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Charles BARROIS
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD
Fondée en 1870
aitoritél par «ratés in dites des 3 Juillet 1871 et 30 Join 1873
Charles BARROIS
AN N ALES
DE LA
SOCIETE GÉOLOGIQUE
DU NORD
TOME XXXI II
1904
LILLE
IMPRIMERIE LIÉGEOIS-SIX
50^
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD
Préndcnt. .
Vice- Président ,
Secrétaire .
Trésorier-A rchiviste.
Bihliothécaire ,
Libraire ....
Directeur. . .
Membres du Conseil.
au i*^r Avril 1904
MM. Ch. Barrois.
H. Parent.
DOLLÉ.
Defrennes.
Blanchard.
Dewattines.
Gosselet.
Ardaillon,Ladrière, de Parades.
MEMBRES TITULAÏBES ET CORRESPONDANTS (\)
AGMEL, Georges, Ingénieur aux Mines de Vicoigne-Nœux, Sailly-Laboursc, par
Beuvry (P.-de-C).
A.XGELLIER, Professeur à la Faculté des Lettres, boulevard Vauban, 82, Lille.
ANTOINE, Ingénieur, rue Marais, 22, Lille.
AXTOXY, Médecin Aide-major au 2' Cuirassiers, École militaire, Paris.
ARDAILLON, Prof de Géographie à la Faculté des Lettres, boulevard des Écoles, 2, Lille.
ARHAULT, René- Paulin, Ingénieur, rue Rochechouart, 69, Paris.
AULT-DUMESNIL (d'j, rue d'Eauelte, 1 , Abbeville.
BARDOU, Chimiste, rue du Rivage. Haubourdin.
BARROIS, Ch-, Professeur à la Faculté des Sciences, rue Pascal, 41. Lille.
BARROIS, Jules, Docteur èssciences. Villefranche (Alpes-Maritimes).
BARROIS, T., Professeur à la Faculté de Médecine, rue Nicolas-Leblanc, 51, Lille.
BARROIS, Jacques, Etudiant, 83, rue Royale, Lille.
BAYET, Louis, Ingénieur, Walcourt, près Charleroi (Relgique).
BLNECKE, Professeur à l'Université de Strasbourg (Alsace).
BERGAL'D, Ingénieur en chef bon. des Mines de Rruay, rue de la Station, 3, Douai.
BERGERON, Docteur ès-siences, boulevard Haussmann, 157. Paris.
BERNARD, professeur à TEcole des Maîtres mineurs de Douai, Faubourg Noire-Dame.
BERTRAND, C. Eg., Professeur à la Faculté des Sciences, rue Malus, 14, Lille.
BÉZIERS, Directeur du Musée géologique, place Laennec, 3, Rennes.
(I) Les Membres correspondants sont ceux qui résident en dehors de la circonscription
académique (Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Ardennes).
BIBLIOTHÈQUE DE GOTTINGEN, par M. Asher, Unter Linden, 13, Berlin (Allemagne),
BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE LILLE.
BIBLIOTHÈQUE HOYALE DE BEBLIN, par Asher.
BIBLIOTHÈQUE UXIVERSITAIBE DE LILLE.
BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE DE MONTPELLIER.
BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE DE POITIERS.
BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE DE RENNES.
BIERENT, Agent-Comptable de la Société de la Providence, Haulmont.
BIGOT, Professeur de géologie, à l'Université de Caen.
BILLET, Docteur ès-sciences, Médecin-major de T* classe, Hôpital militaire,
Constanlinc (Algérie).
BIVER, Directeur des Mines de Carmeaux (Tarn).
BIZET, Ingénieur aux Mines de Liévin.
BLANCHARD, Agrégé d'Histoire et de Géographie. 41, rue du Buisson, Lille-St-Maurice.
BLAVIER, Propriétaire, 6, rue du Chevalier-Français, à Saint-Maurice-Lille (Nord).
BODART, Maurice, Ingénieur des mines, rue Neul-Moulin Dison (Belgique).
BOURIEZ, Pharmacien, rue Jacquemars-Giélée, 105, Lille.
BOUSSEMAER, Ingénieur, à Auxy-le-Château (Pas-de-Calais).
BOUTSCHOULSKY, directeur de la Revue des Questions Economiques, rue de Paris, 45,
Lille.
BOUVART, Inspecteur des Forêts, en retraite, au Quesnoy.
BRÉGI, Ingénieur, rue de Lille, 9, Saint-André-lez-LIlle.
BRETON, Ludovic, Ingénieur, rue Royale, 18, Calais.
BRIOT, Agrégé de Sciences Naturelles, Chef de Travaux pratiques de Zoologie à la
Faculté des Sciences de Marseille.
BRIQUET, Abel, Avocat, rue Jean de Bologne, 49, Douai.
CAMBESSKDÈS, Ingénieur, Avenue de la Grande-Armée, G3, Paris.
CALDERON, Professeur à lUniversilé de Madrid (Espagne).
CANTINEAU, Propriétaire, 176, rue Colbert, Lille.
CARPENTIER (Ahbé). Professeur à l'Institution Notre-Dame, Valenciennes.
CAVEU.X, L., Professeur à l'Institut National .Vgronomique, Chef des Travaux de Géologie
à l'Ecole des Mines, place Deuferl-Rochereau, 0, Paris.
CHARPENTIER, Ingénieur des Mines, boulevard Montebello, 12, Lille.
CHAUVEAU, Pharmacien, Avesnes.
CHEVALIER, Maître do Carrières, Bavai.
COGELS, Paul, à Deurne, province d'Anvers (Belgique).
COGET. Jean, Teinturier, rue Pellart, Roubaix.
CORNET, Jules, Professeur à l'École des Mines, boulevard Dolez, 80, Mons.
CORT (Hugo de), rue d'Holbach. 4, Lille.
COTTRON, Professeur au Lycée Ampère, Lyon.
COUVREUR, Directeur du Pensionnat de Gondecourt (Nord).
CRAMPON, Edouard, Entrepreneur, Bettrechies. près Bavai.
CRÉPIN, Albert, Étudiant, Escaiidœuvres-Cambrai.
CUVELlER.Capilaine-Commandanr, Professeur à l'École Militaire, rue Keyenveld, t3
Ixelles-Bruxelles (Belgique).
DALMAIS, Ingénieur à la Compagnie (les Mines d'Aniche
DANEI., Léonard, rue Royale, 85. Lille.
DEBLOCK, Pharmacien, rue Pierre- Legrand, 85. Lille.
DECROIX, Étudiant, rue Royale, iK), Lille.
DEFEBXEZ, Edouard, Ingénieur, à Liévin-lez-Lens (Pas-de-Calais).
DEFHEXNE, rue Nationale, 295, Lille.
DELAlîE, Professeur en retraite, rue Jean Levasseur, 15, Lille.
DELANGHE, rue de Lannoy, 171, Roubaix.
DELECROIX, Avocat, Docteur en Droit, Directeur de la Revue de la Législation des
Mines, place du Concert, 30, Lille.
DELEHl'E, Agent- Voyer d'arrondissement, rue des Stalions, 41, Lille.
DELESSERT DE MOLLINS, Villa Verte-Rive, Cully (Suisse).
DEMANGEON, Maître-Surveillant, École normale supérieure, rue d'L'lm, 45, Paris.
DEREXNES, Ingénieur-Chimiste, boulevard Barbes, 25, Paris.
DERXONCOURT, Représentant do la Compagnie d'Anzin. rue d'Alsace, 70, Roubaix.
DESAILLY, Ingénieur des mines, rue Nicolo, 44, Passy-Paris.
DESCAT, Jules, Manufacturier, rue llenri-Kolb, 31, Lille.
DESTOMBES, Pierre, boulevard de Paris, Roubaix.
DEVVATTINES, Relieur, rue Saint-Étienne, m bis, Lille.
DHARVENT, Membre de la Commission des Monuments historiques, Béliiune (P.-de-C.
DOLLE, Préparateur à la Faculté des Sciences, rue Brûle-Maison, 139, Lille.
DOLLFUS, Adrien, rue Pierre-Charron, 35, Paris.
DOLLFUS, Gustave, rue de Chabrol, 45, Paris.
DOLLO. Conservateur au Musée d'histoire naturelle de Bruxelles.
DOMBRE, Ingénieur à la Compagnie des Mines de Liévin (Pas-de-Calais).
DOREL, Ingénieur à la Compagnie des Mines de Liévin (Pas-de-Calais).
DORLODOT (Abbé de), Professeur à l'Université, rue au Vent, 10, Louvain.
DOUXAMI, Maître de conférence à la Faculté des Sciences, rue Brùle-Maison, 159, Lille.
DUBOIS, Professeur au Lycée de Sainl-Quenlin (Aisne).
DUBRUXFAL'T. Chimiste-Industriel, rue de l'Ouest, 3, Roubaix.
DUMAS, Inspecteur au Chemin de fer d'Orléans, rue Sully, 6, Nanles.
DU.MO.XT, Docteur en médecine, à Mons-en-Barœul, près Lille.
DCRAFFOLR, Entrepreneur de forages, rue Saint-Martin, 23, Tournai.
DITERTRE, Docteur en médecine, rue de la Coupe, 12, Boulogne-sur-Mer.
ÉCOLE NORMALE D'INSTITUTEURS de Douai.
EEC.MAXX, Alexandre, rue Jean-sans-Peur, 48, Lille.
FABRE, Conservateur des eaux et forêts, rue Ménard, 28, Nîmes (Gard).
FEVER, Chef de Division à la Préfecture, rue des Pyramides, 21, Lille.
FÈVRE, Ingénieur en Chef des Mines, place Possoz, 1, Paris (XVP).
FLIPO, I^uis, propriétaire, à Deûlémont.
FOKEU, Docteur en médecine, rue Bartheièmy-Delespaui, 34, Lille.
FOREST, Philibert, Maître de carrières, à Douzies-Maubeuge.
FORIR, Répétiteur à l*École des Mines, rue Nysten, 25, Liège.
FOURMARIER, Paul, Assistant de Géologie à rCniversité, rue Maghin, 69»
Liège (Belgique).
FOURMENTIN, Percepteur à Grasse (Alpes Maritimes).
FRAZER, D' ès-scionces, Room 1042, Drexel Building, Philadelphie.
GAILLOT, Directeur de la Station Agronomique, boulevard Brunehaut. Laon.
GALLET, Paul, Administrateur des Tuileries de Saint-Mommelin, rue Baptiste-
Monnoyer, 15, Lille.
GAVELLE, Licencié es Sciences, rue des Stations, 80, Lille.
GENTIL. Chargé de Conférences à la Sorbonne, rue des Feuillantines, 11, Paris.
GEORG, Libraire, passage de rilôtol-Dieu, 36-12, Lyon.
GIARD, Professeur à la Sorbonne, rue Stanislas, 14, Paris.
GLORIEUX, Industriel, rue Charles-Quint, 41, Roubaix.
GOBLET, Alfred, ingénieur. Croix, près Roubaix.
GODBILLE, Médecin-Vétérinaire, Wignehies.
GODON (Abbé), Professeur à l'Institution Notre-Dame, Cambrai.
GOSSELET, Professeur à la Faculté des Sciences, rue d'Antin, 18, Lille.
GOSSELET, A., Docteur en médecine, rue Colberl, 79, Lille.
GRANDEL. Ingénieur aux Tsines Kuhlmann, Loos.
GRONNIER, Principa du Collège de Saint-Amand (Cher).
GROSSOL VRE (de), Ingénieur en Chef des xMines, Bourges.
GL'ÉRIN, Docteur en médecine, rue Saint-Pierre, 12, Verdun (Meuse).
GL'ERNE (Baron Jules de), rue de Tournon, 6, Paris.
HALLEZ, Paul, Professeur à la Faculté des Sciences, rue Jean-Bart, 58. Lille.
HASS, Professeur à l'Université Kiel-Wolkeshasse, 2S.
HELSON, Ingénieur, Marquise (P.-de-C).
BERLIN, Georges, Notaire, boulevard de la Liberté, 22, Lille.
HERMANN, Éditeur, rue de la Sorbonne. Paris.
HERMARV, In^îénieur civil, Barlin (Pas-de-Calais).
HERTEMAN, Employé de Commerce, rue des Guinguettes, 42.
JANET, Charles, Ingénieur des Arts et Manufactures, Villa des Roses, près Beau vais.
JANET, Léon, Ingénieur en chef au Corps des Mines, Député, houl. St-Michel, 87, Pari
LABORATOIRE DÉPARTEMENTAL DE BOULOGNE-SUR-MEU.
LACROIX, In;rénieur des Arts et Manufactures, Valenciennes.
LADRIÈRE, .Iules, rue de l'Hôpital-Militaire. 8:>, Lille.
LAFITTK, Henri, Ingénieur en chef aux Mines de Lens (Pas-de-Cala-s).
LAFITTE. .1., Étudiant, rue Brille-Maison, 159, Lille.
LAGAISSE, Directeur de l'École Industrielle supérieure, Creil (Oise).
LALOV, Roger, Château de la Rose, à Houplines.
LAMOOT, Georges, Licencié-ès-letlres, rue Colson, 15, Lille.
LANGR AND (l'abbé), Ambleteuse, près Marquise (P.-de-C).
LATINIS, Ingénieur civil à beneflc, Hainaut (Belgique).
LAY. Négociant, rue Léon-Gambetta, 54 Lille.
LEBRUN, Licencié ès-Sciences, place Philippe-Lebon, 13, Lille.
LECOCQ, Gustave, rue du Nouveau-Siècle, 7, Lille.
LEFEBVRE, Contrôleur principal des mines, rue Barthéleniy-Delespaul, 111, Lille.
LEFEBVRE, Directeur de la Revue Noire, rue Meurein, 33, Lille.
LE MARCHAND, Ingénieur aux Chartreux, Petit-Queviliy (Seine Inférieure).
LEMOXNIER, Ingénieur, boulevard d'Anderlecht, 60, Bruxelles (Belgique).
LEPPLA, Géologue du Service de la Carte de Prusse, Invalidenstrasse, 44, Berlin.
LERICHE, Préparateur à la Faculté des Sciences, rue Brûle-Maison, 159, Lille.
LEVAUX, Professeur au Collège, rue de Mons, 40, Maubeuge.
LHOMiME, directeur de la sucrerie de Mayot, La Fère (Aisne).
LIBRARY UNIVERSITY OF CALIFORNIA. Berkeley, par Welter U. S. A.
LIÉGEOIS-SIX, Imprimeur, rue Léon Gambetta, 244, Lille.
LOHEST, Professeur à l'Université, Mont Saint-Martin, 55, Liège (Belgique'.
U)NCLE, Etudiant en Lettres, 15, rue de Longueville. StQucntin.
LONQUETY, Ingénieur, Boulogne-sur-Mer.
LOZÉ, rue des Capucins, 38, Arras.
MAILLIEUX, Eugène, Propriétaire, à Couvin (Belgique).
MALA(}UIN, Professeur-Adjoint de Zoologie à la Faculté des Sciences, Lille.
MARGERIE (de), Géologue, rue de Grenelle, 132, Paris.
MARIAGE, Négociant, avenue de Mons, 36, Valenciennes.
MASUREL, Étudiant, 63, rue Nationale, Tourcoing.
M.ATHIAS, NoUire à Wavrin.
MAURICE, Ch., Docteur èssciences, Attiches, par Pont-à-Marcq.
MELON, Licencié ès-sciences. Usine à Gaz, Château -Landon (Seine-et-Marne).
MEUNIER, Marchand de charbon, Crépy-en-Valois (Oise)
MEYER, Adolphe, Traducteur, rue Solférino, 299, Lille.
MEYER, Paul, Représentant de Commerce, rue Roland, 71, Lille.
MOREAU, Arthur, Maître de carrières, Anor (Nord).
MORIN, Ingénieur aux Mines de Liévin (P.-de-C).
MORONVAL, Alphonse, Marbrier, rue de Landrecies, 8, Avesnes.
MURLAY, Préparateur de Chimie appliquée, rue Barthélemy-Delespaul, 87, Lille.
MUSÉE DE DOUAI.
MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE, rue Cuvier, 2, Paris, par le Soulier.
MVOX, Ingénieur aux Mines de Courrières, à Billy-Montigny (P.-deC).
^ATURHISTORISCHEN HOFMUSEUM, Vienne (Autriche).
NEW-YORK PUBLIC LIBRARY chez M. Stechert, 76, rue de Rennes, Paris.
COURTIER, ingénieur-Directeur du Service des Eaux de Roubaîx-Tourcoing, Tourcoing
^RIEULX de la PORTE, Ingénieur aux Mines de Nœux (P.-de-C).
PAQUIER. Chargé de cours à la Faculté des Sciences, Toulouse.
PARADES (de), rue Brûle Maison, 64, Lille.
PARENT II., Licencic-ès-Sciences, rue Nationale, 161, Lille.
PAS (M- la Comtesse de), rue Royale, 97, Lille.
PASSELECQ, Directeur de Charbonnage, à Ciply (Belgique).
PÉROCHE, Directeur honoraire des Contributions, rue de la Bassée, 7, Lille.
PEUCELLE, Négociant, rue du Fanbourg-de-Roubaix, 126, Lille.
PIÉKARD, Désiré, Cultivateur, Dourlcrs (Nord).
PIOU, Capitaine au 84« régiment d'infanterie- Avesnes.
POIVRE, Chef de Bataillon en retraite, boulevard Jeanne dWrc» Douai.
yrARRÉ-REYBOCRBON, boulevard de la Liberté, 70, Lille.
RABELLE, Pharmacien à Ribemont (Aisne).
RA.MOND (iONTAUD, Assistant de Géologie au Muséum, rue Louis Philippe, 18,Neuill>
(Seine).
REL'MAUX, Agent général des Mines de Lens (P.-de-C).
RICHARD, Géomètre, Cambrai.
RICHARD, Pasteur de l'Église Réformée, rue Solférino, 310, Lille.
RIGAUX, Henri, rue du Chaufour, 14, Lille.
RONELLE. Architecte, Cambrai.
ROUSSEL, Docteur ès-sciences, Chemin de Velours, Meaux (Seine-et-Marne).
ROUTIER, Avocat, rue de Brérjuerecquc, 152, Boulogne-sur-Mer.
ROUVILLE (do), Doyen honoraire de la Faculté des Sciences de Montpellier.
SAGNAC, Maître de Conférences à l'Université (Faculté des Sciences), 13, place Simoi
Volant, Lille.
SAINTE-CLAIRE DEVILLE, Ing' aux Mines de l'Escarpelle, Flers-en-Escrebieux(Xor<
SANGUINETTI, Chef de Laboratoire à l'Institut Pasteur, Lille.
SAUVAGE, D', Direct, du Musée, Boulogne-sur-Mer.
SIMON, Ingénieur-Directeur des Mines de Liévin (P.-de-C).
SIX, Achille, Professeur au Lycée, 22, rue d'Arias, Douai.
SMITS, Ingénieur, rue Colbrant, 23, Lille.
SOUBEVRAN, Ingénieur en Chef des Mines, boulevard Péreire, 102, Paris.
STECHERT, Libraire, rue de Rennes, 76, Paris.
STOCr.ET, Ingénieur en Chef du Département du Nord, rue Jacquemars-Gièlée,21, Lill
TAINE, Pharmacien, Mondrepuits (Aisne).
TARTARAT, Brasseur, rue de Poids, 31, Lille.
THÉLU, Directeur de l'École Primaire Supérieure, Moutreuil-sur-Mer (i>.-dc-C.)
THÉRY-DELATTRE, Professeur au Collège, rue de l'Église, 21, Hazebrouck.
THÉVENIN, Assistant de Paléontologie au Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue Bar;
Paris.
THIÉRY, Ingénieur aux Mines de Courrièros, à Moricourt-Mines par Sallanmines (P . deC
TUtRIET, Docteur èsSciences, Professeur au Collège Balan, Sedan.
TILMANT, Ingénieur à Haubourdin.
TORDEUX, Notaire, Corbény (Aisne).
TOURNEUX, Dessinateur, Sains-Richaumont (Aisne).
TROUDE, Mattre-Répétiteur, au Lycée, Lille.
VAILLANT Victor, Prép' à la Faculté des Sciences, 87, rue Barthèlémy-Ielespaul, Lille.
VAN ERTBORN (le baron Octave), Avenue du Duc, 38, Boitsfort-les-Bruxelles.
VERMEERSCH, Pharmasien, rue Léon Garabetta, 109, Lille.
I VIALA, Directeur honor. des Mines de Li('vin, boulevard Pasteur, 21, Douai.
VIDELAIXE, Entrepreneur de Sondages, rue de Denain, 134, Roubaix.
VIVIEN, Chimiste, rue Baudreuil, 18, Saint-Quentin.
WALKER Ambroise, Filateur, quai des 4 Écluses, Dunkerque.
WALKER, Emile, Filateur, quai des 4 Écluses, Dunkerque.
WATTEAU, Géologue, Thuin, Belgique.
WIART. Industriel, Cambrai.
WILLIAMS, Professeur à l'Université, Yale Collège, New-Haven, Connecticut.
MEMBRES ASSOCIES
BERTRAND, Marcel, de l'Institut, Professeur à l'École des Mines
rue de Vaugirard, 75, Paris.
BONiNEY, Professeur de Géologie, N. W. 23 Denning Road, Londres.
CAPELLINI, Sénateur du royaume d'Italie, Bologne.
CORTAZAR (de). Ingénieur en chef des Mines, Calle îsabel la Catolica, 23, Madrid.
DEWALQL'E, Profe.sseur émérite de l'Université, rue de la Paix, 17, Liège.
DLPONT, Directeur du Musée d'histoire naturelle de Bruxelles.
G.\UDRY, de l'Institut, Professeur au Muséum, rue des Saints-Pères, 7 bis» Paris.
JUDD, Professeur au Collège of Science, South Kensington, Londres S. W.
KAVSER, Professeur de Géologie a l'Université de Marbourg (Allemagne).
LAPPARENT (de), de l'Institut, rue de Tilsitt, 3, Paris.
MALAISE, Professeur émérite, Gembloux.
MERCEY (de), La Faloise (Somme).
MICHEL-LÉVY, de l'Institut, D' de la Carte Gol. de France, r. Spontini, 20. Paris.
MOURLON, D' de la Carte Géologique de Belgique, rue Beliard, 107, Bruxelles.
PELLAT, Ed., LiU Tourette, par Tarascon-sur-Rhône (Bouchesdu-Rliône).
POTIER, de l'Institut, boulevard Saint-Micliel, 89, Paris.
BL'TOT, Conservateur au Musée d'histoire naturelle, rue de la Loi, 177, Bruxelles.
^CHLUTER, Professeur de Géologie à l'Université de Bonn.
VANDEN BROECK, Conservateur au Musée, place de l'Industrie, 39, Bruxelles
^KUlN, Professeur de Géograpliie physique à la Sorbonne, Paris.
\
ANNALES
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DU NORD
Séance du 13 Janvier 1904
On procède à rélection du Bureau : 72 memWes y
prennent part. Sont élus :
Président .... MM. Charles Barrois
H. Parent
L. DoUé
Defrenne
Blanchard
Dewattines
Vice- Président
Secrétaire . .
Trésorier . .
Bibliothécaire .
Libraire . .
M. Ladrière est élu membre du Conseil pour trois ans.
M. Douxami, maître de conférences à la Société des
Sciences, est nommé membre de la Société.
M. Ch. Barrois annonce la mort de Téminent géologue
^t paléontologiste M. Karl von Zittel.
M. Gosselet fait part de la mort de M. Jannel.
M. Jannel est un géologue de Charleville bien connu de
lii Société, qu'il accompagnait généralement dans ses
excursions au bord de la Meuse. Il consacrait à la Géologie
^ous ses dimanches, les seuls jours de liberté que lui
laissaient ses fonctions de dessinateur au Chemin de fer
^e TEst.
On lui doit de nombreuses découvertes très intéres-
santes, et des études de détail, qui ne seront plus reprises
_ 5> _
de sitôt. Ainsi, il a fait une coupe détaillée, affleurement
par affleurement, couche par couche, du Devonien inférieur
entre Charleville et Bogny. Il explorait aussi le terrain
jurassique des Ardennes, où il savait récolter de très beaux
fossiles. Il a contribué, pour une bonne part, à la for-
mation du Musée Géologique de la Faculté des Sciences
de Lille.
Parmi les découvertes de M. Jannel, il y a lieu de citer
celle des Oldhamia dans les schistes ardoisiers des environs
de Fumay, celle de fossiles dans les couches à Grammysia
de Vireux, à la limite inférieure de la grauwacko de
Hierges, et contre les schistes rouges, celles de très nom-
breux fossiles devoniens dans les couches du bassin de
Charleville. Ces découvertes, qui m'ont été très utiles
dans rétude que j'ai faite de la région, se trouvent expo-
sées dans VArdenne,
Sur la fin de sa vie, M. Jannel a été attaché au Service
central du Chemin de fer de l'Est, à Paris. Il en profita
pour lever les coupes géologiques des diverses lignes de
l'Est. Ces coupes, publiées par les soins de la Compagnie,
seront précieuses à consulter, lorsque le temps aura dété-
rioré les tranchées.
M. Ardaillon résume les observations qu'il a faites en
Crète sur un mode d'érosion marine ; il a étudié les mar-
mites de géants qui se creusent sous l'action des vagues.
M. Gosselet présente une carte géologique souterraine
de la surface des terrains primaires dans la région de
Douai.
On y voit : au centre, le bassin houiller; au N., une
grande surface occupée par le calcaire carbonifère; au S.,
une large zone de schistes gedinniens. Entre ceux-ci et le
bassin houiller, il y a, de Liévin à Courcelles, près de
Douai, une bande étroite de schistes siluriens.
Sur cette carte, on a tracé des lignes hypsométriques, de
— 3 -
dix mètres en dix mètres, pour la surface primaire. Ces
lignes ne coïncident pas avec la nature de la roche sous
jacente. Elles dessinent parfaitement diverses cavités sur
lesquelle M. Gosselet a appelé précédemment l'attention
de la Société, (i)
M. Gosselet expose sous toute réserve Thypothèse que
]a surface primaire, avec ses anf ractuosités, pourrait bien
avoir été façonnée primilivement par un glacier datant de
répoque permienne.
Séance du S Février 1904
Sont nommés membres de la Société :
M. Boutschoulski, Directeur de la Revue des Questions
économiques, à Paris.
M. Tourneux, dessinateur, à Sains-Richaumont.
M. G. DoUfus envoie la lettre suivante :
Un Sondage à Templeux-la-Fosse (Somme)
par M. Gustave-F. Dollfus
Le sondage pour recherche d'eau exécuté à Templeux-
la-Fosse (Somme), au N. de Péronne, par les soins de
MM. Dumont, Gondin et G", foreurs à Charenton près
Paris, présente un réel intérêt, car nous n'en connaissons
aucun autre dans la région immédiate. Il a été entrepris
dans la partie N. de la commune, près d'une exploitation
de phosphate delà Société Fresnes et C^, à Taltitude assez
considérable de 147 m. qui ressort de deux nivellements
concordants. Je transcrirai exactement les renseignements
qui m'ont été communiqués avec la plus grande amabilité
par les foreurs, avant de présenter mes observations
personnelles.
(1) Ànn. Soc. GéoL, XXX, p. 146.
Coupe géologique
N" DésignatlDD des conches Epais.
1 Terre yéjîéiale 3-0O
2 Arulle 6.0U
3 Ci-ate blanche à silex. , . 10.00
4 Craie Jaunâtre groB Ellex. . 8,(K)
j Craie lilanctie II.IO
6 Cïale blanche avec allex. . 15.00
7 Craie Jaune gros silex. . . 14.00
Charabre-vlde
8 Craie jaune
Chambre -vide
9 Craie blanche à silex. . .
10 Craie bleue
11 Marne bleue argileuse . .
12 Marne bleue
13 Marne bleue avec silex . .
14 Marne bleue elgrise,trôsarBi-
15 Marne bleue arRUeuse . .
16 Marne grise argileuse. , .
17 Marne bleue tr&s argileuse .
18 Marne bleue Irlable, très
19
3-00
Marne bleue friable . . .
Craie argileuse bleue . . .
Craie argileuse veinSe de
Craie grise argileuse . . .
Craie blanche avec quelques
peti tes ■Coucli es d'argile
Craie bleue argileuse trùs
éboulante
Argile vertcî sablonneuse
APtJile noire compacte
Argile noire
Argile nohe avec nodules
Argile noire sableuse. .
Argile noire plastique .
Sable noirâtre trûs argileux
Sable argileux noir , .
Sables verts .....
bleue 6.20 213. S
-f 1*4-00
138.00
128.00
6.00
73.00
74.00
8.00
81,00
66.00
3,00
84.00
63.00
12.00
96.00
51.00
2.00
08.00
49.00
10,00
108,00
39 00
11,40
119. «1
27.60
3.10
122.50
24.50
9.00
131.50
+ 15.50
1S.50
148.00
— 1.00
4.00
152.00
- 5.00
16 00
168 00
- 21 00
22.00
190.00
" 43.00
3.01)
193.00
— 46.00
4.01)
197.00
- 50 on
1.50
198-50
— 51.50
8.50
207.00
- 60 00
7-30
220,50
- 73 50
2.50
223.00
- 76.00
0.00
2i3.00
- 86,00
1.00
234.00
- 87.00
1.00
235,00
- 88.00
5 00
240,00
- 93.00
3,00
243,00
- 93.00
t,50
244.50
- 97.50
1.60
246.01
- 99.10
80
353.09
~ 105.09
Je classerai comme suit ces assises, avec quelque
réserve toutefois, par suite du manque de fo&biles et
d'échantillons. J'ai vu seulement le sable vert n» 33 qui
est fin et très glauconieux.
Etages j^.. Terrains Kpais. Profd. Altitudes
Sénonien 3-6 Craie blanche à
silex . . . . 42'» de 9 à 53" de + 138 à + 94-
? 7-9 Craie dure jaune
nssurée . , . 43» de 53 à 96" de + 94 à -f- 51»
Tuponien 10 Craie bleue à Téré-
bpatulines . . 2" de 96 à 98" de + 51 à + 49"
Turonien 14-19 Marne bleue =
Dièves. . . . 95" de 98 à 193" de -f- 49 à — 46"
Cènomanien -20-25 Craie grise glauco-
nifère .... 30" de 193 à 223»' de — 46 à — 76"
ïraconiei 26-30 Argile noire à A /n.
interruptus . . 20" de 223 à 243" de - 76 à — 96"
Albien 31-33 Sables verts à A /n.
mamillaris . . 10" de 233 à 253" de — 96 à— 106"
D'après la carte géologique, Feuille de Cambrai (2* édi-
tion), dressée en 1892 par MM. Gosselet et Cayeux, le
terrain supérieur, au niveau du sol, est formé, à Tem-
pleux-la-Fosse, par la craie sénonienne C'' avec Micraster,
la vallée voisine de la Tortille entre Moislains et Manon-
court laisse apercevoir diverses assises de craie turonienne
C^ c'est-à-dire appartenant à la craie phosphatée et à la
craie à Micraster breviporus vers l'altitude de 65 m.
Comme complément, M. Cayeux, dans une note sur la
craie de Péronne (') indique le sommet de la craie à
Hier aster breviporus à Moislains comme atteignant 70 m.,
enfin M. Parent a trouvé à Roisel, c'est-à-dire dans le
voisinage, le Micraster Beonensis qui paraît caractériser le
sommet de la craie à Micraster bremporus (^), Ceci nous
(01890, y^nw. Soc. Gdol. du Nord, P. XVII, p. 235.
(2)1893;<n?i. Soc, Géol. du Nord, T. XXI, p. 22.
- 6 —
conduirait à placer le sommet du Turonien à la cou
n"* 7 vers 53 m. de profondeur. Le Sénonien certain c
prendrait seulement les premières couches 3 à 6. Je ne [
cependant accepter cette classification sans réserves, o
craie jaune fissurée, dure, qui donne des pierres de tail
qui offre des silex noirs comme fondus dans la masse,
identique au point de vue minéralogique avec la craie
Rouen que tous les géologues de la Seine-Inférieure coi
dèrent comme constituant la base même du Sénonien
Je sais que la question de la classification des couc
à Micraster bremporus a été fort agitée dans le Nord e
n'ai pas le désir, sans matériaux paléontologiques n
veaux, de l'aborder ici, mais comme le Micraster br
porus est donné comme commun à la fois au Turoniei
au Sénonien, je crains que sur nos cartes géologique
règne une confusion fâcheuse dans l'extension relative
ces deux étages entre la Somme et la Normandie.
Le banc de craie bleue est assez constant, ce serait
couche principale à Terebratulina gracilis.
Il ne me semble pas qu'il puisse y avoir de discuss
dans l'attribution aux Dièves des couches 11 à 19, 1
épaisseur dépasse cependant celle qu'on est habitui
constater.
Nous supposons qu'on est entré dans la craie glau
nienne à 193 m. avec la couche n® 20 et qu'il faut considé
le banc de sables avec graviers glauconifèresn® 25 corn
en formant bien la base.
L'argile noire du Gault (Vraconien) ?) est un hori;
facile à distinguer, n^s 26 à 30, son épaisseur est déjà foi
mais il faut peut être y joindre les deux couches de sa
gris n» 31 et 32 que j'ai classées dans l'Albien et
l'augmenterait de 3 m.
(1) 1880. G. LioNNBT : Mémoires sur la Géologie normande. Société Géo
Normandie, Le Havre, T. VI, p. 105.
- 7 —
Rien à dire sur les sables glauconifères de la base, ils
n'ont pas été percés et ils relient normalement les couches
analogues de TArdenne avec celles du pays de Bray et du
Boulonnais.
Une utile comparaison peut être faite avec le forage de
Guise dont M. Gosselet a donné les éléments et qui est le
plus voisin (*), en voici le résumé présenté sous la même
forme que la série de Templeux.
Sondage de Guise
(Altitude : Oise, à 96 m. + 27 m. au-dessus = 123 m.)
Sénonien ? Craie blanche . . .
Turonien Marne bleue . . .
Tuponlen Marnes de Diôves. .
Cénomanien Craie glauconifère et
sable à P. asper .
Vraconien Marnes grise et noire
Albien Sable glauconifère .
La coupe de Templeux permet de classer plus exacte-
ment la dernière région du forage de Guise. Ce sont
certainement les argiles du Gault qui ont été franchies
entre 115 et 124 m., d'autre part comme le P. asper a été
signalé à 110 m., toute cette partie de la coupe se tient
bien comme Cénomanien.
On peut constater que toutes les couches sont plus
épaisses relativement à Templeux qu'à Guise et qu'elles
se tiennent toutes à une profondeur plus grande.
Il est indispensable d'ajouter que le forage de Templeux
est fort près de l'axe anticlinal de Campagne-les-Hesdin
fjui forme une ondulation oblique très nette depuis
l'embouchure de la Canche; il se manifeste dans la région
par trois affleurements caractéristiques de Turonien bien
alignés dans les vallons voisins.
^^^ 'annales Soc. GéoL Nord, VI, p. 106, 211.
Spais.
Profd.
Allitudes
37"
là 37-
+ 123 à 84»
2™
37 à 39»
84 à 82»
53»
39 à 92»
82 à 29»
23»
92 à lio-
29 à 6-
9-
ns à 124»
+
6à— 3»
6"
124 à 130»
—
3à— 9»
— 8 —
1** Apparition du Turonîen dans la vallée de la Tortille
entre Moislains et Manoncourt.
2o MêmeTuronien, dans la vallée sèche, entre Templeux-
le-Gérard et Roisel.
30 Même Turonien dans le vallon sec, entre Bellen-
glise et Magny-la-Fosse, avec pente décisive des couches
au N. et au S. Cette direction axillaire va passer aux
sources de la Somme, près Fonsomme et s'avance sur
Macquigny au sud de Guise, il en résulte que Templeux-
la-Fosse n'est pas dans la même ondulation du terrain
crétacé que Guise, qu'on trouverait vraisemblablement
dans la profondeur une épaisseur plus grande de terraia
jurassique qu'à Guise et qu'on atteindrait enfin des couches
primaires d'un âge un peu plus récent que celles de
Guise, mais à une profondeur sensiblement plus grande.
M. l'abbé Dorlodot envoie la note suivante :
Age des couches dites « Burnotiennes »
des bassins de Dînant et d'Aix-la-Chapelle,
par l'abbé H. de Dorlodot
Les dépôts dévoniens du massif paléozoïque de Belgique
que leur teinte souvent rouge et d'autres caractères litho-
logiques ont fait rapprocher parfois de VOld red sand-
stone (^) et que Dumont a réunis dans son Etage quartzo-
schisteux inférieur du système eifétien (E^) (2), ont joué un
rôle considérable dans l'histoire de la géologie de nos
terrains anciens. La disposition constante de cette forma-
tion autour de la bande des calcaires dévoniens, qui
circonscrit elle-même le massif quartzoschisteux famen-
nien du bassin de Dinant, notamment dans la courbe
qu'exécutent ces calcaires entre Louveigné et Haute-
(1) Voir notamment Dumont, Mémoire sur la constitution géologique de la
province de Lièges p. 68.
(2) André Dumont : Carte géologique de la Belgique au 460.000*.
- 9 -
Fraipont pour former le bout du grand bassin méri-
dional (^), — non moins que le parcours de cette série
quarlzoschisteuse à bandes rouges entre Fraipont et Sart-
Eustache, où, soit seule, soit avec les schistes gris ou noirs
du Silurien du Condroz, elle sépare les bassins de Dinant
etdeNamur, dont les couches la flanquent symétrique-
ment au Sud et au Nord, — ont contribué, pour une bonne
part, à dévoiler au génie d'André Dumont les grandes
lignes de l'architecture de notre massif paléozoïque et
l'ordre général de la succession de ses assises.
Mais, si les caractères frappants de ces couches ame-
nèrent l'auteur du Mémoire sur la constitution géologique
de la province de Liège k formuler des conclusions exactes
dans leur ensemble, ils furent aussi la source de ses plus
graves erreurs. En considérant l'ensemble de ces dépôts
plus ou moins riches en bancs rouges comme contem-
porains de la bande de roches rouges qui, au sud de
Givet, sépare le grès noir de Vireux de la grauwacke de
Hierges, il fut naturellement amené à admettre le synchro-
nisme du Silurien du Condroz et du Brabant avec le
Rhénan de l'Ardenne et du Rhin.
Dès 1860, M. Gosselet (2), par l'application delà méthode
paléontologique, corrigea cette dernière erreur. Mais, la
méthode paléontologique n'étant guère applicable à une
formation presque complètement dépourvue de fossiles,
Terreur fondamentale continua à régner dans la science
jusqu'en 1873. C'est alors que M. Gosselet, dans son
(1) Mém. cité, p. 80.
(2) J. GossBLET : Mémoire sur les terrains primaires de la Ifelgiquet des
mirons d'Avesnes et du Ifoulonnais (1860), p. 32 ; — Note sur les fossiles
siluriens trouvés dans te Brabant {Belgique). Bull. Soc. «éol de France,
*■ série, l XVII, p. 495 (7 mai 1860). — Note sur des fossiles siluriens décou-
vris dat^s le massif rhénan du Condroz. Ibid , t. XVIII, p. 538 (22 avril 186i).
— Voir aussi ibid., t. XIX, p 752 à 761. — Est-il nécessaire de rappeler que
2' ^- Malaise, gui, trompé par les déterminations erronées de De Koninck, avait
<l'abord contredit M. Gosselet, ne tarda pas à revenir de cette erreur, et que nous
«levons à ses infatigables et fructueuses recherches, la découverle, dans le
^•Iwien belge, de tous ou presque tous les niveaux du Silurien d'Angleterre,
[^présentés, pour plusieurs d'entre eux, à la fois par le faciès à graplolites et par
1^ faciès à trilobites et à brachiopodes et parfois à polypiers.
— 10 —
célèbre mémoire Le système du poudingue de Burnot {*),
établit, et cette fois par la méthode stratigraphique, que
la plus grande partie des couches de la région nord,
rangées par Dumont dans son étage E^ n'est pas contem-
poraine des couches rouges de Vireux ou de Winenne (2).
Les couches que l'on continua à considérer comme
contemporaines des schistes rouges de Winenne consti-
tuèrent, dès lors, à elles seules, l'assise du poudingue de
Burnot (3). Uétage burnotien de la Légende de ta carte géo-
logique de la Belgique au 40.000^ ne diffère de l'assise de
Burnot de M. Gosselet, que parce qu'on en a retranché
les poudingues à pâte verte qui couronnent cette assise,
pour les ranger à la base de l'assise de Rouillon (^),
Le moment nous parait venu de soumettre à un nouvel
examen le synchronisme des couches rangées dans le
Burnotien et de nous demander si toutes ces couches sont
bien contemporaines des schistes rouges de Winenne.
Nous nous bornerons, pour le moment, à examiner la
question pour les bassins de Dînant et d'Aix-la-Chapelle,
nous réservant de revenir plus tard sur les couches
réputées burnotiennes du bassin du Luxembourg ou de
l'Oesling.
La ressemblance manifeste du grès vert de Wépion avec
(1) Annales des Sciences géologiques, t. IV, Art. N' 7.
(2) Ces couclies, nommées d'abord par M Gosselel Schistes rouges de Viveux
sont généralement désignées en Belgique sons le nom de Schistes de Winenne
que nous emploierons de préférence dans ce travail. Malgré sa priorité, le pre-
mier nom a l'inconvénient de placer une seconde assise de Vireux à côté de
Vassise des grcs et schistes noirs de vireux. Cet inconvénient avait disparu,
depuis que M- Gosselet a désigné l'assise des schistes rouges de Vireux sous le
nom iVassise de Burnot ; mais il nous est impossible de donner ce sens précis
à cette dernière expression, dans un travail qui a pour but principal d'examiner
si Vassise de Burnot à Burnot est bien le correspondant exact de l'assise des
schistes rouges de Vireux* et notamment si le poudingue de Burnot n'est pas
notablement plus jeune que ces schistes rouges.
(3) Cf. J. Gosselet: Esquisse géologique du Nord de la France, fasc. 1, p. 78;
L'Ardenne, p. 362.
(4) Voir,
Nord m'
sous
Caitlou-^ui-bique ,
- Il --
le grès noir ou vert foncé de Vireux, qui, lorsqu'il a subi
un commencement d'altération, se distingue à peine du
premier, rend incontestable Tassimilation, proposée par
M. Gosselet, de ces deux formations. Aussi, l'accord est-il
devenu universel sur ce point. Sans doute, il ne nous est
pas possible d'affirmer que les roches rouges ont succédé
aux grès verts ou noirs, en môme temps à Vireux et à
Wépion. Néanmoins, il est hors de doute que, dans Tétat
actuel de la science, nous devons considérer comme
homotaxique la base du faciès rouge, telle qu'elle nous
apparaît dans la coupe de la Meuse (^), sur les. deux bords
du bassin de Dinant.
Pouvons-nous dire la même chose du sommet de l'étage
Burnotien, tel qu'on le limite aujourd'hui ?
On a dû le croire aussi longtemps que la grauwacke de
Rouillon fut considérée comme le correspondant exact
de la grauwacke de Hierges. Mais la question a changé
de face depuis les déterminations de M. Kayser (^) ; nous
savons, en effet, aujourd'hui, que la faune observée à la
base de l'assise de Rouillon, en des points assez nombreux
du bassin d'Aix-la-Chapelle et du N. du bassin de Dinant,
appartient à un niveau très voisin de la zone à Spirifer
cultrijugatus. Ces couches, qui recouvrent immédiatement
le poudingue deBurnot, étant notablement plus jeunes que
celles qui reposent sur les schistes de Winenne, il faut, ou
bien admettre une lacune stratigraphique considérable
(1) Noas disons « dans la coupe de la Meuse », parce que la limite entre
l'assise de Wépion et l'assise de Burnot est moins facile à définir, lorsqu'on
t'approche de l'extrémité N.-E. du bassin de Dinant. M. Gosselet a constaté
flB'en remontant vers le Nord, la bordure S -E. du bassin, on voit, à partir de
Ferrière, les bancs de grès vert sombre prendre plus d'importance au milieu des
roches rouges de la partie du Burnotien inférieure au poudingue. M. Forir pense
que c'est à l'accentuation du même phénomène qu'est due la réduction appa-
rente du Burnotien dans la région de l'Ourthe. Voir à ce sujet : J. Gosselet,
L'Ardenne, pp. 366 et 367 ; Ch. de la Vallée Poussin, Obsei-valiouK sur la
JCrtc de liure aux environs d'Ksneux, Ann. Soc. géol. de Belg., t. XXV, mém.,
P-f;!!. FoRiR, Remarques relatives à ces Observations* ibid. bull., p. XXVII,
et Carte géologique de la Belgique, feuille Seraing-Chénée ; Ch. de La Vallée
Poussin, flcctt/îca/ion5 sur mes Observations, ibid., t. XXVI, bull., p. LUI.
(2) Voir, au sujet de cette question, notre Lettre à M. Gosselet, I. c.
— 12 -
entre le poudingue de Burnot et le poudingue de Tailfer,
ou bien considérer les roches rouges de Burnot comme
correspondant, non seulement aux couches rouges de
Winenne, mais encore aux couches grisâtres ou verdâtres
de Hierges à Spiriler paradoxus et Sp, arduennensis.
Nous sommes loin de nier, pour notre part, que la série
des roches rouges de Burnot puisse présenter une ou
peut-être plusieurs lacunes stratigraphiques.il est mani-
feste, en effet, que le « Burnotien » correspond à une phase
d'émersion relative. Nous en avons la preuve, dans la
nature et Tirrégularité de ses dépôts, dans la présence, au
sein du poudingue, de galets de roches devoniennes
attestant la mise à nu de portions du bassin où ces roches
s'étaient formées. Enfin, les empreintes des gouttes de
pluie et les joints de dessicalion si clairement visibles
à Vireux, dans les schistes de Winenne, montrent qu'à
certains moments du Burnotien, la plage fut à sec bien
loin au large de la région immergée pendant les âges
précédents : il est peu probable que les eaux qui, à
marée basse, se reliraient au-delà de Vireux, s'avan-
çassent jusqu'à Dave à la marée suivante. Toutefois, cette
dernière considération, comme aussi le fait que le faciès
de Burnot s'est étendu si loin vers le Sud à l'âge des
schistes de Winenne, semble indiquer que les lacunes
straligraphiques, s'il en existe au nord du bassin, doivent
appartenir plulôt à cet âge qu'au niveau de la grauwacke
de Hierges, dont le faciès, dénotant des conditions beau-
coup moins littorales, rend probable une avance delà mer
vers le Nord.
Mais d'autres faits tendent à établir que le Burnotien
de Burnot ne peut être considéré comme représentant
exclusivement les schistes de Winenne.
C'est une règle générale, qui s'étend à tous nos dépôts
des temps devoniens et môme aux dépôts inférieurs de
- 13 —
notre Dinantien, que Ton voit diminuer la puissance des
couches, à mesure que Ton marche vers le Nord.
Or, le Burnotien seul ferait exception à cette règle, si
Ton admet le synchronisme généralement reçu. Le tableau
suivant met en regard la puissance approximative des
diverses assises du Devonien inférieur, à l'exception de
la grauwacke de Hierges, au sud de Givet et au sud de
Dave : il permet de fixer les idées au sujet deTimportance
de Tanomalie en question. Les données de la première
colonne sont empruntées à M. Gosselet (*).
Sud de Givet Sud de Dave
Schistes de Wiiienne 400" Burnotien 537"
Grès de Vireux .*. . . 350- Grès de Wépion . . 282"
Grauwacke de Montigny 775" Grauwacke d'Acoz 381"
Grès d'Anor 550" Grès d'Anor 311"
g. / Schistes de St-Hubert. . 550"
1 V Schistes d'Oignies 575" i
^ \ Schistes de Mondrepuits 200" ! 1650" Assise de Fooz 127"
^ f Arkose et poudingue de \
^ > Fépin 325- '
Laissant môme de côté la différence de puissance des
couches gedinniennes qui peut s'expliquer, au moins en
partie, par une invasion plus tardive de la mer rhénane
au Nord (~), nous voyons que Tensemble des assises qui
constituent l'étage Coblencien de la Carie géologique de la
Belgique au 40.000® n'a, à Dave, que 38 «/o de la puissance
que possède le même complexe au S. du bassin deDinant;
tandis que la puissance du Burnotien y dépasse de 34 o/o
la puissance des roches rouges de Winenne. Et c'est là
un exemple particulier d'un fait général; car, malgré la
grande variation que présente la puissance du Devonien
inférieur et de ses subdivisions sur la côte du Condroz, la
(t) UArdennCy p. 394.
(2) Cf, J. Gosselet, VArdenney pp. 268 et 269.
- 14 -
part qui revient au Burnotien sur la puissance totale reste
constamment excessive 0), comparativement aux puis-
sances relatives des couches réputées synchroniques dans
les affleurements méridionaux.
Cette anomalie étrange s'explique facilement, ou plutôt
elle cesse d'exister, si, au lieu de s'en rapporter au carac-
tère souvent trompeur du faciès pour apprécier l'âge du
Burnotien de Burnot, on fait entrer principalement en
ligne de compte la situation stratigraphique de cette
formation : on la considérera, dès lors, comme répondant,
dans son ensemble, au temps qui s'est écoulé depuis la
fin de l'Ahrlen (grès de Vireux ou de Wépion) jusqu'à
l'âge nettement caractérisé par la zone fossilifère qui
repose sur le poudingue de Burnot. Cette hypothèse, nous
l'avons dit, ne suppose pas nécessairement une continuité
absolue de la sédimentation : dans une formation si essen-
tiellement côtière, les lacunes sont probables ; mais,
répétons-le, ces lacunes ont plus de chance de se rencon-
trer au niveau de l'assise de Winenne qu'au niveau de
l'assise de Hierges.
On peut, d'ailleurs, rendre facilement compte de la
variation du faciès. En règle générale, la teinte rouge,
avec les caractères qu'elle entraîne d'ordinaire, prédomine
d'autant plus dans les couches quartzoschisteuses de notre
Devonien, qu'elles se sont formées plus près de la côte sep-
tentrionale. Témoin, en premier lieu, la grauwacked'Acoz,
la plus puissante, après l'assise de Burnot, des assises
rhénanes de la côte du Condroz. Que cette assise occupe,
comme nous le pensons, le niveau de la grauwacke de
Montigny, ou tout autre niveau, toujours est-il qu'elle est
(t) L'exception à cette règle que paraît présenter la région orientale du bord
nord du bassin de Dînant disparait, si l'on admet l'opinion de M. Forir, dont nous
avons fait mention plus haut, p 11, en note. II n'en est pas de même de la partie
occidentale du bassin d'Aix-la-Chapelle Nous tenterons plus loin une explica-
tion de ce fait en rapport avec le développement énorme du poudingue de Wéris.
Voir note 2 de la p. 11.
— M) —
représentée au Sud par des couches fossilifères d*un
cachel bien moins côtier, qui ne rappellent en rien le type
du vieux grès rouge.
La même règle se vérifie pour les niveaux supérieurs
au Burnotien. La grauwacke grise à Spirifer cultrijugatus
est représentée au Nord par la grauwacke rouge de
Rouillon, dont la teiute rouge est d'autant plus constante et
la pauvreté en fossiles animaux d'autant plus prononcée,
qu'on s'avance davantage vers le Nord. Le faciès à teinte
rouge peut même s'élever plus haut, englobant le Couvi-
nien proprement dit et parfois une partie plus ou moins
considérable du Givétien. Ce dernier fait devient la règle
au nord du bassin de Namur, partout où la transgression
medio-devonienne est arrivée jusque-là; et, si le faciès
calcaire d'Alvaux vient interrompre, sur un espace limité,
les dépôts rouges d'âge givétien, ces dépôts ne tardent pas
à reparaître dans l'assise des roches rouges de Mazy;
assise représentée sur les flancs de l'anticlinal du
Condroz par des schistes et macignos verdâtres, avec
quelques bancs de calcaire, tandis qu'au sud du bassin de
Dinant, les calcaires bien stratifiés à Stromatopores et à
Sp. Verneuili, qui se déposaient à la même époque, n'ont
pu être distingués que par leurs fossiles de niveau du cal-
caire de Givet, qu'ils continuent au point de vue du faciès.
L'explication de ces faits ne nous semble pas difficile à
trouver. Sans doute, les fleuves qui descendaient du conti-
nent de VUld red dans la mer devonienne charriaient,
comme de nos jours, les fleuves de l'Amérique du Sud,
des matières ocreuses qui se déposaient le long de la
côte. Il n'est donc pas étonnant de voir ces dépôts limités
à la région côtière et leur limite avancer vers le Sud ou
reculer vers le Nord, suivant les mouvements de régression
ou de transgression de la mer devonienne. Après le dépôt
des couches de Mazy, la transgression supra-dévonienne
-- IG -
portera loin vers le Nord les limites de la mer, et les faciès
côtiers disparaîtront, même au nord du bassin de Namur ;
mais, la mer ayant reculé ensuite, l'influence de VOld red
se fera sentir de nouveau dans nos régions, à l'âge des
psammites du Condroz, comme Ta montré jadis M. Lohest,
par rétude des poissons de ces psammites (*), et comme
l'indiquent sans doute aussi les bandes rouges qui se
rencontrent dans l'assise de Montfort et surtout dans
l'assise d'Evieux.
Il nous reste à voir si les faits observés à l'est du bassin
de Dînant sont de nature à faire admettre Tempiétement
du faciès des roches rouges et pauvres en fossiles avec
bancs à éléments grossiers, sur la grauwacke grise ou
verdâtre et fossilifère de Hierges. Nous nous bornerons
à examiner, à ce point de vue, les observations qu'ont fait
connaître MM. Gosselet, Dewalque et Dupont ; les feuilles
de la nouvelle carte géologique, publiées sans aucun com-
mentaire, ne nous apportant aucune lumière à ce sujet.
Dès 1860, M. Gosselet (2) constatait l'existence, dans des
couches qui surmontent immédiatement les schistes
rouges de Winenne, d'un niveau fossilifère qui, à côté
d'autres fossiles du Devonien inférieur, notamment de
Spirifer ardaennensis, Sp, paradoxus et Chonetes sarcinu-
lata, contient des lamellibranches en assez grande abon-
dance. Il donna le nom de couche à Ptérinées à cette zone
fossilifère. Il constata également qu'aux environs du
chemin de fer de Namur à Luxembourg, on voit appa
raître, à plusieurs niveaux, des grès grossiers et de
poudingues, dans le complexe qui recouvre immédiate
(1) Rechercher sur les poissons des terrains paléozoïques de Belgique
Poissons des psammites du Condroz, Famennien supérieur. Ann. Soc. géo
de Belg., t. XV, mém., p. 112.
(2) Observations sur les terrains primaires de la Belgique et du Nord de ^
France. Bull. Soc. géol.de France, 2. série, t. XVIIl, p. 29, seq. — Cf. L'Ard&nr^
p. 878 et suivantes.
- 17 —
ment la couche à Ptérinées (^). A un niveau plus élevé,
viennent, sur une épaisseur notable, des couches encore
caractérisées par le Spirifer arduennensis ; puis, au-dessus
d'un grès vert sombre, les schistes calcarifères à Spirifer
cultrijugatus et Rhynchonella Orbignyana, suivis immédia-
tement des schistes à Calcéoles.
Au S.-E. de Marche-en-Famenne, soit à 12 kilomètres
plus loin vers le N.-N.-E., M. Dupont (2) a retrouvé, en
plusieurs points, au-dessus des schistes rouges et bigarrés
de Winenne, une faune manifestement identique à
celle des couches à Ptérinées de M. Gosselet, dans
des grès verts argileux et schistes vert sombre. Les bancs
de même nature, qui séparent la zone à fossiles animaux
des dernières couches de schistes rouges, contiennent des
empreintes végétales et alternent parfois avec des bancs
de grès à gros éléments (poudingue milliaire). Des grès
grossiers de même genre forment une épaisse assise au-
dessus de la zone fossilifère ; plus haut, ils alternent avec
des bancs de poudingue à éléments de la grosseur d'un pois
ou d'une noisette (poudingue pisaire et avellanaire) ; vers le
sommet, on observe des grès blancs ou vert sombre. Au-
dessus de ces couches, viennent des schistes gris verdâtre
avec parties calcareuses, dans lesquels M. Dupont a
recueilli Spirifer cultrijugatus et Rhynchonella Orbignyana,
Les notations renseignées sur la planchette de Marche
de M. Dupont montrent les couches verdâtres à Ptérinées
jusque tout près de la limite E. de cette planchette. Or, à
moins de 6 kilomètres plus loin, la coupe de l'Ourthe
permet de constater qu'aux roches rouges, qui ont acquis
(1) Rappelons que M. Gosselet rangeait ces couches dans l'assise du poudingue
de Barnot. C'est précisément la conclusion à laquelle nous croyons devoir
revenir aujourd'hui.
(2) Note sur le Devonien inférieur de la Belgique. — Le poudingue de
Wéris et sa transformation au sud-est de Marche-en-Famenne.hviW. acad. roy.
de Belg.. 3- série, t. X (1885, p. 208).
Annales de la Société Géologique du Ifordt t. xxxm 2
— 18 —
lin développement beaucoup plus considérable, succè<
des schistes gris verdâtres avec parties calcareuses
très peu au-dessus de leur base, renferment le Spû
cultrijugatus en grande abondance. M. Dewalque (^), q
le premier signalé ce fait, évalue à 700 ou 800 mètre;
puissance des couches rouges. Les poudingues, à élém<
de grosseur moyenne, occupent la partie supérieure de
couches ; ils alternent avec des schistes rouges, de mi
que les grès grossiers qui se rencontrent à un niv
moins élevé.
Deux hypothèses se présentent. Ou bien le niveau
schistes deWinenne prend subitement un développen]
énorme et le niveau de la grauwacke de Hierges à fa
de Coblentz s'atténue en même temps, au point de
réduire sensiblement à zéro ; ou bien la plus gra:
partie des couches de cette dernière assise, qui se i
proche déjà du faciès burnotien par la grossièreté
éléments de ses couches quartzeuses, achève de passer i
faciès en se chargeant de matières ocreuses qui
donnent la couleur rouge caractéristique. Jusqu'à pre
du contraire, la première hypothèse nous parait, poui
moins, fort improbable (2). Au contraire, la seconde
présente rien d'invraisemblable, étant posé ce que n
savons au sujet de la variabilité de l'extension vertic
du faciès à couleur rouge. Aussi, n'hésitons-nous pa
admettre, sur ce point, l'interprétation de M. Dupont.
La coupe de l'Ourthe ne se prête pas à une éti
(1) G. Dewalque : Compte rendu de la réunion extraordinaire de la Sa
géologique de Belgique, tenue à Marche du 4 au 6 octobre 4874. Ann.
géol. de Belg., t. I, bull., pp. LXXXI et LXXXII.
(2) Au moment où nous terminions ce travail, nous avons reçu la feuille
Marche de la Carte géologique de la Belgique au 1/40.000. Cette feuille n'a]
rien, au point de vue de la question qui nous occupe, aux données de la fe
de Marche publiée au 1/20.000 par M. Dupont. Néanmoins, le fait que,
mettre la feuille Aye-Marche d'accord avec la feuille Hotton-Dochamps. I
antérieurement par M. Stainier, les savants auteurs ont été forcés de ti
à travers bancs la limite supérieure du Burnotien fait ressortir aux yeu
lecteur de la carte que la limite supérieure des roches rouges ne constilui
un horizon géologique (Note ajoutée pendant l'impression).
— 19 —
détaillée de la succession des couches. Il n'en est pas de
même de la coupe de TAisne, qui traverse les couches qui
nous occupent à 5 ou 6 kilomètres plus loin au Nord-Est.
M. Dupont y a observé les assises suivantes, de. bas en
haut. (1)
A. Schistes rouges associés à des psam mites vert pâle.
Cette assise, en tout semblable à l'assise de Winenne,
repose comme elle sur les grès et schistes Ahriens.
B. Les schistes rouges alternent ensuite avec des grès
grossiers (poudingue milliaire). Ces couclies contiennent
quelques fossiles, parmi lesquels M. Dupont n'a distingué
que Cucullella (Sanguinolaria) solenoïdes Goldf sp., fossile
qui se rencontre aussi dans les couches à Ptérinées des
environs de Marche et qui n'est pas connu ailleurs dans
le Devonien de Belgique.
A ces couches fossilifères, succède une série de schistes
rouges, alternant avec des grès grossiers et des grès verts
parfois feldspathiques, auxquels s'ajoutent ensuite des
bancs de poudingue à éléments petits et moyens (p. pisaire
et avellanaire), qui deviennent de plus en plus abondants.
C. Viennent ensuite, associés à ces couches, sur une
épaisseur de 180 mètres, des bancs de poudingue à
éléments plus gros (ovaires et pugilaires). C'est le
poudingue de Wéris,
D. A ce poudingue, succèdent brusquement les couches
suivantes, qui n'ont ensemble qu'une puissance totale
d'une trentaine de mètres :
a) Grès vert ;
b) Grès vert et schiste gris verdâtre Paracyclas (Lucina)
Tugosa Goldf. sp. (Venulites concentricus F. Roem.) et
Spirifer arduennensis ;
c) Schiste gris verdâtre avec parties calcareuses : nom-
(1) L. c, p. 216.
-- 20 —
breux spécimens de Spirifer cuUrijugatus. M. Dupont ;
trouvé, en outre, Spirifer arduennensis, Streptorhynd
umbraculum, Athyris concentrica, Chonetes plebeia, i
dilatata,
E. Presque immédiatement au-dessus, s'observi
d'autres schistes gris verdâtres à pâte hétérogène a^
Atrypa reticularis, Streptorhynchus umbraculum, Leptai
interstrialis,
M. Dupont considère cette dernière assise comme app
tenant au niveau des schistes et calcaires de Convin. C
possible et môme probable. Nous ferons remarquer tou
fois que les trois espèces qu'il y signale se reocontn
déjà dans la zone fossilifère située à la base de la gn
wacke de Rouillon, au niveau du poudingue de Tailfer
Quoi qu'il en soit, celte belle coupe confirme, en
précisant, les conclusions que fait naître la comparais
de la coupe de l'Ourthe avec les coupes plus occidental
Les points suivants paraissent notamment s'en dégage
1° Le niveau inférieur A, qui présente la plus grai
ressemblance avec les couches rouges et bigarrées
Winenne, paraît représenter seul le niveau de ces couch
Cette conclusion, qui se dégage de l'ensemble de la cou)
est spécialement confirmée par la persistance, au-dess
de ces couches, d'un niveau fossilifère, qui semble bi
être le prolongement de la couche à Ptérinées. Sansdou
Cucullella solenoïdes ne peut être invoquée comme carac
risant cette zone, ni môme la grauwake de Hierges, à tr
de fossile de niveau, puisqu'elle se rencontre en Allemag
(1) Ed. de Pibrpont, Découverte dans la région d: la Meuse d'un nvc
fossilifère à la base de l'assise de Rouillon. Ann. Soc. géol. de Belg., t. X
p 1H3. Sans doute» la présence à ce niveau de Lepiaena interstrialis \
paraître exceptionnelle, et nous pourrions hésiter à admettre cette assimila!
si les déterminations des fossiles signalés dans ce travail n'avaient été fai
avec le plus grand soin, par M. Dcwalque. Rappelons que M. Dewa
(Ânn. Soc. géol. de Belg., t. XIX, bull., p. 87) a signalé la présence de la m
espèce dans les schistes grossiers et psammites (macignos altérés) de la vs
de l'Hogneau, situés sous le niveau à calcéoles.
- 21 -
à tous les niveaux des Coblenzschichten (*) ; elle peut néan-
moins servir à reconnaître la zone fossilifère locale dite à
Ptérinées, au même titre que les Ptérinées elles-mêmes (2).
C'est donc avec raison, selon nous, que M. Dupont consi-
dère sa présence, avec celle d'autres fossiles malheureu-
sement peu déterminables, dans des couches que d'autres
indices tendent à faire placer au niveau des couches fossi-
lifères à Ptérinées, comme de nature à confirmer cette
conclusion.
2o Entre la vallée de TOurlhe et la vallée de TAisne,
l'importance des poudingues et la grosseur de leurs élé-
ments a considérablement augmenté. Cela est vrai déjà
pour les couches B, où de véritables poudingues accom-
pagnent les grès grossiers et les schistes rouges. Cela
est vrai surtout pour les couches C, où les poudingues à
gros éléments deviennent dominants sur une grande
puissance. Cet état de chose augmente ou se maintient
jusqu'à Wéris et la Roche-à-Frône, où la rivière Aisne
traverse de nouveau les couches rouges. Plus loin, le
poudingue décroît, au point qu'il semble parfois dispa-
raître, ou qu'il se réduit, comme au S.-E. de Ferrière, à
un grès contenant quelques galets. (^)
3" Par contre, ni les poudingues, ni le faciès rouge ne
paraissent avoir monté plus haut que sur l'Ourthe. On
peut même constater ici que le faciès de Burnot n'atteint
pas tout à fait le sommet de l'assise à Spirifer arduennensis,
puisque le poudingue de Wéris qui couronne ce faciès est
(1) L. Beushausen : Die lamellibranchiaten des rheinischen Devon mit Aus-
scnluss der Aviculiden (Abh. d. K. Pr. geol. Landesanstalt, Neue Folge, Heft 17),
pp. 106-108.
(2) Il est même îndifiérent, sous ce rapport, de savoir si c'est avec raison que
M. Dupont a rapporté cette forme à l'espèce décrite par Goldfuss sous le nom de
Nueula solenoiaes. Il suffit qu'il ait constaté que, parmi les fossiles, dont la
plupart sont méconnaissables, de cette zone fossilifère, qui se trouve à la base
du niveau B de la coupe de l'Ourthe, se trouve une forme de la zone à Ptérinées,
qui ne paraît pas se retrouver à un autre niveau, dans la région.
(3) Cf. J. GossELET : VArdenne, p. 365.
99
recouvert de couches, très peu puissantes, il est vrai,
mais caractérisées encore, à la fois, par la présence de
Spirifer arduennensis et l'absence de Spirifer cuttriju-
gatus. Il semble résulter de là que le poudingue de
Wéris ne correspond pas exactement, comme le pense
M. Stainier 0), au poudingue de Tailfer. Pas plus que le
poudingue du Caillou -qui Bique, il ne doit monter avec
le poudingue de Tailfer, dans TEifélien ; mais, comme le
poudingue de Burnot proprement dit, il doit rester classé
dans le Devonien inférieur. (2)
Si nous avons cru nécessaire de répéter ici, avec quelque
détail, les faits invoqués, il y a dix-neuf ans, par M. Dupont
pour établir l'empiétement des roches rouges sur le niveau
de la grauwacke de Hierges à TE. de Marche, c'est parce
que cette théorie, à l'époque où elle fut énoncée, nous
parait avoir obtenu moins de crédit que ne le méritait en
soi la valeur des preuves apportées à son appui. Cela
provient, sans doute, de ce que son savant auteur posait
en thèse que le poudingue de Wéris n'est pas de même
âge que le poudingue de Burnot (3), mais occupe un niveau
notablement plus élevé.
Cette conclusion pouvait paraître logique à cette époque,
où le synchronisme exact de l'assise de Burnot avec
l'assise des couches rouges de Winenne n'était mise en
doute par personne. Mais, en même temps, elle était en
soi fort improbable.
(1) Ann. Soc. géol. de Belg., t. XVIII, p. 37 et 38.
(2) Ajoutons que cette opinion paraissait déjà improbable a priovi. Le déve-
loppement du poudingue de Tailfer dans la région de rOurthe au nord d^Esneux.
au Rys de Mosbeux, a Pépinster, sur la Gileppe et plus loin vers TEst est très
loin d'être comparable à rénorme développement du poudingue de Wéris, et il
paraît le plus souvent absent dans la région intermédiaire. Comment expliquer
dès lors, qu'en des points situés si loin vers le large à l'âge du dépôt du
poudingue de Tailfer, il se soit formé une pareille accumulation de galets ? Si
au contraire, le poudingue de Wéris appartient à la phase de régression, la chose
s'explique de la façon la plus naturelle. Elle est même en relation avec le faibh
développement du Burnotien de la bande Fraipont-Pépinster, qui s'expliquera!
fort bien par un retrait particulièreinent prolongé de la mer vers le Sud.
(3) xMém. cité, p. 215.
- 23 —
En effet, la réduction subie par la grau wacke de TTierges, à
TËstde Marche, persiste sur le reste du bord Est du bassin
deDinant, et les couches superposées au poudingue de
Wéris commencent déjà à prendre cet aspect de grauwacke
arénacée à grands articles d'encrines, que conserve la
zene superposée aux couches burnotiennes, même lors-
que, au-delà de la faille d'Harzé, la majeure partie des
strates qui séparent le Burnotien du calcaire de Givet a pris
l'aspect de la grauwacke rouge de Rouillon. Des coupes à
peu près identiques à celles d'Harzé s'observant en certains
points du bassin d'Aix-la-Chapelle et du bord nord
du bassin de Dinant, il semblait tout au moins éminem-
ment improbable que la grauwacke rouge de Rouillon,
avec la zone des couches fossilifères gris verdâtre ou
brunâtre par altération qui lui sert de base, ne corres-
pondit pas, du moins à très peu de chose près, aux couches
gris verdâtre qui recouvrent le poudingue de Wéris. Cette
conclusion, établie par M. Gosselet (*), semblait d'ailleurs
confirmée par ce que Ton savait de la faune de Goê,
Pépinster et Tilfï. — La découverte de cette faune à Rouillon
et sur les deux flancs du synclinal de Rivière en a défini-
tivement établi Texactitude, du moins à quelques mètres
près ; mais, en même temps, les déterminations de
M. Kayser, rangeant cette faune au niveau supérieur de la
grauwacke de Hierges, ont permis de concilier les conclu-
sions logiques qui se dégagent des faits décrits par
M. Dupont, avec ce qu'il y a de rigoureux dans les déduc-
tions de M. Gosselet.
Nous croyons donc pouvoir conclure de l'ensemble des
faits connus, qu'entre la Lesse et l'Ourthe, la plus grande
partie de la grauwacke de Hierges passe latéralement au
faciès de Burnot. Le premier indice de ce phénomène
s'observe sur la ligne de Namur à Luxembourg: il consiste
(^) Le spt'ème du poudingue de Burnot, 1. c. Cf. L'Ardenney pp. 382 à 389.
— 24 —
dans i'àpparition de couches à éléments grossiers au-
dessus de la zone à Ptérinées. Puis, à l'ouest de Marche, le
phénomène s'accentue, en même temps que beaucoup de
couches prennent une teinte rouge; ce qui achève la
transformation en faciès de Burnot. Toutefois, les couches
les plus élevées de la grauwacke à Spirifer arducnnensis,
conservent, du moins localement et sur un^ très faible
épaisseur, le faciès de Hierges. Nous voyons d'autant
moins de raison d'expliquer la disparition de ces der-
nières couches, plus au Nord, par une lacune stratigra-
phique plutôt que par un nouvel empiétement du faciès
de Burnot, qu'un faciès semblable se développe dans cette
région au-dessus de la zone fossilifère de Goê-Rouillon.
A l'argument ^'identité de situation stratigraphique
invoqué précédemment, s'ajoute donc l'argument de
continuité ou de passage latéral, pour établir que le Burno-
tien de Burnot correspond stratigraphiquement, non à l'assise
de Winenne seule, mais à Vensemble de cette assise et de
t assise de Hierges à Spirifer paradoxus et Spirifer arduen-
nensis.
Le terme Burnotien peut s'employer pour exprimer, soit
un faciès, soit un niveau stratigraphique déterminé.
Dans le sens de faciès, il convient d'étendre la signi-
fication de ce terme à toute formation devonienne déposée
dans un bassin marin ou sur ses bords, et caractérisée par
une teinte rouge dominante, l'absence ou la rareté des
fossiles animaux, la texture grossière de ses grauwackes
et de ses schistes, avec lesquels peuvent alterner des grès
et des conglomérats en plus ou moins grande abondance.
C'est le sens qu'a pris, en Allemagne, le nom de couches
de Vicht (Vichter Schichten). Le faciès burnotien peut se
rencontrer dans tous les niveaux du Coblenzien, tel que
Tentend la Carte géologique de France, du Devonien
moyeD, et même dans le niveau inférieur du Frasnien.
Dans le sens de division stratigraphique, les pages
précédentes auront fait ressortir que le terme liurnotien
ne peut plus servir à définir le niveau des schistes
rouges de Winenne. Non seulement Tassise du poudingue
de Burnot, telle que M. Gosselet Ta limitée à Burnot,
nous paraît avoir une extension verticale beaucoup
plus considérable ; mais il est impossible, dans Tétiit
actuel de nos connaissances, de distinguer, même d'une
manière très vague, dans le Burnotien de la région Nord,
la part qui revient aux schistes de Winenne de celle
qui correspond à la grauwacke de Hierges. Si donc Ton
veut conserver le terme Burnotien pour désigner un
étage, il faut comprendre dans cet étage l'ensemble des
couches qui, au sud de Givet, constituent Tassise des
roches rouges de Winenne et la grauwacke de Hierges à
Spirifer paradoxus et Sp, arduennensis. Ainsi entendu, le
Burnotien correspond assez exactement à la Stufe der
oheren Coblentzscldchten comprenant le Coblentzquarzit et
les Obère Coblenzsckickten, complexe que plusieurs géolo-
gues allemands considèrent comme constituant un étage
autonome.
— 26 —
Séance du S Mars 1904
M. Crépin, étudiant, est nommé membre de la
Société.
MM. Ladrière, Leriche et Briquet sont nommés
membres de la commission de la bibliothèque.
MM. Ladrière, Lecoq et Meyer sont nommés
membres de la commission des finances.
Le Secrétaire dépose le projet de budget pour 1904.
M. Ladrière fait la communication suivante :
Etude Géologique et Hydrologique
du terrain où doit être construit
le Lycée de jeunes Filles de Lille
par J. Ladrière
Planche II
La ville de Lille ayant voté la construction d'un Lycée
de jeunes filles et proposé comme emplacement le terrain
occupé actuellement par l'Ecole de Natation, l'Adminis-
tration académique a décidé qu'il serait fait au préalable
une étude de ce terrain au point de vue géologique et
hydrologique.
Seize sondages, pratiqués pour la plupart sur les terre-
pleins avoisinants les bassins et poussés jusqu'à la craie,
ont fourni près de 600 échantillons qui ont été soigneuse-
ment examinés et classés méthodiquement.
Voici la Goupe des divers sondages :
— 27 —
Sondage n» 1
Altitnde Profondeur Épaiss
18"76 Terrain rapporté : terre végétale
noirâtre et mélange d'argile
jaune et brune contenant des
débris grossiers : briques, tuiles,
ardoises, craie, etc., de. . . . O-OO à 1"20 i"20
17.56 Limon des marais, jaunâtre, sa-
bleux, finement feuilleté, peu
consistant, de 1.20 à 1.80 0.60
16.96 Limon panaché, jaunâtre veiné
de gris, ou grisâtre bariolé de
jaune, sableux, très fin, assez
compact, avec concrétions cal-
caires et ferrugineuses, de . . 1.80 à 3.30 1.50
15.46 Sable jaunâtre, très fin, très aqui-
fère, de 3.30 à 3.40 0.10
15.36 Limon panaché, jaunâtre ou gri-
sâtre, bariolé, argilo-sableux,
assez fin, assez compact, de. . 3.40 à 4.75 1.35
14.01 Sable grossier, brunâtre, contenant
quelques concrétions et des gra-
nules de craie, de 4.75 à 4.80 0.05
13.96 Glaise grisâtre ou brune, sableuse,
très compacte, avec veinule de
sable vers le milieu et galets
de craie assez abondants vers la
base, de. . 4.80 à 5.68 0.88
13.08 Gravier de galets de craie très
petits, simplement juxtaposés
ou empâtés dans un ciment
tantôt crayeux, tantôt sableux,
de 5.68 à 6.50 0.82
12.26 Craie blanche, de ..... . 6.50 à 6.80 0.30
— 28 —
Altitude
18-69
17.71
17.27
16.59
16.41
15.59
14.36
13.76
13.61
12.04
Sondage n^ 2
Teppaln rapporté : terre végétale
noirâtre mélangée avec de l'ar-
gile jaune et des débris de briques,
de tulles, de craie, etc., de . .
Limon des marais, jaunâtre,
feuilleté, avec veinules ron-
gea très ou brunes, de . . , .
Limon panaché, jaunâtre, bariolé
de gris, sableux, très fln, peu
compact à la partie supérieure
plus consistant vers la base
nombreuses concrétions, de .
Sable argileux, grisâtre, très fin
aquifère, de
Limon panaché, gris-jaunâtre
sableux, très fin, assez compact
Sabietrès argileux, avec nombreux
lits de sable pur, assez grossier
et aquifère, à la base, concrétions
ferrugineuses, de
Glaise gris bleuâtre ou gris bru-
nâtre, très pure, compacte,
imperméable, avec granules de
craie assez nombreux, de . .
Sable grossier , gris - jaunâtre ,
aquifère, de
Gravier de galets de craie très
petits dans un ciment sableux,
glaiseux ou crayeux, compact, de
Craie blanche pure, de ... .
Profondeur ■ Épaiss.
0"00 à 0"98 0»98
0.98 à 1.42 0.44
1.42 à 2.10 0.68
2.10 à 2.28 0.18
2.28 à 3.10 0.82
3.10 à 4,33 1.23
4.33 à 4.93 0.60
4.93 à 5 08 0,15
5.08 à 6.65 1.57
6.65 à 7.35 0.70
— 29 -^
Sondage n** 8
Altitude Profondeur Épidss.
18.76 Terrain rapporté : terre végétale
noirâtre et limon brun mélangés
avec des débris végétaux, des
briques, des tulles, etc., de . . 0.00 à Û.50 0.50
18.26 Limon des marais, jaunâtre,
sableux, llnéoles grisâtres ou
brunes, coquilles diverses,
quelques débris de briques et de
tuiles, des concrétions ferrugi-
neuses, etc., peu consistant, de. 0.50 à 1.30 0.80
17.46 Limon tourbeux, brun-grisâtre,
sans consistance, formé de llnéoles
grisâtres , sableuses , alternant
avec des veinules de tourbe pure,
débris grossiers : briques, tulles,
braises, coquilles, très aqulfère,
de 1.30 à 2.83 1.53
15.93 Calcaire concrétionné avec galets
de craie et granules de briques,
de 2.83 à 2.90 0.07
15.86 Glaise brun-verdâtre ou grisâtre,
sableuse, très fine et assez com-
pacte dans la partie supérieure,
plus consistante dans la partie
Inférieure où elle contient
quelques granules de craie et
quelques concrétions ferrugi-
neuses, de 2.90 à 4.71 1.81
14.05 Sable glaiseux, grisâtre ou roux,
ferrugineux, fin à la partie supé-
rieure, très grossier vers la base,
très aqulfère, de 4.71 à 5.28 0.57
13,48 Gravier de craie, granules assez
petits, avec ciment glaiseux à la
partie supérieure, crayeux vers
la base, très compact •. . . . 5.28 à 6.65 1.37
12.41 Craie blanche pure 6.65 à 8.43 1.78
- 30 -
Sondage n» 4
Altitude Profuuileur Épaiss.
19"70 Terrain rapporté : terre végétale
noirâtre et limon Jaunâtre mé-
langés, poteries, tuiles, briques,
craie, etc., de. 0»00 à 1-78 1-78
17 . 92 Limon des marais, jaunâtre, lerru-
gineux, feuilleté, formé de petites
linéoles assez sableuses, jaunes,
grises ou brunes superposées, gra-
veleux à la base, peu consistant,
de 1 78 à 2.20 0.42
17.50 Limon tourbeux, brunâtre ou gris-
brunâtre passant vers la base à
de la boue noire, contenant
quelques veinules très grossières,
d'autres plus fines, quelques lits
de tourbe pure, de nombreux
débris végétaux, des coquilles
abondantes, des granules de
briques, de tuiles, de craie, etc.,
très aquifère, de 2.20 à 3.95 1.75
15 75 Calcaire concrétionné, gris-blan-
châtre, de 3.95 à 4 07 12
15.63 Glaise gris-verdâtre ou gris-bru-
nâtre, très fine, sableuse, très
compacte, de . . . . . . 4.07 à 5.60 1.43
14.20 Sable gris-brunâtre, avec linéoles
glaiseuses et lit graveleux à la
base, compact, de . . . . . 5.50 à 5.81 0.31
13 .89 Glaise brunâtre, fine, sableuse, très
compacte, avec petites veinules
de sable et nombreux grains de
craie vers la partie inférieure, de 5.81 à 6.70 0.89
13.00 Gravier de craie, grains assez
petits, simplement juxtaposés ou
empâtés dans un ciment glai-
seux, de 6.70 à 7.20 0.50
12.50 Craie blanche pure, de . . . . 7.20 à 7.55 0.35
- 31 -
Sondage n"* 5
Altitude Profondeur Epaiss.
18-72 Terrain rapporté : terre végétale
et mélange de limon brun et
jaune avec débris de briques, de
craie formant gravier à la base,
de 0"00 à l"15 i»15
17.57 Limon des marais, jaunâtre avec
nombreuses veinules rougeàtres,
ferrugineuses, d'autres grises,
sableuses ; assez compact vers le
haut, très aquifère à la partie
inférieure où l'on trouve des
débris végétaux et quelques
grains de craie, de .... 1.15 à 1.86 0.71
16.86 Limon panaché, jaunâtre veiné de
gris, ou grisâtre avec pana-
chures jaunes ou rougeàtres,
quelques petites concrétions cal-
caires et ferrugineuses, assez
compact, de 1.86 à 2.73 0.87
15.99 Sable très argileux passant à du
sable grossier, presque pur, très
aquifère, de 2.73 a 3.19 0.46
15.53 Limon panaché, grisâtre, sableux,
très fin, compact, passant à du
sable pur, de 3.19 à 3.57 0.38
15.15 Sable grossier, grisâtre ou roux,
granules de craie et veinules de
glaise, lit graveleuxàla base, de 3.57 à 4.19 0.62
14 53 Glaise gris-brunâlre, très pure,
très fine, très compacte, quelques
très rares grains de craie, de. . 4.19 à 6.37 2.18
12 35 Gravier de craie, très i)etits galets
dans un ciment glaiseux, vers
la base, le ciment disparaît . . 6.37 à 7.00 0.63
11.72 Craie blanche pure 7.00 à 7.62 0.62
- 32 ~
Sondage n® 6
Altitude Profuudcur Épaiss.
18.75 Terrain rapporté: terre végétale
brun noirâtre, de 0.00 à 0.15 0.15
18.60 Limon des marais, argilo- sableux,
rougeâtreou jaun e-clair, feuilleté,
très petites linéoles, concrétions
calcaires, peu compact, de . . 0.15àl.83 1.68
16.92 Limon panaché, très un, argilo-
sableux, compact, veinules grises
ou brunes, ferrugineuses, de-
venant sableux vers la moitié
inférieure où 11 passe au sable
pur, aquifère, de 1.83 à 3 76 1.93
li 99 Sable roux ou gris verdâtre, gros-
sier ; vers la base, quelques
veinules de glaise et quelques
granules de craie, aquifère, de. 3.76 à 4.67 0.91
14.08 Glaise grisâtre ou gris brunâtre,
sableuse, très fine, très compacte,
avec veinules de sable gris et
quelques granules de craie à la
base, de 4.67 à 5.50 0.83
13.25 Sable assez grossier, avec quelques
grains de craie, aquifère, de. . 5.50à580 0.30
12 93 Gravier formé de très petits galets
dans un ciment glaiseux ou
crayeux, compact 5.80 à 6.79 0.99
11.96 Craie blanche 6.79 à 7.45 0.66
- 33 -
Sondage n"* 7
Altitude Profondeur Épaiss.
18"76 Terrain rapporté, assez sableux,
mélange de terre noire et Jaune,
débris grossiers : briques, tulles,
craie, etc., filets d'eau abondants
à partir de 0.90, de 0-00 à i"00 1-00
17.76 Limon des marais, doux, Jaune
clair, feuilleté, sableux, bariolé
de gris et plus compact vers la
base, eau abondante, de . . . 1.<X) à 1.51 0.51
17.25 Sable roux grossier, très aquifère,
de 1.51 à 1.70 0.19
17. u6 Limon panactié, jaunâtre, argllo-
sableux, avec veinules grises,
très compact, de 1.70 à 2.14 0.44
16.62 Sable roux, grossier, aquifère, de. 2.14 à 2.19 0.05
16.57 Limon panaché, jaunâtre, veiné de
gris, ou grisâtre veiné de roux,
compact à la partie supérieure,
très sableux vers la base où l'on
rencontre quelques grains de
craie, de 2.19 à 3.55 1.36
15 . 21 Glaise grisâtre, fine, très compacte,
veinule de sable à la base, de . 3.55 à 4.05 0.50
14.71 Sable grls-verdâtre, très grossier,
avec quelques rares grains de
craie dans la masse et formant
un lità la base, très aquifère, de. 4.05 à 5.03 0.98
13.73 Gravier de très petits galets de
craie dans un ciment glaiseux
brun-jaunâtre ou crayeux gri-
sâtre, très compact, de . . . 5.03 à 6.62 1.50
12.14 Craie blanche, de . . . . . . 6.62 à 7.15 0.53
Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii
- 34 —
Sondage rf 8
Altitude Profondeur É|
18"34 Terrain rapporté : terre végétale
et mélange peu consistant d'ar-
gile brune on jaune avec des
débris de toutes sortes : briques,
poteries, craie, etc., de. . . . 0"00 à 1»12 1
17 . 52 Limon des marais, doux, Jaunâtre,
sableux, feuilleté, très petites
veinules brunes de nature végé-
tale, concrétions calcaires très
petites, contenant à 1 m. 70 de
profondeur un fragment de pote-
rie du XIV siècle, de ... . 1.12 à 2.10 t
16 . 54 Sable grossier, grisâtre ou roux, de 2 . 10 à 2 . 23 (
16.41 Limon panaché, jaune fin, argilo-
sableux , compact renfermant
quelques concrétions calcaires
à la partie supérieure, devenant
sableux à la base et passant au
sable pur, de 2.23 à 2.87 (
15.77 Sable grossier, roux ou grisverdâ-
tre, très aquifère, de . . . . 2.87 à 3.12 C
15 52 Glaise sableuse, très fine, com-
pacte^ homogène, linéole tour-
beuse à la surface, de . . . . 3.12 à 3.63 C
15.01 Sable très grossier, gris- verdâtre,
avec veinules de sable ferrugi-
neux, aquifère, de 3.63 à 4.36 C
14.28 Glaise sableuse, fine, grisâtre ou
brun-verdâtre, très homogène,
très compacte, de. 4.36 à 5.25 C
13.39 Gravier formé d'assez gros élé-
ments crayeux dans un ciment
glaiseux, brun- verdâtre ou jau-
nâtre, très compact, de . . . 5.25 à 6.83 1
11.81 Craie blanche, de 6.83 à 7.62
— 33 -
Sondage rf 9
Altitude Profondeur Épsiss
18»59 Terrain rapporté : mélange de
terre végétale noirâtre avec du
limon Jaunâtre et des débris
grossiers de briques, tulles, pote-
ries, etc., de 0"00 à 0"85 0"85
18.74 Limon des marais, jaunâtre, sa-
bleux, fin, feuilleté, assez com-
pact, concrétions calcaires et
ferrugineuses, linéoles sableuses
grisâtres et quelques débris de
briques à la base, de .... 0.85 à 1.47 0.62
17.12 Sable assez grossier, gris-brunâtre
ou roux ; à la partie inférieure,
débris végétaux, concrétions
crayeuses et granules de briques,
aquifère, de 1.47 à 1.74 0.27
16.85 Terre noire tourbeuse ou tourbe
grossière : feuilles, roseaux et
gros débris végétaux, avec in te r-
calation de lits de sable brun,
grossier, coquilles : Paludines,
Lymnées, Planorbes, Unlos, etc.,
concrétions calcaires et briques
dans toute la masse ; à la base,
lit de granules de briques, de
craie et de concrétions, très spon-
gieuse, beaucoup d'eau, de . . 1.74 à 2.
15.70 Glaise grisâtre, sableuse, fine, très
compacte dans presque toute la
masse, un peu humide à la sur-
face, quelques concrétions cal-
caires et ferrugineuses, de. . . 2.89 à 4.16 1.27
^^•43 Sable grossier, gris-verdâtre ou
brun, avec veinules ferrugineu-
ses, quelques rares grains de
craie, de 4.16 à 4.67 0.51
13.92 Gravier de grains de craie dans
un ciment glaiseux, gris-verdâ-
tre, de 4 67 à 5.53 0.86
^3.06 Craie blanche 5.53 à 7.25 1.72
-^ 36 -
Sondage n» 10
Altitude Profondeur Epates.
18"64 Terrain rapporté : terre végétale
et terre jaune ou brane mélan-
gées^ contenant : brlqnes, tuiles,
etc., de 0-00 à 0-86 0-86
17 .78 Limon des marais, jaune, un, doux,
feuilleté, sableux, nombreuses
veinules rougeâtres, grises ou
brunes, devient grossier à la base
où 11 y a un Ut de débris de
briques, de craie, etc., de. . . 0.86 à 1.36 0.50
17.28 Sable grossier, tourbeux, gris-noi-
râtre, contenant un amas de
petites racines, briques, tulles,
coquilles nombreuses : Palu-
dlnes, Lymnées. débris d'Unlos,
etc., de 1.36 à 1.55 0.19
17.09 Glaise sableuse, grisâtre ou brune,
à la base, lit graveleux, très
aqulfère, de 1.55 à 2.01 0.46
16 . 63 Terre noire, tourbeuse, (boue noire)
avec plusieurs lits de glaise ou
de sable argileux, passant à de
la tourbe pure, très spongieuse,
très aqulfère, remplie de co-
quilles : Paludlnes, Lymnées,
Planorbes, etc., de 2.01 à 3 26 1.25
15,38 Glaise grisâtre, sableuse, très fine,
très compacte, un neu mouillée
à la surface, llnéoles de sable
grossier dans la masse, de . . 3.26 à 3.64 0.38
15.00 Sable grossier gris-verdâtre ou
roux avec quelques llnéoles de
glaise fine et lit graveleux aqul-
fère à la base, de 3.64 à 4.33 0.69
14 . 31 Glaise grisâtre ou brune, fine, pure,
homogène, devenant sableuse à
la partie inférieure, reposant sur
un lit graveleux de quelques
centimètres, de 4.33 à 5,14 0.81
13 50 Gravier de très petits galets de
craie dans un ciment glaiseux ou
crayeux, de 5.14 à 6.21 1.07
12.43 Craie jaunâtre, de 6.21 à 6.91 0.70
- 37 —
Sondage n® 11
Altitude Profondeur Épaiss.
18"58 Terrain rapporté : terre végétale
avec argile Jaune et brune mélan-
gées, débris de briques, tuiles,
craie, etc., de O-OO à 0-66 0"66
17 .92 Limon des marais, jaunâtre, feuil-
leté, avec briques, tuiles, con-
crétions calcaires, peu consistant,
de 0.66 à 0.91 0.25
17.67 Limon tourbeux et sable brun
assez grossier alternant avec des
veinules de tourbe pure (vase,
noire boueuse), quelques lit;
glaiseux ; l'ensemble est spon-
gieux et très aquifère ; nom-
breuses coquilles : Paludines,
Ly mnées. Piano rbes,etc.,briqaes,
poteries, ardoises, de .... 0.91 à 3.02 2.11
15.56 Glaise gris-verdâtre ou gris-jau-
nâtre, fine, sableuse, assez fluente
à la surface sur 0.10, homogène
et compacte dans tout le reste
de la masse, de 3.02 à 4.13 1.11
14.45 Sable grossier avec très petits
• grains de craie, ciment glaiseux,
gris-brunâtre ou gris-jaunâtre,
de 4.13 à 5.03 0.90
13.55 Glaise brunâtre ou gris-brunâtre,
très fine, sableuse, homogène,
compacte, quelques rares grains
de craie, de 5.03 à 5.76 0.73
12.82 Sable brun, très grossier, de . . 5.76 à 6.48 0.72
12. 10 Gravier, amas de très petits galets
de craie presque sans ciment,
compact, de 6.48 à 7.38 0.90
11.20 Craie blanche, de . ..... 7.38 à 8.06 0.68
- 38 -
Sondage n® 12
Altitude Profondeur Épaiss.
18"66 Terrain rapporté : terre végétale
noirâtre, mélangée avec de l'ar-
j<ile brune ou jaune et des débris
de briques, de tuiles, de craie,
etc., de 0-00 à 1-33 i»33
17.33 Amas de racines dans du sable gris
brunâtre, petites coquilles, gra-
nules de briques,beaucoup d'eau,
de 1.33 à 1.78 0.45
16.88 Glaise très sableuse, grisâtre ou
brune, sans consistance, avec
linéoles de tourbe pure alter-
nant avec du sable grossier,
briques, tuiles, etc., de. . . . 1.78 à 2.49 0.71
16.17 Tourbe noirâtre (boue noire), avec
lits sableux ou glaiseux inter-
calés, nombreuses coquilles :
Paludines, Lymnées, Planorbes,
Unlos et débris de briques,
tuiles, ardoises, poteries, très
spongieuse, très aquifère, de. . 2.49 à 3.00 0.51
15.66 Glaise grisâtre, fine, mouillée à la
surface, très compacte dans toute
la masse, un peu sableuse à la
base, de 3.00 à 4.49 1.49
14.17 Sable grossier, gris-verdâtre ou
roux, très aquifère à la partie
supérieure devenant glaiseux et
compact à la base où il contient
quelques granules de craie, de .
12.87 Gravier de très petits galets de
craie dans un ciment glaiseux,
gris-verdâtre, compact, de . .
12.12 Craie jaunâtre, de
4.49 à 5.79
1.30
5.79 à 6.54
0.75
6.54 à 8.00
1.46
-- 39 —
Sondage n" 13
Altitude Profondeur Épaiss.
18»56 Terrain papporlé : terre végétale
et mélange d'argile brunàtreavec
de l'argile jaunâtre, débris gros-
siers : briques, tuiles, etc., de . 0-00 à i»30 1-30
17 . 26 Limon des marais, jaunâtre, feuil-
leté, avec nombreuses veinules
de limonite, galets de briques,
coquiiles, etc., de 1.30 à 1.54 0.24
17.02 Limon noirâtre, veinules tour-
beuses, contenant quelques gros
débris végétaux, alternant avec
d'autres de gros sable roux ou
des lits de tourbe pure, dépôt sans
consistance, rempli d'eau, co-
quilles nombreuses ; vers la base,
il est argileux et passe à la
glaise, de 1.54 à 1.98 0.44
16.58 Glaise grise, très sableuse, très
fine, très homogène, de . . . 1.98 à 2.14 0.16
16.42 Tourbe argileuse avec parties très
noires (vase noire), très pures,
spongieuses, d'autres saoleuses,
plus claires, nombreuses co-
quilles : Paludines, Lymnées,
Planorbes Unios, débris de
briques, tuiles, poteries, verre,
schistes, ardoises, etc., de. . . 2.14 à 2.61 0.47
15.95 Glaise gris-brunâtre, sableuse, très
fine, mouillée à la surface,
quelques lits de sable grossier,
devenant grisâtre ou gris-jau-
nâtre et très compacte vers la
base de 2.61 à 3.82 1.21
14.74 Sable grossier, grisâtre ou roux
ferrugineux, aquifère, de . . . 3.82 à 4.21 0.39
14.35 Glaise grisâtre ou brun-verdâtre,
très compacte de 4.21 à 4.88 0.67
13.68 Sable brun ou roux, un peu glai-
seux et compact, quelques grains
de craie, de 4.88 à 5.36 0.48
13.20 Gravier assez fin, compact, ciment
glaiseux, de 5.36 à 6.33 0.97
12.23 Craie blanche, de 6.33 à 7.16 0.83
— 40 —
Sondage n^ 14
Altitude Profondeur Épaiss.
18»54 Terrain rapporté : sol végétal,
briques, tulles, craie, etc., de . 0-00 à 0-25 0-25
18.29 Limon des marais, jaunâtre, feuil-
leté, très ferrugineux, avec vei-
nules grises et brunes sableuses,
peu consistant, grains de briques 0.25 à 1 .95 1 .70
16.59 Limon panaché, argllo-sableux,
jaunâtre, ferrugineux, veinules
grises, assez compact, de . . . 1.95 à 2.23 0.28
16.31 Sable argileux, grisâtre ou roux,
passant au sable grossier, ferru-
gineux, aquUère, de 2.23 à 2.46 0.23
16.08 Limon panaché, argllo-sableux,
assez compact 2.46 à 2.95 0.49
15.59 Sable grossier, ferrugineux, aqul-
fère, de 2.95 à 3.17 0.22
15.37 Glaise grise Une, sableuse, com-
pacte, passant au sable pur, de 3 17 à 3 52 0.35
15.02 Sablepur, grossier, grisâtre ou gris-
jaunâtre, très aqulfère, avec
llnéoles de glaire pure, devenant
fin, glaiseux, brunâtre et assez
compact vers la base où il ren-
ferme quelques granules de craie 3.52 à 5.11 1.59
13.43 Gravier formé de très petits galets
de craie dans un ciment glaiseux,
jaunâtre, ou gris brunâtre, vers
la base les galets sont simplement
juxtaposés, très compact, de . . 5.11 à 6.02 0.91
12.52 Craie blanche 6.02 à 7.52 1.50
- 41 —
Sondage n^ 15
Altitude Profondeur Épaiss.
18"59 Terrain rapporté: terre végétale
et mélange d'argile jaune et
brune avec morceaux de briques,
de craie, cendres, etc., de . . 0"00 à 1»25 l'"25
17.34 Limon brunâtre, sableux et sable
graveleux, avec amas de petites
racines, très aqulfère, de . . 1.25 à 135 0.10
17.24 Glaise sableuse, grisâtre ou gris-
jaunâtre, très fine, nombreuses
veinules i\olres, tourbeuses, dé-
bris de briques, d'ardoises, sans
consistance, très aquifère, de . 1.35 à 1.91 0.56
16.68 Tourbe noire ou plutôt vase noire,
très spongieuse, très aqulfère,
avec veinules de sable, ou de
glaise, nombreuses coquilles, dé-
bris de poteries, de tulles, de
briques, etc., de ..... . 1.91 à 2.94 1.03
15.65 Glaise gris verdâtre, sableuse, très
fine, très compacte 2.94 à 3.35 0.41
1 5 . 24 Sable grossier gris verdâtre ou gris
jaunâtre, très aquifère à la partie
supérieure ; vers la base, 11 y a
alternance de lit3 de sable gros-
sier, ferrugineux, avec d'autres
plus glaiseux,con tenant quelques
grains de craie, de 3.35 à 4.95 1.60
13.64 Gravier de très petits galets de
craie dans un ciment glaiseux,
ou simplement juxtaposés, com-
pact, de 4.95 à 6.03 1.08
12.56 Craie blanche ....... 6.03 à 7.84 1.81
— 42 —
Sondage n® 16
Altitude Profondenr Épaiss.
18.62 Terre rapportée : limon bran et
limon Jaune mélangés à des
débris de craie, etc., de . . . Oh» à 0"68 0-68
17.94 Limon des marais, jaunâtre, ferru-
gineux, feuilleté, peu consistant,
cofiuiiies, briques, etc., de . . 0.68 à 0.78 0.10
17.84 Terre tourbeuse, noirâtre, avec lits
sableux, d'autres argileux,
d'autres formés uniquement de
mousses, véritable boue noire,
spongieuse, remplie de coquilles :
Paludines, Lymnées, Planorbes,
Unios, etc., débris grossiers :
briques, tuiles, verre, ardoises,
très aquifère, de 0.78 à 2.92 2.14
16 . 70 Glaise grise, sableuse, très fine, très
compacte, sauf à la surface, sur
une vingtaine de centimètres où
elle est un peu délayée, de . . 2.92 à 3.69 0.77
15.93 Sable grossier, jaune- verdâtre,
quelques grains de craie, aqui-
fère de . 3.69 à 4.05 0.36
15.57 Glaise gris-jaunâtre ou gris-bru-
nâtre, très compacte, de . . . 4.05 à 4.50 0.45
15.12 Sable brunâtre ou gris-jaunâtre,
grossier à la partie supérieure
du dépôt, plus fin, glaiseux et
assez compact vers la base, de. 4.50à5.50 1.00
14 12 Gravier de petits galets de craie
dans un ciment glaiseux, bru-
nâtre ou crayeux, grisâtre, ou
enfin simplement juxtaposés, de. 5.50 à 9.01 3.51
10 61 Craie blanche pure, de ... . 9.01 à 9.93 0.92
Ann. Soc.
Gèol
Nord. XXXllI
14
15
16
IS-^o'i
iS"'a9
181)02
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0.68 à 0.78
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0-1(1
0.78 a 2.92
2 14
07
:
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1.35 S 1,91
1 91 A 2.94
U.&6
1,03
1,69
"
2.14
1.95 il 2.23
3.23 à 2-46
2 46 a 2.95
2.95 à 3.17
0.28
0.23
0,49
1.22
^,
>■
"
3,17 à 3.52
0.35
2.94 k 3,35
0.41
2.92 a 3.69 0.77
1,27
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0-35
»
«
0.4t
3.69 à 4.05
4.05 à 4.50
0.36
Û.4B
1.5t
1,48
3.52à5.ull.59
1
1.59
3.S5Ù4.»
1.60
1.6l
4,50 ft 5.50
l.Oi
l.OC
).97
5.11 116,02 0.91
0.91
4,95 à 6.03 1.08
1 08
5. 50 à 9.01
3.51 3.51
1.83
6.02 à 7.52
il, 50
1,50
6.fl3 à 7.84
1,8
1.8
9.01 a 9,83
0.0
H
i
».
l
/T\
Considérations géologiques et hydrologiques sur chacune
DES principales FORMATIONS SIGNALÉES DANS LE TABLEAU
CI-CONTRE.
Terrain rapporté
Terre végétale et mélange d'argile jaune ou brune
Couche TV 1
C'est du remblai, mélange peu consistant de deux sortes
d'argile : Tune jaune, Tautre brune, renfermant des
débris grossiers de toute nature : briques, tuiles, poteries,
craie, ardoises, etc. La partie supérieure a été transfor
mée en terre végétale.
Oa a rencontré du remblai dans tous les sondages ;
son épaisseur varie entre O^^IS (sondage n** 6) et i^l%
(sondage n"" 4). C'est lui donne à cette partie de rempla-
cement proposé le relief qu'on y constate, ainsi au
sondage n® 4 la côte atteint 19°^70, tandis que partout
ailleurs elle varie entre 18™76 et 18°^54 : les remblais ont
donc à peu près nivelé le sol.
Terrain récent
Limon de lavage ou limon des marais. Coucha w 2.
Sable hf. n°.V.
Le limon des marais est sableux, fin, finement feuilleté,
formé d'une suite de linéoles gris jaunâtre, rougeâtres ou
brunes superposées. Aux sondages n^^ 7 et 8, il y a, à la
base de ce limon, une couche de sable assez grossier.
De moyenne consistance lorsqu'il repose sur un fond
solide, ce limon devient très aquifère, lorsqu'il recouvre
^u sable ou de la tourbe, comme aux no« 3, 4, 7, 8, 9,
% 11, 13 et 16. On y trouve des débris de tuiles,
^6 briques, de verre de poterie, etc. Il s'est formé à une
époque tout à fait récente. On l'a rencontré dans tous les
sondages, excepté aux n^s 12 et 13, situés à proximité
.^ 44 —
TuQ de l'autre. Au sondage n^ 6, ce limon est à la côte
18™60, c'est le niveau le plus élevé qu'il atteint ici, au
n"" 13, il ne dépasse pas il^26 : c'est le point le plus bas.
Son épaisseur varie entre 1°»70 (sondage n** 14) et 0™10
(sondage n» 16). C'est une sorte de colmatage, produit de
ruissellement et de débordement.
Terrain tourbeux
Limon tourbeux Couche rv 4
Glaise sableuse ou calcaire concrétion né. Id. n« 5
Tourbe Id, n" 6
Cet ensemble de dépôts, sorte de boue noirâtre ou
grise, comprend une grande variété de couches peu
continues : limon tourbeux, vase noire, sable ou glaise
sableuse, tourbe pure, toutes plus ou moins spongieuses,
remplies d*eau, sans consistance, par conséquent. D'où
impossibilité absolue de prendre, comme base de cons-
truction, ce terrain ni aucun de ceux qu'il supporte : le
limon des marais, par exemple.
On y trouve de nombreuses coquilles : Paludines,
Lymnées, Planorbes, Unios, etc., des débris de briques et
de poteries d'âge tout à fait récent. Il ne correspond donc
pas à la tourbe que l'on rencontre dans l'ancienne vallée
de la Deûle, nous sommes ici, d'ailleurs, sur la rive gauche
de cette vallée, mais en dehors.
Ces dépôts ont dû se former dans de vastes fossés que
l'on peut rattacher, comme ceux du bois de Boulogne, au
système de défense établi par Vauban de ce côté de la
ville. En communication avec le canal de la Haute-Deûle
et avec la Deûle elle-même, ils en recevaient, lors des
crues, des apports de boue sableuse ou argileuse : la couche
de glaise sableuse qui divise ordinairement cette série de
couches en deux parties distinctes n'a pas d'autre origine.
Ces fossés se sont encore comblés par le produit du
- 48 -
lavage des terrains avoisinants, comme aussi par des
détritus de végétaux aquatiques ou terrestres : mousses,
roseaux, feuilles, herbes, etc.
Ce qui m'a confirmé dans Tidée que nous nous trouvons
en présence d'anciens fossés, c'est que, partout où Ton
rencontre les dépôts tourbeux, c'est-à-dire aux sondages
nos 3, 4, 9, 10, 11, 12, 13, 15 et 16, le limon panaché fait
complètement défaut.
• Il est curieux de remarquer avec quel soin les ingé-
nieurs de l'époque ont choisi la glaise, qui est compacte
et imperméable, comme fond de leur rivière artificielle ;
les nôtres ne peuvent faire mieux que de les imiter.
L'épaisseur des dépots tourbeux varie sur de très petits
espaces. Je crains qu'ils ne nous réservent des surprises
assez désagréables. Au sondage n» 13, par exemple, ce
lerrain n'a que l^^OT d'épaisseur, tandis qu'au sondage
n** 16, distant de 13°^ à peine, il a 2™14. C'est à ce dernier
sondage qu'il atteint le point le plus élevé 17'°84, le point
le plus bas 17™02 est au sondage n» 13.
Limon Panaché
Limon panaché .... Couche rv 7
Sable argileux /(/. rv 8
Llmou panaché .... /(/. /i" 9
Sable Id. /i» 10
Le limon panaché est généralement assez compact et
assez homogène dans toute sa masse, un peu sableux à la
base. Ici, il présente plusieurs divisions. Il y a d'abord
une zone supérieure où l'on observe les caractères habi-
tuels du dépôt, puis une couche de sable pur, assez mince,
il est vrai, mais aquifère, ce qui créera quelques diffi-
cultés lorsqu'on le rencontrera, dans une tranchée. En
dessous vient une seconde zone où le limon reprend ses
caractères ordinaires, malheureusement, comme pour la
zone supérieure, il repose souvent sur du sable très
- 46 -
aquifère, de sorte que tout l'ensemble est assez humide
Quoi qu'il en soit, ce limon n'est pas ce qu'on peut appelai
un mauvais terrain ; je le considère comme suffisammen
résistant pour supporter des constructions de moyenm
importance, surtout si on peut l'assécher. Comme je l'a
dit plus haut, on ne rencontre le limon panaché que h
où le terrain tourbeux n'existe pas, c'est-à-dire dam
les sondages n^s 1, 2, 5, 6, 7, 8 et 14.
Son épaisseur est assez variable : 3 mètres au sondagi
n» 1, 0o^89 seulement au sondage n» 8. Son altitude maxi
mum est 11^21, au sondage n^ 2, et la côte la plus bassi
est i6»"41, au sondage n" 8.
Glaise
Glaise Couche n* 77
Sable 1(1. n« 12
Glaise . Id. n* 13
La glaise est formée principalement de sable grisâtri
micacé, excessivement lin, très pur, très compact, trÊ
tenace. C'est en réalité du sable argileux, les ouvriers 1
nomment : sable bleu.
Elle diffère des autres couches que nous venons d'ex:
miner par sa masse et par son étendue. On l'a trouva
dans tous les sondages. Elle est généralement homogèn_
cependant, dans un certain nombre de sondages, (7 suri
on a constaté qu'elle était divisée en deux par une coucl
de sable pur, très aquifère. Mais, à cause de leur compaci
plus grande, les parties glaiseuses ont paru beaucov
moins imprégnées d'eau que celles du limon panaché où
même disposition a été reconnue. On pourrait égalem^
essayer de l'assécher.
La glaise relient l'eau dans les couches superticiell <
Peu épaisse, 0°û35, au n» 14, 00^41 au n^ 15, elle atteint 1°^
et môme 2 mètres dans la plupart des autres sondages.
~ 47 -
Sa surface est très régulière et presque de niveau : dans
H sondages sur 16 l'altitude ne diffère guère que de0™50.
Sa côte la plus élevée est 15^95 au sondage n"" 13 et la plus
basse 13^96 au sondage n'' 1.
La glaise est certainement la première couche du sous-
sol qui convient le mieux pour asseoir des construc-
tions importantes.
Sable grossier
Sable grossier . . . Couche n" 14
Sous la glaise, il n'est pas rare de rencontrer une couche
de sable quartzeux, gris-verdâtre ou jaunâtre, ferrugi-
neux. Parfois ce sable est glaiseux et compact, mais plus
souvent il est grossier et très aquifère, alors il coule et est
assez difficile à traverser.
Heureusement, le sable n'existe pas partout, il manque
dans les sondages n^^ 1, 4, 5, 8 et 10. Son épaisseur est
^généralement assez faible. Elle varie entre O^^IS, au
sondage n» 2, et l'»60, au sondage n** 15 ; en ce point, le
sable atteint la côte 15'°24, il est à 12°ï82 au sondage n» 11.
Gravier
Gravier . . . Coudie rv 15
Le sable repose sur une couche de gravier. Ordinaire-
"ïent, ce dépôt est formé de galets de silex et contient de
^'eau en abondance. Ici, il est constitué uniquement par de
'^ut petits galets de craie empâtés dans de la glaise grisâtre
^u brune, très compacte. C'est donc un dépôt absolument
'ttiperméable, plus solide que la glaise elle même.
Le gravier forme une couche très régulière dont le
niveau ne varie pas sensiblement 1 mètre à peine, dans
*4 sondages sur 16.
Son point le plus élevé est 13™92 au sondage n» 9 et le plus
l>as 12^10 au sondage n° 11. Son épaisseur 0"«50 au sondage
- 48 -
n^ 4 alteint 1"59 au sondage n® 7. Par exception, au
sondage n^ 16 on Ta traversé sur 3"»31. En cet endroit, il
parait combler le lit d'un ancien cours d'eau de l'époque
quaternaire.
Le gravier présente la plus grande résistance à la
compression. Il pourrait mieux que la glaise encore
supporter les constructions les plus lourdes parce qu'il
repose non sur du sable aquifère, mais sur la craie
elle-même qui est d'une grande compacité; plus étanche
encore que la glaise, le gravier retient comme elle, toutes
les eaux superficielles.
Je viens de dire que les dépôts tourbeux et le limon
panaché lui-même sont fort humides, j'ai recherché les
causes de cette surabondance d'eau d'imbibition. La
première de toutes, et de beaucoup la plus importante,
c'est la très grande quantité de pluie tombée cette année,
qui a fait monter les niveaux d'une façon exceptionnelle.
En second lieu, j'avais supposé que cet excès d'humiditi
pouvait provenir, en partie du moins, des bassins eux-
mêmes, mais, après avoir fait mettre bas les eaux pendant;
quelques jours, j'ai constaté que le niveau de la nappe
phréatique continuait quand même son mouvement ascen-
sionnel (voir le tableau ci-dessous) ce qui prouve la
complète indépendance de cette nappe superficielle. Enfin,
mon attention a été appelée sur la présence, à l'Ecole de
natation môme, d'un puits absorbant en relation directe
avec les anciens fossés dont j'ai signalé l'existence, par ce
canal, toutes les eaux de l'établissement : eaux ménagères
et eaux pluviales, pénètrent dans les dépôts tourbeux
d'abord, dans le limon panaché ensuite : c'est une eau
d'humidité qu'il sera facile de faire disparaître.
— 49 —
Tableau indiquant le niveau de l'eau
DANS les divers SONDAGES A PARTIR DU SOL
N" des
Sondages
Mardi
2 Février
Jeudi
4 Février
Mercredi
10 Février
Jeudi
11 Février
Vendredi
12 Février
OBSERVATIONS
1
1-41
l'-45
1-15
Le
1-16
Les mardi 2
9
3
1.57
1.47
1.57
1 52
1.35
l.:i6
niveau
de l'eau
1.32
1.19
jeudi 4 et mer-
credi 10 fé-
4
2.33
2 40
2.21
des
2.07
vrier le ni-
5
1.15
1.15
0.81
bassins
0.77
veau de l'eau
6
3.55
3.55
0.6i
est
0.58
desbassins
n
1
1.10
1.05
0.69
abaissé
0.85
est à On45 du
8
9
1.65
1.17
1.63
1.18
1.23
1.04
de 0,30
1 08
0.60
sol; le jeudi
11 et le ven-
10
11
1.10
1.00
1.C8
1.02
97
0.90
0.97
0.88
dredi 12, l'eau
se trouve à
12
1.05
1.05
0.98
0.95
0"»75 en con-
13
1.10
1.00
0.90
0.84
trebas du sol.
14
))
2 44
1.19
0.85
15
»
1.02
0.95
92
16
»
))
1.10
1.02
Conclusions
Le terrain des terre-pleins qui entourent TEcole de
nalalion au N., à TO. et au S. (de ce côté seulement pour
la partie confinant à Técole gratuite) est mauvais, on y
rencontre, jusqu'à 3 mètres de profondeur environ, des
dépôts vaseux et tourbeux remplis d'eau et sans consis-
tance. (Planche I, sondages n®» 3, 4, 9, 10, 11, 12, 13, 15 et
16).
Le limon des marais (couches n"s 2 et 3) lorsqu'il repose
sur des dépôts tourbeux ne peut servir de base à aucune
construction.
Le limon panaché (couches n^s 7, 8, 9 et 10) forme un
terrain d'assez bonne composition, quoique humide, étant
Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxin 4
— 50 —
constamment baigné par la nappe des eaux sauvages. De
ce fait on doit s'attendre à quelques difficultés.
La glaise (couches n®» H, 12 et 13) constitue un fond
plus régulier et plus résistant que le limon panaché, c'est
celui que Ton doit choisir pour asseoir des constructions
importantes, le seul d'ailleurs qui puisse être utilisé
là où les dépôts tourbeux ont été signalés. Les sondages
ont montré que la glaise existe dans toute l'étendue de la
propriété, entre 3 et 4 mètres de profondeur.
Enfin, la meilleure base de toute construction serait le
gravier (couche n® 15) ou la craie (couche n^ 16), mais ces
dépôts présentent le très grand inconvénient de se trouver
à 6 ou 7 mètres de profondeur.
M. Ch. Barrois fait la communication suivante :
Sur les Spirorbes du Terrain Rouiller de Bruay
(Pas-de-Calais)
par Charles Barrois
Lors d'une récente excursion avec mes élèves, aux Mines
de Bruay, dans le Groupe des Grandes Veines du bassin,
nous avons trouvé des toits de veine, remplis de petites
coquilles de Spirorbes. Ce fossile si répandu dans le
Terrain Houiller n'avait pas encore été signalé, à notre
connaissance, dans le bassin du Nord de la France. 11
présente assez d'intérêt, tant au point de vue stratigra-
phique qu'au point de vuepaléontologique, pour que nous
en entretenions la Société.
Qu'il nous soit permis d'abord d'exprimer nos remer-
ciements à M. J. Elby, Directeur, et à M. F. Conte, Ingénieur
en chef de la Compagnie, d'un accueil que nos étudiants
ne sauraient oublier. La descente à la fosse n"" ^^^^, effec-
tuée sous la direction de M. Didier, Ingénieur division-
naire, assisté de MM. Bidel et Dubois, Ingénieurs de la
— 51 —
fosse, nous a permis d'étudier en détail le gisement des
charbons flénus à 35 «/o de matières volatiles, du Sud de la
concession. Nous avons fait particulièrement Télude du
gisement, de l'exploitation, et des failles qui dérangent
la veine n° 16, veine de 1 mètre, de structure variable,
présentant 1, 2 ou 3 sillons de charbon.
L'examen du toit de cette veine a donné lieu à plusieurs
observations parmi lesquelles nous mentionnerons la
présence d'un gros tronc de Sigillaria debout, qui nous a
paru en place, avec ses racines rampant à la surface de la
veine ; le schiste de ce toit, très fin, est rempli de fougères
étalées, délicatement conservées, parmi lesquelles domi •
nentles Nevropteris et Alethopteris, et leurs pinnules sont
chargées de coquilles de Spirorbis pusillus (Martin sp.) (*).
Ces Spirorbes (2) comptent parmi les formes les plus
répandues du Terrain Houiller d'Europe, et présentent des
formes peu variées du Carbonifère au Permien, et même
aussi du Silurien (3) jusqu'à nos jours. Ils ont été signalés
dans le Bassin houiller de Belgique, et dans toute son
étendue, à diverses reprises. En 1867, Van Beneden et
Coemans (^) les signalaient à Mariemont, La Lôuvière,
Hornu, Jemmappes, Péronnes, fixés sur des pinnules de
Sphenopieris obtusiloba, latifolia, trifoliata, Alethopterismu-
mata, Sauveuri, Nevropteris cordata, acutifolia, tenuifolia,
et sur des Lepidodendron. M. Firket p) les signala, en 1879,
(1) LasynoDymie de cette espèce est très obscure ; c'est en suivant M.R. Etheridge
queoous rapportons le Spirorbe de Bruay à l'espèce de Martin (W. Martin : Petre-
lacta Derbyensia* 1809, pi. 15, fig. 2, 3. Conctiyimlithus (Helicites) pusillus ;
in R. Etubridge : GeoL. Mag., 1880, vol. Vil, p. i09, 2\b,2lj%, 304, 362 avec 1 PI.)-
(2) La synonymie du genre est elle-même très complexe, ses coquilles ayant
sem de types, ou ayant été attribuées successivement par divers auteurs, aux
genres Coiichyliolittius (Martin 1809), Spirorbis (Daudin 1800, non Lamarck,
i8l8), Microconchus (Morchison 1839), Gyromices (Gceppert 1853), Palaeorbis
(Vax Bbneden et Cœ:mans 18G7), Spiroglypfius{ A. Fritsch 1894).
(i) Des Spirorbes recueillis par M. l'ingénieur Thiry, dans le Silurien supérieur
de Courcelles-Iez-Lens, et que je rapporte au Spirorbis Lewisii Sow., ne m'ont
présenté aucun caractère distinctif des spirorbes houillers.
(4) Van Benbden et Coemans : Bull. Acad. Roy. de Belgique^ Bruxelles, 1867
2-sér., t. XXIII, p. 384, pi. 1, fig. 1-4.
15} Fihket: Ànn. Soc. Géol. de Belgique^ t. V. 1879, XCVII.
— 52 —
dans le bassin de Liège, à 500 mètres au-dessus du Calcaire
carbonifère. Plus récemment, M. Stainier (^) les cite au
toit de l'importante veine Broze. Il décrit aux puits Nos4,
14 et 10 de Monceau-Fontaine, un schiste noir, doux au
toucher, bien feuilleté, et extrêmement riche en belles
empreintes de Carbonicola : « chose curieuse, dit M. Stai-
nier, à ces 3 puits fort écartés les uns des autres, on
trouve toujours un grand nombre de coquilles de Carbo-
nicola, qui sont couvertes d'empreintes du curieux anné-
lide Spirorbis carbonarius ». Cette veine Broze (niveau 25)
se trouve dans le Faisceau des Ârdinoises, l'un des plus
élevés du Westphalien de Charleroi.
En Allemagne, Goppert,Geinitz, les citent dans le Terrain
houiller, sur les frondes de Nevropteris ovata, N. Dickeber-
gensis, Sphenopteris acutifolia, Cyatheites arborescens.
En Angleterre, comme en Allemagne, les Spirorbes
traversent toute la série houillère, mais ils ne se montrent
très abondants que dans le Houiller supérieur, où ils
constituent de petits lits calcareux. Ces bancs de calcaire
à Spirorbes sont même considérés comme caractéristiques
du Terrain houiller supérieur (Groupe de Radstock, d'Ard-
wick) (2).
Il semble bien que dans le bassin franco-belge les
Spirorbes caractérisent par leur abondance, le sommet
de la série. En effet, parmi les espèces de fougères avec
lesquelles ils ont été signalés en connexion, la Mariopteris
muricata (Schlt.) est la seule qui se trouve à la fois dans
toutes les zones végétales houillères distinguées por
M. Zeiller; les Sphenopteris obtusiloba (Brong ) et S. trifolio-
/aïa (Artis), très rares dans les zones inférieures deviennent
de plus en plus abondantes dans les zones supérieures.
(1) X. Stainier: Bassin houil. de Charleroi, Bull. Soc. Belge de Géol.
Bruxelles, t. XV, 1901, p. 1.
(2) Sir â. Geikie : Textbookofgeology, 1903, p. 1049.
— 53 -
Quant à Nevropteris tenuifolia (Schll.) et N, Scheuchzeri
(Holïm.), M. Zeiller ne Jes cite que dans les niveaux
supérieurs, à Texclusion des inférieurs Q).
Mais quel que soit le résultat des recherches ultérieures,
nécessaires à coup sûr, pour fixer la répartition stratigra-
phique de ces fossiles dans le bassin du Nord, il faut dès
à présent admettre que les Spirorbes sont extrêmement
abondantes à Bruay, dans les veines qu'on s'accorde à
ranger avec M. Zeiller au sommet de la série locale
(Zone C de M. Zeiller). Leurs petites coquilles y forment
un lit continu : nous les avons trouvées en abondance
dans le puits n° 5, au toit de la veine n^ 16, où il n'y
aguèrede feuille de fougère qui n'en porte quelques indi-
vidus; bien plus, cette même veine, au puits n» 1, à 2 kil.
delà, nous a montré la même abondance de Nevropteris
chargés de Spirorbes : un tapis de Spirorbes recouvre
donc d'une façon continue la veine n° 16 de Bruay. Ce
n'est pas un cas isolé, car des échantillons récoltés au toit
de la veine n° 11 nous ont fourni les mêmes fossiles, en
grand nombre.
Position systématique
Les Spirorbes doivent leur nom à Daudin (2), qui les
rangeait en 1800 parmi les Annélides, au voisisage des
Serpules et des Spiroglyphes. Mais l'attention des géo-
logues ne fut réellement attirée sur ces fossiles du Terrain
houiller qu'en 1839, en Angleterre. Murchison (^) les
signala dans le bassin de Shrewsbury et à Ardwick, près
Manchester, sous le nom de Microconchus carbonarius, en
Jes considérant comme des coquilles d'eau douce. Leur
(^) R. Zeiller ; Bassin houiller de Valenciennes. Paris, 1886-88.
(^) Daudin : Recueil de Mém. sur les espèces inédiles ou peu connues de
mollQsqnes, Ters. zoophyles, Paris, 1800, p. 39, 49, 50. — Daudin, dans ce travail,
créa le genre Spirorois pour la Serpula spirorbis de Linné.
(3)MuBCHigoK : Siluria, 1839, p. 84, fig. D.
54 —
description et Tétude de leurs relations zoologiqui
avaient été confiées à Phillips (>), et ce savant avait tn
nettement exposé les affinités multiples de ces peti
fossiles. Il les compare aux Planorbes, en insistant sure
que, à rétat jeune, ces Microconches vivaient groupés e
bandes comme les Planorbes de nos ruisseaux, auxque
ils ressemblent par leur forme ; il fait toutefois remarque
qu'ils se déroulaient en vieillissant, pour donner ue
terminaison tubuleuse libre comme Vejrmetus, Vermilû
La coquille est de plus sénestre, comme celle de Planorbi
et ornée comme elles de stries d'accroissement, forte
irrégulières, non parallèles, obliques à Taxe du tul
enroulé, traversées par de très légères stries spirales
mais d'autre part, elle montre parfois, sur une de s
faces, aplatie et déformée, qu'elle était fixée par cette fa'
comme les Spirorbes.
Ainsi Phillips compare les Microconches du Terra:
houiller à des Planorbes (Pulmonés terrestres), à d
Spirorbes (Vers marins) et à des Vermetus (Gastropod
marins). Depuis lors, les savants qui ont eu l'occasion (
se prononcer à ce sujet, se sont partagés entre ces trc
opinions, faisant tantôt ainsi des Spirorbes, des forin
d'eau douce, des formes d'eau saumâtre, ou des forni
d'eau marine ? Goppert (2) et Geinitz (3) eurent cependa
une idée aberrante, en les classant parmi les Chanij
gnons, sous le nom de Gyromices ammonis.
Parmi les auteurs qui ont prêté le plus d'attention à c
fossiles, il faut mentionner Van Beneden et Coemans (
qui discutèrent leurs affinités d'après l'étude d'échantillo
(1) Phillips : Siluria, 18;{9, p 88.
(2) Goppert : in Germar's Verstein-Steinkoblen. Wctlin m. Lôbejim, \^
llefl, 8, p. 29, pi. 39, «g. 1-9.
(3) Geinitz : Verstein-Steinkohlen format . in Sachsen, 1855, pi. 35, lig. 1
p. 3. — Dyas, 1862. Heft 2. p. 133.
(4) Van Bbnedkn et Coemans : liuU. Acad. Roy. de Belgique^ Bruxelles, \i
2* 8ér., t. XXni, p. 384, 1 PI.
. — Oii —
trouvés en compagnie d'une aile d'insecte (Omalia macro-
i^tera), à Sars-Longchamps, dans le Bassin de Mons, fixés
sur des feuilles de Sphenopteris latifolia. Ils les décrivent
sous le nom de Palaeorbis ammonis, et les considèrent
finalement comme des mollusques gastropodes terrestres,
voisins des Hélices, vivant collés sur les feuilles ou les
rachis des fougères et autres plantes houillères, à la façon
des Spirorbes d'aujourd'hui, sur les plantes et les animaux
marins. Le grand naturaliste qu'était Van Beneden n'avait
pu ne pas être frappé de l'analogie de ses Palaeorbis avec
ksSpirorbes de nos mers ; mais il n'avait pu concilier, dans
son esprit, l'idée de l'existence d'annélides marines fixées
sur des plantes essentiellement terrestres. Il lui avait paru
plus logique de rapprocher les Palaeorbis des Hélices, et de
leur attribuer les mœurs des Planorbes ; il y vit donc des
Pulmonés hygrophiles, vivant habituellement dans l'eau
douce, et ne venant à la surface que de temps en temps,
pour renouveler leur provision d'air. Ils se seraient fixés
sur les fougères, soit durant la vie de ces végétaux, soit
sur leurs débris, à mesure qu'ils tombaient dans les
marais tourbeux, où ils vivaient eu commun.
Goldenberg(^) en Allemagne, se range en 1877 à l'opinion
de Van Beneden et Coemans, et décrit les Palaeorbis
mmonis des couches de Lebach. M. A. Fritsch (2), au
contraire, les rapprocha en 1894 des Vermetus, sous le nom
de Spiroglyphtis vorax, les regardant comme des gastro-
podes marins, libres, qu'il trouve indifféremment fixés
dans le Permien de Bohême, sur des plantes terrestres,
ou sur des animaux errants, arachnides (Promygale) ou
crustacés marins (Prolimulus).
J. W. Dawson (^) décrit en 1868 la structure micros-
(I) GoLDKNBBBG : FauTUi Sarocpontana Poss. 1877; Helft. 2, p. 4.
,(^ A. Fritsch : Fauna der GaskohU, l$9i, p. 80, Bois du texte n- 330, A. B .
P'^M. flg. 4,pl. i55,flg. 1-4.
(^) J- W. Dawsou : Âcadian geology, 1868, p. 206.
— 56 -
copique de la coquille des Spirorbes houillers, et la
trouve identique à celle des Spirorbes, qui vivent de
nos jours, fixés sur les laminaires, les fucus, et divers
animaux marins. R. Etlieridge (*) en 1880, M. F. Frech (2)
en 1899 les rangent également dans le genre Spirorbis,
de nos mers.
Les auteurs modernes ne sont donc pas plus d'accord
qu'au temps de Phillips, sur la position systématique des
Spirorbes houillers. Les progrès les plus positifs acquis
depuis cette époque, résident dans la constatation fait»
en Angleterre et en Belgique, aussi bien qu'en Bohême,
de l'ubiquité d'habitat des Spirorbes houillers, qu'on
trouve indifféremment fixés sur des plantes terrestres,
des coquilles saumâtres ou des animaux marins : de
plus, on ne les rencontre qu*au toit des veines, jamais
dans les veines, ni dans les murs, ni dans les stampes
entre les veines.
Ainsi, en Angleterre (^), Salter les reconnaît dans les
difiérents bassins houillers, fixés sur des plantes à divers
états de conservation, très fraîches ou décortiquées,
comme si tantôt ils s'étaient attachés à des plantes
vivantes, et tantôt à des débris végétaux flottants, en voie
d'altération. Binney les trouve fixés sur des Anthracosia
saumâtres ; Prestwich (^) les figure attachés sur des
coquilles marines, Pleurotomaires et Nautiles du Penney-
Stone du bassin de Goalbrook Dale; tandis qu'Etheridge('"0
les trouve attachés sur une Limule, dans le bassin du
Somerset.
(1) R. Ejheridge : Geol. Mag., 1880, vol. VUl, p. 109.
(2) F. Frech : Lethœa geognostica, Stuttgart, 1899, p. 331.
(3) J.-W. Salter : Mem. Geol. Survey Great- Britaitt , Iron Ores, 18'îl,
P' 3, pi. 2, fig. 23. p. 227.
(4) Prestwich : Coalbrook Date, Trans. Geol. Soc, 1840, 2* série, vol. 5,
pi. 40, fig. 1, fig. 5 a.
(5) R. Etberidoe, Sen. : Trans, Manchester Geol, Soc, 1866-67, vol. 6, p. I2i.
— 57 -
Eq Belgique, Van Beneden et Coemans les avaient cité
fixés sur les fougères et des lepidodendrons; M. Stainier
sur des Carbonicola saumâtres ; M. Firket sur des
coquilles marines. Il en est de même en Bohême, et dans
tous les pays ; le fait est général, à l'époque houillère.
Conditions d'habitat
USpirorbis pusillus (Mart. sp.) se trouvant dans tous
les bassins du Nord, indifféremment fixé sur des plantes
terrestres fraîches (vivantes) ou en débris (mortes), sur
des animaux saumâtres, et sur des animaux essentiel-
lement marins, on doit se demander si celte association si
spéciale peut donner une indication sur les conditions de
formation de ces bassins eux-mêmes ?
Quelle que soit, en effet, la position systématique du
Spirorbe, il faut nécessairement admettre que cet être s'est
installé à Tétat larvaire, c'est-à-dire à Tétat d'embryon
libre, sur les supports (végétaux ou animaux) où il s'est
fixé et où sédentaire il est arrivé à l'état adulte. Le grand
nombre d'individus de toutes dimensions, qu'on observe
parmi les colonies de Spirorbes fixés sur une même fronde
de fougère, apprend qu'ils ne proviennent pas tous d'une
même ponte, et porte à penser que ce support a persisté
pendant un temps plus long que la période corres-
pondant au développement complet d'un individu, de
l'état embryonnaire à l'âge adulte.
Les supports morts ou vifs, c'est à dire ici les fougères,
sur lesquels les jeunes Spirorbes ont vécu assez longtemps,
pour se fixer, se bâtir une coquille, arriver à l'état adulte
et donner le jour à de nouvelles générations d'animaux
semblables à eux, ont dû se trouver dans des conditions
de gisement et de conservation spéciales, déterminées par
les conditions d'existence des Spirorbes eux-mêmes, et
pendant un laps de temps au moins équivalent au cycle
- 58 —
vital d'un de ces animaux. Leur connaissance exacte nous
apprendrait comment se sont formés les toits des veines;
elle nous éclairerait, en outre, sur la genèse du charbon-
lui-même, puisque les fougères couvertes de Spirorbes»
sont transformées en un charbon noir et cassant, compa —
rable à celui des veines.
On peut dès l'abord, induire, de la considération dm^
temps requis pour le développement des Spirorbes, qu'ils,
ont nécessairement vécu sur des plantes immergées, sous —
traites après leur mort à l'action oxydante de l'atmosphère-
Les Fougères mortes ne sauraient se conserver longtemps
à l'air libre. Nul doute, par conséquent, que leurs tissus déli-
cats, exposés à l'air, n'eussent été décomposés et n'aient:
disparu longtemps avant le complet développement des
Spirorbes épiphytes, si ceux ci avaient été des Gastropodes
pulmonés forcés de se retrouver sans cesse à la surface,
pour renouveler leur provision d'air. Le temps qu'il a
fallu aux Spirorbes houillers pour construire leur
coquille, sous l'eau, ne permet pas d'accepter cette
opinion qui les rapportait à des Pulmonés. C'étaient des
animaux branchifères, comme nos Vermetus et nos Spi-
rorhis modernes, dont toutes les espèces actuellement
connues sont marines. Pour concilier l'existence d'ani-
maux d'origine marine, vivant fixés et sédentaires sur des
plantes essentiellement terrestres, il faut amettre que les
premiers Spirorbes houillers (Sp. pusillus) vécurent fixés
sur des coquilles marines [Nautiles, Pleur otomaires, etc.),
que leurs descendants s'acclimatèrent graduellement à
des conditions saumâtres (sur les Carhonicola), et peut être
même finalement à des eaux douces (sur les Fougères) ?
Les Spirorbes de Bruay n'étant pas associés à des
espèces marines, ont vécu dans des eaux plus ou moins
douces, et ces eaux étaient limpides. Elles devaient
être assez pures pour que les Spirorbes aient pu y respirer,
- o9 —
assez saumâtres pour qu'ils aient pu s'y acclimater, assez
tranquilles pour qu'ils aient pu y accomplir le cycle de
leur vie sédentaire, et que les fougères aient pu s'y étaler
doucement. On doit en conclure que les fougères conser-
vées dans les toits n'ont pas été enfouies promptement dans
les estuaires houillers, dans des eaux boueuses chargées
d'alluvions.
Le moment de Tenfouissement des fougères, dans les
toits, a coïncidé, au plus tôt, avec le moment de la mort
des Spirorbes, et la transformation en houille des tissus
végétaux sur lesquels étaient fixés les Spirorbes n'a pu se
faireavant le flottage, sous l'influence de microorganismes,
mais seulement après l'enfouissement des Fougères et de
leurs Spirorbes.
Les fougères accumulées dans les toits des veines de
nos bassins houillers du Nord, ne venaient donc pas de
terres voisines, charriées par des eaux boueuses de ruis-
sellement et étalées par les vagues dans des estuaires.
Elleg vécurent dans les points mômes où nous les recueil-
ions, à la surface d'atterrissements momentanément
asséchés, dans des marais sillonnés de criques aux eaux
saumâtres, tantôt noires et boueuses, tantôt limpides ou
courantes, lors des inondations marines ou lacustres. Les
fougères à Spirorbes y sont mortes en place, comme les
Sigillaires enracinés qu'on leur trouve souvent associés,
au toit des veines de Bruay ; les embryons des Spirorbes
se seraient fixés sur les fougères herbacées, noyées lors
des inondations, mais encore enracinées, tandis que tom-
baient tout autour les débris des plantes arborescentes
voisines. Ainsi s'expliquerait l'existence simultanée des
Spirorbes dans les mêmes toits, sur des frondes intactes
où tous les détails de la forme et de la nervation sont
conservés, et aussi sur des bois décortiqués.
Ainsi de nos jours, môme sur nos côtes bretonnes, les
— 62 —
logie à l'Université de Lille, qui s'est fait une spécialité de
rétude des Annélides marines, de nous donner son avis
sur les caractères morphologiques et embryogéniques des
Spirorbes houillers, sur les conditions biologiques favo-
rables au développement de ces animaux, sur leurs
facultés d'adaptation à divers milieux marins ou lacustres,
et sur le temps qu'il a fallu aux individus fixés sur une
même fronde de fougère pour se développer de l'état
larvaire à l'état adulte? L'établissement de ces prémisses
nous permettrait de conclure d'une façon rationnelle
relativement aux conditions dans lesquelles se sont
déposés les toits des veines de houille du bassin du Nord.
M. Briquet présente à la Société, des Spirorbes iden-
tiques à ceux de Bruay, recueillis par lui, au toit de
Nouvelle-Veine d'Aniche, lors de l'Excursion faite l'an
passé, par la Faculté des Sciences, aux mines d'Aniche,
sous la direction de M. Ch. Barrois.
M. R. Zeiller a adressé à M. Ch. Barrois la lettre sui-
vante relative aux Spirorbes du bassin de Valenciennes :
Cher Monsieur,
Je viens de passer en revue rapidement nos échantillons
de Nevropteris du bassin de Valenciennes, et voici la liste
des localités où j'ai relevé la présence du Spirorbis pusillus :
Nord : Faisceau maigre : Vieux-Condé, fosse Chabaud-
Latour (sur Nevropteris obliqua et sur Mai^iopteiis muricata).
Faisceau gras au sud du Cran de retour : Fosse Villars,
veine Edouard.
Pas-de-Calais : Faisceau maigre : Carvin, fosse n"" 3,
l^e veine (sur Mariopteris muricata).
Faisceau gras : Courrières, fosse n° 3, veine Louise.
Lens, fosse n^ 1, veine Marie, veine Omérine, veine
— 63 —
Ernestine, veine Céline; fosse n® 4, veine Amé. Bully-
Grenay, fosse n® 1, veine Constance; fosse n" 3, veine
Sainte-Alice. Nœux, fosse n^ 2, veine Saint-Augustin (eu
abondance). Bruay, fosse n"* 1, 11^ veine. Maries, fosse
n° 3, veine Sophie.
Je ne doute pas qu'une révision plus complète, portant
sur l'ensemble de nos échantillons, allongerait considé-
rablement la liste.
En tout cas il ressort de ces constatations que le Spi-
rorbis pusillus n'est pas propre à la zone supérieure
(zone C du Pas-de-Calais) ; il y semble plus abondant,
accompagnant de préférence, — je ne sais pourquoi, —
k ^^evropteris tenuifolia, ainsi que je vous le disais; mais
il se retrouve dans les zones plus basses, B^ et B^B^, et
môme dans la zone A^ du Nord, la plus basse à peu près
des zones à fossiles végétaux. C'est un des motifs pour
lesquels il ne m'avait pas paru autrement utile de men-
tionner ce fossile dans mon travail sur le bassin de
Valenciennes, Schimper ayant indiqué sa présence dans
presque tous les bassins houillers d'Europe et d'Amérique.
Bien affectueusement à vous.
R. Zeiller.
M. Malaquin fait la communication suivante :
Le Spirorbis pusillus du Terrain Rouiller de Bruay
La formation du tube des Spirorbes
et leur adaptation en eau douce à l'époque houillère
(Planche II)
par A. Malaquin.
Dans la note qui précède. Sur les Spirorbes du Terrain
houiller de Bruay, M- Ch. Barrois a indiqué la répartition
- 64 —
des coquilles à forme spirorbienne dans les terrains pr
maires, leurs conditions d'habitat et l'opinion des paléoi
tologisles sur les affinités zoologiques de ces fossiles.
Ainsi que M. Barrois le constate plus haut (v. p. 53
ces coquilles tubuleuses spiralées ont été rapportées au
Planorbis (Gastéropodes pulmonés d'eau douce), aux Fei
métides (Gastéropodes marins, prosobranches ) et au
Spirorbis (Annélides tubicoles marines, Serpulides). Ce
trois groupes zoologiques présentent, en effet, des coquille
dont la forme converge vers un type commun tubuleux
â spirale plus ou moins ascendante ou aplatie.
Nous allons successivement envisager les caractères d
ces trois groupes, et l'attribution possible des coquille
fossiles qui nous occupent à l'un d'entre eux.
La forme Planorbis doit être écartée
Indépendamment des caractères de la structure et di
la forme initiale de la coquille, l'attribution à des Pla
norbis des coquilles spiralées du houiller, et surtout celle
du Dévonien et du Silurien supérieur, peut se souteni
difficilement et pour deux raisons :
1» 11 n'y a aucun doute que les coquilles signalées ;
divers niveaux, étaient fixés sur des supports animau:
et végétaux, or les Planorbes et les autres pulmonés son
des Gastéropodes libres.
2'^ A l'époque de leur apparition, Silurien supérieur,
n'existait aucun gastéropode pulmoné connu. Or, les forme
qui nous occupent sont aquatiques, marines ou d'eau douce
si on devait les ranger dans les Gastropodes pulmonés,
faudrait nécessairement que ces formes réadaptées à .
vie aquatique aient, été précédées de formes terrestre
pulmonées. 11 n'y a aucun doute, en effet, que les Pi^
norbes, Lynnées, etc., dérivent de Gastéropodes pulmoa^
terrestres réadaptées à la vie en milieu aquatique.
- 6d —
11 y a donc une impossibilité phylogénique à attribuer
ces coquilles, principalement en ce qui concerne les
dévoniennes, à des Gastéropodes planorbiens. Nous
verrons plus loin, en effet, qu'il n'y a pas de différence
appréciable entre les Spirorbes siluriens et dévoniens
et ceux du Houiller. L'attribution des tubes qui nous
occupent reste donc limitée aux Vermétides et aux Serpu-
lides. Les caractères différentiels de ces deux groupes
peuvent être tirés : 1» de la forme externe de la coquille ;
2® de la microstructure du test ; 3^ de la partie initiale
du tube ; 4» des conditions de vie.
Vermétides. -- 1® La coquille tubuleuse est générale-
ïïient enroulée en spirale dans les premiers tours despire,
c'est-à-dire dans le jeune âge ; puis, les derniers tours se
détachent, et le tube peut alors devenir rectiligne ou plus
c^u moins sinueux. La coquille est libre ou fixée.
Chez les Cœcum (F. Ccecides), voisin dôs Vermétides, la
Coquille est régulièrement spiralée comme chez les
ï^lanorbes; mais Tanimal est libre, et c'est, d'après Clark,
Un des Gastéropodes dont la locomotion est la plus active.
2o La microstructure de la coquille des Vermétides est
Celle des Gastéropodes : c'est-à-dire qu'elle se compose,
ootre l'épiderme sécréteur, de deux couches calcaires,
l*vine, externe prismatique; l'autre, interne lamelleuse.
3" La forme initiale de la coquille, d'après ce que nous
Bipprend le travail de Lacaze Duthiers (*) n'est pas tubu
^ctjise; comme celle de tous les Gastéropodes, la coquille
^es jeunes larves de Vermet, encore libres, est régulière-
"^nent turbinée ; on ignore comment se fait la fixation.
_ (1) Lacazb Duthiers : Anatomie et Embryogénie des Vermets, Annales des
Se. Nat., 4* série, tome XIII, p. 275, pi. 9.
annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii 5
- 66 —
4» Les Vermétides fixés sont habituellement réunis en
groupes formés d'individus enchevêtrés les uns dans les
autres.
Serpuudes, en particulier Spirorbis. — !• La coquille
est tubuleuse, enroulée en spirale dextre ou sénestre ;
aplatie ou plus ou moins hélicoïdale. Mais la forme dépend
surtout du support. Dans le cas où le support est plan
(fronde de fucus, de cystosire, carapace de crustacé, etc.)
la spire est aplatie ; la coquille est fixée par toute sa face
inférieure et adhérente par tous ses tours. Au contraire,
si le support est exigu {branche d'hydraire), la surface
d'adhésion est restreinte et Tenroulement se fait en une
spirale ascendante, et le dernier tour tend à se libérer. (0
2® La microstructurt de la coquille est très simple ; le
tube est formé de lamelles circulaires, ondulées et
sinueuses chez les Spirorbes, régulières dans les tubes
de grande taille de certaines serpules. Elle est donc
constituée par une seule couche lamelleuse.
30 La forme initiale de la coquille est toute différente de
celle des Vermétides et des autres Gastéropodes à coquille
FfG. 1. — Partie initiale du lube et enroulement de Spirorbis
(1) Alicroconchus carbonarius in Murchison, fig. D", D^, p. 84.
- 07 -
splralée. Lorsque la larve des Serpulides éclot, elle nage
pendant quelque temps librement comme la larve véligère
des Mollusques, mais elle ne se sécrète pas de coquille
pendant son existence pélagique. C'est seulement après la
fixation qu'elle fabrique un tube rectiligne, muqueux,
qu'elle imprègne de calcaire ; la partie initiale du tube
calcaire est donc droite ; elle adhère au support dans
toute son étendue (Fig. 1); le tube continue à s'accroître
dans ce sens; puis il s'incurve en s'écartant légèrement
du support (Fig. 2), et, après avoir décrit un demi-cercle,
il vient passer au dessus de la partie initiale qu'il masque
en grande partie. Le tube continue ainsi à s'accroître en
décrivant une spirale et en augmentant de taille à mesure
que l'animal s'accroît. En résumé, toute la coquille des
Spirorbes est entièrement tubuleuse; même si la partie ini-
tiale a disparu, ce qui reste débute toujours par un tube et non
far une coquille turbinée (fig. 3).
Il résulte, de la manière dont le tube se développe et de
sa forme particulière, que si l'on possède la face inférieure
d'un tube, c'est-à-dire la face par laquelle le tube est fixé
au support, on pourra l'attribuer, avec la plus grande
certitude, à un Spirorbis, si ce caractère est présent.
Cette partie initiale est surtout bien visible chez les
individus de petite taille, dont le nombre des tours varie
entre un et deux. Lorsque, en effet, la coquille est jeune,
au moins chez les types actuels, on reconnaît facilement
la forme caractéristique du tube spirorbien, même si
on l'observe par la face supérieure non adhérente.
4* Les Spirorbes actuels sont des animaux côtiers ; ils
vivent presque toujours fixés en grand nombre par un
même support, mais les individus sont isolés. On les ren-
contre sur les Coquilles, les Fucus, les Cystosires, les
Crustacés, les Hydraires, etc. Leur taille est toujours très
petite.
- G8 -
Les Spirorbes du HouilUr de Bruay et quelques a>
Spirorbes paléozoïques.
(Y. PI. I. et explication de la planche)
Les tubes si nombreux sur les pinnules de Nevn
et Alethopteris, sont constitués par le moule inter
bien encore par le contre moulage en creux de
partie. Le test calcaire a disparu entièrement. Le
ments de détermination doivent donc être tirés
forme du tube et de ses conditions d'habitat.
Ces tubes sont appliqués parfaitement à la surfa<
pinnules, adhérents par toute la partie inférieure q
plane et fortement enfoncée dans le végétal.
Les tubes de petite taille présentent divers degr
développement; les plus grands ont 2°û/°^5 de diai
total, et présentent 3 tours ou 3 tours 1/2 au plus. Leî
petits ont 1 tour 1/2 environ ; malgré les noml
exemplaires examinés, aucun d'eux ne m'a présent
formes jeunes avant l'incurvation ou pendant Ti:
vation (Fig. 1 et 2 du texte). 11 a donc fallu rechercl
forme caractéristique initiale sur les tubes les plus p
les moins enroulés. Je me suis servi dans l'examen c
tubes de types de comparaison, soit Sp. spiritlum L.
vit sur les Hydraires de nos côtes ; soit, plus volon
Sp. borealis, dont Tiiabilat sur un support plan se pr
une comparaison plus rigoureuse avec les tubei
Sp. pusillus. Cette comparaison montre que, pa
mode d'enroulement et par la forme générale ci
coquille, pour uq même nombre de tours, il n'y a pa
différence entre les tubes du Spirorbis pusillus et
du Spirorbis borealis actuel. Si l'on superpose le di
relevé à la chambre claire d'un tube de Spirorbe hoi
sur un dessin relevé de la même manière d'un Spir
boréal actuel, on ne peut voir aucune différence entre
- G9 -
Si Ton choisit les tubes les plus jeunes, c'est-à-dire
ceux dont la taille est la plus minime, et dont Tenroule-
ment est à ses débuts, la comparaison est alors plus
complète (fig. 4, pi. II). Bien qu'il ne m'ait pas été
possible, dans les exemplaires du Rouiller de Bruay, de
retrouver la partie rectiligne du tube, à cause de Tabsence
de conservation du test, Ton peut observer que le tube
initial passe sous le premier tour de spire comme dans
les figures du texte se rapportant aux Spirorbes actuels.
L'enroulement à la partie initiale de la coquille d'un
Gasteropode, Vermetus, l^lanorbis ou de forme planor-
bienne, étant toujours turbiné, les tours de la spire sont
contigus; or. Ton peut remarquer, que dans les tubes
spirorbiens, ce tube est cylindrique dès le début, à incur-
vation de plus en plus marquée aboutissant à la forme
spiralée.
En faisant sauter les tubes de Spirorbis borealis, une
partie reste adhérente à Talgue support. Cette partie
restante est tout à fait comparable aux impressions en
creux que Ton observe sur les pinnules des fougèrv.s
houillères ; Ton retrouve, dans les deux cas, une striât Iju
tout à fait semblable, formée de lignes courbes do^l la
concavité est tournée vers l'orilice externe du tube (voir
fig. 2, pi. II).
Enfin, la structure du test aurait pu compléter Tensemble
de ces caractères ; malheureusement, dans aucun exem-
plaire, ce test n'est conservé; mais jai pu observer des
types mieux conservés : ceux des couches d'Ardwick, dont
parle plus haut M. Barrois, serviront à élucider la micro-
structure du tube.
Le Spirorbis d'Ardicick
Le Spirerbe d'Ardwick, à Tinverse des Spirorbes du
houilJer, présente un test calcaire très bien conservé. Situé
- 70 -
à un niveau un peu supérieur à celui du Spîrorbede Bruay
son état de conservation nous donne un élément précieux
de comparaison. La structure microscopique de la coquill «
de ce Spirorbis, ainsi que j'ai pu le constater dans d^
préparations qui m'ont été communiquées par M. Charle
Barrois, est celle des Serpulides, c'est-à-dire qu'ell
montre une couche unique, mince comme celle d
Spirorbis^ et formée de lamelles ondulées.
Spirorbis Leivisii, Sow.
La fig. 5, PI. II, représente quelques tubes groupés d'âg
variable et de dimensions assez différentes de ce Spirorl:
dont M. Barrois signale l'existence dans le Silurie
supérieur de Courcelles-lez-Lens. Ce groupement d'ind
vidus rappelle tout à fait celui du Sp. borealis, L. actu€
Il est impossible de distinguer une différence entre *
Spirorbe silurien et le Spirorbe houiller. Cela ne veut p»
dire qu'il y ait identité d'espèce. Les Spirorbes actuels J
peuvent se distinguer que grâce à des considération
morphologiques tirées de l'animal lui-même.
A daptation des Spirorbes houillers à la vie en eau douce
Les conditions d'habitat : 1° Fixation sur des suppor
variés animaux et végétaux ; 2° Tubes groupés en nomb
considérable sur un même support, mais isolés les uns d<
autres, à l'inverse des Vermétides et aussi de beaucoup c
Serpulides (Filogranes, Salmacines, Serpula, etc.) sou
identiques chez les Spirorbes paléozoïques et les Spirorbe
actusls.
Les supports des Spirorbes primaires sont, en effet :
Spirorbis pusillus et Palœor- ( les coquilles aeCarbonicola, l
, . . i pinnules de Nevropteris. 6pA
bis ammonis sur : ( nopteris, Alethopteris, etc.
Spiroglyphus corax (Fritsch) sur: Promygale et sur Prolimulu^.
Spirorbis sp., sur : Spirifcr Verneuili^ etc.
Leurs conditions d'habitat étaient donc semblables
- 71 -
celles des Spirorbes actuels ; de plus, leur répartition
était aussi très considérable. Les Spirorbes actuels forment
encore un groupe dont les espèces nombreuses sont dissé-
minées sur toutes les côtes du globe (').
Les Spirorbes primaires étaieat non seulement répartis
dans la mer, dans les eaux saumâtres (sur Carbonicola) et
dans les eaux douces Microconchus carbonarius a été trouvé
associé Cypris et à Cyclas (V. Murchison); or les Spirorbes
actuels sont tous marins. C'est probablement une des
raisons pour lesquelles les auteurs ont si souvent hésité
dans l'attribution des tubes à forme spirorbienne, à une
annélide marine. Pendant longtemps, en efïet, on n'a
guère connu d'exemples d'adaptations de Polychètes
marines à la vie en eau douce.
Mais l'exploration de plus en plus active de la faune
d'eau douce, sur les différents points du globe, a révélé,
dans ces dernières années, toute une série de formes
appartenant au groupe des Polychètes, et adaptées dans les
étangs, lacs ou cours d'eau. On en connaît, à ce jour,
environ 20 espèces, appartenant principalement aux
deux familles des Néréides et des Serpulides (tribu des
Sabellides).
Cette dernière famille, en particulier, paraît susceptible
d'une adaptation très rapide et douée d'un pouvoir d'accli-
matation très grand aux changements de salure de l'eau
(euryhaJisme).
LesexpériencesdePercyMoore, signalées par Johnson (^)
ont démontré que des espèces exclusivement marines
comme Fabricia stellaris (Serpulide de la tribu des Sabel-
lides) peuvent vivre dans l'eau douce, et, inversement,
elles montrent qu'une Annélide d'eau douce Manayunkia
(1) V. Caullery et Mesnil : Morphologie et Phylogénie des espèces chez les
Spirorbes. Bulletin Scientifique de la France et de la Belgique, t. XXX, 1897.
(2) Voir, pour la liste des espèces de Polychètes adoptées à la vie en eau
douce : Johnson H. P., Fresh- Water Nereids from Pacific Coast and
Hawaii remaries on fresh-water Polychœta in gênerai (in Mark Anniversary,
▼olumë 1903).
— 74 -
un demi-tour qu'au bout de quatre semaines (Fîg. 2 du
texte).
Chez la Salmacinœ Dysteri, Serpulidequi se construit un
tube calcaire délicat, la phase initiale de la formation du
tube est très semblable à celle des Spirorbes : le tube
incurvé, maïs plus allongé, comme dans la fig. 2 (dans le
texte) est construit au bout d'une durée de six semaines
à deux mois; il correspond alors comme longueur à celui
de la figure 3 pour le Spirorbe.
L'on peut donc évaluer l'âge des tubes de Spirorbes-
qui ont 2 à 3 tours enroulés, à quatre ou cinq mois eti
probablement plus. Le chiffre que j'indique doit être, eni
effet, pris comme un minimum ; l'on doit considérer, en
effet, que la sécrétion du tube n'augmente que peu à peu, er^
que son accroissement est plus rapide au début de la via
du Spirorbe, que pendant Tàge moyen ou adulte.
Comme les Spirorbis pusillus fixés sur les pinnules de=
Fougères possèdent, en moyenne, 2 tours à 2 tours 1/2S
quelques-uns un peu plus, l'on peut en conclure, si on 1
compare à Sp. borealis qui vit sur les Laminaires, Fucu^
Cystosires, etc., que la confection des tubes a nécessité un_
durée de quatre à six mois, chiffre minimum, ind^
pendamment de la vie pré-larvaire, c'est-à-dire avaim
réclosion.
Explication de la Planche II
Fig. 1. Deux pinnules de Nevropteris avec nombreux Spirorbis
pusillus — Gr. = 4.
Fig. 2. Fragment d'une fronde de Fucus serratus [a) supportant
des Spirorbis borealis (côtes du Boulonnais) dont on a
fait sauter les tubes en grande partie, de telle manière
qu'il ne subsiste que la partie adhérente au support.
A côté {b) une pinnule de Nccropteris avec Sp. pusillus.
L'on peut observer dans les deux espèces les mêmes
striations formées par des lignes incurvées, dont la
concavité est tournée vers l'oriflce du tube. Ces stria-
tions appartiennent à la paroi interne du tube. —
Gr. =4 5.
— /o —
Fig. 3. Spirorbis pusillus sur pinnule de Nevropteris. — Gr. s= 5.
Fig. 4. Spirorbis pusillus jeune grossi et dont le tube n'a qu'un
tour et demi. L'on peut, sur les exemplaires de cette
dimension, observer la disparition de la partie initiale,
reetiligne, sous le premier tour de la Spire. — Gr. = 12*
Fig. 5. Spirorbis Lcicisii. Silurien supérieur de Courcelles-lez-
Lens. — Gr. = 4.
M. Ch. Barrois fait la commuaication suivante :
Sur la présence de la zone à Phyllograptus
dans l'Hérault
par Charles Barrois
(PI. 111)
Les découvertes répétées de M. Bergeron, celles de
M. deRouville, et de nos autres confrères du Languedoc,
MM. Delage, Miquel, Escot, nous ont fait connaître dans
l'Hérault, la région française où la succession des faunes
cambro-siluriennes était la plus complète et la plus belle.
Grâce à leurs travaux, ce massif paléozoïque a acquis,
pour l'histoire géologique de la France, une importance
capitale, tant pour la connaissance des plus anciennes
faunes régionales, que pour les relations de ces faunes
avec celles du Nord (Pays de Galles, Scandinavie) et du
Sud (Bohême, Espagne, Sardaigne).
Dès 1892, M. Bergeron (^) annonçait que «dans les couches
qui forment la base de TOrdovicien, les fossiles paraissent
se grouper en plusieurs horizons, dont la superposition
directe ne s'est jamais montrée à lui dans des conditions
satisfaisantes. » L'extrême complexité stratigraphique de
la région, dont nous devons la connaissance à ses travaux,
montre combien est grande la difQculté du classement
définitif des diverses faunes ordoviciennesdu Languedoc.
Je dois à Tobligeance de M. Escot un document qui
(1) Bergbbon : B. S. G. F., vol. XX, 1892, p. 249.
- 76 -
pourra être utilisé comme point de repère précis, dans la
succession des niveaux ordoviciens. En juin 1902, M. Escot
m'adressait une série de Graptolites provenant d'un
nouveau gisement, découvert par lui à Saint-Nazaire-
de-Ladarez (Vallée du Landeyran) ; leurs hydrosomes
nombreux, recouvrent des plaques schisteuses, et tous me
paraissent appartenir à une môme espèce très voisine,
sinon identique, au Phyllograptus angustifolius, Hall.
J'en donnerai ici la figure et une description sommaire.
Phyllograptus angustifolius, Hall, (i)
(PI. m, fig. 1)
L'hydrosome aplati dans le schiste, présente une forme
foliaire allongée, plus large à la base qu'au sommet, mais
formée en réalité de quatre stipes droits, unisériaires,
accolés suivant leur portion dorsale. Les dimensions des
hydrosomes varient considérablement de 0°°05 à Oi^Ol de
long sur 0'°0042 à 0°^0048 de large.
Thèques tubulaires, conservant une largeur uniforme
sur toute leur longueur, et contigiies entre elles. Au
nombre de H à 13 sur 0^01. Près de leur base, subhori-
zontales, elles se recourbent dans leur portion distale, en
présentant leur concavité du côté siculaire. L'ouverture
thécale prolongée obliquement du côté basai de l'hydro-
some, porte de ce côté un long denticule, atteignant 1 1/2
fois la longueur de la thèque.
Je ne puis voir de différence entre les échantillons de
l'Hérault et ceux que j'ai rapportés des environs de Québec,
pas plus qu'avec les échantillons d'Angleterre figurés par
Mii«8 Elles et Wood (2).
#
# #
L'intérêt de la découverte de M. Escot réside dans le
fait que le niveau à Phyllograptus, inconnu jusqu'ici en
(1) J. Hall: Graptolites ofthe Québec Group, 1865, p. 125, pi. 16, fig 17-21.
(2) Elles et Wood : Paleontog. Soc, 1902, p. 100, pi. 13, fig. 7 a. f.
~ 77 -
France, occupe partout une place déterminée à la base
de la série ordovicienne ; il y est connu dans les couches
(le la Pointe-Lévis au Canada, dans les Middle-Skiddaw
Slates de la Grande-Bretagne, dans Tétage 3 b de Norwège.
La belle régularité des stratifications en Norwège, si
bien élucidée d'ailleurs, grâce aux remarquables études
de M. Brogger, oblige à prendre dans ce pays, les types de
cette série de couches. Elle est la suivante, d*après
M. Brogger Q), dans la région de Christiania :
3- à 4-
4. à 5.
3 cy Calcaire à Orthocères . .
3 c ^ 3 CjS Schiste à Asaphus expansus
3 Col Calcaire à Megalaspis . .
3 6 — Schiste à Phijllograptus . .
3 ay Calcaire à Ceratopi/ge . .
Za { 3a^ Schiste à Ceratopyge, . .
3aa Schiste et calcaire à 5ï/mjo/t(/5ara5. 50 à 6.
1.
3. à 27.
1. à 2.
1. à 8.
En Norwège, la position du niveau à Phyllograptus est
ainsi très nettement déterminée entre les couches 3 a et
3 c. — M. Briigger indique en outre ce fait, que lesPhylb-
graptus sont particulièrement abondants au sommet de
3ft alors que les Graptolites des genres Didymograptus,
Tetragraptus, domineraient à la base (}), il semble en être
de môme en Languedoc.
Dès 1892, en déterminant (^) à la demande les MM. de
Rouville et Escot, des Graptolites recueillis par eux dans
les Schistes de Boutoury, j'avais déjà indiqué les relations
de ces faunes éloignées. J'y signalais en effet les nom-
breuses formes du Nord, suivantes.
(1) W. C. Brogger : Sil. Etages 2 et 3. Christiania 1882, p. 10.
(2) Il A la base de l'étage 3 6 se trouvent surtout les Tetragraptus. Les PhyllO'
» graptus débutent par des formes à hydrosome court et large, puis viennent
> les formes à hydrosome plus allongé ; au sommet de l'étage Z b ie n'ai plus
> trouvé qu'une forme très allongée du Phyllograptus anyustifoUus, Hall.,
> dépassant par/ois COS sur O^OOS. i> (Brogger : 1. c, p. 18).
(3) Ann. Géol. du Nord, t. XX, 1892, p. 85.
— 78 -
Didymograptus balticus, TuUb.
» V fractus, Salter.
f pennatulus. Hall.
» nitidus, Hall.
» hiflduSy Hall
» indentus. Hall.
)) Escoti, Nob (1).
Tetragraptus serra, Brongt.
» quadribrachiatuSy Hall
Un nouveau gisement de Graptolites, découvert en
par M. Escot à la Mouchasse-du-Temple, près Cabri
vint préciser et étendre nos conclusions (^) sur Tâj
niveau de Boutoury. Il contenait :
Didymograptus Y fractus^ Salter
Tetragraptus quadribrachiatus. Hall.
» serra f Brgt.
Holograptus [Roumlligraptus) Richardsonl, Hall (3)
Cette faune de Graptolites de Boutoury, identiq
celle de TArenig-moyen du sud du Pays de Galles, à
des schistes à Graptolites inférieurs de Suède, à Y
3 6 de Norwège, aux schistes à Graptolites de la Pc
Lévis à Québec, m'avait permis d'affirmer que les 5c
de Boutoury étaient plus récents que les schistes de l
gnôles à Eutoma-Niobe,
Aucun Ptiyllograptus toutefois ne se trouve parn
échantillons de Graptolites qui m'ont été successive
envoyés de Boutoury et de La Mouchasse-du-Temple
formes de ce genre proviennent uniquement d'un
gisement situé à Saint-Nazaire-de-Ladarez, où elle!
(1) Cette forme n'est qu'une variété du D. nitiduSf espèce très polyi
d'après la réconte monographie de M"" Elles et Wood.
(2) Ann. Soc. du Nordy t. 21, 1893, p. 107.
(3) Le genre Rouvilligraptus, proposé par moi en 1893, doit passer (
nymie du genre Holograptus fondé par M. Holm en 1881, comme l'ont
M"" G. L. Elles et E. M. R. Wood (Holm : Tvenne nya slagten ol familjei
graptidœ, Ofv. Kongl. Vet. Akad. Stockholm Forh., vol. 38, n« 9, p. 41
— 79 -
associées à quelques débris trilobitiques de l'étage 3 e.
Si d'autre part, on se rappelle qu'en Norwège, le Phyllo-
graptus angustifolius bien qu'associé aux Didymograptes,
et aux autres formes du niveau 3 6, se trouve plutôt à la
partie supérieure de cet étage, passant au niveau 3 c« de
M. Brugger, il y a des raisons de croire à l'existence de
deux niveaux graptolitiques ordoviciens distincts, à
Cabrières. La succession probable serait la suivante :
3 c Schistes de St-Nazaire à Trilobites,
2 . \ Schistes de Sl-Nazaire à Phyllograptes,
( Schistes de Boutoury à Didymograptes,
3 a Schistes de Cassagnoles à Euloma-Niobe.
La comparaison, avec ceux de la série Scandinave, des
Trilobites conservés dans les collections de la Faculté des
Sciences de Lille, où ils ont été, à diverses reprises,
envoyés par MM. de Rou ville, Delage, Miquel, Escot,
montre que si les zones graptolitiques (3 b) restent iden-
tiques sur ces grandes étendues, les niveaux à Trilobites
(3c, 3 a) restent également comparables, comme Tout établi
depuis longtemps MM. Bergeron, Briigger et Pompecky.
Nous possédons en effet les espèces suivantes, de l'Etage
des schistes de Cassagnoles à Euloma-Niobe (= 3 a, =
Tremadoc) :
Eulonia Filacoci, Berg. sp.
Niobe Lignieresi, Berg. sp.
Niobe Homfrayiy Salter.
Dicellocephalina Villcbruni, Berg., sp.
Amphion Escoti^ Berg. (= gothica, Tvoni., 1877).
Harpides Villebruni^ Berg. sp.
Symphf/surus Sicardi, Berg. sp
Agnostus Ferralsensis, Berg.
id. cf. bataricus, Barr
Shuniardia Miqueli, Pomp.
Megalaspis FilacovL Berg.
AsapJielina Miqueli, Berg.
id. Bari'oisi, Berg
- 80 -
Anacheirurus, sp.
Theca simplex, Salter
Bellerophon Oehlerti, Berg.
Orthis Christianiœ, Kjer.
Lingulella lepis, Salter.
La faune trilobitique des schistes de St-Nazaire-de-
Ladarez est moins bien connue, M. Bergeron n'en ayant
pas encore donné de description. L'examen sommaire de
celte faune suffit cependant à montrer ses relations avec
l'assise 3 c de Norwège, et avec le calcaire glauconieux
B2 des provinces russes de la Baltique ; elle renferme à la
fois des survivants de l'étage 3 a (Symphysurus, Mégalos-
pides, Asaphellus) et des précurseurs du Llandeilo, dans
des formes très voisines de Synhomalonotus Tristani,
S. Arago, Acidaspis Dufouri, dans des Phacopidœ et des
Trinucleidœ, Nous connaissons en effet de ce niveau :
Megalaspides alienus, Barr , sp.
Asaphellus desideratlssimus^ Trom , sp (i).
Ampi/x voisin ûe prœnuntius. Sait.
Trinucleus voisin de carinatus^ Ang.
Dalmanites voisin de oriens, Barr.
St/mphysurus augustatus, Sars et Boeck (2).
Dionide formosa^ Barr.
Acidaspis Dufouvi, Bureau.
Sijnhomalonotus voisin de Tristani, Brongt (3).
id. voisin de Arago^ Barr.
Pritnitia voisin de prunello^ Barr
Plumulites bohemicus, Barr
Orthis voisin de Menapiae, Hicks
Un certain nombre de ces espèces ont été citées dès
1877, par MM. de Tromelin et de Grasset, (^) qui les ont
attribuées à C étage des schistes à grands asaphes {Asaphus
(1) Ogygites desideratissimust de Tromelin, voisin de A, desideratus et de
A. Homfrayi.
(2) Espèce citée par de Tromelin, en 1877, sous le nom de Œglina Rouvillei.
(3) Calymene Tristani, de Tromelin, 1877.
(4) Congrès Association Franc. Àvan. Sciences, Havre, août 1877.
-- 81 -
Fourneti, Y ern.). Cette faunule trilobitique de St-Nazaire
présente des caractères propres et un assemblage parti-
culier de formes; ainsi, les genres signalés Acidaspis,
Calymene, Dionide, n'apparaissent à Christiania que dans
4 c (Schistes à Trinucleus), Dalmanites n'y apparaît que
dans 4 d (Brogger, p. 60); mais ces genres se trouvent
dans D*v de Bohême, comme à St-Nazaire.
M. Bergeron avait déjà rapporté ces fossiles, à Tétage 3
de Norwège(^), tandis qu'il rangeait les Schistes à Asaphus
Fourneti (Vern.) dans l'étage de Llandeilo (Etage 4 de
Norwège). Les études monographiques promises par lui,
du niveau trilobitique de St-Nazaire et du niveau à grands
Asaphes, nous permettront peut-être de paralléliser un
jour les formations de l'Armorique avec les belles faunes
ordoviciennes inférieures du Languedoc. Les quatre
niveaux kEuloma-Niobe, à Didymograptus, à Fhyllograptus,
et celui de St-Nazaire à Calymenes, me sont encore
inconnus dans l'Ouest de la France. Le niveau à grands
Asaphes, lui-même, s'il correspond à l'étage des schistes
d'Angers, en diffère profondément par sa faune : les
Asaphus Fourneti, A. liraffi (de Vern.), et un grand Niobe
voisin de lata, Ang., seuls fossiles de ce niveau qui me
soient connus, différent des formes des schistes d'Angers.
Ce n'est qu'à partir des couches de Caradoc à Orthis
Actoniœ, et oendanl le Gothlandien (2) que la série silu-
rienne acquiert en France dans sa faune, une réelle
uniformité.
(1) 11 signale à ce niveau les genres Niobe^ Synhomalonotus, Remopleurides ,
Àmpyx, CybeUy Agnostus, Orthis, Lingula (Bull. Soc. Géol. de France, 3*sér.,
t. 27, p. 638, 1899).
(2) Aux espèces gothlandiennes de Cabrières, citées par M. Bergeron, je puis
ajouter Streptis Grayi, Dav., forme répandue de l'Angleterre à la Bohème.
Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxin 6
Séance du W Avril 1904
MM. Smits, Meyer et de Parades sont nommés
membres de la commission de librairie.
M. Gosselet fait part de la mort d'un des plus éminents
membres associés, M, Fouqué de l'Institut de France,
qui a toujours porté à noire Société le plus vil intérêt.
M. Gosselet fait la communication suivante :
Coupe du Canal de Dérivation autour de Douai
Superposition de vallées actuelles
à des vallons de la surface crayeuse
par J. Gosselet
(PI. IV)
Lors du creusement du Canal de Dérivation de la
Scarpe autour de Douai, on fit plusieurs sondages qui
sont très intéressants pour la connaissance géologique du
pays, car on sait combien les environs de Douai sont plats
et couverts de limon.
M. La Rivière, Ingénieur en chef de la Navigation, à
Lille, a bien voulu me communiquer les résultats de ces
travaux. Je lui en adresse tous mes remercîments.
Le nouveau canal se détache de l'ancien canal de la
Scarpe, à Gourclieleltes, et, passant à l'ouest de Douai, il va
rejoindre le canal de la Deùle, un peu au-dessus de Pont-
de-la-Deûle. Il a une longueur de près de 8 kilomètres.
Voici les sondages qui ont été relevés :
A. — Sondage à Courchclctfrs,
prés du chemin cîcinal A'" i^ de Douai.
Altitude : Sl'-S ) Terre végétale.
31.00 Terre à briques.
5:9.30 Argile sableuse (Limon).
28.30 Marnette.
24.30 Marne cona pacte.
23.50 Fin.
- Sondage à Courcheletles, près de l'écluse du nouoeau ednal.
Allltade : 31"60 Terre végétale.
31 35 Terre à brigues.
29.80 Argile illr.ioiil mélangée
lie sable tioulaiit.
Ï7.8J Glaise grise.
26 80 Marnelte.
26.30 Marne siliceuse.
24.10 Craie [endlllée.
Altitude : 28"40 Terre végétale.
S8.I& Argile (limon).
25.90 Argile sableuse.
24.iO Sable terreux (limon ?)
22.40 Marnette.
20.10 Grosse marne.
19.40 Fin,
D. — Sondage à Lambre.i, prés du chemin des Fontincttes.
Altitude: ^"40 Terre végétale.
26.15 Argile {ilmonj.
24.90 Argile sableuse.
23.40 Sable terreux {limon 7)
22.40 Marnette.
21.40 Grosse marne.
20.40 nn.
;. — Sondage à Lambres, au siphon dufilet des Fontineltes.
Altitude: 26-50 Terre végétale.
26 00 Tourbe.
25.50 Sable bleu.
23.50 Marnelte.
20.50 Grosse marne.
Terre végétale.
Argile sableuse (limon).
Glaise.
Sable gris.
Grosse marne.
Fin,
«. 84 -
G. — Sondage à Douai, près du cliemin de V Enfanta èsus.
Altitude : 28» 10 Terre végétale.
27.70
Argile.
26.60
Argile sableuse.
25.60
Sable.
19.60
Glaise.
13.60
Sable gris.
12.60
Grosse marne.
11.10
Fin.
H. — Sondage à Douais au siphon du Jilet de l* Enfant- Jésus
Altitude: 25-85
Terre végétale.
25.55
Argile .
24.35
Sable.
20.85
Glaise.
16.05
Grosse marne.
14.85
Fin.
I. — Sondage à Douai, près de la route nationale A'° 45,
de Bouchain à Calais.
Altitude : 30"00
Terres rapportées.
25.00
Sable.
23.30
Glaise.
16.30
Sable bleu.
14.80
Marne compacte.
13.30
Fin.
J. — Sondage à Douai, près du chcniiri d'intérêt commun /i° W9,
Attitude : 28»00 Terres rapportées.
25.00 Sable.
23.50 Glaise.
15.30 Sable bleu.
14.00 Marne compacte.
12.50 Fin.
K. — Sondage à Doua i\ près du Chemin-Vert
Altitude : 28"'00 Terre végétale.
27 75 Terre à briques.
2(5.00 Argile sableuse.
24.00 Glaise.
15.00 Sable bleu.
13.20 Grosse marne.
4.70 Fin.
— 8o -
L. — Sondage à Douai, près de l'Ecluse double
Altitude: 24-20
Scories.
23.90
Argile (limon).
22.70
Sable gris.
15.70
Couctie calcaire siliceuse.
13.70
Sable bleu.
12.20
Marnette.
9.70
Grosse marne.
8.70 Fin de sondage.
M. - Sondage à Fiers y près du siphon de l'Escrebicux.
Altitude: 22-70
Terre végétale.
21.90
Sable gris.
19.90
Couche calcaire siliceuse.
18.40
Glaise.
13.70
Sable bleu.
11.30
Grosse marne.
9.80
Fin.
. — Sondage a Fiers
, p7'ès du chemin d'intérêt commun N* 109,
Altitude: 21-30
Terre végétale.
21.00
Tourbe.
20.50
Sable.
18.80
Glaise.
12.30
Sable gris.
10.30
Grosse marne.
9.30
Fin du sondage.
O. — Sondage à
Fiers, au siphon du courant Brunel,
Altitude : 20-00
Pierres des fossés.
16.50
Sable gris mélangé de calcaire.
14.50
Glaise.
il.OO
bable gris dur.
8.80
Marne compacte.
7.50
Fin.
P. — Sondage à Fiers y près de la passerelle de halage.
Altitude : 23-00
Terre végétale.
22.70
Argile (limon).
22.20
Argile sableuse ?
Tufieau, d'après M. Ladrière.
20.50
Glaise.
18.00
Sable noirâtre.
15.50
Marnette.
14.00
Marne compacte.
12.50
Fin.
- se —
Avec ces données, on peut construire la coupe géol<
logique du nouveau canal (fig. 1, pi. IV).
Ce qui frappe au premier abord, c'est la compositia
lithologique du Landenien inférieur. Généralement, nou
disons que le Landenien inférieur présente deux assise
superposées : à la base, Targile de LouviJ ; au-dessus, 1
tufieau et le sable gris ou vert qui l'accompagne.
L'argile de Louvil, anciennement exploitée à Louvil, n
se voit plus nulle part. On ne la connaît guère que par de
sondages.
Lorsque l'on a établi la captation des eaux d'Anchin, o
a vu que l'argile se trouve intercalée dans le sable. Il e
est de même à Douai. L'argile y a une épaisseur de 9 m
et elle constitue une lentille dans le sable.
Celui-ci contient quelques fossiles, entre autres Cyprin
Morrisii, Comme nous l'a fait connaître récemmei
M. Leriche, ils appartiennent au Landenien le plu
inférieur.
Les couches tertiaires traversées par le nouveau canî
sont situées dans une dépression de la craie qui correspon
à la fois à la vallée actuelle de la Deûle et à un ancie
creux du sol primaire, sur lequel j'ai déjà appelé l'attei
tion de la Société.
Sur la plaine de Sin-le-Noble, à la fosse Gayant, p£
exemple, à l'est de la vallée, la surface de la craie, soi
le tertiaire, est à l'altitude 26 ; sur la plaine de l'ouest, o
il n'y a pas de tertiaire, la surface de la craie atteii
l'altitude 30.
Dans la vallée, la surface de la craie, sous le tertiain
est, en moyenne, 10 mètres plus bas. Cette espèce d
goulot descend assez régulièrement du Sud au Nord
depuis Courchelettes, où il est au niveau de la plaine
jusqu'à Pont-de-la-Deûle, où il est à l'altitude 10, et mêm
exceptionnellement à la fosse N"" 4, à l'altitude 6.
- 87 —
La peale se continue; car, au-delà de Pont-de-la-Deûle,
on entre dans le bas-fond de la craie connue sous le nom
de Bassin d'Orchies.
M. Ladrière, qui a visité les travaux du canal, a remar-
qué que la surface de la craie est très inégale ; elle est
percée de poches nombreuses dans lesquelles descendent
les couches tertiaires. Mais ces inégalités, qui peuvent
expliquer quelques résultats de forage, n'ont aucune
influence sur Tensemble de Tinclinaison.
La première pensée de celui qui cherche à expliquer
cette disposition est de croire à un affaissement du sol
postérieur au dépôt du tertiaire.
J'ai déjà dit que le creux primitif de TEscarpelle, celui
qui existe sur la surface primaire, et qui a à peu près
100 mètres de profondeur, n'est pas un accident d'effon-
drement. Il est le résultat d'un profond ravinement de la
surface du sol primaire. Le trou s'est comblé progressi-
vement pendant toute la série des dépôts crétaciciues,
mais il n'est pas étonnant qu'il existât encore lorsque les
couches tertiaires ont commencé à se déposer.
Il est môme probable, que cette concavité des strates
tertiaires a déterminé le passage de la vallée de la Scarpe.
Il est bien entendu qu'il s'agit ici non de la Scarpe d'Arras,
mais de celle de Douai, qui prenait sa source au nord
d'Arleux.
Le fait que je viens de signaler n'est pas le seul exemple
d'une dépression de la surface crayeuse ayant donné
naissance à une vallée actuelle.
Entre Vendin-le-Vieil et Don, la Deûle coule sur le bord
d'un ancien vallon crayeux qui est rempli de couches
tertiaires. Les plateaux à l'est et à l'ouest sont formés de
craie dont la surface dépasse l'altitude de 30 mètres,
taudis que dans l'intérieur de la vallée, cette surface est
à l'altitude 15.
— 88 -
L'érosion de la craie ne date pas de l'époque qua
naire ; le creux existait déjà avant l'époque tertia
puisqu'il est rempli par des sédiments de cet âge.
La fosse de Lens N^ 10, creusée à Vendin, à traversa
couches suivantes :
Profondeur Epaisseur
Terre végétale. ....... 0"50
0"50 Argile avec m ariette 0.80
1.30 Argile sableuse 1.10
2.40 Argile avec terre rouge . . . . 0.90
3.30 Argile glaise 0.40
3.70 Argile avec marlette 0.80
4.50 Sable à gros grains 1.30
5.80 Sable dléfeux 0.95
6.75 Sable dléfeux vert 1.85
8.60 Sable dléfeux 0.90
9.50 Sable dléfeux vert 0.50
10.00 Craie argileuse 1.00
11.00 Craie en décombles 2.10
13.10 Craie blanche tendre
Les diverses argiles, jusqu'à la profondeur de 4>
peuvent se rapporter aux terrains modernes, mais je c
que les sables argileux (diéfeux), qui sont en-dessous, i
tertiaires. Ils reposent sur de la craie fendillée (crai
décombles) qui a été pénétrée d'argile dans sa pî
supérieure.
Un sondage fait à Wingles, à TE. du village, a renco
8 mètres de sable entre le limon et la craie.
Un autre sondage entre Billy-Berclau et Beauvi
traversé 6™50 de sable. On est là sur le bassin lertiair
la Flandre.
Ainsi, à Vendin comme à Douai, le terrain terti
remplit un léger vallon à la surface de la craie. Si, à De
la dépression de la surface crayeuse présente cette p
cularité d'être superposée à une ancienne vallée di
primaire, à Vendin, elle est superposée, au contraire,
bombement ou légère colline de ce même sol primair
- 89 --
En réalité, les deux vallons crayeux sont dus à un ravi-
nement anlétertiaire.
On peut admettre que c'est la courbure des couches
tertiaires, qui a déterminé remplacement des vallées
actuelles de la Scarpe et de la Deûle.
Séance du 4 Mai 1904
M. Hermary fait la communication suivante :
La Houille en Picardie
Du raccordement des Bassins Houillers
de l'Angleterre avec ceux de la Westphalie
par J. Hermary
PI. V.
I. — Phénomènes hercyniens
Dans un travail antérieur, j*ai traité la question plus
restreinte des bassins anglais et des bassins français.
J*ai dû, pour cela, dire quelques mots des formations
hercyniennes qui jouent le rôle le plus important dans la
question des gisements de houille.
Je dois, pour la question plus étendue que je traite
aujourd'hui, étendre un peu ces explications sommaires.
Je rappelle d'abord ce que Ton appelle les Crêtes
hercyniennes.
Après la fin de la période dévonienne, pendant les
premiers âges de la période carbonifère, il s'est produit
dans toutes les régions du globe une série de soulèvements
nécessairement dévoniens, qui ont pris le nom de crêtes
hercyniennes, du nom de Télage dévonien qui y a été le
premier observé.
Il est évident que vu Tépoque de ces cataclysmes, tout
explorateur qui veut trouver des bassins houillers doit
avec le plus grand soin suivre ces crêtes.
- 90 -
Il se forma en effet, comme résultat de ces soulèvement
à côté et le long de ces crêtes, des vallées, des synclinaux
Durant la période houillère qui commençait, la forma
tion d'un bassin houiller réclamait deux conditions :
1*" Un synclinal assez profond pour recevoir les dépôts
2" Le voisinage de contrées assez fertiles pour produir
la quantité suffisante de plantes pour alimenter utilemen
les chenaux qui allaient à ce syndical.
Une de ces crêtes affecte à la fois, TAllamagne, 1
France et TAngleterre ; c'est même de sa section e
Allemagne qu'elle a tiré le nom de toute la formation.
Voici la direction de cette crête :
Nous la prenons au Hartz et la suivons par les massii
Rhénans, TArdenne, l'Artois et le Condros, les Mendip
Hills en Angleterre, le sud des Galles et enfin l'Irland
d'où elle passe en Amérique.
Elle longe les bassins de Westphalie, de la Belgique, d
Nord et du Pas-de-Calais, traverse le Boulonnais au su
de Boulogne et longe les bassins de Bristol et de Cardif
Quelle est la nature exacte des phénomènes qui oi
donné naissance à ce premier pli hercynien ? (nous r
nous occupons ici, bien entendu que de celui qui lon^
nos bassins, car ces plis se sont formés en bien des poin
du globe).
Y a-t-il eu cataclysme et rupture de la croûte terrestre
ou bien s'est-il formé simplement un ridement, par sui
de la condensation et du refroidissement de l'intérieur c
la planète, comme le dit M. Villain dans un travail sur J
Lorraine dont nous parlons plus loin ?
La question importe peu ici comme on va le voir ; et
n'est pas possible aujourd'hui de l'élucider, cardes phénc
mènes postérieurs ont troublé profondément les assise
primitives de celte crête.
Les phénomènes hercyniens doivent se diviser nécessai
- 91 —
rement en deux périodes : J'appellerai la première :
période anté-houillère ; la seconde : la période post-
houillère.
Première période. — Dans la première il s'est formé une
crête dont j'ai donné plus haut la direction,
Dans les vallées qui longeaient cette crête, se sont
déposées des formations houillères, ceci n'est pas douteux,
vous pouvez aujourd'hui encore vérifier la superposition
des terrains.
Deuxième période, — Après la formation houillère, est
venue une série de phénomènes qui ont affecté cette crête
sur presque toute sa longueur, et cette fois la croûte
terrestre a bien été rompue, car vous voyez le Dévonien et
même le Silurien faire irruption, et venir recouvrir le
terrain houiller, le briser et le transporter même sous
leurs assises, avec le calcaire carbonifère retourné comme
lui, de plusieurs kilomètres vers le Nord.
Ce sont ces accidents qui ont donné naissance au
Condros, et ils se sont alignés exactement sur le premier
soulèvement hercynien, ce qui semblerait démontrer que
dès le début, la croûte terrestre, au moins entamée, avait
perdu de sa solidité.
Ceci constitue donc la deuxième période et son époque
post-houillère n'est pas douteuse, puisque vous pouvez
juger des superpositions contre nature ci-dessus rappelées.
Ici la force qui agissait paraît être venue du Midi
puisque le chevauchement va vers le Nord.
Il était nécessaire de donner ces explications prélimi-
naires, car elles nous serviront peut-être à fixer plus tard
des points délicats.
Plis secondaires, — Mais les premiers soulèvements de
^a période anté-houillère ont produit un autre phénomène
plus vaste ; cette croûte solidifiée était placée sur la partie
— 92 —
encore fluide de Tintérieur du globe sur laquelle elle
devait se mouler.
Cette partie fluide sous rinfluence de l'action énergique
qu*a produit le soulèvement a dû obéir à la loi des réactions
que vous observez sur la surface d'une eau tranquille,
dont le repos est troublé par la chute d'un corps solide ;
des ondulations successives se sont produites dans l'ampli
tude devait aller en croissant. La croûte qui tendait à se
plisser sur le retrait produit par le refroidissement inté-
rieur a dû suivre ces ondulations et former des vallées
successives, qui durant la période houillère ont dû, si les
circonstances les ont favorisées, recueillir les formations
houillères.
Une première confirmation de cette théorie, émise déjà,
a été la découverte du bassin du Limbourg Belge et de la
Campine, entre Sittard et Anvers.
Si maintenant vous voulez bien jeter les yeux sur la
carte d'Angleterre ci-jointe, vous verrez au Nord de la
crête hercynienne, plusieurs bassins s'aligner, qui par
leurs situations, semblent avoir obéi dans leurs forma-
tions, aux ondulations dont je viens de parler.
II. — Les Bassins anglais du Nord
Avant Pays hercynien. — Pays sud hercynien
Bassins de l^o ligne, 2« ligne, 3® ligne, etc.
Les Ingénieurs qui s'occupent de mines de houilles, et
surtout de recherches de mines de houilles, ont pu lire
avec grand intérêt, un beau travail qu'a publié M. Stainier,
Ingénieur, membre de la commission de la carte géolo-
gique de Belgique sur cette même question.
M. Stainier, dans son travail, s'est occupé uniquement
de la partie située au Nord de la crête hercynienne. 11 a
énuméré sur la carte d'Angleterre les bassins successifs
- 03 -
qui vont du Midi au Nord remplissant à l'origine les plis
hercyniens successifs, ce sont :
1® Les bassins de Cardiff et de Bristol correspondant
aux vieux bassins Franco-Belges ;
2° Le bassin du Stafîorshire correspondant proba-
blement à celui du Limbourg-Belge ;
3° Le bassin du Curaberland au-delà d'un anticlinal qu'il
appelle Cumberland Thuringerwald, correspondant à un
bassin possible encore inconnu au Nord de la Belgique.
Nous ne le suivrons pas dans ce savant travail qui sort
de notre cadre.
M. Stainier s'est occupé exclusivement des bassins
situés au Nord de la crête hercynienne qu'il appelle l'avant
pays hercynien. Je m'occuperai, moi, exclusivement
de la partie située au sud de la crête principale que nous
pouvons appeler le pays sud hercynien.
Pour la commodité de notre raisonnement, nous
appellerons :
lo Bassin de première ligne, — Ceux qui touchent la crête
principale : Cardiff, Bristol, Bassins Franco-Belges, etc.
2° Bassin de deuxième ligne, — Ceux qui correspondent
au Limbourg-Belge.
30 Bassin de troisième ligne. — - Ceux qui peuvent se
trouver au-delà de l'anticlinal de Gumberland-Thuringer-
wald.
Et je porterai au Sud la dénomination correspondante,
en recherchant s'il est possible les anticlinaux.
m. — Bassins du pays Sud Hercynien
Bassins de deuxième ligne. — Le Bassin de Sarrebruck
La première question que nous devons nous poser est
la suivante :
— 94 -
Doit-oa trouver daos le pays sud hercynien des bassins
correspondant à ceux que Ton trouve au nord de la crête?
L'affirmative semble logique, mais ici la logique ne
suffit pas. Pour nous convaincre, il faut regarder la carte
géologique d'Angleterre et celle de Westphalie, que nous
avons pu joindre ensemble, grâce à la carte géologique
internationale.
Ce qui a fait, en effet, la grande richesse houillère de
TAngleterre et aussi celle de l'Allemagne, c'est que dans
ces deux pays, de notables parties de leurs territoires ont
été soulevées par des cataclismes postérieurs à la forma-
tion houillère et ont amené à fleur du sol des richesses
qui, en France sont restées enfoncées sous d'épaisses
couches de morts terrains.
L'Angleterre et la Westphalie sont donc deux livres
grands ouverts qui peuvent nous éclairer et j'estime que
c'est rendre service à notre pays que d'essayer, grâce à
eux de percer le mystère de nos plaines tertiaires et
secondaires.
Du côté de l'Angleterre, nous voyons d'abord, en
Irlande touchant la crête au sud, de nombreux vestiges
de calcaire carbonifère, restes évidents d'un grand bassin
détruit.
Bassins de P^ et de 5« ligne. — Puis en Angleterre,
au-delà, pour nous de la ville d'Exeler, le bassin de
Barnstaple qui s'étend vers Ghistlehampton sur une
immense plaque de calcaire carbonifère.
Il reste sur ce bassin des bancs de grés houillers, et il
y a peu d'années on exploitait encore dans ces localités
de Tanthracile, extrait de plusieurs veines dont l'une
avait plus de 4 m. de puissance.
Regardons maintenant la carte de Westphalie, nous
voyons au sud du grand bassin de Dusseldorf, et pa
conséquent de la crête, une longue suite de gisements d
- 93 -
terrains houillers et de calcaires carbonifères allant au.
sud jusqu'au-delà de Giessen.
Puis plus au sud, le Bassin de Sarrebruck ; mais celui-ci
appartient il à notre système hercynien? ou bien a-t-il
obéi à un autre arc, allant vers le plateau central ? nous
l'ignorons, mais le second cas est probable, nous revien-
drons sur ce sujet.
Mais en faisant momentanément abstraction de ce
bassin, nous pouvons répondre : oui, il y a au midi de la
crête hercynienne des bassins qui semblent alignés comme
ceux du nord, parallèlement à la grande chaîne hercy-
nienne. Mais en Westphalie comme en Angleterre (sauf
Sarrebruck) il n'y a que des restes. Avec ou après le
soulèvement qui a produit le Condros, en est venu un
autre immense qui a tout détruit, avec le bassin de Dinant
dont on voit les dernières traces. Nous ne pouvous plus
de ce côté chercher des failles dans les terrains plus
jeunes dont les assises puissent accuser les formes des
terrains anciens qui sont à ciel ouvert nus et érosés.
Ses jalons anglais et westphaliens ne laissent guère de
doute sur le passage en France d'un bassin au moins, au
midi de la crête.
C'est ce que je vais examiner.
IV. — La Coupe du Dévonien
La Carte des Sondages. — Le Bassin de Dînant
Conclusion. •— Bassin de Picardie
Une ligne tirée d'Exeter à la baie de Somme est sensi-
blement parallèle à la crête hercynienne.
Nous avons donc une très grande probabilité de voir
venir en France et en Picardie, le Bassin venant d'Exeter.
Mais devant la complète incertitude de sa position
exacte, il faut tâcher de recueillir toutes les notions
possibles sur la surface des terrains anciens.
~ 96 -
Je ne crois pas qu'il faille s'arrêter aux tracés c
M. Dollfus sur les crêtes de la carte géologique. D'abon
le théorème de Godwin-Austen qu'il faudrait invoque
n'est pas toujours confirmé par les faits.
Depuis l'exécution du sondage de Paris-Plage, il n'e
plus possible d'admettre les crêtes dévoniennes dechaqi
côté de la Cancbe, et il a été possible de tracer exactemei
la pente du Dévonien, depuis Samer jusque Merlimon
et peut-être d'en déduire des conséquences pour la part
plus au sud.
Coupe du Rivage dévonien de Samer a Saint- Valéry
et au-dela
Ëch. des longueurs, 0,005 par kilom. — Éch. des hauteurs, 0,005 par hectoïc
-t'ii
t/
l i
Voici l'altitude du Dévonien à cbacun de ces 3 sondages
Samer 134
Paris-Plage 229
Merllmont. 234
au-dessous du
niveau
de la mer
SI nous portons sur u
épure ces chiffres, no
avons la figure ci-dessus
Et si nous poursuivons la pente jusqu'à Saint-Valér
le Dévonien sera en ce point à environ 400 ni. sous
niveau de la mer.
Y a-t-il entre Merlimont et Saint- Valéry ; y a-t-il au de
de Saint-Valéry un pli, un accident qui ait pu recueiO
les dépôts carbonifères? C'est ce que nul ne peut dir
Ou bien cette pente, cette voûte, va-t-elle se continuai,
jusqu'à la rencontre de la pente inverse qui nécessaiK
ment existe ? Alors ce serait cette rencontre qui cous
tuerait le tbalweg de la large vallée contenant la formati^
carbonifère.
Cest ce pli ou ce thalweg qui devient le bassin de premiè
ligne du Sud-Hercynien.
"«aie» de la Société Géologique du Nord, t. xxxm 7
- 98 -
Ôr cette voûte se poursuit vers TEst, elle est accusée
par un grand nombre de sondages effectués dans le Nord
et le Pas-de-Calais, leur énumération est inutile : ils sont
trop connus, entre Montreuil et Hirson.
A Hirson, arrêtons-nous un instant :
Sur la ligne qui va d'Aulnoye à Hirson vient aboutir le
Bassin de Dinant très large dans lequel se trouvent quel-
ques faibles exploitations houillères. A Touest d'Aulnoye
il s*est fait plusieurs sondages, les uns dévoniens, quel-
ques autres carbonifères.
Voici un petit tableau de ces sondages, et je pense que
leur inscription sur un bout de carte va nous éclairer.
Sondages opérés dans la région Cambrai
Hirson , Saint - Quentin
Sondages Dévoniens
LOCALITÉS
profondeur
TERR. DE fonds
Banteux
Cambrai, allée St-Roch
Ors près Le Cateau . .
Guise
La Capelle
109"
121.50
71
281)
91
Sch. Dévoniens
Dévoniens
»
))
))
Sondages G. Carbonifère
LOCALITES
Cièvecœur p Cambrai.
Estreux ( \lsne) ....
Solesmes (Suc. Mallel).
profondeur
123»'68
100
57.20
TERR. DE FONES
Cale. Carb.
»
Parmi ces sondages celui d'Estreux est fort intéressant,
j'ai pu en avoir la coupe grâce à son auteur, M. Tingénieur
Brégi, la voici :
- 99 -
Profd.
Argile 4
4 Argile sablonneuse 6
10 Gravier 2
12 Marne bleue 13
25 Marne avec argile ferrugineuse 15
40 Marne bleue 34
74 Sable vert 6
80 Grès vert 8
88 Grès noir 12
lOO Pierre bleue de Tournai suivie jusque 300".
Si ron considère la carte qui porte ces sondages, on voit
que le bassin de Dinant semble s'incliner vers le Sud-
Ouest et se diriger vers Péronne et Amiens. Il est du reste
impossible qu'il continue à suivre la crête principale au
midi du bassin du Nord par suite de la grande voûte
dévonienne sûrement constatée.
Conclusion
De tout ce qui précède, des indices sérieux que j'ai
exposés, je crois pouvoir, comme déduction, formuler
ainsi la direction probable d'un bassin au midi de la crête
hercynienne.
Le bassin carbonifère jalonné en Angleterre à Barnstaple,
en face d'Exeter, passe en France, il y entre par un point
complètement indéterminé encore de la côte Picarde et le
bassin de Dinant, sHnfléchissant vers le Sud- Ouest, doit se
raccorder à lui par Péronne et Amiens,
Il est évident dès lors qu'un problème d'une portée consi-
dérable se pose devant notre génération de bouilleurs :
explorer ce bassin.
L'entreprise, aléatoire comme toutes ses semblables,
sera plus ou moins coûteuse suivant le succès ou l'insuccès
de ]à première tentative, mais si Ton considère la gran-
deur du résultat à atteindre, il semble que l'effort à tenter
se justifie.
V. — Emplacement d'un premier sondage
Profondeurs probables
Ce bassin carbonifère peut être, au point de vue d'une
recherche, divisé en deux parties :
La première aux environs de Péronne, sur la ligne
Péronne-Amiens, semble la plus indiquée.
La seconde, d'Amiens au rivage, est moins bien déter-
minée, à moins cependant que ne surgisse un indice
révélateur, ce qui peut se produire. En tous cas, jusqu'à,
ce jour, l'endroit le plus indiqué est Péronne. Je crois
devoir faire encore une observation : d'après la forme d&
la voûte dévonienne indiquée plus haut par l'épure, il peut
et doit se faire que ce bassin soit très large, immense
même. Nous ne pouvons rien préciser sur sa richesse,
mais une observation se présente à l'esprit : dans le bassin
de Barnstaple il y a encore parmi plusieurs autres, les
restes d'une veine d'anthracite de plus de 4 mètres
d'épaisseur. Il est permis de conclure de la présence de
cet anthracite qu'au-dessus devaient se trouver des gras
et des Flenus en veines, peut-être puissantes, et en France
l'épaisse couche de terrains secondaires, aura préservé
ces richesses de la destruction.
Profondeur probable d'un sondage (à la baie de Somme)
Une dernière question se pose, quelle serait la profon-
deur probable d'un sondage dans la baie de Somme pour
atteindre les terrains anciens ?
Nous avons pour cette appréciation des documents
précieux. D'abord quelques sondages qui pourront donner
quelques indications :
Le Puits de Meulers 1813, resté à 300 mètres dans les
couches moyennes du jurassique.
Le sondage de Lépine arrêté en jurassique.
- 101 —
Le sondage de Merlimont — celui de la Baie-de-Cauche,
Paris-Plage.
Puis M. Fuchs, Ingénieur au corps des mines a publié
dans les rapports à la Chambre de Commerce de Dieppe
une appréciation sur l'épaisseur des terrains secondaires
du pays de Bray.
Les terrains à traverser sont :
Les sables du rivage ...... 35 mètres
Le crétacé supérieur 170 »
Le crétacé inférieur 30 »
Jurassique 300 »
Le trias .... 30 »
Total. . . 565 mètres
Justification, — M. Fuchs a estimé qu'un sondage pra-
tiqué entre Concourt et Bazoncourt, près Neufchâtel,
trouverait : 1® Trias 150 mètres, ce terrain qui vient de
l'est va en diminuant vers Touest ; à Merlimont il n'a que
1H5, à la Canche il manque, en Tévaluant à 30 mètres ce
doit être un maximum. 2^ Le Jurassique 400 mètres. Ce
terrain va en diminuant du fond du bassin de Paris vers
le Nord, il s'arrête vers Lépine, il manque à Merlimont, je
crois que 300 mètres est un maximum.
Du crétacé inférieur, on ne doit avoir que TAlbien et
peut-être le Wealdien, à Merlimont, il y a 4°»35 d'Albien,
30 mètres doit être un maximum.
A Paris- Plage, le crétacé supérieur a 170 mètres.
Les sables du rivage, 35 mètres.
Il est douteux que Ton trouve le néocomien.
Par prudence, il faut prévoir 600 à 650 mètres.
A Péronne, les documents sont plus rares, ils manquent
même. Mais n'oublions pas que cette épaisseur dépend
uniquement de la profondeur des terrains anciens. Il peut
avoir des surprises. Je donnerai cependant une coupe
probable à Péronne en temps utile.
- 102 -
M. Gosselet présente à la suite de la communication
de M. Hermary, les observations suivantes :
Je n'accepte pas, surtout dans les termes ou elles sont
exprimées, les considérations théoriques sur lesquelles
M. Hermary a fondé son raisonnement. Mais en me basant
simplement au point de vue des faits j'approuve ses
tentatives pour chercher de la houille en Picardie.
Si Ton n'a pas la preuve absolue que le bassin de Dinant
s'étend sous la Picardie, néanmoins je crois que tous les
géologues en sont convaincus. La question se réduit donc
à ceci, le bassin de Dinant qui ne contient pas de houille
exploitable, ni en Belgique, ni en Angleterre, peut-il
en renfermer sous la Picardie. Théoriquement on ne peut
le nier. Les petits bassins houillers des environs de
Dinant, d'Âulnoye de Tàisnières, suffisent à montrer que
de la houille a pu se déposer dans le Bassin de Dinant.
Mais j'ai longtemps cru que les bassins houillers de
Picardie s'ils existaient, devaient ressembler à ceux de
l'Entre-Sambre-et-Meuse, être étroits et peu productifs.
Depuis quelques années, je suis revenu de ce jugement
sévère. J'ai réfléchi que le bassin de Dinant devait être
assez large sous la Picardie (*) qu'il se pouvait, par
conséquent, que, les plis synclinaux y soient moins serrés
que dans le Condros et dans l'Avesnois et que quelques-
uns de ces plis contiennent de la houille exploitable.
Du moment que la possibilité de trouver de là houille
exploiiâble en Picardie n'est pas repoussée ; on a le droit,
je dirai presque le devoir de l'y chercher.
M. Péroche envoie la communication suivante :
Je crois que la taille du Pays de Bray peut correspondre à peu près à la limite
du Cambrien et du Dévonien, telle qu'elle est connu de Fepin à Hirson.
- 103 -
Le mouvement de nos températures
et la prècession des èquinoxes
par M. Péroohe
On dit et on répète que nos températures se refroi-
dissent. 11 est certain qu'elles ne se réchauffent pas et on
peut s'en convaincre sans regarder fort en arrière. Les
vieillards se souviennent de leur jeunesse qui avait de
vrais printemps et de vrais étés. Ou se vêtissait alors
d'étoffes fraîches et légères et le pardessus de demi-saison
n'était pas nécessaire même au milieu de la canicule. On
peut encore le demander à certaines essences végétales et
en particulier à l'abricotier. Il disparaît peu à peu des
jardins, dans notre Nord, et la vigne elle-même n'y donne
plus que des grappes sans saveur quand elles ne sont pas
tout à fait acides.
A plusieurs reprises déjà nous nous sommes attaché à
cette question et nous croyons y avoir jeté quelques
lumières. Revenons-y ici, aussi brièvement que possible
et nous nous appuierons cette fois sur des chiffres dont la
signification, croyons nous, ne saurait être douteuse.
L'origine du mouvement est et ne peut être que dans
le balancement de la précession des èquinoxes. On
connaît ce mouvement astronomique. Sous l'action attrac-
tive du soleil et en raison à la fois de sa forme et de
son inclinaison sur le plan de l'écliptique, le globe se
balance sur lui-même et vient occuper sur son orbite des
positions qui sont successivement différentes. Or, l'orbite
est écliptique; le globe s'éloigne donc plus ou moins du
foyer qui le réchauffe. C'est de là et de là seulement que
viennent les alternatives.
Les périodes précessionnelles ne sont pas d'un jour, la
durée en est de 26.000 ans si on les considère isolément
— 104 —
mais elle se réduit à 21.000 si Ton tient compte de la
marche inverse de la ligne des absides et c'est ce qu'il
faut faire ici. En 21.000 ans on passe donc par une phase
de froid et aussi par une phase de chaleur. C'est-à-dire
que tous les 10.500 ans on a alternativement l'une et
l'autre et c'est la position que le globe occupe sur son
orbite qui la détermine.
Avec l'excenlricité actuelle la différence, pour le
nombre de jours, entre les deux côtés de l'orbite, est
d'un peu plus de 8 et les deux hémisphères les ont en
plus ou en moins selon le côté que la terre occupe. Et si
c'est, comme aujourd'hui, l'été entier ou à peu près, ou
l'hiver, ce sont ces deux saisons, comptées d'un équinoxe
à l'autre, sur lesquelles porte la différence.
L'hémisphère du Nord, qui a ses étés à l'aphélie a donc
les plus longs alors que ses hivers sont les plus courts el
c'est l'hémisphère du Sud qui a ses étés les plus courts
alors que ses hivers sont les plus longs. Le désavantage
est évidemment de son côté. Mais, par suite du balance
ment, les positions se modifient et par cette raison que
nous entrons dans le côté qui nous est opposé nous
sommes forcément atteints par les influences qui lui sont
propres. Tout est là.
On peut se rendre compte de ce que sont les oscillations
et ce qu'elles peuvent devenir.
Arago a nié l'action thermique de la précession des
équinoxes ; mais il n'a envisagé la question qu'au point
de vue de l'intensité solaire. N'y a-t-il pas aussi la nuit e
c'est ce qu'il n'a pas fait entrer en ligne de compte.
Sans aucun doute l'action solaire se contrebalance
entre les hémisphères puisque ce que l'on a en plus ou er
moins comme intensité on l'a en plus ou en moins comm(
durée; mais les nuits n'ont rien de semblables en elles
mêmes et leurs effets ne s'équilibrent pas. Ne considéroni
— 105 -
ici que les pôles pour plus de simplicité. Le pôle austral
a huit fois 24 heures de nuit de plus que le nôtre. Il suffit
de voir ce que ces nuits doivent lui valoir comme excé-
dent de froid, La moyenne thermométrique du milieu de
l'hiver peut y être évaluée à au moins 50 degrés multi-
pliés par 8, ces 50 degrés en donnent un total de 400. Le
pôle sud a donc 400 degrés de froid de plus que le nôtre
et si Ton répartit ce chiffre sur Tensemble de l'hiver on
trouve qu'il en dépasse la moyenne quotidienne de près
de 2^2. Ce n'est pas tout. Le froid engendre le froid. Les
glaces qui constituent la calotte polaire gagnent en
étendue et elles ajoutent leur influence à celle de la nuit.
La limite moyenne des glaces permanentes autour de
notre pôle est au 76^ degré de latitude. Elles descendent
dans l'hémisphère du sud, jusqu'au 65®. Sous ces paral-
lèles se retrouvent donc les mêmes températures et la
différence entre les deux n'est guère inférieure à 16 degrés.
Mais si l'écart s'atténue à mesure qu'on se rapproche de
l'équateur, il n'en subsiste pas moins à toutes les
hauteurs en latitude et sous notre 50® parallèle il n'en est
pas moins encore de près de 5 degrés. En définitif ce
terme est celui qui est créé pour nous par le balancement
précessionnel et c'est vers celui-là que nous retournons.
Si Ton trouve dans le présent des marques du refroi-
dissement qui nous gagne, trouve-t-on des témoignages
de ce qu'a été antérieurement notre climatologie ? Ils
abondent, sans remonter au-delà de la période actuelle.
Rappelons que c'est il y a 11.000 ans que notre hémis-
phère, avec ses hivers à l'aphélie, a passé par son
dernier maximum de froid et que c'est vers 1250 de notre
ère, avec ces mêmes hivers au périhélie, qu'il a passé par
son maximum de chaleur. Nos températures ont donc dû
s'accroître jusqu'à cette dernière époque et depuis elles
"ont pu que perdre.
— 106 —
Les traces des températures d'il y a 11.000 ans ne
manquent certainement pas; mais il serait souvent assez
difficile de les distinguer avec leur âge précis. Les habita-
tions lacustres pourraient en offrir. On les retrouve
surtout à la partie supérieure des dépôts post-glaciaires
du Danemarck. On peut mieux juger de ce qu'elles ont
été plus tard.
Il y a 5.000 ans, au temps delà primitive Egypte, elle
florissait au delà des Pyramides. Elle n*était évidemment
pas envahie par les couches de sable qui la recouvrent
aujourd'hui, et les végétations ne devaient pas lui man-
quer. Elle aurait eu alors des moyennes de températures
certainement inférieures de 2 à 3 degrés au moins à celles
de nos jours. Ses végétations ne s'expliqueraient-elles
pas par ce seul fait. La Judée, du temps des patriarches,
avait de grands troupeaux qui constituaient leur richesse.
Il leur fallait des pâturages. Où les y trouveraient-ils de
nos jours ? A cette époque, la Judée elle-même, avec des
moyennes thermiques abaissées de plus de 2 degrés,
c'est à-dire, presque autant que celles de l'Egypte n'avait
donc rien des sécheresses présentes. Il y a autant à en dire
de la Grèce du vivant d'Homère. Là aussi, les grands
troupeaux, richesse de ses rois, avaient évidemment
besoin d'herbages qu'elle même n'a plus. Plus près de
nous nous avons l'Algérie et la Tunisie, ces greniers de
Rome à l'époque de sa grandeur. Ne leur a-t-il pas fallu,
à elles aussi, un climat autre que celui qu'elles possèdent
actuellement; sans doute on y avait recours à d'abon-
dantes irrigations; mais, pour cela, il fallait de l'eau et
aujourd'hui l'eau y est devenue très rare.
Mais nous voici arrivés au début de l'ère actuelle.
Comme indice du mouvement de nos températures depuis
2.000 ans on a noté les grands hivers, et nous-même, après
Arago, nous en avons donné une nomenclature. Mais les
— 107 —
grands hivers ne sont que des exceptions, de même que
les élés particulièrement chauds, et, par eux-mêmes, ils
ne sauraient prouver beaucoup. Un témoignage en ressort
cependant, c'est que les grands froids, plus fréquents
d'abord se sont moins répétés dans le cours du moyen âge
et que depuis ils se sont plus fréquemment réitérés. C'est
la vigae qui nous offre à cet égard les témoignages les
plus sûrs.
Au commencement de notre ère la vigne ne s'était
encore montrée chez nous que dans Textrême midi en
Provence. On la connaissait longtemps avant, et l'histoire
de Noé le prouve ; mais elle était restée éloignée de nous,
certainement parce que notre climat n*en permettait pas
la culture (*). A ce moment le réchauffement avait pro-
gressé et continuait à le faire. Aussi la vigne ne tarde pas
à se répandre et bientôt elle apparaît plus haut vers le
Nord où on pourrait la suivre d'étape en étape et en
quelque sorte de siècle en siècle. Avec le moyen âge,
coïncide sa principale extension. Mais c'est au xni® siècle
qu'elle s'était le plus répandue. On la retrouve alors sur
toute l'étendue de notre pays ; même jusqu'en Belgique
et jusqu'en Hollande, et l'Angleterre n'a pas été la moins
favorisée. Nous en étions justement à nos plus fortes
moyennes précessionnelles et l'on voit que ce double état
était bien concordant. Mais ce qui montre aussi cette
concordance, c'est le refroidissement qui en fut la suite.
Après ce maximum de chaleur, la vigne recule et en
moins de 600 ans elle est rentrée dans ses limites
actuelles. Les températures qui l'avaient favorisée s'afïai-
blissant peu à peu, elle ne pouvait qu'en éprouver le
contre-coup.
0) U vigne a laissé des empreintes qui remontent jusqu'au milieu des
temps tertiaires . A quelles migrations n'a-t-elle pas été soumise depuis cette
époque?
— 108 —
On s'étonnera peut-être que l'Egypte, la Judée et les
autres contrées dont nous avons parlé aient pu, avec les
faibles abaissements de température qui leur ont été
attribués, avoir des végétations si différentes de ce
qu'elles sont devenues. Il ne faut pas oublier que ces
régions avaient joui précédemment de conditions plus
favorables encore et qu'elles n'avaient pu que bénéficier
de ce qui leur en était resté. Tout du reste n'est pas là,
comme on le verra plus loin.
Relativement à la vigne, on peut se demander si un
changement profond dans la climatologie eût été néces-
saire pour en amener la rétrogradation au point où elle
en est. Il n'est pas douteux qu'il a suffi d'une action rela-
tivement faible. Que le printemps soit relativement
attardé, que le bourgeonnement soit entravé par des
gelées inattendues, il n'en faut pas davantage. La grappe
tardivement formée se développe mal, et quel que sort
l'été, l'automne ne peut plus la mûrir. Que ces circons-
tances se réitèrent et s'aggravent comme cela a eu lieu et
bientôt le plant devient improductif. On le néglige, on le
délaisse, et, abandonné, il ne tarde pas à disparaître.
C'est ce qui arrive de nos jours et c'est certainement ce
qui a eu lieu dans le passé.
Si la vigne nous montre les changements qui ont dû se
produire dans nos températures depuis son maximum
d'extension, le Groenland en témoigne plus puissamment.
A l'époque où les Danois en prirent possession, c'était
une terre verte, selon le nom qu'il a reçu. Assez long-
temps il a donné asile à de nombreux troupeaux. On sait
ce qu'aujourd'hui il est devenu. Or, là aussi c'est la môme
influence qui agit, seulement elle le fait dans une mesure
sensiblement plus grande. Nous avons dit qu'entre la
limite des glaces permanentes à notre pôle et celle des
mêmes glaces au pôle Sud, il y a une différence de
— 109 —
11 degrés en latitude et que ces 11 degrés correspondent
à un écart du 15 à 16 degrés du thermomètre. Le passage
d'un extrême à l'autre se fait donc dans une mesure beau-
coup plus prononcée. Elle ne suffirait pas, toutefois, pour
expliquer entièrement la situation. On sait aujourd'hui
que les glaces qui entourent notre pôle subissent un
mouvement circulaire de l'est à l'ouest et que, poussées
sur la côte orientale du Groenland, elles vont s'y briser.
Elles s'y accumulent donc d'autant plus que le froid
auquel elles sont dues gagne en intensité et la terre qui
les reçoit en subit les conséquences dont se ressentent en
même temps les contrées plus ou moins avoisinantes.
Trouve-t on dans les observations des preuves du refroi-
dissement que nous subissons? C'est ici que nous donne-
rons la parole aux chiffres annoncés.
A Paris, depuis 150 ans, on a constaté qu'il est tombé
un peu plus de pluie et d'après nos recherches il en a été
de même à Lille, ce qui serait un témoignage indirect du
changement. Mais si rien de bien prononcé n'apparaît
dans les moyennes annuelles de la température, il faut
reconnaître qu'il n'en saurait être autrement en raison
delà lenteur du refroidissement (environ un demi-dixième
de degré par siècle). Toutefois en décomposant les années
on arrive à de réelles démonstrations.
Le tableau qui suit met en lumière, par saison, le
mouvement de nos températures tel qu'il s'est produit
pendant une durée de 125 ans. C'est aussi Lille qui nous
en a fourni les éléments. Il est divisé en trois périodes.
La première de 35 ans, commence en 1757 pour finir
en 1792 ; la seconde de 30 ans va de 1823 à 1852 et la troi-
sième de même durée, de 1853 à 1882. Elles sont de durée
assez longue pour que les années exceptionnelles s'y
fondent dans l'ensemble des autres sans fausser les
situations. Nous aurions voulu y ajouter la période com-
— 140 —
plémentaire de 1883 à 1902. Nous n'avons eu à notre
disposition que des moyennes incomplètes et il ne nous a
pas été possible d'y recourir. Les autres données n'en sont
pas moins explicites.
Températures moyennes
1" Période 2« Période 3» Période
1757-1792 1823-1852 1853-1882
Hiver 2«5 3^8 3»8
Printemps 14.3 13.4 12.5
Été 18.4 16.4 16 9
Automne 5.3 6 5 6.8
Année 10.12 10.02 10.00
Différences par rapport à la première période
2« Période 3* Période
Hiver + 1°3 +\^Z
Printemps — 0.9 — 1.8
Été —2.0 —1.5
Automne +1.2 +1.6
Année — 0.10 — 0.12
Ce qu'il y a d'abord à constater c'est que la moyenne
annuelle a fléchi et qu'elle l'a fait dans une mesure qui
s'éloigne peu de celle que nous avons indiquée plus haut;
en second lieu, c'est que les saisons ont subi, dans des
sens différents, des modifications même très tranchées,
mais qui cependant se contrebalancent à la différence
annuelle près. Les hivers et les automnes gagnent. Les
printemps et les étés perdent. La saison qui a le principal
gain est l'automne, celle qui perd le plus est le printemps.
Mais si Ton s'attache au mois, on se trouve, pour quel-
ques-uns d'entre eux en présence d'écarts encore plus
prononcés, Janvier, par exemple, a gagné 3'»2, juin a
perdu 2^6. Les mois chauds sont ceux qui, dans leur
ensemble, ont été les plus atteints et l'on voit là jusqu'à
quel point ils se sont réellement refroidis.
- 111 -
Mais si raction précessionnelle s'affirme en fait dans le
présent, même avec la mesure d'ensemble qu'il y a à lui
attribuer, comment expliquer les différences d'effets qui
s'appliquent aux saisons. Ce n'est là, non plus, qu'à la
précession qu'il faut s'adresser.
Les coupures équinoxiales sont exactement la ligne de
séparation des effets dont il s'agit et non-seulement elles le
sont pour les saisons, mais aussi pour les mois qui les
composent et cela sans exception et sans enjambement
d'une limite sur l'autre.
C'est donc le passage du globe d'un côté à lautre de son
orbite qui détermine le mouvement, lequel se produit par
suite du changement de direction des principaux courants
atmosphériques. Ce qui frappe, en effet, quand on étudie
la marche de ces courants c'est qu'ils coïncident par leurs
côtés dominants avec le changement des saisons. Avec
l'hiver et l'automne dans nos régions, peu de vents du
Nord, qui deviennent au contraire plus fréquents dans les
saisons de printemps et d'été. Tl en résulte naturellement
des refroidissements pour ces derniers, alors que ce sont
des adoucissements qui restent aux autres. Une remarque
analogue s'applique aux vents de l'ouest qui sont, et de
beaucoup, nos plus habituels. L'automne et l'hiver les ont
en grande partie, avec leurs conséquences ; mais ils
soufflent aussi pendant les étés et les printemps et de ce
côté ce ne sont que des troubles qui en résultent. Les
refroidissements d'un côté et les réchauffements de l'autre
ont donc bien là leur raison d'être et nous ne voyons pas
que la cause puisse en être ailleurs que là où nous
l'indiquons.
S'exerçant à notre époque comme elle le fait, la même
action s'est exercée dans le passé comme elle s'exercera
dans l'avenir. Seulement les effets doivent forcément se
modifier et passer d'un côté à l'autre de l'orbite avec le
— 112 —
balancement même de la précession. Après avoir eu d(
réchauffements, les saisons ont donc des ref roidissemen
pour retrouver ensuite l'inverse et c'est en cela que noi
avons le complément justificatif exigé par les situatioi
du passé.
Nous en étions, il y a 650 ans, nous l'avons dit, à noti
maximum de chaleur précessionnelle. Si nous remontoi
jusque-là, nos printemps et nos étés avaient ce qu'ils oi
dû perdre depuis. On peut en évaluer le terme à quelqv
chose comme 4 degrés. N'est-ce pas assez pour que 1
vigne se fût répandue comme elle la fait, même en adme
tant un refroidissement correspondant du côté de
automnes et des hivers. Les moyennes auraient été aloi
de 10<>,3. Et si Ton remonte au début de notre ère, on s
trouve en présence d'une situation qui est l'opposé ci
celle-là.
Une plus forte somme de froids pour les saisons chaude
et par suite des fraîcheurs qui ne pouvaient que leur êtr
plus favorables à certains égards. Il en aurait été ainsi e
particulier pour la Tunisie et pour l'Algérie et plus tar
pour la Grèce, la Judée et l'Egypte. Un jour complet s
ferait donc à leur égard de même qu'à l'égard de tous le
autres points y compris le Groenland. Il ne faudra
toutefois pas admettre que le mouvement qui porte sl
les saisons aurait toujours la même mesure. Il doit, dat
Tordre précessionnel, changer de direction tous les 5.2^
ans, c'est-à-dire quand les équinoxes se produisent dai
le sens même de l'un ou de Tautre des axes de l'orbite <
serait forcément précédé et suivi d'un ralentissement e
rapport avec le balancement même du globe. C'est ce q
fait que, bien que tendant à se rapprocher, les tempér
tures des étés et des hivers resteraient toujours fcp
différentes les unes des autres même dans les phases ^
elles sont le plus prononcées. Pourrait-on s'étonner A
— 113 -
chaDgements admis dans la direction des vents. Toute la
circulation atmosphérique n'est-elle pas Tœuvre du soleil
et son influence ne saurait-elle s'étendre jusque là?
N'est-il pour rien d'ailleurs dans les modifications qui se
produisent aujourd'hui de l'une à l'autre de nos saisons?
Il y a intérêt à bien se fixer sur les modifications de
températures relativement aux moyennes des mois pour
chacune des périodes qui ont fait l'objet de notre précé-
dent tableau. Les voici présentées de la même manière.
Il y a surtout à s'attacher aux passages équinoxiaux.
Moijennes mensuelles
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai.
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre .
Novembre
Décembre.
!'• Période
1757-1792
2' Période
1823-1852
3* Période
1853-1882
— O'S
2«2
2*9
2.8
3.3
3.1
4.9
58
5.5
98
9.8
9.2
14.7
13.5
12.4
18.5
16.9
15.9
19.9
17.3
17.7
19.7
17.0
17.6
15.6
15.0
15 3
9.7
10.1
11.4
4.6
5.6
5.7
1.7
3.7
3.5
Différences par rapport à la première période
2* Période 3" Période
Janvier .
Février .
Mars . .
Avril. .
Mai . . .
Juin . . .
Jmllet .
Août . .
Septembre,
Octobre .
Novembre .
Décembre .
+ 2'»5
+ 3-2
+ 0.5
+ 0.3
+ 0.9
+ 0.6
0.0
— 0.6
— 1.2
— 2.3
1.6
— 26
— 2.6
— 2.2
- 27
— 2.1
— 0.6
— 0.3
+ 0.4
+ 1.7
+ 1.0
+ 1.1
+ 2.0
+ 1.8
^i^nalet de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii
8
- 114 —
Ajoutons aux autres données offertes celles se rappor-
tantaux vents qui, d'ordinaire, sont les. compagnons des
températures des bons et mauvais jours. Les chiffres
donnés s'appliquent à une période de 20 ans (1823-1842) et
représentent pour chaque mois le nombre d'années où les
vents ont été dominants, il n'est fait mention ici que des
principaux : ceux du Nord et du Nord-Ouest ceux de
l'Ouest et du Sud-Ouest.
Nord et Nord-Ouest. — Janvier 1. — Février 4. —
Mars 3. — Avril 8. — Mai 7. - Juin 8. — Juillet 7. -
Août 4. — Septembre 4. — Octobre 4. — Novembre 2. —
Décembre 2.
Ouest et Sud-Ouest. — Janvier 10. — Février 14. —
Mars 15. — Avril 11. - Mai 9. — Juin 11. — Juillet 13. —
Août 15. — Septembre 14. — Octobre 15. — Novembre 16.
— Décembre 12.
Enfin, il y a les témoignages demandés à la pluie. La
moyenne annuelle des quantités tombées pendant la
période de 1823 à 1852 a été de 663°""«. Elle s'est élevée à
701mm pendant celle qui a suivi et pendant la période
complémentaire de 1883 ù 1902 que nous pouvons faire
figurer ici, pour cet objet elle a atteint 704"°°. La pro-
gression qui s'est surtout accusée par rapport aux saisons
de printemps et d'été s'est marquée aussi sur les autres;
elle a donc bien suivi le mouvement des températures et
pour la période qui nous touche, elle suffirait pour
montrer qu'elle n'a pas différé des autres à cet égard.
Un point sur lequel il nous faut revenir. Au sujet
des grands hivers nous avons rappelé que plus rares
au moyen âge que précédemment, ils étaient depuis
redevenus plus fréquents, fait qui semblerait en contra-
diction avec les réchauffements accusés. L'influence des
étés moins favorisés a pu se déverser sur les hivers et y
provoquer des recrudescences exceptionnelles. Il y aurait
- ii:î -
surtout à y voir la preuve que les notations en ont été
moins négligées, bien que les rigueurs, en général, n'en
aieat pas été les mêmes.
Avons-nous fait définitivement le jour sur cette question
de l'action précessionnelle ? Nous ne le prétendons pas. Il
reste incontestablement à observer et à approfondir. Nous
pouvons tout au moins penser que si le but n'est pas
atteint, nous n'en sommes pas éloigné. Les dernières
constatations nous ont, dans tous les cas, révélé son
mode d'action à la fois direct et indirect. Nous allons donc
vers les froids, seulement comme l'excentricité de notre
orbite diminue et que la précession n'agit que dans la
même mesure, nous n'en aurons que de moindres. Nous
De refaisons, du reste, que ce que la terre à fait depuis son
origine et que ce qu'elle continuera à faire jusqu'à sa fin.
Nos régions comme les autres, reverront donc ce qu'elles
ont déjà vu. C'est dire, pour n'en revenir ici qu'à la vigne.
que nous pouvons nous rendre compte du sort qui lui est
réservé. Sans aucun doute dans moins de 400 ans, la
Champagne aura perdu ses vignes et il ne se passera pas
4 ou 500 années au-delà sans que la Bourgogne et la
Gironde soient elles-mêmes devenues veuves des leurs.
Il restera la Provence qui la première il y a 2.000 ans a
pratiqué la chère culture. Mais elle aura forcément son
tour et dans 15 ou 1.600 ans, elle le verra fort probable-
ment. Quant à Paris, et pour en revenir à nos tempéra-
tures, dans 10.000 ans, au point culminant de la phase en
cours, alors que notre pôle aura hérité des glaces du Sud,
il n'aura plus guère, s'il existe encore, que les moyennes
annuelles qiii sont aujourd'hui celles de Berlin ; mais
Berlin, lui, n'aura plus en partage que les aménités
climatériques de la Norwège.
— 116 —
KfmanpàeÂi Kur In campontion
de rÈXMge TbMSkBtÎBMi ixiféiieiir dans U Nord de la Fram
par A. Briquet
Ddns une rêoente oommunîcation sur les tranchées de
la dériration de la Scarpe autour de Douai, M. Gosselet (^|
appelait TattentioD sur la composition de la base de
réta^ Tbanetien dans la résion de Douai : la succession
slratigraphique nx est pas conforme à celle qu'on
admettait jusqu'ici comme typique pour le Nord : ai^ile
de LouviL tufieau, sable.
Or ce que Texamen de simples données de sondages ne
permettait en quelque sorte que de supposer, se trouve
confirmé, au grand jour, par une magnifique coupe
exposée depuis quelques mois à Arleux dans la tranchée
ouverte près de la station pour la rectification du canal de
la Sensée. On v reconnaît la série suivante de haut en bas :
4. Sable vert, bruni par altération.
3. Argile plastique frris-noirâlre, se débitant en
petits éclats t'2.50i.
2. Sable gris-veixiâtre, fin, {tassant inférîeurement
à du tufleau vert foncé i2.(0'.
1. Rares petits galets de silex verdis,
— Craie blancbe sans silex.
Telle est la série du Thanetien inférieur aux environs
de Douai, et cette série peut être considérée comme typi-
que ; si des coupes montrant aussi bien la superposition
des quatre termes sont exceptionnelles dans les grandes
plaines limoneuses de la région, il n'est pas impossible de
retrouver çà et là, en particulier le long des chemins
creux, Targile superposée au tuffeau et celui-ci à la craie
comme à Arleux.
(1).4. s. G. N.j XXXIII, p, 82.
— 117 —
La composition du Thanetien inférieur n'est pas telle
seulement à Douai, mais dans une région beaucoup plus
étendue : au Sud, dans le Cambrésis et le Vermandois ;
à l'Ouest, en Artois et jusque sur le littoral de la Manche.
On vérifie ce fait, vers le Sud, en différents points :
sous le dolmen de Hamel ; dans le coteau qui domine
à l'Est la vallée de la Gâche vers Sauchy l'Estrée ; aux
environs de Fontaine-Notre Dame, à Saint-Olle. La série
s'observe dans tout le Cambrésis, où M. Gosselet (^) a
donné à Targile qui surmonte le tuffeau le nom d*argilede
f.^lary; plus au Sud, dans le Vermandois, la Société Géolo-
gique du Nord Ta examinée dans les Carrières d'Etaves,
et M. Rabelle (2) la signale à Surfontaine.
Vers rOuest de Douai, dans tout le massif de collines
tertiaires qui existe au Sud de la Vallée de la Scarpe
cl'Arras on voit la même succession : à Récourt, Dury,
Etaing, aux Bonnettes de Sailly, à Boiry-Notre-Dame,
Saint-Martin-sur-Cojeul, Tilloy-les-Mofïlaines ; enfin à
Monchy-le-Preux, où plusieurs bancs d'un tuffeau fossili-
lère s'observent au-dessus de Targile.
Plus au Nord, d'autres localités montrent la série inva
Hable ; le canal de la Haute-Deûle, près de Dourges ; la
gare de Lens (^) ; le bois de Liévin ; la garenne de Souchez.
L'argile plastique est exploitée sous le nom de « potier >)
^u pied de la crête de l'Artois, près d'Hersin-Coupigny ;
on lui donne encore le môme nom quand on la retrouve
dans les profondes poches de la craie, du fond desquelles
on extrait les grés à pavés dans la région au Nord-Ouest
<îe Mont-Saint-Eloy, et dans celle de Ternas ; Targile
plastique y est étirée, par la descente, en un lit de quelques
centimètres d'épaisseur, mais nettement intercalée entrt
deux couches sableuses dont l'une la sépare de la craie.
(^) Esquisse géologique, p. 293.
(2)^. S. G. N., XXXI. p. 46.
(') G088ELBT, Esquisse géologique, p. 292.
— 118 —
Le seul témoin, en place, de l'étage Thanetien sur J^
plateau d'Artois, a montré à M. Gosselet (*), dans la butU
du moulin de Pierremont, Ja même série de couches qué
celle qu'on vient de suivre depuis le bord de la Pévèle
La sablière est aujourd'hui abandonnée, mais près de là
à Siracourt, la sablière Bouilliez laisse encore voir un peu
d'argile plastique au-dessus du sable qui, dans le talus da
chemin voisin, repose directement par un épais cailloutis
de silex verdis sur la craie. Il est à remarquer qu'au-delà
de Taxe de l'Artois vers le Sud et l'Ouest, le sable qui
surmonte la craie n'est plus à l'état de tuffeau, mais seule-
ment de sable très fin, non cohérent.
De Pierremont il faut venir jusque sur les bords de la
Manche, dans le Ponthieu, pour retrouver le Thanetien en
place : il est surmonté par le Sparnacien fossilifère, et
forme les premiers massifs du bassin Anglo-Normand du
Hampshire. Une belle coupe est visible à Saint- Valery-
sur Somme, au sommet de la crayère du Gap-Hornu ; à
plus de cent kilomètres de distance, elle reproduit exacte-
ment la coupe d'Arleux : sur la craie, deux mètres de
sable gris-vert, fin (la seule dilïérence est qu'il ne passe
pas au tufîeau, et qu'un lit de silex verdis abondants en
forme la base); puis l'argile plastique, vert-brunâtre, visible
sur deux mètres au sommet de la coupe, et sur laquelle
une sablière voisine montre reposant un sable vert clair, à
grains plus gros, équivalent des sables d'Ostricourt.
Ce que la coupe de Saint-Valery montre en place, se
retrouve dans les poches de la craie à l'intérieur du pays
le long des vallées de l'Authie et de la Somme. M. Gossele
a signalé dans cette région, sur la feuille Amiens de h
Carte géologique, l'existence de « bief », c'est-à-dire d'uni
argile exploitée en certains points pour la fabrication de:
tuiles; et de sable gris ou vert très (in, dont les relation*
(1) A. s, G. N., XVII, p. 171.
— 119 —
avec le bief sont peu visibles. La coupe de Saint Valéry
fournit Texplication : le bief des plateaux du bord de la
Somme 0) est le niveau argileux du Cap-Hornu, Téquiva-
lentde Targile de Louvil dans la Pévèle ; le sable fm vert
représente le tuffeau inférieur à Targile. Le plus souvent,
le remaniement des assises pendant leur descente à Tinté-
rieur des poches ne permet plus d*en voir nettement la
superposition ; parfois on peut encore constater que le
bief est dans la poche à Tintérieur du sable vert fin : une
petite sablière à Montigny les-Jongleurs le montrait
naguère et quelques restes de poches à phosphate d'Orville
en fourniraient peut-être encore aujourd'hui un exemple.
Mais d'autres fois le bief arrive dans le fond des poches,
au contact de la craie, empaquetant les silex verdis ; cela
ne prouve en rien qu'en ces points le bief ait surmonté
immédiatement la craie ; le fait s'explique par le mouve-
raentde descente, qui a pu faire chevaucher l'argile au-delà
du sable.
* #
L'âge de la série de couches qui constitue la base du
Thanetien dans la région considérée, peut être défini avec
une assez grande précision, au moins dans les environs
mêmes de Douai. Il existe de petits bancs de tuffeau dans
le sable, peu au-dessus de l'argile, tuffeau qui a fourni
abondamment Cypi^ina Morrisi : de magnifiques échantil-
lons en existent au Musée de Douai, provenant des puits
D<»4 et 5 de l'Escarpelle à Dorignies, et de la tranchée de
la Dérivation à l'écluse de Dorignies : Cyprina Morrisi a été
trouvée à 7 mètres environ au-dessus de la craie et à O^^O
au-dessus de l'argile (^). (C'est également le niveau du
(0 II ne s'agit ici que du biof pur, non du bief à silex qui est autre chose.
'2) Voir au sujet du puits n" 5 dans .1. S. G. N., III, p. 31, une coupe qui
le laisse aucun doute.
— 120 -
tufïeau fossilifère de Monchy-le-Preux, mais il n'a pas
encore fourni la Cyprina Morrisi en place, bien qu'elle
existe abondamment dans des déblais).
Or, Cyprina Morrisi caractérise, d'après M. Leriche (*),
le niveau fossilifère tout à fait inférieur du Thanetien de
la région du Nord, niveau que sa faune permet de consi-
dérer comme l'équivalent de l'étage Heersien des géologues
Belges. Il s'ensuit que la série de base du Thanetien de
Douai, caractérisée par un niveau argileux intercalé entre
deux horizons de sable et de tufïeau, représente le Heer-
sien. Il est intéressant de remarquer que cette série : sable,
argile, sable, affecte l'allure d'un cycle sédimentaire tel que
l'entendent les géologues de Belgique et tel que les dépôts
Heersiens du Limbourg en constituent précisément un
exemple, à cette seule différence près que le cycle Heer-
sien de Douai ne se termine pas supérieurement par une
ligne de ravinement : le sable d'émersion passerait ici insen-
siblement au sable d'immersion du cycle Landénien (*).
Si la théorie du cycle sédimentaire doit s'appliquer aux
couches Thauetiennes inférieures de Douai, l'origine du
banc d'argile s'explique comme sédiment d'une mer assez
profonde. Mais une formation argileuse peut se produire
dans des régions tout à fait littorales, dans les baies ou
les lagunes où ne pénètrent pas les courants : c'est cette
origine que M. Rutotattribue (^) à la grande masse d'argile
plastique qui surmonte la craie sous la Flandre : il se
pourrait aussi que l'argile de Douai et de Louvil passe
latéralement à cette argile inférieure des Flandres et ait
(1) .1. .s. G. N.» XXXII, p. 239.
(2) Cela s'expliquerait, dans la théorie du cycle sédimentaire, par ce que
l'émersion n'aurait pas été totale dans le Nord de la France comme elle l'a été
dans le Limbourg.
(3) B. S. U. G., XVII, Mém., p. 404.
— 121 —
la même origine. C'est un point qu'il conviendra d'élucider
par de nouvelles recherches (^).
* *
La composition des couches inférieures du Thanetien
suggère quelques remarques d'ordre géographique. Les
lambeaux de ce terrain, disséminés sous forme de buttes,
de chaînons ou même de petits plateaux à la surface de
la plaine crayeuse, se trouvent, grâce à cette composition,
donner ses traits caractéristiques à toute une région
intermédiaire entre les grands massifs tertiaires de la
Pévèle et de la Flandre et l'Artois proprement dite, où la
craie seule affleure, le Thanetien n y existant plus qu'au
fond de poches de dissolution. Cette région intermédiaire
comprend les petits pays de Vermandois, de Cambrésis,
d'Oslrevaut, de Gohelle et de Thérouanne.
Un de ces traits est imprimé à la végétation. Tandis
qu'en Flandre et en Pévèle les arbres poussent un peu.
partout en donnant au paysage fraîcheur et pittoresque,
en Artois on n'en voit pour ainsi dire aucun interrompre
la monotonie de la plaine, à l'exception de ceux que
Tbomme a alignés le long des routes, plantés autour de
ses villages, ou conservés dans de rares lambeaux des
immenses forêts gauloises : entre ces deux extrêmes, dans
la région intermédiaire il existe ça et là des bouquets
d'arbres, de petits massifs de taillis ou de haute futaie :
et Ton constate qu'ils couronnent toujours les points
culminants. En effet, le sol tertiaire qui constitue ces
points plus élevés affleure facilement sur les buttes souvent
dégarnies de limon; si c'est le sable, c'est un sol aride et
(1) On pourrait encore concevoir une troisième hypothèse : l'argile plastique
inférieure des Flandres serait elle-même Heersienne et représenterait les dépôts
profonds d'une mer qui étendait ses rivages au-delà du Limbourg Belge d'une
part el de la Picardie d'autre part.
— 122 —
léger que la culture abandonne volontiers et où s'éta-
blissent des garennes à bruyères et à ajoncs, ou même des
bois qu'on aperçoit de loin à Thorizon : bois de Bourlon,
d'Oisy-le-Verger, de la Garenne ; bois de Liévin, de
Labuissière, bois des Dames, etc. Si Targile affleure, ou
est proche de la surface, Tefïet sur le paysage reste le
même : le sol est humide car l'argile y maintient les eaux
superficieJles ; il est lourd, tenace, et la culture le délaisse
plus volontiers encore ; le propriétaire le transforme en
bosquets ou en bois, qui marquent ainsi les moindres
éminences en relief sur la plaine de craie et de limon.
L'autre trait caractéristique de la région résulte aussi
de la composition particulière du Thanetien inférieur; il
consiste dans la situation remarquable d'un certain
nombre de villages au sommet môme de collines où les
maisons s'entassent les unes près des autres, tandis qu'aiB_
pied s'étend la plaine déserte : l'argile qui retient dans
les sables supérieurs un niveau d'eau abondant expliqu
pourquoi l'homme s'est établi sur ces collines. C'est pai
exemple Wisques, Helfaut, Dohem, Upen, Labuissière
Hesdigneul, Houchin, Bracquincourt, au pied de la crête d
de l'Artois; Vimy dans la Gohelle; Monchy le-Preux, Dury
Oisy-le-Verger, Bugnicourt, Villers-au Tertre, Pressai
dans l'Ostrevent ; de nombreux villages du Gambrésis ^ t
du Vermandois. Le même fait s'observe d'ailleurs de i'autir ^
côté de l'Artois, en Picardie ; les buttes tertiaires réappti
raissent aux confins du bassin tertiaire Parisien; et Is
même raison rend compte de l'emplacement de villages
tels que Holnon, Baizieux, Villers-Bocage ; il en est dt^
même dans le Ponthieu pour Saint-Josse, Saint-Aubio,
Sorrus et surtout la vieille ville de Saint-Valery sa r-
Somme, enfermée dans ses anciens remparts sur 1^
colline qui domine la baie.
Si le tertiaire est plus abondant en certains points, et
— 123 —
forme noa plus une colline isolée, mais une chaîne ou un
plateau, c'est sur les bords, là où vient affleurer la nappe
d'eau ailleurs cachée par l'épaisseur du sable ou du limon,
que s'établissent les villages : ils s'accrochent sur le
versant, et leur alignement jalonne l'allure des strates
tertiaires et leur inclinaison progressive vers le grand
bassin de Flandre et Pévèle : c'est ainsi que sur la petite
chaîne qui court à l'Est de Donai, d'Arleux vers Lallaing,
OQ voit, vers le Sud, Bugnicourt tout au sommet, puis
Erchin à mi-flanc ; plus au Nord, les maisons de Lewarde
descendent jusqu'au bas de la colline ; Loffre enfin est
établi dans la plaine où dès lors l'eau abonde, parce que
la nappe d'argile s'est assez abaissée pour en former le
sous- sol.
Mais toujours, que le village soit sur le sommet d'une
colline ou le flanc d'un coteau, s'il appartient à la catégorie
des villages dont l'emplacement est surbordonné à l'exis-
tence de l'argile Thanetieune, ses dernières maisons ne
dépassent pas la limite inférieure de l'argile ; et cette
concentration de la vie humaine en des points aussi
particuliers, au bord de vastes étendues inhabitées ('),
est précisément le second trait caractéristique de toute
cette région.
M. Gosselet continue sa communication sur les Nappes
(Kjuifères de la Craie.
Séance du 1^^ Juin 1904
M. Briquet ajoute quelques mots à sa communication
sur le Thanetien.
M. Gosselet termine sa communication sur les Nappes
^uij'èrcs de la Craie,
('.) U moderne cabaret fait seul exception et occupe tous les carrefours de la
plaine : la dérogation trop réelle aux lois de l'hygiène naturelle explique assez
'a dérogaiioD aux lois de la géographie.
(
EjtTurttm^ mmn'ruf
<'{v»ij^ ' *7i«Cfr i#c* M. IMIïè. NftrrrMînr
<wt ^■ri*' Tftr: * îî«r*
lOf. Lat.
BfcETKflf-
l>efrATTT5ES.
Doixé.
FUKi.
Oavelle.
OrH5«ELET.
Halaqcc^.
MOTRUOX.
XOURTIER.
Oruecx de la Porte.
DE Parades.
Saixte-Claire-Dbville.
SsflTS.
ViDELAIXE.
f^^5« /îléves du cours de Géologie et Minéralogie s'étaient
joiat» aux membres de la Société.
A lîj ^are de Tournai nous trouvons nos confrères de
H^el^ique, MM. Cornet, Malaise, Mourlon. Nous traversons
ni laidement Tournai pour nous rendre à la carrière du
OonuU, près de Ja gare de Chercq.
(I«tt(î carrière montre la succession d'étage rj-dessous
rtnuriiérée :
Quaternaire.
Landénlen.
Crétacé.
Carbonifère.
k
Le Quaternaire est ici représenté par le limon
supérieur, il est exploité aux environs de Tournai comme
terre à brique. La base est indiquée par un petit lit de
cailloux.
Le Landènien montre un sable glauconieux ; il forme le
luffeau, assez riche en fossiles. La base de cette assise est
légèrement argileuse, et renferme des cailloux à surface
verdie. La craie sous-jacente est perforée, l'argile du
tufïeau remplit ces perforations. On y trouve la Phola-
dmyna Koninki, La Cyprina Morrisi et une autre Cyprine
voisine de la Cyp7*ina planata rapportée au London clay.
Le Grètacè de cette carrière a été étudié par
M. Cayeux (*) qui a établi la succession suivante :
Au sommet une marne blanche, ou marlettes, peu
fossilifère. On y trouve cependant la Terebratulina gracilis.
Au-dessous des marnes dures sans fossiles, l'équivalent
possible des dièves de France.
Puis des marnes plus dures à Actinocamax plenus
reposent sur une roche jaune formée de cailloux roulés,
parfois réunis par un ciment-calcaire, c'est le Tourtia de
Tournai. On y a rencontré Terebratulina biplicata, Codiopsis
doma, etc., fossiles du Cénomanien.
Le Calcaire Carbonifère exploité dans cette carrière
forme un dôme ondulé dont Taxe s'étend à l'Ouest.
On Ta retrouvé au Sud de Lille, à Haubourdin il plonge
très rapidement ; la côte du calcaire carbonifère, qui est
à — 37 à l'entrée d'Haubourdin, passe à — 46 dans la ville
età — 72au Sud d'Haubourdin. Ce dôme n'atteint donc
pas le Pas-de-Calais.
Le calcaire carbonifère exploité au Cornet est en bancs
presque horizontaux.
(1) L. Cayeux : Note sur le Crétaeé de Chercq, près Tournay. .4nn. Soc, Géol.
du Nord» XVI, 1888-1889, p. 142.
- 126 -
La surface du calcaire est creusée de nombreuses
poches renfermant des sables sans fossiles (Wealdien-
Aachénien Bernissartien), considérés comme jurassiques
ou crétaciques. Le tourtia crétacique recouvre toutes ces
poches. On remarque souvent un dépôt de limonite entre
la Tourtia et le Carbonifère, ce dépôt d'origine conti-
nentale a été autrefois exploité.
Carrière du Croquet (entre Ghercq et Galonné). On
y observe le Limon supérieur, ergeron, bien développé,
puis le tulïeau à bancs noduleux, moins glauconieux que
dans la carrière du Cornet; le bas de l'assise est fossilifère.
Sous le tufîeau épais ici d'environ 8 mètres, vient le
calcaire carbonifère; le crétacé n'existe pas. Au sommet
du carbonifère on remarque une couche argileuse due
à l'altération du calcaire carbonifère et paraissant être
l'homologue de l'argile silex.
L'absence de craie nest pas générale dans la carrière ;
elle existe dans les dépressions du calcaire carbonifère.
En un point on observe la coupe suivante qui paraît
étrange.
Landénien.
Marne blanche.
Tourtia.
Marne blanche.
Calcaire carbonifère blanc.
Le tourtia paraît être en paquets remaniés dans la
marne blanche.
Le calcaire cabonifère altéré est blanc, et présente
l'aspect de la craie. Nous n'avons remarqué cette altéra-
tion blanche que dans la carrière du Croquet. Dans la
carrière du Cornet le calcaire carbonifère montrait une
altération brun-noirâtre assez sSemblable à de l'argile
sableuse.
M. Mourlon qui a levé la carie géologique de Tournai
— 427 -
nous donne des indications sur les étages exploités aux
environs de Tournai. Les industries recherchent surtout
les calcschisles de Tournai (T 1 c de la carte) et le petit
granité (T 2 b). Ce sont ces niveaux typiques qui sont
exploités à Allain. La carrière du Croquet ne les montre
pas, il doivent être plus bas que le fond de l'exploitation
actuelle.
Le calcaire schisteux exploité au Croquet est un niveau
plus élevé, plus complet encore à Crévecœur près
d'Antoing, où se trouvrent des calcschistes utilisés pour la
fabrication du ciment de même que les calcschistes de
Tournai. Ces calcschistes viennent immédiatement au-
dessus du calcaire schisteux du Croquet ou Viséen (V. I a) ;
à leur niveau on trouve près d*Antoing de la doloraie
V. I a j/) où presque tous les caractères de la base du
Viséen sont réunis.
M. Piret reconnaît aujourd'hui que la faune des couches
du Croquet et de Crévecœur est tout à fait différente de
celle de Tournai ; c'est une faune spéciale ; on y trouve un
Productus voisin du Productus cora, mais que M. Mourlon
croit ne pas être le P. cora.
M. Gosselet met en doute l'interprétation de M. Mourlon
pour les raisons suivantes :
M. Mourlon ne cite pas de fossiles, qui pourraient seuls
permettre une détermination exacte de l'âge.
Le niveau inférieure de Tournai, correspond au niveau
de Soignies et il y a au dessus de ce niveau, dans la vallée
de la Dendre, toute une série de couches (intermédiaires
entre les précédentes et le Viséen), qu'on ne retrouve
pas ici ; il faudrait donc admettre une lacune consi-
dérable.
M. Gosselet considère le calcaire du Croquet, comme
représentant le marbre noir de Dinant (calcaire de
Bâchant du bassin d'Avesnes), c'est-à-dire, le niveau à
- 128 -
fossiles caractéristiques du Waulsortien des régions,
dépourvues de récifs coralliens.
C'est cette faune qu'il faut s'attendre à trouver ici : au
dessus viendrait la Dolomie et seulement plus haut le
Viséen qui n'existe pas ici, mais seulement entre Antoing
et Blaton.
Nous terminons ici le côté géologique de l'excursion
pour reprendre la route de Tournai. Un déjeuner nous
attend à l'hôtel de l'impératrice. A la fin du repas,
M. Ch. Barrois, président, déclare la séance ouverte :
M. Gosselet fait l'allocution suivante :
Nous avons l'habitude toutes les années dans cette
réunion générale de jeter un regard sur les événemeuts
de la vie de notre société pendant l'année qui vient de
s'écouler. Généralesient nous n'avons à constater que
notre prospérité continue. Mais cette année notre cher
Président a reçu un honneur qui est pour nous tous la
plus vive des satisfactions. M. Ch. Barrois a été nommé
membre de l'Institut le 9 mai 1904.
Les circonstances de l'élection la rendent plus honorable
encore. Il a fallu, mon cher Barrois, que votre mérite fût
bien éclatant pour que l'Institut vint vous chercher au fond
de la province. Vous m'écriviez le jour môme de votre
élection que vous ne vous doutiez pas, quand vous me
suiviez en ramassant des prunes sur la route de Namur,
que vous étiez sur le chemin, qui devait vous conduire au
faîte des honneurs scientifiques. Vous aviez déjà cependant
les qualités qui devaient faire de vous un géologue d'élite.
Je ne parle pas seulement des qualités physiques : endu-
rance aux fatigues, puissance de marche considérable,
estomac sachant supporté la faim, adresse remarquable à
tous les exercices, vous aviez, ce qui est plus important,
l'intelligence, l'activité, le goût profond de l'observation.
— 129 -
Vous étiez et vous êtes resté un vrai naturaliste, dans le
sens le plus complet du mot.
Vous faites remonter votre vocation de géologue à nos
excursions géologiques ; il faudrait peut-être aller plus
loin pour voir Torigine de vos goûts de naturaliste.
Lorsque vous empaillez les oiseaux, ce n'était plus l'œuvre
de Tenfant, ni du jeune homme avide d'une collection ;
c'était déjà le naturaliste qui cherchait à faire revivre et à
classer les êtres qu'il venait de tuer; c'était le futur
descripteur des faunes dévoniennes des Asturies, des
faunes siluriennes de Bretagne et des Pyrénées et de bien
d'autres fossiles.
Je ne sais si tous les membres de l'institut, qui vous
ont pris comme collègue, ont lu vos nombreuses publi-
cations. J'en doute beaucoup ; on a dû vous présenter à
eux comme un géologue breton, qui a découvert les
antiques volcans siluriens du Menez-Hom, les effets méta-
morphiques du granité de Rostrenen, l'âge des ardoises
de Châteaulin et tant d'autres belles observations, qu'il est
inutile de rappeler ici, parce que tous nos membres les
ont lues dans nos Annales. Peut-être a-ton moins parlé
de vos premiers travaux sur la craie du Nord et de l'Est,
et sur celle des lies Britanniques. Leur importance est
grande cependant, mais ils ont pâli devant l'éclat de vos
publications ultérieures. Nous, nous tenons à nous en
souvenir, parce que ce sont les Mémoires qui ont appelé
sur notre Société l'attention du monde savant et qui ont
contribué à lui valoir la réputation dont elle jouit.
La Société Géologique vous remercie d'avoir conservé à
nos Annales la faveur de vos savantes publications, que
tant de sociétés eussent si volontiers accueillies. Elle ne
peut oublier non plus que vous êtes un de ses fondateurs,
le Benjamin de sa fondation, car c'est vous qui avez clos
en juillet 1870 la liste de nos membres fondateurs.
Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii 9
— 130 —
Désireux de s'associer au témoignage de haute est
qui vous est venu de Tlnstitut et qui ne faisait que|
clamer Tadmiration du monde savant pour vos trava
la Société Géologique du Nord a décidé de vous offrir
modeste souvenir, modeste comme notre bourse, n
qui vous rappellera que nous ne sommes pas seulem
vos admirateurs, mais aussi vos amis.
M. Michel Mourlon, directeur du service géologi(
de Belgique demande à pouvoir ajouter quelques m
aux paroles émues du vénéré Maître et s'exprime
ces termes :
Messieurs,
Je remercie le promoteur de l'excursion de ce j(
d'avoir choisi une localité belge pour y tenir la réun
qui nous permet de nous joindre à nos collègues de L
pour fêter le plus méritant d'entre eux.
L'un des corps savant le plus justement renommé
l'Europe, l'Académie des Sciences de Paris, a voi
rendre un nouvel hommage à la Société géologique
Nord en appelant dans son sein, après son émin
fondateur, le plus distingué de ses disciples et colla
rateurs, j'ai nommé notre excellent ami, Charles Barre
Je suis heureux de pouvoir lui en adresser nos p
sincères félicitations, tant en mon nom personnel qu
celui des membres de la commission géologique et
personnel du Service placé sous ma direction.
Ce n'est point ici le lieu ni le moment d'analyser, mê
dans ses grandes lignes, l'œuvre du savant géolo^
lillois. Qu'il me suffise de dire qu'il est un des autei
dont le nom se trouve le plus fréquemment reproduit de
notre Répertoire international des sciences géologiqu
Les travaux qu'il a publiés soit seul ou en collaborati
— 131 —
avec MM. Alb. Ofïret, Bochet, de Guerne et Lebesconte,
sont au nombre de plus de 300.
C'est qu'aussi il n*est pour ainsi dire aucune partie des
sciences géologiques à laquelle il n'ait accordé le précieux
concours de son activité et de son talent.
Après avoir débuté en 1873 par ses belles études sur le
terrain crétacé, il a tenu à les poursuivre, ainsi que celles
d'autres terrains, au-delà des frontières françaises. Aussi
le voyons-nous aborder les sujets les plus ardus en
Espagne, en Angleterre, en Irlande, à Tlle de Wight et
même jusqu'en Amérique, sans oublier notre petite
Belgique, qui par la similitude de sa constitution géolo-
gique avec celle du Nord de la France a pu souvent
bénéficier de ses recherches, comme celle sur J'Eocène des
Flandres et bien d'autres relatives à nos terrains secon-
daires et primaires.
J'ajouterai que M. Barrois n'a jamais laissé échapper
une occasion de rendre un hommage mérité à son Maître
éminent, j'en trouve un nouveau témoignage dans celte
pensée d'associer le nom de ce dernier à la découverte
qu'il fît à Couvin dans notre devonien supérieur, d'une
nouvelle espèce de poisson qu'il décrivit sous le nom
de Byssacanthus (iosseleti.
M. Barrois ne s'est pas borné à publier les travaux les
plus importants, principalement à l'occasion de ses levés
delà carte géologique de France, mais il a pris aussi une
part des plus actives au succès des congrès géologiques
internationaux, ce qui l'amena à occuper avec distinction
les hautes fonctions de secrétaire général de la session de
Paris en 1900.
Messieurs, lorsque dans une fête intime et toute familiale
<^omnie celle à laquelle nous prenons part en ce moment,
on reporte sa pensée vers les années écoulées, qui, pour
quelques uns d'entre nous, sont déjà un passé lointain, on
— 132 —
est frappé de constater les transformations accomplies
dans les institutions, et les progrès réalisés par leurs
promoteurs.
C'est cette métamorphose merveilleuse qui, pour les
institutions géologiques du Nord de la France, a été réalisé
par rinitiative géniale d'un Maître vénéré et les efforts
constants de ses fidèles disciples dont nous fêtons aujour-
d'hui le plus modeste, le plus sympathique, le plus savant
et le plus renommé d'entre eux.
Encore une fois toutes nos félicitations les plus chaleu-
reuses à Charles Barrois.
M. Malaise, au nom de la Société Belge de Géologie,
Hydrologie et Paléontologie adresse à M. Barrois ses plus
vives félicitations pour la haute distinction dont il a été
l'objet.
M. Gh. Barrois remercie en une allocution pleine
d'humour la Société Géologique et les Sociétés belges
qui se sont associées à cette fête.
— 133 —
Etudes hydrologiques.
Les Nappes aquifères de la Craie
au Sud de Lille
par J. Gosselet
Les nappes aquifères contenues dans la craie du Nord
de la France ont une extrême importance pour l'alimen-
tation en eau du pays. Ce sont presque les seules qui
servent aux Villes, à Tindustrie et aux puits particuliers.
Od les a captées pour Lille, Douai, Roubaix, Tourcoing,
Valenciennes, Cambrai, St-Quentin, Dunkerque, Arras,
etc., etc.. Néanmoins on ne s*est pas encore suffisamment
rendu compte de la manière dont elles sont constituées et
dont s'y fait la circulation de Teau.
La sécheresse qui a sévi depuis 1896 sur toute la région,
vient d'appeler mon attention sur ce sujet. Depuis six ans,
on a constaté que les prises d'eau jugées suffisantes pour
les besoins des populations et de l'industrie, avaient
diminué dans des proportions inquiétantes. Beaucoup de
ruisseaux s'étaient taris, les sources des rivières s'étaient
avancé en aval, les moulins et autres usines hydrauliques
étaient arrêtés.
Les journaux ont jeté le cri d'alarme. Au lieu de se borner
à voir dans les circonstances météorologiques la cause
uniquede cette pénurie d'eau, on parlait de l'enfouissement
des sources et de la disparition définitive des cours d'eau.
Diverses circonstances m'ayant amené à étudier les
causes de la sécheresse, j'ai entrepris sur les nappes aqui-
fères une nouvelle série d'études que je me propose de
publier successivement.
Le présent travail a pour objet uniquement les nappes
aquifères qui sont au Sud de Lille et à l'Ouest de Douai,
Wîiis ses conclusions doivent pouvoir s'appliquer à d'autres
régions crayeuses.
Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii 10
— 134 -
En Tabsence d'expériences organisées d'une manière
scientifique pour juger de la richesse en eau (*) des
diverses couches de la craie, j'ai eu recours aux venues
d'eau constatées lors du creusement des fosses des conces-
sions de Lens et de Courrlères. Ces renseignements
m'ont été fournies avec la plus grand complaisance par
les Directeurs et les Ingénieurs. La position des diverses
fosses est marquée sur la carte (Planche VI).
On sait dans quelles conditions se fait la détermination
des venues de l'eau, lors du creusement des fosses. A
mesure que l'on approfondit le trou et que l'on descend le
cuvelage, on établit de place en place des trousses, qui
empêchent l'eau des couches supérieures de descendre
dans les travaux. On divise ainsi la fosse en un grand
nombre d'étages séparés l'un de l'autre par des cloisons
presque étanches. La quantité de l'eau que l'on extrait de
chaque étage est déterminé par le calcul des machines
d'exhaure. Il est évident que cette quantité varie avec
l'étendue de la surface qui la fournit.
Les chiffres obtenus ne représentent donc pas des venues
d'eau produites par des surfaces de même dimension.
xMais ils permettent d'apprécier approximativement la
richesse en eau des diverses couches de la craie. Il faut
s'en contenter, car ce sont les seuls que l'on possède pour
l'évaluation des nappes aquifères souterraines.
La raison qui rend diflicile la connaissance des nappes
de la craie provient de ce que Ton est enclin à comparer
ces nappes à celles des autres terrains stratifiés.
On est inconsciemment porté à assimiler la craie à
une roche régulièrement et uniformément perméable
dans laquelle l'eau serait retenue par des couches argi-
leuses comparables à celles des sables et des argiles.
(1) Pour rendre plus facile la lecture de la' présente note, le terme mètre cube
sera représenté par le signe ms.
- 135 —
Une telle conception n*est pas complètement exacte.
Théoriquement la craie du Nord est bien une vaste et
épaisse nappe aquifère, dont le fond est formé par les
marnes de Tassise à Terebratulina gracilis (Bleus des
mineurs). Gelies ci sont presque toujours imperméables;
si parfois elles contiennent de Teau dans les crevasses
des marions qui alternent avec les marnes grasses, les
Dièves, ou marnes de l'assise à Inoceramus labiatus, qui
sont en dessous, s'opposent d'une manière absolue à la
descente ultérieure de Teau.
Avec un pareil soubassement, la craie blanche du Nord,
qui a 50 m. d'épaisseur entre Lille et Leus, constituerait
une énorme nappe aquifère, si elle était perméable à la
manière des sables. Mais il n'en est rien. La craie en elle-
même s'imbibe facilement d'eau, cependant en raison de
sa faible porosité, elle n'en contient que peu et ne la
laisse circuler que très lentement.
Pratiquement on pourrait considérer la craie comme
imperméable, si divers accidents ne rompaient sa compa-
cité et son homogénéité, et par suite ne déterminaient une
circulation facile de Teau dans la grande masse crayeuse.
Ces accidents sont les fissures, les bancs durs et les
couches fragmentaires.
1® Fissures. — La craie présente généralement un grand
nombre de fissures. Les unes sont les délits entre les
bancs, qui marquent la stratification; les autres sont des
diaclases ou failles, perpendiculaires ou obliques aux
strates. Ces fissures permettent à l'eau de pluie de
descendre dans la craie en suivant des chemins brisés,
souvent interrompus.
La plupart du temps les fissures sont étroites ; elles
n'ont qu'un ou deux millimètres, de sorte qu'il n'y passe
qu'une lame d'eau très mince ; mais parfois ces fissures
^:i
W
ptg. I. soDtpluslarges; elles peuveD
' ''^«J^^ donner naissance à des i
J*''* d'eau importantee presque
rivières.
Craie C'est surtout i* ses fissurf
la craie doit de pouvoir être
dérée comme une nappe aqi
Toutes les fissures commuai
' entre elles , de sorte qu'il
Craie s'établir dans la craie une
Wocs"" latioQ irrégulière, très labj
forme, mais suflisanle poui
I duire un niveau pizométriquf
craiG mun à tous les puits des env
"™' L'existence de ces fissun
bien connue de tous les foi
^^^^^ Lorqu'une usine a besoin
isiiei. grande quantité d'eau, elle*
des galeries autour du puits,
bien rare que l'on ne renc
'""■ pas plusieurs fissures, car la
en est en quelque sorte percét
tous les sens.
à"'r«x. Cependant il y a des loc
où la craie est plus compai
par conséquent où il est plus
.Meule, i^'le de trouver de l'eau.
La position des tissures
grise. craie ne parait obéir à aucui
"'«■"'■ (I) Dsns c,-\U- coupe el dans les cou|
— 137 —
géologique, bien qu'elles soient souvent parallèles entre
elles. Quand on a déterminé la position d'une fissure
dans un puits, on peut espérer en rencontrer d'autres en
creusant une galerie horizontale perpendiculaire au plan
de la première. C'est le procédé d'alimentation de beau-
coup d'usines.
Comme exemple de la quantité d'eau que peut fournir
une fissure, on peut citer ce qui s'est passé à la fosse de
Lens n® 11 (fig. 1).
Lors du creusement de cette fosse, on traversa de 35
à 45 mètres une fissure assez large, mais qui ne contenait
pas d'eau, parce que l'on était au-dessus du niveau
phréatique. Celui-ci était à 45 m. ; il donnait 160 m^.
à l'heure. Mais, plus bas vers 47 m., on rencontra une
fissure et aussitôt ta venue d'eau augmenta. Elle atteignit
680 m^. à 58 m. de profondeur, un peu au-dessus de
la meule.
2o Bancs Durs. — Certains bancs de la craie acquièrent
sous des influences inconnues une très grande dureté ;
ils deviennent alors imperméables. Ils arrêtent les fissures,
ils s'opposent à la descente de l'eau. Généralement il y a
àla surface du bîinc dur un délit de stratification qui fait
communiquer entre elles les fissures supérieures. Il se
produit donc au-dessus du banc dur une nappe locale,
riche en eau, tandis que sous le même banc il y a beau-
coup moins d'eau.
D'autres fois le banc dur agit comme une couche imper-
niéable pour emprisonner l'eau sous-jacente. Il en résulte
qu'après la traversée du banc dur, l'eau arrive avec
plus d abondance ou monte même dans le forage.
Le plus important des bancs durs est celui appelé Tun
ou Meule que l'on rencontre à la partie supérieure de la
^^Je à Micraster breviporus.
— 138 —
Lorsque le banc de tun ou de meule est continu, il arrête
toutes les eaux supérieures, mais lorsqu'il présente des
cassures, Teau pénètre par les intervalles dans la craie
sous-jacente, si elle est perméable. C'est ce qui a lieu pour
les environs de Lille. On y connaît plusieurs tuns. Le tun
supérieur, ou vrai tun, est séparé d'un deuxième tun par
une couche de craie sableuse perméable, qui contient
beaucoup d'eau. Les puits vont donc en général prendre
l'eau entre les deux tuns.
Dans les fosses de Courrières et de Lens, il n'y a qu'un
banc dur. Qu'il soit alors plus ou moins fissuré, il n'ecL
constitue pas moins la limite inférieure de la nappe aqui-
fère de la craie, quand il repose sur la couche imper-
méable des bleus.
A la fosse n^ 4 de Lens à 5 m. au-dessus de la meule, on.
trouvait encore 33 m^. d'eau à l'heure ; sous la meule il n'y
en a plus du tout.
A la fosse n^ 3 de Courrières la venue d'eau à la surface
de la meule était de 234 m^. à l'heure ; il y en avait encore
un peu dans la meule; au-dessous, il n'y en avait plus.
Au n^ 6 on rencontre 250 m^. sur la meule; 61 m^. à
la base de la couche et rien dans les bleus sous-jacents.
A la fosse n^ 8, on a trouvé 140 m^. par heure à la
partie supérieure ; 12 m^. à la partie inférieure.
Par contre à la fosse n® 1 de Lens (fig. 2) où la meule est
peu épaisse, l'eau l'a traversée facilement. Comme il y a en
ce point une couche de craie compacte et un peu fissurée
entre la meule et les bleus, on a recueilli à la surface de
ceux-ci 110 m^. à l'heure.
A la fosse n» 9 de Lens (Fig. 2) la meule était proba-
blement aussi très fracturée; l'eau l'a traversée et a
rempli les 4 m. de craie grise turonienne qui la sépa-
raient des bleus.
On rencontre 536 m^. à l'heure sur la meule et 576 m^
dans la craie grise à la surface des bleus. Dans l'intérieur
de ceux-ci, il n'y a plus que 19 m^.
Outre la meule on reocontre
à divers niveaux dans la craie
des bancs durs ou simplement
compacts, qui iont obstacle à la
desceote de l'eau et par là déler-
mioenl à leur surlace la produc-
lioQ d'une petite nappe locale,
dont l'importance dépend de la
permabilité de la craie qui est
au-dessus.
Ces nappes ne peuvent pas
avoir une bien grande étendue
car les bancs durs et compacts
sont eux-mêmes 1res restreints.
Ce sont des couches lenticulaires
et souvent aussi ils sont coupés
par des fissures qui livrent
passage à l'eau supérieure.
A la fosse n" 2 de Courrières
(fig. 3, p. 140} on rencontre le
niveau phréatique à la profon-
deur de 7 m. 10 dans de la craie
très fissurée (craie fendillée}. A
18 m. la venue d'eau élait de
528 m3. à l'heure; à 24 m. on
arriva sur un banc de craie dure ;
la venue d'eau était de 1200 m'.
trousse ayant été établie au
venue d'eau tomba, elle n'était
an-dessus du
niveau du banc d
plus que de 192 m^. à 33 m. de profondeur.
^ partie supérieure de la fosse a." 9 de Lens (Fig. 2),
avait été très aquifère. A 21 m. de profondeur on avait
Coupe de la Font nridt Courrièrtt.
Crsie
Ëbouleuse
1,132 m* 3 l'heure. A 28 m. od rcDCOntra un banc dur sur
lequel ont fil une trousse. Au-dessus de ce banc l'eau
Fig. 3. tomba à 440 in>.
Aux environs de Carvin,
on rencontre dans la craie
plusieurs de ces petits baucs
durs, qui arrêtent les eaux
descendantes et qui peuvent
déterminer la production de
quelques nappes locales.
11 faut peut être rappro-
craio piai ^^^' l'acllon des silex de
!c ferme. celle des bancsdurs. Il Semble
que les silex en diminuant
îiBaniMiur. rhomogénéiLé de la craie,
augmentent la facilité de cir-
culation. Mais je n'ai encore
Ortie ,, . , .,
à liiei. sur 1 action des silex que des
données vagues et contradic-
toires. Les silex peuvent agir
difCéremment suivant la na-
ture de la craie qui les
contient, suivant leur adhé-
craiedure reocc au milieu, suivant leur
nombre, leur forme, etc. Tel
silex, qui s'étale en une mince
couche dans la craie, déter-
mine une fissure ; il est alors
Meule. . '
cause d une voie d eau.
3" Craie fragmentaire. — La craie fragmentaire est de
la craie qui au lieu de se trouver en banc homof^ène
est formée de fragments irréguliers juxtaposés. C'est
une roche meuble comparable à un conglomérat; elle
- 141 -
peut renfermer une grande quantité d'eau interposée
entre ses fragments. En réalité les nappes aquifères de
la craie fragmentaire sont les plus importantes de toutes
les nappes de la craie. On peut même dire que ce sont
les seules, qui méritent d'être considérées, quand on
s'occupe de l'alimentation des villes.
Au point de vue théorique, comme au point de vue
pratique, la craie fragmentaire peut se diviser en deux
catégories : la craie fendillée et la craie congloméroïde.
Craie fendillée. — La craie fendillée est bien connue
depuis longtemps. Elle s'est formée à la surface de la
craie, partout où cette roche a été exposée au contact de
Tatnïosphère, soit pendant la période d'émersion anté-
tertiaire, soit pendant la deuxième partie de l'époque
tertiaire, soit à l'époque pléistocène, et elle se produit
encore maintenant. Les alternatives de gel et de chaleur,
de pluie et de sécheresse ont pour effet de briser la craie,
de la réduire en petits fragments, que le vent et l'eau
remanient à la surface. Ce phénomène de désagrégation
se prolonge plus ou moins profondément; il se lie à la
formation des diaclases superficielles, qui elles-mêmes
communiquent avec les diaclases profondes. Il en résulte
que l'eau qui remplit la craie fendillée peut descendre
dans les parties plus profondes de la craie. Mais cet
écoulement par descensum est d'autant plus faible que la
craie sous- jacente est moins fissurée. Il est toujours assez
lent, par conséquent la craie fendillée constitue à la tête
de la craie une nappe générale, partout où elle est en-
dessous du niveau phréatique.
U craie fendillée n'existe pas partout. Elle n'a pas pu se
former, lorsque la craie, par une structure plus compacte,
a résisté à rinfiuence météorologique. Puis en beaucoup
dépeints elle a été enlevée. Elle est enlevée, à mesure
— 142 —
qu'elle se forme sur les affleurements actuels de la craie,
par le ruissellement pluvial. Elle a été enlevée en grande
quantité à Tépoque pleistocène également par suite du
ruissellement et par d'autres pl\énomènes, que Ton a
souvent réuuis sous le nom de diluviens. La base des
limons est remplie de granules de craie qui viennent
de la craie fendillée. Elle a pu être enlevée par abrasion,
lorsque la mer tertiaire est venue recouvrir la surface
du continent crayeux.
Bien que la craie fendillée ait été fréquemment entraînée
pour aller prendre part à la formation d'autres sédiments
elle a rarement été remaniée sur place. Cependant elle est
souvent salie par du limon ou par du sable tertiaire,
comme si ce remaniement avait eu lieu. Mais je crois
plutôt que le limon et le sable ont pénétré dans la craie
fendillée, entraînés par les eaux pluviales. Je ne me
rappelle pas avoir trouvé dans la craie fendillée des galets
tertiaires ou pleistocènes, qui seraient une preuve du
remaniement.
Elle est rare sur les plateaux, tandis qu'elle est plus
épaisse dans les vallées, où elle se confond avec la craie
congloméroïde dont il sera question plus loin.
La craie fendillée constitue donc une couche géologique
qui n'est ni stratifiée, ni régulière, ni générale. Mais
presque partout où elle existe sur une certaine étendue,
elle fournit une nappe d'eau abondante. Je tiens à répéter
que celte nappe de la craie fendillée n'est pas indépendante
de l'eau contenue dans la craie inférieure. Il y a échange
constant entre la craie fendillée et la craie fissurée, mais cet
échange est généralement assez lent, pour que la craie
fendillée puisse être considérée pratiquement comme une
nappe à part. Les puisatiers l'appellent : petite marne
ou marnette.
Grâce à la facilité de circulation de l'eau dans la craie
— 143 —
ieDdillée,]a nappe se remplie promptementsous rinfluence
de la pluie et se vide avec une égale rapidité sous l'effet
delà sécheresse.
La nappe de Ja craie fendillée est très utilisée dans le
nord de la France pour les habitations, pour Tindustrie
et pour les villes.
On peut citer en première ligne parmi les villes qui
emploient la nappe de la craie fendillée celles de Roubaix
et de Tourcoing, dont la prise d'eau esta Anchin contre
la Scarpe.
Dans la vallée de la Scarpe, depuis Douai jusqu'au delà
de Marchiennes, il y a une nappe générale de craie
fendillée qui est remplie d'eau. Cette nappe est ascendante,
car sur la craie il y a une couche d'argile imperméable
qui retient l'eau en conduite forcée. Aux environs de
Marchiennes, on a creusé un grand nombre de forages
qui vont chercher l'eau de la craie à 25 ou 30 m. de pro-
fondeur. L'eau jaillit naturellement à près de 1 m. au-dessus
du sol. Presque toutes les grandes fermes ont leur forage,
qui permet de conduire l'eau dans les écuries et dans les
autres parties de l'exploitation, où l'on en a besoin.
L'abondance de la nappe de la craie fendillée dans
certaines parties de la vallée de la Scarpe est extrême. Ce
qui s'est passé lors du fonçage de la fosse n° 4 à l'Escar-
pelle peut en donner une idée. On y tirait 576 hectolitres
d'eau par minute, soit 3,460 m^.à l'heure. Il est vrai que
lousles puits du voisinage étaient asséchés.
La craie fendillée n*est pas propre à la vallée de la
Scarpe. Au n^ 8 de Courrières (fig. 4), on a atteint la craie
à 3 m. 20, sous du sable et de l'argile pleistocène ou
lerliaire. Elle était tendre dit la coupe ; à 7 m. 50 on la
signale comme en morceaux; je crois que toute cette craie
appartient à la craie dite fendillée. A 6 m. la fosse four-
nissait déjà 1,050 m^.à l'heure, à 10 m. on a eu 1,680 m^.
— 144 —
Craie
en bancs.
23
Mais un peu plus bas on a rencontré de la craie ferme;
immédiatement la venue d'eau est tombée; à 15 m. elle
Fig. 4. n'était plus que de 345 m^. et
CoupedelaFossen'8,deCowTières. au-desSOUS il n'y a pluS qUB
tert?aire ^^^ quantités d'cau infimes.
3 Le fait mérite d'autant plus
6 Craie fine, d'être signalé, que, par suite
^^v.ivy-'^-'t^^nL)^ ® ?"in. de considérations imagi -
i-<^1?/P ji^MT^, 9 fendillée. °
iiio'^''y/'\TTr1] '^ naires, on s'était figuré que
Craie plus ,, . .. x j •*
ferme 1 on trouverait en cet endroit
des quantités considérables
d'eau sous la meule.
Craie congloméroïde. — J'ai
désigné sous ce nom une
craie que j'avais observée
dans la vallée de la Somme
aux environs de Ham (0
et dans la carrière d'Hem
Monacu (2). C'est une roche
formée de fragments de craie
irréguliers et de toute gros-
seur, empilés sans ordre et
empâtés dans de la craie pul-
vérulente. Je Teus considérée
comme un conglomérat de
craie remaniée, si elle n'eût
été intercalée entre des cou-
ches régulièrement strati -
fiées. De plus les fragments
de craie et les silex ne sont
nullement roulés ; ils ne por-
tent pas la trace d'un trans-
es
12
..C? T>
34
37
Craie
plus dure.
45
Craie
à silex.
6Î
Meule.
Fortes
toises .
Bleus.
(i) Ann. Soc. GéoL Nord, XXX, p. 93.
(2) Ann. Soc. GéoL Nord, XXX, p. 230.
— 145 —
port; ils ne sont pas mélangés de sable, ni de galets
tertiaires, même lorsqu'ils sont recouverts par ce terrain.
J'ai retrouvé la môme craie congloméroîde Tannée
suivante à Emmerin (}). Son apparence conglomérée est
tout aussi manifeste, et là-aussi elle est surmontée de
bancs en place bien stratifiés.
Ne pouvant expliquer la structure de la craie conglo-
méroîde par un remaniement superûciel, j'ai supposé
qu'elle est le résultat d'une nappe aquifère en mouvement.
Certaines parties de la craie que traversait la nappe aqui-
fère ont été dissoutes ; d'autres parties plus résistantes ont
glissé les unes sur les autres, oat été redressées et se sont
mélangées au point que l'on voit des silex placés droits
suivant leur grand axe. On peut comparer une couche de
craie congloméroîde à une caverne en voie de formation.
Là craie congloméroîde ressemble beaucoup à la craie
fendillée. Théoriquement elle s'en distingue par son
origine, puisque la craie fendillée est due à des phéno-
mènes météorologiques superficiels, tandis que la craie
congloméroîde a pour origine une dissolution faite en
profondeur. Mais lorsqu'on se trouve en présence d'une
craie fragmentaire, il est souvent bien difficile de dire si
c'est de la craie congloméroîde ou de la craie fendillée.
Si la craie fragmentaire est recouverte par de la craie
compacte solide, bien stratifiée, il est évident qu'elle
appartient au type congloméroîde ; mais si elle est super-
ficielle, surtout si elle est située dans une vallée, on ne
peut pas affirmer pour cela que c*est de la craie fendillée.
Car il peut se faire qu'elle ait été intercalée dans de la
craie compacte, et que la craie compacte supérieure ait
été enlevée. Il peut se faire aussi que le banc de craie
compact supérieur à la craie congloméroîde ait été trans-
formé en craie fendillée, de telle sorte que les deux types
(l)Ann. Soc. Géol. Nord, XXXI, p. 70.
— 146 -
de craie fragmentaire seraient superposés. Je crois que ce
cas est très fréquent, mais il n'a pas encore été constaté
d'une manière positive, parce que l'attention na été
appelée que depuis peu sur l'origine de la craie fragmen-
taire. En attendant des observations précises, je crois que
quand la craie fragmentaire a une certaine épaisseur, elle
peut représenter la craie congloméroïde pour la partie
inférieure et la craie fendillée pour la partie supérieure.
La craie congloméroïde, comme la craie fendillée, cons-
titue un réservoir interne où l'eau s'accumule, où elle
circule et d'où elle sort avec une abondance extrême.
Lorsque la couche de craie congloméroïde communique
facilement avec la nappe phréatique, elle est comme une
grande citerne, où s'accumule l'eau de cette nappe. Elle
est plus riche encore quand elle est en relation avec une
vallée aquifère. Elle peut alors fournir de l'eau en abon-
dance, car elle forme une conduite par laquelle l'eau de la
rivière parvient au lieu d'exhaure.
Beaucoup de sources dans les vallées doivent leur
origine à un banc de craie congloméroïde. La pluie qui
tombe sur le plateau, traverse le limon, remplit la craie
fendillée du plateau, descend par les fissures de la craie
plus ou moins compacte et arrive enfin à un banc de craie
congloméroïde, où elle s'accumule tout en s'écoulant dan=
la vallée.
Dans son cours souterrain, elle peut se trouver em
conduite forcée dans un siphon formé par deux bancs d ^
craie compacte. Si elle rencontre une fissure dans le ban_
compact supérieur, elle en profite pour s'élever et rcpa"
raître au jour. On voit fréquemment de grandes source
qui sourdent au milieu d'une rivière marécageuse en
déterminant des clairs, c'est-à-dire des espaces où l'e^
est pure et profonde parce que le courant ascendaM:
a chassé tous les terrains d'alluvionnement de la vallé
- 149 -
Fig. 7.
Coupe de la Fosse W /, de Lens-
25? i
Ci 1 •
m
Ll
650 / 650.
il
MX
122
23 Craie
conglomé-
roide.
I I
\
110
3û3
\V
B
Craie en
décomble.
Eau.
14
19
Craie
solide.
ncontra une nouvelle couche de craie fragmentaire dite
erreuse. L'eau qui était de 650 m^. à la partie supé-
rieure fut de 884 m^. à la
base; puis elle diminua peu
à peu. Elle était dans la craie
congloméroïde à l'état de
conduite forcée, se répandant
au-dessus et au-dessous par
des fissures. La couche de
craie dite pierreuse située au
milieu de la craie solide
appartenait bien au type con-
gloméroïde.
Dans les exemples qui pré-
cèdent la craie congloméroïde
est nettement séparée de la
craie fendillée. Il est d'autres
circonstances où l'on ne sait
dans quelle catégorie il faut
ranger la nappe aquifère. La
craie fragmentaire qui la con-
tient est superficielle comme
l'est la craie fendillée, mais
elle a une épaisseur qui ne
permet pas de supposer que
soualtération est toute entière
de nature météorologique. 11
est probable que la partie
inférieure a été modifiée par
les eaux souterraines et
qu'elle rentre par conséquent
dans le domaine de la craie
congloméroïde.
Au n° 5 de Lens (Fig, 8),
Craie
solide
37
40
u
tr —
51
Meule,
Craie.
Bleus.
\nnales de la Société Géologique du Nord, t. xxxiii
11
on a trouvé sous le limon depuis 1 m. jusqu'à 36 n
profondeur de la craie fragmentaire aquifère. La \
ng. s.
Coupe de ta Fosse n* 5, de Lens.
d'eau était de 2,400 m*
heure à 33 m. de profon
Cette quantité d'eau qui
une très grande gêne po
Compagnie des mines de
s'explique facilement. L'
est siLué dans la vallée
Souchez dont les eaux |
traient avec la plus gi
facilité dans les craies
mentaires fendillées et
gloméroTdes. Sous la
fragmentaire des banc
craie tendre, puis dure
arrêté la venue de l'ea
De même, dans la
D" 9 de la même s(
(Fig. 2, p. 139) la craie
mentaire a une épaisse
23 mètres Certainemen
appartient pour une gi
partie à la craie cong
roîde. Il y a peu de d
pour la craie fragmenta
silex; mais il est auss
probable que les 13 n
craie fragmentaire qui
uu dessus n'ont pas tou
origine météorique.
De oe qui précède, il résulte qu'il y aurait ava
pour chercher de l'eau à connaître la position des fis
— loi -
des bancs durs, de la craie fendillée et de la craie conglo*
raérolde.
On a vu que les fissures sont tout à fait accidentelles,
que rien ne peut faire soupçonner leur présence. Il en est
de même pour les bancs durs, sauf la meule ou tun, dont
la position est déterminée. Quant à la craie fendillée, elle
peut se trouver partout, mais elle n'est riche que dans les
vallées.
La craie congloméroïde constitue le gîte aquifère le plus
important de la région, d'autant plus que Ton doit lui
rapporter la partie inférieure de la craie fragmentaire
des vallées. Cette craie n'est pas une couche stratigra-
phique régulière. C'est de la craie normale qui a été
modifiée par la dissolution d'une partie de ses éléments.
En étudiant les venues d'eaux des concessions de
Courrières et de Lens, j'ai constaté que la craie conglomé-
roïde n'existe pas sous les plateaux et les plaines. On la
trouve uniquement dans les vallées et dans les vallons,
c'est ce que montre le tableau A ci-contre.
Cependant il ne faudrait pas considérer la règle comme
absolue et supposer que dans toutes les vallées et dans
tous les vallons, il y ait de la craie congloméroïde et par
conséquent de l'eau.
La fosse de Wingles (n^ 7 de Lens) a été remarquablement
sèche, bien qu'elle soit située à une faible distance du
vallon où coule le ruisseau de Bénifontaine.
La concordance entre la présence de la craie conglomé-
roïde et les dépressions du sol actuel conduit à deux
ordres de considérations, les unes théoriques, les autres
pratiques.
Les géologues ont à se préoccuper des circonstances
^ans lesquelles la craie a pris la structure congloméroïde.
Si cette structure est due à une dissolution interne, elle a
- 152
dû exiger une circulation de Teau, son entrée da
roche et sa sortie.
Tableau A
FOSSES
Lens
N° 1
2
3
4
7
■ 8
9
10
11
12
Courrières
N'2
3
4
6
7
8
9
POSITION
Vallon Sigler.
Plaine . . .
Plaine . . .
Plaine . . .
Plaine . . .
Vallée de la Souchez .
Vallon de Bénifontaine
Plaine
Vallon Sigier. . . .
Vallée de la Souchez
Plaine ....
Plaine . . .
Tête d'un vallon
Plaine , . .
Plaine . . .
Tôte d'un vallon
Plaine . . .
Petit va) Ion .
Vallée de la Souchez
Vallée de la Souchez
VEMUES D'EAU
maxima
par heure
881m'
26
52
2iO
200
2 400
38
84
1 132
1 600
(Congélation)
680
132
1 200
310
63
1 300
250
476
1 680
2 150
(^Congélation)
ORIGINE DE
Craie conglom
Craie compacl(
Craie compact
Fissure ?
Fissure ?
craie \ '«"«^V'
( conglo]
Craie compacte
Craie compactt
Craie > ^endill
^^^^^ ( conglO]
Craie fendillée
Fissure ?
Craie \ ^°'°P«'
( ûssurét
Craie \ ^«°<*"''
( congloi
Banc dur et fis
Craie compacte
Craie \ ^^^^i^^'
i congloi
Craie fissurée?
Craie conglomc
Craie fendillée
Craie conglom(
Lorsque la craie congloméroïde est en relation ave»
vallée actuelle, qui contieut un cours d'eau, on co
très bien que l'eau puisse pénétrer à travers les ter
d'alluvion de la vallée jusque dans la craie sous-ja
et qu'elle aille ensuite sortir un peu plus loin en
après s'être chargée d'un peu de carbonate de (
- 153 -
aux dépens de la craie qu'elle a traversée. Avec le temps
elle déterminera la formation de craie congioméroîde.
D'aulres fois l'eau aura pénétré latéralement dans la craie
et l'aura transformée dans un sens perpendiculaire à celui
de la rivière. D'autres fois enfin, c'est l'eau de pluie qui
tombant sur les plateaux pénètre dans les fissures de la
craie et arrive à s'écouler dans la vallée. Sur son chemin
elle a transformé la craie en craie congloméroide. Telle a
été, comme on l'a vu plus haut, Torigine de presque toutes
les sources des vallées.
La formation de la craie congioméroîde est plus difficile
à expliquer lorsque cette craie est à une profondeur plus
grande, lorsquelle est séparée de la vallée par des couches
en place peu ou point modifiées. C'est le cas particulier
pour le n» 9 de Courrières, où la craie congioméroîde est
en dessous du niveau de la mer et à plus de 30 mètres en
dessous de la vallée. Si l'on se rend compte encore facile-
ment que l'eau arrive dans la craie par les fissures, on
comprend moins comment elle sort, comment il a pu
s'établir un courant.
L'explication est particulièrement difficile dans une
région où les vallées sont très peu profondes et où la craie
s'enfonce sous les terrains tertiaires, dès qu'elle s'abaisse
à la côte + 20. L'eau se trouve dès lors enfermée par
l'argile tertiaire sans pouvoir sortir.
On ne peut pas invoquer la formation de la craie congio-
méroîde à l'époque quaternaire pleistocène, époque pen-
dant laquelle le relief du sol pouvait être différent du
relief actuel. Car les rivières n'étaient pas beaucoup plus
profondes qu'elles le sont maintenant et la couverture
tertiaire était au moins aussi étendue.
II faut nécessairement faire remonter l'origine de
certaines zones de craie congioméroîde à l'époque conti-
nentale prétertiaire, alors qu'il existait déjà des vallées et
— 154 —
que Teau qui se trouvait dans ]a craie pouvait en suiv^
la direction et la pente de la vallée aller sortira un niver
plus bas, sans voir son chemin obstrué par une arg"
supérieure.
On est ainsi conduit à supposer que la craie conglom
roïde constitue un vaste drain, qui enveloppe les vallé
actuelles et qui porte ses racines jusque sous les vallon
où il n'a jamais coulé d'eau permanente.
Les fosses n® 5 de Lens, n» 9 et n« 8 de Courrières moi
trent la craie congloméroïde très développée le long de
rivière de la Souchez.
Les fosses n^ 9 et n® 1 de Lens seront un exemple de
disposition de la même craie auprès du vallon sec d
Sigier. Actuellement le Sigier est un petit ruisseau au cou
creusé de mains d'homme, qui a pour source la fosi
n» 9 et qui a été transformé en égout dans la ville de Len
Primitivement ce n'était qu'un simple fossé par lequ
s'écoulait au moment des orages les eaux pluviales d'ui
partie du plateau à l'O. de Lens.
La fosse n° 9 (fig. 7, p. 149) est située à la tète, d
vallon dessiné par la ligne hypométrique 4 40. Elle
rencontré la craie à à 4 m. 90 de profondeur, y compr
2 m. 40 de terre rapportée. La craie était ébouleuse (frai
mentaire) sur une épaisseur de 24 m. Si les 2 ou 3 mètn
supérieurs peuvent être rapportés à la craie fendillée, U
20 mètres inférieurs appartiennent à la craie conglomi
roïde dont la base se trouve aussi à la côte + 12.
A 1 kilom. 1/2 en aval et un peu sur le côté du valloi
mais au même niveau que la précédente, se trouve la foss
m 1 (fig. 7, p. 149). La première craie rencontrée était e
bancs réguliers. On ne commença à trouver la cra
fragmentaire (craie pierreuse) qu'à 22 m. de profondei
et elle dura jusqu'à l'altitude + 11.
Il est probable que les eaux qui pénétraient dans
— 155 -
craie vers remplacement du n® 9 en un point où oette
craie était superficiellement plus altérée, coulaient souter-
rainement vers la fosse n® 1 en suivant une couche
actuellement supérieur à la côte — H, et en donnant la
structure congloméroïde à la zone d'imbibition, sans trans-
former les couches plus élevées.
La formation par dissolution d*un fourreau de craie
coQgloméroïde autour des vallées explique l'inclinaison
générale des couches supérieures vers les vallées.
Au point de vue pratique, on doit conclure de cette
élude :
\^ que sous les plaines de la craie du Nord on ne trouve
que peu d'eau à moins que Ton ait Theureuse fortune de
rencontrer une fissure ;
2<) que les nappes aquifères importantes de la craie
sont situées sur les bords des vallées et dans les vallons,
c'est là qu'il faut aller les chercher (»).
Plusieurs de ceux dont le métier est de découvrir les
sources, avaient déjà reconnu empiriquement le dernier
fait. Mais il paraissait tellement inconciliable avec les
idées généralement admises sur les nappes aquifères
intérieures, que les géologues étaient tentés de rapporter
au hasard une sorte de divination, qui avait souvent, en
outre, le tort de se présenter avec les apparences du plus
pur charlatanisme.
Si le présent travail étend un peu le domaine de la
science dans l'art de découvrir l'eau dans la craie, il faut
cependant avouer que ses conclusions ne sont pas très
consolantes pour le géologue. A la question qui nous est
,(0 M. Ladrière a déjà reconnu qu'aux enyirons de Valenciennes et de Jenlain,
l'eau se tient particulièrement à la tète des Talions crayeux dans une couciie de
craie fragmentaire, aue les ouvriers du pays appellent marne pourrie et qui
correspond à la craie fendillée ou à la craie congloméroïde iLadrièrb : Etude
géologique et hydrologique des environs de la ferme de WuU. Ann. Soc. géol.
*a Nonf, XXXII, p. 61).
— 136 —
souvent posée parles industriels de notre région cmyeuse
trouverai-je de Teau? à quelle profondeur la rencoa.
trerai-je? il n'est plus possible de répondre que par ur
pénible aveu d'ignorance.
Sur
le mode de formation de la Houille
du Pas-de-Calais
Conférence faite à l'Exposition d*Arras, le 9 Juillet 1904
sous les auspices de la Chambre des Houillères du Nord
et du Pas-de-Calais
par Charles Barrois
Les professeurs de géologie de la Faculté des Sciences
de Lille aiment entretenir leurs élèves du Bassin Houiller
du Pas-de-Calais et des grands travaux de ceux qui le
mettent en valeur. Cependant, quand on m'a demandé d'en
parler devant vous, Messieurs les Ingénieurs, qui l'avez
découvert et qui l'explorez si savamment, j'ai hésité, car
quand un géologue descend chez vous, c'est habituel-
lement pour apprendre, et non pour enseigner.
Aussi devrais-je, en débutant, m'excuser de prendre ici
la parole, si je n'étais résigné par avance i\ ne rien vous
apprendre, mais bien à vous exposer nos difficultés, les
lacunes de nos connaissances, nos incertitudes relative-
ment à l'origine de la houille, et à vous dire comment
vous pourriez éclairer et aider la science encore hésitante,
qu'est la Géologie.
Pour elle, la houille est une pierre d'origine sédimen-
taire, faite en son temps, comme tant d'autres, à la surface
du sol, sous l'influence des eaux atmosphériques. Toutes
les pierres de cette espèce, quelles que soient leurs
variétés et les usages divers auxquels nous les affectons,
sont unes par leur genèse; elles sont seinblablement
formées de débris préexistants, do poussières diverses,
— 157 —
accumulés et agglomérés sous riofluence de Teau.
La Dature de ces débris est variable, variable aussi la nature
des eaux : les premiers peuvent être des fragments de
minéraux, d'animaux ou de plantes; et de leur côté, les
eaux provenant de la condensation des nuages, ont pu
a^ir comme eau de pluie, eau de rivière, eau de mer, ou
eau minérale. Ce sont tous les agents qui ont déterminé la
variété infinie des roches sédimentaires.
Une première catégorie de ces roches est formée de
fragments minéraux, galets, sables, poussières, accumulés
par l'action des eaux courantes; elles sont meubles. La
lente décomposition de certains des détritus composants,
sous l'influence prolongée de l'action chimique des eaux
d'infiltration, donne naissance à des produits minéraux
nouveaux, dont le concrétionnement entre les éléments
plus résistants change la masse meuble en une roche
nouvelle, dure, cohérente. Tous les termes de cette pre-
mière série, quels que soient leurs noms (cuerelles, rocs,
poudingues), sont formés de la même manière et sui-
vant ce même plan : il conviendra toujours d'y distin-
guer des éléments étrangers apportés, plus anciens, et des
éléments nouveaux, nés sur place. Les pro|)ortions rela-
tives des deux séries d'éléments varient proportionnel
lement à l'âge des roches, et aux efforts mécaniques subis
par elles.
Une seconde catégorie de roches est formée de débris
animaux, elles nous apportent le même enseignement;
leurs constituants essentiels sont des ossements, riches en
phosphate de chaux, ou des spicules, riches en silice, ou
des coquilles, riches en carbonate de chaux, de divers ani-
nîaux : ces dernières, beaucoup plus importantes par leur
masse, ont donné naissance à toutes les roches calcaires,
craies, marbres. Le calcaire que M. Sainte-Claire Deville,
l'un de nos jeunes et très distingués ingénieurs, a trouvé
— 158 —
récemment dans le bassin houiller de TEscarpelle es
comme tous les calcaires, une roche formée de raccumi
lation de coquilles en carbonate de chaux, sécrétées pa
des animaux et cimentées par des débris de ces même
coquilles, triturées par le hasard des vagues. Ces débri
se décomposant ensuite sous Taction chimique des eau
infiltrées, il s*est formé dans les joints de la calcil
cristallisée qui a constitué Télément nouveau de la roch»
En réalité, cette pétrification est un peu plus complex*
en raison de ce que les coquilles en carbonate de chau:
étant tantôt en aragonite, tantôt en calcite, avec 1 à 2 o
de carbonate de magnésie, sont formés d'éléments inég;
lement stables. Les coquilles en aragonite se dissolvent h
premières, et leurs éléments vont recristalliser à l'état d
calcite, dans les bancs sous-jacents, entre les coquilles e
calcite. A mesure que Taragonite disparaît, la rocl:
s'enrichit, par différence, en carbonate de magnésie. De
sondages poussés récemment par des savants anglai
jusqu'à une profondeur de 400™ à travers le récif c
coraux calcaires de Funafuti, dans le but d'élucider
fait, a établi que ces calcaires formés par l'accumulatic
de coquilles, à 1 7» de carbonate de magnésie, étaie:
transformés à la profondeur de 200«^ en des calcaires dur
cristallins, à 40 7o de carbonate de magnésie.
Ainsi la formation lente des minéraux nouveaux, ai
dépens des éléments anciens, de coquilles calcaires, dai
l'exemple choi.si, a eu non seulement pour résultat i
transformer une roche meuble en une roche cohérent
mais encore de modifier sa composition chimique.
11 ne nous reste plus, pour terminer cet exposé, qu
examiner une troisième et dernière catégorie de roch
sédimentaires, celle qui est formée de débris végétaux ei
laquelle appartient la houille. Ici encore, nous devro
distinguer des éléments anciens et des éléments nœ
— 159 --
veaux ; et nous constaterous que, comme pour les autres
pierres formées de débris minéraux ou de restes animaux,
la nature de la roche dépendra d'abord de la nature des
éléments anciens accumulés, et en second lieu, des trans-
formations déterminant la genèse d'éléments nouveaux.
Nous verrons que, comme pour les autres roches, les pro-
portions relatives des deux séries d'éléments varient pro-
portionnellement à l'âge des houilles et aux efforts méca-
niques supportés par elles, et (|ue ces transformations,
enfin, ont été assez profondes pour modifier la composition
chimique des diverses houilles.
On peut mettre en évidence la nature végétale de la
houille, en l'attaquant par des réactifs oxydants. Un
mélange d'acide nitrique et de chlorate de potasse trans-
forme la plus grande partie de la houille amorphe en une
gelée brune (acide humique); si alors on fait intervenir la
potasse ou l'ammoniaque, on dissout l'acide à l'état
d'humate alcalin et on met en liberté de minces débris de
membranes végétales, presque toujours des fragments de
cuticules, des éléments ligneux, vaisseaux ou trachéides,
et parfois des grains de pollen, des spores, c'est-à-dire les
parties végétales qui se décomposent le plus lentement
dans l'eau. On obtient des résultats analogues en traitant
de la sorte des tourbes, des lignites ; ces roches toutefois
sont constituées par des espèces végétales différentes des
précédentes. Pour s'en rendre compte, il convient
d'explorer les toits qui recouvrent les veines et qui eux
aussi sont remplis de débris végétaux, moins nombreux il
est vrai, mais présentant des formes reconnaissables
quoique semblablement transformés en charbon ; ces
débris, stipes, frondes, fructifications, sont merveilleu-
sement conservés, étalés à plat, entre les lits de schiste,
ou parfois verticaux et en place, dans leur station
ûormale.
- 160 —
L'étude qui en a été faite par dos botanistes a permi
d'y reconnaître une flore variée, de caractère paludée
très marqué, et où les arbres étalaient leurs racine
comme ceux des lieux humides. Les plantes à fleurs
Monocotylédones et Dicotylédones, qui constituent 1î
parure de nos campagoes, n'existaient pas encore ; o
ne reconnaît que des plantes d'une organisation plus
simple, Cryptogames vasculaires et Gymnospermes, géants
précoces, dont les descendants actuels rabougris ne nous
donnent plus qu'une idée approchée. Telles sont les
Fougères arborescentes, d'espèces variées, à stipes d^
15 m. et frondes atteignant 10 m., — les Lycopodinées,
représentées par les Lepidodendrons, — les Sigillarias,
atteignant 40 m. de hauteur et poussant des racines»
parfois désignées sous le nom de Stigmarias, — les-
Calamités, équisétinées de 4 à 5 m. de hauteur. Le^
Gymnospermes, plantes les plus parfaites de l'époque,
étaient représentées par des formes voisines des cycadées,
Cordaïtes à fruits de ginkgo, et Cycadotilicinées à fruits,
de cycadées et à frondes de fougères.
Dans ces bois marécageux vivaient de nombreux:
animaux : des insectes rappelant nos libellules et nos
cigales, volaient dans les airs, tandis que des poissons
amphibiens et des stégocéphales, comparables à nos
batraciens, nageaient dans les eaux. Ces derniers étaient
à l'époque houillère les rois de la création. Bien qu'ils
n'aient guère contribué par leurs débris, à former la
houille, il y a intérêt à rappeler ici leur existence, car ils
nous apprennent que les animaux comme les végétaux de
cette époque, également imposants par leur taille, remar-
quables par leur variété et parfaits dans leur organisation,
avaient plus de relations avec les stades jeunes, imma-
tures, qu'avec les formes adultes des êtres actuels : ils
présentent des formes embryonnaires. Ils nous apprennent
- 161 — .
également qu'il reste encore beaucoup de découvertes à
faire dans notre bassin houiller ; nous ne connaissons
qu'un insecte du Pas-de-Calais, tandis qu'on en a trouvé
des centaines à Commentry ; on n'a pas encore signalé de
poisson dans le Pas-de-Calais, alors que les ingénieurs
belges en ont distingué dans 16 lits diiTérenls, dans le
bassin de Charleroi.
Toutefois, il reste bien plus de choses à expliquer pour
le géologue et pour le chimiste, dans le Bassin du Pas-de-
Calais, que de découvertes à faire pour l'ingénieur, après
les travaux d'Olry, de Soubeyran, de Fèvre, de Breton,
et de tant d'autres. De ce genre, est la série des réactions
qui ont transformé les tissus des Gymnospermes et Crypto-
games vasculaires en houille, puisque cette roche est
formée de leurs débris et qu'elle en contient tous les
éléments chimiques : carbone, hydrogène, oxygène et
azote. Nous connaissons, il est vrai, tous les passages entre
les matières végétales vertes à 40 ^o de carbone, qui
tombent dans nos tourbières, et les anthracites à 95 «/o de
carbone; mais cet enrichissement en carbone est accom-
pagné de réactions chimiques complexes, dont le résultat
est la formation des éléments minéraux nouveaux de la
roche. Ils sont amorphes, et c'est ce qui en rend l'étude
difficile au minéralogiste
L'oxydation sous l'eau de la cellulose (C^2H20oiO)n gg^
nécessairement incomplète, puisqu'il n'y a pas, dans les
matières végétales, assez d'oxygène pour brûler tout le
carbone et tout l'hydrogène ; et le carbone qui n'est pas
brûlé entre dans des combinaisons nouvelles, variées,
complexes, où dominent l'acide humique et des hydro-
carbures. L'acide humique, substance brunâtre, soluble,
est produit dans les tourbières, sous l'action de ferments
bactériens ; il est plus riche en carbone que la cellulose
(G4 o/o au lieu de 44 7©) ; les hj'^drocarbures formés dans
— 162 -
les tourbières sont multiples et à divers états, gazet^
liquides ou solides. Les proportions relatives de Co-
produits varient dans les diverses tourbes. Il en est ^
même pour les lignites, intermédiaires par leur riches?
en carbone, entre les tourbes et les charbons.
La houille, longtemps considérée comme dépourvue c:
toute organisation, se montre composée de débris vég -
taux, à divers états d'altération enfermant dans leu»
interstices des substances brunes amorphes qui \e
englobent et les pénètrent. Ces substances comprenner
des produits humiques de fermentation et divers hydre
carbures. Les premiers devenus insolubles, solides e
fossilisants, se sont formés d'après M. Renault sou
l'influence de bactéries (Microcoques et Bacilles), pendan
la macération dans l'eau de débris végétaux ; ils son
amorphes, entourent ou remplacent diversement le
tissus : on les a désignés sous le nom de carbohumine. Le
seconds comprennent des combinaisons variées d'hydro
gène et de carbone, qu'on peut grouper sous le nom di
bitumes. Ils sont amorphes, présentant parfois au micros
cope une disposition en grains ovales on anguleux, ei
cordelettes jaunes, ambrées, brunes. Leur formatioi
commencée lors du dépôt, s'est poursuivie longtemp
après cette période, comme Ta établi M. C. Eg. Bertrand
en montrant qu'ils remplissent souvent des fentes d<
contraction, dans la roche, ou diverses cavités des tissu
organiques.
La formation de la houille nous présente ainsi troi:
phases successives. La première correspond à l'accumula
tion des matières végétales. La seconde comfjrend diverses
réactions chimiques opérées sous l'eau, et consistant er
une désliydrogénation et une désoxydation plus ou moin<
avancée de la cellulose, avec dégagement d'eau, d'acid(
carbonique et de gaz des marais. Suivant que l'élimi
— 163 -
nation de Thydrogène et de Toxygèue a été plus ou moins
complète, elle a donné naissance aux diverses variétés de
houille, plus ou moins riches en carbone, plus ou moins
chargées en carbohumine ou en bitumes. Amendant cette
phase, il s'est produit concurremment un tassement, une
contraction physique de la masse, atteignant 10 à 30 **/o
du volume primitif des matières végétales accumulées. La
troisième phase comprend les réactions chimiques opérées
sous terre^ postérieurement aux précédentes ; c'est la
phase des déplacements moléculaires posthumes : les
débris végétaux sont remplie ou épigénisés par les
bitumes, la silice, et les produits de réduction, sidérose et
pyrite. Elle a également pour résultat un dégagement de
gaz hydrocarbures et oxydés et finalemeni Tenrichis-
sement en carbone de la houille.
On peut donc définir la houille, un feutre végétal
comprimé, enrichi à la fois en carbone par imprégnation
de carbohumine et de bitumes amorphes, et par perle de
l'oxygène et de l'hydrogène primitivement combinés.
L'anthracite est une houille plus enrichie en carbone.
Le graphite est une anthracite dont toute la matière
volatile a disparu. Ces relations entre les roches d'origine
végétale sont résumées dans le tableau suivant, qui montre
que ces combustibles constituent une série continue où la
proportion du carbone croît indéfiniment.
Tableau des Combustibles
Bois
Tourbe
Lignite
Houille
Anthracite
Graphite
Carbone
0+Az
H
44 à 52
43 à 42
6 à 5
50 à 58
35 à 28
7 à 5
55 à 75
26 à 19
6 à 3
74 à 96
20 à 3
5à 1
9(Ȉ 96
3à
3 à 1
100
Densité l
d = 0,9
d-1,2
d«l,30
d«l,40
dr=r2
- - 164 —
Ainsi s*impose à Tesprit la notion fondamentale
Tunité (l'origine de tous les combustibles. Les dilïéreac
que Ton reconnaît entre eux sont attribuables à div<
facteurs, qui ont agi successivement, en se superposai
pendant les diverses phases de formation de la roche.
Lors de la première phase, des flores différentes c
concouru à la formation de la roche, comme rétablit
prédominance des Cryptogames vasculaires dans
Rouiller, celle des Gymnospermes dans les lignites, ce
des Monocotylédones dans les tourbes de notre pays.
Lors de la dernière phase, deu.\ puissants factei
intervinrent qui présidèrent aux lentes réactions c
miques: le temps et la pression. La transformation,
effet, est d'autant plus profonde, qu'on a affaire à (
dépôts plus anciens ; les combustibles de l'époque quat
naire sont à l'état de tourbe, ceux de l'époque tertiaire
secondaire à l'état de lignite, ceux de l'époque carbonif(
à l'état de houille, ceux des étages plus anciens à Vé
d'anthracite ou de graphite. Si, d'autre part, on consid<
successivement les accumulations végétales d'une mê
époque, celles de l'époque carbonifère, par exemple, dî
des massifs soumis à des actions dynamiques croissant
on constate qu'elles sont à l'étal de lignites horizonta
à Moscou, de houille grasse plissée dans le Centre,
houille maigre plus ridée dans le Nord, d'antbracite
môme de graphite dans les régions métamorphisées <
Alpes. Les interférences de ces deux facteurs, temps
pression, ont ainsi déterminé, entre les diverses rocl
d'origine végétale, dans les divers bassins, les différeu'
posthumes qu'on y observe.
Dans le Bassin houiller du Pas de-Calais, on n'a pas i
série de combustibles aussi complète que celle qui va
la tourbe au graphite, mais on a une série longue cepi
dant, allant des houilles sèches flambantes aux houil
— 165 -
anthraciteuses, qui brûlent sans flamme : il convient de
se demander quelles sont les causes de ces variations de
composition, et si elles sont de même ordre que celles que
nous venons d'indiquer.
Le tableau suivant résume les variations observées dans
la composition chimique des houilles du Pas-de-Calais.
Tableau des Houilles 0)
Carbone
0-f Az
H.
MV.
Densité
H. sèches
flambantes
75 à 80
19,5 à 15,5
5,5 à 4,5
45 à 40
1,25
H. grasses
à gaz
80 à 85
14,2 à 10
5,8 à 5
42 à 32
d = l,25
H. grasses
à forges
84 à 89
11 à 5,5
5,5 à 5,0
32 à 26
1,28
H.
demi -grasses
H. maigres
88 à 91
6,5 à 4,5
5,5 à 4.5
90 à 93
5,5 à 3
4,5 à 4
26 à 18
18 à 10
d = l,32
d = l,34
H. anthraciteuses
93 à 95
3
3 à 1
10 à 8
d = l,40àl,70
La variété de composition des houilles indiquée dans ce
tableau a des causes multiples. La première réside dans
des différences végétales originelles. L'existence de ces
différences botaniques a été établie de diverses façons : on
doit à M. C. Eg. Bertrand d'avoir montré qu'à côté des
houilles formées par les Gymnospermes et les Crj^pto-
games vasculaires, il en était de formées par l'accumula-
tion d'algues microscopiques, de spores, de grains de
pollen ; M. Zeiller a appris qu'on pouvait distinguer
certaines veines par la liste des espèces végétales récoltées
dans leur toit. De même, dans les bassins du Centre, on
connaît des veines formées de feuilles (Commentry),
d'autres formées d'écorces de Cordaïtes, de Calamo-
dendron (Decazeville, St-Etienne), de troncs de fougères
(') Dans ce tableau, comme dans les pages qui suivent, nous désignerons par
MV les matières volatiles.
annales de la Société Géologique du Nordj t. xxxiii
12
(Commentry). Les analyses de M. Carnotont prouvé qo^e
des écorces des diverses familles recueillies dans la même
veine de Commentry, présentaient entre elles des diffi^
renées de teneur en matières volatiles (MV), atteignai3.t
7,5 o/o. C'est d'autre part un fait d'observation poiar
beaucoup d'entre vous, qu'une même veine, sur une mêm e
verticale, présente des différences très notables dans sa
composition chimique, atteignant 6 7o, du toit au mur ;
parfois même, les sillons d'une même veine sont formés
de charbons différents.
D'autres agents de transformation sont venus après
coup, superposer leur action aux premières différences
végétales et faciliter l'enrichissement en carbone du
produit. Telles sont, par exemple, les conditions de macé-
ration de la matière végétale, variables suivant l'épaisseur
de la couche d'eau : on sait, en effet, que la tourbe se
forme plus vite dans les marais tourbeux, quand il y a peu
d'eau dessus. Telle est encore l'épaisseur de l'accumula-
tion végétale, qui détermine des variations dans le degré
de dessication, d'aération, de compression des veines;
telle encore, la nature du toit, puisque dans les toits
schisteux imperméables les feuilles sont carbonisées,
tandis que dans les toits cuerelleux perméables les troncs
seuls sont conservés, souvent même à l'état d'empreintes,
où tout le carbone a disparu.
Nous attribuons également un rôle efficace dans la
genèse des diverses variétés de houille, à la nature des
bassins, limniques ou paraliques, dans lesquels s'effec-
tuèrent les dépôts. Dans les bassins limniques du Centre,
où depuis les beaux travaux de M. Fayol, la houille est
considérée comme de formation allochtone, les végétaux
sont arrivés morts et se sont empilés rapidement; dans
les bassins paraliques du Nord, rabondance des Spirorbes,
vers aquatiques, fixés sur les fougères de divers toits
— 1G7 -
(Bruay, etc.), établit que ces plantes y furent immergées
avant leur mort, et qu'elles y restèrent plusieurs mois
libres, non ensevelies, puisque les Spirorbes sont des
animaux qui ne peuvent vivre que dans des eaux relative-
ment pures, et qu'il leur faut plusieurs mois de temps,
pour se fixer et se développer sur une feuille. Les condi-
tions physiques de la transformation végétale ayant été
très différentes dans les bassins limniques et les para-
liques, le résultat chimique de cette transformation a dû
en être influencé.
Mais nous n'avons pas encore épuisé la série des facteurs
qui agirent sur les accumulations végétales en voie de
formation. Ainsi, on doit également attribuera ces trans-
formations contemporaines, la nature de certaines veines
à composition aberrante, dans des faisceaux de veines
à composition sériée. Comme exemple, on peut citer ici la
veine Frédéric du N<> 1 de Liévin, qui a 28 «/o de MV dans
un faisceau à 33 ^jo de MV ; et aussi, les veines François et
Edouard de Lens, faisant partie du faisceau sérié de
Dusouich, où la teneur en MV varie graduellement de
37 o/o à 30 o/o, et qui devraient avoir environ 35 %, or
Tune a 31 o/o (François), l'autre 39 o/o (Edouard), c'est-à-
dire respectivement 5 7o de moins et 5 «/o de plus qu'elles
devraient avoir, si une cause générale avait seule agi sur
leur composition.
C'est d'une façon plus dubitative, qu'on peut encore
rapporter à des actions contemporaines, les modifications
que présentent certains faisceaux de veines sériées, à
teneur en matières volatiles régulièrement graduée, où
l'amaigrissement s'accomplit plus vite que dans la propor-
tion normale. Ainsi au n^ 8 de Lens, dans le charbon gras,
M V varie de 5 o/o sur 37°", soit 1 ^jo sur 7"^, au lieu de
la proportion normale 1 % sur 66°". A Gourrières, au
n°l, dans le charbon maigre, M V varie de 6 ^jo sur 193°^,
soit 1 o/o sur 32°" au lieu de 1 Vo sur 160°".
- 16& -
En outre des modifications de composition que no
venons de rappeler, les veines de houille du Pas-de Calî
en présentent d'autres, qui sont attribuabies à des cauf
plus générales, d*un ordre différent et développées pos
rieurement aux phénomènes de sédimentation. Ces ma
fications se distinguent essentiellement des précédent*
en ce qu'au lien d'être spéciales à des veines déterminé^
elles affectent des séries de veines, des ensembles, d'im
façon uniforme ; elles ont agi semblablement sur c
faisceaux entiers, dont les veines successives constitue
de la sorte des séries graduées, à proportions de M
régulièrement décroissantes. Dans le faisceau de houi
flambante de Bruay, la teneur en M V diminue de 1 <^/r
mesure qu'on descend de 30^ verticalement ; dans
faisceau gras de Bully-Grenay, elle descend de 1 Vo p
57°^ ; dans le faisceau gras de Lens, 1 7© par 6&^, da
le faisceau maigre de Lens, 1 o/o par 160°^, etc. Ou pou
rait en citer nombre d'autres exemples dans le Pas-d
Calais, aussi bien qu'en Belgique, où ils ont été indiqu
par M. Stainier, dans ses beaux travaux sur la houille
en Westphalie, où ce phénomène a été signalé par M. Hi
dès 1873, et depuis accepté comme la Loi de Hilt.
A Aniche, comme à Lens, la raison de l'amaigrisseme
vertical est proportionnellement plus rapide dans 1
faisceaux gras, que dans les maigres. Le fait est généra
De plus, les infractions à la loi de Hilt sont plus fr
quentes parmi les gras, que parmi les maigres; ce q
permet de penser que ceux-ci ont été plus influencés, pi
uniformisés que les premiers, par les modificalio
d'ordre général : ils sont pluï^ métamorphisés, suivant ui
expression géologique.
Un autre phénomène de môme ordre est l'indépendan
relative de la teneur en MV par rapporta la teneur (
cendres et encarbone fixe; on sait que les sillons schisteu
— 169 -
des veines et certains toits stériles sont à peu près aussi
riches en MV que la veine elle-même. La teneur en MV
dans ce cas, dépend davantage de Tagent qui a présidé à
l'amaigrissement du faisceau que de la teneur originelle
en carbone, de la roche analysée.
Une autre modification d'ordre général, bien connue
dans le Bassin du Pas-de-Calais est la diminution
progressive de la teneur en MV du Sud au Nord, soit
qu'on considère les veines en 3 faisceaux (MV = 42 à 32 ;
35 à 17 ; 14 à 9 %), respectivement séparés par les
grandes failles Ruitz et Reumaux ; soit qu'on considère
les veines isolément, en les comparant à elles mêmes, en
divers points, suivant leur pendage. Ainsi Louis, Désiré,
Auguste, Arago de Lens perdent 10 unités de MV du Sud
au Nord ; Alfred, de Liévin, également ; à Courrières on
trouve une perte de 5 «/o, pour des veines en plateures.
Dans le Pas-de-Calais, à mesure qu'on avance vers le
Nord, ou qu'on descend suivant la verticale, la teneur en
MV baisse dans les faisceaux houillers et la densité du
charbon augmente (voir le tableau). Cette augmentation
delà densité suivant des séries continues, loin d'être un
fait spécial à la houille du Bassin, se trouve être une
modification que l'on peut suivre parallèlement parmi
toutes les roches métamorphiques, modifiées par une
même cause physique, postérieure à leur dépôt. Ainsi le
charbon passe dans les roches métamorphiques, cristal-
lines, au graphite plus dense; les diverses formes de l'acide
litanique passent au rutile plus dense ; les silicates
d'alumine Al- Si Dépassent aux formes les plus denses,
commedisthène, sillimanite. Le développement des mêmes
transformations dans toutes les roches permet de lui
attribuer une portée générale, et vraisemblablement une
cause unique.
Nous n'entrevoyons qu'une cause, suffisante pour une
— 170 —
action aussi générale; elle réside dans Télévation du degr
géothermique, nécessairement produite en profondeu i
lors du ridement des couches, c'est-à-dire lors de 1
formation du pli synclinal houiller. La mesure de s
valeur ne saurait être donnée, et ne pourrait être tenté
qu'après la restitution topographique de la Crète d\
Condros, antérieurement à la période des dénudation.
post-houillères.
En résumé, les multiples considérations, que nous
venons d'énumérer devant vous, permettent deux conclu-
sions précises : d'abord que les diverses veines de charbon,
plus grasses à l'origine que de nos jours, étaient dès ces
époques lointaines inégalement grasses, en raison de leur
mode variable de formation ; ensuite qu'elles ont été
amaigries par séries graduées, grâce à l'élévation du degré
géothermique, produit lors des plissements tectoniques.
Ces modifications nouvelles, insuffisantes pour effacer
complètement les différences primitives, suffisent pour
établir les séries, suivant les lois de Hilt et autres lois géné-
rales analogues. Cette distinction dans les houilles de deux
catégories d'éléments, les uns anciens, les autres nou-
veaux, formés successivement sous le contrôle d'agents
différents, est nécessaire ; elle permet d'affirmer, comme
nous l'annoncions en débutant, l'unité de genèse des
houilles et des autres roches sédimentaires { grès ,
calcaires, etc.).
Notre conclusion, qui fait remonter les amaigrissements
sériés des faisceaux de veines à l'époque du lent refoule-
ment du synclinal de Namur, produit en profondeur sou?
de fortes pressions, trouve encore une confirmation dans
ces faits bien connus dans le bassin, que la teneur en MV
est indépendante des morts-terrains, comme aussi des
failles qui affectent le terrain houiller. De part et d'autre
de ces failles, en effet, la composition chimique des veines
— 171 —
varie brusquement, sans gradation. Le classement des
houilles est antérieur à Touverture des failles.
Celte théorie de Tamaigrissement est enfin en relation
avec la loi fondamentale de la tectonique des bassins
plissés. L'analyse de tous les mouvements du sol, dont la
trace nous est conservée, dans le bassin synclinal du Pas-
de-Calais a permis à M. Gosselet de montrer qu'ils se
relient à une même poussée latérale, agissant sur une
IjHnde de la croûte terrestre qui se contractait. Le résultat
évident de ce déplacement fut de réduire la surface et le
volume du bassin houiller ; tandis que certaines tranches,
découpées par failles, étaient entraînées par le mouve-
ment centripète de descente, d'autres restèrent en arrière
qui ne pouvaient s'accommoder de la fosse étroite où la
contraction du globe tendait à les resserrer, et les dénuda
lions séculaires sont venues ensuite enlever ces tranches
abandonnées. Celte loi de la tectonique des bassins est
en relation avec celle de l'amaigrissement graduel des
houilles, puisque la densité des houilles croissant avec la
profondeur et l'étendue du plissement, on voit diminuer
conjointement le volume spécifique des houilles en même
lemps que le volume du bassin. Ainsi se superposent,
pour atteindre ce but final, les actions mécaniques de la
tectonique et les lentes actions moléculaires, qui dimi-
nuent le volume spécifique des houilles à mesure que leur
densité augmente.
Ainsi le Bassin du Pas-de-Calais olïre un exemple des
relations qui existent entre la géologie et l'exploitation
des mines. Quand nous saurons mieux les règles qui pré-
sident à l'amaigrissement des charbons, nous aurons à la
fois un moyen plus sûr de retrouver et de reconnaître les
veines perdues dans les travaux, et un guide précieux
pour tracer sur nos profils géologiques, la profondeur des
synclinaux ensevelis et l'épaisseur des anticlinaux dis-
— 172 —
parus. Quand les mineurs nous auront appris ces règle
les géologues pourront leur dire aussi, pourquoi le charbc
cristallise tantôt sous la forme de graphite (densité = 2
et tantôt sous la forme de diamant (densité = 3,5), la pli
dense que prenne le carbone.
Séance du 6 Juillet iOOâ
M. de Dorlodot envoie la note suivante :
Age des couches dites <( Burnotiennes »
du bassin de l'Oesling (i),
par Vahhé H. de Dorlodot
Nous désignons sous le nom de bassin de l'Oesling Q
l'extrémité ouest et considérablement rétrécie du grani
bassin de TEifel, qui traverse l'Oesling, ou Ardenne grand'
ducale, pour se continuer dans l'Ardenne belge au Sud d(
l'anticlinal de Rocroy Bastogne et disparaît enfin sous le
Lias au Nord-Ouest de Mézières.
Depuis ce dernier point jusqu'à l'Est de Neufchâleau, la
profondeur de ce bassin ne varie guère et son noyau esl
constitué par les quartzophyllades, qui donnent tant de
monotonie aux rives de la Semois, entre Aile et lier
beumont, et dont la faune hunsruckienne a été découverte
au bois de Gesly par le regretté M. Jannel (^). Mais, î
partir d'Ebly, à l'Est de Neufchàteau, le bassin s'appro
fondit : son axe est, dès lors, occupé, sur une longueur de
(1) yo\T Age des couches dites « Bun\otienws » des bassins de Dînant c
d' Aix-la-Chapelle. Ann. Soc. géol. du Nord, t. XXXIII, p. 8. Cette note et la nol<
présente ont pour but de développer les vues que nous n'avions en jusquMc
l'occasion de publier qu'incidemment et en termes très résumés, dans noln
Compte rendu des excursions sur les deux flancs de la crête du Condrnz
l'aites par la Société belge de géologie, de paléontologie et d'hydrologie, l
1U mars et les 8 et 9 avril 1899 (Ann. Soc. belge de géoï., t. XIV), pp. 154-157
cf. p. 190
(2) Nous préférons le terme bassin de l'Oesling au terme bas:sin du Luxem-
bourg, ce dernier étant déjà en usage pour désigner le bassin ou golfe triaso
iiasique de I.uxembourg.
(3) J. GossELET : 1/ Ardenne, p. 330.
— 173 —
plus de 70 kilomètres, parla grauwacke de Willz et de
Daieiden, identique comme faciès lilhologique et comme
(aune à la grauwacke de Hierges à Spirifer paradoxus et
Spirifer arduennensis.
Entre ces dernières couches, qui correspondent certai-
nement à la grauwacke supérieure de Coblence ou Obère
Coblenzsckichtendes géologues rhénans, et les quartzophyl-
lades hunsruckiens, on observe une assise de schistes
rouges et vert clair avec bancs de grès verdâtre. C*est Tas-
sise des schistes de Clermux, de M. Gosselet. Depuis Dumont,
celte assise est considérée comme correspondant strati-
graphiquement aux schistes rouges de Winenne. La carte
géologique de la Belgique au 40000® adopte encore cette
manière de voir et range l'assise de Clervaux dans Vétage
burnoHen, sous la dénomination de Grès et schistes rouges
de Winenne (^). — Le but du présent travail est d'examiner
jusqu'à quel point cette assimilation doit être maintenue,
dans l'état actuel de la science.
Disons d'abord que, grâce surtout aux travaux de
M. Gosselet, Tassimilalion des schistes de Clervaux aux
schistes de Winenne a beaucoup perdu du degré de
certitude qu'elle paraissait avoir à l'époque d'André
Dumont(2). Et cela, non seulement parce qu'on a reconnu,
de plus en plus, combien le caractère tiré de la teinte rouge
de certaines roches est trompeur, mais encore parce qu'on
ne peut plus soutenir que les couches sur lesquelles repose
et celles qui surmontent immédiatement l'assise de Cler-
(') FeuiUes NeufchâtPau-JnssPrpt et FauriUers-Rnmeldange^ levées par
M. DoRMAL. M. X. STWsiEn (Feuillu liastogne-Wardtn) range également ces
couches dans rétage burnotien.mais se contente de les décrire commaScfifstts
^t Orès muges, roses, jaime-piUc. hianchdtfes, séviciteux.
<2) M. Gosselet admet cependant encore Topinion d'André Dumont; mais il le
•aU en des termes qui ne semblent pas exprimer une conviction bien absolue :
« Le bassin de Wiltz, dit-il (Ann Soc. géol. du Nord, t. XU. p. 269), est enve-
l<)Ppé itresque de toutes parts par des schistes rouges, que Dumont a assimilés
jux schistes de Burnot E'. Il n'y a aucune objection à faire à cette opinion; il
jaut toutefois remarquer que les schistes de Clervaux n'ont, en général, qu'une
faible épaisseur.» Avouons cependant, dès maintenant, que cette dernière objec-
tion vaut plus encore contre l'hypothèse que nous proposerons, que contre celle
d André Dumont.
— 174 —
vaux soient respectivement contemporaines des grès noirs
de Vireux et de la grauwacke de Hierges.
Dumont(^), ayant cru reconnaître la partie supérieure
de son étage huiidsruckien dans les phyllades de Bùtgen-
bach, Saint- Vith, Trois-Vierges, Longlier et Herbeumont,
ainsi que dans les phyllades de Martelange et les schistes
de Viandeu et de Kautzenbach, ne pouvait douter que
l'assise de couches plus quartzeuses, qui sépare les phyl-
lades de Trois Vierges et les schistes de Kautzenbach de
rassise de Clervaux, ne correspondît stratigraphiquenient
à rassise des grès de Vireux. Ainsi se retrouvait, dans le
bassin de l'Oesling, la succession régulière des assises,
telle qu'il Tavait établie au Sud du bassin de Dinant.
Bassin de Dînant Bassin de l'Oesling
E' Schistes gris f os- Grauwacke de Hier- Grauwacke de Wiltz.
silifères. ges(*).
E' Psammites et Schistes de Winenne. Schistes de Clervaux.
schistes rouges.
A Grès, psammite, Grès et schistes de Quarlzophyllade de
schiste bleuâtre. Vireux. Heinerscheid et de
Schûttbourg.
Cb (p. supérieure) P. supérieure de la Phyllades de Trois-
Schistes et phyl- Grauwacke de Mon- Vierges et schistes
lades tigny-sur-Meuse. de Kautzenbach.
Les couches de schistes rouges, qui se rencontrent dans
rassise de Clervaux, contribuèrent sans doute, pour une
bonne part, à induire Dumont en erreur sur l'âge des
couches quartzoschisteuses de Heinerscheid et des phyl-
lades de Trois Vierges et d'Herbeumont. Mais, en outre,
la ressemblance de ceux-ci avec les phyllades du Huns-
rûck devait le porter naturellement à les considérer
comme représentant le Hunsruckien plutôt que le Tau
nusien.
(1) André Dumont : Mémoire sur les terrains Ardennais et Rhénan de VAr-
denne, du Rhin, an lirabant et du Condros. Seconde partie : Terrain
rhénan. Méin. de l'Acad. roy. de Belg., t. XXII, pp. 1 8-175.
(2) Les schistes gris fossilifères de Dumont comprennent, non seulement la
Grauwacke de Hierges, mais encore les s(!Jiisles de Couvin. dont le niveau stra-
tigraphique n est conservé, dans le bassin de l'Eifel. qu'à l'Est de la partie de ce
bassin que nous désignons sous le nom de bassin de l'Oesling.
— 175 —
Uétude stratigraphique détaillée de FArdenne amena
M.Gosselet (*) à des conclusions bien différentes sur l'âge
des couches inférieures aux schistes de Ciervaux. En éta-
blissant la continuité des phyllades d'Aile, — qui reposent
sur le Gedinnien supérieur, renferment au bois Virrus des
lentilles de grès à faune d'Anor et sont recouverts par les
quartzophyllades à faune de Montigny du bois de Gesly, —
avec les phyllades d'Herbeumont et dé Trois-Vierges et les
schistes de Montjoie, et, en montrant que ceux-ci passent
latéralement au grès d*Anor sur le flanc Sud du massif
cambrien de Stavelot (2), il démontra rigoureusement
l'âge taunusien des phyllades que Dumont avait pris pour
du Huosruckien supérieur. Quant à l'assise des roches
quarlzoschisteuses, qui, à Ebly, se divisent en deux bran-
ches pour embrasser le bassin de VViltz et que Dumont
avait prises pour son étage Ahrien {^), M. Gosselet en
démontra la continuité avec les quartzophyllades recoupés
par les méandres de la Semois entre Herbeumont et Aile,
et dont l'âge hunsruckien, reconnu déjà par Dumont,
fui confirmé par la découverte, rappelée plus haut, de
fossiles de Montigny, sur le prolongement incontestable de
cette bande, au bois de Gesly. — Neus croyons savoir que
les fossiles découverts, notamment dans la bande de Hei-
(l)J. Gosselet : xYo/f sur le Taumisien dans le bassin du Luxembourg et
particulièrement davs le (jolf'e de Cnarlerille. Ann. Soc Réol. du Nord, l. XU,
P" 333; Aperçu géologique sur le terrain dévoniev du (irand-Duc/ie de
lurembourg /ihld., p. i60; VArdenne, pp. 2?88 à 316, et pp. 330 à 338. — Voir
aussi J. Gosselet : i\ote sur les schistes de Saint-Hubert dans le Luxembourg
Pi pnncipalenient dans le bassin de SeufchÂteau. Ann. Soc géol. du Nord,
I; XI. p. 258; fiote sur les schistes de liastngne, ibid., t. XII, p. 173; Tableau
fip /a faune coblenzienne, ibid., t. XllI, p 292.
(-) Bappelons qu'en poursuivant cette bande vers le N.-K., M. Holzapfel
constata que les schistes de Montjoie subissent une nouvelle translormation, qui
les amène à prendre un faciès fort semblable à relui de la {rrauwacke de Siegen,
«vant de disparaître sous le Trias (Jahrb. d. K. l'reussischen geolog. Lande -
sanstaliu. Bergakadeniie, fiir das Jahr i.^99, pp. 203, 'M't).
(•^) Faute d'un meilleur terme, nous continuerons a l'exemple de M Gosselel,
a employer ici le terme Ahrien. dans le sens stratigraphie! ue que lui a donné
'dumont, c'cst-à dire comme désignant l'ensemble des couches conlcmporaines
^" grès de Virevx. Nous n'ignorons pas cependant combien ce terme est
•l^ïectueux et combien il serait a souhaiter de le voir remplacer par un autre
lernie, si l'on juge bon d'ériger au rang d'étage la Stufe dts SpirifVr Hercynuiv
<les auteurs allemands. Le terme Uaunien pourrait être employé avec avantage,
^^ la richesse des gisements fossilifères des environs de Daun.
— 176 —
nerscheid, par les membres de la Commission géologique
de Belgique chargés du levé de celte région, appartiennent
à la faune de Houfïalize, ce qui confirme complètement les
conclusions de M. Gosselet. — D'autre part, M. Gosselet
découvrit, à la base de la grauwacke de Wiltz, une série de
couches renfermant des grès à caractère lenticulaire et à
faune spéciale d'un caractère anoreux : il leur donna le
nom de grh de Berlé.
Dès lors, deux hypothèses sont possibles. Si, comme le
pensait Dumont, Tassise de Clervaux, à laquelle il fau-
drait, sans doute, adjoindre les grès de Berlé, correspond
aux schistes de Winenne, il faut admettre que cette assise
est séparée par une lacune considérable des quarlzo
phyllades de Heinerscheid et de Schûttbourg. C'est l'opi-
nion généralement reçue. Mais on peut supposer aussi que
la sédimentation a été continue, bien que les dépôts
soient ici moins puissants que dans le bassin de Dinant,
et, dans cette hypothèse, l'assise de Clervaux et le grès de
Berlé, qui séparent les couches à faune de Montigny
de la grauwacke à faune de Hierges, représenteraient le
grès de Vireux et les schistes de Winenne du bassin de
Dinant. Nous espérons montrer que cette seconde hypo
thèse mérite d'être prise en sérieuse considération, dans
l'état actuel de nos connaissances.
Contrairement à ce qu'ont fait jusqu'ici les géologues
belges, il nous paraît logique de chercher à déterminer
l'âge des couches du bassin de l'Oesling, en les comparant
avec les dépôts rhénans de TEifel et du Rhin, plutôt
qu'avec ceux du bassin de Dinant. Cela est vrai, non
seulement parce que la méthode de continuité, qui sera
appelée à résoudre la question en dernier ressort, n'est
pas applicable à des formations séparées par l'anticlinal
arasé de l'Ardenne, mais encore parce que l'argument
— 177 —
tiré de la ressemblance des faciès nous paraît avoir plus de
portée, lorsque Ton compare les formations appartenant
à un même bassin, ou pour mieux dire à une même zone
tectonique. Ce point nous paraîtrait même évident dans le
cas présent, si nous admettions avec M. Gosselet(*) que le
relèvement de l'axe de TArdenne, dessiné déjà dès le com-
mencement de la période devonienne, s'était accentué à
l'âge du grès de Vireux, au point de séparer le bassin de
Dinanl du bassin de l'Oesling et de TEifel par une pres-
qu'île s'étendant, vers l'Est, jusqu'au nord de Dùren.
Mais nous croyons devoir renoncer à nous appuyer sur
cette hypothèse; la ressemblance des faciès du Sud du
bassin de Dinant avec ceux du bassin de l'Eifel, à partir
de la grauwacke de Hierges, nous paraît établir, en effet,
que les couches de ces deux régions se sont déposées
dans un seul bassin continu; et, quant aux différences
de faciès que Ton observe à d'autres niveaux, elles nous
paraissent indiquer des différences bathymétrlques plutôt
que des diversités de bassin. Tel est spécialement le
cas pour le Taunusien. Le faciès lithologique, comme
la faune des phyllades d'Aile, dénote des conditions de
profondeur et de distance du rivage, peu compatibles
avec l'existence d'une terre émergée, ou même d'un haut-
fond entre Rocroy et Baslogne (2) et au Nord-Ouest de
(\) l''Ardenne, p. 709.
(^>Nous ne parlons ici que des phénomènes qui se sont passés en Ardenneà
partir du Taunusien. alors que toute l'Ardenne était immergée depuis longtemps
déjà. Pour ce qui regarde des temps plus anciens, nous pensons, au contraire»
avec M. Gosselet, que tout le soi de l'Ardenne ne fut pas immerge d'un seul
coup (jès l'aurore des temps devoniens ; nous croyons notamment qu'il est néces-
saire d'admettre la persistance d'une terre émergée pendant le (îedinnien infé-
rieur autour du massif de Serpent. Il nous paraît, en eflet, que les schistes
DiRarrés d'Oignies affleurent trop près de ce massif pour que l'on puis'-e supposer
raisonnablement que les schistes de Saint-Hubert, qui reposent sur le Cambrien
de Serpont par l'intermédiaire de l'arkose de liras, sont contemporains des
*>o«clies du Gedinnien inférieur, le faciès schiste de Saint-IIubert ayant com-
"JJ^cé plus tôt ici qu'ailleurs. — Toutefois, nous pensons que les aires, où
3raeurcnt aujourd'hui les massifs Cambriens de Rocroi, de Stavelot et de
''•vonne, ont été recouvertes par la mer devonienne, en même temps que
'espace qui les entoure; la mer progressant d'ailleurs du Sud au Nord. Dès le
Gedinnien le plus inférieur, la diflérence des dépôts que l'on rencontre au Sud
p au Nord du massif de Rocroi, montre que la côte, où affleuraient sans doute
es massifs granitiques qui ont fourni les éléments de l'arkose de Fépin, ae
"•««vaii au Nord.
- 178 -
Moatjoie. Leur différence avec le grès d'Anor, loin d'in
diquer une séparation primitive en deux bassins, nous
semble donc^ au contraire, exclure celle hypothèse et
devoir s'expliquer uniquement par une différence descon
ditions bathymétriques et des distances à la côte. L'aire de
l'extension de dépôts isopiques d'un même bassin variant
suivant les circonstances^ il est naturel que deux zones
situées à des distances inégales de la côte présentent une
alternance de faciès isopiques et hétéropiques, comme
celle que l'on constate lorsque l'on compare la série des
dépôts du bassin de l'Eifel-Oesling avec les couches corres-
dantes du Sud du bassin de Dinant. En somme, les
ressemblances et les différences entre ces deux zones
sont de môme ordre, que celles que l'on observe entre le
bord Sud et le bord Nord de ce dernier bassin. Peut-être
môme la somme des ressemblances est-elle proportion-
nellement plus grande dans le premier cas que dans le
dernier : il est d'ailleurs naturel qu'il en soit ainsi, la
nature des dépôts variant, en général^ d'autant plus rapi-
dement, que l'on se rapproche davantage de la côte.
Nouscroirions donc nous mettre en oppositionavecl'ensei
goement qui se dégage des faits, eu repoussant a priori un
argument basé sur une analogie de faciès entre des for-
mations appartenant à deux bassins tectoniques diffé
rents, coiinne le bassin de l'Oesling et le bassin de Dinant.
Néanmoins; nous accordons plus d'importance à la res-
semblance des faciès, lorsque les dépôts isopiques se ren-
coiilrent dans une môme zone tectonique. C'est, en effet
un fait constaté en géologie que les faciès synchroniques
varient plus souvent et plus rapidement en coupe trans-
versale qu'en direction. La chose s'explique d'ailleurs
facilement. Les grandes lignes tectoniques prenant, en
général, une direction largement parallèle à la ligne
générale des rivages, il est tout naturel qu'en marchant
- 179 —
suivant la direction générale des allures, od ait moins de
chance de rencontrer, dans les dépôts synchroniques, des
différences de faciès provenant de différences de pro-
fondeur ou de distance du rivage. C'est pourquoi il nous
paraît plus sûr de chercher d'abord à synchroniser les
dépôts du bassin de TOesliag avec ceux de TEiiei et du
Rhin. En tout cas, personne ne contestera que Ton ne peut
négliger les données que fournit cette comparaison.
Or, dans la région de l'Elfel et du Rhin, les couches qui
nous occupent ont un faciès bien différent de celui qu'elles
présentent au Sud du bassin de Dinant. Le faciès si carac-
téristique des grès de Vireux y est inconnu et les
couches appartenant au même niveau offrent ce faciès
quartzoschisteux auquel les géologues rhénans ont
étendu le terme grauwacke et qui comprend, avec la grau-
wacke proprement dite, une alternance de quartzophyl-
lades, de psammites et de schistes plus ou moins quartzeux
ou grossiers. C'est la grauwacke inférieure de Coblence, que
sa faune, quoique plus riche, et sa position stratigraphique
au-dessus de la grauwacke de Siegen à faune de Mon-
tigny, font synchroniser au grès de Vireux de l'Ardenne.
Au-dessus de la grauwacke inférieure de Coblence, et
séparant celle-ci de la grauwacke supérieure de Coblence, qui
correspond évidemment à la grauwacke de Hierges à Syi-
rifer paradoxus ainsi qu'à la grauwacke de Wiltz et de
Daleiden, on observe, sur le Rhin, une assise de grès, qui
présente une ressemblance frappante avec le grès d'Anor,
au point d'avoir induit en erreur Dumont et, à sa suite, les
autres géologues, jusqu'au moment où l'étude des faunes
amena Koch 0) et M. Kayser (2) à reconnaître qu'elle
(^)C Koch : Ueber die Gliederung der rheinischen Vnterdevon-Schichten
-tcwc/ien Taunus und Westerwald. Jahrb. der K. Preuss. geol. Laudesanslalt,
ïurdasJahr 1880, p. 19M.
(2) Emm. Katser : Untersuchungen im Regierungsbesirk Wiesbaden und auf
aem Uunsriick. Jahrb, d. K. Preuss. geol. Landesanstalt, fur das Jahr 1884,
P-LU. Cf. HoLZAPFBL : DasRheinlkal von Bingerbriick bis Latinstein (Abh. d.
^- Pipuss.geol. Laudesanslalt, Neue Folge, Heft 15), p. 84, seq. et 102, seq.
— im -
appartieot à an niveau beaucoup plus éleré. C'est \egm
ou quartzite de Cohitnce des «géologues rhénans. Ce grès a
un caractère nettement lenticulaire. Sa faune a un faciès
spécial, caractérisé surtout par Tabondance des lamelli-
branches; les fossiles non spéciaux le rapprochent plutôt
de la grauwacke supérieure que de la grauwacke infé-
rieure de Coblence. Il en est de même du faciès litbolo
gique des roches schisteuses qui accompagnent les grès(i);
aussi; dans les coupes où les lentilles de grès font défaut,
ne peut on distinguer ce niveau de celui de la grauwacke
supérieure.
Le bassin de Dioant ne nous offre rien, à ce niveau^ qui
rappelle Tassise du grès de Coblence; mais l'assise de
Winenne occupe le même niveau stratigraphique entre le
grès de Vireux et la grauwacke de Hierges, respectivement
synchroniques de la grauwacke inférieure et de la grau-
wacke supérieure de Coblence. Comme les schistes de
Winenne, le grès de Coblence paraît bien présenter un
faciès plus côlier que les couches qui le précèdent et qui
le suivent: mnis, tandis que le caractère des couches de
Winenne est franchement littoral; la faune du grès de
Coblence semble prouver qu'il n'a pu se déposer que sur
un fond de mer constamment immergé.
Les trois subdivisions des Cohlcnzscliichten ou EmsienC^h
(îrauwacke inférieure, Grès et Grauwacke supérieure de
(1) Ces couches, de même que les Obère Coblenzschicliten, sont moins aré-
nacées au Sud qu'au Nord du bassin de Cobien'e Cf . Holzapfel, /. c, p.bl.seq.
v\ p. 101).
(2) D'arrord avec Henard, nous avon^ proposé, en 1899, l'emploi du terme
Hmsieti pour désigner l'ensemble des couches réunies par les géologues alle-
mands sous le nom de Cohle/tzsc/iichten : l'emploi du terme Coblenzschichifn.
pour une division slratgraphiqne, qui ne comprend aucune partie da (-nblent-
zieii. vris dans le sens sirnhyrapfnque (pie Duuiout attachait à cette expression,
est déplorable en lui-même; l'emploi du terme Coblentzien, Coblenzien ou
(^oblencien. dans ce sens, serait intolérable. Cf les remarques que nous avons
présentées à ce sujet: Kull. Soc. belge de géologie, t. XIV, p. 157-159. et AnD.
Soc géol. (iu Nord t. XXXII, p. 234. — Dans le reste du présent travail, nous
emploierons donc les termes K insien, Enisien inférieur, Emsien supérieur.
comme synonymes des termes Coblenzsc/ucfiteri, Untercoblenz ou l'ntere-
(■nhlfnzschicfdeiL Obercnblcnz ou Obère i.oblenzschicliten. Voir le tableau du
synchronisme des couches, à la fin de ce travail.
- 181 -
Coblence, se retrouvent dans TEifel, avec les faunes et les
faciès lithologiques qui les caractérisent sur le Rhin. La
grauwacke de Daun^ avec ses célèbres gisements fossilifères
d* Obestadtfeld et de la Gemûnder Maar, est un type clas-
sique de la grauwacke inférieure de Coblence, ou Emsien
inférieur (*).
Quant au grès de Coblence, nous citerons d'abord les
grès qui s'étendent depuis Miderlitgen jusqu'à Alf, formant
les crêtes du Gruner-Wald et du Kondel-Wald C^), et que
MM. Grèbe et Kayser (^) ont suivis plus à l'Est, depuis
Alf jusqu'à la Moselle inférieure, où ils se rattachent
aux sites classiques du bassin de Coblence. Plus au
Nord (4), des grès à faciès anoreux et de môme âge que
les grès de Coblence, ont été reconnus au Nord (^) aussi
bien qu'au Sud du bassin de l'Eifel. Il faut rapporter
à ces derniers, le grès quartzeux^ qui^ d'après Dumont
« termine le système Ahrien, sert de base au bassin
anthraxifère de l'Eifel et se montre vers la limite S.-E. de
ce bassin près de Birresborn, entre Salm et Gerolstein, à
Neroth, entre Daun et Dockweiler (^) » Dumont avait
noté déjà sa ressemblance avec le grès tannusien (^); cette
(1) Drbvermann : Die Fauna der Untercoblensschichten von Oberstadtfeld
oùDaunin der Eifel. Palaeontographica, Bd. XLIX, pp. 73-119, pipl. IX-XIV.
(2) FoLLMANN : Die Unterdevonischeii Schichten von Olkenbach (Verh. d.
Naturhist. Vereines d. Pr. Rheinlandes u. Westfalens. 1882, p. 127), pp. 141, seq.
^ Cf. FoLLMANN : Ueber die unterdevonischen Schichten bei Coolens, Pro-
gramm des K. Gymnasiums zu Ceblenz, Schuijahr 1890-91, p. 30.
(3) Grèbe : Ueber die Aufnahmen in der Vordei'-Eifel. an der Mosel und
iVo/ie (Jabrb. d. K. Preuss. geol. Landesanstalt, 1885, p. LXII), pp. LXIV et LXV.
(4) 11 faut probablement rapporter aussi au grès de Coblence la bande gréseuse
'['encontrée par Dumont au Nord du synclinal de Manderscheid, dans ses coupes
«« Manderscheid à Neroth, entre Liitzerath et Daun. de Liitzerath à Kelberg
(Mém. cité, pp. 409-410). Dumont, ayant pris pour du Hunsrûckien les couches
de Manderscheid, qui contiennent en réalité la faune supérieure de Coblence,
3 cru que ces grès appartiennent à la base de l' Ahrien, qu'ils séparent, au
contraire, des couches a faune de Hierges. Nous pensons qu'ils flanquent au Sud
Unticlinal Ahrien de Stadtfeld, dont Dumont avait déjà constaté l'existence,
<^inine la bande, dont nous allons faire mention dans le texte, le flanque au Nord ;
""^aii cette dernière bande se bifurque aux environs de Neroth pour embrasser,
vers l'Ouest, le petit bassin eifélien du Salmer-Wald.
(5) Emm. Kayser : Zeitschr. d. deutsch. geol. Gesselschaft, Bd. XXXIX (1887),
P-808.
(6) André Dumont : Mém. citéj p. 406.
(") Ibid,, p. 409.
annales de la Société Géologique du Nord, t. xxxiii 13
— 182 -
ressemblance avec le grès du Taunus et avec le grès de
Cobleace a également frappé M. Kayser (*), qui, en 1871, le
rapporte au Coblenzien. M. Grèbe (2) a reconnu que ces
grès appartiennent au Coblenzquarzit : il les a suivis,
vers rOuest, jusqu'au delà de la Kyll : dans celte région,
ils forment deux bandes^ qui limitent, au Sud et au Nord,
le petit bassin dont le noyau est constitué par TEifélien du
Salmer-Wald; une troisième bande court parallèlement à
la limite S.-E. de TEifélien du bassin de Schônecken, entre
le Hergenberg et le Vogelseck (3).
Ces mêmes grès se retrouvent dans la partie rétrécie du
bassin de TEifel, que nous nommons bassin de TOesling,
à la base de la grauwacke de Daleiden, où ils forment
notamment la Hohe-Kuppe (*); ils se poursuivent dans le
Grand-Duché de Luxembourg et en Belgique : M. Gosselet
y a découvert une faune tout à fait analogue à celle des
grès de Coblence (^) et les a baptisés du nom de grès ou
quart zite de Berlé (6).
Si le grès de Berlé est l'équivalent du grès de Coblence,
comme l'admettent aujourd'hui les géologues allemands
qui se sont occupésde la question et comme semblent bien
l'établir sa faune, son faciès lilhologique, son caractère
lenticulaire et sa situation par rapport à la grauwacke de
(i) Emm. Kayser : Zeitsch. d. deutsch geol. Gesselschaft, Bd. XXIII (1871).
p. 314.
(2) Grèbe : /. c. pp. LXIl et LXMI.
(3) Cf. Kayser : /. c, Bd XXllI, p. 3!;{.
(4) Nous croyons utile de rappeler que M. Gosselet a reconnu que les grès
blancs qui forment la crête do la Schnee-Eifel sont également de l'âge du grès de
Berlé et, par conséquent, du grès de Coblence, et non de l'Ahrlen, comme l'avait
cru Dumont et comme M. Gosselet lui même l'avait figuré sur la carte qui
accompagne son grand ouvrage l'Ardenne. en se fiant à l'autorité de Dumont.
M. Gosselet n'a pu insérer cetie correction qu'à la fin de L'Ardenne, \i^ 867,868.
Ce fait et les indications de la carte de L'Ardenne ont induit M. Holzapfkl en
erreur sur la manière de voir de M. Gosselet (Jahrb. d, K. Preuss. geol. Lande-
sanstalt, fur das Jahr 1890. p. 211 : « aussdem sich noch weiter nach S.-O. Iiin
das a Ahrien », das Unlercoblenz, als breiter Sattel beraushebt. »).
(5) Cf. Frech : Uebcr das rheinische rnterdevnn inid die Stplluncj des
a Uercyn » (Zeitsch. d. deutsch. geol. Gesselsch., t. XLl, p. 175), p. 200,
(6) Aon. Soc. géol. du Nord t- XII, p. 265; L'Ardenne, p. 391.
— 183 -
Wiltz, il paraît naturel de considérer les schistes de Cler-
vaux, sur lesquels il repose, comme représentant la grau-
wacke inférieure de Coblence. A vrai dire, M. Kayser
regardait, en 1889 (*), les grès qui, au Nord du bassin de
l'Eifel, reposent sur le prolongement des schistes de Cler-
vaux, comme représentant seulement la partie supérieure
du grès de Coblence. Mais M. Kayser fut amené à cette
conclusion, parce que Tâge ahrien, attribué par Dumont
aux schistes et grauwackes foncés sur lesquels repose
l'assise de Clervaux, était rendue probable, à ses yeux, par
leur superposition aux Hunsriickschieler typiques, que Ton
traverse entre Herhahn et Witzerath. Du moment où Ton
admet l'opinion de Dumont, le grès de Coblence doit être
représenté, en effet, par l'ensemble des couches qui sépa-
rent cette grauwacke inférieure de la grauwacke de
Daleiden, c'est-à dire à la fois par l'assise de Clervaux et
les grès de Berlé. Or cet argument paraît, en réalité, sans
valeur, puisque les roches qui présentent le faciès typique
des Hunsrûckschiefer ne sont autres que les phyllades de
Trois- Vierges, dont l'ége taunusien a été établi par M. Gos-
selet, tandis que la grauwacke dont M. Kayser admet l'âge
ahrien, à la suite de Dumont, est le prolongement de la
iande hunsruckienne de Heinerscheid. Nous ne pensons
pas d'ailleurs que l'on puisse invoquer comme argument
le faible développement que présente souvent le grès de
Berlé : cet argument, qui, pour une formation dont la
puissance est si essentiellement variable, serait, en lui-
même, de faible valeur, supposerait, en effet, que l'assise
gréseuse est régulièrement plus réduite lorsqu'elle repose
sur l'assise à couches rouges de Clervaux, que lorsqu*elle
surmonte la grauwacke fossilifère de Daun, et nous ne
croyons pas que cela soit démontré.
La situation slratigraphique de l'assise de Clervaux,
(1) Zeitschr. d. deulsch. geol. Ges., Band XXXIX, p. 808.
— 184 - -
telle que nous venons de la reconnaître, tend donc à faire
considérer cette assise comme synchronique de la grau-
wacke de Daun. Néanmoins, comme la faible puissance de
rassise de Clervaux est de nature à faire soupçonner
l'existence d'une lacune straligraphique, un supplément
de preuve serait désirable. Nous reconnaissons donc
volontiers que, pour donner une véritable démonstration
de l'hypothèse que nous proposons, il faudrait, ou bien,
confirmer directement le synchronisme de l'assise à cou-
ches rouges de Clervaux avec la grauwacke de Daun, soit
en constatant le passage latéral de Tune à l'autre, soit par
des preuves paléontologiques ; ou bien, établir que la conti-
nuité de la sédimentation n'a pas été interrompue, dans le
bassin de l'Oesling. Examinons la question à ce double
point de vue.
Les couches de Clervaux n'ont fourni, à notre con-
naissance, aucune donnée paléontologique, dans toute
l'étendue de la région où leur identité est clairement
reconnue; c'est-à-dire: au Nord du bassin, jusqu'au point
où cette bande septentrionale disparaît sous le Trias près
de Gemùnd, et, au Sud du bassin, jusqu'à l'Est de Daleiden
et de Waxv^eiler. Nous ne pouvons donc que résumer les
notions que l'on possède sur la continuation de la bande
Sud vers l'Est, afin d'établir, dans la mesure du possible,
la relation des couches du bassin d'Oesling avec les
couches fossilifères de la Kyll et des environs de Daun.
M. Kayser (^) a suivi la grauwacke de Wiltz, depuis
Waxweiler, par Lascheid, jusqu'à Lasel, dans la vallée de
la Nim. Il nous paraît douteux que la « machtige Folge
grûnlicher compacter Grauv^acken Sandsteine und wei
cherer grûnlich grauer schieferiger Grauwacke », qui se
(1) Emm. Kaysbr : Studien aus dem Gebiete des Rtieitiischen Devon : Il Die
devonischen BUdungen der Eit'el (Zeitschr. d. Deulsci». geol. Gesellschaft,
t. XXIII, p. 289), p. 312, seq.
— 185 ^
termine, contre le calcaire eifélien, par des « grûnliche
und rothe schief érige Grauwacken mit versteinerungs-
reichen unrein kaikiger Biinken », appartienne à l'assise
de Clervaux ; s'il en était autrement, il faudrait admettre,
au contact du calcaire, une faille analogue â la faille de
Lissingen. -— Disons seulement, en passant, et sans trop
insister sur ce point, que le prolongement de la bande
fossilifère de Daleiden-Waxweiler-Lasel nous amènerait
sensiblement dans Taxe du synclinal du Salmer-Wald,
que la coupe de la Kyll va nous faire recouper. Il n'est
donc pas improbable que les couches que nous ren-
contrerons au Sud de ce synclinal soient le prolonge-
ment direct de celles qui bordent au Sud le bassin de
Daleiden Q).
La coupe de la Kyll est particulièrement instructive.
Lorsque Ton suit le cours de la Kyll en aval de Gerolstein,
on descend la série des couches eiféliennes jusqu'à la
zone à Spirifer cultrijugatus, qui repose sur les couches à
oligiste oolithique calcareux et fossilifère exploitées à
Lissingen. Ces dernières sont mises en contact, par
(I) Sans préjuger de ce qu'apprendra le levé détaillé, Toici comment il nous
parait possible d'interpréter les diflérentes données que nous possédons sur cette
région.
U bande de grès de Coblence qui s'élend de Vogelseck au Uergenberg est, sans
doute, recoupée au Nord par le prolongement de la faille de Lissingen ; au S.-W.»
elle ne se prolongerait pas jusqu'à la Nim, mais se contournerait vers l'E. N.-E.
Poar aller rejoindre le grès du Goldberg« qui borde au Nord le synclinal du
iialmer-Wald : le noyau de l'anticlinal ainsi dessiné serait occupé par l'assise
de Clervaux, que la Kyll recoupe entre Lissingen et le Goldberg. La bande de
grauwacke de Wiltz se bifurquerait donc en deux branches, dont l'une côtoierait
le bord Sud et Sud-Est de l'Eifélien de Sch'ônecken, tandis que l'autre se conti-
nuerait vers l'Est, pour contourner, en se divisant de nouveau en deux branches,
au delà de la Kyll, l'Eifélien du petit bassin du Salmer-VVald. — La bande de grès
de Coblence, qui traverse la Kyll au Sud de ce bassin, serait donc la continuation
de celle qui forme la Hohe-Kuppe au Sud du bassin de Dalcyden. De ses
affleurements dans la région de la Kyll, elle se dirigerait vers Neroth, au Nord du
gisement classique d'Oberstadtfeld. La grauwacke rouge de Zendscheid serait
ainsi, non seulement de même âge que les schistes de Clervaux, qui bordent au
^ud le bassin de l'Oesling; mais elle en serait le prolongement direct, comme
'es couches qui foraient l'anticlinal de Stadtfeld sont le prolongement direct des
^»che« de Zendscheid.
— 186 -
une faille, avec une série de schistes et de psammit
grisâtres et gris verdâtres, alternant avec des schistes
grauwackes rouges : il est généralement admis, pensons
nous, que cette série doit être assimilée à l'assise d Je
Clervaux. Les couches inclinées d*abord au Nord s^^e
recourbent ensuite en anticlinal ; puis on continue à l e j s
suivre jusqu'à Birresborn, où elles passent sous les grès à
faciès anoreux du Goldberg. Au delà de ces grès, on re^^
contre des grauwackes dites u couches de Birresborn »
les quelques espèces fossiles recueillies par M. Grèbe ^^t
M. Maurer ne permettent pas de douter qu'elles n'appa r-
tiennent au niveau de la grauwacke supérieure » — le
Coblence, comme le prouve, du reste, la bande de c^sml-
schistes couviniens, qu'elles contournent à partir du \> ^s
du Braunebach. Le grès du Goldberg est donc bien iizJu
grès de Coblence. Il en est de même de la bande de gi- ^s
qui borne au Sud les couches de Birresborn etquel'^iDn
traverse au delà de Murlenbach.
Au sud de cette bande méridionale de grès de Coblenci^e,
affleure, sur une grande largeur, une série de coucl:» «s
quartzoschisteuses alternativement grises et rougis,
connue sous le nom de grauwacke rouge de Zendscheid C *l
11 nous paraît bien difficile de ne pas reconnaître, avec
M. Frech, que cette série est de même âge que celle qui
occupe une position symétrique au Nord du bassin et cfui
(1) Voir sur les couches de Zendscheid :
André Dumont : Mém. cité, p. 209.
Grèbe : Ueber die Anf'nahmen in der Vorder-llifel. an der Mosel und Nahe.
Jalirb. d. K. Preuss. geoloia;. Landesanstalt, fiir das Jahr 1885, p. LXIl.
Frbch : Ueber das rkeinische Uiilerderon und die Stellung d^s (( Hercyn »•
Zeitschr. d. deutsch. geol, Geselschaft, Band XLI (1889), p. 193-202.
Maurer : Palaeniitologische Studien im iiebiet des rheinischen Devnn. —
8. Mitteilungen ueber Fauna und Glicderwnq des recMsrfieinischcn i'nter-
devon, Neues Jahrbuch f. Min., Geol. und Pal. (1890), Il Band, p. 221-225.
Frecii : Die devonischen Aviculiden Deutschlands Abh, z. geol. Specialkarte
V. Preuss. u. d. Thùr. Staalen, Banl IX, Hefl 3 (1891). pp. 4 et 166, et alibi.
Holzapfel: Das Bheinthal von Bingerbriicfc bis Lahnsteiii, ibld. Neue Folge,
Heit 15 (1893). p. 98, &eq.
BBusiiAusBN:L>ie Lameliibranchiaten des rheinischen Devon, mit Ausschluss
der Aviculiden, Ibid., Neue Folge, Heft 17 (1895), pp. 461. seq. Beushausen cite
l'autorité de M. Kayser, en même temps que celle de M. Holzapfel.
Frecii : Lcthaea palaeozoïca, Band 2, Lieferung I (1897), pp. 149, 150.
— 187 -
présente, tout au moins, une composition lithologique ana-
ogue 0).
D'autre part, si Ton suit vers TEst la direction des
îouches, on aboutit à la grauwacke fossilifère des environs
ie Daun, que recouvre le grès deNeroth : ce dernier parait
3Îen appartenir, comme celui de Murlenbach, à la bande
^ui borde au Sud le bassin de Salmer-Wald. Il est à remar-
quer d'ailleurs que le faciès à bandes rouges de Lissingense
:'etrouve au Nord du grès de Neroth (^).
L'équivalence de la grauwacke de Daun et des couches
ie Zendscheid, rendue déjà hautement probable par ces
tails stratigraphiques, parait, en outre, pleinement con-
^rmée par les données paléontologiques.
Tandis que les schistes de Clervaux, dans leur faciès
ï^ypique, montrent une pénurie complète de fossiles ani-
maux; dans les couches de Zendscheid, au contraire, les
fossiles ne sont pas bien rares, et il existe notamment,
près de S^-Johann, un banc particulièrement favorisé
sous ce rapport, où se trouve une faune spécialement
caractérisée par Tabondance des lamellibranches. Or, la
faune de la grauwacke de Zendscheid montre clairement
qu'on doit la ranger dans VEmsien inférieur (Untercoblenz
des Allemands).
(1; N'ayant pas descendu jusque-là le cours de la Kyll, nous regrettons de
n'aToir pu apprécier de visu la Taleur de cette analogie de faciès. Une certaine
difiérence aurait d'ailleurs d'autant moins lieu de nous étonner, que les couches
de Zendscheid ne tarderont pas, d'après nous, à passer au faciès typique de
Sladifeld. Si nous en croyons les descriptions, les teintes des roches non rouges
seinbleat devoir être plus foncées et l'ensemble plus quartzeux que dans les
schistes de Clervaux types, ce qui est d'ailleurs déjà le cas pour les couches du
flanc Nord du synclinal. En l'absence d'observations personnelles sur ce sujet,
nous nous sommes aussi demandé si la teinte des roches routes de Zendscheid
°c ponrrail être attribuée, du moins en partie, à des infiltrations ferrugineuses
provenant du Trias. Remarquons, qu'en fut-il ainsi, nos arguments conser-
veraient toute leur valeur; nous nous appuyons, en effet, sur les relations
llp^igraphiques de couches rapportées, d'un commun accord, aux schistes de
^^aux, avec les couches dites de Zendscheid ou de St-Johann, et sur les
l^lations stratigraphiques et paléontologiques de ces dernières avec les couches
typiques de la grauaacke inférieure de Coblence.
(^)Nous n'avons vu ces couches à bandes rouges, qu'à une assez grande
^'slance au Nord des grès de Neroth et nous ignorons si la bande de grès de
^blence est double en ce point ou si la bande du Goldberg et celle de Murlenbach
^ sont réunies pour contourner à l'Est le bassin du Salmer-Wald.
— 188 -
Parmi les fossiles les plus répandus, Chonetes sarcinulat
est commun à tout le Devonien inférieur, à Texception de
schistes de Mondrepuits ; mais Spirifer hercyniae Gieb. e
Tropidoleptus carinatus Conr. sp. var. rhenana Frech. (Lep
taena laticosta auct.) comptent au nombre des meilleure
formes caractéristiques de la grauwacke inférieure d
Coblence. La faune présente, du reste, dans son ensemble
la plus grande ressemblance avec la faune typique de c
niveau. Sur 51 formes cité3s à Zendscheid et Arrenrath (^]
nous en avons compté 41 ou 42 qui se rencontrent dans le
gisements, réputés les plus typiques, de Stadtfeld, Vallen
dar, Daaden, ainsi que dans le gisement à lamellibranche
de Nellenkopfchen. — Entrons dans quelques détails à c
sujet.
Les 2 trilobites, les 12 brachiopodes et les 3 gastropode
de la grauwacke rouge de Zendscheid existent tous dan
les gisements typiques de Tassise. Ce sont :
Homalonotus armatiis* Burm. Spirifer Hercyniae * Gieb
Homalonotus rhenanus Koch Spirifer arduennensis* Sclin.
ouornatzisKochi'l Spirifer an. subcuspidatus *
Chonetes s arcinulata* Schl. Schn. (*).
Chonetes dilatata* De Kon. Spirifer carinatus * Schn. type.
Stropho mena explanata* Schn. Spirifer carinatus. var. crassi-
Tropidoleptus carinatus Conr. ^osta (') Seupin,
var. rhenana (') Frech. Athtjris xindata * Defr.
(1) M Grèbe a découvert à Arrenrath, près de Landscheid, à une vingtaine c
kilomètres au S.-E. de St-Johann, un gisement très analogue, dans des roch<
semblables qui émergent de sous le prolongement des grès de Coblence d
Kondel-Wald. Voir Frech : Die DcroD. Arinilidcn Dentschlavds. 1. infr. cil
p. 4. M. Follmann a repris l'étude de ce gisement; voir Follmann : Leber d
unterdevonischen Schichten bei Coblevz,\. c, pp. 33-34.
(2) Maurer : 1. c, p. 223, en note.
(3) HoLZAPFEL, 1. c, p. 100; Grèbe : 1 c, p. LXIl.
(4) 11 s'agit, sans doute, du Spirifer subcuspidatus, var. huniilis Scupi
{Die Spirif'eren Deutschlands, Pal. Abhandlungen, Neue Folge, Bd. IV, Heft 11
p. 18).
(5) M. Frech {Lethaea palaeozoîca, p. 150) avait cru gue Sp. carinatus va
crassicosta n'existe pas dans les couches de Zendscheid et que cette varie
existe seule à Stadtfeld, à l'exclusion de la forme type. Nous savons aujourd'hu
par M. Drevermann {Die Fauna dcr IJntrvcoblevzschic/Uen, 1. c. p. 95), que
Sp. carinatus type existe à Oberstadtfeld, aussi bien que la var. crassicostt
et, par M. Scupin (1. c, p. 29), que la var. crassicosta existe aussi à Zendscheic
• L'astérisque indique que la présence de la forme, à Zendscheid, est signait
par M. Frech.
— 189 - .
Kno^lotheca venusta* Goldî. BcLlerophon tuinidus * Sandb.
Rmsselaeriastingicpps* F. Roem. Plcurotoniaria dalcUIcnsis* F.
Bellevophon macromphalus * ^«^"^^ ™^t a^^a Koken.
k. Roem.
Les formes propres à la grauwacke de Zendscheid sont :
d'abord, Trockoceras arduennense Stein., qui signifie peu
de chose, vu Textrême pauvreté des gisements typiques en
céphalodes : puis, Pleurodictyum Sancti Joliannis SchlûL,
qui ne prouve rien, puisque cette espèce est jusqu'ici
inconnue ailleurs (*); enfin, quelques lamellibranches. Au
sujet de ces derniers, les études de M. Frech (^) sur les
Aviculides et de Beushausen (^) sur les autres groupes de
lamellibranches du Devonien du massif rhénan nous ont
donné des renseignements précis.
Tous les Aviculides de Zendscheid se rencontrent dans
les gisements typiques de TEmsien inférieur, à l'exception
peut être de Limoptera bifida Sandb, dont la présence n'est
signalée dans ces gisements qu'avec doute Ce sont, d'après
M. Frech :
Adculopecten Wiilfl (*) Frech. Linioptcrasenilradiata Frech.
A-cicula laevicosta (») FoUmann. Limoptera rhenana Frech.
A^vicula crenatO'laniellosa Sandb Pterinca expansa Maurer.
Anculacrenato-laniellosa Sandb. Pterinca FoU/nanni (*) Frech.
vap. pseadolaems Oehl. Gosscletla carinata Goldf . -
Limoptera bifida Sandb . FoUm .
Parmi ces espèces, une est propre à i'Emsien inférieur;
trois montent plus haut, trois dej-cendent plus bas; deux
. (1) Sauf dans le gisement (rArrenralh, qui est en tout semblable au gisement
3 'amellibranches de Zendscheid.
(2) Frkch : Die devonischen Aviculiden Deutschlands, I. c, passim.
(3) Beushausen : Die Lamellibvanchialen des rlieinischeii Deron, I. c.
^^) M. Frech croyait celte espèce propre aux gisements de la grauwacke rouge;
*" ^1>RE?EKMANN (Die Fauïia der L'rUeicnbU'nzschicfUev ron OOersIadtleld, I. c,
P' 78) a constaté sa présence à Oberstadtfeld.
,, (S) M. Frech fait néanmoins quelque réserve, à cause de rélal imparfait de
'exemplaire quMI a eu sous la main, a rasslmilatlou absolue, à celte espèce, de lu
jormHjie Vallendar; mais il affirme qu'elle est tout au moimt tirs ruisijw de la
'^^rme de Zendscheid.
, (S)M. Frecli (Lethaea palaeoz., 1. c , p. 150) ne connaissait celle forme qu'à
'-endscheid; M Drevbrmann (1. c, p. 8J) a reconnu sa présence a Oberstadtfeld.
/
— 190 -
se trouvent à la fois plus haut et plus bas. Des six espèces
des gisements typiques (^ qui n*ont pas été trouvées à
Zendscheid, quatre ne sont pas signalées à un autre
niveau ; une cinquième existe dans le Siegenien et dans
TEmsien supérieur; la s'wiëme A ctinodesma Annae Frech,
n'est connue en Allemagne que dans TEmsien inférieur,
mais M. Frech lui assimile la forme des gisements siege-
niens de Pesches et de Saint-Michel (Belgique), qui a été
décrite par Béclard sous le nom d'Avicula lamellosa Goldf.
Quant aux autres lamellibranches, sur 22 espèces de
Zendscheid et Arrenrath, 15 existent dans les autres gise
ments de TEmsien inférieur, y compris une forme de
Nellenkôpfchen; 3 sont propres à la grauwacke rouge de
Zendscheid ; 4 montent plus haut. Parmi les 15 premières^
2 espèces se rencontrent à la fois au dessous et au-dessus
deTEmsien inférieur, 3 seulement en dessous, 2 seulement
au dessus : ce qui donne la répartition suivante pour
l'ensemble de ces espèces :
11 espèces se trouvent exclusivement dans TEmsien
inférieur ;
2 espèces montent plus haut et descendent plus bas;
6 espèces montent dans TEmsien supérieur;
3 espèces descendent dans la grauwacke de Siegen.
De leur côté, les 18 espèces de lamellibranches (excl.
Aviculidés) des gisements typiques et de Nellenkôpfchen,
qui n'ont pas été trouvées dans la grauwacke rouge de
Zendscheid, se répartissent comme suit :
il espèces se trouvent exclusivement dans l'EmsieD
inférieur;
1 espèce monte plus haut et descend plus bas ;
espèces montent dans l'Emsien supérieur;
1 espèce descend dans la grauwacke de Siegen.
(l) Y compris Mrjalwa sohda, qui n'est signalée qu'à Nellenkôpfchen Les
autres sont : Anaiioocctcn daunimsis, A. t'ollmanni, Actinodesma innae
IHerinea costata, Gosseletia praecursor.
- 191 -
Comme on le voit, les lamellibranches de Zendscheid,
aussi bien que le reste de la faune, montrent, non seule-
ment que la grauwacke de Zendscheid appartient à TEm-
sien intérieur (Untercoblenz des géologues rhénans, Ahrien
des géologues ardennais); mais, en outre, qu'on ne peut,
sans se mettre en opposition manifeste avec les faits, en
faire une zone paléontologique distincte et supérieure au
niveau des gisements typiques de l'assise, comme le vou-
drait M. Frech 0). L'argument négatif tiré de l'absence
d'un certain nombre dVspèces, que l'on rencontre dans les
autres gisements de l'Emsien inférieur, n'a en lui-même
aucune valeur. Comme le fait remarquer M. Holzapfel, la
faune de la grauwacke de Zendscheid n'est riche en
espèces que dans un banc de quelques centimètres de
puissance, dont quelques mètres carrés seulement ont été
explorés (2); on ne peut s'attendre, dans ces conditions
surtout, à voir réunies à Zendscheid les espèces de tous
les autres gisements du même niveau. D'ailleurs, la plu-
part des espèces qui n'ont pas été trouvées à Zendscheid
ne sont pas au nombre des espèces communes. Tel n'est
pas le cas, sans doute, pour Orthis circularis, et il y aurait
lieu de s'étonner de son absence à Zendscheid, si l'on ne
savaitcombien il est fréquent, dans nos mers, de voir pul-
luler certaines espèces au voisinage de points où elles font
complètement défaut. Mais, en tout cas, M. Frech (^) a tort
d'objecter l'absence d'Ortkis circularis dans la grauwacke
de Zendscheid pour établir que cette formation occupe un
niveau plus élevé que celui de Stadtfeld; car, s'il est vrai
que cette espèce existe déjà dans le Siegenieii (*), il est
. (') On pourrait se demander cependani si M. Frech ne borne pas sa conclusion
a la couche riche en lamellibranches. Cf. Fkech, Leikaea palaeozuïca, Bd. Il,
n- '^9. noie 2.
(^) HouAPFEL : Das Rheinthal, 1. c, p. 100.
(**) Frech : Lethaea palaeozoïca, 1. c, Bd. II, p. 149.
Jj) J; GossELET : l/Arde>me. pp. 323, 327, 329, 330; Drkvkrmann : Die Fauva
*;j'^^]^9ener Schichten von Seifen unweit Dierdorf (Westerwald). Palaeonto-
«faphica, Bd. L, p. 270,
— 192 -
non moins vrai qu'elle persiste dans TEmsien supérieur
du bassin de Dinant (*), de TOesling (2), du Rhin (3) et
probablement du Hartz (^j.
Nous nous croyons donc pleinement autorisé à nous
ranger à Tavis de MM. Kayser, Holzapfel et Beushausen,
qui considèrent la grauwacke rouge de Zendscheid comme
réquivalent exact de la grauwacke de Daun ou grauwacke
inférieure de Coblence. Et, comme nous avons montré
plus haut que, dans Tétat actuel de nos connaissances, il
y a des raisons sérieuses de croire que la grauwacke de
Zendscheid est l'équivalent stratigraphique de ïassise
de Clervaux, nous concluerons qu'il parait bien probable
que l'assise de Clervaux est de l'âge de la grauwacke infé-
rieure de Coblence et, par conséquent, représente stratigra
phiquement le grès de Vireux.
Toutefois nous ne prétendons pas établir que la limite
entre les quartzophyllades de Schûttbourg et les schistes
de Clervaux corresponde exactement à la limite admise
en Allemagne entre la Siegener-Stufe et VUntercoblenz,
Si M. Gosselet a démontré que les quartzophyllades
de Schûttbourg et de Heinerscheid correspondent au
Hunsruckien, ses arguments ne prouvent pas que leurs
couches supérieures ne peuvent appartenir à l'Ahrien, et
lui-même est bien près de concéder la chose pour la partie
(1) J. Gosselet : L'Ardenne, p. 3^4.
(2) ScHNUR {ZusaniwonstclluiKj U7id Hrsclircibiuig snmtUvUer ini L'eber-
qanysgebuye dev EifeL rorkomhiettden lirachiopoden. Palaeonlogr., Bd. lU.
p. 218) signale VOrthis circularis dans la grauwacke de Daleiden; il parail
même probable qu'un de ses types vient «Je là. Toutefois celte espèce n'est pas
signalée à ce niveau dans les listes de M. Kayser (Zeitsch. d. d. geol. Ges.,
t. XXIII, p 366.
(3) K. VValther : Das Unterderon zwischcn Marburg a. L. und llerborn
i'ISassauJ. Neues Jahrb , XVII Beilage-Band, p. 62.
(4) Ibid. —Cf. Emm. Kayser: Dir Fauna des Hatiptqnaizils luid dev Zorgcr
ScIncCcr di's l ntcrkàrzes Abh. d. K. Preuss. t^eol. Landesanslalt. Neue Folge.
Hoft 1, p. 55. — M. K. Wallher est disposé a croire que lOrthis sp. décrit par
Kuyser en cet endroit se rapporte a la mutation très rapprochée de la forme
type que lui-même a observée près de Rossbacli et dont il a constaté la fré-
quence dans I Emsien inférieur des environs de Coblence. La forme du Siegenien
est aussi légèrement ditTerente de la forme de l'Emsien inférieur.
- 193 —
Est de la bande septeatrionale (*). L'important pour nous
esld'avoir établi que l'examen de la question, au point de
vue des équivalences, ne favorise pas Thypothèse d'une
lacune stratigraphique entre ces quartzophyllades et l'as-
sise de Clervaux et ne contredit pas les conclusions que va
Dous suggérer l'examen direct de la question de savoir si
la sédimentation a été continue dans le bassin de l'Oesling.
Abordons ce second point de vue de la question. S'il
était démontré que l'assise de Clervaux est de l'ûge des
schistes de Winenne, il faudrait bien admettre, quelles
que fussent les apparences contraires, qu'il y a, entre cette
assise et les quartzophyllades hunsruckiens, une lacune
stratigraphique, correspondant à l'âge du grès de Vireux
et de la grauwacke inférieure de Coblence. Mais, du
moment où nous constatons que les schistes de Clervaux
occupent la même position stratigraphique, sous les grès
de Coblence, que la grauwacke de Daun, il parait peu
logique d'admettre, sans preuve, que l'assise de Clervaux
représente, soit la base des grès de Coblence, soit même le
sommet seul de la grauwacke de Daun, si rien ne nous
indique l'existence d'une lacune stratigraphique sous cette
assise à couches rouges, Or, non seulement il a été impos
siblede découvrir aucun indice d'une émersion précédant
le dépôt de ces couches; mais, au témoignage de M. Oos-
selet lui-même (2), l'assise de SchîUtbourg et de llei-
nerscheid passe de telle sorte à l'assise de (Clervaux, que
l^ur limite est difficile à déterminer. On avouera que ce
^ait est pour le moins très favorable k l'hypothèse de la
continuité de la sédimentation.
Mais il est une considération d'un ordre plus général,
Qui nous parait de nature à rendre improbable a priori
(') J. GossBLBT : Mém. cité^ Atttt. ?^. %hA, 4n Timâ, i. XM, p. 2dR.
J^) J. GossBLET : Aperçu géoiogiqve $ur le Urraivi fUrfmUn du (irand-
"^^hi de Luxembourg, ias. Soe. ttnl. 'to ?im4, U %tt, p. 2fA.
- 194 —
l'existence d'une lacune stratigraphique, due à une régres-
sion, entre le Hunsruckien et le niveau de Winenne, dans
la région occupée aujourd'hui par le bassin de l'Oesling.
C'est un fait général, pour le massif paléozoîque belgo-
rhénan, que les faciès synchroniques sont d'autant moins
côtiers qu'on avance davantage vers le Sud ou vers le
Sud -Est, perpendiculairement à la direction des allures
moyennes (*). Les applications de cette règle aux diffé-
rentes portions des bassins de Namur et de Dinant sont
suffisamment connues. Mais on peut constater facilement
qu'elle continue à se réaliser, au delà des limites de ce
dernier bassin. Le faciès phyllade d^AllCy que présente le
Taunusien du bassin de l'Oesling, comparé au faciès grès
d'Anor, qu'il affecte dans le bassin de Dinant, en est un
exemple frappant et d'une importance très grande pour la
question qui nous occupe, comme nous le verrons bientôt.
La région rhénane nous présente d'ailleurs un exemple du
même genre pour les Hunsruckscliiefer du flanc Sud du
bassin de Coblence, représentés, au Nord de ce bassin, par
le faciès grauwacke de Siegen, et M. Holzapfel a montré,
comme nous l'avons rappelé plus haut (^), que les couches
des Obere-Cohlenzscliichten présentent également un faciès
de mer plus profonde, au Sud qu'au Nord du bassin de
Coblence.— La môme règle se vérifie encore pour l'Eifélien,
qui, lorsqu'il reparaît dans les synclinaux situés au Sud
du bassin de l'Eifel, se présente sous le faciès pélagique (^)
(1) Nous ne connaissons qu'une exception à cette règle : c'est l'existence du
Taunusqunvzil du Taunus et de la partie sud du llunsrûck à un niveau qui est
représenté, l>eaucoup plus au Nord, par la base des phyllades d'Aile. Hemar-
quons toutefois qu'il s'agit de la pkase initiale d'un régime d'eau profonde et
que la persistance, un peu plus prolongée, de quelques hauts fonds, a l'extrême
limite sud de noire massif paléozoîque belgo-rhénan ne pourrait nuire en rien
à notre argumentation. Ajoutons que. même dans le bassin de l'Oesling. les
points ou la partie inférieure du Taunusien ne présente aucun banc gréseux
sont relativement rares.
(2) P. 1^0, note 1.
(3) Cf. Holzapfel : Das obère Mitlelderon imrheinischen Gcbirge, Abh.der
K. Preuss. geol. Landesanstalt, Neue Folge, Heft 16, p. 412, seq. On trouvera,
dans ces pages, bon nombre de considérations intéressantes, sur les divers faciès
du Devonien, leur signification et leur répartition.
- 195 -
des schistes Ads à lentilles calcaires et à céphalopodes
d'Olkenbach {}) et du Stromberg, analofi:ues aux schistes
de Porsguen et de Wissembach, et appartenant aux «vastes
régioQS pélagiques de la mer devonienne, qui s'étendaient,
en Europe, de la Bretagne aux vallées de le Moselle, de la
Lahnel,audelà : Kellerwald, Sauerland, Hartz(2))), etdont
la limite vers la terre ferme dessinait, en gros, une vaste
courbe à concavité Nord, comme celle que devaient tracer
plus tard les directions générales du grand soulèvement
hercynien. Pendant le Frasnien, et principalement à Tâge
des schistes de Budesheim et de Matagne, qui corres-
pondent à la phase maxima de la transgression supra-
devonienne, le faciès pélagique s'avança jusque dans les
bassins de TEifel, de Dinant et môme d'Aix-la-Chapelle;
les caractères de ce faciès à céphalopodes et à liuchiola
(Cardiola) retrostriata ne diffèrent d'ailleurs nullement
dans ces bassins de ceux qu'il présente sur la rive droite
du Rhin : on constate seulement que le faciès pélagique,
qui occupe toute l'épaisseur du Frasnien dans les zones
plus excentriques, ne s'établit régulièrement (^) dans ces
bassins qu'à la partie supérieure de l'étage.— Les dénuda-
lions ne nous permettent guère d'apprécier les conditions
bathymétriques des régions situées directement au Sud
des bassins de Dinant et de l'Eifel, pendant la régression
famennienne, qui ramena des conditions tout à fait litto-
rales dans la région du bassin de Namur et de la partie
Nord du bassin de Dinant; mais nous savons que, lorsque
'<) FoLLNfANN : Die unterdernnischcn Schichten von Olkenhach. I. c , p. 156.
- Grebb : l. c, p. LXIV et LXV.
(2)Ch. Barrois : Des relations des mers devoviennes de lirrtngve nrec celles
(i^s Ardennes. Ann. Soc. géol. du xNord, t. XXVH, p 233.
(3) Nous disons l'égulièremeiit, parce que l'on observe, même dans le bassin
de Namur, à un niveau très peu élevé du Frasnien, des schistes 1res fins rap-
pelant les schistes de Matagne et contenant Duchtola retrostriata. Voir 11. i>k
DoRLODOT : Sur le niveau stratigraphique des Cardinla retrostriata de
^^dminforge. Ann. Soc. géol. de Belg.. t. XXI, Mém., p. 3. Toutefois, comme
Dous n'a?ons pas trouvé de Goniatites dans ces schistes et une, par conlns on
y rencontre, du moins dans certains bancs, de gros Spirifer Malaisi. l'annloKlo de
c^ schistes avec le faciès de Matagne est loin d'être compl^te.
- 196 -
les couches de cet âge sont conservées dans le prolonge
ment Est ou Ouest de la même zone extérieure, où le facièî^
pélagique avait régné pendant toute la durée du Frasnieu -^
ce faciès se continue, en général, pendant le Famennien ^
En un mot, tous les faits semblent prouver que la meir^
devonienne n'occupait pas, dans nos régions, une série d^
bassins plus ou moins séparés les uns des autres et cor —
respondantà nos bassins tectoniques actuels, mais qu'elle
formait un vaste bassin océanique, qui s'étendait aiB_
loin vers le Sud. Cette mer, qui se terminait, au Nord^
contre le continent calédonien, occupé par les lacs âeVOlc^
red, empiétait plus ou moins sur ce continent, suivant les-
alternouces de transgression et de régression; mais, poui^
un même âge, ses dépôts sont d'autant moins littoraux^
qu'on s'éloigne davantage de la côte septentrionale. Sans»
doute, il pouvait exister des îles dans cette mer : M. Bar-
rois, dans le travail que nous avons cité plus haut, en
indique plusieurs (*). Mais aucun indice ne nous permet
de supposer l'existence d'une île, d'une presqu'île ou
même d'un haut-fond, dans la région de l'Oesling, pendant
l'époque rhénane. Nous savons, au contraire, que, lorsque
le faciès n'est pas identique dans le bassin de l'Oesling, au
faciès synchronique du bassin de Dinant, c'est qu'il y
présente un caractère plus pélagique. Le faciès phyllade
d'Allé, comparé au faciès grès d'Anor, est absolument
démonstratif sous ce rapport. Plus tard, pendant le Huns-
ruckien, la région du bassin de l'Oesling appartient à la
même zone bathymétrique que la région Sud du bassin de
Dinant. Puis, à l'âge des grès de Berlé, se manifeste dans
toute l'étendue du massif belgo-rhénan un maximum de
relèvement; mais, tandis que le faciès est nettement
littoral jusque dans les portions les plus méridionales du
(1) 1. c, p. 259 : «c Plateaux du Centre de la France, de Bohème, du Centre de
l'Espagne. »
- 197 -
bassin de Dinant, le faciès du grès de Berlé, au moins en
partie contemporain des schistes rouges de Winenne, nous
montre un fond de mer constamment immergé; bien que
peu profond ; après quoi; la mer s'étant avancée de nou-
veau vers le Nord, TOesling et le Sud du bassin de Dînant
se retrouvent dans des conditions assez semblables, pour
que le faciès de la grauwacke de Wiltz ne puisse se dis-
cerner de celui de la grauwacke de Hierges. Cela étant, il
faudrait, nous semble-t-il, des preuves bien convaincantes,
pour faire admettre que tout ou une partie de la région
occupée aujourd'hui par le bassin de TOesling était émergé,
pendant qu'une mer habitée par des brachiopodes, des
aviculides et des crinoïdes déposait, dans le bassin de
Dînant, les sables et les argiles qui ont donné naissance
aux grès et schistes de Vireux. Cela nous paraît surtout
improbable, si nous continuons à admettre avec M. Gos-
selet, comme nous croyons devoir le faire, que la région
occupée aujourd'hui par le bassin d'Aix-la-Chapelle était
également immergée à l'âge des grès de Vireux (^); puisque,
dans cette hypothèse, la mer s'étendait jusque bien loin
au Nord de l'Oesling. Remarquons aussi que l'assise rap-
portée à l'Ahrien nous montre, dans le bassin d'Aix-la-
Chapelle, des couches rouges, alternant avec les grès verts
et les schistes verts. Ce fait nous permet d'expliquer la
présence de couches rouges dans l'assise de Clervaux,
beaucoup plus facilement que si nous observions, dans
/I) M. HoLzAPFBL (Beobachtungen im Unterdevon der Aachener Cegend.
Jahrb.. d. K. Preuss. geol. Landesanstalt, fur 1899. p. 208) considère comme
d'âge siegenien les couches rangées par M. Gosselet dans TAhrien, à Zweifall. 11
ne nons parait nullement démontré que la roche dans laquelle von Dechen a
trouyé Rensselaeria crassicosta appartienne aux couches rangées dans l'Ahrien
parM. Gosselet, et il nons semble, en tout cas, qu'elle se trouvait à une notahl»
distance sous les couches burnotiennes. Mais, puisque M. Holzapfel lui-même
considère comme probable que la suppression de l'Ahrien est due en cet endroit
à une faille, l'absence de l'Ahrien, fût-elle constatée, ne tirerait pas à consé-
quence. Par contre, nous pouvons d'autant moins renoncer aux conclusions
que M. Gosselet a déduites de l'étude du Rhénan sur le liane ouest du massif
de Stavelot, pour établir l'existence de l'assise du grès de Vireux sur le bord
nord de ce massif, que le levé détaillé de la carte géologique au 40000* a permis
de constater et de confirmer le bien-fondé de l'argument de passage latérnl,
invoqué par M. Gosselet.
Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxni U
— 198 -
TAhrien situé au Nord de la bande Ebly-Schleiden, l€
même faciès qu'au Sud du bassin de Dinant. En eSet, si^
dans la zone littorale que les éléments terrigènes devaif^nt
traverser pour arriver dans l'Oesling, les dépôts ocreux
étaient limités à un niveau déterminé, il serait peut-être
difficile de ne pas attribuer le même âge aux dépôts âi
couches rouges de Clervaux. Il en est autrement, si les
matières ocreuses existent à différents niveaux dans la
zone littorale : il n'est nullement évident, en effet, que
les courants durent emporter ces matières le plus loin
vers le large, à l'époque où leur abondance atteignit son
maximum, dans les dépôts littoraux. Nous savons
d'ailleurs qu'à peu de distance vers l'Est, les couches
rouges de la Kyll (') appartiennent à l'âge du grès de
Vireux.
L'argument que nous venons de développer nous parait
rendre tellement improbable l'hypothèse d'une émersion
de l'Oesling pendant le dépôt du grès de Vireux, que, si
l'existence d'une lacune à ce niveau était démontrée, nous
croirions devoir l'expliquer plutôt par une interruption
de la sédimentation due à l'action des courants ou à toute
autre cause. Mais, comme il est plus facile d'attribuer aux
causes de ce genre un simple ralentissement de la sédi-
mentation aboutissant à produire une diminution locale
de la puissance normale des dépôts, nous croyons plus
logique de considérer, jusqu'à preuve du contraire, les
schistes de Clervaux comme correspondant, malgré leur
puissance réduite, à la grauwacke inférieure de Coblence,
dont ils occupent la situation stratigrapliique entre la
grauwacke à faune siegenienne et le grès de Coblence.
Le tableau ci-contre résume nos conclusions sur le syn
chronisme des couches coblenziennes (lato sensu) du bassic
(1) Voir toutefois la réserve que nous faisons plus haut, au sujet de la teint»
de ces roches, p. 187, note 1.
— 199 —
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— 200 —
de rOesling ou du Luxembourg avec celles du bassin d
Coblence et du bassia de Dînant. Il va sans dire que nou
n'avons nullement l'intention d'affirmer que les limite
entre les formations mises en regard se corresponder
absolument : il ne peut être question que d'un paralh
lisme d'ensemble. Mais, même comprise avec cet!
réserve, nous ne nous flattons pas d'avoir démontré noti
thèse. Les relations stratigraphiques entre les couche
de la Kyll et l'assise de Clervaux, dans la région o
M. Gosselet l'a définie, demanderaient, pour être établie
avec certitude, un levé géologique détaillé d'une régio
encore trop peu connue. 11 nous suffit d'avoir montré qu«
dans l'état actuel de la science, rien n'oblige à admettr
l'existence, au milieu des dépôts de l'Oesling, d'une lacun
stratigraphique, lacune dont l'existence serait difficile
concilier avec l'ensemble des faits que nous connaisson
aujourd'hui sur la répartition des faciès du DevonieE
L'avenir se chargera de dire si nous nous sommes trompé
Mais, la solution définitive fût-elle contraire à nos prévi
sions, nous croirions avoir rendu service à la science, ei
soulevant le doute : la conscience de notre ignorance étan
le point de départ nécessaire de tout progrès scientifique
M. l'Abbé A. Carpentier envoie la note suivante :
Promenades géologiques dans /'Avesnois
par l'Abbé A. Carpentier
La bande carbonifère de Lez-Fontaines,
Sars-Poteries, Beugnies
Cette bande carbonifère a une direction ENE-OSO parai
lèle à celle des bandes d'Avesnelles et d'Avesnes. Comme
ces deux bandes, plus méridionales, elle est coupée dt
vallons perpendiculaires à sa direction, souvent occupés
par de petits ruisseaux.
-- 201 —
D'un relief assez accusé dans sa partie la plus orien-
tale (Lez-Fontaines), elle s'aplanit sous Sars-Poteries et
Beugnies. L'aile méridionale de ce synclinal carbonifère
disparaît même sous des sables et argiles plastiques d'âge
tertiaire.
On peut juger approximativement de la largeur de ce
synclinal si Ton tient compte de la présence de calschistes
à faune d'Étrœungt dans le bois Rincheval. Nous avons
ici la bordure méridionale de la cuvette carbonifère de
Sars, que nous pourrions retrouver plus à l'Est, sur la
route de Solre-le-Château à Clairfayts, si toutefois les for-
mations carbonifères de Solre faisaient partie de la bande
de Sars-Poteries. Les faits manquent à ce sujet; les quel-
ques carrières de Solre^ exploitées dès 1677 (*), n'ont guère
laissé de traces. La bordure famennienne du versant sep-
tentrional du synclinal disparaît par places sous des sables
argiles et cendres tertiaires (Champ d'Offies).
L'aile sepsentrionale est bien visible à Lez-Fontaines,
Sars-Poteries et Beugnies. On va l'étudier de l'Est à
l'Ouest.
Lez-Fontaines
Quand du « Quartier » on se dirige vers « les Joncs »
par la route qui mène à Solre, on rencontre à main gauche
une tranchée intéressante. On y constate de l'Ouest à l'Est
la succession suivante de bancs à pendage N-S :
— Psammites et schistes fins (10 mètres).
Les bancs de psammites varient de 0°»10 à 0°^20 d'épais-
seur. Ils sont souvent noduleux, irréguliers, à surface
niamelonnée. Les schistes verdâtres offrent par places des
débris végétaux. Les Psammites présentent des Spirifers
jJ,[Cf. Notice historique sur la Terre seigneuriale et les Seigneurs de Solre-
iQ, par l8. Lebeau.
— Schistes à nodules calcaires, parfois véritables ban''S
calcaires irréguliers. Grand nombre de fossiles :
Athyris Royssii et autres. Spirifer Stranianus, Goss.
Spirifer Vcrneuilli, March. RhiincItoMlla Leliensis, Goss.
Spirifcrina laminosa, Goss.
— Scbistes et psammites (1,30).
— Schistes calcaires et bancs calcaires (9 mètres).
— Psammites et schistes (10 mètres).
— Schistes calcareux et bancs calcaires (quelqu es
mètres).
- Outre les fossiles précités, on trouve à ce niveau cJ^
nombreux Streptorhynchus et Ciisiophyllwm.
Somme toute, on reconnaît ici l'assise de Sains.
Après avoir traversé la voie ferrée, on aperçoit à droi te
plusieurs carrières. La carrière Debliquis est la plu«s
orientale (Fig. 1). Elle est entaillée dans des bancs d'iK ^
calcaire encrinitique grisâtre, souvent veiné de lignca^
blanches de calcite, appartenant au Famenoien tout à fait
supérieur, d'après les fossiles nombreux qu'on y trouve =
Spirifer Vernemili, Spirifer distans, Streptorkynchus, Cli--
siophyllum.
Les bancs extrêmes sont presque verticaux, souvent
réduits à l'état de calschistes, et présentent des surfaces
de glissement. Les baoca intermédiaires ont une épaisseur
variant de 0,10 à 0,40, se délitent fréquemment en bancs
plus minces, présentent des traces de glissement. Ces
bancs intermédiaires (7,80) ondulent du Nord au Sud, de
façon à dessiner une cuvette irrégulière, renversée sur les
bancs verticaux les plus méridionaux de la carrière. Cer-
tains bancs épais de la partie la plus septentrionale de la
coupe s'amincissent et se terminent en biseau. Les bancs
sont, par endroits, peu continus; on a souvent affaire à
des blocs.
A rOuestde Texploitation Debliquis, des bancs calcaires
et des calschistes à faune d'Etrœungt et à traces de glis-
sement très nettes et très fréquentes sont visibles dans une
propriété privée et dans deux anciennes carrières dites
(< Grandes Marlières ». Le banc le plus septentrional (Fig. 2)
k
»»T««(»^
V t
présente des traces de glissement remarquables. Il en est
ciemême de la partie a de la même coupe. En a, les bancs
inférieurs sont à l'état de blocs à surface irrégulière, sou-
vent veinés de lames de calcite ; un banc est môme par
endroits entièrement spathique; les calschistes de ce
niveau ondulent légèrement.
En b, des calschistes avec nombreuses traces de glisse-
ment sont visibles sous une épaisseur de quelques mètres
et rappellent l'ardoise par leur couleur et leur schistosité.
Entre a et b, des bancs calcaires (d'épaisseur variable do
0,40 à 1,40) sont faiblement inclinés, presque horizontaux
au voisinage de a.
Le calcaire de ce niveau est par endroits encrinitique et
déteinte foncée, présente de ci de là des lames de calcite,
est souvent fendillé au point de se déliter en morceaux
allongés perpendiculairement à la direction de» bancM,
Certains bancs ondulent de l'Est à TOuest*
— 204 —
Les bancs autrefois exploités dans les deux carrier
sont de même nature que les bancs de la carrière Debliqu i
Les bancs de la carrière la plus septentrionale so
presque verticaux. Les fossiles de ce niveau sont :
Spirifer YerneuilU, Murch. Amculopecten....
Spirifer cïistans, Sow. Stromatopora. ..
Athyvis Royssii, Vern. Syringopora.
Chonetes variolataj de Kon. ClisiophyllumOmaliusi^lidln
Streptorhynchus crenistria, Phill.
Signalons en passant, à l'Ouest de cette coupe, un alla
sèment de terrain perpendiculaire à la direction ENE-OI
des bancs et livrant passage au ruisseau des Ries, qui c
tecte Teau des ruisseaux de Lez-Fontaines. A TOuest de
petit vallon, la carrière Fournier est entaillée dans c
bancs d'un calcaire encrinitique grisâtre, veiné de calci
dont la surface présente des lames spalhiques et de no
breuses traces de glissement. Les fossiles, peu nombrei
sont : Spirifer distans^ Streptorhynchus^ Clisiophyllum.
Après avoir étudié cette partie intéressante du territo
de Lez-Fontaines, dirigeons-nous de l'église vers «
Trieu ». Un petit chemin, de direction N S, montre de
ses tranchées plusieurs mètres de schistes finement fei
Jetés, verdâtres ou jaunâtres, à Spiriferina octoplica
puis, au-dessus de ces schistes, une alternance de bai
de calcaire encrinitique (pendage N-S). Les bancs mini
et irréguliers de petit granité, découverts dans la propri
de M. Roger, se placent au dessus des formations pré
dentés. J'y ai retrouvé presque tous les fossiles du p(
granité ; je signale spécialement quelques débris de de
6 e Psammodus,
Trois carrières, l'une autrefois exploitée à l'Est de
chapelle du Trieu, les deux autres ouvertes à l'Ouest
cette chapelle, se suivent à peu près en ligne droite
l'Est à l'Ouest. Nous y voyons par conséquent les mer
bancs (inclinés vers le SSO\
— 205 —
On observe à présent dans l'ancienne carrière (*) du Sud
au Nord :
— quelques mètres (4 à o m. visibles) de calcaire encri-
nitique à grain fin, géodique par endroits (souvent à
géodes pleines) ;
— bancs calcaires à géodes creuses (2,50);
~ bancs calcaires à phtanites en lentilles ou en rognons
irréguliers (2,80). Certains phtanites ont 0^30 de largeur
et forment dans ce cas de véritables bancs.
L'épaisseur des bancs de calcaire encrinitique varie de
1 mèlre à 0,15; les gjjos bancs se délitent souvent en bancs
plus minces (de 0,10 à 0,30).
Dans la plus orientale des carrières Lefebvre, les mêmes
bancs se retrouvent. Un banc de calcaire encrinitique a
Im. 30 d'épaisseur. La surface du banc plus mince qui le
supporte présente des traces de glissement. Certains bancs
d'un calcaire foncé (0^10 a 0,15 d'épaisseur) contiennent
des Phtanites lenticulaires et se placent à une huitaine de
mètres sous les précédents.
La carrière la plus occidentale, dite carrière IManard,
est actuellement exploitée. Outre la présence de phtanites
déchaussés à la partie supérieure de cette exploitation
(sous une épaisseur de quelques mètres), j'y ai remarqué
•es fossiles suivants :
Brachiopodes
Pfoihictus punctatus, Martin? Ortlda....
Chonetes.... Rhi/nc/ioncUn /druru(/n/i, l'hlll.
Ortkis resupinata, M a rti n .
Gastropodes (nombreux;
^'^omphalus.... Loxone/no,..,
^dcrochci ina. . . . Chcmnitzia.. .
Polypiers : AmpU'xus, etc. /nombrenx;
(1) Voir L'Ardenne, p. W9,
— 206 —
Sars-Poteries
Au lieu de suivre la route de Lez-Footaines à Sars, pre
nons un sentier qui nous mène à l'endroit dit « Lescallié »
au Nord-Est de la station de Sars. On peut y visiter quatre
exploitations, au Nord desquelles passe une bande d'
phtanites bruns (dont quelques-uns ont jusque 0,1-
d'épaisseur) empâtés dans une argile souvent rougeâtre
On observe ces phtanites dans la tranchée du champ de tî
de Sars ; on a déjà eu Toccasion de les signaler à Le2
Fontaines; on les retrouvera à plusieurs reprises ver
rOuest. A Lez-Fonlaines, ils proviennent des bancs supe
rieurs du calcaire géodique. Il doit en être de même
Sars, et le calcaire encrinitique plus ou moins géodiqii
doit se trouver au Nord des carrières « Lescallié », oi
nous observons des formations qui, normalement, soa
supérieures au calcaire géodique. On constate, en eflel
dans ces carrières, une alternance de calcaire dolomitiqa
et dolomie avec du calcaire gris à grain fin, rappelant pa
sa texture, sa richesse en chaux, le calcaire qui se pJac
au dessus du calcaire en blocs à Productus sublœms d
Godin et de Baldaquin.
Ces quatre carrières, se succédant à peu près en lign
droite de TEst à l'Ouest, montrent la succession suivant
de bancs à pendage NNO-SSE :
— Inférieurement : bancs dolomitiques, cendreux à 1-
surface.
— Calcaire gris à Productus sublœms, en blocs (3,30J
— Calcaire doJomilique (4,50) stratifié par endroits, géc
dique à géodes petites et remplies de calcite ou grandes
et creuses avec grands cristaux spathiques. Ces bance
moins épais que les blocs de calcaire gris, sont souvec
altérés (certaines parties sont cendreuses ; des lames tB
calcite les traversent irrégulièrement) au Sud de la vot
ferrée des bancs de structure analogue, présentant p^
— 207 —
places de nombreux Hroductus suhlœvis et Christiani, sont
visibles près de la gare de Sars, dans une exploitation de
M. Buisset. Ils soot sans doute légèrement supérieurs aux
bancs précédents.
— Calcaire gris en blocs à Hroductus sublœns et Chris-
tiani, Chonetes papilionacea et Polypiers cornus.
Sous le limon, une couche argilo-sableuse irrégulière
et peu épaisse recouvre la surface supérieure des bancs,
que coupent fréquemment des lames spathiques perpen-
diculaires à leur direction. Les mêmes phénomènes s'ob-
servent dans les carrières de calcaire gris à Hroductus
sublŒvis de la bande d'Avesnes. De même qu'à Godin (*),
la structure en blocs du calcaire a facilité et facilite Taction
des eaux, qui travaillent irrégulièrement la surface des
blocs.
Suivons un sentier toujours au Nord des voies ferrées
de Sars-Maubeuge et Sars-Avesnes. Un peu au Nord
d'un passage à niveau, la route de Sars à Dimont est
ouverte dans des bancs à pendage N-S. Ce sont, du Nord
au Sud :
— Schistes calcareux à Spiriler Verneuilli, Streptorhyn-
^hus, Chonetes Rardrensis, Atlnjris
-Bancs psammitiques et schistes alteroant réguliè-
rement.
— Schistes à nodules calcaires à Clisiophyllum.
Après avoir traversé le chemin de fer. dirigeons-nous
vers la station de Sars. Voici, à main gauche et à l'Ouest
delà gare, la carrière de M. Jaumaux. Avant de l'étudier
6n détail, signalons près la gare quelques bancs dolo-
niitiques et, à gauche de notre route vers la gare, une
exploitation de sable avec grès et argile à silex pyro-
niaques et galets quartzeux et gréseux. Cette exploitation
P^l Je signale à ce propos qu'on a trouvé entre les blocs du calcaire massif de
'ïOQin une excavation de huit mètres de profondeur; la surface a été travaillée
I^ies eaux; elle donne accès dans une autre excavation.
~ 208 -
de M. Nicolas est ouverte dans une poche à la surface c
quelques bancs dolomitiques. Les bancs de la carrièJ
Jaumaux, entaillée au Sud du ruisseau des Verts-Pré
sont de calcaire encrinitique grisâtre ou noirâtre, pyrileu
par places (épaisseur 14 mètres). Les bancs calcaires (d
0,10 à 0,30) alternent régulièrement avec de minces lits d
schistes ou calschistes (0,10).
Les bancs les plus septentrionaux ondulent légèremei
à la superficie ; deux de ces bancs se délitent en petil
blocs.
Une poche de sable et argile est exploitée, comme on 1
dit, dans une exploitation ouverte au Sud de la carrièi
Jaumaux. On voit dans cette dernière carrière le boi
septentrional de cette poche sablo-argileuse. Queiqut
phtanites pris dans de l'argile, remaniés presque si
place, nous indiquent que la bande de phtanites exis
dans le village de Sars. Le calcaire géodique existe sai
doute au-dessus et au Sud des bancs de la carrièi
Jaumaux.
Dans ces bancs, les fossiles sont nombreux et variés :
Spirifer clnctus, A. de Keys. (*) Streptorht/nchuscremstria,Ph\]
Spirifev distans, Sow- Orthis resupinata^ Martin.
Spirifer Strunianus, Goss. Phlllipsia gemmuli/era, Phill.
Spiri/erina laininosa, Coy. Phillipsia sans granulation
Spirifcrina Molleri, de Kon. Sanguilonites Visetensis, de Koi
Athyris Royssii, Lev. CapuLus....
Produclus Flcmifif/ii, de Kon. Bélier opho a...
Productus niger, Goss. Naticopsis tariata, Phill.
Productus striatas, de Kon. Phaneroiinus serpula, L. G.
Choneies variolata, de Kon. Bryozoaires divers.
Chonetes papilionacea, Phill . Miclielinia. . . .
Strophonema analoga, Sow. CUsiophijllum, etc.
R/tynchonella pleurodon, Phill.
Dans le village même de Sars, derrière la maison d
(1) Les Spirifevs, Spirifévines, Streptorhynchus et Naticopsis sont tr<
nombreux.
— â09 —
M. Brassard, quelques bancs de calcaire gris (Chonetes
papilionacea et Polypiers radiés) alternent avec des bancs
dolomitiques sous une épaisseur de quelques mètres. La
partie superficielle est souvent altérée par Faction des
eaux d'infiltration, qui traversent facilement la mince
couche de sable recouvrant ces bancs par endroits.
L'épaisseur moyenne de ces bancs à pendage NNO-SSE est
de 0,60.
En prenant de ce point le chemin qui mène aux «Bâtis»,
on aperçoit à gauche deux exploitations de sable, argile et
terre à poteries. Des Bâtis, un chemin à droite nous
ramène dans le village même de Sars. Suivons-le quelque
peu. A main gauche voici une carrière de bancs d'un
calcaire grisâtre encrinitique, veiné de calcite et pyriteux
par places. Cette carrière, appartenant à M. Gilet, fournit
les fossiles de la zone d'Étrœungt (Clisiophyllum^ Strepto-
f'ynchus, grands Spirifers distans.
Reprenons notre chemin vers les Bâtis, traversons la
voie ferrée de Sars à Avesnes. La tranchée voisine du
passage à niveau offre une alternance de schistes etpsam-
n^iles à végétaux et Spirifer Verneuilli avec des schistes
calcareux et bancs calcaires à :
Spirifer Verneuilli, Murch, Rhi/nchonella Letiensis, Goss.
^fiiriferina laniinosa, Coy. Streptorhynchus (nombreux).
^^fiyris Royssiiy LeY. Bryozoaires (Id.).
C'est la bordure famennienne de l'aile septentrionale du
synclinal carbonifère de Sars.
Beugnies 0)
Des « Bâtis » de Sars, quand on se dirige vers a la
Savate », un petit chemin à gauche, parallèle à la voie
^^rréede Sars à Avesnes, présente dans une de ses tran-
chées des phtanites déchaussés dans une argile rougeâtre
I (^) Cf. Annales Soc. Géol. du Nord. T. XVI, p. 303.
I
— 210 —
empâtant des silex pyromaques. Cette argile avec phla-
nites se retrouve dans la tranchée du chernin de fer pré-
cité. Quelques bancs d'un calcaire compact plus ou moins
saccharoïde, avec traces de Productus...., sont \is\h\es non
loin de là.
A rOuest de cet endroit, il nous reste à étudier une
carrière exploitée par M. Moronval, marbrier à Avesoes.
Les bancs inclinés NNO-SSE se présentent comme suit du
Nord au Sud :
— Calcaire dolomitique et dolomie, à phtanite'
déchaussés à la partie supérieure des bancs et empâté
dans de Targile à silex pyromaques (2,50).
— Calcaire encrinitiqueplusou moins géodique (géode
pleines). Chonetes papilionacea, polypiers (9 m.).
— Calcaire dolomitique.
Certain banc^ susceptible d'un beau poli, est exploit
comme marbre.
Remarques générales et Conclusions
Remarques stratigrapliiques. — Voici, en résumé, 1
constitution de la bande carbonifère de Lez-Fontaines
Sars-Poteries, Beugnies : au-dessus des alternances d
psammites, schistes et calcaires du Famennien supérieui
on observe une quinzaine de mètres de schistes et banc
calcaires, surtout visibles à la carrière Jaumaux, de Sars
Au-dessus se placent probablement des schistes à Spiri
ferina, les alternances de schistes et calcaire encrinilique
les petits bancs de petit granité, très minces, de Le^
Fontaines. Je dis probablement, car, étant donné L
caractère de la faune des bancs de la carrière Jaumau?
ces bancs pourraient être d'un niveau supérieur à la zoo
d'Étrœungt. (')
(1) D'après de plus récentes recherches, ces bancs calcaires et ces schistes
rapprochent, par leurs caractères petrographiques et paléontologiques, d
formations qui, dans les bandes d'Avesnes, Avesnelles, Saint-Remy, etc-
prennent place entre les Schistes à Splriférines et le petit granité.
— 211 —
Au-dessus de ces formations se placerait le calcaire
encrinitique géodique par places, à phtanites épais et
nombreux dans les bancs supérieurs. Ces phtanites se
rencontrent de Lez-Fontaines à Beugnies et probablement
plus àrOuest, en passant par le champ de tir de Sars, la
carrière Jaumauxet les deux endroits dont il vient d*êlre
question dans l'étude du territoire de Beugnies. Ils sont
déchaussés à la partie supérieure des bancs et permettent,
ce me semble, de suivre, du Trieu de Lez-Fontaines à
BeugDies, les bancs de calcaire géodique.
Au-dessus des bancs à phtanites se placerait, d'après
nos observations, une alternance de calcaire dolomitique
et calcaire gris qu'on pourrait suivre des carrières Les-
callié, de Sars, à la carrière Moronval, de Beugnies, en
passant par la gare de Sars, la maison Brassard et l'affleu-
rement visible dans le chemin de Beugnies aux Bâtis, à
l'Ouest de la voie ferrée de Sars à Avesnes.
Quant aux formations qui occupent la partie médiane
du synclinal, les documents font défaut.
D'autre part, l'étude de la bande carbonifère de Sars
«^mène naturellement la question suivante : les formations
carbonifères autrefois exploitées à Solre faisaient-elles
partie du synclinal de Sars ou constituaient-elles une
bande spéciale à l'Est de la précédente? Sans exagérer
l'importance de cette question d'un intérêt purement
théorique, contentons-nous de remarquer que, d'après la
première hypothèse, la partie orientale de la bande de
Sars serait rejetée vers le Sud (à Solre) ; l'allure singu-
lière de certains bancs et les nombreux phénomènes de
glissement signalés dans la partie orientale du territoire
de Lez- Fontaine trouveraient leur explication naturelle
dans la présence en cet endroit d'une faille horizontale.
Dans la seconde hypothèse, les faits de glissement et la
verticalité remarquable de certains bancs de calcaire
- 212 —
d'Etrœungt s'expliqueraient de la sorte : les formations du
Faraennien supérieur, qui s'épanouissent largement à
TEst de Solre, seraient en partie resserrées entre les deux
synclinaux de calcaire carbonifère de Solre et de Sars.
Remarques paléontologiques. — Les bancs de calcaire
encrinitique et schistes de la carrière Jaumaux, de Sars,
me paraissent être un niveau très intéressant. Les fossiles
y sont nombreux, variés ; de plus, on y rencontre des fos-
siles de formations inférieures au petit granité (zone
d'Etrœungt, calcaire noir, schistes à Spiriférines) et des
fossiles appartenant au petit granité. Les Spirifers y sout
fréquents, spécialement un Spirifer de forme subovale, s
sinus et lobe médian peu déterminés, dont le test est cou
vert de fines stries donnant lieu à un treillis, bien visible
5ur les grands spécimens. Ce Spirifer répond aux carac
tères du Sp, cinctus, de Kon.
— Le calcaire gris, plus ou moins dolomitique p^
places, provenant des carrières Lescallié ou de la pr^
priété de M. Buisset, de Sars, présente une faune int^
ressante. D'après les échantillons de Produclus que j "
ai recueillis, on trouve à ce niveau un fossile ofïrac:
tous les caractères du Productus Cliristiani, de Kon (M, qi^
Davidson (2) considère comme une variété de Productif
sublœvis, de Kon. Ce dernier se rencontre d'ailleurs dans M
même calcaire de Sars-Poteries. Le Produclus Christian
de Kon., est une grande coquille ornée de fines stries loir:
gitudinales comme le sublœvis; la valve ventrale, tr^
bombée, parfois même géniculée, ne présente de larg^
plis transverses que sur son disque viscéral; la partm
antérieure est couverte de simples stries d'accroissemeKi:
iM. L. de Koninck avait [)lacé ce Produclus Christiani pi —
du Produclus mesolohus, Phill, et,de fait, certains spécim^ 3
(1) Monographie des Produclus, p. 274. PI. XVII, Fig. 3.
(2) A nionograph of British Carboniferous Drachiopoda, Th. Davidson,
p 178. PI XXXII, Fig. 1.
— 213 —
présentent un bourrelet médian garni de quelques tuber-
culesdans le sinus, d'ordinaire peu profond, de leur valve
ventrale. Par la présence de plis trans verses, ce Productus
se rapproche du Productus undatus, Defr., et du Productus
plicaîilis, SoflB. ; le Productus undatus a des plis anguleux,
épais et disposés en terrasses, les uns au-dessous des
autres, sur toute la surface de sa valve ventrale; le Pro-
ductus plicatilis se distingue par sa forme nettement trans-
verse. Somme toute, le Productus Christiani serait une
variété voisine du Productus sublœms, variété remarquable
par sa grande taille, la finesse de ses plis longitudinaux,
la présence sur sa face ventrale de plis transverses très
nets, qu'on peut retrouver sur certains spécimens plus
petits des formations massives de Godin et de Baldaquin.
Forages aux environs de Lille
Sondage à Loos, chez MM. Brabant frères, filateurs de coton
par MM. Pagniez et Brégi
^Uitude Profondeur Épaisseur
23 Limon 2
2 Limon sableux 1
20 3 Craie impure en fragments ... 6
9 Craie blanche 3
11 12 Meule 1
10 13 Craie grise 7
3 20 Dièves 40
^37 60 Calcaire carbonifère 2
■~ 39 62 Galets dans une poche 2
^ 41 64 Calcaire carbonifère 28
^ 69 92 Couche charbonneuse 0,20
Calcaire dur 3,80
^ 73 96 Fin du sondage
Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii 15
AUitiide 1
Profondeur
22
20
2
6
12
14,5
22,5
23
25,5
33,5
- 14
35,7
57,7
- 39
60,7
— 214 —
Forage à Lammelet, à PAsUe dis AKinés
par MM. Pagxiez et Brégi
ÉpaisKiir
Argile janoe sableuse 5,50
Sable gris avec gravier cfayeox. . 1,50
Sable gris 2
Sable gris avec gravier crayeux. . 2
Argile grise bleuâtre sableuse . . 2
Argile grise bleuâtre plus compacte 1
Argile bleuâtre assez dure. ... 5,50
Argile grise grasse avec silex. . . 1
Sable gris verdâtre avec gravier . 1
Argile bleuâtre et noirâtre ... 3
Sable gris durci 0,80
Argile bleue et noir avec sable gris
intercalé 2,20
Argile bleue noirâtre grasse ... 9
Craie blanche sans silex .... 11,25
Eau.
Craie blanche avec silex .... 27,75
Craie blanche 15
Marne grise 10
Dl^ves 8,75
Calcaire carbonifère fissure ... 4,75
Eau.
Forage chez )l. Denoyelle, à Lambersart
par MM. Pagniez et Brégi
Épaisseur
Argile jaune (Limon) 2
Sable roux à grains fins .... 4
Sable gris un peu gras. .... 6
Sable roux à gros grains .... 2,5
Terrain gris avec gravier crayeux . 8
Tuffeau 0,5
Sable vert mêlé de croûtes dures . 2,5
Glaise bleue 8
Tufieau 2,2
Craie blanclie 20
Oaie à silex fissurée 5
Fin du sondage.
Altitade
Profoodear
21
16
5,50
7
9
10
11
13
14
1
19,5ï)
20,50
21,50
24,50
25,30
- 15
27,50
36.50
47,75
75
- 69
90
- 79
100
88
108,75
— 215 -
MANIFESTATION
en l'honneur de M. Ch. BAEROIS
Le 25 Juin 1904
À la suite de rélection de M. Charles Barrois à
Académie des sciences, ses collègues de la Faculté des
ciences de Lille désireux de fêler un événement si
mporlant pour l'histoire de la science à Lille et en même
emps de témoigner à M. Ch. Barrois leurs sentiments
l'amitié et d'admiration, désignèrent un comité, sous la
)résidence de M. le doyen Damien et avec M. Malaquin
K)mme secrétaire, pour organiser une manifestation,
^e comité comprenait des membres de l'Université, de
^ Société des sciences de Lille, de la Société géologique
lu Nord, de la Société des amis et anciens étudiants de
'Université de Lille.
Le comité décida qu'un banquet par souscription serait
►flert au nouvel Académicien par les membres des
compagnies et Sociétés précitées. Les adhérents au
lombre de 140 se réunirent le 25 juin 1904, à l'hôtel
)elannoy, sous la présidence de M. Lyon, Recteur de
Académie de Lille.
A l'issue du banquet, divers toasts furent portés.
— 216 —
TOAST
DE
M. DAMIEN
Doyen de la Faculté des Sciences, Président du Comité d'organisation
Mon cher Bârrois,
C'est pour moi un bien grand plaisir de devoir aujour
d'hui vous apporter, au nom de la Faculté des Sciences
tout entière, nos plus sincères félicitations et Texpression
de notre vive et profonde amitié.
Lorsque votre candidature a été posée à l'Académie des
Sciences, nous savions, à n'en pas douter, que les portes
de l'Institut de France allaient s'ouvrir toutes grandes
devant vous. Nous connaissions votre haute valeur scien-
tifique et nous savions comment elle était appréciée. Qu'il
me soit permis. Messieurs, de vous donner ici communi-
cation d'une lettre que je viens de recevoir de M. Albert
Gaudry, que l'état de sa sauté empêche d'être avec nous
en ce moment, et où Téminenl doyen de la section de
Minéralogie à l'Académie des sciences apprécie en ces
termes l'œuvre scientilique de notre collègue :
« Comme président du Congrès géologique interna-
tional de 1900, ayant pour secrétaire général Charles
Barrois, j'ai vu de près ses éminentes qualités et j'ai été
frappé du prestige dont son nom est 'partout entouré à
l'étranger. Chargé par l'Académie des Sciences du rapport
- 217 -
ur ses travaux, j'ai dû les étudier à fond et j'ai dit quel
ï^îuliment d'admiration ils m'inspirent. Cet infatigable
géologue a entrepris d'importantes recherches en Angle-
terre, en Espagne, au Canada aux-Etals-Unis. Mais il a
surtout éclairé la genèse du sol français.
)) L'histoire primitive de la Bretagne, racontée par
M. Cil. Darrois, est certainement une des plus étonnantes
et des plus grandioses qu'on puisse imaginer. Les mouve-
ments et les plissements de terrains, leurs métamor-
phismes et plus tard leurs dénudations ont été si
immenses que de petites créatures comme nous, nées
^'hier, ont peine à y croire. La paléontologie nous
apprend que la nature animée a été en continuel mouve-
ïient. Les rochers se transforment, tout change.
» Je n'admire pas seulement l'œuvre scientifique de
^iirrois, qui nous initie aux mystères de la création,
^'aime son âme simple et bonne. Aussi, je tiens à vous
'ire: «Je suis uni de cœur avec ceux qui fêtent aujour-
d'hui le nouvel élu de l'Académie des Sciences. . . »
Ce qui nous préoccupait, mon cher Barrois, c'était de
avoir si le nouvel académicien allait rester avec nous,
^ous savions que par les démarches de notre cher Becteur
es difficultés ne viendraient pas de l'Université. Mais
'Académie allait-elle abandonner une tradition séculaire
t permettre à un de ses membres d'être professeur en
ï'ovince ? Votre grande notoriété a renversé tous les
bslacles, et votre télégramme du 9 mai : « Nommé à
Institut, reste professeur à Lille » a dissipé toutes
^os craintes.
Et où seriez-vous mieux qu'à Lille, mon cher Barrois,
lans cette Faculté à laquelle vous appartenez depuis plus
k 33 ans, au milieu de collègues qui sont fiers de vous,
îDtouré d'amis sincères et dévoués !
— 218 -
Vous m'en voudriez certainement, mon cher Barrols, si
dans une circonstance aussi solennelle je n'associais votre
nom à celui du maître vénéré, qui nous donne encore à
tous l'exemple de l'activité scientifique et qui a eu la
grande joie de voir son élève de prédilection obtenir la
plus haute récompense qu'un savant puisse ambitionner.
Il ne nous est pas possible de vous séparer dans notre
affection. Je vous demanderai. Messieurs, de vous joindre
à nous pour confondre dans une même pensée M. Barrois
et M. Gosselet, et permeltez-moi de porter en même temps
la santé du maître et celle du disciple.
— 219
TOAST
DE
M. GOSSELET
Doyen honoraire de la Faculté des Sciences,
Président de la Société des Sciences, Directeur de la Société géologique
Mon cher Barrois,
La Société des Sciences dont vous avez été le président,
et la Société Géologique du Nord, dont vous êtes un des
fondateurs et le président toujours acclamé, viennent
joindre leurs félicitations à celles de l'Université. Elles
sont glorieuses de l'entrée à l'Académie d'un de leurs
membres qu'elles ont vu naître et grandir dans la science.
Il y a 35 ans, en 1869, un beau dimanche d'été, je fus
agréablement surpris, lorsque deux jeunes gens paraissant
encore des collégiens, m'abordèrent place de la Gare, au
moment ou nous nous réunissions pour partir en excur-
sion au Mont de la Trinité, et me demandèrent la permis-
sion de m'accompagner. C'était vous et votre frère.
Dès lors, vous fûtes pendant plusieurs années le
compagnon fidèle de nos excursions, sans vous laisser
décourager par les fatigues de la vie géologique.
Vous m'en voudriez, mon cher Barrois, si en parlant de
vos débuts dans la vie, je n'évoquais pas le souvenir de vos
regrettés parents, de votre vénéré père, de votre excel-
lente mère. Ils ont dû prévoir l'avenir qui vous attendait,
zar ils vous ont donné cette éducation libérale de l'esprit
— 220 -
et du corps, qui vous permettait de briller dans les pli
hautes situations.
Ils vous ont surtout appris qu'un homme, quelle cj'
soit sa fortune, doit se faire lui-môme par son trava
Vous avez courageusement suivi ces sages préceptes.
Nos courses communes ne suffisaient pas à votre zèl
vous vous êtes livré, aussitôt que possible, à des expl
rations personnelles. Dès 1872, vous débutiez dans
science par une note sur la comparaison des assis
crétacées des Tranchées du Chemin de fer de St-Omer
Boulogne, avec celles du Blanc-Nez [I] (^).
Dès lors vos publications se succèdent avec une abo
dance qui témoigne de vos labeurs et qui stupéfie cet
qui vous lisent. Vous abordez de prime abord les det
grandes voies ouvertes alors à l'activité des Géologue
En même temps que vous étudiez la stratigraphie de
craie, vous publiez des notes sur les Poissons fossiles, si
les Reptiles, sur les Ammonites, etc.
Vous êtes à la fois paléontologiste et stratigraphe : E
reste vous eussiez pu devenir un zoologiste aussi distii
gué, que vous êtes éminent géologue, comme en témoigr
votre thèse sur les Eponges.
En même temps vous donnez une preuve de v(
connaissances en langues étrangères en analysant 1<
travaux de Whilaker sur le sud de l'Angleterre et cei
de Fr. Sclimidt sur l'Ile de Sackalin.
Ces études de jeunesse avaient été appréciées comn
elles le méritaient par les géologues. Aussi lors de
réorganisation du service de la carte géologique de Franc
vous avez été chargé de la feuille de Rethel.
C'est alors que se montrèrent nettement, outre vol
intelligence géologique, les qualités physiques qui voi
(1) Ces signes en chifires romains renvoient aux chapitres d'un arti
suivant où sont exposés les principaux résultats des travaux géologiques
M. Ch. Barrois.
r- 221 r-
perraettaient les plus grands efforts. Sur retendue de cette
feuille, comprenant 2500 kilomètres carrés, il y avait bien
quatre voies ferrées, mais elles étaient situées aux quatre
coins de la carte. Vous avez dû faire tous les trajets à pied,
de soir comme de matin, souvent presque de nuit.
Dans toute la feuille, il n'y avait pas une ville, où Ton put
trouver quelque confort. Vous deviez passer vos journées
entières seul, au milieu d'une population que l'invasion
avait rendue soupçonneuse et hostile, qui prenait pour un
espion tout inconnu porteur d'une carte. Vous avez alors
couru plus d'un danger. Tout autre eut ct3 dégoûté à tout
jamais de la géologie ; vous^ vous y puisez une nouvelle
ardeur.
Votre feuille de Relhel était à peine terminée [II] que,
nouveau Guillaume, non pas de Normandie cette fois,
mais de Flandre, vous partez à la conquête de l'Angleterre.
A cette époque, les jeunes géologues qui voulaient une
thèse pour le Doctorat ès-sciences, se rendaient dans un
pays géologiquement peu connu, en Espagne par exemple.
Ils étaient assurés de pouvoir en rapporter des obser-
vations nouvelles leur permettant d'édifier une thèse.
Vous, vous vous dirigez vers la terre classique de la
géologie, dans le pays qui avait servi de modèle au monde
et qui compte le plus de géologues, le Kent, le Sussex, le
Hampshire, etc. Vous y trouvez des faits que les Anglais
n'avaient pas soupçonnés. Vous montrez que la craie où
ils s'étaient bornés à faire quelques divisions lithologiques
présente les mêmes zones paléontologiques qu'en France.
Vous suivez ces zones, vous en tracez la tectonique. Plus
entreprenant que Guillaume, vous poussez vos conquêtes
jusqu'en Irlande [III].
Les Anglais ont aujourd'hui complètement adopté toutes
vos conclusions. Ils les ont prises comme base de leur
carte géologique. La Société Géologique de Londres, vous
— 222 —
a témoigné sa reconnaissance en vous conférant sucée
sivement la médaille Bigsby, puis la médaille Wollast(^
la plus haute récompense dont elle puisse disposer ;
elle a écrit votre nom sur la liste de ses membr
étrangers.
A peine de retour en France, et reçu Docteur ès-science
vous acceptez la lourde mission de lever la carte géol
gique de la Bretagne, comprenant vingt feuilles d'Et
Major. C'était Tœuvre d'une vie toute entière. Uentrepri
était hardie. La Géologie de la Bretagne était à peii
ébauchée. D'illustres savants, Dufresnoy, Boblaye, Dur
cher et d'autres, y avaient travaillé sans résoudre 1
questions principales, sans même se douter de la cor
plexité technique du pays. Il semblait que le sol bret(
s'obstinât à rester caché aux savants avec le même entêl
ment que ses habitants avaient mis à résister à l'absor
tion française. Mais le Flamand est, dit-on, aussi têtu qi
le Breton. Votre ténacité a eu raison de la résistance arm
ricaine.
En bon tacticien, vous avez voulu vous préparer à
lutte avec toutes les armes modernes. Vous avez compi
qu'ayant à faire la géologie d'une région, où les roch
cristallines sont très développées, vous deviez vous mett
au courant des méthodes de pétrographie microscopiqi
qui venaient de s'introduire dans la science. C'est alo
que vous allâtes à Paris étudier dans le laboratoire c
MM. Fouqué et Michel Lévy. Vous êtes devenu bientôt u
des maîtres de la nouvelle science, au point que la Socié
Minéralogique de France vous choisissait comme vici
président.
Ainsi préparé, vous pouviez vous mettre à l'œuvre. C
que vous avez fait en Bretagne, je ne puis le rappeler ici
ce serait beaucoup trop long et trop technique. Je m
bornerai à dire que vous avez complètement réussi. No
— 223 —
seulement vous avez expliqué la structure géologique
du sol breton, mais vous avez encore élucidé un grand
ûombre de questions de géologie générale [IV].
Si la carte géologique de Bretagne était votre œuvre
principale et en quelque sorte votre travail normal, elle
Q'a pas suffi à absorber votre activité.
En 1877, vous allez en Espagne, dans les Asluries et dans
ia chaîne Cantabrique. Vous y reconnaissez la faune pri-
'nordiale, ses rapports avec les autres assises siluriennes
et vous parvenez à établir les relations des couches de
i*Espagne avec celles du centre de l'Europe [V].
Le gouvernement espagnol, reconnaissant des services
que vous rendiez à la géologie de la péninsule, vous
accorda la croix de Commandeur de Tordre de Charles III.
Vous avez rapporté de ce voyage une affection parti-
culière pour l'Espagne, pour les Pyrénées et pour leurs
^^pendances. Vous aimez à déterminer les fossiles qu'on
^ous en envoie. Ils vous ont fourni des conclusions très
î On portantes [V]. Ainsi ils ont été l'occasion de votre grande
Synthèse des faunes de Graptolites d'Europe et d'Amé-
ï*ique, où vous établissez la parfaite uniformité des
^aunes siluriennes dans tout l'hémisphère nord [VI].
En 1884, le gouvernement français envoyant en Espagne
Une mission, sous la direction de M. Fouqué, pour étudier
les tremblements de terre qui ébranlaient l'Andalousie,
Vous fûtes naturellement appelé à en faire partie. Vous en
Qvez rapporté un grand travail sur la géologie de la
chaîne Bétique.
En 1878 vous partez pour l'Amérique; vous y retournez
en 1891, toujours poussé par le désir de comparer les
formations géologiques des deux côtés de l'Atlantique.
Vos études furent vivement appréciées par vos collègues
Américains, qui vous associèrent à leurs travaux.
Vous ne négligiez pas pour cela l'Europe centrale.
— 224 —
L'Allemagne reçut plusieurs fois votre visite Demie
renient encore le marteau à la main, vous parcouriez la
Russie, la Bohême, la Hongrie.
Malgré les voyages continuels qui vous entraînaient au
loin dans les deux mondes, vous ne perdiez pas de vue i-*
la géologie du sol natal. Le bassin houiller du Nord a été, F
à diverses reprises, Tobjet de notes assez courtes, mais
d'une grande importance [VUJ. Des 1874, vous en étudiez
les particularités en y signalant la présence de fossiles
marins. La découverte de l'âge silurien des schistes
fossilifères de Liévin a modifié de la manière la pl^^
heureuse nos idées sur la structure du bassin houill^^'
et votre étude sur les galets de Nœux est vea^^
apporter un argument sérieux en faveur de la théorie ^^
M. Potier.
Aucune question de la Géologie ne vous est étrangè:*^^.
Grâce à la connaissance pratique des grandes langt»-*^
européennes, vous suivez ses progrès dans le mon ^^
entier. Aussi tous vos travaux sont marqués par u h^®
bibliographie, qui témoigne de l'étendue de votre scien ^^
et de la multiplicité de vos lectures.
Vos relations avec les géologues de tous les pays vol;* ^
désignèrent naturellement pour être Secrétaire du Congr^^
international de géologie, lorsqu'il s'est réuni à Paris e^
190(». Nous avons pu alors constater qu'à votre mérite d^
savant, vous joignez un admirable esprit d'organisateur-
Grâce à vous le Congrès a eu le succès le plus complet.
La France a pu offrir aux géologues étrangers une hos-
pitalité qui n'était pas inférieure aux fastueux Congrès
de Russie et d'Amérique.
C'est à vous personnellement que l'on doit ce résultat;
c'est vous qui êtes arrivé à mettre de l'ordre dans nos
travaux au milieu de cette Babel, qui a clos le XIX^ siècle
d'une manière si brillante pour la France; c'est vous qui
avez su réunir les ressources nécessaires à notre gran-
diose manifestation géologique.
Le gouvernement, qui n'avait pu vous accorder aucune
aide, vous a, au moins, témoigné la reconnaissance
publique en vous élevant au grade d'Officier de la Légion
d'Honneur.
Mais votre juste ambition n'était pas satisfaite. Vous
désiriez que le premier corps savant de France sanc-
tionnât vos travaux en vous appelant dans son sein.
Comment ne i'avait-il pas encore fait? On peut s'en
étonner quand on lit la liste de vos publications. Elle
porte 21 cartes géologiques et 160 notes ou mémoires.
Quelques-uns de ceux-ci sont de gros in-quarto de plus
de 600 pages et d'un grand nombre de planches. Les
découvertes et les faits qui y sont contenus sont légions.
De toute part, à l'étranger comme dans notre pays, on
vous désignait comme l'un des premiers géologues Fran-
çais. L'Institut vient enfin de vous ouvrir ses portes ;
nous l'en remercions profondément.
Nous Lillois, nous membres de la Société des Sciences
Gt de la Société Géologique, qui avons assister avec tant
d'intérêt à vos débuts, qui avons applaudi à chacun de
vos succès, nous sommes heureux que justice complète
Vous soit enfin rendue.
C'est pour moi en particulier un bonheur immense de
voir mon élève de prédilection, devenu mon successeur,
ajouter un nouveau lustre à la Chaire que j'ai tant aimée.
Nous vous connaissons assez, mon cher Barrois, pour
savoir que vous n'allez pas vous arrêter. Quand on a
comme vous l'amour de la science, ce n'est pas pour
acquérir de nouveaux honneurs que l'on travaille ; ce
û'est môme pas pour la gloire ; c'est par besoin, c'est
par passion, pour vaincre l'inconnu, pour découvrir un
fait nouveau, pour saisir une loi de la nature.
— 226 —
Vous continuerez à élargir le domaine de la science
géologique ; chaque jour vous acquerrerez de nouveaux
titres à l'admiration générale et à la reconnaissance
de vos concitoyens.
Vous montrez que la science pousse dans les vieilles
familles lilloises les racines les plus vigoureuses. Vous
prouvez aux jeunes gens qui se font inscrire dans nos
Sociétés scientifiques, que Ton peut, tout en habitant la
province, parvenir au fait des honneurs académiques.
Nous vous remercions de l'exemple que vous nous avez
donné. Nous buvons à vos succès passés, à votre gloire
présente et à vos travaux futurs.
— 227 -
TOAST
DE
M. CHARLES DELESALLE
Maire de Lille
Mon cher Barrois,
Je me trouve un peu honteux, tout intimidé de prendre
i parole en un pareil milieu.
Les règlements militaires interdisent aux simples
ioldats de fréquenter les mêmes lieux que leurs officiers,
it en me voyant ici, moi humble bachelier, entouré de
anl de savants, je me fais un peu Teifet du légendaire
hussard égaré au milieu des lanciers.
Mais mes concitoyens m*ont honoré d'un mandat qui
ïi'enhardit, et ce mandat, que je maudis parfois, car il
'SI bien lourd pour mes épaules, je le bénis aujourd'hui,
>uisqu*il m'a permis de prendre ma place à ce banquet,
't de mêler ma voix à toutes celles qui vous acclament.
Oui, mon cher Barrois, c'est au nom de la Ville de Lille,
reconnaissante des services que vous et votre vénéré
"Maître, M. Gosselet, lui avez si souvent rendus, c'est au
^om de tous nos concitoyens que je viens vous féliciter
^u grand honneur qui vous a été conféré, honneur qui
'ejaillit en quelque sorte sur la cité tout entière.
Tout le monde sait, en effet, que Lille est une ruche
^borieuse, que les cheminées y sont hautes et fument
tout le jour, que les bras y sont actifs, mais ce qu'on ne
— 228 -
sait pas assez — et les convives qui ne sont pas de notre
Nord rae pardonneront ce petit accès de chauvinisme
local — c'est que les cerveaux y sont aussi actifs que les
bras, qu'il y a presque autant de laboratoires que d'usines,
autant de savants et de chercheurs que d'industriels,
autant d'artistes que d'ingénieurs.
Honneur donc à celui qui a contribué à accroître notre
bon renom dans la France entière et qui a forcé la vieille
académie de Golbert h faire aussi sa petite révolution,
puisque c'est la première fois, comme on vient de le dire,
qu'elle a dû décerner à un universitaire de province le
titre toujours privilégié de membre de l'Institut de France.
Voulez-vous me permettre pour terminer, d'oublier que
je suis le Maire de Lille pour me souvenir seulement que
je suis depuis trente ans votre parent et depuis près de
cinquante ans votre ami.
Le nom de Barrois est inscrit sur toutes les pages de
notre histoire locale. Il y a plus d'un siècle, votre aïeul
était député et maire de Lille, et ses nombreux descen-
dants ont perpétué l'honneur du nom dans toutes les
carrières, dans les sciences, dans la politique, dans
l'industrie. Vous en continuez dignement la race, et votre
famille a le devoir d'être reconnaissante et le dro»^
d'être lière.
Quant à l'ami, est-il ici besoin de dire à tous ceux qtM. ^
vous connaissent, combien aimable est votre accueil
combien sûres vos relations, combien généreuse rotr^
hospitalité, combien surtout exquises votre simplicité
votre modestie.
Cette modestie, je l'effaroucherais en insistant. Je m
borne donc à un triple titre à lever mon verre en votr
honneur et je bois au glorieux enfant de Lille, au parea
et à l'ami.
— 229 —
TOAST
DE
M. MALAQUIN
Professeur à la Faculté des Sciences
Mon cher Maître,
L'absence de mon ami Gayeux me vaut Thonneur de
ous adresser, au nom de vos élèves, Thommage de leurs
ilicitalious et l'expression unanime de la joie que leur a
iusé votre élection à l'Académie des Sciences.
Depuis que vous enseignez la Géologie à la Faculté des
ciences, à côté du maître qui est commun à vous-même
: à vos propres disciples — le vénéré M. Gosselet — les
énérations d'élèves se sont succédées. Tous nous avons
Dnservé de vos leçons un souvenir ineffaçable. Par la
Btteté remarquable qui est le propre de votre intelligence,
ar la simplicité affectueuse qui est le fond de votre
iraclère, votre enseignement est le reflet de vous-même.
Vous savez montrer à vos élèves comment on aime la
cience, vous leur apprenez par votre exemple comment
Q sait la servir.
Ce sont, mon cher maître, les raisons pour lesquelles
Dire action a une influence si décisive sur l'avenir et
orientation scientifiques de ceux qui profitent de vos
récieuses leçons.
Et c'est pourquoi tous vos élèves anciens et présents,
ont heureux de vous exprimer dans celte circonstance
A^males de la Société Géologique du Nord, t. zxxiii 16
— 230 —
inoubliable leur respectueuse sympathie et leur profonde
reconnaissance.
Plusieurs autres orateurs succédèrent aux précédents.
M. Delaune, député du Nord et président de la Société
des Amis et Anciens Étudiants de l'Université, dit à
M. Gh. Barrois la légitime fierté que les membres de la
Société avaient ressentie à la nouvelle de son élection, et
lui remit une médaille commémorative.
M. Lohest, professeur de l'Université de Liège, au nom
de la Société géologique de Belgique, loua la grande
œuvre scientifique du nouvel Académicien.
M. Froussard, président de l'Union des Etudiants,
apporta le tribut d'éloges de tous les étudiants de l'Uni-
versité.
Enfin, M. Georges Lyon, Recteur de l'Académie, au
nom de l'Université tout entière, fait ressortir le sens
de l'amicale manifestation qui réunissait autour de
M. Barrois les quatre doyens et de si nombreux profes-
seurs de toutes les Facultés. L'élection de notre émiuent
collègue marque, en effet, une date importante dans
l'histoire des Universités régionales. Par la grandeur de
ses travaux, il a forcé les barrières des antiques règlements
à s'abaisser devant lui, et il a ouvert la voie aux savants
que possèdent les Universités de province. Désormais
ceux-ci n'auront plus à quitter leurs chaires pour entrer
à l'Institut, et nos corps d'Enseignement su périeur n'auront
pas le regret de voir s'éloigner d'eux les maîtres qui leur
font le plus d'honneur.
231 —
PRINCIPAUX RÉSULTATS GÉOLOGIQUES
DES TRAVAUX
DE M. Ch. BARROIS (1)
I. — Boulonnais
La note sur le terrain crétacé du Boulonnais, entre
Saint-Omer et Boulogne (1) a eu pour résultat non seule-
naent de faire connaître les couches traversées par la ligne
de chemin de fer, mais aussi de montrer la transgression
générale du crétacé sur le jurassique. Dans un travail
plus récent, M. Ch. Barrois a étudié les galets que Ton
rencontre dans le Portlandien du Boulonnais (150). Ils
sont, les uns, jurassiques, et accumulés par conséquent
pendant une période de régression, les autres paléo-
zoîques, et donnent des indications sur le parcours des
ruissellements qui les ont amenés. Leur examen lui a
fourni des preuves de leur origine locale, ainsi que des
notions sur la distribution des terres paléozoîques,
aujourd'hui couvertes par des sédiments crétacés. On y
trouve des représentants de toutes les roches régionales,
même des plus rares, comme les phtanites à foraminifères
carbonifères, connus in situ en un seul point du Boulon-
nais. L'absence de tout débris caractéristique de TÂrdenne
et du Brabant empêche d'admettre l'existence à cette
époque du grand fleuve jurassique, que l'on avait pré-
tendu faire descendre du continent belge à Wimereux.
** - ---_ II,,!! -^ '
U; Cet] article est emprunté en grande partie à la Notice sur les travaux
scienliQques de M. Gh. Barrois. Les chiffres entre parenthèses se rapportent à la
liste des publications de M. Barrois, liste qui suit, p. ^GS.
— 232 —
II. — Feuille de Rethel
«
Les études de M. Ch. Barrois sur la feuille de Bethel
combinées à celles qu'il a faites dans l'Est et dans le Nord
de la France ont amené les résultats suivants :
Terrains tertiaires (18, 40). — On connaissait sur le
flanc sud de TArdenne des lambeaux de sable dont l'âge
et le mode de formation avaient été également discutés.
M. Barrois a montré leur continuité avec les sables et
grès landéniens qui reposent sur les argiles à silex et
prouvé ainsi la discordance de l'Éocène inférieur à Test
du Bassin de Paris sur les terrains crétacés, jurassiques
et jusque sur le massif ardennais. Ces conclusions qui
modifiaient nos notions sur l'étendue de la mer éocène de
ce côté ont été adoptées par le Service de la carte géolo-
gique de Belgique.
Terrain crétacé (1, 3, 7, 9, 12, 16, 34). — Une question
générale s'attachait à la bordure crétacée orientale du
Bassin de Paris ; on y avait signalé des interruptions
nombreuses dans la sédimentation (théorie des lacunes
d'Hébert); M. Gh. Barrois fait voir qu'il n'en était pas
ainsi : au contraire, cette région est plutôt remarquable
par les faciès multiples qu'y affectent successivement les
diverses couches, quant à leur composition et à leur
faune.
L'étude des affleurements de ce terrain, du Pas-de-
Calais à la Bourgogne, lui a permis de mettre en relief
divers faits nouveaux. Tels sont, l'extension inattendue
de l'Aptien au nord, jusque dans l'Aisne, où il a découvert
une faune très particulière, nouvelle pour la France, mais
rappelant celle de Farringdon, dans le Berkshire, ■"
Texistence régionale de trois faunes albiennes successives
et distinctes, fondée sur des listes de fossiles comprenant
plusieurs centaines d'espèces, — la continuité des assises
— 233 —
énomaniennes, prouvée par leurs faunes, malgré leurs
Jciès très variables et leurs transgressions réciproques,
insi, rénorme lentille de gaize qui forme le massif de
Ârgonne et lui donne son caractère, n'est qu'un accident
liceux d'un niveau spécial, qui se continue à Test du
issin, sous les faciès les plus divers : argiles, marnes,
ibles. Par contre, le massif de gaize du Rethélois, qui lui
^ait été assimilé, a fourni plusieurs faunes successive»
stinctes. Les assises cénomaaiennes supérieures ont été
parties selon des divisions nouvelles et passent au
veau connu des mineurs sous le nom de tourtia : l'une
!S assises distinguées correspond dans la région à une
ande invasion transgressive de la mer crétacée.
La limite des étages cénomanien et turonien est marquée
ns TEst par une faune de passage jusque-là méconnue;
!St la zone à Belemnites plenus dont M. Barrois a fait
onaître la constance et les variations. Divers niveaux
roniens que Ton croyait localisés en Touraine ont été
îoonus dans TEst, et dès 1878, la limite du Turonien et
Sénonien était placée sur le rivage ardennais, au-
3SUS de la craie de Vervins; cette division correspond
elle adoptée depuis par le Service de la carte géolo-
[ue de France.
^es étages turonien et sénonien présentent dans l'Est
5 caractères lithologiques assez constants; la craie y
plus ou moins dolomitique, et la dolomitisation,
ique par rapport aux limites des étages, s'est effectuée,
près les observations de M. Barrois, à diverses reprises
à des époques successives, suivant les mômes verti-
es. La constatation de cette récurrence d'apports
ignésiens dans la série de couches horizontales du
5sin de Paris acquiert une importance générale pour
^terprétation des montagnes dolomitiques plissées (84).
— 234 —
III. — ANGLETERRE
La craie forme des falaises blanches, continues sur près
de la moitié de la côte anglaise ; et cependant la succession
dés étages n'y avait guère été étudiée en détail ; on avait
généralement accepté Tidée que cette formation corres-
pondait à un dépôt de mer très profonde, de faune
abyssale, et par suite, uniforme. En prenant pour point
de départ les travaux d'Hébert dans le bassin de Paris,
M. Ch. Barrois a essayé de suivre, pas à pas, les transfor-
mations des couches, en recueillant méthodiquement les
fossiles, et il a pu ainsi fixer l'histoire de la craie
d'Angleterre.
Après avoir parcouru (8, 13, 14, 19, 20, 21) toutes les
parties de ce pays formées par la craie, après avoir étendu
ses excursions à l'Irlande et après avoir déterminé plus de
400 espèces fossiles différentes, recueillies en place, il a
établi que la craie de la Grande-Bretagne comprenait au
moins 12 zones paléontologiques distinctes et super-
posées. Ces zones présentent sur leurs parcours des varia
tiens de composition, d'épaisseur et de faune qu'il a
indiquées pour la première fois ; elles se sont donc dépo-
sées dans des conditions physiques et bathymétriques
dififérentes.
Ces études (11, 20, 35), ont fait connaître les ondu-
lations de la craie du bassin de Hampshire, au sud de
l'Angleterre, et démontré leur continuité avec les lignes
anticlinales du bassin de Paris, tracées par Hébert. M. Ch.
Barrois a signalé d'une façon plus précise les relations de
position de ces lignes axiales avec les accidents de
l'époque carbonifère, indiquées déjà par Godwin-Austen
et il les a étendues à l'époque silurienne.
Les rapports de l'axe de TArtois et de la grande faille
primaire du Condroz ne sont pas seulement dus à ce que
— 235 —
îes accidents anciens deviennent les lignes de moindre
'ésistance du sol. Il y a selon M. Barroîs des relations
plus générales entre les accidents successifs qui ont
affecté cette région : les mouvements du sol qui les ont
léterminés en sont effectués de la même façon et dans
es mêmes directions aux différentes époques ; il s'est
3roduit dans la région naturelle comprise entre le Hamp-
ihire et la Belgique, trois refoulements successifs du sud
^ers le nord, après le dépôt du Silurien, après le Rouiller,
ît pendant TEocène.
Depuis, en explorant le bord méridional du massif
)reton, M. Barrois a reconnu (129) que l'ouverture de
ailles mésozoïques avait suivi le tracé des failles plus
mctennes, et cette constatation apporte un nouveau
ém«ignage en faveur de ces vues.
IV. — Bretagne
En Bretagne, les nombreux travaux de M. Ch. Barrois,
>euvent se grouper sous les cinq grands titres de : Stra-
igraphie, Paléontologie, Pétrographie, Tectonique et
Géographie.
Stratigraphie. —La détermination exacte de l'âge des
louches qui constituent le sol de la Bretagne a été, de la
>art de notre collègue^ Tobjet d'études aussi minutieuses
[ue nombreuses (23, 24, 48, 57, 60, 64. 69, 79, 81,
(6 89, 94, 98, 99, 108).
Terrain carbonifère, — La ressemblance des ardoises
le Châteaulin avec celles d'Angers les avait fait rapporter
lu Silurien, c'est à-dire à la série paléozoîque locale ; cet
5tage ardoisier fut ensuite ballotté du Silurien au Dévo-
iien;ces errements rendaient inintelligible, la structure
ectonique d'ensemble de la Bretagne. En établissant par
— 236 —
la paléontologie et la stratigraphie, Tâge carbonifère des
ardoises de Châteaulin et leur place au sommet de la série
locale, M. Ch. Barrois a trouvé le moyen de reconnaître
les noyaux synclinaux du massif breton et par suite d'eu
tracer les lignes directrices. Les notions admises aupara-
vant sur Textension régionale des mers où s'étaient formés
les dépôts paléozoïques de TOuest, étaient du même coup
modifiées.
Terrain dévonien. — Avant ses études, on ne connaissait
dans le Dévonien de TOuest de la Bretagne que la division
inférieure, celle du calcaire de Néhou (Coblentzien). Ses
déterminations paléontologiques lui ont permis d*en dis-
tinguer le calcaire de Rosan et de le classer dans rOrd«i-
vicien, celui de Chaudefonds, dans le Dévonien moyen,
celui de Porsquen, dans TEifélien, celui de Traouliors,
dans le Frasnien, celui de Rostellec, dans le Famennien;
il a décrit également Tétage des grès de Plougastel, et fait
connaître ainsi Texistence de la série dévonienne tout
entière.
Ces observations ont fait abandonner l'idée ancienne
que l'Ouest de la France était émergé lors du Dévonien
supérieur; en effet, c'est à cette époque qu'il faut attribuer
les dépôts pélagiques à céphalopodes et à brachiopodes:
c'est alors que les conditions physiques ont le moins
changé dans le Finistère, si l'on en juge par la constance
des caractères lithologiques, de l'époque de Porsguen à
celle de Rostellec. L'étude des faunes Ta amené à rattacher
le Dévonien breton à une province pélagique, s'étendant
en Europe de la Bretagne aux vallées de la Moselle, de !■•
Lahn et au Harz, et distincte de celle de TArdenne, dont
M. Gosseleta établi les caractères littoraux.
Le tracé des affleurements dévoniens lui a montré qu'ils
étaient limités en Bretagne, à des noyaux synclinaux, a
des témoins épargnés par les dénudations et alignés
— ■ 237 —
Avant trois fossés, ouverts à Tépoque carbonifère : celui
î Brest à Laval, celui d'Angers et celui d'Ancenis. Leur
isement est d'accord avec leur faune, pour les faire
Dnsidérer comme des lambeaux, actuellement morcelés,
e formations primitivement étendues sur de grandes
urfaces de ce pays.
La mer peu profonde en Bretagne, au début de l'époque
évonienne, n*a déposé alors que des grès et des schistes
rossiers. Plus tard, des lentilles calcaires apparaissent
divers niveaux de Tétage Coblentzien : ce sont des
alcaires construits, coralliens, ou des calcaires à crinoïdes
tbrachiopodes. La mer s'approfondit à Tépoqueélfélienne
ù dominent les calcaires noduleux à brachiopodes et
ares céphalopodes, et ses eaux envahissent le bassin
'Ancenis. Enfin le Dévonien supérieur (souvent enlevé
ar les dénudations) est uniformément représenté par des
Drmations minces, pélagiques, à ptéropodes et à cépha-
Dpodes. Ainsi la mer recouvrit la Bretagne tout entière
u cours de la période dévonienne, en augmentant gra-
uellement de profondeur, du début à la fin de la période,
n étendant progressivement son rivage méridional (139),
usqu'en deçà de la ligne synclinale de Chantonnay
Vendée) (129).
Un élage, celui du calcaire d'Erbray (95), a fait Tobjet
l'une monographie spéciale ; et ce mémoire ne passa pas
naperçu en Allemagne dans les controverses relatives à
a question hercynienne, auxquelles participèrent tous
es spécialistes de ce pays. Le calcaire d'Erbray avait été
,irécédemment, d'un avis unanime, considéré comme
silurien. On le rangea d'une façon absolue dans le Dévo-
nien inférieur, à la suite de son travail, oii il indiqua les
relations de sa faune avec celle du Coblentzien de Néhou
(61 espèces communes), et prouva son identité avec
l'Hercynien du Harz. Les 200 espèces que M. Ch. Barrois
— 238 —
énuméra à ce niveau et qu'il figura pour la plupart, ont
permis à M. (Ehlert de reconnaître celte faune aux envi-
rons d'Angers, et de préciser davantage sa place dans
cette même série dévonienne inférieure, où il l'avait
rangé sans le secours d'observations stratigraphiques,
impossibles à faire aux environs d'Erbray.
Terrain gothlandien. — L'existence du Silurien supérieur
était à peine soupçonnée en Bretagne; M. Ch. Barrois fit
connaître son extension dans la région, sa division en
quatre niveaux distincts, les variations de ces niveaux et
leur régression sur l'Ordovicien (48, 151). Absente au
nord du pays, cette formation présente ses caractères
typiques dans le bassin du centre, pour revêtir des
aspects métamorphiques spéciaux, et acquérir un grand
développement dans les cantons méridionaux.
Terrain Ordovicien. — Les assises ordoviciennes ont
présenté d'importantes différences de faciès, auparavant
méconnues, dans les divers bassins; M. Ch. Barrois a
établi des divisions, et précisé leurs positions respectives.
Une des assises ordoviciennes les plus remarquables en
France est celle du grès armoricain (105), qui forme en
Bretagne et en Normandie des crêtes allongées d'un pitto-
resque tout particulier; la position du grès armoricain
dans la série était cependant indéterminée, puisqu'il n'y
avait sous lui aucun membre que Ton pût identifier par
ses fossiles. Dans le grès même, on n'avait encore signalé
que quelques formes problématiques quand M. Ch. Barrois
fît connaître les caractères des mollusques trouvés à ce
niveau après des années de recherches, par MM. Lebes-
conte et Davy. Les principeux types de lamellibranches
dont les 45 espèces furent décrites ou figurées, concordent
pour assigner le grès armoricain à TOrdovicien (Arenig);
si on mesure, en effet, l'importance des types génériques
— 239 —
par le nombre des espèces qu'ils renferment, on voit que
les plus importants sont Actinodonta et les Ctenodonta, si
répandus dans TOrdovicien du Canada, et les Redonia,
habitants de la zone centrale d'Europe.
Terrain Cambrien, — Ce terrain n'offre pas en Bretagne
le grand développement que M. (Ehlert lui a reconnu
dans le Maine. Privé de fossiles, il est représenté par des
schistes pourprés et des poudingues ; en stratification
discordante au N. du pays, sur les formations plus
anciennes, il les suit en concordance dans les bassins du
centre et manque dans ceux du Sud, où le grès armoricain
s'avance transgressivement comme au nord du massif, sur
les terrains pré-cambriens (109, 120, 115).
Au Nord, dans le bassin de Paimpol, il présente des
caractères spéciaux et une série d'épisodes sédimentaires
et éruptifs, auparavant méconnus^ dont M. Ch. Barrois a
retracé l'histoire. Grâce à elle, il a été possible de déli-
miter celte ancienne province cambrienne. De même que
M. Barrois avait montré dans le bassin carbonifère du
Finistère la continuation du bassin de Laval, de même,
il ressort de ses contours, que le massif de Paimpol
appartient à une zone synclinale continue, passant par
Jersey et le nord du Cotentin. La comparaison de ces
zones allongées, entre elles et avec leurs voisines, montre
non seulement qu'elles correspondent à des plis du sol,
mais encore à des bandes homozoïques de l'époque des
dépôts, bandes caractérisées par des conditions bathymé-
triques particulières comme parla succession et la parenté
des roches éruptives et intrusives qu'on y observe.
A mesure qu'avance la publication de la carte de
Bretagne, on voit ressortir plus nettement la structure
rayée de son sol, suivant de longues bandes parallèles :
et la notion de ces dépressions synclinales continues est
— 240 —
venue graduellement remplacer la conception ancienDe
des bassins indépendants.
Terrains Pré-cambriens, — Ces terrains nous ont conservé
rhistoire des premiers sédiments et des premières érup-
tions volcaniques de la région. Leur ensemble, dont la
puissance atteint approximativement 3 kil., renferme de
grands enseignements sur le rôle et retendue illimités du
métamorphisme de contact en profondeur ; la marche du
métamorphisme est inégale parmi ces niveaux, dont
certains termes passent parfois à des roches schisto-
cristallines (99). M. Ch. Barrois a distingué diverses
assises superposées, définies par leurs caractères litholo-
giques. Cette distinction n'a pas été sans conséquences
pour la géologie générale : elle a entraîné cette consta
tation qu*à ces époques reculées, il se formait simultané-
ment en Bretagne des sédiments variés, indices de faciès
différents, parallèles dans trois massifs distincts, ceux de
Tréguier, de Douarnenez et de la Basse-Loire (97, 120).
Elle a montré de plus que le dépôt de ces assises ne s'était
pas effectué dans les mêmes conditions, on trouve dans
les assises supérieures à Tétat de galets (Poudingue de
Gourin (108) des débris des assises inférieures.
Transgression des mers paléozoïques, — Les terrains sédi-
mentaires de la Bretagne forment un faisceau de couches
redressées, parallèles, apparemment concordantes entre
elles, mais cette apparence est trompeuse, car elles sont
séparées par diverses concordances. M. Ch. Barrois a
retrouvé suivant la côte septentrionale du pays, où elle est
limitée, la discordance cambrienne signalée par Hébert en
Normandie ; il a de plus reconnu, entre les étages, de
nombreuses transgressions. La plus importante sépare le
Dévonien du Carbonifère, et les affleurements de cette
époque débordent, sur ses cartes, ceux de Tépoque précé-
fi
I-
— 241 —
dente. D'autres transgressions générales séparent le Silu-
rien du Dévonien, le Gothlandien de TOrdovicien, TOrdo-
vieien du Cambrien, et le Cambrien du Pré Cambrien ;
elles sont suffisamment mises en lumière parTexamen des
cartes publiées.
Continuité des aires de sédimentation. — M. Ch. Barrois a
reconnu que les plissements du sol ont considérablement
modifié la figure des affleurements paléozoïques dans
l'ouest de TEurope, et transformé les bassins en d'étroites
bandes allongées sur de grandes étendues. Parfois cepeu
dant on a pu reconnaître la continuité primitive des
bassins de sédimentation. Ainsi, les longues bandes dévo-
nîennes de TArdenne se reconnaissent dans la région de
Bristol, et c'est précisément leur continuité qui a permis
de retrouver dans l'intervalle, en môme temps qu'elle
î 'expliquait, le développement du bassin houiller franco-
belge. Les bassins dévoniens de Bretagne, au contraire,
présentent moins de traits communs avec ceux de
l'-Ardenne et du Devonshire; mais la comparaison de leurs
faunes lui a montré que ces bandes offraient un maximum
d'analogies avec celles du Nassau et du Harz, et l'on peut
^însi en induire quelques indications sur la composition
du sous-sol paléozoïque du bassin parisien.
Paléontologie — Dans ses courses sur le sol breton,
M. Ch. Barrois a recueilli un très grand nombre de fossiles,
lï a tenu à les déterminer tous lui-même. 11 a décrit et
^^guré dans des mémoires accompagnés de nombreuses
planches plusieurs faunes nouvelles ou peu connues telles
Que celles de Chaudefonds (78), d'Erbray (95), du grès
^'^moricain (105).
L'étude de cette dernière faune Ta conduit à quelques
considérations d'un haut intérêt paléontologique.
Les lamellibranches du grès armoricain (105), quoique
— 242 —
relativement assez évolués, appartiennent encore à des
groupes embryonnaires, tels que Arcidœ, Nuculidce; les
deux tiers des espèces reconnues se rangent dans ces
familles. Les Taxodontes. par leur nombre et leurs
variétés, doivent donc être considérés dans le nord delà
France comme les types ancestraux des autres ordres de
lamellibranches, et comme donnant passages à chacun des
autres. Les lamellibranches de celte époque ancienne sont
caractérisés par la simplicité de leur ornementation; ce
n'est que dans le Silurien supérieur que se développent les
formes ornées des Cardiolidœ et des Prœcardidœ qui
donnent le passage des Asiplionida aux Siphonida, Cette
faune armoricaine a encore montré que les coquilles
étaient caractérisées parla longueur de la ligne cardinale:
il n'y avait pas encore alors de forme à ligne cardinale
raccourcie, différenciée en une charnière courte sous le
crochet. Enfin, tous les types sont équivalves, Tinéqui-
valvie ne débutant que plus tard pendant TOrdovicien,
avec les Cypricardinia et les Aviculides.
M. Barrois a cherché en vain à découvrir la faune pri-
mordiale en Bretagne. 11 l'avait étudiée en Angleterre, en
Amérique, en Espagne ; il en avait découvert de nouveaux
gisements dans les Asturies. Jusqu'à présent, il a été
moins heureux dans la péninsule armoricaine, mais il y
a reconnu des traces de fossiles plus anciens encore. Il y
a découvert dans les couches plus anciennes de Saint-Lô,
à Morlaix, Saint-Thurial, des débris de crinoïdes (117) ;
à Plestrin, des débris, qu'il a figurés, analogues aux
Eozoons d'.i Canada (93); à Lamballe, dans les phtanites,
des formes singulières (108), à coup sûr remarquables,
rapportées par M. Gayeux aux Radiolaires, très discutées
par certains savants, mais acceptées par un grand nombre
des membres du Vlll® Congrès géologique international,
qui les virent à Paris en 1900, lors de cette session. Ce sont
— 243 —
ies plus anciennes formes vivantes connues sur la terre.
Pétrographie. — L'étude microscopique des roches
cristallines, tant de Bretagne que des Asturies, a fourni à
M. Ch. Barrois des résultats de la plus grande importance
pour la géologie générale. II les divise en roches éruptives,
intrusives et métamorphiques.
A. Roches éruptives. — L'étude microscopique des roches
éruptives paléozoïques qui constituent d'innombrables
filons en Espagne et en Bretagne, a permis de les faire
rentrer pour la première fois dans le cadre des classifica-
tions modernes. Parmi tant de filons, certaines roches
ont fourni des caractères assez particuliers pour cons-
tituer des groupes lithologiques nouveaux (Kersantites
récentes); les autres ont montré des particularités de
gisement et de structure telles, qu'il a fallu cesser de les
considérer comme filonniennes, et que leur origine volca-
nique est devenue évidente. Ainsi, M. Ch. Barrois a
découvert et reconstitué les plus anciens volcans de
France.
Volcans carbonifères : Le début du carbonifère fut une
période d'activité volcanique, dont il a indiqué les témoins
clans le Finistère, sous forme de coulées et de tufs de
porphyres (blavierite), de diabases et de porphyrites
interstratifiés à la base de ce terrain. Il a, en outre, rap-
porté à cette époque et tracé sur la carte de nombreux
filons de diabase ophitique; on les compte par centaines :
l^dénudation n'a rien épargné de leurs immenses coulées,
inais les fentes qui leur livrèrent passage demeurent, et
^6ur disposition n'est pas abandonnée au hasard. Elles
sont groupées en faisceaux rayonnants, et leur répartition
suit une loi, celle de leur localisation aux failles de décro-
ciiement qui déformèrent les grandes rides à la fin du
^^rbonifère inférieur (113). Enfin, c'est dans les dykes
— 244 —
lamprophyriques (kersantons et minettes) qu'il faut voir
les dernières manifestations de l'activité interne dans
celte province.
Volcans siluriens du Menez-Rom (Finistère) (100) : Les
premières manifestations de l'activité volcanique de ce
massif se traduisirent par la sortie tranquille et Técoule-
ment, sur de vastes étendues du fond de mer ordovicieD,
de laves basiques très fluides (diabases à olivine, diabases
sans olivine, diabases ophitiques, porphyrites augitiques).
Ces émissions sous-marines de produits en fusion se
répétèrent fréquemment pendant l'Ordovicien; la fin
de cette époque correspond à une phase de paroxysme
volcanique, et la profondeur de la mer se trouva fort
réduite en la région par l'abondance de projections
aériennes, bombes et lapilli, provenant de cheminées
émergées, et qui s'accumulèrent dans des eaux devenues
littorales.
La répartition des coulées et des débris a permis de
conclure que les venues qui se sont succédées lentement
dans cette région, ont dû faire leur apparition par des
bouches et cheminées distinctes, alignées a|)f)roximaii-
vernent suivant une aire allongée de .">() kilomètres et sur
une largeur de 5 kilomètres.
Un autre volcan contemporain, mais dont les produits
furent plus variés, se trouvait dans la Basse-Loire. Ses
manifestations se continuèrent avec plus d'évidence
pendant l'époque gothlandienne, où des couches aré-
nacées, des tufs à blocs projetés, alternent avec des sédi-
ments plus profonds, phlanites et ampélites à graptoliies,
déposés dans des mers largement ouvertes.
Volcans cambrions : M. Ch. Barrois a pu rapporter à des
manifestations volcaniques successives, liions, coulées et
projections, l'important massif de roches cristallines
— 246 —
posé dans la contrée de Paimpol ; leur âge cambrien a
3 établi, ainsi que leurs relations complexes avec les
uches sédimentaires de cette époque. Les plus anciennes
nues ont fourni des porphyrites à pyroxène, avec des
ulées de verres porphyritiques et des projections de tufs,
ches en cornaline. A ces roches basiques, succèdent
usieurs sorties successives d*orthophyre, dont les filons
coupent et se disloquent; puis viennent les grands
>ancbements des rhyolites anciennes, microgranulites,
icropegmatites, porphyres pétrociliceux et fluidaux.
us tard, des filons nombreux de diabases ophitiques,
lis de porphyrites micacées vinrent traverser les roches
! cette série.
Reconstituer des volcans en démolition depuis les temps
mbriens, est une tâche malaisée, mais non pas impos-
!)le. Ecrasés lors des mouvements séculaires du ridement
rbonifère, et depuis en partie enlevés, ces volcans
égorrois n'offrent plus à Tobservateur d'autres produits
usifs conservés, que ceux qui ont été ensevelis dans les
pressions synclinales. Ces fosses, au nombre de deux,
at parallèles entre elles (fosses synclinales de Plourivo,
Paimpol) ; elles sont limitées et séparées par des voûtes
avexes, et les roches rencontrées suivant ces directions
ticlinales ne sont plus eff usives, comme dans les syncli-
ux : elles gisent en filons, ce sont des roches intrusives.
\insi, M. Ch. Barrois a montré que dans les aires anti-
nales, on retrouvait les racines profondes filoniennes
nciens volcans, tandis que dans les aires synclinales
débris de leurs émissions étaient conservés à l'abri des
Qudations : l'effet de ces érosions a été de séparer les
)ns des coulées, et de détruire les appareils de sortie,
eminées et cratères. Toutefois l'examen comparatif des
ches intrusives et des roches effusives de ces massifs
vêle entre elles des analogies et des différences, qui
maies de la Société Géologique du Nord, t. xxxiii 17
^246 —
permettent dans la plupart des cas de rattacher avec une
approximation suffisante les coulées, à leurs filons nour
riciers : on arrive de la sorte à les grouper en deux
champs volcaniques distincts (Pontrieux, Perros-Guirec)
(135, 140, 141, 145).
L'ensemble de ces produits appartient à une même
série chimique, caractérisée par la pauvreté en Ca 0, la
richesse relative en K« et Na^ 0, et dont les variations
sont graduelles ; les orthophyres les plus acides du champ
méridional correspondent aux roches les moins acides de
Taire volcanique septentrionale. Les manifestations volca-
niques les plus anciennes de la région ont débuté parles
termes les plus basiques, et ceux-ci sont cantonnés au sud
du bassin sédimentaire ; les éruptions suivantes devinrent
graduellement plus acides, et leurs points de sortie se
concentrent au Nord du bassin.
La particularité la plus suggestive peut-être de cemassît
réside dans l'association, aux roches volcaniques efifusive? -»
de roches intrusives granitiques. Un granité à amphiboi^
et biotite, de composition moyenne uniforme, a fait intri^ "
sion dans la région à des périodes successives ; et, à ce?^
dififérentes périodes, le magna granitique a évolué dan ^
des limites assez étendues, des diorites aux porphyre^
acides. Il a évolué de telle sorte, qu'une même mass^
granitique peut montrer des termes grenus, avec contacta
métamorphiques, des termes bréchoïdes, ou enfin de^
termes porphyriques, avec contacts non métamorphisés^
selon la profondeur de la tranche horizontale, mise ei^
affleurement, par les dénudations.
La généralisation de ces vues à d'autres massifs ^
permis de rapporter à des roches granitiques d'âge carbo -^
nifère, la plupart des gneiss réputés primitifs de Bretagn
et de simples modifications feuilletées de ces mômes gr
nites, consolidés dans des conditions spéciales, à des pi
— 247 -
grandes profondeurs et sous de plus fortes pressions (142).
Les magmas granitiques offrent alors une grande propen-
sion à s'injecter en lits dans les sédiments anciens, et ils
passent aux gneiss granulitiques définis par M. Michel
Lévy.
Volcans précambriens du Trégorrois (93, 100, 109).
Le pays de Tréguier a fait voir à M. Ch. Barrois, de
Pontrieux à Lannion et à Lanmeur, les plus anciennes
régions volcaniques qui aient été jusqu'ici signalées en
France et même dans le monde, puisqu'on en retrouve
des roches remaniées, à Tétat de galets, dans lespoudingues
du Cambrien ; elles présentent ainsi un intérêt excep-
tionnel pour rhistoire du volcanisme dans les temps
géologiques. Les principaux produits, diabases, porphy-
rites, variolites, en filons et en nappes dans les schistes
précambriens, ne se distinguent des roches plus récentes
que par leur degré d'altération, et par leurs modifications
nnétamorphiques qui les font passer à des épidiorites, à
^es schistes amphiboliques, à des amphibolites, à des
dîorites gneissiques, c'est à-dire à des roches schisto-
cristallines.
B. Roches intrusives. — M. Ch. Barrois, en étudiant les
^oches intrusives, dont le granité est le type, dans les
A^sturies et en Bretagne, a décrit leurs auréoles métamor-
phiques, et s'est efforcé d'acquérir quelques notions sur
leur genèse, en partant de l'observation (55, 70, 80, 89,
*18).
Granités. — Au début de ces études, on admettait l'exis-
tence dans ces régions, de deux venues granitiques, l'une
Précambrienne, celle des granités, l'autre dévonienne,
^clle des granulites. Ces notions ont été modifiées par
M. Barrois. Il est établi, depuis ses travaux, que toute
venue granitique de quelque âge qu'elle soit, offre des
— 248 ~
phénomènes granulitiques, qui lui sont propres, et que
la mise en place des venues granitiques s'est espacée en
France, depuis Tépoque primitive jusqu'à l'époque carbo-
nifère, pendant toute la durée des temps paléozoîques. U
en a distingué trois séries successives sur la Carte de
France. Ces granités constituent un certain nombre de
massifs indépendants, également distincts par leur nature
minéralogique, leurs apophyses et leurs modifications
endomorphiques ; leurs masses ont une tendance géné-
rale à s'aligner suivant les axes des plis anticlinaux
dont ils forment ainsi le noyau ; leur afQeurement actuel
n'est pas originel, mais dû à des dénudations posté-
rieures; les granités sont donc formés par des roches de
profondeur.
Les massifs granitiques de Bretagne, les plus impor
tants par leur masse comme par leur nombre, sont sans
contredit ceux de l'époque carbonifère : ils s'espacent
suivant huit lignes principales, groupées en deux fais-
ceaux obliques l'un par rapporta l'autre. Leur répartition
topographique et la forme de leurs affleurements sont en
relation avec la structure générale du sol. C'est une
donnée nouvelle de la stratigraphie : au Nord du pays, les
lignes tectoniques sont dirigées au Nord Est, et il en est
de même des ellipses granitiques; au Sud, les lignes
tectoniques sont dirigées Sud-Est, et les ellipses grani
tiques également. Au Nord, les plis sont moins dénudés et
les contours des atûeuremeots granitiques tendent à
s'arrondir: au Sud, où les plis sont serrés, les contours
s*allongeut. A la rencontre des deux régions, les plis se
croisent et les ellipses granitiques alignées Sud-Est
deviennent des chevrons, allongés vers le Nord-Est.
Cette disposition lobée, à contours piriformeS; des
deruiei^ massifs granitiques, poussant du faisceau sud des
apophyses orientées comme les venues du faisceau nord,
— 249 —
nous réserve la continuité en profondeur du réservoir
granitique du Midi avec celui du Nord. Quand Térosion
superficielle aura progressé suffisamment, les affleure-
ments gra Qiti(|ues du Midi s'anastomoseront à la surface
avec ceux du Nord, par les lobes piriformes, orientés
comme eux.
Cependant, malgré Timporlance de ce réservoir, les
grandes lignes structurales du pays et le plan général de
sa tectonique n'ont pas été altérés par la pénétration du
granité : les étroites rayures sédimentaires, les longs plis
et les failles rectilignes qui les affectent dans la région
orientale formée de sédiments paléozoîques, se pour-
suivent sans interruption ni complication, à TOuest du
pays, dans sa portion granitique : on n'y trouve ni dislo-
cations spéciales, ni structures plus complexes, aucun
indice qui laisse supposer que les débris de la croûte
disloquée aient flotté sur le bain granitique profond.
La distinction des granités anciens (Perros, St-Brieuc),
remaniés à divers niveaux et subissant passivement les
mouvements orogéniques, des granités plus récents
(Quintin, Moncontour), dont l'intrusion est postérieure au
ridement carbonifère, a eu des conséquences générales.
Elle a montré que la mise en place du granité dans
certains districts paléozoîques s'est faite doucement, par
assimilation des éléments des salbandes, et finalement
par substitution, de telle sorte que la figure des affleure-
ments peut n'être pas déformée par son intrusion ; le
granité a pris alors tranquillement la place de certaines
masses, sans déranger les voisines (Callac, Rostrenen).
Enfin, la comparaison de ces massifs entre eux a révélé
des inégalités dans l'assimilation des couches sédimen-
taires au contact ; tandis qu'elle est totale dans certains
cas (Quintin Moncontour), elle est incomplète ailleurs,
de telle sorte que certains lits de quartzita (Bécherel,
Huelgoat n de pfatanîte < Goérande % ÎBterstiatiûés dans les
schistes, se laissent suirre. à rintériear des mass^ifs
intmsîts. plus loin que les autres lits auxquels ils ëtaieDt
associés. L'assimilation des encaissements par le granité,
souTcnt indiquée, mais toujours combattue, a trouTé ici
une preuve: elle montre que cette assimilation est fonc-
tion des c<mditi*^H< 'liff^ rentes de profomdtmr ri de pression,
et qu'elle est en relation atec la campùfUifn chimique des
strates affectées.
Diorites, gabbros (109, 120^. — Ces conclusions se
trouvent étendues par l'étude des masses intrusives de
diorites t St-Brieuc » et de gabbros ri^mballe), où des faits
de même ordre ont été observes. Ces masses doivent leurs .
caractères à d'intéressantes modiûca lions endomorphes;
elles se chargent d'amphibole et de pyroxène, au contact
des roches basiques précambiennes, au milieu desquelles
elles ont troué tranquillement leur place, par dissolution
lente des alentours, en épargnant parfois les seuls bancs
graphitiques d^mballet intercalés parmi les précédents.
1^5 diverses roches basiques observées au contact des
masses intrusives sont transformées en gneiss amphibo
liques ; leur affleurement conserve tantôt la forme de
bancs continus, tantôt celles de brèches à blocs anguleux
alignés, brisés, séparés, mais non déplacés, ou encore la
forme d'enclaves disloquées ou disséminées montrant que
les caractères basiques des intrusions doivent être attri
bues à la résorption des roches amphiboliques traversées.
Hoches filaniennes : La rade de Brest est particulièrement
favorable à l'étude de ces roches: Kersanlons, minettes,
aplites et diabases. dont M. Barrois a fixé les relations
réciproques et Tàge carbonifère (154). Elles se montrent
cantonnées aux régions s\ nclinales de sa carte (Daoulas,
rilôpilal. Le Faou) et représentant les termes de difiéren-
-- 251 —
ciation d'autres roches granitiques, gisant en réservoirs
souterrains sous la rade de Brest, et n'arrivant au jour
que plus à l'est, dans le massif de Huelgoat, situé sur leur
prolongement.
Le Kersanton (82) a fourni des types dont le bisilicate
est tantôt l'amphibole et tantôt le pyroxène. Les filons de
cette nature se distinguent des filons ordinaires par leur
structure composite : ils se sont consolidés lentement sous
l'influence de phénomènes pneumatolitiques longuement
poursuivis, qui ont donné naissance à .des gîtes métal-
lifères, et à des roches concrétionnées de plus en plus
acides, riches en éléments blancs du magma acide (por-
phyrites micacées, Kersantons, pegmatites et aplites
Kersantiques). Ce n'est qu'après la consolidation de cette
dernière série, que les minettes arrivèrent dans les fentes
des Kersantons, aussi basiques et riches en éléments
ferro-magnésiens que les porphyrites micacées des pre-
mières salbandes, dont elles se distinguent principale-
ment par leur richesse en K^O. Il semble bien ici, confor-
mément à la théorie de M. Michel-Lévy, que la circulation
des minéralisateurs ait séparé du magma ferro- magnésien
du Kersanton, l'excès d'alcalis, d'alumine et de silice
et Fait entraîné dans des fentes de contraction des parties
consolidées pour former les pegmatites et aplites Kersan-
tiques, en laissant comme résidu les éléments des minettes.
L'action combinée de l'eau, de l'acide carbonique, et des
composés sulfurés des fumerolles a déterminé l'accumu-
lation de la pyrrhotite nikelifère et de la calcite dans les
premières amygdales ; des circulations postérieures d'eaux
thermales ont développé pyrite, fluorine, calcite et quarz
dans les dernières cavités formées.
Cette venue lamprophyrique des kersantons est posté-
rieure à la consolidation de l'aplite porphyrique de la
rade de Brest, qu'elle coupe en filons, et qui a présenté
— 252 -
la particularité de développer dans les schistes au contact
cordiérite, pléonaste, corindon et feldspaths.
Kersantites quartzifères récentes (49, 55) : Sous ce nom,
M. Ch. Barrois a distingué des granités avec lesquels on
les a parfois confondues, des roches massives remar-
quables, qui firent leur apparition dans les Asturies à
répoque des grandes dislocations pyrénéennes, entre
TEocène et le Miocène. EJles présentent la composition
fondamentale des Kersantites anciennes et offrent des
phénomènes métamorphiques spéciaux, ainsi qu'une
assez grande variété de structures lithologiques.
C. Roches métamorphiques. — M. Michel Lévy avait
cherché à démontrer que le métamorphisme de contact
donnait la clef des phénomènes de transformation dus au
métamorphisme générai et en même temps expliquait la
genèse des roches cristallophylliennes aux dépens de
dépôts élastiques d*âge divers. M. Ch. Barrois a apporté
des faits précis à Tappui de cette théorie, capitale pour
rhistoire de la terre, puisqu'elle vise à en expliquer les
phases les plus anciennes et les plus énigmatiques.
Ces faits sont de deux ordres.
Des sédiments paléozoïques déterminés, dont l'âge a pu
être fixé en Bretagne, donnent naissance dans les auréoles
de contact à des roches caractéristiques: les calcaires
siluriens de St-Jacut ont donné des cipolins et passeut
aux pyroxénites (87) ; les calcaires dévoniens marneux
de Morlaix, donnent des amphibolites (81); ceux de
Plélaufï, des éclogites (70) ; les grès Siluriens du Gué-
méné, des leptynites (63); les phtaniles précambriens,
les quartziles graphitiques (108).
En second lieu, que le métamorphisme des grands
massifs de gneiss granulitique s'était fait d'une façon
progressive et inér/ale. Tandis, en effet, que certains fais-
— 2o3 —
lUx de schistes perdent leurs caractères propres pour
sser à des schistes granitiques et à des gneiss, il arrive
e des lits interstralifiés dans ces séries, tels que
taniles, poudingues, résistent plus longtemps à celte
Dsformation et restent reconnaissables en tant que
îhes élastiques, dans une série gneissiliée (116, 120) ;
quartzites paléozoïques de Landerneau, les phtanites
Lamballe, les poudingues de Cesson, constituent les
illeurs exemples (99).
^a conclusion légitime de ces observations est que ces
ssits gneissiques doivent leur origine à la pénétration
►fonde des magmas granitiques comme divers schistes
vent au contact du granité, les éléments granitiques,
eioppés après coup, qu'on y reconnaît. L'intercalation,
par lit, des tourmalines, qui remplissent les grès silu-
is tourmalinisés de Nozay, au contact des granulites, a
rni un exemple original et une confirmation indépen-
te de ces pénétrations minérales intimes (121).
oclies archéennea : En outre de ces études, qui éclairent
node de production des roches schisto-cristallines,
Zïï. Barrois a fait connaître leurs relations stratigra-
|ues propres, leur succession, aussi bien en Andalousie,
ialice, qu'en Bretagne; il a décrit leur composition,
structure, leurs déformations mécaniques, ainsi que
lombreuses variétés minéralogiques, caractérisées par
éveloppement de la glaucophane (60), du chloritoïde
), de Tallanite (81) du disthène, et des wernérites;
montré que les unes avaient une origine sédimenlaire
>), et les autres une origine éruptive (156), rangeant
ni ces dernières, comme des formations homologues,
aenant d'un même magma initial, les termes les plus
ranls de Tarchéen breton, les diorites-micacées-
ssiques du Nord et les glaucophanites du Midi.
— 254 —
Tectonique. — M. Ch. Barrois a montré que la presqu'île
armoricaine, sorte d'avancée de l'Europe dans TAtlan-
lique, occupe sur ce continent une situation remarquable.
Sa position isolée et sa forme propre, si spéciales, loin
d'être l'œuvre d'érosions littorales, résultent, dans leurs
grands traits, de sa structure tectonique. La Bretagne a
surgi telle que nous la voyons à l'époque carbonifère, et
les érosions qui en ont abaissé les reliefs, n'ont fait que
régulariser ses contours, loin de les défigurer. Les abra-
sions atlantiques ont suivi les lignes directrices de la
contrée, au lieu de les couper transversalement, comme on
le croyait.
Depuis la publication, par la carte géologique de la
France au 1/1.000.000, des premiers résultats des recher-
ches de M. Ch. Barrois sur la Bretagne, on sait qu'à la
notion antérieurement acceptée, d'une presqu'île armori-
caine constituée par deux grands plateaux et par deux
bassins indépendants, doit être substituée celle d'une
région comprenant une série nombreuse de petits plis très
étroits, à peu près parallèles entre eux, et indéfiniment
allongés de l'est à l'ouest. Mais le parallélisme de ces
ondes n'est qu'approximatif : leurs lignes directrices
forment des séries qui vont converger au large du
Finistère, de telle sorte que le triangle armoricain, avec
sa base en Europe et son sommet en mer, doit à la fois son
existence à des ridements de l'époque carbonifère, et sa
forme à leur convergence. Le contour actuel des côtes
bretonnes est en relation directe avec les lignes orogé-
niques de l'époque paléozoïque.
Cette notion positive paraît prendre une valeur plus
haute, quand on la rapproche des données, esquissées ci-
dessus, sur la tectonique des monts Cantabriques, car elle
montre que les deux caps Finistère, d'Espagne et de
France, correspondent respectivement aux points de
— 2o5 —
'encontre de deux systèmes de lignes directrices, ou
plutôt, à des déviations brusques de plis carbonifères,
suivant une ligne brisée. Ainsi se trouvent expliqués, pour
a première fois, la cause^ l'âge et la figure des contours
)ccidentaux du continent Européen. Le groupement de ces
3lis carbonifères forme une chaîne côtière continue,
iont M. Barrois a tracé les tronçons, de la Cornouaille
mglaise à la Normandie, la Bretagne^ les monts Canta-
briques ; cette chaîne, en ruines, est en relation génétique
îvec la formation de la dépression océanique, qu'elle
limite et dont elle dépend. On reconnaît ainsi comme
l'un des traits fondamentaux de Torogénie de TEurope,
que les lignes directrices carbonifères sont déviées en
approchant des rivages atlantiques : elles se plient, se
tendent, et les arcs ainsi engendrés présentent leurs
courbures du côté de Tocéan, à la façon des chaînes plus
modernes qui entourent le Pacifique.
En indiquant dans cette ligne brisée Thomologue, sur
notre bord continental^ de la chaîne droite des Appalaches
américains, on dévoile un des grands traits de structure
de la dépression atlantique, dont la connexion avec les
ridements carbonifères est ainsi mis en évidence.
Si les grandes lignes commencent à apparaître, les
détails de la structure du massif breton sont encore
Dsuffisamment connus ; leur étude a toutefois fourni à
^. Barrois des données générales. Pour les mettre en
elief, il a fallu reconstruire par induction les reploie-
nents des couches, dans un pays de plaines où toutes les
oùtes ont été rasées par les dénudations, et où les seuls
lébris des systèmes montagneux nous sont conservés,
soles et comme ensevelis, dans d'étroites gorges concaves,
^es gorges qui abritent les strates paléozoïques les plus
"écentes du pays, sont uniformément caractérisées par
eur profondeur, leur exiguïté et la dissymétrie de leurs
bords : ce ne sont pas des bassins de sédimentation, et on I "'^^
peut rattacher à un système très simple de failles longitu- "^"^
dinales la dissymétrie générale des plis du sol breton.
Parfois les failles sont nombreuses dans un même pli, et _ ,,
les strates qui le composent se trouvent alors débitées I
uniformément en tranches parallèles, dételle sorte qu'il ï
s'est produit un effondrement des tranches médianes, 1
tandis que les autres^ abandonnées en arrière pendant l
le mouvement d'affaissement, furent plus tard balayées
par les dénudations. . „,
Enfin rétude des grandes rayures du sol armoricain a \^^
fourni un second élément de coordination, en révélaut
l'existence d'ondulations transverses, continues, obliques
aux premières. Pendant que le pays se ridait à l'époqa^
carbonifère, des sillons se constituaient à la base d*
l'écorce, suivant les principaux anticlinaux ; dans c^ *
sillons, le magma granitique s'est élevé inégalement, su^
vantla conductibilité maxima et la composition chimiqut ^
des roches traversées, formant autant de traînées co
tinues qu'il y a, à la surface, de chapelets d'ellipses granl
tiques. C'est principalement dans les failles, ouvertes sui
vant les synclinaux, que se sont accumulées les roche^
filoniennes produites par différenciation.
Ainsi la Bretagne nous apprend que les moyens mis e
jeu dans la tectonique n'ont pas de manifestations iden
tiques dans tous les massifs montagneux. Mais si les forme
engendrées varient dans leur figure, elles ne varient pa
dans leur but, qui est unique et immuable, celui de réduir
la surface et le volume des édifices montagneux super
ficiels, incapables de s'accomoder des fosses étroites où 1
contraction du globe tend sans cesse à les resserrer. Tou
se réduit, en somme, dans la tectonique bretonne, à de -^
pressions tangentielles et à des transports latéraux, soa^^s
l'action de la contraction du globe, cause des injection^î^^s
^"
- 257 —
profondes, et sous le contrôle de la dénudation super-
ficielle.
Géographie. — M.Ch. Barroisa miseii relief rinfluence
notable de la structure tectonique du sol sur la forme
générale des contrées qu'il a étudiées et principalement
de la Bretagne. Il en a tiré l'explication de divers traits
géographiques du bassin de la Manche et de la Bretagne,
tels que, répartition des îles, des lacs, des cultures, des
habitants. Grâce aux études géologiques, l'évolution du
système hydrographique de ces régions, le tracé général
des cours d'eau, la cause de leur passage à travers les
lignes d'escarpement et le creusement par les affluents
de vallées longitudinales dans les couches tendres, ont été
•
'ûterprétés d'une façon rationnelle. Un même système
hydrographique s'applique au sud de l'Angleterre et à la
^''etagne, et la dépression de la Manche rentre naturel-
'^naent dans ce réseau comme une ancienne vallée fluviale
^tJverte par érosion.
L'observation des dépôts qui s'accumulent actuellement
tJr les côtes de Bretagne, montre la formation contem-
poraine de sédiments très variés, d'origine détritique,
himique et organique; M. Ch. Barrois a pu expliquer
^giquement la répartition de ces diflérents sédimeots,
ans ces mers littorales, par l'action combinée des courants
Marins et des courants fluviaux. C'est une première illus-
^ation précise de l'application, de courants déterminés,
l'interprétation géologique de faciès synchroniques
126); elle n'a été rendue possible que grâce aux recher-
hes fondamentales de M. Bouquet de la Grye sur le régime
ydrographique de nos côtes.
M. Ch. Barrois a fait une autre application de ces prin-
ipes aux plages soulevées, qu'il avait découvertes en
Bretagne, et qui sont si remarquables par le mélange de
— 258 -
galets étrangers disséminés à l'époque quaternaire surces
côtes par les glaçons flottants. La limite de leur extension
au sud s'explique par la neutralisation des courants
littoraux qui ont donné naissance à la levée de Penthièvre
(26, 56 et 126).
En étudiant les galets dragués au large des côtes Belges
et Néerlandaises, M. Ch. Barrois a reconnu qu'ils pro-
viennent de la Bretagne ou de la Normandie. Il en a conclu
qu'ils avaient pu être portés par des glaces flottantes qui
passaient à travers le détroit du Pas de Calais.
IV. — Espagne
Stratigraphie. — Asturies et Galice : Le massif paléo-
zoïque des Asturies et de la Galice (27, 29, 39, 49,52,
55), au nord-ouest de l'Espagne, avait été signalé à Tatten-
tion des savants par de Verneuil, qui y avait découvert des
faunes anciennes d'une richesse extraordinaire. On savait
que la faune primordiale y existait et que le Dévonien
inférieur, très fossilifère, y paraissait associé à des
combustibles.
L'intérêt exceptionnel decesrégionsdécida M. Ch. Barrois
à aller y relever en détail, l'ordre de superposition des
•
couches ; il reconnut l'existence de renversements, qui
avaient enseveli le terrain houiller sous des terrains plus
anciens, et put alors classer ces terrains d'une façon
systématique. Un premier résultat fut de fixer la position
de la faune primordiale dans la série stratigraphique de
l'Espagne septentrionale, et d'en décrire un certain
nombre de formes nouvelles.
Au-dessus de celle faune, cinq assises distinctes lui ont
encore laissé retrouver les caractères paléonlologiquesdu
Silurien.
Le terrain dévonien a présenté huit divisions naturelles,
— 2S9 —
dont les faunes ont été décrites et figurées; la compa-
raison détaillée des assises superposées avec celles du
centre de l'Europe montre que la série, aussi complète
dans Sun ensemble, se distingue principalement par ce fait
que les récifs coralliens y ont prospéré plus tôt, présentant
leur plus grand épanouissement dans le Dévonien infé-
rieur, tandis qu'ils se sont développés plus tard au nord
de la France (récifs givétiens et frasniens).
Le terrain carbonifère était réputé pour sa richesse en
combustibles, sans que Tàge de ces houilles fût fixé : les
plantes que M. Barrois y a recueillies ont permis à
M. Zeiller d'y reconnaître la suite Complète des étages
houilles distingués en Europe. La série des formations
carbonifères marines offre également une extension consi-
dérable à rOuest des Pyrénées : elle débute par l'étage des
célèbres marbres griottes, considérés jusque-là comme
iévoniens. Les conclusions de M. Barrois relatives à ce
'épôt pélagique du début de l'époque carbonifère, bien
fu'attaquées à l'origine, ont cependant eu gain de cause,
'epuis que les observations de M. Seunes dans les
Vénées, M. Holzapfel en Allemagne, M. Karpinsky en
tussie, MM. Foord et Crick en Angleterre, ont permis de
îs généraliser. Le marbre griotte est surmonté par
épaisse masse pélagique du Calcaire des canons^ repré-
Bntant l'ensemble des étages de Tournay et de Visé;
a trouve au-dessus les Calcaires de Lena à Fusulines,
3nt la formation s'est poursuivie jusqu'à l'époque
éphanienne. Parmi les 108 espèces citées de ce niveau
jparavant inconnu, 54 espèces nouvelles ou mal connues
it été figurées, et quelques-unes d'entre elles se retrou-
3nt dans la di\ision supérieure (C'O du Calcaire carbo-
ifére avec houille du Donetz et de l'Oural (Gshelien).
insi M. Ch. Barrois a fait connaître dans les terrains
cuillers des Asturies des intercalations de calcaires
larins, à divers niveaux, du Culm au Stéphanien.
— 260 —
Bassin d'Oviedo : L'examen détaillé du bassin crétacé
d*Oviedo (37) a fait connaître une série d'assises très
fossilifères, s'étendant de TUrgonien au Sénonien. Leur
comparaison avec celle du sud-ouest de la France a précisé
nos connaissances sur Texlension des mers crétacées, les
modifications de leurs faunes, et démontré la généralité
des grandes transgressions de Tépoque crétacée dans
rOuest de l'Europe, de TEcosse à la Chaîne Canlabrique.
Chaîne Canlabrique : Situés vers les extrémités de la
chaîne des Pyrénées, les monts Cantabriques (55) offrent
une complication peu commune, que M. Ch. Barrois a
rapportée à la déviation des lignes directrices des Pyré-
nées et leur raccordement avec celle de la Meseta espa-
gnole. L'analyse de tous les détails de structure lui a
permis d'en saisir quelques traits. Les Monts Cantabriques
doivent leur origine à deux puissantes pressions latérales
successives; la première, développée dans la direction
des parallèles, se produisit entre le Houilleret le Permien;
la seconde, agissant suivant les méridiens, eut lieu entre
TEocèue et le Miocène. Le premier ridement fut précédé
de nombreux mouvements de bascule, E. 0.;le second fut
de même précédé de mouvements occillatoires. N.-S.
fournissant ainsi respectivement de nouveaux exemples
de ce fait général que dans les régions montagneuses, les
mômes mouvements du sol tendent à se répéter aux
différentes époques.
La constatation de ce fait rend plus frappante encore
Tapparente anomalie qui existe entre cette région et la
plupart des autres (Monts Hercyniens, Appalaches) où
toutes les pressions latérales s'opérèrent dans une même
direction constante, au lieu de se succéder, comme dans
les Asturies, dans deux directions perpendiculaires entre
elles. Mais cette anomalie apparente des mouvements du
sol canlabrique peut être interprétée de façon à rentrer
- 261 -
msla règle commune. On peut, en elïet, noter que les
!ux ridements principaux, dont on retrouve la trace
ms les montagnes des Asturîes, ont été tous deux déter-
inés par des pressions latérales, venant du côté des
onts qui faisait lace à la plus grande mer, à Tépoque où
s pressions se produisirent.
Si, négligeant les dernières dislocations, on s'élève au-
ssus des conclusions locales qui précèdent, pour consi-
rer l'ensemble du mouvement primordial, on voit les
ands traits de la Péninsule Ibérique s'esquisser dès
poque carbonifère. Ils sont déterminés par la courbure
ns les Monts Cantabriques des lignes directrices des
rénées ; et la comparaison des lignes tectoniques de la
Btagne a fait plus haut ressortir l'unité de plan qui a
;\é la structure des deux grandes péninsules occiden-
es d'Europe, l'Espagne et la Bretagne, et posé ces
mes à l'Atlantique.
indalousie : Dans la mission d'Andalousie, M. Ch.
rrois a été chargé d'étudier particulièrement, en colla-
[•ation avec M. Oiïret, la Sierra Nevada et la Sierra
ieda, c'est-à-dire la chaîne Bétique. Le Sierra Nevada
jistingue par sa structure de la plupart des montagnes :
§t un énorme monolithe de schistes cristallins à anda-
site, staurotide, grenat, feldspaths, en couches presque
[•izonlales, qui se dresse comme d'un seul jet jusqu'à
is de 3.000 mètres de hauteur : elle constitue une voûte
•baissée sur les flancs de laquelle les terrains triasiques,
s plissés, se sont trouvés écrasés. L'allure des faisceaux
listo cristallins de la chaîne Bétique montre de plus
e la région a été affectée par une série de grandes
;sures transverses, accompagnées de rejets horizontaux
que la partie ployée de la chaîne, située à la limite des
îrras Tejeda et Nevada, correspond topographiquement
'épicentre du tremblement de terre.
nales de la Société Géologique du Nord, T. xxxili 18
— 262 -
Paléontologie. — Les fossiles trouvés en Espagne et
particulièrement dans les Asturies ont fourni à M. Ch.
Barrois quelques aperçus intéressants sur certains groupes.
Bryozoaires. — Certains calcaires dévoniens d'Espagne
sont formés uniquement de Bryozoaires, comme des
tulïeaux de Touraine (55). Ces beaux gisements ont permis
de reconnaître que nombre de Fenestellidœ précédemment
décrites n'étaient que des fossiles incomplets, dépourvus
de leur couche externe, mince, fragile, d'une décompo-
sition rapide, reconnaissable, par exemple, sur le genre
Hemitrypa. A l'époque carbonifère, les Fenestellides ont
présenté une récurrence de certains caractères des formes
du Silurien supérieur.
BrcLchiopodes. — Si on ajoute les 112 espèces trouvées
en Espagne (55), aux 90 recueillies en Bretagne (78, 95),
on a un ensemble de 200 espèces qui ont été décrites et
pour la plupart figurées : leur comparaison avec celles des
des régions classiques a montré que le développement de
nouvelles variétés dérivées du type principal s'est lait
d'une façon inégale. Ainsi les Athyris du Dévonien infé-
rieur et les Spirifer ostiolati de cette époque montrent la
plasticité de ces formes dans la région espagnole; par
contre, les Spirifer aperturati, si variés dans les Ardennes,
ne présentent que des formes fixes dans les Asturies. Le
groupe des Wilsonia fournit une observation analogue.
La considération des formes spécifiques a permis de
compléter l'arbre généalogique de divers genres, llhyrtcho-
nella^ Spirifer^ etc. Athyris avec ses deux branches des
acutiplicatœ et des cinctcBy la première passant à la seconde,
dans le temps, et celles-ci aux Hetzia.
iamellibr anches, — Les espèces paléozoïques des Astu-
ries (55) sont nouvelles pour la plupart, et les genres les
mieux représentés dans ces temps anciens sont les moins
— ^63 —
iflérenciés. Certains de ces genres nouveaux ont eu une
>rtune brillante, tel le genre Gosseletia, où Ton range
ijourd'hui une foule d'espèces d'Allemagne et des Etats-
nis (travaux de MM. Follmann, Maurer, Holzapfel; Frech,
ail).
Coralliaires. — M. Ch. Barrois a fait également des
îmarques curieuses sur le parallélisme des Coralliaires
5voniens et carbonifères. Les espèces dévoniennes de
)ralliaires présentent des caractères locaux, dévoilés par
îs formes spécifiques et génériques nouvelles, tandis que
s formes coralliennes carbonifères présentent une plus
*ande constance sur toute la terre. Dans le Carbonifère
•édominent les Rugueux à columelle ; le développement
rdif de la columelle dans la série phylogénique est
accord avec les observations ontogéniques, établissant
le les cloisons naissaient chez Terabryon, avant la
uraille, avant la columelle. Le genre dévonien Acer-
ilaria, si souvent discuté, est un précurseur synthétique
es formes carbonifères, par la différenciation de son
ilice en zones concentriques, dues à des combinaisons
es septa et des dissépiments.
V. — Pyrénées et régions voisines
En dehors des listes publiées par divers savants dont
l avait déterminé les fossiles^ M. Ch. Barrois a écrit
>lnsieurs notes ou mémoires intéressants sur les Pyrénées
;t les régions voisines. 11 a signalé Texistence de la faune
iifélienne dans le Languedoc, et indiqué plusieurs types
louveaux, communiqués par M. de Rouville (76). La
laute-Garonne a aussi fourni une faune infra-dévonienne,
éunie par M. Gourdon et dont les caractères si spéciaux
mt été retracés par plusieurs planches (50, 53, 59, 67,
- 264 -
77, 92). Les environs de Barcelone explorés par M. le
chanoine J. Aimera, lui ont fourni les éléments de la
description de six faunes siluriennes dictinctes, nouvelles
pour la Catalogne, et ces découvertes ne sont pas sans
portée pour la géographie zoologique de cette époque
(104, 105, 137, 149). M. Barrois a constaté dans les
Pyrénées Texistence d'un groupe de Lichas de Scandi-
navie {Trochurus), et indiqué en 1887, dans la Montagne
Noire, à M. de Rouville^ la présence du groupe Dikeloce-
phalus du Wisconsin, et depuis celles d'autres formes (156)
des étages de Tremadoc et d'Arenig, d'Angleterre et de
Scandinavie.
Un des résultats généraux de ces déterminations fut
d'établir la vaste répartition, auparavant méconnue, de
cinq faunes différentes, de la série silurienne anglaise;
ainsi le niveau de Caradoc, à Cystidées et Orthis ActonvB,
reconnu en Bretagne (79), dans l'Hérault (90), les Pyré-
nées (59, 77) et jusque dans la Catalogne (104), est venu
apporter un point de repère précis et un terme comnaun
aux bassins siluriens du nord et du sud de l'Europe, qui
étaient attribués, depuis les grands travaux de Barrande,
à deux provinces zoologiques séparées.
VI. — Graptolites
L'étude des graptolites (106, 112) avait été délaissée
en France, et cette lacune était d'autant plus regrettable
que les savants Scandinaves et anglais fondaient leurs
récentes classifications stratigraphiques sur la répartition
de ces fossiles : les zones graptolitiques se trouvaient être
constantes des Etats-Unis à l'Angleterre et à la Scandi-
navie, c'est-à-dire dans l'aire septentrionale de notre
hémisphère. Il ne semblait pas en être de même au mid*
de l'Europe. On ne connaissait, avec Barrande, qu'uD^
- 265 —
3ule faune graptolitique en Bohême, et ces fossiles étaient
eu connus dans le sud de l'Europe, où les niveaux étaient
rincipalement caractérisés par des trilobites.
Après avoir réuni des collections de graptolites des
ivers massifs français, où ces formes avaient été
gnalées (Languedoc, Pyrénées, Ardennes, Normandie,
retagne), M. Ch. Barrois en a dressé des listes critiques
il a reconnu, en même temps qu'un petit nombre
espèces nouvelles, Texistence de cinq niveaux grapto<*
iques distincts, comparables à ceux des pays du Nord.
a prouvé que les zones graptolitiques du Nord de
!urope, se suivent en France, de la Bretagne aux
renées.
Le genre Monograptus, le plus riche et le plus important
s genres français, a présenté des sections caractéris-
[ues de niveaux déterminés. Les genres Rastrites et
rtograptus sont limités aux mêmes zones en France
'en Angleterre. Chez nous, les Dichograptidœ caracté-
ent rOrdovicien, comme les Monograptidœ le Silurien
Dérieur; parmi eux, les Tetragraptus, Dichograptus,
3artiennent à la base de TOrdovicien, un groupe de
lymograptus est limité à TArenig, un autre au Llandeilo.
) Phyllograptidœ sont limités à TArenig français; par
itre, les /^ip/ograpfirfcB sont remarquables par une répar-
on verticale beaucoup plus étendue.
Ispagne : Les graptolites recueillis par M. le Chanoine
Aimera en Catalogne lui ont permis (149) de recon-
tre Texistence, dans cette partie de TEspagne^ des quatre
^es graptolitiques distingués dans le Gothlandien par
savants anglais. Leur concordance avec les étages
iqués en France confirme nos notions sur la vaste
ension des mers gothlandiennes à Touest de TEurope.
tendue de ces eaux tranquilles devait nécessairement
— 266 —
être suffisante pour permettre la dissémination, de l'Es-
pagne à TAngleterre^ à i'abri d'apports classiques conti-
nentaux, de colonies libres de graptolites et de leurs gono-
zoîdes errants.
VII. — HouiLLER DU Nord
M. Ch. Barrois a décrit dans le terrain houiller du Pas-
de-Calais une faune marine qui lui a permis d'identifier
ce niveau au Gannister bed d'Angleterre (2).
L'étude du poudingue de Nœux (148) avec galets de
phanite à radiolaires {Cenosphaera^ Lithocyclia) m'a appris
comment la dépression houillère s'était comblée lentement
en déplaçant ses bords, de telle sorte que les dépôts les
plus anciens étaient remaniés au nord-est, pendant que
les plus récents, formés à leurs dépens, s'étendaient
transgressivement au sud ouest. C'était une confirmation,
par une voie nouvelle, d'une théorie générale exposée pour
la première fois par M. Potier.
La détermination de fossiles gothlandiens et gédin-
niens (134, 138), fournis par une série de sondages
profonds^ a montré que les roches bleuâtres, rencontrées
dans les concessions de Liévin, Nœux, Drocourt, l'Escar
pelle, n'appartenaient pas, comme on l'avait cru, au
Carbonifère, ni au lambeau de poussée, mais à un paquet,
en place, de la crête du Condros, en couches régulières et
non renversées, ce qui constitue une donnée pratique
nouvelle, utile pour les sondeurs.
La présence de Spirorbes à Bruay, Aniche (157), et leur
vaste répartition, reconnue par M. Zeiller, dans les toit^^
des veines du bassin, a amené M. Barrois à préciser les
conditions de dépôt de ces lits, remplis de si belles
empreintes végétales, par la considération des conditions
d'habitat des Annelides épiphytes. On doit ainsi admettre
— 267 —
nécessairemeot la formation autochtone de ces lits; les
fougères des toits auraient vécu à la place même où on
les retrouve. Cette notion s'accorde bien avec le résultat
d'observations qu'il poursuit en ce moment sur la conti-
nuité de plusieurs bancs marins, dont le dépôt doit être
envisagé comme Tun des épisodes les plus généraux da
ce bassin houiller, et par conséquent d'une importance
capitale pour les plans des exploitants.
— 268 —
LISTE DES PUBLICATIONS
de M. Charles Barrois
NOTES ET MÉMOIRES
1873
1. Sur le terrain crétacé du Boulonnais entre Saint-Omer
et Boulogne; Mém. Soc. Sciences fMle, 3® série, t. XI,
p. 25.
1874
2. Sur la faune marine du Terrain houiller du bassin
septentrional de la France ; Bull. Soc. Géol. France,
t. 11, p. 223.
3. L'étage de la gaize dans le Boulonnais ; Bull. Soc. Géol,
France, t. Il, p. 226.
4. Compte rendu (comme secrétaire) de Texcursion delà
Société géologique de France à Mons et à Avesnes;
Bull. Soc. Géol. France, t. 11, p. 533.
5. Catalogue des poissons du Terrain crétacé du Nord de
la France; Bull, scient, du iYorrf, t. V, p. 123.
6. Sur le Byssacanthus Gosseleti, poisson dévonien de
TArdenne; .4. F. A. S. Session d*août, p. 1.
7. Sur le Gault et sur les couches entre lesquelles il est
compris dans le bassin de Paris, du Pas-de-Calais à
la Bourgogne ; Ann. Soc, Géol. Nord. t. 11, p. 1.
269 —
1875
8. Description géologique de la craie de Tlle de Wight;
Ann, Se. Nat, Paris, t. XTII, p. 1, 1 pi.
9. Sur TAachénien et la limite entre le Jurassique et le
Crétacé dans TAisne et les Ardennes ; HulL Soc. GéoL
France, t. III, p. 257.
iO. Catalogue des ReptiJes du Terrain crétacé du Nord du
bassin de Paris ; Bull. Scient, du Nord, t. VI, p. 1.
^1. Sur les ondulations de la craie dans le sud de TAngle-
terre ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. II, p. 85.
12. Sur la zone à Belemnites plenus, étude du Céno-
m
manien et du Turonien de Test du bassin de Paris;
Ann. Soc. Géol. Nord, t. II, p. 145.
13. Sur rage des couches de Folkestone du Lower-green-
sand d'Angleterre ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. III, p. 84.
14. Sur l'âge des couches de Blackdown dans le
Devonshire; Ann. Soc. Géol. Nord, t. III, p. 1.
^5. Sur le Terrain crétacé de TUe de Wight; Bull. Soc.
Géol. France, t. II, p. 429.
^6. Le Gault du bassin de Paris ; Bull. Soc. Géol. France,
t. III, p. 707.
1876
^^- La dénudation de Wealds et du Pas-de-Calais : Ann.
Soc. Géol. Nord, t. III, p. 75.
^8. SurTEocène supérieur des Flandres; Ann. Soc. Géol.
Nord, t. III, p. 84.
19. Sur Vàge des couches de Totternhoe dans le Bed-
fordshire ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. III, p. 145.
20. Recherches sur le Terrain crétacé supérieur de
l'Angleterre et de Tlrlande ; Paris, Thèse inaugurale
pw«r le Doctorat, 3 pi.
— 270 —
21. Sur la craie de Tlrlande ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. lU, |lS
p. 189.
22. Embryologie de quelques éponges de la Manche; Ann.
Se. Nat. Paris, t. III, p. 1, 5 pi. Thèse pour le Doctorat
es -sciences naturelles.
23. Sur le Terrain silurien de Touest de la Bretagne ; Ann.
Soc. Géol. Nord, t. 4, p. 38.
24. Sur le Terrain dévonien de la rade de Brest; Ann. Soc.
Géol. Nord, t. IV, p. 59.
1877
25. Les minerais de fer de la Bretagne ; Ann. Soc. (iéoL
Nord, t. IV, p. 130.
26. Sur les traces de Tépoque glaciaire en quelques points
des côtes de la Bretagne ; Ann. Soc. Géol. Nord,i. I^'
p. 186, 1 pi.
27. Relation d'un voyage géologique en Espagne ; A?^^-
Soc. Géol. Nord, t. IV, p. 292 (Reproduit en espago^^
dans le Boletin del Mapa Geologico de Espana).
28. Description d'espèces nouvelles de mollusques crétao^^
de Test du bassin de Paris (en collaboration av'^^
M. de Guerne ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. V, p. 42, 3 f>l-
29. Sur le Terrain dévonien de la province de Lé^^^
(Espagne); Ass. h\ Av. Sci. Le Havre (Reprodi^*^
dans le Roletin del Mapa Geologico de Espana).
1878
30. Les sables de Sissonne (Aisne) et les alluvions de ^^
vallée de la Souche ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. V, p. 8^-
31. Sur les alluvions de la rivière d'Aisne ; Ann. Soc-
Géol. Nord, t. V, p. 110.
32. Compte rendu de l'Excursion géologique dans les
Ardennes ; Ann, Soc. Géol. Nord, t. V, p. 140.
33. Sur un gabbro de la presqu'île de Crozon; Bull, Soc.
Géol. France, t. VI, p. 178.
34. Mémoire sur le Terrain crétacé des Ardennes et des
régions voisines ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. V, p. 227.
1879
33. A. geological sketch of the Boulonnais ; Proceedings of
the Geol. Assoc. London, t. VI, p. 1.
36. Excursion of the Geologist's Association to Boulonnais;
Proceedings of the Geol., Assoc, t. VI, p. 39.
37. Mémoire sur le Terrain crétacé du Bassin d'Oviédo
(Espagne); Ann. Soi. Nat. Paris, t. X, n^l, 1 pi.
(Traduit en espagnol dans le Bulletin de la carte
géologique d'Espagne).
^8. Relation d'une mission scientifique aux Etats-Unis,
1878-79 ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. VI, p. 228 (Discours
présidentiel).
^9- Le marbre griotte des Pyrénées ; Ann. Soc. Géol. Nord,
t. VI, p. 270) (Traduit en espagnol dans le Bulletin
de la carte géologique d'Espagne).
*^- Sur l'étendue du système tertiaire inférieur dans les
Ardennes et sur les argiles à silex; Ann» Soc. Géol.
Nord, t. VI, p. 340.
^^' Sur la faune troisième silurienne du Finistère ;
A. F. A. S. Montpellier.
^-- Sur quelques espèces nouvelles un peu connues du
Terrain crétacé du Nord de la France; Ann. Soc.
Géol. Nord, t. VI, p. 449, 3 pi.
*'^' Sur les alluvions de la Serre ; Ann. Soc. Géol. Nord,
t. VII, p. 82.
^^- Notes on the Rev. J. F. Blake's paper on the Chalk of
Yorkshire, Proceed. Geol. Assoc. London, vol. 6,
p. 165.
— 272 —
1880
45. Sur la faune quaternaire de Sangatte; Ann. Soc. Géol.
Nord, t. VII, p. 181.
46. Sur rélage Turonien de rirlande; inn. Soc. (réoL
Nord,L VII, p. 173.
47. Sur les formations quaternaires et actuelles des côtes
du Boulonnais ; Bull. Soc. Géol. France, t. VIlï,
p. 552.
48. Sur le Terrain silurien supérieur de la presqu'île de
Crozon; Ann. Soc. Géol. Nord, t. VII, p. 258.
49. Sobre las Kersantitas recientes de Asturias : Chronica
Cientifica de Barcelona, t. III, p. 401.
50. Sur des fossiles de Cathervieille (Haute-Garonne);
Bull. Soc. Géol France, t. VIII, p. 256, 1 pi.
1881
51 . Légende de la feuille de Rethel.
52. Sur le calcaire carbonifère du Nord de TEspagae ;
i. F. A. 5. Avril, p. 516.
53. Sur le terrain silurien supérieur de la Haute-Garona© ;
Ann. Soc. Géol. Nord^ t, IX, p. 50.
54. Observations sur la thèse de M. C. W. Cross, sur les
roches de Bretagne: Ann. Soc. Géol. Nord, t. Vllï»
p. 90.
1882
55. Recherches sur les terrains anciens des Asturiesde 1^
Galice; Mém. Soc. Géol. Nord, ouvrage de 630 p-»
accompagné de 20 pi.
56. Sur les plages soulevées de la côte occidentale du
Finistère ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. IX, p. 239.
— 273 —
1883
57. Aperçu de la constitution géologique de la région qui
s'étend de Lorient à Penmarch : Ann. Soc, Géol.
Nord, t. X, p. 56.
îjS. Sur les reclierches du D*" J. Lehmanndans la région
granulitiquede la Saxe; Ann. Soc. Géol. Nord, t. X,
p. 173.
o9. Sur les faunes siluriennes de la Ilaule-Garonne ; Ann.
Soc. Géol. Nord, t. X, p. 151, 2 pi.
60. Sur les amphibolites à glaucophane de Tîle de Groix ;
Bull. Soc. minéral, de France, t. VI, p. 289.
61. Sur les sciiistes métamorphiques de Tîle de Groix;
Ann. Soc. Géol. Nord, t. XI, p. 18.
62. Sur les DictyospongidsB des Psammites du Condroz;
Ann. Soc. Géol. Nord, t. XI, p. 80, 1 pi.
1884
63. Sur les grès métamorphiques du massif granitique
du Guéméné ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XI, p. 103.
64. Observations sur la constitution géologique de la
Bretagne; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XI, p. 87.
^3- Sur le chloridoïde du Morbihan; Bull. Soc. Minéral.
France, t. VII, p. 37.
^6. Observation à propos d*une note de M. J.-W. Judd sur
les puits profonds de Londres ; Ann. Soc. Géol. Nord,
t. XI, p. 141.
"^- Sur les ardoises à Nereites du bourg d'Oueil (Haute-
Garonne) ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XI, p. 219.
68. Sur rétage aptien de la Haute-Garonne; Ann. Soc.
Géol. Nord A. XL p. 227.
69. Nouvelles observations sur la constitution géologique
. de la Bretagne ; Ann, Soc. GéoL Nord, t. XI, p. 278.
— 274 -
1885
70. Mémoire sur le granité de Rostrenen, ses apophyses
et ses contacts; Ann. Soc. GéoL Nord, t. XII, p. 1.
71. Sur la constitution géologique de la Sierra-Nevada,
des Aipujarras et de la Sierra de Almijara (Anda-
lousie). (En collaboration avec M. Offret). Comptes
rendus Ac. Se, 20 avril.
72. Sur la constitution btratigraphique des monts du
Menez; Comptes-rendus, Ac. Se, décembre 1885.
73. Légende de la feuille de Granville.
74. Légende de la feuille de Pont-l'Abbé.
75. Légende de la feuille de Lorient.
76. Le Calcaire à polypiers de Cabrières (Hérault); Ann,
Soc. Géol. Nord, t. XIII, p. 74, 1 pi.
77. Sur la faune de Hount-de-Ver (Haute-Garonne) ; Ann.
Soc. Géol. Nord, t. XIII, p. 124, 2 pi.
78. Sur le calcaire de Chaudefonds (Maine et- Loire) ;
Ann. Soc. GéoL Nord, t. XIIL p. 170, 2 pi.
1886
79. Constitution géologique de la rade de Brest; B^^^
Soc. Géol. France, t. XIV, p. 678, 3 pi.
80. Sur le massif granitique du Huelgoat ; Bull. S^^-
Géol. France, t. XIV, p. 678, 1 pi.
81. Compte-rendu (comme Président) de Texcursion de 1»
Société géologique de France dans le Finistère;
liull. Soc. Géol. France, t. XIV, p. 655.
82. Sur le Kerzanton de la rade de Brest ; Ann. Soc. (Jeoi
yVorrf,l. XIV, p. 31.
83. Légende de la feuille de Châteaulin.
84. Sur la constitution géologique de la chaîne bétiq^^
(En collaboration avec M. Ofïret). Comptes-rendt^^
Ac. Se, séances du 7 juin, 12 et 19 juillet 188G.
— 275 —
Sur la disposition des brèches calcaires des Alpu-
jarras et leur resseoiblaace avec les brèches houil-
lères du N. de la Fraoce ; Comptes /-«m/ms Ae. Se,
9 août-
Aperçu de la coDStilution géologique du Finistère ;
Guide Seient. de Slorlaix, t. III, p. 90.
1887
Les pyroxénites des llesdu Morbihan; Ann. Soc. (!éol.
N<yrd^ t. XV, p. 69.
Notice préliminaire sur la (aune d'Erbray ; Ann. Soc.
tléol. Nord, t. XIV, p. 138.
Modifications et transformations des granulites du
Morbihan ; Ann. Soc. (ièol. .\ord, t. XV, p. 1.
Sur les faunes siluriennes et dévoDiennes de la Haute-
Garonne, d'après les découvertes de M. M" Gourdon;
A. F. A. S. Toubuxe.
1888
Sur le Terrain dévonien de la Navarre; Ann. Soc.
Géol.Nord, t. XV, p. 112.
Sur l'existence du genre Otdhamia dans les Pyrénées ;
Ann. Soc. Géol. Pford, t. XV, r- 1^4.
Sur les roches cristallines des environs de Lanmeur ;
Ann. Soc. Geol. Nord, t. XV, p. 238.
Sur la constitution géologique de l'ouest de la
Bretagne; Ann. Soc. Céol. Nord, t. XVI, p. 1.
Mémoire sur la faune du Calcaire d'Erbray (Loire-
Inférieure) ; M^m. Soc. (iéoL Nord, ouvrage de 348 p.,
accompagné de 17 pi.
— 276 —
1889
96. Étude sur la constitution géologique du sud de
l'Andalousie, delà Sierra-Téjeda à la Sierra-Nevada
(en collaboration avec M. Offret), mission d*Anda
lousie : Mémoires des Savants étrangers, t. XXX.
97. Légende de la feuille de Redon (en collaboration avec
M. Bochet).
98. Sur Texistence du Terrain dévonien supérieur à
Rostellec (Finistère); Ann. Soc, Géol. Nord, t. XVI,
p. 132.
99. Notice pour le panneau de la Bretagne, Expositionde
1889. Notices sur les modèles et dessins relatifs aux
travaux des Ponts-et-Chaussées et des Mines. Expo-
sition de 1889.
1890
100. Sur les éruptions diabasiques siluriennes du Menez-
Hom ; Bull, des services de la Carte géoL, n® 7, 1 pi-
101 Légende de la feuille de Vannes.
102. Légende de la feuille de Pontivy.
1891
103. Légende de la feuille de Quimper.
104. Sur le Terrain silurien des environs de Barcelone;
Ann. Soc. Géol. Nord, t. XIX, p. 63 (Traduit dans
le Bulletin de la carte géologique d'Espagne).
105. Sur la faune du grès armoricain; Ann. Soc. Oéol
Nord, t. XIX, p. 134, 5 pi.
1892
106. Mémoire sur la distribution des Graptolites en
France et leur rôle dans la classification du Terrain
silurien ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XX, p. 75.
— 277 -
5ur le Terrain dévonicQ de h\ Catalogne; Ann, Soc.
GéoL Nord, L XX, p, Gl.
Sur la présence de fossiles (Radiolaires) dans le
Terrain azoïque dti Bretagne ; Comptes-rendus
Ac. Se, août 1892.
1893
Légende de la feuille de Dinan.
Légende de la feuille de Plouguerneau.
Légende de la feuille de Tile d'Ouessant.
Sur le Rouvillograptus Richardsoni de Cabrières,
Ann, Soc. GéoL Nord, t. XXI, p. 107.
1894
Le Bassin du Menez-Bélair (Côtes-du-Nord et lUe-et-
Vilaine) ;Ann. Soc. GéoL Nord, i. XXII, p. 181, 8 pi.
Comptes-rendus pour la campagne de 1893; BulLdes
services de la carte géoL de la France (Bretagne, p. 30).
1895
Légende de la feuille de Rennes, en collaboration
avec M. Lebesconte.
Sur les poudingues de Cesson; Ann. Soc. GéoL Nord,
t. XXIII, p. 26.
Sur le Calcaire de St-Thurial ; Ann. Soc. GéoL Nord,
i. XXIII, p. 38.
Compte-rendus pour la campagne de 1894 ; Bull
des serv. de la Carte GéoL de la France (Bretagne,
p. 35).
De rinfluence du sol sur la marche de la civilisation ;
Discours présidentiel à la Société des Sciences de
Lille, décembre 1895.
nales de la Société Géologique du Nord^ T. xxxiil 19
— 278 —
1896
120. Légende de la feuille de Saint-Brieuc.
121. Légende de la feuille de Saint- Nazaire.
122. Légende de la feuille de Belle-Isle.
123. Légende de la feuille de Quiberon.
124. Comptes-rendus pour la campagne de 1895 ; Bull.
serv, de la Carte GéoL de la France (Bretagne, p. 4
125. Sur Torigine de la GrandeBrière; A7in. Soc. Ge
Nord, t. XXIII, p. 194.
1897
126. Sur les phénomènes littéraux actuels du Morbihan
Ann, Soc. GéoL Nord, t. XIV, p. 182, 2 pi.
127. Comples-rendus pour la campagne 1896; Bull, de
sert, de la Carte Géol. delà France (Bretagne, p. 41)
128. Répartition des îles méridionales de Bretagne e
leurs relations avec les failles d'étirement; Ann
Soc. Géol Nord, t. XXVI, p. 2, 1 pi.
129. Sur la structure des plis carhouifères de la Bretagae
Bull. Soc. GéoL France t. XXV, p. 108.
130. Sur l'extension du limon quaternaire en Bretagne
Ann. Soc. GéoL Nord, t. XXVI, p. 33.
131. Des divisions géographiques de la Bretagne; Ann. à
Géographie, p. 23, 1 pi., Paris.
132. Des terrains cristallins de la Finlande, visités par 1*
Congrès international ; Bull. Soc. GéoL France
t. XXV, p. 724.
133. Des roches éruptives de la Crimée, visitées par U
Congrès géologique international; Bull, Soc. GéoL
France, t. XXV, p. 720.
— 279
1898
134. Découverte d'uQe faune silurienne à Liévin (Pas-de-
Calais); Ann, Soc. GéoL Nord, t. XXVIL p. 178.
135. Sur les Hexactinellides de la craie de Lezennes
(Nord); Ann, Soc. Géol. Nord, t. XXVII, p. 31.
136. Sur le gisement des roches cristallines anciennes du
massif de Paimpol; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXVII;
p. 22.
137. Nouvelles observations sur les faunes siluriennes
des environs de Barcelone (Espagne) ; Ann. Soc.
Géol.Nord',i.XXyil p. 180.
138. De l'extension du Silurien supérieur dans le Pas-de-
Calais ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXVII, p. 212.
139. Des relations des mers dévoniennes de Bretagne avec
celles des Ardennes ; Ann. Soc. Géol. Nord^
t. XXVII, p. 231.
140. Sur les roches cristallines du massif de Paimpol,
2^^ note ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXVII, p. 265.
141. Comptes-rendus pour la campagne de 1898 (Feuille
de Tréguier) ; Bull, des serv. de la Carte géol. de la
France (massif armoricain, p 37).
^42. Les Goniatites du ravin de Coularie (Haute-Garonne).
Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXVII, p. 260.
1899
143. A Sketch of the Geology of Central Britlany. Procee-
dings of the Geologist's Association, London, t. XVI,
p. 101.
144. Sur rétage à Anarcestes lateseptatus dans riUe-et-
Villaine ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXVIII, p. 116.
143. Comptes-rendus pour la campagne de 1899 (Feuille
de Tréguier) ; Bull, des Serv. de la Carte, géol. de la
France (Massif armoricain, p. 10).
— 280 -
146 Sur un Eccoptocheile des schistes à Amphions de
l'Hérault; Ann. Soc. GéoL Nord, t. XXVIIl, p. 2.
1900
147. Guide géologique de France. — Livret-guide des
excursions en France du VIII® Congrès géologique
international. — Volume orné de nombreuses
planches, préparé et publié par le Secrétaire-
général du Congrès, avec la collaboration de tous
les géologues français.
1901
148. Comptes-rendus de la session du VIII® Congrès
géologique international en France (2 vol., 1314 p.,
22 pi.). — Ces volumes contenant un Lexique
Pétrographique de 300 p., en français, ont été
préparés et traduits par les soins du Secrétaire-
général, assisté de MM. Cayeux et Thevenitt^
secrétaires du Congrès.
1902
149. Sur le poudingue houiller de Nœux (Pas de-Calais > '
Afin. Soc. Géol. Nord, t. XXX, p. 26.
150. Les graptolites de la Catalogne: Bull. Soc. iiéc^^
France, t. I, p. 637.
151. Sur les foraminifères des phtanites carbonifères (•
Boulonnais ; Ann. Soc. Géol. Nord, t. XXXI, p. 4<
152. Observations sur la géologie du canton de Groz(
(Finistère) ; Bull. Soc. Géol. France, t. 11, p. 51.
153. Baziehungen zwischen b'ûhmischen un franzusischf
Devon, 74« Versammlung d. deutsch. Naturf.
Aerzte in Carlsbad,
— 281 -
. Rapport au Directeur du Service, sur la carte de
Bretagne au millionième ; Bull, des serv. Cartm
GéoL de France, n» 91, p. 25.
>. Sur la composition des filons de Kersanton; Comptes-
rendus Ac. Se,, x\vril 1902, p. 752,
190S
). Légende de la feuille de Brest.
/. Le massif du Menez-Bré (Côtes-du-Nord) ; Ann, Soc.
GéoL Nord. t. XXXIÏ, p. 193.
i Comptes-rendus des travaux exécutés sur la feuille
de MorJaix; Bull, des serv. Carte GéoL de France
(Massif armoricain, p. 15).
1904
'. Sur la présence de la zone à Phyllograptus dans
rHérault; Ann. Soc. GéoL Nord, t. XXXllI, p. 31.
• Les Spirorbes du terrain houiller de Bruay (Pas-de-
Calais) ; Ann. Soc, GéoL Nord, t. XXXIII, p. 22.
CARTES GÉOLOGIQUES
^es par le Service de la Carte géologique détaillée de la France
Feuille de Rethel, 1880.
Feuille de Lorient, 1884.
Feuille de Granville, 1885.
Feuille de Pont-UAbbé, 1885.
o
Feui
6. Feui
7. Feui
8. Feui
9. Feui
10. Feui
11. Feui
12. Feui
13. Feui
14. Feui
15. Feui
16. Feui
17. Feui
e de Châteaulin. 1886.
e de Vannes, 1890.
e de Pontivv, 1890.
e de Quimper, 1891.
e de Dinan, 1893.
e d'Ouessant, 1893.
e de Plouguernaux, 1893.
e de Saint Brieuc, 1896.
e de Saint-Nazaire, 1896.
e de Belle Ile, 1897.
e de Quiberon, 1897.
e de Brest, 1902.
e de Redon (en collaboration avec M. Bochet),
1889.
18. Feuille de Rennes (en collaboration de M. Lebes
conte), 1895.
19 à 21. Les minutes des trois feuilles de Morlaix,
Lannion, Tréguier, sont actuellement terminées.
Leur publication complétera le panneau de la Bre-
tagne et permettra d'écrire, avec des documents
nouveaux, Thistoire géologique de cette région
naturelle.
- 283 —
Sondages dans les environs de Lille
rage chez M, le D^ Dubar, avenue Salomon
à la Madeleine
par M. ViDELAINE
Profond. Epaisi.
Terre végétale et limon .... 2,50
Glaise jaune mélangée de cailloux 1,50
4 Glaise bleue mélangée de cailloux 1,00
5 Glaise bleue pure 2,50
7,50 Glaise noire 1,50
9 Glaise sableuse .... . • 1
10 Sable vert avec plaquette ... 5
15 Sable noir avec plaquette . . . 17,45
32,45 Glaise bleue compacte .... '4,55
37 Glaise noire très sôclie .... 4,75
41,75 Craie très blanche et compacté . 11,75
53,30 Craie blancbe et tun 3
56,50 Craie blanche 1,50
58 Craie blanche avec silex. ... 3
61 Tun 1
62 Craie grise sableuse 2
64 Craie grise mélangée de silex. . 2,50
I 66,50 Craie blanche avec peu de silex . 1,50
68 Graie grise pure 1
69 Silex pur ........ 1,50
70 Craie grise mélangée de silex . . 2
72,50 Dièves 6,20
78,70 Fin du sondage.
'âge chez M. Denoyelle, à Lamhersart, eu 1903
par MM. Pagniez et Brégi
Profond. Epaisienr
Argile jaune 2
2 Sable rouge à grains fins, mouvant 4
6 Sable gris un peu gros, mouvant . 6
12 Sable rouge à gros grains, mouvant 2,50
14,50 Sable gris avec gravier de craie. . 8
22,50 Tuffeau 0,40
23 Sable vert mêlé de croûtes dures . 2,50
25,50 Glaise bleue 8
33,50 Tuffeau 2,20
35,70 Craie blanche 20
55,70 Craie à silex lissurée : Eau ... 5
60,70 Fin du sondage.
— 284 —
Séance du 6 yozanbre 1904
Le président adresse les félicitations de la Société
Géologique à M. Ardaillon, professeur de géographie à
la Faculté des Lettres, qui vient d'être nommé Recteur
de l'Académie de Besançon. La Société Géologique du
Nord, tout en se réjouissant de voiraccorderà M. Ârdaillon
une si haute distinction, regrette son départ, qui la prive
de l'un de ses membres les plus zélés et les plus
sympathiques.
Le successeur de M. Ardaillon à la chaire de géographie
de Lille est M. Demangeon, qui est déjà membre de notre
Société. Nous espérons trouver en lui la même collabo-
ration dévouée que dans son prédécesseur.
Sont nommés membres de la société :
MM. Edouard Rigaux, géologue à Boulogne-su r-Mer.
Grégoire Foumier, abbé de Maredsous.
M. Gh. Barrois annonce à la Société que, dans une
récente visite au puits N^» 6 de Liévin, il a reconnu des
débris de Vunjgotus parmi les fossiles recueillis par les
soins des ingénieurs de la Compagnie. Celle découverte
apporte une contirniation à Tàge siluro-dévonien de la
série qui recouvre le houiller à Liévin. Les Pterygotus
occupent dans cette série une position déterminée, inter-
médiaire entre les bancs siluriens à Daya navicula et les
bancs devoniens à lUeraspis étudiés avec tant de succès
par M. Leriche.
M. Gosselet annonce que lors de Texcursion delà Société
Géologique de Belgique dans le Boulonnais, on a vu la
forêt sous -marine de Wissant plus belle qu'elle n'a jamais
été ; elle s'étend à Test jusqu'aux aflQeurements d'argile à
(htrea Leym^h. On y voit un grand nombre de troncs, les
uns couchés, les autres debout avec leurs racines ; parmi
ces derniers il y en a qui s'élèvent verticalement à 40 ou
50 centimètres au dessus du sol environnant.
M. Douxami remet à la Société au nom de M. Révil,
plusieurs publications sur les Alpes Françaises.
M. Brè^i présente un os d'un grand bœuf trouvé à 22
mètres de profondeur, dans le diluvium de La Madeleine.
M. Gosselet fait la communication suivante :
Les Assises crétaciques et tertiaires
dans les Fosses et les Sondages du Nord de la France^
Région de Douai,
par J. Gosselet.
J'ai Thonneur d'offrir à la Société le premier fascicule
^e mon Mémoire sur Les assises crétaciques et tertiaires
^<ins les fesses et les sondages du Nord de la France (*), publié
^^ns le recueil des Topographies souterraines. Ce premier
^^scicule est consacré à la Région de Douai,
Il comprend les fosses et les sondages situés sur la
Partie occidentale de la feuille d'État Major de Douai,
^*®8t-à-dire les concessions d'Aniche, de TEscarpelle,
^*Ostricourt, de Carvin, de Meurchin, de Courrières, de
I^^ocourt, de Lens et de Liévin, plus les sondages de la
*^évèle. Il est accompagné de trois cartes et de deux
Planches de coupes.
La première carte est une carte géologique des terrains
Primaires en supposant les terrains morts enlevés. Elle
Pï'ésente les courbes de niveau de la surface, tracées de
^ix mètres en dix mètres. On y verra pour la première
^^is la disposition du terrain silurique, dont la décou-
^^rte faite, il y a quelques années, par M. Ch. Barrois, est
^ïi des plus grands progrès accomplis depuis longtemps
Concernant la structure des couches primaires qui
accompagnent la houille.
La seconde carte est celle de la surface supérieure du
*Uromen. J'ai pris comme surface supérieure de cet étage,
^^> Paris, Béranger éditeur, me des Saints-Pères, 15.
- 286 —
la meule ou tun qui existe presque partout dans la région
étudiée. C'est un repère excellent, qui peut être déterminé
à un ou deux mètres près, souvent même plus exacte-
ment. Sur cette carte on trouve aussi, tracées, des lignes
hypsométriques de dix en dix mètres.
La troisième carte montre la surface de la craie égale-
ment avec lignes hypsométriques. On y a porté la distri-
bution actuelle des couches tertiaires, de manière à faire
v©ir qu'elle concorde avec les dépressions de la craie.
Outre ces cartes, il y a dans le texte des esquisses qui
représentent Torographie de la surface du Cénomanien,
des marnes à Inoceramus labiatus et des marnes à Tere-
bratulina gracilis. La difficulté de déterminer d'une
manière exacte la limite de ces assises dans beaucoup de
listes de sondages m'a engagé à n'en pas tracer les cartes.
Des coupes qui se sont dirigées du Nord au Sud et de
l'Est à l'Ouest à travers la région, montrent l'allure des
diverses assises du terrain crétacique.
Le texte se divise en cinq parties :
La première est consacrée à une description succinte
de la structure générale du sol.
Dans la seconde, on examine, pour chaque concession,
les renseignements obtenus sur les diverses couches.
La troisième partie consiste en tableaux des fosses,
forages et sondages, réunis par concession, avec la pro-
fondeur, l'altitude et l'épaisseur de chaque assise.
Suit, comme quatrième partie, un répertoire permet-
tant de se reporter des numéros matricules des sondages
portés sur la carte aux tableaux précédents.
Enfin, une cinquième partie est consacrée à l'étude de^
nappes d'eau contenues dans la craie.
Je ne me suis occupé des terrains primaires et di
terrain houiller, en particulier, que dans leurs rapport
avec les couches qui les surmontent. J'ai dû recherch^^y
i
— 287 —
quelle avait pu être, sur l'allure des assises crétaciques,
l'influence des diverses roches primaires, ainsi que des
failles et autres accidents reconnus dans le terrain
houiller.
Pour cela, j'ai indiqué la structure générale du bassin
houiller, comme je l'exposais dans mes derniers cours.
J'ai, en outre, tracé sur les coupes quelques failles
secondaires, dont il était nécessaire d'apprécier les effets.
J'ai constaté que les mouvements qui ont plissé et faille
les roches primaires ne se sont pas répercutés dans les
terrains supérieurs. Par conséquent, les plis et les failles
primaires sont antérieurs au dépôt de la craie.
On doit aussi en conclure que les plis anticlinaux ou syn-
clinaux, que pourrait présenter la craie, sont indépendants
des synclinaux et anticlinaux primaires. Ceux-ci n'ont eux-
mêmes que peu d'influence sur le relief du sol primaire
qui a été sculpté par l'eau avant l'époque crétacique (*).
La surface primaire n'est pas non plus une surface
d'abrasion marine, comme quelques géologues ont pu
le supposer ; c'est une surface d'érosion aérienne, une
pénéplaine, selon le terme créé par Davis. Elle est acci-
dentée, beaucoup plus inégale même que ne l'indique ma
Carte ; car depuis que celle-ci est tracée, j'ai vu une carte
de la surface du tourtia dans la concession de Lens,
dressée par l'Administration de ces mines. Elle s'accorde
dans l'ensemble avec la mienne; mais en raison du grand
ïXombre de points où l'on a pu constater la présence du
tourtia dans les travaux d'exploitation, elle est beaucoup
plus précise. Or, elle indique une surface primaire abso-
lument raboteuse. C'est là un fait important à constater ;
Oar en raison de la nature des roches, on ne peut invoquer
(1) Ces conclusions ne sont énoncées que pour la région de Douai ; elles
I^avent n'être pas applicables à d'autres régions, à la grande faille de l'Artois,
K^ exemple.
— 288 —
la formation de poches de dissolution sous rinfluence des
eaux supérieures.
Dans la région de Douai, il y a à la surface des couches
primaires trois cavités importantes : deux sont dans la
concession d'Aniche à Sainte-Marie et à Fénelon; la
troisième est à Douai même dans la concession de TEscar-
pelle. C'est la plus remarquable. Elle présente une déni-
vellation de près de 100 mètres par rapport aux surfaces
primaires voisines (^).
L'ensemble de la région constitue en outre un grand
bassin où les lignes hypsométriques sont concentriques et
de plus convergent au sud vers le creux de TEscarpelle
J'ai fait remarquer l'analogie de cette disposition avec
celle d'un cirque glaciaire dont le paléocreux de l'Escar-
pelle serait le déversoir.
A cette occasion je dois rappeler que M. J. Cornet avait
déjà émis l'hypothèse que le bassin de Mons doit son
origine à une fosse creusée par un glacier. Les cavités
signalées près d'Aniche ont aussi de l'analogie avec les
trous produits par l'érosion glaciaire.
Enfin de chaque côté du paléocreux de l'Escarpelle, on
trouve à l'ouest la brèche d'Auby et à l'est le conglomérat
de Raucourt, que l'on pourrait considérer comme des
moraines du glacier. Je les rapporte à l'époque permienne.
Après le ridement Hercynien, il y eut pour le Nord de
la France une période continentale, qui dura juqu'au
milieu de l'époque crétacée. On peut du moins le supposer
de l'absence complète de tout sédiment marin, que l'on
puisse rapporter aux terrains triasique, jurassique ou
crétacique inférieur. On ne connaît même dans la région
de Douai aucun dépôt d'eau douce analogue au Wealdien
de Mons et du Boulonnais.
(1) Gosse LET : Sur l'allure souterraine des couches aux environs de Douai.
Ann. Soc. Géol. Nord, XXX, p. 146.
— 289 -
Les premières couches secondaires sont des sédiments
xnarins à Ammonites inflatus. Us ont élé rencontrés dans
I)lusieurs endroits par M. Ch. Barrois, mais ils sont très
sporadiques ; aussi ne les ai-je pas distingués du Céno-
manien.
Celui-ci remplit les dépressions du sol primaire, sans
toutefois les combler. Il se borne à être plus épais dans
les fonds que sur les hauteurs. On remarque aussi que le
Cénomanien diminue beaucoup d'épaisseur du côté de la
frontière belge. Ce que nous appelons bassin d'Orchies
ou de Pévèle n*est pas un bassin tectonique. C'est un
plateau primaire sur lequel les couches crétacées vont en
s'amincissant vers l'Est.
Le Cénomanien est l'étage crétacique le moins connu
de la région de Douai. A part le tourtia que l'on dislingue
partout, le reste de l'étage a souvent été confondu avec
les Dièves. Dans l'Est de la région., il est à l'état de marne
argileuse blanche ou grise, ce qui lui a fait donner les
ûoms de dièves blanches, dièves grises^. Mais dans l'Ouest,
dans la concession de Lens et de Liévin, la quantité de
Calcaire augmente, le Cénomanien se distingue mieux des
clièves, en même temps qu'il prend plus d'épaisseur.
Le Turonien a été divisé en trois assises : l'assise à
Inoceramus labiatus, l'assise à Terebratulina gracilis et à
Inoceramus Brongniarti, l'assise à lUicraster breviporus,
ï^ouT plus de facilité de langage, je leur ai donné les noms
Vulgaires de Dièves, Bleus et (iris, sous lesquels elles
^oot désignées par les mineurs.
La distinction des deux premières assises est souvent
bien difficile, même dans les fosses. Les Dièves sont vertes
Ou bleues, quand elles sont encore imprégnées d'humidité ;
^lles sont plastiques et ne contiennent que rarement
clés bancs solides. Leur épaisseur est, en moyenne, de
^ mètres.
— 29Ô —
Les Bleus, ainsi nommés parce que la roche a généra-
lement une teinte bleue, quand elle est imprégnée par
Teau de carrière, se distingue des dièves parce qu'ils
renferment un plus grand nombre de bancs de craie
lourde, compacte, alternant avec des bancs argileux
semblables aux dièves. Les bancs solides augmentent en
nombre vers le sommet de Tassise. Lorsqu'ils deviennent
prédominants, ils constituent alors ce que les mineurs
ont souvent appelle fortes toises ou petits bancs. L'épais-
seur des bleus varie de 15 à 40 mètres dans la région de
Douai.
Les Gris sont une assise de composition variable et de
caractères multiples. Ils sont essentiellement formés de
craie grise, rugueuse, à cassure plate. Ils contiennent
presque toujours des silex, très souvent de la glauconie,
fréquemment du phosphate de chaux. Dans la région de
Douai, ils se terminent supérieurement par une craie dure
désignée sous le nom de Meule, Cependant, la meule
manque vers TEst, dans la concession d'Aniche.
L'épaisseur des gris ne dépasse pas 10 mètres ; souvent
ils n'ont que 3 à 5 mètres. C'est un niveau facilement
reconnaissable, qui permet d'apprécier les ondulations de
la craie.
La carte de la surface turonienne montre la même
orographie générale que la surface primaire, mais les
inégalités ont beaucoup diminué d'amplitude.
L'étage Sénonien, formé uniquement de craie blanche,
avec ou sans silex, est loin d'être complet dans la région
de Douai. On n'y voit aucune trace de la craie à Bélem-
nitelles. Les géologues qui supposent que tous les étages
de la série crétacique ont recouvert le Nord, sont obligés
d'admettre qu'il y a eu, avant l'époque tertiaire, un ravi-
nement énorme qui aurait fait disparaître non seulement
le Sénonien à Bélemnilelles, mais encore le Damien, sans
- 291 -
eu laisser aucun témoin. Cependant ce puissant ravi-
nement, plus important peut-être que le ravinement pleis-
tocëne n'aurait produit qu'une plaine ondulée. La surface
crétacée est en effet une pénéplaine sans collines impor-
tantes, avec quelques vallées peu profondes, moins pro-
toniles que les vallées actuelles.
Les sondages ont fait connaître dans la région de Douai
l'existence de deux vallées de la surface crayeuse qui ont
été remplies par des sédiments tertiaires (').
11 n'a été donné que peu d'étendue à l'étude des assises
t.6rtiaires. Elles manquent dans une grande partie de la
ï'égion de Douai. Elles ne sont guère développées que dans
la Pevèle, mais là les sondages sont rares et surtout ils ne
fournissent guère de détails pour les couches tertiaires
traversées.
La limite des dépôts tertiaires continus est approxima-
tivement marquée par la ligne hypsométrique 4 20 de la
surface crayeuse. En dehors de celte ligne et à un niveau
plus élevé il n'y a plus que de petites collines tertiaires
isolées.
Celles-ci ont leur base au niveau de la plaine. L'érosion
pleistocène n'a donc enlevé qu'une faible partie de la
Craie ; car si la craie avait été profondément excavée, les
^lots tertiaires se trouveraient portés sur un piédestal de
Craie.
Je n'insisterai pas sur les idées générales qui peuvent
Se dégager de mon mémoire. J'ai surtout voulu présenter
des faits. Chacun en tirera les conclusions qu'ils lui
inspireront. 11 en est cependant qui me semblent s'im-
poser et qui sont du reste tellement logiques, qu'il paraît
Peut-être naïf de les signaler.
Cl) GossELET : Coupe du]canal de dérivation autour de Douai. Superposition
^ vallées actuelles à des vallons de la surface crayeuse. Ann. Soc. Géol.
^ra, XXXIII, p. 82.
~ 292 -
1» L'allure de chaque assise dépend de la surface sur
laquelle elle s'est déposée ; elle se moule sur cette surface.
2^ Les strates ne constituent pas des nappes horizontales
d'une épaisseur constante et d'une composition minéra-
logique toujours la même. Au contraire, ils varient rapi-
dement d'épaisseur et de composition.
Ce sont là des principes que tout géologue a constaté,
mais que l'on oublie quelquefois dans les raisonnements
géologiques.
Je ne puis terminer ce court résumé de mon mémoire
sans remercier de nouveau les Directeurs et Ingénieur^
des houillères de la région. Sans leur concours, qu'ils
ne m'ont jamais marchandé, je n'eus pu faire ce travail^
C'est à eux que la science doit en être redevable.
M. Leriche fait la communication suivante :
Le Lutétien de /'Avesnois
par Maurice Leriche
Les terrains tertiaires de TAvesnois ont été, jusque
dans ces derniers temps, entièrement et unanimement
attribués au Landénien.
Dans un travail récent (^), j'ai montré que les forma-
lions du Massif tertiaire de Trélon-Ohain, jusqu'alors
rapportées à cet étage, étaient en réalité lutétiennes.
Depuis, j'ai étendu mes recherches à tous les terrains
tertiaires de l'Avesnois, et reconnu la présence du Lutétien
in situ en plusieurs autres points de cette région, principa-
lement dans le Massif tertiaire qui s'étend au Nord de la
Grande-Helpe.
MASSIF DE Trélon-Ohain. — Le Lutétien offre, dans ce
Massif, un grand développement. Il n'y est représenté
(1) Mc« Leriche, L'Eocène des environs de Trélon (Nord), Ann. Soc, Géol. du
Nord, t. XXXII, 1903, p 17«.
ace 5:
m
- 293 -
que par son terme le plus inférieur (Bruxellien), et repose
à l'Est (Grand-Dieu d*Ohain) sur les terrains primaires,
tandis qu'à l'Ouest (Haies de Trélon), il recouvre, en les
linerJ ravinant, les sables blancs landéniens. il débute par un
^nij « gravier de base » à gros éléments crélacés et primaires,
n est formé par un sable jaune, — argileux, grossier et très
glauconifcre à la base (sable gras), — plus quartzeux et
plus fin au sommet (sable maigre). Dans la zone des
^^ sables gras », le sens de la stratification est indiqué par
^es lits, en général peu épais, colorés en rouge par de
^'iiématite, ou plus foncés que le reste de la masse, par
^uite de leur teneur plus grande en glauconie.
A la petite faunule, à caractère nettement lutétien,
^ ^e j'ai signalée dans cette formation, doivent s'ajouter les
espèces suivantes, que j'ai reconnues dans de nouveaux
'^^tériaux récemment recueillis:
Pleurotoina crassa, Edw.
TortisipliO Huftieti, Ler. (espèce nouvelle, décrite plus loin).
Morio {Cassidarla) nodosa^ Sol.
Himella Jissurella, Linné.
I^atica, sp.
Chania, sp., (orme voisine de Charria sulcata, Desh.
I^ucula, sp.
I^leurotoma crassa est une espèce des « couches de
^^acklesham ».
Morio [Cassidarla) nodosa se rencontre, en France, dans
^ <t Calcaire grossier »; en Angleterre, dans les « couches
^^ Bracklesham » ; en Belgique, dans le Bruxellien et le
^^ekenien.
Himella fissurella a vécu, dans le Bassin de Paris, depuis
"Yprésien jusqu'au Bartonien inclusivement; elle présente,
^^ Belgique, la même extension verticale.
Chama sulcata, que rappelle une forme de Trélon, est,
^'siprès Dcshayes (^), localisée, dans le Bassin de Paris, au
1^(1) G.-P. Dbsbàtes, Description des animaux sans vertèbres découverts dani
'* bassin de Paris, t. I, p. 585.
annales de la Société Géologique du Nord, t. xxxiii 20
— 294 —
niveau glauconifère de la base du « Calcaire grossier ».
Elle est signalée, par M. Cossmann (^), à Biacklesham.
Ces déterminations ne font donc que confirmer Tâge
lutétien que j'ai attribué aux sables jaunes du Massif de
Trélon-Ohain.
Massif du Nord de la Grande-Helpe. — Les formations
que je rapporte au Lutétien inférieur (Bruxellien) cons-
tituent, au S.-E. de Solre-le-Château, deux importants
lambeaux, presque contigus, qui occupent les points
culminants de ce Massif.
Le lambeau le plus oriental, celui sur lequel s'élève le
village de Clairfayts, n'est distant que de 3 kilomètres du
petit lambeau bruxellien signalé au Sud de Sivry, parla
Carte géologique de Belgique (*). La sablière de Clairfayts
(sablière Peltier). ouverte à l'entrée méridionale du
village, un peu au Nord de la cote 247 de la Carte de
l'Etat-Major, montre, sous un limon dont l'épaisseur varie
de l"i50 à 2 mètres, un sable jaune, fin, plus ou moins
glauconifère, disposé en petits lits presque horizontaux,
dont la coloration varie du jaune clair au jaune-foncé. Ce
sable, exploité sur une profondeur de 2à 3 mètres, devient
plus glauconifère à la base, où certains lits, particuliè
remeut riches en glauconie, se distinguent du reste de la
masse par une teinte plus foncée.
Malgré les longues recherches que j'ai faites dans ce
sable, je n'ai pu y trouver aucune trace de fossile; mais il
y a entre le sable de Clairfayts et celui du « Grand Dieu
d'Ohain », dans le Massif de Trélon-Ohain, une telle
identité minéralogique, que je n'hésite pas à conclure à la
contetnporanéité de ces deux formations.
Les sables actuellement visibles à Clairfayts corres-
(1) M*'® Cossmann. Catalogue illustré dos Oiuuilles fossiles de l'Eocène des
environs de Paris. M»/i. Soc roy. walactfl. de Belgique, l. XXII, 1887, Mémoires
p. 7 ; Extrait, fase. Il, p. M.
(2) Feuille de Sivry-Kance (X° 181). Terrains tertiaires, par M. Moorlo.n.
— 295 —
pondent aux « sables maigres » du Massif de Trélon-
Ohain. Les (( sables gras >) qui, dans ce dernier Massif,
forment la zone inférieure du Bruxeilien, existent proba-
blement aussi à Clairfayts, mais ils n'y ont pas encore
été atteints.
Le second lambeau bruxeilien du Massif tertiaire du Nord
de la Grande-Helpe, s'étend du hameau de l'Epine (au Sud
de Solrele-Château) au Bois de Fétru, où il s'élargit brus-
quement. Une petite sablière, ouverte à TEst du hameau
de TEpine, près de la cote 240, montre un sable analogue
à celui de Clairfayts.
Le Lutétien occupe peut être encore les points culmi-
nants (cote 241) du Bois de Belleux, situés de chaque
côté de la roule de Solre-le-Ghâteau à Liessies. Peut-être
couronne-t-il aussi les sommets (cote 241) du Massif
tertiaire de Sains, au Sud de la Grande-Helpe ? Q) Ces
difîérents points, couverts de bois ou de pâturages, ne
présentent, malheureusement, aucun affleurement.
Des traces de l'ancienne extension du Lutétien se
rencontrent à l'Ouest et au Nord de l'Avcsnois.
A Marbaix, où M. Gosselet (}) a jadis signalé des grès à
Nummulites remaniés dans le Quaternaire, on trouve,
sous le limon, dans une poche creusée au milieu du
« Calcaire carbonifère » (carrière Masure), des sables dont
la composition est très variable, et dont l'allure est fort
irrégulière. Au fond de la poche, on voit prédominer des
sables à grain moyen assez uniforme, qui ont une grande
analogie avec les sables landéniens de la région. Plus haut,
apparaissent des sables jaunes, grossiers, qui viennent
parfois s'intercaler dans les sables sous-jacents. Ces
.(1) C'est aussi vers la cote 240 que Too rencontre le Bruxeilien dans le Massif
de Trélon-Ohain, situé plus au Sud.
(2) J. Gosselet, De l'extension des couches à Nummulites laevigata dans le
nord de la France, Bull. Soc géoL de France^ 3' sér., t> II, 1873-1874, p. M, 56.
- 296 —
sables grossiers m'ont fourni quelques exemplair^-s
légèrement roulés, de Nummulites Lamarcki, On doit vrai i
semblablement les considérer comme des sables lutétierxs
remaniés presque sur place avant leur descente dans la
poche.
Enfin, au Sud de Louvroil, dans une petite excavation
située à TOuest de la route nationale de Maubeuge à
Avesnes, j'ai recueilli, au milieu d'un sable grossier,
argileux et probablement remanié, plusieurs Nummulites
tœmgatus plus ou moins roulés.
Résumé, — Le Lutétien, qui a jadis recouvert tout
TAvesnois, y présente encore un grand développement.
Réduit à rOuest et au Nord à de petits témoins remaniés,
il forme, au contraire, à TEst et au Sud des Massifs
étendus. Il n'est représenté dans ces derniers que par son
terme le plus inférieur (Bruxellien du Bassin belge,
couches à Maretia grignognensis du Nord du Bassin de
Paris). L'sssisek Nummulites lœmgatus du Bassin de Paris
est, dans TAvesnois, entièrement remaniée à la base du
Quaternaire.
Su7* un Fossile nouveau (Tortisipho Huftieri)
du Lutétien de /'Avesnois
par Maurice Leriche
Figures 1 et 2 dans le texte
Le Lutétien des Bassins de Paris et de Nantes renferme
des Gastropodes de petite taille, qui forment, dans le
nouveau genre Parcisipho Cossm. 1901 (>), un groupe
assez naturel que M. Cossmann a désigné sous le nom de
To7*tisiplio (2). Dans ce groupe, où figurent, comme types,
(1) M*^® Cossmann, Essais de Paléoeonchologie comparée, 4' livraisco, iî^'»
P- 101. .^.
(2) Mce Cossmann, Catalogue illustré des Coquilles fossiles de l'Eccène ûcb
environs de Paris. Ann. Soc. roy. malacol. de Hetgique, t. XXIV. ^85».
Mémoires, p. 147; Extrait, fasc. IV, p. 15t. ,
— Mce Cossmann, Essais de Paléoeonchologie comparée, 4" livraison, i^"''
p. 104.
- 297 —
Pusus M jucundus Desh. et h Pleurotoma » distorta Desh.,
coquille est fusolde, l'ouverture est étroite et terminée
it un canal allongé, très nettement tordu et tronqué,
iDs échancrure, à son extrémité.
C'est à ce groupe que je rapporte deux coquilles, un
eu frustes (Fig. 1 et 2), du Lutétien de l'Avesnois, diflé-
Ènles de celles décrites jusqu'ici, et pour lesquelles je
oaae la diagnose suivante :
ToitUipho Huftieri |3), nov. sp.
Coquille d'assez grande taille, allongée, formée de six
aurs, — DOD compris la protoconque, qui a disparu —
ODvexes, sépai^s par une suture enfoncée, ornés de filets
piraux croisés par des varices irrégulièrement distribuées
1 s 2a .1. ■
BCB 3 denïisrfl
FonnedD «ml
TOTttoipho Hnltisri. Leriche, 1901.
et assez serrées sur les premiers toors. Dernier tour
atténué à la base, atteignant enriron les 3/5 de la longueur
de la coqoille. OuTerture OTalaire ; labre mince, mais
épaissi et sillonné à l'intérieur, à une petite distance du
bord ; columelle excarée ; bord columellaire très mince
(détruit en partie sur les exemplaires figurés). Canal
allongé et tordu.
Cette coquille rappelle, par sa forme générale, Pam-
sipho dénudât us Desh. et Tortisipho distortus Desh. du
Lutétien du Bassin de Paris. Elle diffère :
lo de P. denudatus, par ses eûtes axiales — elles font
défaut dans l'espèce du Bassin de Paris — et par son
canal t)eaucoup plus tordu ;
2^ de r. distortus, par ses tours plus allongés, son dernier
tour moins ventru, et sa columelle plus excavée.
Elle se distingue aisément des autres espèces connues
du sous-genre Tortisipho (T. jucundus Desh., T. clathra-
tulut Cossm., T. (?) angulifer Cossm. du Bassin de Paris,
et 7. Roiir(/ort Cossm. du Bassin de Nantes).
La taille de Tortisipho Huftieri est de beaucoup supé
rieure à celle des Tortisipho des Bassins de Paris et de
Nantes. Il semble d'ailleurs que les différents groupes du
genre Parvisipho aient atteint, dans le Bassin belge, des
dimensions beaucoup plus grandes que dans les Bassins
de Paris et de Nantes. .M. E. Vincent (0 a, en effet, réccm-
mentdécrit un Amplosipho (^) panisélien (À. major) qui se
distingue, par sa taille relativement considérable, des
Amplosipho minuscules du « Calcaire grossier ».
(1) E. Vincent. Contribution à la paléontologie de l'Eocène belge : Ampio*
9\pho. Ann. Soc. roy. malacol. de Belgique, t. XXXVII, \902, Bulletins des
Méances, p. XXIV, fig. 2.
• (2) Sous-genre de Parvisiph9.
— 299 —
Séance du 7 Décembre 190i
M. Douxami fait les cominuoicatioûs suivantes :
Leçon d'ouverture du cours de Minéralogie
1i) Nocembre iOOi
par M. H. Douxami
La Minéralogie, envisagée dans son acception la plus
;énérale, est l'histoire naturelle des corps inorganisés ou
ninéraux. Elle doit délinir la forme, la structure, les
>ropriétés physiques et chimiques des différentes espèces
auxquelles on rattache les nombreux individus qui cons-
îtuent le règne minéral. Le domaine de cette science
^iusi comprise est donc inimense. Ceci vous explique
Pourquoi la chaire du Collège de France, occupés en
'ernier lieu par le savant géologue et minéralogiste
u 'était M. Fouqué, est celle de l'Histoire des êtres inor-
3 niques et pourquoi, à l'Académie des Sciences, la section
s Minéralogie est celle des minéralogistes, des géologues
• des paléontologues (').
Les progrès de la science ont fait distinguer et séparer
* la Minéralogie proprement dite un certain nombre
^ parties pouvant être étudiées séparément et par des
éthodes qui leur sont propres.
EJn premier lieu, oa est convenu de borner la Minéra-
gie à la connaissance simple des minéraux naturels, de
Urs caractères extérieurs, de leurs propriétés cris-
Uines, physiques et chimiques. Elle ne considère donc
te les minéraux en eux-mômes, abandonnant à la Géo-
gîe et à la Pétrographie le soin d'étudier les différents
odes de groupement de ces espèces pour constituer les
>ches et la façon dont ces roches interviennent dans la
1^) Pasteur, dont les premières éludes furent si importantes au point de vue
Qéralogique, faisait paiement partie de cette section.
— 300 -
formation de l'écorce terrestre ainsi que Torigine de ces
minéraux.
L'usage aussi amena les minéralogistes à ne s'occuper
que des espèces que la nature nous présente à l'état de
liberté, abandonnant aux chimistes celles qui n'ont encore
été obtenues que par l'emploi des procédés de labora-
toires, c'est-à-dire des procédés chimiques.
On exclut aussi souvent du programme de la Minéra-
logie tous les corps qui, dans les conditions ordinaires de
température et de pression, affectent l'état fluide, c'est-à-
dire rétat liquide ou l'état gazeux (*).
Ainsi comprise et limitée, la Minéralogie n'est plus
l'histoire générale des corps inorganiques ; elle est
devenue simplement et plus modestement l'histoire natu-
relle et descriptive des espèces minérales qui composent
la croûte du globe terrestre. Son but immédiat semble
ainsi mieux défini; par suite, ses procédés d'investi-
gations, surtout physiques, paraissent plus simples et
plus homogènes.
En réalité, le Minéralogiste ne doit pas avoir seulement
pour but de distinguer les minéraux les uns des autres et
de les décrire aussi exactement et aussi minutieusement
que possible. Cette Minéralogie descriptive ou Oryclo
gnosie de Werner, l'illustre professeur de Freiberg et d'un
certain nombre de ses élèves, ne serait plus une science,
mais en quelque sorte un simple catalogue des minéraux
naturels permettant à peine d'établir une classification
rationnelle et de soupçonner les lois si importantes qui
régissent la matière cristallisée. Tout observateur cous
(1) Faisons remarquer, en passant, combien l'étude des gaz et des liqui'^^^
contenus dans les inclusions des cristaux est importante pour nous renseipi^*^'
sur leur mode de formation, et le nMe important en minéralosie de l'^aj^
chargée de gaz carbonique, des eaux chaudes ou surcfiaufiées, entin des ^'^^
minérales dans la formation des liions. .
Les études récentes sur le passage de l'état liquide à l'état cristallin *^c
réciproquement ont montré toute l'importance en minéralogie des dissoluti^^^
salines.
. - 301 -
ciencieux et adroit serait un minéralogiste éminenl,
alors que — comme Dufrénoy Ta fait remarquer dans la
préface de son traité de Minéralogie — peu de personnes
sont aptes à cultiver avec succès les ditïérentes branches
de la Minéralogie.
Cela tient, tout simplement, à ce que les restrictions
apportées au domaine de la Minéralogie n*ont pas leur
raison d'être dans l'essence même des choses, et qu'il
n'est pas, à mon avis, de science qui puisse, au contraire,
intéresser un plus grand nombre de savants : le miné-
ralogiste et géologue Beudant allait jusqu'à dire qu'elle
était indispensable à toute bonne éducation! (*) Sans
vouloir aller jusque-là, il me sera facile, je crois, de vous
montrer les rapports intimes qui existent entre la Miné-
ralogie et les autres sciences expérimentales.
Autrefois, avant la création des certificats actuels, la
Minéralogie était rangée parmi les sciences physiques, et
faisait partie du programme de la licence ès-sciences
physiques. Il en résultait que les candidats à la licence
es sciences naturelles, au doctorat ès-sciences naturelles,
et, en particulier, au doctorat ès-sciences géologiques,
pouvaient très bien se dispenser de toute connaissance en
Minéralogie. L'application du microscope polarisant et
des propriétés optiques des minéraux à l'étude des roches
cristallines et aussi des roches sédimentaires, l'impul-
sion donnée en France par MM. Fouqué et Michel Lévy à
l'étude des roches, ont forcé en quelque sorte tous les
pétrographes à posséder une connaissance complète des
minéraux, de leurs propriétés optiques et des méthodes
employées pour reconnaître bur composition chimique.
La Géologie réclame la Minéralogie, et l'on ne peut plus
être géologue au sens large du mot, sans être en même
temps minéralogiste. Mais, en même temps, nous serons
(1) Préface; Traité de Géologie et de Minéralogie.
— 302 ~ .
forcés^ pour ainsi dire, à chaque instant et pour chaque
espèce minérale que nous vous décrirons, d'avoir recoure
à la Géologie pour vous indiquer les modes de gisements
des minéraux, les terrains où vous aurez chance de les
rencontrer, leurs associations les plus fréquentes. Vous
ne serez donc pas étonnés si nos excursions apprendront
à la lois beaucoup de choses et de faits importants aux
géologues et aux minéralogistes Q), et vous saurez aussi
pourquoi ce sont les mêmes professeurs qui, dans un
grand nombre d'Universités, sont chargés, à la fois, de
l'enseignement de la Géologie et de la Minéralogie. La
liste serait longue et facile à établir des géologues dont
les travaux minéralogiques sont aussi estimés que leurs
recherches de Géologie proprement dite, et aussi des
minéralogistes auxquels la Géologie doit une grande
partie de ses plus belles découvertes.
Pour la Chimie, le minéralogiste a absolument besoin
des procédés chimiques, soit pour vérifier la composition
des espèces déjà connues, soit pour déterminer celles des
espèces nouvelles. Dans la plupart des laboratoires de
Minéralogie de France, de Suisse et d'autres pays, on
accorde tous les jours une importance plus grande à
l'analyse chimique des minéraux etdes magmas des roches.
Je ne vous demanderai pas l'analyse complète d'un
minéral (ceux d'entre vous qui sont chimistes pourront
facilement, d'ailleurs, le faire dans l'Institut voisin), mais
seulement quelques réactions chimiques caractéristiques,
très simples, faciles à réaliser partout avec des instru-
ments aussi simples qu'un chalumeau, une bougie et un
morceau de charbon de bois et du borax. Elles vous
permettront cependant, malgré leur simplicité de faire
(1) Aussi, je recommande aux étudiants en géologie de suivre l'enseignement
de M. Barrois qui s'occupe des propriétés optiques des minéraux et de l'étude
des minéraux silicates, et aux étudiants en minéralogie de suivre son cours de
pétrographie.
^ 303 —
analyse qualitative d'un grand nombre de minéraux,
^ préciser souvent la détermination d'une espèce et de la
distinguer facilement d'une autre qui lui ressemble.
Mais si la Chimie est indispensable à la Minéralogie,
es services que ces deux sciences peuvent se rendre Tune
l'autre sont réciproques. En effet, les cristaux dits
rtificiels obtenus par les chimistes sont aussi intéres-
ants pour les minéralogistes que les minéraux naturels;
Is se rangent souvent même avec la plus grande facilité
ans une famille de corps minéraux. Plusieurs décou-
ertes minéralogiques, et non des uioins importantes,
nt été faites sur des cristaux non seulement artificiels,
lais encore dérivés des substances dites organiques : il
jffira de vous rappeler les découvertes minéralogiques de
belmen, de Pasteur, de Wurtz, de Friedel, de Haute-
luille, pour ne citer que les morts. D'ailleurs, un cristal,
rtificiel jusque-là, peut devenir naturel si l'exploration
un gisement inconnu le fait découvrir ; et pourquoi, par
icemple, le soufre fondu serait-il du domaine des chi-
listes et le soufre octaèdrique du domaine des minéra-
)gistes ? Est-ce que ce ne sont pas les réactions ou les
xpériences faites dans les laboratoires qui nous ren-
Mgnent sur le mode de formation des cristaux et des
3ches dans la nature ?
Combien nos connaissances sur la structure intime
e la matière cristalline seraient plus avancées si les
bimistes décrivaient exactement la forme des innom-
râbles substances qui sortent de leurs laboratoires, et
ui, souvent obtenues par hasard, difficiles à reproduire
u facilement décomposabies, sont perdues pour l'étude.
•es caractères minéralogiques d'un cristal artificiel sont
ussi importants que le point de fusion ou le point de
aporisation, pour caractériser une substance chimique et
istinguer les différents isomères, et la loi de l'isomor-
— 304 —
phisme n'est-elle pas à la fois une loi minéralogique et
une loi chimique dont vous connaissez bien toute l'impor-
tance ? Aussi, dans les cas douteux ou particulièrement
intéressants, le chimiste, que l'étude de la cristallo-
graphie, que Taspect des calculs et des formules —
pourtant pas plus compliquées ni plus difficiles à appli-
quer que celle de la Chimie organique — a effrayé, est-il
forcé de s'adresser à uq cristallographe de profession
lorsqu'il en a un sous la main. La spécialisation à outrance
a donc, comme vous le voyez, ses défauts, et si le miné-
ralogiste se repose trop souvent sur la Chimie du soin de
déterminer la nature des molécules des cristaux lorsque
les caractères extérieurs et les réactions faciles du chalu-
meau ne suffisent pas à l'éclairer, il ne faut pas qu'il soit
le seul à pouvoir se prononcer sur la forme des édifices
atomiques et sur leur degré de symétrie. Et pour en finir
avec les relations de la Chimie et de la Minéralogie, n'est-
il pas vraiment rationnel que le chimiste industriel se
préoccupe des propriétés cristallines et physiques des
minerais des différentes substances naturelles qu'il est
appelé à manipuler, de leurs conditions de gisement et
de toute leur histoire naturelle 0).
Les rapports de la Physique et de la Minéralogie ne
sont pas moins nets. Je vous ai déjà dit que dans
l'ancienne organisation de la licence es- sciences la Miné"
ralogie était rattachée aux sciences physiques. C'est pour
cela que la plupart des traités de Minéralogie sont rédigés
surtout en vue des physiciens et des chimistes. En effet,
l'analyse chimique reste toujours le fondement primordial
de la détermination des espèces, et l'union de la Miné-
(1) La question posée en juillet dernier, par exemple, au certiflcal de chimie
appliquée : « Les ciments », comportait une partie géologique et une partie
minéralogique dont l'importance n'est pas discutable.
— 305 —
alogie et de la Chimie, entrevue par Cronstedt au milieu
Lu XVIII® siècle et affirmée plus tard avec tant d'éclat par
lerzélius, est tellement grande que la Minéralogie ne
leut pas plus se passer de la Chimie que la Géologie ne
leut renoncer au secours de la Minéralogie et de la
Paléontologie. Mais, le chimiste est avant tout et surtout
in expérimenlateur, le minéralogiste est principalement
)hysicien et naturaliste : physicien par les instruments
|u'il manie (goniomètre, microscopes, appareils de pola-
risation, etc.) par Tétude des propriétés physiques, si
mportantes à tous les points de vue des cristaux (double
'éf raction, polarisation, dilatation des cristaux, etc.) et par
es procédés auxquels il a recours; naturaliste, parce que
es classifications qu'il établit doivent tenir le plus grand
compte des affinités naturelles d'allure et de gisement
^ont Tobservation peut seule nous donner la conn.tis-
sance. D'autre part, la connaissance des minéraux à Taide
l'un ensemble de caractères extérieurs exige avant tout
le que l'on appelle vulgairement le « coup d'œii » des
laturalistes.
S'il est sûr que les physiciens feraient beaucoup pour la
Itfinéralogie en prenant l'habitude de relier les propriétés
les corps qu'ils découvrent à la symétrie qui appartient à
['enveloppe cristalline, il est certain aussi que l'étude
ipprofondie des propriétés si remarquables et si spéciales
les cristaux peut seule donner la solution de problèmes
lui comptent parmi les plus importants de la physique,
m particulier de la physique moléculaire ou de la chimie
)bysique. Le physicien doit donc connaître, à côté de la
Cristallographie, les principales propriétés physiques des
:ristaux.
Les rapports entre les Sciences-Physiques et la Miné-
alogie s'accentuèrent avec les progrès de la Chimie
tomique, avec l'étude optique des cristaux et aussi avec
— 306 —
les progrès de la Cristallographie. C*est de cette partie,
pendant longtemps négligée ou méconnue des sciences
minéralogiques, dont je voudrais vous résumer l'histoire,
afin de vous montrer son importance relative et le beau
rôle joué dans son développement par les savants français,
depuis Rome de Tlsle et Haûy, les fondateurs de cette
science, jusqu'aux minéralogistes actuels.
La Cristallographie est la science qui a pour objet l'étude
des cristaux et des relations de forme qui existent
entre eux. Les anciens naturalistes connaissaient les
cristaux (0 ; mais ils les regardaient comme des jeux de
la nature et ignoraient les lois qui les régissent. Trompé
probablement par la variété immense que semblent pré-
senter, lors d'un examen superficiel, les cristaux d'une
môme substance (2), Bufîon écrivait, au milieu du XVIH*
siècle (3) : « En général, la forme de cristallisation n'est
pas un caractère constant, mais il est plus équivoque et
plus variable qu'aucun autre des caractères par lesquels
on doit distinguer les minéraux. »
Sténon (4) écrivait cependant, en 1669, comme expli-
cations des figures annexées à son ouvrage : « In piano
axis laterum et numerum et longitudinem varie mutari, non
mutatis angulis », c'est-à-dire qu'il avait deviné le principe
de l'invariabilité des angles, base de toute la Cristallo-
graphie. Il n'avait étudié, il est vrai, que trois minéraux:
le quartz, l'oligiste et la pyrite, et n'avait pu effectuer
qu'un petit nombre de mesures imparfaites. Aussi, n'est-
il pas étonnant que cette remarque resta dans l'oubli,
ainsi que l'observation, faite en 1688, par Gugliëlmini {^),
(1) Principalement le cristal de roche.
(2) Le calcile CO'CA a plus de 800 formes cristallines différentes.
('^) In Leymkrie : Cours de Minéralogie, 1807, I, p. 55.
(4i ïStenon, savant danois, né à Copenhague, en 1636, mort en 1687. vicaire
apostolique du Nord de l'Europe. Il étudia à Florence, où il fut ordonné prêtre
en lt>67, et où il publia, en particulier, en 1869: De solido intra solidum natu-
r aliter contenta dissertationis prodromus.
(5) In Dblafobsb : Thèse sur la structure des cristaux, p. 5.
- 307 —
ur la possibilité de faire dériver les formes d'un sel
["istallisé de Tune d'elles choisie parmi les plus simples.
Et si Linné parait avoir le premier compris toute
importance de Tétude des formes cristallines pour la
)Dnaissance des minéraux, c'est Rome de l'Isle qui, en
misant le goniomètre par application, inventé par un
Jtre Français, Carangeot, publia, en 1772, le premier
ailé de Cristallographie et posa le principe suivant
mnu depuis sous le nom de loi de Rome de l'Isle : Les
ces d*un cristal peuvent varier dans leur figure et dans leurs
mensions relatives, mais l'inclinaison de ces mêmes faces
t constante et invariable dans chaque espèce. Dans ce traité,
même savant montrait que les diverses formes cris-
llines d'un même minéral n'étaient que des dérivations
ciles à déduire d'une forme simple fondamentale et
sissait tous les cristaux en sept groupes correspondant
es sensiblement à nos sept systèmes cristallins actuels.
Ce fut Haûy qui, après avoir trouvé, en 1781, presque en
ôme temps que Bergmann, à Berlin, Texistence des
ivages dans les cristaux, c'est-à-dire leur propriété de se
Ttager facilement suivant certaines directions, eut la
oire de découvrir la loi de dérivation et la loi de symétrie
li déterminent les formes cristallines; il fit donc de la
nstallographie une science rigoureuse. Il sut formuler,
^ec la dernière netteté, la distinction des sept formes
imitives correspondant aux sept systèmes cristallins
La Cristallographie était dès lors fondée, et les progrès
]) Ces lois peuvent s'énoncer ainsi :
/• Toute modiflcalinn se produisant sur un élément d'un cristal se prodvit
r tous les autre^i éléments semblables et les éléments non semblables sont
édifiés différemment.
i* Deux faces d'un cristal interceptent sur une arête des longueurs qui
nt entre elles dans un rapport rationnel et généralement simple.
M. G. Friedel, dans un travail récent (Groupements cristallins, p. 124), a
once et complété cette loi de la manière suivante : Les faces les plus impnrs
ntes d'un cristal sont celles qui, dans un certain réseau, ont la plu-
ande densité réticulaire et, en outre, les plus denses sont parallèles aux
'^ages faciles.
I
- 308 —
de cette science furent rapides : Miller, en Angleterre, et
les cristallographes allemands multiplièrent les descrip-
tions des formes cristallines, Weiss y introduisit plus tard
la considération des formes meriédriques qui ne satisfont
pas aux lois d'Haùy, ensuite Mitscherlich découvrit
risomorphisme. Delafosse, élève et collaborateur d'Haûy,
fut conduit, par Tétude de la distribution des propriétés
physiques dans les cristaux, à Tidée des réseaux molé-
culaires : tandis que dans une substance amorphe les
molécules sont disposées d'une façon quelconque les uns
par rapport aux autres et que, par suite, les propriétés
de la matière sont les mômes dans toutes les directions ;
au contraire, dans une substance cristallisée, les molécules
sont disposées suivant un réseau parallélipipédique
caractéristique de chaque espèce, et les propriétés
varient suivant les directions tout en restant les mêmes
dans des directions parallèles. Autrement dit, la subs-
tance cristalline est anisotrope (^)yisind\s que la substance
amorphe est isotrope.
Cette conception des réseaux moléculaires fut bril-
lamment développée, en 1849, par Bravais (2), à qui
revient l'honneur d'avoir donné une théorie générale des
formes géométriques des cristaux basée sur des consi-
dérations mathématiques aussi simples que fécondes : la
Cristallographie devint ainsi une science rationnelle
mathématique (^). Mallard, dans ses cours à l'Ecole des
Mines et dans son Traité de Cristallographie (1879).
remplaça la méthode analytique de Bravais par d'élé-^
gantes démonstrations géométriques, rendant ainsi la
Cristallographie accessible à tous ceux que ne déconcerte
pas l'emploi de l'algèbre, de la géométrie et de la trigo-
(1) Il y a exception cependant pour les minéraux cubiques qui sont isotropes.
(2) Eludes cristallographiques, 1819-1851, publiées de nouveau en 1866,
(3) Vers la même époque, Naumann, en Allemagne, contribua aussi, en parti-
culier, au point de vue didactique, aux progrès de la cristallographie.
- 309 —
i^ométrie. Mallard, en outre, eul aussi Tart de rattacher à
I3. théorie de la structure réticulairedu milieu cristalliu de
Bravais les anomalies des cristaux révélées par leur étude
optique, aiasi qu'un certain nombre des associations
de cristaux que nous apprendrons à connaître sous le
ràom de mdcles. Il ajouta la notion de Tisomorphisme des
i*éseaux cristallins à Tisomorphisme de Mitscherlich et
transforma en quelque sorte Thypollièse mathématique de
Bravais sur la disposition théorique de la matière cristal-
lisée en un corps de doctrine permettant d'expliquer et
même de prévoir a priori, dans un grand nombre de
cas, toutes les propriétés de la matière cristallisée.
De nos jours, les travaux de M. Wyrouboff, de
IM. Wallerant et de M. Friedel ont fait faire à la Cristal-
lographie de nouveaux et importants progrès, surtout au
point de vue de Tétude des groupements cristallins^
* #
D'après ce qui précède, notre Cours de Minéralogie
^evra donc comprendre quatre parties.
I. En premier lieu, la Cristallographie proprement dite
étudiant la constitution moléculaire des minéraux, par
suite, les formes géométriques qui en sont la conséquence.
II. La Minéralogie physique, dans laquelle nous nous
occuperons des autres propriétés physiques des corps :
propriétés élastiques, optiques, thermiques, électriques.
III.' La Minéralogie chimique, traitant des propriétés
chimiques. Cette partie a évidemment les plus grands
rapports et se confond presque complètement avec la
chimie minérale ; mais elle possède cependant tout un
ensemble de méthodes, de recherches spéciales à la
Minéralogie, extrêmement importantes, quoique très
simples et à la portée de tout le monde pour reconnaître
rapidement les espèces minérales*
Annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxin 21
— 310 —
IV. Enfin, la Minéralogie spécifique comprenant pour
nous, à la fois la description des différentes espèces ^^
variétés de minéraux, leurs modes et leurs conditions d^
gisement, leur répartition géographique, et enfin leuT^
applications, leur importance, au point de vue industri^^
ou agricole.
Selon rimportance que Ton attribue à ces différente -^
parties, un traité ou un cours de Minéralogie exposer-
cette science des façons les plus diverses. Pour les min^
ralogistes qui s'adonnent plus spécialement à Tobseï^
vation des phénomènes naturels, la Minéralogie sera uni
science naturelle décrivant exclusivement les caractère:
extérieurs des minéraux ; pour d'autres, elle sera uni
branche de la Chimie ; pour d'autres enfin, l'examen de!
principales propriétés des minéraux est du domaine de h
Physique. Déjà Haùy et beaucoup de ses successeurs on
surtout porté leur attention sur les minéraux cristalliséj
et la place de la Cristallographie est devenue de plus ei
plus prépondérante au détriment de la Minéralogi 6
spécifique telle que nous la comprenons (*).
Je crois (et c'est, d'ailleurs, l'esprit dans lequel ct=5t
enseignement — et vous savez avec quel succès — ^
toujours été fait par M. Gosselet), qu'il vaut mieux voi^^s
donner les notions essentielles, indispensables, de Cri&===="
tallographie, suffisantes en même temps pour vous pei^^"
mettre de vous perfectionner, si vous le désirez, plus tarera»
dans cette science, et vous développer, au conlrair^^^'
(1) 11 serait à souhaiter, coinmo M. Wallerant a essayé de le faire, à l'Un
versité de Paris, que la MinéraloKÎe donnât lieu à deux certificats. L'un destii
plus spécialement aux physiciens possédant des connaissances suflisantes d
sciences mathématiques nécessaires aux calculs cristallop:raphiques. à la repr*
sen talion gé(»niétrique des cristaux et aussi à l'étude des phénomènes optiqa
(double réfraction, polarisation chromatique et rolaloire) des cristaux, et po
lesquels la xMinéralojîie spécifique serait aussi réduite que possible. L'auti
destiné aux naturalistes, et d'une façon plus générale aux candidats non excl
sivemeut physiciens et à qui, en une année, il est facile d'apprendre à figurer
à noter les faces caraclérisiiques dun cristal, et à se servir utilement d'
microscope polarisant et des i)ropriétés optiques des cristaux, sans leur en fa.
la théorie complète, et pour lesquels les applications de la Âlinéralogie ont i»- '^^
importance considérable. Notre cours sera, bien entendu, fait dans cet esprit —
— 311 —
partie systématique et la partie appliquée de la
iiiéralogie.
C'est sur cette Minéralogie appliquée que je voudrais,
terminant cette longue introduction à mon cours,
peler votre attention, alin de justifier le titre que porte,
âce à M. Gosselet, depuis Tannée 1896, le certificat de
néralogie de l'Université de Lille (0 et aussi la partie
programme de mon enseignement intitulée : « Etude
j minéraux utiles et des principaux minerais ».
l.'enseignement des Universités était autrefois presque
îlusivement destiné aux futurs professeurs, et bien
es étaient ceux qui conquéraient le grade de licencié
sciences en vue d'une application pratique et indus-
îlle. Mais, en même lempjj que le niveau scientifique
i écoles industrielles s'élevait, les savants ont été forcés
quelque sorte de descendre de leur tour d'ivoire non
î pour se mettre mieux à la portée du public, mais
jr mieux lui faire comprendre que leurs études de
nnet et de laboratoire avaient chaque jour des appli-
ions plus nombreuses.
^'Université de Lille s'est depuis longtemps préoccupée
cette situation, et, à côté de l'Institut industriel du
rd de la France, elle a créé un certificat de Mécanique
pliquée, un Institut de Physique industrielle, un cer-
cat de Minéralogie appliquée, et, tout récemment, un
titul de Chimie industrielle.
)ans d'autres Universités, on a créé encore un certificat
Itudes agricoles. Nos voisins ont, à côté des ingénieurs
s Mines, auxquels on enseigne la Minéralogie théorique
appliquée, des ingénieurs géologues forcément miné-
ogistes, et il y a bien longtemps que le chemin de
istitut de (léologie et de Minéralogie de la Faculté des
) Gosselet : Introduction du Cours de Minéralogie appliquée, 20 nov. 1896.
— 312 -
Sciences de Lille est connu des mineurs, des sondeurs
d'une foule d'industriels de la région.
Si, en effet, avec beaucoup de minéralogistes, noiT
rattachons à la Minéralogie des minéraux complexes, 1
plus souvent non cristallisés et à composition chimiqu
plus ou moins variable, comme les résines minérale
(ambre, succin), les pétroles, Tasphalte, l'argile, la tourbe,
les lignites, la houille, l'anthracite, vous comprendrez
facilement l'importance de la Minéralogie appliquée pou
le Nord de la France. Faut il vous rappeler aussi Timpor
tance pour l'Agriculture de l'analyse minéralogiqueduso
et du sous-sol, les célèbres gisements de phosphates d
chaux de différents âges et les sables phosphatés de la
craie, lesgisementsde minerais de zinc, deferdel'Ardenne
et de TArgonne et des régions qui nous avoisinent immé
diatement. Enfin, les besoins minéralogiques du Nord d
la France justifieront aussi amplement le développemen
que je donnerai à la Minéralogie appliquée aux minerai
des différents métaux, depuis les plus précieux, comm
Tor, le platine ou l'argent, les plus rares, comme 1
zirconium, le thorium, l'yllrium, indispensables pou
les manchons de nos becs à incandescence, ou les plur
remarquables par leurs propriétés, comme le radiun
jusqu'aux plus communs, comme le plomb, le zinc, l'étai
le cuivre, le fer ; et n'est-il pas indispensable que vou
connaissiez, à côté de leurs caractères minéralogiqu
vous permettant de les reconnaître facilement, les cond
tions dans lesquelles on les trouve et les pays qui 1
renferment, qui vous renseigneront sur les noms d
usines et sociétés industrielles de notre région (*) et s
un certain nombre de faits de géographie économiqu ^
A côté des minéraux à base métallique qui, depuis Vàfi^^e
du bronze et Tàge du fer, ont fourni à l'homme \^s
(1) Ex.: C* des Asturies, Malfidano, Vieille-Montagne, etc.
— 313 —
métaux dont les usages et les applications se développent
tous les jours, j'aurai aussi à vous parler d'autres miné-
raux dont les usages sont au moins aussi importants. Je
me contenterai aujourd'hui de vous citer le gypse ou
pierre à plâtre, le carbonate de calcium avec ses appli-
cations en optique (niçois), dans les arts (marbres) (*) et
dans la vie courante (calcaires, pierres à chaux et à
ciments) ; la silice à Tétat de cristal de roche, de quartzite,
de silex, de sables ; les nitrates qui, pour la possession de
leurs gisements de l'Amérique du Sud, ont donné lieu à
une guerre, et dont l'importance dans l'industrie chimique
et surtout pour l'agriculture de notre région est si
grande. Enfin, des différents chlorures simples ou doubles
indispensables aux grandes industries chimiques.
Le programme de la Minéralogie ainsi comprise vous
paraîtra, sans doute, encore bien vaste ; pourtant, j'ose
espérer qu'à la fin de l'année, vous n'emporterez de mon
enseignement que le désir de vous perfectionner dans la
belle science qu'est la Minéralogie, et d'approfondir les
questions que le temps limité dont nous disposons ne
m'aura pas permis de vous développer complètement.
Excursion géologique à Tournai
par M. H. Douxami
M. Barrois a eu l'heureuse idée de commencer son
cours de Géologie de l'année 1904-190S, par une confé-
rence pratique en plein air dans la carrière du Cornet, à
Chercq, près Tournai. Grâce aux travaux actuels en vue
d'une reprise de l'exploitation du calcaire carbonifère, le
front Nord de la carrière présente une coupe extrême-
ment fraîche que nos étudiants ont pu étudier dans les
plus grands détails.
(1) Les marbres de l'arrondissement d'ÂTesnes.
— 314 ~
Partis de Lille par le train de 10 h. 45, nous traversons la
grande plaine tertiaire et limoneuse, et débarquons à
Tournai, à 11 h. 32. En nous rendant à la carrière, nous tra-
versons une partie de la ville, presque exclusivement cons-
truite avec les différents calcairescarbonifères exploités aux
environs et le long des quais de TEscaut, M. Barrois attire
notre attention sur l'action de Teau de pluie chargée de
gaz carbonique sur les pierres des parapets : les différentes
couches de calcaire schisteux sont rendues visibles,
grâce à l'altération de la dalle. Nous remarquons aussi
les nombreuses usines à ciment qui utilisent certaines
couches du calcaire carbonifère et dont les produits sont
exportés dans toute la région du Nord jusqu'aux environs
d'Amiens et font une concurrence énorme aux ciments
locaux.
Après avoir traversé l'Escaut et laissé la citadelle à
notre droite, nous gravissons une première colline, à la
côte 40 m., dont le sommet est constitué par le limon
quaternaire (terre à briques), comme nous le montre une
petite exploitation sur la droite, et nous arrivons bientôt à
la butte, côte 38, où est creusée la carrière du Cornet.
Près du plan incliné qui emmène les déblais au fond de
la carrière, nous avons une vue générale du front Nord
de la carrière et des différents terrains qui y affleurent:
de loin, on distingue nettement, grâce à leur couleur, de
haut en bas, sous une couche de déblais anciens assez
épais, le limon quaternaire jaune rougeâtre non stratifié,
les sables argileux verdâtres et jaunâtres en bancs bien
lités horizontaux du Landénien (base de la série tertiaire
dans le nord de la France) ; les marnes blanches du crétacé
supérieur appartenant à la série secondaire, également en
couches stratifiées horizontales et reposant par une surface
très irrégulière de couleur rougeâtre sur les calcaires
bleus noirâtres du carbonifère appartenant à la série
— 315 —
primaire. Nous avons donc sous les yeux, incomplète, il
est yrai, mais fort rare et fort instructive cependant, une
Goupe nous montrant des terrains appartenant aux trois
grandes séries que les géologues ont distinguées dans
l'ensemble des terrains sédimentaires déposés au sein des
eaux douces, marines ou saumâtres et à la surface des
continents.
L'étude détaillée de cette coupe nous a permis ensuite
de faire les observations et les remarques suivantes:
1° Le limon (^) : c'est une sorte de boue argileuse facile
à reconnaître et à distinguer du sable avec lequel on
pourrait le confondre au premier abord ; il est assez
fortement chargé de calcaire et de couleur générale brun
clair; la partie supérieure prend souvent une couleur
plus foncée, tirant sur le rouge, par suite de la suroxy-
dation des matières ferrugineuses qu'il contient au
contact des eaux superficielles très aérées, c'est-à-dire
riches en oxygène. Ce limon ou lœss des géologues repose
en ce point, soit sur le Landénien, soit sur le crétacé, soit
enfin directement sur le calcaire carbonifère. 11 est extrê-
mement développé dans toute la région du Nord ; dans
l'ouest de la France jusqu'en Bretagne; à l'Est, dans
l'Allemagne du Nord, surtout en Asie dans le bassin de
Hoang-Ho où, sous le nom de terre jaune, il acquiert une
épaisseur de plus de 400 m. Partout il présente très sensi-
blement les mêmes caractères et paraît s'être formé grâce
à l'action des eaux de ruissellement combinée avec l'action
des vents qui auraient soulevé et transporté plus ou
moins loin les poussières enlevées dans des régions
desséchées. L'absence de toute stratification confirme
cette notion que le limon est une formation subaérienne.
(1) D'âge /^es&ayen pour les géolojçues belges et probablement du Limon sup.
de M. Ladrière. En certains points, il repose sur des cailloutis stratifiés avec
sables situés à 25 m. au-dessus de la vallée actuelle de l'Escaut (ait. 15 m.)
Moséens (quaternaire inf . des géologues belges) .
— 316 —
Nous n'avons pu observer dans ce limon que quelques
traces charbonneuses dues à des restes de plantes, et des
concrétions calcaires connues sous le nom de poupées du
lœss. Ces poupées sont dues aux eaux chargées de ^az
carbonique qui ont dissous du calcaire, en circulant à
travers les parties supérieures du lœss et l'ont déposé un
peu plus loin autour de certaines portions du limon. Il
existe aussi à l'intérieur du limon des cailloux de silex
noirs: ces silex noirs proviennent surtout de la craie
blanche si développée dans le sous-sol des environs de
Lille; elle manque ici, détruite qu'elle a été par l'érosion.
A la base du limon, il existe un petit lit de cailloux
indiquant la base des terrains quaternaires ; en ce point,
ce petit lit a une dizaine de centimètres d'épaisseur et est
surtout constitué par des débris de tuiïeau landénien.
Si, à la carrière du Cornet, nous n'avoos rencontré dans
le quaternaire, aucun reste organisé, aucun fossile, dans
d'autres localités, le limon a fourni des ossements de
Mammouth, de Rhinocéros, de Renne, des ossements
humains et des débris de l'activité humaine, sous forme
de silex taillés: ces fossiles ainsi qu'un certain nombre
d'autres sont caractéristiques de l'ère quaternaire.
L'homme n'est donc apparu sur la terre que très tard,
puisque ses débris ou les restes de son industrie
n'existent que dans les derniers terrains formés dans ceux
qui recouvrent tous les autres dont nous pourrons cons-
tater l'existence.
2o Les terrains tertiaires ne sont représentés ici que par
leur terme inférieur : le Landénien ; les autres manquent,
ou bien parce qu'ils ne se sont pas déposés par suite de
l'émersion de la région au moment de leur formation, ou
bien parce qu'ils ont été détruits par les agents atmo-
sphériques. Dans ce dernier cas, ils ne forment pl^^^
aujourd'hui, comme nous aurons l'occasion de leconstatc^
— 317 —
ms d'autres excursions, que des lambeaux isolés, sous
rme de buttes plus ou moins élevées : le Mont de la
rinité, que nous avons pu voir à gauche de la ligne du
leniin de fer, en venant à Tournai, est un exemple d'un
5 ces lambeaux où nous pourrions constater Texistence
assises supérieures au Landénien que nous avons sous
s yeux.
Ce Laadénien, épais ici de 4 mètres environ, est cons-
Lué, à la partie supérieure, par un sable argileux de
►uleur générale verdfitre : en Texamiiiant de plus près,
>Q constate que cette teinte est due à Texistence d'un
inéral spécial : la glauconie. La glauconie est un hydro-
licate de fer et dépotasse, presque toujours aluminifère,
)us forme de c:rains verts; ce minéral est extrêmement
^pandu dans toutes les formations tertiaires du N. de la
rance, ainsi qu'à certains niveaux de la craie, il indique
resque toujours des formations peu profondes s'efïec-
aant au voisinage des rivages. Ce sable est fréquemment
gglutiné par un ciment calcaire et constitue alors un grès ;
e grès très tendre est connu sous le nom de tuffeau ;
'est le tufîeau de Chercq des géologues belges, qui
appelle beaucoup le tuffeau de La Fère de môme âge du
épartement de l'Aisne. A la base du Landénien, nous
onstatons que les sables deviennent plus argileux et se
ransforment même en une véritable marne de couleur
rise facile à distinguer, d'ailleurs, de la marne crétacée
ui se trouve au-dessous et dont elle est séparée en un
rand nombre de points par un lit de cailloux verdis,
-orsque ce lit de cailloux existe, ce qui n'est pas le cas
ans la coupe que nous avons sous les yeux, les cailloux
oulés que l'on rencontre proviennent des couches
rétacées et primaires sous-jacentes dénudées ; quelques-
ins sont perforés : ils ont été creusés par des mollusques
malogues aux Pholades des bords de nos côtes dont les
— 318 —
coquilles ou les empreintes sont quelquefois bien conser-
vées dans ces perforations. Nous avons constaté dans les
sables supérieurs Texistence de petites lentilles caillou-
teuses constituées surtout par des silex noirs provenant
de la craie blanche. A la limite de Targile et du sable, il
existe un niveau caillouteux très net, nous indiquant un
changement de régime dans la vitesse des courants où se
formaient ces dépôts : les eaux très calmes qui déposaient
l'argile inférieure sont remplacées par des eaux plus
agitées où vont se déposer les sables supérieurs.
Enfin, rétude attentive de ces sables nous y a montré
l'existence de coquilles plus ou moins bien conservées : la
présence de débris organisés, de fossiles, est, en efiet, l'un
des caractères principaux des roches stratifiées sédi-
mentaires. Letuifeau de Chercq est assez riche en fossiles,
et nous avons pu recueillir :
des Huîtres, Ostrea eversa d'Orb.
des Limes, Lima Tornacensis E. Vinc.
des Lucines.
des Cyprimes.
des Pholadomyes, Pholadomya Konïncki Nyst.
et parmi les Gastéropodes:
des débris de Fuseau,
de Turritelles.
une grosse Terebratnle très commune,
Terehratula Ortliehi Bayan .
Toutes ces coquilles appartiennent à des formes
marines ; il faut donc en conclure que le Landénien
s'est déposé dans la mer : c'est une formation marine.
3° Les terrains secondaires. — Sous le Landénien, existe,
aux environs de Lille, [une épaisseur considérable de
craie blanche avec lits de silex noirs. Ces couches
manquent ici, et nous avons sous' les yeux un étage plus
inférieur du terrain crétacé appelé, par les géologues,
— 319 —
Turmien, à cause de son grand développement en
Touraine. II comprend, dans la carrière que nous étu-
dions, les termes suivants :
1° Sous le Landénien, 3 m. environ de marnes blanches
légèrement bleuâtres, grasses et très tenaces, comme
nous le constatons facilement. Ces marnes sont exploitées
incertains points comme terres à poterie et sont souvent
désignées, dans la région du Nord, sous le nom de
starlettes de potiers et de potasses. Les fossiles n'y sont pas
IJ^ès abondants; mais cependant nous pouvons constater
facilement qu'ils sont tout différents de ceux du ï^ndé-
^'en, et nous y trouvons en particulier :
Ostrca lateraliSy
Rhynchonella Cucicri^
Terehratulina gracilis (i).
^6 dernier fossile, en particulier, est important, car c'est
^^ fossile caractéristique d'une assise du Turonien: on le
'^^trouve à ce niveau non seulement dans tout le Nord de
^^ France, mais dans un grand nombre d'autres régions
^^étacées ; il n'existe plus dans les couches supérieures, et
** est extrêmement rare dans les couches inférieures.
2® Au-dessous de cette zone à T, gracilis, il existe deux
*^^ncs de marnes beaucoup plus dures. A la surface du
l^remier banc, nous trouvons de très nombreux frag-
ments de tubes calcaires : ce sont les débris du tube
Calcaire d'un ver marin, d'une annélide voisine des
^erpules actuelles dont les tubes calcaires sont si
fréquents sur les bords de nos côtes, et qui a reçu le
tXom de :
Serpula amphisbœna.
ïllle est assez caractéristique au Blanc-Nez d'une zone du
Turonien, connue sous le nom de zone à Inoceramus
labiatus.
(1) J'ai recueilli un débris de charnière d'Inocerame probablement Inoceramus
Brongniarti. On cite aussi de ce niveau Ammonites {Pachydiscus) peramplus.
- 320 -
Dans ce banc supérieur, les fossiles sont très rares, et
nous n'y avons guère trouvé que :
Rhf/nchonella Cuviet-i, qui a une extension verticale
assez grande.
des Huîtres de petite taille et très délicates.
3® Le banc dur inférieur est constitué par une marne
blanc grisâtre renfermant de nombreux galets de calcaire,
de silex noirs ou phtanites provenant du carbonifère où
nous constatons facilement leur existence, des nodules de
phosphates de chaux qui, abondants à la base, dimi-
nuent peu à peu de nombre et de volume de bas en haut.
Quelques-uns de ces nodules phosphatés sont considérés
comme les excréments d'animaux marins, de poissons, et
ont reçu le nom de coprolithes.
Cette assise, désignée quelquefois sous le nom de
couche phosphatée à coprolithes, ne nous a fourni que
quelques rares fossiles, des dents de poissons :
PUlchodus tnaniillans, Oxyrhina Mantelli.
Scapanorhtjnchus (Odontaspis)
de la grande famille des Raies et des Squales,
des baguettes d'oursins :
Cidaris
et, à la base, un beau débris de Sphérulite. Ces curieux
Lamellibranches, du groupe des Rudistes, caractérisés
par la forme conique d'une de leur valves à test très
épais et orné de côtes leur donnant un aspect rugueux,
tandis que l'autre valve très petite fermait comme un
opercule la grande valve, sont des formes de mers chaudes
caractérisant le crétacé supérieur de la Charente et des
régions méridionales. L'échantillon recueilli montre donc
qu'elles pouvaient vivre aussi dans le Nord de la France ;
mais les coquilles sont isolées et ne forment pas des
bancs calcaires comme dans les régions méditerranées (^).
(1) Cette assise doit correspondre à la Z. à Belemnites {Actinocamax plenus
des auteurs; elle a été étudiée autrefois en détail par M. Cayeux. Ann. S«c.
Géol. du Nord, XVI. 1S88-1889, p. 142, et Munier-Chalmas, C. R. Somm. Soc-
Géol. France, 5 avril 1888.
— 321 —
Puis, en outre :
des Terebratules, T, Semiglolosa.
T. Nermensis.
T. Bouhel
T, strinta.
et Rhyrichonella Cuoieri (1).
Spondi/ltis spinosns.
Cette assise ne repose pas directement sur le calcaire
carbonifère ; elle en est séparée par une nouvelle formation
connue sous le nom de Tourtia. Le Tourtia, qui représente
les premiers sédiments que la mer crétacée à laissés
aux environs de Tournai, est une roche jaune rougeâtre,
verdâtre, constituée par des cailloux roulés, des galets
de quartz, de phtaniles, de calcaire réunis et cimentés par
un ciment calcaire et glauconieux avec nodules de phos-
phates de chaux et coprolithes ; c'est ce que Ton appelle
en géologie un conglomérat. Il ne constitue pas, comme
les couches tertiaires et secondaires que nous venons
d'étudier, une couche régulière et horizontale, et nous
constatons facilement qu'il repose sur le calcaire carbo-
nifère dont la surface très irrégulière est creusée de
poches que le Tourtia remplit.
Après le dépôt du calcaire carbonifère, la région qui
nous occupe a été soulevée et a constitué un continent
avec TArdenne et le Hainaut; la surface de ce continent a
pu porter des forêts et a été soumise aux agents atmos-
phériques. Il a donc pu se former à sa surface des dépôts
continentaux ou fluviatiles, c'est-à dire des sols végétaux,
des dépôts sableux ou argileux. Bien que ces dépôts aient
pu s'effectuer pendant la très longue période qui sépare
dans les temps géologiques la formation du calcaire
(1) Nous n'avons pas trouvé les fossiles caractéristiques de cette zone dans le
point étudié; le banc dur, comme d'ailleurs le Tourtia sous-jaccnt, étaient très
peu fossilifères. Rappelons que les fossiles les plus caractéristiques qui ont été
cités de cette couche sont avec Aclinocamax plenus ; Ammonites {Pachydiscus)
peramplus; Echinoconus subrotundus.
— 322 —
carbonifère du retour de la mer crétacée, ils sont extrê-
mement rares et difficiles à observer : la plupart, en effet,
ont été enlevés par Térosion lors du retour de la mer.
Nous avons eu cependant la bonne fortune, sur le côté
Sud de la carrière du Cornet, d'étudier justement dans
une poche du calcaire carbonifère, sous le Tourtia,
des sables blancs avec lits cliarbonneux indiquant
un ancien sol végétal de ces dépôts dont l'âge est fort
variable. Les géologues leur ont donné le nom d'Aachenien
ou de Bernissartien. A Bernissart, des poches analogues à
celle que nous avons vue ont fourni des reptiles gigan
tesques, les Iguanodons^ qui sont Tun des ornements du
Musée d'Histoire Naturelle de Bruxelles. Puis, lorsque la
mer est revenue, elle a détruit, en grande partie, ces
formations aachéniennes et a déposé le Tourtia qui cons-
titue un véritable cordon littoral de la mer crétacée, et
nous indique, par conséquent, le voisinage immédiat do.
rivage.
Ce Tourtia, comme l'appellent les mineurs du Bassi
franco-belge, a été rencontré dans presque tous les puil
de mines des Flandres. Mais comme la mer n*a pas envah
la région du Nord à la même époque, il en résulte que c
Tourtia n'a pas partout le même âge : c'est ce que
M. Barrois a établi par l'étude des fossiles qu'il renferme,
il y a déjà de longues années. Il correspond cependant,
en général, à une grande invasion marine de l'époque qui
précède inrmédiatement l'époque turonienne ou époque
ccnomanienne (Cenomanes: Le Mans).
Les fossiles du Tourtia sont, en général, admirablement
conservés : nous avons trouvé ([uelques Rhynchonelles et
Tërébratules complètement dégagés et montrant le sque-
lette si caractéristique qui soutenait les appareils
brachiaux de ces Brachiopodes.
Dans le point que nous avons étudié, le Tourtia nous a
- 323 —
paru se rattacher à ]a couche marneuse supérieure à
laquelle il passe insensiblement, et dont il ne serait, par
conséquent, que le poudingue de base.
4** les terrains primaires. — Dans la région du Nord,
l'ensemble des terrains primaires atteint 15 à 16.000 m.
d'épaisseur: les quelques mètres de calcaire carbonifère
que nous pouvons étudier n'en constituent donc qu'une
bien faible partie. Les terrains inférieurs au calcaire
carbonifère qui affleurent dans l'Ardenne sont restés ici
en profondeur, et les terrains supérieurs au calcaire
carbonifère, en particulier le terrain houiller, manquent
ici.
Le calcaire carbonifère exploité à la carrière du Cornet
est en bancs bien lités presque horizontaux. A l'Ouest, ces
bancs s'enfoncent légèrement, et on les a retrouvés au Sud
de Lille à Haubourdin, entre 37 et 72 mètres de pro-
fondeur. C'est un cale compact noir renfermant des silex
noirs très caractéristiques connus sous le nom de
phtanites ; ces calcaires renferment comme fossiles surtout
des Brachiopodes qui caractérisent sur toute la terre
l'étage carbonifère. Nous avons pu recueillir :
Productus semireticulatus^
Spirifer Tornacensis, Sp. striatiis,
très abondants dans certains bancs.
Autour des poches remplies par le Tourtia et sous le
Tourtia, d'une façon générale, le calcaire carbonifère a été
fortement altéré : sur une épaisseur de 1-2 m., il est
transformé en une sorte d'argile sableuse de couleur brun
noirâtre où certaines portions semblent être restées
beaucoup plus compactes : l'étude détaillée de cette zone
mériterait d'être faite.
(1) Le Tourtia de Dennebreucq est aptien, d'après M. Parent, et les autres
Tourtias : Sassegnies, Assevent, Monlignies-sur-Roc, Tournai, Mons, com-
prennent tout l'ensemble du Cénomanien et la base du Turonien.
— 324 —
A rentrée de la carrière, M. Barrois nous a fait remar-
quer un accident dans la régularité des formations, c'est
une faille locale ayant amené un déplacement de terrains;
de 1 à 2 m. Le calcaire carbonifère vient ainsi buter
contre les bancs de marnes dures du crétacé. Ces accidents
sont extrêmement fréquents dans le Bassin houiller
franco-belge et constituent une des difficultés de Texplei-
tation de la houille. Elles peuvent aussi, lorsqu'elles sont
obliques, amener le cale carbonifère ou les terrains plus
anciens à reposer sur les terrains plus récents, comme un
grand nombre de sondages l'ont montré.
Du front Nord de la carrière, nous avons gagné l'extré.
mité méridionale où, après avoir constaté l'existence de
l'Aachenien entre le Tourtia et le calcaire carbonifère,
M. Barrois a résumé nos observations dans la coupe
générale suivante :
Coupe de la Carrière du Cornet à Chei'q, près Tournai
D. Anciens déblais.
1. Limon quaternaire 2".
2. (a) sables (b) argile Landeniens 4".
3. Marne blanche Turonienne à Terebratulina gracilis 2-3".
4. Banc dur à Serpula amphisbcma.
5. Banc dur à nodules de phosphate de chaux.
6. Tourtia.
7. Sables blancs avec débris Tégétaux (AachénieD, Bernissartien)
8. Calcaire carbonifère .
- 325 -
M. Ch. Barrois annonce que le Prix Gosselet, pour 1904,
vient d'être attribué à M. Ladrière par la Commission
spéciale composée de : MM. Gosselet, président et Hallez,
membres de la Société des Sciences ; Brégi et Blanchard,
membres de la Société géologique du Nord ; Barrois,
rapporteur et Douxami, professeurs à la Faculté des
Sciences.
Il donne lecture du rapport qu'il a lu à la Société des
Sciences à cette occasion.
Prix Gosselet 1904
Happort de M. Ch. liarrois
Messieurs,
Aux termes de notre règlement,^ le Prix Gosselet de
SOO francs, avec médaille de bronze, peut être décerné
tous les deux ans à l'auteur d'un travail concernant la
géologie du Nord de la France ou à ses applications. Ce
travail ne doit pas avoir plus de 5 ans de date.
La Commission mixte, nommée en conformité du règle-
ïï^ent spécial pour décerner ce prix en 1904, a examiné
Successivement tous les travaux parus sur la géologie du
Nord de la France, dans ces 5 dernières années. Elle s'est
plu à reconnaître qu'un grand nombre de mémoires de
^'âleur avaient été publiés dans ces derniers temps, tant
^^ûs le laboratoire de la Faculté dirigé par M. le Pro-
cesseur Gosselet, que dans le bassin houiller du Nord, et
fl^*à l'étranger, par nos confrères de Belgique. L'embarras
^® la Commission eût été grand s'il se fût agi de classer
ces travaux; mais elle ne s'est pas cru appelée à considérer
^Qinrae des pièces de concours, des œuvres disparates, de
tendances diverses et très difficilement comparables entre
-annales de la Société Géologique du Nord, T. xxxiii 22
- 326 -
elles. Elle a même été unanime, afin de repousser toute
apparence de concours, pour retourner à l'auteur, sans
même l'avoir examinée, une œuvre inédite, écrite en vue
du Prix Gosselet.
L'avis de la Commission, suivant en ce point l'opinion Lj-ala
exprimée par le fondateur du prix, a été que le prix li u
devrait être décerné, cette année, à des travaux de géologie p a^
appliquée. Les 37 volumes, annales et mémoires, publiés
par la Société géologique du Nord sous l'impulsion de \i^
M. Gosselet, sont remplis de mémoires de science pure,
et cette publication régionale a dignement contribué ^
faire avancer la science géologique, mais elle a eu a^
moindre souci des applications de la science. L'histoic*
de la terre l'a intéressée plus que l'histoire de Tindustri ^
locale. Et cependant, dans notre région industrielle, •- *
géologue ne peut se désintéresser ni de l'eau, ni d ^^
charbon, au sujet desquels il est tous les jours consult^^
ni de la terre à betteraves, ni de celle qui porte les pra
ries ; il semble que de nos jours, ce ne soit plus a
notaire, à classer nos terres en catégories, d'après 1 ^
tradition et l'usage, mais bien au géologue agronomt^^'
qui peut se baser sur leur composition et leurs qualité ^^
intrinsèques.
Or, il s'est précisément trouvé un géologue du pay^^^'
lauréat déjà de notre société pour ses travaux de géologie ^
sur le Terrain dévonien de la vallée de l'Hogneau, et su -^
les terrains quaternaires du Nord, qui délaissant dan ^^
ces 5 dernières années les recherches de science pur
s'est tourné davantage vers les applications de la géologi
Après avoir donné des cartes agronomiques du canton d ^
Cysoing, et de la commune de Grespin, il a appliqué se ^
connaissances à l'étude du limon de la région de Laon /
il a accompli ainsi à la fois une œuvre utile pour l'cigr*^ -
culture locale et donné un bon exemple aux agronome^^;
— 327 -
endu que son agronomie repose sur les connaissances
'atigraphiques les plus exactes.
M. Ladrière — car vous l'aurez déjà reconnu — s'est
plus attaché à l'étude de la distribution et de la
'culation souterraine des eaux; c'est ainsi qu'on lui
it une étude hydrologique sur le bassin du Wult, et
e autre sur les environs de Jenlain. Ce sont des études
asciencieuses et d'une très grande précision, où sont
idiées avec le même soin la répartition des eaux de
riace, et la disposition profonde des nappes aquifères.
nombreux sondages, entrepris en des points bien
3isis, ont donné des renseignements nets sur la force
îensionnelle de l'eau et sur l'importance de la nappe :
conclusions ont une importance positive pour la
pulation de Valenciennes.
Toutefois, la sollicitude de M. Ladrière s'est aussi
indue aux habitants de Lille ; plusieurs d'entre vous
t dû le remarquer, l'an passé, sur la Grand'Place,
rveillant attentivement le progrès des fouilles qu'on y
érait. Les observations qu'il y releva eurent de l'intérêt
ur l'histoire locale, et elles offrent de l'importance pour
ux qui bâtissent sur le sol lillois. Aussi, la Municipalité
ant voté la construction d'un Lycée de filles et proposé
m me emplacement le terrain occupé par l'école de
itation, l'administration académique décida-t-elle qu'il
rait fait, au préalable, une étude de ce terrain, au point
î vue géologico-hydrologique, par M. Ladrière. Elle
firmait ainsi en quelle estime elle tient ses avis: elle
a pas été déçue, car M. Ladrière lui a fourni une étude
i tous points excellente.
Assurément M. Ladrière a rendu ses connaissances géolo-
ques utiles à ses concitoyens, et notre Commission a
însé être l'interprète de leurs remerciements, en lui
tribuant le prix Gosselet. En arrêtant de nouveau
— 328 —
votre choix sur un savant dont vous avez déjà couronné
les travaux originaux, vous récompenserez cette fois
un effort nouveau, vous montrerez que votre société
apprécie également les applications pratiques de la
science et qu'elle encourage tour à tour, avec la mérae
indépendance, les tendances utilitaires ou les considéra-
tions théoriques de ceux qui pensent et agissent pour le
progrès de la science dans la région du Nord.
Aussi notre commission s'est-elle trouvée unanime
pour décerner le prix Gosselet à M. Ladrière, Instituteur
en retraite à Lille, pour ses travaux de géologie apoliquée
à Tagronomie et à l'hydrologie; elle éprouve une satis-
faction particulière à voir donner pour la première fois le
prix Gosselet, par notre président de cette année, par
M. Gosselet, lui-même, au plus fidèle de ses anciens
élèves, à un géologue qui n'a connu d'autre laboratoire
que celui du maître vénéré de la géologie lilloise.
M. Ladrière commence la lecture de son travail sur le
terrain dévonien des environs de Bavai.
M. Ch. Barrois annonce qu'un modèle au -^r-rrr-du
bassin houiller du Nord et du Pas-de-Calais figurera à
l'exposition de Liège et, qu'après cette exposition, il sera
donné au Laboratoire de Géologie de Lille.
MM. Douxami et Malaquin ont déterminé l'os trouvé
par M. Brégi dans le Diluvium de La Madeleine ; c'est un
tibia appartenant à un Aurochs d'espèce trapue et courte
du pleistocène.
329 —
)DUCTiON Houillère du Pas-de-Calais et du Nord
en 1903 et 1904
( I>éduction faite des Déchets de triage )
1904
1903
•
sa
CHIFFRES
CHIFFRES
en plus
en moins
MPAGNIES
approiimatirs
détiaitirs
—
—
—
•—
TONNES
TONNES
a* 5
ïOxNNES
TONNES
1 1 l
Bassin du Pas-de-Calais
rges . . .
. 1.0r>0.280, 1.062.050
»
11.770
5
mères . .
. 2.265.477
2.225.730
39.747
»
9
9 , • • .
3.034.257
3.228.715
»
194.458
14
iune ....
1.57I.8G3
1.605 9il
»
34.078
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1.471.151
1.530.982
»
59.828
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2.175.738
2.101.322
74.416
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1.392.850
1.361.968
30.882
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6
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162.230
163.662
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1.432
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129.086
112.661
16.425
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1.434.839
1.524.213
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: 206.611
132
) travaux de la mine de Mariy sonl suspendus depuis le 18 janvier 1904
~ 330 —
TABLE DES MATIERES
Terrains Primaires
Age des couches dites (c BurootUnnes » des Bassins de
Dioant et d'Aix-la-Chapelle, par de Dorlodot, 8. — Sur la
présence de la zone à l'hyllograptus dans l'Hérault, par
Ch. Barrois, 75, pi. III. — Age des couches dites « Burno
tiennes » du bassin de TCEsling, par de Dorlodot, 172. —
Découverte de débris de Pterygotus à Liévin, par Ch.
Barrois, 284.
Terrain Houiller
Sur les Spirort)es du terrain houiller de Bruay (Pas-de-
Calais), par Ch. Barrois, 50. — Lettre relative aux Spi
rorbes du bassin houiller de Valenciennes, par R. Zeiller,
62. — Le Spirorbus pusillus du Terrain houiller de Bruay:
La formation des tubes de Spirorbes et leur adaptation en
eau douce à l'époque houillère, par A. Malaquin, 63, pi. lï.
— La Houille en Picardie : Du raccordement des bassins
houillers de l'Angleterre avec ceux de la Westphalie, par
Hermary, 89, pi. V. — Excursion générale et séance extra-
ordinaire à Tournai, 19 juin 1904: Compte-rendu, par
L. Dollé, 424. — Sur le mode de formation de la houille
du Pas-de-Calais : Conférence faite à l'Exposition d'Arras,
le 9 juillet 1904, sous les auspices de la Chambre des
Houillères du Nord et du Pas-de-Calais, par Ch. Barrois,
456. — Promenades géologiques dans l'Avesnois : La
bande carbonifère de Lez-Fontaines, Sars-Poteries, Beu
gnies, par Carpentier, 200. — Excursion géologique à
Tournai, par H. Douxami, 313. — Don d'un modèle au
iTôôô ^" bassin houiller du Nord et du Pas-de Calais,
par Ch. Barrois, 328. — Production houillère du Pas-de-
Calais et du Nord, en 1904, 329.
— 331 -^
Terrain Grétacique
Un sondage à Templeux-la-Fosse (Somme), par G.
ollfus, 3. — Etudes hydrologiques : Les nappes aqui-
ires de la craie au Sud de LlHe, par Gosselet, 133, pi. VI.
-^ Les assises crétaciques et tertiaires dans les fosses et
ondages du Nord de Ja France. Région de Douai, par
'Osselet, 285. — Excursion Géologique à Tournai, par
^ouxami, 313.
Terrains Tertiaires
Remarques sur la composition de l'étage Thanétien
Dférieur dans le Nord de la France, par A. Briquet, 116.
— Les assises crétaciques et tertiaires dans les fosses et
es sondages du Nord de la France. Région de Douai, par
îosselet, 285. — Le Lutétien de TAvesnois, par M. Leriche,
592. — Sur un fossile nouveau (Tortisipho Huftieri) du
^utétien de TAvesnois, figures 1 et 2 dans le texte, par
A. Leriche, 296. — Excursion géologique à Tournai, par
3. Douxami, 313.
Terrain Pleistocène
Coupe du canal de dérivation autour de Douai : Super-
position des vallées actuelles h des vallons de la surface
crayeuse, par Gosselet, 82, pi. IV.
Terrain Holocène
Étude géologique et hydrologique du terrain où doit
être construit le Lycée de jeunes filles de Lille, par
Ladrière, 26, pi. I. — Forêt sous-marine de Wissant,
par Gosselet, 284. — Présentation d'un os d*Aurochs,
oarBrégi, 285.
— 332 —
Hydrographie
Étude géologique et hydrologique du terrain où d ^-^^
être construit le Lycée de jeunes filles de Lille, pr:^^^^
Ladrière, 26, pi. L — Études hydrologiques: Les napç::::::^^^
aquifères de la craie au Sud de Lille, par Gosselet, 1^^33,
pi. VL
Paléontologie
Sur les Spirorbes du Terrain houiller de Bruay (Pa-^^s-
de-Calais), par Ch. Barrois, 50. — Les Spirorbus Pusill— ^ws
du Terrain houiller de Bruay. La formation des tub —es
de Spirorbes et leur adaptation en eau douce à Tépoq^^we
houillère, par A. Malaquin, 63, pi. II. — Sur la présen— ce
de la zone à P hy llograptus ddius l'Hérault, par Ch. Barro^Ss,
75, pi. III. — Découverte de débris de Hterygotus à
Liévin, par Ch. Barrois, 284. — Sur un fossile nouveF=3u
(Tortisipho Huftieri) du Lutétien de TAvesnois, figui — es
1 et 2 dans le texte, par M. Leriche, 296. — DéterminaticizDii
d*un os d'Aurochs par Douxami et Malaquin, 328.
Gôogénle
Le mouvement de nos températures et la précession 4 es
équinoxes, par Péroche, 103.
Minéralogie
Leçon d'ouverture du cours de minéralogie, 15 novembre
1904, par H. Douxami, 299.
Sondages
Un sondage à Templeux-la-Fosse (Somme), par G. F.
Dollfus, 3. — Sondages à Loos, chez MM. Brabant frères,
filateurs de coton, par Pagniez et Brégi, 213. — Forage à
Lonimelet à TAsile des Aliénés, par Pagniez et Brégi, 214.
— Forage i\ Lambersarl, par Pagaiez et Brégi, 214. —
Forage à La Madeleine, par Videlaine, 283.
Excursions
Excursion générale et séance extraordinaire à Tournai,
19 Juin 1904 : Compte-rendu par L. Dollé, 124. — Excursion
géologique à Tournai, par H. Douxami, 313.
Discours
Félicitations à M. Ch. Barrois, par Gosselet, 128, par
Mourlon, 130. — Manifestation en Thonneur de M.
Ch. Barrois, 25 Juin 1904, 215. — Félicitations à M.
Ar(laillon,284. — Rapport sur le Prix Gosselet, décerné à
M. Ladrière, par Ch. Barrois, 325.
Nécrologie
Mort de M. Karl von Zittel, 1 ; — Jannel, 1 ; - Fouqué,
TABLE DES AUTEURS
Ch. Barrois^. — Sur les Spirorbes du Terrain houiller
de Bruay (Pas de-Calais), 50. — Sur la présence de la
zone à Phyllograptus dans l'Hérault, 75, pi. 111. — Sur
le mode de formation delà houille du Pas-de-Calais:
Conférence faite à l'Exposition d'Arras, le 9 juillet
1904, sous les auspices de la Chambre des Houillères
du Nord et du Pas-de Calais. 156. — Découverte de
^ 334 —
débris de Pterygotus à Liévin, 284. — Don d'un modèle
au 10/1000 du bassin houiller du Nord et du Pas-de-
Calais, 323. — Rapport sur le Prix Gosselet, 325.
Brégi. — Présentation d'un os d'Aurochs, 285.
Briquet. — Remarques sur la composition de TEtage
Thanétien inférieur dans le Nord de la France, 116.
A. Garpentier. — Promenades géologiques dans
TAvesnois : La bande carbonifère de Lez-Fontaines,
Sars-Poteries, Beugnies, 200.
DoUé. — Excursion générale et séance extraordinaire
à Tournai, 19 juin 1904: Compte rendu, 124.
G.-F. Dollfus. — Un sondage à Templeux-la-Fosse
(Somme), 3.
Dorlodot (de). — Age des couches dites «Burnotiennes»
des bassins de Dinant et d'Aix-la-Chapelle, 8. — Age des
couches dites « Burnotiennes » du bassin de l'CEsling, 172.
H. Douxami. — Leçon d'ouverture du cours de miné
ralogie, 15 novembre 1904, 299. — Excursion géologique
àTournai,3i3. — Détermination d'un os d'Aurochs, 328.
Gosselet. — Coupe du Canal de Dérivation autour d
Douai. Superposition des vallées à des vallons de l
surface crayeuse, 82, pi. IV. — Etudes hydrologiques::
Les nappes aquifères de la craie au sud de Lille, 133
pi. VL — Forêt sous-marine de Wissant, 284. — Le
assises crétaciques et tertiaires dans les Fosses et le
Sondages du Nord de la France : Région de Douai. 285
Hermary. — La Houille en Picardie : Du raccordemen
des bassins houillers de l'Angleterre avec ceux de 1
Westphalie, 89, pi. V.
Ladrière. — Etude géologique et hydrologique du
terrain où doit être construit le Lycée de Jeunes Filles
de Lille, 26, pi. L — Attribution du Prix Gosselet, 32a.
- 338 —
Leriche. — Le Lutétien de TAvesnois, 292. - Sur un
fossile nouveau (Tortisipho Huftieri) du Lutétien de
TAvesnois, figures I et II dans le texte, 29G.
A. Malaquin. — Le Spirorbis pusillus du Terrain
houiller de Bruay : La formation du tube des Spirorbes
et leur adaptation en eau douce à l'époque houillère,
63, pi. II. — Détermination d'un os d'Aurochs, 328.
PagnieaE et Brég^i. — Sondage à Loos, chez MM.
Brabant frères, filateurs de coton, 213. — Forage à
Lommelet, à FAsile des Aliénés, 214. — Forage à Lam-
bersart, 214.
Péroche. — Le mouvement de nos températures et
la précession des équinoxes, 103.
Videlaine. — Forage à La Madeleine, 283.
H. Zeiller. — Lettre relative aux Spirorbes du bassin
de Valenciennes, 62.
TABLE DES PLANCHES
Frontispice : Portrait de M. Ch. Barrois.
I Liadpîèpe. — Etude géologique et hydrolo-
gique du terrain où doit être construit le
Lycée de Jeunes filles de Lille
Il Ch. Barrois et A. Malaquin. — Le
Spirorbus pusillus du terrain houiller de
Bruay. La formation du tube des Spirorbes
et leur adaptation en eau douce à l'époque
houillère.
III Ch. Barrois. — Sur la présence de la zone
à Phyllograptus dans THérault.
(iosselet. — Coupe du canal de dérivatîw
autour de Douai. Superposition des valléei
actuelles à des vallons de la surface crayeuse,
J. Hermary. — La Houille en Picardie. .
Du raccordement des bassins houillers de '
l'Angleterre avec ceux de la Westphalie. j
. Gosselet. — Études hydrologiques. Lea ]
nappes aquifèreK de la craie au Sud de
Lille.
iQUES DE PUBLICATION DES FASCICULES
*n l. page là 50. — Mai 1904.
II. page 51 à 132. — Juillet 1904.
III. page 133 à 212. — Octobre 1904.
IV. page 213 à 336, — Février 1905.
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