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Full text of "Annales de la Société géologique du Nord"

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Charles BARROIS 



SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD 

Fondée en 1870 
aitoritél par «ratés in dites des 3 Juillet 1871 et 30 Join 1873 




Charles BARROIS 



AN N ALES 



DE LA 



SOCIETE GÉOLOGIQUE 



DU NORD 



TOME XXXI II 



1904 



LILLE 

IMPRIMERIE LIÉGEOIS-SIX 



50^ 



SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD 



Préndcnt. . 
Vice- Président , 
Secrétaire . 
Trésorier-A rchiviste. 
Bihliothécaire , 
Libraire .... 
Directeur. . . 
Membres du Conseil. 



au i*^r Avril 1904 



MM. Ch. Barrois. 



H. Parent. 

DOLLÉ. 

Defrennes. 

Blanchard. 

Dewattines. 

Gosselet. 

Ardaillon,Ladrière, de Parades. 



MEMBRES TITULAÏBES ET CORRESPONDANTS (\) 

AGMEL, Georges, Ingénieur aux Mines de Vicoigne-Nœux, Sailly-Laboursc, par 
Beuvry (P.-de-C). 

A.XGELLIER, Professeur à la Faculté des Lettres, boulevard Vauban, 82, Lille. 

ANTOINE, Ingénieur, rue Marais, 22, Lille. 

AXTOXY, Médecin Aide-major au 2' Cuirassiers, École militaire, Paris. 

ARDAILLON, Prof de Géographie à la Faculté des Lettres, boulevard des Écoles, 2, Lille. 

ARHAULT, René- Paulin, Ingénieur, rue Rochechouart, 69, Paris. 

AULT-DUMESNIL (d'j, rue d'Eauelte, 1 , Abbeville. 

BARDOU, Chimiste, rue du Rivage. Haubourdin. 

BARROIS, Ch-, Professeur à la Faculté des Sciences, rue Pascal, 41. Lille. 

BARROIS, Jules, Docteur èssciences. Villefranche (Alpes-Maritimes). 

BARROIS, T., Professeur à la Faculté de Médecine, rue Nicolas-Leblanc, 51, Lille. 

BARROIS, Jacques, Etudiant, 83, rue Royale, Lille. 

BAYET, Louis, Ingénieur, Walcourt, près Charleroi (Relgique). 

BLNECKE, Professeur à l'Université de Strasbourg (Alsace). 

BERGAL'D, Ingénieur en chef bon. des Mines de Rruay, rue de la Station, 3, Douai. 

BERGERON, Docteur ès-siences, boulevard Haussmann, 157. Paris. 

BERNARD, professeur à TEcole des Maîtres mineurs de Douai, Faubourg Noire-Dame. 

BERTRAND, C. Eg., Professeur à la Faculté des Sciences, rue Malus, 14, Lille. 

BÉZIERS, Directeur du Musée géologique, place Laennec, 3, Rennes. 



(I) Les Membres correspondants sont ceux qui résident en dehors de la circonscription 
académique (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Ardennes). 



BIBLIOTHÈQUE DE GOTTINGEN, par M. Asher, Unter Linden, 13, Berlin (Allemagne), 

BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE LILLE. 

BIBLIOTHÈQUE HOYALE DE BEBLIN, par Asher. 

BIBLIOTHÈQUE UXIVERSITAIBE DE LILLE. 

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE DE MONTPELLIER. 

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE DE POITIERS. 

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE DE RENNES. 

BIERENT, Agent-Comptable de la Société de la Providence, Haulmont. 

BIGOT, Professeur de géologie, à l'Université de Caen. 

BILLET, Docteur ès-sciences, Médecin-major de T* classe, Hôpital militaire, 

Constanlinc (Algérie). 
BIVER, Directeur des Mines de Carmeaux (Tarn). 
BIZET, Ingénieur aux Mines de Liévin. 

BLANCHARD, Agrégé d'Histoire et de Géographie. 41, rue du Buisson, Lille-St-Maurice. 
BLAVIER, Propriétaire, 6, rue du Chevalier-Français, à Saint-Maurice-Lille (Nord). 
BODART, Maurice, Ingénieur des mines, rue Neul-Moulin Dison (Belgique). 
BOURIEZ, Pharmacien, rue Jacquemars-Giélée, 105, Lille. 
BOUSSEMAER, Ingénieur, à Auxy-le-Château (Pas-de-Calais). 
BOUTSCHOULSKY, directeur de la Revue des Questions Economiques, rue de Paris, 45, 

Lille. 
BOUVART, Inspecteur des Forêts, en retraite, au Quesnoy. 
BRÉGI, Ingénieur, rue de Lille, 9, Saint-André-lez-LIlle. 
BRETON, Ludovic, Ingénieur, rue Royale, 18, Calais. 
BRIOT, Agrégé de Sciences Naturelles, Chef de Travaux pratiques de Zoologie à la 

Faculté des Sciences de Marseille. 
BRIQUET, Abel, Avocat, rue Jean de Bologne, 49, Douai. 
CAMBESSKDÈS, Ingénieur, Avenue de la Grande-Armée, G3, Paris. 
CALDERON, Professeur à lUniversilé de Madrid (Espagne). 
CANTINEAU, Propriétaire, 176, rue Colbert, Lille. 

CARPENTIER (Ahbé). Professeur à l'Institution Notre-Dame, Valenciennes. 
CAVEU.X, L., Professeur à l'Institut National .Vgronomique, Chef des Travaux de Géologie 

à l'Ecole des Mines, place Deuferl-Rochereau, 0, Paris. 
CHARPENTIER, Ingénieur des Mines, boulevard Montebello, 12, Lille. 
CHAUVEAU, Pharmacien, Avesnes. 
CHEVALIER, Maître do Carrières, Bavai. 
COGELS, Paul, à Deurne, province d'Anvers (Belgique). 
COGET. Jean, Teinturier, rue Pellart, Roubaix. 

CORNET, Jules, Professeur à l'École des Mines, boulevard Dolez, 80, Mons. 
CORT (Hugo de), rue d'Holbach. 4, Lille. 
COTTRON, Professeur au Lycée Ampère, Lyon. 
COUVREUR, Directeur du Pensionnat de Gondecourt (Nord). 
CRAMPON, Edouard, Entrepreneur, Bettrechies. près Bavai. 



CRÉPIN, Albert, Étudiant, Escaiidœuvres-Cambrai. 

CUVELlER.Capilaine-Commandanr, Professeur à l'École Militaire, rue Keyenveld, t3 

Ixelles-Bruxelles (Belgique). 
DALMAIS, Ingénieur à la Compagnie (les Mines d'Aniche 
DANEI., Léonard, rue Royale, 85. Lille. 
DEBLOCK, Pharmacien, rue Pierre- Legrand, 85. Lille. 
DECROIX, Étudiant, rue Royale, iK), Lille. 

DEFEBXEZ, Edouard, Ingénieur, à Liévin-lez-Lens (Pas-de-Calais). 
DEFHEXNE, rue Nationale, 295, Lille. 

DELAlîE, Professeur en retraite, rue Jean Levasseur, 15, Lille. 
DELANGHE, rue de Lannoy, 171, Roubaix. 

DELECROIX, Avocat, Docteur en Droit, Directeur de la Revue de la Législation des 
Mines, place du Concert, 30, Lille. 

DELEHl'E, Agent- Voyer d'arrondissement, rue des Stalions, 41, Lille. 

DELESSERT DE MOLLINS, Villa Verte-Rive, Cully (Suisse). 

DEMANGEON, Maître-Surveillant, École normale supérieure, rue d'L'lm, 45, Paris. 

DEREXNES, Ingénieur-Chimiste, boulevard Barbes, 25, Paris. 

DERXONCOURT, Représentant do la Compagnie d'Anzin. rue d'Alsace, 70, Roubaix. 

DESAILLY, Ingénieur des mines, rue Nicolo, 44, Passy-Paris. 

DESCAT, Jules, Manufacturier, rue llenri-Kolb, 31, Lille. 

DESTOMBES, Pierre, boulevard de Paris, Roubaix. 

DEVVATTINES, Relieur, rue Saint-Étienne, m bis, Lille. 

DHARVENT, Membre de la Commission des Monuments historiques, Béliiune (P.-de-C. 

DOLLE, Préparateur à la Faculté des Sciences, rue Brûle-Maison, 139, Lille. 

DOLLFUS, Adrien, rue Pierre-Charron, 35, Paris. 

DOLLFUS, Gustave, rue de Chabrol, 45, Paris. 

DOLLO. Conservateur au Musée d'histoire naturelle de Bruxelles. 

DOMBRE, Ingénieur à la Compagnie des Mines de Liévin (Pas-de-Calais). 

DOREL, Ingénieur à la Compagnie des Mines de Liévin (Pas-de-Calais). 

DORLODOT (Abbé de), Professeur à l'Université, rue au Vent, 10, Louvain. 

DOUXAMI, Maître de conférence à la Faculté des Sciences, rue Brùle-Maison, 159, Lille. 

DUBOIS, Professeur au Lycée de Sainl-Quenlin (Aisne). 

DUBRUXFAL'T. Chimiste-Industriel, rue de l'Ouest, 3, Roubaix. 

DUMAS, Inspecteur au Chemin de fer d'Orléans, rue Sully, 6, Nanles. 

DU.MO.XT, Docteur en médecine, à Mons-en-Barœul, près Lille. 

DCRAFFOLR, Entrepreneur de forages, rue Saint-Martin, 23, Tournai. 

DITERTRE, Docteur en médecine, rue de la Coupe, 12, Boulogne-sur-Mer. 

ÉCOLE NORMALE D'INSTITUTEURS de Douai. 

EEC.MAXX, Alexandre, rue Jean-sans-Peur, 48, Lille. 

FABRE, Conservateur des eaux et forêts, rue Ménard, 28, Nîmes (Gard). 

FEVER, Chef de Division à la Préfecture, rue des Pyramides, 21, Lille. 

FÈVRE, Ingénieur en Chef des Mines, place Possoz, 1, Paris (XVP). 



FLIPO, I^uis, propriétaire, à Deûlémont. 

FOKEU, Docteur en médecine, rue Bartheièmy-Delespaui, 34, Lille. 

FOREST, Philibert, Maître de carrières, à Douzies-Maubeuge. 

FORIR, Répétiteur à l*École des Mines, rue Nysten, 25, Liège. 

FOURMARIER, Paul, Assistant de Géologie à rCniversité, rue Maghin, 69» 
Liège (Belgique). 

FOURMENTIN, Percepteur à Grasse (Alpes Maritimes). 

FRAZER, D' ès-scionces, Room 1042, Drexel Building, Philadelphie. 

GAILLOT, Directeur de la Station Agronomique, boulevard Brunehaut. Laon. 

GALLET, Paul, Administrateur des Tuileries de Saint-Mommelin, rue Baptiste- 

Monnoyer, 15, Lille. 

GAVELLE, Licencié es Sciences, rue des Stations, 80, Lille. 

GENTIL. Chargé de Conférences à la Sorbonne, rue des Feuillantines, 11, Paris. 

GEORG, Libraire, passage de rilôtol-Dieu, 36-12, Lyon. 

GIARD, Professeur à la Sorbonne, rue Stanislas, 14, Paris. 

GLORIEUX, Industriel, rue Charles-Quint, 41, Roubaix. 

GOBLET, Alfred, ingénieur. Croix, près Roubaix. 

GODBILLE, Médecin-Vétérinaire, Wignehies. 

GODON (Abbé), Professeur à l'Institution Notre-Dame, Cambrai. 

GOSSELET, Professeur à la Faculté des Sciences, rue d'Antin, 18, Lille. 

GOSSELET, A., Docteur en médecine, rue Colberl, 79, Lille. 

GRANDEL. Ingénieur aux Tsines Kuhlmann, Loos. 

GRONNIER, Principa du Collège de Saint-Amand (Cher). 

GROSSOL VRE (de), Ingénieur en Chef des xMines, Bourges. 

GL'ÉRIN, Docteur en médecine, rue Saint-Pierre, 12, Verdun (Meuse). 

GL'ERNE (Baron Jules de), rue de Tournon, 6, Paris. 

HALLEZ, Paul, Professeur à la Faculté des Sciences, rue Jean-Bart, 58. Lille. 

HASS, Professeur à l'Université Kiel-Wolkeshasse, 2S. 

HELSON, Ingénieur, Marquise (P.-de-C). 

BERLIN, Georges, Notaire, boulevard de la Liberté, 22, Lille. 

HERMANN, Éditeur, rue de la Sorbonne. Paris. 

HERMARV, In^îénieur civil, Barlin (Pas-de-Calais). 

HERTEMAN, Employé de Commerce, rue des Guinguettes, 42. 

JANET, Charles, Ingénieur des Arts et Manufactures, Villa des Roses, près Beau vais. 

JANET, Léon, Ingénieur en chef au Corps des Mines, Député, houl. St-Michel, 87, Pari 

LABORATOIRE DÉPARTEMENTAL DE BOULOGNE-SUR-MEU. 

LACROIX, In;rénieur des Arts et Manufactures, Valenciennes. 

LADRIÈRE, .Iules, rue de l'Hôpital-Militaire. 8:>, Lille. 

LAFITTK, Henri, Ingénieur en chef aux Mines de Lens (Pas-de-Cala-s). 

LAFITTE. .1., Étudiant, rue Brille-Maison, 159, Lille. 

LAGAISSE, Directeur de l'École Industrielle supérieure, Creil (Oise). 

LALOV, Roger, Château de la Rose, à Houplines. 



LAMOOT, Georges, Licencié-ès-letlres, rue Colson, 15, Lille. 

LANGR AND (l'abbé), Ambleteuse, près Marquise (P.-de-C). 

LATINIS, Ingénieur civil à beneflc, Hainaut (Belgique). 

LAY. Négociant, rue Léon-Gambetta, 54 Lille. 

LEBRUN, Licencié ès-Sciences, place Philippe-Lebon, 13, Lille. 

LECOCQ, Gustave, rue du Nouveau-Siècle, 7, Lille. 

LEFEBVRE, Contrôleur principal des mines, rue Barthéleniy-Delespaul, 111, Lille. 

LEFEBVRE, Directeur de la Revue Noire, rue Meurein, 33, Lille. 

LE MARCHAND, Ingénieur aux Chartreux, Petit-Queviliy (Seine Inférieure). 

LEMOXNIER, Ingénieur, boulevard d'Anderlecht, 60, Bruxelles (Belgique). 

LEPPLA, Géologue du Service de la Carte de Prusse, Invalidenstrasse, 44, Berlin. 

LERICHE, Préparateur à la Faculté des Sciences, rue Brûle-Maison, 159, Lille. 

LEVAUX, Professeur au Collège, rue de Mons, 40, Maubeuge. 

LHOMiME, directeur de la sucrerie de Mayot, La Fère (Aisne). 

LIBRARY UNIVERSITY OF CALIFORNIA. Berkeley, par Welter U. S. A. 

LIÉGEOIS-SIX, Imprimeur, rue Léon Gambetta, 244, Lille. 

LOHEST, Professeur à l'Université, Mont Saint-Martin, 55, Liège (Belgique'. 

U)NCLE, Etudiant en Lettres, 15, rue de Longueville. StQucntin. 

LONQUETY, Ingénieur, Boulogne-sur-Mer. 

LOZÉ, rue des Capucins, 38, Arras. 

MAILLIEUX, Eugène, Propriétaire, à Couvin (Belgique). 

MALA(}UIN, Professeur-Adjoint de Zoologie à la Faculté des Sciences, Lille. 

MARGERIE (de), Géologue, rue de Grenelle, 132, Paris. 

MARIAGE, Négociant, avenue de Mons, 36, Valenciennes. 

MASUREL, Étudiant, 63, rue Nationale, Tourcoing. 

M.ATHIAS, NoUire à Wavrin. 

MAURICE, Ch., Docteur èssciences, Attiches, par Pont-à-Marcq. 

MELON, Licencié ès-sciences. Usine à Gaz, Château -Landon (Seine-et-Marne). 

MEUNIER, Marchand de charbon, Crépy-en-Valois (Oise) 

MEYER, Adolphe, Traducteur, rue Solférino, 299, Lille. 

MEYER, Paul, Représentant de Commerce, rue Roland, 71, Lille. 

MOREAU, Arthur, Maître de carrières, Anor (Nord). 

MORIN, Ingénieur aux Mines de Liévin (P.-de-C). 

MORONVAL, Alphonse, Marbrier, rue de Landrecies, 8, Avesnes. 

MURLAY, Préparateur de Chimie appliquée, rue Barthélemy-Delespaul, 87, Lille. 

MUSÉE DE DOUAI. 

MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE, rue Cuvier, 2, Paris, par le Soulier. 

MVOX, Ingénieur aux Mines de Courrières, à Billy-Montigny (P.-deC). 

^ATURHISTORISCHEN HOFMUSEUM, Vienne (Autriche). 

NEW-YORK PUBLIC LIBRARY chez M. Stechert, 76, rue de Rennes, Paris. 

COURTIER, ingénieur-Directeur du Service des Eaux de Roubaîx-Tourcoing, Tourcoing 

^RIEULX de la PORTE, Ingénieur aux Mines de Nœux (P.-de-C). 



PAQUIER. Chargé de cours à la Faculté des Sciences, Toulouse. 

PARADES (de), rue Brûle Maison, 64, Lille. 

PARENT II., Licencic-ès-Sciences, rue Nationale, 161, Lille. 

PAS (M- la Comtesse de), rue Royale, 97, Lille. 

PASSELECQ, Directeur de Charbonnage, à Ciply (Belgique). 

PÉROCHE, Directeur honoraire des Contributions, rue de la Bassée, 7, Lille. 

PEUCELLE, Négociant, rue du Fanbourg-de-Roubaix, 126, Lille. 

PIÉKARD, Désiré, Cultivateur, Dourlcrs (Nord). 

PIOU, Capitaine au 84« régiment d'infanterie- Avesnes. 

POIVRE, Chef de Bataillon en retraite, boulevard Jeanne dWrc» Douai. 

yrARRÉ-REYBOCRBON, boulevard de la Liberté, 70, Lille. 

RABELLE, Pharmacien à Ribemont (Aisne). 

RA.MOND (iONTAUD, Assistant de Géologie au Muséum, rue Louis Philippe, 18,Neuill> 

(Seine). 
REL'MAUX, Agent général des Mines de Lens (P.-de-C). 
RICHARD, Géomètre, Cambrai. 

RICHARD, Pasteur de l'Église Réformée, rue Solférino, 310, Lille. 
RIGAUX, Henri, rue du Chaufour, 14, Lille. 
RONELLE. Architecte, Cambrai. 

ROUSSEL, Docteur ès-sciences, Chemin de Velours, Meaux (Seine-et-Marne). 
ROUTIER, Avocat, rue de Brérjuerecquc, 152, Boulogne-sur-Mer. 
ROUVILLE (do), Doyen honoraire de la Faculté des Sciences de Montpellier. 
SAGNAC, Maître de Conférences à l'Université (Faculté des Sciences), 13, place Simoi 

Volant, Lille. 

SAINTE-CLAIRE DEVILLE, Ing' aux Mines de l'Escarpelle, Flers-en-Escrebieux(Xor< 

SANGUINETTI, Chef de Laboratoire à l'Institut Pasteur, Lille. 

SAUVAGE, D', Direct, du Musée, Boulogne-sur-Mer. 

SIMON, Ingénieur-Directeur des Mines de Liévin (P.-de-C). 

SIX, Achille, Professeur au Lycée, 22, rue d'Arias, Douai. 

SMITS, Ingénieur, rue Colbrant, 23, Lille. 

SOUBEVRAN, Ingénieur en Chef des Mines, boulevard Péreire, 102, Paris. 

STECHERT, Libraire, rue de Rennes, 76, Paris. 

STOCr.ET, Ingénieur en Chef du Département du Nord, rue Jacquemars-Gièlée,21, Lill 

TAINE, Pharmacien, Mondrepuits (Aisne). 

TARTARAT, Brasseur, rue de Poids, 31, Lille. 

THÉLU, Directeur de l'École Primaire Supérieure, Moutreuil-sur-Mer (i>.-dc-C.) 

THÉRY-DELATTRE, Professeur au Collège, rue de l'Église, 21, Hazebrouck. 

THÉVENIN, Assistant de Paléontologie au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Bar; 
Paris. 

THIÉRY, Ingénieur aux Mines de Courrièros, à Moricourt-Mines par Sallanmines (P . deC 

TUtRIET, Docteur èsSciences, Professeur au Collège Balan, Sedan. 

TILMANT, Ingénieur à Haubourdin. 



TORDEUX, Notaire, Corbény (Aisne). 
TOURNEUX, Dessinateur, Sains-Richaumont (Aisne). 
TROUDE, Mattre-Répétiteur, au Lycée, Lille. 

VAILLANT Victor, Prép' à la Faculté des Sciences, 87, rue Barthèlémy-Ielespaul, Lille. 
VAN ERTBORN (le baron Octave), Avenue du Duc, 38, Boitsfort-les-Bruxelles. 
VERMEERSCH, Pharmasien, rue Léon Garabetta, 109, Lille. 
I VIALA, Directeur honor. des Mines de Li('vin, boulevard Pasteur, 21, Douai. 
VIDELAIXE, Entrepreneur de Sondages, rue de Denain, 134, Roubaix. 
VIVIEN, Chimiste, rue Baudreuil, 18, Saint-Quentin. 
WALKER Ambroise, Filateur, quai des 4 Écluses, Dunkerque. 
WALKER, Emile, Filateur, quai des 4 Écluses, Dunkerque. 
WATTEAU, Géologue, Thuin, Belgique. 
WIART. Industriel, Cambrai. 
WILLIAMS, Professeur à l'Université, Yale Collège, New-Haven, Connecticut. 



MEMBRES ASSOCIES 

BERTRAND, Marcel, de l'Institut, Professeur à l'École des Mines 
rue de Vaugirard, 75, Paris. 

BONiNEY, Professeur de Géologie, N. W. 23 Denning Road, Londres. 

CAPELLINI, Sénateur du royaume d'Italie, Bologne. 

CORTAZAR (de). Ingénieur en chef des Mines, Calle îsabel la Catolica, 23, Madrid. 

DEWALQL'E, Profe.sseur émérite de l'Université, rue de la Paix, 17, Liège. 

DLPONT, Directeur du Musée d'histoire naturelle de Bruxelles. 

G.\UDRY, de l'Institut, Professeur au Muséum, rue des Saints-Pères, 7 bis» Paris. 

JUDD, Professeur au Collège of Science, South Kensington, Londres S. W. 

KAVSER, Professeur de Géologie a l'Université de Marbourg (Allemagne). 

LAPPARENT (de), de l'Institut, rue de Tilsitt, 3, Paris. 

MALAISE, Professeur émérite, Gembloux. 

MERCEY (de), La Faloise (Somme). 

MICHEL-LÉVY, de l'Institut, D' de la Carte Gol. de France, r. Spontini, 20. Paris. 

MOURLON, D' de la Carte Géologique de Belgique, rue Beliard, 107, Bruxelles. 

PELLAT, Ed., LiU Tourette, par Tarascon-sur-Rhône (Bouchesdu-Rliône). 

POTIER, de l'Institut, boulevard Saint-Micliel, 89, Paris. 

BL'TOT, Conservateur au Musée d'histoire naturelle, rue de la Loi, 177, Bruxelles. 

^CHLUTER, Professeur de Géologie à l'Université de Bonn. 

VANDEN BROECK, Conservateur au Musée, place de l'Industrie, 39, Bruxelles 

^KUlN, Professeur de Géograpliie physique à la Sorbonne, Paris. 



\ 



ANNALES 



DE LA 



SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE 

DU NORD 



Séance du 13 Janvier 1904 

On procède à rélection du Bureau : 72 memWes y 
prennent part. Sont élus : 

Président .... MM. Charles Barrois 

H. Parent 
L. DoUé 
Defrenne 
Blanchard 
Dewattines 



Vice- Président 
Secrétaire . . 
Trésorier . . 
Bibliothécaire . 
Libraire . . 



M. Ladrière est élu membre du Conseil pour trois ans. 

M. Douxami, maître de conférences à la Société des 
Sciences, est nommé membre de la Société. 

M. Ch. Barrois annonce la mort de Téminent géologue 
^t paléontologiste M. Karl von Zittel. 

M. Gosselet fait part de la mort de M. Jannel. 

M. Jannel est un géologue de Charleville bien connu de 
lii Société, qu'il accompagnait généralement dans ses 
excursions au bord de la Meuse. Il consacrait à la Géologie 
^ous ses dimanches, les seuls jours de liberté que lui 
laissaient ses fonctions de dessinateur au Chemin de fer 
^e TEst. 

On lui doit de nombreuses découvertes très intéres- 
santes, et des études de détail, qui ne seront plus reprises 



_ 5> _ 

de sitôt. Ainsi, il a fait une coupe détaillée, affleurement 
par affleurement, couche par couche, du Devonien inférieur 
entre Charleville et Bogny. Il explorait aussi le terrain 
jurassique des Ardennes, où il savait récolter de très beaux 
fossiles. Il a contribué, pour une bonne part, à la for- 
mation du Musée Géologique de la Faculté des Sciences 
de Lille. 

Parmi les découvertes de M. Jannel, il y a lieu de citer 
celle des Oldhamia dans les schistes ardoisiers des environs 
de Fumay, celle de fossiles dans les couches à Grammysia 
de Vireux, à la limite inférieure de la grauwacko de 
Hierges, et contre les schistes rouges, celles de très nom- 
breux fossiles devoniens dans les couches du bassin de 
Charleville. Ces découvertes, qui m'ont été très utiles 
dans rétude que j'ai faite de la région, se trouvent expo- 
sées dans VArdenne, 

Sur la fin de sa vie, M. Jannel a été attaché au Service 
central du Chemin de fer de l'Est, à Paris. Il en profita 
pour lever les coupes géologiques des diverses lignes de 
l'Est. Ces coupes, publiées par les soins de la Compagnie, 
seront précieuses à consulter, lorsque le temps aura dété- 
rioré les tranchées. 

M. Ardaillon résume les observations qu'il a faites en 
Crète sur un mode d'érosion marine ; il a étudié les mar- 
mites de géants qui se creusent sous l'action des vagues. 

M. Gosselet présente une carte géologique souterraine 
de la surface des terrains primaires dans la région de 
Douai. 

On y voit : au centre, le bassin houiller; au N., une 
grande surface occupée par le calcaire carbonifère; au S., 
une large zone de schistes gedinniens. Entre ceux-ci et le 
bassin houiller, il y a, de Liévin à Courcelles, près de 
Douai, une bande étroite de schistes siluriens. 

Sur cette carte, on a tracé des lignes hypsométriques, de 



— 3 - 

dix mètres en dix mètres, pour la surface primaire. Ces 
lignes ne coïncident pas avec la nature de la roche sous 
jacente. Elles dessinent parfaitement diverses cavités sur 
lesquelle M. Gosselet a appelé précédemment l'attention 
de la Société, (i) 

M. Gosselet expose sous toute réserve Thypothèse que 
]a surface primaire, avec ses anf ractuosités, pourrait bien 
avoir été façonnée primilivement par un glacier datant de 
répoque permienne. 

Séance du S Février 1904 

Sont nommés membres de la Société : 
M. Boutschoulski, Directeur de la Revue des Questions 
économiques, à Paris. 
M. Tourneux, dessinateur, à Sains-Richaumont. 

M. G. DoUfus envoie la lettre suivante : 

Un Sondage à Templeux-la-Fosse (Somme) 
par M. Gustave-F. Dollfus 

Le sondage pour recherche d'eau exécuté à Templeux- 
la-Fosse (Somme), au N. de Péronne, par les soins de 
MM. Dumont, Gondin et G", foreurs à Charenton près 
Paris, présente un réel intérêt, car nous n'en connaissons 
aucun autre dans la région immédiate. Il a été entrepris 
dans la partie N. de la commune, près d'une exploitation 
de phosphate delà Société Fresnes et C^, à Taltitude assez 
considérable de 147 m. qui ressort de deux nivellements 
concordants. Je transcrirai exactement les renseignements 
qui m'ont été communiqués avec la plus grande amabilité 
par les foreurs, avant de présenter mes observations 
personnelles. 

(1) Ànn. Soc. GéoL, XXX, p. 146. 



Coupe géologique 



N" DésignatlDD des conches Epais. 

1 Terre yéjîéiale 3-0O 

2 Arulle 6.0U 

3 Ci-ate blanche à silex. , . 10.00 

4 Craie Jaunâtre groB Ellex. . 8,(K) 
j Craie lilanctie II.IO 

6 Cïale blanche avec allex. . 15.00 

7 Craie Jaune gros silex. . . 14.00 
Charabre-vlde 

8 Craie jaune 

Chambre -vide 

9 Craie blanche à silex. . . 

10 Craie bleue 

11 Marne bleue argileuse . . 

12 Marne bleue 

13 Marne bleue avec silex . . 

14 Marne bleue elgrise,trôsarBi- 

15 Marne bleue arRUeuse . . 

16 Marne grise argileuse. , . 

17 Marne bleue tr&s argileuse . 

18 Marne bleue Irlable, très 



19 



3-00 



Marne bleue friable . . . 
Craie argileuse bleue . . . 
Craie argileuse veinSe de 

Craie grise argileuse . . . 
Craie blanche avec quelques 

peti tes ■Coucli es d'argile 
Craie bleue argileuse trùs 

éboulante 

Argile vertcî sablonneuse 
APtJile noire compacte 

Argile noire 

Argile nohe avec nodules 
Argile noire sableuse. . 
Argile noire plastique . 
Sable noirâtre trûs argileux 
Sable argileux noir , . 
Sables verts ..... 



bleue 6.20 213. S 



-f 1*4-00 
138.00 
128.00 



6.00 


73.00 


74.00 


8.00 


81,00 


66.00 


3,00 


84.00 


63.00 


12.00 


96.00 


51.00 


2.00 


08.00 


49.00 


10,00 


108,00 


39 00 


11,40 


119. «1 


27.60 


3.10 


122.50 


24.50 


9.00 


131.50 


+ 15.50 


1S.50 


148.00 


— 1.00 


4.00 


152.00 


- 5.00 


16 00 


168 00 


- 21 00 


22.00 


190.00 


" 43.00 


3.01) 


193.00 


— 46.00 


4.01) 


197.00 


- 50 on 


1.50 


198-50 


— 51.50 


8.50 


207.00 


- 60 00 



7-30 


220,50 


- 73 50 


2.50 


223.00 


- 76.00 


0.00 


2i3.00 


- 86,00 


1.00 


234.00 


- 87.00 


1.00 


235,00 


- 88.00 


5 00 


240,00 


- 93.00 


3,00 


243,00 


- 93.00 


t,50 


244.50 


- 97.50 


1.60 


246.01 


- 99.10 


80 


353.09 


~ 105.09 



Je classerai comme suit ces assises, avec quelque 
réserve toutefois, par suite du manque de fo&biles et 
d'échantillons. J'ai vu seulement le sable vert n» 33 qui 
est fin et très glauconieux. 

Etages j^.. Terrains Kpais. Profd. Altitudes 

Sénonien 3-6 Craie blanche à 

silex . . . . 42'» de 9 à 53" de + 138 à + 94- 
? 7-9 Craie dure jaune 

nssurée . , . 43» de 53 à 96" de + 94 à -f- 51» 
Tuponien 10 Craie bleue à Téré- 

bpatulines . . 2" de 96 à 98" de + 51 à + 49" 
Turonien 14-19 Marne bleue = 

Dièves. . . . 95" de 98 à 193" de -f- 49 à — 46" 
Cènomanien -20-25 Craie grise glauco- 

nifère .... 30" de 193 à 223»' de — 46 à — 76" 
ïraconiei 26-30 Argile noire à A /n. 

interruptus . . 20" de 223 à 243" de - 76 à — 96" 
Albien 31-33 Sables verts à A /n. 

mamillaris . . 10" de 233 à 253" de — 96 à— 106" 

D'après la carte géologique, Feuille de Cambrai (2* édi- 
tion), dressée en 1892 par MM. Gosselet et Cayeux, le 
terrain supérieur, au niveau du sol, est formé, à Tem- 
pleux-la-Fosse, par la craie sénonienne C'' avec Micraster, 
la vallée voisine de la Tortille entre Moislains et Manon- 
court laisse apercevoir diverses assises de craie turonienne 
C^ c'est-à-dire appartenant à la craie phosphatée et à la 
craie à Micraster breviporus vers l'altitude de 65 m. 
Comme complément, M. Cayeux, dans une note sur la 
craie de Péronne (') indique le sommet de la craie à 
Hier aster breviporus à Moislains comme atteignant 70 m., 
enfin M. Parent a trouvé à Roisel, c'est-à-dire dans le 
voisinage, le Micraster Beonensis qui paraît caractériser le 
sommet de la craie à Micraster bremporus (^), Ceci nous 

(01890, y^nw. Soc. Gdol. du Nord, P. XVII, p. 235. 
(2)1893;<n?i. Soc, Géol. du Nord, T. XXI, p. 22. 



- 6 — 

conduirait à placer le sommet du Turonien à la cou 
n"* 7 vers 53 m. de profondeur. Le Sénonien certain c 
prendrait seulement les premières couches 3 à 6. Je ne [ 
cependant accepter cette classification sans réserves, o 
craie jaune fissurée, dure, qui donne des pierres de tail 
qui offre des silex noirs comme fondus dans la masse, 
identique au point de vue minéralogique avec la craie 
Rouen que tous les géologues de la Seine-Inférieure coi 
dèrent comme constituant la base même du Sénonien 

Je sais que la question de la classification des couc 
à Micraster bremporus a été fort agitée dans le Nord e 
n'ai pas le désir, sans matériaux paléontologiques n 
veaux, de l'aborder ici, mais comme le Micraster br 
porus est donné comme commun à la fois au Turoniei 
au Sénonien, je crains que sur nos cartes géologique 
règne une confusion fâcheuse dans l'extension relative 
ces deux étages entre la Somme et la Normandie. 

Le banc de craie bleue est assez constant, ce serait 
couche principale à Terebratulina gracilis. 

Il ne me semble pas qu'il puisse y avoir de discuss 
dans l'attribution aux Dièves des couches 11 à 19, 1 
épaisseur dépasse cependant celle qu'on est habitui 
constater. 

Nous supposons qu'on est entré dans la craie glau 
nienne à 193 m. avec la couche n® 20 et qu'il faut considé 
le banc de sables avec graviers glauconifèresn® 25 corn 
en formant bien la base. 

L'argile noire du Gault (Vraconien) ?) est un hori; 
facile à distinguer, n^s 26 à 30, son épaisseur est déjà foi 
mais il faut peut être y joindre les deux couches de sa 
gris n» 31 et 32 que j'ai classées dans l'Albien et 
l'augmenterait de 3 m. 

(1) 1880. G. LioNNBT : Mémoires sur la Géologie normande. Société Géo 
Normandie, Le Havre, T. VI, p. 105. 



- 7 — 

Rien à dire sur les sables glauconifères de la base, ils 
n'ont pas été percés et ils relient normalement les couches 
analogues de TArdenne avec celles du pays de Bray et du 
Boulonnais. 

Une utile comparaison peut être faite avec le forage de 
Guise dont M. Gosselet a donné les éléments et qui est le 
plus voisin (*), en voici le résumé présenté sous la même 
forme que la série de Templeux. 

Sondage de Guise 

(Altitude : Oise, à 96 m. + 27 m. au-dessus = 123 m.) 

Sénonien ? Craie blanche . . . 

Turonien Marne bleue . . . 

Tuponlen Marnes de Diôves. . 

Cénomanien Craie glauconifère et 

sable à P. asper . 

Vraconien Marnes grise et noire 

Albien Sable glauconifère . 

La coupe de Templeux permet de classer plus exacte- 
ment la dernière région du forage de Guise. Ce sont 
certainement les argiles du Gault qui ont été franchies 
entre 115 et 124 m., d'autre part comme le P. asper a été 
signalé à 110 m., toute cette partie de la coupe se tient 
bien comme Cénomanien. 

On peut constater que toutes les couches sont plus 
épaisses relativement à Templeux qu'à Guise et qu'elles 
se tiennent toutes à une profondeur plus grande. 

Il est indispensable d'ajouter que le forage de Templeux 
est fort près de l'axe anticlinal de Campagne-les-Hesdin 
fjui forme une ondulation oblique très nette depuis 
l'embouchure de la Canche; il se manifeste dans la région 
par trois affleurements caractéristiques de Turonien bien 
alignés dans les vallons voisins. 

^^^ 'annales Soc. GéoL Nord, VI, p. 106, 211. 



Spais. 


Profd. 




Allitudes 


37" 


là 37- 


+ 123 à 84» 


2™ 


37 à 39» 




84 à 82» 


53» 


39 à 92» 




82 à 29» 


23» 


92 à lio- 




29 à 6- 


9- 


ns à 124» 


+ 


6à— 3» 


6" 


124 à 130» 


— 


3à— 9» 



— 8 — 

1** Apparition du Turonîen dans la vallée de la Tortille 
entre Moislains et Manoncourt. 

2o MêmeTuronien, dans la vallée sèche, entre Templeux- 
le-Gérard et Roisel. 

30 Même Turonien dans le vallon sec, entre Bellen- 
glise et Magny-la-Fosse, avec pente décisive des couches 
au N. et au S. Cette direction axillaire va passer aux 
sources de la Somme, près Fonsomme et s'avance sur 
Macquigny au sud de Guise, il en résulte que Templeux- 
la-Fosse n'est pas dans la même ondulation du terrain 
crétacé que Guise, qu'on trouverait vraisemblablement 
dans la profondeur une épaisseur plus grande de terraia 
jurassique qu'à Guise et qu'on atteindrait enfin des couches 
primaires d'un âge un peu plus récent que celles de 
Guise, mais à une profondeur sensiblement plus grande. 

M. l'abbé Dorlodot envoie la note suivante : 

Age des couches dites « Burnotiennes » 
des bassins de Dînant et d'Aix-la-Chapelle, 

par l'abbé H. de Dorlodot 

Les dépôts dévoniens du massif paléozoïque de Belgique 
que leur teinte souvent rouge et d'autres caractères litho- 
logiques ont fait rapprocher parfois de VOld red sand- 
stone (^) et que Dumont a réunis dans son Etage quartzo- 
schisteux inférieur du système eifétien (E^) (2), ont joué un 
rôle considérable dans l'histoire de la géologie de nos 
terrains anciens. La disposition constante de cette forma- 
tion autour de la bande des calcaires dévoniens, qui 
circonscrit elle-même le massif quartzoschisteux famen- 
nien du bassin de Dinant, notamment dans la courbe 
qu'exécutent ces calcaires entre Louveigné et Haute- 



(1) Voir notamment Dumont, Mémoire sur la constitution géologique de la 
province de Lièges p. 68. 

(2) André Dumont : Carte géologique de la Belgique au 460.000*. 



- 9 - 

Fraipont pour former le bout du grand bassin méri- 
dional (^), — non moins que le parcours de cette série 
quarlzoschisteuse à bandes rouges entre Fraipont et Sart- 
Eustache, où, soit seule, soit avec les schistes gris ou noirs 
du Silurien du Condroz, elle sépare les bassins de Dinant 
etdeNamur, dont les couches la flanquent symétrique- 
ment au Sud et au Nord, — ont contribué, pour une bonne 
part, à dévoiler au génie d'André Dumont les grandes 
lignes de l'architecture de notre massif paléozoïque et 
l'ordre général de la succession de ses assises. 

Mais, si les caractères frappants de ces couches ame- 
nèrent l'auteur du Mémoire sur la constitution géologique 
de la province de Liège k formuler des conclusions exactes 
dans leur ensemble, ils furent aussi la source de ses plus 
graves erreurs. En considérant l'ensemble de ces dépôts 
plus ou moins riches en bancs rouges comme contem- 
porains de la bande de roches rouges qui, au sud de 
Givet, sépare le grès noir de Vireux de la grauwacke de 
Hierges, il fut naturellement amené à admettre le synchro- 
nisme du Silurien du Condroz et du Brabant avec le 
Rhénan de l'Ardenne et du Rhin. 

Dès 1860, M. Gosselet (2), par l'application delà méthode 
paléontologique, corrigea cette dernière erreur. Mais, la 
méthode paléontologique n'étant guère applicable à une 
formation presque complètement dépourvue de fossiles, 
Terreur fondamentale continua à régner dans la science 
jusqu'en 1873. C'est alors que M. Gosselet, dans son 

(1) Mém. cité, p. 80. 

(2) J. GossBLET : Mémoire sur les terrains primaires de la Ifelgiquet des 
mirons d'Avesnes et du Ifoulonnais (1860), p. 32 ; — Note sur les fossiles 
siluriens trouvés dans te Brabant {Belgique). Bull. Soc. «éol de France, 
*■ série, l XVII, p. 495 (7 mai 1860). — Note sur des fossiles siluriens décou- 
vris dat^s le massif rhénan du Condroz. Ibid , t. XVIII, p. 538 (22 avril 186i). 
— Voir aussi ibid., t. XIX, p 752 à 761. — Est-il nécessaire de rappeler que 
2' ^- Malaise, gui, trompé par les déterminations erronées de De Koninck, avait 
<l'abord contredit M. Gosselet, ne tarda pas à revenir de cette erreur, et que nous 
«levons à ses infatigables et fructueuses recherches, la découverle, dans le 
^•Iwien belge, de tous ou presque tous les niveaux du Silurien d'Angleterre, 
[^présentés, pour plusieurs d'entre eux, à la fois par le faciès à graplolites et par 
1^ faciès à trilobites et à brachiopodes et parfois à polypiers. 



— 10 — 

célèbre mémoire Le système du poudingue de Burnot {*), 
établit, et cette fois par la méthode stratigraphique, que 
la plus grande partie des couches de la région nord, 
rangées par Dumont dans son étage E^ n'est pas contem- 
poraine des couches rouges de Vireux ou de Winenne (2). 
Les couches que l'on continua à considérer comme 
contemporaines des schistes rouges de Winenne consti- 
tuèrent, dès lors, à elles seules, l'assise du poudingue de 
Burnot (3). Uétage burnotien de la Légende de ta carte géo- 
logique de la Belgique au 40.000^ ne diffère de l'assise de 
Burnot de M. Gosselet, que parce qu'on en a retranché 
les poudingues à pâte verte qui couronnent cette assise, 
pour les ranger à la base de l'assise de Rouillon (^), 

Le moment nous parait venu de soumettre à un nouvel 
examen le synchronisme des couches rangées dans le 
Burnotien et de nous demander si toutes ces couches sont 
bien contemporaines des schistes rouges de Winenne. 
Nous nous bornerons, pour le moment, à examiner la 
question pour les bassins de Dînant et d'Aix-la-Chapelle, 
nous réservant de revenir plus tard sur les couches 
réputées burnotiennes du bassin du Luxembourg ou de 
l'Oesling. 

La ressemblance manifeste du grès vert de Wépion avec 



(1) Annales des Sciences géologiques, t. IV, Art. N' 7. 

(2) Ces couclies, nommées d'abord par M Gosselel Schistes rouges de Viveux 
sont généralement désignées en Belgique sons le nom de Schistes de Winenne 
que nous emploierons de préférence dans ce travail. Malgré sa priorité, le pre- 
mier nom a l'inconvénient de placer une seconde assise de Vireux à côté de 
Vassise des grcs et schistes noirs de vireux. Cet inconvénient avait disparu, 
depuis que M- Gosselet a désigné l'assise des schistes rouges de Vireux sous le 
nom iVassise de Burnot ; mais il nous est impossible de donner ce sens précis 
à cette dernière expression, dans un travail qui a pour but principal d'examiner 
si Vassise de Burnot à Burnot est bien le correspondant exact de l'assise des 
schistes rouges de Vireux* et notamment si le poudingue de Burnot n'est pas 
notablement plus jeune que ces schistes rouges. 

(3) Cf. J. Gosselet: Esquisse géologique du Nord de la France, fasc. 1, p. 78; 
L'Ardenne, p. 362. 

(4) Voir, 
Nord m' 
sous 
Caitlou-^ui-bique , 




- Il -- 

le grès noir ou vert foncé de Vireux, qui, lorsqu'il a subi 
un commencement d'altération, se distingue à peine du 
premier, rend incontestable Tassimilation, proposée par 
M. Gosselet, de ces deux formations. Aussi, l'accord est-il 
devenu universel sur ce point. Sans doute, il ne nous est 
pas possible d'affirmer que les roches rouges ont succédé 
aux grès verts ou noirs, en môme temps à Vireux et à 
Wépion. Néanmoins, il est hors de doute que, dans Tétat 
actuel de la science, nous devons considérer comme 
homotaxique la base du faciès rouge, telle qu'elle nous 
apparaît dans la coupe de la Meuse (^), sur les. deux bords 
du bassin de Dinant. 

Pouvons-nous dire la même chose du sommet de l'étage 
Burnotien, tel qu'on le limite aujourd'hui ? 

On a dû le croire aussi longtemps que la grauwacke de 
Rouillon fut considérée comme le correspondant exact 
de la grauwacke de Hierges. Mais la question a changé 
de face depuis les déterminations de M. Kayser (^) ; nous 
savons, en effet, aujourd'hui, que la faune observée à la 
base de l'assise de Rouillon, en des points assez nombreux 
du bassin d'Aix-la-Chapelle et du N. du bassin de Dinant, 
appartient à un niveau très voisin de la zone à Spirifer 
cultrijugatus. Ces couches, qui recouvrent immédiatement 
le poudingue deBurnot, étant notablement plus jeunes que 
celles qui reposent sur les schistes de Winenne, il faut, ou 
bien admettre une lacune stratigraphique considérable 

(1) Noas disons « dans la coupe de la Meuse », parce que la limite entre 
l'assise de Wépion et l'assise de Burnot est moins facile à définir, lorsqu'on 
t'approche de l'extrémité N.-E. du bassin de Dinant. M. Gosselet a constaté 
flB'en remontant vers le Nord, la bordure S -E. du bassin, on voit, à partir de 
Ferrière, les bancs de grès vert sombre prendre plus d'importance au milieu des 
roches rouges de la partie du Burnotien inférieure au poudingue. M. Forir pense 
que c'est à l'accentuation du même phénomène qu'est due la réduction appa- 
rente du Burnotien dans la région de l'Ourthe. Voir à ce sujet : J. Gosselet, 
L'Ardenne, pp. 366 et 367 ; Ch. de la Vallée Poussin, Obsei-valiouK sur la 
JCrtc de liure aux environs d'Ksneux, Ann. Soc. géol. de Belg., t. XXV, mém., 
P-f;!!. FoRiR, Remarques relatives à ces Observations* ibid. bull., p. XXVII, 
et Carte géologique de la Belgique, feuille Seraing-Chénée ; Ch. de La Vallée 
Poussin, flcctt/îca/ion5 sur mes Observations, ibid., t. XXVI, bull., p. LUI. 

(2) Voir, au sujet de cette question, notre Lettre à M. Gosselet, I. c. 



— 12 - 

entre le poudingue de Burnot et le poudingue de Tailfer, 
ou bien considérer les roches rouges de Burnot comme 
correspondant, non seulement aux couches rouges de 
Winenne, mais encore aux couches grisâtres ou verdâtres 
de Hierges à Spiriler paradoxus et Sp, arduennensis. 

Nous sommes loin de nier, pour notre part, que la série 
des roches rouges de Burnot puisse présenter une ou 
peut-être plusieurs lacunes stratigraphiques.il est mani- 
feste, en effet, que le « Burnotien » correspond à une phase 
d'émersion relative. Nous en avons la preuve, dans la 
nature et Tirrégularité de ses dépôts, dans la présence, au 
sein du poudingue, de galets de roches devoniennes 
attestant la mise à nu de portions du bassin où ces roches 
s'étaient formées. Enfin, les empreintes des gouttes de 
pluie et les joints de dessicalion si clairement visibles 
à Vireux, dans les schistes de Winenne, montrent qu'à 
certains moments du Burnotien, la plage fut à sec bien 
loin au large de la région immergée pendant les âges 
précédents : il est peu probable que les eaux qui, à 
marée basse, se reliraient au-delà de Vireux, s'avan- 
çassent jusqu'à Dave à la marée suivante. Toutefois, cette 
dernière considération, comme aussi le fait que le faciès 
de Burnot s'est étendu si loin vers le Sud à l'âge des 
schistes de Winenne, semble indiquer que les lacunes 
straligraphiques, s'il en existe au nord du bassin, doivent 
appartenir plulôt à cet âge qu'au niveau de la grauwacke 
de Hierges, dont le faciès, dénotant des conditions beau- 
coup moins littorales, rend probable une avance delà mer 
vers le Nord. 

Mais d'autres faits tendent à établir que le Burnotien 
de Burnot ne peut être considéré comme représentant 
exclusivement les schistes de Winenne. 

C'est une règle générale, qui s'étend à tous nos dépôts 
des temps devoniens et môme aux dépôts inférieurs de 



- 13 — 

notre Dinantien, que Ton voit diminuer la puissance des 
couches, à mesure que Ton marche vers le Nord. 

Or, le Burnotien seul ferait exception à cette règle, si 
Ton admet le synchronisme généralement reçu. Le tableau 
suivant met en regard la puissance approximative des 
diverses assises du Devonien inférieur, à l'exception de 
la grauwacke de Hierges, au sud de Givet et au sud de 
Dave : il permet de fixer les idées au sujet deTimportance 
de Tanomalie en question. Les données de la première 
colonne sont empruntées à M. Gosselet (*). 

Sud de Givet Sud de Dave 

Schistes de Wiiienne 400" Burnotien 537" 

Grès de Vireux .*. . . 350- Grès de Wépion . . 282" 

Grauwacke de Montigny 775" Grauwacke d'Acoz 381" 

Grès d'Anor 550" Grès d'Anor 311" 

g. / Schistes de St-Hubert. . 550" 

1 V Schistes d'Oignies 575" i 

^ \ Schistes de Mondrepuits 200" ! 1650" Assise de Fooz 127" 

^ f Arkose et poudingue de \ 

^ > Fépin 325- ' 

Laissant môme de côté la différence de puissance des 
couches gedinniennes qui peut s'expliquer, au moins en 
partie, par une invasion plus tardive de la mer rhénane 
au Nord (~), nous voyons que Tensemble des assises qui 
constituent l'étage Coblencien de la Carie géologique de la 
Belgique au 40.000® n'a, à Dave, que 38 «/o de la puissance 
que possède le même complexe au S. du bassin deDinant; 
tandis que la puissance du Burnotien y dépasse de 34 o/o 
la puissance des roches rouges de Winenne. Et c'est là 
un exemple particulier d'un fait général; car, malgré la 
grande variation que présente la puissance du Devonien 
inférieur et de ses subdivisions sur la côte du Condroz, la 

(t) UArdennCy p. 394. 

(2) Cf, J. Gosselet, VArdenney pp. 268 et 269. 



- 14 - 

part qui revient au Burnotien sur la puissance totale reste 
constamment excessive 0), comparativement aux puis- 
sances relatives des couches réputées synchroniques dans 
les affleurements méridionaux. 

Cette anomalie étrange s'explique facilement, ou plutôt 
elle cesse d'exister, si, au lieu de s'en rapporter au carac- 
tère souvent trompeur du faciès pour apprécier l'âge du 
Burnotien de Burnot, on fait entrer principalement en 
ligne de compte la situation stratigraphique de cette 
formation : on la considérera, dès lors, comme répondant, 
dans son ensemble, au temps qui s'est écoulé depuis la 
fin de l'Ahrlen (grès de Vireux ou de Wépion) jusqu'à 
l'âge nettement caractérisé par la zone fossilifère qui 
repose sur le poudingue de Burnot. Cette hypothèse, nous 
l'avons dit, ne suppose pas nécessairement une continuité 
absolue de la sédimentation : dans une formation si essen- 
tiellement côtière, les lacunes sont probables ; mais, 
répétons-le, ces lacunes ont plus de chance de se rencon- 
trer au niveau de l'assise de Winenne qu'au niveau de 
l'assise de Hierges. 

On peut, d'ailleurs, rendre facilement compte de la 
variation du faciès. En règle générale, la teinte rouge, 
avec les caractères qu'elle entraîne d'ordinaire, prédomine 
d'autant plus dans les couches quartzoschisteuses de notre 
Devonien, qu'elles se sont formées plus près de la côte sep- 
tentrionale. Témoin, en premier lieu, la grauwacked'Acoz, 
la plus puissante, après l'assise de Burnot, des assises 
rhénanes de la côte du Condroz. Que cette assise occupe, 
comme nous le pensons, le niveau de la grauwacke de 
Montigny, ou tout autre niveau, toujours est-il qu'elle est 

(t) L'exception à cette règle que paraît présenter la région orientale du bord 
nord du bassin de Dînant disparait, si l'on admet l'opinion de M. Forir, dont nous 
avons fait mention plus haut, p 11, en note. II n'en est pas de même de la partie 
occidentale du bassin d'Aix-la-Chapelle Nous tenterons plus loin une explica- 
tion de ce fait en rapport avec le développement énorme du poudingue de Wéris. 
Voir note 2 de la p. 11. 



— M) — 

représentée au Sud par des couches fossilifères d*un 
cachel bien moins côtier, qui ne rappellent en rien le type 
du vieux grès rouge. 

La même règle se vérifie pour les niveaux supérieurs 
au Burnotien. La grauwacke grise à Spirifer cultrijugatus 
est représentée au Nord par la grauwacke rouge de 
Rouillon, dont la teiute rouge est d'autant plus constante et 
la pauvreté en fossiles animaux d'autant plus prononcée, 
qu'on s'avance davantage vers le Nord. Le faciès à teinte 
rouge peut même s'élever plus haut, englobant le Couvi- 
nien proprement dit et parfois une partie plus ou moins 
considérable du Givétien. Ce dernier fait devient la règle 
au nord du bassin de Namur, partout où la transgression 
medio-devonienne est arrivée jusque-là; et, si le faciès 
calcaire d'Alvaux vient interrompre, sur un espace limité, 
les dépôts rouges d'âge givétien, ces dépôts ne tardent pas 
à reparaître dans l'assise des roches rouges de Mazy; 
assise représentée sur les flancs de l'anticlinal du 
Condroz par des schistes et macignos verdâtres, avec 
quelques bancs de calcaire, tandis qu'au sud du bassin de 
Dinant, les calcaires bien stratifiés à Stromatopores et à 
Sp. Verneuili, qui se déposaient à la même époque, n'ont 
pu être distingués que par leurs fossiles de niveau du cal- 
caire de Givet, qu'ils continuent au point de vue du faciès. 
L'explication de ces faits ne nous semble pas difficile à 
trouver. Sans doute, les fleuves qui descendaient du conti- 
nent de VUld red dans la mer devonienne charriaient, 
comme de nos jours, les fleuves de l'Amérique du Sud, 
des matières ocreuses qui se déposaient le long de la 
côte. Il n'est donc pas étonnant de voir ces dépôts limités 
à la région côtière et leur limite avancer vers le Sud ou 
reculer vers le Nord, suivant les mouvements de régression 
ou de transgression de la mer devonienne. Après le dépôt 
des couches de Mazy, la transgression supra-dévonienne 



-- IG - 

portera loin vers le Nord les limites de la mer, et les faciès 
côtiers disparaîtront, même au nord du bassin de Namur ; 
mais, la mer ayant reculé ensuite, l'influence de VOld red 
se fera sentir de nouveau dans nos régions, à l'âge des 
psammites du Condroz, comme Ta montré jadis M. Lohest, 
par rétude des poissons de ces psammites (*), et comme 
l'indiquent sans doute aussi les bandes rouges qui se 
rencontrent dans l'assise de Montfort et surtout dans 
l'assise d'Evieux. 

Il nous reste à voir si les faits observés à l'est du bassin 
de Dînant sont de nature à faire admettre Tempiétement 
du faciès des roches rouges et pauvres en fossiles avec 
bancs à éléments grossiers, sur la grauwacke grise ou 
verdâtre et fossilifère de Hierges. Nous nous bornerons 
à examiner, à ce point de vue, les observations qu'ont fait 
connaître MM. Gosselet, Dewalque et Dupont ; les feuilles 
de la nouvelle carte géologique, publiées sans aucun com- 
mentaire, ne nous apportant aucune lumière à ce sujet. 

Dès 1860, M. Gosselet (2) constatait l'existence, dans des 
couches qui surmontent immédiatement les schistes 
rouges de Winenne, d'un niveau fossilifère qui, à côté 
d'autres fossiles du Devonien inférieur, notamment de 
Spirifer ardaennensis, Sp, paradoxus et Chonetes sarcinu- 
lata, contient des lamellibranches en assez grande abon- 
dance. Il donna le nom de couche à Ptérinées à cette zone 
fossilifère. Il constata également qu'aux environs du 
chemin de fer de Namur à Luxembourg, on voit appa 
raître, à plusieurs niveaux, des grès grossiers et de 
poudingues, dans le complexe qui recouvre immédiate 

(1) Rechercher sur les poissons des terrains paléozoïques de Belgique 
Poissons des psammites du Condroz, Famennien supérieur. Ann. Soc. géo 
de Belg., t. XV, mém., p. 112. 

(2) Observations sur les terrains primaires de la Belgique et du Nord de ^ 
France. Bull. Soc. géol.de France, 2. série, t. XVIIl, p. 29, seq. — Cf. L'Ard&nr^ 
p. 878 et suivantes. 



- 17 — 

ment la couche à Ptérinées (^). A un niveau plus élevé, 
viennent, sur une épaisseur notable, des couches encore 
caractérisées par le Spirifer arduennensis ; puis, au-dessus 
d'un grès vert sombre, les schistes calcarifères à Spirifer 
cultrijugatus et Rhynchonella Orbignyana, suivis immédia- 
tement des schistes à Calcéoles. 

Au S.-E. de Marche-en-Famenne, soit à 12 kilomètres 
plus loin vers le N.-N.-E., M. Dupont (2) a retrouvé, en 
plusieurs points, au-dessus des schistes rouges et bigarrés 
de Winenne, une faune manifestement identique à 
celle des couches à Ptérinées de M. Gosselet, dans 
des grès verts argileux et schistes vert sombre. Les bancs 
de même nature, qui séparent la zone à fossiles animaux 
des dernières couches de schistes rouges, contiennent des 
empreintes végétales et alternent parfois avec des bancs 
de grès à gros éléments (poudingue milliaire). Des grès 
grossiers de même genre forment une épaisse assise au- 
dessus de la zone fossilifère ; plus haut, ils alternent avec 
des bancs de poudingue à éléments de la grosseur d'un pois 
ou d'une noisette (poudingue pisaire et avellanaire) ; vers le 
sommet, on observe des grès blancs ou vert sombre. Au- 
dessus de ces couches, viennent des schistes gris verdâtre 
avec parties calcareuses, dans lesquels M. Dupont a 
recueilli Spirifer cultrijugatus et Rhynchonella Orbignyana, 

Les notations renseignées sur la planchette de Marche 
de M. Dupont montrent les couches verdâtres à Ptérinées 
jusque tout près de la limite E. de cette planchette. Or, à 
moins de 6 kilomètres plus loin, la coupe de l'Ourthe 
permet de constater qu'aux roches rouges, qui ont acquis 

(1) Rappelons que M. Gosselet rangeait ces couches dans l'assise du poudingue 
de Barnot. C'est précisément la conclusion à laquelle nous croyons devoir 
revenir aujourd'hui. 

(2) Note sur le Devonien inférieur de la Belgique. — Le poudingue de 
Wéris et sa transformation au sud-est de Marche-en-Famenne.hviW. acad. roy. 
de Belg.. 3- série, t. X (1885, p. 208). 

Annales de la Société Géologique du Ifordt t. xxxm 2 



— 18 — 

lin développement beaucoup plus considérable, succè< 
des schistes gris verdâtres avec parties calcareuses 
très peu au-dessus de leur base, renferment le Spû 
cultrijugatus en grande abondance. M. Dewalque (^), q 
le premier signalé ce fait, évalue à 700 ou 800 mètre; 
puissance des couches rouges. Les poudingues, à élém< 
de grosseur moyenne, occupent la partie supérieure de 
couches ; ils alternent avec des schistes rouges, de mi 
que les grès grossiers qui se rencontrent à un niv 
moins élevé. 

Deux hypothèses se présentent. Ou bien le niveau 
schistes deWinenne prend subitement un développen] 
énorme et le niveau de la grauwacke de Hierges à fa 
de Coblentz s'atténue en même temps, au point de 
réduire sensiblement à zéro ; ou bien la plus gra: 
partie des couches de cette dernière assise, qui se i 
proche déjà du faciès burnotien par la grossièreté 
éléments de ses couches quartzeuses, achève de passer i 
faciès en se chargeant de matières ocreuses qui 
donnent la couleur rouge caractéristique. Jusqu'à pre 
du contraire, la première hypothèse nous parait, poui 
moins, fort improbable (2). Au contraire, la seconde 
présente rien d'invraisemblable, étant posé ce que n 
savons au sujet de la variabilité de l'extension vertic 
du faciès à couleur rouge. Aussi, n'hésitons-nous pa 
admettre, sur ce point, l'interprétation de M. Dupont. 

La coupe de l'Ourthe ne se prête pas à une éti 

(1) G. Dewalque : Compte rendu de la réunion extraordinaire de la Sa 
géologique de Belgique, tenue à Marche du 4 au 6 octobre 4874. Ann. 
géol. de Belg., t. I, bull., pp. LXXXI et LXXXII. 

(2) Au moment où nous terminions ce travail, nous avons reçu la feuille 
Marche de la Carte géologique de la Belgique au 1/40.000. Cette feuille n'a] 
rien, au point de vue de la question qui nous occupe, aux données de la fe 
de Marche publiée au 1/20.000 par M. Dupont. Néanmoins, le fait que, 
mettre la feuille Aye-Marche d'accord avec la feuille Hotton-Dochamps. I 
antérieurement par M. Stainier, les savants auteurs ont été forcés de ti 
à travers bancs la limite supérieure du Burnotien fait ressortir aux yeu 
lecteur de la carte que la limite supérieure des roches rouges ne constilui 
un horizon géologique (Note ajoutée pendant l'impression). 



— 19 — 

détaillée de la succession des couches. Il n'en est pas de 
même de la coupe de TAisne, qui traverse les couches qui 
nous occupent à 5 ou 6 kilomètres plus loin au Nord-Est. 
M. Dupont y a observé les assises suivantes, de. bas en 
haut. (1) 

A. Schistes rouges associés à des psam mites vert pâle. 
Cette assise, en tout semblable à l'assise de Winenne, 
repose comme elle sur les grès et schistes Ahriens. 

B. Les schistes rouges alternent ensuite avec des grès 
grossiers (poudingue milliaire). Ces couclies contiennent 
quelques fossiles, parmi lesquels M. Dupont n'a distingué 
que Cucullella (Sanguinolaria) solenoïdes Goldf sp., fossile 
qui se rencontre aussi dans les couches à Ptérinées des 
environs de Marche et qui n'est pas connu ailleurs dans 
le Devonien de Belgique. 

A ces couches fossilifères, succède une série de schistes 
rouges, alternant avec des grès grossiers et des grès verts 
parfois feldspathiques, auxquels s'ajoutent ensuite des 
bancs de poudingue à éléments petits et moyens (p. pisaire 
et avellanaire), qui deviennent de plus en plus abondants. 

C. Viennent ensuite, associés à ces couches, sur une 
épaisseur de 180 mètres, des bancs de poudingue à 
éléments plus gros (ovaires et pugilaires). C'est le 
poudingue de Wéris, 

D. A ce poudingue, succèdent brusquement les couches 
suivantes, qui n'ont ensemble qu'une puissance totale 
d'une trentaine de mètres : 

a) Grès vert ; 

b) Grès vert et schiste gris verdâtre Paracyclas (Lucina) 
Tugosa Goldf. sp. (Venulites concentricus F. Roem.) et 
Spirifer arduennensis ; 

c) Schiste gris verdâtre avec parties calcareuses : nom- 

(1) L. c, p. 216. 



-- 20 — 

breux spécimens de Spirifer cuUrijugatus. M. Dupont ; 
trouvé, en outre, Spirifer arduennensis, Streptorhynd 
umbraculum, Athyris concentrica, Chonetes plebeia, i 
dilatata, 

E. Presque immédiatement au-dessus, s'observi 
d'autres schistes gris verdâtres à pâte hétérogène a^ 
Atrypa reticularis, Streptorhynchus umbraculum, Leptai 
interstrialis, 

M. Dupont considère cette dernière assise comme app 
tenant au niveau des schistes et calcaires de Convin. C 
possible et môme probable. Nous ferons remarquer tou 
fois que les trois espèces qu'il y signale se reocontn 
déjà dans la zone fossilifère située à la base de la gn 
wacke de Rouillon, au niveau du poudingue de Tailfer 

Quoi qu'il en soit, celte belle coupe confirme, en 
précisant, les conclusions que fait naître la comparais 
de la coupe de l'Ourthe avec les coupes plus occidental 
Les points suivants paraissent notamment s'en dégage 

1° Le niveau inférieur A, qui présente la plus grai 
ressemblance avec les couches rouges et bigarrées 
Winenne, paraît représenter seul le niveau de ces couch 
Cette conclusion, qui se dégage de l'ensemble de la cou) 
est spécialement confirmée par la persistance, au-dess 
de ces couches, d'un niveau fossilifère, qui semble bi 
être le prolongement de la couche à Ptérinées. Sansdou 
Cucullella solenoïdes ne peut être invoquée comme carac 
risant cette zone, ni môme la grauwake de Hierges, à tr 
de fossile de niveau, puisqu'elle se rencontre en Allemag 



(1) Ed. de Pibrpont, Découverte dans la région d: la Meuse d'un nvc 
fossilifère à la base de l'assise de Rouillon. Ann. Soc. géol. de Belg., t. X 
p 1H3. Sans doute» la présence à ce niveau de Lepiaena interstrialis \ 
paraître exceptionnelle, et nous pourrions hésiter à admettre cette assimila! 
si les déterminations des fossiles signalés dans ce travail n'avaient été fai 
avec le plus grand soin, par M. Dcwalque. Rappelons que M. Dewa 
(Ânn. Soc. géol. de Belg., t. XIX, bull., p. 87) a signalé la présence de la m 
espèce dans les schistes grossiers et psammites (macignos altérés) de la vs 
de l'Hogneau, situés sous le niveau à calcéoles. 



- 21 - 

à tous les niveaux des Coblenzschichten (*) ; elle peut néan- 
moins servir à reconnaître la zone fossilifère locale dite à 
Ptérinées, au même titre que les Ptérinées elles-mêmes (2). 
C'est donc avec raison, selon nous, que M. Dupont consi- 
dère sa présence, avec celle d'autres fossiles malheureu- 
sement peu déterminables, dans des couches que d'autres 
indices tendent à faire placer au niveau des couches fossi- 
lifères à Ptérinées, comme de nature à confirmer cette 
conclusion. 

2o Entre la vallée de TOurlhe et la vallée de TAisne, 
l'importance des poudingues et la grosseur de leurs élé- 
ments a considérablement augmenté. Cela est vrai déjà 
pour les couches B, où de véritables poudingues accom- 
pagnent les grès grossiers et les schistes rouges. Cela 
est vrai surtout pour les couches C, où les poudingues à 
gros éléments deviennent dominants sur une grande 
puissance. Cet état de chose augmente ou se maintient 
jusqu'à Wéris et la Roche-à-Frône, où la rivière Aisne 
traverse de nouveau les couches rouges. Plus loin, le 
poudingue décroît, au point qu'il semble parfois dispa- 
raître, ou qu'il se réduit, comme au S.-E. de Ferrière, à 
un grès contenant quelques galets. (^) 

3" Par contre, ni les poudingues, ni le faciès rouge ne 
paraissent avoir monté plus haut que sur l'Ourthe. On 
peut même constater ici que le faciès de Burnot n'atteint 
pas tout à fait le sommet de l'assise à Spirifer arduennensis, 
puisque le poudingue de Wéris qui couronne ce faciès est 

(1) L. Beushausen : Die lamellibranchiaten des rheinischen Devon mit Aus- 
scnluss der Aviculiden (Abh. d. K. Pr. geol. Landesanstalt, Neue Folge, Heft 17), 
pp. 106-108. 

(2) Il est même îndifiérent, sous ce rapport, de savoir si c'est avec raison que 
M. Dupont a rapporté cette forme à l'espèce décrite par Goldfuss sous le nom de 
Nueula solenoiaes. Il suffit qu'il ait constaté que, parmi les fossiles, dont la 
plupart sont méconnaissables, de cette zone fossilifère, qui se trouve à la base 
du niveau B de la coupe de l'Ourthe, se trouve une forme de la zone à Ptérinées, 
qui ne paraît pas se retrouver à un autre niveau, dans la région. 

(3) Cf. J. GossELET : VArdenne, p. 365. 



99 

recouvert de couches, très peu puissantes, il est vrai, 
mais caractérisées encore, à la fois, par la présence de 
Spirifer arduennensis et l'absence de Spirifer cuttriju- 
gatus. Il semble résulter de là que le poudingue de 
Wéris ne correspond pas exactement, comme le pense 
M. Stainier 0), au poudingue de Tailfer. Pas plus que le 
poudingue du Caillou -qui Bique, il ne doit monter avec 
le poudingue de Tailfer, dans TEifélien ; mais, comme le 
poudingue de Burnot proprement dit, il doit rester classé 
dans le Devonien inférieur. (2) 

Si nous avons cru nécessaire de répéter ici, avec quelque 
détail, les faits invoqués, il y a dix-neuf ans, par M. Dupont 
pour établir l'empiétement des roches rouges sur le niveau 
de la grauwacke de Hierges à TE. de Marche, c'est parce 
que cette théorie, à l'époque où elle fut énoncée, nous 
parait avoir obtenu moins de crédit que ne le méritait en 
soi la valeur des preuves apportées à son appui. Cela 
provient, sans doute, de ce que son savant auteur posait 
en thèse que le poudingue de Wéris n'est pas de même 
âge que le poudingue de Burnot (3), mais occupe un niveau 
notablement plus élevé. 

Cette conclusion pouvait paraître logique à cette époque, 
où le synchronisme exact de l'assise de Burnot avec 
l'assise des couches rouges de Winenne n'était mise en 
doute par personne. Mais, en même temps, elle était en 
soi fort improbable. 

(1) Ann. Soc. géol. de Belg., t. XVIII, p. 37 et 38. 

(2) Ajoutons que cette opinion paraissait déjà improbable a priovi. Le déve- 
loppement du poudingue de Tailfer dans la région de rOurthe au nord d^Esneux. 
au Rys de Mosbeux, a Pépinster, sur la Gileppe et plus loin vers TEst est très 
loin d'être comparable à rénorme développement du poudingue de Wéris, et il 
paraît le plus souvent absent dans la région intermédiaire. Comment expliquer 
dès lors, qu'en des points situés si loin vers le large à l'âge du dépôt du 
poudingue de Tailfer, il se soit formé une pareille accumulation de galets ? Si 
au contraire, le poudingue de Wéris appartient à la phase de régression, la chose 
s'explique de la façon la plus naturelle. Elle est même en relation avec le faibh 
développement du Burnotien de la bande Fraipont-Pépinster, qui s'expliquera! 
fort bien par un retrait particulièreinent prolongé de la mer vers le Sud. 

(3) xMém. cité, p. 215. 



- 23 — 

En effet, la réduction subie par la grau wacke de TTierges, à 
TËstde Marche, persiste sur le reste du bord Est du bassin 
deDinant, et les couches superposées au poudingue de 
Wéris commencent déjà à prendre cet aspect de grauwacke 
arénacée à grands articles d'encrines, que conserve la 
zene superposée aux couches burnotiennes, même lors- 
que, au-delà de la faille d'Harzé, la majeure partie des 
strates qui séparent le Burnotien du calcaire de Givet a pris 
l'aspect de la grauwacke rouge de Rouillon. Des coupes à 
peu près identiques à celles d'Harzé s'observant en certains 
points du bassin d'Aix-la-Chapelle et du bord nord 
du bassin de Dinant, il semblait tout au moins éminem- 
ment improbable que la grauwacke rouge de Rouillon, 
avec la zone des couches fossilifères gris verdâtre ou 
brunâtre par altération qui lui sert de base, ne corres- 
pondit pas, du moins à très peu de chose près, aux couches 
gris verdâtre qui recouvrent le poudingue de Wéris. Cette 
conclusion, établie par M. Gosselet (*), semblait d'ailleurs 
confirmée par ce que Ton savait de la faune de Goê, 
Pépinster et Tilfï. — La découverte de cette faune à Rouillon 
et sur les deux flancs du synclinal de Rivière en a défini- 
tivement établi Texactitude, du moins à quelques mètres 
près ; mais, en même temps, les déterminations de 
M. Kayser, rangeant cette faune au niveau supérieur de la 
grauwacke de Hierges, ont permis de concilier les conclu- 
sions logiques qui se dégagent des faits décrits par 
M. Dupont, avec ce qu'il y a de rigoureux dans les déduc- 
tions de M. Gosselet. 

Nous croyons donc pouvoir conclure de l'ensemble des 
faits connus, qu'entre la Lesse et l'Ourthe, la plus grande 
partie de la grauwacke de Hierges passe latéralement au 
faciès de Burnot. Le premier indice de ce phénomène 
s'observe sur la ligne de Namur à Luxembourg: il consiste 

(^) Le spt'ème du poudingue de Burnot, 1. c. Cf. L'Ardenney pp. 382 à 389. 



— 24 — 

dans i'àpparition de couches à éléments grossiers au- 
dessus de la zone à Ptérinées. Puis, à l'ouest de Marche, le 
phénomène s'accentue, en même temps que beaucoup de 
couches prennent une teinte rouge; ce qui achève la 
transformation en faciès de Burnot. Toutefois, les couches 
les plus élevées de la grauwacke à Spirifer arducnnensis, 
conservent, du moins localement et sur un^ très faible 
épaisseur, le faciès de Hierges. Nous voyons d'autant 
moins de raison d'expliquer la disparition de ces der- 
nières couches, plus au Nord, par une lacune stratigra- 
phique plutôt que par un nouvel empiétement du faciès 
de Burnot, qu'un faciès semblable se développe dans cette 
région au-dessus de la zone fossilifère de Goê-Rouillon. 

A l'argument ^'identité de situation stratigraphique 
invoqué précédemment, s'ajoute donc l'argument de 
continuité ou de passage latéral, pour établir que le Burno- 
tien de Burnot correspond stratigraphiquement, non à l'assise 
de Winenne seule, mais à Vensemble de cette assise et de 
t assise de Hierges à Spirifer paradoxus et Spirifer arduen- 
nensis. 



Le terme Burnotien peut s'employer pour exprimer, soit 
un faciès, soit un niveau stratigraphique déterminé. 

Dans le sens de faciès, il convient d'étendre la signi- 
fication de ce terme à toute formation devonienne déposée 
dans un bassin marin ou sur ses bords, et caractérisée par 
une teinte rouge dominante, l'absence ou la rareté des 
fossiles animaux, la texture grossière de ses grauwackes 
et de ses schistes, avec lesquels peuvent alterner des grès 
et des conglomérats en plus ou moins grande abondance. 
C'est le sens qu'a pris, en Allemagne, le nom de couches 
de Vicht (Vichter Schichten). Le faciès burnotien peut se 
rencontrer dans tous les niveaux du Coblenzien, tel que 



Tentend la Carte géologique de France, du Devonien 
moyeD, et même dans le niveau inférieur du Frasnien. 

Dans le sens de division stratigraphique, les pages 
précédentes auront fait ressortir que le terme liurnotien 
ne peut plus servir à définir le niveau des schistes 
rouges de Winenne. Non seulement Tassise du poudingue 
de Burnot, telle que M. Gosselet Ta limitée à Burnot, 
nous paraît avoir une extension verticale beaucoup 
plus considérable ; mais il est impossible, dans Tétiit 
actuel de nos connaissances, de distinguer, même d'une 
manière très vague, dans le Burnotien de la région Nord, 
la part qui revient aux schistes de Winenne de celle 
qui correspond à la grauwacke de Hierges. Si donc Ton 
veut conserver le terme Burnotien pour désigner un 
étage, il faut comprendre dans cet étage l'ensemble des 
couches qui, au sud de Givet, constituent Tassise des 
roches rouges de Winenne et la grauwacke de Hierges à 
Spirifer paradoxus et Sp, arduennensis. Ainsi entendu, le 
Burnotien correspond assez exactement à la Stufe der 
oheren Coblentzscldchten comprenant le Coblentzquarzit et 
les Obère Coblenzsckickten, complexe que plusieurs géolo- 
gues allemands considèrent comme constituant un étage 
autonome. 



— 26 — 

Séance du S Mars 1904 

M. Crépin, étudiant, est nommé membre de la 
Société. 

MM. Ladrière, Leriche et Briquet sont nommés 
membres de la commission de la bibliothèque. 

MM. Ladrière, Lecoq et Meyer sont nommés 
membres de la commission des finances. 

Le Secrétaire dépose le projet de budget pour 1904. 
M. Ladrière fait la communication suivante : 

Etude Géologique et Hydrologique 

du terrain où doit être construit 

le Lycée de jeunes Filles de Lille 

par J. Ladrière 

Planche II 

La ville de Lille ayant voté la construction d'un Lycée 
de jeunes filles et proposé comme emplacement le terrain 
occupé actuellement par l'Ecole de Natation, l'Adminis- 
tration académique a décidé qu'il serait fait au préalable 
une étude de ce terrain au point de vue géologique et 
hydrologique. 

Seize sondages, pratiqués pour la plupart sur les terre- 
pleins avoisinants les bassins et poussés jusqu'à la craie, 
ont fourni près de 600 échantillons qui ont été soigneuse- 
ment examinés et classés méthodiquement. 

Voici la Goupe des divers sondages : 



— 27 — 
Sondage n» 1 

Altitnde Profondeur Épaiss 

18"76 Terrain rapporté : terre végétale 
noirâtre et mélange d'argile 
jaune et brune contenant des 
débris grossiers : briques, tuiles, 
ardoises, craie, etc., de. . . . O-OO à 1"20 i"20 

17.56 Limon des marais, jaunâtre, sa- 
bleux, finement feuilleté, peu 
consistant, de 1.20 à 1.80 0.60 

16.96 Limon panaché, jaunâtre veiné 
de gris, ou grisâtre bariolé de 
jaune, sableux, très fin, assez 
compact, avec concrétions cal- 
caires et ferrugineuses, de . . 1.80 à 3.30 1.50 

15.46 Sable jaunâtre, très fin, très aqui- 

fère, de 3.30 à 3.40 0.10 

15.36 Limon panaché, jaunâtre ou gri- 
sâtre, bariolé, argilo-sableux, 
assez fin, assez compact, de. . 3.40 à 4.75 1.35 

14.01 Sable grossier, brunâtre, contenant 
quelques concrétions et des gra- 
nules de craie, de 4.75 à 4.80 0.05 

13.96 Glaise grisâtre ou brune, sableuse, 
très compacte, avec veinule de 
sable vers le milieu et galets 
de craie assez abondants vers la 
base, de. . 4.80 à 5.68 0.88 

13.08 Gravier de galets de craie très 
petits, simplement juxtaposés 
ou empâtés dans un ciment 
tantôt crayeux, tantôt sableux, 
de 5.68 à 6.50 0.82 

12.26 Craie blanche, de ..... . 6.50 à 6.80 0.30 



— 28 — 



Altitude 
18-69 



17.71 



17.27 



16.59 
16.41 
15.59 



14.36 



13.76 
13.61 

12.04 



Sondage n^ 2 



Teppaln rapporté : terre végétale 
noirâtre mélangée avec de l'ar- 
gile jaune et des débris de briques, 
de tulles, de craie, etc., de . . 

Limon des marais, jaunâtre, 
feuilleté, avec veinules ron- 
gea très ou brunes, de . . , . 

Limon panaché, jaunâtre, bariolé 
de gris, sableux, très fln, peu 
compact à la partie supérieure 
plus consistant vers la base 
nombreuses concrétions, de . 

Sable argileux, grisâtre, très fin 
aquifère, de 

Limon panaché, gris-jaunâtre 
sableux, très fin, assez compact 

Sabietrès argileux, avec nombreux 
lits de sable pur, assez grossier 
et aquifère, à la base, concrétions 
ferrugineuses, de 

Glaise gris bleuâtre ou gris bru- 
nâtre, très pure, compacte, 
imperméable, avec granules de 
craie assez nombreux, de . . 

Sable grossier , gris - jaunâtre , 
aquifère, de 

Gravier de galets de craie très 
petits dans un ciment sableux, 
glaiseux ou crayeux, compact, de 

Craie blanche pure, de ... . 



Profondeur ■ Épaiss. 



0"00 à 0"98 0»98 



0.98 à 1.42 0.44 



1.42 à 2.10 0.68 



2.10 à 2.28 0.18 



2.28 à 3.10 0.82 



3.10 à 4,33 1.23 



4.33 à 4.93 0.60 



4.93 à 5 08 0,15 



5.08 à 6.65 1.57 
6.65 à 7.35 0.70 



— 29 -^ 
Sondage n** 8 

Altitude Profondeur Épidss. 

18.76 Terrain rapporté : terre végétale 

noirâtre et limon brun mélangés 

avec des débris végétaux, des 

briques, des tulles, etc., de . . 0.00 à Û.50 0.50 
18.26 Limon des marais, jaunâtre, 

sableux, llnéoles grisâtres ou 

brunes, coquilles diverses, 

quelques débris de briques et de 

tuiles, des concrétions ferrugi- 
neuses, etc., peu consistant, de. 0.50 à 1.30 0.80 
17.46 Limon tourbeux, brun-grisâtre, 

sans consistance, formé de llnéoles 

grisâtres , sableuses , alternant 

avec des veinules de tourbe pure, 

débris grossiers : briques, tulles, 

braises, coquilles, très aqulfère, 

de 1.30 à 2.83 1.53 

15.93 Calcaire concrétionné avec galets 

de craie et granules de briques, 

de 2.83 à 2.90 0.07 

15.86 Glaise brun-verdâtre ou grisâtre, 

sableuse, très fine et assez com- 
pacte dans la partie supérieure, 

plus consistante dans la partie 

Inférieure où elle contient 

quelques granules de craie et 

quelques concrétions ferrugi- 
neuses, de 2.90 à 4.71 1.81 

14.05 Sable glaiseux, grisâtre ou roux, 

ferrugineux, fin à la partie supé- 
rieure, très grossier vers la base, 

très aqulfère, de 4.71 à 5.28 0.57 

13,48 Gravier de craie, granules assez 

petits, avec ciment glaiseux à la 

partie supérieure, crayeux vers 

la base, très compact •. . . . 5.28 à 6.65 1.37 
12.41 Craie blanche pure 6.65 à 8.43 1.78 



- 30 - 
Sondage n» 4 

Altitude Profuuileur Épaiss. 

19"70 Terrain rapporté : terre végétale 
noirâtre et limon Jaunâtre mé- 
langés, poteries, tuiles, briques, 
craie, etc., de. 0»00 à 1-78 1-78 

17 . 92 Limon des marais, jaunâtre, lerru- 
gineux, feuilleté, formé de petites 
linéoles assez sableuses, jaunes, 
grises ou brunes superposées, gra- 
veleux à la base, peu consistant, 
de 1 78 à 2.20 0.42 

17.50 Limon tourbeux, brunâtre ou gris- 
brunâtre passant vers la base à 
de la boue noire, contenant 
quelques veinules très grossières, 
d'autres plus fines, quelques lits 
de tourbe pure, de nombreux 
débris végétaux, des coquilles 
abondantes, des granules de 
briques, de tuiles, de craie, etc., 
très aquifère, de 2.20 à 3.95 1.75 

15 75 Calcaire concrétionné, gris-blan- 
châtre, de 3.95 à 4 07 12 

15.63 Glaise gris-verdâtre ou gris-bru- 
nâtre, très fine, sableuse, très 
compacte, de . . . . . . 4.07 à 5.60 1.43 

14.20 Sable gris-brunâtre, avec linéoles 
glaiseuses et lit graveleux à la 
base, compact, de . . . . . 5.50 à 5.81 0.31 

13 .89 Glaise brunâtre, fine, sableuse, très 
compacte, avec petites veinules 
de sable et nombreux grains de 
craie vers la partie inférieure, de 5.81 à 6.70 0.89 

13.00 Gravier de craie, grains assez 
petits, simplement juxtaposés ou 
empâtés dans un ciment glai- 
seux, de 6.70 à 7.20 0.50 

12.50 Craie blanche pure, de . . . . 7.20 à 7.55 0.35 



- 31 - 

Sondage n"* 5 

Altitude Profondeur Epaiss. 

18-72 Terrain rapporté : terre végétale 

et mélange de limon brun et 

jaune avec débris de briques, de 

craie formant gravier à la base, 

de 0"00 à l"15 i»15 

17.57 Limon des marais, jaunâtre avec 

nombreuses veinules rougeàtres, 

ferrugineuses, d'autres grises, 

sableuses ; assez compact vers le 

haut, très aquifère à la partie 

inférieure où l'on trouve des 

débris végétaux et quelques 

grains de craie, de .... 1.15 à 1.86 0.71 
16.86 Limon panaché, jaunâtre veiné de 

gris, ou grisâtre avec pana- 

chures jaunes ou rougeàtres, 

quelques petites concrétions cal- 
caires et ferrugineuses, assez 

compact, de 1.86 à 2.73 0.87 

15.99 Sable très argileux passant à du 

sable grossier, presque pur, très 

aquifère, de 2.73 a 3.19 0.46 

15.53 Limon panaché, grisâtre, sableux, 

très fin, compact, passant à du 

sable pur, de 3.19 à 3.57 0.38 

15.15 Sable grossier, grisâtre ou roux, 

granules de craie et veinules de 

glaise, lit graveleuxàla base, de 3.57 à 4.19 0.62 
14 53 Glaise gris-brunâlre, très pure, 

très fine, très compacte, quelques 

très rares grains de craie, de. . 4.19 à 6.37 2.18 
12 35 Gravier de craie, très i)etits galets 

dans un ciment glaiseux, vers 

la base, le ciment disparaît . . 6.37 à 7.00 0.63 
11.72 Craie blanche pure 7.00 à 7.62 0.62 



- 32 ~ 
Sondage n® 6 

Altitude Profuudcur Épaiss. 

18.75 Terrain rapporté: terre végétale 

brun noirâtre, de 0.00 à 0.15 0.15 

18.60 Limon des marais, argilo- sableux, 

rougeâtreou jaun e-clair, feuilleté, 

très petites linéoles, concrétions 

calcaires, peu compact, de . . 0.15àl.83 1.68 
16.92 Limon panaché, très un, argilo- 

sableux, compact, veinules grises 

ou brunes, ferrugineuses, de- 
venant sableux vers la moitié 

inférieure où 11 passe au sable 

pur, aquifère, de 1.83 à 3 76 1.93 

li 99 Sable roux ou gris verdâtre, gros- 
sier ; vers la base, quelques 

veinules de glaise et quelques 

granules de craie, aquifère, de. 3.76 à 4.67 0.91 
14.08 Glaise grisâtre ou gris brunâtre, 

sableuse, très fine, très compacte, 

avec veinules de sable gris et 

quelques granules de craie à la 

base, de 4.67 à 5.50 0.83 

13.25 Sable assez grossier, avec quelques 

grains de craie, aquifère, de. . 5.50à580 0.30 
12 93 Gravier formé de très petits galets 

dans un ciment glaiseux ou 

crayeux, compact 5.80 à 6.79 0.99 

11.96 Craie blanche 6.79 à 7.45 0.66 




- 33 - 

Sondage n"* 7 

Altitude Profondeur Épaiss. 

18"76 Terrain rapporté, assez sableux, 

mélange de terre noire et Jaune, 

débris grossiers : briques, tulles, 

craie, etc., filets d'eau abondants 

à partir de 0.90, de 0-00 à i"00 1-00 

17.76 Limon des marais, doux, Jaune 

clair, feuilleté, sableux, bariolé 

de gris et plus compact vers la 

base, eau abondante, de . . . 1.<X) à 1.51 0.51 
17.25 Sable roux grossier, très aquifère, 

de 1.51 à 1.70 0.19 

17. u6 Limon panactié, jaunâtre, argllo- 

sableux, avec veinules grises, 

très compact, de 1.70 à 2.14 0.44 

16.62 Sable roux, grossier, aquifère, de. 2.14 à 2.19 0.05 
16.57 Limon panaché, jaunâtre, veiné de 

gris, ou grisâtre veiné de roux, 

compact à la partie supérieure, 

très sableux vers la base où l'on 

rencontre quelques grains de 

craie, de 2.19 à 3.55 1.36 

15 . 21 Glaise grisâtre, fine, très compacte, 

veinule de sable à la base, de . 3.55 à 4.05 0.50 
14.71 Sable grls-verdâtre, très grossier, 

avec quelques rares grains de 

craie dans la masse et formant 

un lità la base, très aquifère, de. 4.05 à 5.03 0.98 
13.73 Gravier de très petits galets de 

craie dans un ciment glaiseux 

brun-jaunâtre ou crayeux gri- 
sâtre, très compact, de . . . 5.03 à 6.62 1.50 
12.14 Craie blanche, de . . . . . . 6.62 à 7.15 0.53 



Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii 



- 34 — 
Sondage rf 8 

Altitude Profondeur É| 

18"34 Terrain rapporté : terre végétale 
et mélange peu consistant d'ar- 
gile brune on jaune avec des 
débris de toutes sortes : briques, 
poteries, craie, etc., de. . . . 0"00 à 1»12 1 

17 . 52 Limon des marais, doux, Jaunâtre, 
sableux, feuilleté, très petites 
veinules brunes de nature végé- 
tale, concrétions calcaires très 
petites, contenant à 1 m. 70 de 
profondeur un fragment de pote- 
rie du XIV siècle, de ... . 1.12 à 2.10 t 

16 . 54 Sable grossier, grisâtre ou roux, de 2 . 10 à 2 . 23 ( 

16.41 Limon panaché, jaune fin, argilo- 
sableux , compact renfermant 
quelques concrétions calcaires 
à la partie supérieure, devenant 
sableux à la base et passant au 
sable pur, de 2.23 à 2.87 ( 

15.77 Sable grossier, roux ou grisverdâ- 

tre, très aquifère, de . . . . 2.87 à 3.12 C 

15 52 Glaise sableuse, très fine, com- 
pacte^ homogène, linéole tour- 
beuse à la surface, de . . . . 3.12 à 3.63 C 

15.01 Sable très grossier, gris- verdâtre, 
avec veinules de sable ferrugi- 
neux, aquifère, de 3.63 à 4.36 C 

14.28 Glaise sableuse, fine, grisâtre ou 
brun-verdâtre, très homogène, 
très compacte, de. 4.36 à 5.25 C 

13.39 Gravier formé d'assez gros élé- 
ments crayeux dans un ciment 
glaiseux, brun- verdâtre ou jau- 
nâtre, très compact, de . . . 5.25 à 6.83 1 

11.81 Craie blanche, de 6.83 à 7.62 



— 33 - 



Sondage rf 9 

Altitude Profondeur Épsiss 

18»59 Terrain rapporté : mélange de 
terre végétale noirâtre avec du 
limon Jaunâtre et des débris 
grossiers de briques, tulles, pote- 
ries, etc., de 0"00 à 0"85 0"85 

18.74 Limon des marais, jaunâtre, sa- 
bleux, fin, feuilleté, assez com- 
pact, concrétions calcaires et 
ferrugineuses, linéoles sableuses 
grisâtres et quelques débris de 
briques à la base, de .... 0.85 à 1.47 0.62 

17.12 Sable assez grossier, gris-brunâtre 
ou roux ; à la partie inférieure, 
débris végétaux, concrétions 
crayeuses et granules de briques, 
aquifère, de 1.47 à 1.74 0.27 

16.85 Terre noire tourbeuse ou tourbe 
grossière : feuilles, roseaux et 
gros débris végétaux, avec in te r- 
calation de lits de sable brun, 
grossier, coquilles : Paludines, 
Lymnées, Planorbes, Unlos, etc., 
concrétions calcaires et briques 
dans toute la masse ; à la base, 
lit de granules de briques, de 
craie et de concrétions, très spon- 
gieuse, beaucoup d'eau, de . . 1.74 à 2. 

15.70 Glaise grisâtre, sableuse, fine, très 
compacte dans presque toute la 
masse, un peu humide à la sur- 
face, quelques concrétions cal- 
caires et ferrugineuses, de. . . 2.89 à 4.16 1.27 

^^•43 Sable grossier, gris-verdâtre ou 
brun, avec veinules ferrugineu- 
ses, quelques rares grains de 
craie, de 4.16 à 4.67 0.51 

13.92 Gravier de grains de craie dans 
un ciment glaiseux, gris-verdâ- 
tre, de 4 67 à 5.53 0.86 

^3.06 Craie blanche 5.53 à 7.25 1.72 



-^ 36 - 
Sondage n» 10 

Altitude Profondeur Epates. 

18"64 Terrain rapporté : terre végétale 

et terre jaune ou brane mélan- 
gées^ contenant : brlqnes, tuiles, 

etc., de 0-00 à 0-86 0-86 

17 .78 Limon des marais, jaune, un, doux, 

feuilleté, sableux, nombreuses 

veinules rougeâtres, grises ou 

brunes, devient grossier à la base 

où 11 y a un Ut de débris de 

briques, de craie, etc., de. . . 0.86 à 1.36 0.50 
17.28 Sable grossier, tourbeux, gris-noi- 
râtre, contenant un amas de 

petites racines, briques, tulles, 

coquilles nombreuses : Palu- 

dlnes, Lymnées. débris d'Unlos, 

etc., de 1.36 à 1.55 0.19 

17.09 Glaise sableuse, grisâtre ou brune, 

à la base, lit graveleux, très 

aqulfère, de 1.55 à 2.01 0.46 

16 . 63 Terre noire, tourbeuse, (boue noire) 

avec plusieurs lits de glaise ou 

de sable argileux, passant à de 

la tourbe pure, très spongieuse, 

très aqulfère, remplie de co- 
quilles : Paludlnes, Lymnées, 

Planorbes, etc., de 2.01 à 3 26 1.25 

15,38 Glaise grisâtre, sableuse, très fine, 

très compacte, un neu mouillée 

à la surface, llnéoles de sable 

grossier dans la masse, de . . 3.26 à 3.64 0.38 
15.00 Sable grossier gris-verdâtre ou 

roux avec quelques llnéoles de 

glaise fine et lit graveleux aqul- 
fère à la base, de 3.64 à 4.33 0.69 

14 . 31 Glaise grisâtre ou brune, fine, pure, 

homogène, devenant sableuse à 

la partie inférieure, reposant sur 

un lit graveleux de quelques 

centimètres, de 4.33 à 5,14 0.81 

13 50 Gravier de très petits galets de 

craie dans un ciment glaiseux ou 

crayeux, de 5.14 à 6.21 1.07 

12.43 Craie jaunâtre, de 6.21 à 6.91 0.70 



- 37 — 
Sondage n® 11 

Altitude Profondeur Épaiss. 

18"58 Terrain rapporté : terre végétale 
avec argile Jaune et brune mélan- 
gées, débris de briques, tuiles, 
craie, etc., de O-OO à 0-66 0"66 

17 .92 Limon des marais, jaunâtre, feuil- 
leté, avec briques, tuiles, con- 
crétions calcaires, peu consistant, 
de 0.66 à 0.91 0.25 

17.67 Limon tourbeux et sable brun 
assez grossier alternant avec des 
veinules de tourbe pure (vase, 
noire boueuse), quelques lit; 
glaiseux ; l'ensemble est spon- 
gieux et très aquifère ; nom- 
breuses coquilles : Paludines, 
Ly mnées. Piano rbes,etc.,briqaes, 
poteries, ardoises, de .... 0.91 à 3.02 2.11 

15.56 Glaise gris-verdâtre ou gris-jau- 
nâtre, fine, sableuse, assez fluente 
à la surface sur 0.10, homogène 
et compacte dans tout le reste 
de la masse, de 3.02 à 4.13 1.11 

14.45 Sable grossier avec très petits 
• grains de craie, ciment glaiseux, 
gris-brunâtre ou gris-jaunâtre, 
de 4.13 à 5.03 0.90 

13.55 Glaise brunâtre ou gris-brunâtre, 
très fine, sableuse, homogène, 
compacte, quelques rares grains 
de craie, de 5.03 à 5.76 0.73 

12.82 Sable brun, très grossier, de . . 5.76 à 6.48 0.72 

12. 10 Gravier, amas de très petits galets 
de craie presque sans ciment, 
compact, de 6.48 à 7.38 0.90 

11.20 Craie blanche, de . ..... 7.38 à 8.06 0.68 



- 38 - 
Sondage n® 12 

Altitude Profondeur Épaiss. 

18"66 Terrain rapporté : terre végétale 

noirâtre, mélangée avec de l'ar- 

j<ile brune ou jaune et des débris 

de briques, de tuiles, de craie, 

etc., de 0-00 à 1-33 i»33 

17.33 Amas de racines dans du sable gris 

brunâtre, petites coquilles, gra- 
nules de briques,beaucoup d'eau, 

de 1.33 à 1.78 0.45 

16.88 Glaise très sableuse, grisâtre ou 

brune, sans consistance, avec 

linéoles de tourbe pure alter- 
nant avec du sable grossier, 

briques, tuiles, etc., de. . . . 1.78 à 2.49 0.71 
16.17 Tourbe noirâtre (boue noire), avec 

lits sableux ou glaiseux inter- 
calés, nombreuses coquilles : 

Paludines, Lymnées, Planorbes, 

Unlos et débris de briques, 

tuiles, ardoises, poteries, très 

spongieuse, très aquifère, de. . 2.49 à 3.00 0.51 
15.66 Glaise grisâtre, fine, mouillée à la 

surface, très compacte dans toute 

la masse, un peu sableuse à la 

base, de 3.00 à 4.49 1.49 

14.17 Sable grossier, gris-verdâtre ou 

roux, très aquifère à la partie 

supérieure devenant glaiseux et 

compact à la base où il contient 

quelques granules de craie, de . 
12.87 Gravier de très petits galets de 

craie dans un ciment glaiseux, 

gris-verdâtre, compact, de . . 
12.12 Craie jaunâtre, de 



4.49 à 5.79 


1.30 


5.79 à 6.54 


0.75 


6.54 à 8.00 


1.46 



-- 39 — 
Sondage n" 13 

Altitude Profondeur Épaiss. 

18»56 Terrain papporlé : terre végétale 
et mélange d'argile brunàtreavec 
de l'argile jaunâtre, débris gros- 
siers : briques, tuiles, etc., de . 0-00 à i»30 1-30 

17 . 26 Limon des marais, jaunâtre, feuil- 
leté, avec nombreuses veinules 
de limonite, galets de briques, 
coquiiles, etc., de 1.30 à 1.54 0.24 

17.02 Limon noirâtre, veinules tour- 
beuses, contenant quelques gros 
débris végétaux, alternant avec 
d'autres de gros sable roux ou 
des lits de tourbe pure, dépôt sans 
consistance, rempli d'eau, co- 
quilles nombreuses ; vers la base, 
il est argileux et passe à la 
glaise, de 1.54 à 1.98 0.44 

16.58 Glaise grise, très sableuse, très 

fine, très homogène, de . . . 1.98 à 2.14 0.16 

16.42 Tourbe argileuse avec parties très 
noires (vase noire), très pures, 
spongieuses, d'autres saoleuses, 
plus claires, nombreuses co- 
quilles : Paludines, Lymnées, 
Planorbes Unios, débris de 
briques, tuiles, poteries, verre, 
schistes, ardoises, etc., de. . . 2.14 à 2.61 0.47 

15.95 Glaise gris-brunâtre, sableuse, très 
fine, mouillée à la surface, 
quelques lits de sable grossier, 
devenant grisâtre ou gris-jau- 
nâtre et très compacte vers la 
base de 2.61 à 3.82 1.21 

14.74 Sable grossier, grisâtre ou roux 

ferrugineux, aquifère, de . . . 3.82 à 4.21 0.39 

14.35 Glaise grisâtre ou brun-verdâtre, 

très compacte de 4.21 à 4.88 0.67 

13.68 Sable brun ou roux, un peu glai- 
seux et compact, quelques grains 
de craie, de 4.88 à 5.36 0.48 

13.20 Gravier assez fin, compact, ciment 

glaiseux, de 5.36 à 6.33 0.97 

12.23 Craie blanche, de 6.33 à 7.16 0.83 



— 40 — 
Sondage n^ 14 

Altitude Profondeur Épaiss. 

18»54 Terrain rapporté : sol végétal, 

briques, tulles, craie, etc., de . 0-00 à 0-25 0-25 

18.29 Limon des marais, jaunâtre, feuil- 
leté, très ferrugineux, avec vei- 
nules grises et brunes sableuses, 
peu consistant, grains de briques 0.25 à 1 .95 1 .70 

16.59 Limon panaché, argllo-sableux, 
jaunâtre, ferrugineux, veinules 
grises, assez compact, de . . . 1.95 à 2.23 0.28 

16.31 Sable argileux, grisâtre ou roux, 
passant au sable grossier, ferru- 
gineux, aquUère, de 2.23 à 2.46 0.23 

16.08 Limon panaché, argllo-sableux, 

assez compact 2.46 à 2.95 0.49 

15.59 Sable grossier, ferrugineux, aqul- 

fère, de 2.95 à 3.17 0.22 

15.37 Glaise grise Une, sableuse, com- 
pacte, passant au sable pur, de 3 17 à 3 52 0.35 

15.02 Sablepur, grossier, grisâtre ou gris- 
jaunâtre, très aqulfère, avec 
llnéoles de glaire pure, devenant 
fin, glaiseux, brunâtre et assez 
compact vers la base où il ren- 
ferme quelques granules de craie 3.52 à 5.11 1.59 

13.43 Gravier formé de très petits galets 
de craie dans un ciment glaiseux, 
jaunâtre, ou gris brunâtre, vers 
la base les galets sont simplement 
juxtaposés, très compact, de . . 5.11 à 6.02 0.91 

12.52 Craie blanche 6.02 à 7.52 1.50 




- 41 — 
Sondage n^ 15 

Altitude Profondeur Épaiss. 

18"59 Terrain rapporté: terre végétale 
et mélange d'argile jaune et 
brune avec morceaux de briques, 
de craie, cendres, etc., de . . 0"00 à 1»25 l'"25 

17.34 Limon brunâtre, sableux et sable 
graveleux, avec amas de petites 
racines, très aqulfère, de . . 1.25 à 135 0.10 

17.24 Glaise sableuse, grisâtre ou gris- 
jaunâtre, très fine, nombreuses 
veinules i\olres, tourbeuses, dé- 
bris de briques, d'ardoises, sans 
consistance, très aquifère, de . 1.35 à 1.91 0.56 

16.68 Tourbe noire ou plutôt vase noire, 
très spongieuse, très aqulfère, 
avec veinules de sable, ou de 
glaise, nombreuses coquilles, dé- 
bris de poteries, de tulles, de 
briques, etc., de ..... . 1.91 à 2.94 1.03 

15.65 Glaise gris verdâtre, sableuse, très 

fine, très compacte 2.94 à 3.35 0.41 

1 5 . 24 Sable grossier gris verdâtre ou gris 
jaunâtre, très aquifère à la partie 
supérieure ; vers la base, 11 y a 
alternance de lit3 de sable gros- 
sier, ferrugineux, avec d'autres 
plus glaiseux,con tenant quelques 
grains de craie, de 3.35 à 4.95 1.60 

13.64 Gravier de très petits galets de 
craie dans un ciment glaiseux, 
ou simplement juxtaposés, com- 
pact, de 4.95 à 6.03 1.08 

12.56 Craie blanche ....... 6.03 à 7.84 1.81 



— 42 — 
Sondage n® 16 

Altitude Profondenr Épaiss. 

18.62 Terre rapportée : limon bran et 
limon Jaune mélangés à des 
débris de craie, etc., de . . . Oh» à 0"68 0-68 

17.94 Limon des marais, jaunâtre, ferru- 
gineux, feuilleté, peu consistant, 
cofiuiiies, briques, etc., de . . 0.68 à 0.78 0.10 

17.84 Terre tourbeuse, noirâtre, avec lits 
sableux, d'autres argileux, 
d'autres formés uniquement de 
mousses, véritable boue noire, 
spongieuse, remplie de coquilles : 
Paludines, Lymnées, Planorbes, 
Unios, etc., débris grossiers : 
briques, tuiles, verre, ardoises, 
très aquifère, de 0.78 à 2.92 2.14 

16 . 70 Glaise grise, sableuse, très fine, très 
compacte, sauf à la surface, sur 
une vingtaine de centimètres où 
elle est un peu délayée, de . . 2.92 à 3.69 0.77 

15.93 Sable grossier, jaune- verdâtre, 
quelques grains de craie, aqui- 
fère de . 3.69 à 4.05 0.36 

15.57 Glaise gris-jaunâtre ou gris-bru- 
nâtre, très compacte, de . . . 4.05 à 4.50 0.45 

15.12 Sable brunâtre ou gris-jaunâtre, 
grossier à la partie supérieure 
du dépôt, plus fin, glaiseux et 
assez compact vers la base, de. 4.50à5.50 1.00 

14 12 Gravier de petits galets de craie 
dans un ciment glaiseux, bru- 
nâtre ou crayeux, grisâtre, ou 
enfin simplement juxtaposés, de. 5.50 à 9.01 3.51 

10 61 Craie blanche pure, de ... . 9.01 à 9.93 0.92 












Ann. Soc. 


Gèol 


Nord. XXXllI 






14 


15 


16 




IS-^o'i 


iS"'a9 


181)02 


_ 


1 1 


^ 


1 


1 


3 


1 


1 


^ 






















•3 £ 




■^ 


1^ 






n 








0.25 




- 




1.25 


^ 




0.88 


.30 


I).0(là0.25 


0.25 


l.OOà I-K 


1.25 


O.OO à 08 


0.68 


.24 


0.25 à 1.95 


1.70 


1.70 








0.68 à 0.78 


0.10 


O.IC 




,> 






1-2.ÎÙ 1,35 


0-1(1 




0.78 a 2.92 


2 14 




07 


: 




" 


1.35 S 1,91 
1 91 A 2.94 


U.&6 
1,03 


1,69 




" 


2.14 




1.95 il 2.23 
3.23 à 2-46 
2 46 a 2.95 
2.95 à 3.17 


0.28 
0.23 
0,49 


1.22 


^, 




>■ 




" 






3,17 à 3.52 


0.35 




2.94 k 3,35 


0.41 




2.92 a 3.69 0.77 




1,27 


' 


" 


0-35 


» 


« 


0.4t 


3.69 à 4.05 
4.05 à 4.50 


0.36 
Û.4B 


1.5t 


1,48 


3.52à5.ull.59 

1 


1.59 


3.S5Ù4.» 


1.60 


1.6l 


4,50 ft 5.50 


l.Oi 


l.OC 


).97 


5.11 116,02 0.91 


0.91 


4,95 à 6.03 1.08 


1 08 


5. 50 à 9.01 


3.51 3.51 


1.83 


6.02 à 7.52 


il, 50 


1,50 


6.fl3 à 7.84 


1,8 


1.8 


9.01 a 9,83 


0.0 


H 



i 

». 

l 






/T\ 



Considérations géologiques et hydrologiques sur chacune 

DES principales FORMATIONS SIGNALÉES DANS LE TABLEAU 
CI-CONTRE. 

Terrain rapporté 

Terre végétale et mélange d'argile jaune ou brune 

Couche TV 1 

C'est du remblai, mélange peu consistant de deux sortes 
d'argile : Tune jaune, Tautre brune, renfermant des 
débris grossiers de toute nature : briques, tuiles, poteries, 
craie, ardoises, etc. La partie supérieure a été transfor 
mée en terre végétale. 

Oa a rencontré du remblai dans tous les sondages ; 
son épaisseur varie entre O^^IS (sondage n** 6) et i^l% 
(sondage n"" 4). C'est lui donne à cette partie de rempla- 
cement proposé le relief qu'on y constate, ainsi au 
sondage n® 4 la côte atteint 19°^70, tandis que partout 
ailleurs elle varie entre 18™76 et 18°^54 : les remblais ont 
donc à peu près nivelé le sol. 

Terrain récent 

Limon de lavage ou limon des marais. Coucha w 2. 
Sable hf. n°.V. 

Le limon des marais est sableux, fin, finement feuilleté, 
formé d'une suite de linéoles gris jaunâtre, rougeâtres ou 
brunes superposées. Aux sondages n^^ 7 et 8, il y a, à la 
base de ce limon, une couche de sable assez grossier. 

De moyenne consistance lorsqu'il repose sur un fond 
solide, ce limon devient très aquifère, lorsqu'il recouvre 
^u sable ou de la tourbe, comme aux no« 3, 4, 7, 8, 9, 
% 11, 13 et 16. On y trouve des débris de tuiles, 
^6 briques, de verre de poterie, etc. Il s'est formé à une 
époque tout à fait récente. On l'a rencontré dans tous les 
sondages, excepté aux n^s 12 et 13, situés à proximité 



.^ 44 — 

TuQ de l'autre. Au sondage n^ 6, ce limon est à la côte 
18™60, c'est le niveau le plus élevé qu'il atteint ici, au 
n"" 13, il ne dépasse pas il^26 : c'est le point le plus bas. 
Son épaisseur varie entre 1°»70 (sondage n** 14) et 0™10 
(sondage n» 16). C'est une sorte de colmatage, produit de 
ruissellement et de débordement. 

Terrain tourbeux 

Limon tourbeux Couche rv 4 

Glaise sableuse ou calcaire concrétion né. Id. n« 5 
Tourbe Id, n" 6 

Cet ensemble de dépôts, sorte de boue noirâtre ou 
grise, comprend une grande variété de couches peu 
continues : limon tourbeux, vase noire, sable ou glaise 
sableuse, tourbe pure, toutes plus ou moins spongieuses, 

remplies d*eau, sans consistance, par conséquent. D'où 
impossibilité absolue de prendre, comme base de cons- 
truction, ce terrain ni aucun de ceux qu'il supporte : le 
limon des marais, par exemple. 

On y trouve de nombreuses coquilles : Paludines, 
Lymnées, Planorbes, Unios, etc., des débris de briques et 
de poteries d'âge tout à fait récent. Il ne correspond donc 
pas à la tourbe que l'on rencontre dans l'ancienne vallée 
de la Deûle, nous sommes ici, d'ailleurs, sur la rive gauche 
de cette vallée, mais en dehors. 

Ces dépôts ont dû se former dans de vastes fossés que 
l'on peut rattacher, comme ceux du bois de Boulogne, au 
système de défense établi par Vauban de ce côté de la 
ville. En communication avec le canal de la Haute-Deûle 
et avec la Deûle elle-même, ils en recevaient, lors des 
crues, des apports de boue sableuse ou argileuse : la couche 
de glaise sableuse qui divise ordinairement cette série de 
couches en deux parties distinctes n'a pas d'autre origine. 
Ces fossés se sont encore comblés par le produit du 



- 48 - 

lavage des terrains avoisinants, comme aussi par des 
détritus de végétaux aquatiques ou terrestres : mousses, 
roseaux, feuilles, herbes, etc. 

Ce qui m'a confirmé dans Tidée que nous nous trouvons 
en présence d'anciens fossés, c'est que, partout où Ton 
rencontre les dépôts tourbeux, c'est-à-dire aux sondages 
nos 3, 4, 9, 10, 11, 12, 13, 15 et 16, le limon panaché fait 
complètement défaut. 
• Il est curieux de remarquer avec quel soin les ingé- 
nieurs de l'époque ont choisi la glaise, qui est compacte 
et imperméable, comme fond de leur rivière artificielle ; 
les nôtres ne peuvent faire mieux que de les imiter. 

L'épaisseur des dépots tourbeux varie sur de très petits 
espaces. Je crains qu'ils ne nous réservent des surprises 
assez désagréables. Au sondage n» 13, par exemple, ce 
lerrain n'a que l^^OT d'épaisseur, tandis qu'au sondage 
n** 16, distant de 13°^ à peine, il a 2™14. C'est à ce dernier 
sondage qu'il atteint le point le plus élevé 17'°84, le point 
le plus bas 17™02 est au sondage n» 13. 

Limon Panaché 

Limon panaché .... Couche rv 7 

Sable argileux /(/. rv 8 

Llmou panaché .... /(/. /i" 9 

Sable Id. /i» 10 

Le limon panaché est généralement assez compact et 
assez homogène dans toute sa masse, un peu sableux à la 
base. Ici, il présente plusieurs divisions. Il y a d'abord 
une zone supérieure où l'on observe les caractères habi- 
tuels du dépôt, puis une couche de sable pur, assez mince, 
il est vrai, mais aquifère, ce qui créera quelques diffi- 
cultés lorsqu'on le rencontrera, dans une tranchée. En 
dessous vient une seconde zone où le limon reprend ses 
caractères ordinaires, malheureusement, comme pour la 
zone supérieure, il repose souvent sur du sable très 



- 46 - 

aquifère, de sorte que tout l'ensemble est assez humide 
Quoi qu'il en soit, ce limon n'est pas ce qu'on peut appelai 
un mauvais terrain ; je le considère comme suffisammen 
résistant pour supporter des constructions de moyenm 
importance, surtout si on peut l'assécher. Comme je l'a 
dit plus haut, on ne rencontre le limon panaché que h 
où le terrain tourbeux n'existe pas, c'est-à-dire dam 
les sondages n^s 1, 2, 5, 6, 7, 8 et 14. 

Son épaisseur est assez variable : 3 mètres au sondagi 
n» 1, 0o^89 seulement au sondage n» 8. Son altitude maxi 
mum est 11^21, au sondage n^ 2, et la côte la plus bassi 
est i6»"41, au sondage n" 8. 

Glaise 

Glaise Couche n* 77 

Sable 1(1. n« 12 

Glaise . Id. n* 13 

La glaise est formée principalement de sable grisâtri 
micacé, excessivement lin, très pur, très compact, trÊ 
tenace. C'est en réalité du sable argileux, les ouvriers 1 
nomment : sable bleu. 

Elle diffère des autres couches que nous venons d'ex: 
miner par sa masse et par son étendue. On l'a trouva 
dans tous les sondages. Elle est généralement homogèn_ 
cependant, dans un certain nombre de sondages, (7 suri 
on a constaté qu'elle était divisée en deux par une coucl 
de sable pur, très aquifère. Mais, à cause de leur compaci 
plus grande, les parties glaiseuses ont paru beaucov 
moins imprégnées d'eau que celles du limon panaché où 
même disposition a été reconnue. On pourrait égalem^ 
essayer de l'assécher. 

La glaise relient l'eau dans les couches superticiell < 
Peu épaisse, 0°û35, au n» 14, 00^41 au n^ 15, elle atteint 1°^ 
et môme 2 mètres dans la plupart des autres sondages. 



~ 47 - 

Sa surface est très régulière et presque de niveau : dans 
H sondages sur 16 l'altitude ne diffère guère que de0™50. 
Sa côte la plus élevée est 15^95 au sondage n"" 13 et la plus 
basse 13^96 au sondage n'' 1. 

La glaise est certainement la première couche du sous- 
sol qui convient le mieux pour asseoir des construc- 
tions importantes. 

Sable grossier 

Sable grossier . . . Couche n" 14 

Sous la glaise, il n'est pas rare de rencontrer une couche 
de sable quartzeux, gris-verdâtre ou jaunâtre, ferrugi- 
neux. Parfois ce sable est glaiseux et compact, mais plus 
souvent il est grossier et très aquifère, alors il coule et est 
assez difficile à traverser. 

Heureusement, le sable n'existe pas partout, il manque 
dans les sondages n^^ 1, 4, 5, 8 et 10. Son épaisseur est 
^généralement assez faible. Elle varie entre O^^IS, au 
sondage n» 2, et l'»60, au sondage n** 15 ; en ce point, le 
sable atteint la côte 15'°24, il est à 12°ï82 au sondage n» 11. 

Gravier 

Gravier . . . Coudie rv 15 

Le sable repose sur une couche de gravier. Ordinaire- 
"ïent, ce dépôt est formé de galets de silex et contient de 
^'eau en abondance. Ici, il est constitué uniquement par de 
'^ut petits galets de craie empâtés dans de la glaise grisâtre 
^u brune, très compacte. C'est donc un dépôt absolument 
'ttiperméable, plus solide que la glaise elle même. 

Le gravier forme une couche très régulière dont le 
niveau ne varie pas sensiblement 1 mètre à peine, dans 
*4 sondages sur 16. 

Son point le plus élevé est 13™92 au sondage n» 9 et le plus 
l>as 12^10 au sondage n° 11. Son épaisseur 0"«50 au sondage 



- 48 - 

n^ 4 alteint 1"59 au sondage n® 7. Par exception, au 
sondage n^ 16 on Ta traversé sur 3"»31. En cet endroit, il 
parait combler le lit d'un ancien cours d'eau de l'époque 
quaternaire. 

Le gravier présente la plus grande résistance à la 
compression. Il pourrait mieux que la glaise encore 
supporter les constructions les plus lourdes parce qu'il 
repose non sur du sable aquifère, mais sur la craie 
elle-même qui est d'une grande compacité; plus étanche 
encore que la glaise, le gravier retient comme elle, toutes 
les eaux superficielles. 

Je viens de dire que les dépôts tourbeux et le limon 
panaché lui-même sont fort humides, j'ai recherché les 
causes de cette surabondance d'eau d'imbibition. La 
première de toutes, et de beaucoup la plus importante, 
c'est la très grande quantité de pluie tombée cette année, 
qui a fait monter les niveaux d'une façon exceptionnelle. 
En second lieu, j'avais supposé que cet excès d'humiditi 
pouvait provenir, en partie du moins, des bassins eux- 
mêmes, mais, après avoir fait mettre bas les eaux pendant; 
quelques jours, j'ai constaté que le niveau de la nappe 
phréatique continuait quand même son mouvement ascen- 
sionnel (voir le tableau ci-dessous) ce qui prouve la 
complète indépendance de cette nappe superficielle. Enfin, 
mon attention a été appelée sur la présence, à l'Ecole de 
natation môme, d'un puits absorbant en relation directe 
avec les anciens fossés dont j'ai signalé l'existence, par ce 
canal, toutes les eaux de l'établissement : eaux ménagères 
et eaux pluviales, pénètrent dans les dépôts tourbeux 
d'abord, dans le limon panaché ensuite : c'est une eau 
d'humidité qu'il sera facile de faire disparaître. 



— 49 — 



Tableau indiquant le niveau de l'eau 

DANS les divers SONDAGES A PARTIR DU SOL 



N" des 

Sondages 


Mardi 
2 Février 


Jeudi 
4 Février 


Mercredi 
10 Février 


Jeudi 
11 Février 


Vendredi 
12 Février 


OBSERVATIONS 


1 


1-41 


l'-45 


1-15 


Le 


1-16 


Les mardi 2 


9 

3 


1.57 
1.47 


1.57 
1 52 


1.35 
l.:i6 


niveau 
de l'eau 


1.32 
1.19 


jeudi 4 et mer- 
credi 10 fé- 


4 


2.33 


2 40 


2.21 


des 


2.07 


vrier le ni- 


5 


1.15 


1.15 


0.81 


bassins 


0.77 


veau de l'eau 


6 


3.55 


3.55 


0.6i 


est 


0.58 


desbassins 


n 
1 


1.10 


1.05 


0.69 


abaissé 


0.85 


est à On45 du 


8 
9 


1.65 
1.17 


1.63 
1.18 


1.23 
1.04 


de 0,30 


1 08 
0.60 


sol; le jeudi 
11 et le ven- 


10 
11 


1.10 
1.00 


1.C8 
1.02 


97 
0.90 




0.97 
0.88 


dredi 12, l'eau 
se trouve à 


12 


1.05 


1.05 


0.98 




0.95 


0"»75 en con- 


13 


1.10 


1.00 


0.90 




0.84 


trebas du sol. 


14 


)) 


2 44 


1.19 




0.85 




15 


» 


1.02 


0.95 




92 




16 


» 


)) 


1.10 




1.02 





Conclusions 

Le terrain des terre-pleins qui entourent TEcole de 
nalalion au N., à TO. et au S. (de ce côté seulement pour 
la partie confinant à Técole gratuite) est mauvais, on y 
rencontre, jusqu'à 3 mètres de profondeur environ, des 
dépôts vaseux et tourbeux remplis d'eau et sans consis- 
tance. (Planche I, sondages n®» 3, 4, 9, 10, 11, 12, 13, 15 et 
16). 

Le limon des marais (couches n"s 2 et 3) lorsqu'il repose 
sur des dépôts tourbeux ne peut servir de base à aucune 
construction. 

Le limon panaché (couches n^s 7, 8, 9 et 10) forme un 
terrain d'assez bonne composition, quoique humide, étant 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxin 4 



— 50 — 

constamment baigné par la nappe des eaux sauvages. De 
ce fait on doit s'attendre à quelques difficultés. 

La glaise (couches n®» H, 12 et 13) constitue un fond 
plus régulier et plus résistant que le limon panaché, c'est 
celui que Ton doit choisir pour asseoir des constructions 
importantes, le seul d'ailleurs qui puisse être utilisé 
là où les dépôts tourbeux ont été signalés. Les sondages 
ont montré que la glaise existe dans toute l'étendue de la 
propriété, entre 3 et 4 mètres de profondeur. 

Enfin, la meilleure base de toute construction serait le 
gravier (couche n® 15) ou la craie (couche n^ 16), mais ces 
dépôts présentent le très grand inconvénient de se trouver 
à 6 ou 7 mètres de profondeur. 

M. Ch. Barrois fait la communication suivante : 

Sur les Spirorbes du Terrain Rouiller de Bruay 

(Pas-de-Calais) 
par Charles Barrois 

Lors d'une récente excursion avec mes élèves, aux Mines 
de Bruay, dans le Groupe des Grandes Veines du bassin, 
nous avons trouvé des toits de veine, remplis de petites 
coquilles de Spirorbes. Ce fossile si répandu dans le 
Terrain Houiller n'avait pas encore été signalé, à notre 
connaissance, dans le bassin du Nord de la France. 11 
présente assez d'intérêt, tant au point de vue stratigra- 
phique qu'au point de vuepaléontologique, pour que nous 
en entretenions la Société. 

Qu'il nous soit permis d'abord d'exprimer nos remer- 
ciements à M. J. Elby, Directeur, et à M. F. Conte, Ingénieur 
en chef de la Compagnie, d'un accueil que nos étudiants 
ne sauraient oublier. La descente à la fosse n"" ^^^^, effec- 
tuée sous la direction de M. Didier, Ingénieur division- 
naire, assisté de MM. Bidel et Dubois, Ingénieurs de la 



— 51 — 

fosse, nous a permis d'étudier en détail le gisement des 
charbons flénus à 35 «/o de matières volatiles, du Sud de la 
concession. Nous avons fait particulièrement Télude du 
gisement, de l'exploitation, et des failles qui dérangent 
la veine n° 16, veine de 1 mètre, de structure variable, 
présentant 1, 2 ou 3 sillons de charbon. 

L'examen du toit de cette veine a donné lieu à plusieurs 
observations parmi lesquelles nous mentionnerons la 
présence d'un gros tronc de Sigillaria debout, qui nous a 
paru en place, avec ses racines rampant à la surface de la 
veine ; le schiste de ce toit, très fin, est rempli de fougères 
étalées, délicatement conservées, parmi lesquelles domi • 
nentles Nevropteris et Alethopteris, et leurs pinnules sont 
chargées de coquilles de Spirorbis pusillus (Martin sp.) (*). 

Ces Spirorbes (2) comptent parmi les formes les plus 
répandues du Terrain Houiller d'Europe, et présentent des 
formes peu variées du Carbonifère au Permien, et même 
aussi du Silurien (3) jusqu'à nos jours. Ils ont été signalés 
dans le Bassin houiller de Belgique, et dans toute son 
étendue, à diverses reprises. En 1867, Van Beneden et 
Coemans (^) les signalaient à Mariemont, La Lôuvière, 
Hornu, Jemmappes, Péronnes, fixés sur des pinnules de 
Sphenopieris obtusiloba, latifolia, trifoliata, Alethopterismu- 
mata, Sauveuri, Nevropteris cordata, acutifolia, tenuifolia, 
et sur des Lepidodendron. M. Firket p) les signala, en 1879, 

(1) LasynoDymie de cette espèce est très obscure ; c'est en suivant M.R. Etheridge 
queoous rapportons le Spirorbe de Bruay à l'espèce de Martin (W. Martin : Petre- 
lacta Derbyensia* 1809, pi. 15, fig. 2, 3. Conctiyimlithus (Helicites) pusillus ; 
in R. Etubridge : GeoL. Mag., 1880, vol. Vil, p. i09, 2\b,2lj%, 304, 362 avec 1 PI.)- 

(2) La synonymie du genre est elle-même très complexe, ses coquilles ayant 
sem de types, ou ayant été attribuées successivement par divers auteurs, aux 
genres Coiichyliolittius (Martin 1809), Spirorbis (Daudin 1800, non Lamarck, 
i8l8), Microconchus (Morchison 1839), Gyromices (Gceppert 1853), Palaeorbis 
(Vax Bbneden et Cœ:mans 18G7), Spiroglypfius{ A. Fritsch 1894). 

(i) Des Spirorbes recueillis par M. l'ingénieur Thiry, dans le Silurien supérieur 
de Courcelles-Iez-Lens, et que je rapporte au Spirorbis Lewisii Sow., ne m'ont 
présenté aucun caractère distinctif des spirorbes houillers. 

(4) Van Benbden et Coemans : Bull. Acad. Roy. de Belgique^ Bruxelles, 1867 
2-sér., t. XXIII, p. 384, pi. 1, fig. 1-4. 

15} Fihket: Ànn. Soc. Géol. de Belgique^ t. V. 1879, XCVII. 



— 52 — 

dans le bassin de Liège, à 500 mètres au-dessus du Calcaire 
carbonifère. Plus récemment, M. Stainier (^) les cite au 
toit de l'importante veine Broze. Il décrit aux puits Nos4, 
14 et 10 de Monceau-Fontaine, un schiste noir, doux au 
toucher, bien feuilleté, et extrêmement riche en belles 
empreintes de Carbonicola : « chose curieuse, dit M. Stai- 
nier, à ces 3 puits fort écartés les uns des autres, on 
trouve toujours un grand nombre de coquilles de Carbo- 
nicola, qui sont couvertes d'empreintes du curieux anné- 
lide Spirorbis carbonarius ». Cette veine Broze (niveau 25) 
se trouve dans le Faisceau des Ârdinoises, l'un des plus 
élevés du Westphalien de Charleroi. 

En Allemagne, Goppert,Geinitz, les citent dans le Terrain 
houiller, sur les frondes de Nevropteris ovata, N. Dickeber- 
gensis, Sphenopteris acutifolia, Cyatheites arborescens. 

En Angleterre, comme en Allemagne, les Spirorbes 
traversent toute la série houillère, mais ils ne se montrent 
très abondants que dans le Houiller supérieur, où ils 
constituent de petits lits calcareux. Ces bancs de calcaire 
à Spirorbes sont même considérés comme caractéristiques 
du Terrain houiller supérieur (Groupe de Radstock, d'Ard- 
wick) (2). 

Il semble bien que dans le bassin franco-belge les 
Spirorbes caractérisent par leur abondance, le sommet 
de la série. En effet, parmi les espèces de fougères avec 
lesquelles ils ont été signalés en connexion, la Mariopteris 
muricata (Schlt.) est la seule qui se trouve à la fois dans 
toutes les zones végétales houillères distinguées por 
M. Zeiller; les Sphenopteris obtusiloba (Brong ) et S. trifolio- 
/aïa (Artis), très rares dans les zones inférieures deviennent 
de plus en plus abondantes dans les zones supérieures. 



(1) X. Stainier: Bassin houil. de Charleroi, Bull. Soc. Belge de Géol. 
Bruxelles, t. XV, 1901, p. 1. 

(2) Sir â. Geikie : Textbookofgeology, 1903, p. 1049. 



— 53 - 

Quant à Nevropteris tenuifolia (Schll.) et N, Scheuchzeri 
(Holïm.), M. Zeiller ne Jes cite que dans les niveaux 
supérieurs, à Texclusion des inférieurs Q). 

Mais quel que soit le résultat des recherches ultérieures, 
nécessaires à coup sûr, pour fixer la répartition stratigra- 
phique de ces fossiles dans le bassin du Nord, il faut dès 
à présent admettre que les Spirorbes sont extrêmement 
abondantes à Bruay, dans les veines qu'on s'accorde à 
ranger avec M. Zeiller au sommet de la série locale 
(Zone C de M. Zeiller). Leurs petites coquilles y forment 
un lit continu : nous les avons trouvées en abondance 
dans le puits n° 5, au toit de la veine n^ 16, où il n'y 
aguèrede feuille de fougère qui n'en porte quelques indi- 
vidus; bien plus, cette même veine, au puits n» 1, à 2 kil. 
delà, nous a montré la même abondance de Nevropteris 
chargés de Spirorbes : un tapis de Spirorbes recouvre 
donc d'une façon continue la veine n° 16 de Bruay. Ce 
n'est pas un cas isolé, car des échantillons récoltés au toit 
de la veine n° 11 nous ont fourni les mêmes fossiles, en 
grand nombre. 

Position systématique 

Les Spirorbes doivent leur nom à Daudin (2), qui les 
rangeait en 1800 parmi les Annélides, au voisisage des 
Serpules et des Spiroglyphes. Mais l'attention des géo- 
logues ne fut réellement attirée sur ces fossiles du Terrain 
houiller qu'en 1839, en Angleterre. Murchison (^) les 
signala dans le bassin de Shrewsbury et à Ardwick, près 
Manchester, sous le nom de Microconchus carbonarius, en 
Jes considérant comme des coquilles d'eau douce. Leur 

(^) R. Zeiller ; Bassin houiller de Valenciennes. Paris, 1886-88. 

(^) Daudin : Recueil de Mém. sur les espèces inédiles ou peu connues de 
mollQsqnes, Ters. zoophyles, Paris, 1800, p. 39, 49, 50. — Daudin, dans ce travail, 
créa le genre Spirorois pour la Serpula spirorbis de Linné. 

(3)MuBCHigoK : Siluria, 1839, p. 84, fig. D. 



54 — 



description et Tétude de leurs relations zoologiqui 
avaient été confiées à Phillips (>), et ce savant avait tn 
nettement exposé les affinités multiples de ces peti 
fossiles. Il les compare aux Planorbes, en insistant sure 
que, à rétat jeune, ces Microconches vivaient groupés e 
bandes comme les Planorbes de nos ruisseaux, auxque 
ils ressemblent par leur forme ; il fait toutefois remarque 
qu'ils se déroulaient en vieillissant, pour donner ue 
terminaison tubuleuse libre comme Vejrmetus, Vermilû 
La coquille est de plus sénestre, comme celle de Planorbi 
et ornée comme elles de stries d'accroissement, forte 
irrégulières, non parallèles, obliques à Taxe du tul 
enroulé, traversées par de très légères stries spirales 
mais d'autre part, elle montre parfois, sur une de s 
faces, aplatie et déformée, qu'elle était fixée par cette fa' 
comme les Spirorbes. 

Ainsi Phillips compare les Microconches du Terra: 
houiller à des Planorbes (Pulmonés terrestres), à d 
Spirorbes (Vers marins) et à des Vermetus (Gastropod 
marins). Depuis lors, les savants qui ont eu l'occasion ( 
se prononcer à ce sujet, se sont partagés entre ces trc 
opinions, faisant tantôt ainsi des Spirorbes, des forin 
d'eau douce, des formes d'eau saumâtre, ou des forni 
d'eau marine ? Goppert (2) et Geinitz (3) eurent cependa 
une idée aberrante, en les classant parmi les Chanij 
gnons, sous le nom de Gyromices ammonis. 

Parmi les auteurs qui ont prêté le plus d'attention à c 
fossiles, il faut mentionner Van Beneden et Coemans ( 
qui discutèrent leurs affinités d'après l'étude d'échantillo 

(1) Phillips : Siluria, 18;{9, p 88. 

(2) Goppert : in Germar's Verstein-Steinkoblen. Wctlin m. Lôbejim, \^ 
llefl, 8, p. 29, pi. 39, «g. 1-9. 

(3) Geinitz : Verstein-Steinkohlen format . in Sachsen, 1855, pi. 35, lig. 1 
p. 3. — Dyas, 1862. Heft 2. p. 133. 

(4) Van Bbnedkn et Coemans : liuU. Acad. Roy. de Belgique^ Bruxelles, \i 
2* 8ér., t. XXni, p. 384, 1 PI. 



. — Oii — 

trouvés en compagnie d'une aile d'insecte (Omalia macro- 
i^tera), à Sars-Longchamps, dans le Bassin de Mons, fixés 
sur des feuilles de Sphenopteris latifolia. Ils les décrivent 
sous le nom de Palaeorbis ammonis, et les considèrent 
finalement comme des mollusques gastropodes terrestres, 
voisins des Hélices, vivant collés sur les feuilles ou les 
rachis des fougères et autres plantes houillères, à la façon 
des Spirorbes d'aujourd'hui, sur les plantes et les animaux 
marins. Le grand naturaliste qu'était Van Beneden n'avait 
pu ne pas être frappé de l'analogie de ses Palaeorbis avec 
ksSpirorbes de nos mers ; mais il n'avait pu concilier, dans 
son esprit, l'idée de l'existence d'annélides marines fixées 
sur des plantes essentiellement terrestres. Il lui avait paru 
plus logique de rapprocher les Palaeorbis des Hélices, et de 
leur attribuer les mœurs des Planorbes ; il y vit donc des 
Pulmonés hygrophiles, vivant habituellement dans l'eau 
douce, et ne venant à la surface que de temps en temps, 
pour renouveler leur provision d'air. Ils se seraient fixés 
sur les fougères, soit durant la vie de ces végétaux, soit 
sur leurs débris, à mesure qu'ils tombaient dans les 
marais tourbeux, où ils vivaient eu commun. 

Goldenberg(^) en Allemagne, se range en 1877 à l'opinion 
de Van Beneden et Coemans, et décrit les Palaeorbis 
mmonis des couches de Lebach. M. A. Fritsch (2), au 
contraire, les rapprocha en 1894 des Vermetus, sous le nom 
de Spiroglyphtis vorax, les regardant comme des gastro- 
podes marins, libres, qu'il trouve indifféremment fixés 
dans le Permien de Bohême, sur des plantes terrestres, 
ou sur des animaux errants, arachnides (Promygale) ou 
crustacés marins (Prolimulus). 

J. W. Dawson (^) décrit en 1868 la structure micros- 

(I) GoLDKNBBBG : FauTUi Sarocpontana Poss. 1877; Helft. 2, p. 4. 

,(^ A. Fritsch : Fauna der GaskohU, l$9i, p. 80, Bois du texte n- 330, A. B . 
P'^M. flg. 4,pl. i55,flg. 1-4. 

(^) J- W. Dawsou : Âcadian geology, 1868, p. 206. 



— 56 - 

copique de la coquille des Spirorbes houillers, et la 
trouve identique à celle des Spirorbes, qui vivent de 
nos jours, fixés sur les laminaires, les fucus, et divers 
animaux marins. R. Etlieridge (*) en 1880, M. F. Frech (2) 
en 1899 les rangent également dans le genre Spirorbis, 
de nos mers. 

Les auteurs modernes ne sont donc pas plus d'accord 
qu'au temps de Phillips, sur la position systématique des 
Spirorbes houillers. Les progrès les plus positifs acquis 
depuis cette époque, résident dans la constatation fait» 
en Angleterre et en Belgique, aussi bien qu'en Bohême, 
de l'ubiquité d'habitat des Spirorbes houillers, qu'on 
trouve indifféremment fixés sur des plantes terrestres, 
des coquilles saumâtres ou des animaux marins : de 
plus, on ne les rencontre qu*au toit des veines, jamais 
dans les veines, ni dans les murs, ni dans les stampes 
entre les veines. 

Ainsi, en Angleterre (^), Salter les reconnaît dans les 
difiérents bassins houillers, fixés sur des plantes à divers 
états de conservation, très fraîches ou décortiquées, 
comme si tantôt ils s'étaient attachés à des plantes 
vivantes, et tantôt à des débris végétaux flottants, en voie 
d'altération. Binney les trouve fixés sur des Anthracosia 
saumâtres ; Prestwich (^) les figure attachés sur des 
coquilles marines, Pleurotomaires et Nautiles du Penney- 
Stone du bassin de Goalbrook Dale; tandis qu'Etheridge('"0 
les trouve attachés sur une Limule, dans le bassin du 
Somerset. 



(1) R. Ejheridge : Geol. Mag., 1880, vol. VUl, p. 109. 

(2) F. Frech : Lethœa geognostica, Stuttgart, 1899, p. 331. 

(3) J.-W. Salter : Mem. Geol. Survey Great- Britaitt , Iron Ores, 18'îl, 
P' 3, pi. 2, fig. 23. p. 227. 

(4) Prestwich : Coalbrook Date, Trans. Geol. Soc, 1840, 2* série, vol. 5, 
pi. 40, fig. 1, fig. 5 a. 

(5) R. Etberidoe, Sen. : Trans, Manchester Geol, Soc, 1866-67, vol. 6, p. I2i. 



— 57 - 

Eq Belgique, Van Beneden et Coemans les avaient cité 
fixés sur les fougères et des lepidodendrons; M. Stainier 
sur des Carbonicola saumâtres ; M. Firket sur des 
coquilles marines. Il en est de même en Bohême, et dans 
tous les pays ; le fait est général, à l'époque houillère. 

Conditions d'habitat 

USpirorbis pusillus (Mart. sp.) se trouvant dans tous 
les bassins du Nord, indifféremment fixé sur des plantes 
terrestres fraîches (vivantes) ou en débris (mortes), sur 
des animaux saumâtres, et sur des animaux essentiel- 
lement marins, on doit se demander si celte association si 
spéciale peut donner une indication sur les conditions de 
formation de ces bassins eux-mêmes ? 

Quelle que soit, en effet, la position systématique du 
Spirorbe, il faut nécessairement admettre que cet être s'est 
installé à Tétat larvaire, c'est-à-dire à Tétat d'embryon 
libre, sur les supports (végétaux ou animaux) où il s'est 
fixé et où sédentaire il est arrivé à l'état adulte. Le grand 
nombre d'individus de toutes dimensions, qu'on observe 
parmi les colonies de Spirorbes fixés sur une même fronde 
de fougère, apprend qu'ils ne proviennent pas tous d'une 
même ponte, et porte à penser que ce support a persisté 
pendant un temps plus long que la période corres- 
pondant au développement complet d'un individu, de 
l'état embryonnaire à l'âge adulte. 

Les supports morts ou vifs, c'est à dire ici les fougères, 
sur lesquels les jeunes Spirorbes ont vécu assez longtemps, 
pour se fixer, se bâtir une coquille, arriver à l'état adulte 
et donner le jour à de nouvelles générations d'animaux 
semblables à eux, ont dû se trouver dans des conditions 
de gisement et de conservation spéciales, déterminées par 
les conditions d'existence des Spirorbes eux-mêmes, et 
pendant un laps de temps au moins équivalent au cycle 



- 58 — 

vital d'un de ces animaux. Leur connaissance exacte nous 
apprendrait comment se sont formés les toits des veines; 
elle nous éclairerait, en outre, sur la genèse du charbon- 
lui-même, puisque les fougères couvertes de Spirorbes» 
sont transformées en un charbon noir et cassant, compa — 
rable à celui des veines. 

On peut dès l'abord, induire, de la considération dm^ 
temps requis pour le développement des Spirorbes, qu'ils, 
ont nécessairement vécu sur des plantes immergées, sous — 
traites après leur mort à l'action oxydante de l'atmosphère- 
Les Fougères mortes ne sauraient se conserver longtemps 
à l'air libre. Nul doute, par conséquent, que leurs tissus déli- 
cats, exposés à l'air, n'eussent été décomposés et n'aient: 
disparu longtemps avant le complet développement des 
Spirorbes épiphytes, si ceux ci avaient été des Gastropodes 
pulmonés forcés de se retrouver sans cesse à la surface, 
pour renouveler leur provision d'air. Le temps qu'il a 
fallu aux Spirorbes houillers pour construire leur 
coquille, sous l'eau, ne permet pas d'accepter cette 
opinion qui les rapportait à des Pulmonés. C'étaient des 
animaux branchifères, comme nos Vermetus et nos Spi- 
rorhis modernes, dont toutes les espèces actuellement 
connues sont marines. Pour concilier l'existence d'ani- 
maux d'origine marine, vivant fixés et sédentaires sur des 
plantes essentiellement terrestres, il faut amettre que les 
premiers Spirorbes houillers (Sp. pusillus) vécurent fixés 
sur des coquilles marines [Nautiles, Pleur otomaires, etc.), 
que leurs descendants s'acclimatèrent graduellement à 
des conditions saumâtres (sur les Carhonicola), et peut être 
même finalement à des eaux douces (sur les Fougères) ? 

Les Spirorbes de Bruay n'étant pas associés à des 
espèces marines, ont vécu dans des eaux plus ou moins 
douces, et ces eaux étaient limpides. Elles devaient 
être assez pures pour que les Spirorbes aient pu y respirer, 



- o9 — 

assez saumâtres pour qu'ils aient pu s'y acclimater, assez 
tranquilles pour qu'ils aient pu y accomplir le cycle de 
leur vie sédentaire, et que les fougères aient pu s'y étaler 
doucement. On doit en conclure que les fougères conser- 
vées dans les toits n'ont pas été enfouies promptement dans 
les estuaires houillers, dans des eaux boueuses chargées 
d'alluvions. 

Le moment de Tenfouissement des fougères, dans les 
toits, a coïncidé, au plus tôt, avec le moment de la mort 
des Spirorbes, et la transformation en houille des tissus 
végétaux sur lesquels étaient fixés les Spirorbes n'a pu se 
faireavant le flottage, sous l'influence de microorganismes, 
mais seulement après l'enfouissement des Fougères et de 
leurs Spirorbes. 

Les fougères accumulées dans les toits des veines de 
nos bassins houillers du Nord, ne venaient donc pas de 
terres voisines, charriées par des eaux boueuses de ruis- 
sellement et étalées par les vagues dans des estuaires. 
Elleg vécurent dans les points mômes où nous les recueil- 
ions, à la surface d'atterrissements momentanément 
asséchés, dans des marais sillonnés de criques aux eaux 
saumâtres, tantôt noires et boueuses, tantôt limpides ou 
courantes, lors des inondations marines ou lacustres. Les 
fougères à Spirorbes y sont mortes en place, comme les 
Sigillaires enracinés qu'on leur trouve souvent associés, 
au toit des veines de Bruay ; les embryons des Spirorbes 
se seraient fixés sur les fougères herbacées, noyées lors 
des inondations, mais encore enracinées, tandis que tom- 
baient tout autour les débris des plantes arborescentes 
voisines. Ainsi s'expliquerait l'existence simultanée des 
Spirorbes dans les mêmes toits, sur des frondes intactes 
où tous les détails de la forme et de la nervation sont 
conservés, et aussi sur des bois décortiqués. 
Ainsi de nos jours, môme sur nos côtes bretonnes, les 



— 62 — 

logie à l'Université de Lille, qui s'est fait une spécialité de 
rétude des Annélides marines, de nous donner son avis 
sur les caractères morphologiques et embryogéniques des 
Spirorbes houillers, sur les conditions biologiques favo- 
rables au développement de ces animaux, sur leurs 
facultés d'adaptation à divers milieux marins ou lacustres, 
et sur le temps qu'il a fallu aux individus fixés sur une 
même fronde de fougère pour se développer de l'état 
larvaire à l'état adulte? L'établissement de ces prémisses 
nous permettrait de conclure d'une façon rationnelle 
relativement aux conditions dans lesquelles se sont 
déposés les toits des veines de houille du bassin du Nord. 

M. Briquet présente à la Société, des Spirorbes iden- 
tiques à ceux de Bruay, recueillis par lui, au toit de 
Nouvelle-Veine d'Aniche, lors de l'Excursion faite l'an 
passé, par la Faculté des Sciences, aux mines d'Aniche, 
sous la direction de M. Ch. Barrois. 

M. R. Zeiller a adressé à M. Ch. Barrois la lettre sui- 
vante relative aux Spirorbes du bassin de Valenciennes : 

Cher Monsieur, 

Je viens de passer en revue rapidement nos échantillons 
de Nevropteris du bassin de Valenciennes, et voici la liste 
des localités où j'ai relevé la présence du Spirorbis pusillus : 

Nord : Faisceau maigre : Vieux-Condé, fosse Chabaud- 
Latour (sur Nevropteris obliqua et sur Mai^iopteiis muricata). 

Faisceau gras au sud du Cran de retour : Fosse Villars, 
veine Edouard. 

Pas-de-Calais : Faisceau maigre : Carvin, fosse n"" 3, 
l^e veine (sur Mariopteris muricata). 

Faisceau gras : Courrières, fosse n° 3, veine Louise. 
Lens, fosse n^ 1, veine Marie, veine Omérine, veine 



— 63 — 

Ernestine, veine Céline; fosse n® 4, veine Amé. Bully- 
Grenay, fosse n® 1, veine Constance; fosse n" 3, veine 
Sainte-Alice. Nœux, fosse n^ 2, veine Saint-Augustin (eu 
abondance). Bruay, fosse n"* 1, 11^ veine. Maries, fosse 
n° 3, veine Sophie. 

Je ne doute pas qu'une révision plus complète, portant 
sur l'ensemble de nos échantillons, allongerait considé- 
rablement la liste. 

En tout cas il ressort de ces constatations que le Spi- 
rorbis pusillus n'est pas propre à la zone supérieure 
(zone C du Pas-de-Calais) ; il y semble plus abondant, 
accompagnant de préférence, — je ne sais pourquoi, — 
k ^^evropteris tenuifolia, ainsi que je vous le disais; mais 
il se retrouve dans les zones plus basses, B^ et B^B^, et 
môme dans la zone A^ du Nord, la plus basse à peu près 
des zones à fossiles végétaux. C'est un des motifs pour 
lesquels il ne m'avait pas paru autrement utile de men- 
tionner ce fossile dans mon travail sur le bassin de 
Valenciennes, Schimper ayant indiqué sa présence dans 
presque tous les bassins houillers d'Europe et d'Amérique. 

Bien affectueusement à vous. 

R. Zeiller. 

M. Malaquin fait la communication suivante : 

Le Spirorbis pusillus du Terrain Rouiller de Bruay 

La formation du tube des Spirorbes 
et leur adaptation en eau douce à l'époque houillère 

(Planche II) 

par A. Malaquin. 

Dans la note qui précède. Sur les Spirorbes du Terrain 
houiller de Bruay, M- Ch. Barrois a indiqué la répartition 



- 64 — 

des coquilles à forme spirorbienne dans les terrains pr 
maires, leurs conditions d'habitat et l'opinion des paléoi 
tologisles sur les affinités zoologiques de ces fossiles. 

Ainsi que M. Barrois le constate plus haut (v. p. 53 
ces coquilles tubuleuses spiralées ont été rapportées au 
Planorbis (Gastéropodes pulmonés d'eau douce), aux Fei 
métides (Gastéropodes marins, prosobranches ) et au 
Spirorbis (Annélides tubicoles marines, Serpulides). Ce 
trois groupes zoologiques présentent, en effet, des coquille 
dont la forme converge vers un type commun tubuleux 
â spirale plus ou moins ascendante ou aplatie. 

Nous allons successivement envisager les caractères d 
ces trois groupes, et l'attribution possible des coquille 
fossiles qui nous occupent à l'un d'entre eux. 

La forme Planorbis doit être écartée 

Indépendamment des caractères de la structure et di 
la forme initiale de la coquille, l'attribution à des Pla 
norbis des coquilles spiralées du houiller, et surtout celle 
du Dévonien et du Silurien supérieur, peut se souteni 
difficilement et pour deux raisons : 

1» 11 n'y a aucun doute que les coquilles signalées ; 
divers niveaux, étaient fixés sur des supports animau: 
et végétaux, or les Planorbes et les autres pulmonés son 
des Gastéropodes libres. 

2'^ A l'époque de leur apparition, Silurien supérieur, 
n'existait aucun gastéropode pulmoné connu. Or, les forme 
qui nous occupent sont aquatiques, marines ou d'eau douce 
si on devait les ranger dans les Gastropodes pulmonés, 
faudrait nécessairement que ces formes réadaptées à . 
vie aquatique aient, été précédées de formes terrestre 
pulmonées. 11 n'y a aucun doute, en effet, que les Pi^ 
norbes, Lynnées, etc., dérivent de Gastéropodes pulmoa^ 
terrestres réadaptées à la vie en milieu aquatique. 



- 6d — 

11 y a donc une impossibilité phylogénique à attribuer 
ces coquilles, principalement en ce qui concerne les 
dévoniennes, à des Gastéropodes planorbiens. Nous 
verrons plus loin, en effet, qu'il n'y a pas de différence 
appréciable entre les Spirorbes siluriens et dévoniens 
et ceux du Houiller. L'attribution des tubes qui nous 
occupent reste donc limitée aux Vermétides et aux Serpu- 
lides. Les caractères différentiels de ces deux groupes 
peuvent être tirés : 1» de la forme externe de la coquille ; 
2® de la microstructure du test ; 3^ de la partie initiale 
du tube ; 4» des conditions de vie. 






Vermétides. -- 1® La coquille tubuleuse est générale- 
ïïient enroulée en spirale dans les premiers tours despire, 
c'est-à-dire dans le jeune âge ; puis, les derniers tours se 
détachent, et le tube peut alors devenir rectiligne ou plus 
c^u moins sinueux. La coquille est libre ou fixée. 

Chez les Cœcum (F. Ccecides), voisin dôs Vermétides, la 
Coquille est régulièrement spiralée comme chez les 
ï^lanorbes; mais Tanimal est libre, et c'est, d'après Clark, 
Un des Gastéropodes dont la locomotion est la plus active. 

2o La microstructure de la coquille des Vermétides est 
Celle des Gastéropodes : c'est-à-dire qu'elle se compose, 
ootre l'épiderme sécréteur, de deux couches calcaires, 
l*vine, externe prismatique; l'autre, interne lamelleuse. 

3" La forme initiale de la coquille, d'après ce que nous 
Bipprend le travail de Lacaze Duthiers (*) n'est pas tubu 
^ctjise; comme celle de tous les Gastéropodes, la coquille 
^es jeunes larves de Vermet, encore libres, est régulière- 
"^nent turbinée ; on ignore comment se fait la fixation. 

_ (1) Lacazb Duthiers : Anatomie et Embryogénie des Vermets, Annales des 
Se. Nat., 4* série, tome XIII, p. 275, pi. 9. 

annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii 5 



- 66 — 

4» Les Vermétides fixés sont habituellement réunis en 
groupes formés d'individus enchevêtrés les uns dans les 
autres. 

Serpuudes, en particulier Spirorbis. — !• La coquille 
est tubuleuse, enroulée en spirale dextre ou sénestre ; 
aplatie ou plus ou moins hélicoïdale. Mais la forme dépend 
surtout du support. Dans le cas où le support est plan 
(fronde de fucus, de cystosire, carapace de crustacé, etc.) 
la spire est aplatie ; la coquille est fixée par toute sa face 
inférieure et adhérente par tous ses tours. Au contraire, 
si le support est exigu {branche d'hydraire), la surface 
d'adhésion est restreinte et Tenroulement se fait en une 
spirale ascendante, et le dernier tour tend à se libérer. (0 

2® La microstructurt de la coquille est très simple ; le 
tube est formé de lamelles circulaires, ondulées et 
sinueuses chez les Spirorbes, régulières dans les tubes 
de grande taille de certaines serpules. Elle est donc 
constituée par une seule couche lamelleuse. 

30 La forme initiale de la coquille est toute différente de 
celle des Vermétides et des autres Gastéropodes à coquille 




FfG. 1. — Partie initiale du lube et enroulement de Spirorbis 



(1) Alicroconchus carbonarius in Murchison, fig. D", D^, p. 84. 



- 07 - 

splralée. Lorsque la larve des Serpulides éclot, elle nage 
pendant quelque temps librement comme la larve véligère 
des Mollusques, mais elle ne se sécrète pas de coquille 
pendant son existence pélagique. C'est seulement après la 
fixation qu'elle fabrique un tube rectiligne, muqueux, 
qu'elle imprègne de calcaire ; la partie initiale du tube 
calcaire est donc droite ; elle adhère au support dans 
toute son étendue (Fig. 1); le tube continue à s'accroître 
dans ce sens; puis il s'incurve en s'écartant légèrement 
du support (Fig. 2), et, après avoir décrit un demi-cercle, 
il vient passer au dessus de la partie initiale qu'il masque 
en grande partie. Le tube continue ainsi à s'accroître en 
décrivant une spirale et en augmentant de taille à mesure 
que l'animal s'accroît. En résumé, toute la coquille des 
Spirorbes est entièrement tubuleuse; même si la partie ini- 
tiale a disparu, ce qui reste débute toujours par un tube et non 
far une coquille turbinée (fig. 3). 

Il résulte, de la manière dont le tube se développe et de 
sa forme particulière, que si l'on possède la face inférieure 
d'un tube, c'est-à-dire la face par laquelle le tube est fixé 
au support, on pourra l'attribuer, avec la plus grande 
certitude, à un Spirorbis, si ce caractère est présent. 

Cette partie initiale est surtout bien visible chez les 
individus de petite taille, dont le nombre des tours varie 
entre un et deux. Lorsque, en effet, la coquille est jeune, 
au moins chez les types actuels, on reconnaît facilement 
la forme caractéristique du tube spirorbien, même si 
on l'observe par la face supérieure non adhérente. 

4* Les Spirorbes actuels sont des animaux côtiers ; ils 
vivent presque toujours fixés en grand nombre par un 
même support, mais les individus sont isolés. On les ren- 
contre sur les Coquilles, les Fucus, les Cystosires, les 
Crustacés, les Hydraires, etc. Leur taille est toujours très 
petite. 



- G8 - 

Les Spirorbes du HouilUr de Bruay et quelques a> 

Spirorbes paléozoïques. 

(Y. PI. I. et explication de la planche) 

Les tubes si nombreux sur les pinnules de Nevn 
et Alethopteris, sont constitués par le moule inter 
bien encore par le contre moulage en creux de 
partie. Le test calcaire a disparu entièrement. Le 
ments de détermination doivent donc être tirés 
forme du tube et de ses conditions d'habitat. 

Ces tubes sont appliqués parfaitement à la surfa< 
pinnules, adhérents par toute la partie inférieure q 
plane et fortement enfoncée dans le végétal. 

Les tubes de petite taille présentent divers degr 

développement; les plus grands ont 2°û/°^5 de diai 

total, et présentent 3 tours ou 3 tours 1/2 au plus. Leî 

petits ont 1 tour 1/2 environ ; malgré les noml 

exemplaires examinés, aucun d'eux ne m'a présent 

formes jeunes avant l'incurvation ou pendant Ti: 

vation (Fig. 1 et 2 du texte). 11 a donc fallu rechercl 

forme caractéristique initiale sur les tubes les plus p 

les moins enroulés. Je me suis servi dans l'examen c 

tubes de types de comparaison, soit Sp. spiritlum L. 

vit sur les Hydraires de nos côtes ; soit, plus volon 

Sp. borealis, dont Tiiabilat sur un support plan se pr 

une comparaison plus rigoureuse avec les tubei 

Sp. pusillus. Cette comparaison montre que, pa 

mode d'enroulement et par la forme générale ci 

coquille, pour uq même nombre de tours, il n'y a pa 

différence entre les tubes du Spirorbis pusillus et 

du Spirorbis borealis actuel. Si l'on superpose le di 

relevé à la chambre claire d'un tube de Spirorbe hoi 

sur un dessin relevé de la même manière d'un Spir 

boréal actuel, on ne peut voir aucune différence entre 



- G9 - 

Si Ton choisit les tubes les plus jeunes, c'est-à-dire 
ceux dont la taille est la plus minime, et dont Tenroule- 
ment est à ses débuts, la comparaison est alors plus 
complète (fig. 4, pi. II). Bien qu'il ne m'ait pas été 
possible, dans les exemplaires du Rouiller de Bruay, de 
retrouver la partie rectiligne du tube, à cause de Tabsence 
de conservation du test, Ton peut observer que le tube 
initial passe sous le premier tour de spire comme dans 
les figures du texte se rapportant aux Spirorbes actuels. 
L'enroulement à la partie initiale de la coquille d'un 
Gasteropode, Vermetus, l^lanorbis ou de forme planor- 
bienne, étant toujours turbiné, les tours de la spire sont 
contigus; or. Ton peut remarquer, que dans les tubes 
spirorbiens, ce tube est cylindrique dès le début, à incur- 
vation de plus en plus marquée aboutissant à la forme 
spiralée. 

En faisant sauter les tubes de Spirorbis borealis, une 
partie reste adhérente à Talgue support. Cette partie 
restante est tout à fait comparable aux impressions en 
creux que Ton observe sur les pinnules des fougèrv.s 
houillères ; Ton retrouve, dans les deux cas, une striât Iju 
tout à fait semblable, formée de lignes courbes do^l la 
concavité est tournée vers l'orilice externe du tube (voir 
fig. 2, pi. II). 

Enfin, la structure du test aurait pu compléter Tensemble 
de ces caractères ; malheureusement, dans aucun exem- 
plaire, ce test n'est conservé; mais jai pu observer des 
types mieux conservés : ceux des couches d'Ardwick, dont 
parle plus haut M. Barrois, serviront à élucider la micro- 
structure du tube. 

Le Spirorbis d'Ardicick 

Le Spirerbe d'Ardwick, à Tinverse des Spirorbes du 
houilJer, présente un test calcaire très bien conservé. Situé 



- 70 - 

à un niveau un peu supérieur à celui du Spîrorbede Bruay 
son état de conservation nous donne un élément précieux 
de comparaison. La structure microscopique de la coquill « 
de ce Spirorbis, ainsi que j'ai pu le constater dans d^ 
préparations qui m'ont été communiquées par M. Charle 
Barrois, est celle des Serpulides, c'est-à-dire qu'ell 
montre une couche unique, mince comme celle d 
Spirorbis^ et formée de lamelles ondulées. 

Spirorbis Leivisii, Sow. 

La fig. 5, PI. II, représente quelques tubes groupés d'âg 
variable et de dimensions assez différentes de ce Spirorl: 
dont M. Barrois signale l'existence dans le Silurie 
supérieur de Courcelles-lez-Lens. Ce groupement d'ind 
vidus rappelle tout à fait celui du Sp. borealis, L. actu€ 
Il est impossible de distinguer une différence entre * 
Spirorbe silurien et le Spirorbe houiller. Cela ne veut p» 
dire qu'il y ait identité d'espèce. Les Spirorbes actuels J 
peuvent se distinguer que grâce à des considération 
morphologiques tirées de l'animal lui-même. 

A daptation des Spirorbes houillers à la vie en eau douce 

Les conditions d'habitat : 1° Fixation sur des suppor 
variés animaux et végétaux ; 2° Tubes groupés en nomb 
considérable sur un même support, mais isolés les uns d< 
autres, à l'inverse des Vermétides et aussi de beaucoup c 
Serpulides (Filogranes, Salmacines, Serpula, etc.) sou 
identiques chez les Spirorbes paléozoïques et les Spirorbe 
actusls. 

Les supports des Spirorbes primaires sont, en effet : 

Spirorbis pusillus et Palœor- ( les coquilles aeCarbonicola, l 
, . . i pinnules de Nevropteris. 6pA 

bis ammonis sur : ( nopteris, Alethopteris, etc. 

Spiroglyphus corax (Fritsch) sur: Promygale et sur Prolimulu^. 
Spirorbis sp., sur : Spirifcr Verneuili^ etc. 

Leurs conditions d'habitat étaient donc semblables 



- 71 - 

celles des Spirorbes actuels ; de plus, leur répartition 
était aussi très considérable. Les Spirorbes actuels forment 
encore un groupe dont les espèces nombreuses sont dissé- 
minées sur toutes les côtes du globe ('). 

Les Spirorbes primaires étaieat non seulement répartis 
dans la mer, dans les eaux saumâtres (sur Carbonicola) et 
dans les eaux douces Microconchus carbonarius a été trouvé 
associé Cypris et à Cyclas (V. Murchison); or les Spirorbes 
actuels sont tous marins. C'est probablement une des 
raisons pour lesquelles les auteurs ont si souvent hésité 
dans l'attribution des tubes à forme spirorbienne, à une 
annélide marine. Pendant longtemps, en efïet, on n'a 
guère connu d'exemples d'adaptations de Polychètes 
marines à la vie en eau douce. 

Mais l'exploration de plus en plus active de la faune 
d'eau douce, sur les différents points du globe, a révélé, 
dans ces dernières années, toute une série de formes 
appartenant au groupe des Polychètes, et adaptées dans les 
étangs, lacs ou cours d'eau. On en connaît, à ce jour, 
environ 20 espèces, appartenant principalement aux 
deux familles des Néréides et des Serpulides (tribu des 
Sabellides). 

Cette dernière famille, en particulier, paraît susceptible 
d'une adaptation très rapide et douée d'un pouvoir d'accli- 
matation très grand aux changements de salure de l'eau 
(euryhaJisme). 

LesexpériencesdePercyMoore, signalées par Johnson (^) 
ont démontré que des espèces exclusivement marines 
comme Fabricia stellaris (Serpulide de la tribu des Sabel- 
lides) peuvent vivre dans l'eau douce, et, inversement, 
elles montrent qu'une Annélide d'eau douce Manayunkia 

(1) V. Caullery et Mesnil : Morphologie et Phylogénie des espèces chez les 
Spirorbes. Bulletin Scientifique de la France et de la Belgique, t. XXX, 1897. 

(2) Voir, pour la liste des espèces de Polychètes adoptées à la vie en eau 
douce : Johnson H. P., Fresh- Water Nereids from Pacific Coast and 
Hawaii remaries on fresh-water Polychœta in gênerai (in Mark Anniversary, 
▼olumë 1903). 



— 74 - 

un demi-tour qu'au bout de quatre semaines (Fîg. 2 du 
texte). 

Chez la Salmacinœ Dysteri, Serpulidequi se construit un 
tube calcaire délicat, la phase initiale de la formation du 
tube est très semblable à celle des Spirorbes : le tube 
incurvé, maïs plus allongé, comme dans la fig. 2 (dans le 
texte) est construit au bout d'une durée de six semaines 
à deux mois; il correspond alors comme longueur à celui 
de la figure 3 pour le Spirorbe. 

L'on peut donc évaluer l'âge des tubes de Spirorbes- 
qui ont 2 à 3 tours enroulés, à quatre ou cinq mois eti 
probablement plus. Le chiffre que j'indique doit être, eni 
effet, pris comme un minimum ; l'on doit considérer, en 
effet, que la sécrétion du tube n'augmente que peu à peu, er^ 
que son accroissement est plus rapide au début de la via 
du Spirorbe, que pendant Tàge moyen ou adulte. 

Comme les Spirorbis pusillus fixés sur les pinnules de= 
Fougères possèdent, en moyenne, 2 tours à 2 tours 1/2S 
quelques-uns un peu plus, l'on peut en conclure, si on 1 
compare à Sp. borealis qui vit sur les Laminaires, Fucu^ 
Cystosires, etc., que la confection des tubes a nécessité un_ 
durée de quatre à six mois, chiffre minimum, ind^ 
pendamment de la vie pré-larvaire, c'est-à-dire avaim 
réclosion. 

Explication de la Planche II 



Fig. 1. Deux pinnules de Nevropteris avec nombreux Spirorbis 
pusillus — Gr. = 4. 

Fig. 2. Fragment d'une fronde de Fucus serratus [a) supportant 
des Spirorbis borealis (côtes du Boulonnais) dont on a 
fait sauter les tubes en grande partie, de telle manière 
qu'il ne subsiste que la partie adhérente au support. 
A côté {b) une pinnule de Nccropteris avec Sp. pusillus. 
L'on peut observer dans les deux espèces les mêmes 
striations formées par des lignes incurvées, dont la 
concavité est tournée vers l'oriflce du tube. Ces stria- 
tions appartiennent à la paroi interne du tube. — 
Gr. =4 5. 



— /o — 

Fig. 3. Spirorbis pusillus sur pinnule de Nevropteris. — Gr. s= 5. 

Fig. 4. Spirorbis pusillus jeune grossi et dont le tube n'a qu'un 
tour et demi. L'on peut, sur les exemplaires de cette 
dimension, observer la disparition de la partie initiale, 
reetiligne, sous le premier tour de la Spire. — Gr. = 12* 
Fig. 5. Spirorbis Lcicisii. Silurien supérieur de Courcelles-lez- 
Lens. — Gr. = 4. 

M. Ch. Barrois fait la commuaication suivante : 

Sur la présence de la zone à Phyllograptus 

dans l'Hérault 

par Charles Barrois 

(PI. 111) 

Les découvertes répétées de M. Bergeron, celles de 
M. deRouville, et de nos autres confrères du Languedoc, 
MM. Delage, Miquel, Escot, nous ont fait connaître dans 
l'Hérault, la région française où la succession des faunes 
cambro-siluriennes était la plus complète et la plus belle. 
Grâce à leurs travaux, ce massif paléozoïque a acquis, 
pour l'histoire géologique de la France, une importance 
capitale, tant pour la connaissance des plus anciennes 
faunes régionales, que pour les relations de ces faunes 
avec celles du Nord (Pays de Galles, Scandinavie) et du 
Sud (Bohême, Espagne, Sardaigne). 

Dès 1892, M. Bergeron (^) annonçait que «dans les couches 
qui forment la base de TOrdovicien, les fossiles paraissent 
se grouper en plusieurs horizons, dont la superposition 
directe ne s'est jamais montrée à lui dans des conditions 
satisfaisantes. » L'extrême complexité stratigraphique de 
la région, dont nous devons la connaissance à ses travaux, 
montre combien est grande la difQculté du classement 
définitif des diverses faunes ordoviciennesdu Languedoc. 
Je dois à Tobligeance de M. Escot un document qui 



(1) Bergbbon : B. S. G. F., vol. XX, 1892, p. 249. 



- 76 - 

pourra être utilisé comme point de repère précis, dans la 
succession des niveaux ordoviciens. En juin 1902, M. Escot 
m'adressait une série de Graptolites provenant d'un 
nouveau gisement, découvert par lui à Saint-Nazaire- 
de-Ladarez (Vallée du Landeyran) ; leurs hydrosomes 
nombreux, recouvrent des plaques schisteuses, et tous me 
paraissent appartenir à une môme espèce très voisine, 
sinon identique, au Phyllograptus angustifolius, Hall. 
J'en donnerai ici la figure et une description sommaire. 

Phyllograptus angustifolius, Hall, (i) 

(PI. m, fig. 1) 

L'hydrosome aplati dans le schiste, présente une forme 
foliaire allongée, plus large à la base qu'au sommet, mais 
formée en réalité de quatre stipes droits, unisériaires, 
accolés suivant leur portion dorsale. Les dimensions des 
hydrosomes varient considérablement de 0°°05 à Oi^Ol de 
long sur 0'°0042 à 0°^0048 de large. 

Thèques tubulaires, conservant une largeur uniforme 
sur toute leur longueur, et contigiies entre elles. Au 
nombre de H à 13 sur 0^01. Près de leur base, subhori- 
zontales, elles se recourbent dans leur portion distale, en 
présentant leur concavité du côté siculaire. L'ouverture 
thécale prolongée obliquement du côté basai de l'hydro- 
some, porte de ce côté un long denticule, atteignant 1 1/2 
fois la longueur de la thèque. 

Je ne puis voir de différence entre les échantillons de 
l'Hérault et ceux que j'ai rapportés des environs de Québec, 
pas plus qu'avec les échantillons d'Angleterre figurés par 

Mii«8 Elles et Wood (2). 

# 
# # 

L'intérêt de la découverte de M. Escot réside dans le 
fait que le niveau à Phyllograptus, inconnu jusqu'ici en 

(1) J. Hall: Graptolites ofthe Québec Group, 1865, p. 125, pi. 16, fig 17-21. 

(2) Elles et Wood : Paleontog. Soc, 1902, p. 100, pi. 13, fig. 7 a. f. 



~ 77 - 



France, occupe partout une place déterminée à la base 
de la série ordovicienne ; il y est connu dans les couches 
(le la Pointe-Lévis au Canada, dans les Middle-Skiddaw 
Slates de la Grande-Bretagne, dans Tétage 3 b de Norwège. 
La belle régularité des stratifications en Norwège, si 
bien élucidée d'ailleurs, grâce aux remarquables études 
de M. Brogger, oblige à prendre dans ce pays, les types de 
cette série de couches. Elle est la suivante, d*après 
M. Brogger Q), dans la région de Christiania : 



3- à 4- 
4. à 5. 



3 cy Calcaire à Orthocères . . 

3 c ^ 3 CjS Schiste à Asaphus expansus 

3 Col Calcaire à Megalaspis . . 

3 6 — Schiste à Phijllograptus . . 

3 ay Calcaire à Ceratopi/ge . . 

Za { 3a^ Schiste à Ceratopyge, . . 

3aa Schiste et calcaire à 5ï/mjo/t(/5ara5. 50 à 6. 



1. 

3. à 27. 

1. à 2. 

1. à 8. 



En Norwège, la position du niveau à Phyllograptus est 
ainsi très nettement déterminée entre les couches 3 a et 
3 c. — M. Briigger indique en outre ce fait, que lesPhylb- 
graptus sont particulièrement abondants au sommet de 
3ft alors que les Graptolites des genres Didymograptus, 
Tetragraptus, domineraient à la base (}), il semble en être 
de môme en Languedoc. 

Dès 1892, en déterminant (^) à la demande les MM. de 
Rouville et Escot, des Graptolites recueillis par eux dans 
les Schistes de Boutoury, j'avais déjà indiqué les relations 
de ces faunes éloignées. J'y signalais en effet les nom- 
breuses formes du Nord, suivantes. 

(1) W. C. Brogger : Sil. Etages 2 et 3. Christiania 1882, p. 10. 

(2) Il A la base de l'étage 3 6 se trouvent surtout les Tetragraptus. Les PhyllO' 
» graptus débutent par des formes à hydrosome court et large, puis viennent 

> les formes à hydrosome plus allongé ; au sommet de l'étage Z b ie n'ai plus 

> trouvé qu'une forme très allongée du Phyllograptus anyustifoUus, Hall., 

> dépassant par/ois COS sur O^OOS. i> (Brogger : 1. c, p. 18). 

(3) Ann. Géol. du Nord, t. XX, 1892, p. 85. 



— 78 - 

Didymograptus balticus, TuUb. 

» V fractus, Salter. 

f pennatulus. Hall. 

» nitidus, Hall. 

» hiflduSy Hall 

» indentus. Hall. 

)) Escoti, Nob (1). 

Tetragraptus serra, Brongt. 

» quadribrachiatuSy Hall 

Un nouveau gisement de Graptolites, découvert en 
par M. Escot à la Mouchasse-du-Temple, près Cabri 
vint préciser et étendre nos conclusions (^) sur Tâj 
niveau de Boutoury. Il contenait : 

Didymograptus Y fractus^ Salter 
Tetragraptus quadribrachiatus. Hall. 

» serra f Brgt. 

Holograptus [Roumlligraptus) Richardsonl, Hall (3) 

Cette faune de Graptolites de Boutoury, identiq 
celle de TArenig-moyen du sud du Pays de Galles, à 
des schistes à Graptolites inférieurs de Suède, à Y 
3 6 de Norwège, aux schistes à Graptolites de la Pc 
Lévis à Québec, m'avait permis d'affirmer que les 5c 
de Boutoury étaient plus récents que les schistes de l 
gnôles à Eutoma-Niobe, 

Aucun Ptiyllograptus toutefois ne se trouve parn 
échantillons de Graptolites qui m'ont été successive 
envoyés de Boutoury et de La Mouchasse-du-Temple 
formes de ce genre proviennent uniquement d'un 
gisement situé à Saint-Nazaire-de-Ladarez, où elle! 

(1) Cette forme n'est qu'une variété du D. nitiduSf espèce très polyi 
d'après la réconte monographie de M"" Elles et Wood. 

(2) Ann. Soc. du Nordy t. 21, 1893, p. 107. 

(3) Le genre Rouvilligraptus, proposé par moi en 1893, doit passer ( 
nymie du genre Holograptus fondé par M. Holm en 1881, comme l'ont 
M"" G. L. Elles et E. M. R. Wood (Holm : Tvenne nya slagten ol familjei 
graptidœ, Ofv. Kongl. Vet. Akad. Stockholm Forh., vol. 38, n« 9, p. 41 



— 79 - 

associées à quelques débris trilobitiques de l'étage 3 e. 
Si d'autre part, on se rappelle qu'en Norwège, le Phyllo- 
graptus angustifolius bien qu'associé aux Didymograptes, 
et aux autres formes du niveau 3 6, se trouve plutôt à la 
partie supérieure de cet étage, passant au niveau 3 c« de 
M. Brugger, il y a des raisons de croire à l'existence de 
deux niveaux graptolitiques ordoviciens distincts, à 
Cabrières. La succession probable serait la suivante : 

3 c Schistes de St-Nazaire à Trilobites, 

2 . \ Schistes de Sl-Nazaire à Phyllograptes, 

( Schistes de Boutoury à Didymograptes, 

3 a Schistes de Cassagnoles à Euloma-Niobe. 

La comparaison, avec ceux de la série Scandinave, des 
Trilobites conservés dans les collections de la Faculté des 
Sciences de Lille, où ils ont été, à diverses reprises, 
envoyés par MM. de Rou ville, Delage, Miquel, Escot, 
montre que si les zones graptolitiques (3 b) restent iden- 
tiques sur ces grandes étendues, les niveaux à Trilobites 
(3c, 3 a) restent également comparables, comme Tout établi 
depuis longtemps MM. Bergeron, Briigger et Pompecky. 

Nous possédons en effet les espèces suivantes, de l'Etage 
des schistes de Cassagnoles à Euloma-Niobe (= 3 a, = 
Tremadoc) : 

Eulonia Filacoci, Berg. sp. 
Niobe Lignieresi, Berg. sp. 
Niobe Homfrayiy Salter. 
Dicellocephalina Villcbruni, Berg., sp. 
Amphion Escoti^ Berg. (= gothica, Tvoni., 1877). 
Harpides Villebruni^ Berg. sp. 
Symphf/surus Sicardi, Berg. sp 
Agnostus Ferralsensis, Berg. 

id. cf. bataricus, Barr 
Shuniardia Miqueli, Pomp. 
Megalaspis FilacovL Berg. 
AsapJielina Miqueli, Berg. 

id. Bari'oisi, Berg 



- 80 - 

Anacheirurus, sp. 
Theca simplex, Salter 
Bellerophon Oehlerti, Berg. 
Orthis Christianiœ, Kjer. 
Lingulella lepis, Salter. 

La faune trilobitique des schistes de St-Nazaire-de- 
Ladarez est moins bien connue, M. Bergeron n'en ayant 
pas encore donné de description. L'examen sommaire de 
celte faune suffit cependant à montrer ses relations avec 
l'assise 3 c de Norwège, et avec le calcaire glauconieux 
B2 des provinces russes de la Baltique ; elle renferme à la 
fois des survivants de l'étage 3 a (Symphysurus, Mégalos- 
pides, Asaphellus) et des précurseurs du Llandeilo, dans 
des formes très voisines de Synhomalonotus Tristani, 
S. Arago, Acidaspis Dufouri, dans des Phacopidœ et des 
Trinucleidœ, Nous connaissons en effet de ce niveau : 

Megalaspides alienus, Barr , sp. 
Asaphellus desideratlssimus^ Trom , sp (i). 
Ampi/x voisin ûe prœnuntius. Sait. 
Trinucleus voisin de carinatus^ Ang. 
Dalmanites voisin de oriens, Barr. 
St/mphysurus augustatus, Sars et Boeck (2). 
Dionide formosa^ Barr. 
Acidaspis Dufouvi, Bureau. 
Sijnhomalonotus voisin de Tristani, Brongt (3). 

id. voisin de Arago^ Barr. 

Pritnitia voisin de prunello^ Barr 
Plumulites bohemicus, Barr 
Orthis voisin de Menapiae, Hicks 

Un certain nombre de ces espèces ont été citées dès 
1877, par MM. de Tromelin et de Grasset, (^) qui les ont 
attribuées à C étage des schistes à grands asaphes {Asaphus 

(1) Ogygites desideratissimust de Tromelin, voisin de A, desideratus et de 
A. Homfrayi. 

(2) Espèce citée par de Tromelin, en 1877, sous le nom de Œglina Rouvillei. 

(3) Calymene Tristani, de Tromelin, 1877. 

(4) Congrès Association Franc. Àvan. Sciences, Havre, août 1877. 



-- 81 - 

Fourneti, Y ern.). Cette faunule trilobitique de St-Nazaire 
présente des caractères propres et un assemblage parti- 
culier de formes; ainsi, les genres signalés Acidaspis, 
Calymene, Dionide, n'apparaissent à Christiania que dans 
4 c (Schistes à Trinucleus), Dalmanites n'y apparaît que 
dans 4 d (Brogger, p. 60); mais ces genres se trouvent 
dans D*v de Bohême, comme à St-Nazaire. 

M. Bergeron avait déjà rapporté ces fossiles, à Tétage 3 
de Norwège(^), tandis qu'il rangeait les Schistes à Asaphus 
Fourneti (Vern.) dans l'étage de Llandeilo (Etage 4 de 
Norwège). Les études monographiques promises par lui, 
du niveau trilobitique de St-Nazaire et du niveau à grands 
Asaphes, nous permettront peut-être de paralléliser un 
jour les formations de l'Armorique avec les belles faunes 
ordoviciennes inférieures du Languedoc. Les quatre 
niveaux kEuloma-Niobe, à Didymograptus, à Fhyllograptus, 
et celui de St-Nazaire à Calymenes, me sont encore 
inconnus dans l'Ouest de la France. Le niveau à grands 
Asaphes, lui-même, s'il correspond à l'étage des schistes 
d'Angers, en diffère profondément par sa faune : les 
Asaphus Fourneti, A. liraffi (de Vern.), et un grand Niobe 
voisin de lata, Ang., seuls fossiles de ce niveau qui me 
soient connus, différent des formes des schistes d'Angers. 
Ce n'est qu'à partir des couches de Caradoc à Orthis 
Actoniœ, et oendanl le Gothlandien (2) que la série silu- 
rienne acquiert en France dans sa faune, une réelle 
uniformité. 



(1) 11 signale à ce niveau les genres Niobe^ Synhomalonotus, Remopleurides , 
Àmpyx, CybeUy Agnostus, Orthis, Lingula (Bull. Soc. Géol. de France, 3*sér., 
t. 27, p. 638, 1899). 

(2) Aux espèces gothlandiennes de Cabrières, citées par M. Bergeron, je puis 
ajouter Streptis Grayi, Dav., forme répandue de l'Angleterre à la Bohème. 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxin 6 



Séance du W Avril 1904 

MM. Smits, Meyer et de Parades sont nommés 
membres de la commission de librairie. 

M. Gosselet fait part de la mort d'un des plus éminents 
membres associés, M, Fouqué de l'Institut de France, 
qui a toujours porté à noire Société le plus vil intérêt. 

M. Gosselet fait la communication suivante : 

Coupe du Canal de Dérivation autour de Douai 

Superposition de vallées actuelles 

à des vallons de la surface crayeuse 

par J. Gosselet 

(PI. IV) 

Lors du creusement du Canal de Dérivation de la 
Scarpe autour de Douai, on fit plusieurs sondages qui 
sont très intéressants pour la connaissance géologique du 
pays, car on sait combien les environs de Douai sont plats 
et couverts de limon. 

M. La Rivière, Ingénieur en chef de la Navigation, à 
Lille, a bien voulu me communiquer les résultats de ces 
travaux. Je lui en adresse tous mes remercîments. 

Le nouveau canal se détache de l'ancien canal de la 
Scarpe, à Gourclieleltes, et, passant à l'ouest de Douai, il va 
rejoindre le canal de la Deùle, un peu au-dessus de Pont- 
de-la-Deûle. Il a une longueur de près de 8 kilomètres. 

Voici les sondages qui ont été relevés : 

A. — Sondage à Courchclctfrs, 
prés du chemin cîcinal A'" i^ de Douai. 

Altitude : Sl'-S ) Terre végétale. 

31.00 Terre à briques. 

5:9.30 Argile sableuse (Limon). 

28.30 Marnette. 

24.30 Marne cona pacte. 

23.50 Fin. 



- Sondage à Courcheletles, près de l'écluse du nouoeau ednal. 
Allltade : 31"60 Terre végétale. 
31 35 Terre à brigues. 
29.80 Argile illr.ioiil mélangée 

lie sable tioulaiit. 
Ï7.8J Glaise grise. 
26 80 Marnelte. 
26.30 Marne siliceuse. 
24.10 Craie [endlllée. 



Altitude : 28"40 Terre végétale. 

S8.I& Argile (limon). 

25.90 Argile sableuse. 

24.iO Sable terreux (limon ?) 

22.40 Marnette. 

20.10 Grosse marne. 

19.40 Fin, 

D. — Sondage à Lambre.i, prés du chemin des Fontincttes. 

Altitude: ^"40 Terre végétale. 

26.15 Argile {ilmonj. 

24.90 Argile sableuse. 

23.40 Sable terreux {limon 7) 

22.40 Marnette. 

21.40 Grosse marne. 

20.40 nn. 

;. — Sondage à Lambres, au siphon dufilet des Fontineltes. 

Altitude: 26-50 Terre végétale. 

26 00 Tourbe. 

25.50 Sable bleu. 

23.50 Marnelte. 

20.50 Grosse marne. 



Terre végétale. 

Argile sableuse (limon). 

Glaise. 

Sable gris. 

Grosse marne. 

Fin, 



«. 84 - 

G. — Sondage à Douai, près du cliemin de V Enfanta èsus. 
Altitude : 28» 10 Terre végétale. 



27.70 


Argile. 


26.60 


Argile sableuse. 


25.60 


Sable. 


19.60 


Glaise. 


13.60 


Sable gris. 


12.60 


Grosse marne. 


11.10 


Fin. 


H. — Sondage à Douais au siphon du Jilet de l* Enfant- Jésus 


Altitude: 25-85 


Terre végétale. 


25.55 


Argile . 


24.35 


Sable. 


20.85 


Glaise. 


16.05 


Grosse marne. 


14.85 


Fin. 


I. — Sondage à Douai, près de la route nationale A'° 45, 

de Bouchain à Calais. 


Altitude : 30"00 


Terres rapportées. 


25.00 


Sable. 


23.30 


Glaise. 


16.30 


Sable bleu. 


14.80 


Marne compacte. 


13.30 


Fin. 



J. — Sondage à Douai, près du chcniiri d'intérêt commun /i° W9, 

Attitude : 28»00 Terres rapportées. 

25.00 Sable. 

23.50 Glaise. 

15.30 Sable bleu. 

14.00 Marne compacte. 

12.50 Fin. 

K. — Sondage à Doua i\ près du Chemin-Vert 

Altitude : 28"'00 Terre végétale. 

27 75 Terre à briques. 

2(5.00 Argile sableuse. 

24.00 Glaise. 

15.00 Sable bleu. 

13.20 Grosse marne. 

4.70 Fin. 



— 8o - 
L. — Sondage à Douai, près de l'Ecluse double 



Altitude: 24-20 


Scories. 


23.90 


Argile (limon). 


22.70 


Sable gris. 


15.70 


Couctie calcaire siliceuse. 


13.70 


Sable bleu. 


12.20 


Marnette. 


9.70 


Grosse marne. 



8.70 Fin de sondage. 
M. - Sondage à Fiers y près du siphon de l'Escrebicux. 



Altitude: 22-70 


Terre végétale. 


21.90 


Sable gris. 


19.90 


Couche calcaire siliceuse. 


18.40 


Glaise. 


13.70 


Sable bleu. 


11.30 


Grosse marne. 


9.80 


Fin. 


. — Sondage a Fiers 


, p7'ès du chemin d'intérêt commun N* 109, 


Altitude: 21-30 


Terre végétale. 


21.00 


Tourbe. 


20.50 


Sable. 


18.80 


Glaise. 


12.30 


Sable gris. 


10.30 


Grosse marne. 


9.30 


Fin du sondage. 


O. — Sondage à 


Fiers, au siphon du courant Brunel, 


Altitude : 20-00 


Pierres des fossés. 


16.50 


Sable gris mélangé de calcaire. 


14.50 


Glaise. 


il.OO 


bable gris dur. 


8.80 


Marne compacte. 


7.50 


Fin. 


P. — Sondage à Fiers y près de la passerelle de halage. 


Altitude : 23-00 


Terre végétale. 


22.70 


Argile (limon). 


22.20 


Argile sableuse ? 




Tufieau, d'après M. Ladrière. 


20.50 


Glaise. 


18.00 


Sable noirâtre. 


15.50 


Marnette. 


14.00 


Marne compacte. 


12.50 


Fin. 



- se — 

Avec ces données, on peut construire la coupe géol< 
logique du nouveau canal (fig. 1, pi. IV). 

Ce qui frappe au premier abord, c'est la compositia 
lithologique du Landenien inférieur. Généralement, nou 
disons que le Landenien inférieur présente deux assise 
superposées : à la base, Targile de LouviJ ; au-dessus, 1 
tufieau et le sable gris ou vert qui l'accompagne. 

L'argile de Louvil, anciennement exploitée à Louvil, n 
se voit plus nulle part. On ne la connaît guère que par de 
sondages. 

Lorsque l'on a établi la captation des eaux d'Anchin, o 
a vu que l'argile se trouve intercalée dans le sable. Il e 
est de même à Douai. L'argile y a une épaisseur de 9 m 
et elle constitue une lentille dans le sable. 

Celui-ci contient quelques fossiles, entre autres Cyprin 
Morrisii, Comme nous l'a fait connaître récemmei 
M. Leriche, ils appartiennent au Landenien le plu 
inférieur. 

Les couches tertiaires traversées par le nouveau canî 
sont situées dans une dépression de la craie qui correspon 
à la fois à la vallée actuelle de la Deûle et à un ancie 
creux du sol primaire, sur lequel j'ai déjà appelé l'attei 
tion de la Société. 

Sur la plaine de Sin-le-Noble, à la fosse Gayant, p£ 
exemple, à l'est de la vallée, la surface de la craie, soi 
le tertiaire, est à l'altitude 26 ; sur la plaine de l'ouest, o 
il n'y a pas de tertiaire, la surface de la craie atteii 
l'altitude 30. 

Dans la vallée, la surface de la craie, sous le tertiain 
est, en moyenne, 10 mètres plus bas. Cette espèce d 
goulot descend assez régulièrement du Sud au Nord 
depuis Courchelettes, où il est au niveau de la plaine 
jusqu'à Pont-de-la-Deûle, où il est à l'altitude 10, et mêm 
exceptionnellement à la fosse N"" 4, à l'altitude 6. 



- 87 — 

La peale se continue; car, au-delà de Pont-de-la-Deûle, 
on entre dans le bas-fond de la craie connue sous le nom 
de Bassin d'Orchies. 

M. Ladrière, qui a visité les travaux du canal, a remar- 
qué que la surface de la craie est très inégale ; elle est 
percée de poches nombreuses dans lesquelles descendent 
les couches tertiaires. Mais ces inégalités, qui peuvent 
expliquer quelques résultats de forage, n'ont aucune 
influence sur Tensemble de Tinclinaison. 

La première pensée de celui qui cherche à expliquer 
cette disposition est de croire à un affaissement du sol 
postérieur au dépôt du tertiaire. 

J'ai déjà dit que le creux primitif de TEscarpelle, celui 
qui existe sur la surface primaire, et qui a à peu près 
100 mètres de profondeur, n'est pas un accident d'effon- 
drement. Il est le résultat d'un profond ravinement de la 
surface du sol primaire. Le trou s'est comblé progressi- 
vement pendant toute la série des dépôts crétaciciues, 
mais il n'est pas étonnant qu'il existât encore lorsque les 
couches tertiaires ont commencé à se déposer. 

Il est môme probable, que cette concavité des strates 
tertiaires a déterminé le passage de la vallée de la Scarpe. 
Il est bien entendu qu'il s'agit ici non de la Scarpe d'Arras, 
mais de celle de Douai, qui prenait sa source au nord 
d'Arleux. 

Le fait que je viens de signaler n'est pas le seul exemple 
d'une dépression de la surface crayeuse ayant donné 
naissance à une vallée actuelle. 

Entre Vendin-le-Vieil et Don, la Deûle coule sur le bord 
d'un ancien vallon crayeux qui est rempli de couches 
tertiaires. Les plateaux à l'est et à l'ouest sont formés de 
craie dont la surface dépasse l'altitude de 30 mètres, 
taudis que dans l'intérieur de la vallée, cette surface est 
à l'altitude 15. 



— 88 - 

L'érosion de la craie ne date pas de l'époque qua 
naire ; le creux existait déjà avant l'époque tertia 
puisqu'il est rempli par des sédiments de cet âge. 

La fosse de Lens N^ 10, creusée à Vendin, à traversa 
couches suivantes : 

Profondeur Epaisseur 

Terre végétale. ....... 0"50 

0"50 Argile avec m ariette 0.80 

1.30 Argile sableuse 1.10 

2.40 Argile avec terre rouge . . . . 0.90 

3.30 Argile glaise 0.40 

3.70 Argile avec marlette 0.80 

4.50 Sable à gros grains 1.30 

5.80 Sable dléfeux 0.95 

6.75 Sable dléfeux vert 1.85 

8.60 Sable dléfeux 0.90 

9.50 Sable dléfeux vert 0.50 

10.00 Craie argileuse 1.00 

11.00 Craie en décombles 2.10 

13.10 Craie blanche tendre 

Les diverses argiles, jusqu'à la profondeur de 4> 
peuvent se rapporter aux terrains modernes, mais je c 
que les sables argileux (diéfeux), qui sont en-dessous, i 
tertiaires. Ils reposent sur de la craie fendillée (crai 
décombles) qui a été pénétrée d'argile dans sa pî 
supérieure. 

Un sondage fait à Wingles, à TE. du village, a renco 
8 mètres de sable entre le limon et la craie. 

Un autre sondage entre Billy-Berclau et Beauvi 
traversé 6™50 de sable. On est là sur le bassin lertiair 
la Flandre. 

Ainsi, à Vendin comme à Douai, le terrain terti 
remplit un léger vallon à la surface de la craie. Si, à De 
la dépression de la surface crayeuse présente cette p 
cularité d'être superposée à une ancienne vallée di 
primaire, à Vendin, elle est superposée, au contraire, 
bombement ou légère colline de ce même sol primair 



- 89 -- 

En réalité, les deux vallons crayeux sont dus à un ravi- 
nement anlétertiaire. 

On peut admettre que c'est la courbure des couches 
tertiaires, qui a déterminé remplacement des vallées 
actuelles de la Scarpe et de la Deûle. 

Séance du 4 Mai 1904 

M. Hermary fait la communication suivante : 

La Houille en Picardie 
Du raccordement des Bassins Houillers 
de l'Angleterre avec ceux de la Westphalie 

par J. Hermary 

PI. V. 

I. — Phénomènes hercyniens 

Dans un travail antérieur, j*ai traité la question plus 
restreinte des bassins anglais et des bassins français. 

J*ai dû, pour cela, dire quelques mots des formations 
hercyniennes qui jouent le rôle le plus important dans la 
question des gisements de houille. 

Je dois, pour la question plus étendue que je traite 
aujourd'hui, étendre un peu ces explications sommaires. 

Je rappelle d'abord ce que Ton appelle les Crêtes 
hercyniennes. 

Après la fin de la période dévonienne, pendant les 
premiers âges de la période carbonifère, il s'est produit 
dans toutes les régions du globe une série de soulèvements 
nécessairement dévoniens, qui ont pris le nom de crêtes 
hercyniennes, du nom de Télage dévonien qui y a été le 
premier observé. 

Il est évident que vu Tépoque de ces cataclysmes, tout 
explorateur qui veut trouver des bassins houillers doit 
avec le plus grand soin suivre ces crêtes. 



- 90 - 

Il se forma en effet, comme résultat de ces soulèvement 
à côté et le long de ces crêtes, des vallées, des synclinaux 

Durant la période houillère qui commençait, la forma 
tion d'un bassin houiller réclamait deux conditions : 

1*" Un synclinal assez profond pour recevoir les dépôts 

2" Le voisinage de contrées assez fertiles pour produir 
la quantité suffisante de plantes pour alimenter utilemen 
les chenaux qui allaient à ce syndical. 

Une de ces crêtes affecte à la fois, TAllamagne, 1 
France et TAngleterre ; c'est même de sa section e 
Allemagne qu'elle a tiré le nom de toute la formation. 

Voici la direction de cette crête : 

Nous la prenons au Hartz et la suivons par les massii 
Rhénans, TArdenne, l'Artois et le Condros, les Mendip 
Hills en Angleterre, le sud des Galles et enfin l'Irland 
d'où elle passe en Amérique. 

Elle longe les bassins de Westphalie, de la Belgique, d 
Nord et du Pas-de-Calais, traverse le Boulonnais au su 
de Boulogne et longe les bassins de Bristol et de Cardif 

Quelle est la nature exacte des phénomènes qui oi 
donné naissance à ce premier pli hercynien ? (nous r 
nous occupons ici, bien entendu que de celui qui lon^ 
nos bassins, car ces plis se sont formés en bien des poin 
du globe). 

Y a-t-il eu cataclysme et rupture de la croûte terrestre 
ou bien s'est-il formé simplement un ridement, par sui 
de la condensation et du refroidissement de l'intérieur c 
la planète, comme le dit M. Villain dans un travail sur J 
Lorraine dont nous parlons plus loin ? 

La question importe peu ici comme on va le voir ; et 
n'est pas possible aujourd'hui de l'élucider, cardes phénc 
mènes postérieurs ont troublé profondément les assise 
primitives de celte crête. 

Les phénomènes hercyniens doivent se diviser nécessai 



- 91 — 

rement en deux périodes : J'appellerai la première : 
période anté-houillère ; la seconde : la période post- 
houillère. 

Première période. — Dans la première il s'est formé une 
crête dont j'ai donné plus haut la direction, 

Dans les vallées qui longeaient cette crête, se sont 
déposées des formations houillères, ceci n'est pas douteux, 
vous pouvez aujourd'hui encore vérifier la superposition 
des terrains. 

Deuxième période, — Après la formation houillère, est 
venue une série de phénomènes qui ont affecté cette crête 
sur presque toute sa longueur, et cette fois la croûte 
terrestre a bien été rompue, car vous voyez le Dévonien et 
même le Silurien faire irruption, et venir recouvrir le 
terrain houiller, le briser et le transporter même sous 
leurs assises, avec le calcaire carbonifère retourné comme 
lui, de plusieurs kilomètres vers le Nord. 

Ce sont ces accidents qui ont donné naissance au 
Condros, et ils se sont alignés exactement sur le premier 
soulèvement hercynien, ce qui semblerait démontrer que 
dès le début, la croûte terrestre, au moins entamée, avait 
perdu de sa solidité. 

Ceci constitue donc la deuxième période et son époque 
post-houillère n'est pas douteuse, puisque vous pouvez 
juger des superpositions contre nature ci-dessus rappelées. 

Ici la force qui agissait paraît être venue du Midi 
puisque le chevauchement va vers le Nord. 

Il était nécessaire de donner ces explications prélimi- 
naires, car elles nous serviront peut-être à fixer plus tard 
des points délicats. 

Plis secondaires, — Mais les premiers soulèvements de 
^a période anté-houillère ont produit un autre phénomène 
plus vaste ; cette croûte solidifiée était placée sur la partie 



— 92 — 

encore fluide de Tintérieur du globe sur laquelle elle 
devait se mouler. 

Cette partie fluide sous rinfluence de l'action énergique 
qu*a produit le soulèvement a dû obéir à la loi des réactions 
que vous observez sur la surface d'une eau tranquille, 
dont le repos est troublé par la chute d'un corps solide ; 
des ondulations successives se sont produites dans l'ampli 
tude devait aller en croissant. La croûte qui tendait à se 
plisser sur le retrait produit par le refroidissement inté- 
rieur a dû suivre ces ondulations et former des vallées 
successives, qui durant la période houillère ont dû, si les 
circonstances les ont favorisées, recueillir les formations 
houillères. 

Une première confirmation de cette théorie, émise déjà, 
a été la découverte du bassin du Limbourg Belge et de la 
Campine, entre Sittard et Anvers. 

Si maintenant vous voulez bien jeter les yeux sur la 
carte d'Angleterre ci-jointe, vous verrez au Nord de la 
crête hercynienne, plusieurs bassins s'aligner, qui par 
leurs situations, semblent avoir obéi dans leurs forma- 
tions, aux ondulations dont je viens de parler. 

II. — Les Bassins anglais du Nord 

Avant Pays hercynien. — Pays sud hercynien 

Bassins de l^o ligne, 2« ligne, 3® ligne, etc. 

Les Ingénieurs qui s'occupent de mines de houilles, et 
surtout de recherches de mines de houilles, ont pu lire 
avec grand intérêt, un beau travail qu'a publié M. Stainier, 
Ingénieur, membre de la commission de la carte géolo- 
gique de Belgique sur cette même question. 

M. Stainier, dans son travail, s'est occupé uniquement 
de la partie située au Nord de la crête hercynienne. 11 a 
énuméré sur la carte d'Angleterre les bassins successifs 



- 03 - 

qui vont du Midi au Nord remplissant à l'origine les plis 
hercyniens successifs, ce sont : 

1® Les bassins de Cardiff et de Bristol correspondant 
aux vieux bassins Franco-Belges ; 

2° Le bassin du Stafîorshire correspondant proba- 
blement à celui du Limbourg-Belge ; 

3° Le bassin du Curaberland au-delà d'un anticlinal qu'il 
appelle Cumberland Thuringerwald, correspondant à un 
bassin possible encore inconnu au Nord de la Belgique. 

Nous ne le suivrons pas dans ce savant travail qui sort 
de notre cadre. 

M. Stainier s'est occupé exclusivement des bassins 
situés au Nord de la crête hercynienne qu'il appelle l'avant 
pays hercynien. Je m'occuperai, moi, exclusivement 
de la partie située au sud de la crête principale que nous 
pouvons appeler le pays sud hercynien. 

Pour la commodité de notre raisonnement, nous 
appellerons : 

lo Bassin de première ligne, — Ceux qui touchent la crête 
principale : Cardiff, Bristol, Bassins Franco-Belges, etc. 

2° Bassin de deuxième ligne, — Ceux qui correspondent 
au Limbourg-Belge. 

30 Bassin de troisième ligne. — - Ceux qui peuvent se 
trouver au-delà de l'anticlinal de Gumberland-Thuringer- 
wald. 

Et je porterai au Sud la dénomination correspondante, 
en recherchant s'il est possible les anticlinaux. 

m. — Bassins du pays Sud Hercynien 
Bassins de deuxième ligne. — Le Bassin de Sarrebruck 

La première question que nous devons nous poser est 
la suivante : 



— 94 - 

Doit-oa trouver daos le pays sud hercynien des bassins 
correspondant à ceux que Ton trouve au nord de la crête? 

L'affirmative semble logique, mais ici la logique ne 
suffit pas. Pour nous convaincre, il faut regarder la carte 
géologique d'Angleterre et celle de Westphalie, que nous 
avons pu joindre ensemble, grâce à la carte géologique 
internationale. 

Ce qui a fait, en effet, la grande richesse houillère de 
TAngleterre et aussi celle de l'Allemagne, c'est que dans 
ces deux pays, de notables parties de leurs territoires ont 
été soulevées par des cataclismes postérieurs à la forma- 
tion houillère et ont amené à fleur du sol des richesses 
qui, en France sont restées enfoncées sous d'épaisses 
couches de morts terrains. 

L'Angleterre et la Westphalie sont donc deux livres 
grands ouverts qui peuvent nous éclairer et j'estime que 
c'est rendre service à notre pays que d'essayer, grâce à 
eux de percer le mystère de nos plaines tertiaires et 
secondaires. 

Du côté de l'Angleterre, nous voyons d'abord, en 
Irlande touchant la crête au sud, de nombreux vestiges 
de calcaire carbonifère, restes évidents d'un grand bassin 
détruit. 

Bassins de P^ et de 5« ligne. — Puis en Angleterre, 
au-delà, pour nous de la ville d'Exeler, le bassin de 
Barnstaple qui s'étend vers Ghistlehampton sur une 
immense plaque de calcaire carbonifère. 

Il reste sur ce bassin des bancs de grés houillers, et il 
y a peu d'années on exploitait encore dans ces localités 
de Tanthracile, extrait de plusieurs veines dont l'une 
avait plus de 4 m. de puissance. 

Regardons maintenant la carte de Westphalie, nous 
voyons au sud du grand bassin de Dusseldorf, et pa 
conséquent de la crête, une longue suite de gisements d 



- 93 - 

terrains houillers et de calcaires carbonifères allant au. 
sud jusqu'au-delà de Giessen. 

Puis plus au sud, le Bassin de Sarrebruck ; mais celui-ci 
appartient il à notre système hercynien? ou bien a-t-il 
obéi à un autre arc, allant vers le plateau central ? nous 
l'ignorons, mais le second cas est probable, nous revien- 
drons sur ce sujet. 

Mais en faisant momentanément abstraction de ce 
bassin, nous pouvons répondre : oui, il y a au midi de la 
crête hercynienne des bassins qui semblent alignés comme 
ceux du nord, parallèlement à la grande chaîne hercy- 
nienne. Mais en Westphalie comme en Angleterre (sauf 
Sarrebruck) il n'y a que des restes. Avec ou après le 
soulèvement qui a produit le Condros, en est venu un 
autre immense qui a tout détruit, avec le bassin de Dinant 
dont on voit les dernières traces. Nous ne pouvous plus 
de ce côté chercher des failles dans les terrains plus 
jeunes dont les assises puissent accuser les formes des 
terrains anciens qui sont à ciel ouvert nus et érosés. 

Ses jalons anglais et westphaliens ne laissent guère de 
doute sur le passage en France d'un bassin au moins, au 
midi de la crête. 

C'est ce que je vais examiner. 

IV. — La Coupe du Dévonien 

La Carte des Sondages. — Le Bassin de Dînant 

Conclusion. •— Bassin de Picardie 

Une ligne tirée d'Exeter à la baie de Somme est sensi- 
blement parallèle à la crête hercynienne. 

Nous avons donc une très grande probabilité de voir 
venir en France et en Picardie, le Bassin venant d'Exeter. 

Mais devant la complète incertitude de sa position 
exacte, il faut tâcher de recueillir toutes les notions 
possibles sur la surface des terrains anciens. 



~ 96 - 

Je ne crois pas qu'il faille s'arrêter aux tracés c 
M. Dollfus sur les crêtes de la carte géologique. D'abon 
le théorème de Godwin-Austen qu'il faudrait invoque 
n'est pas toujours confirmé par les faits. 

Depuis l'exécution du sondage de Paris-Plage, il n'e 
plus possible d'admettre les crêtes dévoniennes dechaqi 
côté de la Cancbe, et il a été possible de tracer exactemei 
la pente du Dévonien, depuis Samer jusque Merlimon 
et peut-être d'en déduire des conséquences pour la part 
plus au sud. 

Coupe du Rivage dévonien de Samer a Saint- Valéry 

et au-dela 

Ëch. des longueurs, 0,005 par kilom. — Éch. des hauteurs, 0,005 par hectoïc 

-t'ii 



t/ 



l i 






Voici l'altitude du Dévonien à cbacun de ces 3 sondages 

Samer 134 

Paris-Plage 229 
Merllmont. 234 



au-dessous du 

niveau 

de la mer 



SI nous portons sur u 
épure ces chiffres, no 
avons la figure ci-dessus 



Et si nous poursuivons la pente jusqu'à Saint-Valér 
le Dévonien sera en ce point à environ 400 ni. sous 
niveau de la mer. 

Y a-t-il entre Merlimont et Saint- Valéry ; y a-t-il au de 
de Saint-Valéry un pli, un accident qui ait pu recueiO 
les dépôts carbonifères? C'est ce que nul ne peut dir 
Ou bien cette pente, cette voûte, va-t-elle se continuai, 
jusqu'à la rencontre de la pente inverse qui nécessaiK 
ment existe ? Alors ce serait cette rencontre qui cous 
tuerait le tbalweg de la large vallée contenant la formati^ 
carbonifère. 

Cest ce pli ou ce thalweg qui devient le bassin de premiè 
ligne du Sud-Hercynien. 




"«aie» de la Société Géologique du Nord, t. xxxm 7 



- 98 - 

Ôr cette voûte se poursuit vers TEst, elle est accusée 
par un grand nombre de sondages effectués dans le Nord 
et le Pas-de-Calais, leur énumération est inutile : ils sont 
trop connus, entre Montreuil et Hirson. 

A Hirson, arrêtons-nous un instant : 

Sur la ligne qui va d'Aulnoye à Hirson vient aboutir le 
Bassin de Dinant très large dans lequel se trouvent quel- 
ques faibles exploitations houillères. A Touest d'Aulnoye 
il s*est fait plusieurs sondages, les uns dévoniens, quel- 
ques autres carbonifères. 

Voici un petit tableau de ces sondages, et je pense que 
leur inscription sur un bout de carte va nous éclairer. 



Sondages opérés dans la région Cambrai 
Hirson , Saint - Quentin 

Sondages Dévoniens 



LOCALITÉS 


profondeur 


TERR. DE fonds 


Banteux 

Cambrai, allée St-Roch 
Ors près Le Cateau . . 

Guise 

La Capelle 


109" 
121.50 

71 
281) 

91 


Sch. Dévoniens 
Dévoniens 

» 
)) 
)) 



Sondages G. Carbonifère 



LOCALITES 



Cièvecœur p Cambrai. 
Estreux ( \lsne) .... 
Solesmes (Suc. Mallel). 



profondeur 

123»'68 
100 
57.20 



TERR. DE FONES 



Cale. Carb. 
» 



Parmi ces sondages celui d'Estreux est fort intéressant, 
j'ai pu en avoir la coupe grâce à son auteur, M. Tingénieur 
Brégi, la voici : 



- 99 - 

Profd. 

Argile 4 

4 Argile sablonneuse 6 

10 Gravier 2 

12 Marne bleue 13 

25 Marne avec argile ferrugineuse 15 

40 Marne bleue 34 

74 Sable vert 6 

80 Grès vert 8 

88 Grès noir 12 

lOO Pierre bleue de Tournai suivie jusque 300". 

Si ron considère la carte qui porte ces sondages, on voit 
que le bassin de Dinant semble s'incliner vers le Sud- 
Ouest et se diriger vers Péronne et Amiens. Il est du reste 
impossible qu'il continue à suivre la crête principale au 
midi du bassin du Nord par suite de la grande voûte 
dévonienne sûrement constatée. 

Conclusion 

De tout ce qui précède, des indices sérieux que j'ai 
exposés, je crois pouvoir, comme déduction, formuler 
ainsi la direction probable d'un bassin au midi de la crête 
hercynienne. 

Le bassin carbonifère jalonné en Angleterre à Barnstaple, 
en face d'Exeter, passe en France, il y entre par un point 
complètement indéterminé encore de la côte Picarde et le 
bassin de Dinant, sHnfléchissant vers le Sud- Ouest, doit se 
raccorder à lui par Péronne et Amiens, 

Il est évident dès lors qu'un problème d'une portée consi- 
dérable se pose devant notre génération de bouilleurs : 
explorer ce bassin. 

L'entreprise, aléatoire comme toutes ses semblables, 
sera plus ou moins coûteuse suivant le succès ou l'insuccès 
de ]à première tentative, mais si Ton considère la gran- 
deur du résultat à atteindre, il semble que l'effort à tenter 
se justifie. 



V. — Emplacement d'un premier sondage 
Profondeurs probables 

Ce bassin carbonifère peut être, au point de vue d'une 
recherche, divisé en deux parties : 

La première aux environs de Péronne, sur la ligne 
Péronne-Amiens, semble la plus indiquée. 

La seconde, d'Amiens au rivage, est moins bien déter- 
minée, à moins cependant que ne surgisse un indice 
révélateur, ce qui peut se produire. En tous cas, jusqu'à, 
ce jour, l'endroit le plus indiqué est Péronne. Je crois 
devoir faire encore une observation : d'après la forme d& 
la voûte dévonienne indiquée plus haut par l'épure, il peut 
et doit se faire que ce bassin soit très large, immense 
même. Nous ne pouvons rien préciser sur sa richesse, 
mais une observation se présente à l'esprit : dans le bassin 
de Barnstaple il y a encore parmi plusieurs autres, les 
restes d'une veine d'anthracite de plus de 4 mètres 
d'épaisseur. Il est permis de conclure de la présence de 
cet anthracite qu'au-dessus devaient se trouver des gras 
et des Flenus en veines, peut-être puissantes, et en France 
l'épaisse couche de terrains secondaires, aura préservé 
ces richesses de la destruction. 

Profondeur probable d'un sondage (à la baie de Somme) 

Une dernière question se pose, quelle serait la profon- 
deur probable d'un sondage dans la baie de Somme pour 
atteindre les terrains anciens ? 

Nous avons pour cette appréciation des documents 
précieux. D'abord quelques sondages qui pourront donner 
quelques indications : 

Le Puits de Meulers 1813, resté à 300 mètres dans les 
couches moyennes du jurassique. 

Le sondage de Lépine arrêté en jurassique. 



- 101 — 

Le sondage de Merlimont — celui de la Baie-de-Cauche, 
Paris-Plage. 

Puis M. Fuchs, Ingénieur au corps des mines a publié 
dans les rapports à la Chambre de Commerce de Dieppe 
une appréciation sur l'épaisseur des terrains secondaires 
du pays de Bray. 

Les terrains à traverser sont : 

Les sables du rivage ...... 35 mètres 

Le crétacé supérieur 170 » 

Le crétacé inférieur 30 » 

Jurassique 300 » 

Le trias .... 30 » 

Total. . . 565 mètres 

Justification, — M. Fuchs a estimé qu'un sondage pra- 
tiqué entre Concourt et Bazoncourt, près Neufchâtel, 
trouverait : 1® Trias 150 mètres, ce terrain qui vient de 
l'est va en diminuant vers Touest ; à Merlimont il n'a que 
1H5, à la Canche il manque, en Tévaluant à 30 mètres ce 
doit être un maximum. 2^ Le Jurassique 400 mètres. Ce 
terrain va en diminuant du fond du bassin de Paris vers 
le Nord, il s'arrête vers Lépine, il manque à Merlimont, je 
crois que 300 mètres est un maximum. 

Du crétacé inférieur, on ne doit avoir que TAlbien et 
peut-être le Wealdien, à Merlimont, il y a 4°»35 d'Albien, 
30 mètres doit être un maximum. 
A Paris- Plage, le crétacé supérieur a 170 mètres. 
Les sables du rivage, 35 mètres. 
Il est douteux que Ton trouve le néocomien. 
Par prudence, il faut prévoir 600 à 650 mètres. 
A Péronne, les documents sont plus rares, ils manquent 
même. Mais n'oublions pas que cette épaisseur dépend 
uniquement de la profondeur des terrains anciens. Il peut 
avoir des surprises. Je donnerai cependant une coupe 
probable à Péronne en temps utile. 



- 102 - 

M. Gosselet présente à la suite de la communication 
de M. Hermary, les observations suivantes : 

Je n'accepte pas, surtout dans les termes ou elles sont 
exprimées, les considérations théoriques sur lesquelles 
M. Hermary a fondé son raisonnement. Mais en me basant 
simplement au point de vue des faits j'approuve ses 
tentatives pour chercher de la houille en Picardie. 

Si Ton n'a pas la preuve absolue que le bassin de Dinant 
s'étend sous la Picardie, néanmoins je crois que tous les 
géologues en sont convaincus. La question se réduit donc 
à ceci, le bassin de Dinant qui ne contient pas de houille 
exploitable, ni en Belgique, ni en Angleterre, peut-il 
en renfermer sous la Picardie. Théoriquement on ne peut 
le nier. Les petits bassins houillers des environs de 
Dinant, d'Âulnoye de Tàisnières, suffisent à montrer que 
de la houille a pu se déposer dans le Bassin de Dinant. 
Mais j'ai longtemps cru que les bassins houillers de 
Picardie s'ils existaient, devaient ressembler à ceux de 
l'Entre-Sambre-et-Meuse, être étroits et peu productifs. 

Depuis quelques années, je suis revenu de ce jugement 
sévère. J'ai réfléchi que le bassin de Dinant devait être 
assez large sous la Picardie (*) qu'il se pouvait, par 
conséquent, que, les plis synclinaux y soient moins serrés 
que dans le Condros et dans l'Avesnois et que quelques- 
uns de ces plis contiennent de la houille exploitable. 

Du moment que la possibilité de trouver de là houille 
exploiiâble en Picardie n'est pas repoussée ; on a le droit, 
je dirai presque le devoir de l'y chercher. 

M. Péroche envoie la communication suivante : 



Je crois que la taille du Pays de Bray peut correspondre à peu près à la limite 
du Cambrien et du Dévonien, telle qu'elle est connu de Fepin à Hirson. 



- 103 - 

Le mouvement de nos températures 
et la prècession des èquinoxes 

par M. Péroohe 

On dit et on répète que nos températures se refroi- 
dissent. 11 est certain qu'elles ne se réchauffent pas et on 
peut s'en convaincre sans regarder fort en arrière. Les 
vieillards se souviennent de leur jeunesse qui avait de 
vrais printemps et de vrais étés. Ou se vêtissait alors 
d'étoffes fraîches et légères et le pardessus de demi-saison 
n'était pas nécessaire même au milieu de la canicule. On 
peut encore le demander à certaines essences végétales et 
en particulier à l'abricotier. Il disparaît peu à peu des 
jardins, dans notre Nord, et la vigne elle-même n'y donne 
plus que des grappes sans saveur quand elles ne sont pas 
tout à fait acides. 

A plusieurs reprises déjà nous nous sommes attaché à 
cette question et nous croyons y avoir jeté quelques 
lumières. Revenons-y ici, aussi brièvement que possible 
et nous nous appuierons cette fois sur des chiffres dont la 
signification, croyons nous, ne saurait être douteuse. 

L'origine du mouvement est et ne peut être que dans 
le balancement de la précession des èquinoxes. On 
connaît ce mouvement astronomique. Sous l'action attrac- 
tive du soleil et en raison à la fois de sa forme et de 
son inclinaison sur le plan de l'écliptique, le globe se 
balance sur lui-même et vient occuper sur son orbite des 
positions qui sont successivement différentes. Or, l'orbite 
est écliptique; le globe s'éloigne donc plus ou moins du 
foyer qui le réchauffe. C'est de là et de là seulement que 
viennent les alternatives. 

Les périodes précessionnelles ne sont pas d'un jour, la 
durée en est de 26.000 ans si on les considère isolément 



— 104 — 

mais elle se réduit à 21.000 si Ton tient compte de la 
marche inverse de la ligne des absides et c'est ce qu'il 
faut faire ici. En 21.000 ans on passe donc par une phase 
de froid et aussi par une phase de chaleur. C'est-à-dire 
que tous les 10.500 ans on a alternativement l'une et 
l'autre et c'est la position que le globe occupe sur son 
orbite qui la détermine. 

Avec l'excenlricité actuelle la différence, pour le 
nombre de jours, entre les deux côtés de l'orbite, est 
d'un peu plus de 8 et les deux hémisphères les ont en 
plus ou en moins selon le côté que la terre occupe. Et si 
c'est, comme aujourd'hui, l'été entier ou à peu près, ou 
l'hiver, ce sont ces deux saisons, comptées d'un équinoxe 
à l'autre, sur lesquelles porte la différence. 

L'hémisphère du Nord, qui a ses étés à l'aphélie a donc 
les plus longs alors que ses hivers sont les plus courts el 
c'est l'hémisphère du Sud qui a ses étés les plus courts 
alors que ses hivers sont les plus longs. Le désavantage 
est évidemment de son côté. Mais, par suite du balance 
ment, les positions se modifient et par cette raison que 
nous entrons dans le côté qui nous est opposé nous 
sommes forcément atteints par les influences qui lui sont 
propres. Tout est là. 

On peut se rendre compte de ce que sont les oscillations 
et ce qu'elles peuvent devenir. 

Arago a nié l'action thermique de la précession des 
équinoxes ; mais il n'a envisagé la question qu'au point 
de vue de l'intensité solaire. N'y a-t-il pas aussi la nuit e 
c'est ce qu'il n'a pas fait entrer en ligne de compte. 

Sans aucun doute l'action solaire se contrebalance 
entre les hémisphères puisque ce que l'on a en plus ou er 
moins comme intensité on l'a en plus ou en moins comm( 
durée; mais les nuits n'ont rien de semblables en elles 
mêmes et leurs effets ne s'équilibrent pas. Ne considéroni 



— 105 - 

ici que les pôles pour plus de simplicité. Le pôle austral 
a huit fois 24 heures de nuit de plus que le nôtre. Il suffit 
de voir ce que ces nuits doivent lui valoir comme excé- 
dent de froid, La moyenne thermométrique du milieu de 
l'hiver peut y être évaluée à au moins 50 degrés multi- 
pliés par 8, ces 50 degrés en donnent un total de 400. Le 
pôle sud a donc 400 degrés de froid de plus que le nôtre 
et si Ton répartit ce chiffre sur Tensemble de l'hiver on 
trouve qu'il en dépasse la moyenne quotidienne de près 
de 2^2. Ce n'est pas tout. Le froid engendre le froid. Les 
glaces qui constituent la calotte polaire gagnent en 
étendue et elles ajoutent leur influence à celle de la nuit. 
La limite moyenne des glaces permanentes autour de 
notre pôle est au 76^ degré de latitude. Elles descendent 
dans l'hémisphère du sud, jusqu'au 65®. Sous ces paral- 
lèles se retrouvent donc les mêmes températures et la 
différence entre les deux n'est guère inférieure à 16 degrés. 
Mais si l'écart s'atténue à mesure qu'on se rapproche de 
l'équateur, il n'en subsiste pas moins à toutes les 
hauteurs en latitude et sous notre 50® parallèle il n'en est 
pas moins encore de près de 5 degrés. En définitif ce 
terme est celui qui est créé pour nous par le balancement 
précessionnel et c'est vers celui-là que nous retournons. 

Si Ton trouve dans le présent des marques du refroi- 
dissement qui nous gagne, trouve-t-on des témoignages 
de ce qu'a été antérieurement notre climatologie ? Ils 
abondent, sans remonter au-delà de la période actuelle. 

Rappelons que c'est il y a 11.000 ans que notre hémis- 
phère, avec ses hivers à l'aphélie, a passé par son 
dernier maximum de froid et que c'est vers 1250 de notre 
ère, avec ces mêmes hivers au périhélie, qu'il a passé par 
son maximum de chaleur. Nos températures ont donc dû 
s'accroître jusqu'à cette dernière époque et depuis elles 
"ont pu que perdre. 



— 106 — 

Les traces des températures d'il y a 11.000 ans ne 
manquent certainement pas; mais il serait souvent assez 
difficile de les distinguer avec leur âge précis. Les habita- 
tions lacustres pourraient en offrir. On les retrouve 
surtout à la partie supérieure des dépôts post-glaciaires 
du Danemarck. On peut mieux juger de ce qu'elles ont 
été plus tard. 

Il y a 5.000 ans, au temps delà primitive Egypte, elle 
florissait au delà des Pyramides. Elle n*était évidemment 
pas envahie par les couches de sable qui la recouvrent 
aujourd'hui, et les végétations ne devaient pas lui man- 
quer. Elle aurait eu alors des moyennes de températures 
certainement inférieures de 2 à 3 degrés au moins à celles 
de nos jours. Ses végétations ne s'expliqueraient-elles 
pas par ce seul fait. La Judée, du temps des patriarches, 
avait de grands troupeaux qui constituaient leur richesse. 
Il leur fallait des pâturages. Où les y trouveraient-ils de 
nos jours ? A cette époque, la Judée elle-même, avec des 
moyennes thermiques abaissées de plus de 2 degrés, 
c'est à-dire, presque autant que celles de l'Egypte n'avait 
donc rien des sécheresses présentes. Il y a autant à en dire 
de la Grèce du vivant d'Homère. Là aussi, les grands 
troupeaux, richesse de ses rois, avaient évidemment 
besoin d'herbages qu'elle même n'a plus. Plus près de 
nous nous avons l'Algérie et la Tunisie, ces greniers de 
Rome à l'époque de sa grandeur. Ne leur a-t-il pas fallu, 
à elles aussi, un climat autre que celui qu'elles possèdent 
actuellement; sans doute on y avait recours à d'abon- 
dantes irrigations; mais, pour cela, il fallait de l'eau et 
aujourd'hui l'eau y est devenue très rare. 

Mais nous voici arrivés au début de l'ère actuelle. 
Comme indice du mouvement de nos températures depuis 
2.000 ans on a noté les grands hivers, et nous-même, après 
Arago, nous en avons donné une nomenclature. Mais les 



— 107 — 

grands hivers ne sont que des exceptions, de même que 
les élés particulièrement chauds, et, par eux-mêmes, ils 
ne sauraient prouver beaucoup. Un témoignage en ressort 
cependant, c'est que les grands froids, plus fréquents 
d'abord se sont moins répétés dans le cours du moyen âge 
et que depuis ils se sont plus fréquemment réitérés. C'est 
la vigae qui nous offre à cet égard les témoignages les 
plus sûrs. 

Au commencement de notre ère la vigne ne s'était 
encore montrée chez nous que dans Textrême midi en 
Provence. On la connaissait longtemps avant, et l'histoire 
de Noé le prouve ; mais elle était restée éloignée de nous, 
certainement parce que notre climat n*en permettait pas 
la culture (*). A ce moment le réchauffement avait pro- 
gressé et continuait à le faire. Aussi la vigne ne tarde pas 
à se répandre et bientôt elle apparaît plus haut vers le 
Nord où on pourrait la suivre d'étape en étape et en 
quelque sorte de siècle en siècle. Avec le moyen âge, 
coïncide sa principale extension. Mais c'est au xni® siècle 
qu'elle s'était le plus répandue. On la retrouve alors sur 
toute l'étendue de notre pays ; même jusqu'en Belgique 
et jusqu'en Hollande, et l'Angleterre n'a pas été la moins 
favorisée. Nous en étions justement à nos plus fortes 
moyennes précessionnelles et l'on voit que ce double état 
était bien concordant. Mais ce qui montre aussi cette 
concordance, c'est le refroidissement qui en fut la suite. 
Après ce maximum de chaleur, la vigne recule et en 
moins de 600 ans elle est rentrée dans ses limites 
actuelles. Les températures qui l'avaient favorisée s'afïai- 
blissant peu à peu, elle ne pouvait qu'en éprouver le 
contre-coup. 



0) U vigne a laissé des empreintes qui remontent jusqu'au milieu des 
temps tertiaires . A quelles migrations n'a-t-elle pas été soumise depuis cette 
époque? 



— 108 — 

On s'étonnera peut-être que l'Egypte, la Judée et les 
autres contrées dont nous avons parlé aient pu, avec les 
faibles abaissements de température qui leur ont été 
attribués, avoir des végétations si différentes de ce 
qu'elles sont devenues. Il ne faut pas oublier que ces 
régions avaient joui précédemment de conditions plus 
favorables encore et qu'elles n'avaient pu que bénéficier 
de ce qui leur en était resté. Tout du reste n'est pas là, 
comme on le verra plus loin. 

Relativement à la vigne, on peut se demander si un 
changement profond dans la climatologie eût été néces- 
saire pour en amener la rétrogradation au point où elle 
en est. Il n'est pas douteux qu'il a suffi d'une action rela- 
tivement faible. Que le printemps soit relativement 
attardé, que le bourgeonnement soit entravé par des 
gelées inattendues, il n'en faut pas davantage. La grappe 
tardivement formée se développe mal, et quel que sort 
l'été, l'automne ne peut plus la mûrir. Que ces circons- 
tances se réitèrent et s'aggravent comme cela a eu lieu et 
bientôt le plant devient improductif. On le néglige, on le 
délaisse, et, abandonné, il ne tarde pas à disparaître. 
C'est ce qui arrive de nos jours et c'est certainement ce 
qui a eu lieu dans le passé. 

Si la vigne nous montre les changements qui ont dû se 
produire dans nos températures depuis son maximum 
d'extension, le Groenland en témoigne plus puissamment. 
A l'époque où les Danois en prirent possession, c'était 
une terre verte, selon le nom qu'il a reçu. Assez long- 
temps il a donné asile à de nombreux troupeaux. On sait 
ce qu'aujourd'hui il est devenu. Or, là aussi c'est la môme 
influence qui agit, seulement elle le fait dans une mesure 
sensiblement plus grande. Nous avons dit qu'entre la 
limite des glaces permanentes à notre pôle et celle des 
mêmes glaces au pôle Sud, il y a une différence de 






— 109 — 

11 degrés en latitude et que ces 11 degrés correspondent 
à un écart du 15 à 16 degrés du thermomètre. Le passage 
d'un extrême à l'autre se fait donc dans une mesure beau- 
coup plus prononcée. Elle ne suffirait pas, toutefois, pour 
expliquer entièrement la situation. On sait aujourd'hui 
que les glaces qui entourent notre pôle subissent un 
mouvement circulaire de l'est à l'ouest et que, poussées 
sur la côte orientale du Groenland, elles vont s'y briser. 
Elles s'y accumulent donc d'autant plus que le froid 
auquel elles sont dues gagne en intensité et la terre qui 
les reçoit en subit les conséquences dont se ressentent en 
même temps les contrées plus ou moins avoisinantes. 

Trouve-t on dans les observations des preuves du refroi- 
dissement que nous subissons? C'est ici que nous donne- 
rons la parole aux chiffres annoncés. 

A Paris, depuis 150 ans, on a constaté qu'il est tombé 
un peu plus de pluie et d'après nos recherches il en a été 
de même à Lille, ce qui serait un témoignage indirect du 
changement. Mais si rien de bien prononcé n'apparaît 
dans les moyennes annuelles de la température, il faut 
reconnaître qu'il n'en saurait être autrement en raison 
delà lenteur du refroidissement (environ un demi-dixième 
de degré par siècle). Toutefois en décomposant les années 
on arrive à de réelles démonstrations. 

Le tableau qui suit met en lumière, par saison, le 
mouvement de nos températures tel qu'il s'est produit 
pendant une durée de 125 ans. C'est aussi Lille qui nous 
en a fourni les éléments. Il est divisé en trois périodes. 
La première de 35 ans, commence en 1757 pour finir 
en 1792 ; la seconde de 30 ans va de 1823 à 1852 et la troi- 
sième de même durée, de 1853 à 1882. Elles sont de durée 
assez longue pour que les années exceptionnelles s'y 
fondent dans l'ensemble des autres sans fausser les 
situations. Nous aurions voulu y ajouter la période com- 



— 140 — 

plémentaire de 1883 à 1902. Nous n'avons eu à notre 
disposition que des moyennes incomplètes et il ne nous a 
pas été possible d'y recourir. Les autres données n'en sont 
pas moins explicites. 

Températures moyennes 

1" Période 2« Période 3» Période 
1757-1792 1823-1852 1853-1882 

Hiver 2«5 3^8 3»8 

Printemps 14.3 13.4 12.5 

Été 18.4 16.4 16 9 

Automne 5.3 6 5 6.8 

Année 10.12 10.02 10.00 

Différences par rapport à la première période 

2« Période 3* Période 

Hiver + 1°3 +\^Z 

Printemps — 0.9 — 1.8 

Été —2.0 —1.5 

Automne +1.2 +1.6 

Année — 0.10 — 0.12 

Ce qu'il y a d'abord à constater c'est que la moyenne 
annuelle a fléchi et qu'elle l'a fait dans une mesure qui 
s'éloigne peu de celle que nous avons indiquée plus haut; 
en second lieu, c'est que les saisons ont subi, dans des 
sens différents, des modifications même très tranchées, 
mais qui cependant se contrebalancent à la différence 
annuelle près. Les hivers et les automnes gagnent. Les 
printemps et les étés perdent. La saison qui a le principal 
gain est l'automne, celle qui perd le plus est le printemps. 
Mais si Ton s'attache au mois, on se trouve, pour quel- 
ques-uns d'entre eux en présence d'écarts encore plus 
prononcés, Janvier, par exemple, a gagné 3'»2, juin a 
perdu 2^6. Les mois chauds sont ceux qui, dans leur 
ensemble, ont été les plus atteints et l'on voit là jusqu'à 
quel point ils se sont réellement refroidis. 



- 111 - 

Mais si raction précessionnelle s'affirme en fait dans le 
présent, même avec la mesure d'ensemble qu'il y a à lui 
attribuer, comment expliquer les différences d'effets qui 
s'appliquent aux saisons. Ce n'est là, non plus, qu'à la 
précession qu'il faut s'adresser. 

Les coupures équinoxiales sont exactement la ligne de 
séparation des effets dont il s'agit et non-seulement elles le 
sont pour les saisons, mais aussi pour les mois qui les 
composent et cela sans exception et sans enjambement 
d'une limite sur l'autre. 

C'est donc le passage du globe d'un côté à lautre de son 

orbite qui détermine le mouvement, lequel se produit par 

suite du changement de direction des principaux courants 

atmosphériques. Ce qui frappe, en effet, quand on étudie 

la marche de ces courants c'est qu'ils coïncident par leurs 

côtés dominants avec le changement des saisons. Avec 

l'hiver et l'automne dans nos régions, peu de vents du 

Nord, qui deviennent au contraire plus fréquents dans les 

saisons de printemps et d'été. Tl en résulte naturellement 

des refroidissements pour ces derniers, alors que ce sont 

des adoucissements qui restent aux autres. Une remarque 

analogue s'applique aux vents de l'ouest qui sont, et de 

beaucoup, nos plus habituels. L'automne et l'hiver les ont 

en grande partie, avec leurs conséquences ; mais ils 

soufflent aussi pendant les étés et les printemps et de ce 

côté ce ne sont que des troubles qui en résultent. Les 

refroidissements d'un côté et les réchauffements de l'autre 

ont donc bien là leur raison d'être et nous ne voyons pas 

que la cause puisse en être ailleurs que là où nous 

l'indiquons. 

S'exerçant à notre époque comme elle le fait, la même 
action s'est exercée dans le passé comme elle s'exercera 
dans l'avenir. Seulement les effets doivent forcément se 
modifier et passer d'un côté à l'autre de l'orbite avec le 



— 112 — 

balancement même de la précession. Après avoir eu d( 
réchauffements, les saisons ont donc des ref roidissemen 
pour retrouver ensuite l'inverse et c'est en cela que noi 
avons le complément justificatif exigé par les situatioi 
du passé. 

Nous en étions, il y a 650 ans, nous l'avons dit, à noti 
maximum de chaleur précessionnelle. Si nous remontoi 
jusque-là, nos printemps et nos étés avaient ce qu'ils oi 
dû perdre depuis. On peut en évaluer le terme à quelqv 
chose comme 4 degrés. N'est-ce pas assez pour que 1 
vigne se fût répandue comme elle la fait, même en adme 
tant un refroidissement correspondant du côté de 
automnes et des hivers. Les moyennes auraient été aloi 
de 10<>,3. Et si Ton remonte au début de notre ère, on s 
trouve en présence d'une situation qui est l'opposé ci 
celle-là. 

Une plus forte somme de froids pour les saisons chaude 
et par suite des fraîcheurs qui ne pouvaient que leur êtr 
plus favorables à certains égards. Il en aurait été ainsi e 
particulier pour la Tunisie et pour l'Algérie et plus tar 
pour la Grèce, la Judée et l'Egypte. Un jour complet s 
ferait donc à leur égard de même qu'à l'égard de tous le 
autres points y compris le Groenland. Il ne faudra 
toutefois pas admettre que le mouvement qui porte sl 
les saisons aurait toujours la même mesure. Il doit, dat 
Tordre précessionnel, changer de direction tous les 5.2^ 
ans, c'est-à-dire quand les équinoxes se produisent dai 
le sens même de l'un ou de Tautre des axes de l'orbite < 
serait forcément précédé et suivi d'un ralentissement e 
rapport avec le balancement même du globe. C'est ce q 
fait que, bien que tendant à se rapprocher, les tempér 
tures des étés et des hivers resteraient toujours fcp 
différentes les unes des autres même dans les phases ^ 
elles sont le plus prononcées. Pourrait-on s'étonner A 



— 113 - 

chaDgements admis dans la direction des vents. Toute la 
circulation atmosphérique n'est-elle pas Tœuvre du soleil 
et son influence ne saurait-elle s'étendre jusque là? 
N'est-il pour rien d'ailleurs dans les modifications qui se 
produisent aujourd'hui de l'une à l'autre de nos saisons? 
Il y a intérêt à bien se fixer sur les modifications de 
températures relativement aux moyennes des mois pour 
chacune des périodes qui ont fait l'objet de notre précé- 
dent tableau. Les voici présentées de la même manière. 
Il y a surtout à s'attacher aux passages équinoxiaux. 

Moijennes mensuelles 



Janvier 

Février 

Mars 

Avril 

Mai. 

Juin 

Juillet 

Août 

Septembre 

Octobre . 

Novembre 

Décembre. 



!'• Période 
1757-1792 


2' Période 
1823-1852 


3* Période 
1853-1882 


— O'S 


2«2 


2*9 


2.8 


3.3 


3.1 


4.9 


58 


5.5 


98 


9.8 


9.2 


14.7 


13.5 


12.4 


18.5 


16.9 


15.9 


19.9 


17.3 


17.7 


19.7 


17.0 


17.6 


15.6 


15.0 


15 3 


9.7 


10.1 


11.4 


4.6 


5.6 


5.7 


1.7 


3.7 


3.5 



Différences par rapport à la première période 

2* Période 3" Période 



Janvier . 
Février . 
Mars . . 
Avril. . 
Mai . . . 
Juin . . . 
Jmllet . 
Août . . 
Septembre, 
Octobre . 
Novembre . 
Décembre . 



+ 2'»5 


+ 3-2 


+ 0.5 


+ 0.3 


+ 0.9 


+ 0.6 


0.0 


— 0.6 


— 1.2 


— 2.3 


1.6 


— 26 


— 2.6 


— 2.2 


- 27 


— 2.1 


— 0.6 


— 0.3 


+ 0.4 


+ 1.7 


+ 1.0 


+ 1.1 


+ 2.0 


+ 1.8 



^i^nalet de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii 



8 



- 114 — 

Ajoutons aux autres données offertes celles se rappor- 
tantaux vents qui, d'ordinaire, sont les. compagnons des 
températures des bons et mauvais jours. Les chiffres 
donnés s'appliquent à une période de 20 ans (1823-1842) et 
représentent pour chaque mois le nombre d'années où les 
vents ont été dominants, il n'est fait mention ici que des 
principaux : ceux du Nord et du Nord-Ouest ceux de 
l'Ouest et du Sud-Ouest. 

Nord et Nord-Ouest. — Janvier 1. — Février 4. — 
Mars 3. — Avril 8. — Mai 7. - Juin 8. — Juillet 7. - 
Août 4. — Septembre 4. — Octobre 4. — Novembre 2. — 
Décembre 2. 

Ouest et Sud-Ouest. — Janvier 10. — Février 14. — 
Mars 15. — Avril 11. - Mai 9. — Juin 11. — Juillet 13. — 
Août 15. — Septembre 14. — Octobre 15. — Novembre 16. 
— Décembre 12. 

Enfin, il y a les témoignages demandés à la pluie. La 
moyenne annuelle des quantités tombées pendant la 
période de 1823 à 1852 a été de 663°""«. Elle s'est élevée à 
701mm pendant celle qui a suivi et pendant la période 
complémentaire de 1883 ù 1902 que nous pouvons faire 
figurer ici, pour cet objet elle a atteint 704"°°. La pro- 
gression qui s'est surtout accusée par rapport aux saisons 
de printemps et d'été s'est marquée aussi sur les autres; 
elle a donc bien suivi le mouvement des températures et 
pour la période qui nous touche, elle suffirait pour 
montrer qu'elle n'a pas différé des autres à cet égard. 

Un point sur lequel il nous faut revenir. Au sujet 
des grands hivers nous avons rappelé que plus rares 
au moyen âge que précédemment, ils étaient depuis 
redevenus plus fréquents, fait qui semblerait en contra- 
diction avec les réchauffements accusés. L'influence des 
étés moins favorisés a pu se déverser sur les hivers et y 
provoquer des recrudescences exceptionnelles. Il y aurait 



- ii:î - 

surtout à y voir la preuve que les notations en ont été 
moins négligées, bien que les rigueurs, en général, n'en 
aieat pas été les mêmes. 

Avons-nous fait définitivement le jour sur cette question 
de l'action précessionnelle ? Nous ne le prétendons pas. Il 
reste incontestablement à observer et à approfondir. Nous 
pouvons tout au moins penser que si le but n'est pas 
atteint, nous n'en sommes pas éloigné. Les dernières 
constatations nous ont, dans tous les cas, révélé son 
mode d'action à la fois direct et indirect. Nous allons donc 
vers les froids, seulement comme l'excentricité de notre 
orbite diminue et que la précession n'agit que dans la 
même mesure, nous n'en aurons que de moindres. Nous 
De refaisons, du reste, que ce que la terre à fait depuis son 
origine et que ce qu'elle continuera à faire jusqu'à sa fin. 
Nos régions comme les autres, reverront donc ce qu'elles 
ont déjà vu. C'est dire, pour n'en revenir ici qu'à la vigne. 
que nous pouvons nous rendre compte du sort qui lui est 
réservé. Sans aucun doute dans moins de 400 ans, la 
Champagne aura perdu ses vignes et il ne se passera pas 
4 ou 500 années au-delà sans que la Bourgogne et la 
Gironde soient elles-mêmes devenues veuves des leurs. 
Il restera la Provence qui la première il y a 2.000 ans a 
pratiqué la chère culture. Mais elle aura forcément son 
tour et dans 15 ou 1.600 ans, elle le verra fort probable- 
ment. Quant à Paris, et pour en revenir à nos tempéra- 
tures, dans 10.000 ans, au point culminant de la phase en 
cours, alors que notre pôle aura hérité des glaces du Sud, 
il n'aura plus guère, s'il existe encore, que les moyennes 
annuelles qiii sont aujourd'hui celles de Berlin ; mais 
Berlin, lui, n'aura plus en partage que les aménités 
climatériques de la Norwège. 



— 116 — 

KfmanpàeÂi Kur In campontion 
de rÈXMge TbMSkBtÎBMi ixiféiieiir dans U Nord de la Fram 

par A. Briquet 



Ddns une rêoente oommunîcation sur les tranchées de 
la dériration de la Scarpe autour de Douai, M. Gosselet (^| 
appelait TattentioD sur la composition de la base de 
réta^ Tbanetien dans la résion de Douai : la succession 
slratigraphique nx est pas conforme à celle qu'on 
admettait jusqu'ici comme typique pour le Nord : ai^ile 
de LouviL tufieau, sable. 

Or ce que Texamen de simples données de sondages ne 
permettait en quelque sorte que de supposer, se trouve 
confirmé, au grand jour, par une magnifique coupe 
exposée depuis quelques mois à Arleux dans la tranchée 
ouverte près de la station pour la rectification du canal de 
la Sensée. On v reconnaît la série suivante de haut en bas : 

4. Sable vert, bruni par altération. 

3. Argile plastique frris-noirâlre, se débitant en 

petits éclats t'2.50i. 
2. Sable gris-veixiâtre, fin, {tassant inférîeurement 

à du tufleau vert foncé i2.(0'. 
1. Rares petits galets de silex verdis, 
— Craie blancbe sans silex. 

Telle est la série du Thanetien inférieur aux environs 
de Douai, et cette série peut être considérée comme typi- 
que ; si des coupes montrant aussi bien la superposition 
des quatre termes sont exceptionnelles dans les grandes 
plaines limoneuses de la région, il n'est pas impossible de 
retrouver çà et là, en particulier le long des chemins 
creux, Targile superposée au tuffeau et celui-ci à la craie 
comme à Arleux. 

(1).4. s. G. N.j XXXIII, p, 82. 



— 117 — 

La composition du Thanetien inférieur n'est pas telle 
seulement à Douai, mais dans une région beaucoup plus 
étendue : au Sud, dans le Cambrésis et le Vermandois ; 
à l'Ouest, en Artois et jusque sur le littoral de la Manche. 
On vérifie ce fait, vers le Sud, en différents points : 
sous le dolmen de Hamel ; dans le coteau qui domine 
à l'Est la vallée de la Gâche vers Sauchy l'Estrée ; aux 
environs de Fontaine-Notre Dame, à Saint-Olle. La série 
s'observe dans tout le Cambrésis, où M. Gosselet (^) a 
donné à Targile qui surmonte le tuffeau le nom d*argilede 
f.^lary; plus au Sud, dans le Vermandois, la Société Géolo- 
gique du Nord Ta examinée dans les Carrières d'Etaves, 
et M. Rabelle (2) la signale à Surfontaine. 

Vers rOuest de Douai, dans tout le massif de collines 
tertiaires qui existe au Sud de la Vallée de la Scarpe 
cl'Arras on voit la même succession : à Récourt, Dury, 
Etaing, aux Bonnettes de Sailly, à Boiry-Notre-Dame, 
Saint-Martin-sur-Cojeul, Tilloy-les-Mofïlaines ; enfin à 
Monchy-le-Preux, où plusieurs bancs d'un tuffeau fossili- 
lère s'observent au-dessus de Targile. 

Plus au Nord, d'autres localités montrent la série inva 

Hable ; le canal de la Haute-Deûle, près de Dourges ; la 

gare de Lens (^) ; le bois de Liévin ; la garenne de Souchez. 

L'argile plastique est exploitée sous le nom de « potier >) 

^u pied de la crête de l'Artois, près d'Hersin-Coupigny ; 

on lui donne encore le môme nom quand on la retrouve 

dans les profondes poches de la craie, du fond desquelles 

on extrait les grés à pavés dans la région au Nord-Ouest 

<îe Mont-Saint-Eloy, et dans celle de Ternas ; Targile 

plastique y est étirée, par la descente, en un lit de quelques 

centimètres d'épaisseur, mais nettement intercalée entrt 

deux couches sableuses dont l'une la sépare de la craie. 

(^) Esquisse géologique, p. 293. 
(2)^. S. G. N., XXXI. p. 46. 
(') G088ELBT, Esquisse géologique, p. 292. 



— 118 — 

Le seul témoin, en place, de l'étage Thanetien sur J^ 
plateau d'Artois, a montré à M. Gosselet (*), dans la butU 
du moulin de Pierremont, Ja même série de couches qué 
celle qu'on vient de suivre depuis le bord de la Pévèle 
La sablière est aujourd'hui abandonnée, mais près de là 
à Siracourt, la sablière Bouilliez laisse encore voir un peu 
d'argile plastique au-dessus du sable qui, dans le talus da 
chemin voisin, repose directement par un épais cailloutis 
de silex verdis sur la craie. Il est à remarquer qu'au-delà 
de Taxe de l'Artois vers le Sud et l'Ouest, le sable qui 
surmonte la craie n'est plus à l'état de tuffeau, mais seule- 
ment de sable très fin, non cohérent. 

De Pierremont il faut venir jusque sur les bords de la 
Manche, dans le Ponthieu, pour retrouver le Thanetien en 
place : il est surmonté par le Sparnacien fossilifère, et 
forme les premiers massifs du bassin Anglo-Normand du 
Hampshire. Une belle coupe est visible à Saint- Valery- 
sur Somme, au sommet de la crayère du Gap-Hornu ; à 
plus de cent kilomètres de distance, elle reproduit exacte- 
ment la coupe d'Arleux : sur la craie, deux mètres de 
sable gris-vert, fin (la seule dilïérence est qu'il ne passe 
pas au tufîeau, et qu'un lit de silex verdis abondants en 
forme la base); puis l'argile plastique, vert-brunâtre, visible 
sur deux mètres au sommet de la coupe, et sur laquelle 
une sablière voisine montre reposant un sable vert clair, à 
grains plus gros, équivalent des sables d'Ostricourt. 

Ce que la coupe de Saint-Valery montre en place, se 
retrouve dans les poches de la craie à l'intérieur du pays 
le long des vallées de l'Authie et de la Somme. M. Gossele 
a signalé dans cette région, sur la feuille Amiens de h 
Carte géologique, l'existence de « bief », c'est-à-dire d'uni 
argile exploitée en certains points pour la fabrication de: 
tuiles; et de sable gris ou vert très (in, dont les relation* 

(1) A. s, G. N., XVII, p. 171. 



— 119 — 

avec le bief sont peu visibles. La coupe de Saint Valéry 
fournit Texplication : le bief des plateaux du bord de la 
Somme 0) est le niveau argileux du Cap-Hornu, Téquiva- 
lentde Targile de Louvil dans la Pévèle ; le sable fm vert 
représente le tuffeau inférieur à Targile. Le plus souvent, 
le remaniement des assises pendant leur descente à Tinté- 
rieur des poches ne permet plus d*en voir nettement la 
superposition ; parfois on peut encore constater que le 
bief est dans la poche à Tintérieur du sable vert fin : une 
petite sablière à Montigny les-Jongleurs le montrait 
naguère et quelques restes de poches à phosphate d'Orville 
en fourniraient peut-être encore aujourd'hui un exemple. 
Mais d'autres fois le bief arrive dans le fond des poches, 
au contact de la craie, empaquetant les silex verdis ; cela 
ne prouve en rien qu'en ces points le bief ait surmonté 
immédiatement la craie ; le fait s'explique par le mouve- 
raentde descente, qui a pu faire chevaucher l'argile au-delà 
du sable. 

* # 

L'âge de la série de couches qui constitue la base du 
Thanetien dans la région considérée, peut être défini avec 
une assez grande précision, au moins dans les environs 
mêmes de Douai. Il existe de petits bancs de tuffeau dans 
le sable, peu au-dessus de l'argile, tuffeau qui a fourni 
abondamment Cypi^ina Morrisi : de magnifiques échantil- 
lons en existent au Musée de Douai, provenant des puits 
D<»4 et 5 de l'Escarpelle à Dorignies, et de la tranchée de 
la Dérivation à l'écluse de Dorignies : Cyprina Morrisi a été 
trouvée à 7 mètres environ au-dessus de la craie et à O^^O 
au-dessus de l'argile (^). (C'est également le niveau du 

(0 II ne s'agit ici que du biof pur, non du bief à silex qui est autre chose. 

'2) Voir au sujet du puits n" 5 dans .1. S. G. N., III, p. 31, une coupe qui 
le laisse aucun doute. 



— 120 - 

tufïeau fossilifère de Monchy-le-Preux, mais il n'a pas 
encore fourni la Cyprina Morrisi en place, bien qu'elle 
existe abondamment dans des déblais). 

Or, Cyprina Morrisi caractérise, d'après M. Leriche (*), 
le niveau fossilifère tout à fait inférieur du Thanetien de 
la région du Nord, niveau que sa faune permet de consi- 
dérer comme l'équivalent de l'étage Heersien des géologues 
Belges. Il s'ensuit que la série de base du Thanetien de 
Douai, caractérisée par un niveau argileux intercalé entre 
deux horizons de sable et de tufïeau, représente le Heer- 
sien. Il est intéressant de remarquer que cette série : sable, 
argile, sable, affecte l'allure d'un cycle sédimentaire tel que 
l'entendent les géologues de Belgique et tel que les dépôts 
Heersiens du Limbourg en constituent précisément un 
exemple, à cette seule différence près que le cycle Heer- 
sien de Douai ne se termine pas supérieurement par une 
ligne de ravinement : le sable d'émersion passerait ici insen- 
siblement au sable d'immersion du cycle Landénien (*). 

Si la théorie du cycle sédimentaire doit s'appliquer aux 
couches Thauetiennes inférieures de Douai, l'origine du 
banc d'argile s'explique comme sédiment d'une mer assez 
profonde. Mais une formation argileuse peut se produire 
dans des régions tout à fait littorales, dans les baies ou 
les lagunes où ne pénètrent pas les courants : c'est cette 
origine que M. Rutotattribue (^) à la grande masse d'argile 
plastique qui surmonte la craie sous la Flandre : il se 
pourrait aussi que l'argile de Douai et de Louvil passe 
latéralement à cette argile inférieure des Flandres et ait 



(1) .1. .s. G. N.» XXXII, p. 239. 

(2) Cela s'expliquerait, dans la théorie du cycle sédimentaire, par ce que 
l'émersion n'aurait pas été totale dans le Nord de la France comme elle l'a été 
dans le Limbourg. 

(3) B. S. U. G., XVII, Mém., p. 404. 



— 121 — 

la même origine. C'est un point qu'il conviendra d'élucider 
par de nouvelles recherches (^). 

* * 

La composition des couches inférieures du Thanetien 
suggère quelques remarques d'ordre géographique. Les 
lambeaux de ce terrain, disséminés sous forme de buttes, 
de chaînons ou même de petits plateaux à la surface de 
la plaine crayeuse, se trouvent, grâce à cette composition, 
donner ses traits caractéristiques à toute une région 
intermédiaire entre les grands massifs tertiaires de la 
Pévèle et de la Flandre et l'Artois proprement dite, où la 
craie seule affleure, le Thanetien n y existant plus qu'au 
fond de poches de dissolution. Cette région intermédiaire 
comprend les petits pays de Vermandois, de Cambrésis, 
d'Oslrevaut, de Gohelle et de Thérouanne. 

Un de ces traits est imprimé à la végétation. Tandis 

qu'en Flandre et en Pévèle les arbres poussent un peu. 

partout en donnant au paysage fraîcheur et pittoresque, 

en Artois on n'en voit pour ainsi dire aucun interrompre 

la monotonie de la plaine, à l'exception de ceux que 

Tbomme a alignés le long des routes, plantés autour de 

ses villages, ou conservés dans de rares lambeaux des 

immenses forêts gauloises : entre ces deux extrêmes, dans 

la région intermédiaire il existe ça et là des bouquets 

d'arbres, de petits massifs de taillis ou de haute futaie : 

et Ton constate qu'ils couronnent toujours les points 

culminants. En effet, le sol tertiaire qui constitue ces 

points plus élevés affleure facilement sur les buttes souvent 

dégarnies de limon; si c'est le sable, c'est un sol aride et 

(1) On pourrait encore concevoir une troisième hypothèse : l'argile plastique 
inférieure des Flandres serait elle-même Heersienne et représenterait les dépôts 
profonds d'une mer qui étendait ses rivages au-delà du Limbourg Belge d'une 
part el de la Picardie d'autre part. 



— 122 — 

léger que la culture abandonne volontiers et où s'éta- 
blissent des garennes à bruyères et à ajoncs, ou même des 
bois qu'on aperçoit de loin à Thorizon : bois de Bourlon, 
d'Oisy-le-Verger, de la Garenne ; bois de Liévin, de 
Labuissière, bois des Dames, etc. Si Targile affleure, ou 
est proche de la surface, Tefïet sur le paysage reste le 
même : le sol est humide car l'argile y maintient les eaux 
superficieJles ; il est lourd, tenace, et la culture le délaisse 
plus volontiers encore ; le propriétaire le transforme en 
bosquets ou en bois, qui marquent ainsi les moindres 
éminences en relief sur la plaine de craie et de limon. 

L'autre trait caractéristique de la région résulte aussi 
de la composition particulière du Thanetien inférieur; il 
consiste dans la situation remarquable d'un certain 
nombre de villages au sommet môme de collines où les 
maisons s'entassent les unes près des autres, tandis qu'aiB_ 
pied s'étend la plaine déserte : l'argile qui retient dans 
les sables supérieurs un niveau d'eau abondant expliqu 
pourquoi l'homme s'est établi sur ces collines. C'est pai 
exemple Wisques, Helfaut, Dohem, Upen, Labuissière 
Hesdigneul, Houchin, Bracquincourt, au pied de la crête d 
de l'Artois; Vimy dans la Gohelle; Monchy le-Preux, Dury 
Oisy-le-Verger, Bugnicourt, Villers-au Tertre, Pressai 
dans l'Ostrevent ; de nombreux villages du Gambrésis ^ t 
du Vermandois. Le même fait s'observe d'ailleurs de i'autir ^ 
côté de l'Artois, en Picardie ; les buttes tertiaires réappti 
raissent aux confins du bassin tertiaire Parisien; et Is 
même raison rend compte de l'emplacement de villages 
tels que Holnon, Baizieux, Villers-Bocage ; il en est dt^ 
même dans le Ponthieu pour Saint-Josse, Saint-Aubio, 
Sorrus et surtout la vieille ville de Saint-Valery sa r- 
Somme, enfermée dans ses anciens remparts sur 1^ 
colline qui domine la baie. 

Si le tertiaire est plus abondant en certains points, et 



— 123 — 

forme noa plus une colline isolée, mais une chaîne ou un 

plateau, c'est sur les bords, là où vient affleurer la nappe 

d'eau ailleurs cachée par l'épaisseur du sable ou du limon, 

que s'établissent les villages : ils s'accrochent sur le 

versant, et leur alignement jalonne l'allure des strates 

tertiaires et leur inclinaison progressive vers le grand 

bassin de Flandre et Pévèle : c'est ainsi que sur la petite 

chaîne qui court à l'Est de Donai, d'Arleux vers Lallaing, 

OQ voit, vers le Sud, Bugnicourt tout au sommet, puis 

Erchin à mi-flanc ; plus au Nord, les maisons de Lewarde 

descendent jusqu'au bas de la colline ; Loffre enfin est 

établi dans la plaine où dès lors l'eau abonde, parce que 

la nappe d'argile s'est assez abaissée pour en former le 

sous- sol. 

Mais toujours, que le village soit sur le sommet d'une 
colline ou le flanc d'un coteau, s'il appartient à la catégorie 
des villages dont l'emplacement est surbordonné à l'exis- 
tence de l'argile Thanetieune, ses dernières maisons ne 
dépassent pas la limite inférieure de l'argile ; et cette 
concentration de la vie humaine en des points aussi 
particuliers, au bord de vastes étendues inhabitées ('), 
est précisément le second trait caractéristique de toute 
cette région. 

M. Gosselet continue sa communication sur les Nappes 
(Kjuifères de la Craie. 

Séance du 1^^ Juin 1904 

M. Briquet ajoute quelques mots à sa communication 
sur le Thanetien. 

M. Gosselet termine sa communication sur les Nappes 
^uij'èrcs de la Craie, 



('.) U moderne cabaret fait seul exception et occupe tous les carrefours de la 
plaine : la dérogation trop réelle aux lois de l'hygiène naturelle explique assez 
'a dérogaiioD aux lois de la géographie. 



( 



EjtTurttm^ mmn'ruf 



<'{v»ij^ ' *7i«Cfr i#c* M. IMIïè. NftrrrMînr 
<wt ^■ri*' Tftr: * îî«r* 



lOf. Lat. 



BfcETKflf- 
l>efrATTT5ES. 

Doixé. 

FUKi. 

Oavelle. 

OrH5«ELET. 



Halaqcc^. 



MOTRUOX. 
XOURTIER. 

Oruecx de la Porte. 
DE Parades. 
Saixte-Claire-Dbville. 

SsflTS. 
ViDELAIXE. 



f^^5« /îléves du cours de Géologie et Minéralogie s'étaient 
joiat» aux membres de la Société. 

A lîj ^are de Tournai nous trouvons nos confrères de 
H^el^ique, MM. Cornet, Malaise, Mourlon. Nous traversons 
ni laidement Tournai pour nous rendre à la carrière du 
OonuU, près de Ja gare de Chercq. 

(I«tt(î carrière montre la succession d'étage rj-dessous 
rtnuriiérée : 

Quaternaire. 
Landénlen. 
Crétacé. 
Carbonifère. 



k 



Le Quaternaire est ici représenté par le limon 
supérieur, il est exploité aux environs de Tournai comme 
terre à brique. La base est indiquée par un petit lit de 

cailloux. 

Le Landènien montre un sable glauconieux ; il forme le 
luffeau, assez riche en fossiles. La base de cette assise est 
légèrement argileuse, et renferme des cailloux à surface 
verdie. La craie sous-jacente est perforée, l'argile du 
tufïeau remplit ces perforations. On y trouve la Phola- 
dmyna Koninki, La Cyprina Morrisi et une autre Cyprine 
voisine de la Cyp7*ina planata rapportée au London clay. 

Le Grètacè de cette carrière a été étudié par 
M. Cayeux (*) qui a établi la succession suivante : 

Au sommet une marne blanche, ou marlettes, peu 
fossilifère. On y trouve cependant la Terebratulina gracilis. 

Au-dessous des marnes dures sans fossiles, l'équivalent 
possible des dièves de France. 

Puis des marnes plus dures à Actinocamax plenus 
reposent sur une roche jaune formée de cailloux roulés, 
parfois réunis par un ciment-calcaire, c'est le Tourtia de 
Tournai. On y a rencontré Terebratulina biplicata, Codiopsis 
doma, etc., fossiles du Cénomanien. 

Le Calcaire Carbonifère exploité dans cette carrière 
forme un dôme ondulé dont Taxe s'étend à l'Ouest. 
On Ta retrouvé au Sud de Lille, à Haubourdin il plonge 
très rapidement ; la côte du calcaire carbonifère, qui est 
à — 37 à l'entrée d'Haubourdin, passe à — 46 dans la ville 
età — 72au Sud d'Haubourdin. Ce dôme n'atteint donc 
pas le Pas-de-Calais. 

Le calcaire carbonifère exploité au Cornet est en bancs 
presque horizontaux. 

(1) L. Cayeux : Note sur le Crétaeé de Chercq, près Tournay. .4nn. Soc, Géol. 
du Nord» XVI, 1888-1889, p. 142. 



- 126 - 

La surface du calcaire est creusée de nombreuses 
poches renfermant des sables sans fossiles (Wealdien- 
Aachénien Bernissartien), considérés comme jurassiques 
ou crétaciques. Le tourtia crétacique recouvre toutes ces 
poches. On remarque souvent un dépôt de limonite entre 
la Tourtia et le Carbonifère, ce dépôt d'origine conti- 
nentale a été autrefois exploité. 

Carrière du Croquet (entre Ghercq et Galonné). On 
y observe le Limon supérieur, ergeron, bien développé, 
puis le tulïeau à bancs noduleux, moins glauconieux que 
dans la carrière du Cornet; le bas de l'assise est fossilifère. 

Sous le tufîeau épais ici d'environ 8 mètres, vient le 
calcaire carbonifère; le crétacé n'existe pas. Au sommet 
du carbonifère on remarque une couche argileuse due 
à l'altération du calcaire carbonifère et paraissant être 
l'homologue de l'argile silex. 

L'absence de craie nest pas générale dans la carrière ; 

elle existe dans les dépressions du calcaire carbonifère. 

En un point on observe la coupe suivante qui paraît 

étrange. 

Landénien. 

Marne blanche. 

Tourtia. 

Marne blanche. 

Calcaire carbonifère blanc. 

Le tourtia paraît être en paquets remaniés dans la 
marne blanche. 

Le calcaire cabonifère altéré est blanc, et présente 
l'aspect de la craie. Nous n'avons remarqué cette altéra- 
tion blanche que dans la carrière du Croquet. Dans la 
carrière du Cornet le calcaire carbonifère montrait une 
altération brun-noirâtre assez sSemblable à de l'argile 
sableuse. 

M. Mourlon qui a levé la carie géologique de Tournai 



— 427 - 

nous donne des indications sur les étages exploités aux 
environs de Tournai. Les industries recherchent surtout 
les calcschisles de Tournai (T 1 c de la carte) et le petit 
granité (T 2 b). Ce sont ces niveaux typiques qui sont 
exploités à Allain. La carrière du Croquet ne les montre 
pas, il doivent être plus bas que le fond de l'exploitation 
actuelle. 

Le calcaire schisteux exploité au Croquet est un niveau 
plus élevé, plus complet encore à Crévecœur près 
d'Antoing, où se trouvrent des calcschistes utilisés pour la 
fabrication du ciment de même que les calcschistes de 
Tournai. Ces calcschistes viennent immédiatement au- 
dessus du calcaire schisteux du Croquet ou Viséen (V. I a) ; 
à leur niveau on trouve près d*Antoing de la doloraie 
V. I a j/) où presque tous les caractères de la base du 
Viséen sont réunis. 

M. Piret reconnaît aujourd'hui que la faune des couches 
du Croquet et de Crévecœur est tout à fait différente de 
celle de Tournai ; c'est une faune spéciale ; on y trouve un 
Productus voisin du Productus cora, mais que M. Mourlon 
croit ne pas être le P. cora. 

M. Gosselet met en doute l'interprétation de M. Mourlon 
pour les raisons suivantes : 

M. Mourlon ne cite pas de fossiles, qui pourraient seuls 
permettre une détermination exacte de l'âge. 

Le niveau inférieure de Tournai, correspond au niveau 
de Soignies et il y a au dessus de ce niveau, dans la vallée 
de la Dendre, toute une série de couches (intermédiaires 
entre les précédentes et le Viséen), qu'on ne retrouve 
pas ici ; il faudrait donc admettre une lacune consi- 
dérable. 

M. Gosselet considère le calcaire du Croquet, comme 
représentant le marbre noir de Dinant (calcaire de 
Bâchant du bassin d'Avesnes), c'est-à-dire, le niveau à 



- 128 - 

fossiles caractéristiques du Waulsortien des régions, 
dépourvues de récifs coralliens. 

C'est cette faune qu'il faut s'attendre à trouver ici : au 
dessus viendrait la Dolomie et seulement plus haut le 
Viséen qui n'existe pas ici, mais seulement entre Antoing 
et Blaton. 

Nous terminons ici le côté géologique de l'excursion 
pour reprendre la route de Tournai. Un déjeuner nous 
attend à l'hôtel de l'impératrice. A la fin du repas, 
M. Ch. Barrois, président, déclare la séance ouverte : 

M. Gosselet fait l'allocution suivante : 

Nous avons l'habitude toutes les années dans cette 
réunion générale de jeter un regard sur les événemeuts 
de la vie de notre société pendant l'année qui vient de 
s'écouler. Généralesient nous n'avons à constater que 
notre prospérité continue. Mais cette année notre cher 
Président a reçu un honneur qui est pour nous tous la 
plus vive des satisfactions. M. Ch. Barrois a été nommé 
membre de l'Institut le 9 mai 1904. 

Les circonstances de l'élection la rendent plus honorable 
encore. Il a fallu, mon cher Barrois, que votre mérite fût 
bien éclatant pour que l'Institut vint vous chercher au fond 
de la province. Vous m'écriviez le jour môme de votre 
élection que vous ne vous doutiez pas, quand vous me 
suiviez en ramassant des prunes sur la route de Namur, 
que vous étiez sur le chemin, qui devait vous conduire au 
faîte des honneurs scientifiques. Vous aviez déjà cependant 
les qualités qui devaient faire de vous un géologue d'élite. 
Je ne parle pas seulement des qualités physiques : endu- 
rance aux fatigues, puissance de marche considérable, 
estomac sachant supporté la faim, adresse remarquable à 
tous les exercices, vous aviez, ce qui est plus important, 
l'intelligence, l'activité, le goût profond de l'observation. 



— 129 - 

Vous étiez et vous êtes resté un vrai naturaliste, dans le 
sens le plus complet du mot. 

Vous faites remonter votre vocation de géologue à nos 
excursions géologiques ; il faudrait peut-être aller plus 
loin pour voir Torigine de vos goûts de naturaliste. 
Lorsque vous empaillez les oiseaux, ce n'était plus l'œuvre 
de Tenfant, ni du jeune homme avide d'une collection ; 
c'était déjà le naturaliste qui cherchait à faire revivre et à 
classer les êtres qu'il venait de tuer; c'était le futur 
descripteur des faunes dévoniennes des Asturies, des 
faunes siluriennes de Bretagne et des Pyrénées et de bien 
d'autres fossiles. 

Je ne sais si tous les membres de l'institut, qui vous 
ont pris comme collègue, ont lu vos nombreuses publi- 
cations. J'en doute beaucoup ; on a dû vous présenter à 
eux comme un géologue breton, qui a découvert les 
antiques volcans siluriens du Menez-Hom, les effets méta- 
morphiques du granité de Rostrenen, l'âge des ardoises 
de Châteaulin et tant d'autres belles observations, qu'il est 
inutile de rappeler ici, parce que tous nos membres les 
ont lues dans nos Annales. Peut-être a-ton moins parlé 
de vos premiers travaux sur la craie du Nord et de l'Est, 
et sur celle des lies Britanniques. Leur importance est 
grande cependant, mais ils ont pâli devant l'éclat de vos 
publications ultérieures. Nous, nous tenons à nous en 
souvenir, parce que ce sont les Mémoires qui ont appelé 
sur notre Société l'attention du monde savant et qui ont 
contribué à lui valoir la réputation dont elle jouit. 

La Société Géologique vous remercie d'avoir conservé à 
nos Annales la faveur de vos savantes publications, que 
tant de sociétés eussent si volontiers accueillies. Elle ne 
peut oublier non plus que vous êtes un de ses fondateurs, 
le Benjamin de sa fondation, car c'est vous qui avez clos 
en juillet 1870 la liste de nos membres fondateurs. 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii 9 



— 130 — 

Désireux de s'associer au témoignage de haute est 
qui vous est venu de Tlnstitut et qui ne faisait que| 
clamer Tadmiration du monde savant pour vos trava 
la Société Géologique du Nord a décidé de vous offrir 
modeste souvenir, modeste comme notre bourse, n 
qui vous rappellera que nous ne sommes pas seulem 
vos admirateurs, mais aussi vos amis. 

M. Michel Mourlon, directeur du service géologi( 
de Belgique demande à pouvoir ajouter quelques m 
aux paroles émues du vénéré Maître et s'exprime 
ces termes : 

Messieurs, 

Je remercie le promoteur de l'excursion de ce j( 
d'avoir choisi une localité belge pour y tenir la réun 
qui nous permet de nous joindre à nos collègues de L 
pour fêter le plus méritant d'entre eux. 

L'un des corps savant le plus justement renommé 
l'Europe, l'Académie des Sciences de Paris, a voi 
rendre un nouvel hommage à la Société géologique 
Nord en appelant dans son sein, après son émin 
fondateur, le plus distingué de ses disciples et colla 
rateurs, j'ai nommé notre excellent ami, Charles Barre 

Je suis heureux de pouvoir lui en adresser nos p 
sincères félicitations, tant en mon nom personnel qu 
celui des membres de la commission géologique et 
personnel du Service placé sous ma direction. 

Ce n'est point ici le lieu ni le moment d'analyser, mê 
dans ses grandes lignes, l'œuvre du savant géolo^ 
lillois. Qu'il me suffise de dire qu'il est un des autei 
dont le nom se trouve le plus fréquemment reproduit de 
notre Répertoire international des sciences géologiqu 
Les travaux qu'il a publiés soit seul ou en collaborati 



— 131 — 

avec MM. Alb. Ofïret, Bochet, de Guerne et Lebesconte, 
sont au nombre de plus de 300. 

C'est qu'aussi il n*est pour ainsi dire aucune partie des 
sciences géologiques à laquelle il n'ait accordé le précieux 
concours de son activité et de son talent. 

Après avoir débuté en 1873 par ses belles études sur le 
terrain crétacé, il a tenu à les poursuivre, ainsi que celles 
d'autres terrains, au-delà des frontières françaises. Aussi 
le voyons-nous aborder les sujets les plus ardus en 
Espagne, en Angleterre, en Irlande, à Tlle de Wight et 
même jusqu'en Amérique, sans oublier notre petite 
Belgique, qui par la similitude de sa constitution géolo- 
gique avec celle du Nord de la France a pu souvent 
bénéficier de ses recherches, comme celle sur J'Eocène des 
Flandres et bien d'autres relatives à nos terrains secon- 
daires et primaires. 

J'ajouterai que M. Barrois n'a jamais laissé échapper 
une occasion de rendre un hommage mérité à son Maître 
éminent, j'en trouve un nouveau témoignage dans celte 
pensée d'associer le nom de ce dernier à la découverte 
qu'il fît à Couvin dans notre devonien supérieur, d'une 
nouvelle espèce de poisson qu'il décrivit sous le nom 
de Byssacanthus (iosseleti. 

M. Barrois ne s'est pas borné à publier les travaux les 
plus importants, principalement à l'occasion de ses levés 
delà carte géologique de France, mais il a pris aussi une 
part des plus actives au succès des congrès géologiques 
internationaux, ce qui l'amena à occuper avec distinction 
les hautes fonctions de secrétaire général de la session de 
Paris en 1900. 

Messieurs, lorsque dans une fête intime et toute familiale 
<^omnie celle à laquelle nous prenons part en ce moment, 
on reporte sa pensée vers les années écoulées, qui, pour 
quelques uns d'entre nous, sont déjà un passé lointain, on 



— 132 — 

est frappé de constater les transformations accomplies 
dans les institutions, et les progrès réalisés par leurs 
promoteurs. 

C'est cette métamorphose merveilleuse qui, pour les 
institutions géologiques du Nord de la France, a été réalisé 
par rinitiative géniale d'un Maître vénéré et les efforts 
constants de ses fidèles disciples dont nous fêtons aujour- 
d'hui le plus modeste, le plus sympathique, le plus savant 
et le plus renommé d'entre eux. 

Encore une fois toutes nos félicitations les plus chaleu- 
reuses à Charles Barrois. 

M. Malaise, au nom de la Société Belge de Géologie, 
Hydrologie et Paléontologie adresse à M. Barrois ses plus 
vives félicitations pour la haute distinction dont il a été 
l'objet. 

M. Gh. Barrois remercie en une allocution pleine 
d'humour la Société Géologique et les Sociétés belges 
qui se sont associées à cette fête. 



— 133 — 

Etudes hydrologiques. 



Les Nappes aquifères de la Craie 

au Sud de Lille 
par J. Gosselet 

Les nappes aquifères contenues dans la craie du Nord 
de la France ont une extrême importance pour l'alimen- 
tation en eau du pays. Ce sont presque les seules qui 
servent aux Villes, à Tindustrie et aux puits particuliers. 
Od les a captées pour Lille, Douai, Roubaix, Tourcoing, 
Valenciennes, Cambrai, St-Quentin, Dunkerque, Arras, 
etc., etc.. Néanmoins on ne s*est pas encore suffisamment 
rendu compte de la manière dont elles sont constituées et 
dont s'y fait la circulation de Teau. 

La sécheresse qui a sévi depuis 1896 sur toute la région, 
vient d'appeler mon attention sur ce sujet. Depuis six ans, 
on a constaté que les prises d'eau jugées suffisantes pour 
les besoins des populations et de l'industrie, avaient 
diminué dans des proportions inquiétantes. Beaucoup de 
ruisseaux s'étaient taris, les sources des rivières s'étaient 
avancé en aval, les moulins et autres usines hydrauliques 
étaient arrêtés. 

Les journaux ont jeté le cri d'alarme. Au lieu de se borner 
à voir dans les circonstances météorologiques la cause 
uniquede cette pénurie d'eau, on parlait de l'enfouissement 
des sources et de la disparition définitive des cours d'eau. 

Diverses circonstances m'ayant amené à étudier les 
causes de la sécheresse, j'ai entrepris sur les nappes aqui- 
fères une nouvelle série d'études que je me propose de 
publier successivement. 

Le présent travail a pour objet uniquement les nappes 
aquifères qui sont au Sud de Lille et à l'Ouest de Douai, 
Wîiis ses conclusions doivent pouvoir s'appliquer à d'autres 
régions crayeuses. 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii 10 



— 134 - 

En Tabsence d'expériences organisées d'une manière 
scientifique pour juger de la richesse en eau (*) des 
diverses couches de la craie, j'ai eu recours aux venues 
d'eau constatées lors du creusement des fosses des conces- 
sions de Lens et de Courrlères. Ces renseignements 
m'ont été fournies avec la plus grand complaisance par 
les Directeurs et les Ingénieurs. La position des diverses 
fosses est marquée sur la carte (Planche VI). 

On sait dans quelles conditions se fait la détermination 
des venues de l'eau, lors du creusement des fosses. A 
mesure que l'on approfondit le trou et que l'on descend le 
cuvelage, on établit de place en place des trousses, qui 
empêchent l'eau des couches supérieures de descendre 
dans les travaux. On divise ainsi la fosse en un grand 
nombre d'étages séparés l'un de l'autre par des cloisons 
presque étanches. La quantité de l'eau que l'on extrait de 
chaque étage est déterminé par le calcul des machines 
d'exhaure. Il est évident que cette quantité varie avec 
l'étendue de la surface qui la fournit. 

Les chiffres obtenus ne représentent donc pas des venues 
d'eau produites par des surfaces de même dimension. 
xMais ils permettent d'apprécier approximativement la 
richesse en eau des diverses couches de la craie. Il faut 
s'en contenter, car ce sont les seuls que l'on possède pour 
l'évaluation des nappes aquifères souterraines. 

La raison qui rend diflicile la connaissance des nappes 
de la craie provient de ce que Ton est enclin à comparer 
ces nappes à celles des autres terrains stratifiés. 

On est inconsciemment porté à assimiler la craie à 
une roche régulièrement et uniformément perméable 
dans laquelle l'eau serait retenue par des couches argi- 
leuses comparables à celles des sables et des argiles. 



(1) Pour rendre plus facile la lecture de la' présente note, le terme mètre cube 
sera représenté par le signe ms. 



- 135 — 

Une telle conception n*est pas complètement exacte. 
Théoriquement la craie du Nord est bien une vaste et 
épaisse nappe aquifère, dont le fond est formé par les 
marnes de Tassise à Terebratulina gracilis (Bleus des 
mineurs). Gelies ci sont presque toujours imperméables; 
si parfois elles contiennent de Teau dans les crevasses 
des marions qui alternent avec les marnes grasses, les 
Dièves, ou marnes de l'assise à Inoceramus labiatus, qui 
sont en dessous, s'opposent d'une manière absolue à la 
descente ultérieure de Teau. 

Avec un pareil soubassement, la craie blanche du Nord, 
qui a 50 m. d'épaisseur entre Lille et Leus, constituerait 
une énorme nappe aquifère, si elle était perméable à la 
manière des sables. Mais il n'en est rien. La craie en elle- 
même s'imbibe facilement d'eau, cependant en raison de 
sa faible porosité, elle n'en contient que peu et ne la 
laisse circuler que très lentement. 

Pratiquement on pourrait considérer la craie comme 
imperméable, si divers accidents ne rompaient sa compa- 
cité et son homogénéité, et par suite ne déterminaient une 
circulation facile de Teau dans la grande masse crayeuse. 

Ces accidents sont les fissures, les bancs durs et les 
couches fragmentaires. 

1® Fissures. — La craie présente généralement un grand 

nombre de fissures. Les unes sont les délits entre les 

bancs, qui marquent la stratification; les autres sont des 

diaclases ou failles, perpendiculaires ou obliques aux 

strates. Ces fissures permettent à l'eau de pluie de 

descendre dans la craie en suivant des chemins brisés, 

souvent interrompus. 

La plupart du temps les fissures sont étroites ; elles 
n'ont qu'un ou deux millimètres, de sorte qu'il n'y passe 
qu'une lame d'eau très mince ; mais parfois ces fissures 



^:i 



W 



ptg. I. soDtpluslarges; elles peuveD 

' ''^«J^^ donner naissance à des i 

J*''* d'eau importantee presque 

rivières. 
Craie C'est surtout i* ses fissurf 

la craie doit de pouvoir être 
dérée comme une nappe aqi 
Toutes les fissures commuai 
' entre elles , de sorte qu'il 

Craie s'établir dans la craie une 
Wocs"" latioQ irrégulière, très labj 
forme, mais suflisanle poui 
I duire un niveau pizométriquf 

craiG mun à tous les puits des env 
"™' L'existence de ces fissun 

bien connue de tous les foi 
^^^^^ Lorqu'une usine a besoin 
isiiei. grande quantité d'eau, elle* 
des galeries autour du puits, 
bien rare que l'on ne renc 
'""■ pas plusieurs fissures, car la 
en est en quelque sorte percét 
tous les sens. 
à"'r«x. Cependant il y a des loc 
où la craie est plus compai 
par conséquent où il est plus 
.Meule, i^'le de trouver de l'eau. 

La position des tissures 
grise. craie ne parait obéir à aucui 

"'«■"'■ (I) Dsns c,-\U- coupe el dans les cou| 



— 137 — 

géologique, bien qu'elles soient souvent parallèles entre 
elles. Quand on a déterminé la position d'une fissure 
dans un puits, on peut espérer en rencontrer d'autres en 
creusant une galerie horizontale perpendiculaire au plan 
de la première. C'est le procédé d'alimentation de beau- 
coup d'usines. 

Comme exemple de la quantité d'eau que peut fournir 
une fissure, on peut citer ce qui s'est passé à la fosse de 
Lens n® 11 (fig. 1). 

Lors du creusement de cette fosse, on traversa de 35 
à 45 mètres une fissure assez large, mais qui ne contenait 
pas d'eau, parce que l'on était au-dessus du niveau 
phréatique. Celui-ci était à 45 m. ; il donnait 160 m^. 
à l'heure. Mais, plus bas vers 47 m., on rencontra une 
fissure et aussitôt ta venue d'eau augmenta. Elle atteignit 
680 m^. à 58 m. de profondeur, un peu au-dessus de 
la meule. 

2o Bancs Durs. — Certains bancs de la craie acquièrent 
sous des influences inconnues une très grande dureté ; 
ils deviennent alors imperméables. Ils arrêtent les fissures, 
ils s'opposent à la descente de l'eau. Généralement il y a 
àla surface du bîinc dur un délit de stratification qui fait 
communiquer entre elles les fissures supérieures. Il se 
produit donc au-dessus du banc dur une nappe locale, 
riche en eau, tandis que sous le même banc il y a beau- 
coup moins d'eau. 

D'autres fois le banc dur agit comme une couche imper- 
niéable pour emprisonner l'eau sous-jacente. Il en résulte 
qu'après la traversée du banc dur, l'eau arrive avec 
plus d abondance ou monte même dans le forage. 

Le plus important des bancs durs est celui appelé Tun 
ou Meule que l'on rencontre à la partie supérieure de la 
^^Je à Micraster breviporus. 



— 138 — 

Lorsque le banc de tun ou de meule est continu, il arrête 
toutes les eaux supérieures, mais lorsqu'il présente des 
cassures, Teau pénètre par les intervalles dans la craie 
sous-jacente, si elle est perméable. C'est ce qui a lieu pour 
les environs de Lille. On y connaît plusieurs tuns. Le tun 
supérieur, ou vrai tun, est séparé d'un deuxième tun par 
une couche de craie sableuse perméable, qui contient 
beaucoup d'eau. Les puits vont donc en général prendre 
l'eau entre les deux tuns. 

Dans les fosses de Courrières et de Lens, il n'y a qu'un 
banc dur. Qu'il soit alors plus ou moins fissuré, il n'ecL 
constitue pas moins la limite inférieure de la nappe aqui- 
fère de la craie, quand il repose sur la couche imper- 
méable des bleus. 

A la fosse n^ 4 de Lens à 5 m. au-dessus de la meule, on. 
trouvait encore 33 m^. d'eau à l'heure ; sous la meule il n'y 
en a plus du tout. 

A la fosse n^ 3 de Courrières la venue d'eau à la surface 
de la meule était de 234 m^. à l'heure ; il y en avait encore 
un peu dans la meule; au-dessous, il n'y en avait plus. 

Au n^ 6 on rencontre 250 m^. sur la meule; 61 m^. à 
la base de la couche et rien dans les bleus sous-jacents. 

A la fosse n^ 8, on a trouvé 140 m^. par heure à la 
partie supérieure ; 12 m^. à la partie inférieure. 

Par contre à la fosse n® 1 de Lens (fig. 2) où la meule est 
peu épaisse, l'eau l'a traversée facilement. Comme il y a en 
ce point une couche de craie compacte et un peu fissurée 
entre la meule et les bleus, on a recueilli à la surface de 
ceux-ci 110 m^. à l'heure. 

A la fosse n» 9 de Lens (Fig. 2) la meule était proba- 
blement aussi très fracturée; l'eau l'a traversée et a 
rempli les 4 m. de craie grise turonienne qui la sépa- 
raient des bleus. 

On rencontre 536 m^. à l'heure sur la meule et 576 m^ 



dans la craie grise à la surface des bleus. Dans l'intérieur 
de ceux-ci, il n'y a plus que 19 m^. 

Outre la meule on reocontre 
à divers niveaux dans la craie 
des bancs durs ou simplement 
compacts, qui iont obstacle à la 
desceote de l'eau et par là déler- 
mioenl à leur surlace la produc- 
lioQ d'une petite nappe locale, 
dont l'importance dépend de la 
permabilité de la craie qui est 
au-dessus. 

Ces nappes ne peuvent pas 
avoir une bien grande étendue 
car les bancs durs et compacts 
sont eux-mêmes 1res restreints. 
Ce sont des couches lenticulaires 
et souvent aussi ils sont coupés 
par des fissures qui livrent 
passage à l'eau supérieure. 

A la fosse n" 2 de Courrières 
(fig. 3, p. 140} on rencontre le 
niveau phréatique à la profon- 
deur de 7 m. 10 dans de la craie 
très fissurée (craie fendillée}. A 
18 m. la venue d'eau élait de 
528 m3. à l'heure; à 24 m. on 
arriva sur un banc de craie dure ; 
la venue d'eau était de 1200 m'. 
trousse ayant été établie au 
venue d'eau tomba, elle n'était 




an-dessus du 



niveau du banc d 

plus que de 192 m^. à 33 m. de profondeur. 

^ partie supérieure de la fosse a." 9 de Lens (Fig. 2), 
avait été très aquifère. A 21 m. de profondeur on avait 



Coupe de la Font nridt Courrièrtt. 



Crsie 
Ëbouleuse 



1,132 m* 3 l'heure. A 28 m. od rcDCOntra un banc dur sur 

lequel ont fil une trousse. Au-dessus de ce banc l'eau 

Fig. 3. tomba à 440 in>. 

Aux environs de Carvin, 
on rencontre dans la craie 
plusieurs de ces petits baucs 
durs, qui arrêtent les eaux 
descendantes et qui peuvent 
déterminer la production de 
quelques nappes locales. 

11 faut peut être rappro- 
craio piai ^^^' l'acllon des silex de 
!c ferme. celle des bancsdurs. Il Semble 
que les silex en diminuant 
îiBaniMiur. rhomogénéiLé de la craie, 
augmentent la facilité de cir- 
culation. Mais je n'ai encore 
Ortie ,, . , ., 

à liiei. sur 1 action des silex que des 

données vagues et contradic- 
toires. Les silex peuvent agir 
difCéremment suivant la na- 
ture de la craie qui les 
contient, suivant leur adhé- 
craiedure reocc au milieu, suivant leur 
nombre, leur forme, etc. Tel 
silex, qui s'étale en une mince 
couche dans la craie, déter- 
mine une fissure ; il est alors 

Meule. . ' 

cause d une voie d eau. 

3" Craie fragmentaire. — La craie fragmentaire est de 
la craie qui au lieu de se trouver en banc homof^ène 
est formée de fragments irréguliers juxtaposés. C'est 
une roche meuble comparable à un conglomérat; elle 



- 141 - 

peut renfermer une grande quantité d'eau interposée 
entre ses fragments. En réalité les nappes aquifères de 
la craie fragmentaire sont les plus importantes de toutes 
les nappes de la craie. On peut même dire que ce sont 
les seules, qui méritent d'être considérées, quand on 
s'occupe de l'alimentation des villes. 

Au point de vue théorique, comme au point de vue 
pratique, la craie fragmentaire peut se diviser en deux 
catégories : la craie fendillée et la craie congloméroïde. 

Craie fendillée. — La craie fendillée est bien connue 
depuis longtemps. Elle s'est formée à la surface de la 
craie, partout où cette roche a été exposée au contact de 
Tatnïosphère, soit pendant la période d'émersion anté- 
tertiaire, soit pendant la deuxième partie de l'époque 
tertiaire, soit à l'époque pléistocène, et elle se produit 
encore maintenant. Les alternatives de gel et de chaleur, 
de pluie et de sécheresse ont pour effet de briser la craie, 
de la réduire en petits fragments, que le vent et l'eau 
remanient à la surface. Ce phénomène de désagrégation 
se prolonge plus ou moins profondément; il se lie à la 
formation des diaclases superficielles, qui elles-mêmes 
communiquent avec les diaclases profondes. Il en résulte 
que l'eau qui remplit la craie fendillée peut descendre 
dans les parties plus profondes de la craie. Mais cet 
écoulement par descensum est d'autant plus faible que la 
craie sous- jacente est moins fissurée. Il est toujours assez 
lent, par conséquent la craie fendillée constitue à la tête 
de la craie une nappe générale, partout où elle est en- 
dessous du niveau phréatique. 

U craie fendillée n'existe pas partout. Elle n'a pas pu se 
former, lorsque la craie, par une structure plus compacte, 
a résisté à rinfiuence météorologique. Puis en beaucoup 
dépeints elle a été enlevée. Elle est enlevée, à mesure 



— 142 — 

qu'elle se forme sur les affleurements actuels de la craie, 
par le ruissellement pluvial. Elle a été enlevée en grande 
quantité à Tépoque pleistocène également par suite du 
ruissellement et par d'autres pl\énomènes, que Ton a 
souvent réuuis sous le nom de diluviens. La base des 
limons est remplie de granules de craie qui viennent 
de la craie fendillée. Elle a pu être enlevée par abrasion, 
lorsque la mer tertiaire est venue recouvrir la surface 
du continent crayeux. 

Bien que la craie fendillée ait été fréquemment entraînée 
pour aller prendre part à la formation d'autres sédiments 
elle a rarement été remaniée sur place. Cependant elle est 
souvent salie par du limon ou par du sable tertiaire, 
comme si ce remaniement avait eu lieu. Mais je crois 
plutôt que le limon et le sable ont pénétré dans la craie 
fendillée, entraînés par les eaux pluviales. Je ne me 
rappelle pas avoir trouvé dans la craie fendillée des galets 
tertiaires ou pleistocènes, qui seraient une preuve du 
remaniement. 

Elle est rare sur les plateaux, tandis qu'elle est plus 
épaisse dans les vallées, où elle se confond avec la craie 
congloméroïde dont il sera question plus loin. 

La craie fendillée constitue donc une couche géologique 
qui n'est ni stratifiée, ni régulière, ni générale. Mais 
presque partout où elle existe sur une certaine étendue, 
elle fournit une nappe d'eau abondante. Je tiens à répéter 
que celte nappe de la craie fendillée n'est pas indépendante 
de l'eau contenue dans la craie inférieure. Il y a échange 
constant entre la craie fendillée et la craie fissurée, mais cet 
échange est généralement assez lent, pour que la craie 
fendillée puisse être considérée pratiquement comme une 
nappe à part. Les puisatiers l'appellent : petite marne 
ou marnette. 

Grâce à la facilité de circulation de l'eau dans la craie 



— 143 — 

ieDdillée,]a nappe se remplie promptementsous rinfluence 
de la pluie et se vide avec une égale rapidité sous l'effet 
delà sécheresse. 

La nappe de Ja craie fendillée est très utilisée dans le 
nord de la France pour les habitations, pour Tindustrie 
et pour les villes. 

On peut citer en première ligne parmi les villes qui 
emploient la nappe de la craie fendillée celles de Roubaix 
et de Tourcoing, dont la prise d'eau esta Anchin contre 
la Scarpe. 

Dans la vallée de la Scarpe, depuis Douai jusqu'au delà 
de Marchiennes, il y a une nappe générale de craie 
fendillée qui est remplie d'eau. Cette nappe est ascendante, 
car sur la craie il y a une couche d'argile imperméable 
qui retient l'eau en conduite forcée. Aux environs de 
Marchiennes, on a creusé un grand nombre de forages 
qui vont chercher l'eau de la craie à 25 ou 30 m. de pro- 
fondeur. L'eau jaillit naturellement à près de 1 m. au-dessus 
du sol. Presque toutes les grandes fermes ont leur forage, 
qui permet de conduire l'eau dans les écuries et dans les 
autres parties de l'exploitation, où l'on en a besoin. 

L'abondance de la nappe de la craie fendillée dans 
certaines parties de la vallée de la Scarpe est extrême. Ce 
qui s'est passé lors du fonçage de la fosse n° 4 à l'Escar- 
pelle peut en donner une idée. On y tirait 576 hectolitres 
d'eau par minute, soit 3,460 m^.à l'heure. Il est vrai que 
lousles puits du voisinage étaient asséchés. 

La craie fendillée n*est pas propre à la vallée de la 
Scarpe. Au n^ 8 de Courrières (fig. 4), on a atteint la craie 
à 3 m. 20, sous du sable et de l'argile pleistocène ou 
lerliaire. Elle était tendre dit la coupe ; à 7 m. 50 on la 
signale comme en morceaux; je crois que toute cette craie 
appartient à la craie dite fendillée. A 6 m. la fosse four- 
nissait déjà 1,050 m^.à l'heure, à 10 m. on a eu 1,680 m^. 



— 144 — 







Craie 
en bancs. 



23 



Mais un peu plus bas on a rencontré de la craie ferme; 

immédiatement la venue d'eau est tombée; à 15 m. elle 

Fig. 4. n'était plus que de 345 m^. et 

CoupedelaFossen'8,deCowTières. au-desSOUS il n'y a pluS qUB 

tert?aire ^^^ quantités d'cau infimes. 

3 Le fait mérite d'autant plus 

6 Craie fine, d'être signalé, que, par suite 

^^v.ivy-'^-'t^^nL)^ ® ?"in. de considérations imagi - 

i-<^1?/P ji^MT^, 9 fendillée. ° 

iiio'^''y/'\TTr1] '^ naires, on s'était figuré que 

Craie plus ,, . .. x j •* 

ferme 1 on trouverait en cet endroit 
des quantités considérables 
d'eau sous la meule. 

Craie congloméroïde. — J'ai 
désigné sous ce nom une 
craie que j'avais observée 
dans la vallée de la Somme 
aux environs de Ham (0 
et dans la carrière d'Hem 
Monacu (2). C'est une roche 
formée de fragments de craie 
irréguliers et de toute gros- 
seur, empilés sans ordre et 
empâtés dans de la craie pul- 
vérulente. Je Teus considérée 
comme un conglomérat de 
craie remaniée, si elle n'eût 
été intercalée entre des cou- 
ches régulièrement strati - 
fiées. De plus les fragments 
de craie et les silex ne sont 
nullement roulés ; ils ne por- 
tent pas la trace d'un trans- 



es 



12 



..C? T> 




34 



37 



Craie 
plus dure. 



45 



Craie 
à silex. 



6Î 



Meule. 



Fortes 
toises . 



Bleus. 



(i) Ann. Soc. GéoL Nord, XXX, p. 93. 
(2) Ann. Soc. GéoL Nord, XXX, p. 230. 



— 145 — 

port; ils ne sont pas mélangés de sable, ni de galets 
tertiaires, même lorsqu'ils sont recouverts par ce terrain. 

J'ai retrouvé la môme craie congloméroîde Tannée 
suivante à Emmerin (}). Son apparence conglomérée est 
tout aussi manifeste, et là-aussi elle est surmontée de 
bancs en place bien stratifiés. 

Ne pouvant expliquer la structure de la craie conglo- 
méroîde par un remaniement superûciel, j'ai supposé 
qu'elle est le résultat d'une nappe aquifère en mouvement. 
Certaines parties de la craie que traversait la nappe aqui- 
fère ont été dissoutes ; d'autres parties plus résistantes ont 
glissé les unes sur les autres, oat été redressées et se sont 
mélangées au point que l'on voit des silex placés droits 
suivant leur grand axe. On peut comparer une couche de 
craie congloméroîde à une caverne en voie de formation. 

Là craie congloméroîde ressemble beaucoup à la craie 
fendillée. Théoriquement elle s'en distingue par son 
origine, puisque la craie fendillée est due à des phéno- 
mènes météorologiques superficiels, tandis que la craie 
congloméroîde a pour origine une dissolution faite en 
profondeur. Mais lorsqu'on se trouve en présence d'une 
craie fragmentaire, il est souvent bien difficile de dire si 
c'est de la craie congloméroîde ou de la craie fendillée. 

Si la craie fragmentaire est recouverte par de la craie 
compacte solide, bien stratifiée, il est évident qu'elle 
appartient au type congloméroîde ; mais si elle est super- 
ficielle, surtout si elle est située dans une vallée, on ne 
peut pas affirmer pour cela que c*est de la craie fendillée. 
Car il peut se faire qu'elle ait été intercalée dans de la 
craie compacte, et que la craie compacte supérieure ait 
été enlevée. Il peut se faire aussi que le banc de craie 
compact supérieur à la craie congloméroîde ait été trans- 
formé en craie fendillée, de telle sorte que les deux types 



(l)Ann. Soc. Géol. Nord, XXXI, p. 70. 



— 146 - 

de craie fragmentaire seraient superposés. Je crois que ce 
cas est très fréquent, mais il n'a pas encore été constaté 
d'une manière positive, parce que l'attention na été 
appelée que depuis peu sur l'origine de la craie fragmen- 
taire. En attendant des observations précises, je crois que 
quand la craie fragmentaire a une certaine épaisseur, elle 
peut représenter la craie congloméroïde pour la partie 
inférieure et la craie fendillée pour la partie supérieure. 

La craie congloméroïde, comme la craie fendillée, cons- 
titue un réservoir interne où l'eau s'accumule, où elle 
circule et d'où elle sort avec une abondance extrême. 
Lorsque la couche de craie congloméroïde communique 
facilement avec la nappe phréatique, elle est comme une 
grande citerne, où s'accumule l'eau de cette nappe. Elle 
est plus riche encore quand elle est en relation avec une 
vallée aquifère. Elle peut alors fournir de l'eau en abon- 
dance, car elle forme une conduite par laquelle l'eau de la 
rivière parvient au lieu d'exhaure. 

Beaucoup de sources dans les vallées doivent leur 
origine à un banc de craie congloméroïde. La pluie qui 
tombe sur le plateau, traverse le limon, remplit la craie 
fendillée du plateau, descend par les fissures de la craie 
plus ou moins compacte et arrive enfin à un banc de craie 
congloméroïde, où elle s'accumule tout en s'écoulant dan= 
la vallée. 

Dans son cours souterrain, elle peut se trouver em 
conduite forcée dans un siphon formé par deux bancs d ^ 
craie compacte. Si elle rencontre une fissure dans le ban_ 
compact supérieur, elle en profite pour s'élever et rcpa" 
raître au jour. On voit fréquemment de grandes source 
qui sourdent au milieu d'une rivière marécageuse en 
déterminant des clairs, c'est-à-dire des espaces où l'e^ 
est pure et profonde parce que le courant ascendaM: 
a chassé tous les terrains d'alluvionnement de la vallé 



- 149 - 



Fig. 7. 
Coupe de la Fosse W /, de Lens- 




25? i 



Ci 1 • 



m 



Ll 



650 / 650. 



il 



MX 




122 

23 Craie 
conglomé- 
roide. 



I I 



\ 



110 



3û3 



\V 



B 



Craie en 
décomble. 



Eau. 



14 



19 



Craie 
solide. 



ncontra une nouvelle couche de craie fragmentaire dite 
erreuse. L'eau qui était de 650 m^. à la partie supé- 
rieure fut de 884 m^. à la 
base; puis elle diminua peu 
à peu. Elle était dans la craie 
congloméroïde à l'état de 
conduite forcée, se répandant 
au-dessus et au-dessous par 
des fissures. La couche de 
craie dite pierreuse située au 
milieu de la craie solide 
appartenait bien au type con- 
gloméroïde. 

Dans les exemples qui pré- 
cèdent la craie congloméroïde 
est nettement séparée de la 
craie fendillée. Il est d'autres 
circonstances où l'on ne sait 
dans quelle catégorie il faut 
ranger la nappe aquifère. La 
craie fragmentaire qui la con- 
tient est superficielle comme 
l'est la craie fendillée, mais 
elle a une épaisseur qui ne 
permet pas de supposer que 
soualtération est toute entière 
de nature météorologique. 11 
est probable que la partie 
inférieure a été modifiée par 
les eaux souterraines et 
qu'elle rentre par conséquent 
dans le domaine de la craie 
congloméroïde. 
Au n° 5 de Lens (Fig, 8), 



Craie 
solide 



37 



40 



u 




tr — 



51 



Meule, 



Craie. 



Bleus. 



\nnales de la Société Géologique du Nord, t. xxxiii 



11 



on a trouvé sous le limon depuis 1 m. jusqu'à 36 n 
profondeur de la craie fragmentaire aquifère. La \ 



ng. s. 

Coupe de ta Fosse n* 5, de Lens. 



d'eau était de 2,400 m* 
heure à 33 m. de profon 
Cette quantité d'eau qui 
une très grande gêne po 
Compagnie des mines de 
s'explique facilement. L' 
est siLué dans la vallée 
Souchez dont les eaux | 
traient avec la plus gi 
facilité dans les craies 
mentaires fendillées et 
gloméroTdes. Sous la 
fragmentaire des banc 
craie tendre, puis dure 
arrêté la venue de l'ea 
De même, dans la 
D" 9 de la même s( 
(Fig. 2, p. 139) la craie 
mentaire a une épaisse 
23 mètres Certainemen 
appartient pour une gi 
partie à la craie cong 
roîde. Il y a peu de d 
pour la craie fragmenta 
silex; mais il est auss 
probable que les 13 n 
craie fragmentaire qui 
uu dessus n'ont pas tou 
origine météorique. 



De oe qui précède, il résulte qu'il y aurait ava 
pour chercher de l'eau à connaître la position des fis 




— loi - 

des bancs durs, de la craie fendillée et de la craie conglo* 
raérolde. 

On a vu que les fissures sont tout à fait accidentelles, 
que rien ne peut faire soupçonner leur présence. Il en est 
de même pour les bancs durs, sauf la meule ou tun, dont 
la position est déterminée. Quant à la craie fendillée, elle 
peut se trouver partout, mais elle n'est riche que dans les 
vallées. 

La craie congloméroïde constitue le gîte aquifère le plus 
important de la région, d'autant plus que Ton doit lui 
rapporter la partie inférieure de la craie fragmentaire 
des vallées. Cette craie n'est pas une couche stratigra- 
phique régulière. C'est de la craie normale qui a été 
modifiée par la dissolution d'une partie de ses éléments. 

En étudiant les venues d'eaux des concessions de 
Courrières et de Lens, j'ai constaté que la craie conglomé- 
roïde n'existe pas sous les plateaux et les plaines. On la 
trouve uniquement dans les vallées et dans les vallons, 
c'est ce que montre le tableau A ci-contre. 

Cependant il ne faudrait pas considérer la règle comme 
absolue et supposer que dans toutes les vallées et dans 
tous les vallons, il y ait de la craie congloméroïde et par 
conséquent de l'eau. 

La fosse de Wingles (n^ 7 de Lens) a été remarquablement 
sèche, bien qu'elle soit située à une faible distance du 
vallon où coule le ruisseau de Bénifontaine. 

La concordance entre la présence de la craie conglomé- 
roïde et les dépressions du sol actuel conduit à deux 
ordres de considérations, les unes théoriques, les autres 
pratiques. 

Les géologues ont à se préoccuper des circonstances 
^ans lesquelles la craie a pris la structure congloméroïde. 
Si cette structure est due à une dissolution interne, elle a 



- 152 



dû exiger une circulation de Teau, son entrée da 
roche et sa sortie. 

Tableau A 



FOSSES 



Lens 
N° 1 



2 
3 

4 



7 
■ 8 

9 

10 

11 

12 

Courrières 

N'2 

3 
4 



6 

7 
8 
9 



POSITION 



Vallon Sigler. 
Plaine . . . 
Plaine . . . 
Plaine . . . 
Plaine . . . 



Vallée de la Souchez . 

Vallon de Bénifontaine 
Plaine 

Vallon Sigier. . . . 

Vallée de la Souchez 

Plaine .... 
Plaine . . . 

Tête d'un vallon 

Plaine , . . 
Plaine . . . 

Tôte d'un vallon 

Plaine . . . 
Petit va) Ion . 
Vallée de la Souchez 
Vallée de la Souchez 



VEMUES D'EAU 

maxima 

par heure 



881m' 

26 

52 
2iO 
200 

2 400 

38 

84 

1 132 
1 600 

(Congélation) 

680 
132 

1 200 

310 
63 

1 300 

250 
476 

1 680 

2 150 

(^Congélation) 



ORIGINE DE 



Craie conglom 
Craie compacl( 
Craie compact 
Fissure ? 
Fissure ? 

craie \ '«"«^V' 
( conglo] 

Craie compacte 

Craie compactt 

Craie > ^endill 
^^^^^ ( conglO] 

Craie fendillée 

Fissure ? 

Craie \ ^°'°P«' 
( ûssurét 

Craie \ ^«°<*"'' 
( congloi 

Banc dur et fis 

Craie compacte 

Craie \ ^^^^i^^' 
i congloi 

Craie fissurée? 

Craie conglomc 

Craie fendillée 

Craie conglom( 



Lorsque la craie congloméroïde est en relation ave» 
vallée actuelle, qui contieut un cours d'eau, on co 
très bien que l'eau puisse pénétrer à travers les ter 
d'alluvion de la vallée jusque dans la craie sous-ja 
et qu'elle aille ensuite sortir un peu plus loin en 
après s'être chargée d'un peu de carbonate de ( 



- 153 - 

aux dépens de la craie qu'elle a traversée. Avec le temps 
elle déterminera la formation de craie congioméroîde. 
D'aulres fois l'eau aura pénétré latéralement dans la craie 
et l'aura transformée dans un sens perpendiculaire à celui 
de la rivière. D'autres fois enfin, c'est l'eau de pluie qui 
tombant sur les plateaux pénètre dans les fissures de la 
craie et arrive à s'écouler dans la vallée. Sur son chemin 
elle a transformé la craie en craie congloméroide. Telle a 
été, comme on l'a vu plus haut, Torigine de presque toutes 
les sources des vallées. 

La formation de la craie congioméroîde est plus difficile 
à expliquer lorsque cette craie est à une profondeur plus 
grande, lorsquelle est séparée de la vallée par des couches 
en place peu ou point modifiées. C'est le cas particulier 
pour le n» 9 de Courrières, où la craie congioméroîde est 
en dessous du niveau de la mer et à plus de 30 mètres en 
dessous de la vallée. Si l'on se rend compte encore facile- 
ment que l'eau arrive dans la craie par les fissures, on 
comprend moins comment elle sort, comment il a pu 
s'établir un courant. 

L'explication est particulièrement difficile dans une 
région où les vallées sont très peu profondes et où la craie 
s'enfonce sous les terrains tertiaires, dès qu'elle s'abaisse 
à la côte + 20. L'eau se trouve dès lors enfermée par 
l'argile tertiaire sans pouvoir sortir. 

On ne peut pas invoquer la formation de la craie congio- 
méroîde à l'époque quaternaire pleistocène, époque pen- 
dant laquelle le relief du sol pouvait être différent du 
relief actuel. Car les rivières n'étaient pas beaucoup plus 
profondes qu'elles le sont maintenant et la couverture 
tertiaire était au moins aussi étendue. 

II faut nécessairement faire remonter l'origine de 
certaines zones de craie congioméroîde à l'époque conti- 
nentale prétertiaire, alors qu'il existait déjà des vallées et 



— 154 — 

que Teau qui se trouvait dans ]a craie pouvait en suiv^ 
la direction et la pente de la vallée aller sortira un niver 
plus bas, sans voir son chemin obstrué par une arg" 
supérieure. 

On est ainsi conduit à supposer que la craie conglom 
roïde constitue un vaste drain, qui enveloppe les vallé 
actuelles et qui porte ses racines jusque sous les vallon 
où il n'a jamais coulé d'eau permanente. 

Les fosses n® 5 de Lens, n» 9 et n« 8 de Courrières moi 
trent la craie congloméroïde très développée le long de 
rivière de la Souchez. 

Les fosses n^ 9 et n® 1 de Lens seront un exemple de 
disposition de la même craie auprès du vallon sec d 
Sigier. Actuellement le Sigier est un petit ruisseau au cou 
creusé de mains d'homme, qui a pour source la fosi 
n» 9 et qui a été transformé en égout dans la ville de Len 
Primitivement ce n'était qu'un simple fossé par lequ 
s'écoulait au moment des orages les eaux pluviales d'ui 
partie du plateau à l'O. de Lens. 

La fosse n° 9 (fig. 7, p. 149) est située à la tète, d 
vallon dessiné par la ligne hypométrique 4 40. Elle 
rencontré la craie à à 4 m. 90 de profondeur, y compr 
2 m. 40 de terre rapportée. La craie était ébouleuse (frai 
mentaire) sur une épaisseur de 24 m. Si les 2 ou 3 mètn 
supérieurs peuvent être rapportés à la craie fendillée, U 
20 mètres inférieurs appartiennent à la craie conglomi 
roïde dont la base se trouve aussi à la côte + 12. 

A 1 kilom. 1/2 en aval et un peu sur le côté du valloi 
mais au même niveau que la précédente, se trouve la foss 
m 1 (fig. 7, p. 149). La première craie rencontrée était e 
bancs réguliers. On ne commença à trouver la cra 
fragmentaire (craie pierreuse) qu'à 22 m. de profondei 
et elle dura jusqu'à l'altitude + 11. 

Il est probable que les eaux qui pénétraient dans 



— 155 - 

craie vers remplacement du n® 9 en un point où oette 
craie était superficiellement plus altérée, coulaient souter- 
rainement vers la fosse n® 1 en suivant une couche 
actuellement supérieur à la côte — H, et en donnant la 
structure congloméroïde à la zone d'imbibition, sans trans- 
former les couches plus élevées. 

La formation par dissolution d*un fourreau de craie 
coQgloméroïde autour des vallées explique l'inclinaison 
générale des couches supérieures vers les vallées. 

Au point de vue pratique, on doit conclure de cette 
élude : 

\^ que sous les plaines de la craie du Nord on ne trouve 
que peu d'eau à moins que Ton ait Theureuse fortune de 
rencontrer une fissure ; 

2<) que les nappes aquifères importantes de la craie 
sont situées sur les bords des vallées et dans les vallons, 
c'est là qu'il faut aller les chercher (»). 

Plusieurs de ceux dont le métier est de découvrir les 
sources, avaient déjà reconnu empiriquement le dernier 
fait. Mais il paraissait tellement inconciliable avec les 
idées généralement admises sur les nappes aquifères 
intérieures, que les géologues étaient tentés de rapporter 
au hasard une sorte de divination, qui avait souvent, en 
outre, le tort de se présenter avec les apparences du plus 
pur charlatanisme. 

Si le présent travail étend un peu le domaine de la 
science dans l'art de découvrir l'eau dans la craie, il faut 
cependant avouer que ses conclusions ne sont pas très 
consolantes pour le géologue. A la question qui nous est 



,(0 M. Ladrière a déjà reconnu qu'aux enyirons de Valenciennes et de Jenlain, 
l'eau se tient particulièrement à la tète des Talions crayeux dans une couciie de 
craie fragmentaire, aue les ouvriers du pays appellent marne pourrie et qui 
correspond à la craie fendillée ou à la craie congloméroïde iLadrièrb : Etude 
géologique et hydrologique des environs de la ferme de WuU. Ann. Soc. géol. 
*a Nonf, XXXII, p. 61). 



— 136 — 

souvent posée parles industriels de notre région cmyeuse 
trouverai-je de Teau? à quelle profondeur la rencoa. 
trerai-je? il n'est plus possible de répondre que par ur 
pénible aveu d'ignorance. 

Sur 

le mode de formation de la Houille 
du Pas-de-Calais 

Conférence faite à l'Exposition d*Arras, le 9 Juillet 1904 

sous les auspices de la Chambre des Houillères du Nord 

et du Pas-de-Calais 

par Charles Barrois 

Les professeurs de géologie de la Faculté des Sciences 
de Lille aiment entretenir leurs élèves du Bassin Houiller 
du Pas-de-Calais et des grands travaux de ceux qui le 
mettent en valeur. Cependant, quand on m'a demandé d'en 
parler devant vous, Messieurs les Ingénieurs, qui l'avez 
découvert et qui l'explorez si savamment, j'ai hésité, car 
quand un géologue descend chez vous, c'est habituel- 
lement pour apprendre, et non pour enseigner. 

Aussi devrais-je, en débutant, m'excuser de prendre ici 
la parole, si je n'étais résigné par avance i\ ne rien vous 
apprendre, mais bien à vous exposer nos difficultés, les 
lacunes de nos connaissances, nos incertitudes relative- 
ment à l'origine de la houille, et à vous dire comment 
vous pourriez éclairer et aider la science encore hésitante, 
qu'est la Géologie. 

Pour elle, la houille est une pierre d'origine sédimen- 
taire, faite en son temps, comme tant d'autres, à la surface 
du sol, sous l'influence des eaux atmosphériques. Toutes 
les pierres de cette espèce, quelles que soient leurs 
variétés et les usages divers auxquels nous les affectons, 
sont unes par leur genèse; elles sont seinblablement 
formées de débris préexistants, do poussières diverses, 



— 157 — 

accumulés et agglomérés sous riofluence de Teau. 
La Dature de ces débris est variable, variable aussi la nature 
des eaux : les premiers peuvent être des fragments de 
minéraux, d'animaux ou de plantes; et de leur côté, les 
eaux provenant de la condensation des nuages, ont pu 
a^ir comme eau de pluie, eau de rivière, eau de mer, ou 
eau minérale. Ce sont tous les agents qui ont déterminé la 
variété infinie des roches sédimentaires. 

Une première catégorie de ces roches est formée de 
fragments minéraux, galets, sables, poussières, accumulés 
par l'action des eaux courantes; elles sont meubles. La 
lente décomposition de certains des détritus composants, 
sous l'influence prolongée de l'action chimique des eaux 
d'infiltration, donne naissance à des produits minéraux 
nouveaux, dont le concrétionnement entre les éléments 
plus résistants change la masse meuble en une roche 
nouvelle, dure, cohérente. Tous les termes de cette pre- 
mière série, quels que soient leurs noms (cuerelles, rocs, 
poudingues), sont formés de la même manière et sui- 
vant ce même plan : il conviendra toujours d'y distin- 
guer des éléments étrangers apportés, plus anciens, et des 
éléments nouveaux, nés sur place. Les pro|)ortions rela- 
tives des deux séries d'éléments varient proportionnel 
lement à l'âge des roches, et aux efforts mécaniques subis 
par elles. 

Une seconde catégorie de roches est formée de débris 
animaux, elles nous apportent le même enseignement; 
leurs constituants essentiels sont des ossements, riches en 
phosphate de chaux, ou des spicules, riches en silice, ou 
des coquilles, riches en carbonate de chaux, de divers ani- 
nîaux : ces dernières, beaucoup plus importantes par leur 
masse, ont donné naissance à toutes les roches calcaires, 
craies, marbres. Le calcaire que M. Sainte-Claire Deville, 
l'un de nos jeunes et très distingués ingénieurs, a trouvé 



— 158 — 

récemment dans le bassin houiller de TEscarpelle es 
comme tous les calcaires, une roche formée de raccumi 
lation de coquilles en carbonate de chaux, sécrétées pa 
des animaux et cimentées par des débris de ces même 
coquilles, triturées par le hasard des vagues. Ces débri 
se décomposant ensuite sous Taction chimique des eau 
infiltrées, il s*est formé dans les joints de la calcil 
cristallisée qui a constitué Télément nouveau de la roch» 

En réalité, cette pétrification est un peu plus complex* 
en raison de ce que les coquilles en carbonate de chau: 
étant tantôt en aragonite, tantôt en calcite, avec 1 à 2 o 
de carbonate de magnésie, sont formés d'éléments inég; 
lement stables. Les coquilles en aragonite se dissolvent h 
premières, et leurs éléments vont recristalliser à l'état d 
calcite, dans les bancs sous-jacents, entre les coquilles e 
calcite. A mesure que Taragonite disparaît, la rocl: 
s'enrichit, par différence, en carbonate de magnésie. De 
sondages poussés récemment par des savants anglai 
jusqu'à une profondeur de 400™ à travers le récif c 
coraux calcaires de Funafuti, dans le but d'élucider 
fait, a établi que ces calcaires formés par l'accumulatic 
de coquilles, à 1 7» de carbonate de magnésie, étaie: 
transformés à la profondeur de 200«^ en des calcaires dur 
cristallins, à 40 7o de carbonate de magnésie. 

Ainsi la formation lente des minéraux nouveaux, ai 
dépens des éléments anciens, de coquilles calcaires, dai 
l'exemple choi.si, a eu non seulement pour résultat i 
transformer une roche meuble en une roche cohérent 
mais encore de modifier sa composition chimique. 

11 ne nous reste plus, pour terminer cet exposé, qu 
examiner une troisième et dernière catégorie de roch 
sédimentaires, celle qui est formée de débris végétaux ei 
laquelle appartient la houille. Ici encore, nous devro 
distinguer des éléments anciens et des éléments nœ 



— 159 -- 

veaux ; et nous constaterous que, comme pour les autres 
pierres formées de débris minéraux ou de restes animaux, 
la nature de la roche dépendra d'abord de la nature des 
éléments anciens accumulés, et en second lieu, des trans- 
formations déterminant la genèse d'éléments nouveaux. 
Nous verrons que, comme pour les autres roches, les pro- 
portions relatives des deux séries d'éléments varient pro- 
portionnellement à l'âge des houilles et aux efforts méca- 
niques supportés par elles, et (|ue ces transformations, 
enfin, ont été assez profondes pour modifier la composition 
chimique des diverses houilles. 

On peut mettre en évidence la nature végétale de la 
houille, en l'attaquant par des réactifs oxydants. Un 
mélange d'acide nitrique et de chlorate de potasse trans- 
forme la plus grande partie de la houille amorphe en une 
gelée brune (acide humique); si alors on fait intervenir la 
potasse ou l'ammoniaque, on dissout l'acide à l'état 
d'humate alcalin et on met en liberté de minces débris de 
membranes végétales, presque toujours des fragments de 
cuticules, des éléments ligneux, vaisseaux ou trachéides, 
et parfois des grains de pollen, des spores, c'est-à-dire les 
parties végétales qui se décomposent le plus lentement 
dans l'eau. On obtient des résultats analogues en traitant 
de la sorte des tourbes, des lignites ; ces roches toutefois 
sont constituées par des espèces végétales différentes des 
précédentes. Pour s'en rendre compte, il convient 
d'explorer les toits qui recouvrent les veines et qui eux 
aussi sont remplis de débris végétaux, moins nombreux il 
est vrai, mais présentant des formes reconnaissables 
quoique semblablement transformés en charbon ; ces 
débris, stipes, frondes, fructifications, sont merveilleu- 
sement conservés, étalés à plat, entre les lits de schiste, 
ou parfois verticaux et en place, dans leur station 
ûormale. 



- 160 — 

L'étude qui en a été faite par dos botanistes a permi 
d'y reconnaître une flore variée, de caractère paludée 
très marqué, et où les arbres étalaient leurs racine 
comme ceux des lieux humides. Les plantes à fleurs 
Monocotylédones et Dicotylédones, qui constituent 1î 
parure de nos campagoes, n'existaient pas encore ; o 
ne reconnaît que des plantes d'une organisation plus 
simple, Cryptogames vasculaires et Gymnospermes, géants 
précoces, dont les descendants actuels rabougris ne nous 
donnent plus qu'une idée approchée. Telles sont les 
Fougères arborescentes, d'espèces variées, à stipes d^ 
15 m. et frondes atteignant 10 m., — les Lycopodinées, 
représentées par les Lepidodendrons, — les Sigillarias, 
atteignant 40 m. de hauteur et poussant des racines» 
parfois désignées sous le nom de Stigmarias, — les- 
Calamités, équisétinées de 4 à 5 m. de hauteur. Le^ 
Gymnospermes, plantes les plus parfaites de l'époque, 
étaient représentées par des formes voisines des cycadées, 
Cordaïtes à fruits de ginkgo, et Cycadotilicinées à fruits, 
de cycadées et à frondes de fougères. 

Dans ces bois marécageux vivaient de nombreux: 
animaux : des insectes rappelant nos libellules et nos 
cigales, volaient dans les airs, tandis que des poissons 
amphibiens et des stégocéphales, comparables à nos 
batraciens, nageaient dans les eaux. Ces derniers étaient 
à l'époque houillère les rois de la création. Bien qu'ils 
n'aient guère contribué par leurs débris, à former la 
houille, il y a intérêt à rappeler ici leur existence, car ils 
nous apprennent que les animaux comme les végétaux de 
cette époque, également imposants par leur taille, remar- 
quables par leur variété et parfaits dans leur organisation, 
avaient plus de relations avec les stades jeunes, imma- 
tures, qu'avec les formes adultes des êtres actuels : ils 
présentent des formes embryonnaires. Ils nous apprennent 



- 161 — . 

également qu'il reste encore beaucoup de découvertes à 
faire dans notre bassin houiller ; nous ne connaissons 
qu'un insecte du Pas-de-Calais, tandis qu'on en a trouvé 
des centaines à Commentry ; on n'a pas encore signalé de 
poisson dans le Pas-de-Calais, alors que les ingénieurs 
belges en ont distingué dans 16 lits diiTérenls, dans le 
bassin de Charleroi. 

Toutefois, il reste bien plus de choses à expliquer pour 
le géologue et pour le chimiste, dans le Bassin du Pas-de- 
Calais, que de découvertes à faire pour l'ingénieur, après 
les travaux d'Olry, de Soubeyran, de Fèvre, de Breton, 
et de tant d'autres. De ce genre, est la série des réactions 
qui ont transformé les tissus des Gymnospermes et Crypto- 
games vasculaires en houille, puisque cette roche est 
formée de leurs débris et qu'elle en contient tous les 
éléments chimiques : carbone, hydrogène, oxygène et 
azote. Nous connaissons, il est vrai, tous les passages entre 
les matières végétales vertes à 40 ^o de carbone, qui 
tombent dans nos tourbières, et les anthracites à 95 «/o de 
carbone; mais cet enrichissement en carbone est accom- 
pagné de réactions chimiques complexes, dont le résultat 
est la formation des éléments minéraux nouveaux de la 
roche. Ils sont amorphes, et c'est ce qui en rend l'étude 
difficile au minéralogiste 

L'oxydation sous l'eau de la cellulose (C^2H20oiO)n gg^ 
nécessairement incomplète, puisqu'il n'y a pas, dans les 
matières végétales, assez d'oxygène pour brûler tout le 
carbone et tout l'hydrogène ; et le carbone qui n'est pas 
brûlé entre dans des combinaisons nouvelles, variées, 
complexes, où dominent l'acide humique et des hydro- 
carbures. L'acide humique, substance brunâtre, soluble, 
est produit dans les tourbières, sous l'action de ferments 
bactériens ; il est plus riche en carbone que la cellulose 
(G4 o/o au lieu de 44 7©) ; les hj'^drocarbures formés dans 



— 162 - 

les tourbières sont multiples et à divers états, gazet^ 
liquides ou solides. Les proportions relatives de Co- 
produits varient dans les diverses tourbes. Il en est ^ 
même pour les lignites, intermédiaires par leur riches? 
en carbone, entre les tourbes et les charbons. 

La houille, longtemps considérée comme dépourvue c: 
toute organisation, se montre composée de débris vég - 
taux, à divers états d'altération enfermant dans leu» 
interstices des substances brunes amorphes qui \e 
englobent et les pénètrent. Ces substances comprenner 
des produits humiques de fermentation et divers hydre 
carbures. Les premiers devenus insolubles, solides e 
fossilisants, se sont formés d'après M. Renault sou 
l'influence de bactéries (Microcoques et Bacilles), pendan 
la macération dans l'eau de débris végétaux ; ils son 
amorphes, entourent ou remplacent diversement le 
tissus : on les a désignés sous le nom de carbohumine. Le 
seconds comprennent des combinaisons variées d'hydro 
gène et de carbone, qu'on peut grouper sous le nom di 
bitumes. Ils sont amorphes, présentant parfois au micros 
cope une disposition en grains ovales on anguleux, ei 
cordelettes jaunes, ambrées, brunes. Leur formatioi 
commencée lors du dépôt, s'est poursuivie longtemp 
après cette période, comme Ta établi M. C. Eg. Bertrand 
en montrant qu'ils remplissent souvent des fentes d< 
contraction, dans la roche, ou diverses cavités des tissu 
organiques. 

La formation de la houille nous présente ainsi troi: 
phases successives. La première correspond à l'accumula 
tion des matières végétales. La seconde comfjrend diverses 
réactions chimiques opérées sous l'eau, et consistant er 
une désliydrogénation et une désoxydation plus ou moin< 
avancée de la cellulose, avec dégagement d'eau, d'acid( 
carbonique et de gaz des marais. Suivant que l'élimi 



— 163 - 



nation de Thydrogène et de Toxygèue a été plus ou moins 
complète, elle a donné naissance aux diverses variétés de 
houille, plus ou moins riches en carbone, plus ou moins 
chargées en carbohumine ou en bitumes. Amendant cette 
phase, il s'est produit concurremment un tassement, une 
contraction physique de la masse, atteignant 10 à 30 **/o 
du volume primitif des matières végétales accumulées. La 
troisième phase comprend les réactions chimiques opérées 
sous terre^ postérieurement aux précédentes ; c'est la 
phase des déplacements moléculaires posthumes : les 
débris végétaux sont remplie ou épigénisés par les 
bitumes, la silice, et les produits de réduction, sidérose et 
pyrite. Elle a également pour résultat un dégagement de 
gaz hydrocarbures et oxydés et finalemeni Tenrichis- 
sement en carbone de la houille. 

On peut donc définir la houille, un feutre végétal 
comprimé, enrichi à la fois en carbone par imprégnation 
de carbohumine et de bitumes amorphes, et par perle de 
l'oxygène et de l'hydrogène primitivement combinés. 

L'anthracite est une houille plus enrichie en carbone. 
Le graphite est une anthracite dont toute la matière 
volatile a disparu. Ces relations entre les roches d'origine 
végétale sont résumées dans le tableau suivant, qui montre 
que ces combustibles constituent une série continue où la 
proportion du carbone croît indéfiniment. 

Tableau des Combustibles 





Bois 


Tourbe 


Lignite 


Houille 


Anthracite 


Graphite 


Carbone 

0+Az 

H 


44 à 52 
43 à 42 
6 à 5 


50 à 58 

35 à 28 

7 à 5 


55 à 75 

26 à 19 

6 à 3 


74 à 96 

20 à 3 

5à 1 


9(Ȉ 96 
3à 
3 à 1 


100 




Densité l 




d = 0,9 


d-1,2 


d«l,30 


d«l,40 


dr=r2 



- - 164 — 

Ainsi s*impose à Tesprit la notion fondamentale 
Tunité (l'origine de tous les combustibles. Les dilïéreac 
que Ton reconnaît entre eux sont attribuables à div< 
facteurs, qui ont agi successivement, en se superposai 
pendant les diverses phases de formation de la roche. 

Lors de la première phase, des flores différentes c 
concouru à la formation de la roche, comme rétablit 
prédominance des Cryptogames vasculaires dans 
Rouiller, celle des Gymnospermes dans les lignites, ce 
des Monocotylédones dans les tourbes de notre pays. 

Lors de la dernière phase, deu.\ puissants factei 
intervinrent qui présidèrent aux lentes réactions c 
miques: le temps et la pression. La transformation, 
effet, est d'autant plus profonde, qu'on a affaire à ( 
dépôts plus anciens ; les combustibles de l'époque quat 
naire sont à l'état de tourbe, ceux de l'époque tertiaire 
secondaire à l'état de lignite, ceux de l'époque carbonif( 
à l'état de houille, ceux des étages plus anciens à Vé 
d'anthracite ou de graphite. Si, d'autre part, on consid< 
successivement les accumulations végétales d'une mê 
époque, celles de l'époque carbonifère, par exemple, dî 
des massifs soumis à des actions dynamiques croissant 
on constate qu'elles sont à l'étal de lignites horizonta 
à Moscou, de houille grasse plissée dans le Centre, 
houille maigre plus ridée dans le Nord, d'antbracite 
môme de graphite dans les régions métamorphisées < 
Alpes. Les interférences de ces deux facteurs, temps 
pression, ont ainsi déterminé, entre les diverses rocl 
d'origine végétale, dans les divers bassins, les différeu' 
posthumes qu'on y observe. 

Dans le Bassin houiller du Pas de-Calais, on n'a pas i 
série de combustibles aussi complète que celle qui va 
la tourbe au graphite, mais on a une série longue cepi 
dant, allant des houilles sèches flambantes aux houil 



— 165 - 



anthraciteuses, qui brûlent sans flamme : il convient de 
se demander quelles sont les causes de ces variations de 
composition, et si elles sont de même ordre que celles que 
nous venons d'indiquer. 

Le tableau suivant résume les variations observées dans 
la composition chimique des houilles du Pas-de-Calais. 

Tableau des Houilles 0) 



Carbone 

0-f Az 

H. 

MV. 



Densité 



H. sèches 
flambantes 



75 à 80 

19,5 à 15,5 

5,5 à 4,5 



45 à 40 



1,25 



H. grasses 
à gaz 



80 à 85 

14,2 à 10 

5,8 à 5 

42 à 32 
d = l,25 



H. grasses 
à forges 



84 à 89 
11 à 5,5 
5,5 à 5,0 



32 à 26 



1,28 



H. 

demi -grasses 


H. maigres 


88 à 91 
6,5 à 4,5 
5,5 à 4.5 


90 à 93 
5,5 à 3 
4,5 à 4 


26 à 18 


18 à 10 


d = l,32 


d = l,34 



H. anthraciteuses 

93 à 95 

3 
3 à 1 

10 à 8 
d = l,40àl,70 



La variété de composition des houilles indiquée dans ce 
tableau a des causes multiples. La première réside dans 
des différences végétales originelles. L'existence de ces 
différences botaniques a été établie de diverses façons : on 
doit à M. C. Eg. Bertrand d'avoir montré qu'à côté des 
houilles formées par les Gymnospermes et les Crj^pto- 
games vasculaires, il en était de formées par l'accumula- 
tion d'algues microscopiques, de spores, de grains de 
pollen ; M. Zeiller a appris qu'on pouvait distinguer 
certaines veines par la liste des espèces végétales récoltées 
dans leur toit. De même, dans les bassins du Centre, on 
connaît des veines formées de feuilles (Commentry), 
d'autres formées d'écorces de Cordaïtes, de Calamo- 
dendron (Decazeville, St-Etienne), de troncs de fougères 

(') Dans ce tableau, comme dans les pages qui suivent, nous désignerons par 
MV les matières volatiles. 



annales de la Société Géologique du Nordj t. xxxiii 



12 



(Commentry). Les analyses de M. Carnotont prouvé qo^e 
des écorces des diverses familles recueillies dans la même 
veine de Commentry, présentaient entre elles des diffi^ 
renées de teneur en matières volatiles (MV), atteignai3.t 
7,5 o/o. C'est d'autre part un fait d'observation poiar 
beaucoup d'entre vous, qu'une même veine, sur une mêm e 
verticale, présente des différences très notables dans sa 
composition chimique, atteignant 6 7o, du toit au mur ; 
parfois même, les sillons d'une même veine sont formés 
de charbons différents. 

D'autres agents de transformation sont venus après 
coup, superposer leur action aux premières différences 
végétales et faciliter l'enrichissement en carbone du 
produit. Telles sont, par exemple, les conditions de macé- 
ration de la matière végétale, variables suivant l'épaisseur 
de la couche d'eau : on sait, en effet, que la tourbe se 
forme plus vite dans les marais tourbeux, quand il y a peu 
d'eau dessus. Telle est encore l'épaisseur de l'accumula- 
tion végétale, qui détermine des variations dans le degré 
de dessication, d'aération, de compression des veines; 
telle encore, la nature du toit, puisque dans les toits 
schisteux imperméables les feuilles sont carbonisées, 
tandis que dans les toits cuerelleux perméables les troncs 
seuls sont conservés, souvent même à l'état d'empreintes, 
où tout le carbone a disparu. 

Nous attribuons également un rôle efficace dans la 
genèse des diverses variétés de houille, à la nature des 
bassins, limniques ou paraliques, dans lesquels s'effec- 
tuèrent les dépôts. Dans les bassins limniques du Centre, 
où depuis les beaux travaux de M. Fayol, la houille est 
considérée comme de formation allochtone, les végétaux 
sont arrivés morts et se sont empilés rapidement; dans 
les bassins paraliques du Nord, rabondance des Spirorbes, 
vers aquatiques, fixés sur les fougères de divers toits 



— 1G7 - 

(Bruay, etc.), établit que ces plantes y furent immergées 
avant leur mort, et qu'elles y restèrent plusieurs mois 
libres, non ensevelies, puisque les Spirorbes sont des 
animaux qui ne peuvent vivre que dans des eaux relative- 
ment pures, et qu'il leur faut plusieurs mois de temps, 
pour se fixer et se développer sur une feuille. Les condi- 
tions physiques de la transformation végétale ayant été 
très différentes dans les bassins limniques et les para- 
liques, le résultat chimique de cette transformation a dû 
en être influencé. 

Mais nous n'avons pas encore épuisé la série des facteurs 
qui agirent sur les accumulations végétales en voie de 
formation. Ainsi, on doit également attribuera ces trans- 
formations contemporaines, la nature de certaines veines 
à composition aberrante, dans des faisceaux de veines 
à composition sériée. Comme exemple, on peut citer ici la 
veine Frédéric du N<> 1 de Liévin, qui a 28 «/o de MV dans 
un faisceau à 33 ^jo de MV ; et aussi, les veines François et 
Edouard de Lens, faisant partie du faisceau sérié de 
Dusouich, où la teneur en MV varie graduellement de 
37 o/o à 30 o/o, et qui devraient avoir environ 35 %, or 
Tune a 31 o/o (François), l'autre 39 o/o (Edouard), c'est-à- 
dire respectivement 5 7o de moins et 5 «/o de plus qu'elles 
devraient avoir, si une cause générale avait seule agi sur 
leur composition. 

C'est d'une façon plus dubitative, qu'on peut encore 
rapporter à des actions contemporaines, les modifications 
que présentent certains faisceaux de veines sériées, à 
teneur en matières volatiles régulièrement graduée, où 
l'amaigrissement s'accomplit plus vite que dans la propor- 
tion normale. Ainsi au n^ 8 de Lens, dans le charbon gras, 
M V varie de 5 o/o sur 37°", soit 1 ^jo sur 7"^, au lieu de 
la proportion normale 1 % sur 66°". A Gourrières, au 
n°l, dans le charbon maigre, M V varie de 6 ^jo sur 193°^, 
soit 1 o/o sur 32°" au lieu de 1 Vo sur 160°". 



- 16& - 

En outre des modifications de composition que no 
venons de rappeler, les veines de houille du Pas-de Calî 
en présentent d'autres, qui sont attribuabies à des cauf 
plus générales, d*un ordre différent et développées pos 
rieurement aux phénomènes de sédimentation. Ces ma 
fications se distinguent essentiellement des précédent* 
en ce qu'au lien d'être spéciales à des veines déterminé^ 
elles affectent des séries de veines, des ensembles, d'im 
façon uniforme ; elles ont agi semblablement sur c 
faisceaux entiers, dont les veines successives constitue 
de la sorte des séries graduées, à proportions de M 
régulièrement décroissantes. Dans le faisceau de houi 
flambante de Bruay, la teneur en M V diminue de 1 <^/r 
mesure qu'on descend de 30^ verticalement ; dans 
faisceau gras de Bully-Grenay, elle descend de 1 Vo p 
57°^ ; dans le faisceau gras de Lens, 1 7© par 6&^, da 
le faisceau maigre de Lens, 1 o/o par 160°^, etc. Ou pou 
rait en citer nombre d'autres exemples dans le Pas-d 
Calais, aussi bien qu'en Belgique, où ils ont été indiqu 
par M. Stainier, dans ses beaux travaux sur la houille 
en Westphalie, où ce phénomène a été signalé par M. Hi 
dès 1873, et depuis accepté comme la Loi de Hilt. 

A Aniche, comme à Lens, la raison de l'amaigrisseme 
vertical est proportionnellement plus rapide dans 1 
faisceaux gras, que dans les maigres. Le fait est généra 
De plus, les infractions à la loi de Hilt sont plus fr 
quentes parmi les gras, que parmi les maigres; ce q 
permet de penser que ceux-ci ont été plus influencés, pi 
uniformisés que les premiers, par les modificalio 
d'ordre général : ils sont pluï^ métamorphisés, suivant ui 
expression géologique. 

Un autre phénomène de môme ordre est l'indépendan 
relative de la teneur en MV par rapporta la teneur ( 
cendres et encarbone fixe; on sait que les sillons schisteu 



— 169 - 

des veines et certains toits stériles sont à peu près aussi 
riches en MV que la veine elle-même. La teneur en MV 
dans ce cas, dépend davantage de Tagent qui a présidé à 
l'amaigrissement du faisceau que de la teneur originelle 
en carbone, de la roche analysée. 

Une autre modification d'ordre général, bien connue 
dans le Bassin du Pas-de-Calais est la diminution 
progressive de la teneur en MV du Sud au Nord, soit 
qu'on considère les veines en 3 faisceaux (MV = 42 à 32 ; 
35 à 17 ; 14 à 9 %), respectivement séparés par les 
grandes failles Ruitz et Reumaux ; soit qu'on considère 
les veines isolément, en les comparant à elles mêmes, en 
divers points, suivant leur pendage. Ainsi Louis, Désiré, 
Auguste, Arago de Lens perdent 10 unités de MV du Sud 
au Nord ; Alfred, de Liévin, également ; à Courrières on 
trouve une perte de 5 «/o, pour des veines en plateures. 

Dans le Pas-de-Calais, à mesure qu'on avance vers le 
Nord, ou qu'on descend suivant la verticale, la teneur en 
MV baisse dans les faisceaux houillers et la densité du 
charbon augmente (voir le tableau). Cette augmentation 
delà densité suivant des séries continues, loin d'être un 
fait spécial à la houille du Bassin, se trouve être une 
modification que l'on peut suivre parallèlement parmi 
toutes les roches métamorphiques, modifiées par une 
même cause physique, postérieure à leur dépôt. Ainsi le 
charbon passe dans les roches métamorphiques, cristal- 
lines, au graphite plus dense; les diverses formes de l'acide 
litanique passent au rutile plus dense ; les silicates 
d'alumine Al- Si Dépassent aux formes les plus denses, 
commedisthène, sillimanite. Le développement des mêmes 
transformations dans toutes les roches permet de lui 
attribuer une portée générale, et vraisemblablement une 
cause unique. 

Nous n'entrevoyons qu'une cause, suffisante pour une 



— 170 — 

action aussi générale; elle réside dans Télévation du degr 
géothermique, nécessairement produite en profondeu i 
lors du ridement des couches, c'est-à-dire lors de 1 
formation du pli synclinal houiller. La mesure de s 
valeur ne saurait être donnée, et ne pourrait être tenté 
qu'après la restitution topographique de la Crète d\ 
Condros, antérieurement à la période des dénudation. 
post-houillères. 

En résumé, les multiples considérations, que nous 
venons d'énumérer devant vous, permettent deux conclu- 
sions précises : d'abord que les diverses veines de charbon, 
plus grasses à l'origine que de nos jours, étaient dès ces 
époques lointaines inégalement grasses, en raison de leur 
mode variable de formation ; ensuite qu'elles ont été 
amaigries par séries graduées, grâce à l'élévation du degré 
géothermique, produit lors des plissements tectoniques. 
Ces modifications nouvelles, insuffisantes pour effacer 
complètement les différences primitives, suffisent pour 
établir les séries, suivant les lois de Hilt et autres lois géné- 
rales analogues. Cette distinction dans les houilles de deux 
catégories d'éléments, les uns anciens, les autres nou- 
veaux, formés successivement sous le contrôle d'agents 
différents, est nécessaire ; elle permet d'affirmer, comme 
nous l'annoncions en débutant, l'unité de genèse des 
houilles et des autres roches sédimentaires { grès , 
calcaires, etc.). 

Notre conclusion, qui fait remonter les amaigrissements 
sériés des faisceaux de veines à l'époque du lent refoule- 
ment du synclinal de Namur, produit en profondeur sou? 
de fortes pressions, trouve encore une confirmation dans 
ces faits bien connus dans le bassin, que la teneur en MV 
est indépendante des morts-terrains, comme aussi des 
failles qui affectent le terrain houiller. De part et d'autre 
de ces failles, en effet, la composition chimique des veines 



— 171 — 

varie brusquement, sans gradation. Le classement des 
houilles est antérieur à Touverture des failles. 

Celte théorie de Tamaigrissement est enfin en relation 
avec la loi fondamentale de la tectonique des bassins 
plissés. L'analyse de tous les mouvements du sol, dont la 
trace nous est conservée, dans le bassin synclinal du Pas- 
de-Calais a permis à M. Gosselet de montrer qu'ils se 
relient à une même poussée latérale, agissant sur une 
IjHnde de la croûte terrestre qui se contractait. Le résultat 
évident de ce déplacement fut de réduire la surface et le 
volume du bassin houiller ; tandis que certaines tranches, 
découpées par failles, étaient entraînées par le mouve- 
ment centripète de descente, d'autres restèrent en arrière 
qui ne pouvaient s'accommoder de la fosse étroite où la 
contraction du globe tendait à les resserrer, et les dénuda 
lions séculaires sont venues ensuite enlever ces tranches 
abandonnées. Celte loi de la tectonique des bassins est 
en relation avec celle de l'amaigrissement graduel des 
houilles, puisque la densité des houilles croissant avec la 
profondeur et l'étendue du plissement, on voit diminuer 
conjointement le volume spécifique des houilles en même 
lemps que le volume du bassin. Ainsi se superposent, 
pour atteindre ce but final, les actions mécaniques de la 
tectonique et les lentes actions moléculaires, qui dimi- 
nuent le volume spécifique des houilles à mesure que leur 
densité augmente. 

Ainsi le Bassin du Pas-de-Calais olïre un exemple des 
relations qui existent entre la géologie et l'exploitation 
des mines. Quand nous saurons mieux les règles qui pré- 
sident à l'amaigrissement des charbons, nous aurons à la 
fois un moyen plus sûr de retrouver et de reconnaître les 
veines perdues dans les travaux, et un guide précieux 
pour tracer sur nos profils géologiques, la profondeur des 
synclinaux ensevelis et l'épaisseur des anticlinaux dis- 



— 172 — 

parus. Quand les mineurs nous auront appris ces règle 
les géologues pourront leur dire aussi, pourquoi le charbc 
cristallise tantôt sous la forme de graphite (densité = 2 
et tantôt sous la forme de diamant (densité = 3,5), la pli 
dense que prenne le carbone. 

Séance du 6 Juillet iOOâ 

M. de Dorlodot envoie la note suivante : 

Age des couches dites <( Burnotiennes » 
du bassin de l'Oesling (i), 

par Vahhé H. de Dorlodot 

Nous désignons sous le nom de bassin de l'Oesling Q 
l'extrémité ouest et considérablement rétrécie du grani 
bassin de TEifel, qui traverse l'Oesling, ou Ardenne grand' 
ducale, pour se continuer dans l'Ardenne belge au Sud d( 
l'anticlinal de Rocroy Bastogne et disparaît enfin sous le 
Lias au Nord-Ouest de Mézières. 

Depuis ce dernier point jusqu'à l'Est de Neufchâleau, la 
profondeur de ce bassin ne varie guère et son noyau esl 
constitué par les quartzophyllades, qui donnent tant de 
monotonie aux rives de la Semois, entre Aile et lier 
beumont, et dont la faune hunsruckienne a été découverte 
au bois de Gesly par le regretté M. Jannel (^). Mais, î 
partir d'Ebly, à l'Est de Neufchàteau, le bassin s'appro 
fondit : son axe est, dès lors, occupé, sur une longueur de 

(1) yo\T Age des couches dites « Bun\otienws » des bassins de Dînant c 
d' Aix-la-Chapelle. Ann. Soc. géol. du Nord, t. XXXIII, p. 8. Cette note et la nol< 
présente ont pour but de développer les vues que nous n'avions en jusquMc 
l'occasion de publier qu'incidemment et en termes très résumés, dans noln 
Compte rendu des excursions sur les deux flancs de la crête du Condrnz 
l'aites par la Société belge de géologie, de paléontologie et d'hydrologie, l 
1U mars et les 8 et 9 avril 1899 (Ann. Soc. belge de géoï., t. XIV), pp. 154-157 
cf. p. 190 

(2) Nous préférons le terme bassin de l'Oesling au terme bas:sin du Luxem- 
bourg, ce dernier étant déjà en usage pour désigner le bassin ou golfe triaso 
iiasique de I.uxembourg. 

(3) J. GossELET : 1/ Ardenne, p. 330. 



— 173 — 

plus de 70 kilomètres, parla grauwacke de Willz et de 
Daieiden, identique comme faciès lilhologique et comme 
(aune à la grauwacke de Hierges à Spirifer paradoxus et 
Spirifer arduennensis. 

Entre ces dernières couches, qui correspondent certai- 
nement à la grauwacke supérieure de Coblence ou Obère 
Coblenzsckichtendes géologues rhénans, et les quartzophyl- 
lades hunsruckiens, on observe une assise de schistes 
rouges et vert clair avec bancs de grès verdâtre. C*est Tas- 
sise des schistes de Clermux, de M. Gosselet. Depuis Dumont, 
celte assise est considérée comme correspondant strati- 
graphiquement aux schistes rouges de Winenne. La carte 
géologique de la Belgique au 40000® adopte encore cette 
manière de voir et range l'assise de Clervaux dans Vétage 
burnoHen, sous la dénomination de Grès et schistes rouges 
de Winenne (^). — Le but du présent travail est d'examiner 
jusqu'à quel point cette assimilation doit être maintenue, 
dans l'état actuel de la science. 

Disons d'abord que, grâce surtout aux travaux de 
M. Gosselet, Tassimilalion des schistes de Clervaux aux 
schistes de Winenne a beaucoup perdu du degré de 
certitude qu'elle paraissait avoir à l'époque d'André 
Dumont(2). Et cela, non seulement parce qu'on a reconnu, 
de plus en plus, combien le caractère tiré de la teinte rouge 
de certaines roches est trompeur, mais encore parce qu'on 
ne peut plus soutenir que les couches sur lesquelles repose 
et celles qui surmontent immédiatement l'assise de Cler- 



(') FeuiUes NeufchâtPau-JnssPrpt et FauriUers-Rnmeldange^ levées par 
M. DoRMAL. M. X. STWsiEn (Feuillu liastogne-Wardtn) range également ces 
couches dans rétage burnotien.mais se contente de les décrire commaScfifstts 
^t Orès muges, roses, jaime-piUc. hianchdtfes, séviciteux. 

<2) M. Gosselet admet cependant encore Topinion d'André Dumont; mais il le 
•aU en des termes qui ne semblent pas exprimer une conviction bien absolue : 
« Le bassin de Wiltz, dit-il (Ann Soc. géol. du Nord, t. XU. p. 269), est enve- 
l<)Ppé itresque de toutes parts par des schistes rouges, que Dumont a assimilés 
jux schistes de Burnot E'. Il n'y a aucune objection à faire à cette opinion; il 
jaut toutefois remarquer que les schistes de Clervaux n'ont, en général, qu'une 
faible épaisseur.» Avouons cependant, dès maintenant, que cette dernière objec- 
tion vaut plus encore contre l'hypothèse que nous proposerons, que contre celle 
d André Dumont. 



— 174 — 

vaux soient respectivement contemporaines des grès noirs 
de Vireux et de la grauwacke de Hierges. 

Dumont(^), ayant cru reconnaître la partie supérieure 
de son étage huiidsruckien dans les phyllades de Bùtgen- 
bach, Saint- Vith, Trois-Vierges, Longlier et Herbeumont, 
ainsi que dans les phyllades de Martelange et les schistes 
de Viandeu et de Kautzenbach, ne pouvait douter que 
l'assise de couches plus quartzeuses, qui sépare les phyl- 
lades de Trois Vierges et les schistes de Kautzenbach de 
rassise de Clervaux, ne correspondît stratigraphiquenient 
à rassise des grès de Vireux. Ainsi se retrouvait, dans le 
bassin de l'Oesling, la succession régulière des assises, 
telle qu'il Tavait établie au Sud du bassin de Dinant. 

Bassin de Dînant Bassin de l'Oesling 

E' Schistes gris f os- Grauwacke de Hier- Grauwacke de Wiltz. 
silifères. ges(*). 

E' Psammites et Schistes de Winenne. Schistes de Clervaux. 
schistes rouges. 

A Grès, psammite, Grès et schistes de Quarlzophyllade de 
schiste bleuâtre. Vireux. Heinerscheid et de 

Schûttbourg. 

Cb (p. supérieure) P. supérieure de la Phyllades de Trois- 
Schistes et phyl- Grauwacke de Mon- Vierges et schistes 
lades tigny-sur-Meuse. de Kautzenbach. 

Les couches de schistes rouges, qui se rencontrent dans 
rassise de Clervaux, contribuèrent sans doute, pour une 
bonne part, à induire Dumont en erreur sur l'âge des 
couches quartzoschisteuses de Heinerscheid et des phyl- 
lades de Trois Vierges et d'Herbeumont. Mais, en outre, 
la ressemblance de ceux-ci avec les phyllades du Huns- 
rûck devait le porter naturellement à les considérer 
comme représentant le Hunsruckien plutôt que le Tau 
nusien. 



(1) André Dumont : Mémoire sur les terrains Ardennais et Rhénan de VAr- 
denne, du Rhin, an lirabant et du Condros. Seconde partie : Terrain 
rhénan. Méin. de l'Acad. roy. de Belg., t. XXII, pp. 1 8-175. 

(2) Les schistes gris fossilifères de Dumont comprennent, non seulement la 
Grauwacke de Hierges, mais encore les s(!Jiisles de Couvin. dont le niveau stra- 
tigraphique n est conservé, dans le bassin de l'Eifel. qu'à l'Est de la partie de ce 
bassin que nous désignons sous le nom de bassin de l'Oesling. 



— 175 — 

Uétude stratigraphique détaillée de FArdenne amena 
M.Gosselet (*) à des conclusions bien différentes sur l'âge 
des couches inférieures aux schistes de Ciervaux. En éta- 
blissant la continuité des phyllades d'Aile, — qui reposent 
sur le Gedinnien supérieur, renferment au bois Virrus des 
lentilles de grès à faune d'Anor et sont recouverts par les 
quartzophyllades à faune de Montigny du bois de Gesly, — 
avec les phyllades d'Herbeumont et dé Trois-Vierges et les 
schistes de Montjoie, et, en montrant que ceux-ci passent 
latéralement au grès d*Anor sur le flanc Sud du massif 
cambrien de Stavelot (2), il démontra rigoureusement 
l'âge taunusien des phyllades que Dumont avait pris pour 
du Huosruckien supérieur. Quant à l'assise des roches 
quarlzoschisteuses, qui, à Ebly, se divisent en deux bran- 
ches pour embrasser le bassin de VViltz et que Dumont 
avait prises pour son étage Ahrien {^), M. Gosselet en 
démontra la continuité avec les quartzophyllades recoupés 
par les méandres de la Semois entre Herbeumont et Aile, 
et dont l'âge hunsruckien, reconnu déjà par Dumont, 
fui confirmé par la découverte, rappelée plus haut, de 
fossiles de Montigny, sur le prolongement incontestable de 
cette bande, au bois de Gesly. — Neus croyons savoir que 
les fossiles découverts, notamment dans la bande de Hei- 

(l)J. Gosselet : xYo/f sur le Taumisien dans le bassin du Luxembourg et 
particulièrement davs le (jolf'e de Cnarlerille. Ann. Soc Réol. du Nord, l. XU, 
P" 333; Aperçu géologique sur le terrain dévoniev du (irand-Duc/ie de 
lurembourg /ihld., p. i60; VArdenne, pp. 2?88 à 316, et pp. 330 à 338. — Voir 
aussi J. Gosselet : i\ote sur les schistes de Saint-Hubert dans le Luxembourg 
Pi pnncipalenient dans le bassin de SeufchÂteau. Ann. Soc géol. du Nord, 
I; XI. p. 258; fiote sur les schistes de liastngne, ibid., t. XII, p. 173; Tableau 
fip /a faune coblenzienne, ibid., t. XllI, p 292. 

(-) Bappelons qu'en poursuivant cette bande vers le N.-K., M. Holzapfel 
constata que les schistes de Montjoie subissent une nouvelle translormation, qui 
les amène à prendre un faciès fort semblable à relui de la {rrauwacke de Siegen, 
«vant de disparaître sous le Trias (Jahrb. d. K. l'reussischen geolog. Lande - 
sanstaliu. Bergakadeniie, fiir das Jahr i.^99, pp. 203, 'M't). 

(•^) Faute d'un meilleur terme, nous continuerons a l'exemple de M Gosselel, 
a employer ici le terme Ahrien. dans le sens stratigraphie! ue que lui a donné 
'dumont, c'cst-à dire comme désignant l'ensemble des couches conlcmporaines 
^" grès de Virevx. Nous n'ignorons pas cependant combien ce terme est 
•l^ïectueux et combien il serait a souhaiter de le voir remplacer par un autre 
lernie, si l'on juge bon d'ériger au rang d'étage la Stufe dts SpirifVr Hercynuiv 
<les auteurs allemands. Le terme Uaunien pourrait être employé avec avantage, 
^^ la richesse des gisements fossilifères des environs de Daun. 



— 176 — 

nerscheid, par les membres de la Commission géologique 
de Belgique chargés du levé de celte région, appartiennent 
à la faune de Houfïalize, ce qui confirme complètement les 
conclusions de M. Gosselet. — D'autre part, M. Gosselet 
découvrit, à la base de la grauwacke de Wiltz, une série de 
couches renfermant des grès à caractère lenticulaire et à 
faune spéciale d'un caractère anoreux : il leur donna le 
nom de grh de Berlé. 

Dès lors, deux hypothèses sont possibles. Si, comme le 
pensait Dumont, Tassise de Clervaux, à laquelle il fau- 
drait, sans doute, adjoindre les grès de Berlé, correspond 
aux schistes de Winenne, il faut admettre que cette assise 
est séparée par une lacune considérable des quarlzo 
phyllades de Heinerscheid et de Schûttbourg. C'est l'opi- 
nion généralement reçue. Mais on peut supposer aussi que 
la sédimentation a été continue, bien que les dépôts 
soient ici moins puissants que dans le bassin de Dinant, 
et, dans cette hypothèse, l'assise de Clervaux et le grès de 
Berlé, qui séparent les couches à faune de Montigny 
de la grauwacke à faune de Hierges, représenteraient le 
grès de Vireux et les schistes de Winenne du bassin de 
Dinant. Nous espérons montrer que cette seconde hypo 
thèse mérite d'être prise en sérieuse considération, dans 
l'état actuel de nos connaissances. 

Contrairement à ce qu'ont fait jusqu'ici les géologues 
belges, il nous paraît logique de chercher à déterminer 
l'âge des couches du bassin de l'Oesling, en les comparant 
avec les dépôts rhénans de TEifel et du Rhin, plutôt 
qu'avec ceux du bassin de Dinant. Cela est vrai, non 
seulement parce que la méthode de continuité, qui sera 
appelée à résoudre la question en dernier ressort, n'est 
pas applicable à des formations séparées par l'anticlinal 
arasé de l'Ardenne, mais encore parce que l'argument 



— 177 — 

tiré de la ressemblance des faciès nous paraît avoir plus de 
portée, lorsque Ton compare les formations appartenant 
à un même bassin, ou pour mieux dire à une même zone 
tectonique. Ce point nous paraîtrait même évident dans le 
cas présent, si nous admettions avec M. Gosselet(*) que le 
relèvement de l'axe de TArdenne, dessiné déjà dès le com- 
mencement de la période devonienne, s'était accentué à 
l'âge du grès de Vireux, au point de séparer le bassin de 
Dinanl du bassin de l'Oesling et de TEifel par une pres- 
qu'île s'étendant, vers l'Est, jusqu'au nord de Dùren. 
Mais nous croyons devoir renoncer à nous appuyer sur 
cette hypothèse; la ressemblance des faciès du Sud du 
bassin de Dinant avec ceux du bassin de l'Eifel, à partir 
de la grauwacke de Hierges, nous paraît établir, en effet, 
que les couches de ces deux régions se sont déposées 
dans un seul bassin continu; et, quant aux différences 
de faciès que Ton observe à d'autres niveaux, elles nous 
paraissent indiquer des différences bathymétrlques plutôt 
que des diversités de bassin. Tel est spécialement le 
cas pour le Taunusien. Le faciès lithologique, comme 
la faune des phyllades d'Aile, dénote des conditions de 
profondeur et de distance du rivage, peu compatibles 
avec l'existence d'une terre émergée, ou même d'un haut- 
fond entre Rocroy et Baslogne (2) et au Nord-Ouest de 

(\) l''Ardenne, p. 709. 

(^>Nous ne parlons ici que des phénomènes qui se sont passés en Ardenneà 
partir du Taunusien. alors que toute l'Ardenne était immergée depuis longtemps 
déjà. Pour ce qui regarde des temps plus anciens, nous pensons, au contraire» 
avec M. Gosselet, que tout le soi de l'Ardenne ne fut pas immerge d'un seul 
coup (jès l'aurore des temps devoniens ; nous croyons notamment qu'il est néces- 
saire d'admettre la persistance d'une terre émergée pendant le (îedinnien infé- 
rieur autour du massif de Serpent. Il nous paraît, en eflet, que les schistes 
DiRarrés d'Oignies affleurent trop près de ce massif pour que l'on puis'-e supposer 
raisonnablement que les schistes de Saint-Hubert, qui reposent sur le Cambrien 
de Serpont par l'intermédiaire de l'arkose de liras, sont contemporains des 
*>o«clies du Gedinnien inférieur, le faciès schiste de Saint-IIubert ayant com- 
"JJ^cé plus tôt ici qu'ailleurs. — Toutefois, nous pensons que les aires, où 
3raeurcnt aujourd'hui les massifs Cambriens de Rocroi, de Stavelot et de 
''•vonne, ont été recouvertes par la mer devonienne, en même temps que 
'espace qui les entoure; la mer progressant d'ailleurs du Sud au Nord. Dès le 
Gedinnien le plus inférieur, la diflérence des dépôts que l'on rencontre au Sud 
p au Nord du massif de Rocroi, montre que la côte, où affleuraient sans doute 
es massifs granitiques qui ont fourni les éléments de l'arkose de Fépin, ae 
"•««vaii au Nord. 



- 178 - 

Moatjoie. Leur différence avec le grès d'Anor, loin d'in 
diquer une séparation primitive en deux bassins, nous 
semble donc^ au contraire, exclure celle hypothèse et 
devoir s'expliquer uniquement par une différence descon 
ditions bathymétriques et des distances à la côte. L'aire de 
l'extension de dépôts isopiques d'un même bassin variant 
suivant les circonstances^ il est naturel que deux zones 
situées à des distances inégales de la côte présentent une 
alternance de faciès isopiques et hétéropiques, comme 
celle que l'on constate lorsque l'on compare la série des 
dépôts du bassin de l'Eifel-Oesling avec les couches corres- 
dantes du Sud du bassin de Dinant. En somme, les 
ressemblances et les différences entre ces deux zones 
sont de môme ordre, que celles que l'on observe entre le 
bord Sud et le bord Nord de ce dernier bassin. Peut-être 
môme la somme des ressemblances est-elle proportion- 
nellement plus grande dans le premier cas que dans le 
dernier : il est d'ailleurs naturel qu'il en soit ainsi, la 
nature des dépôts variant, en général^ d'autant plus rapi- 
dement, que l'on se rapproche davantage de la côte. 

Nouscroirions donc nous mettre en oppositionavecl'ensei 
goement qui se dégage des faits, eu repoussant a priori un 
argument basé sur une analogie de faciès entre des for- 
mations appartenant à deux bassins tectoniques diffé 
rents, coiinne le bassin de l'Oesling et le bassin de Dinant. 
Néanmoins; nous accordons plus d'importance à la res- 
semblance des faciès, lorsque les dépôts isopiques se ren- 
coiilrent dans une môme zone tectonique. C'est, en effet 
un fait constaté en géologie que les faciès synchroniques 
varient plus souvent et plus rapidement en coupe trans- 
versale qu'en direction. La chose s'explique d'ailleurs 
facilement. Les grandes lignes tectoniques prenant, en 
général, une direction largement parallèle à la ligne 
générale des rivages, il est tout naturel qu'en marchant 



- 179 — 

suivant la direction générale des allures, od ait moins de 
chance de rencontrer, dans les dépôts synchroniques, des 
différences de faciès provenant de différences de pro- 
fondeur ou de distance du rivage. C'est pourquoi il nous 
paraît plus sûr de chercher d'abord à synchroniser les 
dépôts du bassin de TOesliag avec ceux de TEiiei et du 
Rhin. En tout cas, personne ne contestera que Ton ne peut 
négliger les données que fournit cette comparaison. 

Or, dans la région de l'Elfel et du Rhin, les couches qui 
nous occupent ont un faciès bien différent de celui qu'elles 
présentent au Sud du bassin de Dinant. Le faciès si carac- 
téristique des grès de Vireux y est inconnu et les 
couches appartenant au même niveau offrent ce faciès 
quartzoschisteux auquel les géologues rhénans ont 
étendu le terme grauwacke et qui comprend, avec la grau- 
wacke proprement dite, une alternance de quartzophyl- 
lades, de psammites et de schistes plus ou moins quartzeux 
ou grossiers. C'est la grauwacke inférieure de Coblence, que 
sa faune, quoique plus riche, et sa position stratigraphique 
au-dessus de la grauwacke de Siegen à faune de Mon- 
tigny, font synchroniser au grès de Vireux de l'Ardenne. 

Au-dessus de la grauwacke inférieure de Coblence, et 
séparant celle-ci de la grauwacke supérieure de Coblence, qui 
correspond évidemment à la grauwacke de Hierges à Syi- 
rifer paradoxus ainsi qu'à la grauwacke de Wiltz et de 
Daleiden, on observe, sur le Rhin, une assise de grès, qui 
présente une ressemblance frappante avec le grès d'Anor, 
au point d'avoir induit en erreur Dumont et, à sa suite, les 
autres géologues, jusqu'au moment où l'étude des faunes 
amena Koch 0) et M. Kayser (2) à reconnaître qu'elle 



(^)C Koch : Ueber die Gliederung der rheinischen Vnterdevon-Schichten 
-tcwc/ien Taunus und Westerwald. Jahrb. der K. Preuss. geol. Laudesanslalt, 
ïurdasJahr 1880, p. 19M. 

(2) Emm. Katser : Untersuchungen im Regierungsbesirk Wiesbaden und auf 
aem Uunsriick. Jahrb, d. K. Preuss. geol. Landesanstalt, fur das Jahr 1884, 
P-LU. Cf. HoLZAPFBL : DasRheinlkal von Bingerbriick bis Latinstein (Abh. d. 
^- Pipuss.geol. Laudesanslalt, Neue Folge, Heft 15), p. 84, seq. et 102, seq. 



— im - 

appartieot à an niveau beaucoup plus éleré. C'est \egm 
ou quartzite de Cohitnce des «géologues rhénans. Ce grès a 
un caractère nettement lenticulaire. Sa faune a un faciès 
spécial, caractérisé surtout par Tabondance des lamelli- 
branches; les fossiles non spéciaux le rapprochent plutôt 
de la grauwacke supérieure que de la grauwacke infé- 
rieure de Coblence. Il en est de même du faciès litbolo 
gique des roches schisteuses qui accompagnent les grès(i); 
aussi; dans les coupes où les lentilles de grès font défaut, 
ne peut on distinguer ce niveau de celui de la grauwacke 
supérieure. 

Le bassin de Dioant ne nous offre rien, à ce niveau^ qui 
rappelle Tassise du grès de Coblence; mais l'assise de 
Winenne occupe le même niveau stratigraphique entre le 
grès de Vireux et la grauwacke de Hierges, respectivement 
synchroniques de la grauwacke inférieure et de la grau- 
wacke supérieure de Coblence. Comme les schistes de 
Winenne, le grès de Coblence paraît bien présenter un 
faciès plus côlier que les couches qui le précèdent et qui 
le suivent: mnis, tandis que le caractère des couches de 
Winenne est franchement littoral; la faune du grès de 
Coblence semble prouver qu'il n'a pu se déposer que sur 
un fond de mer constamment immergé. 

Les trois subdivisions des Cohlcnzscliichten ou EmsienC^h 
(îrauwacke inférieure, Grès et Grauwacke supérieure de 



(1) Ces couches, de même que les Obère Coblenzschicliten, sont moins aré- 
nacées au Sud qu'au Nord du bassin de Cobien'e Cf . Holzapfel, /. c, p.bl.seq. 
v\ p. 101). 

(2) D'arrord avec Henard, nous avon^ proposé, en 1899, l'emploi du terme 
Hmsieti pour désigner l'ensemble des couches réunies par les géologues alle- 
mands sous le nom de Cohle/tzsc/iichten : l'emploi du terme Coblenzschichifn. 
pour une division slratgraphiqne, qui ne comprend aucune partie da (-nblent- 
zieii. vris dans le sens sirnhyrapfnque (pie Duuiout attachait à cette expression, 
est déplorable en lui-même; l'emploi du terme Coblentzien, Coblenzien ou 
(^oblencien. dans ce sens, serait intolérable. Cf les remarques que nous avons 
présentées à ce sujet: Kull. Soc. belge de géologie, t. XIV, p. 157-159. et AnD. 
Soc géol. (iu Nord t. XXXII, p. 234. — Dans le reste du présent travail, nous 
emploierons donc les termes K insien, Enisien inférieur, Emsien supérieur. 
comme synonymes des termes Coblenzsc/ucfiteri, Untercoblenz ou l'ntere- 
(■nhlfnzschicfdeiL Obercnblcnz ou Obère i.oblenzschicliten. Voir le tableau du 
synchronisme des couches, à la fin de ce travail. 



- 181 - 

Coblence, se retrouvent dans TEifel, avec les faunes et les 
faciès lithologiques qui les caractérisent sur le Rhin. La 
grauwacke de Daun^ avec ses célèbres gisements fossilifères 
d* Obestadtfeld et de la Gemûnder Maar, est un type clas- 
sique de la grauwacke inférieure de Coblence, ou Emsien 
inférieur (*). 

Quant au grès de Coblence, nous citerons d'abord les 
grès qui s'étendent depuis Miderlitgen jusqu'à Alf, formant 
les crêtes du Gruner-Wald et du Kondel-Wald C^), et que 
MM. Grèbe et Kayser (^) ont suivis plus à l'Est, depuis 
Alf jusqu'à la Moselle inférieure, où ils se rattachent 
aux sites classiques du bassin de Coblence. Plus au 
Nord (4), des grès à faciès anoreux et de môme âge que 
les grès de Coblence, ont été reconnus au Nord (^) aussi 
bien qu'au Sud du bassin de l'Eifel. Il faut rapporter 
à ces derniers, le grès quartzeux^ qui^ d'après Dumont 
« termine le système Ahrien, sert de base au bassin 
anthraxifère de l'Eifel et se montre vers la limite S.-E. de 
ce bassin près de Birresborn, entre Salm et Gerolstein, à 

Neroth, entre Daun et Dockweiler (^) » Dumont avait 

noté déjà sa ressemblance avec le grès tannusien (^); cette 

(1) Drbvermann : Die Fauna der Untercoblensschichten von Oberstadtfeld 
oùDaunin der Eifel. Palaeontographica, Bd. XLIX, pp. 73-119, pipl. IX-XIV. 

(2) FoLLMANN : Die Unterdevonischeii Schichten von Olkenbach (Verh. d. 
Naturhist. Vereines d. Pr. Rheinlandes u. Westfalens. 1882, p. 127), pp. 141, seq. 
^ Cf. FoLLMANN : Ueber die unterdevonischen Schichten bei Coolens, Pro- 
gramm des K. Gymnasiums zu Ceblenz, Schuijahr 1890-91, p. 30. 

(3) Grèbe : Ueber die Aufnahmen in der Vordei'-Eifel. an der Mosel und 
iVo/ie (Jabrb. d. K. Preuss. geol. Landesanstalt, 1885, p. LXII), pp. LXIV et LXV. 

(4) 11 faut probablement rapporter aussi au grès de Coblence la bande gréseuse 
'['encontrée par Dumont au Nord du synclinal de Manderscheid, dans ses coupes 
«« Manderscheid à Neroth, entre Liitzerath et Daun. de Liitzerath à Kelberg 
(Mém. cité, pp. 409-410). Dumont, ayant pris pour du Hunsrûckien les couches 
de Manderscheid, qui contiennent en réalité la faune supérieure de Coblence, 
3 cru que ces grès appartiennent à la base de l' Ahrien, qu'ils séparent, au 
contraire, des couches a faune de Hierges. Nous pensons qu'ils flanquent au Sud 
Unticlinal Ahrien de Stadtfeld, dont Dumont avait déjà constaté l'existence, 
<^inine la bande, dont nous allons faire mention dans le texte, le flanque au Nord ; 
""^aii cette dernière bande se bifurque aux environs de Neroth pour embrasser, 
vers l'Ouest, le petit bassin eifélien du Salmer-Wald. 

(5) Emm. Kayser : Zeitschr. d. deutsch. geol. Gesselschaft, Bd. XXXIX (1887), 
P-808. 

(6) André Dumont : Mém. citéj p. 406. 
(") Ibid,, p. 409. 

annales de la Société Géologique du Nord, t. xxxiii 13 



— 182 - 

ressemblance avec le grès du Taunus et avec le grès de 
Cobleace a également frappé M. Kayser (*), qui, en 1871, le 
rapporte au Coblenzien. M. Grèbe (2) a reconnu que ces 
grès appartiennent au Coblenzquarzit : il les a suivis, 
vers rOuest, jusqu'au delà de la Kyll : dans celte région, 
ils forment deux bandes^ qui limitent, au Sud et au Nord, 
le petit bassin dont le noyau est constitué par TEifélien du 
Salmer-Wald; une troisième bande court parallèlement à 
la limite S.-E. de TEifélien du bassin de Schônecken, entre 
le Hergenberg et le Vogelseck (3). 

Ces mêmes grès se retrouvent dans la partie rétrécie du 
bassin de TEifel, que nous nommons bassin de TOesling, 
à la base de la grauwacke de Daleiden, où ils forment 
notamment la Hohe-Kuppe (*); ils se poursuivent dans le 
Grand-Duché de Luxembourg et en Belgique : M. Gosselet 
y a découvert une faune tout à fait analogue à celle des 
grès de Coblence (^) et les a baptisés du nom de grès ou 
quart zite de Berlé (6). 

Si le grès de Berlé est l'équivalent du grès de Coblence, 
comme l'admettent aujourd'hui les géologues allemands 
qui se sont occupésde la question et comme semblent bien 
l'établir sa faune, son faciès lilhologique, son caractère 
lenticulaire et sa situation par rapport à la grauwacke de 



(i) Emm. Kayser : Zeitsch. d. deutsch geol. Gesselschaft, Bd. XXIII (1871). 
p. 314. 

(2) Grèbe : /. c. pp. LXIl et LXMI. 

(3) Cf. Kayser : /. c, Bd XXllI, p. 3!;{. 

(4) Nous croyons utile de rappeler que M. Gosselet a reconnu que les grès 
blancs qui forment la crête do la Schnee-Eifel sont également de l'âge du grès de 
Berlé et, par conséquent, du grès de Coblence, et non de l'Ahrlen, comme l'avait 
cru Dumont et comme M. Gosselet lui même l'avait figuré sur la carte qui 
accompagne son grand ouvrage l'Ardenne. en se fiant à l'autorité de Dumont. 
M. Gosselet n'a pu insérer cetie correction qu'à la fin de L'Ardenne, \i^ 867,868. 
Ce fait et les indications de la carte de L'Ardenne ont induit M. Holzapfkl en 
erreur sur la manière de voir de M. Gosselet (Jahrb. d, K. Preuss. geol. Lande- 
sanstalt, fur das Jahr 1890. p. 211 : « aussdem sich noch weiter nach S.-O. Iiin 
das a Ahrien », das Unlercoblenz, als breiter Sattel beraushebt. »). 

(5) Cf. Frech : Uebcr das rheinische rnterdevnn inid die Stplluncj des 
a Uercyn » (Zeitsch. d. deutsch. geol. Gesselsch., t. XLl, p. 175), p. 200, 

(6) Aon. Soc. géol. du Nord t- XII, p. 265; L'Ardenne, p. 391. 



— 183 - 

Wiltz, il paraît naturel de considérer les schistes de Cler- 
vaux, sur lesquels il repose, comme représentant la grau- 
wacke inférieure de Coblence. A vrai dire, M. Kayser 
regardait, en 1889 (*), les grès qui, au Nord du bassin de 
l'Eifel, reposent sur le prolongement des schistes de Cler- 
vaux, comme représentant seulement la partie supérieure 
du grès de Coblence. Mais M. Kayser fut amené à cette 
conclusion, parce que Tâge ahrien, attribué par Dumont 
aux schistes et grauwackes foncés sur lesquels repose 
l'assise de Clervaux, était rendue probable, à ses yeux, par 
leur superposition aux Hunsriickschieler typiques, que Ton 
traverse entre Herhahn et Witzerath. Du moment où Ton 
admet l'opinion de Dumont, le grès de Coblence doit être 
représenté, en effet, par l'ensemble des couches qui sépa- 
rent cette grauwacke inférieure de la grauwacke de 
Daleiden, c'est-à dire à la fois par l'assise de Clervaux et 
les grès de Berlé. Or cet argument paraît, en réalité, sans 
valeur, puisque les roches qui présentent le faciès typique 
des Hunsrûckschiefer ne sont autres que les phyllades de 
Trois- Vierges, dont l'ége taunusien a été établi par M. Gos- 
selet, tandis que la grauwacke dont M. Kayser admet l'âge 
ahrien, à la suite de Dumont, est le prolongement de la 
iande hunsruckienne de Heinerscheid. Nous ne pensons 
pas d'ailleurs que l'on puisse invoquer comme argument 
le faible développement que présente souvent le grès de 
Berlé : cet argument, qui, pour une formation dont la 
puissance est si essentiellement variable, serait, en lui- 
même, de faible valeur, supposerait, en effet, que l'assise 
gréseuse est régulièrement plus réduite lorsqu'elle repose 
sur l'assise à couches rouges de Clervaux, que lorsqu*elle 
surmonte la grauwacke fossilifère de Daun, et nous ne 
croyons pas que cela soit démontré. 
La situation slratigraphique de l'assise de Clervaux, 



(1) Zeitschr. d. deulsch. geol. Ges., Band XXXIX, p. 808. 



— 184 - - 

telle que nous venons de la reconnaître, tend donc à faire 
considérer cette assise comme synchronique de la grau- 
wacke de Daun. Néanmoins, comme la faible puissance de 
rassise de Clervaux est de nature à faire soupçonner 
l'existence d'une lacune straligraphique, un supplément 
de preuve serait désirable. Nous reconnaissons donc 
volontiers que, pour donner une véritable démonstration 
de l'hypothèse que nous proposons, il faudrait, ou bien, 
confirmer directement le synchronisme de l'assise à cou- 
ches rouges de Clervaux avec la grauwacke de Daun, soit 
en constatant le passage latéral de Tune à l'autre, soit par 
des preuves paléontologiques ; ou bien, établir que la conti- 
nuité de la sédimentation n'a pas été interrompue, dans le 
bassin de l'Oesling. Examinons la question à ce double 
point de vue. 

Les couches de Clervaux n'ont fourni, à notre con- 
naissance, aucune donnée paléontologique, dans toute 
l'étendue de la région où leur identité est clairement 
reconnue; c'est-à-dire: au Nord du bassin, jusqu'au point 
où cette bande septentrionale disparaît sous le Trias près 
de Gemùnd, et, au Sud du bassin, jusqu'à l'Est de Daleiden 
et de Waxv^eiler. Nous ne pouvons donc que résumer les 
notions que l'on possède sur la continuation de la bande 
Sud vers l'Est, afin d'établir, dans la mesure du possible, 
la relation des couches du bassin d'Oesling avec les 
couches fossilifères de la Kyll et des environs de Daun. 

M. Kayser (^) a suivi la grauwacke de Wiltz, depuis 
Waxweiler, par Lascheid, jusqu'à Lasel, dans la vallée de 
la Nim. Il nous paraît douteux que la « machtige Folge 
grûnlicher compacter Grauv^acken Sandsteine und wei 
cherer grûnlich grauer schieferiger Grauwacke », qui se 

(1) Emm. Kaysbr : Studien aus dem Gebiete des Rtieitiischen Devon : Il Die 
devonischen BUdungen der Eit'el (Zeitschr. d. Deulsci». geol. Gesellschaft, 
t. XXIII, p. 289), p. 312, seq. 



— 185 ^ 

termine, contre le calcaire eifélien, par des « grûnliche 
und rothe schief érige Grauwacken mit versteinerungs- 
reichen unrein kaikiger Biinken », appartienne à l'assise 
de Clervaux ; s'il en était autrement, il faudrait admettre, 
au contact du calcaire, une faille analogue â la faille de 
Lissingen. -— Disons seulement, en passant, et sans trop 
insister sur ce point, que le prolongement de la bande 
fossilifère de Daleiden-Waxweiler-Lasel nous amènerait 
sensiblement dans Taxe du synclinal du Salmer-Wald, 
que la coupe de la Kyll va nous faire recouper. Il n'est 
donc pas improbable que les couches que nous ren- 
contrerons au Sud de ce synclinal soient le prolonge- 
ment direct de celles qui bordent au Sud le bassin de 
Daleiden Q). 

La coupe de la Kyll est particulièrement instructive. 
Lorsque Ton suit le cours de la Kyll en aval de Gerolstein, 
on descend la série des couches eiféliennes jusqu'à la 
zone à Spirifer cultrijugatus, qui repose sur les couches à 
oligiste oolithique calcareux et fossilifère exploitées à 
Lissingen. Ces dernières sont mises en contact, par 

(I) Sans préjuger de ce qu'apprendra le levé détaillé, Toici comment il nous 
parait possible d'interpréter les diflérentes données que nous possédons sur cette 

région. 

U bande de grès de Coblence qui s'élend de Vogelseck au Uergenberg est, sans 
doute, recoupée au Nord par le prolongement de la faille de Lissingen ; au S.-W.» 
elle ne se prolongerait pas jusqu'à la Nim, mais se contournerait vers l'E. N.-E. 
Poar aller rejoindre le grès du Goldberg« qui borde au Nord le synclinal du 
iialmer-Wald : le noyau de l'anticlinal ainsi dessiné serait occupé par l'assise 
de Clervaux, que la Kyll recoupe entre Lissingen et le Goldberg. La bande de 
grauwacke de Wiltz se bifurquerait donc en deux branches, dont l'une côtoierait 
le bord Sud et Sud-Est de l'Eifélien de Sch'ônecken, tandis que l'autre se conti- 
nuerait vers l'Est, pour contourner, en se divisant de nouveau en deux branches, 
au delà de la Kyll, l'Eifélien du petit bassin du Salmer-VVald. — La bande de grès 
de Coblence, qui traverse la Kyll au Sud de ce bassin, serait donc la continuation 
de celle qui forme la Hohe-Kuppe au Sud du bassin de Dalcyden. De ses 
affleurements dans la région de la Kyll, elle se dirigerait vers Neroth, au Nord du 
gisement classique d'Oberstadtfeld. La grauwacke rouge de Zendscheid serait 
ainsi, non seulement de même âge que les schistes de Clervaux, qui bordent au 
^ud le bassin de l'Oesling; mais elle en serait le prolongement direct, comme 
'es couches qui foraient l'anticlinal de Stadtfeld sont le prolongement direct des 
^»che« de Zendscheid. 



— 186 - 

une faille, avec une série de schistes et de psammit 
grisâtres et gris verdâtres, alternant avec des schistes 
grauwackes rouges : il est généralement admis, pensons 




nous, que cette série doit être assimilée à l'assise d Je 

Clervaux. Les couches inclinées d*abord au Nord s^^e 
recourbent ensuite en anticlinal ; puis on continue à l e j s 
suivre jusqu'à Birresborn, où elles passent sous les grès à 
faciès anoreux du Goldberg. Au delà de ces grès, on re^^ 
contre des grauwackes dites u couches de Birresborn » 
les quelques espèces fossiles recueillies par M. Grèbe ^^t 
M. Maurer ne permettent pas de douter qu'elles n'appa r- 
tiennent au niveau de la grauwacke supérieure » — le 
Coblence, comme le prouve, du reste, la bande de c^sml- 
schistes couviniens, qu'elles contournent à partir du \> ^s 
du Braunebach. Le grès du Goldberg est donc bien iizJu 
grès de Coblence. Il en est de même de la bande de gi- ^s 
qui borne au Sud les couches de Birresborn etquel'^iDn 
traverse au delà de Murlenbach. 

Au sud de cette bande méridionale de grès de Coblenci^e, 
affleure, sur une grande largeur, une série de coucl:» «s 
quartzoschisteuses alternativement grises et rougis, 
connue sous le nom de grauwacke rouge de Zendscheid C *l 
11 nous paraît bien difficile de ne pas reconnaître, avec 
M. Frech, que cette série est de même âge que celle qui 
occupe une position symétrique au Nord du bassin et cfui 

(1) Voir sur les couches de Zendscheid : 

André Dumont : Mém. cité, p. 209. 

Grèbe : Ueber die Anf'nahmen in der Vorder-llifel. an der Mosel und Nahe. 
Jalirb. d. K. Preuss. geoloia;. Landesanstalt, fiir das Jahr 1885, p. LXIl. 

Frbch : Ueber das rkeinische Uiilerderon und die Stellung d^s (( Hercyn »• 
Zeitschr. d. deutsch. geol, Geselschaft, Band XLI (1889), p. 193-202. 

Maurer : Palaeniitologische Studien im iiebiet des rheinischen Devnn. — 
8. Mitteilungen ueber Fauna und Glicderwnq des recMsrfieinischcn i'nter- 
devon, Neues Jahrbuch f. Min., Geol. und Pal. (1890), Il Band, p. 221-225. 

Frecii : Die devonischen Aviculiden Deutschlands Abh, z. geol. Specialkarte 
V. Preuss. u. d. Thùr. Staalen, Banl IX, Hefl 3 (1891). pp. 4 et 166, et alibi. 

Holzapfel: Das Bheinthal von Bingerbriicfc bis Lahnsteiii, ibld. Neue Folge, 
Heit 15 (1893). p. 98, &eq. 

BBusiiAusBN:L>ie Lameliibranchiaten des rheinischen Devon, mit Ausschluss 
der Aviculiden, Ibid., Neue Folge, Heft 17 (1895), pp. 461. seq. Beushausen cite 
l'autorité de M. Kayser, en même temps que celle de M. Holzapfel. 

Frecii : Lcthaea palaeozoïca, Band 2, Lieferung I (1897), pp. 149, 150. 



— 187 - 

présente, tout au moins, une composition lithologique ana- 
ogue 0). 

D'autre part, si Ton suit vers TEst la direction des 
îouches, on aboutit à la grauwacke fossilifère des environs 
ie Daun, que recouvre le grès deNeroth : ce dernier parait 
3Îen appartenir, comme celui de Murlenbach, à la bande 
^ui borde au Sud le bassin de Salmer-Wald. Il est à remar- 
quer d'ailleurs que le faciès à bandes rouges de Lissingense 
:'etrouve au Nord du grès de Neroth (^). 

L'équivalence de la grauwacke de Daun et des couches 
ie Zendscheid, rendue déjà hautement probable par ces 
tails stratigraphiques, parait, en outre, pleinement con- 
^rmée par les données paléontologiques. 

Tandis que les schistes de Clervaux, dans leur faciès 
ï^ypique, montrent une pénurie complète de fossiles ani- 
maux; dans les couches de Zendscheid, au contraire, les 
fossiles ne sont pas bien rares, et il existe notamment, 
près de S^-Johann, un banc particulièrement favorisé 
sous ce rapport, où se trouve une faune spécialement 
caractérisée par Tabondance des lamellibranches. Or, la 
faune de la grauwacke de Zendscheid montre clairement 
qu'on doit la ranger dans VEmsien inférieur (Untercoblenz 
des Allemands). 

(1; N'ayant pas descendu jusque-là le cours de la Kyll, nous regrettons de 
n'aToir pu apprécier de visu la Taleur de cette analogie de faciès. Une certaine 
difiérence aurait d'ailleurs d'autant moins lieu de nous étonner, que les couches 
de Zendscheid ne tarderont pas, d'après nous, à passer au faciès typique de 
Sladifeld. Si nous en croyons les descriptions, les teintes des roches non rouges 
seinbleat devoir être plus foncées et l'ensemble plus quartzeux que dans les 
schistes de Clervaux types, ce qui est d'ailleurs déjà le cas pour les couches du 
flanc Nord du synclinal. En l'absence d'observations personnelles sur ce sujet, 
nous nous sommes aussi demandé si la teinte des roches routes de Zendscheid 
°c ponrrail être attribuée, du moins en partie, à des infiltrations ferrugineuses 
provenant du Trias. Remarquons, qu'en fut-il ainsi, nos arguments conser- 
veraient toute leur valeur; nous nous appuyons, en effet, sur les relations 
llp^igraphiques de couches rapportées, d'un commun accord, aux schistes de 
^^aux, avec les couches dites de Zendscheid ou de St-Johann, et sur les 
l^lations stratigraphiques et paléontologiques de ces dernières avec les couches 
typiques de la grauaacke inférieure de Coblence. 

(^)Nous n'avons vu ces couches à bandes rouges, qu'à une assez grande 
^'slance au Nord des grès de Neroth et nous ignorons si la bande de grès de 
^blence est double en ce point ou si la bande du Goldberg et celle de Murlenbach 
^ sont réunies pour contourner à l'Est le bassin du Salmer-Wald. 



— 188 - 

Parmi les fossiles les plus répandus, Chonetes sarcinulat 
est commun à tout le Devonien inférieur, à Texception de 
schistes de Mondrepuits ; mais Spirifer hercyniae Gieb. e 
Tropidoleptus carinatus Conr. sp. var. rhenana Frech. (Lep 
taena laticosta auct.) comptent au nombre des meilleure 
formes caractéristiques de la grauwacke inférieure d 
Coblence. La faune présente, du reste, dans son ensemble 
la plus grande ressemblance avec la faune typique de c 
niveau. Sur 51 formes cité3s à Zendscheid et Arrenrath (^] 
nous en avons compté 41 ou 42 qui se rencontrent dans le 
gisements, réputés les plus typiques, de Stadtfeld, Vallen 
dar, Daaden, ainsi que dans le gisement à lamellibranche 
de Nellenkopfchen. — Entrons dans quelques détails à c 
sujet. 

Les 2 trilobites, les 12 brachiopodes et les 3 gastropode 
de la grauwacke rouge de Zendscheid existent tous dan 
les gisements typiques de Tassise. Ce sont : 

Homalonotus armatiis* Burm. Spirifer Hercyniae * Gieb 

Homalonotus rhenanus Koch Spirifer arduennensis* Sclin. 

ouornatzisKochi'l Spirifer an. subcuspidatus * 

Chonetes s arcinulata* Schl. Schn. (*). 

Chonetes dilatata* De Kon. Spirifer carinatus * Schn. type. 

Stropho mena explanata* Schn. Spirifer carinatus. var. crassi- 

Tropidoleptus carinatus Conr. ^osta (') Seupin, 

var. rhenana (') Frech. Athtjris xindata * Defr. 

(1) M Grèbe a découvert à Arrenrath, près de Landscheid, à une vingtaine c 
kilomètres au S.-E. de St-Johann, un gisement très analogue, dans des roch< 
semblables qui émergent de sous le prolongement des grès de Coblence d 
Kondel-Wald. Voir Frech : Die DcroD. Arinilidcn Dentschlavds. 1. infr. cil 
p. 4. M. Follmann a repris l'étude de ce gisement; voir Follmann : Leber d 
unterdevonischen Schichten bei Coblevz,\. c, pp. 33-34. 

(2) Maurer : 1. c, p. 223, en note. 

(3) HoLZAPFEL, 1. c, p. 100; Grèbe : 1 c, p. LXIl. 

(4) 11 s'agit, sans doute, du Spirifer subcuspidatus, var. huniilis Scupi 
{Die Spirif'eren Deutschlands, Pal. Abhandlungen, Neue Folge, Bd. IV, Heft 11 

p. 18). 

(5) M. Frech {Lethaea palaeozoîca, p. 150) avait cru gue Sp. carinatus va 
crassicosta n'existe pas dans les couches de Zendscheid et que cette varie 
existe seule à Stadtfeld, à l'exclusion de la forme type. Nous savons aujourd'hu 
par M. Drevermann {Die Fauna dcr IJntrvcoblevzschic/Uen, 1. c. p. 95), que 
Sp. carinatus type existe à Oberstadtfeld, aussi bien que la var. crassicostt 
et, par M. Scupin (1. c, p. 29), que la var. crassicosta existe aussi à Zendscheic 

• L'astérisque indique que la présence de la forme, à Zendscheid, est signait 
par M. Frech. 



— 189 - . 

Kno^lotheca venusta* Goldî. BcLlerophon tuinidus * Sandb. 

Rmsselaeriastingicpps* F. Roem. Plcurotoniaria dalcUIcnsis* F. 

Bellevophon macromphalus * ^«^"^^ ™^t a^^a Koken. 
k. Roem. 

Les formes propres à la grauwacke de Zendscheid sont : 
d'abord, Trockoceras arduennense Stein., qui signifie peu 
de chose, vu Textrême pauvreté des gisements typiques en 
céphalodes : puis, Pleurodictyum Sancti Joliannis SchlûL, 
qui ne prouve rien, puisque cette espèce est jusqu'ici 
inconnue ailleurs (*); enfin, quelques lamellibranches. Au 
sujet de ces derniers, les études de M. Frech (^) sur les 
Aviculides et de Beushausen (^) sur les autres groupes de 
lamellibranches du Devonien du massif rhénan nous ont 
donné des renseignements précis. 

Tous les Aviculides de Zendscheid se rencontrent dans 

les gisements typiques de TEmsien inférieur, à l'exception 

peut être de Limoptera bifida Sandb, dont la présence n'est 

signalée dans ces gisements qu'avec doute Ce sont, d'après 

M. Frech : 

Adculopecten Wiilfl (*) Frech. Linioptcrasenilradiata Frech. 

A-cicula laevicosta (») FoUmann. Limoptera rhenana Frech. 

A^vicula crenatO'laniellosa Sandb Pterinca expansa Maurer. 

Anculacrenato-laniellosa Sandb. Pterinca FoU/nanni (*) Frech. 

vap. pseadolaems Oehl. Gosscletla carinata Goldf . - 

Limoptera bifida Sandb . FoUm . 

Parmi ces espèces, une est propre à i'Emsien inférieur; 
trois montent plus haut, trois dej-cendent plus bas; deux 

. (1) Sauf dans le gisement (rArrenralh, qui est en tout semblable au gisement 
3 'amellibranches de Zendscheid. 

(2) Frkch : Die devonischen Aviculiden Deutschlands, I. c, passim. 

(3) Beushausen : Die Lamellibvanchialen des rlieinischeii Deron, I. c. 

^^) M. Frech croyait celte espèce propre aux gisements de la grauwacke rouge; 
*" ^1>RE?EKMANN (Die Fauïia der L'rUeicnbU'nzschicfUev ron OOersIadtleld, I. c, 
P' 78) a constaté sa présence à Oberstadtfeld. 

,, (S) M. Frech fait néanmoins quelque réserve, à cause de rélal imparfait de 
'exemplaire quMI a eu sous la main, a rasslmilatlou absolue, à celte espèce, de lu 
jormHjie Vallendar; mais il affirme qu'elle est tout au moimt tirs ruisijw de la 
'^^rme de Zendscheid. 

, (S)M. Frecli (Lethaea palaeoz., 1. c , p. 150) ne connaissait celle forme qu'à 
'-endscheid; M Drevbrmann (1. c, p. 8J) a reconnu sa présence a Oberstadtfeld. 



/ 



— 190 - 

se trouvent à la fois plus haut et plus bas. Des six espèces 
des gisements typiques (^ qui n*ont pas été trouvées à 
Zendscheid, quatre ne sont pas signalées à un autre 
niveau ; une cinquième existe dans le Siegenien et dans 
TEmsien supérieur; la s'wiëme A ctinodesma Annae Frech, 
n'est connue en Allemagne que dans TEmsien inférieur, 
mais M. Frech lui assimile la forme des gisements siege- 
niens de Pesches et de Saint-Michel (Belgique), qui a été 
décrite par Béclard sous le nom d'Avicula lamellosa Goldf. 

Quant aux autres lamellibranches, sur 22 espèces de 
Zendscheid et Arrenrath, 15 existent dans les autres gise 
ments de TEmsien inférieur, y compris une forme de 
Nellenkôpfchen; 3 sont propres à la grauwacke rouge de 
Zendscheid ; 4 montent plus haut. Parmi les 15 premières^ 
2 espèces se rencontrent à la fois au dessous et au-dessus 
deTEmsien inférieur, 3 seulement en dessous, 2 seulement 
au dessus : ce qui donne la répartition suivante pour 
l'ensemble de ces espèces : 

11 espèces se trouvent exclusivement dans TEmsien 
inférieur ; 

2 espèces montent plus haut et descendent plus bas; 
6 espèces montent dans TEmsien supérieur; 

3 espèces descendent dans la grauwacke de Siegen. 
De leur côté, les 18 espèces de lamellibranches (excl. 

Aviculidés) des gisements typiques et de Nellenkôpfchen, 
qui n'ont pas été trouvées dans la grauwacke rouge de 
Zendscheid, se répartissent comme suit : 

il espèces se trouvent exclusivement dans l'EmsieD 
inférieur; 

1 espèce monte plus haut et descend plus bas ; 

espèces montent dans l'Emsien supérieur; 

1 espèce descend dans la grauwacke de Siegen. 



(l) Y compris Mrjalwa sohda, qui n'est signalée qu'à Nellenkôpfchen Les 
autres sont : Anaiioocctcn daunimsis, A. t'ollmanni, Actinodesma innae 
IHerinea costata, Gosseletia praecursor. 



- 191 - 

Comme on le voit, les lamellibranches de Zendscheid, 
aussi bien que le reste de la faune, montrent, non seule- 
ment que la grauwacke de Zendscheid appartient à TEm- 
sien intérieur (Untercoblenz des géologues rhénans, Ahrien 
des géologues ardennais); mais, en outre, qu'on ne peut, 
sans se mettre en opposition manifeste avec les faits, en 
faire une zone paléontologique distincte et supérieure au 
niveau des gisements typiques de l'assise, comme le vou- 
drait M. Frech 0). L'argument négatif tiré de l'absence 
d'un certain nombre dVspèces, que l'on rencontre dans les 
autres gisements de l'Emsien inférieur, n'a en lui-même 
aucune valeur. Comme le fait remarquer M. Holzapfel, la 
faune de la grauwacke de Zendscheid n'est riche en 
espèces que dans un banc de quelques centimètres de 
puissance, dont quelques mètres carrés seulement ont été 
explorés (2); on ne peut s'attendre, dans ces conditions 
surtout, à voir réunies à Zendscheid les espèces de tous 
les autres gisements du même niveau. D'ailleurs, la plu- 
part des espèces qui n'ont pas été trouvées à Zendscheid 
ne sont pas au nombre des espèces communes. Tel n'est 
pas le cas, sans doute, pour Orthis circularis, et il y aurait 
lieu de s'étonner de son absence à Zendscheid, si l'on ne 
savaitcombien il est fréquent, dans nos mers, de voir pul- 
luler certaines espèces au voisinage de points où elles font 
complètement défaut. Mais, en tout cas, M. Frech (^) a tort 
d'objecter l'absence d'Ortkis circularis dans la grauwacke 
de Zendscheid pour établir que cette formation occupe un 
niveau plus élevé que celui de Stadtfeld; car, s'il est vrai 
que cette espèce existe déjà dans le Siegenieii (*), il est 

. (') On pourrait se demander cependani si M. Frech ne borne pas sa conclusion 
a la couche riche en lamellibranches. Cf. Fkech, Leikaea palaeozuïca, Bd. Il, 
n- '^9. noie 2. 

(^) HouAPFEL : Das Rheinthal, 1. c, p. 100. 

(**) Frech : Lethaea palaeozoïca, 1. c, Bd. II, p. 149. 

Jj) J; GossELET : l/Arde>me. pp. 323, 327, 329, 330; Drkvkrmann : Die Fauva 
*;j'^^]^9ener Schichten von Seifen unweit Dierdorf (Westerwald). Palaeonto- 
«faphica, Bd. L, p. 270, 



— 192 - 

non moins vrai qu'elle persiste dans TEmsien supérieur 
du bassin de Dinant (*), de TOesling (2), du Rhin (3) et 
probablement du Hartz (^j. 

Nous nous croyons donc pleinement autorisé à nous 
ranger à Tavis de MM. Kayser, Holzapfel et Beushausen, 
qui considèrent la grauwacke rouge de Zendscheid comme 
réquivalent exact de la grauwacke de Daun ou grauwacke 
inférieure de Coblence. Et, comme nous avons montré 
plus haut que, dans Tétat actuel de nos connaissances, il 
y a des raisons sérieuses de croire que la grauwacke de 
Zendscheid est l'équivalent stratigraphique de ïassise 
de Clervaux, nous concluerons qu'il parait bien probable 
que l'assise de Clervaux est de l'âge de la grauwacke infé- 
rieure de Coblence et, par conséquent, représente stratigra 
phiquement le grès de Vireux. 

Toutefois nous ne prétendons pas établir que la limite 
entre les quartzophyllades de Schûttbourg et les schistes 
de Clervaux corresponde exactement à la limite admise 
en Allemagne entre la Siegener-Stufe et VUntercoblenz, 
Si M. Gosselet a démontré que les quartzophyllades 
de Schûttbourg et de Heinerscheid correspondent au 
Hunsruckien, ses arguments ne prouvent pas que leurs 
couches supérieures ne peuvent appartenir à l'Ahrien, et 
lui-même est bien près de concéder la chose pour la partie 

(1) J. Gosselet : L'Ardenne, p. 3^4. 

(2) ScHNUR {ZusaniwonstclluiKj U7id Hrsclircibiuig snmtUvUer ini L'eber- 
qanysgebuye dev EifeL rorkomhiettden lirachiopoden. Palaeonlogr., Bd. lU. 
p. 218) signale VOrthis circularis dans la grauwacke de Daleiden; il parail 
même probable qu'un de ses types vient «Je là. Toutefois celte espèce n'est pas 
signalée à ce niveau dans les listes de M. Kayser (Zeitsch. d. d. geol. Ges., 
t. XXIII, p 366. 

(3) K. VValther : Das Unterderon zwischcn Marburg a. L. und llerborn 
i'ISassauJ. Neues Jahrb , XVII Beilage-Band, p. 62. 

(4) Ibid. —Cf. Emm. Kayser: Dir Fauna des Hatiptqnaizils luid dev Zorgcr 
ScIncCcr di's l ntcrkàrzes Abh. d. K. Preuss. t^eol. Landesanslalt. Neue Folge. 
Hoft 1, p. 55. — M. K. Wallher est disposé a croire que lOrthis sp. décrit par 
Kuyser en cet endroit se rapporte a la mutation très rapprochée de la forme 
type que lui-même a observée près de Rossbacli et dont il a constaté la fré- 
quence dans I Emsien inférieur des environs de Coblence. La forme du Siegenien 
est aussi légèrement ditTerente de la forme de l'Emsien inférieur. 



- 193 — 

Est de la bande septeatrionale (*). L'important pour nous 
esld'avoir établi que l'examen de la question, au point de 
vue des équivalences, ne favorise pas Thypothèse d'une 
lacune stratigraphique entre ces quartzophyllades et l'as- 
sise de Clervaux et ne contredit pas les conclusions que va 
Dous suggérer l'examen direct de la question de savoir si 
la sédimentation a été continue dans le bassin de l'Oesling. 

Abordons ce second point de vue de la question. S'il 
était démontré que l'assise de Clervaux est de l'ûge des 
schistes de Winenne, il faudrait bien admettre, quelles 
que fussent les apparences contraires, qu'il y a, entre cette 
assise et les quartzophyllades hunsruckiens, une lacune 
stratigraphique, correspondant à l'âge du grès de Vireux 
et de la grauwacke inférieure de Coblence. Mais, du 
moment où nous constatons que les schistes de Clervaux 
occupent la même position stratigraphique, sous les grès 
de Coblence, que la grauwacke de Daun, il parait peu 
logique d'admettre, sans preuve, que l'assise de Clervaux 
représente, soit la base des grès de Coblence, soit même le 
sommet seul de la grauwacke de Daun, si rien ne nous 
indique l'existence d'une lacune stratigraphique sous cette 
assise à couches rouges, Or, non seulement il a été impos 
siblede découvrir aucun indice d'une émersion précédant 
le dépôt de ces couches; mais, au témoignage de M. Oos- 
selet lui-même (2), l'assise de SchîUtbourg et de llei- 
nerscheid passe de telle sorte à l'assise de (Clervaux, que 
l^ur limite est difficile à déterminer. On avouera que ce 
^ait est pour le moins très favorable k l'hypothèse de la 
continuité de la sédimentation. 

Mais il est une considération d'un ordre plus général, 
Qui nous parait de nature à rendre improbable a priori 

(') J. GossBLBT : Mém. cité^ Atttt. ?^. %hA, 4n Timâ, i. XM, p. 2dR. 

J^) J. GossBLET : Aperçu géoiogiqve $ur le Urraivi fUrfmUn du (irand- 
"^^hi de Luxembourg, ias. Soe. ttnl. 'to ?im4, U %tt, p. 2fA. 



- 194 — 

l'existence d'une lacune stratigraphique, due à une régres- 
sion, entre le Hunsruckien et le niveau de Winenne, dans 
la région occupée aujourd'hui par le bassin de l'Oesling. 
C'est un fait général, pour le massif paléozoîque belgo- 
rhénan, que les faciès synchroniques sont d'autant moins 
côtiers qu'on avance davantage vers le Sud ou vers le 
Sud -Est, perpendiculairement à la direction des allures 
moyennes (*). Les applications de cette règle aux diffé- 
rentes portions des bassins de Namur et de Dinant sont 
suffisamment connues. Mais on peut constater facilement 
qu'elle continue à se réaliser, au delà des limites de ce 
dernier bassin. Le faciès phyllade d^AllCy que présente le 
Taunusien du bassin de l'Oesling, comparé au faciès grès 
d'Anor, qu'il affecte dans le bassin de Dinant, en est un 
exemple frappant et d'une importance très grande pour la 
question qui nous occupe, comme nous le verrons bientôt. 
La région rhénane nous présente d'ailleurs un exemple du 
même genre pour les Hunsruckscliiefer du flanc Sud du 
bassin de Coblence, représentés, au Nord de ce bassin, par 
le faciès grauwacke de Siegen, et M. Holzapfel a montré, 
comme nous l'avons rappelé plus haut (^), que les couches 
des Obere-Cohlenzscliichten présentent également un faciès 
de mer plus profonde, au Sud qu'au Nord du bassin de 
Coblence.— La môme règle se vérifie encore pour l'Eifélien, 
qui, lorsqu'il reparaît dans les synclinaux situés au Sud 
du bassin de l'Eifel, se présente sous le faciès pélagique (^) 



(1) Nous ne connaissons qu'une exception à cette règle : c'est l'existence du 
Taunusqunvzil du Taunus et de la partie sud du llunsrûck à un niveau qui est 
représenté, l>eaucoup plus au Nord, par la base des phyllades d'Aile. Hemar- 
quons toutefois qu'il s'agit de la pkase initiale d'un régime d'eau profonde et 
que la persistance, un peu plus prolongée, de quelques hauts fonds, a l'extrême 
limite sud de noire massif paléozoîque belgo-rhénan ne pourrait nuire en rien 
à notre argumentation. Ajoutons que. même dans le bassin de l'Oesling. les 
points ou la partie inférieure du Taunusien ne présente aucun banc gréseux 
sont relativement rares. 

(2) P. 1^0, note 1. 

(3) Cf. Holzapfel : Das obère Mitlelderon imrheinischen Gcbirge, Abh.der 
K. Preuss. geol. Landesanstalt, Neue Folge, Heft 16, p. 412, seq. On trouvera, 
dans ces pages, bon nombre de considérations intéressantes, sur les divers faciès 
du Devonien, leur signification et leur répartition. 



- 195 - 

des schistes Ads à lentilles calcaires et à céphalopodes 
d'Olkenbach {}) et du Stromberg, analofi:ues aux schistes 
de Porsguen et de Wissembach, et appartenant aux «vastes 
régioQS pélagiques de la mer devonienne, qui s'étendaient, 
en Europe, de la Bretagne aux vallées de le Moselle, de la 
Lahnel,audelà : Kellerwald, Sauerland, Hartz(2))), etdont 
la limite vers la terre ferme dessinait, en gros, une vaste 
courbe à concavité Nord, comme celle que devaient tracer 
plus tard les directions générales du grand soulèvement 
hercynien. Pendant le Frasnien, et principalement à Tâge 
des schistes de Budesheim et de Matagne, qui corres- 
pondent à la phase maxima de la transgression supra- 
devonienne, le faciès pélagique s'avança jusque dans les 
bassins de TEifel, de Dinant et môme d'Aix-la-Chapelle; 
les caractères de ce faciès à céphalopodes et à liuchiola 
(Cardiola) retrostriata ne diffèrent d'ailleurs nullement 
dans ces bassins de ceux qu'il présente sur la rive droite 
du Rhin : on constate seulement que le faciès pélagique, 
qui occupe toute l'épaisseur du Frasnien dans les zones 
plus excentriques, ne s'établit régulièrement (^) dans ces 
bassins qu'à la partie supérieure de l'étage.— Les dénuda- 
lions ne nous permettent guère d'apprécier les conditions 
bathymétriques des régions situées directement au Sud 
des bassins de Dinant et de l'Eifel, pendant la régression 
famennienne, qui ramena des conditions tout à fait litto- 
rales dans la région du bassin de Namur et de la partie 
Nord du bassin de Dinant; mais nous savons que, lorsque 

'<) FoLLNfANN : Die unterdernnischcn Schichten von Olkenhach. I. c , p. 156. 
- Grebb : l. c, p. LXIV et LXV. 

(2)Ch. Barrois : Des relations des mers devoviennes de lirrtngve nrec celles 
(i^s Ardennes. Ann. Soc. géol. du xNord, t. XXVH, p 233. 

(3) Nous disons l'égulièremeiit, parce que l'on observe, même dans le bassin 
de Namur, à un niveau très peu élevé du Frasnien, des schistes 1res fins rap- 
pelant les schistes de Matagne et contenant Duchtola retrostriata. Voir 11. i>k 
DoRLODOT : Sur le niveau stratigraphique des Cardinla retrostriata de 
^^dminforge. Ann. Soc. géol. de Belg.. t. XXI, Mém., p. 3. Toutefois, comme 
Dous n'a?ons pas trouvé de Goniatites dans ces schistes et une, par conlns on 
y rencontre, du moins dans certains bancs, de gros Spirifer Malaisi. l'annloKlo de 
c^ schistes avec le faciès de Matagne est loin d'être compl^te. 



- 196 - 

les couches de cet âge sont conservées dans le prolonge 
ment Est ou Ouest de la même zone extérieure, où le facièî^ 
pélagique avait régné pendant toute la durée du Frasnieu -^ 
ce faciès se continue, en général, pendant le Famennien ^ 
En un mot, tous les faits semblent prouver que la meir^ 
devonienne n'occupait pas, dans nos régions, une série d^ 
bassins plus ou moins séparés les uns des autres et cor — 
respondantà nos bassins tectoniques actuels, mais qu'elle 
formait un vaste bassin océanique, qui s'étendait aiB_ 
loin vers le Sud. Cette mer, qui se terminait, au Nord^ 
contre le continent calédonien, occupé par les lacs âeVOlc^ 
red, empiétait plus ou moins sur ce continent, suivant les- 
alternouces de transgression et de régression; mais, poui^ 
un même âge, ses dépôts sont d'autant moins littoraux^ 
qu'on s'éloigne davantage de la côte septentrionale. Sans» 
doute, il pouvait exister des îles dans cette mer : M. Bar- 
rois, dans le travail que nous avons cité plus haut, en 
indique plusieurs (*). Mais aucun indice ne nous permet 
de supposer l'existence d'une île, d'une presqu'île ou 
même d'un haut-fond, dans la région de l'Oesling, pendant 
l'époque rhénane. Nous savons, au contraire, que, lorsque 
le faciès n'est pas identique dans le bassin de l'Oesling, au 
faciès synchronique du bassin de Dinant, c'est qu'il y 
présente un caractère plus pélagique. Le faciès phyllade 
d'Allé, comparé au faciès grès d'Anor, est absolument 
démonstratif sous ce rapport. Plus tard, pendant le Huns- 
ruckien, la région du bassin de l'Oesling appartient à la 
même zone bathymétrique que la région Sud du bassin de 
Dinant. Puis, à l'âge des grès de Berlé, se manifeste dans 
toute l'étendue du massif belgo-rhénan un maximum de 
relèvement; mais, tandis que le faciès est nettement 
littoral jusque dans les portions les plus méridionales du 

(1) 1. c, p. 259 : «c Plateaux du Centre de la France, de Bohème, du Centre de 
l'Espagne. » 



- 197 - 

bassin de Dinant, le faciès du grès de Berlé, au moins en 
partie contemporain des schistes rouges de Winenne, nous 
montre un fond de mer constamment immergé; bien que 
peu profond ; après quoi; la mer s'étant avancée de nou- 
veau vers le Nord, TOesling et le Sud du bassin de Dînant 
se retrouvent dans des conditions assez semblables, pour 
que le faciès de la grauwacke de Wiltz ne puisse se dis- 
cerner de celui de la grauwacke de Hierges. Cela étant, il 
faudrait, nous semble-t-il, des preuves bien convaincantes, 
pour faire admettre que tout ou une partie de la région 
occupée aujourd'hui par le bassin de TOesling était émergé, 
pendant qu'une mer habitée par des brachiopodes, des 
aviculides et des crinoïdes déposait, dans le bassin de 
Dînant, les sables et les argiles qui ont donné naissance 
aux grès et schistes de Vireux. Cela nous paraît surtout 
improbable, si nous continuons à admettre avec M. Gos- 
selet, comme nous croyons devoir le faire, que la région 
occupée aujourd'hui par le bassin d'Aix-la-Chapelle était 
également immergée à l'âge des grès de Vireux (^); puisque, 
dans cette hypothèse, la mer s'étendait jusque bien loin 
au Nord de l'Oesling. Remarquons aussi que l'assise rap- 
portée à l'Ahrien nous montre, dans le bassin d'Aix-la- 
Chapelle, des couches rouges, alternant avec les grès verts 
et les schistes verts. Ce fait nous permet d'expliquer la 
présence de couches rouges dans l'assise de Clervaux, 
beaucoup plus facilement que si nous observions, dans 

/I) M. HoLzAPFBL (Beobachtungen im Unterdevon der Aachener Cegend. 
Jahrb.. d. K. Preuss. geol. Landesanstalt, fur 1899. p. 208) considère comme 
d'âge siegenien les couches rangées par M. Gosselet dans TAhrien, à Zweifall. 11 
ne nons parait nullement démontré que la roche dans laquelle von Dechen a 
trouyé Rensselaeria crassicosta appartienne aux couches rangées dans l'Ahrien 
parM. Gosselet, et il nons semble, en tout cas, qu'elle se trouvait à une notahl» 
distance sous les couches burnotiennes. Mais, puisque M. Holzapfel lui-même 
considère comme probable que la suppression de l'Ahrien est due en cet endroit 
à une faille, l'absence de l'Ahrien, fût-elle constatée, ne tirerait pas à consé- 
quence. Par contre, nous pouvons d'autant moins renoncer aux conclusions 
que M. Gosselet a déduites de l'étude du Rhénan sur le liane ouest du massif 
de Stavelot, pour établir l'existence de l'assise du grès de Vireux sur le bord 
nord de ce massif, que le levé détaillé de la carte géologique au 40000* a permis 
de constater et de confirmer le bien-fondé de l'argument de passage latérnl, 
invoqué par M. Gosselet. 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxni U 



— 198 - 

TAhrien situé au Nord de la bande Ebly-Schleiden, l€ 
même faciès qu'au Sud du bassin de Dinant. En eSet, si^ 
dans la zone littorale que les éléments terrigènes devaif^nt 
traverser pour arriver dans l'Oesling, les dépôts ocreux 
étaient limités à un niveau déterminé, il serait peut-être 
difficile de ne pas attribuer le même âge aux dépôts âi 
couches rouges de Clervaux. Il en est autrement, si les 
matières ocreuses existent à différents niveaux dans la 
zone littorale : il n'est nullement évident, en effet, que 
les courants durent emporter ces matières le plus loin 
vers le large, à l'époque où leur abondance atteignit son 
maximum, dans les dépôts littoraux. Nous savons 
d'ailleurs qu'à peu de distance vers l'Est, les couches 
rouges de la Kyll (') appartiennent à l'âge du grès de 
Vireux. 

L'argument que nous venons de développer nous parait 
rendre tellement improbable l'hypothèse d'une émersion 
de l'Oesling pendant le dépôt du grès de Vireux, que, si 
l'existence d'une lacune à ce niveau était démontrée, nous 
croirions devoir l'expliquer plutôt par une interruption 
de la sédimentation due à l'action des courants ou à toute 
autre cause. Mais, comme il est plus facile d'attribuer aux 
causes de ce genre un simple ralentissement de la sédi- 
mentation aboutissant à produire une diminution locale 
de la puissance normale des dépôts, nous croyons plus 
logique de considérer, jusqu'à preuve du contraire, les 
schistes de Clervaux comme correspondant, malgré leur 
puissance réduite, à la grauwacke inférieure de Coblence, 
dont ils occupent la situation stratigrapliique entre la 
grauwacke à faune siegenienne et le grès de Coblence. 

Le tableau ci-contre résume nos conclusions sur le syn 
chronisme des couches coblenziennes (lato sensu) du bassic 



(1) Voir toutefois la réserve que nous faisons plus haut, au sujet de la teint» 
de ces roches, p. 187, note 1. 



— 199 — 












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— 200 — 

de rOesling ou du Luxembourg avec celles du bassin d 
Coblence et du bassia de Dînant. Il va sans dire que nou 
n'avons nullement l'intention d'affirmer que les limite 
entre les formations mises en regard se corresponder 
absolument : il ne peut être question que d'un paralh 
lisme d'ensemble. Mais, même comprise avec cet! 
réserve, nous ne nous flattons pas d'avoir démontré noti 
thèse. Les relations stratigraphiques entre les couche 
de la Kyll et l'assise de Clervaux, dans la région o 
M. Gosselet l'a définie, demanderaient, pour être établie 
avec certitude, un levé géologique détaillé d'une régio 
encore trop peu connue. 11 nous suffit d'avoir montré qu« 
dans l'état actuel de la science, rien n'oblige à admettr 
l'existence, au milieu des dépôts de l'Oesling, d'une lacun 
stratigraphique, lacune dont l'existence serait difficile 
concilier avec l'ensemble des faits que nous connaisson 
aujourd'hui sur la répartition des faciès du DevonieE 
L'avenir se chargera de dire si nous nous sommes trompé 
Mais, la solution définitive fût-elle contraire à nos prévi 
sions, nous croirions avoir rendu service à la science, ei 
soulevant le doute : la conscience de notre ignorance étan 
le point de départ nécessaire de tout progrès scientifique 

M. l'Abbé A. Carpentier envoie la note suivante : 

Promenades géologiques dans /'Avesnois 
par l'Abbé A. Carpentier 

La bande carbonifère de Lez-Fontaines, 
Sars-Poteries, Beugnies 

Cette bande carbonifère a une direction ENE-OSO parai 
lèle à celle des bandes d'Avesnelles et d'Avesnes. Comme 
ces deux bandes, plus méridionales, elle est coupée dt 
vallons perpendiculaires à sa direction, souvent occupés 
par de petits ruisseaux. 



-- 201 — 

D'un relief assez accusé dans sa partie la plus orien- 
tale (Lez-Fontaines), elle s'aplanit sous Sars-Poteries et 
Beugnies. L'aile méridionale de ce synclinal carbonifère 
disparaît même sous des sables et argiles plastiques d'âge 
tertiaire. 

On peut juger approximativement de la largeur de ce 
synclinal si Ton tient compte de la présence de calschistes 
à faune d'Étrœungt dans le bois Rincheval. Nous avons 
ici la bordure méridionale de la cuvette carbonifère de 
Sars, que nous pourrions retrouver plus à l'Est, sur la 
route de Solre-le-Château à Clairfayts, si toutefois les for- 
mations carbonifères de Solre faisaient partie de la bande 
de Sars-Poteries. Les faits manquent à ce sujet; les quel- 
ques carrières de Solre^ exploitées dès 1677 (*), n'ont guère 
laissé de traces. La bordure famennienne du versant sep- 
tentrional du synclinal disparaît par places sous des sables 
argiles et cendres tertiaires (Champ d'Offies). 

L'aile sepsentrionale est bien visible à Lez-Fontaines, 
Sars-Poteries et Beugnies. On va l'étudier de l'Est à 
l'Ouest. 

Lez-Fontaines 

Quand du « Quartier » on se dirige vers « les Joncs » 
par la route qui mène à Solre, on rencontre à main gauche 
une tranchée intéressante. On y constate de l'Ouest à l'Est 
la succession suivante de bancs à pendage N-S : 
— Psammites et schistes fins (10 mètres). 
Les bancs de psammites varient de 0°»10 à 0°^20 d'épais- 
seur. Ils sont souvent noduleux, irréguliers, à surface 
niamelonnée. Les schistes verdâtres offrent par places des 
débris végétaux. Les Psammites présentent des Spirifers 



jJ,[Cf. Notice historique sur la Terre seigneuriale et les Seigneurs de Solre- 
iQ, par l8. Lebeau. 



— Schistes à nodules calcaires, parfois véritables ban''S 
calcaires irréguliers. Grand nombre de fossiles : 
Athyris Royssii et autres. Spirifer Stranianus, Goss. 
Spirifer Vcrneuilli, March. RhiincItoMlla Leliensis, Goss. 
Spirifcrina laminosa, Goss. 

— Scbistes et psammites (1,30). 

— Schistes calcaires et bancs calcaires (9 mètres). 

— Psammites et schistes (10 mètres). 

— Schistes calcareux et bancs calcaires (quelqu es 
mètres). 

- Outre les fossiles précités, on trouve à ce niveau cJ^ 
nombreux Streptorhynchus et Ciisiophyllwm. 

Somme toute, on reconnaît ici l'assise de Sains. 

Après avoir traversé la voie ferrée, on aperçoit à droi te 
plusieurs carrières. La carrière Debliquis est la plu«s 
orientale (Fig. 1). Elle est entaillée dans des bancs d'iK ^ 




calcaire encrinitique grisâtre, souvent veiné de lignca^ 
blanches de calcite, appartenant au Famenoien tout à fait 
supérieur, d'après les fossiles nombreux qu'on y trouve = 
Spirifer Vernemili, Spirifer distans, Streptorkynchus, Cli-- 
siophyllum. 

Les bancs extrêmes sont presque verticaux, souvent 
réduits à l'état de calschistes, et présentent des surfaces 
de glissement. Les baoca intermédiaires ont une épaisseur 
variant de 0,10 à 0,40, se délitent fréquemment en bancs 
plus minces, présentent des traces de glissement. Ces 
bancs intermédiaires (7,80) ondulent du Nord au Sud, de 



façon à dessiner une cuvette irrégulière, renversée sur les 
bancs verticaux les plus méridionaux de la carrière. Cer- 
tains bancs épais de la partie la plus septentrionale de la 
coupe s'amincissent et se terminent en biseau. Les bancs 
sont, par endroits, peu continus; on a souvent affaire à 
des blocs. 

A rOuestde Texploitation Debliquis, des bancs calcaires 
et des calschistes à faune d'Etrœungt et à traces de glis- 
sement très nettes et très fréquentes sont visibles dans une 
propriété privée et dans deux anciennes carrières dites 
(< Grandes Marlières ». Le banc le plus septentrional (Fig. 2) 



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»»T««(»^ 




V t 



présente des traces de glissement remarquables. Il en est 
ciemême de la partie a de la même coupe. En a, les bancs 
inférieurs sont à l'état de blocs à surface irrégulière, sou- 
vent veinés de lames de calcite ; un banc est môme par 
endroits entièrement spathique; les calschistes de ce 
niveau ondulent légèrement. 

En b, des calschistes avec nombreuses traces de glisse- 
ment sont visibles sous une épaisseur de quelques mètres 
et rappellent l'ardoise par leur couleur et leur schistosité. 
Entre a et b, des bancs calcaires (d'épaisseur variable do 
0,40 à 1,40) sont faiblement inclinés, presque horizontaux 
au voisinage de a. 

Le calcaire de ce niveau est par endroits encrinitique et 
déteinte foncée, présente de ci de là des lames de calcite, 
est souvent fendillé au point de se déliter en morceaux 
allongés perpendiculairement à la direction de» bancM, 
Certains bancs ondulent de l'Est à TOuest* 



— 204 — 

Les bancs autrefois exploités dans les deux carrier 
sont de même nature que les bancs de la carrière Debliqu i 
Les bancs de la carrière la plus septentrionale so 
presque verticaux. Les fossiles de ce niveau sont : 

Spirifer YerneuilU, Murch. Amculopecten.... 

Spirifer cïistans, Sow. Stromatopora. .. 

Athyvis Royssii, Vern. Syringopora. 

Chonetes variolataj de Kon. ClisiophyllumOmaliusi^lidln 

Streptorhynchus crenistria, Phill. 

Signalons en passant, à l'Ouest de cette coupe, un alla 
sèment de terrain perpendiculaire à la direction ENE-OI 
des bancs et livrant passage au ruisseau des Ries, qui c 
tecte Teau des ruisseaux de Lez-Fontaines. A TOuest de 
petit vallon, la carrière Fournier est entaillée dans c 
bancs d'un calcaire encrinitique grisâtre, veiné de calci 
dont la surface présente des lames spalhiques et de no 
breuses traces de glissement. Les fossiles, peu nombrei 
sont : Spirifer distans^ Streptorhynchus^ Clisiophyllum. 

Après avoir étudié cette partie intéressante du territo 
de Lez-Fontaines, dirigeons-nous de l'église vers « 
Trieu ». Un petit chemin, de direction N S, montre de 
ses tranchées plusieurs mètres de schistes finement fei 
Jetés, verdâtres ou jaunâtres, à Spiriferina octoplica 
puis, au-dessus de ces schistes, une alternance de bai 
de calcaire encrinitique (pendage N-S). Les bancs mini 
et irréguliers de petit granité, découverts dans la propri 
de M. Roger, se placent au dessus des formations pré 
dentés. J'y ai retrouvé presque tous les fossiles du p( 
granité ; je signale spécialement quelques débris de de 
6 e Psammodus, 

Trois carrières, l'une autrefois exploitée à l'Est de 
chapelle du Trieu, les deux autres ouvertes à l'Ouest 
cette chapelle, se suivent à peu près en ligne droite 
l'Est à l'Ouest. Nous y voyons par conséquent les mer 
bancs (inclinés vers le SSO\ 



— 205 — 

On observe à présent dans l'ancienne carrière (*) du Sud 
au Nord : 

— quelques mètres (4 à o m. visibles) de calcaire encri- 
nitique à grain fin, géodique par endroits (souvent à 
géodes pleines) ; 

— bancs calcaires à géodes creuses (2,50); 

~ bancs calcaires à phtanites en lentilles ou en rognons 
irréguliers (2,80). Certains phtanites ont 0^30 de largeur 
et forment dans ce cas de véritables bancs. 

L'épaisseur des bancs de calcaire encrinitique varie de 
1 mèlre à 0,15; les gjjos bancs se délitent souvent en bancs 
plus minces (de 0,10 à 0,30). 

Dans la plus orientale des carrières Lefebvre, les mêmes 
bancs se retrouvent. Un banc de calcaire encrinitique a 
Im. 30 d'épaisseur. La surface du banc plus mince qui le 
supporte présente des traces de glissement. Certains bancs 
d'un calcaire foncé (0^10 a 0,15 d'épaisseur) contiennent 
des Phtanites lenticulaires et se placent à une huitaine de 
mètres sous les précédents. 

La carrière la plus occidentale, dite carrière IManard, 
est actuellement exploitée. Outre la présence de phtanites 
déchaussés à la partie supérieure de cette exploitation 
(sous une épaisseur de quelques mètres), j'y ai remarqué 
•es fossiles suivants : 

Brachiopodes 

Pfoihictus punctatus, Martin? Ortlda.... 

Chonetes.... Rhi/nc/ioncUn /druru(/n/i, l'hlll. 

Ortkis resupinata, M a rti n . 

Gastropodes (nombreux; 

^'^omphalus.... Loxone/no,.., 

^dcrochci ina. . . . Chcmnitzia.. . 

Polypiers : AmpU'xus, etc. /nombrenx; 

(1) Voir L'Ardenne, p. W9, 



— 206 — 

Sars-Poteries 

Au lieu de suivre la route de Lez-Footaines à Sars, pre 
nons un sentier qui nous mène à l'endroit dit « Lescallié » 
au Nord-Est de la station de Sars. On peut y visiter quatre 
exploitations, au Nord desquelles passe une bande d' 
phtanites bruns (dont quelques-uns ont jusque 0,1- 
d'épaisseur) empâtés dans une argile souvent rougeâtre 
On observe ces phtanites dans la tranchée du champ de tî 
de Sars ; on a déjà eu Toccasion de les signaler à Le2 
Fontaines; on les retrouvera à plusieurs reprises ver 
rOuest. A Lez-Fonlaines, ils proviennent des bancs supe 
rieurs du calcaire géodique. Il doit en être de même 
Sars, et le calcaire encrinitique plus ou moins géodiqii 
doit se trouver au Nord des carrières « Lescallié », oi 
nous observons des formations qui, normalement, soa 
supérieures au calcaire géodique. On constate, en eflel 
dans ces carrières, une alternance de calcaire dolomitiqa 
et dolomie avec du calcaire gris à grain fin, rappelant pa 
sa texture, sa richesse en chaux, le calcaire qui se pJac 
au dessus du calcaire en blocs à Productus sublœms d 
Godin et de Baldaquin. 

Ces quatre carrières, se succédant à peu près en lign 
droite de TEst à l'Ouest, montrent la succession suivant 
de bancs à pendage NNO-SSE : 

— Inférieurement : bancs dolomitiques, cendreux à 1- 
surface. 

— Calcaire gris à Productus sublœms, en blocs (3,30J 

— Calcaire doJomilique (4,50) stratifié par endroits, géc 
dique à géodes petites et remplies de calcite ou grandes 
et creuses avec grands cristaux spathiques. Ces bance 
moins épais que les blocs de calcaire gris, sont souvec 
altérés (certaines parties sont cendreuses ; des lames tB 
calcite les traversent irrégulièrement) au Sud de la vot 
ferrée des bancs de structure analogue, présentant p^ 



— 207 — 

places de nombreux Hroductus suhlœvis et Christiani, sont 
visibles près de la gare de Sars, dans une exploitation de 
M. Buisset. Ils soot sans doute légèrement supérieurs aux 
bancs précédents. 

— Calcaire gris en blocs à Hroductus sublœns et Chris- 
tiani, Chonetes papilionacea et Polypiers cornus. 

Sous le limon, une couche argilo-sableuse irrégulière 
et peu épaisse recouvre la surface supérieure des bancs, 
que coupent fréquemment des lames spathiques perpen- 
diculaires à leur direction. Les mêmes phénomènes s'ob- 
servent dans les carrières de calcaire gris à Hroductus 
sublŒvis de la bande d'Avesnes. De même qu'à Godin (*), 
la structure en blocs du calcaire a facilité et facilite Taction 
des eaux, qui travaillent irrégulièrement la surface des 
blocs. 

Suivons un sentier toujours au Nord des voies ferrées 
de Sars-Maubeuge et Sars-Avesnes. Un peu au Nord 
d'un passage à niveau, la route de Sars à Dimont est 
ouverte dans des bancs à pendage N-S. Ce sont, du Nord 
au Sud : 

— Schistes calcareux à Spiriler Verneuilli, Streptorhyn- 
^hus, Chonetes Rardrensis, Atlnjris 

-Bancs psammitiques et schistes alteroant réguliè- 
rement. 

— Schistes à nodules calcaires à Clisiophyllum. 

Après avoir traversé le chemin de fer. dirigeons-nous 
vers la station de Sars. Voici, à main gauche et à l'Ouest 
delà gare, la carrière de M. Jaumaux. Avant de l'étudier 
6n détail, signalons près la gare quelques bancs dolo- 
niitiques et, à gauche de notre route vers la gare, une 
exploitation de sable avec grès et argile à silex pyro- 
niaques et galets quartzeux et gréseux. Cette exploitation 

P^l Je signale à ce propos qu'on a trouvé entre les blocs du calcaire massif de 
'ïOQin une excavation de huit mètres de profondeur; la surface a été travaillée 
I^ies eaux; elle donne accès dans une autre excavation. 



~ 208 - 

de M. Nicolas est ouverte dans une poche à la surface c 
quelques bancs dolomitiques. Les bancs de la carrièJ 
Jaumaux, entaillée au Sud du ruisseau des Verts-Pré 
sont de calcaire encrinitique grisâtre ou noirâtre, pyrileu 
par places (épaisseur 14 mètres). Les bancs calcaires (d 
0,10 à 0,30) alternent régulièrement avec de minces lits d 
schistes ou calschistes (0,10). 

Les bancs les plus septentrionaux ondulent légèremei 
à la superficie ; deux de ces bancs se délitent en petil 
blocs. 

Une poche de sable et argile est exploitée, comme on 1 
dit, dans une exploitation ouverte au Sud de la carrièi 
Jaumaux. On voit dans cette dernière carrière le boi 
septentrional de cette poche sablo-argileuse. Queiqut 
phtanites pris dans de l'argile, remaniés presque si 
place, nous indiquent que la bande de phtanites exis 
dans le village de Sars. Le calcaire géodique existe sai 
doute au-dessus et au Sud des bancs de la carrièi 
Jaumaux. 

Dans ces bancs, les fossiles sont nombreux et variés : 

Spirifer clnctus, A. de Keys. (*) Streptorht/nchuscremstria,Ph\] 

Spirifev distans, Sow- Orthis resupinata^ Martin. 

Spirifer Strunianus, Goss. Phlllipsia gemmuli/era, Phill. 

Spiri/erina laininosa, Coy. Phillipsia sans granulation 

Spirifcrina Molleri, de Kon. Sanguilonites Visetensis, de Koi 

Athyris Royssii, Lev. CapuLus.... 

Produclus Flcmifif/ii, de Kon. Bélier opho a... 

Productus niger, Goss. Naticopsis tariata, Phill. 

Productus striatas, de Kon. Phaneroiinus serpula, L. G. 

Choneies variolata, de Kon. Bryozoaires divers. 

Chonetes papilionacea, Phill . Miclielinia. . . . 

Strophonema analoga, Sow. CUsiophijllum, etc. 
R/tynchonella pleurodon, Phill. 

Dans le village même de Sars, derrière la maison d 



(1) Les Spirifevs, Spirifévines, Streptorhynchus et Naticopsis sont tr< 
nombreux. 



— â09 — 

M. Brassard, quelques bancs de calcaire gris (Chonetes 
papilionacea et Polypiers radiés) alternent avec des bancs 
dolomitiques sous une épaisseur de quelques mètres. La 
partie superficielle est souvent altérée par Faction des 
eaux d'infiltration, qui traversent facilement la mince 
couche de sable recouvrant ces bancs par endroits. 
L'épaisseur moyenne de ces bancs à pendage NNO-SSE est 
de 0,60. 

En prenant de ce point le chemin qui mène aux «Bâtis», 
on aperçoit à gauche deux exploitations de sable, argile et 
terre à poteries. Des Bâtis, un chemin à droite nous 
ramène dans le village même de Sars. Suivons-le quelque 
peu. A main gauche voici une carrière de bancs d'un 
calcaire grisâtre encrinitique, veiné de calcite et pyriteux 
par places. Cette carrière, appartenant à M. Gilet, fournit 
les fossiles de la zone d'Étrœungt (Clisiophyllum^ Strepto- 
f'ynchus, grands Spirifers distans. 

Reprenons notre chemin vers les Bâtis, traversons la 
voie ferrée de Sars à Avesnes. La tranchée voisine du 
passage à niveau offre une alternance de schistes etpsam- 
n^iles à végétaux et Spirifer Verneuilli avec des schistes 
calcareux et bancs calcaires à : 

Spirifer Verneuilli, Murch, Rhi/nchonella Letiensis, Goss. 

^fiiriferina laniinosa, Coy. Streptorhynchus (nombreux). 

^^fiyris Royssiiy LeY. Bryozoaires (Id.). 

C'est la bordure famennienne de l'aile septentrionale du 
synclinal carbonifère de Sars. 

Beugnies 0) 

Des « Bâtis » de Sars, quand on se dirige vers a la 
Savate », un petit chemin à gauche, parallèle à la voie 
^^rréede Sars à Avesnes, présente dans une de ses tran- 
chées des phtanites déchaussés dans une argile rougeâtre 

I (^) Cf. Annales Soc. Géol. du Nord. T. XVI, p. 303. 



I 



— 210 — 

empâtant des silex pyromaques. Cette argile avec phla- 
nites se retrouve dans la tranchée du chernin de fer pré- 
cité. Quelques bancs d'un calcaire compact plus ou moins 
saccharoïde, avec traces de Productus...., sont \is\h\es non 
loin de là. 

A rOuest de cet endroit, il nous reste à étudier une 
carrière exploitée par M. Moronval, marbrier à Avesoes. 
Les bancs inclinés NNO-SSE se présentent comme suit du 
Nord au Sud : 

— Calcaire dolomitique et dolomie, à phtanite' 
déchaussés à la partie supérieure des bancs et empâté 
dans de Targile à silex pyromaques (2,50). 

— Calcaire encrinitiqueplusou moins géodique (géode 
pleines). Chonetes papilionacea, polypiers (9 m.). 

— Calcaire dolomitique. 

Certain banc^ susceptible d'un beau poli, est exploit 
comme marbre. 

Remarques générales et Conclusions 

Remarques stratigrapliiques. — Voici, en résumé, 1 
constitution de la bande carbonifère de Lez-Fontaines 
Sars-Poteries, Beugnies : au-dessus des alternances d 
psammites, schistes et calcaires du Famennien supérieui 
on observe une quinzaine de mètres de schistes et banc 
calcaires, surtout visibles à la carrière Jaumaux, de Sars 

Au-dessus se placent probablement des schistes à Spiri 
ferina, les alternances de schistes et calcaire encrinilique 
les petits bancs de petit granité, très minces, de Le^ 
Fontaines. Je dis probablement, car, étant donné L 
caractère de la faune des bancs de la carrière Jaumau? 
ces bancs pourraient être d'un niveau supérieur à la zoo 
d'Étrœungt. (') 

(1) D'après de plus récentes recherches, ces bancs calcaires et ces schistes 
rapprochent, par leurs caractères petrographiques et paléontologiques, d 
formations qui, dans les bandes d'Avesnes, Avesnelles, Saint-Remy, etc- 
prennent place entre les Schistes à Splriférines et le petit granité. 



— 211 — 

Au-dessus de ces formations se placerait le calcaire 
encrinitique géodique par places, à phtanites épais et 
nombreux dans les bancs supérieurs. Ces phtanites se 
rencontrent de Lez-Fontaines à Beugnies et probablement 
plus àrOuest, en passant par le champ de tir de Sars, la 
carrière Jaumauxet les deux endroits dont il vient d*êlre 
question dans l'étude du territoire de Beugnies. Ils sont 
déchaussés à la partie supérieure des bancs et permettent, 
ce me semble, de suivre, du Trieu de Lez-Fontaines à 
BeugDies, les bancs de calcaire géodique. 

Au-dessus des bancs à phtanites se placerait, d'après 
nos observations, une alternance de calcaire dolomitique 
et calcaire gris qu'on pourrait suivre des carrières Les- 
callié, de Sars, à la carrière Moronval, de Beugnies, en 
passant par la gare de Sars, la maison Brassard et l'affleu- 
rement visible dans le chemin de Beugnies aux Bâtis, à 
l'Ouest de la voie ferrée de Sars à Avesnes. 

Quant aux formations qui occupent la partie médiane 
du synclinal, les documents font défaut. 

D'autre part, l'étude de la bande carbonifère de Sars 
«^mène naturellement la question suivante : les formations 
carbonifères autrefois exploitées à Solre faisaient-elles 
partie du synclinal de Sars ou constituaient-elles une 
bande spéciale à l'Est de la précédente? Sans exagérer 
l'importance de cette question d'un intérêt purement 
théorique, contentons-nous de remarquer que, d'après la 
première hypothèse, la partie orientale de la bande de 
Sars serait rejetée vers le Sud (à Solre) ; l'allure singu- 
lière de certains bancs et les nombreux phénomènes de 
glissement signalés dans la partie orientale du territoire 
de Lez- Fontaine trouveraient leur explication naturelle 
dans la présence en cet endroit d'une faille horizontale. 
Dans la seconde hypothèse, les faits de glissement et la 
verticalité remarquable de certains bancs de calcaire 



- 212 — 

d'Etrœungt s'expliqueraient de la sorte : les formations du 
Faraennien supérieur, qui s'épanouissent largement à 
TEst de Solre, seraient en partie resserrées entre les deux 
synclinaux de calcaire carbonifère de Solre et de Sars. 

Remarques paléontologiques. — Les bancs de calcaire 
encrinitique et schistes de la carrière Jaumaux, de Sars, 
me paraissent être un niveau très intéressant. Les fossiles 
y sont nombreux, variés ; de plus, on y rencontre des fos- 
siles de formations inférieures au petit granité (zone 
d'Etrœungt, calcaire noir, schistes à Spiriférines) et des 
fossiles appartenant au petit granité. Les Spirifers y sout 
fréquents, spécialement un Spirifer de forme subovale, s 
sinus et lobe médian peu déterminés, dont le test est cou 
vert de fines stries donnant lieu à un treillis, bien visible 
5ur les grands spécimens. Ce Spirifer répond aux carac 
tères du Sp, cinctus, de Kon. 

— Le calcaire gris, plus ou moins dolomitique p^ 
places, provenant des carrières Lescallié ou de la pr^ 
priété de M. Buisset, de Sars, présente une faune int^ 
ressante. D'après les échantillons de Produclus que j " 
ai recueillis, on trouve à ce niveau un fossile ofïrac: 
tous les caractères du Productus Cliristiani, de Kon (M, qi^ 
Davidson (2) considère comme une variété de Productif 
sublœvis, de Kon. Ce dernier se rencontre d'ailleurs dans M 
même calcaire de Sars-Poteries. Le Produclus Christian 
de Kon., est une grande coquille ornée de fines stries loir: 
gitudinales comme le sublœvis; la valve ventrale, tr^ 
bombée, parfois même géniculée, ne présente de larg^ 
plis transverses que sur son disque viscéral; la partm 
antérieure est couverte de simples stries d'accroissemeKi: 
iM. L. de Koninck avait [)lacé ce Produclus Christiani pi — 
du Produclus mesolohus, Phill, et,de fait, certains spécim^ 3 

(1) Monographie des Produclus, p. 274. PI. XVII, Fig. 3. 

(2) A nionograph of British Carboniferous Drachiopoda, Th. Davidson, 
p 178. PI XXXII, Fig. 1. 



— 213 — 

présentent un bourrelet médian garni de quelques tuber- 
culesdans le sinus, d'ordinaire peu profond, de leur valve 
ventrale. Par la présence de plis trans verses, ce Productus 
se rapproche du Productus undatus, Defr., et du Productus 
plicaîilis, SoflB. ; le Productus undatus a des plis anguleux, 
épais et disposés en terrasses, les uns au-dessous des 
autres, sur toute la surface de sa valve ventrale; le Pro- 
ductus plicatilis se distingue par sa forme nettement trans- 
verse. Somme toute, le Productus Christiani serait une 
variété voisine du Productus sublœms, variété remarquable 
par sa grande taille, la finesse de ses plis longitudinaux, 
la présence sur sa face ventrale de plis transverses très 
nets, qu'on peut retrouver sur certains spécimens plus 
petits des formations massives de Godin et de Baldaquin. 



Forages aux environs de Lille 

Sondage à Loos, chez MM. Brabant frères, filateurs de coton 

par MM. Pagniez et Brégi 

^Uitude Profondeur Épaisseur 

23 Limon 2 

2 Limon sableux 1 

20 3 Craie impure en fragments ... 6 

9 Craie blanche 3 

11 12 Meule 1 

10 13 Craie grise 7 

3 20 Dièves 40 

^37 60 Calcaire carbonifère 2 

■~ 39 62 Galets dans une poche 2 

^ 41 64 Calcaire carbonifère 28 

^ 69 92 Couche charbonneuse 0,20 

Calcaire dur 3,80 

^ 73 96 Fin du sondage 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii 15 



AUitiide 1 


Profondeur 


22 





20 


2 




6 




12 




14,5 





22,5 




23 




25,5 




33,5 


- 14 


35,7 




57,7 


- 39 


60,7 



— 214 — 

Forage à Lammelet, à PAsUe dis AKinés 
par MM. Pagxiez et Brégi 



ÉpaisKiir 

Argile janoe sableuse 5,50 

Sable gris avec gravier cfayeox. . 1,50 

Sable gris 2 

Sable gris avec gravier crayeux. . 2 

Argile grise bleuâtre sableuse . . 2 

Argile grise bleuâtre plus compacte 1 

Argile bleuâtre assez dure. ... 5,50 

Argile grise grasse avec silex. . . 1 

Sable gris verdâtre avec gravier . 1 

Argile bleuâtre et noirâtre ... 3 

Sable gris durci 0,80 

Argile bleue et noir avec sable gris 

intercalé 2,20 

Argile bleue noirâtre grasse ... 9 

Craie blanche sans silex .... 11,25 

Eau. 

Craie blanche avec silex .... 27,75 

Craie blanche 15 

Marne grise 10 

Dl^ves 8,75 

Calcaire carbonifère fissure ... 4,75 

Eau. 



Forage chez )l. Denoyelle, à Lambersart 
par MM. Pagniez et Brégi 



Épaisseur 

Argile jaune (Limon) 2 

Sable roux à grains fins .... 4 

Sable gris un peu gras. .... 6 

Sable roux à gros grains .... 2,5 

Terrain gris avec gravier crayeux . 8 

Tuffeau 0,5 

Sable vert mêlé de croûtes dures . 2,5 

Glaise bleue 8 

Tufieau 2,2 

Craie blanclie 20 

Oaie à silex fissurée 5 

Fin du sondage. 



Altitade 


Profoodear 


21 





16 


5,50 

7 




9 


10 


11 




13 




14 




1 


19,5ï) 
20,50 
21,50 
24,50 
25,30 


- 15 


27,50 
36.50 




47,75 




75 


- 69 


90 


- 79 


100 


88 


108,75 



— 215 - 



MANIFESTATION 



en l'honneur de M. Ch. BAEROIS 



Le 25 Juin 1904 



À la suite de rélection de M. Charles Barrois à 
Académie des sciences, ses collègues de la Faculté des 
ciences de Lille désireux de fêler un événement si 
mporlant pour l'histoire de la science à Lille et en même 
emps de témoigner à M. Ch. Barrois leurs sentiments 
l'amitié et d'admiration, désignèrent un comité, sous la 
)résidence de M. le doyen Damien et avec M. Malaquin 
K)mme secrétaire, pour organiser une manifestation, 
^e comité comprenait des membres de l'Université, de 
^ Société des sciences de Lille, de la Société géologique 
lu Nord, de la Société des amis et anciens étudiants de 
'Université de Lille. 

Le comité décida qu'un banquet par souscription serait 
►flert au nouvel Académicien par les membres des 
compagnies et Sociétés précitées. Les adhérents au 
lombre de 140 se réunirent le 25 juin 1904, à l'hôtel 
)elannoy, sous la présidence de M. Lyon, Recteur de 
Académie de Lille. 
A l'issue du banquet, divers toasts furent portés. 



— 216 — 



TOAST 



DE 

M. DAMIEN 

Doyen de la Faculté des Sciences, Président du Comité d'organisation 



Mon cher Bârrois, 

C'est pour moi un bien grand plaisir de devoir aujour 
d'hui vous apporter, au nom de la Faculté des Sciences 
tout entière, nos plus sincères félicitations et Texpression 
de notre vive et profonde amitié. 

Lorsque votre candidature a été posée à l'Académie des 
Sciences, nous savions, à n'en pas douter, que les portes 
de l'Institut de France allaient s'ouvrir toutes grandes 
devant vous. Nous connaissions votre haute valeur scien- 
tifique et nous savions comment elle était appréciée. Qu'il 
me soit permis. Messieurs, de vous donner ici communi- 
cation d'une lettre que je viens de recevoir de M. Albert 
Gaudry, que l'état de sa sauté empêche d'être avec nous 
en ce moment, et où Téminenl doyen de la section de 
Minéralogie à l'Académie des sciences apprécie en ces 
termes l'œuvre scientilique de notre collègue : 

« Comme président du Congrès géologique interna- 
tional de 1900, ayant pour secrétaire général Charles 
Barrois, j'ai vu de près ses éminentes qualités et j'ai été 
frappé du prestige dont son nom est 'partout entouré à 
l'étranger. Chargé par l'Académie des Sciences du rapport 



- 217 - 

ur ses travaux, j'ai dû les étudier à fond et j'ai dit quel 
ï^îuliment d'admiration ils m'inspirent. Cet infatigable 
géologue a entrepris d'importantes recherches en Angle- 
terre, en Espagne, au Canada aux-Etals-Unis. Mais il a 
surtout éclairé la genèse du sol français. 

)) L'histoire primitive de la Bretagne, racontée par 
M. Cil. Darrois, est certainement une des plus étonnantes 
et des plus grandioses qu'on puisse imaginer. Les mouve- 
ments et les plissements de terrains, leurs métamor- 
phismes et plus tard leurs dénudations ont été si 
immenses que de petites créatures comme nous, nées 
^'hier, ont peine à y croire. La paléontologie nous 
apprend que la nature animée a été en continuel mouve- 
ïient. Les rochers se transforment, tout change. 

» Je n'admire pas seulement l'œuvre scientifique de 
^iirrois, qui nous initie aux mystères de la création, 
^'aime son âme simple et bonne. Aussi, je tiens à vous 
'ire: «Je suis uni de cœur avec ceux qui fêtent aujour- 
d'hui le nouvel élu de l'Académie des Sciences. . . » 

Ce qui nous préoccupait, mon cher Barrois, c'était de 
avoir si le nouvel académicien allait rester avec nous, 
^ous savions que par les démarches de notre cher Becteur 
es difficultés ne viendraient pas de l'Université. Mais 
'Académie allait-elle abandonner une tradition séculaire 
t permettre à un de ses membres d'être professeur en 
ï'ovince ? Votre grande notoriété a renversé tous les 
bslacles, et votre télégramme du 9 mai : « Nommé à 
Institut, reste professeur à Lille » a dissipé toutes 
^os craintes. 

Et où seriez-vous mieux qu'à Lille, mon cher Barrois, 
lans cette Faculté à laquelle vous appartenez depuis plus 
k 33 ans, au milieu de collègues qui sont fiers de vous, 
îDtouré d'amis sincères et dévoués ! 



— 218 - 

Vous m'en voudriez certainement, mon cher Barrols, si 
dans une circonstance aussi solennelle je n'associais votre 
nom à celui du maître vénéré, qui nous donne encore à 
tous l'exemple de l'activité scientifique et qui a eu la 
grande joie de voir son élève de prédilection obtenir la 
plus haute récompense qu'un savant puisse ambitionner. 
Il ne nous est pas possible de vous séparer dans notre 
affection. Je vous demanderai. Messieurs, de vous joindre 
à nous pour confondre dans une même pensée M. Barrois 
et M. Gosselet, et permeltez-moi de porter en même temps 
la santé du maître et celle du disciple. 




— 219 



TOAST 

DE 

M. GOSSELET 

Doyen honoraire de la Faculté des Sciences, 
Président de la Société des Sciences, Directeur de la Société géologique 



Mon cher Barrois, 

La Société des Sciences dont vous avez été le président, 
et la Société Géologique du Nord, dont vous êtes un des 
fondateurs et le président toujours acclamé, viennent 
joindre leurs félicitations à celles de l'Université. Elles 
sont glorieuses de l'entrée à l'Académie d'un de leurs 
membres qu'elles ont vu naître et grandir dans la science. 

Il y a 35 ans, en 1869, un beau dimanche d'été, je fus 
agréablement surpris, lorsque deux jeunes gens paraissant 
encore des collégiens, m'abordèrent place de la Gare, au 
moment ou nous nous réunissions pour partir en excur- 
sion au Mont de la Trinité, et me demandèrent la permis- 
sion de m'accompagner. C'était vous et votre frère. 

Dès lors, vous fûtes pendant plusieurs années le 
compagnon fidèle de nos excursions, sans vous laisser 
décourager par les fatigues de la vie géologique. 

Vous m'en voudriez, mon cher Barrois, si en parlant de 
vos débuts dans la vie, je n'évoquais pas le souvenir de vos 
regrettés parents, de votre vénéré père, de votre excel- 
lente mère. Ils ont dû prévoir l'avenir qui vous attendait, 
zar ils vous ont donné cette éducation libérale de l'esprit 



— 220 - 

et du corps, qui vous permettait de briller dans les pli 
hautes situations. 

Ils vous ont surtout appris qu'un homme, quelle cj' 
soit sa fortune, doit se faire lui-môme par son trava 
Vous avez courageusement suivi ces sages préceptes. 

Nos courses communes ne suffisaient pas à votre zèl 
vous vous êtes livré, aussitôt que possible, à des expl 
rations personnelles. Dès 1872, vous débutiez dans 
science par une note sur la comparaison des assis 
crétacées des Tranchées du Chemin de fer de St-Omer 
Boulogne, avec celles du Blanc-Nez [I] (^). 

Dès lors vos publications se succèdent avec une abo 
dance qui témoigne de vos labeurs et qui stupéfie cet 
qui vous lisent. Vous abordez de prime abord les det 
grandes voies ouvertes alors à l'activité des Géologue 
En même temps que vous étudiez la stratigraphie de 
craie, vous publiez des notes sur les Poissons fossiles, si 
les Reptiles, sur les Ammonites, etc. 

Vous êtes à la fois paléontologiste et stratigraphe : E 
reste vous eussiez pu devenir un zoologiste aussi distii 
gué, que vous êtes éminent géologue, comme en témoigr 
votre thèse sur les Eponges. 

En même temps vous donnez une preuve de v( 
connaissances en langues étrangères en analysant 1< 
travaux de Whilaker sur le sud de l'Angleterre et cei 
de Fr. Sclimidt sur l'Ile de Sackalin. 

Ces études de jeunesse avaient été appréciées comn 
elles le méritaient par les géologues. Aussi lors de 
réorganisation du service de la carte géologique de Franc 
vous avez été chargé de la feuille de Rethel. 

C'est alors que se montrèrent nettement, outre vol 
intelligence géologique, les qualités physiques qui voi 

(1) Ces signes en chifires romains renvoient aux chapitres d'un arti 
suivant où sont exposés les principaux résultats des travaux géologiques 
M. Ch. Barrois. 



r- 221 r- 

perraettaient les plus grands efforts. Sur retendue de cette 
feuille, comprenant 2500 kilomètres carrés, il y avait bien 
quatre voies ferrées, mais elles étaient situées aux quatre 
coins de la carte. Vous avez dû faire tous les trajets à pied, 
de soir comme de matin, souvent presque de nuit. 

Dans toute la feuille, il n'y avait pas une ville, où Ton put 
trouver quelque confort. Vous deviez passer vos journées 
entières seul, au milieu d'une population que l'invasion 
avait rendue soupçonneuse et hostile, qui prenait pour un 
espion tout inconnu porteur d'une carte. Vous avez alors 
couru plus d'un danger. Tout autre eut ct3 dégoûté à tout 
jamais de la géologie ; vous^ vous y puisez une nouvelle 
ardeur. 

Votre feuille de Relhel était à peine terminée [II] que, 
nouveau Guillaume, non pas de Normandie cette fois, 
mais de Flandre, vous partez à la conquête de l'Angleterre. 

A cette époque, les jeunes géologues qui voulaient une 
thèse pour le Doctorat ès-sciences, se rendaient dans un 
pays géologiquement peu connu, en Espagne par exemple. 
Ils étaient assurés de pouvoir en rapporter des obser- 
vations nouvelles leur permettant d'édifier une thèse. 
Vous, vous vous dirigez vers la terre classique de la 
géologie, dans le pays qui avait servi de modèle au monde 
et qui compte le plus de géologues, le Kent, le Sussex, le 
Hampshire, etc. Vous y trouvez des faits que les Anglais 
n'avaient pas soupçonnés. Vous montrez que la craie où 
ils s'étaient bornés à faire quelques divisions lithologiques 
présente les mêmes zones paléontologiques qu'en France. 
Vous suivez ces zones, vous en tracez la tectonique. Plus 
entreprenant que Guillaume, vous poussez vos conquêtes 
jusqu'en Irlande [III]. 

Les Anglais ont aujourd'hui complètement adopté toutes 
vos conclusions. Ils les ont prises comme base de leur 
carte géologique. La Société Géologique de Londres, vous 



— 222 — 

a témoigné sa reconnaissance en vous conférant sucée 
sivement la médaille Bigsby, puis la médaille Wollast(^ 
la plus haute récompense dont elle puisse disposer ; 
elle a écrit votre nom sur la liste de ses membr 
étrangers. 

A peine de retour en France, et reçu Docteur ès-science 
vous acceptez la lourde mission de lever la carte géol 
gique de la Bretagne, comprenant vingt feuilles d'Et 
Major. C'était Tœuvre d'une vie toute entière. Uentrepri 
était hardie. La Géologie de la Bretagne était à peii 
ébauchée. D'illustres savants, Dufresnoy, Boblaye, Dur 
cher et d'autres, y avaient travaillé sans résoudre 1 
questions principales, sans même se douter de la cor 
plexité technique du pays. Il semblait que le sol bret( 
s'obstinât à rester caché aux savants avec le même entêl 
ment que ses habitants avaient mis à résister à l'absor 
tion française. Mais le Flamand est, dit-on, aussi têtu qi 
le Breton. Votre ténacité a eu raison de la résistance arm 
ricaine. 

En bon tacticien, vous avez voulu vous préparer à 
lutte avec toutes les armes modernes. Vous avez compi 
qu'ayant à faire la géologie d'une région, où les roch 
cristallines sont très développées, vous deviez vous mett 
au courant des méthodes de pétrographie microscopiqi 
qui venaient de s'introduire dans la science. C'est alo 
que vous allâtes à Paris étudier dans le laboratoire c 
MM. Fouqué et Michel Lévy. Vous êtes devenu bientôt u 
des maîtres de la nouvelle science, au point que la Socié 
Minéralogique de France vous choisissait comme vici 
président. 

Ainsi préparé, vous pouviez vous mettre à l'œuvre. C 
que vous avez fait en Bretagne, je ne puis le rappeler ici 
ce serait beaucoup trop long et trop technique. Je m 
bornerai à dire que vous avez complètement réussi. No 



— 223 — 

seulement vous avez expliqué la structure géologique 
du sol breton, mais vous avez encore élucidé un grand 
ûombre de questions de géologie générale [IV]. 

Si la carte géologique de Bretagne était votre œuvre 
principale et en quelque sorte votre travail normal, elle 
Q'a pas suffi à absorber votre activité. 

En 1877, vous allez en Espagne, dans les Asluries et dans 
ia chaîne Cantabrique. Vous y reconnaissez la faune pri- 
'nordiale, ses rapports avec les autres assises siluriennes 
et vous parvenez à établir les relations des couches de 
i*Espagne avec celles du centre de l'Europe [V]. 

Le gouvernement espagnol, reconnaissant des services 
que vous rendiez à la géologie de la péninsule, vous 
accorda la croix de Commandeur de Tordre de Charles III. 
Vous avez rapporté de ce voyage une affection parti- 
culière pour l'Espagne, pour les Pyrénées et pour leurs 
^^pendances. Vous aimez à déterminer les fossiles qu'on 
^ous en envoie. Ils vous ont fourni des conclusions très 
î On portantes [V]. Ainsi ils ont été l'occasion de votre grande 
Synthèse des faunes de Graptolites d'Europe et d'Amé- 
ï*ique, où vous établissez la parfaite uniformité des 
^aunes siluriennes dans tout l'hémisphère nord [VI]. 

En 1884, le gouvernement français envoyant en Espagne 
Une mission, sous la direction de M. Fouqué, pour étudier 
les tremblements de terre qui ébranlaient l'Andalousie, 
Vous fûtes naturellement appelé à en faire partie. Vous en 
Qvez rapporté un grand travail sur la géologie de la 
chaîne Bétique. 

En 1878 vous partez pour l'Amérique; vous y retournez 
en 1891, toujours poussé par le désir de comparer les 
formations géologiques des deux côtés de l'Atlantique. 
Vos études furent vivement appréciées par vos collègues 
Américains, qui vous associèrent à leurs travaux. 
Vous ne négligiez pas pour cela l'Europe centrale. 



— 224 — 

L'Allemagne reçut plusieurs fois votre visite Demie 
renient encore le marteau à la main, vous parcouriez la 
Russie, la Bohême, la Hongrie. 

Malgré les voyages continuels qui vous entraînaient au 
loin dans les deux mondes, vous ne perdiez pas de vue i-* 
la géologie du sol natal. Le bassin houiller du Nord a été, F 
à diverses reprises, Tobjet de notes assez courtes, mais 
d'une grande importance [VUJ. Des 1874, vous en étudiez 
les particularités en y signalant la présence de fossiles 
marins. La découverte de l'âge silurien des schistes 
fossilifères de Liévin a modifié de la manière la pl^^ 
heureuse nos idées sur la structure du bassin houill^^' 
et votre étude sur les galets de Nœux est vea^^ 
apporter un argument sérieux en faveur de la théorie ^^ 
M. Potier. 

Aucune question de la Géologie ne vous est étrangè:*^^. 
Grâce à la connaissance pratique des grandes langt»-*^ 
européennes, vous suivez ses progrès dans le mon ^^ 
entier. Aussi tous vos travaux sont marqués par u h^® 
bibliographie, qui témoigne de l'étendue de votre scien ^^ 
et de la multiplicité de vos lectures. 

Vos relations avec les géologues de tous les pays vol;* ^ 
désignèrent naturellement pour être Secrétaire du Congr^^ 
international de géologie, lorsqu'il s'est réuni à Paris e^ 
190(». Nous avons pu alors constater qu'à votre mérite d^ 
savant, vous joignez un admirable esprit d'organisateur- 
Grâce à vous le Congrès a eu le succès le plus complet. 
La France a pu offrir aux géologues étrangers une hos- 
pitalité qui n'était pas inférieure aux fastueux Congrès 
de Russie et d'Amérique. 

C'est à vous personnellement que l'on doit ce résultat; 
c'est vous qui êtes arrivé à mettre de l'ordre dans nos 
travaux au milieu de cette Babel, qui a clos le XIX^ siècle 
d'une manière si brillante pour la France; c'est vous qui 



avez su réunir les ressources nécessaires à notre gran- 
diose manifestation géologique. 

Le gouvernement, qui n'avait pu vous accorder aucune 
aide, vous a, au moins, témoigné la reconnaissance 
publique en vous élevant au grade d'Officier de la Légion 
d'Honneur. 

Mais votre juste ambition n'était pas satisfaite. Vous 
désiriez que le premier corps savant de France sanc- 
tionnât vos travaux en vous appelant dans son sein. 

Comment ne i'avait-il pas encore fait? On peut s'en 
étonner quand on lit la liste de vos publications. Elle 
porte 21 cartes géologiques et 160 notes ou mémoires. 
Quelques-uns de ceux-ci sont de gros in-quarto de plus 
de 600 pages et d'un grand nombre de planches. Les 
découvertes et les faits qui y sont contenus sont légions. 
De toute part, à l'étranger comme dans notre pays, on 
vous désignait comme l'un des premiers géologues Fran- 
çais. L'Institut vient enfin de vous ouvrir ses portes ; 
nous l'en remercions profondément. 

Nous Lillois, nous membres de la Société des Sciences 
Gt de la Société Géologique, qui avons assister avec tant 
d'intérêt à vos débuts, qui avons applaudi à chacun de 
vos succès, nous sommes heureux que justice complète 
Vous soit enfin rendue. 

C'est pour moi en particulier un bonheur immense de 
voir mon élève de prédilection, devenu mon successeur, 
ajouter un nouveau lustre à la Chaire que j'ai tant aimée. 
Nous vous connaissons assez, mon cher Barrois, pour 
savoir que vous n'allez pas vous arrêter. Quand on a 
comme vous l'amour de la science, ce n'est pas pour 
acquérir de nouveaux honneurs que l'on travaille ; ce 
û'est môme pas pour la gloire ; c'est par besoin, c'est 
par passion, pour vaincre l'inconnu, pour découvrir un 
fait nouveau, pour saisir une loi de la nature. 



— 226 — 

Vous continuerez à élargir le domaine de la science 
géologique ; chaque jour vous acquerrerez de nouveaux 
titres à l'admiration générale et à la reconnaissance 
de vos concitoyens. 

Vous montrez que la science pousse dans les vieilles 
familles lilloises les racines les plus vigoureuses. Vous 
prouvez aux jeunes gens qui se font inscrire dans nos 
Sociétés scientifiques, que Ton peut, tout en habitant la 
province, parvenir au fait des honneurs académiques. 

Nous vous remercions de l'exemple que vous nous avez 
donné. Nous buvons à vos succès passés, à votre gloire 
présente et à vos travaux futurs. 



— 227 - 



TOAST 

DE 

M. CHARLES DELESALLE 

Maire de Lille 



Mon cher Barrois, 

Je me trouve un peu honteux, tout intimidé de prendre 
i parole en un pareil milieu. 

Les règlements militaires interdisent aux simples 
ioldats de fréquenter les mêmes lieux que leurs officiers, 
it en me voyant ici, moi humble bachelier, entouré de 
anl de savants, je me fais un peu Teifet du légendaire 
hussard égaré au milieu des lanciers. 

Mais mes concitoyens m*ont honoré d'un mandat qui 
ïi'enhardit, et ce mandat, que je maudis parfois, car il 
'SI bien lourd pour mes épaules, je le bénis aujourd'hui, 
>uisqu*il m'a permis de prendre ma place à ce banquet, 
't de mêler ma voix à toutes celles qui vous acclament. 

Oui, mon cher Barrois, c'est au nom de la Ville de Lille, 
reconnaissante des services que vous et votre vénéré 
"Maître, M. Gosselet, lui avez si souvent rendus, c'est au 
^om de tous nos concitoyens que je viens vous féliciter 
^u grand honneur qui vous a été conféré, honneur qui 
'ejaillit en quelque sorte sur la cité tout entière. 

Tout le monde sait, en effet, que Lille est une ruche 
^borieuse, que les cheminées y sont hautes et fument 
tout le jour, que les bras y sont actifs, mais ce qu'on ne 



— 228 - 

sait pas assez — et les convives qui ne sont pas de notre 
Nord rae pardonneront ce petit accès de chauvinisme 
local — c'est que les cerveaux y sont aussi actifs que les 
bras, qu'il y a presque autant de laboratoires que d'usines, 
autant de savants et de chercheurs que d'industriels, 
autant d'artistes que d'ingénieurs. 

Honneur donc à celui qui a contribué à accroître notre 
bon renom dans la France entière et qui a forcé la vieille 
académie de Golbert h faire aussi sa petite révolution, 
puisque c'est la première fois, comme on vient de le dire, 
qu'elle a dû décerner à un universitaire de province le 
titre toujours privilégié de membre de l'Institut de France. 

Voulez-vous me permettre pour terminer, d'oublier que 
je suis le Maire de Lille pour me souvenir seulement que 
je suis depuis trente ans votre parent et depuis près de 
cinquante ans votre ami. 

Le nom de Barrois est inscrit sur toutes les pages de 
notre histoire locale. Il y a plus d'un siècle, votre aïeul 
était député et maire de Lille, et ses nombreux descen- 
dants ont perpétué l'honneur du nom dans toutes les 
carrières, dans les sciences, dans la politique, dans 
l'industrie. Vous en continuez dignement la race, et votre 
famille a le devoir d'être reconnaissante et le dro»^ 
d'être lière. 

Quant à l'ami, est-il ici besoin de dire à tous ceux qtM. ^ 
vous connaissent, combien aimable est votre accueil 
combien sûres vos relations, combien généreuse rotr^ 
hospitalité, combien surtout exquises votre simplicité 
votre modestie. 

Cette modestie, je l'effaroucherais en insistant. Je m 
borne donc à un triple titre à lever mon verre en votr 
honneur et je bois au glorieux enfant de Lille, au parea 
et à l'ami. 



— 229 — 



TOAST 

DE 

M. MALAQUIN 
Professeur à la Faculté des Sciences 



Mon cher Maître, 

L'absence de mon ami Gayeux me vaut Thonneur de 
ous adresser, au nom de vos élèves, Thommage de leurs 
ilicitalious et l'expression unanime de la joie que leur a 
iusé votre élection à l'Académie des Sciences. 

Depuis que vous enseignez la Géologie à la Faculté des 
ciences, à côté du maître qui est commun à vous-même 
: à vos propres disciples — le vénéré M. Gosselet — les 
énérations d'élèves se sont succédées. Tous nous avons 
Dnservé de vos leçons un souvenir ineffaçable. Par la 
Btteté remarquable qui est le propre de votre intelligence, 
ar la simplicité affectueuse qui est le fond de votre 
iraclère, votre enseignement est le reflet de vous-même. 

Vous savez montrer à vos élèves comment on aime la 
cience, vous leur apprenez par votre exemple comment 
Q sait la servir. 

Ce sont, mon cher maître, les raisons pour lesquelles 
Dire action a une influence si décisive sur l'avenir et 
orientation scientifiques de ceux qui profitent de vos 
récieuses leçons. 

Et c'est pourquoi tous vos élèves anciens et présents, 
ont heureux de vous exprimer dans celte circonstance 

A^males de la Société Géologique du Nord, t. zxxiii 16 



— 230 — 

inoubliable leur respectueuse sympathie et leur profonde 
reconnaissance. 

Plusieurs autres orateurs succédèrent aux précédents. 

M. Delaune, député du Nord et président de la Société 
des Amis et Anciens Étudiants de l'Université, dit à 
M. Gh. Barrois la légitime fierté que les membres de la 
Société avaient ressentie à la nouvelle de son élection, et 
lui remit une médaille commémorative. 

M. Lohest, professeur de l'Université de Liège, au nom 
de la Société géologique de Belgique, loua la grande 
œuvre scientifique du nouvel Académicien. 

M. Froussard, président de l'Union des Etudiants, 
apporta le tribut d'éloges de tous les étudiants de l'Uni- 
versité. 

Enfin, M. Georges Lyon, Recteur de l'Académie, au 
nom de l'Université tout entière, fait ressortir le sens 
de l'amicale manifestation qui réunissait autour de 
M. Barrois les quatre doyens et de si nombreux profes- 
seurs de toutes les Facultés. L'élection de notre émiuent 
collègue marque, en effet, une date importante dans 
l'histoire des Universités régionales. Par la grandeur de 
ses travaux, il a forcé les barrières des antiques règlements 
à s'abaisser devant lui, et il a ouvert la voie aux savants 
que possèdent les Universités de province. Désormais 
ceux-ci n'auront plus à quitter leurs chaires pour entrer 
à l'Institut, et nos corps d'Enseignement su périeur n'auront 
pas le regret de voir s'éloigner d'eux les maîtres qui leur 
font le plus d'honneur. 



231 — 



PRINCIPAUX RÉSULTATS GÉOLOGIQUES 

DES TRAVAUX 
DE M. Ch. BARROIS (1) 



I. — Boulonnais 

La note sur le terrain crétacé du Boulonnais, entre 
Saint-Omer et Boulogne (1) a eu pour résultat non seule- 
naent de faire connaître les couches traversées par la ligne 
de chemin de fer, mais aussi de montrer la transgression 
générale du crétacé sur le jurassique. Dans un travail 
plus récent, M. Ch. Barrois a étudié les galets que Ton 
rencontre dans le Portlandien du Boulonnais (150). Ils 
sont, les uns, jurassiques, et accumulés par conséquent 
pendant une période de régression, les autres paléo- 
zoîques, et donnent des indications sur le parcours des 
ruissellements qui les ont amenés. Leur examen lui a 
fourni des preuves de leur origine locale, ainsi que des 
notions sur la distribution des terres paléozoîques, 
aujourd'hui couvertes par des sédiments crétacés. On y 
trouve des représentants de toutes les roches régionales, 
même des plus rares, comme les phtanites à foraminifères 
carbonifères, connus in situ en un seul point du Boulon- 
nais. L'absence de tout débris caractéristique de TÂrdenne 
et du Brabant empêche d'admettre l'existence à cette 
époque du grand fleuve jurassique, que l'on avait pré- 
tendu faire descendre du continent belge à Wimereux. 

** - ---_ II,,!! -^ ' 

U; Cet] article est emprunté en grande partie à la Notice sur les travaux 
scienliQques de M. Gh. Barrois. Les chiffres entre parenthèses se rapportent à la 
liste des publications de M. Barrois, liste qui suit, p. ^GS. 



— 232 — 
II. — Feuille de Rethel 

« 

Les études de M. Ch. Barrois sur la feuille de Bethel 
combinées à celles qu'il a faites dans l'Est et dans le Nord 
de la France ont amené les résultats suivants : 

Terrains tertiaires (18, 40). — On connaissait sur le 
flanc sud de TArdenne des lambeaux de sable dont l'âge 
et le mode de formation avaient été également discutés. 
M. Barrois a montré leur continuité avec les sables et 
grès landéniens qui reposent sur les argiles à silex et 
prouvé ainsi la discordance de l'Éocène inférieur à Test 
du Bassin de Paris sur les terrains crétacés, jurassiques 
et jusque sur le massif ardennais. Ces conclusions qui 
modifiaient nos notions sur l'étendue de la mer éocène de 
ce côté ont été adoptées par le Service de la carte géolo- 
gique de Belgique. 

Terrain crétacé (1, 3, 7, 9, 12, 16, 34). — Une question 
générale s'attachait à la bordure crétacée orientale du 
Bassin de Paris ; on y avait signalé des interruptions 
nombreuses dans la sédimentation (théorie des lacunes 
d'Hébert); M. Gh. Barrois fait voir qu'il n'en était pas 
ainsi : au contraire, cette région est plutôt remarquable 
par les faciès multiples qu'y affectent successivement les 
diverses couches, quant à leur composition et à leur 
faune. 

L'étude des affleurements de ce terrain, du Pas-de- 
Calais à la Bourgogne, lui a permis de mettre en relief 
divers faits nouveaux. Tels sont, l'extension inattendue 
de l'Aptien au nord, jusque dans l'Aisne, où il a découvert 
une faune très particulière, nouvelle pour la France, mais 
rappelant celle de Farringdon, dans le Berkshire, ■" 
Texistence régionale de trois faunes albiennes successives 
et distinctes, fondée sur des listes de fossiles comprenant 
plusieurs centaines d'espèces, — la continuité des assises 



— 233 — 

énomaniennes, prouvée par leurs faunes, malgré leurs 
Jciès très variables et leurs transgressions réciproques, 
insi, rénorme lentille de gaize qui forme le massif de 
Ârgonne et lui donne son caractère, n'est qu'un accident 
liceux d'un niveau spécial, qui se continue à Test du 
issin, sous les faciès les plus divers : argiles, marnes, 
ibles. Par contre, le massif de gaize du Rethélois, qui lui 
^ait été assimilé, a fourni plusieurs faunes successive» 
stinctes. Les assises cénomaaiennes supérieures ont été 
parties selon des divisions nouvelles et passent au 
veau connu des mineurs sous le nom de tourtia : l'une 
!S assises distinguées correspond dans la région à une 
ande invasion transgressive de la mer crétacée. 
La limite des étages cénomanien et turonien est marquée 
ns TEst par une faune de passage jusque-là méconnue; 
!St la zone à Belemnites plenus dont M. Barrois a fait 
onaître la constance et les variations. Divers niveaux 
roniens que Ton croyait localisés en Touraine ont été 
îoonus dans TEst, et dès 1878, la limite du Turonien et 

Sénonien était placée sur le rivage ardennais, au- 
3SUS de la craie de Vervins; cette division correspond 
elle adoptée depuis par le Service de la carte géolo- 
[ue de France. 

^es étages turonien et sénonien présentent dans l'Est 
5 caractères lithologiques assez constants; la craie y 

plus ou moins dolomitique, et la dolomitisation, 
ique par rapport aux limites des étages, s'est effectuée, 
près les observations de M. Barrois, à diverses reprises 
à des époques successives, suivant les mômes verti- 
es. La constatation de cette récurrence d'apports 
ignésiens dans la série de couches horizontales du 
5sin de Paris acquiert une importance générale pour 
^terprétation des montagnes dolomitiques plissées (84). 



— 234 — 

III. — ANGLETERRE 

La craie forme des falaises blanches, continues sur près 
de la moitié de la côte anglaise ; et cependant la succession 
dés étages n'y avait guère été étudiée en détail ; on avait 
généralement accepté Tidée que cette formation corres- 
pondait à un dépôt de mer très profonde, de faune 
abyssale, et par suite, uniforme. En prenant pour point 
de départ les travaux d'Hébert dans le bassin de Paris, 
M. Ch. Barrois a essayé de suivre, pas à pas, les transfor- 
mations des couches, en recueillant méthodiquement les 
fossiles, et il a pu ainsi fixer l'histoire de la craie 
d'Angleterre. 

Après avoir parcouru (8, 13, 14, 19, 20, 21) toutes les 
parties de ce pays formées par la craie, après avoir étendu 
ses excursions à l'Irlande et après avoir déterminé plus de 
400 espèces fossiles différentes, recueillies en place, il a 
établi que la craie de la Grande-Bretagne comprenait au 
moins 12 zones paléontologiques distinctes et super- 
posées. Ces zones présentent sur leurs parcours des varia 
tiens de composition, d'épaisseur et de faune qu'il a 
indiquées pour la première fois ; elles se sont donc dépo- 
sées dans des conditions physiques et bathymétriques 
dififérentes. 

Ces études (11, 20, 35), ont fait connaître les ondu- 
lations de la craie du bassin de Hampshire, au sud de 
l'Angleterre, et démontré leur continuité avec les lignes 
anticlinales du bassin de Paris, tracées par Hébert. M. Ch. 
Barrois a signalé d'une façon plus précise les relations de 
position de ces lignes axiales avec les accidents de 
l'époque carbonifère, indiquées déjà par Godwin-Austen 
et il les a étendues à l'époque silurienne. 

Les rapports de l'axe de TArtois et de la grande faille 
primaire du Condroz ne sont pas seulement dus à ce que 



— 235 — 

îes accidents anciens deviennent les lignes de moindre 
'ésistance du sol. Il y a selon M. Barroîs des relations 
plus générales entre les accidents successifs qui ont 
affecté cette région : les mouvements du sol qui les ont 
léterminés en sont effectués de la même façon et dans 
es mêmes directions aux différentes époques ; il s'est 
3roduit dans la région naturelle comprise entre le Hamp- 
ihire et la Belgique, trois refoulements successifs du sud 
^ers le nord, après le dépôt du Silurien, après le Rouiller, 
ît pendant TEocène. 

Depuis, en explorant le bord méridional du massif 
)reton, M. Barrois a reconnu (129) que l'ouverture de 
ailles mésozoïques avait suivi le tracé des failles plus 
mctennes, et cette constatation apporte un nouveau 
ém«ignage en faveur de ces vues. 

IV. — Bretagne 

En Bretagne, les nombreux travaux de M. Ch. Barrois, 
>euvent se grouper sous les cinq grands titres de : Stra- 
igraphie, Paléontologie, Pétrographie, Tectonique et 
Géographie. 

Stratigraphie. —La détermination exacte de l'âge des 
louches qui constituent le sol de la Bretagne a été, de la 
>art de notre collègue^ Tobjet d'études aussi minutieuses 
[ue nombreuses (23, 24, 48, 57, 60, 64. 69, 79, 81, 
(6 89, 94, 98, 99, 108). 

Terrain carbonifère, — La ressemblance des ardoises 
le Châteaulin avec celles d'Angers les avait fait rapporter 
lu Silurien, c'est à-dire à la série paléozoîque locale ; cet 
5tage ardoisier fut ensuite ballotté du Silurien au Dévo- 
iien;ces errements rendaient inintelligible, la structure 
ectonique d'ensemble de la Bretagne. En établissant par 



— 236 — 

la paléontologie et la stratigraphie, Tâge carbonifère des 
ardoises de Châteaulin et leur place au sommet de la série 
locale, M. Ch. Barrois a trouvé le moyen de reconnaître 
les noyaux synclinaux du massif breton et par suite d'eu 
tracer les lignes directrices. Les notions admises aupara- 
vant sur Textension régionale des mers où s'étaient formés 
les dépôts paléozoïques de TOuest, étaient du même coup 
modifiées. 

Terrain dévonien. — Avant ses études, on ne connaissait 
dans le Dévonien de TOuest de la Bretagne que la division 
inférieure, celle du calcaire de Néhou (Coblentzien). Ses 
déterminations paléontologiques lui ont permis d*en dis- 
tinguer le calcaire de Rosan et de le classer dans rOrd«i- 
vicien, celui de Chaudefonds, dans le Dévonien moyen, 
celui de Porsquen, dans TEifélien, celui de Traouliors, 
dans le Frasnien, celui de Rostellec, dans le Famennien; 
il a décrit également Tétage des grès de Plougastel, et fait 
connaître ainsi Texistence de la série dévonienne tout 
entière. 

Ces observations ont fait abandonner l'idée ancienne 
que l'Ouest de la France était émergé lors du Dévonien 
supérieur; en effet, c'est à cette époque qu'il faut attribuer 
les dépôts pélagiques à céphalopodes et à brachiopodes: 
c'est alors que les conditions physiques ont le moins 
changé dans le Finistère, si l'on en juge par la constance 
des caractères lithologiques, de l'époque de Porsguen à 
celle de Rostellec. L'étude des faunes Ta amené à rattacher 
le Dévonien breton à une province pélagique, s'étendant 
en Europe de la Bretagne aux vallées de la Moselle, de !■• 
Lahn et au Harz, et distincte de celle de TArdenne, dont 
M. Gosseleta établi les caractères littoraux. 

Le tracé des affleurements dévoniens lui a montré qu'ils 
étaient limités en Bretagne, à des noyaux synclinaux, a 
des témoins épargnés par les dénudations et alignés 



— ■ 237 — 

Avant trois fossés, ouverts à Tépoque carbonifère : celui 
î Brest à Laval, celui d'Angers et celui d'Ancenis. Leur 
isement est d'accord avec leur faune, pour les faire 
Dnsidérer comme des lambeaux, actuellement morcelés, 
e formations primitivement étendues sur de grandes 
urfaces de ce pays. 

La mer peu profonde en Bretagne, au début de l'époque 
évonienne, n*a déposé alors que des grès et des schistes 
rossiers. Plus tard, des lentilles calcaires apparaissent 

divers niveaux de Tétage Coblentzien : ce sont des 
alcaires construits, coralliens, ou des calcaires à crinoïdes 
tbrachiopodes. La mer s'approfondit à Tépoqueélfélienne 
ù dominent les calcaires noduleux à brachiopodes et 
ares céphalopodes, et ses eaux envahissent le bassin 
'Ancenis. Enfin le Dévonien supérieur (souvent enlevé 
ar les dénudations) est uniformément représenté par des 
Drmations minces, pélagiques, à ptéropodes et à cépha- 
Dpodes. Ainsi la mer recouvrit la Bretagne tout entière 
u cours de la période dévonienne, en augmentant gra- 
uellement de profondeur, du début à la fin de la période, 
n étendant progressivement son rivage méridional (139), 
usqu'en deçà de la ligne synclinale de Chantonnay 
Vendée) (129). 

Un élage, celui du calcaire d'Erbray (95), a fait Tobjet 
l'une monographie spéciale ; et ce mémoire ne passa pas 
naperçu en Allemagne dans les controverses relatives à 
a question hercynienne, auxquelles participèrent tous 
es spécialistes de ce pays. Le calcaire d'Erbray avait été 
,irécédemment, d'un avis unanime, considéré comme 
silurien. On le rangea d'une façon absolue dans le Dévo- 
nien inférieur, à la suite de son travail, oii il indiqua les 
relations de sa faune avec celle du Coblentzien de Néhou 
(61 espèces communes), et prouva son identité avec 
l'Hercynien du Harz. Les 200 espèces que M. Ch. Barrois 



— 238 — 

énuméra à ce niveau et qu'il figura pour la plupart, ont 
permis à M. (Ehlert de reconnaître celte faune aux envi- 
rons d'Angers, et de préciser davantage sa place dans 
cette même série dévonienne inférieure, où il l'avait 
rangé sans le secours d'observations stratigraphiques, 
impossibles à faire aux environs d'Erbray. 

Terrain gothlandien. — L'existence du Silurien supérieur 
était à peine soupçonnée en Bretagne; M. Ch. Barrois fit 
connaître son extension dans la région, sa division en 
quatre niveaux distincts, les variations de ces niveaux et 
leur régression sur l'Ordovicien (48, 151). Absente au 
nord du pays, cette formation présente ses caractères 
typiques dans le bassin du centre, pour revêtir des 
aspects métamorphiques spéciaux, et acquérir un grand 
développement dans les cantons méridionaux. 

Terrain Ordovicien. — Les assises ordoviciennes ont 
présenté d'importantes différences de faciès, auparavant 
méconnues, dans les divers bassins; M. Ch. Barrois a 
établi des divisions, et précisé leurs positions respectives. 

Une des assises ordoviciennes les plus remarquables en 
France est celle du grès armoricain (105), qui forme en 
Bretagne et en Normandie des crêtes allongées d'un pitto- 
resque tout particulier; la position du grès armoricain 
dans la série était cependant indéterminée, puisqu'il n'y 
avait sous lui aucun membre que Ton pût identifier par 
ses fossiles. Dans le grès même, on n'avait encore signalé 
que quelques formes problématiques quand M. Ch. Barrois 
fît connaître les caractères des mollusques trouvés à ce 
niveau après des années de recherches, par MM. Lebes- 
conte et Davy. Les principeux types de lamellibranches 
dont les 45 espèces furent décrites ou figurées, concordent 
pour assigner le grès armoricain à TOrdovicien (Arenig); 
si on mesure, en effet, l'importance des types génériques 



— 239 — 

par le nombre des espèces qu'ils renferment, on voit que 
les plus importants sont Actinodonta et les Ctenodonta, si 
répandus dans TOrdovicien du Canada, et les Redonia, 
habitants de la zone centrale d'Europe. 

Terrain Cambrien, — Ce terrain n'offre pas en Bretagne 
le grand développement que M. (Ehlert lui a reconnu 
dans le Maine. Privé de fossiles, il est représenté par des 
schistes pourprés et des poudingues ; en stratification 
discordante au N. du pays, sur les formations plus 
anciennes, il les suit en concordance dans les bassins du 
centre et manque dans ceux du Sud, où le grès armoricain 
s'avance transgressivement comme au nord du massif, sur 
les terrains pré-cambriens (109, 120, 115). 

Au Nord, dans le bassin de Paimpol, il présente des 
caractères spéciaux et une série d'épisodes sédimentaires 
et éruptifs, auparavant méconnus^ dont M. Ch. Barrois a 
retracé l'histoire. Grâce à elle, il a été possible de déli- 
miter celte ancienne province cambrienne. De même que 
M. Barrois avait montré dans le bassin carbonifère du 
Finistère la continuation du bassin de Laval, de même, 
il ressort de ses contours, que le massif de Paimpol 
appartient à une zone synclinale continue, passant par 
Jersey et le nord du Cotentin. La comparaison de ces 
zones allongées, entre elles et avec leurs voisines, montre 
non seulement qu'elles correspondent à des plis du sol, 
mais encore à des bandes homozoïques de l'époque des 
dépôts, bandes caractérisées par des conditions bathymé- 
triques particulières comme parla succession et la parenté 
des roches éruptives et intrusives qu'on y observe. 

A mesure qu'avance la publication de la carte de 
Bretagne, on voit ressortir plus nettement la structure 
rayée de son sol, suivant de longues bandes parallèles : 
et la notion de ces dépressions synclinales continues est 



— 240 — 

venue graduellement remplacer la conception ancienDe 
des bassins indépendants. 

Terrains Pré-cambriens, — Ces terrains nous ont conservé 
rhistoire des premiers sédiments et des premières érup- 
tions volcaniques de la région. Leur ensemble, dont la 
puissance atteint approximativement 3 kil., renferme de 
grands enseignements sur le rôle et retendue illimités du 
métamorphisme de contact en profondeur ; la marche du 
métamorphisme est inégale parmi ces niveaux, dont 
certains termes passent parfois à des roches schisto- 
cristallines (99). M. Ch. Barrois a distingué diverses 
assises superposées, définies par leurs caractères litholo- 
giques. Cette distinction n'a pas été sans conséquences 
pour la géologie générale : elle a entraîné cette consta 
tation qu*à ces époques reculées, il se formait simultané- 
ment en Bretagne des sédiments variés, indices de faciès 
différents, parallèles dans trois massifs distincts, ceux de 
Tréguier, de Douarnenez et de la Basse-Loire (97, 120). 
Elle a montré de plus que le dépôt de ces assises ne s'était 
pas effectué dans les mêmes conditions, on trouve dans 
les assises supérieures à Tétat de galets (Poudingue de 
Gourin (108) des débris des assises inférieures. 

Transgression des mers paléozoïques, — Les terrains sédi- 
mentaires de la Bretagne forment un faisceau de couches 
redressées, parallèles, apparemment concordantes entre 
elles, mais cette apparence est trompeuse, car elles sont 
séparées par diverses concordances. M. Ch. Barrois a 
retrouvé suivant la côte septentrionale du pays, où elle est 
limitée, la discordance cambrienne signalée par Hébert en 
Normandie ; il a de plus reconnu, entre les étages, de 
nombreuses transgressions. La plus importante sépare le 
Dévonien du Carbonifère, et les affleurements de cette 
époque débordent, sur ses cartes, ceux de Tépoque précé- 



fi 



I- 



— 241 — 

dente. D'autres transgressions générales séparent le Silu- 
rien du Dévonien, le Gothlandien de TOrdovicien, TOrdo- 
vieien du Cambrien, et le Cambrien du Pré Cambrien ; 
elles sont suffisamment mises en lumière parTexamen des 
cartes publiées. 

Continuité des aires de sédimentation. — M. Ch. Barrois a 
reconnu que les plissements du sol ont considérablement 
modifié la figure des affleurements paléozoïques dans 
l'ouest de TEurope, et transformé les bassins en d'étroites 
bandes allongées sur de grandes étendues. Parfois cepeu 
dant on a pu reconnaître la continuité primitive des 
bassins de sédimentation. Ainsi, les longues bandes dévo- 
nîennes de TArdenne se reconnaissent dans la région de 
Bristol, et c'est précisément leur continuité qui a permis 
de retrouver dans l'intervalle, en môme temps qu'elle 
î 'expliquait, le développement du bassin houiller franco- 
belge. Les bassins dévoniens de Bretagne, au contraire, 
présentent moins de traits communs avec ceux de 
l'-Ardenne et du Devonshire; mais la comparaison de leurs 
faunes lui a montré que ces bandes offraient un maximum 
d'analogies avec celles du Nassau et du Harz, et l'on peut 
^însi en induire quelques indications sur la composition 
du sous-sol paléozoïque du bassin parisien. 

Paléontologie — Dans ses courses sur le sol breton, 
M. Ch. Barrois a recueilli un très grand nombre de fossiles, 
lï a tenu à les déterminer tous lui-même. 11 a décrit et 
^^guré dans des mémoires accompagnés de nombreuses 
planches plusieurs faunes nouvelles ou peu connues telles 
Que celles de Chaudefonds (78), d'Erbray (95), du grès 
^'^moricain (105). 

L'étude de cette dernière faune Ta conduit à quelques 
considérations d'un haut intérêt paléontologique. 

Les lamellibranches du grès armoricain (105), quoique 



— 242 — 

relativement assez évolués, appartiennent encore à des 
groupes embryonnaires, tels que Arcidœ, Nuculidce; les 
deux tiers des espèces reconnues se rangent dans ces 
familles. Les Taxodontes. par leur nombre et leurs 
variétés, doivent donc être considérés dans le nord delà 
France comme les types ancestraux des autres ordres de 
lamellibranches, et comme donnant passages à chacun des 
autres. Les lamellibranches de celte époque ancienne sont 
caractérisés par la simplicité de leur ornementation; ce 
n'est que dans le Silurien supérieur que se développent les 
formes ornées des Cardiolidœ et des Prœcardidœ qui 
donnent le passage des Asiplionida aux Siphonida, Cette 
faune armoricaine a encore montré que les coquilles 
étaient caractérisées parla longueur de la ligne cardinale: 
il n'y avait pas encore alors de forme à ligne cardinale 
raccourcie, différenciée en une charnière courte sous le 
crochet. Enfin, tous les types sont équivalves, Tinéqui- 
valvie ne débutant que plus tard pendant TOrdovicien, 
avec les Cypricardinia et les Aviculides. 

M. Barrois a cherché en vain à découvrir la faune pri- 
mordiale en Bretagne. 11 l'avait étudiée en Angleterre, en 
Amérique, en Espagne ; il en avait découvert de nouveaux 
gisements dans les Asturies. Jusqu'à présent, il a été 
moins heureux dans la péninsule armoricaine, mais il y 
a reconnu des traces de fossiles plus anciens encore. Il y 
a découvert dans les couches plus anciennes de Saint-Lô, 
à Morlaix, Saint-Thurial, des débris de crinoïdes (117) ; 
à Plestrin, des débris, qu'il a figurés, analogues aux 
Eozoons d'.i Canada (93); à Lamballe, dans les phtanites, 
des formes singulières (108), à coup sûr remarquables, 
rapportées par M. Gayeux aux Radiolaires, très discutées 
par certains savants, mais acceptées par un grand nombre 
des membres du Vlll® Congrès géologique international, 
qui les virent à Paris en 1900, lors de cette session. Ce sont 



— 243 — 

ies plus anciennes formes vivantes connues sur la terre. 

Pétrographie. — L'étude microscopique des roches 
cristallines, tant de Bretagne que des Asturies, a fourni à 
M. Ch. Barrois des résultats de la plus grande importance 
pour la géologie générale. II les divise en roches éruptives, 
intrusives et métamorphiques. 

A. Roches éruptives. — L'étude microscopique des roches 
éruptives paléozoïques qui constituent d'innombrables 
filons en Espagne et en Bretagne, a permis de les faire 
rentrer pour la première fois dans le cadre des classifica- 
tions modernes. Parmi tant de filons, certaines roches 
ont fourni des caractères assez particuliers pour cons- 
tituer des groupes lithologiques nouveaux (Kersantites 
récentes); les autres ont montré des particularités de 
gisement et de structure telles, qu'il a fallu cesser de les 
considérer comme filonniennes, et que leur origine volca- 
nique est devenue évidente. Ainsi, M. Ch. Barrois a 
découvert et reconstitué les plus anciens volcans de 
France. 

Volcans carbonifères : Le début du carbonifère fut une 
période d'activité volcanique, dont il a indiqué les témoins 
clans le Finistère, sous forme de coulées et de tufs de 
porphyres (blavierite), de diabases et de porphyrites 
interstratifiés à la base de ce terrain. Il a, en outre, rap- 
porté à cette époque et tracé sur la carte de nombreux 
filons de diabase ophitique; on les compte par centaines : 
l^dénudation n'a rien épargné de leurs immenses coulées, 
inais les fentes qui leur livrèrent passage demeurent, et 
^6ur disposition n'est pas abandonnée au hasard. Elles 
sont groupées en faisceaux rayonnants, et leur répartition 
suit une loi, celle de leur localisation aux failles de décro- 
ciiement qui déformèrent les grandes rides à la fin du 
^^rbonifère inférieur (113). Enfin, c'est dans les dykes 



— 244 — 

lamprophyriques (kersantons et minettes) qu'il faut voir 
les dernières manifestations de l'activité interne dans 
celte province. 

Volcans siluriens du Menez-Rom (Finistère) (100) : Les 
premières manifestations de l'activité volcanique de ce 
massif se traduisirent par la sortie tranquille et Técoule- 
ment, sur de vastes étendues du fond de mer ordovicieD, 
de laves basiques très fluides (diabases à olivine, diabases 
sans olivine, diabases ophitiques, porphyrites augitiques). 
Ces émissions sous-marines de produits en fusion se 
répétèrent fréquemment pendant l'Ordovicien; la fin 
de cette époque correspond à une phase de paroxysme 
volcanique, et la profondeur de la mer se trouva fort 
réduite en la région par l'abondance de projections 
aériennes, bombes et lapilli, provenant de cheminées 
émergées, et qui s'accumulèrent dans des eaux devenues 
littorales. 

La répartition des coulées et des débris a permis de 
conclure que les venues qui se sont succédées lentement 
dans cette région, ont dû faire leur apparition par des 
bouches et cheminées distinctes, alignées a|)f)roximaii- 
vernent suivant une aire allongée de .">() kilomètres et sur 
une largeur de 5 kilomètres. 

Un autre volcan contemporain, mais dont les produits 
furent plus variés, se trouvait dans la Basse-Loire. Ses 
manifestations se continuèrent avec plus d'évidence 
pendant l'époque gothlandienne, où des couches aré- 
nacées, des tufs à blocs projetés, alternent avec des sédi- 
ments plus profonds, phlanites et ampélites à graptoliies, 
déposés dans des mers largement ouvertes. 

Volcans cambrions : M. Ch. Barrois a pu rapporter à des 
manifestations volcaniques successives, liions, coulées et 
projections, l'important massif de roches cristallines 



— 246 — 

posé dans la contrée de Paimpol ; leur âge cambrien a 
3 établi, ainsi que leurs relations complexes avec les 
uches sédimentaires de cette époque. Les plus anciennes 
nues ont fourni des porphyrites à pyroxène, avec des 
ulées de verres porphyritiques et des projections de tufs, 
ches en cornaline. A ces roches basiques, succèdent 
usieurs sorties successives d*orthophyre, dont les filons 
coupent et se disloquent; puis viennent les grands 
>ancbements des rhyolites anciennes, microgranulites, 
icropegmatites, porphyres pétrociliceux et fluidaux. 
us tard, des filons nombreux de diabases ophitiques, 
lis de porphyrites micacées vinrent traverser les roches 
! cette série. 

Reconstituer des volcans en démolition depuis les temps 
mbriens, est une tâche malaisée, mais non pas impos- 
!)le. Ecrasés lors des mouvements séculaires du ridement 
rbonifère, et depuis en partie enlevés, ces volcans 
égorrois n'offrent plus à Tobservateur d'autres produits 
usifs conservés, que ceux qui ont été ensevelis dans les 
pressions synclinales. Ces fosses, au nombre de deux, 
at parallèles entre elles (fosses synclinales de Plourivo, 
Paimpol) ; elles sont limitées et séparées par des voûtes 
avexes, et les roches rencontrées suivant ces directions 
ticlinales ne sont plus eff usives, comme dans les syncli- 
ux : elles gisent en filons, ce sont des roches intrusives. 

\insi, M. Ch. Barrois a montré que dans les aires anti- 
nales, on retrouvait les racines profondes filoniennes 
nciens volcans, tandis que dans les aires synclinales 
débris de leurs émissions étaient conservés à l'abri des 
Qudations : l'effet de ces érosions a été de séparer les 
)ns des coulées, et de détruire les appareils de sortie, 
eminées et cratères. Toutefois l'examen comparatif des 
ches intrusives et des roches effusives de ces massifs 
vêle entre elles des analogies et des différences, qui 

maies de la Société Géologique du Nord, t. xxxiii 17 



^246 — 

permettent dans la plupart des cas de rattacher avec une 
approximation suffisante les coulées, à leurs filons nour 
riciers : on arrive de la sorte à les grouper en deux 
champs volcaniques distincts (Pontrieux, Perros-Guirec) 
(135, 140, 141, 145). 

L'ensemble de ces produits appartient à une même 
série chimique, caractérisée par la pauvreté en Ca 0, la 
richesse relative en K« et Na^ 0, et dont les variations 
sont graduelles ; les orthophyres les plus acides du champ 
méridional correspondent aux roches les moins acides de 
Taire volcanique septentrionale. Les manifestations volca- 
niques les plus anciennes de la région ont débuté parles 
termes les plus basiques, et ceux-ci sont cantonnés au sud 
du bassin sédimentaire ; les éruptions suivantes devinrent 
graduellement plus acides, et leurs points de sortie se 
concentrent au Nord du bassin. 

La particularité la plus suggestive peut-être de cemassît 
réside dans l'association, aux roches volcaniques efifusive? -» 
de roches intrusives granitiques. Un granité à amphiboi^ 
et biotite, de composition moyenne uniforme, a fait intri^ " 
sion dans la région à des périodes successives ; et, à ce?^ 
dififérentes périodes, le magna granitique a évolué dan ^ 
des limites assez étendues, des diorites aux porphyre^ 
acides. Il a évolué de telle sorte, qu'une même mass^ 
granitique peut montrer des termes grenus, avec contacta 
métamorphiques, des termes bréchoïdes, ou enfin de^ 
termes porphyriques, avec contacts non métamorphisés^ 
selon la profondeur de la tranche horizontale, mise ei^ 
affleurement, par les dénudations. 

La généralisation de ces vues à d'autres massifs ^ 
permis de rapporter à des roches granitiques d'âge carbo -^ 
nifère, la plupart des gneiss réputés primitifs de Bretagn 
et de simples modifications feuilletées de ces mômes gr 
nites, consolidés dans des conditions spéciales, à des pi 



— 247 - 

grandes profondeurs et sous de plus fortes pressions (142). 
Les magmas granitiques offrent alors une grande propen- 
sion à s'injecter en lits dans les sédiments anciens, et ils 
passent aux gneiss granulitiques définis par M. Michel 
Lévy. 

Volcans précambriens du Trégorrois (93, 100, 109). 
Le pays de Tréguier a fait voir à M. Ch. Barrois, de 
Pontrieux à Lannion et à Lanmeur, les plus anciennes 
régions volcaniques qui aient été jusqu'ici signalées en 
France et même dans le monde, puisqu'on en retrouve 
des roches remaniées, à Tétat de galets, dans lespoudingues 
du Cambrien ; elles présentent ainsi un intérêt excep- 
tionnel pour rhistoire du volcanisme dans les temps 
géologiques. Les principaux produits, diabases, porphy- 
rites, variolites, en filons et en nappes dans les schistes 
précambriens, ne se distinguent des roches plus récentes 
que par leur degré d'altération, et par leurs modifications 
nnétamorphiques qui les font passer à des épidiorites, à 
^es schistes amphiboliques, à des amphibolites, à des 
dîorites gneissiques, c'est à-dire à des roches schisto- 
cristallines. 

B. Roches intrusives. — M. Ch. Barrois, en étudiant les 
^oches intrusives, dont le granité est le type, dans les 
A^sturies et en Bretagne, a décrit leurs auréoles métamor- 
phiques, et s'est efforcé d'acquérir quelques notions sur 
leur genèse, en partant de l'observation (55, 70, 80, 89, 
*18). 

Granités. — Au début de ces études, on admettait l'exis- 
tence dans ces régions, de deux venues granitiques, l'une 
Précambrienne, celle des granités, l'autre dévonienne, 
^clle des granulites. Ces notions ont été modifiées par 
M. Barrois. Il est établi, depuis ses travaux, que toute 
venue granitique de quelque âge qu'elle soit, offre des 



— 248 ~ 

phénomènes granulitiques, qui lui sont propres, et que 
la mise en place des venues granitiques s'est espacée en 
France, depuis Tépoque primitive jusqu'à l'époque carbo- 
nifère, pendant toute la durée des temps paléozoîques. U 
en a distingué trois séries successives sur la Carte de 
France. Ces granités constituent un certain nombre de 
massifs indépendants, également distincts par leur nature 
minéralogique, leurs apophyses et leurs modifications 
endomorphiques ; leurs masses ont une tendance géné- 
rale à s'aligner suivant les axes des plis anticlinaux 
dont ils forment ainsi le noyau ; leur afQeurement actuel 
n'est pas originel, mais dû à des dénudations posté- 
rieures; les granités sont donc formés par des roches de 
profondeur. 

Les massifs granitiques de Bretagne, les plus impor 
tants par leur masse comme par leur nombre, sont sans 
contredit ceux de l'époque carbonifère : ils s'espacent 
suivant huit lignes principales, groupées en deux fais- 
ceaux obliques l'un par rapporta l'autre. Leur répartition 
topographique et la forme de leurs affleurements sont en 
relation avec la structure générale du sol. C'est une 
donnée nouvelle de la stratigraphie : au Nord du pays, les 
lignes tectoniques sont dirigées au Nord Est, et il en est 
de même des ellipses granitiques; au Sud, les lignes 
tectoniques sont dirigées Sud-Est, et les ellipses grani 
tiques également. Au Nord, les plis sont moins dénudés et 
les contours des atûeuremeots granitiques tendent à 
s'arrondir: au Sud, où les plis sont serrés, les contours 
s*allongeut. A la rencontre des deux régions, les plis se 
croisent et les ellipses granitiques alignées Sud-Est 
deviennent des chevrons, allongés vers le Nord-Est. 

Cette disposition lobée, à contours piriformeS; des 
deruiei^ massifs granitiques, poussant du faisceau sud des 
apophyses orientées comme les venues du faisceau nord, 




— 249 — 

nous réserve la continuité en profondeur du réservoir 
granitique du Midi avec celui du Nord. Quand Térosion 
superficielle aura progressé suffisamment, les affleure- 
ments gra Qiti(|ues du Midi s'anastomoseront à la surface 
avec ceux du Nord, par les lobes piriformes, orientés 
comme eux. 

Cependant, malgré Timporlance de ce réservoir, les 
grandes lignes structurales du pays et le plan général de 
sa tectonique n'ont pas été altérés par la pénétration du 
granité : les étroites rayures sédimentaires, les longs plis 
et les failles rectilignes qui les affectent dans la région 
orientale formée de sédiments paléozoîques, se pour- 
suivent sans interruption ni complication, à TOuest du 
pays, dans sa portion granitique : on n'y trouve ni dislo- 
cations spéciales, ni structures plus complexes, aucun 
indice qui laisse supposer que les débris de la croûte 
disloquée aient flotté sur le bain granitique profond. 

La distinction des granités anciens (Perros, St-Brieuc), 
remaniés à divers niveaux et subissant passivement les 
mouvements orogéniques, des granités plus récents 
(Quintin, Moncontour), dont l'intrusion est postérieure au 
ridement carbonifère, a eu des conséquences générales. 
Elle a montré que la mise en place du granité dans 
certains districts paléozoîques s'est faite doucement, par 
assimilation des éléments des salbandes, et finalement 
par substitution, de telle sorte que la figure des affleure- 
ments peut n'être pas déformée par son intrusion ; le 
granité a pris alors tranquillement la place de certaines 
masses, sans déranger les voisines (Callac, Rostrenen). 
Enfin, la comparaison de ces massifs entre eux a révélé 
des inégalités dans l'assimilation des couches sédimen- 
taires au contact ; tandis qu'elle est totale dans certains 
cas (Quintin Moncontour), elle est incomplète ailleurs, 
de telle sorte que certains lits de quartzita (Bécherel, 



Huelgoat n de pfatanîte < Goérande % ÎBterstiatiûés dans les 
schistes, se laissent suirre. à rintériear des mass^ifs 
intmsîts. plus loin que les autres lits auxquels ils ëtaieDt 
associés. L'assimilation des encaissements par le granité, 
souTcnt indiquée, mais toujours combattue, a trouTé ici 
une preuve: elle montre que cette assimilation est fonc- 
tion des c<mditi*^H< 'liff^ rentes de profomdtmr ri de pression, 
et qu'elle est en relation atec la campùfUifn chimique des 
strates affectées. 

Diorites, gabbros (109, 120^. — Ces conclusions se 

trouvent étendues par l'étude des masses intrusives de 

diorites t St-Brieuc » et de gabbros ri^mballe), où des faits 

de même ordre ont été observes. Ces masses doivent leurs . 

caractères à d'intéressantes modiûca lions endomorphes; 

elles se chargent d'amphibole et de pyroxène, au contact 

des roches basiques précambiennes, au milieu desquelles 

elles ont troué tranquillement leur place, par dissolution 

lente des alentours, en épargnant parfois les seuls bancs 

graphitiques d^mballet intercalés parmi les précédents. 

1^5 diverses roches basiques observées au contact des 

masses intrusives sont transformées en gneiss amphibo 

liques ; leur affleurement conserve tantôt la forme de 

bancs continus, tantôt celles de brèches à blocs anguleux 

alignés, brisés, séparés, mais non déplacés, ou encore la 

forme d'enclaves disloquées ou disséminées montrant que 

les caractères basiques des intrusions doivent être attri 

bues à la résorption des roches amphiboliques traversées. 

Hoches filaniennes : La rade de Brest est particulièrement 
favorable à l'étude de ces roches: Kersanlons, minettes, 
aplites et diabases. dont M. Barrois a fixé les relations 
réciproques et Tàge carbonifère (154). Elles se montrent 
cantonnées aux régions s\ nclinales de sa carte (Daoulas, 
rilôpilal. Le Faou) et représentant les termes de difiéren- 




-- 251 — 

ciation d'autres roches granitiques, gisant en réservoirs 
souterrains sous la rade de Brest, et n'arrivant au jour 
que plus à l'est, dans le massif de Huelgoat, situé sur leur 
prolongement. 

Le Kersanton (82) a fourni des types dont le bisilicate 
est tantôt l'amphibole et tantôt le pyroxène. Les filons de 
cette nature se distinguent des filons ordinaires par leur 
structure composite : ils se sont consolidés lentement sous 
l'influence de phénomènes pneumatolitiques longuement 
poursuivis, qui ont donné naissance à .des gîtes métal- 
lifères, et à des roches concrétionnées de plus en plus 
acides, riches en éléments blancs du magma acide (por- 
phyrites micacées, Kersantons, pegmatites et aplites 
Kersantiques). Ce n'est qu'après la consolidation de cette 
dernière série, que les minettes arrivèrent dans les fentes 
des Kersantons, aussi basiques et riches en éléments 
ferro-magnésiens que les porphyrites micacées des pre- 
mières salbandes, dont elles se distinguent principale- 
ment par leur richesse en K^O. Il semble bien ici, confor- 
mément à la théorie de M. Michel-Lévy, que la circulation 
des minéralisateurs ait séparé du magma ferro- magnésien 
du Kersanton, l'excès d'alcalis, d'alumine et de silice 
et Fait entraîné dans des fentes de contraction des parties 
consolidées pour former les pegmatites et aplites Kersan- 
tiques, en laissant comme résidu les éléments des minettes. 
L'action combinée de l'eau, de l'acide carbonique, et des 
composés sulfurés des fumerolles a déterminé l'accumu- 
lation de la pyrrhotite nikelifère et de la calcite dans les 
premières amygdales ; des circulations postérieures d'eaux 
thermales ont développé pyrite, fluorine, calcite et quarz 
dans les dernières cavités formées. 

Cette venue lamprophyrique des kersantons est posté- 
rieure à la consolidation de l'aplite porphyrique de la 
rade de Brest, qu'elle coupe en filons, et qui a présenté 



— 252 - 

la particularité de développer dans les schistes au contact 
cordiérite, pléonaste, corindon et feldspaths. 

Kersantites quartzifères récentes (49, 55) : Sous ce nom, 
M. Ch. Barrois a distingué des granités avec lesquels on 
les a parfois confondues, des roches massives remar- 
quables, qui firent leur apparition dans les Asturies à 
répoque des grandes dislocations pyrénéennes, entre 
TEocène et le Miocène. EJles présentent la composition 
fondamentale des Kersantites anciennes et offrent des 
phénomènes métamorphiques spéciaux, ainsi qu'une 
assez grande variété de structures lithologiques. 

C. Roches métamorphiques. — M. Michel Lévy avait 
cherché à démontrer que le métamorphisme de contact 
donnait la clef des phénomènes de transformation dus au 
métamorphisme générai et en même temps expliquait la 
genèse des roches cristallophylliennes aux dépens de 
dépôts élastiques d*âge divers. M. Ch. Barrois a apporté 
des faits précis à Tappui de cette théorie, capitale pour 
rhistoire de la terre, puisqu'elle vise à en expliquer les 
phases les plus anciennes et les plus énigmatiques. 

Ces faits sont de deux ordres. 

Des sédiments paléozoïques déterminés, dont l'âge a pu 
être fixé en Bretagne, donnent naissance dans les auréoles 
de contact à des roches caractéristiques: les calcaires 
siluriens de St-Jacut ont donné des cipolins et passeut 
aux pyroxénites (87) ; les calcaires dévoniens marneux 
de Morlaix, donnent des amphibolites (81); ceux de 
Plélaufï, des éclogites (70) ; les grès Siluriens du Gué- 
méné, des leptynites (63); les phtaniles précambriens, 
les quartziles graphitiques (108). 

En second lieu, que le métamorphisme des grands 
massifs de gneiss granulitique s'était fait d'une façon 
progressive et inér/ale. Tandis, en effet, que certains fais- 



— 2o3 — 

lUx de schistes perdent leurs caractères propres pour 
sser à des schistes granitiques et à des gneiss, il arrive 
e des lits interstralifiés dans ces séries, tels que 
taniles, poudingues, résistent plus longtemps à celte 
Dsformation et restent reconnaissables en tant que 
îhes élastiques, dans une série gneissiliée (116, 120) ; 
quartzites paléozoïques de Landerneau, les phtanites 
Lamballe, les poudingues de Cesson, constituent les 
illeurs exemples (99). 

^a conclusion légitime de ces observations est que ces 
ssits gneissiques doivent leur origine à la pénétration 
►fonde des magmas granitiques comme divers schistes 
vent au contact du granité, les éléments granitiques, 
eioppés après coup, qu'on y reconnaît. L'intercalation, 
par lit, des tourmalines, qui remplissent les grès silu- 
is tourmalinisés de Nozay, au contact des granulites, a 
rni un exemple original et une confirmation indépen- 
te de ces pénétrations minérales intimes (121). 

oclies archéennea : En outre de ces études, qui éclairent 
node de production des roches schisto-cristallines, 
Zïï. Barrois a fait connaître leurs relations stratigra- 
|ues propres, leur succession, aussi bien en Andalousie, 
ialice, qu'en Bretagne; il a décrit leur composition, 
structure, leurs déformations mécaniques, ainsi que 
lombreuses variétés minéralogiques, caractérisées par 
éveloppement de la glaucophane (60), du chloritoïde 
), de Tallanite (81) du disthène, et des wernérites; 
montré que les unes avaient une origine sédimenlaire 
>), et les autres une origine éruptive (156), rangeant 
ni ces dernières, comme des formations homologues, 
aenant d'un même magma initial, les termes les plus 
ranls de Tarchéen breton, les diorites-micacées- 
ssiques du Nord et les glaucophanites du Midi. 



— 254 — 

Tectonique. — M. Ch. Barrois a montré que la presqu'île 
armoricaine, sorte d'avancée de l'Europe dans TAtlan- 
lique, occupe sur ce continent une situation remarquable. 
Sa position isolée et sa forme propre, si spéciales, loin 
d'être l'œuvre d'érosions littorales, résultent, dans leurs 
grands traits, de sa structure tectonique. La Bretagne a 
surgi telle que nous la voyons à l'époque carbonifère, et 
les érosions qui en ont abaissé les reliefs, n'ont fait que 
régulariser ses contours, loin de les défigurer. Les abra- 
sions atlantiques ont suivi les lignes directrices de la 
contrée, au lieu de les couper transversalement, comme on 
le croyait. 

Depuis la publication, par la carte géologique de la 
France au 1/1.000.000, des premiers résultats des recher- 
ches de M. Ch. Barrois sur la Bretagne, on sait qu'à la 
notion antérieurement acceptée, d'une presqu'île armori- 
caine constituée par deux grands plateaux et par deux 
bassins indépendants, doit être substituée celle d'une 
région comprenant une série nombreuse de petits plis très 
étroits, à peu près parallèles entre eux, et indéfiniment 
allongés de l'est à l'ouest. Mais le parallélisme de ces 
ondes n'est qu'approximatif : leurs lignes directrices 
forment des séries qui vont converger au large du 
Finistère, de telle sorte que le triangle armoricain, avec 
sa base en Europe et son sommet en mer, doit à la fois son 
existence à des ridements de l'époque carbonifère, et sa 
forme à leur convergence. Le contour actuel des côtes 
bretonnes est en relation directe avec les lignes orogé- 
niques de l'époque paléozoïque. 

Cette notion positive paraît prendre une valeur plus 
haute, quand on la rapproche des données, esquissées ci- 
dessus, sur la tectonique des monts Cantabriques, car elle 
montre que les deux caps Finistère, d'Espagne et de 
France, correspondent respectivement aux points de 



— 2o5 — 

'encontre de deux systèmes de lignes directrices, ou 
plutôt, à des déviations brusques de plis carbonifères, 
suivant une ligne brisée. Ainsi se trouvent expliqués, pour 
a première fois, la cause^ l'âge et la figure des contours 
)ccidentaux du continent Européen. Le groupement de ces 
3lis carbonifères forme une chaîne côtière continue, 
iont M. Barrois a tracé les tronçons, de la Cornouaille 
mglaise à la Normandie, la Bretagne^ les monts Canta- 
briques ; cette chaîne, en ruines, est en relation génétique 
îvec la formation de la dépression océanique, qu'elle 
limite et dont elle dépend. On reconnaît ainsi comme 
l'un des traits fondamentaux de Torogénie de TEurope, 
que les lignes directrices carbonifères sont déviées en 
approchant des rivages atlantiques : elles se plient, se 
tendent, et les arcs ainsi engendrés présentent leurs 
courbures du côté de Tocéan, à la façon des chaînes plus 
modernes qui entourent le Pacifique. 

En indiquant dans cette ligne brisée Thomologue, sur 
notre bord continental^ de la chaîne droite des Appalaches 
américains, on dévoile un des grands traits de structure 
de la dépression atlantique, dont la connexion avec les 
ridements carbonifères est ainsi mis en évidence. 

Si les grandes lignes commencent à apparaître, les 
détails de la structure du massif breton sont encore 
Dsuffisamment connus ; leur étude a toutefois fourni à 
^. Barrois des données générales. Pour les mettre en 
elief, il a fallu reconstruire par induction les reploie- 
nents des couches, dans un pays de plaines où toutes les 
oùtes ont été rasées par les dénudations, et où les seuls 
lébris des systèmes montagneux nous sont conservés, 
soles et comme ensevelis, dans d'étroites gorges concaves, 
^es gorges qui abritent les strates paléozoïques les plus 
"écentes du pays, sont uniformément caractérisées par 
eur profondeur, leur exiguïté et la dissymétrie de leurs 






bords : ce ne sont pas des bassins de sédimentation, et on I "'^^ 
peut rattacher à un système très simple de failles longitu- "^"^ 
dinales la dissymétrie générale des plis du sol breton. 
Parfois les failles sont nombreuses dans un même pli, et _ ,, 
les strates qui le composent se trouvent alors débitées I 
uniformément en tranches parallèles, dételle sorte qu'il ï 
s'est produit un effondrement des tranches médianes, 1 
tandis que les autres^ abandonnées en arrière pendant l 
le mouvement d'affaissement, furent plus tard balayées 
par les dénudations. . „, 

Enfin rétude des grandes rayures du sol armoricain a \^^ 
fourni un second élément de coordination, en révélaut 
l'existence d'ondulations transverses, continues, obliques 
aux premières. Pendant que le pays se ridait à l'époqa^ 
carbonifère, des sillons se constituaient à la base d* 
l'écorce, suivant les principaux anticlinaux ; dans c^ * 
sillons, le magma granitique s'est élevé inégalement, su^ 
vantla conductibilité maxima et la composition chimiqut ^ 
des roches traversées, formant autant de traînées co 
tinues qu'il y a, à la surface, de chapelets d'ellipses granl 
tiques. C'est principalement dans les failles, ouvertes sui 
vant les synclinaux, que se sont accumulées les roche^ 
filoniennes produites par différenciation. 

Ainsi la Bretagne nous apprend que les moyens mis e 
jeu dans la tectonique n'ont pas de manifestations iden 
tiques dans tous les massifs montagneux. Mais si les forme 
engendrées varient dans leur figure, elles ne varient pa 
dans leur but, qui est unique et immuable, celui de réduir 
la surface et le volume des édifices montagneux super 
ficiels, incapables de s'accomoder des fosses étroites où 1 
contraction du globe tend sans cesse à les resserrer. Tou 
se réduit, en somme, dans la tectonique bretonne, à de -^ 
pressions tangentielles et à des transports latéraux, soa^^s 
l'action de la contraction du globe, cause des injection^î^^s 



^" 



- 257 — 

profondes, et sous le contrôle de la dénudation super- 
ficielle. 

Géographie. — M.Ch. Barroisa miseii relief rinfluence 
notable de la structure tectonique du sol sur la forme 
générale des contrées qu'il a étudiées et principalement 
de la Bretagne. Il en a tiré l'explication de divers traits 
géographiques du bassin de la Manche et de la Bretagne, 
tels que, répartition des îles, des lacs, des cultures, des 
habitants. Grâce aux études géologiques, l'évolution du 
système hydrographique de ces régions, le tracé général 
des cours d'eau, la cause de leur passage à travers les 
lignes d'escarpement et le creusement par les affluents 
de vallées longitudinales dans les couches tendres, ont été 

• 

'ûterprétés d'une façon rationnelle. Un même système 
hydrographique s'applique au sud de l'Angleterre et à la 
^''etagne, et la dépression de la Manche rentre naturel- 
'^naent dans ce réseau comme une ancienne vallée fluviale 
^tJverte par érosion. 

L'observation des dépôts qui s'accumulent actuellement 
tJr les côtes de Bretagne, montre la formation contem- 
poraine de sédiments très variés, d'origine détritique, 
himique et organique; M. Ch. Barrois a pu expliquer 
^giquement la répartition de ces diflérents sédimeots, 
ans ces mers littorales, par l'action combinée des courants 
Marins et des courants fluviaux. C'est une première illus- 
^ation précise de l'application, de courants déterminés, 

l'interprétation géologique de faciès synchroniques 
126); elle n'a été rendue possible que grâce aux recher- 
hes fondamentales de M. Bouquet de la Grye sur le régime 
ydrographique de nos côtes. 

M. Ch. Barrois a fait une autre application de ces prin- 
ipes aux plages soulevées, qu'il avait découvertes en 
Bretagne, et qui sont si remarquables par le mélange de 



— 258 - 

galets étrangers disséminés à l'époque quaternaire surces 
côtes par les glaçons flottants. La limite de leur extension 
au sud s'explique par la neutralisation des courants 
littoraux qui ont donné naissance à la levée de Penthièvre 
(26, 56 et 126). 

En étudiant les galets dragués au large des côtes Belges 
et Néerlandaises, M. Ch. Barrois a reconnu qu'ils pro- 
viennent de la Bretagne ou de la Normandie. Il en a conclu 
qu'ils avaient pu être portés par des glaces flottantes qui 
passaient à travers le détroit du Pas de Calais. 

IV. — Espagne 

Stratigraphie. — Asturies et Galice : Le massif paléo- 

zoïque des Asturies et de la Galice (27, 29, 39, 49,52, 

55), au nord-ouest de l'Espagne, avait été signalé à Tatten- 

tion des savants par de Verneuil, qui y avait découvert des 

faunes anciennes d'une richesse extraordinaire. On savait 

que la faune primordiale y existait et que le Dévonien 

inférieur, très fossilifère, y paraissait associé à des 

combustibles. 
L'intérêt exceptionnel decesrégionsdécida M. Ch. Barrois 

à aller y relever en détail, l'ordre de superposition des 

• 

couches ; il reconnut l'existence de renversements, qui 
avaient enseveli le terrain houiller sous des terrains plus 
anciens, et put alors classer ces terrains d'une façon 
systématique. Un premier résultat fut de fixer la position 
de la faune primordiale dans la série stratigraphique de 
l'Espagne septentrionale, et d'en décrire un certain 
nombre de formes nouvelles. 

Au-dessus de celle faune, cinq assises distinctes lui ont 
encore laissé retrouver les caractères paléonlologiquesdu 
Silurien. 

Le terrain dévonien a présenté huit divisions naturelles, 



— 2S9 — 

dont les faunes ont été décrites et figurées; la compa- 
raison détaillée des assises superposées avec celles du 
centre de l'Europe montre que la série, aussi complète 
dans Sun ensemble, se distingue principalement par ce fait 
que les récifs coralliens y ont prospéré plus tôt, présentant 
leur plus grand épanouissement dans le Dévonien infé- 
rieur, tandis qu'ils se sont développés plus tard au nord 
de la France (récifs givétiens et frasniens). 

Le terrain carbonifère était réputé pour sa richesse en 
combustibles, sans que Tàge de ces houilles fût fixé : les 
plantes que M. Barrois y a recueillies ont permis à 
M. Zeiller d'y reconnaître la suite Complète des étages 
houilles distingués en Europe. La série des formations 
carbonifères marines offre également une extension consi- 
dérable à rOuest des Pyrénées : elle débute par l'étage des 
célèbres marbres griottes, considérés jusque-là comme 
iévoniens. Les conclusions de M. Barrois relatives à ce 
'épôt pélagique du début de l'époque carbonifère, bien 
fu'attaquées à l'origine, ont cependant eu gain de cause, 
'epuis que les observations de M. Seunes dans les 
Vénées, M. Holzapfel en Allemagne, M. Karpinsky en 
tussie, MM. Foord et Crick en Angleterre, ont permis de 
îs généraliser. Le marbre griotte est surmonté par 
épaisse masse pélagique du Calcaire des canons^ repré- 
Bntant l'ensemble des étages de Tournay et de Visé; 
a trouve au-dessus les Calcaires de Lena à Fusulines, 
3nt la formation s'est poursuivie jusqu'à l'époque 
éphanienne. Parmi les 108 espèces citées de ce niveau 
jparavant inconnu, 54 espèces nouvelles ou mal connues 
it été figurées, et quelques-unes d'entre elles se retrou- 
3nt dans la di\ision supérieure (C'O du Calcaire carbo- 
ifére avec houille du Donetz et de l'Oural (Gshelien). 
insi M. Ch. Barrois a fait connaître dans les terrains 
cuillers des Asturies des intercalations de calcaires 
larins, à divers niveaux, du Culm au Stéphanien. 



— 260 — 

Bassin d'Oviedo : L'examen détaillé du bassin crétacé 
d*Oviedo (37) a fait connaître une série d'assises très 
fossilifères, s'étendant de TUrgonien au Sénonien. Leur 
comparaison avec celle du sud-ouest de la France a précisé 
nos connaissances sur Texlension des mers crétacées, les 
modifications de leurs faunes, et démontré la généralité 
des grandes transgressions de Tépoque crétacée dans 
rOuest de l'Europe, de TEcosse à la Chaîne Canlabrique. 

Chaîne Canlabrique : Situés vers les extrémités de la 
chaîne des Pyrénées, les monts Cantabriques (55) offrent 
une complication peu commune, que M. Ch. Barrois a 
rapportée à la déviation des lignes directrices des Pyré- 
nées et leur raccordement avec celle de la Meseta espa- 
gnole. L'analyse de tous les détails de structure lui a 
permis d'en saisir quelques traits. Les Monts Cantabriques 
doivent leur origine à deux puissantes pressions latérales 
successives; la première, développée dans la direction 
des parallèles, se produisit entre le Houilleret le Permien; 
la seconde, agissant suivant les méridiens, eut lieu entre 
TEocèue et le Miocène. Le premier ridement fut précédé 
de nombreux mouvements de bascule, E. 0.;le second fut 
de même précédé de mouvements occillatoires. N.-S. 
fournissant ainsi respectivement de nouveaux exemples 
de ce fait général que dans les régions montagneuses, les 
mômes mouvements du sol tendent à se répéter aux 
différentes époques. 

La constatation de ce fait rend plus frappante encore 
Tapparente anomalie qui existe entre cette région et la 
plupart des autres (Monts Hercyniens, Appalaches) où 
toutes les pressions latérales s'opérèrent dans une même 
direction constante, au lieu de se succéder, comme dans 
les Asturies, dans deux directions perpendiculaires entre 
elles. Mais cette anomalie apparente des mouvements du 
sol canlabrique peut être interprétée de façon à rentrer 



- 261 - 

msla règle commune. On peut, en elïet, noter que les 
!ux ridements principaux, dont on retrouve la trace 
ms les montagnes des Asturîes, ont été tous deux déter- 
inés par des pressions latérales, venant du côté des 
onts qui faisait lace à la plus grande mer, à Tépoque où 
s pressions se produisirent. 

Si, négligeant les dernières dislocations, on s'élève au- 
ssus des conclusions locales qui précèdent, pour consi- 
rer l'ensemble du mouvement primordial, on voit les 
ands traits de la Péninsule Ibérique s'esquisser dès 
poque carbonifère. Ils sont déterminés par la courbure 
ns les Monts Cantabriques des lignes directrices des 
rénées ; et la comparaison des lignes tectoniques de la 
Btagne a fait plus haut ressortir l'unité de plan qui a 
;\é la structure des deux grandes péninsules occiden- 
es d'Europe, l'Espagne et la Bretagne, et posé ces 
mes à l'Atlantique. 

indalousie : Dans la mission d'Andalousie, M. Ch. 
rrois a été chargé d'étudier particulièrement, en colla- 
[•ation avec M. Oiïret, la Sierra Nevada et la Sierra 
ieda, c'est-à-dire la chaîne Bétique. Le Sierra Nevada 
jistingue par sa structure de la plupart des montagnes : 
§t un énorme monolithe de schistes cristallins à anda- 
site, staurotide, grenat, feldspaths, en couches presque 
[•izonlales, qui se dresse comme d'un seul jet jusqu'à 
is de 3.000 mètres de hauteur : elle constitue une voûte 
•baissée sur les flancs de laquelle les terrains triasiques, 
s plissés, se sont trouvés écrasés. L'allure des faisceaux 
listo cristallins de la chaîne Bétique montre de plus 
e la région a été affectée par une série de grandes 
;sures transverses, accompagnées de rejets horizontaux 
que la partie ployée de la chaîne, située à la limite des 
îrras Tejeda et Nevada, correspond topographiquement 
'épicentre du tremblement de terre. 

nales de la Société Géologique du Nord, T. xxxili 18 



— 262 - 

Paléontologie. — Les fossiles trouvés en Espagne et 
particulièrement dans les Asturies ont fourni à M. Ch. 
Barrois quelques aperçus intéressants sur certains groupes. 

Bryozoaires. — Certains calcaires dévoniens d'Espagne 
sont formés uniquement de Bryozoaires, comme des 
tulïeaux de Touraine (55). Ces beaux gisements ont permis 
de reconnaître que nombre de Fenestellidœ précédemment 
décrites n'étaient que des fossiles incomplets, dépourvus 
de leur couche externe, mince, fragile, d'une décompo- 
sition rapide, reconnaissable, par exemple, sur le genre 
Hemitrypa. A l'époque carbonifère, les Fenestellides ont 
présenté une récurrence de certains caractères des formes 
du Silurien supérieur. 

BrcLchiopodes. — Si on ajoute les 112 espèces trouvées 
en Espagne (55), aux 90 recueillies en Bretagne (78, 95), 
on a un ensemble de 200 espèces qui ont été décrites et 
pour la plupart figurées : leur comparaison avec celles des 
des régions classiques a montré que le développement de 
nouvelles variétés dérivées du type principal s'est lait 
d'une façon inégale. Ainsi les Athyris du Dévonien infé- 
rieur et les Spirifer ostiolati de cette époque montrent la 
plasticité de ces formes dans la région espagnole; par 
contre, les Spirifer aperturati, si variés dans les Ardennes, 
ne présentent que des formes fixes dans les Asturies. Le 
groupe des Wilsonia fournit une observation analogue. 
La considération des formes spécifiques a permis de 
compléter l'arbre généalogique de divers genres, llhyrtcho- 
nella^ Spirifer^ etc. Athyris avec ses deux branches des 
acutiplicatœ et des cinctcBy la première passant à la seconde, 
dans le temps, et celles-ci aux Hetzia. 

iamellibr anches, — Les espèces paléozoïques des Astu- 
ries (55) sont nouvelles pour la plupart, et les genres les 
mieux représentés dans ces temps anciens sont les moins 



— ^63 — 

iflérenciés. Certains de ces genres nouveaux ont eu une 
>rtune brillante, tel le genre Gosseletia, où Ton range 
ijourd'hui une foule d'espèces d'Allemagne et des Etats- 
nis (travaux de MM. Follmann, Maurer, Holzapfel; Frech, 
ail). 

Coralliaires. — M. Ch. Barrois a fait également des 
îmarques curieuses sur le parallélisme des Coralliaires 
5voniens et carbonifères. Les espèces dévoniennes de 
)ralliaires présentent des caractères locaux, dévoilés par 
îs formes spécifiques et génériques nouvelles, tandis que 
s formes coralliennes carbonifères présentent une plus 
*ande constance sur toute la terre. Dans le Carbonifère 
•édominent les Rugueux à columelle ; le développement 
rdif de la columelle dans la série phylogénique est 
accord avec les observations ontogéniques, établissant 
le les cloisons naissaient chez Terabryon, avant la 
uraille, avant la columelle. Le genre dévonien Acer- 
ilaria, si souvent discuté, est un précurseur synthétique 
es formes carbonifères, par la différenciation de son 
ilice en zones concentriques, dues à des combinaisons 
es septa et des dissépiments. 

V. — Pyrénées et régions voisines 

En dehors des listes publiées par divers savants dont 
l avait déterminé les fossiles^ M. Ch. Barrois a écrit 
>lnsieurs notes ou mémoires intéressants sur les Pyrénées 
;t les régions voisines. 11 a signalé Texistence de la faune 
iifélienne dans le Languedoc, et indiqué plusieurs types 
louveaux, communiqués par M. de Rouville (76). La 
laute-Garonne a aussi fourni une faune infra-dévonienne, 
éunie par M. Gourdon et dont les caractères si spéciaux 
mt été retracés par plusieurs planches (50, 53, 59, 67, 



- 264 - 

77, 92). Les environs de Barcelone explorés par M. le 
chanoine J. Aimera, lui ont fourni les éléments de la 
description de six faunes siluriennes dictinctes, nouvelles 
pour la Catalogne, et ces découvertes ne sont pas sans 
portée pour la géographie zoologique de cette époque 
(104, 105, 137, 149). M. Barrois a constaté dans les 
Pyrénées Texistence d'un groupe de Lichas de Scandi- 
navie {Trochurus), et indiqué en 1887, dans la Montagne 
Noire, à M. de Rouville^ la présence du groupe Dikeloce- 
phalus du Wisconsin, et depuis celles d'autres formes (156) 
des étages de Tremadoc et d'Arenig, d'Angleterre et de 
Scandinavie. 

Un des résultats généraux de ces déterminations fut 
d'établir la vaste répartition, auparavant méconnue, de 
cinq faunes différentes, de la série silurienne anglaise; 
ainsi le niveau de Caradoc, à Cystidées et Orthis ActonvB, 
reconnu en Bretagne (79), dans l'Hérault (90), les Pyré- 
nées (59, 77) et jusque dans la Catalogne (104), est venu 
apporter un point de repère précis et un terme comnaun 
aux bassins siluriens du nord et du sud de l'Europe, qui 
étaient attribués, depuis les grands travaux de Barrande, 
à deux provinces zoologiques séparées. 

VI. — Graptolites 

L'étude des graptolites (106, 112) avait été délaissée 
en France, et cette lacune était d'autant plus regrettable 
que les savants Scandinaves et anglais fondaient leurs 
récentes classifications stratigraphiques sur la répartition 
de ces fossiles : les zones graptolitiques se trouvaient être 
constantes des Etats-Unis à l'Angleterre et à la Scandi- 
navie, c'est-à-dire dans l'aire septentrionale de notre 
hémisphère. Il ne semblait pas en être de même au mid* 
de l'Europe. On ne connaissait, avec Barrande, qu'uD^ 



- 265 — 

3ule faune graptolitique en Bohême, et ces fossiles étaient 
eu connus dans le sud de l'Europe, où les niveaux étaient 
rincipalement caractérisés par des trilobites. 
Après avoir réuni des collections de graptolites des 
ivers massifs français, où ces formes avaient été 
gnalées (Languedoc, Pyrénées, Ardennes, Normandie, 
retagne), M. Ch. Barrois en a dressé des listes critiques 

il a reconnu, en même temps qu'un petit nombre 
espèces nouvelles, Texistence de cinq niveaux grapto<* 
iques distincts, comparables à ceux des pays du Nord. 

a prouvé que les zones graptolitiques du Nord de 
!urope, se suivent en France, de la Bretagne aux 
renées. 

Le genre Monograptus, le plus riche et le plus important 
s genres français, a présenté des sections caractéris- 
[ues de niveaux déterminés. Les genres Rastrites et 
rtograptus sont limités aux mêmes zones en France 
'en Angleterre. Chez nous, les Dichograptidœ caracté- 
ent rOrdovicien, comme les Monograptidœ le Silurien 
Dérieur; parmi eux, les Tetragraptus, Dichograptus, 
3artiennent à la base de TOrdovicien, un groupe de 
lymograptus est limité à TArenig, un autre au Llandeilo. 
) Phyllograptidœ sont limités à TArenig français; par 
itre, les /^ip/ograpfirfcB sont remarquables par une répar- 
on verticale beaucoup plus étendue. 

Ispagne : Les graptolites recueillis par M. le Chanoine 
Aimera en Catalogne lui ont permis (149) de recon- 
tre Texistence, dans cette partie de TEspagne^ des quatre 
^es graptolitiques distingués dans le Gothlandien par 
savants anglais. Leur concordance avec les étages 
iqués en France confirme nos notions sur la vaste 
ension des mers gothlandiennes à Touest de TEurope. 
tendue de ces eaux tranquilles devait nécessairement 



— 266 — 

être suffisante pour permettre la dissémination, de l'Es- 
pagne à TAngleterre^ à i'abri d'apports classiques conti- 
nentaux, de colonies libres de graptolites et de leurs gono- 
zoîdes errants. 

VII. — HouiLLER DU Nord 

M. Ch. Barrois a décrit dans le terrain houiller du Pas- 
de-Calais une faune marine qui lui a permis d'identifier 
ce niveau au Gannister bed d'Angleterre (2). 

L'étude du poudingue de Nœux (148) avec galets de 
phanite à radiolaires {Cenosphaera^ Lithocyclia) m'a appris 
comment la dépression houillère s'était comblée lentement 
en déplaçant ses bords, de telle sorte que les dépôts les 
plus anciens étaient remaniés au nord-est, pendant que 
les plus récents, formés à leurs dépens, s'étendaient 
transgressivement au sud ouest. C'était une confirmation, 
par une voie nouvelle, d'une théorie générale exposée pour 
la première fois par M. Potier. 

La détermination de fossiles gothlandiens et gédin- 
niens (134, 138), fournis par une série de sondages 
profonds^ a montré que les roches bleuâtres, rencontrées 
dans les concessions de Liévin, Nœux, Drocourt, l'Escar 
pelle, n'appartenaient pas, comme on l'avait cru, au 
Carbonifère, ni au lambeau de poussée, mais à un paquet, 
en place, de la crête du Condros, en couches régulières et 
non renversées, ce qui constitue une donnée pratique 
nouvelle, utile pour les sondeurs. 

La présence de Spirorbes à Bruay, Aniche (157), et leur 
vaste répartition, reconnue par M. Zeiller, dans les toit^^ 
des veines du bassin, a amené M. Barrois à préciser les 
conditions de dépôt de ces lits, remplis de si belles 
empreintes végétales, par la considération des conditions 
d'habitat des Annelides épiphytes. On doit ainsi admettre 



— 267 — 

nécessairemeot la formation autochtone de ces lits; les 
fougères des toits auraient vécu à la place même où on 
les retrouve. Cette notion s'accorde bien avec le résultat 
d'observations qu'il poursuit en ce moment sur la conti- 
nuité de plusieurs bancs marins, dont le dépôt doit être 
envisagé comme Tun des épisodes les plus généraux da 
ce bassin houiller, et par conséquent d'une importance 
capitale pour les plans des exploitants. 



— 268 — 



LISTE DES PUBLICATIONS 

de M. Charles Barrois 



NOTES ET MÉMOIRES 

1873 

1. Sur le terrain crétacé du Boulonnais entre Saint-Omer 

et Boulogne; Mém. Soc. Sciences fMle, 3® série, t. XI, 
p. 25. 

1874 

2. Sur la faune marine du Terrain houiller du bassin 

septentrional de la France ; Bull. Soc. Géol. France, 
t. 11, p. 223. 

3. L'étage de la gaize dans le Boulonnais ; Bull. Soc. Géol, 

France, t. Il, p. 226. 

4. Compte rendu (comme secrétaire) de Texcursion delà 

Société géologique de France à Mons et à Avesnes; 
Bull. Soc. Géol. France, t. 11, p. 533. 

5. Catalogue des poissons du Terrain crétacé du Nord de 

la France; Bull, scient, du iYorrf, t. V, p. 123. 

6. Sur le Byssacanthus Gosseleti, poisson dévonien de 

TArdenne; .4. F. A. S. Session d*août, p. 1. 

7. Sur le Gault et sur les couches entre lesquelles il est 

compris dans le bassin de Paris, du Pas-de-Calais à 
la Bourgogne ; Ann. Soc, Géol. Nord. t. 11, p. 1. 




269 — 



1875 



8. Description géologique de la craie de Tlle de Wight; 

Ann, Se. Nat, Paris, t. XTII, p. 1, 1 pi. 

9. Sur TAachénien et la limite entre le Jurassique et le 

Crétacé dans TAisne et les Ardennes ; HulL Soc. GéoL 

France, t. III, p. 257. 
iO. Catalogue des ReptiJes du Terrain crétacé du Nord du 

bassin de Paris ; Bull. Scient, du Nord, t. VI, p. 1. 
^1. Sur les ondulations de la craie dans le sud de TAngle- 

terre ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. II, p. 85. 

12. Sur la zone à Belemnites plenus, étude du Céno- 

m 

manien et du Turonien de Test du bassin de Paris; 
Ann. Soc. Géol. Nord, t. II, p. 145. 

13. Sur rage des couches de Folkestone du Lower-green- 

sand d'Angleterre ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. III, p. 84. 

14. Sur l'âge des couches de Blackdown dans le 

Devonshire; Ann. Soc. Géol. Nord, t. III, p. 1. 
^5. Sur le Terrain crétacé de TUe de Wight; Bull. Soc. 

Géol. France, t. II, p. 429. 
^6. Le Gault du bassin de Paris ; Bull. Soc. Géol. France, 

t. III, p. 707. 

1876 

^^- La dénudation de Wealds et du Pas-de-Calais : Ann. 

Soc. Géol. Nord, t. III, p. 75. 
^8. SurTEocène supérieur des Flandres; Ann. Soc. Géol. 

Nord, t. III, p. 84. 

19. Sur Vàge des couches de Totternhoe dans le Bed- 

fordshire ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. III, p. 145. 

20. Recherches sur le Terrain crétacé supérieur de 

l'Angleterre et de Tlrlande ; Paris, Thèse inaugurale 
pw«r le Doctorat, 3 pi. 



— 270 — 

21. Sur la craie de Tlrlande ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. lU, |lS 

p. 189. 

22. Embryologie de quelques éponges de la Manche; Ann. 

Se. Nat. Paris, t. III, p. 1, 5 pi. Thèse pour le Doctorat 
es -sciences naturelles. 

23. Sur le Terrain silurien de Touest de la Bretagne ; Ann. 

Soc. Géol. Nord, t. 4, p. 38. 

24. Sur le Terrain dévonien de la rade de Brest; Ann. Soc. 

Géol. Nord, t. IV, p. 59. 

1877 

25. Les minerais de fer de la Bretagne ; Ann. Soc. (iéoL 

Nord, t. IV, p. 130. 

26. Sur les traces de Tépoque glaciaire en quelques points 

des côtes de la Bretagne ; Ann. Soc. Géol. Nord,i. I^' 
p. 186, 1 pi. 

27. Relation d'un voyage géologique en Espagne ; A?^^- 

Soc. Géol. Nord, t. IV, p. 292 (Reproduit en espago^^ 
dans le Boletin del Mapa Geologico de Espana). 

28. Description d'espèces nouvelles de mollusques crétao^^ 

de Test du bassin de Paris (en collaboration av'^^ 
M. de Guerne ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. V, p. 42, 3 f>l- 

29. Sur le Terrain dévonien de la province de Lé^^^ 

(Espagne); Ass. h\ Av. Sci. Le Havre (Reprodi^*^ 
dans le Roletin del Mapa Geologico de Espana). 

1878 

30. Les sables de Sissonne (Aisne) et les alluvions de ^^ 

vallée de la Souche ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. V, p. 8^- 

31. Sur les alluvions de la rivière d'Aisne ; Ann. Soc- 

Géol. Nord, t. V, p. 110. 

32. Compte rendu de l'Excursion géologique dans les 

Ardennes ; Ann, Soc. Géol. Nord, t. V, p. 140. 



33. Sur un gabbro de la presqu'île de Crozon; Bull, Soc. 

Géol. France, t. VI, p. 178. 

34. Mémoire sur le Terrain crétacé des Ardennes et des 

régions voisines ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. V, p. 227. 

1879 

33. A. geological sketch of the Boulonnais ; Proceedings of 
the Geol. Assoc. London, t. VI, p. 1. 

36. Excursion of the Geologist's Association to Boulonnais; 

Proceedings of the Geol., Assoc, t. VI, p. 39. 

37. Mémoire sur le Terrain crétacé du Bassin d'Oviédo 

(Espagne); Ann. Soi. Nat. Paris, t. X, n^l, 1 pi. 

(Traduit en espagnol dans le Bulletin de la carte 

géologique d'Espagne). 
^8. Relation d'une mission scientifique aux Etats-Unis, 

1878-79 ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. VI, p. 228 (Discours 

présidentiel). 
^9- Le marbre griotte des Pyrénées ; Ann. Soc. Géol. Nord, 

t. VI, p. 270) (Traduit en espagnol dans le Bulletin 

de la carte géologique d'Espagne). 
*^- Sur l'étendue du système tertiaire inférieur dans les 

Ardennes et sur les argiles à silex; Ann» Soc. Géol. 

Nord, t. VI, p. 340. 
^^' Sur la faune troisième silurienne du Finistère ; 

A. F. A. S. Montpellier. 
^-- Sur quelques espèces nouvelles un peu connues du 

Terrain crétacé du Nord de la France; Ann. Soc. 

Géol. Nord, t. VI, p. 449, 3 pi. 
*'^' Sur les alluvions de la Serre ; Ann. Soc. Géol. Nord, 

t. VII, p. 82. 
^^- Notes on the Rev. J. F. Blake's paper on the Chalk of 

Yorkshire, Proceed. Geol. Assoc. London, vol. 6, 

p. 165. 



— 272 — 



1880 



45. Sur la faune quaternaire de Sangatte; Ann. Soc. Géol. 

Nord, t. VII, p. 181. 

46. Sur rélage Turonien de rirlande; inn. Soc. (réoL 

Nord,L VII, p. 173. 

47. Sur les formations quaternaires et actuelles des côtes 

du Boulonnais ; Bull. Soc. Géol. France, t. VIlï, 
p. 552. 

48. Sur le Terrain silurien supérieur de la presqu'île de 

Crozon; Ann. Soc. Géol. Nord, t. VII, p. 258. 

49. Sobre las Kersantitas recientes de Asturias : Chronica 

Cientifica de Barcelona, t. III, p. 401. 

50. Sur des fossiles de Cathervieille (Haute-Garonne); 

Bull. Soc. Géol France, t. VIII, p. 256, 1 pi. 

1881 

51 . Légende de la feuille de Rethel. 

52. Sur le calcaire carbonifère du Nord de TEspagae ; 

i. F. A. 5. Avril, p. 516. 

53. Sur le terrain silurien supérieur de la Haute-Garona© ; 

Ann. Soc. Géol. Nord^ t, IX, p. 50. 

54. Observations sur la thèse de M. C. W. Cross, sur les 

roches de Bretagne: Ann. Soc. Géol. Nord, t. Vllï» 
p. 90. 

1882 

55. Recherches sur les terrains anciens des Asturiesde 1^ 

Galice; Mém. Soc. Géol. Nord, ouvrage de 630 p-» 
accompagné de 20 pi. 

56. Sur les plages soulevées de la côte occidentale du 

Finistère ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. IX, p. 239. 



— 273 — 



1883 



57. Aperçu de la constitution géologique de la région qui 

s'étend de Lorient à Penmarch : Ann. Soc, Géol. 

Nord, t. X, p. 56. 
îjS. Sur les reclierches du D*" J. Lehmanndans la région 

granulitiquede la Saxe; Ann. Soc. Géol. Nord, t. X, 

p. 173. 
o9. Sur les faunes siluriennes de la Ilaule-Garonne ; Ann. 

Soc. Géol. Nord, t. X, p. 151, 2 pi. 

60. Sur les amphibolites à glaucophane de Tîle de Groix ; 

Bull. Soc. minéral, de France, t. VI, p. 289. 

61. Sur les sciiistes métamorphiques de Tîle de Groix; 

Ann. Soc. Géol. Nord, t. XI, p. 18. 

62. Sur les DictyospongidsB des Psammites du Condroz; 

Ann. Soc. Géol. Nord, t. XI, p. 80, 1 pi. 

1884 

63. Sur les grès métamorphiques du massif granitique 

du Guéméné ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XI, p. 103. 

64. Observations sur la constitution géologique de la 

Bretagne; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XI, p. 87. 

^3- Sur le chloridoïde du Morbihan; Bull. Soc. Minéral. 
France, t. VII, p. 37. 

^6. Observation à propos d*une note de M. J.-W. Judd sur 
les puits profonds de Londres ; Ann. Soc. Géol. Nord, 
t. XI, p. 141. 

"^- Sur les ardoises à Nereites du bourg d'Oueil (Haute- 
Garonne) ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XI, p. 219. 

68. Sur rétage aptien de la Haute-Garonne; Ann. Soc. 

Géol. Nord A. XL p. 227. 

69. Nouvelles observations sur la constitution géologique 
. de la Bretagne ; Ann, Soc. GéoL Nord, t. XI, p. 278. 



— 274 - 



1885 



70. Mémoire sur le granité de Rostrenen, ses apophyses 

et ses contacts; Ann. Soc. GéoL Nord, t. XII, p. 1. 

71. Sur la constitution géologique de la Sierra-Nevada, 

des Aipujarras et de la Sierra de Almijara (Anda- 
lousie). (En collaboration avec M. Offret). Comptes 
rendus Ac. Se, 20 avril. 

72. Sur la constitution btratigraphique des monts du 

Menez; Comptes-rendus, Ac. Se, décembre 1885. 

73. Légende de la feuille de Granville. 

74. Légende de la feuille de Pont-l'Abbé. 

75. Légende de la feuille de Lorient. 

76. Le Calcaire à polypiers de Cabrières (Hérault); Ann, 

Soc. Géol. Nord, t. XIII, p. 74, 1 pi. 

77. Sur la faune de Hount-de-Ver (Haute-Garonne) ; Ann. 

Soc. Géol. Nord, t. XIII, p. 124, 2 pi. 

78. Sur le calcaire de Chaudefonds (Maine et- Loire) ; 

Ann. Soc. GéoL Nord, t. XIIL p. 170, 2 pi. 

1886 

79. Constitution géologique de la rade de Brest; B^^^ 

Soc. Géol. France, t. XIV, p. 678, 3 pi. 

80. Sur le massif granitique du Huelgoat ; Bull. S^^- 

Géol. France, t. XIV, p. 678, 1 pi. 

81. Compte-rendu (comme Président) de Texcursion de 1» 

Société géologique de France dans le Finistère; 
liull. Soc. Géol. France, t. XIV, p. 655. 

82. Sur le Kerzanton de la rade de Brest ; Ann. Soc. (Jeoi 

yVorrf,l. XIV, p. 31. 

83. Légende de la feuille de Châteaulin. 

84. Sur la constitution géologique de la chaîne bétiq^^ 

(En collaboration avec M. Ofïret). Comptes-rendt^^ 
Ac. Se, séances du 7 juin, 12 et 19 juillet 188G. 



— 275 — 

Sur la disposition des brèches calcaires des Alpu- 
jarras et leur resseoiblaace avec les brèches houil- 
lères du N. de la Fraoce ; Comptes /-«m/ms Ae. Se, 
9 août- 
Aperçu de la coDStilution géologique du Finistère ; 
Guide Seient. de Slorlaix, t. III, p. 90. 

1887 

Les pyroxénites des llesdu Morbihan; Ann. Soc. (!éol. 
N<yrd^ t. XV, p. 69. 

Notice préliminaire sur la (aune d'Erbray ; Ann. Soc. 
tléol. Nord, t. XIV, p. 138. 

Modifications et transformations des granulites du 
Morbihan ; Ann. Soc. (ièol. .\ord, t. XV, p. 1. 

Sur les faunes siluriennes et dévoDiennes de la Haute- 
Garonne, d'après les découvertes de M. M" Gourdon; 
A. F. A. S. Toubuxe. 

1888 

Sur le Terrain dévonien de la Navarre; Ann. Soc. 
Géol.Nord, t. XV, p. 112. 

Sur l'existence du genre Otdhamia dans les Pyrénées ; 
Ann. Soc. Géol. Pford, t. XV, r- 1^4. 

Sur les roches cristallines des environs de Lanmeur ; 
Ann. Soc. Geol. Nord, t. XV, p. 238. 

Sur la constitution géologique de l'ouest de la 
Bretagne; Ann. Soc. Céol. Nord, t. XVI, p. 1. 

Mémoire sur la faune du Calcaire d'Erbray (Loire- 
Inférieure) ; M^m. Soc. (iéoL Nord, ouvrage de 348 p., 
accompagné de 17 pi. 



— 276 — 



1889 



96. Étude sur la constitution géologique du sud de 

l'Andalousie, delà Sierra-Téjeda à la Sierra-Nevada 
(en collaboration avec M. Offret), mission d*Anda 
lousie : Mémoires des Savants étrangers, t. XXX. 

97. Légende de la feuille de Redon (en collaboration avec 

M. Bochet). 

98. Sur Texistence du Terrain dévonien supérieur à 

Rostellec (Finistère); Ann. Soc, Géol. Nord, t. XVI, 
p. 132. 

99. Notice pour le panneau de la Bretagne, Expositionde 

1889. Notices sur les modèles et dessins relatifs aux 
travaux des Ponts-et-Chaussées et des Mines. Expo- 
sition de 1889. 

1890 

100. Sur les éruptions diabasiques siluriennes du Menez- 

Hom ; Bull, des services de la Carte géoL, n® 7, 1 pi- 
101 Légende de la feuille de Vannes. 

102. Légende de la feuille de Pontivy. 

1891 

103. Légende de la feuille de Quimper. 

104. Sur le Terrain silurien des environs de Barcelone; 

Ann. Soc. Géol. Nord, t. XIX, p. 63 (Traduit dans 
le Bulletin de la carte géologique d'Espagne). 

105. Sur la faune du grès armoricain; Ann. Soc. Oéol 

Nord, t. XIX, p. 134, 5 pi. 

1892 

106. Mémoire sur la distribution des Graptolites en 

France et leur rôle dans la classification du Terrain 
silurien ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XX, p. 75. 



— 277 - 

5ur le Terrain dévonicQ de h\ Catalogne; Ann, Soc. 

GéoL Nord, L XX, p, Gl. 
Sur la présence de fossiles (Radiolaires) dans le 

Terrain azoïque dti Bretagne ; Comptes-rendus 

Ac. Se, août 1892. 

1893 

Légende de la feuille de Dinan. 
Légende de la feuille de Plouguerneau. 
Légende de la feuille de Tile d'Ouessant. 
Sur le Rouvillograptus Richardsoni de Cabrières, 
Ann, Soc. GéoL Nord, t. XXI, p. 107. 

1894 

Le Bassin du Menez-Bélair (Côtes-du-Nord et lUe-et- 

Vilaine) ;Ann. Soc. GéoL Nord, i. XXII, p. 181, 8 pi. 

Comptes-rendus pour la campagne de 1893; BulLdes 

services de la carte géoL de la France (Bretagne, p. 30). 

1895 

Légende de la feuille de Rennes, en collaboration 

avec M. Lebesconte. 
Sur les poudingues de Cesson; Ann. Soc. GéoL Nord, 

t. XXIII, p. 26. 
Sur le Calcaire de St-Thurial ; Ann. Soc. GéoL Nord, 

i. XXIII, p. 38. 
Compte-rendus pour la campagne de 1894 ; Bull 

des serv. de la Carte GéoL de la France (Bretagne, 

p. 35). 
De rinfluence du sol sur la marche de la civilisation ; 

Discours présidentiel à la Société des Sciences de 

Lille, décembre 1895. 

nales de la Société Géologique du Nord^ T. xxxiil 19 



— 278 — 



1896 



120. Légende de la feuille de Saint-Brieuc. 

121. Légende de la feuille de Saint- Nazaire. 

122. Légende de la feuille de Belle-Isle. 

123. Légende de la feuille de Quiberon. 

124. Comptes-rendus pour la campagne de 1895 ; Bull. 

serv, de la Carte GéoL de la France (Bretagne, p. 4 

125. Sur Torigine de la GrandeBrière; A7in. Soc. Ge 

Nord, t. XXIII, p. 194. 



1897 

126. Sur les phénomènes littéraux actuels du Morbihan 

Ann, Soc. GéoL Nord, t. XIV, p. 182, 2 pi. 

127. Comples-rendus pour la campagne 1896; Bull, de 

sert, de la Carte Géol. delà France (Bretagne, p. 41) 

128. Répartition des îles méridionales de Bretagne e 

leurs relations avec les failles d'étirement; Ann 
Soc. Géol Nord, t. XXVI, p. 2, 1 pi. 

129. Sur la structure des plis carhouifères de la Bretagae 

Bull. Soc. GéoL France t. XXV, p. 108. 

130. Sur l'extension du limon quaternaire en Bretagne 

Ann. Soc. GéoL Nord, t. XXVI, p. 33. 

131. Des divisions géographiques de la Bretagne; Ann. à 

Géographie, p. 23, 1 pi., Paris. 

132. Des terrains cristallins de la Finlande, visités par 1* 

Congrès international ; Bull. Soc. GéoL France 
t. XXV, p. 724. 

133. Des roches éruptives de la Crimée, visitées par U 

Congrès géologique international; Bull, Soc. GéoL 
France, t. XXV, p. 720. 



— 279 



1898 



134. Découverte d'uQe faune silurienne à Liévin (Pas-de- 
Calais); Ann, Soc. GéoL Nord, t. XXVIL p. 178. 

135. Sur les Hexactinellides de la craie de Lezennes 

(Nord); Ann, Soc. Géol. Nord, t. XXVII, p. 31. 

136. Sur le gisement des roches cristallines anciennes du 

massif de Paimpol; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXVII; 
p. 22. 

137. Nouvelles observations sur les faunes siluriennes 

des environs de Barcelone (Espagne) ; Ann. Soc. 
Géol.Nord',i.XXyil p. 180. 

138. De l'extension du Silurien supérieur dans le Pas-de- 

Calais ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXVII, p. 212. 

139. Des relations des mers dévoniennes de Bretagne avec 

celles des Ardennes ; Ann. Soc. Géol. Nord^ 
t. XXVII, p. 231. 

140. Sur les roches cristallines du massif de Paimpol, 

2^^ note ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXVII, p. 265. 

141. Comptes-rendus pour la campagne de 1898 (Feuille 

de Tréguier) ; Bull, des serv. de la Carte géol. de la 
France (massif armoricain, p 37). 
^42. Les Goniatites du ravin de Coularie (Haute-Garonne). 
Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXVII, p. 260. 

1899 

143. A Sketch of the Geology of Central Britlany. Procee- 

dings of the Geologist's Association, London, t. XVI, 
p. 101. 

144. Sur rétage à Anarcestes lateseptatus dans riUe-et- 

Villaine ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXVIII, p. 116. 
143. Comptes-rendus pour la campagne de 1899 (Feuille 
de Tréguier) ; Bull, des Serv. de la Carte, géol. de la 
France (Massif armoricain, p. 10). 



— 280 - 

146 Sur un Eccoptocheile des schistes à Amphions de 
l'Hérault; Ann. Soc. GéoL Nord, t. XXVIIl, p. 2. 

1900 

147. Guide géologique de France. — Livret-guide des 

excursions en France du VIII® Congrès géologique 
international. — Volume orné de nombreuses 
planches, préparé et publié par le Secrétaire- 
général du Congrès, avec la collaboration de tous 
les géologues français. 

1901 

148. Comptes-rendus de la session du VIII® Congrès 

géologique international en France (2 vol., 1314 p., 
22 pi.). — Ces volumes contenant un Lexique 
Pétrographique de 300 p., en français, ont été 
préparés et traduits par les soins du Secrétaire- 
général, assisté de MM. Cayeux et Thevenitt^ 
secrétaires du Congrès. 

1902 

149. Sur le poudingue houiller de Nœux (Pas de-Calais > ' 

Afin. Soc. Géol. Nord, t. XXX, p. 26. 

150. Les graptolites de la Catalogne: Bull. Soc. iiéc^^ 

France, t. I, p. 637. 

151. Sur les foraminifères des phtanites carbonifères (• 

Boulonnais ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXXI, p. 4< 

152. Observations sur la géologie du canton de Groz( 

(Finistère) ; Bull. Soc. Géol. France, t. 11, p. 51. 

153. Baziehungen zwischen b'ûhmischen un franzusischf 

Devon, 74« Versammlung d. deutsch. Naturf. 
Aerzte in Carlsbad, 



— 281 - 

. Rapport au Directeur du Service, sur la carte de 
Bretagne au millionième ; Bull, des serv. Cartm 
GéoL de France, n» 91, p. 25. 

>. Sur la composition des filons de Kersanton; Comptes- 
rendus Ac. Se,, x\vril 1902, p. 752, 

190S 

). Légende de la feuille de Brest. 

/. Le massif du Menez-Bré (Côtes-du-Nord) ; Ann, Soc. 

GéoL Nord. t. XXXIÏ, p. 193. 
i Comptes-rendus des travaux exécutés sur la feuille 

de MorJaix; Bull, des serv. Carte GéoL de France 

(Massif armoricain, p. 15). 

1904 

'. Sur la présence de la zone à Phyllograptus dans 
rHérault; Ann. Soc. GéoL Nord, t. XXXllI, p. 31. 

• Les Spirorbes du terrain houiller de Bruay (Pas-de- 
Calais) ; Ann. Soc, GéoL Nord, t. XXXIII, p. 22. 



CARTES GÉOLOGIQUES 

^es par le Service de la Carte géologique détaillée de la France 



Feuille de Rethel, 1880. 

Feuille de Lorient, 1884. 

Feuille de Granville, 1885. 

Feuille de Pont-UAbbé, 1885. 



o 



Feui 

6. Feui 

7. Feui 

8. Feui 

9. Feui 

10. Feui 

11. Feui 

12. Feui 

13. Feui 

14. Feui 

15. Feui 

16. Feui 

17. Feui 



e de Châteaulin. 1886. 

e de Vannes, 1890. 

e de Pontivv, 1890. 

e de Quimper, 1891. 

e de Dinan, 1893. 

e d'Ouessant, 1893. 

e de Plouguernaux, 1893. 

e de Saint Brieuc, 1896. 

e de Saint-Nazaire, 1896. 

e de Belle Ile, 1897. 

e de Quiberon, 1897. 

e de Brest, 1902. 

e de Redon (en collaboration avec M. Bochet), 



1889. 

18. Feuille de Rennes (en collaboration de M. Lebes 
conte), 1895. 

19 à 21. Les minutes des trois feuilles de Morlaix, 
Lannion, Tréguier, sont actuellement terminées. 
Leur publication complétera le panneau de la Bre- 
tagne et permettra d'écrire, avec des documents 
nouveaux, Thistoire géologique de cette région 
naturelle. 



- 283 — 

Sondages dans les environs de Lille 

rage chez M, le D^ Dubar, avenue Salomon 

à la Madeleine 

par M. ViDELAINE 

Profond. Epaisi. 

Terre végétale et limon .... 2,50 

Glaise jaune mélangée de cailloux 1,50 

4 Glaise bleue mélangée de cailloux 1,00 

5 Glaise bleue pure 2,50 

7,50 Glaise noire 1,50 

9 Glaise sableuse .... . • 1 

10 Sable vert avec plaquette ... 5 

15 Sable noir avec plaquette . . . 17,45 

32,45 Glaise bleue compacte .... '4,55 

37 Glaise noire très sôclie .... 4,75 

41,75 Craie très blanche et compacté . 11,75 

53,30 Craie blancbe et tun 3 

56,50 Craie blanche 1,50 

58 Craie blanche avec silex. ... 3 

61 Tun 1 

62 Craie grise sableuse 2 

64 Craie grise mélangée de silex. . 2,50 

I 66,50 Craie blanche avec peu de silex . 1,50 

68 Graie grise pure 1 

69 Silex pur ........ 1,50 

70 Craie grise mélangée de silex . . 2 

72,50 Dièves 6,20 

78,70 Fin du sondage. 

'âge chez M. Denoyelle, à Lamhersart, eu 1903 
par MM. Pagniez et Brégi 

Profond. Epaisienr 

Argile jaune 2 

2 Sable rouge à grains fins, mouvant 4 

6 Sable gris un peu gros, mouvant . 6 

12 Sable rouge à gros grains, mouvant 2,50 

14,50 Sable gris avec gravier de craie. . 8 

22,50 Tuffeau 0,40 

23 Sable vert mêlé de croûtes dures . 2,50 

25,50 Glaise bleue 8 

33,50 Tuffeau 2,20 

35,70 Craie blanche 20 

55,70 Craie à silex lissurée : Eau ... 5 

60,70 Fin du sondage. 



— 284 — 

Séance du 6 yozanbre 1904 

Le président adresse les félicitations de la Société 
Géologique à M. Ardaillon, professeur de géographie à 
la Faculté des Lettres, qui vient d'être nommé Recteur 
de l'Académie de Besançon. La Société Géologique du 
Nord, tout en se réjouissant de voiraccorderà M. Ârdaillon 
une si haute distinction, regrette son départ, qui la prive 
de l'un de ses membres les plus zélés et les plus 
sympathiques. 

Le successeur de M. Ardaillon à la chaire de géographie 
de Lille est M. Demangeon, qui est déjà membre de notre 
Société. Nous espérons trouver en lui la même collabo- 
ration dévouée que dans son prédécesseur. 

Sont nommés membres de la société : 

MM. Edouard Rigaux, géologue à Boulogne-su r-Mer. 
Grégoire Foumier, abbé de Maredsous. 

M. Gh. Barrois annonce à la Société que, dans une 
récente visite au puits N^» 6 de Liévin, il a reconnu des 

débris de Vunjgotus parmi les fossiles recueillis par les 
soins des ingénieurs de la Compagnie. Celle découverte 
apporte une contirniation à Tàge siluro-dévonien de la 
série qui recouvre le houiller à Liévin. Les Pterygotus 
occupent dans cette série une position déterminée, inter- 
médiaire entre les bancs siluriens à Daya navicula et les 
bancs devoniens à lUeraspis étudiés avec tant de succès 
par M. Leriche. 

M. Gosselet annonce que lors de Texcursion delà Société 
Géologique de Belgique dans le Boulonnais, on a vu la 
forêt sous -marine de Wissant plus belle qu'elle n'a jamais 
été ; elle s'étend à Test jusqu'aux aflQeurements d'argile à 
(htrea Leym^h. On y voit un grand nombre de troncs, les 
uns couchés, les autres debout avec leurs racines ; parmi 
ces derniers il y en a qui s'élèvent verticalement à 40 ou 
50 centimètres au dessus du sol environnant. 




M. Douxami remet à la Société au nom de M. Révil, 
plusieurs publications sur les Alpes Françaises. 

M. Brè^i présente un os d'un grand bœuf trouvé à 22 
mètres de profondeur, dans le diluvium de La Madeleine. 

M. Gosselet fait la communication suivante : 

Les Assises crétaciques et tertiaires 
dans les Fosses et les Sondages du Nord de la France^ 

Région de Douai, 
par J. Gosselet. 

J'ai Thonneur d'offrir à la Société le premier fascicule 
^e mon Mémoire sur Les assises crétaciques et tertiaires 
^<ins les fesses et les sondages du Nord de la France (*), publié 
^^ns le recueil des Topographies souterraines. Ce premier 
^^scicule est consacré à la Région de Douai, 

Il comprend les fosses et les sondages situés sur la 
Partie occidentale de la feuille d'État Major de Douai, 
^*®8t-à-dire les concessions d'Aniche, de TEscarpelle, 
^*Ostricourt, de Carvin, de Meurchin, de Courrières, de 
I^^ocourt, de Lens et de Liévin, plus les sondages de la 
*^évèle. Il est accompagné de trois cartes et de deux 
Planches de coupes. 

La première carte est une carte géologique des terrains 
Primaires en supposant les terrains morts enlevés. Elle 
Pï'ésente les courbes de niveau de la surface, tracées de 
^ix mètres en dix mètres. On y verra pour la première 
^^is la disposition du terrain silurique, dont la décou- 
^^rte faite, il y a quelques années, par M. Ch. Barrois, est 
^ïi des plus grands progrès accomplis depuis longtemps 
Concernant la structure des couches primaires qui 
accompagnent la houille. 

La seconde carte est celle de la surface supérieure du 
*Uromen. J'ai pris comme surface supérieure de cet étage, 

^^> Paris, Béranger éditeur, me des Saints-Pères, 15. 



- 286 — 

la meule ou tun qui existe presque partout dans la région 
étudiée. C'est un repère excellent, qui peut être déterminé 
à un ou deux mètres près, souvent même plus exacte- 
ment. Sur cette carte on trouve aussi, tracées, des lignes 
hypsométriques de dix en dix mètres. 

La troisième carte montre la surface de la craie égale- 
ment avec lignes hypsométriques. On y a porté la distri- 
bution actuelle des couches tertiaires, de manière à faire 
v©ir qu'elle concorde avec les dépressions de la craie. 

Outre ces cartes, il y a dans le texte des esquisses qui 
représentent Torographie de la surface du Cénomanien, 
des marnes à Inoceramus labiatus et des marnes à Tere- 
bratulina gracilis. La difficulté de déterminer d'une 
manière exacte la limite de ces assises dans beaucoup de 
listes de sondages m'a engagé à n'en pas tracer les cartes. 

Des coupes qui se sont dirigées du Nord au Sud et de 
l'Est à l'Ouest à travers la région, montrent l'allure des 
diverses assises du terrain crétacique. 

Le texte se divise en cinq parties : 

La première est consacrée à une description succinte 
de la structure générale du sol. 

Dans la seconde, on examine, pour chaque concession, 
les renseignements obtenus sur les diverses couches. 

La troisième partie consiste en tableaux des fosses, 
forages et sondages, réunis par concession, avec la pro- 
fondeur, l'altitude et l'épaisseur de chaque assise. 

Suit, comme quatrième partie, un répertoire permet- 
tant de se reporter des numéros matricules des sondages 
portés sur la carte aux tableaux précédents. 

Enfin, une cinquième partie est consacrée à l'étude de^ 
nappes d'eau contenues dans la craie. 

Je ne me suis occupé des terrains primaires et di 
terrain houiller, en particulier, que dans leurs rapport 
avec les couches qui les surmontent. J'ai dû recherch^^y 



i 



— 287 — 

quelle avait pu être, sur l'allure des assises crétaciques, 
l'influence des diverses roches primaires, ainsi que des 
failles et autres accidents reconnus dans le terrain 
houiller. 

Pour cela, j'ai indiqué la structure générale du bassin 
houiller, comme je l'exposais dans mes derniers cours. 
J'ai, en outre, tracé sur les coupes quelques failles 
secondaires, dont il était nécessaire d'apprécier les effets. 
J'ai constaté que les mouvements qui ont plissé et faille 
les roches primaires ne se sont pas répercutés dans les 
terrains supérieurs. Par conséquent, les plis et les failles 
primaires sont antérieurs au dépôt de la craie. 

On doit aussi en conclure que les plis anticlinaux ou syn- 
clinaux, que pourrait présenter la craie, sont indépendants 
des synclinaux et anticlinaux primaires. Ceux-ci n'ont eux- 
mêmes que peu d'influence sur le relief du sol primaire 
qui a été sculpté par l'eau avant l'époque crétacique (*). 
La surface primaire n'est pas non plus une surface 
d'abrasion marine, comme quelques géologues ont pu 
le supposer ; c'est une surface d'érosion aérienne, une 
pénéplaine, selon le terme créé par Davis. Elle est acci- 
dentée, beaucoup plus inégale même que ne l'indique ma 
Carte ; car depuis que celle-ci est tracée, j'ai vu une carte 
de la surface du tourtia dans la concession de Lens, 
dressée par l'Administration de ces mines. Elle s'accorde 
dans l'ensemble avec la mienne; mais en raison du grand 
ïXombre de points où l'on a pu constater la présence du 
tourtia dans les travaux d'exploitation, elle est beaucoup 
plus précise. Or, elle indique une surface primaire abso- 
lument raboteuse. C'est là un fait important à constater ; 
Oar en raison de la nature des roches, on ne peut invoquer 



(1) Ces conclusions ne sont énoncées que pour la région de Douai ; elles 
I^avent n'être pas applicables à d'autres régions, à la grande faille de l'Artois, 
K^ exemple. 



— 288 — 

la formation de poches de dissolution sous rinfluence des 
eaux supérieures. 

Dans la région de Douai, il y a à la surface des couches 
primaires trois cavités importantes : deux sont dans la 
concession d'Aniche à Sainte-Marie et à Fénelon; la 
troisième est à Douai même dans la concession de TEscar- 
pelle. C'est la plus remarquable. Elle présente une déni- 
vellation de près de 100 mètres par rapport aux surfaces 
primaires voisines (^). 

L'ensemble de la région constitue en outre un grand 
bassin où les lignes hypsométriques sont concentriques et 
de plus convergent au sud vers le creux de TEscarpelle 
J'ai fait remarquer l'analogie de cette disposition avec 
celle d'un cirque glaciaire dont le paléocreux de l'Escar- 
pelle serait le déversoir. 

A cette occasion je dois rappeler que M. J. Cornet avait 
déjà émis l'hypothèse que le bassin de Mons doit son 
origine à une fosse creusée par un glacier. Les cavités 
signalées près d'Aniche ont aussi de l'analogie avec les 
trous produits par l'érosion glaciaire. 

Enfin de chaque côté du paléocreux de l'Escarpelle, on 
trouve à l'ouest la brèche d'Auby et à l'est le conglomérat 
de Raucourt, que l'on pourrait considérer comme des 
moraines du glacier. Je les rapporte à l'époque permienne. 

Après le ridement Hercynien, il y eut pour le Nord de 
la France une période continentale, qui dura juqu'au 
milieu de l'époque crétacée. On peut du moins le supposer 
de l'absence complète de tout sédiment marin, que l'on 
puisse rapporter aux terrains triasique, jurassique ou 
crétacique inférieur. On ne connaît même dans la région 
de Douai aucun dépôt d'eau douce analogue au Wealdien 
de Mons et du Boulonnais. 

(1) Gosse LET : Sur l'allure souterraine des couches aux environs de Douai. 
Ann. Soc. Géol. Nord, XXX, p. 146. 



— 289 - 

Les premières couches secondaires sont des sédiments 

xnarins à Ammonites inflatus. Us ont élé rencontrés dans 

I)lusieurs endroits par M. Ch. Barrois, mais ils sont très 

sporadiques ; aussi ne les ai-je pas distingués du Céno- 

manien. 

Celui-ci remplit les dépressions du sol primaire, sans 
toutefois les combler. Il se borne à être plus épais dans 
les fonds que sur les hauteurs. On remarque aussi que le 
Cénomanien diminue beaucoup d'épaisseur du côté de la 
frontière belge. Ce que nous appelons bassin d'Orchies 
ou de Pévèle n*est pas un bassin tectonique. C'est un 
plateau primaire sur lequel les couches crétacées vont en 
s'amincissant vers l'Est. 

Le Cénomanien est l'étage crétacique le moins connu 

de la région de Douai. A part le tourtia que l'on dislingue 

partout, le reste de l'étage a souvent été confondu avec 

les Dièves. Dans l'Est de la région., il est à l'état de marne 

argileuse blanche ou grise, ce qui lui a fait donner les 

ûoms de dièves blanches, dièves grises^. Mais dans l'Ouest, 

dans la concession de Lens et de Liévin, la quantité de 

Calcaire augmente, le Cénomanien se distingue mieux des 

clièves, en même temps qu'il prend plus d'épaisseur. 

Le Turonien a été divisé en trois assises : l'assise à 
Inoceramus labiatus, l'assise à Terebratulina gracilis et à 
Inoceramus Brongniarti, l'assise à lUicraster breviporus, 
ï^ouT plus de facilité de langage, je leur ai donné les noms 
Vulgaires de Dièves, Bleus et (iris, sous lesquels elles 
^oot désignées par les mineurs. 

La distinction des deux premières assises est souvent 
bien difficile, même dans les fosses. Les Dièves sont vertes 
Ou bleues, quand elles sont encore imprégnées d'humidité ; 
^lles sont plastiques et ne contiennent que rarement 
clés bancs solides. Leur épaisseur est, en moyenne, de 
^ mètres. 



— 29Ô — 

Les Bleus, ainsi nommés parce que la roche a généra- 
lement une teinte bleue, quand elle est imprégnée par 
Teau de carrière, se distingue des dièves parce qu'ils 
renferment un plus grand nombre de bancs de craie 
lourde, compacte, alternant avec des bancs argileux 
semblables aux dièves. Les bancs solides augmentent en 
nombre vers le sommet de Tassise. Lorsqu'ils deviennent 
prédominants, ils constituent alors ce que les mineurs 
ont souvent appelle fortes toises ou petits bancs. L'épais- 
seur des bleus varie de 15 à 40 mètres dans la région de 
Douai. 

Les Gris sont une assise de composition variable et de 
caractères multiples. Ils sont essentiellement formés de 
craie grise, rugueuse, à cassure plate. Ils contiennent 
presque toujours des silex, très souvent de la glauconie, 
fréquemment du phosphate de chaux. Dans la région de 
Douai, ils se terminent supérieurement par une craie dure 
désignée sous le nom de Meule, Cependant, la meule 
manque vers TEst, dans la concession d'Aniche. 

L'épaisseur des gris ne dépasse pas 10 mètres ; souvent 
ils n'ont que 3 à 5 mètres. C'est un niveau facilement 
reconnaissable, qui permet d'apprécier les ondulations de 
la craie. 

La carte de la surface turonienne montre la même 
orographie générale que la surface primaire, mais les 
inégalités ont beaucoup diminué d'amplitude. 

L'étage Sénonien, formé uniquement de craie blanche, 
avec ou sans silex, est loin d'être complet dans la région 
de Douai. On n'y voit aucune trace de la craie à Bélem- 
nitelles. Les géologues qui supposent que tous les étages 
de la série crétacique ont recouvert le Nord, sont obligés 
d'admettre qu'il y a eu, avant l'époque tertiaire, un ravi- 
nement énorme qui aurait fait disparaître non seulement 
le Sénonien à Bélemnilelles, mais encore le Damien, sans 



- 291 - 

eu laisser aucun témoin. Cependant ce puissant ravi- 
nement, plus important peut-être que le ravinement pleis- 
tocëne n'aurait produit qu'une plaine ondulée. La surface 
crétacée est en effet une pénéplaine sans collines impor- 
tantes, avec quelques vallées peu profondes, moins pro- 
toniles que les vallées actuelles. 

Les sondages ont fait connaître dans la région de Douai 
l'existence de deux vallées de la surface crayeuse qui ont 
été remplies par des sédiments tertiaires ('). 

11 n'a été donné que peu d'étendue à l'étude des assises 
t.6rtiaires. Elles manquent dans une grande partie de la 
ï'égion de Douai. Elles ne sont guère développées que dans 
la Pevèle, mais là les sondages sont rares et surtout ils ne 
fournissent guère de détails pour les couches tertiaires 
traversées. 

La limite des dépôts tertiaires continus est approxima- 
tivement marquée par la ligne hypsométrique 4 20 de la 
surface crayeuse. En dehors de celte ligne et à un niveau 
plus élevé il n'y a plus que de petites collines tertiaires 
isolées. 

Celles-ci ont leur base au niveau de la plaine. L'érosion 

pleistocène n'a donc enlevé qu'une faible partie de la 

Craie ; car si la craie avait été profondément excavée, les 

^lots tertiaires se trouveraient portés sur un piédestal de 

Craie. 

Je n'insisterai pas sur les idées générales qui peuvent 
Se dégager de mon mémoire. J'ai surtout voulu présenter 
des faits. Chacun en tirera les conclusions qu'ils lui 
inspireront. 11 en est cependant qui me semblent s'im- 
poser et qui sont du reste tellement logiques, qu'il paraît 
Peut-être naïf de les signaler. 



Cl) GossELET : Coupe du]canal de dérivation autour de Douai. Superposition 
^ vallées actuelles à des vallons de la surface crayeuse. Ann. Soc. Géol. 
^ra, XXXIII, p. 82. 



~ 292 - 

1» L'allure de chaque assise dépend de la surface sur 
laquelle elle s'est déposée ; elle se moule sur cette surface. 

2^ Les strates ne constituent pas des nappes horizontales 
d'une épaisseur constante et d'une composition minéra- 
logique toujours la même. Au contraire, ils varient rapi- 
dement d'épaisseur et de composition. 

Ce sont là des principes que tout géologue a constaté, 
mais que l'on oublie quelquefois dans les raisonnements 
géologiques. 

Je ne puis terminer ce court résumé de mon mémoire 
sans remercier de nouveau les Directeurs et Ingénieur^ 
des houillères de la région. Sans leur concours, qu'ils 
ne m'ont jamais marchandé, je n'eus pu faire ce travail^ 
C'est à eux que la science doit en être redevable. 

M. Leriche fait la communication suivante : 

Le Lutétien de /'Avesnois 
par Maurice Leriche 

Les terrains tertiaires de TAvesnois ont été, jusque 
dans ces derniers temps, entièrement et unanimement 
attribués au Landénien. 

Dans un travail récent (^), j'ai montré que les forma- 
lions du Massif tertiaire de Trélon-Ohain, jusqu'alors 
rapportées à cet étage, étaient en réalité lutétiennes. 

Depuis, j'ai étendu mes recherches à tous les terrains 
tertiaires de l'Avesnois, et reconnu la présence du Lutétien 
in situ en plusieurs autres points de cette région, principa- 
lement dans le Massif tertiaire qui s'étend au Nord de la 
Grande-Helpe. 

MASSIF DE Trélon-Ohain. — Le Lutétien offre, dans ce 
Massif, un grand développement. Il n'y est représenté 

(1) Mc« Leriche, L'Eocène des environs de Trélon (Nord), Ann. Soc, Géol. du 
Nord, t. XXXII, 1903, p 17«. 



ace 5: 

m 



- 293 - 



que par son terme le plus inférieur (Bruxellien), et repose 
à l'Est (Grand-Dieu d*Ohain) sur les terrains primaires, 
tandis qu'à l'Ouest (Haies de Trélon), il recouvre, en les 
linerJ ravinant, les sables blancs landéniens. il débute par un 
^nij « gravier de base » à gros éléments crélacés et primaires, 
n est formé par un sable jaune, — argileux, grossier et très 
glauconifcre à la base (sable gras), — plus quartzeux et 
plus fin au sommet (sable maigre). Dans la zone des 
^^ sables gras », le sens de la stratification est indiqué par 
^es lits, en général peu épais, colorés en rouge par de 
^'iiématite, ou plus foncés que le reste de la masse, par 
^uite de leur teneur plus grande en glauconie. 

A la petite faunule, à caractère nettement lutétien, 
^ ^e j'ai signalée dans cette formation, doivent s'ajouter les 
espèces suivantes, que j'ai reconnues dans de nouveaux 
'^^tériaux récemment recueillis: 

Pleurotoina crassa, Edw. 

TortisipliO Huftieti, Ler. (espèce nouvelle, décrite plus loin). 

Morio {Cassidarla) nodosa^ Sol. 

Himella Jissurella, Linné. 

I^atica, sp. 

Chania, sp., (orme voisine de Charria sulcata, Desh. 

I^ucula, sp. 

I^leurotoma crassa est une espèce des « couches de 
^^acklesham ». 

Morio [Cassidarla) nodosa se rencontre, en France, dans 
^ <t Calcaire grossier »; en Angleterre, dans les « couches 
^^ Bracklesham » ; en Belgique, dans le Bruxellien et le 
^^ekenien. 

Himella fissurella a vécu, dans le Bassin de Paris, depuis 
"Yprésien jusqu'au Bartonien inclusivement; elle présente, 
^^ Belgique, la même extension verticale. 

Chama sulcata, que rappelle une forme de Trélon, est, 
^'siprès Dcshayes (^), localisée, dans le Bassin de Paris, au 

1^(1) G.-P. Dbsbàtes, Description des animaux sans vertèbres découverts dani 
'* bassin de Paris, t. I, p. 585. 

annales de la Société Géologique du Nord, t. xxxiii 20 



— 294 — 

niveau glauconifère de la base du « Calcaire grossier ». 
Elle est signalée, par M. Cossmann (^), à Biacklesham. 

Ces déterminations ne font donc que confirmer Tâge 
lutétien que j'ai attribué aux sables jaunes du Massif de 
Trélon-Ohain. 

Massif du Nord de la Grande-Helpe. — Les formations 
que je rapporte au Lutétien inférieur (Bruxellien) cons- 
tituent, au S.-E. de Solre-le-Château, deux importants 
lambeaux, presque contigus, qui occupent les points 
culminants de ce Massif. 

Le lambeau le plus oriental, celui sur lequel s'élève le 
village de Clairfayts, n'est distant que de 3 kilomètres du 
petit lambeau bruxellien signalé au Sud de Sivry, parla 
Carte géologique de Belgique (*). La sablière de Clairfayts 
(sablière Peltier). ouverte à l'entrée méridionale du 
village, un peu au Nord de la cote 247 de la Carte de 
l'Etat-Major, montre, sous un limon dont l'épaisseur varie 
de l"i50 à 2 mètres, un sable jaune, fin, plus ou moins 
glauconifère, disposé en petits lits presque horizontaux, 
dont la coloration varie du jaune clair au jaune-foncé. Ce 
sable, exploité sur une profondeur de 2à 3 mètres, devient 
plus glauconifère à la base, où certains lits, particuliè 
remeut riches en glauconie, se distinguent du reste de la 
masse par une teinte plus foncée. 

Malgré les longues recherches que j'ai faites dans ce 
sable, je n'ai pu y trouver aucune trace de fossile; mais il 
y a entre le sable de Clairfayts et celui du « Grand Dieu 
d'Ohain », dans le Massif de Trélon-Ohain, une telle 
identité minéralogique, que je n'hésite pas à conclure à la 
contetnporanéité de ces deux formations. 

Les sables actuellement visibles à Clairfayts corres- 

(1) M*'® Cossmann. Catalogue illustré dos Oiuuilles fossiles de l'Eocène des 
environs de Paris. M»/i. Soc roy. walactfl. de Belgique, l. XXII, 1887, Mémoires 
p. 7 ; Extrait, fase. Il, p. M. 

(2) Feuille de Sivry-Kance (X° 181). Terrains tertiaires, par M. Moorlo.n. 



— 295 — 

pondent aux « sables maigres » du Massif de Trélon- 
Ohain. Les (( sables gras >) qui, dans ce dernier Massif, 
forment la zone inférieure du Bruxeilien, existent proba- 
blement aussi à Clairfayts, mais ils n'y ont pas encore 
été atteints. 

Le second lambeau bruxeilien du Massif tertiaire du Nord 
de la Grande-Helpe, s'étend du hameau de l'Epine (au Sud 
de Solrele-Château) au Bois de Fétru, où il s'élargit brus- 
quement. Une petite sablière, ouverte à TEst du hameau 
de TEpine, près de la cote 240, montre un sable analogue 
à celui de Clairfayts. 

Le Lutétien occupe peut être encore les points culmi- 
nants (cote 241) du Bois de Belleux, situés de chaque 
côté de la roule de Solre-le-Ghâteau à Liessies. Peut-être 
couronne-t-il aussi les sommets (cote 241) du Massif 
tertiaire de Sains, au Sud de la Grande-Helpe ? Q) Ces 
difîérents points, couverts de bois ou de pâturages, ne 
présentent, malheureusement, aucun affleurement. 

Des traces de l'ancienne extension du Lutétien se 
rencontrent à l'Ouest et au Nord de l'Avcsnois. 

A Marbaix, où M. Gosselet (}) a jadis signalé des grès à 
Nummulites remaniés dans le Quaternaire, on trouve, 
sous le limon, dans une poche creusée au milieu du 
« Calcaire carbonifère » (carrière Masure), des sables dont 
la composition est très variable, et dont l'allure est fort 
irrégulière. Au fond de la poche, on voit prédominer des 
sables à grain moyen assez uniforme, qui ont une grande 
analogie avec les sables landéniens de la région. Plus haut, 
apparaissent des sables jaunes, grossiers, qui viennent 
parfois s'intercaler dans les sables sous-jacents. Ces 

.(1) C'est aussi vers la cote 240 que Too rencontre le Bruxeilien dans le Massif 
de Trélon-Ohain, situé plus au Sud. 

(2) J. Gosselet, De l'extension des couches à Nummulites laevigata dans le 
nord de la France, Bull. Soc géoL de France^ 3' sér., t> II, 1873-1874, p. M, 56. 



- 296 — 

sables grossiers m'ont fourni quelques exemplair^-s 
légèrement roulés, de Nummulites Lamarcki, On doit vrai i 
semblablement les considérer comme des sables lutétierxs 
remaniés presque sur place avant leur descente dans la 
poche. 

Enfin, au Sud de Louvroil, dans une petite excavation 
située à TOuest de la route nationale de Maubeuge à 
Avesnes, j'ai recueilli, au milieu d'un sable grossier, 
argileux et probablement remanié, plusieurs Nummulites 
tœmgatus plus ou moins roulés. 

Résumé, — Le Lutétien, qui a jadis recouvert tout 
TAvesnois, y présente encore un grand développement. 
Réduit à rOuest et au Nord à de petits témoins remaniés, 
il forme, au contraire, à TEst et au Sud des Massifs 
étendus. Il n'est représenté dans ces derniers que par son 
terme le plus inférieur (Bruxellien du Bassin belge, 
couches à Maretia grignognensis du Nord du Bassin de 
Paris). L'sssisek Nummulites lœmgatus du Bassin de Paris 
est, dans TAvesnois, entièrement remaniée à la base du 
Quaternaire. 

Su7* un Fossile nouveau (Tortisipho Huftieri) 

du Lutétien de /'Avesnois 

par Maurice Leriche 

Figures 1 et 2 dans le texte 

Le Lutétien des Bassins de Paris et de Nantes renferme 
des Gastropodes de petite taille, qui forment, dans le 
nouveau genre Parcisipho Cossm. 1901 (>), un groupe 
assez naturel que M. Cossmann a désigné sous le nom de 
To7*tisiplio (2). Dans ce groupe, où figurent, comme types, 

(1) M*^® Cossmann, Essais de Paléoeonchologie comparée, 4' livraisco, iî^'» 
P- 101. .^. 

(2) Mce Cossmann, Catalogue illustré des Coquilles fossiles de l'Eccène ûcb 
environs de Paris. Ann. Soc. roy. malacol. de Hetgique, t. XXIV. ^85». 
Mémoires, p. 147; Extrait, fasc. IV, p. 15t. , 

— Mce Cossmann, Essais de Paléoeonchologie comparée, 4" livraison, i^"'' 
p. 104. 



- 297 — 

Pusus M jucundus Desh. et h Pleurotoma » distorta Desh., 
coquille est fusolde, l'ouverture est étroite et terminée 

it un canal allongé, très nettement tordu et tronqué, 

iDs échancrure, à son extrémité. 
C'est à ce groupe que je rapporte deux coquilles, un 

eu frustes (Fig. 1 et 2), du Lutétien de l'Avesnois, diflé- 

Ènles de celles décrites jusqu'ici, et pour lesquelles je 

oaae la diagnose suivante : 

ToitUipho Huftieri |3), nov. sp. 

Coquille d'assez grande taille, allongée, formée de six 
aurs, — DOD compris la protoconque, qui a disparu — 
ODvexes, sépai^s par une suture enfoncée, ornés de filets 
piraux croisés par des varices irrégulièrement distribuées 

1 s 2a .1. ■ 



BCB 3 denïisrfl 
FonnedD «ml 



TOTttoipho Hnltisri. Leriche, 1901. 



et assez serrées sur les premiers toors. Dernier tour 
atténué à la base, atteignant enriron les 3/5 de la longueur 
de la coqoille. OuTerture OTalaire ; labre mince, mais 
épaissi et sillonné à l'intérieur, à une petite distance du 
bord ; columelle excarée ; bord columellaire très mince 
(détruit en partie sur les exemplaires figurés). Canal 
allongé et tordu. 

Cette coquille rappelle, par sa forme générale, Pam- 
sipho dénudât us Desh. et Tortisipho distortus Desh. du 
Lutétien du Bassin de Paris. Elle diffère : 

lo de P. denudatus, par ses eûtes axiales — elles font 
défaut dans l'espèce du Bassin de Paris — et par son 
canal t)eaucoup plus tordu ; 

2^ de r. distortus, par ses tours plus allongés, son dernier 
tour moins ventru, et sa columelle plus excavée. 

Elle se distingue aisément des autres espèces connues 
du sous-genre Tortisipho (T. jucundus Desh., T. clathra- 
tulut Cossm., T. (?) angulifer Cossm. du Bassin de Paris, 
et 7. Roiir(/ort Cossm. du Bassin de Nantes). 

La taille de Tortisipho Huftieri est de beaucoup supé 
rieure à celle des Tortisipho des Bassins de Paris et de 
Nantes. Il semble d'ailleurs que les différents groupes du 
genre Parvisipho aient atteint, dans le Bassin belge, des 
dimensions beaucoup plus grandes que dans les Bassins 
de Paris et de Nantes. .M. E. Vincent (0 a, en effet, réccm- 
mentdécrit un Amplosipho (^) panisélien (À. major) qui se 
distingue, par sa taille relativement considérable, des 
Amplosipho minuscules du « Calcaire grossier ». 



(1) E. Vincent. Contribution à la paléontologie de l'Eocène belge : Ampio* 
9\pho. Ann. Soc. roy. malacol. de Belgique, t. XXXVII, \902, Bulletins des 
Méances, p. XXIV, fig. 2. 

• (2) Sous-genre de Parvisiph9. 




— 299 — 

Séance du 7 Décembre 190i 
M. Douxami fait les cominuoicatioûs suivantes : 

Leçon d'ouverture du cours de Minéralogie 

1i) Nocembre iOOi 
par M. H. Douxami 

La Minéralogie, envisagée dans son acception la plus 
;énérale, est l'histoire naturelle des corps inorganisés ou 
ninéraux. Elle doit délinir la forme, la structure, les 
>ropriétés physiques et chimiques des différentes espèces 
auxquelles on rattache les nombreux individus qui cons- 
îtuent le règne minéral. Le domaine de cette science 
^iusi comprise est donc inimense. Ceci vous explique 
Pourquoi la chaire du Collège de France, occupés en 
'ernier lieu par le savant géologue et minéralogiste 
u 'était M. Fouqué, est celle de l'Histoire des êtres inor- 
3 niques et pourquoi, à l'Académie des Sciences, la section 
s Minéralogie est celle des minéralogistes, des géologues 

• des paléontologues ('). 

Les progrès de la science ont fait distinguer et séparer 

* la Minéralogie proprement dite un certain nombre 
^ parties pouvant être étudiées séparément et par des 
éthodes qui leur sont propres. 

EJn premier lieu, oa est convenu de borner la Minéra- 
gie à la connaissance simple des minéraux naturels, de 
Urs caractères extérieurs, de leurs propriétés cris- 
Uines, physiques et chimiques. Elle ne considère donc 
te les minéraux en eux-mômes, abandonnant à la Géo- 
gîe et à la Pétrographie le soin d'étudier les différents 
odes de groupement de ces espèces pour constituer les 
>ches et la façon dont ces roches interviennent dans la 



1^) Pasteur, dont les premières éludes furent si importantes au point de vue 
Qéralogique, faisait paiement partie de cette section. 



— 300 - 

formation de l'écorce terrestre ainsi que Torigine de ces 
minéraux. 

L'usage aussi amena les minéralogistes à ne s'occuper 
que des espèces que la nature nous présente à l'état de 
liberté, abandonnant aux chimistes celles qui n'ont encore 
été obtenues que par l'emploi des procédés de labora- 
toires, c'est-à-dire des procédés chimiques. 

On exclut aussi souvent du programme de la Minéra- 
logie tous les corps qui, dans les conditions ordinaires de 
température et de pression, affectent l'état fluide, c'est-à- 
dire rétat liquide ou l'état gazeux (*). 

Ainsi comprise et limitée, la Minéralogie n'est plus 
l'histoire générale des corps inorganiques ; elle est 
devenue simplement et plus modestement l'histoire natu- 
relle et descriptive des espèces minérales qui composent 
la croûte du globe terrestre. Son but immédiat semble 
ainsi mieux défini; par suite, ses procédés d'investi- 
gations, surtout physiques, paraissent plus simples et 
plus homogènes. 

En réalité, le Minéralogiste ne doit pas avoir seulement 
pour but de distinguer les minéraux les uns des autres et 
de les décrire aussi exactement et aussi minutieusement 
que possible. Cette Minéralogie descriptive ou Oryclo 
gnosie de Werner, l'illustre professeur de Freiberg et d'un 
certain nombre de ses élèves, ne serait plus une science, 
mais en quelque sorte un simple catalogue des minéraux 
naturels permettant à peine d'établir une classification 
rationnelle et de soupçonner les lois si importantes qui 
régissent la matière cristallisée. Tout observateur cous 

(1) Faisons remarquer, en passant, combien l'étude des gaz et des liqui'^^^ 
contenus dans les inclusions des cristaux est importante pour nous renseipi^*^' 
sur leur mode de formation, et le nMe important en minéralosie de l'^aj^ 
chargée de gaz carbonique, des eaux chaudes ou surcfiaufiées, entin des ^'^^ 
minérales dans la formation des liions. . 

Les études récentes sur le passage de l'état liquide à l'état cristallin *^c 
réciproquement ont montré toute l'importance en minéralogie des dissoluti^^^ 
salines. 



. - 301 - 

ciencieux et adroit serait un minéralogiste éminenl, 
alors que — comme Dufrénoy Ta fait remarquer dans la 
préface de son traité de Minéralogie — peu de personnes 
sont aptes à cultiver avec succès les ditïérentes branches 
de la Minéralogie. 

Cela tient, tout simplement, à ce que les restrictions 
apportées au domaine de la Minéralogie n*ont pas leur 
raison d'être dans l'essence même des choses, et qu'il 
n'est pas, à mon avis, de science qui puisse, au contraire, 
intéresser un plus grand nombre de savants : le miné- 
ralogiste et géologue Beudant allait jusqu'à dire qu'elle 
était indispensable à toute bonne éducation! (*) Sans 
vouloir aller jusque-là, il me sera facile, je crois, de vous 
montrer les rapports intimes qui existent entre la Miné- 
ralogie et les autres sciences expérimentales. 

Autrefois, avant la création des certificats actuels, la 
Minéralogie était rangée parmi les sciences physiques, et 
faisait partie du programme de la licence ès-sciences 
physiques. Il en résultait que les candidats à la licence 
es sciences naturelles, au doctorat ès-sciences naturelles, 
et, en particulier, au doctorat ès-sciences géologiques, 
pouvaient très bien se dispenser de toute connaissance en 
Minéralogie. L'application du microscope polarisant et 
des propriétés optiques des minéraux à l'étude des roches 
cristallines et aussi des roches sédimentaires, l'impul- 
sion donnée en France par MM. Fouqué et Michel Lévy à 
l'étude des roches, ont forcé en quelque sorte tous les 
pétrographes à posséder une connaissance complète des 
minéraux, de leurs propriétés optiques et des méthodes 
employées pour reconnaître bur composition chimique. 
La Géologie réclame la Minéralogie, et l'on ne peut plus 
être géologue au sens large du mot, sans être en même 
temps minéralogiste. Mais, en même temps, nous serons 



(1) Préface; Traité de Géologie et de Minéralogie. 



— 302 ~ . 

forcés^ pour ainsi dire, à chaque instant et pour chaque 
espèce minérale que nous vous décrirons, d'avoir recoure 
à la Géologie pour vous indiquer les modes de gisements 
des minéraux, les terrains où vous aurez chance de les 
rencontrer, leurs associations les plus fréquentes. Vous 
ne serez donc pas étonnés si nos excursions apprendront 
à la lois beaucoup de choses et de faits importants aux 
géologues et aux minéralogistes Q), et vous saurez aussi 
pourquoi ce sont les mêmes professeurs qui, dans un 
grand nombre d'Universités, sont chargés, à la fois, de 
l'enseignement de la Géologie et de la Minéralogie. La 
liste serait longue et facile à établir des géologues dont 
les travaux minéralogiques sont aussi estimés que leurs 
recherches de Géologie proprement dite, et aussi des 
minéralogistes auxquels la Géologie doit une grande 
partie de ses plus belles découvertes. 

Pour la Chimie, le minéralogiste a absolument besoin 
des procédés chimiques, soit pour vérifier la composition 
des espèces déjà connues, soit pour déterminer celles des 
espèces nouvelles. Dans la plupart des laboratoires de 
Minéralogie de France, de Suisse et d'autres pays, on 
accorde tous les jours une importance plus grande à 
l'analyse chimique des minéraux etdes magmas des roches. 
Je ne vous demanderai pas l'analyse complète d'un 
minéral (ceux d'entre vous qui sont chimistes pourront 
facilement, d'ailleurs, le faire dans l'Institut voisin), mais 
seulement quelques réactions chimiques caractéristiques, 
très simples, faciles à réaliser partout avec des instru- 
ments aussi simples qu'un chalumeau, une bougie et un 
morceau de charbon de bois et du borax. Elles vous 
permettront cependant, malgré leur simplicité de faire 



(1) Aussi, je recommande aux étudiants en géologie de suivre l'enseignement 
de M. Barrois qui s'occupe des propriétés optiques des minéraux et de l'étude 
des minéraux silicates, et aux étudiants en minéralogie de suivre son cours de 
pétrographie. 



^ 303 — 

analyse qualitative d'un grand nombre de minéraux, 
^ préciser souvent la détermination d'une espèce et de la 
distinguer facilement d'une autre qui lui ressemble. 

Mais si la Chimie est indispensable à la Minéralogie, 
es services que ces deux sciences peuvent se rendre Tune 

l'autre sont réciproques. En effet, les cristaux dits 
rtificiels obtenus par les chimistes sont aussi intéres- 
ants pour les minéralogistes que les minéraux naturels; 
Is se rangent souvent même avec la plus grande facilité 
ans une famille de corps minéraux. Plusieurs décou- 
ertes minéralogiques, et non des uioins importantes, 
nt été faites sur des cristaux non seulement artificiels, 
lais encore dérivés des substances dites organiques : il 
jffira de vous rappeler les découvertes minéralogiques de 
belmen, de Pasteur, de Wurtz, de Friedel, de Haute- 
luille, pour ne citer que les morts. D'ailleurs, un cristal, 
rtificiel jusque-là, peut devenir naturel si l'exploration 
un gisement inconnu le fait découvrir ; et pourquoi, par 
icemple, le soufre fondu serait-il du domaine des chi- 
listes et le soufre octaèdrique du domaine des minéra- 
)gistes ? Est-ce que ce ne sont pas les réactions ou les 
xpériences faites dans les laboratoires qui nous ren- 
Mgnent sur le mode de formation des cristaux et des 
3ches dans la nature ? 

Combien nos connaissances sur la structure intime 
e la matière cristalline seraient plus avancées si les 
bimistes décrivaient exactement la forme des innom- 
râbles substances qui sortent de leurs laboratoires, et 
ui, souvent obtenues par hasard, difficiles à reproduire 
u facilement décomposabies, sont perdues pour l'étude. 
•es caractères minéralogiques d'un cristal artificiel sont 
ussi importants que le point de fusion ou le point de 
aporisation, pour caractériser une substance chimique et 
istinguer les différents isomères, et la loi de l'isomor- 



— 304 — 

phisme n'est-elle pas à la fois une loi minéralogique et 
une loi chimique dont vous connaissez bien toute l'impor- 
tance ? Aussi, dans les cas douteux ou particulièrement 
intéressants, le chimiste, que l'étude de la cristallo- 
graphie, que Taspect des calculs et des formules — 
pourtant pas plus compliquées ni plus difficiles à appli- 
quer que celle de la Chimie organique — a effrayé, est-il 
forcé de s'adresser à uq cristallographe de profession 
lorsqu'il en a un sous la main. La spécialisation à outrance 
a donc, comme vous le voyez, ses défauts, et si le miné- 
ralogiste se repose trop souvent sur la Chimie du soin de 
déterminer la nature des molécules des cristaux lorsque 
les caractères extérieurs et les réactions faciles du chalu- 
meau ne suffisent pas à l'éclairer, il ne faut pas qu'il soit 
le seul à pouvoir se prononcer sur la forme des édifices 
atomiques et sur leur degré de symétrie. Et pour en finir 
avec les relations de la Chimie et de la Minéralogie, n'est- 
il pas vraiment rationnel que le chimiste industriel se 
préoccupe des propriétés cristallines et physiques des 
minerais des différentes substances naturelles qu'il est 
appelé à manipuler, de leurs conditions de gisement et 
de toute leur histoire naturelle 0). 

Les rapports de la Physique et de la Minéralogie ne 
sont pas moins nets. Je vous ai déjà dit que dans 
l'ancienne organisation de la licence es- sciences la Miné" 
ralogie était rattachée aux sciences physiques. C'est pour 
cela que la plupart des traités de Minéralogie sont rédigés 
surtout en vue des physiciens et des chimistes. En effet, 
l'analyse chimique reste toujours le fondement primordial 
de la détermination des espèces, et l'union de la Miné- 

(1) La question posée en juillet dernier, par exemple, au certiflcal de chimie 
appliquée : « Les ciments », comportait une partie géologique et une partie 
minéralogique dont l'importance n'est pas discutable. 



— 305 — 

alogie et de la Chimie, entrevue par Cronstedt au milieu 
Lu XVIII® siècle et affirmée plus tard avec tant d'éclat par 
lerzélius, est tellement grande que la Minéralogie ne 
leut pas plus se passer de la Chimie que la Géologie ne 
leut renoncer au secours de la Minéralogie et de la 
Paléontologie. Mais, le chimiste est avant tout et surtout 
in expérimenlateur, le minéralogiste est principalement 
)hysicien et naturaliste : physicien par les instruments 
|u'il manie (goniomètre, microscopes, appareils de pola- 
risation, etc.) par Tétude des propriétés physiques, si 
mportantes à tous les points de vue des cristaux (double 
'éf raction, polarisation, dilatation des cristaux, etc.) et par 
es procédés auxquels il a recours; naturaliste, parce que 
es classifications qu'il établit doivent tenir le plus grand 
compte des affinités naturelles d'allure et de gisement 
^ont Tobservation peut seule nous donner la conn.tis- 
sance. D'autre part, la connaissance des minéraux à Taide 
l'un ensemble de caractères extérieurs exige avant tout 
le que l'on appelle vulgairement le « coup d'œii » des 
laturalistes. 

S'il est sûr que les physiciens feraient beaucoup pour la 
Itfinéralogie en prenant l'habitude de relier les propriétés 
les corps qu'ils découvrent à la symétrie qui appartient à 
['enveloppe cristalline, il est certain aussi que l'étude 
ipprofondie des propriétés si remarquables et si spéciales 
les cristaux peut seule donner la solution de problèmes 
lui comptent parmi les plus importants de la physique, 
m particulier de la physique moléculaire ou de la chimie 
)bysique. Le physicien doit donc connaître, à côté de la 
Cristallographie, les principales propriétés physiques des 

:ristaux. 

Les rapports entre les Sciences-Physiques et la Miné- 
alogie s'accentuèrent avec les progrès de la Chimie 
tomique, avec l'étude optique des cristaux et aussi avec 



— 306 — 

les progrès de la Cristallographie. C*est de cette partie, 
pendant longtemps négligée ou méconnue des sciences 
minéralogiques, dont je voudrais vous résumer l'histoire, 
afin de vous montrer son importance relative et le beau 
rôle joué dans son développement par les savants français, 
depuis Rome de Tlsle et Haûy, les fondateurs de cette 
science, jusqu'aux minéralogistes actuels. 

La Cristallographie est la science qui a pour objet l'étude 
des cristaux et des relations de forme qui existent 
entre eux. Les anciens naturalistes connaissaient les 
cristaux (0 ; mais ils les regardaient comme des jeux de 
la nature et ignoraient les lois qui les régissent. Trompé 
probablement par la variété immense que semblent pré- 
senter, lors d'un examen superficiel, les cristaux d'une 
môme substance (2), Bufîon écrivait, au milieu du XVIH* 
siècle (3) : « En général, la forme de cristallisation n'est 
pas un caractère constant, mais il est plus équivoque et 
plus variable qu'aucun autre des caractères par lesquels 
on doit distinguer les minéraux. » 

Sténon (4) écrivait cependant, en 1669, comme expli- 
cations des figures annexées à son ouvrage : « In piano 
axis laterum et numerum et longitudinem varie mutari, non 
mutatis angulis », c'est-à-dire qu'il avait deviné le principe 
de l'invariabilité des angles, base de toute la Cristallo- 
graphie. Il n'avait étudié, il est vrai, que trois minéraux: 
le quartz, l'oligiste et la pyrite, et n'avait pu effectuer 
qu'un petit nombre de mesures imparfaites. Aussi, n'est- 
il pas étonnant que cette remarque resta dans l'oubli, 
ainsi que l'observation, faite en 1688, par Gugliëlmini {^), 

(1) Principalement le cristal de roche. 

(2) Le calcile CO'CA a plus de 800 formes cristallines différentes. 

('^) In Leymkrie : Cours de Minéralogie, 1807, I, p. 55. 

(4i ïStenon, savant danois, né à Copenhague, en 1636, mort en 1687. vicaire 
apostolique du Nord de l'Europe. Il étudia à Florence, où il fut ordonné prêtre 
en lt>67, et où il publia, en particulier, en 1869: De solido intra solidum natu- 
r aliter contenta dissertationis prodromus. 

(5) In Dblafobsb : Thèse sur la structure des cristaux, p. 5. 



- 307 — 

ur la possibilité de faire dériver les formes d'un sel 
["istallisé de Tune d'elles choisie parmi les plus simples. 

Et si Linné parait avoir le premier compris toute 
importance de Tétude des formes cristallines pour la 
)Dnaissance des minéraux, c'est Rome de l'Isle qui, en 
misant le goniomètre par application, inventé par un 
Jtre Français, Carangeot, publia, en 1772, le premier 
ailé de Cristallographie et posa le principe suivant 
mnu depuis sous le nom de loi de Rome de l'Isle : Les 
ces d*un cristal peuvent varier dans leur figure et dans leurs 
mensions relatives, mais l'inclinaison de ces mêmes faces 
t constante et invariable dans chaque espèce. Dans ce traité, 

même savant montrait que les diverses formes cris- 
llines d'un même minéral n'étaient que des dérivations 
ciles à déduire d'une forme simple fondamentale et 
sissait tous les cristaux en sept groupes correspondant 
es sensiblement à nos sept systèmes cristallins actuels. 
Ce fut Haûy qui, après avoir trouvé, en 1781, presque en 
ôme temps que Bergmann, à Berlin, Texistence des 
ivages dans les cristaux, c'est-à-dire leur propriété de se 
Ttager facilement suivant certaines directions, eut la 
oire de découvrir la loi de dérivation et la loi de symétrie 
li déterminent les formes cristallines; il fit donc de la 
nstallographie une science rigoureuse. Il sut formuler, 
^ec la dernière netteté, la distinction des sept formes 
imitives correspondant aux sept systèmes cristallins 

La Cristallographie était dès lors fondée, et les progrès 

]) Ces lois peuvent s'énoncer ainsi : 

/• Toute modiflcalinn se produisant sur un élément d'un cristal se prodvit 

r tous les autre^i éléments semblables et les éléments non semblables sont 

édifiés différemment. 

i* Deux faces d'un cristal interceptent sur une arête des longueurs qui 

nt entre elles dans un rapport rationnel et généralement simple. 

M. G. Friedel, dans un travail récent (Groupements cristallins, p. 124), a 

once et complété cette loi de la manière suivante : Les faces les plus impnrs 

ntes d'un cristal sont celles qui, dans un certain réseau, ont la plu- 

ande densité réticulaire et, en outre, les plus denses sont parallèles aux 

'^ages faciles. 



I 



- 308 — 

de cette science furent rapides : Miller, en Angleterre, et 
les cristallographes allemands multiplièrent les descrip- 
tions des formes cristallines, Weiss y introduisit plus tard 
la considération des formes meriédriques qui ne satisfont 
pas aux lois d'Haùy, ensuite Mitscherlich découvrit 
risomorphisme. Delafosse, élève et collaborateur d'Haûy, 
fut conduit, par Tétude de la distribution des propriétés 
physiques dans les cristaux, à Tidée des réseaux molé- 
culaires : tandis que dans une substance amorphe les 
molécules sont disposées d'une façon quelconque les uns 
par rapport aux autres et que, par suite, les propriétés 
de la matière sont les mômes dans toutes les directions ; 
au contraire, dans une substance cristallisée, les molécules 
sont disposées suivant un réseau parallélipipédique 
caractéristique de chaque espèce, et les propriétés 
varient suivant les directions tout en restant les mêmes 
dans des directions parallèles. Autrement dit, la subs- 
tance cristalline est anisotrope (^)yisind\s que la substance 
amorphe est isotrope. 

Cette conception des réseaux moléculaires fut bril- 
lamment développée, en 1849, par Bravais (2), à qui 
revient l'honneur d'avoir donné une théorie générale des 
formes géométriques des cristaux basée sur des consi- 
dérations mathématiques aussi simples que fécondes : la 
Cristallographie devint ainsi une science rationnelle 
mathématique (^). Mallard, dans ses cours à l'Ecole des 
Mines et dans son Traité de Cristallographie (1879). 
remplaça la méthode analytique de Bravais par d'élé-^ 
gantes démonstrations géométriques, rendant ainsi la 
Cristallographie accessible à tous ceux que ne déconcerte 
pas l'emploi de l'algèbre, de la géométrie et de la trigo- 



(1) Il y a exception cependant pour les minéraux cubiques qui sont isotropes. 

(2) Eludes cristallographiques, 1819-1851, publiées de nouveau en 1866, 

(3) Vers la même époque, Naumann, en Allemagne, contribua aussi, en parti- 
culier, au point de vue didactique, aux progrès de la cristallographie. 



- 309 — 

i^ométrie. Mallard, en outre, eul aussi Tart de rattacher à 

I3. théorie de la structure réticulairedu milieu cristalliu de 

Bravais les anomalies des cristaux révélées par leur étude 

optique, aiasi qu'un certain nombre des associations 

de cristaux que nous apprendrons à connaître sous le 

ràom de mdcles. Il ajouta la notion de Tisomorphisme des 

i*éseaux cristallins à Tisomorphisme de Mitscherlich et 

transforma en quelque sorte Thypollièse mathématique de 

Bravais sur la disposition théorique de la matière cristal- 

lisée en un corps de doctrine permettant d'expliquer et 

même de prévoir a priori, dans un grand nombre de 

cas, toutes les propriétés de la matière cristallisée. 

De nos jours, les travaux de M. Wyrouboff, de 
IM. Wallerant et de M. Friedel ont fait faire à la Cristal- 
lographie de nouveaux et importants progrès, surtout au 
point de vue de Tétude des groupements cristallins^ 

* # 

D'après ce qui précède, notre Cours de Minéralogie 
^evra donc comprendre quatre parties. 

I. En premier lieu, la Cristallographie proprement dite 
étudiant la constitution moléculaire des minéraux, par 
suite, les formes géométriques qui en sont la conséquence. 

II. La Minéralogie physique, dans laquelle nous nous 
occuperons des autres propriétés physiques des corps : 
propriétés élastiques, optiques, thermiques, électriques. 

III.' La Minéralogie chimique, traitant des propriétés 
chimiques. Cette partie a évidemment les plus grands 
rapports et se confond presque complètement avec la 
chimie minérale ; mais elle possède cependant tout un 
ensemble de méthodes, de recherches spéciales à la 
Minéralogie, extrêmement importantes, quoique très 
simples et à la portée de tout le monde pour reconnaître 
rapidement les espèces minérales* 

Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxin 21 




— 310 — 

IV. Enfin, la Minéralogie spécifique comprenant pour 
nous, à la fois la description des différentes espèces ^^ 
variétés de minéraux, leurs modes et leurs conditions d^ 
gisement, leur répartition géographique, et enfin leuT^ 
applications, leur importance, au point de vue industri^^ 
ou agricole. 

Selon rimportance que Ton attribue à ces différente -^ 
parties, un traité ou un cours de Minéralogie exposer- 
cette science des façons les plus diverses. Pour les min^ 
ralogistes qui s'adonnent plus spécialement à Tobseï^ 
vation des phénomènes naturels, la Minéralogie sera uni 
science naturelle décrivant exclusivement les caractère: 
extérieurs des minéraux ; pour d'autres, elle sera uni 
branche de la Chimie ; pour d'autres enfin, l'examen de! 
principales propriétés des minéraux est du domaine de h 
Physique. Déjà Haùy et beaucoup de ses successeurs on 
surtout porté leur attention sur les minéraux cristalliséj 
et la place de la Cristallographie est devenue de plus ei 
plus prépondérante au détriment de la Minéralogi 6 
spécifique telle que nous la comprenons (*). 

Je crois (et c'est, d'ailleurs, l'esprit dans lequel ct=5t 
enseignement — et vous savez avec quel succès — ^ 
toujours été fait par M. Gosselet), qu'il vaut mieux voi^^s 
donner les notions essentielles, indispensables, de Cri&====" 
tallographie, suffisantes en même temps pour vous pei^^" 
mettre de vous perfectionner, si vous le désirez, plus tarera» 
dans cette science, et vous développer, au conlrair^^^' 

(1) 11 serait à souhaiter, coinmo M. Wallerant a essayé de le faire, à l'Un 
versité de Paris, que la MinéraloKÎe donnât lieu à deux certificats. L'un destii 
plus spécialement aux physiciens possédant des connaissances suflisantes d 
sciences mathématiques nécessaires aux calculs cristallop:raphiques. à la repr* 
sen talion gé(»niétrique des cristaux et aussi à l'étude des phénomènes optiqa 
(double réfraction, polarisation chromatique et rolaloire) des cristaux, et po 
lesquels la xMinéralojîie spécifique serait aussi réduite que possible. L'auti 
destiné aux naturalistes, et d'une façon plus générale aux candidats non excl 
sivemeut physiciens et à qui, en une année, il est facile d'apprendre à figurer 
à noter les faces caraclérisiiques dun cristal, et à se servir utilement d' 
microscope polarisant et des i)ropriétés optiques des cristaux, sans leur en fa. 
la théorie complète, et pour lesquels les applications de la Âlinéralogie ont i»- '^^ 
importance considérable. Notre cours sera, bien entendu, fait dans cet esprit — 





— 311 — 

partie systématique et la partie appliquée de la 
iiiéralogie. 
C'est sur cette Minéralogie appliquée que je voudrais, 

terminant cette longue introduction à mon cours, 
peler votre attention, alin de justifier le titre que porte, 
âce à M. Gosselet, depuis Tannée 1896, le certificat de 
néralogie de l'Université de Lille (0 et aussi la partie 
programme de mon enseignement intitulée : « Etude 
j minéraux utiles et des principaux minerais ». 
l.'enseignement des Universités était autrefois presque 
îlusivement destiné aux futurs professeurs, et bien 
es étaient ceux qui conquéraient le grade de licencié 
sciences en vue d'une application pratique et indus- 
îlle. Mais, en même lempjj que le niveau scientifique 
i écoles industrielles s'élevait, les savants ont été forcés 
quelque sorte de descendre de leur tour d'ivoire non 
î pour se mettre mieux à la portée du public, mais 
jr mieux lui faire comprendre que leurs études de 
nnet et de laboratoire avaient chaque jour des appli- 
ions plus nombreuses. 

^'Université de Lille s'est depuis longtemps préoccupée 
cette situation, et, à côté de l'Institut industriel du 
rd de la France, elle a créé un certificat de Mécanique 
pliquée, un Institut de Physique industrielle, un cer- 
cat de Minéralogie appliquée, et, tout récemment, un 
titul de Chimie industrielle. 

)ans d'autres Universités, on a créé encore un certificat 
Itudes agricoles. Nos voisins ont, à côté des ingénieurs 
s Mines, auxquels on enseigne la Minéralogie théorique 
appliquée, des ingénieurs géologues forcément miné- 
ogistes, et il y a bien longtemps que le chemin de 
istitut de (léologie et de Minéralogie de la Faculté des 



) Gosselet : Introduction du Cours de Minéralogie appliquée, 20 nov. 1896. 



— 312 - 

Sciences de Lille est connu des mineurs, des sondeurs 
d'une foule d'industriels de la région. 

Si, en effet, avec beaucoup de minéralogistes, noiT 
rattachons à la Minéralogie des minéraux complexes, 1 
plus souvent non cristallisés et à composition chimiqu 
plus ou moins variable, comme les résines minérale 
(ambre, succin), les pétroles, Tasphalte, l'argile, la tourbe, 
les lignites, la houille, l'anthracite, vous comprendrez 
facilement l'importance de la Minéralogie appliquée pou 
le Nord de la France. Faut il vous rappeler aussi Timpor 
tance pour l'Agriculture de l'analyse minéralogiqueduso 
et du sous-sol, les célèbres gisements de phosphates d 
chaux de différents âges et les sables phosphatés de la 
craie, lesgisementsde minerais de zinc, deferdel'Ardenne 
et de TArgonne et des régions qui nous avoisinent immé 
diatement. Enfin, les besoins minéralogiques du Nord d 
la France justifieront aussi amplement le développemen 
que je donnerai à la Minéralogie appliquée aux minerai 
des différents métaux, depuis les plus précieux, comm 
Tor, le platine ou l'argent, les plus rares, comme 1 
zirconium, le thorium, l'yllrium, indispensables pou 
les manchons de nos becs à incandescence, ou les plur 
remarquables par leurs propriétés, comme le radiun 
jusqu'aux plus communs, comme le plomb, le zinc, l'étai 
le cuivre, le fer ; et n'est-il pas indispensable que vou 
connaissiez, à côté de leurs caractères minéralogiqu 
vous permettant de les reconnaître facilement, les cond 
tions dans lesquelles on les trouve et les pays qui 1 
renferment, qui vous renseigneront sur les noms d 
usines et sociétés industrielles de notre région (*) et s 
un certain nombre de faits de géographie économiqu ^ 

A côté des minéraux à base métallique qui, depuis Vàfi^^e 
du bronze et Tàge du fer, ont fourni à l'homme \^s 

(1) Ex.: C* des Asturies, Malfidano, Vieille-Montagne, etc. 





— 313 — 

métaux dont les usages et les applications se développent 
tous les jours, j'aurai aussi à vous parler d'autres miné- 
raux dont les usages sont au moins aussi importants. Je 
me contenterai aujourd'hui de vous citer le gypse ou 
pierre à plâtre, le carbonate de calcium avec ses appli- 
cations en optique (niçois), dans les arts (marbres) (*) et 
dans la vie courante (calcaires, pierres à chaux et à 
ciments) ; la silice à Tétat de cristal de roche, de quartzite, 
de silex, de sables ; les nitrates qui, pour la possession de 
leurs gisements de l'Amérique du Sud, ont donné lieu à 
une guerre, et dont l'importance dans l'industrie chimique 
et surtout pour l'agriculture de notre région est si 
grande. Enfin, des différents chlorures simples ou doubles 
indispensables aux grandes industries chimiques. 

Le programme de la Minéralogie ainsi comprise vous 
paraîtra, sans doute, encore bien vaste ; pourtant, j'ose 
espérer qu'à la fin de l'année, vous n'emporterez de mon 
enseignement que le désir de vous perfectionner dans la 
belle science qu'est la Minéralogie, et d'approfondir les 
questions que le temps limité dont nous disposons ne 
m'aura pas permis de vous développer complètement. 

Excursion géologique à Tournai 
par M. H. Douxami 

M. Barrois a eu l'heureuse idée de commencer son 
cours de Géologie de l'année 1904-190S, par une confé- 
rence pratique en plein air dans la carrière du Cornet, à 
Chercq, près Tournai. Grâce aux travaux actuels en vue 
d'une reprise de l'exploitation du calcaire carbonifère, le 
front Nord de la carrière présente une coupe extrême- 
ment fraîche que nos étudiants ont pu étudier dans les 
plus grands détails. 



(1) Les marbres de l'arrondissement d'ÂTesnes. 



— 314 ~ 

Partis de Lille par le train de 10 h. 45, nous traversons la 
grande plaine tertiaire et limoneuse, et débarquons à 
Tournai, à 11 h. 32. En nous rendant à la carrière, nous tra- 
versons une partie de la ville, presque exclusivement cons- 
truite avec les différents calcairescarbonifères exploités aux 
environs et le long des quais de TEscaut, M. Barrois attire 
notre attention sur l'action de Teau de pluie chargée de 
gaz carbonique sur les pierres des parapets : les différentes 
couches de calcaire schisteux sont rendues visibles, 
grâce à l'altération de la dalle. Nous remarquons aussi 
les nombreuses usines à ciment qui utilisent certaines 
couches du calcaire carbonifère et dont les produits sont 
exportés dans toute la région du Nord jusqu'aux environs 
d'Amiens et font une concurrence énorme aux ciments 
locaux. 

Après avoir traversé l'Escaut et laissé la citadelle à 
notre droite, nous gravissons une première colline, à la 
côte 40 m., dont le sommet est constitué par le limon 
quaternaire (terre à briques), comme nous le montre une 
petite exploitation sur la droite, et nous arrivons bientôt à 
la butte, côte 38, où est creusée la carrière du Cornet. 

Près du plan incliné qui emmène les déblais au fond de 
la carrière, nous avons une vue générale du front Nord 
de la carrière et des différents terrains qui y affleurent: 
de loin, on distingue nettement, grâce à leur couleur, de 
haut en bas, sous une couche de déblais anciens assez 
épais, le limon quaternaire jaune rougeâtre non stratifié, 
les sables argileux verdâtres et jaunâtres en bancs bien 
lités horizontaux du Landénien (base de la série tertiaire 
dans le nord de la France) ; les marnes blanches du crétacé 
supérieur appartenant à la série secondaire, également en 
couches stratifiées horizontales et reposant par une surface 
très irrégulière de couleur rougeâtre sur les calcaires 
bleus noirâtres du carbonifère appartenant à la série 



— 315 — 

primaire. Nous avons donc sous les yeux, incomplète, il 
est yrai, mais fort rare et fort instructive cependant, une 
Goupe nous montrant des terrains appartenant aux trois 
grandes séries que les géologues ont distinguées dans 
l'ensemble des terrains sédimentaires déposés au sein des 
eaux douces, marines ou saumâtres et à la surface des 
continents. 

L'étude détaillée de cette coupe nous a permis ensuite 
de faire les observations et les remarques suivantes: 

1° Le limon (^) : c'est une sorte de boue argileuse facile 
à reconnaître et à distinguer du sable avec lequel on 
pourrait le confondre au premier abord ; il est assez 
fortement chargé de calcaire et de couleur générale brun 
clair; la partie supérieure prend souvent une couleur 
plus foncée, tirant sur le rouge, par suite de la suroxy- 
dation des matières ferrugineuses qu'il contient au 
contact des eaux superficielles très aérées, c'est-à-dire 
riches en oxygène. Ce limon ou lœss des géologues repose 
en ce point, soit sur le Landénien, soit sur le crétacé, soit 
enfin directement sur le calcaire carbonifère. 11 est extrê- 
mement développé dans toute la région du Nord ; dans 
l'ouest de la France jusqu'en Bretagne; à l'Est, dans 
l'Allemagne du Nord, surtout en Asie dans le bassin de 
Hoang-Ho où, sous le nom de terre jaune, il acquiert une 
épaisseur de plus de 400 m. Partout il présente très sensi- 
blement les mêmes caractères et paraît s'être formé grâce 
à l'action des eaux de ruissellement combinée avec l'action 
des vents qui auraient soulevé et transporté plus ou 
moins loin les poussières enlevées dans des régions 
desséchées. L'absence de toute stratification confirme 
cette notion que le limon est une formation subaérienne. 

(1) D'âge /^es&ayen pour les géolojçues belges et probablement du Limon sup. 
de M. Ladrière. En certains points, il repose sur des cailloutis stratifiés avec 
sables situés à 25 m. au-dessus de la vallée actuelle de l'Escaut (ait. 15 m.) 
Moséens (quaternaire inf . des géologues belges) . 



— 316 — 

Nous n'avons pu observer dans ce limon que quelques 
traces charbonneuses dues à des restes de plantes, et des 
concrétions calcaires connues sous le nom de poupées du 
lœss. Ces poupées sont dues aux eaux chargées de ^az 
carbonique qui ont dissous du calcaire, en circulant à 
travers les parties supérieures du lœss et l'ont déposé un 
peu plus loin autour de certaines portions du limon. Il 
existe aussi à l'intérieur du limon des cailloux de silex 
noirs: ces silex noirs proviennent surtout de la craie 
blanche si développée dans le sous-sol des environs de 
Lille; elle manque ici, détruite qu'elle a été par l'érosion. 
A la base du limon, il existe un petit lit de cailloux 
indiquant la base des terrains quaternaires ; en ce point, 
ce petit lit a une dizaine de centimètres d'épaisseur et est 
surtout constitué par des débris de tuiïeau landénien. 

Si, à la carrière du Cornet, nous n'avoos rencontré dans 
le quaternaire, aucun reste organisé, aucun fossile, dans 
d'autres localités, le limon a fourni des ossements de 
Mammouth, de Rhinocéros, de Renne, des ossements 
humains et des débris de l'activité humaine, sous forme 
de silex taillés: ces fossiles ainsi qu'un certain nombre 
d'autres sont caractéristiques de l'ère quaternaire. 
L'homme n'est donc apparu sur la terre que très tard, 
puisque ses débris ou les restes de son industrie 
n'existent que dans les derniers terrains formés dans ceux 
qui recouvrent tous les autres dont nous pourrons cons- 
tater l'existence. 

2o Les terrains tertiaires ne sont représentés ici que par 
leur terme inférieur : le Landénien ; les autres manquent, 
ou bien parce qu'ils ne se sont pas déposés par suite de 
l'émersion de la région au moment de leur formation, ou 
bien parce qu'ils ont été détruits par les agents atmo- 
sphériques. Dans ce dernier cas, ils ne forment pl^^^ 
aujourd'hui, comme nous aurons l'occasion de leconstatc^ 



— 317 — 

ms d'autres excursions, que des lambeaux isolés, sous 
rme de buttes plus ou moins élevées : le Mont de la 
rinité, que nous avons pu voir à gauche de la ligne du 
leniin de fer, en venant à Tournai, est un exemple d'un 
5 ces lambeaux où nous pourrions constater Texistence 
assises supérieures au Landénien que nous avons sous 
s yeux. 

Ce Laadénien, épais ici de 4 mètres environ, est cons- 
Lué, à la partie supérieure, par un sable argileux de 
►uleur générale verdfitre : en Texamiiiant de plus près, 
>Q constate que cette teinte est due à Texistence d'un 
inéral spécial : la glauconie. La glauconie est un hydro- 
licate de fer et dépotasse, presque toujours aluminifère, 
)us forme de c:rains verts; ce minéral est extrêmement 
^pandu dans toutes les formations tertiaires du N. de la 
rance, ainsi qu'à certains niveaux de la craie, il indique 
resque toujours des formations peu profondes s'efïec- 
aant au voisinage des rivages. Ce sable est fréquemment 
gglutiné par un ciment calcaire et constitue alors un grès ; 
e grès très tendre est connu sous le nom de tuffeau ; 
'est le tufîeau de Chercq des géologues belges, qui 
appelle beaucoup le tuffeau de La Fère de môme âge du 
épartement de l'Aisne. A la base du Landénien, nous 
onstatons que les sables deviennent plus argileux et se 
ransforment même en une véritable marne de couleur 
rise facile à distinguer, d'ailleurs, de la marne crétacée 
ui se trouve au-dessous et dont elle est séparée en un 
rand nombre de points par un lit de cailloux verdis, 
-orsque ce lit de cailloux existe, ce qui n'est pas le cas 
ans la coupe que nous avons sous les yeux, les cailloux 
oulés que l'on rencontre proviennent des couches 
rétacées et primaires sous-jacentes dénudées ; quelques- 
ins sont perforés : ils ont été creusés par des mollusques 
malogues aux Pholades des bords de nos côtes dont les 



— 318 — 

coquilles ou les empreintes sont quelquefois bien conser- 
vées dans ces perforations. Nous avons constaté dans les 
sables supérieurs Texistence de petites lentilles caillou- 
teuses constituées surtout par des silex noirs provenant 
de la craie blanche. A la limite de Targile et du sable, il 
existe un niveau caillouteux très net, nous indiquant un 
changement de régime dans la vitesse des courants où se 
formaient ces dépôts : les eaux très calmes qui déposaient 
l'argile inférieure sont remplacées par des eaux plus 
agitées où vont se déposer les sables supérieurs. 

Enfin, rétude attentive de ces sables nous y a montré 
l'existence de coquilles plus ou moins bien conservées : la 
présence de débris organisés, de fossiles, est, en efiet, l'un 
des caractères principaux des roches stratifiées sédi- 
mentaires. Letuifeau de Chercq est assez riche en fossiles, 
et nous avons pu recueillir : 

des Huîtres, Ostrea eversa d'Orb. 

des Limes, Lima Tornacensis E. Vinc. 

des Lucines. 

des Cyprimes. 

des Pholadomyes, Pholadomya Konïncki Nyst. 

et parmi les Gastéropodes: 

des débris de Fuseau, 

de Turritelles. 
une grosse Terebratnle très commune, 

Terehratula Ortliehi Bayan . 

Toutes ces coquilles appartiennent à des formes 
marines ; il faut donc en conclure que le Landénien 
s'est déposé dans la mer : c'est une formation marine. 

3° Les terrains secondaires. — Sous le Landénien, existe, 
aux environs de Lille, [une épaisseur considérable de 
craie blanche avec lits de silex noirs. Ces couches 
manquent ici, et nous avons sous' les yeux un étage plus 
inférieur du terrain crétacé appelé, par les géologues, 



— 319 — 

Turmien, à cause de son grand développement en 
Touraine. II comprend, dans la carrière que nous étu- 
dions, les termes suivants : 

1° Sous le Landénien, 3 m. environ de marnes blanches 
légèrement bleuâtres, grasses et très tenaces, comme 
nous le constatons facilement. Ces marnes sont exploitées 
incertains points comme terres à poterie et sont souvent 
désignées, dans la région du Nord, sous le nom de 
starlettes de potiers et de potasses. Les fossiles n'y sont pas 
IJ^ès abondants; mais cependant nous pouvons constater 
facilement qu'ils sont tout différents de ceux du ï^ndé- 
^'en, et nous y trouvons en particulier : 

Ostrca lateraliSy 
Rhynchonella Cucicri^ 
Terehratulina gracilis (i). 

^6 dernier fossile, en particulier, est important, car c'est 
^^ fossile caractéristique d'une assise du Turonien: on le 
'^^trouve à ce niveau non seulement dans tout le Nord de 
^^ France, mais dans un grand nombre d'autres régions 
^^étacées ; il n'existe plus dans les couches supérieures, et 
** est extrêmement rare dans les couches inférieures. 

2® Au-dessous de cette zone à T, gracilis, il existe deux 
*^^ncs de marnes beaucoup plus dures. A la surface du 
l^remier banc, nous trouvons de très nombreux frag- 
ments de tubes calcaires : ce sont les débris du tube 
Calcaire d'un ver marin, d'une annélide voisine des 
^erpules actuelles dont les tubes calcaires sont si 
fréquents sur les bords de nos côtes, et qui a reçu le 

tXom de : 

Serpula amphisbœna. 

ïllle est assez caractéristique au Blanc-Nez d'une zone du 
Turonien, connue sous le nom de zone à Inoceramus 
labiatus. 



(1) J'ai recueilli un débris de charnière d'Inocerame probablement Inoceramus 
Brongniarti. On cite aussi de ce niveau Ammonites {Pachydiscus) peramplus. 



- 320 - 

Dans ce banc supérieur, les fossiles sont très rares, et 

nous n'y avons guère trouvé que : 

Rhf/nchonella Cuviet-i, qui a une extension verticale 

assez grande. 

des Huîtres de petite taille et très délicates. 

3® Le banc dur inférieur est constitué par une marne 
blanc grisâtre renfermant de nombreux galets de calcaire, 
de silex noirs ou phtanites provenant du carbonifère où 
nous constatons facilement leur existence, des nodules de 
phosphates de chaux qui, abondants à la base, dimi- 
nuent peu à peu de nombre et de volume de bas en haut. 
Quelques-uns de ces nodules phosphatés sont considérés 
comme les excréments d'animaux marins, de poissons, et 
ont reçu le nom de coprolithes. 

Cette assise, désignée quelquefois sous le nom de 
couche phosphatée à coprolithes, ne nous a fourni que 
quelques rares fossiles, des dents de poissons : 

PUlchodus tnaniillans, Oxyrhina Mantelli. 
Scapanorhtjnchus (Odontaspis) 

de la grande famille des Raies et des Squales, 
des baguettes d'oursins : 

Cidaris 

et, à la base, un beau débris de Sphérulite. Ces curieux 
Lamellibranches, du groupe des Rudistes, caractérisés 
par la forme conique d'une de leur valves à test très 
épais et orné de côtes leur donnant un aspect rugueux, 
tandis que l'autre valve très petite fermait comme un 
opercule la grande valve, sont des formes de mers chaudes 
caractérisant le crétacé supérieur de la Charente et des 
régions méridionales. L'échantillon recueilli montre donc 
qu'elles pouvaient vivre aussi dans le Nord de la France ; 
mais les coquilles sont isolées et ne forment pas des 
bancs calcaires comme dans les régions méditerranées (^). 

(1) Cette assise doit correspondre à la Z. à Belemnites {Actinocamax plenus 
des auteurs; elle a été étudiée autrefois en détail par M. Cayeux. Ann. S«c. 
Géol. du Nord, XVI. 1S88-1889, p. 142, et Munier-Chalmas, C. R. Somm. Soc- 
Géol. France, 5 avril 1888. 



— 321 — 

Puis, en outre : 

des Terebratules, T, Semiglolosa. 

T. Nermensis. 
T. Bouhel 
T, strinta. 
et Rhyrichonella Cuoieri (1). 
Spondi/ltis spinosns. 

Cette assise ne repose pas directement sur le calcaire 
carbonifère ; elle en est séparée par une nouvelle formation 
connue sous le nom de Tourtia. Le Tourtia, qui représente 
les premiers sédiments que la mer crétacée à laissés 
aux environs de Tournai, est une roche jaune rougeâtre, 
verdâtre, constituée par des cailloux roulés, des galets 
de quartz, de phtaniles, de calcaire réunis et cimentés par 
un ciment calcaire et glauconieux avec nodules de phos- 
phates de chaux et coprolithes ; c'est ce que Ton appelle 
en géologie un conglomérat. Il ne constitue pas, comme 
les couches tertiaires et secondaires que nous venons 
d'étudier, une couche régulière et horizontale, et nous 
constatons facilement qu'il repose sur le calcaire carbo- 
nifère dont la surface très irrégulière est creusée de 
poches que le Tourtia remplit. 

Après le dépôt du calcaire carbonifère, la région qui 
nous occupe a été soulevée et a constitué un continent 
avec TArdenne et le Hainaut; la surface de ce continent a 
pu porter des forêts et a été soumise aux agents atmos- 
phériques. Il a donc pu se former à sa surface des dépôts 
continentaux ou fluviatiles, c'est-à dire des sols végétaux, 
des dépôts sableux ou argileux. Bien que ces dépôts aient 
pu s'effectuer pendant la très longue période qui sépare 
dans les temps géologiques la formation du calcaire 

(1) Nous n'avons pas trouvé les fossiles caractéristiques de cette zone dans le 
point étudié; le banc dur, comme d'ailleurs le Tourtia sous-jaccnt, étaient très 
peu fossilifères. Rappelons que les fossiles les plus caractéristiques qui ont été 
cités de cette couche sont avec Aclinocamax plenus ; Ammonites {Pachydiscus) 
peramplus; Echinoconus subrotundus. 



— 322 — 

carbonifère du retour de la mer crétacée, ils sont extrê- 
mement rares et difficiles à observer : la plupart, en effet, 
ont été enlevés par Térosion lors du retour de la mer. 
Nous avons eu cependant la bonne fortune, sur le côté 
Sud de la carrière du Cornet, d'étudier justement dans 
une poche du calcaire carbonifère, sous le Tourtia, 
des sables blancs avec lits cliarbonneux indiquant 
un ancien sol végétal de ces dépôts dont l'âge est fort 
variable. Les géologues leur ont donné le nom d'Aachenien 
ou de Bernissartien. A Bernissart, des poches analogues à 
celle que nous avons vue ont fourni des reptiles gigan 
tesques, les Iguanodons^ qui sont Tun des ornements du 
Musée d'Histoire Naturelle de Bruxelles. Puis, lorsque la 
mer est revenue, elle a détruit, en grande partie, ces 
formations aachéniennes et a déposé le Tourtia qui cons- 
titue un véritable cordon littoral de la mer crétacée, et 
nous indique, par conséquent, le voisinage immédiat do. 
rivage. 

Ce Tourtia, comme l'appellent les mineurs du Bassi 
franco-belge, a été rencontré dans presque tous les puil 
de mines des Flandres. Mais comme la mer n*a pas envah 
la région du Nord à la même époque, il en résulte que c 
Tourtia n'a pas partout le même âge : c'est ce que 
M. Barrois a établi par l'étude des fossiles qu'il renferme, 
il y a déjà de longues années. Il correspond cependant, 
en général, à une grande invasion marine de l'époque qui 
précède inrmédiatement l'époque turonienne ou époque 
ccnomanienne (Cenomanes: Le Mans). 

Les fossiles du Tourtia sont, en général, admirablement 
conservés : nous avons trouvé ([uelques Rhynchonelles et 
Tërébratules complètement dégagés et montrant le sque- 
lette si caractéristique qui soutenait les appareils 
brachiaux de ces Brachiopodes. 

Dans le point que nous avons étudié, le Tourtia nous a 



- 323 — 

paru se rattacher à ]a couche marneuse supérieure à 
laquelle il passe insensiblement, et dont il ne serait, par 
conséquent, que le poudingue de base. 

4** les terrains primaires. — Dans la région du Nord, 
l'ensemble des terrains primaires atteint 15 à 16.000 m. 
d'épaisseur: les quelques mètres de calcaire carbonifère 
que nous pouvons étudier n'en constituent donc qu'une 
bien faible partie. Les terrains inférieurs au calcaire 
carbonifère qui affleurent dans l'Ardenne sont restés ici 
en profondeur, et les terrains supérieurs au calcaire 
carbonifère, en particulier le terrain houiller, manquent 
ici. 

Le calcaire carbonifère exploité à la carrière du Cornet 
est en bancs bien lités presque horizontaux. A l'Ouest, ces 
bancs s'enfoncent légèrement, et on les a retrouvés au Sud 
de Lille à Haubourdin, entre 37 et 72 mètres de pro- 
fondeur. C'est un cale compact noir renfermant des silex 
noirs très caractéristiques connus sous le nom de 
phtanites ; ces calcaires renferment comme fossiles surtout 
des Brachiopodes qui caractérisent sur toute la terre 
l'étage carbonifère. Nous avons pu recueillir : 

Productus semireticulatus^ 
Spirifer Tornacensis, Sp. striatiis, 

très abondants dans certains bancs. 

Autour des poches remplies par le Tourtia et sous le 
Tourtia, d'une façon générale, le calcaire carbonifère a été 
fortement altéré : sur une épaisseur de 1-2 m., il est 
transformé en une sorte d'argile sableuse de couleur brun 
noirâtre où certaines portions semblent être restées 
beaucoup plus compactes : l'étude détaillée de cette zone 
mériterait d'être faite. 



(1) Le Tourtia de Dennebreucq est aptien, d'après M. Parent, et les autres 
Tourtias : Sassegnies, Assevent, Monlignies-sur-Roc, Tournai, Mons, com- 
prennent tout l'ensemble du Cénomanien et la base du Turonien. 



— 324 — 

A rentrée de la carrière, M. Barrois nous a fait remar- 
quer un accident dans la régularité des formations, c'est 
une faille locale ayant amené un déplacement de terrains; 
de 1 à 2 m. Le calcaire carbonifère vient ainsi buter 
contre les bancs de marnes dures du crétacé. Ces accidents 
sont extrêmement fréquents dans le Bassin houiller 
franco-belge et constituent une des difficultés de Texplei- 
tation de la houille. Elles peuvent aussi, lorsqu'elles sont 
obliques, amener le cale carbonifère ou les terrains plus 
anciens à reposer sur les terrains plus récents, comme un 
grand nombre de sondages l'ont montré. 

Du front Nord de la carrière, nous avons gagné l'extré. 
mité méridionale où, après avoir constaté l'existence de 
l'Aachenien entre le Tourtia et le calcaire carbonifère, 
M. Barrois a résumé nos observations dans la coupe 
générale suivante : 




Coupe de la Carrière du Cornet à Chei'q, près Tournai 

D. Anciens déblais. 

1. Limon quaternaire 2". 

2. (a) sables (b) argile Landeniens 4". 

3. Marne blanche Turonienne à Terebratulina gracilis 2-3". 

4. Banc dur à Serpula amphisbcma. 

5. Banc dur à nodules de phosphate de chaux. 

6. Tourtia. 

7. Sables blancs avec débris Tégétaux (AachénieD, Bernissartien) 

8. Calcaire carbonifère . 




- 325 - 

M. Ch. Barrois annonce que le Prix Gosselet, pour 1904, 
vient d'être attribué à M. Ladrière par la Commission 
spéciale composée de : MM. Gosselet, président et Hallez, 
membres de la Société des Sciences ; Brégi et Blanchard, 
membres de la Société géologique du Nord ; Barrois, 
rapporteur et Douxami, professeurs à la Faculté des 
Sciences. 

Il donne lecture du rapport qu'il a lu à la Société des 
Sciences à cette occasion. 



Prix Gosselet 1904 

Happort de M. Ch. liarrois 



Messieurs, 

Aux termes de notre règlement,^ le Prix Gosselet de 
SOO francs, avec médaille de bronze, peut être décerné 
tous les deux ans à l'auteur d'un travail concernant la 
géologie du Nord de la France ou à ses applications. Ce 
travail ne doit pas avoir plus de 5 ans de date. 

La Commission mixte, nommée en conformité du règle- 
ïï^ent spécial pour décerner ce prix en 1904, a examiné 
Successivement tous les travaux parus sur la géologie du 
Nord de la France, dans ces 5 dernières années. Elle s'est 
plu à reconnaître qu'un grand nombre de mémoires de 
^'âleur avaient été publiés dans ces derniers temps, tant 
^^ûs le laboratoire de la Faculté dirigé par M. le Pro- 
cesseur Gosselet, que dans le bassin houiller du Nord, et 
fl^*à l'étranger, par nos confrères de Belgique. L'embarras 
^® la Commission eût été grand s'il se fût agi de classer 
ces travaux; mais elle ne s'est pas cru appelée à considérer 
^Qinrae des pièces de concours, des œuvres disparates, de 
tendances diverses et très difficilement comparables entre 

-annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii 22 






- 326 - 

elles. Elle a même été unanime, afin de repousser toute 
apparence de concours, pour retourner à l'auteur, sans 
même l'avoir examinée, une œuvre inédite, écrite en vue 
du Prix Gosselet. 

L'avis de la Commission, suivant en ce point l'opinion Lj-ala 
exprimée par le fondateur du prix, a été que le prix li u 
devrait être décerné, cette année, à des travaux de géologie p a^ 
appliquée. Les 37 volumes, annales et mémoires, publiés 
par la Société géologique du Nord sous l'impulsion de \i^ 
M. Gosselet, sont remplis de mémoires de science pure, 
et cette publication régionale a dignement contribué ^ 
faire avancer la science géologique, mais elle a eu a^ 
moindre souci des applications de la science. L'histoic* 
de la terre l'a intéressée plus que l'histoire de Tindustri ^ 
locale. Et cependant, dans notre région industrielle, •- * 
géologue ne peut se désintéresser ni de l'eau, ni d ^^ 
charbon, au sujet desquels il est tous les jours consult^^ 
ni de la terre à betteraves, ni de celle qui porte les pra 
ries ; il semble que de nos jours, ce ne soit plus a 
notaire, à classer nos terres en catégories, d'après 1 ^ 
tradition et l'usage, mais bien au géologue agronomt^^' 
qui peut se baser sur leur composition et leurs qualité ^^ 
intrinsèques. 

Or, il s'est précisément trouvé un géologue du pay^^^' 
lauréat déjà de notre société pour ses travaux de géologie ^ 
sur le Terrain dévonien de la vallée de l'Hogneau, et su -^ 
les terrains quaternaires du Nord, qui délaissant dan ^^ 
ces 5 dernières années les recherches de science pur 
s'est tourné davantage vers les applications de la géologi 
Après avoir donné des cartes agronomiques du canton d ^ 
Cysoing, et de la commune de Grespin, il a appliqué se ^ 
connaissances à l'étude du limon de la région de Laon / 
il a accompli ainsi à la fois une œuvre utile pour l'cigr*^ - 
culture locale et donné un bon exemple aux agronome^^; 



— 327 - 

endu que son agronomie repose sur les connaissances 

'atigraphiques les plus exactes. 

M. Ladrière — car vous l'aurez déjà reconnu — s'est 

plus attaché à l'étude de la distribution et de la 
'culation souterraine des eaux; c'est ainsi qu'on lui 
it une étude hydrologique sur le bassin du Wult, et 
e autre sur les environs de Jenlain. Ce sont des études 
asciencieuses et d'une très grande précision, où sont 
idiées avec le même soin la répartition des eaux de 
riace, et la disposition profonde des nappes aquifères. 

nombreux sondages, entrepris en des points bien 
3isis, ont donné des renseignements nets sur la force 
îensionnelle de l'eau et sur l'importance de la nappe : 

conclusions ont une importance positive pour la 
pulation de Valenciennes. 

Toutefois, la sollicitude de M. Ladrière s'est aussi 
indue aux habitants de Lille ; plusieurs d'entre vous 
t dû le remarquer, l'an passé, sur la Grand'Place, 
rveillant attentivement le progrès des fouilles qu'on y 
érait. Les observations qu'il y releva eurent de l'intérêt 
ur l'histoire locale, et elles offrent de l'importance pour 
ux qui bâtissent sur le sol lillois. Aussi, la Municipalité 
ant voté la construction d'un Lycée de filles et proposé 
m me emplacement le terrain occupé par l'école de 
itation, l'administration académique décida-t-elle qu'il 
rait fait, au préalable, une étude de ce terrain, au point 
î vue géologico-hydrologique, par M. Ladrière. Elle 
firmait ainsi en quelle estime elle tient ses avis: elle 
a pas été déçue, car M. Ladrière lui a fourni une étude 
i tous points excellente. 

Assurément M. Ladrière a rendu ses connaissances géolo- 
ques utiles à ses concitoyens, et notre Commission a 
însé être l'interprète de leurs remerciements, en lui 
tribuant le prix Gosselet. En arrêtant de nouveau 



— 328 — 

votre choix sur un savant dont vous avez déjà couronné 
les travaux originaux, vous récompenserez cette fois 
un effort nouveau, vous montrerez que votre société 
apprécie également les applications pratiques de la 
science et qu'elle encourage tour à tour, avec la mérae 
indépendance, les tendances utilitaires ou les considéra- 
tions théoriques de ceux qui pensent et agissent pour le 
progrès de la science dans la région du Nord. 

Aussi notre commission s'est-elle trouvée unanime 
pour décerner le prix Gosselet à M. Ladrière, Instituteur 
en retraite à Lille, pour ses travaux de géologie apoliquée 
à Tagronomie et à l'hydrologie; elle éprouve une satis- 
faction particulière à voir donner pour la première fois le 
prix Gosselet, par notre président de cette année, par 
M. Gosselet, lui-même, au plus fidèle de ses anciens 
élèves, à un géologue qui n'a connu d'autre laboratoire 
que celui du maître vénéré de la géologie lilloise. 

M. Ladrière commence la lecture de son travail sur le 
terrain dévonien des environs de Bavai. 

M. Ch. Barrois annonce qu'un modèle au -^r-rrr-du 
bassin houiller du Nord et du Pas-de-Calais figurera à 
l'exposition de Liège et, qu'après cette exposition, il sera 
donné au Laboratoire de Géologie de Lille. 

MM. Douxami et Malaquin ont déterminé l'os trouvé 
par M. Brégi dans le Diluvium de La Madeleine ; c'est un 
tibia appartenant à un Aurochs d'espèce trapue et courte 
du pleistocène. 




329 — 



)DUCTiON Houillère du Pas-de-Calais et du Nord 

en 1903 et 1904 

( I>éduction faite des Déchets de triage ) 





1904 


1903 




• 


sa 




CHIFFRES 


CHIFFRES 


en plus 


en moins 




MPAGNIES 


approiimatirs 


détiaitirs 


— 


— 




— 


•— 


TONNES 


TONNES 


a* 5 




ïOxNNES 


TONNES 








1 1 l 

Bassin du Pas-de-Calais 






rges . . . 


. 1.0r>0.280, 1.062.050 


» 


11.770 


5 


mères . . 


. 2.265.477 


2.225.730 


39.747 


» 


9 


9 , • • . 


3.034.257 


3.228.715 


» 


194.458 


14 


iune .... 


1.57I.8G3 


1.605 9il 


» 


34.078 


9 


lœ 


1.471.151 


1.530.982 


» 


59.828 


8 


^y 


2.175.738 


2.101.322 


74.416 


)) 


/ 


les .... 


1.392.850 


1.361.968 


30.882 


)) 


6 


f'ay-Caacliy . 


162.230 


163.662 


» 


1.432 


2 


iti-les-Alre 


129.086 


112.661 


16.425 


» 


2 


'>in .... 


1.434.839 


1.524.213 


» 


89 374 


8 


rch'in . 


391.225 


431 . 738 


)) 


40.. ois 


2 


ocn . . . . 


235.512 


250.393 


» 


14.881 


3 


^icourt . 


432.000 


420.700 


11.300 


it 


4 


court . 


517.000 


527.000 


)) 


10.000 


2 


Jlarence . . 


40.004 


48 . 706 


» 


8.702 


1 
82 


Total. . 


16.303 51:: 


16.595.781 


172.770 


465.036 






EN MOINS 


: 292.266 




Bassin du Nord 






in 


3.141.630 3.136.4881 


5.142 


)) 


20 


;/ie .... 


1.526.466 


1.375.657 


150.809 


» 


10 


cliy .... 


363.223 


382.623 


» 


19.400 


4 


ngne 


127.651 


131.905 


)) 


4.254 


1 


i/jin .... 
ly (*). . . . 


76.220 


78.533 


» 


2.313 


1 


1.023 


24 . 674 


» 


23.651 


1 


icourt . 


119.574 


127.025 


» 


7.451 


1 


iencflles . . 


140.908 


146.497 


» 


5.589 


3 


irpelle . 


785.754 


779.414 


6.340 


» 


7 


eS'lez-Hâc/ics 


127 034 


141.012 


)> 


13 978 
76.636 


2 

50 


Total. . 


6.409.483 


6.323.828 


162.291 






EN PLUS 


: 85.655 




eux Bassins : 


22.712 998 


22.919.600 


335.0611 

EN MOINS 


541.672 
: 206.611 


132 



) travaux de la mine de Mariy sonl suspendus depuis le 18 janvier 1904 



~ 330 — 



TABLE DES MATIERES 

Terrains Primaires 

Age des couches dites (c BurootUnnes » des Bassins de 
Dioant et d'Aix-la-Chapelle, par de Dorlodot, 8. — Sur la 
présence de la zone à l'hyllograptus dans l'Hérault, par 
Ch. Barrois, 75, pi. III. — Age des couches dites « Burno 
tiennes » du bassin de TCEsling, par de Dorlodot, 172. — 
Découverte de débris de Pterygotus à Liévin, par Ch. 
Barrois, 284. 

Terrain Houiller 

Sur les Spirort)es du terrain houiller de Bruay (Pas-de- 
Calais), par Ch. Barrois, 50. — Lettre relative aux Spi 
rorbes du bassin houiller de Valenciennes, par R. Zeiller, 
62. — Le Spirorbus pusillus du Terrain houiller de Bruay: 
La formation des tubes de Spirorbes et leur adaptation en 
eau douce à l'époque houillère, par A. Malaquin, 63, pi. lï. 
— La Houille en Picardie : Du raccordement des bassins 
houillers de l'Angleterre avec ceux de la Westphalie, par 
Hermary, 89, pi. V. — Excursion générale et séance extra- 
ordinaire à Tournai, 19 juin 1904: Compte-rendu, par 
L. Dollé, 424. — Sur le mode de formation de la houille 
du Pas-de-Calais : Conférence faite à l'Exposition d'Arras, 
le 9 juillet 1904, sous les auspices de la Chambre des 
Houillères du Nord et du Pas-de-Calais, par Ch. Barrois, 
456. — Promenades géologiques dans l'Avesnois : La 
bande carbonifère de Lez-Fontaines, Sars-Poteries, Beu 
gnies, par Carpentier, 200. — Excursion géologique à 
Tournai, par H. Douxami, 313. — Don d'un modèle au 
iTôôô ^" bassin houiller du Nord et du Pas-de Calais, 
par Ch. Barrois, 328. — Production houillère du Pas-de- 
Calais et du Nord, en 1904, 329. 




— 331 -^ 

Terrain Grétacique 

Un sondage à Templeux-la-Fosse (Somme), par G. 
ollfus, 3. — Etudes hydrologiques : Les nappes aqui- 
ires de la craie au Sud de LlHe, par Gosselet, 133, pi. VI. 
-^ Les assises crétaciques et tertiaires dans les fosses et 
ondages du Nord de Ja France. Région de Douai, par 
'Osselet, 285. — Excursion Géologique à Tournai, par 
^ouxami, 313. 

Terrains Tertiaires 

Remarques sur la composition de l'étage Thanétien 
Dférieur dans le Nord de la France, par A. Briquet, 116. 
— Les assises crétaciques et tertiaires dans les fosses et 
es sondages du Nord de la France. Région de Douai, par 
îosselet, 285. — Le Lutétien de TAvesnois, par M. Leriche, 
592. — Sur un fossile nouveau (Tortisipho Huftieri) du 
^utétien de TAvesnois, figures 1 et 2 dans le texte, par 
A. Leriche, 296. — Excursion géologique à Tournai, par 
3. Douxami, 313. 

Terrain Pleistocène 

Coupe du canal de dérivation autour de Douai : Super- 
position des vallées actuelles h des vallons de la surface 
crayeuse, par Gosselet, 82, pi. IV. 

Terrain Holocène 

Étude géologique et hydrologique du terrain où doit 
être construit le Lycée de jeunes filles de Lille, par 
Ladrière, 26, pi. I. — Forêt sous-marine de Wissant, 
par Gosselet, 284. — Présentation d'un os d*Aurochs, 
oarBrégi, 285. 



— 332 — 

Hydrographie 

Étude géologique et hydrologique du terrain où d ^-^^ 
être construit le Lycée de jeunes filles de Lille, pr:^^^^ 
Ladrière, 26, pi. L — Études hydrologiques: Les napç::::::^^^ 
aquifères de la craie au Sud de Lille, par Gosselet, 1^^33, 
pi. VL 

Paléontologie 



Sur les Spirorbes du Terrain houiller de Bruay (Pa-^^s- 
de-Calais), par Ch. Barrois, 50. — Les Spirorbus Pusill— ^ws 
du Terrain houiller de Bruay. La formation des tub —es 
de Spirorbes et leur adaptation en eau douce à Tépoq^^we 
houillère, par A. Malaquin, 63, pi. II. — Sur la présen— ce 
de la zone à P hy llograptus ddius l'Hérault, par Ch. Barro^Ss, 
75, pi. III. — Découverte de débris de Hterygotus à 

Liévin, par Ch. Barrois, 284. — Sur un fossile nouveF=3u 
(Tortisipho Huftieri) du Lutétien de TAvesnois, figui — es 
1 et 2 dans le texte, par M. Leriche, 296. — DéterminaticizDii 
d*un os d'Aurochs par Douxami et Malaquin, 328. 

Gôogénle 

Le mouvement de nos températures et la précession 4 es 
équinoxes, par Péroche, 103. 

Minéralogie 

Leçon d'ouverture du cours de minéralogie, 15 novembre 
1904, par H. Douxami, 299. 

Sondages 

Un sondage à Templeux-la-Fosse (Somme), par G. F. 
Dollfus, 3. — Sondages à Loos, chez MM. Brabant frères, 
filateurs de coton, par Pagniez et Brégi, 213. — Forage à 



Lonimelet à TAsile des Aliénés, par Pagniez et Brégi, 214. 
— Forage i\ Lambersarl, par Pagaiez et Brégi, 214. — 
Forage à La Madeleine, par Videlaine, 283. 

Excursions 

Excursion générale et séance extraordinaire à Tournai, 
19 Juin 1904 : Compte-rendu par L. Dollé, 124. — Excursion 
géologique à Tournai, par H. Douxami, 313. 

Discours 

Félicitations à M. Ch. Barrois, par Gosselet, 128, par 
Mourlon, 130. — Manifestation en Thonneur de M. 
Ch. Barrois, 25 Juin 1904, 215. — Félicitations à M. 
Ar(laillon,284. — Rapport sur le Prix Gosselet, décerné à 
M. Ladrière, par Ch. Barrois, 325. 

Nécrologie 

Mort de M. Karl von Zittel, 1 ; — Jannel, 1 ; - Fouqué, 



TABLE DES AUTEURS 

Ch. Barrois^. — Sur les Spirorbes du Terrain houiller 
de Bruay (Pas de-Calais), 50. — Sur la présence de la 
zone à Phyllograptus dans l'Hérault, 75, pi. 111. — Sur 
le mode de formation delà houille du Pas-de-Calais: 
Conférence faite à l'Exposition d'Arras, le 9 juillet 
1904, sous les auspices de la Chambre des Houillères 
du Nord et du Pas-de Calais. 156. — Découverte de 



^ 334 — 

débris de Pterygotus à Liévin, 284. — Don d'un modèle 
au 10/1000 du bassin houiller du Nord et du Pas-de- 
Calais, 323. — Rapport sur le Prix Gosselet, 325. 

Brégi. — Présentation d'un os d'Aurochs, 285. 

Briquet. — Remarques sur la composition de TEtage 
Thanétien inférieur dans le Nord de la France, 116. 

A. Garpentier. — Promenades géologiques dans 
TAvesnois : La bande carbonifère de Lez-Fontaines, 
Sars-Poteries, Beugnies, 200. 

DoUé. — Excursion générale et séance extraordinaire 
à Tournai, 19 juin 1904: Compte rendu, 124. 

G.-F. Dollfus. — Un sondage à Templeux-la-Fosse 
(Somme), 3. 

Dorlodot (de). — Age des couches dites «Burnotiennes» 
des bassins de Dinant et d'Aix-la-Chapelle, 8. — Age des 
couches dites « Burnotiennes » du bassin de l'CEsling, 172. 

H. Douxami. — Leçon d'ouverture du cours de miné 
ralogie, 15 novembre 1904, 299. — Excursion géologique 
àTournai,3i3. — Détermination d'un os d'Aurochs, 328. 

Gosselet. — Coupe du Canal de Dérivation autour d 
Douai. Superposition des vallées à des vallons de l 
surface crayeuse, 82, pi. IV. — Etudes hydrologiques:: 
Les nappes aquifères de la craie au sud de Lille, 133 
pi. VL — Forêt sous-marine de Wissant, 284. — Le 
assises crétaciques et tertiaires dans les Fosses et le 
Sondages du Nord de la France : Région de Douai. 285 

Hermary. — La Houille en Picardie : Du raccordemen 
des bassins houillers de l'Angleterre avec ceux de 1 
Westphalie, 89, pi. V. 

Ladrière. — Etude géologique et hydrologique du 
terrain où doit être construit le Lycée de Jeunes Filles 
de Lille, 26, pi. L — Attribution du Prix Gosselet, 32a. 



- 338 — 

Leriche. — Le Lutétien de TAvesnois, 292. - Sur un 
fossile nouveau (Tortisipho Huftieri) du Lutétien de 
TAvesnois, figures I et II dans le texte, 29G. 

A. Malaquin. — Le Spirorbis pusillus du Terrain 
houiller de Bruay : La formation du tube des Spirorbes 
et leur adaptation en eau douce à l'époque houillère, 
63, pi. II. — Détermination d'un os d'Aurochs, 328. 

PagnieaE et Brég^i. — Sondage à Loos, chez MM. 
Brabant frères, filateurs de coton, 213. — Forage à 
Lommelet, à FAsile des Aliénés, 214. — Forage à Lam- 
bersart, 214. 

Péroche. — Le mouvement de nos températures et 
la précession des équinoxes, 103. 

Videlaine. — Forage à La Madeleine, 283. 

H. Zeiller. — Lettre relative aux Spirorbes du bassin 
de Valenciennes, 62. 



TABLE DES PLANCHES 

Frontispice : Portrait de M. Ch. Barrois. 

I Liadpîèpe. — Etude géologique et hydrolo- 
gique du terrain où doit être construit le 
Lycée de Jeunes filles de Lille 

Il Ch. Barrois et A. Malaquin. — Le 

Spirorbus pusillus du terrain houiller de 
Bruay. La formation du tube des Spirorbes 
et leur adaptation en eau douce à l'époque 
houillère. 

III Ch. Barrois. — Sur la présence de la zone 

à Phyllograptus dans THérault. 



(iosselet. — Coupe du canal de dérivatîw 
autour de Douai. Superposition des valléei 
actuelles à des vallons de la surface crayeuse, 
J. Hermary. — La Houille en Picardie. . 
Du raccordement des bassins houillers de ' 
l'Angleterre avec ceux de la Westphalie. j 

. Gosselet. — Études hydrologiques. Lea ] 
nappes aquifèreK de la craie au Sud de 
Lille. 



iQUES DE PUBLICATION DES FASCICULES 

*n l. page là 50. — Mai 1904. 

II. page 51 à 132. — Juillet 1904. 

III. page 133 à 212. — Octobre 1904. 

IV. page 213 à 336, — Février 1905. 



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