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Full text of "Antiquités nationales, ou, Recueil de monumens : pour servir à l'histoire générale et particulière de l'empire françois, tels que tombeaux, inscriptions, statues, vitraux, fresques, etc. : tirés des abbayes, monastères, châteaux, et autres lieux devenus domaines nationaux"

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ANTIQUITÉS 

NATIONALES. 


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ANTIQUITÉS 

NATIONALES 

o  u 

RECUEIL  DE  MONUMENS 

Pour  servir  à  l'Histoire  générale  et  particulière  de  l'Empire 
François  ,.  tels  que  Tombeaux  ,  Inscriptions  ,  Statues  , 
Vitraux ,  Fresques ,  etc.  ;  tirés  des  Abbayes ,  Monastères  , 
Châteaux  et  autres  lieux  devenus  Domaines  Nationaux. 

Pak  Au  b  in-  Lou  I  s  M I  LLI  N  ^  Conservateur  du 
Muséum  des  Antiques  a  la  Bibliothèque  Nationale ,  Profes- 
seur d'Histoire  et  d' Antiquités ,  etc.  etc.  etc. 

TOME      CINQUIÈME. 


A    P  A  R  I  S, 

Clïéz   D  R  o  u  H  I N  ,   Éditeur  et  Propriétaire  dudit  Ouvrage 
rue  de  Vaugirard  ,  n°.  1348. 


DE    L'IMPRIMERIE    DE    TESTU.    AN    VII. 


1 


N?L1. 


J.inii>xin^  ./;•/. 


a ,vu'%'niu'Ue ,  Stulp. 


ANTIQUITÉS 

NATIONALES. 


h  I. 

COLLÉGIALE  SAINT-NICOLAS  A  AMIENS. 
Département  de  la  Somme. 

iN  I  c  o  L  A  s  éloit  lié  à  Palare  en  Lycie ,  d'Anne  ,  sœur  de  Nicolas 
Fancien ,  archevêque  de  Mjre ,  et  d'Euphémins ,  homme  pieux  et 
chai-itable.  Nicolas  se  préparant  de  bonne  heure  à  l'abslinence  , 
commença  à  jeûner  dès  le  berceau.  Il  tettoit  ordinairement  plu- 
sieurs fois  le  jour ,  excepté  le  mercredi  et  le  vendredi  qu'il  ne  tettoit 
qu'une  fois  vers  le  soir ,  encore  n'éloit«ca  que  de  la  mamelle  droite 
où  le  lait  est  moins  épais  que  de  la  mamelle  gauche  plus  voisino 
du  cœur  (  I  ).  ' 

Ses  parens  eurent  une  vision  ;  elle  leur  annonça  que  leur  fils  s. 
ïin  soleil  qui  éclaireroit  l'univers.  Il  les  perdit  bientôt;  mais  l'ar 
vêque  de  Mjre  admirant  la  piété  de  son  neveu,  lui  donna  la '^^ 
trise  et  le  fit  supérieur  d'un  monastère ,  appelé  la  sacrée  Sion.  Il 
mourut  peu  de  tems  après.  Nicolas  quitta  alors  ses  religieux  et  partit 
pour  la  Terre-Sainte.   Ce  fut  pendant  ce  voj'^age  qu'il  appaisa  une 
tempête"  sur  la  mer  ;  il  opéra  des  guérisons ,  des  résurrections  ,  fit  des 
exorcisnaes  et  des  miracles  de  toute  espèce.  Nicolas  arrive  enfin  à 

(  I  )  La  vie  du  grand  et  incomparable  évêque  de  Myre  ,  p.  3. 

A 


s  Saint- Nicolas     a    Amiens. 

ijérusalera,  passe  quelque  tems  dans  une  caverne,  et  Dieu  lui  ordonne 
ensuite  de  retourner  dans  son  pays» 

Revenu  dans  son  monastère  ,  il  fit  le  miracle  de  la  multiplication  ^ 
et  il  le  renouvela  tant  de  fois ,  qu'on  vit  bien  que  ce  n'étoit  qu'un? 
simple  jeu  pour  lui.  Bientôt  après  il  fut  sacré  évêque  de  Myre  ^ 
et  il  assista  en  celte  qualité  au  concile  de  Nicée>  De  retour  dans 
son  église ,  il  prêcha  le  christianisme  et  montra  le  plus  grand  zèle 
pour  la  destruction  de  l'idolâtrie.  Il  fit  beaucoup  de  miracles  :  le 
plus  singulier  fut  de  ressusciter  trois  jeunes  écoliers  qu'un  hôtelier 
avoit  tués  et  qu'il  gardoit  dans  un  saloir  pour  vendre  leur  chair 
comme  de  la  viande  commune.  C'est  en  mémoire  de  ce  miracle^ 
qli'on  le  représente  toujours  avec  trois  jeunes  garçons  dans  une  cuve, 
et  que  les  écoliers  l'ont  pris  pour  patron  ;  c'est  aussi  pour  les  nom- 
breux miracles  qu'il  a  opérés  sur  la  mer  ,  que  les  nautonniers  l'invo- 
quent dans  leur  détresse» 

Nicolas  mourut  d'une  fièvre  ,  vers  l'an  826;  il  fut  très -regretté.  On 
lui  bâtit  des  églises  ,  et  les  merveilles  qu'il  opéra  après  sa  mort  surpas- 
sèreiït  encore  celles  qu'il  avoit  faites  pendant  sa  vie.  Son  corps  de- 
meura à  Mvre  jusqu'en  108,7.  Cette  ville  ayant  été  ruinée  alors  par 
les  Turcs  ,  quarante  bourgeois  le  tirèrent  de  son  sépulcre  et  le  por- 
tèrent à  Bari,  où  ils  lui  élevèrent  une  églis^magnifîque  (  2  )  ;  elle 
altLre  un  pèlerinage  très-céléln-e. 

Saint  Nicolas  a  plusieurs  églises  en  France  :  la  princîpale  est  celle 
"  Saint-Nicolas-du-Port  en  Lorraine,  dont  j'ai  déjà  eu  occasion  de' 
un  mot. 
.  collégiale  de  Saint-Nicolas  que  je  décris ,  étoit  un   des  plus 

uiehs  monumens  de  la  ville  d'Amiens  ;  elle  fut  commencée  (  3  ) ,, 
•<•  i\»  le  milieu  du  neuvième  siècle,  sur  les  fondemens  d'une  ancienne' 


(2  )  Pendant  cette  translation  le  corps  de  Saint  Nicolas  distilloit  une  liqueur 
balsamique  et  salutaire,  dit  l'empereur  Emmanuel  dans  son  éloge  de  Saint 
Nicolas.  Aringhii  Roma  subterr.  T.  i  ,  p.  46,  §.  14,  selon  les  légendaires-^  les- 
corps  des  saints ,  dans  leurs  translations ,  répandent  toujours  une  huile  odori^ 
féranle.  Voye^  article  chartreux,  note  5,  à  la  iin. 

(  3  )  Daire  ,  hist.  d'Amiens,  T.  II  j  p.  196. 


s  A  I  >f  T  -  N  I  c  o  L  A  s     A    Amiens.  3 

cliapelle  dédiée  à  Saint  Vincent  ;  Dreux ,  évêque  de  Thérouanne  ; 
en  est  le  fondateur.  Ce  prélat  mourut  en  1078  ;  il  fît  achever  le 
chœur  ,  conjointement  avec  l'archidiacre  Varnier  :  ainsi  sa  construc- 
tion ne  peut  pas  «tre  d'une  date  plus  récente.  Il  est  remarquable 
que  cette  époque  est  précisément  celle  que  Sigebert  assigne  à  la 
translation  qui  fut  faite  des  reliques  de  Saint  Nicolas  de  Myre  eu. 
Ljcie,  à  Bari  dans  la  Fouille.  | 

Le  portail  que  j'ai  fait  dessini-r  (  Voyez  la  Planche  Jig.  3  )  .^ 
moment  de  sa  destruction,  a  été  construit  avec  la  nef,  vers  1200;  le 
dix  statues  qui  le  décorent  en  sont  la  preuve ,   puisque  les   deux 
figures  couronnées  que  l'on  voit  à  droite  et  à  gauche^,  sont^- suivant 
le  père  Daire  ,  Philippe-Auguste  et  Ingelburge  sa  femme. 

Ce  portail  étoit  orné  de  grotesques ,  qui  supportoient  dix  figures , 
cinq  de  chaque  côté. 

Ces  figures  sont  placées  sous  des  baldaquins  ,  et  appuyées  sur 
des  petites  colonnes  dont  les  chapiteaux  ont  des  feuilles  d'acanthe  ; 
elles  sont  supportées  par  des  figures  de  singes  ,  d'animaux  et  de 
monstres,  posées  sur  des  petites  colonnes  qui  leur  servent  de  piédestal. 

La  première  figure,  à  droite ,  est  celle  d'Ingelburge,  Nous  avons 
déjà  publié  une  figure  de  cette  princesse  (  4  ).  ^ 

Les  figures  qui  viennent  ensuite  sont  éelles  de  St.  Jean  et  de  dewx 
autres  saints  ;  la  dernière  uaîtrée  et  tenant  un  enfant  dans  se''  bras , 
est  celle  de   St.Nicolas,   éyêque  de  Mjre  (  5  ). 

La  première  figure ,  en  revenant  à  gauche  près  de  la  porte  ,  f 


(  4  )  Art.  de  Saint  Jean-en-Lille.  Ant  nat.  T.  III ,  art.  XXXIII,  pi.  V,  p.  '^9.  ; 

(  5  )  On  représente  le  plus  souvent  Saint  Nicolas  avec  trois  enfans  dans  une; 
cuve.  Voyez  ci-dessus  p.  2.  Mais  on  le  peint  aussi  quelquefois  accompagné  d'un 
mfant  ou  adolescent  j  en  mémoire,  sans  doute,  du  miracle  attesté  par  les  lé- 
gendes ,  qui  racontent  que  ce  prélat  apparut ,  après  sa  mort ,  chez  un  prince  Sar- 
razin ,  et  enleva  de  son  palais  ,  au  milieu  d'im  festin  ,  un  jeune  garçon ,  fils 
«nique,  que  les  infidèles  avoie^l  fait  esclave,  et  le  rendit  jour  pour  jour,  un 
an  après  sa  captivité ,  à  ses  parens  qui  célébroient  la  fête  du  pentife.  De  là  les 
jeunes  garçons  l'ont  adopté  pour  le  patron  de  leur  confrérie. 

Saint  Nicolas  ,  invoqué  aussi  par  les  nautonniers  ,  à  cause  des  tempêtes  qu'il 
appaise ,  et  des  naufragées  dont  il  préserve ,  est  dépeint  quelquefois  avec  les 

Aa 


4  S    A    I    N    T-N    I    Q   O    L    A    s      A      A    M    I    K    N    S. 

également  couronnée.  C'est  peut-être  Philippe  I,  sous  le  règne  duqnel 
cet  édifice  a  été  commencé  ,  le  rouleau  qu'il  tient  dans  sa  main 
seroit  alors  le  dij^lôme  ou  privilège  de  concession  ou  de  confirmation 
de  l'église. 

A  côté  de  cette  figure  est  celle  d'un  saint  ;  il  relève  avec  sa  main 
gauche  un  pan  de  sa  tunique. 

La  figure  qui  vient  ensuite  est  armée  d'un  sabre ,  et  paroît  étse 
celle   ae  Saint  Barthélémy. 

L'autre  figure  est  celle  d'un  vieillard  ;  il  porte  la  main  droite  sur 
la  tête  d'un  enfant  et  paroît  écouter  avec  attention  ce  que  la  figure 
couronnée  ,  qu'on  voit  ensuite  ,  semble  lui  dire. 

Si  cette  figure  couronnée  est ,  comme  nous  le  pensons ,  celle  de 
Philippe-Auguste  ,  époux  d'Ingelburge  (  6  )  ;  que  signifient  alors  ce 
vieillard  et  cet  enfant  ?  c'est  ce  que  je  ne  puis  expliquer.  Je  me  rap- 
pelle cependant  d'avoir  vu  un  grouppe  tout-à-fait  semblable  dans 
d'autres  églises,  et  dernièrement  encore,  à  Notre  -  Dame  d'Arras  ^ 
dont  je  publierai   bientôt  la  description. 

Le  fond  du  portail  représentoit,  comme  sur  plusieurs  autres ,  le 
mariage  et  la  mort  de  la  Vierge. 

.  Ce  portail  était  séparé  par  un  jambage  qui  servoit  à  une  porte 
à  deux  battans.  Peut-être  contenoit-il  d'autres  figures  curieuses.  Je 
n'ai  pu  faii-e  dessiner  cet  édffice  q^ue  dans  l'état  de  destruction  où 
on  \,e  voit. 

Zfn  apperçoit  No.  2  les  restes  de  la  nef;  on  peut  juger  de  sa  cons- 

Cckon  par  ses  ruines. 

Cette  nef  ne  fut  construite  que  vers  l'an  119^,  tems  auquel  lès 
.];gligieux  de  l'abbaye  de  Saint-Martin-aux- Jumeaux  cédèrent  aux  cha- 


atlributs  de  la  marine.  L'on  ne  conçoit  pas  comment  la  fantaisie  des  peintres 
ne  les  a  pas  portés  à  le  caractériser  plutôt  par  un  trait  intc'ressanf  de  sa  vie  et 
qui  n'est  ni  moins  miraculeux,  ni  moins  propre  à  exercer  l'imagination.  Enflammé 
du  zèle  de  marier  les  filles,  il  alloit ,  pendant  la  nuit,  jeter  des  sacs  d'argent 
dans  la  maison  des  pères  de  famiUe  qui  n'avl)ient  pas  de  dot  à  leur  donner. 
Cette  dévotion  et  cette  géne'rosilé  en  valoieat  bien  un  autre.  De-là  vient  le 
proverbe  :  Saint  Nicolas  ,  qui  marie  Us  filles  avec  les  gas, 
(6)  Aût.  nat.  T.  III,  art.  XXXIII ,  pag.  29. 


s  A  I  N  T  -  N  1  c  o  L  A  s    A    Amiens.  ii 

noines,  du  consentement  del'évêque  Thibaut,  une  portion  de  terre 
pour  i'aggrandir.  On  y  travailloit  encore,,  en  1207,  aux  frais  du 
chanoine  Milon ,  vicomte  de  la  maison  de  Poix.  J'en  ai  fait  graver 

les  restes  ,  Jjg-  i . 

Les  fonts  éloienl  très-anciens.  On  y  apportoit ,  dit-on  ,  autréFois 
pour  être  baptisés  ,  les  enfans  de  la  paroisse  de  Saint-Martin-au- 
Bourg ,  dont  les  chanoines  de  Saint-Nicolas  éloient  curés  primitifs , 
et  quelques  titres  appellent  cette  église  collégiale  et  paroissialo. 

Le  maître- autel  étoit  en  marbre;  les  stales  et  les  grilles  qui  dé- 
coroient  le  chœur,  étoient  dus  aux  libéralités  de  François  et  d'Adrien 
yilmain,  chanoines  de  cette  église,  avant  de  l'être  de  cette  cathédrale. 

Il  y  avoit  autrefois  haute  et  basse  sonnerie;  mais  l'an  1697  les 
eanonlers  (  7  )  emportèrent  les  cloches  et  les  vendirent  depuis  à  la 
paroisse  Saint-Jacques-la-Boucherie  ,  à  Paris. 

L'église  étoit  desservie  par  huit  chanoines  à  la  collation  de  l'évêque  ; 
ces  prébendes  valoient  5oo  livres.  Dans  certains  jours  de  l'année 
ils  siégoient  dans  les  hautes  formes  du  chœur  de  la  cathédrale  du 
côté  gauche.  Le  clergé  a  été  fort  nombreux;  il  consistoit  jadis  en  huit 
chapelains  ,  dont  sept  avoîent  été  fondés  par  le  chanoine  Milon  ,' 
vers  le  treizième  siècle,  huit  vicaires  et  deux  clercs  de  l'œuvre.  Les 
chapelains  étoient  chargés  de  commencer  et  finir  l'office  que  le» 
vicaires  chantoient  d'obligation  ;  ils  fournissoient  le  pain  ,  le  vin  ,' 
le  luminaire  et  tout  ce  qui  étoit  nécessaire  au  service  divin  j^ils 
assistoient  à  l'autel  en  qualité  de  diacres  et  de  sous-diacres  ,  qi^ 
les  chanoines  officioient  et  suppléoient  pour  eux  en  leur  absencei.*Hi 
avoient  leur  cloître  et  leurs  maisons  près  de  l'église ,  du  côté  de  la 
cathédrale  ;  et  on  voit  encore  les  deux  portes  par  où  ils  entroient  ^ 
et  qui  ont  été  fermées  ensuite. 

La  huitième  chapelle  ,  dite  de  la  Rose  ,  avoit  été  fondée  par  Jean 
de  Navre,  orfèvre  d'Amiens;  comme  iln'avoit  attaché  sa  fondation 
à  aucune  église  en  particulier,  son  exécuteur  testamentaire  la  plaça 
en  celle-ci  dont  il  étoit  chanoine.  Les  guerres  civiles  firent  perdre 
la  plupart  des  biens  donnés  par  le  chanoine  Milon. 

(7)  Chaiioiues^ 


^m^ 


6  Saint-Nicoi,  AS    A    Amiens. 

Les  vicaires  en  titre  ont  été  abrogés  depuis ,  et  toutes  les  chapelles  ; 
à  l'exception  d'une  seule ,  qui  valoit  au  titulaire  l'honoraire  de  ses 
messes  ,  furent  unies  aux  canonicals  le  29  octobre  17 10.  Ce  chapitre 
ayoït  pour  armes  un  écu  d'azur  chargé  de  trois  roues  d'or, 

lia  confrérie  de  Saint-Nicolas  est  un  établissement  très  -  ancien.' 
Autrefois  Je  pèlerin  qui  revenoit  de  la  ville  de  Mjre,  étoit  introduit 
dans  l'église  par  ceux  qui  avoient  fait  le  même  voyage;  on  lui  mettoit 
sur  la  tête  une  couronne  d'argent  doré ,  et  pendant  une  anuée  entiers 
il  portoit  le  nom  de  roi  de  la  confrérie. 


L  I  I. 

CHARTREUSE     DE    PARIS, 

Département  de  la  Seine  ,  Paris, 

Les       Chartrsux. 

J  'a  V  o  I  s  promis  pour  cette  époque  l'histoire  de  rétablissement  des 
chartreux,  dans  mon  article  sur  la  chartreuse  de  Gaillon  (  i);mals 
je  crois  devoir  encore  la  dillërer  jusqu'au  moment  où  je  décrirai  le- 
chef-lieu  de  l'ordre ,  appelé  la  grande  Chartreuse. 

Il  suffit  de  savoir  que  cet  ordre  a  été  fondé  par  Saint  Bruno  ,.  qui  se 
retira  ,  en  1 086  (  2  ) ,  dans  une  solitude  du  Dauphiné  ,  appelée  depuis 
Chartreuse^  il  y  fut  suivi  par  ses  compagnons  d'étude  et  de  piété, 
qui  vécurent  avec  lui  dans  la  plus  grande  austérité ,  portant  des 
cilices  sur  la  chair  ,  ne  parlant  presque  jamais  que  par  signes  , 
n'ayant  que  du  pain  et  de  l'eau  le  merc;redi  et  le  vendredi ,  des 
légumes  et  du  riz  le  mardi  et  le  samedi ,  du  frommage  le  jeudi  , 
un  peu  de  poisson  les  dimanches  et  fêtes.  Ils  se  faisoient  tou,s  saigner 
cinq  fois  et  ne  se  rasoient  que  six  fois  dans  l'année. 

Louis  JX,  dont  le  zèle  pour  la  propagation  des  ordres  religieux 
éloit  sans  bornes ,  fut  si  édifié  du  récit  qu'on  lui  fît  de  la  vie  soli- 
taire des  chartreux  ,  qu'il  en  voulut  avoir  près  de  Paris.  Il  demanda 
au  général  Bernard-de-la-Tour ,  quelques-uns  de  ses  frères  pour 
les  fixer  près  de  lui.  Bernard  envoya  aussi  -  tôt  Jean  de  Josseran , 
arec  quatre  religieux  ;  le  roi  les  établit  à  Chantilly ,  où  il  leur  donna 
la  maison  qu'il  avoit  achetée  de  Pierre  le  Queux ,  avec  ses  dépen- 
dances. 


(i)  Ant.  nal.,  t.  IV,  art.  XXXVIII,  p.  r. 
(  2  )  Helioi ,  t.  VII  y.  p.  373; 


9~ 


f 


2  ChartreusedePar-is. 

Ces  religieux  demeurère«t  un  an  dans  cet  endroit  ;  mais  ils  dési- 
rèrent s'établir  à  Paris ,  et  ils  demandèrent  l'hôtel  Vali^ert  on J^au^ 
vert,  maison  de  plaisance  que  Robert  avoit  fait  bâtir ,  et  qui  étoit , 
dit-on  ,  abandonnée ,  parce  que  les  diables  ,  s'en  étant  emparés ,  y 
faisoient  un  tinlamarre  épouvantable.  La  présence  des  chartreux  les 
bannit  à  jamais  ;  on  ajoute  que  c'est  à  celte  aventure  que  la  rue 
d'Enfer  doit  son  nom. 

D'autres  prétendent  que  cette  anecdote  est  controuvée  ,  et  que  les 
religieux  voulurent  ^''p■ablir  à  Paris  parce  que  le  goût  des  sciences 
qui  s'y  répandoît,  feroit  refleurir  leur  ordre;  mais  Chantilly  est  trop 
peu  éloigné  de  la  ville  pour  que  cette  raison  fût  valable ,  et  l'institut 
de  Saint-Bruno  étoit  plus  propre  à  former  des  solitaires  que  des 
savans  ;  cependant  les  deux  opinions  peuvent  se  concilier  ;  les  char- 
treux ont  allégué,  pour  s'établir  à  Paris,  le  motif  de  s'instiuire  ,  et 
pour  se  faire  adjuger  l'hôtel  Vauvert ,  ils  y  ont  fait  revenir  le  diable 
et  l'ont  chassé  depuis  l'adjudication  (3). 

L'acte  de  cette  fondation  est  daté  de  Melun,  de  l'an  1259.  On  a 
attaqué  l'authenticité  de  cet  acte,  mais  sans  succès  (4). 

Les  chartreux  n'eurent  pas  plutôt  pris  possession  de  l'hôtel  de 
yauvert,  qu'ils  y  bâtirent,  à  la  hâte ,  sept  à  huit  cellules.  Ils  n'eurent 
d'abord  pour  église  que  l'ancienne  chapelle  de  l'hôtel ,  qui  leur  ser- 
ioit  encore  dernièrement  de  réfectoire  ;  mais  bientôt  les  âmes  pieuses 
les  mirent  en  état ,  par  leurs  libéralités ,  de  se  loger  plus  commo- 
'lément, 

Marguerite  d'Issoudun,  comtesse  d'Eu,  légua  par  son  testament  de 
l'an  1260,  quinze  livres  de  rente  pour  l'entretien  d'un  religieux 
prêtre.  Thibaud  ,  gendre  de  Saint  Louis,  fonda  aussi  la  place  d'un 


■m^ 


(3)  Ceux  qui  n'adoptent  pas  l'opinion  générale  sur  rétablissement  des  char- 
treux à  rUôiel  ¥auverl ,  fondent  la  leur  sur  d'anciens  litres ,  dans  lesquels  la 
rue  d'Enfer  est  appelée  via  infmor,  rue  Basse,  par  rapport  à  la  rue  Saint- 
Jacques  ,  qu'on  appeloit  via  supcrior.  C'est  par  corruption ,  disent-ils ,  qu'elle  a 
pris  le  nom  de  rue  d'Enfer  G enna'in  Brice,  tom.  III  j  p.  l65, 

(4)  Hurldud,  tom.  II,  p.  281. 

autre 


Chartreuse     de    Paris."  3 

autre  religieux ,  avant  de  partir  pour  la  croisade.  Il  n'y  avoit  encore 
alors  que  dix  chartreux  à  Vauvert ,  lorsque  Jeanne  de  Châtillon  , 
femme  de  Pierre  de  France ,  comte  d'Alençon  ,  troisième  fils  de  Saint- 
Louis  ,  fonda  quatorze  cellules  pour  autant  de  religieux.  Par  ses 
lettres  Jeanne  suppose  qu'il  y  avoit  déjà  seize  cellules ,  et  que  sa  fon- 
dation complétera  le  nombre  de  trente  religieux  que  Saint  Louis 
avoit ,  dit-on,  résolu  d'y  mettre.  Pour  l'entretien  de  ces  quatorze  cellules, 
elle  légua  deux  cent  vingt  livres  tournois  de  rente.  Les  six  autres 
cellules  furent  bientôt  remplies  par  les  libéralités  de  divers  seigneurs. 
Pierre  de  Navarre  ,  fils  de  Charles  II,  Roi  de  Navarre ,  donna  cinq 
mille  livres  à  ce  monastère  pour  l'entretien  de  quatre  fiiartreux. 
Cette  somme  fut  employée  à  l'acquisition  de  la  terre  deVille-neuve-le- 
Roi,  que  les  chartreux  de  Vauvert  achetèrent  de  ceux  de  la  grande 
chartreuse. 

Jeanne  d'Evrevix ,  troisième  femme  de  "Charles-le-Bel ,  fit  bâtir 
l'infirmerie  avec  six  cellules  accopipagnées  de  jardins  et  d'une  chapelle 
qu'elle  fournit  de  tous  les  meubles  et  ornemens  nécessaires.  L'in- 
firmerie fut  achevée  en  1841  ,  et  Jeanne  consacra  sa  terre  d'Yere» 
jà  son  entretien. 

On  entroit  dans  ce  couvent  par  une  porte  située  sur  la  rue  d'Enfer  ; 
elle  consistoit  en  une  grande  arcade  avec  un  fronton  surmonté 
d'une  croix ,  et  accompagné  de  deux  guichets. 

Une  longue  avenue  plantée  d'arbres,  formant  deux  allées  couverte?, 
çonduisoit  à  la  grande  porte  de  ce  monastère  ;  elle  étoit  ornée  d'y.ne 
sculpture  représentant  la  salutation  angéhque  ,  et  sur  la  J5orte  du 
milieu  ,  d'une  niche  en  coquille,  accompagnée  de  deux  pilastres 
le  chiffre  de  Jésus  et  les  mots  af^e  Maria  étoient  figurés  au-dessus 
avec  des  coquilles. 

Au-dessous  de  cette  niche  étoit  un  mai'bre  noir ,  sur  lequel  on  lisoit 
l'époque  de  l'entrée  triomphale  de  Louis  XIII,  lorsqu'il  revint  de 
son  expédition  contre  la  Rochelle.  Dans  ce  tems  le  terrain  des  chartreux 
finissoit  à  la  première^porte  gothique,  au-delà  de  la  chapelle  des  femmes; 
mais  comme  îl  s'étendoit  du  côté  du  Luxembourg,  et  que  Marie  de 
Médicis  en  avoit  enclavé  luie  partie  dans  le  jardin  de  son  palais  , 
.elle  leur  donna  en  place  tout  le  terrain  qui  s'étendoit  depuis  cette 

B 


4  Chartreuse     de     Paris. 

porte  jusqu'à  celle  de  la  rue  d'Enfer;  et  comme  Louis  XIII  passa 
par  cette  rue  en  revenant  de  la  Rochelle ,  ces  moines  voulant  lui  te'moi- 
gner  leur  reconnaissance  ,  érigèrent  à  la  place  oii  on  bâtit  cette  entrée, 
unarc-de-lriomphe,  chargé  d'inscriptions  dictées  par  le  fanatisme  et 
l'adulation ,  où  on  le  compliraentoit  d'avoir  exterminé  les  hérétiques, 
JiOrsqu'on  y  fit  construire  ce  bâtiment  on  y  enclava  ce  marbre  ;  voici 
l'inscription. 

D.    O.    M.    S  A  c  il  u  M. 

Çuo  die  Ludot^icus ,  rex  christianissimus ,  successor  Sancti 
Ludoi'ici,  hujusce  chartusiœfundatoris,  quantum  pielate,  quantum 
justitiâ  régnât  ;  hœresi  Rupellâ  féliciter  recuperatâ ,  Lutetiam 
triumphator  intravit  anno  sal.  MDCXXXIII. 

L'autre  face  de  ce  pavillon  donnoit  sur  une  grande  cour;  elle  éloiit 
décorée  de  trois  arcades  avec  des  pilastres  d'ordre  toscan.  Au  milieu 
éioit  un  ecce  homo  gothique  que  l'on  avoit  placé  après  coup.  La) 
loge  du  portier  étoit  à  gauche  y  et  en  face  on  vojoit  un  grand  Christ 
goihique  ,  au-dessous  duquel  on  lisoit  :  Otium  cum  dignitate. 

On  trouvoit  ensuite  une  grande  cour  avec  de  vastes  bâtiraens  sur 
,  la  droite  ,  et  sur  la  gauche  une  chapelle  que  l'on  appelloit  la  chapelle' 
des  femmes  ;  l'église  intérieure  leur  étoit  fermée, 
,  Cette  chapelle  avoit  été  en  partie  bâtie  des  deniers  de  Robert  de' 
HeiseGque,  frère  dans  cette  maison,  et  des  biens  de  Jacques  Ju vénal 
cîeâ  Urslns  ,  patriarche  d'^Antioche  ,  et  évêque  de  Poitiers,  mort  en; 
1458  ;  elle  fut  consacrée  sous  le  nom  de  la  Vierge  et  de  Saint- Biaise  , 
le*  1*4  mai  1460;  elle  avoit  été  reconstruite  en  partie  depuis,  ainsi 
que  l'indiquoit  son  architectui-e. 

L'autel  étoit  orné  de  menuiserie,  de  trophées  d'église  sculptés  en 
bois ,  et  d'un  tableau  représentant  l'adoration  des  mages.  Dans  le  bas 
de  cette  chapelle  il  y  avoit  deux  autres  petits  autels  placés  du  même 
sens;  un  de  leurs  tableaux  représentoit  Saint-Jean-Baptiste  dans  le 
désert  ,  et  l'autre  Saint-Jérôme  ;  ces  trois  tableaux  sont  fort  médiocres.. 
On  vojoit  encore  en  face  de  la  porte  d'entrée ,  deux  tableaux  assez 
anciens;  l'un  représente  une  procession  dans  laquelle  Saint-Hugues,. 


/ 


Chartreuse     de    Parts."  5 

chartreux  et  évêque  de  Lincoln  en  Angleterre  est  accompagné  de 
son  cygne  (  5  )  et  de  son  clergé;  et  l'autre,  le  transport  de  ce  Saint  en 
terre.  On  y  voit  le  roi  d'Angleterre ,  un  évêque  et  une  grande  quantité 


(  5  )  Hugues  étoit  fils  d'un  genlilliomme  de  Bourgogne ,  qui  avait  acquis  de 
la  réputalion  à  la  guerre  ;  son  père  l'offrit  à  l'âge  de  neuf  ans  à  un  mon-islèrê 
de  chanoines  réguliers  ;  l'abbé  du  lieu  le  mit  sous  la  conduite  d'un  vieillard  qui 
lui  inspira  le  goût  de  la  vie  monastique  ;  le  jeune  Hugues  fit  de  grands  pro<;rès 
dans  tout  ce  qu'on  lui  apprit,  et  fut  fait  diacre  à  dix-neuf  an?.  Bientôt  il  fut 
chargé  du  soiu  d'une  paroisse.  Ayant  élé  ,  avec  son  prieur  ,  visiter  la  grande 
chartreuse,  il  fut  si  édifié  de  ce  qu'il  y  vit,  qu'il  voulut  y  rester  ;  cependant  il 
céda  pour  le  moment  aux  instances  de  ses  compagnons  et  du  prieur  ;  mais  quel- 
que tems  après  il  contenta  son  désir;  il  partit  secrélement  de  son  couvent  et  alli 
à  la  grande  chartreuse  ,  où  il  fut  reçu  au  nomlre  des  pères.  11  lui  étoit  biea 
venu  quelques  scrupules  sur  son  manque  de  foi  j^nais  il  s'en  crut  délivré,  p^-rca 
qu'on  lui  avoit  extorqué  sa  promesse  à  force  de  solhcitations. 

On  raconte  que  ce  nouveau  genre  de  vie  lui   coûta  beaucoup  d'abord  ,  et 
qu'd  eut  terriblement  à  combattre  por.r  conserver  sa  chasteté  :  on  a  dit  aussi , 
pour  monircr  sa  docilité,  que  ce  religieux  ayant  désiré  la  prêtrise,  et  l'aj'aut 
témoignée  son  mentor  ,  celui-ci  lui  eu  fit  de  vives  réprimandes.  Hugues,  pénéiri 
<le  repentir  ,  se  jeta  à  ses  pieds,  fondant  en  larmes  et  demanda  p;irdon  ;  ce  qui,, 
toucha  tellement  le  vieillard ,  qu'il  l'ordonna.  La  ferveur  de  ce  moine  s'en  accrut  ; 
et  sa  réputation  s'étendit  si  loin  ,  que  le  roi  d'Angleftrre  ,  Henri  II,  le  d.fiiandaf, 
à  son  couvent  pour  le  charger  de  la  conduite  d'une  nouvelle  fondation  du  même"' 
ordre. 

Le  nouveau  prieur  travailla  avec  un  tel  succès,  qu'il  la  rendit  florissante  eri 
peu  de  tems,  et  qu'il  sut  gagner  le  cœur  des  habitans.  Cette  conduite  lui  attir-i 
l'estime  du  roi  et  des  grands  du  royaume.  I^  clergé  et  le  peuple  de  l'êvêcl  ; 
<le  Lincolu  ayant  demandé  au  roi  de  remplir  le  siège  de  leur  église ,  Vacavit 
depuis  long  -  tems  ;  il  jeta  les  yeux  sur  Hugues  qui  refusa  d'abord ,  suivant 
l'usage,  mais  qui  accepta  ensuite  ,  vaincu,  comme  on  le  croit,  par  lessollici-» 
tations  du  roi  et  du  métropolitain. 

Que  fit  le  nouvel  évêque  ;  une  des  preiHlère  chose  fut  d'excommunier  le  grand- 
maître  des  forêts  du  roi ,  parce  qu'il  avoit  exercé  ses  droits  sur  le  territoire  de 
•i'évêché  ,  au  préjudice  des  immunités  ecclésiastiques.  Le  roi  irrité ,  se  plaignit 
Je  son  ingratitude  ;  mais  il  s'excusa  par  un  sophisme  adroit ,  et  le  foible  Henri 
II,  destiné  à  être  trompé  et  tourmenté  par  les  pi'êtres,  non-seulement  pardonna 
à  Hugues  mais  encore  exigea  que  le  grand-maître  se  sournît  à  la  pénitence 
puilique  que  Tévêque  de  Lincoln  voulut  lui  prescrire j  elle   fut  assez  douce; 

B  3 


6  ChartreusedePauis. 

de  prêtres  et  de  moines;  ce  Roi ,  par  un  anachronisme  assez  commun, 
porte  une  couronne  fermée. 

mais  Hugues  eut  l'avantage  d'imposer  par  cette  douceur ,  et  celui  plus  grand 
encore  de  ne  pas  être  obligé  de  plier. 

Le  maître  des  forêts  voyant  que  le  roi  avoit  eu  la  foiblesse  de  l'abandonner 
lorsqu'il  prenoit  ses  intérêts,  se  lia  d'amitié  avec  l'évêque,  et  défendit  ses  droits, 
aux  dépens  même  de  ceux  du  toi. 

Hugues  éloit  fort  charitable  ;  il  avoit  som  des  malades  o.t  il  baisoit  même  les 
lépreux  qu'il  renconiroit.  On  cite  à  ce  sujet  une  anecdote.  Guillaume,  chancelier 
de  Lincoln ,  lui  dit  :  «  Saint-Martin  guérit  un  lépreux  en  le  baisant ,  nous  ne 
»  voyons  pas  que  vous  guérissiez  ceux  que  vous  baisez  ».  Hugues  lui  répartit  : 
«  Le  baiser  de  Saint-Martin  guérit  la  cliair  des  lépreux  ;  mais  le  baiser  des  lépreux 
ji  guérit  mon  ame  ». 

Henri  étant  mort ,  Hugues  eut  de  nouvelles  altercations  avec  Richard  H  , 
qui  avoit  succédé  à  son  père  ;  celui-ci  y  mit  d'abord  de  la  fermeté  ,  mais  il  fut 
aussi  obligé  de  céder  à  l'opiniâtreté  du  prélat. 

Quoiqu'il  eût  soUicilé  plusieurs  fois  du  pape  sa  démission  ,  ne  pouvant  sup- 
jx)rler  lé  fardeau  de  l'épiscopat,  il  ne  laissa  pas  cependant  de  se  mêler  ds 
plusieurs  affaires  séculières  ;  il  fui  chargé  de  négocier  la  paix  entre  la  France  et 
i'/ïîi 'de terre,  peu  de  tems  après  que  Jean-sans-terre  eut  succédé  à  Richard  JJ^ 
Hugues  tomba  malade  à  Londres  au  mois  de  septembre  1200 ,  et  mourut  le  ïj 
♦lovembre  suivant,  à  soixante  ans,  après  quinze  ans  d'épiscopat  j  son  corps  fut 
porté  à  Lincoln,  ainsi  qu'il  l'avoit  demandé.  On  ne  vit  jamais  uu  convoi  plus 
pompeux  en  Angleterre;  le  peuple  y  accourut  de  toutes  i^arts  ;  les  rois  d'An- 
gleterre et  d'Ecosse  y  assistèrent  et  aidèrent  les  barons  à  le  porter  sur  leurs 
épavHes  dans  les  rues  jusqu'à  la  cathédrale  5  les  prélats  le  reçurent  de  leurs  mains 
et. le 'df^posèrent  dans  le  chœur,,  où  il  fut  enterré  le  vendredi  24du  même  mois» 
On  ppéleud  qu'il  a  été  canonisé  par  Honorius  HI,  souverain  pontife  depuis 
I2t6  jusqu'en  1227.  D'autres  attribuent^  sa  canonisation  à  Nicolas  UI ,  ou  à 
Honopius  IV,  près- de  quaire-vingts  ans.  après  sa  mort.  Quoi  qu'il  en  soit ,  cç  fut 
après  sa  canonisation  que  se  fit  la  translation  de  son  corps ,  qui  fut  trouvé  entier-, 
dit-otT  avec  ses  habits  de  religieux  ,  dislillant  une  espèce  d'huile  dont  son  cer.- 
cueil  étoit  tout  imbibé.  Elle  se  fit  par  Olivier,  évêque  de  Lincoln,  en  présence 
du  roi  et  de  la  reine  d'Angleterre,  du  roi  de  Navarre  ,.  de  deux  archevêques-  ,. 
de  plusieurs  évêques  et  d'un  grand  nombre  d'illuslres  personnages.  Le  corps  fut 
mis  dans  une  châsse  d'urgent ,  enrichie  d'or  et  de  pierreries  ,  que  l'on  enferma 
dans  un  superbe  monument  de  marbre  ,  fort  élevé  ;  et  la  têle  fut  mise  dans  un 
rehquaire  à  part,  placé  près  l'autel  Saint  Jean-Baptiste.  Tous  les  ans  on  renoa- 
vella  cette  cérémonie  par  une  fêle  solemnelle.. 


,10 


I 


'!•/ 


\.°m.yv.j^./?/y.7- 


Jlùhfl  nfrf.i! 


Chartreuse    de    Taris.  7 

On  voyoit  dans  celle  chapelle  la  tombe  de  Laurent  Eouchel ,  ce- 
lèJH-e  avocat  au  parlement  de  Paris  ,  né  à  Crépj  en  Valois  ,  mort  en 
1629  à  70  anï.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  remplis  d'érudition; 
tels  que  les  décrets  de  l'église  gallicane  ;  la  bibliothèque  du  droit 
francois;  la  bibliothèque  canonique  ;  la  coutume  de  Senlis  ,  et  enfin 
les  curiosités  où  sont  contenues  les  solutions  de  plusieurs  belles  ques- 
tions touchant  la  création  du  monde.  Ce  dernier  ouvrage  prouve 
que  Bouchel  n'auroit  dû  se  mêler  que  de  jurisprudence. 

Cette  cour  éloit  séparée  de  la  seconde  par  un  péristyle  moresque  ^ 
composé  de  cinq  arcades,  Planche  I.  Sur  celle  du  milieu  ori  voyoit 
les  armes  de  France  supportées  par  deux  anges,  F/anche  II,Jig  i , 
et  ornées  de  la  chaîne  de  l'ordre  de  Saint-Michel.  Au-dessus,  sur  un 
piédestal  en  cul-de-lampe,  éîoit  une  slatue  de  )a  \'ieTS,ë , JUg.  2,  et 
dans  une  niche  placée  sur  le  pilier  à  droite  ,  jftg-  3,  Saint  Louis  lui 
présentant  cinq  chartreux  ;  ces  derniers  étoient  sur  un  socle  qui  coupoit 
en  partie  l'arcade,  et  qui  étoit  orné  de  moulures  moresques  et  defieurs- 
de-lys.  Saint  Louis  étoit  vêtu  d'un  manteau  semé  de  fleurs-de-ljs  ;  il 
avolt  les  pieds  nuds ,  et  tenoit  dans  la  main  droite  le  sceptre  surmonté, 
de  la.  main  de  justice  ,  et  dans  la  main  gauche  la  bourse  contenant 
l'argent  qu'il  destinoit  à  cette  pieuse  fondation.  J'ai  fait  graver  sé])a- 
l'ément  sa  tête ,  J/g:  4  ;  elle  étoit  ornée  d'une  couronne  à  fleurons 
émaillés  et  à  Rosaces,  mais  sans  fleui-s-de-ljs.  Cette  couronne  étoit  de 
cuivre  et  délicatement  ciselée;  le  visage  de  ce  prince  a  quelque  chose 
de  sévère  et  même  de  dur  ;  ses  cheveux  étoient  courts  et  plats,  comme 
les  portoient  les  ecclésiastiques.  Du  même  côté  ,  sur  l'autre  pilier  il  y 
avoit  un  Saint  Jean-Baptiste  avec  son  agneau  ,Jîg.  5  ,  de  l'autre  côté 
on  v^^yoit  Saint  Antoine  avec  son  coc\ion,Jiff.  6  ;  et  plus  loin,  sur  l'autffe 
pilier  ,  Saint  Hugues  et  son  cygne  ,J%".  7,(6  ).  Tous  les  piliers  étoient 

(  6  ;  L'usage  d'atlrihuer  aux  Saints  différens  animaux  ,  est  commun  à  la  reli- 
gion chrélicniie  et  au  paganisme;  Apollon  avoit  un  pic;  Mars  un  corbeau; 
Jupiter  un  aigle  ;  Venus  une  colombe  et  un  limaçon-;  Cj'bèle  des  lions  ;  Diane 
Mn  cerf;  Bacchus  un  tigre;  Esculape  un  serpent;  Pan  un  chevreau;  TVeptune 
«n  cheval,  etc.,  etc.,  Saint  Antoine  avoit  un  cochon;  Saint  Luc  un  boeuF  j 
Saint  Jean-Baptiste  un  agneau;  Sainte  Marguerite  un  Dragon;  Saint  Hugues- 
uû  cj.gne,  Saiût  Roch  un  cliien  ,  stc. ,  etc. 


Il 


M 


8  Chartiieuse    de    Paris. 

sculptés  avec  beaucoup  de  délicatesse",  et  les  figures  ,  sur-tout  celle  de 
la  Vierge  ,  indiquoient  que  cet  édifice  étoit  du  tems  de  la  renaissance 
des  arts.  Le  cordon  de  Saint-Michel  placé  autour  des  armoiries  de  la 
portej  ne  laisse  pas  de  cloute  qu'il  n'éfoil  pas  antérieur  à  Louis  XI  (7). 
A  côté  des  cinq  chartreux  on  lisoit  cette  inscription  en  lettres 
^  gothiques  : 

Hune,  rogo,  quisquis  ades  ,  non  admirerls  eremum  , 
AVc  dicas  :  hœc  sunt  tecta  superba  nimis/ 

Regia  sunt  etenim  viridis  fundamina  vallis  ,  (  8  ). 
Francorum  jecit  quœ   LoJoïcus  honos. 

Jlex  prinium  instiluit  Reguin  ,  Rex  auxit  et  auget  : 

Sert'abitque  suani  tempu^  in  omne  domum, 

•■  ^ 

La  seconde  cour  à  main  droite  renfermoit  des  bâtimens  assez  beaux  ^ 
servant  à  loger  les  hôtes  ,  et  à  gauche  la  partie  latérale  de  l'église  ,  et 
toutes  les  chapelles  bâties  après  l'église. 

En  face  étoit  l'entrée  de  l'église  j  et  au  fond  au  milieu ,  celle  dn 
petit  cloître. 

L'église  des  chartreux  fut  commencée  avant  le  départ  de  Saint  Louis 


(  7  )  Dulaure  ,  clans  sa  description  des  curiosités  de  Paris ,  article  des  chairr 
l^eux ,  dit  que  cette  figure  est  celle  de  Louis  XI  lui-même  ;  il  se  fonde  sur  ce 
que  le  collier  de  Saint-Michel ,  institué  au  mois  d'août  1469  est  figuré  sur  la 
porte;  cet  anacronisme  est  fréquent  aujourd'hui.  Jamais  les  sculpteurs  ne 
manquent  de  représenter  Saint  Louis  avec  le  manteau  semé  de  fleurs-de-ljs , 
la  main  de  justice  et  le  collier  de  Saint-Michel;  cependant  il  n'auFoit  pas  été 
^donnablq;  au  tems  de  Louis  XI,  mais  il  n'a  pas-été  commis  sans  dessein.  La 
figure  du  roi  me  convainc  bien  plus  que  tout  le  reste ,  que  cette  statue  représente 
le  roi  Louis  XI.  La  tête ,  fi^.  7  ,  ressemble  parfaitement  à  celles  que  j'ai  vues 
d»  roi  Louis  XI  sur  ses  statues  et  ses  portraits.  Je  n'en  suis  pas  moins  persuadé 
que  le  roi  qui  présente  les  cinq  chartreux  à  la  Vierge ,  en  lui  mon;rant  la  bourse 
renfermant  l'or  destiné  à  leur  fondation  ,  est  Saint  Louis  ;  mais  l'.artiste  ,  par 
un  rafinement  de  flatterie,  a  donné  à  ce  roi  la  figure  et  le  costume  de  Louis  XI, 
ce  prince  dont  j'ai  eu  plus  d'une  occasion  de  rappeler  la  perlidie ,  la  mécliaij- 
ceté  et  l'imbécille  superstition.  Ce  monument  est  curieux  pour  l'histoire. 

(  8  )  Vauvert  s'appeloit  ^insi ,  à  causes  des  prairies ,  yirides  vallei ,  dont  il 
/étoit  environné. 


Chartreuse     CE    Paris.  g 

pour  la  Palestine,  par  Eudes  de  Montreuil.  La  nouvelle  de  la  mort  du 
Roi  fit  interrompre  cet  édifice  :  les  fonds  n'étoientpas  assez  considé- 
rables les  ouvriers  éloient  fort  rares ,  et  l'on  construisoit  plusieurs 
grands  bâlîmens  ,  tels  que  les  Cordeliers,  les  Quinze  -  Vingts ,  le 
Palais  ,  etc.  Les  i-eligieux  firent  ouvrir  près  de  leurs  murs  deux  car- 
rières qui  furent  fort  utiles  pour  leurs  bâtimens. 

Les  chartreux,  aidés  des  libéralités  de  plusieurs  personnes,  reprirent 
leur  bâtisse  :  on  posa  en  1276  la  première  pierre ,  et  le  Pape  Clément 
IV  ayant  accordé  de  grandes  indulgences  aux  fidèles  qui  partici- 
peroisnt  à  celte  œuvre  ,  plusieurs  personnes  illustres  et  riches  y  contri- 
buèrent. 

Cependant  la  bâtisse  de  l'église  n'avança  pas  beaucoup  jusqu'en 
i3io ,  que  Jean  Céresée  ,  ou  Cei-ées ,  trésorier  de  l'église  de  Lisieux  , 
et  clerc  du  Roi  Philippe  V  ,  surnommé  le  long  ,  fut  seul  exécuteur  du 
testament  d'André  Porcheron  ,  son  oncle  ,  lequel  lui  avoit  laissé  une 
forte  somme  pour  l'employer  en  aumônes  et  œuvres  pieuses  à  soiï 
choix  ;  ce  qu'il  avoit  négligé.  On  prétend  qu'il  eut  une  vision  pendant 
laquelle  il  lui  sembloit  voir  un  ange  qui  lui  reprochoit  sa  négligence  ,. 
et  lui  montroit  une  égUse  à  moitié  faite;  que  Cérées  ,en  peine  de  savoir' 
ce  que  cela  pouvoit  signifier , alla ,  pour  se  dissiper,  à  l'abbaye  Saint- 
Germain  y  et  que  sa  distraction  le  mena  aux  chartreux ,  où  il  fut  fort 
surpris  de.se  trouver;  qu'il  y  reconnut  l'église  qu'il  avoit  vue  dans  son 
rêve  ,  qu'alors  il  fit  venir  une  grande  quantité  d'ouvriers  ;  qu'il  n'épar- 
gna ni  peines  ,  ni  soins  :  en  sorte  que  le  bâtiment  fut  achevé  en  peu  de' 
tems.  Pour  faire  les  combles  ,  il  eut  permission  du  Roi  de  prendre  du 
bois  dans  ses  forêts  ;  mais  les  chartreux  en  firent  abattre  une  si  grancj^ 
quantité  ,  que  l'on  dit  au  Roi  qu'ils  gâtoientles  forêts;  néanmoins  le 
Roi  confirma  sa  permission  :  enfin  comme  l'un  des  maîtres  charpentiers, 
avoit  son  fils  unique  religieux  ^  le  comble  de  l'église  fut  terminé  en 
1824,  et  dédié  à  Notre-Dame  et  à  Saint  Jean-Baptiste,  par  Jean  d'Au- 
bigny  ,  évêque  de  Troyes  ,  le  26  juin  i325,  ainsi  qu'on  le  voyoit  sur 
un  marbre  noir  posé  dans  le  mur  du  passage  du  chœurau  petit  cloître^ 
.Voici  cette  inscription  j 

Anno  Domini  iSaS  ,  6  kalendas  juû'i , scillcet  infcsto  bealonim 


«1 


-3 


i 


lo  Chartreuse    de    Paris; 

marlyrum  Joannis  et  Pauli ,  fuit  dedicata  prœsens  ecclesla  valîîs 
viridlSy  ordinis  carthusiensis,  et  consecrata  à  reverendo  pâtre  "Do- 
mino Joanne ,  tune  episcopo  Trecensi ,  ad  honorent  heatissimoe 
semperVirginis,  beatique  Joannis  Baptistœ,  et  omnium  sanclorum, 
fotiusque  curiœ  cœlestis.  Primo  incepta  à  beato  LuDOVico  Rege 
francorum ,  et  consummata  à  magistro  Joanne  de  Ceresig, 
quondam  tliesaurario  ecclesiœ  Lexoviensis,  Orate  pro  eo. 

Le  service  divin  s'y  fit  pour  la  première  fois  le  i5  d'août  suivant; 
Cerées  fit  encore  plusieurs  autres  dons  à  cette  maison  ,  cù  il  termina 
peu  de  tems  après  sa  vie  ,  le  20  septembre  1327.  Son  corps  repose  au 
jiiilieu  de  l'église  sous  une  tombe  de  pierre ,  où  sa  figure  est  gravée  ; 
il  y  étoit  représenté  en  habit  de  l'ordre  ,  et  on  lisoit  autour  ces  vestiges 

de  son  épitaphe prœcipuus  cjui  defuisset. . , . ,    ^dijîciorum 

Jiujus  ecclesice. 

Le  portail  de  l'église ,  Planche  III ,  étoit  simple:  une  grande  croisée 
gothique ,  di\'isée  en  deux,  avec  trois  roses,  en  occupoit  la  plus  grande 
partie  ;  une  croix  terminoit  le  grand  fronton  qui  le  composoit ,  et  en- 
avant  il  j  avoit  un  porche  ogive ,  soutenu  par  six  petites  colonnes  ;  le 
clocher  étoit  petit,  haut  et  fort  pointu;  il  étoit  placé  au  chevet  de  l'église, 
entre  le  satictuaire  et  le  chœur  des  pères. 

L'intérieur  étoit  sur  un  plan  simple  (on  appelé  ainsi  les  églises  sans 

bas  côtés  ni  croisées  )  ;  les  murs  au-dessus  des  tableaux  et  oient  décorés 

d'une  architectui'e  ionique  ,  peinte  à  fresque ,  et  au-dessus  de  la  portç 

on  vovoit  une  Annonciation  peinte  de  même;  on  y  lisoit  ces  yerS 

.  presqu'efîacés. 

iliraris  varias  quihus  hœc  deîuhra  colores 
Irradiant ,  nescis  numinis  esse  domum  / 
Debuit  œguari  cœlis  hcec  regia ,  veriim 
Tàm  non  est  artis  quàm  pietatis  opus. 
La  voûte  étoit  de  bois  et  richement  décorée  ;  celle  des  chœurs  en 
euirlandes  de  fleurs  et  en  arabesques,  rehaussées  d'or,  et  celle  du  sanc- 
tuaire dorée  en  plein  ;  on  vojoit  des  anges  qui  tenoient  les  instrumens 
de  la  passion ,  et  au  bas  une  balustrade,  ayant  d'un  côté  Saint  Bruno , 
et  de  l'autre  Saint  Hugues. 

Le 


'/^ 


n.^ 


Chartreuse    de    Paris:  h 

Le  chevet  de  l'église  étoit  éclairé  par  six  croisées ,  entre  lesquelles  on 
avoit  peint  les  douze  apôtres ,  et  au  milieu  il  y  avoit  une  niche  dont  le 
fond  étoit  doré  en  plein  et  semé  de  fleurs.  Elle  renfermoitune  statue  de 
la  Viero^e  ,  sculpture  du  quatorzième  siècle  ,  et  qui  n'étoit  pas  sans 
beauté  ;  la  tête  étoit  agréable ,  et  les  draperies  mieux  arrangées  qu'elles 
ne  le  sont  dans  les  figures  de  9e  siècle. 

L'église  étoit  sans  nef  et  partagée  seulement  en  un  sanctuaire  et  deux 
chœurs. 

On  entroit  d'abord  dans  celui  des  frères ,  où  il  y  avoit  à  sa  jonction 
avec  celui  des  pères  deux  autels,  l'un  dédié  à  Saint  Denis,  l'autre  â 
Saint  Louis.  La  menuiserie  des  deux  chœurs  étoit  fort  belle  et  ornée 
d'architecture  et  d'ornemens  fort  bien  sculptés  et  d'un  bon  goût  ;  les 
pilastres  du  chœur  des  frères  éloient  d'ordre  ionique  et  d'une  belle  pro- 
portion ;  on  lisoit  sur  une  petite  lame  de  cuivre  qui  étoit  adossée  à  un 
petit  volet  vis-à-vis  des  stales  ,  cette  inscription  : 

La  menuiserie  du  chœur  des  frères  conuers  de  la  chartreuse  de 
Paris,  a  été  commencée  le  2.0 fét^rier  1681,  etjinie  le  10  d'oetohre 
1682  ,  par  r ordre  et  belle  économie  du  vénérable  père  dom  Leom 
HiNSELiN ,  prieur  de  la  chartreuse  de  Paris  ,  et  le  tout  conduit  par 
le  frère  Henri  Fuzillier  ,  convers. 

Les  pilastres  du  chœur  des  pères  étoient  d'ordre  composite  et  n'étoîenf; 
pas  aussi  beaux  que  ceux  des  frères  )  on  lisoit  aussi  sur  une  autre  lame 
de  cuivre  : 

Ces  chaises  son tdes  marques  de  la  belle  économie  du  V.  P.  -D.(?) 
héon  Hinselin;  elles  ont  été  faites  en  Tannée  1680  par  lefrt'u 
Henri  Fuziliers. 

Le  grand  autel  étoit  décoré  d'une  boiserie  du  même  genre ,  consistant 
.en  colonnes  d'ordre  corinthien  ,  avec  des  vases  accompagnant  le  fron- 
ton. Le  tombeau  d'autel  étoit  aussi  fort  beau  ,  et  le  tableau  au-dessus 
éloit  un  des  meilleurs  de  Philippe  Champagne  ;  il  représente  Jesus- 
Christ  an  milieu  des  docteurs. 

L'église  des  chartreux  étoit  ornée  de  plusieurs  grands  tableaux  des 
acneilleurs  maîtres  de  l'école  francoise 


{^&)\VéniTdble  Père  Don, 


12  C    H    A    R    T    R    E    U    S    E       D    E      P  A    R    I    S. 

Le  premier,  en  allant  du  grand  autel  vers  la  porte  de  l'église,  à 
gauche ,  représente  (  9)  la  résiu-reclion  du  Lazare,  par  Bon  Boulongne  ; 
le  dessin  en  est  pur,  jnais  le  coloris  un  peu  gris ,  et  la  composition 
froide  ;  c'est  un  de  ses  plus  beaux  ouvrages. 

jLe  second  J'aveugle  de  Jéricho  ;  il  est  d'Antoine  Coypel. 

Le  troisième,  l'aveugle  de  Jéricho,  peint  par  Claude  Audran  ;  ce 
tableau  est  gris. 

Après  étoit  la  Samaritaine,  par  Noël  Covpel. 

Le  cinquième  tableau ,  et  qui  étoit  le  premier  de  ceux  du  chœur  des 
frèaes  ,  est  la  Cannanéene ,  par  Jean-Baptiste  Corneille. 

6.  La  résurrection  du  Lazare ,  par  le  même. 

'7.  Le  tableau  qui  étoit  le  premier  en  allant  du  grand  autel  à  la  porte 
à  droite  ,  est  un  des  plus  beaux  morceaux  de  Jouvenet  :  il  représente  la 
guérisou  des  malades  à  Génésaretli. 

8.  Après  le  tableau  de  Jouvenet  on  en  voyoit  un  de  Boulongne  le 
jeune ,  représentant  l'Hémoroïsse. 

g.  Le  troisième  de  ce  côté  est  de  Dumont  le  Romain.  Il  repré- 
sente la  vocation  de  Simon-Pierre  et  d'André  son  frère. 

10.  Le  Centenier ,  par  Jean-Baptiste  Corneille. 

1 1 .  Le  paralytique  sur  les  bords  de  la  piscine  ,  pai-  le  même  ;  c'étost 
le  premier  de  ce  côté  dans  le  chœur  des  frères. 

12.  Enfin  la  résurrection  de  la  fille  de  Jaïre,  peinte  par  Lafosse. 
La  maison  des  chartreux  renfernioit  un  nombre  infini  de  monu- 

'niens  funèbres,  tant  dans  l'église  que  dans  les  cloîtres  et  les  chapelles; 
nous  les  donnerons  en  déciivant  les  lieux  où  ils  se  trouvoient. 

A  drolle  du  grand  autel  on  vojoît  vin  tombeau  de  marbre  élevé  de 
terre  ,  d'environ  trois  pieds ,  sous  une  petite  arcade  ornée  de  peinture", 
sur  laquelle  étoit  l'effigie  en  pierre  ,  d'un  chevalier  armé  de  toutes 
■pièces,  (^Plajiche  ly  ,Jig.  i  );  son  armure  étoit  en  pai-tie  de  mailles  de 
fer ,  et  en  partie  de  fer  battu  ,  avec  des  ornemens  dorés.  Il  avoit  une 
•colte-d'armes  blasonée,  et  sur  la  tête  un  casque  très-uni. 

Celte  figure ,  sculptée  au  quatorzième  siècle ,  n'étoit  pas  cependant 
sans  beauté  ;  l'armure  et  les  ornemens  étoient  faits  avec  beaucoup  de 


f  9  )  Sans  doule  que  ces  tableaux  auront  été  conservés. 


N.°   LU.  F/Ji:  Pf>r/.ii. 


K 


Chartreuse    de    P  a  r  i  s v  "i3 

soin,  et  l'ensemble  de  la  figure  éloit  beaucoup  mieux  que  les  figures 
de  ces  lems  ne  le  sont  ordinairement  ;  les  mains  sur-tout  étoient  assez 
belles;  on  l'avoit  dorée  et  colorée  ;  il  eût  été  à  désirer  que  cette  figure 
fut  conservée,  tant  pour  la  connoissance  du  costume ,  que  pour  celle 
des  diverses  époques  des  arts  en  France  ;  mais  des  maçons  la  bri- 
sèrent pour  en  faire  des  moëlons ,  quand  ils  séparèrent  l'église  de 
l'intérieur  des  chartreux  ,  lorsque  ces  religieux  commencèrent  à  délo- 
ger. L'épitaplie  suivante  étoit  gravée  sur  les  bords  de  cette  tprttbe  : 

Ci-gist  noble  et  puissant  prince,  monsieur  AmÈ  d|FGenÈve  ," 
^ui  trêspassa  l'an  de  grâce  iSôg,  Ic^  jour  de  décembre. 

Amé,  sm-nommé  Amé  IV,  étoit  fils  d'Amédée  III,  comte  de  Ge- 
nève (lo),  et  frère  de  Robert  de  Genève,  évêque  de  Terouanne , 
près  de  Cambi-av,  cardinal,  et  enfin  pape,  sous  le  nom  de  Clé- 
ment VII,  en  i338  ,  pendant  le  schisme  avec  Urbain  VI. 

Le  citoyen  Lévrier  (ii)  et  les  auteurs  de  l'art  de  vérifier  les  da- 
tes (12)  font  mourir  Amé  de  Savoie  le  14  janvier  i368;  cette  épita- 
phe  prouve  qu'ils  se  tromjjent  ;  ce  prince  mourut  à  Paris  le  3  décem- 
bre 1869. 

Il  y  avoit  autrefois  devant  le  grand  autel  une  tombe  plate  ,  de 
pierre,  aux  quatre  coins  de  laquelle  on  voyoit  en  cuivre  les  armes  de 
Doj-mans,  qui  étoient  d'azur,  on  y  lisoit  cette  épitaphe  envers  latins 
rimes.- 

Dormit  hîc  I.  de  Dorma?io  (i3), 

Christo  felix  est  ohlatus  : 

Corpus  linquens  mundo , 

Vano  sub  marmore  tujnulatus. 

Tu  devoti  patris  hujus , 

Rex  gloriœ,  Jesu  Christe  , 


(10)  Et  non  pas  Guillaume  III,  comme  le  disent  Pignniol  et  ses  copistes. 

(  II  )  Chronologie  des  comtes  de  Vieime.  Tons.  I,  p.  286. 

(12)  Tom.  III,  p.  608. 

(  i3  )  Voyez ,  Ant.  nat. ,  tom.  IV,  art.  XXXIX,  p.  So,  l'épitaplie  de  la  famille 
des  Dormy ;  elle  présente  de  même  un  insipide  jeu  sur  le  mot  dormire^  dormir,  et 
Je  nom  propre  Dormy. 

Cz 


^■^  '^m*-' 


Ah 


?4  Chartreuse     pe    Paris. 

yliiimam  suscipe  cujus 
Corpus  tegit  lapis  iste  (14). 


(  14  >  Lorsque  les  guerriers  françois  élendirent  l'empire  de  leur  langue,  celle- 
ci  élendil  à  son  tour  celui  de  la  rime  •  car  on  la  regarde  avec  justice  comme 
une  invention  des  poètes  de  notre  nation.  Peut-être  en  avoient-ils  pris  l'idée  des 
chansons  barbares  des  peuples  septentrionaux.  Les  Germains,  en  effet,  selon 
les  centuriateurs  de  Magdebourg,  chantoient  leurs  guerres  et  Teurs  victoires  ea 
rimes  ,  et  Charlemagne  en  fit  faire  un  recueil.  Les  moines  ne  se  contentèrent 
pas  de  rimer  en  françois  ,  comme  Otfrid ,  déjà  cité  ;  ils  imaginèrent  de 
donner  à  la  langue  une  grâce  et  une  élégance  incormues  à  Virgile  et  Horace. 
Toutes  les  hymnes  de  l'église  y  quoique  latines ,  furent  rimées  ;  et  pour  pouToir 
en  placer  dans  toutes  les  parties  de  l'office,  ils  insérèrent  dans  la  messe  des 
■proses ,  espèce  de  mètre  dur  et  plein  de  consonnance.  Il  paroît  qu'il  faut  placer 
cette  addition  dans  la  neuvième  siècle;  car  Notker,  moine  de  Saint-Gai,  le 
premier  écrivain  connu  qui  en  fasse  mention ,  dit  qu'il  en  avoit  vu  une  dan» 
im  antiphonier  de  l'abbaye  de  Jumiège ,  brûlée^  pan  les  Normands  en  841, 
mais  il  en  ignoroit.  l'auteur..  On  connoît  les  principales  proses  adoptées  depuis 
par  l'église  romaine  :  le  roi  Robert  composa  celle  qui  commence  par  ces 
mois:  Sancti  Spiritûs  adsit  nobis  gratia  ;  G  ermannus  contractus  ,  le  veni  ,  sanc'te- 
Spiritus  du  jour  de  la  Pentecôte  ;  Saint  Thomas  ,  lé  laudà ,  Sion ,  salvaiorem  ;  le 
cardinal  Frangipani ,  dit  Malàbranca  ^  le  dies  irx ,  dies  iîla,  etc. 

On  ne  se  contenta  pas  de  faire  rimer  la  fin  des  vers,  on  étendit  cette  lxza>- 
rerie  jusqu'aux  hémistiches,  et  on  donna  à  ces^  vers  le  nom  de  Léonins,. à 
CQUse,  disent  les  anciens  écrivains  ,  du  pape-  Léon  II,  qui  siégeoit  en  682, 
qui  en  étoit  l'auteur.  Mais  Pasquier  attribue  avec  beaucoup  plus  de  vraisem- 
blance,  cette  invention  pédantes(jue  à.  Léonius-,  qui',  de  chanoine  de  Saint- 
Benoit  de  Paris  ,  devint  chanoine  de  Saint-Victor.  Il  Hit  très-estimé  du  roi 
Louis-le- Jeune ,  p  t  du  pape  Alexandre  III ,  auquel  il  dédia  dix  livres  de  vers 
rimes  sur  le  commencement  de  l'histoire  sainte.  Bernard  de  Cluni  composa 
un  poëme  latin  sur  le  mépris  du  monde ,  de  plus  de  trois  mille  vers,  tous 
hexamètres  ,  tous  dactyliques  et  tous  rimes  au  milieu  et  à  la  fin  du  vers.  Son 
exemple  fut  suivi  par  le  plus  grand  nombre  de  ceux  qui  firent  après  lui  des 
vers  latins.  Les  préceptes  ridicules  et  surannés  de  l'école  de  Saleme ,  quoique; 
beaucoup  plus  modernes ,  sont  encore  de  ce  genre. 

Ut  vîtes  pœnam  de  potibus  incipe  cœnam.. 

Mensibus  errat'ts  ad  solem  ne  sedeatis,  I 

Minière  cum  bombis^  etc.,  etc.  ........  . '^i 


Chartreuse     de    Paris  i5 

Autrefois  il  y  avoit  sur  cette  tombe  un  marbre  noii-,  posé  d'après 

loTdre  qu'il  en  avoit  donné  dans  son  testament,  On  y  voyoit  sa  figure 

en  bas  relief  de  cuivre  :  il  y  étoit  représenté  en  habits  pontificaux , 

avec  son  chapeau  de  cardinal  sous  les  pieds  :  aux  deux  côtés  du  haut 


On  nous  a  conservé  un  ancien  disljque  léonin ,  qui  sans  doute  a  donné  naissance 
k  ce  proverbe  :  le  diable  étant  devenu  vieux  se  fit  hermite. 

«  Damon  languebat ,  monachus  tune  esse  volebat  ; 
»  uist  ubi  convaluh  ^  mansit  ut  antè  fuit  », 

Muret  a  employé  les  vers  rimes  pour  ridiculiser  davantage  Laurent  Gambar  ^ 
aatif  de  Bresce  ,  dont  le  Giraldi  et  Manuce  faisoicnt  un  grand  cas. 

«  Brixia  \eslrates  quae  condunt  carmina  vates  y 
»   Non  sunt  nostrates  tergere  digna  nates. 

C'est  peut-être  la  seule  occasion  où  cette  poésie  puisse  être  supportable  j 
tlle  temhle  aiguiser  l'épigi'arnme  et  faciliter  le  jeu  sur  le  mot. 

N'oublions  cependant  pas  que  plusieurs  écrivains  réclamèrent  contre  la  rime 
léonine  ,  et  cherchèrent  à  ramener  leurs  contemporains  au  vrai  goût  et  aux 
bons  principes.  Leurs  noms,  quoiqu'obscurs  d'ailleurs  ,  méritent  d'être  conservés 
ici;  Henri,  moine  d'Auxerre;  Hildebert  de  Lavardin ,  évêque  du  Mans,  et 
depuis  archevêque  de  Tours;  Gauthier,  Guillaume  le  Breton  et  Gauthier  de 
Châtillon.  Pétrarque  les  imita ,  et  c'est  lui  qui  chercha  le  premier  à  débarrasser 
la  langue  latine  de  ces  fades  substitutions,  dont  les  siècles  de  barbarie  l'avoient... 
surchargée. 

Moins  heureuse  que  la  poésie  latine ,  la  françoise  n'a  jamais  pu  sortir  des 
entraves  de  la  rime.  Elle  paroît  destinée  à  portir  éternellement  son  joug,  ainsi 
que  la  poé.  ie  italienne  et  espagnole.  Nos  jongleurs ,  nos  troubadours ,  en  amu- 
sant les  Italiens  et  les  Fspagnols  avec  nos  rapsodies  rimées ,  tels  que  les  faits  de 
Charlemagne  et  de  ses  pairs ,  et  depuis  les  croisades  des  Soudans  d'Egypte  et 
de  Br'bylone,  accoutumèrent  leurs  oreilles  à  la  rime,  et  ceux-ci  l'adoptèrent 
lorsqu'ils  conposèrent  dans  leur  langue.  L'exemple  de  ces  peuples  ,  dont  l'ima- 
gination vive  et  exaltée  en  fait  des  poètes  dès  le  berceau,  suflSt  pour  répondre 
à  ceux  qui  blâment  l'usage  de  la  rime  dans  notre  poésie.  Mais  on  peut  détruire- 
encore  plus  victorieusement  leurs  objections  en  leur  faisant  observer  combierï 
nous  avons  ,  malgré  cela  ,  de  mauvais  vers  ;  et  que  seroit-ce  de  notre  poésie 
si  la  rime  n'existoit  pas  ?  On  a  cherché  dans  ce  siècle  'renouveler  l'exemple' 
de  Baïf ,  q,ui  v£>uloit  la  bannir  entièrement. 


ï^  C   II   A   R   T   n   E   U    s   E      DE      F  A   Tt   I   S.' 

houï  de  cette  tombe,  étolent  deux  anges  tenant  chacun  un  rouleau: 
Sur  l'un  on  lisoit  :  In  pace  Jîat  in  loco  ejus ,  et  sur  l'autre  :  Et  habi- 
iatio  ejus  in  Sion.  Sur  la  bordure  de  cette  sépulture ,  on  lisoit  son 
épitaphe  : 

Anno  millesimo  ter  C.  ter  I.  septuageno  solutus  et  membris 
seplimâluce  novembrisY.de  Dormano,  etc. 

En  i6i  I ,  on  ôta  ce  tombeau  du  chœur,  et  le  chancelier  Boucherat; 
qui  se  disoit  issii  par  les  femmes  de  la  famille  des  Dormans ,  le  fit 
placer  devant  la  chapelle  de  Sainte  Anne.  U  mit  à  la  place  de  la 
tombe  l'épitaphe  que  voici  : 

Hîc  3 acjlt:  illustrisaimus  Ecclesiœ  Princeps  Joannes  de 
DoRMAxo,  S.  R.  E.  cardinalis ,  episcopus  Beluacensis  (i5)j  et 
Franciœ  cdncellarius  desighatus  aw70  1864,  qui  munus  suum  in 
regias  manus  deposuit  anno  iSyi.  Fratre  ejus ,  qui  hîc  etiam  adja- 
cet ,  in  idem  munus  mox  suffecto  ;  hujus  cardinalis  effigies  de 
métallo  cupreo  ante  hîc  exposita  profaciliori  dii^ini  cultûs  et  rilûs 
Carthusiensis  ,  quibus  diuturno  impedimento  fuit  celebrationi  , 
translata  est  antè  altare  sacelli  sanctœ  ydnnœ  consensu  pietate 
et  religione  illustrissimi  Domini  Ludovici  Boucherat ,  comitis 
de  Compant  -  la  -  ville  ,  regioimm  ordinum  commendatoris ,  et 
Franciœ  cancellarii  nobili familiœ  de  Dormano  ajfinis ,  qui  sump- 
tibus  suis  hoc  monumento  par entauit  anno  Domini  1691. 

Jean  de  Dormans  étoit  fils  d'un  procureur  de  la  ville  de  Dormans  , 
qui  avoit  pris  le  nom  de  son  paye  (16).  Il  fut  évêque  de  Beauvais, 
cardinal  et  chancelier  de  France  sous  Charles  V.  Ce  fut  lui  qui  fonda 
en  1870 ,  le  collège  de  Dormans,  appelé  ensuite  Saint-Jean-de-Beau- 
vais ,  et  aujourd'hui  Lisieux,  où  l'on  voit  aussi  son  tombeau, 

II  mourut  fort  âgé,  le  7  novembre  iSyS. 

A  droite  de  ce  tombeau  étoit  inhumé  Guillaume  de  Dormans ,  che- 

(  1 5  )  Beauvais. 

1 16  )  Ses  filsjétan  enus  très-riches ,  achetèrent  la  seigneurie  du  lieuj 

ex  en  prirent  le  titre. 


-1^ 


C    H    A    n    T    R    E    U    s    E      DE      P  A    R    I    S.  If 

valier  et  chancelier  de;  France.  Il  étoit  sous  une  tomJje  plate  de  marbre 
noir,  sur  laquelle  éloit  incrustée  son  effigie  en  marbre  blaire.  Il  mou- 
rut le  II  juillet  iSyS. 

Dans  le  même  tombeau  étoit  encore  Reguault  de  Dormans ,  neveu 
des  pi'écédens.   Voici  l'épi  ta phe  de  sa  tombe  : 

Ci-GisT  noble  homme  Regnault  de  Dormans,  conseîUet 
et  maistre  des  requêtes  ordinaire  du  roi  ?iotre  sire ,  etneueu  dudit 
feu  monseigneur  le  chancelier ^  et  un  des  en/ans-  dudict  maistre 
Regnault ,  damoiselle  Colombe  de  Bonnej  sa  femme ,  lequel  mais- 
tre Regnault  trespassa  le  i  ij'our  de  novembre  1474.    " 

A 'droite  du  tombeau  des  Dormans ,  on  vojoit,  en  njosaïque  blanche 
et  noire,  la  figure  d'Enguerrand  de  Marigni,  Planche  J^,fg.  i.  sur 
«ne  tombe  plate.  Il  ne  restoit  dernièrement  de  oe  monument  commé^ 
mbratif  (17)  que  ce  qui  avoit  été  en  marbre  noir,  naturellement  plus 
dur  que  le  blanc;  je  n'ai  pu  distinguer  que  le  bas  de  la  casaque,  ornée 
de  rosaces  délicatement  travaillées,  et  que  le  dessinateur  a  reproduite 
séparément,  (  «°.  2  de  la  même  Plafiche ').Onàis\in^uoi\.an&siass&z 
bien  l'épée  et  1^-^ague ,  les  poignées  n'y  étoient  plus  ;  mais  ce  qui 
restoit  faisoit  voir  qu'il  avoit  été  représenté  armé  de  toutes  pièces  : 
sa  tête  avoit  été  remplacée  par  une  pierre  quarrée.  Il  avoit  sous  ses 
pieds  un  lion. 

La  sépulture  de  son  frère  Philippe  de  Marignj ,  évêque  de  Camr 
bray,  et  depuis  archevêque  .de  Sens,  et  un  des  premiers  bienfai-« 
teui's  des  chartreux ,  étoit  sur  la  même  ligne  du  côté  opposé.  Il  fut 
d'abord  enterré  dans  l'ancierine  chapelle  ,  celle  dé  l'autel  de  Yauvert, 
Lorsqu'on  en  fit  le  réfectoire,  il  fut  transporté  dans  le  chœur:  son 
image  éioii  incrustée  en  marbre  blanc  sur  mi  marbre  noir,  com.me 
celle  d'EngUiTrand  (  18  ). 

(  i-  )  Vojez,  Aiit. nat. ,  tom.  HT  ,  art.  XXVIII ,  pag.  22  ,  la  description  du 
lonibec"u  d'Enguerrand  de  Marigu}' ,  et  son  bistoiri\ 

(  18  )  J'ai  donné  à  l'article  d'Ecoui ,  lom.  III ,  art.  XXXVIII ,  pag.  23  ,  la 
.figure  du  tombeau  d'un  autre  frère  d'Enguerrand ,  Jean  de  Marigny ,  évêqne 
de  Rouen,  avec  sa  description. 


1û 


i8  Chartrevse    de    Paris; 

En  face  du  tomJDcau  d'Ame,  et  sur  le  côté  méridional  du  grand 
autel ,  on  vojoit  le  tombeau  de  Pierre  de  Navarre ,  comte  de  Mor- 
tagne,  et  de  Catherine  d'Alençon  sa  femme.  (^Planche  V,Jig-  3  et  \). 
Il  étoit  sous  une  arcade  ornée  de  peinture ,  q^ii  donnoit  dans  la 
chapelle  de  Saint-Jean  l'Évangéliste ,  près  de  la  sacristie,  et  qui  avoit 
été  séparée  du  chœur  par  une  boiserie. 

Ce  tombeau  parfaitement  conservé ,  étoit  de  marbre  noîr,  orné 
de  petites  figures ,  et  élevé  de  terre  d'environ  trois  pieds.  On  voyoit 
dessus  l'effigie  en  marbre  blanc  ,  des  personnages  qu'il  renfermoit. 

Pierre  de  NayaneÇPlanche  V,fis-^^  étoit  représenté  avec  son 
armure ,  sur  laquelle  étoit  une  tunique  ou  casaque  à  ses  armes ,  qui 
étoient  au  premier  et  quatre  de  gueules  au  taillis  de  chaînes  d'or 
posées  en  croix  en  sautoir  en  orles  de  deux  pièces  (  19  )  ,  et  au  deux 
et  trois  d'azur  semés  de  fleurs^de-ljs  d'or,  ou  lx)îtons  de  même.  Il 
avoit  sur  la  tête  une  courenne  de  vermeil  ornée  de  pierres  fines ,  et 
un  lion  à  ses  pieds.  On  remarque  entre  ses  cuissarts  un  sac  garni 
de  fer  pour  défendre  des  organes  à  la  conservation  desquels  il  attai- 
choit  probablement  beaucoup  de  prix. 

Catherine  ,  sa  femme  ,  (^Planche  V,Jig-  4),  avoit  la  tête  couverte 
de  plusieurs  voiles,  dont  l'un , très-plissé,  lui  entouroit  le  front  et  les 
joues  ,  un  autre  lui  prenoit  sous  la  lèvre  inférieure ,  et  lui  ca choit 
le  bout  du  visage  et  le  col,  etun  troisième,  plus  grand,  étoit  soutenu 
aux  deux  oôtés  de  sa  tête  par  ses  cheveux  tressés  en  forme  de 
deux  petits  coussins  ;  le  voile  retomboit  en  draperie  sur  ses  épaules  ; 
elle  étoit  vêtue  d'un  long  surcot  fort  juste,  qui  laissoit  voir  parfai- 
tement la  forme  de  sa  gorge;  par-dessus  étoit  un  manteau  tenant 
au  surcot  par  deux  bandes  ;  elle  avoit  une  ceinture  passant  sous  le 
surcot,  qui  étoit  en  pierrerie  et  en  perles,  et  une  autre  chaîne  aussi 
riche  ,  qui  tomboit  perpendiculairement  au  milieu  de  ce  surcot.  J'ai 
fait  graver  un  des  chatons   de  la  première  ceintiu-e,  n°.   5,  et  un 


(  19  )  Ce  fut  Sanche  VIII ,  roi  de  Navarre  ,  qui ,  à  la  bataille  de  Murxdal , 
ayant  vaincu  Aben  Mohamed  ,  ^aiid  miramolin  d'Afrique ,  et  forcé  la  palissade 
qui  entouroit  son  trône,  gardée  par  quatre-vingt  mille  cavaliers ,  et  enloiu-ée  de 
chaînes,  les  prit  pour  ses  armes, 

de 


Chartreuse    de    Paris:  19 

ds  la  seconde,  n°.  6,  afin  de  faire  juger  la  manière  dont  on  montoit 
alors  les  pierres  fines.  Ses  bras  éloient,  couverts  de  manches  fort  justes; 
elle  avoit  d^s  gants  qui  alloient  au  milieu  des  doigts  ;  ses  rhàms 
éîoient  jointes,  ainsi  que  celles  de  son  mari,  et  elle  avoit  un  ctien 
sous  ses  pieds. 

Pierre  de  Navarre  étoit  fils  de  Charles  II ,  roi  de  Navarre ,  dit  le 
mauvais,  de  Jeanne  de  France,  fille  du  roi  Jean,  et  frère  puîné 
de  Charles  III ,  roi  de  Navarre.  Ce  prince  fit  présent  aux  Chartreux 
dfe  quatre  mille  francs  d'or ,  e.<;gallez  à  escus  valant  cinq  mille 
francs.  Il  leur  fit  encore  plusieurs  autres  dons  (20  )  ,  en  considéra- 
tion de  quoi  ces  religieux  lui  accordèrent  deux  messes  sa  vie  durant, 
pleine  et  entière  participation  n  leurs  biens  spirituels  ,  et  de  plus, 
après  son  décès ,  un  monacliat  à  k  forme  de  l'ordre ,  comme  pour 
un  religieux  (  21  ). 

Pierre  de  Navarre  mourut  le  29  juillet  1418;  et  sa  femme,  qui 
lui  survécut,  fit  achever  ce  monument,  où  elle  ne -fut  cependant  pas 
inhumée  ;  car  elle  étoit  à  Sainte-Geneviève.  Après  la  mort  de  Pierre 
de  Navarre,  elle  devint  duchesse  de  Bavière,  par  son  mariage. 
De  l'autre  côté ,  entre  Enguerrand  de  Marigny  et  la  porte  de  la 
.  chapelle  de  Saint-Michel,  on  vovoit  une  tombe  dp  ;  lavbre  noir  ,  sur 
laquelle  éloit  incrustée  en  marbre  blanc  la  figure  d'un  évêque  eu 
chasuble.  On  lisoit  autour  : 


Hic  Jacet    dominus  Michael  de  Cernay  (22)  episcopi. 
gui  ohiit.  .  .<,  MCCC.  .... 

Le  reste  est  effacé. 


(  20  )  Supra  ,  p.   3, 

(  21  )  Suivant  leurs  réglemens .  (  parte  I  novœ  collecnonîs  ,  cop.  )  89 ,  il  y  en  avoit 
de  deux  sortes  :  l'un  simple,  qui  comprenoit  l'office  de  la  sépulture  ;  l'autre, 
<jui  étoit  un  plein  monachat,  aslreignoit  les  prêtres  à  dire  six  messes,  et  les 
apures  religieux  et  religieuses,  à  dire  les  deux  pseaultiers  ;  enfin  ceux  qui  ne 
les  savoient  pas,  à  réciter  trois  cent  trente  paier. 

(22)  C'éloit  Michel  de  (.'ernay ,  célèbre  docteur  en  théologie ,  évêquo 
d'Auxerre  et  confesseur  de  Charles  VI, 

D 


?l 


m 


20  Chartreuse     DE    Paris. 

Sur  une  autx-e  plaque  de  cuivre  ,  on  vojoit  un  évêque  avec  ses  ha^ 
bits  pontificaux  ;  on  lisoit  autour  : 

Cy  GIST  réi-'erend père  en  D/'eii  Messire  Jean  de  blangi  ,  éi'êque 
d'Auxerre ,  qui  trépassa  Van  MCCCXLIV  leXN  jour  de  mars. 

Jean  de  Blangy  se  distingua  en  professant  la  théologie  à  Navaire. 
Benoît  XII  le  nommaàrévêché  d'Auxerre  en  1889.  Bientôt  dégoûté 
des  honneurs  épiseopaux ,  il  quitta  son  siège,  pour  venir  à  Paiis  se 
livrer  aux  sciences  et  aux  lettres.  11  y  mourut  au  mois  de  mars  dô 
l'année  iS^S. 

A  eôté  ,  on  vojoit  une  tom])e  de  cuivre  ,  sur  laquelle  éloit  grave- 
un  évêque  avec  ses  habits  pontificaux.  Sur  ses  paremens  on  avoit  fr^ 
guré  en  broderie  des  petites  niches  avec  les  douze  apôtres  ,  et  le  fonds 
étoit  semé  de  fleurs-de-ljs  et  de  dauphins.  Il  avoit  la  mître  sur  sa  tête 
et  la  crosse  à  la  main.  On  lisoit  au  tour:  hic  jacet  johannes  arson- 
VALLE  Lingonensis  diocesis  episcopus  ,  quondam  Cabillonensis  et 
Dominl  Ludoi^ici  Caroli ,sextL  Francorum  régis  primo  geiiiti..... 
et  Aquitaniœ  ducis  conjessor ,  qui  obiit  Parisiis  die  XXVJI  Aur- 
gusti  anno  Duniini  niillesimo  quadringintesimo  decimo  sexto, 
Requiescat  in  pace.. 

Jean  d'Arsonval  fat  ainsi  nommé  ,  non  d'un  bien  de  famille  ,n:vais 
de  la  paroisse  dans  laquelle  il  éloit  né;  sa  famille  n'est  point  comme. 
On  sait  qu'il  fut  successivement  chanoine  de  Tours  ,  de  Chartres  ,  de 
Paris  , et  enlin  évêque  de  Chaîons  en  1418.  Il  moiu-ul  le  27  août  de 
l'année  I4i6,etfut  enterré  aux  chartreux  de  Paris  auxquels  il  fit  de 
riches  legs  dans  son  testament. 

Dans  le  chœur  des  pères ,  et  plus  l^as  en  allant  vers  la  porte ,  on 
trouvoit  une  grande  quan-tilé  de  tombeaux. 

Le  premier  étoit  celui  de  Philippe  de  Harcourt , /?/.  Vl.Jig.'j.W 
étoit  couvert  d'une  table  de  cuivre  ;  il  y  étoit  gravé  avec  une  cuirasse 
et  une  cotte  d'armes  de  gueule  à  deux  fasces  d'or.  Sa  cotte  de  maille 
s'appercevoit  au  haut  de  sa  cuirasse  ,  et  il  po''toi!  une  petite  fraise  au 
tour  du  col.  Son  épée  étoit  grande  ,  et  la  poi^^née  formoit  bi-n  la  croix, 
habitude  commune  au  temps  de  la  chevalerie.  Les  chevaliers  invo- 
quoient  souvent  ce  signe  en  levant  leur  épée  parla  lame  avant  le 
combat.  On  voit  de  l'autre  côté  lefoureau  delà  dague ,  qvii  est  hexagone 


CirARTHEUSE      DE      PARIS;  2r 

«l  terminé  par  un  boiifon  plus  gros  et  d"une  forme  ^in:^ulîère.  Phi- 
lî'ipe  d'Harcoui-t  a  la  tête  nue,  et  chaque  pied  poié.'-ur  un  lion.  Ou 
lisoit  au  tour  de  cette  tombe  cette  épiîaphe  . 

Cl  GisT  noble  et  puissant  seigneur,  monseigneur  Philippe  de 
Harcourt  ,  clievalier ,  seigneur  de  Montgommerj  et  de  Noy elles 
sur  la  mer,  conseiller,  premier  chambellan  du  roi  Charles  KI^ 
lequel  trépassa  Van  MCCCCXIX  le'YAïi  jour  d'octobre  ^ 

Dieu  par  sa  grâce 
De  ses  pc'che's  pardon  lui  fasse 

Sous  la  cloche ,  au  dessous  de  Philippe  d?  Harcourt,  on  voyoit  une 
tombe  de  marbie  noir,  sur  laquelle  étoit  gravée  en  leltres  d'or  l'o- 
pilaphe  suivaiite  : 

D.     O.     M. 

LuDOVico  SxtJARTO  Albini  régula  ,  Edmundi  Leuiniœ  ducis 
filio  ,  ex  regid  Stuartorum  apud  Scotosfamiliâ  oriundo  ,  Cathari- 
nœ  Lusitaniœ  Caroli  II  ,magnœ  Britanniœ  régis  ,  conjugis  ma- 
gno  eleemosynario,  verô  non  tàni  claris  natalibus ,  qudm  religione , 
morum  suavitate ,  urbanitale ,  ingenii  elegantid  ,cœterisque  animi 
dotibus  conspicuo  ;  qui  ciim  in  cardinalium  collegium  mox  coop- 
tandus  esset ,immaturatd morte  peremptus  est,ann.  (vtat.  ^^6  anno 
Clirisii  i665j  idûs  novembris. 

De  se  plura  ne   di cerentur 
Supremis  tabulis  cauit. 

Louis  Stuart ,  seigneur  d'Aubignv ,  fils  d'Edmond  Stuart ,  duc 
ide  Lenox  ,  mort  à  Paris,  Fan  i665  ,  fut  inluimé  au  milieu  du  chœur 
sous  la  cloche.  Il  avo't  été  envoyé  en  France  dès  l'âge  de  cinq  ans. 
Il  prit  les  ordres  fort  jeune  ,  et  fut  chanoine  de  l'église  métropolilaine 
de  Paris.  Lors  du  rétablissement  de  Charles  II  sur  le  Ircne  de  ses 
ancêtres  ,  il  retourna  en  Angleterre  ,  et  le  Prince  le  fit  grand  aumô- 
nier de  la  reine,  sa  femme.  Il  fut  nommé  au  cardinalat  ;  mais  il 
mourut  à  Paris  quelques  heures  avant  l'arrivée  du  courrier  qui  lu» 


\t 


23  C    II      n    T    R    E    U    S    E      DE      P   A    R    I    S. 

en  appoitoit  la  nouvelle.  Au-dessous  de  cette    épitaphe  ,    on  llsoît 
aussi  siu"  un  marbre  noir  : 

///  îsto  terrœ  pulvere  requiescit  ad  résurrection em  vîtœ  evigila- 
/î/rr/5,  PetrusFranciscus  Ogier^  régis  à  consiliis  in  judiciali  Can- 
ceUarii  Franciœ  prœtorio  supremo  diplomatitm  ac  7-e  script  on:  m 
relalor ,  priiis  cleri  gallicani  qiiœsLor  in  ter  médias  sœciili  nego- 
tiorum  procellas  omnipotentis  miseri cordiâ  commonitus  in  partes 
vadere  sœculi  sancti  ,divino  Jidelis  oraculo  ,  in  Ininc  portiun  in- 
colis habitatum  sacris  vivus  appulit ,  ac  moriens  sepeliri  toluity 
ut  quos  in  vitâ  amicos  reîigîosè  colehat ,  christo  conjixos  cnici 
piè  venerebuiur ,  post  mortem  haheret  patronos.  Obiit  die  XXIV" 
decembris  anuo  MDCCXXV.  Requiescat  in  pace. 

A  côté,  svir  un  autre  marbre  noir  ,  onlisoît  :  Picememoriee  claris- 
simi  viri  Domini  D.V^TKl  lifiKsos  quondani  pcr  duodeviginti  an- 
nos  et  ampliùs  quœstoris  et  œdilis  Galliœ  in  generalitate  Pari- 
sien si  qui  citm  teneris  abannis  inter sacrilnijus  ordinis  i^enerabiles 
socio^  vitani  de  gère  voluerit ,  sed  aliter  disponente  dii^inâ  provi- 
dentià  pTaposituni  scienliarum  nequii'erit  adimplere  ,  sallem  hîc 
terrœ  mandarî et  expectare  résurrection eni  mortuorum  generalem 
ardentissimè  desiderai-'il.  Obiit  die  XXVI  maïi ,  anno  œtatis  49... 
sal.  N.  MDCCII.  Requiescat  in  pace. 

Plus  bas  éloit  la  sépulture  d'Hugues  Lecoq^  mort  dans  cette  mai- 
son, en  1485. 

Plus  loin  étolt  une  grande  table  de  cuivre,  qui  recouvroit  une  autre 
table  de  marbre  ,  et  sur  laquelle  étoient  -gravés  les  portraits  ,  en  pied, 
de  deux  prêtres  en  habits  sacerdoiuux;  Planche  J^,\\°^.  2  et  3. 
ils  étoient  dans  des  niches  enrichies  d'ornemens  moresques,  d'anges 
et  Ce  petites  figures  de  saints.  Autour  de  ce  cuivre  on  lisoit  : 

Ci  gisent  mestre  jehan  du  portail  arcediacre ,  et  mestre 
Simon  ^son  frère ,  diantre  de  l'église  de  Tournaj ,  le  quel  arcc- 
diacre  Jut  conseiller  du  roy  Phelippe  le  long  et  du  roj  Charles 
son  fils,  et  chancellier  de  très-noble  prince  Charles  comte  deValois^ 
d'^lnjou,  d'Alençon  et  de  Chartres  jusqu'' à  la  mort  dudict  comte  y 
et  depuis  mestre  des  requêtes  de  Vhostel  du  roy  Phelippe  fils  du- 


V 


N?   Ln.  PI.  ir'"'  Paif.  1-.7 


Mu/wl  Jhr.-.r' 


Chartreuse     de     Paris.  aS 

dlct  courte  :  Lequel  arcediacre  trespassa  Pan  de  grâce  ^ICCCLYl 
le~SJili.Jourde  novembre ,  et  ledict  chantre  Van  mil  trois  cens  et..... 

Le  reste  n'y  a  jamais  été  \  on  vojoit  la  place  entièrement  polie  et 
qui  avoit  été  réservée  apparemment  par  Simon  pour  Ia«faire  remplir 
après  sa  mort  ;  ce  qui  n'avoit  pas  été  exécuté, 

A  côté  de  la  tombe  des  du  Portail ,  on  en  vojolt  une  autre  aussi  en 
cuivre  ,  sur  laquelle  étoit  gravée  l'effigie  d'un  docteur ,  avec  soa 
chaperon  sur  l'épaule  ,  et  révêtu  de  ses  habits  sacerdotaux.  Planche 
IV ,  n°  3.    On  lisoit  autour  : 

HiC  Jacet  rei'erendissîmus  pater  et  niagnœ  circonspectîonis  ac 
scieniiœ  vir  dominas  NicoLAus  le  Diseur  de  Laudimensi  diocesi 

oriundus,  sedis  apostolicœ  protonotariiis Régis  Francorum. 

secretarius,  qui  obïit  Parisiis   die  XXIV  octobris  anno  Doniini 
MCCCLXXXXIX. 

Nicolas  le  Diseur  étoit  prolonotaire  apostolique,  archidiacre  d© 
Noj'on  et  de  Laon  ,  chanoine  de  ces  églises  ,  de  celle  de  Paris,  et 
secrétaire  du  P«oi. 

Sur  une  pierre  où  l'on  vojoit  gravée  la  figure  d'un  prêtre  avec 
ses  habits  ,  on  lisoit  ; 

Hic  Jacet  scieJideUs  etpi-udens  vir  dominus  Chabert  Hugonis  ; 
legum  doctor ,  archidiacus  Matisconensis  et  Obentiarius  Si.  .... 
Cabilonensis  canonicus  ,  qui  migrafit  anno  Doniini  MCCCL  ,  die 
^Ij'unii. 

Chabert  Hugues  étoit  docteur  en  lois  ,  archidiacre  de  Mâcon  et 
chanoine  d'A.utunetde  Chaalons-sur-Saone. 

Sur  une  tombe  de  marbre  noir  ,  on  voyoit  une  figure  de  chevalier, 
incrustée  en  marbre  blanc.  On  lisoit  autour  cette  épiiaphe  en  lettres- 
gothiques  : 

Ci  gist  noble  homme  Jehan  D'ain  ville  chepalier  et  seigneur  de 
Bruyères  et  d'^ussomuillier ,  maistre  dliostel  du  Roi  Charles  V^ 
qui  trespassa  en  son  liostel  à  Paris,  le  XX  jour  de  mars  ,  Van  de 
grâce    MCCCLXXV. 

C'est  le  fondateur  du  collège  de  son  nom ,  qui  étoit  autre-fois  près 
Saint-Côme. 

Au  bas  de  l'église ,  près  la  porte ,  on  vojoit ,  sur  une  tombe  plate  ^ 


t^ 


24  Chaut  r^  use    de    Paris. 

de  pierre ,  l'efFigie  d'un  homme  en  robe  ,  et  celie  d'une  femme  daus 

le  costume  du  quinzième  siècle. 

On  iisoit  aufouivde  cette  tomJae  cette  e'pilaplie  presrpie  effacée  : 
Hic  <] AC^t magnificus  ac prudensdoinums  Adam  de  Caaieraco, 
miles  ac  Parisiensis parlamenti pri mus  presidetis....  obiit  dieXY 
martis  MCCCCLVI ,  et  nohilis  domina  Karola  Alixandra,  ywœ 
obiit  Xllmensis  martis  MCCCCLXXIII.  Ora  pro  eis. 

Adam  de  Carabraj  Tut  premier  président  au  parlement  de  paris. 
Il  avoit  épousé  Charloîle  AiixanJre. 

On  vojoit  autre-fois  sur  une  lame  de  cuivre  la  fondalion  qu'il  avoit 
faite,  ainsi  que  son  portiait  qui  y  éloit  peint.  Ces  monuraens,qui 
Ploient  attachés  au  mur,  en  furent  ôtés  lors  de  la  construction  de  la 
boiserie  du  chœur. 

De  l'autre  côté  ,  près  des  chapelles  ,  on  lisoit  sur  une  pierre  ,  autour 
d'une  figure  représentant  un  prêtre  : 

Ci  gist  vénérable  et  discrette  personne  maistre  Pierre  Remuse  , 
<f/c/ ToNNERE  ,  cJianoine  de  Rlieims  et  de  Tournay ,  conseiller  du 
Hoi  Nostre  Sire  et  de  Monseigneur  le  duc  de  Bourgongne ,  qui  tré' 
passa  le  Ylll'=.Jour  d'octobre  ,  Fan  de  grâce  MCCCXCV, 

Au  dessous  de  la  précédente  ,  près  la  chapelle  de  Saint-Bruno  ,  on 
Hsoit  sur  une  tombe  ,  sur  laquelle  étoit  l'effigie  d'un  prêtre  avec  une 
robe  de  docteur  : 

Cl  GIST  vénérable  et  discrette  personne  maistre  Regnault  db 
BusSY  ,  licencié  es   loix  conseiller  du  Roi  en  son  parlement  et 
Prévost   en  T église  de   Soissons ,    qui   trespassa    l'an    de  grâce 
MCCCCVai,  leX'^.jourde  mars. 
Plus  loin  ,  on  lisoit  sur  une  pierre  : 

Cl  GIST  sage  homme  et  de  louable  confersation  M.Jean  Dumont- 
Saincte-Marie  ,  adi'ocat  en  parlement  et  prévost  de  C église  de 
Soissons  ,  et  chancellier  d'illustrissime  prince  Philippe ,  duc  d'Or- 
léans ,/ils  de  Philippe  de  P'alojs  ,  Roi  de  France  ,  qui  trespassa  le 

Jour  dé  Nostre  Dame  ,Ylll^.  jour  de Pan  MCCGXLVIII, 

On  vojoit  encore  ini  grand  nombre  de  sépultures  couvertes  de  pierres, 
sur  lesquelles  étoient  gravés  les  portraits  des  personnages  inhumés 
.dessous.  Voici  les  principaux  ; 


C    II    A    n    T    R    E    U    s    E      DE      P  A    R    I    S,  25' 

YvAN  DE  Beart,  chevalier  chambellan  du  Roi  de  France,  fils 
îtiaturel  de  Gaston  Phœbus ,  comte  de  Fois  ,  décédé  à  Paris  ,  à  l'hôtel 
Saint-Paul,  e   3o  janvier  1492. 

Jean  de  la  Lune  ,  Arragonois  ,  neveu  de  l'anli-Pape  Pierre  de  la 
Lune  ,  mort  en    1390. 

Jean  de  Chilly  ,  évêque  de  Grenoble  ,  mort  le  17  août  i33o. 
Gérard  de  Montagu  ,  chanoine  de  Paris  et  de  Rheims ,  conseilles 
et  avocat  du  Roi  en  son  parlement. 

Il  étoit  très-lié  avec  les  Chartreux,  qui  le  regardaient  comme  un  de 
leurs  plus  gands  bienfaiteurs.  Il  avoit  gagné  beaucoup  di  procès  pour 
eux;  aussi,  dans  toutes  les  messes  qu'ils  disoient,  ils  faisoiont  mémoir» 
de  lui.  Il  avoit  fondé  le  collège  de  Laon  près  des  Garraes. 

Martin  SÉNÉCHAL,  avocat  en  parlement,  mort  le  i5  juillet  1372^ 
Pierre  de  Chenac  ,   officiai  de  l'église  de  Paris  et  chanoine  dor 
Limoges ,   mort  en  MCCC. 

Odo  de  Boile  au,  trésorier  de  la  Sainte  Chapelle  de  Paris ,  mort  le 

J2  octobre  ,   l'an  de  grâce 

Mathurin  Roger  ,  conseiller  du  Roi  et  chanoine  de  Béthune  et 

d'y\.ux  ,  mort  le  i3  août  i38 

Thierry  de  Biencour  ,  doyen  de  Toul ,  conseiller  et  maître  des 
requêtes,  qui  fit  bâtir  un  hôtelsur  le  derrière  des  murs  des  chartreux, 
où  il  demeura  ,  et  qui  (il  faire  le  pavé  depuis  ce  monastère  jusqu'à  la- 
porte  Sainl-Michel  :  il  é'oit  enierré  près  la  sacristie. 

GuiLAUME  MoBEL,  avocat  en  jjailemcnt  et  chanoine  de  Nojon  ;. 
aiort  en  i336,  inhumé  près  la  chapelle  Saint-D.-nis,  au  bas  du  chœur. 
Guillaume  Roze  ,  avocat  au  parlement ,  et  damoiselle  Pernelle 
DE  BEMARS!-ont  inhumés  à  côté  ,  l'an   1375. 

Michel  Mauconduit,  professeur  es  loix  et  doyen  de  Chartres,, 
mort  en  i328  ,  et  Guillaume  Culdoé,  licencié  en  droit,  chanoine  de 
C'iartres,  notaire  du  Roi  et  frère  di  ./ean  Culdoé ,  prévost  des  mar- 
chands ,  sont  iuhumés  de  l'autre  côté  dans  la  chapelle  Saint-Louis. 

Les  sept  chapelles  collatérales  ,  du  cô:édu  nord,  avolent  été  bâties 
et  fondées  par  diverses  personnes  et  en  diflërens  tems.  La  première  y 
en  1724,  en  l'honneur  de  Saint  Michel,  |)ar  Robert  ,  abbé  d'Anchin; 
ou  d'Aquilance  en.  Artois  ,  de  l'ordre  de  Saint  Benoît ,  q^ui ,  ayant  re-r 


\^ 


2.6  C   H    A    R    T    II    E    U    s    K      D    E      P  A    R    r    s. 

iioncé  àsoii  abbaye  ,  prit  l'habit  de  Chartreux  ,  et  finit  ses  jours  clans 
cette  maison.  Jean  Billouart  et  sa  femme  donnèrent  aussi  quelq^ues 
revenus  pour  l'entretien  de  cette  chapelle, 

Eileélolt  décorée,  ainsi  que  les  six  autres  ,  d'une  menuiserie  simple 
mais  assez  jolie.  Le  tableau  d'autel  représentoit  le  songe  de  Jacob.  Dans 
le  coin  du  tableau,  un  ange  fait  voir  à  un  chartreux  l'échelle  mystique. 
En  face  de  l'autel  étoient  encore  deux  autres  tableaux  :  l'un  représentoit: 
le  songe  de  Sahit  Pierre,  où  il  voit  des  animaux;  il  y  a  un  lion,  un 
cochon  ,  un  éléphant  ,  etc.  On  y  lisoit  :  nos  spectatores  facti 
magnitudinis  Chrisli.  L'autre  éloit  Saint  Paul  au  troisième  ciel; 
pn  y  lisoit  :  nos  revelatâfacie gloriani  Dei  spéculantes. 

Dans  cette  chapelle  qui  communiquoit  au  sanctuaire  par  une  porte 
pareille  à  celle  de  la  sacristie  ,  étoit  la  seule  entrée  des  sixautres  cha- 
pelles, cjui  donnoientles  unes  dans  les  autres  ,  et  qui  n'avoient  aucune 
communication  avec  le  reste  de  Féglise.  On  y  voyoit  vme  ton^be  ,  eu 
face  de  l'autel ,  sur  laquelle  on  lisoit  : 

Ci  gist  Geofroy  le  Bouteiller,  chancellier  et  chanoine  de 
Chartres  et  de  la  saincte  chapelle  à  Paris ,  et  premier  chambellan  du 
Koi  de  France ,  qui  trespassa  le  12^. jour  de  juillet ,  l'an  de  grâce 
MCCCLXXVII, 

La  seconde  et  la  troisième  chapelles  avoient  été  fondées  par  Jeaiç 
Pesmoulins  ,  chanoine  de  Chaalons  et  clerc  des  Rois  PhiHppe  et 
Charles  ;  l'une  étoit  dédiée  à  Sajnte-Anne  ,  et  l'autre  à  la  Madeleine, 
Dans  la  suite  elles  furent  réparées  par  De  la  DriÉche  ,  premier  pré- 
sident en  la  chambre  des  comptes  ,  trésorier  de  France  et  seigneur  de 
Passy,  mort  en  i486. 

Le  tableau  de  la  chapelle  Sainte- Anne  représente  la  présentation  dg 
la  Vierge  au  Temple  ;  il  éîoit  accompagné  d'une  boiserie  d'ordre 
ïbnique  cpi  ornoit  l'autel ,  dans  laquelle  étoit ,  au  dessus  du  tableau  , 
une  statue  gothique  et  dorée,  de  Sainte-Anne  ,  qui  montre  à  lire  à  la 
Vierge  (28  ). 

Dans  une  niche  pratiquée  dans  le  lambris  d'appui  de  la  boiserie ,  oi\ 


(23)  Ani.  nat. ,  tom.  XXXIX,  art.  IV.  pag.  48. 


voyoit 


Chartreuse     de    Paris:  27 

voyoitun  Christ  au  tombeau  ,  sculplé  en  Lois  et  coloré.  Cette  figure 
étoit  dure,  sèche  et  mal  dessinée.  Au  bas  il  j  avoit  une  tombe  sur 
laquelle  étoit  l'effigie  d'un  prêlre  ,  gravée  en  pierre  ,  avec  les  mains  et 
le  vi;ai^e  en  marbre  blanc  incrusté.  Les  genoux  des  moines  qui 
venoient  prier  contre  l'image  du  Christ ,  avoleut  usé  la  plus  grande 
partie  de  cette  épitaphe  cpe  voici  : 

Ci-cisT  vénérable  et  discrelte personne  maisire  Vierge  le  Jay  , 
en  son  vii>ant  doyen  de  P église  de  Meaux  et  conseiller  du  Roy  es 
requestes  de  son  palais  à  Paris  ,  qni  trcspassa  le  XXV  jour 
d'octobre ,  l'an  de  grâce  MCCCCXXX. 

Le  tableau  d'autel  de  la  chapelle  dsla  Madeleine  représentoit  Jesus- 
Christ  enseveli  parles  saintes  femmes. 

Dans  celte  chapelle  de  la  Madeleine  on  vojoit  une  tombe  de  pierre 
sur  laquelle  éloit  gravée  l'image  d'un  homme  et  d'une  ïevame, planche 
y  Jig.    3  ,  autour  desquels  on  lisoic  cette  épitaphe  : 

Ci-GisT  honorable  homme  sire  Hervé  DE  Ne  au  ville  ,  seigneur  du 
val  Coquatrix-LeZ'Corbeil ,  et  conseiller  du  P^oi  notre  Sire,  qui 
trespassa  le  'o^.  jour  de  septembre  ,  l'an  de  grâce  MCCCCXXIIL 

Ci-GIST  Damoiselle  Margueritte  Aloss  ,  femme  du  dict  sire 
Hen^é,  et  dame  d'icelui  ,lieu  du  Val-Coquatrix  ,  laquelle  trespassa 
le  Y  jour  de  mars  MCCCCXIIL 

Sur  la  muraille  ,  à  côté,  on  vojoit  une  table  de  cuivi'e  représentant 
Hervé  de  Neauville  et  Guillaume  ,  son  frère  ,  à  genoux ,  assistés 
de  Sailit-Hervé  (24)  qui  tenoit  une  palme  ,  et  de  Saint  Pierre  qui  pré- 


(  24  )  Ce  Saint  naquit  aveugle  au  coimnencemeut  du  VI=  siècle.  Il  éloit  fils 
d'Huvarnzon  t\.  àe  Rh  annone.  TAnv  ain'ion  ,  seigneur,  originaire  d'Angleterre,  vint 
fort  jeune  à  la  cour  de  France.  Les  belles  qualités  et  les  talens  agréables  qu'il  y 
apporta,  le  firent  remarquer  de  Cliildebert  premier  ,  dont  il  devint  le  fuvcri 
intime,  et  qui  le  combla  de  bienfaits.  Quelques  années  après,  dégoûté  de  ce 
séjour  ,  il  se  retira  dans  la  basse-Bretagne  ,  sa  pairie,  et  s'y  maria.  C'est-Ià 
qu'il  fit  baptiser  son  lils  sous  le  nom  d'Hurvanus  ;  il  s'appela  dans  la  suite 
Hervœus. 

Hervé,  malgré  sa  cécité  ,  parvint àapprendre le  latin, parles  soiiisd'un  moine, 
ïiommé  Martinien.  Après  cela  il  se  relira  auprès  de  S.  Vulpliroëde  ,  son  oucle, 

E 


H 


28  Chartreuse     de     Paris. 

senîoit  à  la  Vierge  quatre  chartreux  :  le  fond  étoit  enrichi  d'ornemens 
moresques  très-délicats  ;  on  jlisoit  en  lettres  gothiques  : 

alors  directeur  d'un  pelit  inonaslère  dans  le  diocèse  de  Léon  ;  il  devint  soo 
successeur ,  et  fit  construire  une  chapelle  sous  son  invocation. 

C'est  tout  ce  qu'on  sait  de  ce  saint  ,  auquel  on  ne  manque  pas  d'attribuer 
plusieurs  miracles  :  trois  entr'aulres  méritent  d'élre  rapportés. 

Rivannone  ,  mère  d'Hervé  ,  ayant  abandonné  tous  ses  biens  ,  s'étoit  confinée 
dans  une  solitude  inconnue  à  son  fils.  Celui-ci ,  désirant  la  revoir  ,  consulta 
Vulphroëde  j  dont  nous  venons  de  parler  ,  sur  ce  qu'il  devoit  faire.  Son  oncle 
ayant  su  ,  par  révélation,  le  lieu  de  sa  retraite  ,  résolut  de  s'y  rendre  lui-même. 
Il  laissa  en  conséquence  à  son  neveu  la  conduite  et  le  soin  de  son  petit  domaine,  et 
partit.  Un  âne  étoit  la  seule  bête  de  somme  qu'il  possédoit  ;  on  l'envoya  un  jour  aux 
pâturages;  mais  un  loup  survint  et  le  dévora.  Ce  que  voyant  Guitharanus ,  c'étoit  le 
nom  de  l'esclave,  il  courut  eu  prévenir  Hervé  qui  étoit  en  oraison.  Le  saint, 
frappé  d'un  tel  accident ,  se  remet  en  prières  ;  à  peine  étoit-il  prosterné,  que  le  loup 
accourt  vers  la  ferme.  Comme  son  compagnon  lui  crioit  de  se  tenir  en  défense  : 
Et   pour(^uoi  ,  dit -il    alors  ,  cet  animal   ne  vient  pas  pour   me  nuire, 

JIAIS  POUR  RÉPARER  LE  DOMMAGE  QU'iL  NOUS  A  FAIT?  SaISISSEZ-LE  IT  EMPLOTEZ- 

XE  EN  PLACE  DE  l'ane  :  en  effet  le  loup  se  laissa  prendre,  et  deviat  très-docile. 
C'est  pour  la  premitre  fois  qu'on  vit  un  loup  coucher  paisiblement  au  milieu 
des  brebis  ,  trainer  un  char  ,  porter  des  fardeaux,  en  un  mot  faire  tout  le  service 
d'une  bête  de  somme. 

Un  autre  miracle  n'est  pas  moins  étonnant.  Un  renard  avoit  emporté  une  poule  : 
instruit  de  l'aventure  ,  le  saint  eut  recours  à  la  prière' ,  et  le  voleur  rapporta  lui- 
même  sa  proie  saine  et  sauve.  Un  troisième  miracle  est  tout  aussi  singuher:  Hervé, 
après  avoir  long-tems  erré,  se  fixa,  lui  et  ses  compagnons,  chez  un  certaiu Innocus  , 
qui  se  crut  obligé  de  ne  leur  rien  refuser.  Cependant  il  le  quitta,  et  se  fit 
conduire  par  le  mont  Ara  dans  le  pays  de  Cornouailles.  Le  bruit  de  sa  sainteté  y 
avoit  déjà  pénétré.  Il  fut  très-bien  accueilli  par  un  seigneur  nommé  Uvoigonus , 
dans  le  bourg  de  Launguedrec.  Ce  lieu  ,  entouré  d'une  épaisse  forêt ,  étoit  plein 
d'étangs  peuplés  d'une  multitude  infinie  de  grenouilles,  dont  le  croassement  con- 
tinuel incommodoit  singulièrement  les  habitans.  Hervé  ,  pressé ,  solhcité ,  se 
met  enfin  en  prières;  c'étoit  le  soir  :  les  grenouilles  n'avoient  jamais  tant  étourdi. 
Tout-à-coup  il  se  fait  un  silence  profond  :  on  eût  dit  que  d'un  seul  coup  le 
saint  les  avoit  toutes  étouffées.  Un  incrédule  du  tems  dit  alors  :  $i  uke  seule  se 
FAIT  entendre,  SUR  LE  CHAMi' ,  JE  CROIS  AU  MIRACLE.  A  peine  eut-il  parlé, 
qu'on  en  entendit  une  croasser.  Uyoigonus,  frappé  d'étonnement ,  domia  à  Hervé 
une  grande  partie  de  ses  forêts  ,  des  métairies  et  tous  les  matériaux  nécetsaires 
pour  bâtiir  un  monastère.  Bollandus  acta  Sanctorum  17  junii. 


Chautreuse    de    Pauis."  .29 

sire  Hervé  de  Neauville,  seigneur  du  P^al  Coquàtrîx  Lez- 
Corbeil ,  et  conseiller  du  Roi  nosire  Sire  et  Guillaume  de  Neau- 
Ville  secrétaire  d'icelui  seigneur,  frères,  ont  fondé  en  V  église  de 
céans,  chacun  deux  anniversaires  pour  eux  et  leurs  femmes.  Et 
quatre  religieux  perpétuels  pour  prier  Dieu  pour  eux  et  pour  les 
âmes  de  leurs  dictes  femmes  ,  et  de  leurs  père  et  mère  et  de  leurs 
autres  amis  et  bleif acteurs  ;  d'esté  sai^oirle  dict  ^/re Hervé  trois 
d'iceux  religieux  ,  lesquels  dorénavant  auront  et  occuperont  les 
celles  signées  ÇzS)  ,  la  première  à  la  lettre  A" ,  laseconde  à  lalettre 
Y  ,  et  la  tierce  à  la  lettre  Z  /  et  le  dict  maistre  Guillaume  un  reli- 
gieux qui  semblablement  aura  et  occupera  la  celle  signée  à  la 
lettre  V ,  toutes  icelles  celles  assises  autour  du  grand  cloistre  de 
ceste  dicte  église.  Pour  laquelle  fondation  et  pour  estre  perpétuel- 
lement accompagnezet participons  en  toutes  les  prières  et  autres 
hienfaicts  spirituels  de  tous  les  autres  religieux  de  cette  dicte  église  : 
Iceux  frères  leur  ont  donné,  baillé  et  transporté  perpétuellement  et 
à  tousjours  mais  (26)  ;  c'est  à  sat'oir  le  dict  Sire  HervÉ,  plusieurs 
beaux  héritages  ,  en  la  valeur  de  cent  cinquante  Hures  parîsis  de 
Tente  par  an  ,  assis  assez  près  du  dict  Corbeil ,  et  le  dict  maistre 
Guillaume  unfef  en  la  valeur  de  cinquante  lii'res  parisis  de  rente 


(  25  )  Du  mot  Cella  ,  dont  on  a  fait  ensuite  Cellula ,  cellule,  ce  mot  n'étant 
anciennement  appliqué  qu'à  indiquer  l'endroit  où  se  mettoient  les  diHerens  liquides  , 
comme  les  vins,  le  cidre  ,  l'huile  ;  quelquefois  cependant  Voiture  l'employé  pour 
jitthe  chambre.  Dans  les  siècles  poslérieurs  ce  nom  a  elé  employé  pour  désigner 
les  demeures  des  moines,  et  quelquefois  le  monastère  lui-même.  Autrefois 
ces  cellules  étoient  séparées  ,  et  les  moines  se  réunissoient  dans  le  même  lieu 
pour  l'office.  Ou  en  a  vu  jusqu'à  cinqmilie,  habiter  ainsi  dans  le  même  canton. 
Recevoir  le  don  d'une  semblable  demeure  ou  cellule  ,  se  disoit  încellari.  C'est 
par  imitation  de  cet  ancien  usage  que  les  chartreux  avoient  des  cellules  qui 
étoient  comme  autant  de  maisons  séparées  ,  et  cependant  enfermées  dans  un  même 
mur,  tandis  que  les  autres  moines  avoient  senlement  des  chambres  placées 
autour  d'un  long  dortoir  ,  qu'on  nommoit  aussi  cellule  par  analogie. 

(  26  )  Mais  dans  le  vieux  langage ,  signifie  à  venir  :  ainsi ,  à  toujours  mais 
équivaut  à  dans  tout  Vayenir.  On  a  dit  depuis  ,  à  tout  jamais.  Ce  mot  pris  dans  ce 
sens  vient    de   magis.  plus,  davantage. 

E2 


n 


3o  C    II    A    îî    T    R    E    U    s    E      DE      P  A    RI    S, 

■par  (77;,  assis  en  la  ville,  ierrouer  eljinage  de  forést  au  pays  de 
Veulquecin  le  normant ,  et  desquels  héritages  et  assiettes  ,  lesdicts 
religieux  ont  été  bien  contens  :  et  par  ce  promis  entretenir  et  accom- 
plir la  dicte  fondation  parla  manière  que  dict  est  comme  ce  et  les 
autres  choses  dessus  dictes ,  apperent  et  sont  plusà plain  contenues 
ez  lettres  sur  ce  f aides  et  passées  entre  les  dictsreligieux ,  eticeux 
frères  ,  fan  de  grâce  MCCCCXX. ,  au  mois  d'octobre. 

La  quatrième  chapelle  et  la  cinquième  furent  construites  des  biens 
de  Jean  Dufour,  changeur  de  Paris,  et  de  sa  femme,  qui  firent  doter 
et  bénir,  en  i36i ,  la  quatrième  qui  éloit  dédiée  à  Saint  Pierre.  En  face 
de  l'autel  à  droite,  sous  le  prie-dieu  ,  étoit  leur  sépulture  ,  recouverte 
d'une  pierre  plate  ,sur  laquelle  étoit  gravée  leur  figure.  On  lisoil autour 
leur  épitaphe  : 

Ci-gist  Jehan  Dufour  ,  changeur ,  bourgeois  de  Paris  ,  qui  ti-es^ 
passa  Van  de  grâce 

La  chapelle  Saint- Jean  avoit  été  dotée  en  outre  des  dons  de  Dujour 
par  Jacques  le  Long  qui  se  fit  religieuxdans  ce  couvent  ;  et  après,  par 
Giles  Gallojs  ,  chevalier ,  seigneur  de  Lusarches.^ 

Le  tableau  d'autel  représentoit  Saint  Jean-Baptiste  baptisant  Jésus- 
Christ.  Sur  une  frise  ,  en  haut  du  tableau  ,  onlisoit  ces  paroles  du  Père 
Eternel.  Hic  est  meusjilius  dilectus.Yx  au-dessus  du  grand  tableau, 
il  yen  avoit  un  plus  petit  où  le  Père  Eternel  étoit  effectivement 
représenté  proférant  les  paroles  que  nous  venons  de  citer» 

En  face  de  l'autel  il  y  avoit  une  tombe  plate  de  pierre  ,  oii  l'on 
voyoit  gravée  l'effigie  d'un  docteur;  sa  robe  étoit  longue,  et  les  manches 
en  étoient  fourrées  d'hermine.  Planche  IV Ji g.  2,.  Autour  on  lisoit 
cette  épitaphe. 

Ci-GIST  vénérable  et  discrefte  personne  ,maistreYi^mK^  le  Jay^ 
en  son  vivant  doyen  de  V église  de  Meaulx ,  conseiller  du  Iloi  notre 
Sire,  aux  requestes  de  son  palais  à  Paris,  quitrespassa  le  mercredy 
jour  d! octobre ,  l'an  de  grâce  MCCCC. 

On  voyoit  dans  cette  chapelle  de  Saint-Jean  une  très-grande  tombe 
plate  de  marbre  noir. 


Chartreuse     de    Paris.  3i 

A  ^  n  ^'''- 

F    O    E    L    I    C    I      M    E    M    O    R    I    ^^ 

Ilhistrlssimi  D.  D.  Joannis  Ludovici  ^/e  Faucon  equitis  de  Riz 
comitis  de  Bacqueuille  ,  marchionis  de  Charleval ,  Rcgi  à  secretio- 
ribus  consiliis  et  N^ustriaci  senatûs  principis. 

Dùm  vixit  togœ  singulos  ohtinuit  honores  ,  donec  gradatim  ad 
majorem  dignitalem  erectus  quam  pater  ,  apU77ci//us  et  arus  glo- 
riosè  SHStifiuerant  ,no}i  sine  laude gessit  ;  obiit  TI  Kalendis  mart. , 
anno  chr.  MVICLXXIII ,  œtotissuœLV.In  eodem  tumiilo  quiescit 
illustrissima  BD.  Bonita  (28)  Royer  ejus  lixor,  mariti  gloriam  in 
togâ ,  pietatis  et  chariiatis  decorihiis  œmulata  dùm  super  vixit , 
ut  simul  in  ceternùm  rivèrent  ,•  oijiit  iUa  V  die  febrnarii  anno 
MDCLXXXV.^A  LXVII. 

La  famille  de  Faucon  de  Riz  éloit  distinguée  dans  la  robe  ,  et 

pIiisieMrs  de  ce  nom  avoient  été  premiers  présidens  au  parlement  de 

Rouen. 

La  cbapelledeSaint-AndréetSaint-Étienne,  qui  étoil:  la  sixième, fut 

édifiée  et  dotée  par  André  de  Florence ,  à" ahovà  trésorier  de  Rheims 

et   clerc  de    Charles  IV  ,  roi  de  france  et  de   Navarre  ,  et   ensuite 

évêque  de  Tournay  et  cardinal. 

La  boiserie  ,  qui  avoit  élé  reconstruite  depuis  peu  de  tems,  etoit 
d'ordre  dorique.  L'autel  étoit  décoré  de  pilastres  ioniques  ,  portant  un 
fronton  ,  dans  la  frise  duquel  étoient  des  fleurs  assez  bien  sculptées  ; 
etle  tableau  qui  éloit  médiocre,  représentoit  le  martyre  deSt.  Etienne. 

La  septième  et  dernière  chapelle  avoit  été  bâtie  long-tems  après  les 
auties;  elle  étoit  dédiée  à  Saint  Bruno  et  à  Saint  Hugues.  On  ne  lui 


(  27  )  Ce  signe  se  trouve  très  anciennerr.ent  sur  la  tombe  des  chrétiens;  c'est 
le  Monogramme  de  christ^  enlre  V  alpha  et  \' oméga  ^\e  commencement  et  la  fin, 
pour  auuoncir  que  tout  vient  de  Dieu. 

(  28  )  Son  palron  étoit  Saint  Bon  ou  Bonet,  en  lalin  Bonhusj  évêgue  de  Cl.er-r 
mont  en  699. 


n 


È2  Ciiautreuse    de    Paris. 

connoît  aucun  fondateur.  Elle  fut  bûtie  pour  la  commodité  de  ceux 
qui  avoient  une  dévotion  particulière  à  Saint  Hugues  ,  ainsi  qu'il  a  été 
dit  plus  haut. 

Cette  chapelle  étoit  ornée  d'une  fort  Jjelle  menuiserie  moderne  ,  de 
deux  colonnes  corinthiennes  sur  le  grand  autel  soutenant  un  fronton  , 
et  d'un  tableau  lrès-1'oible  représentant  Saint  Bruno  priant  dans  le  désert. 
Dans  la  frise  du  fronton  on  lisoit  eu  lettres  d'or  ,  Autel  privilégié  (29). 
Il  j  avoit  sur  le  côté  de  l'épître  trois  figures  gothiques ,  et  cependant 


(  29  )  Les  autels  privilégiés  sont  ceux  auxquels  ou  a  attribué  quelqu'indul- 
gence.  Adajn  de  Valois  pense  que  l'invention  en  est  due  aux  moines  mendians 
pour  achalander  leurs  églises  ;  mais  il  n'en  fixe  point  l'époque.  Quelques  auteurs 
en  ont  reculé  l'origine  jusqu'en  820;  m:iis  Tiiiers  croit  qu'ils  n'ont  pris  nais- 
sance que  vers  le  tems  du  concile  de  Trente ,  en  i563,et  que  Grégoire  XIII, 
mort  eu  i585,  est  le  premier  pape  qui  en  ait  accordé  aux  Carmes  de  Sienne 
et  à  ceux  de  Besançon.  Après  en  avoir  obtenu  le  bref,  les  mendians  paroient 
leur  autel,  envojoient  des  billets,  placardoient  des  affiches,  écrivoient  au- 
dessus,  en  lettres  d'or,  autel  privilégie.  Les  réguliers  ont  voulu  avoir  des 
autels  privilégiés  comme  les  mendians  5  ainsi  ces  autels  sont  devenus  mi  objet 
de  sollicitation  à  la  cour  de  Rome.  Les  réguliers  ont  également  exposé  des  écri- 
taux  avec  Finscription  :  autel  privilégié  ;  ils  ont  même  enchéri ,  en  ajoutant  :  ici 
se  dèliv];e  une  ame  du  purgatoire  à  chaque  messe.  Quelques-uns  firent  croire  ,  au 
moyen  de  petits  feux  d'artifice  qui  éclatoient  au  moment  de  la  consécration  , 
que  l'ame  délivrée  s'envoloit  dans  le  paradis.  C'est  pour  cela  qu'un  moine  qui 
soLitenoit  sa  thèse  de  licence,  interrogé  par  un  de  ses  examinateurs  j;/r  ce  qu'il 
pensait  des  autels  privilégiés  ,  répondit  avec  assurance  :  je  pense  qu'ils  sont  d'un 
grand  produit. 

La  cour  de  Rome  donnoit  de  ces  autels  à  perpétuité  ;  mais  comme  elle  étoit 
bien  aise  de  faire  renouveler  les  démarches  et  les  contributions  nécessaires 
pour  les  obtenir  ,  elle  ne  les  accordoit  ordinairement  que  pour  sept  ans. 

Un  jésuite  avoit  imaginé  une  bonne  manière  d'avoir  toujours  des  pratiques 
pour  dire  des  messes.  Il  avoit  fait  croire  à  des  artisans  qu'il  étoit  lui-même 
autel  privilégié  ;  c'est-à-dire  ,  qu'à  quelque  autel  qu'il  dit  la  messe  ,  il  lui  com- 
muniquoit  les  mêmes  prérogatives  :  on  sent  bien  qu'il  avoit  la  vogue  et  beau- 
coup de  débit. 

Thiers  ,  dans  son  traité  superstitieux  des  superstitions  ,  s'élève  beaucoup  contra 
ce  qu'il  appelé  l'abus  des  autels  privilégiés  j  mais  leur  véritable  abus  étoit  daus 
leur  existence. 


Chartreuse     de    Paris.  33 

mieuxfailes  qu'elles  lie  le  sont  ordinairement.  Celle  du  milieu,  qui  éloit 
Ja  Vierge  ,  avoit  une  couronne  de  fleurons  sur  la  tête  ;  elle  tenoit  d'une 
main  son  fils  ,  et  de  l'autre  une  tige  de  Ijs;  sous  son  piédestal  éloient 
deux  figures  grotesques  qui  tenoient  des  rouleaux.  La  figure  à  sa  droite 
étoit  celle  de  Saint  Bruno  ;  il  tenoit  un  livre  d'une  main,  et  de  l'autre 
une  palme.  Son  piédestal  éroit  chargé  de  mitres  ,  de  croix  et  d'autres 
marques  de  dignités  ecclésiastiques ,  et  pour  qu'aucun  des  signes  de 
l'orgueil  n'y  manquât,  il  j  avoit  aussi  un  écusson ,  dontles  armes  étoieat 
érartelées  au  quatre,  de  trois  merlettes  de  sable ,  et  aux  deux,  ondées  de 
dix  pièces ,  à  la  bande  chargée  de  fleurs-de-lys  sans  nombre.  La  figure 
à  gauche  étoit  celle  de  Saint-Hugues  ,  en  habits  pontificaux  sur  ses 
habits  de  chartreux;  il  tenoit  un  livre  d'une  main,  et  de  l'autre  sa 
crosse.  A  ses  pieds  étoit  un  cvgne  ,  et  sur  le  piédestal  des  anges  grotes- 
ques tenant  des  rouleaux. 

Dans  la  sacristie  où  il  y  avoit  une  chapelle  dédiée  à  Saint  Jeaii- 
l'Evangéliste  ,  le  tableau  d'autel  représentoit  ce  Saint. 

En  face  ou  lisoit  cette  épitaphe  sur  un  marbre  blanc. 

Ad  majorem  Dei  glorîam  Louis  Barbote  au  ,  conseiller  du  roi 
contrôleur  général  de  la  trésorerie  de  sa  maison ,  ayant  vécu  en  tout 
honneur  et  piété ,  et  rempli  d'un  zèle  ardent  pourV augmentation  du 

sen'ice  dii^in  a  fondé ,    etc est  décédé  le  XXVI  octobre 

MDCLXVI.  Priez  Dieu  pour  son  ame. 

Il  y  avoit  autrefois  dans  cette  sacristie  plusieurs  beaux  et  riches  reli- 
quaires qui  ont  été  donnés  pour  les  i)esoins  de  l'état  ;  entr'autres  uu 
vase  d'argent  doré  ,  pesant  vingt-cinq  marcs. 

On  y  conservoit  du  sang  et  une  sandale  de  Saint  Jean-Baptiste  ,  du 
lait  (3©)  et  du  pain   de  la  Vierge,  etc 

On  y  voyoit  encore  un  tableau  assez  curieux  pour  le  costume.  Il 
représentoit  la  Vierge  sur  un  trône  d'or ,  à  qui  Saint  Jean-Baptiste 
présentoit  un  bourgeois  vêtu  d'uns  robe  rouge  et  fourrée  ,  avec  de 
grandes  manches  et  des  mitaines.  II  avoit  derrière  lui  un  jeune  homme 


(  3o  )  Les  Carmes  de  la  place  Maubert  avoient  aussi  du  lait  de  la  Vierge, 
Voyez  sur  ces  reliç[ues  leur  article.  Tom.  IV ,  chap.  XLVI,  p.  27. 


^<5 


34  C   lî    A    R    T    R    s    U   s    E      D   E      P  A    R    I   s, 

en  robe  verle.  De  l'autre  côté  c'étoit  une  re!i  pieuse  qui  présenfoit  aussi 
à  la  Vierge  une  femme  en  snrcot  vert ,  horde  de  blanc  avec  la  robe  de 
dessous  rouge  ;  elle  étoit  coëH'ëe  en  cheveux  avec  une  petite  toque  sur  la 
tête.  Derrière  elle  étoient  deux  petites  filles  en  robe  verte,  avec  les 
cheveux  noués  d'une  bandelette ,  et  en  haut  on  vojoit  des  anges  jouant 
de  divers  instrumens. 

Mais  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  beau  dans  la  sacristie  et  de  plus  re- 
marquable pour  les  arts  ,  c'étoit  un  vase  servant  à  entretenir  le  feu,  Il 
étoit  de  cuivre  rond  ,  et  échancré  aux  quatre  coins;  la  frise  en  étoit 
ornée  de  feuilles  de  persil ,  avec  quatre  têtes  de  lion  sur  les  faces  ;  il 
étoit  soutenu  par  quatre  consoles  portées  sur  un  piedouche  soutenu 
sur  autant  de  volutes.  Voyez  Planche  VU  ,ViP.  i. 

Dans  un  petit  corps  de  bâtiment  ,  à  côté  de  la  sacristie,  on  vojoit 
IU13  tour  octogone  en  brique  qui  portoit  un  petit  clocher  ,  où  étoit 
l'horloge  ;  elle  sonnoit  les  demi-quarts,  et  chaque  fois  son  carillon  jouoit 
une  hymne  dont  le  chaut  étoit  plus  ou  moins  long,  en  porportionde  la 
partie  de  l'heure  qu'elle  faisoit  entendre.  Voyez  Planche  VII ,  n».  2. 

La  sacristie  communiquoll  avec  le  petit  cloître  :  on  y  passoit  aussi 
par  l'église.  Ce  cloître  étoit  fort  régulier  ,  et  avoit  été  autrefois  décoré 
d'arcades  gothiques,  entre  lesquelles  étoient  des  peintures  à  fresque  , 
à  peu  près  du  tcms  de  Charles  "V II ,  ainsi  que  pouvoient  l'indîquer  les 
costumes.  Ony  avoit  écrit  des  vers  au-dessous;  mais  ils  étoient  tronqués 
et  mutilés  de  manière  à  ne  pouvoir  les  lire.  Ces  tableaux,  ainsi  que  ces 
yers  ,  avoient  pour  sujet  la  vie  de  Saint  Bruno. 

Les  religieux  firent  depuis  reconstruire  à  neuf  ce  cloître ,  en  conser- 
vant les  mêmes  distances.  On  l'orna  d'une  architecture  d'ordre  dorique, 
quiconsistoit  en  archivoltes,  accompag^ées  de  pilastres,  et  l'on  disposa  , 
de  même  la  face  vis-à-vis  ,  ensorte  que  les  croisées  se  trouvèrent  dans 
des  arcades  de  pareille  proportion  ,  et  d'une  architecture  absolument 
semblable,  Ou  auroit  dû  choisir  pour  cette  place  un  ordre  qui  lui  con- 
vînt mieux ,  parce  que  cet  ordre  ne  doit  êîre  employé  que  dans  de  grandes 
proportions  ,  et  qu'ici  il  étoit ,  pour  ainsi  dire  ,  en  miniature  ,  et  qu'il 
perdoit  par-là  ses  plus  grandes  beautés  ,  la  solidité  et  la  majesté.  L'ordre 
qui  eût  le  mieux  convenu  ,  auroit  été  le  corinthien,  parce  qu'il  peut 
^'employer  comme  ornement ,  qu'il  est  aussi  sévère  que  le  doriquç ,  et 

que 


30 


C    II    A    R    T    R    B    U    s    E       U    E      P  A    R    I    s,  3j 

que  ses  richesses  se  seroient  alliées  avec  celles  qu'il  niiroit  renfermées. 

Les  vitraux  des  croisées  étoient  peints  en  apprêts  ,  comme  on  peint 
le  verre  aujourd'hui,  et  non  comme  on  faisoit  dans  des  tems  plus 
anciens;  la  peinture  est  diaphane  ,  c'est  plutôt  une  teintui-e  qui  laisse 
au  verre  toute  sa  transparence  ;  les  peintures  des  vitraux  des  chartreui 
étoient  très-estimées  :  elles  consisloient  en  hordures  arabesques  d'un 
fort  bon  goût ,  avec  des  camajeux  gris  au  coin  ,  qui  représentoienl  les 
pères  du  déserf.  Il  y  avoit  aussi,  au  milieu  ,  de  grands  camajeux, 
représentant  divers  sujets  ;  mais  quelques-uns  avant  été  volés  ,  les 
pères  firent  enlever  ceux  qui  resloient. 

Ces  peintures  étoient  faites  d'après  les  dessins  de  Gilles  Sadeler  , 
fameux  dessinateur  et  graveur,  et  qui  avoit  un  génie  fécond  pour 
inventer  et  composer  (  3i  ). 

Mais  ce  qui  attiroit  l'admiration  des  artistes  de  toute  l'Europe  ,  c'étoit 
les  vingt-deux  fameux  tableaux  qui  remplissoient  les  arcades  en  face 
des  croisées.  Ils  représentoient  la  vie  de  Saint  Bruno  ,  et  avoient  été 
peints  en  trois  ans  parle  célèbre  Lesueur ,  le  plus  grand  peintre  de 
l'école  fi'ançoise  (82  ). 

Ces  tableaux  étoient  accompagnés  de  cartouches  entre  les  colonnes 
qui  les  séparoient  ;  elles  éloient  ornées  de  figures  persiques  ,  de  carya- 
tides, et  de  figui-es  d'anges  ;  elles  éloient  peintes  aussi  de  la  main  de 
Lesueur.  On  y  lisoit  des  vers  latins  qui  expliquoient  le  sujet  des 
tableaux.  Germain  Biice  dit  qu'ils  sont  d'une  composition  Ingénieuse; 
on  en  pourra  juger.  Ces  vers  sont  de  la  verve  de  Dom  Jarry  ,  prieur 
des  chartreux. 

Les  premiers  tableaux  ont  rapport    à  l'origine  des  chartreux  et  à 


(3i  )  C'éloit  le  neveu  et  la  disciple  de  Jean  et  Raphaël  Sadeler.  Il  les  surpassa 
pp.r  la  collection  de  son  dessin  et  par  le  goût  qu'il  acquit  dans  son  séjour  en  Italie. 
U  éloit  né  à  Anvers  en  î5-o,  et  mourut  à  Prague,  eu  1629,3  S')  uv.s. 

(  Sa  )  L'Histoire  de  Saint  Bruno  a  elé  peinte  trois  fuis   dans  le  petit  cloître, 

J,A  première  ,  l'.in  i35o  ,  sur  les  murailles. 

],a  deuxième,  sur  to.le,  l'an   i.Sro. 

Et  enfin,  la  troisièuie  ,  eu  164?],  svir  bois,  par  Eustache.  Lesueur.  Ce  sont 
les  tableaux  dont  nous  allons  donner  la  deicriplion, 

F 


36  Chartreuse     de     Paris. 

l'histoire  de  Raiinond  DiocRES  ,  cbanoine  de  Paris.  Voici  comment 
Corbin(  33  ),  après  beaucoup  d'autres  annalistes,  raconte  cette  histoire. 
«  Dedans  l'université  de  Paris  et  la  société  des  estudes  de  Saint 
5)  Bruno  et  de  ses  compagnons,  y  avoit  un  autre  grand  personnage  ,  et 
»  ce  personnage  étoit  Diacres  ».  Il  rapporte  ensuite  les  sept  vers 
suivans  à  la  louange  du  chanoine  ,  tirés  de  l'antique  histoire  ,  comme 
elle  étoit  de  son  tems  sur  les  murailles  des  cloîtres  de  la  Chartreuse  de 
Paiis. 

Hic  ita  clarus  erat  virlutibus  omnibus,  atque 
His  disciplinis  (^quœ  libéra  iempora  poscunt  ) , 
Doclor  uL  ascenso  siiggestu,  sive  cathedra  y 
Esse  videretiir  magni  vox  inclyta  Paiili , 
yltque  verecundis  in  moribus  aller  Joseph  ; 
Hune  veluti  cœli  dit^um  de  culmine  lapsum  , 
Totus  adorabat  populus  ,  namque  ille  sacerdos. 

Puis  11  ajoute  :  «  Ce  grand  personnage  si  célèbre ,  si  sçavant ,  si  juste 
»  aux  jeux  des  hommes ,  qui  ressembloit  estre  un  ange  descendu  des 
3)  deux ,  tomba  grièvement  malade  et  mourut.  Tout  Paris  est  en  deuil , 
■  3)  toute  l'université  en  peine  pour  la  pompe  des  funérailles.  Donc  le  ser- 
y>  vice  se  fait  dedans  l'église  cathédrale  de  Notre-Dame  ;  la  messe  se 
5)  dict  in  pontijicalibus ,  et  à  l'issue  on  va  pour  enterrer  le  corps  ,  et 
»  comme  on  disoit  sur  lui  le  service  des  morts  ,  ayant  la  face  décou- 
3)  verte  et  les  mains  jointes  ,  revestuës  de  gands  peints  ,  ainsi  qu'il  est 
»  ordinaire  à  tous  les  prestres.  Comme  ce  vient  à  la  leçon  commençant 
)>  responde  jnihi ,  lors  on  voit  ce  corps  mort ,  estendu  de  dans  sa  bière  , 
5)  se  lever  en  son  séant,  au  grand  estonnement  de  fous,  et  dire  à  haute 
î)  voix  :justo  Deijudicio  accusatus  sum.  Par  le  juste  jugement 
<i  DE  Dieu  je  suis  accusé.  Ceste  parole  imposa  silence  à  tous;on  délf- 
3)  bère,  on  doute  s'il  est  mort  ou  vivant:  s'il  est  mort,  comment  est-ce 
«  qu'il  parle  ?  s'il  est  vivant ,  comment  est-ce  qu'il  est  accusé  par  le  juste 
5)  jugement  de  Dieu  ?  Enfin  on  résolut  que  l'on  surçoiroit  au  lende- 
?)  main  ,  et  que  le  jour  venu  l'on  recomraenceroit  les  mesmes  cérémo- 

(  33  )  Hist,  Sacrée  de  Tordre  des  Chartreux ,  pag.  8  et  siiiv. 


Chartreuse     de    Paris.  3y 

»  nies. Cependant  tout  Paris  averti  de  la  nouvelle,  s'étonne,  admire  le 
»  miracle,  demeure  en  suspens  sur  l'événement,  et  se  prépare  au 
M  succès.  Le  lenderaaiu  donc  on  recommence  ,  on  élève  la  bière  plus 
»  haute  ,  aiin  que  tout  le  peuple  le  vist  en  face  ;  on  célèbre  le  saci'é 
»  saint  sacrifice  de  la  messe  ;  on  vient  chanter  sur  le  corps  les  leçons, 
«  au  milieu  des  torches  funèbres  ,  et  quand  le  prestre  vient  à  dire: 
»  respo/îde  mihi  ;  le  corps  s'élève  en  son  séant ,  et  le  défunct ,  à  la 
»  veuë  de  tous  ,  prononce  hautement  ces  paroles  :  jiisto  Dei  judicio 
»  judicatus  sum.  Par  le  juste  juge?jent  de  Dieu  je  suis  jugé. 
»  Voilà  le  silence  imposé  de  nouveau.  Tout  le  peuple  s'estonne 
»  comme  d'un  coup  de  foudre  inopiné.  L'on  dict  :  ce  jugement  peut 
»  être  bon  ou  mauvais.  Ce  n'est  pas  encore  la  fin.  On  remet  donc 
»  au  lendemain  ,  où  plus  encore  de  personnes  se  trouvent  :  et  pour 
»  la  dernière  fois  il  dict  ;  justo  Dei  Judicio  damnatus  sum.  Par 
»  LE  JUSTE  jugement  DE  DiEU  JE  SUIS  DAMNE.  Lors  on  ne  délibère 
3>  plus  ;  on  prend  ce  corps ,  et  comme  indigne  on  le  jette  à  la  voirie, 
3)  et  l'on  l'enterre  en  un  champ  ,  ses  os  n'étans  pas  dignes  d'estre 
»  en  terre  saincte  avec  les  saincts   ». 

Corbin  ne  se  contente  pas  de  ce  récit  ;  il  a  voulu  l'appujer  de 
témoignages  selon  lui  authentiques;  il  les  a  réuni  tous  en  tête  de  son 
ouvrage  cilé  plus  haut,  dans  ce  qu'il  appelle  ytrez/f ^5  de  t histoire  des 
trois  résurrections. 

La  première  sorte  de  preuve  qu'il  en  donne ,  est  la  radiation  de 
ces  deux  mots  responde  mihi  dans  toutes  les  heures  ds  Notre- 
Dame  à  l'usage  de  Paris.  Il  ajoute  qu'en  tête  des  premières  vêpres 
du  jour  des  Morts ,  la  figure  du  damné  Diacres  et  l'histoire  de 
ses  trois  résurreclions  y  étoient  toujours  représentées  ;  et  ce  ne  fut 
qu'en  1607,  à  Paris,  et  peu  après,  sous  Urbain  VIII ,  à  Rome  ,  qu'on 
réforma  les  bréviaires,  et  qu'on  en  retrancha  l'histoire  du  chanoine. 
Il  prétend  ensuite  qu'on  doit  ajouter  foi  à  la  tradition  perpétuelle^ 
en  tout  V ordre  des  chartreux,  qui  enavoient  consacré  la  mémoire 
soit  par  un  nombie  infini  de  tableaux,  soit  par  la  transcription 
de  cette  histoire  sur   les  murailles  de  leurs  cloîtres. 

L'auteur,  enchérissant  toujours,  invoque  en  sa  faveu  t  la  famé 
et  renommée  de  cet    événement  en  tout  l'univers. 

-      F  3 


3? 


38  Chartreuse     de    Paris. 

li  c.'te  encore  l'argument  de  Cassius,  cui  bono?  «  à  quel  profit, 
3>  pour  quel  bien  ,  honneur  ou  contentement  l'auroit-on  inventé  ?  » 

Enfin  la  dernière  preuve  qu'il  apporte,  et  qu'il  croit  la  plus  irrë- 
frcfgable ,  c'est  le  témoignage  de  grands  et  illuslres  personnages 
qui  en  ont  écrit.  Il  finit  par  donn.r  une  longue  liste  des  auieui-s 
qui  ont  certifié  ce  miracle.  La  réfutation  des  absurdités  qu'ils  débitent 
est  inutile  ,  et  pour  l'homme  sensé  qui  n'en  a  pas  besoin  ,  et  pour 
FLomme    foible  et   crédule  ,  dont  l'entêtement  est  incurable. 

Nous  nous  contenterons  de  renvoyer  à  une  dissertation  écrite  en 
latinpar  Jeande  Launoj  (84) ^  qui  attaque  cette  histoire  avec  autant 
de  justesse  que  de  solidité.  On  j  voit  clairement  qu'elle  n'a  point 
donné  lieu  à  la  !-etraite  de  Bruno  dans  le  désert,  mais  que  la  con- 
version de  ce  Saint  a  eu  pour  véritable  cause  les  déréglemens  de 
Manassé,  aixihevêque  de  l'église  de  Rheims,  dont  Bruno  étoit  chanoine^ 
Nous  renverrons  encore  à  Vigneul  de  Marville  (  35  )  ,  oîi  il  se  trouve 
une  petite  dissertation  de  l'abbé  N.  N. ,  également  satisfaisante  , 
contre  les   inv^enteui-s  et  les  échos  de  l'histoire  du  damné. 

Nous  terminerons  par  dire  un  mot  de  ce  Mariasse ,  premier  dir 
nom.  N'étant  encore  que  simple  clerc,  il  parvint  à  l'archevêché  de- 
Rheims  vers  1068,  mais  par  voie  de  simonie,  disent  les  historiens» 
C'étoit  un  homme  altier ,  inquiet ,  violent ,  emporté  ;  il  pilla  les  églises  y 
les  monastères  ,  les  abbayes  ,  et  notamment  celle  de  Saint-Remi,  et: 
en  maltraita  les  moines  ;  il  vexa  ses  clercs  de  toutes  manières  ,  et  les. 
dépouilla  de  leurs  revenus.  Sa  tyi-annie  alloit  toujours  croissant,, 
lorsqu'enfiu  il  fut  accusé  dans  le  concile  tenu  à  Autun  en  1077.  Ses 
principaux  accusateurs  furent  Bruno  et  Pontius.  Manassé  conserva 
toujoiu-s  du  ressentiment  contre  ces  chanoines  ;  car  ,  dans  une  lettre- 
qui  fiiit  suite  à  sa  défense,  après  avoir  dît  cju'il  est  tout  prêt  à  se' 
l'^concilier  avec  ses  ennemis  ,  //  les  excepte  tous  deux  noinina^ 
t'iuement,  en  les  accusant  à  son  tour  d'ingratitude.  Au  reste,  il  ne 
tarda  pas  à  tirer  de  leur  démarche  une  vengeance  éclatante.  A  leur 

(  34  )   DefensaRom.breviar'n  correctio  circà  historiam  SanctiBrunonis.  Paris.  1746  3, 
(35)  Mélaiig.  d'hist.  et  de  litlér. ,  tom.  II,  png.  186, 


Chartreuse     j)  e     Paris.  Bcf 

relonv  du  concile  ,  il  essaya  de  les  faire  assassiner  ,  dévasta  leurs 
maisons  ,  ravagea  leurs  biens  et  vendit  leurs  prébendes  (35).  Est- 
il  donc  étonnant  que  Bruno  ,  affligé  des  excès  de  son  évêque ,  fa- 
tigué des  ti-acasseries  qu'il  essuja,  et  en  craignant  de  nouvelles,  ait 
pris  le  dégoût  du  monde  et   embrassé  la   solitude  ? 

Le  premier  tableau  représente  Raimond  Diacres^  prêchant  une 
«ombreuse  assemblée  :  on  y  remarque  les  différentes  expressions 
de  l'attention:  Le  fond  est  d'architecture  d'ordre  ionique;  ce  qui  est 
un  anachronisme.  Les  figures  sont  bien  posées  ,  les  caractères  de 
tête  bien  diversifiés ,  et  les  draperies  bien  arrangées.  Voici  les  vers 
qu'on   lisoit  à  côté  : 

Si  Cartuslacce  quœrîs  primonUa  gentis  , 

udurea  facundi  suscipe  verba  senis. 
Fallor  :  jam  populos  pietatis  imagine  ludens  , 

Dogmata  d&  feretro  inox  vieliora  dabit. 

De  l'ordre  des  Chartreux   veux-fu  voir  l'origine.* 
Chez  ce  fameux  docteur  ,   emprunte  des  clartés  j 
Et  si  tu  t'éblouis  de  sa  fausse  doctrine  , 
Sa  bière  t'apprendra  d'affreuses   vérités. 

Dans  le  second  tableau  ,  Diocres  est  au  lit  de  la  mort.  La  scène^ 
se  passe  dans  une  chambre  fort  simple,  où  l'on  ne  voit  que  Cjuelques 
livres  et  une  tête  de  mort  sur  des  tablettes.  Son  confesseur  lui 
présente  un  Christ  ;  le  diable  est  à  son  chevet ,  et  l'on  voit  dans 
le  lointain,  par  le  percé  d'une  arcade  ,  les  apprêts  de  sa  pompe 
funèbre.  Ce  tableau ,  quoic[u'un  peu  gâté  ,  est  toujours  fort  beau  j  à 
côté  on  lisoit  : 

E.rgo  jacet  ;  tremuJum  febris  quatît  arida  peciiis  , 

Nec  morti  Jaciunt  irrita  votamoram. 
Ecce  sepulchralem  deducunt  plurima  pompant 

Funebris  et  stygii  prœuia  tœda  rogi. 


(  36  ^  Gallia  Christ. ,  tom.  IX  ,  pag.   164  et  suiv.  —  Hist.  Lit  ter,  de  Fraace, 
loiii.  VJJl,  p.  64S  et  suiv. 


■\"i 


40  Chartreuse     de    Paris; 

Une  fièvre   l'abat  ;  la  mort  priasse  ,    il  expire  : 
Ou   le   conduit  en  pompe  oii  l'attendent  les  vers, 
Et  ce  feu  ,  qui   pour  lui  consume  tant  de  cire , 
N'est  que   l'avant  -  coureur  de  celui  des  enfers. 

Le  troisième  représente  ce  conte  absurdesur  l'origine  des  Chartreux," 
que  le  pape  Urbain  VIII  Cit  retrancher  de  la  légende,  et  que  nous 
avons  discuté  (  Sy  )  ;  mais  Lesueuj-a  choisi  cette  version ,  comme  prê- 
tant davantage  à  la  peinture.  On  y  voit  le  docteiu"  exposé  dans  le 
chœur  de  son  église,  qui,  pendant  que  l'on  chante  pour  lui  l'office 
des  Morts  ,  sort  de  sa  bière  et  fait  entendre  trois  fois  ,  à  ces  versets 
de  la  quatrième  leçon  responde  milii ,  ces  terribles  réponses  :  y  «^/"c; 
Dei  judicio  accusaius  sum-  .  .jiisto  Dei  judicio  judicatus  sum. . , 
Jus/0  Dei  judicio  condemnatus  sum. 

Ce  tableau  ,  le  plus  beau  de  tous  ,  est  effrayant  par  la  vérité 
qui  y  règne  ;  l'expression  de  la  surprise  et  de  la  terreur ,  ré- 
pandue sur  le  visage  des  assistans,  passe  malgré  lui  dans  l'ame  du 
spectateur.  Le  peintre  a  su  ajouter  encore  à  celle  de  Bruno,  que  l'oi^ 
apperçoit  derrière  le  prêtre  officiant  : 

Jamque  inter  sacro  repelila  piacula  rilu 
Ter ,  perii  ,  horrifico   mortuus  ore  sonat , 

\Mterniim  perii  :  spectatrix  turha  supremi , 
J'udicii  dubias  disce  timere  vices.    - 

A  trois  fois   il  le  prêche  ,  et  d'une  voix  horrible , 

Au   Dieu  qui  l'y  condamne  il  sert  de  trucliemeut  ;  i 

D'un  souverain  si  jusie  ,  hélas!   et  si  terrible, 

Qui  ne  doit  après  lui  crjindre  le  jugement  ? 

Le  quatrième  tableau  fait  voir  Bruno  à  genoux  ,  prosterné  devant 
im  autel ,  dans  l'altitude  d'un  homme  profondément  affecté  de  ce 
qu'il  avoit  vu.  On  apperçoit  par  le  percé  ,  dans  le  lointain  ,  deux 
hommes  qui  jettent  avec  horreur  le  cadavre  de  Dioeres.  Malgré  la 


(37  )  Suprà.  p.  32.  . 


Chartueusk     de    Paris.  41 

petitesse  et  l'éloignenient  des  figures  ,  le  peintre  a  su  leur  donner  in- 
finiment d'expression.  Ce  tableau  est  de  Goulaj ,  et  retouché  par 
Lesueur. 

ScUicet  Infremuit  Bruno ,  fatumque  sodalls 
Triste  gemens ,  largo  proluit  inibre  gênas. 

Ite  ,  oculi ,  in  lacrymas,  lacrjmis  pinguescet  eremus  : 
Hœ  tibi  ,  Bruno ,  nopœ  seniina  gentis  erunt. 

^  Bruuo  saisi  d'horreur  en  larmes  se  distille, 

Larmes  que  d'un  ami  produit  l'estrange  sort , 
Et  qui  vont  faire   naître  ,  en  un  désert  horrible, 
Mille   enfans  bienheureux  d'une  si  triste  mort. 

Dans  le  cinquième ,  on  voit  Bruno  faisant  part  de  sS  résolution 
à  plusieurs  personnes ,  et  les  invitant  à  l'imiter.  Le  fond  est  d'ar- 
chitecture doricpie. 

Sedproculhinc  musœ  ,prqcul  eslo  scientia  ,  Christum 
Quem  schola  doctori  non  dédit ,  antra  dabunt. 

Discipulorum  inter  plaudentes  nulla  cathedras 
Blandior  aura  trahet ,  quem  gravis  umbra  premit. 

Ambitieux  savoir,  n'étalez   plus  vos  charmes; 
Ce   que  n'a  pu  l'école ,  un  antre  le  promet  , 
Et  l'ombre   qu'à  ses  pas  attachent  ses  alarmes  , 
Pour  s'élever  à  Dieu ,   tout  à    Dieu   se   sousmet. 

Dans  le  sixième ,  Bruno  est  prêt  à  partir  avec  six  amis  (38)  qui 
ont  pris  la  même  résolution.  Pour  donner  plus  d'intérêt  à  ce  sujet , 
le  peintre  a  placé  une  scène  épisodique  sur  le  devant  du  tableau  , 
où  l'on  voit  un  fils  qui  fait  ses  adieux  à  son  père  qui  le  serre  dans 
ses  bras.  Ce  tableau  est  fort  beau. 


(38)  Ces  six  amis  éloient  Lauduin .  qui  fut  le  second  prieur  de  la  grande 
Chartreuse;  Etienne  de  Bruges  et  Etienne  de  Die,  tous  deux  chanoines  de  Saint- 
Ruf  en  Dauphiné  ;  Hugues ,  prêtre  ;  André  et  Gue'rin  ,  laïcs. 


■itf 


42  Chartreuse    de    Paris. 

Si'ste  gradinn ,  sedenirn  te  sena  corona  magistro 

^mbil  inaccessas  lœta  subire  vias. 
Felices  animœ  quels  illœtabilis  orci 

Emicat  è  tenebris  orla  repente  sa/us. 

N'y  va  pas  seul,  Bruno,  six  autres  vont  te   sume 
Dans  toute    l'aspreté  des  plus   sauvages  lieux  ; 
Six,  à  qui,  comme  à   toi  ce  mort  apprend  à  vivre, 
Et  du  fond  de  l'abisme   ouvre  un  cliernin  aux  cieux. 

Bruno  repose  sur  un  lit  ;  trois  anges  à  son  chevet ,  pendant  qu'il 
dort ,  lui  inspirent  ce  qu'il  doit  faire.  On  ne  voit  dans  la  chambre 
que  quelques  livres  sur  le  plancher ,  ses  sandales  et  une  lampe.  Ce 
septième  tableau  est  très-beau  ,  et  l'un  des  mieux  peints  de  cette  suite. 
Les  anges  ont  un  air  rnajeslneux  et  des  caractères  de  tête  admi' 
rabLs. 

Sed  Cqrthusiaci  quîs  inhospita  culmina  montls 

Monstret,  et  ignotojigere  calle  pedem? 
^ligeros  decet  esse  duces  ,  talesque  requirit 

jii.mula  cœlestis  turba  fuiura  choi-i. 

Mais  qui  te  monstrera  ces  monts  inaccessibles  , 
Ces  rochers  que  tu  dois  ériger  en  autels  ? 
Trois  anges ,  que  pour  toi  le   sommeil    rend  visibles  ; 
Le  ciel  ne  doit  pas  moins  à  des  anges  mortels. 

La  distribution  que  Bruno  et  ses  compagnons  font  de  leurs  biens 
aux  pauvres  ,  est  peinte  dans  le  huitième  tableau.  Ils  sont  sur  le 
péristyle  de  leur  maison ,  au  bas  duquel  des  pauvres  tendent  les 
mains  et  reçoivent  d'une  manière  diH'érente.  Sur  le  devant,  on 
voit  une  femme  qui  fait  taire  son  petit  enfant  qui  demande  encore; 
elle  semble  lui  dire  qu'elle  est  satisfaite.  Ce  tableau  est  très-richer 
ment  composé,  et  les  airs  de  tête  en  sont  vaiùés  avec  beaucoup  d'agré- 
pient. 

En  patrias  effundit  opes  ,  sic  dii'îtîs  aurl 
Mercari  superas  pondère  docta  domos, 

Compedc 


Chartreuse     de     Paris.  j0 

Cornpede  nam  fracto ,  monlana  per  aspcra  nudus 
Tendere  quis  gressu  liberiore  neget? 

L'abandon  de  leurs   biens  c|u\iux  pauvres  ils  déparient 
Commence  en  eux  du  monde  un  glorieux  mépris. 
Ils  en   brisent   la  cliaîne ,    et  d'un  pied  libre  ils  parlent 
Pour  acquérir  ailleurs  des  biens  d'un   autre  prix. 

Le  neuvième  offre  Hugues  ,  ëvêque  de  Grenoble  ,  recevant  chez 
lui  Bruno  et  ses  compagnons  ,  qui  se  prosternent  au  pied  de  Féve- 
que.  Dans  le  lointain  ,  on  apperroit  des  hommes  qui  tiennent  les 
chevaux  des  voyageurs,  et  on  voit  au  ciel  sept  étoiles,  pour  indi- 
quer l'accomplissement  du  songe  de  Hugues ,  dans  lequel  il  lui 
sembla  que  Dieu  se  bâtissoit  une  maison  dans  l'endroit  de  son  dio- 
cèse, nommé  Chaj-treuse ,  et  que  sept  étoiles  brillantes  lui  en  mon- 
troient  le  chemin. 

Ergo  iter  emensi,  septenâque  auspice  steUd 

Protinùs  Hugonis  limina  sacra  petunt. 
Paude  fores  ,  venerande  senex  ,  peregrina  propinquo 

Clariùs  ut  terris  sjdera  sole  micent. 

Ouvre-leur ,  saint  prélat  :  ils  frappent  à  ta  porte , 
Ces  liostes  dont  te  parle  un  mystique  sommeil  5 
Et  sept  asires  en  vain  leur  serviroient  d'escorle , 
Si  pour  les  éclairer  ils  n'avoient   un  soleil. 

On  voit ,  dans  le  dixième  tableau  ,  l'évêque  Hugues ,  Bruno  et 
ses  compagnons  ,  à  cheval ,  traversant  des  déserts  affreux  ,  entre  des 
montagnes  énormes  ,  pour  se  rendre  à  l'endroit  que  Bruno  avoit 
demandé  à  Hugues ,  et  qui  se  nommoit  Chartreuse.  La  perspec- 
tive de  ce  tableau  est  fort  bien  entendue:  il  est  aussi  de  Goulay , 
et  retouché  par  Lesueur, 

Itnmo  âge  ,  redde  polis  sua  sydera  ;  summa  capiti , 

Te  coniitante  ,  juvat  visere  saxa  jugi. 
Mox  ibi  continuis  horrens  per  opaca  tenehris 

Perpétua  stellas  luce  micare  dabit,  ■ 

G 


44  Chartreuse     de     Paris. 

Quel  besoin  toiiles  fois  qu'à  leur  roule  ils  président  ? 
On  ne  peut  s'égarer,  marchant  sous  les  drapeaux; 
Et  si  dans  ces  déserts   d'épaisses  nuils  résident , 
C'est  pour  croître  l'éclat  de  ces  astres  nouveaux. 

Le  onzième  représente  Bruno  et  ses  compagnons  ,  occupés  a 
faite  Mlir,  sur  le  penchant  d'une  montagne,  ime  église^  qui  s'est 
nommée  Notre-Dame  de  Casalibus  (  Sp  ) ,  et  des  petites  cabanes  ou 
cellules  séparées  les  unes  des  autres.  C'est  la  première  maison  de 
cet  ordre  institué  en  1084.  On  voit,  dans  ce  tableau,  des  ouvriers 
qui  ti'avaiîLnt  de  la  pierre  ,  ou  cjui  en  font  monter  au  mojen  d'une 
grue  placée  au  premier  étage  déjà  fait.  Sur  le  devant,  un  architecte 
montre   des  plans  à  Bruno. 

Jamque  g'igantisis  saxe  molimlne  saxa  _ 

^c  cumul  an  s  Bruno  condere  templa  parât. 

Fulmina  nuïla  tamen  mcluas  :   sunt  consola  facti 
Quœ  superar&  no^nis  nitilur  astra  gigas. 

Soudain  roclie  sur  roche  en  géans  on   entasse  , 
Sans   craindre  le  destin  de   ces  audacieux. 
Çuand  on  a  pour  complice  un  effort  de  la  grâce  , 
C'est  un   saint  allental  cju'escalader  les   cieux. 

Bruno  et  ses  compagnons  reçoivent  l'habit  blanc  des  mains  de 
Hugues  ,  qui  en  revêt  le  dernier  ;  les  six  autres ,  qui  sont  dans  le 
le  fond  ,  l'ont  déjà.  Tel  est  le  sujet  du  douzième  tableau  ,  dans  lequel 
on  admire  la  sagesse  de  la  composition ,  et  l'expression  de  dévo- 
tion et  de  recueillement  répandue  sur  les  visages. 


(89)  C'est-à-dire,  Notre-Dnme  des  Case  aux  ,  du  mot  c^^^i ,  ou  des  cahunes  ;. 
on  appelloit  aussi  cas  aie  ,  casaUnum  ^  ces  bâtimens  grossièrement  conslruils  , 
que  nous  nommons  aujourd'hui  masures,  et  quand  il  y  en  avoit  plusieurs  ensemble, 
on  disoit  eu  fi-ançois  des  caseaux  ^  ensuite  des  chesaux.  C'est  de-là  que  plusieurs 
familles  ont  pris  le  nom  de  Descaseau  ou  Deschet^eau ,  comme  d'autres  s'appel- 
loisnt  Desmasure  ou  Desmaisiere.  Le  nom  de  Chalet ,  qui  figure  si  bien  clans  la 
nouvelle  Héloïse,  n'a  pas  une  autre  origine. 


C    H    A    R    T    R    E    L'    s    fi      DE      P  A    R    I    S.  4^ 

Kec  mora  sacrati  cultûs  insîgnia  gessU 
Induei-e,  et  nii>eo  subdere  colla  jiigo. 
Candida  quid  iniriim  seins  consislere  seclis 
Quœ  modo  tôt  lacrymis  immaduisse  vides  ? 

L'habit  blanc,  que  tous  sept  prennent   de  leur  saint  guide 

Marque  cette  candeur   à  l'épreuve  des  temps 

Cette  innocence  pure  ,  éclatante  ,  ri<iide  , 

Que  n'ont  pu  relâcher  ni  ternir  six  cents   ans. 

Dans  le  treizième  ,  le  pape  Victor  III  confirme  l'inslilut  de  l'ordre 
en  plein  consistoire.  Ce  tableau  est  un  des  mieux  exécutés.  Les 
cardinaux  y  sont  en  rouge;  ce  c[ui  est  un  anachroniime  (40). 

Romano  intereà  Victor  de  vertice  nunien 

Scit  Carthusiacis  tecta  parasse  jugis. 
Ccepta  placent;  etenim  sacro  comitante  senatu 

Non  nisi  cœlitibus  censona  ferre  qiieat. 

De  ces  monts  accablez  d'une  éternelle  neige, 
Jusqu'à  Rome  bi^-iilôt  leur  relraile  fait  biuitj 
El  le  pape  Victor  dans  le   sacré  collège 
Confirme  l'institut  dont   il  voit  tant  de  fruit. 

Le  quatorzième  offre  Bruno  donnant  l'habit  à  de  nouveaux  com- 
pagnons. Une  noble  simplicité  ,  l'expression  d'une  dévolion  tran- 
quille que  l'on  remarque  dans  les  personnages  j  caractérisent  ce 
tableau. 


(  40  )  Ceci  prouve  ce  que  je  répèle  sans  cesse  dans  mes  cours  d'histoire  et 
d'anliquilés ,  combien  les  connoissances  se  tiennent.  Le  Sueur,  dans  un  be.iir 
tableau,  commet  une  faute  lourde  contre  le  costume ,  pour  n'avoir  pas  été  au 
courant  de  l'histoire  ecclésiastique;  les  chartreux  ont  été  fondés  en  10B4, 
et  ce  n'est  qu'ea.1242  que  les  cardinaux  ont  obtenu  le  chapeau  rouge,  la 
robe  pourpre  ne  leur  a  été  accordée  qu'en  1464 ,  et  le  titre  d'éminence  seu- 
lement en  1644  ,  n'étant  d'abord  que  des  espèces  de  vicaire  du  pape  ;  l'évêque  de 
Pcris  avoit  comme  lui  ses  cardinaux.  Ih  Ji'ontpris  le  pas  sur  les  évéqaes  que 
quand  ils  se  sont  rendus  les  maîtres  de  l'eleciioii  du  pape ,  et  c'est  depuis  celte 
époque  qu'ils  portent  le  chapeau  rouge  et  la  pourpre. 


^t 


^6  Chartreuse    de    Paris. 

Macte  igîtiir,  sacra  progenies  prima  i^a  parentis 
Pigjiora  ,  Jiascenlis  spcsque  decuscjue  gregis. 

Sydera  prœludunt  operi  ;  dédit  aima  henignum 
Roma  pati-em ,  teneris  ubera  Bruno  dabit. 

Courage  ,  fils  aîné  de  cet  ordre  sévère  ; 

Ce  qu'inspira  le  ciel  ne  sçaiiroit  ;ivorter , 

fionie  à  votre  n;ussance  a  fourni  d'un  (41)  bon  père, 

El  Bruno  fournira  de  quoi  vous  allaiter. 

Le  quinzième  tableau  repre'senle  Bruno  occupé  à  lire  une  lettre 
qu'un  messager  lui  apporte  de  la  part  à'Urbain  II.  Ce  pape  qui 
avoit  été  disciple  de  Bruno,  lui  ordonne  de  venir  à  Rome  pour  l'j 
aider  de  ses  conseils.  Bruno  ,  accompagné  de  trois  autres  religieux, 
est  à  la  porte  de  la  chartreuse,  dont  on  voit  l'extérieur.  Le  messager 
est  bien  posé  et  admirablement  dessiné ,  ainsi  que  le  chevaL 

Ubera   quid  memorem  natis  auulsa  tenellis  ? 

Te  sibi  Roma  ,7101^0  principe ,  Bruno  petit. 
Rumpe  moj-as ,  qud  Jussa  vacant  suprema ,  sequare  ^ 

Carcer  erant  rupes,  urbs  quoque  carcer  erit. 

Mais  quoi  !  de  ses  vertus  l'heureux  bruit  vous   l'arrache. 
Le  nouveau  pape   Urbain  veut  l'avoir  à  son  tour. 
Va,  Bruno,  la  retraile  en  ces  rochers  te  cache, 
Et  sçaura  te  cacher  au  milieu  de  sa  cour. 

Dans  le  seizième,  Bruno  se  prosterne  aux  pieds  du  pape  et  les 
lui  baise  (42  ). 


(  41  )  On  disoit  alors  fournir  d'une    chose,  pour   fournir  une  chose. 

(42)  Bruno  emmena  avec  lui  à  Rome  les  six  amis  qui  l'avoient  suivi  dans 
les  déserts  ;  ava  t  tout  il  remit  son  hermilage  et  ses  dépendances  à  Seguin  , 
abbé  de  la  Chaise-Dieu,  l'un  des  premiers  donataires.  Enn^jés  du  tumulte  de 
la  ville  ,  ses  six  compagnons  revinrent  à  la  Chartreuse  ,  que  Seguin  se  fit  un 
devoir  de  leur  rendre.  Bruno  ^  avant  leur  départ,  leur  avoit  donne  pour  prieur, 
iMuduin  ^  dont  nous  avons  parlé  plus  haut. 


I 


X"^ 


Chartreuse     de    Paris.  47 

Sed  te  christiadum  siimmis  qui  prœsidet  aris , 

Dùiti  sinit  amplexu  liberiore  fnii  , 
Stratus  humo  pedibus  das  oscula.  Nil  agis  :  inde 

Quum  refit  gis ,  major  nempe  paratur  honos, 

II  te  voit  du  saint  siège  encor  comme  son  maistre  ; 
Tu  lui  baises  les  pieds  lorsqu'il  te  tend  les  bras  , 
Et  les  humililés    que  tu  lui  fais  pnroislre , 
T'attirent  des  honneurs  où  tu  n'aspires  pas. 

On  voit,  clans  le  dix-septième  (48),  Bruno  qui  refuse  l'arche- 
vêché de  Rliégio  que  lui  offre  le  pape.  La  scène  de  ce  tableau  est 
parlante  :  Bruno  est  à  genoux  sur  le  marche  -  pied  du  pape  ;  sa 
position  exprime  parfaitement  ce  que  dit  le  vers  :  loin  de  moi  ces 
dignités ,  etc. 

Ima  tenes ,  çuem  ce/sa  manent  ;  tihi  Rhegia 

Juste  pontifiais  munere  mitra  datur, 
En  re/ugis ,  Bruno,  nùni  noxia  dona  parentis? 

Sit  procul ,  inquit ,  honos ,  ne  grave  niergat  onus. 

Plus  la  grandeur  te  cherche ,  et  plus  tu  te  ravales  : 
Il  l'impose  une  mitre  ,  elle  le  fait  trembler. 
Loin  de  moi,  loin,  dis-tu,  ces  dignités  fatales. 
Dont  le  brillant  honneur  me  pourroit  accabler. 

Le  dix-huitième  représente  Bruno  dans  les  déserts  de  la  Calabre, 
accompagné  de  quelques  religieux  qui  l'ont  suivi.  Ils  sont  occupés 
à  défricher  la  terre,  tandis  que  Bruno  est  en  prière  au  pied  d'un 
autel  rustique.  Le  lieu  de  la  scène  est  un  paysage  très-sauvage. 

Dixit,et  ad  Calabri  déserta  cacumina  montis , 

yluHca  pertœsus  vijicula  liber  abit. 
Quid  refugo  Brunone  times  ?  tibi  vincere  certum  , 

Borna  ,  not^o  ad  superos  Mose  levante  mamis. 


(43  )  Goulay  y  a  un  peu  travaillé. 


H 


48  C   II   A   R   T   R   E  U    s    E      D   E      P  A   R    I   s. 

Bruno  fuit  en  Calabre  ;  une  sombre  montngne 

Y  dérobe  sa  fuile  au  reste  des  humains. 

C'est  de  là  que  sa  force  ,  ô    Rome,  t'accompagne, 

Dès  qu'en   nouveau  Moyse  il  lève  au  ciel  ses  m.ains. 

Dans  le  dix-neuvième ,  on  voit  Bj-hjw  surpris  en  prières  par  un 
chasseur  ,  qui ,  saisi  d'admiration  ,  est  descendu  de  cheval ,  et  s'est 
prosterné  à  ses  pieds ,  un  genou  en  terre.  C'est  Roger  ,  comte  de 
Sicile  et  de  Calabre  ;  il  fut  si  édifié  de  la  manière  de  vivre  des 
Chartreux,  qu'il  leur  donna  l'église  de  Saint -Martin  et  de  Saint- 
Etienne  ,  avec  des  fonds  pour  subvenir  à  leur  entretien.  La  figure 
de  Roger  est  pleine  de  majesté  et  de  grâce  ;  le  cheval  est  aussi  par-, 
faitement  dessiné, 

Ohscuras  Jhistrà  latehras  sed  quœrit  eremi  j 
Hàc  te  fida  caniiin  tiirba ,  Rogere ,  rocat, 

O  te  felicem  !  princeps ,  dàm  poplite  cun-'O 
JEJficeris  pnedœ  prcvda  inopina  tuœ. 

Çue   sert   d'être  enfermé   dans  une  grotte   obscure  ? 

Uns  meute  y  conduit  un  illustre  chasseur. 

Prince ,  bénis  le  ciel  d'une  telle   aventure  ; 

Tu  veux  prendre  ta  proie  ,  et  Bruno  prend  ton  cœur. 

Le  vingtième  montre  J?o^e;' endormi.  Bnaw  lui  révèle  en  songe 
le  complot  qu'un  de  ses  capitaines  a  formé  contre  lui.  Au  bas  du 
lit  ,  un  garde  éveille  l'autre  :  on  ajDperçoit  dans  le  lointain  la  villa 
de  Capoue  que  Roger  tenoit  assiégée. 

yid  Capuana   etentm  dàm  proditor  instat  ai^arus 

Mœnia ,  Brunouis  munere  parla  sa/us, 
Auspice  nil  metuas  vigili ,  dux  inclyte ,  tantani 

Cujus  et  in  somnis  lunhra  rependit  opem. 

Tu  lui  fais  des  présens  ,  il  te  sauve  la  vie  ; 

Et    lorsque  pour  le  perdre  ,  un   Iraiclre  vcndsa  foi , 

Il   te  révèle  en  songe  une  si  noire  envie; 

El  durant   Ion  repos  sou  onil^re  agit  pour  loi. 


Chartreuse    dk    Paris.  49 

Le  sujet  du  vingt-unième  est  la  mort  de  Saint  Bruno.  II  est 
composé  d'une  manière  savante,  tant  pour  la  disposition  des  figures 
que  pour  l'expression  des  têtes.  On  voit  des  religieux  dont  la  dou- 
leur est  muette  ;  d'autres  semblent  s'attacher  à  considérer  le  visage  de 
Bruno  ;  un  autre  est  prosterné  contre  terre  ;  enfin ,  tous  ont  des 
actions  différentes  de  tristesse  ,  de  constance  et  de  résignation.  Mais 
ce  qui  est  admirable  ,  c'est  l'effet  de  lumière  produit  par  un  cierge 
qui  est  près  de  Bruno  ,  et  dont  la  distribution  est  réj^andue  avec 
une  vérité  dont  rien  n'approche. 

Quid  qucrulis,  pia  turba,  repies  singultibus  auraSy 

Tristia  dùm  patrem  fata  subire  vides  ? 
Hauserat  è  feretro  cœlestis  germina  vitœ  ; 

E  feretro  cœlis  rii-'ere  Bruno  dabit. 

Il  meurt ,  laisse  moins  voir  dans  ta  douleur  profonde  , 
Ces  larmes ,  sainct  troiipeau  ,   qui   coulent  de  tes  jeux. 
E-'iine  bière  il  apprit  qu'il  faut  mourir  au  monde  j 
D'une    bière  il  l'apprend   à   ^ivre  pour  les  deux. 

Le  vingt-deuxième  et  dernier  tableau  l'eprésente  Saint  Bruno 
porté  au  ciel  par  des  anges  ,  dont  les  figures  sont  vraiment  célestes. 

Ecce  triumphalis  sublatus  in  œthera  pompa  , 

Ignoto  natls  tramite  pandit  iter. 
Sedula  consimilis  meriti  tibi  congère  pondus 

T^irtutem  aligeram  pondéra  nulla  gravant. 

Anges,   vous  l'y    portez   au  moment  qu'il  nous    quille j 
Par  les  mêmes  senliers   il  y  faut  arriver. 
Plus  nous  avons  sur  terre  amassé  de  mérite , 
'  Plus    son   poids  vers  le  ciel  sert  à  nous  enlever. 

Sur  la  porte  qui  va  du  cloître  à  l'église,  on  lisoit  sur  une  table, 
supportée  par  deux  vieillards  persiques  (44): 


(44)  On    appelle  ainsi  des   statues  qui  représentent  des  Perses  .cfiptifs  avec 
leurs  vêtemeus  ordinaires ,  pour  servir  de  colonnes  ou  de  pilas.res.  Oji  eu  atlribue 


'   \% 


5o  Chartreuse    de    Paris; 

Jinino  caplt  nuUam  tacitâ  suh  nocte  qiiietem. 
Sed  qualem  reperire  locum  (  quo  tutus  ab  oinnl 
Sit  strepitu  gentis   maneatque  latentior^  anceps 
Cogitât ,  et  sccum  versât  crebrb  atque  reversât. 

Vertitur  intereà  cœlum  ,  et  Latonia  lampas 
Clinique  diu  orasset  superos  ,  suspeusa  tenebat 
In  multani  sohis  vigilans  prœcordianoctem. 
Opprimitur  somno  ,  et   tepido  dut  membra  cubili  ; 
Procumbit  languens ,  et  mox  ut  lumina  texit 
Matutîna  quies ,  faciès  incedere  cernit. 
\AngeUcas ,  labiisque  sales  miscere  modestis. 
^JJixit  nitidœ  Jidei  signaçula  fronti  , 
u4tque   ait  :  ô  tali  quœ  vos  sub  imagine  fertis , 
Gaudentes  aniniœ ,  per  niaxima  sceptra  tonantis  ^ 
\Adjuro  ,  à  stygiis  estis  vel  ab  œthere  misses  ! 
Illœ  alacri  pulfii ,  facieque  et  fronte  decorâ: 
Ne  trépida ,  dixere ,  Dei  sacrate  minister; 
Quippe  tibi  nos  sidered  descendimus  arce , 
Faustaque  cœlestis  ferimus  mandata  parentis  j 
O  te  felicem ,  queni  de  tôt  millibus  iinuin 
Elegére  poli  monacos  reparare  labantes  ! 
Perge ,  tuum  compléta  animum ,  tua  vota  secunda  / 
Hoc  tibi  dii'inus  sator  imperat  ;  ito  citatus 
Granopolim  ,  diciint  vulgari  idiomate  Galli , 
Hugonemque  petas  antistitem  ,  et  ille  docebit 
Quem  tibi  condidimus  sublimi  in  vertice  campum 
Voce  sub  Hebrω  Cartusia  dicitur ,  hoc  est , 
Sermone  ausonio  ,  perfecta  vocatio  divûm. 


rinvenlion  aux  Lacédémoniens ,  qui ,  après  la  bataille  de  Platée ,  voulant 
kuinilier  les  Perses,  bâtirent  une  galerie  qu'ils  app^Lieul  Perc.ique ,  dont  de^ 
sialues  de  ce  genre  soutenoieut  la  voûte. 

Vos 


Chartreuse    d  k    Paris.  5i 

T^os  quoque  sumatis  tanto  de  nomine  rwineii , 
Et  Carlusiaci  vestri  appellentur  alumni. 
T^ade  igitiir  felix  :  te  totiis  honorât  Olympus, 
Brune  ,   tibi  que  dahit  dit'inuni  in  sœcula  nomeu. 
Ta/ibus  ejf'atis ,  Jluxêre  in  nubila  mil  us 
y4ngelici ,  et  sumptœ  densato  ex  aère  formœ 
Max  abiere ,  torusque  omnis  spirauit  amomo, 

lUe  gemens  ,  tantique  labans  dulcedine  verbi  , 
Corripit   è  strato  corpus ,  tendit  que  suplnas 
^d  superos  cum  voce  manus ,  gratesque  rependiti 
Nuniina  (^lum  dixit^  cceli  quœ  limen  habetis  , 
Si  mihi  s/ni  totide/n  linguœ ,  quoi  himina  J'niur 
In  nieinbris  habuisse  ylrgus ,  persoh'ere  dignas 
Haud  possem  laudes;  istud  quod  minus  obire 
Me  facitis  dignum  ,  tua  sunt  hœc  munera ,  Christ e. 
Est  nihil  excellens  in  me,  vos  oninia  fertis. 
Optima  cœpta  date  ,  gressusque  parate  secundos , 
Cœlicolœ y  quibus  est  humanœ  cura  salutis. 

A  la  suite  du  poëine  de  l'origine  des  Chartreux  ,  dont  le  morceam 
précédent  est  tiré  (  46  )  ,  se  trouve  une  épitaphe  (  46  )  de  Saiut 
Bruno  ,  dont  l'auteur  est  anonyme. 

Vetustissimum    D.   Brunonis   EPI  ta  phi  u  m. 

Primus  in  hac  Christi  dlrector  01,'ilîs  eremo 

Fundatorque  fui  ,  qui  tegor  hoc  lapide. 
Bruno  mihi  nonien  ,  genitrix  Germania ,  meque 

Transtulit  ad  Calabros  grata  quies  nenioris. 


(45')   Anagraphe  de   Origin.  Cartus.  ordin.,  pag.  6  et  seq. 
(46)  Id.  pag.  l5, 

H 


13 


5^  ChartreusedeParis. 

Doctor  erani,prœco  Chrisli ,  vir  notiis  in  orbe  z 

Desuper  illud  erat  gratia ,  non  meritum. 
Garnis  vincla  dies  octobris  sexta  resolvit  : 
Ossa  manent  tumuJo  ,  spiriuis  astra  petit. 

En  voici  la  traduction  également  très-ancienne  : 

Premier  en  ce  désert ,  conducteur  du    troup:au 

Du   Sauveur  Jesus-Christ ,  suis  cloz  en   ce  tombeau, 

Brunou  ce  fui  mon  nom  ,  et  la  doulce  campaigne 

Laquelle  m'esleva ,  ce   fut  en   Aiemaigne. 

Des  buissons  et  foresls  le  repos   gracieux 

Me   conduit   en  Calabre ,  où  vescus  bien  heureux. 

Docteur  bien  renommé,  j'annoncay  la  parole 

De  Dieu  publiquement  :   si  que  ma  voix   en   vole 

Encor  de  toutes   parts  :  mais  Dieu  je  recognois 

Autheur  de  mon  salut ,  me  guidant  en  ces   bois. 

Le   sixiesme  jour  du  nébuleux    octobre , 

De  ma  vie  trancha  le  filet  sans   opprobre.  1 

Ici  bas  au  cercueil  mon   corps  terny  gisant, 

L'esprit  prompt  s'envola  au  pôle  tresluisant. 

Mes   enfans  bien  aimez  ,  suy  vez  ma   seure  trace  y 

Pour  avec  moi,  de    Dieu  au  ciel  bénir  la  face. 

Sur  la  porte  du  cloître  qui  donnoit  dans  le  réfectoire ,  on  voyoît 
une  autre  table  accompagnée  de  caryatides  de  bronze ,  sur  laquelle 
étoit  cette  inscription  : 

Canonisatio, 

Papa  Léo  ,  gestis  et  majestate  verendus  , 
Cardineis  patribus  celebri  circumdatus  actu , 
Certior  est  factus  quàm  sanctè  vixerit  olirh 
Bruno;  quod  obseqidum ,  dùm  vixit ,  prœstitit  urbi  ^ 
Quodque  per  hune  cultu  dii^ino  Ecclesia  crei/it. 
Hujus  et  audierat  certb  miracula  quœdam. 


Chartreuse     de     Paris.  53 

Proptereà ,  votis  patruin  concordibus  illiim 
Retulit  in   dii^os  ;  festian  concessit  eidem 
Octohris  sextd  celebrari  luce  quot  annls  , 
Illo  nempè  die  moriens  ascendit  Olympum  , 
Erigere  huic  statuas ,   ac  œdijicare  sacella 
Perinittens  :  super  his  confecta  diplomata  confort, 
Ordinis  hœc  Jiostri  mater  Cartusia  serrât 
Inter  Romani  multa  instrumenta  senatûs. 

Léon  de  Médicis  d'estofTe  mémorable  , 

De  vertus  et  mérite  encor   plus   honorable, 

Des   pères  cardinaux  estant  accompagné, 

(^uel  fut  de   Sainct  Biunon  le  loz  ,  acertainë  , 

Et  combien  dignement   il    avoit  en  ce  monde 

Vescu  et  enseigné  ,  duquel  encor  rcdonde 

Le  bien-faict  conféré  envers  toute  l'église , 

Qui  par  son   meur  advis  l'office   solemnise 

De  la  Vierge  Marie  ,  et  aussi  entendant 

Les  grâces   et  vertus  esparses  d'abondant , 

Et  faictes  en  tous  lieux  par  miracles  et  signes, 

Vray  et  parfaict  signal  de  ses  œuvres  insignes  ; 

Du  comnum  sentiment  de  son  conseil   sacré  , 

Au  rang  des  bien-lieureux  il  l'a  enregistré. 

Aussi  a-il  permis  solemuiser  sa  feste 

Le   sixiesme   d'octobi'e ,  auquel  l'ame  parfaicte 

Du  corps    se  séparant ,  revola  droict  au  lieu 

Dont   elle  estoit  yssue  ,   et  infuse  de  Dieu. 

Permit  à  son  bonneur  édifier  des  temples  , 

Et  statues ,  à  fin  de   nous   servir  d'exemples. 

Sur  ce  il  nous  despescha  authentiques  sceaux , 

Les  bulles,   les  placets  et  privilèges  beaux, 

Oue  la  grande  Charlrouse ,  en   nostre  ordre  première, 

Parmj  autres    thresors  soigneusement  resere. 

Dans  les  coins ,  il  j  avoit  encore  quatre  grands  tableaux  aux  quatre 

H2 


ko 


54  Chartreuse    de    Paris. 

exîrêmilés  de  ce  cloîli-e.  Ils  représenlolent  la  ville  de  Paris  telle 
qu'elle  étoit  au  commencemenr  du  siècle  dernier ,  celle  de  Rome , 
la  grande  Chartreuse ,  et  celle  de  Pavie  ,  fondée  par  Jean  Galeas  > 
Viscon  i  duc  de  Milan.  Ce  bâliment  passe  pour  le  plus  superbe 
cou\'eut  du  monde  chrétien.  Ces  tableaux  où  se  trouvoient  des 
figures  demi-nature  ,  éloienl:   aussi  de  Lesueiir  et  de  ses  élèves. 

Les  rehVieux  avoient  lait  faire  des  volets  qui  fermoient  à  clef, 
pour  les  garantir  ,  parce  que  des  gens  ,  poussés  pa»,  une  basse  ja- 
lousie, avoient  eu  l'indignité  de  gratter  et  de  défigurer  leurs  plus  belles 
parties.  On  a  prétendu  que  c'éloient  des  élèves  de  Z^'èrz//?  ;  d'autres 
ont  cru  que  c'étoient  des  Italiens.  Voltaire  ,  dan»  une  exagération 
très-poëlique ,    prétend  qu'ils   n'en  étoient  que   plus  beaux. 

Quelle  cloit  votre  erreur,  ô  vous,    peintres  vulgaires, 

Vous,  rivaux  clandestins  ,  dont  les  mains  léniéraires 

Dans  ce  cloîlre  où  Bruno  semble  encor  respirer , 

Par  une  làcLe  envie  ont  pu   défigurer 

Du  Zeuxis  des  frauoois  les  savantes  peintures? 

L'hoimeur  de  son  pinceau  s'acrrut  par  vos  injures  ^ 

Ces  lambeaux  déclii  lés  en  sont  plus  précieux, 

Ces  traits   en  sont  plus  beaux,  et  vous   phis  odieux  (47). 


(47)  il  est  certain  que  le  Brun  étoit  jaloux  de  la  réputation,  on  peut  dire 
de  la  gloire  de  Lesueur;  mais  en  secret  il  aduiiroit  son  sublime  talent.  C  liar'.cs 
Simoneau  étant  aux  (  harireux  y  voit  arriver  le  Brun  et  se  met  à  l'écart  pour 
l'écouler  ;  celui-ci,  qui  se  croyoit  seul  ,s'écrioit  à  chaque  instant  :  Que  cela  est 
beau  !  que  cela  est  admirable  !  que  cela  est  bien  pensé  !  Mais  il  avoil  peine 
à  dissimuler  sa  jalousie ,  ou  plutôt  l'espèce  d'aveu  qu'il  en  faisoit  étoit  ua 
témoignage  de  la  supériorité  de  Lesueur:  il  fut  le  voir  à  ses  derniers  momens , 
et  il  dit  en  s'en  allant ,  que  sa  mon  allait  lui  tirer  une  grosse  épine  du  pied;  c'est- 
là  ce  qui  a  donné  lieu  à  cette  supposition  infâme  ,  qu'il  avoit  empoisonné  son 
rival;  mais  conment  croire  une  pareille  atrocité  ?  Je  ne  croirai  pas  plus  qu'il' 
ail  en_i;ag''  ses  élôves  à  délr.iire  le  clief-d'œuvre  de  Lesueur;  mais  quelqu'un  d'eux. 
a  pu  1*^  f.iirj  par  uu  zèle  coupable  et  mal  entendu.  La  jalousie  de  le  Brun; 
lie  pouvoit  é;re  que  l.i  jalousie  d'un  grand  homme,  d'un  grand  artiste.  C'éloit  cette 
m;^me  émulation  qui  faisoit  dire  à  Théiuistocle  que  les  victoires  de  Miltiade- 
l'empêchoieiit  de  dormir,. 


C  ft  A  n  T  R  E  u  s  E     DE    Paris.  S5 

Les  tableaux  des  chartreux  avoient  été  enlevés  l)ien  avant  la  ré- 
volution ;  mais  Finlendant  des  bâtimens  avoit  commencé  par  les 
faire  descendre  avant  de  préparer  le  lieu  où  ils  dévoient  être  , 
ensorte  que  renfermés  depuis  plusieurs  années  dans  des  greniers,  ils 
j  péri>soient,  ainsi  que  plusieurs  de  ceux  de  la  superbe  galerie  de 
Rubens  (  48  ). 

Lesueur  disoit  que  les  tableaux  des  chartreux  n'étoient  que  des 
esquisses  ;  il  s'étoit  fait  aider,  comme  nous  l'avons  dit,  par  Goulay 
son  ami  et  son  beau  frère,  et  par  ses  trois  frères  Pierre,  Philippe 
et  Anloine.  Les  paysages  sont  de  Pi^/e/  ,  fameux  peintre  en  çc  genre. 

Ces  tableaux  ont  été  gravés  par  Chauveau,  habile  graveur  et  des- 
sinateur ,  qui  savoit  aussi  inventer  et  composer  ses  sujets  avec  un, 
génie  surprenant. 

La  plus  grande  partie  du  petit  cloître  étoit  parquetée  ;  cependant 
on  j  vojoit  quelques  tombes  de  pierre  plate,  entr'autres  celle  de 
Louis ,  fils  natui-el  du  comte  de  Flandre  ,  mort  l'an  iSyS. 

Pierre  Danet ,  abbé  de  Saint-Nicolas  de  Verdun ,  et  curé  de  Sainte- 
Croix  en  la  cité,  y  étoit  inhumé;  il  mourut  en  1709  :  il  est  l'auteur 
de  plusieurs  dictionnaires,  noIaToment de  cehii  des  Antiquités  GreC" 
ques  et    Romaines,  à  l'usage  du  dauphin,  fils  de  Louis  XIV. 

Enfin   on  y  vojoit   encore  la  sépulture  de  Pierre  Versoris. 

Il  étoit  né  à  Paris  le  16  février  1028.  Le  nom  de  sa  famille  éto?t 
Letourneur,  c[u'il  latinisa  suivant  l'usage  des  littérateurs  du  temps. 
Il  auroît  dû  prendre  le  nom  de  versor;  mais  il  trouva  probablement 
le  génitif  plus  sonore,  et  il  l'adopta.  Peut-être  aussi  croyoil-il  que 
ce  génitif  donuoit  à  son  nom  un  caractère  plus  noble,  parce  qu'il 
sisniHoit  de  Letourneur. 

Versoris  devint  un  des  premiers  avocats  de  son  temps  :  il  avoit 
la  mémoire  si  présente,  qu'il  se  servoit  rarement  dé  ses  livres.  Il 
plaida  pour  les  jésuites  contre  Pasquier,  dans  le  fameux  procès  qu'.Is 
eurent   avec  l'université  de  Paris;  et  on   peut   dire   qu'il  gagna  sa 


(  48  )  On  a  placéau  Muséum  celui  qui  représente  l'accouchement  de  Mariée 
de  Médicisj  mais  (jue  sont  devenus  les  autres  2 


56  C   ir    A   R   T   ïl  E   U   s   E      DE      PARIS, 

cause  (49).  Il  fut  député  aux  états  de  Blois ,  en  i^jG,  et  j  porta  la 
parole  pour  le  tiers-état.  Il  aimoit  passionnément  les  Guises;  et  son 
attacliement  pour  la  ligue  éloit  si  exiréme  ,  que  la  nouvelle  de  la 
mort  du  Cardinal  et  du  duc  de  Guise  le  saisit  à  tel  point  qu'il  ea 
mourut  le  26  décemjjre  i588.  Mornac  a  écrit  son  éloge. 
Voici  son  épitaplie  que  l'on  vojoit  dans  ee  cloître. 

Pariseœ  jacet  hîc  urhis  studiique   Joannes 
Versoris  decus  exîmium ,  doctissimus  omni 
Dogmate  :  qui  vitd  cœlehs  et  citlior  honesti , 
Miiltoruni.  ingénia  erudiit  jui'enumque  senumque. 
J^ii>et  at  ille  suis  scriptis  célébra  tus  iibique , 
Et  famd ,  et  meritis ,  diiin  sol  lustrabit  Oljtnpum. 
Et  go  sui  memores  ,  œquos  obnixè  rogate 
Corde  pio  superos  :  œternâ  pace  quiescat. 

Ce  furent  P/Vrre  Loisel  et  Marguerite  ss.  femme  qui  firent  édifier 
le  chapitre  et  la  secrétairerie  ,  qui  formoient  un  des  côtés  du  petit 
cloître.  L'autel  en  fut  consacré  le  i3  d'août  i332,  en  l'honneur  de 
Saint  Pierre  et  Saint  Paul ,  par  Guillaume  de  Flavecour,  archevêque 

d'Auch. 

Le  chapitre  étoit  fort  bien  décoré  ;  la  menuiserie  en  étoit  moderne, 
fort  belle,  et  particulièrement  celle  de  l'autel,  qui  consisloit  en  quatre 
pilastres  et  deux  colonnes  ioniques  Le  tombeau  d'autel  étoit  aussi 
d'un  très-bon  goût  et  riche  d'ornemens  ,  ainsi  que  la  bordure  qui 
renfermoit  le  ta])leau. 

C'étoit  un  christ  sur  la  croix  ,  peint  par  Philippe  de  Champagne: 
ce  peintre  qui  le  regardoit  comme  son  chef-dœuvre ,  l'a  voit  légué 
par  son  testament  aux  chartreux. 

Il'y  avoit  encore  d'autres  beaux  taJjleaux  dans  cet  endroit,  savoir 
un  nolimc  tangere  ,  de  Le  sueur  ;  une  naissance  de  la   vierge,  un 


(^9)  Bayle,  au   mot  xersoris. 


^l 


W  liU.  y/'  rvtf.  Pap.j;- 


Jfir/i.f  DinirS 


Chartreuse     de     Paris  S7 

peu  noir  ,  par  le  Féty  (  5o  )  ;  l'adoralion  des  bergei-s,  par  Jacques 
Bassan  Ç5i)  ,  et  un  Poussin, c[ubéloh  un  peu  rouge. 

Il  y  avolt  encore  trois  tableaux  d'artistes  vivans;  ils  sont  non- 
vellementpeints.  C'e=t  la  mort  de  la  Vierge ,  par  Perln  ,  en  1783.  Ce 
tableau  ,  qui  lui  fait  honneur  ,  est  sagement  composé  et  bien  dessiné  , 
mais  la  couleur  en  est  un  peu  lourde.  Une  présenlalion  de  la  Vierge  au 
temple  ,  par  Lagrenée  jeune  :  le  ton  ,  quoique  faux  et  violet,  en 
est  transparent  et  la  louche  légère  et  fraîche  ,  mais  rien  n'est  composé 
plus  mesquinement.  Enfin  ,  l'entrée  de  Jésus-Christ  à  Jérusalem,  par 
Jollaln. 

Il  y  avoit  aussi  dans  ce  chapitre  un  fort  beau  lutrin  sculpté  en  bois- 
très-délicatement ,  et  dont  les  figures  sont  de  Jullence  ,  sculpteur  pro-' 
vençal.  Ce  pupitre,  gravé  PI.  I^III ,  n°.  1  ,  est  sur  un  piédestal  trian- 
gulaire, et  dont  les  trois  faces,  lui  peu  concaves,  sont:  ornées  de  figures 
en  bas-relief,  représentant  les  trois  apôtres  ,  Pierre,  Paul  et  Jean 
T éi^angéliste  ,  tels  qu'on  les  yoi\,Jigures  2,  3  et  4.  Autour  de  la  tige  et 
sur  le  piédestal ,  les  trois  vertus  théologales  ,  5  ,  6  et  7 ,  qui  sont  fort 
belles.  Le  corps  du  pupitre  est  sculpté  de  petits  ornemens  en  mosaïque 
très-délicats  ,  et  surmonté  d'un  petit  Jésus  c[ui  tient  d'une  main  le' 
globe  de  la  terre  ,  et  semble  indiquer  le  ciel  de  l'autre.  La  figure  8  est 
le  développement  des  petites  consoles  des  angles  du  piédestal  :  la  figure 
9  est  le  détail  des  petites  faces  du  pupitre;  enfin  la  figure  10  est  la  volute 
qui  est  dessous  ;  la  figure  1 1  ,  les  ornemens  du  paneau  du  piédestal  ;  et 
la  figure  12  ceux  de  dessous  le  lutrin.  Ce  morceau  curieux  est  aujour- 
d'hui au  dépôt  des  Augustins  sous  le  n».  336. 

Onvojoit  encore  dans  le  chapitre  plusieurs  tombes.  D'abord  celle  de 
Pierre  Loisel&X  de  Marguerite  sa  femme  ,  avec  leurs  effigies  et  cette 
épitaphe  autour. 


(  5o  )   Peintre  romain  qui  dut  son  talent  à  l'impression  que  firent  sur  lui  les 
tableaux  de  Jules  Romain,  mort  à  Venise  en  1624. 

(  5i  )  Un  des  plus  fameux  peintres  de  son  teras ,  et  excellent:  coloriste ,  formé 
par  le  Titien,  mort  en  1692 ,  à  8a  ans. 


^3 


58  C  n  A  îi  T  n  E  u  s  E     de    Paris. 

Ci-glst  Margueritte  ,  jadis  femme  de  Pierre  LoiSEL  cor- 
doennier,  (52)  bourgeois  de  Paris  ,  qui  trespassa  Van  de  grâce 
MCCCLXXXI ,  le  VII  des  Kalendes ;  priezpour  Vame  de  Ij;  que 
Dieu  lui  fasse  bonne  merci;  amen.  Planche  IV  bis ,  n°.  5. 

Jci-gist  Pierre  LoiSEL,  mari  de  la  dicte  Margueritte  ,  qui  tres- 
passa le  dix-neuuième  jour  du  mois  de  septembre ,  Van  de  grâce 
MCCCXLIII.  Priez  pour  Vame  de  ly.  Planche  VI  bis  ,  n".  5. 

Sur  une  autre  pierre  où  éloit  aussi  gravée  une  effigie  ,  on  lisoit  ; 

Cr-GisT  noble  dame  Margueritte  de  Chaloxs  ,  dame  de 
Tlwry  et  de  Pujsoie  ,/ille  de  monseigneur  Jehan  de  Cliâîons  ,  comte 
d^^uxerre  et  de  Tonnerre ,  famé  de  feu  monsieur  Jehan  de  Savoye, 
chei^alier,  qui  trespassa  en  son  hostel  le  lundi  XJ  jour  d'octobre ^ 
Van  MCCCLXXVIII. 

Quel  éioit  ce  Jean  de  Chalons  ?  éfoit-ce  Jean  III,  qui  mourut  en 
i366,  et  qui  laissa  en  effet  une  fille  appelée  Marguerite.  Mais  les 
auteurs  de  l'art  de  véri;ier  les  daies,  disent  qu'elle  mourut  sans  alliance; 
et  celle-ci  fut  mariée  à  Jean  de  Savoie.  Il  se  peut  qu'ils  se  soient  trompés. 
Si  Marguerite  iis[  la  fille  de  Jean  III ,  ce  fut  elle  quise  fit  adjuger,  en 
iSy-B  ,  le  gouvernement  du  comte  d'Auxerre  ,  avec  des  reserves  pour 
]es  places  fortes  et  les  réparations  des  forlîfications  pendant  la  captivité 
de  son  frère  Jean  IV  (  53  ). 

Le  réfectoire  faisoit  aussi  un  des  côtés.  C'éioit  anciennement  la 
chapelle  de  l'hôtel  de  Vauvert,  avant  la  construction  du  monastère  > 
a  qui  elle  servit  encore  d'église  pendant  six  ans  ,  jusqu'à  ce  que  la 


(Sa)  L'étymologie  donnée  par  Voiture  au  mot  cordonnier  est  des  plus  ridi- 
cules. Il  prétend  que  le  mot  cordonnier  c&i  mis  pour  cordonneiir,  c'est-à-dire, 
donneur  de  cor.  La  vérité  est,  que  l'on  disoit  autrefois  cordouanier  ;  ce  m.ot  a 
été  dérivé  de  cordouan ,  sorte  de  cuir  ainsi  appelé  de  CorJoue  ,  oîi  on  le  pré— 
paroit.  Ce  c;iir  s'appeloit  eu  Intin  cordelisus.  Il  u"a  pas  été  dilîicile  de  faira  da 
cor  louan  ,  cordouanier .^  et  par  corruption  cordoennier  ,  comme  dtms  cette  épita- 
phe.  On  a  dit  ensuite  par  abbréviation  cordonnier.  Ceux  qui  prétendent  que 
cordonnier  se  dit  parce  qu'on  faisoit  des  souliers  de  cordes  ,  ne  connoissent 
pa-s  la  vérita.ble  élj'mologie  du  mot. 

(53)  Ce  prince  eut  aussi  une  fille,  nommée  Marguerite,  mais  elle  mourut 
en  i5ii  ,  six  mois  après  sa  mère  Isabelle. 

grande 


Chartreuse     de    Paris.  Sg 

grande  fût  achevée.  Ce  réfectoire  avoit  élé  orné,  au  siècle  dernier,  de 
plusieurs  tableaux  et  de  peintures  en  grisailles  iniilant  le  bas-relief. 
Ces  tableaux  étoieni  une  descente  de  croix  ,  copiée  d'après  Jordans 
par  Borelli.  Cette  copie  ,  cpii  étoit  précieuse  pour  la -couleur  ,  décoroit 
l'autel  du  chapitre  ,  avant  que  Champagne  eût  donné  le  tableau  qu'on 
y  vovoit  depuis.  On  j  remarquoit  aussi  un  portrait  de  Louis  XVI , 
peint  par  Pierre  ;  ,ce  tableau  étoit  assez  médiocre. 

Les  grisailles  représentoient  divers  repas  ,  dont  les  sujets  étoient 
tirés  de  l'écriture-Sainte ,  tels  qviElie  nourri  d'un  pain  par  un  ange 
sur  la  montagne  d'Oreb  ;  les  deux  pêches  miraculeuses  ;  la  pâque  des 
Juifs,  la  cène,  lamâne  et  la  multiplication  des  pains. 

Le  troisième  côté  du  petit  cloître  étoit  formé  par  le  bâliinrnt  qui  lui 
servoit  de  communicalionavec  la  cour.  Il  avoit  été  bâti  ^a.v  Humbert^ 
dernier  dauphin  de  Vienne  ,  mort  dominicain  (  64  ).         _ 

Le  quatrième  côté  étoit  formé  par  un  couloirnommé  la  Thébaide  , 
qui  servoit  de  passage  pour  aller  au  grand  clos^  et  dans  lequel  donnoit 
la  porte  de  l'infirmerie.  Près  cette  [)orte  on  vojoit  une  petite  table  de 
marbre  sur  laquelle  étoit  cette  inscription  en  lettres  gothiques  : 

L'an  de  grâce  MCCCCXIA,  fust  parfaiste  ceste  chapelle  et  infir- 
merie que  fonda  madame  Jehan  ne  parla  grâce  de  Dieu  roynede 
France  et  de  Navarre  ,  jadis  espouse  du  roi  Charles  le  Bel ,  etjust 
la  ditte  madaine  la  royne  -,  fille  de  très-excellent  prince  monsieur 
Loys  de  France  ,  Jadis  comte  d'Epreux  ,  et  /ils  de  roj  de  France. 
Cette  infirmerie  avoit  une  chapelle  dont  le  portail  étoit  en  ogive, 
ainsi  que  les  croisées.  Au  dessus ,  il  y  avoit  un  petit  clocher,  et  dans 
l'inlérieur  on  y  voj^oit  cpiatre  bas-reliefs,  représentant  Saint  J'e't7/z- 
BLjpliste  et  son  mouton  ;  Saint  Paul  herraite  ,  et  son  pigeon  ;  Saint 
Antoine  &\  son  cochon  ;  et  Saint  Bruno  sans  compagnon. 

Cette  infirmerie  contenoit  six  cellules  avec  leurs  jardins  à  la  ma- 
nière de  l'ordre.  Les  vieux  manuscrits  du  couvent  rapportent  de  la 
xeine  Jeanne,  quelle  allait  sout-'ent  par  déi^otion  visiter  les  re- 
ligieux ,  prenant  la  peine  par  grande  charité  et  humilité  de  préparer    / 
leur  réfection ,  et  la  leur  ministrer  elle-même  en  leurs  cellules ^ 

(  54  )  VoycT,  l'arlicle  d^s  Jacobins  de  la  rue  St,-J:.cques ,  art.XX.\IXjp..g.  35. 

I 


6o  Chartreuse    de    Paris. 

consolant  les  injinnes  et  maIades,dontily  en  avait  tousj ours  pour 

fa  grande  austérité  de  vie  qu'ils  menaient. 

Elle  avoit  aussi  fourni  la  chapelle  de  beaux  orneuiens  et  de  vases 
d'argent  ,  et  en  outre  elle  donna  pour  l'entrelien  de  cette  inSrmcrie 
la  terre  et  seigneurie  d'Yeres  ,  en  reconnoissance  de  quoi ,  outre  les 
prières  qui  se  disoient  journellement  pour  elle  dans  cette  chapelle  , 

l'ordre  faisoit  tous  les  ans  un  service  pour  elle  et  le  roi  son  mari ,  le 
4  de  mars  ,  jour  de  son  décès. 

Du  petit  cloître  on  passoit  dans  le  grand  par  une  porte  gothique , 
et  cependant  à  plein  ceintre.  Ce  cloître ,  disposé  en  carré  autour  d'un 
cimetièi-e  ,  étoit  d'une  grandeur  immense.  Il  étoit  plus  long  sur  deux 
côtés  qui  pouvoient  avoir   envii'on  470  pieds  ,  tandis  que  les  deux 
autres  n'en  a  voient  à-peu-près  que  166.  Il  n'étoit  fermé  ,  du  côté  du 
préau  ou  cimetière  qui  étoit  au  milieu^  que  par  de  petites  arcades  ogives 
sans  viti'aux.  Il  étoit  couvert  partie  en  pierre  ,  partie  en  bois  ,  et  renfer- 
moit  trente-deux  cellules  ;  savoir ,  six  sur  chacun  des  deux  petits  côtés  , 
et  dix  sur  chacun  des  grands.  Ces   cellules  étoient  séparées  à  égale 
distance  les  unes  des  autres;  elles  renfermoient  chacune  trois  petites 
pièces,  savoir:  un  vestibule  cpiiservoit  de  réfectoire  ,  une  autre  pièce 
qui  servoit  d'atelier  ,  de  bibliothèque  ou  de  cabinet  et  de  salon,  et  la 
chambre  à  coucher.  Elles  avoient  en  outre  chacune  un  petit  jardin 
très-bien  arrangé  ,  sablé,  et  rafraîchi  par  un  petit  bassin  rempli  d'eau 
vive   que   fournissoit  la    pompe    du  milieu  du  préau.   J'ai   donné, 
■planche  IX,  une  vue  de  ee  cloître. 

Les  cellules  étoient  fort  agréaj^les  à  voir  par  la  propreté  qui  y  ré- 
gnoit  ;  quelques-unes  même  étoient  ornées ,  et  renfermoient  des  ta- 
bleaux et  des  statues  de  nos  plus  habiles  artistes» 

Les  huit  premières  cellules  furent  construites  du  temps  de  Saint 
Louis,  tant  de  ses  bienfaits, que  de  ceux  de  plusieui's  autres  personnes. 
Deux  autres  furent  bâties  ensuite  ,  l'une  par  les  dons  de  Marie  ou 
Marguerite  d'Issoudun  ,  comtesse  d'Eu  ,  et  l'autre  par  ceux  de  Thi- 
bault II  y  roi  de  Navarre  ,  comte  de  Champagne,  et  gendre  de  Saint 
Loui-. 

Pour  achever  la  fondation  de  Saint  Louis,  il  restoit  vingt  cellules 
à  bâtir.  Jeanne  de  Chatillon  ,  comtesse  d'Alencon  ,  de  Blois  et  de 


i,C 


CllAnTREUSE      DE      PARIS.'  Cl 

Chartres  ,  et  femme  do  Pierre,  comte  d'Alencon  ,  troisième  fils  de 
Saint  Louis  ,  en  fonda  quatorze  pour  l'entretien  desquelles  elle  légua 
deux  cent  vingt  livres  tournois  de  rente  perpétuelle  et  amortie  ,  comme 
il  paroît  par  ses  lettres  passées  en  la  maison  de  l'évêque  Wincestre , 
aj^pelée  la  grange  aiurgueux ,  au-dessus  du  village  de  Gcnlilly  (55). 
Cette  princesse  y  sujjpose  qu'il  y  avoit  déjà  seize  cellules  ,  et  que  sa 
fondation  rempliroit  celle  de  trente  que  Saint  Louis  avoit  résolu  d'y 
mettre. 

Cette  fondation  est  représentée  dans  ce  cloître  du  cô!é  de  régllse*  , 
par  un  bas-relief  oi!i  l'on  voj'oit  Jeanne  de  Chalillon  oflrant  à  la 
Vierge  qui  tient  son  fiL  entre  ses  mains  ,  et  à  Saint  Jean-Bapliste  , 
quatorze  chartreux  à  genoux.  Cette  sculpture  s'étant  dégradée  ,  les 
chartreux  la  firent  couvrir  ,  en  lyia  ,  de  planches  défendues  par  un 
grillage,  et  sur  lesquelles  on  copia  avec  exactitude  ce  bas -relief, 
qui  avoit  quinze  pieds  de  large  ,  sur  quatre  de  haut.  Un  rouleau  sor- 
toit  de  la  bouche  de  Jeanne,  sur  lequel  étoit  celte  prière  qu'elle 
adressoit  à  la  Vierge  :  Vierge  mère  et  pucelle  à  ton  clierjîeiis  pré- 
sente quatorze  frères  qui  prient  pour  moi.  L'enfant  Jésus  répoudoit  : 
majille  je  prends  le  don  que  tu  me  fais  et  te  rens  tous  tes  méfaits. 
Le  haut  de  ce  tableau  contenoit  dix-sept  écussons  portant  alterna- 
tivement les  armes  de  France  et  de  Châtillon.  Voyez  Planche  X } 
et  au  bas  on  lisoit  cette  inscription  : 

L'an  de  grâce  171 2  ,  cet  ancien  monument ,  de  la  piété  de  wa- 
tfa/ra^  JEANNsde  Châtillon,  comtesse  de  Blois  ,  qui  fut  accordée 
à  dix  ans  ,  et  i7iariée  à  douze,  à  M.  Pierre  de  France,  comte 
d^^lençon  ,Ji/s  de  Saint  Louis ,  fut  dressé  pour  consert>er  la  mé- 
moire d''une  fondation  qu'elle  fit  de  quatoi'ze  chartreux  à  Paris  y 
et  a  été  renouvelée  conformément  à  son  original  ci-dessous ,  sur 
plâtre  par  les  ordres  de  très-hauts  et  très-illustj-es  seigneujs  Cl  AVBZ 
Elzear,  comte  de  Châtillon,  e^  Alexis-Henri  ,  chei^aliers  des 
ordres  du  Roi  ,  frères  ,  pour  empêcher  que  lu  longueur  des  temps 
if  achevât  de  le  détruire  ,  et  consen'er  à  la  postérité  la  mémoire 
d'une  si  illusire  parenté. 

(  55  )  C'est  aujourd'hui  Bicétre. 

I  a 


^.? 


02  Chartreuse     de    Paris. 

Celte  inscrijjlion  peu  exacte  a  exercé  plusieurs  critiques.  Son  au- 
teiu-  y  dit  d'abord  que  l'an  1712  ,  cef  ancien  monument  fut  dressé. 
Comment  un  bas-relief  du  XIIP  siècle  peut-il  avoir  été  dressé  en 
1712  ?II  a  sûrement  voulu  dire  renouvelé  ;  ce  terme  se  trouve  en 
eiïét  employé  plus  bas. 

L'auteur  dit ,  dans  la  première  ligne  ,  que  Jeanne  de  Chatillon  fut 
accordée  à  dix  ans,  et  mariée  à  12  à  Pierre  de  France,  comte 
d'Alençon  ;  cela  ne  s'accorde  ni  avec  l'histoire  ,  ni  avec  les  titres. 
Il  est  très- vrai  que  la  princesse  fut  accordée  à  10  ans  à  Pierre 
d'Alençon  ,  que  le  contrat  porte  que  le  mariage  sera  consommé  trois 
mois  après  qu'elle  aura  atteint  sa  douzième  année  ,  et  c'est  sans 
doute  ce  qui  a  trompé  l'auteur  de  l'inscription  ;  mais  ce  mariage  ne 
fut  en  effet  célébré  et  consommé  que  dix  ans  après.  C'est  l'opinion 
de  Guillaume  de  Nangis  ,  c'est  celle  de  Duchesne-  dans  son  histoire 
de  la  maison  de  Chatillon  ,  où  il  conteste  à  GLiillaume  de  Nangis 
deux  années  ,  et  selon  lui,  le  mariage  ne  fut  célébré  qu'en  1271  , 
et  non  pas  en  1278  ,  comme  l'a  dit  le  chroniqueur. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  l'année  précise  du  mariage  de  Jeanne  de 
Chatillon  et  de  Pierre  de  France,  comte  d'Alençon  (  56  )  ,  il  n'en 
résulte  pas  moins  qu'il  ne  s'est  fait  ni  dans  sa  douzième  année  , 
ni  dans  sa  treizième  ,  Pierre  de  France  n'ayant  alors  que  dix  ans. 

Claude-Elzear  ,co\rY{e  de  Chatillon  n'a  jamais  été  chevalier  des 
ordres  du  roi,  comme  on  le  dit  dans  cette  inscription.  Il  n'y  a 
i^' Alexis  Henry  ,  marquis  de  Chatillon,  qui  en  ait  été  décoré  (67), 

On  voyoit  encore  dans  la  muraille  du  grand  cloître  une  mosaïque 
prescjue  effacée  ,  représentant  une  pareille  fondation.  Pierre  de  Na- 
varre,  aidé  de  son  patron,  ofTroit  à  la  Vierge  qui  tenoit  son  his  ,  quatre 
chartreux.  Les  têtes  et  les  mains,  qui  étoient  de  bronze  ,  en  avoient 
été  détachées  ainsi  que  quelques  ornemens;  le  foiid  étoitorné  de 
losanges  joints  par  des  rosettes  très-jolies  et  dans  lesquelles  éfoit  le 
nom    de  Jésus-Christ.   Elles  sont  gravées  au  bas  de  la.  planche  XL 


(56)  Voyexswr  ce  prince,  Ant.  nat.  ,  tom.  IV,  art.  XXXIX,  pag.  77. 

(57)  Piganiol^  lom.  VU,  pag.   14a. 


f^isS 


•  0 


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/ 


Chartreuse     de    Paris,  63 

Le  plan  ou  tapis  avoit  aussi  deslosanges  remplis  par  des  dragons.  Sur 
le  côté  éfolt  un  rouleau  où  on  lisoit  l'inscription  suivante  en  vers  latins  : 

Intùs  fundati  sunt  fratres  quatuor  isti  , 
Cellam  G.  priinus  habitat ,  si  scire   velimus  , 
Est ,  benè  cognoi^i,  D.  cella  para  ta  sequenti  , 
Possidet  hanc  ternus  F.  cellam  ,  G  ,  quoque  quaternus. 
Quos  sic  fundai'it ,  et  redditibus  decorauit 
Nauarrœ  Petrus  Jîlius  régis  generosus. 
Quia  cùni  dictorwn  fratruni  quidam  morientiir  ^ 
Aut  ad  officia  de  cellis  extra  vocentur , 
Cellis  ipsorum  fratres  alii  statuentur  , 
Nam  fratrum  cellœ  plence  debent  remanefe 
Quinquaginta  libris  perpétua  percipiendis. 
Cuilibet  ipsorum  ,bejie  noscas ,  esse  pro^iswn, 
ylnno   mitleno  trecinteiw  jionageno 
Sexto  ,  prœdicta  nituit  Jundatio  facta.  ■ 
Petrus  fundator  sit  cJiristi  yerus  ainator  , 
Agmine  sanctorum  sibi  dentur  régna  polorum. 
\  ylmen. 

Les  six  autres  cellules  de  ce  cloître  furent  fondées  ,  la  première 
par  yljidré  de  Taran  ,  et  par  Pierre  de  Chosam  ,  lorsqu'il  se  fit  re- 
ligieux dans  ce  couvent  ;  la  seconde  par  Pierre  Bourguignon  , 
prêtre  et  seigneur  de  Rouillon  ,  qui  y  demeura  pendant  sa  vie  et 
qui  donna  ensuiie  sa  terre  pour  l'entretien  de  cette  fondation  ,  et 
les  quatre  autres  par  Pierre  de  Nai^arre  (  58  ). 

Il  y  en  avoit  encore  d'autres  dans  difrérens  endroits  de  la  maison  ,' 
autour  du  cloître  ,  telles  que  celle  fondée  par  Jean  Desmou/ins , 
entre  l'infiimerie  et  le  cloître  ;  une  autre  par  Hugues  le  Coq  ,  placée. 
entre  un  passage  du  grand  cloître  ,  et  une  troisième  par  Jean  car- 
dinal de  Dormans.  Dans  ces  derniers  tems  ,  il  j  avoit  environ 
quarante  cellules  dans  cette  Chartreuse. 

Il  y  avoit  au  milieu  du    grand  cloîti-e   un  assez  joli  bâtiment  ; 

(  58  )   Suprâ,  pag.    ly. 


Ifi 


^4  Chartreuse    de    Paris. 

planche  XII,  dont  la  forme  éloit  un  quarré  long.  Les  deuxfacesétoient 
ornées  de  huit  pilastres  doriques  rustiques  ,  dont  quatre  soutenoient 
un  fronton  ceintré  ,  orné  d'une  croix,  sous  lequel  étoit  une  grande 
niche  occupée  par  un  vase  de  pierre.  Les  quatre  autres  pilastres 
accompagnoient  deux  arcades  ,  servant  à  communiquer  avec  les 
deux  péristyles  qui  éloieutsur  les  côtés  latéraux  ,  et  qui  étoient  ornés 
chacun  de  quatre  arcades.  Planche  XII. 

La  pompe  qui  étoit  dans  ce  bâtiment  étoit  d'une  méchaniquefort 
simple  ,  fournée  par  un  cheval ,  et  servoit  à  donner  de  l'eau  au  grand 
-cloître. 

Les  petits  bâtîmens  que  l'on  voit  dans  le  lointain  sont  des  cellules  , 
et  les  petites  arcades  sont  celles  du  corridor  du  grand  cloître. 

Dans  le  grand  cloître,  entre  un  grand  nombre  infini  de  sépul- 
tures (59),  on  remarquoit  les  suivantes. 

Gilles  de  Sens  ,  seigneur  de  Loje,  at-ocat  en  parlement ,  net- eu 
d'Eude  de  Sens;  qui  trépassa  Tan  i'à2)6  ,  le  10^  jour  de  juin. 
A  côté,  on  \  ojoit  sur  une  tombe  plate  : 

Ci-GiST  «oZ»/^ /fOWOT^ Guillaume  de  Sens,  premier  président 
en  la  cour  de  parlement  è  Paris ,  Jils  de  maistre  Gilles  de  Sens  , 
ijui  trespassa  Van  de  grâce  1892  ,  le  i  i^jourd'auril. 

Cette  épitaphe  étoit  autour  de  son  effigie  qui  y  est  aussi  gravée.  II 
y  est  représenté  avec  une  longue  robe  qui  a  les  manches  ouvertes  au 
coude  ,  et  dont  le  haut  forme  un  collet  plissé  autour  du  col.  C'est  celle 
c[ue  portoient  les  présidens  dans  ce  tems.  Planche  V ,  n".  8. 

Plus  loin  ,  sur  une  autre  tombe  de  pierre  ; 

Ci-GxsT  maistre  Vincent  ee  Montrotynie  ,  jadis  secrétaire  de 

feu  noble  et  puissant  prince  monseigneur   Pierre  de  Nat^arre , 

comte  de  Mortaigne ,  et  depuis  notaire  et  secrétaire  du  roj ,  qui 

trespassa  en  la  ville  de  Corheil ,  au  seri'ice  dudit  seigneur ,  Van  de 

grâce  JMCCCCXX ,  le  ^^WW  jour  d'octobre. 


(  ."îg)  Les  chartreux  avoient  le  dreit  d'enterrer  tous  ceux  qui  le  leur  dcmnii- 
«loient.    . 


bo 


Chartreuse     de    Paris:  6^ 

Dans  le  cimetière  du  grand  cloîire,  on  remarqvioit  entre  plusieurs 
croix,  indir|uanl  les  sépultures  des  moines  (60),  celle  du  tombeau  de 
François  Choart.  Elle  éloit  portée  par  un  large  piédestal,  divisé  en 
plusieurs  parties.  Planche  VII ,  n°.  3.  Celle  du  bas  éloil  carrée; 
au-dessus  étoit  celle  sur  laquelle  étoit  l'épitaphe  sur  un  marbre  noir; 
et  la  dernière,  qui  servoit  de  pied  à  la  croix,  portoit  un  écusson  ,(lonl: 
les  armoiries  étoient  presqu'efïàcées.  Le  bas  de  la  croix  étoit  taillé  en 
rainceaux  (61),  terminés  par  le  bas  en  volute.  Les  quatre  croissillons 
qui  étoient  égaux,  étoient  aussi  en  feuilles  d'ornemens,  et  terminés 
par  des  ro^aces  ;  deux  rosaces  en  soleil,  ornoient  le  centre.  Tout  ce 
travail  "étoit  très-bien  exécuté.  Voici  l'épitaphe  : 

Ci-GrsT  Messire  François  Choart  ,  en  son  vivant  conseiller  du 
Toy  en  ses  conseils  ,  maistre  ordinaire  en  sa  chambre  des  comptes  , 
et  directeur  de  rhôpital  général  et  des  enfans  trouvés  ,  décédé  le 
17  octobre  1679  >  âgé  de  82  ans  ,  3  mois.  Requiescat  in  pace. 

Plus  loin  étoit  la  sépulture  de  Hugues  le  Coij  ,■  décédé  le  26  Septem- 
bre 1485. 

Il  se  retira  dans  cette  maison  sur  la  fin  de  sa  vie,  et  lui  fit  don  de 
quelcjues  revenu'^  pour  sa  pension  et  celle  de  ses  gens  ,  ainsi  que  pour 
la  londation  de  plusieurs  oilices  après  sa  mort,  et  d'une  cellule  pour 
ïin  religieux ,  comme  on  le  voyoit  par  une  plaque  de  cuivre  placée 
dans  le  grand  cloîtreà  côté  de  cette  cellule  marquée  E,  et  sur  laquelle' 
étoit  gravée  très-profondément  la  figure  de  Hugues  le  Coq,  qui  pré- 
sentoit  à  la  Vierge  un  chartreux.  Derrière  lui  étoit  son  patron  Saint 
Hugues  (62),  aussi  en  habit  de  chartreux.   On  j  lisoit  : 

L'an  de  grâce  MCCCCLXVIII  le  XI^  jour  de  novembre ,  vénéra-- 


(  60  ^   Ces  religieux  n'avoient  pas  d'antres  sépultures.  Celles  des  pères  éloienï 
distinguées  de  celles  des  frères  par  une  croix. 

(  61  )  Espèce  de  branche  ornée  de  grandes  feuilles  et  acrompagnée  de  fleurs^ 
et  de  boulons  ;  ce  mot  vient  du  latin   ramus  ou  ramusculusj  rameau,- 

(  6a  )  Suprà^  pag.  5,- 


bl 


66  CllAnTREUSE      DE      PARIS. 

li/e  (63)  et  discrète  {64^perso)i/ie  maistre  Hugues  le  Coq  ,  licencié 
es  droits  canon  et  cii^il,  et  archidiacre  de  Baii/ne,  en  V église  d'Ols- 
tiin  ,  fonda  celte  celle  et  un  religieux  en  icelle,  lequel  sera  perpé- 
tuellement tenu  de  prier  Dieu,  tant  pour  le  maistre  Hugues  son  fon- 
dateur, comme  ses  père  et  mère,  ayeul ,  ayeule ,  frères  et  sœurs ,  nep^ 
peux  etniepces  et  autres  ses  amis  et  bienfaicteurs,  et  a  aussifondé  un 
anniversaire  perpétuel ,  et  a  es  lu  sa  sépulture  en  f  église  de  céans. 
Priez  Dieu  pour  famé  de  lui  et  de  tous  ses  amis  trespassés.  Amen. 

Plus  loin  encore  sur  une  croix  de  pierre  : 

Ci-gist  fnessire  Jean  Guyot  ,  Jadis  chapelain  du  roi  notre  sire  y 
et  chanoine  de  Sens  et  de  Champeaux ,  qui  trespassa  le  XXVni* 
jour  de  juin  ,  Van  de  grâce  M(]CCCIV. 

Jean  Charlequin  ,  Guillaume  de  Blangi,  bienfaicteur,  Pierre  du 
Pcrrier  et  Bertrand  Francoyer ,  clercs  et  notaires  des  rois  de  France  , 
y  avolent  aussi  leur  sépultui-e. 

Le  grand  clos  étoit  immense;  les  religieux  ne  s'y  promenoient  que 
deux  fois  par  semaine.  Le  potager  seul  occupoit  plus  de  quinze  arpens. 
La  pépinière  étoit  en  renommée  pour  les  arbres  fruitiers  et  étrangers 


(63)  Ce  mot  et  le  suivant  se  retrouvant  fié.juemintnt  sur  les  épitaph  s,  il 
ne  sera  pas  inutile  de  les  expliquer  uns  fois.  Celui-ci  est  beaucoup  plus  facile  : 
cette  épithèle  de  vénérable  se  dpnnoit  aux  hommes  rL-commandables  par  leurs 
dignités  dans  les  ordres,  ou  leurs  grades  dans  les  jiniversités.  A  Nisme,  le 
nom  de  vénérable,  venerabills ^  se  doiinoit  au  licencié  ès-loix;  celui  d'honora- 
ble, honorabîlis  ,  au  bourgeois  ou  au  marchand:  celui  de  discretus  ^  prudent  ? 
au  notaire;  et  celui  de  providus,  prévoyant,  à  l'artisan.  Le  nom  de  vénérable 
donné  au   licencié  ès-loix  et  en   théologie  ,  est  ircs-fréq'itnt  sur   les  épiiaphes. 

(  64)  Discretus  se  ren  onlreMrès-souvent  dans  nos  écrivains  du  moj"n  âge  j 
pour  di'signer  un  homme  prudent.  Vossius",  dans  son  Traité  sur  la  corruption 
du  langage  ,  de  vh'ns  sermonis  ,  lib.  I ,  Ch.  XXX,  p.  144  ,  blâme  cette  acception , 
p;irce  c{ue  ce  mot  discretus  a.  toujours  été  pris  passivement  piir  les  an;  iens.  Aussi 
Pontanus  aime-t-il  mieux  cette  acception  ,  et  il  entend  par  discretus  ,  discernens. 
Catou  ,  dans  ses  Distiques,  l'a  employé  dans  ce  sens.  Ce  fut  d;:ns  le  quinzième 
siècle  c[ue  l'on  applic[ua  ce  mot  discretus  aux  religieux  et  aux  hommes  recom- 
niandables  par  leur  dignité.  Il  passa  bientôt  dans  les  épitaphes  françoises  ,  oîi 
il  a  l'acception  de  sag^ ^  prudent.  Il  devint,  pour  les  cousais  de  k  ville  d« 
J^^isme ,  un  titre  honoriiiqae. 

qu'on 


Chartreuse     de     Paris;  67 

qu'on  y  élevoit^  et  dont  les  moines  faisoient  un  grand  commeixe. 
Le  reste  étoit  occupé  par  plusieurs  grandes  allées  couvertes,  et  par 
une  charmille  de  toute  la  longueur  du  clos.  Il  y  avoit  un  moulin  â 
vent,  et  au  milieu  une  petite  rotonde  d'ordre  dorique  qui  servoil  dé 
salle  de  repos.  Ce  grand  terrein  cloit  situé  enlr^la  rue  d'Enfer, des 
marais ,  le  Luxembourg  et  le  grand  cloître.  On  y  entroit  par  l'allés 
dite  la  Thébaïde. 

Aujourd'hui  les  bâiimens  des  chartreux  sont  en  partie  abattus.  On 
a  percé  sur  cet  immense  lerrein  une  avenue  qni  fait  face  au  palais 
du  Luxembourg,  et  qui  conduit  au  boulevard,  près  de  la  grande 
route  d'Orléans. 

Les  chartreux ,  entièrement  livrés  à  la  méditation  ,  au  jeûne  et  à  la 
prière,  n'ont  point  songé  à  se  faire  un  nom  dans  les  sciences.  Il 
faut  cependant  avouer  qu'avant  cjue  l'imprimerie  fût  connue  en  Eu- 
rope ,  ils  s'occupoient,  avec  les  Jjernardins  et  les  JDenédictins  ,  à  copier 
les  ouvrages  des  anciens  auteurs,  et  nous  leur  devons  quelques-uns 
de  ceux  qui  nous  ont  été  conservés.  Les  chartreux,  sachant  que  Guy ^ 
comte  de  Ne  vers,  vouloit  leur  faire  présent  de  vases  d'argent  ,  lui 
témoignèrent  qu'il  leur  feroit  plus  de  plaisir,  s'il  vouloit  leur  donner 
du  parchemin.  Malgré  cela,  leur  sacristie  étoit  plus  riche  que  leur 
bibliothèque. 

Voici  le  petit  nombre  de  religieux  un  peu  connus  du  couvent  de 
Paris,  dont  nous  avons  recueilli  les  noms. 

Le  premier  des  prieurs  des  chartreux  de  Paris  qui  soit  connu,  est 
dom  Joceran  qui  demanda  et  obtint  sa  démission  en  1260.  Il  fut 
envoyé  prieur  à  la  Chartreuse  dn  Liget  en  Touraine. 

Dom  Pons,  ou  Ponce  Darcnssia  ou  de  Sablières,  fut  tiré  de  la 
maison  de  Paris,  pour  être  fait  premier  piieur  de  la  Chartreuse  de 
Sainte-Croix  en  Forez.  Il  fut  nommé  évêque  de  Grasse ,  vers  l'an 
1281  ,  et  sacré  l'année  suivante  par  Jacques  dit  Serene  ,  archevêque 
d'Embrun. 

Dom  Bruno  Ruade,  docteur  de  la  sapience  à  Rome,  puis  char- 
treux et  vicaire  de  Vauvert,  fut  tiré  de  sa  soUtude  par  Louis  XIII, 
et  sacré  évêque  de  Conserans  dans  l'église  de  la  maison  de  Paris, 

K 


Ç? 


68  C  II  A  n  T  n  E  u  s  E     d  e    P  a  r  i  s. 

le  lo  Mars  1624.  Il  assista  à  l'assemblée  du  clex-gé  de  France  ,  en 
1628.  Il  est  mort  en  1641.  Il  fut  enterré  à  la  Chartreuse  de  Toulouse. 

Dom  J.  B.  Pellot,  homme  de  goût ,  auquel  Commire  adressa  deux 
des  pièces  latines  ,  dont  une  est  une  paraphi-ase  saphique  du  regina 
cœli,  et  l'autre,  une  allégorie  de  l'élat  érémitique.  La  devise  est  in 
otio  negotium  (65)  ,•  l'emblème  est  un  vers  à  soie  dans  son  cocon. 
Cette  pensée  a  été  entièrement  adoptée  par  Urbain  Robinet  dans 
ime  de  ses  hymnes. 

Dom  Gabriel  Castel,  de  Normandie,  cultiva  les  lettres,  et  particu^ 
llèrement  la  poésie  latine.  Le  peu  de  vers  qu'il  fit  sont  insérés  dans 
lui  recueil,  parmi  ceux  de  la  Valliere  ,  sur  le  pallnod  de  Rouen.  Cette 
collection  se  trouve  à  la  bibliothèque  nationale.  Ce  chartreux  est 
mort  vers  la  tin  du  dernier  siècle. 

Dom  Félix  Nouant,  dernier  prieur  de  la  maison  de  Paris,  sorloit 
d'une  famille  noble  de  Normandie.  Après  avoir  porté  les  armes 
avec  distinction,  il  embrassa  la  vie  érémitique  ,  et  se  fit  estimer  au- 
tant par  sa  vertu  que  par  son  amour  pour  les  lettres.  Rien  ne  le 
sauva  de  la  persécution  qui  ensanglanta  la  France  ,  et  il  périt  du  sup- 
plice réservé  alors  à  tout  ce  qu'il  y  a\  oit  de  gens  utiles  et  de  mérite. 

J'ai  donné.  Planche  X,  fig.  1,2,  3,  4,  le  costume  des  Char- 
treux ,  je  reviendrai  sur  ce  costume  en  traitant  de  la  grande  Char- 
treuse. 


(65)  Elle   est   bien    dilTérente  de  celle  que    les  religieux   avoienl  choisie, 
otium  eum  dignitate,  buprà,  pag.  4. 


L  I  I  I. 
ANCIEN   PALAIS   DES   COMTES   DE    FLANDRE. 

Lille  y  Département  du  Nord. 

JL/A  Flandre ,  portion  considérable  de  l'ancienne  Belgique  (i); 
s'étendoit  sur  les  contrées  autiefois  habitées  par  les  Morins  (2), 
ime  partie  des  Ncrviens  (3),  les  Atuatiques  (4)  et  les  Ménapiens  (5). 

Le  nom  de  Flandre  ne  désignoit ,  au  septième  siècle  ,  que  le  terri- 
toire de  Bruges  (6). 

La  Flandre  étoit  encore  renfermée  dans  des  bornes  étroites  sous 
Charles-le-Chauve  ,  en  853.  Le  territoire  de  Courtraj  n'j  étoit  pas 
même  compris. 

Les  historiens  flamands  prétendent  que  dès  le  tems  de  Charle- 
niagne,et  long-teras  auparavant,  la  Flandre  étoi*  possédée  par  des 
seigneurs  quila  tenoient  sous  le  titre  de  Jorestiers ,  titre  qu'on  leur 
donnoit,  à  cause  des  forêts  dont  le  pays  étoit  couvert.  Ils  c'écorent 
successivement  de  cette  qualité  Lidéric  (7)  établi,  disent-ils,  par 


(  I  )  Mon  objet  n'est  point  rie  trailer  tous  les  détails  topograpliiqius  relatifs  à  la 
ville  de  Lille.  Je  n'étends  mes  reclierihes  sur  son  histoire  que  pour  ce  qui  peut 
servir  à  l'explication  de  ses  monumens  et  de  ses  principaux  édifices.  Ceux  qui 
veulent  des  détails  plus  étendus ,  peuvent  consulter  le  guide  des  étrangers  à 
Lille,  et  sur-tout  le  Dictionnaire  Dexpillj,à  l'article  Lille.        , 

(  2  )  Les  Morins  occupoient  les  bords  de  la  nier  entre  la  Somme  et  l'Escaut. 

(  3  )  Les  Nerviens  éloient  situés  entre  l'Escaut  et  la  Sanibre. 

i'  4  "!  les  Atuatiques  liabitoient  le  pays  de  Namur. 

(5)  Les  Ménapiens  étoient  établis  sur  les  bords  du  F  liin. 

(  6  )  Municipium  Flandrense  ,  Municipium  Brugense  ,  étoient  deux  expression» 
synonimes  dans  ces  tems-l.-i.  Waslelain  ,  D.script.  de  la  Gaul.  Belg.  ,  p.  408. 

(  7  ">  11  étoit  petit-fils  cVEssore-^  prince  du  Bue,  forestier  de  Flandre  ,  comte 
d'Harlebeck.  Il  épousa  Flandnne ^  née  en  Allemagne  :  on  dit  cjue  c'est  dVlle 
que  la  Flandre  a  pris  son  nom;  mais  d'oii  vient  celui  de  Flandrine  ? 

Plusieurs  historiens  le  disent  fils  de  Sahan  ou  Sahaer ,  prince  de  Dijon.  Celui- 

A 


Ç^ 


3  AncienPalaisaLille. 

Chailemagne ,  vers  l'an  792,  Inghelran  on  Enguen^and  son  fils,  et' 
Odoacre  son  petit  fils.  Mais  ils  n'établissent  ce  qu'ils  avancent ,  sur 
aucune  preuve.  Tous  les  anciens  écrivains  s'accordent  à  reconnoître  , 
pour  premier  comte  de  Flandre,  Beaudouin  I ,  dit  B?as  dejer(8). 

Arras  ,  dont  je  publierai  bientôt  les  monumens  ,  étoit  alors  la  capi- 
lale  de  la  Flandre. 

Quelcpies  historiens  prétendent  que  la  ville  de  Lille  exisloit  dans 
ce  tems,  que  Lidéric  de  Bi;c  avoit  fait  réparer  un  ancien  château 
bâti  par  César ,  et  qu'il  y  attira  des  habitans.  Mais  cette  fable  est  une 
de  celles  que  chaque  ville  se  plaît  à  rapporter  pour  illustrer  son  ori- 
gine. 


ci ,  obIi<;é  de  fuir  à  cause  des  guerres  civiles  de  la  Bourgogne  ,  résolut  de  ther- 
cJier  un  asjlo  en  Angleterre.  Pour  gagner  un  port  de  Flandre,  il  devoit  tra- 
verser la  forêt,  qu'on  nommoit  alors  la  Forêt  sans  Pitié.  Phinar  gouvenioit  le 
pays  pour  le  roi  de  France,  il  avoil  le  tilre  de  roi  de  Cambrai;  mais  comme 
plusieurs  princes  d'alors,  sa  profession  éloit  celle  d'un  voleur  de  grands  lIic- 
mius,  ses  mœurs  étoient  celles  d'un  meurtrier.  Sahaer-,  qui  étoit  son  parent  j 
selon  quelques-uns ,  crut  se  mettre  à  labri  en  faisant  prévenir  le  tyran  de  son 
passage.  Mais  Phinar  profitant  de  cet  avis  ,  lui  dressa  plus  sûrement  des  embû- 
ches ,  et  le  massacra  avec  topte  sa  suite,  à  rexception  A^Emelgaer ,  son  épouse, 
alors  enceinte  ,  qui  parvint  à  s'échapper ,  et  s'enfonça  dans  les  bois. 

Je  ferai  grâce  aux  lecteurs  du  merveilleux  qui ,  suivant  Thiroux,  Hist.  de 
Irille  ,  p  ig.  18  et  suiv. ,  accompagna  la  naissance  de  LzWe'r/c.  Je  dirai  seulement,, 
qu'à  peine  Eme/gaer  lui  eut-elle  donné  le  jour,  qu'elle  fut  tnle^ée  par  Phinar, 
qui  la  fît  emprisonner.  Lidéric,  devenu  grand,  et  instruit  par  celui  qui  l'avoit 
recueilli  et  élevé,  conçut  le  dessein  de  venger  la  mort  de  son  père  et  de  tirer 
sa  mère  de  captivité.  De  retour  d'Angleterre  ,  où  il  fit  ses  premières  campagnes  , 
il  se  rendit  à  la  cour  de  France,  et  se  porta  l'accusât  ur  de  Phinai-.  Ayant 
demandé  la  permission  de  pouvoir  tirer  vengeance  du  meurtre  de  son  père 
dans  un  combat  singulier,  le  roi ,  qui  avoit  déjà  beaucoup  à  se  plaindre  lui- 
même  de  ce  gouverneur  atroce  ,  y  consentit  sans  peine.  Lidéric  demeura 
vainqueur,  reçut  tous  les  biens  de  Phinar,  et  fut  créé  à  sa  place  gouverneur, 
de  la  Flandre ,  sous  le  nom  de  Grand  Forestier. 

Cn  prétend  que  ce  Lidéric  fut  juste  et  humain  ;  cependant  quelques  auteurs 
racdUlent  qu'il  fit  mourir  son  propre  fils  pour  avoir  renversé  un  panier  de  fruits  d'une^ 
revendeuse.  Thiroux  ,  Hist.  de  Lille,  pag.  28. 

(8)  Art  de  Vérifier  les  Dates,  tom.  III,  png.    i.. 


Ancien     Palais     a     Lille.  3^- 

H  est  cependant  certain  qu'il  y  a\oit  quelques  maisons  réunies  au 
lieu  où  s'est  formée  depuis  la  ville  de  Lille  ,  et  que  Beaudouin  le 
Barbu  les  entoura  d'un  fossé. 

Cet  endroit  étoit  alors  connu  sous  le  nom  de  château  de  Lille  ,  cas- 
îelluni  islense,  et  avoit  un  territoire  assez  vaste  sur  lequel  s'étendoit 
la  jurisdiction  du  châtelain  (9). 

Mais  celui  qui  mérite  d'être  regardé  comme  le  ^'rai  fondateur  de 
cette  ville  ,  est  Beaudouin  surnommé  le  Débonnaire ,  à  cause  de  la 
douceur  de  son  gouvernement,  et  de  Lille ,  à  cause  des  embellisse- 
niens  qu'il  fît  à  cette  ville. 

Cette  ville,  ou  plutôt  ce  bourg,  qui  ne  consistoit  encore  qu'en  quel- 
ques maisons  défendues  par  un  château  environné  par  dilférentes 
branches  de  la  Deusle  ,  venoit  d'être  détruite ,  au  moment  011  elle  com- 
mençoit  à  peine  à  se  former ,  par  l'empereur  Henri  III  ,  qui  avoit 
ravagé  la  Flandre  ;  et  ce  fut  ce  qui  engagea  Beaudouin  V  à  fortifier 
plusieurs  placesdesoncomté,et  principalement  Lille  qu'il  aimoit(io). 

Le  premier  de  ces  embellissemens  ,  si  vantés  par  les  historiens ,  se 
bornoit  à  la  construction  d'un  palais  qui  occupoit  à-peu-près  l'es- 
pace de  terrein  qui  se  trouve  aujourd'hui  entre  le  cimetière  de  Saint 
Pierre  et  l'hôpital  Comtesse.  Ce  lieu  appelé  Salle  de  Lille ,  appartient 
maintenant  à  trois  ou  quatre  petits  marchands  qui  s'y  trouvent  à 
l'étroit.  Le  bâtiment  ne  subsiste  plus  (i  i). 

La  fondation  la  plus  considérable ,  faite  par  Beaudouin ,  fut  celle 
du  chapitre  de  Saint  Pierre ,  dont  je  parlerai  avec  plus  d'étendue. 


(  9  )  Le  pr'^mier  châtelain  connu  dans  l'histoire  est  Sasvalon  ,  fondateur  de 
l'abb.jj'c  de  Phalenpain  ,  en  1089.  La  Chàtelenie ,  avec  le  nom  de  Lille,  fut 
héréditaire  dans  sa  maison ,  et  vint  par  mariages  aux  châtelains  de  Péronne ,. 
ensuite  dans  la  maison  de  Luxembourg-I.igni.  Marie  ,  héritière  de  cette  bran- 
che,  épousa  François  de  Bourbon,  comte  de  Vendôme,  duquel  est  descendu 
Henri  IV ,  roi  de  France.  C'est  de  ce  chef  que  Louis  XV  possédoit  ce  fief  el: 
la  plupart  des  autres  biens  que  Marie  de  Luxembourg  avoit  portés  dans  la- 
maison  de  Vendô.ne.     U^astelairij  Descrip.  de  la  Gaule  Belgiq.  j  pag.  402. 

(  10  )    Molinos  ,  Hist.  de  Lille  ^  pag.  Si. 

(il)  Molinos,  pag.  5i.- 

•         ^3- 


Ç^ 


4  Ancien    Palais     a    Lille. 

La  ville  de  Lille  resta  !ong-tems  dans  un  état  pauvre  etmisérahie; 
elle  n'acquit  de  splendeur  que  quand  on  vit  renaître  l'ancien  gou- 
vernement municipal,  lors  de  l'élablissement  des  communes. 

Lorsque  Philippe  Auguste  se  crut  obligé  de  tourner  ses  armes 
victorieuses  contre  la  Flandre ,  il  assiégea  Lille ,  s'en  empara  ,  et  j  fit 
construire  un  fort.  Mais  à  peine  éloit-il  sorli,  que  les  habitans  se  révol- 
tèrent, et  reçurent  le  comte  Ferrand.  Le  roi  levint  pour  les  punir, 
brûla  la  ville,  et  la  plupart  des  habitans  épouvantés,  passèrent  en 
Angleterre  (12). 

Depuis  cet  embrasement,  Lille  ne  fit  que  languir  pendant  beaucoup 
d'années.  Il  paroît  cependant  que,  malgré  le  peu  d'aisance  qui  j 
régnoit  en  1283,  les  échevins  avoient  pensé  à  rendre  la  vifie  commode 
pour  ceux  qui  venoient  la  repeupler.  Ils  firent  construire  des  fontaines 
publiques,  et  établirent  une  léproserie. 

La  comtesse  Jeanne,  épouse  de  Ferrand  {1?)) ,  fit  plusieurs  fonda- 
tions pieuses  et  utiles,  dont  il  sera  bientôt  question,  et  sa  sœur  3Iar- 
giierite  acheva  ces  établissemens. 

Gui  de  Datnpierre,  son  successeur ,  entra  dans  le  parti  formé  cou- 


(12)  Quelques  historiens  rapporlenï  que  l'incendie  eut  tant  de  violence,  que 
le  terrein  marécageux  de  la  ville  prit  feu.  Molinos ,  pag.  92 ,  révoque  ce 
fait  en  doute,  parce  qu'il  tient  tr^p,  dit-il,  du  merveilleux,  et  qu'il  ne  peut  s'ac- 
corder avec  les  règles  de  la  bonne  physique.  Si  Molinos  avoit  connu  les  expé- 
riences faites  parVolta,  sur  l'air  inflammable  des  marais,  il  n'aiiroil  p;is  cru  cet 
événement  impossible.  Ce  qu'il  y  a  de  sûr,  c'est  que  le  terrein  ne  peut  pas  brûler  j 
m  lis  il  est  très-nituiel  que  sa  surface  ait  pris  feu. 

(  i3)  (]e  comte  fut  vaincu  par  Philippe  Auguste,  à  la  bataille  de  Bouvines? 
et  fait  prisonnier.  Ou  le  chargea  de  chaînes ,  et  on  le  plaça  sur  un  chariot,  Irainé 
par  quatre  chevaux  blancs,  à  la  suite  du  roi,  lors  de  son  entrée  magnitique  à 
Paris,  A  cette  occasion,  le  peuple  chanta  : 

*  Quatre  ferrans  bien  ferres 

mènent  Ferrand  bien  enferré. 

On  l'enferma  ensuite  dans  la  tour  du  Louvre  ,  d'où  il  ne  sortit  que  dix  ans 
après,  au  mois  de  Décembre  1226,  en  vertu  du  traité  de  MeUm.  Il  mourut  de  la 
gr.ivelle  à  Noyon  en  i233.  Observons  qu'on  appeloil  alors  un  cheval  blanc 
Ferant ,    en  latin  Ferrandus. 


Ancien    Palais     a    Lille.  5 

tre  Philippe  le  Bel,  qui  le  fit  enfermer  dans  la  tour  du  Louvre.  11 
obtint  ensuite  sa  liberté,  niais  sans  oublier  l'affiont  qu'il  avoit  reçu. 
Il  entra  dans  une  nouvelle  ligue  avec  le  roi  d'Angleterre.  P/?////7yPe  le 
Bel  marcha  contre  la  Flandre  ,  il  investit  Lille  ;  tous  les  environs 
furent  pillés ,  les  monastères  de  FHnes  ,  Phalempain  et  Marqueté  furent 
détruits.  La  djssenterie  se  mit  dans  les  troupes  de  Philippe,  et  cet  acci- 
dent, très-naturel ,  fut  regardé  comme  l'efîèt  des  vengeances  célestes, 

Le  siège  n'avança  cependant  que  lentement  ,  malgré  le  renfort 
que  RoJjert  d'Artois  avoit  amené  à  Philippe.  Lille  passoit  alors  poun 
une  place  très-forte.  Chaque  citoyen  étoit  soldat;  Robert  ,  fils  de  Gui 
de  Dampierre  ,  y  commandoit.  Il  avoit  avec  lui  le  Pioux  de  Faulque- 
mont  qui,  ])ar  sa  valeur  et  ses  ruses,  défendit  long-tems  la  place. 

Un  chevalier,  nommé  Robert  d'Astiches ,  traliissoit  lâchement  sa 
patrie  ;  il  avertit  Pliilippe  que  les  vivres  commençoient  à  manquer , 
et  lui  fit  dire  c[ue  s'il  vouloit  envoyer  un  troupeau  de  porcs  vers  la 
porte  de  Fives ,  Faulquemont  ne  manqueroit  pas  de  sortir  pour  s'en 
emparer  ,  qu'alors  des  troupes  en  embuscade  tomberoient  sur  les 
siennes,  et  que  pour  lui,  à  l'aide  de  quelques  affidés ,  il  lui  ouvriroit 
la  porte.  Philippe  accueillit  ce  projet;  mais  le  traître  d'Astiches  avoit 
été  trahi  lui  même.  Faulquemont  feignit  cependant  de  n'en  être  pas 
instruit,  et  dès  que  le  troupeau  fut  près  de  la  porte,  au  lieu  de  faire 
une  sortie  ,  il  fit  tenailler  les  oreilles  à  de  jeunes  cochons.  Les  autres, 
entendant  leurs  cris  ,  se  précipitèrent  vers  la  porte  que  des  soldats 
tenoient  entr'ouvei-te ,  et  la  ville  fut  ainsi  approvisionnée  de  ces  ani- 
maux (14). 

Malgré  la  valeur  de  Faulquemont  ,  la  ville  fut  bientôt  forcée  de 
capituler.  Robert  de  Bethune  sortit  avec  ses  troupes;  d'Astiches  fut 
mis  dans  un  tonneau  ,  et  jeté  sur  une  charette,  Robert  vouloit  le  faire 
punir  ,  mais  il  poussa  des  cris  si  douloureux,  que  les  soldats  françois  le 
délivrèrent. 

La  Flandre  fut  bientôt  soumise  et  confisquée.  Jacques  de  Chatillon, 


(  14  )   On  trouve  une  anecdote  à-peu-près  semblable  dans  la  vie  de  Berlrafid 
du  Guesclin ,  dans  le  tems  qu'il  défendoit  Reunes. 


b-^ 


6  Ancien    Palais    a    L  i  i.  l  e. 

comte  de  Saint  Paul,  en  eut  le  gouvernement.  Il  accabloit  les  fla- 
mands d'impôts,  et  il  les  forçoit  de  construire,  à  leurs  frais,  les  forts 
et  les  citadelles  élevés  pour  les  contenir.  Ce  fut  alors  que  l'on  bâtit 
le  château  de  Lille. 

Ces  excès  révoltèrent  les  flamands,  mais  ils  furent  encore  malheu- 
reux. Philippe  le  Bel ,  après  les  avoir  battus  ,  vint  mettre  le  siège 
devant  Lille.  Une  arôiée  nombreuse  demandant  à  Philippe  la  ba- 
taille ou  la  paix,  il  consentit  à  cette  dernière  proposilion  ;  mais  il 
conserva  Lille,  Douaj  et  Orchies,  pour  le  dédommager  des  frais  de 
l'expédition. 

L'histoire  de  Flandre  n'offre  ensuite  chaque  année  que  des  révoltes 
et  des  combats.  Lille  fut  souvent  alors  l'asile  des  comtes  de  Flandre, 
et  presque  toujours  le  rendez- vous  des  armées  qu'ils  levoient  pour  com- 
battre les  rébelles.  La  peste  se  joignit  à  la  guerre;  en  1849  eUei'avagea 
cette  cité. 

Lille  ,  réunie  à  la  France  ,  partagea  ,  quelques  années  après  ,  les 
malheurs  éclatans  dont  le  royaume  fut  accablé  dans  la  cotisation  que 
les  villes  fournirent  pour  la  rançon  du  roi  Jean  ;  elle  s'engagea  à 
donner  aux  anglois  huit  mille  pièces  de  monnoie  rojale  en  six  ans- 
La  somme  fut  exactement  payée.  Le  roi  Jean  fut  si  reconnoissant  de 
cette  preuve  d'attachement ,  qu'il  accorda  à  cette  ville  le  privilège 
d'acheter  des  marchandises  dans  toute  l'étendue  du  royaume ,  et  de  les 
importer  sans  payer  de  di-oits.  Il  accorda  même  des  lettres  de  pardon 
à  ceux  qui  s'étoient  révoltés  contre  le  gouvernement ,  quoïTjue  leur 
conduite  l'eût  fort  irrité. 

La  restitution  de  plusieurs  villes  de  Flandre  ,  à  l'époque  du  ma- 
riage de  Philippe  le  Hardi  avec  Marguerite  de  Flandre  ,  rendit  au 
comte  une  fierté  et  une  puissance  qui  contribuèrent  beaucoup  à  la  dé- 
solation de  ce  roj^aume. 

Lille  rentra  donc  sous  le  pouvoir  de  ses  anciens  souverains  ,  mais  de 
nouvelles,  révoltes  s'élevèrent  ,  et  cette  ville  fut  le  séjour  des  comtes 
pendant  le  tems  des  troubles.  Charles,  VI  marcha  en  Flandre  ,  pour 
faire  rendre  à  Louis  le  Mâle  ses  états.  Celui-ci  fit  préparer  à  Lille 
de  riches  appartemens  pour  loger  le  roi  et  sa  suite;  mais  quelques 
Jours  avant  l'arrivée  de  Charles  ,  le  feu  prit  à  ces  édifices. 

Charles 


Ancien  Palais  a  Lillk.      7 

Charles  VI  traversa  la  Flandre  en  conquérant. 

Lille  et  les  autres  villes  eurent  un  peu  de  paixjusqu'autems  de  l'as"} 
sassinatde  Charles,  duc  d'Orléans,  ipar  Jean  ,  duc  de  Bourgogne  (i5), 
qui  se  retira  alors  à  Lille  ,  où  il  fit  bâtir  un  nouveau  palais  qu'il  oc- 
cupa. Il  fit  aussi  aggrandir  la  ville. 

Marie  ,  fille  du  comte  de  Charolois ,  héritière  de  ses  états  de  Flandre 
les  transporta  à  la  maison  d'Autriche  par  son  mariage  avec  le  grand 
Maximilien  ,  fils  de  l'empereur  Frédéric  III. 

Maximilien  étant  élu  empereur  après  la  mort  de  son  père  ,  Philippe 
son  fils  eut  la  Flandre  en  partage.  Il  épousa  en  iSgô  Jeanne  ,  fille  et 
héritière  de  Ferdinand  V  ,  roi  d'Arragon ,  et  en  faveur  de  ce  mariage, 
les  Pays-Bas  furent  annexés  à  la  couronne  d'Espagne  par  la  maison 
d'Autriche. 

Charles  V  succéda  à  Philippe  en  1607;  il  vendit,  en  x5i5  ,  aux 
Echevins  ,  le  château  de  la  Salle ,  qui  avoit  été  à  Lille  la  première 
demeure  des  comtes  de  Flandre.  Lui  et  ses  successeurs  s'occujoèrent 
des  embéllissemens  et  des  fortilications  de  la  ville. 

Philippe  IV  ,  roi  d'Espagne,  mourut  en  i665.  Louis  XIV  ,  sous  la 
minorité  de  Charles  II ,  fit  valoir  ses  droits  sur  les  Pays-Bas  qui  ,  par 
la  coutume  de  Brabant ,  dévoient  être  son  partage.  La  force  succéda 
aux  négociations.  Il  assiégea  Lille ,  le  10  août  1667,  et,  après  neuf 
jours  de  tranchée  ouverte  ,  la  ville  capitula. 

Vauban  s'occupa  de  la  fortifier,  et  le  roi  visita  ses  travaux  en  1673. 
La  Flandre  redevint  bientôt  le  théâtre  des  combats  pendant  la  guerre 
de  la  succession.  Le  duc  de  Boufflers  défendoit  la  ville ,  mais  il  la 
rendit,  avec  la  citadelle  ,  au  prince  Eugène  qui  l'asslégeoit. 

Lille  resta  au  pouvoir  des  alliés  jusqu'au  traité  de  paix  de  1713.  Les 
hoUandois  remirent  à  la  France  Lille  et  sa  Chatellenie,  et  depuis  cette 
éjîoque  elle  n'a  pas  cessé  d'en  faire  partie. 

La  ville  de  Lille  ne  s'occupoit  plus  dès-lors  qu'à  faire  fleurir  le  com- 
merce et  les  arts ,  enfans  de  la  paix.  La  guerre  déclarée  à  la  France 
a  fait  tourner  vers  elle  les  efforts  combinés  de  ses  ennemis ,  et  les 


(j5)  Ant.  liât.  toni.  i,  ail.  3,  pag,  8i, 

B 


ÇC 


8-  Ancien    Palais    a    Lille. 

françois  l'ont:  regardée  comme  un  boulevard  de  la  république  ;  leur 

espéi-ance  n'a  pas  été  trompée. 

Lille  a  environ  une  demi-lieu  de  long.Le  plus  beau  quartier  est  celui 
des  rues  Saint- André  et  Piojale  ,  qui  sont  bordées  de  maisons  bâties 
avec  élégance  et  somptuosité. 

La  Deusle  partage  la  ville  et  s'y  répand  en  plusieurs  canaux  qui 
font  aller  des  moulins  ,  et  servent  à  l'usage  de  plusieurs  manufactures. 
On  y  voit  trois  ponts  ,  deux  pour  les  gens  de  pied  ^  et  un  pour  les  Aoi- 
lures  ,  construits  par  Deswerquin. 

Il  y  avoit  autrefois  dans  cette  ville  beaucoup  de  maisons  de  bols  ;  il 
n'en  reste  aujourd'liui  cju'un  très-petit  nomljre. 

Je  ne  décrirai  point  les  fortifications  de  Lille  ,  parce  qu'il  faudroit 
entrer  dans  une  multitude  de  détails  qui  ne  sont  pas  du  ressort  de  cet 
ouvrage.  Ceux  qui  désirent  les  connoître  peuvent  iii-e  le  Guide  des 
étrangers  àlAUei^  i6  )  ,  ouvrage  composé  par  un  officier  du  génie  , 
et  voir  les  différens  plans  de  celte  ville,  principalement  le  dernier  (  17).. 

On  entre  dansla  ville  de  Lille  par  plusieurs  portes,  celle  de  Fii>es  (18),. 
de  Saint-Saiw eur ,  de  ISotre-Dame  ,  de  Sauit- joindre  ,  de  la  Barre  , 
de  la  Madeleine. 

La  plus  belle,  et  la  seule  cpje  je  décrirai,  &'S,\.  c^&  des  malades  y, 
ainsi  nommée  à  cause  d'un  liôpital  où  elle  conduisoit  anciennement- 
Elle  se  trouve  en  face  d'une  rue  du  même  nom;  elle  sert  d'entrée  du 
côté  de  la  France  ;  c'est  la  plus  belle  porte  des  placés  de  guerre  de  .  la 
république.  Voyez  planche  I. 

Ce  fut  LouisJilY  qm  en  fît  décorer  la  ville  en  1682,  après  qu'il  s'en 
fût  rendu  maître  :  elle  a  été  bâtie  par  Valons.  Son  exécution  répond  à 
l'élégance  de  sa  composition.  Le  milieu  est  une  niche  ;  on  voit  dans  le 
eeintre  les  armes  de  France  ,  au-dessous  celles  de  la  ville  de  Lille.  Les 
deux  côtés  offi-ent  une  colonnade  d'ordi-e  dorique ;renlre-colonnement' 


(  16  )  Le  Guide  des  étrangers  à  T.ilie,  ou  description  de  la  ville  el  de  ses  envi- 
rons, précédée  de  son  histoire ,  depuis  son  établissement  jusqu'à  présent.  Lille' 
1772. 

(17)   Plan  de  la  ville  de  Lille,  in-fol 

(  18  J   INojn  du  village  où  cette  porte  conduit. 


:S'?  LlII.7Y.yr  PaQ.  8. 


Ancien     Palais     a    Lille.  9 

est  occupé  par  des  trophées  suspendus.  Les  métopes  des  triglyphes 
sont  remplis  par  des  casques,  des  boucliers,  etc.  Ces  colonnes  supportent 
des  trophées  accompagnés  de  vaincusenchaînés.  Entre  les  colonnes  sont 
des  statues,  l'une,  sous  la  figure  de  Pallas  ,  représente  la  valeur  et  la 
prudence  ;  l'autre  ,  sous  celle  d'Hercule  , est  le  symbole  de  la  force,  Le 
tout  est  terminé  par  un  Jjeau  trophée  accompagné  de  renmoées 
faisant  entendre  le  son  de  leur  trompette.  Au  milieu  est  la  Victoire 
tenant  une  couronne  pour  le  monarque  viclorieux. 

Le  bastion  à  droite  de  cette  porte  est  de  Vauban. 

Il  reste  encore  dans  la  ville  de  Lille  quelques  monumens  des  anciens 
comtes  de  Flandre  et  des  ducs  de  Bonr2;o2:ne.  Parmi  les  "monumens 
civils  ,  le  vieux  château  est  le  plus  remarquable. 

Il  a  été  bâti ,  comme  je  l'ai  déjà  dit ,  par  Jean  ,  duc  de  Bourgogne 
en  1407.  Il  s'étoit  retiré  à  Lille  après  l'assassinat  du  duc  d'Orléans  ,  et 
il  éleva  au  Rihours^  im  nouveau  palais  qu'il  occupa.  Philippe  le  Bon 
l'embellit  en  1480.  lia  été  occupé  depuis  par  plusieurs  princes  de  la 
maison  d'Autriche  ,  et  reçut  ensuite  le  nom  de  cour  de  V Empereur , 
parce  que  Charles  Y  y  lo^ea.  en  1541  ,  et  en  1549. 

Ce  fut  dans  ce  château  que  Philippe  le  Bon  donna,  en  i553,  le 
fameux  repas  du  faisan  (19),  pour  faire  vœu  d'aller  combattre  les 
turcs,  et  délivrer  la  Terre-Sainte. 


(  19  )  La  chair  de  paon  et  celle  de  faisan  étoient,  au  tems  de  la  chevalerie, 
la  iioun-ilure  des  preux  et  des  amans.  Une  figure  de  ces  animaux  ,  servoit  de  but 
aux  che\'aliers  qui  s'exerçoient  ;  et  quand  ils  vouloient  prendre  un  engagement, 
un  paon  ou  un  faisan  éloit  apporté  solemnellement  sur  la  table,  dans  un  bassin 
d'or  ou  d'argent ,  par  d_"S  demoiselles.  Chacun  faisoit  son  vœu  sur  l'oiseau,  et  il 
étoit  distribué  aux  assistans.  Lacurne  Sainte-Palaye  a  f;iil  connoîlre  toutes  les  céré- 
monies du  vœu  du  paon  ou  du  faisan,  dans  ses  mémoires  sur  l'ancienne  cheva- 
lerie, et  dans  le  tome  XX  du  recueil  de  l'académie  des  belles-lettres.  Je  n'ai  rien 
à  ajouter  aux  délai-s  curieux  qu'il  nous  a  donnés. 

Phil'ppe  le  Bon,  duc  de  Bourgogne,  donna  un  repas  de  faisans  à  Lille  en  r553  , 
dans  la  salle  dont  je  viens  de  parler.  On  peut  lire,  dans  Sainte-Palaye^  tous  les 
détails  de  cette  curieuse  cérémonie ,  les  spect  clés  suptrbes  et  singuhcrs  qui  s'y 
donnèrent.  Le  b,it  de  celte  fêle  étoit  da  s'engager  à  une  nouvelle  croisade  qui 
<cepnidant,  n'eût  pas  lieu.  ' 

B  3 


es 


10  Ancien     Palais     a    Lille. 

Le  château  étant  devenu  inutile,  le  magistrat  l'acheta,  en  i66a, 
quatre- vingt  mille  florins.  On  a  vendu  le  jardin  par  parties  ,  et  on  en 
a  fait  la  rue  du  Palais. 

La  plus  grande  partie  de  ce  château  fut  brûlée  en  1700.  Le  feu 
avoit  d'abord  pris  par  le  théâtre  où  l'on  rpprésenloit  la  comédie  : 
la  grande  salle  où  Philippe  le  Bon  avoit  donné  le  célèbre  repas  de 
faisans  fut  entièrement  consumée. 

La  partie  endommagée  a  été  rebâtie,  etc'étoitlelieu  où  on  rendoit  la 
justice;  aujourd'hui  c'est  l'hôtel  du  district.  La  boiserie  des  salles  est 
délicate  :  le  tout  a  été  fait  sur  les  dessins  de  Deswerquins. 

La  principale  entrée  du  château  donne  sur  la  place  appelée  encore 
Rihours  ;  on  pénètre  dans  une  cour  :  on  a  à  droite  l'édifice  ^ou^  eavi  ,  et 
à  gauche  ce  qui  reste  del'ancien  château.  J'ai  fait  dessmer  cette  partie, 
vue  de  l'escalier  des  bâtimens  modernes.  Planche  II. 

On  voit  à  gauche  un  corps-de-logis  auquel  on  monte  par  une  tour 
octogone.  A  droite  est  une  autre  tour  octogone.  Au  milieu  de  la  cour 
est  un  puits  ;  en  face  se  trouve  une  porte  avec  des  ornemens  du  tems 
de  cette  construction.  A  droite,  sous  une  tourquarrée,  est  une  porte  qui 
conduit  à  la  rueclu  palais.   Le  tout  est  bâti  en  pierres  et  en  brique. 

Cette  cour  sert  à  faire  la  parade  à  midi  pour  la  garde  nationale.  Le 
dessinateur  a  choisi  le  m.omerit  où  les  troupes  ^•ont  prendre  leiu'S 
postes.  Planche  II. 

Planche  III.  J'ai  fait  dessiner  cette  porte  que  l'on  voit  à  droite  en 
dedans  de  la  cour.  Elle  est  flanquée  elle-même  de  deux  tours ,  l'une- 
quarrée  ,  l'autre  octogone.  On  avoit  uiis  au  milieu  plus  récemment 
l'écusson  de  la  ville  de  Lille  ;  il  a  été  enlevé  depuis  le  décret  qui 
suppi-ime  les  armoiries. 

On  appei-çoit  une  partie  des  édifices  ruinés.  On  voit  latour  octogone, 
qu'on  découvre  du  milieu  de  la  cour,  dans  le  coin  à  droite;  des  colonnes 
gothiques,  qui  éioient  dans  des  salles  détruites,  annoncent  des  appar- 
temeiis  somptueux. 


'^  J 


Co 


I 


L  I  V. 
COLLÉGIALE    SAINT-PIERRE    A    LILLE, 

Département  du  Nord. 

\J  u  T  R  E  POU  ancien  palais ,  la  ville  de  Lille  ofire  beaucoup  de 
monumens  civils  qui  attestent  sa  grandeur  et  son  opulence,  tels 
que  le  ci-devant  hôtel-de-ville  ,  la  bourse ,  et  sur-tout  la  salle  de 
spectacle. 

Je  ne  décrirai  pas  tous  ces  édifices,  mon  but  étant  d"  m'altaclier 
particulièrement  aux  monumens  qui  ont  rapport  à  l'histoire  générale 
de  la  France  ou  à  l'histoire  particulière  des  familles. 

L'édiHce  de  ce  genre  le  plus  remarquable  par  sa  grandeur  ,  par  son 
antiquité  et  par  les  monumens  nombreux  qu'il  renfermoit ,  étoit  la 
collégiale  dédiée  à  Saint  Pierre. 

J'ai  fait  dessiner,  Planche  I,  la  vue  de  cet  édifice  et  des  bâtimens 
qui  l'entourent  près  du  pont  bâti  sur  la  Deusle  par  Deswerquin. 

L'artiste  y  a  placé  quelques  voitures  de  transports,  pour  indiquer 
la  forme  des  charrettes  dont  on  se  sert  daiis  la  ville  de  Lille. 

On  j  voit  aussi  un  petit  chariot  traîné  par  trois  chiens  attelés  abso- 
lument comme  des  chevaux  et  avec  un  collier  semblable  à  celui  des 
chevaux  de  rouliers  ;  ces  chiens  traînent  aussi  des  bagages  d'un  poids 
considérable:  on  en  voit  quelc|uefois  jusqu'à  six  attelés  de  cette  ma- 
nière ;  ils  sont  principalement  employés  au  transport  de  la  houille. 
Depuis  la  disette  des  chevaux ,  on  voit  à  Paris  et  dans  d'autres  villes  de- 
France  des  dogues  qui  traînent  également  des  petits  chariots. 

On  apperçoit  dans  l'éloignement  ,  à  gauche ,  le  rond-point  de  la 
paroisse  Saint-Etienne  ,  et  à  droite  celui  de  l'église  Saint-Pierre. 

Baudouin  V  fonda  ,  comme  on  l'a  déjà  dit,  cette  église  en  ]o55  ;  il 
la  combla  de  bienfaits.  La  cérémonie  de  la  dédicace  en  fut  faite  aAec 

A 


fl 


2       Collégiale     de     Saint-Pierre    a    Lille. 
une  magnificence  exti-aordinaire  ,  l'an  1066^  en  présence  de  Philippe 
I«'^.,roi  de  France,  qui  scella  les  lettres  de  fondalion  deson  cachet  (  i  ). 

Il  j  avoit  des  prébendes  pour  quarante  chanoines  :  deux  furent 
données  d'abord  aux  évêques  d'Ypres  et  de  Bruges  ;  le  chapitre  eu 
accorda  une  autre  parla  suite  à  l'évêque  de  Tournaj. 

Les  dignitaires  étoient  au  nombre  de  quatre  ,  le  prévôt ,  le  dojen  , 
îe  trésorier  et  le  chantre  ou  écolâti-e.  Les  fonctions  de  ce  dernier  con- 
sistoient  à  faire  apprendre  le  plain-chant.  C'étoit  encore  lui  qui  mar- 
quoit  les  leçons  qu'on  lisoit  au  chœur  ;  il  de  voit  njéme  aider  à  lire  ceux 
à  qui  ce  soin  étoit  confié. 

L'église  de  Saint-Pierre  conserva  jusquesvers  I2i31e  droit  exclusif 
de  nommer  les  prévôts.  La  cour  de  Rome  d'abord  ,  et  ensuite  les  i-ois 
de  France  se  l'attribuèrent.  Cette  dignité  valoit  environ  6,000  livres 
de  revenu. 

Les  papes  Alexandre  II,  Grégoire  VII  et  Célestin  II  confirmèrent 
successivement  la  fondation  de  ce  chapitre  et  la  possession  de  tous  les 
biens  qui  en  dépendoient. 

Il  j  avoit  unusage  établi,  qui  subsista  assez  de  tems, c'est  que  chaque 
chanoine  étoit  obligé  d'avoir  un  cheval. 

Vers  la  fin  du  X«.  siècle  ,  on  institua  des  chapelains.  Une  charte  de 
121 1  apprend  que  la  nourriture  d'un  chapelain  étoit  alors  évaluée  à 
quinze  livres  par  année.  Dans  les  derniers  tems  on  en  compta  jusqu'à 
5o  et  autant  de  vicaires.  Il  javoit  aussi  beaucoup  de  musiciens  gagés , 
huit  ou  dix  enfaus  de  chœur  ,  un  grand  nombre  de  boursiers  ,  et  3o  ou 
40  clercs. 

Les  chanoines  recevoient  des  distributions  en  poivre  (  2  )  ,  en 
cire   (  0  )  et  en  amendes.  Ces  denrées  éloient  alors  fort  chères  ,   et 


(  r  )  Ces  lettres  sont  les  monumens  les  plus  anciens  où  il  soit  queslion  de  1^ 
ville  de  Lille.   Il  y  est  aussi  parlé  d'une  monnoie  particulière  à  celle  ville. 

(3)  Daas  ce  leuis-là,  Roger,  vicomte  de  Béziers,  pour  venger  la  mort  deson 
père  qu'on  avoit  assassiné,  après  s'être  emparé  de  cettt!  ville,  imposa  un  tribut 
annuel  de  trois  livres  de  poivre  par  fani'lle.  Cet  impôt  fut  regirdé  commo  très- 
onéreux.  Ce  fait  prouve  combien  alors  le  poivre  étoit  rare  et  estimé. 

(3)  Elle  fat  aussi  pendant  long-lems  peu  commune,  et  passoit  pour  quelque 


Collégiale  de  Saixt-Pierre  a  Lille.  3 
n'éfoient  réservées  qu'aux  grands  seigneurs  et  aux  ecclésiastiques. 
Ainsi  que  les  seigneurs,  ils  avoient  sur  leurs  serfs  le  droit  dévie 
et  de  mort.  Ils  pouvoient  aussi,  à  leur  gré,  leur  imposer  des  tailles 
qu'ils  étoient  obligés  de  payer.  Une  partie  de  ces  serfs  se  révoltèrent 
en  1127  ,  à  cause  d'un  subside  considérable  que  leur  demandoit  le 
chapitre.  Guillaume,  alors  comte  de  Flandre,  ayant  pris  hautement 
leur  parti ,  fut  condamné  à  se  désister  de  la  protection  accordée 
aux  vassaux  de  Saint  Pierre,  Il  se  soumit  à  la  peine  portée  dans 
le  jugement  prononcé  par  l'archevêque.  Après  avoir  demandé  pardon 
de  sa  faute  ,  il  en  reçut  ,  vis-à-vis  la  porte  de  l'église ,  tête  nuç- 
et  à  genoux  ,  l'absolution  des  mains  de  l'évêque  de  Thérouane. 

Le  chapitre  a  eu  long-tems  la  prétention  d'être  l'héritier  de  tous 
les  ecclésiastiques  qui  mouroient   ab  intestat. 

L'église  de  Saint-Pieri-e  ,  les  prévois  et  les  chanoines  avoient  leur 
privilèges  particuliers.  Ceux-ci  tenoient  singulièrement  à  la  vaine  pré» 
rogative  de  déterminer  le  chemin  par  où  la  célèbre  procession,  en- 
Flionneur  de  N.  D.  de  la  Treille,  devoit  passer.  Des  députés  de  la  ville 
étoient  obligés  de  venir  ,  la  veille  ,  chercher  deux  chanoines  dan» 
le  cloître  Saint-Pierre  pour  faire  la  visite  des  rues. 

Ils  avoient  aussi  celle  d'astreindre  le  gouverneur  de  la  province  à 
venir,  chaque  année  ,  entendre  chanter  un  Te  Deiun  dans  l'église  de 
St.-Pierre . 

Indépendamment  de  quelques  exemptions,  les  prévôts  jouissoient 
d'un  droit  que  l'on  appeloit  de  Chenelle  ,  et  qui  consistoit  en  trois 
lots  de  bière  sur  chaque  brassin  ,  que  tous  les  brasseurs  des  paroisses 
de  Saint-Etienne,  Sainte-Catherine  et  Saint-Pierre  dévoient  fournir 
en  argent.  Ils  refusèrent  de  payer;  on  s'adressa  au  pape  Martin  V  (4). 
Les  abbés  de  Saint-Aubert  et  de  Saint-Martin  reçurent  la  commission; 
déjuger  ce  différend.  Le  droit  des  prévôts  fut  confirmé  et  les  brasseurs 


chose  de  précieux ,  tellement   que  Jean  V  ,  duc  de  Bretagne  ,  cnil  faire  un  vœiv 
considérable,  en  promettant  son  pesant  de  cire  à  iVoIre-Dame-des-Yertiis. 

(4)  Les  cduses  de  toutps  les  églises,  soumises  immédiatement  au  Saiiit-Siégoy 
dévoient  alorà  être  portées  à  Rome.- 


<^X 


4  Collégiale  de  Sain  t-P  ierre  a  Lille, 
furent  condamnés  à  payer  de  chaque  brassin  de  bière,  ou  d'hjdro- 
iiiells  ,  ou  de  telle  autre  Ijoisson  ,  quatre  lots,  dont  trois  aux  prévôts  ,  et 
un  au  curé  de  Saint-Etienne.  Les  prévôts  étoient  obligés  à  leur  tour  de 
laire  présent  à  chaque  brasseur  ,  le  joiu-  delà  Chandeleur,  d'un  cierge 
pesant  une  livre  et  demie. 

Des  privilèges  affectés  à  l'église  de  Saint  -  Pierre  le  droit  d'asyle 
éfoit  le  plus  ancien.  x'Vinsi  ceux  qui  avoient  commis  quelque  crime  in- 
volontaire, les  scélérats  même  y  trouvoient  un  refuge  assuré.  Le  fait 
suivantprouve  combienles  corps  eccléiiasiiques  ont  toujours  été  jaloux 
de  leur  puissance  ,  même  aux  dépens  de  la  justice  et  de  l'humanité. 

Un  nommé  André  Blai-'et  ,  devenu  redoutable  par  différens  assas- 
sinats ,mit  le  comble  à  ses  criines  en  poignardant  sa  femme,  ^r- 
nouU  ,  seigneur  de  Cjsoing  ,  sur  les  terres  duquel  s'étoit  commis  ce 
dernier  meurtre,  voulut  se  saisir  du  coupable  ;  mais  celui-ci,  pour 
échaj^per  aux  poursuites  ,  se  réfugia  dans  l'église  de  Saiiit-Pierre  ,  où 
il  se  faisoit  apporter  à  manger,  x^rnoîdt,  qui  crut  qu'un  asyle  aussi  res^- 
pectable  n'étoit  point  fait  pour  receler  un  homme  chargé  de  forfaits  , 
l'en  fit  arracher  ,  et  le  coupable  fut  pendu  quelque  tems  après.  Cette 
action  ,  juste  en  elle-même  ,  passa  pour  un  crime  affreux.  Le  chapitre 
de  Saint-Pierre  s'assembla  ,  et  porta  une  sentence  d'excommunication 
contre  Arnoult.  Pour  obtenir  l'absolution,  il  fut  contraint  d'aller 
chercher  le  corps  au  gibet  et  de  l'apporter  sur  son  dos  jusques  dans 
l'église  Saint-Pierre.  Là  on  l'obligea  de  baiser  plusieurs  fois  le  cadavre 
à  la  bouche  ,  et  il  assista  en  habit  de  deuil  aux  prières  pubhques  que 
l'on  fit  pour  JBlauet  avec  une  grande  solemnité.  On  ne  se  borna  point 
à  cette  réparation  révoltante  ,  on  obligea  encore  le  seigneur  de  Cjsoing 
avenir  tousles  ans  garder  la  procession  de  Lille.  Il  devoit  y  assister  en 
coite  d'écarlate ,  une  verge  blanche  à  la  main  et  à  chepal ,  sous 
peine  de  cinq  cents  livres  d'amende  ;  c'est  ce  qu'on  appeloit  alors  le 
chevalier  rouge.  Celte  peine  fut  non-seulement  attachée  à  la  postérité 
d'Arnoult,  mais  même  à  la  terre  de  Cjsding ,  c'est-à-dire  à  tous  ceux 
qui  en  devenoient  seigneurs.  Elle  fut  cependant  éteinte  en  1 286  , 
moyennant  une  redevance  annuelle  de  vingt-cinq  livres. 

Nous  parlerons  d'un  autre  abus  qui  n'est  pas  moins  révoltant  ni 

moins 


Collégiale  de  Sain  t-P ierhe  a  Lille.  5 
moins  lionteux  ;  celui  de  réclamer  un  coupable  tonsm-é  ,  ou  qui  l'avoit 
été,  de  quelque  crime  qu'il  se  lût  souillé  (  5  ). 

Chaque  nouveau  curé  payoit  au  chapitre  de  Saint-Pierre  une  somme 
d'argent  pour  l'usage  d'un  bréviaire  qu'on  lui  prêtoit ,  et  qui  retournoit 
après  sa  mort  à  la  fabrique  (  6  ). 

Le  chapitre  fonda  difTërens  ordres  religieux  et  leur  céda  des  biens  , 
des  prérogatives  et  des  droits  dont  il  se  dépouilla. 

En  i354,  un  violent  incendie  consuma  l'église  et  les  bâtimens  qui 
l'environnoient  ;  mais  tout  lut  bientôt  réparé  par  les  largesses  des 
comtes  et  les  oflTrandes  des  particuliers. 

L'architecture  de  cette  éç-lise  n'avoit  rien  de  remavauable  :  elle  avoit 
été  rebâtie ,  comme  je  viens  de  le  dire  ,  dans  le  quatorzième  siècle  ; 
mais  elle  renfermoit  des  monumens  très-précieux  pour  l'histoire  de 
Frémce ,  et  pour  celle  de  Flandre  plus  particulièrement. 

Le  vaisseau  étoit  en  croix  latine ,  dont  on  apperçoit  le  rond-point 
^Planche  I ;  la  voûte  avoit  de  l'élévation  et  de  la  hardiesse:  dans 
les  bas  côtés  étoient  des  chapelles  qui  renfermoient  les  monumens 
des  hommes  cjui  avoient  tenu  un  rang  dans  la  province.  Il  y  en  avoit 
aussi  beaucoup  à  la  mémoire  des  chanoines,  et  le  plus  grand  nombre 
des  tombes  plates  leur  étoient  consacrées. 

Près  de  l'orgue  ,  sous  le  clocher,  étoit  une  laine  de  cuivre  représen- 
tant Jean  Lucas  ,  chanoine  de  Saint-Pierre  à  genoux,  les  mains  jointes, 
selon  l'usage.  Je  n'en  donne  pas  la  figure,  parce  que  celles  de  cet  te  espèce 
sont  tro])  multipliées  ;  mais  j'ai  fait  graver  l'ange  qui  étoit  tracé  près 


(  5  )  Cet  usage  n'étoit  pas  seulement  affecté  aux  chanoines  de  Saint-Pierre. 
Vn  coiT03-eur  ayant  été  condamné,  à  Douay,  à  avoir  la  tète  tranchée,  le  doyen 
de  la  chrétienté ie  transporta  au  lieu  du  supplice,  et  le  réclam :i ,  parce  qu'autrefois 
il  avoit  été  tonsuré.  Les  magistrats  furent  coulraints  de  le  renvoyer  en  prison,  et 
au  bout  de  six  mois,  par  spnt:ence  de  l'évêcjne  d'Arras ,  le  coupable  fut  élargi, 
moyennant  une  légère  somme  d'argent. 

(6)  Les  bréviaires  de  ce  lems  étoient  remarquables  parles  vignettes  et  les 
culs-de-lampe  qui  ornoient  presque  chaque  page.  On  y  voyoit  des  singes  en 
-chappes,  des  cochons  ave;  des  ^-é:emens  de  moine,  des  diables  dans  des  attitudes 
grotesques,  et  mille  autres  folies  semblables. 

B 


Ci 


6       Collégiale    de    Saint-Pierre    a    Lille. 
de  lui  ,  à  cause  de  In  singularilé  de  l'instrument  qu'il  lient  entre  les 
mains  (  Voyez  Planche  II.  no  i).  Ou  lisoit  dessus  cette  épitaphe,  qui , 
ajnsi  que  la  plupart  de  celles  que  je  vais  rapporter  ,  contient  plusieurs 
mots  flamands  ,  parmi  ceux  communs  à  la  langue  Françoise. 

Memore  (  7  )  que  sire  Lojs  Lucas 
*.  Fist  cy  (8)  faire  jadis 
Geste  figure   cj  présente 
Qui  Jehan  Lucas   représente  (9) 
Sem  (  10  )  frère  et  quand  il  sordena  (  11  ); 
Sen  an  de  grâce   (  12  )  abandonna 
Pour   son  obit  chacun  an  faire 
Homs  (  i3  )  esloit  de  très  biel    affaire 
Attendans  Prouuence  (  14  )   pardon 
Die  11  face  à  l'ame  pardon.    Ameiu 


(  7  )  Souviens-toi. 

(  8  )  icy. 

(  9  >  Qui  représente  Jean  Lucaî, 

(  10  )   Son  frère. 

(  !i  )  On  appeloil  ordener ^  administrer  à  un  moribond  les  sacremens.  Ainsi  on 
disoit  mourir  ordineiriint ,  mourir  confessé,  communié  et  onctionné,  et  après 
avoir  fait  son  testament.  C'est  ce  qui  est  indiqué  ici  par  le  mot  sordena,  pour  se 
erdena. 

(  12  )  Son  an  de  grâce.  On  appeloît  année  de  grâce  ^  celle  révolue  aprt^s  la  mort 
d'un  chanoine  .  pcndcint  laquelle  le  produit  du  bénéfice  étoil  retenu  par  les  autres 
chanoines  ,  ou  api)liqué  au  bien  de  l'église.  Comme  il  en  résultcit  beaucoup 
d'abus  ,  cet  usage  fut  interdit  en  i3io,  dans  le  concile  de  Trêves. 

(  i3  )  Homme.  On  disoit  homs  ou  hom  pour  homme. 

(  14  )  Preuve.  On  disoit  aussi  promanche  et  prononce.  On  lit  dans  un  cnrtulaire  : 
Tis  faire  diligente  inquisition  par  bonnes  gens  créables  et  par  le  prouvanche  des- 
anchiens  escrips.  El  dans  le  poënid  manuscrit  de  iiob^ri  le  diable  : 

Encore  dirai  autre  nouvielle 
Dont  je  bien  creu'i  serai  : 
Car  boine  provance  en  feray^ 

Carpentier  glossarium ,  voce  probqmentum^ 


N.°   LIV. /V.  2.J'ao.li. 


Mtehef  Du-erf 


J 


Collégiale  de  Sain  t-P  ierre  a  Lille.   7 

Il  pleut  au  Roy  du  firmament 

Que  Loys  Lucas  fermement 

Fesist  (i5)  ainsi  que  me  ramembre  (  i6  ) 

XiiiJ   jours  de    mois   décembre 

En  l'an   iiij'^''    mil  iij  !    (  17) 

Et  y  canonnes  de  Cheens  (  18  ) 

Et  aussy  de  I.ens  en  Artois 

Definna   larghes   (  19  )    et  courtois 

Pardevant  cest  mabriel  (20)  fut  mis 

Dieu  li  soit   a   s'tn   (21  )  ame  amis.      Amen. 

L'insti-umeiit  que  l'ange  lient  entre  se.s  mains  est  du  nombre  de  ceux 
qui  étoient  appelés  PsaUérion  ou  SaItérion{^2.2).  Leur  usage  est  fort 
ancien  ;il  en  est  question  dans  le  roman  de  Brut  (28).  Celui  quienjouolt 
chanloit  en  s'accompagnant.  Comme  c'étolt  ordinairement  les  louan- 
ges de  Dieu  et  des  Saints ,  ces  chants  ont  été  appelés  Caulicjue ,  de 
l'usage  de  les  chanter ,  et  pseaume  ,  en  latin  ,  psa/mus  ,de  l'usage  de 
s'accompagner  avec  le  psallérion  ,  mot  dérivé  du  grec  ■^.xwui 
chanter  en  s'accompagnant.  Cet  instrument  est  peixé  de  trois  trous  , 
et  se  joue  par  dessous.  C'est  cette  manière  de  jouer  de  cet  instrument 


(iS)  Fit  fin. 

(16)  Rappelle  ,  souvient. 

C  17  )  i38o,  et  pour  la  rime,  les  nombres  sont  ainsi  coupés,  quatre-vingt  mille 
Irois. 

(18)  Chanoine  de  céans. 

(  19  )  Mourut  libéral. 

(  20  )   Ce  marbre. 

(  2t  )  Son. 

(  22  )  On  disoit  salteiion  pour  psalterion  ,  comme  salmus  pour  psalmus  ,  saume 
pour  psaume.  Ou  lit  d  lus  des  lettres  remises  en  1411  ,  conservé  s  à  la  Libliotliè- 
qiie  nationale ,  le  suppliant  trouve  zcelle  michelette  dansant  au  son  de  la  herpe  et  du 
psalterion.  On  avoit  donné  aussi  le  même  nom  aux  fers  dont  ou  enihaînoit  les 
prisonniers.  Ce  prisonnier  et  lui  furent  inis  ensemble  au  saherion.  Je  ne  s.iis  d'où  est 
venu  cette  façon  de  parler;  mais  c'est  de  la  même  manière  qu'on  dit  mettre  au. 
violon^  renfvirmcr  quelqu'un  d  ms  un  corps-de-garde. 

(  23  )  De  Bruius. 

B  z 


C^ 


8        Collégiale    de    Sain  t-P  ierre    a    Lille. 

qui  me  l'a  fait  dessiner.  Il  n'y  en  a  pas  de  semblable  dans  l'essai  sur  la 
musique  de  Laborde  ,  qui  en  a  pourtant  rassemblé  un  assez  grand 
nombre. 

Auprès  de  cette  tombe  on  lisoit  ces  deux  autres  inscriptions  : 

Cy-Gist  nobles  hoins  Grars  du  Bois,  qui  trespassa  Van  de  grâce 
MCCCC  el  X ,  le  XX  de  may.  Il  gist  en  cette  église  demiselle 
Jehane  DE  Warenghien  ,  yVf//^  première  femme  dudict  Grard 
quy  trespassa  Fan  mil  CGC  LXVII /e  V.^/ozzr  de  nouemhre.  Cy- 
Gist  demiselle  YsABiAUX  de  Tieffries  ,  second  espeuse  au  dict 
Grard  et  trespassa  en  Van  mil  CCCC  et  JIII  le  VI  jour  de  may  , 
priés  pour  leurs  âmes  : 

Cy  déliant  Gist  Jehan  DornArt  chanonnede  ceste  église  et  curé 
de  T'Ferny  qui  trespassa  en  Van  de  grâce  mil  CCCC  et  XL VI  le 
XW!  j  our  de  feurier.  Prié  pour  sa?ne. 

Sous  ce  même  clocher  étoient  les  inscriptions  suivantes. 

Cy  de.-^sous  ce  clocherGisT  maistre  Jacques  Pourcelet^  maistre 
de  la  chambre  des  comptes  à  Lille  ,  lequel  trespassa  le  dimanche 
XXIII  iourdu  mois  de  décembre  ,  Van  mil  quatre  cens  quatre-vingt 
et  un.  Prié  pour  son  ame. 

Cy  dessoubGisT  aussy  Jan  lePliempe  son  nepueu  en  son  viuant 
recepueur  des  aydesde  la  Chastellenie  de  Lille ,  Douay  ,  Orchies  , 
et  depuis  bailly  de  messeigneurs  doien  et  chapitre  de  V église  sainct 
Pierre  de  Lille  quy  trespassa  le  HMlJour  du  mois  de  nouenibre  Vari 
mil  cinq  cens  et  trois.  Prié  pour  son  ame  : 

Chy  deuant  gist  Jean  Scoron  bourgeois  de  Lille  qui  trespassa 
en  Tan  mil  CCCC  et  sijc  le  XXIX  iour  d'octobre.  Prié  pour  H. 

Les  inscriptions  suivantes  se  lisoient  dans  la  nef  et  à  l'entrée  de  celte 


église. 


L'an  rail  cinq  cens  septante-sept 
Inhumé  fut  cy  un  vicaire 
Nommé  maistre  Piat  Blau\vet 
Qui  comme  à  la  uîorl  tributaire 


Collégiale    de    Saint-Pierre    a    Lille.        9 

A  pa3"é  la   debte  ordinaire 

Eagé  de  vingt-rincq  ans. 

Prions  tous  qu'à  Dieu  veuille  plaire 

De  le  mettre  es  deux  reluisans. 

Cy  devant  GisT  le  corps  de  Jacques  Voisin  5fl'zW(?i/r  (  24  )  et 
fossier  (25  )  de  ceste  église ,  lequel Jina  sa  vie  pai-  mort  le  VIII.= 
de  jullel  MDCV".  Prié  Dieu  pour  son  anie. 

Cy  deuant  Gist  Jehan  Façon  en  son  viuant  carp entier  {26^ 
lequel  Jina  sa  i'ieleJLX.Ï  de  januier  XV.'^  XLVI  (  27  )  , /7nV  Dieu 
pour  leurs  âmes.  V 

C\  deuant  Gist  AiiTHOlSE' Façon  Jils  de  Jehan  en  son  temps 

bourgeois  et  marchant ,   lequel  termina  vie  par  mort  le  XI  de  juin^ 

XV.i;  68.    Auprès  de   lui  gist  demiselle    Seniteine  Meurie   sa 

femme,    laquel  Jina    leWV^  de  Jiiay  i^Q'à.  Priez  Dieu  pour  leurs 

âmes. 

Ch-Gist  vénérable  et  discrète  personne  (28)  maistre  Jehan 
Baue  ,  prestre  et  chappelain  habitué  de  St.-Pierre  ,  lequel  Jina  ses 
jours  le  lL\lJour  d'apuril^Y .c  XVIII.  Prié  Dieu  pour  son  ame. 

Cy-Gisi  Alexandre  de  Flers  escuier  seigneur  d^Ajette  et  de 
Tenquette  etcet.  en  son  temps  procureur-  général  et  Artois  qui 
termina  le  second] our  de  mars  Van  XV. c  XLII.  Priez  Dieu  pour 
son  ame. 

Cy  -  Gist  damoiselle  Magdeleine  de  le  Fortrie  D.le  de 
RuYTTOiRE  ,  en  son  temps  femme  audit  Alexandre  ,  laquelle  ter-' 
mina  le  YIV"  jour  de  nouembre  Van  XV.c  LXXIIII.  Prié  Dieu 
pour  leurs  âmes. 


(  24  ^  Mot  picard ,  pour  indiquer  un  fabriquant  d'une  espèce  d'étoffe  appelée 
saie  ^  faite  de  la  laine  la  plus  fine.  Il  est  dérivé  du  latin  sagum.  saga,  sagia  ,  saùz 
saium. 

(  2.T  )  Faiseur  de  fosses,  en  latin  du  bas  [emi  ficiator. 

(26)  Charpentier,  du  mot  Isiûn  carpentarius ,  dérivé  de  carpentum,  qui  sionifie 
char,  charriot  ;  il  s'entendoit  d'un  menuisier ,  d'un  charron,  comme  d'un  ouvrie» 
en    bâtimens. 

(27)  1546. 

(  28  )  Ant.  nat.  article  des  Chartreux, 


a 


ïo       Collégiale    de    Saint-Pierre    a    Lille; 

^u  pavé  en  lame  de  marbre  »  damoiselle  Jehanne  de  Flers  J 
Jille  de  Joeu  Alexandre  escuier  et  cet  ;  et  damoiselle  31agdeleine 
de  le  Fortrie  etcet  :  au  deuant  d^icj  denomet ,  damoiselle  de 
Tenqueltes  ,  vefue  de  maistre  François  de  Cambry ,  viuant  con- 
seiller de  sa  majesté  cath.  en  Tournay  et  Tournesis  at  esleu  sa 
sépulture  en  ce  lieu  presses  père  et  mère , frères  et  soeurs,  laquelle 
dajnoiselle  tertnina  vie  par  mort  le  22  d'apuril  1606.  Prié  Dieu 
pour  leurs  âmes, 

Matri  opt.  plane  liberi  mœsti  posuere. 

Cy  deuant  GiST  demiselle  Jacquemine  Fascon  vefue  de  Eloy 
Pinchart ,  laquelle  trespassa  le  XIV  de  mars  i55i.  Et  JENNiff 
Caron  ,•  enfant  choral  [  29  )  de  ceste  église  qui  trespassa  le  2  de 
jullet  MDLI.  Prié  Dieu  pour  leurs  âmes. 

Ç,\ deuant  Gist  sire  Roland  le  Blond  dithY.  Nom,  en  son  temps 
capelain  de  V église  de  Ceens  qui  trespassa  Pan  de  grâce  mil  IV 
cens  LXXIII.  Prié  Dieu  pour  son  ame. 

En  l'an  mil  cincq  cens  neuf  sur  septante 

IMartin  Hazard   d'icj  choral  (  29  ) 

A  ressentit  le  1res  <.rand  mal  ^ 

Tie,  la  mort ,  qui  tout  espante  (  3o  ). 

Puis  le   vingtquatriesme  en  juia 

Cy  deuant  en  sa  sépulture 

Attendant  la  vie  future 

Pour  régner   au   tluosne  diuin. 

D  E  O.     OPT.    MA  X. 

Venerahili  viro  D-  MiCHAELI  le  Roy  ,  qui  ex  hujus  ecclice 
puero  symphoniaco  (  3i  )  faclus  sacellanu?,  (  32  )  indè  Choralium 

(29)  Enfant  de  cbœur.  On  disoit  aussi  chorial.   Ce  mot  vient  de  chorus  .^  qui 
(éloit  la  partie  de  rég'i.~e  où  le  cltrgé  se  réunissoit  et  chantoit  l'office. 
(  3o  )  Epouvante  :  expanter,  espauter,  à''expavescere. 
^3i  )  Euf'nt  de  cliœur, 
{'62)  Ch  ipelain. 


Collégiale  de  Saint-Pierre  a  LTilt.  ii 
magister ,  post  ob  ryiorum  et  ingenii  laudem  canonicatû  donalus, 
pesté  extiJictus  ,  hoc  communi  fidelium  cœmiteriô  spelitur  XV 
jimii  MDLXXXI  ,  an.  natus  XLV.  Joés  Hacin  Choralium  ina- 
£^ister  Ç33  )  amico  bcnè  mcrito  posuit  i588.  Requiescat  in  pacc. 

Cy  gisent  Paul  et  Melchior  le  Roy  ,  Jîls  de  feu  Pierre  et  de 
Jenne  Becqnart ,  en  leurs  temps  panieûrs  (34)  d'aire  ,  lesquels 
mourureut  à  scaiioir  ledict  Paul  le  3o  d'octobre  an  MDLXXI. 
Et  ledict  Melchior  le  iz  dejutlet  an  MDLXXII.  Priés  pour  leurs 
âmes. 

Cy  gist  Jehan  le  jouene  17?//  trespassa  en  l'an  de g?-ace  MCC.CC 
et  JiXXÏlI  le  XXll^  Jour  de  Juin.  Prié  pour  same ,  et  gist  sire 
Jeham  Ontis  qui  fut  capelain  de  Ceens  et  trespassa  rait 
MCCCC. 

Cy  deuant  GiST  sire  Jehan  de  Grudenare  en  son  riuant  ptre 
chappelain  de  ceste  église,  lequel  trespassa  le  XXWil^  de  mars 
iSS^auant  Pasques.  Prié  pour  Vanie. 

Cy  deuant  GisT  maistre  NicoLLES  DE  LE  Haye  maisLre  en 
ars  (  35  )  chappelain  de  ceste  église  et  de  Lilers  qui  trespassa  en 
Van  de  grâce  M  CCCC  et  IIII  le  X\l\l  Jour  de  décembre.  Priés 
pour  Pâme, 

Près  du  portail  on  lisoit  les  inscriptions  suivantes  : 

Cy  deuant  gist  sire  Jean  Cappiaus  pj-estres  capellains  de 
Véglise  S.  Pierre  de  Lille  ,  quj  trespassa  tan  mil  CGC  LXXX 
et  VI  le  premier  Jour  du  mois  de  Juin  g.  Pries  pour  rame. 

Cy  dessous  gist  sire  Mathieu  Bousins  chappellains  en  l'église 
de  S.  Pierre  de  Lille  à  l'autel  S.   Thomas  le  Martir  et   lontans 


(  33  )  Maiire  des  choraux  ou  enfans  de  chœur. 

(  34  )  Je  crois  que  ce  mot  signifie  boulanger.  D;.ns  le  moyen  h^e  panerius  signi-- 
fioit  panier  et  boulanger  sans  doute,  parce  ([u'on  donne  la  forme  au  pain  lUins 
an  panier. 

(,35)  Maîlrc-ès-arls,. 


•=iX.- 


u 


12       Collégiale    de    Saint-Pierre    a   Lille; 
sourcantres  (  36  )  en  ladite  église  qui  trespassa  en  Van  de  grâce 
jfiil  CGC  LXXIV,  le  N\\^  jour  de  juing.  Pryés  pour  Tame  de  li. 
Sur  la  muraille  enlre  ledit  portail  et  la  chapelle  Saint-Adrien  : 

^u-dchors  de  t église  de  Céans  ,  enipres  (  87  )  les  murs  de  la 
chapelle  S.Adrien,  Gist  sire  Estienne  Cle.\queim,eure,  prestre 
en  son  temps  Chaplin,  de  S.  Michel  et  soubs-chantre  de  ceste  dicte 
église  qui  trespassa  le  ^1  j our  d' octobre  l'an  de  grâce  mil  quatre 
cens  et  soisante  douze.  Priés  Dieu  pour  son  ame. 

Le  pèlerin  qui  faisant  son  voiage 
Prend  l'Eternel  pour  son  asseuré  but 
Libre   des    maux   d'un  périlleux   naufrage 
Il  paruiendra   au  vray  porl  de  salut. 

A  côté  de  ces  épitaphes  on  lisoit  celle  de  Jean  Morel  qui,  au  com- 
ntencement  du  pontifical  de  Sixte  V  ,  avoit  été  reçu  au  nombre  des 
conclavistes  sous  le  cardinal  Antonio  Maria  Salviali,  et  avoit  joui  des 
privilèges  attachés  à  cette  charge  ;  il  fut  chanoine  de  cette  église 
pendant  dix  années  ,  et  ensuite  de  la  cathédrale  dMrras  j  il  revint 
mourir  à  Lille  en   i6o5. 

D.     O.    M.  (  38  ) 

Memoriœ  R.  D  et  M.  (  89  )  Joannis  Morelli  viri  comitate 
îngenio  et  voce  prcetercœteras  dotes  eximii ,  qui  sixto  5"  Sûmmûni 
pontificatum  ineuntesub  cardinali  Antonio  Maria  deSalûiatis  (40) 
conclaûistarum  (  41  )  numéro  adscriptus  ,  eorumque  titulis  priui- 

(36)  Long-tcms  sous-chanU-e, 

(  37  )   Auprès  ,  proche. 

(  38  )    Deo   Optimo  Max'imo. 

(  39  )  Rcverendissimi  Domini  Magistri. 

(  40  )  Le  choix  ([ue  le  cardinal  Salviati  avoit  fait  de  Jean  Morel  pour  son 
conclaviste,  peut  faire  présumer  qu'il  avoit  quelque  mérite.  Ce  cardinal  éloit 
un  grand  protecteur  des  arts  et  des  lettres.  Ce  fut  en  reconnoissance  des  bienfaits 
qu'il  en  avoit  reçus ,  que  François  Rossi ,  peintre  célèbre  ,  prit  le  nom  de  Salviati , 
sous  lequel  il  est  aujourd'hui  connu. 

(  41  )  Le  conclaviste  est  le  domestique  d'un  cardinal  pendant  toute  la  durre 
^l'un  conclave.  Il  couche  dans  un  coin  de  sa  cellule  et  fait  son  service;  cha- 

legiisque 


Collégiale    de   Sain  t-P  i  e  r  n  e    a    Lille.       13 

le^iisque  doualus  est  (  42  )  ac  dciiide  Inijus  quidem  ecclcsiœ  totPS 
decemannos,  sed  cathedralis  déni  que  apud  atrebate?7ses  (^  ^?>^ 
canoniciis  factiis  ,  haiid  post  adjiicta  valetudine  hûc  reuersus 
ubi  antea  natus  ,  denalus  est  idibus  augusti  (  44  )  ,  quo  aniio 
morello  mori  De  Cret  VM  erat  (45)  i6o5. 

Ejus  quod  claudi  potuit  ad  D.  Magd.nx  in  suhurljio  insulejisi 
quiescit. 

Tu  Jideli  animœ  qui  liœc  le  gis  hene  adprecare. 

Sur  la  vitre  voiftine  on  llsoit  : 

y4.  llwnneur  de  Dieu  et   mémoire  de  feu    le   Bon    seigneur 
cardinal  de  S.   Marc  patriarclie  (  46  )  de  AquiJeige  (  47  )  f^  de 

que  cardinal  peut  en  avoir  deux  ,  un  ecrlési;islique  ,  l'autre  d"épée  ;  ou  en 
accorde  trois  aux  cardin.iux  vieux  et  infirmes.  Cette  place  est  souvent  donnée 
à  des  hommes  d'un3  grande  naissance  et  d'un  grand  mérite.  Le  cai  diiijl  élu  au 
pontificat  élève  quelquefois  ,  à  son  tour,  son  conclaviste  à  la  dignité  de  cardinal. 

(42)  Ces  privilèges  sont  de  pouvoir  résigner,  jusqu'à  une  certaine  somme, 
1rs  pensions  qu'ils  ont  sur  un  bénéfice  j  ils  ont  le  droit  de  bourgeoisie  dans 
telle  ville  de  l'état  ecclésiastique  qu'ds  veulent  cboi.ir  ,  ils  reçoivent  une  somme 
du  pape  élu  et  oblîenneiit  ,  gratis  ,  la  bulle  d'un  des  bénéfices  consisloriaux 
dont  ils  pourront  être  pourvus. 

(43)  D'.Arras. 

(44)  Le  i3  d'août. 

(45)  Chronogramme  d;ms  lequel,  en  replaçant  les  lettres  DC\M  dan^ 
l'ordre  convenal)le  ,  on  a  M.  DC.  V.  i6o5.  Voyez  ce  que  j'ai  dit  sur  les  chro- 
nogr.  mmes.  Antiquités  nationales  ^  tom.  IV ^  art.  XLIV ,  de  Bergues  Si.  \  inox  j 
page  13,,   et  dans  le  premier  Magasin  Encjclopéchque,  pag.    25-. 

(46  )  L'église  ayant  pris  la  forme  d'une  grande  république,  composée  de  plu- 
sieurs petits  états,  cela  donna  lieu  à  la  création  d'un  nouvel  ordre  d'éclésiastiques, 
qu'on  mit  à  la  tête  de  différentes  églises.  Telle  fut  la  nature  des  fonctions  des 
patriarches,  qui  se  reg.'.rdoient  ensuite  comme  les  égaux  des  papes,  à  qui  ils  don- 
jioient  le  titre  de  prince  des  patriarches.  L'évêque  métropolitain  d'Aquilée  , 
commença  à  prendre  ce  titre,  après  le  schisme  de  Macédouius ,  dont  ses  habi- 
tans  eœbra-isîreni  les  opiniotis,  et  les  Aquiléiens  continuèrent  à  l'atlrilnier  à  leur 
Xîhef ,  pour  lui  donner  plus  d'autorité  et  plus  d'indépendance.  Il  est  donné  dans  le 
huitième  siècle  an  métropolitain  d'Aquilée,  dans  des  diplômes  de  Ch;ir'emr:gne , 
«t  de  ses  successeurs;  sur  les  monnoies  des  papes  et  sur  d'autres  mouumciis.  Les 
papes  le  leur  laisssèrent  porter  ensuite  par  amour  pour  la  paix,  dit  Baronius:  et 
.c'est  ainsi  que  le  cardinal  de  Saint  Marc,  étoit  patriarche  d'Aquilée,  avant  de 
■devenir  pape. 

(47)  D'Aquilée,  ville  autrefois  célèbre  j  capitale  de  la  Vénétie.  détruite  par 

G 


a 


74      Collégiale    de   Sain  t-P  ierre   a    Lille. 

ses  rwb/es  pare/is  Eugène  (  48  )  VII  et  Paiilus  (  49  )  jadis  papes 
de  Rome  ,  tous  natifs  de  la  cité  de  T^enise  ;  Robert  Gilleson  prestre 
escholastre  (5o)  ^^  chanone  de  ceste  église  ,  natif  de  la  Bassée  ,. 
ancien  seruiteur  audict  cardinal ,  en  son  viuant  m'a  donné  etjaii^ 
faire    1627.  Priés  pour  leurs  âmes. 

A  la  porte  ,  qui  donnoit  du  cloître  dans  l'église ,  on  lisoit  : 

Cy  deuant  gist  Nicole  Palencq  ,  en  son  viuant  chanoine  de' 
ceste  église  qui  fina  ses  jouis  le  XVII"  jour  de  maj  tan  mil 
CCCCLXXYll. Et  de7?iiselle  Mabie  Hersent  vejue  JehanPalencq 
sa  merequi  Ç5i  )  leX.'^  jourd'au?-il  Pan  w/Y  CCCCLVIII. 

Cy  deuant  gist  sire  Raoul  Blanchardin  ,  jadis  canonnes  de 
ceste  église  qui  trespassa  en  l'an  de  grâce  mil  CCCG  et  XIX  le 
11^  jour  de  nouembre .  Pryés  pour  same  (  62  ). 

Les  piliers  de  ia  nef  étoient  aussi  chargés  de  plusieurs  inscriptions >• 
On  lisoit  sur  le  premier 

YenMs  (  53  )  Dnus  (64)  D.  (  55  )  Hugo  Destailleurs  p^r.  (56) 


Attila.  Elle  est  nommée  dans  les  anciens  historiens  ,  Aquilégie,  Aquileige,  Aqni- 
lée  ,  et  en  latin ,  jiquilegîd  et  Aquileià.  Elle  avoit  une  aigle ,  aquila^  pour  ses  armes. 
C'est  aujourd'hui  un  bourg. 

(48  )  Gabriel  Condolmere  ,  Vénitien,  élu  pape  en  1431 ,  prince  avare  et  cruel, 

(  49  )  Pierre  Barbo,  Vénitien  ,  élu  pape  le  3i  août  1464,  grand  ami  des  arts  , 
grand  ennemi  des  lettres ,  rassemblant  des  statues  et  des  antiques  qr.i  ne  disent 
rien ,  persécutant  les  littérateurs  ,  dont  la  hardiesse  pouvoit  lui  déplaire.  Il  fit 
mettre  deux  fois  Platine  en  prison. 

(  5o  )  Ecclésiastique  pourvu  d'une  prébende  dans  une  église  cathédrale  ou  col-- 
légiale,  à  laquelle  est  attaché  le  droit  d'institution  et  de  jurisdiction  sur  ceux  qui 
sont  chargés  d'enseigner  la  jeunesse.  Dans  quelques  églises,  il  est  appelé  maître. 
Nicole;  dans  d'autres  ,  escolat  ^  scholasdc  ou  chancelier, 

(  5i  )  Sous-entendu  Jîna  ^  termina, 

(53  )  Son  ame. 

(  53  )    Venerabilh. 

(  54  )  Decanus. 

(  55  )  Dominus. 

(  56  )   Presbiter. 


Collégiale  de  S  ai  nt-Pi  Eîin  e  a  Lille.  i5 
Iiujits  ecclice  fSy)  sacellaniis  dein  canonicus  de  salve  ac  demiim 
canonicus  et  tJiesaurarius ,  ornameiiti  loco  dicavit  anno  œtatis  suce 
75°  ,  salut is  humance  i5g5  me/ise  IXbri (^58).  Orate  pro  eo. 

Dci'ant  Vhostel  (Sg)  S.  Eîoj  ,  g/st  vénérahle  personne  ,  maisii-e 
Jean  Poulle  en  son  vivant  chanoine  de  cette  égiisequi  irespassa 
vie  par  mort  le  quatrième  jour  d^ octobre  XV^  LIX  (60). 

Cy-Gist  vénérable peronne  maistre  George  Du  val,  en  son  temps 
chanoine  de  cette  église  qui  termina  vie  par  mort  le  ?>  jour  daousl 
1662.  Prié  Dieu  pour  son  ame. 

Sur  le  second  plllier  ,  du  côté  de  la  chapelle  Saint- Adrien  (61  )  : 

Cy-Gist  vénérable  personne  maistre  SniOH  de  Hond  ,  en  son 
vivant  conseiller  de  très-Hault  et  puissant  prince  monseigneur  le 
duc  Charles  de  Bourgogne  et  conseiller  de  son  oratoire  ,  p.'re  et 
chanoine  de  Ccens  quy  irespassa  le  XII^  jour  de  mars  l'an  mil 
IIIIXXXII  (62).  et  François  son  nepueu  Jina  Van  mil  IIIIXX 
(P^  X  (6d>).  Priés  pour  leurs  âmes. 

Cy deuant  Gisr  sire  Jacqve  Flov'R'ET,  pbj-e  en  son  viuant chanoine 
de  ceste  église  lequel  irespassa  en  Van  mil  CCCCLXVII  le  premier 
jour  d'apuril ,  dont  Dieu  ait  Vame. 

Chy  deuant  GisT  maistre  Pierre  Joris  ,  conseiller  de  mon- 
seigneur le  duc  de  Bourgoigne  et  grejfier  de  sa  chambre  dû 
conseil,  lors  estant  en  cette  ville  de  Lille  qui  tiespassa  le 
XIV  jour  de  septembre  Van  mil  IVC  et  777^(64).  et  demiselle 
■JenneïioMERGUEU saj'emme  qui  trespassa  le  YX.^  j our  denouembre, 

(  5?  )   Ecclesite. 

(  58  )  Novembri. 

(  59  )  Pour   uulel.  / 

C6o)  iSSg. 

(  61  )  Je  rapporte  ces  épitaphes  parce  qu'outre  que  les  familles  a  qui  elles 
.appartiennent  seront  très-aises  de  les  voir,  il  y  en  a  peu  qui  n'offre  quelques 
singularités  pour  le  style  ou  l'orthographe. 

(62)  1482. 

(63)  1480. 
1(64)  1401. 

C2 


ï6      Collégiale   de    Saint-Pierre   a    Lille. 
fan  ?nil IVC  et  XXIIII  (65)  et  Pierre  Joris  leur  Jil  lieutenant 
du  haillj  de  Lille  qui  trcspasa  le  XIX^  Jour  du  mois  de  mars  Van 
millYC  et Priés  Dieu  pour  leurs  âmes. 

Au  troisième  pilier. 
DEO    OMNIPOTENTI,    DEIPARE,    VIRGINI. 

DD.  qu.  (66  )  Piato  et  Bernard o  dicatum. 

T^enerahili  item  vira  D.  Piato  Bernard  ,primuni  hujus  ecclesiœ 
sacellano  ,  dein  canonico-,  cui  a  teneris  annis  ascriptus  varijs 
ofjiciis ,  piè  et  assidue  inseruijt ,  ac  demùni  sexagesimo  tertio 
œtatis  ajino  commiini  sepulchro  cum  patruo  Piato  Bernard  ca- 
nonico de  Salue  Çôj  )  ,  antè  B.  ^ddriani  sacelhuji  sepelitur 
ï5.  octobre  anno  1598. 

Qui    legis    orat 

'Au  cîmentiere de  ceste  église gist  le  corps  de  Henry  le  PiOY, 
carpentier  et  bourgeois  de  ceste  inlle ,  quy  termina  vie  par  mort 
le  XXV«  d'apurll  XVCIVXXXII  (  68  ).  Et  auprès  de  luy  gist 
Catherine  le  Josne  sa  femme  quy Jina  ses  jours  le  VU"  dejanuier 
XVCIVXX  et  IV,  lequel  a  fondé  un  obit  à  la  charité  des  pauures 
de  S.Pierre  qui  se  doit  chanter  à  perpétuité  prochain  lundy  après 
la  saitict  Marc  Prié  Dieu  pour  leurs  âmes. 

Chy  (6<^')deuant  Gist hono?-able  hoin/neFiERRE  deTerremonde, 

fis  defoeu  maistre  Jean  ,  escuier  seigneur  des  Blanques  mailles  , 

lequel  Jina  ses  Jours  le  II  de  septembre  an  XVCXL  (70)  et  au 


(65)  1428. 
(66  )  Suprà. 
(  67  )  Dominique. 
(68)  1592. 
(  69  )  Pour  çy. 
(70)   1540. 


Collégiale  de  Saint-Pierre  a  Lille.  i-j 
preau  de  ceste  église  gist  damoiselle  i'E.'A-^'Ë.  Bourgeois  7?/^' ;/e 
Jheu  Lion  sespeiiseÇji)  ,  qui  trespassa  le  XYIll^J  ou/de  décembre 
a°  XVCXXIII.  Priez  Dieu  pour  leurs  aines. 

On  j  llsoit  encore  cette  épitaphe  de  Maes  ,  président  de  la  chambre 
des  comptes  à  Lille  ;  elle  éloit  posée  sur  le  grand  tableau  qu'il  avoit 
donné. 

D.     O.     M. 

E    T       M    E    M    O    R    l    .î;. 

Philippi  Maes  Eq.  Aur.  Doni  ophem  (  72  )  ,  etc.  ex  legatls 
octenni  (78)  Archid.  Albert,  Et  Elisabethœ  (74)  ad  SS.  D.  N.  (65) 
Paiihim  V  supremi  apud  insulenses  œrarii  Prœsidis  Brvxellis 
niortui  XV  Kal.  nouembris  (76  )  anno  Z)ow//7/ MDCXXVII.  œtatis 
suce  LXXIV.  Hic  vero  sepulti.  Filii  quatuor  et  duobus  ex  Jiliis 
nepotes  ,  parenti  optimo  Moesti  PP.Ç^-j-j  ^  in  pace ,  in  id  ipsum 
dormiat  et  requiescat. 

Surlaface  du  tableau  étoientles  quartiers  de  noblesse  ,  du  président 
de  Maes ,  de  la  manière  suivante.- 

Maës.  Tachsis. 

Mede.  Albrici. 

Blomme.  Waclitendonck. 

Palm.  Buésoriim. 

Oitavoit  gravé  sur  la  tombe  : 
Gy-gist  Messire  Phles  (  78  )  Maes  chlr{  79  )  seigneur  d'opliem 


(  71  )  Son  épouse. 

(  72  )  Equitis  aurati  Dominî  ophem. 

(  73  )  Huitième.  Mot  de  la  basse  latinité. 

(  74  )  Elisabeth  ,    reine  d'Angleterre  ,    unie  alors    d'intérêt    avec  l'archiduû 
Albert. 

(■  75  )  Sancthsîmum   dominum  nostrum^ 
(  76  )   1 5  novembre. 
(  77  )   Posuere, 

(78)  Philippe. 

(79)  Chevalier.- 


fO 


)0         Collégiale    de   Saint  Pierre    a    Lille. 
etc-  président   de  la  chambj-e  des   comptes  du    loj  à    Lille  qui 
mourut  le  i8  d'octobre  1627.  Prié  Dieu  pour  son  ame. 
Au  quatrième  pilier ,  on  lisoit  : 

D.     O.     M. 

Reuerendissimo  in  christo  palri  Dono  D.  Joanni  Six  philo- 
sophirp  ac  tlieologiœ  quondam  Louannii  magna  cum  lande  profes- 
sori,  deindè  inparochiali  ccclesia  S.Strpliani  hnjus  oppidi  aliquot 
annis  pastori  vigilantissimo  indè  ohvirluteni  et  mérita  ad  canoni- 
catum  audomarenseni  assumpto  (  80  )  postea  reuerendissimi  D. 
Gerardi  ah  Hamericour  Primi  episcopi  Audomaropolitani vicario 
generali  ac  tandem  in  episcopatû  successori,  dîim  liac  ad  sjnodum 
prouincialemjîdeiac  religionis  ergb  projîcisceretur febri  correpto, 
ac  in  hoc  oppido  vbi  vitœ  acceperat  initiuni  4°  id,  octobris  ,anno 
j586  ,  œtatisvero  suce  53  vitâ funcio ,  et  è  regione  chori  tumulato 
Jacobus  TVillant  ex  sorore  nepos  ,  et  Inij'us  ecclesice  canonicus' , 
aunculo  optimè  de  se  merito ,  Moestus  posuit ,  et  quem  riuens 
mice  coluit  y  eum  moriens  volait  in  tumulo  liabere  socium, 

Jean  Six  a  été  le  second  évêque  de  Saint-Omer ,  depuis  que  le  pape 
Paul  IV  5  en  1 55g  ,  j  avoif  érigé  un  siège  épiscopal ,  après  la  ruine  de 
la  ville  des  Morins ,  et  de  la  ville  de  Terouanne,  On  dit  le  second 
évêque  ,  parce  que  Gérard  de  Hainéricourt ,  qui  précéda  Jean  Six,  est 
regardé  comme  lepremier ,  Guillaume  de  Poiliers,  qui  avoit  élé  nom- 
mé d'abord,  au  moment  de  l'établissement  du  sjége  épiscopal,  n'a jaiit 
point  reçu  la  consécration  (81), 

Il  étoit  né  à  Lille  en  i533,  il  fut  d'abord  curé  de  Saint-Eiienne  , 
première  paroisse  de  cette  ville ,  et  delà  recteur  d'un  collège  à  Louvaiii  ; 


(  80  )  Devenu  chanoine  de   Saint-Omer. 

(  81  )    yid.  Arnold.  Raissium  _,  Be/gic.    Christ.   Caret,  de  episc.  nudomar.  Lecvium. 
4e  episc.  audom. 


71 


1 

V 


Collecta  LE  de  Saixt-Pierre  a  Lille.  19 
s  il  faut  s'en  rapporter  à  l'énoncé  des  auteurs  du  gallia  cJirisliaiict 
(  tom.  Ht.  col.  476  ).  Mais  le  témoignage  de  l'épitaphe,  paroît ,  ici ,  être 
d'un  plus  grand  poids. 

Selon  les  auteurs  qui  viennent  d'être  cités;  Jean  Six,  nommé  cha- 
noine de  Saint-Omer,  en  iSyi  ,1e  3  décembre;  fut  successivement 
élevé  à  la  dignité  d'archidiacre  ,  et  à  celle  de  pœnilencier  :  dont  on  le 
trouve' décoré  en  iSyy.  Ils  ne  font  point  mention  de  sa  promotion  à 
l'emploi  de  grand  vicaire  ,  et  ils  fixent  son  élévation  sur  le  siège  épis- 
copal  au  23  juillet  i58i.  Ils  ajoutent  que  Jean  six  fut  consacré  à 
Douai  ,  et  qu'il  tint  le  4  novembre  i582,  un  sjnode  diocézain.  On 
p3ut  croire  qu'étant  mort  à  Lille  ,  comme  on  le  voit  énoncé  dans  l'é- 
pitaphe, il  avoit  d'abord  été  inhumé  dans  l'église  de  Saint-Elienne  , 
d'ori  son  corps  fut  ensuite  transféré  dans  celle  de  Saint-Pierre.  Son 
cœur  envoyé  à  Saint-Omer  ,  y  fut  enterré  dans  l'église  cathédrale  à 
l'entrée  du  cœur  ,  avec  cette  inscription. 

))  Johannes  Six  ,  hujus  ecclesiœ  episcopus  IT frequentioribus 

«  cleri  et  populi  orationihus  desiderans  esse  commendatiorhunc 

«  sibi    vivens    sepullurœ    locum    elegit  :  qui   diun    iler  Juceret 

«  montes  hannohi  (  sic  )  ad  concilium  episcoporiun  provin.  in-~ 

c(  sulensis  Flandrarum  in  patriâ   obdor7nii.nt  ,  œtatis  siiœ  anno 

«  LUI  ,    episcopatus    VI ,    salutis  humanœ  MDLXXXVI ,    idus 

«  (  sic  sed  legend.   V.  idus  )  octobris  ». 

Cet  épltaphe  se  trouve  encore  dans  la  collégiale  de  Saint-Pierre  , 
où  le  corps  de  Six  étoit  enterré. 

Cy  dessoub  ce  cIoclierGisr  maistre  Jacque  pourcelet,  maistre 
de  la  chambre  des  comptes  à  Lille ,  lequel  trespassa  le  dimenche 
1LX.U1<^  Jour  du  mois  de  décembre  fan  mil  quatre  cens  quatre-vingt 
et  un.  Priez  pour  son  ame. 

Cy  dessoub  gist  aussi  Jan  le  Pliempe  sonnepueu,  eu  son  vîuant 
recepueurdes  aydes  de  lachastelenie  de  Lille  ,  Douaj ,  Orchies  , 
et  depuis  bailly  de  messeigneurs  doien  et  chapitre  de  r église  sainct 
Pierre  de  Lille,  qui  trespassa  le  XXVI^.  jour  du  mois  de  nouembvs' 
Pan  mil  cinq  cens  et  trois.  Prié  pour  son  ame.- 


7? 


20       Collégiale    de   Saint-Pierre    a   Lille. 

'    Ch  Y  deaant  gisL  Jehan  Scorom  ,  bourgeois  de  Lille  qui  trespasSa 

en  l'an  mil  CCCC  et  sijç  ,  le  XXIX.^  jour  d'octobre.  Prié  pour  li. 

Chy  deuant  gist  tf^/n/se//^  Catherine  Amplimuis  Suspense  quy 
trespassa  en  Van  mil  CCCC  et  XIIII  le  llljourde  juin. 

Chy  deuant  Gist  ^//-d-s  Pierres  Bouriers  ,  jadis  chanoines  de 
chiens  quy  trespassa  en  Van  mil  CCChXXN  leXYl^jourde/eurier. 

Prié  pour  li, 

Cy-Gist  vénérable  personne  M.«  Guillame  de  Camelin,  natif 
de  Courtray  ,  en  son  temps  chanoine  de  ceste  église  qui  trespassa 
Van  de  grâce  mil  CCCC  quatre  XX  et  seize,  le  XX.y'ourd'aousi  , 
priés  Dieu  pour  son  ams  : 

CïiY  deuanlGisEST  h  on  Durables  personnes  messire  JeauBurluî  , 
en  son  viuant  chanoine  de  ceste  église  quy  trespassa  le  11-^  jour 
d'aoust ,  Van  mil  V^  et  trois,  et  deniiselle  Isabelle  Asaison  sa 
mère  qui  trespassa  le  XXI«  jour  de  jenuierVan  milCCCCllll  XX 
et  deux.  Priez  Dieu  pour  leurs  âmes  : 

Chi  deuant  gist  monsieur  maistre  Gilles  Bouton  ,  en  son 
viuant  chanoine  de  ceste  église ,  lequel  termina  vie  par  mort  le 
VIII«  jour  du  mois  de  mars  en  Van  XV^  LXV.  Prié  Dieu  pour 
son  ame. 

Deo.  O.  M.  et  Beatœ  Marias  vîrgini  B.  (28)  Martino  et  B.  Stephano. 

Posuit  humilis  suplex ,  benejicii  memor  D.  Martinus  ,  STE- 
v&.k^\  nilgariter  steuens,  an^.  i6o(^.  Eqiies  hierosolimitanus  et 
Palatinus  ab  an°,  i568.  Ex  pas  tore  oppidi  Braniensis  comilis 
confessarius  nationum  exercitus ,  ducis  parmensis  in  Bclgio  cum 
pension  e  régi  a  huic  ecclesice   canonicus,  ab  an°.  i583. 

D.     O.     M. 

Venu.  Dno  LuDOUico  Pontrain  hujus  ecclesice  quondam  saceU 
lano  ,  capituloque  XVII  annos  a  secretis ,  canonico,  postmodum 
ac  thesaurario  ,  decano  tandem  electo.  Memoriip  ergb  positwn 
obiit  pridie  nonas  maij  mmo,  quin^o.  LXXIIII. 

<  82  )    Beato. 

Ad 


Collégiale    de    SAiNX-PrERRE    a   Lille.      2.x 

'u4d  majorem  dei  opt.    maa:.  gloriam    et   honorahilis   viri   D. 

Paschasy  Behagle  ,    phri  quondam  hujus  ecclesice  canouici  ine- 

moriam  qui  ejctremum  vilœ  diem  chnisit ,  die  quinta  mensis  sep- 

tembris ,  anno^l.  D.   XC\"II.  Requiescat  in  pace. 

Près  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  la  Treille  on  lisolt: 
Hic  iacet  Rdus.  D.  Joannes  Bidault  ab  atlio ,  qui  principibus 
viris  at  Unis  de  Croy  et  a  d'Oignies  successive  episcopis  torna- 
censibûs  placûit  et  utn'que  à  sacris  et  eleëmosïnis  fuit ,  lùxit 
presbyter  annis  62.  Iliiiûs  ecclesiœ  canouiciis  42.  fuiuersim  79. 
Desiit  l'iuere  vit.  feb.  1612.  Propinquis  auiti  patrimonii  pau- 
peribûs  Imii'is  et  athensis  oppidi  acquisitorûm  conscriptis  hœ- 
redibus  tû  lector  proeo  ,  quod  pro  te  J'actmn  propediem  voles , 
ora.  Egidius  Bidault  uobilis  consi!ia?-ius  et  magistcr  camerœ 
ratioTJÙm  Ser.morum  archidiicûm  Austriœ ,  in  Jioc  oppido  defûnçti 
nepos  aliimniis  et  cultor  ciim  coniiige  sua  Franciscâ  Petipas 
Dna.  de   Corbeil  niœstûs  posuit  anno   i6i5. 

Cy  gisent  les  corps  de  Jean  de  Preudhomme  de  Chysoing, 
viuant  escuier  Sr.  de  Fossemarcz  premier  médecin  juré  de  la  ville 
de  Lille  terminé  le  22.  de  ().bre  i683.  auprès  de  lùj  Antoine 
Eubert  son  Jils  et  dam  Je  Elisabeth  Bernisse  a  son  trespas  com- 
paigne  dudit  Sx  de  Foussemarez.  Requiescaut  in  pace. 

P.       OPT.        MAX. 

E    T        M    E    M    O   R   I    .E. 

Venerabills  viri  Domini  D.  LuDOUici  FernAndes  de  Velasco 
Srùxellis  oriundi  juris  utriiisqtûè  licentiati  huiiis  ecclesiœ  cano- 
nici  HXi.^  J'ebràarii  1682.  T^itd  fûncti  ,  Beata  T^irgine  Car.- 
cellatd  et  fabricd  hœredibus  relictis  huit  lector  bene  apprccare. 

CiiY  GisT  vénérable  personne  maistre  Gérard  Numan  en  son 
viuant  p^rt  chanoine  de  ceste  église,  lequel  Jîna  ses  jours  fc 
XXVilP.  d'apuril  Van  XV.c  septante  et  sept.  Prie  Dieu  pour 
S3n  ame. 

Me  sibi  vîuens  posuit  Joannes  Capetius  theologiœ  liceniiaius 

D 


n 


22      Collégiale    de    Sain  t-P  ierre    a  Lille. 

Jiujus    ecclesiœ    canonicus  ,    Ob'iit    an.°    Doni    logg   ^^VJ    i2. 
Cujus  anima  reqniescat  in  pace  amen. 
Près  de   la  chapelle  Saint-Martin. 

T^ita  hominis  labor  et  dolor ,  melior  est  mors  qitarn  vita  amara, 
et  requies  œterna  ,  quant  languor  perseueraiis.  £cclesiastic.^  3o. 
Obiit  2/  septembris  an°  i554. 

D.     O.     M. 

Etbeatre  Mariœ  matri  semper  Virgini  et  SS.  Joan.  Bap.f^  et 
Euangelistœ  patronis  suis  ,  JoÊS  Hacii^  Can.cus  hujiis  ecclifs 
posuit  1606 

Partus  et  integritas  discordes  tempore  longo 
T'^irginis  in  gremio  fœdera  pacis  habent. 

Deùant  la  table  d'autel  de  la   chapelle  de  Saint-Mari  in. 

Cy  deuant  gist  noble  homme  Simon  du  Chastel  dit  de  la 
HouARDRiE  escuier,  en  son  viuant  seigneur  de  Caureine,  d'^ix 
en  Peuele  ,qui  trcspassa  l'an  de  grâce  milV.^  trente  le  penul- 
tiesme  de  januier ,  priez  Dieu  pour  son  ajiie ,  et  de  tous  tres- 
pjssez.  Amen. 

CiiY  deuant  gist  noble  damoiselle  Marguerite  Carondelet 
eu  son  temps  espeûse  a  Simon  du  Chastel  dit  de  la  Houardiie 
escuyer  seigneur  de  Caureine ,  d^^ix  en  Peuele  laquelle  très- 
passa  Tan  XV.*-  XLIII  XVIII. ^  de  januier  ,  prié  Dieu  pour  son, 
a  me  : 

Dans  la  même  chapelle  contre  l'autel  du  Gosté  de  l'Euangile  , 

Deuant  ceste  chapelle  repose  Joeu  monsieur  maistre  Anselme 
Monier,  en  son  viuant  ptre ,  chanoine  de  ceste  église  ,  lequel 
Jina  ses  jours  le  noeitfuiesme  de Jeburier  Van  quinze  cens  quattre 
vingt  XVI.    Prie  Dieu  pour  son  ame. 

Au  pilier  de  la  chapelle  Sainî-Jerosme. 

Chy  deuant  gist  vénérable  personne  maîstre  Jacques  DE 
Beauffremez  en  son  viuant  ptre  et  chanoine  de  ceste  église 
lequel  trespassa  en  fan  XW^  XXXV  le  VI.^  de  mars-. 


Collégiale    de    Sain  t-P  i  e  r  r  e    a    Lille.      23 
Et  damoisel/e  Jacqueline  de  Erquisyes    sa   grand   mère  en 
son  viuant  vefiie  de  foeii  "S^^allerand  de  BcaufTremez   escuyer  la- 
quelle trespassa  en  Van  XV.^  IIII  le  XXII.«  de  septembre,  priés 
pour  leurs  âmes. 

Dans  la  chapelle  Saint-Jerôme. 

Chy  deuant  gist  damoiselle  Jehenne  de  Malefiance  mère  de 
maistre  NicoUe  CaiUeu ,  laquelle  trespassa  le  IX. ^  jour  de  may 
Van   de  grâce. 

Cy  deuant  gist  vénérable  peisonne  maistre  NicoLLE  Cailleu  , 
en  son  viuant  escollastre  et  chanoine  de  ceste  église  qui  tres- 
passa le  cinquiesme  jour  d'aoust 

Au  pilier  de  la  chapelle  de  la  Trinité. 

Chy  deuant  gist  maistre  Nicolas  Thikulaine  licentie  es  loix 
en  son  viuant  seigneur  Degrenwnt  lequel  trespassa  le  XIX  de 
nouembre  an  XV.^  XXXVIII.  Prie  Dieu  pour  son  ame,  ceste 
epitaplie  en  mémoire  de  luy  a  fait  faire  D.tl^  Jenne  Tliieulaine 
sa  soeur  et  héritière. 

Ceste  représentation  a  faict  faire  .s/Vf  George  Boutry  en  son 
viuant  chapelain  en  ceste  église ,  lequel  trespassa  le  XVII. ^y'oz/r 
cVapuril  après  Pasques  XV.  ^  XVIII.  Priez  Dieu  pour  son  ame. 

A  la  table  d'autel  de  la  même  chapelle. 

IcY  deuant  est  inhumé  le  corps  de  feu  mais/res  Hugues  le 
CocQ  e/i  son  viuant  conseiller  secrétaire  de  très  haus  et  très 
illustres  princes  Maximilian  empereuffeu  de  très  noble  et  très 
recommandée  mémoire  Philippe  roi, de  Castille  etc.  que  Dieu 
absolue,  et  de  Cliarles  fis  djceluy  Phle  aussy  roy  de  Castille 
ef- Vun  de  ses  maistres  des  comptes -a  Lille,  lequel  termina  vie 
par  mort  l£  X.^  jour  d'auril  A.°  XV.^  XVI  auant  Pasques  le  jour 
du  vendredi  Sainct ,  priez  Dieu  pour  son  ame. 

A  la  muraille  deuant  la  chapelle  paroissiale , 

Chy  Gist  sire  Gilles  des  Pons  presires  curés  de  ceste  église , 
et  chapelains  a  Veglise  Saint  Estienne  de  Lille  quy  trespassa 

D2 


?^ 


24      Collégiale    de    Sain  t-P  ierre    a  Lille; 

Van  de  grâce  mil  CGC  nouante  el  VIII  le  XIII  jour  doii   mois 
de  feurier ,  pryés   pour  sa  me. 

Chy  deuant  gist  Jehan  BlAnque  bourgeois  de  Lille  qui  tres- 
passa  Pan  mil  CCCG  el  XIX  le  jour  S.  Gjorge  le  XXIII  jour 
d\ipiiril ,  priés  pour  samc. 

Chy  deuant  gist  damoiselle  Jeiianne  le  Roux  sa  femme  qui 
trespassa  le  XV. ^  jour  de  juillet  audit  an  CCCC  et  XIX  priés 
Dieu  pour  eulx. 

Chy  dessoub  gist  honorable  personne  maistre  Jehan   Hibert 

'  en  son  viuant  secrétaire  de  monseigneur  le  duc  de  Bourgoigne 

et  de  Brabant  etc.  ,  greffier  de  son  ordre   de  la  toison  dor  qui 

trespassa  le  .     .du  mois  d^apuril  fan  de  grâce  mil  CCCC  XII 

priés  pour  s^ame^ 

Cy  gist  monsieur  Robert  Imbert  viuant  prêtre  ïicentié  es 
droits  chantre  et  chanoine  de  ceste  église  fils  de  feu  Nicolas  e« 
son  tems  ecûier  seigS  de  Lafalesqûe ,  Basecqïte  etc.  decedé 
1614.  lequel  a  fondé  en  ceste  dite  église  une  messe  tous  les 
iours  de  Van  a  célébrer  par  messieurs  les  chanoines ,  et  rne 
autre  chantée  chacune  semaine  de  l'an  a  l'honneur  des  sept  dou- 
leurs de  Hsôtre-Dame  en  sa  chapelle  ditle  de  la  Treille  auec 
distribution  a  sept  paiwres  presens  a  ladite  messe  de  quatorze 
patars  chacun.  Qui  mourût  le22.iûing,  1645.  Reqûîescat  in  pace. 

La  chapelle  S. -Adrien   éloit  ornés  d'un    tableau    représentant  le 
martyre  de   ce  Saint  par  Bergame  le  père  ;  on  lisoit  sur  le  pavé  sur 

une  lame  de  cuivre.. 

\ 
Cy  deuant  gist  Philibeiw  de  Vande  Nesse  alias    de   Bour- 
gongne  fis  de  Jehan  natif  de    Gray  au  comté  de  Bourgong/ie 
pbre  chan.  de  ceste  église  ^ly  trespassa  le  VII. «  de  may  an  XV.° 
ïIII^x  quatre.  Dieu  le  vueille^auoir  en  sa  gloire.  Amen. 

Au-dedans  de  la  même  chapelle  contre  la  muraille  vis-à-vis  de  l'autel. 

Chy  gisent  nobles  hommes  Jehan  des  Aubeaux  chlrs  sigr 
dudict  lieux  des  yiubeaux ,  de  Lomé  de  Campinghehem  et  d'Au- 
bierch  quy  trespassa  le  X.^  jour  de  jullet  mil  IIIÎ.^  et  XXV.  ei 


Collégiale  de  Sain  t-F  i  e  r  r  e  a  Lille.  zS 
dame  Aj^nies  de  Baufrumet  son  espense  qui  trespassa  le  XIIH.* 
jour  de  décembre  mil  llllfi  et  XLIII.  Et  maistre  Alart  Crns  Aii- 
beaux  maislre  es  arts ,  docteur  es  loix  chauone  et  tliresorier  de 
cesie  église  et  chanouc  de  Tournai]  qui  trespassa  le  ^\\\\.^  jour 
de  feurier  milWW.^  r/XXII^  priés  Dieu  pour  leurs  âmes  : 

A    côté  de  l'épilre  on  liscit  l'épitaphe   suivant  : 

Cy  gist  noble  homme  messire  Walran  en  so?i  viuani  chlr 
et  seigneur  des  yiubeaux  fils  de  feu  messire  'iç\\^n  en  son  viuaut 
aussi  S.''  des  ylubiau.v  qui  trespassa  le  IIII.''  jour  d octobre  Van 
mil  IIÎI.c  LXIIII.  Cj  -  gist  dame  Marie  de  Recourd  en  son  vi- 
uaut chastelaine  de  Lens  et  femme  dudict  messire  Walran  Sr. 
des  ^tiheaux  qui  trespassa  le  XIIII.<^  jour  de  juillet  l'an  mil 
VA\F  XLIII.  Cy-gist  Dame  As  ruoiftE  Dinchy  en  sonviuant  dame 
de  Canteleu  ,  et  seconde  femme  dudict  messire  \Valian  qui  tres- 
passa le^ïH.^  jour  de  nouembre  lan  mil  ÏIlï.  LXXVIII.  Lequel 
messire  Walran  meu  de  bonne  dcuotion ,  considérant  que  messes 
et  prières  sont  salutaires  aux  âmes  des  bons  cbres/iens  catlto- 
îiques  a  fait  faire  construire  et  édifier  des  biens  que  Dieu  luy 
a  preste  ceste  présente  chapelle  en  riionneur  de  Dieu  et  de  mon- 
sieur S.t  Adrien.  Et  ordonné  de  en  icelle  faire  célébrer  per- 
pétuellement en  chacune  semaine  cincq  messes  ce  faire  il  adonné 
et  amorty  a  perpétuité  une  disme  courant  au  terroir  de  Cain-^ 
pinghehem  ,  etc.  etc.  Le  r^ste  contient  les  détails  delà  donation  (83^.- 

Aup]ès  de  cette  chapelle'  on  lisoif  : 

Ce  tableau fist faire  vénérable  et  sage  maistre  Jean  de  Ecoute 
natif  de  Enghien,  en  son  temps  docteur  en  théologie ,  tréso- 
rier et  chanoine  de  cette  église,  lequel  meu  de  bonne  volonté  et 
grande  deuotion  de  aller  visiter  le  sainct  sepujchre  de  nostrc 
Seigneur  Jésus  Christ  en  Jérusalem  et  autres  sain  et  s  lieux  de  la 
terre  de  promission  se  parti  de  ceste  ville  de  Lille  le  UN  .'^  jour 
de  feurier  l'an  mil  IIII.^  LXX.  s'en  alla  a  Rome ,  et  après 
licence  obtenue  de  nostre  saint  père  le  Pape  passa  outre  et  alla 

(83  '  Le  dessin  du  lomlxau  de  "Walran  tl  dj  ses  deux  épouses  iH'élant  arrivé 
pendanl  riiuprtssion,   j'en  donnerai  la  description  à  la  fin  de  l'article.. 


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z6  Collégiale  de  S  ai  xNT-Pie  n  r  e  a  Lille.' 
71  si  ter  le  digne  repos  de  monsieur  S.  Nicolai  du  Bar,  en  après 
passa  la  mer  et  Jist  le  saine t  voiage  de  Jérusalem ,  passa  les 
dese/s  d'Arabe,  et  visita  le  précieux  corps  de  madame  S. te  Ca- 
therine an  mont  de  Sinay ,  et  ce  fait  vint  au  grand  Chaire  paijs 
dEgipte ,  ajin  de  visiter  en  iceluy  plusieurs  saints  lieux  esquels 
nostre  Benoist  sauueur  conuersa  ,  lois  que  sa  très  glorieuse  mère 
et  Joseph  pour  doute  du  roy  Herodes  le  portèrent  illec ,  puis 
retourna  en  Alexandrie  ou  ladite  Ste.  Catherine  soffri  martire, 
et  fut  decolée ,  et  d'illec  monta  es  Galleés  en  retournant  pardeca 
et  arriua  en  la  cite  de  Targe  en  Esclauonie  ,  en  laquelle  selon 
la  disposition  et  bon  plaisir  de  Dieu  nostre  créateur  termina  vie 
par  mort ,  et  a  la  poursieute  et  bonne  diligence  de  messire  Bai- 
telemi  Pillot  ptre  et  chapelain  de  lad.  église  S.  Pierre  qui  luy 
tient  compagnie  en  tous  lesdits  voiage  fut  son  corps  mis  en 
sépulture  honorablement  dedans  Veglise  et  au  pied  de  la  cha- 
pelle ou  repose  le  corps  de  S.  Simeon  le  Juste  le  XVII. "^  jour  de 
feburier  Van  mil  IIII.^  LXXI  prié  Dieu  pour  son  ame.  Et  ledit 
sire  Barthelemi  Pillot  trespassa  Van  mil  IIII.^  le  Il.^iour  octobre  , 
prie  Dieu  pour  son  ame. 

Dans  la  même  chapelle  au  pied  de  l'autel. 

Chi  gist  mademoiselle  y skBEKV  DE  CviffOUiEN  ,Jille  du  grani 
si?~es  de  Hem  qui  trespassa  en  Van  de  grasse  nostre  Signr  mil 
CCCC  mi.^x  et  XVIII  le  XXNlll.^  jour  de  jenuier  pries  Dieu 
pour  son  ame. 

On  voyoit  a  droit  les  armes  de  Hem.  A.  gauche  les  armes  de 
Cuinghien. 

Conlre  la  muraille. 

Cy  gist  le  corps  de  vénérable  homme  mons.r  M.e  Jean  Dil- 
LENi's  riuant  licentié  en  théologie  ptre  et  chanoine  de  ceste 
église  qui  trespassa  le  IX  de  Juillet 

Autre  cpitaphe  sur  une  tombe  plate  ouon  j  voyoit  un  chevalier  avec 
ea  Femme. 

Chi  gist  feu  noble  home  et  de  bonne  memoire\jJC  n^  Cuyn- 


Collégiale  de  S  a  i  n  t-P  i  e  an  e  a  Lille.  tj 
GîllEN  seigneur  de  Foûcqualles  et  Jilz  du  Grat  sires  de  Heui 
q.i  trespassa  en  Van  mil  N .^  el  vng  le  IX.e  jour  du  mois  de 
feurier, 

Chy  GisT  mademoiselle  Jene  du  Bosquel  feme  et  espeuse 
dudt  Luc  q.i  termina  par  mort  en  Van  mit  V.*^  et  XVIII  le  VI.® 
jour  du  mois  de  août  priés  Dieu  pour  leurs  âmes. 

Dans  la  même  chapelle. 

Cy  deûant  gist  Noël  Briuoul  S.r  de  Verdenie  grand  hailly 
et  receûeûr  gênerai  dû  célèbre  monastère  de  Marqu€j.te  ,  terminé 
vie  par  mort  le  2.1.  de  feb.  Van  i635.  Leqiiel  viiiant  s'étudia  phi  s 
a  laisser  vn  bon  nom  que  beaucoup  de  richesses ,  car  bonne  grâce 
est  pardessus  or  et  argent.  Prouerbe  22.  Dessous:  Memoiia  mi- 
rabilium  Dei, 

Cy  deuant  gist  dam J^  ISlARCVEniTE  Petipas  /em?ne  duditNotl 
Bridoul  et  Jille  de  Charles  escuier  S.^  de  G  amans,  laquelle  alla 
de  vie  a  trépas  le  iG  de  décembre  Van  i653,  et  oirent  par  enseni^ 
lie  sept  en/ans  assauoir  ch.e  Charles  ;  HIppolite  ,  Toussaint ,  Fré- 
déric ,  Françoise  Barbe  et  Catherine.  Priez  Dieu  pour  leurs  ames^ 
In  cruce  salus. 

Cv  GIST  damoiselle  Jenne  de  Cottre au  Jille  de  feu  Thibault 
seigneur  de  Clabbecq.^  damoiselle  de  Messines  laquelle  deceda 
de  ce  monde  le  XX. «  jour,  ........ 

D.     O.     M. 

Et  venerahili  viro  D.°  ac  M °  JudocoVandenberghe/.F".//<:^/z- 
tiato  Ptro  ac  hujus  ecclesiœ  zz  annis  decano  3"  nonas  aprilis  (84  ) 
an°  Dni  1394.  Vitafuncto.  P.  Requiescat  in  pace. 

Sépulture  de  damoiselle  Anthonnette  Dollehain  la  MaînnéE 
JiUe  de  Jacques  Dollehain  seigneur  de  Frefay  laquelle  trespassa 
Van  XV.*^  Priez  Dieu  pour  elle. 

Espoir  nie  conforte. 
(  84  )  3  Avril. 


n 


z8       Collégiale    de    Saint-Fier  re    a    Lille. 
Au  deuxième  pillier  de  la  même  chapelle.  '• 

Cy  gist  vénérable  personne  messire  Jehan  Lambert  en  son 
son  temps  chanoine  de  ceste  église  et  maistre  de  fhospital  de 
Sainct  Saiiueiir ,  lequel  trespassa  le  XV. «  ioiir  d'aoust  an  XV.^  X. 

En  la  chimetiere  (  85  )  de  ceste  église  au  deuant  du  grand 
portai  gist  le  corps  de  maistre  Nicolas  Caron  en  son  viuant 
prestre  et  chappelain  de  ceste  dicte  église  lequel  termina  rie  par 
mort  le  XL^  jour  dH octobre  XV. '^  quatre  vingt  et  vng,  priés  Dieif, 
-pour  son  ame  : 

A  la  muraille   deuant   la  chapelle  Saint  Eloj. 

Cy  gist  maistre  Simon  du  Gardin  à  son  trespas  maistre  de 
chant  et  chappelain  de  ceste  église  et  en  son  bas  eage  choraux , 
lequel  termina  de  sa  maladie  contagieuse  (86)  le  12  de  sep- 
tembre l'an  1697.  Priez  Dieu  pour  son  ame: 

Deuant  le  portai  de  ceste  église  gist  sire  Jehan  du  Brulle 
en  son  riuant  prestre,  chappelain  et  soubchantre  de  ceens,  lequel 
a  ordonné  ceste  mémoire  estrefaicte  et  termina  ses  jours  le  27.* 
de  mars  1 677  ,  pries  pour  son    ame. 

In  oditum  D.  Joannis  Brûle   sacellani  et  succintoris. 

Débita  naturœ  persoluit  Brulius  annos 

Post  decies  quinos  ,  quels  superadde  duos  : 

Qui  succentoris  vigilanter  muniis  ohiuit  ; 
Humanus  cuiuis ,  mystaque  felle  carens. 

Orta  dies  marty  vicena  illuxerat  orbl  , 
Et  septena  uecis  cuspide  quando  cadit. 


(85)  Pour  cimetière.  Ce  mot  yieiit  de  Kt/iaT^io»  dormhorium  ,  on  a  ajjpellp 
ainsi  les  lieux  destinés  à  la  sépulture  commune  des  chrétiens  ,  et  le  mol  erec 
a  été  latinisé  ,  et  ensuite  de  camaerium  ,  on  a  fait  dans  la  basse  latinité  cime- 
^eriiim  ^  d'où  est  venu  le  mot  françois  cimetière.  Ou  trouve  dans  les  anciennes 
Charles  Chimtntïire.    Carpenlier  ,  supp.  de  Ducange.    Voce  cametarium. 

(86  )  TSous  avons  vu  que  cette  aimée  Lille  fut  en  proie  à  la  peste. 

Ha'c 


Collégiale    de    S  a  i  .\  t-P  i  eru  e    a    Lille.       29 
Ilœc  qui  templa  subis  faclunis  rota,  vialor , 

Ad  tumulum  Jlexo  poplite  funde  preces , 
Die  Bruli,  hac  quondam  sacra  succentor  in  œde , 

Esto  deum  œtherea  can(or\  in  œde  canens 

Ohiit  anno    iSyy  27. <^  martij.    - 

L'auteur  de  ces  vers  s'appeloit  Hulîert  le  Clerc. 

Cy  gist  vénérable  personne  maisire  Henry  des  Pretz  prestre 
en  soji  temps  chanoine  de  ceste  église  et  fondateur  de  la  f este  de 
la  Transji guration  Nostre  S.''  qui  se  célèbre  le  VI. ^  jour  d'aoust 
et  termina  rie  par  mort  le  y\.^  de  jullet  XV.*^  LVII. 

Et  auprès  de  luy  Charles  des  Pretz  son  père  lequel  trespassa 
le  XXIUI.e  de  décembre  XV.^  XXXVIII. 

^/ûfe/Tz/^e//^  Catherine  Bacqdeler  5a  dernière yemme  laquelle 
trespassa  le  X  de  may  XV.'^  LU.    Priés  pour  leurs  âmes. 

Cy  deuant  gist  maistre  Jeax  Marchant  en  son  viuant  clercq 
de  la  ville  de  Lille  qui  trespassa  en  Van  de  grâce  mil  IIII.c  et 
XXII  le  IX. «  jour  de  nouembre. 

Cy  deuant  gist  demiselle  Gille  Lamendene  s^espeuse  qui 
trespassa  en  Van  de  grâce  mil  Illl.^  et  XXXIIII  le  XX.'=jourde 
décembre  ,  priés   Dieu  pour  leurs  âmes  : 

Çy  deuant  gist  maistre  Fierabras  conseiller  et  nuistres  des 
comptes  de  monseigneur  le  duc  de  Bourgongne  a  Lille  qui  tres- 
passa Vni.«  jour  d'aoust  Van  mil  IIII.'^  XL VIII. 

Cy  deuant  gist  Damoîselle  Marie    Ruffault  Jemme   dudict 

maistre  Fierabras   qui    trespassa  le iour  ....    Vaii 

MCC(jC Priés  pour  les  âmes. 

A  la  clôture  de  la  chapelle  de  Notre  -  Dame  au  pied  de  la  Vierge, 

D.     O.     M. 

Dei  parœquè  T^irgini  ,  nec  non 
Memoriœ   fen  -  viri   Domini  Bertrandi 
Ueriliani 


n 


3o       Collégiale    de    Sain  t-P  ierre    a   Lille". 

Leodien.  hiiius  ecclesiœ  canonici 
Et  Thesaurarii  :  Qui  recoleyis  varia  et 
Siiigiilaria  patrocinio  diiiœ   Virginis 
Impetrata  bœnejicia ,  cam  Ilœredem  ex  assâ 
Institûit.    Ohijt    i2    octobris  1666. 
Cuiûs  ossa  iacent  iûxtà  hoc. 
Monumentûm 
In  pace  sil  lociis   eiûs. 

Dans  la  chapelle  de  Sainte  Anne  sur  un  marbre  blanc. 

Cy  gist  noble  homme  messire  Ferdinand  de  Maubus  cheûa- 
lier  seigneur  de  Schoojidoip  ,  de  Doûrles ,  dû  Sartel  etc.  qui 
trespassa  le  3o  de  iûin  1646.  Et  auprès  de  luy  noble  dame 
Elisabeth  le  Blancq  dame  d'A.stiches  ,  dû  Marez  ,  de  le  Coc- 
queleriez  en  son  viûant femme  et  épouse  dudit  seig.r  Schoondorp , 
laquelle  trespassa  le  i3.  de  iûillet  1647.  Priez  Dieu  pour  leurs 
âmes. 

Leurs  quatiers  étoîent: 

Ma  abus.  Le  Blancq. 

Lenglez.  Lors. 

Du  Mortier.  RufFaùt. 

Le  Lacherie.  Carlin. 

Cabillaù.  Muissart. 

Van  dermeer.  Asticbes. 

VanderJjuncq.  St.  Venant. 

,  Senckers.  De  le  Cambe  dit  Ganthols» 

Dans  la  chapelle  St.  Nicolas. 

Cy  deuant  gist  vénérable  personne  mons.^  Nicolas  de  le  Lis 
a  joji  trcspas  ptre  diantre  et  chanoine  de  ceste  église  dont  l'effigie 
es„  cy  dessus,  et  trespassa  le  IX. «  jour  de  juing  Van  mil  cincq 
cens  LXXX.  Prié  Dieu  pour  son  ame. 


Collégiale    de   Sain  t-P  i  er  r  e    a    Lille.       3t 
Près  de  la  chapelle  au  dehors  du  cûié  de  l'évangile  sur  une  lame 
de  cuivre. 

Chy  deuant  glst  vénérable  personne  M<=  Jean  Follet  en  son 
viuant  ptre  chanoine  de  cesLe  église ,  licentié  es  lois  et  conseiller 
du  roy  nostre  sire  ,  lequel  a  fondé  a  perpétuité  le  seruice  diuin 
qui  par  chacun  Jour  de  joeudy  après  le  salue  de  Notre  Dame  se 
fait  en  la  chapelle  parochialle  d^J celle  église ,  en  Vhonneur  du 
vénérable  St.  Sacrement  de  V autel ,  et  la  distribution  de  sept 
pains  de  patars  (  87  )  ,  et  sur  chacun  pain  vn  pa.'art  à  sept  pan- 
ures de  cette  ville,  de  chascune  paroisse  vn  denomé ad  clie  (JjS") 
par  son  cure,  et  présent  audict  seruice  comme  plus  a  plain  (89) 
est  contenu  es  lettres  sur  clie  (  90  )  passées  pardeuant  escheuins 
de  Lille ,  a  la  charge  des  egUseurs  de  lad,  chapelle  en  datte  du 
yHWl.^  jourd'apuril  XV.^  LVI  auant  Pasques  reposans  au  ferme  (91) 
de  ladite  chapelle  et  trespassa  le  XXV. "  jour  de  may  Van , 
M.  D.  LVI.  Prié  Dieu  pour  son  ame. 

Au  même  piller. 

O  cœlo  dilecta  domus  postesque  beati 
Quos  (  ;  mandante  Deo  )  Judecc  vexit  ab  oris 
angélus  ad  fines  piceni  littoris ,  œdre 
Laureli célèbres  :  voto   quos  aduena  visit. 
Jesseani  fudit  genitrix  hic  ylnna   Mariant 
Hue  pronipturus   aue ,    Gabriel  de  sedibus  altis  , 
Venit ,  vbi  sacro  tumuerunt  viscera  foetii 
J^irginis  ,  hoc  tectwn  christo  se  jactat  alumno  : 


(87)  En  latin  patacus  et  pararus ,  c'éloii  une  monnoie  valant  deux  deniers, 
et  qui  a\-oit  principalement  cours  dons  ia  Provence  et  le  Ddupliiré  ;  m.iis  dans 
la  Belgique  le  palart  valoit  un  sol.  Solidus.  On  disoit  sept  pains  de  p;ilvirl,  comme 
en  diroit  aujourd'hui  sept  pnins  d'un  sol. 

(  tS8  )  Pour  ce.  Ad  hoc. 

(  89  )  Amplement, 

(  90 )  Sur  ce» 

(  91  )  A  la  clôture. 

E  a 


?-« 


3a       Collégiale    de    Sain  t-P  i  e  r  r  e    a    Lille. 
Hac  Joaiviis  humo  Castillon  ossa  teguniur , 
Quœ  résonante  tnbd ,  christi  virtute  résurgent  , 
Canonici ,  alqiie  sacerdotis  decoratus  honore. 
Hic  nûmen  cohiit ,  parteui  donauit  egenis  , 
Largus  opiim  ,  partem  sacris ,  posuitqiie  li tandis  : 
Quem  produxit  athum  dulces  siib  luminis  auras  , 
Bis  septena  aies  may  subjura  coegil 
Mortis ,  tercentum  lustris  lahentibus  ,  annis 
Et  decies  octo ,  post  partum  Virginis ,  rt  mens 
Unde  venit ,  redeat ,  precibus   contende  viator: 

Auprès  du  porche  du  Bandé  où  étoit  bâtie  la  chapelle  de  S. te  Ca- 
therine. ^, 

Par  mort  Garnier  Pourcelot  y?//  soubmis  aux  vers,  gisant 
cy  bas  en  ville  celle ,  l'an  IIII.c  jnil  lIIFx 

Devant  la   thresorie  sur  une  lame  de  cuivre. 

Chy  gisent  vénérables  personnes  maistres  Jehan  et  Pierre 
du  Castillon  frères  natifs  de  la  ville  Dath  :  ptres  et  chanoines 
de  ceste  église,  trespasserent  ,  ledict  Jehan  Van  XV.*"  IIIP'^  le 
XlIII.e  de  may ,  et  Pierre  aiissy  chantre  de  ceste  église  Van  1089 
le  27. «  de  j'ullet.  Prié  Dieu  pour  leurs  âmes  :  leur  deuise  estoit  : 
Homo  uauis  in  periculo. 

Près  de  cette  épitaphe  : 

Chy  deuant  gisl  Arnoult  Coppiv  ptre  chantre  et  chanoine  de 
ceste  église  qui  trespassa  Van  mil  V.^  et  IIII  le  11.^ jour  d'octobre. 

Au   neuvième  pillier. 

Chy  deuant  gist  vénérable ,  et  discrète  personne  messire  Hector 
de  Mailly  en  son  viuant  chapelain  a  mon  double  (^(^2.^  seigneur 
mojis.r  le  duc  de  Bourgoigne ,  chanoine  de  ceste  église ,  et  curé 
de  Marchienne ,  qui  trespassa  en  Van  de  grâce  mil  IIII.*-  II  fe 
yil.«  de  jullet.  Priez  pour  Faine  de  luy. 

Dans  la  chapelle  Saint  Michel. 

En  la  chimetiere  de  ceste  église  gist  sire  Pierre  Cresson  en  son 

(  92  )  Redouté. 


Collégiale    de    Saint-Pierre    a    Lille,       33 

vi'tmrjt  chappelain  et  souhchantre  de  ladite  église  lequel  termina 
le  XXII.e  d'apuril  XV. "^  LXXII.  Prié  Dieu  pour  son  aujc. 
Devant  le  portai  cb  celte  chapelle, 

GisT  sire  Pasqueu  Verdiere  eJi  son  viuant  prestre  chappelain 
et  maistre  des  VIII  en  fan  s  de  t  église  Saine  t  Pierre  en  Lille  qui 
trespassa  le  XXIII. «  jour  d'aoust  ijjo.  Prié  Dieu  pour  son  awe. 

Phonascum  quid  clere  gémis  me  funere   mersum 

Calcandum  nescis  Jlehile  mort i s   iter. 
Penè  quater  vitre  postquani  duo  lustra  peregi , 

De  tribus  immitis  me  ferit   ma  soror  ; 
Non  vt  auernales   rapiar  cruciandus  ad  vmbras 

Vel  fiam  furjs  pruda  ,  megœra  tuis. 
^st  cœli  7'adians  inter  Julgore  heatos  y 

Sacra  deo   resona  jubila  voce  canam  (  9.8  ). 

Celte  épitaphe  est  encore  l'ouvrage  du  même  Hubert  clfé  pTiia 
haut  (94). 

A  l'entrée  de  la  même   chapelle. 

Auporge  (90)  du  portail  de  ceste  chapelle  glste  5/V-^  AnthoinE 
Bernisse  en  son  viuant  prestre  chapelain  de  Véglise  St.  Pierre 
de  ceste  ville  de  Lille ,  lequel  termina  vie  par  mort  leUJiY  .^  jour 
du  mois  de  juing  Van  mil  N ^  LIIII.  Prié  Dieu  pour  son  ame 
et  pour  tous  les  trespassez. 

Cette  autre  épitaphe  étoit  autrefois  devant  la  chapelle  de  St.  Pierre. 

De  Goliath  Dauid  ,  de  morte  triumphat  Jésus  , 

Et  statuit  solus  digna  trophea  cedro. 
Discite  mortales  vni  confidere  christo  , 

Vestra  breui  fùgiens  tempo re  vita  cadit. 


(  93  )  L'auteur  avoit  refait  ce  vers  de  cette  autre  maniera. 

A%t  ut  apud  superos  inter  corda  quiescens^ 
(  94  ^  Page  29. 
(95)  PorcLe. 


n 


34       Collégialî:    de    Saint-Pi  erre    a    Lille; 

Cy  dciiaiil.  gisl  vénérable  personne  maistre  Jean  Despretz 
pire  chanoine  de  cesle  église,  lequel  a  ordonne  faire  ceste  repré- 
sentation a  Vhonneur  de  Dieu  uostre  créateur ,  et  mémoire  de 
son  bon  maistre  feu  noble  seigneur  et  très  vertueux  prélat  mes- 
5//-^  François  de  Rosimbos  en  son  viuant  preuost  de  cette  église  &c  : 
et  sonieiUer  de  l'oratoire  de  très  illustre  mémoire  Charles  V.^  et 
puis  de  son  fils  le  roy  Phles  nostre  sire ,  ayant  ledit  maistre  Jean 
suiui  ledit  preuost  en  plusieurs  loin gtains  volages  pour  le  seruice 
de  leur  majesté  et  gist  ledict  seigneur  en  la  chapelle  de  St.  Pierre 
cy  deuant  ayant  finy  ses  jours  au  seniice  dii  roy  nostre  sire , 
le  22. «  de  septembre  i558,  pour  Tame  duquel  ledict  maistre  Jean 
a  fondé  en  ceste  église  m  obit  solemnel ,  vn  autre  pour  soy ,  ses 
parens  et  amis,  et  termina  vie  par  mort  le  i(^'^  de  januier  l'S-j^ ^ 
Prié  Dieu  pour  leurs  âmes. 

Dans  la  chapelle  de  St.   Pierre  du  côté  de  l'évangile. 

Cy  denant  gist  le  corps  de  noble ,  vénérable ,  sage  et  vertueux 
seigneur  messire  Fraxcois  de  Rosimbos  en  son  viuant  preuost 
de  ceste  église  collégiale  et  someiller  de  V  oratoire  de  feu  F  em- 
pereur Charle  V.^  et  depuis  du  roy  son  fils  qui  trespassa  le  22. « 
de  septembre  i558,  prie  Dieu  pour  son  ame. 

Noble  et  puissant  seigneur  messire  lslAxniii.ïiLT>i  de  Longueval 
Sj  de  Vaux  &c.  gouuerneur  et  cap.ne  des  villes  et  cité  d'^rras , 
jiepueu  aud.  S.r  luy  a  fait  faire  ceste  mémoire. 

Ses   quartiers  de  noblesse  ctoicnl  : 
ïlosimbois,  Habart  Lihérùelde.  Lalain"-. 

D.     O.     M. 

Hic        SiTUS        EST. 

R.dus  ac  venerahilis  D. 
D.  Philippus  Van   Copenhout 


Collégiale   de    Saint-Pierre    a    Lille.       3ii 
Viluordlensis  (  96  ) 
Apud  gnidios  (  97  ) 
Sacrœ  theologiœ  licentiatus 
Ac  philosophicc  prof  essor 
Bujus  demum  ecclesiœ  per  XXX  annos  ' 
Decanus  et  canonicus 
Boctrinâ  et  pietate  clarissuinis 
È  viuis  ereptus  X.a  juUi  M.  DC  XGVIII 
JEtalis  anno  LXXI. 
Requiescat  in  pace. 
Derrière  l'autel  du  cœur. 

D.     O.     M. 

ET       V    l     M        M     E     W     O    R     I     JE. 

Domini  Francisci  Ingiliarel 

Suhdraconi  et  hi'diis  ecclesiœ 

Per  annos  giiinquageiità  ca?iouici. 

Cûltuni  diuiniim 
Et  maiorem  Dei  gloriam  ità  amaûit  l 
Jjt  magnis  impendiis 
Hanc  Domurn  Dei  decoraûerit 
Et  omaûerit 
Pauperûm  pater 
C  en  sus  ecclesiasticos  ^ 

Horûm   manibns  in  cœlestes  thesanros 
Viûens  prœmisit. 
Ohiit  in  Domino  29.3  iûnii  1721. 
jEtatis  92. 
Requiescat  in  pace. 

(96)  Vilvorden  ,  appelé  plus   anciennement  Filfurcdo,  Wasteluin  ,  p,  454. 

(97)  Les  habilaus  de  Bruges  et  des  environs. 


§0 


36      Collégiale   de    Saint-Pierre    a    Lille. 

Au  jKllivT  enlie  la  chapelle  St.  Pierre  et  celle  de  .St.  Nicaise. 

Cy  deuant  gist  vénérable  personne  maistre  Riquier  d'j  Boilt 
de  la  ville  natif  de  A.beuille ,  en  son  temps  chanoine  de  ceste 
église  ,  et  secrétaire  de  très  noble  prince  Plile  duc  de  Bourgoigne 
Darain  (98)  trcspassé  lequel  maistre  Riquier  termina' vie  par 
mort  le  jour  S.Tpolite,  XlII.e  d'oust  mil  Illl.c  LXXIIIL 

Fratres  beniuoli  sicut  in  via  sic 
Nec  post  niortem  sunt   separati  : 

Cy  deuant  gist  vénérable  personne  maistre  Otte  magistri 
frère  dudict  maistre  J.  hau  en  son  temps  chanoine  aussy  de  Ceens  , 
natif  et  curé  dudict  Tourquoin  ,  qui  trespassa  le  \K.^  jour  de  sep- 
tembre mil  V.^  et  IIII.  Priés  pour  leurs  âmes  : 

Au  dixième  pilier  sur  un  carreau  de  marbre. 

Cy  deuant  gist  sire  Jean  Deffonteines  en  son  viuant  ptre 
chanoine  de  ceste  église  lequel  trespassa  le  XXI. «  jour  du  mois 
de  mars  Pan  M.  D.  LIX  auant  Pasques,  prié  pour  tame. 

A  la  muraille  du   chœur  entre  le  X.«  et  le  XI. <=  pillier.. 

t 

Cy-gist  sire  Jean  DEDouAYy'ai/s  chapelain  du  roy  notre  sire  y 
chantre  et  chanoine  de  ceste  église,  et  chanoine  de  St.  Plat  de 
Seclin  ,  qui  trespassa  Van  de  grâce  mil  IIII.*^  cl  LU  le  XXIIIL« 
jour  de  nouembre ,  priés  pour  same  : 

Au-dessus  de  l'entrée  du  sëoulcre. 

Heligioni     et 

Memoriœ  venerabilis  HuGOxis  Destailleurs  pbri  thesaurary 
fit  can.ci  hujus  çpçlœ,  mortui  anno  œtatisQo.  XYllI  septembris, 
an.°  i5og.  Tantce  mansuetudinis  optimii>iri  vt  eum  iratum  viderit 
nemo. 

Beati  mites ,  quoniam  ipsi  possidcbunt  terram. 
Math.  V. 


(90)  Dernier  ,  daarain  ou  4airny  ^  deiiiier.  Dict.  rom.  valon. 


Collégiale    de   Sain  t-P  i  e  rr  e    a    Lille.      Sy 

A  côlé  de  ce  sépulcre  ,  au-dessous  d'un  crucifix  ,  on  lisoit  ceUc 
inscription  singulièx-e  : 

Absorbent  in  nobis  Due  ignita  et  meUiJliia  amoris  tul  vis, 
Omne  quod  sub  cœlo  ,  ut  amore  amoris  tui  moriamur:  qui  amorc 
amoris  nostri  in  cruce  mori  dignatus  es. 

Vers  l'entrée  du  sépulcre  et  la  chapelle  S.l»^  Croix  on  lisoit, 
sur  une   lame  en   cuivre  : 

Fondations  de  feu  le  trésorier  Destailleurs  faites  en  cette  église 

de  St.  Pierre  à  Lille. 

Vng  anniuersaire  solemnel ,  auquel  se  distribuent  aux  pouures 
cent  pains  de  deux  patars ,  et  sur  chaque  pain  deux  pat.  en 
argent  qu'est  a  la  charge  de  la  carite  des  pouures  de  la  paroisse 
de  ceste  église ,  encore  a't  il  fondé  le  luminaire  au  jour  de  la 
dedicasse  de  ceste  église,  tant  sur  la  couronne  pendant  au  nii- 
Tnillieu  du  coeur  que  pour  parjurnir  la  reste  des  chandeilles  dessus 
les  J'ourmes  (  99  )  dudict  coeur.  Encore  onze  Hures  et  demje 
des  chandeilles  au  bassin  pendant  deuant  le  sepulchre  de  nostre 
Seigneur ,  tous  les  vendredis  de  Pan  durant  Vouuerture  dudict 
sepulchre ,  les  cinq  Jours  de  nataux  (^100^  et  le  jour  dudict  anni- 
uersaire ,  lesdicts  deux  fondations  a  la  charge  de  la  tresorie  de. 
ceste  église  : 

Dispersit ,   dédit  pauperihus  ,  justitia 

JEjus  maneat  in  seculum  seculi  : 

Voici  l'épitaphe  du  chantre  Destailleurs  sur  sa  tombe  sur  les 
careaux  au-dessus  du  sépulcre ,  elle  étoit  gravée  sur  une  placpe  de 
cuivre, 

VenerabilisVi.  HuGONis  Destailleurs  yy/'^'^Z'/Z^/'O  thesaurario 
et  canonico  hujus  ecclesiœ ,  mortuo  anno  M.  D.  XCIX  mensis 
septembris  die  XVIII.  Requiescat  in  pace. 

(99  )  Formes. 

(100)  On  appeloit  natales  jours  nataux,  les  jours  des  quatre  grandes  fêles 
de  l'année.  Celte  inscriplion  eu  cile  cinq ,  en  y  comprenant  probablement  la  fête 
du  patroA. 

F 


l\ 


38        Collégiale    de    Saixt-Pierre    a   Lille» 
Entre  le  dixième  et  le  onzième  pillier  de  la  muraille. 

Qui  te  Jixît  anior  damnati   in  slipite  Ligni  , 
Figat  in   amplexu ,   me  ijuoqiie   christe  tuo. 

Nec  mecinn  snniu  pergas  contendere  jure , 
Obsecro  te  Jamuli  sed  miserere  niei. 

Ecce  tut,  et  taiiti  qui  me  tihi  Çhriste  patrotil 
Commendant  votis  annuè  i/uœso   meis. 

Et  au-dessous  autour  d'un  A^nus  Dci. 

^gidius  sum  coletus,  semper  tenehraruni 
Horrorcni  expaîii ,  exime  Christe  melum  : 

Sur  le  même  carreau  au   XI.^  pilier. 

(]hy  deuaut  gist  maistre  Jacques  des  Michos  natif  de  Lam^ 
hersart ,  licentid  en  loix  et  clianoine  de  ceste  église  qui  tres- 
passa  le  XXVI.*'  de  mars  Van  milMW.^  et  cincquante  ,  prié  pouv 
Vame  : 

Au  onzième  pilier. 

CiiY  deuant  gist  honorable  personne  monsieur  maistre  Gille 
Au  patin  en  son  temps  bachelier  en  tlieologie  ,  thresorier  et  clia- 
noine de  ceste  église ,  qui  trespassa  le  8.«  jour  en  juin  i538. 
Et  au  dehors  de  ladicte  église  au  preau  gist  d-^T-^e.  Peronne  Aupa- 
TIN  sa  soeur  jadis  femme  de  Jehan  du  Res  ,  bourgeois  et  mar- 
chand de  cette  ville,  laquelle  trespassa  le  iz  iour  de  juin  g  en  Fan 
j524.  Priez  pour  leurs  âmes  : 

Près  de  la  chapelle  de  S.  Croix  au  côté   de  l'épître  , 

Cy  deuant  gisent  honnorables  et  discrètes  personnes  SlMPHO- 
RIEN  Aupatin  en  son  temps  bourgeois  et  marchand  de  ceste 
ville  de  Lille,  lequel  trespassa  le  'K.^  jour  de  juin  g  Tan  ILY  .^  et 
IIII.  Et  auprès  de  luy  nîaistre  Pierre  Aupatin  sonjils  jadis  cha- 
.loine  de  ceste  église  ,  qui  Jina  ses  jours  le  XYÏ.<^  jours  de  mars 
Tan  y^N S  XXVI.  priez  Dieu  pour  leurs  âmes. 

Au  pilier,  devant  la  chapelle  S. le  Croix,  près  de  l'autel  S. te  Catherine, 
Cette  représentation  Jîst  faire  noble  et  discret  seigneur  maistre 


Collégiale    de    Saint-Pierre    a    Lille.      3g 

Jeha\  de  Carnin  ,  e/i  son  temps  doyen  et  cltanoine  de  ceste 
église  par  Vespace  de  LU  ans  ,  lequel  meu  de  deuolion  ne  trans- 
porta en  la  terre  de  promission  ,  et  visita  le  Sainct  Sépulcre  en 
la  cité  de  Jérusalem  :  et  à  son  retour  a  Rome  impetra  a  ses  des- 
pens  la  reseruation  de  plusieurs  chapelles  fondées  en  ces t édite 
église,  pour  la  promu ssion  des  vicaires ,seruans  journellement  a 
fojjice  diuin  d'j  celle  dicte  église  de  ses  biens  a  fondé  ceste  lampe 
il  perpétuité  lequel  termina  vie  par  mort  le  penultiesme  jour  de 
apuril  l'an  mil  lllï.^  LXXVI ,  priez  Dieu  pour  son  ame. 

Cy  gist  le  corps  de  Mre  Charles  le  Ducq  liccntié  es  loîx 
pire  et  chanoine  de  ceste  église  qui  trespassa  le  XXIIII  de  may 
XVI. <^  XXIII  priez  pour  son  ame. 

On  le  vojoit  à   genoux  devant  \\w  S.  Jean-Bapliste. 

Devant  la  chapelle  Saint-Jean 

Hic  jacet  Carolus  Manare  hujus  ecclesue  canonicus  ohiit 
'.Augusti  i63o. 

Ci  gist  le  corps  de  vénérable  personne  messire  Maximilien 
Manarre  en  son  temps  preuost  de  ceste  église ,  Priez  Dieu  pour 
S071  ame , 

IcY  repose  le  corps  de  vénérable  et  discret  monsieur  Jean  Bap- 
tiste GoDEFROOT  riuant  ptre  et  chanoine  de  ceste  église  f  espace 
de  21  ans  eagé  de  46  ans  decede  le  i?>  Juin  1677,  rec£uiescat  in 
pacc. 

L'épitaphe  suivante  étoit  au-dessous  du  médaillon  du  S^'.DE  Froid- 
*ioNT ,  frésoi'ier,  derrière  l'autel  du  cliœui\ 

D.     O.     M. 

Hic  situs  est 
T^enerabilis  admodum  Dominus 

D.   EUSTACHIUS   DE    FrOIDMONT 
Ex  patria  Leodiensi 
5.fœ  theologiœ  licentiaius 
Hujus  œdis  canonicus  et  thesaûrarlds 

Vz 


%x 


40      Collégiale    de    Sain  t-P  ierre    a    Lille. 
Scientià ,  virtute  et  meritis 
^Ab  illustri  patruo  liberto  fromondo 
Non   de  gêner  : 
Extat  in  choro  constructum  ejiis  sumptihus 
hilare  magnijicinn  è  marmore. 
Qui  sic  dilexit  décorent  doinus  domini , 
Precare  ,  ùt  ei  pateant  œterna 
Tabernacula 
y4d  mânes  lit 
IV.   id  sept. 
Anno  M.  D.  ce.  œtatis  LXXIII. 

On  Hsoit  auprès  cette  antre  épitaphe  du  prévôt  Manare  (loi). 

Hic  iacet  R.àus  Dniis  D.  Maxilianus  Manare  protonotariiis 
apostolicus  ,  hujus  ex  decano  et  canonico  Tomacensi  prepositxis: 
de  utraque  ecclesiâ  parentibus  et  ainicïs  bene  meritus,  testamento 
pauperes  voluit  heredes  ,  Louany  ac  Diiaci  octo  in  stndiosonim  , 
hic  et  Tornaci  decern  ,  in  niechaTiicorum  gratiam  bursis  instilutis^ 
ad  hoc  etiam  residuo  bonorum  suorum  legato.  Obiit  tertia  jan- 
vary  1^97 .  Requiescat  in  pace  ; 

Derrière  l'autel  du  chœur, 

Cy  gist  vénérable  seigneur  mons.r  Wallerand  Hangowart 
ptre  clianoine ,  et  doien  de  ceste  église ,  preuost  de  Sainct  Bar-r 
thelemieu  à  Bethune  et  dte  St.  ylmez  a  Douay  premier  chancellier 
de  Vvniuersité  nouuellement  eiigée  audict  Douay  ,  et  aulmosnier 
de  feu  de  très  bonne  mémoire  Charle  V.  empereur  et  de  Phle 
loy  d'Espaigne  conte  de  Flandre.  Lequel  suiuit  ledict  seigneur 
empereur  son  bon  maistre  es  volages  d'Allemaigne ,  Italie , 
Espaigne  et  .Argiere  :  et  luy  at  en  V église  de  ceetis  fondez  vng 
obit  perpétuel ,  ayant  legaté  bonne  partie  de  ses  biens  ,  a  Vaduen- 
\2ement  du  séminaire  de  ceste  église  ;  et  fondé  dix  huict  pré- 
bendes de  panures  anciens  hommes  ausquels  se  trouuant  jour-- 

{  loi  )  Suprà.  pag.  39. 


Collégiale    de    Saint-Fierre    a    Lille.      41 

nellement  a  la  messe  de  prime  au  coeur  de  ceste  dite  église  ,  sont 
par  semaine  distribué  a  chacun  dix  huict  patars  Flandres ,  par  le 
receueur  aiant  pour  son  sallaire  pareille  somme  que  Vun  desdits 
panures  :  et  fait  plusieurs  addresses  a  ce  colliege ,  a  sa  pairie, 
et  a  plusieurs  gens  de  bien  ,  et  trespassa  le  XTX.^  jour  de  jan- 
uicr  an  XV. ^  LXVII.    Prie  Dieu  pour  son  anie  : 

Près  de  la  porte  ,  pour  aller  à  la  maison  des  clercs  ,  sur  une  lame 
de  cuivre. 

Cy  deuant  gist  vénérable  personne  sire  Walleran'D  de  Crudè- 
NARE,  ptre  en  son  temps  diantre  et  chanoine  de  ceste  église ,  lequel 
en  tan  XV  .*^  et  trois  fonda  vue  chandeille  d'une  Hure  en  la  chapelle 
de  Ste.  Croix ,  pour  le  allumer  tous  les  vendredys  de  Van  durant  la 
messe,  et  aux  messes  des  jours  delà  Ste.  Croix  qui  se  chante  en 
ladite  chapelle.  Item  fonda  le  jour  du  sacrement  à  la  station  deuant 
le  Halle  à  tous  cfianoines  presens  XII(li"à. ,  aux  chapelains  VI  «'•  et 
aux  vicaires  III  '■^- ,  au  varlet  de  la  ville  pour  mettre  les  bancqs  II  b. , 
et  au  receueur  des  vicaires  pour  faire  la  distribution  II  b-  et  ces  deux 
fondations  payé  la  fabrique.  Item  en  Van  XV.^  Xllfonda  vne  messe 
tous  les  dimanches  de  l'a?!  incontinefit  après  matines ,  à  V autel  de 
St.  Nicolas,  et  par  le  chapelain  de  la  chapelle  dudit  Saint, ou  doiuent 
estre  presens  tous  les  vicaires  oiant  ladicte  messe ,  et  receuoir  après 
la  messe  dicte  du  receueur  des  vicai^-es  11^-  ,  à  Vaduancement  du 
desieuner  de  ceux  qui  auront  esté  présent  ladicte  messe  et  doibt 
îedicte  office  des  vicairi  es  payer  pour  ladite  aux  chapelains  tous  les 
ans  XX  I.  psis,  (102)  Item  en  l'an  XV.'^  XXXIl fonda  en  ladite 
chapelle  de  St.  Nicolay  IX  chandeilles ,  dont  celle  du  milieux  doibt 
peser  deux  Hures ,  et  les  autres  chacune  une  Hure ,  et  doibt  ardoir 
tout  ainsy  que  le  luminaire  de  Gilleson ,  et  est  fondé  sur  l'office  des 
vicairies.  Item  en  Van  XV.c  XXXViyo«<ia  la  feste  du  nom  de 

IHS  (^omme  le  doub'le  des  trois  Royx  ,  et  sey  doibt  distribuer 
aux  chanoines  présents  a  premières  vespres,  a  matines ,  a  la  grande 
messe ,  et  seco/ides  vespres  :  chacune  fois  II  gros  ,  aux  chapelains 
XII  dr?.  (io3)  et  aux  vicaires  VI  d. ,  et  se  doit  chanter  le  Te  Deura 

C  102  )  Parisis. 

(  io3  )  I>eniers.  ^ 


S3 


42  C.O  L  L  É  G  I  A  L  E     DE     S  A  1  N  T-P  I  E  R  IT  E      A     L  I  L  L  E.' 

en  phiin  chaut ,  tant  clianoines  qii^ autres  :  faitlt  estre  a  Te  Detira^ 
et  en  la  fin  se  fera  la  distribution  des  matines,  et  est  fondé  sur  le 
fabrique  lequel  termina  vie  par  mort  Pan  mil  V.c  XXXVII  le 
XXIIII.<^y  o«r  de  juillet  prié  Dieu  pour  son  ame. 

A  la  vitre  au-dessus  du  jxirclie. 

Cy  deuant  gisi  vénérable  et  discrète  personne  maistre  Jehan 
Magistri  natif  de  Tourquoin,  licentié  en  décret  et  en  loix  doyen 
et  chanoine  de  ces  te  église,  lequel  trespassa  le  XXIX.«  de  Mars  tan 
XV  .^  et  I.  Dieu  ait  de  lui  pitié  : 

Autrefois  dans  la  croisée  près  de  la  chapelle  de  St.  Hubert. 

CilY  GIST  nobles  homes  mojiseigneur  Henri  DE  Mortaigne 
dist  Despiere  cheualier  conseiller  de  très  liaulx  et  puissans  prin- 
ches  nos  seigneurs  les  ducs  Philippe  et  Jehan  de  Dourgoigne 
cojites  de  Flandres  et  goiuierneûr  de  Lille  ,  Douay  et  Dorchies, 
Qui  trespassa  Pan  de  grâce  M.  CCCC.  et  XIIII.  le  iour  de  tous 
les  Sains:  priés  pour same.  Chy  gist  noble  dame  Katerine  Pa- 
BOLe  espoûse  dudit  messire  Henri  qui  trespassa  Van  de  grâce 
M.  CCCC.  <?/  X.  le  Iin.«  ioûr  daoust.  Prie  pour  same. 

Dans  une  des  chapelles  ,  celle  de  St.  Michel ,  à  droite  on  vojoit  le 
tombeau  fiiiuré  Planche  111.  La  tombe  n°  i  étoit  décorée  de  huit 
écussons  ;  dessus  éloient  couchés  un  chevalier  et  sa  femme  ,  n**  2  et  3 
ce  sont  Hugues  de  Lannoy  et  Margueritte  de  Molembais  son  épouse. 

Ce  chevalier  n''  2  a  les  mains  jointes  ,  une  cotle  de  maille  ,  une  cui- 
rasse et  une  cotte  d'arme  blasonnée  des  pièces  de  son  écu  qui  sont  trois 
lions.  Sa  coite  d'arme  a  un  collet  brodé,  auquel  est  suspendu  le  signe 
de  l'ordre  da  la  toison  d'or. 

Deux  anges  soulieiinent  derrière  lui  son  écu  et  son  timbre  avec  le 
cimier  (  104  ). 


(  104  )  T.e  timbre  est  le  haume  ,  et  le  cimier  est  la  pièce  qui  s'élève  au-dessus 
à\\  timljre  ;  l'écu  de  la  maison  de  Lannoj  esr  d'argent  à  trois  lions  de  sinople 
firmes ,  lampassés  et  coiirounés  d'or  ;  cet  écu  a  été  longtems  entouré  d'une  chaîne , 
en  mémoire  de  celle  donnée  à  Raoul  de  Lannoj ,  suivant  le  raj^port  de 
Sl.idiieuj    qui  dit:  «  Qu'après  le  siège  de  Hesdin  pris  par  I-onis  XI,  lequel 


u 


Collégiale   de    Sain  t-P  r  e  r  n  e    a   Lille.      48 
Hugues  de  Lannoy  éloit  fils  de  Hugues  de  Laiinoy  et  de  Cathe- 
rine Molembais. 

Son  épitaphe  fait  connoître  ses  litres  et  les  principales  actions  de 
sa  vie. 

Comme  la  rie  liumaine  est  non  stable  et  la  durée  des  Jioinmes 
passé  tantost,  comme  lajleurcrue  auj ourdhuy  et  demainj'enée  ( i  o5), 
ainsi  combien  qu'a  plours  (  106  )  le  dis ,  un  noble  jadis  cheuallicr 
monsieur  HuE  de  Lanxoy  ,  seig.r  de  Santé  cj  mis  en  repos 
a  terminé  ses  jours  plain  de  clarté  et  ses  rigoureux  soings  tel  que 
ses  pères  par  naturelle  ennemie  mort  :  que  perte  fut  helas  ,  se 
Loy  telle  et  sj  dure  ne  fut  commune  a  tous ,  dont  et  se  de  sa 
flourissant  jouuent  (  107),  et  de  son  fructifiaelii^  108)  eage,  après 
il  loist  a  parler  (  i  og) ,  et  que  vie  vertueuse  requiert  a  estre  soleni- 
nisee ,  en  son porcon  (^110^  de  gloire  de  seruie.  Enûis  me doy  (i  1 1) 
taire  de  cestiiy  en  quy  vertu,  et  preiuihomie  prindrent  naissance 
ensemble  auecques  son  corps  et  noble  et  honorable  condition  nou- 


»  ensuite  investit  Quesnoy-le-Comte,  qu'il  fit  battre  de  force,  et  la  brêrlie 
»  étant  faite  ,  ce  Raoul  de  I.annoj  ,  en  présence  du  roi ,  y  n)onla  le  premier  , 
»  parmi  les  f^ux  et  arquebusades  ,  et  fit  si  vaillamment  que  sa  majesié  admi- 
»  rant  sa  hardiesse  ,  dit  qu'il  n'en  retourneroit  jamais,  qu'il  ne  le  fit  enchaîner  :  la 
»  place  emportée  d'assault  ,  le  roi  le  fit  venir  devant  lui  e*  lui  dit:  pasque  Dieu 
»  vous  êtes  trop  furieux  ^  vous  serex  enchaîné  pour  un  peu  modérer  votre  ardeur  j  et 
-.1  en  même  temps  il  lui  mit  au  col,  une  chaîne  d'or  de  cinq  cents  écus  qu'il 
»  lui  donna  avec  une  compagnie  de  gens  de  pied  c  Au  lieu  de  cette  chaîne 
on  voit  ici  le  collier  de  l'ordre  de  la  Toison  d'Or  composé  de  fusils  , 
(  briquets  )  et  de  pierres  à  feu.  Hugues  de  Lannoy ,  mort  en  14.16  ,  n'a  point 
vu  le  règne  de  Louis  XI,  il  éloit  d'un  teins  antérieur  aux  prouesses  de  Raou-t 
et  au  don  de  la  chaîne. 

( io5)  Fanée. 

(  106)  En  pleurant. 

(  107  )  Florissante  jeunesse. 

(  108  )  Et  âge  fructifiant. 

(  109)  11  reste  à  parler. 

(  no  )  Portion.  -' 

(  m  )  Je  iie  dois  pas  me  taire.. 


44      Collégiale    de    S  a  i  n  t-P  i  e  b  R  e    a  Lille. 

vefureL  (112)  auecque  ses  iours  enfantins  ^  comme  ses  faicles] 
non  mon  langage  prennent  asse  aux  considerans  ou  enquerrans 
de  son  origine,  et  haulte  terinination  condit  (i  i3)  par  nobles  et  ver- 
tueux molens  plusieurs  ,jusques  a  venir,  non  par  fortune  aueugle, 
non  par  importune  poursieute  en  court,  non  par  ambition  ne  con- 
iioitise  de  gloire  :  mais  par  juste  et  droicturie  loj  donner  a  hault 
élection  faueur  et  procliaineté  de  prince ,  rojs  et  ducs  quy  s'en 
tindrent  à  pare  moult  et  souuerainement  le  7-o/Charle  N\.^,le  ducs 
Jehan  et  Phe  (114)  de  Bourgoing.  Squb  qui  règne  il  n'eu  hon- 
neur et  authorité  beaucoup ,  comme  il  appert  par  rétracter  sa  vie 
en  brief,  de  laquelle  sa  mort  doit  porter  sa  lueur ,  premièrement 
en  l'eage  de  XX  ans  receu  tordre  de  cheualerie  au  très  très  sain  et 
lieu  de  Jrlem  (  ii5  ),  dont  au  retour  auecque  leniaistre  de  Liflant 
s'en  alla  en  Prusse ,  en  f routier  contre  les  Turcqs  ,  lialla  auecque 
le  duc  Witoll  encont  les  Tartarres  :  fis  cognoistre  et  esleuer  son 
nom  en  plusieurs  haux  et  valereux  fais  par  tout  plus  que  hommo 
de  sa  nation  pieca  (116),  eji  son  retour  en  France  trouua  guerre 
et  diuision  entre  les  princes  ,  s'exposa  diligament  en  tous  péril 
auecque  le  duc  Jehan  son  prince  en  son  party.  Conquist  auecque 
le  seigneur  de  Helly  toute  la  conté  du  Poitou,  fut  capitaine  de 
Poitiers  et  maistre?  des  caues  et  des  forests  ,  et  par  certain 
traictie  quy  se  fit  à  Bourges ,  la  rendy  en  la  main  du  roy  ,  et  le  fit 
capitaine  de  Montargis,  redeuint  capiteine  aussy  de  Compiegne ,  et 
assiégé dedens,  en  tira  son  honneur  sauf ,  fut  grand  maistre  des  arha- 
lestriers  de  France,  et  capitaine  de  Meaux  ,  se  trouua  homme  de 
los  (i  l'j') ,en  mainte  bataille ,  comme  en  Liège,  Hazincourt,  Senlis, 
Je  pont  S.  doux  et  autres  en  sièges,  et  assaut ,  souuent  en  France 
et  en  Hollandes ,  fut  en  ses  XL  ans  coinmis  Juge  ordinaire  et 
gouuerneur  de  Lille,  gouuerneur  depuis  de  Hollande ,  de  Zelande 

(ira)  Commencèrent. 
■(  Ii3  )  Etablit,  aqiiit. 
(114)  Philippes  de  Bourgogne. 
(  ii5  )  Jérusalem. 
(116)  Aulrefois. 
(117)  de  rëputatioij. 

et 


Collégiale    de    Saint-Pierre    a    Lille.      45 
€l  de  basse  Frize  pays  dangereux  et  en  sa  prudence  duna  fruit 
et  vtilité  beaucoup ,  et  sa  preudomie   grand  los.  A   aultes  am- 
bassades  souuent    a   esté  député ,  et  pour   le  payement   de    sa 
personne  tramis  à  la  plus  part  des  princes  chrestiens.  Par  plu- 
sieurs J'ois  visita  S.  Jacque  et  de  soi  mesme  Rome  la  Cité.  En 
ses  LX  ans  pour  celuy  hault  eage  non  serf  fors  a  Dieu ,  a  de- 
Unijiiy  offices  et  auihorité  de  court  ,renoncy  aupencion  des  princes 
et  eniprint  a  viure  du  sien  seulement  en  très  large  et  honorable 
estât.  E:it  venu  prendre  demeure  en  cestuy  très  honorable  collège 
de  St.  Pierre ,  ou  il  a  hanté  le  seruice  diuin  et  en  examinant  sa 
conscience  sur  toutes  choses  passées  ,  en  euures  et  deuocions  mé- 
ritoire pensé  de  son  salut.  Aux  lieu  désolé  de  France  plusieurs , 
a  esté  secret  distribueur  de  ses  biens ,  amiable  secour  a  son  po- 
uoir  aux  églises,  de  propres   offenses  réparateur ,    et  vray   nou- 
risseur  et  traicteur  de  paix.  Qu''en  diray  je  sinon  que  en  haulx 
et  plains  jours  de  LXXII  ans  ou  nature  fatuene ,    a  fermé  ses 
yeulx  a   temporelle  clarté ,  quand  splendeur  d'honeste  vertueuse 
vie  luy  a  donné  renommée  mémorable  a  toujours.  'Irespassa  d'icy 
le  plus  viel  cheuallier  de  la  Toison  (118)  le   plus  ancien  con- 
seiller et  chambelain  de  son  maistre  le  très  excellent  duc  Phe  le 
premier  jour  de  may  Van  mil  IIII.'^  LVI.  5/ a  trait  (^  iic^^aiiecque 
luy  sa  conjonction  terminée  madame  Margueritte  de  Bocourt 
son  espouse  jadis ,  quy  cy  gistauec  luy,  laquelle  termina  vie  par 
mort  de  ceste  siècles  le  XXl.^j'our  d'aoust  Van  mil  IIII.'^  et  LXI. 
Repos  leur  doient  Dieu  éternel.  Amen. 

Ses  quartieis  sont  : 

St.  Aubin.     Mlngonal.     Molemhaix.     Lannoj.     Bocourt. 
Pientj      Heueliin.     Brlmeii. 

Margueritte  de  Bocourt ,  n°  3,  Planche  III.  a  une  ample  robe  ou 
surcot  sur  sa  cotte  bardie  ,  elle  est  coefiëe  d'une  espèce  de  guimpe  , 


(118)  Histoire  de  Tordre  de  la  Toison  d'Or,  pag.  9. 

(119)  Aussi  a  bienlôt. 


u 


\ 


46       Collégiale    de    Saint-Pierre    a   Lille; 
coslurae  que  les  religieuses  avoient  conservé;  elle  a  les  mains  jointes^ 
sa  chaussure  est  à  rosette  ,  chaque  pied  est  appuyé  sur  un  chien. 

J'ai  donné  les  principales  épitaplies  de  la  nef  et  de  ses  différentes 
chapelles  ;  examinons  à  présent  les  monumens  cjue  nous  offrent 
le  chœur,  la  chapelle  paroissiale  et  celle  dite  de  la  Treille. 

Le  chœur  éloit  très-beau.  On  vojoit  au-dessus  des  stales  les  blasons 
des  seigneurs  qui  composèrent  le  septième  chapitre  de  la  toison  d  of 
tenu  par  Philippe  le  Bon  à  Lille  en   14.35. 

Le  tableau  du  inaître-autel ,  peint  par  Lafosse,  représentoit  J.-C. 
donnant  les  clefs  à  S.  Pierre. 

En  enlranl  de  la  nef  dans  le  chœur  de  l'église  on  trouvoit  sur  une 
tombe  plate  cette  inscription  : 

Chy  gist  très  haits ,  très  nobles  et  très  poissons  princes  Bau- 
DEWINS  li  DEBOt^N AIRES j'iidis  contes  de  Flandres  H  onzimes  (120), 
qui  funda  ceste  église  et  trespassa  en  lan  de  grâce  mil  LXVIL 
Dites  l'o  pater  ner   pour  lame. 

J'ai  retracé  les  principales  actions  de  Baudouin  en  traitant  de 
l'histoire  générale  de  la  Flandre  et  de  l'histoire  particulière  de 
Lille  (121). 

Voici  les  autres  épitaplies  qui  se  lisoient  également  dans  le  chœur. 

A  la  muraille  ,  du  côté  de  la  sacristie. 

Par  grand  désir  d'honneur  acquerre  , 
A  la  chilx  (  122  )  éruier  en   guerre 
Et  pour  le  roy  son  droit  seigneur 
Souffrit  mainte  peine  et  labeur, 
Ecuier  fut  de  très  grand  los   (  123) 
Nommé  Pierre  de  Rosimbos  , 
Sage  ,  courtois  ,  loy.Ti'i  ,  sccrés  , 
Et  de  tous  gens  estoit  aimés , 

(  120  )  Le  onzième. 

(  121  )  Supra.   Pag.  7.  , 

(  122  )  Celui  5  cet. 

(  123  )  Réputation. 


Collégiale   de    Sat\t-Pieiiiie   a   Lille.      47 

En  son   temps   tint  les  seigneuries 

De  la  ville  de  Perenchies , 

Et  aussy   de  le   Caûlerie 

Ecuier  fut  de  l'escurie , 

De  haut ,  puissant  et  redoullé 

Du  duc  Jeau  plain   de  bonté 

Et  perdit  empres  Roûsseauùille 

La  vie  en  l'an  quaîre  cens  mille , 

Et   quinze  ,  si  comme  ramembré  , 

Vingt  et  cinquième  jour  d'octobre 

Priés  pour  luy  qui   chj  (  124)  passés 

Et   pour  tous  autres  trespassez.     Amen. 

A  la  muraille  du  même  chœur  à  l'opposite  de  la  sacristie: 
Chy  deuant  gist  sire  Pierre  Godefraut  pbre  jadis   chanoine 
de  cesLe    église  qui  trespassa    en   Van  de  grâce ,    mil   CCCC  ei 
XXXVm  le  XXVin.«  jour  d'awU  prié  pour  lui. 

Au  second  pillier  du  même  chœur. 

Pollicitum  rvtherea  descendens,  numen  ah  arcii , 
TJrit  apostolicos ,  igné  fouenté  sinus. 
Jrradiat  fui  gare  locum  :  cor  robore  Jirmat , 
Ignescunt  animi  ;  uox  noua  mira   canit. 
Chy  deuant  gist  vénérable  personne ,  sire  Jehan  de   LA  RiuE 
dit  DE  Carui.v  natif  de  Haremhault ,  en  son  temps  chanoine  de  la 
prébende  de  salut  de  V église  de  ceens  ,qui  trespassa  le  \l  fi  jour 
de  jbre  mil  CCCC  LXXII.  Prié  Dieu  pour  son  anie  :  et  dessoub. 

AI<iNOSO     MACULATA     SITU     CLARESCO     REIMCTA, 

Chi  deuant  gist  en  pouriture 
Viande  aux  vers  et   nouriture 
Sire  Cilles  Lanry  jadis, 
Chanoine  de  ceste  eucloture. 
Qui  de  mort  souffrit  la  pointurg 
L'an  et  jour  cy  dessous  escrit. 
Le  i8.'  jour  de  ninrs  pi'ié  pouF  son  ame.  Air.en. 

i  124)  Ici. 


\r 


48      Collégiale   de    Sain  t-P  ierre   a   Lille. 
Au  dos  des  formes  vis-à-vis  de  la  sacristie. 

En  ce  dur  monde  transitoire  , 

Doit  bien  par  droit  eslre  mémoire  , 

D'ung  vaillant  liomme  de  renom, 

J.y  quel  eut  Baud£W^in  a  nom, 

Dajiekin ,  et  fu  cheualliers  , 

Et  mestre  des  abalestriers , 

De   Lille,  Douaj  gouucrneurs 

Des  apertenanches  meneres  (1^5) 

Pardeuant  Cocheriel  moru 

En  le  bataille  qui  y  fii 

L'an  de  grâce  mil  et  trois  cens 

Le  XIIII  lapresens 

Fut  en   la  bataille   en  jocsdi 

Seiziesme  jour  en  juin  pcrdi 

Catal  de  BoecL  qui  y  fu  pri 

Com  capitaine  de  hault  pris 

Des  deulx  parts  j  eut  moult  grant  perte,' 

Mais  a  né  fut  victoire  apperte , 

Car  tous  y  fi:rent  desconsfj 

A  leur   perle  non  anemj  (126), 

A  prions  la  Vierge  rojne 

Qui  porte  la  vertu  diuine. 

Que  elle  voelle  a  son    fil  prier 

Pour   l'ame  du  bon    cheualier.     Amen. 

Ses  quartiers  de  noblesse  aux  quatre  coins  de  Vépitaplie. 
Lens.  Licques.  Bois  de  Fiennes.  Aziiicourt» 

Au  dos  des  formes  devant  la  sacristie. 

D.     O.     M. 

DeposiLum  hie   est 
Que  d  fuit   mortale 

(i25)  Des    marais    voisins,  meneres  pour  meur  ,  marais  de  mora.    Ayerte-^ 
nanche  pour  appartenant.  / 

{126   Un  ennemi. 


Collégiale    de    Saint-Pierre    a    Lille.       49 

Venerabilis  viri  Dotnini 

D.  Alexv  Frans  preshiteri 

Hujus  collegy  cantoris  et  canonlci 

Qui  prius 

Fundato  pro  aniinœ  sainte  quotiduxno 

MisscB  sacrijicio 

Et  pauperibiis  ahunde  subleuatis 

Pie  in  Domino  obiit 

17.  Kalendis  decembri  (127)  a.°   1708.  j^Ltat.  55. 

Requiescat  in  pace. 

Au  troisième  pilier. 

Chy  GisT  vénérable  personne  sire  François  du  Bois  en  so?i 
temps  clianoine  de  ceste  église ,  lequel  termina  vie  par  mort  le 
XXlII.e  de  januier   \h^-j. 

Chy  deuant  gist  vénérable  personne  maistre  Jacques  Tour- 
NEMEINE  en  son  viuant  maistre  es  ars ,  licentié  en  médecine  esco- 
lastre-  et  chanoine  de  cesle  église,  qui  trespassa  le  XIÏL^  Jour 
de  Juin   Van  de  grâce  mil  IIII.^  LXXI.  Prié  pour  son  unie.- 

D.     O.    M.     S. 

E   X 

P    I    jE        M    E     R    O    R     I     ;E. 

iî.^2  ac  venX's  viri  D.  Jacobi  BoudART 

Binchiensis 

Pbri,  S.  theologiœ  iti  acad.  louan.  licentiati 

Hujus  œdis 

Canonici  theologi  per  84.  annos. 

Cujus  virtus   et  cruditio 

Ipsi  manebunt  superstites  in  œilûm'.- 

(  127  )  16  déceittbse,- 


So        COLIÉGIALE     DE     S  A  IN  T-Pl  E  R  HE     A     L  I  L  L  E^ 
j^ternûm  deo  vlctûrûs  nobis  deuixit 
A.  mensihiis    octogenarius 
IV.  non   (128)  nouembris  anno   COIDCCII* 
Vouete  et  orate. 

On  lisolt  auprès  : 

A  la  bataille  de  Poitiers 
Entre  plusieurs  bons   clieualliers 
Demoiirans ,  dont  ce  fut  domage 
Cestuy  cj  par  son  vasseinge , 
Et  avoit  comme  on  list  a  dont, 

Non    EUSTACHE    DE    RiBERMONT. 

En  arme  fut  prompt  et  habile 
Seigneur  de  Pouques  et  Neuuille. 
Lequel  quaild   fu  ceste  journée 
En  la  bataille  redoublée , 
Moule  sur  vn   chenal  puissant 
I>es  armes   de  Melûn  portant 
Auquel  fait  d'armes  il  mourut 
Par  faute  d'estre  secouru 
eu  septembre  le  jour   VI.' 

L'an  mil  Irois  cens  douse  en  sanctiesme  (129) 
Gloire  Dieu,  velle  colloquier 
Son  ame ,  on  en  doit  bien  pritr.     Anien. 
L'épitaplie  qui  suit  de  monsieui-  In^iliard  et  oie  au-dessus   de  sou 
médaillon   en  marbre  blanc  ,  surmonlé  d'une  faux  posée  en  sautoir 

^ur  un  sablier. 

Vigilate. 

D.     O.     M. 

E    T 
P     I     ^         M     E     M     O     E     I     .S. 

p.  Jacobi  Ingiliard,  ,7.  V.  Ucentiati 
Hujits  œdis  per  annos  XLV  canouici 


(128)  2  novembre. 
(  129  )  En  sainteté. 


Collégiale   de    Saint-Pierre    a    Lille.       Si 

È  viuis  suhlûti   anno  vilœ  LXV. 

Sahuis.  M.  DCLXXXIX 

Ex  cujus  vohintate  hoc  monumentum 

Moesti  heredes  posuére. 

Martuo 

Qui  legitis  bene  apprecaminl. 

On  lisoit  auprès  : 

Aresié  vous  qui  cy  passé 
Priez  Dieu  pour  les  trespassez^ 
Icy  est  inhumé  le  corps 
D'un  qu'on  doibt  bien  eslre  fecors.- 
Pbre  il  estoit  clianlre  et  chanoine 
De  ceens  discrcie  personne. 
Maistre  des  ars  Wallerand  eut  ncMU 
De  le  Cousture  sou  surnom. 
•  L'an  mil  cincq  cens  noeuf  sur  septante 
La  mort  le  piint  que  toute  espaiite  (i^o) 
De  feburier  le  dixhuictiesme. 
Dont  vous  pricre  comme  j'estime , 
Que  deuant  de  Jésus  la  face 
Qui  nos  maux  en  la  croix  efiace 
Priera  ,  dis-je  ,  de  bonne  aleiue 
Qu'ainsi  que  fut  la  Magdeleine 
Il  disoit  de  ses  péchez  laue 
Disant  le  pater  et  l'aue. 

Examinons  à  présent  les  principales  chapelles  de  cette  église.' 
L'une  étoit  la  chapelle  paroissiale  ;  la  paroisse  Saint  -  Pierre  étoit 
peu  considérable  ,  elle  n'avoit  pas  plus  de  cinq  cents  maisons. 

Le  tableau  de  l'autel  représentant  une  sainte  famille  étoit  de  Jean 
yan  Ost  Je  fils. 

Les  anciens  remarcj'ioient  les  deux  piliers  de  grès  c[ui  soutenoient  L 
voûte,  ils  avoient  dix-ncuf  pieds  de  haut  et  ils  étoient  d'une  seule  pièce. 


(  i3o  )  Epouvante.  Suprà,  Page  lo. 


52       Collégiale    de   Sain t-P ierre    a   Lille. 

Près  de  là  étoient  les  bustes  de  Saint  Pierre  et  de  Saint  Paul ,  ouvrage 
de  Quillier  sculpteur  d'Anvers  très-eslimé  (  i3i  ), 

Onlisoit  dans  cette  chapelle  les  inscriptions  suivantes. 

Cy  gist  George  de  Maubus  e?j  son  viûani  escuier  Sa  de  Fraeps- 
camp  et  Doûrles  qui  deceda  le  Il.ine  ioiir  d'aoûst  1601.  Aiant 
eÏL  épouse  en  premières  nopces  damoiselle  Hossme  Cabeliavi^/Ze 
de  Josse  escuier  S.r  de  Mûlheni  laquelle  deceda  le  28 .«  îoûr  de 
mars  1564.  El  gist  en  l église  St.  Martin  à  Coiirtray.  Et  seconde 
nopce  da.elle  Magdeline  'SSvxz  JiUe  de  Josse  escuier  watregraiie 
de  Flandre  S.r  de  Berentrode  laquelle  deceda  le  16.  ioi'ir  de  may 
1574.  ^^  S^si  ^"  V église  de  Lambessart.  Et  en  troisième  nopces 
da.elie  AtiSE  de  Croix  Jille  t/e  Pierre  escuier  S.^  de  la  Fresnoje. 
Desquels  deux  derniers  mariages  il  n'a  laissez  génération.  Priez 
Dieu  pour  leurs  âmes.  '  « 

Ses  quartiers  sont  :  ^ 

De     Maubus.    Lençrîez,    Dii  Mortier.    Delaclierie.    Cabeliau. 
Vandermerc.  Vanderbancq.  Srickers. 

Chy  deuant  gist  noble  home  mosieur  Hippolyte  du  Bois  en 
son  viuant  seign.r  de  la  Longrie  lequel  Jina  ses  jours  le  XXIII. = 
de  januier  Van  XV.'^  LXXIX  et  chy  gist  dale  Jehenne  de 
Canal  so  espeuse  fille  de  feu  Jacques  escuier  laquelle  termina 
vie  par  mort  le  11.^  jour  de  décembre  Van  XV .^  IIII.^^  ,  lesquelz 
seig.^  et  dale  sa  femme  ont  eu  ensemble  cincqfilz  et  quatre  filles 
pries.  Dieu  pour  leurs  âmes.  Fut  paracheué  le  21  de  juillet  i58i. 

Ses  quartiers  de  noblesse  sont  : 

Du  Bois.  De  Canal 

^  Scaillebert  De  Lanfree, 

De  Croix.  Vanel  Busike. 

Dongnies  De  Corehuse. 


(  i3i)  Guide  des  étrangers  à  L  ille  ,  p.  69. 

Au 


Collégiale    de    Sain  t-P  i  e  r  r  e    a   Lille.       53 
Au-dessous   de  l'image  du  Saint  Sacrement. 

£cce  panîs  angeloriim. 

j4  Vhonneur  de  Dieu  et  pieuse  mémoire  de  très  haull  et  très 
puissant  roy  des  Espaignes  et  des  Indes  Philippe  II  que  Dieu 
absolue ,  Jean  Bauwet  chapelain  de  sa  dicte  ma^^  catholique  et 
chanoine  de  eeste  église  ma  donné  et  faict faire  fan  1611.  Orate 
pro  eis  : 

A  la  seconde  vitre. 

A  droite.  A  gauche. 

M.«  Toussaint  Mouquet  a  Messir  Jean  Durlin  en  son 
esté  cure  de  ceste  parodie  l'es-  viuant  a  esté  cure  de  ceste paro- 
pace  de  XI  ans  et  est  pour  le  che  respac:e  de  XVIII  ans  et 
jourd'huy  cure  de  St.  Estienne  depuis  chanoine  de  cette  égle. 
en  Lille ,  priés  p.  l.  lespace  de  XX  ans  en  an  IIII''^ 

XVII ,  priés  pour  ly.  s 

Plus  bas  étoit  écrit  : 

Marcus  cardinalis   S.''    mar-         Serûûs  Dno  suo  pro  heneme^ 
ci  (^i^z^  patria  venetus.  ritis  viuens JieriJ'ecit. 

Et  jalns  bas  : 

faillite  qui  legitis,  celestia  quœrite  nostra  hec , 

In  c  in  ère  s  tandem  gloria  tola   redit 
Expectas  causam  ?  Nemo  hoc  humanior  alter 

Dixisses  charités  pro genuisse  virum. 
Excoluit  doctos ,  non  ipse  doctus ,  amicus 

Omnibus ,  inuidus  nulli  :  ea  vita  fuit.  0 

Conditus  est  Furnœ  (^i33')  naturœ  vbi  débita  soluit 

Letus  luce  tibi  Bartholomee  sacra. 


(  l32  )    Suprà. 

(  z33  )  Fumes, 

H 


QO 


54       Collégiale    de   Saint-Pierre   a  Xille. 

Cy  deuant  g'ist  gentil  homme  MiQUiE  DE  WiSQUERE  dit  Peppiv ; 
cscuier  en  son  viuant  seigneur  de  (hioisne  qui  trespassa  en  Tan 
de  grâce  mil  quatre  cens  et  cincqnante  le  VU.»'  jour  de  juin. 
Prié  pour  lame. 

^u  preau  cy  deuant  gist  Guillemot  ,  ^Is  de  Mathieu  de  Les- 
jniie  et  de  dem iselle  A'^nes  de  Bordc^ljoc  dit  de  le  Val  sa  femme 
lequel  trespassa  éuesque  dts  innocens  (i34)  de  ces  te  église  le 
XXIX  jour  de  juin  g  Van  mil  Y.^  et  wig  (  i35)  priez  Dieu  pour 
son  a  me. 

Cy  deuant  gist  sire  Malin  Durlin  e/i  son  liuant  prestre  cJiap- 
pellain  et  soubz  chantre  de  ceste  église  qui  trespassa  le  XIIII.^ 
de  mars  XY .^  LUI  auant  Pasques.  Priez  Dieu  pour  sou  ame. 

La  chapelle  la  plus  remarquable  étoit  celle  appelée  chapelle  de 
ISotre-Dajne  de  la  Treille. 

Jean  Vincart,  jésuite  de  Lille,  a  composé  un  traité  sur  cette 
chapelle  (  i36  ). 

Cybele  et  Diane  dans  l'anliquité  n'ont  point  eu  autant   de   temples 

(  134  ^  On  coniioit  suffijammeiit  ces  fêtes  monsliueuses  ,  dont  on  croit  devoir 
l'origine  aux  saturnales,  et  qui  se  célébroienl  avec  cjuelqiie  différence  dans  leurs 
bizarres  cérémonies,  et  toujours  sous  des  noms  ridicules,  dans  plusieurs  p  orties 
de  la  France.  A  Evreux,  c'étoil  X'Aféte  des  cornards ;  a  Rouen,  la  fhe  de  l'âne ^  à 
Dijon,  [afdte  de  la  mère  folle  ;  à  Paris,  Vcifète  des  sous-d:acres  ,  ou  diacres  sous;  à 
Lille,  la  jète  des  innocens j  qui  ne  le  cédoit  à  aucune  des  précédenles.  Uéxêque  des 
innocens  avoit  beaucoup  de  rapport  avec  Ve'véque  des  fous  j  épiscopus  stuhus.  Pendant 
trois  jours  ,  il  étoit  revêtu  d'habits  rpiscopaux  ,  avec  des  sandales  rouges  j  il  por- 
loit  une  crosse  d'ai-gent,  dont  le  bâton  étoit  de  boit  noir;  il  avoit  sur  la  tête  un 
petit  coussin  aulieu  de  mitre  ;  et  dans  cet  attirail ,  il  donnoit  des  indulgences  ,  en 
répétant  des  formules  qui  varioient  selon  les  Yiays  et  les  idiomes  ,  mais  qui  conve- 
noienl  parfaitement  aux  personnages.  On  a  rendu  plusieurs  ordonnances  conire 
ces  fêtes.   Cette  inscripliou  prouve  qu'elles  avoient  encore  lieu  à  Lille  en  i5oi. 

(i35)   loSi). 

(  l36  )  38  Vincartii  insulani  e  soc.  Jésus  Virgo  Cancellata  in  insigni  ecclesia  col- 
legîata  D.  Pétri  insulce  cultu  et  miracuUs  celebris  l636.  Fol.°  Ou  voit  au  frontis- 
pice Noire-Danie  de  la  Treille,  enire  la  Piélé  et  la  Force,  et  au-dessous  une 
vue  de  Lille,  avec  des  pèlerins  agenouillés  étendant  les  mains  vers  l'égliie  Saint- 
Pierre  ,  où  est  cette  chapelle. 


Collégiale  de  S  ai  xt-Pi  e  r  r  e  a  Lille.  55 
îil  de  chapelles  que  Marie;  la  ville  de  Lille  et  ses  environs  en 
réiinissoient  un  grand  nombre  (  l'àj  ). 

L'établissement  de  la  chapelle  de  Notre-Dame  suivit  de  près  la 
fondation  de  l'église   Saint  Pierre. 

La  statue  de  la  vierge  est  de  pierre  ;  elle  lient  dans  la  main  droite 
un  sceptre ,  dans  la  gauche  l'enfant  .lésus  qui  lui-même  porte  un 
globe  surmonté  d'une  croix.  Celte  statue  n'est  pas  fort  ancienne. 

Elle  est  entourée  d'une  espèce  de  treille  que  les  premiers  de  la  ville 
avolcnt  seuls  la  permission  de  foire  entretenir  ,  décorer  et  dorer  ; 
c'est  de  cette  treille  qu'elle  a  pris  le  nom  latin  de  virgo  a  cancelli's  , 
en  français,   Notre-Dame  Je  la  Treille  (^\?)^^. 

On  ignore  pourquoi  ce  treillage  a  été  fait  ;  qnelcjues-uns  croyent 
que  c'est  seulement  un  ornement,  qui  est  commode  pour  y  suspendre 
des  fleurs  et  des  ex  vota  de  toute  espèce  ;  d'autres  croyent  qu'on  a 
voulu  éloigner  ainsi  la  statue  du  contact  des  mains  profanes  ;  d'auties 
ont  pensé  que  c'étoit  pour  la  sûreté  de  la  statue  ,  mais  ces  barreaux 
ne  la  defïendent  pas. 

On  imagine  bien  que  la  Notre-Dame  de  la  Treille  ne  le  cède  pas 
pour  le  don  des  miracles  à  toutes  les  autres  Notre- Dames  du  monde. 
Des  pestiférés,  des  boiteux,  des  aveugles,  des  paralytiques  guéris, 
lui  enfant  ressuscité  dans  le  ventre  de  sa  mère,  ont  attesté  sa  puis- 
sance (  iSg"). 

Plusieurs  confréries  se  sont  formées  en  son  honneur,  et  tous  les 
ans  on  porloit  son  image  dans  une  procession  solemnelle  le 
dimanche  de  foclave  du  saint-sacrement.  Cette  procession  avoit 
été  instituée  en  1269,  par  Margueritte  de  Flandre,  la  statue  de  la 
vierge  portée  sous  un  dais  magnifique,  étoit  précédée  et  suivie  de 
plusieurs  chars,  du  clergé  séculier  et  du  chapitre  de  St.  Pierre  (  140  ). 


(  iSy  )  Vincart  les  cile  toutes,  pag.  7, 

(i38)  Quelques  bulles  PontiEcales  rappellent  Domina  de  Trellla. 

(  139)  Vincart.  i.  8. 

(  140  )  Eu  1269,  les  chanoines  de  Saint-Pierre  obtinrent  de  Marguerite  ,  com- 
tesse de  Flandre  ,  la  permission  d'établir  une  ]irocession  solemnelle  en  l'honneur 
<le  la  Vierge.   Une  pareille  grâce  paraîtra  légère^  mais  alors  rien  n'étoit  plus 

Ha 


56      Collégiale    de    Sain  t-P  ierre    a  Lille. 

La  première  chapelle  de  Notre-Dame  delà  Treille  n'éfoit  pas  aussi 
hieu  ornée  que  celle  dont  je  donne  la  description  ;  celle-ci  est  due 
aux  libérali:és  de  Philippe  le  Bozi  ;  il  signala  sa  dévotion  envers 
^otre-  Dame  des  sept  douleurs  par  un  monument  qui  représente 
marie  cherchant  à  r'anîmer  le  corps  de  Jésus. 

Tout  dans  les  boiseries  et  les  oniemens  de  cette  cha2:)elle  retraçoit 
les  principales  actions  de  Marie. 

Celte  chapelle  magnifique  occupoit presque  tout  le  croisillon  gauche, 
elleétoit  enlièremeut  revêtue  de  marbre  ;  rien  n'y  altiroit  autant  les 
regards^que  le  tomheau   placé  au  niiheu. 

Ce  magnifique  tonil^eau  est  celui  de  Louis  de  Masle  ,  comte 
de   Flandre.  Planche  IV. 

Louis  II  surnommé  de  Maie  ou  de  Marie  (141)  du  lieu  de  sa  nais- 
sance dans  le  voisinage  de  Bruge  ,  étoit  né  le  aS  Novembre  lySo  ,  et 
succéda  en  1846  au  comte  Louis  I  son  père  ,  auprès  de  qui  il 
avolt  combattu  à  la  bataille  de  Creci.  Il  revint  blessé  en  Flandre, 
et  reçut  Pliomnaage  de  ses  sujets  le  7  novembre  1347.  ^^^  Gantois 
Favoient  forcé  de  se  fiancer  avec  Isabelle  fille  du  Roi  d'Angleterre  , 
mais  il  s'échappa  de  leurs  mains,  et  épousa  en  1848  Marguerite, 
fille  de  Jean    III    duc    de    Brabant.    Son   règne    fut  agité    par  les 

propre  que  ces  spectacles  religieux  à  arracher  aux  fidèles  des  oblalions  abon- 
dante?. Pendant  l'octave  de  cette  procession  ou  ne  pouvoit  emprisonner  personne 
pour  dettes  ,  et  les  papes  avoientjoinl  à  ce  privilège  des  indulgences  fort  étendues  , 
q\ii  dévoient  naturellement  attirer  le  peuple.  On  a  cru  que  cette  procession  avoit 
été  instituée  par  un  simple  motif  de  piélé;  mais  on  se  convaincra  du  contraire 
en  jettant  les  jeux  sur  les  lettres  de  la  comtesse  Marguerite.  On  v  voit  que  ce 
fut  pour  faire  le  profit  de  l'église  de  Saint-Pierre  de  Lille  et  pour  V  avancement  de 
Vamre  ki  commencée  est  en  l'église  devant  dîtte  que  cette  procession   fut  établie. 

Quelques  tems  après  l'institution  de  la  procession ,  en  fit  quelques  réglemens 
sur  les  endroits  par  où  elle  devoit  passer.  Il  paroît,  par  les  lettres  de  Margue- 
ritte,  que  les  échevins  avoient  seu's  le  droit  de  faire  des  ordonnances  à  ce  sujet  ;: 
cependant  c'est  le  chapitre  qui  }ouit  d'abord  de  cette  prérogative  que  les  éche^ 
vins  lui  ont  probablement  déférée.  Un  autre  privilège  du  chapitre  obligeoit  les- 
députés  de  la  ville  à  venir  la  veille  delà  procession  chercher  deux  chanoines  dans 
le  cloître  de  Saint-Pierre  pour  faire  la  visite  des  chemins,  ^iloliuos,  p.  152  cl  suiy, 

(145)  On  dit  par  corruption  le  Mule. 


^i 


Collégiale  de  Saint-Pierre  a  Lille.  67 
troubles  auxquels  la  Nalion  Flamande  étoit  portée ,  mais  le  sou- 
lèvement le  plus  terrible  fut  celui  de   iSyg. 

Gand  sous  le  commandement  de  Hious  ou  de  Heinsius  ,  cbcf  des 
Nautoniers  soutint  pendant  sept  ans  les  forces  de  toute  la  Flandre  ,  et 
ensuite  sous  celui  de  Brunel  drapier  qui  pér  t  sur  la  roue  ;  et  enfin  du 
célèbre  Arlevelle  :  ce  rébelle  n'espérant  pas  de  pardon  déléi'iniua  les 
Gantois  à  mourir  plutôt  que  de  se  rendre.  Louis  parvint  à  se  sau- 
ver dans  la  cabane  d'une  pauvre  femme  et  se  caclia  dans  le  lit  de 
ses  enfans.  Il  écliappa  ainsi  aux  recherches  de  ceux  qui  le  poursui- 
voient.  Son  palais  est  pillé,  tous  ceux  qui  refusèrent  de  passer  sous 
les  drapeaux  du  vainqueur  furent  passés  au  fil  de  l'épée  ;  enfin 
Charles  VI  marchaau  secours  du  comte.  Artevelle  ,  vaincu  lui-même 
à  la  bataille  de  Rozebeque  fut  trouvé  parmi  les  morts. 

Les  partisans  d'Artevelle  lui  donnèrent  pour  successeur  Ackerman; 
le§  Anglois  descendirent  sous  les  ordres  de  l'évêque  de  Nortwick,  celui- 
ci  obtint  une  trêve  d'un  an  dont  Louis  de  Maie  ne  vit  pas  la  fin  , 
il  mourut  de  maladie  le  6  junsicr  i334  (  *4-  )• 

Louis  de  Maie  ne  fut  point  aimé  de  ses  sujets  à  cause  des  impôts 
dont  il  fut  obligé  de  les  grever  pour  soutenir  la  guerre  dans  laquelle 
il  étoit  engagé. 

Ce  tombeau  lui  fut  élevé  ,  ainsi  que  nous  le  verrons  tout  à  llieure  , 
par  Philippe  duc  de  Bourgogne.  Les  Planches  IF'k  VII  en  font 
connoître  l'ensemble  et  les  détails. 

Sous  le  lion  qui  est  aux  pieds  du  comte  ,  onlisoit  cette  inscription  : 

Cette  tombe  a  fait  le  ts  excellent  et  ts  puissant  prince  Phe- 
liPPE  par  la  gce  de  Dieu  duc  de  Bourgne ,  de  Loisir,  de  Brahnt 
et  de  Lemboûrt  ,   conte    de  Flandres,  Dartois    et  de  Bourgiie , 

(142^  Meier  prel  iicl  qu'il  fut  tué  d'un  coup  de  poignard  par  Jeau,  duc  de 
Berry  et  comte  d  lîoulogne  pir  sa  femme,  dans  une  querelle  qui  s'éleva  à 
Saint-Omer  ,  à  cause  de  l'hommage  que  Louis  de  Maie  exigeoit ,  comme  comfe 
d'Artois  ;  mais  le  témoignage  de  plusieurs  auteurs  contemporains  est  contraire  à 
cette  assertion,  on  sait  d'ailleurs  que  Jean,  duc  de  Berry,  n'épousa  Jeanne, 
fille  du  comte  de  Boulogne,  qu'en  1889;  ainsi  l'hommage  à  faire  pour  ce  comté 
ne  peut  pas  avoir  causé  cette  rixe  prétendue  en  4384. 


S^ 


58  Collégiale  de  Saint-Pierre  a  Lille. 
Palatin  ,  de  Haynaii,  de  Hollande  ,  de  Zeellande  et  de  Naimir] 
marquis  dû  Saint  Empire  ,  seignr  de  Frise ,  de  Salins  et  de  Ma- 
tines ,  en  ramenbrance  de  ses  pdicesseurs  en  sa  ville  de  Bruxelles 
par  Jaques  de  Gernes  bourgeois  d'icelle  et  fû  parfaite  en  Van 
M  CCCC  LV, 

Autour  de  la  toral^e  on  lisoif  : 

Cy  gisent  liauls  et  puissans  prince  et  princesses  LoYS  conte 
de  Flandres  duc  de  Brabant,  conte  d'Arthois  et  de  Bourgoigne, 
Palatin  seigneur  de  Salins  ,  conte  de  iSeuers  et  de  Rethel  et  sei- 
gneur de  Maline  :  Marguerite  J?//e  de  Jelian  duc  de  Brabant 
son  espeuse ,  et  Marguerite  de  Flandres  leurjille  espeuse  de 
ires  hault  et  très  puissant  prince  Plielippe^/s  de  roy  de  France , 
duc  de  Bourgoigne.  Lesquels  trespasserent  a  scauoir  ledict  conte 
liOjs  le  IX.<'  iour  de  januicr  Pan  mil  CGC  IIIP^  et  trois,  ladite 
Mart^uerite  de  'Qvahant  Tan  777// CCCLXVIII  et  Marguerite  leurjille 
le  ^V\.^  jour  de  mars  nul  CCCC  et  quatre,  desquels  Plile  duc 
de  Bourg  ne  et  Marguerite  de  Flandres  sont  procréés ,  les  princes 
et  princesses ,  dont  les  représentations  sont  entour  ceste  tombe 
et  plusieurs  autres. 

Monlfaucou  a  fait  graver  ce  monument  d'après  les  dessins  qui 
lui  avoient  été  envoyés  par  un  religieux  de  Franche  Comté  (  1 43).  Mais 
j'ai  fait  prendre,  sous  mes  yeux  ,  des  dessins  plus  exacts  ,  ils  formeni 
les  quatre  planches  que  je  vais  expliquer. 

Les  figures  sont  toutes  de  cuivre,  et  c'est  ce  c[ui  les  a  fait  livrer 
promptement  au  creuzet ,  malgré  tout  liniérét  qu'elles  présentent 
pour   rhisioire  et  pour  les  costumes. 

La  Planche  IV  donne  une  idée  générale  du  monument  ,  il  est 
eravé  dans  un  sens  inverse  de  celui  de  Mon tfaucon,  et  j'ai  choisi 
<-e  point  de  vue  pour  le  présenter  sous  une  autre  face. 

Louis  le  Maie  est  étendu  sur  ce  toui])eau  entre  Margueritte  de 
"Brabant  ,  son  ép"ouse  ,  et  Margueritte  de  Flandre  sa  fille;  deux  anges 
portent  son  cimier.  Au-tour  du  tombeau  sont  vingt-quatre   princes 


(143)  Moiiarcliia  Françoise,  tora.  IIIî  Pl-  XXIX. 


N?  Liv. /'/..;.  An,.. ..H. 


Mi.lifl  Dliy.v! 


^i( 


Collégiale    de    Sai  kt-Pi  erre    a    Lille.  59 

on  princesses  de  sa  maison ,  cl  aux  quatre  coins  les  quatre  évangélisles. 

Les  planches  suivantes  nous  feront  connoîtreles  détails  de  ce  tombeau. 

La  P/fwe//e /^représente  trois  figures  dessinées  de  face  et  à  vue 
d'oiseau, 

Louis  le  Maie  ,Jig  i  est  étendu  entre  sa  femme  et  sa  fille  ;  le  prince 
est  armé  de  toutes  pièces  à  la  manière  du  tems.  11  a  une  colle  de  maille  , 
une  cuirasse  ;  les  cuissards,  les gauibesons  et  les  brassards  sont  formées 
de  plaques  de  métal  qui  se  joignent  et  se  recouvrent  ;  sa  cuirasse  est 
festonnée  d'une  manière  singulière  ,  il  n'a  point  de  cotte  d'arme  ,  wym 
même  ceinturon  porte  son  épée  à  gauche  et  à  droite  sa  dague 
ou  mis.ericorde  (  144). 

Le  prince  à  la  figure  d'un  homme  avancé  en  âge,  une  longue  barbe  ,. 
les  cheveux  plats  et  ronds  ,  à  la  manière  des  ecclésiastiques  ,  et  la  tête' 
coeliëe  d'une  espèce  de  toque  que  portent  aussi  differens  j^rinces  de  sa 
maison  ,  ainsi  que  nous  Talions  voir.  Celle  toque  est  ornée  d'une  grosse' 
jpierre  précieuse  (  145  )  entourée  de  perles  (  146  ). 

Derrière  sa  tête  est  une  colonne  qui  soutient  le  haume  ou  timbre 
sur  lequel  s'élève  le  cimier.  C'est  la  tête  d'un  lion  dans  \\\\  vol  ;  deux 
anges  .qui  ont  les  ailes  déployées  lui  servent  de  support  ;  ils  tiennent 
l'un  l'écusson  de  Maiguerille  de  Brabant,  l'autre  celui  de  Margueritte' 
de  Flandre. 

Le  lion  de  Flandre  est  figuré  sur  la  poitrine  du  prince,  et  il  a  ses  deux, 
pieds  appuyés  contre  un  lion. 

L'écu  ou  bouclier  de  Louis  est  suspendu ,  au  côté  gauche  ,  à  uni 
baudrier  particulier  qui  le  ceint  au-dessus  de  celui  cpii  porte  l'épée  et? 
la  dague  ;  on  voit  au  milieu  le  lion  de  Flandre  de  sable,  armé  et  lam- 
passé  de  gueule  sur  un  fond  d'or  (  147  ).. 


(  144)  Oa  peut  voir  combien  celte  pîaiiclie  difîère  de  celle  de  Montfaucon, 
tom.  III ,  p.  i83. 

C  145  )  Cette  pierre  ne  peut  êlie  un  diamant ,  Louis  de  Berquen  tailla  le  pre--- 
mier  à  Bruges,  pour  Pliiîippe  duc  de  Bourgogne,  en  1474. 

(  146  )  La  figure  de  Montfaucon  ne  r>.'prés-enle  rien  de  tout  cela  ;  le  prince  y 
flans  sa  planche  ,  a  la  figure  jeune ,  sans  barbe  ,  et  la  forme  du  bonnel  et  du 
tissu  dont  il  est  orné  ne  sont  pas  exprimés. 

C  H7  }  Cumine  la  figure  est  de  cuivre  ,  les  émaux  n'j  sont  pas  exprimés ,,  oui 


<îb 


6o  CoLLÉGIALi:     DE     S  AIN  T-P  I  E  R  R  E     A     L  I  I,  L  E. 

Auprès  du  prince  à  droite  est  Marguerite  de  Brabant  son  épouse  ', 

Jjg-   2. 

Cette  princesse  étoit  fille  puînée  de  Jean  III ,  duc  de  Brabant.  Louis 
l'avoit  épousée  le  premier  juillet  i3i8;o!i  lui  donna  pour  dot  10,000 
florins  à  lever  sur  la  ville  d' Anvers.  Ce  mariage  chagrina  beaucoup  les 
Anglois.  Cette  femme  éloit  hautaine  et  cruelle^  Comme  Louis  aimoit 
beaucoup  les  femmes  ,  et  se  livroit  à  tous  les  genres  de  volupté  ,  la 
jalouse  Marguerite  signala  plusieurs  fois  sa  rage  sur  ses  rivales  : 
pendant  le  séjour  de  LôuLs  à  Paris  en  i352;  elle  attira  à  Maie  une 
jeune  personne  que  le  prince  avoit  laissée  enceinte  ,  et  lui  fit  couper  le 
nez.  Cette  infortunée  accoucha  de  deux  fils  et  mourut  avec  eux.  Louis 
de  retourfut  indigné  de  cette  barbarie,  mais  il  étoittrop  foible  pour 
la  panir;  Marguerifte  mourut  en    i368. 

Elle  est  ici  vêtue  à  la  manière  du  temps ,  elle  a  un  ample  surcot  sur 
sa  cotte  hardie  ,  et  par-dessus  le  tout  un  large  manteau  ;  elle  est  coellée 
d'un  voile  avec  des  nattes  pendantes  comme  plusieurs  figures  du  même 
teins,  et  notamment  celles  d'Isabelle  de  Bavière.  Nous  en  avons  déjà 
montré  des  exemples  ;  elle  a  par-dessus  le.  tout  vui  voile  broché.Ses 
pieds  posent  chacun  sur  un  chien;  derrière  elle  un  ange  tient 
Pécu  de    Brabant. 

A  gauche  est  Marguerite  de  Flandre  fille  de  Louis,  Jig.  3. 

Cette  princesse  née  en  avril  i35o  avoit  été  donnée  en  mariage 
à  l'âge  de  7  ans  le  premier  juillet  iSSy  ,  à  Philippe  de-Rouvre  ,  duc  de 
Bourgogne  ,  elle  devint  veuve  en  i36i.  Elle  épousa  en  1365  Philippe 
le-Hardi  duc  de  Bourgogne  fils  de  Jean  II  roi  de  France  ,  elle  avoit  été 
promise  au  comte  de  Cambridge  fils  d'Edouard  lîl  roi  d'Angleterre, 
mais  comme  il  fal'oit  une  dispense  du  Pape  à  cause  de  la  parenté, 
les  intrigues  du  roi  de  France  auprès  d'Urbain  V.  firent  manquer 
l'aHaire  ,  la  noce  fut  célébrée  à  Gand  ,  et  Charles  V.  céda  plusieurs 
A  illes  à  la  Flandre  qu'il  espéroit  vainement  attacher  ainsi  à  ses  intérêts. 

Marguerite  succéda  à  son  père  en  1384.  elle  fut  inaugurée  dans  la 

ne  hs  représentoit  encore  que  par  des  couleurs;  ce  n'a  été  que  d;iiis  un  tenis 

•  plus  moderne  qu'on  a  imaginé  de  représcn'.er  les  couleurs  par    des  si_i;nes   de 

convention  avec  des  points,  ou  avec  deslignes  droites  ,  transversales , obliques  ou 

croisées. 

même 


<ii 


Nt  I.I^ .  /'/.  />'.  J',i//.  o'j. 


\li,/ifl  Diif.r' 


Collégiale   de    Saint-Pierre    a    Lille.  6t 

même  année  à  Bruges  avec  son  époux.  Son  règne  fut  aussi  Iroviblé 
tfue  celui  de  son  père  par  les  Gantois  dont  les  Anglois  soutenolent  la 
révolte  ,  mais  Pliilippe  le  Hardi  sçut  ramener  la  paix  par  sa  sagesse  , 
il  mournt  en  1404.  et  Marguerite  en    1400.  âgée  de  55.  ans. 

C'étoit  le  seul  enfant  légitime  de  Louis  de  Maie   cpi  avoit  laissé 
onze  enfans  naturels. 

Elle  est  figurée  dans  un  costume  ,  semblable  à  celui  de  sa  mère  à 
l'exception  du  cordon,  terminé  par  des  glands,  cpii  lient  son  manteau 

sur  sa  poitrine  ,  nous  avons  déjà  vu  des  exemples  d'un  costume  abso- 
lument semblable.  Les  écus  placés  aux  pieds  des  deux  princesses  sont 
ceux  soutenus  par  les  Anges  à  leur  ciievet.  Le  premier  n°  4  est  celui 
de  Marguerite  de  Brabant ,  mi-parlie  de  Flandre  et  de  Braisant.  Le 
second  11°  5  est  celui  de  Marguerite  de  Flandre  écartelé  de  Flandre, 
France  et  Boureogne. 

Au  quatre  angles  sont  les  quatre  évJingélistes  placés  dans  des  ni-r 
cJies  ,  ils  sont  plus  petits  que  les  figures  qui  entom-ent  le  tombeau. 

Ces  figures  représentent  difïérens  princes  delà  maison  de  Flandre 
et  de  Bourgogne  ;  chacune  est  placée  dans  une  njclie  dont  le  ceintre 
festonné  est  soutenu  par  des  petits  piliers.  Chacune  est  placée  sur  un 
petit  piédestal  portant  l'écusson  du  personnage  et  une  inscription 
qui  indique  son  nom  et  son  titre..  Voyez  Planches  VI  et   V^II. 

En  commençant  par  le  petit  côlé  à  la  tête  du  tombeau  et  prenant 
de  gauche  à  "droite  j  les  princes  qui  se  présentent  à  nous  sont  ceux 
des  cinq  premiers  nos  d.e  la  Planche  VI. 

On  voit  d'abord  la  figure  de  Saint  Luc  avec  ces  mots  :  Sancte 
Lucas  evangellsta. 

I.  Jean  duc  de  Lolriche  de  Brahant  ,  de  Limbowch ,  comte 
^d^Aynau  ,  de  Ho//,  de  Zee/.  (14B),  fi/z  d^ Antoine  duc  de  Brabajit. 

Ce  prince  étoit  fils  d'Antoine  de  Bourgogne  qui  suit  et  de  Jeanne 
•de  Luxembourg ,  il  n'avoit  que  quinze  ans  quand  il  succéda  à  son 
père  ;  son  règne  ne  fut  qu'une  suite  de  troubles  ,  causés    principale- 
ment par  la  mésintelligence  dans  laquelle   il  vécut  avec  soiî  épouse 
Jacqueline  ,  comtesse  de  Hollande.  L'événement  le  plus  mémorable 

(148)  De  HoUaudJ,  de  Zelando. 


«îf 


63         Collégiale  bc    Saint-Pikrre    a    Lille. 

est  l'érection  de  la  célrbie  univcrsilc  de  Louvaui  en  1425.  Il  mouiiiï 

le  14  avril  1427  (  149). 

.  Ce  prince  a  une  espèce  de  pantalon  qui  marque  exactement  la 
cuisse  et  la  jambe.  Un  pourpoint  coiu-t  (iSo)  plissé  longifudinalement, 
les  manches  retroussées  ;  une  ceinture  l'altache  ;  le  bord  de  son 
habit  est  galonné  ,  trois  croix  sont  suspendues  à  un  coLicr  qui  paioît 
découpé  carément. 

2  x\nthoine,  duc  de  LotliicJie  de  Brahant  et  de  Limhourcli  ,fds 
desditz  duc  Phelippe  de  Boiirgg^e  ,  et  de  Marguerite  de  Flandres. 

Cs  prince  éîoit  en  outre  marquis  du  saint  empire  et  comte  de 
Helhel  ;  c'est  le  père  du  précédent;  il  étoit  le  second  iils  de  Philippe  , 
duc  de  Bourgogne  ,  et  de  marguerite  de  Flandre;  il  fut  tué  en  1415 
à  la  bataille  d'Azincourt,  en  combattant  pour  la  France. 

Ce  prince  est  vêtu,  pardessus  son  habit  court,  d'unampL'  manteau 
découpé  sur  ses  bords  ^  il  a  un  collier  cpii  laisse  pendre  sur  sa  poitrine  , 
vm  ornement  de  pierres  précieuses  ;  la  coëfFe  de  sa  toc[ue  est  renversée 
en  avant,  et  laisse  voir  également  un  ornement  de  pierres  précieuses.^ 

3  Jehan  ,  duc  de  BourgE"-^  -,  fils  de  Phelippe  ,Jîls  du  roy  de 
France,  duc  de  Bourggne  ^  et  de  Margue^te  de  Flandres. 

Ce  prince  étoit  le  fils  aîné  de  Philippe  le  Hardy  et  de  Marguerite 
de  Flandre  ;  il  étoit  né  k  Dijon  en  1871  ,  et  succéda  à  son  père  ait 
duclié  de  Bourgogne  en  1404. 

Le  nom  de  Jean  sans  peur  lui  fut  donné  à  cau^e  de  l'air  de  hardiesse 
avec  lequel  il  parut  devant  Bajazet  après  la  perte  de  la  bataille  de 
!Nico])o]is  oi!i  il  fut  fait  prisonnier  (  loi  ). 

(  (49  }  Arl  de  vérifier  les  dates,  toiii.  jII,  p^ig.   108. 

(  i.'io)  Les  liommes,  dil  {^ommines,  «  aussi  se  priment  à  se  vêtir  plus  court 
»  que  oNCQCJES  ninis  ils  avoient  i'aictsi  qu'on  voyait  leur  d  rrière  et  leur  devant  , 
»  ainsi  qu'on  saou'oit  vêtir  1rs  singes  ». 

De  plus  ,  ajoute-t-11,  «  ils  portoient  de  hauts  bonnets  sur  leur  tête  trop  migno- 
»  nement  ». 

Commines  dit  aussi  «qu'ils  se  niirrnt  à  porter  si  long  cheveux,  qu'ils  leur 
3»  empêclioient  le  visage  et  L's  yeux  ». 

Cette  mode  n'avoil  probablement  p;'s  encore  gapné  en  Bourgogne  ,  car  tou& 
les  prin  es  figurés  sur  le  tombeau  de   Louis  dj  Mdle  ont  les  cheveux  courts. 

(  loi  )  Il  étoit  alors  comte  de  IS^evtrj,  Bajazet  le  remit  en  liberié  avec  les- 


Iv 


Collégiale   de    Saint-Pi  ekt!  e    a    Lille.",        63 

CVsl  lui  qui  fit  assassiner  à  Paris  le  duc  d'Orléans.  J'ai  raconlé  leii 
détails  de  cet  assassinat  en  décrivant  le  lieu  où  il  s'est  commis  (  i52  ). 

Ses  succès  militaires  le  firent  triompher  de  tous  les  moyens  que  la 
maison  d'Orléans  emplova  poiu*  venger  Louis.  Le  docteur  Jean 
Pelit  avoit  eu  la  liassesse  de  faire  l'apologie  du  crime  du  duc  de 
Bourgogne.  Cette  infâme  doctrine  alloitêtre  condamnée  au  concile  de 
Constance  ,  mais  cinquante  queues  de  vin  de  Bcaune  ,  de  Nuits  et  de 
Pomare  que  !e  duc  fit  voiturer  à  Constance  ,  et  les  dons  en  argent  qu'il 
fit  aux  cardinaux  et  aux  theclogiEns  de  l'assemblée,  la  lui  rendirent 
favorable. 

Jean  éfoit  attaché  à  la  France  :  après  la  perte  de  la  fatale  bataille 
d'Azincourt ,  il  voulut  marcher  contre  les  Ansilois  ;  mais  il  reçut  du 
roi  un  ordre  de  ne  pas  passer  outre,  et  il  demeura  six  mois  canapé  à 
Lagny  ,  d'où   il  fut  apj)el4  Jean   de  Lcigny  qui  n'a  hdte. 

Fn  141 7  il  publia  un  manileste  pour  la  réformalion  de  l'étal  ;  il 
voulut  s'enfaire  déclarer  régent ,  le  roi  étant  incapable  de  Ijgouverner 
par  sa  maladie,  et  le  dauphin  par  son  bas-âge.  Après  des  dissentions 
et  das  raccommodemens  successifs  ,  la  paix  parut  se  conclure  ,  de 
bonne  foi  ,  entre  lui  et  le  dauphin. 

Biais  au  m-oment  où  on  arrêtoit  les  conclusions  sur  le  pont  do 
Montereau  ,  i!  est  assassiné  sous  les  yeux  du  dauphin,  qui  lui  tenoit 
la  main,  ^lar  Tannegui  Dachatel.  Son  corps  fut  dabord  enterré  à 
Montereau  et  ensuite  placé  à  Dijon  dans  le  beau  mausolée  des  ducs 
jde  Bourgogne. 

Le  costume  diffère  des  précédens ,  la  robe  ,  plus  étroite  est  attachée 
par  une  ceinture ,  la  toque  a  un  ample  Voile  derrière ,  elle  estaltachée  , 
par  un  autre  voile  ,  sous  le  menlon. 

4  Phelippe  duc  de  Bourggie ,  de  Lottriche  de  Brahant  et  de 
Limbourch  ,  comte  de  FlandVes  ,  d'Artois  et  de  Bourgene  ,Jilz  de 
Jehan  duc  de  BourggM  ^  etc. 

Ce  prince  fut  surnommé  le  bon ,  il  succéda  au  duc  Jean  son  père 

vingt-cinq  seigneurs,  moyennant  200,000  diicals  d'or,  et  en  les  congédiant  il 
ii'S    exhorta  à  prendre  leur  revanche. 

(i52)  Ant.  nation.,  tom.  I ,  art.  VI,  pag.  4. 

la 


9S 


64  Collégiale  de  Saint-Pierre  a  Lille. 
on  1.396,  le  désir  de  venger  sa  niorf  le  fit  entrer  dans  le  parti  des 
Anglois  ;  ce  qui  fut  cause  qu'ils  ne  trouveront  plus  de  résistance; 
enfin  il  se  réconcilia  avec  Charles  VII  C|u'il  aida  à  entrer  dans  Paris  et 
à  cliasser  les  Ansilois.  Sou  ame  grande  et  sénéreuse  se  montra  toute 
rnîière  quand  il  paja  la  rançon  de  Charles  d'Orléans  ,  fils  de  celui 
que  son  ptre  avoit  fait  assassiner. 

Je  parlerai  plus  au  long  de  ce  prince  ,  en  décrivant  un  autre  monu- 
ment où  il  est  représenté  à  genoux  ,  à  la  fin  de  cet  article. 

II  est  ici  représenté  en  habit  de  l'ordre  de  la  toison  d'or, une  grande 
robe  par-dessus  son  habit  court  (  i53  )  ;  et  la  toison  suspendue  à  un 
collier  semblable  à  celui  du  duo  Antoine,  7z°  2,  et  qui  n'est  pas 
toul-à-fait  celui  de  l'ordre  composé  de  pierres  à  feu  et  de  fusils  (  104  ).. 
I!  a  sous  sa  robe  un  habit  court,  coiume  celui  du  duc  Jean  1 ,  7?°  i. 
Sa  toque  laisse  tomber  l'énorme  fond  qui  la  termine  ,  et  il  en  lient 
l'extrémité  dans  sa  main  ;  nos  l^onnets  d'hussards  ,  quoique  d'une  forme 
diflercnte  ,  sont  à-peu-près  semblables. 

Ce  fut  Philippe  qui  fit  élever  le  tombeau  de  Louis  de  Maie  son 
ajeul  (i55). 

5°.  Charles  ,  comte  de  Charoloîs  ,  filz  de  PheUppe ,  duc  de 
Hoitrgogne  et  de  Brabaut  y  et  d'F'sabel  fille  du  roi  de  Portugal. 

Il  é  oit  né  à  Di)on  en  1433.  Il  se  distingua  dabord  par  les  armes 
sous  le  nom  de  comte  deCharolois,  et  c'étoit  celui  qu'il  porloit  à 
l'époque  de  l'érection  de  ce  tombeau  ;  il  succéda  à  son  père  Philippe 
en  1467.  Il  fit  la  guerre  à  Louis  XI  et  aux  Suisses.  Vaijicu  par  eux  à 
Granson  ,  il  vit  piller  ses  trésors  les  plus  précieux,  et  principalement 
ce  beau  diamant  qui  depuis  a  fait  partie  des  joyaux  de  la  couronne 
de  France  ,  et  qu'on  appelle   le  régent.  La  bataille  de  Morat  ne  lui 

(  i53.)  L'ordre  de  la  Toison  d'or  fut  institué  à  Bruges  en  1429.  Saint  André 
en  étoit  le  patron  et  il  étoit  composé  de  tren'.e  clievalers  ;  on  donne  plusieurs 
raisons  de  celle  institulion  ,  quelques-uns  veulent  que  ce  soit  une  allégorie  da 
produit  que  les  belles  laines  de  Flandre  produisoient  au  duc.  Palliot ,  dans  sa 
science  des  armoiries  ,  lui  assigne  une  cause  à-peu-près  semblable  à  celle  qui.  fit 
instituer  l'ordre  de  la  j  irretière  en  Angleterre. 

(  i54  )  Ce  cfui  se  nomme  à  présent  britpiet. 

(  1 55  )  Si/prà. 


COLLI-GIALE     DE     S  A  I  N  T-P  I  r.  R  R  E     A     LiLLE.  6,1 

fuf  pas  moins  funeste  que  celle  de  Granson  ;  enfin  il  lut  \uv  dans  1:11 
iliarais  auprès  de  Nanc}',  après  la  balaille  donnée  près  de  cette  ville. 
Ce  prince  fut  surnommé  le  hardi , /e  guerrier , /e  terrible.  Je  te'- 
vie'raire  ;  il  eut  été  plus  heureux ,  s'il  avoît  mérité  le  surnom  de 
prudent  et  de  sage. 

Il  est  vêtu  comme  son  pi'rc  ,  «°  4,  à  l'exception  de  la  tête  qui  est 
nue  et  a  les  cheveux  courts. 

On  voit  ensuite  Saint  Marc  avec  ces  mots  :  Sanclus  Marcii» 
evangelista. 

6.  Marguerite  ducesse  de  Giùctïne ,  fuie  de  Jelian  duc,  de 
Bourggne. 

Cette  princesse,  fiUede  Jean  safTS  peur  ïu\  maxïée  à  Louis  ,  dauphin 
de  France,  duc  de  Gujeue  ,  laquel  étant  mort  jeune,  elle  épousa 
Artusde  Bretagne,  comtede  Richemont  ,qui  fut  connétable  de  France, 
Elle  mourut  en  1441   sans  avoir  eu  d'ent'ans  de  ses  deux  maris. 

Sa  robe,  dont  elle  tient  un  pan  ,  est  retenue  par  ime  large  ceinture, 
elle  a  un  coliicr  de  perle ,  auquel  une  croix  est  suspendue  ,  et  elle  est 
Goëll'ée  d'un  escofion  (  106  )  garni  d'un  large  voile. 

7°.  Marie  ducesse  de  Cles/es  .fille  de  Jehan ,  duc  de  Bourgg'^^. 

C'est  la  sœur  de  Marguerite  ,  elle  épousa  en  1406  Adolphe  IV  duc 
de  Cleves  qui  en  eut  trois  fils  et  sept  filles  ;  elle  mourut  en  1463. 

Son  costume  est  à  peu-près  semblable  à  celui  de  sa  mère  ,  elle  n'a 
pas  de  collier. 

8.  Jehav,  duc  de  Clei'es  ,filz   de  Marie   ducesse  de  Clewes. 

Jean,  fils  aîné  de  Marie  et  d'Adolphe  IV,  étoit  né  le  16  janvier 
1419  il  avoit  été  élevé  à  la  cour  de  Philippe  le  Bon  ,  duc  de  Bour- 
gogne ,  et  quand  il  succéda  à  son  père  il  étoit  déjà  célèbre  par  plusieurs 
actions  guerrières  qui  lui  méritèrent  le  suviiom  an  Belliqueux  ;  il 
mourut  à  Cleves  en  148"!  et  y  fut  inhumé. 

Il  est  vêtu  à-peu-près  de  la  même  manière  que  le  prince  que  nous 
venons  de  voir  à  l'exception  des  larges  manches  et  des  découpures 
carrées  et  profondes  de  sa  robe  et  du  voile  de  sa  toque.  Il  tient  dans 

(  i56  )  Aûl.  nat. ,  tom.  IV,  art.  XLVII ,  pag.  i5  ,  note  34. 


o'i 


G6         Collégiale    de  Sai  xt  Pi  e  rr  e    a    Lille. 
les  mains  uu  bâton  ,  peut-élre  est-il  le  signe  du   commandement  un 
sceptre  ;  ce   qui  me  le  persuade  c'est  que  dans  l'écusson  de  Cleves 
qui  est  à  côté,  on  voit  huit  sceptres  croisés. 

9.  Isabelle,  contesse  de  Poiileure  ,  Jîlle  de  Jean  duc  de 
Jiooui-gë'te, 

Elle  épousa  en  1406  Oliver  de  Chatillon  de  Blois  ,  dit  de  Bretagne  > 
et  mourut  sans  enfans. 

10.  KATiiEKiNE^^c/wrc'e  ail  roi  de  Cicile  par  procureur ,  JiUe 
de  Jehan,  duc   de  Bourgogne. 

Elle  avoit  été  accordée  à  Philippe  coniie  des  Vertus  (iSy)  quand  les 
ducs  d'Orlé-ius  et  de  Bourgogne  se  reconcilièrent  après  le  meurtre  de 
Iiouis  d'Orléans;  mais  leur  inimilié  n'ajant  pas  en  e'îèt  cessé  le 
mariage  ne  se  conclut  point.  Elle  fut  fiancée  en  14.10  à  Louis  duc 
d'Anjou  III  de  ce  nom  ,  roi  de  Sicile ,  qui ,  sans  l'épouser  ,  l'envoN'a  à 
6<on  père  ;  elle  fut  promise  ensuite  à  Henri ,  fils  aîné  d'Henri  IV , 
roi  d'Angleterre  ,  et  retenue  par  son  père  ,  elle  mourut  enfin  sans 
alliance. 

Son  costume  est  à  peu  près  semblable  au  précédent  ;  les  larges 
manches  de  sa  robe  ont  deux  fentes  pour  laisser  passer  les  bras  ,  vêtus 
des  manches  de  la  robe  inférieure  ;  elle  a  une  croix  sur  sa  poitrine. 

11.  Anne,  ducesse  de  Betfort^  Jille  de  Jehan,  duc  de  Bour^ 
gogue. 

C'est  celle  qui  est  inhumés  aux  Célestins  de  Paris  (i53).  Son 
costume  est  très-dilîërent  de  celui-ci;  elle  est  cependant  coëfle  d'uu 
hennin  (i59)mais  elle  n'a  pas  un  manteauaussi  ample  que  celui-ci. 


.  (  i5- )  Ant.  n.at. ,  loin.  I,  ?.rt.   III,  p.  100. 

(  i58)  J'ai  donné  la  description  de  son  tombjau  et  une  notice  sur  cetle  priii- 
resse.  Ant.  n;if.,  loin.  I,  avi.  III  j,  pag.  120. 

(i5g')  Vers  l'année  1427,  i^n  caraie  nommé  Conneelle  vint  prêcher  à  Lille, 
et  s'élex'a  ave::  force  conîra  la  bizarre  coëlTure  des  femmes;  les  cornes,  appelées 
fretnins  furent  l'objet  de  dix  sept  sermons  qu'il  débita  dans  la  vile;  l'éloquence 
de  (]onneette  eut  tant  de  force  sur  les  espvlis ,  qu'il  engagea  les  jeunes  gens  à 
parcourir  les  rues  avec  des  crochets  pour  abbijHre  la  cuë.Turedes  femmes  L-t  I4 
jc!l  r  dm.  la  boue.  MoVmos ,  png.  3io. 


iOO 


v:  M\.  /'/.  -/',!,/.  />'-. 


COLLÉl.IALE     DE     S  A  I  N  T-P  I  F.  R  P.  E      A     L  I  L  L  E.  (^~[ 

,  'JZ.  Agnes,  ducessc  de  Bourbun  ^Jïlle  de  iA\^x\.  ,duc  de  Bour- 
gogne. 

Cette  princesse  épousa  Cliarîes  I  du  nom  ,  duc  de  Bourbon  ;  elle; 
mourut  fort  clgée  ,  et  éloit  encore  en  vie  quand  ce  monument  fut 
l'ail.  Le  Kcuîpicur  n'a  point  eu  égard  à  la  différence  des  âges  ,  car 
sur  ce  irionument  ,  la  princesse  a  l'air  aussi  jeune  que  les  autres  ;  on 
peut  penser  aussi  que  l'artiste  n'a  pas  eu  la  prétention  de  donner  l<i 
ressemulance  exacle  des  princes  ,  dont  les  statues  retracent  la  mé- 
moire. 

Au  pelit  côté,  vers  les  pieds,  on  trouve  Marie  de  Bourgogne, 
duchesse  de  Savoie  ,  deux  de  ses  fils  et  deux  denses  filles. 

i3.  YwziAV'B'E  ,  conte  de  Genùvc  ,Jîls  de  la  ducesse  de  Sin-oje. 

Un  des  fiis  d'Amée  VIII ,  duc  da  Savoie  et  de  Marie  de  Bouraroo-ae  ; 
il  a  un  chapeau  rond  avec  un  rebord  ,  la  forme  est  terminée  par  un 
bouton. 

14 royne  de  CicUe,JîUe  de  la  ducesse  de  Savoie. 

Cette  princesse  ,  dont  le  nom  est  effacé,  est  Marguerite  de  Savoie, 
fille  d'Amée  VIII,  duc  de  Savoie,  et  de  Marie  de  Bourgogne.  Elle 
épousa  en  1481  Louis  d'Anjou  III  du  nom  ,  roi  de  Naples  ,  de  Sicile  et 
de  Jérusalem.  Ce  prince  étant  mort  en  1484,  elle  épousa  Louis  de 
Bavière ,  comte  Palatin  du  Rhin;  et  après  la  mort  de  celui-ci , elle  eut 
encore,  un  troisième  niari ,  le  comte  de  Wirlemberg. 

i5 duc  esse  de  Sai'oie,  Jîlle  de  Plielippe,  duc  de 

Bourgogne  et  de  Marguerite  de  Flandres. 

Cette  princesse  est  Marie  de  Bourgogne ,  mariée  en  1401  à  Amée 
VIII,  elle  mourut  en  1428. 

Elle  a  une  coëffure  semblable  à   la  précédente. 

Elle  n'a  pas  de  voile  sur  le  col ,  ce  qui  laisse  voir  ses  tresses. 

16.  LoYS  ,  duc  de  Sauoje ,  Jîls  de  la  duc  esse  de  Sauoje. 

Ce  prince  ,  né  en  1402  à  Genève,  succéda  en  1451  à  son  père, 
dont  il  gouvernoit  déjà  les  état»  depuis  1484,  en  qualité  de  lieutenant- 
général  ;  ce  fut  une  occasion  de  grands  troubles.  Il  élcitle  père  de 
Charlotte  de  Savoie  ,  épouse  de  Louis  XI ,  dont  il  réclama  les  secours 


lOl 


63       Collégiale    de    Saint-Pierre    a    Lille. 
contre  son  fils  Pliilippe.  Il  ne  voulut  point  entrer  dans  la  guerre  du 
bien  public  ;   il  témoigna   toujours   beaucoup  d'attachement   à   son 
gendre  ;  et  mourut  en    1465. 

Il  a  l'habit  court  comme  Philippe  de  Savoie,  n»  i3  ,  Mais  sans 
ceinture  ,  son  bonnet  ressemble  à  celui  de  Philippe  le  Bon  ,  «0  4. 

17.  .     .     .     ducesse  de  Milan  ,JilIe  de  la  ducesse  de  Savoie. 

C'est  Marie  de  Savoie  ,  fille  de  Marie  de  Bourgogne  ,  et  d'Amée 
yill,  mariée  au  duc  de  Milan. 

On  trouve  après  un  évangciiste  :  on  Jit  Sanctus  Johannes-Ei'an- 
gelista. 

Sur  le  grand  côté,  des  pieds  à  la  tête  du  tombeau,  on  voit  sept 
princes  et  princesses,  tous  d^scendans  de  Philippe  le  Hardj  et  de 
Marguerite  de  Flandre. 

18.  J KcqvZL. ,  ducesse  de  Touraine  et  depuis  daljîne ,  Jllle  de 
Marguerite  ducesse  de  Bavière. 

C'est  Jacques  ou  Jacqueline  de  Bavière  ,  fille  de  Guillaume  de 
Bavière  .  coiute  de  lîollande ,  de  Marguerite  de  Bourgogne  ;  elle 
épousa  Jean  ,  fils  de  Charles  VI ,  duc  de  Touraine  et  dauphin  de 
Viennois  qui  mourut  fort  jeune  ,  et  elle  eut  successivement  plusieurs 
maris.  Son  costume  est  pareil  â  celui  de  Marie   de  Savoie,  n°  17, 

19.  Marguerite  Ducesse  de  Bavière  comtesse  de  Hayiif 
iiau   (160)  del  dits  Phelippe  et  Marguerite  de  Flandre. 

C'est  Marguerite  ,  de  Bourgogne  ,  fille  de  Philippe  le  Hardi  et  de 
Marguerite  de  Flandre  ,  mariée  à  "Guillaume  de  Bavière  ,  comte 
deHdinaut,  de  HoUaride  ,  de  Zélande.  Sa  coë'iTure  difïère  beaucoup 
des  précédentes;  c'est  une  espèce  de  toque  avec  un  bord  et  uu 
fond  relevé  avec  assez  de  grâce  ;-elle  n'a  pas  le  manteau  que  portent 
les  précédentes. 

20.  Catherine  ducesse  d'Ostriche fille  de  Phelippe  duc  de  Bour- 
gogne et  de  IMarguerite  de  Flandre. 

Catherine  de  Bourgogne ,  sqcur  de  la  précédente  fut  mariée  à. 
Léopold   JÎI,  duc  d'Autriche  et  mourut  sans  enfans. 

(.160)  Soi.s-tiiteudu  tille. 

Elle 


Collégiale    de    Sain  t-P  i  e  r  b  e    a    Lille.      C() 

Elle  a  un  loiip-  surcot  et  un  manteau;  sa  coëfTure  ressemble  pai- 

devant  à  la  précédente  ,  elle  a  de  plus  un  large  voile  carré  par  derrière. 

21.  Jehan  conte  d'Estampes  Jiîz  diidit  Phelippe  conte  de  Nci'ers. 
Jean  ,  comte  d'Estampes ,  éloit  fils  de  Philippe  do  Bourgogne  , 

comte  de  Nevei's  et  petit  fils  de  Philippe  le  Haidi. 

Son  habit  est  court  et  déchiqueté  d'une  manière  .singulière ,  il  a  une 
espèce  de  camail  découpé  de  même. 

22.  Charles  conte  de  Nei-'ers  Ji!s  deVh&W^Yiç  conte  de  Nevers. 
C'étoit  le  frère  aîné  de  Jean.  Il  est  coiuiu  par  son  e-pril  modéré; 

il  parvint  à  réconcilier  les  ducs  de  Brabant  et  de  Bourl.on  ,  et, 
sacrifiant  son  pro]3re  ii^térêt ,  il  engagea  aussi  le  duc  de  Bourgogne 
à  rendre  la  paix  à  la  France.  Il  moiu-ut  en  1464  sans  enfans. 

Son  costume  est  absolument  pareil  à  celui  de  Philippe  de  Genève  ^ 
no  i3. 

23.  Phelippe  conte  de  Nerers  fds  des  dits  Phelippe  duc  de 
Bourgogne  et  Marguerite  de  Flandres. 

C'est  Philippe  II  ,père  de  Jean  et  de  Philippe.  Il  éloit  né  en  1889, 
c'éfoit  le  troisième  fils  de  Philippe  le  Hardy  et  de  Marguerite  de 
Flandre.  Il  suivit  son  frère  Jean  ,  sans  peur  ,  dans  ses  guerres  contre 
la  maison  d'Orléans  et  contre  les  liégeois.  Il  fut  tué  à  la  bataille 
d'Azincourt  en  1410. 

Sa  toque  est  surmontée  d'un  long  voile. 

Ce  priliçe ,  le  précédent  et  celui  qui  les  suit  ont  des  petites  bottines 
appelées  escaphignon  (  161  ). 

24.  PhelIppe  duc  de  Lottriche  de  Brabant  de  Linihourg  comte 
,de  Lignej  et  de  Saint  Bol  fils  rf'Anthoine  duc  de  Brabant  il 
mourut  sans  enfans  en  \^^o.  a  25.  ans^ 

On   lisoit  dans  cette  chapelle  les  épitaphcs   qui   suivent  : 

Chy  gist  messire  Pierre  de  le  Zype,  jadis  docteur  en  loys  ', 
,cheualier  seigneur  d' En tergJiein  conseiller  de  monseigneur  le  comte 


(i6i)  Aui.  liât.,  toia.  IV,  art  XJ.yiII ,  png.   i5. 


K 


voî. 


70     Collégiale    de    S  a  i  n  t-P  i  k  r  n  e    a    Lille. 
de  Flandres  lojs ,  de  Phles  le  Hardy  duc  de  Bourgogne  etc.  et  gou- 
uerneur  du  souuerain  baillage  de  Lille,  Douaj  et  Orchies,  et  des 
apperlenances ,  premier  président  à  la  clianihre  du  conseil ,   qui 
Ircspassa  \-\o^.le2Cfdefcurié.  Priez  pour  Pâme. 

Cy  dcuant  V autel  de  Nostre  Dame  gist  vénérable  personne  mon- 
sieur sire  Andrieu  Garzett  en  son  riuant  ptre,  chantre  et  cha- 
noine de  ces  te  église ,  lequel  a  Jondé  a  perpétuité  cincq  pains  clias- 
cun  de  cent  Hures  psis  pour  estre  distribué  a  cincq  pauures  person- 
nes par  les  plus  proches  parens,  auecq  les  curé  et  ministres  des 
pauures  de  ces  te  dicte  église ,  à  la  charge  d'eux  représenter  chascu/i 
an  ,  et  estre  présent  a  son  obit  annuel  qui  se  célèbre  au  cœur  de 
cestdicte  église  le  XX. ^  d'octobre.  Item  a  ordonné  que  le  jour  de 
sondict  obit  soit  distribué  annuellement  a  cincq  pauures  personnes 
chacun  pour  douze  Hures  de  drap.  Item  a  donné  cent  cincquante  H- 
ures  de  rente  annuelle  à  Vaduancement  défaire  apprendre  un  mes- 
iier  a  ii'ois  pouures  enfans.  Item  encore  pareille  somme  de  C.  L» 
Hures  pour  ayder  a  marier  chacun  an  trois  pauures,  honestes,  ca- 
tholiques Jill  es  et  de  bonne  vie,  le  tout  a  la  dénomination  de  ses 
plus  proches  parens .  et  du  curé  de  ladicie  église. 

Le  reste  étoit  i-elatif  à  ces  fondations  à-la-fois  pieiises  et  bienfai- 
santes. 

Cy  deuant  gist  fo eu  bonne  mémoire ,  monsieur  maistre  Jean 
Sarot  ,/7<,'/-t*  et  chanoine  de  la  présente  église  ,  lequel  est  terminé 
vie  par  mort  le  quatriesme  iour  d'octobre  an  XV.^  JuVlpjie  Dieu 
pvur  son.  ame. 

Hic  Sarot  recubat  matura  morte  peremptus 
Qui  niysta  hic  quattuor  vijcit  olympiadss.- 

Sub  norma  canonis  ;  quem  Neruia  viderai  anie 
Lustris'  phonasci  mujms  obire  tribus. 

Occidit  oclobris  francisco  lace  dicata, 

Pro  quo  funde  pias ,  lecior  amice  preces^ 


Collégiale    de    Sain  t-P  ierre    a    Lille.     71 
On  lisoit  sur  un  pilier  : 

D.     O.     M. 

Et  Beatœ  Mariœ  main  semper  Virglni  et  SS.  Jua  Baptlstce 
et  euangelistœ  patronis  suis ,  Joes  Hacin  can.c^s  Inijus  ecclesicc 
posuit  anno   1606. 

Un  peu  au-dessus. 

^       Partiis  et  integiitas  discordes  tempore  îoiigo  , 
Virginis  in  gremio  foedera  pacis  liaheut. 

Au    Iroisième   pilier,  près  du  bufTel   de  cette  chapelle. 

Qiii  legis  hœc,    et  forte  j'ides  mea  hiista  viator 

Pro  lachrimis  siipplex  da  pia  vota  precor. 
Mjsta  quitus  de  monte  sacrum  lustrent  incola  monteml 

^c  ibi  mente  JDcum  lihenore  canam. 
Talis  ej-is,  qualem  me  vermihus   vndiqiie  rosuni 

Condit  humus ,  cito  17/ors  aduolal  ,    esto  idgil. 
Esto   rigil  ;  cessât  feruere  in  fonera  numqiiam ,  ' 

Çuo  numine  credcs  tempore  puluis  eris^ 
Ohiit  an.°  iSSy.  Fehruarii  10. 

Et'  cet  autre  : 

Suh  terrœ  tumulo  MiCHAEL  cognomlne  dîctJ 

Rex  cubât ,  et  vermes  putre  cadauer  alit^ 
In  quo  ceû  sydus  rutilabat  regia  virtus , 

Régla  mens    mores  regij  et  ingenium. 
Nunc  sua  quid  mirum  mœst  ?  Si  tondat  Spolia  ", 

Pectora ,  si  musœ ,  si   charités  doleant. 
Lugeat  udmphion,  moneat  Orphea  plectrum 

Nec  dolor  admittat  frena  ,  modumque  Lint. 
Deliciœ  perlere  suce  ,  sua  grandla  ,  amores  : 

Heu  !  qui  semper  erat  viuere  dlgnus  ,  obit. 
'Ah  nimium  duros  obi  tus  ,  heu  gloria  clero 

Quanta  gcmiscenti ,  quantus  honorque  périt. 

Ka 


À0\ 


Collégiale    de    Saint-Pierre    a    Lille. 
Lustra  nonem  vix  mysta  sui  compleuerat  œid. 

Frigidus  et  fossa  dinn  tumulatur  hiimo. 
Nascimur  et  sumos  cuncti  properamus  ad  horam.- 

Dicta  potest  nemo  frangere  jura  iiecis. 
Surgat  vL  œthereas  de  fwiere  (  ;  Icctor  :  )  in  auras 

Sepe  tuœ  f criant  sydera  celsa  preces. 

In     morte  m     ejusdem. 

Hœc  quoque  pLwgendo  persoluam  menia  régi 

Quem  subito  ablatum  ,  turba  nonenna  gémit-     > 
Heu  fugit  tetroque  oculos  in  morte  veneno 

Clausit,  et  in  lacrymis  ,  musica   moesta  jacet 
Rex   i^ijcit,  regemque  animi  splendore  ferebat , 

Vita  suis  testis  ,  mors  quoque  testrs  erit. 
Cantus  apollineo  cecinit  qui  mistyca  plectro 

Deslitit ,  et  regem  rex  canit  arce  poli. 

Passant  eu  tombe  au  froid  palle  eslendue  s'enserre 
Vnt^  nourissier  de  paix  ,  d'ainilié  et  vertu 
Le  quinsieme  de  jaing  ^vir  la  mort  abbatu 
Fut  couché  auec  p'eurs  au   giron  de  la  terre 
Exempt  de   plus  n'entrer  en  la  mutine  pierre- 
Qu'a  la  Cliar  et  Satan  (  :  ce  cerbère  testu  )■ 
{^ui  de  charmes  et  glu  ,  et  dire  estre  reucsld 
Contre  ceste  fr.îgile  a  braquet  son  tonere. 
Ce   defunct   (ô   passant)  prisez  en  maintes  paris- 
Jeune  dedens  Louuain  se  vid"  promeu  es   arts , 
Cliy  C162)  des  chora-ax  fut  mnistre  et  puis  chanoine  insigne 
Bref  cest  homme  d'honneur  ,   dont  Dieu  ait  l'ame  a  soy  : 
Que  si   bieiT  du  Sauluenr  sceut  cultiuer  la  vigne 
Fut  jadis  prebendé  amphion  et   vng  roj(i63). 
Prié  Dieu  pour  son  arae. 


(162)  le  y. 

(  i63  )  Sans  doute  roi  des  innocens.   Vide  Suprà, 


Collégiale    dk    Saint-Pierre    a    Lille.      yS 

Les  vitres  de  l'église  étoient  aussi  chargées  d'inscriptions ,  parmi 
lesquelles  j'ai  relevé  les  suivanles  : 

A  la  vitre  où  est  à  présent  la  chapelle  de  Ste.  Catherine, 
Cy  déliant  gist  vénérable   et  discrète  personne  maistre  Jean 
Magistri  natif  de  Tourcoing  licenlié  en  décret  et  en  loix,  doicii 
et  chanoine  de  ceste  c'glise ,  lequel  trespassa  le  XXIX  de  mars- 
fan  XW  .^   et  I.  Dieu  ait  de  ly  pitié  : 

Au  milieu  de  la  vitro. 

Fratres  ueniuoli  sicut  in  vita  sic  7iec post  mortem  sunt  séparait, 

A  une  vitre  sur  un  livre  que  tient  v.n  lion. 

Marcus  ien  per  desertuin  , 

damans  rougit  in    apertian. 

Au-dessus  de  l'écusbon  du  cardinal  Saint -Marc" 

Profuit  qui  bus  potuit ,  olfuit  vnqiiam  neniini,- 

A  la  même  vlîre. 

Numquam  stigias  ferair  ad  rmijras  inclita  virtus. 

Dans  la  chapelle  Saint-Pierre  ,  au-dessous  d'un  Saint-Pierre  et  d'un' 
pape.  -  I 

Paulus  vendus  papa  secimdu s  ,  petrus  Barbo  antea  vocatus  y 
obiit  2?^.^julj  M.  CCCG  LXXL 

Et  plus  bas  où  il  j-a  un  chanoine  à  genoux. 

Gratiani  et  gloriani  dabit  Dominus. 

Dans  la  même  chapelle  au-dessous  d'un  Saint  Jean. 

Virtus  socia  vitœ  fuit. 

Dans  la  chapelle  de  la  Magdeleine.. 

Noli  nie  tangere. 

Dans  la  même  chapelle  au-dessous  d'un  Dieu  de  piiié.. 

Iste  est  saluator  vniucrsis  seculî. 

A  la  même  vitre. 

t^t  meliiis  viueret  vixit  vt  moriturus. 


J'A 


74      Collégiale   Î)e    Saint-Pierre    a    Lille: 
A  la  vitre  du  grand  portail  et  dans  la  chapelle-paroisse. 
Terrea  cuncta  cadunt  sola  marient  mérita. 
Et  plus  haut  à  la  même  vilre. 
Roma  caput  mwidi  ,  Roma  salas  Jldeî. 

'^yl  riionneur  de  Dieu  et  mémoire  de/oeu  le  bon  seigneur  car- 
dinal de  St.  Marc  ,  patriarche  d'Aqnileige  et  de  ses  nobles parens 
Eugène  I[II.«  et  Paulus  jadis  pape  de  Rome  ,  tous  natifs  de  la  cité 
de  Venise  ;  Robert  Gilleson  preslre  escoUastre  et  chanoine  de 
ceste  église  ,  natif  de  la  Bassée ,  ancien  serui leur  audict  cardinal 
en  son  viuant  m'a  donnée  et  faict  faire  1527.  Friés  pour  leurs 
âmes. 

Sur  la  vitre  au-dessus  du  portail  des  cloches, 

St.   Pierre,  N.  Seigneur, 

Domine  quo  vadis.  Fado  Romam  iterum. 

Crucifigi. 

La  sacristie  étoit  très-riche,  J'esperois  j  retrouver  quelques  vases 
anciens  ,  mais  ils  avoient  été  enlevés  ;  j'ai  fait  dessiner  quelques 
reliquaires  que  l'on  conservoit  encore  dans  une  armoire  de  la  grande 
salle  du  département.  Voyez  Planche  VIII. 

\°.  Un  reliquaire  représentant  une  espèce  de  temple  renfermant 
la  Vierge  ,  il  étoit  porté  sur  quatre  lions  ; 

2".  Un  reliquaire   à  pied  ayant  la  forme  d'une  chasse  ; 

3°.  Un  autre  avec  un  Christ; 

40.  Un  qui  se  montoit  sur  un  pied  de  bois  pour  être  porté  dans 
les  processions. 

Ces  quatre  reliquaires  sont  du  goût  du  tems ,  les  ornemens  annon- 
cent le  seizième  siècle  ;  le  travail  est  léger  et  bon. 

lo.  Une  corne  d'ivoire  avec  une  bordure  en  médaillons  ,  au  milieu 
desquels  est  un  ange  ailé. 

On  trouve  plusieurs  cornes  semblables  en  Irlande ,  en  Ecosse  et 
sur-toul  en  Dannemarck. 


'ç^^-ç*-' 


é 


C  O  I,  J,  É  (;  I  A  L  E     DE     S  A  I  N  T-P  1  E  R  R  K      A     L  I  I.  L  E.         7  J 

On  s'en  lervolt  pour  réunir  par  leur  son  les  chiens  et  les  chasseurs , 
comme  iipus  faisons  aujourd'hui  avec  le  cor-de-chasse. 

Sur  une  anciemie  corne  danoise  du  cabinet  du  lord  Bruce  (  164)  , 
on  voit  des  chiens,  des  chasseurs  et  dos  hom^nes  qui  sonnent  dans 
mie  corne  absolument  semblable  (i65). 

Ces  cornes  sont  de  corne  d'ttrus  ou  de  dent  d'ëlephant  ,  avec 
€>u  sans  inscriplion,  unies  ou  gravées,  enrichies  d'or  ou  d'argent, 
on  sans  ornemens  ;  et  ces  garnitures  sont  plus  ou  moins  cizelécs  , 
avec  ou  sans  pieds  ,  ces  pieds  sont  ordinairement  conformés  comme 
des  pieds  d'oiseau. 

C'étoit  en  donnant  une  corne  semblable  que  l'on  confirmoit  la 
propriété  d'un  fief  ou  d'im  domaine. 

On  lisoit  sur  celle-ci  les  lettres  suivantes  : 

HORNHÀT.  TE  MINNÂ  M-  A  ME  HET  HÂ 
ROL  D^ROSTFORIFAS  TENGLA:  FAL^US 
PYR  FAN  :  EOAEAN.  lEYIDANED-^ 
HÏVE  ■■  GE.  HEÂLDEAONEL  AE  \^F-DAN-E>EH- 
-EMEGEV^EFADPPVNIGEONBLIZSEFO- 
^RMRDELINGEE=  HIS*  BEÂH- 

On  distingue  bien  les  mo^s  h  on? ,  corne  et  le  moi  Harold:  nom 
célèbre  en  Angleterre  ,  principalement  par  le  beau  monument  con- 
servé à  Bajenx,  et  qui  représente  la  conquête  de  l'Angleterre  par 
Guillaume  le  Normand,  au  tems  d'Harold  ,  successeur  d'Edouard  le 
confesseur. 


(164)   yirchœol.  Britannica.  Tom.   Ilf ,  pag.  24. 

(  l65  )  Confurebant  primo  prcedia  nudo  verbo  ahsque,  Scrzpto  velcharta^  Tar.tum  cum 
Domini  Gladio  vel  Galea ,  vel  cornu.  Ingulph.  Pag.  70. 

Le  roi  Edgarcl ,  donnant  des  privilèges  à  l'église  de  Glasionburrj,  dcposdr 
une  corne  semblable.  «  Hœc  privilégia  ipsi  loco  conferre  deposuit  ,  ebore  ^  decentissime 
y>  Jhrir.atum  aura  que  decoratum  super  ahare  sanctœ  genitricis  dei  posuit.  ,  .  »  Hicke* 
Tome  3  j  p.  84, 


-ict 


76       Collégiale    de   Saint-Pierre    a   Lille: 

Je  laisse  à  ceux  qui  sont  plus  versés  que  moi  dans  l'ancien  breton 
à  expliquer  cette  inscription. 

Le  cloître  contenoit  aussi  différentes  inscriptions ,  en  voici  qiiel- 
<jues-unes. 

Cy  deuant  glst  o  preau  demiselle  Peronne  Domessent. 

Cy  deuant  gisent  Arnould  de  Ricque  en  son  temps  prouost 
de  Lille  qui  trespassa  le  XI. ^  de  nouemhre  XV. ^  LUI,  et  An- 
THONETTE  HuERiBLOCQ  sa  femme  qui  trespassa  le  XI.«  de  may 
1548.  Desquels  Dieu  ayt  les  âmes. 

Cy  deuant  gist  Anthoine  Lamiral  en  son  viuant  sénateur  a 
messieurs  les  rfwci  Phelippes  et  Charles  de  lBtouT^on^ne,depuisfouri é 
fde  madame  Marie  de  Bourgongne  et  à  monsieur  Varchiduc  d'^u-r 
arisse  qui  trespassa  le  YX..^  Jour  de  may  lan  mil  V.c  et  trois, 

Çessit  JoANNES  e  viuis  Lactens,   isti 
Presedit  quondam  qui  duo   lustra  scholœ. 
Funere  queni  niersum  sol  exoriensq.  Cadcns 
Luget  et  oppositi.  Cantho  in  vtroquc  po.lif, 

Seigneurs  ,  vois  pourrez  en  parlie 

Cognoistre  en  lisant  ceste  histoire 

Les  faicts  les  actes  et  la  vie 

De  LoLLo   digne  de  mémoire , 

De  sens  naturel   en  jeunesse 

Bien   peu  f.uoil    se  disoit-on 

Mais  de  sens  acquis  en  \'ieillesse 

Il  fut  comme  le  brabançon. 

Ce  fait   le  seigneur  de  BerleTte 

Le  prit  pour  seruiteurs  de  soin 

Pour  nourrir  cliappons  ,  coqs ,   poullettes 

Et  tourner  le  rost  au  besoing. 

11  ne  cberchoil  quelque  advantage 

Forsque  de  boire  et   de  manger 

Et   trespassa  fort  viel   de   eage 

En  Lostel  dudit   cheualier. 

En 


Collégiale   de    Sain t-P ierre    a   Lille."    77 

Ea  lan  quarante  el  quinze   cens 

Fut   cy  mis  en   la  fin  d'octobre 

X.0LL0  pour  sol  et  innocens 

Jacoit  et  qu'il  eut    peu  de  sens 

En  ce  monde ,  et  ne  fusiet  sobre 

Vers  Dieu  ne  luj  tourne  en  opprobre 

Au  ciel  est  en  plus  haut  estage 

Que  n'est  ung  plus  sobre   ou   plus  sage. 

On  vojoîtdans  ce  cloître  un  bas  relief  figuré  Planche  77,  /z".  2; 
et  qui  étoit  assez  singulier,  c'étoit  le  tombeau  de  Gilles  du  Chatel , 
ïl  étoit  représenté  à  genoux. 

Cheste  représentation 

Fit  faire  pnr  dévotion 

GiLLE  DU  Castiel  noble  lions  (i66) 

En  qui  justice  el  raisons 

De  conseillier   de  bon  et   grans 

Fut  a  nobles  priuches  et  grans 

Eui  fut  Loy  (  167  )  comte  jadis 

Et   duc  Phdippe  ly  Hardis 

En  r  n  mil  quatre  cens  et  trois 

\,y  mort  dont  ly  pas  est  destrois  (  l68) 

Le  devant  Gille  Assaly 

XX  jours  en  mars,  prié  pour  li. 

Au  milieu  du  bas  relief  sont  le  Père  Eternel  couronné  et  vêtu 
d'un  manteau  impérial ,  il  pose  la  couronne  sur  la  tête  de  son  fils 
bien  aimé  qu'il  semble  associer  à  son  empire  ;  en  face  est  Gilles  du 
Chaîel  ,  armé  du  haubert  ,  de  la  cuirasse  ,  de  l'épée  et  de  la  dague  , 
il  est  à  genoux  et  a  les  mains  jointes  ;  à  gauche  est  Saint  Michel  ; 
à  droite  est  Saint  Georges,  armé  de  pied  en  cap  et  ayant  à  ses  pieds 
un  dragon  (  169  ). 

(  î66  )  Noble  homme. 
(  167  )  Louis. 

(  168  )  Dont  le  passage  est  étroit. 

(169)  Saint  Geofges  est  toujours  représenté  avec  un  dragon  sous  ses  pied* 
ou  terrassant  un  dragon  5  mais  le  ré^it  de  ce  prétendu  combat  avec  le  diable , 


78      Collégiale    de    Saint-Pierre    a  Lille. 

Au  bas  du  cloître  étoit  l'escalier  de  la  bibliothèque ,  oîi  j'ai  faft 
dessiner  plusieurs  miniatures  curieuses;  mais  la  perte  d'un  manuscrit 
que  j'avois  fait  copier  ;  et  des  renseignemens  qu'il  me  faut  recueillir 
pour  leur  explication ,  me  forcent  d'en  dillërer  la  description. 

Je  terminerai  cet  article  par  la  description  de  deux  planches 
qui  contiennent  des  monumens  de  cette  collégiale,  sur  lesquels  quel- 
ques renseignemens  dont  j'avois  b.soin  n'ont  pu  me  parvenir  qu'à 
la  fin  de  l'impression. 

Devant  un  des  piliers  ily  avoit  une  colonne  gothique ,  Planche IX^ 
n°.  I  ,  qui    y    est  adossée,  et  qui  porte   deux   figures  de  pierre  en 

sous  la  figure  d'un  dragon,  n'est  pas  très -ancien  ,  celle  fable  paroît  avoir 
été  apportée  |au  douzième  siècle  de  la  Syrie  ;  elle  est  racontée  bien  au  long 
dans  la  légr  nde  dorée  de  Jacques  Voragine  :  «  il  y  avoit ,  dit  -  il ,  dans  la 
»  Ljbie,  près  d'une  ville  appelée  Silène,  un  grand  étang  habité  par  un  hor- 
»  rible  dragon,  dont  le  souffle  empesté  faisoii  périr  tous  les  habitans;  les  citoyens  ,- 
»  pour  détourner  ce  fléau,  lui  donnoient  chaque  jour  des  moutons,  ensuite  le 
»  nombre  des  moutons  venant  à  manquer  ,  on  lui  donnoit  un  mouton  et  un- 
»  homme,  et  pour  cette  sanglante  otTraade  on  tiroit  au  sort  les  hommes  et  les 
»  femmes  ,  personne  n'en  étoit  exempt  :  enfin  le  sort  s'étant  promené  sur  toutes  les 
»  têtes,  tomba  sur  celle  de  la  fdle  du  roi ,  qui  vouloit  vainement  donner  ses  trésors, 
»  et  la  moitié  de  son  royaume  pour  sauver  sa  fille  ;  ne  pouvant  fléchir  le  peuple, 
»  il  demanda  seulement  un  délai  de  huit  jours;  ce  délai  expiré,  la  fureur  du 
*  peuple  se  renouvellant,  le  roi  fit  parer  sa  fille  de  ses  plus  riches  oniemens  pour 
*>  la  livrer  au  monstre:  Saint  Georges  ,  qui  passoit  par  cette  ville,  fut  témoin  du 
«  moment  où  cette  fille  aux  genoux  de  son  père  lui  demandoit  sa  bénédiction  ,  elle 
»  le  vit ,  et  lui  conseilla  de  monter  à  cheval  et  de  fuir  ,  pour  éviter  la  fureur  du 
»  monstre;  mais  Saint  Georges,  au  contraire,  lui  promet  de  l'en  délivrer;  il 
»  monte  à  cheval ,  se  munit  d'une  croix  ,  s'arme  de  sa  lance  ,  va  au  devant  du 
«  monstre,  le  renverse;  la  jeune  fille  lui  jette  sa  ceinture  autour  du  col  et  le  conduit 
»  en  iessc  dans  la  ville  où  Saint  Georges  le  tue  à  la  vue  du  peuple  qui  se  fait  bap- 
«  tiser  avec  le  roi  ». 

Cette  aventure  a  une  grande  ressemblance  avec  celle  d'Andromède,  d'Hesione- 
et  d'autres  semblables  ;  aussi  Saint  Georges  est-il  le  plus  souvent  figuré  à  pied 
ou  à  cheval ,  combattant  un  monstre  ,  près  de  lui  est  une  femme  enchaînée- 
vêtue  d'habits  royaux  ;  Baillet  et  d'autres  hagiographes  prétendent  que  cette 
représentation  est  un  symbole  qui  signifie  que  Saint  Georges  apurgé  sa  province  , 
figurée  par  une  femme ,  de  l'idolâtrie  ,  figurée  par  un  dragon.  Du  reste  le  dragon 
de  Saint  Georges  a  une  grande  aflfinité  avec  la  tarasque  deTarascon ,  la  gargouilltf 
de  Rouen  ,  le  serpent  de  Corbeil ,  etc.  Ant.  nat. ,  tom.  Il,  art.  XXII  j  pag.  i5^ 


J0« 


Collégiale  de  SAiNT-PiEnnE  A  Lille."  79 
relief  ;  celle  qui  est  sur  le  devant  représente  Philippe  ,  duc  de  Bour- 
gogne et  comte  de  Flandre;  il  est  à  genoux  ,  les  mains  jointes  et  la 
tête  nue  ,  il  est  couvert  de  son  armure  ornée  des  pièces  de  son  blazon  , 
à  l'exception  de  son  casque  qui  est  à  ses  pieds  ,  et  de  ses  gantelets 
qui  sont  attachés  à  sa  ceinture;  son  écu  ou  blazon  est  au-dessous  de 
sa  jambe  gauche  ,  et  plaqué  sur  le  côté  du  chapiteau  de  la  colonne. 
La  figure  qui  est  placée  derrière  est  celle  de  Saint  PhilijDpe. 
Au-dessous  de  la  statue  du  duc  ,  on  lisoit  : 

Anno  ZJow/w/MDCCXXXlV  Philippus  duc  Bourgimdiœ  cornes 
Flatidriœ  et  Isabella  ejus  uxor,Jilia  Joannis  rf^/5  Porlugalliœ. 
Phili-.pe  éloit  fils  de  Thierii  d'Alsace  et  de  Sj bille  d'Anjou.  Ayant 
à  peine  quinze  ans,  il  fut  associé,  en  iiSy,   au  gouvernement  de 
Flandre  par  son  père  ,  auquel  il  succéda  en  1 168.  Son  règne  n'est  pas 
rempli  d'événemens  politiques  bien  importa ns.  Un  des  plus  remar- 
quables ,  c'est  la  tentative  qu'il  fit  d'une  descente  en  Angleterre,  pour 
soutenir  le  parti  rebclledu  fils  du  roi.  Philippe  s'embarqua  ,  en  1174» 
avec  trois  cent  dix-huit  chevaliers  d'élite  ,  sous  la  conduite  de  Hugues 
de  Puiset.  Réunis  au  jeune  Henri,  ils  eurent  quelques  succès,  mais  de 
peu  de  durée.  Le  roi  les  força  bientôt  de  repasser  la  mer,  à  la  hâte, 
après  un  rude  échec  à  Saint-Edmond;  la  même  année  le  jeune  Henri 
se  réconcilia  avec  son  père,  à  la  suite  d'une  conférence  oi!i  le  comte 
de  Flandre  as.^ista  ,  et  renonça  aux  conquêtes  qu'il  avoit  faites  sur  le 
roi  pendant  la  guerre,  il  fit  plus  même  ,  car  l'année  suivante  il  vint 
trouver  les  deux  princes  à  Caen  ,  et  se  rendit  leur  vassal  moyennant 
une  pension  de  mille  marcs  d'argent. 

Philippe,  de  retour  en  France,  surprend,  à  Saint-Omer ,  Gau- 
thier des  Fontaines  ,  gentilhomme  flamand  ,  dans  l'appartement  de 
la  comtesse  sa  femme,  et  l'accuse  d'avoir  eu  commerce  avec  elle. 
Gauthier  le  nie  ,  et  s'offre  de  prouver  son  innocence  de  telle  manière 
qu'on  voudra.  Le  comte  sans  l'écouter  le  fait  saisir  par  ses  gens ,  et 
après  une  sanglante  fustigation  ,  il  ordonne  de  le  pendre  par  les  pieds 
dans  un  cloaque  infect  où  il  expire  ;  d'autres  historiens  prétejident 
qu'il  fut  assommé  à  coup  de  massues  et  ensuite  pendu  par  les  pieds 
aux  fourches  patibulaires.  ' 

Quoiqu'il  eu  soit ,  la  famille  de  ce  malheureux  ayant  pris  les  armes 

La 


8o       Collégiale    de   Sain t-P ierre    a    Lille; 
pour  venger  sa  mort ,  obligea  le  comte  à  donner  satisfaction ,  en  réha- 
bilitant la  mémoire  de  Gauthier. 

Philippe  partit  en    1177  pour  la  terre  sainte  ,  oît  Baudouin,  rox 
de  Jérusalem  ,  l'accueillit  avec  distinction.  Celui-ci  accablé  d'infir- 
mités, lui  Ht  proposer  l'administration  du  royaume  et  d'auti-es  emplois 
considérables  qu'il  refusa.  Il  revint  en  Flandre  sans  laisser  de  regret. 
En  117g,  il  assista   au  sacre    du    jeune  Philippe    Auguste  ,    sou 
filleul  (i  70)  ,  et  devint  l'année  suivante  régent  de  France ,  en  vertu  du 
testament  du  roi  Louis  le  Jeune  ,  honneur  dont  il  fut  dépouillé  ,  trois 
ans  après,  par  les  intrigues  du  comte  de  Ciermojit  ,et  du  sire  deCouci.- 
Vers  le  même  tems    11 83,  il  perdit  sa  femme  Isabelle,   dont  il 
n'eut  point  d'enfans  ;  elle  étoit  sœur  et  héritière  du  comte  Raoul  le 
lépreux.  Cette  mort  donna  lieu  à  une  guerre  assez  vive  relativement 
à  des  fiefs  vacans;  mais  la  paix  se  fit  bientôt  par  la  médiation  du 
cardinal  de  Champagne ,  qui  redouta  tout  pour  le  roi ,  de  la  valeur 
et  de  l'audace  de  Philippe  d'Alsace. 

En  II 85,  le  comte  envoya  demander  en  mariage  Thérèse ,  nommée 
depuis  Mathllde ,  fille  d'Alphonse ,  roi  de  Portugal ,  qui  la  lui  accorda 
sans  difficulté.  Cette  princesse  s'étant  embarquée  pour  venir  en  Flan- 
dre ,  fut  surprise  dans  le  trajet  par  des  pirates  normands  ,  qui  lui 
enlevèrent  tous  ses  joyaux.  Philippe  ,  à  cette  nouvelle  ,  envoya  une 
flotilîe  contre  ces  brigands,  qui  furent  pris,  emmenés  en  Flandre  ,^ 
et  pendus  au  nombre  de  cpiatre-vingt. 

Ce  prince ,  dans  son  premier  voyage  en  Palestine  ,  n'eut  aucune 
part  active  aux  entreprises  des  croisés.  Ce  fut  sans  doute  pour  répa^ 
rer  celte  honte,  que  l'an  1188  il  prit  la  croix  avec  les  seigneurs  de 
sa  suite  et  partit  en  11 90  pour  la  terre-sainte;  ce  fut  sa  dernière  expé- 
dition. Il  mourut  de  la  peste  au  siège  d'Acre,  le  premier  juin  1191  ; 
son  corps  rapporté  en  France  ,  fut  inhumé  à  l'abbaye  de  Clairvaux. 
11  n'eut  point  d'enfans  de  Mathilde ,  sa  seconde  femme ,  c[ui  lui 
survécut  jusqu'en  1208. 

Philippe  est  un  prince  dont  on  ne  peut  dire  ni  bien  ni  mal,  du 

(  170  )  Guillaume  le  Breton,  auteur  contemporain,  atteste  que  le  comte  de 
Flandre  fut  le  parrain  de  Philippe  Auguste  et  lui  donna  son  nom.  Fhilippid-^, 
iiv.  2.  Cependant  le  continuateur  d'Aimar  est  d'une  opinion  contraire. 


■HO 


\T  LIV.  J>/  w.ratr.  âi. 


MLMDirat 


1 


Collégiale  de  Saint-Pierre  a  Lille.  8ï 
reste  il  paroît  qu'il  ne  manquoit  pas  d'aclivité  dans  les  aflkires ,  et 
d'intrépidité  dans  les  combats  (  171  ). 

Dans  une  niche ,  Planche  IX,  72°.  2  ,  on  voit  un  bas-relief  qui  repré- 
sente le  tems ,  dont  la  plusgrande  partie  d'en  bas  est  cachée  par  lui  voile 
qu'il  soulève  du  bras  gauche  ,  il  tient  sa  faulx  de  la  main  droite  ;  du 
miême  côté  ,  en  avant  de  la  draperie,  un  enfant  tenant  le  sablier, 
soutient  aussi  un  des  pans  de  ce  voile,  qui ,  ainsi  relevé,  laisse  voir 
au  bas  du  monument  un  squelette  couché  sur  un  socle  très-bas  ,  les 
jambes  croisées  et  la  tête  appuyée  snr  un  liaceuil  quis'élenden  forme 
d'écharpe  et  lui  couvre  la  ceinture. 

La  niche  qui  renferme  ce  monument  est  encadrée  par  une  archi- 
volte retournée,  soutenue  par  deux  corps  de  pilastres  flanqués  d'un 
ordre  bâtard,  dont  les  ornemens  approchent  du  corinthien,  et  sur- 
montée d'un  piédestal  portant  une  croix ,  accompagnée  de  deux  enfans 
qui  pleurent  et  c{ui  tiennent  des  flambeaux  renversés.  Deux  vases, 
ornés  de  guéridons  et  d'où  sortent  des  flammes,  sont  posés  sur  le 
retour  de  l'archivolte  à  plomb  de  l'imposte. 

Ce  monument  est  en  général  de  riiauvais  goût ,  sur-tout  pour  l'ar- 
chitecture.^ 

C'étoit  un  ornement  caractéristique  d'une  chapelle  des  Trépassés; 
il  étoit  placé,  à  droite  en  entrant,  au-dessus  du  buffet  de  la  confrérie 
des  Trépassés  qui  l'avoit  fait  construire. 

La  Planche  X  est  celle  c[ui  représente  le  tombeau  de  Valîerand 
des  yiiibaiix. 

J'ai  donné,  page  25  ,  l'inscription  de  ce  tombeau  ;  on  y  volt  cjue 

Valîerand  des  Aubaux  est  celui  cpi  avoit  fait  construire  la  chapelle 

Saint-Adrien  en   1457. 

Cette  famille  étoit  une  branche  de  cellede  Hinghette  ,ene  avoitpris  son 
nomdu  fiefdes  Aubeaux,situéauxenvirons  de  Lille  (172). 

(  171  )  Ce  prince  avoit  désiré  d'être  enterré  dans  le  chœur  de  l'église  ;  mais 
n'ayant  pu  obtenir  du  chapitre  cette  distinction  ,  qu'on  n'accordoit  qu'au  fonda- 
teur seul ,  il  demanda  qu'au  moins  on  plaça  son  effigie  dans  l'église ,  et  qu'on 
l'élevat  de  manière  qu'elle  fût  devant  le  chœur  et  qu'elle  pût  en  être  vue ,  ce 
qui  fut  exécuté. 

C 172)  Je  ne  sais  pas  bien  précisément  ceq;ue  signifie  des  Aubaux,  peut-être 


-//■/ 


8z      CoLLÉcrALE  DE   Sain  t-P  iehre   a   Lille. 

Il  est  renrésenté  les  cheveux  courts ,  avec  des  cuissards  et  des  gam- 
bezons  ,une  colle  d'arme  sans  broderie  et  sans  armoirie,  et  un  ceintu- 
ron fort  simple  qui  porte  son  épée.  Il  a  les  mains  jointes  ,  auprès  de 
lui  sont  deux  femmes  ,  n°.  i. 

On  pourroit  penser  que  Vallerand  des  Aubeaux  est  entre  sa  femme 
et  sa  fille,  d'autant  qu'on  sait  que  cette  dernière,  appelée  Isabelle 
des  Aubeaux  ,  fit  aussi  une  fondation  pieuse  à  la  collégiale  de  Saint- 
Pierre. 

Mais  d'après  l'épilaplie  qui  indiquepréciséracnt  ses  deux  épouses, 
on  voit  qu'elles  sont  figurées  ici  dans  un  costume  à-peu-près  semblable 
à  celui  des  religieuses. 

L'une  est  Marie  de  Recoure ,  châtelaine  de  Lens  ,  qui  mourut  le 
l3  juillet   1443. 

L'autre  Antoinette  Dinchy ,  dame  de  Canteleu  ,  morte  le  19  novem- 
bre 1478. 

Il  est  présumable  que  la  première  est  à  sa  droite,  et  la  seconde  à 
sa  gauche. 

On  voit  au  7?°.  2  des  anges  qui  supportent  des  écussons ,  celui  du 
milieu  est  celui  de  Vallerand  des  Aubeaux  ;  les  deux  autres  appar- 
tiennent à  ses  épouses  ,  leur  position  indique  clairement  à  quelle 
figure  on  doit  les  rapporter. 

Le  tombeau  n°.  3  a  pour  ornement  des  ceps  de  vigne  ,  au  milieu 
desquels  on  lit  VA,  lettres  initiales  du  nom  Vallerand  (lyS). 

Plus  bas  sont  les  quartiers  de  la  maison  de  des  Aubaux,  n°*.  4  et  5. 


lin  lieu  planlé  de  peupliers  ou  de  trembles  j/jo/ii^/w  a/^^z  .•  on  disoit  en  provençal 
miko  ,  en  allemand  albert  haum. 

(  173  )  Ces  ceps  de  vigne  ,  joints  aux  initiales  VA  ,  pourroit  faire  croire  quelles 
sont  un  type  parlant  du  nom  des  Aubeaux,  si  on  dérivoit  ce  nom  àe  Albana , 
celui  d'une  espèce  de  vigne  qui  mûrissoit  difficilement  ;  mais  Tétj  mologie  que 
î'ai  indiquée  dans  la  note  précédente  est  préférable. 


L    V. 

HÔPITAL    COMTESSE    A  LILLE, 

Département   du    Nord, 

XV PRÈS  la  collégiale  de  Saint-Pierre  ,  V Hapital-Comtesse  étoit  un 
des  monumens  les  plus  anciens  et  les  plus  intéressans. 

Jeanne  de  Constantinople  avoit  fondé  à  Lille^  en  1216,  un  hôpital 
sous  l'invocation  de  Saint  Sauveur.  Le  lieu  où  on  le  plaça  n'étoit 
point  avantageux,  on  cessa  les  travaux.  Cependant  pour  ne  pas  ren- 
dre cette  entreprise  tout-à-fait  inutile,  les  bâlimens  commencés  ser- 
virent à  recevoir  six  ou  huit  malades,  pour  l'entretien  desquels  la 
princesse  donna  des  biens  sufEsans.  Un  acte  de  I233,  apprend  que 
la  dépense  totale  d'un  malade,  ne  se  montoit,  pour  le  cours  d'une 
année  ,  qu'à  ce7it  sols. 

Cette  maison  se  trouvant  située  dans  le  patronat  du  chapitre  de 
Saint-Pierre,  l'administration  lui  en  fut  donnée.  On  j  avoit  mis  d'a- 
bord wn  nombre  égal  de  frères  et  de  sœurs ,  afin  que  chacun  pût 
avoir  soin  des  malades  de  son  sexe.  Mais  quelques  aljus  qui  résultè- 
rent du  commerce  indispensable  qui  existoit  entre  les  uns  et  les  au- 
tres, décidèrent  "à  chasser  les  frères,  et  à  fixer  le  Jiombre  des  sœurs 
à  six.  Ces  filles  ,  devenues  seules  maîtresses  de  l'hôpital  qui  leur  étoit 
confié,  songèrent  encore 'à  se  soustraire  à  la  domination  des  chanoi- 
nes. Pour  cela,  elles  prirent  le  voile,  et  se  choisirent  une  prieure 
perpétuelle  ,  à  laquelle  elles  accordèrent  toute  l'autorité. 

Depuis  cette  épovque,  le  nombre  des  religieuses  et  des  malades  s'ac- 
crut avec  l'aisance  que  donnèrent  quelques  acquisitions  ,  et  notam-» 
ment  en  1698,  où  Louis  XIV  réunit  à  cet  hôpital  les  biens  de  dillé- 
lentes  maladreries  supprimées.  Mais  cette  réunion  eut  lieu  à  condi- 
tion, porte  l'édit,  que  les  religieuses  de  l'hôpital  de  Saint-Sauveur, 
seront  obligées  de  nourrir,  par  préférence,  les  pauvres  malades  des 
lieux  où  étoient  situés  les  biens  qu'on  leur  accordoit. 

A 


M\ 


î  HÔPITAL      C   O  51   T   E    S    S   E      A      L   I   L  L   E,' 

Vers  le  milieu  de  ce  siècle,  elles  arrêtèrent  de  ne  recevoir  dans  leur 
maison  que  des  hommes  malades.  Ce  règlement  étrange  et  tdut-à-fait 
contraire  à  l'intention  des  fondateurs  et  au  bien  public  ,  fut  cependant 
exécuté  à  la  lettre. 

Molinos  (  I  )  en  trouve  les  raisons  dans  ce  penchant  naturel  qui 
porte  un  sexe  vers  l'autre.  Les  religieuses  de  V  Hôpital-Comtesse  y 
dont  nous  allons  parler,  avoieut  pris  la  même  résolution. 

Cette  maison,  appelée  auparavant  V Hôpital  de  Notre-Dame ,  fut 
aussi  fondée  jDar  Jeanne  de  Constantinople  ,  en  1286.  Elle  l'avoit  fait 
construire  près  de  son  palais ,  dans  l'endroit  où  elle  subsiste  encore 
aujourd'hui.  Comme  à  Saint-Sauveur ,  on  n'y  admettoit  que  les  pau- 
vres malades  ;  mais  elle  exigea  de  plus  que  l'on  reçût  dans  celle-ci  les 
pèlerins  aumoins  pendant  quelques  jours.  On  trouve ,  dans  une 
charte  de  1289  (2),  les  réglemens  qu'elle  avoit  fait  pour  ce  nouVel 
établissement.  La  régie  en  fut  confiée  à  deux  ecclésiastiques ,  sous  le 
nom  de  Proviseurs.  La  fondatrice  se  réserva  le  droit  d'en  nommer 
un  ,  et  elle  s'adressa  ,  pour  avoir  l'autre  ,  au  chapitre  de  Saint-Pierre  , 
qui  s'obligea  à  fournir  chaque  année  un  chanoine;  car  les  commis- 
sions àe  Proviseurs,  n'étoient  qu'annuelles.  Il  y  avoit  outre  cela  un 
maître  de  t hôpital.  L'abbé  de  Los,  conjointement  avec  les  deux  pro- 
viseurs ,  en  faisoient  choix;  ils  avoient  le  droit  de  le  déposséder,  mais 
dans  le  cas  de  malversation  ou  de  forfaiture. 

Aussi-tôt  sa  nomination  ,  il  prêtoit  une  sorte  de  serment  d'obéis- 
sance aux  proviseurs  ,  entre  les  mains  du  prévôt  ou  du  doyen  du  cha- 
pitre. 

YjUS  frères  et  les  sœurs ,  chargés  du  soin  des  malades  ,  ne  pou- 
voient  entreprendre  aucune  allkire,  sans  l'agrément  des  proviseurs. 

Deux  fois  chaque  année  ,  les  proviseurs  et  l'abbé  de  Los  ,  dévoient 
faire  la  visite  de  l'hôpital,  et  en  recevoir  les  comptes.  L'absence  du 
second  n'étoit  pas  un  obstacle  pour  les  premiers  qui  n'en  agissoient 
pas  moins ,  et  l'on  s'en  i-apportoit  à  eux. 

Le  maître  de  l'hôpital  ne  pou  voit  s'absenter,  sans  la  permission  des 
proviseurs. 

(  I  )  Hist.  de  Lille  ,  p.  217. 

(  2  )  £x  yirchiv.  hospit.  apud  aub.  Mirœum,  Tom.  a  ,   pag.   104. 


^i-)3 


N.°  I.'Sl   F/  J'  Ptié/  J 


H   o   P    I   T    A   L  -  C   O   M   T   E    s   s    E      A      L   I   L    r,    E.  3 

Le  chanoine,  qui  étoit  proviseur,  recevoit  quarante  sols  joar  année 
pour  ses  honoraires.  Il  est  bien  o])servé  que  cette  somme  considéra- 
ble, pour  ce  tems-là,  étoit  partagée  en  deux  pajemens  égaux,  don*- 
l'un  se  faJsoit  à  Pâques  ,  et  l'autre  à  la  Saint-Remj. 

Tout  change  et  s'altère.  Ces  réglemens  perdirent  peu-à-peu  de  leur 
force  .  et  Ijienlôt  les  proviseurs  n'eurent  plus  qu'une  ombre  de  pou- 
voir. Le  maître  de  l'hôpital  se  rendit  indépendant  d'eux,  et  même  du 
chapitre,  auquel  il  ne  prêta  plus  qulm  serment  de  formalité. 

L'Hôpïlal-Comtesse ,  comme  celui  de  Sauit-Sauveur ,  étoit  servi 
par  àes  frères  et  des  sœws.  Les  premiers  furent  conservés  pendant 
plus  de  deux  cents  ans. 

La  comtesse  Marguerite  ,  dont  nous  aurons  occasion  de  parler , 
dota  aussi  considéraljlement  cette  maison;  elle  lui  céda  plusieurs  mou- 
lins qu'elle  avoit  dans  les  environs  de  la  ville  de  Lille,  sans  autre 
charge  que  celle  de  donner  quinze  livres  par  année  au  prêtre  qui 
déservoit  une  chapelle  qu'elle  avoit  fondée.  Cette  cession  donna  aux 
religieuses  le  dro't  d'exiger  une  redevance  de  ceux  qui  vouloijnt  coos- 
tfuire  des  moulins  ,  dans  l'étendue  de  ce  domaine. 

On  lit  dans  T/iirous  (3),  que  l'an  1467,  le  11  avril,  l'Hôpital- 
Comtesse  fut  entièrement  brûlé.  Si  on  en  croit  cet  auteur,  une  riche 
bibliolhèque ,  ou  pour  me  servir  de  ses  propres  termes  ,  une  bel/e 
Iib7-ai7-ie,  qui  en  dépendoit,  fut  également  consumée.  On  en  regrettala 
perte  ,  clil-il,  pour  le  nombre  de  beaux  manuscrits  qu'elle  renfermoit. 

Lesbâtimens  de  cet  hôpital  étoient  modernes.  Le  portail  seul  peut  être  " 
regardé  comme  un  monument  du  moyen  âge.  Ployez  la  Planche  II 
de  la  collégiale  Saint-Pierre  ,  n°.  3. 

On  voit,  sous  une  voûte  ogive,  une  Vierge  de  bout,  tenant  l'enfant 
Jésus,  entre  deux  femmes  à  genoux ,  n°^.  4.  5. ,  qui  joignent  les 
mains.  L'une  est  ieanne  de  Constandnople ,  l'autre  est  Marguerite 
sa  sœur. 

Laquelle  de  ces  femmes  est  Jeanne,  laquelle  est  Margueiitte?  C'est 
ce  qu'il  n'est  pas  aisé  de  déterminer. 

Le  costume  ne  peut  rien  décider,  parce  que  ce  n'est  pas  celui  du 

(3)  Hist.  de  Lille  et  de  sa  ChâteUen.  P.  209. 

B 


4  Hôpital-Comtesse     a     Lille. 

tcms  où  elles  ont  vécu  ,  mais  du  tems  où  ce  portail  a  été  fait,  c'est-à- 
dire  celui  du  quinzième  siècle  :  ce  dont  on  peut  s'assurer ,  en  le  com- 
parant avec  celui  des  princes  de  la  maison  de  Bourgoo;ne  ,  sur  le 
tombeau  de  Louis  de  Maie  (  4  )  ,  aucjuel  il  ressemble. 

Je  croirois  volontiers  cjue  la  figure  5  est  celle  de  Jeanne  qui  se  fit: 
religieuse  ;  et  le  chapelet,  qui  pend  à  sa  ceinture  ,  me  le  fait  ioup- 
conner. 

Baudouin  IX,  dont  nous  avons  déjà  eu  occasion  de  parler,  fut  pro- 
clamé, par  les  princes  croisés,  empereur  de  Constantinople.  Il  avoit 
épousé  Maiie,  fille  de  Henry  le  Libéral,  comte  de  Champagne,  dont 
il  eut  Jeanne  ,  dite  de  Constanlinople  ,  et  Margaeritte  ,  vers  l'an  i20(î'. 
La  première  ,  comme  aînée  ,  fut  déclarée  ,  à  Paris ,  par  Philippe  Au- 
guste, roi  de  France,  comtesse  de  Flandre  et  de  Hainault.  Il  la 
maria  en  121 1  à  Ferrand  ou  Ferdinand,  fils  de  Sanclie  ,  premier 
roi  de  Portugal.  Ce  jeune  prince  se  ligua  en  I2i3,  contre  Philippe 
Auguste,  avec  le  roi  d'Angleterre,  et  l'empereur  Olhon  IV.  Il  en 
résulta  la  bataille  de  Bouvines,  où  Ferrand,  fait  prisonnier,  fut 
emmené  en  triomphe  à  Paris  et  renfermé  dans  la  tour  du  Louvre- 
Jeanne  ,  dont  les  contemporains  n'ont  pas  su  apprécier  ni  déve- 
lopper le  cai'actère,  ne  se  laissa  point  abattre  par  ce  revers;  elle  sut 
maintenir  son  rang ,  conserver  ses  prérogatives ,  et  parvint  à  obtenir 
la  permission  de  gouverner  elle-même  ses  états. 

Son  mari  fut  élargi  par  la  reine  Blanche,  en  1226.  Sa  captivité 
dura  environ  douze  ans,  par  la  faute  de  Jeanne  ,  son  épouse,  cjui  ,  ne 
l'aimant  pas  ,  avoit  toujours  di.Hféré  de  pajer  sa  rançon  taxée  à  cjua- 
rante  mille  livres  parisis  ;  cependant  on  vojoit  dans  les  archives  de 
Saint-Pierre,  cju'il  existoit  en  outre  des  lettres  obligatoires,  datées 
de  l'an  1 22 1 ,  par  lesquelles  elle  déclare  avoir  emprunté ,  à  vingt 
pour  cent,  d'un  juif  ,1a  somme  de  vingl-neuf  mille  livres  ,  pour  êîre 
employée  à  la  rançon  de  son  mari.  Ferrand  mourut  de  la  pierre  à 
Novon  ,  en  i233.  Les  historiens  différent  encore  d'opinion  ;  les  uns 
le  laissent  mourù-  sans   enfans  ,  les  autres  lui  donnent  une  fille  qui^ 

(4)  Art.  LIV.  Collégiale  de  Saint— Pierre  de  Lille. 


Hôpital-Comtesse     a     Lille.  5 

à  la  vérité,  mourut  en  bas  âge,  en  i235.  Jeanne  épousa  en  secondes 
noces,  en  1287,  Thomas  de  Savoje ,  oncle  de  Marguerite  ,  femme 
de  Saint  Louis. 

Elle  prit  l'habit  de  religion  à  l'abbaje  de  la  Marquette  dont  elle 
ëtoit  fondatrice;  elle  y  mourut  peu  de  tems  après  sans  postérité,  et; 
y  fut  inhumée  auprès  de  son  premier  époux. 

La  comtesse  Marguerite  est  en  face  ,  n°.  5;  son  costume  ressemble 
beaucoup,  par  sa  coëfîure  sur-tout  ,à  eelui  des  princesses  de  la  maison 
de  Bourgogne,  sur  le   tombeau  de  Louis  de  Maie. 

Marguerite  II  du  nom  ,  fille  puînée  de  Baudouin  IX  ,  lui  succéda 
dans  les  comtés  de  Flandre  et  de  Hainaut  ;  elle  ne  montra  pas  moins 
de  fermeté ,  d'adresse  et  d'activité  que  sa  sœur ,  pour  se  maintenir 
dans  ses  droils  et  ceux  de  sa  famille;  elle  avoit  d'abord  épousé,  en 
1212  ,  Bouchard  d'Avènes ,  archidiacre  de  Laon  et  chanoine  de 
Saint  Pierre  de  Lille,  qui  lui  avoit  été  donné  pour  tuteur  :  il  eu  résulta 
deux  enfans  mâles,  Jea«  et  Baudouin  d'Avenes,  Ce  mariage  ayant 
été  dissous,  Margueiùte  donna  sa  main  à  Guillaume  de  Dampierre  , 
second  fils  de  Gui  II,  de  Dampierre  et  de  Mathilde  ,  dont  elle  eut 
trois  fils  et  deux  filles;  elle  mourut  le  lofévi'ier  1280  ,  et  son  corps 
fut  inhumé  à  l'abbaye  de  Félines  ,  près  de  Douai, 

Ses  enfans  du  second  lit  étoient  Guillaume,  mort  en  izSi  ;Gui, 
successeur  de  sa  mère  au  comté  de  Flandre  ;  Jean  de  Dampierre , 
tige  d'une  branche  des  seigneurs  de  ce  nom  :  les  filles ,  Jeanne  ,  ma- 
riée en  1245  à  Thibaut  II,  comte  de  Bar;  et  Marie,  abbesse  de 
Félines.  S.  Perin  parle  à  la  vérité  avec  éloge  de  Marguerite  ,  mais  les 
qualités  éminentes  qu'il  lui  attribue  ne  sont  pas  celles  que  les  diffé- 
rents actes  de  sa  %ie  m'engagent  à  lui  supposer;  cependant  il  en  dit 
assez  pour  me  confirmer  dans  l'opinion  que  j'ai  conçue  de  Jeanna 
et  de  Marguerite  qui ,  dans  un  autre  siècle ,  auroient  fait  de  plus 
grandes  choses. 

Marguerite  a  un  bonnet  pointu  avec  un  long  voile,  comme  Isa- 
belle de  Bavière,  épouse  de  Charles  VI,  dans  plusieurs  de  ses  por- 
ti"aits.  La  robe  a  des  manches  très-amples  ,  et  un  grand  rozaire  pend 
à  sa  ceinture. 

L'église  de  cet  hôpital  avoit  de  bons  tableaux  ,  \me  présentation  de 

B2 


^/-/^ 


6         Hôpital-Comtesse    a    Lille. 

la  Vierge  au  temple  ,une  rrnilliplication  des  pains ,  la  cène  ,  la  pâque 
des  juifs ,  Saint  Pierre  dans  la  prison  et  les  pèlerins  d'Emaus  ,  peints 
par  Arnauld  de  Unez. 

Cet  hôpital  fut  d'un  grand  secours  aux  François  et  aux  anglois 
blessés  à  la  jjataille  de  Fontenoy. 


L     V    L 

DOMINICAINS     DE     LILLE, 

Département  du  Nord. 

xyoMiNiQUE  DE  GusMAN  ,  genlllhomme  espagnol ,  est  le  fonclafeur 
de  l'ordre  quia  porté  son  nom;  il  avoit  déjà  semé  des  disciples  dans 
beaucoup  d'endroits  ,  lorsque  le  prévôt ,  de  concert  avec  le  cliapiire 
de  Saint-Pierre,  lui  en  demanda  quelques-uns,  en  1221,  pour  la 
ville  de  Lille.  Mais  ce  ne  fut  que  trois  ans  après  la  mort  de  ce 
pieux  personnage  ,  c'est-à-dire  en  1224,  que  le  P.  Jourdain  ,  général  y 
y  envoya  quelques  religieux  de  la  maison  de  Paris  ,  rue  Saint- 
Jacques  (  I  )  ,  qui  furent  reçus  avec  le  plus  grand  appareil. 

Le  chapitre  leur  donna  d'abord  un  verger  considérable  dans  le 
faubourg,  où  fut  depuis  la  rue  des  Trois  Anguilles,  et  un  terrein 
contigu  à  ce  verger  :  le  tout  fut  affranchi  de  droits  et  de  redevances. 
On  leur  permit  encore  ,  suivant  l'usage  d'alors  ,  d'accepter  les  obla- 
tions  gratuites  des  fidèles. 

On  s'occupa  bientôt  de  leur  bâtir  un  couvent  ;  il  fut  commencé 
et  s'éleva  peu-à-peu  par  les  soins  du  chapitre  et  par  les  bienfaits  de 
du  Plouich  ,  prévôt  de  Saint-Pierre  et  châtelain  de  Lille,  et  de  Ro- 
bert son  frère;  cependant ,  pour  en  hâter  et  achever  la  construction,, 
il  fallut  encore  tout  le  zèle  du  père  Zegher,  chef  de  celte  commu- 
nauté; la  charité  des  fidèles,  qu'il  sut  échauffer  et  rendre  active  ,  lui 
procura  des  secours  abondans  (  2  ). 

Ces  contrées  étant  presque  toujours  le  théâtre  de  la  guerre,  le  cou- 
vent fut  détruit  et  ruiné  plusieurs  fois.  Le  cloitre  et  le  dortoir  ont  été 
rebâtis  en  1481  :  on  les  couvrit  alors  en  tuiles;  car  jusques-là ,  ils. 
ne  l'avoient  été  que  de  paille^       ' 


(i)  Ant.  nat. ,  tom.  IV,  art.   XXXVII,  et  Tom.  I,  art.  IV,  p.  r. 

(2)  Voir  ci- dessous  ce  que  j'ai  dit  de  ce  bienheureux  et  de  ses  juiracles,. 


ilé 


2  Dominicains     de     Lille. 

L'église  des  Dominicains  fut  inierdile  en  1456,  on  en  i^^nore  la 
raison. 

Ce  fut  sans  doute  pour  se  mettre  à  l'abri  des  ravages  fréquens  dans 
ces  tems-Ià  ;  que  les  frères  prêcheurs  sollicitèrent,  à  plusieurs  reprises; 
un  emplacement  dans  l'intérieur  de  la  ville.  Ils  crurent  avoir  trouvé 
une  occasion  favorable  pour  l'obtenir  ,  lorsque  leur  maison  fut  brûlée 
en  1297  par  Philippe  ,  roi  de  France  ,  qui  assiégeoit  Lille;  mais  leurs 
eflbrts  furent  inutiles.  Ils  firent  encore  de  nouvelles  tentatives  auprès 
de  Charles  V  ,  dont  ils  obtinrent  la  permission  de  s'établir  intra 
miiros  ,•  cependant  quoique  muni  des  lettres  de  ce  prince ,  en  date 
de  i368  ,  le  magistrat  de  Lille  s'obstina  à  les  refuser.  On  leur  accorda 
seulement  la  faculté  de  se  rcfu";ier   dans  la  ville  dans  les  tems   de 


guerre. 


Enfin ,  Philippe  II ,  roi  d'Espagne  ,  cédant  à  leurs  instances  réi- 
térées ,  leur  donna  l'hôpital  de  Grimaret ,  à  condition  d'j  recevoir 
des  pèlerins  ,  et  d'en  acquitter  toutes  les  charges. 

Le  couvent  des  Dominicains  eut ,  comme  toutes  les  autres  maisons  , 
ses  autels  privilégiés  (3)  ses  indulgences  ,  ses  ossemens  consacrés  et 
miraculeux  ,  et  malgré  ce  qu'il  eut  à  souffi-ir  des  différentes  révolu- 
tions ,  l'intérêt  des  religieux  parvint  à  j  conserver  trois  choses. 

Plusieurs  bulles  de  souverains.  Leur  obitiiaire.  Le  reliquaire  de 
la  comtesse  Jeanne,  qui  le  donna  aux  religieux  après  sa  mort,  en  1244, 
C'étoit  une  petite  Vierge  d'ivoire  dans  une  niche  d'ai'gent  vermeil  doré, 
où  il  y  avoit  une  des  épines  de  la  couronne  de  Jesus-Christ. 

En  tout  tems  le  genre  d'industrie  particulier  aux  moines  fut  le 
merveilleux  qui  leur  a  été  d'ini  grand  rapport.  Aussi  le  culte  du 
Saint  Rosaire  (4),  sous  le  nom  duquel  il  y  eut  une  confrairie  ,  fournit 
en  partie  aux  frères  prêcheurs  les  moyens  de  se  bâtir,  en  1654, 
un  somptueux  édifice;  chaque  année,  le  jour  de  la  fête  du  Saint 
Fondateur ,  le  chapitre  députoit  deux  chanoines  aux  Dominicains  , 
pour  assister  aux  cérémonies  qui  s'y  céiébroient.  C'étoit  moins  un 
droit  pour  le  chapitre  qu'uu  acte  de  reconnoissance  de  la  part  des 
religieux  pour  leurs  anciens  bienfaileurs. 

(  3  )   Art.  des  Chartreux, 

(  4  )  Aut.  nat. ,  art.   XXXIX  ,  pag.  48. 


Dominicains     i>e     Lille.  S 

Lie  portail  de  celte  église  éloit  décoré  des  trois    ordres    l'im    sur 

l'autre  ;  c'étoit  un   des  plus   beaux  monutnens  d'arcliilecluie   de    la 

ville. 

L'intérieur  éloit  soutenu  par  des  colonnes  dont  l'entablement  sup- 

portoit  une  galerie  tournante  (5). 

L'église  lenFernioît   quelques   monumens.  Le  premier  qui  se  pré- 

seiiloit  à  la  vue  porloit  1  épitaphe  suivantes: 

C  I  -  C I  s  T  noble  homme  messire  Jean  de  Pr  u  d  n  o  m  i\r  k 
chevalier  baron  et  sieur  de  Pourques  la  Oultre ,  Haneghem ,  neuf 
Eglise  ,  Hailly ,  Ruisselede;  lequel  trèspassa  le  AIII.  septembre 
MDLXXXXVIL  Et  noble  dame  Antoinette  de  Grenet  vicom- 
tesse de  Nieuport  sa  compagne. 

On  lisoit  sur  la  muraille  un  autre  épitaphe  de  noble  homme 
messire  Jean  bzT rouï-^s écujer chei^alier seigneur  de  TVerthore ^ 
Fres?iaj  y  Mermsel^  conseiller  des  archiducs  etc.  mort  en  MDLIV. 

La  suivante  occupoit  un  petit  espace  et  n'indiquoit  que  le  nom 
de  celle  qui  reposoit. 

Haute  et  puissante  dame  Pélagie  de  Chabot  de  Rohan  veuve 
de  Guillaume  de  Meluu  prince   d'Epinaj. 

Louis  de  Me  lu  n  prince  d'Epinaj  connétable  de  Flandres  pre- 
mier pair  et  baron  senechal  de  Haynaut ,  prevot  héréditaire  de 
la  ville  de  Douay   etc.  est  mort  le  24  septembre  1704. 

Il  avoit  épousé  Elisabeth  (6)  de  Lorraine  Lillebonne,  et  laissa  le 
fils    dont  j'ai  Tait  dessiner  le  niausolé  ?i^nvé  Planche  I. 

Ce  mausolée  de  Louis  de  Melun  est  assez  bien  composé.  On  voit; 
sur  le  mur  un  grand  rideau  orné  de  franges,  retroussé  de  chaque  côté 
par  deux  squelettes,  dont  l'un  fient  un  sablier;  son  ouverture  laisse 


(  5)  Guide  des   étrangers,  png.  90. 

(  6  )  C'est  bien  Llisabeih  et  iiun  pis  Eléonore,  comme  l'ont  écrit  Tliiroii ,  et 
après  lui  Moliiios ,  et  l'auteur  du  (niide  des  Etrangers  à  Lille  qui  l'ont  copié.- 
Ou  peut  consulter  d'ailleurs  l'Art  de  vériMer  Ls  Dates  {  toin.  II,  pag.  784)  ,, 
les  observations  sur  l'histoire  de  Lille  ,  gag.   144  ,  et  l'épilaphe  du  mausolée.. 


A^} 


4  Dominicains    de    Lille. 

appercevoir  un  grand  socle  de  marbre  orné  de  consoles  et  de  guirlandes 
de  lauriers,  sur  le  devant  duquel  est  un  sarcophage  de  marbre  noir  ; 
ce  socle  porte  deux  ligures  de  marbre  blaiic  ,  grandes  comme  nature  , 
et  un  piédestal  de  marbre  ,  surmonté  d'une  pyramide  terminée  par 
une  urne  cinéraire  entourée  de  guirlandes  de  lauriers.  Des  trophées 
militaires  sont  arrangés  en  sautoir,  derrière  cette  pyramide,  et  sur 
le  devant ,  on  voit  l'écu  des  armes  de  Melun ,  posé  sur  le  piédestal 
au  bas  de  la  pyramide.  Ces  armes  sont  d'azur  ,  chargé  de  sept  bezans 
d'argent,  dont  six  posés  en  bandes  trois  par  trois  et  un  eu  pointe, 
un  chef  cousu  d'or.  L'écu  est  orné  de  la  couronne  et  du  manteau 
ducal  et  a  deux  aigles  jDour  supports. 

Les  deux  figures  sont  placées  de  chaque  côté  de  la  pyramide  et 
assises  sur  son  piédestal  ;  celle  qui  est  à  droite  est  couverte  d'une 
longue  draperie  et  d'un  voile  sur  la  tête  qu'elle  a  penchée ,  elle  tient 
im  livre  de  sa  main  droite  et  presse  l'autre  sur  son  sein,  son  costume 
et  son  attitude  indiquent  que  c'est  la  piété  ou  la  religion  ;  l'autre  figure 
est  couverte  d'une  tunique  qui  laisse  une  partie  de  sa  gorge  à  dé- 
couvert,  et  d'un  manteau  qui  lui  couvre  seulement  les  cuisses  et 
les  jambes  ;  elle  a  la  tête  et  le  bras  élevés  vers  un  des  squelettes 
qui  retroussent  le  rideau ,  et  semble  l'intercéder;  l'auti-e  bras  est  appu^^é 
sur  le  piédestal  de  la  pyramide;  les  lauriers  qui  ornent  sa  tête  sem- 
blent indiquer  qwe  cette  figure  représente  la  gloire. 

Entre  les  deux  statues  ,  sur  le  sarcophage,  des  branches  de  cyprès 
sont  posées  sur  uue  draperie  de  marbre  blanc  qui  tombe  sur  le  de- 
vant de  ce  tombeau  ,  et  dont  le  bas  est  arrêté  par  une  tête  de  mort 
accompagnée  d'ailes  de  chauve-souris  ;  c'est  sur  celte  draperie  qu'est 
gravée  l'inscription  suivante  : 

D.     O.     M. 

Hic  îlîustrissimce  famtUœ  jacet 

Ludoi'icus  DE  Melun 

Duc  de  Joyeuse  par  Frauciœ  Princeps  d'Epinays 

Regiœ  cohurtis  equituin  prœfeclus  (7) 

»  '^^^— .^— .— il 

(7)  Meslre-de-camp  du  régiment  Royal  cavalerie. 

In 


L    V   I   I. 

RÉCOLLETS     DE     LILLE, 

Département  du  Nord. 

JL/'oRDRE  des  Frères-Mineurs ,  oude  Saint  François,  a  pris  nais- 
sance dans  le  XII^  siècle.  Il  eut  pour  instituteur  Jean  Bernardon ,  flb 
d'ini  riche  marchand  d'Assise,  en  Orabrie  (  i  )•  On  le  surnomma 
àii}^vi\'&  François ,  parce  que  son  père,  qui  trafiquoit  en  France  ,  lui 
avoit  fait  apprendre  la  langue  de  ce  pajs  qu'il  ^J^n'la  en  peu  de  tems 
avec  beaucoup  de  facilité. 

Cet  ordi'e  reçut  dans  la  suite  le  nom  sublime  de  Séraphique.  Ce  fut 
peu  après  cette  époque,  que  quelques-uns  des  disciples  àe  François 
d'Assise   vinrent  à  Lille   et  s'établirent  dans  le  fai'bourg  de  Courtraj, 

Il  s'écoula  au  moins  vingt-cinq  ans,  avant  qu'on  songeât  sérieuse- 
ment à  les  fixer  dans  le  pays.  Pendant  tout  ce  tems,  l'aumône  pourvut 
à  leur  logement  et  à  leur  existence.  Mais  enfin  la  comtesse  Marguerite 
se  décida  à  leur  assigner  quelques  terres  et  une  demeure  dans  la  rue 
des  Foulons. 

Il  semble  que  les  chanoines  de  Saint-Pierre  n'eurent  pas  pour  ces 
hommes  nouveaux  d'aussi  bonnes  intentions  que  pour  les  Domini- 
cains. Le  terrein,  sur  lequel  les  Frères-Mineurs  y ouloïenl  bâtir  leur 
couvent,  étoit  sous  la  jurisdiction  du  chapitre.  Celui-ci  céda  avec 
peine  une  partie  de  ses  droits.  On  voit  même  qu'il  chercha  à  s'en 
dédommager  par  les  conditions  auxquelles  il  permit  aux  religieux  de 
construire  ;  ce  qu'on  ne  lira  peut-être  pas  sans  curiosité. 

«  Nous  promettons,  disent  les  Frères-Mineurs ,  dans  l'acte  passé 


'■  i  )  Province  de  l'élat  ecclésiastique  ,    dans  laquelle    se  trouve  Assise  j,  ville 
épiscopale  du  diocèse  de  Spolette  ,  située  sur  le  flanc  d'une  très-haute  montagne. 

A 


-/'/? 


3  RÉCOLLETS     DE     Lille. 

5)  entr'eux  elle  chapitre,  de  ne  donner  la  sépulture  à  aucun  des  pa- 

»  roissiens  de  Saint- Pierre,  ou  des  auti-es  paroissiens  du  patronat,  du 

)>  prévôt  ou  du  chapitre Pour  obvier  même  à  toutes  les  fraudes 

»  qui  tendroient  à  priver  les  curés  de  leurs  droits  légitimes,  nous  nous 

>»  engageons,  si  quelqu'un  se  faisoit  enterrer  à  sa  paroisse  à  peu  de 

»  frais    pour  faire   ensuite  un  service    plus  considéral^le  dans  notre 

5)  église ,  à   rendre  aux  patrons  et  aux  curés  le  luminaire    et  tout  ce 

j)  qui  pourroit  tourner  à  leur  profit. .. .  Si  par  la  suite  on  accordoit  à 

»  notre  ordre  le  privilège    de   recevoir  les   oblations   gratuites    des 

»  fidèles  ,  nous  y  renonçons  dès-à-présent  pour  toujours   (2)». 

Cet  acte  fut  cimenté  par  le  serment,  en  présence  de  témoins,  d'ac- 
complir toutes  ces  conditions. 

Les  sociétés  qui  commencent  ont  presque  toujours  un  esprit 
remuant  et  novateur.  Leur  premier  soin  ,  c'est  de  gagner  la  multi- 
tude; et  en  cela ,  quel  avantage  n'ont  pas  eu  les  prêtres  !  Les  Frères- 
Mineurs  ,  une  fois  admis  dans  la  ville,  prirent  sur  le  peuple  un  ascen- 
dant tel,  que  les  magistrats  en  conçurent  des  craintes  violentes.  Le 
fait  suivant  donne  à  penser  qu'elles  pouvoient  être  fondées. 

Il  s'agissoit,  en  i52i  ,  de  l'élection  d'un  provincial;  elle  devoit  se 
faire  dans  la  maison  de  Lille.  En  conséquence  tous  les  religieux  s'y 
rendirent  en  grand  nombre.  Dans  le  même  tems  une  trahison  vint 
à  éclater;  les  magistrats  se  crurent  alors  oblifïés  d'interdire  l'entrée 
de  la  ville  auxF?-ères-Mi/7eii7'S  ,  parce  qu'on  les  en  croyoit  complices. 
Cependant  le  mêms  jour  ,  plus  de  deux  cents  pénétrèrent  dans  la 
ville ,  après  en  avoir  séduit  les  gardes. 

Les  magistrats,  étonnés  et  craignant  une  révolte,  firent  mettre  les 
remparts  en  état  de  défense.  On  plaça  dix  pièces  de  canon  sur  le 
jnarché,  et  alors  on  leur  donna  ordre  de  se  retirer.  Tout  le  commun 
-peuple  était  pour  eux,  dit  l'auteur  du  manuscrit  ci-dessus  cité,  et 


(  2  )  Cet  extrait  est  tiré  d'un  manuscrit  cité  par  Molinos  (  histoire  de  Lille, 
png.  116)  et  qui  se  Irouvoit  à  la  tibliothèqiie  de^  Sainl-Pierro.  11  est  intitulé: 
^ei  anciennetés  ^e  Lille. 


-H5 


Rkcollets     de     Lille.  d 

on  eut  grand  pitié  de  voir  ces  religieux  sortir  Iwrs  des  murs  en  se 
lamentant  de  ce  qu'ils  ne  poufoient  faire  leur  chapitre. 

Ces  mesures  fermes  et  vigoureuses  en  imposèrent  pour  toujours  à 
ces  religieux,  qui ,  devenus  par  cette  leçon  moins  ambitieux  et  plus 
paisibles,  firent  oublier  leur  faute.  Car  en  1524,  lorsque  Lille  fut 
augmenlé  du  coté  où  éloit  située  leur  maison  ,  les  magistrats  leur  don^ 
nèrent  trois  millejlorins  pour  faire  la  clôture  du  couvent. 

On  sait  qu'à  la  mort  de  St.  François  ses  disciples  se  divisèrent  eu 
plusieurs  partis.  Il  en  résulta  des  réformes  particulières  que  les  papes 
autorisèrent.  De  ce  nombre  fut  celle  qu'on  nomma  des  Récolleis.  Les 
Frères-Mineui's  de  Lille  recurent  la  bulle  de  cette  réforme  en  1610. 

Frère  Jean  JéJiu  élu  vers  ce  tcnis-là  premier  pi'ovincial  dans  un 
cbapitre  général  tenu  à  Valenciennes,  envoya  ces  réformés  prendre 
possession  du  couvent  de  Lille,  ou  plutôt  il  métamorphosa  les  Frères- 
Mineurs  ou  Obseri^aiitins  en  Récolleis. 

Ces  nouveaux  religieux  s'occupèrent  d'abord  de  beitir  une  église 
plus  belle  et  plus  vaste  que  celle  qui  existoit  auparavant.  Mais,  malgré 
toute  leur  industrie,  elle  ne  put  être  achevée  qu'en  1692.  La  har- 
diesse de  sa  voîîte  excitoit  l'ailmiration  des  connoisseurs. 

"  Elle  ne  renfermoit  point  de  monumens  dignes  d'attention.   Je  n'j 
ai  recueilli  que  celui  d'un  certain  Baudouin ,  dont  voici  l'épitaphe. 

Cy  gist  noble  homme  Bauduin  cji  son  temps  seigneur  de  Croix , 
de  Fiers  ,  etc.  Ecuyer  d'écurje  du  Roj  de  Castille,  lequel  tres- 
passa  le  X.Vlljour  de  mais  M.  D.  XIIL  Priez  Dieu  pour  so?i  ame. 

Ce  Baudouin  étoitfilsde  t/ea/z, seigneur  de  Croix,  de  Fiers  et  du 
Mez,  et  de  Madelaine,  fille  de  Baudouin  d'Ognies,  seigneur  d'Estrée , 
gouverneur  de  Lille.   Il  moun.it  sans  avoir  été  marié. 

La  planche  fait  voir  ,7^0.  i ,  la  statue  de  Baudouin,  tête  nue,  avec 
une  cotte  de  maille ,  une  cuirasse  et  une  cotte  d'arme ,  une  épée  d'une 
extrême  longueur.  Ses  pieds  posent  sur  un  chien  courait  qui  a  un; 
collier. 

Le  «°.  2  représente  le  couvent  du  côté  du  jardin. 


A\o 


4  Récollets    DE    Lille. 

Les  Récollets  avoienlle  privilège  de  se  faire  délivrer  ^ra//^  du  poisT 
son,  lorsqu'il  en  venoit. 

C'étoient  eux  qui  conduisoient  les  criminels  au  supplice  (  3  ). 


(3)  Velly.  hist.  de  Fr.  tom  IV,  p.   70  et  71. 
Molinos  ,  hist.  de  Lille,  p.   117  et  suiv. 
Tiroiix  ,  hist.  de  la  Châtellen.  de  Lille  ,  p.  238. 
Généalogies  de  quelques  familles  des  Pays-Bas,  p.  42* 


Lxin. 


Dominicains     de     Lille.  5 

In  gallia  jiiventutis  principihus 

Génère  ,  religione  ,  firliite  numerandus  , 

u4ntiquissimœ  pi-osapiœ  splendoi-is  non  de  gêner  ^^ 

Familiœ  suce  spes  magna  et  ulùnia , 

Trigesimum  annuni  a  gens , 

Dûm  înter  Cantiliaci  rnris  ohlectamenta 

Régi  regio  que  comitatui  se  prohat  in  primis. 

Die  XXXI,  J^j///'/MDCCXXIV. //?  opinato  casu,  suhlatus  Lolius 
aulce  gaudium  conçerlit  in  lacrymas. 

Elisabeth  (8)  de  Lorraine  charîssimojiliomœrens posuitanno 
MDCCXXVII  (9). 

Louis,  fils  de  Louis  de  Melun,  prince  d'Epina j  ,  et  d'Elisabeth 
de  Lorraine  Lillebonne.,  né  Fan  i6g3,  succéda  à  sa  mère  dans  le 
comié  de  Saint-Paul  (10),  et  à  son  père  dans  la  principauté  d'Epi- 
noj  (  II  ),  la  vicomte  de  Joyeuse  et  autres  domaines.  Il  fut  lieute- 
nant-général de  la  province  de  Picardie ,  et  mestre  -  de  -  camp  du 
régiment  roj^al  ca\alerie.  Ce  fut  en  sa  faveur  que  Louis  XIV,  par  des 
lettres  du  mois  d'octobre  17 14,  érigea  la  vicomte  de  Joyeuse  en  duché- 
pairie.  Il  épousa,  en  ijiG ,  ^rnia?ide ,  fille  d'Emmanuel  Théodose 
de  la  Tour  de  Bouillon ,  duc  d'x\lbret ,  cpii  mourut  en  couches  le  i3 
avril  de  l'année  suivante. 

Son  mari  ne  lui  survécut  pas  long-tems.  Au  mois  de  Juillet  1724, 
ce  seigneur  accompagna  le  jeune  roi  à  Chantilly;  entr'autres  plai- 
sirs on  prit  celui  de  la  chasse.  Louis  de  Melun  ,  courant  à  cheval 
dans  ime  des   routes  de  la  forêt,  fut  blessé  par  le    cerf  presqu'aux 


(  8  )  Suprà.  Pag.  3. 

(9  )  I/auteurdu  Guide  des  étrangers  à  Lille,  la  nomme  Ele'onore.  Suprà.  P.  3. 

(  10  )  Le  comté  de  Saint-Paul  ou  Saint-Pol ,  comme  on  écrivoit  dans  les  bas 
tetns,  étoit  situé  dans  le  Ternois,  entre  l'Artois  et  la  Picardie.  Il  tiroit  son  nom 
de  sa  capitale,  qui,  dans  l'oiigine,  étoit  une  forteresse  composée  de  deux  châ- 
teaux fort  élevés  et  séparés  par  un  fossé  large  et  profond.  —  Art.  de  véiif. 
les  dates ,  pag.  773. 

(II  )  Epinay  est  un  petit  bourg  dans  lArtois,  à  trois  lieues  de  Lille. 

B 


-•/?/ 


D  o  M  I  N-  J  c  A  I  N  s     n  K     Lille. 
abois  ;   il  mourut  de   cette  ljle?siue  à  l'âge  de  3i   ans  ,   sans  posté- 
rité (  12  ). 

Sa  mère,  Elisabeth  de  Lorraine  Lillebonne  ,  lui  fit  ériger  ce  mau- 
solée ;  ce  monument  ctoit  l'ouvrage  de  i'>ff;7ro/5  Dinnont ,  sculpteur 
f!c  l'académie  de  peinture  et  sculjDture.  Cet  artiste  fut  tué  en  plaçant 
le  rideau  de  plomb  qui  se  détacha  et  tomba  sur  lui  (  i3  ). 

L'inquisition  marcha  presque  toujoui'S  à  la  suite  des  premiers  pré- 
dicateurs de  la  foi  qui  ne  tardoient  pas  à  l'établir  dans  les  pays  où 
ils  portoient  la  religion  nouvelle.  Il  j  eut  un  tribunal  de  ce  genre 
en  Flandre  .  ou  plutôt  les  évêques  étant  inquisiteurs  nés ,  sous  la 
dominationd  d'Espagne,  nommoient  dans  les  principales  villes  de  leur 
diocèse  des  inquisiteurs  particuliers  (  14).  Le  couvent  des  Domini- 
cains de  Lille  en  a  fourni  plusieurs. 

Jean  Gauthier  ,  docteur  en  théologie ,  régent  de  l'université  de 
Louvain,  député  au  concile  de  trente  ,  mort  en  1564. 

Jean  de  Coing  de  Angulo. 
Jean  Lanceau. 
Jean   Félix. 
Jean   de  Nocart. 
Pierre  Leclerc. 

Les  préfres  séculiers  ou  réguliers  comptoîent  beaucoup  plus  sur  la 
crédulité  et  l'orgueil  des  grands  pour  étendre  et  arrondir  leurs  do- 
maines, que  sur  l'ignorance  et  la  charité  du  peuple.  Aussi  les  pre- 
miers étoient-ils  l'objet  de  leurs  soins ,  j'ai  presque  dit  de  leur  culte. 
Ce  qu'ils  ambitionnoient  par-dessus  tout ,  c'étoit  la  direction  de  leur 
conscience.  Les  Dominicains  n'ont  pas  négligé  un  avantage  aussi 
précieux  ;  ils  ont  été  les  directeurs  de  plusieurs  princes. 

Jeanne  ,  comtesse  de  Flandre  ,  avoit  pris  parmi  eux  son  confesseur 


{  II")  Art.  des  vérif.  des  dates.   Tom.  III,  pag.   ir. 

(  i3  )  Guide  des  étrangers. 

(.14)  Observations  sur  l'histoire  de  Lille,  pag.  i^5. 


Dominicains    de    Lille:  7 

'Jean  de  Haies  ;  Hellin  de  Connues  é:oit  celui  de  Marguerite  sa 
sœur  ,  aussi  comtesse  de  Flandre  ;  Jean  de  Couleurs  celui  de  la 
reine  d'Angleterre,  femme  d'Henri  VIII,  tante  de  Charles  V. 
Ce  couvent  a  aussi  donné  des  provinciaux  à  l'ordre. 
II  n'est  guères  de  maison  qui  n'ait  eu  ses  hommes  célèbres.  Celle 
de  Lille  n'en  compte  point  dans  les  arts,  les  sciences  et  les  lettres. 
Je  me  contenterai  de  citer  ceux  qui  ont  eu  quelque  réputation  dans 
le  tems  comme  théolo2,iens. 

Jean  Marchand ,  confesseur  de  Philippe-le-Bou ,  duc  de  Bour- 
gogne et  évêque  de  Bétliléem  ,  mort  en  1422. 

Michel  François ,  théologien,  régent  dans  l'université  de  Louvain, 
confesseur  et  conseiller  d'état  de  l'archiduc  Philippe  ;  il  mourut  en 
i5o2. 

Pierre  de  Lille  ,  grand  prédicateur  ,  mort  à  Malines. 
Jacques  Lefebure  ,  martyr  ,  docteur  en  théologie  et  premier  régent 
de  l'université.  • 

Enfin  ,  le  bienheureux  Zegher  ou  Seger  ;  il  vivoit  en  1241  ,  et  coa- 
séquemment  fut  un  des  premiers  chefs  de  la  maison  de  Lille.  Les 
chroniqueLU's  de  l'ordre  le  donnent  comme  un  des  prédicans  les  plus 
zélés;  ils  lui  attribuent  des  conversions  sans  nombre  ;  mais  celle  de 
Marguerite  d'Ypres  eut  ]ilas  d'éclat.  Il  eut  avec  cette  prosélile  une 
relation  intime  même  après  sa  mort.  J'en  citerai  pour  preuve  un 
miracle  dont  Choquct  sera  le  garant  (i5). 

Une  femme  avoit  depuis  long-tems  un  bras  malade;  elle  avoit  inu- 
tilement emploj'é  tous  les  remèdes  de  l'art;  les  médecins  l'ayant  aban- 
donnée et  la  gangrenne  lui  inspirant  des  craintes  ,  elle  alla  trouver 
Zegher  et  le  supplia  de  lui  procurer  sa  guérison.  Le  serviteur  de  Dieu  , 
jaloux  de  faire  éclater  la  puissance  de  Marguerite  qui  n'étoit  plus: 
Allez  ,  dit-il  à  cette  femme  ,  aile  :  au  tombeau  de  ma  chère  fille  (  c'est 
ainsi  qu'il  l'appeloil  )  ;  conjurez-la  de  m'obéir ,  comme  autrefois  pen- 
dant sa  vie  ,  et  de  prier  en  ma  considération,  le  Seigneur  de  vous  sou- 
lager. La  femme,  arrivée  au  tombeau  ,  s'écrie  :  Marguerite  !  le  frère 


(  10  )  Sanctorum  Bc'gici  ordin,  pr<zdicat  yitcs. 

B  z 


-lU 


s  Dominicains     de     Lille. 

ZeGIIER  t'ordonne  par  ma  BOyCHE,  DE  LUI  OBEIR  ,  COMME  AVANT 

TA  MORT,  ET  d'obtenir  DU  CIEL  MA  GUÉRiso>f.  A  peine  eut-cUa 
fini  ,  que  son  bras  devint  aussi  sain  et  aussi  flexible  que  l'autre. 

Ce  miracle  a  été  le  sujet  d'une  gravure  qui  précède  la  vie  de  St. 
Zegher  (i6).  Il  j  est  représenté  en  grand  ,  tenant  d'une  main  un  livre 
ouvert,  et  de  l'autre  un  bras;  à  gauche  on  le  voit  aussi  en  petit  , 
parlant  à  une  femme,  Qelle  sans  doute  sin-  laquelle  il  a  opéré. 

Mai-guerile  a  eu  trop  de  rapport  avec  le  P.  Zegher  pour  ne  pas 
cit.T  un  de  ses  miracles  que  Choquet  (17)  et  Cantiprat  racontent 
avec  une  bonnefoi ,  une  conviction  plus  étonnantes  encore  que  l'évè- 
ment  môme. 

Marguerite  ,  revenant  un  jour  de  l'église  ,  trouva  sur  lUie  chaise 
un  panier  d'œufs  qu'elle  Jetta  hors  de  la  maison.  Sa  mère  revint  pour 
prendre  les  œufs  et  les  faire  cuire.  Quelle  fut  sa  douleur  ,  lorsqu'elle 
vit  qu'ils  étoient  tous  cassés  !  Folle  que  vous  Êtes  ,  dit-elle  a  sa 

FILLE  ,  vous  ignorez  SANS  DOUTE  QUE  NOUS  n'aVONS  RIEN  AUTRE 
CHOSE  A  MAXGER  AUJOURD'HUI  !  Marguerite  sur-le-champ ,  courbe 
le  genouil ,  adi-esse  à  la  Vierge  une  courte  oraison  ,  et  se  levant  tout- 
à-coup  ,  elle  dit  à  sa  mère  d'aller  ramasser  les  œufs  qu'elle  trouva 
entiers  ,   sans  qu'il  parût  aucune  marque  de  fracture. 

Cette  église  renfermoit  quelques  bons  tableaux  dont  plusieurs  pay- 
sages des  Vanderburg,  père  et  fils;  et  plusieurs  autres  relatifs  à  l'his- 
toire sainte  et  à  celle  de  St.  Dominique  ,  par  Rossignol. 

(  16)  Choquet'ius  ^  p.  39. 
(17)   Choquetius  ^  p.  l6u 


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L    V   I   I   I. 

CHÂTEAU     DE     COMINES. 

Département  du  'So?-d. 

Vj  05IINES  est  une  ville  de  la  ci-devant  Flandre-Wallone,  aujourd'hui 
du  dépai-tement  du  Nord,  elle  est  située  sur  la  Lis,  à  trois  lieues  de 
Lille.  Elle  fut  long-tems  partagée  entre  la  France ,  qui  possédoit  la 
partie  du  côté  de  Lille ,  et  la  maison  d'Autriche ,  à  qui  appartenoit 
celle  sur  la  gauche  de  la  Lis. 

Au  commencement  de  la  guerre  en  1792  ,  cette  ville  eut  beaucoup 
à  souffi-ir  des  incursions  des  impériaux  qui  nous  la  disputèrent;  mais 
enfin  la  victoire  la  soumit  tout-à-fait  aux  François  ,  auxquels  elle 
est  restée  depuis.  Elle  eut  autrefois  des  fortifications  assez  bonnes, 
qui  ont  été  détruites  et  qu'on  n'a  pas  relevées. 

Rien  n'y  étoit  digne  d'attention  que  la  Maison  Commune  (i). 
Planche  I  et  Planche  II,  Jîg.  i  ,  elle  présente  une  forme  assez 
agréable.  Son  portique  est  d'ordre  ionique. 

La  tour  du  béfroi  est  carrée ,  ornée  de  moulures  gothiques  et 
flanquée  de  quatre  guérites.  Le  dôme  qui  renferme  le  cadran  m'a 
paru  d'un  mauvais  goût.  Le  tout  est  surmonté  d'un  clocher  fort 
léger. 

On  voyoit  auprès  les  ruines  de  l'ancien  château.  Planche  11 ,Jig.  2 , 
dont  les  premiers  maîtres  étoient  fort  puissans.  Le  seigneur  de  Co- 
mines  étoit  un  des  hauts-justiciers  de  la  châtellenie  de  Lille. 

Le  château  acquit  de  la  célébrité  pour  avoir  donné  le  jour,  en 
1444  ou  144.'!,  à  Philippe  de  Comines ,  dont  j'ai  publié  le  tombeau 
et  donné  l'histoire  (  2  ). 


(  I  )  Nom  sulistilué  à  celui  d'horel-de-rilU  _.  pour  désigntr  le  lieu  où   s'aîsein- 
jjlciit  les  mngislral^s  ou  le  conseil  ùe  la  ville. 

(2)  Aul.  nat.,  tom.  III,  arl.  XXV,  png.  38,  pi.  VIII. 


./K 


2  Château    DE    Co  M  INES. 

Jean  Dcspauière ,  célèbre  grammairien  ,  mourut  dans  celte  ville 
en  i52o  (  3  ). 

Comines  avoit  une  église.  Planche  Il^Jig.  3,  dédiée  à  Saint  Pierre, 
qui  devint  collégiale.  L'histoire  se  tait  et  sur  l'époque  de  sa  fonda-- 
tion  et  sur  celle  où  l'on  y  créa  des  prébendes.  Quoiqu'il  en  soit,  on 
peut  garantir  son  antiquité  qui  date  du  III. "^  siècle. 

D'après  un  passage  deBuzelin  (4),  il  faut  croire  que  le  chapitre 
jouissoit  du  patronage  ,  c'est-à-dire  du  droit  de  nommer  aux  béné- 
fices. On  j  lit  que  ,  malgré  les  vives  réclamations  du  clergé  ,  le  pape 
îe  dépouilla  de  ce  jîrivilége  en  i25o  et  le  conféra  à  JValter ,  évêquê 
de  Tournaj. 

lie  chapitre  eut  encore  la  prérogative  d'envoyer  un  député  aux 
étafs  de  la  province. 

Parmi  les  Saints  de  l'église  de  Comines,  on  révéï'oit  particulière- 
ment ChrysoUus ,  un  des  premiers  apôtres  de  la  foi  en  Flandre.  Ce 
qui  le  mit  sur-tout  en  réputation  ,  fut  un  miracle  ,  à  la  vérité  bien 
élrange  ,  opéré  sur  sa  personne. 

ChrysoUus ,  poursuivi  comme  novateur  ,  est  arrêté  à  Vrelengliem  y 
village  à  deux  lieues  de  Comines.  On  lui  coupe  le  sommet  de  la  tête, 
et  sa  cervelle  se  disperse.  L'évêque  martyr ,  toujours  calme  et  tran- 
quille, ramasse  l'un  et  l'autre  et  se  rend  dans  cet  état  à  Comines.  Là  , 
en  présence  d'un  nombre  infini  de  témoins  ,  il  les  dépose  sur  l'autel , 
puis  il  expire  sans  douleurs  ni  convulsions  (5).  En  effet,  on  l'a 
j-eprésenté  portant  dans  ses  mains  ,  appuyées  sur  sa  poitrine,  sa  cer- 
velle et  le  sommet  de  sa  tête  recouverts  de  sa  mitre  (6). 
'  On  sent  aisément  quel  est  mon  but  en  rapportant  des  faits  si  peu 
honorables  pour  les  hommes.  Ce  sont  de  tristes  preuves  de  la  mau- 
vaise foi  des  uns  et  de  la  stupidité  des  autres. 


(3)  Ladvocat.  Diction.  List.,  lom.  I,  pag.  484. 

(4)  La  Marliiiière.  Dict.  géog. ,  tom.  II,  pag.  484. 
(  5  )  Bu^dinus.  Annal.  Gallo-Fland.  Pars  II".  P.   14. 

(6)  J.  Cousin.  Hist.  de  Tournay,  toni.  I,  p.  i36  et  141. 


L    I    X. 

SAINT-LANDRY     A    PARIS, 

Département   de  la  Seine. 

Vj  e  t  t  e  église  étolt  située  dans  la  cité  au  bord  de  la  Seine  près  du 
port  qui  porte  son  nom.  On  prétend  que  cette  paroit.se  fut  bâtie  sur 
l'emplacement  d'une  petite  chapelle  où  Saint  Landry  alloit  souvent 
faire  ses  prières. 

Landry  vivoit  sous  le  règne  de  Clovis  IL  II  étoit  évêque  de  Paris 
pendant  l'affreuse  famine  qui  désola  la  France"^!  ).  Ce  prélat  vendit 
sa  vaisselle,  ses  meubles  et  même  les  vases  sacrés  pour  soulager  le 
peuple.  C'est  aussi  à  sa  bienfaisance  que  l'on  doit  la  fondation  de 
l'Hôtel-Dieu  de  Paris ,  l'un  des  premiers  établissemens  de  ce  genre. 
Il  mourut  en  656  ,  et  fut  enterré  à  Saint-Vincent,  aujourd'iiui  Saint- 
Germain-l'Auxerrois. 

Un  bréviaire  de  Paris,  imprimé  en  1607,  rapporle  que  le  feu  ayant 
embrasé  plusieurs  maisons  près  du  grand  Châtelet ,  on  y  apporta  son 
sugire  et  qu'il  fut  éieint  à  l'instant.  On  prétend  que  par  son  attou- 
chement le  neveu  de  Maurice  de  Sully  fut  guéri  d'une  esquinancie. 

Ce  fut  encore  à  cette  occasion  ,  ajoute-t-on,que  Maurice  ,  qui  étoit 
Qussi  évêque  de  Paris,  fit  exhumer  le  corps  du  Saint  et  le  fit  meitre 
dans  une  chasse  de  bois  doré  vers  l'année  1171.  Mais  comme  celle 
châsse  étoit  presque  poiwrie  ,  Pierre  d'Orgemont,  l'un  des  successeurs 
de  Maurice  ,  en  fit  torer  les  ossemens  et  les  mit  dans  une  châsse  de 
vermeil ,  excepté  une  plxalange  du  doigt  et  une  des  vertèbres  du  col 
qui  furent  données  à  Jean  Fieury,  secrétaire  du  roi  ,  et  à  Jean  de 
Bugle^  procureur-général  du  roi  au  parlement,  comme  marguiiliers 
dç  la   paroisse  Saint-Landry  ,   où  ils  furent  portés  solemnellement. 

(  I  )  Ce  fut  vers  ce  Icms  cfue  l'on  ôta  la  couverture  d'argent  de  l'abbaye  da 
Saiut-Deiiis  ,  à  cause  de  l'ex'.rêuie  misère  où  se  trouvoit  le  riyaume. 

A 


Ail, 


3  S    A    I    N    T  -  L    A    N    D    R    V       A      P  A    R    I    S. 

Pour  la  châsse  d'argent,  elle  fui  placée  sur  un  pilier,  derrière  le  grand 
autel  de  Saint-Germain-l'AuxerroIs,  lieu  de  sa  sépulture.  Cette  trans- 
lation se  fèloit  ann^iellement  dans  celle  église,  le  1 6  septembre. 

C  eloit  le  chapitre  de  Sainl-Gerinain-I'Auxerrois  cpi  nommoit  à 
cette  cure. 

Le  portail  de  Saint-Landrj  donuoit  sur  le  cimetière  ,  il  éloit  gothi- 
que ,  mêlé  d'architecture  moderne  ;  il  consistoit  en  une  grande  arcade 
ogi\  e ,  à  laquelle  on  avoit  ajouté  deux  pilastres  corinthiens ,  soute- 
nant un  fronton  du  même  ordre. 

Les  portes  éloient  ornées  de  sculptures  modernes  qui  représen- 
toient  les  chifiTres  de  la  famille  des  Boucherai  et  celui  de  Saint-Landry , 
accompagnés  d'une  crosse  et  de  la  masse  de  chancelier  passées  en 
sautoir. 

L'intérieur  étoit  d'architecture  très  -  gothique  ;  il  étoit  bâti  sur  un 
plan  carré-long ,  et  consistoit  en  une  nef  et  un  chœur  qui  étoient 
accompagnés  de  deux  bas-côtés;  les  colonnes  qui  les  formoient  étoient 
gothiques  et  lourdes. 

Le  chœur  étoit  orné  d'une  grille  faite  d'un  hols  noirci  et  riche- 
ment sculpté  ;  elle  éloit  composée  de  bahistres  avec  des  pilastres  ioni- 
ques et  de  panneaux  révêfissant  les  colonnes  sur  lesquels  étoient  des 
trophées  d'église. 

Le  maître-autel  étoit  orné  de  la  même  menuiserie  ;  on  y  vojoiî 
deux  colonnes  corinthiennes  avec  leurs  corniches ,  portant  des  enrou- 
lemens  sur  lesquel  étoit  posés  deux  anges  grands  comme  nature  et 
fort  bien  exécutés.  Ces  deux  colonnes  ,  qui  posoient  sur  le  deuxième 
gradin  de  l'autel,  enrcndoient  le  rétable  très-étroit;  il  étoit  occupé  par 
im  tabernacle  du  même  genre  de  sculpture ,  iimé  de  colonnes  ioni- 
ques ,  de  consoles,  de  vases  et  de  la  figure  du  Sa'uveur,  qui  éioit  sur 
la  porte  :  au-devant  de  ce  tabernacle  on  en  avoit  ajouté  un  autre  petit 
de  bois  doré. 

La  boiserie  de  l'autel  formoit  deux  niches  ;  dans  l'une  étoit  Ia= 
statue  en  bois  de  Saint  Landry  ,  et  dans  l'autre  celle  de  Saint  Jean- 
Baptiste.  Ces  deux  figures  étoient  assez  belles  ;  sur-tout  celle  de  Saint 
Jean  ,  quoiqu'un  peu  lourde.  Les  petits  panaux  de  pilastre  et  de  frise 
qui  accompagnoient  ces  deux  niches  éloient  ornés  du  chiffre  des  deux 


lU 


o  - 


s    A    I    N    T-L    A    X    D    K    Y      A      P  A    R    1    S.  5 

saints  qu'elles  renfcrmoient ,  d'arabesques,  et  de  chute  de  iiuits  et 
de  fleurs  ,  et  les  niches  étoient  surmontées  par  des  petits  eufans  en 
ronde  bosse  qui  portoient  un  vase. 

A  droite  du  chœur étoit  la  chapelle  de  la  Vierge  qui  étoit  décorée, 
et  le  milieu  de  l'autel  étoit  occupé  par  une  niche  ornée  de  télés 
d'Anges,  et  de  guirlatides  de  lauriers  dorées. 

Cette  niche  rcnfermoit  une  statue  de  la  Vierge  peinte  avec  des 
draperies  dorées  ,  elle  étoit  d'un  assez  bon  style  ,  mais  inal  exécutée. 
Le  tabernacle  de  cet  autel  éloit  doré  et  décoré  de  colonnes  d'ordre 
ionique  et  de  bas  reliefs  représentaïït  des  anges  en  adoration. 

De  l'autre  côté  du  grand  autel  étoit  la  sacristie  dont  la  porte  étoit 
revêtue  d'une  menuiserie  semblable  à  celle  du  chœur ,  représentant 
un  Père  Eternel. 

A  gauche  de  la  chapelle  de  la  Vierge  on  voyoit  un  enfoncement 
pratiqué  dans  le  mur  où  éloit  un  tombeau  de  marbre  noir ,  sur 
lequel  étoient  drux  figures  de  pierre  dont  les  mainset  les  têtes  éloient 
de  marbre  blanc;  l'une  étoit  d'homme  ,  et  l'autre  de  femme.  La  fi- 
gure de  l'homme  étoit  vêtue  d'une  longue  robe  ,  comme  la  portoient 
les  présidens  du  parlement  dans  les  premiers  temsde  sa  création. Cette 
robe  ,  qui  étoit  sur  d'autres  habits,  avoit  un  capuchon  qui  formoit  des 
plis  sur  le  devant  du  col  ;  les  manches  en  éloient  coupées  en  triangle 
au  coude  et  laissoint  passer  les  avant-bras  qui  étoient  couverts  de 
manches  très-serrées ,  attachées  par  de  petits  boutons.  La  femme  por- 
toit  sur  sa  tête  un  voile  qui  lui  tomboit  sur  les  épaules  ;  son  corset 
€t  ses  manches,  qui  étoient  très-étroits,  prenoientles  formes  de  ses  bras 
et  de  sa  gorge  ;  elle  avoit  un  collier  de  perles  et  une  ceinture  nouée 
parde^■aut ,  à  laquelle  étoit  attachée  un  chapelet  ;  ses  jupes  étoient 
fort  longues, 

Autour  de  ces  figures  ,  Planche  1 ,  7i°^  i.  2,  ou  lisoit  l'épitapha 
suivante  sur  la  table  de  marbi-e  noir. 

Ci  gisent  nobles  personnes  maistre  Jehan  Dauvet,  conseiller  di& 
roy  nostre  sire ,  et  premier  président  en  sa  cour  de  parlement  3 
et  damoiselle  Jehanne  Baudrac  ,  sa  femme,  les  quelles  trespas^ 
serent ,  c'est  a  scat'oir ,  la  dicte  damoiselle  le  XXVII.''  jour  de 
mars  Van  MCCCCLX.   et  le  dict  pg-esident  le   XXIII.«  joiir  de, 

A3 


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4  S    A    I    N    T  -  L    A    N    D    R    Y      A      P  A    R    I    S. 

novembre  Van  IMCCCCLXXr.  Priez  Bien  pour  eulx  :  /es  quels  ont 
laissé  douze  liures  de  rente  au  curé  de  la  dicte  esglise  Sainct 
Landry;  et  quatre  liures  aux  rnargui/liers ,  a  la  charge  de  dire  ou 
faire  dire  une  messe  basse  par  chacun  jour  de  la  semaine,  at'eo 
quatre  obits  solemnels  en  Van. 

Au  fond  de  la  niche ,  étoit  une  table  de  pierre  sur  laquelle  on  lisoit 
les  fondations  faites  par  Jean  Dauvet  et  dont  le  commencement  étoit 
ainsi  conçu  : 

Noble  homme  et  monseigneur  maislre  Jehan  Dauvet ,  en  son 
vii-'ant  conseiller  du  roy ,   etc. 

Au  bas  de  cette  inscription  étoit  l'écusson  de  Dauvet,  qui  étoit 
bandé  d'argent  et  de  gueules  de  six  pièces  ;  la  seconde  chargée  d'un 
lion  de  sable  ,  et  à  côté  celles  de  sa  femme ,  qui  étoient  chargés  d'un 
sphinx. 

Le  devant  de  la  niche,  qui  étoit  \\\\  carré  à  pans  coupés,  étoit  revêtu 

d'un  chambranle   de  marjjre  noir  dont  chaque  coin  étoit  surmonté 

d'un  vase  cinéraire  doré,  et  le  iniHeu   d'un  marbre  noir  sur  lequel 

étoit  lui  globe  terminé  par  une  croix;  on  lisoit  sur  le  marbre  noir 

cette  inscription  gravée  en  lettres  d'or: 

D.     O.     M. 

Monumentum  hoc  vetustate  collapsum  in  memoriam  Joannis 
Dauvet  ,  instaurari  pii  pronepoles  qui  clarissimi  p  a  tris  yludiuni 
seneschalli  doniwn  fratri  commendajis  adaltiora  se  çrexit.  Vir^ 
tulçm  sludia  que  lilleraruni  amplexus  sub  carolo  septinio  triumvir 
Jiscalis  procurât.  Général.  Anno  JI.  CCCG.  XLII  et  Fluctibus 
agitatam  Pétri  nagera  legatus  ad  summum  pontijicem ,  patres  que 
Basileœ  conscriptos  missus,  rem  christianam  regiam  que  provexit, 
qtque  ubi  prtctoria  Parisiensi  digniiate  anno  M.  CCCC.  XL VI. 
ïulsit  Tolosavii  senatus  prœses  primus,  laburatili  pairia- ,  deside- 
ralani  pacem  sub  Ludovico  XJ  Jlestiiuit ,  icgationibus  conjirma- 
vit.  Mox  ut  venerandœ  accessit  senectuti  prœses  in  senalu  Pari- 
siensi pviaceps  régis   ipsius  ajf'alu  palam  renwnciaair.   Tandem 


J 


s    A    I    N    T  -  L    A    N    D    R    Y       A       P  A    R    I    S,  5 

qne  toi  prfrfeciiiris  eL  vita  defunctus.Hic  cum  nobilissima  Joanna 
DE  Baudrac  ,  conjiige  sepeliiur  anno  M.  CCCC.  LXXI.  nowemb 
2.2.  die. 

Sur  le  devant  du  tombeau  étoicnt  des  écussons  renfermant  les  armes 
de  Dauvet  et  de  ses  alliances;  ces  écussons  éîoient  suspendus  par  des 
festons  de  draperies,  et  les  ornemens  qui  les  accompagnoient  étoiciît 
sculptés  avec  goût  ;  il  n'y  avoit  que  les  figures  et  les  épilaphes  du  bord 
de  la  tombe  et  du  fond  de  la  niche  qui  fussent  du  siècle  de  Dauvet  : 
tout  le  reste  du  mausolée  étoit  postérieur  ,  comme  le  prouvoient  les 
les  diff'érens  ornemens  et  i'épifaphe  que  nous  venons  de  rajjporter  j 
cette  tombe  avoit  été  reparée  et  enrichie,  telle  qu'elle  étoit  dans  ces 
derniers  tems  ,  par  les  soins  des  arrière-pelifs-fîls  de  Dauvet ,  ainsi 
que  le  rapportoil  une  inscription  gravée  eu  lettres  d'or  sur  un  marbre 
noir  qui  étoit  aussi  au  fond  de  la  niche  au-dessous  de  l'épitaphe  go- 
thique. 

Avant  c[ue  ce  tombeau  fût  restauré,  il  y  avoit  deux  monumens, 
l'un  où  étoient  les  deux  figures  ,  et  un  autre  à  côté,  sur  lequel  étoit 
gravé  ,  en  lettres  gothiques  ,  les  vers  latins  suivans  : 

Qui  spectans  prouvas  se  prœdicat  esse  moriimni 
Veruin  non  tumuhun  modo  de  légère  morini 

Illiiis  hic  locus  est  illius  hic  tuniicliis 
^t  solis  mis  sacer  iste  locus. 

L'origine   connue  de    Jean  Dauvet  remonte  à  Simon   Dauf^et  } 
chambellan  de  Charles  V;  il  étoit  fils  de  Jacques  Dauvet ,  sénéchal 
d'Anjou   et  d'Irlande  ,    de   Viile-Prouvée.  Son  père  ,  employé  dans 
les  guerres  d'Italie  par  Piené  d'Anjou,  roi  de   Sicile ^  s'y  distingua 
y  périt  et  fut  enterré  à   Blindes. 

Soit  que  Jean  fût  le  cadet  de  sa  maison  et  conséquemment  dénué  de 
fortune  ,  soit  que  sa  famille  eût  éprouvé  des  revers  ,  il  clierchades  res- 
sources et  fonda  tout  son  espoir  dans  son  application  à  l'étude  et  aux 
affaires.  Ce  parti  lui  réussit,  car  il  fut  connu  de  bonne  heure  de  Charles 
yil  qui  Faccueiliit  et  le  chargea  de  missions  honorables.  La  cour  de 


^n 


G  Saint- Landry     a    Paris. 

France  avoit  depuis  long-tems  des  inlérêts  à  réglei"  avec  celle  de 
Rome.  Dauvet,  choisi  pour  négociateur  et  pour  arbitre,  arrangea  tout 
au  gré  du  roi;  l'adresse  et  l'habileté  qu'il  montra  dans  cette  occasion 
et  principalement  le  succès  qu'il  eut ,  fixèrent  pour  toujours  la  for- 
lune  auprès  de  lui.  Le  concile  de  Bâle  ,  convoqué  en  I43i ,  dura  plu- 
sieurs années;  il  j  fut  envoyé  en  1485  et  n'y  déploja  pas  moins  de  ca- 
ractère et  de  talens.  En  récompense  de  ses  services ,  il  fut  pourvu  ,  en 
1458  ,  de  la  charge  de  procureur-général  au  parlement  de  Paris,  qu'il 
exerça  jusqu'à  l'avènement  de  Louis  XI  au  trône,  en  1461.  Ce  prince 
accorda  également  à  Dauvet  son  estime  et  sa  confiance.  La  première 
preuve  qu'il  lui  en  donna,  fut  de  le  créer  premier  président  du  par- 
lement de  Toulouse  ;  cette  cour  refusa  d'abord  de  l'admettre ,  mais 
elle  céda  à  des  lettres  de  jussion  ,  et  Dauvet  prit  possession  en  1464. 

La  même  année  il  se  forma  ,  contre  Louis  XI,  une  ligne  entre  les 
princes  et  les  seigneurs  mécontens  ,  dont  le  chef  étoit  Charles  ,  duc 
de  Berrj,  frère  unique  du  roi.  Il  résulta  de  cette  ligue  une  guerre 
qui  eut  pour  prétexte  le  soLilagement  des  peuples  ,  et  fut  delà  appelée 
du  bien  public. 

Dauvet  devint  alors  principal  médiateur  et  dicta  presque  les  traités 
de  Conflans  et  de  Saint- Maur  qui  mirent  fin  à  cette  querelle.  Le 
roi  reconnut  ce  sei'vice  important ,  en  lui  donnant  la  place  de  pre- 
mier président  du  parlement  de  Paris  (  2  ). 

Dauvet  avoit  épousé  Jeanne  de  Baudrac ,  dont  il  eut  un  fils  et 
''  trois  filles  ,  Guillaume  ,  Yves,  Jeanne  et  Michelle;  il  mourut  en  1471. 

L'hisîoire  ne  dit  presque  rien  de  ce  magistrat,  à  en  juger  par  la 
faveur  et  le  crédit  qu'il  ojjtint  sous  deux  rois, les  négociations  déli- 
cates dont  il  fut  chargé  ;  il  paroît  qu'il  joignoit  à  quelque  génie  un 
esprit  souple  et  adroit. 

Après  le  mausolée  de  Dauvet  on  voj'oit  celui  de  Boucherat ,  qui 
e'toit  fort  riche,  le  piédestal  en  élolt  de  marbre  rance  avec  sa  table 


(  2)  Blanchard.  (  Eloges  des  pramiers  pré.-idens  du  parleir.enl  d#  Paris  ,  p.  39}. 
H^nudt.  (Abrégé  de  l'iiistcire  de  France  ,  p.  39b). 

saillante 


SAI^fT-LANDnY     A     Pari  s.  7 

saillante  de  marbre  blanc  ;  il  soutenoit  une  arcade  dont   l'archlvolle 
étoit  de  marbre  blanc,  et  la  frise  de  vert  campan  (3  ). 

Cetle  arcade  étoit  accompagnée  de  chaque  côté  de  deux  colonnes 
"ioniques  de  marbre  vert  antique  (4),  dont  les  bases  et  les  cliapilaux 
étoient  dorés  ;  le  derrière  de  ces  colonnes  leur  étoit  pareil  avec  des 
encadremens  de  marbre  blanc.  Au-dessus  du  ceintre ,  Tarcade  étoit 
une  console  de  marbre  Jilanc  ,  sur  laquelle  étoient  les  armes  de  Bou- 
cherat,,  en  bronze  doré;  elles  étoient  de  sable  ,  au  coq  d'or,  cresté  et 
éperonné  de  gueulles  ;  elles  étoient  ornées  des  coliers  des  ordres  du 
Manteau  et  du  Mortier  de  chancelier,  dont  les  masses  passoient  der- 
rière en  sautoir ,  et  elles  avoient  pour  support  deux  griirons. 

Sous  l'arcade  ,  entre  les  deux  colonnes  ,  étoit  une  table  de  marbre 
noir  sur  laquelle  on  lisoit  : 

Ce  tombeau  destiné  à  la  famille  des  sieurs  Boucherat  ,  dont 
les  corps  sont  ici  inhumés  depuis  Vannée  MDL.  a  été  élei^é  par 
les  ordres  de  très-haut  et  puissans  seigneur  mcssire  Louis  Bou- 
cherat, chevalier ,  comte  de  Compans  ,  chancelier,  garde-des- 
sceanx  de  France  ,  commandeur  des  ordres  du  roy  en  Vannée 
MDCLXXXXIV, 

Au-dessous  étoit  encore  une  autre  table  du  même  niarbre  ,  sur 
laquelle  étoit  gravé  : 

Messire  Pierre  de  Brovssel  ,  conseiller  en  la  grand'' chambre 
du  parlement  de  Paris,  et  dame  Madelaine  Boucherai,  son 
/épouse  ,  et  leurs  en f ans ,  y  ont  aussi  choisi  leur  sépulture. 


(3)  C'est  un  marbre  verl  caillouté  de  petites  veines  d'un  vert  foncé  avec  ds 
grandes  masses  rouges  et  des  veines  blanches  qui  les  traversent. 

(4)  Le  vert  anliiiue  à  l'aspect  des  brèches:  ses  cailloux  sont  d'un  vert 
transparent  plus  foncé  que  le  fondj  ils  sont  accompagnés  déplus  petits  qui  sont 
roses,  noirs  et  blancs.  Ce  marbre  est  très-précieux  et  fort  rare;  la  plupart  des 
grands  morceaux  qui  sont  de  ce  marbre ,  ne  sont  que  des  rapportés  ,  tels  que 
le  sarcophage  du  mausolée  du  curé  Linguet  à  Saint-Sulpice.  Cependant  ces  co- 
lonnes-ci étoient  d'un  seul  morce4u  et  avoient  plus  de  huit  pieds;  elles  doivent 
être  aux  Augustins. 

B 


'?0 


tg  Saint-Landrv     a    Paris." 

Les  colonnes  avoient  des  piédestaux  dont  l'encadrement  e'toit  de 
raar])re  rance ,  et  les  tables  de  marbre  noir  ;  sur  celui  de  la  droite 
on  lisoit  : 

3/i?55W  Aymond-Jean-Baptiste  Boucherat  ,  conseiller  cChon- 
iieurau  parlement  de  Paris ,  frère  du  chancelier ,  décédé  le  XXV II 
aousi  MDCCIX.  Requiescat  in  pace. 

Sur  l'autre  piédestal  on  lisoit  ; 

Gy-gist  Dame  Amée-Françoise-Louise  Boucherat,  veiwe  de 
monsieur  le  président  de  Plsle ,  nièce  du  chancelier ,  décédée  le 
XXV  juin  MDCCXXXX.  Requiescat  in  pace. 

Il  paroît  que  Boucherat  se  plaisoit  à  faii-e  mettre  des  épitaphes 
partout,  soit  pour  s'illustrer  ou  pour  illustrer  ses  parens.  Car  ,  outre 
les  inscriptions  qu'il  fit  mettre  à  Saint- Laiîdrj  oii  il  ne  l'ut  cepen- 
dant pas  enterré  (5) ,  11  en  avoit  fait  placer  aux  tombeaux  des  Dor- 
mans  qui  étoient  aux  Chartreux  (6). 

Boucherat  naquit  à  Paris  en  i6i6,  de  Jean  Boucherat,  doyen  de 
la  chambre-des-comptes.  Après  avoir  été  Intendant  de  diverses  pro- 
vinces ,  il  devint  chancelier  de  France  et  gardi-des-sceaux ,  dans  les- 
quels il  succéda  à  M."^  Letellier,  étant  maîfre  des  requêtes;  il  fut  choisi 
par  le  roi  pour  être  un  de  ceux  qu'il  avoit  appelés  au  conseil  pour 
la  réforme  de  la  justice  ;  il  se  distingua  dans  toutes  ses  places  par 
son  intégrité  et  sa  vigilance;  il  mourut,  comblé  d'honneur,  le  2  sep- 
tembre 1699,  à  83  ans. 

(5)  Il  l'a  élé  à   Saint-Gervais. 

(  6  )  Amelot  de  la  Houssa  je  a  dit  :  «   que  le  chancelier  Boucherat  tenoif  à 
»  l'honn  ur  d'èlre  p  rent  de  Broiissel ,  et  qu'il  kii  avoit  fait  dresser  une  épi- 
»  taphe  c|ui  lui  atiribiioit  des  vertus  dont  il  n'avoit  que  les  apparences.  L'épi- 
»  taphe  ,  ajoute-t-il,  fera  admirer  Broussel  aux  paroissiens  de   Saint-Landrj  j  ' 
»  mais  l'histoire  le  rendra  méprisable  à  la  postérité  ». 

L'épitaphe  que  nous  venons  de  rapporter  prouve  le  contraire  ,  et  fait  voir 
que  l'élo>;e  des  vertus  de  ce  fameux  frondeur  n'existoit  que  dans  l'imagination 
de  l'écrivain  caustique.  Piganiol.  Tome  I ,  pag.  421. 

Ce  qu'en  dit  Dulaure  confirme  encore  plus  cette  opinion. 

Broussel,  dit-il,  éîoit  surnommé  à  la  coût  le  patriarche  de  la  fronde  ^  et  chez 
les  Parisiens  le  père  du  peuple.  Dulaure,   Tom.  Il ,  pag.  14g. 


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Saint-Landry     a    Paris.  g 

Sa.  devise  étoit  un  coq  sous  un  soleil ,  par  allusion  ti  celle  de 
Louis  XIV;  les  paroles  étoient  :  solreperit  vigilem.  Il  se  maria  deux 
fois  et  n'eut  point  d'enfant. 

En  suivant  toujours  du  même  côf^  et  plus  près  de  la  porte  ,  on 
vojoit  le  fameux  mausolée  que  Girardon  fit  élever  pour  Catherine 
Duchemain,  sa  femm(! ,  et  où  il  fut  aussi  inhumé  (7). 

Ce  monument  ,  Planche  II ,  étoit  dans  une, grande  arcade  qui 
s'élevoit  jusqu'à  la  voûte  de  l'église;  le  fond  étoit  de  marbre  de  Lan- 
guedoc,  le  chambranle  de  marbre  noir  antique  (  8  )  ,  et  le  socle  de 
mai'bre  blanc  veiné. 

Le  sarcophage  étoit  de  marbre  vert  de  mer  (  9  )  ;  il  posoit  sur 
deux  petits  socles  de  marbre  blanc  entre  lesquels  étoit  un  cartel 
accompagné  d'une  draperie  et  de  deux  flambeaux  renversés  ;  le  tout 
posé  sur  lui  grand  piédestal  aussi  de  marbre  blanc  ,  avec  deux  avant- 
corps  de  chaque  côté. 

Le  dessus  du  tombeau  étoit  orné  d'un  sujet  en  marbre  blanc  , 
représentant  une  grande  croix,  élevé  sur  un  petit  tertre,  sur  lequel 
étoit  une  Vierge  à  genoux  ,  aux  pieds  de  la  croix  et  dans  l'expression 
de  la  douleur  ;  le  corps  de  son  fils  étoit  étendu  un  peu  plus  bas  au 
tord  du  tombeau,  ensorte  qu'une  de  ses  jambes  pendoitpardevant, 
ainsi  que  sa  draperie;  deux  Anges  s'élançant  dans  l'air  contemploient 
la  croix  ,  deux  autres  sembloient  voltiger  autour  de  la  tête  du  Christ, 
.et  un  cinquième  étoit  assis  aux  pieds  de  la  croix:  tous  témoignant 
leur  douleur  et  leur  consternation.  La  croix  portoit  l'inscription 
INRI ,  et  le  linceuil ,  ainsi  que  la  couroiuie  d'épine  suspendue  à 
un  de  ses  croisillons  ,  toutes  ces  figures  étoient  de  grandeur  naturelle 
£t  à  demi-rond  de  bosse.  Girardon  donna  les  modèles  de  ce  monu- 
ment et  le  fit  sculpter  par  Nourisson  et  le  Lori'ain  ,  ses  élèves;  mais 


(  7  )  L'empereur  Joseph  II,  étant  à  Paris,  trouva  ce  monument  si  beau  qu'il 
atla  le  voir  jiiscfu'à  trois  fois. 

(  8  )  C'est  un  marbre  noir  avec  de  grosses  veines  blanches. 

(9)  Mtirbre  fond  noir  avec  des  veines  vertes  très -fines,  comme  des  petits 
filandres  de  grosses  veines  blanches  et  des  petites  taches  rouges. 

B  2 


tJÎ 


lo  Saint-Landry     a    Paris, 

l'exécution  ne  répond  pas  assez  à  la  beauté  du  dessin.  Les  ligures  du 
Ciu-ist  et  de  la  Vierge  sont  cependant  très-belles.  On  remarque  que 
le  marbre  en  est  plus  roux  que  le  reste  ;  les  Anges  ne  sont  pas  aussi 
bien    faits. 

On  lisoit  cette  inscription  sur  le  marbre  placé  devant  le  sarcophage: 

Pro  omnibus  mortuus  est  Christus  ut  qui  vivant  ,jam  non  sihi 
vivant ,  sedetqui pro  ipsis  inortuusesi  et  Tcsurexit.  ii.  ad  Corintli. 
cap.  5. 

Jesus-Christ  est  mort  pour  tous ,  afin  que  ceux  qui  vivent  ne 
vivent  plus  pour  eux-mêmes  ,  mais  pour  celui  qui  est  mort  et  qui 
est  ressuscité  pour  eux. 

Au-dessous  du  tombeau ,  sur  le  petit  cartouche  ,  on  lisoit  cette 
é^DÎtaphe  gravée  en  lettres  noires  : 

Sous  ce  marbre  où  est  représenté  le  grand  mystère  de  notre 
salut ,  repose  ,  en  attendant  la  jésurrection  ,  demoiselle  Cathe- 
EINE  DuCHEMiN  ,  épouse  de  François  Girardon,  sculpteur  ordi- 
naire du  roy ,  chancelier ,  recteur  de  V académie  royale  de  peinture 
et  de  sculpture  ;  elle  mourut  le  XXI  septembre  MDCLXXXXVIII. 
Et  le  sieur  Girardon  ,  voulant  consacrer  à  Jesus-Christ  tout  ce 
au  il  peut  avoir  acquis  d'' intelligence  et  de  lumières  dans  son  art , 
a  fait  et  donné  à  t église  de  Saint-  Landry  cet  ouvrage ,  au  pied 
duquel  il  repose ,  du  premier  septembre  MDCCXV. 

Plus  bas,  sur  le  marbre  qui  est  au  milieu  des  avant -corps  du 
piédestal ,  étoit  cette  autre  épitaplie  : 

Le  sieur  Girardon  a  fondé  en  cette  église  six  messes  hautes 
par  chacun  an  ;  la  première,  le  premier  vendredy  d'après  le  jour 
des  Cendres;  et  les  cinq  autres ,  le  vendredy  de  chacune  des  semaines 
à  perpétuité,  avec  le  libéra  et  le  de  profundis.  Au  pied  de  ce  monu- 
vient  aux  intentions  ,  conditions  et  rétributions  marquées  au  con- 
trat de  cette  fondation  passée  pardevant  M.«  Dojen  ,  le  jeune,  et 
son  confrère,  notaires ,  le  ij  avril  1706. 

François  Girardon  naquit  âTrojes,  en  i63o  ,  de  Nicolas  Girardon^ 
habile  fondeur  ;  il  entra  d'abord  chez  Laurent  MazièrCj  et  fut  ensuite 


s  A  I  N  T  -  L  A  X  D  n  Y     A     Paris.  i  i 

ëtiidier  sous  François  Auguier.  Quelqiie-tems  après  ,  Louis  XIV  l'en- 
Toya  à  Rome  pour  s'y  perfectionner  et  lui  accorda  une  pension  do 
mille  écus.Lorsc]u'il  fut  de  retour  en  France,  il  succéda  à  Lebrun  , 
dans  la  charge  d'inspecteur-général  de  tous  les  morceaux  de  sculp- 
ture ;  tous  les  artistes  furent  satisfaits  de  ce  choix  ,  excepté  le  célèbre 
Puget  qui ,  ne  voulant  pas  dépendre  de  lui ,  se  retii-a  à  Marseille. 
Les  plus  beaux  ouvrages  de  Girardon  sont  :  le  fameux  mausolée  du 
cardinal  de  Richelieu  (  lo),  à  la  Sorbonne  ;  la  stalue  équestre  de 
Louis  XIV  (i  i),  à  la  place  Vendôme  (  i2).C'étoit  son  chef-d'œuvre , 
ainsi  que  celui  de  l'art  de  la  fonderie  :  car  elle  étoit  d'un  seul  jet , 
et  c'étoit  la  seule  coulée  ainsi  en  Europe, 

L'enlèvement  de  Proserpine  et  des  groupes  des  bosquets  des  bains 
d'Apollon  à  Versailles  ;  enfin,  le  moni:ment  c[ue  je  viens  de  décrire. 
Girardon  fut  reçu  à  l'académie  de  peintui-e  en  lôSy  ;  il  devint  pro- 
fesseur deux  ans  après,  recteur  en  1674  ,  et  chancellier  en  169'j.  Ce 
grand  homjne  mourut  le  premier  septembre   171 5,  âgé  de  88  ans. 

Si  Girardon  ne  metloit  point  dans  ses  ouvrages  la  vie  et  .l'expreS' 
sion  que  l'on  admire  dans  ceux  du  Bernin  et  du  Puget,  on  y  remarque 
plus  de  grâce  et  une  pureté  de  dessin  que  l'on  ne  retrouve  que  dans 
l'antique  (  i3  ). 

Catherine  Duchemln ,  son  épouse^  avoît  beaucoup  de  talens  et 
excelloit  à  peindre  des  fleurs  ;  elle  étoit  aussi  de  l'académie  de 
peinture.^ 


(  10  )  Un  anglois  (  le  lord  Stanhope  )  ravi  d'admiration  à  la  vu^  de  ce  chef- 
d'œuvre  ,  court  chi^z  Girardon ,  jette  sur  sa  table  une  bourse  de  cent  louis  , 
et  le  prie  de  l'accepter  comme  une  foible  marque  de  sa  satisfaction  et  de  son 
estime. 

(  II  )  Elle  a  été  brisée  en  septembre  1792,  ainsi  que  tous  les  autres  monu- 
mens  de  ce  genre. 

(  12  )  Elle  fut  appelée  ,  en  1798,  place  des  Piques  ,  mais  elle  recouvra  son 
ancien  nom  en  juillet  1794. 

(  i3)  Ceux  qui  dësireroient  de  plus  grands  détails  sur  la  vie  de  Girardon  , 
peuvent  consulter  son  éloge  par  l'abbé  Lambert ,  imprimé  dans  son  histoire 
littéraire.  Tom.  III ,  part.  II ,  pag.  3l2.  Et  sa  vicj  dans  Us  vies  desjametix  seulp^ 
teurs.  Tom.  U,  pag,  209, 


m 


12  S   A   I   \    T  -  L   A    N   D   R    y      A      P  A   R   I   s: 

Au  côté  droit  du  tombeau  de  Girardon  ,  sur  une  table  de  marbre 
blanc  ,  on  lisoit  : 

D.     O.    M.      - 

Cy  gisent  :  François  Bastonneau  ,  éciiyer  conseiller  secrétaire 
du  roy  ,  maison  et  couronne  de  France  et  de  sesjînances,  et  asses- 
seur en  l'élection  de  Paris,  décédé  en  Vannée  MDCLXXXXVI. 
âgé  de  LXXXV.  ans  sept  mois  vingt-trois  Jours  ;  et  dame 
Martine  l'Huilier  ,  son  épouse ,  décédée  le  XXIV.  jani^ier 
MDCLXXXVIII.  âgée  de  LXVII.  Plus  Gabriel  Bastonneau, 
■écujer ,  conseiller  secrétaire  du  roy  maison  et  couronne  de  France 
et  de  ses  Jinances  ,  et  maréchal-des-logis  de  sa  majesté;  et  Henri- 
François  Bastonneau,  écujer  seigneur  vicomte  d'^lszay ,  con- 
seiller du  roi ,  maître  ordinaire  en  sa  chambre  des  comptes.  Priez 
Dieu  pour  leurs  âmes. 

A  gauche  du  mausolée  de  Girardon ,  éloit  une  table  de  marbre 
Liane ,  surmenlée  d'une  croix  et  de  deux  lampes  funèbres,  et  encadrée 
de  marbre  de  Languedoc;  on  y  lisoit  cette  épitaphe: 

Ci-gist  messire  Bastonneau,  chei^alier ,  seigneur  et  vicomte 
d'^szay ,  conseiller  du  roi,  maître  ordinaire  en  sa  chambre  des 
comptes  ,  qui  décéda  le  XXXI.  janvier  MDCCVII.  //  a  réglé  sa 
vie  par  la  pensée  dg  la  mort ,  plein  de  confiance  en  Jesus-Christ , 
il  a  demandé  les  prières  de  son  église.  Dame  Catherine  Trois- 
dames,  son  épouse  ,  exécutrice  de  son  testament,  pour  Vunion  et, 
T  amitié  qu'ils  se  sont  toujours  portée  ;  et  Gabriel  Bastonneau  , 
seigneur  et  vicomte  d'^isz-ay  ;  et  François  -  Robert  Bastonneau, 
ses  enfans  ,  pour  le  respect  qu'ils  ont  eu  pour  leur  dit  père ,  ont 
désiré  faire  ce  monument  de  piété. 

Sancta  et  salubris  est  cogitatio  pro  defunctis  exorare  ut  à 
peccatis  saluantur. 

A  côté  de  cette  épitaphe  on  en  voyoit  une  autre  gravée  sur  une. 
pierre  el  conçue  ainsi  : 

Maitre  Nicolas  Talvatz  ,  vii'ant  greffier  delà  seconde  chambre 
des  requêtes  du  Palais,  ancien  marguillier  de  cette  paraisse  ;  et 


s    A    I    N    T  -L    À    N    D    R    Y      A      P  A    n    I    S.  l3 

damoîselle  Marie  Girard,  sa  femme,  laquelle  auoit  été  veuve 
en  premières  noces  de  maître  Charles  Veillait,  vivant  huissier  du 
roi  en  sa  cour  de  parlement  ;  tous  les  enfans  édifiés  de  la  piété 
et  de  la  conduite  de  leurs  père  et  mère ,  pour  marque  éternelle 
de  leur  reconnoissance  et  servir  d'exemple  à  leur  descendons , 
ont  fait  poser  cette  pierre  le  ^W.^  jour  de  mai  MDCLXXXXIV. 

Honora  patrem  et  matrem  et  pro  eis  bene  defunctis  heneprecare. 

Au-dessus  de  l'épitaphe  de  la  famille  des  Bastonneau ,  à  droite  du 
tombeau  de  Girardon,  on  lisoit  sur  un  marbre  blanc  encadré  de 
marbre  noir  : 

Dame  Marie  Ferrand  ,  veuve  de  messire  Philippe  Sanguin , 
chevalier ,  seigneur  de  Focquencourt,  VoUusseaux  et  autres  lieux, 
conseiller  du  roi  en  ses  conseils ,  et  sous-dojen  en  sa  cour  des 
aydes ,  a  fondé ,  etc.    laquelle  est  décédée  le  VII  may  MD(-C1Î. 

A  côlé  du  précédent  monument  ,  sur  un  marbre  noir,  on  lisoit 
en  lettres  d'or  : 

D.     O.     M. 

Cy  sous  ce  banc  gisent  et  reposent  les  corps  de  noble  homme 
maistre  Jérôme  d'Ablary  ,  vivant  greffier  en  chef  du  thresor  au. 
Palais  à  Paris  ;  et  damoiselle  An  ne  de  Lov  ys  ,  sa  femme ,  décédés , 
lui  ,  le  VII.  d'avril  MDGXIX,  et  elle  ,  le  XXV  janvier 
MDCXXXIV. 

CoJitre  un  des  piliers  du  choeur,  du  côté  de  l'épitre  ,  étoit  adossé  un 
monument  au-dessus  de  la  boiserie;  il  et  oit  de  pierre  plaquée  de  mar- 
bre noir,  et  orné  de  deux  pilastres  soutenant  un  fronton  brisé,  sur 
le  timpan  duquel  étoient  deux  enfans  tenant  des  têtes  de  mort ,  et  au 
milieu  une  table  carrée  de  marbre  noîr,  sur  laquelle  étoit  peinte  un 
prêtre  âgé  ,  avec  des  cheveux  blancs  et  des  moustaches  ,  à  la  manièi-e 
du  tems  de  Louis  XIII.  Le  haut  de  son  collet  étoit  garni  de  dentelles. 
Ce  mausolée  étoit  terminé  par  un  cnl-de-lampe  où  étoient  ses  armes 
qui  éloient  trois  merlettes  ,  avec  une  quinte  feuille  en  cœur. 

Il  j  avoit  dans  le  chœur  plusieurs  tombes  plattes,  mais  la  plupart 
éloient  si  usées,  que  l'on  n'y  vojoit  presque  plus  rien.  Voici  ce  que 


f? 


>'( 


14  Saint-Landry     a    Paris; 

nous  avons  pu  en  i-ecueillir  sur  une  pierre  où  étoit  gravée  l'effigie  d'un 

hqmme  vêtu  d'une  grande  robe  ;  on  lisoit  : 

Maistre  Jehan  Moulé  de  Gré en  Gatinois ,  clerc  et  maistre 

en  la  Chambre  aux  deniers  de  Monseigneur Dauphin  de 

T^iennois  qui  trépassa  le  XlII.^  Jour  du  mois  de  Juin  l'an  de  grâce 
mil  trois  cent  soixante  onze.  Priez  Dieu  pour  Vame  de  lui. 

Sur  la  pierre  à  côté ,  où  étoit  aussi  gravée  l'effigie  d'un  docteur  en 
robe ,  on  lisoit  : 

Hic  JACET  Magist...  GuiLLELMUS  Bala  regisNavarrœ  Clericus 
Cannonicus ....  aprilis  anno  Domini  M  CGC  XXXIV.  Reqniescat 
in  pace. 

Dans  ce  même  chœur  a  été  aussi  enterré  Nicolas  le  Tourneur  ^ 
prêtre,  célèbre  par  sa  piété,  sa  science  et  ses  grands  talens  pour  la 
chaire.  II  n'a  voit  point  d'épitaplie,  et  ce  n'est  que  par  tradition  qu'on 
sait  le  lieu  de  sa  sépulture  (14). 

A  gauche  de  la  sacristie  on  lisoit  sur  ime  pierre  : 

Cy  gist  vénérable  et  discrète  personne  monsieur  maître  Michel 

Buisson /77-é?V/v?  chanoine  en  V église  de  Noire-Dame  de  Paris  j  et 

Curé  de  l'église  de  St.  Landry  en  la  Cité, 

Jacques  le  Roj,  archevêque  de  Bourges,  avoit  aussi  sa  sépulture 
dans  cette  église.  Il  _y  fut  inhumé  en  MDLXXI. 

Jacques  le  Roy  étoit  fils  de  René,  seigneur  de  Chavigni ,  conseiller 
du  Roi,  et  Madeleine  Gouffier,  sœur  d'Adrien,  évêque  de  Constance 
et  cardinal.  Il  entra  d'abord  dans  la  congrégation  de  Clugnj  où  il 
fit  profession.  Il  devint  successivement  abbé  de  St.  Florent,  de  Sau- 
înur,  ensuite  de  Dol  et  de  Ville-Loin.  Enfin  il  fut  élu  abbé  de  Clunj  ; 
mais  d'après  le  désir  de  François  P"" ,  il  se  démit  en  faveur  de  Jean 
de  Lorraine,  cardinal  en  iSaB;  mais  il  fut  dédommagé  de  celte  com- 
plaisance dix  ans  après.  Tournon  ayant  passé  au  siège  d'Auxerre ,  il 
fut  nommé  à  celui  ds  Bourges  et  en  prit  possession  la  même  année. 
Pe  son  tems ,  la  ville  fut  prise  par  les  Hérétiques  ;    tous   les  temples 

{;i4)P;gi;nol.  T.   i  ,  p.   418. 

furent 


s    A    I    N    T  -  L    A    N    D    TR    Y      A      P  A    R    1    S.  I.T 

furent  bn'ik's  et  piUé.-..  Il  mourut  à  Paris  eu  1073,  et  fut  inhumé  à 
St.  Landry  (  liJ). 

Ilyavolt,  à  côlé  du  grand  portail,  une  chapelle  où  l'on  voyoit  les 
plus  beaux  fonts  l:)aptismaux  qu'il  j  eut  à  Paris  ,  avant  qu'on  eût 
fait  ceux  de  St.  Sulpice.  Ils  ont  été  transférés  en  1791  à  St.-Germain- 
des-Près ,  c'est  par  une  erreur  très-grossière,  que  Piganiol  (16),  et 
après  lui  Dulaure  (17)  et  Hurtaut  (18),  ont  avancé  qu'ils  étoient 
fahs  (.Vu77  gra7ni  bloc  de  poTphjre ;  cav  au  lieu  d'être  de  cette  roche 
précieuse  et  diiEcile  à  travailler,  ils  sont  de  marbre  de  Flandre  qu'on 
appelle  Rance  ,  qui ,  à  la  vérité ,  a  un  fond  l^run  comme  le  porpliyre  , 
mais  qui ,  au  lieu  d'êlre  jaspé  comme  lui ,  est  composé  de  grandes  pla- 
ques grises  avec  de  larges  veines  d'un  blanc  sale ,  et  qui,  au  contraire 
du  porphyre,  est  le  plus  commun,  et  un  des  plus  aisés  à  tailler;  d'ail- 
leurs il  eût  été  difficile  de  faire  dans  le  porphyre  des  ornemens 
aussi  délicats  que  ceux  qui  sont  sur  ces  fonts  ,  puisqu'on  ne  peut 
tailler  le  porphyre  qu'avec  la  pointe,  et  que  ce  n'est  qu'à  force  de  grès 
qu'on  parvient  à  l'unir  et  ensuite  le  polir  (  ig). 

La  forme  de  ces  fonts  est  celle  d'un  vase  applati,  très-large  par  le 
haut  ;  son  pied  est  trop  maigre  pour  sa  largeur;  mais  ce  qui  est  ridi- 
cule c'est  surtout  la  forme  du  dez  qui  porte  le  tout. 

Les  ornemens  en  sont  fort  bien  faits,  ils  sont  presque  tous  de  bronze 
doré  d'or  moulu ,  tels  que  les  charnières  et  les  fleurons  qui  sont  au 
couvercle  ,  ainsi  que  les  portes  qui  sont  au  milieu  du  vase.  Les  gau- 
drons  du  dessus  du  couvercle  et  les  ôves  qui  sont  sous  le  vase ,  sont 
sculptés  sur  le  marbre. 

Ces  fonts  ont  été  faits  par  la  Pierre  ,  marbrier ,  et  ont  été  donnés  ,' 
en  1705,  par  M.  Garçon,  curé  de  St.  Landry.  Ils  sont  à  présent  au 
Muséum  des  Augustins. 

Cette  église  ayant  été  volée  au  mois  de  mars  1751,  il  y  eut ,  pour 


(  I S  )  Gallia  Chnstiana. 
(  16  )  Tom.  I ,  pag.  425. 
(17)  Tom.  II,  pag.  i5o. 

(  18)  Diction  hist,  de  Paris.  Tom.  III,  pag.  887. 

(  19)  Il  ne  faut  qu'avoir  dgs  idées  très-conimuues  de  minéralogie  pour  bien 
distinguer  le  marbre  du  porphyre. 

G 


l\^ 


i6  Saint-Landry     a    Paris. 

réparer  ce  sacrilège,  une  procession  ordonnée  ,  à  laquelle  le  parle- 
ment assisia  (  20). 

Assez  près  de  là  ,  est  une  petite  place  sur  laquelle  est  nn  port  où 
s'arrétoient  auti-efois  les  bateaux  chargés  de  vivres  ou  d'autree  provi- 
sions qu'on  amenolt  par  eau,  comme  ils  abondent  aujourd'hui  au 
port  de  la  Grève,  de  l'autre  côté  de  la  rivière;  d'oii  est  venu  le  pro-< 
verbe  ,  Cest  le  port  St.  Landry ,  le  vieux  passage  (  21  ). 

En  l'an  i582,  les  doyens  et  chanoines  de  Notre-Dame,  firent  réta- 
blir le  mur  qui  flanque  et  ferme  le  quai  de  l'ancien  port  dit  St.  Lan- 
dry,  comme  on  le  voit  par  celle  inscription  qu'ils  firent  graver  sur 
une  des  pierres  de  ce  mur. 

^nno  Doniim  CIOIDLXXXÏL  "^  însula  par'isiensis  undi- 
que  insurget  ornatior  tuti orque  capitulus  insignis  ecclesice,  hune 
quoque  muruni  sustulitV.'&^GMW.^  decano  Archidiacono,  Mesni- 
îio  et  Camerario .  P.  de  la  Bassée.  Canonicis  procurantibus. 


(  20  )  Lebeuf.  Tom.  I ,  pag.  74. 
(  21  )  Dubreuil.  Page  92. 


L     X. 

ABBAYE     SAINTE-GENEVIEVE     A     PARIS, 

Département   de  la  Seine. 

P 

-S-   LUSiEURs  écrivains  ont  publié  la  vie   de  Geneviève  ,  Palrone  de 

Paris  et  à  qui  étoit  dédiée  la  riche  Ahbaje  que  je  vais  décrire;  j'en 
rapporterai  les    circonstances  les  plus    remarquables. 

Geneviève  naquit  à  Nanterre  ,  petit  village  à  deux  lieues  de 
Paris.  Ce  fut  ,  suivant  Dubois  et  les  Bollandisles  ,  en  420  ;  mais 
l'auteur  d'une  vie  manuscrite  de  cette  Sainte  ,  ne  lui  fait  voir  le 
jour  qu'en  428.   Son  père  se  nommoit  Séi>ère  et  sa  mère  Géronce. 

Malgré  la  tradition ,  malgré  quelques  historiens  qui  donnent 
à  cette  fille  une  extraction  commune  (  i  )  et  qui  lui  font  garder 
les  moutons  par  nécessité.  Je  suivrai  l'opinion  contraire  d'un  auteur 
qu'on  peut  dire  contemporain,  puisqu'il  a  écrit  la  vie  de  Sainte- 
Geneviève  dix-huit  ans  après  sa   mort. 

Sainte-Geneviève  garda ,  il  est  vrai  ,  les  moutons  ,  mais  c'étoient 
ceux  de  ses  parens ,  et  par  humilité  plutôt  que  par  besoin.  Cependant 
on  la  représente  toujours  habillée  en  bergère  avec  une  houlette  près 
d'elle  et  une  quenouille  à  la  main.  C'est  ainsi  qu'elle  est  figurée  dans 
la  belle  estampe  de  Balechou  (  2  ). 

Elle  possédoit  cjuelques  domaines  sur  le  territoire  de  Melun; 
Le  fait  suivant  l'indique  assez.  Des  ouvriers  travailloient  à  la  moisson 
de  ses  bleds  ,  mi  orage  terrible  survint  et  menaça  d'inonder  les 
moissonneurs.  Geneviève  parut   fort  à  propos  ;    la  pluie   tomba    à 


(  I  )  Vallois  prétend  qu'elle  était  d'une  naissance  bien  au-dessus  de  celle 
que  lui  suppose  la  tradition  ;  elle  garda  les  troupeaux ,  à  la  vérité  ,  mais  c'étoit 
ceux  de  son  père.    Elle  avoil ,  suivant  lui ,  des  biens  du  côté  de  Meaux. 

(  2  )  On  la  voit  aussi  de  cette  manière  sur  les  an.  icns  vitraux  ;  un  peintre  sur 
verre  ayant  à  représenter  cette  bergère ,  et  ne  sachant  faire  que  des  cochons , 
écrivit  dessous  :  ces  cochons  sont  des  moutons, 

A 


4lC 


2  Abbaye    Saint  e-G  e  n  e  v  i  è  v  e    a   Paris. 

flots,  noya  les  cliamps   voisins,  mais  ceux  de  Geneviève  et  ses  ou- 
vriers  n'en  reçurent   pas  même  une  goûle  (3  ). 

Plusieurs  historiens  ajoutent  que  Sainl-Germain ,  accompagné 
de  Saint-Loup  ,  allant  en  Angleterre  ,  prirent  ,  par  un  avis  secret  du 
ciel ,  le  chemin  de  Nanterre.  A  leur  arri\ée  ,  une  mullltude  immense 
se  pi-écipita  sur  leurs  pas.  vSaint-Germain  distingua  néanmoins  dans 
la  foule  un  enfant  de  six  à  sept  ans  (4),  c'était  Geneviève  dans 
laquelle  il  devina,  par  une  lumière  intérieure  de  l'esprit  de  Dieu, 
ime  grâce  extraordinaire.  Il  se  la  fit  amener,  lui  demanda  son 
nom,  celui  de  ses  parens  ;  après  différentes  cjuestions,  auxquelles 
on  pense  bien  que  Geneviève  répondit  avec  précision  et  justesse  , 
le  St.   Evêque   prophétisa  la  vie   miraculeuse  de  cette  fille. 

Il  s'entretint  ensuite  avec  elle  ,  et  la  pressa  de  lui  déclarer  si 
elle  n'était  pas  portée  à  consacrer  sa  virginité  entière  à  J.-Cl.  et 
à'être  son  épouse.  «  La  Saincte  fdle  ,  ravie  de  contentement  d'en- 
»  tendre  le  nom  et  la  dignité  de  l'espoux  qui  lui  étoit  proposé , 
î)  protesta  de  vouloir  conserver  très-fidèlement  le  titre  et  qualité 
))  de  vierge,  et  qu'il  j  avoit  déjà  assez  de  temps  qu'elle  étoit  pressée 
»  des  désirs  de  vivre  en  cette  profession  ».  Après  cet  entrelien  on 
s'achemina  vers   l'église  du  lieu  ,   elle   j  reçut  la  bénédiction. 

Les  évêques  en  la  remettant  à  ses  pai-ens,  leur  ordonnèrent  de 
l'amener  le  lendemain.  Geneviève  y  fut  conduite  dès  la  pointe  du 
jour.  Saint-Germain  lui  denianda  si  elle  persisioit  dans  le  désir 
qu'elle  avoit  manifesté  la  veille  de  se  consacrer  vierge.  Elle  répondit 
affirmativement.  «  En  ce  moment  Saint-Germain  ayant  jette  les 
3)  yeux  en  terre  ,  y  vit  une  forme  de  pièce  de  monnoie  d'airain,  mais 
»  gravée  au  coiu  du  Ciel  et  marquée  du  signe  de  la  croix  ,  apportée 
»  de  la  part  de  Dieu  qui  vouloit  faire  un  piésent  à  sa  nouvelle 
3)  espouse.  Le  Sainct  prend  cette  pièce  ,  la    donne  à   Geneviève  et 


(3)  Cliiffletius,  p.  468. 

(  4  )  Suivant  quelques  auteurs  elle  n'avoit  que  sept  ans  ,  ci'après  les  autres 
neuf,  et  selon  d'autres  dix  ou  onze;  le  plus  raisonnable  de  tous  est  l'abbé 
Fleury ,  qui  fixe  ce  premier  acte  de  piété  à  l'âge  de  quinze  ans.  Touss.  Duplessis. 
Annal,  de  Paris,  p.  41. 


Abdaye    Saint  e-G  e  n  e  v  i  è  v  n    a    Paris.  3 

»  lui  oruomie  de  l'avoir  perpétuellement  au  col  en  mémoire  de  lui  ». 
Il  est  bon  d'observer  que  pour  être  plus  facileuienl.  suspendue  ,  le 
ciel  l'avoit  envoyée  percée  (  5  ). 

Geneviève  désii-ant  aller  à  l'église  un  Jour  de  fêle  ,  sa  mère  le 
lui  défendit;  comme  elle  insistoit,  l'impatience  prit  à  Géronce 
qui  donna  un  s«uflet  à  sa  fille.  Le  Ciel ,  pour  la  punir  d'une  telle 
insulte  ,  la  rendit  tout-à-coup  aveugle.  Cette  punition  dura  dix-huit 
mois;  au  bout  de  ce  long  tems  Geneviève  lui  rendit  la  lumière  en  lui 
lavant  les  yeux  avec  l'eau  du  puits  du  lieu  où  elles  demeuroient  (6). 

Ce  puits  acquit  ensuite  une  grande  célébrité  ;  on  fit  boire  de  son 
eau  à  Charles  VI  pendant  sa  maladie  :  Il  éloit  renfermé  dans  l'église 
de  Sainte-Geneviève  à  Nan  terre  ,  on  en  remplissolt  une  auge  de 
pierre,  on  venoit  boire  à  longs-lraîts,  dans  deux  grands  cuilliers  de 
fer  ,  celte  liqueur  miraculeuse.  La  chapelle  éloit  tapissée  iTex-uoto , 
tous  plus  bizarres  les  uns  que  les  autres. 

Geneviève  resta  à  Nanterre  jusqu'à  la  mort  de  ses  parens  ,  et  se  ' 
relira  ensuite  à  Paris  chez   une  dame  qui  éloit  sa   marraine. 

Si  l'on  en  croit  Viallon  (  7  )  ,  cette  fille ,  dès  l'âge  de  quinze  ans  ,  ne 
mangeoit  que  deux  fois  la  semaine  ,  le  dimanche  et  le  jeudi  ;  et 
ces  jours-là  même  elle  prcnoit  pour  toute  nourriture  du  pain  d'oro^e 
avec  des  fèves,  cuites  depuis  une  semaine  ou  deux. 

L'approche  du  redoutable  Attila  avoit  jette  l'épouvante  dans  tous 
les  cœurs.  Les  Parisiens  vouloient  abandonner  leur  ville  ,  Geneviève 
leur  conseilla  de  n'en  rien  faire ,  ajoutant  que  celles  où  ils  se 
retlreroient  seroient  pillées  et  saccagées.  On  la  traita  de  fausse  pro- 
phétesse  ,  on  alla  même  jusqu'à  vouloir  attenter  à  sa  vie.  Mais  tout 
ce  qu'elle  avoit  prédit  étant  arrivé  ,  et  les  huns  n'ayant  pas  même 
songé  à  approcher  de  Paris ,  le  peuple  n'eut  plus  pour  elle  que  des 
sentnnens  de  vénération  et   de  confiance. 


(5  )  Hist.  manusc.  de  Ste.  Gen. ,  etc.  eti\,  liv.  I,  ch.  IV,  p.  8.  -  Beurrier, 
vie  de  Sie.  Gen.,  p.  14.-  Le  Juge,  List,  de  Ste.  Gen.  ,liv.  I ,  f°.  à.  -  Lallemant, 
vie  de  Ste.  Gen.,  p.  10. 

(  6  )  Chiffletius,  de  SS.  Dionys.  et  Genovef.  ,  p.  45S.  -  Beurrier ,  vie  de  Ste. 
Gen. ,  p.  3i.  -  Hist.  man.  de  Ste.  Gen. ,  p.  10.  -  Pigan.  De  la  Force ,  t.  IX,  p.  3i5. 

(  7  )  Hist.  de  Clovis,  p.  laS  et  suiv. 

Az 


m 


4  Abbaye    Saint  e-G  éneviève    a    Paris. 

Geneviève  avoit  depuis  long-fenis  le  dessein  de  faire  construire 
une  chapelle  en  l'honneur  de  Saint  Denis  et  de/ ses  compagnons 
Rustique  et  Eleuthere  ;  mais  elle  éloit  sans  raojens  pour  cela.  Un 
jour  elle  communiqua  son  dessein  à  des  prêtres  qui  venoient  souvent 
la  visiter,  et  les  conjura  de  réunir  tous  les  matériaux  nécessaires. 
Il  leur  fut  sans  doute  aisé  de  se  procurer  du  bois,  mais  ils  ne  sa  voient 
comment  se  procurer  de  la  chaux.  Et  bien,  dit  Geneviève,  allez 
jusqu'au  pont  de  la  ville  et  rapportez-moi  ce  que  vous  aurez  entendu. 
Ils  y  rencontrèrent  deux  pâtres  qui  se  disoient  l'un  à  l'autre  avoir 
découvert  un  four  à  chaux.  On  commença  donc  la  construction  de 
la  chapelle.  Un  événement  donna  lieu  à  un  miracle  plus  étonnant 
sans  doute  que  celui  de  JMojse  (8). 

Les  ouvriers  étoient  en  grand  nombre  ,  l'eau  vint  à  leur  manquer. 
Aussilôt  que  Geneviève  en  fut  informée,  elle  se  fit  apporter  le  grand 
vase  destiné  à  contenir  l'eau  ;  après  avoir  fait  éloigner  tous  ceux 
qui  étoient  présens  ,  et  sa  psière  achevée  ,  elle  fit  le  signe  de  la  croix 
au-dessus  du  vase,  et,  au  grand  élonnement  de  la  multitude,  il  se 
remplit  d'eau  en  un  instant ,  tellement  que  tant  que  l'ouvrage  dura , 
le  vase  ne  désemplit  pas  et  fournit  abondamment  à  boire  aux 
ouvriers  (9). 

Un  jour  d'hiver,  après  avoir  passé  en  prières ,  suivant  sa  coutume, 
la  nuit  du  samedi  au  dimanche  ,  elle  sortit  de  grand  matin  pour 
se  i-endre  à  l'église  de  Saint-Denis.  Dans  le  chemin ,  le  cierge  que 
portoit  devant  elle  une  des  vierges  qui  l'accompagnoient ,  s'éteignit. 
S'en  étant  apperçu ,  elle  prit  le  cierge  qui  se  ralluma  sur-le-champ 
entre  ses  mains.  Cependant  il  étoit  consumé  lorsqu'elles  arrivèrent 
à  l'église.  Sainte  Geneviève  se  prosterna  aussi-tôt,  fit  son  oraison, 
et  tout-à-coup  un  autre  cierge,  qui  u'avoit  point  encore  servi,  prit 
feu  et  lui  servit  de  flambeau  (  10). 

Quelques  prisonniei-s  avoient  été  condamnés  à  mort  ,  Geneviève 


(8)  Chiffletius  ,  p.  459  et  suiv. 
(  9  )  Chiffletius  ,  p.  459. 

(10)  Lallemant  raconte  que  Geneviève  avoit  daus  sa  cellule  uu  cierge  qui 
s'allumoit  de  lui-mêmej  lorsqu'elle  le  desiroit.  Pag.  89. 


Abbaye    S  ai  n  t  e-Gén  e  v  i  k  v  e   a    Pau  i  s.  5 

résolut  de  demander  leiu'  grâce  à  Cliildéric  qui  Otoli  alors  à 
Paris.  Ce  Prince  qui  avoit  pour  la  Sainte  une  estime  particulière, 
et  qui  craignoit  ses  sollicitations,  fit  fermer  les  portes  de  la  ville  , 
pour  qu'elle  ne  pût  pénétrer  jusqu'à  lui.  Mais  à  son  approche 
les  portes  s'ouvrirent  miraculeusement  ;  elle  vit  le  Roi  et  eu  obtint 
la  grâce  qu'elle  demandoit(  ii  ). 

Geneviève  secourut  les  Parisiens  asssiégés  par  Clovis.  Ceux  -  ci 
mnnquoient  de  vivres  ,  elle  leur  conseilla  de  s'embarquer  sur  la  Seine 
pour  en  aller  chercher  (  12).  Il  y  avoit  sur  la  rive  un  écueil  oii  tous 
les  bateaux  faisoient  ordinairement  naufrage  ,  c'étoit  un  arbre. 
Geneviève ,  accompagnant  la  Hotte  ,  le  fit  abattre  ;  au  moment  où 
il  tomba  ,  il  sortit  de  dessous  ses  l'acines  deux  monstres  énormes, 
de  couleur  différente  ,  qui,  enfuyant,  exhalèrent  une  odeur  fétide.  De 
ce  moment  on  n'entendit  plus  parler  de  naufrages  en  cet  ench-oit  (i3). 

Geneviève  voyagea  ensuite  et  par-tout  elle  signala  sa  présence 
par  des  miracles  étonnans  et  nombreux.  Elle  guérissoit  les  malades 
et  chassoit  le  démon. 

Elle  guérit  dans  l'église  de  Saint-Martin  de  Tours,  im  des  chantres 
qui  fut  tout-à-coup  saisi  de  l'esprit  malin.  Le  démon  avoit  souhaité 
de  sortir  par  l'œil ,  mais  Geneviève  voulut  l'humilier  en  le  jettant 
dehors  par  im  endroit  tout  opposé  (  14). 

On  a  dit  depuis  long-tems  C[ue  la  curiosité  est  naturelle  aux  femmes. 
Je  rapporterai  le  miracle  suivant  ,  non  pas  précisément  pour  le 
prouver,  mais  pour  faire  voir  c^ue  la  sainteté  même  cède  quel- 
quefois  à    ce  mouvement  impérieux  de   l'ame. 

Geneviève,  étant  un  jour  assise  sur  sa  porte,  vit  passer  une 
jeune  fille,  portant  un  vase.  Elle  l'appela  et  lui  demanda  ce  qu'elle 
portoit.  C'est  une  phiole  remplie  d'huile,  répliqua  la  jeune  fille, 
que  je  viens  d'acheter.  Geneviève  qui  avoit  l'œil  perçant  et  fin 
apperçut  le  diable  sur  l'ouverture  de  la    phiole.    Tout-à-coup   elle 


(II  )  Toiiss.  Duplessis. 
(12)  Chiffletiiis  ,  p.  464. 
(  i3  )  Ciambolli ,  p.  5o. 
(  14  )  Xallemant ,  p.  78; 


m 


6         Abbaye    S  a  in  te-G  f.  n  k  v  i  é  v  e    a    Paris. 

prit  un  air  menaçant  ,  souffla  dessus  ,  et  une  parlie  du  col  de  la 
bouteille  se  l^risa  et  fut  dispersé;  ajant  ensuile  fait  le  signe  de  la 
croix  sur  ce  qui   restoit,  elle  congédia  la  jeune   fille.  (  i5). 

Clovis  avoit ,  comme  Childeric  ,  une  considération  particulière 
pour  Geneviève.  Ce  roi  cruel  avoit  souvent,  en  sa  considération, 
laissé  fiéchir  son  cœur,  délivré  des  prisonniers  et  pardonné  à 
des    criminels. 

Geneviève  mourut  à  Paris  le  3  Janvier  5x2  (  i6  )  ;  elle  fut  in- 
humée dans  le  caveau  Souterrain  de  l'église  bâtie  par  Clovis ,  qui 
depuis  a  porté  son  nom.  On  y  plaça  une  lampe,  autant  par  honneur  , 
sans  doute  ,  comme  c'étoit  la  coutume  ,  que  pour  éclairer  la  mul- 
titude qui  affluoit.  Cette  lampe  fut  pendant  long-tems  une  source 
intarrissable  de  miracles  ,  car  elle  ne  s'épuisoit  point ,  malgré  la 
quantité  d'huile  qu'on  en  tiroit  pour  la  guérison  des  maladies  les 
plus  désespérées. 

Erasme  a  fait  des  vers  en  l'honneur  de  Sainte  Geneviève.  Ils  com- 
mencent ainsi  : 

Diva  pil  l'ûtis  ijotivum  solvere  carmen. 
Qui  ciipit ,  etc. 
Le  Liepvre   les  a  traduits  en  vers  françois(  17). 
Sous  le   règne   de   Louis  le  Débonnaire,  un  débordement  prodi- 
gieux inonda  Paris.  Les  églises  et  les  oratoires  devinrent  inaccessibles  , 
Ynchade  ,  alqrs  évêque  ,    fit  chercher   un  lieu   commode  pour   cé- 
lébrer   les  Saints   mystères.    Un    clerc   nommé   Richard  alla  ,  par 
Ipatteau,  jusqu'à  un  monastère   de  Vierges  fondé  par   Sainte  Gene- 

(i5)   Chifiletius  ,  p.  467. 

(  16  )  La  comtesse  de  Valois ,  femme  de  Charles  de  Valois ,  frère  de  Phi- 
lippe ,  fit  mettre  la  vie  de  Sainte  Geneviève  en  vers  françois.  Ce  manuscrit  se 
voit  à  l'abbaye  ,  il  commence  ainsi  : 

Madame   de  Valois  me  prie 
Qu'en  romans  mené  la  vie 
D'une  vierge  qu'elle  moult  amie 
Geneniève  la  nomme  et  Clamie, 

(17)  Pag.    12, 

viève , 


Abbaye    Saint  e-G  e  n  e  v  i  è  v  e    a    Paris.  7 

viève,  proche  Saint  Jean  en  Grève,  el  connu  depuis  sous  le  nom 
d'hôpital  des  Haudriettes  ;  on  y  conservoit  religieusenienl  le  lit 
dans  lequel  Geneviève  éloit  décédée.  Il  ril  avec  élonnemcnt  les  eaux 
remplir  toute  la  chambre,  et  faire  comme  une  esj)èce  de  voûte  au- 
tour de  ce    lit  qu'elles  ne   touchèrent  point. 

Le  comte  Eghert,  abbé  de  Sainte-Geneviève,  pour  satisfaire  à 
sa  dévotion  particulière,  tira  secrètement  une  dent  de  la  tête  de 
la  Sainte.  Peu  de  temps  après  ,  étant  tombé  malade  ,  et  craignant 
que  ce  ne  fût  une  punition  c^ivine ,  il  déclara  sa  faute,  et  pour 
]a  réparer,  il  fit  enchâsser  cette  dent  dans  un  reliquaire  d'or  et 
de  crjstal ,  dont   il  fit  présent  à  l'église. 

Ceci  arriva  à  Draveil,  oîi  l'irruption  des  Normands  ,  eu  846, 
avoit  obligé  de  transporter  le  corps  de  Sainte  Geneviève  (  18  ). 

Je  ne  m'arrêterai  point  à  concilier  les  difTérenssentimens  des  histo- 
riens sur  l'année  de  la  fondation  de  l'église  de  St.-Pierre  et  St. -Paul. 
L'époque  qui  m'a  paru  la  plus  raisonnable  est  5o8,c.-à-d.,  un  an 
après  la  bataille  que  Clovis  remporta  sur  Alaric  ,  Roi  des  Visigofhs  , 
dans  la  plaine  de   p^oclade  ,  aujourd'hui   f^oiiglé ,  près  Poitiers. 

Il  avoit  promis,  en  ôoy,  à  la  priée  de  Clothilde  et  à  la  considé- 
ration de  Geneviève  ,  s'il  revenoit  victorieux  ,  de  bâtir  une  église 
sous  l'invocation  de  Saint-Pierre  et  de  Saint-Paul.  La  fondation  de 
cette  église  fut  donc  l'accomplissement  du  vœu  qu'il  avoit  fait  avant 
son   départ.  On   ne  doit  l'attribuer  qu'à  cette  seule  cause. 


(18  >  II  j  avoit,  en  821  ,  près  l'église  fie  Saint-Jean-Baptiste,  appelée  depuis 
Sainl-Jean-en-Grève,  un  monastère  de  filles,  dépositaires  du  lit  dans  lequel 
Sainte  Geneviève  étoit  merle.  Il  survint  alors  un  débordement  qui  couvrit 
toutes  les  campagnes.  Mais  on  assure  que  les  eaux  s'élevèrent  tout  autour  de  ce 
lit  sans  j  toucher  5  jusqu'au  milieu  des  fenêtres  de  la  chambre  où  on  le  con- 
servoit. 

Duplessis  prétend  que  ce  monastère  fut  fondé  dans  la  maison  qui  avoit  servi 
de  demeure  à  Sainte-Geneviève.  -  Il  ajoute  que  ce  monastèr  ■  a  fait  place  à  un 
hôpital  connu  sous  le  nom  des  Haudriettes ,  du  nom  à^Etienne  Haudri^  qui  acheta, 
au  XIII"^  et  XIV^  siècle ,  des  emplacemens  vuides  pour  fonder  sou  hôpital.  II 
y  eut  ensuite ,  au  même  lieu  ,  une  cliapelle  qui  a  conservé  le  même  nom  ,  sous 
l'invocation  de  Sainte  Geneviève,  Annal,  de  Paris ,  p.  i36, 

B 


0^ 


\ 


8  Abbaye    Saint  e-G  eneviève    a    Paris: 

Le  sommet  de  la  montagne  où  fut  bâtie  l'église  Saint-Pierre  et 
Saint-Paul ,  avoit  été  choisi  pour  être  l'un  des  cimetières  des  ha- 
bitans  de  la  ville  de  Paris- 

On  ne  peut  douter  cpi'ilne  fut  également  destiné  par  les  payens 
au  même  objet ,  puisqu'on  y  ti'ouva  dc-s  petites  caisses  de  brique 
et  de  ciment ,  remplies  de  cendres  et  de  médailles  d'or  et  d'argent , 
et  qu'on  y  découvrit  aussi ,  en  1620,  un  cercueil  de  marbre  blanc  , 
orné   de   plusieurs   figures  mythologiques  (  19  ). 

Clovis  employa  tout  ce  que  l'art  du  siècle  put  inventer  de  plus 
beau.  L'ouvrage  éloit  à  la  Mosaïque  ,  fait  de  petites  pierres  de 
toutes  les  couleurs  ,  lesquelles ,  jointes  ensemble  ,  représentoient 
diverses  figures.  C'est  ce  que  ce  temps-là  pouvoit  produire  de  plus 
magnifique.  Le  dedans  éloit  orné  comme  d'une  tapisserie  fixe  et 
d'une  peinture  solide  ;  le  dehors  étoit  de  même  (20  ). 

Le  moine  Roricon  a  donné  de  grands  éloges  à  Clovis  sur  sa  piété. 
Ce  prince  montra  sa  magnificence  dans  les  présens  qu'il  fit  à  cette 
église  ,  et  dans  les  fonds  qu'il  lui  attribua.  Il  lui  donna  toutes  les 
terres  qui  étoient  autour  de  l'église  ,  avec  tout  le  domaine  et  la  jus- 
tice ;  iLy  attribua  plusieurs  villages  et  tout  ce  qui  en  dépendoit , 
comme  Nanterre  ,  Rosni ,  Vannes  ,  Joigni  ,  Choisi.  Mais  le  plus 
considérable  des  legs  qu'il  fit  à  cette  abbaye  fut  celui  de  quelques 
parties  du  domaine  de  Bourgogne  qu'il  y  ajouta  (  21  ). 

Brice  (  22  )  et  Piganiol  de  la  Force  (  23  )  ont  avancé  que  Clovis 
avoit  fait  bâtir  un  palais  dans  l'endroit  où  étoit  la  maison  alibatiale  ; 
mais  Duplessis  (  24  )  et  Jaillot  (  25  )  démentent  cette  assertion  ,  et 
réfutent   avec   avantage    ceux  qui   l'ont    imaginée. 

Clovis  étant  mort  en  5i  i  ,  avant  d'avoir  pu  achever  cet  édifice  ,  la 
reine  Clothildey  mit  la  dernière  main  jetl'enrichit  de  divers  ornemens. 

(ly)  Piganiul.  Tom.   II ,  pag.  365. 

(20)  JVloliuet,  p.  222. 

(  21  )   Molinet ,  p.  23. 

(  22  )  Descript.  de  Paris  ,  t.  II ,  p.  479. 

(28)  Descript.  de  Paris,  t.  VI,  p.  58. 

(  24  )  Annal,  de  Paris,  p.  42. 

(  25  y  Recliercli.  sur  Paris ,  XVII  quart,  p.  86, 


Abbaye    Saint  e-G  e  n  e  v  i  è  v  k    a    Taris.  g 

Saint  Reraj,  archevêque  de  pLeims  ,  en  fit  la  dédicacs  sous  l'In- 
vocation de  Saint-Pierre  et  Saint-Panl. 

Quelques  auteurs  et  Lebeuf  (  :i6  )  entr'autres ,  en  parlant  de  la 
fondation  de  l'église  Iwlie  par Clovls ,  se  servent  du  moXhasilicjue  (27). 

Suivant  le  sentiment  de  plusieurs  historiens  (  28  )  ,  l'éghse  de 
Saint-Pierre  et  Saint-Paul  fut  donc  au  commencement  desservie 
par  des  clercs  réguliers  qui  furent  ensuite   sécularisés. 

Du  Molinet  conjecture  que  les  premiers  clercs  c[ui  peuplèrent 
Sainte-Geneviève  avoient  été  tirés  de  la  cathédrale  de  Rheims;  il 
dit  aussi  qu'ils  étoient  réguliers ,  et  il  autorise  son  opinion  sur  ce 
que  Fahbé  Suger  ayant  mis  des  chanoines  réguliers  ,  11  y  trouva 
un  cloître  et  un   chapitre  (29). 

(26)  Lebeuf,  His(.  de  Paris,  tom.  I,  II  part. ,  p.  366. 

(  27  ;  Le  mot  basilique  vient  de  ^a^/Aft/V.  Roi.  Les  Grecs  appeloient  /gatr/Aixoi  nxù 
iasilicx  domus  les  maisons  royales  j  ce  nom  éloit  donc  donné  anx  palais  où  liabitoît 
un  roi.  Avant  Ambroise,  Augustin  et  Jérôme,  on  ne  le  trouve  dans  aucun 
auteur  chrétien.  Les  Romains  appelaient  baszlicœ  cèdes  ,  basilicœles  bâtimcns  pu- 
blics, accompagnés  de  magnifiques  poriiques,  où  on  rendoit  la  justice.  Cons- 
tantin appliqua  plusieurs  de  ces  bâtimens  à  l'usage  de  la  religion  chrétienne, 
c'est  pour  remercier  Gratien  d'une  semblable  destination  qu'Aiisonne  dit  : 
Les  basiliques  autrefois  encombrées  de   la  foule  des  plaideurs  et  des 

GEXS   d'affaires,    RETENTISSENT   AUJOURD'HUI  DES  VCEUX    QU'oN    Y    ADRESSE  AH 

CIEL  POUR  VOUS.  C'est  sans  doute  la  cause  pour  laquelle  le  nom  de  basilique  a 
été  appliqué  aux  églises  modernes  5  il  a  servi  principalement  à  désigner  les 
églises  supérieures  aux  autres  par  leur  grandeur  et  lei  r  magnificence. 

Baillet  dit  que  ce  nom  se  donnoit  aussi  aux  églises  desservies  par  un  clergé 
séculier  ou  régulier,  pour  les  distinguer  de  celles  où  il  n'y  avoit  qu'un  prê're  ou 
deux  pour  faire  l'office  ;  inai.<  c'est  pr  la  raison  que  les  grandis  éf,Kses  étoient 
nécessairement  desservies  par  un  clergé  plus  nombreux  cjue  le  s  petites  chapelles. 

L'opinion  adop!ée  par  quelques  savajis  que  le  nom  de  basiliqr.e  se  donnoit 
aux  églises   non  en'^ore  consacrées  n'est  pas  admissible. 

(  28  )  Gall.  Christ. ,  tit.  VII ,  pag.  699  et  yoS.  —  Le'  cuf ,  ton-.  II,  p;:g.  36;. 
—  Duplessis ,  Annal,  de  Paris ,  pag.  43  et  i56.  Ce' dernier  dit  qu'après  le 
siège  de  Paris  par  les  Normands,  en  886,  les  moines  abandonnèrent  leur  mo- 
nastère, et  que  la  place  fut  occupée  par  des  clercs  séculiers.  C'est ,  suivant  lui 
et  les  auteurs  de  la  Gaule  chrétienne  ,  l'époque  où  les  moines  furent  sécularisés, 
et  l'événejnent  qui  y  donna  lieu.  Il  prétend  aussi  qu'alors  on  institua  un  doyen- 
■  (  29  )  Molinet ,  vie  de  Sainte  Geneviève  ,  p.  3o2. 

Bij 


/ 


10  Abbaye    S ainte-G  eke  vie ve    a    Paris. 

Dans  les  premiers  temps  il  y  eut  des  frères  conrers  (  3o  )  e£ 
servans  en  Vahbaye{^?>\  ).  Il  ne  faut  pas  s'élonner  qu'il  j  ait  eu 
aussi  des  sœurs  conuerses  (  32  )  ;  c'éioient  des  filles  dévotes  ou  des 
veuves  qui  faisoient  des  vœux  simples  entre  les  mains  de  l'abbé  ,  et 
se  consacroient  pour  toute  leur  vie  au  service  des  églises  et  des  mo- 
nastères qui  les  entretenoient. 

Plusiem-s  conciles  furent  assemblés  dans  l'église  de  Saint-Pierre  et 
Saint-Paul.  Le  premier  en  622  ;  le  second  ,  en  Syy  ,  fut  convoqué  par 
les  intrigues  de  Frédégonde  ,  épouse  de  Chilpéric ,  contre  Prétextât  , 
archevêque  de   Rouen. 

Celui-ci  avoit  marié  son  filleul  Mérouce ,  fils  du  Pioi,  avec 
Erunehaut  sa  tante.  Cette  union  déplut  au  prince ,  qui  ,  de  concert 
avec  son  épouse  ,  résolut  de  perdre  Prétextât.  Chilpéric  ,  à  force  de 
violences  et  de  perfidies,  parvint  à  son  but.  Grégoire  de  Tours, 
qui  assista  à  ce  Concile,  s'opposa  avec  courage  à  l'injustice  du 
roi. 

Le  troisième  concile  s'y  tint  en  61 5. 

Il  est  probable  qu'il  y  en  eut  encore  d'autres  ,  depuis  cette  époque, 
jusqu'en  1290,011  Gérard  de  Pai/ie  et  Benoist  de  Cajette  vinrent 
en  France  ,  en  qualité  de  légats  ,  pour  publier  la  croisade.  Le  con- 
cile national ,  pour  celle  de  l'archevêché  de  Sens  ,  fut  assemblé  à 
Sainte-Geneviève  ;  ces  deux  cardinaux   légats  y  présidèrent  (  33  ), 

Dans  les  premiers  temps  ,  l'église  de  Saint-Pierre  et  Saint-Paul 
servit  d'asjle  aux  nobles  qui  se  croyoient  coupables  (  34  ).  Leudasie  , 


(3c)  Hist.  manusc.  de  Sainte  Geneviève,  etc.  ect.  liv.  IV,  p.  536. 

(  3i  )  Voyez  sur  les  ,^fr«  convfrj  le  premier  volume  des  Antiquités,  art.  III, 
l.,es  Célestins,  pag.   10. 

(82  )  Dans  ces  derniers  temps  les  sœurs  converses  étoient  dans  les  couvens  les 
filles  de  service.  On  connoit  ce  mot  d'une  abbesse  dont  la  voiture  étoit  accrochée 
par  un  fiacre  qui  alloit  la  renverser ,  elle  s'écria  :  ditti  donc  à  cet  insolent  de  s'arrêter^ 
il  me  prend  apparemment  pour  une  saur  converse. 

(33)  Hist.  manusc.  de  Sainte  Geneviève,  liv.  V^  pag.  56i. 

(  34  )  Le  mot  as;yle  vient  du  grec  ;  il  signifie  un  lieu  sacré  ,  inviolable.  Les 
temples  chez  les  anciens,  les  bois  sacrés ,  les  autels ,  les  statues  des  dieux  étoient 
des  asylesj  la  concession  de  ce  privilège  aux  églises  chrétiennes  date  de  Cons- 


ABBAYE    Sainte-Geneviève    a    Paris.  ii 

Gomte  de  Tours  ,  convaincu  d'impostures  criantes  dans  le  concile 
tenu  à  Bergni ,  (35)  entre  Paris  et  Soissons,  s'y  retira  quand  il  sut 
que  son  crime  étoit  découvert. 

Dagobert ,  Cliarlemagne  et  autres  Rois  de  la  première  race  et  de 
la  seconde  ont  fait  des  dons  immenses  à  ce  monastère  (  36  ). 

Les  auteurs  de  la  Gaule  chrétienne  (  37  )  insinuent  que  Bernier 
fut  Je  premier  doyen,  au  moins  connu.  Cependant  ils  observent 
qu'il  est  qualifié  éuêque  dans  le  Nécrologe  même  de  Sainte-Gene- 
viève. XVI  Cal.  decembr,  ohlit  Bernerius  j  hujus  ecclesiœ  epis- 
copus. 

On  ne  sauroit  expliquer  ce  titre ,  à  moins  de  ne  considérer  le 
titre  di^episcopiis  que  dans  sa  première  acception  ,  celle  de  sur- 
veillant (  38  ). 


fantin.  Quoiqu'on  ne  trouve  pas  de  lois  relatives  aux  asyles  avant  Théodose,  les 
ouvrages  de  Grégoire  de  Naziance  en  offrent  des  exemples. 

Le  lieu  de  refuge  étoit  d'abord  liinilé  à  l'intérieur  de  l'ég'ise  et  spécialement 
à  l'autel;  il  s'étendit  ensuite  à  l'extérieur  de  l'église  et  à  toules  sa  jurisdiclion. 
Li'étendard  impérial  dans  les  camps,  la  maison  des  évêques,les  tombeaux  des 
saints,  les  croix,  les  écoles,  les  monastères,  les  hôpitaux  obtinrent,  dans  les 
siècles  suivans  ,  le  même  privilège  :  on  spécifia  ensuite  les  crimes  à  qui  l'asyle 
étoit  offert  ou  interdit  et  les  crimes  pour  lesquels  on  n'y  pouvoit  trouver  de  refuge. 
Malgré  ces  précautions  ,  l'abus  de  ces  privilèges  fut  porté  à  un  tel  point  qu'ils  furent 
supprimés.  Cliarlemagne  donna  une  première  atteinte  aux  asyles  en  77g,  par  la 
défense  qu'il  fit  de  porter  à  manger  aux  criminels  réfugiés  dans  les  églises 
Nos  rois  avoient  achevé  ce  que  Cliarlemagne  avoit  commencé  ;  mais  en  Italie  les 
églises  jouissent  encore  du  droit  d'asyle. 

(35)  Sr«7znacum  Lebeuf ,  tom.   I,  II  part.,  p.  Sôy. 

(36)  lallemant ,  vie  de  Sainte  Geneviève,  pag.  142. 
(87  )  Gall.  Christ.  ,   tom.  VII,  pag.  705. 

(  38  )  Les  £)!iJxo5!(i«,  episcopz ,  étoient  chez  les  Athéniens  des  magistrats  destinés 
à  surveiller  les  provinces  et  les  lieux  éloignés.  Les  soldats  du  corps-de-garde 
du  boulevart  Poissonnier  avoient  écrit  sur  leur  porte  ,  loAtuT  ciuxoto/,  gardes ,  sur- 
veillants de  la  ville  Un  évêque  s'étant  fait  traduire  ces  mots  en  latin  ,  et  njant 
appris  qu'ils  signifioient  urbis  episcopi ,  s'adressa,  à  la  police  pour  faire  effacer 
l'inscription  ,  trouvant  très  -  mauvais  que  des  soldats  s'attribuassent  le  litre 
d'evéques. 


llil 


12       Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris. 

Vers  le  septième  ou  huitième  siècle,  le  monasière  de  Sainte- 
Geneviève  ét(Mt  donc  gouverné  par  un  doyen  (  89  ;. 

Je  soiipçonnerois  qu'il  y  a  erreur  de  copiste  ,  et  qu'il  faut  lire 
BernecJiarins  au  lieu  de  Bernerais. 

Bernecharius  étoit  évêque  de  Paris  vers  720.  Il  paroît  avoir  été 
doyen  de   Sainte-Geneviève  (40). 


(89)  On  appelé  ordinairement  doyen  le  membre  le  plus  ancien  d'une  com- 
pagnie ;  mais  il  faut  distinguer  du  doyen  en  âge  le  do^en  en  dignilé.  Le  titre 
de  celui-  ci  vient  de  decauus^  dixainier  ,  p-irce  que  dix  moines  étaient  sous 
l'inspection  d'un  Decamus .  mot  dont  on  a  fait  Doyen  ^  et  cent  sous  l'inspection 
d'un  centenarius .  centenier. 

Les  doyens  n'éloient  donc  d'abord  que  des  otSciers  destituables  au  gré  des 
prélats.  Ils  se  sont  ,  dans  la  suite,  érigés  en  titre  de  bénéfice  ,  d'abord  dans  les 
chapitres  séculiers  et  après  dans  les  réguliers. 

La  jurisdiction  et  le  pouvoir  des  doyens  varient  suivant  les  titres ,  la  pos- 
session qu'ils  ont  et  l'usage  des  lieux.  Leurs  principales  fonctions  dans  les  églises 
où  ils  forment  la  première  dignilé,  ce  qji  est  le  plus  ordinaire  ,  sont  d'officier 
aux  fêtes  soleinnelles  en  l'absence  de  l'évêque  ,  d'ê  re  à  1 1  tète  du  cliapilre  dans 
toutes  les  assemblées  publiques  et  particulières  ,  d'y  porter  la  parole  à  l'ex;  li;sion 
de  tous  autres  ,  de  présider  au  cliœur  et  au  chapitre,  d'y  avoir  la  préséance  et 
les  honneurs,  le  droit  d'y  régler  par  provision  tout  ce  qui  concerne  la  disci- 
pline du  chapitre. 

Le  doyen  est  aussi  considéré  comme  le  curé  par  tous  les  membres  du  chapitre  et 
par  les  autres  ecclésiastiques  qui  y  sont  attachés  5  il  exerce ,  au  nom  du  chapitre  , 
toutes  les  fonctions  curiales  envers  euxj  dans  les  actes,  il  est  toujours  nommé 
le  premier  avant  les  chanoines  et  le  corps  du  chapitre  ,  p^.rce  qu'd  reiupht  la 
première  place  :  ce  qui  s'entend  lorsqu'il  est  doyen  en  digmté.  Cette  dignité  n'est 
point  élective,  si  ce  n'est  pir  quelque  couiiuuo  particulier  -  ou  statut  du  chapitre  ; 
l'ecclésiasiique  qui  en  est  revêtu  n'est  pas  du  corps  du  chapitre,  à  moins  qu'il 
ne  soit  en  mêuie  temps  prébende  ,  ou  qu'il  u';;it  ce  droit  par  lui  privilège  spécial 
ou  en  vertu  de  l'usage  observé  clans  son  église  :  ceci  est  co.nnuin  aux"  autres 
dignitaires  des  chapitres. 

Suivant  la  jurisprud^-nce  des  arrêts  rapportés  par  Fuet,  le  doyen  a  double 
voix,  c'est-à-dire,  voix  prépondérante  dans  les  délibérations  du  chapitre  pour 
la  nomination  aux  bénéhces  ;  mais  dans  toute  autre  affaire,  il  n'a  qu'une  seul 
voix  ,  tant  comnie  doyen  (pie  comme  chanoine. 

(40)  Molinet(hist.Ste  Geneviève,  p.  323.)prélendqu'ily  aeu  autrefois  un  évêque 
à  Sainte-Geneviève.  11  se  fonde  sur  ce  que  les  monastères,  dans  le  voisinage 


Abbaye   Sainte-Geneviève   a   Paris.  i3 

On  nomme  en   général   pour  premier  doyen  Félix  (41  ). 

Les  Normands  avant  mis  le  siège  devanl  Paris  en  883 ,  j  occa- 
sionnèrent de  grands  ravages  j  le  monastère  de  Sainte-Geneviève 
ne  fut  pas  épargné. 

Germain  -  Brice  (  42  )  parle  d'un  anneau  de  fer  placé  devant 
le  portail  de  l'église  dans  un  mulle  de  jjœuf  ou  d'âne.  Suivant 
une  tradition  populaire  qu'il  rapporte  ,  il  y  avoit  été  mis  par  les 
Normands  pour  pendre  un  abl)é  de  la  naaison  qui  avoit  refusé  de 
leur  livrer  les  trésors  de    l'abbaye. 

Dans  ces  tems  malheureux ,  il  étoit  d'usage  de  transporter  dans 
les  terres  de  Taljbaye  les  ossemens  des  religieux  décédés  ;  et  lorsque 
les  craintes  étoient  dissipées ,  on  les  rapportoit  à  leur  place  (48  ). 

Après  les  ravages  causés  par  les  Normands  ,  les  chanoines  cherchè- 
rent à  réparer  les  dégâts  causés  à  leur  église.  Ils  réparèrent  et  recou- 
vrirent l'église;  et  il  est  à  présumer  qu'ils  rétablirent  aussi  le  réfectoire 
et  le  chapitre. 

Un  chanoine,  appelé  Thibaut,  Bt  faire  les  fondemens  du  clocher, 
et  ne  put  continuer  son  entreprise  que  jusqu'au  premier  étage. 


des  maisons  royales,  avoient  un  évêque  pour  célébrer,  devant  la  cour,  avec 
plus  de  pompe  l'oiEce  divin. 

Il  dit  encore  que  dans  les  monastères  où  reposoient  les  reliques  des  saints  ,  les 
abbés  jouissoient  des  droits  épiscopaux,  afin  d'exercer  ces  droits  devant  les  peuples 
qui  venoient  en  pèlerinage  ;  mais  ,  comme  souvent  ces  fonctions  d'abbé  et 
d'évêque  étaient  incompatibles,  on  nommoit  un  co-évêque  pour  rendre  plus 
commodément  service  au  peuple  dans  les  ministères  eqtlésiastiques.  Ainsi  il 
conclut  que  Bemerius ,  dont  il  est  fait  mention  dans  le  nécrologe  de  Sainie- 
Geneviéve,  étoit  un  co-évêque  de  cette  église. 

(  41  )  11  est  connu  par  ces  trois  vers  tirés  d'une  vie  manuscrite  de  Sainte 
Geneviève. 

firginis  Angelicœ  cernis  ■,    Lector  ^   Geno-vefai 

Kirtutes  ,   \itns  Félix  levita  piavit  ^ 

"Sobilitate  illic  fulgens  et  honore  decanus. 

Gall.    Christ.  ,  tom.   VII ,  p.  yoS. 

(  42  )  Tom.  II ,  p.  4-S. 

(48)  Lebeuf  j  hist,  de  Paris,  tom.  Il,  pag.  36;. 


M^ 


14         Abbaye   Saint  e-G  eneviève    a   Paris. 

Un  aulre  chanoine,  appelé  Mignard,  fit  bâtir  le  porche  de  cette 
église  (44). 

Hugues  Capet  témoigna  aussi  sa  bienveillance  envers  le  monastère 
de  Sainte-Geneviève.  Il  vint  restituer  sur  l'autel  les  biens  et  les  droits 
qui  avoient  été  ravis  à  ses  ministres  ,  et  que  Clovis  ,  fondateur,  avoit 
ôté  aux  prêtres  des  idoles  pour  les  leur  donner  (  46  ). 

Robert  son  fils  fut  également  leur  bienfaiteur  ;  il  fit  bâtir  le  cloî- 
tre (  46  ) ,  décorer  l'autel  d'une  table  d'or  et  d'argent.  Il  donna  aussi 
aux  chanoines  la  faculté  de  disposer  de  leur  prébende  et  de  se  choisir 
un  doyen  (47). 

Henri  l'^i' ,  à  la  demande  des  chanoines ,  leur  accorda  de  ne  vivre 
que  dans  la  dépendance  du  Roi,  ou  de  celui  qui  auroit  Paris  dans 
son  apanage.  Il  en  fit  même  un  précepte  à  ses  descendans  (48). 
-  Ulric  ou  de  Lourc ,  est  cité  comme  doyen  dans  cette  charte  (49). 

Depuis  l'an  1000  jusqu'à  1147,  les  doyens  des  monastères  ont 
été  Hilgot ,  élève  de  la  maison  de  Sainte-Geneviève,  cité  dans  une 
charte  de  io85. 

Sei'iji.  Il  est  question  de  lui  dans  le  nécrologe  ,  à  l'occasion  d'uii 
vase  dont  il  fit  présent  à  Sainte  Geneviève.  C'est  sôus  son  doyenné 
que  l'on  gardoil  soigneusement  une  chasuble  ou  cliappe  que  l'on 
ci'oyoit  avoir  servi  à  Saint  Pierre. 

Lisiard,  dont  il  est  fait  mention  dans  une  charte  de  1088.  Cette 
cliarte  est  d'un  évêque   de  Paris,  nommé  Gothofride. 

Ce  fut  de  son  temps  que  Galo^  évêque  de  Paris,  dans  une  charte 
signée  des  chanoines  de  Notre-Dame ,  excepta  de  sa  jurisdiction  tout  ce 
qui  tient  à  la  maison  de  Sainte-Genevièye  ,  soit  parens  des  chanoines 
ou  domestiques  ;  excepté  pourtant  les  femmes ,  dont  il  fait  la  reserve. 

Etienne,  hou'is  W ,  pour  le  bien  de  l'ame  de  son  père ,  exempta 
à  sa  prière  les  chanoines  de  paroître  à  la  cour,  pour  répondre  aux 
accusations  que  l'on  pouvoit  faire  contr'eux  ,  ce  à  quoi   ils    étoient 

(44)  Molinet ,  vie  de  Sainte  Genevi  ve  ,  pag.  253, 

(  4,5  )  Lallemant ,  pag.  143. 

(  46  )  Piganiol ,  tom.  VI ,  pag.  58. 

(47)  Gall.  Christ.,  tom.  \'II,  pag.  yor. 

(48)  Id. 

(49)  îd.  Pag.  705. 

obliges 


'     ! 


'Abbaye  Sainte-Geneviève  a  Parts.  i5 
obligés  auparavant  qiielqiie  fût  le  délit,  et  ce  qui  leur  déplaisoit  InR- 
riiinent,ils  n'euivntplus  dès-lors  d'autres  juges  que  le  doyen  et  leurs 
confrères  ;  le  doyen  seul  fut  excepté^  et  comme  ses  prédécesseurs  fut 
obligé  d'aller  à  la  cour,  en  cas  d'accusation. 

Ce  fut  encore  sous  Etienne  ,  en  1 132  ,  que  la  basilique  de  Sainle- 
Géneviève  fut  en  interdit  à  l'occasion  d'une  dispute  d'un  appelé  Golo 
avec  d'autres  maîtres,  qui,  conjointement  avec  leurs  disciples,  se  ])lal- 
gnoient  de  payer  un  peu  cher  la  licence.  L'évêque  qui  voulut  dé- 
fendre son  chancelier,  mit  toute  la  monîague  de  Sainte-Geneviève 
en  interdiction  ,  pour  amener  l'affaire  à  son  tribunal  (  5o  ). 

Il  paroît  que  le  chapitre  éloit  alors  composé  de  vingt-quatre  per- 
sonnes ,  quatre  dignitaires  ,  le  doyen  ,  le  chancelier  ,  le  chantre  et  le 
célerier  ;  de  six  chanoines  résidens  ,  et  de  dix;  autres  ,  tant  exteines 
que  l.énéhciers,  et  de  quatre  chapelains  (5i). 

En  II 47,  une  sédition  força  le  pape,  Eugène  III,  de  quitter 
Rome;  il  se  rendit  à  Paris,  il  alla  dans  l'église  Saint -Pierre  et 
Sainl-Paul,  pour  y  célébrer  la  messe,  les  chanoines  firent  étendre 
devant  l'autel  un  riche  tapis  de  pieds  que  Louis  VII,  dit  le  Jeune, 
leur  avoit  envoyé  pour  faire  honneur  au  pape.  Lésaient  père  se  pros- 
terna sur  ce  tapis  pour  faire  sa  prière  ;  taais  il  ne  fut  pas  plutôt  retiré 
dans  la  sacristie  ,  que  les  officiers  \'onlureiit  s'emparer  du  tapis  , 
Xîomme  d'une  chose  qui ,  selon  l'usage,  leur  appartenoit.  Les  domes- 
tiques de  l'abbaye  voulurent  aussi  l'avoir  ;  des  paroles  on  en  vint  à  tirer 
le  tapis  chacun  de  son  côté,  puis  de  là  aux  coups.  La  présence  du 
roi,  c{ui  éloit  alors  dans  l'église,  put  à  peine  appaiser  le  tumulte  ^ 
il  fut  même  frappé  par  les  domestiques  de  l'abbaye. 

Cet  événement ,  et  la  vie  peu  régulière  des  chanoines ,  engagèrent 
le  pape  à  mettre  des  moines  de  Cluni  à  leur  place.  L'exécution  de 
ce  dessein  fut  confiée  à  Siigger.  Mais  quoique  le  choix  fût  déjà  fait 
sur  la  requête  des  chanoines  de  l'abbaye,  on  consentit  simplement 
à  une  réfornîe.  En  conséquence  Siigger  demanda  à  Gildidn  ,  abbé 


(  So  )  Call.  Christ.,  tt)m.  VU,  p;ig.  7o5  et  709. 
i  5i  )  jMoliiiet ,  pag.  305, 


/^? 


j6         Abbaye    vS  a  inte-G  en  é  vie  v  e    a   Paris." 

de  Saint-Viclor-lès-Paris  ,  douze  religieux  ,  et  iS'z/iif^  ,  pour  être  leur 
abbé  ;  ce  qui  lui  fut  accordé.  Ainsi  la  réforme  s'introduisit  dans 
l'abbcije  de  Saint-Pierre  et  Saint-Paul  vers  1 148,  époque  oii  elle  prit 
le  nom  de  Sainte-Geneviève  (  52  ). 

Depuis  cette  époque,  le  monastère  de  Sainte-Geneviève  fut  changé 
en  prélature,  et  devint  une  a]:)baye. 

Les  abbés  eurent  la  prérogative  d'être  juges  et  conservateurs  des 
privilèges  apostoliques  (53). 

Lors  de  la  réforme ,  un  des  chanoines  séculiers  jouissoit ,  pour  sa 
prébende  de  la  terre  d'Auteuil.  Le  maître  y  avoit  enlr'antres  droits, 
celui  désigné  dans  les  vieux  cartiilaires  par  ces  mots  :  Capitalia  viro- 
runi  el  mulierum  ,  que  l'auteur  de  l'histoire  de  Sainle  Geneviève 
croit  avoir  été  les  chapperons  et  couvre-chefs  des  nouveaux  ma- 
riés (54). 

Si  l'on  en  croit  Fauteur  de  l'histoire  de  Sainte  Geneviève  (  55  ) , 
les  propriétaires  de  certains  héritages  à  Auteuil  étoient  obligés  de 
fournir  de  la  paille  pour  mettre  aux  ^ieds  des  femmes  la  nuit 
de  Noël. 

Odon  ou  Eudes  est  le  premier  abbé  de  Sainte  Geneviève  ;  il  s'éloit 
retiré,  jeune  encore,  à  Saint  Victor  avec  Guillaume  de  Champeaux. 
Thomas,  prieur  de  cette  maison  ,  ajant  été  assassiné  par  les  neveux 
de  l'archidiacre  de  Paris  en  1  i3o,  Eudes  fut  choisi  pour  lui  succéder 
sous  l'abbé   Gilduin  (  56  ). 

La  réforme  ayant  été  résolue  à  Sainte  Geneviève  ,  Sugger  le  des- 
tina pour  en  être  le  nouvel  abbé.  En  conséquence  le  jour  de  St.  Bar- 
thelemi  11 48,  l'abbé  de  Saint  Denis  ,  avec  tout  le  clergé,  alla  cher- 
cher Eudes  et  douze  autres  religieux ,  et  les  conduisit  en  grande 


(5a")  Piganiol  de  la  Force,  Tom'VI.  p  60.--  Corrozet ,  Antiq.  de  Paris  ,  p.  ia° 
—  Jalliot ,  rer.herch.  sur  Par.  X"V^I1  Quart.  ,  p.  80. 

(  53  )  Histoire  manuscrite  de  Sainte-Gsii. ,  1.  V.,  p.  587.  ~  Jaillot ,  recherch,; 
sur  Par.  ,  XVII  quart.  ,  p.   78. 

(  54  )  Liv.  Vi  ,  p.  800. 

(55)Liv.  VI,  p.  8or. 

(56)Hist.  man.  desliomuiesillust.desChan.Reg.de  Fr.  ,  T.  i  p.  754  etsuiv^ 


Abbave  Saikte-Genévikve  a  Paris.  17 
pomjîe  à  l'église  Sainte-Geneviève ,  où  Eudes  fut  béni  abbé  par  l'évê- 
que  de  Meaux.  On  le  mit  ensuite  en  possession  de  son  nouveau  do- 
maine. 

Eudes  et  ses  religieux  furent  regardés  par  les  chanoines  séculiers 
auxquels  llsavoient  succédés  ,  comme  des  usurjDateurs  ,  et  en  reçurent 
beaucoup  d'insultes  et  d'outrages.  Enfin  ils  en  portèrent  des  plainles  à 
Sugger  leur  protecteur.  Celui  -  ci  étant  venu  à  Paris  avec  bonne 
escorte ,  manda  les  anciens  chanoines  ,  et  les  menaça  de  leur  faire 
couper  les  pLeds  et  les  mains  et  crever  les  yeux  s'ils  continuoient  à 
troubler  le  repos  de  ces  bons  religieux. 

Eudes  fonda  l'anniversaire  de  son  père ,  de  sa  mère  et  le  sien  ; 
il  doinia  pour  cet  objet  plusieurs  beaux  ornemens. 

Après  avoir  gouverné  quinze  ans  l'abbaye ,  il  s'en  démit  en 
plein  chapitre,  vers  l'an  1 163  ,  et  fit  procéder  à  l'élection  d'un  autre 
abbé  ,  nommé  Aubert ,  qu'il  en  mil  en  possession.  De-là  il  retourna  à 
Saint-\  ictor  ,  sa  première  retraite. 

Il  lint  sur  les  fonds  de  baptême  ,  en  ii65  ,  le  fils  du  roi  Louis-le- 
Jeune ,  avec  les  abbés  de  Saint-Victor  et  de  Saint-Germaiu-des- 
Prés;  c'est  le  dernier  honneur  qu'il  reçut,  il  mourut  peu  de  tems 
après  ,  et  fut  enterré  dans  la  cliapelle  souterraine  de  Saint-Victor. 

On  jisoit  sur  sa  tombe  Fépitaphe  suivante  : 

Martyris  Odo  prior  priorum  post  virginis  abbas , 

Martyrium  didicit  virginiiate  sequi. 
^  Victore  rosas  certaminis  à  Genovefa 

Lilia  purpurei  plena  pudoris  habens. 
Intulit  hos  Jlores  paradiso  ,  tempore  Jlonim\ 

ud  piiero  senior ,  in  sene  virgo  puer. 
Mitis  cum  Moyse  ,  cum  Natacle  Jîdelis  ^ 

Cum  Samuel e  sacer ,  cùm  Simeone  timens. 
Ne  pereas  per  eum  te  Parisius  paradiso 

Orba  parente  para ,  non  paritura  parens. 

Cet  abbé  avoit  eu  une  dispute  avec  Drogon  à  l'occasion  de  quel- 
ques hommes  qu'il  vouloit  soustraire  à  son  autorité.  Il  fit  encore  un 
échange  avec  Hugon  de  Saint-Germain  de  Paris,  dont  une   chen-te 

C  2 


lk^\ 


j8  Abbaye  Sain  te- Geneviève  a  Paris; 
de  11 52  fait  mention.  Elle  concernoit  deux  servantes  que  ces  denx 
abbés  se  cédoient  réciproquement ,  parce  que  l'une  se  marioit  à  un 
esclave  de  Sainte-Geneviève,  et  l'aulre  à  un  de  Saint  -  Germain  ; 
elle  les  déclare  toutes  deux  libres  du  service  de  la  maison  à  laquelle 
elles  étoient  al  tachées  d'abord. 

Le  second  abbé  fut  Albert  ou  Auhen ,  qui  de  prieur  devint 
successeiu'  d'Eudes.  Ce  fut  de  son  tenis  que  le  bruit  coin-ut  dans 
Paris  que  le  chef  de  Sainle-Genéviève  avoit  été  séparé  du  reste  des 
reliques,  ce  qui  occasionna  une  grande  rumeur,  et.  ce  qui  étant 
venu  aux  oreilles  du  roi  Louis  VII ,  il  entra  dans  une  grande  colère 
et  menaça  de  tous  les  châtimcns  si  la  cliose  étoit  vraie.  Hugo  , 
archevêque  de  Sens  fut  cbaigé  de  vérifier  le  fait ,  et  le  roi  assista 
à  l'ouverture  de  la  chasse.  Le  chef  se  trouva  avec  les  autres  reli- 
ques ,  ce  qui  ramena  le  calme. 

Nous  voyons  aUoSsi  dans  sa  vie  une  dispute  avec  Hugo  de  Mont- 
guillon  concernant  une  servante  (ôy). 

Guerin  de  Sainte-Marthe  est  le  troisième  abbé  de  Sainle-Gené- 
viève. Après  son  installation  il  chercha  à  s'ad, oindre  pour  prieur 
tm  chanoine  de  son  choix.  Ce  qui  déplut  infiniment  aux  autres 
moines  ,  entr'autres  à  Saint-Guillaume ,  qui  montra  beaucoup 
d'aigreur  dans  sa  résistance  ,  et  qui  empêcha  le  nouveau  prieur 
de  sonner  le  réfectoire  lorsc[ue  celui-ci  voulut  entrer  en  fonclion» 
L'abbé  irrité  le  punit  de  sa  violence  ,  le  mit  au  pain  et  à  l'eau 
trois  fois  par  semaine  et  le  fit  manger  par  terre  ;  mais  les  confrères 
de  Guillaume  indignés  d'une  pareille  rigueur,  trouvèrent  îe  moyen 
de  porter  leurs  plaintes  au  pape  Alexandre,  qui  étoit  alors  à  Sens  y 
et  qui  ayant  fait  venir  Guillaume  et  son  abbé  ,  réprimanda  l'un  et 
releva  l'autre  de  sa  pénitence  (58). 

Cependant  Alexandre  pour  ne  point  être  induit  en  erreur  et  con- 
damner à  tort  l'aijbé  ,  qu'il  regardoit  d'ailleurs  comme  un  homme 
de  bien,  chargea   les  abbés  de  Saint-Victor  et  de  Saint-Germain; 


(  57  )  Gnll.  Christ.  Tom  V. 
(58)  M  P.  716, 


Abbaye  Sainte-Geneviève  a  Paris.  19 
avec  Odon  ,  ancien  abbé  de  Sainte-Geneviève,  de  lui  rendre  compte 
du  fait. 

Vers  II 68  l'abliaje  fut  soumise  immédiatement  au  Saint  Siège 
par  Alexandre  III  (Sg). 

Hugo  qui  succéda  à  Guérin  fit  faire  plusieurs  legs  précieux  au 
monastère.  Ce  fut  de  son  tenis  qu'un  des  chanoines  ,  nominé  Guil- 
laume ,  fut  appelé  en  Dannemarck  pour  établir  la  discipline  dans 
un  monastère  où  les  moines  s'étoient  beaucoup  relâchés. 

Il  j  avoit  alors  un  commerce  de  prières  entre  l'abbaje  Sainte- 
Gênés  ièvc  et  les  Templiers. 

Queli[ues  évêques  de  Paris  étendirent  aussi  leurs  bienfaits  sur 
l'abbaje.  En  1172  ,  Maurice  lui  fit  préserit  des  dîmes  C|ui  lui 
étoient  échues.  Cette  donation  fut  confirmée  par  le  pape  Alexan- 
dre (60). 

Etienne  I'"'"  avoit  déjà  été  chanoine  et  abbé  à  Orléans,  lorsqu'il  fut 
nommé  à  l'abbaye  de  Sainte-Geneviève.  En  1 179,  il  obtint  un  orcîie 
de  Louis  VII  contre  les  habitans  de  Piosuy,  qui  prélendoient  ne  point 
être  serfs,  mais  simples  cultivateurs  et  hôtes  de  Sainte  Geneviève. 

L'abbé  et  les  religieux  avoient  souvent  été  obligés  de  disputer  leurs 
droits  contre  leurs  sujets.  Ceux  de  la  terre  et  seigneurie  de  Rosny  , 
voulurent,  en  1199,  se  soustraire,  en  partie,  au  joug  de  leurs  sei- 
gneurs. Ils  se  regardoient  comme  simples  vassaux;  et  refusoient  , 
sous  ce  prétexte,  toute  autre  obéissance.  Les  i-eligieux,  de  leur  côté, 
prétendoient  qu'ils  étoient  véritablement  serfs.  L'affaire  aj^ant  été 
portée  au  conseil  de  Louis  le  jeune ,  il  ordonna  que ,  suivant  la  cou- 


(  59  )  Le  privi  ége  de  dépendre  immédiatement  du  Saint-siége  donnoit 
plusieurs  exemptions  ;  elles  consistoien'  i»  à  n'êtie  point  suj- 1  à  la  visite  et  aux 
ordoiin  mtes  de  l'évêque;  2°  à  n'être  poin^  tenu  de  lui  fournir  au  un  droit  de 
pro(  uration  ou  de  rep's,  ainsi  que  les  évêc(ues  l'exigeoient  en  ce  tems  là,  des 
églises  qui  leur  étoient  soumises;  3'  à  ne  lui  payer  aucun  droii  cathèdralique  ^ 
ou  autre  tel  qu'il  soit;  4°  h  n'être  point  assujetti  aux  -ensures  et  interdiis,  etc.,  etc. 

Ces  difTérenies  exemptions  et  privilèges  oui  été  confirmés  p  r  plusieurs  arrêta 
du  parlement.    Hist.  manusc.    de  Sainle-Gciiév.  L.  V  ,  p.  667. 

(60;  Gall.  Chiist.  T.   VU,  p.  718.. 


2o  Abbaye  Sainte-Geneviève  a  Paris. 
tume  observée  dans  ce  femps-là  en  France,  les  parties  prouveroîent 
leur  droit  par  le  duel.  Le  jour  fut  en  conséquence  assigné  par  l'abbé. 
Hugues,  abbé  de  Saint-Gerraain-des-Prés,  Barbe-d'or ,  doyen  de 
Notre-Dame;  Philippe,  archidiacre  ,  et  d'autres,  se  trouvèrent  dans 
la  cour  de  Sainte-Geneviève  pour  voir  l'issue  du  combat.  Ceux  de 
Rosny  s'y  rendirent  ,  à  la  vérité  ,  mais  ils  refusèrent  de  se  battre 
contre  les  champions  que  présentoit  l'abbé.  Celui-ci,  prenant  acte 
de  leur  refus,  alla  aussi-tôt,  avec  toute  sa  compagnie,  informer  Louis 
le  jeune  de  ce  qui  s'étoit  passé.  Le  roi ,  après  s'être  convaincu  par  le 
serment  de  ceux  qui  étoient  présens,  que  les  habitans  de  Rosny  n'a- 
voient  pas  voulu  soutenir  le  duel,  et  avoir  pris  l'avis  de  ses  barons  ^ 
du  comte  Robert  son  frère,  et  de  Tliibault  son  maîti-e  d'hôtel,  pro- 
nonça que  les  habitans  de  Rosnj  demeureroient  serfs  de  Sainte  Ge- 
neviève (  6i  ). 

Il  se  fît,  sous  cet  abbé,  plusieurs  dons  intéressans.  L'estime  géné- 
rale dont  il  semble  avoir  joui,  le  fit  choisir  arbitre  de  plusieurs  diflTé- 
rens,  et  Philippe  Auguste  ne  dédaigna  pas  de  le  choisir  pour  tenir 
Louis,  son  fils  et  son  successeur,  sur  les  fonds  de  baptême.  Le  pape 
l'honora  d'une  mission  dont  il  se  seroft  probablement  bien  passé  , 
et  qui  l'exposa  à  plusieurs  dangers.  Il  fut  chargé  de  la  conversion  des 
Albigeois,  qui  propageoient  leur  doctrine  dans  le  Midi.  Ce  fut  pen- 
dant son  séjour  à  Toulouse  ,  qu'il  fit  connoissance  avec  les  chanoines 
réguliers  de  Saint  Saturnin  ,  et  qu'il  élablit  avec  eux  une  fédération 
pieuse  ,  et  un  échange  de  prières  entre  leur  communauté  et  la 
sienne. 

Il  avoit  formé  le  dessein  de  rebâtir  la  Basilique  de  Sainte-Gene- 
viève, ravagée  par  les  Normands.  Mais  il  fut  obligé  de  se  borner  à 
quelques  parties  du  Jîâtiment  qu'il  rétablit  assez  solidement.  En  1 192  , 
nommé  évêque  de  Tournai,  il  conserva  toujours,  pour  les  églises 
dont  il  avoit  été  abbé  ,  un  tendre  souvenir.  Il  fit  bâtir  dans  son  palais, 
des  chapelles ,  sous  l'invocation  de  leur  patron. 

Ce  fut  par  son  conseil  que  l'abbé  Marcel  donna  asile  à  la  reine  Ingel- 


(61  )  De  Molinet ,  hist.  manusc.  de  Sainte-Gen.  ^  liv.  VI ,  p.  811. 


Abbaye  Sainte-Gbnéviève  a  Paris.  21 
bnrge,  répudiée  par  Philippe  Auguste  ,  dans  des  terres  de  la  dépen- 
dance de  son  monastère  de  Cisoiug. 

Un  chanoine  rég-ulierlui  a  dédié  un  ouvrage,  et  ce  fut  à  sa  sollici- 
talion  cpi'vEgidius  ,  poêle  qui  florissoit  dans  ce  temps-là  ,  fit  un  poëme 
dédié  à  Louis  VIII ,  où  il  l'engage  à  suivre  les  traces  deson  père  (62). 

Dans  les  eommencemens  de  la  réforme ^  les  religieux,  au  nombre 
de  douze,  n'avoient ,  pour  tout  moyen  de  subsistance,  que  le  revenu 
de  trois  prébendes  qu'on  leur  assigna.  Saint  Guillaume  ,  en  j  entrant, 
y  ajouta  la  sienne. 

Jean  de  To ci  on  Toi/ci,  éloit  issu  d'une  famille  noble.  Sa  sreur , 
dame  de  Touci,  donna  le  nom  de  sa  terre  à  sa  famille,  et  Guillaume 
de  Touci ,  évêque  d'Auxerre  ,  en  étoit  originaire.  Il  servit  d'arbitre 
dans  plusieurs  dilférens  qui  s'élevoient  parmi  les  ecclésiastiques,  el; 
ne  fut  pas  hii-même  sans  essujer  des  diflBcultés  pour  le  maintien  des 
droits  de  son  abbaye.  Il  fit  divers  échanges  avec  l'évêque  de  Paris, 
et  obtint  d'Innocent  III  que  vingt-six  serfs ,  employés  au  service  de 
son  abbaye  ,  ne  seroient  plus  soumis  à  l'inspection  de  l'évêque ,  ni 
de  son  archidiacre. 

Honorius  III  le  nomma,  conjointement  avec  le  prieur  de  Saint- 
Martin-des-Champs ,  pour  juger  Erard  de  Brienne  et  Philippa,  fille 
du  comte  Henri,  qui  avoient  contracté  un  mariage  illicite.  L'évêque 
de  Tournai,  son  prédécesseur,  le  consulta  toujours  dans  les  aflkires 
épineuses. 

Il  reçut  à  Sainte  Geneviève  Guillaume  de  Seignelaj  son  parent , 
venu  pour  prendre  possession  de  son  évéché  de  Paris.  L'abbé  et  les 
chanoines  le  conduisirent  à  la  cathédrale ,  le  j^résentèrent  au  doyen 
et  au  chapitre,  ce  qui  fait  conjecturer  cjue  delà  est  venue  la  cérémonie 
de  conduire  à  la  cathédrale  l'évêque  nouvellement  élu. 

On  sait  qu'un  archevêcjue  ou  évêque  ,  pour  prendre  possession 
de  son  église  ,  étoit  astreint  à  la  cérémonie  d'une  entrée  solemnelle. 
^Voici  celle  qui  s'observOit   pour    l'archevêque  de  Paris. 

Ce  prélat,  après  avoir  été  ccnsacîé  ,  déîei'minoit  le  jour  où  il 
feroit  son  entrée  solemneile.  Il  en  donnoit  avis  aux  cours  souveraines 

(62J  Gall.  Chrial.  p.  720-724. 


m 


22       Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris.' 
et  aux  magistrats  de  la  ville  de  Paris,  avec  invitation  d'y  assister. 

La  veille  ,  il  alloit  coucher  à  l'abbaje  Saint-Victor.  Le  lendemain 
matin  il  y  recevoit  les  complimens  du  prévôt  des  marchands  et 
des  échevins  qui  l'accompagnoient  dans  sa  marche  av-^c  leurs  archers 
et  les  autres  olHciers  de  la  maison  de  ville.  Les  religieux  de  Saint- 
Victor  le  conduisoient  processionnellement  avec  la  croix  jusqu'à 
Sainte-Geneviève;  n'étant  alors  revctu  que  du  rocliet  ,  du  eamail  , 
avec  la  croix  pectorale. 

Le  cortège  s'arrêtant  à  quelque  distance  du  portail  de  l'église  ; 
l'archevêque  s'avançoit  entre  l'abbé  et  le  prieur  de  Saint-Victor. 
L'abbé  de  Sainte -Geneviève  ,  vêtu  pontiiicalcment  ,  à  la  têle  de 
son  clergé  ,  en  cliappe  ,  lui  affroit  l'eau  bénite  et  l'encensoir.  L'abbé 
de  Saint-Victor  ,  accompagné  du  prévôt  des  marchands  ,  le  présentoit 
ensuite  à  celui  da  Sainte-Gméviève,  puis  se  retiroit.  L'arclievêque  , 
après  avoir  reçu  de  ce  dernier  le  compliment  d'usage,  éloit  conduit 
jusques  dans  le  sanctuaire,  où  il  prioit  quelques  instans.  Après 
quoi  ,  montant  à  l'autel ,  il  prononçoit  ,  sur  le  livre  des  évangiles 
ouvert,  le  serment  suivant  :  ego  iV.,  archiepiscopus  Parisiensis , 
juro  ad  Jure  sancta  evangelia  Dei  me  sert^atuj-iuii  ,jura  ,  llber- 
iates  ,  privilégia  ,  exemptiones ,  iniinuni taies  et  cousuetudines 
monasterii  Sanclœ-Genoi^eJ'œ  Farisieiisis,et  compositiones  habitas 
inter  prœdecessores  meos  et  abbatem  et  coni>entum  dicti  monas- 
terii Sanctœ-G enoi' efœ .  11  présentoit  ensuite  sur  Fautel  une  pièce 
de  drap  d'or  pour  faire  un  parement.  Delà  on  le  menoit  au  trésor  , 
où  11  endossoit  tous  les  ornemens  pontillcaux,  et  oîi  il  était  salué 
par  les  députés  des  coui-s  souveraines.  L'abbé  et  le  prieur  le  condui- 
soient au  sanctuaire  ,  et  l'y  installoientdans  la  chaise  épiscopale.  Cela 
fait  la  procession  se  mettoit  en  marche  ,  quatre  honnnes  portoient 
l'archevêque  dans  sa  chaise  depuis  le  grand  autel  jusqu'à  la  porte 
de  l'église;  quatre  religieux  mettoient  la  main  aux  quatre  bouts  des 
bâtons  ,  comme  porteurs  honoraires.  Alors  un  huissier  appeloit  à 
haute  voix  les  quatre  barons  vassaux  de  l'archevêqne ,  celui  de  Massy , 
de  Monjaj ,  de  Luzarche  et  de  Conflans.  Ceux-ci  se  présentant  pour 
le  porter  ,  les  quatre  religieux  se  retiroient  ,  et  recevoient  chacun 
pour  leur  droit,   un  denier  d'or;   redevance  que  les  archevêques 

do 


Abbaye  SainTe-Genéviève  a  I'akis.  23 
de  Paris  ont  contestée,  mais  à  laquelle  ils  ont  été  condamnés  par 
arrêt ,  ain.si  cju'à  celle  du  drap  d'or  qu'ils  dévoient  lais^^er  sur  l'autel 
après  leur  serment.  Le  recteur  de  l'université  se  rendoit  aux  Jacobins 
où  il  haranguoit  le  nouveau  prélat  à  son  passage,  et  se  retiroit.  Le 
clergé  de  Notre-Dame  venoit  au  devant  de  son  évêque  jusqu'à 
l'église  de  Sainte-Geneviève  des  ardens.  C'étoit  là  que  l'abbé  de  Sainte- 
Geneviève  se  préparoit  à  le  présenter  au  doyen.  L'arclievêque  des- 
cendoit  de  la  chaise  ,  et  on  se  séparoit,  après  s'être  salué  mutuelle- 
ment. La  chaise  étoit  rapportée  à  Sainte-Geneviève. 

Alors  le  clei-gé  qui  composoit  la  procession  se  rangeoit  en  haie  et 
le  prélat  passoit  à  travers.  Arrivé  à  la  porte  de  noire-Dame  ,  qu'il 
trouvoit  fermée  ,  il  sonnoit  une  petite  cloche  mise  exprès  pour  la 
faire  ouvnr.  Enfin  cette  cérémonie  ,  comme  presque  toutes  ,  étoit 
terminée  par  un  repas  splendide  (  63  ). 

Les  détails  de  cette  cérémonie  tiennent  nécessairement  à  lliis- 
toire  des  privilèges  dont  l'abbaje  de  Sainte  Geneviève  étoit  com- 
blée  (64). 

L'aljbaje  de  Sainte-Geneviève  Jouissoit  des  droits  épiscopaux  sur 
toiile  l'étendue  du  bourg  Sainte  Geneviève.  Elle  les  céda,  en  1102, 
à  Kudes  de  Sulll ,  évêque  de  Paris. 

Par  la  transaction  qui  en  résulla  ,  l'abbé  de  Sainte-Geneviève  se 
réserva  le  droit  de  présenter  à  l'évéque  les  sujets  destinés  à  des- 
servir les  églises  paroissiales  dépendantes  de  l'abbave.  Pour  diffé- 
rentes cessions  faites  par  le  même  évêque  ,  l'abbé  et  les  chanoines 
de  Sainte-Geneviève  lui  donnèrent  en  échange  la  chapelle  dite  de 
Sainte  -  Geneviève  des  Ardens.  Ils  lui  abandonnèrent  aussi  la 
prébende  et  le   vicaii-e  qu'ils  a  voient  à  Notre-Dame  (65). 

Il  j  avoit  dans  l'Abbaje  Sainte-Geneviève  des  canonici  ad  suc- 
currenduin.  On  appe'.oit  ainsi  des  personnes  de   tout  état  qui  par- 


(63  '  Hist.  manusc.  de  Saiiite-Cenëv.   L.  V,p.  Syo  et  siiiv. 
(  64)  I.uce  III  ,   Célestin  III  et  Grégoire  IX  ont  confirmé  par  des  bulles 
tous  les  privilèges  de  Sainîe-Genéviève. 

(  65  )  Jailliot ,    rech.   sur  Paris ,  Quartier.  S.-Benoit ,   p.  83. 

D 


au 


84       Abbaye    Satnte-Genéviéve    a    Taris. 
ticipoîenr  aux  prières  de  la   communauté  pendant  leur  vie  et  après 
leur  mort,   en   considération  des  biens  qu'elles  j  avoient  donnés, 
ou  des  services  qu'elles  y  reudoient  (66). 

Parmi  ceux  ainsi  qualifiés,  on  en  distinguoit  de  deux  espèces; 
les  uns  se  donnoient  eux  et  leurs  biens  à  l'abbaje ,  pour  y  servir  , 
et  réciproquement  y  être  nourris  et  entretenus,  sains  et  malades 
le  reste  de  leur  vie;  on  les  appeloh  frères  donnés  (  67  ).  Les  autres 
étoient  des  personnes  de  qualité  qui,  en  récompense  des  maisons  , 
terres  ,  cens  ,  rentes  ,  etc. qu'elles  donnoient,  avoient  part  aux  prières 


des  religieux. 


L'abbaye  de  Sainte-Geneviève  avolt  ,  comme  l'on  sait,  nombre 
de  cures  à  sa  nomination.  Dans  les  premiers  temps  les  chanoines 
qu'on  y  envoyoit  pour  les  desservir  ,  restoient  entièrement  soumis 
à  l'abbé,  auquel  ils  étoient  tenus  de  rendre  compte  de  l'administration 
du  temporel  de  leurs  bénéfices  ,  et  de  remettre  une  partie  de  leurs 
revenus,  dans  ce  qu'on  appeloit  liber  ordinis.  Il  y  avoit  deux 
chapitres  qui  regardoient  les  curés,  et  leur  tracoient  un  plan  de  vie, 
dont  voici  quelques  articles  : 

Ils  garderont  le  silence  à  l'église  et  à  table. 

Ils  ne  sortiront  point  et  ne  s'arrêteront  point  dans  les  rues  et  dans 
les    places  pupliques,    sans  raison  légitime. 

Quand  ils  iront  dans  les  maisons  des  séculiers  ,  ils  mèneront  un 
serviteur  avec  eux. 

Ils  ne  prendront  point  de  femmes  pour  leur  service  domestique. 

Ils  n'attireront  point  leurs  parens  auprès  d'eux ,  et  ne  leur  don- 
neront rien  sans  la  permission  de  l'abbé. 

Il  y  avoit  aussi  des  bénéfices  desservis  par  plusieurs  religieux. 
L  abbé   nommoit    alors   un   prieur  auquel  les  autres  obéissoient. 

Ils  n'iront  point  promener  hors  du  lieu  prescrit  par  l'abbé ,  sans 
la  permission  du  prieur. 

Ils  n'iront  point  promener  aux  villages  voisins  ni  aux  châteaux 
sans  la   permission   de  l'abbé  (  68  ). 

(66)  Hist.    manusc.  de    Sainie-Geii. ,  p.   532. 

(  67  )  Voyez  sur  les  frères  Oblais  ant.  nat.  T.   r  ,  art.  III  p.  10. 

C  68  )  Hist.  manusc.  de  Sainte-Gec. ,  1.  VI ,  p.  674. 


-Il 


Abbaye     Sainte-Geneviève     a    Paris.-     2j 

L'abbaje  de  Sainte-Geneviève  relevoit  immédiatement  du  roi  p;)ur 
le    temporel  (  Gg  ). 

Les  papes  et  leurs  légats  avoient  d'ordinaire  leur  demeure  k 
l'abbaye.  Le  cardinal  (Jctavian,  évêque  d'Ostie  j  étoit  logé  en  1206. 
S'étant  un  jour  avisé  d'inviter  à  dîner  l'évêque  de  Paris  ,  l'abbé  le 
trouva  mauvais,  quoicpe  cependant  le  repas  fut ,  je  ne  sais  pour- 
quoi ,  aux  dépens  du  chapitre  Notre-Dame.  La  crainte  de  l'abJjé 
étoit  que  le  prélat  ne  prît  de  là  occasion  de  prétendre  droit  de 
repas.  Aussi,  pour  le  tranquilliser,  le  légal  fit  dresser  un  acte  au- 
thenlique  ,  par  lequel  il  cerlifioit  que  c'étoit  par  pure  amitié  et 
à  sa  prière  que  l'évêque  de  Paris  étoit  venu  dîner  à  Sainte-Gene- 
viève ,  et  même  aux  dépens  du  chapitre  de  Notre-Dame  ,  ce  qui 
ne  pou\oit  tirer  à  conséquence,  ni  grever  sa  maison  d'un  droit  pré- 
judiciable (70). 

Les  gens  à  métiers,  qui  demeuroient  sur  les  terres  de  Sainte- 
Geneviève  ,  étoient  subordonnés  à  des  statuts  et  des  réglemens. 

Les  couteliers  ,  ainsi  c[ue  les  tisserands  ,  dévoient  acheter  leurs 
métiers  de  l'abbé  et  du  couvent ,  cinq  à  six  sous  ;  ils  ne  pnuvoient 
travailler  de  n'.iit  ;  ils  ne  dévoient  également  travailler  en  cliar- 
Tiage  (71)  depuis  le  samedi  à  vêpres  sonnantes  à  Notre-Dame, 
et  en  carême,  depuis  compiles;  ils  avoient  deux  prud'hommes 
ou  jurés,  à  la  nomination  du  chambrier  (72)  qui  pouvoit  les  révoquer  ; 
ils  pajoient  le  guet,  la  taille  (78)  et  autre  redevance,  excepté  les 
jurés  qui  étoient  exempts  du  guet. 


(69)Hist.  manusc.   de  Saînle-Genév. ,  1.  VI,  p.  766. 

(  70  )  Hist.  manusc.  de  Sainie-Genév. ,  1.  V  ,  p.  563. 

(  71  )  A  la  préparation  de  chair ,  ce  mot  étoit  plus  ordinairement  applique 
au  tribu  pajé  sur  les  trou|3peaux 

(72)  Camerarius,  ce  nom  vient  de  caméra  chambre ,  le  chambrier  du  palais. 
Camerarius  palatzi  eloil  le  garde  des  trésors.  Chez  les  moines  le  chambrier  est 
celui  quia  som  des  revenus  communs  ;  dans  plusieurs  ch;ipilres,  c'éloit  une  dignité. 

(  73  )  Alors  les  rois  n'imposoienl  pas  immédiatement  la  taille  sur  les  peuples  : 
ils  laxoient  les  seigiiei.rs  soit  ecclésiastiques,  soit  teculitrs  qui  levoient  ukc 
taille  sur  tous  leurs  sujets  pour  pajer  le  roi. 

D  a 


lliï 


if)         A  D  D  A  Y  E      S  A  r  N  T  E  -  G  E  N  K  V  I  È  V  E       A      P  A  R  1  S. 

Les  lainiers,  faraeliers  (74)  ou  honlangers  formoieiit  alors  d  ut 
classes  .  les  hauhaniiiers  (yj)  ceux  de  la  vjile ,  et  les  forains  ceux 
du  dehoi's.  Les  premiers  jouissoieiit  de  certaines  exemptions  que 
les  autres  jjayoient.  Nul  ne  pouvoit  cuire  les  jours  de  dimanche  et 
de  fête  ,  si  ce  n^ était  des  écliaudés  à  donner  pour  V amour  de 
Dieu;  il  i'allolt  que  le  pain  fut  au  four  le  samedi  avant  la  nuit, 
la  veille  de  Noël  exceptée  ,  on  pouvoJ  cuire  jusqu'à  matines  de 
Notre-Dame ,  et  lorsqu'une  fête  éloit  le  lundi  ;  nul  bouIan;j:cr  ne 
pouvoit  faire  de  pain  plus  grand  que  deux  deniers  (j6)  à  moins  que 
ce  ne  fut  des  gâteaux  à  présenter,  et  plus  petits  d'une  maille  .(^"f) 
hormis  les  eschaudés  (78).  Si  le  pain  éloit  trou\é  trop  petit  pour 
le  prix  par  les  jurés  ,  ils  conîîsquolenc  foule  la  fournée  ;  les  boulangers 
hors    Paris    n'j    pouvoient    apporter    du    pain    que    le    samedi. 

Les  cordonniers ,  quoique  sur  la  tej're  de  Sainte-Geneviève , 
étoient  sous  la  jurisdiction  du  grand  chambellan  de  Fiance ,  et 
achetoient  de  lui  leurs  métiers.  Du  reste  ,  ils  étoient  soumis  aux 
mêmes  défenses  que  les  autres  artisans. 

Les  oubliers  (79)  et  pâtissiers  ne  pouvoient  prendre  de  compa- 


(74'*  On  disoit  plulôt  Talemeliers  Ou  Talemetiers  ^  en  lalin,  Talemarii  Talematarii ^ 
c'est  de  là  que  vient  le  mol  TaUmouse  et  de  la  forme  U-iani;ulaire  de  cette 
espèce  de  pàiissei'ie  ,  cpielques  pièces  de  terre  étoient  appelée  aussi  TaZ/cOTOKiw. 

(  75  )  Ceux  qui  étaloient  sous  des  toiles,  soutenues  par  dfS  perches,  des  auvents  j 
de   auvanus  et  aubanus  auvent. 

(;  6)  Çue  du  prix  de  deux  deniers.  Nous  avons  vu  à  l'art,  de  Lille  qu'on  appe- 
ioit  pain  de  patar  et  pain  de  deniers,  les  pains  qui  coûtôlent  un  patar  ou  \\n  denier. 

(  77)  La  maille,  macula  ^  maUia  pièce  de  monnoie  j  il  3'  avoil  deux  mailles 
dans   un  denier. 

(  78  Eschaude,  ou  eschaudet  ^  ou  escaudes  ;  en  latin  escaudetus  ou  esckaudetus.  Le 
houlanger  ((ui  les  faisoit  se  nommoit  escaudhseur.  On  en  (aisoit  des  distributions 
ainsi  que  de  petils  pains ,  au  marché,  dans  certaines  cérémnnies. 

(79)  Fahric  ateur  d'oublis.  On  a|pe!oit  oble'es  ,  oblies  ,  oblata,  le  pain  offert 
chlaïus,  au  sacrifice  de  la  messe,  et  non  encore  consacré;  et  ce  nom  a  passé 
à  des  espèces  de  gaufres  ;  c'est  donc  à  tort  que  Casaubon  dérive  ce  mot  du  grec 
B^iAi'ac  qui  signifie  un  pain  cuit  aune  petite  broche.  On  appeloi t  jfroir  d'oubliés 
ou  d'oubliage  celui  de  recevoir  une  certaine  quantité  de  pains  extrêmement  petits. 


A  n  n  A  Y  E  55  A  I  N  T  E  -  G  E  N  É  \- 1  È  V  E  A  P  .\  n  I  S.  27 
gnon,  s'/'A'  ne  J'aisoieiit  au  utoiiis  un  inlUier  cV  oubli  es  par  jour; 
ils  ne  dévoient  pas  jouer  aux  dez  argent  sec  (80)  ,  et  ne  pou  voient 
donner  que  deux  gauilres  pour  un  denier,  et  huit  bâtons  pour 
autant  (81). 

Calo  ,  successeur  de  Jean  de  Toci ,  n'a  rien  fait  de  remarquable. 
Il  est  nioit  en   1228, 

Herbert  reçut  d'Honorius  le  droit  de  dîmer  les  terres  en  Jachères; 
par  une  faveur  spéciale  ,  Grégoire  IX  lui  accorda  la  permission 
de  porter  la  niître  ,  les  Gants  et  l'annean  ;  il  obtint  encore  pour  le 
chancelier  de  son  éL:,lise  (  O2  )  ,  le  droit  de  conférer  la  licence  aux 
écoliers  qui  s'adressoient  à  lui  et  qui  étoient  sur  le  territoire  du 
monastère. 

Ou   vovoit  dans  le  cloître  son   épitaphe  ainsi   conçue. 
Qiiisquis  es  abbatis  Herberti  congeme  Jatis   . 

lot  pro  peccatis  ,  /riors  sit  et  una  satis , 
Semen  est  hominis  causa  ,  esiila  tiiiea  Jin'is 

FIos  est ,  cita  ciiiis ,  philosopheris  ni  his  (83). 
Ce   fut  cet   abbé  qui  songea  à  reconstruire  la  châsse  de   Sainte- 
Geneviève  (84)  ;  mais  la  mort  le  prévint  ^  et  en  laissa  le  soin  à  son 
successeur. 

On  trouve  dans  une  charte  de  I225  sur  un  différent  qu'eut  cet 
abbé  avec  lui  citoyen  de  Paris  ,  Philippe  de   Rici ,    le  luot  platea 

(  80  }  Numéraire  métallique. 

(  81  )  Hist.  mamisc.  de  Sainte-Genév. ,  1.  VI ,  p.  763  et  suiv. 

(  82  )  Cancellarius  ,  chancellier  ,  du  mot  cancellare ^  qui  signifie  rayer ^  biffer. 
Tjes  fonctions  primitives  de  cet  officier  furent  d'examiner  les  titres  qui  se 
passoient  au  profit  du  chapitre,  d'y  ajouter,  changer,  en  un  mot,  rayer  et 
biffer  ce  qui  n'étoit  pas  convenable.  Un  chancellier  étoit  donc  alors  ,  à  pro- 
prement 4)arler  ,  le  secrétaire  du  notaire  du  chapitre.  Il  en  dressoit  ou  faisoit 
dresser  les  actes  et  les  scelloit,  Les  églises  cathédrales,  les  commiina  ;tés ,  les 
monastères  eurent  long-tems  des  chanceliers.  L'ahbiye  de  Sainle-Genéviève 
eut  le  sien.  Le  premier  dont  on  trouve  le  nom  dans  un  acte  du  clr  pilre  des 
chanoines   séculiers  de   1140,  est  ^ubry,    ^Lbér'zcus  cancellarius  subscripsi. 

(  83  )  Hist.  manusc.  de  Sainte-Geneviève  ,  p.  '6'i^.  —  Gall.  christ.  T.  VII  , 
p.  787. 

(  84  )  \  oyez  l'article  de  la   châsse. 


m 


2o       AcEAYE     Sainte-Geneviève     a    Paris.' 

Mauberli ,  la  place  Maubert ,  ce  qui  détruit  l'opinion  de  ceux  qui 
dérivent  le  nom  de  cetle  place  de  maître  Albert  ,  puisque  ce  cé- 
lèbre dominicain  n'a  commencé  à  enseigner  que  dix  ans  après , 
il  est  probable  que  le  nom  de  cette  })lace  lui  vient  ^Albert ,  abbé 
de  Sa.nle-Gcnéviève  ,  dont  j'ai  déjà  parlé,  qui  étoit  le  seigneur  de 
ce  lieu  ,  et  qui  est  cjualifié  de  doctus  dans  une  bulle  d'Alexandre 
III  de  1x63. 

Robert  de  Lajf'erlé  est  ainsi  appelle  du  lieu  de  sa  naissance.  Sous 
Ijoi  se  fît  le  recensement  des  biens  de  Taljba^ye  l'an  1240.  La  nou- 
velle cbâsse  de  Sainte-Geneviève,  commencée  par  Herbert,  ayant 
été  acbevée  en  1243,  on  fît  la  translation  des  reliques;  les  cba- 
noines  craignant  l'affluence  du  peuple  ,  firent  la  cérémonie  en  secret . 
les  assistans  étoient  au  nombre  de  quarante-sept. 

L'abbaje  de  Sainte-Geneviève  ,  à  raison  des  seigneuries  qu'elle 
possédoit ,  avoit  des  vassaux  et  de  serfs  (85). 


(85)  Ceux-ci  s'appelloient ,  comme  on  sait  hommlnes  de  corpore  hommes  de 
corps.  lueurs  devoirs  tousisloient  en  quatre  choses  qui  se  trouvent  ainsi  spécifiées. 

Non  possunt  Jîlîos  suos  clerkosfacere  nisi  de  toncesslone  ecclesia.  11  falloit  donc 
que  l'abbé  atlranchit  les  serfs  qui  deniaudoieut  la  tonsurej  avant  de  la  leur 
conférer. 

Non  possunt  filios  suos  autfilias  suas  matrimonio  conjungere  cum  komznibus  alterius 
halliva:  vel  dominatus  ;  ce  droit  du  seigneur  s'appeloit_/ôm  marhagiuin  for-raariage  ; 
il  imposoit  aux  serfs  la  loi  de  ne  s'allier  qu'à  des  personnes  de  même  condition 
et  dépendantes  du   même    seii;neur. 

Cadacum  id  estmanum  monuam  dtbent  ;  quand  une  personne  de  condition  servile 
mouroit  sans  enfans  ,  tous  ses  biens  ,  meubles  et  immeubles  nppartenoient  au 
seigneur.  L'abbaje  a  été  en  possession  du  droit  de  main-morte  l'espace  de  740  ans 
environ  ;  savoir  depuis  Clovis  jusqu'à  Saint-Louis  ;  ce  qui  n'a  pas  peu  coii- 
Iribiié  à  élendre  et   à  firossir  ses  domaines   et  ses  revenus. 

In  necesshatibus  ecclesiœ  dabunt  auxilium  conveniens  de  siio  juxtà  çosuetudinem  regnî  ; 
les  serfs  dévoient  à  leurs  seigneurs  leurs  personnes  el  leurs  biens,  ainsi  il  falloit 
les  défendre  coulre  leurs  ennemis  ,  garder  leurs  chàleaux  de  jour  et  de  nuit  y, 
en  temps  de  guerre  ,  travailler  pour  eux  en  certaines  saisons,  comme  fauclier 
1  urs  prés,  faner  leurs  foins,  etc.,  etc.  La  taille  qu'on  leur  imposoit  étoit 
Leaucoiip  plus  f^rle  que  celL'  cju'on  exigeoil  des  simples  vassaux  appelles  Hospites. 


A  B  7^  A  Y  E  S  A  I  N  T  E  -  G  F.  N'  î?  V  1  È  V  E  A  F  a  R  I  S.  20 
Ces  servitudes  corporelles  furent  aLolies  par  Sciint-Loui,-.,  cnvii(.ii 
l'an  1246,  je  veux  dire,  qu'il  permis  aux  hovijius  de  cohdit.on 
servile  de  se  racheter  (86).  En  consérpience  Tliibaiill  ,  alors  abLé 
leur  donna  la  manumissicn  ou  la  liberté  à  trois  conditions  :  qu'ils 
s.roient  toujours  sujets  de  l'abbaye  ,  à  Inquelle  ils  pajeroienl  cens, 
rentes  ,  tailles  ,  corvées  et  autres  redevances  ;  que  s'ils  se  marioient 
à  une  personne  serf,  ils  rentreroient  dans  leur  première  condi- 
t.on  ;  qu'ils  seroient  obligés  de  prêter  tout  secours  et  assistance  à 
l'abbé  et  aux  religieux  dans   le  besoin   (87). 

Le   même   Thibault   reçut    d'Alexandre    IV   une    bulle  qui   per- 

meftoit  aux  jacobins  de  parler  à  table  quand  ils  mangeoient  avec 
lui.  En  1269  il  donna,  à  litre  de  main-morte  ,  aux  frères  carmes, 
amenés  par  Saint-Louis,  un  terrain  où  ils  bâtirent  un  monastère, 
devenu  depuis  le  couvent  des  Célestins  (88).  Il  mourut  à  Rome 
en  12.66. 

Odoti  //obtint  de  Clément  VI  le  privilège  de  conférer  les  quatre 
moindres.  Plusieurs  donations  considérables  enrichirent  encore 
Sainte-Geneviève  ,  la  bibliothèque  s'augmenta ,  et  son  accroisse- 
ment fut  particulièrement  en  livres  de  médecine. 


(  86  )  Dans  ces  siècles  barbares  ,  les  seigneurs  même  ecclésiastiques  n'avoient 
pas  honte  de  traffiquer  des  hommes  comme  des  denrées.  En  1278  ,  les  mngistrats 
de  JMeaux  ayant  voulu  mettie  à  la  taille  certains  hommes  de  corps  de  Sainle- 
Genéviève,  qui  se  trouvoif'ntdans  leur  ville,  l'abbé  et  les  religieux  s'j  opposèrent, 
prétendant  qu'ils  n'éioient  taillables  que  par  eux.  Pour  terminer  ce  dilTérenf  , 
le  maire  et  les  échevins  de  iMeaux  achetèrent  les  serfs  de  Saiute-Genéviève 
pour  la  somme   de  mille  Hvres  tournois. 

(87')  La  somme  que  l'abbaje  retira  de  ce  traité  ,  monta  à  seize  cens  quarante 
livres  Parisis  ,  qui  valoient  deu*  à  trois  mille  livres  de  la  monnoie  actuelle.  Et 
si  l'on  considère  qu'on  faisoit  alors  autant  en  proportion  avec  une  livre  qu'on 
pourroit  faire  aujourd'hui  avec  trente ,  il  se  trouve  que  l'abbaye  aiiroit  reçu 
environ  soixante  à  quatre-vingt  mille  livres,  somme  très-considérable  pour 
ce  temps-là.  Hist.  manusc.  de  Sainte-Cenéviève ,  L,  VI  ,  p.  76;  et  suiv. 

(88)  Ant.  nationales  j  tome  i  art.  III,  p.  3. 


ih,0 


3o      Àebave    Sainte-Gbnéviève     a    Paris." 

]1  fut  enlerré  dans  le  cloître  sous  une  pierre  où  est  cette  épitaphe: 

Sur  ni  doctrina  doctor  et  medicina 

Ac  loglces  metliodo  pollens  jacet  hic  pater  Odo 

Cl/jus  anima  requiescat  in  pace  ,  amen. 

Et  au  tour  de  la  léte  : 
Anno  Domini  M.  C(XXXV.  duo  novemhris.  Ohiit  Odo 
Quondain  ecclesiœ  hiijus  abbas. 

Arnulf  de  Romainville  aimoit  à  rendre  service  ,  mais  le  sort  le 
servit  si  bien  dans  le  choix  de  ses  obligés  ,  que  l'on  seroit  presque 
porté  à  croire  que  l'intérêt  s'en  mêla  un  peu. 

Jean  de  Brescia ,  fils  du  grand  chambellan  qui  fut  condamné  à 
mort  en  1277,  lui  eiit  l'ol^ligation  de  pouvoir  tirer  du  séquestre 
deux  belles  maisons  ;  l'alibé  n'y  perdit  rien  ,  elles  devinrent  par  la 
suite  propriété  de  son  couvent ,  ce  qui  le  dédommagea  des  avances 
qu'il  avoit  faites. 

Gallien  de  Pise  le  récompensa  aussi  d'un  service  à-peu-près 
semblable  par  un  legs  considéi-able. 

uérjwlf  de  Romainville  mourut  en  1280  ,  après  avoir  déposé  son 
abbaye  eiitre  les  mains  du  pape  ,  et  fut  enterré  dans  le  cloître.  Il 
est  représenté  en  habits  pontificaux ,  et  on  lit  au  four  de  la  pierre 
qui  couvre  sa  toin];e  ; 

ylhbas  ArnuLPHUS  ,  qui  moribiis  lucsit  ut  ulphus 
Subjacet  huic  tumbœ ,  par  simplicitate  colunibce  , 
Dum  fuit ,  hac  l'ita  fini  ta  ,  fine  perita , 
jinnis  millenis  ccntum  bis  et  octuagenis 
Adjunctis  senis  delentis  crimina  pœnis , 
Idus  ociobris  sexto  (89)  ,  multis  quoque  probris. 

Guillaume  d'' yluxerre  fit  profession  à  Saint- Victor  ,  devint  ca- 
merier  de  Sainle-Genéviève  ,  ensuite  curé  d'Athis  ,  paroisse  dépen- 
dante de  Saint-Victor  ;  enfin  a])bé  de   Sainte-Geneviève  ,  où  il  fut 


(  Si;  )  Le  10  d'octobre. 

nommé 


Abbaye  Sainte-Geneviève  a  Paris.  3i 
nommé  par  Martin  IV.  Il  oblinl  de  ce  même  pape  la  permission 
de  demander  ,  d'accepter  et  de  retenir  les  meubles  et  immeubles 
appartenant  à  c  eux  qui  feroient  profession  ,  excepté  pourtant  les 
fiefs. 

Gueriu  dCAudilIy  est  le  second  chancelier  de  Sainte-Geneviève 
connu.  Devenu  abbé  sous  Philippe-le-Bel ,  il  fut  de  quelqu'utilité 
à  ce  prince  lorsqu'il  faisoit  la  guerre  au  comte  de  Flandres  et  au 
roi  d'Arragon.  Sous  cet  abbé  ,  en  1290  ,  il  y  eut  un  concile  à  vSainle- 
Genéviève ,  où  il  fut  décidé  qu'avant  d'entreprendre  la  guerre 
contre  les  infidèles  ,  il  falloit  que  les  princes  chrétiens  fussent  en 
paix  entr'eux  ,  et  ce  même  abbé  reçut  de  Jeanne  de  Chatillon , 
comtesse  de  Blois  et  d'Alençon  ,  un  legs  considérable  pour  ce 
monastère. 

Jean  de  Vi  fut  abbé  de  Sainte-Geneviève  en  1294.  Il  mourut  le 
25  d'août  1298  ,  et  fut  entei'ré  dans  le  cloître.  Il  est  représenté 
sur  la  pierre  qui  couvre  sa  tombe  en  habits  pontificaux:  On  lit 
au-tour. 

Cy-  gît  frère  Jean  de  Y  i,  Jadis  abbé  de  Saint-Barthelemj  de 
JNojoji  ,  après  abbé  de  Sainte-Genéi^ièt^e ,  qui  trespassa  tan  de 
■  grâce  M.  CCIXXI  et  XVIII,  le  XXV  aoûst. 

L'abbaye  de  St^.-Genéviève  possédait  plusieurs  terres  et  seigneuries, 
qui  lui  attribuoient  le  privilège  de  haute,  moyenne  et  basse  justice. 
Mais  le  tribunal  le  plus  considérable  étoit  celui  de  Paris.  Une  des 
principales  peines  auxquelles  alors  le  baillj  de  Sainle-Genéviève 
pouvoit  condamner,  étoit  V  échelle  ^  cette  échelle  permanente  et 
fixe,  comme  autrefois  les  carcans,  avoit  au  haut  un  ais  percé  de 
manière  à  faire  passer  la  tête  et  les  mains  du  condamné ,  qui  restoit 
ainsi  exposé  à  la  vue  du  peuple.  C'étoit  sans  doute  un  châtiment 
d'usage,  car  les  justices  de  Saint- Martin- des  -  Ghamps  ,  de  Saint- 
Germain  -  des  -  Prés  ,  de  Notre-Dame  et  autres,  avoient  de  ces 
échelles.  Lorsqu'on  les  abattit ,  on  conserva  celle  du  Temple , 
qui  subsistoit    encore  sur  la  fin  du  siècle  dernier. 

On  coupoit  aussi  alors  une  oieille  aux  voleurs  ;  et  pour  cela  on 
les  mettoit  à  l'échelle. 

E 


r;/ 


Sz      Abbaye    Sainte-Genéviène     a     Paris; 

On  condamnoit  encore  au  bannissement.  En  i3oo  ,  /ht  bannie 
de  la  terre  de  Saînte-Genéi-'iève ,  sur  peine  d^être  brû/ée  {c)o') , 
ou  pis  si  elle  déserte,  Marguerite  Lenglesche,  pour  bordel {cji') 
qu'elle  resseroit  en  son  hôtel. 

Il  existoit  encore  une  autre  espèce  de  supplice.  Au  défaut  de  l'échelle, 
on  enfouissoit  le  condamné,  à  demi  corps,  en  terre  ,  et  il  restoit  ainsi 
expesé  pendant  quelques  heures.  L'extrait  suivant  le  prouve  : 

L'an  de  grâce  i3o2  ,  fut  enfouye  Amelotte  de  Crisleiiil ,  prise 
à  Rungys  (gz)  ,pour  ce  qu'elle  aiwit  emblé  {()3)  deux  ceintures, 
deux  anneaux  ,  une  aumosnière  de  soje ,,  eic,  etc.  (g^)  Ceci  devoit 
s'exécuter  sous  les  fourches  patibulaires  ,  qui  étoient  alors  très-mul- 
tipliées. 

Dans  la  terre  et  seigneurie  de  Borrest  dépendant  de  Sainte- 
Genévlève,  il  existoit  un  usage  assez  louable.  Quand  quelque  habitant 
en  avoit  injurié  ou  frappé  lui  autre,  on  l'obligeoit  à  rendre  satisfac- 
tion à  celui  qu'il  avoit  offensé  ,  puis  on  les  faisoit  embrasser  tous  deux. 
L'aggresseuremmenoit  ensuite  quelques-uns  de  ses  amis  ,  et  prenant 
avec  lui  luie  certaine  quantité  de  viandes  ,  il  les  alloit  manger  chez 
celui  qu'il  avoit  outragé  ;  et  la  réconciliation  étoit  consommée  (gS). 

Jean  de  Roissy  ,  étoit  de  Roissj,  petit  bourg  dans  le  voisinage  de 
Pai'is.  Il  fut  privé  de  son  bénéfice  par  le  Pape  ;  à  l'exemple  de  ses 
prédécesseurs  il  fut  très-attentif  à  augmenter  le  domaine  de  Sainte- 

(  go  )  Il  faut  enlendriî  seulement  par  ces  mois  une  espère  de  torture, 
(  91  )  Ce  mot  vient  de  bord  qui  ,  dans  la  langue  saxonne  ,  signifie  une  p;  tite 
maison.  Puis  on  a  dit  en  latin  barbare  borda  ,  el  ensuite,  par  diuiinulif  bordellus 
et  bordellum  ^  en  françois  bordel  et  bordeau  ^  parce  que  les  filles  de  mauvaise 
vie  ne  logent  ordinairement  que  dans  une  maison  petite  et  de  peu  d'apparence. 
.Voyez  Ducange  sur  JoinviUe  ,  p.  63. 
(  92  )  Terre  appartenant  à  l'abbaye. 

(93)  Embler  ou  ambler  siçnii\oi\  frauder  les  droits  ,  il  vouloit  dire,  Jrauder  ,  ou 
aussi  dérober ,  prendre.  On  lit  dans  une  ancienne  rédaction  des  commaudemens  da 
Pieu  : 

L.'avoir   d'autrui   tu  n'ambleras 
Ne  retiendras  à  ton  escient. 

(94)  Hist.  manusc.  de  Sainfe-Genév.  ,  1.  VI ,  p.  838. 

(  95  )  Hist.  inanuscr.  de  Sainte-Geneviève  ,  1.  YI ,  p.  760. 


Abbaye  Sainte-Genévikve  a  Taris.  33 
Geneviève.  En  iSoy  ,  il  obtint  dans  un  parlement  une  décision  qui 
lui  assLiroit  le  droit  sur  tous  les  biens  vacans  et  sur  les  bâtards  dans 
la  dépendance  de  son  abbaye.  Il  mourut  en  iSoy  et  fut  enterré  dans 
le  cloître.  On  lisoit  sur  sa  tombe  : 

Hic  Jacet  mitissimus  hoiiœ  niemoriœ  fraler  JoANNEsde  RossiACO 
quondain  abbas  hujus  ecclesiœ ,  qui  obiit  an.  MCCCVI  die  octobris. 

Jean  de  Saiiit-Leu  passa  uhe  partie  de  sa  vie  à  recevoir  des 
donations  en  faveur  de  son  abbaye  ,  à  défendre  les  privilèges  dont 
elle  étoit  en   possession  ,  et  à  lui  en  acquérir  de  nouveaux. 

Jean  de  JBorret  fut  élu  en  1834.  Il  eut  diverses  commissions 
qui  annoncent  l'importance  des  abbés  de  son  tems. 

C'est  sous  cet  abbé  qu'un  jeune  clerc ,  nommé  Jean  Hubaut , 
de  la  maison  du  roi,  institua  le  collège  de  l'Ave  Maria.  Ce  collège 
dépendoit  de  Sainte-Geneviève  ,  et  il  y  avoit  une  somme  alïéctée 
à  l'entretien  des  cbanoines  qui  y  étudieroient. 

Jean  de  Borret  obtint  que  le  collège  de  Navarre  ,  cpoique  bâti 
avant  qu'il  fut  abbé  ,  entretiendroit  deux  boursiers  choisis  par  lui 
et  le  couvent. 

Vanves ,  village  voisin  de  Paris  ,  étoit  aussi  un  domaine  de 
Sainte-Geneviève.  Il  s'y  faisoit  tous  les  ans  une  cérémonie  le  jour 
de  la  Trinité  ,  qu'on  appelloit  la  féLe  de  l'Epée  et  de  la  Rose. 
Une  épée  de  vingt  sols  étoit  le  jn-ix  destiné  à  celui  qui  couroit  le 
mieux  depuis  la  porte  Saint-Michel ,  ou  porte  d'Enfer  ,  jusc|u'à  la 
porte  de  Vanves.  (^uant  à  la  rose  ,  c'étoit  un  présent  de  la  valur 
de  trente  sols ,  fait  à  une  meschine  (96)  qui  pouvoit  être  mariée 
dans  l'année.  Les  valets  de  Vanves  faisoient  les  frais  de  ces  deux 
prix. 

Il  s'éleva  à  ce  sujet  une  contestation  assez  sérieuse  entre  les  religieux 


(ijô)  Meschin ,  mesquin,  sigiiifioit  dans  le  moyen  ;1ge  un  pauvre  homme 
ou  un  valet  ,  ainsice  mot  indique  ici  une  servante.  On  disoit  en  picard  mechain, 
c'est  delà  qu'est  venu  le  nom  propre  mechin ,  et  l'épithèle  de  mesquin  que  nous 
avons  donné  aux  choses  de   peu  d'apparence. 

E  2 


l^\ 


34      Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris. 
et   les   liabilans.   Ceux-là    préîendoient ,   comme   seigneurs  avoir  le 
droit  de  présider  à  celle  cérémonie  et  àe  faire  le  cri ,  c'esl-à-dire, 
de  donner  Iç  signal  pour  commencer  la  course  ;  ceux-ci  soutenoient 
au  contraire  C[ue  depuis  un  lems  immémorial  ils  éloienl  en  posses- 
sion de  permettre  cette  fête  à  leurs  valets  et  de  foire  le  cri ,  et  que 
rien   ne  justiGoIt  la  réclamation  des  religieux.  Les  esprits  s'échauf- 
fèrent au  point  qu'il  y  eut  une  espèce  de  défi  ,  et   cjue  des    paroles 
on  en  vint  aux  maiias.  Plusieurs  habitans  furent  battus  et  maltraités 
par  les   officiers  de    Sainte-Geneviève^    ce   qui   engagea  un  procès 
criminel ,  qui  se  termina  enfin  à  l'amiable  par  une  transaction  en 
1842  :  le  droit  de  présider  ou  de  faire  le  cri  fut    abandonné  aux 
religieux  ;  pour  réparation  de  leur  entreprise  téméraire,    les  habii 
tans  s'engagèrent  à  venir  en   la  place   où  se   faisoit   le  cri  ,  et  là  , 
l'un  d'eux  devoit  dire  ,  en  présence  du  maire  et  du    jDrocureur  de 
Sainle-Genéviève  :  Seigneur  ,   je   confosse  au    nom  des  habitans 
de   Vanves  que  le  crj  et  don  de  Rose  et  d''Epée  appartient  aux 
religieux  de  Sainte-Geneviève  ,  et  que  les  empescheinens  que  les 
habitans  y  ont   mis ,  à  tort  tj  ont  mis ,    et    l'amendent   ausdits 
religieux  :  promets  que  doresnavant ,  ils  ne  les  empescheront  ez 
choses  dessus  dictes.  Ils  furent  de  plus  condamnés  à  pajer  pour 
dépens,  dommages,  intérêts  5oo  livres  à  l'abbaje. 

Robert  de  la  Garenne,  d'abord  camerier  et  puis  abbé,  confirma 
la  donnation  du  collège  de  V^i>e  Maria  et  en  ajîpronva  les  régle- 
niens  ,  dont  un  assez  remarquable  oblige  les  boursiers  et  leur  maître 
d'assiter  aux  grandes  fêtes  à  l'office  des  chanoines  ,  si  toute-fois  ils 
le  permettent  ,  et  d'accompagner  la  châsse  loi-squ'elle  sortira  du 
monastère ,  en  marchant  devant  elle  les  pieds  nuds ,  l'un  après 
l'autre ,  en  portant  chacun  un  cierge. 

Sous  ce  même  Robert  il  j  eut  à  Paris  une  procession  générale 
pour  la  délivrance  de  Calais  assiégé  depuis  six  mois  par  Edouard 
III ,  roi  d'Angleterre.  Il  j  assista  en  habits  pontificaux. 

Nombre  de  collèges  se  trouvoient  dans  la  censive  de  Sainte-Gene- 
viève. Les  maisons  acquises  pour  la  construction  du  collège  de 
Navarre   furent  amorties ,   du  consentement  de   l'abbé  et  des  reli- 


Abbaye  Saint  e-G  e  n  e  v  i  è  v  e  a  P  a  n  i  s.  3fj 
gîeux,  qui  néanmoins  s'y  réservèrent ,  par  l'acte  de  1840,  les  droits 
cun'aux  et  paroissiaux  ,  et  de  pouvoir  placer  comme  boursiers  deux 
écoliers  pour  y  être  instruits  et  entretenus  jusqu'à  l'âge  de  seize 
ans  (97). 

Jean  de  T^iry  joua  un  r^rand  rôle  dans  les  afTaires  ecclésiastiques 
de  son  temps.  En  1849  il  donna  ,  dans  l'église  de  Sainte-Geneviève, 
la  bénédiction  nuptiale  à  Jeanne  de  Nantes,  comtesse  d'Auvergne 
et  de  Boulogne  ,  et  à  Jean  ,  duc  de  Normandie ,  qui  ,  un  an  ajjrès  , 
fut  sacré  roi  de  France.  En  i35i,  par  une  bulle  de  Clément  VII, 
il  l'ut  nommé  Juge  et  conservateur  de  l'ordre  de  Citaux.  Il  assista 
à  plusieurs  cjiapitres  qui  lui  confièrent  des  missions  très-importantes  , 
telle  que  celle  de  visiteur-général  des  monastères  de  Paris.  Le  pape 
Clément  lui  envoya  aussi  des  bulles  qui  le  nonrmoient  juge  et 
conservateur  de  l'ordre  de  Citaux. 

L'abbaye  avoit  pour  chancelier  ,  en  i36o  ,  Geoffroy  de  Saint, 
Germain  ,  fils  de  Jean  de  Saint  Germain ,  docteur-ès-loix. 

Jean  des  ^rdennes  s'occupa,  beaucoup  des  affaires  temporelles  de 
sa  maison.  Ce  fut  lui  qui  fît  restituer  à  Sainte-Geneviève  le  droit  des 
poi  s  et  mesures  sur  la  place  Maubert ,  et  dans  d'auti-es  lieux  oii  ils 
avoient  été  usurpés.  Il  fut  enterré  dans  le  cloître  avec  cette  épitaphe- 

Hic  jacet ,  bonœ  niemoriœ ,  dominns  Joannes  de  ArdennA 
abbas  hujus  ecclesiœ  ,  magister  in  artibus  et  licenciatus ,  doctor 
doctorum  prcecipiius  in  omni  scientiâ  et  pietate  prœclarus ,  qui 
obiit  anno    domini  MCCCLXIII. 

Pendant  plusieurs  siècles,  les  monastères  et  les  communautés  étoient 
presque  les  seuls  endroits  où  on  cultivoitset  où  on  enseignoit  les 
scivmces  et  les  lettres.  L'abbaye  de  Sainte-Geneviève  eut  une  école 
d'où  sortirent  des  hommes  célèbres  ,  et  elle  eut  d'habiles  professeurs  , 
entr'autres  le  malheureux  .Abailard  (  98  )  et  Pierre  Lombard  son 
disciple. 

(97)  Hist.  inaniisc.  de  Sainle-Geiiéviève  ,  1.  VI  ,  p.   782. 

(';8)  Pierre  Ahailard  i\\&-^)^vi:x  d'abord  l.i  philosopliie  dans  l'école  de  Notre- 
D=i'Tie,  qui  riv.-ilisoil  ^ilors  avec  celle  de  Sainle-Genéviève.  Il  avoit  succédé 
à  Guillaume  de  Champeaux  son  maître  qui  s'étoit  retiré  à  Saint-Victor  ;  et  lui-même 
se  retira  quelque  temps  après  à  Sainte-Geneviève  ,  où  il  continua  de  professer. 


/f? 


36         Abbaye    Sainte- Geneviève    a   Paris. 

Il  paroîf  que  jusqu'en  i2i5  ,  où  l'on  donna  à  FUniversité  nn 
recteur  ,  nommé  Capitale  Scholanim  ,  l'abbé  et  le  chancelier  de 
Sainte-Geneviève  ,  faibo;ent  les  fonctions  de  cette  charge,  et  en 
exerçoii-nt  tons  les  droits.  Néanmoins,  malgré  ce  changement,  les 
sceaux  de  l'irniversité  restèrent  entre  les  mains  de  l'abbé,  jiisques 
vers  l'an  i366  c[u'ils  en  furent  retirés  ,  pour  être  déposés  au  collège  de 
Navarre  (  99  )•  "  - 

Jean  de  Bassemain  fut , comme  ses  prédécesseurs,  immiscé  dans 
les  grandes  afiàires.  Sous  lui  arriva  le  fameux  schisme  occasionné , 
par  la  nomination  de  Clément  VII  et  d'Urbin  VI  à  la  papauté.  En 
1869,  sous  ce  même  abbé,  fut  déposé  à  Sainte-Geneviève  le  bras 
de  Saint-Thomas  que  les  dominicains  avoient  obtenu  du  pape  ,  et 
lorsque  la  translation  s'en  fit  aux  jacobins,  le  roi  Chai'les  V  précéda 
le  cortège  ,  et  son  frère  soutenoit  un  bâton  du  dais  qui  couvroit  la 
relique.  Cette  cérémonie  fut  une  des  plus  pompeuses  de  ce  genre. 

Le  7  mars  1878  les  sergens  du  Châtelet  offrirent  de  donner  une 
imag^  d'argent  à  cette  église  pour  expier  la  témérité  qu'ils  avoient 
eue  d'en  briser  les  portes  et  de  prendre  un  homme  qui  s'y  étoit  retiré. 
Comme  l'église  avoit  été  polluée,  on  fut  obligé  de  la  bénir  de  nouveau; 
et  il  fallut  que  l'évêque  de  Chartres  vînt  à  Paris  exprès,  parce  que 
les  moines  ne  s'adressèrent  point  à  l'évêque  de  Paris,  et  que  ceux 
qui  j  étoient  alors  s'y  refusèrent  (  100  ). 

Josse  Ghisil  succéda  à  Geoffroy  de  Saint-Germain  dans  la  dignité 
de  chancelier.  Il  fut  destitué  en  i38i  ,  et  remplacé  par  Jean 
Maugeon. 

Après  lui  Jean  le  Merle  ,  ou  le  Merleux  ,  fut  à-la-fois  chancelier 
et  aumômer. 

Etienne  de  la  Pierre ,  attentif  à  conserver  les  privileg.es  de  sa 
maison  ,  fit  confirmer  par  le  parlement  le  droit  de  soustraire  tout  ce 
qui  étoit  de  la  dépendance  de  son  abbaye  ,  de  la  jurisdiction  de 
l'évêque  de  Paris.  En  1404  l'église  Gallicane  ,  dans  une  assemblée, 
le  nomma  juge  ,  conjointement  avec  d'autres  abbés,  pour  connoître 

(99)  Hist.  m.miisc  de    Sainte-Geneviève,  1.  V,  p.  611  et  suiv. 

(100)  LeLeufj  hist.  de  Paris,  T.  2,  p.  326. 


Abbaye  S  a  i  n  t  e-G  e  n  é  v  i  è  v  e  a  Taris,  3j 
ai  loutes  les  causes,  qui  par  leur  nature  ne  dévoient  point  élre 
portées  devant  le  Saint  Siège.  Il  mourut  dans  la  même  année. 

François  de  Nojon  prêta  son  serment  à  Charles  VI  en  1406,  et 
mourut  à  Avignon.  Le  parlement  s'assembla  à  Sainte-Geneviève  eu 
1409.  Il  assista  au  concile  de  Pise. 

Vers  l'an  141 1  la  chancellerie  de  l'abbaje  fut  conférée  à  Martin 
le  Chat. 

Radulfe  Maréchal  fut  d'abord  abbé  du  monastère  de  la  Toussaint 
à  Angers.  On  n'étoit  plus  au  tems  d'amasser  des  richesses  ,  il  fut 
même  obligé  de  mettre  en  gage  les  riches  colfrets  où  étoient  les 
reliques.  Partisan  déclaré  des  Armagnacs  ,  qui  soutenoient  le  dauphin 
Charles  VII  et  le  roi  Charles  VI  ,  il  eut  beaucoup  à  souffrir  des 
Bourguignons.  Il  étoit  très-lié  avec  Tanaquil  du  Châtelet ,  comman- 
dant de  Paris,  et  concerta  avec  lui  la  fuite  du  dauphin  ,  qui  se  ré- 
fugia, en  1418  ,  à  Melun  où  il  résida. 

.Cet  abbé  mourut  le  5  d'août  1426. 

Sous  Charles  VI,  un  boucher  séditieux ,  nommé  Goy ,  ayant  été 
tué  en  Beausse  par  les  Armagnacs  ,  son  corps  fut  apporté  à  Paris 
et  enferre  à  Sainte-Geneviève  ,  «  où,  selon  Juvénal  des  Ursins  (ici) 
»  on  lui  fit  moult  honorables  obsèques  ,  autant  que  si  c'eust  été  un 
»  grand  comte  ou  seigneur,  et  j  fust  présent  le  duc  de  Bourgogne 
«  avec  foison  de  peuple   ». 

Ce  boucher  étoit  vaillant  ;  il  emporta  les  regrets  de  son  parti. 
Céloit  un  des  trois  fils  d'un  boucher  d'auprès  de  Sainte-Geneviève, 
qui  se  signalèrent  dans  la  sédition  des  cabochiens  ,  et  allèrent  avec 
Caboche  ,  leur  chef,  suivi  d'une  immense  populace,  mettre  le  feiï 
au  château  de  Bicêtre ,  que  le  duc  de  Berrj  avoit  fait  peindre  et 
enrichir  (102). 

Robert  Mi  chou  ,  né  à  Maresia  jirè.s  Laferté-Milon,  fut  élu  abJ^é  en 
3426.  Il  prêta  son  serment  l'année  suivante  entre  les  mains  de 
Bedfort ,    régent  de  France   pour   son    neveu   Henri  ,   roi  d'Angle- 

(  loi)   Paganiol,T.  VI,  p.  65. 

(  102  )  Piganiol  de  la  Force  ,  T.  VI ,  p.  66.  —  Sauvai ,  t.  i  ,  p.  64s. 


/b^ 


38       Abbaye    Sainte-Geneviève    a  Paris. 
terre,  qui  se  disoit  roi  de  Fiance.  En  1480  ,  il  fit  avec  le  principal 
du  collège  de  iNavai-re  des  réglemens  pour  le  collège  de  Y^ve  Maria, 
doni  ils  supprimèrent  les  bourses  à  cause  de  la  misère  des  tems.  Il 
mourut  en  1402. 

Les  abbés  de  Sainte-Geneviève  ayant  le  droit  de  porter  la  mitre  , 
en  avoient  une  très-précieuse  pour  les  princij^ales  cérémonies.  L'an 
1486 ,  lors  de  la  guerre  avec  les  anglois  ,  la  grande  mitre  fut  en- 
gagée pour  les  nécessités  du  monastère  ,  moyennant  cent  saints 
d'or  (io3).  Une  autre,  enrichie  de  perles,  fut  vendue  ,  en  1660, 
pour  les  réparations  de  l'église. 

En  1440,  l'abbé  de  Sainte-Geneviève,  wovavaa.  Jean  Dupiiis 
chancelier;  mais  quelques  difficultés  étant  survenues,  on  substitua 
à  celui  ci  Philippe  Langlois  ,  qui  devint  ensuite  abbé. 

Pierre  Caillou  mourut  dans  un  âge  fort  avancé.  Il  est  enterré 
dans  le  chapitre.  Voici  son  épitaphe  : 

Hic  jacet  vir  vitœ  laudabilis  honœ  memoriœ  R.  in  christo 
pater  Domiims  Petrus  Cailllou  ,  abbas  quondam  hujus  venera- 
bilis  monasterii  Sanctœ  Genovefœ  qui  anno  MCCCLXXXIX 
religioneni  dicti  monasterii  i?igressus  ,  quampluriina  o(Jiciuruin 
gênera  exercendo  in  Jineni  usque  laudabiliter  perseverans ,  post 
multos  labores  hujus  vitœ  diem  clausit  extremum ,  anno  Do- 
mini  MCCCCLXVI.  die  xxvii  augusti,  animœ  ejus  cuni  beatis 
requies.  yiinen. 

Le  XX V«  abbé  ,  Jean  Bouvier ,  fit  faire  des  orgues  sur  le  modèle 
de  ceux  que  Louis  XI  lit  faire  à  Cléry.  Il  donna  en  main-morte  une 
maison  pour  faire  une  école  de  médecine. 


(  io3  )  Le  salut  éloit  d'or  fin  de  soixante-lrois  au  marc,  et  valoit  vingt-cinq 
sols  ;  cette  monnoie  fut  appellée  salut  à  cause  de  la  salutation  angélique  qui 
y  éloit  représentée.  Elle  parut  en  1441  ,  sur  la  fin  du  règne  de  Charles  VI , 
il  est  le  seul  des  rois  de  France  qui  fit  frapper  de  cette  monnoie.  Henri  VI , 
roi  d'Angleterre,  pendant  qu'il  posséda  une  partie  de  la  France,  en  fit  faire 
de  même  poids  ,  de  même  valeur  et  au  même  titre. 

Voici 


Abbaye    Sainte-Geneviève    a   P  a  u  i  s.        09 
Voici  son  épitajîhe  : 

Nomine  Rohertus  ,  vir  prudens  alque  disertus 
Et  dignus  tiliilo ,  claudltur  hoc  iumulo  (104). 

Jean  Bouvier,  28'.  abbé  de  Sainte-Geneviève,  mourut  le  19  no- 
vembre 1479,  il  est  enterré  dans  le  cloître.  Voici  sonépitaphe: 

Hic  jacet  monasLicœ  vilœ  zelalor  niaxinius  ,  et  author ,  ulr 
rehgione  ,  et  fama  ,  commendcitissimus  reverendus  in  christo 
pu  ter  Dominus  JoANNf.s  Bouvier  ,  hujus  inclyti  monastcrii 
abhas. 

Philippe  Langlois  fut  promu  en  1479.  Trois  ans  après  le  ton- 
nerre endommagea  ,  d'une  manière  étrange  l'église  ,  le  cloître  et  le 
dortoir.  Pour  léparer  le  dégât,  cet  ab',é  obtint  du  pape  Sixte  IV, 
pour  cinq  années  ,  des  indulgences  plénières  à  tous  ceux  qui  visite- 
roient  l'église  de  Sainte-Geneviève  à  certains  jours,  et  donnéroicnt 
de  leurs  biens  pour  rétablir  les  bâtimens  c[ui  a\  oient  été  brûlés.  La 
même  bulle  accordoit  à  tous  les  prêtres  qui  confesseroient  en  ces 
jours-là  ,  dans  cet  église,  le  pouvoir  d'absoudre  des  cas  réservés. 
Le  pape  Innocent  VIII  prorogea  ces  indulgences  pour  trois  ans. 
La  recelte  fut  abondante  et  produisit  beaucoup  au-delà  de  ce  qu'il 
falloit  pour  remettre  les  choses  en  meilleur  état  qu'elles  n'étoient 
avant  l'incendie  (io5).  Langlois  mourut  en   1488. 

Le  6  juin  1488  le  tonnerre  tomba  sur  l'église.  Le  cloclier 
fut  brûlé,  les  cloches  furent  fondues,  et  plusieurs  endroits  de  l'alj- 
baje  renversés.  Pour  réparer  tous  ces  dommages  ,  Sixte  IV  offrit 
des  secours  ,  en  accordant  des  indulgences  pendant  cinq  ans  ;  In- 
nocent VIII  les  prolongea  pour  trois  années  (106). 

Geojf'roy  Marie  mourut  chancelier  en  1491. 

Philippe  Cousin  reçut  en  i5io,  la  dédicace  d'un  poëme 
épique  de  Pierre  Dupont,  aveugle,  de  Bruges  en  Flandre,  qui 
ayant  recouvré  la  vue  ,  et  attribuant  ce   miracle  à  la  puissance  de 


(i04)Hist.  de  Seiinte-Genév. ,  p.  386. 

(  io5  )  Dumolinet ,  liist.  man.  ds  Sainte-Geneviève  ,  1.  IV  chap.  3;  ,  p.  899. 

(  106)  Jaillol  j  rech.  sur  Paris,  XVII  quart.,   p.  84. 


F 


{^•^ 


40      Abbaye     Sainte-Geneviève     a    Paris. 
Sainte-Geneviève  ,  avoit  composé   ce   poë'me  en  sou   honneur.    Cet 
nbbémourul  le  i8  avril  1021. 

Jean  Babil  Ion  brigua  cette  charge;  voyant  l'abbé  mal  disposé 
pour  lui ,  il  s'en  fit  pourvoh-  en  cour  de  Rome  ;  mais  celui-ci  de 
l'avis  des  principaux  de  l'Université  ,  l'empêcha  d'exercer.  Le  pré- 
tendant ,  malgré  les  provisions  obtenues  des  papes  Innocent  VIII 
et  Alexandre  VI ,  ne  put  effectivement  se  mettre  en  possession  qu'il 
n'eût  reçu  la  commission  de  l'abbé  qui  ,  cédant  aux  instances ,  la 
lui  accorda  en  i5oo.  Il  mourut  en  ij2i. 

Guillaume  Leduc  fut  commis  par  la  cour  en  1325,  pour  inter- 
roger un  jacobin  accusé  ,  au  parlement,  de  luthéranisme.  Il  mourut 
en  iS'ij  ,  et  fut  inhumé  devant  la  porte  du  cloître  sur  l'aile  droite 
de  l'ëiilise. 

o 

Philippe-le-Bel ,  celui  qui  étoit  curé  de  Saint-Elienne-du-Mont 
en  iSSy,  et  qui  devint  ensuite  abbé,  fut  nommé  à  cet  office;  mais 
où  il  ne  l'exerça  point ,  où  il  s'en  démit  peu  après  ,  car  la  même 
année  Jacques  yéymery  lui  fut  substitué.  Ce  dernier  avoit  enseigné 
la  théologie  dans  les  écoles  de  Sainte-Geneviève. 

Par  un  jugement  rendu  le  3  août  i533,  les  moines  de  Sainte- 
Geneviève  acquirent  le  droit  de  nommer  un  pharmaci;_'n  pour 
visiter  les  drogues  qui  se  débitoient  dans  le  faubourg  Saint- 
Marceau  (107). 

Philippe  Z6'i<?/ reçut  du  pape  plusieurs  commissions  importantes. 
Le  relâchement  fut  tel  sous  cet  abbé  qu'en  iSSg  le  parlement  or- 
donna par  un  arrêt ,  d'informer  des  abus ,  fautes ,  scandales  ,  mal- 
versations et  déformitéz  qui  se  faisaient  en  P abbaye  de  Saint e- 
Genévièi^e.  Ce  fut  entre  ses  mains  que  ,  l'an  i55o  ,  le  premier  jésuite 
fit  profession  en  France  dans  l'église  de  Sainte-Geneviève.  II  se  démit 
de  son  aljbaye  en  iSSy  ,  sous  de  grandes  réserves  ,  et  mourut  l'année 
suivante.  On  l'enterra  auprès  de  Guillaume  Leduc  son  prédécesseur. 

Macé  ou  Mathieu  Masle  succéda  à  Phi!ippe-le-Bei  en  1540.  II 
mourut  en  1572.  II  paroît  que  Macé  ne  conserva  point  la  chan- 
cellerie jusqu'à  sa  mort,  puisque  celle  de  Robert  Oudet ,  son  suc- 

C  107  )  Gall.  christ. ,  p.  769. 


Abbaye    S  a  i  n  t  e  -  G  e  n  é  v  i  è  v  e     a     Paris.     41 

cesseur  ,  d'abord  prieur  de  la  maison  ,  ensuite  curé  de  Saint-Elionne  , 
puis  chancelier,  arriva  la  même  année. 

Nico/ijs  Judas,  prieur  de  Nanterre  ,  n'exerça  api-ès  lui  que  pen- 
dant quelques  mois. 

L'iiistoire  doime  pour  successeur  à  Nicolas  Judas  dans  la  charge 
de  chancelier,  Pierre  Ljard  qui  mourut  en  iSyg. 

Joseph  Foulon  qui  vi voit  du  temps  de  la  ligue,  tint  fortement: 
au  parti  du  roi.  II  eut  une  grande  part  dans  la  reddition  de  Paris 
à  Henri  IV.  Sa  mort  arriva  en  1607  ;  je  reviendrai  sur  son  histoire  , 
en  décrivant  sa  tombe  placée  au  milieu  de  la  chapelle  de  Notre- 
Dame  de  Mi.^éricorde. 

Benjamin  de  Brichanteau  mourut  de  la  peste  en  juillet  i6ig. 
On  le  déposa  sous  la  même  pierre  que  son  prédécesseur.  Son  épitaphe 
éloit   ainsi  coucue. 

Hic  eodem  eomponilur  tumulo 
Dominus  Benjamin  de  Brichanteau 

Episcopus  , 

Jit  dux  Laïuiunensis 
Cornes  d'anissj 
Et  par  Erancice  ; 
^hbas  et  religiosus  professus 

Hujus  moiiaslerii  ; 
Qui  nobilitate  sic  pietate  clarus 
Obiit  an.  MDCXIX. 
111  Jdus Juin (^  loÇ)). 

Bernard  le  bourguignon ,  choisi  par  Foulon  pour  lui  succéder 
au  titre  d'abbé  ,  est  mort  chancelier  et  curé  de  Saint-Etienne  en  1617. 

Après  la  mort  de  Benjamin  de  Brichanteau,  les  religieux  de 
Sainte-Geneviève  élurent  pour  leur  abbé  Philibert  de  Brichanteau ^ 
son  frère  qui  ofïrit  de  prendre  l'habit  de  chanoine  régulier  ,  sous 
la  régie  de  Saint- Augustin;  mais  le  roi  ne  voulut  jamais  conSrmer 


(  108  )  Le  i3  juillet. 

F  z 


l^é 


42      Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Parts; 

son  élection,  et  nomma  d'office  le  cardinal  de  la  RociieJ'oucaiih] 
pour  cette  fois  seulement.  Ce  fut  sous  lui  et  par  lui  rjue  s'opéra  une 
grande  reforme   dans  l'abbaye   de  Sainte-Geneviève  (109). 

Pour  l'j  introduire  ,  cet  abbé  appela  le  père  Faiire  avpc  douze 
religieux  de  la  maison  de  Saint-Vincent  de  vSenlis  ,  lesquels  pr  rent 
possession  de  l'abbaye  de  Sainte-Geneviève  le  27  aviil  1624.  Ce 
fut  dix  ans  après  que  s'établit  la  triennalité  des  abbés  réguliers  de 
Sainte-Geneviève,  la  primatie  de  cette  abbaye  cbef  de  l'ordre ,  et 
que  les  religieux  prirent  le  titre  de  chanoines  réguliers  de  la  con- 
grégation de  France.  Le  cardinal  mourut  en  1645,  comme  on  va 
le    voir  dans  son   épitaphe  ,  quand  je  décrirai  son  tombeau. 

Les  chanoines  de  Noire-Dame  venoient  plusieurs  fois  l'année  en 
procession  à  Sainte  -  Geneviève  en  signe  d'amitié  et  de  confra- 
ternité (iio),  («n  les  invitoit  particulièrement  le  mercredi  des  roga- 
tions et  le  jour  de  la  fête  patronale  a  se  rendre  au  réfectoire.  Là , 
après  un  discours  latin  en  l'iionneur  de  Sainte-Geneviève  ,  prononcé 
par  un  religieux,  on  présentoit,  en  mémoire  des  eulogies  (m)  que 
Saint-Germain  envoya  à  Sainte-Geneviève  ,  des  gâteaux  bénis,  sur 
lesquels  étoit  la  figure  de  cette  Sainte.  On  faisoit  cette  bonneirr,  non- 
seulement  aux  chanoines  de  Notre  -  Dame ,  mais  encore  à  leurs 
officiers.  Ces  gâteaux  étoient  appelés,  dans  les  vieux  titres,  eschaudati, 
ohlatre,  galetœ.  On  envoyoit  quantité  de  ces  eulogies  aux  amis  de 
la  maison. 


■(  109  )  On  fera  à  ce  sujet  une  observation  assez  singulière  ;  c'est  que  les  ré- 
formes qui  ont  frappé  l'ordre  des  chanoines  réguliers  en  France  ,  ont  presque 
suivi  les  races  des  rois ,  naissant  avec  elles  et  finiss  nt  avec  elles.  Ainsi  la 
première  eut  lieu  lors  de  l'entrée  des  Francs  dans  les  Gaules,  et  a  duré  autant  que 
les  rois  de  la  première  race.  La  seconde  s'effectua  sous  Cliarlemagne ,  et 
s'éteignit  avec  les  Carloviugiens ,  la  troisième  arriva  sous  les  enfans  de  Hugues, 
Capet.  Enfin  la  quatrième  et  dernière  fut  arrêtée  sous  Louis  XIII  après  l'ex- 
tinclion  des  Valois. 

(no)  C'étoit  une  espèce  d'association  spirituelle  stipulée  par  des  actes 
entre  des  monastères  voisins  ou  éloignés,  f  lie  consisloit  principaleinent  à 
s'engager  de  prier  réciproquement    pour  les  défunts   de   chaque   maison. 

(m  )  De  jv  bon  et  a/joi,  discours. 


Abbaye    SAiNXE-GENéviÈvE     a    Paris,     43 

Cet  usage  date  environ  du  X^,  siècle  ,  et  dura  5 00  ans.  Mais  le 
vin  qui  n'étoit  pas  oublié ,  causa ,  comme  c'est  assez  l'ordinaire  dans 
une  grande  réunion  d'hommes  ,  des  violences  et  des  excès  qui  don- 
nèrent lieu  de  supjjrimer  ce  banquet  fraternel.  Il  fut  arrêté  par  le 
cardinal  de  la  Rochefoucault ,  alors  al^bé ,  mais  avec  l'agrément 
préalable  des  chanoines  de  Notre-Dame,  qu'on  se  contenteroit  de 
leur  présenter  des  pains  bénis  à  l'église  (112). 

Charles  Fawe  ,  premier  abbé  supérieur-général  de  la  congréga- 
tion,  après  la  réforme,  fut  continué  d'une  voix  imanime  en  lôSy. 

Suivant  Dumolinet  (i  j3)  ,  la  terre  et  seigneurie  de  Nanterre  avoit 
été  donnée  à  l'abbaye  par  Clovis  ,  et  la  possession  de  ce  domaine 
confirmée  par  Clothilde.  La  paroisse  éloit  fort  ancienne,  puisque 
le  roi  Chilpéric  j  fit  baptiser  son  fils.  Mais  ensuite  une  chapelle 
ayant  été  Italie  sur  le  puits  même  où  Geneviève  puisa  de  l'eau  pour 
rendre  la  vue  à  sa  mère  ,  elle  devint  la  paroisse  habituelle.  Le  P.  Paul 
Seurriei- ,  premier  du  nom  ,  en  fut  curé.  De  son  tems  les  chanoines 
réguliers  arrêtèrent  d'j  établir  un  pensionnat.  On  doit  regarder  la 
reine  ^nne  cT Autriche ,  mère  de  Louis  XIII  ,  comme  fondatrice 
de  cette  maison.  Etant  venue  à  Nanterre  ,  elle  v  fut  reçue,  le  26  mars 
1642  ,  par  l'abbé  de  Sainte-Geneviève.  On  lui  réserva  l'honneur  de 
poser  la  première  pierre ,  dans  laquelle  on  mit  difTérentes  médailles 
d'or  et  d'argent  et  l'inscription  suivante  :  Anna  Austriaca  Francice 
et  Nai'arrœ  regina  in  B.  Genoi-'efam  urbis  adeoque  orbis  gallici 
patronam  ,  eximium.  pietatis  mouunientuni  priniarium  hûiic 
et  angu/arem  lapidem  posuit  noniine  et  titulo  fundatricis  : 
anno  Domini  MDCXLU ,  ZJi-bani  VIII  pontijicatus  XIX ,  Ludo^ 
vici  XIII. 

Le  même  Paul  Beurrier  supprima  une  fondation  assez  singulière  , 
faite  par  une  fille  de  ce  bourg.  Elle  étoit  destinée  à  payer  quatre 
joueurs  de  violon  ,  qui  dévoient  accompagner  le  chœur  le  jour  de  la 
Saint-Jean,  à  la  messe  et  aux  autres  offices.  Mais  les  jeunes  gens 


(112)  Hist.    manusc.  de   Saiute-Gencviève  ,  etc.,  liv.  IV,  p.  541. 
(ii3Hist.  manusc.  de  Sainte-GenéTiève ,  liv.  VI,  cliap.  4  et  21 ,  p.  yiS 
et  795. 


/5? 


44      Abbaye     î>  a  r  \  te-G  e  x  é  v  i  è  v  e"'    a'    Paris. 

de  Ja  paroisse  trouvèrent  plus  agréable  de  s'en  servir  pour  danser 
toute  la  nuit. 

Outi-e  le^  droits  dont  les  habitans  étoient  grèves  ,  cbaque  famille  , 
excepté  les  hommes  de  corps  ou  serfs  de  Sainte-Geneviève  qui  de- 
meuroi{;nt  sur  le  cimetière,  devoit 'tous  les  ans ,  le  l'-ndemain  de 
Pâques,  au  maréchal  de  France,  un  pain  de  la  grandeur  du  fer 
d'un  cheval ,  et  un  denier. 

François  BoularL  obtînt  après  lui  ce  titre  dans  un  chapitre 
général. 

Son  prédécesseur  fut  réélu  pour  la  troisième  fois  en  1648.  Dans 
le  chapitre  qui  eut  lieu  à  cette  occasion  ,  on  institua  les  définiteurs 
à  la  pluralité  des  suffrages,  au  nombre  de  huit  ,  parmi  lesquels  deux 
furent  choisis  pour  servir  d't/^5/5/a/75  au  général.  On  y  nomma  aussi 
quatre  visiteurs  de  l'ordre  pour  trois  ans.  La  mort  du  P.  Faure 
précéda  d'un  an  celle  du  cardinal  de  la  Rochefoucault.  Il  fut  inhumé 
dans  le  chapitre ,  où  se  trouvolt  son  épitaphe  : 

H  I  C     J  A  C  E  T 

Rei'erendissim.us  in  christo  pater 
CarolusFaure 
Hitjiis  domus  abbas 
Ordinis  canonicorum  regularium 
Congregationis  Gallicance 
Hoc  sivculo  instaurator 
jic  prinius  prœpositus  generalis 
Vir  ad  magna  quœque  natus. 
Magnus  ingenio  ,  memorid ,  eloquentid ,  eruditione. 
Major  animo  ,  labore  ,  constantiâ  ; 
Maxinius  modestid  ,  religione  ; 
Supereminens  charitate  : 
Qui  collapsajn  ubique  ferè  galliarum 
Canonicœ  vitce  disciplinam 
Primas  erigere  cogitavit  ; 
Consiliiimque  tam  ardinnn  et  cœpit 
Jpse  adolescens  et  senibus  dédit , 


Abbaye    S  ain  t  e-G  e  n  é  v  ik  ve   a   Paris.        43 
Mux  ut  opère  impleret 
Faventihus  Gregorio  XV  et  TJrhano  VIII 
p  P.     M  M. 

Anriuenle  Liidoinco  justo 

Franciscorum  rege  christianissimo  ; 

Opcram  prœhente  Francisco  cardinale  Rupifucaldo  ,  (114) 

ylspirante  in    omnibus  , 

Et  super  omnes 

Dco  optimo  jjiaximo  Çii^). 

Primàm  in  sancti  Sylvanectensis  domo  (116) 

TJbi  Deo  se  devoverat 

Tù-in  in  hdc  Sanctce  Genovefce , 

TJbi  Deo  (piamplurimos  devovit, 

Tanto  conalu ,  tan  toque  successu  insudavit , 

X]t  cauonicorum  coïoniis  per  varia 

Passim  cœnobia  deductis 

\Ainplissimum  ordinem  ,  diu  misère 

Deformatum  ,    brevi  féliciter  iiistauraverit  ; 

Demùm   aucta  quinquaginta  monasteriis 

Sud  congregatione 
Cocteris  ejusdem  ordinis  eamdem  subInde 

Disciplinam  certatim  amplecientibus 

Post  conditas  ad  canonicœ  fitœ  normani 

Optimas  leges ,  ipse  viua  lex ,  ipse  suoruni 

Régula,  magik  quam  rector 

In  animis  Jiliorum 

Quos  prope  innumeros 

Christo  genuit 

(  114  ,  La  Rochefoucauld 

{ii5      Ces  cinq    dernières  lignes  depuis  rege ^    etc.,    ne  se  trouvent  point 
dans  le  manuscrit  de  Sainte-Geneviève. 
C116J  baiut-Selve, 


\hî 


46      Abbaye    S  a  i  n  t  e  -  G  e  n  é  v  i  è  v  e    a     Paris; 

Sternum  victurus  ohiit , 

Prid.  non,  novemb.  ^nj)  cvino  salutis 

M.     D  C.     X  L  I  V. 

Glatis  pêne  L,  professionis  XXX  (118). 

François  Blanchart ,  après  la  mort  du  P.  Faure  et  en  verlu 
de  la  démission  du  cardinal  de  la  RochefoulcanI ,  confirmée  par 
des  bulles  de  Rome  ,  devint  le  premier  abbé  triennal  titulaire ,  et 
fut  continué  en   1647. 

Piejre  Giiillon  ,  chancelier  ,  fit  décorer  à  ses  frais  la  chapelle  de 
Noîre-Dame  de  Miséricorde.  Sa  mort  arriva  en  septembre  1647. 

L'année  suivante  il  eut  pour  successeur  le  P.  Jean  Fronleau  , 
après  lequel  vint  Pierre  Lallemant. 

Antoine  Sconin  remplaça  ,  comme  abbé  supérieur  général , 
François  Blanchart ,  qui  lui  après  lui  réélu  cjuatre  fois  de  suite. 

L'abbé  de  Sainte-Geneviève  ,  comme  conservateur  des  privilèges 
ecclésiastiques  ,  avoit  un  tribunal  connu  sous  le  nom  de  chambre 
apostolique.  L'auteur  de  l'histoire  manuscrite  de  Sainte  -  Gene- 
viève (119)  nous  donne  une  longue  liste  des  ordres  religieux,  des 
églises  cathédrales  et  collégiales  ,  des  abbayes  ,  collèges  et  hôpitaux 
qui  étoient  dans  son  ressort.  De  plus  ,  à  titre  de  conservateur,  il 
devenoit  en  qaelc[ue  sorte  le  vice-gcrent  du  pape  ,  et  en  cette 
qualité,  avoit  le  droit  de  décerner  des  monitoires. 

On  a  été  jusqu'à  croire  que  ceux  qui  étoient  fulminés  d'un  mo- 
nitoire  de  Sainte-Gené\  lève  perdoient  insensiblement  la  santé ,  et 
mouroicnt  d'ordinaire  dans  l'annép.  Ces  moratoires  n'éloient  j^as 
seulement  restreints  au  diocèse  de  Paris  ,  ils  avoient  aussi  cours  dans 
toute  la  France,  En  i656  il  en  fut  délivré  un  sur  arrêt  du  conseil 
privé  ,  à  des  marchands  Arméniens  ,  dont  le  vaisseau  avoit  été  pillé, 
pour  être  publié  dans  l'étendue  des  évêchés  de  Normandie  ,  de 
Bretagne,  et  de  la  Guyenne  (120), 

(  117  )  4  Novembre. 

(118)  Nous  reviendrons  sur   Faiire  à  l'article   des  illustres  Genovéfains. 

{  119  "■  Liv.    V  ,  p.  597. 

(120)  lîisi.  moiius:  de  Sainle-Geiiéi  lève  ,  L.  V  ,  p.  6o3, 

François 


Abbaye    Sainte-Geneviève    a   Paris.  47 

François  Boidart ,   élu    abbé    pour  la  seconde    fois   en    i665, 
mourut  en  1667.  Voici  son  épitaphc  : 

HIC    J  A  C  E  T 

Reverendlssimiis  paler 

Franciscus     Boulart 

^bbas  liiijus  ecclesiœ 

Et  canonicorum  regularlum  congre gationis 

Galllcanœ 
II  prœpositus  generalis 

Vir  tanquilliLate  animi ,  lenilate  morum  ; 

Vitœ  innocentid  conspicuus  ; 

Ecclesiœ,  religionis ,  disciplinœ  amantissimus] 

Moris  antiqui  reiinentissinius 

Quem  in  rébus  gerendis  dexleritas ,  sagacitas , 

Et  Jides 

In  dignitatib^s  exercendis  integritas  et  modestia  f 

In  laboribus  assiduitas  et  diligentia  y 

In  adversis  et  prosperis  cequahilitas 

Et  constantia. 

Suis  mirijicè  charuin  atque  utilem 

Magnatibus  noluni  probatumque 

Omnibus  gratum  et  spectabilem  reddideruni 

Qui  dùm  pro  ordine  canonico 

^tque  Jidc  domo  regid 

Prœclara  niulta  operatur 

Et  pura  cogitât 

Ohiit 

V  Jdus  januarii  (121)  anno  salutis 

M.  DC.  LXVII.  œtatis  LXII. 

œtatis  LXIX  professionis  XLV. 


(lil)  Leg  Jajuier. 


45"^ 


48       Abbave    Sainte-Geneviève    a    PAnis. 

François  Blancliart  reparoît  encore  comme  a])]jé  pour  six  ans. 
Ainsi  il  fut  lionoré  neuf  fo!s  de  ce  titre.  La  mort  l'emporta  en  1674. 
Sa  tombe  étoit  clans  le  chapitre  ;  on  j  lisoit  cette  épitaphe  ; 

HIC     J  A  C  E  T 

Reverendissîmiis  pater 
Franciscus     BlanchArt 

'^A.hhas  hujiis  ecclesiœ 

Et  canoniconim  regidariiim 

Congregationîs  Gallicanœ 

III  pj-œpositiis  gejieralis^ , 

Vir  corporis  digiiitate ,  mentis  prœstantiâ 

Vitœ  œquahilitate  ,  morûm  innocentiâ  , 

Et  sermonis  gratiâ  spectabilis. 

In  tractandis  rébus  ,  regendis  animis  dexteritate 

Complectendis  suis  quotquot  erant  charitate, 

^c  dii^ijïorum  affectu  singularis  , 

Qui  nodùm  abbas  et  prœpositus  generalis  electus 

Diirn  hanc  domum  XXT^II  annos  piâ  et  assiduâ 

Sollicitudine 

Régit ,  ornât ,  amplifient  : 

Et  mira  quâdain  summœ  lenitatis  ac 

^uthoritatis  moderatione , 

^^cutam  à  se  quinquaginta  monasteriis  congre gatîonem 

Conciliât ,  fiovet ,  promoi>et  ; 

Quce  semper  providerat ,  spiritu  magna  vidit  ultima , 

^Ique  per  totos  sexdecim  menses 

j4.cerbissimis   morbi  cruciatibus  probatus 

El  Deo  dignus  inventus 

In  spe 


Abbaye    Sainte-Geneviève    a  P  aris.       4g 
Immorlalitatis  plenâ 

Obiit  ^ 

VII  Jdus  fehruarii  (122)  anno  salutis  M.  DC.  LXXV. 
^tatis   LXIX  ,  professionis  LIX. 

Le  Père  Paul  Beurrier ,   le  remplaça  et  Ht  deux  triennats   qui 
expirèrent  en   1681. 

Phllbcri,  TesLeleste  exerça  huit  ans  les  fonctions  de  chancelier,  et 
mourut  le  4  juillet  1681. 

Jean-Baplistc  Danlecoiirt  est  le  dernier  des  chanceliers  dont 
l'auteur  de  l'histoire  de  Sainte-Geneviève  nous  ait  donné  le  nom  (i23). 
Le  chancelier  de  l'Université  éloit  pris  ,  comme  je  l'ai  dit,  parmi  le3 
religieux  de  Sainte-Geneviève  j  son  droit  consistoit  à  examiner  les 
professeurs  ou  maîlres  qui  se  presentoient  pour  enseigner;  à  les  rece- 
voir et  les  déposer  à  son  gré;  enfin  ,  à  donner  la  licence,  c'esl-à-dire , 
le  pouvoir  d'enseigner ,  non  seulement  dans  le  ressort  de  la  jurisdiction 
de  l'abbaye,  mais  encore  jjarlout  ailleurs.  Après  le  serment  fait  par 
les  candidats  cpii  prometloient  de  se  bien  acquitter  de  leurs  fonctions  , 
le  chancelier  debout  et  découvert ,  disoit  : 

Ego  authoritate  apostolorum  Pétri  et  PaiiU ,  in  hac  parte  inUii 
commisse,  do  vobis  liceutiam ,  legendi ,  disputandi  et  determi- 
nandi ,  cœterosque  actiis  scholares  seu  magistrales  exercendi  in, 
facultate  artium  Parisiis,  et  ubiqiie  terrariun. 

Le  chancelier  se  retiroit  après  cela  à  côlé  d'un  autel  qui  étoit 
auprès  de  la  porte  du  chœur  ,  et  là  il  recevoit  les  remercîmens  de 
ceux  qu'il  venoit  de  licencier.  Telles  sont  en  partie  les  formalités 
-qu'on  observa  d'abord.  Mais  le  cérémonial  changea,  et  se  fit  avec 
beaucoup  plus  d'appareil,  et  à  l'ancienne  formule  on  substitua  celle-ci: 
J<los  cancellarius  Sanctœ  Genovefœ  et  universitatis  Parisiensis, 
aiicthoritale  apostolicd ,  qiiâ  fimgimur  in  hac  parte  ,  damustibi  po- 
testatem  legendi  ,  docendi ,  disputa/nii ,  determinandi  ,  cœterosque 
actus   scholasticos  et  magistrales  exercendi  Parisiis  et   iibique 


(  122  )  7   Février. 

(laS)  Dumolinet  ,   liv.  V,  p.  629  et  suiv. 


G  z 


4Co 


6o       Abbaye    Sainte-Geneviève     a    Paris; 
teirarurh.  Ensuite  le  chancelier,  après  trois  bénédictions  ,  mettoit  à 
chaque  candidat  le  bonnet  sur  la  tête  ,  en  disant  :  Lauream  magisz 
ierii  capiti  tuo  imponimus. 

Il  paroît  que  l'abl^é  de  Sainte-Geneviève  étoit  chancelier  né  de 
l'Université  ,  et  que  depuis  la  reforme  arrivée  en  1 148,  jusqu'en  1200, 
il  en  fit  les  fonctions. 

L'abbé  a  voit  le  droit  de  nommer  le  chancelier,  et  de  le  révoquer. 
On  peut  en  avoir  la  preuve  dans  un  arrêt  du  parlement,  lequel  en 
maintenant  l'abbé  dans  le  droit  ai  établir  un  chancelier  et  de  le  des- 
tituer,  déclare  bonne  et  valable  la  nomination  de  frère  Jean  Mau- 
geon ,  au  lieu  et  place  de  frère  Josse  Chysil,  chancelier  révoqué. 

Il  n'étoit  pas  de  rigueur  cpie  le  chancelier  fût  niaître-ès-arts  ; 
mais  il  falloit  qu'il  eût  un  docteur  en  théologie  pour  sous-chancelier, 
qu'il  nommoit,  ainsi  que  les  examinateurs  ;  et  tous  prétoient  serment 
entre  ses  mains  ,  en  présence  de  la  faculté. 

Erard  Florio ,  après  avoir  été  prieur  de  Sainte-Catherine  de 
Pdri5  et  rempli  plusieurs  autres  fonctions  importantes ,  devint  abbé 
de  l'ordre  en  1681  :  dignité  dans  laquelle  il  fut  continué  trois  ans 
après.  Il  mourut  dans  le  cours  de  son  second  triennat,  et  fut  in- 
humé dans  le  chapitre  ,  où  l'on  voyoit  son  épitaphe. 

HIC     J  A  G  E  T 

Rererendissiiîius  in  Christo  pater 
Erardus     Florio   t, 
^bbas  hujus  ecclesiœ 
Et  canonicorum  regul.  congreg.  Gallicance 
VI  us.  prcepositus  generalis  secundo  electus. 
Excelso  vir  animo  et  forti  ; 
In   oheundis  muneribus  laboris  ultra  vires  patientissimus 

Diuini  cul  tus  fia gr ans  amore  et  studio 
Eruditione ,  prudentid ,   modestie,  candore  spectahilis. 
Ea  imprimis  in  omnes  caritate 
Quam  apostolus  cœlesti  penicillo  descripserat. 


Abba-ïe    Sainte-Geneviève     a    TAnis.      5i 
Indè  mira  ejiis  in  conciliandis  sibi  suorum  affectibus  ^ 
In  fouenda  mutua  et  religiosa  concordia  , 
In  promerenda  magnatum  exisdmatione ,  qnasi  natifs  a  facilitas. 
Cœteràm  disciplina  regularis  legwn  et  canonum  seivantissimus, 
Sic  tamen  ,  ut  nulli ,  nisi  sibi   diu-us   essct. 
Taeduui   iiostrœ  cougregatioins 
^mor  ,  de  eus ,  exèJnpluin  ,  praesidium, 
Corpore ,  non  animo  dejiciens 
CcbIo  maturus 
Obiit 
Die  i^Januari  MDC.  LXXXV.  œtat.  LXîlL  profess.  XLIV. 

Le  triennat  d'Antoine  TVatrée ,  comme  ceux  de  son  prédécessenr, 
n'offre  rien  de  remarcpable.  Mort  en  1688,  il  fut  également  in- 
humé dan5  le  chapitre  avec  celle  épilaphe. 

HIC    J  A  C  E  T 

Reverendus  admodiim  P.  Antonius  Watrée 

Priuius  assistens 

Quondam  prœposilus  generalis 

Et  abbas  VII  liujus   ecclesiœ. 

Obiit 

XXI  Juin.  M.DCLXXXVIII,  œ/.z^.  LXXVII ,  projess,  LVL 
Requiescat  in  pace. 

Depuis  le  cardinal  de  la  Rochefoucauld ,  l'abbé  et  supérieur  général 
de  l'ordre  venanl  à  mourir  ,  étoi!  remfilacé,  de  droit,  par  le  premier 
assistant  ;  seulement  il  devoit  êire  confirmé  dans  sa  place  par  un 
chapitre  général.  Il  y  a  lieu  de  croire  qu'en  vertu  de  ce  privilège, 
Antoine  Watrée  ,  ayant  convocpié  le  chiipiire  au  i3  septembre 
i685  ,  celui-ci  n'agréa  point  son  élection  ,  ou  qu'il  n'eut  le  titre 
d'abbé  qu'environ  huit  mois  après  ,  puisque  les  auteurs  de  la  Gaule 


iQ 


Sz      Abbaye    SAiNTE-GENÉviÈrE    a    Patiis: 
chrétienne  (128)  placent  à  la  même  époque  la  promotion  de  i^ra«ço/s. 
Mori/i  que   l'on  continua  en  1688. 

L'épitaphe  de  ce  dernier  se  vo_yeil  au  milieu  du  chapitre. 
HIC     J  A  C  E  T 
Reverendus  admodàm  P.  Fran'CIScus    Morix 
IIi/jus  ecdesiœ  bis  electus  abbas , 
'Ac  octauus  canonicor.  reguh  congregat.  Gallicance 
Prœpositus  geiierjïis. 
Obiit  anno  Domuù  M.  DC^XCI. 
I>îe  XVI  iiovembris  ,  astatis  LXXII ,  professionis  LIT. 
Jean-Baptiste    Chaubert  remplit  à  son  tour  deux   triennes  qui 
expirèrent  en  lyoS.  Sa  tombe  placée  dans  le  chapitre,  portoit  cette 
inscription. 

HIC     J  A  C  E  T 
Reverendissimus  pater  Joannes-Bapt.  Chaubert 

Abbas  hujus  ecclesice 
Et  canonicorum  regular-   congregat.  Gallica?iœ 
Prœpositus  generalis  , 
Virmorum  candore et  innocentia,pietate,zelo,charitatespectabiUs'. 
Ardui  muneris  partes  omnes  magnd  cum  laude  sustinuit  y 
Ipse  omnium  lex  et  forma 
Multa  ad  honorem  Dei ,  ordinisque  splendorem 
Adversa  licet  sœpius   valetudine 
Magiio  animo  suscepit  et  executus  est. 
Plura  meditabatur , 
Sed  morbo  correptus  lethali y 
Fide  y  spe ,  charitate  ardens 
cœloijue  maturus , 
Jnier  suorum  manus  et  orationes  .animam  Deo   reddidit 

Die   Iir  Maii 
Anno  Saintis  M.  DCCIII  œtatis  LXI  profess.  XL. 

(1^4)  T.  VII,  p.  810. 


Abbave    Saint  e-G  e  n  e  v  i  è  v  t:    a   P  a  n  i  s.         53 
Claude  Puj-is ,    élu   en   1706,   mourut    environ  cinq  ans   a]irè>. 
L'histoire    place  après   lui    Jean  de   Montcnay    qui  mourut  en 
1707.  Voici  son  épilaplie. 

HIC    J  A  C  E  T 

Reuerendus  admodiim  P.  JohannES  de  MontenAY 

Hujus  ecclcsiœ  ter  electus  ahbas ,  .^ 

\^c  tioniis  canonicor.  regiiL  congregat,  Gallicance 
Prœpositits  generalis. 
Obiit 
^Anno  Domlni  M.  DCCVII ,  œtati.  LXXIV  profess.  IIL  (124). 

La  dignité  d'abbé  fut  ensuite  conférée  à  Jean  Polinier  ou 
PaiiUnier  qui  la  conserva  jusqu'en   171 5. 

Elle  passa  à  Gahrielle  de  RiberoUes  qui  fut  prorogé  en  17 18. 
C'est  à  son  zèle  que  l'on  doit  le  corps  de  bâtiment  de  la  biblio- 
thèque tel  qu'il  existe  aujourd'hui.  Il  fut  construit  en  grande  partie 
anx  frais  du  trésor  puljlic.  Le  duc  d'Orléans,  régent  ,  posa  la  pre- 
mière pierre,  dans  laquelle  on  scella  une  table  de  cuivre  portant 
cette  inscription  : 

Régnante  Ludovico  XV 
Sub  moderamine  Philippi  Aurelianensium  ducis 
Nofa  tandem  exurgit  œdijicii  moles 
Splendorem  regali  magnifie  en  ti  a  non  indignum  bibliothecœnostrce 

Conciliatura 
Plaudite  et  opej-is  aulhorem  agnoscite. 

Invictîssimum  Philippuni  Aurelianensem  Ludovici  Magni  ex 
unico  fratre  nepotem  iinicum ,  tall  patruo  atauisque  regibus 
von  absimilem  ,  Imperii  Gallici  supremum  administratorem , 
honarum  artium  parentem  doctrina  excultissimum.  Is  prœ  innata 
erga  libérales  disciplinas  propensione  canonicam  proto-regalem 
San  Genovefiœam  mnltis  ornât  benejiciis ,  quœ  vir  ut  génère  sic 
meritorum  lande   insig-nis  Marcus-Renatus  de  Vojer  de  Paulmy 

(125)  C.-à,-d.  XL VIII. 


ict 


54  A  BB  AYE    S  A  INT  E-G  ENÉ  VIE  VE     A     PARIS. 

viarcllio    cî' Argensoii ,    regiornni  siglllorum   custos  JidelissîmiiS 
nobls  pêne  inscis. 

Ultro  expetiit 
Cito  impetrauit. 
'Auspiclis  tum  felicibus. 
'Abbatc  Gahriele  de  Riberolles  congregationis  prœposito 
Àmio  Domini  CO-   O-  CCXX-  V.  oal  april. 

Appositus   est 
Munifica  îpsiusmet  ser^nissimi  prîncîpis  manu. 

Primarius  lapis 
Monumentum  heroi   maxlmo   haiid  impar 
ALre  et   marmore  perennius. 
On  frappa  aussi   des  médailles  à   cette  occasion. 
Son  prédécesseur  après  deux  nouveaux  triennats  ,  mourut  en  1727. 
Ce  l'ut  sous  cet  abbé  que  Charles-Maurice  Letellier ,  archevêque  de 
Rheinis,  légua  par  testament  sa  bibliothèque  d'environ  16,000  volumes 
à  la   maison  de   Sainte  Geneviève.    Il   eut   son   épitaphe    dans    le 
chapitre  : 

HIC    J  A  C  E  T 

Reverendissimus  pater  Johannus  Polinier 

Mou.  Sanctce  Geuot-'efœ 

"Abbas  et  canonicorum  régal,  cougregat.  Gallicanœ 

XII  pirrpositus  generalis  ; 

Fuit  alla  mens  illius  et  vasti  regiminis  capax  ; 

In  povidendls  negotiis  acumen  singulare  , 

In  tractandis  mira  solertia  ,  rara  celeritas  in  conjiciendis  : 

Animus  sibi  constans  semper, 

Nec  fractus  adt^ersis  ,  nec  pericuUs  territiis  : 

Frimo  auditu  austera  indoles ,  reipsa  facilis  omnibus 

Chara  singulis ,  ipsis  arnica  magnatibus , 

Nunquam  nisi  Titiorum  ininiica  : 

Jliectus  morum  ténor  ad  pietatcni  seciandam 

Generosus 


Abbaye     Sainte    Geneviève     a     Paris.  f).*! 

Generosiis  ad  profitendain  ,  ad  persuadendam  ejjlcax  : 

Tandem  plenus  dierum  cuin  suoriuii  luctu 

Obiit 

Sexta  martil  anno  M.  DCC.  XX\  II.  œtat.  LXXXI  profess,  LXIIF. 

On  voit  encore  reparoître  Gabriel  de  Riberolles  jusqu'en  lySS  , 
où  il  mourut. 

Pierre  Siitaine  gouverna  l'ordre  pendant  deux  triennats  de  suite. 

On  lui  donna  pour  successeur,  en  1789  ,  François  Patot ,  dernier 
abbé  cité  par  les  auteurs  de  la  Gaule  clirélienne  (  136). 

Je  ne  ferai  qu'indiquer  simplement  ceux  qui  lui  ont  succédé  depuis 
cette  époque.  Leurs  noms  sont  Deloime  ,  Revoire  ,  Viallet,  Gérj  ,  et 
Rousselet.  Celui-ci  fut  le  dernier  abbé. Il  étoit  en  fonctions  en  1790, 
où  tous  les  monastères  ont  été  supprimés  en  France.  . 

Après  avoir  donné  l'histoire  de  cette  célèbre  abbaye  ,  nous  allons 
nous  occuper  de  sa  description  et  de  celle  des  monumens  qu'elle 
renfermoit. 

Il  y  a  plusieurs  opinions  sur  les  difTérentes  époques  des  construc- 
tions et  des  réparations  de  ce  monument. 

Il  paroit  que  l'édifice  ,  tel  c[u'il  se  voit  aujourd'hui ,  a  été  bâti  par 
partie  dans  les  XI ,  XII  et  XIIP  siècles  ,  mais  sur  les  anciens  fonde- 
mens  de  l'ancienne  église  détruite  par  les  Normands. 

On  peut  même  croii-e  qu'une  partie  de  l'ancienne  bâtisse  ayant 
résisté  ,  a  été  conservée  ;  car  l'abbé  Etienne ,  qui  vivoit  sur  la  fin  du 
XII*  siècle ,  ne  s'étoit  proposé  c[ue  d'y  faire  les  réparations  néces- 
saires ,  sans  penser  à  la  rebâtir  en  entier  ;  c'est  lui  qui  fit  garnir  en 
dehors  la  vieille  muraille  et  qui  en  fit  ôter  la  mosaïque.  On  en  voit 
encore  les  traces  aux  murs  de  la  nef,  et  surtout  en  dehors  du  côté 
méridional.  Ces  murs  ,  ainsi  cju'un  autre  vestige  asse;z  caractérisé  en 
dehors  du  sanctuaire  du  même  côté  ,  sont  ce  qu'il  y  a  de  plus  ancien 
dans  cet  édifice ,  et  ce  que  l'on  pense  appartenir  à  l'ancienne  église 
de  Clovis  ;  du  reste  les  piliers  ,  les  portails  et  les  voûtes  sont  des 
XI ,  XII  et  XIIP  siècles. 

Ce  qui  prouve  encore  que  l'église  ,  telle  qu'elle  est  aujourd'hui , 

(126;    Gall.  thnst.,  T.  VII,  p.  81  j. 

H 


10 


55  Abbaye  Sainte-Geke  vie  v  e  a  Paris. 
fut  reconstruite  sur  les  anciens  fondemens  ,  en  laissant  subsister  une 
partie  des  gros  murs  extérieurs  ,  c'est  ?a  forme  qui  n'e?t  point  en 
croix  latine  ,  comme  sont  toutes  les  églises  postérieures  au  XP  siècle, 
c'est  la  ceinture  du  sanctuaire  bâtie  en  rotonde  et  construite  ainsi , 
pour  s'assujétir  aux  anciens  fondemens  ,  et  à  cet  égard  on  peut  re- 
marquer que  les  temples  bâtis  par  les  premiers  chrétiens  étoient , 
d'une  forme  circulaire. 

Les  barbares  du  Nord  s'étant  ensuite  approprié  l'archilecture  des 
Romains  ,  en  la  défigurant ,  avoient  bâti  leurs  églises  sur  les  modèles 
qu'ils  avoient  soias  les  jeux. 

Ce  qui  achève  de  prouver  que  l'on  a  conservé  une  partie  des  murs, 
en  s'assujétissant  pour  le  reste  aux  premiers  fondemens  ,  c'est  une 
grosse  colonne  très-court  -  qui  se  voit  encore  près  de  la  porte  par 
laquelle  on  alloit  à  Salnl-Etieuue  ,  elle  est  engagée  dans  le  mur  , 
elle  n'a  que  six  pieds  de  haut ,  ce  qui  fait  voir  que  le  sol  de  l'église 
a  été  relevé  depuis.  Son  chapiteau,  qui  est  d'architecture  vraiment 
gothique ,  est  simplement  orné  de  larges  feuilles  d'acanthe  mal 
formées  ,  accompagnées  de  deux  gros  tores  ,  l'un  est  au-dessus  et 
l'autre  au-dessous,  le  tout  surmonté  d'un  socle  très-massif  débordant 
de  beaucoup  le  reste  du  chapiteau  et  taillé  en  biseau.  Cette  colonne 
est  placée  au  milieu  de  deux  arcades  cintrées  en  plein  et  qui  ont  été 
fermées  depuis.  Sa  structure  courte,  massive,  barbare  et  sans  pro- 
portion ,  prouve  bien  qu'elle  faisoit  partie  de  l'ancienne  église  brûlée 
par  les  Normands.         ^^ 

Les  deux  arcades  furent  construites  en  1222  ,  lorsque  l'on  bâtit 
la  paroisse  Saint-Etienne  et  lui  servirent  d'entrée  unique  ,  afin  qu'elle 
demeurât  toujours  incorporée  à  l'abbaje ,  qui  conserva  long-tems 
son  autorité  sur  cette  église,  la  restreignit  à  différentes  servitudes  et 
même  conserva  les  fonts  baptismaux  jusqu'en  1624  (127). 

On  voit  encore  aujourd'hui  que  les  murs  crénelés  qui  entourent 
l'abbaye  et  ses  dépendances  circonviennent  aussi  l'église  de  Saint- 
Etienne  ,  bâtie  seulement  dans  le  XVI^  siècle. 


(  127  )  Hist.  abrég.  de  l'égl.  rie  la  ville  et  de  l'iinh^  de  Paris ,  par  un  docteur 
en  théol.  de  la  f.  de  P.  1728,  in  12,  t.  II  ,  p.  4. 


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Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris. 


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C'est  sans  cloute  par  le  sanctuaire  que  Ton  a  Icrnilné  la  iccons- 
ti'uclion  de  l'église  ,  comme  l'indiquent  les  piliers  ,  ieiu-s  chapiteaux  , 
ainsi  que  les  orncmens  qui  sont  plus  modernes  d'un  siècle  environ. 

Le  portail  de  Sainte-Geneviève  ,  Planche  I ,  n'a  rien  de  remar- 
quable que  sa  grande  nudité.  Il  consiste  en  trois  portiques  ornés  de 
petites  colonnes  couplées  ,  dont  les  chapilaux  sont  ornés  de  feuilles  de 
lierre  ,  au-dessus  du  portique  du  milieu  est  une  rose.  Le  tout  est 
surmonté  d'un  grand  pignon  plat;  terminé  en  pointe  en  forme  de 
pjramide. 

Les  portiques  sont  du  XIIP  siècle ,  mais  adaptés  au  reste  du 
portail  ,  qui  paroît  être  en  partie  du  XP  siècle  ,  et  même  pourrolir 
bien  avoir  é:é  rebâti  sur  les  débris  de  l'ancien ,  ruiné  par  les 
Normands. 

Ces  portiqaes  ne  peuvent  être  les  mêmes  que  ceux  que  le  nécro- 
loge dit  avoir  été  faits  aux  dépens  d'un  nommé  Maigauld ,  qui  a  dû 
vivre  du  tems  des  chanoines  séculiers.  Ils  son!:  d'une  structure  pos- 
térieure à  cette  époque. 

On  remarque  dans  les  ogives  des  portiques  des  vestiges  de  peinture 
à  fresque  dont  ils  ont  été  décorées,  à  l'imitation  de  l'ancien  portail, 
l'on  voyoit  l'histoire  des  patriarches  ,  des  prophètes  et  des  saints,  en 
mosaïque. 

Au  côté  méridional  du  portail,  à  l'entrée  de  la  maison  abbatiale, 
on  voit  un  ancien  bâtimeni  assez  haut  qui  louche  d'un  côté  en  retour 
ce  portail;  et  de  l'autre ,  est  flanqué  d'une  tourelle  terminée  en  pointe. 
La  structure  de  cet  édifice  étant  de  la  même  construction  ,  et  par 
conséquent  du  même  tems  que  le  portail ,  dément  ce  qu'avance 
Piganiol ,  «  que  de  tous  les  anciens  bâtimens  ,  il  ne  subsiste  phis  que 
3)  l'église  (128)  ». 

Une  maison  moderne  et  fort  unie,  qui  est  à  côté,  renferme  un 
corps- de-garde ,  sur  l'enhée  duquel  on  a  adossé  un  pérjstile  d'ordre  de 
Pestum  ,  consistant  en  f[uatre  colonnes  ,  avec  corniche  et  attique  ,  ce 
qui  contraste  assez  bien  avec  la  gothicilé  de  la  vieille  Sfe. -Geneviève. 

De  là  on  appercoit  le  haut  delà  tour  de  l'église,  dont  l'architecture 

(128)  Toiii.   V.,  p.  287. 

H  2 


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^8      Abbaye    Sainte-Geneviève    a     Paris. 
flilfêre  encore.  Cette  tonv  a  été  construite  en  diflërens  tems  ,  il  n'y  a 
cpie  le  bas  qui  soit  du  XI^  siècle  ,  ce"  qui  s'apperçoit  par  sa. construc- 
tion semblable    à  celle  du  tems  de  Philippe   I,  C'est  l'ouvrage  que 
fit  faire  le  préchantre  Tliibauld,  comme  le  marc^ue  le  nécrologe  (129). 

Les  autres  étages  sont  beaucoup  plus  modernes ,  l'étage  supérieur 
surtout;  car  le  tonnerre  étant  tombé  sur  la  tour,  le  6  juin  1488, 
en  avoit  brûlé  la  charpente,  fondu  les  cloches,  fort  endommagé  la 
couverture  ,  en  sorte  que  toute  la  partie  siq^érieure  fut  refaite  du 
tems  de  Charles  \  III ,  ce  c|ue  l'on  remarque  aisément  par  la  déli- 
catesse de  ses  ornemens. 

Elle  est  carrée  et  terminée  parnne  galerie  à  entrelas,  accompagnée 
de  quatre  petites  pyramides  à  la  manière  raoresc|ue  (  i3o). 

La  nef  n'étoit  éclairée  que  par  des  fenêtres  petites  et  étroites  , 
ensorle  qu'elle  étoit  triste  et  sombre;  huit  colonnes,  quatre  grosses 
et  c|uatre  petites  ,  formoient  seulement  une  espèce  de  séparation  avec 
les  bas  côtés  qui  régnoient  autour  de  l'église  jusqu'au  rond  point. 

Les  chapiteaux  des  grosses  colonnes  étoient  sculptés  grossièrement 
et  représentoient  les  signes  du  zodiac[ue  ;  ceux  des  petites  colonnes 
étoient  à  pans  -  coupés  et  n'avoient  que  des  feuilles  d'acanthe. 
Ces  chapitaux  portoientdes  faisceaux  de  petits  piliers  morescjues  plus 
modernes  ,  qui ,  en  formant  des  arcs  en  ogive  ,  soutenoient  la  voûte; 
cette  espèce  de  second  ordre  étoit  postérieur  d'environ  un  siècle. 

Il  y  avoit  dans  chaque  bas-côté  trois  chapelles  prises  dans  l'épais- 
seur des  murs.  Elles  avoient  été  reconstruites  et  ornées  jaar  le  cardinal 
de  la  Rochefoucault. 

Ces  chapelles ,  absolument  semblables ,  étoient  ornées  dans  l'inté- 
rieur de  revêtements  de  marbre  en  compartimens ,  de  différentes 
couleurs,  et  à  l'extérieur,  d'une  architecture  aussi  en  marbre,  con- 


(  129  )   Siiprà. 

(  i3o  )  Dans  un  ouvrage  intitulé  Curiosités  de  Paris,  avec  figures,  par 
M.  L.  R.  Paris,  Saiigrain  ,  1716,  in-12,  on  voit,  page  187,  cette  tour  avec 
une  flèche  5  et  cjuoique  les  gravures  de  cet  ouvrage  soient  grossièrement  faites, 
elles  sont  assez  exactes.  Auroit-ellc  été  rebâtie  ainsi  après  l'incendie,  et  ua 
nouvel  orage  auroit-il  abattu  la  flèche  ? 


Abbaye  Sainte-Geneviève  a  Paris.  iuj 
sislant  en  deux  pilaslres  corinthiens  posés  sur  leurs  piédeslaux  et 
soutenant  une  corniche  et  un  fronton  du  même  ordre. 

Elles  étoient  dédiées  à  St.  Denis,  St.  Etienne,  St.  Laurent,  St. 
Louis,  Sainte  Geneviève  et  St.  François,  patrons  de  fa  France,  de 
la  ville  de  Paris, de  l'abbaye  et  du  cardinal.  Ces  saints  éloi^nt  repré- 
sentés dans  les  tableaux  d'autel ,  cpii  n'avoicnt  rien  de  remarquable 
du  côté  de  l'art. 

Sur  le  fronton  des  chapelles  on  avoit  placé  les  armes  de  France  , 
de  la  ville  ,  de  l'abbaje  ,  cjui  étoient  les  mêmes  cjue  celles  de  France  à 
l'exception  qu'au  lieu  de  la  couronne  on  y  avoit  substitué  la  mitre 
et  la  crosse,  et  enfin  celles  de  la  Rochefoucault ,  cpii  porloit  :  burclé 
d'argent  et  d'azur,   à  trois   chevrons  brisés,  de  gueules  sur  le  tout. 

La  nef  éloit  séparée  du  chœur  par  un  jubé  de  même  architecture 
avec  revêtement  en  marbi-e  ,  comme  celui  des  chapelles  j^récé- 
deJiles.  Il  porloit  une  galerie  c[ui  se  continuoit  autour  du  chœur  et 
servoit  de  base  à  un  grand  crucifix  ,  accompagné  des  figiu-es  de  la 
Vierge,  de  Madeleine  et  de  St.  Jean,  sculptées  en  pierre  et  plus 
grandes  c|ue  nature. 

Au-dessous  du  jubé  il  y  avoit  deux  chapelles  aux  cotés  de  la  grille 
du  chœur,  semblables  aux  précédentes  et  dont  les  tableaux  représen- 
toient  St.  Pierre  et  St.  Paul. 

L'architecture  du  jubé  et  des  chapelles  de  la  nef  éloit  lourde  ,  les 
ornemens  d'un  mauvais  goût ,  et  les  tableaux  médiocres. 

Mois  ce  qui  attiroit  l'attention  des  amateurs  des  arts  ,  c'étoit  quatre 
grand  tableaux,  ex  voto  ,  d'une  dimension  semblable  et  supérieure 
à  celle  de  tous  ceux  qui  étoient  à  Paris  (i3i).  Ils  avoient  été  donnés 
parle  corps  municipal  de  cette  ville. 

Le  premier,  à  gauche,  placé  en  1696,  peint  par  Nicolas  de  Lar- 
gillière ,  représentoit  le  prévôt  des  marchands  ,  eu  robe  mi-partie  de 
rouge  et  de  violet  ;  les  échevins  et  tous  les  officiers  du  corps  de  ville 
de  Paris ,   aussi  en  habits  de  cérémonies,  (182)  réclamant  Tinter- 

(  i3r  )  Ils  avoient  environ   17  pieds  de  haut  sur   14  de  large. 
(i32)  Les  robes  des  échevins  ,  mi-partie  noires  et  1011  ges ,  celle  du  greffier 
toute  rouge. 


[U 


6o  Abbaye  Sainte-Geneviève  a  Pauis. 
copsion  de  Sainte  Geneviève  ,  pour  obtenir  la  cessation  de  la  séche- 
resse ;  dans  une  gloire  au-dessus,  la  Sainte  prosternée,  implore  la 
majesté  divine  ;  des  nuages  épais  et  sombres  ,  d'où  la  pluie  se  répand 
de  tous  côtés ,  indiquent  que  sa  prière  est  exaucée ,  et  répandent  un 
ton  \  ajjoreux  sur  tout  le  tableau ,  ce  qui  produit  un  très-bon  effet. 
(]e  morceau  est  un  des  chefs-d'œuvre  de  ce  peintre,  le  plus  habile 
de  l'école  Françoise  pour  le  portrait.  Il  s'y  est  peint  lui  même.  Ce 
-  tableau  d'une  composilion  riche  et  pleine  de  feu  ,  d'une  touche  libre 
et  légère ,  est  d'un  dessin  assez  pure  mais  manière.  Les  têtes  bien 
peintes  et  d'une  ressemblance  parfaite  ,  n'ont  cependant  pas  la  froide 
roideur  des  portraits  et  concourent  toutes  à  l'ensemble  de  la  com- 
position ;  mais  rien  n'égale  la  beiuité  des  mains,  que  ce  peintre  fai- 
soit  comme  Wandick  ,  et  le  parti  qu'il  a  su  tirer  des  grands  plis  et 
de  la  variété  des  élofïës  des  robes  des  magistrats.  Comme  LargilHère 
ne  tourmenfoit  pas  ses  couleurs  ,  le  ton  est  frais  et  moelleux  et  a 
mieux   conservé  sa   vivacité  que  les   autres,   c[uoique  plus  ancien. 

C'est  dans  ce  tableau  que  Largillière  peignit  Santeuil,  enveloppé 
dans  son  manteau  noir  ,  au  lieu  de  laisser  paroître  son  rochet.  Le 
poëte  ne  fut  pas  plutôt  informé  de  cette  malice  pittoresque  qu'il  s'en 
plaignit  au  prévôt  des  marcliands  ;  cette  plainte  ,  en  beaux  vers  latins» 
est  intitulée  ;  In  votwa  tahella  ad  aedem  D.  Genovefae  ,  pîctiis  frau- 
didenler  conqueritur  ex  albo  SanLoUus  niger,  ad.  Cl.  Bose  urbis 
prœfectum. 

On  obligea  Rigaud  à  donner  quelque  satisfaction  à  ce  poëte  ,  dont 
la  poésie  et' la  latinité  rappellent  le  siècle  d'AugusIe. 

Un  autre  tableau  qui  n'éloit  pas  sans  mérite  ,  quoiqu'inférieur  à 
celui  de  Largillière,  est  celui  peint  par  François  de  Troy,  le  père. 

Il  représente  les  cérémonies  observées  lors  de  la  descente  de  la 
châsse  ,  avec  le  fond  du  chœur  et  de  l'église ,  comme  il  étoit  orné 
lorsqu'elle  fut  descendue  à  l'occasion  de  la  famine  produite  par  le 
froid  rigoureux  de  170^;  sur  le  devant  on  voit  le  prévôt  des  mar- 
chands et  les  échevins  de  la  ville  de  Paris  en  grand  costume  ,  au 
nombre  de  dix  à  douze ,  implorant  à  genoux  la  protection  de  la 
Sainte. 

Ce  tableau  ,\\\n  des  meilleurs  de  ce  peintre  ,  est  bien  composé  ,  d'un 


I 


Abbaye  Sainte-Geneviève  a  Paris.  6i 
dessin  correct  et  d'un  coloris  assez  harmonieux,  quoique  tirant  sur 
le  jaune.  Il  est  d'un  fini  précieux  malgré  sa  grandeur.  Les  têtes  ont 
de  l'expression. 

Le  troisième  tableau  étoit  placé  en  face  de  celui  de  Largillière ,  à 
l'endroit  où  étoit  primitivement  la  sépulture  de  Descartes,  que  l'on 
transportât  devant  la  colonne  en  face. 

Il  fut  fait  à  l'oGcasion  des  grandes  pluies  de  l'année  1726,  qui  mé- 
naçoient  de  ruiner  les  moissons.  L'artiste  y  a  peint  la  France  les 
cheveux  épars  implorant  Sainte  Geneviève  placée  sur  un  nuage,  les 
yeux  et  les  mains  élevés  vers  le  ciel. 

Une  des  plejades  avec  son  urne  semjjle  vouloir  noyer  les  cam- 
pagnes; mais  un  ange  se  jette  sur  l'urne,  la  redresse  et  arrête  linon- 
dation,  tandis  qu'un  vent  d'Est  dissipe  les  nuages  et  ramené  le  beau 
teins. 

Ce  tableau  peint  par  de  Troy ,  fils  ,  ne  ^aut  pas  celui  du  père;  il 
y  a  du  génie  et  de  la  chaleur  dans  la  compo,>ilion,  mais  il  est  à  peine 
t  rminé  ,  le  dessin  en  est  peu  correct  et  les  caractères  de  têtes  mes- 
cjuins  ;  pour  le  coloris  il  est  faux,  blafâtre  et  sans  harmonie;  Sainte 
Geneviève  y  est  d'un  blanc  de  cire  ,  tandis  que  d'autres  figures  sont 
toutes  rouges.  D'ailleurs  le  mélange  du  christianisme  et  de  la 
mythologie  n'est  pas  plus  heureux  en  peinture   qu'en  poésie. 

Le  quatrième  tableau  peint  en  1740  par  Tournières,  représente 
les  actions  de  grâces  rendues  par  le  corps  de-ville  pour  la  convales- 
cence de  Louis  XV,  après  sa  rnaladie  de  Metz.  Il  est  mieux  que  le 
précédent,  pour  la  couleur  et  l'harmonie,  mais  il  est  mal  dessiné  et 
foiblement  composé  ;  Tournières  réussissoit  mieux  dans  ses  petits 
laljleaux  qu'il  finissoit  très-précieusement. 

Ces  quatre  grands  tableaux  étoient  encadrés  par  de  larges  bordures 
richement  sculptées  et  dorées  ,  dont  les  ornemens  étoient  relatifs  au 
sujet.  Le  haut  porloit  les  armes  de  France  ,  et  le  bas  celles  du  prévôt 
des  marchands  et  officiers  de  ville  ,  avec  un  cartouche  ou  des  devises 
tirées  de  l'écriture  sainte ,  le  sujet  du  tableau  et  les  noms  du  prévôt 
des  marchands  ,   des  échevin'S ,  etc ,  y  étoient  inscrits. 

Ces  tableaux  c[ui  nous  retracent  des  costumes  abolis  ,  des  usages 
singuliers,  qui,  quoique  récents,  ont  presque  acquis   pour   nous  , 


63      Abbaye    Sainte-Geneviève     a    Paris. 

par  le  cours  rapide  desévénemens,  le  caractère  de  l'antiquiré,  méritent 
d'être  conservés  sons  le  double  rapport  de  l'art  et  de  l'histoire. 

Le  tombeau  de  René  Descaries  éloit  au  pied  de  la  première  colonne 
de  la  nef,  à  droite  en  entrant  j  depuis  cpi'il  j  avoit  été  transporlé, 
comme  nous  l'avons  remarqué  plus  haut.  Il  étoit  fort  simple  et  con- 
sistoit  en  un  médaillon  renfermant  son  buste  peint  sur  marbre, 
accompagné  d'instrumens  des  sciences  mathématiques  et  posé  sur  la 
corniche  d'une  table  de  marbre  blanc  ,  prenant  le  contour  de  la  colonne. 
Voyez  Flanelle ,  11  Jig.  i. 

L'épitaphe  suivante  étoit  gravée  sur  cette  colonne. 

Descartes  dont  tu  vois  ici  la  sépulture , 
A  dessillé  les  yeux  des  aveugles  mortels, 
El  gardant  le  respect  que  fon  doit  aux  autels , 
Jjcur  a  du  monde  entier  démontré  la  structure. 
Son  nom  par  mille  écrits  se  rendit  glorieux  ,• 
Son  esprit  mesurant  et  la  terre  et  les   deux. 
En  pénétra  l'ahjme  ,  en  perça  les  nuages  : 
Cependant  comme  un  autre  il  cède  aux  loix  du  sort , 
Lui  qui  vivrait  autant  que  ses  divins  ouvrages , 
Si  le  sage  pouvait  s\rlfrancliir  de  la  mort  (  i33  ). 

Au-dessous  de  cette  épitaphe,  une  autre  table  de  marbre  blanc 
encadrée  d'un  marbre  noir  antique,  renfermoit  celle  qui  suit  : 

Renatus     Descartes 

Vir  supra  tiiulos  omnium  rétro 

Philosaphorum ,  nobilis  génère, 

\Armoricus  gente ,  Turonicus  origine  , 

In  Gallia ,  Flexice  (i34)  studuit  ; 

In  Pannania ,   7niles  meruit  ; 


f  l33  )  Celle  épitaphe  est  de  Gatpar  de  Fieubct ,  chancelier  de  la  reine  Marie 
Thérèse  d'Autriche  et   conseille*   d'état. 
(i34)  A  la  !•  lèche. 

In 


/(îii 


Abbaye   Saint  e-G  eneviève   a   Paris.        63 

In  Batailla ,  pliilosoplius  delituit  ; 

In  Suecia  ,  vocatus  occuhiiit  : 

Tanti  viri  pretiosas  reliquas 

GalUarum  percelebris  tune  legatus 

Petrus     Chanut,     ChrlstincG 

Sapientissimœ  reginœ  ,  sapientum 

^matrici ,  iiwidere  non  poliiit , 

I^ec  vindicare  patriœ  ,  sed  quibus  licuit 

Cumulatus  honoribus  peregrinœ  terros 

Mandavit  int'itus  ; 
^nno  Domini  MDCL  ,  mense  febr.  X 

^tatis  LIX 

Tantum  post  septeni  et  decem  annos , 

In  gratiam  christianlssinii  régis 

Ludovici  decimi  quarti 

Virorum  insigniuni  cultoris , 

Et  renumera'oris  procurante 

Petro     Delibert 

Sepulchri  pro  et  amico  violatore  , 

Patriœ  reddita  sunt , 

Et  in  isto   Urbi  et  artiuni  culmine 

Positce  :  ut  qui  viç>us  quid  exterwn  otiurti 

Et  Jamam  quœsierat ,  niortuus 

j</pud  suos  cum  laude  quiesceret ,  suis , 

Et  exteris  in  exemplum 

Et  documentum  futurus. 

I  nunc  vialor , 

Et  dii-'initate ,  irnmortalitatisque  animée 

Maximum  et  claruin  assertorem  ,  aut  jam 

Credere  felicem  ,  aut  precibus  redde  (  i34). 

(  184  )  Les  uns  atlribiient  celte  épitaphe  à  Clerselier^  les  aulr.  s  au  P.  LalUmant^ 
chanoine  régulier  de  Sainte-Geueviève  et  chancelier  de  l'Universifé. 

l 


M  9 


64        Abbaye  Saint  e-G  eneviève   a  Paris. 

Ce  médaillon  et   les  deux  inscriptions  qui   l'accompagnent  sont 
aujourd'hui  au  musée  des  Augustins  (i35). 

Descartes  est  trop  connu  pour  m'arrêter  à  son  éloge.  On  n'ignore 
pas  que  son  génie  a  étendu  ,  reculé  les  limites  du  monde  philoso- 
phique. La  hardiesse  de  sou  système  lui  attira  en  France  une  foule 
d'ennemis,  dont  les  persécutions  le  dégoûtèrent ,  pour  ainsi  dire,  de 
sa    patrie    ingrate.     Appelé   à   Stockohn    par    Christine,   reine  de 
Suède  ,  il  céda  volontiers  à  ses  instances.  C'est  une  honte  pour  ses 
contemporains  de  n'avoir  pas  envié  à  une  princesse  étraiîgère  l'hon- 
neur   de    récompenser    un    talent   aussi  rare.    Descartes    mourut  à 
Stockohn  le  11    février    i65o,  à  l'âge  de  53  ans.  Il  fut  enterré   le 
lendemain,  suivant   le   cérémonial  de    l'église   Piomaine  ,    dans   un 
endroit  du  cimetière  des  étrangers  ,  on  l'on  inhumoit  les  catholiques. 
Cet  enterrement  se  fit  d'une  manière  très-simple ,   aux  frais  de   sa 
succession.  Dix-sept  ans  après  sa  mort,  ses  restes  furent  transportés 
en   France  ,  à   la  sollicitation  et  aux  dépens  de    M.  Dahbert   ,  tré- 
sorier de  France  et  son  ami.   Ils   arrivèrent    en  France  au  mois  de 
janvier   1667  ,    et  furent  mis  en  dépôt  dans  une    des   chapelles  de 
l'église  de  Saint-Paul,  puis  transportés,  avec  un  convoi  pompeux, 
le  24  juin  de  la  même  année,   à  huit  heures  du  soir,  dans  l'église 
de  Sainte-Geneviève-du-Mont ,  ils  furent  reçus  par  l'abbé  et  les  cha- 
noines réguliers  avec    un    appareil  magnifique.    Le  lendemain  on 
fit  un   service  solemnel,   où  le  P.    Elanchard ^   abbé    et    supérieur 
général  de  la  congrégation  ,   officia   pontilicalement.  L^ne  chose  re- 
marquable ,  c'est   qu3  le  P.  LaUeinatit  ,  chancelier  de   rUnisersilé 
qui   a  voit  préparé  une  oraison  funèbre,  reçut  un  ordre  de  la  cour 
qui  lui  défendit  de  la  prononcer. 

Le  cerceuil  fut  mis  dans  un  caveau  entre  deux  chapelles  de  la 
partie  méridionale  de  la  nef ,  où  M.  Dalibert  fit  placer  le  buste  ,  en 
marbre  ,  du  philosophe  ,  et  au-dessous  les  deux  inscriptions  que 
j'ai  rapportées. 

On  a  présenté  diflérentes  pétitions  à  l'assemblée  constituante  pour 
placer  les  restes  de  Descartes  au  Panthéon  :  ils  sont  actuellement 
déposés  au  musée  des  Augustins  dans  l'urne  de  ])orph_vre   qui  ornoit 

(  i35J  Au  c°.  180. 


Abbaye  Saint  e-G  £  n  e  v  i  è  v  e  a  P  a  n  i  s.  65 
à  Sainte-Geneviève  l'avenue.  Le  conservateur  y  a  mis  celle  i)is- 
cription  :  Cartesii  ossa  au  n°  i. 

Assez  près  de  Descartes,  et  du  même  côté  de  l'église  ,  a  été  déposé 
le  cœur  de  Jacques  RohauU ,  un  des  plus  zélés  ©t  des  plus  habiles 
disciples  de  ce  philosophe. 

La  partie  inférieure  offre  un  bas-relief  qui  représente  ce  philo- 
sophe drapé  à  l'antique ,  écrivant  sur  un  rouleau  ;  un  globe  est 
placé  entre  lui  et  une  figure  de  la  religion  qui  lui  sert  de  pendant; 
au-dessus  est  un  cartel  entourré  de  lauriers  et  d'une  draperie  dont 
deux  anges  ou  deux  génies  relèvent  les  coins  d'une  main  ,  tandis 
qu'ils  tiennent  de  l'autre  rnie  lunette  et  des  instrumens  d'astronomie. 

Le  monument  est  terminé  sur  le  haut  par  une  croix  entre  deux 
lampes  sépulcrales.   J^ojez  Planche  II,  Fig.  2. 

Sur  le  marbre  noir  du  cartel  on  avoit  gravé  en  lettres  d'or  l'ins- 
cription suivante  ,  composée  par  Santeuil  : 

D.     O.    M. 

Et  œternœ  memoriœ  Jacobi  Rohault  , 
yi/nbiani ,  celeberrimi  quondam 
MaLheniatici  et  philosophi  , 
Cujus  COI'  lue  reposituni. 
Discordes  jam  dudiim  œquis  rationîhus  amhcç, 
Et  natura  ,  et  relligio  sibi  bella  movebant  : 
Tu  rerum  causas  Jidei  et  mysteria  pandens , 
Concilias  utrqsque  et  amico  fœdere  jungis. 
Munere  pro  tante  ,  decus  immortale  sophorum , 
Hoc  memores  posuere  tibi  venerabile  bustum. 
Quos  ununi  doctrina  facit  ,  cofnpingit  in  iinum , 
Doctaque  Cartesii  ùssa  hoc  rnarmor  corque  Roalti  ; 
Has  tanti  exuiias  hominis  Lienardus  ad  aras 
^ppendit  Jidi  ojjiciis  cumulatus  amici. 
Positum  1675. 
Rohault ,  comme  tous  les  savans  ,  vint  à  Paris  pour  acquérir  et 

I  a 


^n 


66  Abbaye  Saint  e-G  eneviève  a  Pari  s; 
se  perfecrlfjniier.  Il  se  lia  d'amitié  avec  un  nommé  C/erselier,  c]m  , 
charmé  de  trouver  en  ce  nouveau  disciple  l'enthousiasme  c[n'il  avoit 
pour  Descartes,  lui  donna  sa  fille  en  mariage.  L'étude  approfondie 
qu'il  fît  des  ouvrages  de  son  maître ,  lui  inspira  le  dessein  de  com- 
poser ce  fameux  traité  de  physique  ,  qu'il  ne  publia  qu'après  dix  ou 
douze  ans  d'enseignement ,  et  qui  mit  le  sceau  à  sa  répulation.  Ce 
traité  est  une  espèce  de  fanal  qui  a  garanii  de  bien  des  écarts  ceux 
qui  ont  suivi  la  même  route.  On  peut  regarder  Rohauît  comme  le 
réformateur  de  cette  science.  On  a  encore  quelques  autres  ouvrages 
de  ce  ^îhilosophe  ,  qui  mourut  en  léyS  à  l'âge  de  55  ans. 

Les  figures  sont  assez  bien  composées  et  drapées ,  le  reste  étoit 
médiocre  et  d'un  mauvais  goût. 

On  montoit  aux  bas-côtés  du  chœur  par  un  perron  de  sept  marches, 
au  milieu  duquel  étoit  l'escalier  qui  condiiiso  t  à  la  crypte.  Ces  bas- 
côtés  se  réunissoient  au  chevet  de  l'église  en  rond  point  ,  qui  étoit 
d'une  construction  postérieure  à  celle  du  reste  de  l'église  ,  il  éloit 
plus  large  que  le  chœur  et  moins  large  que  la  totalité  du  bâtiment , 
en  sorte  qu'il  empiettoit  sur  la  moitié  des  côtés  latéraux. 

C'éloit  sur-tout  par  les  chapiteaux  et  les  ornemens  des  cintres  qu'il 
étoit  ai-.é  de  voir  que  cette  partie  étoit  plus  moderne  que  le  reste. 

Les  deux  piliers  les  plus  près  du  chœur  éloient  formés  par  un 
grouppe  de  deux  colonnes  engagées  ,  dont  les  chapiteaux  sculptés 
plus  délicatement  que  ceux  de  la  nef  étoient  ornés  de  fers  de  lance 
et  de  feuilles  d'acanthe.  Les  deux  autres  piliers  éloient  flanqués  d'une 
grosse  colonne  accompagnée  de  deux  petites  ,  toutes  engagées  dans 
la  masse  du  pilier  comme  les  précédentes  ;  leurs  chapiteaux  étoient 
chargés  de  figures  et  leurs  plattes-bandes  de  nattes.  Les  cintres  en 
ogives  étoient  ornés  de  bâtons  rompus  en  forme  de  dentelés. 

Ces  bas-côtés  ,  ainsi  que  le  rond  point ,  renfermoient  plusieurs 
chapelles  et  diverses  sépultures. 

Les  chapelles  étoient  celles  de  Saint-Jean-Baptiste  et  de  Saint, 
Thomas  de  Cantorbéry  au  raidi  ,  de  Sainte-Clothilde  au  milieu,  ^et 
de  Saint-Germain  ,  évêque  d'Auxerre,  de  l'autre  côté. 

La  chapelle  de  Saint-Jean- Baptiste  étoit  du  XVP  siècle,  et 
resscmbloit  pour  l'architecture  à  l'église  de  Saiut-Eustache. 


l'I 


Np  Lx.yy./^/.  P'j/r  oy^ 


Mieliel  ItiriM 


Abbaye  Saint  e-G  eneviève   aParis.        67 

C'est  dans  celte  chapelle  que  l'on  vojoit  le  tombeau  du  cardinal 
de  la  Rochefoucault,  sur  le  côlé  gauche  en  entrant,  clans  une  grande 
arcade  décorée  de  pilastres,  moulures  et  rosaces  dans  l'épaisseur  du 
cintre,  au-dessus  duquel  étoient  les  armes  du  cardinal. 

Le  cénotaphe  étoit  de  marbre  noir  antique,  orné  de  feuilles  de 
refans  dans  la  gorge  et  de  goudrons  sur  la  partie  convexe  ,  porloit  sur 
un  socle  chargé  d'entrelas  et  autres  sculptures.  Ce  socle  ,  ainsi  que  les 
autres  ornemens,  étoit  de  marbre  blanc  veiné.  Il  formoit  un  avant- 
corps  au  milieu  et  soutenoft  une  large  table  de  marbre  noir,  occu- 
pant la  plus  grande  partie  du  tombeau,  et  sur  laquelle  étoit  un 
écusson  renfermant  les  armes  de  l'abbaje  ,  entourées  de  feuilles  de 
lauriers  retombant  en  guirlandes.    Voyez  Planche  III. 

Ce  tombeau  portoit  une  statue  de  mai'bre  blanc  ,  grande  comme 
nalure  ,  qui  représentolt  Fran(^ois  de  la  Rochefoucault  ;  il  étoit 
à  genoux,  les  mains  jointes,  vêtu  des  babils  relatifs  à  sa  dignité.  Sa 
robe,  très-longue,  étoit  portée  par  un  enfant  qui  lui  servoit  de 
caudataire  (i36).  C'est  ce  qui  fait  dire  à  Sainte-Foix  :  «  Je  suis 
»  étonnée  que  l'extravagante  imagination  qui  a  créé  ce  page  ,  au  lieu 
»  de  le  laisser  à  moitié  nud,  ne  lui  ait  pas  donné  la  livrée  (iSy)  ». 

Au  surplus  il  n'y  avoit  rien  d  ingénieux  dans  la  compesition  de 
ce  monument ,  et  même  le  tombeau  étoit  d'une  mauvaise  forme  ; 
mais  la  figure  du  cardinal  étoit  bien  exécutée  et  d'un  dessin  correct  ; 
on  remarquoit  sur-tout  les  draperies  ,  dont  les  plis  larges  et  bien 
jetés  ,  imitoient  parfaitement  la  nature.  La  figure  de  l'enfant  étoit 
insignifiante  et  mal  des.sinée  (i38). 

Ce  monument  étoit  de  Philippe  Buister  ,  srulplenr  bruxellois,  dont 
on  voit  plusieurs  ouvrages  dans  le  parc  de  Versailles. 

Sur  la  table  de  marbre. noir  on  lisoit  cette  épitaphe  : 

Eminêntissimo  S.  R    E.   Ccirdinali 

Francisco     de     la     Rochefoucault 

^ntiijua  et  peritluslri  stiiye  o  iuiido  , 

(iSô)  On  appeloit  ainsi  ct-liii  qui  porioit  la  queue  de  la  robe  d'un  cardinal. 

(iSy),  Essais  hisl.  sur  Paris  ,  I75y. 

(i<38)  Celte  statue  est  au  musée  des  monumens  français,  n"  178. 


i/î 


68        Abbaye   Saint  e-G  e  n-  e  v  i  è  v  e   a   Paris. 

Doctrinâ ,  pietate  et  omni  virtiituni 

Génère  celeberrimo 

Primiun  Claromontano  ,  deinde 

Sylvanectensi  episcopo  ; 

j4.ntiquœ  religioiiis  et  ecclesiasticce 

Dignitatis  acerrimo  defensori  ; 

Rerum  et  consUiorum  publicorum 

In  Gallia  ,  quondam  prœsidi  ^ 

Et  adininistratori  integerrimo  ,• 

Summo  Galliarwn  elemosinario  ; 

Et  opliino  pauperum  parenti. 

Religiosorinn  ordinum 

^manti$simo  patrono  ; 

Regularîs  canonicoriun  Sancti  ylugiistini 

Disciplince  vindici  ac  restituturi  ; 

Hiijus  domûs  ahbati  religiosîssimo 

^c  munificentissimo  benefactoii  : 

Hoc  superstitis  et  ceterni  amoris ,  ac 

Obsert^antiœ  monumentuni 

Trlsti  religione  mœrentes  posuenint 

"^bbas  et  canonici  regulares  huj'us  ecclesiœ. 

Titulum  Abbatiœ  ,  qiiem  ante  ipsuin 

Nemo  77 isi  istiiis  domus  canonicus  posséderai , 

Hiiic  eidem  familice  i-estituit  ; 

Ossa  eJ7is  in  s7ibterraneo  specu  sacelli 

Inferions  jacent. 

Obiit  anno  Domini  M.  DC.  XLV.  XIV    Jebruarii 

^tatis  LXXXVII. 

En  face  du  tombeau  du  cardinal  on  avoit  placé  un  grand  tableau 
ex  veto,  dédié  à  la  Vierge,  à  Sainte  Geneviève  et  à  St.  Denis;  il 
éloit  peint  sur  toile,  de  neuf  pieds  de  haut  sur  sept  de  large. 


1 


ABBAYE   Saint  e-G  eneviève   a  Paris.        6g 

L'artiste  avoit  pris  le  momeut  où  son  personnage  ,  sur  le  point  de 
périr,  est  secouru  par  les  Saints  auxquels  il  s'est  voué.  Une  inscrip- 
tion placée  sur  la  bordure  ,  donne  la  description  de  ce  tableau. 

«  Un  parliculier  traversant  la  forêt  de  Gros-Bois  ,  près  desCamal- 
»  dules,  tombe  de  cheval,  la  jambe  embarrassée  dans  Télrier,  le 
»  bras  droit  pris  avec  son  fouet  dans  une  haie,  l'autre  tenant  la  bride. 
»  Etant  près  dépérir ,  dans  cette  situation  il  se  recommande  à  la  Vierge, 
»  à  Sainte  Geneviève  et  à  St.  Denis.  Dans  le  moment ,  le  ciel  vint  à. 
»  son  secours ,  et  il  fut  délivré  ». 

Plus  bas  on  a  mis.  «  Ce  particulier  a  voulu  rendre  publicpie ,  par 
5)  l'exposition,  la  grâce  singulière  qui  i'a  sauvé;  inais  l'orgueil  n'étant 
»  point  le  motif  cjui  lui  eu  fait  désirer  la  publicité,  il*  a  trouvé  bon 
»  que  l'artiste  sacrifiât  le  protégé  à  ses  libérateurs  ».  C'est-à-dire  ,  que 
contre  toutes  les  règles  de  l'art,  l'action  principale  se  passe  dans  le 
lointain  dans  le  fond  du  tableau  où  on  l'apperçoit  à  peine ,  tandis 
que  les  personnages  célestes  sont  grands  comme  nature ,  quoiqu'en 
haut  du  tableau;  ainsi  ou  auroit  pu  ajouter  que  1  artiste  y  a  aussi 
sacrifié  le  bon  sens',  sa  réputation,  la  composition  et  la  perspective  , 
même  le  dessin  et  le  coloris ,  car  c'est  le  plus  mauvais  tal^leau  que 
Dojeji  ail  fiiit. 

Cependant  ,  malgré  son  style  maniéré  ,  ses  contours  heurtés  et  le 
peu  d'harmonie  de  son  coloris ,  cet  artiste  ii'étoit  pas  sans  talens  ;  il 
avoit  du  génie,  et  ses  compositions  sont  pleines  de  feu;  on  en  peut  juger 
par  le  grand  tableau  c[ui  étoit  à  Saii?t-Roch,  et  qui  représentoit  le  mi- 
racle des  Ardcns  j^ar  Sainte  Geneviève.  Dans  le  tems  le  public  ,  gâté 
parle  mauvais  goût  d'alors,  lui  donna  la  palme  sur  celui  de  St.  Denis, 
peint  par  Vien ,  qui  étolt  en  face.  Ce  dernier  étoit  sage,  d'un  dessin 
pur  et  d'une  manière  qui  sentoit  l'étude  de  l'antique  ;  aujourd'hui  aue 
l'on  est  l'evenu  à  la  méthode  de  ces  gi'ands  modèles,  c[ui  seront  tou- 
jours les  guides  de  l'art,  sans  lesquels  on  ne  pourra  que  s'égarer,  on 
rend  plus  de  justice  à  Vien,  à  qui  on  est  redevable  d'avoir,  seul, 
malgré  la  contagion  d'alors  ,  conservé  le  stjle  pur  de  l'antiquité  et  des 
maîtres  d'Italie.  C'est  de  son  éeole  que  sont  sortis  les  David,  les  Vin- 
cent, les  Renaud,  les  Suvée,  etc.,  etc. 

La  chapelle  de  Saint  Thomas  de  Cantorbérj ,  située  sous  la  tour 


l^h 


yo        Abbaye   Sainte-Geneviève   a    Paris. 

de  l'église,  n'olFroit  de  remarqualile  qu'un  extrême  obscurité,  ce  qui 

obligeoit  d'y  enlretenir  conlinuellement  une  lampe  cilltnnée. 

La  chapelle  du  milieu,  positivement  au  chevet  de  l'église,  exisloit 
dès  l'an  1170;  aussi  paroîssoit-elle  hors  œuvres  du  chevet  de  l'église 
qui  lui  est  postérieure.  Elle  avoit  sans  doute  été  réunie,  car  il  paroît 
que  c'éloit  une  chapelle  séparée  ;  elle  étoit  carrée  et  on  y  avoit 
incrusté  dans   le   mur  extérieur  une  Sainte  face. 

Cette  chapelle  appelée  d'abord  dj  Saint  Médard,  avoit  pris  ensuite 
le  nom  de  Sainte  Clothilde. 

Le  gtillage  qui  étoit  au-dessus  de  l'autel  renfermoit  cinq  châsses 
faites  et  ornées  par  les  soins  de  l'abbé  Philippe-le-Bel;  celle  du  milieu, 
d'argent  doré ,  contenoit  le  corps  de  Sainte  Clothilde  depuis  qu'il  avoit 
été  relevé  du  tombeau  à  côté  de  celui  de  Clovis.  Les  quatre  autres  de 
bois  dorés  renfermoient,  1°.  les  os  de  Sainte  Aide  ou  Sainte  Aidde  , 
compagne  de  Sainte  Geneviève,  aussi  enterrée  dans  cette  église;  2°.  les 
reliques  de  St.  Céran  ou  Céranne ,  vingt-cinquième  évêque  de  Paris 
dont  le  tombeau  éioit  à  la  gauche  de  celui  de  Sainte  Geneviève,  dans 
l'église  souterraine  (on  l'invoquoit  pour  le  mal  de  dents)  ;  le  chef  de 
St.  Baudell ,  martjr ,  réclamé  pour  les  enfans  en  chartre  ;  et  plusieurs 
reliques  diverses. 

Dans  l'une  des  chapelles  du  côté  septentrional ,  on  voyolt  un  vi- 
trail rejnésentant  un  St.  Guillaume  debout ,  tenant  un  livre  sur  lequel 
posoit  un  casque  (  189)  ;  en  face  est  Sainte  Geneviève,  jeune  et  jolie, 
aussi  debout,  vêtue  comme  on  représente  Sainte  Catherine,  ajant  de 
même  une  couronne  antique  à  pointes  sur  la  tête,  d'une  main  elle 
tient  un  cierge  et  de  l'autre  un  livre  ,  au-dessus  d'elle  au  milieu  du 
tableau,  un  diable  nud  ,  avec  ses  cornes,  ses  grillés  aux  pieds,  ses 
ailes  de  chauves-souris,  et  dans  l'attitude  d'unsatjre,  veut  éteindre 
avec  un  soufflet  le  cierge  de  chasteté  delà  Sainte  (140)  ;mais  un  ange 
qui  est  là  dans   le  coin,    l'arrête  et  l'empêche  de  faii'e   cette  espiè- 

(  139)  S  lint  Guillauine  de  Dannemarrk  fut  d'abord  niililaire  ,  ensuite  l'un 
daé  chanoines  réguliers  de  Saint-Victor  iiilroduils  sous  Louis  VIT.  On  a  de 
lui  lin  lecueil  de  leltres  manuscrites  ,  et  un  traité  :  De  mclatione  capitis  S, 
Genovefœ. 

(140)  Le  cierge  en  est  l'emblêaie,  suivant  les  mystiques. 

& 


.«■lerie. 


IH 


AbbAte    Sainte-Geneviève    a   Paris.         71 
glerie.    Si  t  et  an2,e  est  aussi  laid  que  le  démon ,  eu   récompense  il 
est  vêtu  d'un  froc  et  n'étoit   pas   dans  le  cas  de  distraire  les  âmes 
pieuses ,  comme    les  beaux   anges  luids   de    Rubens  et   du   Guide. 
Aux   j)ieds  du  St.  Guillaume  est  la  figure  d'un  abbé  à  genoux ,   les 
mains  jointes,  vêtu  de  l'habit  de  la  maison,  avec  l'aumusse  au  bras  et 
sa  crosse  passée  dans  l'autre.  Dans  l'espace,  entre  lui  et  la  Sainte,  il 
y  a  un  blason  ,  portant  de  gueules  à  une  gerbe  de  bled  d'or  ,  au  chef 
cousu  d'azur  chargé  de  trois  étoiles  d'or,  une  crosse  passée  derrière 
en  palet  au-dessus  une  grande  mîlre.  Voyez   Planche  IV,  n°   i. 
Ces  armoiries  étoient  celles  de  Guillaume  Grangier,  médecin   de 
Gaston  de  France,  duc  d'Orléans;  l'abbé  à  genoux  étoit  sans  doule 
de  la  même  famille. 

Four  le  vitiall  il  pouvoit  être  du  tems  de  Louis  XIII  ou  deHenri  IV 
au  plutôt. 

Cette  histoire  du  diable,  souillant  la  chandelle  de  Sainte  Geneviève, 
ëtoit  fort  en  vogue,  car  elle  est  représentée  dans  toutes  les  églises  et 
chapelles  dédiées  à  cette  Sainle  ,  entr'aatres  à  l'église  de  Nan terre. 

Les  aiitres  chapelles  ne  présenîoient  rien  de  remarquable  ,  mais 
.vis-à-vis  de  l'une  d'elles  ,  un  prêtre  tenoit  un  comptoir  de  dévotion ,  il 
étoit  devant  une  table  avec  une  figure  d'argent  de  Sainte  Geneviève  , 
renfermant  une  de  ses  dents,  et  un  plat  du  même  métal;  les  vieilles 
femmes  et  les  nigauds  baisoient  la  relique  et  mettoient  de  l'argent 
au  plat  ;  mais  le  plus  lucratif  du  commerce  ,  c'étoient  les  ex  voto  de 
toute  espèce;  les  messes  que  l'on  faisoit  dire  pour  les  maladies,  les 
procès,  etc.,  etc  ;  et  enfin,  ce  que  l'on  recevolt  pour  faire  toucher  à 
la  châsse  de  Sainte  Geneviève  les  di'aps  ,  chemises  et  linges  des  ma- 
lades. On  v6_yoit  autour  de  grandes  perches  quiservoient  à  cet  usage. 

Comme  les  chanoines  de  celte  abbaje  n'auroient  pu  suffire  à  la 
grande  quantité  de  messes  que  l'on  j  faisoit  dire  ;  ils  y  eni[  loyoient 
des  prêtres  séculiers  qui avoit une  sacristie  particulière,  elle  étoit  dans 
cette  partie  de  l'église. 

La  châsse  qui  renfermoit  le  corps  de  Sainte  Geneviève  étoit  exposée 
eatre  la  chapelle  Sainte  Clothilde  et  le  sanctuaire,  derrière  le  maître- 
aatel;  elle  portoif  sur  un  corps  d'architecture  isolé,  d'ordi-e  ionique 
formé  de  quatre  colojiues ,  avec  leur  entablement  et  leur  piédestal 


/^5 


73        Abeaye   Sainte-Geneviève   a   Paris. 

sur  un  plan  carré:  les  deux  colonnes  du  devanf  avoienf  été  données  par 

Louis  XIII ,  et  les  deux  autres  par  le  cardinal  de  la  Rochefoucault. 

Cet  édifice  fut  construit  sur  les  dessins  de  Jacques  Lemercier, 
habile  architecte,  qui  s'étoit  conformé  aux  proportions  que  l'on 
atlribue  à  Micliel-Anse. 

Quatre  stalues  plus  grandes  que  nature  portoient  la  châsse  sur  lein-s 
épaules  et  tenoient  un  candélabre  à  la  main. 

La  châsse  éfoit  de  Vermeil  et  gothique  ;  elle  avoit  la  forme  d'un 
carré  oblong  et  ressembloit  à-peu-près  à  une  église.  Sur  ses  deux  faces 
étoient  les  h'gures  de  la  Vierge  et  de  Sainte  -  Geneviève ,  et  sur  les 
côtés  ,  celles  des  douze  apôtres  séparées  par  des  pilastres  ;  au-dessus  on 
remarquoit  une  couronne  de  diamants,  donnée  par  Marie  de  Mé- 
dicis,  et  sur  le  devant  un  bouquet  aussi  précieux  ;  les  uns  (  141  )  attri- 
buent ce  présent  à  la  reine  Anne  d'Autriche  ,  et  les  autres  (  142)  à 
Louise-Marie-Elisabeth  d'Orléans  ,  reine  douairière  d'Espagne,  morte 
à  Paris  en  1742  ;  mais  on  aura  confondu  ces  dons,  car  outre  ces 
deux  riches  joyaux,  cette  châsse  étoit  couverte  de  pierreries  ,  dont  la 
plupart  des  rois  et  des  reines  de  France  s'éloient  plus  à  l'enrichir.  Au 
reste  cela  ne  l'empêchoit  pas  d'être   assez  laide.  Voyez  Flauclie  V. 

Quelques  auteurs  ont  dit,  d'après  une  vieille  traduction ,  qu'elle 
fut  construite  par  St.  Eloj  ;  mais  c'est  un  anachronisme,  parce  que  de 
son  tems  on  ne  metfoit  pas  encore  les  corps  des  Saints  dans  des  châsses 
d'or  ou  d'argent  ;  celîe-ci  ne  fut  d'abord  qu'un  coffre  où  l'on  mit  les 
restes  du  corps  de  la  Sainte,  lorsqu'on  les  retira  du  tombeau  pour  les 
sauver  des  normands ,  et  qui  servit  ensuite  à  les  transporter  hors  de 
Paris,  à  Alhies  et  à  Draver  (  148  ). 

Lorsque  ces  barbares  se  furent  retirés  ,  le  corps  de  la  Sainte  fut 
reporté  dans  son  abbaye  ;  mais  au  lieu  de  le  remettre  sous  l'autel  où 
il  éfoit  auparavant,  ou  l'élevasur  Tautel  même;  c'est  un  des  premiers 
exemples  de  reliques  placées  sur  les  autels  (  144). 

(141  ;  Piganiol,  descript.  de  Paris,  t.  V  ,  p.   17.  -  Lebœuf ,  t.  i  ,  p.   17  ,  etc» 

(  142  ")  Dulnure  ,  noiiv.  des:ript.  de  Paris,  1787  ,  in-12. 

(  143)  Mirac.  S.  Genov.  apud  Bolland.^  t.  i  ,  p.   149. 

(  144)  Thiers  ,  Dissert,  sur  les  autels ,  ciiap.  8  ,  pag.  07  et  89, 


Abbaye  Saint  k-G  eneviève  a  Paris,  yS 
Par  la  suite  ce  coiïre  parvinl  à  avoir  tout  l'extciieur  d'une  châsse  ; 
mais  il  n'étoit  toujours  que  de  bois  couvert  de  quelques  teuilles  d'ar- 
gent. Quoique  le  grand  autel  eut  été  orné  d'une  table  d'or  et  d'ai-gent 
par  le  roi  Robert ,  on  ne  voit  point  qu'il  eut  pensé  à  orner  la  châsse 
d'or  ni  de  pierreries.  Vers  l'an  1240,  un  nommé  Godefroi  donna 
une  somme  pour  la  construction  d'une  nou\  elle  châsse  ;  les  évêques 
de  Noyon  et  d'Avranches ,  une  autre.  Robert  de  Courtenay,  cheva- 
lier, légua  dix  mais  d'argent  à  même  fin,  et  lorsque  l'orfèvre  Bon- 
nard  eut  aclievé  ce  somptueux  ouvrage,  qui  étoit  du  poids  de  cent 
quatre-vingt-treize  marcs  d'argent  et  sept  marcs  et  demi  d'or,  la 
translation  du  corps  de  la  Sainte  y  lut  faite  l'an  1242,  le  28  octobre, 
par  l'alibé  Robert,  de  la  Ferîé-Milon  (145)^  par  les  soins  de  qui 
la  châsse  avoit  été  construiie. 

La  vénération  qu'on  eut  pour  Geneviève  ,  loin  de  se  démentir 
après  sa  mori ,  s'accrut  avec  le  temps.  La  piété  imagina  de  boime 
heure,  et  sans  interruption,  des  moyens  d'honnorer  sa  mémoire. 
On  voit  que  vei-s  le  commencement  du  V«  siècle,  Eloi  ,  devenu 
Saint,  et  alors  orfèvre,  orna  de  rainceaux  d'or  et  d'argent  le  petit 
édifice  qui  éloit  au-dessus  du  tombeau  de  Sainte-Geneviève.  Son 
corps  fut  conservé  dans  le  caveau  ,  chapelle  basse  ou  crypte  , 
jusqu'en  846  ,  qu'on  le  plaça  dans  l'église  ,  même  sous  l'autel  (  146) 
D'après  ce  ^ers  du  mauvais  poëme  d'Abbon  sur  les  guerres  de 
Paris  (  147  ). 

Virgo  Dei  Genovefa  caput  defertur    ad   urbh. 

Quelques  auteurs  ont  a\ancé   que  la  première    procession   de  la 

châsse  (  148  )  se  fit  en  886  ,  jionr  o])lenir  la  délivrance  des  Normands. 

(145  ■   Lfbœiif,  hist.  du  diocèse  do  Pans,   1704,   1.  i  ,  p.  376. 

(146   Hi;-t.  cbron.deSainte-Genev.  ,  p.  6.-Lel -œuf,  hisl.deParis  ,t.  n  ,  p.  875. 

(147)  BelLor.  Parisiac.  urb.  ^  lib.  II  ,  p.  5  V.  ,  247.  Tonss.  Dtrplessis  a  fait  impri- 
mer ce  poëme  à  la  suile  de  ses  annales  de  Paris  ,  et  a  cru  devoir  le  commenter. 

(  14S  )  Ce  mot  \ient  de  cap^a  boîte.-- Jean  de  Garlande  De  Synonymh 
s'exprime  ainsi  :  die  arcas  ,  thecas  ^  cistas  ,  vel  scrinia^  capsas ,  capsula,  capsella  , 
àe  capsa  dhmnuumur.  Ou  di^oit  d'abord  en  François  casse.  On  lit  dans  le  ro- 
man de  Ti  rpin  :  li  casse  ou  li  saintuaire  rendit  si  grant  odor ^  que  il  sembla  à 
tous  que  Paradis  fut  ou\crs.  ce  mot  vient  du  grec  K->4''  On  donnoit  aux  châsses  la 
forme  d'une  église.  Voyez  celle  de  S.  Spir ,  Antiquités  Nalionales  ,  tom.  II  5 
art,  XXII  j  p.  24.  et  celle  de   Sainte-Geneviève,  PI.  V. 

K  2 


iU 


74      Abbate    Sainte-Geneviève    a    Paris; 
On  pouiToit  croire  au  contraire  que  ce  ne  fut  qu'une  simple  transla- 
lation.  Les  Normands   marchant   vers  Paris,    la  châsse,  pour  plus 
grande  sûreté,  fut   portée   à    Notre-Dame,   avec    celles   de   Saint- 
Ge-rmàin  ,  de  Saint-Marcel    et  de  S.-CIoud. 

Sur  la  Kn  du  IX^  siècle,  l'usage  s'étant  introduit  de  renfermer 
les  os  des  Saints  personnages  dans  des  châsses  ou  mausolées  por- 
tatifs ,  ceux  de  Geneviève  furent  recueillis  et  déposés  dans  im  lieu 
destiné  au  culte  des  fidèles.  C'est  de-^à  qu'on  la  descendit  de  temps 
à  autre  pour  être  portée  en  pompe  dans  la  ville  ,  mais  seulement 
dans    les  jours  de  calamités    publiques. 

La  descente  de   la  châsse  exigeoit  des  formalités  préliminaires. 

Les  prevct  et  échcvins  de  la  ville  de  Paris  présenloient  leurs 
requêtes  à  Messieurs  de  Notre-Dame  ,  mais  il  falloit  que  ce  fût 
dans   quelque   nécessité  urgente. 

Cette  première  démarche  devoit  être  suivie  d'un  arrêt  de  Messieurs 
du  parlement  ,  lesquels  promettoient  avant  tout  de  ne  laisser  passer 
aucune  chose  qui  pût  porter  atteinte  à  l'iionneur  dû  à  Madame 
Sainte-Geneviève. 

Messieurs  de  Notre-Dame  dévoient  aussi  présenter  leur  snp])lique 
aux  abbés  et  religieux  de  Sainte  -  Geneviève  qui  y  faisoient 
toujours  droit.  Le  clergé  de  chaque  paroisse  et  les  moines  de  toute 
espèce  assistoient  à  la  procession  ,  qui  ne  soiioit  qu'après  la  messe. 

La  messe  dite,  l'archevêque  de  Paris  se  transportoit  au  chapitre, 
accompagné  du  corps  de  son  église  ,  pour  déclarer  devant  les  re- 
ligieux et  les  notaires  royaux  qu'il  n'innoveroit  rien  et  qu'il  ne 
prétendoit  aucune  jurisdiction  sur  les  religieux. 

Deux  chanoines  réguliers,  revêtus  d'aubes  et  d'étoles,  monfoient 
à  lâchasse  pour  la  conduire  dans  la  descente,  et  quatre  des  plus 
anciens  en  surplis  et  en  étoles  l'attendoient  en  bas  pour  la  recevoir. 

La  châsse  descendue  ,  l'abbé  et  les  religieux,  ayant  les  pieds  nuds, 
alloient  la  baiser.  L'abbé  seul  disoit   messe. 

Ce  jour-là  les  cérémonies  religieuses  finies,  le  baillif  ,  accompagné 
du  procureur  fiscal  et  les  sergens  de  la  maison ,  la  gardoient 
jusq'au  lendemain. 


l 


m 


Abbave     Sainte-Geneviève     a    Paris.      yS 

Vers  cinq  à  six  heures  du  mcitin ,  le  lieutenanl  criminel  ,  le 
procureur  du  roi,  les  commissaires  et  autres  ofliciers  delà  justice 
lelevoient  les  autres  ,  jurarit  et  ajjlrmant  de  la  garder  Jidèlement , 
de  la  conduire  et  reconduire,  et  ne  la  point  perdre  de  vue 
jusqu'à  ce  qu'elle  fût  remontée.  Les  religieux  jeûnoient  trois  jours 
avant  la  descente  de  la  châsse. 

La  procession  devint  insensiblement  une  cérémonie  importante. 
Elle  se  rendoit  de  Sainte-Geneviève  ù  la  cathédrale  où  l'on  célébroit 
une  grande-messe  ,  qui  ne  finissoit  qu'à  quatre  heures  après  midi. 

L'archevêque  y  assistoit  en  habits  pontificaux ,  ainsi  que  le  par- 
lement en  robes  rouges  ,  la  cour  des  aides,  la  chambre  des  comptes 
et  le  prévôt  des  marchands ,  accompagnés  des  échevins  et  autres 
officiers.  Voyez  le  vitrail  gravé  Planche    T^, 

L'abbé  et  les  religieux  y  tinrent  toujours  la  droite.  Dans  les  pre- 
miers fems  ils  marchoient  nuds  pieds. 

Le  luminaire,  tant  la  veille  que  le  jour,  soit  cierges  ,  torches, 
flambeaux ,  armoiries ,  devoit  être  fourni  par  messieurs  de  la 
ville. 

Lorsque  la  châsse  revenoit  de  procession ,  les  religieux  ne  pou- 
Yoient  manger  qu'elle  ne  fût  remise  en  sa  place  (149). 

Suivant  presque  tous  les  auteurs  ,  la  seconde  procession  eut  lieu 
eu  1 129.  Une  maladie  contagieuse  se  répandit  dans  Paris.  Les  secours 
de  l'art,  aussi  bien  que  les  jeûnes  elles  prières  publiques,  devinrent 
inutiles.  Le  mal,  appelé  des  ^rdens ,  faisoit  cependant  des  proo-rès 
rapides.  Etienne ,  alors  évêque,  se  rendit  avec  son  clergé  à  l'abbciye, 
et  oblint  des  chanoines  de  faire  descendre  la  châsse  ,  et  de  la  porter 
en  procession.  Les  habitans  s'y  portèrent  en  foule  ;  ceux  qui  ne 
purent  marcher  s'y  traînèrent  ou  s'y  firent  conduire.  A  peine  la 
châsse  parut,  que  tous  les  moribonds  ou  malades,  excepté  trois  incré- 
dules ,    furent    guéris   sur  -  le  -  champ.   Ce     miracle    donna  lieu   à 


(149)  Leliepvre,  ordre  et  cérém.  de  la  ilescenie  et  procession  delà  châsse 
de  Sainle-Geneviève.— Abrégé  hist.  de  la  consiruct.  de  la  chàs.  de  Siiinte- 
Geneviève,  p.  3.— Hist.  chron.  de  Sainte-Geneviève,  p.  6  et  suiv.-Gil.  Cor- 
rozetj  antiquiude  Par.,  p.  i3. 


in 


76      Abbaye    Sainte-Geneviève     a    Paris. 
construire  ,  près  de   Notre-Dame  ,    une  petite   église  cp'on   appela 
Saintc-Genei^ièi'e  des  Ardens  (i5o). 

En  1161  ,  le  bruit  courut  qu'on  avoit  enlevé  la  tête  de  la  patronne 
de  Paris.  Le  roi  ,  aussi  allarmé  que  le  peuple  et  voulant  éclaircir  le 
fait,  envoya  aussi  -  tôt  sceller  lâchasse  de  ses  armes.  Il  nomma 
ensuite  l'arclievêque  d€  Sens  et  deux  évêques  pour  en  faire  l'ouver- 
ture. Le  peuple  accourut  enfouie,  à  cette  cérémonie,  et  ne  fut 
tranquille  que  lorsqu'on  lui  eut  certifié  que  le  chef  de  la  Sainte  et 
le  reste  du  corps  étoient  sains  et  entiers  (  i5i  );  on  en  rendit  compte 
également  au  roi ,  qui  paroissoit  avoir  pris  la  chose  à  cœur.  Ce  bruit  lut 
peut  être  supposé  par  les  intéressés;  c'est  un  des  moyens  qui  ressem- 
blent à  beaucoup  d'autres ,  et  que  les  chefs  de  sociétés  religieuses  ou 
politiques  mettent  en  avant  pour  affermir  d'autant  plus  leur  système. 
Quoiqu'il  en  soit,  on  sera  peul-êlrc  étonné  de  lire  que  l'évêque  d'Or- 
léans ,  un  des  commissaires  nommés  par  le  roi ,  prétendit  que  c'étoit 
une  autre  tête  de  mort  que  l'on  avoit  mise  à  la  place  de  la  véritable. 
J'ajouterai  que  Si.  Guillaume,  chanoine  de  Sainte  Geneviève,  et  dont 
Usera  parlé  plus  bas  ,  après  la  vérification  faite,  fut  transporté  de  joie 
au  point  d'entonner  le  Te  Deum,  L'évêque  d'Orléans  indigné  de 
cette  hardiesse,  dit  tout  haut  :  qui  est  cet  insolent  qui  a  eu  LA 
TÉMIÎRITÉ  DE  MANQUER  A  TANT  DE  PRELATS,  ACAUSE  Qu'ON  A  TROUVÉ 
ICI  UNE  TÊTE  DE  VIEILLE  SUPPOSEE  PAR  LES  RELIGIEUX  EN  LA  PLACE 

DE  CELLE  DE  Sainte  Geneviève.  «  Si  VOUS  voulez  savoir  ce  que 
5)  je  suis  ,  répliqua  Saint  Guillaume  ,  je  me  dis  serviteur  de  la 
»  Sainte,  .  .  .  Au  reste,  si  vous  doutez  encore  que  ce  soit  sa  vraie 
->■>  tête, Je  m'offre,  pour  en  faire  la  preuve,  d'être  jette  tout  maintenant 
»  avec  cette  Sainte  relique,  dans  un  four  ardent;  car  je  suis  assuré 
j)  qu'elle  me  conservera  ».  Quoi,  lui  répartit  l'évêque,  ÊTES  vous 
ENCORE  SI  TÉMÉRAIRE  ,  QUE  DE  PROPOSER  d'enTRER  ,  AVEC   CETTE 


(i5o)  Hist.  chroii.    de    Sainte-Genev. ,    p.   7.-Abrégé    de  la    constr.  de  la 
cliâsse,  p.  3.-l.allemant,  vie  de  Sainte-Genevière ,  p.  116,  etc.,  elc. 
(  l5i  ]^Sui)'-à^  p.  18. 


Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris.      77 
tête  ,  dans  un  four  chaud,  avec  laquelle  je  ne  voudrols  entre» 

DANS   UNE  CUVE    TLEINE  d'eAU  TIÈDE  (io2) 

En  1206,  les  pluies  considérables  causèrent  en  France  nn  débor- 
dement presque  universel.  On  se  délerraina  donc  à  descendre  la  châsse. 
La  procession  traversa  le  Petit-Pont,  quoique  personne  n'osât  y  passer, 
tant  la  violence  des  eaux  Tavoit  ébranlé.  La  présence  des  Saintes  reli- 
ques fit  rentrer  la  Seine  dans  son  lit.  Ce  n'est  pas  ^out ,  à  peine  le 
peuple  qui  accorapagnoit  la  châsse  eul-il  regagné  la  cité,  que  le  pont 
s'écroula.  On  répandit  par-tout  qu'il  avoit  été  jusques-là  miraculeu- 
sement soutenu  (  i53). 

Sous  le  régne  de  Saint  Louis  ,  en  l'année  12.33,  la  châsse  fut  égale- 
ment descendue  pour  faire  cesser  une  inondation  prodigieuse.  A  l'ins- 
tant où  la  châsse  sortit  de  l'église ,  une  colombe  parut  et  l'accompagna 
en  voltigeant  toujours  au-dessus  d'elle,  jusqu'à  la  porte  de  Notre-Dame. 
Pendant  la  messe  qu'on  y  célébra  ,  elle  se  reposa  sur  la  tête  d'un 
ange  ,  placé  au  haut  du  ])ortail.  Mais  lorsqu'on  reconduisit  la  châsse, 
elle  la  suivit  jusqu'à  ce  qu'on  fut  enfin  rentré  dans  l'église  de  Sainte- 
Geneviève.  Alors  elle  disparut  à  la  vue  de  tout  le  peuple  (154). 

La  châsse  de  Sainte-Geneviève  ne  devoit  jamais  être  transportée 
eu  procession  qu'à  Notre-Dame.  Elle  ne  pouvoit  aussi  sortir  de  son 
église  que  le  clergé  de  la  cathédrale  ne  vînt  au  devant  d'elle  avec 
la  châsse  de  Saint  Marcel  ;  il  falloit  encore  avant  tout  l'agrément  de 
l'abbé  et  des  relig:eux,  c[ui  pouvoient  se  refuser  même  à  des  ordres 
supérieurs.  Le  fait  suivant  coa.lrme  assez  cette  partie  du  règlement. 

Saint  Louis  avoit  apporté  de  la  Terre-Sainte  la  coui'oune  d'épines 


(  i52  )  Vie  manusc.  des  hommes  ilUist.  des  chan.  végiiliers  de  Fran.,  t.  i  , 
p.  Iii2.-Lallemant ,  vie  de  Sainte-Geueviève,  p.  io6.-Hist.  chron.  de  Sainte- 
Geneviève,   p.  9. 

(  i53  )  Hist.  thron.  de  Sainte-Geneviève  ,  p.  lo.  -  Abr.  historique  de  ia  châsse 
de  Sainie-Geueviève  ,  p.  4.  -  Lallemant ,  vie  de  Sainte-Geneviève,  p.  11  ;- 
Dumoliuet  ,  hist.  raanusc  de  Sainte-Geneviève. 

(154;  Hist.  chron.  de  Sainte-Geneviève,  p.  11. -Abr.  hist.  delà  châsse 
de  Sainte-Geneviève  ,  p.  4.-Lallemant ,  vie  de  Sainte-Geneviève,  p.  119.— 
Dumolinet,  hist.  de  Sainte-Geueviève,  p.    1-6. 


m 


78  Abbaye  Sainte-Geneviève  a  Paris.' 
du  Christ  et  d'autres  mstrumens  de  sa  passion.  Ce  prince  avoit  fondé 
exprès  la  chapelle  du  Palais  j^oiir  les  y  déposer.  Ces  restes  précieux 
furent  reçus  par-tout  avec  de  grands  honneurs.  Le  roi  voidut  qu'on 
en  fit  autant  à  Paris ,  et  que  toutes  les  églises  de  la  ville  vinssent 
processionnellernent  au  devant  d'elles,  avec  toutes  leurs  relif[aes. 
Il  ordonna  en  particulier  à  l'abbé  et  aux  chanoines  de  Sainte-Gene- 
viève de  venir  avec  la  châsse  de  la  Sainte.  Herbert,  qui  en  étoit  abbé  , 
surprit  de  cet  ordre  contraire  à  l'usage  immémorial  ,  assembla  son 
chapitre  pour  en  délibérer.  Il  fut  résolut  d'en\oyer  au  roi  deux 
députés  qui  lui  remontrèrent  qu'il  ne  pouvoit  rien  innover  à  cet 
égard  contre  un  usage  si  ancien.  La  vérité  de  ces  représentations 
a3'ant  été  confirmée  au  prince,  il  consentit  qu'il-,  y  vinssent  seule- 
ment avec  quelques-unes  des  châsses  qu'ils  possédoient.  Ce  fut  celle 
de  Sainte  Aide  qui  marcha  (  i55). 

La  châsse  ayant  été  reconstruite  et  achevée  en  1242  (  .'56)  on]y 
ti'ansporta  le  corps  de  Sainte  Geneviève.  Cette  translation  se  fit  le 
28  octobre  ,  de  nuit,  afin  d'éviter  le  concours  du  peuple.  Avant  de 
le  déposer  dans  la  nouvelle  châsse ,  on  eut  la  curiosité  de  visiter  celle 
de  bois  ;  on  j  trouva  un  cofïre  entier  bien  fermé,  qui  contenoit  les  os 
de  la  patrons  enveloppés  dans  des  linges  recouverts  d'un  satin  blanc. 
L'abljé ,  revêtu  pontificalement ,  prit  alors  la  tête  entre  ses  mains, 
la  baisa  et  la  fit  baiser  à  tous  les  religieux.  Cet  acte  de  dévotion  fini , 
on  referma  le  cofïre  qu'on  déposa  dans  la  châsse  d'argent  (107). 

Le  zèle  et  la  piété  de  Charles  V  envers  Sainte  Geneviève,  furent 
tels  que  dans  tontes  les  processions  qu'il  demanda  ,  non-seulement  il 
y  assislolt  en  personne  ,  mais   il  obligeoit  même  tous   les  ecclésiasti- 


(  i55  )  Hiit.  chron.  de  Saiale-Geneviève  ,  p.   12. 

Ci56)  Ceux  qui  coiUribuèreiil  le  plus  aux  frais  de  cette  nouvel. e  châsse, 
furent  Robert  de  Coarien.iy  ^  qui  donna  dix  luircs  d'argent,  Hugues  d'^thys , 
gicinii  paniielierde  France,  vingt  livres  ;  A'zco/oi  de  Roye  ,  évéqae  deJNoyon, 
qnalre-vingt  livres  j  et  Guillaume  de  Sainte-Marie  ^  évéqiie  d'Avranclies  ,  vingt 
livres   d'argent. 

(  iny  )  Abr.  liist.  de  la  construct.  de  la  châsse  de  Saiute-Genev.  ,  p.  1.  - 
Eisl.  chion.  de  Saiiile-Geneviève,  p.  i^. 

ques  j 


Abbaye  Sainte-Geneviève  a  Paris  79 
ques  ,  tant  réguliers  que  séculiers  ,  d'y  allernuds  pieds,  à  l'invitation 
du  clergé  de  Sainte-Geneviève  (  i58). 

On  institua,  en  1412,  une  confrérie  en  l'honneur  de  Sainle-Ge- 
neviève.  Elle  fut  confirmée,  en  conséquence  d'un  bref  de  Rome,  par 
letti-es-patentes  du  roi  Charles  yi  (  169  ). 

Il  faut  distinguer  cette  grande  confrérie  de  celle  des  porteurs ,  qui 
ne  fut  érigée  que  le  siècle  suivant,  c'est-à-dire,  en  1524. 

Le  père  Lallemant  (  1 60)  ne  parle  que  de  la  seconde  ,  dont  il  place 
l'instilulion  à  l'époque  de  la  première.  Il  prétend  aussi,  je  ne  sais 
d'ajjrès  quels  auteurs,  qu'il  falloit  être  inscrit  dans  la  grande  con- 
frérie avant  d'être  reçu  dans  l'autre. 

On  avoit  rédigé  ,  pour  celle  des  porteurs  ,  des  régleniens  dont  le 
cajer  commence  ainsi  (  161  )  : 

«  En  l'honneur  de  Dieu  ,  de  la  Vierge  Marie  ,  de  madame  Saincte- 
»  Geneuièfiie,  et  de  la  cour  céleste  du  Paradis  ,  a  esté  fondée  en  .son 
»  église  à  Paris  la  confrérie  des  porteurs  de  la  châsse  de  madame 
»  Saincte-Geneuièfue  ,  estans  au  nombre  de  trente  personnes ,  à 
3)  scauoir  ,  dix-sept  porteurs  (162)  d'icelle  châsse,  ainsi  qu'il  se 
»  verra  cy-après  ,  et  ti-eize  attendans  (i63)  qui  seruiront  quand 
V  quelques-uns  desdits  dix-sept  porteurs  seront  absens  par  maladie 
î>  que  autrement,  etc.  ». 

licsdits  confrères  à  recevoir  «  seront  gens  de  biens,  de  bonne 
»  renommée,  et  honneste  conuersation,  de  ceste  ville  de  Paris,  non 
n  d'ailleurs..., ,.  Ils  seront  tenus  de  payer  à  leur  entrée ,  aux  maistres 
»  de  la  grande  confrérie  ,  cinq  sols  tournois  ,  et  deux  liures  de  cire 
»  blanclie  pour  entretenir  et  augmenter  le  gros  cierge  deuant  l'image 
j>  de  ladite  dame  ;  et  douze  deniers  Parisis  par  chacun  an  après  en 
»  suiuant  à  ladite  confrérie », 

(i58)  Hist,  cliron.  de  Sainte-Geneviève,  p.  16. 

(  169)  Hist.  Chron.  de  Sainte-Geneviève,  p.  I7. 

(  160)  Vie  de  Sainle-Gepevièye  ,  p.  iSi. 
i   (161  )  Aniiq.   et  remarq.  de  la  châsse  de  Sainte-Geneviève,   p.    i  et   suiv 

(  162)  Le  dix-seplième,  ordinairement  d'une  taille  gigantesque  ,  étoit  destiné 
à  porter  le  grand  cierge  devant  la   châsse. 

(  i63  )  Ils  furent  portés  dans  la  suite  jusqu'au  nombre  de  24. 

L 


li^ 


So      Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris: 

Pour  chaque  jour  de  procession  «  lesdits  porteurs  seront  tenus  de 
»  se  mettre  en  bon  estât ,  vrai  confez  el  i-epentans  (  164)  et  receuoir 
»  leur  créateur  ,  et  aiioir  la  teste  nue  et  les  pieds  nuds  ,  et  linge  blanc 
»  honneste  comme  il  appartient,  avec  unchappeaude  fleurs  sur  leur 
))  teste  ^  et  dauantage  vn  autre  grand  chappeau  aussi  de  fleurs , 
3)  lequel  sera  rais  sur  ladite  châsse,  et  porté  à  ladite  procession; 
»  puis  le  lendemain  distribué  ausdits  porteurs  par  monsieur  l'abbé 
»  à  la  boiuie  discrétion. 

»  Au  reuenir  de  ladite  procession  faite  et  accomplie  et  la  châsse 
»  remontée  en  son  lieu  ,  communiquèrent  ensemble  lesdits  porleurs 
»  pour  prendre  leur  réfection  en  vn  lieu  honnrste  ,  hors  touerne, 
>)  pour  faire  leurs  comptes  ,  et  contribuer  aux  fiais  dudit  jour. 

>>  Un  nouveau  confrère  sera  tenu  de  payer  sa  bien  venue  à  ses 
»  frères  anciens  ». 

Les  maîtres  de  la  confrérie  étoient  pris  dans  les  anciens  porteurs  , 
et  attendans  ,  selon  la  date  de  leur  réception. 

L'assemblée  setenoit  d  abord  le  )our  de  la  fête  de  Sainte-Geneviève 
pour  ouïr  les  comptes  des  frais  et  mises  de  l'année  ;  mais  ensuite  elle 
a  été  fixée  au  premier  dimanche  d'après.  Ceux  des  confrères  qui 
manquoient  d'j  assister  pajoient  cinq  sols  pai-isis  d'amende. 

On  lit  encore  dans  le  règlement,  que  les  dix-sept  porteurs ,  quand 
se  fera  la  descente  de  ladite  châsse  ,  ne  porteront  nuls  desdis  dix- 
sept  barbe  au  menton  (160). 

Un  des  confrères  décédans  ,  les  autres  étoient  tenus  d'assister  au 
convoi ,  sinon  de  payer  cinq  sous  parisis  d'amende ,  à  moins  d'excuse 
légitime. 

Les  religieux  étoient  également  tenus  de  dire  pour  le  défunt  une 
haute-messe  à  diacre  et  sous-diacre  ,  et  même  de  sonner  les  cloches. 

Les  parens  ,  ou  la  femme  du  défunt  ,  étoient  obligés  de  bâiller 
quatre  pointes  de  cire  (  166)  ,  avec  pain  et  vin ,  et  une  chandelle 
pour  aller  à  l'offrande. 

(164)  Dumolinet  ,  hist.  manusc.  de   Sainte-Gen,  ^  p.  219. 
(  i65  )  Dumolinel ,  liist.  man.  de  Sainte  Geneviève ,  p.  217. 
(  166  )  Poignées.   Ce  mot  peut  aussi  indiquer  les  pièces  de  monnoie  poignées  ou 
enfoncées  dans   les  cierges. 


Abbaye    Sainte-Geneviève     a     Paris.     8i 

L'habit  de  cérémonie  des  porteurs  ressembloit  à  celui  des  anciens 
pénitens  ;  il  éloit  de  toile  ,  fait  en  aube  ,  que  les  anciens  appelloient 
sac  ou  cilice. 

Lorsque  la  châsse  étoit  de  bois ,  et  avant  qu  elle  fût  couverte  d'or , 
d'argent  et  de  pierreries  ,  deux  ou  au  plus  quatre  religieux  la  por- 
toient  en  procession  f^comme  on  peut  le  voir  dans  les  anciennes 
figures. 

Cependant  lorsque  la  confrérie  des  porteurs  fut  instituée,  quaire 
religieux  des  plus  anciens  metloient  la  main  aux  quatre  Ijâtons  du 
brancard,  et  étoient  regardés  comme  porteurs  honoraires  (  167). 

Pour  faire  cesser  les  pluies  qui  détrulsoient  toute  espérance  de 
récolte  en  i566;  on  eut ,  suivant  l'usage,  recours  à  Sainle-Genevlève. 
Durant  la  piocession  ,  des  illuminés,  sans  doute,  virent , pendant  un 
gros  quart  d'heure  ,  une  étoile  fort  brillante  au-dessus  de  la  chéisse  de 
Sainte-Geneviève.  Sur  l'étonnement  que  le  roi  témoigna ,  plusieurs 
personnes  dignes  de  foi  lui  confirmèrent  le  fait  ,  qui  dès-lors  passa 
pour  constant  (  168). 

Le  premier  juin  de  l'an  i6o3  ,  la  procession  s'en  retournant  de 
Notre-Dame  à  Sainte-Geneviève  ,  rencontra  une  chaîne  de  galériens; 
ini  de  ces  malheureux  supplia  la  Sainte  de  le  délivrer,  afin  de  pouvoir 
baiser  sa  châsse.  Ses  chaînes  se  rompirent  aussi-tôt  à  la  vue  de  tout 
le  peuple  ,  qui  demanda  pour  lui  la  liberté  qu'on  lui  accorda  (169). 

La  châsse  fut  descendue  si  souvent ,  pendant  quatre  siècles,  qu'elle 
en  étoit  rompue  en  plusieurs  endroits.  Benjamin  de  Brichanteau 
résolut  de  la  faire  réparer.  Elle  fut  en  conséquence  descendue  en 
1614,  et  transportée  dans  une  salle  tapissée  et  éclairée  d'un  grand 
nombre  de   cierges.  Les  ouvriers  y   travaillèrent  nue  tète ,    et  des 


(  167)  Lallemant  ,  vie  de  Sainte-Geneviève  ,  p.  i5i.-Dumolinet,  hist.  manusc. 
de    Saiule-Geneviève,  p.  217. 

(  168  )  Hist.  chron.  de  Sainte-Geneviève  ,  p.  47.  -  Dnmolinet ,  liist.  manusc 
de  Sainte-Geneviève,   p.    186. 

(  169)  Abreg.  historique  de  la  châsse  de  Sainte-Geneviève,  p.  11.- Lalle- 
mant, vie  de  Sainte-Geneviève,  p.  i3;.  -Hist.  chron.  de  Sainte-Geneviève, 
p.  64.- Duniolinet ,  hist.   mauusc.de  Sainte-Geneviève  ,  p.  191. 

L  2 


o3      Abbate    Sainte-Geneviève     a     Paris." 

chanoines  régnliers  de  la  maison  passèrent  auprès  d'elle  les  nuits  et 
les  jours  en  prières. 

Plusieurs  personnes  de  marque  signalèrent  alors  leur  dévolion  par 
de  riches  présens  d'agathes  rares,  de  diamans  et  de  pierres  pré- 
cieuses ,  et  surtout  d'une  table  d'émeraudes  ,  qu'on  estima  dans  ce 
tems-là  deux  mille  écus.  Mais  le  plus  considérable  de  tous  fut  le 
Louquet  de  diamans  qui  brilioit  au  haut  de  la  châsse,  et  qu'a\oit  donné 
Marie  de  Médicis.  Sa  forme  éloit  ovale  ,  à-peu-près  d^in  demi-pied 
de  diamèlre  ;  ses  deux  faces  éloicnt  un  tissu  de  fleurs  d'or  émaillé, 
portant  un  diamant  sur  chaque  feuille.  Du  milieu  de  chaque  fleur 
sortoit  un  autre  diamant  en  forme  de  bouton.  Le  haut  de  ce  bouquet 
étoit  terminé  par  une  croix  d'or  ,  longue  d'environ  trois  pouces  ,  et 
garnie  de  soixante  diamans  très-brillans.  Le  milieu  ,  qui  étoit  à 
jour,  étoit  enrichi  d'une  pendeloque  d'un  saphir  d'un  très-beau  bleu. 

Dans  le  même  tems  la  duchesse  de  Savoye  fit  don  d'une  croix  d'or, 
chargée  de  sept  turquoises  d'une  grosseur  remarquable  ;  elle  fut 
destinée  à  orner  le  so'eil  (170). 

De  toutes  les  processions,  la  plus  célèbre  et  la  plus  mémorable 
fut   celle  de  l'an   1694. 

Presque  toutes  les  puissances  de  l'Europe  formèrent  une  ligue 
contre  la  France ,  et  l'attaquèrent  de  toutes  parts.  Au  fléau  de  la 
guen-e  se  joignit  celui  de  la  famine  qu'amenèrent  les  pluies  conti- 
nuelles  de    169.3,  et  l'extrême  sécheresse  de  l'année  suivante. 

Dans  cet  excès  de  misère,  le  peuple  de  Paris  et  des  campagnes 
voisines  ne  vit  d'autre  ressource  que  dans  la  protection  de  Sainte- 
Geneviève.  Des  villages  entiers  vinrent  en  procession  à  son  église. 
D^  toutes  parts  on  demanda  la  descente  de  la  châsse.  Sur  les  repré- 
sentations des  prévôt  et  échevins  de  Paris ,  le  parlement  rendit  un 
arrêt  le  10  mai,  ordonnant  que  la  châsse  serait  incessamment 
découverte,  et,  en  cas  que  la  sécheresse  continuât,  descendue 
et  portée  en  procession.  Le  même  jour  I^  châsse  fut  découverte 
toute   entière. 

(170)  Abrég.  hist.  de  lâchasse  de  Sainte-Geneviève,  p.  3.  ~  Antiq.  et 
remarq.  de  la  châsse  de  Sainte-Geneviève  j  p.  aa,  —  Hist.  chron.  de  Sainte^ 
Geuevièvej  p.  65. 


Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris.         83 

Depuis  ce. moment  toutes  les  églises  de  Paris,  les  collégiales  el 
autres,  tous  les  pauvi-es  des  paroisses  et  des  liôpiiaux,  divisés  en 
différentes  classes  et  distingués  par  de  petits  drapeaux ,  se  rendirent 
processionneîlement  à  Sainte-Geneviève.  Ces  cérémonies  prélimi- 
naires durèrent  neuf  jours.  Néanmoins  ce  moyen  ne  l'ut  pas  assez 
puissant  pour  émouvoir  la  pitié  céleste  ;  la  sécheresse  continua.  Il 
intervint  donc  un  arrêt  jjortant  que  ,  su/pout  le  vœu  du  roi,  la 
châsse  serait  descendue ,  etc.  Le  dojen  de  Noire-Dame  et  l'abbé 
de  vSainte-Geneviève  fixèrent  en  conséquence  la  procession  au  27  mai. 
Il  y  eut  un  jeûne  public  ordonné.  A  on;?e  heures  de  nuit  six  trom- 
pettes annoncèrent,  de  la  galerie  du  clocher  ,  la  descente  de  la  châsse. 

Jamais  on  n'avoit  mis  tant  de  pompe  et  d'appareil.  On  vouloit 
sans  doute  proportionner  l'éclat  de  cette  fête  à  la  grandeur  du  péril. 
Le  parlement,  la  chambre  des  comptes  et  la  cour  des  aides  j  assis- 
tèrent. Mais  du  moins  fut-on  consolé  par  les  heureux  effets  qui 
résultèrent  de  cette  espèce  de  violence  faite  à  la  patronne  de  Paris. 
A  peine  la  messe  étoit-elle  achevée  à  Notre-Dame ,  que  le  ciel , 
obtinément  serein  pendant  six  mois  ,  se  couvrit  de  nuages  épais  , 
qu'un  vent  impétueux  chassa  sur  Pai-is.  La  pluie  tomba,  tout-à-coup 
dans  plusieurs  quartiers  de  la  ville.  Mais  la  procession  n'en  fut  point 
incommodée  à  son  retour;  par-tout  oh  elle  passa  ,  les  eaux  demeu- 
rèrent suspendues  en  l'air,  et  ne  tombèrent  qu'au  moment  où  elle 
fut  rentrée  dans  Sainte-Geneviève. 

On  regarda  cet  événement  comme  un  bon  augure.  En  effet ,  la 
récolle,  en  tout  gem-e,  fut  telle  que  depuis  long-tems  on  n'en  avoit 
vu  d'aussi  abondante.  La  protection  de  la  Sainte  s'étendit  également 
sur  les  armées  du  roi  ;  car  le  même  jour ,  et  à  la  mêine  heure  où  se 
faisoit  la  procession  ,  le  duc  de  Noailles  remporta  une  victoire  écla- 
tante sur  les  espagnols. 

Les  prévôt  des  marchands  et  échevins  de  Paris  voulurent  consacrer 
sur  la  toile  un  événement  aussi  mémorable.  Largilière  fut  choisi 
pour  l'exécution  de  ce  dessin  (171).  J'en  ai  donné  plus  haut  la 
description  (i'72). 

(171)  Hist.  chron.  de  Sainte-Geneviève,  p.   74—93. 
(  172  )  Suprà ,  p.  59  et  60, 


in 


84      Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris. 

La  châsse  fut  descendue  en  1744  à  l'éjDoque  de  la  maladie  de 
Louis  XV  à  Metz  ,  elle  le  fut  aussi  en  1774  à  l'épocjue  de  celle  qui 
l'a  conduite  au  tomljeau  ;  mais  alors  les  sentimens  que  les  parisiens 
avoient  eu  pour  ce  prince  éloient  déjà  bien  changés.  On  trouva  sur 
la  châsse  un  écriteau  qui  porloit  ces  mots .  Je  ne  me  mêle  que  de 
la  pluie  et  du  beau  teins. 

On  fit  dire  ensuite  à  l'abbé  de  Sainte-Geneviève  un  bon  mot 
d'un  autre  genre;  on  prétend  que  comme  on  le  plaisantoit  sur 
le  peu  de  succès  que  venoit  d'avoir  la  descente  de  la  châsse  de  la 
Sainte  ,  il  répondit  .  Eh  bien  !  messieurs,  de  quoi  vous  plaignez- 
vous  ?  n'est-il   pas  mort(i73)? 

Le  mnître-aulel  étoit  isolé  et  construit  à  la  romaine. 

Le  laljernacle  ,  x-emarquable  par  sa  forme  et  sa  richesse  ,  éloit  de 
marbre  blanc,  déforme  octogojie,  ses  quatre  faces  principales  ornées 
de  portiques,  soutenus  par  des  colonnes  d'ordre  composite  de  bro- 
catelle  grecque  antique  ,  les  cha[)iteaux  et  les  bases  de  bronze  dorés 
d'or  moulu  ,  ciselés  avec  soin,  ainsi  que  les  autres  ornemens  et  les 
figures  d'anges  placées  sur  les  piédestaux  des  balustrades  ,  le  tout 
couronné  d'un  dôme  surmonté  d'une  croix  de  succin. 

Ce  tabernacle,  revêtu  d'un  travail  de  rapport  en  pierres  précieuses, 
telles  que  jaspes  fleuris  ,  lapis-lazuli .  agalhes,  etc.  etc.  (  174)  ,  portoit 
sur  un  pied  en  cul-de-lampe  de  marbre  bleu-turquin. 

Il  étoit  accompagné  de  deux  figures  de  métal  dorées  ,  hautes  de  six 
pieds ,  représentant  Saint  Pierre  et  Saint  Paul  ,  elles  éîoient  d'un 
mauvais  dessin  et  paroissoient  lourdes  ,  se  trouvant  de  la  même 
grandeur  que  le  tabernacle  qui  étoit  au  milieu  ,  et  c[ui  cependant 
avoil  la  forme  d'un  édifice  majeur. 

L'autel  étoit  entouré  d'une  balustrade  de  cuivre  avec  des  dez  de 
marbre  noir,  et  d'une  autre  de  marbre  de  couleur  ,  elle  étoit  aussi 
d'un  dessin  lourd  et  sans  élégance  (  176  ). 

(  173  )  Vie  privée  de  Louis   XV,    toni.  IV  ,  p-   217. 

(  174)  La  reine,  Marie  de  Médicis,  avoil  établi  une  manufacture  de  ces 
oiivi'n;;es  aux  Gobelins. 

(  173)  C'est  le  cardinal  François  delà  Rocliefou:ault  qui  avoit  fait  f,iire  ces 
l)-dnslr;;des  ,  ainsi  que  le  tabernacle,  les  galeries  et  toutes  les  réparations  et  €iiil)el- 
lissenicns  du  chœur,  delà  nef ,  de  la  crypte  et  de  Li  maison. 


Abbaye    S  ai  nt  e-G  e  n  e  v  iè  t  e    a    Paris.        Ci 

Mais  lin  superbe  ouvrage  en  ciseku-e  ,  c'élnil  le  lutrin  c[ui  prissoit 
pour  le  plus  beau  de  la  France  ;  il  avoit  été  exécuté  sur  les  dessins 
de  Lebrun.  L'aigle  qui  porloit  le  livre  étoit  soutenu  par  une  lyre  à 
trois  faces  touchées  par  trois  anges,  qui  semblolent  accompagner  ceux 
qui  chantoient  au  pupitre. 

A  quelque  distance  de  ce  lutrin  on  voyoit  un  grand  candélabre 
d'argent  de  forme  triangulaire,  à  neuf  branches,  avec  les  armes  de 
la  ville. 

C'étoit  le  plus  beau  qu'il  y  eût  dans  Paris  ,  et  il  éloit  encore  plus 
eslimé  par  sa  forme  ,  ses  oi-nemens  et  son  tj-avail  que  par  la  richesse 
de  sa  matière.  Ce  chef-d'œuvre  d'orféverie  ,  du  fameux  Germaài  , 
avoit  été  donné  par  la  \\\le  lors  de  la  convalescence  de  Louis  XV, 
en  1745  ,  après  sa  maladie  de  Metz. 

Le  tomjjeau  ou  plutôt  le  cenolaphe  de  Clovis  éloit  au  milieu  c!u 
chœur,  sur  le  caveau  où  il  avoil  été  enterré;  il  étoit  de  marbre  blanc  , 
a\  ec  des  socles  et  des  corniches  de  marbre  noir ,  ainsi  que  deux 
avant-corps. 

La  statue  ,  Planche  V  Jig-  2  ,  de  Clovis  ,  de  grandeur  naturelle  , 
en  marbre  blanc,  étoit  couchée  sur  le  tombeau. 

Il  y  étoit  représenté  très-âgé,  avec  une  longue  barbe,  vêtu  d'une 

longue  tunique  serrée  au  milieu  du  corps  par  une  ceinture  étroite 

et  par-dessus  d'un  manteau  long  ;  il  avoit  sur  la  tête  une   couronne 

Jermée  etjleurdelisée  ,  a  la  main  un  sceptre  ,  terminé  aussi  par  une 

fleur-de-lys ,  et  sous  ses  pieds  im  lion  assez  mal  fait. 

Quoique  le  sculpteur  ait  voulu  donner  à  cette  figure  un  air  d'an- 
liqnité  ,  il  étoit  évident,  pour  les  yeux  les  moins  exercés,  qu'elle 
étoit  moderne  :  d'abord  sa  matière  le  prouve,  et  comme  l'a  fort  bien 
remarqué  le  savant  Mabillon ,  «  la  sépulture  des  rois  de  la  première 
»  race  étoit  fort  simple.  On  n'a  employé  que  fort  tard  ,  c'est-à- 
«  dire  ,  sous  les  enfans  de  St.  Louis  ,  le  marbre  et  le  bronze  à  leurs 
»  tombeaux  »  C  176). 

Mais  on  voyoit  encore  par  les  accessoires  ,  par  les  attributs  de 
la  royauté,  et  même  par  la  manière,  quoique  déguisée  ,  que  cette 


(i;6j  Piganiolj  descript.  de  Paris^  t.  V,  p.  240. 


/n 


B6     Abbaye    Sainte-Geneviève    a     Paris." 

figure  n'étoit  pas  non  plus  du  XII«  siècle,  comme  l'ont  cru  quelques 
auteurs,  entr'autres  Germain  Brice;  mais  qu'elle  avoit  été  érigée 
par  le  cardinal  de  la  Rochefoucault ,  lorsqu'il  fit  orner  le  chœur  et 
le  couvent.  Ce  que  Dubreuil  rapporte  à  ce  sujet  ne  laisse  plus  aucun 
doute  :  «  Sur  le  caveau,  où  le  corps  du  roi  Clovis,  fondateur  de  cette 
î)  alîbaje  ,  fut  inhumé,  l'on  vojoit  ci-devant  le  tombeau  de  ce  roi , 
»  élevé  de  la  hauteur  de  deux  pieds  ou  environ,  au-dessus  duquel 
i>  étoit  sa  statue. 

>>  Mais  monsieur  l'éminentîssîme  cardinal  de  la  Rochefoucault , 
V  abbé  de  ladite  abbaye  ^Jii  lever  ce  tombeau  mangé  et  difforme 
»  rf'a/7//<7w//Ê'' ,  et  en  faisant  fouiller  quelques  fondemens  du  cloître, 
»  s'j  trouvèrent  deux  hautes  et  grandes  statues  de  marbre  blanc,  (/e 
3>  Vune  desquelles  il  fit  tailler  la  statue  de  Claris  ,  qui  est  et 
»  gît  aujouixi'hui  couchée  sur  le  même  tombeau  au  milieu  du 
))  chœur  x  (177). 

On  voit ,  d'après  cela,  que  le  sculpteur  aura  copié  la  statue  mangée 
et  difforme  d'antiquité  ,  dont  parle  Dubreuil  ;  mais  on  peut  encore 
remarquer ,  par  l'inspection  de  la  copie  de  cette  première  figure 
que  l'original  lui-même  étoit  du  XIP  siècle  au  plutôt.  Pour  la  forme 
de  la  couroniie  qui  ne  pouvoit  être  aussi  dans  le  modèle  du  XII^ 
siècle  ,  elle  est  de  l'invention  du  sculpteur  ,  qui  ne  savoit  pas  sans 
doute  que  l'usage  des  couronnes  ferriiées  n'existoit  pas  en  France 
avant  le   XVI^  siècle  (178). 

On  y  avoit  fait  graver  cette  inscription  : 

Clodov^o     Magno. 

Jlegum  Francorum  primo,  christiano 

Hujus  Basilicœ  Jundatori 

Sepulclirum  vulgari  olim  lapide  structum 

Et  longo  œuo  deformatum 
yibbas  et  coni^entus  in  meliorem  opère 
Cultuque  faciem  renoi^arunt 
Anno  christi  M.  DC.  XXI. 

(  177  )  Aiiliq.  de  Paris,  par  Dubreuil ,  2/2-4°.,  ^7^9  -,  P-  2o3. 
(i78_)  Celle  statue  est  au  musée  des  inonumens  fr^içois,  a"  9, 

On 


Abbaye     Sainte-Geneviève     a     Paris.      87 

On  lisoil  sur  les  faces  d'une  boiserie  qui  renfermoil  ]e  toiîibeau  de 
Clovis  ,  avant  qu'il  fût  réparé  par  les  soins  du  cardinal  de  la  Roche- 
fou  cault ,  les  épilaplies  et    inscriptions  suivantes,  d'un  côlé  : 

Hic  est  ilhtstrissi?7iiis  rex  Liidovicus  ,  qui  et  Clodoueus  ante 
haptismum  est  dictas  ,  Francoriini  rex  (/ulutus ,  sed  j'eriis  cJiris- 
iianus ,  qui  ah  Anastasio  irnperatore ,  consul  et  Augiistus  est 
creatus.  Hune  sanctus  Remigius  baptisauit  ;  et  in  baptismale  ejus 
angélus  anipullam  sacri  chrisniatis  detulit.  Hic  ex  Aquitania 
Arrianos  expulit  ,  ac  totam  illarn  teirain  usque  ad  montes  Pj- 
reneos  subjugauit.  Huic  per  F'iennam  Jluuluni  ceruus  mirœ  ma- 
gniludinis  oslendit  uiani  :  postquàm  rex  et  milites  uadum  transi e- 
riint  ,  et  in  eJus  aduentu  mûri  Angoltsmœ  ciuitatis  corrucrunt  ; 
Alemaniam  ,  Toringiam ,  et  Biirgundiani  tributarias  Jecit  ,• 
terram  adjacentem  Sequanœ  et  IJgeri  acquisiuil  :  Parisiis  sedem 
rcgni  constituit  ,  ecclesiani  istam  J'undauit  in  Iionorem  aposto- 
loriiin  Pétri  et  Pauli ,  inonitis  sandre  Clotildis  vxoris  suce  et 
heatœ  Genoucfœ  ,  qtiam  beatus  Remigius  dedicauil ,  in  qua  post 
laudabilîa  opéra  rex  sepultiis  est  à  quatuor  Jilii s  suis  re gibus 
Tliendorico  ,  Clodomero  ,  Cliildeberto  ,  et  Clotario  :  anno  Domini 
C(iC(!'CXIII ,  regni  sui  XXX. 

Et  d'un  autre  côté  ,  eu  français  : 

Cy  gist  le  cinquième  roy  de  France  ,  premier  roy  chrestien  ,  dit 
Clouis  ,  allant  son  baptesme.  Lequel  S.  Reniy  baptisa  à  Reims 
et  nomma  Loys ,  et  la  apporta  vn  ange  de  paradis  vue  ampoule 
pleine  de  cresme  dont  il  fut  oingt ,  et  ses  successeurs  roys  de 
France  en  sont  aussi  oingts  à  leurs  coiironneniens.  Celuy  roy , 
à  Vadmonnestement  de  S.  Clole  sa  femme  et  de  madame  S.  Ge- 
neuiefue  ,  fonda  cette  église  ^n  l'honneur  des  princes  des'apostres 
S.  Pierre  et  S.  Paul ,  sacrée  par  S.  Reiny  ,  c'est  la  première 
église  que  jamais  roy  de  France  fondast.  Il  conquist  Thoiilouze 
et  ylcquitaine ,  jusques  au  nions  Pyrénées  ;  deuant  liiy  les  murs 
d'Angoulesmepar miracle tovibèrent:  Alemaigne  luyfut  tributaire, 
Thuriiige ,  la  haute  Alemaigne  et  autres  pays  :  cestuy  institua 
Paris  clief  du  royaume  de  France ,  deliura  et  ajf'ranchit  son 
royaume    de    la   main   des   Romains,    à   ce    noble   roy    enuoya 

M 


iUi 


88        Abbaye  Sainte-Geneviève  a  Paris. 

T empereur  Anastase ,  vesture  impériale  et  couronne  d'or,  laquelle 
il  donna  à  S,  Pierre  de  Rome ,  il  vesquit  et  mourut  sainctement, 
et  vesquit  XV  ans  auant  son  baptesme ,  et  autres  XV  ans  après. 
Eî fut  icy  enterré  Pan  U,  xiij.  De  ses  quatre  Jils  roys  ,  Tbéodoric  , 
Clodomire ,   Chiidéric  ,  et  Clotaire  en  l'an  XXX.  de  son  règne. 

A  l'une  des  extrémités ,  vers  la  tête  : 

Hic  est  illustrissimus  rex  Ludo^ncus ,  qui  et  Clodoueus  ante 
baptismum  nominatus  est  Francorum  rex  quintus. 

A  l'autre  ,  en  français  : 

Cj  gist  le  V^  roj  de  France  et  premier  cbrestien  dict  Clorîs , 
devant  son  baptesnie ,  lequel  Saint  Remy  baptisa  à  Reims  et  le 
nomma  Loys  ,  cestuy  institua  Paris  chef  de  son  roiaume ,  lequel 
il  déliura  et  franchit  des  Romains. 

Je  crois  inutile  de  donner  le  texte  de  deux  autres  épitaphes  de  ce 
prince  que  cite  le  moine  Avmon  ou  Ajmoin  ,  et  qu'il  dit  avoir 
été  composées  par  Saint  Pieaii.  Elles  sont  rapportées  ,  l'une  par 
Rabel  (i8o),  et  l'autre  par  Dumoulinet  (i8i). 

On  sait  que  Clovis  étoit  fils  de  Chiidéric  (182)  et  petit  -  fils  de 
Mérovée  ;  on  doit  le  regarder,  avec  tous  les  historiens,  comme  le  véri- 
table fondateur  de  la  monarchie  française. 

Personne  n'ignore  que  ce  prince  guerrier,  sur  le  point  démarcher 
contre  Alaric  ,  roi  des  Visigots  ,  promit  de  bâtir  une  église  à  Saint 
Pierre  et  Saint  Paul,  s'il  demeuroit  vainqueur.  Aymoin  ,  sans  être 
d'un  avis  diirérent ,  rapporte   que  le    roi  et  Clotilde   se  promenant 


(  180  )  Anliquif.  de  Par. ,  p.  7. 

(181  )  Vie  manusc.  de  Sainte-Genev.  ,   p.  ig3. 

(182)  Ce  prince,  au  commencement  de  son  règne,  s'adonna  à  de  tels 
extès  de  débauche  ,  que  ses  sujets  le  chassèrent ,  et  prirent  en  sa  place  Mgidius 
pour  leur  roi  ou  duc  militaire.  A  sa  mort ,  il  fut  enterré  près  de  Tournai  , 
au-delà  (Je  l'Escaut ,  à  l'endroit  où  est  l'église  de  Saint-Brice.  Son  tombeau 
f\it  découvert  en  i653;  les  diverses  richesses  qui  s'^  trouvèrent  furent  portées 
à  l'archiduc  Léopold  ,  alors  gouverneur  des  Pays-Bas  ;  mais  elles  passèrent 
depuis  à  la  bibliothèque  nationale  à  Paris,  où  elles  sont  placées  dans  le  musée 
«les  Antiquités. 


ABBAYE  Sainte-Geneviève  a  Paris.  8g 
ensemble  sur  le  mont  ,  dit  aujourd'hui  de  Sainte-Geneviève  ,  la  reine 
l'engagea  à  se  rendre  propice  les  Saints  apôtres  dans  la  guerre  qu'il 
alloit  entreprendre,  en  leur  consacrant  un  temple  :  Soit,  dit  alors 
Clovis  ;  et  prenant  sa  hache  d'armes ,  il  la  jeîta  le  plus  loin  qu'il  lui 
fut  possible ,  en  s'écriant  :  Que  Von  bâtisse  donc  une  église  dans 
cette  étendue  ,  si  je  retiens  victorieux.  Ainsi  cette  église,  comme 
on  l'a  vu  ,  fut  d'abord  sous  l'invocation  des  Saints  apôtres  Pierre  et 
Paul,  et  dédiée  par  la  suite  à  Sainie  Geneviève. 

Je  ne  rapporterai  rien  autre  chose  de  ce  prince  ,  dont  parlent 
tous  les  écrivains,  et  à  la  vie  duquel  le  C.  Viallon  a  consacré  un 
ouvrage  particulier,  qu'il  a  semé  de  traits  curieux  et  attachans. 

Le  corps    de  Clolilde  ,  veuve  de  Ciovis  ,  morte  à  Tours,  fut  porté 

à  Paris  et  enterré  près  de  celui  de  Clovis  ,  par  les  soins  de  Childebert , 

roi  de  Paris ,  el  de  Glolaiie  ,  roi  de  Soissons ,  ses  enfans  ,   vei's  l'an 

537;  Selon  Grégoire  de  Tours,  In  sacrario  basilicv  ,  c'est-à-dire, 

dans  le  sanctuaire  où  Clovis  avoit  élé  enterré  le  premier,  car  c'étoit 

l'endroit  par  où  Ton  avoit  commencé    l'édifice  ,  qui  ne  fut  achevé 

qu'après  sa    mort  par  Clotilde  ,  sa  lémme  ;  cette  reine   avoit  aussi 

fait   inhumer    Tliéodohalde  on   Tliéobahi  et  Gonthaire ,  ses  pttits- 

fils  ,   enfans    de  Clodomir  ,  mort  l'oi  d'Orléans,  massacrés   par  leur 

oncle,  âgés  l'un  de  dix  et  l'autre  de  sept  ans. 

Clolilde  ,  fille  de  Clovis  et  de  la  reine  Clotilde  ,  dont  nous  venons 
* 
de  parler ,  et  femme  d'Amalaric  ,  roi  des  Visigots  ,  décédée  sur  la 

route  d'Espagne  en  France ,  fut  aussi  inhumée  en  cet  endroit  par 

les  ordres  de  (Childebert ,  son  frère. 

Au  pied  du  mausolée  de  Clo\  is  on  voyoit  une  table  de  cuivre 
couvrant  le  tombeau  de  Gérard ,  archevêque  de  Nicosie  ,  en  l'isle 
de  Chypre,  décédé  en  1804  (i83). 

Ce  prélat  fut  du  petit  nombre  de  ceux  qui  restèrent  fidèles  à 
Philippe  le-Bel ,  et  qui  s'opposèrent  aux  folles  prétentions  de  Bonî- 
;face  VIII ,  qui  lança  particulièrement  contre  Gérard  ime  bulle 
remplie  d'invectives,  oh  il  lui  faisoit  de  sanglans  reproches  sur  son 


(  i83)Gall.  Christ.,  tom.  VII,  col.    748.  Son  épitaphe  infrà  ,  p.   95. 

M  2 


v1 


* 


fJ5 


93        Abbaye     S  a  i  n  t  e  -  G  e  n  e  v  i  è  v  e     a    Paris; 
ingralJkide ,  et  lui  inlerdisoit  l'administration  de  tous  les  biens,  tant 
spirituels  que  temporels,  de  son  église  (184). 

.  Assez  près  de  là  avoit  été  inhumé  le  boucher  Gois  ,  dont  j'ai 
parlé  plus  haut.  Sa  tombe  portojt  une  épitaphe  qui  ne  se  trouve  dans 
aucun  des  auteurs  qui  ont  donné  des  descriptions  des  différens  monu- 
mens  de  celte  église. 

En  sortant  du  chœur  par  la  porte  qui  conduisoit  dans  la  maison 
de  l'abbaye,  ou  trouvoit  deux  arcades  pratiquées  dans  l'épaisseur 
du  mur  et  adovsées  au  chœur,  qui  contenoient  un  sépukhre  et  une 
résurrection  en  ronde  bosse  de  terre  cuite  ,  j^einte  et  dorée  ,  dont 
les  figures  élégantes,  bien  drapées,  étoent  très-expressives;  ou  les 
croit  de  Germai  n  Pilon.  Il  j  a  cependant  plusieurs  choses  à  désirer 
du  côté  .de  la  correction  ;  d'ailleurs  les  peintures  mises  dessus  en 
avoient  ôté  la  finesse.  On  regrettoit  encore  que  l'on  eût  tardé  trop 
iong-tems  a  placer  le  grillage  qui  étoit  devant ,  ensorte  que  plusieurs 
figures  étoient  mutilées. 

Ces  sculptures  servoient  d'ornemens  à  deux  tombeaux  d'abbés  , 
dont  les  statues  à  genoux  et  les  mains  jointes  étoient  posées  sur 
ces  arcades  ,  au  niveau  de  la  ceinture  du  chœur.  Ces  figures  ,  très- 
belles ,  éloient  vêtues  de  chapes  remplies  de  bas-reliefs  excellens, 
sculptés  avec  délicatesse.  Le  cardinal  de  la  Rochefoucault  les  fit 
ôter  et  placer  dans  le  chapitre  ,  quand  il  fit  les  réparations  du  chœur. 

Corrozet  et  Dabreuil  rapportent  cpie  dans  la  seconde  chapelle 
de  la  nef  ,  du  côté  droit  ,  on  vojoit  \\\\  tombeau  de  marbre 
noir,  au-dessus  duquel  éloit  la  statue  d'un  archidiacre ,  sans  aucun 

écrit  qui  le  fit  connoître  (  i85). 

Ce  monument  qui  n'existoit  plus  depuis  Iong-tems  aura  sans  doute 

été   détruit  lorsqu'on  fit  les   nouvelles  chapelles  de  la  nef  sous   le 

cardinal  de  la  Rochefoucault. 

Les  mêmes  auteurs  rapportent,  que  dans  la  dernière  chapelle  de 

la  nef,  il  javoit  une  tombe,  autour  de  laquelle  cette  épilaphe  éloit 

gravée  : 


(  184)  Velly ,  liist.  de  Fr. ,  t.  VII  ,  p.  25a. 
(i85)  Aniiq.  de  Paris  iu-4°_,   p.  io5. 


Abbaye     S  a  i  n  t  e  -  G  e  n  e  v  i  è  v  e     a.    Paris.       91 

Cy  gist  noble  et  puissante  dame  madame  Cathebine  d'ALENÇON  , 

duc/esse  de  Baiiicre ,  comtesse  de  Mortagne ,  dame  d'Exme  ,  de 

Saiiict  Sylualn  et  de  Thuit  en  Normandie  :  laquelle  Irespassa  l\in 

MCCCCLXIl.    le  ving-cinquiesme   iour  du  mois    de  juin.    Dieu 

face  à   famemercj  (186). 

Du  côlé  gauche,  près  des  marches  du  sancluane,  on  vojoit  un 
toii.heau  ,  .sur  lequel  étoit  gravée  cette  épilaphe  : 

Exiguo  clauduntur  hoc  Saxo  intesLina  nobilis  Dominée  Agnetis 
de  Sabaudia,  i/xoris  quondam  ilhistrissiiniviri  Francisci ,  comitis 
Dugnensis.  Molem  autem  corporis  exuil  ,  sexto  decimo  niartii  , 
anno  incarnati  lerhi  mitlesimo  quingentesimo  octauo  (187). 

On  descendoît  à  la  crypte  par  un  escalier  placé  à  l'extrémiié  delà 
nef,  près  des  bas-côtés  du  chœur. 

Il  est  vraisemblable  que  cette  église  souterraine,  de  la  plus  haute 
sntiquilé ,  faisoit  partie  de  l'ancienne  église  bâiie  par  Clovis  ,  ou 
plutôt  éloit  une  de  ces  chapelles  que  les  premiers  chrétiens  bâlissoient 
près  des  sépultures  ,  ainsi  que  les  tombeaux  de  Saint  Prudence  , 
.  évêque  ;  de  Sainte  Geneviève  ,  et  les  autres  semblent  le  prouver,  sur- 
tout celui  de  Prudence  ,  qui  étoit  évêque  de  Paris  vers  l'an  36o ,  long- 
tems  avant  la  fondation  de  la  première  église  de  St.  Pierre  et  St.  Pdul, 
aniérienre  à  celle  de  Clovis. 

La  chapelle  placée  dans  le  fond  est  la  partie  la  plus  ancienne  de 
celte  cave  ou  crypte  ,  et  il  est^ertain  qu'elle  servoit  de  paroisse  avant 
l'existence  de  celle  de  St.  Etienne  ,  qui  ne  fut  construite  qu'en  1221. 

Cette  chapelle  fut  d'abord  sous  l'invocation  de  St.  Jean;  dansées 
derniers  tçms  elle  étoit  dédiée  à  la  Vierge,  dont  on  vovoit  une  statue 
gothique  dans  une  niche  au-dessus  de  l'autel;  elle  éloit  grande  et 
bien  décorés  ,  sa  voûte  étoit  peinte  en  bleu  et  semée  d'éloiles  d'or, 
et  le  lambris  partagé  en  petits  paneaux,  dont  les  tables  Ibrmoient 
autant  de  tableaux,  représentant  la  vie  de  la  Vierge.  Ils  étoient  assez 
bien  fails  et  d'un  bon  coloris. 


(186)   Diibieuil,  Ant.  de  Paris,  in-4°  ,  p.  2o5, 
(  187  )  Ibid. 


ie4 


92     AbbAye    s  a  in  t  e -Ge  n  e  V  I  è  vï:    a    Paris." 

Outre  cette  chapelle  il  y  en  avoit  encore  quatre  autres  dans  cette 
église  basse,  savoir:  celle  de  St.  Prudence,  évêque  de  Paris;  celle 
de  St.  Céran.  ou  Céranne  ,  l'un  de  ses  successeurs;  et  de  St.  Rémi, 
■évêque  de  Rheims;  celle  de  St. Denis;  et  enfin,  celle  de  Sainte  Agnès 
et  de  Sainte  Cécile. 

L'épitaphe  de  Prudence ,  évêque  de  Paris  ,  étoit  ainsi  conçue. 

«  Prudenti  Parisiensis  epicopi  qui  sub  anno  Christi  quadrin- 
n  gentesimo  ,  proximo  ante  Sanctum  Marcelhim  loco  cathedram 
»  tetjuit,  lunnilus ,  cum  reliqitijs  corporis,  ex prii>tind  sede  trans- 
•»  latiis  est  anno  M.  DCXXVIII   ». 

Sur  le  tombeau  de  St.  Céranne  (i88)  étoit  cette  inscription  : 

S  Ceranni Paris,  episcopi qui post annum c/irisliDC.  Clotario.  II 
rege  cathedram  tenuit ,  tuniulus ,  ex  quo  Icpatœ  olini  sacne  reli- 
quiœ  ,  in  Imnc  locuni  translatas  est  anno.  M.  DCXXVIII. 

Il  fut  d'abord  enlerré  dans  la  grotte  souterraine  au  côté  droit  du 
sépulcre  de  Sainte-Geneviève ,  d'où  il  a  élé  transporté  dans  une 
châsse  qui  éloit  avec  des  reliques.  Son  tombeau  y  fut  aussi  trans- 
porté, et  c'est  au-dessus  qu'on  lit  l'inscription  ci-dessus. 

Dans  le  siècle  précédent ,  on  avoit  orné  avec  magnificence  tout 
l'intérieur  de  cette  crypte ,  dont  la  voûte  étoit  soutenue  par  des  co- 
lonnes d'ordre  toscan  en  brèche  d'alep  ,  ainsi  que  leurs  bases  et  cha- 
piteaux. Il  y  en  avoit  même  deux  de  granit-rôse-orienlal ,  et  deux 
de  porphyre  brun. 

A  quelque  distance  du  cénotaphe  de  Sainte  Geneviève,  il  y  avoit 
im  autel  entre  deux  piliers,  sur  lequel  on  remarquoit  une  croix  enri- 
chie d'agathes  ,  au  pied  de  laquelle  étoit  un  ecce  homo ,  très -bien 
sculpté,  d'un  seul  morceau  de  corail.  Cette  croix  pr-écieuse  létoit  un 
don  du  père  Durnolinet. 

Le  tombeau  de  St.  Prudence  étoit  du  côté  méridional,  et  celui  de 
St.  Céran  du  côté  opposé,  lui  éloit  parallèle. 

Ces  tombeaux  étoient  pareils,  composés  chacun    de  deux   pierres 

(188)    Vie  maiiusc.  de  Sainte-Geneviève,  p.  200. 


Abbaye   S  Ainte-Gene  v  iè  ve    a   Paris.  98 

creusées  dans  l'intérieur  ,dont  l'une  servoit  de  sépulcre  et  l'autre  de 
fermeture.  Elîes  étoient  un  peu  arrondies  à  l'extérieur  et  plus  larges 
du  côlé  de  la  tête  ,  à-peu-près  comme  les  l^ierres  d'à  présent ,  du  reste 
presque  bi-uttes  et  sans  aucune  espèce  d'inscription  ni  d'ornemens. 

C'étoit  la  forme  ordinaire  des  toml^eaux  de  ces  tems  reculés  , 
qui  a  peu  varié  pendant  plusieurs  siècles. 

La  symétrie  de  cestombeaux  avec  celui  de  Sainte  Geneviève  placé 
au  milieu  ,  prouve  que  cette  chapelle  existoit  à-peu-près  telle  qu'on  la 
vojoit  dernièrement,  avant  la  mort  de  Céranne,  arrivée  en  6i5  , 
peut-être  avant  même  celle  de  Sainte  Geneviève ,  qu'elle  aura  été 
conser\ée  î-ous  les  décoml)res  de  l'église  haute  ,  et  que  dans  la  suite 
on  l'a  seulement  augmentée  et  l'éparée. 

Les  voûtes  ont  été  refaites  dans  le  siècle  dernier. 

Le  tombeau  ou  plutôt  le  cénotaphe  de  Sainte  Geneviève  étoit  au 
milieu  de  ceux  que  nous  venons  de  décrire  ;  il  a  été  refait  en  marbre 
blanc  et  entouré  d'une  grille  de  fer  ,  lorsque  l'on  répara  et  embellit 
la  crypte. 

Le  dessus  de  l'ancien  tombeau  dans  lequel  étoit  le  corps  avant  que 
d'être  mis  dans  la  ciiâsse,  n'étoit  que  de  bols;  mais,  comme  je  l'ai 
déjà  dit  ,  il  avoit  été  orné  de  rainceaux  d'or  et  d'argent  par  St.  Eloi , 
alors  orfèvre  ,  vers  l'an  635  ,  et  c'est  là  sans  doute  ce  qui  a  donné 
lieu  à  la  fausse  tradition  que  la  châsse  avoit  été  faite  par  lui. 

Le  corps  de  Sainte  Aude  ou  Sainte  Aide  ,  compagne  de  Sainte 
Geneviève  ,  fut  aussi  enterré  dans  ce  lieu  ;  mais  on  le  mit  peu  après 
dans  une  des  châsses  dont  j'ai  parlé. 

On  voyoit  dans  la  crypte  un  vitrail  qui  représente  la  procession 
de  la  châsse.  Je  l'ai  fait  graver  Planche  V ,  parce  qu'il  indique 
le  costume  des  porteurs  et  l'ordre  de  la  cérémonie  telle  qu'elle  a  été 
décrite  (  189),  la  vue  est  prise  du  coin  de  la  rue  du  Marché-Palu; 
on  voit  dans  le  fond  l'église  Notre-Dame ,  d'où  sort  la  procession  ; 
la  fraise  et  le  chaperon  des  membres  du  parlement  qui  viennent 
jmmédiatemunt    après  l'évêque  et  l'abbé   devant  qui    on   porte    la 

(  109  )  Suprà  ,  p.  74, 


m 


54       Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris. 
crosse  et  la  croix  indiquent  le  tems  d'Henri  IV;  la  châsse  est  devant 
riiôlel-Dieii  ,  elle  va  passer  ensuite  le   coin   de  la  rue   du  Marché- 
Palu ,  gagner  le  Pellt-Pont  et  traverser   sous  le  petit   Cliâtelet   pour 
retourner   à  Sainte  Geneviève. 

Lors  des  fouilles  nécessaires  pour  la  réparation  de  la  chapelle 
souterraine  ,  on  trouva  un  toml^eau  de  marbre  blanc  ,  il  a  paru 
d'une  haute  auticpiité  à  Duniolinet  (190)  et  à  BerL::;ier  (191),  qui 
probablement  l'a  vu  ,  puisqu'il  en  donne  la  description.  Suivant  ce 
dernier  ,  il  avolt  six  pieds  et  demi  de  long  sur  trois  de  largeur  ,  et 
deux  pieds  huit  pouces  de  hauteur.  Dans  sa  face  aniérieure  ,  se 
voyoient  en  relief  onze  personnages  à  pied  ,  les  uns  nuds,  les  autres 
vêtus  à  la  grecque.  Il  a  pensé  ,  avec  d'aulre  cin-ieux  ,  que  le  su, et 
de  ce  morceau  étolt  la  chasse  du  sanglier  de  Calydon  ,  parce  que 
le  principal  personnage  qui  occupoit  le  milieu  sembloit  i-e]3résenier 
Méléagre.  Il  gvoit  le  bras  droit  rompu^  duquel  on  a  cru  qu'il  tançoit 
un  javclot  contre  le  sanglier  ,  qui  se  retournoit  sur  lui  avec  fuieur. 

Non  loin  de  lui  paroissoit  une  femme  coëffëe  à  l'antique  ,  couverte 
d'une  rolje  légère  et  retroussée  à  la  façon  de  Diane  Chasseresse.  Au 
bas  éloit  un  homme  renversé  et  quelques  animaux  étendus  sur 
la  place.  On  voyoit  au  côté  droit  deux  personnages  portant  sur  leurs 
épaules  une  perche  4  laquelle  éloient  des  filets  suspendus  ;  et  à  gauche 
un  chasseur  ,  du  même  travail,  qui  lâchoit  un  lévrier. 

Duraolinet  (  192  )  soupçonne  cet  ouvrage  du  teins  de  quelque 
grand  seigneur  des  Gaules  ,  au  cojnuienceaient  du  christianisme, 
eu  de  quelque   préfet  des  empereurs. 

Voilà  tout  ce  qu'on  pouvoit  observer  dans  la  crypte  (  igS). 


(  lyo  )  Hisi.  maïuisc.  de  Stiinle-Cenev.  ,  p.  127. 
(  loi  )  Tr.iiié  des  grands  cliemins  de  l'Empire, 
f  192  )    Dumolinet  observe  que   de   son    tempe    on  en    vojoit    la  représen- 


tation. 


(  193  )  Nous  voyons  par  celte  description  qu'on  appeloit  ainsi  de  ■npn'li» 
çcculto  un  lieu  soulenain  dans  lequel  les  premiers  chréiiens  se  cachoient  pour 
praliqucr  les  cérémonies  de  leur  culle.  Les  corps  des  Saints  et  des  martyrs 
étaient  oïdiuairement  placés  sur  les  p;irois  des  murs  ,  pour  servir  d'exemples  aux 
fidèles.  Les  cryptes  s'appdlt^nt  croupies  dans  quelques   endroits  de  la   Fran.ce. 

A^■a^t 


ÀBB  AT  E   s  A  INTE-G  EN  E  VIE  VK     A    PARIS.  gfj 

Avant  de  passer  à  la  description  de  la  maison,  je  crois  devoir 
publier  quelques  épitaphes  ouinscriplions  qu'on  ne  voyoit  plus  depuis 
long-teius ,  et  conservées  dans  le  manusciit  de  l'Iiisloire  de  Sainte 
Geneviève.  Les  deux  suivantes  (  194)  se  lisoient  sur  des  tombes  au 
milieu  de  la  nef. 

La  première  étoit  ainsi  conçue  : 

Cy  gît  le  corps  de  noble  homme  François  Durais  ,  seigneur  de 
la  Mabonnière ,  conseiller  au  présidial  de  Senlis ,  bailly  de 
Vabhaye  dé  céans  ,  qui  trépassa  le  dimanche  XXV  juillet 
M.  DC.  XXXIV^.  et  dame  Charlotte  GuÉRIN  ,  sa  femme  ,  le 
dimanche  XVII  mai  M.  UC.  XXXVII. 
Et  la  seconde  : 

Cy  gît  noble  Constant-Louis  d'HANGEST ,  natif  de  Chalerange, 
diocèse  de  Rheims  ,fîls  de  Louis  d'Hangest ,  sieur  de  Monmort  et 
dudii  Chalerange. 

Aux  pieds  de  Clovis  avoit  été  déposé  ,  comme  nous  l'avons  dit, 
GÊ'/-(;rû?,  archevêque  de  Nicosie,  dans  l'isle  de  Chypre  ,  mort  en  1804. 
Autour  d'une  tombe  de  cuivre  où  il  étoit  représenté  on  lisoit  ces 
vers  latins  rimes  : 

Venerabilis  iste  Gikardus 
Ardua  qui  gessil  hac  voce  rite  vocatus , 
Hic  fuit  expertus ,  dodus  ,  prudens  et  apertus. 
Ipse  Nicosiœ  fuit  archiepiscopus  urbis  ; 
JJtilis  ecclesiœ  Cypri  ,  miseris  quoque  turhîs 
Mille  Trecenti  currebant  quatuor  annis. 
Et  au  tour  de  la  tête  : 

Virtus  vera  Dei  propitietur  ej. 
Celle-ci  consacrée  à  Jean  de  Jlastray ,  se  Irouvoit  aussi  dans  la 
nef  (  195). 

F'ixit  JoAnnes  Hastreus  apostolus  aller 
Sacra  ferens ,  doclor  nobilis  ,  atque  plus 
Uona  dédit ,  cœlum  voluii  ,  diuina  petit'it 
Vixit  ut  hinc  viuat ,  viuit  et  hic  recubat. 


(194)    llist.' manuscr.  de  Sainie-fjeueviève  ,  p.  310. 
(  195  )  Hist.  manusc.  de  Sainte-Geneviève  3  p.  208. 


N 


m 


96        Abbaye   Sainte-Geneviève    a   Paris. 
A  l'aile  droite  de  la  nef  éloit  cette  inscription  : 
Cy  gît  CoRNELio  Matioli  ,  gentilhomme  Siennoîs,  ingénieur  du 
roi,  qui  décéda  le  XIV  février,  MDCXLVII  (ig6). 
Au  bas  de  la  nef,  ceJle-ci  : 

Hic  jacet  magis/er  JoA^iiES  Dehubanto  Nipernensis  diœcesis,  • 
prœses  in  caméra  inquestarum,  in  parlamento ,  et  ai'chidiaconus 
deSezania  in  ecclesia  Trecensi,  qui  obiit  anno  M.  CGC.  LXXXVI. 
Die  XXIV  not^embris  i  cujus  anima  requiescat  in  pace  (197). 

Hugues  de  Pomarcy,  évêque  de  Langres,  a  voit  été  enterré  dans 
le  chœur  ;  sa  tombe  de  cuivre  portoit  ce  peu  de  mots  : 

Hic  jacet  bonœ  memoriœ  Dominus  Hugo  de  Pomarco,  quondam 
episcopus  Lingonensis  ;  dont,  régis  Franciœ  consiliarius,  <jui  obiit 
anno  Domini  M.  CGC.  XXXIV,  die  XXVII  aprilis  (198). 

Hic/iard  le  Comte  ,  chapelain  du  pape ,  avoit  aussi  son  épitaphe 
dans  l'église  : 

RiCHARDUS  CoMlTls  (199)  propriis  meritis  et  avitis 
Quondam  sublimis  jacet  hic  in  tumba  ,  et  i/i  imis 
Suscipias  animam  ne  se  demergat  ad  imam 
Virginis  ,  ô  christe ,  prece.  .  .  .  locus  iste 
Facque  capellano  Sancti  Patris  ex  laterano 
Quod  genito  comité  pandatur  janua  vitœ. 
L'intérieur  de  la  maison  contenoit  plusieurs  choses  remarquables  j 
l'architecture  étoit  presque  toute  moderne ,  et  les  bâtimens  avoient 
été  construits  sur  les  dessins  et  sous  la  conduite  du  père  Ducreil ,  reli- 
gieux de  l'abbaje  et  architecte  habile. 

La  principale  porte  est  une  espèce  de  double  portique  soutenu  de 
colonnes  doriques  ,  dont  les  bases  sont  cependant  d'ordre  toscan  ,  avec 
deux  pavillons  carrés,  aux  extrémités.  Vis-à-vis ,  est  une  niche  décorée 
de  deux  colonnes  ioniques,  dans  laquelle  étoit  une  statue  de  pierre 
assez  médiocre,  représentant  Sainte  Geneviève ,  une  fontaine  est  au 
bas  de  la  niche. 

(  196  )  Histoire  manuscrite  de  Sainte-Geneviève. ,  p.  210. 

(  197  )   Ibid. 

(198)  Hist.  man.  de  S.  G.,  p,  304. 

(  199  )  Ce  nom  est  écrit  ainsi. 


Abbaye    Sainte-Geneviève     a    Paris.        97 

En  entrant ,  à  droite  ,  on  trouve  un  escalier  vaste  et  bleu  éclairé 
qui  se  termine  par  la  bibliothèque  ;  il  a  été  bâti  en   1724. 

A  côté  on  entre  dans  un  péristyle  d'ordre  dorique  ;  on  peut  remar- 
quer l'adresse  avec  laquelle  on  a  su  diminuer  les  pilastres  sur  quel- 
ques-unes de  leurs  faces ,  afin  de  pouvoir  les  couper  avec  les  colonnes, 
sans  ressaut  dans  l'architrave.  Il  est  aussi  d'un  plus  beau  module  et 
sur-tout  plus  régulier  que  la  porte  d'entrée  ;  mais  il  a  le  même  défaut 
d'être  lourd  ,  défaut  qui  ressortoit  encore  plus  par  le  contraste  qui 
se  trouvolt  entre  cette  nouvelle  architecture  et  celle  gothique-mores- 
que d'une  partie  de  l'ancien  cloître  ,  qui  étoit  hardie  et  légère  et  dont 
les  pendentifs  étoient  travaillés  avec  délicatesse. 

En  face  des  arcades  ouvertes  du  côté  du  mur ,  on  avoit  placé  des 
piédestaux  destinés  à  porter  des  statues. 
De-là  on  pouroit  aller  au   cloître. 

On  croit  que  c'est  le  roi  Robert  qui  l'a  fait  bâtir  ;  les  paroles  sui- 
vantes qui  se  lisoient  sur  son  obit  sembloieut  autoriser  cette  asser- 
tion (200  ) 

«t  Obiit  francorum  rex  Rohertiis ,  qui  dédit  claustrum,  huic 
i)  ecclesiœ  ». 

Une  statue  d'un  roi  qui  étoit  dans  le  cloître  en  face  de  celle  de 
Clovis  ,  et  que  l'on  croit  être  la  sienne  ,  forlifîoit  cette  tradition(2ei)  ; 
mais  il  faut  que  ce  cloître  ait  été  réparé  ou  même  reconstruit  depuis  , 
car  l'architecture  qui  restolt  est  de  la  fin  du  XII»  siècle  au  plutôt. 
Il  paroît  sûr  qu'une  partie  a  été  relevée  par  les  soins  di  Etienne , 
abbé  de  Sainte  Geneviève,  puis  évêque  de  Tournai. 

Plusieurs  tombes  ornoient  le  cloîti-e  :  on  lisoit  sur  celle  de  Guil- 
laume de  Marigfi  y ,  aumônier  du  roi  Philippe-le-Bel ,  et  parent  d'En- 
guérand  de  Marigny: 

Hic  jacet  nohilis  vir  Dominus  Guillelmus  de  Marigniaco  , 
illustrissimi  Domini  Franciœ  régis  clericus  ,  qui  obiit  anno 
Domini  millesimo  trecentesimo  primo. 

Près  la  porte  qui  conduit  du  cloître  à  l'église,  avoit  été  inhumé  ,  en 

(200)  Dubreuil ,  in-4°.,  p.  2o5. 
(  api  )  Dubreuil ,  in-4*. ,  p.  iq6, 

N  a 


/r; 


g8        Abbaye    Saint  e-Ge  neviève    a     Paris. 
12C0  ,  Galien  de  Plse,  ou  de  Pois  {de  Pisis  )  ,  chanoine   de  Raint- 
Omer  ,  et  fondateur  des   Coi-delières  du  faubourg  Saint  Marcel.   La 
tombe  de  sa  mère  ,  placée  à  côté  de  lui,  ofFroit  cette  inscription  : 

Hic  Jacet  Domina  Vuapsinga  mater  ma gni  Galieni  de  Pisis 
clerici ,  anima  cujus  honitaiem  et  puritatem  ipsius ,  tum  etiam, 
quia  in  se  magn.  .  .  hahebat  de  languidis  pauperibus,  et  injïrmis 
et  quia  eis  lihenter  eleemosinas  faciebat 

Jean  de  Varenne  sénéchal  de  Toulouse,  y  eut  sa  sépulture  en 
1804.   On  le  reconnoissoit  par  cette  courte  épitaphe  : 

Hic  jacet  nobilis  vir  Joannes  de  Varennis,  senescallus  Tolo; 
sanus ,  qui  obiit  anno  M.  CGC.  IV. 

Celle-ci  portoit  le  nom  de  Jean  Bruneau  ,  curé,  aumônier  de  l'abbé 
de  Sainte  Geneviève . 

Cy-clessous  est  le  féal  serviteur 
J«AN  Bruneau,  prêtre  de  Robigny,  curé 
Clerc  de  la  chambre ,   capelaia  de  Monsieur 
Servant  à   tous  ,  tant  comme  il  a  duré , 
Par  dard  mortel,  fut  son    corps  séparé 
De  avec  l'atne  ,  l'an    mil  cinq   cens  et  quatre 
Le  jour  treizième  de  juillet  mal    paré 
Dieu  par  sa  grâce  veuille  ,  ses  maux  rabattre. 

A  côté  se  trouvolt  Raoul  Fieffé  : 

Tous  qui  passez  et  lisez  ce  mémoire 
Ne  trépassez   que  recors  (  203  )  et  mémoire 
Des  tiépassez  en  vos  eu  ers  vous  n'ayez 
Et   que    mérite  enuers   Dieu   vous    ayez. 
De  moii   fut  pris  moy  frère  Raoul  Fieffé 
Que  chacun    craint  plus   qu'un  sergent  fieffé, 
1,'an  qu'on  disoit    mil  cinq  cens  et  deux 
Moult  en   ferut(2o3)  de  son  dard  si  hideux; 
Après  contraint   le  loiiage  payer , 
Qui  aux  humains  est  grief  à  essuyer , 
Si  priez  Dieu,  qui  tous  pechiz  efface, 
De    jnes   méfaits  vrai  p  rdon   il  me  fasse. 

(  202.  )  Souvenir. 

(2o3)  Eu  frappa  beaucoup. 


ÀBBATE    Saint  e-G  eneviève    a    Paris.         qq 
Du  même  côlé  étoit  la  tombe  de  Simon  BlanchcL  : 

SiMox   Blanchet  ,  chanoine  régulier 
En  son  viuant  e^toit  de  cetle  église  , 
Scientifique  en  vertu   singulier, 

Est  il  (204)  ,  bien  mort  sa  charogne  est  si  (2o5)  mise. 
Saintes  personnes  se  tiennent  pour  requises 
De  prier  Dieu  qu'il   luy  soit  gracieux 
Tant   qu'en  brief  son   ame  soit    assise 
Entre  les  Saints  au  royaume  des  cieux 

L'an  mil   quatre  cens  quatre- vinj^ts 
Et  deux ,   le  dix-sept  nouembre. 

Celle  de  Jean  de  la  Court  est  indiquée  par  ces  vers  ; 

Mort  tres-cruelle ,  qui  ça  et  de   la  court, 
A  ,  par  son  dard  ,    ici  mis  à   l'enuers 
le  corps  de  frère  Jean  de  la  Court 
Qui  mainlenant  est  fait   pasiure  aux  vers 
Sous  prieur  fut  de  céans  et  conu.rs 
Et  de  Roissy  prieur  sans  aucun  blasme , 
Vous    qui  passez  ,    cy  devant  à  trauers  , 
Priez   Jésus   qu'il  doint  pardon  a  l'ame. 

On  avoit  fait  ceux-ci  pour  frère  Guy  des  Bruyères,  chantre  et 
aumônier  de  Sainte  Geneviève: 

Hélas  passant  veuillez  faire  prière 
Pour  ma  poure  ame  dont  iry    gist    le  corps 
En  mon  vivant  frère  Guy    de»  Bruyères 
Je  fus  nommé  ,  bien  en  soyez   records  ; 

Mais  maintenant  je  suis  avec    les  morts; 
Ee  doux  Jésus  me  veuille  secourir 
Et  me  donner  en  Paradis  repos  , 
AfEn  que   l'anie  de  nioy  ne  puisse  périr. 
La   mort  subite  si  me  vient  d'acueillir 
En    cette  église  où   j'eslois  aumoniér. 


(  104  )  Il  du  mot  ktiu  ille  ,  lui  :  est  lui  bien  mort  <  etc. 
(aoS^  IcL 


,y 


■\Q 


100    Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris. 

Et  pitentier  pour   le  coniieiit   servir 
Beligieux  profez  et  régulier 
Par.iuant  (206)   fus  chantre  et  celerier 
En  l'abbaije ,   où  j'ay  eslé  long  temps , 
Puis   la  mort  vint  ,  qui  fait  tout  délier 
Qui  m'ordonna  ce  lieu   où  je  m'estens. 
L'an   dit  quatre  cens  mil  quatre-vingt  deux 
Le  dernier  jour  d'aoust  comme  ce  me  semble. 

Le  cloître  possédoit  encore  ,  depuis  Tan  1274,  les  restes  de  Pierre, 
chantre  de  l'église  cathédrale  d'Amiens ,  et  aumônier  de  la  reine  Mar- 
guerite de  Provence,  femme  de  Saint  Louis.  Il  étoit  représenté  sur 
sa  tombe ,  effacée  et  usée  par  le  tems ,  son  bâton  en  main ,  et  il  avoit 
sur  sa  tête  un  bonnet  d'une  forme  assez   singulière. 

Auprès  de  lui  reposoit  Eudes  de  ^jnel ,  né  à  Bourges,  chanoine 
de  Soissons,  et  professeur  de  théologie.  Ce  sixajn  lui  étoit  consacré  ; 

In  te  dulcis  odor  morum,  conjluxerat ,  Odo  , 
Flos  bitujiim  ,  priuat  Jlorem  mors  ai^ida  fructu  , 
Mens  humilis ,  prœclara  manens ,  mundum  cor ,  ayitcf 
N obilitas ,  Jrons  lœta  tihi  meruere  fai^orem, 
Parisius  cathedram  ,  titidumque  Suessio  primum 
Contulit  ;  hiiic  ortum ,  Biturix,  Genovefa  sepidchrum. 

Tadelmare,  prince  du  sang  de  Danemarck  ,  vint  à  Paris  vers  1 180, 
il  j  mourut  après  un  assez  long  séjour  ,  et  fut  enterré  dans  le  cloître, 

Ethelmare  ou  ^delmare ,  frère  utérin  de  Henri  TU,  roi  d'Angle- 
terre ,  à  son  retour  de  Rome  où  il  s'étoit  fait  sacrer  évêcpie  de  Win- 
cester  ,  par  le  pape  Alexandre  IV,  tomba  malade  à  Paris  ,  où  il 
mourut  en  1261.  Ce  prélat  j  eut  aussi  sa  sépulture.  Son  cœur  en 
ayant  été  tiré  pour  être  repoi'té  en  son  église ,  on  l'enferma  dans  un 
vase  de  pierre  précieuse ,  sur  lequel  on  lisoit  ce  distique  : 

Corpus  Ethelmari  ,  cujus  cor  nunc  tenet  istud 
Saxum  ,  Parisiis  morte  datur  tumuîo  (  307). 


(  206  )    auparavant. 

(aoy^Hist.  man.  de  S. G.,  1.  III,  cli.  XII,  p.  ao2, 


Abbaye    Sainte-Geneviève     a    Paris,      loi 
Plusieurs  lombes  avoient  été  enlevées  de  différens  endroits  de  l'ab- 
baje  ,  quelques-unes  ont  été  jettées  et  sont  encore  dans  une  cour  atte* 
nant  le  cloître  et  qui  conduit  au  jardin. 

Deux  entr'auti-es  ont  fixé  mon  attention  ;  elles  m'ont  paru  d'un  beau 
travail  et  assez  bien  conservées,  quoique  cependant  les  bordures  où 
se  trouve  l'épitaphe  eussent  souffert  beaucoup  de  l'intempérie  de 
l'air.  La  première  représente  la   figure  d'un  prêtre  ;  au  tour  on  lit  : 

Hic  jacet   magister  Johannes    dictus    D diocesis 

■pictavensis  quondam  canonicus  ac  cancellarius  ecclesiœ  beatce 
Mariœ  noviomensis  qui  obiit  anno  Domini  M.  QCQ.quinqudsimo, 
tertia  die  junii.    - 

En  dedans  des  bordures  se  vojent  des  figures  de  saints,  dans  des 
niches ,  chargés  d'ornemens  moresques  ;  on  j  voit  aussi  des  armes 
écartelées  au  premier  et  au  quatre  d'une  tête  d'homme  ,  et  au  deux 
et  trois  sont  des  fleurs-de-ljs. 

La  seconde  représente  un  personnage  sous  l'habit  de  bénédictin. 
Voici  son  épitaphe  : 

Hoc  claudilur  tumulo  religiosus  vir  frater  Nicolaus  Coulinot 

canonic.  huj .  ecles.    sacerdos ac  prior  curatus  qui 

pie  et  caste  quadraûta  nonum  in  hoc  cenobio ,  die  autem  vice- 
sima  quîta  mensis  octobris  diem  claudit  œternum  anno  Domird 
1557. 

On  remarque  aussi  en  dedans  des  figures  de  saints  et  de  moines, 
mais  d'un  travail  moins  bon  que  celui  de  la  précédente;  les  armes, 
écartelées  au  premier  et  au  quatre  de  trois  oiseaux,  et  au  deux  et 
trois  ,  de  trois  chevrons,  le  fond  chargé  de  six  moletes;  le  blason  est 
entouré  d'une  couronne  d'épines  (208). 

Du  cloître  on  entroit  dans  une  grande  chapelle,  dont  l'architecture 
ëtoit  d'un  beau  gothique. 

Cette  chapelle  fut  dédiée  par  l'abbé  Etienne  en  i  igo,  elle  s'appeloit 
depuis  200  ans  environ  ,  JSotre-Dame  de  Miséricorde ,  mais  on  la 
nommoit  avant,  Notre-Dame  de  Cuisine,-  l'ordinaire  manuscrit  de 
cette  maison  ,  traduit  en  François  en  1892,  porte  au  19  août  «  Ce  jour 


(  10a  )   Ces  tombes  devroient  être  piacées  au  Musée  dts  Augustijis. 


(9/ 


102       Abbaye   vSaikteGeneviêve   a  Paris; 

»  est  la  dédicace  de  Notre-Daine  de  Cuisine  ,  elc.  » ,  et  Lebœuf 
qui  donne  celte  citaiion,  ajoute  en  note:  «  Comme  je  n'ai  point 
»  vu  de  titres  latins  où  11  y  ait  de  coquina ,  je  soupçonne  que 
»  cuisine  a  é'é  suusrltué  à  celui  de  gésine  (209)  ». 

L'autel  é!oit  anciennement  décoré  de  quatre  grandes  colonnes  de 
cuivre,  depuis  on  j  avoit  placé  un  beau  crucifix  de  bronze,  auprès 
duquel  étoit  un  grouppe  ,  composé  d'une  Madeleine  qui  embrasse 
la  croix  d'un  mort  qui  est  à  moitié  sorti  d'un  tombeau,  et  d'un 
petit  an^e  qui  donne  un  coup  de  javelot  à  un  serpent  qu'il  foule  aux 
pieds.  L'arliste  a  voulu,  par  cette  allégorie,  représenter  la  victoire 
remportée  par  J.  C.  sur  la  mort  et  le  péché  ,  en  expirant  sur  la  croix. 

Ce  beau  morceau,  élevé  sur  un  tomlDeau  de  marbre  rance  fait  en 
proportion  ,  est  de  Vanclève  ,  fameux  sculpteur ,  qui  en  avoit  fait 
présent  à  cette  abbaje  en  faveur  de  deux  de  ses  neveux  qui  en  étoient 
chanoines. 

C'est  aux  pieds  de  cet  autel  que  le  chancelller  de  Sainte-Geneviève 
donuoit  le  bonnet  de  docteur  aux  maîtres-ès-ai'ts  de  l'Université  de 
Paris  ,  qui  étolent  de  son  département. 

On  y  a  consacré  plusieurs  évêques  dans  les  deux  siècles  précédens. 

Au  milieu  de  la  cJiapelle  un  tombeau  élevé  de  deux  pieds  et  demi 
portoit  une  statue  de  bronze  ,  qui  représentoit  l'abbé  Joseph 
Toulon  (210),  vêtu  de  ses  habits  pontificaux,  il  étoit  couché,  la 
tête  posée  sur  lui  cou>,-ln  et  les  mains  jointes ,  avec  sa  crosse  à  côté 
de  lui.  Cftte  figure,  bien  exécutée,  est  du  célèbre  Ge/v/za//?  P//0/7, 
J^'oyez  Planche  IV ,  n°.  3. 

Ce  tombeau  portoit  deux  inscriptions  ,  celle  de  Joseph  Foulon  , 
qui  J  étoit  représenté ,  et  celle  de  Benjamin  de  Brichanteau  (211), 
déposé  dans  la  même  sépulture  et  qui  a  été  donnée  plus  haut.  Voici 
celle  de  Foulon  : 

Hic  Jacet  F.  Josephus  Foulon  huj'us  ecclesiœ  canonicus  qui 
ann.  Domini  lôôy  ,  in  abbatem  Dei  gratid  electusAta  sapienter 

(209)  LeI  œuf  J  t.  I  J  2«  partie  ,  p.  38o. 
(iio)  Siipni. 
(211  )  Suprà. 

uilam 


ÀBCAYE  Sainte-Geneviève  a  Paris.  lol 
vîtam  instîtuit  ut  omnibus  durissimis  licet  temporihus  gratus 
charusque  essel  ;  cujus  anima  in  pace  quiescat.  Amen.  Obiit  7 
au  g.    1607. 

I[  j  avoit  à  l'entrée  de  la  chapelle  une   lombe  plate  de    cuivre  , 
remarquable  à  cause  du  costume  singulier  do  la  figure  qui  j   éloit 
gravée.  Elle  porloit  une  grande    robe    qui  pouvoit    être   une    aube 
avec  une  espèce  de  chape  semée  de  fleurs-de-lis  ,  sa  tête  étoit  couverte 
d'une  draperie  carrée  ,  posée  à  plat  sur  ses  épaules  ;  c'est  sans  doute 
l'aurausse  ancienne  ,  dont  une  partie  servoit  de  bonnet ,  tandis  que 
l'ciutre  retomboit  sur  ses  épaules  ;  un   bâton  ,  terminé  en  forme  de 
béquille  ,  qui  indiquoit  la  dignité  de  chantre  ,  éloit  entre  ses  mains. 
Cette   plaque  de   cuivre  recouvroit  là   tombe  de  Renault  du  Pré- 
Gilbert  ,  mort  le  25  septembre    i353.    Il  avoit  élé   président  de  la 
chambre  des  enquêtes,  ensuite  préchantre  de  la  cathédrale  d'Auxerre 
et  chanoine  en  trois  églises  à-la-fois  ,  à  Sainte-Geneviève  ,  à  la  S.iiute- 
Chapelle  et  à  Sens,  ce   qui   lui  fa'soit  quatre  dignités  dont  il  avoit 
été  apparemment  revêtu  par  ces  églises,  intéressées  peut-être  à  avoir 
un  juge  qui  leur  fût  dévoué. 

Claude  Dui^ert ,  religieux  de  l'ordre  de  Clunv  ,  a  fait  graver  cette 
figure  dans  son  ouvrage  sur  l'antiquité  des  habits  ecclésiastiques. 

A  l'extrémité  du  portique  on  trouve  le  grand  escalier,  aussi  construit 
sous  la  conduite  et  d'après  les  dessins  du  père  Ducreil ,  il  est  d'une 
coupe  hardie  ,  dont  le  trait  ne  porte  que  sur  le  point  de  deux  petites 
colonnes  qui  soutiennent  la  masse  de  la  voûte  ;  mais  il  est  mal  éclairé 
et  le  plafond  est  trop  bas  ,  ce  qui  lui  ôte  une  partie  de  son  eHét. 

Le  vestibule  qui  est  très-grand  a  le  même  défaut ,  et  l'architecture, 
en  est  lourde  ;  il  est  orné  de  quatre  statues  des  prophètes  ,  placées  dans 
des  niches  angulaires.  Sur  le  premier  pailli;  r,  où  les  deux  rampes  pren- 
nent naissance  ,  il  y  avoit  dans  une  niche  une  belle  figure  de  Vierge 
assise. 

Cet  escalier  conduit  aux  dortoirs ,  qui  sont  à  double  étage ,  et  à 
une  chapelle  ,  nommée  l'Oratoire  ,  construite  dans  les  derniers  teras 
de  l'abbaye  ,  sous  la  bibliothèque;  on  y  entroit  par  le  grand  dortoir. 

Elle  éloit  décorée  d'architecture  d'ordre  corinthien  avec  son  enta- 
blement,  qui  règnoit  tout  autour.  Les  chapiteaux  étoient  dorés  et 

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i^fîl. 


104     Abbate    Sainte-Geneviève    a    Pari^. 

les  bases  étoient  en  cuivre.  On  y  avoit  adapté  alternativement 
des  figures  en  demi-relief  de  plomb  bronzé,  et  des  tableaux  qui  repré- 
sentoient  divers  passages  de  la  vie  de  la  Vierge.  L'autel,  placé  dans 
le  fond,  étoit  orné  d'une  perspective  d'architecture  peinte,  et  d'une 
Nativité  aussi  de  plomb  bronzé.  Un  fort  beau  Christ  d'ivoire  étoit 
encore  placé  sur  cet  autel. 

Le  rez-de-chaussée  de  cette  maison  étoit  distribué  en  salles  spa- 
cieuses ,  qui  servoient  à  recevoir  les  chambres  du  parlement ,  la 
chambre  des  comptes  ,  la  cour  des  aides ,  le  châtelet  et  le  corps 
de  ville ,  lorsque  l'on  portoit  la  châsse  en  procession. 

L'une  de  ces  salles  étoit  remarquable  par  sa  grandeur  et  par  sa 
voûte  en  arc  surbaissé,  assez  eslimée.  On  appeloit  Salle  des  Papes, 
celle  qui  conlenoit  une  longue  suite  de  leurs  portraits  ,  il  y  en  avoit 
aussi  une  remplie  des  portraits  des  rois  de  Fiance  ;  la  plupart  de 
tous  ces  tableaux  étoient  fort  ordinaires ,  excepté  un  portrait  de 
Louis  XIV  ,  en  deuil ,  âgé  de  6  ans  ,  qui  méritoit  d'être  distingué 
par  la  variété  du  coloris  ,  le  suave  du  pinceau  et  la  correction  du 
dessin.  Ce  tableau ,  donné  par  la  reine  Anne  d'Autriche ,  étoit  du 
célèbre  Philippe  de  Champagne. 

Le  réfectoire  étoit  vaste  et  fort  propre.  Il  j  avoit  deux  grands 
tableaux  de  Clermont ,  qui  représentoieut  l'un  une  cène ,  et  l'autre 
la  multiplication  des  pains  (212). 

La  nouvelle  sacristie  étoit  grande  et  ornée  d'une  riche  boiserie, 
mais  dans  le  mauvais  goût  d'alors.  On  remarquoit  au-dessus  de 
la  porte  im  morceau  en  ce  genre  qui  présenloit  une  grande  diffi- 
culté vaincue  ;  c'éloit  un  panneau  ,  dans  un  cadre  rond,  remplis- 
sant le  haut  d'une  niche  creuse  et  ronde,  dans  le  bas  de  laquelle 
cette  porte  étoit  pratiquée  ,  et  malgré  que  ce  panneau  fût  courbé 
de  tout  sens  ,  il  conservoit  sa  rondeur  à  la    vue. 

Outre  quelques  tableaux,  on  y  vojoit  un  ecce  homo  et  une 
Notre-Dame   de  douleur  ,  fort   bien  exécutés   en  tapisseries 

(212)  Dumolinet ,  hist.  man.  de  S  G  ,  p.  406,  racoute  qu'à  l'entrée  du 
réfectoire  il  existoit  du  tems  de  Guillaume  le  Duc  ,  abbé,  une  fontaine  où  étoit 
un  bassin  de  pierre  ,  et  au  milieu  une  image  de  Saiate-Geneviève ,  portant  un 
fierge  qui  jeloit  de  l'eau  par  le  bout. 


Abbaye    Sainte-Geneviève     a     Paris.     ro5 

Outre  cette  sacristie  destinée  uniquement  aux  religieux  ,  il  y  en 
avnit  encore  deux  autres  ;  celle  qui  servoit  aux  prêtres  séculiers , 
qui  aidoient  à  acquitter  les  messes  de  la  communauté ,  et  la 
troisième  nommée  le  trésor,  oîi  Ton  conservoit  l'argenterie  et  d'autres 
choses  destinées  au  culte. 

Dans  le  nombre  on  distinguo't  un  calyce  du  14  ou  i5*.  siècle," 
fort  bien  ciselé,  dont  la  tige  est  ornée  de  petites  pyramides  et  de 
niches  gothiques  avec  des  Saints  dedans  selon  le  goût  d'aloi's;  P/.  /P", 
Jig  4-  Sur  sa  patène  on  a  représenté  un  triangle  dont  chaque  angle  est 
terminé  par  un  petit  cercle  ,  de  chacun  desquels  part  un  rayon  ;  ces 
trois  rayons  se  réunissent  au  point  de  centre  à  un  seul  petit  cercle  ,  et 
sur  la  base  du  triangle  est  un  buste  du  Père  Eternel,  à  trois  faces, 
le  Irinngle  est  lui-même  dans  un  cercle,  et  dans  les  espaces  il  y 
a  quatre  langues,  un  lion  et  un  bœuf;  par  ces  allégories  on  aura 
sans  doute  voulu  exprimer  la  trinité,iui  Dieu  en  trois  personnes 
et  les  quatre  évangéhstes.    Voyez  Planche  IV,Jig.  5. 

A  en  croire  Dumolinet  (2i3)  la  chasuble  de  Saint-Pierre (^21  j^^ 
fut  gardée  toute  entière  dans  ce  trésor  pendant  plusieurs  siècles. 
Elle  avolt  été  apportée  d'Antioche,  et  on  la  montroit  au  peuple 
vers  l'an  1080.  Mais  les  chanoines  séculiers,  souvent  forcés  d'éviter 
les  incursions  des  Normands ,  emportoient  avec  eux  les  choses  les 
plus  précieuses,  et  probablement  en  faisoient  ressource.  C'est  ce 
dont  l'abbé  Sugger  se  plaint  dans  une  lettre  au  pape  Eugène  (2x5) 
où  il  regrette  la  perte  de  cette  chasuble  miraculeuse.  Hugues, 
abbé  deCluny,  voulant  un  jour  en  essayer  la  vertu ,  l'imposa  sur 
un paialy tique  ,  qui  reprit  sur-le-champ  l'usage  de  ses  membres  (2 1 6). 

Cependant  il  en  restoit  encore  un  morceau;  l'étoffe  étoit  de  soie, 
fond  vert,  ayant  un  écriteau  chargé  de  ces  trois  mots  en  gothique  : 
casula  Sancti-Petri.  C'est  le  nom  que  lui  avoit  donné  Hugues  de 
Cluny. 

(  2i3  )  Hist.  man.  de  S.  G. ,  L.  II ,  cli.  VII ,  p.  159. 

(214)  (^iii  n'a  voit  jani;iis  porté  de  chasuble. 

(2i5)  Durliesne  ,  t.  4,  p.  609. 

(  3i6  )  Boitand  ,  29  april.  -  Lebœuf,  Hist.  de  Par.,  t.  II,  p.  877. 

O  z 


(^^5 


îo6    Abbaye    Sainte-Geneviève     a    Paris. 

On  y  a  aussi  conservé  long-tems  la  ])ièce  de  monnoie  marquée 
du  monograme  X  ,  que  Saint-Germain  donna  à  Sainle-Geneviève  , 
or.  une  semblable  ,  qui  servolt  à  marquer  des  pains  bénis  dont  les 
religieux  faisoient  la  distribution  le  jour  de  la  fête  de  la  Sainte  (217). 

On  y  voyoit  encore  un  livre  des  évangiles ,  couvert  en  argent ,  sur 
lequel  on  lisoit  : 

Anno  Domini'M..  CC.  XlNlUfLÛtrex  LudoDiciis  Hienisalem. 
Eodeiîi  anno  ecclesla  nostra  de  statu  canouicorum  seculariinn 
ad  regidarem  ordinem  est  mulata ,  operatà  itidustriœ  Suggerij 
honce  memoriœ  Sancti  Dionisij  abbatis  ,  iuiimgente  eidem  ahbati 
Domino  Eiigenio  papa  secundo ,  recordationis  sanctœ  ,  et  illustri 
Francorum  rege  Ludouico  supra  dicto  (218). 

Parmi  les  çinciennes  reliques  et  objets  précieux  conservés  dans  le 
trésor,  et  qui  n'existoient  plus  méuie  bien  avant  Dumolinet  (219), 
on  sera  fort  surpris  de  voir  un  bras  d'argent  renfermant  l'os  de  celui 
d'une  des  onze  mille  Vierges  ;  et  encore  plus,  un  reliquaire  contenant 
une  parcelle  du  bâton  miraculeux  de  Mojse. 

Le  sceau  de  l'abbaje  doit  trouver  ici  sa  place.  Jusques  vers  la  fin 
du  XI*.  siècle,  il  fut  le  même  que  celui  des  rois  de  France,  sous  la 
seconde  race  ,  et  au  commencement  de  la  troisième ,  représentés  assis 
sur  un  trône,  la  couronne  en  tête  et  le  sceptre  à  la  main.  Il  portoit 
pour  inscription  en  gotiiique  :  Sigillum  ecclesiœ  S.  Pétri  et  Pauli  , 
et  Santœ  Genoi-'efie.  Le  conire-sceau  ofïioit  une  image  de  Sainte 
Geneviève  à  demi-corps,  voilée 

Environ  l'an  i3oo,  on  en  fit  frapper  un  autre,  pour  servir  avecle 
précédent.  Il  avoit  pour  empreinte  la  figure  de  Sainte  Geneviève;  et 
pour  contre-scel,  une  fleur-de-lys,  surmontée  d'une  couronne  royale 
de  la  forme  de  ce  tems-là  ;  c'est-à-dire,  composée  de  fleurons,  et  non- 
fermée  par  le  haut.  Telle  étoit  son  inscription  :  Contra  sigillum 
camerce  Santœ  Genoi^efœ. 

Mais  lorscju'on  vint  à  réduire  les  fleurs-de-lys  à  trois  dans  l'écu  de 

(217  )  Bimest  de  Chastelain  ,  p.  54.  -  Lebœuf ,  Hist.  de  Par.,  t.  Il,  p.  878. 

(218)  Dubreiiil ,  iii-4°. 

(219)  Hist.    maa.  de  S.  G.,  p.  i63. 


Abbate  Sainte-Geneviève  a  Paris.  107 
France,  et  que  les  rois  s'en  servirent  pour  leur  sceau,  alors  celui 
de  l'abbave  éprouva  aussi  un  changement.  Dumolinet  (220)  décrit 
celui  qui  existolt  en  1450  ,  sous  Charles  VII,  où  l'on  voyoit  les  fitnire'' 
de  Sainte  Geneviève  ,  de  St.  Pierre  et  de  St.  Paul  ;  au  bas  éloit  un  abbé 
à  genoux,  qui  avoit  à  sa  droite  les  armes  de  France ,  et  à  sa  gauche 
les  armes  de  sa  famille. 

Vers  le  milieu  du  XIV^.  siècle,  Philippe-le-Bel,  alors  abbé,  fit 
rétablir  l'empreinte  de  l'ancien  sceau. 

Chaque  abbé  avoit  un  sceau  particulier,  qu'on  enterroit  ordinai- 
rement avec  lui. 

Le  prieur  avoit  aussi  le  sien,  représentant  une  main  qui  sonnoit 
une  cloche  ,  comme  pour  exprimer  le  droit  réservé  au  prieur  seul, 
d'appeller  les  religieux  à  l'office  ,  ou  d'assembler  la  communauté. 

Le  chapitre  avoit  été  bâti  en  même  tems  que  la  nouvelle  sacristie, 
^on  y  entroit  par  le  cloître  ,  il  étoit  orné  d'uH  lambris  de  menuiserie 
très-riche,  mais   d'un    assez  mauvais   style.   Cette  boiserie  montoil: 
jusqu'au  plafond  qui  étoit  surbaissé  en  anse  de  panier. 

Le  pavé  étoit  remarquable  par  la  symétrie  avec  laquelle  on  avoit 
posé  les  pierres  des  tombes  de  l'ancien  chapitre  ,  qui  étoient  de  gran- 
deur inégale  ;  plusieurs  étoient  de  marbre  blanc.  On  avoit  eu  le 
soin  d'y  ménager  des  places  pour  graver  ,  à  l'avenir  ,  les  noms  des 
religieux  qui  décéderoient  pendant  une  longue  suite  d'années ,  sans 
rien  changer  à  la  distribution. 

Au-dessous  étoit  la  cave  qui  servoit  de  sépulture. 

La  tombe  du  milieu  étoit  celle  du  père  Faure,  premier  abbé  ré<ïu- 
lier  (221)  depuis  la   réforme  dont  il  étoit  l'instituteur. 

Tout  près  étoit  celle  de  François  Boulart  (  222  )  ,  à  la  o-auche  de 
laquelle  on  voyoit  la  tombe  du  père  Blanchard  (228).  Non  loin  de 
celle-ci  en  étoit  une  petite  qui  renfermoit  les  restes  du  père  Lallemant 
dont  voici  l'épitaphe  : 


(220  )  Hist.  man.  de  Sainte-Gen. ,  liv.  VI ,  cli.  XXXIII,  p.  861. 
(221)  Siiprà. 
(  22a  )  Siiprà. 
(  asS  )   Suprà. 


io8    Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris: 

Hic  jacet  rei^erendus  pater  ,  Petrus  Lallemant  ,  prior  hujus 
ecclesice  ejusdemqiie  ac  unii>ersitatis  parisiensis  cancellarlus. 
Obiit  M.  DC.  LXXIII./^i/-.  XVIII.  œtatis  lA.professioms.Y.N\\. 

Le  vaisseau  de  la  biljliothèqiie  est  un  des  plus  grands  qu'il  y  ait 
en  France;  il  est  bâti  en  forme  de  croix  grecque,  dont  la  grande 
partie  a  trois  cent  dix  -  huit  pieds  de  long  sur  vingt  -  quatre  de 
large  ,et  l'autre  croisée  de  deux  cent  quarante  pieds  sur  la  même  lar- 
geur ;  la  hauteur  est  de  dix-sept  pieds ,  et  cependant  il  paroît 
encore  bas  et  écrasé.  Au  milieu  de  la  croix  on  a  ajouté  un  dôme  de 
trente-cinq  pieds  de  haut ,  sur  vingt-cinq  pieds  de  diamètre  ,  son 
attique  ornée  de  moulures  est  percée  de  huit  fenêtres  ,  et  semble  porter 
sur  qnatre  palmiers  placés  dans  les  angles  renlrans  que  forment  les 
quatre  ailes  de  la  bibliothèque. 

Le  dessous  du  dôme  forme  une  espèce  de  salon  rond  ,  fort  éclairé, 
où  aboutissent  les  quatres  parties  de  la  bibliothèque  ,  et  d'où  l'on  peut 
voir  par-tout. 

Les  croisées  éclairant  les  quatre  ailes  sont  distribuées  avec  la  plus 
exacte  svmétrie. 

Ce  n'est  qu'après  coup  que  l'on  a  bâti  les  aîles  qui  croisent  la 
partie  la  plus  longue;  or,  connue  cette  croisée  étoit  plus  petite  que 
l'autre,  et  que  par  conséquent  il  y  avoit  un  des  quatre  côtés  de  la  croix 
beaucoup  plus  court;  la  Joue,  bon  peintre  d'architecture,  a  peint  au 
fond  de  cette  peiiie  partie  un«  perspective  représentant  un  salon  ovale 
éclairé  par  une  croisée  au  milieu.  A  l'entrée  de  ce  salon  il  a  figuré 
deux  consoles  qui  portent  deux  urnes  de  marbre  antique,  et  sur  le 
devant,  une  sphère  selon  le  système  de  Copeinic.  Ce  morceau  est 
peint  avec  tant  d'art  qu'il  fait  la  plus  parfaite  illusion. 

La  coupole  du  dôme  a  été  peinte  par  Reslout,  neveu  et  élève  du 
fameux  Jouvenet.  Il  représente  St.  Augustin  sur  des  nuées,  entouré 
d'anges,  dont  deux  l'élèvent  au  ciel,  il  fient  d'une  main  un  livre  et 
de  l'autre  une  plume  ;  des  rayons  lumineux  qui  ressemblent  au  nimbus 
djs  anciens  entourent  sa  tête.  Le  costume  est  assez  bien  observé  dans 
sa  chasuble  antique  relevée  sur  le  bras.  Sa  crosse  et  sa  mître  ,  portées 
par  des  angns  ,  sont  simples  comme  celles  du  cinquième  siècle  ;  de 
la  nuée  qui  porte  le  Saint ,  on  voit  sortir  un  foudre  qui  va  consumer 


Abbayï  Saikte-G  ene  vie  ve  a  Paris.  109 
des  livres  renfermant  les  ouvrages  de  Pelage ,  de  Manès ,  et  de 
Julien. 

Ce  morceau  est  assez  bien  composé  ;  mais  il  est  d'un  mauvais  style , 
le  dessin  est  de  mauvais  goût  et  maniéré  ,  et  le  fon  de  couleurgris  est 
faux.  La  tête  du  S\.  Augustin  est  d'un  caractère  mesquin  ,  et  les  têtes 
d'anges  sont  très-ordinaires  et  sont  loin  de  ce  beau  idéal  qui  ravit 
dans  celles  de  Raphaël  et  du  Guide  ;  en  général  on  voit  que  cet  ouvrage 
est  du  tems  de  la  décadence  des  arts  en  France. 

La  menuiserie  qui  forme  les  armoires  est  uniforme  et  exécutée 
avec  soin  ,  sur-tout  celle  de  la  porte,  qui  estoinéede  sculptures  un  peu 
loux'des  ,  mais  riches  et  bien  exécutées. 

Toutes  ces  décorations  ainsi  que  le  dôme ,  ont  été  exécutées  d'après 
les  dessins  et  sous  la  conduite  de  la  Guepierre,  architecte  de  l'aca- 
démie. 

La  fondation  peut  dater  de  l'époque  où  le  cardinal  de  la  Roche- 
foucault  introduisit  la  réforme  à  Sainte-Geneviève.  Il  ti"ouva  cette 
maison  tellement  dépourvue  de  livres  ,  qu'il  fut  obligé  d'y  envoyer 
cinq  ou  six  cents  volumes  de  sa  bibliothèque  pour  l'usage  des  nou- 
veaux religieux.  J'observerai  avec  Dumolinet  (  224  ) ,  que  sous  Ben- 
jamin de  Brichanteau,  un  de  ses  aumôniers  ignorant  et  peu  curieux, 
vendit  au  poids  ,  pour  des  livres  de  chant,  tous  les  imprimés, et  notam- 
ment plusieurs  manuscrits  dont  notre  historien  regrette  la  perte. 

Les  PP.  Fronteau  et  Lallemant  ne  négligèrent  rien  pour  ajouter 
au  don  du  cardinal,  et  leur  zèle  amassa,  en  peu  d'années,  7  à  8  mille 
volumes. 

Le  P.  Dumolinet,  qui  leur  succéda,  ne  déploya  pas  moins  d'ardeur 
et  d'activité  ])our  l'accroissement  de  cette  collection.  Enfin,  la  magni- 
fique bibliothèque  de  Le  Tc/Z/Vr,  archevêque  deRheims,qui  échu» 
à  l'abbaye ,  et  des  acquisitions  successives  ont  porté  le  nombre  des 
volumes  à  55  milles. 

Depuis  quatre  ou  cinq  ans  on  a  formé  des  dépôts  littéraires.  La 
faculté  accordée  aux  conservateurs  d'y  puiser  ,  leur  amour  connu 
pour  les  sciences  et  leur  bon  goût  rendront  la  bibliothèque  du  Pan- 

(  224)  Hist.  manusc.  de  Saime-Genev. ,  p.  43a  et  860 


\h'-i 


lie    Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris; 
théon  une  des  plus  considérables  et  des  mieux  choisies  en  tout  genre.' 
Elle  peut  s'évaluer  aujourd'hui   de   70  à  80  milles  volumes. 

Les  gardes  actuels  sont  les  citoyens  Viallon ,  Ventenal  et  Daiinou. 

Elle  possède  encore  deux  globes  céleste  et  terrestre  ,  artisteraent 
enluminés  et  très-bien  montés ,  avec  leurs  méridiens  de  cuivre  et  leurs 
boussoles.  Ils  sont  du  P.  Coronelli ,  cordelier  vénilien,  et  général  de 
son  ordre. 

On  j  conserve  un  monument  en  carton  assez  bien  exécuté  ;  c'est 
lésion  en  relief  de  la  ville  de  Rome  ,  lait  dans  la  proportion  d'un 
pouce  pour  quatre-vingt-dix  pieds.  Il  est  posé  à  hauteur  d'appui  et 
enfermé  dans  un  vitrage,  surmonté  d'un  plafond  peint  en  ciel.  Son 
étendue  est  d'environ  douze  pieds  en  carré.  Il  représente  Rome  telle 
qu'elle  existe  aujourd'hui  ;  on  y  distingue  parfaitement  ses  plus  beaux 
édifices,  ses  vastes  et  riches  palais  ,  ses  jardins  délicieux  et  quelques- 
unes  des  principales  fontaines.  On  y  découvre  aussi  les  ruines  de 
l'ancienne  Rome ,  comme  le  Colisée ,  le  temple  de  Vénus  ,  les  aque- 
ducs ,  etc.  Ce  morceau  vraiment  curieux  est  de  Grimani ,  qui  a 
employé  deux  ans  à  le  faire. 

Un  écriteau  porte  ces  deux  vers  tirés  de  Martial  (  225  )  : 

Hinc  septein  dominos  videre  montes  , 
Et  totam  licet  estimare  Romam. 

et  il  indique  que  ce  plan  fait  en  1776,  a  été  acheté  en  1785  pour  le 
cabinet  de  Sainte  Geneviève. 

Delà  on-  entre  de  plain  pied  dans  le  corps-de-bâtiment  construit 
pour  servir  de  cabinet  d'antiques  et  d'histoire  naturelle.  Son  établis- 
sement étoit  dû  au  P.  Dumolinet ,  qui  en  a  publié  la  description  ,  telle 
à-peu-près  qu'il  l'a  laissé  de  son  tems.  Ce  qui  se  trouva  de  plus  jare 
dans  le  cabinet  du  fameux  Peirèsc,  contribua  beaucoup  à  l'enrichir. 
Il  avoit  été  considérablement  augmenté,  et  passoit  pour  un  des  plus 
curieux  de  Paris;  mais,  depuis  quelques  mois,  tout  ce  qu'il  contenoit 
a  été  transporté  à  la  bibholhèque  nationale. 

On  y  voyoit  autrefois  une  suite  nou-interrompue  des  portraits  des 


(  225  )  Lib.  ly  .  Epiferam,  54. 

rois 


Abbaye  Sainte- Geneviève  a  Paris.  m 
rois  de  France,  au  pastel ,  dont  on  faisoit  peu  de  cas  pour  le  Iravall. 
Ils  y  sont  restés ,  mais  enfermés  dans  des  armoires. 

Aujourd'hui  les  conservateurs  ont  placé  dans  la  pièce  du  fond  leur 
collection  très-précieuse  d'estampes,  ainsi  que  tous  les  ouvrages  qui 
traitent  des  objets  d'antiquité. 

Elle  est  actuellement  destinée  ,  en  hiver,  à  un  cabinet  d'étude  et  de 
travail,  très-commode  et  très-agréable.  C'est  la  seule  bibliothèque  de 
Paris  où  les  tiavailleurs  soient  commodément  et  ajent  du  IV  u. 

Vis-à-vis  la  porte  d'entrée  de  la  bibliothèque  se  trouve  la  salle  des 
manuscrits  ,  à  laquelle  on  monte  par  un  escalier  fort  étroit.  11  y  en 
a  quelques-uns  de  Irès-anciciis  ,  liès-beaux  et  bien  conservés;  on  en 
remarque  entr'autres  un  de  Manuel  Philée  (^22.6),  petit  i/1-4"., 
écrit  de  la  main  de  P'égèce,  et  dont  les  figures  sont  parfaitement 
dessinées  et    enluminées   par  sa  fille. 

On  j  a  relégué  l'horloge  fait  par  Oronce  Fine,  habile  mécanicien 
et  premier  professeur  de  mathématK[ues  sous  François  I'^'".  (227) 
Cet  ouvrage  ,  à  la  construction  duquel  il  employa  sept  ans ,  fut  achevé 
en  i353,  pour  le  cardinal  de  Lorraine  ,  archevêque  de  Rheims. 

Il  est  de  figure  pentagone,  haut  de  six  à  sept  pieds,  en  y  compre- 
nant le  piédestal ,  ou  le  soubassement  sur  lequel  il  est  posé,  en  forme 
de  colonne  creusée  ,  dans  lequel  est  un  seul  poids  ,  qui  fait  marcher 
onze  cadrans  ;  savoir ,  les  sept  planètes  ,  le  cadran  des  heures  ,  l'astro- 
labe, la  tête  du  dragon  et  le  cadran  de  la  lune. 

Sur  le  couronnement ,  il  y  a  un  globe  céleste  de  cuivre ,  peint  en 
miniature^  qui  fait  son  tour  en  vingt-quatre  heures;  le  poids  dont 
on  vient  de  parler  se  monte  en  moins  d'une  minute  ,  et  dans  l'espace 
de  deux  pieds  qu'il  a  de  jeu  ,  il  est  huit  jours  à  descendre. 

Cette  pièce  ingénieuse  peut  se  monter  et  démonter  en  un  moment, 
quoiqu'elle  soit  composée  de  plus  de  cent  roues  différentes  ,  d'une 
trempe    particulière  ,    qui    les    a    garanties   jusqu'à    présent    de  la 


(  226  ■*  Il  no  is  reste  de  cet  auteur  grec   un  poè'tiie  en  vers  ïainljiqiies   sur 

îa    propriélé  d's  nnimaux.  ^ 

(32.7)  Voyez   sur  Oronce   Fine,  Ant.  Naf.  ,  tom.  IV  ,  art.  XT-VI ,  p.  79. 

P 


/i^ 


112    Abbaye    Saikte-Geneviève    a    Paris; 
rouille  (  228  ).  Cette  mécanique  ,  maintenant  abandonnée  et  en  partie 
disloquée ,  a  besoin  de  grandes  réparations.  Elle  ornoit  autrefois  la 
bibliothèque. 

Dans  les  espaces  des  corps  de  tablettes  s'élèvent  des  piédestaux 
en  gaîne ,  qui  portent  les  bustes  de  plusieurs  grands  hommes  de 
l'antiquité  et  de  quelques  empereurs  romains.  Ils  sont  très-précieux, 
en  ce  qu'ils  ont  été  moulés  sur  lanlique  et  réparés  de  la  main  du 
fameux  Girardon.  Il  j  a  aussi  plus  de  80  bustes  en  marbre  ou  en 
pierre  de  plusieurs  personnages  célèbres  du  siècle  précédent  et  de 
celui-ci ,  faits  par  Girardon ,  Coisepox ,  les  Coustou ,  etc.  etc. 
Les  derniers  placés  sont  Soiijflot  ,  architecte  de  la  nouvelle  église  , 
aujourd'hui  le  Panthéon,  el  Pingre ,  dont  le  buste  a  été  exécuté  et 
donné  par  Caffieri ,  son  ami. 

II  ne  nous  reste  plus  à  faire  connoître  que  les  membres  de  cette 
maison  qui  se  sont  distingués  par  des  talens  supérieurs  et  des  événe- 
mens  singuliers.  Un  des  premiers  est  l'abbé  Etienne  (229). 

Orléans  vit  naître  Etienne  l'an  ii25.  La  vivacité  d'esprit  et  de 
talens  qu'il  déploya  dans  ses  premières  études,et  sur-tout  dans  son  école 
publique  de  pbilosophie,  luigagnèrent  la  faveur  et  l'amitié  de  plusieurs 
grands  personnages.  Guillaume  de  Champagne ,  entr'autres  ,  fils  de 
Thibault ,  comte  de  Trojes  et  de  Blois  ,  lui  fut  tout  dévoué.  Devenu 
archevêque  de  Sens  ,  il  le  prit  d'abord  en  qualité  d'aumônier  et  de 
secrétaire.  Son  crédit  lui  fit  donner  ensuite  une  prébende  et  l'office  de 
chantre  àSt-Euvert  d'Orléans,  chapitre  de  chanoines  réguliers. Etienne 
s'étant  mis  en  tête  d'y  établir  la  réforme  ,  appela  des  chanoines  régu- 
liers de  Saint-Victor  de  Paris.  Robert  ,Y\\\\  d'eux,  désigné  premier 
abbé  ,  donna  le  nouvel  habit  de  religion  aux  réformés  ainsi  qu'à 
Etienne ,  qui  eut  la  charge  de  procureur  de  la  communauté.  II  ne 
tarda  pas  à  succéder  à  Robert.  Quelques  années  après  l'abbaye  de  Ste.- 
Geneviève  étant  venu  à  vaquer,  ily  fut  nommé  en  1 178,  et  quatorze 
ans  après  à  l'évêché  de  Tournay.  Ayant  écrit  à  l'archevêque  de 
Tours  pour  lui  annoncer  sa  nouvelle  promotion,  celui-ci  lui  envoya 

^~  I—    ■^■■■■■1  ■  I  ■■■  ,  ■■   ■■■_.        ,  ...     .      a,     .      ,.  .  ,,_  ,        _^(^^Bn^^>^B^i^-M^^^^MM~^M^^B^M^^I^H^ 

(  228  )  Brice  ,  descript.  de  Paris ,  t.  II. ,  p.  5o5. 
(229J  Supràj  p.  19. 


Abbaye  Sainte-Geneviève  a  Paris.  ii3 
pour  présent  une  mître ,  des  gants  et  des  sandales.  Les  auteurs  contem- 
porains donnent  Etienne  comme  un  des  plus  savans  hommes  de  sou 
tems.  On  a  de  lui  des  sermons,  des  épîtri's  et  d'autres  ouvrages  écrits 
avec  assez  de  iroût ,  d'élégance  et  de  facilité. 

Guillaume ,  connu  sous  le  nom  de  Guillaume  de  Dannemarck  ^ 
naquit  en  1104.  Hugues,  son  oncle,  abbé  de  Saint  -  Germain-des- 
Piés  ,  lui  procura  jeune  encore  une  prébende  en  l'église  Sainte-Gene- 
viève, alors  desservie  par  des  chanoines  séculiei-s.  L'austérité  de  ses 
mœurs  lui  fit  de  ses  confrères  autant  d'ennemis  ,  qui  employèrent 
tout  pour  l'éloigner.  Malgré  leurs  intrigues  ,  il  fut  pourvu  d'une 
prévôté  considérable,  celle  d'Epinaj  ,  qui  relevoit  de  son  chapitre. 
Peu  de  tems  après,  instruit  par  Eudes  lui-même  de  la  réforme  opérée 
à  Sainte-Geneviève,  il  se  rendit  auprès  du  nouvel  abbé,  à  la  per- 
sualion  duquel  il  enlra  en  religion  à. l'âge  de  44  ans. 

Selon  l'auteur  de  sa  vie  ,  Dieu  le  voyoit  avec  tant  de  complaisance  , 
qu'une  nuit  ii  lui  apparut  sous  la  figure  d'un  bel  enfant ,  et  l'appelant 
par  son  nom  ,  il  lui  dit  :  Sache  que  je  Vai  choisi  pour  venir  avec 
moi  dans  une  certaine  île  où  tu  auras  beaucoup  à  souffrir.  Il  ne 
lui  fut  pas  donné  de  connoître  sur-le-champ  le  sens  de  cette  prédic- 
tion ;  mais  il  la  crut  bien  vérifiée,  lorsqu'en  1161  il  fut  appelé  par 
Absalon  ,  évêque  de  Roschilde  en  Dannemarck ,  sous  le  règne  de 
Valdemare  ,  pour  établir  la  réforme  dans  un  ancien  monastère  de 
chanoines.  Il  partit  donc  pour  la  Zélande  avec  deux  autres  confrères. 
Les  religieux  et  le  diable  y  tourmentèrent  à  l'envi  le  réformateur  ; 
mais  le  ciel  le  protégea  contre  toutes  leurs  espiègleries.  Une  nuit  , 
pendant  cpie  les  moines  dormoient ,  le  diable  voulant  faire  périr  le 
pieux  abbé,  renversa  sa  lampe  allumée  sur  la  paille  de  son  lit.  Le  feu 
prit  et  consuma  tout  ce  c]ui  étoit  autourde  lui ,  maisne  l'atteignit  point. 

L'animosité  des  religieux  croissant  toUjOurs  ,  ils  conçurent  le 
dessein  de  s'en  défaire  ,  soit  en  l'enfermant  dans  un  sac  pour  le  jeter 
dans  la  mer  ,  soit  en  le  poignardant ,  soit  en  le  vendant  aux  Van- 
dales \  mais  le  saint  les  devina  et  triompha  de  leur  perfidie. 

Attaqué  d'une  maladie  qui  le  mit  en  danger,  il  fit  une  prière  à 
Sainte-Geneviève  et  s'endormit.  Touchée  de  son  état,  la  Sainte  vint 
le  consoler  pendant  son  sommeil ,  et  le  regardant  d'un  visage  riant  : 

P  z 


\ 


in 


114    Abbaye    Sainte-Geneviève    a    Paris; 

Ne  craignez  point ,  nous  avons  un  bon  Seigneur.  Guillaume  re- 
connoissant  sa  patrone ,  la  remercia  de  sa  visile  et  lui  demanda  qui 
(;!oir  ce  Seigneur,  dont  elle  lui  parloit?  «  C'est  Jésus-Christ,  fils  de 
»  Dieu,  lui  dit-elle  ».  Aussitôt  la  réjionse  de  Geneviève,  le  malade 
s'éveilla  et  se  trouva  guéri. 

Il  n'y  a  guères  de  saints  sans  miracles.  Guillaume  en  fit  quelques- 
uns  pendant  sa  vie;  quantité  de  malades  ont  élé  guéris  en  mangeant 
des  viandes  qui  lui  avoient  été  servies  à  table  ,  et  en  buvant  l'eau 
dont  il  avoit  lavé  ses  mains. 

Philippe-  Auguste  ,  roi  de  France  ,  avoit  épousé  Isemburge  (280), 
sœur  du  roi  de  Dannemarck  ,  qu'il  répudia.  Canut,  informé  de  ce 
divorce,  envoya  son  chancelier  à  Rome  pour  traiter  de  cet  objet; 
Guillaume  l'accompac^na.  Son  cheval  s'étant  blessé  pendant  le  voyage, 
il  le  guérit  par  un  signe  de  croix. 

Ce  personnage  mourut  en  1202,  le  6  avril,  à  l'âge  de  92  ans, 
ajant  été  40  ans  abbé. 

Charles  Faure  (281  )  naquit  à  Luciennes,  village  à  quatre  lieues 
de  Paris  ,  où  ses  parens  avoient  une  maison  de  campagne.  «  A  peine 
3)  avoit-il  cinq  ans,  dit  l'historien  des  ordres  monastiques,  qu'ayant 
»  su  que  sa  nourrice  avoit  été  reprise  de  quelques  désordres  ,  il  ne 
3)  voulut  plus  soufFrir  ses  caresses  et  fuyoit  même  sa  présence  ».  Tant  il 
est  vrai  qu'il  n'est  guères  d'hommes,  à  qui  le  génie  et  les  circonstances 
donnent  qnelqu'éclat,  auxquels  on  n'attribue  des  actes  extraordinaires 
jçjj,,,,'  et  souvent  invraisemblables. 

■^  Peu  après  son  retour  de  Bourges,  où  il  étudia  sous  les  Jésuites,  sa 

mère  devenue  veuve  et  sans  fortune,  le  confia  jeune  encore  à  l'abbé  de 
Saint- Vincent  de  Senlis,  qui  en  prit  soin  et  l'admit  dans  son  ordre. 

Faure  ne  voulut  jamais  prendre  le  bonnet  de  docteur ,  quoiqu'un 
•    de  ses  oncles  lui  eût  fait  par  testament  un  legs  à  cette  condition. 

Il  demeura  constamment  à  l'abbaye  de  Senlis  ,  à  la  réforme  de 
laquelle   il    travailla  ,  et  dont   il  devint   sous-prieiu'   et   maître  des 
novices.  Ayant  enseigné  pendant  long-tems  la  théologie  et  la  philo- 
sophie ,  plusiem-s  de  ses  discij  les  lui  dédièrent  des  otivrages. 
f 

(23o)  Ant.  Nat. ,    tom.   Il,  art.  XV,    p.  8. 

(281  )  Siiprâ. 


Abbaye    Sainte-Geneviève    a   Paris.       iiS 
Ce  fut  lui  qui  engagea  les  chanoines  léfoimés  à  faire  le  vœu  de 
ne  pas  briguer  un  bénéfice,  de  n'en  accepter  aucun  sans  le  consen- 
tement et  l'ordre  des  supérieurs,  et  même  de  retourner  au  monastère 
si  ceux-ci  le  jugeoient  convenable. 

Du  reste  sa  vie  n'olfre  aucun  trait  remarquable,  sinon  qu'il  éloit 
dans  l'usage  de  servir  les  religieux  au  réfectoire,  jusqu'à  la  fin  du 
repas,  toutes  les  fois  qu'il  officioit  pontilicalemeut  (282). 

On  a  de  lui  quelques  ouvrages  oubliés  depuis  long  tems.  lia  plu 
à  l'auteur  de  sa  vie  (233)  de  faire  mourir  d'une  manière  tragique 
tous  les  religieux  qui  furent  opposés  à  ce  zélé  réformateur. 

J'ai  rapj^orté  de  la  RochefoucauU  à-peu-près  tout  ce  qu'on  en 
peut  dire.  Il  fit ,  comme  on  l'a  vu  ,  des  changemeiiS  si  considérables  , 
soit  dans  l'église ,  soit  dans  la  manse  abbatiale  ,  qu'on  ne  risqueroit 
rien  de  lui  appliquer  ce  qu'on  a  dit  de  l'empereur  Auguste  à  l'égard 
de  Rome  :  Inuenit  lateritiam ,  reliquit  marmoream  (284). 

Pierre  iourrier  ,  siu-nommé  de  Mathincnurt ,  du  village  dont 
il  devint  curé  ,  n'a  acquis  quelque  célébrité  dans  son  ordre  ,  que 
par  la  fondation  de  deux  communautés,  l'une  de  filles,  sous  le  nom 
de  Notre-Dame  ,  et  l'autre  de  chanoines  réguliers  ,  sous  celui  de 
Saint-Sauveur.  Revenant  un  jour  de  visiter  ces  nouveaux  monastères, 
on  lui  apprit  qu'il  y  avoit  dans  son  village  plusieurs  possédés  du 
diable  qu'on  avoit  exorcisés.  Ayant  demandé  à  l'un  des  esprits  où 
il  avoit  été  les  trois  jours  qu'il  n'avoit  point  répondu  à  l'exoi'ciste  , 
celui-ci  lui  dit  qu'il  venoit  d'un  village  de  Lorraine  ,  où  pour  se 
venger  du  curé  qui  les  afoit  persécutés ,  et  qui  aidait  bandé  contre 
eux  les  hommes  et  lesjilles  de  tous  âges  et  de  toutes  condi- 
tions ,  ils  lui  aidaient  fait  un  beau  ménage  et  taillé  bien  de  la 
besogne  (235  ). 


(282)  Heliot ,  Hist.  des  ord.  monasi. ,  t.  11 ,  p.  3,8  ,  Gallia  christ.  ,  t.  Vil, 
p.  783. 
(233)  Chartonnet,  vie  du  P.  Faure,  10-4". 
^284)  Supra. 
(235)  Vies  man,  des  Hom.  Illust,  des  chan.  rég.  de  Fr. ,  1. 11 ,  p.  454. 


/9^ 


iiCy      Abbaye   Sainte-Geneviève   a   Paris. 

Ce  religieux,  né  à  Mirecourt  en  i565 ,  mourut  à  Grez,  en  Franche- 
Comté,  vers  1640.  Ouïe  béatifia  en  lySo. 

Angers  fut  la  pairie  de  Jean  Fronteau.  Du  collège  de  la  Flèche  , 
où  il  avoir  fait  professiion  ,  il  se  rendit  en  i636  dans  la  maison  de 
Siinte-Geneviève,  où  il  enseigna  la  philosophie  et  la  théologie.  Son 
érudition  étoit  immense  ;  très-versé  dans  les  langues  mortes,  il  parloit 
aussi  presque  loules  les  langues  vivantes  de  l'Europe.  Il  laissa  plu- 
Sieurs  ouvrages  ,  presque  tous  polémiques  et  critiques.  Le  pins 
singulier  est  une  chronologie  des  papes  en  vers  hexamètres.  Ces  vers 
étoient  acrostiches  ,  c'est-à-dire ,  que  chacun  commençoit  par  les 
lettres  de  l'alphabet.  A,  B,  etc. 

L'auteur  s'éloit  encore  assujéti  à  faire  entrer  dans  chaque  vers  le 
nom  du  pape ,  et  à  désigner  ses  principales  actions  ;  mais  ce  qui 
paroîtra  plus  étonnant ,  c'est  que  le  nombre  des  lettres  qui  précédoit 
le  nom  du  pape  ,  indiquoit  celui  des  années  qu'il  avoit  tenu  le  siège 
de  ré""!ise.  Les  deux  premiers  vers  serviront  d'exemple  : 

Aff'ero  ponlijîcum  seriem  ;  tu ,  Pelre  canenti 
làlattas  dwa  Lini  et  matrum  vchunen  ,  adesto  (236). 

Apiès  avoir  élé  chancelier  de  l'Université,  et  prieur  de  Benêts  en 
Anjou  ,  il  mourut  curé  de  Montargis  en  1662  ,  à  48  ans. 

Pierre  Lallemant ,  né  à  Rlieims  ,  étudia  à  Paris.  Après  avoir 
professé  la  rhéloriqu  •  avec  succès  ,  et  avoir  été  plusieurs  années  de 
suite  recteur  de  l'Université  ,  il  prit  l'habit  de  chanoine  régulier. 
Devenu  chancelier  de  l'Université ,  le  conseil  du  roi  et  le  parlement 
le  chargèrent  de  commissions  importantes  ,  relatives  aux  afTaires 
ecclésiastiques.  Dans  foutes  les  occasions  il  déploya  beaucoup  de 
prudence,  de  modération,  de  finesse  et  de  capacité.  Le  peu  d'écrits 
qu'il  a  laissés ,  excepté  l'éloge  de  Pompone  de  Bellièvre  (287),  sont  sur 
des  matières  de  religion. 


(236)  Heltot,  HIst.  des  orJ.  mon.,  t,  rr  ,  p.  338.  -  Piganiol ,  Desrript.  de 
Par.,  t.  VI,  p.  93.  -  Niceroii ,  Mém.  hist.,  t.  XXI,  p.  80.  -  Vies  inan.  des 
Hom.  iUiist.  des  chan.  rcg.  de  Fr.  ,  p.  64.'). 

(257I  Biice,  Descript.  de  Par.,  t.  11  ,  p.  5i4  -  Piganiol,  Descript.  hist. 
de  Pai. ,  t.  VI,  p.  94.  -  Perrault,  Hom.  illust. ,  t,  11  ,  p.  11. 


Abbaye   Sainte-Geneviève   a  Paris.       \\f 
René  le  Bossu,  de  Paris,  professa  les  humanités  dans  jjlusieurs 
maisons  de  son  ordre.  Après  un  assez  long  séjour  à  Sainte-Gene- 
viève ,  il  devint  sous-prieur  de  l'abbaje  Saint-Jean-de-Chartres  ,  où 
JI  mourut  en  1680.  Le  traité  du  Poème  épique  a  fait  sa  i-éputalion. 

Anselme ,  appelé  de  Paris ,  sans  doute  pour  le  distinguer  de 
ceux  qui  portent  le  même  nom,éloit  de  Rheims.  Quoiqu'avec  luie 
connoissance  profonde  des  langues  savantes  ,  il  ne  travailla  cepen- 
dant qu'à  des  ouvrages  de  controverse.  Ce  religieux  mourut  en  i683. 
Châlons-sur-Marne  a  donné  le  jour  à  Claude  Dumolinet ,  qu'on 
doit  metti-e  au  noml^re  des  plus  sa  vans  de  l'ordre.  Son  étude  prin- 
cipale fut  l'histoire  et  les  antiquités.  Il  nous  reste  de  lui  plusieurs 
ouvrages  imprimés  et  manuscrits  ;  ceux-ci  concei'nent  la  congréga- 
tion. Dans  ces  morceaux  d'histoire  détachés ,  à  travers  une  foule  de 
préjugés  puériles,  on  rencontre  par  intervalle  des  faits  piquants, 
qu'on  ne  trouve  point  ailleurs.  Ce  laborieux  antiquaire  est  mort  en 
1687,  âgé  de  67  ans. 

Joseph  Barre,  chancelier  de  l'Université  et  bibliothécaire  de 
Sainte-Geneviève,  est  mort  en  1764,  à  l'âge  de  72  ans.  L'hisloire 
générale  d'Allemagne,  en  11  volumes  //7-40.  ,  son  principal  ouvrage, 
ne  peut  pas  lui  assigner  une  place  parmi  les  bons  écrivains  en  ce 
genre. 

Louis  de  Sanlecque ,  humaniste  ,  poëte  et  théologien ,  mourut  en 
J715,  à  Paris,  sa  pati'ie. 

Les  talens  de  Claude  de  Creil ,  pour  la  bonne  architecture  ,  sont 
connus.  Il  donna,  sous  le  ministre  Colbert,  des  dessins  pour  l'édifice 
du  Louvre.  On  rendit  justice  à  leur  richesse  ,  à  leur  magnificence  ; 
mais  l'extrême  dépense  qu'en  entraînoit  l'exécution ,  les  fit  aban- 
donner. Cet  artiste  né  à  Paris  ,  y  est  mort  en  1708. 

Alexandre-Guy  Pingre ,  géographe  de  la  marine  ,  bibliothécaire 
de  Sainte-Geneviève  et  du  Panthéon ,  né  à  Paris  en  1711  ,  étudia  au 
collège  de  Senlis  ,  et  entra  en  religion  en  1727.  D'abord  la  théologie 
fut  son  occupation  habituelle  ;  il  la  professa  dès  l'âge  de  vingt-quatre 
ans  ,  avant  même  d'avoir  la  prêtrise.  Mais  les  troubles  du  Jansé- 
nisme le  réduisirent  à  enseigner  dans  les  basses  classes  à  Senlis ,  à 
Chartres,  etc.  Ce  ne  fut  qu'en  1749  Ç[ue  le  Cat,  fameux  chirurgien  , 


1^9 


ii8  Abbaye  Sainte-Geneviève  a  Paris, 
venant  d'éfabllr  à  Rouen  une  académie,  choisit  Pi'ngré  pour  un  de 
ses  membres.  La  compagnie  n'avoit  point  d'astronome;  Pingre  qui 
se  connut  alors,  dit,  avec  cette  sim))lic'ilé  qui  caractérise  le  vrai 
talent  :  je  m'occuperai  d'ajli"onomie.  L'application  et  la  facilité  com- 
pensèrent bien  en  lui  le  défaut  d'expé.ience  (238).  Il  parut  avec 
succès  dans  la  carrière  dès  lySo.  On  l'envoya  bientôt  à  Paris  ,  oîi 
il  se  lia  avec  Lemonnier.  Reçu  associé  libre  de  l'académie  des 
sciences,  il  entreprit,  en  ij5j,  les  calculs  des  comètes.  De  ce  nouveau 
travail ,  le  plus  diiïicile  et  le  plus  embarrassant  de  l'astronomie  ,  est 
résulté  l'immense  ouvrage  de  la  comé/ograph/e ,  qui  a  paru  en  1784; 
en  deux  volumes  in-\°.  Ce  fut  lui  qui  imagina  le  cadran  solaire  ,  si 
ingénieux  ,  qu'on  voit  sur  la  colonne  de  l'hôlel  de  Soissons  ,  où  l'on 
a  construit  la  Halle-aux-Bleds. 

Ce  savant  infatigable  a  fait  plusieurs  voyages  au-delà  des  mers  , 
dont  il  a  donné  des  journaux  ou  des  relations  exactes  ,  et  tous  égale- 
ment utiles  à  la  géographie  ,  à  la  marine  et  à  l'astronomie. 

On  lai  doit  outre!  cela  deux  bonnes  traductions  françoises  les 
seules  cjui  existent  ,  l'une  du  poëme  astronomique  de  Manilius ,  et 
l'autre  de  celui  d'^înitiis  ,  sur  les  constellatior.s  et  les  cercles  de 
la  sphère. 

Le  dernier  de  ses  travaux  est  une  liistoire  de  l'astronomie  du 
'KVI1''  siècle,  terminée  en  1790  ,  et  dont  les  circonstances  ont 
retardé  la  publication.  Rendu  à  l'état  civil  par  la  révolution  ,  Pingre 
éprouva  le  sort  de  presque  tous  les  gens  de  lettres  ,  dont  il  a\  oit 
l'insouciance  et  le  désintéressement.  Il  passa  les  dernières  années 
de  sa  vie  ,  non  pas  dans  la  médiocrité  ,  mais  dans  le  besoin.  Cet 
homme  habile  et  Vare  est  mort  à  Paris  en  1796  ,  à  l'âge  de  84 
ans.    Il  étoit    membre  de  l'institut  national  de  France  (  289  ). 

On  doit  placer  au  nombre  des  sa  vans  qui  ont  illustré  cette  maison 
Mongez  ,  c  onlinuateur  du  journal  d^  physique  après  l'abbé  Rosier, 
auteur  du  manuel  du  Minéralogiste  et  de  plusieurs  mémoires 
estimée,  sur  des  sujets  relatifs  à  la  physique  et  aux  arts;  un    des 

(  2l^)8  )  Il  îivoii  alors  ciy  ans. 

(239)  Voir  pour  le  surplus  le  Magasin  Encyclopédique  ^  t.  III,  p.  420, 
et  t.  V,  p.  i;o  et  suiv. 

infortunés 


N?  ].X.  l'I  ri.  I'm/.  uii 


N°  I.X.  PI.  n.  P/u/.  UQ 


IJ),n;,'. 


A  B  B  A  T  E    Saint  e-G  eneviève    a   Pap.  is.       119 

îiifortunés   compagnons    de  Lapejrouse  ,    et   qui  a  aussi  trouvé  la 
mort  dans  cette  malheureuse  expédition. 

Mongez,  l'aî.ié,  ancien  garde  du  cabiuet  des  antiques;  main- 
tenant membre  de  l'Institut  national  et  administrateur  de  la 
monnoie  de  Paris^  auteur  d'un  méaioire  sur  les  divinités  infernales, 
qui  a  élé  couronné  par  l'académie  des  belles-lettres,  et  du  dicliou- 
naire   des  Antiquités  dans   l'encyi-lopédie  méthodique. 

Viallon ,  un  des  derniers  bibliothécaires,  et  qui  l'est  encore,  a 
remporté  à  l'acatlémie  des  sciences  le  prix  proposé  pour  remplacer 
la  pompe  du  pont  Notre-Dame  il  s'occupe'  avec  succès  de  la  méca- 
nique hydraulique. 

Le  Ciîoyen  Ventenat ,  bibliothécaire  actuel,  très-savant  botaniste  , 
membre  de  l'Institut  national  ,  auteur  de  plusieurs  disserlalions 
insérées  d.;n>  le  magasin  encyclopédique,  et  d'un  ouvrage  élémentaire 
qui  doit  faire  époque  dans  l'hisloire  de  la  scijnce  des  végétaux. 

Le  Cûoien  Saint-Léger ,  savant  bibliographe,  dont  le  nom  est 
justement  céîèbre  ;  auieur  d'im  gi-and  nombre  de  dissertations,  rela- 
tives à  l'histoire  littéraire  et  à  la  bibliographie ,  insérées  dans  différens 
journaux  et  principalement  dans  le  magasin  encyclopédique. 

Je  terminerai  cette  nolice  historique  sur  la  célèbre  Abbaye  de 
Sainte-Geneviè\e  ,  par  la  description  du  jardin  ,  dont  j'ai  donné 
une  vue  Planclte  VI. 

Le  jardin  éloit  bien  entretenu;  il  est  très-vaste  et  le  plus  grand 
de  ceux  enfermés  dans  l'enceinte  des  anciens  murs  de  la  ville.  Il 
a  élé  augmenté  en  1690  de  la  largeur  des  fossés  de  l'estrapade  ,  qui 
étoient  derrière  et  que  Philippe-Auguste  avoit  fait  faire  sur  le  terrèln 
de  cette  maison  ,  lorsqu'il  fit  enclore  la  ville.  Cette  augmentation 
a  procuré  à  ce  jardin  une  longue  et  large  terrasse  et  une  belle  allée 
d'arbres  qui  sont  aujourd'hui  très-beaux  et  qui  donnent  beaucoup 
d'ombre.  Ce  jardin  ,  les  cours  et  les  bâtimens  occupent  environ  dix- 
huit  arpens. 

La  gravure  offre  la  vue  d'une  partie  de  la  maison  ,  de  la  biblio- 
thèque et  de  son  dôme  ,  de  la  tour  de  l'église  avec  la  petite  tourelle 
où  est  son  escalier  ,  des  combles  de  l'église  et  du  clocher  de  Saint- 
Eiiemie. 


M 


120      Abbate   Sa  inte-Gen-e  vie  ve   a   Paris. 

De  l'autre  côté  on  voit  une  partie  de  rt\\térieur  de  la  nouvelle 
église  avec  les  deux  tours  et  le  dôme  de  ce  beau  monument, 
aujourd'hui  le  Panthéon. 

Le  point  de  vue  de  l'estampe  est  pris  du  jardin. 


L    X    I. 

BIBLIOTHÈQUE  DE  SAINT -PIERRE  A  LILLE, 

Département  du  Nord. 

S\  PRÈS  l'arlicle  de  la  collégiale  de  St.  Pierre  de  Lille  (  i  )  ,  j'aurois 
dû  placer  la  description  de  la  bibliothèque  ,  mais  il  me  manquoit  alors 
quelques  renseignemens  que  je  me  suis  procurés  (  3  ). 

Cette  bibliothèque  n'est  pas  très-ancienne,  aussi  est-elle  peu  riche 
en  anciens  manuscrits  (3  ). 

A  rextrêmité  du  cloître  de  la  collégiale,  est  l'escalier  de  la  biblio- 
thèque ;  avant  d'entrer  dans  la  salle,  on  voyoit  de  très-anciens  portraits 
de  dames  et  de  chevaliei's  ,  qui  ne  porlolent  aucune  inscription,  et 
les  armoiries  de  quelques  prévôts  de  Lille. 

La  salle  de  la  bibliothèque  est  très-vaste  et  très-belle,  les  livres  ne 
sont  pas  en  grand  nombre,  mais  ils  sont  en  général  bien  choisis. 

Aulom-de  celle  bihliothèque  étoient  des  portraits  de  papes  ,  d'évê- 
ques  de  Tournaj  et  de  quelques  chanoines  ;  on  y  vojoit  aussi  ceux  de 
qrielques  gouverneurs,  mais  l'œil  s'y  aftachoit  peu,  et  il  se  fixoitsur 
une  copie  fidèle  du  portrait  de  Descartes. 

(   I    )   Suprà  ,  ail.   ],lil. 

(2)  Jt-   ks  (lois  au   Lilojen  Demazière ,  bibliothécaire  actuel. 

(3)  Vuiri  un  iriil  qui  prouve  comijien  les  ecclésiastique^;  eux-mêmes 
cullivoifnt  peu  les  le  Ires  dans  le  douziène  siècle.  Les  livres  de  prières  étoient 
si  rarvS  à  Lille,  que  cliac|ue  nouveau  curé  pajoit  au  cli;.pilie  de  Saint-Pierre 
une  somme  d'-.r.i;enl  pour  l'u.sat|,e  d"uu  bieviaire  qu'on  lui  piêloil  ,  et  qui  après 
sa  mort  relouinoita  la  t'aLrique.  :1  n'y  a  pas  long-lemps  qu'on  voyoit  encore 
de  ces  anciens  bréviaires  dans  la  bililiollu' que  du  chapitre.  Ce  ()ui  paroilra 
assez  singulier  c'est  que  les  viguetles,  les  culs-de-!ampe  qui  ornent  presque 
chaque  page  repies^^nlenl  des  sujets  indécens  ou  j^ro.'sitrs  j  on  y  voyoit  des 
singes  en  ch  p>,  d  s  cochons  avec  des  vètemens  de  moine  ,  des  diables  dans 
des  attitudes  ridicules  ,  et  mille  autres  choses  aussi  grotesques  que  peu  édi- 
fiantes.  Molinos ,  p.   209, 

A. 


a      Bibliothèque  DE  Sain  t-P  ierre  a  Lille." 

On  y  voit  plusieurs  édillonsde  l'époque  de  l'origine  de  l'imprimerie^ 
un  Jean  de  Janua,  des  sermons  de  Maillard  ,  une  traduction  d'Hero- 
dole  ,  et  d'autres  ouvrages  imprimés  avant  i5oo.  On  y  conserve  aussi 
quelques  belles  paires  d'heures  avec  des  migniatures. 

Les  anciens  bibliothécaires  ont  été  MM.  Molinos  ,  Graves  et  Sallen 
peque.  Le  dépositaire  de  cette  bibholhèque  ,  quand  je  la  visitai ,  étoit 
le  citoyen  SaLdin  dont  je  me  rappelle  avec  reconnoissance  les  bons 
offices.  C'est  aujourd'hui  le  citoven  De.mazieres. 

Les  livres  sont  en  grande  partie  in-j\P.  et  in-folio  ,  on  y  trouve  les 
grandes  collections  des  Bollandistes,  des  conciles,  des  historiens  de 
France,  les  ouvrages  de  Montfaucon,  etc.  quelques  traités  d'histoire 
et  d'antiquité  ;  etc.  mais  il  n'y  a  sur  aucune  de  ces  parties  des  suites 
complètes  (4). 

Parmi  les  inanuscrits  on  en  remarque  plusieurs  sur  les  fondations 
ou  les  dépenses  de  la  ville  de  Lille. 

Monsieur  Dubois  a  fait  pré>er.t  d'un  assez  grand  nombre  de  livres 
et  de  manuscrits  ,  mais  ils  sont  presque  tous  sur  les  généalogies  ; 
jamais  on  ne  vit  une  si  grande  quantité  de  blasons. 

Le  médallier  est  peu  nombreux  ;  on  y  trouvoit  une  suite,  en  bronze , 
des  médailles  de  Louis  XIV  et  de  Louis  XV,  des  jettons  des  rois  de 
France,  les  deux  premiers  milles  de  la  Dactyliotheque  de  Lippert, 
qui  ont  été  portés  depuis  au  Muséum  des  antiques  ,  à  Paiis. 

J'ai  remarqué  ,  dans  cette  bibliothèque  ,  plusieurs  manuscrits  dont 
l'ai  fait  dessiner  quelques  miniatures  intéressantes  pour  l'histoire  mo- 
derne. Un  des  principaux  et  des  plus  curieux  est  celui  dont  je  vais 
donner  un  extrait  détaillé. 
Il  a  pour  titre  : 

Entrée  solemnelle  de  leurs   altesses  serenissîmes   Albert  et 
IsABEL    Clara  Eugenia  ,  princes  et  soi/t-'erains  seigneurs  de  ces 
Pays-Bas  ,fdite  dans  la  ville  de  Lille  le  cinq  février  1600. 
Sans  m'arréter  aux  préparatifs  préliminaires  ordonnés  pour  cette 


(4)  Le  livre  enchaîné  qui  se  voyoit  dans  les  archives  du  chapitre  est  un 
lecueil  des  plus  anciens  titres  de  l'église.  Il  a  été  fdit  entre  le  quatorzième 
et  le  ^uiuïième  siècle.  Molinos,  p.  341, 


Bibliothèque  de  Sain  r-V  ierbeaLille.  3 
cëi'émonie  ,  je  passerai  de  vSuite  au  lieu  dit  /a  Bomie-Croix  ou  la 
Croix  des  Poisson/iiers ,  où  les  députés  dévoient  attendre  leurs 
altesses.  J'emprunterai  1rs  expressions  mêmes  de  l'aiiteiu-  du  ma- 
nuscrit, parce  qu'elles  tiennent  à  l'hisloire  du  langage  et  des  mcrurs 
de  ce  tems. 

On  se  mil  à  pied,  et  le  Rewart  (5)  présenta,  dans  un  bassin 
d'argent,  les  clefs  de  la  ville  ,  liées  d'une  ceinture  de  velours  cramoisi 
à  cloiians  d'argent,  et  maître  Denis  le  Gviillcbert,  licencié  es  droits  , 
premier  conseiller  pensionnaire  de  ladite  ville,  fit  une  petite  harangue 
à  leurs  altesses  devant  toute  l'assemblée,  et  dit:  que  les  Rewart, 
majeur  (6),  cchevins  ,  conseil  et  huit  hommes  de  la  ville  de  Lille, 
représenlaus  tout  le  peuple  et  la  communauté  d'icclle ,  étoient  venus 

(  5  )  Inspecteur  :  d-e  regardare  ^  regnrdatOT  ,  resgardum  ,  regardwn  j  regardus  , 
d'où  est  venu  reswart ,  rewart^  reuxart.  Suiviiiil  JMéiiage  ,  reuyart  nV.st  que 
l'iuiciennp  pronoiuiation  de  regard  ,  lilre  d'un  officier  qui  avoit  regard  et  ius- 
peitiou  sur  quelques  maîtrises  de  méliers.  Diicaiige ,  (îlossar  ,  I.  V  ,  col.  1256 
et  suiv.  ,  et  supp'éni.  ,  t.  IV  ,  col.  540,— Mtnage  ,  dicl.  éljm.  ,  t.  II  ,  p.  401. 
lacuaibe  ,  dans  son  diciionuaire  du  vieux  langage,  cite  rewaurder:  regarder, 
t.  Il,  p.  476.  On  dit  encore  aujourd'hui  à  jNletz,  rewaurter  pour  regarder. 
Ainsi  le  mot  rewart  désignoit  alors  le  premier  oflicier  de  la  ville  oii  il  avoit 
la  haute  surveillance  et  inspection.  Thiroux  (  liist  de  Lille  ,  p.  105  )  dit  que 
dans  l'assemblée  des  magistrats  le  rewart  étoit  prv^^sque  nul.  II  pvenoit  séance 
après  les  échevins,  et  recevoit  ceux  qui  deuiandoient  l'entrée.  Mais  hors  du 
conseil  et  en  public  ,  i-on  autorité  étoit  grandej  il  commandoit  généralement 
à  tout  ce  qui  regardoil  le  dehors.  Dans  l'iibsence  du  gouverneur  ou  portoit  chez 
lui  les  clefs  ,  et  il  donnolt  le  mot  du  guet.  11  étoit  nommé  à  la  tête  des  or- 
donnances du  conseil.  En  un  mot  il  paroit  qu'il  réunissoit ,  après  le  châtelain, 
toute  la  puissance  executive.  Cette  dignité  avoit  été  instituée  par  Jeanne  de 
Couslanliniple  ,  comtesse  de  Flandres,  en  1235.  Ses  lettres  données  à  ce 
sujet  désignoient  ce  nouveau  magistrat  sous  le  nom  d'inspecteur  de  l'amitié  ou 
pacificateur:  d'où  l'on  peut  conclure  qu'il  eloit  également  un  ojficier  de  paix, 
et  qu'il  avoit  dans  le  principe  le  droit  de  régler  à  l'amiable  les  différens  des 
cito_yens.  Calui  qui  prélendoit  à  cette  charge  devoit  être  Lillois.  On  exigeoit 
du  récipiendaire  le  serment  de  défendre  la  ville  et  d'aider  les  échevins  par  ses 
conseils  ,  de  garder  les  loix  et  Us  privilèges  ^  de  donner  tous  ses  soins  d  l'avance- 
ment   du  négoce   et  du   bourgeois. 

(  6      Du  mot  latin  major  plus  grand ,  au  dessus  des  autres  ,  d'où  est  dérivé 
maire  de  vjlle. 


toî 


4     Bibliothèque  DE  S  A  IN  t-P  ierre  a  Lille. 

au-devant  de  leurs  altesses   pour,   en  toute  liumllité  et   révérence  ; 
leur  baiser  les  mains,  et  les  assurer  de  leur  lidélité. 

Après  iin3  courte  harangue,  qni  fut  fort  agiéai)le  à  leurs  al'esses  , 
cliacun  remonta  achevai  dans  le  myme  ordre  que  dessus.  Précédoiïut 
leurs  aUesses,et  prenant  leur  clieniin  parle  faubourg  de  la  Maguelcnne, 
de  l"i  pardevan!  les  porles  de  Courtray,  de  Fraigneau  ,  Five  el  Siint- 
S.uiveur  ,  arrivèrent  près  la  porte  des  malades  ,  à  la  maison  el  censé  de 
l'ailipe  Sallembier,  laboureur  ,  qu'on  avoit  préparée  pour  i-ecevoir 
leurs  altesses;  auquel  lieu  1  urs  altesses  descendirent  du  carrosse, 
comme  aussi  plusieurs  seigneurs,  dames  et  demoiselles,  pour  se 
phaufïèr,  à  cause  du  grand  froid  el  de  la  •:;raiKle  geiée  i[ui  faisolt  alors. 
L^nrs  altesses,  après  avoir  chan.^é  Li'Jiahit-;  et  pris  quelques  rafraî- 
chisscmens  de  la  collation  Je  succades  et  vins  doux,  qu'on  leur  avo;t 
préijaré  et  leur  suite,  montèrent  à  cheval,  les  seigneurs  ,  princes  , 
princesses  et  dames  par^^iliemeut. 

Leurs  altesses  sur  deix  chevaux  blancs  ,  richement  parés  et  har- 
'  iiachcs:  liniante  to:i;o  irs  à  droite  de  l'archiduc. 

Le  magistrat ,  tenimt  son  rang,  entre  les  seigneurs,  qui  partie  les 
précédoient  ,  partie  les  suivo.ent ,  entrèrent  dedans  la  vilie  par  la 
porle  des  Malades. 

Leurs  aliesses  serenissiines  étant  entrées  dans  la  première  porte, 
virent  leurs  armes  richement  pennes  sur  un  grand  tableau  posé  à  la 
poi'ta  ,  dessus  les  armes  de  feue  sa  maj>'slé  catholique  ;  à  l'entrée  de  la 
porte,  dedans  la  v.iil3% leurs  altesse.-,  trouvèrent  douze  nobles  geniils- 
horames  choisis  de  la  ville  et  châtelenie,  vêtus  de  damas  de  même 
parure  ,  dont  six  se  pré.sentèrent  pour  porter  le  l-aldaquin  de  damas  de 
couleur  des  armes  de  la  ville,  rouge  et  blanc.  Sous  lecjuel  baldaquin 
se  mirent  leurs  altesses,  puis  se  présentèrent  soi'cante  bourgeois  re»  étus 
de  lobes  fourrées  de  noir ,  tcnans  chacun  un  llambeau  ès-mains  ,  qui 
marchèrent  devant  leurs  altesses. 

Les  rues  par  oîi  dévoient  passer  leurs  altesses  étoient  ornées  de 
tapisseries, peintures  et  autres  oinemens  très-richement  accommodés; 
neuf  cent  thermes  étoient  attachés  à  des  poteaux  peints  sur  des 
planches,  auxquels  thermes  étoient  posé's  des  flambeaux  alumés  de 
cinq  pieds  en  cinq  pieds  aux  deux  côiés  des  rues. 


M 


n:  lxi  .  /V  /'■  P/it/  J. 


Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille.  5 
Près  de  la  porte  des  Malades,  au-devant  du  Refuge  de  Phalempin  (7) 
y  avoit  un  théâtre  où  étoient  représentés  Philipe  second ,  roi  d'Es- 
pagne ;  Isabelle  de  France,  reine;  et  Isabelle,  leur  fille,  assise  au 
milieu ,  (  8  )  chacun  sur  des  chaises,  comme  il  est  ici  représenté  FI.  I, 
fig.   I,  aveorinscription  suivante  : 

PhiLIPPO     REGI     CATHOLICO, 

Quod  malrimonio  Francico  pacem  ,  generi  humano  procurant , 

orbem  terrarum,  ducentorum  annonmi  bellis ,  sanguine  ,  incendia, 

fumiganleni  pacarit ,    Isabellam  ,  fructiim   eius  pacis  ,   optimam 

Jiliam  conslantissime  dilexerit  ,   ad  spem  resliiuendœ  pacis  Bel- 

garum  principeni  destinarit  ,   niagistratus    insulensis  inmortales 

gracias. 

Isabella  infans  Hispaniarum, 

Archidiix  ylustriœ  cornes  Flandriœ. 

Serenissimœ  Isabellœ ,  dominre  nostrre,  reguni  catholicorum  et 

christianissimoruni  ,    Totius   T^ni\^ersi  ,    suprenionim  prineipum, 

sacrœ  soboli ,  ad  religionis  catholicœ  lutelam  ,  ad  orbis  quietem , 

ad  prineipum   concordiam ,  ad  subditoruin  salut em    natœ ,  edu- 

catre ,  adBelgici  postrenuun  imperii  culmen  ab  optiino  parente 
delectœ. 

Isabella    Francica, 

Quod  tibi  Jilia  (^ijuœ  nasci  nisi  pace  orbi ,  restituta  non  po- 
iuisti  )  ex  sententia  eveniat  quod  tibi  Félix  orbi  chrisiiano  salutare 


(7)  Thiroux  (  Hist.  de  Lille  )  r  roule  qu'il  y  avoit  dans  cet  endroit  un 
temple  a'idoles  auprès  duqui'l  s'élevoit  un  pin,  très -révéré  des  p  j.'ns  (pii 
ont  désii;né  ce  temple  par  tciupie  du  V\n.,fanum  pini ,  exprj.-s.ious,  dont  p  ir 
corruption  on  a  îonnè  phaUnpm  ou  phalempin.  Ce  iio:u  eu  resta  à  ure  al)baye 
de  chanoines  réguliers  q  i  ,  depuis  ,  y  .nvoil  eié  consiruile.  le  mol  refuge  tioif 
rappeler  c[ue  dans  les  preuiiirs  siècles  du  christianisme,  les  mcnjslères  et  les 
églises  avoi.nl  le  drtit  d'asyle  ou  de  refuge,  c'est-à  dire  d'absoudre  un  cri 
minel    qui  s'y  reliroit. 

(8  )  Ou  trouve  ici  une  par'!  ularilé  rpmarq'.ible  ,  c',  si  que  Isabelle  de 
France-  porte  le  sceptre  pendant  que  Philippe  n'a  aucune  des  marques  de  la 
royauté. 


lo^ 


6        Bibliothèque  de  Sain t-P ierre  a  Lille." 

existât ,  te  Galliœ  Be/gicœ  principem  Voveo  regiiin  concordia 
quœ  parenlum  tiiorum  matr'nnonio  coulait ,  tuis  nuptiis  restituta 
in  œlernum  diiret ,  lujilia  ,  specie  tua  et  pidchritudiue  tua,  in- 
iende  (  9  )  ,    procède  et  régna. 

Au-dessus  de  l'inscriplion  furent  posées  les  armes  d'Espagne  et  de 
France  ,  enirelacées  d'un  nœud  d'amour  dans  des  écussons  séparés. 

Pour  représenter  les  Irols  personnages  ,  furent  choisis  par  toute 
la  ville,  qui  de  corps  et  de  face  les  représenloient  le  plus  naturelle- 
ment ,  velus  d'ha])ifs  de  draps  de  soie  faits  à  propos  et  à  la  façon  que 
les  peintures  et  médailles  les  remonirent ,  ainsi  c[u'à  tous  les  théàlres 
et  représentations  s'est  observé  le  plus  curieusement  que  s'est  pu 
faire. 

Dans  la  même  rue,  au  devant  du  Refuge  de  l'abbaye  deCysoingç, 
il  y  avoit  un  arc  de  triomphe  aux  travers  de  la  rue  ,  dédié  aux  archi- 
ducs ,  avec  trois  portes  ;  celle  du  milieu,  haute  et  large  pour  j  passer 
des  charriots ,  et  les  deux  autres  plus  petites;  le  premier  étage  de 
l'ordre  de  Corinthe  ,  large  de  quarante- huit  pieds  ;  le  second  ,  composé 
haut  de  soixante-six  pieds,  étant,  leurs  altesses,  représentées  au  vif 
dans  leur  grandeur  ;  au-dessus  des  deux  petites  portes  étoient  les 
armes  de  Flandre  et  de  Lille  ,  et  par-tout  semé  des  lleurs-de-lys  et 
chyfïres  de  leurs  altesses ,  et  servolt  ledit  arc  de  congratulation  que 
le  magistrat  leur  faisoit. 

Ou  lisoit  sur    la   couronne  : 

I    N     S     V    L     A. 

Flandriœ  gallicance  metropolis  origo  Flandrici  principatus , 
multis  principum  suoruni  doiniciliis  cohonestata  laudatœ  in  eos 
fidei  et  ohsennvitiœ  serenissimis  doininis  suis 

Alberto    et     Isabelle, 

Entre  leurs  altesses  il  n'javoit  point  de  vuide;  mais  tout  étoit  rempli 
des  lettres  et  des  noms  des  princes  ,  avec  des  chiffres  et  fleuis-de- 
Ivs  ;  l'inscription  du  milieu  marquoit  le  sujet  de  la  porte. 

(q)  A  droite  des  tnbleaiix  on  voit  les  armes  de  Flandre,  et  à  gauche  celles 
de  Lille  5  a;i  milieu  sont  celles  de  France.  L'architeclure  est  supporlée  par 
des  car_)  atides ,  au  lieu  de  colonnes. 

Alberto 


i 

t 


fl»i 


Bibliothèque  de  Sain  t-P  ierreaLille.       7 
Alberto  et  Isabelle,  aj-chidiicibus  austriœ,  quod pace  cum 
He^rico  IV.  Galliarum  rege  Jirmata  ,  proi^'incias  gnwissimi  belli 
sewiluie  liberarint. 

Dans  un  autre  tableau   étoit  gravé; 

Quod  Maximos  Germanise  motus  ,  quod  bellum  ad  rhenum 
inchoatum  pn.denlia  ,  imperii  moderatioiie ,  virtute  susluleririt, 
optiniis  principibus  boni  sulditi. 

Insulani. 

Aux  pieds  des  princes  on  lihoit  ces  vers  ; 

Quid  sibi  vuh  nobis  cur  tôt  modo  Lilia  surgunt 
Heroes  clari  ?  nuin  vestrœ  lœta  jui^entre 
Ternpora,  innn  stirpis  decus  immortelle  Jîgurant? 
Unde  ortus  duxisse  datum  est  Jelicibus  astris  ? 

Dans  un  autre  côté  on  mis  ces  vers  : 

Quis  candor  superare  niues ,  quis  possît  et  omnem, 
Cygneœ  speciem  plumce  ?  num  candida  signât 
Pectora  ?  queis  fœdam  vitioruni  aspergere  labem 
Virtute  insignes  exosa  nequiuit  Erinnys. 

En  troisième  lieu  étoit  écrit  : 

Sed  quis  odor  suains  nares  qui  manat  in  imas 
Dulce  ferens  animo  pondus  ?  Slandumne  seuerce 
Justitice  immixtum  candoreni  ?  Belgica  frena 
Dwn  regiiis  minime  ignaris  concredita  dextris. 

Dessus  le  portrait  de  l'Infante  et  de  ses  armoiries  : 

j^therio  transmissa  polo  tria  Lilia  quondam 
Hesperiœ  ut  regno  dignum  prœlustre  parentis 
Ornavere  lui  caput  Augustissima  Princeps  ; 
Sic  patere  ex  multis  wnini  decus  urbis  afitœ , 
Con  si  miles  inter,  Jlores,  tua  ternpora  cingant. 

B 


2ûé 


8        Bibliothèque  BE  Sain  t-P  ierreaLilli.         ^ 
Dessus  le  portrait  de  son  altesse  et  de  ses  armoiries  : 

Sacra  fui  generis  séries  licet  ordine  longn 
^rmigerarn  Joi>is  ostenlet  jactetqiie  vohicrem, 
Hœc  ne  sperne  tamen  tu  Lilia  sepe  decorl 
Quœ  proai^is  atauisque  tuis  ,  dux  yilme ,  fuere. 

Au  premier  compartiment  de  chaque  colonne  fut   posé  (  lo)  ces 
vers  : 

Mrgo  4ig'ite  his  enata  locis  quce  Lilia  dotes 
Vestris  désignant  meritis  ,  vanescere  in  auras 
Ne  sinite  incassum  :  potius  quin  insula  vestri 
Patris  opes  Patriœ  nullisque  assueta  péri  dis  ^ 
Vel  quamius  sœpo  Mai^ortis  sanguine  frangi , 
Principibus  jurata  suis  ut  sacra  resolfat. 

Au  second  : 

Speratos  capiat  fructus  dudumquè  /ruatur 

Cœïicolum  et  vestro  jani  parta  in  pace  fai^ore  ;        ■'    ■ 

\At  tua  prœsertini  generis  sacrata  propago  , 

liberté ,  ^ugusti  laudes  exœquet  ai'itas  ! 

Fac  virtus  tua  per  se?-os  et  fa  ma  nepotes 

Marte  tuo  rerum  gestaruni  compleat  orbem. 

Au  troisième  : 

Principibus  vero  tarn  claris  insula  fœlix 

Terque  quaterque ,  sinu   quos  excipis  omine  Iceto 

Plaude  tibi ,  gratare  illis  ,  ejfunde  triumphos 

Lœtitiœ  testes  ,  atque  imo  pectore  gesti. 

Compila  cuncta  sonent  ,  plausus  per  inane  ferantur , 

udtque  aures  passim  feriant  pia  vota ,  Philippus 

Ille  diu  felix  summusque  monarcha  prœesse. 


(lo)  Il_y  a  ainsi  dans  le  manuscrit  que  je  copie  fidèlement. 


V 


Bibliothèque  de  Sain  t-P  ierreaLille.      9 

Au  quatrième  : 

Çuos  vohiit  Flandrœ  genti  sacris  hymenœis  ," 
Quos  junxit ,  pace  allata  Mauorleque  puiso  , 
Qui  pridetn  sœuo  vastabat  cuncta  tumullu , 
Gres'sibiis  accédant  /austi s  ac  secîa  reducant 
u4iirea ,  et  insigni  (  cœlo  cumulante  favores  ) 
Proie  brei>i  genita  ,  nullis  decursibus  œvi 
Claudendum  imperium  Belgis  per  sœcula  Jirment. 
Dessous  les  armes  de  Flandre  : 

Qui  proai'is  cornes  aima  tuis  sua  suhdidit  ara 
Ille  tibi  prœsto  est  subdere  teiga  leo. 

Dessous  les  armes  de  la  ville  : 

Quœ  Flandi-um  comitum  mullos  diadema  per  annos 
Lilia  di  tarant  et  tibi  sert  a  lorent. 

Ce  que  dessus  étoit  représenté  du  côté  de  l'arc  de  triomphe  regardant 
vers  le  marché,  el  du  côté  vers  la  porte  étoit  dans  les  mêmes  endroits 
et  correspondances  représenté  et  mis  en  françols ,  ainsi  que  s'en  suit: 

LILLE. 

Ville  métropolitaine  de  la  Flandre  gallicane ,  origine  de  la 
principauté  de  Flandres  ,  embellie  de  plusieurs  palais  de  ses 
princes ,  dejidélilé  et  obéissance  remarcable  eni'ers  iceux 

A  ses  sérénissimes  seigneuj'S. 

Albert  et  Isabelle. 

Dans  la  place  vuide  entre  les  portraits  de  leurs  Altesses  étoit  : 

^ux  archiducs  d' Austriche  Albert  et  Isabelle /?oz/r  iceux  les 
prot'inces  du  Pays-Bas  aiJoir  été  délivré  de  la  seri'itude  d'une 
très-griefue  guerre ,  par  la  paix  faite  ai^'ec  Henry  iiije.  roi  de 
France. 

B  a 


^^^ 


10    Bibliothèque  de  Saint  Pierre  a  Lille. 
Dans  un  autre  tableau  : 

A.  leurs  très-bons  Princes  pour  par  la  prudence ,  bon  gouferne- 
ment  et  vertu  cTiceux  les  très-grandes  émotions  de  V Allemagne , 
et  la  guerre  commencée  près  le  Rbin  avoir  été  assoupples , 
Les  bons  sujets  Lillois.  ^ 

Au  bas  des  portraits  de  leurs  altesses  étoîent  ces  vers  : 

Que  veulent   tous  ces  lys  dont  l'argent  radieux 
Nous   fait  voir   en  liyver    un   printems  gracieux? 
Prince,  c'est  votre  Auril  qui    l'hiver   même  efface 
Et    l'éternel  printems  dont  fleurit  voire  race. 

Que  veut    céte   blancheur  de  qui  n'approche  pas 
X.a  neige  ni  Toyseau    qui   chante  son   trespas  ? 
Ha,  c'est   de    vos  vertus  la   pureté  si  pure 
Qui  du  vice  n'admet  voir(ii  )  la  moindre  souillure. 

Mais  que  veut    ce    parfum  dont  la  souesue(ii)  odeur 
Agrave  un   peu  l'esprit  parmy  tant  de  douceur  ? 
C'est  la  douce  rigueur  d'une  saiacte  juslice 
Qui  les  bons  g;iraulil ,  eu  punissant  le  vice 

Comme  les  lys  du  ciel  a  la   France  donnés 
Jadis  de  votre  mère  ont  le   front  enfournez  (  i3  ) 
Ainsy ,  Princesse ,  ainsy  souffrez  que  la   couronne 
Du  lys  de  vos  Lilois   le  chef  vous  environne  : 
Encore  que  vos  ayeuls  Fils   aiuez  de  la  guerre 
Se   bravent  de   l'oyseau  qui  porte  le  tonnerre 
Grand   duc  ne  dédaignez   ces    iieaux    lys,    autrefois 
Ils  n'ont  servy  de  honte  aux  plus  grands  de   vos  rois. 

Princes  donc  ne  souffrez  que    l'espéré  présage 
De  ces  lys  de  vos   cœurs   le  parfait  témoignage 


{il)  T^rai^  vraiment^  certainement.  Les  anciens  auteurs  ont  usé  dans  le  même 
sens  de  ^oer  >  au  fé^ninin  votre  ,  et  de  yoire ,  \oirement.  Ces  différentes  expres- 
sions tirent  leur  origine   du  latin  verum  ^   verè, 

(  la  )  Suave.  \ 

(i3j  Out  ceiut  le  front.  ..  ' 


Bibliothèque  de  Saint-Pi  eure  a  Lille,     ii 

En  fumée    se  perde  ,   ainçois  (  14  )  que  vos   vassaux 
En    receuillent  les  fruits  après  tant  de  travaux. 
Que  voire  Lille    en  paix  à  jamais  bienheureuse 
Ne  connoisse  plus  Mars   nj  sa  sœur  impiteuse  :(  i5) 
Lille  (  16  ) ,  qui   pour  garder  son  bon  debvoir  consigné 
Es  mains  de  vos  ayeulx  à  cent  fois  dédaigné , 
Comme  un  roc  immobile  ,   au  milieu  de  l'orage 
Du  Félon   Tbracien(i7  )  la    plus  sanglante  rage. 

Mais  toi    Prince  invaincu  ,  race  de  tant  de  roys 
Qui    la  terre  et  la  mer  ont   submis  à  leurs  loix  , 
Grands  de  biens,  grands  de  rangs  et  plus  grands  de  vaillance 
Poursuis  leur  beau  sentier  par  le   fer  et  la  lance. 
Fay  que  ton  loz  (  18  )  guerrier  par  le  monde  epandu 
Soit  de  la  Deulle  avant  jusque  au  Gange  étendu 
Et   toy    Lille  à  ce  coup  de  joye  impatiente 
Souille  (19)  toy  du  doux  fruit  de  ta  si  longue  attente 


(  14)  Lacombe,  dans  son  dictionnaire  du  vieux  langage  (  t.  1 ,  p.  17  )  ,  ne 
donne  à  ce  mot  que  la  seule  signification  de  volontiers  ^  mais  employé  conjonc- 
tiviinent ,  il  en  a  deux  aiures  qu'on  trouve  d  ns  le  dictionnaiie  de  Borel  ^ 
imprimé  à  la  suite  de  celui  de  IVIénage,  édit.  de  1700.  Ains  et  ainçois  est  donc 
encore  employ'  pour  avant  que ,  au  contraire.  Cette  dernière  acjeption  est 
celle  qu'on  doit  adopter  ici,  et  la  seule  qui  convienne  au  sens,  au  contrair* 
que  ,  etc.    On   fait    dériver  ains  et    ainçois  ,  du   mot    italien   an^i  ,   avant. 

(  i5  )  Il  est  ici  question  de  B.  llone  ,  désignée  par  impiteuse,  impitoyable, 
sans  pitié.  On  a  dit  aussi  adjectivement,  impitie  ,  en  parlant  d'un  homme  dé- 
naturé ,  cruel  ,  sans   pitié. 

(16)  Il  faut  faire  attention  que  dans  beaucoup  de  ces  vers  les  e  appelles 
muets  et  non  accentués  sont  nids.  Ainsi  pour  trouver  la  mesure  de  celui-ci 
Lille  ne   doit  compter  que  pour    une  syllabe  : 

Liir  qui  pour   gardt-r  son  ,    etc. 

(17)  Par  Félon  Thracien^  il  faut  entendre  le  Dieu  Mars,  en  grand  honneur 
chez  les  Thraces ,  peuple  belliqueux  et  féroce ,  qui  l'adoroieiit  sous  la  forme 
d'une  épée. 

(  18  Ta  gloire ,   ta  réputation  guerrière. 

(  19  )  Soule-toi ,  rassasie-toi. 


10^ 


j2       Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille." 

Dresse   mille    tro|iliez  et  mil  arcs  trioraphans  , 
Bienveignant  (  20  ;  dignement  des  princes  les  plus  grans 

Prince  que  ce  grand  Philippe  a  ton  bien  si  propice 
Philippe  des  citiix  a  mis    le  soin    et  la  tlélice 

(21)    te   donnant   et  sa  fille  et   le  pays 

Que  puisse-tu   joiijr  .souz  leur  règne  à  iainais  , 

Transmis  de  père  en   fils  ,  d'une  immortelle  race 

D'un  heur  (22)  qui  l'âge  d'or  en  heur  même  surpasse. 

Ce  braue   lion  qui  sa  teste 
A  soulz  vos    pères  adoucy 
Voyez  princesse  il  vous  appreste 
Et  la   teste  et  le  dos  aussy. 

Ce  lys  qui  des   contes   Flamens 
Orna  long-lems  le  diadème 
Souffrez    qu'entre  vos  orneinens , 
->  Grand  duc  ,  il  vous  serue  de  mêuie. 

Au  devant  de  la  rue  Saint-Nicaise  ilj  avoit  un  autre  théâtre  ^ 
Planche  I ,  f g.  2,  embelli  de  plusieurs  peintures,  et  le  chapiteau 
orné  des  armes  de  Jérusalem  ,  de  Flandres  et  de  Lille ,  auquel  étoit 
représenté  par  des  personnes  viuesTHiERY  (^3)  conte  de  Flandres 
entre  sa  femnie  Sibille  (24)  hUe  <Je  Foucaut  (26)  roy  de  Jéru- 


(  au)  Félicitant  ,  honorant.  BUitvienner  ,  bienyiengner  ou  bienveigner  ,  signifioit 
féliciter  quelqu'un  sur  son  heureuse  arrivée,  célébrer  sa  bien-venue,  le  bien 
recevoir,  Wun  trelt  a  dit  :  "  Quand  le  duc  de  Bourgogne  fut  descendu  à  son 
»  hoslel  ,  ceux  de  la  loi  allèrent  devers  lui  poir  le  bienveigner  ».  On  peut  voir 
Ducange  ,  supplém. ,  1. 1 ,  au  mot  benevenuta  ,  et  les  diilérens  lexiques  du  vieu3{ 
fraiiçois. 

(  21  )  Ce  mot  est  inlisible. 

(  22  )   Bonheur. 
(  2.2  )  Suprà  ,  LIV  ,  p.  79. 
(14"^  Suprà  ziid. 

l  25  )  Il  est  ici  question  de  Foulques  V ,  dit  le  jeune  ,  fils  de  Foulques  le  Reckin 
et  de  Benrade  de  Montjbrt ,  né  en  109a.  Ce  prince  fut  envoyé  en  bas-âge  à  la  cour 


f 


Bibliothèque  de  Sain t-P ierreaLille.     i3 

salem  et  Saint  Bernard ,  et  en  trois  tableaux  étoient  les  vers  suivans 
signi liant  que  ledit  conte  avoit  été  maintenu  clans  son  droit  par  la 
fidélité  et  principale  assisfence  de  ceux  de  Lille  et  des  quatre  vo_yages 
qu'il  avoit  fait  outre-mer;  à  l'endroit  de  Sibille  étoit  écrit  : 


de  France  pour  y  êlre  élevé.  L'an  1109,  il  succéda  à  son  père  dans  le  coinlé 
d'Anjou,  et  épousa  ,  l'année  suivante,  Erembruge  ou  Ermentrude  appelée  aussi 
GuiiLTge  ,  fille  et  héritière  d'Hélie  ,  comte  du  Maine,  dont  il  eut  deux  fils, 
Geoiroi  V  et  Hélie.  Foulques  voulant  ;igrandir  ses  possessions,  att.iqiia  ,  vers 
Ili3,  les  domaines  de  la  collégiale  de  S  .int-Maitin  de  Tours,  dont  léiendue 
et  l'iminense  pouvoir  portèrent  long-ttins  ombrage  aux  princes  voisins ,  et 
excitèrent  leur  envie.  Le  Cellerier  qui  avoit  une  maison  paniculière  l'avoit 
entourée  de  bonnes  fortifications  ;  Foulc|ues  les  fît  abattre.  Le  chapitre 
prend  le  parti  de  l'otTensé  5  l'otrice  divin  cesse;  on  descend  le  crucifix  et  les 
reliques  des  Suints  ,  que  l'on  couche  par  terre  et  qu'on  enlourre  d'épines  ; 
les  portes  de  l'église  se  ferment,  et  ne  doivent  s'ouvrir  qu'aux  pèlerins.  Cet 
appareil  effraya  le  comte  au  point  qu'il  vint  ,  nuds  pieds,  faire  amende  ho- 
norable devant  le  tombeau  de  Saint-Martin  ,  et  successivement  devant  tous  les 
reliquaires,  demandmt  pardon  à  haute- voix  ,  avec  promesse,  à  chaque  sta- 
tion ,  de  ne  plus  récidiver.  Ces  exemples  de  soumission  ou  plulôt  de  foiblesse 
d'esprit  sont  fréeiuens  dans  les  siècles  de  superstiliein  et  de  barbarie.  Les  chro- 
nologisles  placent  le  premier  voyage  de  Foulques  en  Teire  Sainte  vtrs  l'an  11 20. 
Ce  jeune  croisé  s'y  distingua  autant  par  son  co  rage  que  par  sa  libéralité, 
qui  y  entretint  cent  chevaliers  pendant  un  an.  Il  lit  le  second  neuf  ans  après. 
C'est  alors  qu'il  devint  comte  de  Ptolémaïde  el  tie  Tyr  ,  par  son  miriage,en 
1129,  avec  Melissende  ,  fille  du  roi  Baudouin  II.  Il  succéda  à  son  beau-père 
en  ii3i  ,  et  fut  couronné  roi  de  Jémsalenî  la  même  année.  Ce  prince  mourut 
en  1144,  d'une  chute  de  cheval  qu'il  fit  à  la  chasse.  Il  laissa  de  Melissendc 
deux  enfans  mâles,  Baudouin  III  et  Amauri  I,  ses  successeurs  à  la  royauté. 
Outre  Geofroi  V  ,  comte  d'Anjou,  et  Hélie,  Erembruge,  sa-première femme  , 
lui  avoit  donné  Malthilde  ,  m.riée  à  Guillaume  Adelin  ,  fils  de  Henri  1  ,  roi  d'An- 
gleterre ,  et  SibiUe  dont  pir'e  notre  mauuscril.  Celle-ci  avoit  été  promise  et 
même  fiancée  à  Guillaume  Cliton^  fils  cL-  Rob  rt  II,  duc  de  Normandie,  mais 
ce  mariage,  prêt  à  se  consommer  vtrs  1124,  ayant  été  annuité  par  le  légat 
du  Pape  pour  cause  de  parente,  Foulques  céda  encore  une  fois  à  la  crainte 
du  pouvoir  ecclésiastique  ;  el  Sibille  épousa  peu  après  Thierri  d'Alsace , 
comte  de  Flandres.  Du  reste,  on  sait  que  Saint  Bernard  fui  \e  principal  moteur 
des  croisades  ;  ainsi  ,  il  n'est  point   étonnant  de  le  voir  figurer  ici. 


ÎOS 


14    Bibliothèque  DE  Saint-Pierre  a  Lille: 
SiBYLLA     Régis     H  i  e  r  o  s  ol  y  m  i  t  a  n  i     Filia 

Filia  Fulconis  SolYinoriiiii  régis  et  iixor 
Flandronim  coinitis  Theodori  extrema  mariti , 
Vêla  sequens  ,  sprei^i  reditinn  faslumque  reliqui , 
Donatamque  Deo  clausere  monastica  sep  ta , 
Talibus  Heroes  faclis  sibi  nomina  condunt  / 
Hœc  vos  ^ustriadce  pietas  accendat  ai^ita. 

Theodoricus  Alsatius  FlandrijsComes 

Insula  me  comitem  Flandrorum  prima  recepit 
Legitimum  jurisque  mei  dédit  esse  potentem, 
Cum  pacata  m  cas  accepit  Flandria  leges 
Consiliis ,  Bernarde  ,  tiiis  Solymœa  petiui 
Régna  quater  consorte  mea  comitante  Sibilla , 
Sic  deus  œterna  Solymes  det  sede  beatos. 
D.     Bernardus 

Per  mea  dicta  Cornes  Solymœ  dux  forti$  in  oras 
yilsatius  fidei  et  soceri  suce  en  sus  amore 
^uxilium  talit  et  vita  voto  que  solutus 
F^ixit  pergratus  populis  cœloque  /ocatus. 
Ut  reliqui  quibus  aima  Jides  et  numina  cures 
Pro  studio  rémanent  vos  cœlica  prœmia  tali. 

Au  devant  de  la  rue  du  Dragon,  il  j  avoit  lui  autre  théâtre  ] 
Planche  I ,  Jig.  3,  dressé,  où  et  oit  représenté  Philippe  d'Alsace  (26), 
conte  de  Flandre  ,  vêtu  de  ses  armes  très-richement  à  l'antique  , 
aiant  sous  ses  pieds  Nohillon  ,  roy  de  Macédoine  et  d'Albanie, 
lui  arrachant  ses  armes  cpii  étoient  d'or  ,  au  lion  de  sable  ,  et  a  quitté 
depuis  les  anciennes  armes  de  Flandre,  gyronnées  d'or  et  d'azur, 
de  douze  pièces  à  l'écusson  de  geulle  au  milieu  ,  à  son  côté  étoit  repré- 
senté Mathilde,  sa  femme,  fille  du  roi  de  Portugal;  au  fronteau  du 
théâtre  éloient  les  vers  suivans  : 


(  26  )    Suprà  ,  LIV ,  p.  79. 

Philippus 


1 


Bibliothèque  pe  Saint-Pierre  a  Lille.      i5 
Philippus  Alsatius  Flandri^  et    Verommandi^  comes. 
Pe?-  pelagi  vastœque  exhaiista  pcricula  terrce 
In  solymœa  gradum  coimerti  mœnia  ,  crudum 
Nobilion  me  Julmineis  expertus  in  annis 
Nigrantem  palniœ  in  pretiiwi  ac  insigne  leonem 
^rripui ,  frcmitu  terreniur  cuncta  leonis  ; 
Vis  iniiicta  eadem  vohis  hellique  togaque 

Philipe    d'Alsace,  comte  de  Flandres. 

La  piété  la  foy  riionneur  de  ma  pairie 

A  ni:  lieux  saints  m'ont  transmis  ou  j'ottai  £,lorieux  (27) 

L'etu  au   lion  noir  du  Turc  audacieux. 

Lion  ;  dont  les  plus  forts  redoutent  la  furie  ) 

Orne  à  toujours  hardy  de  «ibcs  braues  neveux 

Les  armes  ,   à  l'euuie  des  princes  généreux. 

Régi  N  A    Lusitani.î'.    Flandri^    comes. 
Lœtilia  exiilio  ,  te,  clara  Isabella  ,  Philippus 
Progenuit  .  Llialamos  ego  sum  sortita  PJiilippi' 
Se  nobis  tel/us  Hispanica  jactat  alumnis  ; 
Tu  régis  imperio  JBe/gas  ,  me  Flandria  quondam 
^ccepit  dominam ,  longœpaque  sœcula  vixi  : 
Hœc  eadem  maneant  pulchra  te  proie  beatam. 

Mathilde,    reine    de    Portugal; 
Comtesse     de     Flandres. 

Dame  je  mejouis  de  noire  conférence, 

Tu  as  Philippe  à  père  (28)  un  monarque  chéri 

Autant  que  redouté;  j'ay  Philippe  à  uiary , 

Et  d'E.'-pagne  ambedeux  (29)  tenons  notre  naissance. 

Jadis  Flandre  ai  régi  province  généreuse  , 
A  loi  la  Belge  entière  incline  le  genoux  , 


(27)   J'eus  la  gloire  d'ôter. 
(  28  )  Pour  père. 
(  19  )  Tous  deux. 


•110 


i6     Bibliothèque  DE  S  AIN  t-P  ierre  a  Lille. 

Vis,  connue  ny  fait  lonleins,  chez  Albert  ton  e^ioux , 
Et  sois  de  trois  bassons  (  3o -)  trois  fois  mère  jnjeuse. 

Devant  le  cloître  des  pauvres  Clarisses  (3i  )  ^  auoit  un  théâtre 
dressé  qui  paroissoit  un  monastère  avec  un  clocher.  La  devanture 
étoit  divisée  en  trois  niches  ,  et  dans  chacune  étolt  représenté  les 
Saintes  Elisabeth ,  Claire  et  Eugénie ,  nom  de  l'infante ,  et  en 
dessous  la  demi-ronde  du  clocher ,  éloient  ces  vers  : 

Très  sumus  atque  vnum  colimus  ,  sic  nomine  trinc 
Sub  nostro  sola  est  quœ  quœritur  Isabella  ; 
Hanc  nobis  sociam  Belgas  cuni  rexerit  urbes 
Optamus  ,  paribiis  meritis  par  gloria  cedat. 

Au  côté  droit  étoit  représentée  : 

S.     Elisabetha 

Hungariœ  regina  ,  sacrum  quœ  sustulis  alto 
Jam  ccelo  caput ,  hanc  magnam  tu  protège  nostram  ; 
Elisabeth  parili  quœ,  sanguine,  nomine,  regno 
Juncta  tibi ,  similem  gestal  sub  pectore  mentem. 

Au  milieu  : 

S.     Clara 

Clara  tuuin  nomen  ,  Clara  hoc  festoque  triumpho  , 
''-'"Clara  Isabella  rogat ,  tu  fac  Clarescere  vota  ,• 
Sicut  ab  ydssisii  (3i*)  est  depulsus  mœnibus  hostis , 
Imperio  nostrœ  sic  cœdant  omnia  Clarœ. 

S.        EUGENIA 

Eugenia  hcec  ista  est  magni  ter  magna  Philippi 
Filia  ,  tutricem  dubitet  quis  sumere  tantam 


(3o)  Trois  jumeaux.  Jumeau  étant  l'un  des  deux  enfans  d'une  même  couche  , 
on  peut   croire  que  Maltilde  soubaite   à  sa  fille    Eugénie   trois   enfans   mâles 
(  3i)  Claiiesses,  filles  de  Sainte-Claire,  espèce  de  religieuses  non  cloîtrées. 
(3i*)  Sainte  Claire  étoit  d'Assise,  ville  de  l'état  ecclésiastique. 


Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille.     17 

Hanc  sibi  ?  ciim  piiro  sis  sanguine,  noniine,  vita  ; 
Eugenia  ,  Eugenios  miiltos  dent  tempora  partus. 

Devant  la  maison  des  pères  de  la  société  de  Jésus  étoit  représenté 
sur  un  théâtre  enrichi  de  peintures  selon  l'invention  et  ordonnance 
des  dits  ,  ce  que  s'en  suit  : 

Premier  il  y  a  voit  sejjt  vertus  ,  trois  Théologales  ,  la  Foi ,  V Espé- 
rance et  la  Charité  élevées  au-dessus  des  autres ,  et  quatre  Car- 
dinales ,  sçavoir  ;  la  Prudence ,  la  Tempérance ,  la  Justice  et  la 
Force.  Aux  pieds  des  vertus  éloient  iettez  par  ten-e  les  ennemis  de 
la  Foy,  et  les  versets  du  Pseaume  44^  approprié  dans  ses  lieux: 

Intende ,  prospère  ,  procède  et  régna  ,prop ter  veri ta teni  et  nian- 
suetudinem  et  justitiain  ;  et  deducet  te  mirabiliter  dextra  tua. 
Sagittie  tuœ  acutœ  populi  suh  te  eadent  in  corda  inimicorum 
tuorum. 

L'écriteau  delà  Foy  étoit,  in  tende,  de  l'Espérance,  prospère 
procède  ,  de  la  Charité  ,  et  régna ,  de  la  Prudence  ,  propter  veri- 
tatem  ,  de  la  Tempérance,  et  mansuetudineni ,  de  la  Justice  ,  et 
justitiam ,  de  la  Force-,  et  deducet  te  mirabiliter  dextra  tua. 
Dessous  cete  vertu  étoient  iettez  par  terre  les  ennemis  ,  et  écrit  : 
Sagittœ  tuœ  acutœ  populi  sub  te  eadent  in  corda  inimicorum 
tuorum. 

Aux  deux  cotez  du  théâtre  j  auoit  deux  pyramides,  l'une  dédiée 
à  l'infante  ,  l'autre  à  l'archiduc  Albert  ;  le  tour  de  la  pyramide  de 
l'infante  étoit  enuironné  d'un  liera  auec  plusieurs  figures  d'animaux 
liyeroglyphiques ,  qui  représentoient  les  vertus  de  la  princesse. 

Au  milieu  étoit  écrite  cette  devise  : 

Hac  s  tan  te  virebo. 

Au  soubassement  étoit  cete  inscription  ; 

Serenissim.î;   IIispaniarum  infanti 

Isabell.î;    Belgicarum   provinciarum 

Principi   clementissim^. 

C  2 


w 


iB    Bibliothèque  DE  Sain  t-P  ierreaLille. 
Auec  ces  vers  : 

Stand  hederœ  ceu  pyrainidi  mordacius  liœreiit, 

Duin  sua  stet  virtus  numquam ,  Isahella ,  cades  : 

Belgarum  ut  patrijs  fulcis  virtutibus  orbem 
Et  soliduui  cohnnen  stas  ,  Isabella  ,  tibi. 

A  l'entour  de  la  pyramide  dédiée  à  l'archiduc  Albert  y  auoit  un 
laurier  entremêle  de  diuerses  armes,  d'écussons ,  de  lances  rompues 
et  d'autres  ;  au  milieu  étoit  écrit  : 

J^el  tôt  a  hinc  fulmina  teninam. 
Et  plus  bas  : 

Serenissimo  Archiduci  Alberto 

Belgarum    provinciarum    principi 

Clementissijio. 

Au  côté  droit  ces  vers  : 

Inuidiœ  et  sortis  Imiro  auctus  fulmina  temnes , 
Postquam  ,  liberté ,  hostis  fj:eris  arma  solo. 
A  gauche  : 

Viderat  udlbertum  paruo  Mars  corpore?  at  ille, 
Vel  capiti  Inde  tanto  plurinia  laurus  erit. 

Au  sommet  du  théâtre  j  auoit  un  anneau  auec  un  diamant,  au 
lieu  d'emblème,  au  dedans  du  quel  étoit  le  soleil  et  la  lune,  avec 
la  palme  d'un  côté ,  et  Toliue  de  l'autre  ,  auec  cet  écrit  aux  deux 
côtés  : 

Et  simul  et  semper. 

Et  au  bout  étoit  le  nom  de  Jésus  en  lettre  d'or,  et  au  dessouls  ce 
distich  : 

Fors  fuit  ut  tetiebrœ  velarent ,  Belgica ,  campos 

Sœpe  tuos  ,  cum  Mars  omnia  corripuit  : 
Jam  tenebras  semper  iam  noxia  nubila  vinces  ; 
Sol  erit  A.lbertus  ,  luna  Isabella  tibi. 
Outre  l'appareil  de  ce  théâtre  y  auoit  pour  ornement  six  niches 


f 


I 


Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille,  i^ 
élevées  enuiron  de  dix  à  douze  pieds  de  terre  ,  et  dressées  par  certain 
internai  parmi  les  rues  pour  autant  d'hérauts;  le  premier  portoit  les 
armes  de  leurs  allesses  ,  le  2.""'  d'Autriche,  le  3.«  d'Espagne,  le 
4.«  de  Bourgogne  ,  le  5.'"'  de  Flandres  ,  et  le  dernier  de  Lille  , 
revêtus  chacun  selon  les  couleurs  de  leurs  armes,  auec  le  laurié  sur 
la  tête ,  et  chacun  chanloit  son  triomphe  : 

T^hite  felices  omho  AlherLe  Elisabetha  ! 
Elisahetha  Alherte  ter  alto  à  sanguine  creti 
Jo  iriumphe ,  io  triumphe  Belgiuin. 

Le  2-='"' 
Austriadinn  serva  genus  ,  ô  .Deus  ,  œtheris  alti ; 
Jo  triumphe!  Austria. 
Le  S.""' 
Hispanœ  Jidei  vigeai  laus  recta  per  orhem; 
Jo  triumphe  !  HlsPANlA. 

Le  4.™* 
Ne  trépides  tantis  ducihus  ,  Burgiindia  felix  / 
Jo  triumphe!  Burgundia. 

Le  5."°= 
Flandria  sume  animos  tara  grato  affiata  fauore  ; 
Jo  triumphe!  Flandria. 

Le  ô.'™' 

Hoc  spiramine  tam  suauis  aurœ 
Flores  pandlto  ;  Lillum  iusula 
Jo  triumphe!  Lilium. 

Quelques  maisons  plus  bas  étoit  une  poupée  (82)  sur  une  planche 
ieltanle  des  fleurs  quand  les  princes  passèrent. 

Au  pont  de  Fin  ,  du  côté  du  marché  au  ûlet ,  lequel  on  dit  auoir 


(  32  )   On    doit  expliquer   ce  mot  par  jeune  fille  ,  petite  fille  ,  que  les  anciens 
latins   appelloient  puppa. 


IM 


20      Bibliothèque  de  Saint-Pieiiiie  a  Lille. 

pris  nom  de  Fin,  parce  que  Fiiiart  le  tjran  (33)  fu^  mis  à  mort 
par  Lyderic  ,  premier  foretier  de  Flandre  ,  il  y  auoit  un  théâtre  assez 
ample,  Planche  II ,Jlg.  i  ,  où  étoit  représenté Ljderic,  qui  prenoit 
congé  de  Lyderic-Hermite  ,  fig.  i,ci,  son  père  putatif,  l'exhortant 
à  prendre  vangeance  de  Finart;  qui  auoit  tué  son  |  ère  ,  lui  faisant 
connoître  sa  naissance ,  son  admirable  éducation ,  et  Temprisonnement 
de  sa  mère  Emargate,  détenue  dans  le  château  du  Buc,^^»".  i  ,  Z>,  et 
la  cruauté  dudit  Finart;  comme  Ljderic  se  présenta  à  Dagobert , 
roy  de  France  ,  demandant  en  duel  ledit  Finart ,  ce  qu'il  luy  fut 
accordé.  Ledit  Finart  fut  mis  à  mort  par  Ljderic  en  présence  du 
roj  et  de  sa  cour,  Emai-gate  ,  Jig.  i  ,  c ,  sa  mère  ,  fut  déliurée  de 
prison  ;  les  brigands  et  voleurs  sont  chassés  du  château  du  Bue  ,  et 
conuertis  leurs  demeures  en  des  temples  ,  au  frontispice  du  théâtre 
étoient  affichez  les  vers  suivans  : 

Hic  crudescentis  rabiem  prœdasque  tyranni 
Compressi  ferrum ,  aduerso  siib  pectore  condens; 
Hic  patria  profugum  spoUauit  lumine  patremy 
Et  matrem  tristi  damnauit  sorte  catenœ  ; 
Jndolui  ,  et  pœnain  scelerato  ex  sanguine  sumpsi  , 
£t  déserta  dedi  iiistis  habitanda  colonis  , 
Latronumque  domos  diuo7-um  in  lamina  verti  : 
Vos  eadeni  seri  perstringat  cura  nepotes. 

Vertu,  noble  vertu,  que  grandes  sont  tes  forces. 

Quand  un  cœur  est  épris  de  tes  viues  amorces. 

Tu  fais  que   I-jderic  ,  ce  magnanime   prince, 

I>'honneur  de  céte  ville  aussi  de  la  province, 

Met  vaillamment  à  mort,  d'uu  tien  généreux  dard, 

SuB  ce  pont  dit  de  Fin  ,  le  grand  voleur  Finart  ; 

Tu  fais  que  le  désert,  qui  des  brigands  fremille  (84), 

Par  ce  tien  champion  se  convertit  en  ville, 

Et  que  de  ces  meurtriers  les  tannières  bien  amples 

Par  sa  grande  piété  se  changent  en  beaux  temples. 

(  33  )  Suprà ,  LUI ,  p.  a, 
(84)  Fourmille. 


N".  l.Xl.F/.  2.ra</.2û. 


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Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille.  zr 
Arc  de  triomphe  à  l'embourJiure  du  marché  sur  la  fin  de  la  rue 
des  Malades  ,  enrichi  de  deux  grands  tableaux  où  étoient  peints  les 
A'ers  suiuans  ,  et  au  sommet  de  l'arc  y  auoit  les  armes  de  leurs  altesses 
accostez  de  figures  de  Phœbus  et  de  Diane  s'entregardans  l'un  et 
l'autre. 

Du  côlé  de  la  porte  éloit  cette  inscription  : 
Archiducibus  Austri.t;  Alberto  ei  IsabelljE 
O      FF     D  D     (35). 

Ul  soll  et  lunic  stirps  una  Hjperione  creiîs 

Stirps  una  Austriaco  semine  principibus. 
Sol  cœlum  et  radio  collustrat  principe  lunaj  ^ 

Sic  régna  ^ustriacis  Belgica  principibus. 
Sol  una  et  terrant  fœcundat  luce  Diana  y 

Una  est  Conjugio  gloria  principibus. 
.Anibit  ut  œterna  sol  mundum  et  luce  Diana, 

Gliscat  et  œtcrnis  gloria  principibus. 

Du  côlé  du  marché  : 

Les  deux  astres  premiers  ont  pris  même  origine , 

Nos  princes  sont  seigneurs  d'une  même  racine , 

L'un  est  flambeau  du  iour  et  l'autre  de  la  nuit, 

Et  de  nos  archiducs  la  vertu  cy  bas  luit. 

Comme  deux  clairs  soleils  éclairans  leurs  prouinces 

De  prudence  et  d'iimour  vrais  rayons  de  bons  princes  , 

Ces  deux  lampes  du  ciel  nous  fécondent  de  tous  biens. 

Leurs  altesses  f'i  ront  par  soy  et  les  siens 

La  Belge  bienheurée  (36)  à  iamais  d'ambedeux  (3;) 

Sy  voyons  quclc^ue  iour  des  fleurons  généreux. 

A  l'entrée  du  marché  il  y  auoit  un  théâtre  long  de  cent  soixante 


(  35  )  Optimis  principibus   ducibui, 
(  36  )  Bienheureuse  ,  fortunée, 
(Sy)  Par  tous  les  deux, 


12  Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille. 
pieds  qui  s'étendoit  iusqu'àla  maison  de  Gaillaume  de  Bapâmes  (38), 
au  coing  du  Beauregard ,  enrichi  de  peintures  ,  composé  de  l'ordre 
doricque  ,  porté  sur  des  soubassemens  à  cul-de-lampe ,  orné  d'en- 
taulement  portant  cornices  et  festons,  contenant  onze  niches  séparées 
de  termes  ,  et  dans  chacune  étoit  représenté  l'un  des  dix  derniers 
empereurs  avec  le  feston  ,  la  devise  et  l'emblème  de  chaque  em- 
pereiu- ,  tous  revêtus  de  robhe  de  drap  d'or,  orné  de  leur  courronne 
et  diadème  tous  choisis,  qui  de  facereprésenloient  les  peintures  desdits 
empereurs  ;  au  milieu  du  théâtre  éloit  éleuée  une  haute  pyramide 
auec  l'aigle  au-dessus  ,  et  au  milieu  d'icelle  les  armes  d'Autriche  auec 
inscription. 

Dans  la  T.*  niche  étoit  représenté  Rodolphe  ,  la  2.'"=  Albert  son 
fils  ,  la  3.="-='  Frédéric  ,  la  4.'^"'^  Albert ,  la  5.=""  Frédéric  ,  la  6.'^"'=  Maxi- 
milien  ,  la  7.""'  Charles  V  ,  la  8.<=  Ferdinand  ,  la  g.<^  MaximiHen  , 
la  10.^  Rodolphe  lors  régnant,  la  11.'  étoit  vuide  y  ayant  une 
chaise  ,  le  feston  orné  du  ci  lire  de  leurs  altesses  ,  voulant  par  cela 
donner  à  entendre  qiie  son  altesse  pourroit  avec  le  tems  acquérir 
par  sa  vertu  ladite  place;  les  vers  suiuans  étoient  écrits  dans  plusieurs 
tableaux  ; 

Pidchrum  videre  est  mane  micans  jiihar 
Phœbi  ,  et  Dianœ  nocte  niteus  caput , 
,.  Liidos  et  Hymnes  seculares 

Virgineo  re  ci  Lare  plaiisu. 
Sic  ,  jubilei  tempore  ,  priuciputn 
Vultus  serenos  ceinere    nos  Deus 
yld  instar  astroruin  salutis 
Conspicuos  dédit  esse  mundo  , 
Tanto  coruscos  sanguine  ,  (  pulchiius 
Qui  masculina  stirpe  decem  tulit 
Orbis  monarchas  occidentis 
Face  pios  ,  gladio  féroces  ). 


(  'à'è  )  Bapauine. 


Pulchrum 


Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille.     28 
PiilchruTn  sed  isto  ciini  diademate 
Sceptro  ,  logis  ,  ac  ense  ,  iK/uilis  ,  globo 

Ornatus ,  o  liberté  ,  sedeni 

Quam  video  vacuam  replehis. 
Tune  pacis  arteis  carminé  proseqiiar , 
Fortemqiie  dextram  quam  timet  occidena 

Eous  et  septeutriones  , 

Atque  plaga  phniialis  udustri. 

D'autres  tableaux  coutenoient  les  vers  ou  rjaaes  (3q)  François; 

Heureux  est  Beauregard  de  voir  ces  princes  grans 
Eeuiiire  sous  le  ciel  en  gloire  triomphaus  , 
Ainsi  qu'au  firmament  d'une  vertu  diuiue 
L'on  voit  le  clair  Pliœbus  et  Diune  argenline. 

Quam  sunt  auspicijs  spectacula  Iceta  secundis 
Magnanimos  quod  nostra  duces  celebrare  triumphos 
Lumina  conspiciant ,  claro  ceu  fertur  olympo 
Cyiithius ,  et  blando  sequitur  soror  aurea  vullu. 

Mais  ce  regard  sera  en  parfaite  excellence 
Lorsque  vous,  prince  Alb. rt,  par  sublime  puissance 
Ce  grand  siège  vacant ,  réserué  des  hauts  deux 
Remplirez  à  notre  heur  (40)  par  vos  faits  généreux. 

Jncljta  sed  culmen  tum  scandet  gloria  summum , 
Cum  meritis  ,  Alberie  tuis  eueclus  in  altum 
Sessor  cris  solij  semant  quod  fata  supremi 
Factis  œqua  tuis  nostrœque  benigna  saluti. 

Plus  auant  sur  le  beauregard ,  au  deuant  de  la  maison  où  pend 


<39)  Les  uns  font  dériver  ce  mot  du  Teuton  reim  ou  nm  \  les  autres  de 
/v9,«oV  rhytmus  ou  rythmas  d'où  est  venu  rhytine  ou  rythme.  Quelle  que  soit  son 
origine  ,  les  mots  dont  on  l'a  formé  ont  en  prosodie  le  vakme  sens  ,  et  signifient 
nombre  ^  mesure  ^  cadence.  On  lui  a  conservé  long-tems ,  comme  à  beaucoup 
d'autres  ,  le  genre  de  ses   racines, 

(40)  Pour  notre  bonheur. 


*<IS 


24     Bibliothèque  de  Saint-P  ie  n  rue  a  Lille. 
pour   enseigne  la  Main  Bleue,  éloit   dressé  un  tliéârre  sur  lequel 
éfoit  représenté  Bauduin  ,  empereur  de  Conslantinople  ,  el  en  dessou* 
trois  tai'les  séparées  ,  auec  ces  vers  : 

BAAAOTINOS     EN     X  P  I  2  T  £i 
eun      niSTOS     BASIAtYS 
KAI      ATTOKPATilP      l'OMAinN 
O      *AANAPIEYS      (41). 

Hos  occidentîs  stemmate  masciilo 
Vldisse  reges  niun  salis  ?  en  eut 

Sceptriim  dédit  B.yzantiorunt 

Urbs  duplici  imperio  superba,^ 

Autres  vers  : 

Dix  empereurs  sont   venus  de   ligne  paleincrie 
Qui  ont  lieureufemenl  goiiuerné  l'occident  : 
Voyez  ce  Bauduin  de  ligue   maternelle 
Elu  par  sa  valeur  empereur   de  l'orient. 

A  l'entrée  de  la  grande  chaussée  au  deuant  du  bras  d'or,  6(018 
\\\\  arc  triomphal  ,  dédié  particulièrement  à  l'Infante ,  large  de 
trente-cinq  pieds  ,  haut  de  soixante-cinq  pieds  à  trois  étages ,  ayant 
une  porte  seule  ;  le  premier  de  l'ordre  doric ,  à  chaque  côté  d'en  bas- 
en  deux  niches  entre  deux  colonnes  étoit  représenté  d'un  côté 
Charles  9.'"'  ,  roi  de  France  ,  et  Elisabeth  d'Austriche,  sa  femme; 
au  second  étage  de  l'ordre  Jonique  ,  au  milieu  y  auoit  un  grand 
tableau  entre  deux  colonnes  ,  d'un  côté  il  y  étoit  repré.senlé  le  roi 
Ferdinand  (42),  dans  l'autre  Isabelle,  sa  femme  ,  et  au  troisième 
étape  qui  éîoit  de  l'ordre  de  corinthe  ,  fait  en  forme  de  temple  éloit 
représenté  la  serénissime  infante  Isabelle,  de  l'autre  côté  de  la  ma- 

a^—-  ■-  "  '"  '  '""  ''  ..-^  -■— .  ■■■  ■■■■  — 

(41  )  Baudouin  de  Flandres  ,  plein  de  foi  dans  le  cljist  Dieu  ,  roi  et  em-- 
pereur  des  Romains. 

(42  )  Ferdinand  V,  dit  le  catholique,  roi  de  CastJlle  et  d'Aragon  et  bi- 
saïeul d'Isabdle-Claire-Eugénie  ,  femme  de  l'archiduc  Albert ,  réuuit  auss-iles^ 
deux  royaumes  de  Nap'.es  et  de  Sicile. 


Bibliothèque  dk  Saint-Pierre  a  Lille.  25 
'chine  ne  diffëroit  pas  du  deuant ,  sauf  que  P/ii//ppe  3 ."  (48)  ,  roi 
d'Espagne  ,  et  Marguerite,  sa  femme  ,  étoient  représentés  au  premier 
étage  ,  et  au  second  Saint  Louis,  roi  de  France,  et  Blanche ,  iille 
du  roi  de  Castille ,  sa  mère. 

Dessus  la  statue  de  Charles  ix.  étoit  écrit  : 

Carolus    ix.    REX   Francorum. 
Et  de  sa  femme  : 

Elisabetha  Austriaca  Caroli  ix.  ujcor. 
Dessus  Ferdinand  : 

Quod  vobis  supremi  numinîs  prouidentia  à  Christi  ricarîo  dl- 
uina  futurorum  prœsagiliofienobilissimuni  noinen  est  atlributum  y 
ut  calholici  reges  priini  diccremini. 

Dessous  sa  femme  cête  inscription  étoit  écrite  : 

Quod  regno  Granatœ  (  44  )  religioni  christianœ  restituto  armis 
in  ^jricœ  Mahuinetanos  féliciter  translatis  ,  nouo  orbe,  nouo 
mari  catholici  nominis  auspicio  cœ/à  terraque  aperto  ,  hanc  vobis 
posterisque  vestris  œternani  laudem  comparastis. 

Au  tableau  du  milieu  étoit  écrit  en  grandes  lettres  : 

Serenissimœ  augustœ  principi  D7ue  nostrns  Elisabethœ  Claras 
Eugeniœ  ,  catholicœ  ,  christianissimœ ,  regum  calholiconim  et 
chrisiianiosimorinn  Jîliœ ,  nepti  ,  pronepti  et  quod  ultra  est 
infauti  Hispaniarum ,  archiduci  ^ustriœ,  duci  Burgundiœ,  comiti 
Flandriœ: 

Dessus  la  statue  de  l'infante  étoit  : 

Una  est  dilecta  mea. 

(  43  )  Il  arriva  ,  en  1601  ,  à  la  cour  de  ce  prince  un  événement  que  je 
consignerai  ici.  Dans  une  tragédie  qu'on  y  représenia  ,  inlitulée /d  bataille  de 
Pavie  ,  on  faisoit  paroilre  le  roi  François  I  demandant  grâce  à  un  capiiains 
Espagnol  qui  lui  tcnoit  le  pied  sur  la  gorge.  Lorsqu'on  en  fut  à  cet  endroit 
de  la  pièce  ,  l'Ambassadeur  de  France  ,  Eméric  de  Barrault ,  qui  étoit  présen'- , 
saula  sur  le  théâtre,  et  passa  son  épée  au  travers  du  corps  de  l'acteur.  Les 
chroniqueurs  se  taisent  sur  les  suites  de  cette  vengeance  ,  en  quelque  sorte 
nationale, 

(  44  )  Royaume  de  Grenade. 

D  a 


u 


26  Bibliothèque. DE  Sain  t-P  ierhe  a  Lille. 

Dessus  la  représentation  de  Philipj^e  3.=""  roi  d'Espagne  : 

lUe  œlerno  vos  f<cdere  con'iueat  , 

Qui  vcram  pacein  in  sola  criice  catliolica  Jirmauit  x' 

Dessus  l'effigie  de  Marguerite ,  sa  femme  : 

Magni  spes  altéra  regni^ 
De  Saint  Louis  : 

Nullis  œquanda  triumphis  gloria. 
De  Blanche  : 

Et  hiuc  salua  et  sancta  gloria. 
Et  au  grand  tableau  du  milieu  : 

Tsostrc  très-haute  sérénissime  princesse  et  dame  IsABELLA  ClA"R* 
EuGENiA  ,  des  roix-  catholiques  et  très-chrétiens  ,  très-heureux  et 
désiré  surgeon  (45)  ,  infante  des  Espagnes ,  archiduchesse  d'Au- 
triche ,  duchesse  de  Bourgoigne ,  contesse  de  Flandres. 

Au  coing  de  la  basse-rue ,  près  le  Dauphin  ,  y  auoit  autre 
théâtre  où  étoit  représenté  Marguerite  ,  contesse  de  Flandres  ,  fille 
de  Bauduin ,  empereur  de  Constantinople  ,  et  les  fondations  c^u'elle 
fit  dans  Lille  ,  avec  ces  vers  : 

Marguerite,  comtesse  de  Flandres  (46). 

Dieu  qui  voil  ce  grand   tout  de  sa  voûte  azurée 
Princes  tant  généreux  ,  bienheure  {47)  voire  entrée, 
Et  sniuant    les  saints  pas    de   mon  père  (  48  )  Empereur 
Sois,o  mon  grand  Albert  de  tes  liiyneux(49)  vainqueur. 
Et  toj,  chère  Isaljel  .,    trop  prudente   Alinerve 
Ainsi  ([ue   tes  ayeiilx   ces   provinces   gounerne  , 
Afin  que  l'éienu'l  par  sa  toute  bonté 
Fa>se    croitrs  à   iamais  votre  prospérité. 


(45)    Jle).'trn  ,  descendant,  issu. 

(  46  )  Suprà ,  LV  ,  p.  3  et   5. 

(•  47  )  Rende  propice  ,  ou  plutôt ,  bénisse  voire  entrée.  Nous  avons  vu  plus  Laut 
h'ienhtuTte. 

(  48)  Marguerite  parle  de  Baudouin- IX ,  comte  du  Fliadres  et  empereur 
de  Constantinople  ,    dont  elle  étoit   fille.  Voir  suprà. 

(  49  )  Eaacmis  ,  envieux. 


t(^ 


N.°  LXI./'/.  J.  Paa.  2 


Mu/i,-/  n,re[iC 


Bibliothèque  de  Saint-Pie  rue  a  Lille.     27 
Margarita,  comes   Flandri^. 

démenti  histrans  oculo  Deiis  omnia  veslrum 
'Prospérât  adueiitum,  nostri  et  vestiglci  patris 
Sancta  sequens  Alberte  ,  tuos  sis  rictor  in  hostes^ 
Tuqne  Isabella  tuas  ditiones  more  guberna 
Maiorum  ;  sic  prosperitas  vos  aima  beabit. 

Autour  du  théâtre  étoient  ces  vers  arangez  par  distics  :: 

De    Flandres  fut  Marguerite  contasse 
De  lieux  pieux  pieuse   fondatresse  5 
A  Bauduin  de  Bjsance  empereur 
Fille  elle  fut ,  laquelle  au  grand  honneur" 
De  cête  ville,  élargit  libérale  , 
Grand  privilège  et   grâce  especiale, 

Flandrorum  fuit  comes  Margarita 

Locorum  piorum  pia  Jundatrix  , 

^alduini  Constantinopolitani  ylugusti  filia", 

Quœ  multa  prii'ilegla  in  huius  urbis  honorem  largita  est\- 

A  la  place  de  Saint-Martin  j  auoit  autre  théâtre ,  PL  I  Jig-  4 , 
011  étoit  représenté  Guy  (5o),  conte  de  Flandres,  quia  ordonné' 
le  serment  que  le  prince  fait  à  la  ville ,  et  aux  deux  côtés  étoient 
représenté  les  douze  écheuins  reuêtus  de  leur  robbe  quand  ils  reçoi- 
uent  le  serment  en  Halle  ,  et  au  fronleau  étoit  céte  inscription  : 

Guy  j    comte    DE    Flandres  ,    Marquis    de    Namur  ,    sire  de 
Dampiere   et   de  St.-DiSIER. 

Bien  que  ce  grand  guerrier  de  Bourbon  Tancieu, 

Ait  souiFerl  les  efforis  du  rudj  Thracien  , 

Possible  loi. te   fois  il  déliura  sa  ferre 

Du  péril  éuident  d'une  snnglar.te  guerre  ; 

Euneiiii  des  combats,  ami  de  ses  vassaux 

Que  franc  il  enrichi  de    droits  priuez  nouueaux, 

util  ■.— ^M— — ^M— — 1^— — — — »— ^gg' 

(  5o  )  Suprà.  ^  LUI  3  p.   4  -  LV  J  p.   5. 


%\% 


28    Bibliothèque  DE  Sain t-P ierre  a  Lille. 

Et  premier  les  comprint  (  5i  )  de  garder  cette  ville , 
Vous  vojez  les  projets  du  serment   fait   à  Lille. 

GuiDO,  coMEs  Flandri.e  ,  MARCHio  Namurci  ,  D.  Dampetr.B 

ET  S.  Desiderii. 

Pertulit  Ismarij  bellator  sœua  iyranni 
j4riiia  licet ,  tamen  à  trepidi  formidine  bellt 
Liherçit  ipse  siws ,  piignas  exosus  amansque 
Siihicctos  quos  immunes  et  iurihiis  auctos 
Fecit  ,  et  liane  illis  Jidil  custodihus  urbem  l 
Juuandœque  sibi  prœcripsit  vincula  legis. 

Dans  ladite  place  de  Saint-Martin  au  deuant  du  cliâteau  il  y  auoit 
anire  théâtre,  où  étoit  représenté  Bauduin  (  S^)  ,  fondateur  de  Lille, 
conte  de  Flandres,  auec  ^c/^/e,  fille  de  Robert  Capet,  roy  de  France, 
et  aussi  fondateurde  l'église  collégiale  de  Saint-Pierre,  au  frontispice 
di!  quel  éioit  : 
Balduinus  Flandrensium  COMES  Marchio  Philippi  Francoruji 

REGIS    EIUSQUE    REGNI    PROGURATOR    ET   BaiULUS. 

Qiiis  laiidet  pro  dignltate  ?  quis  di/igat  pro  merilo  ?  havc 
urbem  primus  muro  Jossaque  communiuit  ,  hic  sibi  liberisque 
domiçilium  collocauit  ,  ecclesiam  Deo  in  memoriam  principes 
aposiolonun  dedicaaib  mortuoqite  sibi  in  ea  quietem  elegit , 
de  suis  uxorisque  eleetjiosynis  monasteria  ampUssima  ultra 
Scaldim  (  53  )  in  castra  de  Ecnhani  et  TMessinis  constriixit  : 
reguum  Galliœ  tiitor  Uenrici  post  Philippi  regnum  Francim 
sumnia  prudentia  atque  Jide  supremo  imperio  procurauit  ea  lege 
ad  regni  guhernationem  vocatus  ut  pupillo  Philippo  sine  libcris 


(fil)  Les  obligea,  les  força.  Gui  avoit  altiré  à  son  service  beaucoup  de 
jci^neurs  étrangers,  eu  leur  faisant  des  pensions  connues  alors  sous  !«  nom 
de  fiefs  de  bourse.  Ces  pensions  en  faisoient  autant  de  vassaux  obligés  à  servir 
durant  la  guerre  avepplusou  moins  de  gens  armés,  à  proportion  lïe  la  somma 
qu'ils  reci'volrnt. 

(53)  Suprà,  LUI,  p.  3. -LIV,  p.  I. 

(  53  )  L'Escaut. 


Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lillp.  zç) 
defimcto  rex  Fninciœ  existercl  ,  Giilielmo  duel  Noi-mannicG 
genero  regnum  yingliœ  acquisiuit  ,  Flandrice  comitibus  idem 
regniim  tributo  anniio  trecentariim  marcariim  ohstrinxit,  u!ii\i 
Scaldim  iiistis  arniis  contra  Henricum  IV.  imp.  ditio/iein  dihi- 
tauit ,  Hannoniam  (64)  fîlio  procurauit  magno  suo  merito  Plus, 
Fœlix  insulanus. 

Deuant  l'hôpital  Contesse  ,  dans  la  rue  de  Saint-PieiTe  ,  du  côté  de 
la  rluière  ,  j  auoit  un  théâtre  à  deux  étages  ,  dont  le  dessus  étoic 
rempli  de  religieuses  de  l'abhaje  de  Marquette,  des  hôpitaux  àz 
Contesse  et  de  Saint-Sauueur,  sur  le  bas  étoit  représenté  Jeanne  (55) 
contesse  de  Flandres  et  d'Hajnau  ,  fille  de  Bauduin  ,  empereur  de 
Constantinople ,  fondatrice  de  ladite  abbaye  et  deadits  hôpitaux  , 
Ferdinand  de  Portugal  (56),  son  premier  mai'j  ,  et  Thomas  de 
Sauoje  (St),  son  second  luary. 

Entre  les  deux  étasres  éloit  écrit  sur  une  large  bordure  : 

Ille  ego  Ferrandus  cui  lusitana  superbiim 
Nobilitas  nomen  dédit,  arua  paterna  relinqiiens 
Dotales  régi  Flandros  succedere  Iberls. 
Dotales  vel  rexi  ^ugiista  ciim  conjuge  Flandros 
^duectani  terris  Doniinam   cui  Belgia  paret 
Gaudeo  te  superi  longuni  Belgasque   secundent  ; 
Marqueti  domus  ossa  tegit  signala  sepulchro. 

JoANNA  Balduini  Contantinopolitani  filia. 

Magnos  ut  titulos  genitor  mihi  fecerit  olim 
Thracia  quod  tenuit  sceptra  superba  manu  ^ 

'.Auxerit  ut  titulos  geminus  mihi  laude  maritus 
Queni  lusitana  et  terra  sabauda  dédit. 


(  54  )   Le   Haiiiaiilt. 

{,SS)  Suprà.,  LUI,  p.  4. -LV,  p.   I  et  4. 

(  56  )  Désigné  aussi  dans  l'histoire  sous  le  nom  de  Ferrand,    Suprà  ,    LUI  j 
p.   4.-LV,  p.  4. 

^S-])  JSuj^rà,  LVj  p.  S, 


.'1^ 


3o      BiBiroTHÈQUEDESAiN  T-P  ierhe  a  Lille: 

Ne  mihi  ne  prima  hinc  inihi  Jingite  noiriina  Belgœj 

Nobi/iiis  pietas  dat  mihi  ferre  decus  : 
Hoc  rutihim  ,  cedens  quod  egenis  atrià  feci 

Hospitium  popiili  ,  qiiod  fuerat  Dominœ. 

.Jeanne  ,   fille  de  Bauduin  ,  empereur  de  Consxantinople  > 

CONTESSE    DE    FLANDRES. 

Jeane  suis-je  de  nom  contesse  de  sang  noble 
Fille  de  Biudiiin  qui  de   Conslanlinople 
Fui  le  prince  Honoré  ,  mes  marjs  ont   été 
Ceux-ci  que  vous  voyez  d'un  el  d'autre   côlti  ,■ 
Fcrdluiiiid    Porlugais    et  Thomas  de  Sauoye  ; 
Ce  lieu  fut  mon  palais  ,  car  les  liiens  que  i'auoye 
Je  les  aye  conuerlis  eu  la  fondai  ion 
De  ce  grand  Hôpital  propre  habilation 

Des  poures(58)  souffreteux  (  69  );  aussi  de  mon  acquéte(6o) 
J'aye  fondée  et   dotée   l'abbaye  de  Marquette: 
Ces  dames  que  vo^^ez  êlre  cy-dessus   moy  (  61  ) 
Sont  pleige  (62)   de  mou  dire,  et   témoin  de  ma  foy. 

Thomas     S  a  b  a  u  d  u  s. 

\Sum  Thomas  ducens  genus  alla  a  stirpe  Sabaudi , 
Se  mea  progenies  el  auo  patrique  Pliilippo 
Prima  tenens  iunxit  comitem ,  dum  bella  vocabatit  : 
Est  Germana  tibi  tœdas  ingressa  iugales , 
Prîncipis  yjllobrogiim  pertentant  gaudia  pectus 


(  58  )   Pauvres.  On  a  dit  aussi  pove. 

(  59  )   Indigens  ,   misérables. 

(  60  )  De  moir  achat ,  de  mon  acquisition.  On  disoit  acqueisleir,  acquestjr , 
ponr  acquérir  ,  acheter  ,  d'où  est  venu  acquaste  ,  acqueste  ,  acquéte  ,  etc. 
acquisition^    achat.  n 

(61)  Etre  ici  au-dessus  de  moi. 

(62)  Répondant,  caution,  garant.  .'Vfénage ,  dict.  étym.  Au  mot  piège. 
Vossius  ,  au  moi  prœdium. — Ducauge  ,  Glossar.  Au  mot  plegium.—Id. ,  suplémt. ., 
tom.  II  j  au  mot  plegagium  j  et  tom.  IV  j  pUge ,  et  suiv. 

^^ustriadum 


Bibliothèque  de  S  a  int-Pi  e  r  r  e  a  Lille.     3i 
udustriadum  genus  aspiciain ,  quod  sanguine  nosLro 
Commistum  terrasqiie  pari  ditione  tenere 
yilbertiis  facial  pulclira  te  proie  parenteni  : 
ïelices  videat  seiies  vos  ionga  nepotiim. 
Leurs  altesses  élanl  airiue'es  deuant  le  cimetière  de  l'église  collé- 
giale de  Saint  Pierre ,  elles  descendirent  de  cheval;  les  chanoines  et 
tout  le  collège  les  attendoient,  rangez   en  ordre   depuis  l'entrée  de 
leur  jarisdiction  iusqu'au  portail  de  leur  église,  par  dedans  j  ayant 
à  l'entrée  un  tapis  auec  deux  coussins  ,  sur  lequel  monsieur  le  doyen 
y  étoit  vêtu  d'une  chappe,  accompagné  d'un   côlé  d'un  chapelain 
tenant  la  relique  de  la  Sainte  Vraye  Croix,  et  de  l'autre  côté  un  clerc 
tenant  l'eau   bénite. 

Après  quelques  cérémonies  d'usage,  monsieur  Guilaume  GlfTord  , 
prêtre,  docieur  en  théologie  ,  doyen  et  chanoine  de  ladite  collégiale, 
se  tourna  vers  les  princes  et  leur   Ht  une  oraison  en  latin. 

L'oraison  finie  ,  l'archiduc  y  répondit  en  latin  ;  puis  les  princes  et 
leur  suite  sortirent  de  l'église  par  la  rue  d'Angleterre. 

A  l'entrée  de  ladite  rue  d'Angleterre ,  étoit  dressé  un  arc  de  triom- 
phe orné  de  peintures  ;  du  côté  de  l'église  éloient  dépeintes  les  armes 
d'Autriche  et  de  leurs  altesses, et  dessous  chacune  étoitcette  inscription: 

Ingredere  quia  vir  fortis  es  ,  et  bona  nuntians. 
De  l'autre  côté  étoient  les  annes  de  leurs  altesses  et  de  la  ville ,  avec 
cèle  autre  inscription  : 

Possideat  semen  tuum  portas  inimicorum  tuoruni. 

Représentation  dudit  arc  de  triomphe. 

A  l'entrée  de  la  rue  du  Collège  ou  Séminaire ,  dite  à  présent  du 
Glen  ,  y  auoit  autre  théâtre  où  étoit  représenté  Louis  de  Maie  (63)  , 
comte  de  Flandre,  auec  'Madame Marguerite ,  sa  femme  (64),  duchesse 
et  héritière  de  Brabant  ;  le  fronteau  duquel  porloit  les  vers  suiuans  , 
renseignans  que  ledit  comte  a  eu  sa  retraite  à  Lille  pour  la  seureté 
de  sa  vie  et  le  repos  de  son  corps,  et  qu'il  a  trouué  moyen  derauoir 
Lille  ,  Douay  et  Orchics  hors  des  mains  du  roi  de  France. 

(  63  )  Suprà  ,    LUI  .   p.  6. 

(  64  )  Jbid. 

E 


Uo 


32    Bib'liothèque  de  Sain  t-P  iehre  a  Lille. 
LuDouicus  CoiMEs  Flandri^  Dux  BrabantIjE 

COMES    NlUERNENSIS    ET    ReGISTETENSIS 

Fîandria  nec  Galles  Dominos ,  nec  GaUia  Flandros 
Ferre  pares  poterat  ,  sic  du  ri  s  omnia  bellis 
Diuexata  diu  proauis  miseratus  egenos 
Insulidas  cessit  Francis  pacemque,  redemit. 

'^st  ego  sic  sortem  conspexi  voluere  fata 
Jnstabilem  ,  ut  socerwn  magnis  me  GaJlia  votis 
Optaret ,  dolesque  daret  pro  munere  Lillam 
Sex  dénis  annis  quam  proditione  tenebat. 
Et  tu  Lilla ,  milii  tante  pro  munere  grateff 
Reddideras  magnas  rii^o  magnasque  sepulto  ; 
Sic  vos  principibus  fidos  pax  aima  heatos 
Ffficiat ,  nec  vos  turbet  fortuna  nepotes 
jiustriadas ,  int>icta  manent  virtusque  decusque. 

Trois  malsons  outre  (  65  ) ,  ëloît  mise ,  hors  d'une  fenêtre  ,  uns 
planche,  sur  laquelle  se  pourmenoit  une  poupée  vêtue  en  Sle.  Claire 
faisante  une  révérence  quand  leurs  altesses  passèrent. 

Les  murs  ,  depuis  la  caue  de  St.  Paid  iusqu'à  la  glacière ,  pour 
monter  au  rarapart,  étoient  couuerts  de  draps  noire,  iaune  ,  azuré  et 
iaune  couleurs  de  Flandre  et  de  Bourgogne  ,  et  sur  iceux  pendoient 
en  grands  taJileaux  les  armes  des  dix-sept  prouinces ,  et  au  milieu  un 
ample  tableau  peint  des  armes  de  leurs  altesses ,  et  les  vers  suiuans  t 

'j4.rchi duces  gemini  genus  amho  a  sanguine  Diuûin", 
u4nibo  Jlerentes  œtatibus  ,  ambo  sereni , 
Clémentes  ambo,  cullores  numinis  ambo 
Nec  minus  optati  patrice  quam  patriam  amantes ', 
Jte  pij  patrijs  sub  honoribus  ite  per  annos 


(  65  )  Trois  maisons  après  ,   ensuite  j  plus  loin. 


Bibliothèque  de  Sain  t~P  ierreaLille.    33 

Nestoreos  ,  et  qui  clypeo  duo  signa  siih  uno 
Fcelici  nexu  geritis  concordibus  armis , 
Fœlici  nexu  concordes  iungite  Belgas , 
Çuos  nunc  in  geniinas  scindit  discordia  partes. 

Au  deuant  de  ladite  glacière  y  aiioit  autre  théâtre  oii  étoit  repré- 
senté, PL  m ,  fig.  2,  Jean,  duc  de  Bourgogne  (66),  qui  s'étoit 
sauué  à  Lille  du  dan2;er  de  la  France,  après  la  mort  de  Louis,  duc 
d'Orléans,  et  dont  l'histoire  étoit  contenu  en  ces  vers  : 

lOANNES    BURGUNDI.E    DuX    FlANDRIARUM    CoMES. 
MaRGARITA   BaUARA     (67)   COMITATUS    HaNNONI.-E   H.ERES, 

Post   varias  casus  ,  post  mille  pericula  vitcG 

Quœ  parisiaca  victor  in  urhe  tuli  , 
JExceptura  milii  gratam  dédit   insula  sedem , 

Insula  prœsidijs  officiosa  meis. 
In  qua  si  résides  habitare  diutius  annos 

^t  non  dura  sequi  bella  fuisset  anior. 
Viua  diu  non  victa  cito  mea  vita  fuisset , 

^ut  si  victa  cito  ,  non  cito   rapta  foret. 
Sed  quis  prœcaueat    rigidœ  fera  spicula  mortis  ? 

Certa  sub  incerto  tempère  quemque  necat, 
y  os  modo  paciferi  longum  durale  nepotes  ^ 

Et  quœ  yion  vixi  tempora  viiiite  vos. 

Au  deuant  de  la  chapelle  de  la  Goncepiion  ,y  auoit  un  théâtre  où 
les  pauures  filles  orphelines  étoient  mises  en  ordre  ,  qui  saluèrent  bien 
humblement  leurs  altesses  ,  comme  auojent  fuit  auparauantles  orphe- 
lins dits  de  la  Grange  ,  sur  un  théâtre  au  deuant  de  leurs  maisons. 


(66)  «îi/pri,  LUI,  p.  7  et  9.  On  connoit  ses  démêlés  avec  le  duc  d'Orléans, 
qu'il  finit  par  faire  assassiner.  Il  avoit  pris  alors  pour  devise  un  rjbot ,  sans 
doute  en    opposition    à  celle  de  son  rival ,  qui  éloit  un  gros   bâton  noueux. 

(67)  Mari;ueriite  de  Bavière  ,  fille  d'Albert  de  Bavière  ,  comte  de  HaiaauU 
et  de   Hollande,  et  femme   de  Jean  ,  duc  de  Bourgogne, 

E  2 


3^1 


34    Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille. 

Près  !a  croix  de  Sainle- Catherine  y  anoit  autre  théâtre  oîi  étoit 
représenté,  P/.  JII ,  Jîg.  \  ,  Charles,  duc  de  Bourgogne  (63), 
auec  madame  Isabelle  de  Bourbon,  sa  femme,  auec  ces  vers  au- 
dessus  . 

Ijitrepldis  animis  rigldi  Mauortis  ad  arma 
Natus  eram  ,  Gallos  straui  primoribiis   anuis 
Inde   rebellantes  eburones  (^  6g)  marte    coegl 
Subdere  colla  diici  ,  Jiudaui  mccnibus  urbem 
Pêne  ,  et  capta  meas  urbs  sensit  Nutia   (  70  )  vires. 
Militiœ  poteram  sumnws  superare  triumphos , 
Inuida  me  nisi  sors  acie  dum  versnr  in  ipsa 
Mersisset  céleri  fato  crudelibus  iimbris. 
liberté  aiqiie  Isabella  ,  istasfelicius  oras 
-  Vobis  continget  tranquilla  pace  tuerl. 

Au  deuant  de  la  chamlire  des  Comptes  y  auoit  autre  théâtre  où  étoit 
représenté  Philippe  le  Hardy  ,  duc  de  Bourgogne  (71)  ,  et  madame- 
Marguerite ,  héritière  ds  la  conté  de  Flandre,  d'Artois,  de  Neuers, 
de  Rhetel,  etc.  signifiant  que  ledit  duc  auoit  confié  toutes  ses  finances 
et  les  titres  de  son  reuenu  dans,  la  ville  de  Lille  ,  en  j  dressant  sa 
chambre  des  Comptes  même  seruans  pour  le  duché  de  Bourgogne 
et  de  tout  son  pays ,  auec  cête  inscription  : 

Uni  ta  per  nos  Insula  Flandriœ  est 

Et  facta  magna  curia  concili 

Sedesque  quœstorum  sub  œqua 
Discutiens  trutina  libellas. 


(  68  )  Suprà  ,  LIV  ,  p.  64.  La  devise  de  ce  prince  étoit  une  branche  de  boux, 
avec  ces  mots:  qui  s'y  frotte  ^  s'y  pique.  Isabelle  de  Bourbon  fut  la  seconde 
des   trois  femmes  qu'il  eut. 

(  69  )  C'étoit  un  peuple  placé  entre  la  Meuse  et  le  Rhin.  W  fut  détruit  par 
Jules  César  qui  vengea  le  sang  d'une  légion  romaine,  massacrée  par  les  ordres 
d'Ambiorix ,  chef  de  cette  nation.  Les  Tungriens  la  remplacèrent  et  doaaèreot 
leur  nom  à  la  ville  de  Tongres  ,  située  daus   les  pays  de   Liège. 

(  70  )  Nuits  ,  ville  de  Bourgogne. 

(  71  )  Suprà ,  LIV  f  p.  60. 


Bibliothèque  de  Sain  t-P  ierreaLille.  33 
A  l'entrée  dii  marché,  près  de  l'église  Saint-Estlenne  ,  y  auolt  un 
arc  de  triomphe  dédié  particulièrement  à  l'archiduc  Albert,  long  de 
quarante-huit  pieds  ,  et  haut  ,  sans  la  pyramide,  de  trente-trois  pieds» 
d'ouvrage  dorique,  contenant  trois  portes;  celle  du  milieu  occupoit 
certaine  colonne  haute  éleuée  de  pierres  ,  sur  laquelle  il  j  auoit  une» 
fleur-de-lys  large  de  pierre,  du  bout  de  laquelle  sorloit  un  crucifix 
de  bronze  ;  au  bas  de  ladite  fleur-de-ljs  y  étoit  du  côté  du  marché 
auec  cête  inscription  : 

De  Iesse  Christus  flos  virens 

SriNAS    UT    INTER    LiLIUM 
CUSTODIIT    SIC    INTEGRAS 
VOBIS    FIDELEIS    InSULAS. 

Sur  le  haut  de  la  colonne  étoit  taillé  en  pierre  douce ,  Saint  Estienne 
lapidé,  et  à  l'entour  de  l'astragale  ou  frise  étoit  écrit  en  lettre  d'or  ; 

VlUE    ATAUI    LONGOS  ,    PRINCEPS    FELICITER   ANNOS. 

Et  de  l'autre  côté  : 

Pange  Jouis  lauri  ramum  quem  porrigit  ales. 

Du  côté  de  l'église  étoit  orné  des  statues  de  notre  Seigneur  en  bon 
pasteur ,  entouré  de  ses  brebis  s'opposant  au  loup ,  ce  qu'enseignoit 
cête  écriteau  : 

Ma   couleur  argentine  montre  ma   charité  ; 
En  la  vermeille  ,  pleine  est  ma   fidélité  (  72  ). 

Candidus  immensum  color  ut  désignât  amorem , 
Sic  ruber  ardentem  relligione  Jidem. 

Le  dessus  de  l'arc  étoit  en  forme  de  galerie  où  étoit  une  troupe 
de  jeunes  hommes  et  des  plus  belles  filles  de  la  ville,  vêtus  en  pas- 
teur, tenans  leurs  chiens  et  auec  leurs  moutons,  qui  chantoient  auec 
mélodie  des  chansons  rustiques  accommodées  à  la  musique,  quant 
leurs  altesses  passèrent. 

Au  pied  de  la  pyramide  étoit  l'efiBgiede  son  altesse  en  grand  tableau,' 

p  -        -    -    ■  ... .     ..  —-■...  —  —       I  .,11     ■,■■-■■  .  —    I  ■»■■!         — — ^ 

(72)  pleine   est  ma  fidélité 3  traduisez,  «i  ma  foi  toute  entUr*. 


m 


36      Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille. 

et  au-dessus  des  deux  grandes  portes  éloit,  en  grands  tableaux ,  repré- 
senté les  portraits  de  Maximilien  (yS),  empereur,  et  de  Marie, 
hérilière  de  Bourgogne ,  et  près  leurs  portraits. 

Maximilianus  G.î:sar  alt.  S.  S,  Archidd. 

Me  paler  yirchidiicem  genuit  Germama  regem 

Elegit,   virtus  sceptra  decusqiie  dédit. 
Hinc  i/uiis  sexcentos  comités  aiixere  per  annos 

Obtulit  lias  Coniux  nornine  dotis  opes. 
Quas  inter  dilecta  mihi  fuit  Jnsula  partes , 

Rébus  in  amhiguis  Jîda  secuta  meas. 
Hanc  hilaris  vidi  ;  Carolusque  et  uterque  Philippus 

jdspicient  ;  et  vos  ,  currite  mite  genus. 
Près  le  portrait  de  Marie ,  duchesse  de  Bourgogne. 

Floribus  ^rthesijs  cuin  regia  îungere  Gaîli 

Lilia  cœpissent  vique  do/oque  sua  , 
Virtutis   Flos  his  alijs   mutanda  relinquens 

Sjmbola  cœsareœ  Jîdus  adhœsit  avi  ; 
Hinc  remorata  fuit  fraus  et  Victoria,  régis 

Signa  sed  auspiciis  ,  yîJmi/iane ,  tuis. 

Du  côté  de  l'église ,  dans  les  mêmes  endroits ,  étoient  les  représen- 
tations dudit  archiduc ,  de  Philippe  (  74) ,  roi  de  Castille ,  et  de 
Jeanne ,  reine  ,  sa  femme ,  auec  ces  vers  : 

Sentiaci  (  75  )  solide  stabilita  pace  Philippus 
Optatuni  posuifnem  ciuilibus  armis  , 

(  73  )  Suprà  .    LUI  ,   p.   7. 

(74)  C'est  Philippe  I ,  dit  le  beau  ,  fils  de  Maximilien  et  de  Marie  de  Bourgogne. 
Il  avoit  épousé  l'Iiifaaie  Jeanne^  fille  de  Ferdinand  le  catholique.  Cette  prin- 
cesse fut  tellement  alîligée  de  la  mort  de  son  mari  qui  ne  l'avoit  jamais  aimée, 
qu'elle  en  perdit   la  raison  ,  ce  qui  la    fit  appeler  Jeanne  la  folle. 

(75)  Sentiacwn  est  Zamora  ,  ville  du  royaume  de  Léon.  La  mort  d'Isabelle, 
reine  de  Casiille  et  femme  de  Ferdinand  le  carholique ,  occasionnèrent  rie  violens 

•débats  entre  celui-ci  et  Philippe,  époux  de  Jeanne.  Ce  dernier  l'emporta  et 
fut  cour.mné  roi  de  Castille  en  i5o6.  Quoique  l'histoire  ne  parle  point  du  lieu 
oîi  l'accord  se  signa ,  il  est  à  présumer  que  ce  fut  à  Zamora  oue  cite  le  manuscrit. 


Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille.     3y 

Éelgarum ,  pacem  cohii  per  tempora  ditœ 
Cuncta  mec^ ,  charus  popiiUs  charusque  per  orbem  , 
Regibiis  et  quouis  laudum  cumulatus  honore , 
Et.  quia  pacificus  pacis  Deus  aiictor  ,  anwtor , 
Et  princeps  dédit    imperiinn  sine  Jine   tenenduni 
Europœ  ,  Libyes ,  Asiœ,  Americcvque  per  omnes 
.Anfractus  pélagique  sinus  ,  muJtisque   beai-'it 
Protibus  ,  ex  tantis  dotata  Heroide  regnis , 
T^os  eadeni  fortuna  manet  dilecta  propago. 

Près  le  portrait  de  Jeanne,  reine  d'Espagne. 

Vigentl  Hesperiœ  regnis    opulenta    Philippo 
\Archiduci  coniuncta  fui  dilecta  niarilo 
Et  milii  dilectus  genitrix  fœcunda  duorum 

Jnduperatorum ,  quorum  de  sanguine  iunctos 
Multiplici  nexu  video  mea  cura  nepotes  y 
Bisque  duas  etiam  virtutibus  Heroinas 
lllustris  variijs  genuit  quas  tceda   iugalis  : 
Cuique  per  Europen  sociauit  regibus,  itnde 
Tantorum  Félix  regum   communis  origo 
Dicar ,  et  id  cultus  meruit  pietatis  in  omnes  ^ 
Sic  simili  videant  vos  sœcula  sorte  beatos 

Sur  les  pilastres  et  arcures  de  l'arc ,  étoient  dépeintes  quatorze 
fleurs-de-Ijs ,  dont  la  branche  du.  côté  droit  côté  A,  étoit  d'oliuier 
courbé  auec  ses  fruits;  celle  du  milieu  côté  B  ,  de  palmier  debouts 
aussi  auec  ses  fruits;  et  la  ligature  D,  de  lauriers  auec  des  bacques  (763 
rouges,  myvthes  et  chênes,  le  tout  fort  verd  ;  au-dessus  desdiles  fleurs- 
de-ljs  étoient  des  écriteaux  auec  les  noms  des  vertus  suiuantes. 

JUSTITIA,  ChARITAS,  ClEMENTIA  ,  PrUDENTIA  ,  MiSERICORDIA  ; 
VlCTORIA,FoRTlTUDO,  AbUNDANTIA,TrIUMPHUS,TeMPERANTIA, 
F^^CUNDITAS  ,   EteRNITAS  ,    CONSTANTIA  ,   CONCORDXA. 

76)  Liens,  d'où  vient  le  mot  ha^e^  gage  d'union  ,  de  lien  entre  les  époux 


n^ 


38  BiBriOTHÈQUE    DE    S  A  I  N  T-P  I  E  R  R  E    A    LiLLE. 

Au  marché  ,  au  deuaiU  de  la  maison  qui  portoit  pour  enseigne  le 
Lion  Rouge  ,  y  auoit  auîre  théâire  haut  éleué  ,  composé  et  rempli  de 
quatre  grandes  peintures,  viues  en  couleur ,  où  éjoient  représentées 
les  qiiatres  parties  du  monda,  l'Europe,  l'Asie,  l'AlTrique  et  l'Amé- 
rique ;  au  milieu  la  statue  de  l'empereur  C/i^r/e^  cinquième  (77), 
vêtu  de  ses  habits  impériaux  ;  au-clessus  duquel  étoit  l'inscription  ©t 
les  vers  suivans  : 

Imper ATOR  César  Carolus  V.  Francicus  Germanicus  , 
Italicus    Africus  p.  p.  Augustus. 

Me  terra  Eoo  tremidt  porrecta  suh   orbe. 
Me  tellus    dommuni  phœbo  supposta  cadenti 
yignoi'ity   torrensque  mei  fera  fulmina  martis 
yifrica  persensit ,  me  dwes  j4.merica  laie 
Regnanlem  aspexit;  permensus   inhospita  saxa, 
Jlerculeas  ultra  penetravi  classe  columtias. 
Sed  cum  terra  meum  non  exsaturaret   amorerri 
Ullerius   tandem  cœlo  vestigia  fxi  : 
Vos  naù  accédât  nostrœ  virtutis  imago. 

Le  milieu  du  théâtre  occupoit  la  deuise  dudit  empereur  en  roleap  (78) 
entre  deux  colonnes.  De  plus,  ouftre,  et  dessus: 

Jadis  ce  mien  ayeiil ,  de  ma  tritaue  (  79  )  père 
Délaclia  le  lien  qui   le  tenoit  en    serre 
Sous   un  prince    voisin,  Lille,   l'aflranchissant 
De  tant    de   durs  Irauaux  qui  t'iilloient  offensant 
Depuis  que  ton  grand  conte  ,    empereur   de  la   Grèce 
Echanga  ;  80  )  par  sa  mort  tes  ioyes  en  tristesse  ; 
JVlais  moi,  pour  ne   laisser  ton   bonheur  imparfait, 
J'a_y  paix  avec  la  France  en  ma  victoire  fait 


(  77  )  Svprà  ,    LUI ,  p.  7. 

(  78  )  Rouleau. 

(  79  )   Trisaii'ule. 

(80;  Echangea  pour  changea. 

Te 


■5' 


Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille.      89 

Te    déliuraiit  du   tout  de  sa  main  souueraine  , 
T'iiiiissaut   à  iaïuais  à  ton  ancien  domaine, 
Pour  ce  m'auez  cherj  ;  donc  la  fin  de  mes  vœux 
C'est  que  porte   le   même  amour   à  mes  neueux. 

Deinde  insulas  Cœsar  Caroîus  sic  alloquitur  : 

TeLLVre  SoLVI.    GaLLICa 

PaCIqVe.  et  arMIs.    KaroLVs. 
Vt  IV gîter   nepotIbVs 
Esset  VIdenda  Libéra 

Audit  marché,  au  deuant  de  l'hôtelerle  de  l'Esquier ,  j  auoîl:  un 
théâtre  où  étoit  représenté Philipe  second ,  l'oy  des  Espagues,  au  liaut 
duquel  étoicnt  posé  ses  armes  et  sa  deuise  :  nec  spc  tiec  inelu.  Ledit 
roy  éloit  enuironné  de  phisieurs  personnages  vêtus  en  indiens ,  tant 
orientaux  qu'occidentaux,  et  au  fronteau  étoient  Xqs  vers  suiuans  ; 

Qiias  oriens ,  quas  occidens  sol  lampade  terras 

Perlustrat  ,  tiostra  vidit  ditione  teneri  : 

Jndica  quce   macedûm  nunquam  patuere  sar/ssisÇdi) 

Régna  ,  vel  ^usonijs  numquam  spoliata  trophœis 

Me  primum  qui  vos  genui  noi'ere  monarcham  ,• 

Te  mea  pro génies  felicia  fata  sequantur 

Cliers  enfrius ,  mais  plutôt  la  moitié  de  mon  ame, 
Si  de  vos   bons  vassaux    le   soucy   vous   entame , 
Fauorisez  ce  peuple,  à  qui  l'a  je  (  82  )  de  ma  main 
Par    écrit  témoigné  le  zèle   très-cerlain , 
Qu'il  a  eu  s'opposant  à  des   fureurs   mutines  ^ 
Méprisant  par  sa  foy  aussi  mille  ruines  , 
jEt  même  en  mon   absence  oncq  (  83  )  ne  fut  diuerti 
De  suiure  de  son  Dieu  et  son  roy  le  party. 


(  8i  )  Sarissa  ^    pique ,  lance. 

(  82  )  On  a  déjà  eu  plusieurs  fois  occasion  d'observer  que  j'aye  étoit  ancieu- 
nement  employé    pour  j'ay  ,  j'ai, 
(  83  )  jamais. 


m 


40      Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille. 

Ainsy  tard  pour  leur  bien  le  ciel  d'eux  vous  retire  , 
Et   vos  fils  comme  vous  accroissent  leur  empire. 

Au  dessus   se  vojoit  les  vers  suiuans  : 
.    H      Conspicior  Geminis  fulgentibus   éditas  a  te ^ 
Quinte   Cœsar  Carole  (  84  )  .• 
£p     yin  non  victorem  Cancer  spectavit  ad  oram 

Cedente  rege  Algeriœ? 
Q_     Succuhuit  pugnax  grauelingis  terminus  ecce 

Id  torridus  vidit  Léo  ; 
np     Francicus  exutus  castris  rex  Somona  victus  ; 

Isabella  nata  in  Vlreiine  est  ; 
ïCb     Pinon  inaccesso  a  Mauris  in  colle  recepi 

Trophœa  Librœ  insignia  ; 
111      Turcica  de  Cipro  rediens  quœ  terruit  orhem 

Depressa   classis,  Scorpio  ; 
■B     ^nglia  papales  leges  Chirone  recepit 

Coacta  non  a  Maria  ; 
^      ^ccipiuiit  proceres  subi  gâta  Lisboa  in  Eli^a 

Regem  lubenter  sub  Capro  ,• 
•pst     Cernile  Jane  Bifrons,  consors  Isabella  Philippo  es£ 

Mater  Isabellœ  principis  ; 
X      Omnia  fausta  patri  Pisces  ,  Belgisque  tulere 
Edicta  pacis  piiblicœ  ; 


(84)  Chaque  distique  ,  si  l'on  peut  appeler  ainsi  cette  coupe  devers,  ofire 
un  événement,  et  le  nom  du  signe  sous  lequel  il  est  arrivé,  en  est  comme 
la  dale.  Ainsi  celle  du  premier  distique  répond  au  mois  de  mai  ;  celle  du 
second,  au  mois  de  Juin;  celle  du  troisième,  à  Juillet  5  celle  du  quatrième, 
au  mois  d'apût  :  les  balan  ?es  indiquent  le  mois  de  septembre  ;  le  scorpion  ,  d'oc- 
lobrejle  sagittaire,  de  Novembre;  le  capricorne,  de  décembre;  le  verseau 
représente  Janvier;  les  poissons  ,  février;  le  bélier  ,  mars  ;  et  eufin  le  taureau  , 
avril. 


Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille.      41 

T     Scande  Arles  Cœ/os ,  iam  nascitur  unicus  hœres 

Hispanice  ac   orbls  iioui  ; 
V     Fax  cœlo  delapsa  redux ,  et  francica  coniux 

Desponsa  ,  num  Taure  id  vides  ? 

Au-deuaiit  du  marché  aux  cheuaux ,  près  de  l'escaillé  (  85  )  du 
corps-de-garde,  j  auoit  autre  théâtre  PL  III, Jîg.  3  où  étoit  représenté 
Philippe  le  Bon  (86),  duc  de  Bourgogne,  avec  les  quatre  principaux 
ofliciers  de  l'ordre  de  la  toison  d'or ,  vêtus  de  pareils  haljits  lorsque 
ledit  duc  tint  son  premier  chapitre  à  Lille  ;  le  dessus  dudit  théâtre 
étoit  Saint  André  ,  tenant  les  armes  du  duc,  environné  du  toison,  et 
toutes  les  armes  des  cheualiers  de  la  toison  d'or  étoient  posés  en  ordre, 
au-dessus  et  au-dessous  des  armes  du  duc,  étoient  les  vers  suiuans  : 

PhILIPPES     par     la     GRACE     DE    DlEU  ,    DuC    DE    BOURGOIGNE  ,    DE 
LOTRICH     (87),     DE    BrABANT,    ET    DE    LUXEMBOURG  j     CONTE 

DE  Flandres. 

Perdomitis    Tauris  vigilique   dracone  sopito  , 

Emensis  pélagique  periclis , 
Thessalice  JEsonides  lectiqiie  Heroes  in  u4rgo  , 

Et  Tirgiitliia  fata  se  cuti  y 
Plirixeiun  rutilo  relulerunt  vellus  in  aura , 

Jd  pretiuni  non  vile  laborum  , 
Ac  deCP^s  HeroT^ni  stat  virgo  danda  PliILIppVs 

NoblLIhVS  COTSDIgna  trophœa 
Oui  vinu/is  iter  belle  tenuere  togaque , 

(_&'S)  L'escalier. 

(86)  Suprà,  LIV,  p.  63. 

(  87  )  Lorraine  ,  ce  nom  qu'on  avoit  conservé  à  une  des  Provinces  de  France, 
désignoit.iulrefijis  tout  le  pays  donl  Lothaire  second  ,  fils  dd  l'Empereur  Lolliaire, 
composa  son  royaume  vers  855.  Ainsi  Lotrkh  un  Lotreich  ,  et  en  vieux  fraiiçois  , 
Lother  ,  ou  Lothkr  ,abréviiilion  de  Lor/i^r-Riici^  signifie  royaume  deLolhaire.  De- 
là est  venu  Lotharingia  ,  Lotherregne ,  Lothierregne  ,  dont  s'est  formé  liOrraine.  On 
a  dit  pendant  long-iemps  ducs  de  Lother  ou  Lothier,  ducs  deLotrich  ou  Lotreich, 
pour  ducs  de  Lorraine.  Art  de  Vérif.  les  dst. ,  t.  III,  p.  35.  -  Guicciardin  ,  des- 
ciipt.  des  Pays-Bas  ,  p.  56. — Hofimauu  ,  Lexic,  univers. ,  t,  I,  p.  931.--  Dict. 
Rom.  j  Wallon,  p.   178,  etc.,  etc. 

F  2 


m> 


42      Bibliothèque  DE  Sain t-P ierre  a  Lille. 

Velleris  hœc  insignia  in  urbe 
Distribui  aurati ,  quœ  conjiige  vecta  ah  Jheris 

Briiga  prius  spectarat  ocellis. 
At  sociam  thalami  nostris  ditionihus  amplis 

Dotatam  referens  Isabel/ain, 
In  nostram  vobis  hanc  quam  constmximus  aulam 

Occiduis ,  Alberte,   ab  Jheris 
Prœmia  virtutum  tu  certe  verus  Jason 

Aurea  vellera  vera  tulisti  {Q^  ). 

Lille,  vous  chérissant,  j'ay   tenu   à  Saint-Pierre 

Le   chapitre  premier  de  la  noble  toison, 
Qu'à    Bruge  auparauant  imitant  Jason  , 

Aux  noces  de  madame  auois   mis  en  lumière. 

Quel  honneur,    ô  grand  duc,  d'être  au  lict  de  iustice 
Témoin  de  ce  grand  vœu,  qu'au  faisan  auez  fait   (89), 
y   dresser  (  90  )  votre  cour  et  hôtel   de  police. 

EnGn,  au-dessus  de  la  porte  de  la  cour  de  leurs  altesses,  ëtoit  un 
tableau  fort  grand  soutenu  d'un  ange  ,  avec  cette  inscription  : 

Surge    AGE     IN    REQUIEM    TUAM    TU    ET   VxOR     DILECTIONIS    TUiE  , 

VOS  S.  s.  Archiduces. 

O  Nimiiim  dilecta  Deo  cœlestis  origo 
Austriadiim  ,  nohis  nuper  qiios  pacis  honestœ 


(88  )  Philippe  III  ^  dit  le  Bon  ,  doi:t  il  s'agit  ici,  institua  à  Bruges,  le  jour 
de  son  mariage  avec  Elisabeth  de  Portugal,  sa  troisième  femme,  en  1429, 
l'ordre  des  chevaliers  de  la  toison  d'or,  à  la  gloire  de  Dieu ^  en  ré^trena  de 
sa  glorieuse  mère ,  en  l'honneur  de  Monseigneur  S.  Andrieu  ^  à  l'exaltation  de  la  foi 
de  la  Sainte  Eglise.  L'auleur  des  veis  a  cru  devoir  à  cette  occasion,  rappeler 
l'expédition   de  Jason. 

(  tig  )  Suprà  j  LUI ,  p,  9.  J'ai  parlé  du  repas  du  faisan  ,  de  ce  qui  y  donnoit 
lieu  ^  et   des  cérémonies  qui  s'y  observoient. 

(  90  )   Souseniendez  pour  ,    pour  y  dresser  ,  y  étaLlir, 


.  lilBtlOÏHÉyUE    DE    SAINT   PlERRE    A    LiLLE.  ^3 

Veruina  (^f^i")  aiiciores  vidil  ;   ter  maximus  iUe 

Tollere  ciuiles  intestivosque  tiimultus 

Passe  dabil,  sobolemqiie  dabit  sobolisque  nepotes 

Qui  pairia  belgas  proaiii  virtute  tenebunt , 

yitque  colent  reges  populi  coinitesque  ducesqiie  , 

Et  metuent  hostes  ,  inimicaque  turba  profanant 

Linget    liumum ,  sic  est  laurus  gestanda  triumphans. 

Leurs  altesses  aiant  acheué  le  tour  de  leur  entrée  solemnelle,  entrè- 
rent dans  leurs  palais,  entre  six  et  sept  heures  du  soir,  qui  faisoit 
obscur.  Le  magistrat  laissa  la  garde  de  leurs  altesses  aux  sermens  ou 
confréries  de  la  ville;  le  magistrat  vint  souper  dans  l'hôtel  de-ville 
auec  les  cheuallers  de  la  toison ,  les  contes  et  barons  qui  auoient  été 
inuités  ,  où  tout  se  passa  en  ioye  et  allégresse  ,  et  presque  toute  la  nuit 
en  ébatenient  et  feu  de  ioye,  et  feu  d'artifice,  sans  aucun  désordre. 
Ledit  iour  se  fit  des  feux  de  ioye  par  toute  la  ville,  à  neuf  desquels 
on  donna  des  prix. 

Le  lendemain  ,  iour  de  dimanche,  6""*  de  féurier  1600,  les  magis- 
trats vêtus  de  leurs  robbes  comme  le  iour  précédent ,  se  trouuèrent 
à  la  cour  et  palais  de  leurs  altesses ,  qui  auoit ,  aux  dépens  de  la 
ville  ,  été  refectionné  en  divers  endroits  à  grands  frais. 

Au  départ  de  leurs  altesses  ledit  magistrat  se  mit  en  ordre,  marcha 
à  pied  deuant  les  seigneurs  ,et  conduirent  (  92  )  leurs  altesses  à  l'église 
collégiale  de  Saint-Pierre,  par  la  rue  d'Equermoise  ,  par  où  elles  pu- 
rent voir  tous  les  théâtres  ornez  et  préparez  comme  le  iour  précédent , 
ainsi  qu'elles  auoient  déclaré  désirer  voir  en  pareil  ordre. 

Etantes  arriuées  dans  l'église  de  Saint-Pierre,  sans  que  les  chanoines 
se  bougeassent  de  leurs  sièges  au  chœur,  la  messe  fut  chantée  parle 
R.  P.  en  Êieu  Pierre  Carpentier,  abbé  de  Looz  in  pontijicaïibus  ; 
icelle  acheuée ,  ledit  sieur  doyen  et  le  tresorié  s'auancèrent  vers  la 


(  91  )  Vervins ,  petite  ville  de  France  dans  la  ci-devant  Picardie  sur  la 
Serre;  elle  est  fameuss  dins  l'histoire  par  le  traiié  de  paix  conclu  en  1598, 
entre  Henri  IV  ,  roi  de  France  et  Plùiippe  II  ,  roi  d'Espiigne, 

(92)  Conduisiient. 


44        Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille. 

ci'édence  qui  étoit  dressé  du  côté  de  l'autel,  et  là  fut  déliuré  à  chacun, 
d'eux  ès-mains ,  chacun  un  moyen  pain  enueloppé  de  seruiettes  de 
damas  ;  et  à  M^.  Jean  le  Duc,  écolatre  ,  et  le  plus  ancien  chanoine 
Bidault,  fut  donné  deux  flaccons  d'argent,  l'un  rempli  de  vin 
clair  ,  l'autre  de  vin  blanc  ,  et  marchans  les  deux  premiers  vers  l'ora- 
toire des  princes  suiuis  des  deux  autres. 

Ici  le  dojen  prononça  un  petit  discours  latin,  auquel  l'ai-chiduc 
répondit  dans  la  même  langue. 

La  cérémonie  acheuée ,  leurs  altesses  auancèrent  vers  le  grand 
autel  ,  où  ledit  sieur  doyen  leur  dit  :  Placel-ne  vestris  serenitatibus 
prœstare  iuramentiun  solltuniprœstari  liuic  ecclesite  à  jnaioribus 
vestris  ?  L'art:liiduc  répondit  :  Placet  ?  Puis  le  dojen  lu  la  formule 
du  serment  qui  éloit  tel  que  s'en  suit  : 

ISos  ^IherUis  et  Isabella  ylrchiduces  udustr'iœ ,  duces  Bur- 
gundiœ ,  comités  Flandriœ  promittimus  et  iuramus  ,  qiiod  iura  , 
libertates ,  immunitates  ecclesiœ  sancti  Pétri  Insulensis  et  pri- 
uilegia  eiusdeni  fideliter  obseruabiuius. 

Ledit  doyen  présenta  aux  princes  un  missel,  sur  lequel  ils  mirent 
la  main  et  le  baisèrent. 

Puis  leurs  altesses  se  partirent  de  l'église,  le  magistrat  allant  deuant 
en  pareil  ordre  par  la  rue  de  la  Grande-Chaussée,  vinrent  vers  la 
maison  écheuinale  ,  au-deuant  de  laquelle  ,  et  des  maisons  voisines 
du  côté  du  marché  ,  éloit  dressé  un  lieau  et  grand  théâtre  d'ouurage 
et  ordre  de  coriuthe  ,  long  de  quatre-uingts  pieds,  haut  de  soixante, et 
profond  de  vingt-cinq  ,  avec  sept  pyramides  et  banières  de  soye  au- 
dessus,  tendu  de  drap  rouge  cramoisi,  semé  de  lleurs-de-lys  d'argent, 
ce  qui  étoit  chose  magniHque  et  beJleàveoir;  les  officiers  de  leurs 
altesses  l'ayant  ainsi  vu  préparé,  ingèrent  qu'il  n'étoit  besoin  di  aiouter 
quelqu'ornement  ;  mais  ayant  dressé  seulement  le  Rosse rel  (91),  se 


(91  )  Ce  qui  suit  donne  à  euteudre  que  ce  n'est  qu'une  espèce  de  tapis 
ëcarlalc  ou  de  pourpre  ,  couleur  dans  tous  les  teins,  et  presque  parlout 
aflectée  aux  tentures,  coussins,  etc.,  en  usiige  diins  les  cérémonies  publiques, 
dont  un  prince,  seigneur  ou  chef  d'éiat  sont  Voh]e\.  Rosserel  vient  donc  néces- 
cajrement  de   l'italien  rosso ,  rouge  j  mais  il  ne  m'en  paioit    qu'un   diminutif  j 


BiSLIOTHÈQUE   DE   S  AINT-Pl  ER  R  E    A   LiLLE.  4,^ 

contcnlèrent,  quoiqu'ils  eussent  grand  désir  de  plier  les  tapjs  et  autres 
teintures  de  leurs  altesses  ,  comme  ils  auroient  faits  et  depuis  firent 
dans  d'autres  lieux  pour  en  retirer  plus  grand  salaire  (  92  ). 

Le  magistrat  monta  le  premier  sur  ledit  théâtre,  et  messire  Jacques- 
Philippe  dit  Vilain  etdeGand  ,  conte  d'Issenghien  ,  du  conseil  d'estat, 
prem.er  des  quatrfis  maîtres  d'hôtel  de  leurs  altesses  ,  leur  assigna 
place  à  côté  gauche;  puis  suiuit  dom  Baltazart  de  Zuniga  ,  ambassa- 
deur d'Espagne  ;  le  duc  d'Aumale,  messire  Philippe-Guillaume  de 
Nassau  ,  prince  d'Orange ,  baron  de  Breda ,  cheualier  de  la  toison  d'or , 
du  conseil  d'estat  ;  dom  Francisco  de  Mendoza  el  Cardona,  marquis 
de  Guadalesle,  amiral  d'Arragon,  du  conseil  d'estat,  grand  maître 

d'hôtel  et  général  de  la  cavalerie  légère  ;  messire  Phles  (98)  deCroy, 
chevalier  de  la  toison  d'or,  premier  conte  de  Solue,  sieur  de  Molem- 
bais  ,  Sempy,  Fourcoing,  etc.  gouverneur  de  Tournaj  et  du  Tour- 
nesis,  grand  ecuier;  le  conte  de  Ligne,  prince  d'Espinaj ,  aussi  che- 
ualier du  toison  d'or,  gentilhomme  de  la  chamlDre  de  leurs  altesses  ; 
messire  Jean  Richardot  ,  cheualier,  Sr.  de  Barlj,  chief-president  du 
conseil  priué  et  d'estat  ;  et  plusieurs  autres  seigneurs  et  gentilhommes 
qui  se  rangèrent  du  côté  droit ,  excepté  le  conte  de  Solue  et  le  prési- 
dent Piichardot ,  qui  se  mirent  à  côté  gauche  de  leurs  altesses;  puis 
suiuirent  leurs  altesses,  qui  se  mirent  sur  leurs  chaises  préparées  au 


ce  qui  doit  faire  croire,  d'ciprès  ce  que  l'auteur  ajoute,  que  c'éloit  le  i;:p:s 
le  moins  riche,  le  moins  .'impie,  en  un  mot  le  plus  commun  et  celui  peut- 
être  sur  lequel  les  officiers  de  l'ari-liiduc  n'avoient  aucun  droit.  On  peut  voir 
au  surplus  Ducange  ,  Glossar  ,  tom.  V  5  et  supplém.  ,  lom.  III ,  au  mot  rossus. 
(  92  )  Dans  leurs  entrées  solemnelles  ,  dans  leurs  marches  triomphales  ,  eJc. 
les  souverains  ecclésiastiques  ou  laïques  Irainent  toujours  à  leur  suile  des  tapis- 
series de  toute  espèce ,  soit  pour  leur  servir  de  marche-pied  ,  soit  pour  orner 
leur  trône  et  tendre  les  endroits  où  ils  stationnent.  Il  a  élé  iong-tems  d'usage 
qu'une  partie  de  ces  meubles  devenoient,  après  la  cérérnonie  ,  la  propriété  des 
cliiciersde  service.  Ce  passage  ledémonlre  ass.  z  ;  l'iiistoire  nous  en  fournit  diS 
preuves;  et  moi-même  j'en   ai   cité  un  exemple  suprà  ,   LX  ,  p.     i5. 

(  93  )  Abrévialion    de  Philippe. 


46        Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille. 
milieu  du  lliéâtre  sur  un  passé  (94)  éloué  de  trois  apas  (  gS)  l'iiiFante 
à  dioile  ,  et  l'archiduc  à   gauche  ,  au-deuant   desquels  fut   mis   une 
table  couuerte   de   velours   rouge,    auec  deux  coussins  dessus,  sur 
laquelle  ledit  abbé  de  Looz  mit  et  ouurit  les  saintes  éuangiles. 

Ledit  conte  deSolue,  grand  écuier,avoit  le  collier  du  toison, comme 
aussi  son  altesse  le  prince  d'Orange  ,  et  le  conte  de  Ligne  ,  étoit  tête 
nud  ,  et  tenoit  l'épée  nu  près  de  son  altesse  et  le  iour  précédent  ;  mais 
sur  les  rues  il  marcha  deuant  son  altesse  avec  l'épée  nu. 

Ledit  sieur  président  Richardot  étant  debout,  tête  nu,  eut  ordre 
de  leurs  altesses  de  parler,  et  fut  imposé  silence  au  peuple  qui  y 
assistoit  en  très-grand  nombre,  occupoit  toutes  les  fenêtres  et  autres 
places  de  toutes  les  maisons  du  Ijeaurega-id  et  du  marché;  après  auoir 
fait  une  grande  réuérenee  à  leurs  altesses  ,  iusqu'à  mettre  le  genouil 
en  terre,  commença  sa  harangue  par  undiscour  bien  poly,  et  analogue 
aux  circonstances. 

La  harangue  finie,  Wallerand  Hangouart ,  écuier  du  Sr.  du  Laury , 
Rovart  de  VamiLié  (96),  se  mettant  sur  un  genouil,  prononça, 
à  haute  voix  ,  le  serment  suivant  : 

Très-Haults  et  très-puissans  princes ,  chi  (  97  )  iiirez  que  vous 
la  ville  de  Lille,  la  loy  et  la  franchise  de  la  ville  les  usages 
et  les  coustumes  et  les  corps  et  les  catheux  (  98  )  des  bourgeois 


(94)  Ou  passet,  suggestutn  ,  esirade.  Ou  avoit'peut-étre  ainsi  nommé  cette 
espèce  de  trône,  parce  que  dans  le  cas  dont  il  s'agit,  on  le  dressoit ,  on 
l'élevoit  dans  le  lieu  le  plus  passager,  comme  par  exemple  dans  un  carrefour  , 
iiiie  place  ou  le  peuple  peut  aller  et  vi'i.ir,  passer  en  plus  grand  nombre. 
Voir   Ducange  ,  Glossar  ,  suppl.  ,   lom.  III,   au   mot  passetum. 

(  q5  )  De  trois  pas  ,  degrés  ,  marches  ou  gradins.  On  ne  doit  point  supposer 
plus  de  hauteur  à  une  estrade,  mot  qid  dans  ce  sens  n'est  presque  p'us  d'usage, 
et  que  le  diction,  de  l'académie  définit  par  ais  posé  sur  des  petites  traverses  dans 
(alcôve  d'une  chambre  ,  et   un  peu  plus  élevé  que  le  plancher, 

(  96  )  Suprà.    p.  3. 

[  97  )   Ici ,  de  l'adverbe  latin  hic. 

(98)  Biens,  meubles  et  immeubles.  Cette  expression  dérive  de  capitalia 
qui  a  dégénéré  tn  captalia  ,  puis  en  catalla  ,  dont  on  a  Cah  catels  ^  cateux ,  on 
tatheux.  L'étjiiiologie  me  piroit  juste,  car  capitale^  capitalia   veut  dire  en  ce 

de 


Bibliothèque  de  Saint- Pi  erre  a  Lille.     47 
de  Lille  garderez  et  inénerezpar  la  loy  et  par  écheuinage,  et  ainsi 
le  iurez  sur  les  saints  éuangiles    et  sur  les  saintes  paroles ,    qui 
cj  sont  écrites  que  i^ous  le  tiendrez  bien  et  loyauinent  (99). 

Puis  leurs  altesses  se  louèrent  et  se  metlaiis  à  genoux,  touchèrent 
de  la  main  droite  les  saints  évangiles  et  les  baisèrent,  et  étans  rerais 
dans  leurs  chaises,  ledit  rewart,  majeur,  conseil ,  huit-hommes  (100), 
procureur  et  greffiers,  allèrent  successiuem.ent  baiser  les  mains  de 
leurs  altesses,  après  auoir  fait  trois  grandes  réuérences  ,  chacun  étant 
retourné  dans  sa  place,  ledit  rewart  leua  la  main  comme  aussi  le 
magistrat ,  et  tout  le  peuple  prêtèrent  le  serment  suluant  : 

Très-haultz  et  très-puissans  princes,  nous  Jiauchons  {loi') 
votre  corps  et  votre  héritage  de  la  conté  de  Flandres  à  garder , 
et  ainsi  nous  le  iurons  à  tenir  bien  et  loyaunient  à  noz  sens  (  1 02  ) 
et  à  noz  pooirs  (  io3  ). 

Le  peuple  fut  auerti  de  crier  aussitôt  :  viuent  les  princes,  viuent 
les  altesses,  qui  (104),  par  un  bruit  multiplié  d'innombrables  voix» 
cria  par  diuerses  fois  ,  viuent  les  princes ,  viuent  les  altesses  ;  puis 
louèrent  les  tromj:ettes  et  hautbois  de  plusieurs  endroits. 

Les  quatres  hérauts  de  leurs  altesses  ,  vêtus  de  leurs  cottes  d'armes  , 
se  diuisants  en  deux  parts  et  prenant  deux  grandes  aumonières  (io5), 
ietèrent  au  peuples  plusieurs  poignées  d'or  et  d'argent,  iusqu'à  ce 
quelles  furent  épuisées  ,  comme  s'en  suit  ; 


sens  ,  ce  que  possède  chacun  par  fêle.  On  peut  consulter  Ducange ,  Glossar 
lom.  II ,  et  supplém.  ,  1. 1  et  IV.  Ménage  ,  dict  élym. ,  t.  I ,  p.  3a2,  etc. ,  etc. 

(99)    Loyalement. 

(  100  )  Injrà  ,   p.  48. 

(  loi  )  Nous  promettons  ,  nous  donnons  notre  foi  ,  nous  nous  engageons.  II 
faut  avec  Ducange  ,  Ménage  et  d'autres  élymologisles  le  faire  dériver  iXe  fiduciare ^ 
fidentiare  ,  d'où  est  \t.n\i  fiancer  ^  promettre,  accordijr   une  fille  en  mariage. 

(  102  )  A    nos  senlimens. 

(  îo3  )  A  nos  pouvoirs,  c'est-à-dire,  à  tout  ce  qui  est  en  notre  pouvoir, 
en  notre  puissance  pour  vous  défendre. 

(  104.  )   Lequel. 

(  io5)  Aunionière  étoit  une  bourse  contenant  de  l'argent  destiné  à  répandre 
et   à  donner.  Voyez  Ant.  Kat. ,  T' i ,  art.  III,  p.  118,  i36,  137. 

G 


48    Bibliothèque  DE  Sain  t-P  ierre  a  Lille. 

Son  altesse  créa  publiquement  quatre  cheualiers ,  sçauoir  :  ledit 
Wallei-and  Hangouard  ,  écuier  ,  sieur  du  Laury  ,  Reward  ;  '\"\'alle 
rand  Dubois ,  écuier,  sieur  de  Beaufremez  ,  éclieuin  ;  Jean  de  la 
Viclite  ,  écuier  ,  sieur  de  Nieuwanhoue ,  écheuin,  et  Michel  Gommer , 
écujer,  sieur  de  Schanoulde ,  voir-iare  (106),  en  les  frappant  de 
ti'ois  coups  de  l'épée  nue  ,  qu'il  print  de  son  grand  écuier,  sur  l'épaule  , 
et  leur  donnant  à  baiser  la  croisure  (  107  ). 

Toutes  ces  cérémoiîies  acheuées,  le  magistrat  conduisit  leurs  altesses 
iusques  dans  la  salle,  qui  se  mirent  peu  après  à  table,  étant  lors  une 
heure  après-midv,  et  firent  honneur,  au  magistrat  seul,  de  les  voir 
manger  durant  leur  repas.  L'après-mjdi,  les  écoliers  des  pères  jésuites 
présentèrent,  dans  la  salle  de  leurs  altesses,  une  églogue  ou  bucoli- 
que. Les  balllvs  ,  les  quatre  seigneurs  haultz-justiciers  alèrent  baissr 
les  mains  de  leurs  altesses ,  auxquels  ils  firent  présent  de  3o,ooo 
florins  pour  la  châtelenie.  Les  présidens  et  gens  de  la  chambre  des 
comptes,  et  les  officiers  de  la  gouuernance  de  Lille,  firent  semblables 
soumissions. 


(106)  Les  voir-jures  ou  voir-juré^,  c.-à-d.  vrais-j'.irés  ,  avoient  été  inslitués 
par  Jeanne  de  Coiistantinople.  Elle  les  avoit  adjoints  aux  échevins  au  nombre 
de  douze  ,  pour  les  aider  dans  leurs  fonctions  et  les  remplacer  au  besoin.  Comme 
leurs  collègues ,  ils  veilloient  à  la  conservation  des  bâtîmens  et  des  privilèges  de 
la  ville.  Ils  pouvoient  être  préseus ,  prendre  à  serment,  et  être  témoins  dans 
les  actes,  au  défaut  des  échevins.  Les  huit  derniers  de  ce  corps  composoient 
les  Huit-Hommes  de  probité,  vulgairement  appelés  Prkdd'Hommes.  Leur  prin-. 
cipale  fonction  consistoit  à  régler  l'impôt ,  de  concert  avec  h  s  échevins.  Dans 
les  premiers  tems  de  leur  institution,  ils  s'assembloient  dans  une  place  par- 
ticulière,  où  les  résolutions  du  conseil  de  ville  mises  à  l'examen  étoient  agréées 
en  tout  ou  en  partie.  Quand  on  recevoit  des  bourgeois  on  sonnoit  une  cloche 
pour  assembler  les  Huit-Hommes  qui  dévoient  assister  et  présidera  cette  récep- 
tion. Lorsqu'un  ou  plusieurs  de  ces  magistrats  mouroient  pendant  qu'ils  étoient 
en  charge  ,  ceux  qui  lestoieiit  avoient  le  droit  d'en  nommer  d'autres,  en  les 
présentant  toute  fois  au  conseil  po,  r^  être  agréés.  J'oubliois  d'observer  qu'ils 
étoient  d'ordinaire  choisis  par  les  curés  ou  pasteurs  entre  les  gens  les  plus 
probes.  Thiroux ,   hist.  de  Lille,  p.  110. 

(107)  Ou  croisée,  mis  ici  pour  la    garde  de  l'épée;   ainsi   appelée   parce 
qu'autrefois  elle  éloit  en  forme  de  croix  ou  de  X. 


Bibliothèque  de  Sain  t-P  ierreaLille.     4g 

Le  lendemain,  les  princes  donnèrent  audience  au  magistrat  ou  au 
conseil  de  ville  ,  qui  les  harangua,  et  Unit  par  leur  présenter,  suiuant 
l'usage,  un  don  gratuit  de  six  coupes  d'or  fin. 

Puis  le  hérault  de  l'Espinette  ,  les  quatre  sergeans  d'éclieuins  et  le 
premier  messager  ,  vêtus  de  leurs  robbes,  apportèrent  les  dites  six 
coupes  ,  qui  valoiejit  ensemble  onze  à  douze  mille  florins  ,  deuant 
lems  altesses  ,  et  les  déliurerent  aux  officiers  d'icelles. 

Ledit  iour  furent  faits  cheualiers ,  dans  la  salle,  présente  l'Infante 
et  plusieurs  cheualiers:  Bauduin  de  Croix,  écuier,  sieur  d'Ojem- 
bourg,  baiilj  du  châtelain  de  Lille  ,  premier  seigneur  haut-justicier 
de  la  châtelenie  ;  et  Claude  de  Lannoy ,  écuier,  Sieur  du  Moulins, 
député  des  nol^les   de  la  prouince. 

Après  avoir  visité  les  principaux  endroits  de  Lille  ,  leurs  altesses 
montèrent  dans  un  carrosse,  attelé  de  six  chevaux  bais,  et  prirent  la 
route  de   Tournay  ,  par  la  rue  et  porte   des  mahdes. 

Ces  vers  et  chroniques  marquent  le  tems  que  leurs  altesses  firent 
leur  entrée  dans  la  ville  de  Lille. 

EXCIpIt  ArChldVCes  hœC 
InsVLa,   Lœta.  trIVMphIs. 

qVInta  die  LaVdànda.  febrVarlI  (  108  ). 
Autres  : 
EXCIpIt  ydrChlduces  Vos  lusVLa  Vestra  trlumpliis. 
O  CliLira.  Isabella.  NojùsJ'ebi-uai-ii. 

Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  faire  connoître  les  personnages  auxquels 
étoit  consacrée  la  fête  riche  et  jjompeuse  dont  le  manuscrit ,  dont 
nous  venons  de  publier  l'extrait ,  nous  a  conservé  la  mémoire. 

Albert  d'Autriche,  sixième  fils  de  l'empereur  Maximilien  II  (109), 

(  io8  )  Tous  les  chiffres  romains  qui  se  trouvent  dans  ce  distique  additionnés, 
donnent  l'année  1600. 

(  109  )  Ce  prince  laissa  entre  autres  enfants  une  fille  naturelle  nommée  Hélène. 
Un  noble  Espagnol  ,  et  le  baroii  de  Talberg  ,  tous  deux  remarquables  par  leur 
naissance  ,  leur  taille  et  leur  force  ,  1 1  recherchèrent  en  mariage  avec  une  ardeur 
égale.  Maximilien  ,  pour  les  accorder,  la  promit  àcelui  desdeuxqui  auroit l'adresse 
de  mettre  son  rival  dans  un  sac.  L'Allemand  y  mit  l'Espagnol ,  et  devint  en  cou.- 
séquence  gendre  de  l'Empereur. 

G  a 


in 


5o    Bibliothèque  DE  Sain  t-P  ierre  a  Lille. 

et  de  Marie  d'Autriche ,  fille  de  l'empereur  Charles  V ,  naquit  en 
1559.  Destiné  à  l'église  ,  il  devint,  Jeune  encore  ,  cardhial  et  arche- 
vêque de  Tolède.  En  i583,  c'est-à-dire,  à  l'âge  de  24  ans,  il  fut 
appelé  à  gouverner  le  Portugal.  La  sagesse  et  la  fermeté  qu'il  dé- 
veloppa dans  son  administration  ,  lui  concilièrent  tellement  l'esprit 
de  Philippe  II ,  roi  d'Espagne  ,  qu'il  lui  donna  le  gouvernement 
des  Pajs-Bas. 

Albert  s'y  rendit  au  commencement  de  1596,  et  se  distingua  la 
même  année  par  la  prise  de  Calais ,  d'Ardres  et  de  Hulst  en  Flandre. 
Immédiatement  après  la  paix  conclue  à  Vervins  entre  l'Espagne  et  la 
France,  en  iSgô  ,  et  à  laquelle  il  eut  beaucoup  de  part,  Philippe  II 
transporta  à  l'Infante  Claire-Isabelle-Eugénie ,  sa  fille  ,  alors  âgée 
de  32  ans ,  la  souveraineté  des  Pays-Bas  ,  du  comté  de  Charolois  et 
de  la  Franche-Comté.  Son  mariage  projette  avec  Allîert ,  qui  avoit 
quitté  l'état  ecclésiastique  ,  aj-ant  été  agréé  et  ratifié  ,  l'Infante  le 
déclara  aussitôt  gouverneur  des  Pays-Bas  en  son  absence  ;  elle  l'épousa 
en  1599. 

La  même  année  l'Archiduc  se  couvrit  de  gloire  à  la  défense  de 
Nieuport,  aussi  bien  qu'Isabelle,  qui  harangua  elle-même  les  Iroupes 
avant  l'action,  et  décida  ainsi  de  la  victoire. 

L'expédition  la  plus  brillante  et  la  dernière  d'Albert  fut  la  prise 
d'Ostende  (iio),  après  un  siège  de  plus  de  trois  ans.  Ce  prince 
mourut  en  162 1 ,  à  Bruxelles  ,  où  il  fut  enterré  à  Sainte-Gudule. 

L'Archiduchesse  ,  quoique  veuve  ,  ne  quitta  point  les  rênes  de 
l'administration,  et,  comme  son  mari,  gouverna  dans  les  temps 
difficiles  où  elle  vivoit  ,  avec  autant  de  politique  ,  que  de  courage  et 


(110)  On  voyoit  au  grand  arsenal  de  Bruxelles  les  armes  de  parade  de  ce 
prince  ,  ainsi  que  ses  amies  de  guerre  ,  regardées  con^.me  impénélrables  ,  puis- 
qu'elks  résistèrent  à  quatre  coups  de  mousquet  qu'il  reçut  à  ce  siège,  et  dont 
on  lemarquoi;  l'empreinte.  On  y  moniroit  aussi  le  cheval,  empaillé,  sur  lequel 
rinfanle  Isabelle  fil  son  eulrée  dans  Bruxelles  ,  et  un  mousq.iel  d'ébène  garni 
d't.rgent  ,  dont   elle   se  servoit  à  la  chasse  du  héron. 

L'auteur  de  la  description  de  Bruxelles  ,  p.  22,  observe  qu'on  voyoit  dans  cet 
ar-enal  une  quaniilé  inlinie  d'arajes  arxiennes  et  précieuses  ,  tant  par  la  matière 
que  par  la  beauté  du  travail.  Aucune  de  ces  curiosilés  n'a  été  Iransporîée  à  Paris. 


n<^ 


N?  IAl./Y././W..'V. 


Jfi.Af/ ninir! 


Bibliothèque  de  Sa  int-Piei^  re  a  Lille.  5i 
de  vigueur.  Les  Pays-Bas  la  perdirent  en  i633  ,  à  l'âge  de  67  ans  ; 
on  l'inhuma  auprès  de  l'archiduc  Albert  (ni). 

Isabelle  à  beaucoup  d'autres  qualités  joignoit  la  force  et  l'adresse. 
La  compagnie  des  Arquebusiers  de  Bruxelles  avoit  coutume  de  lûer 
l'oiseau  chaque  année.  S'y  étant  trouvé  à  l'époque,  en  i6i5,  elle 
ne  se  refusa  point  à  disputer  le  prix  ,  qu'elle  remporta. 

Le  souvenir  de  cette  action  fut  conservé  dans  l'hôtel  que  cette 
princesse  fit  construire  pour  la  compagnie ,  on  y  lisoit  celte 
inscription  : 

^nnuus  hoc  templi  celehratur  culmine  Indus  \ 
Lignea ,  cùm  celsâ ,  Psittace ,  turre  sedes. 

Tuin  frémit  infestis  circum,  plehs  festa  balistis  , 
Rexque  saluiatur ,  qui  jaculatur  acem. 

Ecce  Isabella  aderat ,  vix  telaque  torserat  aveu  , 
Regiiiam  agnoifit  Psittacus ,  et  cecidit  (112). 

On  lui  fît  et  à  son  époux  des  obsèques  magnifiques,  dont  Butkens  (i  1 3) 
nous  a  transmis  la  description. 

Les  manuscrits  de  Lille  m'ont  encore  offert  quelques  figures  que 
j'ai  fait  copier  et  dont  j'offre  les  gravures  ,  parce  qu'elles  retracent 
des  anecdotes  historiques  ,  et  à  cause  de  leur  singularité. 

Celui  dont  j'ai  tiré  les  figures  qui  suivent ,  est  encore  un  de  ceux 
du  citoyen  Dubois  ,  Il  est  intitulé  :  armoiries  de  Flandres  et  de 
Brùbant. 

La  planche  IV  représente  un  vtrail  anciennement  placé  à  Sainte- 
Gudule,  dans  la  chapelle  du  Saint  Sacrement,  construite  en  iSSy 
aux  frais  des  sept  nobles.  Au  bas  étoit  l'inscription  suivante,  eu 
assez  mauvais  vers  flamands  : 


(III  )  Art.  de  vérif.  les  d  .t. ,  T.I ,  p_  770.  —  T.  II ,  p.  42  et  T.  III ,  p.  118.-- 
Hist.  de  l'archid.  Albei  t. 

(  1 12  )  Le  Roi ,  théut.  dii  Brnb.  ,1.  1 1 ,  p.  22.— Er^c.  Puteaniis  Bruxella  seplen. 
p.  77.  —  Délice,  des  Pays  Bas  ,  tom.  i ,  p.  100.  —  Descript.  de  Bruxelles  ,  p.  6û. 

(  ii3  J  Trophées  du  Biab, ,  t.  Il  ,  1.  V  ,p.  119.  et  suiv. 


^^1 


5a      BiBLioTHèQUE  DE  Saint-Pierre  a  Lille. 
De  seveii  Adelljorsteii  in  Brussel  gepriuilegeert, 
lu  luyster  en  splendeur  geexalteert , 
Hebhen  dit  gelas  hier  t'saemen  vereert , 
Daer  Sleeuws  cCeerst  van  adel  wort  gepresenteert , 
RoDENBEECK  den  tweeden  in  dees  edel  hende , 
De  derde'  tSerroelofs  de  wel  hekende  , 
'Tt^ierde  Coudenbergh  seer  vroom  en  niilde , 

'Tt'jfde  'tSteenweghe  metter  schelpen  schilde  j 

Den  seslen  t'Serhuyghs  die  niemant  moet  rvijchen 
En  Sweerts  daer  en  hoi^en  dit  sijns  al  gelijke. 
Die  tôt  Godts  eeren  dit  gelas  hebhen  gegei^en 
Int  jaer  duysent  dry  hondert  tachentich  sepen  , 
p^erivachtende  hier  naer  het  eeuivich  lei>en. 
S'i  MiCHiEL  ende  S"  Goedele  hebhen  sy  doen  stellen. 
Ter  eeren  Godts  spijt  den  duyuel  der  hellen. 


Eu  voici  la  traduction  littérale  (114). 


(114)  Elle  m'a  été  donnée  par  Vap  Praet ,  mon  estimable  collègue. 


"v- 


Sept  nobles  privilégiés  dans  Bruxelles  | 

En  lustre  et  splendeur  élei;és  ", 

Ont  ici  offert  ensemble  ce  vitrail,  \ 

Oii  Sleuws  le  premier  noble  est  représenté ^  5 

Rodenbeeck  le  second  de  celte  noble  bande  ,  . 

Le  troisième  'tSerroelofs  le  bien  connu  ,  - 

Le  quatrième  ,  Coudenbergh  très-vaillant  et  généreux ^  ^ 

Le  cinquième ,  Sleenweghe  à  Vécusson  de  coquilles  ,        .  :' 

Le  sixième ,  t'Serhuyghs  qui  ne  cède  à  personne. 

Et  Sweerts  qui  les  égale  tous  j 

Lesquels  ont  donné  ce  vitrail  en  V honneur  de  Dieu, 

L'an  mil  trois  cent  quatre-vingt-sept , 

En  attendant  après  cette  vie  la  vie  éternelle. 


Bibliothèque  he  Saint-Pierre  a  Lille.       53 
Et  ont  fait  é/ei^er  St.  Michel  et  Sle.  Gudiile 
En  riwnneur  de  Dieu ,  en  dépit  du  diable  des  enfers. 

L'aiiciennelé  et  la  singularité  de  ce  monument  m'ont  nc- 
cessairement  conduit  à  des  recherches  ,  dont  le  résultat  ,  qiioic[ue 
se  réduisant  à  peu  de  chose  ,  ne  sera  peut-être  pas  indiiléreut  pour 
ceux  qui  aiment  à  interroger  les  siècles  passés. 

Le  haut  du  vitrail  laisse  voir  l'écu  des  Sleews ,  qui  semble  être 
suspendu  à  leur  bannière. 

Le  bas  offre  les  armoiries  de  la  ville  de  Bruxelles  (ii5)  ,  repré- 
sentant St..  Michel  terrassant  le  diable. 

Il  a  plu  au  peintre  de  figurer  à  côté  une  jeune  fille,  tenant  un 
livre  ouvert  d'une  main ,  et  de  l'autre  une  lanterne  allumée  ,  que  la 
diable,  armé  d'un  soufflet  veut  éteindre.  L'artiste  a  voulu  rappeler 
un  des  principaux  traits  de  la  vie  de  Sainte  Gudule  ,  qui  a  succédé 
à  St.  Michel ,  comme  patrone  de  Bruxelles  (  ii6). 


(  ii5)  Beaucoup  de  villes  avoient  autrc'fois  leurs  armes  particulières,  ainsi 
Paris  porloit  un  Vaisseau  ;  Vilri  -sur-Marne,  une  Salamandre  ;  Lille,  une  Fleur- 
de-lys  ,  etc. 

(  ii6  )  Gudule  nlloil  souvent  ,  et  dès  le  grand  malin  ,  prier  dans  une  chapelle  à 
quelque  distance  de  la  ville.  Le  tentateur  profilant  de  sa  solitude  ,  la  lourmc  ntoit 
alors  de  mille  jnanières  ,  mais  la  vierge  en  sortoit  to!  jours  triomphanlo.  Uit 
jour  cependant  il  la  mit  dans  un  embarras  extrême.  Comme  elle  s'acheminoic 
vers  la  chapelle  ,  le  diable  qui  l'épioit  la  surprit  au  milieu  du  chemin  ,  et  souffla 
sa  lanterne.  L'esprit  malin  eut  beau  jeu,  car  ,  suivant  tous  les  historiens  sacrés  , 
la  nuit  n'avoit  jamais  été  si  obscure.  Gudule  effrayée  se  jesa  toul-à-coup  le 
•visage  contre  terre,  et  eut  recours  au  Ciel.  Le  moyen  lui  réussit  comme  à 
Sainte  Geneviève  sur  la  route  de  Saint  Denis  suprà^  art.  LX,  p.  4.  ■*,  Sa  lanterne 
se  ralluma  ,  et  brilla  d'un  tel  écl  t ,  que  les  habitans  du  bourg  où  elle  se 
rendoit,  la  prirent  pour  le  soleil  levant.  Ce  miracle  est  tout  aussi  croyable 
que  celui  qui  s'opéra  lors  de  la  première  tr.inslation  de  son  eorps.  A  peine 
avoit-elle  élé  enterrée,  qu'un  peuplier,  d'une  hauteur  prodigieuse,  s'éleva  de 
ferre.  Lorsqu'on  exhuma  les  restes  de  Gudule,  l'arbre  fidèle  les  suivit  de  Ham 
à  Morzelle ,  petit  village  oii  on  les  déposa  ,  et  s'y  replanta  lui-même.  On 
peut  au  surplus  consulter  les  garants  de  ces  faits  extraordinaires.  Bolland,  t.  I  , 
p.  5l3  —  Sij.  —  Giry  ,  t.  I  ,  p.  202.  —  De  Blemur  ,  t.  i  ,  p.  56.  An  VHI  janv. 


m 


64      Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille. 

A  droite  ,  à  gauche  et  au  milieu  sont  les  éciis  des  sept  nobles  dont 
parle  l'insciiption  (117). 

D'après  tous  les  historiens  ,  ces  nobles  ont ,  depuis  une  époque 
connue  ,  i3o6  ,  partagé  la  souveraine  autorité  et  occupé  les  premiers 
emplois  dans  Bruxelles.  Aucun  cependant  n'assigne  une  origine 
certaine  à  ces  Familles  patriciennes.  Ce  qu'on  peut  assurer ,  c'est 
qu'elles  existoit.iit  bien  avant  le  XIV®.  siècle.  Gramaye  (118),  avance 
que  le  territoire  de  Bruxelles  fut  long-temps  divisé  entre  sept  seigneurs 
qui  le  gouvernoient  de  concert,  et  qui  s'étant  éteints  peii-à-peu  furent 
remplacés  par  d'autres.  Erjcius  Puteanus  (119),  Le  Roi  (120),  et 
Vanloon  (  121  )  ,  après  eux,  disent  que  le  territoire  de  Laken  étoit 
soumis  à  sept  toparques  ou  seigneurs ,  qu'ils  pensent  avoir  été  les 
tiges  des  sept  maisons  dont  il  est  ici  question.  Quoiqu'il  eu  soit,  la 
famille  de  Sleeuws  ou  Sleeivs  paroît  avoir  été  la  plus  considérée  et 
la  première  de  toutes  ;  la  place  qu'elle  occupe  sur  le  vitrail  le  fait 
supposer  volontiers.  Ou  est  confirmé  dans  cette  opinion  par  l'ins- 
cription de  la  gi'avure  ,  Planche  V^  tirée  également  des  monumens 
de  Lille,  représentant  un  Sleews  achevai,  portant  un  éfendart 
ou  un  guidon  à  ses  armes,  auquel  aboutissent  les  six  autres  écussons. 
Ne  pourroit-on  pas  croire  aussi ,  d'après  cette  figure  ,  que  dans  les 
expéditions  militaires  ,  ou  dans  les  cérémonies  publiques ,  la  ban- 
nière de  cette  maison  marchait  à  la  tête,  et  s'élevoit  au-dessus  des 
autres  ? 

Diverses  chroniques  la  font  descendre  d'un  certain  roi  de  Tongres, 


(117)  L'auteur  du  petit  ouvrage  ayant  pour  titre  Basilica  Bruxellensh  ,  p.  i3r  , 
remarqrie  que  dans  la  partie  supérieure  du  choeur  de  l'église  Saijile-Gudule  , 
éloil  placé  un  vitrail  de  forme  ronde  très-ancien  ,  portant  au  milieu  un  Saint 
Michel  en  devoir  de  terrasser  le  diable,  et  au  tour  les  écus  àes  sept  patriciens. 
Erjc.   Puteanus  en  a  conservé  la  figure  dans  sa  Bruxella  septenaria  ^  p.  41. 

(  iio)  Aniic|uitat.  Brabant.  Bruxella  ,  t.  I  ,  p.  23. 

C  1 19  )  Bruxella  Sepien.  ,  p.  59. 

(  lao  )  Tliéat.  profa.  du  Brab.  ,  1.  II ,  p.  19. --Théat.  Sac. ,  id.  ,1.  VI,  p. 
177    et  3i3. 

(  121  )  Hisl.  metalliq.    des  Pajs-Bas,   tom.  III ,  p.  298. 

princd 


!^ 


Bibliothèque  de  Saint-Pierhe  a  L  i  l  l  e.     5j 

prince  de  Brabanr,  et  fondateur  de  Bruxelles.  Mais  SIeews  signifiant 
lion  ,  Graniaye  (  122)  pense  que  le  nom  de  cette  famille  et  ses  armes  , 
symbole  de  la  force  ,  rappellent  quelque  trait  de  courage  ,  quelque 
action  éclatante  ,  soit  dans  les  guerres  du  pays ,  soit  aux  croisades , 
qui  lui  ont  acquis  le  crédit  et  la  puissance  dont  elle  a  joui.  Elle  est 
désignée  par  plusieurs  écrivains,  et  par  Eryc.  Puleanus  (128)  et 
F.  Harœus  (124),  eulr'autres,  sous  le  nom  de  Léo  et  Leojies. 

Elle  portoit  de  gueules  au  lion  rempant  d'argent  ;  pour  cimier , 
un  casque  surmonté  d'une  couronne  d'or  ,  d'oîi  sortoit  un  lion  jusqu'à 
la  poitrine  ;  et  pour  support ,  un  faune  et  une  lionne. 

Il  y  avoit  l:ors  de  Bruxelles  un  lieu  appelé  Rooclooster  ou  Roôde- 
clooster- ,  Val-Rouge,  où  l'on  construisit  depuis  un  monastère  de 
ciianoines  réguliers.  Le  Roi  (i25)  conjecture  que  la  famille  de 
RooDENBECK  ,  propriétaire  de  ce  petit  domaine  ,  en  prit  le  nom. 
Erycius  Puleanus  (126)  diffère  un  peu  ,  en  ce  qu'il  interprète 
Roodenbeck  par  niher  rivus.  Gramaj'e  (127)  dit  seulement  que 
celte  famille  tire  son  nom  ex  loco  suburbano  ,  sans  autre  dési- 
gnation. 

Elle  portoit  d'argent  à  la  boucle  ondée  de  gueule  :  le  cimier  éloit 
un  casque  en  profil  ,  d'où  sortoient  deux  banderoles  de  diiîërentes 
couleurs  ;  et  le  support ,  une  femme  vêtue  de  couleur  grenadine  et 
un  lion. 

Les  'tSerroelofs  ,  dont  la  traduction  est  héros  Rudolphus , 
sont  présumés  descendre  d'un  guerrier  appelé  Rudolphe  ^  on  les 
distinguoit  par  le  nom  de  Rudolphi. 

Ils  portoient  de  gueules  à  neuf  billettes  d'or  ;  le  cimier  étoit  un 
c&sque  surmonté  de  la  tête  d'une,  femme  coëffëe  de  pourpre  ;  l'écu 
avoit  pour  support  deux  femmes  aux  cheveux  épars  ,  vêtues  de 
robes. 

(  132  )  Antiquit.  Brabantiœ.    Eruxella ,  t.  I,   p.    sa. 

(laS)  Eruxella  seplenaria,  p.  2  et  89. 

(124)  Ant.  Nat.  Duciim  Brabant ,    t.  I ,  p.  298. 

(  125  )  Tliéat.  Sar.  du  Brab.  ,  1.  VI,  p.  827. 

^ia6)   Bruxella  septeiiaria  ,  p.  89. 

(  12;  )  Autiquiu  Biabanliœ  ,  Bruxella  ,   t.  1  ,  p.  4  et   22. 

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xw 


56     Bibliothèque  de  Saint-Pierre  a  Lille. 

La  quatrième  famille,  Coudenbergh  ,  Coinvenbergh  ,  et  Cau- 
wenbergh  ,  tiroit  son  nom  de  Caldenberga  ,  dont  on  n  fait  Cou- 
denbergli ,  mons  fngidus.  C'est  l'opinion  dos  auteurs  déjà  cités  (128)  , 
ain'si  que  celle  de  Saiiderus  (129),  conHmiée  par  F.  Harœus  (i3o)., 
Batkens  (i3i)  parle  d'un  pelit  mont,  Cauwenberge ,  qu'il  dit  jivoir 
éîé  habité  par  les  anciens  châtelains  de  la  vicomte  de  Bruxelles.  Il 
e.st  donc  aussi  permis  de  penser  que  les  Coudenbergh  ,  devenus 
propriétaires,  en  ont  pris  le  nom. 

Elle  porioit  de  gueules,  à  trois  lours  d'argent,  aux  portes  d'azur; 
un  casque  rond  par  le  chef  enlouré  d'une  guirlande  ,  entrelassé  de 
cordons  de  gueules  et  d'argent ,  et  surmonté  d'une  tour  d'où  sortent 
d:ux  serpens  enveloppés  dans  leur  coniour  ,  en  faisoit  le  cimier. 

Les  mots  J^ia  Lapideasont  la  traduclion  de  Steenweghe  ,  qu'on 
interprète  aussi  par  corichœ  ,  coquilles  ,  cpii  sont  les  armes  de  cette 
maison.  Il  seroit  bien,  difficile  d'indiquer  la  source  et  le  motif  de 
ce  nom. 

Elle  portoit  de  gueules  à  quatre  coquilles  d'argent  posées  en  croix  , 
et  pour  cimier,  un  casque  surmonlé  d'une  tête  humaine  crêtée  de 
plumets;  les  supports  de  l'écu  étoiont  deux  griffons  d'or. 

Héros  Hugo  ,  ou  Hugonis  puer ,  donna  le  nom  de  t'Serhuyghs, 
qu'on  doit  regarder  comme  les  descendaus  du  héros  Hugues.  Les 
annalistes  désignent  cette  maison  par  Hugones. 

Ses  armes  étoient  d'azur  à  trois  lis  d'argent  :  le  cimier  ofFroit  un 
casque  couronné  d'or  ,  surmonté  d'une  Ileur-de-lis  comme  naissant»: 
de  l'ccu  ,  que  suppori oient  un  s  11  vain  armé  d'une  massue  et   une 
nymphe  nue.  •    . 

La  dernière  s'appeloit  Sweerts  ,  d'un  mot  k  ôeuxsens  ,  g/adius 
■  et  hospes  ,  c'est-à-dire ,  e'pée  et  hôte  ou  étranger. 


(12S)   Théat.  S.3C.  du   Brab.  ,  1.  VI,  p.  177  et  289. 

(  129  )  Fr.  Puteanus  Bruxel.  Seplen.  p.  Sg. 

(  i3o  )  Gramaje,  Geogr.  Sacra,  t.  II,  p.  10.  Jôf'wj.  Anliq  Brab.  Bnixella  , 
t.  1,  p.  23. 

(  i3 1  )  Aiitiquit. Ducuin  Brabant  ,  1. 1. ,  p.  298.  —  Trophées  du  Brab. ,  1.  "VIII , 
p.  464. 


Bibliothèque  de  vSain  t-P  i  e  r  h  e  a  L  i  l  l  e  ^7 
Piiteamis  (i32)  et  l'auteur  du  Théat.  sacré  du  Brahant  (  i33), 
semblent  insinuer  qu'elle  pourroit  bieii  descendre  d'une  ancienne 
famille  noble,  dont  le  nom  Lanças  ou  Landaes  s'expliqueroit  par 
lance ,  ou  épée  longue  ,  comme  on  les  porla  pendant  plusieurs 
siècles. 

Elle  portoit  émanché  d'argent  et  de  gueules  ;  pour  cimier  ,  un 
casque  surmonté  d'une  cucuUe  de  pourpre  entourée  d'une  guir- 
lande entrelassée  de  cordons  d'argent  et  de  gueules;  pour  supports, 
deux  satjres. 

Il  n'y  a  pas  de  doute  que  chacune  de  ces  familles  n'ait  eu  un  lieu 
consacré  à  sa  sépulture;  néanmoins  dans  les  ouvrages  destinés  à 
recueillir  les  monumens  sacrés  du  Brabant  (  i34),  on  ne  trouve  que 
, quelques épitaphes  qui  concernent  trois  ou  quatre  d'enire  elles;  et 
enroi'ô  ces  épiiaplies  n'indiquent -elles  pas  la  qualité  ou  la  dignité 
des  personnages,  à  l'exception  d'une  seule  qui  se  trouvoit  dans  l'église 
cailîédîale  de  Saint-Jean,  à  BoIs-le-Duc ,  et  ainsi  conçue  : 

Beatœ  mernoriœ  nobiliss.  e-t  generosiss.  DTii  Jacobi  Sweerts 
Jacob.  Jil.  ex  aniiqu  :  et  illustribus  Bruxeïlensium  Djnastls  , 
sac.  rom.  imp  :  et  Circuli  f rançon  :  ex  herediiar  :  ord  :  equestr: 
eqiiitis  Odemvalden  si  s  ,  nec  non  îlhist  :  et  potentiss  :  UD. 
ordunnn  prouinc.  unit  :  à  consiliis  supremiq  :  per  Brahant. 
Qitœsloris  ,  denat.  (i35)  ipsis  cal.  maii  (  i36  )  anno  cereÇiSj') 
Clirisd  MDCLVIIl  (i38). 

Ces   familles  jouissoient  de  privilèges  fort  élendus.   Le  plus  beati 


(  i32  )  Brnxella  septenar  ,  p.    89. 
(  i33)  T.  11,1.  I,  p.  33. 

(134)  Tliéat.  Sacr.  du  Brabanf.  —  Basilica  Bruxellensis. — ÎMoniinienta  et 
Inscription.   Brabantiêe  ,   etc.  ,   etc. 

(.  l35  )  Il  faut  lire  deiati,  employé  pour  monui  ,  le  de  étant  ici  privaiif. 
Ainsi  denasci  j  dont  on  doit  le  dériver,  siguitieroit  der.anre  ,  c'est-à-dire  cesser 
de  vivre. 

(  i36  )  I-e  premier  de  mai. 

(  i37  )  I.'.in  de  l'ère  du   Clirist. 

{ i38  )  Théat.  Sac.  du  Bï^b. ,  t.  II ,  1.  I ,  p.  23. 

H  z 


58  Bibliothèque  de  Sain  t-P  ierre  a  Lille. 

de  tous  donnoir  aux  filles  la  faculté  de  tirer,  pour  ainsi  dire,  du  néanl 
les  maisons  auxquelles  elles  s'allioienl.  Comme  nobles,  elles  enno- 
bîissoient  leurs  maris  ,  et  comme  filles  de  patriciens  ,  elles  leur  en 
communiquoient  le  rang,  la  qualité  et  tous  les  droits. 

Depuis  le  XVI^.  siècle  environ,  lorsqu'il  s'agissoil  d'élire  des  ma- 
gistrats ,  les  descendans  des  sept  familles  s'assembloient  dans  féglise 
des  Chartreux.  On  a  prétendu  qu'on  avoit  choisi  ce  lieu  à  dessein  , 
parce  c]ue  l'entrée  en  étant  interdite  aux  femmes ,  elles  ne  pouvoient 
briguer  les  suffrages  pour  leurs  amans  ou  leurs  époux  (189). 

Dans  tous  les  temps  les  souverains  du  BraJjanl  ont  témoigné  beau- 
coup de  considération  aux  patriciens,  dont  le  crédit  ,  forlilié  ])ar  la 
tradilion  d'une  origine  si  reculée,  pouvoit  sans  doute  leur  inspirer 
des  craintes.  Nombre  de  chartres  les  qualifient  à^ illustres  ,  de  sages, 
che^>aliers  ,  d^e'cuiers  et  d'amis  (140). 

Ce  n'est  qu'en  i3o6,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  que  les  sepi 
familles  sortirent ,  pour  ainsi  parler ,  de  la  nuit  des  temps.  Un  moip- 
vement  populaire  ,  ou  plutôt  une  révolte  y  donna  lieu.  Le  duc  Jean  II, 
ajant  vaincu  les  rebelles,  confirma,  par  un  acte  authenlique,  aux 
patriciens  le  droit  exclusif,  héréditaire  et  perpétuel  de  l'autorité  su- 
prême dans  le  territoire  de  Bruxelles.  Il  les  nomma  premiers  ma- 
gistrats, sous  le  nom  de  Scabiiù  (141^.  au  nonajjre  de  sept ,  cpii  furent 


(  189  )  Puteaniis  Bruxella  septen. ,  p.  40.  ~  Deseripl.  de  Bruxelles ,  p.  57  — 
Guicci  .rdln.  ,  Descr  pt.  des  Pays-Bas  ^  p.  64. 

(140)  Deseripl.  lie  Bruxel. ,  p.   55. 

(  141  )  On  diiïère  beaucoup  sur  l'origine  de  Scahini ,  échevin^  Les  uns  la 
trouvent  dans  la  langue  Teulone,  les  autres  dans  l'Hébreu.  Mais  je  r.  garde 
comme  préférable  l'étymologie  qui  fait  dériver  ce  mot  de  l'Allemand  icAo^en, 
réj^ler  ,  décider,  juger,  ou  icAojffn  ,  judices,  qui  littérakment  signifie  écheviiis. 

Les  fond  ions  de  ces  magisirats  éioient  les  mêmes  dans  presque  toute  la  Flandreî 
elles  coiisisioient  à  soutenir  les  droits  et  priviKges  de  la  ville  et  du  peuple,  et 
de  juger  dans  les  matières  civiles  ou  rrimiuelles  d'après  les  usages  reçus  ,  ou,  à 
Lur  défaut,  d'après  le  droit  écrit.  Les  édils  ou  rescrits  du  prince  recevoient  , 
en  quelque  sorte  ,  la  sanction  p  ir  leur  signature  ;  il  leur  étoit  aussi  réservé  de 
taxer  les  contribuables.  Ceiie  sorte  de  magisirature  fut  pendant  loiig-temp» 
perpétuelle,    (  Marchaatius ,  {Flandriee  commentar.  1. 1,  p.  147). 


Bibliothèque  de  Sain  t-P  ierreaLille.     09 

anmiaies.  Aux  ides  de  juin,  ou,  comme  le  porte  l'acte,  huit  jours 
avant  la  Saint  Jean  ,  les  sept  familles  dévoient  se  réunir  pour  l'élection 
du   Seplemvirat. 

On  choisissolt ,  par  voie  de  sniTrage,  trois  candidats  dans  chacjue 
famille  ,  et  il  s'en  composoit  une  liste  de  vingt-un  ou  trois  fois  sept, 
parmi  lesquels  il  étoit  réservé  au  prince  de  nommer  les  sept  ma- 
gistrats (142),  qui,  à  proprement  parler,  régloient  tout ,  quoiqu'il 
y  eût  lai  prêteur  et  deux  consuls. 

Voilà  tout  ce  que  j'ai  pu  recueillir  sur  les  sept  familles. 

Cependant  la  curiosité  salisfaile,  en  quelque  sorte,  à  cet  égard, 
peut  ne  l'êiie  pas  relativement  au  nombre  sept ,  qui  m'a  paru  mé- 
riter des  éclaircissemens. 

Ilestcertaincpi'àBruxelleson  l'a  prodiguéavecaflèctation.  Quelcpies 
auteurs  ont  trouvé  en  cela  je  ne  sais  quoi  de  surnaturel  et  de  merveil- 
leux. Erycius  Puteanus  sur-tout,  a  composé  un  ouvrage,  inlilulé  ; 
Bruxella  septenaria  ,  qui  n'est  qu'un  pur  jeu  d'esprit  sur  le  mot  sepL 

Je  ne  fatiguerai  point  le  lecteur  par  la  nomenclature  insipide  qui 
s'y  trouve,  et  que  Vanloon  ,  si  estimable  d'ailleurs  (148),  a  eu 
la  bonhomie  de  copier  ;  je  m'arrêterai  seulement  à  ce  cju'il  y  a 
de  plus  singulier. 

D'abordé  il  ne  trouve  que  sept  lettres  dans  le  nom  de  la  ville  ,  qui 
s'écrivoit  anciennement ,  en  langue  du  pays  ,  Bruscel ,  Biussel. 
Mejer  dans  ses  annales  de  Flandre ,  sous  l'année  974 ,  favorise  son 
système,  en  écrivant  Brusola. 

Mais  ce  qui  le  frappe,  ce  qui  l'enchante,  c'est  la  rencontre  de 
sept  lettres  dans  Michiel  et  Goedele  ,  Michel  et  Guciule,  premiers 
patrons  de  la  ville  ,  à  laquelle  il  semble  attribuer  l'usage  multiplié 
de  ce  nombre  ,  qu'il  divinise. 

Il  rappelé  avec  complaisance  que  du  temps  des  croisades  les  femmes 
de  Bruxelles  passèrent  sept  années  dans  une  espèce  de  veuvage , 
leurs  maris  étant  partis  pour  la  Terre-Sainte. 

(.14^)  Ei_yc.  Put-anus,  Brixel.,  seplen.  ,  p.  45.  —  (Jr.:iiiaje  ,  Aiiliquifat, 
Bra').  nt.  BruxtILi  ,  1. 1 ,  p.  2  614. —  Le  Roi ,  theat.  prof.  cluBrab.  ,1.  II,  p.  19,— 
Théat.  sair.  du  Brab. ,  1.  VI.,  p.  177. 

(143)  Hist.  mélaliiq.  des  Pays-Bas,  t.  III, p.  298 


liS 


Go     Bibliothèque  de  Saîn  t-P  ierre  a  Lille. 

On  lira  avec  élonnement  que  sept  femmes  eurent ,  pendant  uu 
tem])s  ,  le  privilège  d'aller  in'*iter  aux  noces  ceux  que  l'on  désiroit 
y  vûir. 

Il  raconte  que  sept  têtes  couronnées  se  trouvèrent  en  même  temps 
à  Bruxelles,  et  s'efforce  de  donner  de  l'importance  à  uti  événement 
qui  n'a  sans  doule  été  que  l'eflét  du  hasard  ou  de  l'intérêt  (  144). 

Je  placerai  ici  une  particularilé  concernant  la  faniile  de  Rose, 
qui  a  fourni  sept  conseillers  ,  tant  au  grand-conseil  qu'aux  autres 
cours  ,  et  sepi  trésoriers  de  la  \  ille.  Eile  est  consignée  dans  Van- 
loon  (145),  qui  donne  la  forme  du  jelîon  frappé  à  celte  occasion 
en  168.J. 

Ce  jetion  j^ortoit  les  armes  de  cette  famille,  autour  on  lisoit  : 

Quœslor  loties ,  iotiesque  senaior. 
Au  revers  étoit  l'hôtel  de  ville  de  Bruxelles  ,  avec  cette  lég-ende  : 

Biuxella  septenaria.  Numéro  gaudemus  eodew.   1680. 

On  a  du  remarquer  plus  haut  que  les  premiers  magistrats  étoient 
au  nombre  de  sept ,  et  que  la  liste  d'après  laquelle  le  souverain  les 
choisissoit,  portolt  trois  fois  sept  candidats. 

Quoique  Erjc.Puteanus  ne  doive  pas  être  pris  par  tout  à  la 
let're  ,  en  cela  cependant,  comme  enbeauco:qi  d'autres  points,  en 
le  trouve  d'accord  avec  les  annalistes  du  Brabant. 

Il  est  encore  constant  que  Bruxelles  n'eut  pendant  très-long-temps 
que  sept  portes  ;  la  huitième  ,  appelée  du  Ricage  ,  ayant  été  cons- 
truite sur  la  fin  du  siècle  dernier.  EUes  éloient  confiées  à  la  garde 
de  chacune  des  familles  patriciennes.  Les  portes  avoient  sans  doute 
remplacé  les  sept  tours  ou  châteaux  qui  servoient  à  la  défense  du 
territoire,  avajit  r[ne  la  ville  fût  enceinte  du  murs. 

Ces  castels  étoient  commandés  par  chacun  des  sept  nobles  ,  ffnl  y 
avoient  Icin-  résidence.  Du  vivant  d'Eryc.  Puteanus  il  en  existoit 
encore  un  ,  appelé  'tSerhujghsteeri ,  château  de  'tSerhuygs. 

Ne  peut-on  pas  dès-lors  expliquer  pour  Bruxelles  l'énigme  de 
sept?  NVst-il  pas  probable  que  ce  nombre  s'y  est  mulliplié,  ou  jiarce 

(144)  Descripi    de  Bruxelles  ^  p.   5. 

(  145  )   Hisl  n.éialliq.  des  Pays.-Bas.  ,  p.  293. 


Bibliothèque  deSaiv  t-P  i  e  r  r  e  .\  L  1 1.  l  e.      6 1 
qu'on  l'a  trouvé  déjà  établi ,  ou  plutôt   pour  perpétuer  ie  souvenir, 
des  sept  maisons  qui  dominoient  dans  cette  partie  du  BraLanI  dejniis 
un  temps"  immémorial. 

Personue  ne  sera  tenté  de  croire  ,  comme  Guicciardin  (146),  que, 
l'astrologie  judiciaire  a  eu  part  dans  la  multiplication  de  sept  ,  et 
qu'on  avoit  eu  le  dessein  de  vouer,  pour  ainsi  d:re,  Bruxelles  aux 
sep:  Flanelles  ,  dont  l'inPiuence  ,  suivant  les  astrologues  ,  est  si  puis- 
sante dans  toute  ia  nature. 

D'ailleurs  ,  qui  ne  sait  pas  que  le  nombre  sept  fut ,  en  quelque 
sorte,  consacré  chez  les  anciens,  comme  le  nombre  trois  l'a  clé 
d'une  manière  particulière  chez  les  modernes  ?  Qui  ne  connoît  pas 
les  sept  sa_es  de  la  Grèce  ,  les  sept  merveilles  du  monde ,  les  sept 
collines  de  Piome  ,  les  sept  embouchures  du  Nil  ?  La  Ivre  n'avoit-ella 
pas  sept  cordes  ? 

Thèbes  en  Béoiie ,  avoit  sept  portes  ,  commandées  par  autant  de 
chefs.  Sans  donner  plus  d'exemples,  je  renverrai  à  Macrobe  (147), 
à  Aulu-Gelle  (148),  à  Varron  (149),  à  Verrius  -  Flaccus  et 
Festus  (i5o),  qui  ont  disserté  avec  plus  ou  moins  d'étendue  sur  le 
nombre  septénaire. 

Le  merveilleux  disparoîtra  encore  bien  davantage,  en  faisant 
observer  que  le  nombre  de  sept  n'éloit  pas  afiècté  seulement  à 
Bruxelles. 

Louvain  dès  son  berceau  fut  aussi  gouvernée  par  sept  familles 
patriciennes  ,  dont  la  source  n'est  guères  mieux  connue  cjue  celle  des 
premières.  Ce  qui  doit  étonner  ,  c'est  la  conformilé  du  droit  qu'avoient 
\qs  filles  de  communiquer  la  noblesse  et  les  privilèges  de  leurs  maisons 
à  ceux  qu'elles  épousoient  (i5i). 

Juste-Lipse  (162)  place  la  fondation  de  cette  ville  au  V^.  siècle, 

(  146.  Descripi.  des  Pays-Bas  ,  p.  64, 
(  147  )  Sammalia  ,  p.   170. 
(  143  )  L.  III  ,  chap.  X. 
(14    )  De  Ling.  lai. ,  I.  V. 

(  i5o  )  De  Verbor.  significat. .  au  mot   septimontium, 

(161)  Divœus  ,  reriim  Lovaniens.  ,  1.  II,  p.  lô.—  Jd.  ^nnal.  Lovan. ,  1. 1,  p.  4  et 
suiv.  —  Lipsius,  Lovanium,  l.  II ,  c,  3.— Septem  Trib.  pairie.  Lovan  ,  p.  2  et  40. 
(i52)  Lovaniui]] ,  i.  I  p.  7. 


xlC 


6a  Bibliothèque  de  :?ain  t-P  ierre  a  Lille. 
et  Haraeus  (i53),  celle  de  Bruxelles  au  V"«,  ;  mais  ils  se  taisent, 
comme  tous  les  écrivains  ,  sur  l'origine  des  familles  patriciennes. 
Ainsi  ,  quoique  Louvain  soit  un  peu  plus  ancienne  que  Bruxelles  ,  il 
est  impossible  de  décider  lesquelles  des  sept  maisons  ont  donné  nais- 
sance aux  autres 

Les  échevins  ,  Scabini,  étoient  également  à  Louvain  au  nombre  de 
sept  ;  et  trois  fois  sept  membres  fonnoient  le  conseil  de  ville  (  i54). 

Suivant  un  cbronologiste  anonyme  (i  55)  déjà  cité,  Louvain  et  son 
territoire  eut  Sept  Comtes ,  qu'il  nomme  ,  et  dont  le  dernier  fut 
Godefroi  le  jeune ,  dit  le  Barbu. 

Qu'on  me  permette  d'ajouter  que  dans  presque  toute  la  Flandre , 
le  nomln-e  des  premiers  magistrats  ,  toujours  appelés  Scabini  ,  fut 
septénaire  pendant  plusieurs  siècles, 

A  Courlray  ,  les  nombres  sepl  et  treize  ont  alternativement, 
prévalu. 

A  Gand  ,  l'autorité  se  trouva  long-temps  divisée  entre  quatre  fa^ 
milles  principales.  Les  quatre  paroisses  assemblées  en  comices  , 
donnoient  deux  fois  quatre  électeurs,  qui  nommoient  le  magistrat. 
Le  mode  de  gouvernement  ayant  changé  ,  le  prince  s'attribua  le  droit 
de  créer  quatre  commissaires  qui  tinrent  la  place  des  électeurs  (i56). 

Je  teiminerai  par  dire  que  si ,  dans  les  villes  de  Flandre  ,  mais 
principalement  dans  Bruxelles  et  dans  Louvain  ,  le  nombre  sept  a 
été  bien  accueilli  ,  celui  de  treize  ne  le  fut  pas  moins  à  Chaalons- 
sur-Marne  ,  qui  eut  treize  portes ,  treize  paroisses ,  treize  cou- 
vens  ,  etc.  etc. 

Il  faut  donc  conclure  que  le  hasard  et  la  fantaisie  ,  plus  que  toute 
autre  chose  ,  déterminent  vuie  préférence  particulière  pour  tel  ou 
tel  nombre  ,  auquel  cependant  la  foiblesse  de  l'esprit  humain  finit 
par  attribuer  une  bonne  ou  p.iauvaise  influence. 


(i53)  AiiiKiles  (Uiciim  Brnb.  t.  I.  Prolegumena    i. 

(t54)  Divœiis,  rerum  Lov;  iiiens. ,  1.  I  ,  p.  9.  — ParivaL  Hist.  de  Louvain  , 
1.  IV. ,  p.  197- 

(i55)  Seplem  trlb.  pairie.  Lovan. ,  p.  126. 

f  i56)  Gr.imaj'e  ,   rerum  Flaudricar.  primitise. —  Ejusd.  Antiijuit.  Brubant. , 
t.  II ,  p.  ii>  et  62. 


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N?  I. XI. /'/.À /îw. /';''. 


'<*^ 


N?  Lxi.yy.  A  y.A/,  ôj. 


Bibliothèque  de  Sain  t-P  ierreaLille.      63 

Je  trouvai  encore  dans  les  mêmes  manuscrits  quelques  ligures  , 
que  j'ai  également  fait  dessiner. 

Une  des  plus  curieuses  est  la  maison  des  Sept  nobles  ,  telle  qu'on 
la  voyoit  à  Bruxelles  ,  Planche  VI. 

Une  vue  de  l'Hôtel-de-ville ,  démolien  1664,  ^t  du  Befroj.  On 
peut  comparer  cette  vue  avec  celle  de  la  Maison-commune  ,  telle 
qu'elle  étoit  en  1792,  Voyez  Planche  Vl. 


?  '  ""'i 


i*T-»-»-jjwn-ai-Mi-ir  )i-T¥n*»i  >ini  If  fcfrf^^jiiTi  i«J>  ma 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 

DES    MATIÈRES 


CONTENUES    DANS    CE    VOLUME. 


Les  chiffres  romains  indiquent  /'article  ,  et  les  chiffres  arabes  la  page. 


/\.I 


lBailard  (  Pierre  )  ,  LX.  35. 

Abbé  de  SaiiUe-Geneviève.  Ses  privi- 
lèges, LX.  i6.  38.  46.  5o.  Trienual, 
42.  Son  droit  de  sceau  ,  107. 

Abbon  ,  moine  de  SaiiU-Germain-des- 
Prés ,  LX.  73. 

Ablarj  (  Jérôme  d'  )' ,  son  éjjitnplie  , 
LL\'.  i3. 

Ackerman  ,  chef  de  révolte  ,  LIV.  5j. 

Acquète  ;  signiKcaiion  de  ce  mot ,  LXL 
3o. 

Adèle,  fille  de  Robert,  roi  de  France, 
LXI.  28. 

.iEgidius,  poëte,  I.X.  2r. 

Agnès,  duchesse  de  Bourbon,  LIV. 

67. 
Agnès  de  Savoye  5  son  épitaphe,  LX. 

Ainçois ,  vieux  mot  ;  son  étjmologie  , 
LXL  II. 

Alaric  ,  roi  des  Visigots,  LX.  7.  88. 

Albert,  dominicain,  LX.  28. 

Albert,  ou  Aubert,  abbé  de  Sainte-Ge- 
neviève, LX.  17.  18.  28. 

Albert  d'Autriche  ,  LXL  5.  Inscrip- 
tions ,  6  à  49.  Notice  historique ,  49  à 
5i. 

Alexandre  II,  pape,  LIV.  2. 

Alexandre  III,  pape  ,  LX.  i8.  19.  z2. 


Alexandre  IV,  pape;  bulle  singulière  , 

LX.  29.  100. 
Alexandre  VI ,  pape,  LX.  40, 
Amalaric ,  roi  des  Visigots,  LX.  89. 
Amauri  I,  roi  de  Jérusalem,  LXL  i3. 
Ambedeux  ;  explication  de  ce  mot,  LXI. 

i5.  21. 
Amé  IV,LILi3. 
Amé  de  Genève  ;   son  épitaphe,  LU. 

i3. 
Amée  VIII ,  duc  de  Savoye  ,  LIV.  67. 
Amiens,  LI.  i.  Coll.  Saint-Nicolas. 
An  de  grâce  ;  ce  que  c'étoit,  LIV.  6. 
Andilly  (  Guerin   d'  ),  chancelier  de 

Sainte-Geneviève,  LX.  3r. 
Ane  C  fête  de  1'  )  ,  LIV.  54. 
Angowart  (  Wallerand  )  5  son  épitaphe , 

LIV.  40, 
Anguier  (François  ^,  sculpteur,  LIX. 

II. 
Animaux  ,  attributs  des  Saints  ,  LU.  7. 
Anne,  duchesse  de  Betfort,  LIV.  66. 
Annonciation   (  tableau  d'une  )  ;    ins- 
cription ,  LU.  10. 
Anselme,  de  Paris,  chanoine  de  Sainte- 

"Geneviève  ,  LX.  1 17. 
Antoine,  duc  de  Brabant ,  ect. ,  LIV. 

62. 
Apas  ;  signification  de  ce  mot ,  LXL  46, 
A 


n^c 


TABLE 


Aquilëe,  ville  ancienne;  note,  LIV. 

i3. 
Arcs  de   triomphe  ;   leur  description  , 

LXr.  6.  21.  24.  3i.  35. 
Ardennes  (  Jean  des  ) ,  abbé  de  Sainte- 

Geneviève  ;  son  épitaplie  ;  LX.  35. 
Ardens  (  mal  tl';>;  )  ,  miracle ,  LX.  70. 
—  (  Sainte  Geneviève  des  )  ,  76. 
Argent  sec  ;  sa  signification,  LX.  27. 
Armande  de  Bonillon  ,  LVL  5. 
Arnoult  ,  seigneur  de  C^'soing  ;   peine 
portée    contre    lui    et  sa    postérité  , 
LIV.  4. 
Arsenal  de  Bruxelles;  armes  curieuses, 

LXL  5o. 
Arsonval  (  Jean  d'  )  LU.  20. 
Artevelle  ,  chef  de  révolte ,  LIV.  Sy. 
Artois  (  Robert  d'  )  ,  LUI.  5. 
Astiches  (Robert  d' )  ,  LUI.  5. 
Asjle  ;  explication  de  ce  mot ,  LX.  10. 
' —  (  droit  d');  jugement  remarquable, 
LIV.4;  époque  de  sonétablissemenr, 
LX.  10  ;  violé  et  expié  par  les  sergens 
du  Châtelet ,  36. 
Athys  (  Hugues  d'  ) ,  grand  pannetier  , 

LX.  78. 
Attila  ,  roi  des  Huiis  ,  LX.  3. 
Atuatiques  (  les  ) ,  peuple  ,  LUI.  x. 
Aubeaux  (Jean  des);  son  épilaphe, 
LIV.  24- 

—  (  Wallerand  des  ) ,  i5  ;  son  tom- 
beau ,  81.' 

Aubry  ,  chancelier  de   Sainte  -  Gene- 
viève ,  LX.  27. 
Audian  (  Claude)  ,  peintre,  LU.  12. 
Aumonière  ;  sa  signification,  LXl.  47. 
Aupatiu(Gille)  ;  son  épitaphe,  LIV.  38. 

—  (  Simphorien  )  ,  ibid, 

Autcuil  (  village  d'  )  ;  obligation  de  cer- 
tains propriétaires  ;  privilège  singu- 
lier d'im  chanoine  .  LX.  16. 

Autel  privilégié;  ce  que  c'étoit ,  LU. 
32., 


^ve-Marla  (  collège  de  1'  )  ,  par  qui 
fondé ,  LX.  33  ;  boursiers ,  leur  obli- 
gation ,  34.  38. 

Avènes  (  B<nichard  d'  ) ,  LV.  5. 

Aymery  (  Jacques  )  ;  cliancelier  de 
Sainte-Geneviève,  LX.  40. 

Ajnel  (  Eudes  de  )  ,  chanoine  ;  son 
épitaphe  5  LX.  100. 


B 


Babillon  (Jean  )  ,  cliancelier  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  40. 

Bacqueler  (  Calberine  )  ;  son  épitaphe, 
LIV.  29. 

Bacques  ;  explication  de  ce  mot  ,  LXI. 
37. 

BaïT  (  Jean-x\ntoine  )  ,  poète  francois, 
LIT.  i5. 

Bala  (  Guillaume  ),  chanoine;  son  épi- 
taphe ,  LIX.  14. 

Barbe  d'Or,  doyen  de  Notre-Dame  de 
Paris ,  LX.  20. 

Barljoteau  (  Louis  )  ;    son   épitaphe  , 

LU.  33. 

Barre  (  Joseph  )  ,  chancelier  de  l'Uni- 
versité ,  I-X.  117. 

Basilique  ;  étymologie  et  emploi  de  ce 
mot ,  LX.  9. 

Bassan  (Jacques  )  ,  peintre,  LU.  67. 

Bassée  (  P.  de  la  ) ,  chanoine  de  Notre- 
Dame  de  Paris,  LIX.  16. 

Bassemain  (  Jean  de  ),  abbé  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  36. 

Bastonneau  (  François  );  son  épitaphe, 
LIX.  12. 

—  (  Gabriel  ),  ibid. 

—  (Henri-François),  vicomte  d'As- 
zay  ,  ibid. 

—  (  François-Robert  ) ,  ibid. 
Bataille  de  Pavie  ;  tragédie ,  anecdote  , 

LXI.  25. 
Bâton  de  Moyse,  LX.  106. 


DES     I\I  A 

Eaurlewin  (  le  clievalier  )  ;  son  épita- 

phe,  I.IV.  48. 
Baudouin  m,  roi  de  Jérusalem,  LXI. 

13. 
Baudouin  I,  comte  de  Flandre,  LUI.  2. 
Baudouin  V,  comte  de  Flandre,  LUI. 

3.  LIV^.  I  :  son  epitaphe,  46;  ins- 
cription ,  LXI.  io. 
Baudouin  IX,  comte  de  Flandre,  LV. 

4;  inscription  ,  LXI.  24.  29. 
Bniidrac  (  Jeanne  )  ;  son  tombeau  ,  son 

épiiaplie,  LIX.  3.  5.  6. 
Baue  (  Jean  ) ,  LIV.  9. 
Bnuwet   (Jean);    inscription,  LIV. 

53. 
Beaudouin  d'Ognies  ,  LVII.  3. 
Beauffremez  (  Jacques  de  )  ;  son  épita- 

plie  ,  LIV.  23. 
—  (  WuUerand  de  ) ,  23. 
Beart  (Yvande)^  LIL  25. 
Bedfort  (  Jean  ,  duc  de  )  ,    régent  de 

France  ,  LX.  37. 
Behagle  (  Paschal  )  ;    son  epitaphe  , 

LIV.  21. 
Benoist  de  Cajette,  légat,  LX.  10. 
Bernard  (Piat  ) 3  son  épitaplie,  LIV. 

16. 
Bernard  le  Bourguignon  ,  chancelier  et 

abbé  de  Sainte-(Jeneviève,  LX.  41. 
Bernardon  (  Jean  ) ,  institeur  des  Frè- 
res-Mineurs ,  LVII.  I. 
Bernecharius  ,  évèque  de  Paris  ,  LX. 

12. 
Bernier,  doyen  de  Sainte-Geneviève, 

LX.  II.  i3. 
Bt misse  (  Antoine  )  ;    son  epitaphe  , 

LIV.  33. 
Be^quen  (  Louis  de  ),  tailleur  en  dia- 

maus  ,  LIV  .  59. 
Bertrand  {  le  chanoine  )  ;  son  epitaphe , 

LIV.  29. 
Besson,  vieux  mot 3  explication,  LXI. 

16. 


l'J 


T  I  E  R  E  S. 

Beihune  (Robert  de),  LUI.  5. 
Beurrier  (  l'aul  ),   chanoine  r/gulicr, 

curé  de  Nanterre  ,  LX.  40  ;  abbé  de 

Saillie-Geneviève,  4g. 
Bibliothèque  de  Sainl-Pierre  à  Lille  ; 

sa  description  ,  LXI.  i.  2. 
Bibliothèque  de  Sainte-Geneviève;  sa 

description  ;  époque  de  sa  fondation, 

108.  109.  lia. 
Bidault  (  Jean  )  ;  son  epitaphe  ,  LIV. 

21. 
Bicétre  (  château  de  )  incendié  ,  LX. 

37. 
Biencour  (  Thierry  de  )  ;  son  épilaphe  , 

LU.  25. 

Bienheurer  ,  vieux   mot  ;  explication  , 
LXI.  26. 

Bienveignant ,  vieux  mot  ;  sens  et  éty- 

mologie  ,  LXI.  12. 
Blanchardin  (Raoul)  3  son  épilaphe, 

LIV.  14. 
Blanchart  (  François  )  ,  premier   abbé 

triennal ,  LX.  46  3  son  épilapl  e,  48. 

107. 
Blanche  de  Casiille,  reine  de  France, 

LXI.  25  ;  inscription  ,  26. 
Blanchet  (Simon),  chanoine  régulier 

de  Sainte-Geneviève  3  son  epitaphe, 

LX.  99. 
Blaugi  (  Guillaume  de  )  ,  LU.  66. 
Blangy  (  Jean  de  ) ,  évêque  d'Auxerre} 

son  epitaphe,  LU.  20. 
Blanque  (  Jean  )  3  son  epitaphe  ,  LIV. 

24. 
Blauwet  (  Piat);  son  épilaphe,  LIV.  8. 
Blond   (  Roland  le  )5  son  epitaphe, 

LIV.  10. 
Bo  ourt  (  Marguerite  de) ,  LIV.  45. 
Boilt  (  Riquier  du  )  3   son  épilaphe  ^ 

LIV.  36. 
Boniface  VIII ,  pape  ,  LX.  89. 
Bonnard,  orfèvre,  i.X.  73. 
Bordel  3  son  étymologie  ,  LX,  dz. 


1  i.i 


IV  T  A  B 

Borelli,  peintre,  LU.  59. 

T5orrest  (  seijineurie  de  )  5  usage  loua- 
ble ,  LX.  3a. 

Borret  (  Jean  de  ) ,  abl)é  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  à'à. 

Eosquel  (  Jeanne  du  )  ;  son  épitaphe  , 
LIV.  2-. 

Bossu  (René  le  )  ,  chanoine  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  117. 

Eoucliel  (  Laurent),  avocat,  LU.  7. 

Pouclierat  (  Our.iile  des  )  ,  leur  tom- 
beau ,  LIX.  6.  7. 

Boucherùt  (  Aymon-Jean-Baptiste  )  ; 
son  épitaphe,  LIX.  85  sa  devise,  9. 

—  (  Jean  )  ,  ibid, 

—  (Louis),  7. 

—  (  Amée  -  Frapçoise  -  Louise  )  5  son 
épitaphe  ,  8. 

—  (Madeleine  )  ;  inscription  ,  7. 
Boudait   (  JjCL^ues  );    son  épitaphe, 

LIV.  49. 
Bouliers  i  le  duc  de  ) ,  LUI.  7. 

Boulart  (François)  ,  abbé  supérieur- 
général  de  .Sainte-Geneviève ,  LX. 
44  ;  son  épitaphe,  47.  107. 

Boulongne  (  bon  ) ,  peintre,  LU.  12. 

Bourguignon  (  Pierre  )  ,  LU.  63. 

Bouriers(Pieire);sonépitaphe,LIV.2o. 

Bousins  (  Mathieu  )  ;  sou  épitaphe  , 
LIV.  II. 

Bouleiller  (Geoffroy  le);  son  épitaphe, 
LU.  26. 

Boulon  (Gilles)  3  son  e'pilaphe,  1/IV. 
20. 

Boutry  (  Georges  )  ;  son  épitaphe  , 
LIV.  23. 

Bouvier  (Jean  )  5  abbé  de  Sainte-Ge- 
jieviève  ;  son  épitaphe  ,  LX.  89. 

Brescia  (  Jean  de  ) ,   LX.  3o. 

Bréviaires;  Jiote  curieuse,  I.XI.  i. 

I3richanteau  (Benjamin  de  )  ,  abbé  de 
Sainte  -  Geneviève  ;  sou  épit^iphe  , 
LX.  41.  01.  loa. 


L  E 

=  (Philibert  de),  élu  abbé,  41  ;  ré- 
voqué ,  42. 

Bridoul  (  Noël  )  ;  son  épitaplie  ,  LIV. 
27. 

Brienne  (  Erard  de),  LX.  21. 

Broussel  (  Pierre  de  )  ,  son  épitaphe, 
LIX.  7.  8. 

Brulle  (  Jean  du  )  ;  son  épitaphe,  LIV. 
28. 

Bruneau  (Jean),  prèlre  5  son  épita- 
phe, LX.  98. 

Brunel ,  drapier,  chef  de  révolte,  LIV. 
57. 

Bru3'ères  (  Guy  des  )  ,  chantre  de 
Sainte  -  Geneviève  5  son  épitaphe  , 
LX.  99. 

Bugle  (  Jean  de  )  ,  LIX.  i. 

Buisson  (  Michel  ) ,  chanoine;  son  épi- 
4aphe ,  LIX.  14. 

Buister  (  Philippe  ) ,  sculpteur  ,  LX. 
67. 

Bussy  (Regnault  de  ) ,  LU.  24. 


Cabeliau  (  .lossine  ) ,  LIV.  52. 
Cabinet  d'antiques  de  Sainte-Geneviè-r 

ve  ;  observation,  LX.  iio. 
Caboche,  chef  de  sédition,  LX.  dj. 
Cailleu  (Nicolas);  son  épitaphe, LIV. 

23. 

Caillou  (  Pierre  ) ,  aJjbé  de  Sain(e-G&- 
neviève  :  son  épitaphe,  LX.  38. 

Calo,  abbé  de  Saiuie-Geneviève,  LX. 
^27. 

(]ambray  (  Adam  de),  LU.  2.'. 

Camelin  (  Guillaume  de  );  son  épita- 
phe ,  LIV.  20. 

Canal  (  Jeanne  de  )  ,  LIV.  52. 

Canon:cl  ad  succurrcnduin  ;  ce  qu'on  en- 
tendoit  p,  r-là  ,  LX.  26. 

Canoniers  ;  ce  qu'on  eiiten.loit  par  ce 
mot,  LI.  5. 


DES     MATIERES, 


Capet  (  Jean  )  ;  son  épitaplie  ,  LIV.  21. 
Cuppiaus  (  Jean  )  ;  son  épitaplie  ,  LIV. 

II. 
Carnin  (  Jean   de  )  ;    son    (^pilaplie  , 

LIV.  39. 
Caron  (  Nicolas  )  ;  son  épitaplie ,  LIV, 

28. 
Carpentier  (  Pierre  ) ,  abbé,  LXI.  43. 
Caseaiix  (  Nolre-Dame-des  )  j  éiyiiio- 

logie  de  ce  nom  ,  LU.  44. 
Casiel  (  Gabriel  )  ,  chartreux,  LU.  68. 
Casiillon  (Jean)  ;  son  épitaplie,  LIV. 

3r. 
—  (  Jean  et  Pierre  ) ,  82. 
Catherine   d'Alençon  ;    son  tombeau  , 

LU.  18. 

Catherine  d'Alençon,  duchesse  de  Ba- 
vière j  son  épitaplie,  LX.  91. 
Catherine  de  Bourgogne  ,  LIV.  66.  68. 
C  theux  ,  vieux  mot  ;  son  étyraologie 

LXI.  46. 
Caudalaire;   signification   de  ce  mot, 

LX.  65. 
Célestin  II ,  pape  ,  LIV.  2. 
Celestin  III ,  pape ,  LX.  a3. 
Célestins  (  monastère  des  ),  LX.  29. 
Cellule  ;  son  étymologie  ,  LU.  29. 
Cellules  des  Chartreux  j  leur  distribu- 
tion ,  LU.  60. 
Cércsée  ou  Gérées  (Jean),  trésorier 
de   l'église  de  Lisieux  ;    sa   vision  , 

LU.  9. 

Cernay  (  Michel  de  )  ;  son  épitaphe  , 
LU.  19. 

Chabert  (  Hugues  ) ,  LU.  23. 

Chabot  de  Rohan  (  Pélagie  de  )  ;  son 
épitaphe  ,  LVI.  3. 

Châlons  (  Jean  de) ,  LU.  58. 

Chàlons  (  Marguerite  de  ) ,  LU.  58. 

Chambre  apostolique  de  Sainte-Gene- 
viève ;  étendue  de  son  ressort ,  LX.  46. 

Chambrier  ;  étymologie  ,  emploi  de  ce 
mot,  LX.  25. 


Chan:pngne  (  Philippe  de  )  ,  peintre  , 

LU.  II.  66.  5y.  LX.  104. 
Chanipeaux  (  Guillaume  de  ) ,  LX.  16. 

35. 
Chancelier  ;  étjnnologie  de  ce  mot ,  sa 

définition ,  LX.  27. 
Chariot  traîné  par  des  chiens,  LIV.  r. 
Charleniagne  ,  empereur,  LX.  11.42. 
Charlequin  (  Jean  )  LU.  6fï. 
Chirles  V,  Empereur,  LUI.  7.  95  ins- 
criptions ,  LXI.  38.  39.  5o. 
Charles  V,  roi  de  France,  LFV.  60. 

LX.  39.  78. 
Charles  VI  ,  roi  de  France  ,  LUI.  6.  7. 

LIV.  57.  LX.  3.  37.  79. 
Charles  VII,  roi  de  France,  LIX.  5. 

107. 
Charles  IX  ,  roi  de  France  ,  tableau  , 

LXI.  24;  inscription,  23. 
Charles  II ,  roi  de  Navarre,  LU.  3. 
Charles,  duc  d'Orléans  ,  LUI.  7. 
Charles ,  duc  de  Berri,  LIX.  6. 
Charles-le-Hardi  ,  comte  de  Flandre  , 

LIV. 64;  inscription;  sa  devise, LXI, 

34. 
Charles  ,  comte  de  Nevers ,  LIV.  69. 
Charles-lcf-Bel ,  LU.  3. 
Chartes  de  Lorraine,  cardinal,  LIX, 

14- 
Charpentier;  son  étymologie  ,  LIV.  9. 

Chartreuse  de  Gaillon  ,  LII.  i. 

Chartreuse  de  Paris  ,  LU.  l. 

Chartreuse  de  Pavie  ,  LU.  54. 

Chartreux  ;  leur  droit  de  sépulture  , 
LU.  64;  distinction  de  celles  des  re- 
ligieux ,  65;  Pépinière,  66. 

Châsse  de  Sainte-Geneviève ,  LX.  27; 
28.  71  ;  sa  description,  72  ;  époque 
de  sa  construction,  78  ;  descente, 
cérémonies  usitées  ,  74  ;  événement 
singulier  ,  76  ;  son  privilège  parti- 
culier,  sa  reconstruction  ,  77  ;  nou- 


Vd 


^'J 


TABLE 


velle  réparation,  82;  inscription  sa-     Cierge  :  emblème  ,  LX.  70. 

Cimetière  ;  son  éljraologie,  LIV.  28. 
Clément  IV ^  pape,  LU.  9, 
Clément  "VI,  pape,  LX.  2g. 
Clément  VII,  pape,  LX,  35.  36. 
Cl  nquemeure   (  Etienne)  j  son  épita- 
phe,  LIV.  12. 


tjrique  ,  84;  processions  mii-aculeu- 
ses  ,  77.  8r.  82;  vitrail  ciir  eux,  <;3. 

Ciiàsse;  éljmologie  de  ce  mot ,  LX.  78. 

Châsses  ;  époque  de  leur  instituiion  , 
LX.74. 

Cliistel  de  la  Houardrie  (  Simon  du  )  , 
LIV.  22. 

Chasuble  de  Saint  Pierre ,  miraculeuse, 
LX.  io5. 

Chat  (  Marlin  le  ) ,  abbé  de  Sainte- 
Geneviève  .  LX.  37. 

Chatel  (  Gilles  du  )  j    son  épilaplie  , 

:.     l'IV.   77. 

Cbntillon  (  Alexis-Henri  de  ) ,  marquis, 

LU.  62. 

Châlillon  (  Claude-Ekear  de  )  ,  comte, 

LIL  62. 
Chàlillûii   (  Jacques  de  ) ,  comte   de 

Saint-Paul ,  LUI.  5. 
Châlillon  (Jeanne  de),  LU.  60.  62; 

bas-i-elief  ;  tableau  ;  inscription,  6r. 
Châtillon  de  Blois  C  OUvier  ),  LIV.  66. 
Chaubert  (  Jean  -  Baptiste  )  ,  abbé  de 

Sainte  -  Geneviève  3  son  épitaphe  , 

LX.  52. 
Chauveau  (  François  ) ,  graveur,  LU.  55. 
Chevalier  Rouge  (  le  )  j  ce  que  c'ét^t, 

LIV.  4.  *    îit, 

Childebert  I  ,  roi  de  France,  LU.  27. 
Childebert  I,  roi  de  Paris,  LX.  89. 
Childéric  ,  roi  de  France  ,  LX.  5.  6  ; 

son  tombeau  découvert ,  88. 
Chilpéric  I,  roi  de  France,  LX.  ro. 
Choait  .François);  tombeau; épitaphe, 

LU.  65. 
Choral  ;  sens  de  ce  mot ,  LIV.  10. 
Chosani  (  Pierre  de  ) ,  LU.  63. 
(Christine ,  reine  de  Suède ,  LX.  64. 
Chronograme  ;  son  explication,  LIV. 

i3.  LXI.  49. 
Chrysolius,  martyr;  miracle  étrange, 

LVUL  2. 


Clermont  ,  peintre  ,  LX.  104. 

Clersclier  ,  LX.  63.  66. 

Cliton  (  Guillaume)  ,  comte  de  Flan- 
dre ,  LXI.  i3. 

Clodomir,  roi  d'Orléans,  LX.  89. 

Cloître  des  Chartreux;  mosaïque ,  LU. 
62. 

Clotaire ,  roi  de  Soissons  ,  LX.  89. 

Clothilde,  épouse  du  roi  Clovis ,  LX. 
7.  8  ;  sa  mort ,  89. 

Clotilde,  fdle  de  Clovis  ,  LX.  89. 

Clovis  ,  roi  de  France ,  LX.  5.  6.  7.  8  ; 
son  tombeau  ,  85  ;  ses  épitaphes,  86. 
87.  88. 

Cocq  (  Hugues  le  )  ;  son  épitaphe  , 
LIV.  23. 

Coing  (Jean  de  )  ,  inquisiteur  ,  L\  I.  6. 

Coisevox  (  Antoine  )  ,  sculpteur  ,  LX. 
112. 

Comines  (  Hellin  de  )  ,  LVI.  7. 

Comines  (  Philippe  de  ) ,  LVUL  r. 

Comines  ,  ville  de  Flandre  ;  maison 
commune  ,  sa  de.=ciiplion  ;  châ- 
teau ,  LVIII.  I  ;  église;  chapitre,  ses 
droits  ,  2. 

Commire  (  Jean  ),  jésuite  ,  LII.  68. 

Comprint  ;  explication  de  ce  mot,  LXI. 
28. 

Comptoir  de  dévotion  ,  LX.  7t. 

Comte  (  Richard  le  )  ,  chapelain  du 
pape;  son  épitaphe,  LX.  96. 

Comtes  de  Flandre;  leur  palais,  LUI.  i. 

Conclaviste  ;  ce  que  c'étoit,  LIV.  12. 

Confrérie  de  St.  Nicolas  (  roi  de  la  )  , 
LL  6. 

Coniieette  ,  carme  ,  LIV.  66. 

Copeiihout 


DES     MATIERES. 


VI, 


Copenliout  (  Pliillppus  Vaii  )  ;  son  épi- 

taphe,  LIV.  34. 
Coppiii  (Arnoult  );  sonépitaplie,  LIV. 

32. 

Coq  (  Hugues  le  ) ,  LU.  63  5  son  épi- 
t;iphe  ,  65. 

Cordon  de  Saint  Michel ,  LU.  8. 

Cordonnier  5  él_ymologie  de  ce  mot , 
LH,  58. 

Coriiards  (  fêle  de) ,  LIV.  54. 

Corne  d'ivoire  ;  inscription  remarqua- 
ble ,  LIV.  75. 

Corneille  (  Jean- Baptiste  ) ,  peintre, 
LU.  1:2. 

Coronelli  (  le  P.  %  cordelier,  LX.  110. 

Coudenbergh  (  les  )  ,  famille  Belge  , 
LXI.  52  ;  or  giiie  de  ce  nom  ,  56. 

C^ouleiirs  (  Jea:i  de  ),  LVI.  7, 

Coulinot  (  Nicolas  );  son  épilaphe, 
LX.  10  r. 

Court  (  Jean  do  la  );  sou  ëpilaphe, 
LX.  99. 

Coiirlenay  (  Robert  de  )  ,  chevalier  , 
LX.  7.3. 

Cousin  (  Pliilippe  )  ,  abbé  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  39. 

Coustou  ,  sculpteur,  LX.  112. 

Cottreau  (Jeanne  de);  son  ^pitaphe, 

LIV.  27. 

Coypel  (  .Antoine),  peintre,  LU.  12. 
Cresson  (  Pierre  );  son  épitaphe,  LIV. 

32. 

Cristeuil  (  Amelolte  de  ) ,  enfouie  pour 
vol ,  LX.  32. 

Croisiire  ;  sens  de  ce  mot,  LXI.  48. 

Ooix  (  Anne  de  ) ,  XIV.  S2. 

Croix  (  Bauduin  de);  son  épitaphe, 
LV II.  3.  LXI.  49. 

Croy  (  Philippe  de  ) ,  chevalier ,  LXI. 
45. 

Crudenare  (  Wallerand  de  )  ;  son  épi- 
taphe ,  LIV.  41. 

Crjpte  ;  origine  de  ce  mot,  LX.  94. 


Cuinghien  (  Yfabeau  de  )  ;  son   épil^i- 

phe,  LIV.  26. 
—  (  Luc  de  ) ,  ii'id. 


D 


Dagobert  ,   roi  de   France,  LX.    ir. 

LXI.  20. 
DAinville  (  Jean  ) ,  LU.  23. 
Dalibert  (  Pierre  )  ,  LX.  63.  64. 
Dampierre  (  Guillaume  de  )  ,  LV.  5. 

—  Jean  de  )  ,  ibid. 

Danel  (  Pierre  ) ,  LU.  55. 

Dantecourt  (  Jean-Baptiste  ),  chan- 
celier de  Sainte-Geneviève  et  de  l'U- 
niversité ,  LX.  49. 

DarcMSsia(  Pons  ou  Ponce  ),charlreux, 

LU.  67. 
David  (  Goliath  )  ;  son  épitaphe,  LIV. 
■      33. 
Daunou,  bibliothécaire  du  Panihéon, 

LX.  iio, 
Dauvet  (  Jean  )  ;  son  tombeau  ;  son 

épitaphe,  LIX.  3.  4.  5. 

—  (  Simon  )  ,  5. 

==  (  Jacques  )  ,  ibid. 

DefFonleines  (  Jean  );  son  épilaphe, 
LIV.  36. 

De  Hubanl  (Jean  ) ,  président  aux  en- 
quêtes ,  LX.  96. 

Delorme  ,  abbé  de  Sainte-Geneviève  , 
LX.  55. 

Demazière  ,  bibliothécaire  de  Lille  , 
LXI.  I. 

Descartes  (  René  )  ,  LX.  61  ;  son  tom- 
beau ;  ses  épitaphes  ,  LX.  62  ;  trans- 
lation  de  ses  cendres ,  64.  LXI.  i. 

Descente  de  croix  ;  tableau  ;  LU.  5y. 

Desmoulins  (Jean),  LU.  26. 

Despauière   (  Jean  )  ,   grammairien  , 

Lvin.  I. 

Despretz(  Jean  )5  son  épitaphe,  LIV, 
34. 

B 


^^3 


VJIJ 


TABLE 


Destoilleures  (  ÎTiipiios  )  ;  ses  épitaphes 

et  rondallons  ,  IIV.  36.  07. 
Destaillenrs  C  Hugues  )  ;  son  éplLiplie , 

LIV.  14. 
Deswerquins,  architecte,  LUI,  8.  10, 

LIV.  I, 
Deulle,  rivière,  LIIL  3.  8.LXI.  11. 
Dilieniis  (  Jean  )  ;  son  épitaplie,  LIV, 

26. 
Dinchi  (  Antoinelte  )  ,  LIV.  2S.  82. 
Diocres  (  Raiinond  )  ,  chanoine  de  Pa- 
ris ;  son  histoire  ,  LU.  36. 
Discret  ;    explication  et   emploi  de  ce 

mot ,  LU.  66. 
Distiques  remarquables  ,  LXI.  40. 
Dollehain  la  Mainnëe  (  Antoinette  )  ; 

son  épitaphe  ^  LIV.  27. 
Domesstnt  (  Péronne  ) ,  LIV.  76. 

Dominicains  de  Lille  ;  leur  fondai  ion  ; 
LVI.  I  ;  privilc^ges  ;  reliquaires;  égli- 
se ,  sa  description.  2,  3. 

Dormans  (  Guillaume  de),  LU.  16. 

Durnjans  (  Jean  de  )  5  ses  épitaphes  , 
LU.  i3.  16. 

Dormans  (Regnault  de);  son  épitaphe  , 

LU.  17. 

Dornart  (Jean):  son  épitaphe,  LIV.  8. 
Dorson  (  Pierre  )  ;  son  épitaphe  ,  LU. 

22. 
Douaj  (  Jean  de  )  ;  son  épitaphe,  LIV. 

36. 
Doyen  ,  peintre  ,  LX.  69. 
Doyen  ;  signification  de  ce  titre  ;  ses 

fonctions;  ses  privilèges  ,  LX.  12. 
Dubois  ,  LXI.  2.  5i. 
Dubois  (François);  son  épitaphe, LIV. 

49. 
Dubois  (  Grard  )  ;  son  épitaphe  ,  LIV. 

8. 
Du  Bois  (  Hippolyte  )  ;  son  épitaphe  , 

LIV.  53. 
Dubois  (Wallerand),  LXI.  48. 
Duchâtel  (  Tannegui  ),  LIV.  63. 


Duchemin  (  Catherine  )  ;  son  beau 
mausolée;  LIX.  9  ;  son  épitaphe,  10; 
ses  talens  ,  1 1. 

Ducreil  (  Claude  )  ,  chanoine  de  Ste.- 
Geneviève,  architecte,  LX.  io3. 117. 

Dufour  (  Jean  ) ,  LU.  3o. 

Dumolinet  (  Pierre  )  ,  chanoine  régu- 
lier de  Sainle-Geneviève,  LX.  92, 
109. 117. 

Dumont  (François),  sculpteur ,  LVI.  6. 

Dumout  le  Romain  ,  peintre  ,  LÎI.  12. 

Dumont-Saincle-Marie  (Jean),  LII. 

24- 
Dupont  (  Pierre)  ,  poë;e  lai  in  ,  LX.  Sg. 

Dnporlail  (.Jean  et  Simon);  leur  épi- 
taphe ,  LU.  22. 

Dupuis  (  Jean  )  ,  chancelier  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  38. 

Durais  (  François  ),  bailli  de  Sainte- 
Geneviève;  son  épitaphe,  LX.  9S. 

Durlin  (Jean  )  ;  son  épitaphe ,  LIV.  20. 

Durlin  (  Jean);  son  épitaphe,  LIV.  53. 

—  (  Malin)  ;  son  épitaphe,  54. 

Duval  (  Georges  )  ;  son  épitaphe  ,  LIV. 
i5. 

Diivert  (  Chiude  ),  bsnédictin  ,  LX. 
io3. 

Dreux  ,  é^èque  de  Thérouanne,  LT,  3. 

Droit  de  repas  ;  son  explication  ,  LX. 

25. 

Drogon ,  LX.  17. 


E 


F.buroues  ,  peuple  ,  LXI.  34. 
Egbert  (  le  comte  )  ,  abbé  de  Sainte- 
Geneviève  ;  anecdote  ,  LX.  7. 
Echelle  (  peine  de  1'  ) ,  LX.  3i. 
Ecolàtre  ;  sens  y  attaché,  LIV.  14. 
Ecoute  (Jean  de)  ;  son  épitaphe,  LIV. 

25. 

Edouard  III ,  roi  d'Angleterre ,  LIV. 
60  j  LX.  04. 


DES    MATIÈRES. 


IX. 


Jïlisabetli  d'Autriche  ,  épouse  de  Châ- 
les IX  ;  iiiscriplion  ,  LXI.  25. 

ElisabelJi  de  Fiance,  LXI.  5. 

Elisabeth  de  Lorrame  -  Lillebonne  , 
LVI.  3.  5. 

Enibltrj  dénnitiondeceIerme,l.X.  82. 

En  charnage;  remarque  sur  celte  ex- 
pression, LX.  2.5. 

Enfouissement  ;  sorte  de  supplice,  LX. 

32. 

Entrée  solemnelle  de  l'Archiduc  Albert 
eldeson  épouse  à  Lille,  LXI.  2  et  suiv. 

Epée  (  fête  de  1'  )  j  procès  à  ce  sujet , 
LX.  o3.  34. 

Erasme  (  Didier  ) ,  LX.  (■>. 

Erembruge,  première  Lmme  de  Foul- 
ques V,  LXI.  i3. 

Eschaudé  ;  origine  d    ce  mot ,  LX,  26. 

42- 
Essore,  forestier  de  Flandre ,  LUI.  i. 
Etienne,  évéque  de  Paris  ,  LX.  70. 
Etienne,  d 03- en  de  Sainte-Geneviève, 

LX.  14. 
Etienne  1er. ,  abbé  de  Ste.-Geneviève  , 

LX.    19  ;   évéque  de  Touuiay  ,  2q. 

CiS.  97.  loi.  112. 

Etienuede  Bruges,  chartreux,  LU.  41. 
Etienne  de  Die  ,  chartreux,  LU.  41, 

Ethelmarc  ,  prince  anglois  ;  distique  , 
LX.  100, 

Eudes  de  JVIoutreuil,  architecte,  LU. 

9- 

Evéque  ;  étymologie  de  ce  mot  ;  anec- 
dote ,  LX.  ir. 

Evêques  de  Paris  ;  description  de  leur 
entrée  solemnelle,  LX.  21  à  28. 

Eugène  11^  pape,  LX.  106. 

EugènellI,  pape;cafastrophe,  LX.  iS. 

Engène  VII ,  pape ,  LIV.  14. 

Eulogies;  étjmologie  de  ce  mot,  LX. 

42. 
Euphénius ,  LL  i. 


Façon  (  Jean  ) ,  LIV.  9. 

—  (  Antoine  )  ,  ibii. 

Faire  le  cri ,  expliqué  ,  LX.  84. 

Faisan  ;   sa  destination    particulière  ; 

repas  ,  LUI.  9. 
Familles  Patriciennes  di  Bruxelles  ,  au 

nombre  de  sept  ;    leurs   privilèges  , 

LXI.  54.  S7.  58. 
Fascon  (  Jacquemine  )  5  son  épitaplie, 

LIV.  10. 
Faucon  de  Riz  (  Jean-Louis  ) ,  LU.  3r. 
Faulquemont  (le  Roux  de),  LUI.  5. 
Faure  (  Charles  )  premier  abbé  supé- 
rieur-général de  Saiute-Ceneviève  , 

LX.  42.  48  ;  son  épitaplie,  44.  107  ; 

notice,  114. 
Félix,  doyen  de  Sainte- Geneviève  , 

LX.  i3. 
Félix  (Jean),  inquisiteur,  LVI.  6. 
Félon  Thracien  ;  sens  de  celle  phrase  , 

LXL  rr. 
Ferdinand  V,  roi  de  Castille  et  d'Arra- 

gon  ;  inscription  ,  LXI.  24.  25. 
Fei-rand  ,  comte  de  Flandre,  LUI.  4. 

LV,  4  ;  inscription,  LXI.  29.  3o. 
Ferrand  (  Marie  )5  son  épilaphe ,  LIX. 

i3. 
Fety  (  le  )  ,  peintre,  LU.  Sy. 
Fiaucher  ,   vieux    mot  ;    explication  , 

LXI.  47. 

FiePFé  (  Raoul  )  ;  son  épitaphe ,  LX.  98. 
Fiefs  de  bourse  ;  ce  que  c'étolt ,  LXI.  28. 
F'ierabras  ;  son  épitaplie,  LIV.  29. 
Fin    (  pont  de  )  ;  origine  de  ce  nom  , 

LXI.  19. 
Fins  (  Oronce  ),  malhémalicien,  1/X. 

o  

O. 

Fieubet  (  Gaspar  de  )  ,  LX.  62. 
Flandre  (  la  )  :  ses  premières  limites  , 
LIIL  I.      ' 

B  2 


T/w', 


T  AELE 


Fluiirlrc-Waî'one  ,  LVIII.  i. 

Flaiiilriiie  ,  princesse,  LUI.  i. 

Fiers  (  Alexandre  de  )  ;  son  épitaphe , 
IJV.  9. 

—  (  Jeanne  de  ) ,  LIV.  10. 

Fleury  (Jean  )  ,  LIX.  i. 

Florence  (.  André  de  ),  LU.  3r. 

Floriot  (Erard),  abbé  de  Sainte-Ge- 
neviève; son  épitaphe,  I>X.  5o. 

Flouret  (  Jacques  )  ;  son  épitaphe  , 
IJV.  i5. 

Fontaine  remarquable,  LX.  104. 

Fontaines  (  Gauthier  des  )  ;  sa  mort 
tragique,  LIV.  79. 

Forestiers  ;  qui  ils  étoient,  LUI.  i. 

Foulon  (  Joseph  ) ,  chancelier  de  TUni- 
versité  ,  LX.  41  ;  abbé  de  Sainte-Ge- 
neviève; son  tombeau,  sou  épitaphe, 
102, 

Foulques  le  Réchin,  LXI.  12. 

Foulques  V,  roi  de  Jérusalem;  notice, 
LXI.  12.  i3. 

Fourrier  (  Pierre  ) ,  chanoine  de  Sainte- 
Geneviève  ;  anecdote,  LX.  11 5. 

Fous  (  évêque  des  )  ;  note  ,  LIV.  54. 

François  (Michel),  LVI.  7. 

François  d'Assise;  son  véritable  nom, 
LVIL  I. 

Francoj'er  (  Bertrand  )  ,  LU.  66. 

Frans  ( Alexis);sonépitaphe,  LIV.49. 

Frédéric  III,  empereur,  LUI.  7. 

Frères-Donnés  ;  ce  que  c'étoit ,  LX.  24. 

Frères— Mineurs  ,  leur  origine  ;  reçoi- 
vent le  nom  de  séraphique ,  LVII. 
I  ;  réformés  ,  3. 

Froidmont  (  Eustache  de  )  ;  son  épita- 
phe ,  LIV.  39. 

Fronteau  (  Jean  ) ,  chancelier  de  Ste.- 
Geneviève  et  de  l'Université  ,  LX. 
46.  109.  Notice  ;  poëme  singulier  j 
116. 

Fuiillier  (  Heuri  )  j  LU.  11. 


Galien  de  Pise ,  chanoine  de  Saint- 
Omer ,  LX.  3o.  97. 

Galo ,  évêque  de  Paris  ;  réserve  remar- 
quable, LX.  14. 

Garçon,  curé  de  St.-Landry,  IJX.  i5. 

Gardin  (  Simon  du  )  ;  son  épitaphe  , 
LIV.  2^,. 

Garenne  (  Robert  de  la  ) ,  abbé  de  Ste.- 
Geneviève,  LX.  34. 

Garzelt  (  Andriea  )  ;  son  épitaphe  , 
LIV.  70. 

Gauthier  ,  IJI.  10. 

Gauthier  de  Chàîillon,  LIT.  i5. 

Gauthier  (Jean  )  ,  inquisiieur,  LVI,  6. 

Gens  à  métier,  de  bainte-Geneviève; 
leurs  obligations  ,  LX.  25. 


Geofroi  V,  comte  d'An! 


LXL  i3. 


Gérard  ,  archevêque  de  Nicosie  ,  LX. 

89  ;  son  épitaphe  ,  95. 
Gérard  de  Pavie,  légat,  LX.  10. 
Génies  (Jacques  de  ^ ,  Ll\  .  58. 
Geronce  ,  mère  de  Sainte-Geneviève  , 

LX.  I.  3. 
Géry  ,   abbé    de  Sainte  -  Geneviève  , 

LX.  55. 
Ghisll  (  Josse  ) ,  chancelier  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  36.  5o. 
GilTord  (Guillaume)  ,  LXI.  3i. 
Gilduin  ,   abbé  de   Saint-Victor-Iès- 

Paris  ,  LX.  l5. 
Gillesson   (  Robert  );   son  épitaphe, 

LIV.  74. 
Girard  (  Marie  )  ,  LIX.  i3. 
Girardon  (  François),  sculpteur,  LIX. 

9  ;  ses  fondations ,  10  ;  ses  ouvrages, 

II.  112. 
Godefraut  (  Pierre  )  ;   son   épitaphe  , 

LIV.  47. 
Godefroot  (  Jean-Baptiste  )  ;  son  épiJ 
taphe  5  LIV.  Sy. 


i 


DES    MATIERES. 


xj 


Godefioy  ,  LX.  78. 

Goloj  dispute,  LX.  1  5, 

Gommer  (  Michel  ) ,  LXI.  48. 

(jolhofride  ,  évéque  de  Paris  ,  LX.  14. 

Goulaj,  peiiiire,  LfL  55. 

Goj  ,  cabuchien  l'ouj^ueux,  LX.  87.  90. 

Grangier(G(iillaume), médecin,  LX.71. 

Graves  ,  clianoine  de  Lille  ,  LXI.  2. 

Grégoire  VH,  pape,  LIV.  2. 

Grèj^oire  JX,  pape,  LX.  28. 

Gréi;o;re  de  Tours,  LX.  10. 

Grimai! i ,  LX.  no. 

Grudenare  (  Jean  de  );  son  épitnplie  , 
LIV.  II. 

Guepierre  (  de  la  ) ,  architecte ,  LX.  109. 

Guerre  du  Bien  public  ^  pourquoi  ainsi 
appellée ,  LIX.  6. 

Guescliii  (  Bertrand  du  ),  LIIL  5. 

Gui  de  Dampierre,  comte  de  Flandre, 
LIIL  4;  inscriptions,  LXI.  27.  28. 

Guillaume,  comte  cle  Flandre,  LIV.  3. 

Guillaume  d'Auxerre,  abbé  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  3o. 

Griiljaume  de  Champagne ,  archevêque 
de  Sens  ,  LX.  112. 

Guillaume,  dit  de  Danemarck  ,  cha- 
noine de  Sainte-Geneviève  ,  LX.  18. 
19.21.  70;  anecdote  plaisante,  765 
notice,  ii3;  miracles,  114. 

Guilleberl  (  Denis  le  ) ,  LXI.  8. 

Guillemot  ;  son  épitaphe,  LIV.  54. 

Guillon  (Pierre),  chancelier  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  46. 

Guy  ,  comte  de  JVevers ,  LII.  67. 

Gujol  (  Jean  )  j  son  épitaphe ,  LU.  66. 


H 


Hacin  (  Jean  ) ,  LIV.  22  5  son  épita- 
phe, 71, 

Haies  (  Jean  de  ) ,  LVI.  7. 

Hangest  (  Constant- Louis  d'  );  son 
épitaphe ,  LX.  95. 


Hangouard  (  Wallerand  ) ,  LXI.  46.  48. 
Hnrcourl  (  Philippe  de  )  ;  son  épitaphe, 

LU.  £1. 
Hastraj  (  Jean  de  )  ;  son   épitaphe , 

LX.  95. 
Haubannier;  sa  signification  ,  LX.  26. 
Haudrietles  (  hôpital  des  )  ;  sa  fonda- 
tion ,  LX.  7. 
Hazard  (  Martin  )  ;  son  épitaphe ,  LIV. 

10. 
Kéleine  ,  fille  naturelle  de  JWaximilien 

II  ;  anecdote  ,  LXI ,  4g. 
Hennin  ,  sorte  de  coëflure  ;  anecdote  à 

ce  sujet ,  LIV.  66. 
Henri  I ,  roi  de  France ,  LX.  14. 
Henri   IV  ,  roi  de  France  ,   LX.  71  , 

LXI.  7.  43. 
Henri  III  ,  roi  d  Angleterre  ,  LX.  100. 
Henri ,  comte  de  (Jhampa'gne ,  LV.  4. 
Henri,  moine  d'Auxerre,  LU,  i5. 
Herbert,  abbé  de  Sainte-Geneviève  ; 

son  épitaphe  ,  LX.  27.  78. 
Hibert  (  Jean  )  ;  son  épitaphe ,  LIV.  24. 
Hilgot ,   doyen  de  Sainte-Geneviève  , 

LX.  14. 
Hinselin  (  Léon  )  ,  LU.  2. 
Hions ,   chefJes  naulonieis  de  Lille, 

LIV.  57. 
Houd  (  Simon  de  )  ;    son    épitaphe  , 

LIV.  i5. 
Honorius  III,  pape,  LX.  21.  27. 
Hôpital-Comtesse;  par  qui  desservie; 

dépense  d'un  malade  ,   LV.  I  ;    par 

cjui  administrée  ;  ses  privilèges  ;  sa 

description ,  2,  3. 
Horloge  des  Chartreux  ,  LIT.  35. 

Horloge  curieuse;  sa  description,  LX. 
8. 

Hôtel-Dieu  de  Paris  ;  son  fondateur, 

LIX.  I. 
Hubaut  (  Jean  )  ,  clerc  du  roi ,  LX.  33, 
Hugo  , abbé  de  Ste.-Geneviève,  IX.  19, 
Hugo  j  archevêque  de  Sens  ,  LX.  18, 


XI) 


TABLE 


liugon,  ou  Hugues,  abbé  de  Saiiit- 

Germaia  de  Paris  ,  LX.  17  ;  échange 

singulier,  18. 
Hugues  (  Saint  )" ,  chartreux  et  évêque 

de  Lincohi  ;  sa  vie,  LH.  5.  6. 
Hugues,  abbé  de  Chiny  ,  LX.  io5. 
Hugues,  abbé  de  Sainl-Germain-des- 

Prés,  LX.  ii3. 
Hugues-Capet ,  roi  de  France,  LX,  14. 

42. 
Humbert ,  dauphin  de  Vienne,  LH.  Sg. 
Huit-Hommes  (  les  )  ,  magistrats  3  leurs 

f  .nclious  ,  LXI.  48. 
Huvaruion ,  seigneur  François,  LU.  27. 


Imbert  (  Robert  )  ;  son  épitaphe,  LIV. 

24. 
Lnpiteux  ;    signification  de  ce    mot  j 

LXI.  ir. 
Incendie  éteint  par  miracle  ,  LIX.  i. 
Ingelburge ,  femme  de  Phihppe-Au- 

guste ,  LI.  3.  4.  LX.  20. 
Ingiliarel  (François);  son  épitaphe, 

LIV.  35. 
Innocens  (  fête  des  )  ;    sa  description  , 

LIV.  54. 
—  (  Evêque  des  ) ,  Ibid, 
Innocent  III ,  pape ,  LX.  21, 
Innocent  VIII  ,  pape  ,  LX.  89.  40. 
Inquisition  ,  LVI.  6. 
Inscription  singulière ,  LIV.  37. 
Isabelle  ,  première  femme  de  Philippe 

d'Alsace  ,  LIV.  79,  80. 
Isabelle  ,  comtesse  de  Ponteure,  LIV. 

66. 
Isabelle-Claire-Eugénie  ,    épouse    de 

l'Archiduc    Albert ,  LXI.  5  ;    ins- 
criptions ,  6  à  49  ;  noiice  historique , 

5o.  5i. 
Isabelle  d'Angleterre  ,  LIV.  56. 
Isabelle  de  Bourbon  ,  LXI.  84. 


Isabelle  de  Castille  ,  LXI.  24  ;  inscrip- 
tion ,  25. 
Issoudun  (  Marie  d'  ) ,  LU.  60. 


Jacqueline  de  Bavière  ,  LIV.  68. 
Jacques  ,    dit  Serene  ,    archevêque  , 

LU.  67. 
Janua  (  Jean  de  )  ,  LXI.  2. 
Jarry  ,  prieur  des  Chartreux  ,  LII.  35. 
Jay  (Pierre  le);  son  épitaphe,  LII. 27. 
—  (  Pierre  le  )  ;  son  épitaphe ,  3o, 
Jean  D.  . . .  ;  son  épitaphe,  LX.  lor. 
Jean  d'Aubignj  ,  évêque  de  Troyes  ; 
dédie  l'église  des  Chartreux,  LII.  9. 
Jean  II,  roi  de  France;  sa  rançon,  LUI, 

6.  LIV.  60.  LX.  35. 
Jean  sans  Peur  ,   duc  de  Bourgogne  , 
LUI.  7.  9.  LIV.  62;  assassiné  ,  63  j 
inscription  ;  sa  devise,  LXI.  33. 
Jean  ,  duc  de  Berry  ,  LIV.  57.  ;  son 

épitaphe ,  58. 
Jean  III ,  duc  de  Brabant,  LIV.  60. 61, 
Jean  ,  duc  de  Clèves ,  LIV.  65. 
Jean  ,  comte  d'Estampes  ,  LIV.  69. 
Jeanne,  reine  de  France  ;  son  épita-» 

phe ,  LII.  59, 
Jeanne ,  reine  d'Espagne;  son  surnom  , 

LXI.  36  ;  inscription  ,  37. 
Jeanne  ,  comtesse  de  Flandre  ,  LUI.  4, 
LV.  I.  2.  3,  6  j  inscriptions  ,  LXI, 
29.  3o. 
Jeanne,  épouse  de  Jean  duc' de  Berry, 

LIV.  S7. 
Jeanne ,  fille  de  Ferdinand  V ,  roi  d'Ar» 

ragon  ,  LUI.  7. 
Jeanne  de  Châtillon  ,  LII.  3. 
Jeanne  d'Evreux ,  LII.  3. 
Jeanne  de  Nantes  ,  comtesse  d'Auver» 

gne ,  LX.  35. 
Jéhu  (  Jean  ) ,  premier  provinc,  des  F, 
31in.  LVIL  3, 


DES     MATIERES. 


xuj 


Jollain  ,  peintre,  LU.  Sy, 
Jocerau  ,  cliaiireiix,  l.II.  67. 
Jordans  (  Luc  ),  peintre  ,  LIT.  !yg. 
.Toris( Pierre)  ;  son  épilaplie,  lAX.  i5. 
Joseph  II,  empereur,  LIX.  9. 
Josseran  (Jean  de),  LU.  i. 
J.niene  (  Jean  le  )  j  son  épitaphe,  LIV. 

IT. 

Jom-dain  (  le  P.  ) ,  dominicain ,  LVI  i. 

Jours  iiataux  ;  explication ,  LIV.  Sy. 

Jouvenet,  peintre,  LX.  108. 

Joiivenet  (  Jean  ) ,  LU.  12. 

Judas  (  Nicolas  ) ,  chancelier  de  Sainte- 
Geneviève,  LX.  41. 

Jniier.ce,  sculpteur,  LU.  07. 

Juvénal-des-Ursins  (  Jacques  )  ,  pa- 
triarche d'Antioche,  évèque  de  Poi- 
tiers, LIT.  4. 


taclens  (Jean);  fon  épitaphe ,  LIV, 

76. 
Lafosse  ,  peintre,  LU.  12.  LIV.  46. 
Lagrenée  ,  peintre  ,  LU.  5"]. 
Lait  et  pain  de  la  Vierge  conservés , 

LU.  33. 
Lallemant    (  Pierre),    chancelier  de 

Sainte-Geneviève  et  de  l'L'niversité, 

LX.  46.  63  5  son  epitaplie  ,  108  5  no- 
tice, 116. 
Lambert  (  Jean  )  ;  son  épitaphe ,  LIV. 

2.8. 
Laniiral  (  Antoine  )  ;   son  épitaphe , 

LIV.  76. 
Lanceau  ^  Jean  )  ,  inquisiteur,  LVI.  6. 
Langlesche  (  Marguerite  )  ;  jugement 

singulier  ,  LX.  32. 
Langlois  (Philippe) ,  chancelier  de  Ste-.»' 

Geneviève ,  LX.  38  ;  abbé  ,  89. 
Lannoy  (  Hugues  de  )  ;  son  épitaphe  , 

LIV.  42. 48. 
Lannoy  (  Raoul  de  ) ,  LIV.  42, 


Lanrj  (Gilles),  son  épitaphe,  LIV.  47. 

Launoj  (  Claude  de  ) ,  LXI.  49. 

Largillière  (  Nicolas  de  )  ,  peiivtre  , 
LX.  59. 

Lavardin  (  Hildebert  de  )  évèque,  LIT. 
i5, 

Lauduin ,  prieur  de  la  grande  char- 
treuse, LTI.  41.  46. 

Larive  (  Jean  de  )3  sou  épitaphe,  LIV, 

47- 
Lebel  (Philippe),  chancelier  et  abbé 

de  Sainte-Geneviève  ,  LX.  40.  107. 
Lebrun  (Charles),  peintre,   LU.  .^4, 

LIX.  II. 
Leclerc  (  Hubert  ) ,  LIV.  zc).  33. 
Leclerc  (  Pierre  )  ,  LVI.  6. 
Lediseur  (  Nicolas  )  ,  LU.  28. 
Leduc  (Guillaume), chancelier  de  Ste.- 

Geneviève,  LX.  40. 
Leduc  (  Jean)j  écolàtre  de  Lille,  LXI. 

44. 
Leducq  (  Charles);  son  épitaphe  ,  LIV. 

39.  -, 

Lefeb\Te  (  Jacques  ) ,  martyr,  LVI.  7. 
Lehaye  ( NicoUes  de  )  ;  son  épitaphe, 

LIV.  II. 
Lemercier  {  Jacques  ),  architecte,  LX. 

72. 
Léonius,  clianoine,  LU.  14. 
Léopold  (  Guillaume  ) ,  archiduc  ,  LX. 

88. 
Léopold  III ,  duc  d'Autriche.  LIV.  66. 
Lequeux  (  Pierre  ) ,  LII.  i. 
Lesueur   (  Eustache  ),  peintre,  LU, 

35.  54.  56. 

—  (Pierre),  55. 

—  (  Philippe  )  ,  ibiJ. 

—  (  Antoine  )  ,  ibid. 

Lelellier  (  Charles-Maurice  )  ,  arche- 
vêque de  Rheims,  LX.  54. 

Leudaste,  comte  de  Tours,  LX.  10. 

Liber  ordinis  ,  ce  que  c'éloit  j  règlement 
singulier ,  LX.  24, 


MV 

Li'.lRi'ic  5  seigneur  forestier  de  Flandre, 
LUI.  r.  2.  ;  tableau  ;  inscription  , 
LXl.2.0. 

IJderic ,  hermite  ;  tableau  ,  LXI.  20. 

Lille,  ville  de  Flandre  5  son  hisloire  ; 
sa  description  ,  LIIL  i  à  10;  ins- 
cription ,  LXI.  9. 

Linguet,  curéde  St.-Sulpice,  LIX.  7. 

Ligne  (  le  comte  de) ,  prince  d'Epinaj, 
LXI.  45. 

Lii'pert ,  LXI.  2. 

Lis  (  la  ) ,  rivière  ,  LVIII.  r. 

Lis  (  Nicolas  de  le  )  ;  son  épitaplie  , 

LIV,  3o. 
Lisiard  ,  dojen  de  Sainte-Geneviève  j 

LX.  14, 
Livre  enc  haîné  ,  ce  que  c'étoit ,  LXI.  2, 
Loisel  (  Pierre  )  ,  56.  57;  son  épilapbe, 

5H. 
Lollo  ;  son  épitaplie  ,  LIV.  76, 
Lombard  (Pierre  ),  LX.  35. 
Longueval  (  Maximilien  de  )  ;  son  épi- 
taplie ,  LIV.  34. 
Lorrain  (Robert  le),  sculpteur,  LIX.  9. 
Lorraine  (  Charles  de),  cardinal,  LX. 

3. 
Lotrich  ;  explication  de  ce  mot,  LXI.  41. 
Louis-le-Débonnaire ,  roi  de  France  , 

LX.  6. 
Louis  IV,  roi  de  France,  LX.  14. 
LouisVH,  dit  le  Jeune,  roi  de  îVance, 

LX.  i5.  17.  18.  19.  70. 
Louis  IX  ,  roi  de  France  ,  LU.  i.  3.  7  5 

inscription  ,  8.  LX.  29.  76.  85.  106. 

LXI.  23  ;  inscription  ,  26. 
Louis  XI ,  roi  de  France ,  LU.  8.  LIV. 

42.  LIX.  6.  LX.  38. 
Loi)is  XIII ,  LU.  3.    revient  de  la  Ro- 

ctjelle  ;  arc  de  triomphe  ;  inscription, 

4.  LIX.  i3.  LX.  42.  43.  72. 
Louis  XIV  ;  statue  équestre,  LIX.  2; 

son  portrait.  104. 
Louis  X^'  ,  rui   de  France  ,  LX.   53; 


TABLE 


mot    sat3'rique    contre    ce    prince  , 

«4. 

Louis  ,  duc  d'Orléans  ;  sa  devise,  LXI. 
33. 

Louis,  duc  de  Savoje,  LIV.  67. 

Louis  de  Maie  ,  comie  de  Flandre  , 
LUI.  6.  LIV.  56  ;  inscription  ,  57  ; 
son  épitaplie,  58  ;  description  de  son 
tombeau ,  59.  LXI.  3i  ;  inscription,  32. 

Lovjs  (  Anne  de  )  ;  son  épitaplie  , 
LIX.  i3. 

Lucas  (  Jean  )  ,  chanoine  de  Saint- 
Pierre.  LIV.  5  ;  son  épitaphe ,  6. 

Lnce  m  ,  pape ,  LX.  23. 

Lune  (  Jean  de  la  )  LU.  zS. 

Lyard  (  Pierre  ) ,  chancelier  de  Sainte- 
Geneviève,  LX.  41. 

]\I 

Mare,  chancelier  de  Sainte-Geneviève, 

LX.  40. 
Maes    (  Philippe  )  ;    son    épitaphe  , 

LIV.  17. 
Magislri  (  Jean  )  ;  ses  épitaphes  ,  LIV. 

42.  73. 
Maillard  (  Olivier  ),  cordelier,  LXI.  2. 
Maille ..  sorts  de  raonnoie ,  LX.  26. 
Maillj  (  HcL-tor  de  )  ;  sou  épitaphe, 

LIV.  32. 
Mais  ,    vieux  mot  ;   sa   signification  , 

LU.  29. 

Malefiance  (  Jeanne  de  )  j  son  épita- 
phe ,  LIV.  23. 

Manare  (Charles);  son  épitaphe,  LIV. 
39. 

Manarre  (  Maximilien);  ses  épitaphes, 
LIV.  39.  40. 

Manuscrit  précieux,  LX.  3. 

Manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Lille, 
LXI.  2. 

Marbre  de  Flandre;  sa  nature,  LIX.  i5. 

Marbre  noir  antique  ,  LIX.  9. 

Marbre 


DES    MATIÈRES. 


Marbre  vert  de  mer  ,  LLX.  9. 

Marcel ,  abbé  ,  LX,  21. 

Marchand  (  Je;m  ) ,  évèque  de  Be- 
thléem, LVI.  7. 

Marchant  {  Jean  )  son  épilaphe ,  LIV. 
29. 

Maréchal  (  Radulfe  )  ,  abbé  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  37. 

Marguerite  ,  duchesse  de  Brabant  , 
LXI.  3i. 

Marguerite  ,  duchesse  de  Guienne  , 
LIV.  65. 

Marguerite,  comtesse  de  Flandre,  LIIL 
4.  6.  LIV.  55.  58.  60  ;  inscription  , 
LXI.  26,  27. 

Marguerite  d'Aulriche,  reine  d'Espa- 
gne, LXI.  25  ;  inscription  ,  26. 

Marguerite  de  Bavière  ;  inscription  , 
LXI.  33. 

Marguerite  de  Bourgogne,  duchesse  de 
Bavière ,  LIV.  68. 

Marguerite  de  Bribant,  épouse  de  Louis 
deMtde,  LIV.  56  5  son  épilaphe,  58  j 
sa  cruauté  ,  60. 

Marguerite  d'Issoudun ,  comtesse  d'Eu  , 
LU.  2. 

Marguerite  de  Savoye  ,  LIV.  67. 

Marguerite  d'Ypres ,  LVI.  7  ;  ses  mira- 
cles. 8, 

Marie  (  Geoffroy) ,  chanceUer  de  Ste.- 

Geneviève ,  LX.  39. 
Marie  ,  chichesse  de  Bourgogne  ,   ins- 

cripiion ,  LXI.  36. 

Marie  ,  duchesse  de  Clèves,  LIV.  65. 
Marie,  fille  du  comte  de  Charolois  ; 

LUI.  7. 

Marie  d'Autriche  ,  femme  de  l'empe- 
reur Maximilien  II,  LXI.  5o. 

IMarie  de  Bourgogne ,  LIV.  67. 

Marie  de  Médicis  ,  LU.  3.  LX.  72.  84. 

Marie  de  Savoye  ,  LIV.  68. 

Marigny  (  Guillaume  de  )  ;  son  épila- 
phe ,  LX.  97. 


XV 

Marigny  (  Philippe  de  )  ,  évêque  de 
Cambrai ,  lAl.  17. 

Mnrtia  IV  ,  pape  ,  LX.  3r. 

Maihildu',  seconde  femme  de  Philippe 
d'Alsace  ,  LiV.  80.  LXI.  14  ;  ms- 
ciiption ,  i5. 

Matioli  (  Cornelio  ) ,  gentilhomme  ;  son 
épilaphe  ,  LX.  96. 

Maubert  (  place  )  j  origine  de  son  nom,- 
LX.  28. 

Maubus  (  Ferdinand  du)  ;  son  épila- 
phe ,  LIV.  3o. 

—  (  Georges  de  ) ,  LIV.  52. 
Maugeon  (  Jean  )  ,  chancelier  de  Ste.- 

Geneviève  ,  LX.  36.  5o. 

Maurice  ,  évêque  de  Paris ,  LLX.  r. 

Mayeur  ;  son  étymologie  ,  LXI.  3. 

Maximilien  le  Grand,  empereur  ,  LUI. 
7  ;  inscription  ,  LXI.  36. 

Maximilien  II ,  empereur  ,  LXI.  49. 

Médaillier  de  la  bibliothèque  de  Lille  , 
LXI.  2. 

Melissende  ,  deuxième  femme  de  Foul- 
ques V  ,  LXI.  i3. 

Mehm  (  Guillaume  de  )  ,  LVI.  3. 

—  (  Louis  de  ) ,  prince  d'Epinay  ;  ses 
épiiaphes ,  3.  4. 

—  (  Louis  de  )  ,  duc  de  Joyeuse,  5. 
Ménapiens  (  les  ) ,  peuple  ,  LUI.  i. 
Mendoza  (  Franci^co  de  )  ,  marquis 

LXI  45. 

Mère  folle  (  fête  de  la  ) ,  LIV.  54. 

Merle  (  Jeaa  le  ) ,  chancelier  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  36. 

Méroiiée  ,  fils  de  Chilpéric  I,  LX.  ro. 

Meschin,  explication  de  ce  terme,  LX, 
33. 

Michel  ;  ses  épitaphes  ,  LIV.  71.  72. 

Michel-Ange  ,  peintre  ,  LX.  72. 

Michos  (  Jacques  des  )  ;  son  épitaphe  j 
LIV.  38. 

Michou  (  Robert  )  ,  abbé  de  Sainte-» 
Geneviève ,  LX.  37. 


V^r 


XV) 


TABLE 


Mignarcî  ,  chanoine  de  Sainte-Gene- 
viève ,  LX.  14. 

Milon  (le  cliHnoine '' ,  vicomte  de  la 
■maison  de  Poix ,  I.I.  5. 

Molembais  (  Marguerite  de),  LTV.  42. 

IMolinos,  chanoine  de  Lille,  LXI.  2. 

Mongez ,  LX.  118. 

Monier  (  Anselme  )  ;  son  épitaphe  , 
LIV.  22. 

Monitoirej  ses  effets  étonnants  ,  LX.  46. 

Monogfame  X;  son  nsage,  LX.  106. 

Monogramme  de  Christ ,  LIL  3i. 

Montagu  (  Gérard  de  )  LU.  20  j  son 
épitaphe. 

Monfenay  (  Jean  de  ),  abbé  de  Sainte- 
Geneviève  5  son  épitaphe,  LX.  53. 

Monlfaucon  (  Bernard  )  ,  LIV.  58. 

Montgiiillon  (Hugo  de");  dispute  pour 
une  servante,  LX.  18. 

Montrotyne  (Vincent  de  ),  LIL  64. 

Morel  (  Jean  )  ;  son  épitaphe,  LIV.  12. 

Moriu  (  François  ) ,  abbé'  de  Sainte- 
Geneviève  ;  son  épitaphe  ,  LX.  52. 

Morins  (  les  )  ,  peuple  ,  LUI.  i. 

Mortaigne  ,  dit  Despierre  (  Henri  )  ; 
son  épitaphe  ,  LIV.  42. 

Moulé  (Jean  )  ;  sou  épitaphe,  LIX.  14. 

Mouquet  (  Toussaint  )  ;  son  épitaphe  , 
LIV.  53. 

Muret ,  LIL  iS. 

Muséum  des  Antiques  de  Paris,  LXI.  2. 


N 


Nangis  (  Guillaume  de  ) ,  LU.  62. 

Nanterre  (  seigneurie  de  )  ;  fondation 
bizarre  ,  LX.  43  ;  redevance  remar- 
quable. 44. 

Kan terre  (  chanoines  réguliers  de), 
époque  de  leur  fondation  ;  inscrip- 
tion ,  LX.  43. 

î^assau  (  Philippe -Guillaume  de), 
LXI.  45. 


Navre  (  Jean  de  ) ,  orfèvre  ,  LI.  5. 

Neau ville  (  Hervé  de  ) ,  son  épitaphe, 
LU.  27.  29. 

—  (  Guillaume  de  )  LU.  27.  29. 

Nerviens  (  les  ) ,  peuple  ,  I.III.  i. 

JNicolas  l'Ancien,  archtvécjue  de  Mjre, 
LI.  r. 

Noailk's  (  Anne- Jules  de  ) ,  duc  et  pair, 
LX.  «3. 

jVocarl  (  Jean  de  ) ,  LVI.  6. 

INonant  (  Félix  )  ,  chartreux  ,  LU.  68. 

Normands ,  LX.  7.  i3.  yS.  74. 

Notre-Dame-le-la-Trcilh-  ;  chapelle, 
IJV.  54;  origine  de  ce  nom  ;  mira- 
cles ;  confréries  ;  procession  ,  55. 

Notre-Danie-de-Cuisine  ;  chapelle;  sa 
description  ,  I-X.  10 1. 

Nourisson  ,  sculpteur,  IJX.  9. 

Nojon  (  François  de  )  ,  abbé  de  Ste.— 
Geneviève ,  LX.  37. 

Nuinan  (Gérard)  ;  son  épitaphe,  LIV. 


21. 


o 


Oclavian  ,  évéque  d'Ostle  ,  LX.  25. 

Odon  I,  ou  Eudes,  premier  abbé  de 
Sainte-Geneviève  ,  LX.  16  5  son  épi- 
taphe ,  17.  ii3. 

Odon  II ,  abbé  de  Sainte-Geneviève  , 
LX.  29  ;  son  épitaphe  ,  3o. 

Ogier  (  Pierre-François  )  j  son  épita- 
phe ,  LU.  22. 

Ordener  ;  signification  de  ce  mot  , 
LIV.  6. 

OrgemonI  (  Pierre  d'  ) ,  LIX.  i. 

Orléans  (Louise-Marie-Elisabeth  d'), 
reine  d'Espagne ,  LX.  72. 

Olte,  chanoine;  SI  n  é,.itaphe,  LlV.36. 

Oublier;  subsl.  ;  éiymologie;  remar- 
ques ,  LX.  26. 

Oudet  (  Robert  ' ,  clianceiier  de  Ste.— 
Geneviève ,  LX.  40. 


DES     MATIERES. 


xvij 


Palencq  (  Nicolas  )  j  son  épitaplie  , 
LIV.  14. 

Panii  ur  5  signification  de  ce  mot ,  LIV. 
II. 

Paon  ,  consncré  par  les  amans  et  les 
chevaliers,  LUI.  9. 

Paris  (  Claude  ) ,  abbé  de  Sainte-Ge- 
neviève ,  LX.  5à. 

Passé,  vieux  mot  j  étymoiogie,  remar- 
que ,  LX.  46. 

Palail ,  monnoie  ,  LIV.  3i. 

Patel,  peintre,  LU.  55. 

Patot  (  François  )  a  bé  de  Sainle-Ge- 

neviève,  L\.  55. 
Pairiarche  5    remarque    sur    ce    mot , 

LIV.  i3. 
Paul,  pape  ,  LIV,  14.  78.  74, 
Peiresc  (  Nicolas-Claude-Fa  bri  de  ) , 

LX.  iio. 
Pellot  (  J.  B.  ) ,  rharlreux ,  LU.  68. 
Perin,  peintre,  LIT.  57. 
Perrier  (  Pierre  du  ) ,  LU.  66. 
Pelipas  (  Marguerite  )  ;  son  épitaplie  , 

LIV.  27. 
Petit  (  Jean  )  ,  LIV.  63. 
Pétrarque ,  LU.  i5. 
Pétrarque  (  François  )  ,  LU.  i5. 
Plialempin  j    remarque    sur  ce  mot , 

LXI.  5. 
Phile  (  Manuel  ) ,  poëte  grec ,  LX.  m. 
Philippa  ,  fille  du  comte  Henri,  LX. 

21. 
Philippe  ,  archidiacre  de   l'église    de 

Paris  ,  LX.  20. 
Philippe  I  ,   roi   de   France  ,  LI.   4. 

LIV.  2. 
Philippe-Auguste,  roi  de  France,  LI. 

3.  4.  LUI.  4.  LIV.  So.  LV.  4.  LX. 

20.  119. 


Philippe-k-Bel,  roi  de  France,  LUI. 
5.  6.  LVL  2.  LX.  Scj. 

Philippe  V,  roi  de  France,  LU.  9. 

Philippe  I,  roi  deCastihej  inscription, 
LXI.  36. 

Philippe  II  j  roi  d'Espagne  ;  inscrip- 
tion ,  LIV.  53.  LVL  2.  LXL  ins- 
criptions. 5.  8.  i5j  sa  devise;  inscrip- 
tion ,  39.  48. 

Philippe  III,  roi  d'Espagne ,  LXI.  25  ; 
inscription ,  26. 

Philippe  I\^ ,  roi  d'Espagne,  LIII.  7. 

Philippe,  duc  d'Orléans  ,  n'gent  de 
France  ;  inscripiion  ,  LX.  53  ;  mé- 
dailles frcippées  ,  54. 

Philippe  d'Alsace,  comte  de  Flandre, 
LIV.  79;  tableau,  LXI.  14;  ins- 
cription ,  i5. 

Philippc-lc-Bon ,   coir.te  de    Flandre, 
LUI.  9.  10.  LIV.  46.  56.  63  ;   ins- 
cription ,  LXI.  41. 
Phili|)pe-le-Hardi ,  comte  de  Flandre, 
LUI.  6.  LIV.  57.60.  LXL  34. 

Philippe  de  Rouvre ,  duc  de  Bourgo- 
gne ,  LIV.  60. 
Philippe,  duc  de  Lorraine,  LIV.  69. 
Philippe  II,  comte  de  Ne  vers,  LIV. 

69. 
Philippe,  comte  de  Genève,  LIV.  67. 
Philippe  ,  fils  de  Maximilien  le  grand, 

LUI.  7. 
Pierre  de  France,  LU.  3;  inscription, 

61,  62. 
Pierre  de  Navarre  ;  son  tombeau ,  LU. 

3.  18.  19.  62  ;  inscription  ,  63. 
Pierre  de  Lille  ,  LVL  7. 
Pierre  ,  chantre  de  l'église  d'Amiens  , 

LX.  100, 
Pierre  (  la  )  ,  mirbrier,  LIX.  iS. 
Pierre  (  Etienne  de  la  ) ,  abbé  de  Ste.- 

Geneviève ,  LX.  36. 
Pilon  (  Germain  )  ,   scidpteur ,   LX* 

90.  102, 

C    2 


xvnj 


TABLE 


Piiigv(5  (  Alexaiulre-Giij  ) ,  nsironome  . 


T.X, 


ira;  Tiotice,  117. 


Preud'hommes  ,  LXI,  48. 
Prudliomnie  (  Jean  de  )  ;   son    épita- 


Plan  en  relief  de  la  ville  de  Rome  5  sa         plie,  LVI.  3. 

description,  LX.  iio. 
Pleige  ;  sens  de  re  mot  ;  LXI.  80. 

Pliemps    (  Jean    le   )  ;  son  épitaplie  , 
LlV.  8.  19. 


Pointes  de  cire;  définition  ,  LX.  80. 

Poivre,  exigé  comme  impôt  ;  anec- 
dote, LIV.  2. 

Polinier  (  Jean  ) ,  abbé  de  Sainte- 
Geneviève  5  LX.  53  ;  son  épitaphe  , 
54. 

PoUet  (Jean  )  ;  son  épilaplie  ,  LIV.  3i. 

Pomarcy  (  Hugues  de  )  ,  évêqne  de 
Langres  ;  son  épilaplie  ,  LX.  96. 

Pons  (  Gilles  des  )  5  son  épitaphe  , 
LIV.  23. 

Poiitrain  (  Louis  )  ;  son  épitaplie,  LIV. 
20. 

Porcheron  (  André  )  ,  LU.  9. 

Port  Saint  -  Landry  ;  proverbe  ;  ins- 
cription ,  LIX.  i6. 

Porte  des  Malades  de  Lille  ;  sa  des- 
cription ,  LUI.  8. 

Porteurs  (  confrérie  des  )  ;  réglemens 
remarquables ,  LX.  79. 

Poulie  (Jean)  ;  son  épitaphe,  LIV.  i5. 

Poupée;  explication  de  ce  mot  j  LXI. 
19. 

Pourcelet  (  Jean  )  ;  ses  épitaphes  , 
LIV.  8.  19. 

Pourcelot  (  Garnier  )j  son  épitaphe, 
LIV.  32. 

Pré-Gilbert  (  Renault  du  )  ,  préchantre 
d'Auxerre ,  etc.  ;  sa  tombe  ,  LX.  io3. 

Prétextât ,  ar^lievêque  de  Rouen,  LX. 
10. 

Pretz  (  Henri  des  )  ;  son  épitaphe  , 
LIV.  29. 

—  (  Charles  des  )  ,  zbld, 

Preudhomme  de  Chysoing  (  Jean  de  ) , 
son  épitaphe  j  LIV.  21. 


Prières  (commerce  de),  LX.  19.20.  42. 
Procession  particulière,  LX.  425  ban- 
quet ,  dispute  ,  48. 
Pnget  (  Pierre  ),  sculpteur  ,  LIX.  11. 
Puits  miraculeux,  LX.  3. 
Psaltéi  ion  ;  e.xplioation  de  ce  mot ,  LIV. 

7- 


Quillier ,  scupteur,  LIV.  52. 
R 

Recollets   de    Lille;    leur    fondation; 

acte  entre  eux  et  le  chapitre,  LVII.  i  ; 

événement  frappant ,  2  ;  leur  église,  3  j 
privilège  singulier ,  4. 

Recourd  (  Marie  de  ) ,  LIV.  25.  82. 

Recteur  de  l'Université  de  Paris  ;  épo- 
que de  son  institution  5  sou  ancien 
nom ,  liX.  36, 

Rem  use  (Pierre)  ;  son  épi  laphe ,  I J 1. 24. 

Reslout,  peintre,  LX.  108. 

Revoire ,  abbé  de  Sainte-Geneviève  , 
LX.  55. 

Rewart  ;  élymologie  de  ce  mot ,  LXI.  3. 

Rewart  ,  magistrat  ;  ses  fonctions  , 
LXI.  3. 

Rewart  de  l'amitié  ; 
46. 

Ribermont  (  Eustache  de  );  son  épi- 


remarque  ,  LXI. 


taphe  ,  LIV.  5o. 
Riberolles    (  Gabriel  de  ) ,    abbé   de 

Sainte-Geneviève ,  LX.  53.  55. 
Richard  ,  clerc  ,  LX.  6. 
Richardot  (  Jean  )  ,  chevalier ,  LXL 

Richelieu  (  Armand  du  Plessls  )  ,  car- 
dinal ;  son  mausolée,  LIX.  11. 
Rici  (  Philippe  de  )  j  LX.  27. 


y 


DES    MATIERES. 


XIX 


Ricque  (  Arnould  de  )  5  son  épifaphe  , 
LIV.  76. 

Ri\annone  ,  mère  de  Saint  Hervé  , 
I,II.  27.  28. 

Robert ,  roi  de  France  ,  LX.  78  ;  ins- 
cription ;  statue,  97.  LXI.  28. 

Robert,  fils  de  Hiigues-Capet,  LX.  14. 

Robert  (  le  comte  ) ,  frère  du  roi  Louis 
VII ,  LX.  20. 

Robert  ,    (ils    de  Gui   de  Dampierre , 

LUI.  5. 

Robert  ,  LU.  2. 

Robert ,  abbé  d'Aucliin  ,  LU.  20. 

Robert ,  chanoine  de  Saint  -  Victor  , 
LX.  112. 

Robert  de  Hesecque  ,  frère  char- 
treux ,  LU.  4. 

Robert  de  Lafferté  ,  abbé  de  Sainte- 
Geneviève,  LX.  28.  73. 

Robinet  (  Urbain  )  ,  LU.  68. 

Rocliefoucauld  (  François  de  la  )  ,  car- 
dinal, abbé  de  Sainte  -  Geneviève, 
LX.  42.  5i.  58;  son  tombeau  ;  son 
épitaphe,  67.  84.  86,  90.  ii5. 

Rodenbeeck  (les),  famille  belge,  LXI. 
52;  origine  de  ce  nom  ,  55. 

Roger  ,  vi;omte  de  Béziers,  LIV.  2. 

Rohault  (  Jacques  )  ;  son  tombeau  j 
son  épitaplie  ,  LX.  65. 

Roissy  (  Jean  de  ),  abbé  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  32  ;  son  épitaphe , 
33. 

Romain  (  Jules  )  ,  peintre  ,  LU.  S7. 

Romainville  (  Arnulf  de  )  ,  abbé  de 
Sainte- Geneviève  ;  son  épitaphe, 
LX.  3o. 

Roricon ,  moine ,  LX.  8. 

Rose  C  fête  de  la  ) ,  LX.  33. 

Rosier  (  l'abbé  )  ,  minéralogiste  ,  LX. 
118. 

Rosimbos  (  François  de  )  ;  son  épita- 
phe ,  LIV.  34. 

—  C  Pierre  de  )  j  LIV.  46. 


Rosny  (  habitans  de  )  ;  conleslation 
entre  eux  et  l'abLé  de  Sainle-Gene- 
viève  ;  duel  proposé  à  ce  sujet;  ju- 
gement, LX.  20. 

Rosserc-l  ;  éljmologie  et  sens  de  ce  mot, 
LXI.  44. 

Rossignol ,  peintre ,  LVI.  8. 

Rousselet  ,  dernier  abbé  de  Sainte-Ge- 
neviève ,  LX.  55. 

R.0J  (  Henri  le  )  ;  son  épilaphe  ,  LIV. 

Roj  (Jacques  le)  archevêque  de  Bour- 
ges ,  LIX.  14. 

Roi  (  jVlichel  le  )  ;  son  épitaphe  ,  LIV. 
10. 

Roy  (  Paul  et  Melchior  le  )  ;  leur  épi- 
taphe ,  LIV.  II. 

Roye  (Nicolas  de) ,  évêque  de  Noj'on  , 
LX.  78. 

Ruade  (  Bruno),  charlreux  ,  LU.  67. 

Rue  d'Enfer  ;  d'où  elle  tire  sou  nom , 
LU.  2. 

Rufl'ault  (Marie)  ;  son  épilaphe  ,  LIV. 
29. 

Ryme;  élymologie  de  ce  mot ,  LXI.  23. 


Sacristie  des  Chartreux  ;  tableau  ,  LU. 
33  ;  vase ,  34. 

Sadeler  (  Gilles  ) ,  graveur,  LU.  35. 

Saieleur;  ëtymologiede  cemot ,  LIV.  9. 

Saint-Bernard  ,  LXI.  i3  ;  inscription  , 
14. 

Saint-Bruno  ,  fondateur  des  Cliartreux, 
LU.  40  à  So  ;  épilaphe  ,  5i  ;  ins- 
cription, 52. 

Saini-Céran  ,  évêque  de  Paris ,  LX. 
70  ;  son  épitaphe,  92. 

Saint-Eloi ,  orfèvre  ,  LX.  72.  73.  93. 

Saint-Germain ,  évêque ,  LX.  2. 106. 

Saint-Germain-l'Auxerrois  (  chapitre 
de  )  ]  soo  droit ,  LIX.  i. 


Xi'S 


XX 


Saini-GiTinnin  (  Jean  de  )  ,  LX.  35. 

—  [  GeolFioy  de  ) ,  chancelier  de  Ste.- 

Gcneviève ,  ibid. 
Saint -Hervé;  vie  et   miracles,  LII. 

27.  20. 
Saint-Landry,  c'vêque  de  Paris  j  châsse^ 

miracles  ,  LIX.  i. 
Saini-Landrj  (  église  de  )  ;  sa  fonda- 
tion,  LIX.   I  ;  sa   description,  2; 

fonts-baptismau.\;  leur  description, 

i5. 
S.iiiU  -  Léger  ,    savant    bibliographe  , 

LX.  119. 

Saint- Leu  (  Jean  de  ),  abbé  de  Sainte- 
Geneviève  ,  LX.  33. 
Salnl'Loup,  évêque  ,  LX.  2. 

Saint  -  Marc  ,   cardinal  ;    inscription  , 

LIV.  53.  73.  74. 
Saint-M;irtin-aux-Jumeaux  (  religieux 
de  ) ,  LL  4. 

Saint-Nicolas  ;  notice,  LT.  r.  2.  3. 

Sainl-Nicolas  d'Amiens  (  église  de  )  , 
collégiale  ,  LI.  i  ;  portail  3  sa  des- 
cription. 3.  4. 

Sainl-Paul  (  le  comté  de  )  ,  LVL  5. 

Saint-Pierre  de  Lille  (  église  de  )  j  sa 
fondation  ;  sa  dédicace,  LIV.  i  ;  ses 
privilèges  ,  2.  4.  S;  chantre,  ses  fonc- 
tions ;  chanoines  ,  leur  obligation 
particulière,  2;  prévôt,  son  droit 
singulier,  3  ;  sa  description,  5;  cha- 
pelle paroissiale  ,  5i  ;  reliquaires  , 
leur  détail ,  74, 

Saint-Pierre  et  Saint-Paul  (éghse  de), 
LX.  7.  8.  16;  conciles  y  tenus,  10. 

Saint-Prudence  ,  évêcfue  de  Paris  3  son 
épitapbe,  LX.  92. 

Saint-Remy  ,  archevêque  de  Rheims  , 
LX.  9. 

Saint-Thomas  (  bras  de  ) ,  relique;  sa 
translation  pompeuse  ,  LX.  36. 

Sainte  -  Aide  (  châsse  de),  LX.  78. 
ô3. 


TABLE 

Sainte-Clothilde  (chapelle  de)  ;  sa  des- 


tination ,  LX.  70. 

Sainte-Geneviève  ,  patrone  de  Paris  ; 
événemens  dS  sa  vie  les  plus  remar- 
quables; miracles,  LX.  1  à  6;  vitrail 
curieux  ,  70  ;  son  tombeau  ,  92. 

Sainte-Geneviève  (  confrérie  de  ),  LX. 

79- 
Sainte-Geneviève   (  Mont ,    dit  de  )  ; 
son  ancienne  destination;  découverte 
c]u'on  y  fit ,  LX.  8. 

Sainte-Cieneviève  de  Paris  (église  de); 
son  ancien  nom  ;  sa  fondation ,  LX. 
7  ;  sa  description  ,  55  et  suh.  ;  ta- 
bleaux ex  voto  ,  5g  à  62.  68;  niaitre- 
Aulel  ;  tabernacle  ;  leur  description  ; 
candélabre  ,  85  ;  crypte  ;  sa  descrip- 
tion ,  91. 

Sainte  -  Geneviève  de  Paris  (  abbaye 
de),  LX.  I  ;  frères  convers ,  10; 
chapitre  ,  nombre  de  ses  dignitaires; 
réformes,  i5.  42;  ses  droits  et  privilè- 
ges ,  14.  19.  21.  23.  25.  3i.  34. 36. 40  ; 
école  célèbre,  35  ;  chancelier,  s; s 
droits  ,  ses  fonctions ,  49.  5o  ;  sceau 
et  sa  description,  106. 

Sainte  -  Geneviève  de  Paris  (  maison 
abbatiale  de  )  ;  sa  description ,  96. 
loi.  io3  ;  chapelle  de  l'oratoire  ,  sa 
description  ,  io3  ;  salle  des  papes  , 
104;  salle  du  chapitre,  sa  descrip- 
tion ,  LX.  107  ;  jardin  ,  119. 

Sainte  -  Gudule  ;  uiiracles  étonnans  , 
LXL  53. 

Sainte-Marie  (  Guillaume  de  ) ,  évêque 
d'Avranches ,  LX.  78. 

Sainte-Marthe  (  (Juerin  de  )  ,  abbé  de 
Sainte-Geneviève,  LX.  18. 

Saladin ,  bibliothécaire  de  Lille  LXL  2. 

Sallepeque,  chanoine  de  Lille,  LXL  2. 

Salut  d'or,  sorte  de  monnoie  ,  LX. 
38. 

Salvart ,  prince  de  Dijon,  LIII.  i. 


DES    MATIÈRE 

Salviati  (  Antonio-Maria  ) ,  cardinal, 

LIV.  12. 
S  aiche   V]II ,  roi  de  Navarre,  LU. 

18. 
Saug  et  Saiidile  de  Sain(-Jean-Bap- 

liste,  conservés,  LU.  33. 
Sanguin  (Pliilippe),  LIX.  i3. 
Saulecque  (  Louis  de  ),  poêle,  LX. 


S. 


ixj 


Santeuil  (  Jean  -  Bipiisle  )  ;  anecdote  , 

LX.  60, 
Sarot  (  Jean  )  ;  ses  épitaphes ,  LIV.  70. 
Sasvalon  ,  premier  châtelain  de  Lille  , 

Lin.  3. 

Scabîm  ;  élymologie  et  significallon  de 
ce  mot ,  LXI.  58. 

Scabini  ,  magistrats  ;  leurs  fonctions  et 
privilèges  ,  LXI.  58. 

Sconin  (  Antoine  } ,  abbé-supérieur-gé- 
néral de  Sainte-Geneviève,  LX.  46. 

Scoron  (  Jean  ) ,  ses  épitaphes  ,  LIV. 
8.20. 

Seignelay  (  GuiUaume  de  ) ,  évêque  de 
Paris ,  LX.  21. 

Seguier  (  P.  ) ,  chanoine  de  Notre- 
Dame  de  Paris  ,  LIX.  16. 

Séguin  j.abbé  de  la  chaise-Dieu  ,  LU. 
46. 

Sens  (  Gilles  de  ) ,  avocat ,  LU.  64. 

=  (  Guillaume  de  )  ,  ibid. 

Sept  ;  dissertation  et  remarques  sur  ce 
nombre,  LXI.  69  à  62. 

Serment  des  comtes  de  Flandre,  LXI. 
44. 

Serfs  de  Sainte-Geneviève  ,  leurs  obli- 
g liions,  LX.  28;  libres,  à  quelles 
conditions  5  fait  étrange,  29. 

Sevin,  doyen  de  S.:inte- Geneviève , 
LX.  Î4. 

Sibille,  épouse  de  Thierri  d'Alsace, 
LXI.  12;  inscription,  14. 

Signes  du  zodiaque;  leur  emploi  par- 
ticulier,  LXI.  40, 


Six  (  Jean  ),  évêquè  5  ses  épitaphes, 

LIV.  18.  19. 
Sixte  IV  ,  pype  ,  LX.  89. 
SIeeuws  (  les  )  ,  famille    belge  ,  LXI. 

52  ;  origine  de  ce  nom  ,  55. 
Sœurs  con\  erses  ;  anecdote ,  LX.  ro. 
Songe  de  Jacob  ;  tableau,  LU.  36. 
Soufflot  (  Jean-Biiptiste) ,  architecte, 

LX.  112. 
SouflTreleux  ;  explication    de   ce  mot  5 

LXI.  3o. 
Souiller  ,    vieux    mot  ;    explication  , 

LXL  II. 
Sous-diacres  (  fête  des  ) ,  LIV.  54. 
Stanhope  (  le  lord  )  ;  anecdote ,  I.IX.  ir. 
Sluart  (  Louis  )  ,  d'Aubigny  ;   son  épi- 

taphe ,  LU.  21. 
Suger  (  l'abbé  ) ,  LX.  9.  i5.  106. 
SuUi  (  Eudes  de  ) ,  évêque  de  Paris  , 

LX.  23. 
Sully  (  Maurice  de  ),  LIX.  i. 
Surgeon,  vieu.x.  mot  j  sa  signiScation  ^ 

LXI.  26. 
Suspense  (  Catherine- Amplimuis  )  j  son 

épitapbe  ,  LIV.  20. 
Sutaine  (  Pierre  )  ,  abbé  de  Sainte-Ge- 
neviève ,  LX.  55. 
Sweerts  (  les  ),  fjmille  belge,  LXI.  Sa  3 

origine  de  ce  nom  ,  56.  57. 
Sweerts  (Jacob  )  ;  son  épitaphe,  LXI. 

57. 


Tableaux  du   cloître  des    Chartreux  j 

leur  description  ,  LU.  Sg  a  49.  53. 
Tadelmare  ,   prince  de    Danemarck, 

LX.  100. 
Talberg  (  le  baron  de  ),  LXI.  49. 
Talvatz   (  Nicolas  )  5    son    épitaphe , 

LIX.  12. 
Taniier  ou  Tamelier  ;  élymologie  du 

mot  j  LX.  26. 


i5<) 


sxij  T  A 

Tellier  (  Gharles-MauricG  le  )  ,  arche- 
vêque de  Rheims  ,  LX.  109. 

Terremonde  (  Pierre  de  )  ;  son  épita- 
phe  ,  LIV.  16. 

Testelesle  (  Philibert  )  ,  chancelier  de 
Sainte-Geneviève  et  de  l'Université, 
LX.  49. 

Tliibaud  5  gendre  de  Saint  -  Louis  , 
LIL  2. 

Thibault,  abbé  de  Sainte-Geneviève, 
LX.  29. 

Thibault  II ,  roi  de  Navarre ,  LU.  60. 

Thibauh  ,  comle  de  Blois,  LX.  112. 

Thibault,  officier  du  roi  Louis  VII, 
LX.  20. 

Thibaut ,  évêque  ,  LI.  5. 

Thibaut,  chantre  de  Sainte  -  Gene- 
viève ,  LX.  i3.  58. 

Thibaut  II ,  comte  de  Bar  ,  LV.  5. 

Thierri  d'Alsace  ,  comte  de  Flandre  , 
LXI.  12;  inscriplion,  14. 

Tiiieulai  e  (  Nicolas  )  ;  son  épitaphe  , 
LIV.  23. 

Thomas ,  prieur  de  l'abbaje  Saint- 
Victpr,  LX.  16. 

Thomas  de  Savoye ,  LV.  5. 

Titien  (  le  )  ,  peintre  ,  LU.  6j. 

Toci  ou  Touci  (  Jean  de  )  ,  abbé  de 
Sainte-Geneviève  ,  LX.  21. 

—  (Guillaume  de  ),évêqued'Auxerre, 
ibid. 

Toison  d'or  (  ordre  de  la  )  ;  son  inS'-i 
titution  ,  LIV.  64.  LXI.  42. 

Tombeau  antique  ;  sa  description  , 
LX.  94. 

Tonsuré  ;  son  droit  ;  fait  étonnant , 
LIV.  5. 

Tour  (  Bernard-de-la-  )  ,  général  des 
Charlreux  ,  LU.  i. 

Tournemeine  (Jacques);  son  épita- 
phe ,  LIV.  4g. 

Tourneux  (Nicolas  le),  prêtre  célèbre; 
LIX.  14. 


BLE 

Tournières  (  Robert  )  ,  peintre,  LX.  61,' 
Tonruon   (  François    de  )  ,    évêque  , 

LIX.  14. 
Trésor  de  rabba3re  Sainte-Geneviève  ; 

sa  descriplion  ,  LX.  io5. 
Tritave  ;  signification  de  ce  mot,  LXI. 

33. 
Ti-ois-Dames  (  Catherine  )  ;   son  épi- 
taphe. LIX.  12. 
Trompes  (  Jean  de  )  ;   son  épitaphe  , 

LVI.  3. 
Troj'  (  Jean-François  de  ),  peintre, 

LX.  61. 
Tro_y  (  François  de  )  ,  peintte,  LX.  60. 
T'Scrhuyghs  (les),  famille  belge,  LXI. 

52  ;  origine  de  ce  nom,  56. 
TSerroelofs  (  les  )  ,  famille  belge  ,  LXI. 

52  ;  origine  de  ce  nom ,  55. 
'TSiecnweghe  (  les  )  ,  famille  belge , 

I/XI.  52  ;  origine  de  ce  nom  ,  56, 
Tungriens  ,  peuple  ,  L.XI.  84, 


u 


Ulric,    doyen  de   Sainte-Geneviève, 

LX.  14. 
Urbain  V ,  pape ,  LIV.  60. 
Urbain  VI ,  pape ,  LX.  36. 
Urbain  VIII,  pape,  LX.  48. 
Uvoigonus,  seigneur;  anecdote,  LU. 

28, 


Valois  (  Charlotte  de  Montmorency , 
comtesse  de  ) ,  LX.  6. 

Valvert  ou  Vauvert  (  l'hôtel  )  ;  diables 
chassés  ,  LU.  2. 

Vanciève  ,  sculpteur,  LX.  102. 

Vande  Nesse  (  Philibert  de  )  ,  son  épi- 
taphe ,  LIV.  24. 

Vandenberghe  (  Josse  )  ;  son  épitaphe  , 
LIV.  27. 

Van 


D  E  S     MATIERE  S. 


Van  Ost,  fils,  peintre,  LIV.  Sr. 
Vureiines  (  Jean  de  ) ,  sénéchal  j  sou 

épitaphe ,  LX.  98. 
Vainier,  arcliiditicre,  LI.  3. 
Vauloan   (  Sébasiicn  le   Preslre  de  )  , 

LUI.  7. 
Vegèce  ;  particularilé  ,  LX.  m, 
Veiilart  (Cbirles),  LIX.  i3. 
Velasco  (  Louis-Fernandez  de  )  ;  son 

épitaphe  ,  LIV.  ar. 
Vénérable  5    explication    de    ce  mot , 

LIL  66. 
Ventenat,  bibliothécaire  du  Panthéon, 

LX.  no.  iig. 
Verdière   (  Pasquer  )  ;  son   épitaphe  , 

LIV.  33. 
Vers  Léonins  (  origine  des  ),  LU.  14. 
Versoris  (  Pierre  )  ,  avocat  ,  LII.  55  ; 

son  épitaphe  ,  56. 
Vert  antique  ;  sa  description,  LIX.  7. 
—  Campan  ;  sa  description  ,  ibid. 
Vertus  théologales   et  cardinales  ;  ta- 
bleaux ;  inscriptions,  LXI.  17. 
Vervitis  ,  ville  de  France  ,  LXI.  43. 
Vi  C  Jean  de  )  ,  abbé  de  Sainte-Gene- 
viève ;  son  épitaphe  ,  LX.  3i. 
Viallet ,  abbe  de  Sainte- Geneviève  , 

LX.  55. 
Viallon  ,  bibliothécaire  du  Panthéon  , 

LX.  no.  119. 
Vichte  C  Jean  de  la  )  ,  LXI.  48. 
Vien  ,  peintre  ,  LX.  6g. 
Vilain  (  Jaccpies-Philippe  ) ,  comte  , 

LXL  45. 
Ville-neuve-le-Roi ,  LII.  3. 
Vil  main  (  Adrien  ) ,  chanoine  ,  LT.  5. 
Vibnain  (  François  ) ,  chanoine  de  St.- 

Nicolas  ,  LI.  5. 
Vincart  (Jean),  jésuite,  LIV.  54. 


XXI  ij 

Viry  (Jean  de  )  ,  abbé  de  Sainte-Ge- 
neviève ,  LX.  35. 

Visconti  (  Jean-Galeas  ) ,  duc  de  Mi- 
lan ,  LII.  54. 

Vitrail  singulier  ;  sa  description  ;  ins- 
cription ,  LXI.  5i  à  54. 

Vitraux  des  Chartreux  ;  leurs  pein- 
tures ,  LII.  35. 

Voir  ,  vieux  mot  ;  sa  signification  , 
LXI.  10. 

Voir-Jure,  sorte  de  magistrat  ;  note 
historique  ,  LXI.  48. 

Voisin  (  Jacques  )  ;  son  épitaphe  , 
LIV.  9. 

Volans ,  architecte ,  LUI.  8. 

w 

Wallerand  ,  di't  de  le  Cousiure  ;  son 
épitaphe,  LIV.  Si. 

Walter  ,  évêque  ,  LVIII.  2. 

Vuapsingue  ;  son  épitaphe,  LX.  98. 

Vt^alrée  (  Antoine  )  ,  abbé  de  Sainte- 
Geneviève  ;  son  épitaphe,  LX.  5r. 

Wisquère,  dit  Peppin  (  Miquie  de); 
son  épitaphe  ,  LIV.  54.   5. 

Witz  (Madeleine),  LIV.  52. 


Ynchade  ,  évêque  de  Paris ,  LX.  6. 


Zegher  (le  père),  dominicain,  LVI, 

I  :  ses  miracles ,  7. 
Zuniga  (  Baltazar  de  ) ,  LXI.  45. 
Zype  (  Pierre  de  le  )  5  son   épitaphe  , 

LIV.  69.  3. 


D 


)^j 


TABLE  DES  AUTEURS 

Cités  dans  ce  Volume. 


A 


B  B  o.    BeUorum   Parisiacœ  CHARTONNET(François-Anioine). 

urbis   lib.    w  ,  imprimé   à   la  Vie  de  Charles  Faure  ,  abbé  de 

suite  des  nouvelles  Annales  de  Sîe.-Geneviève ,  1698,  //7-4°. 

Paris,  par  Touss.    Duplessis  ,  Choquetius  (  Hyacinthe  ).  De 

1753,  //z-40,  sancti  Bcigii  ex  orditie  prœ- 

Amelot  de  la  Hgussaye  (Abra-  dîcator.  liber.  1618  ,  in-^°. 

liam -Nicolas  ).   Mémoires  his-  Clément  (  dom  ).  Art  de  vérifier 

toriques  ,  politiques  ,  critiques  les  dates  ,  1788  ,  3  vol.  in-folio. 

et  littéraires  ,  1722,  2  vol.  in-  Corbin  (Jacques).  Histoire  des 

12.  Chartreux,  i653,/«-40. 

AniNGUVs  ÇPaulus).  Romasub-  Corrozet  (  Gilles  ).   Antiquités 

terranea ,  ect.  ,    i65i  ,  2  vol.  de  Paris,  i588,  in-^°. 

in-folio.  Cousin    (   Jean  ).     Histoire    de 

Antiquités   et    remarques   de    la  Tournaj  ,    ect.    ect.,     1619  , 

châsse  de    Sainte  -  Geneviève  ,  1620,  2  vol.  /V/-4''. 

1625,  p.  7/7-8°.  Daire  (  le  père  )  ,  célestin.  His- 

AuLU  -  Gelle.    Noctes  atticœ ,  toire  de  la  ville  et  du  diocèse 

1680,  z/7-40.  d'Amiens  ,  1757,  2  vol.  z/7-43, 

Blanchard  (  François  ).  Eloges  Délices  des  Pays-Bas  ,  ect.  ect. , 

des  premiers  pi-ésidens  et  con-  4  vol.  7/7-8°. ,  fig. 

seiilers  au  parlement  de  Paris,  Diclionnaireroman, Wallon, etc., 

1047,  in  folio.  par  un    religieux    bénédictin, 

Bleiiur  (Jacqueline-Eonette  de).  ^777  V  in-^°. 

Vies  des  Saints,  J689,  4  vol.  Dulaure  (  J.  A.).  Nouvelle  des- 

in  folio.  cription  de  Paris  ,  1787  ,  in-12. 

BuTKENS  (Christophe).  Trophées  Dulaure  (  J.  A.).  Cuiiosilés  de 

sacrés  et  profanes  du  duché  de  Paris,    1791,  2  vol.  in-iz. 

Brabant,  1724  et  1726,  4  vol.  Dumolinet  (  Claude  ).   Histoire 

in-foliQ  ,  fig.  manuscrite    de    Sainte  -  Gene- 

Buzelinus  (  Joannes  ).    Gallo-  "viève  ,  in  folio. 

Flandria ,  iQzS ,  in  folio,  Duplessis  (Toussaint).  Nouvelles 


T  A  B  L  E     D  E  s     A  U  T  E  U  R  s                xxv 

Annalles   de   Paris  ,    ect.   ecN  ,  de  la  vie  de  Sainte-Geneviève  , 

1753,  /«-40.  i683  ,  in-\2, 

'FEsrus-FoMVFAi's(Sexlus).  De  Lambert  (  Claude  -  François  ). 

verborum  sigiiijicaùone  librl  Histoire     littéraire     de     Louis 

XX..     Cinn    no  Lis    Dacerii  ,  XIV,   lySi ,  3  vol.  z//-40. 

1700  ,  ///-40,  Launoy  (  Jean  de  ).    Defensa 

Gramaye  (Jean-Baptiste).  Re-  Romani    brei^iarii    correctio 

ruin  Flandricariiin  priiniiiœ  ,  circa  historiam  Sancti  Bru- 

ect. ,   1612  ,  in-\°.  nonis  ,    1746,  in-Q°. 

Gramaye  (Jean-Baptiste  ).  ^/7-  Lebeuf  (  J.-an  ).  Histoire  de  la 

tiçailates Brabrantiœ, ect.ect.,  ville  et  de    tout  le  diocèse  de 

1708,  2  vol.  in-folio.  Paris,    1754,  i5  vol.  in-iz. 

GuiCHARDiN   (  François  ).   Des-  Leliepvre.  Ordre  et  cérémonie 

cription  des  Pays-Bas  ,   1625  ,  de  la  descente  et  procession  de 

in-folio  ,  fig.  la  châsse  de  Saizite-Geneviève, 

Guide     (   le  )    des    étrangers     à  162B  ,  in-3°. 

Lille,   ect.    ect.,   par  un  offî-  LiPSE  (  Juste  ).  Zot^az/zV/OT,  i6o5, 

cier  du  Génie  ,    Lille,   1772,  gr.  in-8° 

in-12.  Macrobius  {^Aurelius-Theodo- 

Hareus  (  Franc.  ).  Annales  du-  sius).  Saturnalia ,  1670,  in-Qo. 

cum  seu  principum  Braban-  ^iAVxTiALis  ÇilJarcns-p^ulerii/s). 

iiœ ,    ect.  ,    162S  ,   2    vol.   ///-  Epigrammata  ,    1701  ,  /«-S». 

folio  ,  fig.  lig. 

HoFiviAXN  (  Jean- Jacob  ).  Lexi-  Milluv  (Aubin-Louis).  Mao-a- 

con  iiniversale  historico  geo-  sin  Encyclopédique, 

graphico  chronologicum ,  ect. ,  MlR^us  (  AuberLus  ).  Opéra  di- 

1677,  2  vol.  in-folio.  plomatica  ei  historica ,  1728, 

Ingulfe.  Histoire  des  monastères  1734,  1748,  4  vol.  in-folio. 

d'Angleterre.    Voir    Fell ,   col-  Molinos.  Histoire  de  la  ville  de 

lection  des  historiens  d'Angle-  Lille  ,    1764,  in-\2. 

terre,   1684,  in-folio.  Moxtfaucon  (  Bernard  de  ).  Les 

Lacombe.  Dictionnaire  du  vieux  Monumens    de   la    Monarchie 

langage  François  ,  ij66 ,  in-8°.  Françoise,  ect.,    1729,   lySS, 

Ladvocat  (Jean-Baptiste).  Die-  5  vol.  in  folio,  R^. 

tionnairehistorique,  ect.,  1760,  Parival  (Nicolas).  Histoire  de 

2  vol.  i/?-8°.  la  ville    de   Louvaiu  ,    1667  , 

Lallemant    (  Pierre  ).    Abrégé  in-8°. 

D  a 


3St 


cxvj 


TABLE     DES 


PuTEANUS  (  Eryc.  ).  BnixeUa 
septenaria,  1646  ,  pet.  iii-fol.  , 

%• 

R.  (  L.  ).  Curiosités  de  Paris  , 
1716,  l'n-JZ. 

Raissius  (^Arnoldus  ).  Belgica 
christiana  ,  ect. ,  1684,  iii-/{.^. 

Roy  (  Jacques  le  ).  Théâtre  pro- 
fane du  duché  de  Brabaut  , 
1780  ,  in-folio  ,  fig. 

Sainte-Palaye  (  Jean- Baptiste 
de  la  Curne  de  ).  Mémoires  sur 
l'ancienne  chevalerie  ,  lyôg  , 
2  vol.  in- 12. 

Sanderus  (  Antonius  ).  B?-a- 
hatice  chorographia  sacra  , 
1726  ,   1727  ,  3  vol.   in-folio  , 

Senatiis  populique  antuerpien- 
sis ,  sive  septem  tribus  pa- 
triciœ  anluerpienses  ,  1672, 
in-\z. 

Théâtre  sacré  du  duché  de  Bra- 
Lant,  ect.,  1786,  3  vol.  in- 
folio,  fig. 

Thiers  (Jean-Baptiste).  Disser- 
tations sur  les  principaux  autels 
des  églises ,  les  jubés  des  égli- 
ses, ect.,  1688,  in-\z. 


AUTEURS. 

Thiroux-  Histoire  de  Lille  et  de 
sa  châtellenie,  in-12. 

Vanloon  (Gérard).  Histoire  mé- 
tallirpie  des  XVH  ]:rovinces  des 
Pays  Bas,  1782,  5  tom.  en  4 
vol.  in  folio. 

Varron  (  Marcus  -  Terentiiis  ). 
De  liiiguâ  latinà ,  loS"],  in-S°. 

Verrius-Flaccus  (  Alar.  ).  De 
vcrhorum  significatione  cum 
?wtis  Dncerii,   1700,  in-i\.°. 

ViALLON.  Vie  de  Clovis  ,  1784, 
in-12. 

Vie  privée  de  Louis  XV,  4  vol. 
in-12. 

Vies  manuscrites  des  hommes 
illustres  des  chanoines  réguliers 
de  la  congrégation  de  France  , 
2  vol.  in  folio. 

ViGNEUL  DE  Marville.  Mélan- 
ges d'histoire  et  de  littérature , 
1725 ,  3  vol.  in-12. 

ViNCART  (  Jean  )  ,  jésuite.  Virgo 
cancellata  in  insigni  ecclesia 
collegiata  D.  Pétri  Jnsulœ, 
ect.  ,  1686,  in  folio. 

Wastelain  (  Charles  ).  Descrip- 
tion de  la  Gaule  Belgique,  1761, 
/«-4°. 


I 


CATALOGUE 

DES     PLANCHES 

CONTENUES  DANS  CE  VOLUME. 


Article  LI.  Collégiale  Saint-Nicolas  à  Amiens. 

I.  Le  Portail. 

Art.  LII.  Chailreux  de  Paris. 

I.  Vue  de  la  Moresque  qui  se  Lrouvoit  entre  les  deux  cours 
d'entrée. 

II.  Bas-reliefs  de  cette  Moresque. 

III.  Vue  de  l'Eglise. 

IV.  Figure  en  mosaïque    d'Enguerrand  de  Marigny  ;  tombeau 

de  Pierre    de    Nat^arre  et    de  Catherine   d' jdlençon  ,  sa 
femme  y  tombes. 
IV*".  Vue  du  Cimetière  des   Chartreux  ;  tombe  des  Duportail ^ 

ejfigies. 
VII.   Vase  d'airain  ;  vue  de  V Horloge  ^  Croix  de  chenart. 
VIII.  Pupitre  et  Bas-Reliefs. 
IX.  Vue  des  Cellules  du   Cloître» 
X.  Bas-Relief. 
XI.  Mosaïque. 
XII.  Vue  du  bâtiment  de  la  Pompe. 

Art.  lui.  Anciens  Palais  des  Comtes  de  Flandre  à  Lille- 

I.  Porte  des  Malades. 

II.  Vue  d'une  partie  du   Château'.  ., 

m.  Vue  d'une  autre  partie,  du  Çhâteaul  '   ''  "i 


??3 


xxvlij  CATALOGUE  DES  PLANCHES. 

Art.  LIV.  Collégiale  de  Saiut-Pierre  à  Lille. 

I.   Vue  générale. 

II.  Instrument  de  Musique  ;  Tombeau;  Bas-Reliefs. 
m.   Tombeau    de    Hugues   de  Launoy  et    Marguerite  de   Mo- 

lembais  ,  son  épouse. 
IV.   Tombeau  de  Louis  de  Maie. 

V.  Figures   de  Louis  de  Maie ,  de  Marguerite   de    Brabant , 
son  épouse ,  et  de  Marguerite  de  Flandre ,  sa  Jille. 
VI.  Figures  de  dijférens  princes  de   la    maison  de  Flandre  et 

de  Bourgogne. 
VII.  Idem. 
VIII.  Corne  d'Ivoire  ;  Reliquaires. 
IX.  Bas-Relief  représentant  Philippe ,  duc  de  Bourgogne  ;  autre 

Bas-Relief  allégorique. 
X.  Tombeau  de  p^allerand  des  .Aubaux  /  Figures. 

Art.  LVI.  Dominicains  de  Lille. 

I.  Mausolée  de  Louis  de  Melun. 

Art.  LVIL  RecoUets  de  Lille. 

I.  Vue  du  Couvent  du  côté  du  jardin  y  Figure  de  Bauduin  de 
Ci'oix. 

Art.  LVIIL  Château  de  Comines. 

r.   Vue  de  la  Maison-Commune  et  du  Beffroi  de  Comines. 
II.   Vue  des  ruines  de  Fancieji  Château. 

Art.  LIX.  Eglise  de  Saint-Landrv  à  Paris. 

I.  Mausolée  de  Catherine  Duchemain ,  femme  de  Girardon. 

Art.  L  X.  Abbave  de  Sainte-Geneviève  à  Paris. 

I.  Portail  de  VEglise. 
II.  Tombeau  de  Descartes  et  de  Rohaut. 
m.  Mausolée  du  cardinal  de  la  Rochefoucauld. 
IV.  Tombeau  de  Foulon  ;  Reliquaires. 


ERRATA. 

p.TicLE  des  Clinrlrcux,  page  in  ^  lig.ies  1461  i5,  Ihex  Planche  IV,  fig. 4, 
au  lieu  de,  Planche  V,  Ui:,.  3. 
Nota.    On  fera  altenlion  qu'il  y  a  pour   cet  arlicle  Planche  IV^*",    el  qu'il 
1        ivy  a  point  de  Planche  VI. 

Art.  des  Dominicains  île  Lille  ,  p^ige  3  ,  Irgjie  24 ,  au  lieu  de  Mausolé ,  &*:( 
Mausolée. 

Art.  de  Saint-Landi  j  à  Paris  ,  page  14 ,  Ijgne  27,  au  lieu  de,  Jean  de  Lorraine  , 
lisex,  Charles  de  Lorraine. 

Art.  de  Sainte-Geneviève,  page  27  ,  /Ignc  6  de  Li  noie  (82)  ,  au  lieu  de  ,  secré- 
taire du  notaire  ,  /iiÊ^s'ecrétnire  ou  notaire. 
-  ?vlênie  Art.  ,  page  3iS,  Ugne  24  ,  effaces^  ces  mois  ,  le  XXV'  abbé. 

Pi-ige  39.  Nota  :  l'épit:!plie  cominenciint  par  nomine  Robertus  ^  etc.  doit  élre  reportée 
à  Isi.page'iS  du  même  arlicle. ,.  à  la  suile  de  la  notice  sur  Robert  de  la  Garenne  , 
XXV«  abbé  selon  les  uns,  et,  s^Ln  d'autres,  XXVIII«  abbé  de  Sainte- 
Geneviève. 

'Miàiwe page  j  ligne  3  ^  effacex_  28'  abbé  de  Saïnte-Géneviève. 

Page  40  ,  ligne  première  ,   au  lieu  de  ,  du  X=  siècle^  lîsex,  du  IX«  siècle. 

M-iimQ  page  ,  ligne  l'à  ,  au  lieu  de  ,  mère  de  Louis  XIII ,  lisez^  femme  cTe  ,  etc. 

Page  ^j ,  première /z^/ze ,  en  1666,  fce^  en  i665, 

Mèmejjc^ej  dernière  ligne,  supprime^  cstatis  T-iXlX. 

Page  5l ,  sixième  ligne  ,  au  lieu  de  taedum  ,  lise\  tandem. 

Page  63  ,  ligne  18  ,  au  lieu  de  ,  Deliberl  ,  User,  Dalibert. 

Page  74  ,  ligne  5,  au  lieu  de  ,  lin  du  IXe  siècle  ,  User,  fin  du  VIII^  siècle. 
'  Page  85  ,  ligne  18,  lisex.  Planche  IV  ,  au  lieu  de^  Planche  V. 

Art.  de  la  Bibliothèque  de  Saiut-Pierre  à  \.W[e,page  5,  ligne  d ,  au  lieu   de 

_      Isabelle  de    France ,    Usez,  Elisabeth  de  France  3    ligne  21 ,    au   lieu  de 
Isabella  Fr  ncica  ,  User,  Elisabetha  Francica. 

Pageij,  ligne  ïH,  au  lieu  de  ,  Planche  I>  fig.  4,  /w^  Planche  III,  fia.  j. 

Page  54,  ligne  16  ,  au  lieu  de  ,  par  l'inscription  ,  lise:(  par  l'inspection. 

Page  55  ,  ligne  l3  ,  à  ces  rriots,  le  Roi  conjecture  ,  substitue^  un  auteur  conjecture. 

Page  61,  note  (147),  au   lieu  de  satumalia  ,   page   170,  lisez,  somnium  Scipioms  ; 
pjgi  s  35  et  140. 

Bannière  des  Sleeuws  :  écussons.  Celte  Planche  est  mol  à  propos  cotée  PI,  7, 
page  63  j  Usez,  Plan  Jie  V  page  54. 


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CATALOGUE    DES    PLANCHES,      xxlx 
▼.  Vitrail  représentant  la  Procession  de  la  Châsse. 
VI.  Vue  du  Jardin  et  du  Panthéon. 

Art.  LXI.  Blbliollièque  de  Saint-Pierre  à  Lille. 

I.  Tableaux  représentant  différens  Princes  de  Flandre. 
II.  Tableau  historique  ;  vue  de  l'ancien  Hôtel-de-Ville  en  1600. 
m.  Tableaux  concernant  différens  Princes  de  Flandre. 

IV.  Vitrail  des  sept  nobles  de  Bruxelles. 

V.  Bannière  de  Sleeuivs  ,•  Ecussons. 

VI.  Vue  de  la  Maison  des  sept  Nobles. 
VU.  Vue  du  dernier  Hôtel-de-Ville  de  Lille. 


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