de tout son
riomphe de la commu-
dc Robespierre. Quand
la Gironde eut suc-
î montra Tun des plus
e poursuivre, et ce fut
►sa de mettre liors de la
s qui s'étaient soustraits
ccusation. Ce fut encore
' multiplier Icsproscrip-
iça un complot imagi-
à sauver le ge'nëral Cus-
e même temps il prenait
l'infâme Rossignol ,avec
telle que la Convention
put, sans en témoigner
ilement , l'entendre s'e'-
que m'importe à moi
e quelques maisons I..n
eu de cette terrible ef-
ies passions , qu'on en-
à Bordeaux, avec son
►eau, afin d'y établir le
t révolutionnaire , et
3ursuivrc daus leur der-
2S débris du parti de
Les Journaux, les Mé-
mps , tous les témoigna-
nt à le représenter dans
comme le digne ëmule
des Lebon et des Collot-
^raigiîant d'abord , ou
raindre la résistance du
il s'établit à douze lieues
, dans la pclite ville de
ce fut là qu'ayant re'u-
'il y avait dans la côn-
es féroces et avides de
i composa son comité'^
;t son armée révolution-
ue tout fut ainsi prépare',
ordres et ses arrêts de
ordelais consternes: et
TAL
44i
quand il eut exercé de loin pendant
quelques mois la plus sanguinaire
tyrannie , il fit dans Bordeaux une
entrée à laquelle il donna l'air d'un
triomphe, et vint se loger sur la pla-
ce où il avait fait dresser l'échafaud.
Là , tous les jours on le vit diriger de
sa fenêtre les exécutions , applaudir
aux supplices qu'il avait ordonnés.
Une de ses premières victimes fut
Biroteau , son collègue , qu'il insulta
lâchem^t avant de l'envoyer aux
bourreaux. Il frappa ensuite sur le
commerce, et poursuivant le Tiégo-
ciantisme , comme on disait alors ,
il fît arrêter et condamner les plus
riches commerçants, et les acca-
bla de taxes aussi excessives qu'ar-
bitraires. Lorsqu'il eut détruit par
le maximum et les conGscations
toutes les sources de l'industrie , il
menaça de l'échafaud, et fit réelle-
ment exécuter , ceux qui ne pu-
rent remplir leurs engagements. En-
fin, lorsque la famine vint mettre le
comble aux calamités de ce*te mal-
heureuse ville , loin que ce fut pour
le proconsul un aveitissement de
l'amurdité de son système , il en ac-
cusa , suivant l'usage du temps , les
malveillants , les accapareurs y et ce
fut encore un prétexte pour désigner
de nouvelles victimes. Tous ces faits
sont tirés de sa correspondance avec
la Convention nationale et les Ja-
cobins^ qu'il informait exactement de
ses opérations. 11 était alors parfaite-
ment d'accord avec les meneurs des
comités: suivant en tous points leurs
instructions et leurs avis , il en rcce^
vait tous les jours des félicitations;
mais une circonstance imprévue vint
tout-à-coup changer ses idées et sa
position. M™°.de Fontenai, née Ca-
barrus , l'une des femmes les plus
belles de ce temps-là étant arrivée à
Bordeaux , pour aller en Espagne , se
44a
TAL
rëiiuir à sa famille, fut mise en pri-
son. Tout annonçait qu'elic serait
conduite a i'e'chafaud, lorsque sa beau-
té' li\a les regards du jeune procou-
sul. Après avoir obtenu sa délivrance
et telle de son mari, M'»*^. de Fon-
tenai se servit de son ascendant sur
Tallien pour soustraire à la mort
un grand nombre de victimes ; et si
le sang ne cessa pas entièrement de
couler , l'eflusion en fut du moins de
beaucoup ralentie. Mais les féroces
agents du proconsul, les hommes de
sang et les spoliateurs dont il s'était
entoure'^ ne purent consentir à un
tel changement : ils y apportèrent
tous les obstacles qui furen,^ en leur
pouvoir et le dénoncèrent aux co-
mite'sde la Cou vcntion.Tal lion les des-
titua , les incarcéra , mit en liber téâm
phis grand nombre de prisonniers , et
se rendit à Paiis, pour faire approu-
ver sa conduite: mais, comme il au-
rait dû s*y attendre, ses collègues
des comités le reçurent fort mal ; ils
lui reprochèrent son modéraniis-
me; et M'"**, de Fontenai,qui l'a-
vait suivi dans la capitale, y fut
arrêtée. C'était peu de temps après
la mort de Camille - Desmoulins ^
de J^croix et de Danton , immo-
lés à la haine de Rubespierre ;
])eaucoup d'autres députés étaient
menacés du même sort , et le tyran
Eouvait d'un seul mot le faire su-
ir à Tallien. Dans une situation aussi
pc'rillcuse , celui-ci prit le parti de
dissimuler et de tromper ses ennemis
par une feinte exagération. Ce fut
ainsi qu'il dénonça avec ime nou-
velle violence aux Jacobins et à la
Convention, les nobles, les aristo-
crates, les modérés; qu'il accusa la
lenteur des tribunaux révolutionnai-
res , enfin qu'il prit la délcuse de
Joui*dan -Coupe -Tète. Ce plan lui
réussitd'abord assez bien : il recouvra
TAL
uue partie de son crédit , et fut nomme*
successivement secrétaire et prési-
dent de la Convention nationale. C'est
en cette qualité qu'il lit, le 19 mai
1794 , mie réponse courageuse à
deux habitants de Cette, qui étaient
venus demander qu'on mît la mort
à l'ordre du jour : a Dites à cem
» qui vous ont envoyés , que nous ne
» sommes pas des anthropophages. »
La Convention applaudit k son pié-
sideut , et les audacieux orateurs fu-
rent expulses. Mais Robespierre k
perdait pas de vue Tallien : ses liai-
sous , son caractère audacieux et l'csr
pèce de popularité qu'il Tenait d'ao-
. quérir inqmétaient vivement le tnrqu
Le 1 2 jum, il l'accusa d'avoir nsut-
té les patriotes en les traitant d'es-
pions aes comités , et il couvrit de
menaces et d'injures ses expia-
tions et ses excuses. Un autre ]oar,
il le tinça encore plus rodemnit
aux Jacobins , lui reprochant de
par!er sans cesse de ses périls ,
d'avoir toujours la suiUotiM de-
vant les yeux; enfin il fit rayer sod
nom du tableau de la société. Tal-
lien comprit toute l'étendue du dan-
ger daas lequel il M trouvait cngaeé.
Environne d'espions, il n'osait pv
couche^ chez lui , et ne voyait qof
pendant la nuit et en tremUant cen
de ses collègues que la haine de Robcs^
pierre avait frap^iés des uèmMcntt-
tcs. Ne pouvant échapper aux pros-
criptions du tyran qu'en renvenanlss
puissance , ces députés, presque Uni
anciens amis de Danton ^ se con-
certèrent en secret sur les moyens de
panenir à un but aussi difficile. Am-
si se forma une conjuration, trb-
vague et très-impuissante dans son
origine , mais que , peu de jours avant
la catastrophe , l'orgueil et la mala-
dresse de Robespierre fortifièrent
d'une partie des membres du
TAL
ut public^ et de tous ceux du
; de sûreté gëncrale. Voilà
eut se prépara la révoliitiou
hermidor. Ou peut voir à l'ar-
OBLsriERRE Ics dctails de cette
ition mémorable : uous y ajou-
que , depuis long- temps , uu
nombre de députés avaient
d'attaquer le tyran , mais
:uD d'eux n'osait engager cette
le lutte ^ que tous tremblaient
t lui y et qu'à peine Bourdon
adicr avaient osé la veille
contre l'impression du dis-
de Maximilien y lorsque Tal-
;eul et spontanément ait le
5e d'interrompre Saint - Just
. ce nom ) , et d'apostropher
pierre, a J'ai vu le tyran de
franco , dit - il ^ dresser ses
s de proscription , donner ses
*es aux assassins. Je Técou-
hier quand il nons désignait à
s coups.... Ses yeux ne peuvent
$ rencontrer dans cette enceinte
lomme qui ne soit son ennemi,
I n'ait forcé de Totre. La pa-
y le genre humain , s'élèvent
re lui : nous remplirons leurs
*eances » Oui, s'écrièrent
:ous ceux que la terreur avait
imés si long-temps : à bas le
à bas le nouveau Cromwell !
1-Va rennes, jusque-là Tinstru-
i dévoué et si cruel de Robes-
( F. Bill AUD , au Supplément),
4-\'arennes qui , trois jours an-
iDt, avait menacé Tallien d'u-
»rt prochaine, se réunit à lui
icciiser le tyran ; et il déroule
t l'assemblée se^ crimes qu'il
issait si bien! Tallien reprend
; la parole^ et il s'écrie avec
mvellc énergie : « Si la Con-
ion trahissait mon attente , si
hésitait à prononcer sa déli-
tée y si elle n'avait pas le cou-
TAL
443
» rage de décréter sur-le-champ d'ac-
» cusation le tyran , je me suis armé
» d'mi poignard , et je suis prêt à
» lui percer le sein. » Il fait alors
briller son poignard ; et toute l'as-
semblée se lève pour témoigner son
adhésion. La permanence est dé-
clarée j Robespierre et ses compli-
ces sont décrétés d'accusation; ou
les envoie dans diverses prisons.
Mais on eut ensuite l'impriKlence de
suspendi'e la séance ; et y dans le mê-
me ^moment Robespierre et ses amis^
réunis à l'hôtel - de - ville , entourés
des municipaux> des plus funeux ja- -
cobins et des troupes d'Henriot , se
nrépa raient à la résistance. Collot
allerbois épouvanté accourt pour
avertir ses collègues d'un danger que
la peur grossit à ses yeux ; et son
discours glace tous les esprits. Dans
un moment aussi critique , ce fut en-
core Tallien qui rendit le courage à
ses collègues, o Par sa révolte , dit-
V il , le tyran vient de nous offrir le
9 seul moyen qui nous convienne
D.pour en délivrer la patrie. Vous
» n'avez plus besoin de la décision
» d'un triDunal qu'il a lui-même for<
» mé. Mettezrle hors la loi avec ses
» complices. Frappez du même dé-
» cret la commune rebelle; nommez
» un commandant de la force armée;
» saisissez l'oifensive : c'est s'assurer
» la victoire. » Aussitôt le décret de
hors la loi est prononcé ; et l'on nom-
me Barras commandant de la force
armée. Tallien le suit à l'attaque de
l'hôtel-de- ville: et le lendemain^ il
vient annoncer la mort du tyran ^ in-
vitant ses collègues à la joie ^ et leur
disant que le mêmé'coup doit ebrauLer
les trônes de tous les despotes , et les
convaincre que la France ne sera ja-
mais gouvernée par un maître. Dans
la même séance , il dénonça Ju-
lien de la DrômC; jeune homme de
Î44
TAL
dix-neuf aiis ^ son successeur à Bor-
deaux , qui ayait, dit -il, exercé
dans cette ville im pouvoir révol-
tant, et que Robespierre avait mis
à la tcte de rinstructiou publique.
M. Julien réclama contre cette de'-
nouciation au club des Jacobins et
dans les journaux. Il mit à son tour
en évidence les crimes de son ad-
versaire ; et il résulta de cette lutte ,
comme de toutes celles du même gen-
re qui eurent lieu dans ce temps - Là ,
qu'un peu de lumiore fut répandue
sur des faits qui depuis ont été mis
encore dans un plus graud jour. Aus-
sitôt après le 9 thermidor , Tallien
fut nommé membre du comité de sa-
lut public , et les Jacobins le rétabli-
rent sur leur liste. Il eut beaucoup
de part à toutes les opérations d!e
l'assemblée; et nous devons dire qu'il
ne se servit alors de son influence
que dans les intérêts de la justice et
de l'humanité. Cette époque est sans
doute la plus belle et la plus hono-
rable de sa vie ; mais les récrimina-
tions , les reproches des divers partis,
et peut-être aussi les reproches qu'il se
faisait à lui-même, l'cloignèrent bien-
tôt de cette heureuse situation. Tau-
dis que , sur sa demande , on sup-
primaii le tribunal révolutionnaire
et (pie l'on fermait le club des Ja-
cobms , tandis qu'il poursuivait
Carrier, Lebon et les autres agents
du terrorisme, ceux-ci rappelaient
à leur tour ses excès à Boixle^ux et
les massacres de septembre. Cam-
bou l'accusa un jour à la tribuned'a-
voir sijïné pour quinze ceiit mille
francs do bons aux égorgeurs. Tal-
lien répondit avec assez de fermeté et
de présence d'esprit ; et le nom de
M""', «le Fonlenai ayant été pronon-
cé d.ins la chaleur de la discussion ,
il déclara qu'il l'avait épousée. Dans
le même temps, les journaux, qui
TAL
jouissaient d'une «nlière liberté, et
dont la plus grande partie était rédigée*
par des ennemis de la révolution Joi
adressaient les mêmes reprocbes , et
semblaient ne lui tenir aucun comp-
te des services rendus à leur parti.
Au milieu de cette espèce de feu croi-
sé, dirigé sur lui des deux extrémités
de l'horizon politique , on cofiçoitqiie
Tallien ne put conserver long-temu
sa popularité. La voyant s'aflaÎMir
de ] our en j our , il essaya en vain deh
relever en supposant un assassioat
dont il aurait été victime yà-peu-pw
comme avaient fait Kobespiem ft
Collot ^ ou plutôt comme il avait di^à
fait lui-même à Bordeaux , à l'épomie
la plus terrible de sa mission. Il oé-
clara qirun homme aposté dans la
rue avait Liché sur lui un coup de
pistolet. Mais il avait à peine été ef-
fleuré; personne ne crut k son récit;
et ce fut pour les journalistes un nou-
veau' sujet de railleries , dans les-
quelles ils mélèi'cnt M.*^^ .TalliendW
manière assez ficbense» Cependant
la victoire que la Convention natio-
nale remporta les n et 3 prairial ai
III (juin 1795), sur le parti |dek
Montigne ( F, FÉaAun) , et à laqaelli
Tallien prit une part très - active cl
très -honorable, lui rendît un peu de
faveur. II rentra au comité de sakt
public, où il avait donn Ai démission,
et se rendit , en qualité de commis-
saire , à l'armée de l'Ouest^ que com-
mandait le général lioche. D 7 fat
témoin, presque eu arrivant , delà
malheureuse affaire de QoilMnB
( P^qy, SoMDREUiL et Heavillt }•
Après la défaite des royalisles, il
sembla vouloir s'éloigner du théâ-
tre des massacres qui devaient en
être la suite. Laissant à son- col-
lègue Blad le soin d'orf^aniser Jcs
commissioas militaires^ et depv^-
rer les supplices , il se hlta devenir
TAL
, pour Y cclcbror Tannivcr-
i 9 llicrmidor. Arrive' dans
le, il V vit quelques-uns de
?iis amis , et ses colièp;ucs du
lesalul publicqui luirepro-
de se laisser entraîner vers
listes. Alors , se rappelant ses
> sentiments et !es gages trop
trop nombreux qu'd avait
à la revohition , eraignant
us toul le rétablissement d'un
u'il avait tant contribue à ren-
.1 monta à la tribune le même
i la même beure qu'il y avait
la puissance de Hobespierre
uparavant. Après avoir sa-
i versa ire de ce grand jour y il
l'allairc de Quiberon , un
très-emphatique, Irès-inju-
)ur les vaincus (2), et qui
* ôter tout espoir. Les lois
L\s émigrés condamnaient, il
, tous les prisonniers de Qui-
la mort ; mais ceslois avaient
nés dans des temps de tar-
de sang. Tous les jours la
ion rapportait des décrets
lème époque ; et depuis la
e Robespierre , on n'avait
u de ma.ssacre pareil. En-
devait faire croire que quel-
îfs seulement seraient sacri-
îtait Ta vis du général Ho-
ais Tallien avait résolu de
icr personne ] et l'on n 'ex-
as même les enfants ni les
]ues. Dans sa fureur y il
, contre ces infortunes , un
j;e aussi atroce que ridicule ,
it que l'on avait saisi sur
s poignards empoisonnes j
jutri : u Les flots ont rejeté*
n C'iiuincrM 1 m>ii di.^cnurs ni disant
litiiMi (le (^)iul)«rtin a>ait de diri);«'e
f. On ne j>»'iir iiitr i\\\K celle ait.Hcrtion
■.<i<>m liPAiiroiip «le iat>p<n'l.« ; iir.iix elail-
:l C'>M\ ' •irni cl.' tenir (i:ni< tiii |f| nio-
i«'il I. (liante .'
TAL
445
» sons le glaive de la loi ce vil ra-
» mas de stipendiés de Pitt, ces exc-
» crables anlems de tous nos maux;
» ils ont ose' remettre le pied sur la
» terre natale: la terre natale les de'-
» vorcra. » Voilà comment s'expri-
mait , sur le compte des royalistes ,
celui que dans le même temps Lcmaî-
tre , un de leurs agents , désignait
dans ses listes comme l'un des hom-
mes qui devaient leur être favorables.
Deux mois plus tard, à l'époque
du 1 3 vendémiaire ( septem. i ng5 ),
il ne se montra pas moins acnamé
contre ce parti , le déDonçant indivi-
duellement et collectivement dans
toutes les séances qui précédèrent cet
événement^ et déclamant surtout
avec beaucoup de violence contre les
journalistes, qui l'attaquaient à leur
tour par des railleries et de sanglan-
tes épigrammes. C'est ainsi que, par
une inconséquence , quia eu beaucoup
d'imitateurs , l'homme qui , dans
toutes les occasions, avait invoqué la
liberté de la presse, ne manquait ja-
mais d'en condamner l'usage, lors-
que cet usage lui était contraire. Il
avait demandé très-vivement cette li-
berté quand il s'agissait d'attaquer
Louis XVI ; il la demanda ensuite
contre Robespierre, et contre les
membres des comités qui lui survé-
curent; mais à l'époque du 1 3 ven-
démiaire, il provoqua les mesure^ les
plus violentes contre les journaux
et contre les écrivains politiques.
Faisant alors tous ses enorts pour
ramener le régime révolutionnaire,
il proposa de créer une commission
de cinq membres, chargée de pré-
senter des mesures de salut public ,
et il fut lui-même un des cinq com-
missaires ; mais , soit que l'opinion
générale se montrât trop contraire à
un pareil changement, soit que Tallien
craignît de retomber dans les mains
4'ifi
TAL
(les jacobins , In commission ne pro-
posa que des mesures insigniliantes ;
ot le moment de lerreiir (pie la vic-
toii-c conventionnelle avait inspire
s'évanouit avec le bniit du canon
qui avait mis en fuite les Parisiens.
Quinze jours après cetle victoire ,
Tliibaudeau prononça une longue
philippique contre la commission et
plus particulièrement contre Tal-
lien, qu'il acheva de perdre dans l'opi-
nion publique, en le peignant tan-
tôt comme un terroriste enrichi par
la révolution, tantôt comme un traî-
tre vendu aux Bourbons. Se voyant
encore appuyé par les tribunes et
par une partie (le rassemblée , Ta!-
lien repondit avec assez de présence
d'esprit, mais sa position n'en devint
pas meilleure; if n'eut presque au-
cune part à la formation du gouver-
nement qui fut alors établi par la
constitution de Tan III; et ce n'est
que par le sort (lu'i] devint membre
du conseil des Cmq-Cents , où il eut
encore moins de crédit. Cejiendanton
le vit, dans cette assemblée , s'atta-
cher de plus en plus aui. principes
de la révolution , et parler successi-
vement contre les royalistes , contre
les agents de l'Angleterre , contre
l'admission de Job Aymé et contre
celle de M. fiarbé-jVIarbois. Le 9
juillet 17O7, il sortit de la salle com-
me un furieux , éclatant en murmu-
res contre le décret qui venait d'être
rendu en faveur des fugitifs de Tou-
lon. Dans le même temps , par une
bizarrerie que peut seule expliquer la
diversité de ses rôles et la versatilité
de ses opinions , il eut à se défendre ,
presque à la fois , d'avoir participe
à la conjuration de Lavillcheurnois,
agent royaliste , et d'avoir été un des
terroristes les nias sanguinaires ; en-
lin d'avoir dirigé les assassinats
de septembre. Cette fois ce fut Du-
TAL
molard qui lui adressa cette 1
accusation, et il le ùt dans d
mes si injiu*ieiix et si positif
Tallien ne put se dispenser
pondre. Fraisant à la tribu
aveu de ses torts, une espècecî
de honorable , que devraicnl
ter les prédicateurs de révo
ces insensés qui prétende;
gler à leur gré les événements
9 C'est un malheur , d'être ii
» un temps de révolution; ]
» trop souvent , entraîné par
j» constances , on ne peut su
» l'impulsion de son cœur ,
» conseils de la sagesse. Je do
9 pleurer sur ces temps désa
» puisque )'ai , peut-être , cont
» les faire naître par l'exasp
» de mes opinions. ... J'ai n
n dans mi temps où la véril
» couverte par le voile dcspa
» mais l'erreur n'est pas un ci
0 Et qui scraitasscz vain , poi
» mer qu'il a toujours jugé sa
» notre étonnante révoliitioB.
De pareils aveux étaient bie
Cour désarmer les accusate
'allicn ; personne ne rénondj
molard lui-même garda le sili
la révolution du 18 fructid<
survint peu de jours après^ i
Sour long-temps aux récrimi
e cette espèce. Tallien n'abu
de la victoire de son parti;
vit même faire des efforts pou
traire quelques victimes à la
tation. Mais son influence ava
toujours disparu , etsamissio
lative était finie. Il rentra dan
curiléde la vie privée, sans qu
)ie le public s'aperça tde sa retra
pouvant s'accoutumer à une 1
existence^ et se voyant en proi
chagrins domestiques , il ré»
s'éloigner de sa patrie , et su
l'igyptc le gôiéral Buonaparl
TAL
l elc fort lie, et qui même
clque reconnaissance (3),
crédit sembla le suivre
mers ; il nViit d'abord
le savant , puis celui de
V Institut d'Egj'pte ,
:leur d'un journal qui
au Caire ( la Deçà-
mne ) ; il devint en-
islrateur dos domaines
*t son existence fut sup-
iis cette contrée , tant
rtey resta ; mais après Je
général, il éprouva tou-
tracasseriesdela part de
succédèrent. Menou finit
de s'embarquer pour la
y faisant précéder d'une
on ne comprend p;uère
» dont l'eiret inévitable
re arrêter à son arrivée,
ilieur les Anglais l'enle-
a traversée, et le con-
ondres , où il fut très-
par le parti de l'oppo-
b des Wigbs lui donna
:te ; et l'on y vit le célè-
é à table à coté de Tal-
lesse de Devonsliire lui
son portrait entouré de
renvoya les diamants et
rait. Revenu en France,
accueilli par le cbef du
t , et, ce à quoi il devait
adre , plus mal encore
lien. Peu de temps après,
fut prononcé par les
. On a peine à concevoir
d'emplois et de missions
iinu «!»• Barra» . prnaiJrc ranne
l'on voii Haits l'.irir (ic in<<r)s«!;*>
fut Tftllii-ii qui lui sertit dr Ic-
[^■na.i.
•>*. Tsillirn «■|»o»j»i«TVI . Jn5ei>li d^
le Cliiin»T. Klli» arait m oc joii
lien une tiJIr qni rrçut au nais-
e/Tiider.
TAL 44^
importantes Tallien se trouvât alors
sans fortune; et les reproches de spo-
liation qu'il avait si souvent essuyés
nedevaientpasle faire présumer; ce-
pendant 'tl n'eu est pas moins vrai
qu'on le vit dans un extrême dénue-
ment. Ce fut seulement au bout de
quelques années , que, par la pro-
tection de Fouché et celle de M. de
Talleyrand, il obtint l'emploi de con-
sul de France à Alicautc , où il fut
atteint de la fièvre jaune , et perdit
un œil. II revint aussitôt en France , et
y conserva son traitement. Une telle
faveur a fait dire qu'il rendait des
services à la police; et cette asser-
tion a été répétée avec plus de vrai-
^mblance encore, lorsque, malgré le
décret de bannissement contre les régi-
cides, il a continué d'tebiter la capi-
tale.Si ce n'est pas unecalomnie, il faut
croire que ces services étaient bien
mal payés , car peu de temps avant
sa mort( i6 novembre 1820) , il fut
obligé de vendre ses livres pour vi-
vre ; et plus tard les journaux , qui
publièrent sou Éloge , dirent que sans
une auguste munificence , il serait
mort de misère. M — d j.
TALMONT (Gabrielle de Bour-
bon , princesse de ) était fille de
Louis 1<^^'., comte de Montpensier ,
mort prisonnier en Angleterre , et de
Gabrielle de La Tour, sa seconde
femme. Au mois de juillet i485, elle
fut mariée à Louis II , sire de La
Tremoille , l'un des plus grands ca-
pitaines de son siècle ( F. Tremoil-
le). De cette union ^ formée par la
politique, mais dont l'inclination et
les vertus des deux époux resserrè-
rent les nœuds, naquit Charles , prince
de Talmont. Gabrielle se chargea de
veiller sur l'éducation de son bis, et
sut lui inspirer le goût des lettres ,
qu'elle cultivait elle-même avec suc-
cès. Jean Bouchet ( Voyez ce nom ) ,
448
TAL
chroniqueur du Poilou , que la prin-
cesse honorait de son estime ^ nous a
Inissc', sur ses occupations , des dé-
tails précieux par leur naïvelc. « Elle
employait, dit - il . une partie de sa
journée en broderie et autres menus
ouvrages appartenants à de telles da-
mes , et y faisait trav,ailler ses demoi-
selles ; mais y quand aucunes fois^ elle
en était eimuye'e , se retirait en son
cabinet bien çarni de livres, lisait
quel([ues histoires ou cliose morale
ou doctrinale } et s'y ctait son esprit
emiob'.i et enrichi de tant de bonnes
sciences , (lu'elle composait petits
traités à l'honneur de Dieu, de la
Vierge Marie , et à l'instruction de
ses demoiselles (i). » Le (ils qu'elle
aimait si tendrement fut tue à la ba-
taille de Marigiian. Depuis elle ne lit
plus que languir ^ et mourut consu-
mée de chagrin , au château de
Thouars , le 3() novembre i5i6. Ses
restes fiirenl déposes dans un tom-
beau , au milieu du chœur de l'église
collégiale , avec une epitaphe dont
les dates sont inexactes {'i). Dans
celle que consacra Bouchet à la me'-
moire de celte princesse , il la com-
pare à ri((ontiiim, à Christine de Pi-
sé, à S.ipho {en prose, non en wè-
ire), et enfin à Pauline, dame ro-
maine , célèbre par l'amitic que lui
porUi St. Jérôme ( r, ce nom ). Les
ouvrages de Gabrielle , restés manus-
crits, sont : Contemplation sur la
nativité et passion de N. S. J.-C, ;
— le Château du Saint-Esprit ; —
le riateur , ou le Voyage du péni-
tent;— V Instruction des jeunes fil-
les. Le P. Ililarion de Coste a public
rr^oge (le celle princesse, dans ses
Jlisloires calkoUques des hommes
I ij V«»v. Ir i'lir\;tJ.vr Sttns-l\i iHoche j de J. Huu-
«hrt , ril. »lr l5^7, f"! 8j|.
(■«) Viiv. Iii lUhf. du I\'il<ni , pur Drcui dit R*-
Jirr , I •, 7.
TA.L
et dames illustres par leur piclé, et
dans son Recueil aes éloges des rà-
nés, etc. W— s.
TALMONT ( A. Ph. de La Tw-
MoiLLE, prince de ), second fils du
duc de La Trémoille , quoique jeune
et n'ayant jusqu'alors mené qu'une
vie très -dissipée , embrassa avec
beaucoup d'ardeur la cause, de b
monarchie el)ranlée parlareyolatîoB
française , entra dans la conHédé-
ration poitevine formée dès le com-
mencement àeingXy afin de oombat-
tre ccttaréyolution, et passa en Âllg|^
terre , pour y veiller aux intérèti de
son parti. 11 se rendit alors sur le
Rhin, se réunit aux émigrés, qui se
préparaient à pénétrer en Franoe, et
lit cette première campagne en ou-'
lité d'aid&dc-camp du comte dÂ^
tois. Rentré en France an commcD-
cement de 1 793 , avec un nouren
plan d'insurrection pour les provin-
ces de l'Ouest, il parcourait ses do-
maines, et se trouvait à Qiâtean-
Gonthicr , quand vint à éclater le
soulèvement d'une partie de la B^^
tagne et de la province du MaÎDe,
soulèvement qui précéda de pende
semaines celui de la Vendée. Le pn-
cedc Talmont futarrM, tmuSki
dans les prisons d'Angers, dvooé
dès ce moment à Tëchafand. 11 ne
fut sauvé que par une intrigue btt
heureuse et fort habilement ménaflfe
par l'abbé de La TremoiUe , aon nè-
re^ dans le sein même de la Gofentt-
tiou nationale. Un député qu*on avait
gagné se transporta dans les prisoni
d'Angers, pour concerter l'évaiM
du prince auquel il proposa secfèlr-
meutde retourner en Angleterre onde
passer dans la Vendée. « Jecboiiisla
I» Vendée, répondit le jeune TalflUNrt;
» tout mon sang est pour mon roi,
» et je le verserai pour lui jnsipi'âla
» deriiiercgouttc. » Pendant ntrans-
I
j
TAL
l'Angers à Laval, ses propres
(avonsèrcnt sa fuite, et aes pay-
postc's l'escortèrent jusfju aux
:is de Saumur , dont les Ven-
reuaieiit de se rendre maîtres,
rivée produisit la plus grande
on dans ia Vendée. L'éclat de
un et sa belle iij^nre en impo-
i la muUitiulc. Il fut fait, sur-
np , i;éncral de cavalerie ven-
, et j)rit place au conseil. A
lie de Nantes , le '>.H juin 1795,
nala nardesjn'odicjesde valeur
atlielineau etd'Elbee , parcou-
'anG;s, harangua ])lusieiirs fois,
ena au coinJjat les Vendéens
âges. Il fut blesse en chargeant
le de la cavalerie royale. Ren-
ns la Vendce, il prit part à
c tontes lot actions de cette
mémorable : impétueux et
l'ardeur , il aurait toujours
combattre. Après la malhcu-
ournee de (.hàiillon , et les dc-
eitcrees des Vendéens, il insista
eut j)our qu'on se rendît maître
sa^e de la Loire, et de l'entrée
tagne. Il allirma que ses intelli-
dans celte j)rovince lui avaient
qu'elle n'attendait que la pre'-
les Vendéens pour se soulever
veau ; que d'ailleurs on pou-
mptcr sur des leve'es conside-
de royalistes dans ses vastes
êtes de Laval et de Vitre. Son
n se tn)u\;nt conforme à celle
ichamps, ([ui voulait envoyer
ichemcnt dans le Bas-Anjouet
agne , poiu' se nu'uager une re-
Mi cas de revers. A il moment
rise où l'aririèe Vendéenne lut
; p<>iiss<'C veis i.i Loue, on de-
le pruiee de 1 .diuonl avee
mille roN.distes, |)0ur gardej-
e de Sauil-I'^lorciil. \|)rès l.i
UJ'Mse is'sue de l.i baîaille de
t . il pioîc'ge.i de tout son pou-
\LI^ .
TAL
449
voir le passage des Vendéens sur la
rive droite^ et peu de jours après,
il concourut au gain de la bataille de
Jiaval. Il s'opposa, dans le conseil, a
la resolution des chefs qui desiraient
rentrer dans la Vendée , et il fut d'a-
vis qu'on se dirigeât vers Saint-Malo ,
a lin d'y recevoir les secours promis
Far les Anglais. Celte détermination
ayant emporté^ il prit, avec Icchcva-
lierdeFleuriot, le commandement de
la colonne qui se porta de I^aval sur
Vitré ^ se replia ensuite sur l'armée
royale, qui, remportant plusieurs
avantages , et se dirigeant sur le Co-
tcntin, vint mettre le siège devant
Granville. De la prise de cette place
maritime dépencfait l'issue de l'ex-
pédition de lord Moira , charge
de porter des secours aux royalistes,
étant à la veille de mettre à la voile
des ports d'Angleterre , pour se diri-
ger d'abord sur Jersey. Mais déjà
les Vendéens, repoussés dans leur at-
taque sur Granville, et complète-
ment découragés^ voulaient à tout
prix regagner la Vendée ; ils étaient
même en pleine révolte contre leurs
chefs. Dans cette confusion , le prin-
ce, accompagné de Beau voilier, de
Solérac et du curé de Saint-Laud,
gagne la plage pour s'y embarquer.
A cette nouvelle, les Vendéens s'in-
dignent; et regardant la démarche
du prince comme une désertion , dé-
tachent un piquet de la cavalerie
sous les ordres de Sloillet pour l'ar-
rêter. Le détachement entoure lé
])rince et le ramène au camp avec les
autres chefs cpii l'avaient suivi, a Ils
)> n'avaient frété, dirent-ils, qu'un
)ï bateau pécheur pour Jersey, alin
0 de presser l'arrivée des secours de
)> l'Angleterre , et samer «pielf|!ics
n femmes. » Du reste , le» témoi-
gnages dill'èrent sur le fait de l'éva-
sion projetée du prii^ce de Talmonl.
•>9
45o TAL
Sart'putatioDct son honneur seraient
à l'abri de toute alleinle , selon l'ex-
plication qu'en donne M. de Res-
ta in j» , o (licier vendéen , qui a survé-
cu au désastre de son parti. L'armée
se trouvait à Avranches, la veille de
l'attaque de Granville , lorsque deux
marins s'étant fait introduire , à dix
heures du soir , devant le prince, lui
présentèrent une lettre écrite par une
personne qui lui était chère, et de
plus un bijou de prix , qui ne lui
laissa plus de doute sur la réalité du
message. Ou le conjurait de se con-
fier aux deux marins, qui, tenant
une barque prête, le transporteraient
à Jersey, et l'y mettraient en sûreté.
lie prince répondit en ces termes^ en
présence même de Rostaing : « J'ai
» promis de défendre la cause pour
» laquelle j'ai tiré l'épée, et que je
» crois juste ; et ce serait violer ma
r> parole que d'abandonner mes com-
» pagnons d'armes : je partagerai
» jusqu'à la mort leurs travaux et
» leurs dangers. » On objectera sans
doute qu'il y eut au moins de la lé-
gèrelé et de l'imprudence après une
telle déclaration , à se porter sur la
cote avec des personnes qui ne dé-
guisaient pas leur intention de se
mettre en mer. Quoi qu'il en soit , le
prince lit de nouveaux prodiges de
valeur à la bataille qui fut donnée
j)eu de jours après entre Dol et An-
train; lui seul, quand presque toute
les divisions dcrarmée royale étaient
en déroule et fuyaient vers Dol , tint
ferme avec une poignée de braves,
jus(|u'à ce que Larochejaquelein vint
le joiudie. l'iu rentrant à Dol , ce gé-
néralissime (les Vendéens déclara
que c'était au princcî d<; Talmont
'|u'on était redevable de la victoire,
f icliii-ci suivit l'armée au siège d'An-
gers , (|ui fut tout aussi malheureux
que celui de Granville. Marchant de
TAL
là sur la Flèche ^.mie plaine séparait
les Vendéens de rarmée répuÛicai-
ne. Talmont ^ presque seul y s'a*
vançait à cheval. Beconmi À sod
écharpe blanche , un bussard Tint
le défier au conbat. « Je t'at-
tends, lui crie le prince. » Le hus-
sard fond au g*lop sur lui ; les
sabres se croisent } Talmont pare^
frappe , et d'un coup assure, partt-
ge en deux la tête de son adTersaiie.
A la déroute du Nans^ le i4 dé-
cembre , il chai'gea, au milieu du feu,
les hussards ennemis a l'entrée de la
ville. Après sa défaite • rarmée roya-
le n'ayant pu repasser la Loire, se
trouva rcfduite à sept mille homaïa.
Talmont et Fleuriot se mirent à leur
iho avec d'autres officiers, et mar-
chèi'ent sur le boo^g de Nort. Mail
Fleuriot ayant été nommé geiiénl ei
chef, Talmont, blessé de cette prâe-
i*encc, quitta l'armée. Ce désir rauno-
modéré de la commander, ma%ié
l'état misérable ou elle se trourait,
marquait, certes, encore pins de
dévouement que d'ambition. Il er-
rait déguisé en paysan dans ks
environs de Laval et de Fouafam,
accomi>agné d'un fidèle domeitiqnB»
nommé Matdcin, quand il toÏAs
dans une patrouille de la garde ni-
tionale de BaKOuses. U fut coBdnit i
Fougères, sans etiti recomm; ma»
la fille de l'au])ergiste de &niiC-J^
ques^ en le voyant, s'écria : « C'crt
le prince de Talmont ! » Cet indi^
cret élan était d'autant plus odicnK,
que le prince avait sauvé U père de
cette malheureuse lors dupassaeedes
Vendéens. Traduit devant le tf&Éral
Beanfort , qui commandait A Fougfe
res , Talmont jeta son bonnet de paf-
san , et répondit avec fierté : « Ou, )e
y> su is le prince de Talmont; soiianle-
)> huit cond>ats contre les r^oUi-
» cains m'ont familiarisé a^ec la
i
TAL
:. >» Un ofllcier nomme Hiiard ,
landant pomxiiioi il avait em-
Ic parti royaliste, en reçut cet-
use : <c Issti des LaTreuioilIe,
lu scip;ncurde Laval el de Vi-
princc moi- mtnie, je devais
ir mon roi ; et je ferai voir, en
ant mourir, que j'étais digne
cfendre le trône. » Il deman-
ir seule f;race le tre'pas le plus
t; mais les conventionnels en
Q dans cette contrée se le dis-
at comme une proie. Il fut
ire à Heiuies, où Lsnue-1-.aval-
avant pu lui arracher aucune
lion , lui dit un jour en colère :
»s un aristocrate, et je suis un
iote. — Tu fais ton métier, et
mon devoir, répondit leprin-
•) Parole sublime , et que rien
-passe dans rantiquitë, comme
es tem])s modenies. On prolon-
lisérahlement sa vie ])endant
nois, dans les cachots de Ren-
ms que Taffaiblissement de ses
diminuât sou courage. Enfin
pplice ayant été demande à la
ntion, il fut transféré, quoique
e, à Vitré, puis à Laval, où
faud fut dressé devant Tentrée
pale de son château. L'exécu-
ui lit tomber sa tête lui devait
. Elle fut mise sur une pique et
ec, ainsi que celle d'Aniubault,
tendant , au-dessus de la porte
ival. On regrette qu'avec tant
leur et de dévouement, ce prin-
it pu périr les armes à la main.
, comme tous les La Trémoil-
la plus haute taille et de la
noble (igurc, il joignait à ces
.iî:e.-> extérieurs une bonté inal-
e. Son fidèle Malelein , qu'on
t sauver , s'écria : u Moi , survi-
à mon maître ! non , j'aime
ux mourir ; » et il monta sur le
'. échafaud. ï^ corps du digne
TAL
/iTu
descendant du vainqueur de Saint-
Aubin fut enfoui, avec ceux d'une
multitude d'autres victimes , dans les
landes de La Croix -Bataille, près
de Laval. Quand ces landes furent
vendues , après la restauration de la
maison royale , on réserva le terrain
qui renfermait les cendres du prince
et de SCS compagnons d'infortune.
En iSs'j, il fut enclos de murs; et
une souscription volontaire fut ou-
verte pour élo-er, dans ce lieu de sé-
pulture, un monument à la inémoire
du prince de Talmont et des victimes
de nos discordes. Ce monument con-
siste en un autel en granit , surmonté
d'ime crok. Sur une table de mar-
bre ^ incrustée dans le devant de l'au-
tel , on a gravél'objetdu monument et
les noms qu'il doit rappeler. B — p.
TALON (Omer), littérateur du
seizième siècle, était ne, suivant La-
croix-du-Maine , dans le Vermandois.
On lit, dans le Dict. de Moréri (éd.
de 1759), qu'il naquit à Amiens, et
qu'il était le second fils d'Artus Ta-
lon , colonel d'im régiment irlandais
au service de Charles IX. Cette der-
nière assertion e t évidemment erro-
née ; mais elle n'en a* pas moins pas-
sé dans V Histoire littéraire aA-
miens, par le P. Daire ( F, ce nom) ,
et sans doute ailleurs (i). Omer s'ap-
pliqua j dès son enfance , à l'étude des
langues et de la littérature ancien-
nes. En 1534? îl ^t pourvu d'une
chaire de rhétorique au, collège du
cardinal Le Moine ; et il la rem-
])lit d'iuie manière brillante. Lié de
l'amitié la plus étroite avec le célè-
bre et malheureux Ramus , .sou com-
patriote, il dut employer tout son
crédit pour faire adopter par l'uni-
(i> En cflcl , il e»t iinpaii»il>|«i d'admrltrr qu'O-
mrr Talon, ué vn-s i5lr, li\t \r. M>cond fiU d'an
colou^l au ttrricm de OiKrle^ IV , «jui ur |Mirvtnt
»ti trùuc f{u'cn iS(m».
AH'x
TAL
f
vcrsilc les changrmaifs que Ramiis
)ropQSait dans renseignement des
angues et de la philosophie; mais
rien ne montre qu'il ait partagé le
penchant de son ami pour les réfor-
mes religieiLses. On croit assez, çéné-
ralement que Talon était ecclésiasti-
que ; et quelques auteurs assurent ^
mais sans preuve , qu'il fut nommé
curé de Saint-Nicolas du Ghardonnet.
Une maladie cruelle, et qui , dans un
autre temps, donnerait mie opinioti
peu favorable de ses mœurs , empoi-
sonna SCS dernières années. L'état
déplorable auquel il était réduit ne
pouvait lui permettre de prendre
part à la querelle de Ramus contre
Tu ni(*bc. Cependant liamus employa
le nom do son ami dans cette guerre
{'i)-y mais Turnèbe reconnut facile^
lement cette petite ruse {f^oj^, Adr.
TurnÈbe). Omer Talon mounit^ eli
1 5(>i , à Tagc au moius de cinquante
ans. Le P. l)airc a donné la liste de
ics ouvrages , qui n'offrent plus au-
cun intérêt , dans V Histoire littéral'
re d'Amiens , p. 94 c* suiv. Ils ont
été recueillis par Thom. Freig , Bâle,
P Perna, 1 5^ 5 , in-4°. de ?o6 pag. Ce
volume est orné d'une préface de l'é-
diteur (3). Outre des Lettres^ des
Disscrlalions et des Harangues^
pidiliées avec celles de Raiiius, Pa-
ris , 1 577 , in - 8»\ ( Fqyez Ramus,
XXXV II, 65), on y trouve un
Traité de rhétorique élémentaire
{ Institut ionc s oratoriœ)^ qui eut
une grande vogue dans tout le cours
du seizième siècle. La première édi-
tion est celle de Paris, 1344 ou 1^45,
(v*. On iir J'MiIf p.i.i i|iK< Kamux nn miîI Je %«'rtln-
LU* iiiit«iir <lo IVcrit inlitulv : Autlomnri 'l'ahré
aiinuniilio uii .Itliian. 'l'urntbum y J*aiik, i55(>,
iii-S".
:'^j Olle «• iil:"ii rs\ iMtitiiU'u : .Iw/oniari Ttdtti
tfurm i^t'tn lu.fii 'I fir*i.iirn 'hr -if pot\is, K||f c«i
ainsi un iiiniMiinvnt <ir l'auiilic i|iii Xn iivuil r'iiit-
(.iiiiuient uni».
TAIi
in - 8*^. Parmi les nombreiues râm-
pressions de cet ouvrage , on doit ci-
ter celle que Cl. Minos et Jean Pisca-
torius ou le Pécheur , ont accfunua-
gnces de leurs Commenta ires* Antome
Foqueliu, compatriote de Takm,
l'inséra tout entière dans sa Rhéto-
rique française , Paris > 1557, iik-
80.; ouvrage oublié depuis lou-
temps , et que^ par ce motif, on d a
Sas cru devoir mentionner k l'article
c Foquelin ( F. Foquelih, XV ,
234). W— f.
TALON ( Omer ) , Fun des phs
célèbres avocats- généraux du pure-
ment de Paris , était né vers iSqS.
Sa famille était originaire d'Irlande ^
où elle possédait des terres et des
places considérables. Le premier de
ses ancêtres qui s'établît en France ,
fut nommé colonel d'un riment i^
landais sous Charles IX. ( i ) Depds ,
les Talon n'ont pas cesse de founir
à la magistraturedes personnages re-
commandables par leurs vertus et leur
capacité. Omer acheva ses étudessous
Dautruy , de Troyes , savant doc-
teur de Sorbonne, qui resta son con-
seil et son ami. Dirieé par cet halîk
maître , il fît de rapides progrès dasi
les lettres , l'histoire, le droit et la
théologie. Il fut admis, en i6i3,daBS
l'ordre des avocats, et nc^ tarda pas
à se signaler au barreau. En i6a5 ^
il épousa Françoise Doujat « fille
d'un avocat-général de la reine Bhrie
de Médicis et de Gaston duc d*Qp-
léans. Dcs-Iors , il partagea tout son
tempsentre les affaires etlessoinsqn'îl
devait à sa famiUe. Son firèiv amé
lui otfrit la cbarge d'avocat-gàiénl
(i) Cftie gronlogic de* Talon, iii—'i l'i Jm« k
Dirt. de Blurcri, «crait ronlivditc par «■ Metd»
Denis Tainu , dont rarticle ■oit j fcqatl
que r(! qu'il y avait de plus grand daoft b raba iC
le uiîuÎMtvre «orUît dai procnraara, #1 «tinï-
iiiPiiiR en rfail aurti. Voy. lea M^mmmt$Jkti "' —
TAL
nt, qu'il se proposait de
cla refusai a abord y ditil,
emploi trop lourd et trop
éaamoius , après une lou-
ice y laquelle , de ma part,
;inte , ni affectée , la solli-
ma femme et de mes pro-
•ressanteque je lâchai pied
le faire ce qu'on voulut. »
ossession le 1 5 novembre
jîcBtot il elFaça tous sqs
irs , que sa modestie lui
3u'il ne pourrait jamais
a ni \ingl-ilcux ans qu'il
e cliarge , il eut l'occasion
es questions les plus im-
[c noire droit public, et
irune clarté' et un ordre
vSuperieurà tous les ora-
I temps , il évita presque
cïauts, dont le pins grand
ation ridicule d'un savoir
juna le premier l'exemple
euce simple et grave. Les
la Fronde, en mettant en
noblesse de son caractère,
nt les moyens de prouver
ment à ses devoirs et son
; à la cause royale. Si ,
iual de Retz, on remar-
s Contradictions dans sa
'est (ju'U était emporte ,
5 les autres , par les lor-
imcnt dans ces sortes de
: une impétuosité qui agite
en un même moment de
les ( Méni. , liv. iv ). Ses
1 franchise donnaient à
raude influence sur les de-
s du parlement. Il s'en ser-
ment pour maintenir cette
dans le devoir envers le
ou ])our l'y rap])eier ^
s\"ii écartait. La régente
(jaston , duc d'Orléans ,
unaissait les intrigues , à
es du roi , ce prince hcsi-
TAL
/i53
tait sur le parti qu'ii devait preii-
di'c. Ce fut dans cette circonstance mé-
morable ( 4 février 1 65 1 ) , (pie Talon
prononça cette improvisation que le
cardinal de Retz regardait comme ime
des plus belles qui eussent été faites,
a Je n'ai , dit-il ^ jamais rien lu , ni
ouï de plus éloquent. Il accompagna
ses paroles de tout ce qui pouvait léftr
donner de la force ; il invoqua les
mânes de Henri-le-Grand ; il recom-
manda la France à saint Louis , un
genou en terre. Toute la compagnie
fut émue si fortement , que j'en vis
la clameur des enquêtes commencer à
s'affaiblir ( Afem., liv. m). » Le cha-
grin que Talon éprouvait de la conti-
nuation àes troubles unit par altérer
sa santé. Il tomba malade d'hydro-
pisic , et les médecins jugèrent bientôt
le mal sans remède. Le lendemain de
Noël , il reçut le viatique avec la fer-
veur et la dévotion que l'on devait
attendre de sa piété exemplaire. Quel-
ques mois auparavant , sentant déjà
sa fin prochaine, il avait dressé, pour
son fils une règle de conduite « qui
contient , ajoute le digne fils , dont
noas empruntons les expressions ,
des sentiments si chrétiens , si élevés
et si dignes d'un homme d'honneur ,
que j'en estime plus la possession que
celle des biens qu'il me peut avoir
laissés ( Mém, de Talon , v ii i ,
123 ). » Lorsque son fds se présenta
devant sou lit pour lui demander sa
bénédiction, il lui dit, par trois fois:
« Mon fils , Dieu te fasse homme de
bien. » Il mourut, le 29 décembre
i652 , à l'âge de cinquante-sept ans,
et fut inhumé dans une chapelle de
l'église Saint -Come, où reposaient
déjà son père , sa mère, son frère
aîné, et sou précepteur Je.»n Dau-
truy. Omcr Talon laissait des Mé-
moires de son temps, mêlés de pièces
justificatives. Son fils les a continues
454
TAL
l
jusqu'au mois de juin i653. Ils ont
été publiés par Ant. Franc. Jolly (a),
la ïiayc, 173*, S vol. in-ia. Cette
e'dîtion , imprimée d'une manière peu
correcte, laisse d'ailleurs beaucoup à
désirer, l'éditeur s'élaut servi d un
manuscrit incomplet , et d.ins lequel
les matières étaient mal classées , dé-
faut qu'il n'a pas pris le soin de cor-
riger. Voltaire ( emV. du Siècle île
Louis XI r) juçe ces Mémoires uti-
les , di|];nes d'un bon magistrat et d'un
bon citoyen. Sans doute le public en
accueillerait avec plaisir imc nouvelle
édition. Pendait long-temps on n'a
connu Talon comme orateur , cpie par
le témoignage de ses contemporains ,
et par quelques fragments d<* ses Dis
cours insérés dans des Recueils où
eu de lecteurs avaient la facilité de
es cherclicr.On ï^avaitpourtantqu'il
existait un recueil, eu i5 vol. in-fol.,
des Plaidoyers d'Omer Talon et de
Denis , son fils ( Foy, l'art, suiv, \
Celte précieuse collection, ayant été
acquise assez récemment , par M.
Druon, pour la bibliothique tle la
chambre des députés , !M. Rives ,
avocat aux conseils du roi et à la
cour de Cnssation , en a extrait les
morceaux les plus intéressants, qu'il
a pul)li('s sous le titre A' Œuvres
d* Orner et de Dards Talon. Paris ,
1821 , 6 vol. in-8\ : le premier con-
tient les Disroiu's d'Omer sur des
questions politiques , au nombre de
quarante- quatre ; et son éloge de
Jérôme Bij;non ( F. ce nom ), qu'il
avait composé pendant une maladie
grave de ce magistrat, en faisant des
vœux pour qîi'il fût inutile f3;. L'é-
diteur l'a fait [>récéder d'im avertis-
sement, de VÉlo^e d'Omer Talon ,
(ai Va iiDii |>.i< l'ahÎH" ./;■'» , ifiiiiPU' le (lit M. Ri-
(1^ (V »r>iih.«it fut uiHiirt- , IMiiMiiir Pi^tioii lii-
iiiiiiinit qu'en \(i'îti. i|i;ulre .tiii «nprr* Talon,
TAL
en latin, par^Lalleinant , proCeascnr
d'éloquence an eolléee Masarm, avec
la traduction françaue en rcgaid, et
d'un Discours sur Teloqnence judi-
ciaire en France. Il a pl^cé à la
fin, comme modèle de rëloqucsce
du temps, l'Éloge prononcé, en 161 1,
par Nicolas de Verdun , premier
[)résidcnt du parlcmoit de Paris, da
grand-pcre de la femme de Tahm.
Le second yolumecoaticnt cinq Ois-
cours et vingt-quatre Mercuriales de
Denis Talon, précddësd'un aTertiae-
ment de l'éditeur. Les deux yohmei
suivants renferment les PUîdojen
d'Omer Talon , au nombre de qna-
raute-neuf , et les deux derniers, een
de Denis^ au nombre de quatre-yin^
onze. Tous deux , dit M. Rives , au-
raient atteint la perfection de l'do-
queiice judiciaire sous le ramoft de k
la diction , s'ils eussent moms aen-
puleusement sacnfic au deâr d'qp-
ler le style périodique des anciss.
Ils/ essayèrent , il est vrai, de se
soustraire à ce culte si^entiticîix
de l'antiquité; mais encooragé par.
l'exemple de son père, Denia^nrtMt
aurait du aller oeauooup plus Ma
( Disc, prélimin. , cxvi )• Nalpé io
défauts résultants du' système qa'ib
avaient adopté, on est. firappé de
l'éloquence et de la pureté oc sifie
de ces deux orateurs, en pensant qn ib
s'exprimaient dans une langoe qaî
n'était point encore formée. En i63l,
époque des débuts d*Qmer Talon ,
aucun des ouvrages immortels dont
s'honore le grand siècle de nofne lit-
térature n'avait paru ; et même b
plupart des écrivains qui de?aicBl
l'illustrer , u'étaient pas encore uék
ijC Portrait d'Omer Talon a èé
gravé, d'après Phil. de Cbampapifr
. par Morin et par Mrilan. il fait
partie du Reatàl de Moncomec
W
TAL
►N (DLNis\,iilj»du précèdent,
Paris, au mois de juin li'riS,
eut terminé ses cours , ii
avec la charj»c d'avocat du
IiateJet, la promesse de la
ce de sou père à la place
général. Un avaitquc vingt-
is et demi quaud il fut an-
succéder, a Dait^ Temploi ,
uc j'exerçais depuis deux
rais pu acquérir quelque fa-
la stérilité dv$ .ilFaires u'a-
u cette jurisdictio]) déserte,
ement des causes qui dcsi-
î ministère; outre plus Tin-
itiou des jeunes ejens , qui
leur divertissement à Fétu-
paresse (jue je ressens na-
nt eu moi , me privaient de
I de lumières, que je pou-
icrir par Tassiduité dans le
fe me trouvai pourtant obli-
lie pas jeter ma mère dans le
•sespoir, et esiiérant qu'elle
la conduite de ma vie , je
lai tout entier à la fonction
général » ( Mém. d'Omer-
iii , 19.4 • i^e lendemain de
e son père (.')0 décembre,
alla prendre place au par-
't le même jour il fut pré-
r M. ]a' Tellier , au roi , qui
ieiller d'état. Ainsi, comme
[ue M . Hives ( i ) » *' obtint , à
it dans la haute magistra-
• dignité que Ton regardait
ime la récompense des ser
l'un mérite éprouvé. Bien-
re du docteur Arnauld con-
aminateurs de son ouvrage
inq pi(q)Ositions de Jansé-
le fameux procès de M**»^.
;>ensier contre iVl"»*^". d'Ai-
: M. le duc de Richelieu, au
'1^
lAL
455
sujet de la terredeChampiçnyC 1657%
lui fournirent Toccasion de justifier,
d'une manière brillante, toutes les
espérancesqu'on avait conçues de ses
taieuu. Désigué d'abord pour ins-
truire le procès contre Fouquet(f7>^.
ce nom), il ne tarda pas d'être
remplace dans des fonctions qu'il
n'aurait pas remplies au grande
ceux qui voulaient la perte du sur-
intendant f et fut envoyé procureur-
général aux grands-jours d Auvergne,
en i665. 11 concourut ensuite à la
rédaction des ordonnances regardées
encore comme l'nn des plus beaux
inonuments du règne de Louis XIY
(/^Glill. DE Lamoignon,XX1II,
ii)6); et il ne tint pas à Denis Talon
qu'on n'entreprit dès -lors de conci-
lier les coutumes des différentes pro-
vinces , dont les dispositions variées
étaient la source d'une fonle de diffi-
cultés sans cesse renaissantes. Ses
services furent récompenses , en
I (k) ) , par le don que lui fit le roi
d'une des deux charges de prudent
à mortier, nouvellement créées. En
entendant d'Agucsseau porter, pour la
première fois , la parole comme avo^
cat-généi'al , Denis Talon prédit tout
ce qu'on devait attendre de lui : « Je
voudrais, dit^l, finir comme ce jeune
homme commence. » Talon mourut le
'I mai*s 1698, à l'âge de soixante-
dix ans, vivement regretté de tous
ceux qui l'avaient connu (!2). On peut
consulter, sur ses ouvrages, l'art.
f)récédent ; mais c'est à tort qu'on
ui a long-temps attribué le Traité
de l'autorité des rois dans le gou-
vernement de V Église ( F. Bouti-
GNY, V, 4o^)" ^0" portrait a été
■l\filt>*f.tntnt «"Il \i'\f clii toiiio ftccood
iVOm-i t/ de /'..7I1. 7'i./iM. p. VII
(•«'( Oeoi» T«lon n'eul point de d«c«id«nce
iiiAsinliiie. .S» fille otiiquc ëpou» un d'AIigre.
AiuM l'illuslre femille des Tjon «t «rteinte de»
le di\-Muli«ine iiècle , et l'aTocat du roi m Ch*-
tclet de Pi.ria , de i-e nom. en 1790, ne loi «pi^r-
ti-nait piitiit.
4j(>
TAL
gravii un grand nombre de fois , dans
divers formats. Lesamatçnrs recher-
chent surtout ceux qu'on doit au
burin de Poilly et de Nanlcuil. W — s.
TALON (Jacques ), prctrc de
rOrato ire , parent du célèbre avocat-
geiicrai de ce nom y était (ils de Ni-
colas Ta ion , notaire et sc*crctairu du
parlcuicut. Il s'attacha au cardinal
de La Valette , qu'il suivit dans ses
campagnes do i(i35 et i63Gy en
qualité de son homme de confiance.
ÂpiTS la mort de ce cardinal , en
1(339, il se retira «au sémhiaire de
Sa in t-Ma gloire , y reçut les oi*dres
sacres , et entra dans la congrégation
de l'Oratoire, en 1 04 8. Députe du
second oitlre à l'assemblée du cierge'
de 1043 , il y remplit les fonctions
d'agent, et eu rédigea le ])roccs- ver-
bal. Le P. Talon passa les dix der-
nières années de sa vie dans la mai-
son de l'Institution , à laquelle il lit
réunir son prieure de Saint-Paul -au-
iiois , dans le diocèse de Soissous.
C'est dans cette maison qu'il mourut
le 'J.2. février 16'] i , âge de soixante-
treize ans , après y avoir menii une
vie très-editiante. .Ses ouvrages al-
testcnf qu'il avaitl'esprit trè's-cultive.
Cfsonl : I. Imtrucliuns chréùcnnes
tirées du catéchisme du concile iie
Trente , rédigées dans un ordre Irès-
juolliodi(|ue, et dcMices aux deux
jeunes j)rinces de Conti , Paris, i^iô^,
iu-i(). M. Les Exercices de Thait-
lère , sur la vie et la passion dcJ.-C.^
traduits du latin ^ ibid. , iGGq, in-
lu. III. La f^ie etlesœm'res spi-
ritiwlUs lie Sainl-Pienv d\Jlcan-
tarUy dc.liees à la reine , ibid., 1 670,
in- 12. IV. fie de la mère Made-
leine, tit. Saint- Joseph , carmtliie.
(i'e>l une seconde édition de rr]\'
(|u\'n avait j)ubli<vlrP. Srn.pdf , n:-
lourinfc j)niu' le style, et augmentée
de pliîs d'un tiers. \ . OEuyras spi-
TAL
rituelles de Louis de Grenade, Pa-
ris, 1668^ in-fol. Cette traduction y
qui a toujours passe sons le nom dn
sieur Girard , est rëelkment du P.
Talon. Son ami , M. Girard, n'aV^it
fait qu'el)aucher la Guide des pé-
cheurs jiorsqvi^'û mourut. VI. Fie de
sainte Marie-Madeleine de Pazzi,
traduite de l'espagnol , 1G7 1 , iu-i3.
VII. Mismoires du cardinal de La
Valette, Ils avaient été' rédigés par
le P. Talon , et n'ont été publies qa'ai
l'jn'Jtj a vol. in-i;i. On conservait
de lui dans la bibliothèque de l^Ins-
titution , un recueil in-folio de Let-
tres et d'instructions , qui auraient pu
fournir bien des éclaircissements sur
l'histoire du temps. T — D.
TALON [^ Nicolas ) , jésuite, ne à
Moulins , en i(>o5, s'engagea de boB-
ne heure dans l'état religieux , et ,
après avoir, suivant l'usage de l'ins-
titut^ consacre' plusieurs années à
l'enseignement des humanités et à la
prédication , employa le l'esté de sa
vie à la rédaction de divers ouvrages
ascétiques , qui sont maintenant oa-
bliés. C'était, suivant l'alibé d'Arti-
gny ( Nouif. MémtHr. de littéral. ) ,
un homme d'esprit ^ d'une imagina-
tion vive et un bon écrivain pourré-
poquc. 11 mourut à Paris, en iGgi,
à l'âge de quatre-vingt-six ans. Outre
une Oraison fiaièbre de Louis XllI
et la Description de la pompe funè-
bre du prince de Coixlé ( ib45 , in-
4». ) , on cite du P. Xalon : I. Vkiy
toire sainte ^ Paris ^ i64o et années
suiv. , 4 tomes in - 4'*- Persuadé que
beaucoup de persomies ne pouvaient
plus goûter l'ancienne et majestueuse
simplicité des Écritures, il avait cou-
ru le projet d'écrire une Histoire des
Juifs , ipii fût à - la - fois édifiante et
agrilaliio. Cependant il finit par se
borner à choisir les Principaux évé-
nements , qu'il distrÎDiia par cbapi-
TAL
D'ailleurs il ue se fit aucun scru-
dc paraphraser les discours qui
>nt qu'indiqués dans le texte , et
joindre des détails et des ré-
)nsqui lui appartieuncnt eu pro-
Rien n'est plus sinj!;ulier que cel-
ril fait sur le pouvoir de la beau-
ans le chapitre où il représente
er aux pieds d'Assuérus. L'abbé
ligny les a trouvées si plaisantes,
les a recueillies dans ses Mé*
es, IV, 1 38-48. Malj;ré les dé-
dc cet ouvra f^e , il eut un grand
îs lors de sa publication; et il a
•éimprimé plusieurs fois, dans
s formats. Il en existe une belle
)ninlol., Paris, Cramoisy,i665,
LU. V Histoire sainte dit Nou-
' Testament , ibid. , 16G9, ^ v.
I. C'est la suite de l'ouvrage pré-
it; mais elle ue reçut pas le mô-
ccueil. N'ayant point été réim-
ée, elle est devenue rare, sans
recherchée. 111. La Fie de St.
icois de Sales , ibid. , i65o , in-
au - devant dos OEmres de ce
, dont le P. Talon est l'éditeur,
, i6()i , in-fol., et séparément,
l, in-r-i. IV. Les Peintures
\iennes , ibid., 1607 , 1 vol. in-
ornées de ioo grav. V. La Vie
aint François Borgia , ibid. ,
, in- 12. Le Portrait du P. Ta-
élé grave par Ileer. W — s.
^MBRONl (Joseph), littérateur,
Bologne, en 1773, fit ses étu-
i l'université, cl en 1794? ^^"
au concours la place de ])aléo-
lie, ou d'insprrtc'ur aux archi-
Ic la nu'nic ville. Lorsque les
es franraise's (h'bordèrent pour
cmi(Te lois en Loinbardie, il se
t à Mil.ii;, a/in de prendre part
ivcnemcnts ((iii se prq)araieut
cette cuntne. H s'attacha au
le Marescalciii, ([u'il suivit au
«•s de Rastadl et à Vienne ^ en
TAM
457
qualité de secrétaire de la légation
cisalpine. Sitôt que la guerre éclata,
en 1799, entre la France et l'Autri-
che , ïambroni , qui, après le départ
du ministre , en ayait rempli les fonc-
tions , quitta Vienne , et revint à Mi-
lan , où il fut nommé sous-secrétaire
du directoire. Les revers des armées
républicaines l'obUgërent de cher-
cher un asile dans les montagnes de la
Savoie , qu'il regarda ensuite comme
une seconde patrie , s'étant allié à
une famille de Chambéri. Apres la
bataille de Marengo, et la nouvelle
organisation donnée à la république
cisalpine , Tambroni fut attaché à la
légation italienne , à Paris , et il y
occupa postérieurement la place dfe
chef de division du ministère des af-
faires étrangères, dirige par son an-
cien protecteur , le comte Marescal-
chi. En 1H09, il fut nommé consul
à Livoume, et deux ans après, trans-
féré, avec le même titre, à Rome , où
il s'entoura de savants et d'artistes.
A la chute du gouvernement impé-
rial, en 181 4 T Tambroni, rentré
dans la vie privée , eut p«rt à la ré-
daction du Giomale arcadico^ où
il fit insérer un assez grand nombre
d'articles. Ces travaux, et son goût
pour les arts , lui méritèrent d être
admis à VArcadie , à l'académie de
Saint-Luc , à la société Archéologi-
que^ à la Tiberine de Bome, et à
Facadémie Impériale et royale des
beaux-arts de Vienne. Il était déco-
ré de Tordre de la couronne de fer ,
et appartenait, depuis 1804, À Tins-
titut de France, en qualité d'associé
étranger. Tambroni est mort à Ro-
me, le 10 janvier 1824. Ses ouvra-
ges sont : 1 . Compendio délie storie
di PoZonm, Milan, 1807, 'x vol. in-
8\ IL Ode y Milan, 1816, in-fr'.
III. A, S. Ml Francesco imperato-
re e re, ode, ibid., in-fol. IV. Let^
458
TAM
tvra di un impiegalo diplomatico
iwllu cortti dci Brasile , ad un suo
amicu inltaUa ( ibid. ), i8l(3, in-
fol. ( anonyme ). V. Descrizione.
de dispinti a biionfresco , esegidii
inunagalUiria del Palazzo di Broc-
ciano , a Roma , dal signor Palagi ,
Rome, 1816, in-8<». VI. Lettere in-
torno ail' urne cinerarie disotterra-
te nel pascolare di Castel Gandol-
/o,ibid., 1817, in-S». VII. A Li-
cori J'arlenopea , ode saffica, iu-
8**. Vlll. Di Cermino Cetinini, trai-
tât o dipitturay messoinhœcla pri-
ma volta^ con prejazione ed an-
notazioni , Kome, i8'^2 , in-8*\ Ce
Traite, ((ni avait etc déjà signalé
par Vasari , Uamliniet Bottari, était
resté inédit parmi les manuscrits de
la bibli()tliè({ue vatieane. L'éditc^nr
s'est seivi d'nne copie moderne , exé-
cutée en 1 787 , et qui appartenait au
baron de Stoscli. Elle est maintenant
au Vatican, dans le fonds Ottoboni,
n<\ '.^'Wji. Les chapitres les plus re-
marquables de cet ouvrage sont ceux
où l'auteur parle de l'art de peindre
à r huile; d'en'umiuer et de dorer les
manuscrits. Il parait que les Italiens
employaient les couleurs à l'huile
avant l'année 1 .\ 1 o , époque à laquelle
on prétend que Jean de Bruges en
litnour la première fois la découverte.
IX. Lettere ni signor Benci ,autore
délie ossen^aziorii intorno al trat-
tato suddetto , ibid., 1822, iu-8".
X. Lcttera al signor Lama intorno
alcuni edificj ont ricnnosciuti delV
antiea vil ta di Boville , ibid., ï823,
in-8". XI. Lcttera al signor Polet-
ti intorno ail* antiea citlà di fJo-
i'ille^ ibid., i82i3, in-8*'. Xï[. In-
torno alla vita di Canova , coinen-
tario, Venise, i825, in-8". XIII.
Soixante-huit articles sur des objets
de Iwanx-arls , insérés dans le Gior-
naïf arcadico , de Rouie. Parmi
- TAM
les cents- inédits de Jataibroiii, on
cite les suivants : 1^. Tre satire, m
terza rima; a?» QÊUUtonÊiei no-
uelle; 3<*. Cemto intorno àOo ito-
to attuale ( 1816 ) délie keUe «r
ti, in Roma; 4». La letturu A>
7ia tragediaf — // Faceendane dd
viUaggiOj ou Quanti Taddeig ^
Il matrimomo per contradizuœ ,
comédies; 5^. Vue J'raductioa iO'
tienne dEutrope. A
TAMBRONl (GbOTii;!»),
du précédent , née à Bologpe, m
j'jSS, montra, des son enfonce yV
penchant invincible pour Ici ékofa
classiques. Trayaillant dans hallpe
chambre où son frère prennlda^fe-
çons de grec , elle profita en 9ê»H
de cet enseignement; et m par ék
suspendit son ouvrage ponr aider
l'enfant h répondre aine qacttioiii
de son maître. Les jiarents k dëcidK
rent alors à cultiyerd*aiissibeiiTtnMi
dispositions ; et ils confièrcnt l*ns-
truction de la jeune personne kim
savants jésuites espagnols (Golombit
d' Aponte ) , qui lui pi-oâîgoènnt lo«
leurs soins. En pen de tempe Qotilk
fut en état de composer àes Tasqai,
récités à l'académie des InettrÊeeti^
la firent admettre dans cette sodélé.
Elle justifia ce choix, en piifaKaat, à
l'occasion du mariage dn pmidal,
un Ëpitlialame grec , oà elle atait se-
mé avec grâce des traits saillants eii-
pruntcs des anciens. Les Arcadinsde
Rome , l'académie Etnuque de Cir-
tone,la CZ^m^ntmede Bologne, s*an-
presscrent de l'admettre aussi diw
leur sein ; et le sénat de cette dcnittR
ville lui accorda une distinctioB Im
autrement llattctise, en Ini offrant,
en 1794 y 1a chaire de langue grer-
que h cette' ancienne université, fm«
|Kir un privilège luiiipie , a loaveit
comi)té des femmes sor le banc des
protesseiirH ( Fojr. AovESi , 1 , 3ei ,
i
TAM
et Bassi , III , 5o3 ) M«n^ Tambroni
conserva cette place jusqu'à l'aiince
1798, époque à laquelle elle en fut
dépossédée pour n'avoir pas voulu
prêter le serment de haine à la royau-
té , exigé par les lois de la républi-
que cispadane. Elle crut ne pouvoir
mieux employer ce temps ne loisir
qu'à faire un voyage en Espagne
pour y accompagner son vieux ins-
tituteur, le P. d'Aponte. Elle revint
avec lui en Italie, au moment où Ton
donnait une meilleure organisation à
la république italienne. Le premier
consul Buonaparte, sans s'arrêter
aux opinions politiques de celte fem-
me illustre, rendit justice à, ses ta-
lents , et Ot rétablir son nom sur V Al-
bum des professeurs. Lorsque , par
suite de nouveaux règlements, les chai-
res de langue grecque furent suppri-
mées dans les universités d'Italie ,
M"^«. Tambroni rentra au sein de sa
famille , et y mena unevie très-retirée.
A la connaissance du grec, elle joi-
gnait celle du latin , du français , de
l'anglais et de l'espagnol. Sa corres-
pondance avec les savants étrangers
était trcs-eteudue ; et d'Ansse de Vil-
loison disait qu'il n'y avait en Euro-
pe que trois hommes capables d'é-
crire comme elle, et quinze au plus
en étatdela comprendre. M*"«^. Tam-
broni avait une extrême défiance d'el-
le-même; et bien qu'elle ait beau-
coup écrit, très-peu de sçs ouvrages
ont été imprimes. Stis mœurs étaient
aussi pures que ses manières étaient
aimables. Son cœur, fermé aux pas-
sions vulgaires, s'ouvrait facilement
aux sontiments généreux; et rien n'é-
galait sa roc omiaissauce envers ceux
qui .'ivaient pris soin de son éduca-
tion. Elle fut snrtont très- attachée au
P. dWpuijfo, (jii'clle ne quitta jamais
pendant sa vie, et dont elle consacra
la mémoire par un modeste tom-
TAM 45p
beau élevé, à ses frais, 'dans la
chartreuse de Bologne. M™*=. Tam-
broni est morte dans celle ville, le
4 juin 181 7. Ses manuscrits pas-
sèrent dans les mains de son frè-
re, qui se proposait de les pid>lier.
On a d'elle : I. EpUaïamio grec-
ilaL , per le nozze Fa^^a-Ghisilieri
( Parme ), Bodoni, 179'i, in-4^. II.
Ode gr,4tal , pel parto délia con-
fessa Spencer, Bologne , 179'i , in-
4°- m. Ode pindarica gr.-itaL per
la ricuperata salute delV arcives-
cwo di Bologna, ibid., 1793, in-
8". IV. Ode sajfica gr.'ital, al con-
te Marescalchiy Crisopolis ( Parme ),
Bodoni , 1 794 , in-4*^. V. Elegia gr,
in onore di Bodoni , con la traduz,
di Pagnini^ Parme, 1795, in-4^-
VT. Orazione inaugurale pel dotto-
ra mento {in chirurgia) délia signo-
ra Maria dalle Dorme, Bologne,
1806, in-8<^. ^ A — G — s.
TAMAR. r. Thamar.
TAMERLAN , est le nom vîdgaire
mais classique du héros tartare que
les historiens orientaux appellent Ti-
mour - Beig ou Emir- Timour ( i ) ,
et les Chinois Tlei-mou-eul. Il
descendait de Djenghyz-Khan par
les femmes , et ces deux conquérants
avaient pour ancêtres paternels deux
fils de Bouzandjyr , grand khan des
Mongols ; mais Timour était de la
branche cadette. L'empire fondé
par Djenghyz eu forma quatre
sous ses descendants. Le premier ,
dont les autres dépendirent quelque
(1) Timour, Demour ou Pitnir, VtjpiWu'f-r en
langae mongol*. iVett d« ce mol , ioint it relui de
/.rnK ( hoiUux ) en perMn, cpie nos bistorirns ont
Formif I« nom de Tanierlan. Qnant anxlitre)! d'rf-
inir et deheic , fovs lesqucl» Timonr est urdinaire-
inent d(5igue dans l'histoire, ce M>nt denx nutU
»ynoiiini*s, l'un ar^be , l'aotre furc, qui r»pri-
nirat pgalfnient le titre de {irince, fomniandant ,
etc. f.fs nuiD« entiers de Tainerlan , lorsqu'il fui
par^fiiu à |;i iinprèaie pniMaiice, étaient Sti/lhan
Kin/nt-um Cothb-tfLhn Timour Kour^Khan Su-
hch-K'-ian. Nou& en donnerons pins bu la »ÎKui
Hmiion
4r>o
TAM
temps, domiua sur la crtiiidc Tar-
Uii'ïc c( sur la Cliinc ( Fojy, Oktaî ,
Mangou et Chi-Tî>ou ). IjC second
sVteudit sur tous les pays au Dord
de la mer Noire et de la mer Cas-
})ieuDe , renferma dans ses limites la
Russie presque entière y une partie
de la Pologne, et poita le nom d'em-
pire du Kaptchak ( f^c^. Batu et
OuzBEK ). J^e troisième comprit la
Perse, T Arménie , la Mésopotamie et
une partie de TAsie-Mineure ( rqy.
lloVLACOU et BEnADER-KHAN ). Él-
fm le quatrième, qui reçut le nom de
son fondateur , Djagataï , l'un des
fils de Djcngliyz-Klian , renferma le
Mawar-cl-nalir ou Transoxanc , le
Kliarizme, IcMongolistanet plusieurs
yays à l'est et au sud des fleuves
J)jihoun et Sihoun ( l'Oxus et le
laxartcs ). C'est dans les e'tats du
Klian de Djagataï que la famille de
Ta merlan était établie. Son père ,
Targ.iï , chef de la tribu de Berlas ,
possédait, à titre de fief, la province
de Kesch , peu éloignée de Samar-
kand , et poitait le litre héréditaire
dcNowian, réservé aux descendants
des branches souveraines. Caradjar-
Nowfan , trisaïeul de Targaï , avait
été vézir de Djagataï. Tamcrlan na-
quit à Sebz , faubourg de la ville
de Kcsch , ou dans le village de
Khouadjeh-Ilgar, peu distant de cette
ville, le 5 ou 'i5 chaban ^36 de
rhcgirc( '20 mars ou 9 avril i33(>).
On assure qu'il vint au monde les
mains fermées et pleines A' sang.
KIcvé parmi les jeunes seigneurs de
sa tribu , il apprit de l)onue lieui c à
brandir un sabre ou une lance , à
nionlrr les chevaux les plus fongueux,
et à chasser les bêli'S féroces : il ne
juriail (jiM^ (le couronnes et de coii-
«pieles , et se.^ jeux étaient des eoni-
baLs. 11 prit sur les amis de son en-
•jiice eet ascendant que donne la
TAM
supérioritc du ^àiie : il leur posiu*
4a même de lui prêter scrmcnl de fi-
délite y et ils furent, dans la suite, les
compagnoDsdescsexploits. Dès l'âge
de douze ans , il entra dans la car-
rière militaire ; mais ce n'est qu*i
vingt-cinq, qu'il commence à finntr
dans l'histoire. Son père Tenait de
mourir ; et son onde , Hadjjy Sdf
eddyu Berlas, était devcna le ckf ,
de sa tribu y par ancienneté d*lp,
conforméinent aux lois de Djcn^^
Khan. lies troubles qui diVliiiMiy
alors la Transozane ouvrirait à Ti-
mour une carrière cp'il pareonnt
avec ardeur. I/empire de Djap-
taï portait, dès son oricine, le
germe d'une prompte dccadencp.
L'insubordination , tes révoltes dtt
nowians avaient affaibli l'autorilé
du souverain. Vingt khans s'étaicul
succédés eu moins d'un sîcde. Ca-
zau , le dernier , devenu odîens
par sa tyrannie, avait péri dus
une bataille contre ses cmirs lé-
voltés. Mir Cazagan, leur chef, dis-
posa alors de l'empire et le goorcr-
11a sagement, au nom des dens. khans
qu'il plaça tour-à-tour sur le trow ;
mais il fut assassiné Tau 759(i35B).
Son fils ,Mir Abdallah , ayant eidlé
un mécontentement généra* , soit pour
avoir abandonne l'ancienne capilalc
du Djagataï , et établi le si^ de
l'empire à Samarkand , soit pour
avoir élevé un nouveau khan a la
lace de cdui qu'il avait fait moiiri^
e désordre fut à son comble dans h
Transoxane : car la plupart de^ aa-
ircs provinces ,1c Kharizme , Balkh,
Kothan , Badakhschan , etc. , for-
maient déjà autant de principantrs
indépendantes. Cet élat d*anarchie
])ar;it favorable à Togluiik Timour,
({uis*éuiit fait roi de Iva^hcar ou
du Djetlch. Issu de Djenchji, il
))rit le titre de khan de Djagitai,
r.
TAM
liit 1.1 Traiisoxane, l'an 16 1
). Hadjy Seif-eddyu Berias,
lit joue un rôle important
. guerres civiles , s'enfuit dans
raçan : mais Tamerlan ,• son
se soumit au nouveau khan,
e cLcf de la tribu de Berlas ,
julirme dans la possession de
ipautë de Kesch , et dans le
laemenl de dix mille hommes,
tentions et les entreprises de
[oucein, qui voulait s'arroger
emement de la Transoxane ,
pelit-fils de Mir Cazagan,y
rent la discorde. Toglouk Ti-
reviut Taiince suivante, vain-
uccin, dissipa son parti, fit
i mort plusieurs chefs de fac-
lissa sou ills Elias Khodjah
)our gouverner cette vaste
3 , et lui doiuia Tamerlan
îscil. Il.idjy Ik'iJas, qui avait
u dans les rangs des ennemis
:vcu, ayant regagne le Khora-
t tue par des brigands. ïi-
fut pas long-temps d'accord
remiermiuistred'ÉbasKhod-
irs dërurids eu vinrent au
'il partit de Samarkand, alla
?, dans le désert de Khiwa ,
[ouccin , dont il avait e'pou-
ir, et s'attacha à sa mau-
lune. 11 mena quelque temps
errante et aventureuse, et
toutes les vicissitudes du
lis sa constance , son cou-
sa présence d'esprit triom-
de tous les périls , de tou-
ahisons. Tamerlan fit , avec
i-frère,uiie invasion dans le
et ce fut là qu'il reçut, dans
; cojnl)at , à la main et au
u\ blessures qui le rendirent
et boiteux. La mort de
Timour ayant place, en ^65
Elias Khodjah sur le tronc
igar; Tamerlan etHoucein,
TAM
461
auxc[uels il faisait la guerre , le pour-
suivirent avec des forces très-infc'-
rieures, lorsqu'il quitta Samarkand,
mirent son armée en déroute, et man-
quèrent dôJc faire prisonnier. Ija va-
leur que Tamerlan avait déployée
dans tous ces combats, lui acquit une
grande réputation , et lui gagna la
confiance et Tamour des soldats. Jus-
qu'alors un intérêt commun l'avait
uni à l'émir Houcein; mais ils se di-
visèrent lorsqu'ils eurent affranchi la
Transoxane de la domination étran-
gère. Tous deux, également ambi-
tieux^ aspiraient au pouvoir su])rê-
mc , et aucun d'eux ne voulait céder
à l'autre : mais Tamerlan , qm' , su-
périeur en talents militaires , aurait
pu recoiurir aux armes , employa les
ressources de la politique, et ajourna
Texécutionde ses desseins. 11 sut per-
suader à son beau-frcre de convoquer
un kouriltaï. Dans cette diète géné-
rale, il peiçnit avec force les mal-
heurs des dissentions civiles, exposa
la nécessité d'élire un chef , et, con-
naissant la vénération que l'on con-
servait pour la race de Djenghyz-
Khan , il fit tomber tous les suAragcs
sur Kaboul-Aglen, homme d'un gé-
nie borné , qui , dégoûté des gran-
deurs , parle sort funeste de plusieurs
princes de sa famille qui avaient oc-
cupé le tronc , s'était retiré du mon-
de, et avait embrasse la profession
de derviche. Ou le trouva, comme
Abdolonyme, cultivant son petit jar-
din; on le revêtit du manteau royal,
et on l'emmena à Samarkand, où il
fut reconnu et proclamé khan , avec
toutes les solennités en usage chez les
Ta r tares. Cette révolution ramena
Elias Khodjah dans le Mawar-el
iiahr. Il remporta une victoire im-
portante sur Tamerlan et Houcein ;
mais la résistance que lui opposè-
rent les habitants de Samarkand ,
\
iOa
TAM
cl la mortalité qui raVapca son ar-
inoc, rubligèreiit de rcloiinior dans
SCS ctaLs. Apres le ilcparl du kliaii
de Kascligiir , Timour et Hoiiccin
rciiouvclcrciit Ici.r alliance, et ré-
fonucreni , par des uiesui*es sévè-
res et viulcntcs y plusieurs abus qui
s'étaient introduits dans l'état: mais
l'ambition (ou, s'il faut en croire
l'historien panégyriste de Tamerlan,
la dilîërence de leurs caractères ) ne
tai"da pas à les brouiller de nouveau.
Houccin , avare et injuste, ne s'occu-
pait qu'à i"épai-er ses pertes par les
extorsionsles plus criantes. Les émirs,
auxquels il avait imposé des taxes
exorbitantes, ne jiouvanl satisfaire
son avidité, curent recours à Tamer-
lan , qui donna jusqu'aux bijous de
sa femme , sœur de Floucein ; et ce-
lui-ci eut la bassesse de les accepter.
Cependant des seigneurs, jaloux de
leur pouvoir, aigrissaient leur niésin-
telligeme. Timour , accusé de trames
criminelles contre le khan et contre
Houcein, vint à Samarkand, et se
justifia pleinement : mais il ne put
oublier cette injure ; et la mort de sa
femmeayant rompu tous les nœuds qui
l'attachaient à sou beau-frère, il cessa
de le ménager, et se forma un parti.
Échappé, en 7(>7 ( 1 36.3), à plusieurs
pièges que Houcein lui tendait, il leva
des troupes pour sa défense person-
nelle, et prit les armes contre lui. Un
des faits les plus singuliers elles plus
inconcevables de la gueri*e qui éclata
entre les deux rivaux , fut la prise de
Karsehi ou Nakhschab, que Timour
surprit avec deux cent quarante-trois
hommes, quoiqu'il y en eût douze
mill(> dans la place. Après diverses
hostilités, réduit à six cents hommeS;
il traversa le Sihoun,et se replia sur
Taschkend , où le bruit des secours
que le nouveau khan de Kaschgar se
disposait à lui enyoyer , suffit pour
TAM
obliger Houcein h demander la paix.
Tamrriau s'y prêta Yolonticrs, afin
d'cmjtécher rarrivéc de ses daner-
reux auxiliaires. Il se joignît â lui
pour réduire les rois de jBadakh-
scliau, quis'ctaieut révoltés plusîcun
fois, et pour soumettre la plopirt
des feudataircs de l'empire de Djag^
taï , qui avaient arboie l'îndépcndiih
ce. Les deux émirs marcbèrnit auM.
contre une puissante armée de Did-
tes , qui menaçait le Mawar-el-iiihry
mais qui , désunie par l'anarchie, k
retira à leur approche. La paix enbe
Timour et Houcefn ne fut pas deloi-
gue durée. Celui-ci ayant recoinriéla
ville de Balkh , qui avait appartem
à ses ancêtres, en fit rebâtir la dti-
delle , et y établit sa résidaioe. Hn
des soldats et des ofliciers, il oUim
son rival , par de nouveUes perfidies»
à recourir aux armes. Avant de ^a^
taquer , Tamerlan alla visiter on do-
cendant de Mahomet , le seid Berdkë,
(|ui lui donna un étendard et on laM-
bour, symboles de la sonvenaeltf,
en lui annonçant qu'il possédenit ai
jour l'empire du monde. Ce léw»-
^lage apparent , ou supposé port-
ctre, de la protection oivine, atf-
menta considérablement le parti de
Timour , et accrédita son usiflrpalîflBi
Le succès couronna dàs - lors tooMi
ses entreprises. Il remporta , piès de
Balkh , une victoire déûsive sur Hoi-
ccin, qui, assiégé dans cette TÎRe,
offrit de se rendre , à condition d'a-
voir la vie sauve, et de passer du
la retraite le reste de ses jours. B
obtint cette capitulation^ mais, m
défiant de la clémence de son vain-
queur , il se cacha dans on minaift
de la grande mosquée. II y fiit dé*
couvert et conduit â Timour ,
les mains duquel il abdiqua la
raincté. Deux émin, ses a
personnels, lui dtèrent la ne; et Foi
\
TAM
loutcr que sa mort u^ait eu
ition de Tamcrian , s*il uc
lauda pas. En eil'et , dfedx
s furent brûlés dans la cita-
lalkh, et leurs cendres jetées
Deux autres pc'rireut dans
Hi ils avaient ëtc forces de
forteresse fut rasëe, ainsi
les palais de Houccin. I^e
el Siilthan^ qu'il avait siibs-
iboui-Âglen, fut mis à mort,
is ses biens , ses trésors, son
iviurent la propriété de Ti-
ui garda les quatre princi-
imes, et distribua les autres
rtisaus. Cet événement^ ar-
madhan 77 1 ( mars ou avril
mit Tenipire de Djagataï
ûr du vainqueur, âu milieu
semblée nombreuse de tous
s et des gouverneurs de pro-
l monta sur Utrone, ceignit
s le baudrier royal , et posa
ine sur sa tétc. Ensuite les
rosterués répandirent sur lui
s d*or et des pierreries, sui-
outume des IMongols , et lui
it le titre de Saheb - kcran
du monde ou du siècle), de-
éditaire dans sa famille ('i).
m flignific nrojirfiiu'iit niailre ou tri'
raMclet cvnfofcliont. Il a potir ongiiiff
où ^ont le» ()rieiit;iiiT que toutes ]<-«
extraordinaire!!, |»by!ii«jiies , politique»
'» , qui arriveul daii* Je monde . «eut
O'decs rruoe conjonction de planète*,
prit le titre de kultlian <|ue ver« la fui
on V ajouta le •uriioin per>.inde Ktant-
»ul «ignifter Itrurrux. Il portait aussi le
ui-Khan , que d'Heibcfot et de Gui-
i*ent par gendif ou allié tlu khan,
;t la siguificatiou du uiol Foiimn , honst
binoit de»if;nent l'amerlau , et qui si-
che\-au-léger. M. Malc«»lnci, dam son
t'erte , nou» paraît donc avoir comuiis
Kii UHsuvant que KourUian , nu'il ccril
tait tout hiiiiplciuent le nom de fauiille
et eu rcprocliant k uo% deux orienla-
"1 c lioinpés lur «c point. Qu.ml au
thh-itiJt n i Ir polr tîe In rri'gion ) , il
tou> ceux de h nu-iue espèce, .Vei/-
ut-r<!d^n , etc., (yiuniuu à un trè»-
•re de persoumRi-s mu<ulmaus, cl n'eit
ribut de la naissance ni de la M»uTe-
TAM
41»
Il eut la sage politique de ne ja-
mais prendre celui de kban, réservé
à la race de Djenghyz : il le donna
d*abord à Soyourgatmisch - Agien ,
issu de cette famille, puis à Mahmoud
sultban , iils de ce prince ; et en s'at-
tribuant une autorité absolue , il ne
fut en apparence que régent de l'empi-
re. A près son installation, Timour, qui
avait habituellement résidé à Kesch ,
sa patrie , choisit Samarkand pour sa
capitale ; cette ville devint, sous son
règne , aussi belle el aussi célèbre que
le Caire et Baghdad. Il y convoqua
une diète générale , où tous les grands
furent sommés de se rendre. Un seul,
par son refus ,.manifesta sa haine con- -
tre Ta merlan, soutint sa résistance
à main armée, se soumit, se révolta,
obtint son pardon, reprit*les armes,
et fut enfin renfermé dans une^'troite
prison. Timour employa la première
il nuée de son règne à rétablir l'or-
dre et la tranquillité dan^ son em-
pire , et à réorganiser l'adrainis-
tratiun publique. Ce fut en 772
( ^^71) que commença la carrière
vaste et non interrompue de ses vic-
toires et de ses conquêtes. Il traversa
le Sîhoun, et porta la guerre dans le
royaume de Kaschgar ou pays des
Djettes, anciens sujets du Djagataï,
et depuis ses éternels ennemis. Il les
subjugua , et leur donna un gouver-
neur dont la révolte excita bientôt
des troubles dans cette centrée, et j
attira de nouveau les armes de Ti-
mour i qui triompha aisément des re-
belles. Le Kharizme éuit la seule pro-
vince de l'empire de Djagataï que
Tamerlan n'eut pas fait rentrer sous
sa dépendance. Houcein Sofy qui, pen-
dant Tes guerres civile», en était de-
venu souverain par droit de concjucte ,
refusa fièrement de subir le 10"g^
et fit arrêter l'ambassadeur de Ti-
mour. Mais celui-ci ayant vaiocu les
464
TAM
Kliarizmiens, sur les bords du Dji-
houu, Tan 778, assiégea la ville de
Kath, qu'il emporU d'assaut, fit
main-basse sur tous les babitants^
n'épargna que les femmes et les en-
fants, et désola toute la contrée. Hou-
cein Sofy, battu sur tous les points ,
mourut à Oiu^liendj , où il s'était
renfermé. Son lils Yousouf , qui lui
succéda, obtint la paix à condition
que sa nièce Klian-Zadeli , la plus
belle princesse de son temps , épou-
serait le mirxa Moliammed Djilian-
gliyr y liis aîné de ïamerlan. Mais
après le dépari du vainqueur, il ou-
blia sa premessc , cl reprit les ar-
mes. Timour rentra dans le Khariz-
me , Tannée suivante, força ce
prince à tenir sa parole, et lit Célé-
brer à Samarkand , avec une evtrcme
magnilicence, les noces de son (ils et
de la princesse. L'an 'j'jG (i575), il
marcha de nouveau contre IcKascL-
gar, donl Kamar eddyn s'était ren-
du souverain , vainquij les troupes de
cet usurpateur, le contraiguit d'a-
bandonner le pays , et s'empara de
plusieurs personnes de sa iamillc,
entre autres de sa rdleDi!chad-Agba^
3u'il épousa dans la suite. Au milieu
es fêtes qui curent lieu à Ouzkeud ,
à l'occasion de l'arrivée d'une de ses
steurs , il découvrit une conspiration
tramée contre lui par quelques-uns
de ses généraux. 11 lit périr les chefs ,
pardonna aux autres ,et envoya ceux-
ci avec des troupes sur les traces de
Kamar-eddyn. Maisilsse révoltèrent
dans le KascLgar , et ayant reçu de
])uissants secours d'Ourousch , khan
du Kaptchak, ils vinrait assiéger
Samarkand. Timour ap]irit cette
fïîcheuse nouvelle dans le Kharizme,
où de nouveaux troubles avaient
exigé sa présence : il chargea son
fils Djilianghyr du soin de sa ven-
geance. Ce jeiuic prince battit les re-
ï
TAM
belles , et les força de s*eiif uir dans
le Kaptchak , d'uù leurs trames con-
tre Ouroiisch-Khan , qui leur avait
donne asile, les oblicèrent bientôt de
revenir auprès de Kamar-eddjD ,
qu'ils déterminbrent à recomraencerla
guerre. Timour alla les combattre ca
persoiuie;mais pendant que la majcn-
re partie de son année était à la pour-
suite des fuyards, il fut surpris aTSC
sa faible escorte ^ j^ar Kamar-eddp,
qui était à la tcte de quatre mille ci-
yaliers ; et il ne sortit de ce mauraîs
|)as qu'aiirès des prodiges de vaknr.
Il prit DÎentôt sa revaudic, et fil
courir le même danger à son rsnÊtr
mi. Au retour de cette expédition , il
trouva sa capitale plongée dans le
deuil , par la mort de son (Us aîné ,
prince digne de sa tendresse et des
regrets des peuples qu'il devait gai*
verner. Timour fut accablé de celte
perte : elle ne put être réparée, pes
de temps après , que parla naissance
du mirza Ghah-roku , son quatriè-
me iils , dont la mère était lille de
Gazan-Khan. Tandis que Tamerlan
achevait de conquérir le Kascihgar,
et poursuivait saas reliclie Kamar-
eddyn^ il rencontra Tcktamiach-
Aglen , prince de la race de Djcn^yz,
qui était venu rédamer son sfcoun
pourenlever au filsd'Ourouscb-Kkan
le trône du Kaptchak. Timour saisit
avec ardeur cette occasion de se Tcn-
ger d'un monaraue dont le pèreaTait
favorise les rcuelles du Dia&ilâ.
De retour à Samarkand, il donaa
des troupes à Toktamisch , le
voya dans le Kaptchak, s'y
dit bientôt lui-même, et le fit cou-
ronner khan à Saganah, l'an 778
( Voyez Toktamisch ). I^ roi dr
Kharizme avant manqué à ses
serments , Timour entra dans ses
étiLs, l'an jHb, et l'assi^ea dans
Ourghcndj. Yousouf Sofy, pour Tin-
TAM
le dcTia en combat singu-
ais n'osa se raoutrer lors-
ce conquérant arme' à la lè-
pre l à se mesurer avec lui.
d'Ourghendj dura trois mois
; la mort de Yousouf, sur-
ans rintervalle, n'cmpcclia
labilanls de se défendre jns-
lemicre extrémité'. Leur ville
: d'assaut et livrée au pillage,
rifs , les docteurs , les savants
lisans furent envoyés à Kesch,
de Tamerlan , qui l'ayant
»our sa résidence d'été, la for-
fonda un magnifique palais,
an séj our délicieux. Tiinour ,
space de dix ans , avait ré-
npire de Djagataï dans ses
;s limites. Une apparence de
ivait donc coloré toutes les
qu'il avait entreprises : mais
PS exaltèrent son ambition j
satisfaire, il devint injuste
; et le reste de sa vie n'offre
an tableau de conquêtes aussi
ue rapides , de carnage et de
ions. Ses regards se porte-
bord sur la Perse , qui , de-
lécadence de l'empire d'Hou-
>e trouTait démembrée sous
lalion de plusieurs dynasties
?l toujours armées les unes
îs autres. Les princes Ilklia-
la tribu mongole deDjeliiïr,
mt conservé la partie la plus
aie, depuis l'Ara xe jusqu'au
rsique, et possédaient Tau-
adan, Sulthanieh , Baghdad,
. Haçan Bczurr ). Toutes
inces du midi , depuis Ispa-
lient au pouvoir de la famille
dhafferides ( r. Mobabez-
. Le Chyrwan , le Ghylan,
nderan , le Djordjan et le
, avaient leurs souverains
iers. Enfin, le Khoraçan se
partagé entre les Sarljcda-
xi.iv.
TAM
465
riens, qui en possédaient quelques
districts occidentaux ( F'oj'. Abdel
Rezzak et Wadjiu-eddyn ) , et les
Molouk-Kurls qui étaient maîtres de
la partie la plus considérable et la
plus orientale. Gaïath-eddyn Pir-
Aly, prince régnant de cette dernière
dynastie, à Texemplede son père Me-
lik-Houcein, avait profitédes troubles
de l'empire de Djagataï , pour agran-
dir ses états sur cette frontière: mais
depuis l'élévation deTimour, il s'é-
tait tenu sur la défensive, et avait
même envoyé des ambassades et des
])résents à ce redoutable voisin. Ce
fut sur lui que Tamerlan porta ses pre-
miers coups. Précédé par son (ils Mi-
ran Chab, qui , ayant traverse leDji-
boun, l'an '78^1 (i38o), prit et pilla
la ville de Badgdiz , il partit au com-
mencement du printemps de l'année
suivante, et alla visiter, à Andekoud,
un de ces dervicbes qui passent pour
saints , en aiTectant d'être fous. Le
solitaire lui jeta aussitôt une poitrine
de mouton à la tête. Tamerlan pu-
blia que, par ce présage, Dieu lui
promettait le Kboraçan, que les
Orientaux appellent le royaume de
la Poitrine , le regardant comme le
milieu de la terre. Il s'empara de
Serakhs , où il obligea un frère de
Gayath-eddyn de se rendre à discré-
tion , et prit d'assaut Fouscbendj ,
dont il fit massacrer les habitants ,
Sour se venger de leur résistance et
e deux blessures qu'il avait reçues
pendant le siège. Gaïatb-eddyn n'a-
vait pu ni prévrfir ni empêcher cette
subite invasion : il se trouvait à
Nischabour, qu'il venait d'enlever
aux Sarbedariens. Il accourut dé-
fendre Hérat , sa capitale j mais les
habitants^ qu'intimidaient le sort de
Fouscbendj , le mauvais succès de
leurs jiremiers efforts et les menaces
de Tamerlan, forcèrent leur souve-
3o
/iC6
TAM
lainânnoycr un de ses lils pour
apaiser le coiHjueraiit , cl à se livrer
lui-même au vainqueur , en mohar-
rem 788 (avril i38ï). Timour rasa
les fonifications de la ville , en en-
leva tous les trésors, et jusqu'aux
portes , qui étaient revêtues de ban-
des de fer, ornées de ciselures et
d'inscriptions ; il dépouilla les habi-
tants de tous leurs biens, ne leur
laissa que la vie , et en envoya plu-
sieurs familles à Kesch. Apres avoir
exigé que Gaïalh-eddyn ordonnât à
son plus jcimc fds de livrer la for-
teresse d'Escbkildjeh , qui passait
pour imprenable , et s'être emjjarc
de Nischabour, il rendit à ce prince
ses états dévastés : mais au bout de
((uelqiies mois , irrité par la résistance
de la ville de Terschiz , que Gaïath-
cddyn ne put déterminer à ouvrir
ses portes, il lit arrêter ce prince
avec ses fils et ses frères j et bientôt,
à la nouvelle d'une révolte qui
avait éclaté à Jlérat,'ilse vengea sur
rcMc malheureuse famille, qui fut
exterminée. Dans cet intervalle , il
s'était empare en personne ou par ses
p;éiiéraux , des villes de Sebzwar et de
'I jjoiis, qui appartenaient auxSarbe-
darieus. Leur prince, Khodjah-Aly
Movv .Vieil , implora sa clémence, s'at-
tacha à sa personne, et le suivit dans
loules ses expéditions. Aly - Beig
Djouiigoibany, prince de Knelat, as-
siégé daii.'sccUcplace;et l'émir Waly,
*«ou\erain du Djordjan , cfl'rayé au
dcij.Nlrc d'Iilsfcrain , où toutes les
maisons avaient été ruinées et la po-
pnl.'ilion nilière passée au fil de l'épée,
])rouiirci!t de se soumettre: mais pen-
dant <[iu' Timour passait l'hiver à
IU>kIiara , ils réunirent leurs forces
vi vîiîniii assi(*p;er Sebzwar. Le re-
tour du cdiiqucraut les (diligea de se
séparer. Aly-lieij; , surpris dansKhe-
lat , teiil I »!e faire assassiner Tamer-
TAM
lau, au moyen d'mie conférence qu'il
lui proposa ; se soumit . lorsqu'il vit
les Tartares monter à 1 assaut ; s'en-
fuit dans les montagnes, où il résista
encore quelque temps y et Tint enfin
se livrer au vainqueur, en lut pré-
sentant un sabre et un suaire , en si-
gne de dévouement ; ce qui n'empê-
cha pas Timour de le faire arrêter
et mettre à mort. Après la destruc-
tion de Kbelatet la nrisede Tendiix,
Tamerlan accepta les prësents et la
soumission de l'émir Waly, et loi
accorda un délai pour venir Ini ren-
dre hommage. Les rebelles de Hént
furent réduits par le mina Minn-
Ghah^ etics têtes de ceux qui aTsint
été tués furent empilées en fonne de
tour. Tamerlan eut la doire de per-
fectionner cette horrible ^ mais sin-
gulière espèce de monument. Ayant
repris Sebzwar, qui s'était révolté,
il en fit périr tous les habitants; mais
il réserva deux mille prisonuen^
qui, entassés tout vivants les nnssar
les autres , avec du mortier et de la
brique , servirent de nutérianx à la
construction de plusieurs tous. An
milieu de ces triomphes , des cka-
grins domestiques rappelèrent vn
momentce barbare aux scntimcnli de
la nature et de l'humanité. Il cal la
douleur de perdre suocessivcBait
une de ses filles , sa faanc Dilcbad-
Agha , et surtout sa soeur Gmtlmik-
Terkhan-Agha , nrincesse pieuie et
charitable , dont les sajus '^"'fffils ki
avaient été souvent utSes , eC qui s'é-
tait honorée par les collèges , les mo-
nastères, les hospices et autresédifices
publics qu'elles vait fondés. L'an 785
(i383) , Timour envoya une armée
dans le pays des D jettes , pour dé-
truire le parti de Kamar • eddya ,
et marcha lui-même, avec cent mille
hommes , k la conquttc du Sâtfan.
11 reçut les .soumissions des princes
- /
TAM
Dais il saccagea plusieurs
'C antres Zarandj , dont il
même les enfants au bcr-
i ses soldats pillèrent jus-
us des portes. Le gouver-
Tavait autrefois blessé h
étant tombé en son pou-
t percer de flèches. Après
ert le Seïstan de ruines et
■s y il envoya des troupes
rent les mêmes excès dans
, l'Afghanistan et le pays
. Rassasie de caniacc et de
Il "^ • 1
lia se reposer trois mois à
1. L'année suivante, il
émir Waly près de Djord-
duisit en cendres Ëstera-
ipitalc j où tous les habi-
it passés au fil de l'épée.
larchc rapide à la pour-
e prince, il prit Réi , et
îrae jusqu'à Sulthanieh ,
mpara, quoique cette ville
au sulthan ilkhanide ,
elaïr , qui ne lui avait
îun sujet de mécontentc-
revint par les montagnes
; Rostemdar , où Waly
lé : il l'obligea de chercher
die ; entra dans le Mazan-
reçut les hommages des
lawamides d'Amoul et de
étaient Seids ou desccn-
prophètej et regagna Sa-
pour y mettre oi^re aux
son empire , dont il allait
pendant trois ans. L'expé-
1 venait de faire n'était que
de celle qu'il entreprit en
5 ). Sons prétexte que Tok-
^han , qui lui devait le
Saptchak , avait pénétré à
ec dans rÀdzcrbaïdjan , et
han Alimcd-Djelaïr, prin*.
t dissolu , était incapable
?r ses sujets contre les in-
rangèrcs • il se déclara le
TAM 467
vengeur de ceox-ci envers le souvei
rain qni étaityenulesattaqueretcelu
qui ne savait pas les d<^endre. Ces
motifs spécieux lui facilitèrent la
réduction de Tauris, de TAdzer-
baïdjan et de tous les pays jusqu'à
l'Âraxe. Il passa ce fleuve , s'empara
sans beaucoup de r&istanee de la for-
te place de Kars, entra dus la Géor-
gie, prit d^assaut Téflis, sa capitale^
et emmena le roi Bagrat Y ^ ^'il for-
ça d'embraaser Pislamisme. S^ cê-
néranx ravageaient en mène temps
le pays des I^zffliis etdes ailtres peu-
ples tartntSy AaUû dans les mon-
Ugnes da Ganease, Uàèb sujets ou
vassaux de Tempire dn Kaptchak ;
ce qui provoqua entre Tameilan e jt
Toktamiscli une mptnre et dcis *
guerres longues et sanâantes.Glieikh
Ibrahim , prince du Ghirwan^ vint
alors se soumettre à Tamisrlan ,
et lui offrir des présents , dont cha-
que espèce était composée ,de neuf
Çièces , suivant la eooûune Jcs*
'artares. Gomme 3. 'n*y avait que
huit esclaves, oà donc est le neu-
vième? dit k conquéraiit:— {Tesl
moi, répondit Ibrahim y qui , par cet-
te basse flatterie^ gagDA les nonnes
grâces de llmoury et fut confirmé
dans la souveraineté dn Chirwan. Les
petits prin6cs dn Ghylan, qui avaient
conservé leur indépendance, envoyè-
rent aussi des dépatéi à TomcUan , /
et devinrent ses tribotaires. Dans
sa marche vers TAdiierbaîdjàp/it
s'était détourné pomr réduire Malek
Azzeddyn , atabek dn netit Louristan,
et chef d'un' peuple ae iMbiAts » qui
Îûllaientles caravanesdés pèlerins de
a Mekke. Timonr ki prit Ourond-
gherd et Khorrem-Âbaa, seifprinci-
pales plaça; fit raser la secondé^ et
précipita duhânt dé leurs montagnes
un grand nombre tte^ cçs brkânds*' Ce
fut pour \é tiktaie motif, ^ à son re- 1,
iJtiS
TAM
tour de la Geurgic, il attaqua 4fSi
Turkomans de la tribu Cara-Kaioun-
Ion (du mouton uoir), clahli.s dans
r Arménie; leur Hileva les places de
Baya/id , Arz - roum , etc. , cl força
Gara - Mohammed, leur clief , de se
sauver dans les montagnes. 11 agréa
l'hommage de rémir Tabartcii, et
lui laissa la principauté d'Arzeiidjan.
fl alla ensuite assiéger Van et Vas-
tan, qui appartenaientàMalek Azz-
eddyu; prit d*assautla première, et
fit périr un crand nombre des habi-
tants : mais il paixlonna à ce prince ,
lequel, n'ayant pulesdétermiiier à ren-
dre la place , en était sorti pour aller
se jeter aux pieds du vaintpieur, qui
lui donna le gouvernement de tout le
Koutdistan. Cliali Cboudjah , roi de
la Perse méridionale^ ayant deviné ,
deslong-tempsy les projets deTjnuun*,
lui avait envoyé une amba:>sade et
des présents, et s*éLiit allié avec lui,
par le mariage de sa fille avec un pe-
tit-iils du conquérant. Avant de mou-
rir, il lui avail mrnie recommandé
son iils Zein-AlaLuliu. Le jeune ])riii-
ce, sommé d'aller se prosterner de-
vant Timour , fait arrêter son am-
bassadeur, et lui fournit un prétexte
pour envahir les états des Mod balle-
rides. Kn 789 (1387), Tamcrlan
vint camper , avec une partie de sou
armée , devant Ispabau, dont les
clefs lui fiireut présentées par un on-
cle du roi. Il y fit son entrée ; et i'(Uï
s'occupait à réj^lcr le montant de la
contribution que la ville devait payer,
lorsqu'une émeute, j)rovoquéepar un
incident. fortuit, coûta la vie à trois
mille Tarlares. La furwir de Timour*
ne j»eut se décrire. Sourd a toutes les
exruses, à tous bs moyens de i-épa-
ration qui lui sont pro[)osés, il assié};c
la ville, l'emporle d'assiiut , maljçré
la résislaïu^e désespérée des habi-
tants, et oitlonne un massacre géué-
TAM
ral^ dont il n'cxci'pti! que les quap
tiers habités par les dc^ccndauts de
Mahomet et par les docteurs de la
loi , ainsi que les maisons où les Tar-
tares avaient trouve' un asile (3). G*t-
te épouvantable boucheriearriva le 6
dzoulkadah 789 ( iSnov. iSSy). Dn
états authentiques tenus à cet eflet,
nous apprennent que l'on apporta sur
les remparts d'Ispahan soixante -dix
mille têtes , dont on forma plusieurs
tours en divers endroits de la rille.
Il faut ajouter à ce nombre une foule
de victimes qui ne furent point enre-
gistrées , leurs têtes n^ayant point été
payées aux bourreaux. Chyraz ouvrit
SCS portes; mais Zcin-Alabediu avait
pris la fuite. Plusieurs, autres princes
ModhafTèrides s'ctant rendus dau
cette capitale poiur se soumettre an
vaiiHiueur, il doima à Chah Yahia,
l'un d'eux , le trône de Chyraz. Aprrs
avoir n'glé à la hâte les aflaircs delà
Perse, il reprit la route de Samar-
kand , où sa présence était nécessai-
re. Des révoltes avaient éclaté dans
le Kbarizme , dans le Khoraçan ,
dans le Mongolistan. Les tronpes du
Ka ptchak , envoyées par Toktamiscli,
avaient fait une iuyasion dans la
Transoxaiie , vaiucu le mîi*za Ornais
Cheikh, près d*Otrar; assiégé sans
succrs S.-ibran et Bokbara , pénàrc
jiis(p]'<iu Djihoun, et ravagé toute la
contrée. TamerIaumitd*abonl eo ju-
gement les olHciers qui u*avaieut pas
siT.oiul é la valeur de sou fils et empêche
sa défaite. Un général , convaincu de
lâcheté, fut condamné à avoir la bar-
be rasée, le visage fardc\ et k £tit
promené dans Samarkand avec nnc
coilTurede femme sur la tête. Timour
entra daiLslcKharizmeen 79o( 1 388^;
(3) \ Ti-Trinnle d'Alrxandrtf, qui .«ail r«»M«r
1.1 tuMkwiu Hr Pijidarr, dm rÎBctvdie JcTINw*.
U' muqiirrrint Urtirc rfiargn* c«U« Je KIm/pIi
Itnnir-Mil; n Viirv. , cilt'Iirr dottctir worf Jmn*
tiu au.
TAM
établir la tranquillité, il
, fit raser eutiërenient la
cmer de l'orge sur le sol
t occupe', et transféra ses
Samarkand. Il employa
elte année et les deux sui-
ufTer les révoltes , à punir
, au nombre desquels était
Mireké; à porter la guerre
Toviuces limîtroplies du
afin de prévenir les în-
Toktamisch ; et dans les
an des D jettes, pour dé-
>uissauce dont le Toisîna-
le constante étaient un su-
it de troubles pour son em-
lail de ses campagnes dans
de la Tartarie , n offre que
t, à cause du changement
les noms àes villes et des
Ll suffit de savoir que les
mées qu'il y envoya ou
luisit en personne , trions
:tou t des D jettes et desau-
du Mongolistan ; queKe-
Aglcn et Kamar-ôldyn,
raius, furent poursuivis
là de rirtisch ; et que les
Timour , voulant laisser
:nt de ses vastes conquê-
ent leurs armes et leurs
ugis au feu , sur les pins
3isines de ce fleuve. Dans
le Tannée 79^ ( 1 890 ) ,
cpritla conquête du Kapt-
vcrsa les plaines au nord
nd , en poursuivant Tok-
|ui fuyait devant lui à
dcVcrts. Parvenu aux
rOuloug- Tadj , il y fit
in obclibqiie sur lequel on
iîon ordre , la date du jour
le de son passage. Apres
lire mois d'une marche
iidant laquelle son armée,
e vivres , n'eut d'autres
]uc des herbes , des œiifs
TAM 469
d^oiseaux satiYacéSy et les produits
de la chasse; il franchit la Tobol et
quelques auto^ rivières , et ayant
traversé le Yaik y il rencontra près
d'un lac , entre œ fleuve et le Volga ,
l'armée de Toktamisch. La lataule
fut longue et sanslante. Timimr m
dut la victoire qu'à im traître qiBfd
«▼ait gagné :Pomcterqia poitaitl^r-
tmdard dn Kaptchâk ^rajaiit rb-
versé , les soUats du febaù eraN&t
qtie leur maître aTÛtjpéri, et prirent
Ul fuite. Tamerlan ut reposer ses
troupes près d'un mots, suf les bords
du Volga y entra dans Serai , capitale
du Kaptchaky s'assit sur le trdne des
khans , et retourna dans ses états ,
tnibtànt après lui une fioub^decan*
tift. U donna le goinireniCBacnt an
Khoraçan à son fils Miran-Ckah qui
l'avait accompagné dans cette expé-
dition^ et cdm & Ghama , Kabcml/
Gandahar et de tous les nays d^nis
le Dfîhoun jusmi'à l'Indos • k son
petit-fils , ^Mohâmnei Djiban-
gh^r. Non nurins inbtigible dn'am-
Ëitieux , Tamerlan ^pitte (Samar-
kand , au mois de redid> 5g4 ( juin
1^^ h po^^ achever la conméte de
la Perse. Une grare maladie l'arrête
à Bokhara. A pebe rëtaUi , il at-
taque les Scids du Mazanderan, qui
s'étaient retint dans une forteresse
par h
.lise
pour les assiéger y les force de Capr- <
tider y s'empare de leurs rîchesàes
et de leurs personnes ; cxtemùne fme
partie de leurs sujets qui paraissaient
être un reste des Batheniens, Ismaé^ ,
lides ou Assassins , dëtniits par Hôu-
lagou ( Foy. KrA-QuzuRK-OuiiiD
et RoRM'EDDTif KHOvascHAu) : mais
plus barbare qu'eus, il met à feu et à
sang la ville d'Amonl. 11 passe uue
partie de l'hiver avec les princesses
de sa famille , dans un superbe pi^is
battue par les flots de la mer Cas-
pienne. 11 se sert de leurs vaisseaux
«7'*
TAM
f.iril avait fait bâtir près de Djur-
il jaii ; et dès le !24 "f^"" 79^ ( 9 P""
\ icT 1393 ) , il s'avance iins la Per-
se , et va ravager le Koiirdistan , le
Louristan et le Khouzistan, taudis
<[ue des détachements de ses Irou-
l)es portent rcnouvante jusqu'à Caz-
i)vn et Baghdad. 11 marche vers
( *iiyraz , pour châtier les princes
Modhafiendes, qui étaient sans cesse
m guerre les uns contre les autres ,
et délivrer les peuples de leur ij^ran-
me; mais il trouve dans Chah Man-
sour im ennemi digne de lui , et il
aurait p«ri dans la bataille que ce
vaillant prince, avec imc poignée de
braves , osa lui livrer , sans la valeur
de son fils Ghah-Rokh , qui lui ap-
])orla la tête de son ennemi ( VqX'
Mansour-Chah ). Maître du royau-
me de Perse par i'ienlière destruction
(îes princes de la. race de Modhafler ,
qui s'étaient livrés volontairement,
il en gratifie le mirza Qmar-Cheikh ,
«il ors l'ainé de ses fils , et donne au
mir/a Miran-Ghah celui de l'Adzer-
baïdjan, avec tous les pays jusqu'à
la chaîne du Caucase et aux frontiè-
res de l'empire Othoman ^ à la char-
ité de conquérir les provinces qui
n'étaient pas encore subjuguées. Ti-
iiiuur marche ensuite contre Bagh-
dad , que le sulthau Ahmed Djdaïr
abandonne à son approche : il entre
^an5 résistance dans cette capitale ,
cl se contente de fa mettre à contri-
iiutiun. Bassora et Moussoul ouvrent
leurs portes ; Tekrit , où commandait
l'cuiir Ilaçan , fameux par ses dé-
[)rédations , soutint un siège mé-
morable , où soixante- douze mille
huninies furent employés pendant
trois ."^nnaines à miner les rochers
(|ui >crv;iionl d'appui à cette forte-
resse. Tamerlan fit périr cet intré-
pide brigand avec tous ses soldats ;
niciis il épargna les habitants. Pour
TAM
laisser à la postérité des moaumeuls
de sa justice cruelle et de la valeur
de ses troupes , il voulut que les py-
ramides de tètes humaines que ses iu-
génicurs constnibirent , porUssent
cette inscription : Ainsi sontpymslei
voleurs ; et que l'on conservAt en-
tières une partie des prodigieuses
fortifications de la place. Lorsqu'il
eut travci'sdie Tigre j il reçut les sou-
missions de la plupart des petits
princes de la Mésopotamie et oe la
Basse- Arménie , au nombre dcfquek
était le dynaste d'Hisn-Kaifii, bi-
ble et dernier rejeton de la &mîlle
du grand Saladin. La conduite ëm-
voque et irrésolue d'Isa, roi de Sur-
din y de la race des Ortokidety l'a-
posa aux malheurs d*un n^ ; mais
le vainqueur se contenta db hî don-
ner son frère Saleli pour sacccssear,
et accorda la vie aux habitants ,
en faveur de son petit-iib Oidon^
Beig, dont la naissance , que mrit
bientôt celle d'un autre fils de Ckak-
Rokh y adoucit les regrets de Tamer-
lan sur la mort de son fils Omar-
Cheikh. Ce prince y âgé de qnannie
ans , venait de succomber sons m
trait lance par une main inoiMne,
devant une place qu'il assi^eait da»
le Kourdistan. Pir-Mohaauned tcb-
gea la mort de son père, en fiiUaat
main -basse sur tous les babîtantSy
et lui succéda dans le gouveinancnt
de la Perse. Timour rémiit alors tous
ses efforts contre Cara Tousoof , cbcf
de la tribu du Mouton Noîr^: mais
après avoir pris Yan où commandait
un fils de ce prince ; et tandis qm
ses troupes assiégeaient les antres
places dont ce Turkoman s*ëlait at-
tribué la souveraineté; le conquérant
entra dans la Greorgie, afin de se
venger de l'artifice que le roi Bagiat
avait employé {>our reconvrer sa
couronne et sacrifier un eoips de
TAM
u(c {P^(>}'. M AH moud-Su L-
iN ), il fui amcnc an camp
ircs , pieds cl mains lies.
allait se racllre au lit ,
lui j)resenta cet illustre
•. II vint au-devant de lui,
[u'on brisât ses fers , le fit
ir sou tiijùs, et s'entretint
ncnt avec lui. On prétend
ut s'empêclier de rire en le
on pour l'insulter , comme
t Bajazet y mais pour lui
irquer la bizarrerie de la
[iii avait mis les destinées
entre les mains d'un bor-
1 boiteux. Ensuite il le con*
disj:;rare qu'il s'était atti-
}n obstination , Un tc'moi-
lis grantls égards , lui don-
iite particulière et lui ren-
> Mo usa , qui avait ete' fait
. On a fort exagère l'his-
1 cage de fer , sa forme ,
, ainsi que les humiliations
uvais traitements dont le
acca])la le malheureux
Iprès avoir lu ce qu'ont
sujet plusieurs auteurs
, nous sommes persuade's
oit pas entièrement rejeter
lis qu'il ne faut radmetlre
t'S modifications. On a vu
rlan, loin de se piquer de
enver? les princes vaincus,
ivaiî à toute outrance, et
it orcUnairement à mort
e sort mettait en son pou-
efois il crut avoir des rai-
le'nager Bajazet avant et
victoire : il promit de hii
s états. Mais le farou-
d du sulthan , ses mena-
accès de fureur , obli-
i vainqueur à le resserrer
ement, et à le faire voya-
i)lement dans un chariot
i!!e«us les bons procèdes
TAM 47-y
de Timour ne se démentirent pas ; et
lors^ju'au bout d'un an, le chaarin
eut cause a Bajazet la maladie dont
ilmounit,onlelitresteràAk-Scbehr,
où les médecins les plus habiles furent
charges de le soigner. La victoire
d'Aucjre , dont Tamerlan envoya la
relation dans toutes les provinces de
son empire , lui soumit l'Asie Mineu-
re entière. Il trouva dans Brousse les
femmes et une partie des trésors de
Bajazet ; il y mit en liberté plusieurs
Français que ce sulthan y gardait
prisonniers depuis la bataille de Ni-
copoHs. Il congédia deux ambassa-
deurs qu'Henri 111, roi de Castille^
lui avait envoyés; leur remit plusieurs
princesses espagnoles^ qui étaient cap-
tives, et les fit accompagner par
un musulman , auquel il donna des
lettres de créance pour le monar-
que castillan. Mécontent de l'empe-
reur de Constantinople et des Génois
établis à Fera , il exigea d'eux un tri-
but , pour les punir d'avoir manqué
au traité par lequel ils s'étaient en-
gagés à ne point fournir aux Turcs les
moyens de passer d'Europe eu Asie,
et à ne pas donner asile aux fugitifs.
Timour séjourna un mois à Kqutayeh,
et y célébra ses triomphes par des fê-
tes brillantes , tandis que ses troupes
dévastaient l'Anatolie jusqu'aux ri-
ves du Bosphore. Les richesses que
renfermait la ville de Smyrne et le
désir de se venger des Grecs , le dé-
terminèrent à assiéger cette place ,
3ui avait résisté sept ans aux armes
e Bajazet. Il la prit d'assaut, eu
quinze jours, à la fm de djoumadii^'i'.
8o5 (fin décembre i4o'>()y maigre ,
la bravoure du grand-maître de St.-
Jean de Jérusalem , Phihl)ert de
Naillac , et de ses chevaliers. La
ville fut pillée, rasée entièrement; et
tous les habitants qui ne purent passe
sauver par mer , furent massacrés.
47^ TAM
rop€ ; dlc facilita aux Russes les
moyens de s'afFiauchir du joug des
Tartares , fous lequel ils gémissaient
depuis près de deux siècles , et de
faire queltpies pas vers la civilisa-
tion. Timour rentra dans la Géor-
gie, y exerça de nouvelles vengean-
ces, battit les Âwars, les Kasi-Kou-
mouks et autres peuples du Caucase,
et revint en Perse , par Ghamakhy.
Tandis qu'il portait la flamme et le fer
dans les contrées entre la mer-Noire et
la mer Caspienne, le mirza Mo-
bammcd-Sulthan , avait pénètre' jus-
qu'à remboucliurc du golfe Persi-
que , et force le roi d'Hormuz à payer
tribut. 11 revint joindre son aïeul h
Samarkand^ où le conquérant clait
ïurrivc à la fin de «798 ( septembre
i3(/6 ). Après cinq ans d'absence et
de travaux, Ta merlan avait besoin de
ie délasser. 11 passa l'aunce suivante
dans la Transoxane , au milieu des
fcles et des plaisirs ; fit bâtir un ma-
gnifique palais dans les environs de
sa capitale; dcima à sou 111s Chah-
BokL, la souveraineté du Khorayan,
du Seïs tan et du Mazandcran, jus-
qu'à Firouzkouli et Reï , et l'envoya
résider à Herat : il reçut une ambas-
sade de l'empereur de la Chine; et
maria un de ses petits-fils à une iJIe
de Kczer-Kliodjah^Khan des Djette^.
Il épousa lui-même, à 61 ans , une au-
tre fille du même prince. L'âge scm-
])lait n^avoir afTaibli ni sa vigueur
ni son activité; aussi s'occupait - il
alors des préparatifs de Tune de ses
plus brillantes , mais de ses ])lus dif-
liciles entreprises. Déterminé à con-
quérir l'indoustan, qui, sofis nn sou-
verain faible et sans capacité {f o}',
Mauimoui) m ) , était déchiré par
des dissculions intestines ; il siip-
posa n'y etic excité que ]>ar les sol-
licita lions de plusieurs do ses enfants.
Mais ses émirs , fatigués de tant de
TAM
guerres , et soupirant après le repos ,
se récrièrent contre un projet dont ils
représentèrent les dangers et les in-
convénients, même en cas de succès.
Timour voulait les punir de leur op-
position : il finit par recourir au Co-
ran, suivant sa coutume, et leur kt
un verset dont le sens , iavorakle à
ses desseins , leur persuada d*eBTaliir
un pays dont la plus nombreuse popu-
lation était idolâtre. Il porta la cava-
lerie deson armée à quatre-yinet-don-
ze mille hommes, nombre égal â ce-
lui des surnoms donne» au prophètt
des Musulmans, ce qui fut regardé
comme un heureux présage. Précédé
par son petit-iilsPir-IVIoliammed Djî-
nanghyr , qui gouveniaît les prorm-
ces limitrophes de rindouslatt| il
partit de Samarkand , au mois de
redjeb Boo(iin de mars i398].Uat-
taqua^ dans leurs montagnes courcr-
tes de neige , les Siapousch , peadcs
idolâtres et pillards , au midî dn Ba-
daklischan, et eu détruisit un nombie
considérable; mais il y perdit beau-
coup de chevaux , et courut person-
nellement de grands dancers , n'ayant
pu redescendre de ces rocners quesos-
pondu par des cordes. II dompta d dé-
peupla ainsi plusieurs tribus d'Af-
ghans. Arrivé, au bout de six mois ,
sur les bonis de l'Indus, îl letrarer-
ia sur un pont de bateaux^ au m&ne
endroit où le sulthan Dîelal-eddyn
l'avait autrefois passe k la nage en
fuyant devant Djenghyz-Khan ; et fl
délivra Pir- Mohammed , assî^
dans Moultau par les Indiens , aux-
quels il avait enlevé cette TÎlIe. La
marche de Timour, jusqu'à DcUv,
ne fut qu'une suite de cruautés et Âe
dcfvasta lions. Près de livrer batailleau
Miithan Mahmoud, il fit égorger cent
mille esclaves qui l'embarrassaient,
icinj)orta une victoire complète, le i3
janvier 1 399 , s*empara de DeUf y la
TAM
, y fit un immense butin et
»re infini de captifs. 11 Ira-
Gange, vainquit Moubàrek-
princc de Thoglouk-Pour ,
la un grand nombre d'In-
le Guèbres sur les deux ri-
euTe } défit plusieurs autres
reçut les soumissions de
-uns , entre autres de Cliah
-, roi de Kaschmyr; et rc-
21 cbaban 80 1 (28 avril
dans sa capitale, où il fon-
iuperbe mosquée. Tamerlan
enfin dispose à jouir de
repos; mais la mauvaise
ration de son fils Miran-
e rappela bientôt dans la
cidentale , où le méconten-
:t le desordre étaient extrê-
roi de Géorgie avait cliassé
tes musulmanes de ses états,
e invasion dansTAdierbaid-
iultban Ahmed Djelaïr étiit
ns Baghdad , avec le secours
Oman Cara-Yousouf , qui
5si recouvré ses possessions
Diarbekr ; et tous deux mc-
Tauris. Tamerlan quitta Sa-
[ le 8 mobarrem 8o'i (10
e 1399), et vint catnper
)îaiue de Carabagh , près de
11 pardonna à sou fils, sans
:e ses bonnes grâces, pu-
ort ses musiciens , ses com-
balternes , et fit grâce aux
» coupables. Il envahit en-
Géorgie, brûla toutes les
ruina tout le pla t pays , et
Q grand nombre de prison-
ais la rigueur du froid et la
li cau.'ièient des pertes con-
s , et roLligèrent de rctour-
abagli. Dans le même temps,
>cs pelit-fiLs faisaient triom-
armcs sur deux points diflé-
mirza Roustcm obtenait des
s sur le sullhaii de lîaglidad^
TAM 473
et son frère Iskander , après la mort
du khande Kaschgar, Kezcr-Khodjah
s'était emparé de ce royaume et de
Khotan. Au printemps , Timour ren-
tra en Géorgie ; et ^ ne se borDant pa»
au prétexte de la différence de reli-
gion, il s'autorisa du refus que fit
le roi George de livrer un fils dusul-
(han Ahmed Djela'ir. II recommença
ses dévastions , lui enleva plusieurs
places , le força d'errer dans les mon-
tagnes ^ et de chercher mi refuge
chez les Abkhas ; contraignit les
Géorgiens d'embrasser l'islamisme,
livra aux supplices ceux qui ne vou-
lurent pas apostasier, tt ordonn;!
que des matières enflammées fussent
jetées dans les cavernes qui servaient
d'asile à plusieurs de ces malheureux.
Il se laissa toucher enfin , accorda la
paix à George, qui s'était décidé k
renvoyer le prince ilkhanide; et il
counit exercer les mêmes fureurs dans
les états de deux autres princes géor-
giens. Une lutte terrible allait bien-
tôt s'engager entre Tamerlan et un
rival presque aussi puissant et non
moins barbare que lui. L'empereur
grec de Constantinople, attaqué, dé-
pouillé de la plupart de ses pro-
vinces, et insulté, dans sa capitale^
1>ar les Turcs Othomans , envoya sol-
iciter le secours de Tamerlan , par
un ambassadeur. Siu: ces entre&itesy
Taharten , émir d'Arz-roum et d'Ar-
zendjan , vassal du monarque tartare,
fut sommé y par Bajazet I<^'. ( Baya-
zid llderim ) , de payer tribut à l'em-
pire Othom^n. Timour se plaignit de
ce procédé dans une lettre mêlée de
conseils et de reproches. ï>e fier sul-
than répondit par une lettre mena-
çante ; et la guerre éclata entre les
deux conquérants. Timour commen-
ça les hostilités, le i*^'' mobarrem 8o3
( T2 août i4oo ). 11 tailla en pièces,
près de Césarée , une armée turque ,
4:4
TAM
romniaiidee par un fils de Bajazct ,
et assiégea Siwas. Maigre' Tcpaisseur
prodigieuse des remparts de cette
j)lacey les habitants, voyant qu*il les
avait minés ^ et qu'une partie des
tuurs était écroulée, craignirent les
horreurs d'un assaut. Dans l'espoir
d'attendrir le vainqueur , ils envoyè-
rent au-devant de lui un millier d'ei^.
fants eu bas âge , qui portaient tous
un Coran sur la tcle, et faisaient i-c-
tentir l'air du cri de j4Uah , aJUah ,
interrompu par leurs gémissements ;
mais le barbare détacha un parti de
cavc'iliers , qui , par son ordre ,enlevè-
jTiit respectueusement des mains de
CCS enfants le livre sacré , et les écrasè-
rent tous sous les pieds des chevaux,
n lit toutefois grâce de la vie aux ha-
bitants': mais il réduisit en esclavage
les Chrétiens ; imposa une contribu-
tion sur les Musulmans; fit enterrer
vivants les quatre mille hommes qui
cumposaieijtia garnison, et abandon-
na a ii\ flammes la ville, après l'avoir
pillée , au mépris de la capitulation.
] 1 sVnipara ensuite de Malathia , une
(les dernières conquêtes de Bajazet.
J'C > oisinage de la Syrie l'invita sans
doute h laisser respirer un instant les
TiiiTs, pour tom&cr sur les Mam-
louks. Il avait, quelques années au-
paravant , sommé le sulthan d'Egyp-
te de se reconnaître son vassal. Pour
toute réponse, Barkok,qui régnait
alors, fit arrêter l'ambassadeur ta r-
lare. Tamerlan dissimula cet ou-
trage, soit que sa domination ne fut
]>as encore assez solidement établie
dans rOccident, soit qu'il craignit
«l'altaqucr une milice belliqueuse ,
roni mandée par un chef audacieux
4!l puissant ( /^. Barkor ). Mais les
troul.Jcs qui déchiraient l'Écyptede-
])iiis la mort de ce sulthan , lui paru-
rent une circonstance favorable pour
su venger d'un prince qui , à l'cxcui-
TAM
Sic de son pcrc^ refusait de fléchir
cvant le conquérant de i'A&ie ( F.
Faradje). Tamerlan arrive en Syrie:
la défaite d'une armée égyptUDiie,
près d'Halep , le rend maître de cette
ville , le 1 3 rabi i ^^. ( i«<^. novembre).
Ses troupes y entrent pcle-mâe avec
les vaincus , et s'y livrent , neodanl
({uatre jours , aux excès les plus
iflouis de deliauche et de imcîlé.
Tamerlan y fait , suivant sa coutune,
élever plusieurs tours de iHes fcu-
maines. Elles avaient dix coodéesde
haut et vingt coudées de circnh. Ai
milieu du carnage , il s'amasait à dis-
courir avec les docteurs arabes, mTA
avait épargnés, et leur demandait ut*
niquemcnt quels étaient les ttiîi ■ir
tyrs,desTartares ou des Syriens^
avaient péri dans la journée piëeé-
dente. Le château ayant capîtnlt,3QP'
donna seulement l'arrestation désgé-
néraux qui s'y étaient renftméi; cl
il leur rendit la liberté peu de temps
après , quoique l'uu d'eux eAt lait pé-
rir le héraut qu'il leur avait envôfé
avant la bataille. Le sort d'Halep cl
celui de Hamah, qui fut â-pcaprii
pareil , répandirent la temur om
toute la Syrie. La plupart des places
se rendirent ; et Timioor arriva pib
de Damas. Déjà , dans qnelqoes com-
bats partiels, les Mamloux, avec
des forces très - inférieures , avaiml
triomphé des Tartares. Le sollkta
était canipé devant cette ville pcm
la défendre. On ea vint anx miÎM^
L'issue de l'action fut indécise, rt
les deux armées restferent sar k
champ de bataille. Tamerian ank
demandé la iiaix; il n'y mettait d*a»>
trc prix que la délivrance de son asi-
bassadeur : elle lui fut refiisée ; et i
délibérait s'il décamperait ou s'il M-
commencerait le combat , lonqw h
fortune lui donna une preuve àpMt
de sa faveur. Qudqucs beigs
TAM
•èrcnt avec leurs U'oupes,
eut en Egypte. Les autres
gnant qu'ils n'y excitas-
solution , enlevèrent Fa-
rirent en bâte la route du
îste de Tarme'e , privé de
anda .LesMamlouks cpars
ien pièces par lesTartares.
is se joignirent a la gar-
mas. Tamerlan, repoussé
remicre attaque , et pré-
lougue résistance , eut re-
use. ^1 affecta une grande
pour une ville qui avait
p de plusieurs prophètes ,
e capitulation , et feignit
înter d'une contribution
uaiid il l'eut reçue , il exi-
unes plus fortes , qui lui
rtées. Alors il leva le mas-
iblissant le vengeur d'Aly
nille de Mahomet, dont
:éiiiens avaient autrefois
persécuteurs (4)j il fit
orture leurs descendants ,
orcer à livrer leurs ri-
en sacrifia un grand nom-
>it en esclavage les fem-
enfants, et incendia leur
I quitta enfin , le 3 red-
cvrier 1401 ). Satisfait
l'il remportait de la Sy-
te appréciateur du cou-
; la tactique des Mam-
a'alla point les attaquer
. Il repassa l'Eufrate , et
vainement assiégé le prin-
la forteresse de IVIarain ,
lit rendue , il vint dresser
levant Baghdad , que ses
maieut bloqué. Le licutc-
) sulthan Ahmed y avait
put résister long-temps à
si redoutables. Il tenta de
n s' embarquant sur le Ti-.
'e«Oiiimc>-ades (/'.MOAWIAH !•'. )
TAM
A:''
gre; mais il périt dans les flots avec
sa fille. En ce moment , un dernier
assaut livré aux. assiégés, pendant
que l'extrême ardeur du soleil les re-
tenait dans leurs mabons , mit leur
ville au pouvoir du conquérant , le
27 dzoulkadah ( 9 juillet ). Tout y
fut égorgé, sans égard pour l'âge
ni le sexe. Le carnage dura huit
jours ; le nombre des morts fut in-
calculable. On évalua celui des têtes à
environ quatre-vingt-dix mille , qui
servirent à la construction de cent-
vingt tours ; mais on n'y comprend
Sas la foule des victimes qui pensent
ans le fleuve, ou qui s'y précipitè-
l'ent afin d'échapper aux bourreaux.
Quelques gens de lettres furent seuls
épargnés ; ilsreçurentméme des che-
vaux et une escorte pour se rendre
enlieu de sûreté. Bagndad fut entiè-
rement détruit ; et de tous les mo-
numents des khalifes Abbassides et
des princes qui leur avaient succédé ,
Timour ne respecta que les mosquées,
les collèges et les hôpitaux. Cepen-
dant Bajazet, excité par Cara-You-
souf et par Ahmed-Djelaïr, qui s'é-
taient réfugiés auprès de lui , avait
enlevé Arzendjan à l'émir Taharten,
et se disposait à poursuivre ses con-
quêtes vers rOncnt. Mais troublé
par le bruit des succès et des prépa-
ratifs de son lival , il eut recours à
la médiation de Taharten lui*même ,
pour obtenir la paix. Tamerlan ac-
cueillit d'autant mieux ces proposi-
tions , qu'il répugnait à combattre un
prince devenu la terreur des Chré-
tien^. Modéré dans ses prétentions ,
il se bornait à exiger que Bajazet lui
cédât la place de Kemak, voisine
d'Arzendjan, et qu'A lui livrât Cara-
Yousouf , mort ou vif, ou que du
moins il le chassât de ses états : (Ah-
med-Djelaïr avait quitté l'Anatolie
pour se rapprocher de Baghdad)..
47«
TAM
En atlnidaiit In réponse du mouar-
que uthoinan, Tiniour, campe près
cic l'Arnxc, y faisait creuser un canal
de navigalion qui avait ëte' comblé ,
et auquel il donna le nom de Nahr-
Bcrlas. En même temps il rassem*
Liait des troupes de toutes les par-
ties de son empire. Ses e'mirs ,
fatiguc's de la guerre , lui représen-
tèrent que les astres annonçaient
de funestes présages pour la nou-
yellc expédition qu'il voulait en-
treprendre. Aûn de ranimer leur cou-
rage , il fit intervenir son astrologue
qui , expliquant d\ine manière favo-
rable Tapparitioii d'une comète vers
roccident , déclara qu'elle ne mena-
çait que le sulthan des Turcs. Ta-
merlan quitta ses quartiers d'hiver
le i3 rcajeb8o4 ( i6 février i4o'0>
envoya de nouveaux ambassadeurs h
Rijazet, et, dans sa marche vers
l'Anatolie , prit le château de Re-
nia k. Il reçut alors du sulthan , une
réponse pleine de hauteur et de lier-
té : il n'eu persista pas moins dans
SOS propositions pacifiques, et les lui
transmit pour la dernière fois, fia-
jazet n'y répondit pas. Avant de
congédier les ambassadeurs de ce
])rince , il leur donna le spectacle ef-
frayant de son armée ^ qu'il passa
en revue : elle était de huit cent mille
hommes , la plupart endurcis à tous
les climats. Gomme Bajazet occupait
la route de Tokat ,Timourprit par le
midi de l'Anatolie , épargna les ha-
bitants de Césarée; mais s'empara
de toutes leurs moissons , et arriva
devant Ancyre ou Angoura , qu'il
investit. Il était sur le point de s'en
rendre maître , lorsqu'il fut obligé de
lever le sicge , pour s'oj» poser au
sulthan^ qui, à la tête dc<ju itie cent
mille hommes , venait toinlwr sur
?50u arrière-garde. 11 donna le com-
mandement de sou aile gaurltc à son
t
TAM
fils Chah-Rokhy et à ses petits-Gk
Khalil et Houceiu ; celui de la druile
à son fils Miran-Ghah et k Aboà-
bekr , l'un des fils de ce dernier. 11
laça au centre son petit-GIs Mo-
ammed-Sulthan , devant lequel on
portait pour étendard une queue de
cheval rougie, surmontée d'an crois-
sant j et qui avait sous lui les prin-
ces Pir^Mohammed , Omar, luan-
der, etc. Il adjoignit à tous
mirzas^ les plus nabiles de ses
raux; fortifia son front d'une
d'éléphants qu'il avait amenés de
rinde , et qui portaient des toofSydi
haut desquelles des soldats lançaiot
des traits et des finix gr^eois , et se
mit à la tête du corps oe réMnc.
fiajazet occupait le centre de son ar-
mée, avec ses en£sints, Moosa, Isi
et Moustafa. Son aile gauche ëuit
commandée par son fils SoKmaB
Tchelebi , et sa droite par k mé-
pt PesirlaSy despote de Serrie , dont
il avait épousé la sœur. Sa réMTfe
était sous les ordres de Mahomet , le
plus sage de ses fils. La charigeMMUia
à dix heures du matin , le 19 on le
27 dzoulkadah 804 ( 18 ou 96 jni
1402 ), suivant les historiens onoi-
taux, ou le a8 juillet, suivant la
Grecs. Les Othomans, ëpuiséi dela-
tigueet de soif, résistèrent cnTaîi
à l'impétuosité des Tartares : lems
ailes plièrent bientôt ; la mort de
Pesirias , la défection d*une par-
tie des troupes de Bajazet, qui pas-
sèrent dans l'armée de TameilaB ^h
disparition de Moustafa , l'un de ses
fils , la fuite de trois autres , com[ilé-
tèrent la déroute. Bajazet^ posté sw
une émineuce , et déployant tue va-
leur inutile , combattit en désespm,
jusqu'à ce que se voyaut attaqué pr
Timour eu [personne , et cntonrf
(l'eiiuemis , il profita des tàicbrescif
la nuit pour leur échapper. Arrclc'
TAM
dans sa fiiilc {F'q/. Mahmoud-Sul-
THAN-KiiAN ), il fui amené au camp
des Tarlarcs , pials cl mains lies.
Ta merlan allait se mettre au lit ,
lorsqu'on lui présenta cet illustre
prisonnier. Il vint au-devant de lui,
ordonna qu'on brisât ses fers , le fit
asseoir sur son lapis , cl s'entretint
familièrement avec lui. On prétend
qu'il ne put s'empêcher de rire en le
voyant , non pour rinsulter , comjoie
Je croyait Bajazet , mais pour lui
faire remarquer la bizarrerie de la
fortune y qui avait mis les destinées
du monde entre les mains d'un bor-
gne et d'un boiteux. Ensuite il le con-
sola de la disgrâce qu'il s'était atti-
rée par son obstination , lui témoi-
gna les plus graiuls égards^ lui don-
na une tente particulière et lui ren-
dit son fils Mousa , qui avait été fait
prisonnier. On a fort exagéré l'his-
loij*c de la cage de fer , sa forme ,
son usage, ainsi que les biuniliatious
et les mauvais traitements dont le
vainqueur acccibla le malheureux
siiltlian. Âpres avoir lu ce qu'ont
écrit à ce sujet plusieurs auteurs
orientaux , nous sommes persuadés
qu'on ne doit pas entièrement rejeter
ce fait, mais qu'il ne faut l'admettre
qu'avec des modifications. On a vu
que Taraerlan , loin de se piquer de
générosité envers les princes vaincus,
les poursuivait à toute outrance , et
condamnait ordinairement à mort
ceux que le sort mettait en son pou-
voir. Toutefois il crut avoir des rai-
sons de ménager Bajazet avant et
après sa victoire : il promit de lui
rendre ses états. Mais le farou-
che orgueil du sulthan , ses mena-
ces , ses accès de fureur , obli-
gèrent sou vainqueur à le resserrer
[>Ius étroitement, et à le faire voya-
j;er probablement dans un chariot
giilic. D'aiileius fes bons procc'déa
TAM 477
de Timour ne se démentirent pas ; et
lorsfpi'au bout d'un an , le chagrin
eut causé à Bajazet la maladie dont
il mounit, on leiit restera Ak-Schehr,
où les médecins les plus habiles furent
chargés de le soigner. La victoire
d'Ancyre , dont Tamerlan envoya la
relation dans toutes les provinces de
son empire , lui soumit l'Asie Mineu-
re entière. Il trouva dans Brousse les
femmes et une partie des trésors de
Bajazet : il y mit en liberté plusieurs
Français que ce sulthan y gardait
prisonniers depuis la bataille de Ni-
copolis. Il congédia deux ambassa-
deurs qu'Henri III , roi de Castilie ,
lui avaitenvoyés; leur remit plusieurs
princesses espagnoles^ qui étaient cap-
tives, et les fit accompagner par
un musulman , auquel il donna des
lettres de créance pour le monar-
que castillan. Mécontent de l'empe-
reur de Constantinople et des Génois
établis à Fera , il exigea d'eux un tri-
but, pour les punir d'avoir manqué
au traité par lequel ils s'étaient en-
gagés à ne point fournir aifx Turcs les
moyens de passer d'Europe en Asie,
et à ne pas donner asile aux fugitifs.
Timour séjourna un mois à Kqulayeh,
et y célébra ses triomphes par des fê-
tes brillantes , tandis que ses troupes
dévastaient l'Anatolie jusqu'aux ri-
ves du Bosphore. Les richesses que
renfermait la ville de Smyme et le
désir de se venger des Grecs, le dé-
terminèrent à assi^er cette place ,
qui avait résisté sept ans aux armes
de Bajazet. Il la prit d'assaut, en
quinze jours, à la fin de djoumadi i^' .
8o5 (fm décembre i4o''i)y malgré ^
la bravoure du grand-maître de St.-
Jean de Jérusalem , Philibert de
Naillac , et de ses chevaliers. La
ville fut pillée, rasée entièrement; et
tous les habitants qui ne purent passe
sauver par mer , furent massacrés.
47 H
TAM
Timoui'rrçul alors des ambassadeurs
de Soliman et dMsa^ iUsdc Bajazet.
lla^i*ca leurs hommages et confirma
le premier dans la souveraineté' de la
Turquie d'Europe. Il reçut aussi
les soumissions du gouverneur de Ti le
Scio. Ayant appris la mort de Baja-
zet , n donna des larmes à sa mémoire,
rendit la liberté à son lils Moiisa,
lui fournit les moyens de conduire
honerablemcnt le corps de son père
à Brousse , oùctaient les tombeaux de
ses ancêtres , et Tétiblit souverain
tributaire de la Turquie d'Asie. Quel-
3ues jours après, Tamerlan eut la
ouleiir de perdre son petit-fils , son
héritier présomptif, Monammed-Sul-
than^ prince déjà célèbre par ses
talents et ses exploits, qui mourut à
Cara-Hissar,dans sa vingt-neuvième
année. lia cour et Tarmcc partagè-
rent le deuil de Tempereur. On brisa
le tambour d'airain du jeune mirza ,
et l'on ne monta ni chevaux, blancs
ni gris. I/arrivée d'une ambassade du
sulthan d'Écypte , qui se reconnais-
sait vassal de Timour , avait séché
ses larmes. La vue des de!ix enfants
de sou petit-iils les lit couler de nou-
veau, sans exciter toutefois, dans
son amc , aucun remords sur lès
maux dont il avait affligé l'huma-
nité, aucuns mouvements de pitié sur
les innombrables familles qu'il avait
privées de leurs pères ou de leurs en-
fants. Maître de l'Asie - Mineure ,
vainqueur des Turkomans et des
Tarlares noirs, qu'il incorpora dans
son année , Tamerlan donne à son
petit-fils Abou-Bekr, le gouvernc-
niful de Baghdad , le charge de re-
bâtir cette ville, et rentre en Géorgie,
pour punir le roi George qui , au
lieu do se rondreai personne au camp
impérial , y avait envoyé son frère
(^.onstantin. Dos flots de sang coulent
cncoïc dans ce malheureux pays.
TAM
Les églises, les monastères , sont ra-
vcrsés ; sept cents villages sont niinn.
Enfin Tamerlan paraît las de tuer H
de détruire : il accorde la paix an ni
de Géorgie, moyennant un tribut
annuel. Il fait rebâtir Baïlacan^jTÎIk
depuis lonç-temps abandonnée , et va
passer l'hiver à Carabagh ayec sca
armée, sons des cabanes de paîKr.
11 y reçoit les hommages et les o
pliments de condoléance de plusî
princes, et de l'imam Berekê,
ami , dont la mort renouvelle Uenldc
ses douleors. Après avoir traTcné
l'Araxe et donnd au mîrza Omar.
son petit-fils , l'investiture de b
Perse occidentale , et des autres pro-
vinces qui avaient formé autrm
l'empire de Houlagon , il arriTe,a
moharrem 807 ( juillet t4o4)«
dans sa résidence impériale , qu'il
avait quittée depuis sept ans ; il 7
visite les mosquées , les ooUœes , m
hôpitaux bâtis pendant son aEscnce,
donne des audiences piiUiqncs où kms
ses sujets sont admis à lui pràoUfî
leurs requêtes et leurs plamlcs, et
fait pendre deux magistrats conm-
sionnaires. Il reçoit une mmveHeaa-
bassade du roi de Gasiille qui, entre
autres présents , lui envoyait ta
tapissenes à personnages , aiprtl
desquels les chefs-d'œuvre dn pcia-
tre Many auraient para difbhiMi*
( Fqy. Manès). Il employa lespbs
habiles ouvriers de la Perse cl oc h
Syrie , a la construction d*mi magv-
fiqiie palais dont les mors înlârÎMn
furent revêtus de cnoankpies et de
porcelaine. Rien ne manquait ii h
gloire et à la prospérité de Timov:
en Egypte et dans la plus gmèt
partie de l'Asie ^ son nom, craint cC
respecté, était gravé snr les aoa-
nnies , préconisé dans les mosqnées.
Mais depuis long-temps il médilaîtane
conquête plus importante, celle delà
TAM
sur laquelle il élevait des prc-
s comme allie' à la famille de
yz-khan, dont les descendants
ieut été chasses en i3(i8 ( F,
-woii ). Deux ambassades
vait envoyées au fondateur
ynastie des Ming, en i388
> , le tribut ou plutôt les pré-
: chevaux et de chameaux qu'il
iflrir , et même une lettre dont
ive la traduction dans le tome
j Mémoires sur les Chinois ,
le style louangeur, soumis et
ueux contraste singulièrement
) ton habituel et la brillante
1 du monaraue tarlare; ne
t être rcgaraés que comme
atagèmcs dont il usa pour
r la défiance de l'empereur
Chine , sur ses projets ul-
». Mais il avait besoin de
îr les chefs ta r tares , qui ,
expédition précédente, avaient
né des mécontentements. Il
ua. donc une dicte générale ,
•uvrit par des fctcs magnifi-
auxquelles donnèrent lieu les
ie six des mirzas ses petits-
es durèrent deux mois en tiers,
admit les ambassadeurs d'É-
et de Castille. Lorsqu'il eut ,
moyen , disposé favorable
les émirs à seconder ses pro-
ies harangua, et affectant une
e douleur a'avoir répandu tant
musulman , il exhorta ses guer-
oupablesdu même délit, à l'ex-
allant se purifier dans le sang
inois idolâtres , et en élevant
squées sur les ruines de leurs
s. Son enthousiasme entraîna
rs : on mit la plus graude.ac-
ux préparatifs ; ou forma un
ie deux cent mille cavaliers
, commandés par les chefs les
ibiles ; et l'ardeur fut si gran-
on n'a (tendit pas le prjn-
TAM 479
temps (5). Le a3 djoumadi i*^»". 807
( 27 nov. i4o4)) Tamcrian sortit
pour la dernière fois de Samarkand y
où il avait pris à peine cinq mois de
repos. La terre était couverte de neige.
Plusieurs de ses chevaux et de ses sol
dats périrent de froid. Il ne laissa pas
de continuer sa marche, traversa le
Sihoun sur la glace, et arriva , le
12 redjeb , à Otrar. De sinistres
présages annoncèrent sa fin pro-
chaine. Une (lèvre violente l'obligea
de s'arrêter dans cette ville , et il y
mourut le 17 chaban 807 (18 février
i4o5 ) , âgé de soixante - onze ans
(soixante-neuf années solaires] , après
en avoir régne trente-six. Tamerlan
n'avait eu que quatre fils , dont les
deux aînés, Gallth-eddyn Moham-
med Djihanghir , et Moezz-eddyn
Omar - Cheikh , moururent avant
lui. Mohammcd-Sulthan , l'aîné des
deux fils du pacmier , étant mort
aussi ; ce fut le puîné , Pir Moham •
med Djihanghir^que son aïeul, avant
d'expirer , déclara héritier de l'em-
pire , dont il avait démembré pré-
cédemment plusieurs vastes provin-
ces, pour en former des aj)anages
en faveur de Chah-Rokb, le plus
jeune de ses fils , et des enfants de
ses fils Omar-Cheikh et Moezz-eddyn
Miran-Chah.ll montra beaucoup de
résignation et de piété dans ses der-
niers moments , donna de sages avis
aux princes de sa famille qui étaient
auprès de lui, et regretta de ne pouvoir
embrasser le mirza Chah-Rokh. A
sa mort, il laissa trente-six fib»
(5) Le bruit d« c« formidable Mrmament ëlsit
fiarveua à la Chine , uîi le succMMiir de l'empr-
leur Houng-woa avait prit toute* les inerares néce»*
•aires de défense , lomqu'il t apprit la mort de Ta-
merlan. Il ne laissa pas d'envoyer, deux an* après,
un sceau , de Pargetit et des soieries qu'il lit offrir
Mir le tombeau du conquérant, comme un témoi-
gnage de «a coii»idération pour le gendre cii's Vurn ;
et cependant le monarque chinoi» ^tait le (ils du
prince qui avait chas>ê cette dyi)aslie uiougole.
H9o
TAM
pclits-fils et arrière petits - fils vi-
vants , aiusi ([uc dix-sept princes-
ces : mais cetlc nombreuse postérité,
loin de contribuer à radermissemcnt
de la ])uissance qu'il avait fondée ,
fut la principale cause de sa ruine.
I^a vaste monarchie de Tamerlan
eut le sort de tous les empires éta-
blis par la violence et Tinjustice.
Son testament ne fut pas respec-
te'. L'ambition arma ses petits-lils
et sc^ principaux capitaines les
uns contre les autres. Le mirza Kha-
lil disputa le trône à son cousin Pir-
Mohammed-Djihangliir, qui périt à
Balkh par la main d'un traître. Les
contrées, subjuguées par Timour,à
l'ouest du Tigre, au nord de l'Araxe,
au sud et à l'est diffSilioun, recou-
vrèrent leur indépendance ( F". G ar a-
YousouF, MiR an-Chah, et ausuppl.
ÂHMED-DjELAin ). Mais la sagesse et
les vertus paciiiquesde soniils Cliali-
RokL retinrent encore pour un siècle,
sous la domination des Timourides ,
la Perse entière , la Transoxanc et
les provinces septentrionales de Tin-
doustan ( Foy. Cuah-Rokh , Vil ,
et aux suppl. ). Eniin , lorsque de
nouvelles aissentions , survenues en-
tre les successeurs de ce dernier
prince ( Voyez 0 u l o u g h-B e i g ,
Mouammed-Mirza et âdou-Said ) ,
curent facilité auxTurkomans et aux
Ousl)eks {Voy, Ouzoun - Haç.an et
ScuAiBEK ) les moyens d'enlever la
Perse et la Transoxane aux descen-
dants de ïamerlan ; un de ceux-ci
pénétra plus avant dans l'Inde, et y
fonda l'empire Moghol ou Mongol ,
ainsi nommcdc la nation à laquelle ap-
partenaitson fondateur (/'^ Bauour);
empirequi , aprèsavoir subsiste deux
siècles avec gloiri» (Voy. Akhbar et
Aureng-Zeib), a dcchu rapidement
de nos jours ( Vo^'. Mouammed Xlïl
et XIV ; et Cbau-Alem), et n'existe
TAM
plus que dans nn fantôme de souTf-
rain qui siège encore siu* un troue à
Dehly , protège et pensionné par ks
Anglais. S'il faut en cMiire les hûto-
riens persans qui ont parlé de Ta-
merlan , ce prince fut le modèle des
rois et des conquérants; et nol n'é-
gala son courage, ses talents, sei
vei-tus et ses exploits. Ceux qui ne
lui font pas un mérite de ses cnua-
tcs , croient que Dieu les lui a pdu*-
données avant sa mort. Un anteor
arabe , qui , seul , semble s'être atta-
ché à le décrier , nous en a tracé
néanmoins le portrait suivant : Ti-
mour avait la taille haute , la t^
grosse, le front grand, le teint bLoc
et jcoloré , la physionomie onverte ,
les traits réguliers , la barbe long*,
la voix forte et claire. Il était deifB
accidentellement boiteux et mandiot
du cote droit. Il joignait à bcaneoup
de fermeté d'esprit , une constance
inébranlable , une grande (tàiéln-
tion , un jugement sain, et une ^lîl^
d'à me qui ne se démentit jamais.
Sobre , actif , intrépide , vig»*
lant , robuste , infatigable , 3 dà»
tait le mensonge; il estimait'b In-
voure comme la qualité lapluieMa-
tielle , la récompensait UbéFakncBt
dans ses soldats; et comme 3 hv
donnait lui-même rescmple dn en-
rage , il savait à-la-fois s'en lut
craindre, aimer et respecter. Le wè-
mo historien lui reproche d^avair
préféré le code de DjenghyxKhiaà
a loi de Mahomet. Le père Catrw
croit (fue Tamerlan penchait pov
le christianisme; d'iierbelot peofe
qu'il favorisait l'islamisme ; et Vol-
taire avance qu'il admettait la tolé-
rance universelle pour tontes ks R-
ligions. Ces diverses opinions soal
pins on moins erronées. Tinonr
suivait le code civil et luilitaiie de
Djcnghyz-khan, auquel il ne panit
i:
TAM
bit de notables change-
on ne peut douter qu'il
itablement soumis à la
Boran , puîs^'il l'intro-
ses états, suivant une
fils Cbah-Rokli à l'em-
I Chine (6). Cependant
irait la secte d'Aly ou des
{u'il faisait la guerre &u
Tempire Othoman et au
gypte , qui professaient
usulmaues orthodoxes ;
où Ton était alors en
les mœurs , les usaces et
de rOricDt , et qudques
lamerlan avec des prin-
s y relations où la politi-
lëre plus de part que la
ent croire qu'un monar-
montrait l'ennemi des
î , devait être l'ami , le
.u christianisme. Le seul
cruautés en Géorgie eût
ntraire, dans un siècle où
le communication entre
cuples auraient été plus
lour affectait même un
onr l'islamisme , une at-
puleuse à en observer les
était toujours entouré de
noliahs^ visitait les saints
, les pieux solitaires, etté-
rtout beaucoup de respect
nistres de la religion et
cendauts du prophète. Il
L jamais, à la veille d'un
ordonner des prières pu-
il passait lui-même pres^
I de Chalt-Rokh ne doit pas ^e
mrat à la lettre. Arant Taraerlan ,
Mongols , tant du Kaptcfaak et de
a Diagataî , ayant emoraMé l'isla-
t introduit dans leurs états. Mais
que tous leurs sajeta n'avaient pas
pie , et que ce ne fut qa'aprjn la
rois empires sous la puissance de
le raabométismc fut grn«=mleuieBt
abli parmi les Tarlarcs Mongol* , à
cnv qui, rhnssô deja Chine, con-
ter les conlrm toitines.
LLIV.
TPAM 1|8i
que tonte la nuit en oraisons et en
méditation , la face prosternée contre
terre, dans un-com de sa tente.
C'est à sa conduite exemplaire , c'est
à sa . réjçutation de .samteté. que
lesbistoriens nmsnhnans attriDnent
ses triomphes sur Bajazet j dont
la momie et la religion étaient fort
relâchées. Des prédictions favora-
bles annonçaient ordinairement les^
entreprises de Timour. Soit qa*il
eût la faiblesse de croire aux sciences
occultes ^ soit qn'il feignît d'y a^u-
ter foi, il semblait attacher beau «
eoup d'importance à ces prophéties •
au'u jufieaitutilesàraecomphssement
ae ses desseins. On le regardait et il
se regardait probablement lm<4n£me
comme un mstrument dont Dieu se
servait pour châtier les tyrans y les
princes mjustes, et lesnations Musul-
manes qui s'abandonnaient k la dis-
solution et à l'impiété. On l'appdait
Mùueyà mm - ôÛTt^^a^ ( l'invisible
par la grâoe de Dieu ). On disait
qu'une lumière céleste se reposait sur
w% épaules , lorsqu'il 'livrait bataille
à ses ennemis. Aussi ses entreprises
Sassaient-elles pour des inspirations
'en haut , et ses actes d'inhumanité
pour des décrets de la Providence.
Il n'est donc pas étonnant qn'imbu
ds ces idées, Timour y à l'exemple
de Djengbyz-Khan , ait aspiré à k
monaixbie universelle : c'était^ son
unique passion. La terre , disait-il y
ne doU avmr qu!un maître , comme
il n'jr a qu'un Dieu dans le ciel: et
qu'est-ce que la terre Offee tous
ses habitants pour Vamèition tTun
grand prince ? Il était intimeBient
{>ersuaaé ^e des états déchirés par
es dissensions intestines^ des peuples
écraaés par un gouvernement oppres-
sif^ ne pouvaient être heureux ^'en
passant sous* sa domination. Mais les
obstacles^ la râistonOe irritèrent ton
5i
482 TÂM
caractère naturellement irascible , et
le rendirent cruel. Tel fut le principe
de son insatiable ambition ; telles fu-
rent les causes de ses continuelles et
sanglantes guerres, de ses longues dé-
vastations , de ses massacres épou-
vantables. Il faut en conclure que si
Tamerlan fut un grand guerrier , un
conquérant fameux , il fut aussi un
très-mauvais roi ; car il est douteux
que le but qu'il se proposait ait été'
souvent atteint. Son gouvernement ,
à la vérité, était ferme et vigoureux;
mais son plan d'administration fut
vicieux. Les divers commandants
qu'il établissait dans les pays con-
Suis, étaient en même temps oHîciers
e justice et receveurs des deniers
Sublics. Cette étrange cumulation
onnait lieu aux abus les plus criants.
Tamerlan croyait y obvier en pla-
çant auprès de chacun de ces fonc-
tionnaires un kotoul ou successeur ,
qui n'en était véritablement que l'es-
pion et le délateur. Mais un pareil
système de politique , en instruisant
le souverain de tout ce qui se passait
dans ses états ^ devait l'exposer à
commettre un grand nombre d'injus-
tices. Il les ré})arait souvent par sa
sévérité : il eût mieux valu les em-
pêcher par sa prévoyance. Le mal
était cependant moins grand qu'il ne
l'aurait été sous un prince moins
éclairé. Quels désordres d'ailleurs ne
devait pas entraîner son excessive
libéralité pour les braves ^ lorsqu'il
accordait , à eux et à leurs descen-
dants jusqu'à la septième génération,
le singulier et dangereux privilège de
ne pouvoir être poursuivis pour au-
cun crime, à moins de l'avoir commis
neuffoisPTimournejoignaitdoncpas,
au talent de subjuguer les hommes,
comme le dit son panégyriste, Tart
de les rendre heureux : eflroi de ses
ennemis ^ idole de ses soldats , on
TÂM
peut douter qu'il ait été le père de
ses peuples. Toutefois ^ il transporta
dans la Traasoxane les trcfsors de la
Perse, de l'IiidoustaD , de la Syrie et
de l'Asie-Mineure. Samarkand , où
il tenait une cour brilla nte, fut, sou
son règne , la ville la plus florissantr
de l'Orient. Il y attirait les savants,
les gens de lettres , tes artistes ks
plus célèbres. Il leur accordait cnr
eénéreuse protection , s'entreteotit
familièrement avec les premiers , et
employait les seconds aux embellisBe-
ments de sa capitale et de la ville de
Kesch, où il était né. Mais borsdr
la Transoxanc, ou ne cite que lo
places et les monuments qu'il a it-
truits , et fort peu de ceux qu'il a fon-
dés. Les Tartares même de eeCte con-
trée y qu'il enrichit pour la iptraAn
fois , sont bientôt après devcnns aussi
{)auvres^'auparavant. Timov, im
a vie privée , n'était plus le broacke
conquérant <, le fléau de llnrnuBité;
il déposait l'orgueil du trône ^ et se
montrait sensible à l'amitiëy à la re-
connaissance , à tous les. satDicBts
de la nature. Constant dans ses affec-
tions , il conserva la plupart de ses
ministres , de ses capitaines, jvqn'à
leur mort y et transmît k leurs ci*
fants les charges et les dioiitn dont
ils avaient été revêtus. Il ne pa-
raît pas qu'abusant des délices ôi
harem , il y ait rasscmbkf ce wmi
nombre de concubines, qui fome
une partie du faste des monaïqMS
de l'Orient. 11 avait quelques éponso
légitimes, toutes filles de rois m
de grands seigneurs. L'une d'dks,
selon les auteurs chinois , avait pour
père le dernier empereur de la Qii-
ne , de la dynastie mongole on des
Yuen» Il leur témoignait des ^puds,
de la confiance ^ et les laissait
jouir de beaucoup de liberté, de
considération et de crédit. Jamais
TAM
les plaisirs ne le détoiirDaient de ses
devoir» Union prince, disait-il,
n'a jamais assez de temps pour ré-
gner et pour travailler au bonheur
des sujets que h* Tout -puissant lui a
confiés comme un dépôt sacré.
J'en ferai ma principale occupa-
tion ^ pour (pi au jour du jugement
dernier , les pauvres ne tirent pas
le pan de ma robe , en criant ven-
geance contre moi. 11 ne connaissait
a autres délassements que la chasse
et le je:i d'échecs , qu'il avait per-
fectionne et compliqué , afin de se re-
présenter plus iidèleraent les évolu-
tions dos soldats, et d'occuper son
esprit d'une manière plas intéressau-
tc et plus conforme à sa passion do-
minante. 11 ne voulait pomt qu'on se
permit en sa présence des bouffon-
neries triviales , ni qu'on s'entretînt
de brigandages , de meurtres et de
viols ; mais il aimait à entendre la
vérité , et n'était point eimemi de la
bonne plaisanterie. Un jour qu'il
était au bain avec plusieurs seigneurs,
il proposa pour divertissement d'es-
timer ce que valait chacun des assis-
tants. Un poctp (Ahmed Kermaui , ou
Baba Sa wdai) qui se trouvait au nom-
bre des courtisans, fut chargé du rôle
d'appréciateur, dont il s'acquitta avec
beaucoup d'esprit. Et moi, dit Ta-
merla n , combien m' estimerais-tu? —
Trente-cinq aspres, répondit le pri-
scur. Comment! reprit le monar-
que, c'est ce que vaut la serviette
que j'ai autour de moi, — C'est
aussi à cause de la serviette , répli-
qua le poète, que je vous ai mis à
ce prix. Loin de s'olï'enser de cette
>lais:«nteric. Ta merlan fit au rail-
eur un ])résent considérable. La
plupart des priucrs de l'Orient cul-
tivent la poésie ; Timour ne leur res^
semblait pas. Dans sa première ex-
pédition contre Ikghdad , ii reçut
}:
TAM 483
une pièce de vers que le sulthao
Ahmed-Djelaïr lui adressa pour le
délounier de son entreprise. Pldi à
Dieu , s'écria-t-il , que j'eusse ap»
pris à composer des vers , pour ré-
pondre sur le même ton au suUhan
de Baglidad! 11 fut obli|;é de char-
ger de sa réponse son fils Miran-chah.
Le sceau et les monnaies de ce conqué-
rant portaient trois cercles rangés
ainsi «o» , avec cette devise : Rasti
Rusti ( vérité , salut ). La devise a
quelque rapport avec le 38*. verset
de l'évaugile selon saint Jean : quant
aux trois cerclcs,ilsne pouvaient sienî-
fier , comme on l'a dit , que Tamenan
étiit maître des trois parties du mon-
de, puisqu'il ne possédait pas même
l'Asie entière; mais plutôt que sa
domination s'étendait sur trois cli-
mats (6). Le corps de Timour, em-
baume, renfermé dans un cercueil
d'e'bène, avait été inhumé à- Samar-
kand , sous un dôme magnifique ,
dans le même tombeau que Timam
Bereké, suivant ses intentions, afin^
disait-il , qu'au jour du jugement ,
mes .mains suppliantes implorant
l'assistance d'un intercesseur y puis-
sent tenir la robe de cet enfant
du prophète. Trois siècles après ,
cette sépulture fut violée par un au-
tre conquérant plus avide , aussi
' cruel , mais moms célèbre , moins
habile , et surtout moins pieux. Na-
dir-Chah , roi de Perse , se trouvant
à Bokhara , et ayant su que. la ]lier-
re sépulcrale de Timour passait pour
un objet curieux (7) , ordonna ae la
(6) Lm i^éugraphn oriinilaui dirûtoA )« terre en
nrpt i-liniAlM on lonos qui f 'rfpudent du nord «u sud.
L rmpire de Tutorrlan pouvait bien canprmdrr la
^ilus Ki'and^' partir d<'» n'irions ailuees en Afie, »oas
ef^ 3*. , 4*. *t S*, eliinafs.
(7) Suivant Alidool-Kerym {yorifiede VlmAr à
In Mekkr, traduit par Laiigir* , io-i8. pnKR4^)»
on prrlmd qnc c'était nn bi'v.oard, matière que
ïrt oriculaux ra-'f^ent an nombi^ de* pierre* prc-
rteu»eii ( f'oj. TkiFA^CHY ) : c'était peul-»'trr une
table lurmée d'an frMud noMbre de be»uar«U.
3i...
m
TAM
transporter à Mcschchd, avec ha
portes d'airain du colle'gc annexé an
tombeau : mais en la levant on la cassa
en quatre morceaux, que Nadir fit ren-
voyer à Samarkand {F, Nadir). La
vie de Tamerlan a exerce la plume
^e plusieurs écrivains. L'histojre la
plus complète et la plus exacte de
cet homme extraordinaire , quoique
commandée par un de ses petit-fils ,
est celle que Cheryf-eddyu Aly de
Yezd a écrite eu persan , sous le titre
de Zafar ou Dhafer-Nameh ( le livre
de la victoire ) , et dont la traduction
française , par Fr. Petis de La Croix,
est intitulée : Histoire de Tiniur
Bec, etc. On ne peut reprocher à
l'auteur pei-san , que d'avoir conti-
nuellement encensé son héros , et
d'avoir loué jusqu'à ses cruautés et
ses violations du droit des gens ( F.
Cherif-eddyn et Petis de la Croix).
Celte histoire a été copiée et abré-
gée par Mir-Khond , Khondemir et
les autres historiens persans. Celle
qu'Ahmed ibn AralvChah a dounée
en arabe , ne mérite pas le même re-
proche. Syrien, et sujet du sulthau
d'Éçypte , l'auteur n'a vu dans Ta-
merlan qu'un ennemi , qu'un héréti-
que , que le dévastateur de sa patrie ,
l'incendiaire de Damas: et dans son
fh\e religieux et patriotique , il ne le
traite que de monstre , de tyran , de
fléau au genre humain, et semble
S rendre à tâche de l'avilir et de le
éerier. Si son emportement est
louable', sa véracité ne peut cire
que suspecte. Cet ouvrage a été mis
en français, par Vattier, sous ce
titre : Histoire du grand Tanter-
lan , traduite de l'arabe , du fils de
Gueraspe , Paris , iG58 , in-4**. , et
par Manger, en latin ( Fqx* Abab-
CHAH).Nezmy Zadeh Efcndy a écrit
en turc une Histoire de Timour ,im-
primée à Coostantinoplc, ou 17^5,
T4M
sous le titre de Tarikk^Timaur.
Quoique ce soit une version de l'ou-
• vraçe précédent, elle doit être im-
partiale , à en juger par une histoi-
re de Baghdady où cet auteur , dans
le peu qu'il dit du conquérant tartarr
et de Bayazid, rapporte la maladie
et la mort du smtlian , sans faire
mention de la cage de 1er ( Fqjr,
Nezmt ). Le poète persan Ahmisl
Kermani, est auteur d'une histove
de Timour , en vers , intitulée ; Tt-
mour-Namèh. On a publié une cov-
te histçire de Tamerlan, sous œ ti-
tre : Magni Tamerlani Sçythêmim
imperatoris Fita j à Pctro Penih
dino Pratenseconscripta, Florentîae,
1 553 , in-8<>. de 54 pag. H existe m
espagnol : Historia delgran Tamer-
lan^y relacion delviage jr/amamuh
on de la ambaxada que Gimze^z
le hizOyttc.y&ï Sevilla, i58ayin-faL;
rare et curieuse, h^ Histoire duercni
TamerlaneSjOÙsont décriiestesm-
contres , batailles , etc. , dsawU son
règne de/^o àSo ans , tirée âesmo-
numents antiques des Arabes, pr
Jean du Bec , abbé de Mortenwr et
de Ponterou, Lyon, 1602, i»^.,
est un ouvrage apocryphe , «fijo^ae
l'auteur cite un prétendu Al naon,
dont il dit avoir fait Iradnire le ma-
nuscrit pendant ses voyages an L^
vant.On a aussi : Timur, vnigb Ta-
merlanes, par J. H. Boeder, Stras-
bourg, 1657 , in-4^. ; Porinii du
grand Tamerlan , traduit par Vat-
tier, Paris , i658, i&-4®. oainctvoB
a donné une Histoire du grand Ta-
merlan , traduite sur les origiaauz ,
Paris , i6'77, in-ia. C'est un tissu de
fables et danacLrooismes. L'auteur j
suppose que Timour a conquis la Chi-
ne et l'Egypte , qu'il nrot^eait les
Chrétiens , etc. EnGn, le P. Btsmt^
jésuite , a publié VHistoire de Ta-
merlan, empereur des ITofolv, et
TAM
conquérant de l'Asie, Paris, 1759^
•2 vol. iu- 12. Cet ouvrage, générale-
ment mieux écrit , et plus exact que
le préccdent, est annonce comme
le re'sume' des histoires de Cherif-
cddyu etd'Ibn Arab-Chah, que l'au-
teur paraît avoir eu rintcntion
de concilier : mais il contient aussi
im grand nombre de méprises , et
même des épisodes romanesques évi-
demment controuvés , tels que la
conspiration et la mort de Mirza-
Omar-Cheikh , faussement accusé par
une sultbane dont le supplice expia
le crime; le mariage de Miran-Gbah
avec une prétendue régente du royau-
me d'Hormuz ; le couronnement de
Pir - Mohammed Djihanghir à Gol-
coude et à Dehly, etc. On s'aperçoit,
d'ailleurs , que le P. Margat est ab-
solument étranger au sujet et à la
matière qu'il traite. On crut même,
dans le temps , que l'auteur avait eu
l'intention d'y caractériser des traits
et des personnages du règne de Louis
XV , ce qui causa beaucoup de bruit
et lit mettre le livre à l'index. On at-
tribue à Tamerlan un Traité de po-
L'tique et de tactique, écrit en langue
mongole , et adressé par lui à ses en-
fants , comme une sorte de testament.
Ke titre de Mémoires conviendrait
mieux à cet ouvrage , où les motifs
et le récit des principales actions de
sa vie se trouvent mêlés à des règles
qu'il trace poqr l'administration de
ses vastes états. On y remarque de
sages maximes que sa conduite a trop
souvent démenties. Il a été traduit
en persan par Abou-Thalebal-Hocei-
ny. Celte version , dont le manuscrit
est la seule preuve existante du livre
de Timour, a été publiée en 1783,
avec des notes , par M. White ; et
M. Davy y a jomt une traduction
anglaise. C'est d'après ces deux ver-
sions que feu Langlès a donné les
TAM 485
Instituts politiques et miliUUres de
Tamerlan, avec une "Vie de ce con-
quérant, despotes et des Tables his-
toriques et géographiques , Paris,
1787 , in -80. Quoique l'authenticité
de l'origine première de cet ouvrage
ne nous semble pas suffisamment
constatée, nous sommes assez portés
à croire que Timour peut bien en être
l'auteur. On y reconnaît le style sec,
dur et impéri«ix d'un despote de
l'Orient. Un autre fait, qui vient à
l'appui de notre opinion , c'est que
deux empereurs de l'Indoustan , is-
sus de Tamerlan, ont écrit, et sans
doute à son exemple , des Com-
mentaires ou Mémoires ( Foqt, Ba-
BOUR et Akjbbar). Il existe , aux ar-
chives du royaume , une Lettre de
Tamerlan , écrite en persan et adres-
sée à Charles VI, roi de France. M.
Silvestre de Sacy , dans un Mémoire
lu à l'Institut , le 3 juillet 181:1 , a
reconnu que cette pièce porte tous
les caractères d'autheotieite , malgré
la simplicité du style et des formes
extérieures , malgré la nécligence
de l'écriture et l'absence de tous
les ornements employés dans les
correspondances des monarques de
l'Orient : mais ce savant a démontre
que la traduction latinede cette pièce
est l'ouvrage d'un missionDaire( Jean,
archevêque de Sulthauieh , de l'or-
dre des frères prêcheurs), qui, étant
porteur de la lettre , y fît des ana-
chronismes et des interpolations,
afin de s'attirer plus de considéra-
tion et de donner plus d'importance
à la mission dont il se disait chargé;
que cette mission , dont les chroni
ques du temps ont parlé comme d'u-
ne véritable ambassade, n'avait pour
objet ni la politiqne ni la religion, et
se boniait à une lettre de recomman-
dation sollicitée par celui qui en était
porteur; enfin que la traduction latine
486 TAM
d'une Lettre du mirza Miran-Ghah ,
iointe aux deux autres pii'ces , mé-
rite sans doute les mêmes repro-
ches; mais que rarchcvéque Jean
en garda probablement l'oiiginal
persan , pour s'en faire un titre a'in-
ti'oduction dans quelque autre cour
de TEiu-ope (8). I^e be'ros tartarc
aurait dû exercer la verve des poè-
tes dramatiques ; cependant nous ne
coimaissons que Mark>o, qui ait don-
ne' en anglais une tragédie du Grand
Tamerlan , ou le Bercer scjrthe ,
fondée sur l'opinion que l'on avait
alors de l'origine de ce conquérant.
En France, Pradon Ta mis en scè-
ne dans sa tragédie de Tamer-
lan^ ou la Mort de Bajazet , le
moins mauvais de ses ouvrages après
Régulas. Ce sujet a (;té traité aussi
sous le titre de Bajazet /'''". par le
chevalier Paccaroni. Tamerlan ,
opéra en quatre actes , par Morel ,
musique de Winter, a été représenté
à rAc.jdcmie royale de musique, en
i8o'j, et remis sur le même théâtre
en i8l5. A — t.
TA MI M ou Temym , sixième
prince de la dynastie des Ze'irides ,
Badisides ou Sanhadjides , fut le
successoiir de son père Moezz , Tan
453 de rhég. ( 1061 de J.-C. ),
sur le trône de l'Afrique , ébranlé
par l'invaiion des Arabes ( f^ojy,
Moezz ) et par l'insubordination
des grands, qui avaient plongé l'état
dans l'anarchie. Tamim soumit les
(f»') L'auliMii- Ar rel article a rcrurilli aux archi-
\r^ tlu iiiiiiUli-ri> df« niliiiro i lraii|;iTcs, ^■{ tbii»
divfr*e«i r<-l»lioii«» dr vu\aj;i's, |»luj»imi> eiriiiplr*
{tarrils d'iiii|>i>sliiifs 4li|ilumuliqiie» , roinuiikp*
5 MI- ce* iiilri;.'aiilk, ipii s'cri^fMiciit i:ii ambuNSM-
Inir^ tlMt* dinV-rniti-* coins dci'A<ic . Irnil i>nHr
latitfairu uji«* vHiiic ^lui-iolv, «lue [mur jniiir di}
l'indfunilf'iittaclM-r nu lilie «jii'ils nMiri)Rieiit. L<*M
lomicre» ijue rLuropc doiL aux jiroKrrv de l'alud*
des luDguea iirimtule.i. l'fiidrnt iuipussililm aa'|our-
d'hui ce4 hontrtitev iu|><'rrki'rii-k. IjB IrtiJucUcm
chÏDUÎM! de la Letire lie Taujrrian à lj'eui|>crcur
' Houhr-Wou, titi'c, |»agr '|7n, ci-dr«»u», diftere
Ei!ut-«lrc «ncore plu» d« rongimil que la Tcnion
itiuc de M letlri- à Charlra VI.
TAM
villes de Safacas et de Sous; mais
pour réduire Naser ou Nasrowia, qui
s'était emparé de Tunis et de Kai-
ro wan , il eut recours À l'une des deux
tribus arabes qui dérastaieut l'Afri-
que ; et il dut la victoire aux troupes
qu'il en reçut, non moins qu'à la dé-
fection de l'autre tribu , nui abandon-
na les étendards du rebelle le jour de
la bataille. Les drapeaux et les tam-
bours des vaincus furent , pour Ta-
mim , l'unique fruit d'une Yictoire ^m
augmenta la puissance de ses enne-
mis. II parvint néanmoins à rétablir
ses affaires , et reprit Tunb et Kai-
ro^van, l'an 4^8 ( 1066). Quelque
temps après , il envoya une flotte et
une armée en Sicile y sous les ordres
de sts fils Ayoub et Afy, pour s*«»-
poser aux progrès des Normaiids. Ils
débarquèrent, l'un k Palerme, Tan-
tre à Girgenti ( Agrigente ) , où ib
réunirent leurs forces. L'alcaïde Aly
Ibn Nimat , l'un des plus puissants
émirs de Sicile^ jaloux des deuxfr^
res , voidut les forcer de remettre à
la voile, et leur livra bataille; il fol
tué, et Ayoub fut proclaméémîr : mais
les soldats africains ayant sans cesse
des querelles avec les nfusulmaus dn
pays , Ayoub et son frère , l'an 484
( 1 068-9 ) , évacuèrent la SicÔe ,
qui resta au pouvoir des Francs , à
l'exception d Enna et de Girgenti^
qu'ils ne prirent que plusieurs amiëes
après. Un nouveau rebelle « repoussé
de Mahdyah, qu'il assi^eait Tan
466 ( 1078), alla s'emparer deKaï-
rowan , que Tamim reprit aussitôt.
L'an 481 ( 1088), les Grecs et les
Chrétiens de Sicile, avec une flotte
de quatre cents voiles, abordèrent
dans J'île de Coussira (i), la mirent
à feu et à sang , et. allèrent prendre
(i^ Aujuurd'bui Paatalarâ , «t mm pai 4hm J'V>
de Corse, cobuim TobI dit 4» G«ifaM tl
duUDC.
TAM
2awila en Afrique, Tamim,
las de forces dis(>oiiibles k
ser , acheta la paix au poids
k rendirent la Tille, et se
lërent. Vers ce même temps,
arrive' en Afrique, à la aie
ipe d'aventuriers , s'empara
i, dont il ne fut chassé qu'an
plusieurs années. L'ao 489
Tamim reprit la ville de
ont son frère Amrou s'était
ître. Deux ans après , il re*
sur les Siciliens , les îles de
le Kerkeni {1). Après avoir
encore Tunis et Safacas, oc-
de nouveaux rebelles , ilpa-
ramim jouit eniîn des dou-
repos et de la paix pendant
ères années de son règne,
duré environ quarante-sept
lounit en redjeb 5oi (fe*
S), à l'âge de soixante-dix-
prince recommandable par
âge, sa libéralité, sa clé-
i justice, autant que par b
de son esprit et par son ta-
la poésie. Il laissa soixante
uarante iUs. Il eut pour suc-
ahia, l'un de ceux-ci, dont
(Us , dépouillé de tous 5^
: Roger , roi de Sicile , fut
r prince de la dynastie des
( r. Haçan al Sanhadjy,
ément ;. A — t.
Ml ( Aboxj-ThaherMobaii-
s de Yousouf de Sarasosse ,
à Cordoue un Recueil decin-
ecamaty ou Discours acadé'
à rimitation de ceux du céle-
ri : il en existait un cxem-
la bibliothèque du Vatican ,
s manuscrits de Pierre Du-
il y est retourné , après
é quelques années à la bi-
le royale de Paris. Voy. la
D piu Ilarba ri Mu(>r(|up, c(»cnia« !'•
lies.
TAM 489
BibL at. d'Assemani, toiÉ. 1 , put.
588 et le Cotai, des nuuu duMSU
à la bibL du Fatiemny et remus
commissaires fhmcais , bsMmé à
Lciptig , en i863 1 p. 33. M. SO-
vestre de Sacy, dans sa Ckresioméh
tkiey U III, p. 194,110118 «ppmd
que le héros de ces di8C0«nv«i
mi œruin Aboo-Habib; qœravlanr
melses récits dansla bouche de MouBr '
dAcBenH<miam;et qu'Hadii Khilfit
en faitmc&tkm.-^Unaatre'rkmiiBiiNi
Tëmimi de Maroc est anteor d'ooe
Histoire de U Mauritanie, ou dniU-
gme des MauresenEspÊmneiéi»
se trouve 4 la bibKoth. acacmiiKde
Leydé, n<> 17^* Dombaj a traonit
de l'arabe en allemand, une Hftf-
Udre anonyme des reis Maures {F^
DOMBAT ). Zk
TAMMEAMEA, roi de» Oètf
Sandwich dans le Grand océan, fiit
un de ces hommes doués de k ibfoè
d'esprit cl du géiie néeessaireé mir
opérer des diangementB dtflet 4^
les habitades d'un peuple; il nehn
a auinquë que d'être né dans un ^Vf
plus vafste pour laisser mie gîÛMe
renommée. Tammeamea appurMuâf
à la race des chefs : à VéMMéthk
m^deCook (1780) il tek d^
parvenu k Vkfjt viril; sa bnmNbfe
te distinguait ; il ne prit aseoiie pàif
il ce funeste évàiement. Tenieim ,
roi d'Ovaihy, la principale tie èè
l'archipel des Sandwieti , âyutt^
quelque temps apitey mëcoéttlrte
les grands de Téut, fiitmis A Mirt
Le pouvoir suprême ftit iJUfté à
Tammeamea, qui liieDtAt col
sion d'en &ire im usage qui di
dait un homme d'un eiprilpéuéWHit.
La paix , conclue en li^i uiUthi
nations eivilisëea qrf s^élftkDt eemr
battues sur roeéan kû^ttàfpm^ allait
apporter de granda ehailgtw«li
ebw «a pevj^e à deni-iBtfftfft» M*
488 Tm
bitaot quelques îles du Graud océan
au nord de Véquateur. De nombreux
navires y profitant des indications
laissées par rimmortel Cook , sur
les profits que devait donner le com-
merce des fourrures échangées avec
les habitants de la côte nord-ouest de
rAmériquc septentrionale , et trans-
portées ensuite à la Chine y parcou-
rurent les parages situés entre les
deux contrées. Les îles Sandwich , et
notamment Ovaihy , leur oITraient
une excellente relâche pour se pour-
voir d'eau et de vivres. Plusieurs
marins dc^rtèrcnt et se fixèrent dans
ces îles. Leur conversation fit con-
cevoir à Tammeamea que la vbite
des navires des peuples civilisés
Souvait être avantageuse sous plus
'un rapport; il accueillit ces étran-
gers y et les prit sous sa protection.
])es chefs inférieurs, dont, en quel-
ques occasions , l'autorité contreba- ,
lançait la sienne ( car le gouverne-
ment de ces îles offrait des traces du
régime féodal ) , séduits par l'appât
des richesses en armes et autres ob-
jets que renfermaient les vaisseaux ^
formèrent plusieurs fois des complots
pourVen emparer et massacrer les
équipages : quelques-uns de ces cruels
desseins réussirent. Tammeamea y
qui comprenait que cette conduite
éloignerait les étrangers de son île ,
ouqu'e lie attirerait sur son peuple de
cruelles représailles , fit souvent
échouer les projets sanguinaires des
autres chefs. Ayant fini par acquérir
un pouvoir souverain , il put répon-
dre aux étraugers de leur sûreté dans
ses états. Lorsque Vancouver visita
Ovaïhy, Tammeamea, qui n'était
pas encore parvenu à ce degré d'au-
torité , pensa que , pour préserver
ion peuple des mauvais traitements
que fui avaient fait éprouver quelques
navigateurs , il convenait de se met-
TAM
tre tous la protection d'un prime
puissant. En conséquence , dans uk
des relâches du navigateur anglais,
il se reconnut, ainsi (jue son peuple ,
en février 1794> su]et du roi oeb
Grande-Bretaene. Tous les dicfs
avaient assbte à la dâibéntîoo ; il
fut convenu mie le laonsrque ctnn-
ger ne se mêlerait en rien du geu-
vernement intérieur de l'île: ainsi u
souveraineté se bornait à un droit de
protection. Cependant , pour prix de
sa soumission, Tammeamea s'était
fait construire , par les' charpcntîcn
de Vancouver, une jolie çoëiette«Ge
bâtiment devint un modelé pour s
construire de pareilles. Tanmwaaea
eut une flotilîe ; il remployi pour
conquérir d'autres lies de l'arcnipil
des Sandv^ich. Plus tard, il anM
un navire , monté en partie par des
matelots ses sujets , le cliargea de
bois de sandal et de nacre de pcrie,
et l'expédia pour Canton. Le bâti-
ment , qui était conuiandë par ua
capitaine américain , ne fat pas ad-
mis par les Chinois , parce qae ce
peuple , esclave des formalités ^ ne
connaissait pas le paTÎUon ffa se
présentait pour la première £ms. En
clfet , Tammeamea n'avait pas adop-
té la bannière britannique; il a
avait pris une particulière. Ne nei-
geant aucune occasion d'introdure
parmi son peuple les arts utiles des
peuples d'Europe > il accueillait les
artisans de tous les genres , et les
encourageait à former des élèves. II
sentait tout ce qui manquait k fcs
compatriotes , et regrettait de n'a-
voir pas les moyens ae les faire par-
venir au degré d'instruction anqnd 3
desirait les voir arriver. Du reste il
avait établi parmi eux une police
très-sévcre.On jouissait, dans les U»
Sandwich , de la mime sAreië qw
chez les peuples les plus dviliiés.
TAM
[w ces mêmes uticfis
quelquefois les cfuts de
ibles, il coc^t de rires
m 1816, loispi'ozi capi-
ricain lui racooU qoepla-
rires russes parcooraicnt
océan . et deraieut venir
andwich pour s'en empa-
aussitôt cûDStruire un fort
r^hou ; et . lorsque l'on vit
pavillon russe, il rasscm-
r de lui quatre mille hom-
les armes. Avant reconnu
l'A, commandé par M. de
, ne voyageait qu'avec des
paciliques . il le reçvt
*nt et lui fit fournir tout ce
vait besoin y disant qu*il
une vive satisfaction k
irice à une expcfdition de
es. Parmi les présents que
lui firent , les plus agréa-
lui furent deux mortiers
ertaine quantité de bom-
neamea avait , à Ovaibj ,
;ami de plusieurs pièces
} son commerce avec les
s lui avait procuré un tré-
iq cent mille piastres for-
>èces, beaucoup de mar-
et quelques navires mar-
mpIctemcDt créés : ricbes-
rojuaires, si Von considère
que de la première relâche
jver , en 1 793 , Tammea-
lui-mcme trouver ce navi-
lour échanger des bananes
3chons contre des clous,
lea mourut à Ovaïhy, au
aars 1819, après une ma-
quclqucs jours. Quand il
rocher sa fin^ il fit rassem-
ir de lui les chefs des îles
ient soumises^ et Ic^ exhor-
!nt à maintenir les institu-
ayait établies : a C'est aux
i blancs , dit-il , que nous
TAM 489
» soBBMS rcdevaUcs de tovt ce que
9 Doos avons acquis de bon. Je vous
9 invite a les rc^wctcr. eux et tout
y ce qu'ils possèdent, et à le$ laisser
> jouir paisthlfincnt de tout ce que
9 je leur ai accordé. » 11 nomma en-
suite , pour son successeur , Rîo-rio ,
s:^n fils «îné. Cependant il craignait
que ce fils ne conservât pas ce qu'il
avait établi. A Tépoque de sa mort ,
Tammeamea devait être âgé de
soixante-quinze ans. Les Russes, qui
le virent pour la dernière fois , en
1817 , lui trouvèrent l'air d'un sep-
tuagénaire. Vancouver y qui se sou-
venait de ravoir vu en 1779 > se
le rappelait comme un honmie d'une
physionomie très «farouche : il fut
aCTéablement surpris , en 1 798 ,
d observer que les années avaient
adouci la férocité des traits de ce
chef , et que sa figure annonçait de
la franchise et de la générosité. 11 eut
de fréquentes occasions de reconnaî-
tre son esprit d'ordre et sa sagesse.
Toutes ses questions étaient judicieu-
ses ; rien de ce qui était utile n'é-
chappait à SCS remarques. Tammea-
mea avait le talent de se faire obéir :
la tranquillité de ses états ne fut pas
ti'oublée pendant sa vie. Il n'avait
pu porter ses réformes sur plusieurs
usages de ses compatriotes , quoi-
qu'il en connût les vices et l'absur-
dité ; le temps lui manqua pour ef-
fectuer ses projets. On trouve des
détails sur cet homme extraordi-
naire dans les Voyages de Vancou-
ver j dans celui de M. de Kotzebue y
dans le Voyage pittoresque autour
du monde de M. Chorb, et dans
plusieurs autres relations. Son fils ^
nio-rio j venu en Angleterre ayec sa
femme, en i8a4> P<nur réclamer
l'aide du gouvernement britaimique,
ne put supporter le climat d'une île
si aifféreute de la sietme : il mourut
l9f>
TAN
après quelques mois de séjour; sa
femme était dccédcc a va ut lui. Leurs
coips ont ete' portés à Ovaïliy , par
un nâtîment anglais. Ë — s.
TANAQUIL, V, Servius-Tul-
Lius et Tarquin-lE'Superbe.
TANARA ( Vincent), ne à Bo-
logiie vers le commencement du dix-
seplième siècle, fut e'ievë à l'acade'-
mic des Ardenti ( i ) , ou del Porto ^
et passa sa jeunesse entre les travaux
de la guerre et l'amusement de la
chasse, qu'il aima passionnément.
Rien n'annonçait en lui le talent de
l'écrivain, lors([u'admis à la fami-
liarité du cardinal Sforza , il se sentit
épris de l'amour de l'étude, à la vue
d une riche l)iblioHl^que que ce pré-
lat avait rassemblée, et qu'il tenait
généreusement ouverte à ses amis.
Après la mort de son jirotccteur,
Taiiara , accablé de chagrins domes-
tiques, tâcha de les dissiper eu s'oc-
cupant delà composition de quelques
ouvrages, doiïf mi seul a été impri-
mé. C'est un tableau de la vie cham-
pêtre, dans lequel ou peut apprendre
à régler son ménage, lorsqu ou a le
temps et la patience de chercher de
bons conseils au niilieii d'une foule
de détails oiseux. L'Economia del
ciltadino in viUa ( Bolocnc, i<)44 >
in-4**.) est divisé <'nsept livres , dont
chacun a un litr<' particulier, savoir:
le Pain et le /'m ; la /'igné et les
■ibcillcs ;l.i Basse-cour ;\q Potager;
le Ferger ; \vs Champs ;\3i Lune çlla
Soleil, L'édition de 164H contient
un petit supplément sut \es qualités
du chasseur. Il existe plusieurs ré-
impressions de cet ouvrage , qui ,
bien qu'il renferme quelques obser-
(i) (<Vtait fine iii<ii»«tu d'i^ucalum , «lirigM* par
Im PH. SomaMiur», cl i»ù uvait «>t«- •■li-vc lirnuit
\IV. Véc tuHii d »c«driiiir tie» tntrnli . lui «vait
«tr diHiur pur le M-naiciir PtiIctitU , qui ou fiit )e
t'oudalf'tir en i558.
TAN
vations curieoses ( a ) , ne fait |tf
beaucoup regretter la nâfigMi
qu'on a mise à la publicatioa da
auti*e$ traités du même autev
la pèche j la chasse, et le Milbi|rl.
d'hôtel, ou le seigneur dans sonckl-
teau ( la Scalco^ o il Gentâmm
in viUa ). Tanara mourut à Boiom
vers 1667. Foy, Pantiuuû , &i£b^
n Bolognesi , viii , 74* A— a— fc
TANCARVILLE ( Jeah II ii-
comte DE Melun comte de ) M
fils de Jean I'^>^. , vicomte delMBi
grand chambellan de Franoe, ipi
par son mariage avec Jeanne, OM
deTancarville, attira dans sa iaaie
( 1 ) , déjà illustrée depuis pfaa de M
siècles par ses grandes cnarps etM
alliances, la diguitë de t liiiiilirfcs
et connétable- héréditaire de Rcr-
maudie. Jean II , qui était ptlil-
neveu de Simon de Melun , m-
réchal de France , tué k la bataifc
de Courtrai, en iSoa, sefitranv-
quer parmi les plus yaillanls chera-
liers de son temps : il Ht ses picniè-
res armes contre les
eu Prusse qu'en Espagne , eoaînltîl
contre les Anglais sous les onbfsds
Jean , duc de Normandie cl fib dn
roi Philip[)e de Valois, en iSf^î
eut part à la prise de MiremonI , an
sièges d'Angoulême et d'AignUoi.
(«) C'nl ainai que da«a le livr* Il il
rulliin* du r«i«rMi , iniî mtI ea llalî» k
(In <-x
vignct : il rappurle dn «xenplfs «■ prMraWB^
II*!» ahrillm m* df'couTrciit Vmne k fwÊÊwm Im iîcIn^
tr* qu*rn«*9 rructintrenl, Aa livre IV , S AhM b
riilturc du (^iprier, auoiqve, m aérnétti, Stfl
viKiialr le «iiuiMl de lUilufiM rnMii frm4. n «Mli
Iri <*h(iii» de» contrée» àlpiacs, regard* kfaiil
du itiildRue comme le meilleur qai eiàalt, cC i^H*
qiu> 5« tige e^\ quel<|iwlui« de'le nwamw ^^
«■iii-'he : pour l'obtenii , on tlhne pnani l*hif«r !■
druv Kraine» rranîe»qni coapeMBteeaftwlCi^M
celui dn aalreJi ombeUiIrrea. £a perlil in^KKt
d'a^rtinent , il ikmu appreMl qee Ih '
vendaient trtv-cher à iMojt— , «■ i
Ica lubéreuwe ne fauaieKt qac t'y î
Kui-}iluii le Hti-p ii'eflt Rii^re qa' ^
l'iiiitrnr fmnàt itnmfn k h
(0 lien eiirteroeomiiik»,^niMW|
i:uuitci de BIchiB , de B^wibiIb (^. llBLBIiy
iï
•I-
TAN
se suivante , il servit eu Nor-
e; et lorsque la ville de Caea
tse d'assaut par les Anglais, il
lit valeureusemeDt cette place
é connétable Raoul de Bnenne
fiait prisonnier. Rendu à la li*
il jouit de toute la confiance
Jean II, qui érigea , en sa fa-
la seigneurie de Tancarville en
, le 4 févrîc;r i35i. L'année
lente^ il avait succédé à son père
1 charge de grand chambellan :
Jean venait de lui conférer cel*
grand-maître de France. Il fut
ï par ce prince d'aller négocier
nage de Philippe de France ,
i duc de Bourgogne y avec la
u comte de Flandre, Robert
le. A la journée de Poitiers y
S56 , il combattit vaillamment
ean III ^ son fils aîné ^ et Guil-
de Melun , archevêque de
son frère. Fait prisonnier avec
W fut conduit en Angleterre y
demeura jusqu'en 1558, que
ice le renvoya en France, ainsî-
m' frère rarchévêque , pour
ratifier par les états les con-
( au prix desquelles le mo-
! anglais consentait a rendre la
au roi captif. Paris était alors
»ie à la sédition. Le roi de Na-
Charlcs le Mauvais, et le
: des marchands Marcel m-
nt chaque jour à l'autorité du
in , Charles , qui gouvernait
bsence du roi. Le retour de
rville et de son frère alar-
iement les factieux , que les
de ces deux fidèles seigneurs
menacés et qu'ils se virent
; de quitter la capitale. Le
e répandit qu'ils rassemblaient
s environs des gendarmes ])0ur
leur afl'ront. \^ terreur de-
'nérale, on tendit des chaînes
s rues; mais le règne des &e*
TAN
4oi
tieux n'était pas encore à son terme*.
Ce ne fiit que Pannée suivante que le
dauphin^ entouré d'une brave no-
blesse , pqt rentrer dans Paris, où il
fut reçu avec enthousiasme. Tancar-
ville fut alors désigné, par le dan-
Eiiin y parmi les n^odateurs de
i paii de Bretimiy , et il fut en-
suite au nombre acs quarante ota-
ges donnés pour- la garantie di ce
traité. Le roi Jean^ devcna Ub»^ le
fit entrer dansaon f^wit ^ ^rmt
conseil : ce prmce lui confite en ov>
tre la dignité de souverain maître dea
eaux e| forêts. Le comte de Tancar-
ville eut Clément une arande pan
aux affaires sous le roi Charles V. Il
mourut Tau i58a. Ilëlait à la Cm
gouverneur de Ghampasne , Jm
Bourgogne et de LangueooCé Jean
III 9 son fils aine , grandrchambd-
lan de France ; mourut saop poitéritë,
l'an iS65.—GuiUanme iv, vicom-
te de Melun, comte de Tama»*
viLLB ^ second fils de Jfowi jQ , si|e»
céda à son frère dans la dignité de
arandrchambdlan. U eut part à tous
fes événements du règne de Charles
VI j et dans presque tous les actes
qui nous sont restés du gooveniD-
ment de ce prince , le nom du comte
de Tancanrillc figure à la tête de
ceux du grand-conseil. Dans des let«
très, damnées au mois de novembre
iSga , confirmatives de l'orddpnaiH
ce concernant la majorité des roîsf
portée par son prédécesseur y Gharkè
Vl qualifie Tancarville de prince da
sang y nosiri ccmsangumeL \\ fiit
char^y depuis i5^ jusqu'en i5Q7^
de diverse»! n^ociations an ^00-
terre: il se rendut auprès du roi mr
chard II, pour confirmer le tiaifé de
Breti^ j ; à Avignon 3 accmnpagna
les pnnoesdu sang «pour traiter avec
le pape Benoit Xm , an sujet du
schisme d'Occident; à Floicnce «t
49i
TAN
dans l'ile de Gypre, il conclut des
alIiaDces avantageuses à la France.
L'an 1596, il alla prendre posses-
sion de l'e'tat de Gènes, qui s'était
donne' au roi. A son retour , il fut
pourvu de la charge de grand-bou-
tciller de France et de celle de pre-
mier président lai de la cour des
Comptes. Lors des dissensions funes-
tes qui s'élevèrent , à la cour de
l'insensé Charles VI y entre les partis
d'Orléans et de Bourgogne , Tancar-
ville s'attacha fortement à Jean-sans-
Peur, duc de Bourgogne. Il fut tué
l'an i4i5 , à la bataille d'Azincourt,
ne laissant qu'une fille, nommée Mar-
guerite y qui porta la vicomte de Me-
lun et le comté de Tancarville dans
la maison d'Harcourt , par son ma-
riage avec Jacques de Harcourt , dont
elle eut une fille, Marie, qui épousa,
le célèbre Dunois. D — a — r.
TANCHEL1N( 1 ) , hérésiarque qui
dogmatisait à la fin du onzième et
au commencement du douzième siè-
cle, était né à Anvers. C'était un sim-
ple laïc, d'un esprit fort subtil^ et
qui ne manquait pas d'une certaine
éloquence. La ville d'Anvers n'avait
alors qu'un seul prêtre, de mœurs
])lus que suspectes. Tanchelin profita
de cet abandon pour répandre ses
erreurs parmi ses compatriotes. Il
agit d'abord secrètement, séduisant
les femmes, qui séduisirent leurs
maris. Le nombre de ceux qu'il avait
induits en erreur s'étant augmenté,
il devint plus hardi, prêcha sa doc-
trine publiquement , souvent même
en pleme campagne. Il marchait avec
une pompe royale, environné de gar-
des qui portaient devant lui un éten-
dard et une cpée. L'or brillait sur
ses habits et dans sa coilFure: habita
(1) Lp nom de r«l IirrcMariiuo v«n> «uivaut li'i
tl:llVrvtil* aiileiini. Plu<icur» l'HpitelIful TaucW-
Uw. D«>lv 1« Buiniu* 2 «ffuiemiu , iTaitrc» Sifcb«rt.
TAN
et vestibus deaurads incedensiU
table était splendidement serrie. Soi-
vi de trois mille hommes bien arméi,
il imposait par cet appareil mili-
taire. Ceux qu'il ne gagnait pas pir
la force de son éloquence étaient sob-
ju{i;ués par la crainte , et malhcnrà
qui lui résistait (a). Quant à sadiK-
trine, il ne reconnaissait aucune dis-
tinction entre les laïcs et ceux qa
avaient reçu les ordres } il oompUit
pour rien les évèques et les prœes ;
il enseignait ([u'en lui et aes secta-
teurs consistait la Traie Édise ; il re-
gardait les temples cithohquesooH-
me des lieux de prostitution, et in
sacrements comme des proCua-
tions; il attaquait surtout odni de
l'Eucharistie , disant qu'il e'tail sans
vertu ^ et il niait la pcésenoe récUe.
A ces impiétés il en joignait ben-
coup d'autres y réunissant dans mb
enseignement les impuretés des oios-
tiques , les opinions de Bérengei sur
rLucharistie y les erreurs des dona-
tistes , etc. Le peuple Técoutail com-
me un oracle. A cette doctrine per-
nicieuse , Tanchelin joîsnait ki
mœurs les ]>lus dépravées, s akadon-
nant aux plus honteuses impadîcîléi|
abusant des filles en présence de lens
mères , et des femmes au tu et sa de
leurs maris ; et tel était l'âat de fas-
cination auquel il aTait amené' ce
malheureux peuple , qu'il pairial
à lui faire rcgaraer ce cynisme ré-
voltant comme une «uTre spiri-
tuelle ^ et que celles cpii n'aTaintfis
obtenu cette faTCur se trouvaMMl
malheureuses. Tanchelin pousn l'au-
dace jusqu'à s'attribuer ta dirinilé,
s'égalant à Jésus-Christ, eCdiiait
que comme lui il aTait reçu la pUm-
tude du Saint-Esprit. Onktfaitde
(1) U toail cam qn*il mc piwvail mi
TAN
u pied de ses statues; on
t des autels; tout ce qu'il
;bë était regardé comme
'oD buvait commeiun spcf*
lu dans laquelle il s'était
n joui*,, en pr^ence d'un
mbreux, il se fit apporter
de la Sainte-Vierge; lui
a main et prononçant les
mariage , il déclara qu'il
pour épouse. Puis récla-
)résents de noces, il fit
X coffres, l'un de son côté,
côté de l'image; et cette
s'empressa d'y apporter
uses offrandes, les fem-
nt jusqu'à leurs colliers
cndants d'oreilles. Vers
cbelin partit pour Rome
moine, avec un prêtre
ervacbier , son zélé parti-
lessein était de porter la
jusque dans le centre de
té , ou du moins d'y sur-
s lettres de communion.
y réussir , ils s'en retour-
ays-Bas , dogmatisant en
i ils en trouyaient l'occa-
le ils passaient par Colo-
rie, qui en était archevê-
it de leurs menées, les
et enfermer dans les pri-
cbevêcbé. Le clergé d U-
lyant été informé , écrivit
le priant de ne point leur
erté; mais malgré les pj^
'on prit , ils parvinrent à
ancbelin fit une fin digne
après avoir infesté les
Utrecbt et de Cambrai y
sa doctrine dans la Hol-
rabant et une partie de
, il fut tué par un prêtre
qui lui cassa la tctedans
une navigation. Depuis
qui date à-peu-près de
itait écoulé environ huit
TAN 493
ans. Dans cet intervalle , Borchard ,
évèque de Cambrai, avait rétabli ,
dans réglis<^ de Saint-Michel d' An-
vers, douze chanoines, espérant qu'a-
vec ce secours , il serait possible de
rappeler à la foi les peuples abusés.
Les chanoines, après quelques tenta-
tives, trouvèrent que cette entrq)rise
était au-dessus de leurs fq^roes. Ils en
avertirent Burchard , qui , lié autre-
fois avec saint Norbert, crut, dans
cette extrémité, que ce qu'il pouvait
£iir€ de mieux était de s'adraser à
lui. Norbert venait de fonder Pré-
montré : il s'empressa de répondre
au vœu de son ancien ami ( r. Nor-
bert, XXXI, 36i). Upartit de Pré-
montre, ea X 1^3, avec Evermodeet
Waltman^ deux de ses disciples ,
auxquels il adjoignit quelques doc-
teurs de l'école & Paris et de celle
d'Anselme de Laon, qui venaient
d'embrasser son institut. L'esprit de
douceur et de charité du saint, son
éloquence persuasive et les prédica-
tions de ses compagnons, ne forent
pas sans effet. On abjura le Tancheli-
nisme entre leurs mains; on rap-
Sorta de tous côtés les hosties ^e,
epuis plusieurs années, les disciples
de Tanchelin gardaient dans des cor-
beilles ou des trous, pour leurs pro-
fanations. Les temples furent répa-
rés et rouverts, les autds redresses ,
les croij; exposées à* la yâiération
fmblique^ le sacei'doce rétabli , et
'Eucharistie honorée. Après i'heii*
reuse issue de cette mission^ Noibert
retourna à Prémontre; mais aupara-
vant, Burchard et les chanoines
d'Anvers, sentant combien une colo-
nie de pardk ouvriers pouvait être
utile dans un pays où la foi n'était
pas encore complètement affermie ,
offrirent au saint l'église de Saint-
Michel. U y laissa douze da ses cha-
noines, hommjQi lâës d'instruits.
494 TAN
Waltmaii fiil le premier abbé de
cette maison , qui aeviut im des pbis
beaux établissements de Tordre de
Prcmontré , et qui florissail encore
il y a quelques années. Cependant le
Tanchelinisme u'clait pas de'lruit
Sartout.On en trouve, versceteraps,
es traces en divers lieux , notam-
ment à Avip;non, à Novon , au rap-
port de (jiiibert de Noj;cnt, et à
ivois, an diocèse de Trêves. L'ar-
cbevèque J^runon s'y transporta, et
fit arrêter qualrodccos sectaires. Eu-
fin, par les soins de quelques saints
personnages , cette hérésie fut entiè-
rement exlirpoe. L — y.
TANCRRDE, un des chefs de la
l>remière croisade, était Sicilien d'o-
rigine, du coté de son père Odon-le-
Bon, et Normand du côté de sa mère
Emma , fille de Tancrède de Haute-
ville , pore du fameux Robert Guis-
card y auc de Calabre ( V, Gliscard,
XIX, 182). Aucun des auteurs qui
ont parlé de lui n'a fixé l'époque de
sa naissance, ni fait connaître sa jeu-
nesse. Raoul de Caen , qui a écrit sa
Vie en vers et en prose ( V, Raoul ,
XXXVII, 87), a fait de ce héros
un portrait qui peut suppléer à ce si-
lence, tt Le haut rang cïe ses parents^
dit-il , n'inspira aucun orgueil au jeu-
ne Tancrède. Les richesses de son
{)ère ne le portèrent point à la niol-
f^s%^. Il surpassa les jeunes gens de
son âge par son adi*esse dans le ma-
niement des armes, et les vieillards
par la gravité de ses manières. Cha-
que jour il offrait aux uns et aux au-
tres un nouvel exemple de vertu.
Scnipuleux observateur des précep-
tes de Dieu , il mettait tous ses souis
à retenir les leçons qu'il entendait, et
à les répéter dans les conversations
avec ses égaux. II évitait d'otfenser
personne , et pardonnait aisément à
ceux qui rofleiisaient.TancnMie était
iXAN "
le premier à louer l'adresse ou la râ-
leur descs adversaires. Il disait qu'il
fallait combattre ses enoemis el vm
les déchirer. Il ne parlait jamaûde
lui-même ; uiais il brûlait de faire pa^
1er de lui : nour y parvenir , il pië-
férait les veilles au sommeil y le tn-
vail au repos. Aussi chaque jo«
acquérait-il de nouveaux titres à b
gloire. Dans les combats, il coi^itnt
pour rien les Uessivcs , et n'ëparpiil
ni son sang ni celui de l'ennesaL llv
seule chose cependant rinquiëuil et
l'agitait sans cesse : il ne savait eM-
ment accorder les droits de la nmc
avec les préceptes de Dieu; car ItSâ*
gneur ordonne de présenter la jonei
celui qui nous frappe , et la loi de li
guerre défend d'épargner même m
parent. Cette opposition entre la diw-
trinc de Dieu et les maximes du WÊk'
de avait en quelque sorte cnckaiBék
courage de Tancrède, et Ini Ikuail
préférer ime vie paisible à Ta^ivite
guerrière : mais lorsqu'en iog0«
le pape Urbain II eut promis la ré-
mission de leurs pécbà aoz Chié
tiens qui iraient combattre les iafi-
dclcs, il se réveilla de sa lélbar
gie. Enfla nmie' d'une aidev m-
croyable en voyant qu'il ivganûL
de faire servir son èpée à la doJR
du christianisme, il se mit i pr^siv
tout ce qui lui était nécessaire, tf
réunit assez d'armes , de cherantf
de provisions pour lui et ses coaps-
gnons. » S 'étant réuni , en 10^ ,
à son consin Bohémond « pince de
Tarente , pour aller joindre Vwxai/t
des Croisés ( F. RouBMoifn ) , il coa-
scntit à servir sous ses cidres. ToM
deux , s'étant embarqués, aboidlral
en Epire. Tancrède, qaî chuclwil
l'occasioud'exercersaYalcarpSepsT
tait tantôt en avant de l'ansts, po«
découvrir les embûches , 1ABllc■a^
chait siu* les darricies ponrénrtv
TAN
Uards , et se montrait toujours
, toujours au milieu des dangers,
aëe sicilienne e'tant arrivée à la
•c Vardari, que les chroniques
lent Bardai ou Fardai, campa
wes jours sur ses bords. La rapi-
u courants'opposaitau passage;
ulre rive , couverte d'ennemis ,
t un spectacle effrayant pour les
es. Tancrède, voyant qu'on hé-
, traversa le fleuve , accompa-
l'un petit nombre des siens. A
eut-il mis le pied sur le rivage
5c qu'il se vit enveloppe' d'une
tude de Grecs. Le nombre des
lis ne l'eflfraya point. Il s'ouvrit
ssage avec son cpée , et tua tous
:}u'il attaqua. L'armée de Bohé-
, qui était restée de l'autre coté ,
it les Grecs en fîiite , n'hésite
passer le fleuve. Les uns le tra-
it à la nage^ les autres sur des
les ou sur leurs chevaux ;et dans
itant, toute l'armée est à l'au-
•rd. Il restait six cents pèlerins,
e portaient point d'armes , et
yieillesse ou la maladie mettait
l'état de combattre. Les Grecs
îrent sur cette troupe faible et
léfense ; et les deux rives reten-
de cris et de gémissements,
'ède , qui poursuivait les Grecs
Ts , revient sur ses pas , repasse
ive avec deux mille hommes,
es Grecs en déroute , venge sur
es blessures faites à des femmes
;s vieillards sans défense , et re-
prendre sa place à Tavant-gar-
empereur grec Alexis fut fort
lé en apprenant que Bohémond
traversé l'Adriatique, et s'était
ré de la Macédoine. Il essaya
[;ner par des promesses flatteu-
lui qu'il ne pouvait vaincre, et
ressa des lettres et des députés,
l'attirer à Constantinople. Bo-
nd, séduit par les offres de
TAN
495
l'empereur, partit, et laissa le com-
mandement de l'armée à Tancrède.
Celui-ci , se déûant de la trompeuse
amitié des Grecs , dédaigna les pré-
sents d'A!exis;etiI avait déjà résolu de
s'éloigner , lorsqu'il apprit que Bohé-
mond s'était soumis à rendre homma-
ge au prince grec. La crainte d'éprou-
ver un pareil sort hâta sa résolution.
Il partit seul , sans suite, couvert d'un
habit grossier, et s'embarqua pour
l'Asie , où il alla se joindre aux au-
tres chefs croisés qui se rassem-
blaient sous les murs de Nicée. Peu de
temps après , Bohémond étant venu
l'y joindre, il ne lui dissimula point
son mécontentement , et jura de
ne pas remplir les promesses qu'il
avait faites. Cependant Nicée était
assiégée par les Croisés. Le comte
Raimond de Saint - Gilles , arrivé
le dernier, plaça ses tentes devant
la porte orientale de cette ville.
L'armée turque descendit par le re-
vers de la montagne voisine pour
entrer par cette porte et donner
du secours aux assiégés. Un cri s'ë«
lève aussitôt. Le comte court le pre-
mier au-devant de l'ennemi; les autres
chefs le suivent. Tancrède . qui était
éloigné , arrive sur son cheval à tou-
te bride. Le combat était encore
douteux , et les esprits flottaient entre
la crainte et l'espérance ; mais Tan-
crède, a^ant coupé la tête à un turc
en arrivant , rendit le courage aux
Croisés, et abattit celui des enne*
mis. Les InCdèles se hâtèrent de re*
gagner les montagnes , poursuivis par
\es Chrétiens , qui en tuèrent un grand
nombre et rentrèrent dans leur camp,
faisant entendre de toutes parts le
nom et les louanges de Tancrède. La
ville de Nicée ayant été remise aux
troupes grecques ( 1 097 ) , Bohémond,
lié par son traité et par son serment,
alla trouver Alexis, qui s'ëtait avancé
496
TAN
jusqu'à Pclccanc , et lui amena Tan-
crcde comme il ravaitjpromîs : mais
l'empereur fut plus eflfrayc que sa-
tisfait de la présence de ce dernier ,
dont il ne put obtenir qu'un hom-
mage conditionnel. Tancrède e'tait
d'avis que les places prises sur les
Turcs ne devaient être confiées qu'à
la garde des Francs , parce que les
Francs suifisaient pour les de'fendre.
Il pensait que ce serait les restituer
aui: Turcs que de les confier aux
Grecs. Quaut à lui- même , il ne
voulait pas servir en même temps
deux maîtres , l'armcfc des Croises et
l'empereur de Goustantinople. On dit
même qu'il ne de'^uisa point ces sen-
timents et qu'il les fit coimaitrc à
Alexis avec sa franchise guerrière.
« Si vous voulez commander aux
Croises, lui dit-il, mettez vos soins à
leur être utile : comptez sur l'obéis-
sance de Tancrcde , tant que vous
prouverez votre zcle pour l'armée du
Ch rist. » Ayant e'te' invite à demander
à l'empereur quelle espèce de présent
lui serait agréable^ il répondit que la
tente impériale pourrait seule lui plai-
re. Or cette tente était un ouvrage ad-
mirable;ony voyait des rues gamiesde
tout comme dans une ville ; vingt cha-
meaux l'auraient à peine portée. Alexis
apprenant celte demande , s'emporta
contre Tancrcde, et finit par lui dire :
Je ne te juge digne d'élre mon ami
ni mon ennemi ; et moi y reprit
Tancrède , en riant de sa colère
percur , je vous trouve digne d'être
mon ennemi et nonmon ami. Dès ce
moment Alexis et Tancrède ne se ren-
contrèrent ])l us ensemble. Tancrède se
liata de fuir la présence du prince grec,
et Bohcmond le suivit de près. Un
messager dercmpcrcur eut ordred'al-
Icr après eux et de les ramener ; mais
ayant échappé aux pièges d'Alexis,
ils ne voulurent plus s'y exposer.
TAN
L'armée des Croisés, apiis la
de Nicée aux troupes greotpwSy a jait
continué sa m^^e, eut k soutenr
contre les Turcs un combat dans k-
quel Tancrède perdit son frère Gal-
iaume , et courut lui-même de grands
dangers. Il y laissa , dit un historîcB,
sa lance et son pennon. Robert de
Normandie et Bohcmond firent des
prodiges de valeur et sauvèrent l'ar-
mée qui reprit sa route vers AntîodM.
Tancrède s'éloicna du camp el en-
tra dans la Ciliae, où il fit k siège
de Tarse. Baudouin^ frère de God^
froi, étant survenu ^ il s'ékra w
querelle entre lui et Tancrède peor
la possession de la ville : après de
violents de'bats , Tancrède alla s'cb-
parer deMamistia. Bientôt Baudoôi
arriva sur si» traces. Ce fut alois
qu'on vit se renouvdler les qucfeUo
qui avaient éclaté k Tarse ; les deu
rivaux , suivis de leurs guerriers, ci
vinrent aux mains ; le kndnnain dn
combat , les deux partis se rappro-
chèrent de nouveau , et chaam do
chefs , après avoir conqds phi<*
sieurs villes , revint à Faniée chré-
tienne; Tancr^ loué pour sa maié-
ration et sa valeur ^ Baodooii Ulné
généralement pour ses injaitiees et
ses violences. Tancrède suivit les
Croisés qui allèrent asiii^ Ai-
tioche et campa près de BohâBOiL
Pendant ce si^e mânoraUe , 1
intercepta tous les cbemins « tk
manièi*c qu'aucun habitant n'osMt
sortir de . la ville. Cependant h
garnison tentait encore qoekraes ei-
cursions y et surprenait qaoqneMi
les Chrétiens. Pour prévenir lem
attaques imprévues , Tancrède A
se mettre en embuscade dus vnliei
par lequel ils avaient coutume de
passer. Les assiégés qui avainl- «n
vague soupçon du piège qu'on knr
tendait; n'envoyèrent œ jour Ufi-un
TAN
•c de fourragciirs. Les
iicrcde se caclicrent , et
se montra. Les Turcs
rentrèrent sans être in-
jour suivant ils reviu-
mbrcux et plus près du
crcde retint encore les
isièine jour, les Turcs ,
reparurent en plus grand
ncrède , sortant alors de
ade , fond sur eux. et en
)t3. Il envoya à Tevéque
atdu papcauprèsdeTar-
atc-dîx tt'tes des ennc-
ic la dîme de son triom-
cgat, en reconnaissance,
ter soixante - dix marcs
ont Tancréde se servit
ter ses dettes. Ce guerrier
îintëresse', avait coutume
Mon trésor , ce sont mes
eu m'importe que je man-
nt, pourvu qu'ils en aient,
n plissent leur bourse , Je
mr moi les soins , les ar-
fatigue, la grêle et la
3rsqueses soldats étaient
les combats du jour ou
les de la nuit , il les dis-
faire leur service; mais
ipensait jamais du sien;
me il faisait celui des au-
ur étant sorti seul avec
n'ayant que son cpc'e, sa
I bouclier , il fut attaque
ires , qu'il coucha morts
. Ce fut dans ce combat
a son ccuyer de garder le
es exploits. Son historien
Aen ne peut s'expliquer
extraordinaire, et il le
à tout ce que l'antiquité
rand. Cependant le sie'ge
durait depuis plusieurs
sette se faisait cruellement
li les assiégeants comme
assiégés. Plusieurs chefs
LIV.
TAN • 49,
croisés se retirèrent du camp et scpar-
ta'^èreut la campagne environnante.
Tancréde s'établit à Emma et à Ha re-
né, villes dont le territoire e'tait très-
fertile. Toujours en avant pour com-
battre, ce prince fut aussi le premier
à secourir ses compagnons, qunnd la
disette se fit le plus vivement sentir.
Il n'éloignait personne de sa table, y
admettant même des guerriers à qui
d'autres chefs avaient refusé la leur ;
mais il ne put souffrir que cette disette
servît de prétexte pour abandonner
l'armée. Guillaume CarpentieretGui
le Rouge , ou, selon d'autres, Pierre
l'Ermite lui-même , s'étant retirés se-
crètement, H les poursuivit, les attei-
gnit, et les ramena au camp tout
honteux. Pendant que la ville d*An-
tioche tombait au pouvoir des Croi-
ses (juin 1098), parles intelligences
et la ruse de Bohémond , Tancréde
était , selon sa coutume , occupé
d'intercepter les communications et
de fermer les chemins. Lorsqu'il
apprit , par les fuyards , que la
ville était prise, il s'exhala en plain-
tes et en reproches contre son cousin
Bohémond, qui lui avait, pour ainsi
dire , envié l'honneur de monter le
premier sur les remparts ; mais il ne
tarda pas à trouver une autre occa-
sion de signaler son courage, dans
la bataille que les Croisés livrèrent à
Korbougah , général des Persans. Au
rapport de Raoul de Caen , il pour-
suivit les Turcs vaincus vers l'Ôron-
te, en faisant un carnage affreux. Son
historien le compare à un léopard
qui se rassasie de sang au milieu d'u-
ne bergerie. Ija conquête d'Antioche
étant assurée, et Bohémond en étant
nomme prince , Tancréde se joignit
aux comtes de Normandie et de St.-
G il les, pour aller mettre le siège de-
vant Marra, ville riche et popiueuse.
Les Croisés ne tardèrent pas à éprou-
i2
49» TAN
ver, devant cette place , les mêmes
maux, que devant Ântiôclie. Nous ne
parlerons point des discordes qui
troublèrent alors Tarmec chrétienne ,
ni des excursions que iirent les pèle-
rins dans la Syrie. Au printemps de
Taunce suivante 1099, les chefs réu-
nis résolurent de marcher sur Jéru-
salem. Quand l'armée chrétienne fut
arrivée à Ramla , les chrétiens de
Bethléem vinrent implorer le secours
des Croisés. Tancrcde partit avec
trois cents hommes au milieu de la
nuit , et planta l'étendaixl victorieux
des Francs au lieu même où naquit le
sauveur. Bientôt il s'avança vers Jéru-
salem, et devançant tous ses compa-
gnoiLsse rendit seul sur la montagne
des Oliviers, qui n'est séparée de la
ville que p9r la vallée de Josaphat.
Pendant que , du haut de cette mon-
tagne, il contemplait la cité sainte,
im ermitQ Taborda et lui en fit dis-
tinguer les principaux, lieux. Cet
ermite lui demanda ensuite qui
il était, et lorsqu*il eut appris qu'il
parlait au neveu de Robert Guiscard,
il s'écria : « Quoi ! vous êtes du sang
» de ce chef sous la foudre duquel la
» Grèce trembla tant do fois, qui fit
» fuir Alexis , qui fit ouvrir les por-
» tes de Dy rrachiuni , et n qui toute la
» l^ilçario olniit jusqu'au fleuve Var-
» dans. Vous parlez à un homme qui
w vous connaît, et qui n'a point ou-
» blié le dévastateur de sa patrie: ce
» guerrier , qui fut mou ennemi , ré-
» pare enflures anciennes oifenses en
» vous envoyant ici. » Oet entretien
se prolongea jusqu'à ce quel'ennite ,
apercevant cinq soldats qui, sortis de
la ville , descendaient dans la vallée ,
et s'avançaieut avec confiance vers
la montagne, en avertit Tancrède;
celui-ci dit adieu à l'ermite, et alla
au-devant des ennemi.s. Comme ils
> enaientàlui h des intervalles inégaux,
TA»
il en tua trois l'un après l'autre, ks
fit rouler dans la- vallée y et pour-
suivit le reste jusqu'aux murs de la
ville. Mais repousse' à son tour , il
revint vers les siens , qui commen-
çaient à s'inquiéter de son absence.
Cependant l'armée des Croises arriva
devant Jérusalem ; les comtes deFian-
dre et de Normandie vinrent placer
leur camp devant la porte de oaint-
Ëtienuc. Tancrède était à leur droite;
il eut ordre d'attaquer une tour qa'on
appela dans la suite la Tour de Tour
crede. Les Croises , impatients de con-
quérir la cité sainte , rêsokirent de
monter à l'assaut dès le lendemain, et
ils parcoururent tout le voisinage pour
trouver du bob propre à fane des
échelles ; mais ce fut inutilement : toat
le bois avait été enlevé par les Mu-
sulmans. Cependant y quelques pou-
tres cachées n'échappèrent pas aux
recherches de Tanciède. On ne put
toutefois en faire qu'une seule éckok,
qui fut appliquée au mur de la tour
qu'il était chargé d'attaquer. Ce per-
rier, l'épée à la main, se di^o*
sait à monter le premier k TassauL
Déjà il avait mis le pied sur l'é-
chelle ; mais on loi représenta k
dignité de son rang, de sa nus-
sauce , les services qu'il avait Rt-
dus , ceux qu'il pouvait rendre ci-
core. Nobles et soldats ^ tons récU-
maient contre sa résolution. EaSm,
on se saisit de sa main droite , car <k
la gauche il tenait déjà réchcUe,
et on lui enleva son épée. Tou-
tes les tentatives ayant été inutiles,
les chefs décidèrent qu'on irait pai^
tout à la recherche du bois nécessaiR
au siège, et qu'eux-mêmes ne s'a
dispenseraient pas. Mais toutes kus
démarches furent encore une fois »
tiles. Tancrède seul fit une déeoK-
verte , que Raoul deCaen n'hésilepii
à reganler comme miracokoil. li
bcr en leur pouvoir. Tan-
orta d'abord à la mosquée
TAN
atteint d'une funeste dys-
mais il monta toujours
t se trouvait souvent forcé
idre , et de s'éloigner dans
u écarté. C'est ainsi qu'un
nt retiré dans une profon-
il aperçut, sur un rocher,
rceaux de bois propres aux
que l'on se proposait de
. Plein de joie, il va exa-
précieux objets, et décou-
loin des arbres de haute
est curieux de comparer
t na'if de Raoul de Caen,
lompeuse description du
bois ainsi découvert dans
goes voisines de Sichem
i constructions des Croisés,
elles furent achevées ( i4
19 ) , la ville sainte ne tarda
r pouvc
>rd à la
't y planta son drapeau au
carnage. Trois cents Sar-
lirés sur la plate -forme
de lui une sauve garde •
était la fureur des Croisés,
sonniers musulmans furent
, malgré les prières et les
u héros , modèle de la che-
u milieu du tumulte et du
le la victoire, Tanci'ède ne
as les dépouilles des Sar-
butin qu'il fit dans la Mos-
u'il partagea avec Gode-
seigneur , fut si considé-
il employa deux jours à le
iportcr. Parmi ces riches -
•mptait soixante - dix lam-
viugt étaient d'or et cin-
irgent. Chaque lampe d'or
ize cents drachmes , et cha-
? d'argent trois mille six
avait, en outre, un vase
l'un poids énorme. L'envie
la pas de s'élever contre
, parce qu'il avait été, dit
TAN 499
Raoul, plus que tous les autres- chefs,
favorisé de Dieu. I^ prêtre Anioul ,
nommé gardien du temple, l'accusa,
dans le conseil des princes. Tancrëde
répondit avec une éloquence guerriè-
re; et les princes décidèrent qu'il
rendrait sept cents marcs au temple;
ce qu'il fit sans hésittr. Cependant,
à la nouvelle de la prise de Jérusa-
lem , le Soudan du Caire envoya con-
tre les Chrétiens une armée nom-
breuse ; mais elle fut dispersée à da
bataille d' Ascalon , où Tancrède com-
mandait l'aile gauche , avec le duc de
Normandie. Ce fut lui qui enfonça le
centre de l'armée égyptienne, et qui
y porta le désordre. Après cette vic-
toire , la plupart des chefs delà croi-
sade reprirent la route d« l'Occident ;
Tancrcde resta avec ses chevaliers en
Orient, fidèle compagnon de Go-
defroi , qui lui donna la ville de
Caîphas et la principauté de Tibé-
riade ou de Galilée. Si l'on en croit
l'historien Albert d'Aix, Tancrède
voulut , après la mort du roi de
Jérusalem , faire tomber la couronne
sur la tête de son cousin Bohé-
mond; et il se rendit dans la ville sain-
te , pour gagner les princes et les ba-
rons du royaume. Mais on avait déjà
envoyé à Ëdessc, afin d'informer Bau-
douin de la mort de son frère , et de le
presscip de venir lui succéder. On refu-
sa à Tancrède l'enti-ée de Jérusalem.
Ce prince, irrité, se porta sur JaflTa ,
où il apprit que Bauaouin était près
d'arriver. Craignant de le rencontrer,
il regagna Tibériade, et Baudouin fut
reconnu pour successeur légitime de
Godefroi,tandisqueBûhémon4auquel
on avait député,, pour l'engager k ve-
nir, fut fait prisonnier par les Turcs.
Devenu roi de Jérusalem, Baudouin
cita plusieurs foisTancrède, pour qu'il
vîntlui rendre compte de sa conduite,
et le reconnaître comme son seigneur;
32..
:>oo
TAN
mais !e prince de Galilée ne répondit
d'abord qu'avec liauieiir et mépris ,
et il finit par demander au roi une
entrevue, dans laquelle il consentit
à rendre hommage , sans renoncer à
la principauté qu'il tenait de Gode-
froi. Les déliais en ti*e ces detixf rin-
ces n'étaient pas termiucs, lorsque
des députés d Antiochc vinrent con-
jurer Tancrcde de se rendre dans
leur ville pour la gouverner pendant
la captivité de Boliémoud ( 1 1 oo).
Touché du malheur de son cousin y
mais ne se bornant pas à de vains
regrets , il convoqua la milice de la
Î>roviuce , fortifia Antioche et les vil-
es des environs. Eu peu de temps,
il soumit Malmystra , Adaiia et Tar-
se, qui avaient secoué le joug du
prince d'Autioche. l/cs satrapes des
Turcs et des Arméniens , appre-
nant qu'il avait réduit toute la pro-
vince , recherchèrent son alliance et
son amitié; ils lui envoyèrent de
riches présents en or et en argent,
des chevaux y des mules et des étoUrs
de soie. Taucrèdc s'empara ensuite
de Laodicée y après un an de siège.
Ce fut à cette époque que les del)ns
des armées , parties d'Occident sous
h'S ordi-es des ducs de Poitiers et de
Bourgogne, se réunirent dans Antio-
che. De violents murmures s'élevaient
contre Baimond de 8t.-Gilles , q..'oii
accusait d'avoir trahi la cause des
Croisés; Tancrcde le fit mettre en
prison et ne lui rendit la liberté qu'à
la sollicitation des princes chrétiens.
Bohémond étant enGn sorti de sa
captivité ^ Tancrcde lui rendit sa
principauté dans un état plus flo-
rissant qu'il ne l'avait reçue. Il
eut en échange deux petites vil-
les; mais peu de temps après , Bau-
douin du Bourg y comte d'Édcs-
se y ayant été Lût prisonnier après
un combat où Tancrcde sauva luic
TAN
{lartie des Chrétiens , il fut choisi
ui-méme poiu: gouverner le comté,
qu'il ne tarda pas à voir attaqué par
les Sarrasins, venus jusque sous les
murs de sa capitale. Ne se enfant
pas assez fort pour leur résister , il
demanda secrètement des secours à
Bohémond ; mais se voyant presié
plus vivement, et Toulant pitrair
les Musulmans y il sort de la ville
en ordre de bataille » s'aya^ice en si-
lence jusqu'au camp ennemi , etlois-
qu'il est tout près , fait sonner sa
trompettes , pousse de grands cris ,
et se précipite sur les Turcs , qai
étaient encore plongés dans k son-
meil : il en fait un grand carnage, et
pénètre jusqu'à la tente des princo
Diekermich etSockmany qm nW
que le temps de prendre la fuite cl
lui laissent toutes leurs richeues. Bo-
hémond se voyaut sans cesse Beucê
par les Turcs et par les Grecs , rt ju-
geant que des secours lui étaient né-
cessaires pour se maintenir dus a
principauté, rappela Tancrède «-
près de lui ; et dans une assemblée
tenue dans la basilique de Sainl-
Pierre y déclara Tinlention oo il àûi
de passer en Eiurope et d'alkrcacitcf
les peuples de la France k In fréter
des forces. Tancrède essaya en vais
de le détouriicr de ce pn^ct, a
offrant de se charger ni - mise
de cette missiou. I^e prince d'At*
tiochc s'embarqua, en Tan iio3i '
avec peu de moude , laissant Tai-
crède pour gouvemier à sa "place t
mais emportant l'or, Targait et ki
pierreries. Antioche resta sans dé-
leose, sans garde et dans mm pôurie
funeste. Ce fut alors «{ue, auwtssi
historien y Tancrcde ue bot que ift
l'eau pendant quarante joiiGiy disant
qu'il ne voulait pas se livrer i h sen-
sualité peudaut aue ses com^
d'armes étaient oa a disiiak Miii
TAN
de riches citoyens d'Antio-
ent lui offrir deVargent, qu'il
, et avec ce secours , il rclc^'a
courages y et fut bientôt à mè-
*r attaquer la Yilled'Artësie.
le siège ; et avec ses machines
3, e'branla fortement les tours,
dhwan, pnnced'AIep, étant
avec trente mille hommes, il
mettre en devoir de lui résis-
e CCS deux armées se trouvait
ine couverte de rochers ^ où
lUX ne pouvaient pas courir ,
se soutenir. Tancrede^ pro-
ibilcment de cette circons-
î retire pour laisser arriver
sur ce terrain difficile, et
Ty voit engagé , il tombe sar
met dans une déroute com-
prcs avoir repris et fortifié
Tancrèdc revint à Antio-
projetait d'assiéger Alep^
le députa tion d'Apaméevmt
irendrela résolution de s'em-
! cette ville \ la faveur de
dissensions qui venaient d'y
3e projet eut un plein succès,
emps après, une multitude
2 Turcs , venus de l'Orioit,
'a Mésopotamie , et y fit de
avagcs. Tancrëde, qui avait
de ce pays , envofa deman-
ïcours au roi de Jérusalem ,
bientôt le joindre à la tétc
9upés. Tous deux passèrent
te et trouvèrent les ennemis
; dans le pays , mais com-
à se réunir pour résister aux
s. Après quelques mouve-
; peu d'importance , ceux-ci
passé le fleuve en pr^ence
ilmans, curent la douleur de
1er en pièces leur arrièje-
ns pouvoirla secourir. L'an-
inte ( 1 1 o8 ) le comte Bau-
son parent Josselin , après
de captivité, se rachetèrent.
TAN
5oi
en domiant des otages et ime rançon.
Taucrède , préveou da retottr de Bau-
douin^ lui refusa d'aboad l'entrée de
la ville d'Édesse; mais se rappelant
ensuite le serment qu'il avait fait loi«-
qn'on lui avait confié le commandiez
ment de cette ville, îl remit Ëdesseet
tout son territoire à leur prince l^î-
time. Josselin et Baudouin, irrités ou
S^ remier rrfas, ne tardferettt pas-à hd
éclarer la ' guerre. J> prcnicr en-
vahit la principauté dfAfllHidie.et
appela les Turcs ii son sfeours. Un
combat sanglant fut livré , où Tan-
crède et ses guerriers, d'abord Aran-
léSy finirent par rester vietprieux.
Cependant les hommes sages nartin-
rent à rétaUir la concordé. Gê int vers
ce temps que Bertrand, filsdnfomte
Raimond de Saint-Gilles , déhanpBa
au port de Saint-Siméon, avec mie
flbtte, génmse. Tancrède envoya le
saluer, et hn-m&ne, rassemblant ses
troupes, sortit de la viHe et Talla
recevoir. Les denxpiwNiM Vembras**
sferent et passerait ensenibte fa nuit
au milieu 'de la jm. Le lendemain
Tancrède demanda à Bertrand le
motif de son arrivée. Aniis qnriipies
compliments , Bertrand pria k gon-
vemeur d'Antiocbe ■ de Hp/ieBiM^
tre la partie de cette Tffle '. 411e aÏDli
père avait occupée le prsnipr. Tan-
crède répondit qu'A lei^it, k eoii-
dition que Bertrand^ Paidenrit il as-
siéger et reprendre ttaniistra, ^%
venait de perdre parla trabisdn des
Arméniens , qui I avaient rendue ' tt
l'empereur deS Grées. Bertcand se
refusa à cette condition j en opjMh
sant la îASScà qu'il avait promise
au prince grec; mais il offrit d'as-
siéger D jibela qui cp{Mirtenait aux
Sarrasins» iWrae i^isla'ptar ifa-
mistr^i ^«f^^iè'jMiuviilr tdHItiS^r h
l^'Wll^ ,'41 \xà si-
s.
5o2
TAN
tcriitoiic, lui et sa troupe ; et dans
le mcmc moment , il euvova partout
nue dcTeiise expresse de lui fournir
(les vivres. Bertrand n'eut plus d'au-
tre ressource que de s'éloigner ^ et il
alla faire à Guillaume de Sartange ,
qui régnait dans le pays de Calamela,
une demande à-peu-prcs {Pareille, et
qui fut accueillie de la m( me manière.
Toutefois Guillaume inquiet des ré-
clamations de Bertrand , après avoir
pris conseil des siens , envoya de-
mander des secours à Tancrède, qui
promit de lui en donner. Bertrand ,
informé de cette alliance, alla as-
siéger Tripoli , en même ti'mps
(pi'il fit dire au rui de Jérusalem ^
<{ue Guillaume de Sartange et Tan-
crède lui avaient refusé les villes
dont son père s'était rendu maître ,
et qu'ils étaient ligués pour lui faire
la guerre. Le roi reçut les députés
avec bienveillance, et promit à J3er-
trand sa protection. Il manda aussi-
tôt à Tancrcde et à Guillaume de
venir le trouver à Tripoli , où il se
rendit lui-même avec cinq cents ca-
valiers et autant de fantassins. Tan-
crcde et Guillaume partirent avec
soixante -dix cavaliers d'élite. Bau-
douin du Bourg et Josselin les joi-
gnirent à Tripoli , d'après l'ordre
du roi , et s'étant expliqués de-
vant lui , tous se réconcilièrent. Le
roi rendit à Tancrède la ville de
Cjaiplias , Tibériade et Nazareth ,
avec tous les revenus : il reçut de
lui le serment de foi et hommage.
Après cet arrangement, les princes
chrétiens poussèrent le siège de Tri-
poli avec plus de vigueur, et prirent
cette ville, par capitulation, en
1 109. De nouveaux sujets de querel-
les ne tardèrent pas à s'élever entre
Baudouin du Bourg et Tancrède. La
ville d'Edesse ayant été de nouveau
attaquée par les Turcs , Baudouin
TAN
envoya demander du secours aa roi
de Jérusalem, en se plaignant que
c'était à l'instigation de Tnncredc
qu'il se voyait menace par les Infidè-
les. Le roi y se joignant au comte
Bertrand, vola au secours d*Édesse.
Les Turcs se retirèrent précipitaB-
ment du côté de Haran. Alors le roi
envoya à Antioche des dépatà,
chargés d'amener Tancrède, afin
qu'il exposât j en présence des chefe
de l'armée^ les sujets de plaînles
qu'il avait contre Baudouin duBooK,
et qu'il répomUt aux accusations de
ce prince. Tancrède refusa d'abord
de se rendre aux ordres du roî. En-
fin, sur l'avis des siens, il partit
avec quinau: cents cavaliers, conrcrts
de cuirasses. Le roi le recul trMâcn,
et l'ayant fait venir dans rasseai-
blée des fidèles, lui dcnunda par
quel motif il avait pu armer des
Turcs contre des Chrétiens. Taocrè*
de ne chercha point à s'excnscr; il
avoua qu'il n'était point Tcnn au se-
cours de ses frères parce que Bau-
douin , oui commandait Édotte,
refusait ae payer le tribut oae
cette ville et plusieurs autm de-
vaient à Antioche, leur* Béfaro-
polc. liC roi ne trouva point oette
excuse fondée , et il fit obsomr à
Tancrède que l'usage d'un txibnt,
qui avait eu lieu parmi les Muni-
mai|s y ne pouvait se continuer entre
des princes chrétiens , qui avaicBl
arrêté que chacun gardait libie-
meut tout ce qu'il gagnenil sv
les Sarrasins , sans tpst pcnfln-
ne pût lui en disputer la poiiei-
sion y et que tous se devaient asds-
tance et appui. Tancrbde, toocbé
de ces raisonnements, rndit sen
amitié au comte d'Ëdesse, pmut
qu'il serait à l'avenir fidèk allië
comme il l'avait été dans le piinâ-
pe , et qu'il ne manquerait y — ^ ^
TAN
ses frères. La paix étant
te y les princes chrétiens réu-
nirs troupes, et poursuivi-
Turcs jusque dans Les mon-
e Haran. Mais ceux-ci revin-
u de temps après y en plus
ombre , et fondirent sur la
ute' d'Antioche. Alors les
> chrétiens se réunirent de
y avec le roi de Jérusalem,
ourir Tancrcde , et les deux
»e rencontrèrent sur le che«
lésaréc. Les Turcs passèrent
re rive de TEuphralc, et
Qt dans un lieu trcs-spacicux,
;sta pendant i6 jours en oL-
i. Les Chrétiens ne pouvaient
le combat avec les Turcs,que
i de leurs chevaux dérobait
s de leurs eimemis .'cependant
t sans cesse harcelés; et les
siues ne pouvaient apporter
Lsious au camp. I^a disette
et de fourrage fut bientôt
. £niin, le seizième jour,
iens se rangèrent en bataille^
'lires en firent de même;
illons Chrétiens s'étant por-
rop de célérité sur les ailes
s y une grcle de traits les
le revenir vers le corps de
iprcs avoir perdu beaucoup
le. Baudouin et Tancrède
rs leurs se retirer , levèrent
(1 de la croix , et se portè-
ride-abatlue sur les Turcs,
lâchèrent pied, selon leur
, et se retirèrent par bandes
i de mille. Le lendemain ,
lu jour^ ils tinrent conseil , et
irnèrent dans le Khoraçan.
! alla ensuite assiéger la for-
/Atarcb ou Sarepta , qui
aravant soumise au prince
; rayant trouvée défendue
onne garnison , il établit des
de guerre, et Taltaqua jour
TAN
5o3
et niMt. Après divers assauts , il s'ou-
vrit une entrée dans la ville sans
pouvoir y pénétrer encore à cause de
la grosseur des pierres qui embarras-
saient le passage et des traits meur-
triers ^ue les Turcs lui lançaient.
Ceux-ci voyant l'acharnement de
leurs ennemis^ offrirent à la fin de
capituler. Tancrède reçut de l'or,
de l'arcent , des effets précieux , et il
entra dans la ville d'où la garnison
eut la liberté de sortir. 11 alla en-
suite faire le siège d'un château ap-
Selé FetuJum, dans les montagnes
e Djiblab. Le siège de ce fort l'oc-
cupa trois mois , et il ne s'en rendit
maître qu'après des assauts réitérés.
Ce fut son dernier exploit. Il re-
vint à Antioche, où il mourut de ma-
ladie, en 1 1 1 2 , laissant dans le mon-
de un souvenir illustre de ses hauts
£aiits et de la sagesse de son adminis-
tration , et dans l'église la mémoire
étemelle de ses aumônes et de ses
œuvres de piété. C'est le jugement
qu'en porte ( Guillaume de Tyr. Tan-
crède avait épousé la fille naturelle
de Philippe, roi de France , nommée
Cécilia. On dit qu'à son lit de mort,
voyant devant lui sa femme et un
jeune homme nommé Ponce, fils de
Bertrand , comte de Tripoli , il leur
conseilla de se marier quand il ne se-
rait plus : ce qui eut lieu en effet.
Tancrède fut inhumé sous le porti-
que de l'église du prince des apôtres.
Nous avons fait connaître ce héros
tel que le représentent les vieilles
chroniques ; son caractère ainsi tra-
cé par l'histoire ne nous offre point
l'éclat poétique et romanesque que
lui a donné l'Épopée. On cherche eu
vain dans les faits historiques de sa
vie quelque chose qui puisse ressem-
bler aux amours de Clorhide, dont
le Tasse a fait une peinture si sé-
duisante. Tancn!de fut par ses vertus
5o4 TAN
;;uernères le modèle des chevaliers
de son temps ; le poète italien , en
traçant son portrait, a peint la che-
valerie du seizième siècle et non pas
celle du douzième ; telle est la cause
de la différence qui se trouve entre
le héros des chroniques et celui de la
Jérusalem délivrée. Baoul de Cacn ,
attache' au service de Tancrcde ,
nous a laisse' une histoire iutilulcc :
Gesta Tancredi, M. Dcllxirre a pu-
blié Histoire de Tancrèdè , Paris ,
I Sua , in- 1 •». D — B — E et M — d.
TANCRÈDÈ, roi de Sicile, fils
de Uocer duc de Fouille, et pctit-fils
du roi Roj^er II , était ne liors du
mariage, d'une demoiselle noble , qui
lui transmit par succession le comte
de Lecce. Guillaume I^>^. , son oncle ,
en parvenant au trône , le fit arrêter
de crainte que Tancrèdè ne lui dispu-
tât la succession , en se fondant sur le
bniit qui courait déjà , que sou père
et sa mÎTe avaient e'ie' secrètement
maries. Tancrèdè re'ussit cependant
h s'ëchaj)pcr de sa prison, et il s'en-
fuit àCiOnstantiuopfe : il eu revint à
la mort de Guillaume T'. , et fut
reçu avec distinction par Guillaume
II , son cousin. Sa bravoure , sa gé-
nérosité , sa prudence le rendirent
cher aux Siciliens ; il cultiva les let-
tres , les mathématiques , l'astrono-
mie , la musique , à une époque où
tout l'occident de l'Europe était
plongé dans la plus profonde barba-
rie. Guillaume II , dernier survivant
dans la ligne légitime masculine des
conquérants Normands de la Sicile,
hésita s'il appellerait au trône sa
tante Constance, Clic de Roger II,
ou sou cousin Tancrèdè. Le mariage
de Constance avec Henri VI de Soua-
})e le lit pencher pour la première;
mais fous les Siciliens et tous lei
Normands favorisaient le second \ et
lorsque Guillaïuue II mounit^ le 16
TAN
novembre 1 189 , sans avoir fait de
testament, les états de Sicile, conro-
qués à Palerme, proclamèrent, apib
aes delxits assez vifs , Tancrèdè , fo
fut couronné au mois de janvier 1 190.
Mais à peine monté sur le trône, 1
fut appelé a combattre les plus dan-
gereux ennemis. D'une part le maré-
chal Testa , général de Henri VI et
de Constance , envahissait la PornHey
de concert avec le comte d' Aodzia ;
d'autre part , Richard Gceurde-LiM,
arrivé à Messine avec Philippe -Air
guste , à la fin d*aoftt 1 1 go , dai
son voyage de Terre-Sainte, fonaa
contre Tancrèdè les prëtentions kl
]>his extravagantes , pour le donaiit
de Jeanne d'Angleterre, sa
veuve de Guillaume II. Les
des Croisés furent employées à
mettre les chi)teaux de Messine, et t
massacrer ses habitants. Enfin Ri-
chard partit pour la '^^errenSaÎDle ,
emportant les sommes immenses qne
Tancrcde lui avait payées pour obte-
nir la P'ùi; le maréchal Testa tit
son armée consumée par les nuda-
dies dans la Pouille ; le comte d'Aii-
dria perdit la vie dans une cmlios-
cade ; et Tancrèdè, possesseur paci-
ficpie des Deux-^iciles , maria , en
1191 , son iils Roger avec IrisK»
fille d'Isaac - Ange , empereur de
Constantinople. Mais dans cette an-
née, vers la fin d'avril , Henri VI
entra hostilement dans le rojauBC
de Naples pour recouvrer rhéritaee
de sa femme Constance ; il porta la
désolation dans ces riches proTums,
dont il incendiait les villes et les cU-
tcaux. Pour la seconde fois, les ma-
ladies causées par la chaleur de la
saison détruisirent l'armée alte-
rna ude. Henri , au mois de septem-
bre , se retira , par Gcncs , en Al-
lemagne. Constance , qu'il anit
laissée à Salerne , fut livrée i Tau-
TAN
par les habitants de cette viUe,
Dduilc à Pa terme. Mais Tan-
vit en elle «ne pi oche parente
I point nue rivale : après l'avoir
e quelque temps en reine à sa
, il la renvoya , en 1 1 92 , corn-
le prt'scnts , vers son mari , sans
e aucune condition h la liberté
lui rendait. La guerre se conti-
nu eflct entre les 0 (liciers de
i VI et le roi Taucrède. Ce der-
'avança jusqu'à Pcscara , et re-
à Tobcissance Richard comte
lano ; mais obligé de retourner
ciîe , il laissa les troupes impé-
rcprendre l'avantage en son
ce. Dans une troisième campa-
en 1 193 , il combattit avec suç-
on rad Mosca in Cervello, génc-
B Henri VI ; à la fin de l'année,
tour en Sicile , il eut la douleur
oir mourir son fils aîné Roger,
nté, qui avait déjà j: ou (Tcrt quel-
atteintes durant la précédente
agi:e, ne résista point à ce non-
malheur ; il mourut au com*
ement de Tannée 1 194 > laissant
ne Sibille tutrice de son second
uillaume 111. S. S — i.
lNCRÈDE. rojr. Rouan.
iNDY (James Napper), né enlr-
, en 1 757, fut d'abord négociant
lin , se montra dans sa patrie un
memis les plus ardents de la
lation anglaise , et fit surtout
r son opposition à l'époque de
solution de-'France. II publia ,
91 , un plan de réforme, et fut
le' secrétaire d'une association
tboliqucs romains , quoiqu'il
ssât la religion des protestants
onformistes. Il fut nommé c^
des volontaires de Dublin , et
en quelque façon , l'étendard
révolte. Bientôt, poursuivi par
cLi*es du ministère anglais , il se
ia en France , où il fut très-
TAN
5o5
bien accueilli par le Directoire exé-
cutif , qui , voulant se servir de son
influence pour tenter une descente
en Irlande y le nomma général de
brigade , et lui accorda des secours
pour lui et ses compagnons. Ayant
été placé à la tête d'un petit nom-
bre d'Irlandais, qui partageaient
ses principes et sa destinée , il fut
jeté, dans le mois d'août 1798,
sur la côte occidentale de Done^al ,
avec un corps de troupes françaises ,
commandé parle général Re^^ tandis
que le général Humbert faisait une
desceute sur un antre point ( à Kil-
lala); mais cette troupe, ]icu nom-
breuse, ayant appris la défaite du gé-
néral Humbert, prit aussitôt le parti
de se rembarquer. Napper Tandy ,
3ui avait été excepté par le parlement
u bill d'amnistie , s'étant réfugié à
Hambourg , fut livré par les ma-
gistrats de cette ville , avec le frère
d'O Connor^ sur la réquisition du mi-
nistre d'Angleterre Crawfort. Buo-
nauarte , alors premier consul de
FnKce , écrivit à cette occasion au
sénat de Hambourg une lettre mena-
çante , où l'on remarquait la phra-
se suivante : a Le courage et l éncr-
V gie maintiennent les états ; c'est la
» lâcheté qui les renverse. » Trans-
Sorté dans les prisons d'Irlande , Tan-
y fut condamné à mort par la cour du
banc du roi ; mais ce jugement n'ayant
pas été exécute, il recouvra la liberté
lors de la paix d'Amiens , à la de-
mande de l'ambassadeur de France ,
et il se hâta de retourner dans ce pays.
Arrivé à Bordeaux dans le mois de
mars 180a , il mourut dans cette
ville , le if\ août i8o3. M — o j.
TANNEGUI DU Chatel , Tun
des plus vaillants capitaines du quin-
zième siècle, descendait d'une ancien-
ne et illustre maison de Bretagne. Dès
sa première jeunesse » il montra des
5a6
TAN
inclinations guerrières , et se signala
par divers exploits. Son frcre aine
(iuiilaume ayant été' tue\ en i4o4^
par les Anglais, devant Hle de Jer-
sey y il descendit sur les cotes d'An-
gleterre y suivi de quatre cents cbeva-
liers bretons , et revint charge' d'un
immense butin. 11 entra , peu de temps
après , au service du duc d'Orléans ,
qui le nomma son premier chambel-
lan. Après la mort de ce prince , as-
sassine par le duc de Bourgogne ( F,
Ori^eans, XXXII, 8i ), il accom-
pagna Louis d'Anjou, que les Napo-
litains invitaient k reconquérir son
tronc, et contribua beaucoup aux suc-
cès passagers que celui-ci obtint sur
Ladislas ,sou cumpctileur ( V. Louis
II , XXV, 24H). A son retour de cette
expédition , le dauphin le prit à son
service, et le nomma maréchal de
Guienue. En 1 4 1 3 ^ il fut revêtu de
la charge importante de prévôt de
Paris. II déjoua plusieurs complots
des Bourguignons, et notamment, en
1 4 1 ^>; nue conspiration dout les chefs
cxpicTcnt leur crime dans les suppli-
ces. Mais malgré son infatigable sur-
veillance , il ne putempecher des traî-
tres de se glisser dans le palais, et de
choisir leurs victimes dans la famille
royale. Le dauphiu Louis et Jean^
son frère, moururent de poison, à
quelques mois d'intervalle ( F. Char-
les VI , VI II , 1 i(i). 11 ne restait phis
à la France qu'un seul descendant de
ses rois , (piand un complot , tramé
par quelques citoyens obscurs , livra
Paris aux Bourguignons. Averti du
danger par les cris de victoire des
conjurés^ Taunegui vuleà l'hôtel du
d-niphin , l'emporte dans ses bras à
la Bastille, et le conduit ensuite à
Mchni. Dès qu'il a mis eu sûreté ce
précieux dépôt, il revient à Paris,
espérant surprendre les Bourgui-
gnons: mais un comliat s'engage dans
TAN
la rue Saint -Antoine. Les Qriëa-
nais , commandes par Tann^m «
n'ccha(men^ qu'avec peine k une po-
pulace furieuse. Quatre mille victimes
ne peuvent assouvir sa rage. La guci^
re civile étale ses horreurs d'un Dout
à l'autre du royaume. Les Anglais,
profitant de nos discordes , s'empa-
rent de la Normandie ; et pour qae
rien ne manque aux. malheurs de la
France, la famine et la peste dëd-
ment ceux que le fer a épargnés. Lb
deux partis sentent également le he- |
soin d'une réconciliation. TanMem
est chargé par le dauphin de nfocicr
avec le duc de Bourgogne , pour l'em-
pêcher de s'allier aux Anglais. Due
entrevue des deux princes est fixée à
Montereau. Le duc de Bourgogne,
qui ne s'y rend qu'avec répugnance ,
y est assassiné {F", Jeav-sams-Peub,
aXI , 469 ). Ihi Chatel avait-il con-
seillé ce crime, et s'en est-il raidale
complice? Les historiens bourgui-
guous l'accusent tous sans héûler;
mais Tanuegui , dont on ne nent ré-
voquer en doute la loyauté, jura sur
son honneur que le meurtre dn doc
de Bourgogne n'avait point é^pié-
médité, et s'offrait de maintèair son
serment par les armes contre deux
chevaliers. Aucun ne se préscirta pour
relever le défi. C'est, d'après ks idées
du temps, une preuve qu'on n'était
pas convaincu qu'il lût rêelIcBCBt
coupable. Une enquête fut iâite par
les olllciers du duc de Bourgope;
des témoins furent entendus ;^ âîil-
Foix , après avoir #flcamîiiP jgggg
dépositions , dédare Du Ghatcl cl k
dauphin innocents du meurtre it
Jpan-sans-Peur (Voy. les CEw^ft$
de Saint'FoiXy v , ao6 et soit.).
C'est aussi l'opinion de ..Vollaire
( Œuvres , xvii , 35i . éd. deKeU,
in-8". : ; mais le nouvel histom des
ducs de Bourgogne n'a point cm d^
TAN
udrc La mémoire de Tuidc-
î si grave accusatioa (Voy.
?5 ducs de Bourgogne y par
irante, rv'). Tam>egui nar-
disgrâce du daupbip , des-
r son père , et le suivit daiis
ie la France y seule partie
me qui pût encore lui don-
asile. Ce prince, en arri-
roue y récompensa la fidélité
atel, en l'élevant aux pre-
plois. S'il était vrai, com-
t Pasquier ( Reclterches de
:e , VI , 4 ) > H"^ Tannegui ,
assemblée du conseil, eut
propre main le comte dau-
uvcrgue , cet acte de violen-
lit toutes ses qualités ; mais
ilogic des comtes d'Auver-
Savaron (Voy. les Origines
lont ) , prouve que Pasquier
informé. Les courtisans ne
tir saus jalousie la faveur de
l. I^e connétable de Riche-
gca son renvoi. Charles VII
se priver d'un serviteur dont
ssait le dévouement^ mais
, sentant que ce sacrifice
'ssaire au bien de l'état, dé-
i intention de se retirer en
; et rien ne fut capable d'é-
1 résolution. Le roi lui don-
rdes pour sa sûreté dans le
et le nomma sénéchal de
^ , où il fixa sa demeure. En
fut nommé grand - sénéchal
nce. Cinq ans après, il se
iiome avec le titre d'ambas-
son retour de cette mission
?, il mourut, en i449i ^
jviron quatre - vingts ans ,
:-putati<<n d'un grand capi-
*un politique habile. W-s.
FJill Li CHATEL, VI-
Li f>« .l.»-rr I . rifve»* du
TAN S07
précÂient , était le ù\s puîné d'Œi-
viei dn Chatel , chambdlan du duc
de BreUf^De. Son onde ^ qui n'avait
point dlieritier , se chargea de le
former dans l'art de la guerre , et de
rinstruiredes usages de la dievalerie.
U fiit l'un des tenants du tournois
cde'bré en i449 j ^ Tarascon , in
présence du bon roi René (3). L'af-
fection qne Charles VII portait au
grand sénéchal de Provence s'éten-
dit sur son neveu , qu'il fit grand-
maître de son écurie (3). A cette
charge, Tannegui joignit celle de
lieutenant du Languedoc y et en cette
Qualité , il solliciu , plusieurs fois y
des états de la province , une aug-
mentation d'impôts que les circons-
tances rendaient nécessaire. Au mo-
ment de la mortde Charles VII« tous
les courtisans désertèrent le palais ,
empressés d'aller porter leurs hom-
mages au nouveau roi ( Louis XI )y
qu'ils avaient si souvent desservi près
de son père. Tannegui seul resta près
du corps de son bienfaiteur. Il donna
les ordres pour ses obsèques , et y
dépensa trente mille écus , qui ne lui
furent remboursés qu'au bout de dix
ans (4). Après avoir rempli ce triste
devoir , il partit pour la cour du duc
de Bretagne , François II , aui le
nomma grand -maître de son hotcl.
U rendit d'importants services à ce
prince ; mais ayant osé lui représen-
ter que son goût excessif pour les
femmes l'avilissait aux yeux de ses
sujets, il encourut sa disgrâce, et
fut obligé de se réfucier en France.
Louis XI , désirant l'attacher à son
service, lui rendit la charge de grand-
maître des écories; el deux ans après
1 V ,j. VRuUMn dt Hetu , par M. le naamU
ie ViIfc»*»Tf ftit|iMiiw», II, S».
— '. ' '.-> Ir-:;
-.v«.- hl*
' ; A I jrt. FAJISÇOtS II . XT. ^ . «• aUrtlw*.
«VK I>i!T¥n«Ct ' ifn 11 JnhMlHiifM ML^*%
*r»
'•4»
r>o8
TAN
(ij(»8), le nomma gouvoniciir du
Uoiissillou , que le roi d'Aragon lui
avait engage pour trois cent mille
ecus d'or. Ix? vicomte de IjA Bellici-e
( c'est le uom que portait alors Tan-
negui ) fui Fuu des premiers cheva-
liers deToi-dredeSaint-IVlirlicL Em-
iiloye' tour-à-tour par Louis XI dans
les guerres et d^ms les n'^gociaiions ^
il justifia paitout la conliauce que
lui accordait ce prince soupçonneux.
L'ayant accompagné au sie'ge de
Bouchain , taudis qu'il en examinait
les fortifications avec le roi qui s'ap-
puyait sur son épaule , il fut atteint
d'un coup de fauconneau. Sentant sa
blessure mortelle , il dicta ses der-
nières Yoloutcs^ et expira dans les
derniers jours de mai i477* Il J<*'^~
sait trois filles, sans fortune, quoi qu'il
eut commandé des armées et gouver-
ne des provinces. Par son testament,
il pria te roi de marier la seconde, de
perniellre que ses amis mariassent
l'a?n(*c , et de laisser à sa veuve le
soin de pourvoir la troisième. Il le
priait, en outi-e y de payer ses dettes,
jurant par la mort qu'il attendait y
(uril n'avait pas dépense un sou des
deniers publics , autretneut que
pour le service de l'état. Enfin , il lui
demandait pardon de ses emporte-
ments et de ses désobéissances ^ car
folie, dit-il , me les fit faire plus que
malice ( Voy. I/ist. de France^ par
Ganner, ix , 4iB, édition in-4"« )•
Le roi le regretta sincèrement , prit
soin de ses obsèques , et voulut qu'il
fût inhumé dans l'église Notre-Dame
de Cléry. On conserve, à la bibliothè-
f [ue royale, plusieurs Lettres de Louis
XI au vicomte de La Bell ière. L'a bbc
Lcnglet Diifresnoy en a publié quel-
ques-unes dans son édition des Mé-
moires de Comines. On a son porr
trait gravé par Odicnvre , in -4**.
W— s.
TAN
TANNER (Mathias), jësnîte,
né, en iG3o, à Pilseu dans la Bo-
hème, embrassa la rëgle de saiul
Ignace, à seize ans. Apres avoir pro-
fessé , suivant l'usage de rinsUtut ,
les humanités, la philosophie, h
théologie scholastique et polcmiquc,
et l'Écriture sainte, il lut nomme
recteur du coll(^e d'Olmutz , et en-
suite de Prague. LIu protindal , il
se rendit à Borne, en 1675, et lor»»
que ses fonctions furent expirées,
re> int à Prague , où il mourut dam
les premières anuéesdu dix-huiticme
siècle. Outre quelques opuscuks en
langue bohème , parmi lesquels 00
cite une Histoire du Mont Olivet
dans la Moravie, près de Stambonrg,
et un Dialogue y dans lequel un exa-
mine si un homme mané peut , du
consentement de sa femme, cndiras-
ser l'état ecclésiastique , on a du P.
Tanner : L Cruentum Chrisii sacrt-
ficium incruento missœ saenfido
explicatum , Prague, 166g, in-u.
U.SocietasJesuusgue adsattgumis
et vitœ prqfusionem in Etunpdy
Jsid^ Ajricd et Ameried mHiUm;
sit'e vitœ et mortes eontm m m
caiisdfidtd interfecti sicirt, ibid.*
1G75, in-foL, fig. m. Jlisliifia
societat, Jesu ; stvtf ndtœ eC gesU
prœclara PP, iSoc., flnd. , i6g4i
iu-fol. , Gg. Ces deux ouvrages sont
écrits avec une élégance remar^oabk;
mais on les recberche surLont pow
les beaux portraits dont ib sont or-
nés. — Tanner ( Adam ) , jânile,
né à Inspruck, eu i5^a , fiit praiiBi-
seur de théologie k Vienne , cC chan-
celier de l'université de Prague. II
mourut en i63a, après avoir publié
un grand nombre d écrits , enfle as-
tres: Astrologia sacra , Ingolstadi,
]G!2t , in-fol. W— s.
TâNN ER ( BKRif ARD ) , né à Pira-
gue , avait parcouru b Bohine , sa
}
TAN
, ritaîic et la Pologne , lors-
1678, il fut choisi pour ac-
gncT . en qualité' de çentil-
c-intcrprî'le, L'ambassade qnc
Jobicski , roi de Pologne, en-
i Moscou, vers le czarFcodor
heodore Alexiowitch , frère
rre-le-Grand. Cette mission fut
r}uable par son éclat et sa ma-
lice ( V, SOBIESKI , XLII ,
La relation que Tanner en a pn-
I ) est piquante * on y trouve le
it fidèle des mœurs moscovites,
u'elles étaient quelques années
e règne de Pierre I®*". Le récit
auteur nous attache particu-
ent, parce qu'en le suivant on
e sur la route que l'armée
ise a marquée , en 1812, par
'actions glorieuses et par des
res si effrayants. « La diète de
le, dit-il, ayant termine ses
IX, en 1677 , le roi et la re-
lue , après la paix de Zuro-
résolurenl d'envoyer des am-
ies solennelles aux premiers
•ques de l'Europe. Je fus d'a-
ittaché à celle de la Turquie,
celle qui allait à Moscou ; le
, Michel Czartorysky, palatin
olhinie, en était le chef. Ce
qui voulait paraître à la cour
ars avec \!i magnificence d'un
rit quinze cents personnes à sa
Je ne fus placé que dans le
cme rang des oftlcicrs ; cepen-
'avais trois chevaux de main
lOmestique. I^c i^^.mars 1678,
rrivâmes à Minsk, de là à to-
sur la Bérczina , dont les
marécageux retardèrent notre
A Mohilow , nous étions en-
gaiio poloncMlhnanicti in Moscoviam , pO"
i Polvn'ut rrfii< ac reipubUca mandalo et
unno iG-HJeLnlfr %u(c<pla , ht efiter sed
tfuoad fingiila notiJ'itîa 'IffCripta à Irfte
licfn. f^cp, Fntnr. Tannetv , Nurem-
»0 , iu-4«.
TAN 5og
corc sur le territoire polonais , les
Moscovites ayant été obligés de ren-
dre cette ville, dont ils s étaient em-
parés. Nous y passâmes le Dnieper,
que nous traversâmes une seconde
fois avant d'arriver à Smolensk.
Pendant nos malheurs, les Moscovi-
tes s'étaient empare's de cette ville, et
ils avaient jusque-là refusé de la ren-
dre. Le prince Czartorysky y fit son
entrée avec grande pompe. Nous y
trouvâmes tout étaî)li sur le pied
moscovite. Les habitants avainit
même été forces de quitter l'habille-
ment polonais pour prendre ce^ui de
leurs nouveaux maîtres. 4 près avoir
passé une troisième fois le Dnieper ,
nous a rrivâmes à Polanov^'^ce , où nous
contemplâmes long-temps avec dou-
leur la fosse carrée que le roi Sigis-
mond avait fait creuser pour indiquer
les limites delà Pologne. Nous traver-
sâmes Wiasma , Czarskezamoiscie,
Mojalsk , et enfin le prince fit son
entrée k Moscou, précédé par cinq
cents voitures qui menaient les équi-
Eages. Ayant traversé les parties de
i ville appelées Slobodow et Zemle-
nigorod, nous arrivâiçes au Kitaïgo-
rod,surla porte duquel le czar s'é-
tait placé pour nous voir entrer.
Quand le prince dut avoir sa pre-
mière audience , le grand écuyer mos-
covite vint dans un char avec les che-
vaux que le roi de France avait
donnés au czar , ainsi que le char.
11 conduisit l'ambassad!e au Krim-
gorod ( Kremlin ) , où est la rési-
dence du ezar. En nous congé-
diant après l'audience , ce monar-
que nous promit de nous régale*.
On fit entrer l'ambassade dans une
vaste salle du Ki'emlin, où l'on nous
servit une énorme quantité de plats
couverts de poissons hachés et telle-
ment disposés qu'ils représentaient
toutes sortes d'animaux. Je ne sais
5io
TAN
avec quoi on les avait assaisonnes
ils répandaient dans la salle une
odeur fctide qui paraissait plaire
aux Moscovites ; mais qui nous sou-
levait le cœur. Le prince {Knias) , qui
faisait les honneurs pour le czar,
commença à porter les santës avec
un grand vase plein d'eau-de-vie;
ensuite vinrent la bière , Vbydromel ,
enfin le vin. Les officiers du czar
burent sans mesure ; ils tombaient
dans la saUe sans connaissance y et
on le jetait dans la cour. Les
séances conmicncèrent. On proposa
au czar: !<>. de conclure un armis-
tice de quatorze ans avec la Pologne;
20. une ligue offensive contre les
Turcs; 3°. de rendi-c les villes de
Smolcnsk, de Kiow et le palatinat
de Wielicka; et enfin de permettre
aux catholiques le libre exercice de
leur relidon.Le czar déclara de suite
qu'il était inutile d'agiter le dernier
point , que jamais il ne raccorde-
rait. Pendant les négociations^ sur-
vint la Saint-Théodore , felc du czar.
Il voulut de nouveau nous régaler.
Ce fut, comme la première fois , une
quantité de plats monstrueux , cou-
verts de i)oissons assaisonnés avec
do rhuilcae lin: Tudeur nous soule-
vait le cœur. Nous fîmes des efforts
pour ne point mécontenter le czar.
Après de longues discussions, on con-
vint que les jMoscovites rendraient
le Palatinat de Wicliska , et qu'ils
paieraient deux millions en argent
comme dédommagement pour Smo-
leiisk et Kiow , qu'ils refusèrent de
rendre. La ligue contre les Turcs fut
aussi conclue. Les officiers de l'ambas-
sade que les négociations ne regar-
daient point avaient la plupart lié des
connaissances. Un d'eux fut surpris
par le mari, qui traiti sa jeune épouse
selon les mœurs du pays. Celle-ci fu-
rieuse fit mourir l'époux. Ayant été
TAN
convaincue , eUe fut amenée sur la pla-
ce publique^ dépouillée de tout ym-
meut, et, dans cet état, ayant ks
mains Héà derrière le dos, exposée à
tous les regards , et ensuite jetée , jus-
qu'à la moitié du corps , dans ODe
fosse que l'on remplit de terre. Elle
devait y rester troisjomrs et trois mnls;
mais &$ chiens aflamés s'étant jcfléi
sur elle y die se défendît tant qo^cBe
put par ses cris , et parvint & en saisir
un avec les dents; mais ses força
s'étant bientôt épuisées , elle fbt dé-
vorée toot entière. Il faut avoir va
cet horrible spectacle pour s'en for-
mer une idée. Le gouvernement est
si barbare , que personne n'osa por-
ter secours à cette infortanée. A
on mille de la ville , on trouve Nie-
meczka Sloboda y petite ville fondée
par des colons allemands. Nons j
allions souvent ^ nous croyant heu-
reux quand nous n'avions point sois
nos yeux les mœurs sauvages des
Moscovites. Un de iips officiers ayut
Sromis le mariage à une jeune veuve
e cette colonie , le beau-pèce de
celle-ci, qui était depuis Ion{;-lenips
ingénieur dans l'armée moscovite, se
proposa de profiter de l'occasion
pour quittei* ce maudit pays et re-
tourner dans sa patrie. Le gonverae-
ment avant eu vent de son projet, fl
fut décidé que y pour rcmpèclier de
Eartir y on lui casserait les aenx Jam-
es y et qu'on lui couperait la maia
droite. Ce pauvre malheureux rmré-
senta qu'il ne pourrait plus taire
lé signe de la croix. On loi aceorfa,
comme ime grâce insigne , d'avoir
la main gauche coupée au lien de la
droite. Quand il fut guéri, nous oé-
lelirâmes la noce chez une jeune veu-
ve qui tenait auberge. Notre joîe bien
innocente déplut; la maison fut en-
tourée^ la veuve et l'ingcnienr em-
menés et conduits sur la place puibU-
TAN
que y où ce pauvre homme fut ache-
vé' à coups de knout. On releva les vê-
tements deJa veuve par-dessus sa tête,
pour lui donner cinquante coups de
knout y sans que ces sauvages se lais-
sassent toucher par ses cris. Ses amies
l'emportèrent chez elle demi -morte.
Le lendemain de la Saint- Laurent ,
nous nous rendîmes avec la foule dur
les bords de la Moskwa. Le patriar-
che arriva avec son clergé. Aussitôt
qu'il eut béni le fleuve ^ et qu'il y eut
fait descendre trois fois l'image de la
Sainte Vierge portant l'Enfant- Jésus,
les Moscovites de tout âge et de tout
sexe se dépouillèrent sans aucune pu-
deur, et se jetèrent dans l'eau. Nous
YOidumes plusieurs fois aller prendre
des bains dans le Ûeuye; mais cha-
que fois nous fumes obligés de nous
éloigner ^ ne pouvant soutenir la yue
des indécences que la foule commet-
tait. » Pour revenir en Pologne, Tam-
bassade prit la route qu'elle avait
suivie en allant à Moscou. G — y.
TANNER (Thomas), biographe
i anglais , né en i6'74 ? fut admis ^ à
seize ans , au collège de la Reine à
Oxford , où il se distingua par son
application à l'étude^ et par la ra-
pidité de ses progrès. Au nombre de
ses condisciples se trouvait Edmond
Gibson ( F^. ce nom ) , depuis évêque
de Londres ; et la conformité des
goûts établit entre eux une amitié qui
dura toute leur vie. Son Essai sur
l'histoire monastique de l'Angleterre
( I ) l'ayant fait connaître de Moore ,
évêque de Norwiçh , ce prélat lui
procura la place de chancelier de son
église y et lors de sa transmutation
sur le siège d'Ély , une prelîende de
ce chapitre. Passionné pour les re-
cherches d'histoire littéraire , Tan-
(t) Cet Es§at parut en aogUU, Oxford. i6q5 ,
TAN
5ii
ner y consacrait les loisirs qu'il de*
vait à son bienfaiteur et travaillait
à justifier l'idée que les savants
^ avaient conçue de son érudition. De
nouveaux bénéfices furent le prix de
ses honorables efforts. Archidiacre
de Norwich et chanoine du chapitre
de Christ d'Oxford, en ijSi , u fut
élu évêque de Saint-Asaph , et mou-
rut à Oxford , en i735 , laissant à
ses héritiers le soin ae pid)1ier le ré-
sultat de ses recherches. David Wil-
kins , chanoine de Ganterbury , mit
enfin au jour le grand ouvrage de
Tanner , sous ce titre : BibUotheca
Britannico-Hihemicay sive de script
torihus qui in Anglid, Scotid et Hi-
bemid j ad sœculi xvii initium
jlonierunt, Londres , 1748 , m-fol.
Le savant éditeur a fait précéder cet
ouvrage d'une Notice , tirée d'un an-
cien manuscrit , sur l'état des lettres
dans la Grande-Bretagne ayant l'in-
vasion des Romains. La Bibliothèque
de Tanner contient toutes les re-
cherches de Leiand, Bale^ Pits et
des autres biographes aoglais qui
l'avaient précédé; mais il a corrigé
leurs erreurs et réparé leurs omis-
sions. C'est l'ouvrage le plus com-
plet que l'on connaisse sur l'histoire
littéraire d'Andeterre. Il est rare en
France. W— s.
TANNEVOT (Alexandre), né
à Versailles , en 169a, d'un père em-
ployé , on ne sait pas précisément k
quel titre, dans les bâtiments du roi,
fut, pendant soixante ans, dans les
bureaux de MM. Lecouturier et de
Boulogne. Il finit par devenir premier
commis des finances et premier se-
crétaire de M. de Boulogne y alors con-
trôleur -général. Il avait exercé les
fonctions de censeur royal, et en por-
tait encore le titré lorsqu'il mourut ,
en 1 773. Exempt d'ambition , il ne
chercha point à faire fortune. Il fut
5l3
TAN
route sa vie un financier dcsintcrcssc
t't pauvre, et un poète médiocre. On
a de lui : I. Poésies diverses ^ ï7^^>
in-iîi : nouvelle édition, l'jiiôy^ y.
in- rx, liB pi-cmier est divise' en deux
parues, qui ont chacune leur table ,
quoique n'ayant qu'une pagination ;
ce qui fait que quelques bibliographes
portent l'édition à trois volumes. On
y trouve deu\ Tragédies déjà impri-
mées , trente Fables , quelques Odes,
quelques Épilres et des Chansons ou
Pièces de circonstances. VÉpîlre à
mes livres, antérieure ou non aux
Charmes de V étude , par Marmon-
tel ( qui sont de 1760 ) , leur est cer-
tainement inférieure. Taunevot n'a
pas été mieux inspiré dans son mor-
ceau intitulé : j4 l auteur d'une ÉpU
tre à Uranie ( Voltaire ). Les deux
seules pièces qui soient supportables
sont deux Chansons un peu loncues ,
intitulées : le Philosophisme et V Es-
prit. La dernière , contre le livre
d'Helvétius , est citée quelquefois ;
elle commence ainsi :
O rincoinpaniLlr lirre
Qn« le livre Dt Ve.*prit.
IL SethoSy tragédie en cinq actes et
ou vers , 1789 , in 8*^. Cette pièce est
tirée du roman de l'abbc Terrasson
( F. ce nom ). Elle n'a point été re-
présentée; mais elle a été réimprimée,
en 176G, parmi les Poésies de l'au-
lenr, sous, le titre de Daluca.lll,
Adam et Eve, ou la Chute de Vhom^
me, tragédie en cinq actes et en vers,
1 74^7 in-8<*. j réimpiimée , en 1 76(),
dans ses Poésies diverses. Beaucoup
de passages sont imités du Paradis
perdu dcMilton , que Taunevot avait
01 le projet de traduire en vers fran-
çais. IV. ï-.es Décrets divins y ode
sur la convalescence dundy 1 747 »
in-4". , réimprimée dans un Recueil
de pièces choisies sur les conquêtes
4lu roi y 174^» petit-iii-8''. , mais non
TAN
admise par l'auteur dans ses Poé-
sies y en 1766. V. Lettre à M. Kiâ- I
flin , préteur de Strasbourg , sur k
ivre d'estampes qu'il a fait graver
à l'occasion du séfcur du roi à Stras-
bourg, fÂi, in -4^-9 ^'on com-
Ims dans les volumes de 1 ^66. VI.
i^a Parque vaincue , divrrtissemcst
en un acte sur la ronyalesccDce de
M. le duc de Fronsac , exécu-
té k l'hôtel de Richelieu , à Ver-
sailles^ et imprimé en 1757, nais
non reproduit dans les Tolumcs de
1 7^6. VIL jé Messieurs les docttars
de la maison et société de Sorhim-
ne , épître en vers y 1 764 « ûi-4^.f qui
valut à l'auteur wi reacrit de la Sor-
bonne , qui lui rend grâce de soo zèle
à combattre les ennemis de la reli-
gion. V Épître et\e Rescrit sont dans
les volumes de 1766. VIII. Qnelqun
autres Pièces dans les joumaiiXy on
imprimées séparément , mais faisant
partie des Poésies , et dont réDiuné-
ration serait fastidieuse et snperfliie.
en 1 n^n ; et 11 a eie recuieur «s no-
tets de Lalande, recueillis en 1738
(T.Lalande, XXlIIy 3i4); ^''■I
est l'auteur des Préface ^ Avertisse-
ment et Avism A. B— t.
TâNSILLO (Louis), poète ita-
lien , né , vers l'année 1 5io , à Ve-
nosa , d'une ancienne famille origi-
iinircde Noie (i), s'attacha au suit
de la maison de Tolèide, et servit
avec distinction sons les ordres de
don Garcia , fils de don Pèdre, viee
roi de Naples. Poète et soldat, il en*
ploya ses premières années â rende
et à la guerre; ce qui l'empêcha de
se livrer avec beaucoup d'assidoitcà
la composition de ses ouvrages, dsot
la perfection est moins le râultaldn
\^ Vîo fMutn- m Kolm , io m f'emosm
TAN
travail que' le fruit spontané d'un ta-
lent ricbemcnt doté par la nature.
Dans le dialogue intitule' : // Gonza-
ga, le TasK place cet écrivain au
nombre des meilleurs poètes de son
temps; et Ton ne peut (jue souscrire
à un pareil suffrage : mais il n'eu est
pas de même de ceux qui prétendent
élever Tansillo au-dessus de Pétrar-
que. Ces jugements , dictés par la
passion y s ils ne le sont pas par l'igno-
rance , ne font qu'abaisser les hom-
mes qu'on essaie d'agrandir. Que
dire aussi de Stigliaui , qui sou-
tient que son compatriote a été volé
par Marini, à qui il a inspiré les
plus beaux Concetti (ti) ? La pre-
mière production de Tansillo fut
un poème , qui , tout en blessant les
mœurs , jeta les fondements de la ré-
putation littéraire de l'auteur. Nulle
part peut-être la tradition des an-
ciens usages ne s'est si bien conservée
que dans qu^ques provinces du royau-
me de Naples. Cette liberté , ou plu-
tôt cette licence de parler , qu'à une
certaine époque de l'année les Ro-
mains accordaient à leurs esclaves ,
et qui a fourni à Horace l'une de ses
plus belles satires ( 3 ) , était jadis
autorisée pendant les vendanges ,
à Noia, non loin du berceau des
y4tellanes. Alors toute distinction
d'âge , de sexe , de rang, s'effaçait ; et
le aemier des paysans se permettait
d'adresser aux passants les traits les
plus mordants et les plus licencieux.
Ce fut pour solenniser ces orgies que
le poète composa le Fendenimiatore,
où , sous le voile d'une allégorie pi-
quante, il alarme la pudeur, sans lui
porter ouvertement des atteintes. Ce
poème , écritdans l'automne de 1 534i
(•») f'rnne il Marini ,e colla .ttui garbala ron-
rht tin , g/i carpi tutli i tuoi million c*mefUi. LeT-
3) I>a 7«, dn ll« lirr».
XLIV,
TAN
Si3
parut cette année même y maigre la
défense qui en avait été faite à celui qui
était chargé d'en garder le manus-
crit. Cette imprudence eut des suites
fâcheuses pour l'auteur , dont l'exis-
tence était d'ailleurs fort agréable
En iSSg, il suivit don Garcia en
Sicile , où l'on préparait des fê-
tés pour eéle'brer le mariage de don-
na Antonia Cardona avec ce seigneur
espagnol. Tansillo augmenta I édat
de cette pompe par un mtermède^ re-
présenté , avec une magnificence ex-
traordinaire , à Messine. Le théâtre
fut dressé sur deux galères jointer
ensemble par une plate-forme , amar-
rées près du rivage et toutes pavoi-
sées ae drapeaux. La description de
ce spectacle nous a été conservée
Sar un historien contemporain (4),
ont le récit a induit en erreur
Fontanini^ qui, n'ayant jamais vu
cette pièce, a imaginé que c'était
une pastorale intitulée TirciSy et que
l'on devait regarder comme le pre-
mier essai de ce genre, en Italie:
mais le savant Apostolo Zeno a prou-
vé (5) d'une manière péremptoire
que ce poème , que l'on croyait per-
du, et aontil possédait un exemplai-
re, n'était autre chose qu'un long
dialogue dramatique, à -peu -près
comme la Cecaria d'Épicurc, qui
aurait des titres bien plus incontesta-
bles à passer pour i'inventeur du dra-
me pastoral , si l'on n'en trouvait dé-
jà des traces dans quelques scènes
de l'Orphée dePolitien ( F', Beccari,
I V , 5 ). Eu 1 55i , Tansillo fit partie
de l'expédition que Charles-Quiut di-
rigeait contre Tunis ; et il combattit
à cote de don Garcia de Tolède, sous
les murs de l'ancienne ville d'-r^^^ro-
(4) Maurolico , Renim Siemnarum compentHmm,
Dans le MisctUtutem de Bahisa, il, 337 .
(^5) VoY. tm Bîotcs «ir Fontaiiinî, i» 4^.
33
5i4 TAN
disiuni, qui fut cmpoiiëe d'assaut.
£11 s'associaDt aux exploits de son
protecteur, il ne laissait échapper au-
cune occasion de Tamuser et de le
distraire : ce qui faisait dire à ce prin-
ce qu'il avait à son service un Ho-
mère et un Achille re'unis dans la
même personne. Tansillo recon-
nut cette faveur par l'honorable
mention qu'il ût de son Mécène, dans
plusieurs endroits de ses ouvrages.
Ce poète, d'un caractère doux et de
mœurs irréprochables , ne put se
soustraire aux rigueurs de l'inquisi-
tion , qui mit tous ses vers à Y index*
Le t seul ouvrage qui méritât cette
rigueur était le Fendemmiatore y
qu il tâcha de se faire pardouner par
un nouveau poème intitidé : LeLagri-
me di San Pietro , dont le sujet indi-
(lue assez le but. Cette composition ,
(l'un cadre trop vaste pour être
rempli, fut précédée par une Can-
zone adressée à Paul I Y (6) , et dans
laquelle le poète implorait son par-
don par d'humbles supplications et
)iar le plus sincère repentir. L'effet
(le cette pièce surpassa l'attente de
l'auteur , qui eut la satisfaction de
voir son nom disparaître entièrement
de la réimpression de Ylntlex, où
l'on aurait pu sans injustice laisser
le FendemnUatore, Les Poèmes de
Tansillo les plus estimés sont : //
Podere et la Balia ( la Ferme et
la Nourrice). Dans le premier, il
domie des instructions pour le choix
et l'entretien d'une maison de cam-
{fi) ^ daoB cctU piic« on im trooTait pu Im
v«rs toi van !■ :
/^ ProvUéHMa
Jfms nomi^ il Polo e'I Pitre , m tt eoHgiumgt,
I.'uM eoH Ufasc»^ l'altro col dtmimmm.
( Pral IV s'appelait Pirrre Carrfm \ on pourrait
doator qu« ce lott h Paul IV qu'elle a'adrcMCi car
«e pape , mort le 19 ao&t iSSp, «cmbie n'avoir pu
r rendre aucune part ni i la' condaouMtion m i
akMiInlioB d« Tanaillo , dont les onrrMM farciil
kiiâ i VmJk* par un dérret du 3o drretnl»v« tSS^.
S
TAN
lagne, et dans l'autre, ilivcomman-
le aux mères de nourrir eDcft-nêmn
leurs enfonts. Ces deux, wrmm^ r^
marquables par la correction an str-
ie et parla beauté' des diétaib. resle»
rentlong-temps ienores, aprfcsU mort
de rautenr,sur ladalede laqaeUeoe
a beaucoup dispute. Tandis ope Zno
la plaçait à Tamiëe i56g, CRKtm-
beni la disdit arrivée en i57iyecTi-
raboschi en i5g6 (7). On sVtail e^
néralement attaché k TopinioB on
Sremier, soutenue par le t^mmgMp
'Ammirato , qui, dans ses Ofusco-
Uf raconte ayoir laissé, en i56^,
Tansillo rieux et malade à Gacte, j
exerçant les fonctionsde gouYemeu;
mais ces calculs ont été redroMi
par Tafuri (8) , qui a pnmvé qoe
ce poète mourut à Teano, dans
le royaume de Naples, le i*'» dé-
cembre i566. On Toit encore soa
tombeau dans l'église de l'AnnoD-
ciade de la même yille» Contem-
porain de Bembo , de Casa • de TA-
rioste , d'Annibal Garo , des deux
Tasse , Tansillo ne le oUe feairhnk
aucun des écrivains de ce grand siè-
cle, par la grâce du stykyl'hanao-
nie des vers , le choix des expres-
sions 'j et si l'on est en droit dski re-
5 rocher le mauvais usag^ qa'l a bit
e ses talents y en traitant nn saict
aussi libre que cdui du FloMlan-
miatore^ on se réconcilie bcilemcnt
avec lui , lorsqu'on hi voit plenrer
sincèrement sa faute , et consacrer le
reste de sa vie ii des travanxamsi ro-
commandables pour le bot qne poar
l'exécution. Ses ouvrages sqnt :I./I
fcndemndalore , Naples , 1 534^ îi^
Ç-) r/crt
chi , et qui a été rmrodaîlc
de son omwnfê. Elw aowi
placement d« cbiSHi lowa in
An lien de 1S69, M «an iifiiaf tS^
[H) V05. .frhuori Jfi^têlHmm, km.
»•
TAN
in-8<>* ; Venise , 1 549, "*"
le^ qui n'a qoe cent qua-
is octaves, a été quel-
iprimé sous le titre sui'
zc di coltura sopra gU
onne (sans lieu ni nom
r), 153^ , in-8o. Il exis-
QS où les vers de Tausillo
idus avec d'autres poè-
lesqueb celui qui est in*-
ze in Iode âcUa Mentay
l-à-propos au même au-
mdemmiatore a été tra-
içais par Grainville, Pa-
in-1 3, et dédié aux jeu-^
qui comptent leurseiziè'
Ds y avec cette épigraphe,
Ifétromanie :
prescrira la lecture & ra fUl«.
version , intitulée : le Jar-
r, ou le FendangeuTy ib.,
3), in- la, fig., avec le
rtient à Mercier ( de Com-
ui, répondant d'avance
les qu'on eût pu lui adres-
lemple de saint Augustin,
VEgUse , et scandalisait
me mère, D'aiDeurs il a
ire de se charger de ce
ns un moment où le Ca-
Issait des cendres du Fo'
Le Lagrime di San Pie-
^acchi^ i585, in-4^. Les
eox premières stances de
me, qui n'a pas moins de
nts, parurent à Venise,
^. , et furent attribuées au
jcci : mais cette produc-
mérite inégal^ appartient
>tâtion à Tansilfo , qui y
loyé vingt - quatre ans ,
)îr la terminer. L'édition
est très - fautive. Ou lui
le de Venise, i()o6,in-
lli argomenti e le aile-
icrezia Marinella, edun
ifine di Tommaso Costa:
TAK
5i5
imité en français nar Malberbe, Pa-
ris, 1587. i58o, in-4^M traduit
en esnagnôl, par le p. Damien Alva-
rez, lYaples, i6i3,in-i2.nL Idue
PeUegrinif Naples , Scorigâo, 1 63 1 ,
in-4^. , trë»-rare. C'est la pièce qui a
fait passer TansiDo pour rinventeiur
du drame pastoral! Grescimbeni^
Fontanini et qudques autres Tout H-
sienée arbitrairement sous le titre de
Tirets^ IV. Smetti e Cantoni y Bo-
logne, 171 T, in- 12. V. LaBaUay
poemetto cm^ annotaauoni di Gio,
jém^, Kanza, Vercei!, ^1^1 9 ûi'
4^* ; poème en trou chants et en ter-
cets, trad. en vers andais, ^ar M,
W. Boscoe,, Dublin y loooy m-ia;
3*. éd. , avec le texte et one Notice
sur Tansillo. VI. JR PoJere , Torin^
1769, in-ia; Venise, i77o,iii-8<>.;
poème en frois chants et en tercets*
VII. Capiiolo in Iode del tàifersi i
capelUy Naples y iSao, in -4*°. Qt
petit poème , adressé k Simon Porno,
a ete publie dermèiement par k mar-
quis Villarosa , à l'occasicm d*nn ma-
riage. VIII. Deux Becueils , dont
l'un intitulé : Opère, Venise, 1738,
in-4^*; et l'autre : Poésie , Londres
( Livoume J, 178^2. in-ia : c'est le
premier qai est le plus compkt. Ou-
tre les ouvrajjes dont on vient de ren-
dre compte , d existe trois Comédies
({ni portent le nom de TansiKo, sa-
voir : i^, HScfista, comedia héi-
lissima^ Vicencc. 1601. in - ta.
C'est le Filosofo de l'Arétin;— a».
// CavaUerizzOj comedia (ngeOÊù»
5a,ibid., 1601 eti6oi8^ii^ia«.G!iprt
le Marescalco de l'Arétin j-^^It Fmr
ta y comedia leggiatbra^ ib., 1601 ,
in- la. C'est iJ^pocrito de rArétià.
Ces trois pièces ont été réimprimées
ensemble, ibid., 1610^ in-ia. C'est
un certain Jacques 0oronett qui est
l'auteur dé cette fraude, dont on ne
s'est aperçu qoe tard, pa^ la ptéean-
33
••
'il 6
TAN
tion que cet éditeur avait prise de
supprimer les passages les plus libres
de 1 Arétin et de changer , avec les
titres, les noms des acteurs, et le
commencement des prologues. Voy.
Nicodemo : Addizioni al Toppi , p.
1 59 ; — Niceron , xvxii , 349 • ^or-
nale de^ letterati d'Italia, xi , 1 1 0.
TAN-TAO-TSI, l'un des plus
grands ministres et des plus habiles
gëne'raux qu'ait eus la Chine , floris-
sait au commencement du cinquième
siècle de Tère chrétienne, sous les
premiers empereurs de la petite dy-
nastie des Soung. Son courage et ses
talents le firent connaître d'On-ty,
fondateur de cette dynastie, qui Te'-
leva aux premiers emplois de l'ar-
mée. Lors de son avènement au trô-
ne , ce prince le créa ministre de la
guerre , et lui laissa le soin de distri-
buer aux officiers et aux soldats des
Tecompeiises proportionnées à leui*s
services. Tan-tao-tsi justifia la con-
fiance de son souverain, et mérita
l'estime publique par la sa[^esse de
ses mesures et par son désintéresse-
ment. On-ty mourut en 422, après
avoir donné la régence de l'empire à
ses quatre principaux ministres , en
attendant la majorité de Ghao-ty, son
fils aîné , qu'il avait établi sou suc-
cesseur. Les vices de ce jeune prince
l'ayant fait juger indigne du trône ^
les régents lui substituèrent Ouen-ty,
l'un de ses frères. Trois des minis-
tres craignant que Ghao-ty ne tentât
de reprendre 1 autorité, résolurent
de le faire mourir; et malgré les re-
présentations de Tan-tao-tsi, qui ne
partageait pas leur manière de voir ,
ils exécutèrent un crime qu'ils ju-
geaient nécessaire à la tranquillité de
l'état. Le nouvel empereur ne pou-
vait pas conserver à sa cour les meur-
triers de son frère : il les dépouilla
TAN
de leurs emplois , et les exila. Ceux->
ci , craignant qu'il ne portât plus loin
la vengeance , prirent les armes. Cette
sédition fut étouffée promptement
pa r Tan-tao-tsi , que l'empereur avait
investi de toute sa confiance. Tout le
temps qu'il fut à la tête de ramée,
il comprima les rebelles , et battit
les Tartares. L'envie parvint cepen-
dant à rendre sa fidélité suspede.
Ouen-ty , alors malade , se laissa per-
suader que son gënûal n'attnuit
que sa mort pour s'emparer dn trô-
ne au préjudice de l'héritier légitime.
Mandé à la cour, sous «pidqiie pré-
texte^ Tan-tao-tsi fut retemi prison-
nier. Il pr^it sur-le-champ le sort
qui le menaçait, et dépoiuUant les
marques de sa dignité, qu'U fouli
aux pieds : « On en veut, dh-il, i
mes ]ours; mais en me faisant mou-
rir on renverse le boulerari de l'em-
pire. » L'empereur , dont la santé se
rétablissait, se refusait de crabe k
la trahison du guerrier qui lui avait
donné tant de preuves d'attache-
ment; mais enfin ^ vaincu par ksim-
portunitës des courtisans, il j^pM
son arrêt de mort, en 436* It vn-
sion des Tartares ne laida pas à
venger Tan-tao-tsi, que isi vert»
rendaient digne d'une mcOkare Gb.
On trouve une Notice sur ee guer-
rier célèbre , dans les Jfâmvnef a/r
les Chinois y v, na-80- W— •-
TAlSTARANI,MoineddinAdiwi
est cité dans V Histoire des pokes de
Douletschah Samarcandi , come
l'un des plus distingués. Suivant al
historien, il fut pro&sair à Bagdad,
au collée I^izamîa , du temps de
Nizam Almoulk , qui mourut en ffi
de l'hég. (1091) ; et quoique soo la-
lent pour la poésie fut son mondre
mérite , il composa cependant kflau-
coup de morceaux de poésit anbe,
avec un art extraordinaire. On dis-
TAN
liuguc sui'tout son Poème en Thon-
neur de Nizam AlmoulkyOÙil réunit
les doubles rimes à la repétition de
la même syllabe , à la (in des vers ,
l'emploi fréquent de beaucoup de
mots foi-mant le même son. C'est ce
Foème si ingénieux, si vanté dans tout
Orient, que M. de Sacy a publié,
dans sa Chrestomathie , avec une tra-
duction française et de savantes no-
tes , où il a fait usage de closes iné-
dites , pour éclaircir les enoroits obs*
curs. Cette traduction a été com-
posée d'après le manuscrit arabe de
la bibliothèque royale de Paris ,
coté T 454 , d'après deux autres ma-
nuscrits, l'un de la bibliothèque bod-
Jej . , no. 1 27 4 , l'autre de Li biblio-
thèque de Leyde, n®. 1637 , et d'a-
près un commentaire qui se trouve à
cedernier manuscrit. Tantarani a mis
aussi en vers le Traite de jurispru-
dence , intitulé, Fasit du célèbre Ga-
zali , dont il avait été le disciple. Z.
TANTALE , chef des Lusitaniens,
réunit tous les suffrages après l'as-
sassinat de Viriathc , et fîit clu
généralissime des troupes lusita-
niennes; mais moins heureux que
son prédécesseur, il entreprit impru-
demment le siège de Ségontia , et se
vit bientôt enveloppé par l'armée de
Servilius Cépion. Tantale fat obligé
de mettre bas les armes avec toute
son armée _, l'an i4i avant J.-C. ,à
condition cependant que les Romains
donneraient à ses soldats des terres à
cultiver pour qu'ils pussent subsister
sans être forcés de se livrer au bri-
gandage. B — p.
TANUCCI ( Bernard ) , ministre
napolitain, né en 1698, à Stia en
Toscane , apprit le droit à l'univer-
sité de Pisc, où il eut pour maître
Avéra ni. A peine ses études furent-
elles terminées qu'il prit rang parmi
les professeurs de la même école où
TAN .517
il s'était fait remarquer comme élève.
Il j signala sa présence par la cha-
leur avec laquelle il appuya l'ancien-
ne prétention des Pisans à la décou-
verte des Pandectes. Il eut pour ad-
versaire Grandi ( Fq^' ce nom,
XVIII , ngi ) , qui soutenait que ce
manuscrit, conservé jadis à Pise^ ne.
fu'ovenait pas d'Amalil , comme on
'avait donné à entendre, et que le
droit romain n'était pas non plus res-
té inconnu dans les provinces de l'em-
pire d'Occident jusqu'à la prise de
cette ville , en 1 1 35. Quoiqu'il fut dif-
ficile démarquer avec précision d'où
les Pisans avaient tiré ce trésor de
jurisprudence, il lui paraissait plus
que probable qu'il leur avait été ap-
porté de Bologne , ou de Coustanti*
nople , par quelqu'un de leurs com-
patriotes. Tanucci s'éleva contre ces
opinions , et , ne se bornant pas aux
armes de la dialectique^ il excita au-
tour de lui les passions haineuses ^
qui ne sont guère destinées à jouer un
rôle dans les discussions littéraires.
La question prit un caractère grave ;
et les habitants de Pise^ auxquels on
avoit fait accroire qu'en leur contes-
tant la découverte des Pandectes ^ on
déchirait l'une des pins belles pages
de leur histoire , s'ameutèrent contre
Grandi , mis dans un embarras plus
grand encore par la publication a'un
nouvel ouvrage de Tanucci ( 1 ).
L'attitude du peuple devint si me-
naçante que les recteurs de l'uni-
versité eurent recours à l'autorité
pour faire cesser ce scandale. Le
grand-duc imposa silence aux deux
partis. Celui qui sortait triom-
phant de la lutte , obéit sans peine à
cette résolution ; il n'en fut pas de
même de Grandi^ qui, ayant eu Tim-
prudence de recommencer l'attaque ,
(i| Voy« Fabroai, Fitm iimlonun^ tom* viiij
p. a48.
5]8
TAN
?.
adiera de se perdre dans ropinion
publique. Tanucci , qui aurait pu
abuser de la victoire, eut la genëro-
site d'offrir une réconciliation ; et cet
acte rétablit la bonne intelligence en-
tre deux riyaux qui e'taient plus
faits pour s'estimer que pour se
combattre. A cette dispute , qui avait
fonde la itfputation littéraire de Ta-
nucci , succédèrent d'autres débats ,
ui préparèrent son élévation. L'in-
ant don Carlos ( F, Chaules. III ,
tom. YIII , 1 5 1 ) , en traversant la
Toscane, vit la discipline de son
armée compromise par l'impunité
mi'un' soldat espagnol avait trouvée
dans les murs d un couvent. Quel que
fut le respect de ce prince pour la
religion et ses ministres , ne voyant
aucun rapport entre l'bommage dû
k la divimté et l'inviolabilité récla
mce en faveur d'un assassin , il in-
sista pour que le meurtrier fdt livré
au bras de la justice, et désira en
même temps qu'un jurisconsulte
expérimenté examinât sans pré-
vention l'origine et les conséquen-
ces de cette partie des immunités
ecclésiastiques. Tanucci . qui s'é-
tait cbargé de cette tâcne , établit
Î[ue le droit d'asile , contraire aux
ois bumaines et divines , devait être
regardé comme subversif de tout pou-
voir l^itime. L'ouvrage fut supprimé
à Rome; mais l'auteur, employé dans
l'armée espagnole , suivit don Carlos
à la conquête du royaume de Naples y
où il franchit bientôt tous les degrés
de l'ambition. Ce pays respirait à pei-
nede la longue opression des vice-rois,
qui avaient fait, delà contrée la plus
florissante, l'état le plus malheureux.
IjC peuple y gémissait dans le plus
honteux esclavage, et la fortune pu-
blique , confiée a des mains avides ,
y était exploitée au proGt des prin-
ces étrangers. L'agriculture , le com-
F.
TAN
merce, entravés par de nomhRiixok-
tacles, sans encouragements et sa»
but , présentaient le spectide le plus
affligeant. Quelques hommes instraîts
avaient , par intervalle , élevé' h voii
Sour faire cesser tant de dësor-
res; mais leur patriotisme , impuis-
sant pour arrêter le mat, n'avait
abouti qu'à les perdre; et rexempk
de Giannone n'était fait pour oieoiin*
er personne. Charles 111 , en prenut
es renés du gouvernement , sentit la
nécessité de guérir des plaies ansii
profondes ; mais plus capable dt
vouloir le bien ^e de ropAer,
il s'en rapporta aux lumifcres de Ta-
nucci, qm, sans aucune expérience
des affaires, attaqua les préroplÎTet
de la cour de Rome et les pmriléKs
àes nobles, avec beaucoup plus a >•
chamement que de prudence, 0 obli-
gea les barons à répondre aux giicls
de leurs vassaux , ^u'ik deraiot
désoimais s'habituer à eousidén
comme les sujets de leor comnon
maître : il dimimia 1rs taxes de b
chancellerie romaine; défcafit les
nouvelles acquisiti<»is aux imîwj
mortes ; borna la jurkdidioB des
évêques , et enleva au nonoe du
pape le droit qn'îl s'était airogf de
prononcer des arrêts, et de kl fûe
exécuter sous les yeux même du bo-
narque.Mais ces coups , frsppéi iso-
lément et sans aucun pbn combiné ,
ébranlèrentl'ancien éuGcesanspoicr
les bases du nouveau. Se reposant snr
la foi des traités et sur la protection de
l'Espagne^Tanucci secnitdispcnséde
pour>'oir à la sûreté de l'état : celte
négligence qui, dans la guerre delà
Pragmatique sanction (1^4^),
avait exposé Charles III & ûffitx no
acte de neutralité sous le canon d^
amiral anglais, se prolongea pen-
dant tout le règne du sucoesscnr de
ce prince , et fit desoendreltroyanme
TAN
Ici dp raagdqpoiitaacfs mili-
le l^urope. Taoucci ne régla
eux les affaires de la justice;
ribuoaux , qm par leur inde'-
ce auraient pu atténuer les tî-
eorps sodai , rirent sonrent
rréts cassés par des ordon-
f et la yolonte d'un ministre
lée aux décisions des juges.
y a est Trai , Tidée de réfor-
lois } et une commission fut
e pour rédiger le projet dn
u code , dont les noms de Var-
icducca , de Joseph-Aurêle
naro , de Joseph-Pascal Q-
arantissaîent le mérite. La na-
endait avec impatience le jour
pourrait saluer son roi du ti-
rince l<^lateur ; mais de tous
ranx il ne resta on'un monu-
érile du cUe et oes lumières
gistrats qui avaient présidé à
ande entreprise; et le Codice
0 , imprimé à un petit nombre
plaires , est demeuré presoue
1 au pays qu'il devait régir. I>e
côté que l'on examine cette
arrière politique de Tamicci ,
che en yain ce qui a pu ser-
bndement à la haute réputa-
laqnelle il s'éleva de son yi-
)l qui ne Ta pas abandomé
»a mort. Son système finan-
lit faux ; car , dans un pays
où l'on aurait dA encoura-
irts , perfectionner les métho-
eoles, tracer des routes j^ ou-
s ports , creuser des ca-
tabiir desmanufsictures ^ î) ne
les ressources que dans les
y dont il hérissa le royau-
létriment de l'industrie et de
Iture. Il ne se montra pas plus
é à protéger les savants qui
it de tous cotés pour lui of-
ruit de leurs veillés. On a vu
> il ftt des jurisconsultes : on
TA^
5i9
ne sera pas moins surprif en appre-
nant que ce fut sous son ministère
que 1 abbé Genovesi mourut dans
I obscurité et la misère; que Gianaone
eémit douze ans dans les prisons dn
Piémont et que y dans un pays, om,
s'honorait de posséder Pratuli ,
Martordli, MaiEoechi, on ait songé
k ùiin venir Venuti et Baiardî peur
expliquer les antiquités d'Hercola-
num. Ce qui paratt avoir contribuée
é^rer ropiniMi puUîqiiesnr Tanso-
Gi, e'est la f«metë qu'on l«i vit ié-
plo^rer contre l'établtasement de Pito-
quisition. Ma» repousser cet oAeux
Irihmal , c'était faire respeeter ui
ancien privilège , dont les NapolîtaÎBs
t'étaient toMionrs montrés jalouEX« H
fallait bk» plus de docilité qnodecoii-
rage ponr suivre l'impalsîonde looCes
les classes des cito]fens, et snrtoot eeUe
des magistrats qui s'étaient déclares
les premiers contre lesempiétemeols
dn cardinal SpineUL Tanuoci eserça
une influence fins réfAi et phi fa-
neste lonqae, resté dépositaire it
la eoaGance de son maître «l^dé à
succéder en Espsgneà Feidinana VI y
il enloura le jeone monarque dïfcom^
mes médiocres, se flattaiit ainsi de
se nerpélucr dans le ponvoir. Il dut
d'aMÂ le partager avec les mem-
bres d'mi conseil de r^enoe qiie
Charles III arvait institué par son
acte de Tenoneiation du 6 octobre
1759. Mais it ne tarda pas il Peip-
porter sur ses coltèmies ; et ce fèt
pendant la minorité dn roi ,quc Jbrt
de l'appui du cabinet de Madrid,
il entreprit de sonstraise le roymme
k toute dc^pendaiiceduSatnt-âîége.
II profita de l'atteinte portée an pou-
voir sniritiiel par Fespubion des
spirituel par
îésuites, par les dénâés'de Oémait
XIII aveelacçnrdePBrme^etpnr
des clamiors qu'excita en fiatf^qpe
l'apparitîoii de la bulk Im tm
^20
TAN
na Domini , pour ordouiiei* , eii
1 769 , roccupation de Bënevent et
de Ponteooi*vo , à l'exemple de la
France,qui avait pris possession d'A-
vignon. Ce premier acte d'hostilité'
fut Je signai d'une guerre , que
Tanucci conduisit avec plus de té-
mérité que de raison. En 177^2 9 il
essaya de s'emparer des duchés de
Castro et de Ronciglioue , en fai-
sant valoir les droits du roi de
Naples comme héritier des Far-
nèse ; il supprima ensuite un grand
nombre de couvents en Sicile, dis-
tribua des abbayes , suscita des que-
relles sur la nomination des évéques^
sur leur jurisdiction , et presque sur
leurs devoirs. Cette couauite altéra
la bonue intelligence qui régnait en-
tre la cour de Naples et le Saint-
Siège et qui paraissait cimentée par
le concordat de 1 741. On perdit
même tout espoir de conciliation
lorsqu'on menaça pour la pre-
mière fois de supprimer l'hommage
de la haquenée ; et l'on ne sait pas
où l'esprit novateur du ministre se
serait arrêté, si le mariage entre Fei"-
dinand et une archiduchesse d'Au-
triche ( F'q/, Caroline , au Supplé-
ment) n'avait pas affaibli son crédit ,
la nouvelle reine l'ayant regardé ,
dès le premier instant, comme le
seul obstacle à l'accomplisssement
de ses projets. Après avoir lutté
quelque temps contre l'ascendant
toujours croissant de cette princesse,
le favori de Charles III dut se i-ctirer
le jour 011 elle se présenta au conseil
avec tousles avantages d'une mère qui
venait de donner un héritier au trône.
Tanucci, remplacé ( octobre 1776 )
par le marquis de la Sambuca ^ an-
cien ambassadeur à la cour de Vien-
ne, eut assez d'esprit pour prévoir
les maux dont le royaume était me-
nacé; mais ayant à s« reprocher de
TAK
n'avoir pas assuré le bonheur d'u-
ne nation par des institutions sa-
ges et durables , il descendit au
tombeau , en regrettant les honoeun
perdus , plutôt ^e le bien qu'il
n'avait pas su faire. U mourut i
Naples, le 09 avril 1783. On a de
lui : I. Epistola ad nobiles soeias
tantur ex Ejkstoid Guidonis GnuÊdi,
dePandectis; etc. , LucqucSy in^
in-8o. Cet ouvrage fîit supprime par
ordre du grand-duc de 'Toscane. II.
Difesa seconda deW uso okêêco
délie PandetiCy e del rUrovamento
delfamoso manoscritto di esse «
j4malfi , Florence , 1 7 ^9 1 in - 4*-
III. Epistola de Pandectis Pûms
in Amalplùtand direpiione êmat-
lis y ad academicos Etruscos , û
qud cùnfuUmUir mœ Guido Crn-
dius opposuit Fr, TaureiUo, et Heu,
Brencmanno; et defensio vstfstfifi-
qui Pandectarum , ibid. , 1^3 1 , s
vol. in-4**. Ou avait dnà disputé snr
la découverte des Panaectes : lepie-
mier qui se prononça contre ks in-
tentions des Pisans fut Donato- An-
tonio d'Asti , dont l'ouvrage eitîib-
titulé : SulP uso ed oiUmti ddb
ragion civile neUe proimck idt
impero occidentale dal did^fir
rono inondate da' hoiharijaioé
Lottario II , Naples, i^ao , in-8^.
Grandi et tous ceux qui en ont parié
après lui ont profité des redieicha
de ce savant jurisconsulte (a). IV.
(«) Pour compléter l'article d« Ti
poff inutile de donner Ib lu le dM i
•driTMiire GraDdi : i°. Emittnêm dm
J. Avrianium , Piie, i^ab, iB-4*-î et
1717, in*^**' I Mconde editioD , angaa
tes H de pièces ioatilicatîve». a*. #^
stiâ rpisiottl de Pmndtciit mAt.nhi imt
tt opffutnaliones B. T'mnmeci, im c/m
UapritUm Imxœ impresso, rjrpotiimt. Wim, nrfi
iii-^o. 3°. yuevaitîfmmbimtlfUms^HmMU^mmim
pisane^ e di ihi primm U rmmm»mtmtm , (ÏB SMdb
Luremhtrii (•nagmmnw à'Aiktffo
meitiqne de rBmtenr]| , TmnnM t73o . b^. |*>
■Mflii Bfmmf patrieti Trmmmui» p '* — ''" —
TAP
Dissertazione del domimo antico
de Pisani mUaCorsècajàdua Visio*
ria del regno di Corsica^ par Cam-
biagiy tome i , pag. i65, et dans le
Recueil intitule' : Sa^gi di disserta-
zioni Etrusche di Cortoma, Xomè^iiy
pag. in 3. Lastre fit insérer un Elo-
gio del marcliese Tanucciy dans les
NoveUeletterar.fiorentinedit 1 788 ,
col. 385. A — G-rs.
TAPPER ( RuEWARD ) , doyen et
chancelier déi'uniyersitë de Louvain^
ne à Enkhuysen, fut envoyé' au con-
cile de Trente par l'empereur Cbar-
les-Quint, qui avait conçu la plus
haute estime pour ses connaissances
et le zèle avec lequel il défendait la
doctrine catholique. Il eut aussi â
soutenir contre Baïus quelques dé-
bats qui lui attirèrent , peut-être mal-
à-propos , l'accusation de Pelagianis-
me. Appelé à Bruxelles par Philippe
II y il y mourut d'une attaque d'apo-
plexie , à l'âge de soixante-douze ans,
le 2 mars iSSg, laissant ses biens
aux pauvres , et sa bibliothèque k la
faculté de théologie de Paris. Ses
de interpoiatiome GralUmi (pseadonyme) , Bolocne,
1694 (raenu, i73e ), in-40. 5». Epittola mlUr»
J. Aveitmio^ dePanaeetit^ inédit. Voy. Brcnk-
man. HistoritPmndectarum ^ tru fatum exemptant
/torentùiiftlCj Direcht, 17», u»-4*'*; Valscccbi
( -virginitu ) £/ istola de veterihus Pisana emtmtà,
constitutif f ad GuiJonem Grandi , FIorcBOt »
1727 , in-40. Scbeivar (Christ. GolU. ) Dist/uuitio
an omnia pandedarum exemplaria , fiMV adhue
extuni f e fiorentinis manaverimt , Ahorf, a 733*
ui-4"> Brenkman. Epittola ad Ft, Iltiselinitm ,
qua examinanturpraeeipua eapita epi'Jiolm Gmdo*
nUs Grandi de Pandeciis ,• née non diiserialionit
similif , OMctore Schwarttio , Utrecht, 1733, xttrlfi
Ooadagni , de Florentine Pandeetantm exemplarif
an sit imperat, Jusiiniani arehetipum , ditsertttio ,
Kotne, 175», in-80.; Leip«i(!, i75», in-S*. , «•
Sieiiuc, 1755 , in-80. Borgo dal Borgo, Dis$erta
sione topra 1 coffici Pisani délie Pandette , Pue ,
a 76.5 , in-4®. ; et StraTio»( Barchard. GottlO ^««
serteUio de controvenid inter Grandium et Tanuc
cium. Leipiig, 1740. et dani la Bihliolheca feUe-
tifs. juris. Voy es aussi le Jour», litter. d« l'Aile
ruagDC , anntV 174a , lom. s , part. a. L'uniTersiU
de Moscou a propose , m 1834 , un prix de deux
c<rot cinquante roubles pour rexaiocn aprofoMli
de l'origme de ce manuscrit des Plandrctes flo-
rentinesk ( Bulletin kiitor. , i«in, iSaij , p. 3St ,
ium. J , n°. 407 ).
TAP
5:11
œuvres ont été recueillies a Cologue,
l582,in fol. Noa^ citerons seulement:
I. Explicatio arUcuIorum J'aculta-
lis, dédié au roi Philippe II. Dans sa
préface, l'auteur fait voir, d'une
manière claire et solide , que, depuis
les ap6tres , l'église a constamment
fait usage; de l'autorité que J.-G. lui
a confiée, et qu'elle a décidé eu der-
nier ressort les questions qui se sont
élevées parmi les fidèles : « D'après
» les ordres de l'empereur Gharles-
» Quint, dit-il^ j'ai recueilli les tra-
» ditions de notre faculté de Lou-
» vain^ qui a sans cesse combattu les
» erreurs des novateurs. Dans mes
» leçons , j'établissais la foi de l'é-
» glise d'après les saintes écritures
» et d'après la tradition. Ces le-
» çons dogmatiques se sont données
» avant 1 <epoque où je reçus ordre
» de l'empereur de me rendre au
» concile ae Trente. Un de mes âè-
» vcs prenait dans mes leçons ce qui
» lui convenait , passant œ cpii con-
» trariait sa manière de penser. Il
» communiqua ses cahiers , et cette
» mauvaise rapsodie a été iinprimée
» à Lyon y comme venant de moi.
» Ne pouvant soufirir une pareille
» infiaélité^ et à la prière de mes
' » amis, je publie mes leçons telles
» qu'elles ont été données. » Un des
élèves de Tapper, Lindan, évèque
de Ruremonde , n publié les dbcours
théologiques de son maître sous ce
titré : Imewardi Tapperi , Decam
et CanceUarii Lot^aniensis y OraiiO'
nés theologicœ , potissimas reUgith-
nis cathoticœ corUrwersias , dve-
ram Germaniœ pacanda raHionem
expUcantes. Una cum aureo ejus-
dem coroUario , de «em calami-
tatum Belgii cousis mique remediis,
ad Carolum V et FerdàmndumL
Cologne, lB^^• Dané la préface,
adreuée àresq^ereur Rodolphe^ l'é-
52a
TAP
diteur dit : « Ces discours , que je
» vous oflire, sire, sont ceux d'un
» maître qui a laisse' dans le cœur de
» ses e'Ièves de précieux souvenirs.
» Tapper était considéré comme ua
» oracle, non seulement à Loovain ,
» dans les provinces bclgiques et k
» la cour ae l'empereur, mais les
» étrangers euxnnemes accouraient
» pour entendre sa voix. L'empereur
» Charles-Quint le faisait venir près
9 de lui pour le consulter dans les
i> grandes questions qui regardaient
» l'état de la religion en Allemagne
» et dans la Belgique. Ayant été en-
» voyé, par ce prmce et par son fils
» Philippe y au concile de Tren-
» te, il se fît tellement remarquer
» dans cette auguste assemblée . que
» les légats du souverain pontife et
w les présidents du concile lui assi-
w gncrentunc place honorable, et on
» ne publia ni canons ni décrets
» avant qu'il n'y eut donné la der-
» niëre main. » II. Ruardi Tapperi
quœstio quodUbetica de effectihiis
quos consuetudo cpcratur inforo
conscientiœ, etc. pronundata publi-
ée LwanU in scholis Artium , 1 520 ,
iu-4^. III. Tapperi Epistolœ alier-
nœ de gratiœ et liberi arbitrii con-
cordid cum AiU. Reginaldo de
gratid eficaci , 1706, in-fol. Les
novateurs publièrent contre lui le li-
belle suivant : Ruardi Tapperi en-
chusani hœreticœpravitatisprimiet
postremi per Belgium inquisitoris
apotheosis sive satjrra in ipsum,
Franeker , 1 643 , in- 1 !2. fr--T.
TAPLIN ( Guillaume ), cbirur-
pen vétérinaire anglais, mort en
)<invier 1807 , est regardé, par ses
compatriotes , comme le promoteur
clos progrès qu'a faits Part vété-
rinaire dans ces derniers temps. On
a de lui : I. Obsen^ations sur F état
dclml du gibier en Angleterre,
TAR
1 771 , in-8®. Après avoir exj
causes de la rareté du gibier
lin propose, pour prévenir 1
conage, de considérer commi
seur autorisé tout possesseu
revenu annuel de cinq livres st
moyennant quoi, dit -il, le
aura autant de protecteurs <
maintenant d'ennemis. II. Di
tion sur l'écurie du genllefm
Nouveau système de ferrure ,
1790 , a vol. in-8<>. Ce livre 1
supérieur à tout ce qu'on ava
{'usqu'alors sur le même sa\t
'auteur fut blâmé du ton de
dont il s'exprimait A l'égard
devanciers. III. Observatim
tiques sur les blessures Jaiii
chevaux par des épines , sur •
dons piqués y sur le bcitemem
des instructions sur la mam
les traiter et guérir j 1790,
IV. Compenduun , on Trmi
géde la ferrure pratique ei
rimentate , 1796. V. jDieiit
de la chasse , 1804. VI. Q
morceaux détachés , inséra
Magasin de la chasse (S
magazine ) , particulièrementc
criptions de la chasse royale <
foret de Windsor , ëcrilOyi
dans le véritable esprit d'un ch
On croit que Tapfin fut Tëdi
Cabinet du chasseur^ a vol.
ouvrage de luxe^ contenant V
et la description des varietësdi
canine. Des chagrins domcst»
tristèrent ses dernières année
fectèrent même ses facultés i
tuelles.
TARABOLOUS ( Ali-Paci
nommé ) , parce <p'il était de 1
fut fait grand veur par Acbm<
i6g'i. Son ministère fut rei
ble par la prise de Seîo , i
Vénitiens s emparèrent, et
pillage de la caravane de la B
TAR
r les Arabes. A la mortd'Acli-
'arabolous-Ali, cpii n'avait ni
$ y ni adresse, crut, à l'exem-
quelqiies-uDS de ses prëdëces-
pouvoir placer sur le tr6ne
yerain de son cboix. Il pré-
y élever Ibrabim , (ils d'Acb-
>rince âge' seulement de trois
ras le nom duquel il espérait
ner : il était appuyé, dans ses
L son ambition, par le mupbti.
>lan n'eut pas de succès; et
pux furent forcés de seproster-
X pieds de Mustapba II , lors
proclamation, en i6g5. Le
lu souverain dissimula son res-
ent ; mais dès la même année le
!i fut déposé, et le grand vezir
olous étranglé, sous prétexte de
rsation : il ne laissa que la repu-
d'un fripon et d'un ambitieux
roit. S — y.
RAFAH ( AvRou BEN Ala-
est l'auteur de l'un des sept
:s arabes connus sous le nom de
ikab ( I ). Livré aux plaisirs et
oésie , aimant et cbcrcbant les
its , sans aucun souci de l'ave-
arafab dissipa son patrimoine
tira , par sa conduite déréglée,
Iveillance de sa famille. 11 ne
;t point ses penchants volup-
dans le poëme que nous possè-
de lui. La brièveté de la vie ,
té que la mort met euti'e le li-
et le sage qui cultive la vertu,
'objet de ses chants et les mo-
ir lesquels il prétend se justi-
farafaii, qui vivait près de la
. l'on rn croit une note tîrce d'un innnoN-
Mo«llakalu, qui Mt duos la bibliolhcqu*
de S«xe-(rotha, ce nom de lUoallalai (suf-
vienl, lion point rommr on dit, de ce que
Dfes ont «te «nupendas À la porte de la
m«is de ce que les Arabe* , en enteadnnt
aa morceau de poésie d'un mérite Rupe-
'écHaient , dann leur admiration Alhi Ion
ichei-le) , c'est-à-dire, gra-vet-le dans votre
: {Joum. des sav. , 1810, p. «79 et 980 ).
G. Itt. P.
TAR
523
naissance de Mahomet, c'est-à-dire
vers la fin du sixième siècle de notre
ère, mourut à l'âge de 26 ans, par
la pei'fidie d'Amroù, roi de Hira.
On raconte que ce poète et son oncle
Motalammes^ ayant fait des vers sati-
riques contre un des rois de Hira, en
Arabie, ce prince, pour se venger ,
leur donna des lettres cachetées ,
avec ordre , à l'un de ses gouver-
neurs, auqud ils devaient lesremettre,
de tuer les poiteiirs. Motalammes ,
plus rusé , ouvrit là lettre et ne la re-
mit point; Tarafah , ^ui voulut s'ac-
quitter de la commission , obéit et en
fiit la victime. Le savant Réiske a
publié à Leyde, en 174^9 sa Moal-
lakah , avec une traauction latine ,
des gloses arabes , un prologue et
des notes remplies d'érudition. Cet
ouvrage donne lieu de regretter que
Beiske n'ait pas laissé le recueil en-
tier des Moaliakah (a). J — w.
TARAISE , patriarche de Cons-
tantinople , étart né dans cette ville
au milieu du hqitième siècle , de pa-
rents patriciens. Son père se nom-
mait ueorges, et sa mère Eucratie.
Les talents qu'il annonça de bonne
heure lui ouvrirent la camère des
emplois. Il fut revêtu de la dignité
de consul , et devint ensuite premier
secréuire-d'état. Après la mort du
patriarche^aul , l'impératrice Irène
jeta les yeux sià" Taraise pour lui
succéder. Il se défendit d'accepter
cette charge , donnant pour motu de
son refus qu'ayant vécu jusqu'alors
dans le monde, il n'avait pas les
qualités d'un prélat. Mais Irène ayant
insisté , Taraise fut obligé de se sou-
fa) Les antetars des sn autres MoaUakahs son»
Zoheir ( Voy. ce nom ^; Amrial-Caïs ( tom. n,
p. 63 ); Amrou J>«a IL«kbonni, dootM. "^«^
ten a publié le poiine, léna, l'^ft (/*'"'5"
sa». , mai i8so , p. »7» ) ; Hws» b-» » «"^
( Xlx, iAx)\ Aalmli ( U, «4»
(XXin,5o3).
5i4
TAR
mettre. Toutefois il exigea qu'un
concile général serait asseiÉziblc pour
mettre fin aux désordres occasionnes
parles iconoclastes. Il fut consacré le
jour de Noël, l'an 784; et il s'em-
pressa d'adresser sa profession de
foi au pape Adi'ien et aux évêques
d'Asie. Le concile s'ouvrit le i*"".
août 786, à Gonstantinopic , dans
l'église des Saints-Apotres; mais la
violence des Iconoclastes ayant em-
pêché les pcres de délibérer , il fut
transféré , l'année suivante , à Nicée,
où Taraise se rendit accompagné des
lécats du pape et des députés des
églises d'Orient. Ce concile condam-
na l'hérésie des iconoclastes , et ré-
tablit le culte des Images. Taraise
s'emjiressa de faire exécuter cette
décision. Plein de zèle pour le main-
tien de la discipline apostolique , il
fit disparaître tous les abus qui s'é-
taient glissés dans l'administration
des choses saintes , et condamna les
simoniaques. Il bannit le luxe de sa
table et de sa maison, assigna sur
SCS revenus des sommes sulllsantes
pour subvenir aux besoins des pau-
vres, qu'il visitait fréquemment, et
se consacra tout entier à l'instruction
des peuples. Taraise s'opposa vive-
uieut au dessein de Constantin de
répudier son épouse pour placer sur
le troue une des suivantes d'Irène,
sa mère {F. Constantin vi, IX,
479 ) ; mais il n'osa pas excommunier
ce prince , dans la crainte qu'il ne se
déclarât pour les iconoclastes. Cette
condcsceudance, qui fui regardée
comme une faiblesse , ne le garantit
poiutdcla haine del'empereur. S'il ne
fut pas forcé d'abandonner son siège,
il eut la douleur de voir ses proches
bannis, et les domestiques qui hii té-
moiguaient de l'attachement, rem-
I)laces par de vils espions. Malgré
es infirmités dont il était accablé^
TAE
il remplit tous ses devoirs , atk b
même zèle , jusqu'à sa mort y arrivée
en 806, le a5 février , jour où l'é-
glise honore sa mémoire d'un culte
Sarticulier. Ses restes furent di^oià
ans un monastère qu'il avait toiidtf
sur les rives du Bosphore. Nom
avons le Discours de Taraise i l'im-
pératrice Irène, pour sedëfendre d'ac-
cepter les fonctions de patriaiehe,
ainsi que ses Lettres au pape Adiioi
et aux évêques , dans le recueil des
Conciles du Père Labbe VII, 34 et
suiv. Sa Fie, écrite par Igoaee,
son disciple , et depuis métropolitaa
de Nicée. a été traduite en latin, pir
Gentien Hervet. Cette Tersion, pu-
bliée par Surius , l'a été depuis dau
les Acta sanctomm , avec un oob-
mentaire du P. Henschen. Ou ci
trouve un bon extrait dans les Fks
des pères de Butler , traduit en fna-
çais par Godescard. W— s.
TARAUDET, vqr- Flassa».
. TARBÉ (Pierre-Habdouiii) , né
à Sens , le a8 décembre 17^8, ae-
auit , en 176a , l'imprimerie du
diocèse , et s'occupa y dès celle^o-
que, de recherches liistoriqpei sur
la ville et le diocèse de Scos. ïe Dic-
tionnaire des Anonymes le déagnej
sous le numéro ^55 , comnc artew
de VAlmanach hisiorwye db db-
cèse de Sens y qu'en effet Q réd^ei
pendant dix-neuf ans, de 17m à
1781 inclusivement. Cet abnanadi,
qui a eu beaucoup de vogiMy ddoBt
la collection est recherchëe ^ con-
tient , dans les premières amiéps j da
auecdotes siu* 1 histoire ÔTOe, eedé-
siastique et militaire de la ^ralk de
Sens, et depuis l'année 1770 1 b
description nistorique et topogia-
phique des villes , boures et Vulapi
du diocèse, par ordre lubhabélbwe.
A partir de l'an i78!i "jumucii
1790, le même ouvrage a éléieiîgc
TAR
TàVbë des Sablons , auteur
ûls historiques sur le baillia-
iens , publies , en 1787 , à la
une édition m-4^. de la Cou-
e Sens {Dict. des Anonymes^
3), et à*un Manuelpratique et
itaire des poids et mesures y
a un grand nombre d'éditions
n- 1 8, in- 1 2 et in-8<>. Son père ,
.voir j oui d'une grande repnta-
bonncur et de probité , est mort
let I ^84; laissantplusieurs fi^
rempli des fonctions bonora-
tttre les deux aînés {F", les artî-
yauts),nous nommerons: i^.
RBÉ DES Sablons , cberaber
légion-d'honneur, dont nous
parlé ci-dessus , et déjà cité ,
AiLLY , pour la fermeté qu'il
a , comme maire de Melun y
* l'arrestation de ce savant.
Tarbé de Vauxclaib , ins-
•-géncral des ponts et cbaus-
it maître des requêtes au con-
fut. 5^' M. Tabbé de SaivT"
uiN , lieutenant - colonel de
rie, officier de la légion d'bon-
déoédé le 24 décembre 181 1.
ois frères ont obtenu indivi-
aent du roi , en février 1816,
ttres d'anoblissement. L^. M.
ore Tarbe , imprimeur de
connu par son coût poiur les
ités , et qui réaige , depm's
l'Âlmanach historique et
itique du départ, de 1 Yonne
a ville de Sens. S — g — 8-
^É ( Louis - Hardouin ) ,
précédent , naquit à Sens , le
it 1753 , et y fit d'excellen-
ides au collège , dirigé par
ofesseurs de 1 université, qui
Qt de succéder aux Jésuites.
>ût naturel le portait vers l'é-
les lettres; mais des circons-
le forcèrent d'entrer à Paris ,
m homme de loi : il y suivit
TAR
SaS
les leçons de Técole de droit , et se
fit recevmr avocat. Bientôt il fut
aopelé à mi autre genre de travail.
Un rapport lumineux dans une af-
faire importante le fit remarquer de
M. LefebvTe d'Ormesson, controleur-
eénéral des finances , qni l'admit
dans ses bureaux. Il ne tarda pas k
s'y distinguer par la sagesse de sa
conduite^ et une rare mtelligence;
monta rapidement aux grades les
plus âevés f et derint premier com-
mis des finances sous le mmistère
de Necker et de Galonné , pais direc-
teur des contributions sous M. de Les-
sart. U occupait ce poste , lorsque le
roi le nomma ministre des contribu-
tions ^ le 18 mai 1791 ; ce choix fut
confirméparle suffrage public. On y
voyait Televation d'un hommed'mie
Srobité austère j, d'un esprit droit,
'une vigilance infatieable. Quelque
orageuses queiussent afors les drcoDS-
tances , Taibësut, par la donoearde
ses mceurs , condUer son dévoAment
an roi avec le choc des partis. Les
hommes les plus ennenus du trône ,
les esprits les plus turbulents, ne pu-
rent lui refuser leur estime. Il eut k
organiser , dans le cours de son mi-
uistère , tontes les parties de l'admi-
nistration financière. L'Assemblée
constituante , sous le prétexte d'a-
méliorer l'état , l'avait rejeté dans le
chaos. On avait renoovdë tons les
genres de contributioDs ; tontes les
compannes financières! étabeni dis-
soutes. Il fallait liquider les atiden-
'ûlités et créer de non-
nes com[
veaux produits; k cette immense no-
menclature de contributions diver-
ses et variées suivant les personnes y
les provinces, et les privilèges de
chaque ordre , il &Uait substi-
tuer un impôt commun à toutes les
classes de rétat. Taibë se jeta coo-
ragenscmem dans ce travail
5a6 TAR
se y ta ordonna toutes Les parties ; et ,
ce qui dépose en (aveur de ses talents,
c*est que Tadministration est encore
aujourd'hui à - peu - près telle qu'il
la fil dans un très-court espace de
temps. Trop modeste pour ambi-
tionner les honneurs d'un vaste hôtel
et le faste des grandeurs , il garda
son appartement de la rue du Hasard;
et ce nit là que ses collègues seréu*
nirent pour rédiger les motifs du
veto que le roi se disposait à ap-
Eoser sur les décrets de TAssem-
lëe législative relatifs à Tàougra-
tion et à la déportation des prêtres*
Mais la marche des événements deve-
nait de plus eu plus effrayante, les par-
tis étaient prêts à en venir aux mains ,
il aurait fallu un coup d'état pour sor-
tir d'une crise aussi périlleuse, et la fai-
blesse de Louis XVI ne permettait pas
de l'espérer. Tarbé, voyant quele trô-
ne était forcé cha((ue jour à des con-
cessions qui devaient le renverser,
convaincu qu'il était impossible aux
ministres de conjurer tant d'orages ,
demanda sa démission au moisdcma rs
I ngi. Le roi , en l'acceptant, daigna
Im en exprimer ses regrets dans une let-
tre écrite tout entière de sa main. Le
1 5 août suivant , il fut compris dans
un décret d'accusation avec MM. de
Montmorin , Duport-Dutertre , Du-
portail et de Bertrand Mole?ille.
Fort du témoignage de sa conscience,
il se disposait à se rendre à la haute-
cour nationale , lorsque l'enlèvement
et le massacre des prisonniers d'Or-
léans l'obligea de chercher une retrai-
te inaccessible aux fureurs des assas-
sins : il y passa près de trois ans ,
livré à de continuelles angoisses, sou-
vent obligé, pour échapper aux visi-
tes domiciliaires , de se tenir caché
dans des armoires masquées. Enfin
le tcmns arriva où il put reparaître
sans aauger ; il revint à Sens , sa
TAR
patrie , et y vëcnt â« tdn de cas de
ses parents et de ses amis que la té-
volution n'avait pas moisioinés. Il
s'y livrait paisiblemeat à mb fpM
p les lettres , lonqa*c& 1797 , h
o âl des Gîna-Gents lui doua ■■
marque honoraUe de son esliae, m
le portant sur là Ibte des ^^imAiAaÊm
pour le Directoire esécatif; nns il
s'était voné k la retraite , ctDesaa|ei
point à en sortie. II nfiua rwfSM'
ment les emplois qni lui fbrcnl ofirti,
même à rëpo<^ae du consulat , m
M. Gandin , mmistre des fH— rt .
et depuis long-temps son ami , la
Sroposa d'entrer oans le conri
'état, et Lebrun, tnàaifeme eos-
siil , de se charger de la prébs"
tui*e de la Seine. Profiondàsoft at
fecté des malheurs de Tangpsls fh
mille qu'il avait servie, il n* "^
point servir d'autres ; et
il s'était retiré ahsobment
tune. Ses chagrins pcssonask , kl
malheurs de sa famille dont sifl
membres avaient été prosaito asm
le régime de la terreor , la fMi ds
plusieurs de s^ amis , «.wM fixe-
ment aifecfe son ame nalanl^MM
douce et sensible. Se emlf a^étoit
affaiblie : il mourutle 7|ÀÀ|Bs0^
âgé A cinquante - troil aat y da
suites d'une apoplexie doMI- il
été frappé cinq ani
s'était retire dans va
de campagne, qu'ilnYaiti
de Sens , où il virait d*taH«
de six mille francs, qse le
Gaëte lui avait fait oMcwr^Lefllk
des lettres ne l'avait jamaie afiss-
donné au milieu mime de ■
nations ministérieUes| il se
dans la lecture des cbcfc*
de l'antiquité. Pendant In tenasr d»
1793 , lonqn'il était rédml k se
tenir renfermé dans unloealdefid-
ques pieds, il s'oeenpa de In MMe-
TAR
tion en vei's des ëpigrammes de Mar*
tial , de celles surtout qu'un homme
honnête peut traduire sans offenser
les mœurs. Elles n*ont pas été im-
primées, et sont encore dans les
mains de sa famille, ainsi que le ma-
nuscrit de ses Pocsiesfugitives. On re-
marque, parmi ces dernières , la Ro-
mance célèbre de la Folle par amour :
C'c«t dans les champs de la Neostri*.
On a long-temps ignoré ^el en était
l'auteur, et aans plusieurs écrits
du temps on voit qu'elle fîit attri-
buée à J.-J. Rousseau. Cadet Gas-
sicourt, dans son Fqjrage enNor^
mandicy après avoir raconté les mal-
heurs de cette victime de l'amour ,
rapporte cette romance et en fait
honneur k un officier, qui, touché de
tant d'infortunes composa ces vers ,
que l'on chanta bientôt dans toute
la Normandie. Louis-Hardouin Tarbé
attachait trop peu d'importance à
ses produitions pour réclamer celle-
là ; mais elle prouve qu'il avait un
talent véritable pour les compositions
douces et gracieuses. La musique en
a été composée parDarondeau père^
et gravée dans le temps. S— g — s.
TARBÉ (Charles)^ frère du
précédent, et l'un des députés les
plus distingués de l'Assemblée légis-
lative, naquit à Sens, le 19 avril
1 7 56 , Y fit d'excellentes études , em-
brassa la carrière du commerce, et
s'établit à Rouen, où il ne tarda pas
à se faire remarquer par son habi-
leté, sa droiture , l'étendue de ses
connaissances , et la manière élégan-
te et facile avec laquelle il exprimait
ses idées. Sa réputation lui ouvrit
|>romptement l'accès des emplois : il
fut successivement membre du tribu-
nal et de la chambre de commerce,
et officier municipal ; et il déploya ,
dan9 rcxercice de ses fonctions, au-
TAR 5a7
tant d'activité que de talents. Il était
membre du corps municipal, lorsque
le comédien Bordier vint à Rouen ,
prêcher les doctrines révolutionnai-
res, et fut arrêté, condamné et pen-
du dans les vingt-quatre heures (août
1 789 ), par arrêt de la chambre des
vacations du parlement. Tarbé n'a-
vait eu aucune part à cet évàiement.
Cependant quelques années après, il
fut accusé, aans la société des Jaco-
bins de Paris , de l'avoir provoaué.
Dubois de Grancé proposa mêmede le
dénoncer à la Convention , et de pré-
lever sur les biens de Tarbé une pen-
sion pour le fils de Bordier. Mais l'ac-
cusation était si mal fondée Qu'elle
n'eut aucune suite. Charles Tarbé
s'était montré, dès le commencement
de la révolution, tellement prononcé
pour la cause du roi , que les élec-
teurs du département, qui parta-
§eaient ses principes , le nommèrent
éputéâ l'Assemblée législative. Il
justifia leur choix par un courage
opiniâtre et une isvariaMe fidélité
aux intérêts du trdne. Nommé mem-
bre du comité colonial , il défendit
avec autant de talent que de fermeté
la cause des colons , combattit avec
chaleur les doctrines des Brissot et
des négrophiles, et toutes celles qui
tendaient à ébranler la monarchie.
On s'étonna souvent d'entendre un
simple négociant discuter avec au-
tant de darlé que de profondeur
les questions de la plus naute po«
litique ; mais il avait soigneuse-
ment entretenu son goût pour l'étu-
de, et il concevait avec une si rare
facilité , que les matière^ les plus ar-
dues lui devenaient en peu de temps,
familières. On le vit combattre suc-
ces^vement les Jacobins , la Gir<mde,
la Montagne , s'élever contre le li-
cenciement de la garde du roi , re-
pousser les dâionckilious contre le
5i8 TAR
comité Autrichien , et braver les vo-
ciférations de la tribune. Son intré-
pidité et les épigrammcs dont il ac^
rait quelquefois ses discours , lui va-
lui-ent les honneurs de la prison.
Grange-Neuve ayant reçu un souf-
flet de la main d un député royalis-
te , nommé Jouneau^ et cette querelle
ayant suscité de violents débats , l'as-
semblée se disposait à rendre un dé-
cret contre ce dernier , lorsque Tar-
bé , par un amer sarcasme , proposa
de généraliser le projet, et de gra-
duer la peine suivant le nombre de
soufflets qu'un Girondin ; cette
phrase fut interrompue par un tu-
multe affreux , et l'auteur de Famen-
dcment fut envoyé pour huit jours à
l'Abbaye. Depuis ce temps il ne
cessa d'être en butte à la naine des
Jacobins; mais il n'en perdit rien de
son courage, et combattit jusqu'au
dernier moment pour la cause du
trône. Un historien , qui a décrit les
infortunes de Louis XVI, a rendu aux
sentiments de Tarbé une justice écla-
tante lorsque retraçant l'heure fatale
où le prince, cédant aux instances
de quelques conseillers ou perfides ou
imprévoyants , se rendit dans le sein
de l'assemblée : a Ijc monai*que, dit-
» il , y trouva du moins pour ap-
» puis de son innocence Tarbé, Vau-
» blanc, etc. i>. Après la chute du
trône, Tarbé, rendu à la vie pri-
vée , ne pouvait manquer de parta-
ger les honneurs de la proscription :
arrêté à Rouen , il resta) pendant
tout le temps de la terreur , enfermé
h l'Abbaye de Saint-Ouen^ et ne dut
son salut qu'à la chute de Robes-
pierre. Il revint alors à Sens, au
sein de sa famille , où il trouva son
frère , qui comme lui avait échappé
au fer des proscripteurs. 11 avait lais-
fié dans cette ville des souvenirs si
honorables , que les électeurs roya-
TAR
listes du département de ITobk
s'empressèrent de lui donner un té-
moignage de leur estime , en le nom-
mant député au conseil des Gn|-
Cents ( 1 y97). Il reparut dans la car
rière l^latiTe avec les mêmes ta-
lents, les mêmes prind]^ et le mê-
me courage. Défirnseor mtrépîdedes
lois protectrices de la aocMë et da
intérêts des colonies , il signala à Tii-
dignation publique cet liorriUe Son-
thonax , qu'il traita de bounen da
blancs et d'incendiaire de lems pio*
Sriétés. Dans la chaleur des ddmti,
n'épargna nas même un menkc
du comité colonial ^ nominrf Maiec,
qui s'était rendu recommandaUr au-
près des proscrits de 1 798 , par le
zèle qu'il avait déployé pour enesir
leur liberté. Tarbé Im reprocha de
n'avoir montré ni le oanctèred'oa
député^ ni le courage de la Tcria:
mais , averti par les muiulm es dates
collègues, il s'empressa de iép$m
ce que ces expressions aTaiml de
trop amer ^ et n'en obtint pas boîds
le rapport du décret qui autorisait
le directoire à enTojer de nooveia
des commissaires i SainfJlommgne.
Son opposition constante antrimn-
virs qui opprimaient alonla France
et le gouvernement hû-ofeme , ses
liaisons avec la sodéltf de Gi^,
son penchant connu pour la
de Bourbon , devaient fidre tomber
sur lui les foudreft qoi attcmiicBt
les plus illustres de set coD^;ves
dans la journée du 18 firneddor. U
fut compris dans la Este de déports-
tion } mais il s'était fait, par la baa*
chise de son caractère , des amis fa
plaidèrent sa cause ; et k Directoire,
cédantà leurs instances, seèdnlarts de
faire annuler sa nomination. Lé fi*
nit sa carrièrepolitique Retiré demm-
veau à Rouen , il seduposaitiae plus
vivre que pour ses amis et m bmîl*
TAR
le , dont il était chdri, lorsque cette
ville lui donna de nouvelles marques
de sa confiance et de son estime , en
l'appelant aux places de membre du
conseil général an déparlement, d'ad-
joint municipal, et de membre de la
chambre du commerce. Ses conci-
toyens se flattaient de jouir encore
long-temps de ses lumières , lorsque
les chamDres d'assurances de Rouen
et du Havre le pressèrent d'accepter
une mission^ honorable à Cadix. Il
céda à leurs instances, se rendit dans
cette ville ou il fut atteint d'une
fièvre inflammatoire , qui l'enleva à
ses amis et à son pays , qu'il pouvait
encore servir lonc-temps. 11 était
âgé de quarante-huit ans , et n'avait
jamais été marié. Son frère aîné, vi-
vement alFecté de cette perte, ne lui
survécut que deux ans. Charles Tar-
bé , quoique très-instruit dans les di-
verses branches du commerce, de la
marine, des finances et du droit pu-
blic, n'a laissé aucun ouvrage. Il
avait aussi des connaissances éten-
dues dans l'histoire , les antiquité et
la numismatique. S — G — s.
TARCAGNOTA (Jean), histo-
rien, né à Gaètc, vers la fin du
quinzième siècle , descendait d'une
ancienne famille , alliée à la maison
impériale de Constantinople , et qui,
pendant les guerres de la M orée ( F.
Mahomet 11 , XXVÏ, 21/f ), avait
quitté Misitra , où elle s'était établie,
pour aller clicrcber un asile dans le
royaume de Naplcs. Dépouillé de
son rang et de sa fortune , Tillustre
rejeton des Palcologiics dut s'abais-
ser à chcrclicr des ressources dans
ses talents. Il entreprit plusieurs voya-
ç;cs pour acquérir de nouvelles con-
naissances , afin de tirer un jour parti
de son cflucation : il parcourut le
royaume de Naplcs, la Sicile, une
^raiulr part iode Tltalie, et s'arrêta un
XLIV.
TAR
5^9
certain temps à Venise , pour y pu-
blier quelques traductions du grec ;
mais il choisit pour demeure Floren- ,
ce , où son nom n'était pas inconnu ,
uu de ses ancêtres (i) y ayant joui
de l'estime de Laurent de Médicis ,
?ui y préparait le grand siècle de
iéon A. Tarcagnota fut pris en af-
fection par un sécréta ii-e de Corne
l^^.f qui daigna lui-même encouracer
les efforts de cet étranger. Le plus
considérable des ouvrages de ce der-
nier est celui où il entreprit de ras-
sembler, dans un seul cadre^ les mo-
numents épars de l'Histoire particu-
lière de chaque peuple. C'était une
grande témérité que de se charcer ^
d'une pareille tâche , non moins dé-
courageante par son étendue que par
la diihculté de puiser , dans les ar-
chives et les chroniques du moyeu
âge , les matériaux nécessaires à la
continuation des Annales du mon-
de , depuis l'époque la plus reculée
i'usqu'aux temps les plus modernes.
)aDS l'état d imperfection où les
études historiques se trouvaient pen-
dant la première moitié du seizième
siècle , il y avait certdnement du
mérite h concevoir une telle pensée ;
mais il était presque impossible de la
^i) Michel Marulli Tarcagnota, l'nn des
principaux i-ciugicii de CouKiantinople qui trouva
rent uu asile honurnhle <• U cuurde Laurent /eiHo-
gnifique , figura parmi Ira plus illustrcii ccrÎTain^
'duquÎDsièroe siècle. U auparUniait à l'acadeinie
de Ponlanuk, et fut Irès-lic avec Saunazar , qui
embrassa la dePefisc de cet c'tranger cnulrc les atta-
ques de Politien. Ce dernier nvin't aspire à la main
u'Aleiandra Scala ( i'^'o^-. ce nom, XLl, i4), de-
venue In frmmr de M.irulii , qui ne ci*aignit pas de
prendre In plume puur conibalire uu aussi redrm-
li«l)l<' rival. Le Kccueil de ses ptKrsies latines (Flo-
rence, i3<)7, in-i". ) se compose de quatie livr»**
d'rpigraniuM'H , d<- trois li\rcs d'hvmues, et d'mi
poi.-uir non arho»* sur l'éducation d'uu prince.
Marulli, rti revenant à cheval de Volterra , se
noya dan^ 1;* Cerina^ petite rivière delà Toscane.
Le Gioviu pl.»ce cet événemctil vers l'anw'e i5cm».
f'oy. Hedy , dt; gnccis iUustr. lingum grttrtr Utte-
ntrumque humaniortim mfuuratorii'Ut , l^ndr^s ,
174' > in-8«». ; et Boemer, de erulibus grarcis , im-
demquo litlcrarum in Ilalin inttnuratotwuSy Leipi.,
•750, io-8*».
31
5
\
!}'ào
TAR
TAR
bien remplir: et Tarcacuota , loin de
yaincre les obstacles aont il s'était
entoure , les augmenta par le désor-
dre de la narration , l'incorrection
du swle , le vide des idées , et par
cette tàcbeuse disposition à recueillir
les bruits les plus vagues pour expli-
quer d'une manière extraordinaire
les événements les plus communs.
Malgré ces défauts , ou ne peut con-
tester k ce travail l'avantage d'a-
voir été , sinon le premier ^ du moins
le meilleur essai a une bistoire uni*
verselle dans la langue italienne.
L'auteur mounit à Ancone, en 1 566.
On a de lui : I. Alcuni cpuscoletti
deUe cose moralidi Plutarco , trad.
du grec, Venise, 1 543, a vol. in-8".
réimprimé plusieurs fois dans la mê-
me ville, in-o*^. Tarcagnota a traduit
tous les ouvrages contenus dans le se-
cond volume, et quelques-uns du pre-
mier : le reste appartient h d'autres
traducteurs. M, À che f^uisa sipos-
sano e conosctre e curare la infer-
mità deW animo , trad. de Gafien ,
ibid. y i549, in-8^. Le même Traité
a été ensuite traduit par Firmani ,
Rome , 1 558, in - 8*». ; et par Betti ,
U«4le, 1587, in-8<». Celte dernière
version est la plus estimée. 111. De
mezziche sipossono tenerc per con-
scryarc la sanità , traduit du mrmc,
ibid. , 1549, in -8". Il en existe une
autre traduction , par Galcnno, Pa-
lerme, i63o, in-8". IV. ItAdcmc^
poème , Venise , 1 55o, in-8^. V. Del
sito e lodi delta cit ta di NapoU^ con
tiîia brt^e istoria dé* re suoi, e délie
cose più di'^nc altrove ne* mcdesi-
mi tvmpi a^vcmUe , Naples , 1 5(56 ,
in -8". L'auteur a employé la /orme
du dialogue, ce qui rend son récit
très-ennuyeux. Il donne la descrip-
tion du site , de l'étendue et des ob-
jets les plus remarquables de cette
rapitnle , dont , par une nouvelle er-
reur, il attribue la fondation à PbJ-
laris, Ipan d'Agrigente. VI. DelT
istorie del mcndo, le quati con fai-
te quelle particolmnià cke hisapm-
no y contengono quanta dmlpmeh
pio del mmdofin t^ tempi nostn i
successoj Venise, i5&k, 4 yoL ■-
4".; réimpr., ibkl., tSnSj i585,
i588, iSg-j^ i^y 160G. Au trab
dernières éditions, on a joint on civ*
quième volume contenant on Snrokt-
ment par Dionîgi (a)* qui « aosa
donne un Abresë de eelte loudt
compilation. Il ra intitulé : isiarie
del numdo dal suo prÛÊcipio al saut
t6o6 , ibid. , i65o^ 3 toI. iB-4«.
Dans les quatre pronien vohinîct àa
anciennes réimpressions mmt cob-
{)rises les suites ajoutées par ki con>
tinuateurs de Tarcagnota , savoir:
Mambrino Roseo, dont le trayail s'é-
tend depuis i5i3 jusqu-à i5^5, et
César Gampana , qui Ta jusqu'à l'an-
née 1 5g6. L'onvrage de œ denier a
été imprimé srâarément, sons œ li-
tre : Istorie del mondo dal z5^o al
1596, Venise, si^o-j , a roL in-4*.
11 a eu lui-même pour continDalear
un anonyme , dont le livre cal iolilu-
lé : Giunta aile storie aB Cegan
Campana, scritta da grmmmÊton
dal 1 595 al iGoo , Rrescia , 1601 ,
in-4«'. VU. Borna risimarmta, êi
Italia iUustraia , trad. dn latin . de
Biondoy Venise, i54a, in-8*. VIIL
Borna trionfanicy trad. dn mîine,
ibid., i548,in8<». Ces deox traduc-
tions , publiées sons le nom de Zatrô
Fauno , sont a ttribuees à Tarcaanoti;
mais il est permis de ne point adap-
ter cette conjecture, qui B*est foiti-
liée |)ar anc4uie preuve. Voy. Ghioe-
carelli : De illust, scnpi, qmmn-
(1^ Au Itni de Farni-ie ( Fimtnu), mm
l'n iin|irSiTM' jiar rrrrur dam Yom^rmmérC
r«rp|li , il fant Itrr /'«ifrfr, tmr crDiaaip
nv & Fanit.
flUi<
TAR
pio Neapolisjloruenmt , pag. 35o ;
Tafuri : Scrittori napolctani, tom.
m, pag. 99* Soria : Storici napo-
lctani, pag. 583. A — G — s.
TARDIEU ( Marie - Febuier ) ,
nëe ail commencement du dix-sepliè-
me siècle , était fille de Je'rémie
Ferrler ( ro/. ce nom) de Nîmes ,
ministre protestant converti. Mariée
à Tardieu, lieutenant criminel de
Paris , elle lui apporta , en même
temps que de grands biens, une dis-
position contagieuse à la plus sordide
avarice. Dès que les deux époux fu-
rent unis , ce fut à qui fonrnirait le
plus de traits aux nombreuses pein-
tures qu'on a faites de leur lésineiie.
Tous les mémoires du temps sem-
blent attester que le tableau qucBoi-
Icau en a tracé ( Sat. i o ) n'est pas
exagéré, et que surtout la parcimo-
nie et l'avidité de la femme y «ont
frappants de vérité. On sait que c'est
elle que Racine désignait dans la
Pauvre Bahonette des Plaideurs ; et
Gui Patin en avait déjà fait un por-
trait non moins hideux. Tombé dans
risolcment et dans le mépris, sans
parents, sans amLs,sans domesti-
ques, sans secours , le malheureux
couple fut assailli , au milieu de la
nuit y par deux brigands , dans sa
demeure solitaire^ et massacré, le
9J\ août i6G5. Les assassins étaient
deux frères , nommés Touchet , de la
province d'Anjou. Le parlement en lit
prompte justice : pris en flagrant
délit j ils furent roués vifs , trois
jours après, sur le Pont-Neuf, en fa-
ce de la statue de Henri IV , à la vue
de la maison de leurs victimes y qui
clait située sur le quai des Orfèvres.
Il paraît que Tardieu ne manquait ni
(le sens, ni de lumières, et qu'il au-
rait pu se faire un nom dans la ma-
ççistrature; mais il ne lui reste de cé-
lébrité que celle que son triste sort ,
TAR
53 1
et le vice qui en fut la cause, la lui font
partager avec sa femme. V. S. L.
TARDIEU ( Nicolas - Hewri ) ,
graveur, né à Paris, en 1674, fut
un des meilleurs élèves de G. Audran,
et, sous la dii-ection de cet habile
maître, grava la suite des batailles
d^Alexandre. Il fut reçu à l'académie
en 1713 , et y présenta, pour mor-
ceau de receplîon, le portrait du duc
d'Antin , d'après Rigaud. Ses ouvra-
ges les plus remarquables sont une
MadtlètWy d'après Bertin; le Sa-
cre de Louis XF j\t Tombeau des^
Iwmmes illustres (t Angleterre et
le Plafond de la galerie du Palais-
Roy ta. Il mourut en 1749* — Jao
ques-Nicolas Tardieu, son fils, se
distingua aussi par d'excellents mor-
ceaux de gravure, tek que : V 4pva^ '
rition de Jésus à la Fierge , d'a-
près le Guide ; les Misères^ de la
guerre j le Déjeuner flamand ^ d'a-
près Ténicrs , et nn grand nombre
de portraits. — Pierre - François
Tardi£17, cousin du précédent, ajou-
ta à la célel)rité de ce nom , qui u\'i
pas cessé d'être distingué dans Tart
de la gravure , jiar des morceaux
également recommandables , savoir :
Persée et Andromède , et le Juge-
ment de Paris , d'après Rubens. Z.
TARDIF (Guillaume), littéra-
tcur, né, vers i44o, au Puy en Vê-
lai, professa les humanités et la rhé-
tori(pic au collège de Navarre, avec
distinction. Au nombre de ses élèves
il compta le célèbre Reuchlin ( F,
ce nom), qui témoigne, dans plu-
sieurs endroits de ses ouvrages , l'es-
time qu'il avait pohr les talents de son
maître. Fr. Flerio lui dédia, en 1467,
son roman : De amore CaniiUi et
Emiliœ ( Florio, XV, 97 ) , par une
Epîlre ou l'on apprend que Tardif
était connu depuis long-temps d'une
nianièi*e avanfa^euse. Charles VIII ,
34..
m
532
TAR
i|[ii l'huuurail d'uuc alTcction parli-
ciilicrccti aimant ;iu trÔDe,lDiium-
ma son tcrtciir urdînairc. Les succès
de TaiTlif M sa vauilc uc puiiTaicnt
manquer de lui susciter des ennemis.
L'un de ses collègues , Jcrùmc Baibi,
l'atuiqua \tvciiiciit, dans une satii'c
inrituJc'c : RlieUir gloriosus^F. li-ty-
m,lIl,'J60,q'ie Tardif ne laissa pas
sans rcjMiise. Un ij;nore l'ênaque de
sa mort. Outre une iSlilioti de Soltn,
rare et recliercliée ( Paris, P. de Gc-
sarb, vers j47i),in-4".> on connaît
(le lui : I. Gntmmalica et BhetoTi'
ca (Paris, Cxsai-i.«, vers 1480), in-
{"^ CiCt ouvrage est .si rare, qu'il n'a
pas cti-eomiu des plus savants biblio-
graplics. (îe n'est, au surplus, qu'une
compilation des préceptes des meil-
leurs auteurs. H. Jpolofftcs et Fa-
bles d'Èsofic, trad. du latin, de Laur.
Valle, Paris. Ant. Vcrard ( i4<)0 ),
ili • fol. de 36 feuillets. I^es qnatorsc
derniers cotilinment tes Dits de Pln-
taii^uG. T.a l)i1iliotliJYiuc du Roi nos-,
scde, de cet ouvr.-ice . un magnilique
exemplaire sur vclin. Dans la d«li-
race à Cl.arks VIII , Tardif se Aé-
clarcletraducleur d'un.^rt demou-
rir, que M. Van Praet conjecture de-
voir être l'ouvrage de Matthieu de
Ciaeovir ( r. Mathiiku , XXVH ,
48o ! t;. IV. C'est le Livre de l'art
th lafiuic-imiicrie et des ckinis de
cliassc, iliid-, Ant. Veiaiil , i/jqm ,
in-fol.; réimprime pinsicurs fuis, for-
mai iji-4". , séparément et à la suite
de roiivrage de rraudèjes ( /'. ce
nom , XV , 435 ). L'autein' nous ap-
pniirl , ilaus sa dcdie,ice a Cliarics
VHI.qn'il composa eu livre ytar
o\]n'(.-s counnniHlcniont de ce prince.
flVsi nne c.miiil.itiou des Traites
.sur l,t ciiass.- de Roi , p.ir D.incliiis ,
TAR
nioamus, Guillinus et Guiceunasl,
apteurs fort peu connits anjourd'hai.
Il existe de la première édition un
exemplaire sur vélin, k la hiblio-
ibL-que du Roi. V. ^nti BmJbina
■Del recriminatio Tardiviaita m
Balbiim, ibid., i4g5, in - 4». Ot
^ïnti u'a point été connu par BiîlfeL
L'article que Prosp. Marchanda cod-
sacre k Tardif est curieux; nuis il
n'est pas exempt d'eneurs. On peut
encore eousulter h BibUothèq. iet
thereuticograpbes de Ijallenunt, p.
TARDY(jEj»w),futo
Ch jtelet , du temps de la ligne , a
■ Sqi. Le duc de Maïenne , qoe b
faction des Seiie reconnaissait dni
pour stm chef, prévoyant qoe te
parlement se tournerait do coté da
roi , et qu'il y ra mènerait les pai|te,
voyait avec plaisir que les Sazeoi di-
minuassent l'autorité, et ilseproBiei-
tait qu'en se cboquant In uns \a
autres, ils se détruiraient à M» avan-
tage. Le parlement avait nuntjc ab-
sous le nommé Brîgard, accuK pu
les Seize d'êf ■ - •••
les rovalistes. Les plus empoclAde
cette faction résolurent de k MHS
de ce jugement. Ils
lin un conseil secret de dit. tmân
eux, {tar l'avis desquels touio kl du-
ses importantes devaient paner. O
consul jugea qu'il fallait le iâûn
du président Bi-îsson , de Lante,
conseiller au parlement, et ds T»^,
conseiller au Chttdet, qui
toutes leurs mesures. Jk
donc une sentence de moK
CCS trois magistrats, et l'i
au-dessus des sigtutures de ffruir"
notables Itourgeôis qu'ils availBliK'
prises sous un autre préiede. Si
vertu de cet acte , ils se sainoldi
leius trois victimes , les meièw* *<■
CliAtelet . et les prndircM Am otW
TAR
prisuu. Le président Brisson fut le
premier, « finissant par une cataslro-^
phc indigne d'un si docte et si excel-
lent personnage^ mais assez ordinaire
à ceux qui veulent flotter entic deux
partis. » Mezeray. A Tégard de Jean
Tardy , Hamilton , cure de Saint-
Cosme , soutint qu'il avait trouve'
chez celui-ci deux livres contre la
maison de Guise et les ligueurs, pour
lesquels le parlement , séant à Paris,
avait blâme' Tardy. Cet arrêt revint
à la me'moire des Seize ; Hamilton y
l'un des plus furieux ligueurs, se
rendit chez Tardy , l'obligea de sor-
tir de son lit, où il était retenu à
cause d'une saigne'e, et le fit conduire
dans la chambre haute du Châtelet,
où le président Brisson et Larcher
c'taieut déjà pendus. A .cette vue^
Tardy s'évanouit : les bourreaux pro-
fitèrent de ce moment pour le pendre
( Vqjr» Brisson ). Z.
TARDY ( Claude ) , né à Langres,
le 8 mars 1607 , étudia la médecine,
vint se fixer à Paris, vers i643,
et ne tarda pas à v jom'r d'une
réputation qu'd justifia par ses tra-
vaux. Professeur d'anatomic, il con-
tribua beaucoup à faire adopter la
nouvelle doctrine d'Harvey sur la
circulation du sang. Tardy ne se bor-
na pas au cours d anatomie^ il donna
chez lui des leçons de chii-urgie. Il y
a lieu de croire qu'il mourut vers
1670. Voici le titre de ses ouvrages,
presque tous écrits en latin : I. Quœs-
lia inedica discuiienda in schoUs
medicorum , etc. , i643 , in-4**. II.
niustratio thcseon dejensarum in
scholis , etc. III. Tempus infusio-
7iis animœ, IV. Hippocratica pur-
^andi inethodus , Paris, 16^6, V.
In libnun Ilippocratis de virginum
morbis commcntatio , Paris, 1648.
Vï. Cours de médecine, contenant
toutes les classes, Paris, 1OO7, 'i
TAR
533
vol. in-4''. — Tardy ( Jean ) , mé-
decin à Touruou , sa patrie , a pu-
blié : I. Disquisitio phjsiologica de
PiUs y i6o9,in-8«. IL Ilistoirc
naturelle de la fontaine qui brûle
près de Grenoble , at^ec la recher-
die de ses causes et principes ,
Tournon, 1618, ia-8<^. III. Disser-
tations physiologiques , etc. D-B-S.
TARELLO ( Camille ) , auteur
agronomique italien , est connu par
un ouvrage qu'il fit paraître sous ce
titre : Ricordo d^agricoltura , Ve-
nise, in-S*»., 1567, qui reparut à
Mautoue en 1577, liri*! et i735; à
Trévisc en 1731 j enfin de nouveau
a Venise, 1772, in-4% avec des no-
tes du père Scosteni. Tarello sut se
distinguer à cette époque, en ajou-
tant aux documents puisés dans les
anciens auteurs ce que son expé-
rience lui avait indiqué. C'est ce que
démontre principalement la première
des deux parties qui composent son
ouvrage. Ainsi il prescrit de labourer
le champ huit fois avant d'y semer
du blé , et que ce ne soit que dans le
quart de sa propriété. Il veut qu'on
le remplace dans le reste par d'autres
productions. On voit ici la première
mdicatton de la rotation de récoke ou
de l'assolement bieu ménagé. C'est
donc à tort qu'on a fait honneur de
cette découverte aux agriculteurs an-
glais. TareQo cite des exemples pour
prouver l'avantage de la multiplica-
tion des labours. La seconde partie^
sous forme de dictionnaire, concerne
encore la culture des champs : là l'au-
teur rcnti*e dans l'esprit de son siècle,
en citant plusieurs pratiques supers-
titieuses ou peu dignes de foi , qu'il
emprunte aux auteurs anciens , aux-
quels il donne trop de confiance. Il
revient cependant sur les avantages
des fréquents labours. Il conseille de
faire macércrlc blé avant de Icscmcr^
634
TAR
dans Tiuinc corrompue et dans l*cau
de chaux , de le répandre très -clair ,
de le fouler souvent. Il loue beau-
coup la culture de la luzerne , qu'il
désigne sous le nom de crcsti. Il veut
qu'à des époques déterminées on
transforme les prairies en champs par
le défrichement^ pour les ramener
ensuite à leur première destination ,
pratique encore usitée ^ notamment
en Suisse. C'est aussi dans ce pays
qu'on a rendu une justice tardive à
cet auteur , comme on le voit dans
les notes que lui consacra Dav. Si-
gismond Gnmer , dans la quatrième
partie du Recueil d'écrits sur raj:;ri-
culture de la société de Borne , com-
mencée en 1761. Cependant on n'ap-
prouva pas le conseil qu'il donne de
jjrûler sur place les chaumes et la
quatrième partie des ])rairie$. M.
Ivart vient aussi de faire sentir le
mérite de Tarello dans son Traité
articulier sur les assolements ^ pu-
lie en i8ai. D—p — s.
TARKNTE ( Louis de ). Forez
I/)UIS,XXV,!246.
ÏAHGA ( J^ONARD ) , niédeciu ,
né à Vérone, en i'73o, fit ses élu-
des k l'université de Padoue , oii il
eut pourmaitreMorgagiii.il y remplit
quelque temps imc chaire , que le
mauvais état de ssl santé l'obligea
de quitter. Le même motif lui fit
ensuite refuser une autre place sem-
blable, à l'université de Pavie.Il mit
beaucoup de zi-le à préparer une nou-
velle édition de Cclse , dont il épura
le texte, cl qu'il enrichit de Notes.
Ce travail et l'augmenta lion d'une col-
lection de médailles, pour lesquelles
il clait très-passionné , l'occupèrent
pendant toute sa vie, qu'il termina le
u8 février 181 5. Ou a de lui : Cvlsi
vpcra , e.r rccnpiitione Leonardi
Tar^œ ^ Padoue, Coiniuo , i76{),
2 vol. in-4°. — Le même y suivi d'un
l
TAR
Lexicon Ceîsien. Vérone , 1810.
1 vol. in-4*'- j ëaitîon plus ample,
mais moins correcte que la précé-
dente , qui a servi de texte aux édi-
teurs de Hollande , Leyde , 1^85 ,
in -4^. , avec les Dissertations de
Bianconi. A g s,
TARGE (Jean -Baptiste), Listo-
rien, né, vers 1*720, à Paris, joi-
gnit à l'étude des langues modernes ,
celle des sciences exactes. Lors de la
création de l'école militaire , il y fut
nommé professeur de matbëmatvpes.
Quelques versions de l'anglais hu né-
ritèi-ent un rang honoralue parmi ks
traducteurs. 11 obtint une pension, cC
s'établit à Orléans, où n passa k
reste de sa vie , au milieu de ses li-
vres , et mounit en 1 788. C'est nn des
bienfaiteurs de la biblîothcque pnUi*
que de cette ville. Il était correspon-
dant de l'académie royale de marine.
Indépendamment des traductions de
V Histoire d^ Anfff terre ^ par Smo-
lett, 1759, in-ii, 19 vol- (l);de
V Histoire de la pierre de Tlnàe,
depuis 1^4 5, par Orme, i^GS^in-ia,
îi V., et de VJlbrêgé chronoiofuiue ,
ou Histoire des découvertes biles pr
les Européens dans les diiTëRates par-
ties du monde, par Barrow, i'J^'6,
in-i:2, iavol.(a),onadelui :I.lfi5-
taire d'Angleterre, depuis le traité
d'Aix-la-Chapelle jusqu'en 1763, Pa-
ris, 1768, 5 vol. in* ra. L'est une
continuation de Smolett ( FV^f . ce
^ (0 yo^m rariicle Smolett, do«t Twgc lai
IVlitgr en trie- d« «on dîs-atBTÎ^iiM i »!■■■ H
|uiiit ■ «a tfiiduction qnelqiMs boI „^
tantes. Nnua citerons »euîeiu«t ici cdic oc U
re
•u
> que Siuoliit a été plus impartial qnpHamr.aa
iel du procès de rînfortunêe Maric-Sl^rt. T«r-
ge rfirve d'aillrurs plaaîrurji faulrs de S»elrit
5iir riiiirtoire ancienne d'AoflcIfrr* ( V«y. la JImwb.
dvf tavantt de janvier iHlo, p. 38 ).
(n'' Dans la préface, il annonce |» pmiet dt ne-
seiiidlrr en un corps d'hiftoirc Imiiea In tti^rf
% i>n i(iii mit été faites pour U recbrrcha de* lnB|»-
liulr* , itinqu'à la mactaiaede Harrimn ; iiuû» d"**-
trrs <ii|u>grnienti l'rmptihcrfJiit 4m M'miLmMU dv
cet uuTragp.
TAR
nom ). II. Histoire de Vayénement
de la maison île Bourbon au trône
d'Espagne^ ibid. , 177ÎI, 0 vol. iii-
IJ. Elle est écrite avec diffusion,
iDai^ estimée pour Tcxactitude des
faits et le talent de les présenter sous
leiir véritable point de vue. III. JJis*
toire générale d'Italie, depuis la
décadence de Tcmpire romain , ibid. ,
1774, 4 vol. in-i'i. L'auteur n'eut
pas le loisir de la terminer. W — s.
TARGET (Gui-Jean-Baptiste),
né il Paris, Je 1 7 dcc. 1 783, fut un des
plus célèbres avocats de la capitale^ à
uce épo<[iie où Téloquence du barreau
s'était élevée à ime trfs-graude hau-
teur. Contemporain du fameux Ger-
bier, il lutta plusieurs fois , sans dé-
savantage, avec lui , dans les causm
les plus importantes. On a prétendu
même que , capable d'un travail plus
soutenu , il aurait fondé son élo-
quence sur plus d'instniction ^ et
que s'il ne marcha pas toujours l'é-
gal de Gerbier dans la plaidoie-
rie, il lui fut supérieur au cabi-
net. Une élocution facile et fleurie ,
que quelques critiques ont cependant
accusée de diflusion , notamment
dans un de ses Mémoires pour le
cardinal de Rohan , un bel organe ,
des talents littéraires distingués , et
beaucoup de savoir , lui ouvri-
rent, en 17B5 , les portes de l'aca-
démie française. Alors il s'éloigna
de l'audience, et ne s'occupa plus
que de consultations. 11 nous serait
impossible de le suivre dans tous ses
travaux de jurisprudence ; nous nous
bornerons à dire que sa réputation
au palais commença par une plai-
djoierie pour les fr(*res Lioncy y con-
tre les Jésuites : le champ était vas-
te à parcourir contre de tels adver-
saires; le savoir, le raisonnement,
la critique et l'éloquence pouvaient y
figurer tour-à-tour ; Target plaida
TAR
535
victorieusemflut cette cause devaiit
des juges peu disposés, par leturs
opinioBs, k l'écouter avec faveur.
Dès-lors il vit croître sa réputa-
tion et augmenter de plus en plus
le nombre de ses clients. M. Garât,
membre comme lui de l'académie
française, a beaucoup parlé des ta-
lents de son confrère , dans une cau-
se où il était question des rosières de
Salenci. En retraçant le souveuii* de
la plaidoierie de Target , M. Garât a
trouvé le moyen, en louant l'avocat,
de faire en méeie temps une descrip-
tion brillante de l'institution de Saint-
Médard. S'il faut l'en croire, l'élo-
quence de Target, aussi pure que ha
vertus de ses clientes, produisit à
Paris un effet prodigieux : la peintu-
re , la poésie, la musique et lie théâ-
tre s^emparèreut de la fêle de SaloB-
ci , et les plus grands seigneurs vou-
lurent avoir des rosières dans leurs
domaines. Lors de la création du
parlement Maupoou, Target resta'
fidèle à l'ancienne magistrature : il
ne parut point à l'audience des ni-
veaux juges , quoiqu'il en fut re-
cherché , et publia m^e contre ets
un Factiun intitulé Lettres d'un
homme à um homme , que quelques
personnes ont comparé aux meilleurs
écrits de Montesquieu. Lorsque le
parlement eut été rétabli, Target fut
un des premiers de son ordre à féli-
citer sur leur retour ces magistrats
alors bien-aimés , mais que plus tard
il devait lui-même délaisser dans une
Çroscription bien autrement funeste,
'arget fut député aux états-généraux
par la ville de Paris; et son non
sortit nn des premiers du scrutin
électoral. Entièrement dévoué aux
intérêts du tiers-état , il les défendit
dès le principe en toutes les occa-
sions , et se plaça dès-lors au pre-
mier rang des orateurs dans cette
536
TAR
assciDblée fameuse. Cependant nous
devons faire observer que le genre
d'elocjuence de la ti'ibune politique
ne doit pas ^trc le même que celui
du parquet judiciaire : Target ne
s'en aperçut ])as toujours^ et Ton
remarqua quelquefois dans les ha-
rangues du députe des défauts qui
ccliappent dans les plaidoieries des
avocats. Son talent, comme celui
de beaucoup de ses confrères , était
prolixe et vague. Se\servant tou-
jours de grands mots sonores, et
le plus souvent vides de sens, tels
que le çrand {jeiwre y la grande
nation y il oiTrit le premier exemple
de cette loquacité' révolutionnaire
devenue plus tard si ridicule , et
qui fut des - lors l'objet de raille-
ries universelles. Tout le monde se
rappelle encore cette phrase qui
donna lieu à tantde persiflages : Vas-
seniblée ne veut que la paix et la
concorde^ suivies du calme et de
la tranquillité, I^eanmoins Target
jouit pendant quelque temps d'un
assez grand crédit dans l'assem-
blée : nommé un des premiers com-
missaires dans les inutiles confé-
rences pour concilier les trois or-
dres, il eut la mission particuUère
d'engager le clergé à se rémiir au
tiers-état^ pour la vénfication des
pouvoirs respectifs , et s'en acquitta
avec beaucoup de zcle et même d'ha-
bileté. II fut aussi membre des comi-
tés les plus importants, et notam-
ment de celui de constitution , dont
il était un des plus habituels rappor-
teurs : mais ce fut là que ses détrac-
teurs trouvèrent en abondance des
aliments à leurs plaisanteries dans ses
longs et fastidieux discours , si péni-
blement élaborés. Ou disait qu'il était
en couches , et tout le inonde parla
des couches de Target et de la Tar-
(féline constitutionnel^ , qu'il de-
TAR
vait mettre au jour. Comme iliallajt
le supposer soufirant dans une telle
situation, on repandit, devaut la
porte de sa demeure , ime grande
quantité de paille et de fumier , pour
que le bruit des voitures n'inlerrom-
pît pas son repos. DansTasscmUée,
il suivit le plus ordinairement les
traces de i'abbë Sieyes, alors le
Calchas de la France rëvolutiouiai-
rc , et il appuya de tous ses monm
la fameuse déubération du 17 juin,
qui fit crouler l'ancienne monardiie,
et dont Sieycs fut à-Ia-fois le proro-
cateur et le rédacteur. Cependant
quoique ses opinions indiquassent la
route qu'il fallait prendre poor ar-
river à la république^ il rejeta oobs-
tammeut ce système, impratîcabk
dans un pays tel que U Fruioe.
Dans la cusoission sur la sanctioD
royale, il vota pour le tieto suspen-
sif Il fut un des défenseurs ks plus
détermina de la dédaiation ds
droits de l'homme , et combattit ceux
qui desiraient qu'dle nfe fût pas I1b>
troduction , mais le coroUanc de la
nouvelle Charte, entre autns Ma-
louet et Mirabeau, qui la joniat
au moins inutile. Plusieurs muoHà
voulant qu'après la révolutioB mi i4
juillet une anmistie f&t proooncée
pour tous les faits contre-révolatioii'
naires , et (pie le baron de Bcnnral
y fût compris, Target ^^■tflwda qu'on
le traduisit au Châtdet; et sa propo-
sition fut adoptée.' Lors des dmts
qui préparèi'ent la rëTolntioii da
5 et 6 octobre , il soutint et dé-
veloppa la motion de son ooUègae
Camus , qui demandait qu'on exi-
geât du roi la sanction de oetie
déclaration dangereuse , aTant de
lieu statuer en matière de finances.
VaiIiu Target fut un des dépaléi
constituants dont les combÎBaisoBf
curcait pour but de concentrer Ms
TAR
rs dans rassemblée , et de
oi le chef dégrade d'une
î dont ils ne conservèrent
t , et qui dans le fait n'esis-
Le 3 novembre 1789, il
[1 avait été le panégyriste
gé des parlements , et ap-
ement la motion d'Alexan-
th, qui fît prolonger les
ie ces grands corps ; mc-
aratoire de leur suppres-
l'on décréta le 24 mars
' la proposition de M.Boe-
lembre du parlement de
•get voulait qu'en suppri-
parlements on conservât
laussées et les bailliages,
de janvier 1790 , il fut
résident , et de nouveau
cette occasion , par les
biaisants , qui dirent qu'cn-
ix fauteuils , il s'était trou-
)ar terre (i). Au mois de
fit décréter la suppression
monastiques, et repoussa
projets de loi sur la pres-
dant que, dans les circons-
l'on se trouvait, il n'y
à statuer à cet égard. Ce
fit régler le cérémonial de
on du i4 juillet 1790. A
ion des nouveaux coi-ps ju-
il fut nommé juge d un
laux civils de Pans. Dès-
rut peu a la tribune y et dans
ie l'année 1791 , il ne fit
otion, ne proposa aucun
: mérite d'être cité. Thou-
e nom ) s'était emparé de
ous les rapports qui res-
faire pour compléter la
m; les plaisanteries dont
ssait d'accabler le député
ieu l'avaient discrédité ,
1 l»Iu» haut que I arget était de I'hca-
i>c. ( FcY. îklAUliY , XXVII , 573 ,
TAR
537
et il aima mieux garder le silen-
ce que de s'exposer à essuyer de
nouveaux sarcasmes. Ce fut cepen-
dant lui qui donna la lecture du
proccs-verbal de la clôture de la
session de cette fameuse assemblée
constituante^ où il n'acquit rien pour
sa gloire y et perdit beaucoup de
de sa réputation. Il vécut alors dans
l'obscurité jusqu'au mois de décem-
bre 1793* où Louis XYI lui fit
l'honneur de le designer pour l'un de
ses défenseurs; honneur auquel il eut
la faiblesse de se refuser. Ses amis
ont prétendu que sa santé ne loi per-
mettait pas de se charger d'une cau-
se aussi pénible; mais cette santé
n'exigeait pas qu'il mit le public dans
la confidence d'un aussi cruel refus ,
par le petit écrit signé : Le Républi-
cain Target , qu'il fit répandre avec
profusion. Pendant le régime de la
terreur ^ il fut secrétaire du comité
révolutionnaire de sa section , dont
un savetier nommé Chalandon était
président. On a long-temps parlé de
ce Chalandon , im des plus terribles
agents de Robespierre : comme cet
homme savait à peine lire, c'était
Target qui rédigeait ses dénoncia-
tions et ses actes , avec une docilité
sans exemple. On a dit que , dans ce
misérable emploi^ Tarcet sauva la
vie à beaucoup de monde : nous ai-
mons à le croire ; car dans le fond ,
et malgré ses erreurs y ce ne fut
point un méchant homme ; il était
même assez obligeant. Cependant
nous sommes forcés de dire , comme
chose notoire , que de tous les comi-
tés révolutionnaires, celui que prési-
dait Chalandon remplit , plus qu'au-
cun auti'e peut-être, les prisons de
proscrits, et qu'un grand nombre
périrent sur 1 échafaud. En 179B,
Target futnominé membre du tribu-
nal de cassation. Lorsque le projet
138
TAR
d*an code civil uniforme fut sou-
mis à l'examen des tribunaux , il fut
un des commissaires chargés par sa
compagnie de présenter ses observa-
tions au couveruement. Il inséra dans
ce travail une opinion sur le divorce,
qui mérite d'être remarquée. On lui
confia y quelque temps après , de
concert avec quatre de ses collèguies,
la préparation d'un code crimiuel.
Il a laissé sur ce sujet un discours,
où sont exposées les yties qui doivent
servir de base à cette importante lé-
gislation. Tai'get est mort k Mofiè-
res , le 7 septembre 1 807. Il a publié :
I. Observations sur le commerce des
^rain5 (faites en 1769), Paris, 1776,
m- 12. II. Mémoire sur Vétat des
Protestants enFrance, 1787. T^bar-
pe fait un grand eluge de cet ouvrage
dans sa correspondance russe. lit.
3friP^{7ion, on cahicrdu bailliage de
1 788, in 8 '.IV. Jjes États-Généraux
comfoqués par Louis XVI, ia-8°.,
en 3 parties, i'j89. V. Observa-
tion sur la manière d'exécuter les
lettres de convocation aux états-
généraux, in-80. , 1789. VI. Rap-
port fait au nom du comité de
constitution , '29 sept. 1 790 , in-8*>.
VII. Déclaration des droits de
l'homme en société, iu-8**. On a
publié contre lui divers pampblets^
entre autres : 1". Bulletin des cou-
ches de M, Target , père et mère
de la constitution des ci - devant
français , etc. , in - 80. 2®. Rele-
vailles , rechute , et nouvelle con-
ception de M, Target. 3°. La Tar-
getade, tragédie un peu burlesque ,
parodie de VAthalie de Racine (par
Huvier dp Fontenclles, 179; , in-B®.
M. Mura ire a donné un Éloge de
Targcf, 1807, in-8<». B — u.
TARGIONI-TOZZETTI (Jean),
médecin et botaniste, né h Florence ,
en 1713^ fit ses études à l'université
TAR
de Pise, où il prit le degré de doc-
teur, â l'Âge de vingt-deux ans. Les
honneurs littéraires, précoces codibc
ses talents, firent bientôt de ce jeam
élève un savant distingue ; et dcie-
tour à Florence , il ajouta au tîtrede
professeur extraoïdiiiaire de PEm
celui de membre de la société de kor
tauique , dirigée par Michdi j 4n j
par son activité, avait répanm le
goût de cette science parmi sei om-
pati'iotes. Targioni s'attacha avxpii
d'un guidp aussi éclaire , psfoo»-
rut avec lui les belles caiopigtci
de la Toscane, l'aida dans toutes 49
recherches; et lorsqu'il dutlileuicr
la mort d'un si bon maître , îf ot k
consolation de s*ci) entendre proda-
mer rhéritier et le successeur. S09
premier soin fut de compléter le Oh
talogue des plantes du îaidîn de
Florence ( Vof. Micheu, jLXV11I|
592 ). 11 prit ensuite paît aux te-
vaux des académies de la Gnoea i|
des Apatistcs, auxquelles il avait êli
agrégé , et il concourut, avecsos
confrère Gocchi, à mettre en ordre
la superbe collection des owiaga
rassemblés par MaçIiabeccU,cfdûii|
il fut nommé le bibiiothéciire* U dé-
buta dans cette carrière pir U pabB-
cation d'une partie de la oorreipop-
dance inédite de ce savant floroAi
( F. Magliabecchi, XXVI» i3| )
avec les littérateurs italieosct ëkiSQ-
gers ; recueil important, qqi jcte
un grand jour sur l'iiistoqc tuft
raii-e du dix-septième sièdcEn i^l/^
Targioni remit au docteur tSsOÊffx
sa placede directeur du jaidiii deko^
tauioue ^ afin de povtoir dispoicr
plus librement deson temps, vàntfv
tie ducpiel était consacrée à b U9Êi
des grands ducs , dont il était deieHi
le médecin. Il entreprit alofs des
voyages dans Tinlàneur de la Tos-
cane, cxamioaut tout ce qui aTiii
TAR
là Tagriculture. à l'industrie
sciences naturelles. 11 fit en
emps paraître des observa-
nportantes sur le traitement
eurs maladies ; sur répidémie
le'e 1752;. la récolte des blés
5 et 1766, etc. En sa qualité
missaire du bureau de santé ^
oya beaucoup de zèle pour
er rinoculation de la petite-
il étudia le caractère des iiè-
domiqucs , encouragea le des-
entdes marais, et proposa des
5 pour rendre moms fréquen-
louda lions deTArno, auxquel-
icurs parties de la Toscane sont
?s. Ne se bornant point aux de-
e son état , il envahit le do-
ie rarcbcologie, et donna la
lion des objets d*art et d'an-
iontlc pays qu'il habitait estsi
ent pourvu. C'est par une telle
de connaissances qu'il a ren-
BCture de ses voyages utile et
e à toutes les classes de lec-
le naturaliste s'y confond sou-
ec l'historien , et le savant ne
ntre pas au-dessous de l'ar-
e recueil fut suivi par un autre
e non moins important sur les
i des sciences physiques en
e, et par lequel Targionitcr-
ï carrière littéraire. Une ma-
e langueur, dont les sympto-
î manifestèrent dès l'année
le conduisit au tombeau ,1e 7
' 1783. Ce professeur appar-
en qualité d'associé étranger,
ciété royaîe de médecine de
lans laquelle Vicq d'Azyr pro-
ion éloge. Ses ouvrages sont :
era sopra una numerosissima
di farfalle , vcduiasi in Fi-
mlla meta diLugliOj 174* >
:e, 174T , i»-4*'v '•?>• 11- ^^
di alcuni viaggifatti in di-
arii délia Toscana per oê-
TAR
53ç)
servare le produzioni naturali, e gU
anlichi monumenti di essa , ibid. ,
lySi - 1754 , t) ToL in - 8». 11 en
existe une seconde cfdition, ibid.^
1768- 1779, 12 vol. in-8**., aug-
mentée de quelques M émoirei» inédits
de Micheli et de plusieurs supplé-
ments de l'auteur. La traduction
française pnbliée en 179^, 1 roi.
in-8**. , ne contient que le voya-
ge fait en ift^i.Wl, Lista dino-
tizie d*isiona naturale délia Tos-
cana^ che sidesiderano , ibid., 1 76 1 ,
in-fol. IV. Baccolta di osseryazioni
mediche , ibid. , 1 76 1 , in - S''. V.
Prodromo délia corografiay e délia
topograjia fisica délia Toscana ,
ibid., 1754» in - 8"*. VI. Belazione
di aletmi innesti di vajuolofatti in
Firenze , ibid., 1766 et 1757 , in-
8**. VII. Bagionamenti suW asri-
coUura Toscana, Lucqucs, 1759 ,
in-S*'. On en donna un extrait inti-
tulé : Selva di notizie ed osservO"
zioni sopra il grano , specialmente
diiro, Naples, i764,in-4°. VlII.
Succinta relazione delV ultima ma-
lattia , morte ed apertura del ca*
davere di Girolamo Samminiati ,
Florence, 1760, in-fol. IX. Parère
sopra Vutilità délie colmate di BeU
lavista , per rapporlo alla salubriià
délia Faldinievole y ibid., «760,
in-fol. Cet ouvrase fut attaqué pajr
Pierre Ant. Nenci, auquel Taulegjr
répondit par les deux écrits suivanp:
X. Considerazioni sopra il parère
di Nenci intomo le acqiie stagnanr
ti délie Colmate, etc., ibid.^ i?^^»
in-fol. XI. Sommario di documenii
correlatùfi aile considerazicmpre-
cedenti/ùÀà.,, 17^0, in-fol. Ail.
Bagionamenio sopra le cause ed i
rimedj delV insalubrità d^ aria délia
F aldinievole y ibid., 1761 , 2 v. in-
4*^. , fig. Xlll. Siiologia^ ovvero
raccoUa di osseryazioni , di espe-
54o XAR
rienze^ e ragionamerUi sopra la na-
tura e qualità dé* granit e deUe fa-
rine péril paniûciOjlÀyowxney 1 765,
a vol. io-4^- XIV. Alimurgia , ossia
modo di render mena gravi le ca-
restie^proposto per solUcvo de^ po-
verij Florence, 1 767 , in^**- > le Pre-
mier volume seulement. Il parut con-
tre cet ouvrage une forte diatribe
dans le troisième vol. du Giomale
délia letteratura europea^Y yeràoity
1767 , in-B^., ce qui donna lieu à la
Publication d'un ccritintitulé: y/yia-
si e difesa délia célèbre opéra in-
titolala : AlimurgiAj etc. XV. /s-
truzioni circa le manière d'acérés-
cere ilpanecon l'uso di alcune sos-
tanze vegelabili , Pisc, 17^7, in-
8<>. XVI. Disainine di alcuni pro-
getiifatti nel secolo XFI per sal-
vareFirenze daW inondazionideW
Amo^ Florence, 1 767, in-8*>. XVII.
Relazioni délie febbri che si sono
provate epidemiclie^ in diverse parte
tlella Toscana , Tanno 1 767 , ibid. ,
1767 , in-8«. XVIII. Reùzione dél-
ia ricognizione dcl cadavere délia
fanciuUa Anna Maria Cioni, ibid.,
1770, in- 4**. XIX. Raccolta di
opuscoli medico-pratici^ ibid., 1 778,
in- 12. XX. Raccolta diteoricj os-
servazioni e regole per dissipare le
asfissie, etc. , ibid. , 1773, iii - 8°.
•iuCï. Notizie degli aggrandimenti
délie scienze fisiche y accaduti in
Toscana nel corso dianni sessanta^
nel secolo xrii , ibid., 1780, 4
vol, iu-4".j vaste re'pcrtoire de ren-
seignements concernant les progrès
des sciences pbysiques et naturelles,
pendant le oix-septicme siècle, en
Toscane. Le troisième volume ren-
ferme de nouveaux détails sur les
travaux de Tacadcmic del Cim^nto,
dont Targioui a reproduit les Mé-
moires , publics , eu i(j6(> , j)ar Ma-
galotti( roy. ce nom, XXVI, 1 10).
TAR
A la fin du quatrième Toiume, l'ai-
teur avait aunonoé cinq autits Bc*
oueils pareils, rdatifs à Fëut da
sciences sous les règncf de G&w,
François et Ferdinand I*».; de CimÊ
III et de Jean Gastoo. U se propi-
sait aussi de remonter JnSqa'aiK
temps les plus reculés , et de rama-
bler les monuments ëpan des tiM
scientiG(|ues de la Toscane , soos h
domination des Étrusques, des Ro-
mains, des Barbares, et de lar^
blique florentine. La mort Tioft»-
tcrrompre ce grand dessein , q/ii
e'tait beaucoup plus facile de caoot-
voir que d'exécuter. XXIL TniitU
delfiorinodi sigUio^ elc.,da»k
^^. vol. des actes délia soaeià Cs-
lombaria^ Livourne, 1759, i»4*-
XXIII. Notizie data hOBùtt»
Gaddiana di Firenze e «Ce! jwovoflc-
quistofatto dei codid fmsSm e
pati délia medesima, doBm fi
pûbUca MagUabeckianaj etc., dans
les Novelle letterarie Fhmàim^
annce 1 7 56, col. 65-8 1 . XXIV. Bmc-
coUa di opuscoUfideo medki^t\0'
rcnce, 1780, ai toI. iopS** ^las-
tri-, Eloçio di Gio. Tmrpam^Tasr
zetti, ibid., année 1783, csL 07,
I iti.Sone'loge par Vicqd'A^,oaui
le Recueil de ses ourrages, tom.iii,
pag. 3o5. Celui que Pâli rjdlad^
vant Tacadëmie des GeoÊffcfli , a
1 784 , n'a pas été imprimé. A-«-fc
TARIK Beit Zeiad, famenr cf
pitaine arabe , le premier MuiJ
man qui ait pénétre en EspapSyd
qui l'ait gouvernée, ^— «nmdf^ i
Tanger un corps de dix mille Anki
Égyptiens, que lui avait confiéi k
gouverneur d'Afrique , Moosa te
Noseir , et avec lesquels il somil a
joug du Coran tout le Ma§idi,(b
Mauritanie), dqiuis les sonros ds
fleuve Moulvia, vers l'an 87 defWg.
( 70O de J.-C)' Q Iques '
TAR
,mccontcDts de Rodrigue ,
rain , e'tant venus solliciter
porter ses armes en £spa-
uverneur, avant de se ren-
> désirs, voulut se procurer
:;nemcnt5 sur la Péninsule,
les informations qu'on lui
chargea Tarik de s'assu-
s rapports qu'on lui avait
Ht sincères. Tarik choisit
. cavaliers ^ passe de Tan-
ila, où il traverse le dë-
) quatre grandes barques ,
les côtes d'Andalousie ^
m ver de résistance; et en-
tioupeaux , des prison-
'il ramène en Afrique, au
amadlian 91 ( juillet 710)*
d par ce succès^ Mousa pré-
rmement plus considérame;
a obtient encore le comman-
de général aborde , le 5 red-
28 avril 711), sur la côte
îs y et s'empare , après trois
combats , du mont Galpé ,
ave Théodomir avait vail-
défendu ( F", Tiieodomir ).
près im avantage remporté
Valérie musulmane sur celle
goths, Tarik gagne sur le
igue , près de Aerès de la
, le !i6 ramadhan ( i n juillet
mémorable bataille ae Gua-
ui dura neuf jours, et dans
1 tua de sa main le monar-
joth ( F, Rodrigue). Après
oire, il partagea ses troupes
oq)s , par le conseil du com-
, que les auteurs arabes ci-
ouT la première fois. Tarik
ilors Ecija , Malaca , Jaen,
, et eutra dansTolède presque
tance. Il confisqua seulement
des habitants qui avaient fîii
3clie des Musulmans , et lais-
utrcs , moyennant un tribut
leurs propriétés , leurs lois^
TAR
541
leurs juges, ainsi que leurs temples ,
à condition qu'ils n'en élèveraient
pas de ncoveaux , qu'ils ne feraient
point de processions publiques, et
qu'ils ne s'opposeraient pas k la pro-
pagation de r islamisme. Maître de la
capitale, Tarik parcourt les pro-
vinces centrales de l'Espacne^ et dé-
truit les restes ëpars de 1 armée des
Goths. Il s'empare de Guadalajara ^
et trouve «n nobd de cette ville , dans
celle d'Almèida (ou de la Table, cnii
Î tarait être la màne que Medina-Ce-
i ) , une table d'émeraude , ou plu-
tôt d'une matière moins précieuse ,
mais enrichie de perles et de pier-
rerieSy qn'on disait avoir apparte-
nu à Salomon. Il j avait un an
oue Tarik gouvernait les provinces
d'Espagne subjuguées par sa valeur ,
lorscpie Mousa vmt amter le cours
de ses triomphes, et en recueiBir le
fruit ( F. MoirsA Ben-Naser ,XXX,
339). Tarik va à la rencontre de
Mousa jusqu'à Tahvera^ et lui pré-
sente la part du butin qui lui a été
réservée. Mousa , qui avait dâendn
à son lieutenant, après la bataille de
Xerez, de passer outre, jus^'à et
qu'il eut reçu des renforts, Im repro-
cha durement d'avoir, par sa déso-
béissance, compromis le salut de l'ar-
mée qui lui était confiée : il le priva
de son commandement, r accusa d'a«
voir soustrait un des pieds de la
précieuse table, le fît charger de fers,
et s'oublia jusqu'à le frapper. Les or-
dres du khaÛfe WaUdV. rendi-
rent à Tarik sa liberté et le comman-
dement d'un corps d'année avec le-
quel il conquit une partie de l'Ara-
con , de la Catalogne et dé la province
de Valence. Sa réconciliation avec
Mousa n'était qu'apparente : il ne lui
rendait point compte de ses opéra-
tions. Celui-ci , aans ses expédi-
tions, s'appropriait tout It notin
54^ TAR
fait sur reimemi : Tarik alMndon-
liait le sicu à ses soldats , et n'en pré-
levait que la cinquième partie pour
le khalife. Aussi, dans ses dépêches
à son souverain , ue manquait-il pas
de dénoncer les exactions et la cupi-
dité' de Ternir. Mousa y de son côte' ,
accusaitTarikd'avoir , par son insu-
bordination et ses prodigalités, dé-
truit l'union et la discipline parmi lei
Musulmans. Pour terminer leurs dif-
férends , le khalife les rappela l'un et
l'autre. Tarik partit le premier. Tan
95 ( 7 1 4 ) , laissant à Hab^) al-Fehri ,
son lieutenant, le soin d'achercr la
réduction de la Galice et de la Lusi-
tanie. Ariivé à Damas, il eut une au-
dience du khalife , qui voulut enten-
dre de sa bouche le récit de ses ex-
Sloits, et l'assura qu'il était satisfait
e sa conduite.On peut voir , à l'article
Mous A , comment Tarik , en présence
de ce prince , triompha de l'impos-
ture de son rival. Il cessa néanmoins
d'être employé , et mourut dans une
honteuse obsairité; mais son nom ,
resté au promontoire qui fut sa pre-
mière conquête en Espagne, s'est
perpétué dans celui de Gibraltar^
formé, par altération, de Djehal-
Tarik ( montagne de Tarik ). C'est à
tort que les historiens espagnols^ les
compilateurs, Cardonne et les auteurs
de la grande Histoire laiiverselle ,
font diMix et même trois ^fersoniiages
diiléreiits de Tarik, an moyen de
3nelqiics variantes dans l'ortographc
e son nom et de ses surnoms. 11 est
constant que c'est hii seul qui opéra
les deux premiers dob.irqueuieiits en
Espagne , et qui en cumnieiiça la con-
quête. A — T.
TARIN (Jea:^), né à Beaufort
en Anjou , le 3 juin ï:")8(>, vint à
Paris en i()i5, et s'y maria en
i(Vi8. 11 était alors ]n*ofrsseur d'é-
loquence grcapie et latine au rol-
TàR
rccitiMC
lége royal, et avait été rectr
Funiversité de Paris dans ks a
1635 et 1&16. Ce fut en cette^
lite qu'il obtint du paricmcat k
condamnation du jésuite SanUidli
Î[ui eut quelque éclat ; ce qni tnin-
ut , de la part de Louis XlII , wi
lettre de félicitation , datée de F»
tainebleau,le3 mai 1 6?6. En i6n
il obtint un breret de conseiller cl £
professeur en histoire et géognphk
et celui de lecteur royal en éloBOKMr
latine. Tarin mourut à Pans, k
ai janvier 1666^ laissant plnîéai
enfants. L'un de ses fils, gouvctteg
de l'île de Saint - Donungne , ta
tué à bord de son vaisseau , en eo^
battant contre les Anglais, k sS
janvier 1691. Ses descendanli «
sont établis k Semur^ en Bourp-
gne , dont son épouse était origi-
naire. On a de lui : I. Uii Éloge è^
cardinal de Gondi , mtthcwèpe dK
Paris, mort en 161 6. IL Une In-
duction latine de la PhîlocaliedYM-
gcnc, de l'ouvrage 'de ibcbarie, Ht
mundi apifido , et un Recnefld'op-
nions céUl>res sur rame. III. Qtarl-
ques pièces de poésies latinei flr les
événements du temps : i*. FùtuA
rrgis irwictissimi àedàt» <litfiiii ,
et summo viro cardmaU ibs ât
Eichelieu soteria nuaimm , i633 ;
'j". Eminentissimi et mcempttr^èt
cardinali ditci soteria , lâS ; 3*.
Qtwd bcmam, fausium , fiSx et
st'nipiternum sakttare sit rtg , it
ginœque chrisîiùnissimis , mîât
munusj i(i38;4**. Beditus €pUti^
simus , sife dies ttna et «msta
decimi mensis , i65a. etc. Z,
TARIN (PiERBE ; , médedtf sit-
tomiste , était né , dans les pnaibti
années du dix-huitième sièaeyi Âir
teiini dans le Gatiuais. Il adm
ses études médicales à la tàeéÊèit
Paris , et se contenta de prorire h
TAR
le bachelier. Plus occupe de
rie que de la pratique ae son
consacra presque tous ses ins-
i trayail au cabbet et aux dé-
ations de Tamphithcâtre. On
plusieurs observations , alors
es et intéressantes, sur la struc-
cerveau. Le premier il vit la
;tte transversale destinée à
s deux couches optiques, et
IX prolongements supérieurs
velet^ qui le joignent aux
tubercules quaori - jumeaux
; Histoire de la médecine ,
►rengel, iv, «iCS). Tarin se
I de fournir au Dictionnaire
ipedique ( P^. Diderot) tontes
ces relatives à l'anatomie et à
siologie. Son article uinato^
: surtout fort estime'. Dans un
[uc la nature de l'ouvrage IV
t de resserrer , il a su prësen-
ec rhistoire de cette science,
s avantages qu'elle offre aux
ns, aux artistes, aux philo-
, aux magistrats, etc. Tarin
\ sa vie laborieuse à Paris* en
3utre ses Traductions des Élé-
de phj'siologie de Ha lier ,
in-8''. ; de la^esmoeraphie
:riptiou des liç;amentsau coips
a, par Jos. Weitbrecht, 1 75îi,
, et une^cdition , enrichie de
des Éléments de chimie de
lave, traduits par Allamand,
6 vol. in-ia , on a de Tarin :
mepistola ad Guattanum de
mid , Paris , 1 748 , et dans le
[v des Dissert, chirurg. de
L'appareil qu'il indique est
impie, mais insuffisant : c'est
lotomc légèrement courbe' et
mde canuclcc ordinaire. IL
i inler arterias mesœraicas ,
]ue lacteas , immediatum de-
immercium^ ibid., 174^. 11
►nonce pour Ta Jlirmatîve. Cette
TAR S43
Dissertation se trcave dans le tome
VII du Becneil de Haller. IIL ^it-
thrcpoUmie ou VArt de disséquer y
etc. y ibid. , 1 750 , 3k vol. in- 1 a ^ fig.
« Cet ouvrage, dit M. Portai, est rem-
pli de préceptes intéressants. La bui-*
nière de Tai^m de disséquer le eenrvaa
est fort bonne; et je m'en sers avec
beaucoup d'avantage. On trouve, à
la lin, cpielquesobsmrations qui peu-
vent servir de'oiodèles anx prati*
ciens, dapsdes cas semblables» Sa Aié-
tbode de faire l'onvertiire d'nii corps
et celle de Tembanmer^ mériientd^
tre lues » {ffist. de Farmiomie ^ v,
44^ )• IV. Âiffenarim atuiiomica ,
ibid., 1753, in -40., fi|<ft'est la
description du cerveau et du cervelet
IjCS plattcbes sont exactes* V. Dm^
tionnaire anatonUgue, suivi d'une
Bibliothèque anatomiqueetphysiolo-
gique , Paris, 1763, in-4^* Cet ouvra-
ce est encore recbénhé. On a dit, et
depuis on n'a cessé de répéter, sans
examen, que la BOdioêhémêe mmUo-
mique de Tarin n'était qn un extrait
du MetkodMis stttdii mediei d^ Hal-
1er. Qu'il ait profité des reoherdies
de son devancier, il en avait le droit,
et il en convient; mais il ne s'est
point contenté de le copier. Dans la
préface., il remercia l'anbé SalUer et
le savant médecin Falconet des se-
cours qu'il en a. reçus pour perfec-
tionner son travail. Le Dictionnaire
anatomîque est une introduction né-
cessaire aux ouvrages suivants : VI.
Ostéo^aphie ou Description des
os^ ibid., 1753, in-4^*> fig* I«eft
planches sont empnmtées, pour là
plupart, aux ouvrages des anatomis-
tes modernes. Cependant il a fait des-
siner, d'après nature., plusieurs liga-
ments et cartilages. Le texte n'est
guère qu'une compilation , qui serait
plus utile si les matières étaient ran-
gé^ ifiLïi% un ordre plus métbodiyie»
544
TAR
VII. Myographie, ou Description
des muscles , ibid. , i t53 , in - 4**. i
fig. C'est un extrait de 1 ouvrage d'Al-
binus ( F, ce nom , 1 , 4^5 ) ; mais
les planches de Toriginal, réduites au
tiers y ne sont plus reconnaissabies.
VIII. Observations de médecine et
de chirurgie y ibid,, 1768, 3 vol.
in-ia; recueil estimé. W — s.
TARLATÏ (Guipo), gentilhomme
toscan , dont la famille possédait , de-
puis le dixième siècle , dans les Apen-
nins , des fiefs qui relevaient de 1 em-
pire. Les Tarlati s'attachèrent d'une
manièi-e invariable au parti Gibelin.
Guido , qui était chef de cette famille
au commencement du quatorzième
siècle, entra dans les ordres , sans
pour cela renoncer à la canière mi-
litaire, ou aux intrigues d'un chef
de parti. Élevé k l'évêché d'Arezzo ,
il s'empara de la souveraineté de
cette ville , le 2 octobre i3a3; il
surprit aussi Città di Castello , qu'il
soumit au parti Gibelin , et par là il
attira sur lui l'excommunication du
pape Jean XXII. 11 assista, en 1 3^7 ,
au parlement de Trente , dans le-
2uel les chefs des Gibelias d'Italie
ctcnnincrent Louis IV, empereur
élu , à venir à leur secours , et il fut
un des trois évèques interdits et ex-
communiés qui mirent sur la tête de
cet empereur la couronne de fer, le
3 1 mai , dans la basilique de Saint-
Ambroise à Milan. Mais Louis de
Bavière , ayant ensuite yiolc un sauf-
conduit donné par Tarlati aux am-
bassadeurs de Pise , ce seigneur s'é-
loigna de lui : accablé de doiiloiir d'a-
voir en même temps perdu son cré-
dit auprès de l'empereur et auprès
du ])ape , il tomba malade et mounit
à Montcncro , près de Livourne , au
mois d'octobre 1 3a 7. S. S — i.
TARLATI (PiERUK ), .surnommé
Saccone , était frère du piéccddur ,
TAR
auqud il succéda en i3a7 , dtnt h
souveraineté d'Areno et de Gitti^ S
Castello. Élevé dans la Téàask la phi
sauvage des Apennins , ouïe chileaii
de Pietramala , chef-lieu de son pdk
état , domine des déserts qœ de Bal-
tes neiges couvrent pendant nne moi-
tié de Tannée, Saccone était aecou-
tumé à braver tous les danpn,
comme toutes les fatigues et toutes
les intempéries de Pair. II comcnail,
dans un siècle civilisé, et au mOîeD
de |)eunles amollis, les mceunetlo
habitudes des conouéranls du Ncxd ^
antiques auteurs ae sa race. H aé-
prisait le luxe et la mollesse de llta-
lie; mais il s'était instmit dans la
politique , et il en connaissait tsns
tes artifices ; il était en mteie tcBp
le plus redoutable soldat dans ns
champ de bataille , et le partîsaB le
plus rusé et le plus ineénieuz, kn-
qu'il voulait surprenore uneplacc,
ou tromper ses ennemis par un stra-
tagème. Attaché h ses montâmes , fl
semblait prétendre plutât àOefcoir
le roi des Apennins qu'i '^^'■mw
sur les contrées fertiles qui sont k
leur pied. Il avait dépomDe h h -
mille de Tag|^la de k soofcnd-
neté de Massa Trebaria ; 1 a¥Ùt de
même assujcti les UbertÎDâ âfec tOB
leurs châteaux 9 et son ponroir s'é-
tendait sur toutes les hantes moma-
gnes de la Toscane , de la Bftnfp*
et de la Marche d'Ânoone. Gttà di
Castello et le bourg Saînt-Sépukkf
s'étaient soumis à lui ; il entait
réduire Pérouse à la mCme dâ»-
dance, lorsqu'en i336, il s'enageSi
comme allié de Mastinode La Sob,
dans la guerre que ce prince fit ans
Florentins. Ceux-ci réussirent à U
iutercei)ter tous les secours du sei-
gneur de Vérone, qui dans k aàne
temps éprouvait des échecs râlMs.
Tarlati ^ pressé par des amées fort
TAR
. supérieures , après ayoir perdu déjà
'' plusieurs chàteau!L , fut obligé , le i o
mars i337 , de rendre Arezzo aux
Florentins. La paix qu'il obtint à ce
prix y ne dura i>as long - temps. Au
mois de mars i34'a, ayant éveillé
les soupçons des Florentins^ il s'é-
chappa d'Arezzo où Ton voulait Tar-
rêler : ses parents furent jetés en
prison ; mais Saccone n'en réussit
pas moins à faire prendre les armes
à tous ses vassaux dans les Apennins.
Dès-lors se refusant à faire aucune
paix y et ne compromettant jamais
ses soldats dans la plaine , ou en
bataille rangée , il demeura l'ennemi
constant des Guelfes et des Floren-
tins. De Pietra-Mala oij il s'était éta-
bli , il dirigeait tous les mouvements
qu'on voyait éclater dans les com-
munes moins puissantes de Toscane ,
dausleMugcllo, et le Casentin. Quoi-
que sa bravoure fût éprouvée dans
les combats ^ il était plus renommé
encore pour les coups de main , la
petite guerre, et l'art de surprendre
les places. Parvenu à l'âge ae qua-
tre-vingt-seize ans, il sentit, au com-
mencement de Tannée i35G , les ap-
proches de la mort; et comme il
remarquait déjà la consternation de
ceux qui le servaient, il voulut enga-
ger son fils, Marc Tariati^à profiter
de la sécurité où la nouvelle de
son agonie avait plongé ses enne-
mis, pour surprendre le fort cliâ*
teau de Grcssa près d' Arezzo. L'en-
treprise manqua, et le vieux Sac-
cone apprit eu mourant , que la for-
tune qui l'avait toujours secon-
dé , devenait infidèle à sa famille.
A peine fut-il mort , que son fils et
ses neveu \ furent dépouilles de la
j)lus grande partie de leurs posses-
sions. S. S — I.
TARLO (Jean), noble polonais
du palaliuat de Poscn, s'illustra
XT.IV.
TAR
54^
k
ar son dévouement et son courage ,
oisque , sous le règne de Jean Casi-
mir , la Pologne succombant sous le
poids de ses m^heurs, Charles Gus-
tave, roi de Suède, envoya dans la
Grande Pologne ( 1 655 ) , un corps de
dix-sept mille hommes,sous \^ ordres
du feld-maréchal Wittemberg. Des
que l'on en eut la nouvelle, la noblesse
des palatinats de Poseu et de Kaliscb
se rassembla dans la yille d'Uys-
cie. Un Polonais, indigne de ce nom,
suivait l'armée ennemie. S'étant ren-
du à Uyscie , il y publia une procla-
mation dans laquelle Charles Gusta-
ve, invitant les habitants de la Grande
Pologne à se soumettre, leur pro-
mettait sa bienveillance, la conser-
vation de la religion, des lois et des
propriétés , et leur faisait les mena-
ces les plus effrayantes s'ils persis-
taient dans leurs projets de résistan-
ce : le pays devait être mis à feu et à
sang , et les habitants emmenés pri-
sonniers ou mis à mort. Après avoir
fait lecture de cette proclamation , le
traître, appelé Radzielowski, exal-
tant les forces de l'ennemi, soutenant
que toute résistance était inutile,
qu'elle entraînerait les plus grands
maux , engageait ses compatriotes
à céder à la pécessité. Jean Tarlo
s'avança , et dit d'un tonde voix ti-ès-
élevé : a Ne vaut-il pas mieux souffrir
» pour sa patrie que de lui faire hon-
» te ? Celui qui souffre pour sa patrie
i> agit comme un homme vertueux et
» bon citoyen ; celui qui préfère son
o intérêt au bien, de sa patrie est un
» lâche et un homme injuste. » Ce-
pendant le parti de Radzielowski pre-
nant le dessus, Tarlo quitta l'assem-
blée ; et les Suédois s'approchant, la
noblesse îles deux palatinats se soumit
à Charles Gustave. La nuit suivante ,
Radzielowski ayant fait entourer la
maison de Tarlo , ce brave polonais
35
546 TAR
fut arrête et conduit, comme rebelle,
à la Ibi-tcrcsse de Graudenz. Mais la
Pologne , après avoir éprouve' tous
les di'sastres , se releva enfin. Les bons
citoyens reprirent courage : le parti
de Jean Casimir se fortifia ; el Char-
les Cf lista vc , menace par les Danois,
fut oblige de se retirer, ne lais-
saut que des garnisons pour dc'fendre
Irsplaces. Stanislas Potockî et George
Lubomirski s'avancèrent avec cpiinze
mille hommes (1659), et vmrcnt
mettre le siège devant Graudeuz*
Comme ils se disposaient à domiei*
l'assaut, roillcicr prépose h la garde
des prisonniers de la citadelle ins-
truisit Tarlo que le feu était déjà
dans quelques parties de la ville , et
qu'elle pourrait à peine tenir encore
(Tuelqiics jours, a Ne voudriez- vous
y> pomt, dit Tarlo, m'aîder à recou-
y* vrer ma liberté ? Je serai renon-
» naissant. » L'officier ne demanda
ue protection , si la ville était prise
'assaut. A minuit , Tarlo s'écbappa
et arriva au camp. On s'y préparait
pour l'assaut : on chantait, suivant
rusa gc, des cantiques religieux. Ayant
été conduit devant les chefs, il s'en-
gagea à servir de guide a ses compa-
triotes , et à les conduire à l'assaut.
Il arriva le premier sur les murailles,
tenant de la main gauche un drapeau,
et de la droite un sabre; mais l'échelle
])ar laquelle il était monté s'étant
rompue sous les pieds de ceux qui le
suivaient , il reçut , en combattant
comme un lion , huit blessures avant
que Ton pût arriver à son secours.
iSe sentant défaillir, il s'enveloppa
dans sou drapeau , afin qu'on ne le
lui culcvat point; et il tomba. Peu
apvhs , 1h garnison mit Ixis les armes,
«t se rendit prisonuière de guerre.
Les chefs de l'armée polonaise, étant
entrés dans la ville, et instmits de ce
qu'avait fait Tarlo , rassemblèrent
3
TAR
l'armée pour rendre lesdeniers koa^
neurs à ce brave , dont ils firent dé- '
poser le corps dans l'église des Je"
suites. On y voit encore son tombeiQ
ai marbre, dans la chapdle de St.-
Jean. Le noble chevalier s'appuie sur
le drapeau qu'il tient en main; et on
y lit 1 inscription suivante :
Joantiem Tailo relinetkmc t'mm,
Ingentem Ulum imimum, in smmmû mditnilallhn
In sno romdklit uitu pennnis fkmm.
G— t.
TARNOWSKI ( Jeaw),
le Grand ), l'un des jdas il
guerriers de la Pologne , naquit en
1 488 , de Jean , comte de Tamow y
palatin de Cracoyie , dont les ancê-
tres avaient commandé avec {knv
les armées de la Pologne. Sa mèfe
était petite-fille de Zawieski, dît k
Noir , un de ces preus cheraKos
dont les exploits sont racontés dans
les Annales polonaises, sous le règne
des premiers Jagellons. Tout annen-
çait en lui dès ro&nce oncsprittrèi-
Srécoce : ilexpliçpiaitVirgplei l'te
e dix ans ; à treîae îl eotre^ondut
en latin avec le roi Albert et avec
son conseil. En Pologse , l^ssgrron-
lait queles familles nôUes,
de procurer un ajppui à k ,
les envoyassent a des ***C^"* d*»
rang éminent^ auprès qeaqpdi 3ft
Cassaient lemrs premières annéek
amo wski fut d'abord confié an ea^
dinal Frédéric; il s*attaclia ensuite à
Martin Drzewicki, évèqnedePkw-
myzl et chancdier de la eonreoM ,
qui le recommanda au roi Albert.
Le prince prit le jeune comte en af*
fection : étant tombé dangerenscinent
malade , et sa porte étant relîaée &
ceux qu'il n'appelait pas auprès de
sçn lit , le petit cracovien ( coBÙtf
le roi l'appelait), fut seul exœpldll
entrait librement dans la chasbre
du monarque , pour IVntnkmr*
TAR
mort d'Albert 9 Tarnowski
ment en faveur près des rois
re et Sigismond-Au^uste.
jeunesse, il partageait son
itre Tëtude des belles lettres
erciccs de Tart militaire. Re-
it les vieux gëneVaux et les
expe'rimente's dans les afiai-
iquesv il leur faisait desques'
t il écoutait leurs récits avec
Anime par cet esprit cheva-
qu'il tenait de ses ancêtres,
hercLer dans les pays loin-
gloire et rinstruction. Ayant
> cotes de la mer Noire , la
la Palestine , il s'arrêta en
f où Émauuel , roi de Por-
aisait la guerre aux Maures,
par ce prince d'un comman-
militaire , il se fit cbérir de
et du roi , qui , n'ayant pu
ir k sou service, le combla,
départ, de riches présents,
ski ayant parcouru toute
e , et ayant laisse partout
renirs honorables , revint en
. L'empereur Charles-Quint,
lui donner une preuve de son
fi , le créa comte de Tempire
. Ce prince et le pape Léon X
;èrent pour le roi Sigismond
lettres dans lesquelles ils
lient la haute considération
rnowski s'était acquise près
Etant de retour en Pologne,
du roi la chAtellenie de Woy-
et peu après le palatiiiat de
e Russie. Les troupes polo-
;t lithuaniennes étaient réu-
LS les ordres du prince Cons-
^strogski , pour marcher con-
Russes. larnowski se hâta
à Tarmée , où un corps de
lires nobles le choisit poup
es deux armées étaient en pré-
ans les plaines d'Ûrsza ; s'a -
t hors aes rangs, revêtu d'ar-
TAR
547
mes éclatantes , avec un casque pa-
naché à la manière des Espagnols, il
porta au plus brave de Tarmëe enne-
mie un dëû qui ne fiit pas «ccépté;
mais dont le général en chef Ostroga-
ki montra beaucoup de mécontente-
ment. 11 dénonça au roi et a la diète
l'imprudent Tamowski quisedéfoidit
ainsi : a J'ai défié , dit-il , Fennemi k
» un combat singulier^ afind'éprou-
» ver savaleur et pour encourager]^
D braves que je commande; je n'aa
» expose qne ma personne.» Ostrop-
ki Tép\up9. arec sagesse : « Appre-
» nez, ]eune homme ^ que Ton ne
» coqibat point en Pologne'comme
» dans les armées de la Luntanie;
» le$ Russes (rai nous font la guerre
9 ofi ressemblent pas aux soldats
» maures. Ne compares point la sn^
» bordipation qui doit r^ner dam
» nos camps à la faible discipline que
V vous pouvezavoir remarquée dans
» les troupes commandées par le roi
V de Portugal, p Tamownj eut oc-
casion de faire ouUier cette première
faute : dans la campagne suivante ,
il combattit , à la tête de ses'volon-
remporta sur les Russes , il sut si
bien ménage ses soldats qu'il n*en
perdit que deux. Le sultfaan Soliman
était venu assiéger Bdgr^de avec une,
armée nombreuse, Ixmis , roi de Hon-
grie et de Bohême, ayant demande
des secours à Sigismond son oncle ,
ce prince lui envoya un corps de six
mille hommes, sous les ordres de
Tamowski ( i5ai ). Celui - ci fit sa .
jonction avec l'armée hongroise;
mais on arriva trop tard : Belgrade
et Sabacz avaient capitulé. Sonman>
se pressa de réparer les fortifications
de ces deux places; et y ayant mis
garnison, B reprit |e cbcmiù deCoas--
35..
548
TAR
Uintinoplc. Tariiowski reTint en Po-
logne sans avoir eu occasion de se
dbtinguer. Le rot lui donna néan-
moins le bâton de grand gcne'ral delà
couronne. Lorsque les Moldaves se je-
tèrent sur la Pokucie ( 1 53 1 ) , Tarno-
wski les repoussa au -delà de leurs
frontières^et croyant avoir mis la pro-
vince en sûreté, il licencia ses troupes.
Pierre palatin de Moldavie, étant
revenu à la tctc de vingt- cinq mille
hommes , Tamowski counit à sa
rencontre , avec cinq mille hom-
mes levés à la hâte. Lorsqu'il fut
en prclsnice de Tenncmi , on lui
conseilla de faire un mouvement ré-
trograde sur Halicz , et d'y atten-
di>e des renforts : « Non , dit-il ^
» je ne commencerai pas aujourd'hui
» à tourner le dos à l'ennemi. » Sa
petite armée reçut ces paroles avec
des cris d'acclamation.L ayant accou-
tumée, par de petites attaques, à mé-
1»riscr mi ennemi si supérieur en nom-
bre , il prit position à Obatyn. Les
Moldaves s'avancèrent pour enve-
lopper son camp : la victoire leur
paraissait assurée ; ils craignaient
seulement que quelques Polonais ne
trouvassent moyeu d'échapper; mais
après un combat sanglant, ils furent
repousses et mis en désordre au-delà
de leurs frontières, ayant abandonné
cinquante canons et quatre mille
morts. Tarnowski revint à Cracovie,
011 se trouvaitle roiSigismond. Le sé-
nat , le clergé et les habitants allèrent
à sa rencontre. On traînait devant
lui les canons pris à l'ennemi , et
parmi lesquels se trouvaient ceux
que le roi Albert avait perdus dans
son expédition malheureuse en Vala-
kic. Apres ces trophées venaient
quatre cents prisoniuers , à la tête
(lcs(ïue!s marchaient le grand chan-
celier de iVîoJdavie , et les chefs de
Tannée. Le cortège triomphal con-
TAR
duisit le vainqueur à l'e'i^lise cathé-
drale, et il déposa sur le tombeau
de saint Stanislas les étendards enle-
vés à Tennemi. De là , il se rendit an
Palais royal. Sigismond, se levant
du trône , alla au-devant de lui jus-
qu'à la grande porte , honneur qu'il
n'avait accordé à aucmi autre. Après
avoir remercié la Proyidenoe, T:ir-
nowski conjura le roi de ne plu«
tenter Dieu , en envoyant ainsi nce
poignée de braves contre un ennemi
si nombi*eux. Comme les Tartarrs
menaçaient la Podolie( i534), ilaUa
prendre position sur le Bug; et ces
i)euples barbares se retirèrent dans
l'intérieur de leur pays. lie roi l'ap-
Sela promptement en Litbuanîe, le
uché étant menacé par Iwan Iwa-
nowicz, qui avait dcciarê la guerrrà
la Pologne. Tamowski marcba m
toute hâte à Wilna j arec un coips
d'élite , dont il iit la rerue en pré-
sence du roi. A l'invitation du ptÎDcr,
le grand -général de lidmame oéd;t
le commandement à Tamowski, qui
réunit les deux bâtons de la Pdlcgne
et de la Lithuanie , dbtinctionlHeB ra-
re , vu l'esprit de jalousie qs rqpiait
entre le duché et le royaiuK-LeCrar
s'étant rétiré dans rintôîev de irs
états, Tarnowski, qui le snivût , hù
enleva Homla et Starodub. Uraurah
poussé jusqu'à Moscoa; mais il éuit
embarrasse par les prisonnendoot le
nombre surpassait celui de rarmëe po-
lonaise. Entraîne' par une dure néca*
site, après avoir mis de côté les o^
ciers , il livra les soldats prisomxirrs
au droit cruel de la guerre. Tarnowski
rougit depuis d'avour somllêsa gloÎR
par une action si barbare, et an lit de
la mort y il ne croyait pas pouvoir
Teipier devant Dieu par le plis vif
repentir. Les Moldayes se pr^unnt
à une nouvelle irruption y Tanowski
fut charge d'aller porter h {jonre
TAR
au milieu de ces peuples inquiets et
remuauts ( 1 538 ). Le roi , qui avait
faitcourouncr son (lis, Sigismond-Au-
giiste , confia ce jeune prince à Tar-
no wski, afin qu'il apprit la guerre sous
im si grand maître. 1^ reine, informée
que la santé de sou fils unique souf-
frait de la fatigue et de la longueur
des marches , fit tant, par ses prières
et ses instances , que le roi le rappela
à Cracovie. Tarnowski s'avança jus-
qu'à Choczim : le palatin y effrayé en
voyant que la Moldavie était à dé-
couvert , vint trouver le général po-
lonais dans sa tcnlc ; les conditions
de la paix étant réglées , il jura foi
et hommage au roi de Pologne. Ce
fut après ces nouveaux succès, que
la dicte de Pétrikau , sur la proposi-
tion du roi , décréta qu'on lèverait
deux gros par arpent de terre , pour
en faire don à Tarnowski ^ comme il
aimait beaucoup plus la gloire que
l'argent, il distribua cette somme^si
considérable, entre sca compagnons
d'ai^mcs. Sigismond-Auguste ayant
succédé à son père (i548); Tarnowski
servit le jeuneprince avec dëvoûmeat^
et son iufluencè lui fut très -utile à la
diète de Pétrikau ( i55a ). Le haut
clergé avait soulevé la noblesse par
des actes arbitraires ; et les nobles
proposaient , contre les évêques , les
mesures les plus violentes. Tarnows-
ki prit parti pour la noblesse , mais
avec une si grande modération y que
révêque de Prezemysl, qui était le
plus lueuacé ^ implora sa protection
et se mit sous sa sauve ganie. De Pé-
trikau, Tarnowski se rendit à Dant-
zig , avec le jeune roi, qui voulait y
faire recounaître son autorité. Cette
ville, fiore de ses privilèges , de son
commerce et de ses liaisons avec l'Al-
lemagne , paraissait très-agitée contre
les Polonais. Le bruit s'étant répandu
que Ton avait placé des tonneaux de
TAR r,49
poudre dans les caves du château ,
pour le faire sauter quand le roi y se-
rait avec sa cour : le prince descendit,
avec Tarnowski et son cortège, dans
des maisons particulières. Dès les
premiers jours, il y eut des discus-
sions entre les Polonais et les habi-
tants. Un magistrat, que le roi fit ve-
nir, osa dire au prince qu'au premier
mécontentement il ferait sonner Je
tocsin. Tarnowski, qui ne croyait
point que l'heure fiit venue de punir
cette insolence, rassembla tous les
magistrats , et leur parla avec tant
de fermeté et de sagesse , que les es-
prits se calmèrent. Enfin le roi, pen-
aant tout son séjour , fut traité avec
les égards dus au souverain. Les
malheurs de Jean Zapol , comte de
Zips , fournirent encore à Tarnowski
Toccasion de montrer la grandeur de
son a me. Ce prince, élu roi deHongrie,
avait été chassé par les Autrichiens*
Errant, sans secours, il fut accueilli
r le héros polonais, qui, bravant
es menaces de Ferdinand , lui donna,
pendant deux ans , la ville de Tar-
now pour demeure , avec uu revenu
suffisant pour soutenir sa dignité.
Jean, étant remonté sur le trône , lui
envoya un bouclier d'or massif , avec
un bâton de grand -général , dont la
valeur fut estimée à quarante mille du-
cats. Il fit aussi ériger un autel dans
l'église principale de Tamow. C'est
dans cette ville que mourut Tamo ws-
ki , en 1571, âgé de quatre - vingt-
trois ans. Ou lui fit de magnifiques
obsèques , auxquelles plusieurs sou-
verains furent représentés par leurs
envoyés. Ce grand homme aimait les
lettres. 11 avait enrichi sa bibliothè-
que de tout ce qu'il avait pu trouver
en ouvrages rares, imprimés ou ma-
nuscrits. Il accueillait, à Tarnuw,
les savants qui venaient l'y visiter ;
et il en avait fixé plusieurs auprès de
les
55o
TAR
lui par ses bienfaits, entre autres
Tranq.-Ândr. Dalmata^ qui écrivit ,
dan§ cette résidence , son Admonitio
ad optimates Polonos. Tarnowski
avait composé une Histoire de son
tonps , qui n'a pas été publiée.
Nous avons de lui : I. Conseils sur
l'art militaire y en polonais ^ im-
primés sous ses yeux ; à Tamow ,
i558, in -4**. Il y parle des bou-
lets ronges , dont on croyait la dé-
couverte postérieure à cette épo-
que. IL De bello cunt juratissimis
christianœjidei hostibus Turds ge»
rendo disputatiosapientissima , cum
Prœfatione Joannis^ Strassii ad Ca-
raUan V^ Bom. Imper. Ausustum,
Il écrivît ce petit Traité dans le temps
où Charies-Quint le pressait de venir
Ç rendre nn commanaement contre les
'urcs. ni. Un Traité sur les loiSy et
les discours les plus importants qu'il
a tenus dans les diètes de Pologne (en
latin ). Pour les détails de sa vie, il
faut consulter Paul Jove, Neiige-
bauer, Warsxewieski , Starowolskî,
Niesiccki, Gomieki. On trouvait,
dans la bibliothèque de S^aluski, deuic
Vies manuscrites de Tarnowski, dont
l'une a été publiée par M. Thadée
Mostov\rski ^ dans les premiers volu-
mes de ses Auteurs polonais. G — t.
TARPEl A. Fc^. RoMULus et Ta-
TIUS.
TARQUIN {Lucius Tarqui-
Njus Pfiiscus), cinquième roi de
Rome, était oripnaircdeCorinthe et
né à Tarquinies , -ville d'Étnirie , Tan
de Rome 98 ( avant Jésus-Christ ,
656 ). Si pour établir rauthenticité
des faits historiques , l'étendue des
détails consignés dans les auteurs an-
ciens pouvait sufTire, aucune histoire
ne serait mieux attestée que celle de
Tarquin: mais comme parmi ces his-
toriens , les premiers en date ne fleu-
rirent que quatre siècles au moins
TAR
après œ prince , ils n'otit pu aToir
sur sa fie qne des mbmimcDts ahë-
rés et des traditions vagues et incom*
plètes. n &nt donc se résoudre i ne
voir qu'un roman ingénieux dans ce
que racontent , d'après des autoritéi
si suspectes , Tite- Live y et surtout
Denys d'Halicarnasse , qui jamais
n'est embarrassé sur rien, et qui, poor
cela même qu'il est si riche de dé-
tails sur des époques si âoienëes^
n'offre à son lecteur que des ricnésseï
stériles et qu'une science mensongère.
C'est un point de critique que Ton
croit avoir suffisamment tflabli dans
les articles Romnlus , Mntiiû Scerob
et Servius Tullius ( F, ces noms ).
Démarate , père de Tarquin PAd-
den , était Corinthien ; il ajmarte^
nait à la famille des Bacehiaoes i^
sne d'Hercule, et qui aprb aTOÎr
donné, pendant plusMurs sîèclesydes
rois à Corinthe, avait fini par y for-
mer une puissante oligarchie en divi-
sant le pouvoir entre tons ses mon-
bres.Demarale selivralt an eonmer-
ce maritime et faisait de fréquarts
voyages enltalie, vendant ans Étros-
ques ce qu'il exportfdt de la Gièee,
et important k Corindie ks denrées
del'Étnirie. 11 avait aoqmsde ipin-
des richesses^ lorsque la lynmae de
Cypselus ( f^. ce ncfùH y X, 4®s) , qui
renversa l'oligarchie k Corinthe,
força Démarate à s'e^alrifer. Il aSa
se fixer à Tarquinies avec tow ses
trésors ; et un mariage a vflrtaganx le
fit entrer dans une des premières fin
milles de sa patrie adoptive: son
éi)ouse lui donna deux filS|qu*iIâevii
dans les sciences de l'Étmne et deb
Grèce. Aruns l'atné mimrat s son
père inconsolable k snivit liientft
au tombeau , léguant par tcstamort
toute sa fortune à Lucufnon son Ifr-
cond fils , au pr^udiœ de l'enlSut
que laissait Aruns , et qui pour œ mo-
TAR
tif (uisiirnommé E^eriuSj le pauvre.
Aiusi Deiiys d*Haiicarnasse prend &i
peu la peine de donner de la vrai-
semblance à ses récits , qu'il fait du
même homme le père le plus tendre
et l'aïeul le plus injuste. Naturelle-
ment ambitieux , Lucumon renonça
bientôt au séjour de Tarquinies , où sa
qualitéd'étrangerlefaisaitdëdaigner,
pour s'établir à Rome , où cette mê-
me qualité était un titre de faveur.
« Ghe7 un peuple nouveau y dit Tite-
live, où les illustrations toutes ré-
centes étaient la récompense du mé-
rite , un homme de talent et de cœur
ne pouvait manquer de trouver sa
place. » Cet historien et Deuys d'Ha-
lica masse rapportent qu'à l'entrée
de Lucumon dans Rome, un aigle ^
après avoir plané au-dessus de sou
chaniot, lui enleva son chapeau et
le hii remit ensuite sur la tête. Tana-
qui], son épouse , instruite dans la
science des ai^ures , vit , dans cet in-
cident merveiiiciix ^ le présage assuré
de la grandeur futurede Lucumon. Ce
n'est pas le seul prodige de ce genre
que doit présenter la viedecepnncc.
Les Annales romaines étaient rem-
plies,à peu-près comme lesChroniques
du moyen âge, de prétendus miracles.
Lucumon pouvait avoir vingt-cinq
ans ; et , d'après l'opinion commune ,
il vint à Rome la îiuiticme année du
règne d'Ancus ( G'iy avant J.-C. ).
Ce prince accueillit avec distinction
un étranger qui transportait dans
ses états de grandes richesses et de
nombreux clients. Ces derniers fu-
ient réunis dans une tinbu et curie
particulière. Quant à Lucumon, le
roi de Rome lui donna, pour lui
et pour les siens , des terres à culti-
ver et un emplacement au sein de la
ville où ils bâtirent des maisons. Ti-
te-Live ne fait pas mention de tou-
tes ces circonstances } selon lui , c'est
TAR
55 1
de ses propres deniers que Lu-
cumon acheta une habitation. Ce fut
alors que ce nouveau citoyen de Ro-
me changea son nom en celui de Lu-
cius Tarquin. Tanaquil prit, dit-on ,
celui de Caia Cxcilia ; mais les histo-
riens ont persisté à ne la désigner que
sous son nom Toscan (i). L'neureux
Tarquin ne tarda pas^ devenir, après'
le roi y le personnage le plus considé-
rable de Rome par sa valeur à la
guerre, sa sagesse dans les conseils,
et surtout par le noble usage qu'il
faisait de ses richesses. Sa bourse ,
toujours ouverte à ses amis comme
aux indigents, n'était jamaisépuisee
lorsqu'il s'agissait de seconder de ses
avances les entreprises du prince.
Ancus ^ en mourant , le nomma tuteur
de ses deux fils , qui touchaient , dit
(i) Cette princnse pasMÎt pour f^nmAemm^i-
ricuue : die u'etait: uai moius aavnDle duu l'art de
guérir et dam celui de condaire sa mainon avec
ecomonrie , que daiu la acience du gouT^vacoicnt
de l'ëtat. Sa mémuire re»la en Trneratioa vhet. les
Romains pendant plusicnn ri^clet. Sdoo Tîte-
Live, on conservait i Bome d«t ouvrages de «c»
niaiiu. Vurron atrarait qu'il avait vu dans le tem-
ple de Saucna la quenouille et le fnsean de Tana-
unîl , cliargea de la laine qu'elle avait filée ; et que
I on cardait dans le temple de la Fortune une robe
royale qn'cHe avait &ile, et tpie S«rvnia Tnllius
avait portée. Pline, qui rapporte ce fiut , i^unte
que c^etait ^ cause de cela que les rooMiiacs qui i>e
mariaient étaient suivies d'nne personne tenant
une quenotiille et an fuseau K**^**** ^ I«>ne. Il
dit amsi que cette reine fut la première qui
Gt de c«s tuniques tissues que l'on donnait aux
garçons quand ils prenaient la robe virile, ih»
attribuait de graniies vertus i sa c«intnre, où
l'un »upp(isait que Tanaquil , qui avait trou-
vé d'escrllenls remVdes contre les maladies ,
les avait enfermés. C'est pourquoi, selon Sez-
tu% Pompeius llnfu» , ceux qui aJIaieiit en enlever
qnalqncs raclures, se pemwdâteat qu'elles leur
apporteraient la guérison. 5>aint Jérôme observe
que Tarquin YAneitH était moins connu <|ue son
épouse. |ja vertu insigne de cette reine , aioute-l-
\\, ml trop avant imprimée dans la mémoire de
tous les siècles pour en ilre iamais eflSMrce. Il na-
raît , d'après Jnvénal , Ausone, et Sidoine Apolli-
naire , qu'die était fbrt impérieuse, et que les an-
ciens donnaienl le surnom de Tanaquil aux fimimcs
qui menaient leurs maris : au reste comme , de la
part de l'épouse du premier Tarcmin , cet empire
tournait au bien des «uict* et à la gloire de sou
mari , il ne fiiut pas en uûre i cette reine un sujet
de reproche. Bayle, dUns son Diettaimaire , a con-
sacré un article curiein i Tanaquil {J^oy. ci-dea*
sus Servius TuUins XLIl . i4* «t soiv. , et ciHq>rès
Terqnia le Siiptrée ).
55'2
TAR
Tit€-Live, à T^gc de pul)crtc. Deiiys
d'Halicarnassc^ sans enti^er dans au-
cun détail , dit siroplrmeutque comme
du vivant du feu roi Tarquin était de-
vciui le plus illustre des Romains ; à
la morta'x\ncus, il fut juge' d'unecom-
mune voix digne d'occuper le trône
(an. av. J.-C.6i4-L'liistorien Grec,
panégyriste outre' des Romains^ n'af-
fecte ici mie concision qui lui est peu
ordinaire, que parce qu'il aurait fallu
cesser de louer Tarquin. Plus^incère,
Titc-Livc raconte qu'ingrat envers la
mémoire de son bienfaiteur , l'hom-
me de Tarquinie par\'int , par ses
intrignes^ à se faire adjuger la cou-
ronne' au détriment de ses pupilles.
11 sut les éloigner de Rome , le jour
de l'élection , sous prétexte d'une
partie de chasse, a Avant lui , ajoute
cet historien, personne n'avait en-
core brigué la royauté : c'est lui qui
le premier imagina de haranguer le
peuple pour se concilier les suffra-
ges. )) Le seul motif qui puisse faire
Paraître moins odieuse l'action de
arquin , c'est que le trône à Rome
n'était pas héréïditaire. Au reste,
Tarquin ne fut pas le premier étran-
ger qui eût régné sur l'état romain;
déjà Tatius et Numa , tous deux Sa-
bins, avaient occupé le trône, et
Tarquin lui-même devait avoir pour
successeur un étranger en la pcr-
sonue du latin Scrvius TulIius.Cicé-
ron , dans son Traité de la Répu^
hUqucy est d'accord avec Tite-Live
sur la manière dont Tarquin s'é-
leva au trône. Le nouveau roi de-
vait la couronne à la faveur popu-
laire : pour continuer à se i^endre
agréable aux pléljc'icus , il tira de
leur ordre cent hommes distin-
gués par leur courage et leur ap-
titude aux afl'aires publiques, les fit
patriciens, et les promut au rang de
sénateurs. On les appela pères des
TAB
nouvelles familles y patres minontm
geniiumy pour les disOngner des an-
ciens sénateurs , âppeic» pères des
anciennes familles , patres majerum
gentium. Les vestales , préposées à
la garde du feu éternel, n'etaieot
que quatre , Tarquia en porta k
nombre à six. Par ses soins , la gran-
de place de Rome fut entourée de
boutiques , qu'il cmicéda k des paiti-
culiers. Avant lui les murs de cette
ville étaient construits de pierres bru-
tes posées sans art les oncs sur ks
autres : il y substitua des pieires de
taille bien polies et dont chacune fai-
sait la charge d'une charrette. H bâ-
tit ces égoûts qui subsistent encoit
aujourd'hui , et au prix desqods Ra-
me, au faite de sa puissance, n'avait
rien déplus magnifaque (d). U avait
voué , pendant une guerre contre ks
Latins , un temple à Jupiter Gu»-
tolin; il commença d'en jetv ks n»
déments sur le sommet au monlTar-
péien , dont il fit une îM»n*«f eqik-
nade, « comme si, ditTit»Iii?fyfl
eût présagé dès • lors que ce teaipk
recevrait un jour les Toaa de font
rUnivers. » Romulus, Numa, Ajmds
Marcius, avaient fait catrar dans
leur système religieux les dimités
grecques concurremment avec kt di-
vinités celtiques } et depuis la fonda-
tion de Rome , on n'avait pas vu de
simulacres dans les temples. Où a
prétendu que Tarquin, adoraleardcs
divinités grecques , les propesa i
l'adoration des Romains, sous ks #
formes nobles , gracieuses et tcnifaki
que devait leur donner le ciseau des
sculpteurs grecs et toscans. Ce-
(«) FerguHon duu son Hùloirwdetm f^HUifaf
romaine tie poaTaot croira «|u*UB Ici o«¥>fl V
|wrtîut ft un peujpl« BaiMHit , r«ttrifci & ^
pie anlerirar qui a\att {«ai d'ans gnNiâ
(l«ns un temps înrimna ; mais d'frii T
MvaDt antiqtuirc Sripîon Kttfbî , c'wt
luènir qu'il faut regarder
Porigine qu'oa lui priU <
TAR
le grande révolution dans le
des Romains; et les auteurs
nt écrit sur cette partie de
>ii*e romaine ne l'ont point
remarque. (3). Parmi les ou-
s de Tarquiu , il ne faut pas
re le grand cirque , dont il
Tenceinle , si Ton en croit
Ave, qu'il ne fil qu'embellir ,
Denys d*Halicarnasse , et qui
t être un jour l'un des plus beaux
i ville de Rome. Ce prince
a deu\ fois le nombre des
iicrs. 11 les porta d'abord à
cents; puis à deux mille qua-
nts , après avoir subjugue les
i. Cice'ron , en consignant , dans
>ailë De la République , ces
s, qui ne contredisent nullement
i Isde Tite-Li vc et deDenys d'Ha-
asse, ajoute que l'ordre ëques-
.'çut de Tarquin la forme qu'il
t conserver jusqu'à son temps;
ici il faut sortir de l'histoire
rentrer dans la fable. Tarquin
t changer les anciens noms de
ises , Rbamnenses et Luceres ,
fs , par Romulus , aux trois cen-
équestres. Selon d'autres, il
îdit les diviser eu trois nouvel-
bus oucenturiesy pourleurdon-
on nom et ceux de deux de ses
; mais il en fut empêche' par At-
3uvius y célèbre augure , initié à
îs secrets divinatoires des Étrus-
Lc roi ])arut fort irrité de cette
•ition : il taxa même ce prc-
imposture. Annonçant aux Ro-
; assembles dans la place publi-
ju'il va le confondre , il mande
js à son tribunal. L'augure ap-
e : u 11 est temps , lui dit Tar-
;i , de nous donner des preuves
ta science. J*ai dans l'esprit
.-aul'ort , daui; s<i héptihliiftie romaine , pa-
1 i8iî , prr^culc à cet égnrd des dctails
•jfux {Vi\. l". , chap. 1 et a ).
TAR
553
» un dessein de difficile exécution; je
» veux savoir s'il est possible ae
» l'accomplir. » Le devin consulte
le vol des oiseaux^ et répond que la
chose est faisable. « 1% voilà con-
» vaincu d'imposture , lui dit le
0 roi ^ en montrant un caillou et
» un rasoir qu'il tenait cachés sous sa
» robe ; car je songeais à couper ce
» caillou avec ce rasoir. » Tous les
assistants de rire aux dépens de l'au-
gure, qui, sans se déconcerter, ré-
pliqua : <i Eh ! bien , donnez le coup
» de rasoir; et la pierre sera tran-
» chée. » Le roi fait Fessai : le fer
divise le caillou en deux , et blesse
même la main qui le tient. L'admi-
ration de la foule succède aux rail-
leries contre l'augure. Tarquin pfc^
rait confus à son tour. Il conniy^
de faveurs Naevius , et lui fait élever
une statue d'airain. On la voyait en-
core sur la placepublique , du temps
de Ciceron, de Tite-Live , de JDenys
d'Halicarnasse, et même de Pline.
La pierre et le rasoir furent enfermés
tout à coté, sous un autel appelé
putéal. Si l'on veut bien considérer
que Tarquin avait tout exprès sous
sa robe une pierre et un rasoir , on
reconnaîtra facilement que cette scè-
ne était concertée d'avance , afîi/
d'inspirer au peuple une foi entière
aux augures. Le roi et Narvius y réus-
sirent à souhait ; car, d'après le té-
moignage unanime des historiens, la
dignité d'augure obtint désormais à
Rome une telle considération , que ,
soit dans la paix, soit dans la guerre,
rien ne se fit plus sans qu'on eût re-
cours aux auspices. Tarquin eut sou-
vent les armesàla main. Sa première
guerre eut lieu contre les peuples
du Latiimi. Il prit d'assaut la ville
d'Apioles , et célel)ra sa victoire
par des jeux , avec plus d'appareil
et* de magnificence que les rois ses.
554
TAR
prëdi^essenrs. Le spectacle consis-
tait en combats du ceste et eu cour-
ses de chevaux. La plupart des ac-
teiu^, dit Tite-Live, étaient tires de
l'Étrurie. XJte irruption subite des
Sabins occupa de nouveau les Ro-
mains. Dans un premier combat y la
victoire fut indécise et la perte de
ceux-ci considérable. Tarquin , l'at-
tribuant à l'infériorité de sa cava-
lerie , donna ^ comme on l'a vu ^
tous ses soins à l'augmentition du
nombre des chevaliers. Cette opé-
ration faite y le roi de Rome livra
une seconde bataille aux Sabins ;
et grâce au succès d'un stratagè-
me ^ il remporta une victoire signa-
lée. Les vaincus lèvent de nouvel-
les troupes , et vout au - devant de
jJpiFquin. Ils sont battus une seconde
rois^ et demandent la paix. Ils l'ob-
tiennent en cédant Collatie avec son
terri toire.Tite-Li venons a conseiTé la
formule de cette cession. Ce document
peut , jusqu'à un certain point , être
coiLsidérc comme un monument au-
thenti(|uc (lu règne de ce prince. Tar-
quin doima le gouvernement de Colla-
tie au fils dç son frère Aruns. Après
«avoir triomphé des Sabins, le roi de
Rome tourna ses armes contre les
Latins : toute cette cuerre se pas^
sa en actions partielles et surtout
en sièges de places; mais ses ré-
sultats furent importants , s'il est
vrai que Tarquin prit alors les vil-
les de Corniciilc y de Ficuliiée, de
Camcrie, de Cnistumèi'e,d'Amério-
le , de Médullie et de Nomente, avec
leurs dépendances. Ce fut à la suite
de ces utiles acquisitions^ qu'il se vit
en état d'entreprendre, pour Tem-
liellissement et l'assainissement de
Rome , ces immortels ouvrages dont
on a déjà parlé, et qui furent tels,
dit Bossuct, que Rome n'en rougit
pas f même ipiand elle se vit maitres-
TAR
se du monde. Denys d'Halicanaai
et Tite-Live rapporleàt,avec des c^
constanoes àpeu-jirës scmblahlety ki
guerres de l^rquin oontre ks LatÎM
et les SaUns: mais Fliîstoria latii
ne dit pas un mot de cette km»
lotte contre les Étrusques, qui, tém
Denys d'Halicamasse , daia aorf
ans , et qu'il décrit avec beucoip
d'étendue. Or comment croira ^
Tite-Live y si amoureux de k ^nc
de sa patrie , aurait në^iflë onpokl
d'histoire si bien d'accord avec mm
Elan ? Même dissentimeDt entre ksab
itfviateurs ; Eutrope, Auclku Vic-
tor^ l'Épitome deXite-LÎTe, Cmn%
dans le Traité de la Rtfpfdilkiae, ^
dent le silence sur cette guerre^ taidîi
que FloniSy Paul Orose et ks Fasks
Capitolios l'ont, mcntioiiiiée. Fkns
et Orose n'ont n4p[iepaiU qmàtaât>
là. Ils disent, Tm-et rautffCyqoeTn^
quin soumit les dôme natMos de b
Toscane. En voyant de pareîlks
contradictions sur des ponts si âa-
portantSy il faut bien ae léaumàn
a ignorer les commiuiiiMi iill de
l'histoire Ronuine : car. dus leeC
sujet où l'on ne ncat rdefer à k
certitude j le comble de k sekMe est
de savoir douter; et aisifmrt c'att
le seul parti qui soit aageapitsks
importants travaux des Bcaeiov*,
des Levesque y desNidnbr, ei de
plusieurs antres ^ndiii tniffÙM tf
allemands. Cepcndaat. pour
qner , s'il se peut , Vu
union des deux nations
Romaine, it cette ëpoqne, i
vancer trop loin oana k champ dsi
conjectures y que de faire de Taifin
l'Ancien , non pksun exilé TokaiiiR
d'Étrurie, mais un des rais ( iâÊOt
mous ) de ce pays , qui, appdé è r^
gner dans Rome , au mime titre fae
Numa, surkseukréputattondrsa
puissance et de sa
TAR
à Tctat Romain la paiiie de
urie sur laquelle il aurait déjà
?, soit du chef de son père, soit
on mariage avec une princesse
mg royal de la Lucumouic de
niuies } On voit la puissance
aine prendre sous lui de pro-
ux accroissements , qui cessent
e invraisemblables , si Ton ad-
quc ce prince, posse'dant une
ie domination dans son pays ,
it à Rome le siège de sa souve-
!te. Florus , après avoir parle'
conquêtes de Tarquiu sur les
sque? , ajoute : a De là noiis
venus les faisceaux, les robes
les, les chaises curules, les col-
, les manteaux guerriers , la to-
•ëtexle j de là les robes enricbîes
oderies , de là les tuniques à pal-
etc. » Quand on attribuerait à
uin l'ancien l'importation à Ro-
e toutes les inventions des Étrus-
, ce ne serait pas encore une
re de ses conquêtes sur ce peu-
Toscan lui-même , il serait na-
qu'il eut fait part au pays qui
it adopte des objets d'utilité' ou
ixc que sa patrie s'honorait de
•der. Au reste , si l'on en croit le
•ignage d'auteurs plus dignes de
le Florus, phisieurs de ces mêmes
'S étaient connus à Rome avant
[uin. Ce ne fut pas ce prince, mais
Romdus mii aurait emprunte
Toscans les douze licteurs (Denys
licamasse , Tite-bive ) , et la tra-
m robe royale ( Pline le natiira-
). Quant aux chaises curules ,
"obes ornées de palmes et debro-
's et aux manteaux guerriers,
on n'a aucune raison de contes-
Je leur introduction à Rome vicn-
3 Tarqniu. Ce fut aux Sabins plu-
u'aux Étrusques que lesRomaia*^
njnlcrent l'annextu qui devint
emcnt distiuctif des sénatepurs et
TAR 555
des chevaliers. £n elTet les Sabins
qui -assiégbrcnt le Capitole sons Ro-
mulus portaient des anneaux ( Tite-
Live), et selon Pline , parmi les sta-
tues des rois de Rome . on ne voyait
que le SabinNuma ctServiusTullius
qui fussent représentés avec l'anneau :
la statue de Torquin l'Ancien n'avait
Sas cet ornement. Pour ce qui est
u char de triomphe doré et traîné
par quatre chevaux , Florus paraît
ne ^étre pas trompé ; son témoigna-
ge est d'accord avec celui de Tite-
Live et de Plutarque , qui y dans la
Vie deRomulus , reprend Denys d'Ha-
licamasse^ pour avoir dit que ce
prince triompha sur un char lors-
qu'il rentra dans sa ville chargé des
dépouilles opimes; \jt premier des rois
de Rome n'institua que le triomphe à
pied, appelé petit triomphe, ova-
Uo; et Tarqmn l'Ancien lut le pre-
mier chez les Romains qui reçut les
honneurs du triomphe sur un char.
Denys dUalicamasse , Pline et Aure-
lius Victor nous apprennent à quelle
occasion Tarquin mtroduisit l'usage
des toges pi-étextes et de la bulle d'or,
ornements toscans : ce fut en faveur
de son fils, à peine âgé de treize ans,
qui avait tué un ennemi dans une ba-
taille. Au reste, quel que soit parmi
les sept rob celui auquel ou puisse
faire nonneur de l'introduction à
Rome de ces divers objets , il n'en
reste pas moins un fait incontestable :
c'est que presoue tout ce qui était an-
cien chez les Romains était Étrus-
que. Tarquin avait , pendant trente-
huit ans , travaillé pour la gloire et
pour le bonheur de Rome , lorsque
les fils d'Ancns a postèrent contre
lui des assassins qui le massacrèrent
dans son palais , où ils s'étaient intro-
duits sous prétexte de réclamer sa
justice. « Avouons, dit un critique
moderne , que leur patience fut Ion-
' I
55a
TAR
gue, et qu'il est fort cxtraordÎDairc
que des hommes capables de satis-
faire leur ambition par un assassinat
attendent trente -huit ans pour le
commettre. » On peut voir dans l'arti-
cle Servius Tullius quelles mesures
actives prit Tanaquii pour empédier
les fils d'Ancus de profiter de ce cri-
me. Ils e'taient déjà ailes àSuessa Po-
metia cacher leur honte et leurs re-
grets , lorsque le peuple romain, par
une loi curiale , les bannit à porpc-
tuité(an.av. J.-C. 578). Si Ton pou-
vait croire que tous les actes de pré-
voyance y de justice et de sagesse ,
toutes les victoires , tous les mo-
numents que l'on attribue â Tar-
quiu, ont e'të réellement son ouvrace,
il faudrait le mettre au nombre des
plus grands et des meilleurs princes
qui aient jamais régne surleshommes.
Le biographe anglais Rowca écrit la
\ie de ce monarque, avec beaucoup
d'exactitude et de soin, comme corn-
Îiilatour ; mais il ne s'est montré nul-
omeut critique; et d'ailleurs il ne
quitte jamais le ton du panégyrique.
Sa Notice avec sept autres du même
auteur, traduites par Bellanger, se
trouve imprimée à la suite de plur
sieurs éditions du Plutarque de Da-
cier. D — ^b — b.
TARQUTN le Superbe ( Lucius
T.iRQUJNWs SuPERBUs), Septième
cl dernier roi de Rome, était, selon
Tite-Live, fils de Tarquin l'Ancien ,
et sou petit-fils , selon Denys d'Ha-
licaniasse. Le premier de ces histo-
licns suivait Topinion de tous ceux
qui l'avaient précédé , à l'exception
(lu seul Caipumius Pison Frugi,
pour la version duquel l'auteur des
Antiquités romaines s'est détermi-
ii(*. Ou s'étonne que Tite-Live n'ait
pas pris la peine d*examiner com-
bien était absurde l'opinion vers la-
quelle il s'était laissé entraîner par la
TAB
foule (1). S'il était Trai que Tai
l'Ancien eut été père de Tarqi
Superbe y il en résulterait que l
de ce dernier se serait prok
jusqu'au de là de cent dix an
moins de supposer que Tanaquii
mis au monde étant âgée de soix
dix ans au moins , ce qui est d'à
moins probable que , dans ce syst
il faudrait encore admettre que,
ans après ,elle aurait donne un
Lucius Tarquin , en la personne
runs Tarquin. Ces deux traits
sent pour faire sentir le rie
d'une tradition à la rcfiitatio
laquelle Denys d'Haï icamass(
pas dédaigné de consacrer un
pitre entier (3). Tout deviei
contraire facile à expliquer da
généalogie des Tarquins, ains:
dans leur histoîi'e, quand m
Lucius et Aruns petits-fik de
den y et qu'on donne k l'aine si
et au plus jeune quatre ans ,
mort de leur aïeul. On peutToii
la notice sur Servius Tullius ( 31
147 ) , que ce monarque fit ép
à ces deux jeunes princes les
filles qu'il avait eues de son c)
Tarquinia , fille de l'^ncim. Par
double union , Servius réparait
tant qu'il était en lui , le tort d
usurpation, si Ton peut flétrir
nom les moyens qm l'avaicut
au trône , dans une monarcluc
principe de l'hérëdité n'avait ji
été consacré. £11 effet , les RonQ
Sour cette époque du moins , <
aient si peu la légitimité dans 1
(i) Jlie F.. TAnpÙHhn, Prùei TmM^mi*
filius neposne^uerit ^ nmmm ii^mtt i ptmwii»
auctorihufjilium créaitUrim, (I. i,c.4l*^
{%) ytntitfnilit nmmimeStMw. IV,
duction de Vahhé Dclkn^. Ici n«B3r* a'I
ua^ae n'a rira lais«ê i faire au criti^nc Bi
«nii ft'est contmté da reproduira aca affi
(Voy. Piiteriation sur l imeertitudêdm ri
■uVr-f ticrle* dt l'Hitt. romaême , p. isi d
'iii et SUIT.)
TA»
'oit de ùaissance , que TiteJjfve
ne le récit -de la mort de Ser-
par cette refleiion : a Ce fut
ir lui un surcroit de gloire d'à-
r été le deiiiier de nos monar-
» légitimes. » On peut yoït,
la Notice, déjà citée, sur ce
ctable monarque^ les détails de
rénement tragique. Servius aTail
é en Lucius Tarquin mi enne*
'autant plus dangereux que le
de gendre du roi r^nant rap-
lait davantage du trône le petit-
1 feu roi Tarquin V Ancien; mais
ime par lequel Lucius ravit le
et la vie à son beau- père ^ n'é-
pas son coup d'essai. Déjà il
mérité les noms d'incestueux
I fratricide. Aruns , son jeune
y aussi doux, aussi modéré que
is était audacieux , cruel et tv-
que , avait çu le malheur d é-
*r Tullie^ qui, capable de tous
imte, ne tarda pas à détester
fpoux, tandis qu'une horrible
•rmité de scélératesse lui fit con-
r une passion coupable pour
is Tarquin. L'épouse de ce der-
appdée également TuUie , pos-
t les paisibles vertus de son
et s'efforçait de contenir les af-
penchants de son mari , aussi
ment que sa sœur ^ ennemie de
ère, et dévorée d'ambition , dé-
lit toutes les ressources de sa mé*
:cté pour faire partager à l'hon-
Aruns ses criminels desseins,
née enftn des obstacles qu'il
)pose , elle révèle à son beau-
ses plus secrètes pensées , et lui
en même temps sa personne.
ainsi que tous deux se prépa-
t par rinceste au meurtre d un
, d'une sœur , d'un mari , d'imc
le et d'un père. Aruns et la fem-
le Lucius Tarquin moiururent
isonncs par ce couple infâme,
TAU 557
et Lucius forma avec Tullie les noeuds
d'un aifreux hymenée. L'histoii^î ne
parle plus de cette horriUe femme ,
après le dernier crime ou'dle com-
mit envers le cadavre de son père
( Fqy, Servius Tullius ) ; mais
elle rcpr&ente Tarquin comme un
modde de tyrannie. Dks ce moment ,
selon Gîcéron (3) , au roi succéda le
maître ; et eomïne dit Florus , Tar-
quin n'exerça pas mieux qu'il ne l'a-
vait acquise , une puissaujse achetée
Îiarle crime ( année 534 ^▼^ J*-C*)
1 ne se fit élire ni par le sàiat, ni
par le peuple. Affectât de ne voir
en Servius Tullius qu'un usurpa-
teur, il prit la couronne comme un
droit béreditaire : prétention tout-à-
fait contraire au droit ppUic de la
monarchrà romaine , où la lq;itiniite'
nerœidait quedansFélection. Assiégé
de terreurs comme tous les despotes
quj ne régnent que par la crainte /il
s'entoura d'une garde fimmckey se
montrant rarement au-dekors , te-
nant secrets les momeots ou fl pa-
raîtrait en public, et n'admettant
dans son palais que les personnes
qu'il 7 avait mandées. Il extermina
U plupart des sénateurs-,^ ne con-
sulta plus ceux qui /estaient , et ne
les appela même pas à l'exercice de la
justice,'C'étaitdans son conseil privé
que se r^la désormais Tadministra-
tion intérieure, et que se décidèrent
la pais et la guerre , sans jamais pren-
dre le vœu du peuple ni du sénat. II
se réservait les causes capitales , ou se
reposait du soin de les |uger sur des
magistrats vendus ou subjugués. Ainsi
Délirent le père et le frère de Lucius
Junius Brutus ( Foy, ce nom , VI ,
666 ), qui lui-même ne conserva la
vie qu'en contreCaisant l'insensé. Les
plel)eiens, si l'on en croit Dcnys
(3) 0« .rrimUieé, liv. Il , ch. «S.
558 TAR
d^Halicamossc , ravis de Toir les
grauds liumilk'S , disaient hautement
qu'ils l'avaient bien mérite par leur
conduite hostile envers Servius Tul-
lius; mais ils changèrent de senti-
ment, lursqu'euiL-mêmes furent char-
ges d'impôts arbitraires et de cor-
vées continuelles, a Tarquin , dit
Montesquieu , usurpa le pouvoir du
peuple : il lit des lois sans lui ;
il en Qt même contre lui. » Alors fu-
rent abolies les lois rendues par
Servius Tullius , de concert avec le
sénat et le peuple , en faveur de Té-
calitc des citoyens devant la loi.
Tarquin lit briser les tables sur les-
quelles elles étaient gravées. Il dé-
truisit aussi le règlement qui pro-
Sortionnait les impôts aux facultés
u contribuable : les phfbéiens, com-
me les sénateurs, furent soumis à une
ta^ égale , malgré l'inégalité des
fortunes. Le tyran alla jusqu'à inter-
dire les assemblées de curies , tant à
Rome que dans la campagne , bien
qu'elles n'eussent d'autre objet que
des sacriiices commandés par la re-
1 igion : il craignait que ces réunions,
où le mécontentement pouvait se
communiquer, n'amenassent des ré-
voltes. Ses espions étaient partout ;
et ces agents , qui n'étaient point
connus pour tels , parlaient sou-
vent contre Tarquin pour découvrir
ce que chacun pensait de lui : en-
suite ils lui dénonçaient ceux aux-
quels il était échappé quelques paro-
les contre l'état présent des affaires ,
( Denys d'Hahcarnasse ). N'admet-
tant au service militaire que ceux
des plébéiens qui lui étaient dévoués,
il occupa le reste du peuple à des
travau\ publics. Rome fut ainsi dé-
corée de uouvcau\ édifices: les égoûts
commencés par Taiïjuin l'Ancien fu-
rent conduits jusqu'au Tibre , l'am-
phithcatre de ce prince entouré de
Tiu»
portkpiesy et le Gapitoleëleré. Mil
si rhistoire n*a pas charge le tablm
du despotisme de Tarquin , cesmim-
meQtSfquidcTaieutfiire radmîntÎM
de la pokérité y firent ledésepoirdc
ceux qui les exécutèrent. Toide h
population romaine se trouvait ta^
tramte d'y travailler sans reUcbe;
lesartisans étaient forcés d'abanàoa-
ner les occupations qui les fiiisaîot
vivre , pour embellir les palais et
Tar(|[uin ; et le despote ne leur bîiat
distnbuer à chacun qu'une trèiw
tite quantité de blë. Par une peu-
que assez familière aux tyrans, fl
cherchait dans Tétrai^er des ani-
liaires contre ses sujets, soodojut
à grands frais des troupes mercnsâ*
res. Il entretenait des liaisons d'au-
tié avec les chefs du Latiom; 1
choisit même jMimii les Latins aa
époux pour sa fille ^ dans la pensa
ne d'Octavius BUanûlius, qui piétaa-
dait descendre d'Ulrisa et de Giicé.
Une odieuse perfidie le ddîna d»
Tumus Heidonius, eitoycn d'Aricîe,
rival de Biamilius , en crédit et en
puissance. Dans l'assenUée géDêm-
le des difiërents peuples LatÎM, t^-
nue à Ferentum y Taifân , qirès
avoir fait condamner et aassacNr
comme traître à la patrie eethoae
me dont le seul crime ëlailde UIimt
l'ambition du roi de Home , se fit
déclarer général de la mtioa latine ,
titre qu*avaient obtenu son aial
ainsi que son prédéoeasenr. La nalioB
des Herqiques^ et deooL cités Vab*
auesy Ëchetra et Antiam, cnlrbot'
dans cette confédératioo , qui fittdb*
lors composée dequamnIe-ieptTilki;
toutes envoyèrent des dépotés aus
fériés latines , pour confinur , par
des fêtes rdigieoses, leor alUaMs
commune , sous la fiéfomiémam
de Rome. Tarquin soumit psr la
force des armes les Sains, et ks
TAR
ibuuiices. Il combattit
Volsqiies, et s'empara de
^ometia , où il trouva qua-
lents d'or et d'argent y qu'il
pour la constmctiou du
.e Jupiter Gapitolin. Denys
masse parle de ces deux
mais Tite-Live passe sous
[^elte que Tarqidn fit con^
>abins. Ce prince ent^prit
! soumettre Gabics , ville
rt conside'rable ,. ainsi que
t encore au temps de De*
alicarnasse la vaste encein-
murailles ruinées. I^es lia*
ecourus par les peuples voi-
larmait la puissance du roi
nains , arrêtèrent pendant
lées ses armes jusqu'alors
ises. Les Gabiens triom-
lëvastaient la campagne ro-
ce fut à cette occasion Que
fortifia Rome du coté du
le Gabies. On admirait en-
temps de Pline le naturalis-
! partie de fortifications :
Tarqoins surent toujours im-
1 leurs ouvrages un caractère
leur et de durée ! Voyant que
Dt il employait la force con-
labiens, il eut recours à la
xtbs, son fils, feignit d'a-
maltraitë par lui , et se
2ns cette ville ennemie; il
vi d'un grand Inombre de
is transfuges, et apportait
; grosses sommes d'argent.
lUut pas davantage pour ins-
IX Gabiens une confiance
: on donna bientôt à Sextus
andement de quelques par-
(liaient ravager la campa-
linc. Tarquin averti d'avan-
iles ces sorties, n'opposait à
pi'une petite troupe de ci-
ji lui étaient suspects : Sex-
louj ours vainqueur, rendant
TAR 559
ainsi à son père le àùoiAt service
de ledâifrerdeses cmiemîs partica-
liers, et de confirmer les Gabiens
dans leur foneste confiance. Élevé
bientôt par enx au commandement àe
toutes leun forces , il Teuroya con-
sulter smr la conduite qu'il devait te-
nir. Le roi déRome^sans faire aaeii-
ne réponse, mena le messager de
sen-fils dans son lardm, et abattît
avec sa canne les tétes^ des pavots
qui s'élevaient an-dessas des antres.
Sextus était digne de comprendre la
pensée de son père : dès ce moment,
ayant n^hi de perdre les principal»
Gabiens, il les accusa d'avoir consr
pire contre ses jours , et se servit
pour cela de lettres de Tarquin,
que Sextus avait trouvé moyen de
glisser pami les papiers d'Antistins
Pétrone , le plus conodérable d'en-
tre eux. Ce malbenreux fot lapidé
par le peuple; et les soldats de dex*
tus massacrèrent dans leurs maisons
tous ceux qu'il plot an jeune ^rran
de désiener comme ws complices; An
milieu du trouMe où cette exécution a
plongéles Gabiens, Tarquin se préMi^
te aux portes delenr ville , 011 il entre
sans coup férir : mais cette fois, selon
Denys drHaKcamasse, € d^ooiHanl
le caractèrede tyran pour prendreee-
luideroi, » il nefitmmonrir niexiler
personne, rendit ans habitants leurs
oiens et leur file, et lemr donna le
droit de eité romaine. Cet kiMmMi
ajoute oue Tarquin écrivit de sa main
les conoitions auxquelles il les rece-
vait sous sa protection et dans son
amitié. Aucun fait de l'histoire des
rois de Rome ne parait mieux attesté.
C'était sur la peau mèmedubceof qui
avait été offert en sacrifice ponr ga-
rantie de la bonne - foi des contrac-
tants , que l'on avait ensuite transcrit
le traité; et cette peau, étendue sur
un écusson de bois , élait suspendue
56o
TAR
(lans le temple de Jupiter SaDcns, où
Dcnys d'Halicaniassc dit l'avoir vue.
La conduite de Tarquiii-ic-Superbc en-
vers les Gabieus j rattachement qu*il
sut inspirer aux Latins, prouvent
qu'il avait avec les étrangers une po-
litique bien ditrerente de cel'e qui le
dirigeait dans ses rapports avec ses
sujets. Aflranclii des soins d'une guer-
re qui l'avait occupe pendant sept
années y il voyait sa puissance mieux
aflermie que jamais. Maître de GabicS;
arbitre du Latium , il avait humilie'
les Sabius et les VoIs(]ues, et tenait
en respect leur pays , par rétablisse-
ment des colonies de Signia et de Cir-
cci , où ses fils Titus et Aruns Tarquin
avaient conduit une population guer-
rière. Son alliance avec la puissante
Lucumonie de Clusium lui assurait
l'amitié des Étrusques. Toute Ja cote
qui s'étendait depuis Ostie jusqu'à
Terrac'me était soumise à ses lois ; et
il avait même donné à Rome ime ma-
rine marchande f,4); ™^is '*^on grand
objet, comme celui de tous les rois
ses prédécesseurs , était d'assurer sa
fmissance continentale. C'est dans
'intérêt de la grandeur romaine, au-
tant que de l' embellissement de sa
ville , qu'il reprit alors la constnic-
tion du temple de Jupiter Capitolin,
dont son aïeul avait préparé l'empla-
cement eu aplanissant la crête du
mont Tarpéien. Tarquin - le- Super-
be en jeta les fondements et en
commença la construction \ mais
malgré l'activité qu'il mit à hâter
rachcvemeut de ce grand ouvrage ,
il no fut terminé que la troisième an-
née de la répu!)liquc ; et ce fut le con-
sul Horatius Pulvillus qui en fit la
dédicace. Co fameux temple de Jupi-
ter , autant admin* que vénéré des
•^■^^^■"^~ ^— ^^~ •^-^'^'^'^^•^—^^•^^•^^
f«iiiiiiirrtr roiitlii riilir Hciiir rt OditUagv, \a 3'.
JIIIHC lit lil MJMllllilJllf IKIlKlilIt-.
TAR
Romains djins les siècles de len
gloire, n'ayait souffert aucune atteintr
jusqu'au temps de Tempcreur Vilel-
iius ( Vo^. ce uom). Il était, sr-
lon Bossuct y « digne de la nu-
» jesté du plus grand des Dieux et
» de la gloire future du peuple ro-
» main. » Quelques fables se sont
mêlées à l'histoire de sa construction.
Lorsque , sous Tarquin l'Ancien , ou
abattit les édifices sacrés qui cou-
vraient les flancs du mont Tarpéini,
le dieu Terme et la déesse de la Jcur
nesse déclarèrent , par ror|;ane de
leurs prêtres, qu'ils ne T0ulaientpa5
céder la place qu'occupaient Icîin
autels. Les augures , consultés sur ce
prodige, répoudirent que la râistan-
ce de ces deux divinités indiquait qiie
jamais Romene verraic seslimitrsfor
cces,ni ne manquerait d'une jeunesse
belUmieuse. C'était sans doute u»
frauae de Tarquin T Ancien ou de ses
prêtres. Son petit-fils, en l'imitant,
prouva combien il se jouait aisémoit
de la vie des hommes. Comme on
creusait les fondations du temple
on trouva une tête d'homme aussi
fraîche que si elle eAt éùt coo-
Sée tout récemment. Un augure
'Étrurie annonça qoe cette tetc,
si merveilleusement conserrëe , {pro-
mettait que Rome serait la capitale
de ritahe, lialiœ capul : dès-Ion le
mont Tarpéien prit le uom de Cajù-
tôle. Ce ne fut pas la seule occasui
où Tarquin montra qu'il savait faire
concourir le fanatisme grossier de
ses sujets aux desseins de sa poKÔ-
tique. Il acheta «fort cher us K'
vres sibyllins qui étaient censés
contenir les destinées de Féut, et
nue l'on consultait dans les grands
dangers. Ses rebuts aflcctés enrcn
la vieille devineresse, qui lui vendit
trois de ces livres après avoir hrWIes
six autres y ont quelque rapport avec
P^ TAR
la dispute simulée de l'augure Nae-
▼ius et de Tarqiiin TAncicn. Les li-
vres sibyllins furent conserves avec
respect au Capitole , dans un cofire
de fer; dix patriciens étaient char-
gés de veiller sur ce dépôt. Ces volu-
mes , bien qu'enfermés dans un cof-
fre de fer , furent bnilés Tau 88 av.
J.-C, dans la guerre des Marscs,
lors de l'incendie qui dévora une
partie des édifices situés sur cette
colline sacrée. Le terme de la tyran-
nie de Tarquin était enfin arrivé :
il assiégeait Ardée, capitale desRu-
tules , lorsque son fils Scxtus , « en
» violant Lucrèce , fit une chose qui
» a presque toujours fait chasser les
» tyrans d'une ville où ils ont com-
» mandé ; car le peuple k qui une
» action pareille fait sentir sa ser-
9 vitude , prend d'abord une réso-
lu lution extrême (a). » On peut
voir, dans les articles Lucius Junius
Bnitus (VI, 167 ), Tarquin Col-
latin (IX, 45^) et Lucrèce (XXV,
575 ) , les principales circonstan-
ces de la révolution qui amena l'ex-
Îulsion des Tarquins. Outre que
ite-Live et Denys d'Halicamasse,
en racontant le viol de Lucrèce avec
des détails très-particuliers, ne s'ac-
cordent nullement sur plusieurs cir-
cxmstances, ainsi qu'où l'a remarqué
à l'arliclc de cette dame romaine,
on peut ajouter que quelques auteurs ,
entre autres Servius, attribuent ce
ciime, non pas à Scxtus, l'aîné des
trois fils de Tarquin, mais au plus
jeune , «pii se nommait Aruns. D au-
tres érrirains graves ont accusé la
vertu de Lucrèce : saint Augu'itin, le
premier de tous, semble s'ctre mépris
eu jugeant l'action de cette femme
d'après les principes du christia-
(•>') Moiifr»qiiim , Grandeur et d%cmlencc des
liomnin^^ c\i. i**".
XLIV.
TAR
5Gi
nisme : mais on bonne morale, on ai-
merait mieux qiieLucrèce eût préféixf
la vertu à sa réputation , et qii clic eut
reçu la mort de la main de Scxtus ^
plutôt que de lui céder pour se tuer
ensuite. Verri, dans les Nuits romai-
nes , nous paraît avoir porté la lu-
mière dans tout ce que rliistoire de
ce prétendu viol présente d'invrai-
seniblable. Ce n'était pas par de froi-
des dissertations morales , ou par des
plaisanteries encore plus fades, qu'il
fallait attaquer cette tradition , mais
par une discussion raisonnée des
circonstances sur lesquelles elle est
établie. Rien effectivement de plus
mal ourdi (jiie la fable que Lucrèce
fit à sa famille et à son époux après
la nuit fatale où elle s'étiit livrée aux
désirs de Sextus. Ce qu'on peut louer
seulement dans cette femme célèbre,
c'est le courage avec lequel elle se
punit d'un moment d'oul^li ; car ce
n'est pas selonles lumièresdu christia-
nisme qu'il convient de juger son sui-
cide , mais seulement d'après les idées
des anciens sur cette matière. Peut-
être aussi Lucrèce , en donnant nti
appareil si théâtral à sa fin tragique,
cédait-elle à l'entraînement du fana-
tisme politique. Passionnée pour k
libcité, peut-être n'avait - elle souf-
fert les cmbrassements criminels du
fils de Tarquin que pour y trouver
un prétexte d'exciter les Romains à
secouer un joug tyrannique. Une re-
marque à faire sur cet événement, et
qui se rapporte immédiatement à
l'histoire de Tarquin, c'est que les
circonstances qui amenèrent la pre-
mière entrevue de Lucrèce et de Sex-
tus prouvent la licence qui régnait à
la cour de Tarquin. Il fallait, pour
offrir ce degré de dépravation , que
Rome fut déjà parvenue à une civi-
lisation avancée. IjCS règnes brillants
desestroisdeniiersrois, et leurs rela-
r>(ij
TAR
TAR
^
tioiis multiiiliccs avec les étrangers ,
avaient saus doute fait coiuiaiti'c aiii
Uoiiiaîus Jes liahitiides de luxe , et des
jouissances auxquelles il leur fallut
rcnoucer des que leur patrie eut cesse'
d'être lui royaume puissant \^r ses
alliances, par son territoire et son
commerce, pour devenir une répu-
blique, entourée d*ennemis et sans
auti*e ressource qiK* la culture de
(luclqucs champs dont la possession
(levait être sans cesse disputée Vé-
pce à la main. Ce fut Tan de Rome
'^44 9 c^ ^"^ (^ '^^^' année de son rî-
l^ne, que Tarquiu fut banni par une
loi curiate. a I^e peuple , dit Montcs-
<niieu , se souvint un moment qu'il
était législateur I et Tarquin ne fut
plus. » bi le reçue de ce prince avait
cesse , sa vie politique était loin d'etro
terminée. Âge de soixante-quinze ans,
la vieillesse l'avait blanchi , mais non
point atlaibli. 11 se retira d'abord à
Gabies , où il avait cLibli roi son fjl:i
Sextus : de là il se rendit h Tarqui-
nies , où il fut reçu avec empresse-
ment partons lcshabitanLs/(ui ctaiait
liers de la gloire que Tarquin l'An-
cien avait attachée au nom de leur
ville. Une ambassade de Tanpiinicus
alla même à Rome demander lo ro-
tablissemcut des Tarquins. Cette de*
mande ayant été repoussce, les dé-
putés réclamèrent au moins la res<
titution des biens de celte faniille.
Rien n'était ])lus juste : ces ri->
chcsses avaient été apportées à Rome
par Tarquin TAncien. I^e séii.it pen-
chait pour ne pas les rendre ^ mais
n'osant prendre siu* lui celte grande
injustice, il renvoya la discu&sion de
l'adaire à l'assemblée du peuple ,
qui prononça la restitution , à la ma-
jorité d'une s<*ulc voix. Ce décret,
vraiment honorable pour le caractère
romain, peut faire supposer que Tar-
quin n'avait pas aussi céiicralemnit
encouru la haine da paiple que k»
histonons ont voulu to faire croire;
car quel |Mni(>lc se pîqiia jamai» d'ê-
tre juste, encore moins gffnéreux en-
vers ceux qu'il regardait comme ses
ennemis? Déjà le décret conuBeaçait
à s'exécuter, lorsque les députés ta r-
quinienSy restai à Rome pour recueil-
lir lesbiensdu roi proscrit , lendimit
toute restitution imposûble , en fo-
mentant, parmi les jeunes patrieinv.
tme conspiration en sa iaytrar. On
a exposé, dans la Notice déjà ci-
tée sur Bnitus , quel fol le ré-
sultat de ce complot y dont la dê-
rx)uverte occasiomia le supplice des
deux nis de ce consul , cl Tinjnils
exil de Collatin , collègue de Bntus.
C'éLiit l'ordre des patriciens qni
avait seul fait la révolution; et le sé-
nat en avait seul profite , en substi-
tuant son pouvoir aris|o<vetiqneà la
monarchie. Pour intéresser le pctqilc
au nouveau n^gime , et surtout pour
prévenir toute rcconciliation avec ks
TarquiuSyOn se garda bien deçoofisi-
((lier admiuistf ativcmcDl leurs Inns ;
mais le mllngc eu fui abandonné à h
multitude. IJo monument, ieroépar
la natm-e , attestait enccTf , de Icpipt
de Ueiiys d'Ilalica ruasse, irtK S[MH
liation tumultuairc : un wonceaii de
(gerbes tirées d'un cbevip du rsi,
lut précipité dans le Tifaîe , et s*ar-
rc'tant sur des Itas-fonds, Ibrina affC
lo temps , au milieu de ce fleof c , uns
petite île qui fut cous;icrée k Gsee*
lape. Tarquin ne songea pbis qui
rentier à main armée dans m
états. A sa voix^ Terqiiinia, Vém%
et d'autres villes de la Tyirhéne
lèveut des troupes iK>ur sa ctsw.
On |)eut voir encore, dan» le Vit
de Brutus , le récit de Ja halailli
qui alors se livra , et dans laqudfe
le consul Bnitus et Aruns, m de
Tanpiin , s'entre - tuèrent xfith un
TAR
icharnc. La Iiiltc des deux
c fut pas moins opiniâtre.
Titus Tarquin. qui com-
it l'aiic drciro des Tyrrhc-
rrnt eu déroute rai!oj:i;;iurlje
ïins , et furent sur le point
leurs retraneiiemenls: m:iis
iiivanle, Valerius l*iil»licola
3s Tvrrheniens , en tua un
m])re, et se rendit maître
mip. Le cour.igcdeTarquin
LÛ'ieur au\ revers , et il ne
i pas de sa fortune. Il arma
onie Porsenna , roi de Clu-
'nnc des plus puissantes
netes de la Toscane. On a
dans Tartielc Mutins Seae-
orez ee nom , XLl , ^ ),
'autorité de Pline , Suctonc
, quel fut le v<fri table re'-
rette p;uerre. Porsenna, vain-
s Romains , leur imposa des
is fort dures ; mais comme
ivait s'ein pécher d'admirer
•a'*c j. il fJî)a:idon;ia la cause
[uins , pour lesquels rien ne
iilc dans le traite. Denys
masse donne ])our motif de
ïdoii une tentative eoupa-
par le roi de Rome et
Irc Mamilius , afin d'enle-
Muics lilles que les Romains
lonnces pour olaj^es au roi
im ( ^oj' (iMiMR, IX , 7 ).
I, iudiji^e, oitlonna aux Tar*
sortir de son camp le jour
fais le vieux monarque n'a-
encore epusse toutes ses res-
ni lasse t(ius ses allir's.L'an-
iuivil ^elltrepri^e du roi de
contre luune , la guerre fut
auxSabins. (jui avaient ])ro-
anç^cr de la république nais-
irravaf^er son leniloire. fies
i eurent Ta van la p;e dans deux
; mais les Sabins, à la suite
:rmble'e ççe'ne'ra le delà nation,
TAR
563
résolu l'en l, d'un commun accord, de
continuer la guen*c : et ce fut à la
s >llicitation de Sextns Tarqm'n qu'ils
j^rirent ce parti. A force de présents
et de prières, il J*agna les chefs de
cli.Hjiif ville , et les engagea à pren-
dre les inleVèts de sa famille ; il sou-
leva aussi contre les Romains les
villes de Fidènes cl de (.ameVic , et
les fit entrerdansia ligue des Sabias.
Tous ces peuples , pour reconnaître
les bienfaits qu'ils avaient reçus de
lui , ee sont les expressions de Denys
d' lia liea niasse , le de'clarcrent gene'-
ralissimc, avec un pouvoir absolu
de lever des soldats dans toutes les
villes de la confédération. La fortune
traliit encore cette fois les efforts de
Sextns. Par ses habiles dispositions,
il s'eiait ménage' une victoire infail-
lible sur les Romains , qu'il comptait
surprendre^ dans leur camp au mi-
lieu de fa nuit; nn déserteur décou-
vrit ce projet au consul , et Sextus ,
surplis Ini - même, fut vaincu. Les
iSabins ouvrirent la campagne sui-
vante par nn avantage signalé sur le
consul Postliumius, puis par une am-
bassade chargée de demander le ré-
ta])lissemenl des Tarquins et la sou-
mission des Romains à l'empire de
la nation Sabine. Ceux-ci répon-
dirent à ces propositions par une
nouvelle victoire près d'Erète. Les
Sabins, toujours excités par Tar-
quin , ne déposèrent pas les armes ;
mais vaincus de nouveau, l'année sui-
vante , près de Cures , par le consul
Spurius Cassius Viscellinus, ils dc-
maudcrenl la paix. Qui croirait qu'a-
près trois tentatives aussi désastreu-
ses , Tarquin trouva encore moyen
d'ameuter contre Rome trente na-
tions de la confédération latine ?
Celle nouvelle guerre dura quatre
ans; mais avaut qu'elle commcn-
r.lt, Tarquin, et Mamilius son gendre,
36..
r>(>\ ïAR
ioinciilcTriil une seconde conspira-
tion au sein de l\oine. Déjà une am-
bassade des LatiiLS . eu rerlaniant le
relablissciuoiit du roi, avait excite «ne
viveagitationparuii le peuple. Lcsple-
bciens . opprimes comme citoyens ,
tortures comme débiteurs par les
riches et avides patriciens , no dis-
simulaient ]>oiiit cprils rejïiTttaient
Tarnuin. L'or du vieux monarque^
adroitement distril)iie auxnlus dclei^
minés des plcbiMcns, lui ralliaun parti
nombreux. Les conjurés, auxquels
se joignirent une foule d*csclave^ ,
avaient résolu dVj];orger les séna-
teurs , de s'emparer des postes les
plus importants de la ville, et d'en
ouvrir les portes aux Tarquins. Le
sénat , les consuls étaient sans dé-
fiance. Toul '.romctlail un succès
facile aux partisans du roi, lorsque
deux |)ersonnages i\c la famille roya-
le , Publius etMarcus Tarcjuinins de
Laurente, tourmentés par des son-
s;e>» eirravants , et dociles aux conseils
d'un devin, vinrent révéler au con-
sul Sulpieius la conjuration, dont ils
avaient le secret. Ce magistrat iil
donner aux conjurés , par les Tar-
quins de Laurente , un faux avis de
se rendre sur la place publi(|uc, au
milieu de la nuit; là ilssoirent aus-
tot enUnucs et désarmés par des
triiijpes qne Sulpieius avait appos-
lées; et le lendemain ils funnt îous
j)assés .iu fil de Tépéc* par \v> bour-
reaux. Les Taiciums de Laurente ,
pour prix de leur délation , reçurent
avec le droit de eilé romaine, une
somme d\irj;enl considérable, et des
terres. La guerre des Ilom.niis con-
Ire les Latins s'ouvrit par le siège
(le Fidène>. dont les consuls ne pu-
rent s'iiup.ïrer , grâce à un secours de
blé et d'armes (|ue leur lit passer
Sextus Taitjuiii. (le prince, qui jonc
un si grana rôle dans Thistoire de
TAR
Denys d'1 1 al ica masse, mît en méaK
temps le siège devant Signia, qiii ap-
partenait aux llomains ; mais il fui
contraint d'abandonner cette entre-
prise. Fidènes ne tomba que l'aDiire
suivante sous les coups de Titus Lar-
tius. Ot échec ue fait que rcdoo-
])Ier le courage des Ijatins : les dffpi>
tés des trente pennies ra:tsemblés â
Fereiitum , jurent ae ne pas dÔMiser
les armes que Borne ne soit humi-
liée, et les Tarquins rétablis. Orta-
vins Mamiliiis et Sextiis Tarqain
sont élus généraux de la coaSêdén-
tioii, avec les pouvoirs les plus éten-
dus. Nouvelle ambassade des TÎUts
Latines à Rome. Le sénat accepte b
guerre plutôt que de flécbir. Ë&ayé
cependant du nombre de ses enne-
mis, il demande du secours an
Volsqnes et aux Heniiques; mais ce
fut en vaiu : l'actiTité des Tarquins
multipliait partout leurs partisans.
Le peuple Romain refiisede s'anner:
si 1 on ne iHnit pas aflbmer qu'il re-
grettait larqurn, du moins il se
trouvait encore plus malheureux sons
le despotisme des patriaens , qw
sous celui d'un monarque: Il est en-
core moins douteux qne Taïqnin fo*
mentait sourdement cette dîfiûon
entre les deux ordres. Quoiqu'il en
soit, Titus LartiiiSj nommé didateor
et revêtu des marques de l'autorité
royale, imprima tant de respect aux
plébéiens , qu'ils selaitshrent cnrâkr
et conduire contre les Latiiis. Le dic-
tateur , arrive' devant les cnufiui*»
s'occu|>a moins de les combattre qM
de semer parmi eux la dîmioB.
Après un avantage assex léger rem-
t)orté près de Tu5culum« u sut û
)ien gaguer les coeurs des Latins ,
par son humanité euTcrs leurs co0-
])a gnous d*armes bleasés et piiMm-
uiers , qu'il obtint de la coufaiera-
lion une trêve d'une année. Kobc
TAR
pendant cet intervaUc, d'uDc
irofonde j mais c'était le calme
•coureur de Torage : Tarquin
milius, parcounmt toutes les
Latines, avaient ranimd le zèle
agistrats pour la cause du mo-
e de'chu. Ils avaient mchne ex-
e TadministratioD des affaires
Itat tous les plel)éiens qui ne
ient point la euerre. Us trou-
t aussi moyen a'armcr les V ois-
contre les Romains. Dans ce
int danger, le sénat recourut
la seconde fois à la dictature :
>ix tomba sur Postbumius , qui ,
ne victoire décisive rcmporufe
lords du lac Régille , teitnina
terre et fit évanouir les der-
î espérances de Tarquin. Les
fils de ce monarque , Sextus et
, ainsi que Mamilius , sou gen-
périrent dans cette journée en
attant avec la plus brillante
r. Les Latins chassèrent de leur
oire l'infortuné vieillard, resté
[e sa nombreuse famille. Il aUa
ir à Cumes, auprès d'Aristo-
^ tyran de cette ville, qui lui
I les yeux et lui fit des funé-
s royales. Tarquin n'avait pas
:>anaonné , même après sa aer*
défaite, par ceux des Romains
'abord avaient partagé son exil,
partie de ces proscrits demeura
Gumes , les autres se dispersè-
en dilTérentcs villes : tous enfin
ient finir leurs jours loin de
patrie. Six ans après , lorsque
e, livrée aux horreurs de la di-
, envoya des commissaires pour
:er du blé à Gumes, les exil^
iiis obtinrent d'Aristodème la
ission de retenir ces envoyés
gage des biens qu'ils avaient
s à Rome. Le tyran lui-même
nslitna juge de ce procès. Pen-
qu'il l'instruisait , Les coûimis-
TAR
565
saires romains trouvèrent moyen
de sauver leurs personnes , laissant
leurs bagages^ leurs esclaves et tout
l'argent destiné k l'achat du blé.'
Telles sont les principales circons-
tances que présente Denys d'Ha-*
licaYnasse sur la longue lutte de»
Tarquins contre Rome. Tite-Live*
diflei« de cet historien en plusieurs
points importants. D'abora , après
avoir Élit de Sextus, non l'aîné, mais
le dernier des fils de Tarquin, il place
la mort de ce j eune prince immédia te- «
ment après l'expulsion de son père.
S'étant retiré , dit- il , à Gabies , qu'il
regardait comme son propre royau-
me, il y trouva la juste punition de
ses rapmes et ses meurti*es : il fut as-
sassiné à son tour. Arrivé à la guer-
re de Porsenna contre les Romains ,
Tite-Live ne parle point de la tenta*
tivedcTarquin poiir enlever Glélie et
les jeunes romaines livrées en otage ^
au roi de Glusium. 11 se contente de '
représenter ce prince comme aa$eE
indiflerent aux intérêts des Tarquins^
sans avoir aucune raison pour se
brouiller avec eux. Toutefois , dans
l'historien latin , Porsenna y après sa «
retraite prétendue, envoie plutôt par
bienséance que par zèle, une otr*
nière ambassade aux Romainj^Mi^
solliciter le rétablissement ffir ecr.
princes. La réponse du sénat fiit.qiie
Rome ouvrirait plutôt ses portes aHK.
ennemis qu'à des rois, et que les Ro-^.
mains su[^iaient Porsenna de wê-
point s'opposer à ce qu'ils AuMP^ U--
ores. Dès ce moment, le roi d'Étah;
rie déclara ou'il renonpût àsejnflir>
delà cause aesTarquiiis.« Quel 4|iisr'
soit leur dessein, ou de ciotianfr
la guore ou de vivre en paix, dit- il>
il est temps c^u'ils aiOent cherehcr
ime.autre retraite. Je ne veux pas ^ ue
rien puissedësonnsai^ tronUerTupien .
qui doiir^gnnrettMJiu^ifllepciH
566
TAB
pie romain. » Denys d*llalicai-uu«se
ne dit pas un mot de cette seconde
négociation de Porseiiua en faveur
des Tarquins; et ou doit louer ici
son silence judicieux. Kn eOet, il
est invraisemblable qu'un souve-
rain pui?$saut et victuricu\ tienne
aussi ^leu au succès de ses démar-
ches^ auprès dune république faibic
et qu'il avait presque redtiite aux
abois, toi racontant la guerre contre
les Saluiis , Tite - Live paraît avoir
ignore' la part qu'y prirent les Tar-
quins, selon riiistonen grec. A pro-
pos de la création du premier dicta-
teur Titus- Lu r lins, l'historien latin,
5 lus judicieux dans ses doutes que
ans ses ailirmations, pi-eseutc cette
réflexion : o On ne s'accorde ni sur
l'année ni sur le nom des consuls aux-
queb on crut devoir retii-cr la con-
fiance publique , yarcc qu'ils étaient
aussi, à ce qu'on dit , de la factiondes
Taix|uins. On ne s'accorde pas non
plus sur le num du premier dicta-
teur. »» Ce trail prouve mieux encore
que tous les détails fouruis par De-
nys d'Halicarnasse , combien Tar-
quin conservait de paiiisans à Rome.
Tite-Live n'hésite pas à faire com-
battre ce monarque en personne à
la jornnéc de Régille. Apercevant
Posthimiius à la tête de ses lignes,
qui disposait et animait ses troupes ,
il oublie , dit-il , tout ce que l'âge lui
a oté de force et de souplesse; il ne
consulte que sa fureur, et pousse son
cheval à toute bride. Blessé au côté,
il ne dut la vie qu'à un gros des siens
oui accourut pour le dégager. Denys
u'Halica masse avait également trou-
vé ce récit dan s deux anciens auteurs,
Licinius et Gellius; mais il Ta rejeté
comme invraisemblable^ n'admet-
tant pas qu'un homme de quatre-
vingt-neuf ans pût ainsi payer de sa
persoime. Cela n'est pourtant pas sans
TAR
exemple : on sait qoe ce fut à-pen-
près au même â(^ que Massinissa,
faisant à-k-fois l'office de soldat et
de générai', remporta uoe Tictoiie
sur les Carthaginois. Ce roi des No-
nn'des n'avait pas, en s'aposaBl
ainsi , des motifs aussi puissants qt-e
Tarquin,qui combattait pour sa cou-
ronne. Tite-Live parle aussi des ei*
λloits et de la uioit d'un des fib de
^ucius Tarqinn ^ qui combattait à
la tcte du cor[Ni des exilés; mm
il ne nomme point ce jeune piince.
Enfin son réi^it se termine par en
mots, qui confirment tous nos dou-
tes ciitiqucs sur cette ëpoque. « Je
» trouve dans quelques auteurs que
» ce fut cette année seulement (onk
» du consulat d'Aulns PostLumios rt
» de Titus Yirginius ) que se doaoa
» la bataille du lac Régdk ; que PM*
» thumius, se défiant desdispositions
» équivoi[ues de son colN^My se dé-
Tà mit du consulat ; qu'il lut cwoî^
9 nommé dictateur. I^ chronologie
» de ces pi'emiers temps est si coo-
» fuse par les yariations dos diflEmnts
» autetirs , qu'il est bien dlifficiky
» vu l'extrême distance on i*OB se
» trouve des événements et des his-
» toricns même , de nuiqner a?rec
» urécision l'ordre des eonsalats et
A l'époque de cbaquo
Au reste, quelque dii '
être les critiques sur les eîrcoDStin-
ces secondaires de la réfohitiea qû
amena l'expulsion des T^u^quns, m
ne saurai t avoir qu'on seul arâ sur les
talents qne déploya le dernier roi ds
Rome. On ne peut nier d^aboid,4
rappelant ses conquêtes y
ments, ses alliances, que m»
n'ait contribué k la grandenr des
Romains aussi bien que ceW de Mi
prédécesseurs; et Montesqnien «t
loin de faire une exception poor Ar-
quiu, quand il dit que tous ta '
<k Romç a furent de grande penoit-
» nages, et qu'on ne trouve point dil-
u leurs dans l'histoire une suite non
w interrompue de tels liommes d'état
» et de tel!» capitaines. » Il porte mê-
me sur ce prince, si unanimement flétri
parles liistoriens, ee jugement, tm pen
iropllatteur pait-étre , mais où il y a
du vrai. « Le portrait deTarquin n'a
n point été liattd | son nom n'a
y* éokappé à aucun des orateurs ^ui
» ont éo à parl^ contre !a tyrauiM:
M maissacondniteavantsonMalbeor^
Tf âne l'on vuit qu'il prévoyait ; sa
9 ciooeeur pour hs peuples ▼ainens ;
1» sa lil)ératité envers ks soklats ; cet
a art qu'il eut d'intéres«èr tant de
» gens à sa conseeration ; ses ouvra-
» gcs pubKcs ; son courage à la guer-
» te ^ sa cousta Me dans son malheur;
» une guerre de vingt ans qn^it iif ou
« qn'il fit faire an prap^e romain,
« sans royaume et sani bii»ns ; sds
« continuelles fc^sourees, font bieli
« voir que ce n'était pas nn homme
w méprisable, ti Sans doute e'est tme
triste gloireque d'avoît été réduit , non
point pendant vingt ans , ^ais séùH-
ment pendant quatorze, k suse*tcr
des guerres contûmeHcs à son pay^ :
mais Tarquln croyait avoir le droit
de reconquérir ce qu^il appelait sdn
héritage ; et l^on ne pourra du fflMils
lui reprocher d'avoir épargné aiEl per-
sonne , tandis qoe ses fils éf tam ie
vaillants ^rHeri» se sacrifiaient pour
sa cause, une autre vérité tp donne
toute l'histoire de ce temps , c'est
que, jusqu'à l'institution es tr^unat^
(e pem>tc romain ne gagna rien à
l'expufsion des rois^ sinon d^jTVofr
beaucoup de tyrans au iiea a mi.
Tons les historiens sent d^aoeord stnr
ce point: et pour n'en citer qu'un
smfy Tite-Live , bien que très-tavo-
l'abkf à k cause républicaine , dit en
propres lermes, qu'après la miorf^Ac
TAR 907
If
Tarqnin , le peuple, qu'bn àVait jus-
que -- k mâmeé avec ttn som extiédu^,
commença des - lors à essuyer des
vexatioM dé 4a part dé la naVkjfit
C r. PtTBLitts SiAVitiui PKfsdvs ,
XLII, i3i ). Enfin si l'on neMiit
tirer aucone conclusion positive d'un
passage dé Cicéroft relatif à Tar-
quitt , on doit y trdnrcr du molAs
mk motif de lire avec défianœ tout ce
qu'on rapporte sor les crimes de C6
prince. « Tarqnin, dit Ponttaff ta-
» main , dan^ ta troisifemff Phifib-
Té pique ^ né fût tA impfe;irierQèi^
4 B ne Ait que superbe, et ce tiçe
tf hi coftta le iràtie. w Malveiki
a danhé une vie de Tarquhi : ^est
moins une biographie qinme décb-
matîon contre là tyrannie ( Fqy. ee>
t*^*fi,XXVl,4ii). 6— «— B.
TARQOimOS aoi.t.iTWtïs.
( f^.C0LtATll^,ÎX,'455l).
TAHQtnmUS (SEXTOd) ^cy.
TARR AK AROFF ( AiiHA-Pj-
du mariage clandestin de Thnô^-
triee de Rus^ Elisabeth et d^Atocis
RftzumosM , fol etAvfé&jkf affilés
douze attt, et conduite àr Rente pairie
mce Kirdluiiriil /Àmt fe projet était
[e U Tàiitener pins tdrd eu ftus^kryi- '
in deroà]^(rsef à Gatheritien^jêt ^
profiter ms trouUes , soit J^AIf "t^
propre mtérét, sbSt inmr ènitf âH Ih-
Pologne. Anssrtdi qtfdBé fut làiltîllâe^
de cet eii!èveffler.t,(ladierinè fit MÎihr
les biensdtt prince » qè! • apris ^çir
vendu sei «namànts, nit éUtjUét
retourner incognito d!ans sapanfllf,
pour y chereher dé nonvâmi' rèdt-
sources. En quittant Rome,.ffhisAa
sa pupille sods la gar^ d'nhe seiiiè
gouvernante. Ce fut aldrs| . opM ' te
comte AksLfa OrfoflT ^ iiw '^nu
Fordr^ 8*ëh
if
568
TA.R
elle. Il lui odrit des secours que sa
situation la força cVacccptei* ^ et lui
Ut cnlixToir la pussiLilité d'opcrcr
en Russie une révolution en sa faveur.
Ces idées u'ctiient pas nouvelles pour
la jeune Tarrakanuil' : elle crut tout
ce qu'on lui dit. Le prince de Uad-
zivill Tavait accoutunufe à ce lan-
gage. L'astucieux. OrlolV jie négli-
gea rien pour lui plaire : protesta-
tions, soins déliculs, respects flat-
teurs, il employa tout, et iinit par
demander sa main qu'il obtint. Sous
pre'lexte qiie le mariage devait être
celpl)re selon le rit de l'église grec-
que , il aposta des scélérats qui ,
déguisés en prêtres, trompèrent la
trop crédule Tari'akanofi* par une
yaine céi*cmonic. Dès- lors Orloflf,
ne songeant plus qu'à la conduire
dans un lieu propre à ses desseins ,
la décida facilement à le suivre à Pi-
sé^ puis à Livourne , où était une di-
vision de l'escadre russe. Ou sut lui
inspirer le désir de voir le port , et
l'infortunée demanda elle-même à vi-
siter la flotte. En vain des amis fidè-
les conseillèrent-ils à la piincesse de
ne pas s'éloigner de la ville ; elle mé-
prisa leurs avis , et se rendit au port
avec sa suite ordinaire. On la fit en-
trer dans une cbaloupe élégante ^ le
consul anglais y sa femme ^ celle du
contre-amiral s'y trouvèrent avec
elle. L 'embarquement s'était fait à la
vue d'un peuple immense. Lorsque
]a princesse fut près du vaisseau où
Ton avait préparé une fête brillante,
on en desc(;ndit un fauteuil magnifi-
que , décoré des armes «le Russie ;
et l'un eut soin de lui faire remar-
quer cette distinction. Dès qu'elle fut
as.'ïise dans le fauteuil , on la hissa
doucement à bord, et ses mains fuient
aussitôt chargées de fers ; on prétend
même que des cris d'angoisse et de
doulem' parvinrent j^s({u'au rivage^
TAR
et que la victime expira dans les lior*
reurs d'uu supplice aflTreux. Cette
opinion, qui est celle de quelques
historiens, n'est point admise par
Castera. Cet auteur assure que la
princesse y conduite à Pclcrsliourg ,
fut enfermée dans la forteresse, et
qu'après une captivité' qui dura six
ans , l'inondation de 1777 ayant ap-
porté les eaux de la Newa dans sou
cichot , elle y trouva la lin de sa
vie et de ses infortunes. L'Lîstoirede
cette malheureuse princesse a été
l'objet de plusieurs comjiositioiis lit-
téraires , entre autres d'un roman pu-
blié à Paris, en i8i3 , par H™^ de
R. , sous le titre de Arma Petrow-
na y fille d'Elisabeth^ 1 vol. in-ix
M — ^D j-
TARSI A ( Galeas de ) , poète ita*
lien , né, vers 1476 , à Co6enza,p3s$a
ses premières années sous les dra-
peaux de Frédéric II d'Aragon,doDt
il obtint la faveur et pleura les re-
vers. Il connut la cclebre Vittoria
Colonna , qui lui inspira de beaux
\txsj en se montrant insensible à la
passion qu'elle avait fait naître.
Placé dans la même position qoe
le chantre de Vaucluse , il empmnta
sa lyre , et sut en tirer les plus don
accords. Il ne reste de Tarsia qu*»
petit nombre de poésies , toutes re-
marquables par 1 énergie du stjle ,
la fraîcheur du coloris , et cet ait
diflicile de conserver une certaine
originalité , même dans rimitatios
d'un beau modèle. Des juges éclai-
rés, tels que Gravina et Crescimbe-
ni , n'ont pas craint de le présenta
lui - même comme celui de Casi
et de Costanzo , .sans réfléchir que
les vers de Tarsia, presque inconnos
du vivant de l'auteiur, ne parurcat
pour la première fois qu'en 1617.
II les avait composés dans le châteii
de Bclmoute en Galabre, dont i
TAR
it le nom , et ou il alla s'enfer*
après la mort de sa femme ,
n y vivre que de ses souvenirs,
inil ses jours en 1 53o , et non
u i55i , comme Ta prc'tendu
zzi y Tu II de ses éditeurs , qui
§t rapporte à la date d*un poë-
0 dédié à un persounage ho-
me. Cette ressemblance de noms
aussi confondre notre poète
m autre Galéas de Tarsia, cou-
[uel il existe un jugement outra-
(2). Le marquis Spiriti s'est
éd'eclaircir ce doute, en prou-
eutre autres choses , que Vami
marquise de Pescara, revêtu
lûtes fonctions de régent de la
e coiu: de la Vicaria , avait
un nom honorable dans la
trature. Les Rime de Tarsia ,
;cs pour la première fois par
, ^'aples , 1 6 1 7 , in- r^ , ont été
urs fois réimprimées , ibid. ,
, I T 1 5 ; avec le Canzoniere de
tim , et à la suite des Rime de
Qzo , Padoue 1 738 , in-8". Mais
ueil le plus complet est celui
irut à Naples , en 1 7 58 , in-8<*. ,
une Notice sur I auteur , par
iy qui en avait déjà parlé dans
emorie degli scrittori cosen-
A — G — s.
RSIA ( Paul - Antoine de ) ,
ion , né^ au commencement du
pticme siècle , à Conversano ,
a Pouille, prit Thabit occlésias-
et étudia la théologie à Timi-
f de Naples. Quelques essais
ésic latine le rendirent digne
irleuir à l'académie des Oziosi
'fmroui, par Jcrômc ParaLosco., Vcui«e ,
-1".
a^nifiriii (jalealim tltt Tnrtiu , Calai'rr
■ ffueirliiiii ifiutnif/turiiirH morum t'atsallo-
usittis ptT nuÂgnant I itfiani P' tcaiitr , ifuod
vsiinte e<H t rue tant , olc. , tIi. (>rainiiticu.
eiS. hc^niNeapolit. consdii. V«iiisiy iHîif
rets. 104.
TAR 569
( F. Manso, XXVI , 5 1 3 ), dont le
nom contrastait souvent avec l'activi-
té de ses membres. Le comte de Con*.
versano , dans les terres duquel Tar-
sia était ne, lui proposa d'aller en
Espagne, pour administrer ses biens.
Tarsia s'établit à Madrid ^ où il
employa une partie de son temps à
la composition de plusieurs ouvrages
et à l'étude de la langue espagnole.
Dans un de ses écrits, intitulé : Je
Mémorial politique , il lui échappa
quelques traits contre le gouverne-
ment de Venise; et cette imprudence
l'exposa aux ressentiments du sénat,
qui donna ordre à son ambassadeur
d'en porter plainte auprès du roi.
Philippe IV , malgré la protection
qu'il accordait à cet étranger, ne put
pas se dispenser de faire oroit à cette
réclamation ; et Tarsia , relégué dans
la ville de Guadalaxara , y resta jus-
qu'à ce qu'il plût au monarque de le
rappeler à Madrid , où il mourut pea
après ^ en 1670. Ses ouvrages sont :
\, DeS, J. Baptistœ laudibus^ Na-
ples, 1643, in-4*'. IL Historia di-
vœ Virginis insulœ Cupersanensis y
Madrid, 1648, in - 40. IIL Histo-
riarum Cupersanensium libri iiiy
ibid. , 1649 , in - 4°. ; réimprimé
ar Burmann, dans sa Collection
es historiens de l'Italie, tome ix^
partie 5°. IV. NupiiaUs currus ,
elogOs ac symhoUs apparatus, ad
hjmenœos Fhilippi IF et Mariœ
Jknnœ Hisp. reg. Saragosse^ 1^9;
in - 4°. V. Memoriale poUtico-his-
toricum , ibid., 1657, in- 4**- VI.
Europa carminé descripta^ ibid.^
1 659,iu- 1 6. V IL Fida de Don Franr-
cesco de Quet^edo Fillegas , ihid, y
ir)63 , in-8«. VIII. TumuUos de la
ciudad y régna de Napoles , enel
anno 1647 , Lyon, 1670, iu-4°. Le
sujet de ce livre est la révolution de
Masanicllo, que l'auleur peint avec
S:
570 TAR
trop de partialité pour l'Espagne. Il
paraît que la Vie da cardinal Baro-
niiis et deux Traites, dont Tarsia
parle dans ses ouvrages, u'ont ja-
mais e'tc' imprimés. Voyez Soria :
Storici Napoletani , pag. 687 , et
Giornale de' Ictterati d'Italia , an.
1 789 , pag. I oî. A — o — 9.
TARTÂGLIA (Ange-Ladello) ,
condottiere italien , se reinlit fa-
meux à la fin du quatorzième et au
commencement du quinzième siècle.
Long-temps attache à Sforza , dont il
était comme le premier lieutenant , il
se brouilla avec lui en i4o6, au sie'ge
de Pise. Bon soldat , et général mé-
diocre , il était plus propre à exécu-
ter les projets aes autres qu'à eu for-
mer lui-même. Il fut ensuite un des
lieutenants de Braccio de Montone ,
qui , pour le récompenser de ses ser-
vices, et en même temps le brom'ller
toujours davantage avec Sforza , lui
donna , en i4iO , tous les fiefs que
ce dernier possédait dans l'état de
Sieiuie. En \\*i\ ^ Tartaglia entré au
service du pa|>e Martin Y , se trouva
de nouveau subordonné à Sforza , tan-
dis que Braccio était sun adversaire.
Le premier, qui nourrissait une vieille
rancune contre Tarlaglia , le lit sai-
sir à Avette , où ils se trouvaient en-
semble , et mettre à la torture pour
l'obliger à révéler ses intclligetices
avec BfHCcio. Après avoir luug-tcmps
soufTert sur le chevalet des bour-
reaux, Tartaglia eut la tête tranchée.
Ses soldats , impatients de le venger ,
]>assèrent fous dans le camp do Brac-
cio , afin de combattre le condottiere
qui avait fut périr leur général.
S. S — I.
TARTAGLIA ^Nicolas), géo-
mètre , né au commencement du
seizième siècle, était le fils d'un mes-
sager de Brcscia, surnommé le Ca-
vaUnrOj a cause d'un cheval rpii
tab
l'aidait à remplir set
Quelque fiiiUes qoe fusseflt ses pfv-
iits , ils tnî suffisaient pour rentictim
de sa famille ; et sa mort laplongoa
dans la plus horrible misère. RiCDhn ,
orphelin k Kâge de six ans , ut eoB-
mençait qti'â [leiiie à ëpder, et ce fat
presque tout ce cfn'il apprit Aes an-
tres ; car lorsqu'il Todnt i^Cttrar
k écrire , il dut s'arrêter à la màUé
de l'alphabet , n'étant pas en 4M 4e
payer son maître. Poiir coililile de
malheur , il reçat eînq eon^ dt »-
bre des soldats de Gaston de Fiii ,
qui, lors de la reprise je Krtscii, ca
i5ij ( r. Garm , XYllI, 5i5)»
poursuivirent cet enfant )iBq|K dans
la cathédrale , ou ils le laissèrent nas
connaissance , sur las mardio de
l'autel. Fja moins grare de aès bki-
surcs lui fendit 1^ lèvres, et lui etn-
sa un embarras dans la prenMMÎi-
tion ; ce qui l'exposa anSt nitletiel
de ses camarades. Oli l'appcta Ftff-
tagliay lebégne, et ce nom W de-
meura , ses nareàts ne Itii en ejvt
point transmis ( 1). Il était dimê k
rillnstrer; car , en d^tde tav iet
obstacles qui s'opposaient Mdtffe-
loppement de son génie, îl f'dfeia aa
premier rang des m Hlif alilîf imi de
son siècle. Dénué de toot moyen
d'instruction , il se mit à étaSs Um
les livres qui bit tombeienl sens k
main , préférant ceux oè il apewe
vait des calculs et des Agareadc B^eaé
trie. Après qnelqae» aaato d'amn
singulières études, il fut en étal dVi-
seigner lui-même ce qn^ avail si pé-
niblement appris , et passn di& aa^
nées à Vérone , expliqua lea élmarfl^
d'iuiclide à Vicciicc, remplitnnecbti-
(i) (les dt^lailt non% imt <^ê coVHrvrfi Mv Ar*
Ligiiii Iiii-mêine, qni m parle d*M wmBwfcj^*
k> : ^lfic« iii eti iiffi-HuoHÎ di^ûntt \AT. ▼itjt^'^
Vill. riiiiKurtw t'rsc IroMiptf « cfilNHtklP^ Vl<
■a lîcu du liv. VI, d'un MiTni|tf tfifMvfMV *
loul qu'un seul vol. de aSS ~- — "^ ^^
TAR
matliémaliques à Brtsâa j et
encore à Venise , bu il mou-
i i557. Lie' d'abord avec Car-
auquei il s'empressait d'an-
* toules ses découvertes , Tar->
ne consentit à lui communi-
elle de la solution des ikpia-
cubiques , qu'il venait de faire
nanière fort ingénieuse , qn'a-
a avoir reçu le serment du se-
plus inviolable. Cardan ne tint
compte de sa promesse; et
ava encore sa faute en s'ap-
ant la nouvelle méthode , qu il
dans le traité intitulé : De
lagnd, Tartaglia s'en plaignit
ncnty en criant au parjure;
e réponse orgueilleuse faite
réclamations le mit dans
illc fureur qu'il pensa en
l'esprit. ]Se songeant plus
umilier son rival , il eut re-
I un moyen souvent employé
i temps; c'était de vider les
es littéraires , à-peu-près com-
e affaire d'houueur , et avec
les formalités d'un duel. Les
bampions , après s^étre quel-
mps provoqués par des pro-
1 , s'envoyèrent des cartels ,
m desquels Tartaglia , qui se
lit le plus emporté , menaçait
i et son disciple Ferrari ( F'qy,
i, XIV, ^oè) de leur lat^r
ensemble, et d'un seid coup,
f ne saurait faire aucun bar--
l'Italie (2). Cependant, quel
son désir de se mesurer avec
:re, il dut se contenter d'en-
lice avec Téleve , et la lutte
u en k'>49 j dans l'église de
Maria del Giardino, à Mi-
i préseuce d'un nombre cou-
)le de spectateurs. Cette thèse
été annoncée d'une manière
jret Fantuzii , Scriltoii Jiolvgnesi , Itf
TAR 571
trèft-vagoe: ccr elle embrassait b
g|éoraétrîe,rarit1imétique, la perspec-
tive, Tarcliîtectureja cosmographie,
la musique, l'astrologie; et ancun
autair n'en ëtait exclus 4 quoiqu'on
eût désigné particulièrement ArcU-
mède , Apollonius , Ptolémée , En^
clidc, ViteHion^ Vitrvre , B^otùon-
tanos etc. Totttefob ,on s^m' Ihft
k des proMèmes beaneoup plUs dï-
rienx qne difficiles , et ceux de Fet^
rari étaient bien moins del pro|KiBt-
tions de géométrie qne des question^
métaphysiques, TartagKa entame. U
discussion en relevant une erreor de
Cardan dans la solution d'un pro-
blème qnll Ini avait adressé : les Ju-
ges eurent Tair d'en <;onvenir , et leur
adhésion excita des mnrmofes si
violents dans rassemblée, qne là
séance en fut troublée , et même bt-
terrompoe. Cette partialité du public
intimiii Tarta^a , qui s'évada se-
crètement de Husn , en prenant van
chemin détonmé pour enter qudqoè
embàche du cdtë d^ partisans de
son adversaire. Ainsi se termina ce
débat qni, loin de contribuer aux
progrès de la science , détounu deoat
hommes habiles de lenrs études mé^
thodiqnes et paisiUes. Ce ^ue les
mathématiques doivent k Tartaglia ,
c'est la solution des équations &
troisième degré , par des formule»
auxquelles on a injustement conservé
le nom de Cardan;, des^ méthodMj^
devenues inutiles de nos jours 9 P^
construire les problèmes d'Eucnde,
avec une seule ouverture de compas;
quelques Aéories sur les progrès des
coefficients des termes d'un Innome^
et sur le mouvement des projectiles»
Il doit être aussi regardé comme nn'
des premiers qui aient appliqué !et
mathématiaues à TartiDene et à Part
militaire. Ses ouvrages sont : 1*
Nutmis&enzmàoèùwavUammm^
5-72 TAR
i^amente trwata , utile per cias-
cuno spcculatiwo matematico boni-
hardiero, ed altri , Venise, i537 »
iu-4". , et ibid. , i5jo, i55i et
1 583 , m-4"* f avec un Supplément
au troisième livre , qui traite de la
mesure des distances , et des hau-
teurs. II. Euclide , diligcntemente
rasseitaio ed aW integrità ridotto ,
seconda le due traduzioni (de Cam-
pauo et de Zamherto), etc., Venise,
1543,1544) i545,in-fol. , et i5G5,
1 5()9 , 1 585, iu-4". C'est la première
traduction italienne d'Kuclide. 111.
Archimedis opéra emendata , etc.,
1 54 < , in-4". Montucla ( Jlist. des
mathéniaiiq, , 1 , 563 ) s'est trompé
en disant que cette traduction latine
d'Ârcliimèdc reparut avec Touvrage
suivant. IV. Quesitiediiwenziom di-
verse^ ibid , 1 55o , 1 55 1 , in-4**-> et
ibid. , 1 554 , in-4°. , avec un Sn])plc.
ment au sixième livre, qui traite de
l'art de fortifier les places. Cet ou-
vrage contient des recherches sur le
service de l'artillerie, la théorie du
tir , la fabrication de la poudre à canon
et la défense des places. Ku parlant
delà dccou verteattribuéeà Sch wartz,
l'auteur se déclare contre Topiiiion
générale, d'après laquelle elle serait
l'eilët du hasard. Il soutient au con-
traire que l'on lit ce terrible mélange
avec intention et spéculatwement. Ce
qui doit encore étonner davanta-
ge, c'est qu'il regarde Archimède
comme le premier et le ve'rilable in-
venteur de la poudre ( ZtV. /// , quest.
y). Y. La Travagliaia uwenziotie,
ossia résolu générale per sollcvare
non solamcnte ogni a/J'oFidata nave,
ma una torrc solida di métallo ,
ibid., i55i , in -4". On parlait un
jour , devant l'auteur , des moyens
inulilcmcul employés pour retirer
un vaisseau du fond de la mer.
II n'eu fallut pas davantage pour
TAR
y faire rêver Taitaglia , qui 11e tar*
da pas à proposeï' uu nouveau pro-
cède. Il consiste en ime cspooe de le-
viev ou cabestun , e'tabli à bord de
deux vaisseaux ancres près du bâti-
ment submergé (3). L'auteur donne en
même temp la description d'une clo-
che de verre pour descei|dxe dans la
mer et y demeurer quelque temps. Il
avait pris toutes les précautions pour
garantir le plongeur contre les flots
et les iK'tes marines. Il n*oiiUia
que la manière de le faire respirer.
Tartaglia , qui avait compose ce trai-
té au moment où il éprouvait de for-
tes coutrariétc» de la part de se»
compatriotes , lui donna le titre de
TravagUata im^enzkme ^ qui se rap-
porte moins à la diliicullc de l'ou-
vrage qu'à la situation de l'aDteur.
VI. Ragionamenti sapra la Trgpa-
gliata invenzione ne qualisi didÙA-
ra il libro d'Archimcde , intUoUUo
De INSIDENTIBUS AQUiB, Siid., i55i,
in-4^- VII. Generid traiiaio de' mt
meri e misure , nel quale si JSffifttf-
rano i primi principj e la primA
parte délia geometria , ibid. , 1 556-
1 56o, 'X vol. in-fol.y ilg. VIII. 7/vf-
trato di aritmeticaj ilMd.y i55G,
iu-4^^ ; traduit en f rançûs^fw Gos-
seliu ( rqjr. ce uom , XYIIi, i5o),
Paris , 1 578 , in - H». , et i6i3 , îb-
4^. IX. DescHzione idV tÊrt^sio-
sa macchina/atta percanmre il gë^
leone, Venise, i5oo, in - 4^. Cest
un moyen à-peu-près semUaUe à ce-
lui qui avait été imaginé par Tauteu,
et qui échoua complètement devant le
port de Venise. L'opération lot di-
rigée par un certain Gampi deFesa-
ro. X. Archimedis de insidentâms
aquœ , libri duo , ibid. , 1 565 , in-4*-
(3) n i>>t ('loatwmt qn'on dc
tiiHi (Iv nel ouvrage
J\*pUt'uiioHe *lcl AMI
ruperan /« itavi , «te. , VaDÎM, 1700 , i»^**
TAR
C'est une cdition à part dé la Tra-
duction latined'Arcbimède.'X]./or-
dani opusculum de ponderositate ,
correctum novisauejiguri auctum,
ibid., j565, in-4°. XII. Opere^ îb.,
1 606 , in - 4^* ^ recueil se compose
des ouTrages suivants : i^. Queàti
ed ùweîizioni diverse; a^. La Tra-
t^agliata im^enzione ; 3». Nuwa
sdmza; 4^- Ragionamenti scpru
ArcJdmede, Voy. Montucla et Tira-
boschi. A — G— s.
TARTAGNI ( Alexandre ) , ju-
risconsulte , smnomme'd'lmola, par-
ce qu'il était originaire de celte ville ,
dans la Romagne y vécut dans le
quinzième siècle, fut contemporain
de Balde et de Paul deCastro, et pro-
fessa le droit à Padouc. Il avait étu-
dié la jurisprudence sous Jean d'Imo-
la et sous d'Anania , et il eut k son
tour beaucoup de disciples. Il passa
successivement â Ferrare, à Bolo-
gne, occupant avec la plus grande
distinction la cbaire de droit. 0&
l'appelait le Docteur de la vérù'
té. Tiraqueau en a fait un grand
éloge , et Décius prétend qu'on ne
Souvait pas s'éloigner des opinions
'Alexandre Tartagni sans tomber
dans l'erreur. Il professapendant l'es-
pace de trente ans avec distinction^ et
ses ouvrages ont joui d'une grande
vogue. U a écrit sur le Digeste, sur
le Gode^ sur les Clémentines^ sur les
Décrétalès : ses Remarques sur Bar-
tole prouvent qu'il préférait sa pro-
pre aoctriuc à celle de ce juriscon-
sulte^ et ses conseils , ConsUia y ont
été très-utiles à Dumoulin, qui , les
ayant étudiés , y puisa la plus grande
partie de sa saence. Il mourut k
Bologne, en li??' âgé de cinquan-
to-trois ans ; et laissa trois fils, dont
l'aîné , appelé Antoine Tartagni , fut ,'
comme son père ,tm savant pnriscon-
Mhe. Ou a érigé à At^xatodreoi^sa-
TAR 573
Serbe monument en marbre Mane,
ans l'éelise de Saint-Dôminique, où
il fut innumé^ dans Tépitaphe ms-
ente sur ce mausolée , il est qualifié
ainsi : Legum verissimo oeJ/iMss^
mo interpreti. B— i.
TARTAROTTI ( Jébôme), né à
Roveredo , eni 7 06 ^ reçut sa premiè-
re instiiiction sous les yeux de ses
mrents, et fut envoyé, en iJfaS'. k
l'université de Padouè , où il Mivit
les leçons des plus babiles pn>fis9»
seurs. Il fréquenta aussi la société des
frères Yolpi , et , à leur exempley fon-
da, dans sa patrie, im cerc£e/dont
les membres, appelés Dodemsiy con-
tribuèrent beaucoup à répandra'l*â-
monr des bonnes études dans cette
extrémité de l'Italie, Taitarotti y
prit le nom de «S^^d^gio^qui pa-
rut former une antithbe bicane avec
les efforts qu'on lui v<^ît faire pour
civiliser ses compatriotes. Non con-
tent d'avoir donné un but à Itnrs' tra-
vaux^ il songea aux mora» de les
roidre publics; et il profita des ren-
seîgnements recueillis dans lésat^crs
de Comino j pour monter une impri*
merie d'où sont sorties quelques bon-
nes éditions. Il s'en servit lui- indnie
5our publier on ouvrage dans lecniel
attaquait la philosopnie des sconùh
tiques ^qid ne- lé ménagèrent pe^ i
leur tour. Cette guerre de plttiM^
qui eût une influence âicbense sur le
iaraetèce de Tartarotti, accrut sa ré-
putation; et il ne tarda pas'l^reiâe^
voir du roi de Sardaigne Vinvîtatîonr
d'aller remplir une cbaire à Tuniver- *
site de Tunn. Peu satisCût des fonc^'
tiens d'instituteur , qu'il avait esefr
cécs k Inspruck y il prë£éra vivire ait
milieu de ses occupations littérai-
res ; il continua sa guerre avec les-
partisans d'Aristote ^ et entreprit ^
dalis le mèçie temps y' d'^cWvrii^'io
«exie À la iKFoie AM^ei^ «nh
574
TAR
va il aïKjurl il renonça aussitôt que
parut le Commentaire de Ycuturisur
le Dante. Sou {;oiJt pour la retraite
ne Tenipecha pas (rccoulcr les pro-
positions «lu airdinal Passionci, au->
près duquel il se renciri en i ^SS j mais
une année ne sV'tait pas encore écou-
lée , qu'il fut oblige de se si'parèrdece
|)relat , qui nu témoignait du mecon-
tentementau sujet de critiques dirigées
contre Fontnnini. Tartarotti quitta
Rome, et vint s'établir à Venise, où
il (it connaissance avec Marc Fos-
carini , qui , occupe alors de son grand
travail sur la littérature vénitienne ,
lui proposa de l'aider dans ses re-
chcrcbes. Ce fut en revenant d'un
voyage à Turin, pendant lequel il
avait acquis l'estime et l'aniitic de
Mafléi , de Carli et des hommes les
plus marquants de l'épuque, que Tar-
tarotti découvrit, diins la bibliotlic-
ue de Zeuo, le manuscrit original
e Jean Sagomino, le plus ancien
chroniqueur de Venise. Celte décou-
verte excita la jaluiisic dn Foscarini^
qui y malgré toutes ses qualités ,
ne souOrait pas de rivaux dans sa
carrière littéraii-e ( Fojr. Foscari-
Ni , XV , 3rji ). Leur mésintelli-
gence ne fit qu'augmenter , lorsfpi'im
journal littéraire qui s'imprimait à
Venise eut porté un jugement défa-
vorable sur une Dissertation de Tar-
tarotti , relative à la Chronique d'An-
dré Dandolo, insérée par Mnratori
dans le tome xxv de son grand Re-
cueil des historiens d'Italie. L'auteur
crut reconnaître dans cet article le
style de son ancien patron ; et il re-
poussa cette att.'Kpic par un pamphlet
intitulé ; Esame di alcunc notizie
leiitrarie cJi escono in Italia ,
Rovcredo , 175^. 11 avait aussi
Î)iTparé une critique sévère contre
'ouvrage de Foscariui, qui ^ par des
moyens cachés , en fit empêcher Li
l
TA&
publication. Tartarotti tooma tes ar
mes contre d'antres coBemis; et fl
mourut, pour ainsi dire, en combat*
tant, le 16 mai 1761. De tons ses
écrits, le plus connu est TonTia-
ge sur !e sabbat, dont il se proposa
de dévoiler l'imposture. La nu-
gie , née de la corruption de la
doctrine de Pytbagore et des an-
ciens mages , envanit pour la |re-
mière fois l'Europe , à la faveur des
hérésies des Valentîniens , des Ba*
silidiens et des sectateurs de Carpo-
crate , de Marcion et d'autres , qui,
élevés dans les principes mystiques
des praires de l'Egypte et de la Peiae,
croyaient pouvoir maîtriser la nata-
re , ( n se mettant en rapport avce ks
bons et les mauvais esprits, dont feor
fertile imagination avait peuplé le
monde. Ce commerce avec les es-
prits fut sévèrement rëpnmvë par
l'Église et flétri par les tribunaos.
Il y eut bientôt une jurispradcnos
spéciale sur la magie; et 1rs
istrats s'armèrent de rigueur
"" ''" "^ "~^écil4el qm ex-
'imprudcnee de
eurs aveux, arrachés le pksJoovcBt
parla violence des torfnm. CatkoE-
qiies etProtestanU^tonsëlaîctftcgde-
ment imbus de ce préjugé, qûaenifé-
quemment les suites les plm ffntfftn.
Ijc célèbre Bartole ( F. ce nom , Ul,
4^4 ) conseillait froidenent â ■■ érè-
que de Novare de faire périr à pcA
feu une mallieiircu.se femme aecwl
d'avoir adoré le diable , et d'avoir ci
recoui^ aux sortili^es pour faire pé-
rir des enfants ( 1 ). Au quiniifaBe A
cle, ces procès s'étaient tellcBcnt wd*
tipliés ,qiic, dans lcdiocèscdtCdst|
on brillait eiiviron-ccnt femmes p«
an : en trois mois en en
cinq cents à Genève. En
{;
C'> Zit«tli, ComsUim cwi
in^iL, tnm. t f emri. fù '
nMwlwy Y<
TAR
c des sorciers augmentait
moyens mêmes employés
cikterminer ; et , si l*oii en
jiTpet ('i), sotis François
CQ aurait pas eu moins de
c en France, où les lois
pas plus humaines. Tant de
exercées contre le sexe le
e , réveillèrent la pitié' dans
généi-eux ; et l'on chercha
er rirregularité de telles
es, tout eu admettant la
2 du crime. Mais , un siè-
tard , ou traita la ques-
pkus d'indépendance, quoi-
le ne fût pas sans dauger ;
1609 , sons le meilleur
la crédulité et Tignoran-
magistrat attenteront à la
U5 de six cents individus ,
de sorcellerie, dans une
)viiicc de la France {^oy,
XXUI, 528). Ce ne fut
■ju que l'on dcToiidit aiiîl
L de donner cours aux ac-
de ce genre. Mais il n'en
lia^i dans le reste de TEu-
i Ton coniinnail de ]>er-
?5 sorciers avec le même
lent. En 1717, deux fem-
jt exécutées près de Uovc-
ce spectacle, dont Tarti-
it été tëmoiu dans sa jeii-
letermina peul-ctre à com-
uite un ouvraec sur cette
Sou livre est divisé en trois
ilont la première contient
rches sur Torigiiic du sab-
leconde en montre i'impos-
t la troisième eu calcule les
jces. En compulsant les ar-
moyen a gp, railleur trouve,
vr«ige d'im prélat dudixiè-
, un passage où il est qucs-
irtaines femmes qiù se van-
Il ■ ■ I ^^1— — ^i>y^— I II II ^•r^mmmm^f^^m^
\9Sal,intr, liv. I , lii^roun 1.
TAB
5^5
tiient d'entreprendre de longs voya-
ges nocturnes sur des anima ui^, pour
assister à des réunions nombreuses
présidées par Diane (3). C'est peut-
être la première fois qu'il est (ait
mention dans l'histoire, du sabbat et
de cette société à laqudte , dans le
siècle suivant , on donna le nom de
BoLDA, dérivé peut-être de un-
hold^ qui, en allemand, siçnifienié-
chant. Cette fabk pàiétra en Anglc^
terre , où , selon Jean de Salisbiiry
(4)) il existait, au douzième siècle,
une troupe de sorcières , dont le mot
d'ordre était Hébodudenocticula,
ou plut6t noctilucay qpi^ i)ar cette
qualiiication, semble avoir beaucoup
de rapport avec Diane. lies mêmes
traditions se propagèrent en Italie^
en Portugal , en Espagne et en Fran-
ce; et deux évêques (5) appartenant
à co dernier pays nous ont transmis
les plus amples détails sur cette con-»
frérie de Diane. En lâpg^ un ëcri-
vain plus érudit que philosophe
( F'q/, Martin Del bio, XI, ui)
publia un ouvrage (0) poiur ac-
créditer les mêmes fables , qui n'ont
pas manqué de partisans jusqu'au
siècle dernier ; car un certain Bois^
sier (7), qui a ose réfuter l'ouvrage
de Saint-André contre la magie (8) ,
lui reprocha pi*esque comme un cri-
me d'avoir doute de l'intervention dn
diable dans les sortilèges. Thomasins
■ ■ - j III
{^) Sti-lemta mulieres.... profitinttir noetuml$
fèohs cum Diatid , pitganonitu d: d . et innnnirrA
multiludine mnlienim ^ifitilarr sti/ter quasdam be%-
lias , f / lUuUa tertanuik ipntia iuUtapt^it» nociU âi>
Ictitio p rîitimirc. Rcpiiion , De K(XLK8IASTICIS
i>im:ipli.nia , etc. liv, ii , chap. 3(i4.
(/j) De nugls eurtaliiim, liv. II, rhiip. 17.
^SiYve» de Cbartrai, Derrctnlia. PM-tif If,
r]«ap. 3o. — Va Guillanme de Paris, De Unitfeno^
Liv. II , chap. 1)1.
[()\ Disifuisitionum nuigicarum libri ifor. Lou*
vain , iD-4**.
T^
I.f tires au tujft dtamalifiees et dut soridéfet.
Paris, 17^1, iu-i«.
(8) f.fltm fur fa magie , /et magiciêmt et fr» wr-
irt , ikid. , i7«5. L'aotewr ftail prraiier b*^*^^
Ctt
iiii rui d(* FraocF
576 TAR
assure qu'à la même cpocpie de sem-
blables opinions régnaient en Allema-
gne , où la plupart des savants, con-
vainais de Vexisteuce des sorcières,
approuvaient la rigueur avec laquelle
elles ctiient traitées par les lois (g).
C'est en ctlctlc dernier pays de l'Eu-
rope 011 les macistrats aient osé pro-
noncer la peînedemort contre ce cri-
me imaginaire (10). Il n'était donc pas
inutile d'attaquer ce préjuge, ctTar-
tarotti aurait bien mente de Thuma-
uite, si, par une inconséquence inex-
plicable y il ne se fût pas déclaré le
partisan de la magie , tout en prou-
vant l'impossibilité du sabbat. Le
comte Carli {F, ce nom , VII, 1 46),
à qui l'auteur avait communiqué son
travail, releva ce vice de l'ouvrage,
observant qu'il n'y avait presque
point de diflei-euce entre un sorcier et
un magicien, et que l'existence de l'un
entraînait nécessairement celle de
l'autre. Tartarotti eut le tort de ne
pas en convenir; et, dans une répli-
que ridicule , il reproduisit tous les
arguments des fauteurs de la ma-
gie, pour constater la réalité des
oracles ^ des spectres , des pos-
sédés , des esprits follets , etc. Il
lui paraissait d'ailleurs contraire aux
ti'aditions bibliques d'en douter ; et
c'est à ce dernier reproche que répon-
dit le marquis Mafici , qui, dans son
livre intitulé : VA rie magica Me-
f^uata, Vérone, 1760, in-4**., sou-
tint que , de tout temps , la magie
[r\) J'uî^ui erudilunim et tlari diaboliun , tt dati
sa^wi multr.i , et juttuûmum ae ftiiisimuni e>te pro-
cetsitm hiirtmiii utitntum ronirà ru* ^ non svliim
^iln , Krd eùiim ni Ut penuadcre laburant. (De cri-
nùue. mngi.r ^ G. )
(10) l.c P. Fri^i , lïoiir «Toir soatran, m i-55 ,
<]ii<>lfpi('4 tbè^oi Mir le niAnie .«ujet ( de malis spiri-
tihiis , rontmffiie in i-nrpora poUstalé) , pn^tnidait &
l'iioniimr d'«T»ir, leprcniicr, rlrvr la voii routre
ce i>rpjiicr. MdU |p fait i-^t cju'i celle époque , il
iif rciilaii plu» rien à dire iiur Icii virciors , aprè*
les deba» i-irilés en Italie |Mr rapi>aritiou de 1 <m-
vm^r de TarfnruKi.
TÂR
avait ëtë regardée comme nn conle
ridicule par les esprits sages et rdî-
gieux y et qu'elle n'est jamais entrée
pour riendansla doctrine de l'Église,
il s'expliqua encore plus clairement
dans un second ouvrage intitulé : la
Magia annickUtUa^ ibid.^ <7^49
in-4^.y en répondant à l'apologie de
Tartarotti y qui persista £uis toutes
ses opinions. Nais le marquisMairei,
qui avait embrassé la dâcnsé de
Carli, ne partageait pas toutes ses
idées, et u pensait que la magie,
inadmissible après le grand oenrrede
la Rédemption j aurait Uen po exis-
ter avant Jésus-Christ. La question
fut loin d'être décidée , et d y eut
jusqu'à quatorze écrivains qm plai-
dèrent pour et contre le diaUe. Pbs
récemment , le conseiller GantZy dans
un ouvrage intitulé: De ctûiibm mm-
gicis , eorumçue perpeimo ad eede-
siam et rempubiicam haiiiu. Vien-
ne^ 17^9 in-8<>.yfit de nokivdics
remarques contre Tartarotti et Blaf-
fei , en appuyant fortement le sys-
tème d'incrédulité de Cariî. Enfin
un écrivain , bien plus
a soutenu la cause de ht magie
( Fqjr, FiARD au Supplânott). Tar-
tarotti ^ qui y conune ott TÎenl de k
dire , avait échoué dans one qneitioa
philosophique , avait fait des édid»
profoi^es sur la langueitalieuw, qa^H
maniait avec beaucoup dliahuelé.
En revenant la première fois de hi-
douc, il publia un Discours dmsfe-
auel il dévoila les défauts de recèle
de Marini, qui ne manquait pas en-
core d'admirateurs ca Italie. C'éàk
un service rendu au bon KoAc, et il
faut lui en savoir gré. Mau.oscra4-
on le louer paiement de n^a?oir
I)oint voulu ajfprendrele firançaispir
a crainte de corrompre la punirde
son style?... Il avait fermé une asln-
breusebiUiothiqney doDtfl disposa
TAR
en faveur de riiôpital de Rovercdo.
Ses compatriotes , reconnaissants ,
ont placé sou buste dans une des sal-
les (Te leur hôtel-de-ville. Les ouvra-
ges de Tartarotti sont : I, Ragiona-
inento intomo alla poesia lirica
ioscana , Rovcredo, 1728, in- 8*>.
II. Idea délia logka aegli scolas-
tici e de' modemi , ibid. , 1 73 1 , in-
8». Cet essai fut attaque' pai* un cer-
tain Valletta y auquel l'auteur répon-
dit par Touvrage suivant : Osserva-
zioTÙin difesa délia modernafilo'
sofia, m. Ragionamento délie dis-
fi de letierarie, osia publicité difesc
iU concUisioni , ibid., 1785, in - 8<>.
IV. Dissertazione sapra la diffe-
renza délie ioci italiane , che pa-
jono sinonime , dans le Recueil
de Calogerà. V. Dissertatio de ori-
gine ecclesice Trident inœ , Venise,
1 745, iii-4^. VI. Memorie istc^chs
intomo alla vita e morte de' santi
SisiniOy Martirio, ed Alesaandro ,
Vérone, 174^, iu-4''. VII. De ver-
sione Rujiniana , Trente y 1748, in-
4". VIII. Del congresso no^tumo
délie lammie, con due Disserta^
zioni sopra V arie magica , Rove-
redo , 1 749 ^ in-4**. Un anonyme y
repondit par l'ouvrage suivant : y^ni-
madt^ersioni critiche sopra il not-
lumo congresso délie lammie , \e-
nise, 1751, in -40. IX. j^pologia
del congresso délie lammie y ibid. ,
1 75i , in-4^. X. De episcopatu Sa-
hionensiS. Cassiani martjriSy de-
que S, Ingenuini ejusdem urhis épis-
copiactis, ibid., 1750, in-4**. XI.
Memorie antiche di Roveredo, ibid . ,
1754, in-4**. XII. Apologia deUe
Memorie antiche di Roveredo , Luc-
qucs, 1758, in-40. XIII. Dell' ori-
gine délia chiesa di Aquileja , Mi-
lan, 1759, in-4". XIV. La conclu-
sione de' Francescani riformati ,
Venise , 1 765 , in - 8». , petit poème
XLIV.
TAR
577
burlesque, réimprimé dans le Recueil
suivant : XV. Rime scelte deW abba-
te Tartarotti, Rovercdo, 1785, in-
80., avecle portrait de l'auteur. L'é-
diteur de ces poésies est Clemcntino
Vannetti, qui y a joint un discours
préliminaire et des notes. Voy. Rac-
colta di Orazioni funebri , con
varie poésie in Iode di Tartarotti ,
ij)id., 176a , iii-4**- A — G — s.
TARTAROTTI ( Jacques ) , frère
du précédent , né en 1 708, se proposa
d'écrire l'histoire de Éoyeredo, où il
exerçait la profession de notaire. ^e&
compatriotes applaudirent à cette en-
treprise, à laquelle il dut renoncer ,
n'ayant pu obtenir le moindre encou-
ragement de la part du gouyememeiit.
Il ne continua pas moins à fouiller
dans les archives , et il fît une riche
collection de titres et de chartes, dont
il n'aurait pas manqué de tirer parti,
s'il n'était mort , dans la force de l'â-
ge, le 18 mai 1737* Ce fut à Ghiu-
sole qu'il découvrit le manuscrit de
Jean , diacre de Vérone , auteur d'une
Histoire universelle. Cet ouvrage ,
dont parlent Panvinio , Maûei et
d'auties , fut dépose' dans la bi-
bliothèque capitulaire de la même
ville. On a de Tartarotti : I. Sag-
gio délia bibliotheca Tirolese^ Rove-'
redo, 1733, in -4^- Todeschini en a
donné une réimpression, Venise, 1 7 7 7 ,
in - 4^< , avec aes notes et des addi-
tions. II. Raccolta délie iscrizioni
più antiche délia P^al Lagarina ,
dans les Memorie anticipe di Rovc-
redo. Voy, l'article précédent. III,
Quelques médiocres Essais de poé-
sie, insérés dans la seconde édition
de la Riblioteca Tirolese, où l'on
trouvera d'autres renseignements sur
l'auteur. A — g — s.
TARTERON ( Jacques ), jésuite
né à Paris , le 7 février i644^ fit ses
études au collège de Glermont (depuis
37
5^8 TAR
Louis-te-Graiid ) , et v soutint; eu
1 665 y fies thèses sur la comète qui
fixait l'attention de tous les astrono-
me de TEurope (Voy. la BibL as-
tronomiij. de Lalande , 'jG3 ). Ayant
embrasse la règle de saint Ignace , il
professa les humanités et la rhétori-
que arec un grand éclat ; mais il se
fit connaître surtout par ses Traduc-
tions <V Horace , de Pitsc et de /m-
vénaly qui furent d'autant mieux ac-
cueillies qu*il n'en existait point alors
de supportables. Sa version des EpU
très et des Satires d'Horace parut
en i685; mais les libraires , plus as-
surés du débit d'un Horace conii)Iet ,
y joignirent une traduction des ÔdeSy
qu'ils avaient demandée à l'infatiga-
ble abbé de Bellegarde (f^. ce nom).
Les instances de ses amis décidèrent
enOn le P. Tarteron à compléter son
travail. Sa Traduction des Odes rem-
Slaça celle de l'abbé de Bellegarde ,
ans l'édition de 1704. Elle fut rcim-
Srimée Tannée suivante, précédée de
eux Lettres à un ami, dans lesquelles
il se félicite d'un succès sur lequel il
ne comptait pas , « dans un temps ,
dit-il , où Icde'bit de ces sortes de li-
vres ne va pas si vite que celui de la
Prière publique et du Diable boiteux
(l). » La Traduction de Per5cetde
Juwénaly imprimée en 1688, eut
aussi plusieurs éditions. Elle est or-
née d^me Préface, dépai-éc par quel-
ques longueurs, mais dans laquelle
les beautés et les défauts des trois sa-
tiriques latins sont appréciés assez
solidement. Eu 1710, Pierre Coste
s'a vi^ de donner, à Amstci*dam , une
(1) On nmait , dit Micbaull, c«niiucut fournit'
firr crLIe |iUiMkuteric Quelque! lÏKnw sprè» , le
tradartrur ai«iu(r t^ii'il n'rat acqui» udc rrputation
Icsilime Y»f l'uMidiiitr 4 un travail «nlreprii
daii* dci \ue> iiiDiK-rote* , ri mrm« louaklri devant
Iltrii Pt devant le* hoiiiiuM. Qui aurait, dit Mi-
ihault , iamaia peiL«p qu'inte tràducliun d'IlotACe,
quelque bf>nne qu'elle fût . dût mériter i un reU-
RiciiY de» liiOMiget durant Oîen? MiUmg. hittpriq,
al fthilolo^itf, ,1, l3l.
TAR
nouvelle édition de lHorace in P.
Tarteron, avec des remar^aei crili-
tîques et les pièces , ainsi que la
passages supprimés par le fxwàat-
teur , comme trop licenciem. Le P.
Tarteron se plaignit du procédé de
son éditeur, dans une lettre îmék
dans les Mémoires de Tréroos , no-
vembre 1 7 1 o. Gettelradnction d'Ho-
race a long-temps été la pins ofrâi-
ble que nous ayons eue; mais wk
peut soutenir la comparaison avec
celles de Batteux, de Binet, et sot-
tout de MM. Campenon et Des^rak II
en est de m^e de sa TraduclioB de
Juvéual et de Perse , qu'ont ébm
celles de Dusaulx , de ^|3is et de I^
monnier. Tarteron monrot k PSuà,
le la juin 1720. W— <.
TARTINI ( GiusEFPE ) , naqmt à
Pirano en Istrie, le i9 aTid i6g3.
Les événements de sa YÎe antàîeus
à l'époque où il se }eta sans retour
dans la carrière musicale, ofliCDtdes
exemples assez frappams de la bîar-
rorie des destinées humaines. En ki
donnant une éducation sragnée, sei
parents eurent en vue de le Cnre en-
trer dans un ordre rdnnenz; il fit
des études , d'abord à VOnUario £
S. FilippoNeri , cnsûiteà Cflvo fh-
tria y dans le collège des^MM ielfe
Scuole. Dans Tun et Tantic étaHis-
sement , il se fit remarquer par ban-
coup d'aptitudeetd'intdHncQ nw
parvenu à Tadolescence , u ne Todkt
point se prêter aux projets de sa 6-
mille sur l'eut qu'aie se proMiîl
de lui faire embrasser. Il garait qne
son éloignement ^otir laTie
tique tenait prinopalcBsent 1
très-vif qu'il prit, i Capo i
pour la musique , leTiolon , et
f>our l'art de l'escrime, aaqad fl it
ivra avec une espèce depasikm. Sv
parents , ainsi frustrés dans Icv •-
poir, tentèrent de hi ftire srifR
TAR
b carrière du barreaUi.Il alla étudier
la jurisprudence à l'université' de Pa-
doue y et se distingua même dans
cette nouvelle branche d'e'tude ; mais
l'exercice de Tescrinje avait pour lui
deâ charmes dont aucune autre occu-
pation ne pouvait le distraire. La
salle d'armes ne fut pas le seul théâ-
tre sur lequel il fit briller son adresse;
il rencontra y peut-être parce qu'il les
cherchait y plusieurs occasions de se
lettre en duel ; enfin cette manie ^t
chez lui de tels progrès, qu'il conçut
le dessein d'aller s'établir dans quel-
que grande capitale pour y exercer
la profession de maître en fait d'ar-
mes. Omnia vincit amor; le spa-
dassin Tartini n'avait aucune parade
contre les traits de ce vainqueur ; en-
fin il dut aussi se dire : et nos ceda-
mus amori. Épris d'une jeune de-
moiselle , à qui il donnait des leçons
de musique , il l'épousa secrètement ;
et ce mariage clandestin, lorsqu'il
fut connu , attira sur lui la colère de
sa famille autant que de celle de sou
épouse. Un des chefs de celle-ci était
le cardinal Georges Gornaro , évéque
de Padoue; Tartini, redoutant les
suites de son ressentiment, s'enfuit,
de cette ville où il laissa sa femme ,
et se rendit à Rome déguisé en pèle-
rin. Ne se croyant point en sûreté^ il
s'enfuit de Rome et mena une vie er-
rante et malheureuse jusqu'au mo-
ment où, s'étant réfugié dans un cou-
vent à Assise , il put , grâce à l'in-
térêt que lui portait le gardien, dont
il était parent , trouver un asile incon-
nu à ses persécuteurs. Son séjour
dans ce couvent détermina sans re-
tour sa vocation musicale; il y trou-
va un organiste habile, IcP.Boemo,
avec qui il acheva ses études de mu-
sique^ et il travailla sans relâche h
perfectionner son jeu sur le violon.
lie calme religieux de cette retraite,
TAR 579
les leçons du malheur qu'il put y mé-
diter à loisir , eurent une granae in-
fluence sur son existence morale. Lta
fougue de son caractère se calma ; on
n'aperçut plus , dans son commerce ,
que les bonnes qualités dont la na-
ture l'avait doué , et le musicien ,
qui réunissait, à un talent distingué,
beaucoup de modestie et de simpli-
cité , fit entièremoit oublier les écarts
de l'étudiant en droit. 11 resta deux
ans ainsi caché. Pendant ce temps
la colère du cardinal Gornaro s'était
apaisée; et l'on aurait '\'T)u1u décou-
vrir la retraite de Tartini pour lui
rendre son épouse et sa patrie, tan-
dis que , ignorant cet heureux chan-
gement , il ne formait d'autre vœu
que de rester ignoré; et quand il
Î'ouait du violon dans le chœur de
'église, c'était derrière un rideau
qui le cachait aux yeux du public.
Mais on ne peut tout prévoir; le vent
souleva un jour ce rideau pendant
l'exécution d'un morceau de musique;
Tartini , reconnu par uuPadouan qui
se trouvait dans 1 église, fut d'abord
saisi d'une terreur qui se changea
bientôt en une vive satisfaction, quand
il entendit les heureuses nouvelles
ne lui apprit son compatriote. Peu
e temps après sa rentrée dans le
monde, il fut appdé k Venise pour
être membre d'une académie , dont
le roi de Pologne était protecteur.
Là se trouvait un célèbre joueur de
violon, Yeracini de Florence, qui
inspira une telle admiration à Tar-
tini , que celui - ci , pour ne pas
être en rivalité avec lui , qmtta
Venise et se sépara même de sa fem-
me , dont l'humeur n'étaitguère com-
patible avec celle d'un homme tran-
quille ^ doux et ami de l'étude. Il
1 envoya à Pirano auprès de son frère,
et se retira k Ancâne en 1714* "^^r*
tmi était alors dans sa vingt-troîsiè-
37"
l
r,8o
TAR
uie annce, et c'est de Tcpoque de son
séjour à Ancône^que datent ses pre-
miers droits à la celeliritc parle style
(l'exécution qu'il s'est formé et qu'il
a transmis à son école , ainsi que par
le talent de la composition «t les dé-
couvertes d'acoiistiqne musicale dont
nous parlerons. Après sept ans de
travaux, il fut nommé, en 1711 ,
-chef d'orchestre de l'église de Saint-
AuftoineàPadoue. Cet orchestre était
composé de viugt-quatre musiciens
r[ui acconipuguaient seize chanteurs.
Deux ans plus tai-d, il fut appelé à
Prague à l'occasion du couromie-
ment de l'empereur Charles VI , et
il y séjourna trois ans , après lesquels
il revint à Padoue, pour s'y fixer.
Les olTrcs les plus avantageuses ne
purent jamais le déterminer à en
sortir ; il y fut accompagné par son
ami Vandini , joueur de violoncelle^
avec lequel il avait vécu à Prague,
lia célèbre école qui l'a fait appeler
en Italie il maestro deUc nazioni,
et d'où sont sortis Pagin , Nardini ,
Pasqualino Bini, Alberglii, Domeni-
co Ferrari , Canninati , M"»<^. Sirmcu,
La Houssave , Capuzzi^ etc. , fut
fondée par lui , en i^aS. Ses élèves
en ont formé d'autres , parmi les-
quels nous pouvons nommer Pugna-
ni et Viotti, taisant à regret un nom
(|ui occupera une place nien distiu-
j^uée dans les fastes de l'art musical.
Tartini , atta([ué du scorbut, à l'âge
de soixante-dix-huit ans , succomba
à cette maladie malgré les soins assi-
dus de son ami Nardini , qui , à Li
première nouvelle de sa maladie, ac-
courut de LivouiTie, pour lui prodi-
guer les témoignages de sa reconnais-
.sance et de son dévouement. 11 mou-
rut le 16 février 1770. Son corps
fut déposé dans l'église de Sainte-
Ciathsriue. Une cérémonie funèbre,
ordonnée par son successeur Giu-
TAR
lio Meneghini, fut célébrée en son
honneur dans Péglise des Serri-
tes. L'abbé Fanzago proiiooça sou
éloge , et la chapelle Saint-Antoiix
exécuta un requiem j de la compo-
sition de P. Valloti. Tartini peut
être considéré comme musicien exé-
cutant j comme compositeur et com-
me auteur d'ouvrages scientifi^oa et
techniques sur la musique. Nous pen-
sons , auant aux deux premières ma-
m'ères de l'enyisager , que les lecteurs
verront avec plaisir la note suivante,
qui nous a été fournie par M. Bail-
lot . de la musicrae du roi, pranior
violon-solo de l'Opéra , et prolei-
scur à l'école royale de musique.
Cl Tartini s'est rendu célèbre comme
» compositeur et comme TÔlnose.
» Son traité de musique , fimdé en
» partie sur le phénomène du troisiè-
» nie son , a été l'objet des disscrta-
» tiens de plusieurs savants iHnslRS
» du siècle dernier. U est i aooliai-
» ter que ceux de nos jours s*ooen-
» pent de sa découverte y pour fixer
» en même temps d'une numière qnii-
» conque les bases de la conpos-
» tion d'après des j^rinemes mvam-
» blés. Les ouvrages deTaitimsmit
» connus de tous ceuxqm onA éé en-
» rieux d'observer la maidie et les
» progrès de l'art musical, et de se
» tormerlegoAtcnétndiantlcspinds
» modèles. On a de œ comwrijlBBr
» cent Sonates ^ etantant de uOMor-
» tos ; un Traité des agréfti^^do
» chant, l'Art de rarcbet, et meLrt-
» tre adressée à M^^. SîrnflB,ctsff-
» vaut de leçon à ceux qui jonatdi
» violon (i). Tartini a fonné ku-
(0 Dit-liuttdeirtpliu bdlwSoHtei «ft *»^
fri de nuuvMu & ruMBi dn Ak««i da CMHaTMl»'
Tcri<
re tir Pitria, H M IrnuTMitMi wyÎB dp
U rac Dffrgèrc SîkGimcmIim, m : i**.i
hliri & Auulcrdim.— L'Art dâ l*i
iliiui !■ l>iTi«MMd«» dcfdw d*
]>rreicHs4eJ.*B.
•Se
TAR
» coup d'clèvcs , parmi lesquels Pa- '
» gÎM, violon français y était consi- *
» dërë , par son maître lui-même , >
D comme celui qui avait le mieu^
» saisi son style. A l'aide de quel-
» ques traditions, et surtoutau moyen
» des ouvrages qui nous restent de
» ce grand artiste , on peut se faire
» une idée assez juste de son mé-
» rite , tant pour la composition que
» pour Texccution. Ses composi-
)> tions , devenues étrangères a la gé-
» ncration présente , ont par cette
» raison encore plus besoin que d'au-
lx très d'un traducteur habile qui
» puisse les faire apprécier à leur
o juste valeur; mais la beauté de
» leur facture, jointe au sentiment
» profond qui les a dictées, les sau-
>» vera de 1 oubli des gens de goût.
V La manière d'écrire , ou plutôt de
» noter des anciens musiciens, n'in-
» diquait que vaguement tout ce qu'il
» fallait faire pour bien exécuter la
«musique; ce n'ç'tait, principale-
» ment dans les adagios, qu'une es-
» pèce de canevas , sur lequel l'exë*
« cutant traçait différents dessins
9 qu'il changeait souvent , selon la
V disposition de son ame , au gré de
i> son imagination. Un adagio de
» Tartini , qu'il a brodé de dix-sept
» façons diflérentes (a), nous révâe
7t le secret de sa manière de rendre
» la mélodie, et, jusqu'à un cer-
» tain point, celui de ses ressources
» dans les détaib. Son Traité des
» agréments du chant (3) nous ap-
» prend aussi avec quels égards pour
» l'harmonie ce grand maître savait
» employer les ornements ; mais en
TAR
S8^
Soaate du Diable, d'après U rêve de Tartini. Enfin
U Lettre i M°>e. Sirmcn est rclatëe dans les Noti-
ces de M. Fajolle sur Corelli , Tartini , «te.
Tout le reste est en manoscrit.
(i / C« morceau curieux se trooTc à U fin d« la
DÎTiston ait éco]e<« du violon de J.-B. Cartier.
(3) Traduit de l'italien par Dcnia.
» considérant ici plutôt Fc fond que la
» formedeses compositions , c'est-ii^
» flire, en les prenant telles qu'il les
» a écrites , et non telles qu'il les
» rendait, on ne craint point d'à-
» vancer que la musique de Tartini
» renferme des beautés tellement d'ac-
» cord avec les éléments des pas-
D sions , avec cet accent de la nature
» qu'on retrouve le même dans tous
» les temps , qu'elle ne manquerait
» point aujourd'hui son effet sur des
» auditeurs non prévenus. Le violon,
)) harmonieux , touchant et plein
» de grâce sous V archet de Tar-
ît tini (4) , a pris pour la première
» fois une expression dramatique
» dans ses adagios, dans ces chants
n auxquels U est impossible de ne
» pas attaclier un sens ,etoà Von
» s'aperçoit à peine que la parole
» manque (5). Mais on doit repro-
» cher à Tartini l'abus des trilles et
» des ornements. On est surpris de
» voir une mélodie d'une si grande
» expression surchargée quelquefois
» de broderies sans nombre , et corn-
V me étouffée sous des fleurs. C'était
» le travers du temps ; Corelli n'avait
» point été exempt de ce défaut (6).
» Les grands compositeurs moder-
n nés ont prévenu un pareil écart en
» fixant toutes leurs intentions par
» des signes positifs. Du temps de
» Tartim, la s^phonie, telle mie
rt nous la connaissons depuis Hayon ,
» n'existait point encore : tous les
» instruments agissaient de concert
» (ainsi que l'indique le nom de con-
î) certo ), et entraient presque tou-
» jours en fugue; or, le caractère
(4) Méthode de violon, r«di|(<« pw M. Baillot.
(5) Encyclop^ie, article Concerto, pw Cin-
guentf.
(6) Nous aTOM nne édition de sm Sonates, oA se
trouvant, rar nn« aaeaodeliOMlta cbints de s«a Ada-
gios arac daa orMOuats trUia hiU, nMu dont
la cMtinaittf fcligae.'
58a
TAR
» essentiel de la fugue exige deTëga-
» lite cutre les parties , qui devien-
» neiit récitantes, chacune à son tour.
» Cettt: forme excluant la variété ,
» sous le rapport de retendue , em«
» pccliait le violon de prendre un
V plus grand essor. Maintenant que
» cette contrainte a disparu ou qu'elle
» n'est que momentanée , et que les
» instruments à vent sont venus fur-
» mer un second orchestre , le grand
» effet qui en résulte , et Tintérét
» qu'inspirent comme solos quel-
» ques uns d'entre eux , ont permis
» au violon de se livrer à toute la
9 variété de ses moyens, et l'ont nid-
» me oblige à employer tous les res-
» sorts de la magie pour conserver
» son empire. C'est ainsi qu'il est de-
» venu si puissant entre les mains
» de Viotti , dont les compositions
» semblent avoir atteint ce beau idéal
» fait pour captivera jamais l'admi-
)» ration universelle. Mais les ton-
» rhantes inspirations de Tartini,si
» bien scconcfces en lui par la science,
» n'en feront pas moins les délices des
» âmes sensinles ; elles auront ton-
» jours ce charmesecret attaché aux
» ouvrages où le cxcur a eu la ])lus
V grande part , et se feront distinguer
» dans tous 1rs tein))S par cette tendre
» expression, celte gracieuse mollesse
T» touteparticnlici*càIal>elleItilie. »
On peut voir, dans le journal ency-
clopédique de Venise de 1775, l'in-
dication (Punc quantité considérable
d'dniviTs manuscntes de Tarlini, dé-
posérs par le cqtitaiiie Tartini , son
neveu. Il paraît que toutes ses com-
positions , et même ses méthcwlrs
pratiques pour le violon , n'ont
pas été publiées; et ce sont des ma-
nuscrits intéressants pour ceux qui
les possèdent. La Hibliographie mu-
sicale de Forkel indique un de ces
manuscrits, ayant pour titre : LexiO'
TAB
nipratiche dcl vioUno; un antre in-
titulé : Lezioni scpra i varj gateri
di appoggiature, di triUi tramoUê
mordenti, a été traduit en fittiçaîs,
par P. Denis, sons le titre de Tmiié
des agréments de ta musùme, tit.
Tartini a aussi laisse mr la partie
scientiiiaoe delà musiqiie des aum
crits inédits, dont nous dirons no HOt
On a beaucoup parlé de la Smulie
du diable, que M. J««B. Cartier, qn
la tenait de M. Baillot, a frit paver
dans son intéressant Recueil de la di-
vision des écoles. Voici comment La-
lande, à qui Tartini lui-mâne avait
conté cette anecdote curieuse , la np-
porte, dans son Voyage d*Ittlie;
a Une nuit (en 1718 ) , il rèfiil
» qu'il avait fait un pacte , et qie
)> le diable était à son lamce. Toit
» lui réussissait an gré de an denn.
)> Ses volontés étaient tonjtmrt pié-
» venues par son nonvenn domo-
» tique. Il imagina de lui donner iM
» violon, pour voir s'il pairicndiiit
» à jouer quelques beam ain; mus
» quel fut son étonnement, lon^'fl
» entendit une sonate si aingnlibe et
» si belle, exécutée avec tanCdesn^
» riorité et d'intelligence , qf!"! ■•-
» vait rien connu qui dAt mtf en
» parallèle. Il éprouva tant de sbi^
n prise , de ravissement y «pi'il «afci^
» (lait la respiration. RéfciU nar
» cette violente sensation , il nnt à
» l'instant son violon, dans I eipsir
» de retrouver une partie de ce fa'l
» venait d'entendre; mais oe fatcn
)) vain. La pièce qu'il compoia akns
n est , «1 la vérité , la meîUeera qui
V ait faite ; et il l'appelle cnoaie h
u Smiaie du diaUlef nais alla
» tellement au - dessous de celle
» l'avait si fortement émUf qn^
» brisé son violon et abandémitf jltf
n toujours la n ta^Uloî^MM
9 possiblede; des
■
s
TAR
lui procurait (7). » Le seul
de musique vocale de Tar-
MHt coniui est im Miserere
la chapelle sixtioc , le mer-
it de 1 année 17^ 9 devant
élément XIII. On a dit que
position méritait de tenir le
an(; parmi celles de l'auteur,
[cation d'unç pareille asser-
*esserait très • certainement
îurs de musique; et Paris
les moyens désirables de la
ssons maintenant aux tra-
Tailini , qui ont pour objet
scientiiique de la musique,
i caractères qui distinguent
Hème musical de celui des
il en est un principal, sa-
armonie, en donnant à ce
j^niftcatton que lui attribuent
iens modernes (8). L'iiar-
t d'un fiançais en Italie ^ dmns les mn-
1766, tome yill, p>g. a()3, édition
fnelqucfl rainoni de p«n*cr que, ebem
les accepliom de* mois harmonie ,
•$Mre , M rapportaient r««pectiTCtB«nl
ion des soiu ,da grave à ''<uj[k^ ma
Ça mesurr , ou mode de divinion
L'opinion assez géiwrrale est qu'ils ne
ni ne connaisMÎeat Y harmonie ^ en
t mot l'accent ion moderne ; cepen-
|>as perçai» d élever encore quelqnes
■•-II*" opinion ? On est assuré qu'ils
des morceaux i Yoctave , soit par les
Y les •uMlrumtrnts , ce qu'ils apuelairat
I y a naturellement nnliphoiiie lorsqae
et des femmes chantent eiisemhle;
Vuiiiison s'appriait homofthojiie ; mais
surer que la sensation de Vacirord
née immétliatcmetil par la nature ,
onnancc du corps suiiore , soil res-
tbnl de siècles , inaperçue aux oreil-
les des niosiciens grecs. Vainement
que la tierce inajenrr trop forte ,
ir<<ient par uue »iiite de quintes jus-
•^Hràve, par riix, comme une disso-
upiMJsant l'assertion exacte, des cen-
ts île voix uu de son» d'instnimenls
iiivf-nt faire entendre la tierce de la
:ord , el d'aillrurs il restait la quinte.
(I«-* instruments do perfiiffion , les
»nl l'orif-ine paraît remonter ù une
ri ruKe. et qui , daus notre système ,
linuireuiont une des sous-orlavcs de la
■ quarte au nravr , ou sa quinte à l'ai-
le ton du morceau qu'on exécute. Ces
s , qni , d'apri-s les fresques et les bas-
u<'» , «-(aieut ioiu*es ensemble par le
len , sonnaient-elles runi>s<m , l'octa-
Miilo d'accord* 7 Nims cil erons , it pro-
TAR
583
uionie, dans ce sens, est une sucet-
sion ii accords , soumiae à des règles
d'après lesquelles on peut composer
plusieurs chants difiërentSy qui, as*
sujëtts à un rhythme commim , et en-
tendus ensemble , font un efièt agréa-
ble à roreille : c'est ce qu'on appelle
jouer ou dbanter enpartiet» On rë-
gks ont été' trcovéet ]^r tâtoanemciity
en prenant pour guide le aentîmeiic
de l'oreiUéy bien des sièdes tTasC
qu'on se fut avisé de voaknr les rap-
porter à des principes phTBic9-iM|'
thématiques. La théorie fondée nir
ces principes a deux parties dîstine-
les : dans l'une, on considère les sons
en eux-mêmes; dans l'autre, on les
considère par rapport à l'impresMoa
qu% font sur nos organei. iLa pre-
mière partie est assez avancée; mais
la seconde est encore bien inconpl^
te. Heureasement , cpioique loi loi»
assignées à^ l'harmonie, à la fianaâf'
tion, à la succession des aoeoids, se
soient qu'exp^imenlales , eapyii-
ques, leur piHaite oenvensnee avee
notre organisation n'en cet pasMoias
une véritéde fait incontestable AÎHt,
qu'une oreille , sans être préparée par
aucune succession aniéncorede sens'
ou d'accords» entende deux sons à
rÎAtervalle d'one seconde , conie
ut y ré y elle désirera naturdieBMBt
la solution de cette seconde, par 1»
pos de cesIttiM, onepaUodinltf qmiiiOMafrBppé».
en voyant k aMs«MiiiM oollactiQa é» imiM ^m^
M. Pacho ■ rapportée dt U (WrénMqae; c<w ta-
bès cuoiqaes sonoras sont mam de ewrill»*»*»
près semhhltlw à celks au inMr ■■!■ à xnriM.
Lnfin ponrquoi les iouenrs de harpa, pcÎBt» «ar I«b
murs des tombeam des rois , ft iMWs , dêmm fc
grotte appela CaUtnmbes des harftê^ OBtrilB,
comme nos bwrpîstes actneb ," les deux ■wits •■»>
pkrférs cttseralile ^ faire somer les cardai 1 ( Vo^..
If grand ouvrage jmhlii fmr la Comumitdon rf'JB-
^rpte). Ces faits , aavqmU m mirait sncwa an
aîunter d'anlrca, sont propraa à tmn i
que les anciens connaÎMaiôit at aoylojaiaat dlai-*
très accords ^Mi calai à» roetair». C<tt» ■"■y*
présente encora «d varta chna» da tumtrmfÊ è
hmt q« i*o€cnp«td«nifaMraat dtlatMria
584
TAR
morohe diatonique d'une dos deux
notes , savoir : la descente de Vut sur
le si y ou la montée du re sur le mi
( ceux qui connaissent la théorie de
Rameau verront, dans la seromle so-
lution, de l'analogie avec une marche
de sixte, qu'on lui a bien contestée).
Si l'oreille, préparée par une harmo-
nie dans un ton détermine , celui
à^ui , par exemple ^ est frappée par
la simultanéité des sons sol^ si, ré ^
fa y l'appel de Vut par le si, et du mi
par le fa, se fera aussitôt sentir ; et
l'oreilfe se reposera agréablement sur
la solution sol, ut, mi. Elle aurait
un appel de plus , et même une
augmentation d énergie dans les deux
autres, s'il s'agissait du mode mineur
et de la solution de si, ré ,fa , la b
par ut y mi b, sol, etc. On serait dans
une grande erreur si l'on pensait que
de pareib effets sur nos organes sont
des résultat5 de convention ou d'ha-
bitudes acquises. Il est bien vrai que
la fréquence des sensations, l'exerci-
ce, donnent ci une oreille juste une plus
grande finesse de sentiment; mais ces
phénomènes organiques ont leur prin-
cipe préexistant dans la nature ; et on
les retrouvera les mêmes chez tous les
individus bien organisés. Nous con-
naissons des théories musicales dans
lesquelles la considération des appels
dont nous venons de parler a été
employée comme un moyen de rap-
porter les rëdes de l'harmonie à des
espèces de lois d^ affinité ou d'attrac-
tion; mais de pareilles théories ne
sont, au fond, que des modes parti-
culiers d'énouciation des phénomè-
nes , dont elles ne founnssent pas
l'explication. Rameau, dans son sys-
tème, a immédiatement attaqué les
diiHcultés. Profitant des découvertes
faites sur la résonna uce du corps so-
nore ( V. Raucau et Sauveur ), il a
pris pour base de sa théorie la pro-
TAR
duclion des harmoniqHes qui se font
entendre avec le son fondamental,
La longueur d'une corde sonore étant
représentée par i , les premiers har-
moniques , ceux qu'une oreille un
peu exercée distingue dans le sovémi*
par cette corde, surtout si cUe est
métallique et résonne nettement dans
les tons graves , donnent les unissons
de ceux que feraient entendra ds
cordes des mêmes matière , grosseur
et tension , dont les longueurs seraient
% , '/î 1 'A y Vs- ï^ son» % rt '{
ne sont que des répliques d'octaves;
mais on a V3 et */s , le premier, oc-
tave de la quinte^ et le second, do«blr
octave de la tierce majeure. Ain
voilà l'accOrd parfait majeur lâen
éubli. 11 s'agit ensuite de uer à ces
phénomènes de résonnanœ raocorl
parfait mineur, les accords diiio-
nants , leurs préparations , leurs so-
lutions; et l'on ne peut se dissimnkr
qne cette tâche présente de gnmds
embarras. Au reste , ce n'est pas dans
les ouvrages de Rameau qu'il &iit
chercher la solution de ces dîffical-
tés;- mais dans les Elémenis de wuh
sique théorique et pratique ^ aûpaat
les principes de M. BameaUj édmr'
cis , développés et simpi^h par
d'Alembcrt ( Fo^'ez l'art. d'AuH-
BERT ). La théorie de k basse famdÊr
mentale, qui simplifie et abrqp eo»-
sidérablement l'étude de l'haraumiey
est présentée , dans cet onynge, avec
une clarté et un ordre parfaits. Voîâ
maintenant la notion sommaire que
nous avons donnée, dans notrelf «m-
nique analytique, du systone mus-
cal par lequel Tartini a tooIu mb-
placer celui de Rameau : « Tardm a
é pris, pour arriver au mJme bot,
» une route inverse, en appaifooe.
D de celle de Rameau. Il a reaanaB
» qu'en faisant entendre cmmhc
rt deux sons voisins qndooB^Mi-prift
TAR
« parmi ceux que rendraient les sous-
» divisions •/• , '/a , % , '/s , etc. ,
» d'une corde , sous une tension cona-
» tante, on entendait en même temps
9 un troisième son , engendre par fi^
r> deux autres, et qu'il a juge être le
9 son '/». Tartini a ët^ trompe par
i> ridentité des octaves , et a pris
» pour le son i de la corde entière
» le son */» de sa moitié, qui est l'oo-
9 taye du précédent. La production
» de ce troisième son a pour cause
s> infim'ment probable les coïnciden*
» ces des vibrations des deux sons
» e^érateurs, coïncidences qui, pen-
» dant un temps donné, s(mt en nom-
9 bie égal à cdui des vibrations de
9 la corde i , pendant le même temps.
» Lorsque ces coïncidences ont lieu ^
ji il en résulte des renflements de
9 sons ou battements ( suivant Tex-
» pression des organistes) ^ qui^ af-
9 fectant l'oreille plus fortement que
» les vibrations intermédiaires, don-
» nent la sensation d'un son particu-
» lier, distinct des deux sons réelie-
» ment produits par des moyens mé-
» caniques. « Cette explication est
entièrement conforme à cdle que le
frand géomètre Lagrange a donnée ,
ans un Mémoire sur les phénomènes
du son, faisant partie du premier yo*
lume de la Collection de l'académie
de Turin (9). Ainsi la connaissance
des premiers phénomènes observés
du même genre que ceux qui ont-servi
de base au système de Tartini est
due à Sauveur. Nous avons parlé, à
Farticle de ce savant , de l'usage qu'il
en a fait pour connaître le nombre
absolu de vibrations longitudinales
pendant un temps donné, d'un filet
{tf\ Voye» Im Mi\celUinra philo/inphieo-malke»
mmOcm $ocietalit pri¥atm Titrùiemiis , aonée 175Q,
^""*- I » P"K« >o3 , et la Mifami^tu amutjli^ue oe
r^trar dm ect«rtide, s*, cfteti*, 4<>. Mction,
TAR
585
oucylindred'air,mis en motfvement^
dans un tuyau , de manière à rendre
im son musical déterminé (^. Sau-
veur ). Nous n'en devons pas moiiif
rendre , k Tartini, la justioe de dire
qin'il ne tint que dé lui-même la a»-
naissance du troisième son , qomque
ses expériences soientpostérieuresyde
plusieurs années, k ceUesde Sauveur,
qui sont consignées dans les Mémoi-
res de l'académie des sciences de
1 700. On voit , page 36 de la Disser-
tation de Tartim , portant la date de
1767 , qu'il fit sa découverte sur
le violon à Ancàne , en 1714 : ne
voulant point y mettre de mystère,
il s'empressa dCe la communiqaer aux
Srofesseurs de musique , et en fit un
es éléments de l'instruction des êh-
ves de son école de Padoue. Elle fut
bientôt généralemient connue; mais
son analogie avec les expériences de
Sauveur ne fiit saisie et expliquée par
Lagrange que long-temps après. Les
Mémoires de Sauveur n'étant los
que par un petit nombre de savants,
et les ouvrages de Tartini étant exr
trêmement rendus, ce deniîer a
dû naturdkaient avoir, aux jeui^
du public, la gloire «Lclosîve de
l'invention (loV Ainsi , tandis foe
Rameau engendre les sons aigus ptr
(le)Tiirtini a employa an* .
tfqtthralMito à cdl« éêlfmtfjm
mmMnt à I'umic aairi par !«•
et Ttipœirr eomme has0 ou Jimdtmmft (
OOBUMfliiMM
, 1m aoiw gr«T«i de l'acounl «l| nUy tmif
et de Ms reoTerscmeiits mû, sol, mit «M, wt^ «i.
<Wtte ëq«iToc|se de awU a feUdir«A 4
penoimei pea iartruites dans etttf ^
ta preni^ id^ de la êmuêJMU
paiianait pas à Bw— n t iUaaa'aaftpaaidI
tioo que ce nnisieien doaae exdmhrêweiit le mmb
dejhndmmtnude k k note la plaa mtm d*an «i-
ctnrd dont Ica mm m treaTeot tmtUétmêhvtmr
dre direct, comoM ioiàÊÊuV*C90wà9êlt ù, fé,
yâ, et <pM cette aote tmmtf aom mam <*- ^dh
miemtmU dau to«a lu mmriwMfa de dm
• I»
586
TAR
les sons graves , Tardn! engendre les
sons graves par les sons aigus : on
peut dcfriver d'une source commune
ces deux manières de procéder qui
paraisjient si différentes ; mais ce n'est
pas ici le lieu de traiter une pareille
question. Des Mémoires soumis en
ce moment au jugement de l'académie
royale des sciences de Paris , jette-
ront un grftnd jour sur cette matière,
et les lumières qu'ils répandront
ajouteront de nouveaux titres à ceux
que la célèbre école polytechnique
s'est déjà acquis à la reconnaissance
du monde savant et de la société
en général. Quelque incomplets que
soient les systèmes de Rameau et de
Tartini , ils n'en ont pas moins été fort
utiles et à l'acoustique et à la théorie
musicale ; ils ont ouvert la voie,
donné l'impulsion; et si l'on pos-
sède jamais une théorie musicale
complète , une partie de la gloire de
sa découverte devra appartenir aux
deu\ hommes qui , les premiers ,
ont tenté de substituer des principes
raisonnes à l'empyrismc. — Tartini
eut toujours les meilleurs procédés
pour son épouse , quoiqu'elle le ren-
dît malheureux par son mauvais ca-
ractère. Les émoluments de sa place
étaient bien faibles ( quatre cents du-
cats); cependant, non-seulement il
en remplissait les fonctions avec la
plus scnipuleuse exactitude , mais,
connne chef d'orchestre , il jouait,
par complaisance et par zèle, beau-
coup plus souvent que ne le portaient
ses engap;emenls. Malgré la uiodiciié
de son revenu, il trouvait le moyeu
de soulager des familles indigentes,
de faire élever des orphelins à ses
«o/, ri fftt , r'rmi i'in-t>rr .*i7, l'iiï ml npjM'li'r /«■/.•-
tiuiHcntiilc. De lîi i rilr .liniplificHtinti dr la lIniiHe
liarniuiiî(|ur , par l'IiMirrux < I>iMninriit on crmiiiiii,
ou t.i\JiimiUc* , li'MTfirdft ili>iil .iup*iniTaiil rbacuii
eiail cutuidi-re iiKtividuelleBwut » utolcautil.
TAR
frais. Les élèves qui y afccdeidi^
sitions y étaient trop paarres pov
payer ses leçons, les reeerateat p»'
tuitement. Ses ^ods talents ont rat-
dn sa mémoine impërissaible ; sesvcp-
tus la feront chérir. Les ouvngcs
dans lesquels Tartini a «spoeé m
théorie musicale sont : I. TwmiUHI»
di musica , seeondo la verm 5c»nu»
delT ormonia ; Padoue ^ inS^pm-
4^. On trouve un extrait
cet ouvrage dans le Dictionnaire de
musique de J.-J. Rousseau, k l'ait.
Système. Serre de Geoëre ajaat vi-
vement attaqué la théorie de Tarnuy
celui-ci répondit par un nouvel o«-
vrage , ayant pour titre : II. BùpotU
diGiuseppe Tartim alla eriikméd
di lui Traitato di musiea , di Jf.
Strrre di Ginevra, Venise, 17^,
in-8^. Tartini, tout en rcpondaiit à
cette critique, en profita ncSmmoÎBS,
et il améliora sa théorie dans on
troisième traité intitulé : III. Disser-
tazione dei prindpj dtff mrwumia
musicale, conienuta nel djaigmeo
eenere, Padova, 1767', in 4*. Les
manuscrits inédits dont
Sarlé offrent, d'aprks les npparts
e ceux qni les ont eiawoéi, des
idées systématiques étnagocs à k
théorie musicale. Son poitrait a été
gravé en France d'après le dessii
de M. P. Guerin appartenant k M.
J.-B. CarttRr. P— wt.
T AilU FFI ( Josera - AirroniB ),
l'un des premiers poètes de l'ItaKt
dans le dix-huitième siècle, naqnità
Bologne, en 1722, et fit scséWa
chez les jésuites de cette Tille* OUip,
par la volonté de sa iamîlle, de se
consacrer à la Jurisprudence , il fa|
reçu docteur , en 1739, et se ren£t
à Rome pour achever ses étuddi
Ayant aloi-s perdu son père, il mal
à ses premiers gaùtB litlâniicif rt
selivra avec beaucoup d'aidenrh-iife
TAl
our k poëiîe. Il «ocompagoâ
rd en Poloçney comine secrëuî-
uirdmal Yisconti , quiafaitélé
é nonce apostolique dans eetto
e , et se fit tellement estimer de
lat^ qu'il fut nommé auditeur
ncelier de la nonciature. Lors-
cardinal retourna en Italie ^
i resta à Vienne, où il fut
î des affaires de la cour deRo»
'est alors qu'il se lia avec leeë-
Mëtastase, qui lui fit sourtnl
leur de le consulter , et loi don»
e son c6te, d'excellents avis
ses compositions poétiques,
je le pape Clemeut XIV enC
é un antreintemooce^ Tamfi
À Rome, où il se consacra
liier à la culture des lettres. It
it dans cette ville , le ao avril
Ses principaux ouvrages sont
Recueils de poésies , Rome,
et un Eloge de Métastase y
, 1783. Z.
RUTIUS ( Lucius ) , appelé
Tarruntius , et surnommé Pir^
î, philosophe mathématicien,
à Firmium , ville d'Italie au
es Piccntins. Tout ce qu'on sait
rie, c'est qu'il était contempo-
: ami de Cicéron, ainsi que de
n. Le premier de ces écrivains,
iou Traité De la Divination
II , eh. 47 ) , le qualifie de fa-
is noster. Tarutius se mêlait
mp d'astrologie judiciaire. Il
iprofondi la science des Ghàl-
; et Pline nous apprend qu'il
fcrit en grec un Livre sur Tas-
fiie. C'était sur le passé et non
venir que cet astrologue avait
enlion d'établir ses horosco-
t il les appliquait à l'histoire
ne. Ce que raconte Plutarque ,
ît de Tarutius , prouve à quel
les titres de mathématicien et
>logue donnaient à caix qui
TIR 5B7
s'eD devaient dn les anciens le
prÎTiWgadesejouer de k crédulité des
iMMMaMs, deeenxuièn»^ passaient
alors pour très-ëcUr^ Vairon , k
plus savant des Raauiîns dans Fkîs*
toîrt, proposa à TatutiaSySOB bbî,
de trouver le yw et Yïmat de la
uaÎKance de Boasalus^ en remontant
depuis SCS actions conBues, oomme
cela se pratiqns ponr la rësohrtÎQs
des proMtees ait géométrie. Le pU-
losoj^he de Finpwm , apsèe avoir
conndëié les actions de Roanks,
les ciroonstances dosa vie et le genre
do sa mort, ei comparé tons ces ifr-
cUents fBseadble y prononça baidî-
mem, eonune un fait inoontestaUoy
qee œ frînee 'avait 4té oonfn la pie»
nièie année de ia seoendeotym^iiade,
le vingt - trouième )0«r dn mois qno
les Émtiens mMnmcnt okoiak, ven
la troisième heure du jour , àla^icUo
il y eut nne éclipse entière de sekil;
Su'il vint au monde le ai du mois de
^ot , vers le lever du soleil , ^ oa'il
fonda Rome le g du mois de pnar-
mouti ( I ) ; date qui , selon Petau, ré-
pond au 4 octobre. Cicéron ( loco Ck"
tmiù) raraorte le même fait d'une
manière nien différente : il dit que
Tarutius, « remontant au jour de la
» fête de Paies , ou, sdon la tradition,
9 Rome (ut fondée par Romulus , di-*
TU sait que la lune était alors dans la
9 balance ; et il n'hésitait pas à tirer
» l'horoscope de Rome. » Du reste 9
on doit à Plutarque et à Cicéron la
justice de reconnaitre qu'ils n'étaient
pas aussi confiants que Varron dans
la science de Tarutius. Le premier
rapporté l'anecdote du ton de l'iiH
crédulité; et le second s'écrie : « Pds-
» sance inconcevable de l'errenr !
» quoi ! le jour natal d'une ville ap-
» partiendra aussi à rinflucnce éa
(1) PWfprqM, rit 4»
589
TAR
» étoiles et de la lune! etc. » Une re-
marque très - grave peut toutefois
trouver sa place , à propos de la dif-
férence du jour que chacun d'eux a
prétendu que Tanitius assignait à la
fondation de Rome. Le jour de la fête
de Paies 9 mentionné par Gice'ron^ ré-
pond au 21 avril, date bien éloignée
de celle du 4 octobre , qui résulte
du texte de Plutarque. Ge qu'il j
a de certain , c'est que Varron n'a
pas craint de donner le calcul chi-
mérique de son ami l'astrologue
pour base de sa chronologie ro-
maine. Solin cite également Tarutius
comme garant de la date de la fon-
dation de Rome; et il l'appelle le
Çlus célèbre des mathématiaens {2).
'arutius est mentionné par Pline au
nombre des auteurs d'où il a tiré les
matériaux du dix- huitième livre de
(a) Solia , cb. 1*^. , pagt s , Mit. de SaaiMUic.
TAR
son Histoire naturelle (3). On Fa ciri-
fondu quelc|iiefeis avec Lachis Am-
tins f historien y qui avait pnUié, soos
Auguste, riiistoirc de la premièie
guerre punique, et aiu|iid SéoèqiK
reproche son afifectation maladroile
à imiter le stjle de Sillaste. Bajie
a fait un article cnrieiix sur le ma-
thématicien Tarutius, qu'il appelle
Tarruniius (4)* M. Schcdl Ta omis
dans son Histoire abrégée de U
littérature romaine; et id mtee
l'on n'aurait pas jugé cet astroloeiie
digne d une notice particulière , a le
trait que Ton avait à citer de lui ne
confirmait ropinion énoiioée dios
plusieurs autres articles sur l'inoerci-
tude de l'histoire des premien aè-
des de Rome. D— ii— a.
(5) Lit. i«».
(4) Voye,
Tarutiut.
t. «r
FIN DU QVABAIfTE-QUATRlEME VOLVItB.
mu\ IfIBKAKY
Jlii..rv..ft fnlh-rh....
l'itivhimrftiiiISOl