ANTIQUITÉS

NATIONALES.

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ANTIQUITÉS

NATIONALES

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RECUEIL DE MONUMENS

Pour servir à l'Histoire générale et particulière de l'Empire François ,. tels que Tombeaux , Inscriptions , Statues , Vitraux , Fresques , etc. ; tirés des Abbayes , Monastères , Châteaux et autres lieux devenus Domaines Nationaux.

Pak Au b in- Lou I s M I LLI N ^ Conservateur du Muséum des Antiques a la Bibliothèque Nationale , Profes- seur d'Histoire et d' Antiquités , etc. etc. etc.

TOME CINQUIÈME.

A P A R I S,

Clïéz D R o u H I N , Éditeur et Propriétaire dudit Ouvrage rue de Vaugirard , n°. 1348.

DE L'IMPRIMERIE DE TESTU. AN VII.

1

N?L1.

J.inii>xin^ ./;•/.

a ,vu'%'niu'Ue , Stulp.

ANTIQUITÉS

NATIONALES.

h I.

COLLÉGIALE SAINT-NICOLAS A AMIENS. Département de la Somme.

iN I c o L A s éloit lié à Palare en Lycie , d'Anne , sœur de Nicolas Fancien , archevêque de Mjre , et d'Euphémins , homme pieux et chai-itable. Nicolas se préparant de bonne heure à l'abslinence , commença à jeûner dès le berceau. Il tettoit ordinairement plu- sieurs fois le jour , excepté le mercredi et le vendredi qu'il ne tettoit qu'une fois vers le soir , encore n'éloit«ca que de la mamelle droite le lait est moins épais que de la mamelle gauche plus voisino du cœur ( I ). '

Ses parens eurent une vision ; elle leur annonça que leur fils s. ïin soleil qui éclaireroit l'univers. Il les perdit bientôt; mais l'ar vêque de Mjre admirant la piété de son neveu, lui donna la '^^ trise et le fit supérieur d'un monastère , appelé la sacrée Sion. Il mourut peu de tems après. Nicolas quitta alors ses religieux et partit pour la Terre-Sainte. Ce fut pendant ce voj'^age qu'il appaisa une tempête" sur la mer ; il opéra des guérisons , des résurrections , fit des exorcisnaes et des miracles de toute espèce. Nicolas arrive enfin à

( I ) La vie du grand et incomparable évêque de Myre , p. 3.

A

s Saint- Nicolas a Amiens.

ijérusalera, passe quelque tems dans une caverne, et Dieu lui ordonne ensuite de retourner dans son pays»

Revenu dans son monastère , il fit le miracle de la multiplication ^ et il le renouvela tant de fois , qu'on vit bien que ce n'étoit qu'un? simple jeu pour lui. Bientôt après il fut sacré évêque de Myre ^ et il assista en celte qualité au concile de Nicée> De retour dans son église , il prêcha le christianisme et montra le plus grand zèle pour la destruction de l'idolâtrie. Il fit beaucoup de miracles : le plus singulier fut de ressusciter trois jeunes écoliers qu'un hôtelier avoit tués et qu'il gardoit dans un saloir pour vendre leur chair comme de la viande commune. C'est en mémoire de ce miracle^ qli'on le représente toujours avec trois jeunes garçons dans une cuve, et que les écoliers l'ont pris pour patron ; c'est aussi pour les nom- breux miracles qu'il a opérés sur la mer , que les nautonniers l'invo- quent dans leur détresse»

Nicolas mourut d'une fièvre , vers l'an 826; il fut très -regretté. On lui bâtit des églises , et les merveilles qu'il opéra après sa mort surpas- sèreiït encore celles qu'il avoit faites pendant sa vie. Son corps de- meura à Mvre jusqu'en 108,7. Cette ville ayant été ruinée alors par les Turcs , quarante bourgeois le tirèrent de son sépulcre et le por- tèrent à Bari, ils lui élevèrent une églis^magnifîque ( 2 ) ; elle altLre un pèlerinage très-céléln-e.

Saint Nicolas a plusieurs églises en France : la princîpale est celle " Saint-Nicolas-du-Port en Lorraine, dont j'ai déjà eu occasion de' un mot. . collégiale de Saint-Nicolas que je décris , étoit un des plus

uiehs monumens de la ville d'Amiens ; elle fut commencée ( 3 ) ,, •<• i\» le milieu du neuvième siècle, sur les fondemens d'une ancienne'

(2 ) Pendant cette translation le corps de Saint Nicolas distilloit une liqueur balsamique et salutaire, dit l'empereur Emmanuel dans son éloge de Saint Nicolas. Aringhii Roma subterr. T. i , p. 46, §. 14, selon les légendaires-^ les- corps des saints , dans leurs translations , répandent toujours une huile odori^ féranle. Voye^ article chartreux, note 5, à la iin.

( 3 ) Daire , hist. d'Amiens, T. II j p. 196.

s A I >f T - N I c o L A s A Amiens. 3

cliapelle dédiée à Saint Vincent ; Dreux , évêque de Thérouanne ; en est le fondateur. Ce prélat mourut en 1078 ; il fît achever le chœur , conjointement avec l'archidiacre Varnier : ainsi sa construc- tion ne peut pas «tre d'une date plus récente. Il est remarquable que cette époque est précisément celle que Sigebert assigne à la translation qui fut faite des reliques de Saint Nicolas de Myre eu. Ljcie, à Bari dans la Fouille. |

Le portail que j'ai fait dessini-r ( Voyez la Planche Jig. 3 ) .^ moment de sa destruction, a été construit avec la nef, vers 1200; le dix statues qui le décorent en sont la preuve , puisque les deux figures couronnées que l'on voit à droite et à gauche^, sont^- suivant le père Daire , Philippe-Auguste et Ingelburge sa femme.

Ce portail étoit orné de grotesques , qui supportoient dix figures , cinq de chaque côté.

Ces figures sont placées sous des baldaquins , et appuyées sur des petites colonnes dont les chapiteaux ont des feuilles d'acanthe ; elles sont supportées par des figures de singes , d'animaux et de monstres, posées sur des petites colonnes qui leur servent de piédestal.

La première figure, à droite , est celle d'Ingelburge, Nous avons déjà publié une figure de cette princesse ( 4 ). ^

Les figures qui viennent ensuite sont éelles de St. Jean et de dewx autres saints ; la dernière uaîtrée et tenant un enfant dans se'' bras , est celle de St.Nicolas, éyêque de Mjre ( 5 ).

La première figure , en revenant à gauche près de la porte , f

( 4 ) Art. de Saint Jean-en-Lille. Ant nat. T. III , art. XXXIII, pi. V, p. '^9. ;

( 5 ) On représente le plus souvent Saint Nicolas avec trois enfans dans une; cuve. Voyez ci-dessus p. 2. Mais on le peint aussi quelquefois accompagné d'un mfant ou adolescent j en mémoire, sans doute, du miracle attesté par les lé- gendes , qui racontent que ce prélat apparut , après sa mort , chez un prince Sar- razin , et enleva de son palais , au milieu d'im festin , un jeune garçon , fils «nique, que les infidèles avoie^l fait esclave, et le rendit jour pour jour, un an après sa captivité , à ses parens qui célébroient la fête du pentife. De les jeunes garçons l'ont adopté pour le patron de leur confrérie.

Saint Nicolas , invoqué aussi par les nautonniers , à cause des tempêtes qu'il appaise , et des naufragées dont il préserve , est dépeint quelquefois avec les

Aa

4 S A I N T-N I Q O L A s A A M I K N S.

également couronnée. C'est peut-être Philippe I, sous le règne duqnel cet édifice a été commencé , le rouleau qu'il tient dans sa main seroit alors le dij^lôme ou privilège de concession ou de confirmation de l'église.

A côté de cette figure est celle d'un saint ; il relève avec sa main gauche un pan de sa tunique.

La figure qui vient ensuite est armée d'un sabre , et paroît étse celle ae Saint Barthélémy.

L'autre figure est celle d'un vieillard ; il porte la main droite sur la tête d'un enfant et paroît écouter avec attention ce que la figure couronnée , qu'on voit ensuite , semble lui dire.

Si cette figure couronnée est , comme nous le pensons , celle de Philippe-Auguste , époux d'Ingelburge ( 6 ) ; que signifient alors ce vieillard et cet enfant ? c'est ce que je ne puis expliquer. Je me rap- pelle cependant d'avoir vu un grouppe tout-à-fait semblable dans d'autres églises, et dernièrement encore, à Notre - Dame d'Arras ^ dont je publierai bientôt la description.

Le fond du portail représentoit, comme sur plusieurs autres , le mariage et la mort de la Vierge.

. Ce portail était séparé par un jambage qui servoit à une porte à deux battans. Peut-être contenoit-il d'autres figures curieuses. Je n'ai pu faii-e dessiner cet édffice q^ue dans l'état de destruction on \,e voit.

Zfn apperçoit No. 2 les restes de la nef; on peut juger de sa cons-

Cckon par ses ruines.

Cette nef ne fut construite que vers l'an 119^, tems auquel lès .];gligieux de l'abbaye de Saint-Martin-aux- Jumeaux cédèrent aux cha-

atlributs de la marine. L'on ne conçoit pas comment la fantaisie des peintres ne les a pas portés à le caractériser plutôt par un trait intc'ressanf de sa vie et qui n'est ni moins miraculeux, ni moins propre à exercer l'imagination. Enflammé du zèle de marier les filles, il alloit , pendant la nuit, jeter des sacs d'argent dans la maison des pères de famiUe qui n'avl)ient pas de dot à leur donner. Cette dévotion et cette géne'rosilé en valoieat bien un autre. De-là vient le proverbe : Saint Nicolas , qui marie Us filles avec les gas, (6) Aût. nat. T. III, art. XXXIII , pag. 29.

s A I N T - N 1 c o L A s A Amiens. ii

noines, du consentement del'évêque Thibaut, une portion de terre pour i'aggrandir. On y travailloit encore,, en 1207, aux frais du chanoine Milon , vicomte de la maison de Poix. J'en ai fait graver

les restes , Jjg- i .

Les fonts éloienl très-anciens. On y apportoit , dit-on , autréFois pour être baptisés , les enfans de la paroisse de Saint-Martin-au- Bourg , dont les chanoines de Saint-Nicolas éloient curés primitifs , et quelques titres appellent cette église collégiale et paroissialo.

Le maître- autel étoit en marbre; les stales et les grilles qui dé- coroient le chœur, étoient dus aux libéralités de François et d'Adrien yilmain, chanoines de cette église, avant de l'être de cette cathédrale.

Il y avoit autrefois haute et basse sonnerie; mais l'an 1697 les eanonlers ( 7 ) emportèrent les cloches et les vendirent depuis à la paroisse Saint-Jacques-la-Boucherie , à Paris.

L'église étoit desservie par huit chanoines à la collation de l'évêque ; ces prébendes valoient 5oo livres. Dans certains jours de l'année ils siégoient dans les hautes formes du chœur de la cathédrale du côté gauche. Le clergé a été fort nombreux; il consistoit jadis en huit chapelains , dont sept avoîent été fondés par le chanoine Milon ,' vers le treizième siècle, huit vicaires et deux clercs de l'œuvre. Les chapelains étoient chargés de commencer et finir l'office que le» vicaires chantoient d'obligation ; ils fournissoient le pain , le vin ,' le luminaire et tout ce qui étoit nécessaire au service divin j^ils assistoient à l'autel en qualité de diacres et de sous-diacres , qi^ les chanoines officioient et suppléoient pour eux en leur absencei.*Hi avoient leur cloître et leurs maisons près de l'église , du côté de la cathédrale ; et on voit encore les deux portes par ils entroient ^ et qui ont été fermées ensuite.

La huitième chapelle , dite de la Rose , avoit été fondée par Jean de Navre, orfèvre d'Amiens; comme iln'avoit attaché sa fondation à aucune église en particulier, son exécuteur testamentaire la plaça en celle-ci dont il étoit chanoine. Les guerres civiles firent perdre la plupart des biens donnés par le chanoine Milon.

(7) Chaiioiues^

^m^

6 Saint-Nicoi, AS A Amiens.

Les vicaires en titre ont été abrogés depuis , et toutes les chapelles ; à l'exception d'une seule , qui valoit au titulaire l'honoraire de ses messes , furent unies aux canonicals le 29 octobre 17 10. Ce chapitre ayoït pour armes un écu d'azur chargé de trois roues d'or,

lia confrérie de Saint-Nicolas est un établissement très - ancien.' Autrefois Je pèlerin qui revenoit de la ville de Mjre, étoit introduit dans l'église par ceux qui avoient fait le même voyage; on lui mettoit sur la tête une couronne d'argent doré , et pendant une anuée entiers il portoit le nom de roi de la confrérie.

L I I.

CHARTREUSE DE PARIS,

Département de la Seine , Paris,

Les Chartrsux.

J 'a V o I s promis pour cette époque l'histoire de rétablissement des chartreux, dans mon article sur la chartreuse de Gaillon ( i);mals je crois devoir encore la dillërer jusqu'au moment je décrirai le- chef-lieu de l'ordre , appelé la grande Chartreuse.

Il suffit de savoir que cet ordre a été fondé par Saint Bruno ,. qui se retira , en 1 086 ( 2 ) , dans une solitude du Dauphiné , appelée depuis Chartreuse^ il y fut suivi par ses compagnons d'étude et de piété, qui vécurent avec lui dans la plus grande austérité , portant des cilices sur la chair , ne parlant presque jamais que par signes , n'ayant que du pain et de l'eau le merc;redi et le vendredi , des légumes et du riz le mardi et le samedi , du frommage le jeudi , un peu de poisson les dimanches et fêtes. Ils se faisoient tou,s saigner cinq fois et ne se rasoient que six fois dans l'année.

Louis JX, dont le zèle pour la propagation des ordres religieux éloit sans bornes , fut si édifié du récit qu'on lui fît de la vie soli- taire des chartreux , qu'il en voulut avoir près de Paris. Il demanda au général Bernard-de-la-Tour , quelques-uns de ses frères pour les fixer près de lui. Bernard envoya aussi - tôt Jean de Josseran , arec quatre religieux ; le roi les établit à Chantilly , il leur donna la maison qu'il avoit achetée de Pierre le Queux , avec ses dépen- dances.

(i) Ant. nal., t. IV, art. XXXVIII, p. r. ( 2 ) Helioi , t. VII y. p. 373;

9~

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2 ChartreusedePar-is.

Ces religieux demeurère«t un an dans cet endroit ; mais ils dési- rèrent s'établir à Paris , et ils demandèrent l'hôtel Vali^ert on J^au^ vert, maison de plaisance que Robert avoit fait bâtir , et qui étoit , dit-on , abandonnée , parce que les diables , s'en étant emparés , y faisoient un tinlamarre épouvantable. La présence des chartreux les bannit à jamais ; on ajoute que c'est à celte aventure que la rue d'Enfer doit son nom.

D'autres prétendent que cette anecdote est controuvée , et que les religieux voulurent ^''p■ablir à Paris parce que le goût des sciences qui s'y répandoît, feroit refleurir leur ordre; mais Chantilly est trop peu éloigné de la ville pour que cette raison fût valable , et l'institut de Saint-Bruno étoit plus propre à former des solitaires que des savans ; cependant les deux opinions peuvent se concilier ; les char- treux ont allégué, pour s'établir à Paris, le motif de s'instiuire , et pour se faire adjuger l'hôtel Vauvert , ils y ont fait revenir le diable et l'ont chassé depuis l'adjudication (3).

L'acte de cette fondation est daté de Melun, de l'an 1259. On a attaqué l'authenticité de cet acte, mais sans succès (4).

Les chartreux n'eurent pas plutôt pris possession de l'hôtel de yauvert, qu'ils y bâtirent, à la hâte , sept à huit cellules. Ils n'eurent d'abord pour église que l'ancienne chapelle de l'hôtel , qui leur ser- ioit encore dernièrement de réfectoire ; mais bientôt les âmes pieuses les mirent en état , par leurs libéralités , de se loger plus commo- 'lément,

Marguerite d'Issoudun, comtesse d'Eu, légua par son testament de l'an 1260, quinze livres de rente pour l'entretien d'un religieux prêtre. Thibaud , gendre de Saint Louis, fonda aussi la place d'un

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(3) Ceux qui n'adoptent pas l'opinion générale sur rétablissement des char- treux à rUôiel ¥auverl , fondent la leur sur d'anciens litres , dans lesquels la rue d'Enfer est appelée via infmor, rue Basse, par rapport à la rue Saint- Jacques , qu'on appeloit via supcrior. C'est par corruption , disent-ils , qu'elle a pris le nom de rue d'Enfer G enna'in Brice, tom. III j p. l65,

(4) Hurldud, tom. II, p. 281.

autre

Chartreuse de Paris." 3

autre religieux , avant de partir pour la croisade. Il n'y avoit encore alors que dix chartreux à Vauvert , lorsque Jeanne de Châtillon , femme de Pierre de France , comte d'Alençon , troisième fils de Saint- Louis , fonda quatorze cellules pour autant de religieux. Par ses lettres Jeanne suppose qu'il y avoit déjà seize cellules , et que sa fon- dation complétera le nombre de trente religieux que Saint Louis avoit , dit-on, résolu d'y mettre. Pour l'entretien de ces quatorze cellules, elle légua deux cent vingt livres tournois de rente. Les six autres cellules furent bientôt remplies par les libéralités de divers seigneurs. Pierre de Navarre , fils de Charles II, Roi de Navarre , donna cinq mille livres à ce monastère pour l'entretien de quatre fiiartreux. Cette somme fut employée à l'acquisition de la terre deVille-neuve-le- Roi, que les chartreux de Vauvert achetèrent de ceux de la grande chartreuse.

Jeanne d'Evrevix , troisième femme de "Charles-le-Bel , fit bâtir l'infirmerie avec six cellules accopipagnées de jardins et d'une chapelle qu'elle fournit de tous les meubles et ornemens nécessaires. L'in- firmerie fut achevée en 1841 , et Jeanne consacra sa terre d'Yere» son entretien.

On entroit dans ce couvent par une porte située sur la rue d'Enfer ; elle consistoit en une grande arcade avec un fronton surmonté d'une croix , et accompagné de deux guichets.

Une longue avenue plantée d'arbres, formant deux allées couverte?, çonduisoit à la grande porte de ce monastère ; elle étoit ornée d'y.ne sculpture représentant la salutation angéhque , et sur la J5orte du milieu , d'une niche en coquille, accompagnée de deux pilastres le chiffre de Jésus et les mots af^e Maria étoient figurés au-dessus avec des coquilles.

Au-dessous de cette niche étoit un mai'bre noir , sur lequel on lisoit l'époque de l'entrée triomphale de Louis XIII, lorsqu'il revint de son expédition contre la Rochelle. Dans ce tems le terrain des chartreux finissoit à la première^porte gothique, au-delà de la chapelle des femmes; mais comme îl s'étendoit du côté du Luxembourg, et que Marie de Médicis en avoit enclavé luie partie dans le jardin de son palais , .elle leur donna en place tout le terrain qui s'étendoit depuis cette

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4 Chartreuse de Paris.

porte jusqu'à celle de la rue d'Enfer; et comme Louis XIII passa par cette rue en revenant de la Rochelle , ces moines voulant lui te'moi- gner leur reconnaissance , érigèrent à la place oii on bâtit cette entrée, unarc-de-lriomphe, chargé d'inscriptions dictées par le fanatisme et l'adulation , on le compliraentoit d'avoir exterminé les hérétiques, JiOrsqu'on y fit construire ce bâtiment on y enclava ce marbre ; voici l'inscription.

D. O. M. S A c il u M.

Çuo die Ludot^icus , rex christianissimus , successor Sancti Ludoi'ici, hujusce chartusiœfundatoris, quantum pielate, quantum justitiâ régnât ; hœresi Rupellâ féliciter recuperatâ , Lutetiam triumphator intravit anno sal. MDCXXXIII.

L'autre face de ce pavillon donnoit sur une grande cour; elle éloiit décorée de trois arcades avec des pilastres d'ordre toscan. Au milieu éioit un ecce homo gothique que l'on avoit placé après coup. La) loge du portier étoit à gauche y et en face on vojoit un grand Christ goihique , au-dessous duquel on lisoit : Otium cum dignitate.

On trouvoit ensuite une grande cour avec de vastes bâtiraens sur , la droite , et sur la gauche une chapelle que l'on appelloit la chapelle' des femmes ; l'église intérieure leur étoit fermée, , Cette chapelle avoit été en partie bâtie des deniers de Robert de' HeiseGque, frère dans cette maison, et des biens de Jacques Ju vénal cîeâ Urslns , patriarche d'^Antioche , et évêque de Poitiers, mort en; 1458 ; elle fut consacrée sous le nom de la Vierge et de Saint- Biaise , le* 1*4 mai 1460; elle avoit été reconstruite en partie depuis, ainsi que l'indiquoit son architectui-e.

L'autel étoit orné de menuiserie, de trophées d'église sculptés en bois , et d'un tableau représentant l'adoration des mages. Dans le bas de cette chapelle il y avoit deux autres petits autels placés du même sens; un de leurs tableaux représentoit Saint-Jean-Baptiste dans le désert , et l'autre Saint-Jérôme ; ces trois tableaux sont fort médiocres.. On vojoit encore en face de la porte d'entrée , deux tableaux assez anciens; l'un représente une procession dans laquelle Saint-Hugues,.

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Chartreuse de Parts." 5

chartreux et évêque de Lincoln en Angleterre est accompagné de son cygne ( 5 ) et de son clergé; et l'autre, le transport de ce Saint en terre. On y voit le roi d'Angleterre , un évêque et une grande quantité

( 5 ) Hugues étoit fils d'un genlilliomme de Bourgogne , qui avait acquis de la réputalion à la guerre ; son père l'offrit à l'âge de neuf ans à un mon-islèrê de chanoines réguliers ; l'abbé du lieu le mit sous la conduite d'un vieillard qui lui inspira le goût de la vie monastique ; le jeune Hugues fit de grands pro<;rès dans tout ce qu'on lui apprit, et fut fait diacre à dix-neuf an?. Bientôt il fut chargé du soiu d'une paroisse. Ayant élé , avec son prieur , visiter la grande chartreuse, il fut si édifié de ce qu'il y vit, qu'il voulut y rester ; cependant il céda pour le moment aux instances de ses compagnons et du prieur ; mais quel- que tems après il contenta son désir; il partit secrélement de son couvent et alli à la grande chartreuse , il fut reçu au nomlre des pères. 11 lui étoit biea venu quelques scrupules sur son manque de foi j^nais il s'en crut délivré, p^-rca qu'on lui avoit extorqué sa promesse à force de solhcitations.

On raconte que ce nouveau genre de vie lui coûta beaucoup d'abord , et qu'd eut terriblement à combattre por.r conserver sa chasteté : on a dit aussi , pour monircr sa docilité, que ce religieux ayant désiré la prêtrise, et l'aj'aut témoignée son mentor , celui-ci lui eu fit de vives réprimandes. Hugues, pénéiri <le repentir , se jeta à ses pieds, fondant en larmes et demanda p;irdon ; ce qui,, toucha tellement le vieillard , qu'il l'ordonna. La ferveur de ce moine s'en accrut ; et sa réputation s'étendit si loin , que le roi d'Angleftrre , Henri II, le d.fiiandaf, à son couvent pour le charger de la conduite d'une nouvelle fondation du même"' ordre.

Le nouveau prieur travailla avec un tel succès, qu'il la rendit florissante eri peu de tems, et qu'il sut gagner le cœur des habitans. Cette conduite lui attir-i l'estime du roi et des grands du royaume. I^ clergé et le peuple de l'êvêcl ; <le Lincolu ayant demandé au roi de remplir le siège de leur église , Vacavit depuis long - tems ; il jeta les yeux sur Hugues qui refusa d'abord , suivant l'usage, mais qui accepta ensuite , vaincu, comme on le croit, par lessollici-» tations du roi et du métropolitain.

Que fit le nouvel évêque ; une des preiHlère chose fut d'excommunier le grand- maître des forêts du roi , parce qu'il avoit exercé ses droits sur le territoire de •i'évêché , au préjudice des immunités ecclésiastiques. Le roi irrité , se plaignit Je son ingratitude ; mais il s'excusa par un sophisme adroit , et le foible Henri II, destiné à être trompé et tourmenté par les pi'êtres, non-seulement pardonna à Hugues mais encore exigea que le grand-maître se sournît à la pénitence puilique que Tévêque de Lincoln voulut lui prescrire j elle fut assez douce;

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6 ChartreusedePauis.

de prêtres et de moines; ce Roi , par un anachronisme assez commun, porte une couronne fermée.

mais Hugues eut l'avantage d'imposer par cette douceur , et celui plus grand encore de ne pas être obligé de plier.

Le maître des forêts voyant que le roi avoit eu la foiblesse de l'abandonner lorsqu'il prenoit ses intérêts, se lia d'amitié avec l'évêque, et défendit ses droits, aux dépens même de ceux du toi.

Hugues éloit fort charitable ; il avoit som des malades o.t il baisoit même les lépreux qu'il renconiroit. On cite à ce sujet une anecdote. Guillaume, chancelier de Lincoln , lui dit : « Saint-Martin guérit un lépreux en le baisant , nous ne » voyons pas que vous guérissiez ceux que vous baisez ». Hugues lui répartit : « Le baiser de Saint-Martin guérit la cliair des lépreux ; mais le baiser des lépreux ji guérit mon ame ».

Henri étant mort , Hugues eut de nouvelles altercations avec Richard H , qui avoit succédé à son père ; celui-ci y mit d'abord de la fermeté , mais il fut aussi obligé de céder à l'opiniâtreté du prélat.

Quoiqu'il eût soUicilé plusieurs fois du pape sa démission , ne pouvant sup- jx)rler fardeau de l'épiscopat, il ne laissa pas cependant de se mêler ds plusieurs affaires séculières ; il fui chargé de négocier la paix entre la France et i'/ïîi 'de terre, peu de tems après que Jean-sans-terre eut succédé à Richard JJ^ Hugues tomba malade à Londres au mois de septembre 1200 , et mourut le ïj ♦lovembre suivant, à soixante ans, après quinze ans d'épiscopat j son corps fut porté à Lincoln, ainsi qu'il l'avoit demandé. On ne vit jamais uu convoi plus pompeux en Angleterre; le peuple y accourut de toutes i^arts ; les rois d'An- gleterre et d'Ecosse y assistèrent et aidèrent les barons à le porter sur leurs épavHes dans les rues jusqu'à la cathédrale 5 les prélats le reçurent de leurs mains et. le 'df^posèrent dans le chœur,, il fut enterré le vendredi 24du même mois» On ppéleud qu'il a été canonisé par Honorius HI, souverain pontife depuis I2t6 jusqu'en 1227. D'autres attribuent^ sa canonisation à Nicolas UI , ou à Honopius IV, près- de quaire-vingts ans. après sa mort. Quoi qu'il en soit , fut après sa canonisation que se fit la translation de son corps , qui fut trouvé entier-, dit-otT avec ses habits de religieux , dislillant une espèce d'huile dont son cer.- cueil étoit tout imbibé. Elle se fit par Olivier, évêque de Lincoln, en présence du roi et de la reine d'Angleterre, du roi de Navarre ,. de deux archevêques- ,. de plusieurs évêques et d'un grand nombre d'illuslres personnages. Le corps fut mis dans une châsse d'urgent , enrichie d'or et de pierreries , que l'on enferma dans un superbe monument de marbre , fort élevé ; et la têle fut mise dans un rehquaire à part, placé près l'autel Saint Jean-Baptiste. Tous les ans on renoa- vella cette cérémonie par une fêle solemnelle..

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Chartreuse de Taris. 7

On voyoit dans celle chapelle la tombe de Laurent Eouchel , ce- lèJH-e avocat au parlement de Paris , à Crépj en Valois , mort en 1629 à 70 anï. On a de lui plusieurs ouvrages remplis d'érudition; tels que les décrets de l'église gallicane ; la bibliothèque du droit francois; la bibliothèque canonique ; la coutume de Senlis , et enfin les curiosités sont contenues les solutions de plusieurs belles ques- tions touchant la création du monde. Ce dernier ouvrage prouve que Bouchel n'auroit se mêler que de jurisprudence.

Cette cour éloit séparée de la seconde par un péristyle moresque ^ composé de cinq arcades, Planche I. Sur celle du milieu ori voyoit les armes de France supportées par deux anges, F/anche II,Jig i , et ornées de la chaîne de l'ordre de Saint-Michel. Au-dessus, sur un piédestal en cul-de-lampe, éîoit une slatue de )a \'ieTS,ë , JUg. 2, et dans une niche placée sur le pilier à droite , jftg- 3, Saint Louis lui présentant cinq chartreux ; ces derniers étoient sur un socle qui coupoit en partie l'arcade, et qui étoit orné de moulures moresques et defieurs- de-lys. Saint Louis étoit vêtu d'un manteau semé de fleurs-de-ljs ; il avolt les pieds nuds , et tenoit dans la main droite le sceptre surmonté, de la. main de justice , et dans la main gauche la bourse contenant l'argent qu'il destinoit à cette pieuse fondation. J'ai fait graver sé])a- l'ément sa tête , J/g: 4 ; elle étoit ornée d'une couronne à fleurons émaillés et à Rosaces, mais sans fleui-s-de-ljs. Cette couronne étoit de cuivre et délicatement ciselée; le visage de ce prince a quelque chose de sévère et même de dur ; ses cheveux étoient courts et plats, comme les portoient les ecclésiastiques. Du même côté , sur l'autre pilier il y avoit un Saint Jean-Baptiste avec son agneau ,Jîg. 5 , de l'autre côté on v^^yoit Saint Antoine avec son coc\ion,Jiff. 6 ; et plus loin, sur l'autffe pilier , Saint Hugues et son cygne ,J%". 7,(6 ). Tous les piliers étoient

( 6 ; L'usage d'atlrihuer aux Saints différens animaux , est commun à la reli- gion chrélicniie et au paganisme; Apollon avoit un pic; Mars un corbeau; Jupiter un aigle ; Venus une colombe et un limaçon-; Cj'bèle des lions ; Diane Mn cerf; Bacchus un tigre; Esculape un serpent; Pan un chevreau; TVeptune «n cheval, etc., etc., Saint Antoine avoit un cochon; Saint Luc un boeuF j Saint Jean-Baptiste un agneau; Sainte Marguerite un Dragon; Saint Hugues- cj.gne, Saiût Roch un cliien , stc. , etc.

Il

M

8 Chartiieuse de Paris.

sculptés avec beaucoup de délicatesse", et les figures , sur-tout celle de la Vierge , indiquoient que cet édifice étoit du tems de la renaissance des arts. Le cordon de Saint-Michel placé autour des armoiries de la portej ne laisse pas de cloute qu'il n'éfoil pas antérieur à Louis XI (7). A côté des cinq chartreux on lisoit cette inscription en lettres ^ gothiques :

Hune, rogo, quisquis ades , non admirerls eremum , AVc dicas : hœc sunt tecta superba nimis/

Regia sunt etenim viridis fundamina vallis , ( 8 ). Francorum jecit quœ LoJoïcus honos.

Jlex prinium instiluit Reguin , Rex auxit et auget :

Sert'abitque suani tempu^ in omne domum,

•■ ^

La seconde cour à main droite renfermoit des bâtimens assez beaux ^ servant à loger les hôtes , et à gauche la partie latérale de l'église , et toutes les chapelles bâties après l'église.

En face étoit l'entrée de l'église j et au fond au milieu , celle dn petit cloître.

L'église des chartreux fut commencée avant le départ de Saint Louis

( 7 ) Dulaure , clans sa description des curiosités de Paris , article des chairr l^eux , dit que cette figure est celle de Louis XI lui-même ; il se fonde sur ce que le collier de Saint-Michel , institué au mois d'août 1469 est figuré sur la porte; cet anacronisme est fréquent aujourd'hui. Jamais les sculpteurs ne manquent de représenter Saint Louis avec le manteau semé de fleurs-de-ljs , la main de justice et le collier de Saint-Michel; cependant il n'auFoit pas été ^donnablq; au tems de Louis XI, mais il n'a pas-été commis sans dessein. La figure du roi me convainc bien plus que tout le reste , que cette statue représente le roi Louis XI. La tête , fi^. 7 , ressemble parfaitement à celles que j'ai vues roi Louis XI sur ses statues et ses portraits. Je n'en suis pas moins persuadé que le roi qui présente les cinq chartreux à la Vierge , en lui mon;rant la bourse renfermant l'or destiné à leur fondation , est Saint Louis ; mais l'.artiste , par un rafinement de flatterie, a donné à ce roi la figure et le costume de Louis XI, ce prince dont j'ai eu plus d'une occasion de rappeler la perlidie , la mécliaij- ceté et l'imbécille superstition. Ce monument est curieux pour l'histoire.

( 8 ) Vauvert s'appeloit ^insi , à causes des prairies , yirides vallei , dont il /étoit environné.

Chartreuse CE Paris. g

pour la Palestine, par Eudes de Montreuil. La nouvelle de la mort du Roi fit interrompre cet édifice : les fonds n'étoientpas assez considé- rables les ouvriers éloient fort rares , et l'on construisoit plusieurs grands bâlîmens , tels que les Cordeliers, les Quinze - Vingts , le Palais , etc. Les i-eligieux firent ouvrir près de leurs murs deux car- rières qui furent fort utiles pour leurs bâtimens.

Les chartreux, aidés des libéralités de plusieurs personnes, reprirent leur bâtisse : on posa en 1276 la première pierre , et le Pape Clément IV ayant accordé de grandes indulgences aux fidèles qui partici- peroisnt à celte œuvre , plusieurs personnes illustres et riches y contri- buèrent.

Cependant la bâtisse de l'église n'avança pas beaucoup jusqu'en i3io , que Jean Céresée , ou Cei-ées , trésorier de l'église de Lisieux , et clerc du Roi Philippe V , surnommé le long , fut seul exécuteur du testament d'André Porcheron , son oncle , lequel lui avoit laissé une forte somme pour l'employer en aumônes et œuvres pieuses à soiï choix ; ce qu'il avoit négligé. On prétend qu'il eut une vision pendant laquelle il lui sembloit voir un ange qui lui reprochoit sa négligence ,. et lui montroit une égUse à moitié faite; que Cérées ,en peine de savoir' ce que cela pouvoit signifier , alla , pour se dissiper, à l'abbaye Saint- Germain y et que sa distraction le mena aux chartreux , il fut fort surpris de.se trouver; qu'il y reconnut l'église qu'il avoit vue dans son rêve , qu'alors il fit venir une grande quantité d'ouvriers ; qu'il n'épar- gna ni peines , ni soins : en sorte que le bâtiment fut achevé en peu de' tems. Pour faire les combles , il eut permission du Roi de prendre du bois dans ses forêts ; mais les chartreux en firent abattre une si grancj^ quantité , que l'on dit au Roi qu'ils gâtoientles forêts; néanmoins le Roi confirma sa permission : enfin comme l'un des maîtres charpentiers, avoit son fils unique religieux ^ le comble de l'église fut terminé en 1824, et dédié à Notre-Dame et à Saint Jean-Baptiste, par Jean d'Au- bigny , évêque de Troyes , le 26 juin i325, ainsi qu'on le voyoit sur un marbre noir posé dans le mur du passage du chœurau petit cloître^ .Voici cette inscription j

Anno Domini iSaS , 6 kalendas juû'i , scillcet infcsto bealonim

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lo Chartreuse de Paris;

marlyrum Joannis et Pauli , fuit dedicata prœsens ecclesla valîîs viridlSy ordinis carthusiensis, et consecrata à reverendo pâtre "Do- mino Joanne , tune episcopo Trecensi , ad honorent heatissimoe semperVirginis, beatique Joannis Baptistœ, et omnium sanclorum, fotiusque curiœ cœlestis. Primo incepta à beato LuDOVico Rege francorum , et consummata à magistro Joanne de Ceresig, quondam tliesaurario ecclesiœ Lexoviensis, Orate pro eo.

Le service divin s'y fit pour la première fois le i5 d'août suivant; Cerées fit encore plusieurs autres dons à cette maison , il termina peu de tems après sa vie , le 20 septembre 1327. Son corps repose au jiiilieu de l'église sous une tombe de pierre , sa figure est gravée ; il y étoit représenté en habit de l'ordre , et on lisoit autour ces vestiges

de son épitaphe prœcipuus cjui defuisset. . , . , ^dijîciorum

Jiujus ecclesice.

Le portail de l'église , Planche III , étoit simple: une grande croisée gothique , di\'isée en deux, avec trois roses, en occupoit la plus grande partie ; une croix terminoit le grand fronton qui le composoit , et en- avant il j avoit un porche ogive , soutenu par six petites colonnes ; le clocher étoit petit, haut et fort pointu; il étoit placé au chevet de l'église, entre le satictuaire et le chœur des pères.

L'intérieur étoit sur un plan simple (on appelé ainsi les églises sans

bas côtés ni croisées ) ; les murs au-dessus des tableaux et oient décorés

d'une architectui'e ionique , peinte à fresque , et au-dessus de la portç

on vovoit une Annonciation peinte de même; on y lisoit ces yerS

. presqu'efîacés.

iliraris varias quihus hœc deîuhra colores Irradiant , nescis numinis esse domum / Debuit œguari cœlis hcec regia , veriim Tàm non est artis quàm pietatis opus. La voûte étoit de bois et richement décorée ; celle des chœurs en euirlandes de fleurs et en arabesques, rehaussées d'or, et celle du sanc- tuaire dorée en plein ; on vojoit des anges qui tenoient les instrumens de la passion , et au bas une balustrade, ayant d'un côté Saint Bruno , et de l'autre Saint Hugues.

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Chartreuse de Paris: h

Le chevet de l'église étoit éclairé par six croisées , entre lesquelles on avoit peint les douze apôtres , et au milieu il y avoit une niche dont le fond étoit doré en plein et semé de fleurs. Elle renfermoitune statue de la Viero^e , sculpture du quatorzième siècle , et qui n'étoit pas sans beauté ; la tête étoit agréable , et les draperies mieux arrangées qu'elles ne le sont dans les figures de 9e siècle.

L'église étoit sans nef et partagée seulement en un sanctuaire et deux chœurs.

On entroit d'abord dans celui des frères , il y avoit à sa jonction avec celui des pères deux autels, l'un dédié à Saint Denis, l'autre â Saint Louis. La menuiserie des deux chœurs étoit fort belle et ornée d'architecture et d'ornemens fort bien sculptés et d'un bon goût ; les pilastres du chœur des frères éloient d'ordre ionique et d'une belle pro- portion ; on lisoit sur une petite lame de cuivre qui étoit adossée à un petit volet vis-à-vis des stales , cette inscription :

La menuiserie du chœur des frères conuers de la chartreuse de Paris, a été commencée le 2.0 fét^rier 1681, etjinie le 10 d'oetohre 1682 , par r ordre et belle économie du vénérable père dom Leom HiNSELiN , prieur de la chartreuse de Paris , et le tout conduit par le frère Henri Fuzillier , convers.

Les pilastres du chœur des pères étoient d'ordre composite et n'étoîenf; pas aussi beaux que ceux des frères ) on lisoit aussi sur une autre lame de cuivre :

Ces chaises son tdes marques de la belle économie du V. P. -D.(?) héon Hinselin; elles ont été faites en Tannée 1680 par lefrt'u Henri Fuziliers.

Le grand autel étoit décoré d'une boiserie du même genre , consistant .en colonnes d'ordre corinthien , avec des vases accompagnant le fron- ton. Le tombeau d'autel étoit aussi fort beau , et le tableau au-dessus éloit un des meilleurs de Philippe Champagne ; il représente Jesus- Christ an milieu des docteurs.

L'église des chartreux étoit ornée de plusieurs grands tableaux des acneilleurs maîtres de l'école francoise

{^&)\VéniTdble Père Don,

12 C H A R T R E U S E D E P A R I S.

Le premier, en allant du grand autel vers la porte de l'église, à gauche , représente ( 9) la résiu-reclion du Lazare, par Bon Boulongne ; le dessin en est pur, jnais le coloris un peu gris , et la composition froide ; c'est un de ses plus beaux ouvrages.

jLe second J'aveugle de Jéricho ; il est d'Antoine Coypel.

Le troisième, l'aveugle de Jéricho, peint par Claude Audran ; ce tableau est gris.

Après étoit la Samaritaine, par Noël Covpel.

Le cinquième tableau , et qui étoit le premier de ceux du chœur des frèaes , est la Cannanéene , par Jean-Baptiste Corneille.

6. La résurrection du Lazare , par le même.

'7. Le tableau qui étoit le premier en allant du grand autel à la porte à droite , est un des plus beaux morceaux de Jouvenet : il représente la guérisou des malades à Génésaretli.

8. Après le tableau de Jouvenet on en voyoit un de Boulongne le jeune , représentant l'Hémoroïsse.

g. Le troisième de ce côté est de Dumont le Romain. Il repré- sente la vocation de Simon-Pierre et d'André son frère.

10. Le Centenier , par Jean-Baptiste Corneille.

1 1 . Le paralytique sur les bords de la piscine , pai- le même ; c'étost le premier de ce côté dans le chœur des frères.

12. Enfin la résurrection de la fille de Jaïre, peinte par Lafosse. La maison des chartreux renfernioit un nombre infini de monu-

'niens funèbres, tant dans l'église que dans les cloîtres et les chapelles; nous les donnerons en déciivant les lieux ils se trouvoient.

A drolle du grand autel on vojoît vin tombeau de marbre élevé de terre , d'environ trois pieds , sous une petite arcade ornée de peinture", sur laquelle étoit l'effigie en pierre , d'un chevalier armé de toutes ■pièces, (^Plajiche ly ,Jig. i ); son armure étoit en pai-tie de mailles de fer , et en partie de fer battu , avec des ornemens dorés. Il avoit une •colte-d'armes blasonée, et sur la tête un casque très-uni.

Celte figure , sculptée au quatorzième siècle , n'étoit pas cependant sans beauté ; l'armure et les ornemens étoient faits avec beaucoup de

f 9 ) Sans doule que ces tableaux auront été conservés.

N.° LU. F/Ji: Pf>r/.ii.

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Chartreuse de P a r i s v "i3

soin, et l'ensemble de la figure éloit beaucoup mieux que les figures de ces lems ne le sont ordinairement ; les mains sur-tout étoient assez belles; on l'avoit dorée et colorée ; il eût été à désirer que cette figure fut conservée, tant pour la connoissance du costume , que pour celle des diverses époques des arts en France ; mais des maçons la bri- sèrent pour en faire des moëlons , quand ils séparèrent l'église de l'intérieur des chartreux , lorsque ces religieux commencèrent à délo- ger. L'épitaplie suivante étoit gravée sur les bords de cette tprttbe :

Ci-gist noble et puissant prince, monsieur AmÈ d|FGenÈve ," ^ui trêspassa l'an de grâce iSôg, Ic^ jour de décembre.

Amé, sm-nommé Amé IV, étoit fils d'Amédée III, comte de Ge- nève (lo), et frère de Robert de Genève, évêque de Terouanne , près de Cambi-av, cardinal, et enfin pape, sous le nom de Clé- ment VII, en i338 , pendant le schisme avec Urbain VI.

Le citoyen Lévrier (ii) et les auteurs de l'art de vérifier les da- tes (12) font mourir Amé de Savoie le 14 janvier i368; cette épita- phe prouve qu'ils se tromjjent ; ce prince mourut à Paris le 3 décem- bre 1869.

Il y avoit autrefois devant le grand autel une tombe plate , de pierre, aux quatre coins de laquelle on voyoit en cuivre les armes de Doj-mans, qui étoient d'azur, on y lisoit cette épitaphe envers latins rimes.-

Dormit hîc I. de Dorma?io (i3),

Christo felix est ohlatus :

Corpus linquens mundo ,

Vano sub marmore tujnulatus.

Tu devoti patris hujus ,

Rex gloriœ, Jesu Christe ,

(10) Et non pas Guillaume III, comme le disent Pignniol et ses copistes.

( II ) Chronologie des comtes de Vieime. Tons. I, p. 286.

(12) Tom. III, p. 608.

( i3 ) Voyez , Ant. nat. , tom. IV, art. XXXIX, p. So, l'épitaplie de la famille des Dormy ; elle présente de même un insipide jeu sur le mot dormire^ dormir, et Je nom propre Dormy.

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?4 Chartreuse pe Paris.

yliiimam suscipe cujus Corpus tegit lapis iste (14).

( 14 > Lorsque les guerriers françois élendirent l'empire de leur langue, celle- ci élendil à son tour celui de la rime car on la regarde avec justice comme une invention des poètes de notre nation. Peut-être en avoient-ils pris l'idée des chansons barbares des peuples septentrionaux. Les Germains, en effet, selon les centuriateurs de Magdebourg, chantoient leurs guerres et Teurs victoires ea rimes , et Charlemagne en fit faire un recueil. Les moines ne se contentèrent pas de rimer en françois , comme Otfrid , déjà cité ; ils imaginèrent de donner à la langue une grâce et une élégance incormues à Virgile et Horace. Toutes les hymnes de l'église y quoique latines , furent rimées ; et pour pouToir en placer dans toutes les parties de l'office, ils insérèrent dans la messe des ■proses , espèce de mètre dur et plein de consonnance. Il paroît qu'il faut placer cette addition dans la neuvième siècle; car Notker, moine de Saint-Gai, le premier écrivain connu qui en fasse mention , dit qu'il en avoit vu une dan» im antiphonier de l'abbaye de Jumiège , brûlée^ pan les Normands en 841, mais il en ignoroit. l'auteur.. On connoît les principales proses adoptées depuis par l'église romaine : le roi Robert composa celle qui commence par ces mois: Sancti Spiritûs adsit nobis gratia ; G ermannus contractus , le veni , sanc'te- Spiritus du jour de la Pentecôte ; Saint Thomas , laudà , Sion , salvaiorem ; le cardinal Frangipani , dit Malàbranca ^ le dies irx , dies iîla, etc.

On ne se contenta pas de faire rimer la fin des vers, on étendit cette lxza>- rerie jusqu'aux hémistiches, et on donna à ces^ vers le nom de Léonins,. à CQUse, disent les anciens écrivains , du pape- Léon II, qui siégeoit en 682, qui en étoit l'auteur. Mais Pasquier attribue avec beaucoup plus de vraisem- blance, cette invention pédantes(jue à. Léonius-, qui', de chanoine de Saint- Benoit de Paris , devint chanoine de Saint-Victor. Il Hit très-estimé du roi Louis-le- Jeune , p t du pape Alexandre III , auquel il dédia dix livres de vers rimes sur le commencement de l'histoire sainte. Bernard de Cluni composa un poëme latin sur le mépris du monde , de plus de trois mille vers, tous hexamètres , tous dactyliques et tous rimes au milieu et à la fin du vers. Son exemple fut suivi par le plus grand nombre de ceux qui firent après lui des vers latins. Les préceptes ridicules et surannés de l'école de Saleme , quoique; beaucoup plus modernes , sont encore de ce genre.

Ut vîtes pœnam de potibus incipe cœnam..

Mensibus errat'ts ad solem ne sedeatis, I

Minière cum bombis^ etc., etc. ........ . '^i

Chartreuse de Paris i5

Autrefois il y avoit sur cette tombe un marbre noii-, posé d'après

loTdre qu'il en avoit donné dans son testament, On y voyoit sa figure

en bas relief de cuivre : il y étoit représenté en habits pontificaux ,

avec son chapeau de cardinal sous les pieds : aux deux côtés du haut

On nous a conservé un ancien disljque léonin , qui sans doute a donné naissance k ce proverbe : le diable étant devenu vieux se fit hermite.

« Damon languebat , monachus tune esse volebat ; » uist ubi convaluh ^ mansit ut antè fuit »,

Muret a employé les vers rimes pour ridiculiser davantage Laurent Gambar ^ aatif de Bresce , dont le Giraldi et Manuce faisoicnt un grand cas.

« Brixia \eslrates quae condunt carmina vates y » Non sunt nostrates tergere digna nates.

C'est peut-être la seule occasion cette poésie puisse être supportable j tlle temhle aiguiser l'épigi'arnme et faciliter le jeu sur le mot.

N'oublions cependant pas que plusieurs écrivains réclamèrent contre la rime léonine , et cherchèrent à ramener leurs contemporains au vrai goût et aux bons principes. Leurs noms, quoiqu'obscurs d'ailleurs , méritent d'être conservés ici; Henri, moine d'Auxerre; Hildebert de Lavardin , évêque du Mans, et depuis archevêque de Tours; Gauthier, Guillaume le Breton et Gauthier de Châtillon. Pétrarque les imita , et c'est lui qui chercha le premier à débarrasser la langue latine de ces fades substitutions, dont les siècles de barbarie l'avoient... surchargée.

Moins heureuse que la poésie latine , la françoise n'a jamais pu sortir des entraves de la rime. Elle paroît destinée à portir éternellement son joug, ainsi que la poé. ie italienne et espagnole. Nos jongleurs , nos troubadours , en amu- sant les Italiens et les Fspagnols avec nos rapsodies rimées , tels que les faits de Charlemagne et de ses pairs , et depuis les croisades des Soudans d'Egypte et de Br'bylone, accoutumèrent leurs oreilles à la rime, et ceux-ci l'adoptèrent lorsqu'ils conposèrent dans leur langue. L'exemple de ces peuples , dont l'ima- gination vive et exaltée en fait des poètes dès le berceau, suflSt pour répondre à ceux qui blâment l'usage de la rime dans notre poésie. Mais on peut détruire- encore plus victorieusement leurs objections en leur faisant observer combierï nous avons , malgré cela , de mauvais vers ; et que seroit-ce de notre poésie si la rime n'existoit pas ? On a cherché dans ce siècle 'renouveler l'exemple' de Baïf , q,ui v£>uloit la bannir entièrement.

ï^ C II A R T n E U s E DE F A Tt I S.'

houï de cette tombe, étolent deux anges tenant chacun un rouleau: Sur l'un on lisoit : In pace Jîat in loco ejus , et sur l'autre : Et habi- iatio ejus in Sion. Sur la bordure de cette sépulture , on lisoit son épitaphe :

Anno millesimo ter C. ter I. septuageno solutus et membris seplimâluce novembrisY.de Dormano, etc.

En i6i I , on ôta ce tombeau du chœur, et le chancelier Boucherat; qui se disoit issii par les femmes de la famille des Dormans , le fit placer devant la chapelle de Sainte Anne. U mit à la place de la tombe l'épitaphe que voici :

Hîc 3 acjlt: illustrisaimus Ecclesiœ Princeps Joannes de DoRMAxo, S. R. E. cardinalis , episcopus Beluacensis (i5)j et Franciœ cdncellarius desighatus aw70 1864, qui munus suum in regias manus deposuit anno iSyi. Fratre ejus , qui hîc etiam adja- cet , in idem munus mox suffecto ; hujus cardinalis effigies de métallo cupreo ante hîc exposita profaciliori dii^ini cultûs et rilûs Carthusiensis , quibus diuturno impedimento fuit celebrationi , translata est antè altare sacelli sanctœ ydnnœ consensu pietate et religione illustrissimi Domini Ludovici Boucherat , comitis de Compant - la - ville , regioimm ordinum commendatoris , et Franciœ cancellarii nobili familiœ de Dormano ajfinis , qui sump- tibus suis hoc monumento par entauit anno Domini 1691.

Jean de Dormans étoit fils d'un procureur de la ville de Dormans , qui avoit pris le nom de son paye (16). Il fut évêque de Beauvais, cardinal et chancelier de France sous Charles V. Ce fut lui qui fonda en 1870 , le collège de Dormans, appelé ensuite Saint-Jean-de-Beau- vais , et aujourd'hui Lisieux, l'on voit aussi son tombeau,

II mourut fort âgé, le 7 novembre iSyS.

A droite de ce tombeau étoit inhumé Guillaume de Dormans , che-

( 1 5 ) Beauvais.

1 16 ) Ses filsjétan enus très-riches , achetèrent la seigneurie du lieuj

ex en prirent le titre.

-1^

C H A n T R E U s E DE P A R I S. If

valier et chancelier de; France. Il étoit sous une tomJje plate de marbre noir, sur laquelle éloit incrustée son effigie en marbre blaire. Il mou- rut le II juillet iSyS.

Dans le même tombeau étoit encore Reguault de Dormans , neveu des pi'écédens. Voici l'épi ta phe de sa tombe :

Ci-GisT noble homme Regnault de Dormans, conseîUet et maistre des requêtes ordinaire du roi ?iotre sire , etneueu dudit feu monseigneur le chancelier ^ et un des en/ans- dudict maistre Regnault , damoiselle Colombe de Bonnej sa femme , lequel mais- tre Regnault trespassa le i ij'our de novembre 1474. "

A 'droite du tombeau des Dormans , on vojoit, en njosaïque blanche et noire, la figure d'Enguerrand de Marigni, Planche J^,fg. i. sur «ne tombe plate. Il ne restoit dernièrement de oe monument commé^ mbratif (17) que ce qui avoit été en marbre noir, naturellement plus dur que le blanc; je n'ai pu distinguer que le bas de la casaque, ornée de rosaces délicatement travaillées, et que le dessinateur a reproduite séparément, ( «°. 2 de la même Plafiche ').Onàis\in^uoi\.an&siass&z bien l'épée et 1^-^ague , les poignées n'y étoient plus ; mais ce qui restoit faisoit voir qu'il avoit été représenté armé de toutes pièces : sa tête avoit été remplacée par une pierre quarrée. Il avoit sous ses pieds un lion.

La sépulture de son frère Philippe de Marignj , évêque de Camr bray, et depuis archevêque .de Sens, et un des premiers bienfai-« teui's des chartreux , étoit sur la même ligne du côté opposé. Il fut d'abord enterré dans l'ancierine chapelle , celle l'autel de Yauvert, Lorsqu'on en fit le réfectoire, il fut transporté dans le chœur: son image éioii incrustée en marbre blanc sur mi marbre noir, com.me celle d'EngUiTrand ( 18 ).

( i- ) Vojez, Aiit. nat. , tom. HT , art. XXVIII , pag. 22 , la description du lonibec"u d'Enguerrand de Marigu}' , et son bistoiri\

( 18 ) J'ai donné à l'article d'Ecoui , lom. III , art. XXXVIII , pag. 23 , la .figure du tombeau d'un autre frère d'Enguerrand , Jean de Marigny , évêqne de Rouen, avec sa description.

i8 Chartrevse de Paris;

En face du tomJDcau d'Ame, et sur le côté méridional du grand autel , on vojoit le tombeau de Pierre de Navarre , comte de Mor- tagne, et de Catherine d'Alençon sa femme. (^Planche V,Jig- 3 et \). Il étoit sous une arcade ornée de peinture , q^ii donnoit dans la chapelle de Saint-Jean l'Évangéliste , près de la sacristie, et qui avoit été séparée du chœur par une boiserie.

Ce tombeau parfaitement conservé , étoit de marbre noîr, orné de petites figures , et élevé de terre d'environ trois pieds. On voyoit dessus l'effigie en marbre blanc , des personnages qu'il renfermoit.

Pierre de NayaneÇPlanche V,fis-^^ étoit représenté avec son armure , sur laquelle étoit une tunique ou casaque à ses armes , qui étoient au premier et quatre de gueules au taillis de chaînes d'or posées en croix en sautoir en orles de deux pièces ( 19 ) , et au deux et trois d'azur semés de fleurs^de-ljs d'or, ou lx)îtons de même. Il avoit sur la tête une courenne de vermeil ornée de pierres fines , et un lion à ses pieds. On remarque entre ses cuissarts un sac garni de fer pour défendre des organes à la conservation desquels il attai- choit probablement beaucoup de prix.

Catherine , sa femme , (^Planche V,Jig- 4), avoit la tête couverte de plusieurs voiles, dont l'un , très-plissé, lui entouroit le front et les joues , un autre lui prenoit sous la lèvre inférieure , et lui ca choit le bout du visage et le col, etun troisième, plus grand, étoit soutenu aux deux oôtés de sa tête par ses cheveux tressés en forme de deux petits coussins ; le voile retomboit en draperie sur ses épaules ; elle étoit vêtue d'un long surcot fort juste, qui laissoit voir parfai- tement la forme de sa gorge; par-dessus étoit un manteau tenant au surcot par deux bandes ; elle avoit une ceinture passant sous le surcot, qui étoit en pierrerie et en perles, et une autre chaîne aussi riche , qui tomboit perpendiculairement au milieu de ce surcot. J'ai fait graver un des chatons de la première ceintiu-e, n°. 5, et un

( 19 ) Ce fut Sanche VIII , roi de Navarre , qui , à la bataille de Murxdal , ayant vaincu Aben Mohamed , ^aiid miramolin d'Afrique , et forcé la palissade qui entouroit son trône, gardée par quatre-vingt mille cavaliers , et enloiu-ée de chaînes, les prit pour ses armes,

de

Chartreuse de Paris: 19

ds la seconde, n°. 6, afin de faire juger la manière dont on montoit alors les pierres fines. Ses bras éloient, couverts de manches fort justes; elle avoit d^s gants qui alloient au milieu des doigts ; ses rhàms éîoient jointes, ainsi que celles de son mari, et elle avoit un ctien sous ses pieds.

Pierre de Navarre étoit fils de Charles II , roi de Navarre , dit le mauvais, de Jeanne de France, fille du roi Jean, et frère puîné de Charles III , roi de Navarre. Ce prince fit présent aux Chartreux dfe quatre mille francs d'or , e.<;gallez à escus valant cinq mille francs. Il leur fit encore plusieurs autres dons (20 ) , en considéra- tion de quoi ces religieux lui accordèrent deux messes sa vie durant, pleine et entière participation n leurs biens spirituels , et de plus, après son décès , un monacliat à k forme de l'ordre , comme pour un religieux ( 21 ).

Pierre de Navarre mourut le 29 juillet 1418; et sa femme, qui lui survécut, fit achever ce monument, elle ne -fut cependant pas inhumée ; car elle étoit à Sainte-Geneviève. Après la mort de Pierre de Navarre, elle devint duchesse de Bavière, par son mariage. De l'autre côté , entre Enguerrand de Marigny et la porte de la . chapelle de Saint-Michel, on vovoit une tombe dp ; lavbre noir , sur laquelle éloit incrustée en marbre blanc la figure d'un évêque eu chasuble. On lisoit autour :

Hic Jacet dominus Michael de Cernay (22) episcopi. gui ohiit. . .<, MCCC. ....

Le reste est effacé.

( 20 ) Supra , p. 3,

( 21 ) Suivant leurs réglemens . ( parte I novœ collecnonîs , cop. ) 89 , il y en avoit de deux sortes : l'un simple, qui comprenoit l'office de la sépulture ; l'autre, <jui étoit un plein monachat, aslreignoit les prêtres à dire six messes, et les apures religieux et religieuses, à dire les deux pseaultiers ; enfin ceux qui ne les savoient pas, à réciter trois cent trente paier.

(22) C'éloit Michel de (.'ernay , célèbre docteur en théologie , évêquo d'Auxerre et confesseur de Charles VI,

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20 Chartreuse DE Paris.

Sur une autx-e plaque de cuivre , on vojoit un évêque avec ses ha^ bits pontificaux ; on lisoit autour :

Cy GIST réi-'erend père en D/'eii Messire Jean de blangi , éi'êque d'Auxerre , qui trépassa Van MCCCXLIV leXN jour de mars.

Jean de Blangy se distingua en professant la théologie à Navaire. Benoît XII le nommaàrévêché d'Auxerre en 1889. Bientôt dégoûté des honneurs épiseopaux , il quitta son siège, pour venir à Paiis se livrer aux sciences et aux lettres. 11 y mourut au mois de mars l'année iS^S.

A eôté , on vojoit une tom])e de cuivre , sur laquelle éloit grave- un évêque avec ses habits pontificaux. Sur ses paremens on avoit fr^ guré en broderie des petites niches avec les douze apôtres , et le fonds étoit semé de fleurs-de-ljs et de dauphins. Il avoit la mître sur sa tête et la crosse à la main. On lisoit au tour: hic jacet johannes arson- VALLE Lingonensis diocesis episcopus , quondam Cabillonensis et Dominl Ludoi^ici Caroli ,sextL Francorum régis primo geiiiti..... et Aquitaniœ ducis conjessor , qui obiit Parisiis die XXVJI Aur- gusti anno Duniini niillesimo quadringintesimo decimo sexto, Requiescat in pace..

Jean d'Arsonval fat ainsi nommé , non d'un bien de famille ,n:vais de la paroisse dans laquelle il éloit né; sa famille n'est point comme. On sait qu'il fut successivement chanoine de Tours , de Chartres , de Paris , et enlin évêque de Chaîons en 1418. Il moiu-ul le 27 août de l'année I4i6,etfut enterré aux chartreux de Paris auxquels il fit de riches legs dans son testament.

Dans le chœur des pères , et plus l^as en allant vers la porte , on trouvoit une grande quan-tilé de tombeaux.

Le premier étoit celui de Philippe de Harcourt , /?/. Vl.Jig.'j.W étoit couvert d'une table de cuivre ; il y étoit gravé avec une cuirasse et une cotte d'armes de gueule à deux fasces d'or. Sa cotte de maille s'appercevoit au haut de sa cuirasse , et il po''toi! une petite fraise au tour du col. Son épée étoit grande , et la poi^^née formoit bi-n la croix, habitude commune au temps de la chevalerie. Les chevaliers invo- quoient souvent ce signe en levant leur épée parla lame avant le combat. On voit de l'autre côté lefoureau delà dague , qvii est hexagone

CirARTHEUSE DE PARIS; 2r

«l terminé par un boiifon plus gros et d"une forme ^in:^ulîère. Phi- lî'ipe d'Harcoui-t a la tête nue, et chaque pied poié.'-ur un lion. Ou lisoit au tour de cette tombe cette épiîaphe .

Cl GisT noble et puissant seigneur, monseigneur Philippe de Harcourt , clievalier , seigneur de Montgommerj et de Noy elles sur la mer, conseiller, premier chambellan du roi Charles KI^ lequel trépassa Van MCCCCXIX le'YAïi jour d'octobre ^

Dieu par sa grâce De ses pc'che's pardon lui fasse

Sous la cloche , au dessous de Philippe d? Harcourt, on voyoit une tombe de marbie noir, sur laquelle étoit gravée en leltres d'or l'o- pilaphe suivaiite :

D. O. M.

LuDOVico SxtJARTO Albini régula , Edmundi Leuiniœ ducis filio , ex regid Stuartorum apud Scotosfamiliâ oriundo , Cathari- Lusitaniœ Caroli II ,magnœ Britanniœ régis , conjugis ma- gno eleemosynario, verô non tàni claris natalibus , qudm religione , morum suavitate , urbanitale , ingenii elegantid ,cœterisque animi dotibus conspicuo ; qui ciim in cardinalium collegium mox coop- tandus esset ,immaturatd morte peremptus est,ann. (vtat. ^^6 anno Clirisii i665j idûs novembris.

De se plura ne di cerentur Supremis tabulis cauit.

Louis Stuart , seigneur d'Aubignv , fils d'Edmond Stuart , duc ide Lenox , mort à Paris, Fan i665 , fut inluimé au milieu du chœur sous la cloche. Il avo't été envoyé en France dès l'âge de cinq ans. Il prit les ordres fort jeune , et fut chanoine de l'église métropolilaine de Paris. Lors du rétablissement de Charles II sur le Ircne de ses ancêtres , il retourna en Angleterre , et le Prince le fit grand aumô- nier de la reine, sa femme. Il fut nommé au cardinalat ; mais il mourut à Paris quelques heures avant l'arrivée du courrier qui lu»

\t

23 C II n T R E U S E DE P A R I S.

en appoitoit la nouvelle. Au-dessous de cette épitaphe , on llsoît aussi siu" un marbre noir :

/// îsto terrœ pulvere requiescit ad résurrection em vîtœ evigila- /î/rr/5, PetrusFranciscus Ogier^ régis à consiliis in judiciali Can- ceUarii Franciœ prœtorio supremo diplomatitm ac 7-e script on: m relalor , priiis cleri gallicani qiiœsLor in ter médias sœciili nego- tiorum procellas omnipotentis miseri cordiâ commonitus in partes vadere sœculi sancti ,divino Jidelis oraculo , in Ininc portiun in- colis habitatum sacris vivus appulit , ac moriens sepeliri toluity ut quos in vitâ amicos reîigîosè colehat , christo conjixos cnici piè venerebuiur , post mortem haheret patronos. Obiit die XXIV" decembris anuo MDCCXXV. Requiescat in pace.

A côté, svir un autre marbre noir , onlisoît : Picememoriee claris- simi viri Domini D.V^TKl lifiKsos quondani pcr duodeviginti an- nos et ampliùs quœstoris et œdilis Galliœ in generalitate Pari- sien si qui citm teneris abannis inter sacrilnijus ordinis i^enerabiles socio^ vitani de gère voluerit , sed aliter disponente dii^inâ provi- dentià pTaposituni scienliarum nequii'erit adimplere , sallem hîc terrœ mandarî et expectare résurrection eni mortuorum generalem ardentissimè desiderai-'il. Obiit die XXVI maïi , anno œtatis 49... sal. N. MDCCII. Requiescat in pace.

Plus bas éloit la sépulture d'Hugues Lecoq^ mort dans cette mai- son, en 1485.

Plus loin étolt une grande table de cuivre, qui recouvroit une autre table de marbre , et sur laquelle étoient -gravés les portraits , en pied, de deux prêtres en habits sacerdoiuux; Planche J^,\\°^. 2 et 3. ils étoient dans des niches enrichies d'ornemens moresques, d'anges et Ce petites figures de saints. Autour de ce cuivre on lisoit :

Ci gisent mestre jehan du portail arcediacre , et mestre Simon ^son frère , diantre de l'église de Tournaj , le quel arcc- diacre Jut conseiller du roy Phelippe le long et du roj Charles son fils, et chancellier de très-noble prince Charles comte deValois^ d'^lnjou, d'Alençon et de Chartres jusqu'' à la mort dudict comte y et depuis mestre des requêtes de Vhostel du roy Phelippe fils du-

V

N? Ln. PI. ir'"' Paif. 1-.7

Mu/wl Jhr.-.r'

Chartreuse de Paris. aS

dlct courte : Lequel arcediacre trespassa Pan de grâce ^ICCCLYl le~SJili.Jourde novembre , et ledict chantre Van mil trois cens et.....

Le reste n'y a jamais été \ on vojoit la place entièrement polie et qui avoit été réservée apparemment par Simon pour Ia«faire remplir après sa mort ; ce qui n'avoit pas été exécuté,

A côté de la tombe des du Portail , on en vojolt une autre aussi en cuivre , sur laquelle étoit gravée l'effigie d'un docteur , avec soa chaperon sur l'épaule , et révêtu de ses habits sacerdotaux. Planche IV , 3. On lisoit autour :

HiC Jacet rei'erendissîmus pater et niagnœ circonspectîonis ac scieniiœ vir dominas NicoLAus le Diseur de Laudimensi diocesi

oriundus, sedis apostolicœ protonotariiis Régis Francorum.

secretarius, qui obïit Parisiis die XXIV octobris anno Doniini MCCCLXXXXIX.

Nicolas le Diseur étoit prolonotaire apostolique, archidiacre Noj'on et de Laon , chanoine de ces églises , de celle de Paris, et secrétaire du P«oi.

Sur une pierre l'on vojoit gravée la figure d'un prêtre avec ses habits , on lisoit ;

Hic Jacet scieJideUs etpi-udens vir dominus Chabert Hugonis ; legum doctor , archidiacus Matisconensis et Obentiarius Si. .... Cabilonensis canonicus , qui migrafit anno Doniini MCCCL , die ^Ij'unii.

Chabert Hugues étoit docteur en lois , archidiacre de Mâcon et chanoine d'A.utunetde Chaalons-sur-Saone.

Sur une tombe de marbre noir , on voyoit une figure de chevalier, incrustée en marbre blanc. On lisoit autour cette épiiaphe en lettres- gothiques :

Ci gist noble homme Jehan D'ain ville chepalier et seigneur de Bruyères et d'^ussomuillier , maistre dliostel du Roi Charles V^ qui trespassa en son liostel à Paris, le XX jour de mars , Van de grâce MCCCLXXV.

C'est le fondateur du collège de son nom , qui étoit autre-fois près Saint-Côme.

Au bas de l'église , près la porte , on vojoit , sur une tombe plate ^

t^

24 Chaut r^ use de Paris.

de pierre , l'efFigie d'un homme en robe , et celie d'une femme daus

le costume du quinzième siècle.

On iisoit aufouivde cette tomJae cette e'pilaplie presrpie effacée : Hic <] AC^t magnificus ac prudensdoinums Adam de Caaieraco, miles ac Parisiensis parlamenti pri mus presidetis.... obiit dieXY martis MCCCCLVI , et nohilis domina Karola Alixandra, ywœ obiit Xllmensis martis MCCCCLXXIII. Ora pro eis.

Adam de Carabraj Tut premier président au parlement de paris. Il avoit épousé Charloîle AiixanJre.

On vojoit autre-fois sur une lame de cuivre la fondalion qu'il avoit faite, ainsi que son portiait qui y éloit peint. Ces monuraens,qui Ploient attachés au mur, en furent ôtés lors de la construction de la boiserie du chœur.

De l'autre côté , près des chapelles , on lisoit sur une pierre , autour d'une figure représentant un prêtre :

Ci gist vénérable et discrette personne maistre Pierre Remuse , <f/c/ ToNNERE , cJianoine de Rlieims et de Tournay , conseiller du Hoi Nostre Sire et de Monseigneur le duc de Bourgongne , qui tré' passa le Ylll'=.Jour d'octobre , Fan de grâce MCCCXCV,

Au dessous de la précédente , près la chapelle de Saint-Bruno , on Hsoit sur une tombe , sur laquelle étoit l'effigie d'un prêtre avec une robe de docteur :

Cl GIST vénérable et discrette personne maistre Regnault db BusSY , licencié es loix conseiller du Roi en son parlement et Prévost en T église de Soissons , qui trespassa l'an de grâce MCCCCVai, leX'^.jourde mars. Plus loin , on lisoit sur une pierre :

Cl GIST sage homme et de louable confersation M.Jean Dumont- Saincte-Marie , adi'ocat en parlement et prévost de C église de Soissons , et chancellier d'illustrissime prince Philippe , duc d'Or- léans ,/ils de Philippe de P'alojs , Roi de France , qui trespassa le

Jour Nostre Dame ,Ylll^. jour de Pan MCCGXLVIII,

On vojoit encore ini grand nombre de sépultures couvertes de pierres, sur lesquelles étoient gravés les portraits des personnages inhumés .dessous. Voici les principaux ;

C II A n T R E U s E DE P A R I S, 25'

YvAN DE Beart, chevalier chambellan du Roi de France, fils îtiaturel de Gaston Phœbus , comte de Fois , décédé à Paris , à l'hôtel Saint-Paul, e 3o janvier 1492.

Jean de la Lune , Arragonois , neveu de l'anli-Pape Pierre de la Lune , mort en 1390.

Jean de Chilly , évêque de Grenoble , mort le 17 août i33o. Gérard de Montagu , chanoine de Paris et de Rheims , conseilles et avocat du Roi en son parlement.

Il étoit très-lié avec les Chartreux, qui le regardaient comme un de leurs plus gands bienfaiteurs. Il avoit gagné beaucoup di procès pour eux; aussi, dans toutes les messes qu'ils disoient, ils faisoiont mémoir» de lui. Il avoit fondé le collège de Laon près des Garraes.

Martin SÉNÉCHAL, avocat en parlement, mort le i5 juillet 1372^ Pierre de Chenac , officiai de l'église de Paris et chanoine dor Limoges , mort en MCCC.

Odo de Boile au, trésorier de la Sainte Chapelle de Paris , mort le

J2 octobre , l'an de grâce

Mathurin Roger , conseiller du Roi et chanoine de Béthune et

d'y\.ux , mort le i3 août i38

Thierry de Biencour , doyen de Toul , conseiller et maître des requêtes, qui fit bâtir un hôtelsur le derrière des murs des chartreux, il demeura , et qui (il faire le pavé depuis ce monastère jusqu'à la- porte Sainl-Michel : il é'oit enierré près la sacristie.

GuiLAUME MoBEL, avocat en jjailemcnt et chanoine de Nojon ;. aiort en i336, inhumé près la chapelle Saint-D.-nis, au bas du chœur. Guillaume Roze , avocat au parlement , et damoiselle Pernelle DE BEMARS!-ont inhumés à côté , l'an 1375.

Michel Mauconduit, professeur es loix et doyen de Chartres,, mort en i328 , et Guillaume Culdoé, licencié en droit, chanoine de C'iartres, notaire du Roi et frère di ./ean Culdoé , prévost des mar- chands , sont iuhumés de l'autre côté dans la chapelle Saint-Louis.

Les sept chapelles collatérales , du cô:édu nord, avolent été bâties et fondées par diverses personnes et en diflërens tems. La première y en 1724, en l'honneur de Saint Michel, |)ar Robert , abbé d'Anchin; ou d'Aquilance en. Artois , de l'ordre de Saint Benoît , q^ui , ayant re-r

\^

2.6 C H A R T II E U s K D E P A R r s.

iioncé àsoii abbaye , prit l'habit de Chartreux , et finit ses jours clans cette maison. Jean Billouart et sa femme donnèrent aussi quelq^ues revenus pour l'entretien de cette chapelle,

Eileélolt décorée, ainsi que les six autres , d'une menuiserie simple mais assez jolie. Le tableau d'autel représentoit le songe de Jacob. Dans le coin du tableau, un ange fait voir à un chartreux l'échelle mystique. En face de l'autel étoient encore deux autres tableaux : l'un représentoit: le songe de Sahit Pierre, il voit des animaux; il y a un lion, un cochon , un éléphant , etc. On y lisoit : nos spectatores facti magnitudinis Chrisli. L'autre éloit Saint Paul au troisième ciel; pn y lisoit : nos revelatâfacie gloriani Dei spéculantes.

Dans cette chapelle qui communiquoit au sanctuaire par une porte pareille à celle de la sacristie , étoit la seule entrée des sixautres cha- pelles, cjui donnoientles unes dans les autres , et qui n'avoient aucune communication avec le reste de Féglise. On y voyoit vme ton^be , eu face de l'autel , sur laquelle on lisoit :

Ci gist Geofroy le Bouteiller, chancellier et chanoine de Chartres et de la saincte chapelle à Paris , et premier chambellan du Koi de France , qui trespassa le 12^. jour de juillet , l'an de grâce MCCCLXXVII,

La seconde et la troisième chapelles avoient été fondées par Jeaiç Pesmoulins , chanoine de Chaalons et clerc des Rois PhiHppe et Charles ; l'une étoit dédiée à Sajnte-Anne , et l'autre à la Madeleine, Dans la suite elles furent réparées par De la DriÉche , premier pré- sident en la chambre des comptes , trésorier de France et seigneur de Passy, mort en i486.

Le tableau de la chapelle Sainte- Anne représente la présentation dg la Vierge au Temple ; il éîoit accompagné d'une boiserie d'ordre ïbnique cpi ornoit l'autel , dans laquelle étoit , au dessus du tableau , une statue gothique et dorée, de Sainte-Anne , qui montre à lire à la Vierge (28 ).

Dans une niche pratiquée dans le lambris d'appui de la boiserie , oi\

(23) Ani. nat. , tom. XXXIX, art. IV. pag. 48.

voyoit

Chartreuse de Paris: 27

voyoitun Christ au tombeau , sculplé en Lois et coloré. Cette figure étoit dure, sèche et mal dessinée. Au bas il j avoit une tombe sur laquelle étoit l'effigie d'un prêlre , gravée en pierre , avec les mains et le vi;ai^e en marbre blanc incrusté. Les genoux des moines qui venoient prier contre l'image du Christ , avoleut usé la plus grande partie de cette épitaphe cpe voici :

Ci-cisT vénérable et discrelte personne maisire Vierge le Jay , en son vii>ant doyen de P église de Meaux et conseiller du Roy es requestes de son palais à Paris , qni trcspassa le XXV jour d'octobre , l'an de grâce MCCCCXXX.

Le tableau d'autel de la chapelle dsla Madeleine représentoit Jesus- Christ enseveli parles saintes femmes.

Dans celte chapelle de la Madeleine on vojoit une tombe de pierre sur laquelle éloit gravée l'image d'un homme et d'une ïevame, planche y Jig. 3 , autour desquels on lisoic cette épitaphe :

Ci-GisT honorable homme sire Hervé DE Ne au ville , seigneur du val Coquatrix-LeZ'Corbeil , et conseiller du P^oi notre Sire, qui trespassa le 'o^. jour de septembre , l'an de grâce MCCCCXXIIL

Ci-GIST Damoiselle Margueritte Aloss , femme du dict sire Hen^é, et dame d'icelui ,lieu du Val-Coquatrix , laquelle trespassa le Y jour de mars MCCCCXIIL

Sur la muraille , à côté, on vojoit une table de cuivi'e représentant Hervé de Neauville et Guillaume , son frère , à genoux , assistés de Sailit-Hervé (24) qui tenoit une palme , et de Saint Pierre qui pré-

( 24 ) Ce Saint naquit aveugle au coimnencemeut du VI= siècle. Il éloit fils d'Huvarnzon t\. àe Rh annone. TAnv ain'ion , seigneur, originaire d'Angleterre, vint fort jeune à la cour de France. Les belles qualités et les talens agréables qu'il y apporta, le firent remarquer de Cliildebert premier , dont il devint le fuvcri intime, et qui le combla de bienfaits. Quelques années après, dégoûté de ce séjour , il se retira dans la basse-Bretagne , sa pairie, et s'y maria. C'est-Ià qu'il fit baptiser son lils sous le nom d'Hurvanus ; il s'appela dans la suite Hervœus.

Hervé, malgré sa cécité , parvint àapprendre le latin, parles soiiisd'un moine, ïiommé Martinien. Après cela il se relira auprès de S. Vulpliroëde , son oucle,

E

H

28 Chartreuse de Paris.

senîoit à la Vierge quatre chartreux : le fond étoit enrichi d'ornemens moresques très-délicats ; on jlisoit en lettres gothiques :

alors directeur d'un pelit inonaslère dans le diocèse de Léon ; il devint soo successeur , et fit construire une chapelle sous son invocation.

C'est tout ce qu'on sait de ce saint , auquel on ne manque pas d'attribuer plusieurs miracles : trois entr'aulres méritent d'élre rapportés.

Rivannone , mère d'Hervé , ayant abandonné tous ses biens , s'étoit confinée dans une solitude inconnue à son fils. Celui-ci , désirant la revoir , consulta Vulphroëde j dont nous venons de parler , sur ce qu'il devoit faire. Son oncle ayant su , par révélation, le lieu de sa retraite , résolut de s'y rendre lui-même. Il laissa en conséquence à son neveu la conduite et le soin de son petit domaine, et partit. Un âne étoit la seule bête de somme qu'il possédoit ; on l'envoya un jour aux pâturages; mais un loup survint et le dévora. Ce que voyant Guitharanus , c'étoit le nom de l'esclave, il courut eu prévenir Hervé qui étoit en oraison. Le saint, frappé d'un tel accident , se remet en prières ; à peine étoit-il prosterné, que le loup accourt vers la ferme. Comme son compagnon lui crioit de se tenir en défense : Et pour(^uoi , dit -il alors , cet animal ne vient pas pour me nuire,

JIAIS POUR RÉPARER LE DOMMAGE QU'iL NOUS A FAIT? SaISISSEZ-LE IT EMPLOTEZ-

XE EN PLACE DE l'ane : en effet le loup se laissa prendre, et deviat très-docile. C'est pour la premitre fois qu'on vit un loup coucher paisiblement au milieu des brebis , trainer un char , porter des fardeaux, en un mot faire tout le service d'une bête de somme.

Un autre miracle n'est pas moins étonnant. Un renard avoit emporté une poule : instruit de l'aventure , le saint eut recours à la prière' , et le voleur rapporta lui- même sa proie saine et sauve. Un troisième miracle est tout aussi singuher: Hervé, après avoir long-tems erré, se fixa, lui et ses compagnons, chez un certaiu Innocus , qui se crut obligé de ne leur rien refuser. Cependant il le quitta, et se fit conduire par le mont Ara dans le pays de Cornouailles. Le bruit de sa sainteté y avoit déjà pénétré. Il fut très-bien accueilli par un seigneur nommé Uvoigonus , dans le bourg de Launguedrec. Ce lieu , entouré d'une épaisse forêt , étoit plein d'étangs peuplés d'une multitude infinie de grenouilles, dont le croassement con- tinuel incommodoit singulièrement les habitans. Hervé , pressé , solhcité , se met enfin en prières; c'étoit le soir : les grenouilles n'avoient jamais tant étourdi. Tout-à-coup il se fait un silence profond : on eût dit que d'un seul coup le saint les avoit toutes étouffées. Un incrédule du tems dit alors : $i uke seule se FAIT entendre, SUR LE CHAMi' , JE CROIS AU MIRACLE. A peine eut-il parlé, qu'on en entendit une croasser. Uyoigonus, frappé d'étonnement , domia à Hervé une grande partie de ses forêts , des métairies et tous les matériaux nécetsaires pour bâtiir un monastère. Bollandus acta Sanctorum 17 junii.

Chautreuse de Pauis." .29

sire Hervé de Neauville, seigneur du P^al Coquàtrîx Lez- Corbeil , et conseiller du Roi nosire Sire et Guillaume de Neau- Ville secrétaire d'icelui seigneur, frères, ont fondé en V église de céans, chacun deux anniversaires pour eux et leurs femmes. Et quatre religieux perpétuels pour prier Dieu pour eux et pour les âmes de leurs dictes femmes , et de leurs père et mère et de leurs autres amis et bleif acteurs ; d'esté sai^oirle dict ^/re Hervé trois d'iceux religieux , lesquels dorénavant auront et occuperont les celles signées ÇzS) , la première à la lettre A" , laseconde à lalettre Y , et la tierce à la lettre Z / et le dict maistre Guillaume un reli- gieux qui semblablement aura et occupera la celle signée à la lettre V , toutes icelles celles assises autour du grand cloistre de ceste dicte église. Pour laquelle fondation et pour estre perpétuel- lement accompagnezet participons en toutes les prières et autres hienfaicts spirituels de tous les autres religieux de cette dicte église : Iceux frères leur ont donné, baillé et transporté perpétuellement et à tousjours mais (26) ; c'est à sat'oir le dict Sire HervÉ, plusieurs beaux héritages , en la valeur de cent cinquante Hures parîsis de Tente par an , assis assez près du dict Corbeil , et le dict maistre Guillaume unfef en la valeur de cinquante lii'res parisis de rente

( 25 ) Du mot Cella , dont on a fait ensuite Cellula , cellule, ce mot n'étant anciennement appliqué qu'à indiquer l'endroit se mettoient les diHerens liquides , comme les vins, le cidre , l'huile ; quelquefois cependant Voiture l'employé pour jitthe chambre. Dans les siècles poslérieurs ce nom a elé employé pour désigner les demeures des moines, et quelquefois le monastère lui-même. Autrefois ces cellules étoient séparées , et les moines se réunissoient dans le même lieu pour l'office. Ou en a vu jusqu'à cinqmilie, habiter ainsi dans le même canton. Recevoir le don d'une semblable demeure ou cellule , se disoit încellari. C'est par imitation de cet ancien usage que les chartreux avoient des cellules qui étoient comme autant de maisons séparées , et cependant enfermées dans un même mur, tandis que les autres moines avoient senlement des chambres placées autour d'un long dortoir , qu'on nommoit aussi cellule par analogie.

( 26 ) Mais dans le vieux langage , signifie à venir : ainsi , à toujours mais équivaut à dans tout Vayenir. On a dit depuis , à tout jamais. Ce mot pris dans ce sens vient de magis. plus, davantage.

E2

n

3o C II A îî T R E U s E DE P A RI S,

■par (77;, assis en la ville, ierrouer eljinage de forést au pays de Veulquecin le normant , et desquels héritages et assiettes , lesdicts religieux ont été bien contens : et par ce promis entretenir et accom- plir la dicte fondation parla manière que dict est comme ce et les autres choses dessus dictes , apperent et sont plusà plain contenues ez lettres sur ce f aides et passées entre les dictsreligieux , eticeux frères , fan de grâce MCCCCXX. , au mois d'octobre.

La quatrième chapelle et la cinquième furent construites des biens de Jean Dufour, changeur de Paris, et de sa femme, qui firent doter et bénir, en i36i , la quatrième qui éloit dédiée à Saint Pierre. En face de l'autel à droite, sous le prie-dieu , étoit leur sépulture , recouverte d'une pierre plate ,sur laquelle étoit gravée leur figure. On lisoil autour leur épitaphe :

Ci-gist Jehan Dufour , changeur , bourgeois de Paris , qui ti-es^ passa Van de grâce

La chapelle Saint- Jean avoit été dotée en outre des dons de Dujour par Jacques le Long qui se fit religieuxdans ce couvent ; et après, par Giles Gallojs , chevalier , seigneur de Lusarches.^

Le tableau d'autel représentoit Saint Jean-Baptiste baptisant Jésus- Christ. Sur une frise , en haut du tableau , onlisoit ces paroles du Père Eternel. Hic est meusjilius dilectus.Yx au-dessus du grand tableau, il yen avoit un plus petit le Père Eternel étoit effectivement représenté proférant les paroles que nous venons de citer»

En face de l'autel il y avoit une tombe plate de pierre , oii l'on voyoit gravée l'effigie d'un docteur; sa robe étoit longue, et les manches en étoient fourrées d'hermine. Planche IV Ji g. 2,. Autour on lisoit cette épitaphe.

Ci-GIST vénérable et discrefte personne ,maistreYi^mK^ le Jay^ en son vivant doyen de V église de Meaulx , conseiller du Iloi notre Sire, aux requestes de son palais à Paris, quitrespassa le mercredy jour d! octobre , l'an de grâce MCCCC.

On voyoit dans cette chapelle de Saint-Jean une très-grande tombe plate de marbre noir.

Chartreuse de Paris. 3i

A ^ n ^'''-

F O E L I C I M E M O R I ^^

Ilhistrlssimi D. D. Joannis Ludovici ^/e Faucon equitis de Riz comitis de Bacqueuille , marchionis de Charleval , Rcgi à secretio- ribus consiliis et N^ustriaci senatûs principis.

Dùm vixit togœ singulos ohtinuit honores , donec gradatim ad majorem dignitalem erectus quam pater , apU77ci//us et arus glo- riosè SHStifiuerant ,no}i sine laude gessit ; obiit TI Kalendis mart. , anno chr. MVICLXXIII , œtotissuœLV.In eodem tumiilo quiescit illustrissima BD. Bonita (28) Royer ejus lixor, mariti gloriam in togâ , pietatis et chariiatis decorihiis œmulata dùm super vixit , ut simul in ceternùm rivèrent ,• oijiit iUa V die febrnarii anno MDCLXXXV.^A LXVII.

La famille de Faucon de Riz éloit distinguée dans la robe , et

pIiisieMrs de ce nom avoient été premiers présidens au parlement de

Rouen.

La cbapelledeSaint-AndréetSaint-Étienne, qui étoil: la sixième, fut

édifiée et dotée par André de Florence , à" ahovà trésorier de Rheims

et clerc de Charles IV , roi de france et de Navarre , et ensuite

évêque de Tournay et cardinal.

La boiserie , qui avoit élé reconstruite depuis peu de tems, etoit d'ordre dorique. L'autel étoit décoré de pilastres ioniques , portant un fronton , dans la frise duquel étoient des fleurs assez bien sculptées ; etle tableau qui éloit médiocre, représentoit le martyre deSt. Etienne.

La septième et dernière chapelle avoit été bâtie long-tems après les auties; elle étoit dédiée à Saint Bruno et à Saint Hugues. On ne lui

( 27 ) Ce signe se trouve très anciennerr.ent sur la tombe des chrétiens; c'est le Monogramme de christ^ enlre V alpha et \' oméga ^\e commencement et la fin, pour auuoncir que tout vient de Dieu.

( 28 ) Son palron étoit Saint Bon ou Bonet, en lalin Bonhusj évêgue de Cl.er-r mont en 699.

n

È2 Ciiautreuse de Paris.

connoît aucun fondateur. Elle fut bûtie pour la commodité de ceux qui avoient une dévotion particulière à Saint Hugues , ainsi qu'il a été dit plus haut.

Cette chapelle étoit ornée d'une fort Jjelle menuiserie moderne , de deux colonnes corinthiennes sur le grand autel soutenant un fronton , et d'un tableau lrès-1'oible représentant Saint Bruno priant dans le désert. Dans la frise du fronton on lisoit eu lettres d'or , Autel privilégié (29). Il j avoit sur le côté de l'épître trois figures gothiques , et cependant

( 29 ) Les autels privilégiés sont ceux auxquels ou a attribué quelqu'indul- gence. Adajn de Valois pense que l'invention en est due aux moines mendians pour achalander leurs églises ; mais il n'en fixe point l'époque. Quelques auteurs en ont reculé l'origine jusqu'en 820; m:iis Tiiiers croit qu'ils n'ont pris nais- sance que vers le tems du concile de Trente , en i563,et que Grégoire XIII, mort eu i585, est le premier pape qui en ait accordé aux Carmes de Sienne et à ceux de Besançon. Après en avoir obtenu le bref, les mendians paroient leur autel, envojoient des billets, placardoient des affiches, écrivoient au- dessus, en lettres d'or, autel privilégie. Les réguliers ont voulu avoir des autels privilégiés comme les mendians 5 ainsi ces autels sont devenus mi objet de sollicitation à la cour de Rome. Les réguliers ont également exposé des écri- taux avec Finscription : autel privilégié ; ils ont même enchéri , en ajoutant : ici se dèliv];e une ame du purgatoire à chaque messe. Quelques-uns firent croire , au moyen de petits feux d'artifice qui éclatoient au moment de la consécration , que l'ame délivrée s'envoloit dans le paradis. C'est pour cela qu'un moine qui soLitenoit sa thèse de licence, interrogé par un de ses examinateurs j;/r ce qu'il pensait des autels privilégiés , répondit avec assurance : je pense qu'ils sont d'un grand produit.

La cour de Rome donnoit de ces autels à perpétuité ; mais comme elle étoit bien aise de faire renouveler les démarches et les contributions nécessaires pour les obtenir , elle ne les accordoit ordinairement que pour sept ans.

Un jésuite avoit imaginé une bonne manière d'avoir toujours des pratiques pour dire des messes. Il avoit fait croire à des artisans qu'il étoit lui-même autel privilégié ; c'est-à-dire , qu'à quelque autel qu'il dit la messe , il lui com- muniquoit les mêmes prérogatives : on sent bien qu'il avoit la vogue et beau- coup de débit.

Thiers , dans son traité superstitieux des superstitions , s'élève beaucoup contra ce qu'il appelé l'abus des autels privilégiés j mais leur véritable abus étoit daus leur existence.

Chartreuse de Paris. 33

mieuxfailes qu'elles lie le sont ordinairement. Celle du milieu, qui éloit Ja Vierge , avoit une couronne de fleurons sur la tête ; elle tenoit d'une main son fils , et de l'autre une tige de Ijs; sous son piédestal éloient deux figures grotesques qui tenoient des rouleaux. La figure à sa droite étoit celle de Saint Bruno ; il tenoit un livre d'une main, et de l'autre une palme. Son piédestal éroit chargé de mitres , de croix et d'autres marques de dignités ecclésiastiques , et pour qu'aucun des signes de l'orgueil n'y manquât, il j avoit aussi un écusson , dontles armes étoieat érartelées au quatre, de trois merlettes de sable , et aux deux, ondées de dix pièces , à la bande chargée de fleurs-de-lys sans nombre. La figure à gauche étoit celle de Saint-Hugues , en habits pontificaux sur ses habits de chartreux; il tenoit un livre d'une main, et de l'autre sa crosse. A ses pieds étoit un cvgne , et sur le piédestal des anges grotes- ques tenant des rouleaux.

Dans la sacristie il y avoit une chapelle dédiée à Saint Jeaii- l'Evangéliste , le tableau d'autel représentoit ce Saint.

En face ou lisoit cette épitaphe sur un marbre blanc.

Ad majorem Dei glorîam Louis Barbote au , conseiller du roi contrôleur général de la trésorerie de sa maison , ayant vécu en tout honneur et piété , et rempli d'un zèle ardent pourV augmentation du

sen'ice dii^in a fondé , etc est décédé le XXVI octobre

MDCLXVI. Priez Dieu pour son ame.

Il y avoit autrefois dans cette sacristie plusieurs beaux et riches reli- quaires qui ont été donnés pour les i)esoins de l'état ; entr'autres uu vase d'argent doré , pesant vingt-cinq marcs.

On y conservoit du sang et une sandale de Saint Jean-Baptiste , du lait (3©) et du pain de la Vierge, etc

On y voyoit encore un tableau assez curieux pour le costume. Il représentoit la Vierge sur un trône d'or , à qui Saint Jean-Baptiste présentoit un bourgeois vêtu d'uns robe rouge et fourrée , avec de grandes manches et des mitaines. II avoit derrière lui un jeune homme

( 3o ) Les Carmes de la place Maubert avoient aussi du lait de la Vierge, Voyez sur ces reliç[ues leur article. Tom. IV , chap. XLVI, p. 27.

^<5

34 C A R T R s U s E D E P A R I s,

en robe verle. De l'autre côté c'étoit une re!i pieuse qui présenfoit aussi à la Vierge une femme en snrcot vert , horde de blanc avec la robe de dessous rouge ; elle étoit coëH'ëe en cheveux avec une petite toque sur la tête. Derrière elle étoient deux petites filles en robe verte, avec les cheveux noués d'une bandelette , et en haut on vojoit des anges jouant de divers instrumens.

Mais ce qu'il y avoit de plus beau dans la sacristie et de plus re- marquable pour les arts , c'étoit un vase servant à entretenir le feu, Il étoit de cuivre rond , et échancré aux quatre coins; la frise en étoit ornée de feuilles de persil , avec quatre têtes de lion sur les faces ; il étoit soutenu par quatre consoles portées sur un piedouche soutenu sur autant de volutes. Voyez Planche VU ,ViP. i.

Dans un petit corps de bâtiment , à côté de la sacristie, on vojoit IU13 tour octogone en brique qui portoit un petit clocher , étoit l'horloge ; elle sonnoit les demi-quarts, et chaque fois son carillon jouoit une hymne dont le chaut étoit plus ou moins long, en porportionde la partie de l'heure qu'elle faisoit entendre. Voyez Planche VII , n». 2.

La sacristie communiquoll avec le petit cloître : on y passoit aussi par l'église. Ce cloître étoit fort régulier , et avoit été autrefois décoré d'arcades gothiques, entre lesquelles étoient des peintures à fresque , à peu près du tcms de Charles "V II , ainsi que pouvoient l'indîquer les costumes. Ony avoit écrit des vers au-dessous; mais ils étoient tronqués et mutilés de manière à ne pouvoir les lire. Ces tableaux, ainsi que ces yers , avoient pour sujet la vie de Saint Bruno.

Les religieux firent depuis reconstruire à neuf ce cloître , en conser- vant les mêmes distances. On l'orna d'une architecture d'ordre dorique, quiconsistoit en archivoltes, accompag^ées de pilastres, et l'on disposa , de même la face vis-à-vis , ensorte que les croisées se trouvèrent dans des arcades de pareille proportion , et d'une architecture absolument semblable, Ou auroit choisir pour cette place un ordre qui lui con- vînt mieux , parce que cet ordre ne doit êîre employé que dans de grandes proportions , et qu'ici il étoit , pour ainsi dire , en miniature , et qu'il perdoit par-là ses plus grandes beautés , la solidité et la majesté. L'ordre qui eût le mieux convenu , auroit été le corinthien, parce qu'il peut ^'employer comme ornement , qu'il est aussi sévère que le doriquç , et

que

30

C II A R T R B U s E U E P A R I s, 3j

que ses richesses se seroient alliées avec celles qu'il niiroit renfermées.

Les vitraux des croisées étoient peints en apprêts , comme on peint le verre aujourd'hui, et non comme on faisoit dans des tems plus anciens; la peinture est diaphane , c'est plutôt une teintui-e qui laisse au verre toute sa transparence ; les peintures des vitraux des chartreui étoient très-estimées : elles consisloient en hordures arabesques d'un fort bon goût , avec des camajeux gris au coin , qui représentoienl les pères du déserf. Il y avoit aussi, au milieu , de grands camajeux, représentant divers sujets ; mais quelques-uns avant été volés , les pères firent enlever ceux qui resloient.

Ces peintures étoient faites d'après les dessins de Gilles Sadeler , fameux dessinateur et graveur, et qui avoit un génie fécond pour inventer et composer ( 3i ).

Mais ce qui attiroit l'admiration des artistes de toute l'Europe , c'étoit les vingt-deux fameux tableaux qui remplissoient les arcades en face des croisées. Ils représentoient la vie de Saint Bruno , et avoient été peints en trois ans parle célèbre Lesueur , le plus grand peintre de l'école fi'ançoise (82 ).

Ces tableaux étoient accompagnés de cartouches entre les colonnes qui les séparoient ; elles éloient ornées de figures persiques , de carya- tides, et de figui-es d'anges ; elles éloient peintes aussi de la main de Lesueur. On y lisoit des vers latins qui expliquoient le sujet des tableaux. Germain Biice dit qu'ils sont d'une composition Ingénieuse; on en pourra juger. Ces vers sont de la verve de Dom Jarry , prieur des chartreux.

Les premiers tableaux ont rapport à l'origine des chartreux et à

(3i ) C'éloit le neveu et la disciple de Jean et Raphaël Sadeler. Il les surpassa pp.r la collection de son dessin et par le goût qu'il acquit dans son séjour en Italie. U éloit à Anvers en î5-o, et mourut à Prague, eu 1629,3 S') uv.s.

( Sa ) L'Histoire de Saint Bruno a elé peinte trois fuis dans le petit cloître,

J,A première , l'.in i35o , sur les murailles.

],a deuxième, sur to.le, l'an i.Sro.

Et enfin, la troisièuie , eu 164?], svir bois, par Eustache. Lesueur. Ce sont les tableaux dont nous allons donner la deicriplion,

F

36 Chartreuse de Paris.

l'histoire de Raiinond DiocRES , cbanoine de Paris. Voici comment Corbin( 33 ), après beaucoup d'autres annalistes, raconte cette histoire. « Dedans l'université de Paris et la société des estudes de Saint 5) Bruno et de ses compagnons, y avoit un autre grand personnage , et » ce personnage étoit Diacres ». Il rapporte ensuite les sept vers suivans à la louange du chanoine , tirés de l'antique histoire , comme elle étoit de son tems sur les murailles des cloîtres de la Chartreuse de Paiis.

Hic ita clarus erat virlutibus omnibus, atque His disciplinis (^quœ libéra iempora poscunt ) , Doclor uL ascenso siiggestu, sive cathedra y Esse videretiir magni vox inclyta Paiili , yltque verecundis in moribus aller Joseph ; Hune veluti cœli dit^um de culmine lapsum , Totus adorabat populus , namque ille sacerdos.

Puis 11 ajoute : « Ce grand personnage si célèbre , si sçavant , si juste » aux jeux des hommes , qui ressembloit estre un ange descendu des 3) deux , tomba grièvement malade et mourut. Tout Paris est en deuil , 3) toute l'université en peine pour la pompe des funérailles. Donc le ser- y> vice se fait dedans l'église cathédrale de Notre-Dame ; la messe se 5) dict in pontijicalibus , et à l'issue on va pour enterrer le corps , et » comme on disoit sur lui le service des morts , ayant la face décou- 3) verte et les mains jointes , revestuës de gands peints , ainsi qu'il est » ordinaire à tous les prestres. Comme ce vient à la leçon commençant )> responde jnihi , lors on voit ce corps mort , estendu de dans sa bière , 5) se lever en son séant, au grand estonnement de fous, et dire à haute î) voix :justo Deijudicio accusatus sum. Par le juste jugement <i DE Dieu je suis accusé. Ceste parole imposa silence à tous;on délf- 3) bère, on doute s'il est mort ou vivant: s'il est mort, comment est-ce « qu'il parle ? s'il est vivant , comment est-ce qu'il est accusé par le juste 5) jugement de Dieu ? Enfin on résolut que l'on surçoiroit au lende- ?) main , et que le jour venu l'on recomraenceroit les mesmes cérémo-

( 33 ) Hist, Sacrée de Tordre des Chartreux , pag. 8 et siiiv.

Chartreuse de Paris. 3y

» nies. Cependant tout Paris averti de la nouvelle, s'étonne, admire le » miracle, demeure en suspens sur l'événement, et se prépare au M succès. Le lenderaaiu donc on recommence , on élève la bière plus » haute , aiin que tout le peuple le vist en face ; on célèbre le saci'é » saint sacrifice de la messe ; on vient chanter sur le corps les leçons, « au milieu des torches funèbres , et quand le prestre vient à dire: » respo/îde mihi ; le corps s'élève en son séant , et le défunct , à la » veuë de tous , prononce hautement ces paroles : jiisto Dei judicio » judicatus sum. Par le juste juge?jent de Dieu je suis jugé. » Voilà le silence imposé de nouveau. Tout le peuple s'estonne » comme d'un coup de foudre inopiné. L'on dict : ce jugement peut » être bon ou mauvais. Ce n'est pas encore la fin. On remet donc » au lendemain , plus encore de personnes se trouvent : et pour » la dernière fois il dict ; justo Dei Judicio damnatus sum. Par » LE JUSTE jugement DE DiEU JE SUIS DAMNE. Lors on ne délibère 3> plus ; on prend ce corps , et comme indigne on le jette à la voirie, 3) et l'on l'enterre en un champ , ses os n'étans pas dignes d'estre » en terre saincte avec les saincts ».

Corbin ne se contente pas de ce récit ; il a voulu l'appujer de témoignages selon lui authentiques; il les a réuni tous en tête de son ouvrage cilé plus haut, dans ce qu'il appelle ytrez/f ^5 de t histoire des trois résurrections.

La première sorte de preuve qu'il en donne , est la radiation de ces deux mots responde mihi dans toutes les heures ds Notre- Dame à l'usage de Paris. Il ajoute qu'en tête des premières vêpres du jour des Morts , la figure du damné Diacres et l'histoire de ses trois résurreclions y étoient toujours représentées ; et ce ne fut qu'en 1607, à Paris, et peu après, sous Urbain VIII , à Rome , qu'on réforma les bréviaires, et qu'on en retrancha l'histoire du chanoine. Il prétend ensuite qu'on doit ajouter foi à la tradition perpétuelle^ en tout V ordre des chartreux, qui enavoient consacré la mémoire soit par un nombie infini de tableaux, soit par la transcription de cette histoire sur les murailles de leurs cloîtres.

L'auteur, enchérissant toujours, invoque en sa faveu t la famé et renommée de cet événement en tout l'univers.

- F 3

3?

38 Chartreuse de Paris.

li c.'te encore l'argument de Cassius, cui bono? « à quel profit, 3> pour quel bien , honneur ou contentement l'auroit-on inventé ? »

Enfin la dernière preuve qu'il apporte, et qu'il croit la plus irrë- frcfgable , c'est le témoignage de grands et illuslres personnages qui en ont écrit. Il finit par donn.r une longue liste des auieui-s qui ont certifié ce miracle. La réfutation des absurdités qu'ils débitent est inutile , et pour l'homme sensé qui n'en a pas besoin , et pour FLomme foible et crédule , dont l'entêtement est incurable.

Nous nous contenterons de renvoyer à une dissertation écrite en latinpar Jeande Launoj (84) ^ qui attaque cette histoire avec autant de justesse que de solidité. On j voit clairement qu'elle n'a point donné lieu à la !-etraite de Bruno dans le désert, mais que la con- version de ce Saint a eu pour véritable cause les déréglemens de Manassé, aixihevêque de l'église de Rheims, dont Bruno étoit chanoine^ Nous renverrons encore à Vigneul de Marville ( 35 ) , oîi il se trouve une petite dissertation de l'abbé N. N. , également satisfaisante , contre les inv^enteui-s et les échos de l'histoire du damné.

Nous terminerons par dire un mot de ce Mariasse , premier dir nom. N'étant encore que simple clerc, il parvint à l'archevêché de- Rheims vers 1068, mais par voie de simonie, disent les historiens» C'étoit un homme altier , inquiet , violent , emporté ; il pilla les églises y les monastères , les abbayes , et notamment celle de Saint-Remi, et: en maltraita les moines ; il vexa ses clercs de toutes manières , et les. dépouilla de leurs revenus. Sa tyi-annie alloit toujours croissant,, lorsqu'enfiu il fut accusé dans le concile tenu à Autun en 1077. Ses principaux accusateurs furent Bruno et Pontius. Manassé conserva toujoiu-s du ressentiment contre ces chanoines ; car , dans une lettre- qui fiiit suite à sa défense, après avoir dît cju'il est tout prêt à se' l'^concilier avec ses ennemis , // les excepte tous deux noinina^ t'iuement, en les accusant à son tour d'ingratitude. Au reste, il ne tarda pas à tirer de leur démarche une vengeance éclatante. A leur

( 34 ) DefensaRom.breviar'n correctio circà historiam SanctiBrunonis. Paris. 1746 3, (35) Mélaiig. d'hist. et de litlér. , tom. II, png. 186,

Chartreuse j) e Paris. Bcf

relonv du concile , il essaya de les faire assassiner , dévasta leurs maisons , ravagea leurs biens et vendit leurs prébendes (35). Est- il donc étonnant que Bruno , affligé des excès de son évêque , fa- tigué des ti-acasseries qu'il essuja, et en craignant de nouvelles, ait pris le dégoût du monde et embrassé la solitude ?

Le premier tableau représente Raimond Diacres^ prêchant une «ombreuse assemblée : on y remarque les différentes expressions de l'attention: Le fond est d'architecture d'ordre ionique; ce qui est un anachronisme. Les figures sont bien posées , les caractères de tête bien diversifiés , et les draperies bien arrangées. Voici les vers qu'on lisoit à côté :

Si Cartuslacce quœrîs primonUa gentis ,

udurea facundi suscipe verba senis. Fallor : jam populos pietatis imagine ludens ,

Dogmata d& feretro inox vieliora dabit.

De l'ordre des Chartreux veux-fu voir l'origine.* Chez ce fameux docteur , emprunte des clartés j Et si tu t'éblouis de sa fausse doctrine , Sa bière t'apprendra d'affreuses vérités.

Dans le second tableau , Diocres est au lit de la mort. La scène^ se passe dans une chambre fort simple, l'on ne voit que Cjuelques livres et une tête de mort sur des tablettes. Son confesseur lui présente un Christ ; le diable est à son chevet , et l'on voit dans le lointain, par le percé d'une arcade , les apprêts de sa pompe funèbre. Ce tableau , quoic[u'un peu gâté , est toujours fort beau j à côté on lisoit :

E.rgo jacet ; tremuJum febris quatît arida peciiis ,

Nec morti Jaciunt irrita votamoram. Ecce sepulchralem deducunt plurima pompant

Funebris et stygii prœuia tœda rogi.

( 36 ^ Gallia Christ. , tom. IX , pag. 164 et suiv. Hist. Lit ter, de Fraace, loiii. VJJl, p. 64S et suiv.

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40 Chartreuse de Paris;

Une fièvre l'abat ; la mort priasse , il expire : Ou le conduit en pompe oii l'attendent les vers, Et ce feu , qui pour lui consume tant de cire , N'est que l'avant - coureur de celui des enfers.

Le troisième représente ce conte absurdesur l'origine des Chartreux," que le pape Urbain VIII Cit retrancher de la légende, et que nous avons discuté ( Sy ) ; mais Lesueuj-a choisi cette version , comme prê- tant davantage à la peinture. On y voit le docteiu" exposé dans le chœur de son église, qui, pendant que l'on chante pour lui l'office des Morts , sort de sa bière et fait entendre trois fois , à ces versets de la quatrième leçon responde milii , ces terribles réponses : y «^/"c; Dei judicio accusaius sum- . .jiisto Dei judicio judicatus sum. . , Jus/0 Dei judicio condemnatus sum.

Ce tableau , le plus beau de tous , est effrayant par la vérité qui y règne ; l'expression de la surprise et de la terreur , ré- pandue sur le visage des assistans, passe malgré lui dans l'ame du spectateur. Le peintre a su ajouter encore à celle de Bruno, que l'oi^ apperçoit derrière le prêtre officiant :

Jamque inter sacro repelila piacula rilu Ter , perii , horrifico mortuus ore sonat ,

\Mterniim perii : spectatrix turha supremi , J'udicii dubias disce timere vices. -

A trois fois il le prêche , et d'une voix horrible ,

Au Dieu qui l'y condamne il sert de trucliemeut ; i

D'un souverain si jusie , hélas! et si terrible,

Qui ne doit après lui crjindre le jugement ?

Le quatrième tableau fait voir Bruno à genoux , prosterné devant im autel , dans l'altitude d'un homme profondément affecté de ce qu'il avoit vu. On apperçoit par le percé , dans le lointain , deux hommes qui jettent avec horreur le cadavre de Dioeres. Malgré la

(37 ) Suprà. p. 32. .

Chartueusk de Paris. 41

petitesse et l'éloignenient des figures , le peintre a su leur donner in- finiment d'expression. Ce tableau est de Goulaj , et retouché par Lesueur.

ScUicet Infremuit Bruno , fatumque sodalls Triste gemens , largo proluit inibre gênas.

Ite , oculi , in lacrymas, lacrjmis pinguescet eremus : tibi , Bruno , nopœ seniina gentis erunt.

^ Bruuo saisi d'horreur en larmes se distille,

Larmes que d'un ami produit l'estrange sort , Et qui vont faire naître , en un désert horrible, Mille enfans bienheureux d'une si triste mort.

Dans le cinquième , on voit Bruno faisant part de sS résolution à plusieurs personnes , et les invitant à l'imiter. Le fond est d'ar- chitecture doricpie.

Sedproculhinc musœ ,prqcul eslo scientia , Christum Quem schola doctori non dédit , antra dabunt.

Discipulorum inter plaudentes nulla cathedras Blandior aura trahet , quem gravis umbra premit.

Ambitieux savoir, n'étalez plus vos charmes; Ce que n'a pu l'école , un antre le promet , Et l'ombre qu'à ses pas attachent ses alarmes , Pour s'élever à Dieu , tout à Dieu se sousmet.

Dans le sixième , Bruno est prêt à partir avec six amis (38) qui ont pris la même résolution. Pour donner plus d'intérêt à ce sujet , le peintre a placé une scène épisodique sur le devant du tableau , l'on voit un fils qui fait ses adieux à son père qui le serre dans ses bras. Ce tableau est fort beau.

(38) Ces six amis éloient Lauduin . qui fut le second prieur de la grande Chartreuse; Etienne de Bruges et Etienne de Die, tous deux chanoines de Saint- Ruf en Dauphiné ; Hugues , prêtre ; André et Gue'rin , laïcs.

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42 Chartreuse de Paris.

Si'ste gradinn , sedenirn te sena corona magistro

^mbil inaccessas lœta subire vias. Felices animœ quels illœtabilis orci

Emicat è tenebris orla repente sa/us.

N'y va pas seul, Bruno, six autres vont te sume Dans toute l'aspreté des plus sauvages lieux ; Six, à qui, comme à toi ce mort apprend à vivre, Et du fond de l'abisme ouvre un cliernin aux cieux.

Bruno repose sur un lit ; trois anges à son chevet , pendant qu'il dort , lui inspirent ce qu'il doit faire. On ne voit dans la chambre que quelques livres sur le plancher , ses sandales et une lampe. Ce septième tableau est très-beau , et l'un des mieux peints de cette suite. Les anges ont un air rnajeslneux et des caractères de tête admi' rabLs.

Sed Cqrthusiaci quîs inhospita culmina montls

Monstret, et ignotojigere calle pedem? ^ligeros decet esse duces , talesque requirit

jii.mula cœlestis turba fuiura choi-i.

Mais qui te monstrera ces monts inaccessibles , Ces rochers que tu dois ériger en autels ? Trois anges , que pour toi le sommeil rend visibles ; Le ciel ne doit pas moins à des anges mortels.

La distribution que Bruno et ses compagnons font de leurs biens aux pauvres , est peinte dans le huitième tableau. Ils sont sur le péristyle de leur maison , au bas duquel des pauvres tendent les mains et reçoivent d'une manière diH'érente. Sur le devant, on voit une femme qui fait taire son petit enfant qui demande encore; elle semble lui dire qu'elle est satisfaite. Ce tableau est très-richer ment composé, et les airs de tête en sont vaiùés avec beaucoup d'agré- pient.

En patrias effundit opes , sic dii'îtîs aurl Mercari superas pondère docta domos,

Compedc

Chartreuse de Paris. j0

Cornpede nam fracto , monlana per aspcra nudus Tendere quis gressu liberiore neget?

L'abandon de leurs biens c|u\iux pauvres ils déparient Commence en eux du monde un glorieux mépris. Ils en brisent la cliaîne , et d'un pied libre ils parlent Pour acquérir ailleurs des biens d'un autre prix.

Le neuvième offre Hugues , ëvêque de Grenoble , recevant chez lui Bruno et ses compagnons , qui se prosternent au pied de Féve- que. Dans le lointain , on apperroit des hommes qui tiennent les chevaux des voyageurs, et on voit au ciel sept étoiles, pour indi- quer l'accomplissement du songe de Hugues , dans lequel il lui sembla que Dieu se bâtissoit une maison dans l'endroit de son dio- cèse, nommé Chaj-treuse , et que sept étoiles brillantes lui en mon- troient le chemin.

Ergo iter emensi, septenâque auspice steUd

Protinùs Hugonis limina sacra petunt. Paude fores , venerande senex , peregrina propinquo

Clariùs ut terris sjdera sole micent.

Ouvre-leur , saint prélat : ils frappent à ta porte , Ces liostes dont te parle un mystique sommeil 5 Et sept asires en vain leur serviroient d'escorle , Si pour les éclairer ils n'avoient un soleil.

On voit , dans le dixième tableau , l'évêque Hugues , Bruno et ses compagnons , à cheval , traversant des déserts affreux , entre des montagnes énormes , pour se rendre à l'endroit que Bruno avoit demandé à Hugues , et qui se nommoit Chartreuse. La perspec- tive de ce tableau est fort bien entendue: il est aussi de Goulay , et retouché par Lesueur,

Itnmo âge , redde polis sua sydera ; summa capiti ,

Te coniitante , juvat visere saxa jugi. Mox ibi continuis horrens per opaca tenehris

Perpétua stellas luce micare dabit,

G

44 Chartreuse de Paris.

Quel besoin toiiles fois qu'à leur roule ils président ? On ne peut s'égarer, marchant sous les drapeaux; Et si dans ces déserts d'épaisses nuils résident , C'est pour croître l'éclat de ces astres nouveaux.

Le onzième représente Bruno et ses compagnons , occupés a faite Mlir, sur le penchant d'une montagne, ime église^ qui s'est nommée Notre-Dame de Casalibus ( Sp ) , et des petites cabanes ou cellules séparées les unes des autres. C'est la première maison de cet ordre institué en 1084. On voit, dans ce tableau, des ouvriers qui ti'avaiîLnt de la pierre , ou cjui en font monter au mojen d'une grue placée au premier étage déjà fait. Sur le devant, un architecte montre des plans à Bruno.

Jamque g'igantisis saxe molimlne saxa _

^c cumul an s Bruno condere templa parât.

Fulmina nuïla tamen mcluas : sunt consola facti Quœ superar& no^nis nitilur astra gigas.

Soudain roclie sur roche en géans on entasse , Sans craindre le destin de ces audacieux. Çuand on a pour complice un effort de la grâce , C'est un saint allental cju'escalader les cieux.

Bruno et ses compagnons reçoivent l'habit blanc des mains de Hugues , qui en revêt le dernier ; les six autres , qui sont dans le le fond , l'ont déjà. Tel est le sujet du douzième tableau , dans lequel on admire la sagesse de la composition , et l'expression de dévo- tion et de recueillement répandue sur les visages.

(89) C'est-à-dire, Notre-Dnme des Case aux , du mot c^^^i , ou des cahunes ;. on appelloit aussi cas aie , casaUnum ^ ces bâtimens grossièrement conslruils , que nous nommons aujourd'hui masures, et quand il y en avoit plusieurs ensemble, on disoit eu fi-ançois des caseaux ^ ensuite des chesaux. C'est de-là que plusieurs familles ont pris le nom de Descaseau ou Deschet^eau , comme d'autres s'appel- loisnt Desmasure ou Desmaisiere. Le nom de Chalet , qui figure si bien clans la nouvelle Héloïse, n'a pas une autre origine.

C H A R T R E L' s fi DE P A R I S. 4^

Kec mora sacrati cultûs insîgnia gessU Induei-e, et nii>eo subdere colla jiigo. Candida quid iniriim seins consislere seclis Quœ modo tôt lacrymis immaduisse vides ?

L'habit blanc, que tous sept prennent de leur saint guide

Marque cette candeur à l'épreuve des temps

Cette innocence pure , éclatante , ri<iide ,

Que n'ont pu relâcher ni ternir six cents ans.

Dans le treizième , le pape Victor III confirme l'inslilut de l'ordre en plein consistoire. Ce tableau est un des mieux exécutés. Les cardinaux y sont en rouge; ce c[ui est un anachroniime (40).

Romano intereà Victor de vertice nunien

Scit Carthusiacis tecta parasse jugis. Ccepta placent; etenim sacro comitante senatu

Non nisi cœlitibus censona ferre qiieat.

De ces monts accablez d'une éternelle neige, Jusqu'à Rome bi^-iilôt leur relraile fait biuitj El le pape Victor dans le sacré collège Confirme l'institut dont il voit tant de fruit.

Le quatorzième offre Bruno donnant l'habit à de nouveaux com- pagnons. Une noble simplicité , l'expression d'une dévolion tran- quille que l'on remarque dans les personnages j caractérisent ce tableau.

( 40 ) Ceci prouve ce que je répèle sans cesse dans mes cours d'histoire et d'anliquilés , combien les connoissances se tiennent. Le Sueur, dans un be.iir tableau, commet une faute lourde contre le costume , pour n'avoir pas été au courant de l'histoire ecclésiastique; les chartreux ont été fondés en 10B4, et ce n'est qu'ea.1242 que les cardinaux ont obtenu le chapeau rouge, la robe pourpre ne leur a été accordée qu'en 1464 , et le titre d'éminence seu- lement en 1644 , n'étant d'abord que des espèces de vicaire du pape ; l'évêque de Pcris avoit comme lui ses cardinaux. Ih Ji'ontpris le pas sur les évéqaes que quand ils se sont rendus les maîtres de l'eleciioii du pape , et c'est depuis celte époque qu'ils portent le chapeau rouge et la pourpre.

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^6 Chartreuse de Paris.

Macte igîtiir, sacra progenies prima i^a parentis Pigjiora , Jiascenlis spcsque decuscjue gregis.

Sydera prœludunt operi ; dédit aima henignum Roma pati-em , teneris ubera Bruno dabit.

Courage , fils aîné de cet ordre sévère ;

Ce qu'inspira le ciel ne sçaiiroit ;ivorter ,

fionie à votre n;ussance a fourni d'un (41) bon père,

El Bruno fournira de quoi vous allaiter.

Le quinzième tableau repre'senle Bruno occupé à lire une lettre qu'un messager lui apporte de la part à'Urbain II. Ce pape qui avoit été disciple de Bruno, lui ordonne de venir à Rome pour l'j aider de ses conseils. Bruno , accompagné de trois autres religieux, est à la porte de la chartreuse, dont on voit l'extérieur. Le messager est bien posé et admirablement dessiné , ainsi que le chevaL

Ubera quid memorem natis auulsa tenellis ?

Te sibi Roma ,7101^0 principe , Bruno petit. Rumpe moj-as , qud Jussa vacant suprema , sequare ^

Carcer erant rupes, urbs quoque carcer erit.

Mais quoi ! de ses vertus l'heureux bruit vous l'arrache. Le nouveau pape Urbain veut l'avoir à son tour. Va, Bruno, la retraile en ces rochers te cache, Et sçaura te cacher au milieu de sa cour.

Dans le seizième, Bruno se prosterne aux pieds du pape et les lui baise (42 ).

( 41 ) On disoit alors fournir d'une chose, pour fournir une chose.

(42) Bruno emmena avec lui à Rome les six amis qui l'avoient suivi dans les déserts ; ava t tout il remit son hermilage et ses dépendances à Seguin , abbé de la Chaise-Dieu, l'un des premiers donataires. Enn^jés du tumulte de la ville , ses six compagnons revinrent à la Chartreuse , que Seguin se fit un devoir de leur rendre. Bruno ^ avant leur départ, leur avoit donne pour prieur, iMuduin ^ dont nous avons parlé plus haut.

I

X"^

Chartreuse de Paris. 47

Sed te christiadum siimmis qui prœsidet aris ,

Dùiti sinit amplexu liberiore fnii , Stratus humo pedibus das oscula. Nil agis : inde

Quum refit gis , major nempe paratur honos,

II te voit du saint siège encor comme son maistre ; Tu lui baises les pieds lorsqu'il te tend les bras , Et les humililés que tu lui fais pnroislre , T'attirent des honneurs tu n'aspires pas.

On voit, clans le dix-septième (48), Bruno qui refuse l'arche- vêché de Rliégio que lui offre le pape. La scène de ce tableau est parlante : Bruno est à genoux sur le marche - pied du pape ; sa position exprime parfaitement ce que dit le vers : loin de moi ces dignités , etc.

Ima tenes , çuem ce/sa manent ; tihi Rhegia

Juste pontifiais munere mitra datur, En re/ugis , Bruno, nùni noxia dona parentis?

Sit procul , inquit , honos , ne grave niergat onus.

Plus la grandeur te cherche , et plus tu te ravales : Il l'impose une mitre , elle le fait trembler. Loin de moi, loin, dis-tu, ces dignités fatales. Dont le brillant honneur me pourroit accabler.

Le dix-huitième représente Bruno dans les déserts de la Calabre, accompagné de quelques religieux qui l'ont suivi. Ils sont occupés à défricher la terre, tandis que Bruno est en prière au pied d'un autel rustique. Le lieu de la scène est un paysage très-sauvage.

Dixit,et ad Calabri déserta cacumina montis ,

yluHca pertœsus vijicula liber abit. Quid refugo Brunone times ? tibi vincere certum ,

Borna , not^o ad superos Mose levante mamis.

(43 ) Goulay y a un peu travaillé.

H

48 C II A R T R E U s E D E P A R I s.

Bruno fuit en Calabre ; une sombre montngne

Y dérobe sa fuile au reste des humains.

C'est de que sa force , ô Rome, t'accompagne,

Dès qu'en nouveau Moyse il lève au ciel ses m.ains.

Dans le dix-neuvième , on voit Bj-hjw surpris en prières par un chasseur , qui , saisi d'admiration , est descendu de cheval , et s'est prosterné à ses pieds , un genou en terre. C'est Roger , comte de Sicile et de Calabre ; il fut si édifié de la manière de vivre des Chartreux, qu'il leur donna l'église de Saint -Martin et de Saint- Etienne , avec des fonds pour subvenir à leur entretien. La figure de Roger est pleine de majesté et de grâce ; le cheval est aussi par-, faitement dessiné,

Ohscuras Jhistrà latehras sed quœrit eremi j Hàc te fida caniiin tiirba , Rogere , rocat,

O te felicem ! princeps , dàm poplite cun-'O JEJficeris pnedœ prcvda inopina tuœ.

Çue sert d'être enfermé dans une grotte obscure ?

Uns meute y conduit un illustre chasseur.

Prince , bénis le ciel d'une telle aventure ;

Tu veux prendre ta proie , et Bruno prend ton cœur.

Le vingtième montre J?o^e;' endormi. Bnaw lui révèle en songe le complot qu'un de ses capitaines a formé contre lui. Au bas du lit , un garde éveille l'autre : on ajDperçoit dans le lointain la villa de Capoue que Roger tenoit assiégée.

yid Capuana etentm dàm proditor instat ai^arus

Mœnia , Brunouis munere parla sa/us, Auspice nil metuas vigili , dux inclyte , tantani

Cujus et in somnis lunhra rependit opem.

Tu lui fais des présens , il te sauve la vie ;

Et lorsque pour le perdre , un Iraiclre vcndsa foi ,

Il te révèle en songe une si noire envie;

El durant Ion repos sou onil^re agit pour loi.

Chartreuse dk Paris. 49

Le sujet du vingt-unième est la mort de Saint Bruno. II est composé d'une manière savante, tant pour la disposition des figures que pour l'expression des têtes. On voit des religieux dont la dou- leur est muette ; d'autres semblent s'attacher à considérer le visage de Bruno ; un autre est prosterné contre terre ; enfin , tous ont des actions différentes de tristesse , de constance et de résignation. Mais ce qui est admirable , c'est l'effet de lumière produit par un cierge qui est près de Bruno , et dont la distribution est réj^andue avec une vérité dont rien n'approche.

Quid qucrulis, pia turba, repies singultibus auraSy

Tristia dùm patrem fata subire vides ? Hauserat è feretro cœlestis germina vitœ ;

E feretro cœlis rii-'ere Bruno dabit.

Il meurt , laisse moins voir dans ta douleur profonde , Ces larmes , sainct troiipeau , qui coulent de tes jeux. E-'iine bière il apprit qu'il faut mourir au monde j D'une bière il l'apprend à ^ivre pour les deux.

Le vingt-deuxième et dernier tableau l'eprésente Saint Bruno porté au ciel par des anges , dont les figures sont vraiment célestes.

Ecce triumphalis sublatus in œthera pompa ,

Ignoto natls tramite pandit iter. Sedula consimilis meriti tibi congère pondus

T^irtutem aligeram pondéra nulla gravant.

Anges, vous l'y portez au moment qu'il nous quille j Par les mêmes senliers il y faut arriver. Plus nous avons sur terre amassé de mérite , ' Plus son poids vers le ciel sert à nous enlever.

Sur la porte qui va du cloître à l'église, on lisoit sur une table, supportée par deux vieillards persiques (44):

(44) On appelle ainsi des statues qui représentent des Perses .cfiptifs avec leurs vêtemeus ordinaires , pour servir de colonnes ou de pilas.res. Oji eu atlribue

' \%

5o Chartreuse de Paris;

Jinino caplt nuUam tacitâ suh nocte qiiietem. Sed qualem reperire locum ( quo tutus ab oinnl Sit strepitu gentis maneatque latentior^ anceps Cogitât , et sccum versât crebrb atque reversât.

Vertitur intereà cœlum , et Latonia lampas Clinique diu orasset superos , suspeusa tenebat In multani sohis vigilans prœcordianoctem. Opprimitur somno , et tepido dut membra cubili ; Procumbit languens , et mox ut lumina texit Matutîna quies , faciès incedere cernit. \AngeUcas , labiisque sales miscere modestis. ^JJixit nitidœ Jidei signaçula fronti , u4tque ait : ô tali quœ vos sub imagine fertis , Gaudentes aniniœ , per niaxima sceptra tonantis ^ \Adjuro , à stygiis estis vel ab œthere misses ! Illœ alacri pulfii , facieque et fronte decorâ: Ne trépida , dixere , Dei sacrate minister; Quippe tibi nos sidered descendimus arce , Faustaque cœlestis ferimus mandata parentis j O te felicem , queni de tôt millibus iinuin Elegére poli monacos reparare labantes ! Perge , tuum compléta animum , tua vota secunda / Hoc tibi dii'inus sator imperat ; ito citatus Granopolim , diciint vulgari idiomate Galli , Hugonemque petas antistitem , et ille docebit Quem tibi condidimus sublimi in vertice campum Voce sub Hebrœâ Cartusia dicitur , hoc est , Sermone ausonio , perfecta vocatio divûm.

rinvenlion aux Lacédémoniens , qui , après la bataille de Platée , voulant kuinilier les Perses, bâtirent une galerie qu'ils app^Lieul Perc.ique , dont de^ sialues de ce genre soutenoieut la voûte.

Vos

Chartreuse d k Paris. 5i

T^os quoque sumatis tanto de nomine rwineii , Et Carlusiaci vestri appellentur alumni. T^ade igitiir felix : te totiis honorât Olympus, Brune , tibi que dahit dit'inuni in sœcula nomeu. Ta/ibus ejf'atis , Jluxêre in nubila mil us y4ngelici , et sumptœ densato ex aère formœ Max abiere , torusque omnis spirauit amomo,

lUe gemens , tantique labans dulcedine verbi , Corripit è strato corpus , tendit que suplnas ^d superos cum voce manus , gratesque rependiti Nuniina (^lum dixit^ cceli quœ limen habetis , Si mihi s/ni totide/n linguœ , quoi himina J'niur In nieinbris habuisse ylrgus , persoh'ere dignas Haud possem laudes; istud quod minus obire Me facitis dignum , tua sunt hœc munera , Christ e. Est nihil excellens in me, vos oninia fertis. Optima cœpta date , gressusque parate secundos , Cœlicolœ y quibus est humanœ cura salutis.

A la suite du poëine de l'origine des Chartreux , dont le morceam précédent est tiré ( 46 ) , se trouve une épitaphe ( 46 ) de Saiut Bruno , dont l'auteur est anonyme.

Vetustissimum D. Brunonis EPI ta phi u m.

Primus in hac Christi dlrector 01,'ilîs eremo

Fundatorque fui , qui tegor hoc lapide. Bruno mihi nonien , genitrix Germania , meque

Transtulit ad Calabros grata quies nenioris.

(45') Anagraphe de Origin. Cartus. ordin., pag. 6 et seq. (46) Id. pag. l5,

H

13

5^ ChartreusedeParis.

Doctor erani,prœco Chrisli , vir notiis in orbe z

Desuper illud erat gratia , non meritum. Garnis vincla dies octobris sexta resolvit : Ossa manent tumuJo , spiriuis astra petit.

En voici la traduction également très-ancienne :

Premier en ce désert , conducteur du troup:au

Du Sauveur Jesus-Christ , suis cloz en ce tombeau,

Brunou ce fui mon nom , et la doulce campaigne

Laquelle m'esleva , ce fut en Aiemaigne.

Des buissons et foresls le repos gracieux

Me conduit en Calabre , vescus bien heureux.

Docteur bien renommé, j'annoncay la parole

De Dieu publiquement : si que ma voix en vole

Encor de toutes parts : mais Dieu je recognois

Autheur de mon salut , me guidant en ces bois.

Le sixiesme jour du nébuleux octobre ,

De ma vie trancha le filet sans opprobre. 1

Ici bas au cercueil mon corps terny gisant,

L'esprit prompt s'envola au pôle tresluisant.

Mes enfans bien aimez , suy vez ma seure trace y

Pour avec moi, de Dieu au ciel bénir la face.

Sur la porte du cloître qui donnoit dans le réfectoire , on voyoît une autre table accompagnée de caryatides de bronze , sur laquelle étoit cette inscription :

Canonisatio,

Papa Léo , gestis et majestate verendus , Cardineis patribus celebri circumdatus actu , Certior est factus quàm sanctè vixerit olirh Bruno; quod obseqidum , dùm vixit , prœstitit urbi ^ Quodque per hune cultu dii^ino Ecclesia crei/it. Hujus et audierat certb miracula quœdam.

Chartreuse de Paris. 53

Proptereà , votis patruin concordibus illiim Retulit in dii^os ; festian concessit eidem Octohris sextd celebrari luce quot annls , Illo nempè die moriens ascendit Olympum , Erigere huic statuas , ac œdijicare sacella Perinittens : super his confecta diplomata confort, Ordinis hœc Jiostri mater Cartusia serrât Inter Romani multa instrumenta senatûs.

Léon de Médicis d'estofTe mémorable ,

De vertus et mérite encor plus honorable,

Des pères cardinaux estant accompagné,

(^uel fut de Sainct Biunon le loz , acertainë ,

Et combien dignement il avoit en ce monde

Vescu et enseigné , duquel encor rcdonde

Le bien-faict conféré envers toute l'église ,

Qui par son meur advis l'office solemnise

De la Vierge Marie , et aussi entendant

Les grâces et vertus esparses d'abondant ,

Et faictes en tous lieux par miracles et signes,

Vray et parfaict signal de ses œuvres insignes ;

Du comnum sentiment de son conseil sacré ,

Au rang des bien-lieureux il l'a enregistré.

Aussi a-il permis solemuiser sa feste

Le sixiesme d'octobi'e , auquel l'ame parfaicte

Du corps se séparant , revola droict au lieu

Dont elle estoit yssue , et infuse de Dieu.

Permit à son bonneur édifier des temples ,

Et statues , à fin de nous servir d'exemples.

Sur ce il nous despescha authentiques sceaux ,

Les bulles, les placets et privilèges beaux,

Oue la grande Charlrouse , en nostre ordre première,

Parmj autres thresors soigneusement resere.

Dans les coins , il j avoit encore quatre grands tableaux aux quatre

H2

ko

54 Chartreuse de Paris.

exîrêmilés de ce cloîli-e. Ils représenlolent la ville de Paris telle qu'elle étoit au commencemenr du siècle dernier , celle de Rome , la grande Chartreuse , et celle de Pavie , fondée par Jean Galeas > Viscon i duc de Milan. Ce bâliment passe pour le plus superbe cou\'eut du monde chrétien. Ces tableaux se trouvoient des figures demi-nature , éloienl: aussi de Lesueiir et de ses élèves.

Les rehVieux avoient lait faire des volets qui fermoient à clef, pour les garantir , parce que des gens , poussés pa», une basse ja- lousie, avoient eu l'indignité de gratter et de défigurer leurs plus belles parties. On a prétendu que c'éloient des élèves de Z^'èrz//? ; d'autres ont cru que c'étoient des Italiens. Voltaire , dan» une exagération très-poëlique , prétend qu'ils n'en étoient que plus beaux.

Quelle cloit votre erreur, ô vous, peintres vulgaires,

Vous, rivaux clandestins , dont les mains léniéraires

Dans ce cloîlre Bruno semble encor respirer ,

Par une làcLe envie ont pu défigurer

Du Zeuxis des frauoois les savantes peintures?

L'hoimeur de son pinceau s'acrrut par vos injures ^

Ces lambeaux déclii lés en sont plus précieux,

Ces traits en sont plus beaux, et vous phis odieux (47).

(47) il est certain que le Brun étoit jaloux de la réputation, on peut dire de la gloire de Lesueur; mais en secret il aduiiroit son sublime talent. C liar'.cs Simoneau étant aux ( harireux y voit arriver le Brun et se met à l'écart pour l'écouler ; celui-ci, qui se croyoit seul ,s'écrioit à chaque instant : Que cela est beau ! que cela est admirable ! que cela est bien pensé ! Mais il avoil peine à dissimuler sa jalousie , ou plutôt l'espèce d'aveu qu'il en faisoit étoit ua témoignage de la supériorité de Lesueur: il fut le voir à ses derniers momens , et il dit en s'en allant , que sa mon allait lui tirer une grosse épine du pied; c'est- ce qui a donné lieu à cette supposition infâme , qu'il avoit empoisonné son rival; mais conment croire une pareille atrocité ? Je ne croirai pas plus qu'il' ail en_i;ag'' ses élôves à délr.iire le clief-d'œuvre de Lesueur; mais quelqu'un d'eux. a pu 1*^ f.iirj par uu zèle coupable et mal entendu. La jalousie de le Brun; lie pouvoit é;re que l.i jalousie d'un grand homme, d'un grand artiste. C'éloit cette m;^me émulation qui faisoit dire à Théiuistocle que les victoires de Miltiade- l'empêchoieiit de dormir,.

C ft A n T R E u s E DE Paris. S5

Les tableaux des chartreux avoient été enlevés l)ien avant la ré- volution ; mais Finlendant des bâtimens avoit commencé par les faire descendre avant de préparer le lieu ils dévoient être , ensorte que renfermés depuis plusieurs années dans des greniers, ils j péri>soient, ainsi que plusieurs de ceux de la superbe galerie de Rubens ( 48 ).

Lesueur disoit que les tableaux des chartreux n'étoient que des esquisses ; il s'étoit fait aider, comme nous l'avons dit, par Goulay son ami et son beau frère, et par ses trois frères Pierre, Philippe et Anloine. Les paysages sont de Pi^/e/ , fameux peintre en çc genre.

Ces tableaux ont été gravés par Chauveau, habile graveur et des- sinateur , qui savoit aussi inventer et composer ses sujets avec un, génie surprenant.

La plus grande partie du petit cloître étoit parquetée ; cependant on j vojoit quelques tombes de pierre plate, entr'autres celle de Louis , fils natui-el du comte de Flandre , mort l'an iSyS.

Pierre Danet , abbé de Saint-Nicolas de Verdun , et curé de Sainte- Croix en la cité, y étoit inhumé; il mourut en 1709 : il est l'auteur de plusieurs dictionnaires, noIaToment de cehii des Antiquités GreC" ques et Romaines, à l'usage du dauphin, fils de Louis XIV.

Enfin on y vojoit encore la sépulture de Pierre Versoris.

Il étoit à Paris le 16 février 1028. Le nom de sa famille éto?t Letourneur, c[u'il latinisa suivant l'usage des littérateurs du temps. Il auroît prendre le nom de versor; mais il trouva probablement le génitif plus sonore, et il l'adopta. Peut-être aussi croyoil-il que ce génitif donuoit à son nom un caractère plus noble, parce qu'il sisniHoit de Letourneur.

Versoris devint un des premiers avocats de son temps : il avoit la mémoire si présente, qu'il se servoit rarement ses livres. Il plaida pour les jésuites contre Pasquier, dans le fameux procès qu'.Is eurent avec l'université de Paris; et on peut dire qu'il gagna sa

( 48 ) On a placéau Muséum celui qui représente l'accouchement de Mariée de Médicisj mais (jue sont devenus les autres 2

56 C ir A R T ïl E U s E DE PARIS,

cause (49). Il fut député aux états de Blois , en i^jG, et j porta la parole pour le tiers-état. Il aimoit passionnément les Guises; et son attacliement pour la ligue éloit si exiréme , que la nouvelle de la mort du Cardinal et du duc de Guise le saisit à tel point qu'il ea mourut le 26 décemjjre i588. Mornac a écrit son éloge. Voici son épitaplie que l'on vojoit dans ee cloître.

Pariseœ jacet hîc urhis studiique Joannes Versoris decus exîmium , doctissimus omni Dogmate : qui vitd cœlehs et citlior honesti , Miiltoruni. ingénia erudiit jui'enumque senumque. J^ii>et at ille suis scriptis célébra tus iibique , Et famd , et meritis , diiin sol lustrabit Oljtnpum. Et go sui memores , œquos obnixè rogate Corde pio superos : œternâ pace quiescat.

Ce furent P/Vrre Loisel et Marguerite ss. femme qui firent édifier le chapitre et la secrétairerie , qui formoient un des côtés du petit cloître. L'autel en fut consacré le i3 d'août i332, en l'honneur de Saint Pierre et Saint Paul , par Guillaume de Flavecour, archevêque

d'Auch.

Le chapitre étoit fort bien décoré ; la menuiserie en étoit moderne, fort belle, et particulièrement celle de l'autel, qui consisloit en quatre pilastres et deux colonnes ioniques Le tombeau d'autel étoit aussi d'un très-bon goût et riche d'ornemens , ainsi que la bordure qui renfermoit le ta])leau.

C'étoit un christ sur la croix , peint par Philippe de Champagne: ce peintre qui le regardoit comme son chef-dœuvre , l'a voit légué par son testament aux chartreux.

Il'y avoit encore d'autres beaux taJjleaux dans cet endroit, savoir un nolimc tangere , de Le sueur ; une naissance de la vierge, un

(^9) Bayle, au mot xersoris.

^l

W liU. y/' rvtf. Pap.j;-

Jfir/i.f DinirS

Chartreuse de Paris S7

peu noir , par le Féty ( 5o ) ; l'adoralion des bergei-s, par Jacques Bassan Ç5i) , et un Poussin, c[ubéloh un peu rouge.

Il y avolt encore trois tableaux d'artistes vivans; ils sont non- vellementpeints. C'e=t la mort de la Vierge , par Perln , en 1783. Ce tableau , qui lui fait honneur , est sagement composé et bien dessiné , mais la couleur en est un peu lourde. Une présenlalion de la Vierge au temple , par Lagrenée jeune : le ton , quoique faux et violet, en est transparent et la louche légère et fraîche , mais rien n'est composé plus mesquinement. Enfin , l'entrée de Jésus-Christ à Jérusalem, par Jollaln.

Il y avoit aussi dans ce chapitre un fort beau lutrin sculpté en bois- très-délicatement , et dont les figures sont de Jullence , sculpteur pro-' vençal. Ce pupitre, gravé PI. I^III , n°. 1 , est sur un piédestal trian- gulaire, et dont les trois faces, lui peu concaves, sont: ornées de figures en bas-relief, représentant les trois apôtres , Pierre, Paul et Jean T éi^angéliste , tels qu'on les yoi\,Jigures 2, 3 et 4. Autour de la tige et sur le piédestal , les trois vertus théologales , 5 , 6 et 7 , qui sont fort belles. Le corps du pupitre est sculpté de petits ornemens en mosaïque très-délicats , et surmonté d'un petit Jésus c[ui tient d'une main le' globe de la terre , et semble indiquer le ciel de l'autre. La figure 8 est le développement des petites consoles des angles du piédestal : la figure 9 est le détail des petites faces du pupitre; enfin la figure 10 est la volute qui est dessous ; la figure 1 1 , les ornemens du paneau du piédestal ; et la figure 12 ceux de dessous le lutrin. Ce morceau curieux est aujour- d'hui au dépôt des Augustins sous le n». 336.

Onvojoit encore dans le chapitre plusieurs tombes. D'abord celle de Pierre Loisel&X de Marguerite sa femme , avec leurs effigies et cette épitaphe autour.

( 5o ) Peintre romain qui dut son talent à l'impression que firent sur lui les tableaux de Jules Romain, mort à Venise en 1624.

( 5i ) Un des plus fameux peintres de son teras , et excellent: coloriste , formé par le Titien, mort en 1692 , à 8a ans.

^3

58 C n A îi T n E u s E de Paris.

Ci-glst Margueritte , jadis femme de Pierre LoiSEL cor- doennier, (52) bourgeois de Paris , qui trespassa Van de grâce MCCCLXXXI , le VII des Kalendes ; priezpour Vame de Ij; que Dieu lui fasse bonne merci; amen. Planche IV bis , n°. 5.

Jci-gist Pierre LoiSEL, mari de la dicte Margueritte , qui tres- passa le dix-neuuième jour du mois de septembre , Van de grâce MCCCXLIII. Priez pour Vame de ly. Planche VI bis , n". 5.

Sur une autre pierre éloit aussi gravée une effigie , on lisoit ;

Cr-GisT noble dame Margueritte de Chaloxs , dame de Tlwry et de Pujsoie ,/ille de monseigneur Jehan de Cliâîons , comte d^^uxerre et de Tonnerre , famé de feu monsieur Jehan de Savoye, chei^alier, qui trespassa en son hostel le lundi XJ jour d'octobre ^ Van MCCCLXXVIII.

Quel éioit ce Jean de Chalons ? éfoit-ce Jean III, qui mourut en i366, et qui laissa en effet une fille appelée Marguerite. Mais les auteurs de l'art de véri;ier les daies, disent qu'elle mourut sans alliance; et celle-ci fut mariée à Jean de Savoie. Il se peut qu'ils se soient trompés. Si Marguerite iis[ la fille de Jean III , ce fut elle quise fit adjuger, en iSy-B , le gouvernement du comte d'Auxerre , avec des reserves pour ]es places fortes et les réparations des forlîfications pendant la captivité de son frère Jean IV ( 53 ).

Le réfectoire faisoit aussi un des côtés. C'éioit anciennement la chapelle de l'hôtel de Vauvert, avant la construction du monastère > a qui elle servit encore d'église pendant six ans , jusqu'à ce que la

(Sa) L'étymologie donnée par Voiture au mot cordonnier est des plus ridi- cules. Il prétend que le mot cordonnier c&i mis pour cordonneiir, c'est-à-dire, donneur de cor. La vérité est, que l'on disoit autrefois cordouanier ; ce m.ot a été dérivé de cordouan , sorte de cuir ainsi appelé de CorJoue , oîi on le pré— paroit. Ce c;iir s'appeloit eu Intin cordelisus. Il u"a pas été dilîicile de faira da cor louan , cordouanier .^ et par corruption cordoennier , comme dtms cette épita- phe. On a dit ensuite par abbréviation cordonnier. Ceux qui prétendent que cordonnier se dit parce qu'on faisoit des souliers de cordes , ne connoissent pa-s la vérita.ble élj'mologie du mot.

(53) Ce prince eut aussi une fille, nommée Marguerite, mais elle mourut en i5ii , six mois après sa mère Isabelle.

grande

Chartreuse de Paris. Sg

grande fût achevée. Ce réfectoire avoit élé orné, au siècle dernier, de plusieurs tableaux et de peintures en grisailles iniilant le bas-relief. Ces tableaux étoieni une descente de croix , copiée d'après Jordans par Borelli. Cette copie , cpii étoit précieuse pour la -couleur , décoroit l'autel du chapitre , avant que Champagne eût donné le tableau qu'on y vovoit depuis. On j remarquoit aussi un portrait de Louis XVI , peint par Pierre ; ,ce tableau étoit assez médiocre.

Les grisailles représentoient divers repas , dont les sujets étoient tirés de l'écriture-Sainte , tels qviElie nourri d'un pain par un ange sur la montagne d'Oreb ; les deux pêches miraculeuses ; la pâque des Juifs, la cène, lamâne et la multiplication des pains.

Le troisième côté du petit cloître étoit formé par le bâliinrnt qui lui servoit de communicalionavec la cour. Il avoit été bâti ^a.v Humbert^ dernier dauphin de Vienne , mort dominicain ( 64 ). _

Le quatrième côté étoit formé par un couloirnommé la Thébaide , qui servoit de passage pour aller au grand clos^ et dans lequel donnoit la porte de l'infirmerie. Près cette [)orte on vojoit une petite table de marbre sur laquelle étoit cette inscription en lettres gothiques :

L'an de grâce MCCCCXIA, fust parfaiste ceste chapelle et infir- merie que fonda madame Jehan ne parla grâce de Dieu roynede France et de Navarre , jadis espouse du roi Charles le Bel , etjust la ditte madaine la royne -, fille de très-excellent prince monsieur Loys de France , Jadis comte d'Epreux , et /ils de roj de France. Cette infirmerie avoit une chapelle dont le portail étoit en ogive, ainsi que les croisées. Au dessus , il y avoit un petit clocher, et dans l'inlérieur on y voj^oit cpiatre bas-reliefs, représentant Saint J'e't7/z- BLjpliste et son mouton ; Saint Paul herraite , et son pigeon ; Saint Antoine &\ son cochon ; et Saint Bruno sans compagnon.

Cette infirmerie contenoit six cellules avec leurs jardins à la ma- nière de l'ordre. Les vieux manuscrits du couvent rapportent de la xeine Jeanne, quelle allait sout-'ent par déi^otion visiter les re- ligieux , prenant la peine par grande charité et humilité de préparer / leur réfection , et la leur ministrer elle-même en leurs cellules ^

( 54 ) VoycT, l'arlicle d^s Jacobins de la rue St,-J:.cques , art.XX.\IXjp..g. 35.

I

6o Chartreuse de Paris.

consolant les injinnes et maIades,dontily en avait tousj ours pour

fa grande austérité de vie qu'ils menaient.

Elle avoit aussi fourni la chapelle de beaux orneuiens et de vases d'argent , et en outre elle donna pour l'entrelien de cette inSrmcrie la terre et seigneurie d'Yeres , en reconnoissance de quoi , outre les prières qui se disoient journellement pour elle dans cette chapelle ,

l'ordre faisoit tous les ans un service pour elle et le roi son mari , le 4 de mars , jour de son décès.

Du petit cloître on passoit dans le grand par une porte gothique , et cependant à plein ceintre. Ce cloître , disposé en carré autour d'un cimetièi-e , étoit d'une grandeur immense. Il étoit plus long sur deux côtés qui pouvoient avoir envii'on 470 pieds , tandis que les deux autres n'en a voient à-peu-près que 166. Il n'étoit fermé , du côté du préau ou cimetière qui étoit au milieu^ que par de petites arcades ogives sans viti'aux. Il étoit couvert partie en pierre , partie en bois , et renfer- moit trente-deux cellules ; savoir , six sur chacun des deux petits côtés , et dix sur chacun des grands. Ces cellules étoient séparées à égale distance les unes des autres; elles renfermoient chacune trois petites pièces, savoir: un vestibule cpiiservoit de réfectoire , une autre pièce qui servoit d'atelier , de bibliothèque ou de cabinet et de salon, et la chambre à coucher. Elles avoient en outre chacune un petit jardin très-bien arrangé , sablé, et rafraîchi par un petit bassin rempli d'eau vive que fournissoit la pompe du milieu du préau. J'ai donné, ■planche IX, une vue de ee cloître.

Les cellules étoient fort agréaj^les à voir par la propreté qui y ré- gnoit ; quelques-unes même étoient ornées , et renfermoient des ta- bleaux et des statues de nos plus habiles artistes»

Les huit premières cellules furent construites du temps de Saint Louis, tant de ses bienfaits, que de ceux de plusieui's autres personnes. Deux autres furent bâties ensuite , l'une par les dons de Marie ou Marguerite d'Issoudun , comtesse d'Eu , et l'autre par ceux de Thi- bault II y roi de Navarre , comte de Champagne, et gendre de Saint Loui-.

Pour achever la fondation de Saint Louis, il restoit vingt cellules à bâtir. Jeanne de Chatillon , comtesse d'Alencon , de Blois et de

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CllAnTREUSE DE PARIS.' Cl

Chartres , et femme do Pierre, comte d'Alencon , troisième fils de Saint Louis , en fonda quatorze pour l'entretien desquelles elle légua deux cent vingt livres tournois de rente perpétuelle et amortie , comme il paroît par ses lettres passées en la maison de l'évêque Wincestre , aj^pelée la grange aiurgueux , au-dessus du village de Gcnlilly (55). Cette princesse y sujjpose qu'il y avoit déjà seize cellules , et que sa fondation rempliroit celle de trente que Saint Louis avoit résolu d'y mettre.

Cette fondation est représentée dans ce cloître du cô!é de régllse* , par un bas-relief oi!i l'on voj'oit Jeanne de Chalillon oflrant à la Vierge qui tient son fiL entre ses mains , et à Saint Jean-Bapliste , quatorze chartreux à genoux. Cette sculpture s'étant dégradée , les chartreux la firent couvrir , en lyia , de planches défendues par un grillage, et sur lesquelles on copia avec exactitude ce bas -relief, qui avoit quinze pieds de large , sur quatre de haut. Un rouleau sor- toit de la bouche de Jeanne, sur lequel étoit celte prière qu'elle adressoit à la Vierge : Vierge mère et pucelle à ton clierjîeiis pré- sente quatorze frères qui prient pour moi. L'enfant Jésus répoudoit : majille je prends le don que tu me fais et te rens tous tes méfaits. Le haut de ce tableau contenoit dix-sept écussons portant alterna- tivement les armes de France et de Châtillon. Voyez Planche X } et au bas on lisoit cette inscription :

L'an de grâce 171 2 , cet ancien monument , de la piété de wa- tfa/ra^ JEANNsde Châtillon, comtesse de Blois , qui fut accordée à dix ans , et i7iariée à douze, à M. Pierre de France, comte d^^lençon ,Ji/s de Saint Louis , fut dressé pour consert>er la mé- moire d''une fondation qu'elle fit de quatoi'ze chartreux à Paris y et a été renouvelée conformément à son original ci-dessous , sur plâtre par les ordres de très-hauts et très-illustj-es seigneujs Cl AVBZ Elzear, comte de Châtillon, e^ Alexis-Henri , chei^aliers des ordres du Roi , frères , pour empêcher que lu longueur des temps if achevât de le détruire , et consen'er à la postérité la mémoire d'une si illusire parenté.

( 55 ) C'est aujourd'hui Bicétre.

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^.?

02 Chartreuse de Paris.

Celte inscrijjlion peu exacte a exercé plusieurs critiques. Son au- teiu- y dit d'abord que l'an 1712 , cef ancien monument fut dressé. Comment un bas-relief du XIIP siècle peut-il avoir été dressé en 1712 ?II a sûrement voulu dire renouvelé ; ce terme se trouve en eiïét employé plus bas.

L'auteur dit , dans la première ligne , que Jeanne de Chatillon fut accordée à dix ans, et mariée à 12 à Pierre de France, comte d'Alençon ; cela ne s'accorde ni avec l'histoire , ni avec les titres. Il est très- vrai que la princesse fut accordée à 10 ans à Pierre d'Alençon , que le contrat porte que le mariage sera consommé trois mois après qu'elle aura atteint sa douzième année , et c'est sans doute ce qui a trompé l'auteur de l'inscription ; mais ce mariage ne fut en effet célébré et consommé que dix ans après. C'est l'opinion de Guillaume de Nangis , c'est celle de Duchesne- dans son histoire de la maison de Chatillon , il conteste à GLiillaume de Nangis deux années , et selon lui, le mariage ne fut célébré qu'en 1271 , et non pas en 1278 , comme l'a dit le chroniqueur.

Quoi qu'il en soit de l'année précise du mariage de Jeanne de Chatillon et de Pierre de France, comte d'Alençon ( 56 ) , il n'en résulte pas moins qu'il ne s'est fait ni dans sa douzième année , ni dans sa treizième , Pierre de France n'ayant alors que dix ans.

Claude-Elzear ,co\rY{e de Chatillon n'a jamais été chevalier des ordres du roi, comme on le dit dans cette inscription. Il n'y a i^' Alexis Henry , marquis de Chatillon, qui en ait été décoré (67),

On voyoit encore dans la muraille du grand cloître une mosaïque prescjue effacée , représentant une pareille fondation. Pierre de Na- varre, aidé de son patron, ofTroit à la Vierge qui tenoit son his , quatre chartreux. Les têtes et les mains, qui étoient de bronze , en avoient été détachées ainsi que quelques ornemens; le foiid étoitorné de losanges joints par des rosettes très-jolies et dans lesquelles éfoit le nom de Jésus-Christ. Elles sont gravées au bas de la. planche XL

(56) Voyexswr ce prince, Ant. nat. , tom. IV, art. XXXIX, pag. 77.

(57) Piganiol^ lom. VU, pag. 14a.

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Chartreuse de Paris, 63

Le plan ou tapis avoit aussi deslosanges remplis par des dragons. Sur le côté éfolt un rouleau on lisoit l'inscription suivante en vers latins :

Intùs fundati sunt fratres quatuor isti , Cellam G. priinus habitat , si scire velimus , Est , benè cognoi^i, D. cella para ta sequenti , Possidet hanc ternus F. cellam , G , quoque quaternus. Quos sic fundai'it , et redditibus decorauit Nauarrœ Petrus Jîlius régis generosus. Quia cùni dictorwn fratruni quidam morientiir ^ Aut ad officia de cellis extra vocentur , Cellis ipsorum fratres alii statuentur , Nam fratrum cellœ plence debent remanefe Quinquaginta libris perpétua percipiendis. Cuilibet ipsorum ,bejie noscas , esse pro^iswn, ylnno mitleno trecinteiw jionageno Sexto , prœdicta nituit Jundatio facta. Petrus fundator sit cJiristi yerus ainator , Agmine sanctorum sibi dentur régna polorum. \ ylmen.

Les six autres cellules de ce cloître furent fondées , la première par yljidré de Taran , et par Pierre de Chosam , lorsqu'il se fit re- ligieux dans ce couvent ; la seconde par Pierre Bourguignon , prêtre et seigneur de Rouillon , qui y demeura pendant sa vie et qui donna ensuiie sa terre pour l'entretien de cette fondation , et les quatre autres par Pierre de Nai^arre ( 58 ).

Il y en avoit encore d'autres dans difrérens endroits de la maison ,' autour du cloître , telles que celle fondée par Jean Desmou/ins , entre l'infiimerie et le cloître ; une autre par Hugues le Coq , placée. entre un passage du grand cloître , et une troisième par Jean car- dinal de Dormans. Dans ces derniers tems , il j avoit environ quarante cellules dans cette Chartreuse.

Il y avoit au milieu du grand cloîti-e un assez joli bâtiment ;

( 58 ) Suprâ, pag. ly.

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^4 Chartreuse de Paris.

planche XII, dont la forme éloit un quarré long. Les deuxfacesétoient ornées de huit pilastres doriques rustiques , dont quatre soutenoient un fronton ceintré , orné d'une croix, sous lequel étoit une grande niche occupée par un vase de pierre. Les quatre autres pilastres accompagnoient deux arcades , servant à communiquer avec les deux péristyles qui éloieutsur les côtés latéraux , et qui étoient ornés chacun de quatre arcades. Planche XII.

La pompe qui étoit dans ce bâtiment étoit d'une méchaniquefort simple , fournée par un cheval , et servoit à donner de l'eau au grand -cloître.

Les petits bâtîmens que l'on voit dans le lointain sont des cellules , et les petites arcades sont celles du corridor du grand cloître.

Dans le grand cloître, entre un grand nombre infini de sépul- tures (59), on remarquoit les suivantes.

Gilles de Sens , seigneur de Loje, at-ocat en parlement , net- eu d'Eude de Sens; qui trépassa Tan i'à2)6 , le 10^ jour de juin. A côté, on \ ojoit sur une tombe plate :

Ci-GiST «oZ»/^ /fOWOT^ Guillaume de Sens, premier président en la cour de parlement è Paris , Jils de maistre Gilles de Sens , ijui trespassa Van de grâce 1892 , le i i^jourd'auril.

Cette épitaphe étoit autour de son effigie qui y est aussi gravée. II y est représenté avec une longue robe qui a les manches ouvertes au coude , et dont le haut forme un collet plissé autour du col. C'est celle c[ue portoient les présidens dans ce tems. Planche V , n". 8.

Plus loin , sur une autre tombe de pierre ;

Ci-GxsT maistre Vincent ee Montrotynie , jadis secrétaire de

feu noble et puissant prince monseigneur Pierre de Nat^arre ,

comte de Mortaigne , et depuis notaire et secrétaire du roj , qui

trespassa en la ville de Corheil , au seri'ice dudit seigneur , Van de

grâce JMCCCCXX , le ^^WW jour d'octobre.

( ."îg) Les chartreux avoient le dreit d'enterrer tous ceux qui le leur dcmnii- «loient. .

bo

Chartreuse de Paris: 6^

Dans le cimetière du grand cloîire, on remarqvioit entre plusieurs croix, indir|uanl les sépultures des moines (60), celle du tombeau de François Choart. Elle éloit portée par un large piédestal, divisé en plusieurs parties. Planche VII , n°. 3. Celle du bas éloil carrée; au-dessus étoit celle sur laquelle étoit l'épitaphe sur un marbre noir; et la dernière, qui servoit de pied à la croix, portoit un écusson ,(lonl: les armoiries étoient presqu'efïàcées. Le bas de la croix étoit taillé en rainceaux (61), terminés par le bas en volute. Les quatre croissillons qui étoient égaux, étoient aussi en feuilles d'ornemens, et terminés par des ro^aces ; deux rosaces en soleil, ornoient le centre. Tout ce travail "étoit très-bien exécuté. Voici l'épitaphe :

Ci-GrsT Messire François Choart , en son vivant conseiller du Toy en ses conseils , maistre ordinaire en sa chambre des comptes , et directeur de rhôpital général et des enfans trouvés , décédé le 17 octobre 1679 > âgé de 82 ans , 3 mois. Requiescat in pace.

Plus loin étoit la sépulture de Hugues le Coij ,■ décédé le 26 Septem- bre 1485.

Il se retira dans cette maison sur la fin de sa vie, et lui fit don de quelcjues revenu'^ pour sa pension et celle de ses gens , ainsi que pour la londation de plusieurs oilices après sa mort, et d'une cellule pour ïin religieux , comme on le voyoit par une plaque de cuivre placée dans le grand cloîtreà côté de cette cellule marquée E, et sur laquelle' étoit gravée très-profondément la figure de Hugues le Coq, qui pré- sentoit à la Vierge un chartreux. Derrière lui étoit son patron Saint Hugues (62), aussi en habit de chartreux. On j lisoit :

L'an de grâce MCCCCLXVIII le XI^ jour de novembre , vénéra--

( 60 ^ Ces religieux n'avoient pas d'antres sépultures. Celles des pères éloienï distinguées de celles des frères par une croix.

( 61 ) Espèce de branche ornée de grandes feuilles et acrompagnée de fleurs^ et de boulons ; ce mot vient du latin ramus ou ramusculusj rameau,-

( 6a ) Suprà^ pag. 5,-

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66 CllAnTREUSE DE PARIS.

li/e (63) et discrète {64^perso)i/ie maistre Hugues le Coq , licencié es droits canon et cii^il, et archidiacre de Baii/ne, en V église d'Ols- tiin , fonda celte celle et un religieux en icelle, lequel sera perpé- tuellement tenu de prier Dieu, tant pour le maistre Hugues son fon- dateur, comme ses père et mère, ayeul , ayeule , frères et sœurs , nep^ peux etniepces et autres ses amis et bienfaicteurs, et a aussifondé un anniversaire perpétuel , et a es lu sa sépulture en f église de céans. Priez Dieu pour famé de lui et de tous ses amis trespassés. Amen.

Plus loin encore sur une croix de pierre :

Ci-gist fnessire Jean Guyot , Jadis chapelain du roi notre sire y et chanoine de Sens et de Champeaux , qui trespassa le XXVni* jour de juin , Van de grâce M(]CCCIV.

Jean Charlequin , Guillaume de Blangi, bienfaicteur, Pierre du Pcrrier et Bertrand Francoyer , clercs et notaires des rois de France , y avolent aussi leur sépultui-e.

Le grand clos étoit immense; les religieux ne s'y promenoient que deux fois par semaine. Le potager seul occupoit plus de quinze arpens. La pépinière étoit en renommée pour les arbres fruitiers et étrangers

(63) Ce mot et le suivant se retrouvant fié.juemintnt sur les épitaph s, il ne sera pas inutile de les expliquer uns fois. Celui-ci est beaucoup plus facile : cette épithèle de vénérable se dpnnoit aux hommes rL-commandables par leurs dignités dans les ordres, ou leurs grades dans les jiniversités. A Nisme, le nom de vénérable, venerabills ^ se doiinoit au licencié ès-loix; celui d'honora- ble, honorabîlis , au bourgeois ou au marchand: celui de discretus ^ prudent ? au notaire; et celui de providus, prévoyant, à l'artisan. Le nom de vénérable donné au licencié ès-loix et en théologie , est ircs-fréq'itnt sur les épiiaphes.

( 64) Discretus se ren onlreMrès-souvent dans nos écrivains du moj"n âge j pour di'signer un homme prudent. Vossius", dans son Traité sur la corruption du langage , de vh'ns sermonis , lib. I , Ch. XXX, p. 144 , blâme cette acception , p;irce c{ue ce mot discretus a. toujours été pris passivement piir les an; iens. Aussi Pontanus aime-t-il mieux cette acception , et il entend par discretus , discernens. Catou , dans ses Distiques, l'a employé dans ce sens. Ce fut d;:ns le quinzième siècle c[ue l'on applic[ua ce mot discretus aux religieux et aux hommes recom- niandables par leur dignité. Il passa bientôt dans les épitaphes françoises , oîi il a l'acception de sag^ ^ prudent. Il devint, pour les cousais de k ville J^^isme , un titre honoriiiqae.

qu'on

Chartreuse de Paris; 67

qu'on y élevoit^ et dont les moines faisoient un grand commeixe. Le reste étoit occupé par plusieurs grandes allées couvertes, et par une charmille de toute la longueur du clos. Il y avoit un moulin â vent, et au milieu une petite rotonde d'ordre dorique qui servoil salle de repos. Ce grand terrein cloit situé enlr^la rue d'Enfer, des marais , le Luxembourg et le grand cloître. On y entroit par l'allés dite la Thébaïde.

Aujourd'hui les bâiimens des chartreux sont en partie abattus. On a percé sur cet immense lerrein une avenue qni fait face au palais du Luxembourg, et qui conduit au boulevard, près de la grande route d'Orléans.

Les chartreux , entièrement livrés à la méditation , au jeûne et à la prière, n'ont point songé à se faire un nom dans les sciences. Il faut cependant avouer qu'avant cjue l'imprimerie fût connue en Eu- rope , ils s'occupoient, avec les Jjernardins et les JDenédictins , à copier les ouvrages des anciens auteurs, et nous leur devons quelques-uns de ceux qui nous ont été conservés. Les chartreux, sachant que Guy ^ comte de Ne vers, vouloit leur faire présent de vases d'argent , lui témoignèrent qu'il leur feroit plus de plaisir, s'il vouloit leur donner du parchemin. Malgré cela, leur sacristie étoit plus riche que leur bibliothèque.

Voici le petit nombre de religieux un peu connus du couvent de Paris, dont nous avons recueilli les noms.

Le premier des prieurs des chartreux de Paris qui soit connu, est dom Joceran qui demanda et obtint sa démission en 1260. Il fut envoyé prieur à la Chartreuse dn Liget en Touraine.

Dom Pons, ou Ponce Darcnssia ou de Sablières, fut tiré de la maison de Paris, pour être fait premier piieur de la Chartreuse de Sainte-Croix en Forez. Il fut nommé évêque de Grasse , vers l'an 1281 , et sacré l'année suivante par Jacques dit Serene , archevêque d'Embrun.

Dom Bruno Ruade, docteur de la sapience à Rome, puis char- treux et vicaire de Vauvert, fut tiré de sa soUtude par Louis XIII, et sacré évêque de Conserans dans l'église de la maison de Paris,

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68 C II A n T n E u s E d e P a r i s.

le lo Mars 1624. Il assista à l'assemblée du clex-gé de France , en 1628. Il est mort en 1641. Il fut enterré à la Chartreuse de Toulouse.

Dom J. B. Pellot, homme de goût , auquel Commire adressa deux des pièces latines , dont une est une paraphi-ase saphique du regina cœli, et l'autre, une allégorie de l'élat érémitique. La devise est in otio negotium (65) ,• l'emblème est un vers à soie dans son cocon. Cette pensée a été entièrement adoptée par Urbain Robinet dans ime de ses hymnes.

Dom Gabriel Castel, de Normandie, cultiva les lettres, et particu^ llèrement la poésie latine. Le peu de vers qu'il fit sont insérés dans lui recueil, parmi ceux de la Valliere , sur le pallnod de Rouen. Cette collection se trouve à la bibliothèque nationale. Ce chartreux est mort vers la tin du dernier siècle.

Dom Félix Nouant, dernier prieur de la maison de Paris, sorloit d'une famille noble de Normandie. Après avoir porté les armes avec distinction, il embrassa la vie érémitique , et se fit estimer au- tant par sa vertu que par son amour pour les lettres. Rien ne le sauva de la persécution qui ensanglanta la France , et il périt du sup- plice réservé alors à tout ce qu'il y a\ oit de gens utiles et de mérite.

J'ai donné. Planche X, fig. 1,2, 3, 4, le costume des Char- treux , je reviendrai sur ce costume en traitant de la grande Char- treuse.

(65) Elle est bien dilTérente de celle que les religieux avoienl choisie, otium eum dignitate, buprà, pag. 4.

L I I I. ANCIEN PALAIS DES COMTES DE FLANDRE.

Lille y Département du Nord.

JL/A Flandre , portion considérable de l'ancienne Belgique (i); s'étendoit sur les contrées autiefois habitées par les Morins (2), ime partie des Ncrviens (3), les Atuatiques (4) et les Ménapiens (5).

Le nom de Flandre ne désignoit , au septième siècle , que le terri- toire de Bruges (6).

La Flandre étoit encore renfermée dans des bornes étroites sous Charles-le-Chauve , en 853. Le territoire de Courtraj n'j étoit pas même compris.

Les historiens flamands prétendent que dès le tems de Charle- niagne,et long-teras auparavant, la Flandre étoi* possédée par des seigneurs quila tenoient sous le titre de Jorestiers , titre qu'on leur donnoit, à cause des forêts dont le pays étoit couvert. Ils c'écorent successivement de cette qualité Lidéric (7) établi, disent-ils, par

( I ) Mon objet n'est point rie trailer tous les détails topograpliiqius relatifs à la ville de Lille. Je n'étends mes reclierihes sur son histoire que pour ce qui peut servir à l'explication de ses monumens et de ses principaux édifices. Ceux qui veulent des détails plus étendus , peuvent consulter le guide des étrangers à Lille, et sur-tout le Dictionnaire Dexpillj,à l'article Lille. ,

( 2 ) Les Morins occupoient les bords de la nier entre la Somme et l'Escaut.

( 3 ) Les Nerviens éloient situés entre l'Escaut et la Sanibre.

i' 4 "! les Atuatiques liabitoient le pays de Namur.

(5) Les Ménapiens étoient établis sur les bords du F liin.

( 6 ) Municipium Flandrense , Municipium Brugense , étoient deux expression» synonimes dans ces tems-l.-i. Waslelain , D.script. de la Gaul. Belg. , p. 408.

( 7 "> 11 étoit petit-fils cVEssore-^ prince du Bue, forestier de Flandre , comte d'Harlebeck. Il épousa Flandnne ^ née en Allemagne : on dit cjue c'est dVlle que la Flandre a pris son nom; mais d'oii vient celui de Flandrine ?

Plusieurs historiens le disent fils de Sahan ou Sahaer , prince de Dijon. Celui-

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3 AncienPalaisaLille.

Chailemagne , vers l'an 792, Inghelran on Enguen^and son fils, et' Odoacre son petit fils. Mais ils n'établissent ce qu'ils avancent , sur aucune preuve. Tous les anciens écrivains s'accordent à reconnoître , pour premier comte de Flandre, Beaudouin I , dit B?as dejer(8).

Arras , dont je publierai bientôt les monumens , étoit alors la capi- lale de la Flandre.

Quelcpies historiens prétendent que la ville de Lille exisloit dans ce tems, que Lidéric de Bi;c avoit fait réparer un ancien château bâti par César , et qu'il y attira des habitans. Mais cette fable est une de celles que chaque ville se plaît à rapporter pour illustrer son ori- gine.

ci , obIi<;é de fuir à cause des guerres civiles de la Bourgogne , résolut de ther- cJier un asjlo en Angleterre. Pour gagner un port de Flandre, il devoit tra- verser la forêt, qu'on nommoit alors la Forêt sans Pitié. Phinar gouvenioit le pays pour le roi de France, il avoil le tilre de roi de Cambrai; mais comme plusieurs princes d'alors, sa profession éloit celle d'un voleur de grands lIic- mius, ses mœurs étoient celles d'un meurtrier. Sahaer-, qui étoit son parent j selon quelques-uns , crut se mettre à labri en faisant prévenir le tyran de son passage. Mais Phinar profitant de cet avis , lui dressa plus sûrement des embû- ches , et le massacra avec topte sa suite, à rexception A^Emelgaer , son épouse, alors enceinte , qui parvint à s'échapper , et s'enfonça dans les bois.

Je ferai grâce aux lecteurs du merveilleux qui , suivant Thiroux, Hist. de Irille , p ig. 18 et suiv. , accompagna la naissance de LzWe'r/c. Je dirai seulement,, qu'à peine Eme/gaer lui eut-elle donné le jour, qu'elle fut tnle^ée par Phinar, qui la fît emprisonner. Lidéric, devenu grand, et instruit par celui qui l'avoit recueilli et élevé, conçut le dessein de venger la mort de son père et de tirer sa mère de captivité. De retour d'Angleterre , il fit ses premières campagnes , il se rendit à la cour de France, et se porta l'accusât ur de Phinai-. Ayant demandé la permission de pouvoir tirer vengeance du meurtre de son père dans un combat singulier, le roi , qui avoit déjà beaucoup à se plaindre lui- même de ce gouverneur atroce , y consentit sans peine. Lidéric demeura vainqueur, reçut tous les biens de Phinar, et fut créé à sa place gouverneur, de la Flandre , sous le nom de Grand Forestier.

Cn prétend que ce Lidéric fut juste et humain ; cependant quelques auteurs racdUlent qu'il fit mourir son propre fils pour avoir renversé un panier de fruits d'une^ revendeuse. Thiroux , Hist. de Lille, pag. 28.

(8) Art de Vérifier les Dates, tom. III, png. i..

Ancien Palais a Lille. 3^-

H est cependant certain qu'il y a\oit quelques maisons réunies au lieu s'est formée depuis la ville de Lille , et que Beaudouin le Barbu les entoura d'un fossé.

Cet endroit étoit alors connu sous le nom de château de Lille , cas- îelluni islense, et avoit un territoire assez vaste sur lequel s'étendoit la jurisdiction du châtelain (9).

Mais celui qui mérite d'être regardé comme le ^'rai fondateur de cette ville , est Beaudouin surnommé le Débonnaire , à cause de la douceur de son gouvernement, et de Lille , à cause des embellisse- niens qu'il fît à cette ville.

Cette ville, ou plutôt ce bourg, qui ne consistoit encore qu'en quel- ques maisons défendues par un château environné par dilférentes branches de la Deusle , venoit d'être détruite , au moment 011 elle com- mençoit à peine à se former , par l'empereur Henri III , qui avoit ravagé la Flandre ; et ce fut ce qui engagea Beaudouin V à fortifier plusieurs placesdesoncomté,et principalement Lille qu'il aimoit(io).

Le premier de ces embellissemens , si vantés par les historiens , se bornoit à la construction d'un palais qui occupoit à-peu-près l'es- pace de terrein qui se trouve aujourd'hui entre le cimetière de Saint Pierre et l'hôpital Comtesse. Ce lieu appelé Salle de Lille , appartient maintenant à trois ou quatre petits marchands qui s'y trouvent à l'étroit. Le bâtiment ne subsiste plus (i i).

La fondation la plus considérable , faite par Beaudouin , fut celle du chapitre de Saint Pierre , dont je parlerai avec plus d'étendue.

( 9 ) Le pr'^mier châtelain connu dans l'histoire est Sasvalon , fondateur de l'abb.jj'c de Phalenpain , en 1089. La Chàtelenie , avec le nom de Lille, fut héréditaire dans sa maison , et vint par mariages aux châtelains de Péronne ,. ensuite dans la maison de Luxembourg-I.igni. Marie , héritière de cette bran- che, épousa François de Bourbon, comte de Vendôme, duquel est descendu Henri IV , roi de France. C'est de ce chef que Louis XV possédoit ce fief el: la plupart des autres biens que Marie de Luxembourg avoit portés dans la- maison de Vendô.ne. U^astelairij Descrip. de la Gaule Belgiq. j pag. 402.

( 10 ) Molinos , Hist. de Lille ^ pag. Si.

(il) Molinos, pag. 5i.-

^3-

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4 Ancien Palais a Lille.

La ville de Lille resta !ong-tems dans un état pauvre etmisérahie; elle n'acquit de splendeur que quand on vit renaître l'ancien gou- vernement municipal, lors de l'élablissement des communes.

Lorsque Philippe Auguste se crut obligé de tourner ses armes victorieuses contre la Flandre , il assiégea Lille , s'en empara , et j fit construire un fort. Mais à peine éloit-il sorli, que les habitans se révol- tèrent, et reçurent le comte Ferrand. Le roi levint pour les punir, brûla la ville, et la plupart des habitans épouvantés, passèrent en Angleterre (12).

Depuis cet embrasement, Lille ne fit que languir pendant beaucoup d'années. Il paroît cependant que, malgré le peu d'aisance qui j régnoit en 1283, les échevins avoient pensé à rendre la vifie commode pour ceux qui venoient la repeupler. Ils firent construire des fontaines publiques, et établirent une léproserie.

La comtesse Jeanne, épouse de Ferrand {1?)) , fit plusieurs fonda- tions pieuses et utiles, dont il sera bientôt question, et sa sœur 3Iar- giierite acheva ces établissemens.

Gui de Datnpierre, son successeur , entra dans le parti formé cou-

(12) Quelques historiens rapporlenï que l'incendie eut tant de violence, que le terrein marécageux de la ville prit feu. Molinos , pag. 92 , révoque ce fait en doute, parce qu'il tient tr^p, dit-il, du merveilleux, et qu'il ne peut s'ac- corder avec les règles de la bonne physique. Si Molinos avoit connu les expé- riences faites parVolta, sur l'air inflammable des marais, il n'aiiroil p;is cru cet événement impossible. Ce qu'il y a de sûr, c'est que le terrein ne peut pas brûler j m lis il est très-nituiel que sa surface ait pris feu.

( i3) (]e comte fut vaincu par Philippe Auguste, à la bataille de Bouvines? et fait prisonnier. Ou le chargea de chaînes , et on le plaça sur un chariot, Irainé par quatre chevaux blancs, à la suite du roi, lors de son entrée magnitique à Paris, A cette occasion, le peuple chanta :

* Quatre ferrans bien ferres

mènent Ferrand bien enferré.

On l'enferma ensuite dans la tour du Louvre , d'où il ne sortit que dix ans après, au mois de Décembre 1226, en vertu du traité de MeUm. Il mourut de la gr.ivelle à Noyon en i233. Observons qu'on appeloil alors un cheval blanc Ferant , en latin Ferrandus.

Ancien Palais a Lille. 5

tre Philippe le Bel, qui le fit enfermer dans la tour du Louvre. 11 obtint ensuite sa liberté, niais sans oublier l'affiont qu'il avoit reçu. Il entra dans une nouvelle ligue avec le roi d'Angleterre. P/?////7yPe le Bel marcha contre la Flandre , il investit Lille ; tous les environs furent pillés , les monastères de FHnes , Phalempain et Marqueté furent détruits. La djssenterie se mit dans les troupes de Philippe, et cet acci- dent, très-naturel , fut regardé comme l'efîèt des vengeances célestes,

Le siège n'avança cependant que lentement , malgré le renfort que RoJjert d'Artois avoit amené à Philippe. Lille passoit alors poun une place très-forte. Chaque citoyen étoit soldat; Robert , fils de Gui de Dampierre , y commandoit. Il avoit avec lui le Pioux de Faulque- mont qui, ])ar sa valeur et ses ruses, défendit long-tems la place.

Un chevalier, nommé Robert d'Astiches , traliissoit lâchement sa patrie ; il avertit Pliilippe que les vivres commençoient à manquer , et lui fit dire c[ue s'il vouloit envoyer un troupeau de porcs vers la porte de Fives , Faulquemont ne manqueroit pas de sortir pour s'en emparer , qu'alors des troupes en embuscade tomberoient sur les siennes, et que pour lui, à l'aide de quelques affidés , il lui ouvriroit la porte. Philippe accueillit ce projet; mais le traître d'Astiches avoit été trahi lui même. Faulquemont feignit cependant de n'en être pas instruit, et dès que le troupeau fut près de la porte, au lieu de faire une sortie , il fit tenailler les oreilles à de jeunes cochons. Les autres, entendant leurs cris , se précipitèrent vers la porte que des soldats tenoient entr'ouvei-te , et la ville fut ainsi approvisionnée de ces ani- maux (14).

Malgré la valeur de Faulquemont , la ville fut bientôt forcée de capituler. Robert de Bethune sortit avec ses troupes; d'Astiches fut mis dans un tonneau , et jeté sur une charette, Robert vouloit le faire punir , mais il poussa des cris si douloureux, que les soldats françois le délivrèrent.

La Flandre fut bientôt soumise et confisquée. Jacques de Chatillon,

( 14 ) On trouve une anecdote à-peu-près semblable dans la vie de Berlrafid du Guesclin , dans le tems qu'il défendoit Reunes.

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6 Ancien Palais a L i i. l e.

comte de Saint Paul, en eut le gouvernement. Il accabloit les fla- mands d'impôts, et il les forçoit de construire, à leurs frais, les forts et les citadelles élevés pour les contenir. Ce fut alors que l'on bâtit le château de Lille.

Ces excès révoltèrent les flamands, mais ils furent encore malheu- reux. Philippe le Bel , après les avoir battus , vint mettre le siège devant Lille. Une arôiée nombreuse demandant à Philippe la ba- taille ou la paix, il consentit à cette dernière proposilion ; mais il conserva Lille, Douaj et Orchies, pour le dédommager des frais de l'expédition.

L'histoire de Flandre n'offre ensuite chaque année que des révoltes et des combats. Lille fut souvent alors l'asile des comtes de Flandre, et presque toujours le rendez- vous des armées qu'ils levoient pour com- battre les rébelles. La peste se joignit à la guerre; en 1849 eUei'avagea cette cité.

Lille , réunie à la France , partagea , quelques années après , les malheurs éclatans dont le royaume fut accablé dans la cotisation que les villes fournirent pour la rançon du roi Jean ; elle s'engagea à donner aux anglois huit mille pièces de monnoie rojale en six ans- La somme fut exactement payée. Le roi Jean fut si reconnoissant de cette preuve d'attachement , qu'il accorda à cette ville le privilège d'acheter des marchandises dans toute l'étendue du royaume , et de les importer sans payer de di-oits. Il accorda même des lettres de pardon à ceux qui s'étoient révoltés contre le gouvernement , quoïTjue leur conduite l'eût fort irrité.

La restitution de plusieurs villes de Flandre , à l'époque du ma- riage de Philippe le Hardi avec Marguerite de Flandre , rendit au comte une fierté et une puissance qui contribuèrent beaucoup à la dé- solation de ce roj^aume.

Lille rentra donc sous le pouvoir de ses anciens souverains , mais de nouvelles, révoltes s'élevèrent , et cette ville fut le séjour des comtes pendant le tems des troubles. Charles, VI marcha en Flandre , pour faire rendre à Louis le Mâle ses états. Celui-ci fit préparer à Lille de riches appartemens pour loger le roi et sa suite; mais quelques Jours avant l'arrivée de Charles , le feu prit à ces édifices.

Charles

Ancien Palais a Lillk. 7

Charles VI traversa la Flandre en conquérant.

Lille et les autres villes eurent un peu de paixjusqu'autems de l'as"} sassinatde Charles, duc d'Orléans, ipar Jean , duc de Bourgogne (i5), qui se retira alors à Lille , il fit bâtir un nouveau palais qu'il oc- cupa. Il fit aussi aggrandir la ville.

Marie , fille du comte de Charolois , héritière de ses états de Flandre les transporta à la maison d'Autriche par son mariage avec le grand Maximilien , fils de l'empereur Frédéric III.

Maximilien étant élu empereur après la mort de son père , Philippe son fils eut la Flandre en partage. Il épousa en iSgô Jeanne , fille et héritière de Ferdinand V , roi d'Arragon , et en faveur de ce mariage, les Pays-Bas furent annexés à la couronne d'Espagne par la maison d'Autriche.

Charles V succéda à Philippe en 1607; il vendit, en x5i5 , aux Echevins , le château de la Salle , qui avoit été à Lille la première demeure des comtes de Flandre. Lui et ses successeurs s'occujoèrent des embéllissemens et des fortilications de la ville.

Philippe IV , roi d'Espagne, mourut en i665. Louis XIV , sous la minorité de Charles II , fit valoir ses droits sur les Pays-Bas qui , par la coutume de Brabant , dévoient être son partage. La force succéda aux négociations. Il assiégea Lille , le 10 août 1667, et, après neuf jours de tranchée ouverte , la ville capitula.

Vauban s'occupa de la fortifier, et le roi visita ses travaux en 1673. La Flandre redevint bientôt le théâtre des combats pendant la guerre de la succession. Le duc de Boufflers défendoit la ville , mais il la rendit, avec la citadelle , au prince Eugène qui l'asslégeoit.

Lille resta au pouvoir des alliés jusqu'au traité de paix de 1713. Les hoUandois remirent à la France Lille et sa Chatellenie, et depuis cette éjîoque elle n'a pas cessé d'en faire partie.

La ville de Lille ne s'occupoit plus dès-lors qu'à faire fleurir le com- merce et les arts , enfans de la paix. La guerre déclarée à la France a fait tourner vers elle les efforts combinés de ses ennemis , et les

(j5) Ant. liât. toni. i, ail. 3, pag, 8i,

B

ÇC

8- Ancien Palais a Lille.

françois l'ont: regardée comme un boulevard de la république ; leur

espéi-ance n'a pas été trompée.

Lille a environ une demi-lieu de long.Le plus beau quartier est celui des rues Saint- André et Piojale , qui sont bordées de maisons bâties avec élégance et somptuosité.

La Deusle partage la ville et s'y répand en plusieurs canaux qui font aller des moulins , et servent à l'usage de plusieurs manufactures. On y voit trois ponts , deux pour les gens de pied ^ et un pour les Aoi- lures , construits par Deswerquin.

Il y avoit autrefois dans cette ville beaucoup de maisons de bols ; il n'en reste aujourd'liui cju'un très-petit nomljre.

Je ne décrirai point les fortifications de Lille , parce qu'il faudroit entrer dans une multitude de détails qui ne sont pas du ressort de cet ouvrage. Ceux qui désirent les connoître peuvent iii-e le Guide des étrangers àlAUei^ i6 ) , ouvrage composé par un officier du génie , et voir les différens plans de celte ville, principalement le dernier ( 17)..

On entre dansla ville de Lille par plusieurs portes, celle de Fii>es (18),. de Saint-Saiw eur , de ISotre-Dame , de Sauit- joindre , de la Barre , de la Madeleine.

La plus belle, et la seule cpje je décrirai, &'S,\. c^& des malades y, ainsi nommée à cause d'un liôpital elle conduisoit anciennement- Elle se trouve en face d'une rue du même nom; elle sert d'entrée du côté de la France ; c'est la plus belle porte des placés de guerre de . la république. Voyez planche I.

Ce fut LouisJilY qm en fît décorer la ville en 1682, après qu'il s'en fût rendu maître : elle a été bâtie par Valons. Son exécution répond à l'élégance de sa composition. Le milieu est une niche ; on voit dans le eeintre les armes de France , au-dessous celles de la ville de Lille. Les deux côtés offi-ent une colonnade d'ordi-e dorique ;renlre-colonnement'

( 16 ) Le Guide des étrangers à T.ilie, ou description de la ville el de ses envi- rons, précédée de son histoire , depuis son établissement jusqu'à présent. Lille' 1772.

(17) Plan de la ville de Lille, in-fol

( 18 J INojn du village cette porte conduit.

:S'? LlII.7Y.yr PaQ. 8.

Ancien Palais a Lille. 9

est occupé par des trophées suspendus. Les métopes des triglyphes sont remplis par des casques, des boucliers, etc. Ces colonnes supportent des trophées accompagnés de vaincusenchaînés. Entre les colonnes sont des statues, l'une, sous la figure de Pallas , représente la valeur et la prudence ; l'autre , sous celle d'Hercule , est le symbole de la force, Le tout est terminé par un Jjeau trophée accompagné de renmoées faisant entendre le son de leur trompette. Au milieu est la Victoire tenant une couronne pour le monarque viclorieux.

Le bastion à droite de cette porte est de Vauban.

Il reste encore dans la ville de Lille quelques monumens des anciens comtes de Flandre et des ducs de Bonr2;o2:ne. Parmi les "monumens civils , le vieux château est le plus remarquable.

Il a été bâti , comme je l'ai déjà dit , par Jean , duc de Bourgogne en 1407. Il s'étoit retiré à Lille après l'assassinat du duc d'Orléans , et il éleva au Rihours^ im nouveau palais qu'il occupa. Philippe le Bon l'embellit en 1480. lia été occupé depuis par plusieurs princes de la maison d'Autriche , et reçut ensuite le nom de cour de V Empereur , parce que Charles Y y lo^ea. en 1541 , et en 1549.

Ce fut dans ce château que Philippe le Bon donna, en i553, le fameux repas du faisan (19), pour faire vœu d'aller combattre les turcs, et délivrer la Terre-Sainte.

( 19 ) La chair de paon et celle de faisan étoient, au tems de la chevalerie, la iioun-ilure des preux et des amans. Une figure de ces animaux , servoit de but aux che\'aliers qui s'exerçoient ; et quand ils vouloient prendre un engagement, un paon ou un faisan éloit apporté solemnellement sur la table, dans un bassin d'or ou d'argent , par d_"S demoiselles. Chacun faisoit son vœu sur l'oiseau, et il étoit distribué aux assistans. Lacurne Sainte-Palaye a f;iil connoîlre toutes les céré- monies du vœu du paon ou du faisan, dans ses mémoires sur l'ancienne cheva- lerie, et dans le tome XX du recueil de l'académie des belles-lettres. Je n'ai rien à ajouter aux délai-s curieux qu'il nous a donnés.

Phil'ppe le Bon, duc de Bourgogne, donna un repas de faisans à Lille en r553 , dans la salle dont je viens de parler. On peut lire, dans Sainte-Palaye^ tous les détails de cette curieuse cérémonie , les spect clés suptrbes et singuhcrs qui s'y donnèrent. Le b,it de celte fêle étoit da s'engager à une nouvelle croisade qui <cepnidant, n'eût pas lieu. '

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10 Ancien Palais a Lille.

Le château étant devenu inutile, le magistrat l'acheta, en i66a, quatre- vingt mille florins. On a vendu le jardin par parties , et on en a fait la rue du Palais.

La plus grande partie de ce château fut brûlée en 1700. Le feu avoit d'abord pris par le théâtre l'on rpprésenloit la comédie : la grande salle Philippe le Bon avoit donné le célèbre repas de faisans fut entièrement consumée.

La partie endommagée a été rebâtie, etc'étoitlelieu on rendoit la justice; aujourd'hui c'est l'hôtel du district. La boiserie des salles est délicate : le tout a été fait sur les dessins de Deswerquins.

La principale entrée du château donne sur la place appelée encore Rihours ; on pénètre dans une cour : on a à droite l'édifice ^ou^ eavi , et à gauche ce qui reste del'ancien château. J'ai fait dessmer cette partie, vue de l'escalier des bâtimens modernes. Planche II.

On voit à gauche un corps-de-logis auquel on monte par une tour octogone. A droite est une autre tour octogone. Au milieu de la cour est un puits ; en face se trouve une porte avec des ornemens du tems de cette construction. A droite, sous une tourquarrée, est une porte qui conduit à la rueclu palais. Le tout est bâti en pierres et en brique.

Cette cour sert à faire la parade à midi pour la garde nationale. Le dessinateur a choisi le m.omerit les troupes ^•ont prendre leiu'S postes. Planche II.

Planche III. J'ai fait dessiner cette porte que l'on voit à droite en dedans de la cour. Elle est flanquée elle-même de deux tours , l'une- quarrée , l'autre octogone. On avoit uiis au milieu plus récemment l'écusson de la ville de Lille ; il a été enlevé depuis le décret qui suppi-ime les armoiries.

On appei-çoit une partie des édifices ruinés. On voit latour octogone, qu'on découvre du milieu de la cour, dans le coin à droite; des colonnes gothiques, qui éioient dans des salles détruites, annoncent des appar- temeiis somptueux.

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L I V. COLLÉGIALE SAINT-PIERRE A LILLE,

Département du Nord.

\J u T R E POU ancien palais , la ville de Lille ofire beaucoup de monumens civils qui attestent sa grandeur et son opulence, tels que le ci-devant hôtel-de-ville , la bourse , et sur-tout la salle de spectacle.

Je ne décrirai pas tous ces édifices, mon but étant d" m'altaclier particulièrement aux monumens qui ont rapport à l'histoire générale de la France ou à l'histoire particulière des familles.

L'édiHce de ce genre le plus remarquable par sa grandeur , par son antiquité et par les monumens nombreux qu'il renfermoit , étoit la collégiale dédiée à Saint Pierre.

J'ai fait dessiner, Planche I, la vue de cet édifice et des bâtimens qui l'entourent près du pont bâti sur la Deusle par Deswerquin.

L'artiste y a placé quelques voitures de transports, pour indiquer la forme des charrettes dont on se sert daiis la ville de Lille.

On j voit aussi un petit chariot traîné par trois chiens attelés abso- lument comme des chevaux et avec un collier semblable à celui des chevaux de rouliers ; ces chiens traînent aussi des bagages d'un poids considérable: on en voit quelc|uefois jusqu'à six attelés de cette ma- nière ; ils sont principalement employés au transport de la houille. Depuis la disette des chevaux , on voit à Paris et dans d'autres villes de- France des dogues qui traînent également des petits chariots.

On apperçoit dans l'éloignement , à gauche , le rond-point de la paroisse Saint-Etienne , et à droite celui de l'église Saint-Pierre.

Baudouin V fonda , comme on l'a déjà dit, cette église en ]o55 ; il la combla de bienfaits. La cérémonie de la dédicace en fut faite aAec

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2 Collégiale de Saint-Pierre a Lille. une magnificence exti-aordinaire , l'an 1066^ en présence de Philippe I«'^.,roi de France, qui scella les lettres de fondalion deson cachet ( i ).

Il j avoit des prébendes pour quarante chanoines : deux furent données d'abord aux évêques d'Ypres et de Bruges ; le chapitre eu accorda une autre parla suite à l'évêque de Tournaj.

Les dignitaires étoient au nombre de quatre , le prévôt , le dojen , îe trésorier et le chantre ou écolâti-e. Les fonctions de ce dernier con- sistoient à faire apprendre le plain-chant. C'étoit encore lui qui mar- quoit les leçons qu'on lisoit au chœur ; il de voit njéme aider à lire ceux à qui ce soin étoit confié.

L'église de Saint-Pierre conserva jusquesvers I2i31e droit exclusif de nommer les prévôts. La cour de Rome d'abord , et ensuite les i-ois de France se l'attribuèrent. Cette dignité valoit environ 6,000 livres de revenu.

Les papes Alexandre II, Grégoire VII et Célestin II confirmèrent successivement la fondation de ce chapitre et la possession de tous les biens qui en dépendoient.

Il j avoit unusage établi, qui subsista assez de tems, c'est que chaque chanoine étoit obligé d'avoir un cheval.

Vers la fin du X«. siècle , on institua des chapelains. Une charte de 121 1 apprend que la nourriture d'un chapelain étoit alors évaluée à quinze livres par année. Dans les derniers tems on en compta jusqu'à 5o et autant de vicaires. Il javoit aussi beaucoup de musiciens gagés , huit ou dix enfaus de chœur , un grand nombre de boursiers , et 3o ou 40 clercs.

Les chanoines recevoient des distributions en poivre ( 2 ) , en cire ( 0 ) et en amendes. Ces denrées éloient alors fort chères , et

( r ) Ces lettres sont les monumens les plus anciens il soit queslion de 1^ ville de Lille. Il y est aussi parlé d'une monnoie particulière à celle ville.

(3) Daas ce leuis-là, Roger, vicomte de Béziers, pour venger la mort deson père qu'on avoit assassiné, après s'être emparé de cettt! ville, imposa un tribut annuel de trois livres de poivre par fani'lle. Cet impôt fut regirdé commo très- onéreux. Ce fait prouve combien alors le poivre étoit rare et estimé.

(3) Elle fat aussi pendant long-lems peu commune, et passoit pour quelque

Collégiale de Saixt-Pierre a Lille. 3 n'éfoient réservées qu'aux grands seigneurs et aux ecclésiastiques. Ainsi que les seigneurs, ils avoient sur leurs serfs le droit dévie et de mort. Ils pouvoient aussi, à leur gré, leur imposer des tailles qu'ils étoient obligés de payer. Une partie de ces serfs se révoltèrent en 1127 , à cause d'un subside considérable que leur demandoit le chapitre. Guillaume, alors comte de Flandre, ayant pris hautement leur parti , fut condamné à se désister de la protection accordée aux vassaux de Saint Pierre, Il se soumit à la peine portée dans le jugement prononcé par l'archevêque. Après avoir demandé pardon de sa faute , il en reçut , vis-à-vis la porte de l'église , tête nuç- et à genoux , l'absolution des mains de l'évêque de Thérouane.

Le chapitre a eu long-tems la prétention d'être l'héritier de tous les ecclésiastiques qui mouroient ab intestat.

L'église de Saint-Pieri-e , les prévois et les chanoines avoient leur privilèges particuliers. Ceux-ci tenoient singulièrement à la vaine pré» rogative de déterminer le chemin par la célèbre procession, en- Flionneur de N. D. de la Treille, devoit passer. Des députés de la ville étoient obligés de venir , la veille , chercher deux chanoines dan» le cloître Saint-Pierre pour faire la visite des rues.

Ils avoient aussi celle d'astreindre le gouverneur de la province à venir, chaque année , entendre chanter un Te Deiun dans l'église de St.-Pierre .

Indépendamment de quelques exemptions, les prévôts jouissoient d'un droit que l'on appeloit de Chenelle , et qui consistoit en trois lots de bière sur chaque brassin , que tous les brasseurs des paroisses de Saint-Etienne, Sainte-Catherine et Saint-Pierre dévoient fournir en argent. Ils refusèrent de payer; on s'adressa au pape Martin V (4). Les abbés de Saint-Aubert et de Saint-Martin reçurent la commission; déjuger ce différend. Le droit des prévôts fut confirmé et les brasseurs

chose de précieux , tellement que Jean V , duc de Bretagne , cnil faire un vœiv considérable, en promettant son pesant de cire à iVoIre-Dame-des-Yertiis.

(4) Les cduses de toutps les églises, soumises immédiatement au Saiiit-Siégoy dévoient alorà être portées à Rome.-

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4 Collégiale de Sain t-P ierre a Lille, furent condamnés à payer de chaque brassin de bière, ou d'hjdro- iiiells , ou de telle autre Ijoisson , quatre lots, dont trois aux prévôts , et un au curé de Saint-Etienne. Les prévôts étoient obligés à leur tour de laire présent à chaque brasseur , le joiu- delà Chandeleur, d'un cierge pesant une livre et demie.

Des privilèges affectés à l'église de Saint - Pierre le droit d'asyle éfoit le plus ancien. x'Vinsi ceux qui avoient commis quelque crime in- volontaire, les scélérats même y trouvoient un refuge assuré. Le fait suivantprouve combienles corps eccléiiasiiques ont toujours été jaloux de leur puissance , même aux dépens de la justice et de l'humanité.

Un nommé André Blai-'et , devenu redoutable par différens assas- sinats ,mit le comble à ses criines en poignardant sa femme, ^r- nouU , seigneur de Cjsoing , sur les terres duquel s'étoit commis ce dernier meurtre, voulut se saisir du coupable ; mais celui-ci, pour échaj^per aux poursuites , se réfugia dans l'église de Saiiit-Pierre , il se faisoit apporter à manger, x^rnoîdt, qui crut qu'un asyle aussi res^- pectable n'étoit point fait pour receler un homme chargé de forfaits , l'en fit arracher , et le coupable fut pendu quelque tems après. Cette action , juste en elle-même , passa pour un crime affreux. Le chapitre de Saint-Pierre s'assembla , et porta une sentence d'excommunication contre Arnoult. Pour obtenir l'absolution, il fut contraint d'aller chercher le corps au gibet et de l'apporter sur son dos jusques dans l'église Saint-Pierre. on l'obligea de baiser plusieurs fois le cadavre à la bouche , et il assista en habit de deuil aux prières pubhques que l'on fit pour JBlauet avec une grande solemnité. On ne se borna point à cette réparation révoltante , on obligea encore le seigneur de Cjsoing avenir tousles ans garder la procession de Lille. Il devoit y assister en coite d'écarlate , une verge blanche à la main et à chepal , sous peine de cinq cents livres d'amende ; c'est ce qu'on appeloit alors le chevalier rouge. Celte peine fut non-seulement attachée à la postérité d'Arnoult, mais même à la terre de Cjsding , c'est-à-dire à tous ceux qui en devenoient seigneurs. Elle fut cependant éteinte en 1 286 , moyennant une redevance annuelle de vingt-cinq livres.

Nous parlerons d'un autre abus qui n'est pas moins révoltant ni

moins

Collégiale de Sain t-P ierhe a Lille. 5 moins lionteux ; celui de réclamer un coupable tonsm-é , ou qui l'avoit été, de quelque crime qu'il se lût souillé ( 5 ).

Chaque nouveau curé payoit au chapitre de Saint-Pierre une somme d'argent pour l'usage d'un bréviaire qu'on lui prêtoit , et qui retournoit après sa mort à la fabrique ( 6 ).

Le chapitre fonda difTërens ordres religieux et leur céda des biens , des prérogatives et des droits dont il se dépouilla.

En i354, un violent incendie consuma l'église et les bâtimens qui l'environnoient ; mais tout lut bientôt réparé par les largesses des comtes et les oflTrandes des particuliers.

L'architecture de cette éç-lise n'avoit rien de remavauable : elle avoit été rebâtie , comme je viens de le dire , dans le quatorzième siècle ; mais elle renfermoit des monumens très-précieux pour l'histoire de Frémce , et pour celle de Flandre plus particulièrement.

Le vaisseau étoit en croix latine , dont on apperçoit le rond-point ^Planche I ; la voûte avoit de l'élévation et de la hardiesse: dans les bas côtés étoient des chapelles qui renfermoient les monumens des hommes cjui avoient tenu un rang dans la province. Il y en avoit aussi beaucoup à la mémoire des chanoines, et le plus grand nombre des tombes plates leur étoient consacrées.

Près de l'orgue , sous le clocher, étoit une laine de cuivre représen- tant Jean Lucas , chanoine de Saint-Pierre à genoux, les mains jointes, selon l'usage. Je n'en donne pas la figure, parce que celles de cet te espèce sont tro]) multipliées ; mais j'ai fait graver l'ange qui étoit tracé près

( 5 ) Cet usage n'étoit pas seulement affecté aux chanoines de Saint-Pierre. Vn coiT03-eur ayant été condamné, à Douay, à avoir la tète tranchée, le doyen de la chrétienté ie transporta au lieu du supplice, et le réclam :i , parce qu'autrefois il avoit été tonsuré. Les magistrats furent coulraints de le renvoyer en prison, et au bout de six mois, par spnt:ence de l'évêcjne d'Arras , le coupable fut élargi, moyennant une légère somme d'argent.

(6) Les bréviaires de ce lems étoient remarquables parles vignettes et les culs-de-lampe qui ornoient presque chaque page. On y voyoit des singes en -chappes, des cochons ave; des ^-é:emens de moine, des diables dans des attitudes grotesques, et mille autres folies semblables.

B

Ci

6 Collégiale de Saint-Pierre a Lille. de lui , à cause de In singularilé de l'instrument qu'il lient entre les mains ( Voyez Planche II. no i). Ou lisoit dessus cette épitaphe, qui , ajnsi que la plupart de celles que je vais rapporter , contient plusieurs mots flamands , parmi ceux communs à la langue Françoise.

Memore ( 7 ) que sire Lojs Lucas *. Fist cy (8) faire jadis Geste figure cj présente Qui Jehan Lucas représente (9) Sem ( 10 ) frère et quand il sordena ( 11 ); Sen an de grâce ( 12 ) abandonna Pour son obit chacun an faire Homs ( i3 ) esloit de très biel affaire Attendans Prouuence ( 14 ) pardon Die 11 face à l'ame pardon. Ameiu

( 7 ) Souviens-toi.

( 8 ) icy.

( 9 > Qui représente Jean Lucaî,

( 10 ) Son frère.

( !i ) On appeloil ordener ^ administrer à un moribond les sacremens. Ainsi on disoit mourir ordineiriint , mourir confessé, communié et onctionné, et après avoir fait son testament. C'est ce qui est indiqué ici par le mot sordena, pour se erdena.

( 12 ) Son an de grâce. On appeloît année de grâce ^ celle révolue aprt^s la mort d'un chanoine . pcndcint laquelle le produit du bénéfice étoil retenu par les autres chanoines , ou api)liqué au bien de l'église. Comme il en résultcit beaucoup d'abus , cet usage fut interdit en i3io, dans le concile de Trêves.

( i3 ) Homme. On disoit homs ou hom pour homme.

( 14 ) Preuve. On disoit aussi promanche et prononce. On lit dans un cnrtulaire : Tis faire diligente inquisition par bonnes gens créables et par le prouvanche des- anchiens escrips. El dans le poënid manuscrit de iiob^ri le diable :

Encore dirai autre nouvielle Dont je bien creu'i serai : Car boine provance en feray^

Carpentier glossarium , voce probqmentum^

N.° LIV. /V. 2.J'ao.li.

Mtehef Du-erf

J

Collégiale de Sain t-P ierre a Lille. 7

Il pleut au Roy du firmament

Que Loys Lucas fermement

Fesist (i5) ainsi que me ramembre ( i6 )

XiiiJ jours de mois décembre

En l'an iiij'^'' mil iij ! ( 17)

Et y canonnes de Cheens ( 18 )

Et aussy de I.ens en Artois

Definna larghes ( 19 ) et courtois

Pardevant cest mabriel (20) fut mis

Dieu li soit a s'tn (21 ) ame amis. Amen.

L'insti-umeiit que l'ange lient entre se.s mains est du nombre de ceux qui étoient appelés PsaUérion ou SaItérion{^2.2). Leur usage est fort ancien ;il en est question dans le roman de Brut (28). Celui quienjouolt chanloit en s'accompagnant. Comme c'étolt ordinairement les louan- ges de Dieu et des Saints , ces chants ont été appelés Caulicjue , de l'usage de les chanter , et pseaume , en latin , psa/mus ,de l'usage de s'accompagner avec le psallérion , mot dérivé du grec ■^.xwui chanter en s'accompagnant. Cet instrument est peixé de trois trous , et se joue par dessous. C'est cette manière de jouer de cet instrument

(iS) Fit fin.

(16) Rappelle , souvient.

C 17 ) i38o, et pour la rime, les nombres sont ainsi coupés, quatre-vingt mille Irois.

(18) Chanoine de céans.

( 19 ) Mourut libéral.

( 20 ) Ce marbre.

( 2t ) Son.

( 22 ) On disoit salteiion pour psalterion , comme salmus pour psalmus , saume pour psaume. Ou lit d lus des lettres remises en 1411 , conservé s à la Libliotliè- qiie nationale , le suppliant trouve zcelle michelette dansant au son de la herpe et du psalterion. On avoit donné aussi le même nom aux fers dont ou enihaînoit les prisonniers. Ce prisonnier et lui furent inis ensemble au saherion. Je ne s.iis d'où est venu cette façon de parler; mais c'est de la même manière qu'on dit mettre au. violon^ renfvirmcr quelqu'un d ms un corps-de-garde.

( 23 ) De Bruius.

B z

C^

8 Collégiale de Sain t-P ierre a Lille.

qui me l'a fait dessiner. Il n'y en a pas de semblable dans l'essai sur la musique de Laborde , qui en a pourtant rassemblé un assez grand nombre.

Auprès de cette tombe on lisoit ces deux autres inscriptions :

Cy-Gist nobles hoins Grars du Bois, qui trespassa Van de grâce MCCCC el X , le XX de may. Il gist en cette église demiselle Jehane DE Warenghien , yVf//^ première femme dudict Grard quy trespassa Fan mil CGC LXVII /e V.^/ozzr de nouemhre. Cy- Gist demiselle YsABiAUX de Tieffries , second espeuse au dict Grard et trespassa en Van mil CCCC et JIII le VI jour de may , priés pour leurs âmes :

Cy déliant Gist Jehan DornArt chanonnede ceste église et curé de T'Ferny qui trespassa en Van de grâce mil CCCC et XL VI le XW! j our de feurier. Prié pour sa?ne.

Sous ce même clocher étoient les inscriptions suivantes.

Cy de.-^sous ce clocherGisT maistre Jacques Pourcelet^ maistre de la chambre des comptes à Lille , lequel trespassa le dimanche XXIII iourdu mois de décembre , Van mil quatre cens quatre-vingt et un. Prié pour son ame.

Cy dessoubGisT aussy Jan lePliempe son nepueu en son viuant recepueur des aydesde la Chastellenie de Lille , Douay , Orchies , et depuis bailly de messeigneurs doien et chapitre de V église sainct Pierre de Lille quy trespassa le HMlJour du mois de nouenibre Vari mil cinq cens et trois. Prié pour son ame :

Chy deuant gist Jean Scoron bourgeois de Lille qui trespassa en Tan mil CCCC et sijc le XXIX iour d'octobre. Prié pour H.

Les inscriptions suivantes se lisoient dans la nef et à l'entrée de celte

église.

L'an rail cinq cens septante-sept Inhumé fut cy un vicaire Nommé maistre Piat Blau\vet Qui comme à la uîorl tributaire

Collégiale de Saint-Pierre a Lille. 9

A pa3"é la debte ordinaire

Eagé de vingt-rincq ans.

Prions tous qu'à Dieu veuille plaire

De le mettre es deux reluisans.

Cy devant GisT le corps de Jacques Voisin 5fl'zW(?i/r ( 24 ) et fossier (25 ) de ceste église , lequel Jina sa vie pai- mort le VIII.= de jullel MDCV". Prié Dieu pour son anie.

Cy deuant Gist Jehan Façon en son viuant carp entier {26^ lequel Jina sa i'ieleJLX.Ï de januier XV.'^ XLVI ( 27 ) , /7nV Dieu pour leurs âmes. V

C\ deuant Gist AiiTHOlSE' Façon Jils de Jehan en son temps

bourgeois et marchant , lequel termina vie par mort le XI de juin^

XV.i; 68. Auprès de lui gist demiselle Seniteine Meurie sa

femme, laquel Jina leWV^ de Jiiay i^Q'à. Priez Dieu pour leurs

âmes.

Ch-Gist vénérable et discrète personne (28) maistre Jehan Baue , prestre et chappelain habitué de St.-Pierre , lequel Jina ses jours le lL\lJour d'apuril^Y .c XVIII. Prié Dieu pour son ame.

Cy-Gisi Alexandre de Flers escuier seigneur d^Ajette et de Tenquette etcet. en son temps procureur- général et Artois qui termina le second] our de mars Van XV. c XLII. Priez Dieu pour son ame.

Cy - Gist damoiselle Magdeleine de le Fortrie D.le de RuYTTOiRE , en son temps femme audit Alexandre , laquelle ter-' mina le YIV" jour de nouembre Van XV.c LXXIIII. Prié Dieu pour leurs âmes.

( 24 ^ Mot picard , pour indiquer un fabriquant d'une espèce d'étoffe appelée saie ^ faite de la laine la plus fine. Il est dérivé du latin sagum. saga, sagia , saùz saium.

( 2.T ) Faiseur de fosses, en latin du bas [emi ficiator.

(26) Charpentier, du mot Isiûn carpentarius , dérivé de carpentum, qui sionifie char, charriot ; il s'entendoit d'un menuisier , d'un charron, comme d'un ouvrie» en bâtimens.

(27) 1546.

( 28 ) Ant. nat. article des Chartreux,

a

ïo Collégiale de Saint-Pierre a Lille;

^u pavé en lame de marbre » damoiselle Jehanne de Flers J Jille de Joeu Alexandre escuier et cet ; et damoiselle 31agdeleine de le Fortrie etcet : au deuant d^icj denomet , damoiselle de Tenqueltes , vefue de maistre François de Cambry , viuant con- seiller de sa majesté cath. en Tournay et Tournesis at esleu sa sépulture en ce lieu presses père et mère , frères et soeurs, laquelle dajnoiselle tertnina vie par mort le 22 d'apuril 1606. Prié Dieu pour leurs âmes,

Matri opt. plane liberi mœsti posuere.

Cy deuant GiST demiselle Jacquemine Fascon vefue de Eloy Pinchart , laquelle trespassa le XIV de mars i55i. Et JENNiff Caron ,• enfant choral [ 29 ) de ceste église qui trespassa le 2 de jullet MDLI. Prié Dieu pour leurs âmes.

Ç,\ deuant Gist sire Roland le Blond dithY. Nom, en son temps capelain de V église de Ceens qui trespassa Pan de grâce mil IV cens LXXIII. Prié Dieu pour son ame.

En l'an mil cincq cens neuf sur septante

IMartin Hazard d'icj choral ( 29 )

A ressentit le 1res <.rand mal ^

Tie, la mort , qui tout espante ( 3o ).

Puis le vingtquatriesme en juia

Cy deuant en sa sépulture

Attendant la vie future

Pour régner au tluosne diuin.

D E O. OPT. MA X.

Venerahili viro D- MiCHAELI le Roy , qui ex hujus ecclice puero symphoniaco ( 3i ) faclus sacellanu?, ( 32 ) indè Choralium

(29) Enfant de cbœur. On disoit aussi chorial. Ce mot vient de chorus .^ qui (éloit la partie de rég'i.~e le cltrgé se réunissoit et chantoit l'office. ( 3o ) Epouvante : expanter, espauter, à''expavescere. ^3i ) Euf'nt de cliœur, {'62) Ch ipelain.

Collégiale de Saint-Pierre a LTilt. ii magister , post ob ryiorum et ingenii laudem canonicatû donalus, pesté extiJictus , hoc communi fidelium cœmiteriô spelitur XV jimii MDLXXXI , an. natus XLV. Joés Hacin Choralium ina- £^ister Ç33 ) amico bcnè mcrito posuit i588. Requiescat in pacc.

Cy gisent Paul et Melchior le Roy , Jîls de feu Pierre et de Jenne Becqnart , en leurs temps panieûrs (34) d'aire , lesquels mourureut à scaiioir ledict Paul le 3o d'octobre an MDLXXI. Et ledict Melchior le iz dejutlet an MDLXXII. Priés pour leurs âmes.

Cy gist Jehan le jouene 17?// trespassa en l'an de g?-ace MCC.CC et JiXXÏlI le XXll^ Jour de Juin. Prié pour same , et gist sire Jeham Ontis qui fut capelain de Ceens et trespassa rait MCCCC.

Cy deuant GiST sire Jehan de Grudenare en son riuant ptre chappelain de ceste église, lequel trespassa le XXWil^ de mars iSS^auant Pasques. Prié pour Vanie.

Cy deuant GisT maistre NicoLLES DE LE Haye maisLre en ars ( 35 ) chappelain de ceste église et de Lilers qui trespassa en Van de grâce M CCCC et IIII le X\l\l Jour de décembre. Priés pour Pâme,

Près du portail on lisoit les inscriptions suivantes :

Cy deuant gist sire Jean Cappiaus pj-estres capellains de Véglise S. Pierre de Lille , quj trespassa tan mil CGC LXXX et VI le premier Jour du mois de Juin g. Pries pour rame.

Cy dessous gist sire Mathieu Bousins chappellains en l'église de S. Pierre de Lille à l'autel S. Thomas le Martir et lontans

( 33 ) Maiire des choraux ou enfans de chœur.

( 34 ) Je crois que ce mot signifie boulanger. D;.ns le moyen h^e panerius signi-- fioit panier et boulanger sans doute, parce ([u'on donne la forme au pain lUins an panier.

(,35) Maîlrc-ès-arls,.

•=iX.-

u

12 Collégiale de Saint-Pierre a Lille; sourcantres ( 36 ) en ladite église qui trespassa en Van de grâce jfiil CGC LXXIV, le N\\^ jour de juing. Pryés pour Tame de li. Sur la muraille enlre ledit portail et la chapelle Saint-Adrien :

^u-dchors de t église de Céans , enipres ( 87 ) les murs de la chapelle S.Adrien, Gist sire Estienne Cle.\queim,eure, prestre en son temps Chaplin, de S. Michel et soubs-chantre de ceste dicte église qui trespassa le ^1 j our d' octobre l'an de grâce mil quatre cens et soisante douze. Priés Dieu pour son ame.

Le pèlerin qui faisant son voiage Prend l'Eternel pour son asseuré but Libre des maux d'un périlleux naufrage Il paruiendra au vray porl de salut.

A côté de ces épitaphes on lisoit celle de Jean Morel qui, au com- ntencement du pontifical de Sixte V , avoit été reçu au nombre des conclavistes sous le cardinal Antonio Maria Salviali, et avoit joui des privilèges attachés à cette charge ; il fut chanoine de cette église pendant dix années , et ensuite de la cathédrale dMrras j il revint mourir à Lille en i6o5.

D. O. M. ( 38 )

Memoriœ R. D et M. ( 89 ) Joannis Morelli viri comitate îngenio et voce prcetercœteras dotes eximii , qui sixto 5" Sûmmûni pontificatum ineuntesub cardinali Antonio Maria deSalûiatis (40) conclaûistarum ( 41 ) numéro adscriptus , eorumque titulis priui-

(36) Long-tcms sous-chanU-e,

( 37 ) Auprès , proche.

( 38 ) Deo Optimo Max'imo.

( 39 ) Rcverendissimi Domini Magistri.

( 40 ) Le choix ([ue le cardinal Salviati avoit fait de Jean Morel pour son conclaviste, peut faire présumer qu'il avoit quelque mérite. Ce cardinal éloit un grand protecteur des arts et des lettres. Ce fut en reconnoissance des bienfaits qu'il en avoit reçus , que François Rossi , peintre célèbre , prit le nom de Salviati , sous lequel il est aujourd'hui connu.

( 41 ) Le conclaviste est le domestique d'un cardinal pendant toute la durre ^l'un conclave. Il couche dans un coin de sa cellule et fait son service; cha-

legiisque

Collégiale de Sain t-P i e r n e a Lille. 13

le^iisque doualus est ( 42 ) ac dciiide Inijus quidem ecclcsiœ totPS decemannos, sed cathedralis déni que apud atrebate?7ses (^ ^?>^ canoniciis factiis , haiid post adjiicta valetudine hûc reuersus ubi antea natus , denalus est idibus augusti ( 44 ) , quo aniio morello mori De Cret VM erat (45) i6o5.

Ejus quod claudi potuit ad D. Magd.nx in suhurljio insulejisi quiescit.

Tu Jideli animœ qui liœc le gis hene adprecare.

Sur la vitre voiftine on llsoit :

y4. llwnneur de Dieu et mémoire de feu le Bon seigneur cardinal de S. Marc patriarclie ( 46 ) de AquiJeige ( 47 ) f^ de

que cardinal peut en avoir deux , un ecrlési;islique , l'autre d"épée ; ou en accorde trois aux cardin.iux vieux et infirmes. Cette place est souvent donnée à des hommes d'un3 grande naissance et d'un grand mérite. Le cai diiijl élu au pontificat élève quelquefois , à son tour, son conclaviste à la dignité de cardinal.

(42) Ces privilèges sont de pouvoir résigner, jusqu'à une certaine somme, 1rs pensions qu'ils ont sur un bénéfice j ils ont le droit de bourgeoisie dans telle ville de l'état ecclésiastique qu'ds veulent cboi.ir , ils reçoivent une somme du pape élu et oblîenneiit , gratis , la bulle d'un des bénéfices consisloriaux dont ils pourront être pourvus.

(43) D'.Arras.

(44) Le i3 d'août.

(45) Chronogramme d;ms lequel, en replaçant les lettres DC\M dan^ l'ordre convenal)le , on a M. DC. V. i6o5. Voyez ce que j'ai dit sur les chro- nogr. mmes. Antiquités nationales ^ tom. IV ^ art. XLIV , de Bergues Si. \ inox j page 13,, et dans le premier Magasin Encjclopéchque, pag. 25-.

(46 ) L'église ayant pris la forme d'une grande république, composée de plu- sieurs petits états, cela donna lieu à la création d'un nouvel ordre d'éclésiastiques, qu'on mit à la tête de différentes églises. Telle fut la nature des fonctions des patriarches, qui se reg.'.rdoient ensuite comme les égaux des papes, à qui ils don- jioient le titre de prince des patriarches. L'évêque métropolitain d'Aquilée , commença à prendre ce titre, après le schisme de Macédouius , dont ses habi- tans eœbra-isîreni les opiniotis, et les Aquiléiens continuèrent à l'atlrilnier à leur Xîhef , pour lui donner plus d'autorité et plus d'indépendance. Il est donné dans le huitième siècle an métropolitain d'Aquilée, dans des diplômes de Ch;ir'emr:gne , «t de ses successeurs; sur les monnoies des papes et sur d'autres mouumciis. Les papes le leur laisssèrent porter ensuite par amour pour la paix, dit Baronius: et .c'est ainsi que le cardinal de Saint Marc, étoit patriarche d'Aquilée, avant de ■devenir pape.

(47) D'Aquilée, ville autrefois célèbre j capitale de la Vénétie. détruite par

G

a

74 Collégiale de Sain t-P ierre a Lille.

ses rwb/es pare/is Eugène ( 48 ) VII et Paiilus ( 49 ) jadis papes de Rome , tous natifs de la cité de T^enise ; Robert Gilleson prestre escholastre (5o) ^^ chanone de ceste église , natif de la Bassée ,. ancien seruiteur audict cardinal , en son viuant m'a donné etjaii^ faire 1627. Priés pour leurs âmes.

A la porte , qui donnoit du cloître dans l'église , on lisoit :

Cy deuant gist Nicole Palencq , en son viuant chanoine de' ceste église qui fina ses jouis le XVII" jour de maj tan mil CCCCLXXYll. Et de7?iiselle Mabie Hersent vejue JehanPalencq sa merequi Ç5i ) leX.'^ jourd'au?-il Pan w/Y CCCCLVIII.

Cy deuant gist sire Raoul Blanchardin , jadis canonnes de ceste église qui trespassa en l'an de grâce mil CCCG et XIX le 11^ jour de nouembre . Pryés pour same ( 62 ).

Les piliers de ia nef étoient aussi chargés de plusieurs inscriptions >• On lisoit sur le premier

YenMs ( 53 ) Dnus (64) D. ( 55 ) Hugo Destailleurs p^r. (56)

Attila. Elle est nommée dans les anciens historiens , Aquilégie, Aquileige, Aqni- lée , et en latin , jiquilegîd et Aquileià. Elle avoit une aigle , aquila^ pour ses armes. C'est aujourd'hui un bourg.

(48 ) Gabriel Condolmere , Vénitien, élu pape en 1431 , prince avare et cruel,

( 49 ) Pierre Barbo, Vénitien , élu pape le 3i août 1464, grand ami des arts , grand ennemi des lettres , rassemblant des statues et des antiques qr.i ne disent rien , persécutant les littérateurs , dont la hardiesse pouvoit lui déplaire. Il fit mettre deux fois Platine en prison.

( 5o ) Ecclésiastique pourvu d'une prébende dans une église cathédrale ou col-- légiale, à laquelle est attaché le droit d'institution et de jurisdiction sur ceux qui sont chargés d'enseigner la jeunesse. Dans quelques églises, il est appelé maître. Nicole; dans d'autres , escolat ^ scholasdc ou chancelier,

( 5i ) Sous-entendu Jîna ^ termina,

(53 ) Son ame.

( 53 ) Venerabilh.

( 54 ) Decanus.

( 55 ) Dominus.

( 56 ) Presbiter.

Collégiale de S ai nt-Pi Eîin e a Lille. i5 Iiujits ecclice fSy) sacellaniis dein canonicus de salve ac demiim canonicus et tJiesaurarius , ornameiiti loco dicavit anno œtatis suce 75° , salut is humance i5g5 me/ise IXbri (^58). Orate pro eo.

Dci'ant Vhostel (Sg) S. Eîoj , g/st vénérahle personne , maisii-e Jean Poulle en son vivant chanoine de cette égiisequi irespassa vie par mort le quatrième jour d^ octobre XV^ LIX (60).

Cy-Gist vénérable peronne maistre George Du val, en son temps chanoine de cette église qui termina vie par mort le ?> jour daousl 1662. Prié Dieu pour son ame.

Sur le second plllier , du côté de la chapelle Saint- Adrien (61 ) :

Cy-Gist vénérable personne maistre SniOH de Hond , en son vivant conseiller de très-Hault et puissant prince monseigneur le duc Charles de Bourgogne et conseiller de son oratoire , p.'re et chanoine de Ccens quy irespassa le XII^ jour de mars l'an mil IIIIXXXII (62). et François son nepueu Jina Van mil IIIIXX (P^ X (6d>). Priés pour leurs âmes.

Cy deuant Gisr sire Jacqve Flov'R'ET, pbj-e en son viuant chanoine de ceste église lequel irespassa en Van mil CCCCLXVII le premier jour d'apuril , dont Dieu ait Vame.

Chy deuant GisT maistre Pierre Joris , conseiller de mon- seigneur le duc de Bourgoigne et grejfier de sa chambre conseil, lors estant en cette ville de Lille qui tiespassa le XIV jour de septembre Van mil IVC et 777^(64). et demiselle ■JenneïioMERGUEU saj'emme qui trespassa le YX.^ j our denouembre,

( 5? ) Ecclesite.

( 58 ) Novembri.

( 59 ) Pour uulel. /

C6o) iSSg.

( 61 ) Je rapporte ces épitaphes parce qu'outre que les familles a qui elles .appartiennent seront très-aises de les voir, il y en a peu qui n'offre quelques singularités pour le style ou l'orthographe.

(62) 1482.

(63) 1480. 1(64) 1401.

C2

ï6 Collégiale de Saint-Pierre a Lille. fan ?nil IVC et XXIIII (65) et Pierre Joris leur Jil lieutenant du haillj de Lille qui trcspasa le XIX^ Jour du mois de mars Van millYC et Priés Dieu pour leurs âmes.

Au troisième pilier. DEO OMNIPOTENTI, DEIPARE, VIRGINI.

DD. qu. (66 ) Piato et Bernard o dicatum.

T^enerahili item vira D. Piato Bernard ,primuni hujus ecclesiœ sacellano , dein canonico-, cui a teneris annis ascriptus varijs ofjiciis , piè et assidue inseruijt , ac demùni sexagesimo tertio œtatis ajino commiini sepulchro cum patruo Piato Bernard ca- nonico de Salue Çôj ) , antè B. ^ddriani sacelhuji sepelitur ï5. octobre anno 1598.

Qui legis orat

'Au cîmentiere de ceste église gist le corps de Henry le PiOY, carpentier et bourgeois de ceste inlle , quy termina vie par mort le XXV« d'apurll XVCIVXXXII ( 68 ). Et auprès de luy gist Catherine le Josne sa femme quy Jina ses jours le VU" dejanuier XVCIVXX et IV, lequel a fondé un obit à la charité des pauures de S.Pierre qui se doit chanter à perpétuité prochain lundy après la saitict Marc Prié Dieu pour leurs âmes.

Chy (6<^')deuant Gist hono?-able hoin/neFiERRE deTerremonde,

fis defoeu maistre Jean , escuier seigneur des Blanques mailles ,

lequel Jina ses Jours le II de septembre an XVCXL (70) et au

(65) 1428. (66 ) Suprà. ( 67 ) Dominique. (68) 1592. ( 69 ) Pour çy. (70) 1540.

Collégiale de Saint-Pierre a Lille. i-j preau de ceste église gist damoiselle i'E.'A-^'Ë. Bourgeois 7?/^' ;/e Jheu Lion sespeiiseÇji) , qui trespassa le XYIll^J ou/de décembre XVCXXIII. Priez Dieu pour leurs aines.

On j llsoit encore cette épitaphe de Maes , président de la chambre des comptes à Lille ; elle éloit posée sur le grand tableau qu'il avoit donné.

D. O. M.

E T M E M O R l .î;.

Philippi Maes Eq. Aur. Doni ophem ( 72 ) , etc. ex legatls octenni (78) Archid. Albert, Et Elisabethœ (74) ad SS. D. N. (65) Paiihim V supremi apud insulenses œrarii Prœsidis Brvxellis niortui XV Kal. nouembris (76 ) anno Z)ow//7/ MDCXXVII. œtatis suce LXXIV. Hic vero sepulti. Filii quatuor et duobus ex Jiliis nepotes , parenti optimo Moesti PP.Ç^-j-j ^ in pace , in id ipsum dormiat et requiescat.

Surlaface du tableau étoientles quartiers de noblesse , du président de Maes , de la manière suivante.-

Maës. Tachsis.

Mede. Albrici.

Blomme. Waclitendonck.

Palm. Buésoriim.

Oitavoit gravé sur la tombe : Gy-gist Messire Phles ( 78 ) Maes chlr{ 79 ) seigneur d'opliem

( 71 ) Son épouse.

( 72 ) Equitis aurati Dominî ophem.

( 73 ) Huitième. Mot de la basse latinité.

( 74 ) Elisabeth , reine d'Angleterre , unie alors d'intérêt avec l'archiduû Albert.

(■ 75 ) Sancthsîmum dominum nostrum^ ( 76 ) 1 5 novembre. ( 77 ) Posuere,

(78) Philippe.

(79) Chevalier.-

fO

)0 Collégiale de Saint Pierre a Lille. etc- président de la chambj-e des comptes du loj à Lille qui mourut le i8 d'octobre 1627. Prié Dieu pour son ame. Au quatrième pilier , on lisoit :

D. O. M.

Reuerendissimo in christo palri Dono D. Joanni Six philo- sophirp ac tlieologiœ quondam Louannii magna cum lande profes- sori, deindè inparochiali ccclesia S.Strpliani hnjus oppidi aliquot annis pastori vigilantissimo indè ohvirluteni et mérita ad canoni- catum audomarenseni assumpto ( 80 ) postea reuerendissimi D. Gerardi ah Hamericour Primi episcopi Audomaropolitani vicario generali ac tandem in episcopatû successori, dîim liac ad sjnodum prouincialemjîdeiac religionis ergb projîcisceretur febri correpto, ac in hoc oppido vbi vitœ acceperat initiuni id, octobris ,anno j586 , œtatisvero suce 53 vitâ funcio , et è regione chori tumulato Jacobus TVillant ex sorore nepos , et Inij'us ecclesice canonicus' , aunculo optimè de se merito , Moestus posuit , et quem riuens mice coluit y eum moriens volait in tumulo liabere socium,

Jean Six a été le second évêque de Saint-Omer , depuis que le pape Paul IV 5 en 1 55g , j avoif érigé un siège épiscopal , après la ruine de la ville des Morins , et de la ville de Terouanne, On dit le second évêque , parce que Gérard de Hainéricourt , qui précéda Jean Six, est regardé comme lepremier , Guillaume de Poiliers, qui avoit élé nom- mé d'abord, au moment de l'établissement du sjége épiscopal, n'a jaiit point reçu la consécration (81),

Il étoit à Lille en i533, il fut d'abord curé de Saint-Eiienne , première paroisse de cette ville , et delà recteur d'un collège à Louvaiii ;

( 80 ) Devenu chanoine de Saint-Omer.

( 81 ) yid. Arnold. Raissium _, Be/gic. Christ. Caret, de episc. nudomar. Lecvium. 4e episc. audom.

71

1

V

Collecta LE de Saixt-Pierre a Lille. 19 s il faut s'en rapporter à l'énoncé des auteurs du gallia cJirisliaiict ( tom. Ht. col. 476 ). Mais le témoignage de l'épitaphe, paroît , ici , être d'un plus grand poids.

Selon les auteurs qui viennent d'être cités; Jean Six, nommé cha- noine de Saint-Omer, en iSyi ,1e 3 décembre; fut successivement élevé à la dignité d'archidiacre , et à celle de pœnilencier : dont on le trouve' décoré en iSyy. Ils ne font point mention de sa promotion à l'emploi de grand vicaire , et ils fixent son élévation sur le siège épis- copal au 23 juillet i58i. Ils ajoutent que Jean six fut consacré à Douai , et qu'il tint le 4 novembre i582, un sjnode diocézain. On p3ut croire qu'étant mort à Lille , comme on le voit énoncé dans l'é- pitaphe, il avoit d'abord été inhumé dans l'église de Saint-Elienne , d'ori son corps fut ensuite transféré dans celle de Saint-Pierre. Son cœur envoyé à Saint-Omer , y fut enterré dans l'église cathédrale à l'entrée du cœur , avec cette inscription.

)) Johannes Six , hujus ecclesiœ episcopus IT frequentioribus

« cleri et populi orationihus desiderans esse commendatiorhunc

« sibi vivens sepullurœ locum elegit : qui diun iler Juceret

« montes hannohi ( sic ) ad concilium episcoporiun provin. in-~

c( sulensis Flandrarum in patriâ obdor7nii.nt , œtatis siiœ anno

« LUI , episcopatus VI , salutis humanœ MDLXXXVI , idus

« ( sic sed legend. V. idus ) octobris ».

Cet épltaphe se trouve encore dans la collégiale de Saint-Pierre , le corps de Six étoit enterré.

Cy dessoub ce cIoclierGisr maistre Jacque pourcelet, maistre de la chambre des comptes à Lille , lequel trespassa le dimenche 1LX.U1<^ Jour du mois de décembre fan mil quatre cens quatre-vingt et un. Priez pour son ame.

Cy dessoub gist aussi Jan le Pliempe sonnepueu, eu son vîuant recepueurdes aydes de lachastelenie de Lille , Douaj , Orchies , et depuis bailly de messeigneurs doien et chapitre de r église sainct Pierre de Lille, qui trespassa le XXVI^. jour du mois de nouembvs' Pan mil cinq cens et trois. Prié pour son ame.-

7?

20 Collégiale de Saint-Pierre a Lille.

' Ch Y deaant gisL Jehan Scorom , bourgeois de Lille qui trespasSa

en l'an mil CCCC et sijç , le XXIX.^ jour d'octobre. Prié pour li.

Chy deuant gist tf^/n/se//^ Catherine Amplimuis Suspense quy trespassa en Van mil CCCC et XIIII le llljourde juin.

Chy deuant Gist ^//-d-s Pierres Bouriers , jadis chanoines de chiens quy trespassa en Van mil CCChXXN leXYl^jourde/eurier.

Prié pour li,

Cy-Gist vénérable personne M.« Guillame de Camelin, natif de Courtray , en son temps chanoine de ceste église qui trespassa Van de grâce mil CCCC quatre XX et seize, le XX.y'ourd'aousi , priés Dieu pour son ams :

CïiY deuanlGisEST h on Durables personnes messire JeauBurluî , en son viuant chanoine de ceste église quy trespassa le 11-^ jour d'aoust , Van mil V^ et trois, et deniiselle Isabelle Asaison sa mère qui trespassa le XXI« jour de jenuierVan milCCCCllll XX et deux. Priez Dieu pour leurs âmes :

Chi deuant gist monsieur maistre Gilles Bouton , en son viuant chanoine de ceste église , lequel termina vie par mort le VIII« jour du mois de mars en Van XV^ LXV. Prié Dieu pour son ame.

Deo. O. M. et Beatœ Marias vîrgini B. (28) Martino et B. Stephano.

Posuit humilis suplex , benejicii memor D. Martinus , STE- v&.k^\ nilgariter steuens, an^. i6o(^. Eqiies hierosolimitanus et Palatinus ab an°, i568. Ex pas tore oppidi Braniensis comilis confessarius nationum exercitus , ducis parmensis in Bclgio cum pension e régi a huic ecclesice canonicus, ab an°. i583.

D. O. M.

Venu. Dno LuDOUico Pontrain hujus ecclesice quondam saceU lano , capituloque XVII annos a secretis , canonico, postmodum ac thesaurario , decano tandem electo. Memoriip ergb positwn obiit pridie nonas maij mmo, quin^o. LXXIIII.

< 82 ) Beato.

Ad

Collégiale de SAiNX-PrERRE a Lille. 2.x

'u4d majorem dei opt. maa:. gloriam et honorahilis viri D.

Paschasy Behagle , phri quondam hujus ecclesice canouici ine-

moriam qui ejctremum vilœ diem chnisit , die quinta mensis sep-

tembris , anno^l. D. XC\"II. Requiescat in pace.

Près la chapelle de Notre-Dame de la Treille on lisolt: Hic iacet Rdus. D. Joannes Bidault ab atlio , qui principibus viris at Unis de Croy et a d'Oignies successive episcopis torna- censibûs placûit et utn'que à sacris et eleëmosïnis fuit , lùxit presbyter annis 62. Iliiiûs ecclesiœ canouiciis 42. fuiuersim 79. Desiit l'iuere vit. feb. 1612. Propinquis auiti patrimonii pau- peribûs Imii'is et athensis oppidi acquisitorûm conscriptis hœ- redibus lector proeo , quod pro te J'actmn propediem voles , ora. Egidius Bidault uobilis consi!ia?-ius et magistcr camerœ ratioTJÙm Ser.morum archidiicûm Austriœ , in Jioc oppido defûnçti nepos aliimniis et cultor ciim coniiige sua Franciscâ Petipas Dna. de Corbeil niœstûs posuit anno i6i5.

Cy gisent les corps de Jean de Preudhomme de Chysoing, viuant escuier Sr. de Fossemarcz premier médecin juré de la ville de Lille terminé le 22. de ().bre i683. auprès de lùj Antoine Eubert son Jils et dam Je Elisabeth Bernisse a son trespas com- paigne dudit Sx de Foussemarez. Requiescaut in pace.

P. OPT. MAX.

E T M E M O R I .E.

Venerabills viri Domini D. LuDOUici FernAndes de Velasco Srùxellis oriundi juris utriiisqtûè licentiati huiiis ecclesiœ cano- nici HXi.^ J'ebràarii 1682. T^itd fûncti , Beata T^irgine Car.- cellatd et fabricd hœredibus relictis huit lector bene apprccare.

CiiY GisT vénérable personne maistre Gérard Numan en son viuant p^rt chanoine de ceste église, lequel Jîna ses jours fc XXVilP. d'apuril Van XV.c septante et sept. Prie Dieu pour S3n ame.

Me sibi vîuens posuit Joannes Capetius theologiœ liceniiaius

D

n

22 Collégiale de Sain t-P ierre a Lille.

Jiujus ecclesiœ canonicus , Ob'iit an.° Doni logg ^^VJ i2. Cujus anima reqniescat in pace amen. Près de la chapelle Saint-Martin.

T^ita hominis labor et dolor , melior est mors qitarn vita amara, et requies œterna , quant languor perseueraiis. £cclesiastic.^ 3o. Obiit 2/ septembris an° i554.

D. O. M.

Etbeatre Mariœ matri semper Virgini et SS. Joan. Bap.f^ et Euangelistœ patronis suis , JoÊS Hacii^ Can.cus hujiis ecclifs posuit 1606

Partus et integritas discordes tempore longo T'^irginis in gremio fœdera pacis habent.

Deùant la table d'autel de la chapelle de Saint-Mari in.

Cy deuant gist noble homme Simon du Chastel dit de la HouARDRiE escuier, en son viuant seigneur de Caureine, d'^ix en Peuele ,qui trcspassa l'an de grâce milV.^ trente le penul- tiesme de januier , priez Dieu pour son ajiie , et de tous tres- pjssez. Amen.

CiiY deuant gist noble damoiselle Marguerite Carondelet eu son temps espeûse a Simon du Chastel dit de la Houardiie escuyer seigneur de Caureine , d^^ix en Peuele laquelle très- passa Tan XV.*- XLIII XVIII. ^ de januier , prié Dieu pour son, a me :

Dans la même chapelle contre l'autel du Gosté de l'Euangile ,

Deuant ceste chapelle repose Joeu monsieur maistre Anselme Monier, en son viuant ptre , chanoine de ceste église , lequel Jina ses jours le noeitfuiesme de Jeburier Van quinze cens quattre vingt XVI. Prie Dieu pour son ame.

Au pilier de la chapelle Sainî-Jerosme.

Chy deuant gist vénérable personne maîstre Jacques DE Beauffremez en son viuant ptre et chanoine de ceste église lequel trespassa en fan XW^ XXXV le VI.^ de mars-.

Collégiale de Sain t-P i e r r e a Lille. 23 Et damoisel/e Jacqueline de Erquisyes sa grand mère en son viuant vefiie de foeii "S^^allerand de BcaufTremez escuyer la- quelle trespassa en Van XV.^ IIII le XXII.« de septembre, priés pour leurs âmes.

Dans la chapelle Saint-Jerôme.

Chy deuant gist damoiselle Jehenne de Malefiance mère de maistre NicoUe CaiUeu , laquelle trespassa le IX. ^ jour de may Van de grâce.

Cy deuant gist vénérable peisonne maistre NicoLLE Cailleu , en son viuant escollastre et chanoine de ceste église qui tres- passa le cinquiesme jour d'aoust

Au pilier de la chapelle de la Trinité.

Chy deuant gist maistre Nicolas Thikulaine licentie es loix en son viuant seigneur Degrenwnt lequel trespassa le XIX de nouembre an XV.^ XXXVIII. Prie Dieu pour son ame, ceste epitaplie en mémoire de luy a fait faire D.tl^ Jenne Tliieulaine sa soeur et héritière.

Ceste représentation a faict faire .s/Vf George Boutry en son viuant chapelain en ceste église , lequel trespassa le XVII. ^y'oz/r cVapuril après Pasques XV. ^ XVIII. Priez Dieu pour son ame.

A la table d'autel de la même chapelle.

IcY deuant est inhumé le corps de feu mais/res Hugues le CocQ e/i son viuant conseiller secrétaire de très haus et très illustres princes Maximilian empereuffeu de très noble et très recommandée mémoire Philippe roi, de Castille etc. que Dieu absolue, et de Cliarles fis djceluy Phle aussy roy de Castille ef- Vun de ses maistres des comptes -a Lille, lequel termina vie par mort X.^ jour d'auril A.° XV.^ XVI auant Pasques le jour du vendredi Sainct , priez Dieu pour son ame.

A la muraille deuant la chapelle paroissiale ,

Chy Gist sire Gilles des Pons presires curés de ceste église , et chapelains a Veglise Saint Estienne de Lille quy trespassa

D2

?^

24 Collégiale de Sain t-P ierre a Lille;

Van de grâce mil CGC nouante el VIII le XIII jour doii mois de feurier , pryés pour sa me.

Chy deuant gist Jehan BlAnque bourgeois de Lille qui tres- passa Pan mil CCCG el XIX le jour S. Gjorge le XXIII jour d\ipiiril , priés pour samc.

Chy deuant gist damoiselle Jeiianne le Roux sa femme qui trespassa le XV. ^ jour de juillet audit an CCCC et XIX priés Dieu pour eulx.

Chy dessoub gist honorable personne maistre Jehan Hibert

' en son viuant secrétaire de monseigneur le duc de Bourgoigne

et de Brabant etc. , greffier de son ordre de la toison dor qui

trespassa le . .du mois d^apuril fan de grâce mil CCCC XII

priés pour s^ame^

Cy gist monsieur Robert Imbert viuant prêtre ïicentié es droits chantre et chanoine de ceste église fils de feu Nicolas son tems ecûier seigS de Lafalesqûe , Basecqïte etc. decedé 1614. lequel a fondé en ceste dite église une messe tous les iours de Van a célébrer par messieurs les chanoines , et rne autre chantée chacune semaine de l'an a l'honneur des sept dou- leurs de Hsôtre-Dame en sa chapelle ditle de la Treille auec distribution a sept paiwres presens a ladite messe de quatorze patars chacun. Qui mourût le22.iûing, 1645. Reqûîescat in pace.

La chapelle S. -Adrien éloit ornés d'un tableau représentant le martyre de ce Saint par Bergame le père ; on lisoit sur le pavé sur

une lame de cuivre..

\ Cy deuant gist Philibeiw de Vande Nesse alias de Bour- gongne fis de Jehan natif de Gray au comté de Bourgong/ie pbre chan. de ceste église ^ly trespassa le VII. « de may an XV.° ïIII^x quatre. Dieu le vueille^auoir en sa gloire. Amen.

Au-dedans de la même chapelle contre la muraille vis-à-vis de l'autel.

Chy gisent nobles hommes Jehan des Aubeaux chlrs sigr dudict lieux des yiubeaux , de Lomé de Campinghehem et d'Au- bierch quy trespassa le X.^ jour de jullet mil IIIÎ.^ et XXV. ei

Collégiale de Sain t-F i e r r e a Lille. zS dame Aj^nies de Baufrumet son espense qui trespassa le XIIH.* jour de décembre mil llllfi et XLIII. Et maistre Alart Crns Aii- beaux maislre es arts , docteur es loix chauone et tliresorier de cesie église et chanouc de Tournai] qui trespassa le ^\\\\.^ jour de feurier milWW.^ r/XXII^ priés Dieu pour leurs âmes :

A côté de l'épilre on liscit l'épitaphe suivant :

Cy gist noble homme messire Walran en so?i viuani chlr et seigneur des yiubeaux fils de feu messire 'iç\\^n en son viuaut aussi S.'' des ylubiau.v qui trespassa le IIII.'' jour d octobre Van mil IIÎI.c LXIIII. Cj - gist dame Marie de Recourd en son vi- uaut chastelaine de Lens et femme dudict messire Walran Sr. des ^tiheaux qui trespassa le XIIII.<^ jour de juillet l'an mil VA\F XLIII. Cy-gist Dame As ruoiftE Dinchy en sonviuant dame de Canteleu , et seconde femme dudict messire \Valian qui tres- passa le^ïH.^ jour de nouembre lan mil ÏIlï. LXXVIII. Lequel messire Walran meu de bonne dcuotion , considérant que messes et prières sont salutaires aux âmes des bons cbres/iens catlto- îiques a fait faire construire et édifier des biens que Dieu luy a preste ceste présente chapelle en riionneur de Dieu et de mon- sieur S.t Adrien. Et ordonné de en icelle faire célébrer per- pétuellement en chacune semaine cincq messes ce faire il adonné et amorty a perpétuité une disme courant au terroir de Cain-^ pinghehem , etc. etc. Le r^ste contient les détails delà donation (83^.-

Aup]ès de cette chapelle' on lisoif :

Ce tableau fist faire vénérable et sage maistre Jean de Ecoute natif de Enghien, en son temps docteur en théologie , tréso- rier et chanoine de cette église, lequel meu de bonne volonté et grande deuotion de aller visiter le sainct sepujchre de nostrc Seigneur Jésus Christ en Jérusalem et autres sain et s lieux de la terre de promission se parti de ceste ville de Lille le UN .'^ jour de feurier l'an mil IIII.^ LXX. s'en alla a Rome , et après licence obtenue de nostre saint père le Pape passa outre et alla

(83 ' Le dessin du lomlxau de "Walran tl dj ses deux épouses iH'élant arrivé pendanl riiuprtssion, j'en donnerai la description à la fin de l'article..

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z6 Collégiale de S ai xNT-Pie n r e a Lille.' 71 si ter le digne repos de monsieur S. Nicolai du Bar, en après passa la mer et Jist le saine t voiage de Jérusalem , passa les dese/s d'Arabe, et visita le précieux corps de madame S. te Ca- therine an mont de Sinay , et ce fait vint au grand Chaire paijs dEgipte , ajin de visiter en iceluy plusieurs saints lieux esquels nostre Benoist sauueur conuersa , lois que sa très glorieuse mère et Joseph pour doute du roy Herodes le portèrent illec , puis retourna en Alexandrie ou ladite Ste. Catherine soffri martire, et fut decolée , et d'illec monta es Galleés en retournant pardeca et arriua en la cite de Targe en Esclauonie , en laquelle selon la disposition et bon plaisir de Dieu nostre créateur termina vie par mort , et a la poursieute et bonne diligence de messire Bai- telemi Pillot ptre et chapelain de lad. église S. Pierre qui luy tient compagnie en tous lesdits voiage fut son corps mis en sépulture honorablement dedans Veglise et au pied de la cha- pelle ou repose le corps de S. Simeon le Juste le XVII. "^ jour de feburier Van mil IIII.^ LXXI prié Dieu pour son ame. Et ledit sire Barthelemi Pillot trespassa Van mil IIII.^ le Il.^iour octobre , prie Dieu pour son ame.

Dans la même chapelle au pied de l'autel.

Chi gist mademoiselle y skBEKV DE CviffOUiEN ,Jille du grani si?~es de Hem qui trespassa en Van de grasse nostre Signr mil CCCC mi.^x et XVIII le XXNlll.^ jour de jenuier pries Dieu pour son ame.

On voyoit a droit les armes de Hem. A. gauche les armes de Cuinghien.

Conlre la muraille.

Cy gist le corps de vénérable homme mons.r M.e Jean Dil- LENi's riuant licentié en théologie ptre et chanoine de ceste église qui trespassa le IX de Juillet

Autre cpitaphe sur une tombe plate ouon j voyoit un chevalier avec ea Femme.

Chi gist feu noble home et de bonne memoire\jJC n^ Cuyn-

Collégiale de S a i n t-P i e an e a Lille. tj GîllEN seigneur de Foûcqualles et Jilz du Grat sires de Heui q.i trespassa en Van mil N .^ el vng le IX.e jour du mois de feurier,

Chy GisT mademoiselle Jene du Bosquel feme et espeuse dudt Luc q.i termina par mort en Van mit V.*^ et XVIII le VI.® jour du mois de août priés Dieu pour leurs âmes.

Dans la même chapelle.

Cy deûant gist Noël Briuoul S.r de Verdenie grand hailly et receûeûr gênerai célèbre monastère de Marqu€j.te , terminé vie par mort le 2.1. de feb. Van i635. Leqiiel viiiant s'étudia phi s a laisser vn bon nom que beaucoup de richesses , car bonne grâce est pardessus or et argent. Prouerbe 22. Dessous: Memoiia mi- rabilium Dei,

Cy deuant gist dam J^ ISlARCVEniTE Petipas /em?ne duditNotl Bridoul et Jille de Charles escuier S.^ de G amans, laquelle alla de vie a trépas le iG de décembre Van i653, et oirent par enseni^ lie sept en/ans assauoir ch.e Charles ; HIppolite , Toussaint , Fré- déric , Françoise Barbe et Catherine. Priez Dieu pour leurs ames^ In cruce salus.

Cv GIST damoiselle Jenne de Cottre au Jille de feu Thibault seigneur de Clabbecq.^ damoiselle de Messines laquelle deceda de ce monde le XX. « jour, ........

D. O. M.

Et venerahili viro D.° ac M ° JudocoVandenberghe/.F".//<:^/z- tiato Ptro ac hujus ecclesiœ zz annis decano 3" nonas aprilis (84 ) an° Dni 1394. Vitafuncto. P. Requiescat in pace.

Sépulture de damoiselle Anthonnette Dollehain la MaînnéE JiUe de Jacques Dollehain seigneur de Frefay laquelle trespassa Van XV.*^ Priez Dieu pour elle.

Espoir nie conforte. ( 84 ) 3 Avril.

n

z8 Collégiale de Saint-Fier re a Lille. Au deuxième pillier de la même chapelle. '•

Cy gist vénérable personne messire Jehan Lambert en son son temps chanoine de ceste église et maistre de fhospital de Sainct Saiiueiir , lequel trespassa le XV. « ioiir d'aoust an XV.^ X.

En la chimetiere ( 85 ) de ceste église au deuant du grand portai gist le corps de maistre Nicolas Caron en son viuant prestre et chappelain de ceste dicte église lequel termina rie par mort le XL^ jour dH octobre XV. '^ quatre vingt et vng, priés Dieif, -pour son ame :

A la muraille deuant la chapelle Saint Eloj.

Cy gist maistre Simon du Gardin à son trespas maistre de chant et chappelain de ceste église et en son bas eage choraux , lequel termina de sa maladie contagieuse (86) le 12 de sep- tembre l'an 1697. Priez Dieu pour son ame:

Deuant le portai de ceste église gist sire Jehan du Brulle en son riuant prestre, chappelain et soubchantre de ceens, lequel a ordonné ceste mémoire estrefaicte et termina ses jours le 27.* de mars 1 677 , pries pour son ame.

In oditum D. Joannis Brûle sacellani et succintoris.

Débita naturœ persoluit Brulius annos

Post decies quinos , quels superadde duos :

Qui succentoris vigilanter muniis ohiuit ; Humanus cuiuis , mystaque felle carens.

Orta dies marty vicena illuxerat orbl , Et septena uecis cuspide quando cadit.

(85) Pour cimetière. Ce mot yieiit de Kt/iaT^io» dormhorium , on a ajjpellp ainsi les lieux destinés à la sépulture commune des chrétiens , et le mol erec a été latinisé , et ensuite de camaerium , on a fait dans la basse latinité cime- ^eriiim ^ d'où est venu le mot françois cimetière. Ou trouve dans les anciennes Charles Chimtntïire. Carpenlier , supp. de Ducange. Voce cametarium.

(86 ) TSous avons vu que cette aimée Lille fut en proie à la peste.

Ha'c

Collégiale de S a i .\ t-P i eru e a Lille. 29 Ilœc qui templa subis faclunis rota, vialor ,

Ad tumulum Jlexo poplite funde preces , Die Bruli, hac quondam sacra succentor in œde ,

Esto deum œtherea can(or\ in œde canens

Ohiit anno iSyy 27. <^ martij. -

L'auteur de ces vers s'appeloit Hulîert le Clerc.

Cy gist vénérable personne maisire Henry des Pretz prestre en soji temps chanoine de ceste église et fondateur de la f este de la Transji guration Nostre S.'' qui se célèbre le VI. ^ jour d'aoust et termina rie par mort le y\.^ de jullet XV.*^ LVII.

Et auprès de luy Charles des Pretz son père lequel trespassa le XXIUI.e de décembre XV.^ XXXVIII.

^/ûfe/Tz/^e//^ Catherine Bacqdeler 5a dernière yemme laquelle trespassa le X de may XV.'^ LU. Priés pour leurs âmes.

Cy deuant gist maistre Jeax Marchant en son viuant clercq de la ville de Lille qui trespassa en Van de grâce mil IIII.c et XXII le IX. « jour de nouembre.

Cy deuant gist demiselle Gille Lamendene s^espeuse qui trespassa en Van de grâce mil Illl.^ et XXXIIII le XX.'=jourde décembre , priés Dieu pour leurs âmes :

Çy deuant gist maistre Fierabras conseiller et nuistres des comptes de monseigneur le duc de Bourgongne a Lille qui tres- passa Vni.« jour d'aoust Van mil IIII.'^ XL VIII.

Cy deuant gist Damoîselle Marie Ruffault Jemme dudict

maistre Fierabras qui trespassa le iour .... Vaii

MCC(jC Priés pour les âmes.

A la clôture de la chapelle de Notre - Dame au pied de la Vierge,

D. O. M.

Dei parœquè T^irgini , nec non Memoriœ fen - viri Domini Bertrandi Ueriliani

n

3o Collégiale de Sain t-P ierre a Lille".

Leodien. hiiius ecclesiœ canonici Et Thesaurarii : Qui recoleyis varia et Siiigiilaria patrocinio diiiœ Virginis Impetrata bœnejicia , cam Ilœredem ex assâ Institûit. Ohijt i2 octobris 1666. Cuiûs ossa iacent iûxtà hoc. Monumentûm In pace sil lociis eiûs.

Dans la chapelle de Sainte Anne sur un marbre blanc.

Cy gist noble homme messire Ferdinand de Maubus cheûa- lier seigneur de Schoojidoip , de Doûrles , Sartel etc. qui trespassa le 3o de iûin 1646. Et auprès de luy noble dame Elisabeth le Blancq dame d'A.stiches , Marez , de le Coc- queleriez en son viûant femme et épouse dudit seig.r Schoondorp , laquelle trespassa le i3. de iûillet 1647. Priez Dieu pour leurs âmes.

Leurs quatiers étoîent:

Ma abus. Le Blancq.

Lenglez. Lors.

Du Mortier. RufFaùt.

Le Lacherie. Carlin.

Cabillaù. Muissart.

Van dermeer. Asticbes.

VanderJjuncq. St. Venant.

, Senckers. De le Cambe dit Ganthols»

Dans la chapelle St. Nicolas.

Cy deuant gist vénérable personne mons.^ Nicolas de le Lis a joji trcspas ptre diantre et chanoine de ceste église dont l'effigie es„ cy dessus, et trespassa le IX. « jour de juing Van mil cincq cens LXXX. Prié Dieu pour son ame.

Collégiale de Sain t-P i er r e a Lille. 3t Près de la chapelle au dehors du cûié de l'évangile sur une lame de cuivre.

Chy deuant glst vénérable personne M<= Jean Follet en son viuant ptre chanoine de cesLe église , licentié es lois et conseiller du roy nostre sire , lequel a fondé a perpétuité le seruice diuin qui par chacun Jour de joeudy après le salue de Notre Dame se fait en la chapelle parochialle d^J celle église , en Vhonneur du vénérable St. Sacrement de V autel , et la distribution de sept pains de patars ( 87 ) , et sur chacun pain vn pa.'art à sept pan- ures de cette ville, de chascune paroisse vn denomé ad clie (JjS") par son cure, et présent audict seruice comme plus a plain (89) est contenu es lettres sur clie ( 90 ) passées pardeuant escheuins de Lille , a la charge des egUseurs de lad, chapelle en datte du yHWl.^ jourd'apuril XV.^ LVI auant Pasques reposans au ferme (91) de ladite chapelle et trespassa le XXV. " jour de may Van , M. D. LVI. Prié Dieu pour son ame.

Au même piller.

O cœlo dilecta domus postesque beati Quos ( ; mandante Deo ) Judecc vexit ab oris angélus ad fines piceni littoris , œdre Laureli célèbres : voto quos aduena visit. Jesseani fudit genitrix hic ylnna Mariant Hue pronipturus aue , Gabriel de sedibus altis , Venit , vbi sacro tumuerunt viscera foetii J^irginis , hoc tectwn christo se jactat alumno :

(87) En latin patacus et pararus , c'éloii une monnoie valant deux deniers, et qui a\-oit principalement cours dons ia Provence et le Ddupliiré ; m.iis dans la Belgique le palart valoit un sol. Solidus. On disoit sept pains de p;ilvirl, comme en diroit aujourd'hui sept pnins d'un sol.

( tS8 ) Pour ce. Ad hoc.

( 89 ) Amplement,

( 90 ) Sur ce»

( 91 ) A la clôture.

E a

?-«

3a Collégiale de Sain t-P i e r r e a Lille. Hac Joaiviis humo Castillon ossa teguniur , Quœ résonante tnbd , christi virtute résurgent , Canonici , alqiie sacerdotis decoratus honore. Hic nûmen cohiit , parteui donauit egenis , Largus opiim , partem sacris , posuitqiie li tandis : Quem produxit athum dulces siib luminis auras , Bis septena aies may subjura coegil Mortis , tercentum lustris lahentibus , annis Et decies octo , post partum Virginis , rt mens Unde venit , redeat , precibus contende viator:

Auprès du porche du Bandé étoit bâtie la chapelle de S. te Ca- therine. ^,

Par mort Garnier Pourcelot y?// soubmis aux vers, gisant cy bas en ville celle , l'an IIII.c jnil lIIFx

Devant la thresorie sur une lame de cuivre.

Chy gisent vénérables personnes maistres Jehan et Pierre du Castillon frères natifs de la ville Dath : ptres et chanoines de ceste église, trespasserent , ledict Jehan Van XV.*" IIIP'^ le XlIII.e de may , et Pierre aiissy chantre de ceste église Van 1089 le 27. « de j'ullet. Prié Dieu pour leurs âmes : leur deuise estoit : Homo uauis in periculo.

Près de cette épitaphe :

Chy deuant gisl Arnoult Coppiv ptre chantre et chanoine de ceste église qui trespassa Van mil V.^ et IIII le 11.^ jour d'octobre.

Au neuvième pillier.

Chy deuant gist vénérable , et discrète personne messire Hector de Mailly en son viuant chapelain a mon double (^(^2.^ seigneur mojis.r le duc de Bourgoigne , chanoine de ceste église , et curé de Marchienne , qui trespassa en Van de grâce mil IIII.*- II fe yil.« de jullet. Priez pour Faine de luy.

Dans la chapelle Saint Michel.

En la chimetiere de ceste église gist sire Pierre Cresson en son

( 92 ) Redouté.

Collégiale de Saint-Pierre a Lille, 33

vi'tmrjt chappelain et souhchantre de ladite église lequel termina le XXII.e d'apuril XV. "^ LXXII. Prié Dieu pour son aujc. Devant le portai cb celte chapelle,

GisT sire Pasqueu Verdiere eJi son viuant prestre chappelain et maistre des VIII en fan s de t église Saine t Pierre en Lille qui trespassa le XXIII. « jour d'aoust ijjo. Prié Dieu pour son awe.

Phonascum quid clere gémis me funere mersum

Calcandum nescis Jlehile mort i s iter. Penè quater vitre postquani duo lustra peregi ,

De tribus immitis me ferit ma soror ; Non vt auernales rapiar cruciandus ad vmbras

Vel fiam furjs pruda , megœra tuis. ^st cœli 7'adians inter Julgore heatos y

Sacra deo resona jubila voce canam ( 9.8 ).

Celte épitaphe est encore l'ouvrage du même Hubert clfé pTiia haut (94).

A l'entrée de la même chapelle.

Auporge (90) du portail de ceste chapelle glste 5/V-^ AnthoinE Bernisse en son viuant prestre chapelain de Véglise St. Pierre de ceste ville de Lille , lequel termina vie par mort leUJiY .^ jour du mois de juing Van mil N ^ LIIII. Prié Dieu pour son ame et pour tous les trespassez.

Cette autre épitaphe étoit autrefois devant la chapelle de St. Pierre.

De Goliath Dauid , de morte triumphat Jésus ,

Et statuit solus digna trophea cedro. Discite mortales vni confidere christo ,

Vestra breui fùgiens tempo re vita cadit.

( 93 ) L'auteur avoit refait ce vers de cette autre maniera.

A%t ut apud superos inter corda quiescens^ ( 94 ^ Page 29. (95) PorcLe.

n

34 Collégialî: de Saint-Pi erre a Lille;

Cy dciiaiil. gisl vénérable personne maistre Jean Despretz pire chanoine de cesle église, lequel a ordonne faire ceste repré- sentation a Vhonneur de Dieu uostre créateur , et mémoire de son bon maistre feu noble seigneur et très vertueux prélat mes- 5//-^ François de Rosimbos en son viuant preuost de cette église &c : et sonieiUer de l'oratoire de très illustre mémoire Charles V.^ et puis de son fils le roy Phles nostre sire , ayant ledit maistre Jean suiui ledit preuost en plusieurs loin gtains volages pour le seruice de leur majesté et gist ledict seigneur en la chapelle de St. Pierre cy deuant ayant finy ses jours au seniice dii roy nostre sire , le 22. « de septembre i558, pour Tame duquel ledict maistre Jean a fondé en ceste église m obit solemnel , vn autre pour soy , ses parens et amis, et termina vie par mort le i(^'^ de januier l'S-j^ ^ Prié Dieu pour leurs âmes.

Dans la chapelle de St. Pierre du côté de l'évangile.

Cy denant gist le corps de noble , vénérable , sage et vertueux seigneur messire Fraxcois de Rosimbos en son viuant preuost de ceste église collégiale et someiller de V oratoire de feu F em- pereur Charle V.^ et depuis du roy son fils qui trespassa le 22. « de septembre i558, prie Dieu pour son ame.

Noble et puissant seigneur messire lslAxniii.ïiLT>i de Longueval Sj de Vaux &c. gouuerneur et cap.ne des villes et cité d'^rras , jiepueu aud. S.r luy a fait faire ceste mémoire.

Ses quartiers de noblesse ctoicnl : ïlosimbois, Habart Lihérùelde. Lalain"-.

D. O. M.

Hic SiTUS EST.

R.dus ac venerahilis D. D. Philippus Van Copenhout

Collégiale de Saint-Pierre a Lille. 3ii Viluordlensis ( 96 ) Apud gnidios ( 97 ) Sacrœ theologiœ licentiatus Ac philosophicc prof essor Bujus demum ecclesiœ per XXX annos ' Decanus et canonicus Boctrinâ et pietate clarissuinis È viuis ereptus X.a juUi M. DC XGVIII JEtalis anno LXXI. Requiescat in pace. Derrière l'autel du cœur.

D. O. M.

ET V l M M E W O R I JE.

Domini Francisci Ingiliarel

Suhdraconi et hi'diis ecclesiœ

Per annos giiinquageiità ca?iouici.

Cûltuni diuiniim Et maiorem Dei gloriam ità amaûit l Jjt magnis impendiis Hanc Domurn Dei decoraûerit Et omaûerit Pauperûm pater C en sus ecclesiasticos ^

Horûm manibns in cœlestes thesanros Viûens prœmisit. Ohiit in Domino 29.3 iûnii 1721. jEtatis 92. Requiescat in pace.

(96) Vilvorden , appelé plus anciennement Filfurcdo, Wasteluin , p, 454.

(97) Les habilaus de Bruges et des environs.

§0

36 Collégiale de Saint-Pierre a Lille.

Au jKllivT enlie la chapelle St. Pierre et celle de .St. Nicaise.

Cy deuant gist vénérable personne maistre Riquier d'j Boilt de la ville natif de A.beuille , en son temps chanoine de ceste église , et secrétaire de très noble prince Plile duc de Bourgoigne Darain (98) trcspassé lequel maistre Riquier termina' vie par mort le jour S.Tpolite, XlII.e d'oust mil Illl.c LXXIIIL

Fratres beniuoli sicut in via sic Nec post niortem sunt separati :

Cy deuant gist vénérable personne maistre Otte magistri frère dudict maistre J. hau en son temps chanoine aussy de Ceens , natif et curé dudict Tourquoin , qui trespassa le \K.^ jour de sep- tembre mil V.^ et IIII. Priés pour leurs âmes :

Au dixième pilier sur un carreau de marbre.

Cy deuant gist sire Jean Deffonteines en son viuant ptre chanoine de ceste église lequel trespassa le XXI. « jour du mois de mars Pan M. D. LIX auant Pasques, prié pour tame.

A la muraille du chœur entre le X.« et le XI. <= pillier..

t

Cy-gist sire Jean DEDouAYy'ai/s chapelain du roy notre sire y chantre et chanoine de ceste église, et chanoine de St. Plat de Seclin , qui trespassa Van de grâce mil IIII.*^ cl LU le XXIIIL« jour de nouembre , priés pour same :

Au-dessus de l'entrée du sëoulcre.

Heligioni et

Memoriœ venerabilis HuGOxis Destailleurs pbri thesaurary fit can.ci hujus çpçlœ, mortui anno œtatisQo. XYllI septembris, an.° i5og. Tantce mansuetudinis optimii>iri vt eum iratum viderit nemo.

Beati mites , quoniam ipsi possidcbunt terram. Math. V.

(90) Dernier , daarain ou 4airny ^ deiiiier. Dict. rom. valon.

Collégiale de Sain t-P i e rr e a Lille. Sy

A côlé de ce sépulcre , au-dessous d'un crucifix , on lisoit ceUc inscription singulièx-e :

Absorbent in nobis Due ignita et meUiJliia amoris tul vis, Omne quod sub cœlo , ut amore amoris tui moriamur: qui amorc amoris nostri in cruce mori dignatus es.

Vers l'entrée du sépulcre et la chapelle S.l»^ Croix on lisoit, sur une lame en cuivre :

Fondations de feu le trésorier Destailleurs faites en cette église

de St. Pierre à Lille.

Vng anniuersaire solemnel , auquel se distribuent aux pouures cent pains de deux patars , et sur chaque pain deux pat. en argent qu'est a la charge de la carite des pouures de la paroisse de ceste église , encore a't il fondé le luminaire au jour de la dedicasse de ceste église, tant sur la couronne pendant au nii- Tnillieu du coeur que pour parjurnir la reste des chandeilles dessus les J'ourmes ( 99 ) dudict coeur. Encore onze Hures et demje des chandeilles au bassin pendant deuant le sepulchre de nostre Seigneur , tous les vendredis de Pan durant Vouuerture dudict sepulchre , les cinq Jours de nataux (^100^ et le jour dudict anni- uersaire , lesdicts deux fondations a la charge de la tresorie de. ceste église :

Dispersit , dédit pauperihus , justitia

JEjus maneat in seculum seculi :

Voici l'épitaphe du chantre Destailleurs sur sa tombe sur les careaux au-dessus du sépulcre , elle étoit gravée sur une placpe de cuivre,

VenerabilisVi. HuGONis Destailleurs yy/'^'^Z'/Z^/'O thesaurario et canonico hujus ecclesiœ , mortuo anno M. D. XCIX mensis septembris die XVIII. Requiescat in pace.

(99 ) Formes.

(100) On appeloit natales jours nataux, les jours des quatre grandes fêles de l'année. Celte inscriplion eu cile cinq , en y comprenant probablement la fête du patroA.

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l\

38 Collégiale de Saixt-Pierre a Lille» Entre le dixième et le onzième pillier de la muraille.

Qui te Jixît anior damnati in slipite Ligni , Figat in amplexu , me ijuoqiie christe tuo.

Nec mecinn snniu pergas contendere jure , Obsecro te Jamuli sed miserere niei.

Ecce tut, et taiiti qui me tihi Çhriste patrotil Commendant votis annuè i/uœso meis.

Et au-dessous autour d'un A^nus Dci.

^gidius sum coletus, semper tenehraruni Horrorcni expaîii , exime Christe melum :

Sur le même carreau au XI.^ pilier.

(]hy deuaut gist maistre Jacques des Michos natif de Lam^ hersart , licentid en loix et clianoine de ceste église qui tres- passa le XXVI.*' de mars Van milMW.^ et cincquante , prié pouv Vame :

Au onzième pilier.

CiiY deuant gist honorable personne monsieur maistre Gille Au patin en son temps bachelier en tlieologie , thresorier et clia- noine de ceste église , qui trespassa le 8.« jour en juin i538. Et au dehors de ladicte église au preau gist d-^T-^e. Peronne Aupa- TIN sa soeur jadis femme de Jehan du Res , bourgeois et mar- chand de cette ville, laquelle trespassa le iz iour de juin g en Fan j524. Priez pour leurs âmes :

Près de la chapelle de S. Croix au côté de l'épître ,

Cy deuant gisent honnorables et discrètes personnes SlMPHO- RIEN Aupatin en son temps bourgeois et marchand de ceste ville de Lille, lequel trespassa le 'K.^ jour de juin g Tan ILY .^ et IIII. Et auprès de luy nîaistre Pierre Aupatin sonjils jadis cha- .loine de ceste église , qui Jina ses jours le XYÏ.<^ jours de mars Tan y^N S XXVI. priez Dieu pour leurs âmes.

Au pilier, devant la chapelle S. le Croix, près de l'autel S. te Catherine, Cette représentation Jîst faire noble et discret seigneur maistre

Collégiale de Saint-Pierre a Lille. 3g

Jeha\ de Carnin , e/i son temps doyen et cltanoine de ceste église par Vespace de LU ans , lequel meu de deuolion ne trans- porta en la terre de promission , et visita le Sainct Sépulcre en la cité de Jérusalem : et à son retour a Rome impetra a ses des- pens la reseruation de plusieurs chapelles fondées en ces t édite église, pour la promu ssion des vicaires ,seruans journellement a fojjice diuin d'j celle dicte église de ses biens a fondé ceste lampe il perpétuité lequel termina vie par mort le penultiesme jour de apuril l'an mil lllï.^ LXXVI , priez Dieu pour son ame.

Cy gist le corps de Mre Charles le Ducq liccntié es loîx pire et chanoine de ceste église qui trespassa le XXIIII de may XVI. <^ XXIII priez pour son ame.

On le vojoit à genoux devant \\w S. Jean-Bapliste.

Devant la chapelle Saint-Jean

Hic jacet Carolus Manare hujus ecclesue canonicus ohiit '.Augusti i63o.

Ci gist le corps de vénérable personne messire Maximilien Manarre en son temps preuost de ceste église , Priez Dieu pour S071 ame ,

IcY repose le corps de vénérable et discret monsieur Jean Bap- tiste GoDEFROOT riuant ptre et chanoine de ceste église f espace de 21 ans eagé de 46 ans decede le i?> Juin 1677, rec£uiescat in pacc.

L'épitaphe suivante étoit au-dessous du médaillon du S^'.DE Froid- *ioNT , frésoi'ier, derrière l'autel du cliœui\

D. O. M.

Hic situs est T^enerabilis admodum Dominus

D. EUSTACHIUS DE FrOIDMONT Ex patria Leodiensi 5.fœ theologiœ licentiaius Hujus œdis canonicus et thesaûrarlds

Vz

%x

40 Collégiale de Sain t-P ierre a Lille. Scientià , virtute et meritis ^Ab illustri patruo liberto fromondo Non de gêner : Extat in choro constructum ejiis sumptihus hilare magnijicinn è marmore. Qui sic dilexit décorent doinus domini , Precare , ùt ei pateant œterna Tabernacula y4d mânes lit IV. id sept. Anno M. D. ce. œtatis LXXIII.

On Hsoit auprès cette antre épitaphe du prévôt Manare (loi).

Hic iacet R.àus Dniis D. Maxilianus Manare protonotariiis apostolicus , hujus ex decano et canonico Tomacensi prepositxis: de utraque ecclesiâ parentibus et ainicïs bene meritus, testamento pauperes voluit heredes , Louany ac Diiaci octo in stndiosonim , hic et Tornaci decern , in niechaTiicorum gratiam bursis instilutis^ ad hoc etiam residuo bonorum suorum legato. Obiit tertia jan- vary 1^97 . Requiescat in pace ;

Derrière l'autel du chœur,

Cy gist vénérable seigneur mons.r Wallerand Hangowart ptre clianoine , et doien de ceste église , preuost de Sainct Bar-r thelemieu à Bethune et dte St. ylmez a Douay premier chancellier de Vvniuersité nouuellement eiigée audict Douay , et aulmosnier de feu de très bonne mémoire Charle V. empereur et de Phle loy d'Espaigne conte de Flandre. Lequel suiuit ledict seigneur empereur son bon maistre es volages d'Allemaigne , Italie , Espaigne et .Argiere : et luy at en V église de ceetis fondez vng obit perpétuel , ayant legaté bonne partie de ses biens , a Vaduen- \2ement du séminaire de ceste église ; et fondé dix huict pré- bendes de panures anciens hommes ausquels se trouuant jour--

{ loi ) Suprà. pag. 39.

Collégiale de Saint-Fierre a Lille. 41

nellement a la messe de prime au coeur de ceste dite église , sont par semaine distribué a chacun dix huict patars Flandres , par le receueur aiant pour son sallaire pareille somme que Vun desdits panures : et fait plusieurs addresses a ce colliege , a sa pairie, et a plusieurs gens de bien , et trespassa le XTX.^ jour de jan- uicr an XV. ^ LXVII. Prie Dieu pour son anie :

Près de la porte , pour aller à la maison des clercs , sur une lame de cuivre.

Cy deuant gist vénérable personne sire Walleran'D de Crudè- NARE, ptre en son temps diantre et chanoine de ceste église , lequel en tan XV .*^ et trois fonda vue chandeille d'une Hure en la chapelle de Ste. Croix , pour le allumer tous les vendredys de Van durant la messe, et aux messes des jours delà Ste. Croix qui se chante en ladite chapelle. Item fonda le jour du sacrement à la station deuant le Halle à tous cfianoines presens XII(li"à. , aux chapelains VI «'• et aux vicaires III '■^- , au varlet de la ville pour mettre les bancqs II b. , et au receueur des vicaires pour faire la distribution II b- et ces deux fondations payé la fabrique. Item en Van XV.^ Xllfonda vne messe tous les dimanches de l'a?! incontinefit après matines , à V autel de St. Nicolas, et par le chapelain de la chapelle dudit Saint, ou doiuent estre presens tous les vicaires oiant ladicte messe , et receuoir après la messe dicte du receueur des vicai^-es 11^- , à Vaduancement du desieuner de ceux qui auront esté présent ladicte messe et doibt îedicte office des vicairi es payer pour ladite aux chapelains tous les ans XX I. psis, (102) Item en l'an XV.'^ XXXIl fonda en ladite chapelle de St. Nicolay IX chandeilles , dont celle du milieux doibt peser deux Hures , et les autres chacune une Hure , et doibt ardoir tout ainsy que le luminaire de Gilleson , et est fondé sur l'office des vicairies. Item en Van XV.c XXXViyo«<ia la feste du nom de

IHS (^omme le doub'le des trois Royx , et sey doibt distribuer aux chanoines présents a premières vespres, a matines , a la grande messe , et seco/ides vespres : chacune fois II gros , aux chapelains XII dr?. (io3) et aux vicaires VI d. , et se doit chanter le Te Deura

C 102 ) Parisis.

( io3 ) I>eniers. ^

S3

42 C.O L L É G I A L E DE S A 1 N T-P I E R IT E A L I L L E.'

en phiin chaut , tant clianoines qii^ autres : faitlt estre a Te Detira^ et en la fin se fera la distribution des matines, et est fondé sur le fabrique lequel termina vie par mort Pan mil V.c XXXVII le XXIIII.<^y o«r de juillet prié Dieu pour son ame.

A la vitre au-dessus du jxirclie.

Cy deuant gisi vénérable et discrète personne maistre Jehan Magistri natif de Tourquoin, licentié en décret et en loix doyen et chanoine de ces te église, lequel trespassa le XXIX.« de Mars tan XV .^ et I. Dieu ait de lui pitié :

Autrefois dans la croisée près de la chapelle de St. Hubert.

CilY GIST nobles homes mojiseigneur Henri DE Mortaigne dist Despiere cheualier conseiller de très liaulx et puissans prin- ches nos seigneurs les ducs Philippe et Jehan de Dourgoigne cojites de Flandres et goiuierneûr de Lille , Douay et Dorchies, Qui trespassa Pan de grâce M. CCCC. et XIIII. le iour de tous les Sains: priés pour same. Chy gist noble dame Katerine Pa- BOLe espoûse dudit messire Henri qui trespassa Van de grâce M. CCCC. <?/ X. le Iin.« ioûr daoust. Prie pour same.

Dans une des chapelles , celle de St. Michel , à droite on vojoit le tombeau fiiiuré Planche 111. La tombe i étoit décorée de huit écussons ; dessus éloient couchés un chevalier et sa femme , n** 2 et 3 ce sont Hugues de Lannoy et Margueritte de Molembais son épouse.

Ce chevalier n'' 2 a les mains jointes , une cotle de maille , une cui- rasse et une cotte d'arme blasonnée des pièces de son écu qui sont trois lions. Sa coite d'arme a un collet brodé, auquel est suspendu le signe de l'ordre da la toison d'or.

Deux anges soulieiinent derrière lui son écu et son timbre avec le cimier ( 104 ).

( 104 ) T.e timbre est le haume , et le cimier est la pièce qui s'élève au-dessus à\\ timljre ; l'écu de la maison de Lannoj esr d'argent à trois lions de sinople firmes , lampassés et coiirounés d'or ; cet écu a été longtems entouré d'une chaîne , en mémoire de celle donnée à Raoul de Lannoj , suivant le raj^port de Sl.idiieuj qui dit: « Qu'après le siège de Hesdin pris par I-onis XI, lequel

u

Collégiale de Sain t-P r e r n e a Lille. 48 Hugues de Lannoy éloit fils de Hugues de Laiinoy et de Cathe- rine Molembais.

Son épitaphe fait connoître ses litres et les principales actions de sa vie.

Comme la rie liumaine est non stable et la durée des Jioinmes passé tantost, comme lajleurcrue auj ourdhuy et demainj'enée ( i o5), ainsi combien qu'a plours ( 106 ) le dis , un noble jadis cheuallicr monsieur HuE de Lanxoy , seig.r de Santé cj mis en repos a terminé ses jours plain de clarté et ses rigoureux soings tel que ses pères par naturelle ennemie mort : que perte fut helas , se Loy telle et sj dure ne fut commune a tous , dont et se de sa flourissant jouuent ( 107), et de son fructifiaelii^ 108) eage, après il loist a parler ( i og) , et que vie vertueuse requiert a estre soleni- nisee , en son porcon (^110^ de gloire de seruie. Enûis me doy (i 1 1) taire de cestiiy en quy vertu, et preiuihomie prindrent naissance ensemble auecques son corps et noble et honorable condition nou-

» ensuite investit Quesnoy-le-Comte, qu'il fit battre de force, et la brêrlie » étant faite , ce Raoul de I.annoj , en présence du roi , y n)onla le premier , » parmi les f^ux et arquebusades , et fit si vaillamment que sa majesié admi- » rant sa hardiesse , dit qu'il n'en retourneroit jamais, qu'il ne le fit enchaîner : la » place emportée d'assault , le roi le fit venir devant lui e* lui dit: pasque Dieu » vous êtes trop furieux ^ vous serex enchaîné pour un peu modérer votre ardeur j et -.1 en même temps il lui mit au col, une chaîne d'or de cinq cents écus qu'il » lui donna avec une compagnie de gens de pied c Au lieu de cette chaîne on voit ici le collier de l'ordre de la Toison d'Or composé de fusils , ( briquets ) et de pierres à feu. Hugues de Lannoy , mort en 14.16 , n'a point vu le règne de Louis XI, il éloit d'un teins antérieur aux prouesses de Raou-t et au don de la chaîne.

( io5) Fanée.

( 106) En pleurant.

( 107 ) Florissante jeunesse.

( 108 ) Et âge fructifiant.

( 109) 11 reste à parler.

( no ) Portion. -'

( m ) Je iie dois pas me taire..

44 Collégiale de S a i n t-P i e b R e a Lille.

vefureL (112) auecque ses iours enfantins ^ comme ses faicles] non mon langage prennent asse aux considerans ou enquerrans de son origine, et haulte terinination condit (i i3) par nobles et ver- tueux molens plusieurs ,jusques a venir, non par fortune aueugle, non par importune poursieute en court, non par ambition ne con- iioitise de gloire : mais par juste et droicturie loj donner a hault élection faueur et procliaineté de prince , rojs et ducs quy s'en tindrent à pare moult et souuerainement le 7-o/Charle N\.^,le ducs Jehan et Phe (114) de Bourgoing. Squb qui règne il n'eu hon- neur et authorité beaucoup , comme il appert par rétracter sa vie en brief, de laquelle sa mort doit porter sa lueur , premièrement en l'eage de XX ans receu tordre de cheualerie au très très sain et lieu de Jrlem ( ii5 ), dont au retour auecque leniaistre de Liflant s'en alla en Prusse , en f routier contre les Turcqs , lialla auecque le duc Witoll encont les Tartarres : fis cognoistre et esleuer son nom en plusieurs haux et valereux fais par tout plus que hommo de sa nation pieca (116), eji son retour en France trouua guerre et diuision entre les princes , s'exposa diligament en tous péril auecque le duc Jehan son prince en son party. Conquist auecque le seigneur de Helly toute la conté du Poitou, fut capitaine de Poitiers et maistre? des caues et des forests , et par certain traictie quy se fit à Bourges , la rendy en la main du roy , et le fit capitaine de Montargis, redeuint capiteine aussy de Compiegne , et assiégé dedens, en tira son honneur sauf , fut grand maistre des arha- lestriers de France, et capitaine de Meaux , se trouua homme de los (i l'j') ,en mainte bataille , comme en Liège, Hazincourt, Senlis, Je pont S. doux et autres en sièges, et assaut , souuent en France et en Hollandes , fut en ses XL ans coinmis Juge ordinaire et gouuerneur de Lille, gouuerneur depuis de Hollande , de Zelande

(ira) Commencèrent. ■( Ii3 ) Etablit, aqiiit. (114) Philippes de Bourgogne. ( ii5 ) Jérusalem. (116) Aulrefois. (117) de rëputatioij.

et

Collégiale de Saint-Pierre a Lille. 45 €l de basse Frize pays dangereux et en sa prudence duna fruit et vtilité beaucoup , et sa preudomie grand los. A aultes am- bassades souuent a esté député , et pour le payement de sa personne tramis à la plus part des princes chrestiens. Par plu- sieurs J'ois visita S. Jacque et de soi mesme Rome la Cité. En ses LX ans pour celuy hault eage non serf fors a Dieu , a de- Unijiiy offices et auihorité de court ,renoncy aupencion des princes et eniprint a viure du sien seulement en très large et honorable estât. E:it venu prendre demeure en cestuy très honorable collège de St. Pierre , ou il a hanté le seruice diuin et en examinant sa conscience sur toutes choses passées , en euures et deuocions mé- ritoire pensé de son salut. Aux lieu désolé de France plusieurs , a esté secret distribueur de ses biens , amiable secour a son po- uoir aux églises, de propres offenses réparateur , et vray nou- risseur et traicteur de paix. Qu''en diray je sinon que en haulx et plains jours de LXXII ans ou nature fatuene , a fermé ses yeulx a temporelle clarté , quand splendeur d'honeste vertueuse vie luy a donné renommée mémorable a toujours. 'Irespassa d'icy le plus viel cheuallier de la Toison (118) le plus ancien con- seiller et chambelain de son maistre le très excellent duc Phe le premier jour de may Van mil IIII.'^ LVI. 5/ a trait (^ iic^^aiiecque luy sa conjonction terminée madame Margueritte de Bocourt son espouse jadis , quy cy gistauec luy, laquelle termina vie par mort de ceste siècles le XXl.^j'our d'aoust Van mil IIII.'^ et LXI. Repos leur doient Dieu éternel. Amen.

Ses quartieis sont :

St. Aubin. Mlngonal. Molemhaix. Lannoj. Bocourt. Pientj Heueliin. Brlmeii.

Margueritte de Bocourt , 3, Planche III. a une ample robe ou surcot sur sa cotte bardie , elle est coefiëe d'une espèce de guimpe ,

(118) Histoire de Tordre de la Toison d'Or, pag. 9.

(119) Aussi a bienlôt.

u

\

46 Collégiale de Saint-Pierre a Lille; coslurae que les religieuses avoient conservé; elle a les mains jointes^ sa chaussure est à rosette , chaque pied est appuyé sur un chien.

J'ai donné les principales épitaplies de la nef et de ses différentes chapelles ; examinons à présent les monumens cjue nous offrent le chœur, la chapelle paroissiale et celle dite de la Treille.

Le chœur éloit très-beau. On vojoit au-dessus des stales les blasons des seigneurs qui composèrent le septième chapitre de la toison d of tenu par Philippe le Bon à Lille en 14.35.

Le tableau du inaître-autel , peint par Lafosse, représentoit J.-C. donnant les clefs à S. Pierre.

En enlranl de la nef dans le chœur de l'église on trouvoit sur une tombe plate cette inscription :

Chy gist très haits , très nobles et très poissons princes Bau- DEWINS li DEBOt^N AIRES j'iidis contes de Flandres H onzimes (120), qui funda ceste église et trespassa en lan de grâce mil LXVIL Dites l'o pater ner pour lame.

J'ai retracé les principales actions de Baudouin en traitant de l'histoire générale de la Flandre et de l'histoire particulière de Lille (121).

Voici les autres épitaplies qui se lisoient également dans le chœur.

A la muraille , du côté de la sacristie.

Par grand désir d'honneur acquerre , A la chilx ( 122 ) éruier en guerre Et pour le roy son droit seigneur Souffrit mainte peine et labeur, Ecuier fut de très grand los ( 123) Nommé Pierre de Rosimbos , Sage , courtois , loy.Ti'i , sccrés , Et de tous gens estoit aimés ,

( 120 ) Le onzième.

( 121 ) Supra. Pag. 7. ,

( 122 ) Celui 5 cet.

( 123 ) Réputation.

Collégiale de Sat\t-Pieiiiie a Lille. 47

En son temps tint les seigneuries

De la ville de Perenchies ,

Et aussy de le Caûlerie

Ecuier fut de l'escurie ,

De haut , puissant et redoullé

Du duc Jeau plain de bonté

Et perdit empres Roûsseauùille

La vie en l'an quaîre cens mille ,

Et quinze , si comme ramembré ,

Vingt et cinquième jour d'octobre

Priés pour luy qui chj ( 124) passés

Et pour tous autres trespassez. Amen.

A la muraille du même chœur à l'opposite de la sacristie: Chy deuant gist sire Pierre Godefraut pbre jadis chanoine de cesLe église qui trespassa en Van de grâce , mil CCCC ei XXXVm le XXVin.« jour d'awU prié pour lui.

Au second pillier du même chœur.

Pollicitum rvtherea descendens, numen ah arcii , TJrit apostolicos , igné fouenté sinus. Jrradiat fui gare locum : cor robore Jirmat , Ignescunt animi ; uox noua mira canit. Chy deuant gist vénérable personne , sire Jehan de LA RiuE dit DE Carui.v natif de Haremhault , en son temps chanoine de la prébende de salut de V église de ceens ,qui trespassa le \l fi jour de jbre mil CCCC LXXII. Prié Dieu pour son anie : et dessoub.

AI<iNOSO MACULATA SITU CLARESCO REIMCTA,

Chi deuant gist en pouriture Viande aux vers et nouriture Sire Cilles Lanry jadis, Chanoine de ceste eucloture. Qui de mort souffrit la pointurg L'an et jour cy dessous escrit. Le i8.' jour de ninrs pi'ié pouF son ame. Air.en.

i 124) Ici.

\r

48 Collégiale de Sain t-P ierre a Lille. Au dos des formes vis-à-vis de la sacristie.

En ce dur monde transitoire ,

Doit bien par droit eslre mémoire ,

D'ung vaillant liomme de renom,

J.y quel eut Baud£W^in a nom,

Dajiekin , et fu cheualliers ,

Et mestre des abalestriers ,

De Lille, Douaj gouucrneurs

Des apertenanches meneres (1^5)

Pardeuant Cocheriel moru

En le bataille qui y fii

L'an de grâce mil et trois cens

Le XIIII lapresens

Fut en la bataille en jocsdi

Seiziesme jour en juin pcrdi

Catal de BoecL qui y fu pri

Com capitaine de hault pris

Des deulx parts j eut moult grant perte,'

Mais a fut victoire apperte ,

Car tous y fi:rent desconsfj

A leur perle non anemj (126),

A prions la Vierge rojne

Qui porte la vertu diuine.

Que elle voelle a son fil prier

Pour l'ame du bon cheualier. Amen.

Ses quartiers de noblesse aux quatre coins de Vépitaplie. Lens. Licques. Bois de Fiennes. Aziiicourt»

Au dos des formes devant la sacristie.

D. O. M.

DeposiLum hie est Que d fuit mortale

(i25) Des marais voisins, meneres pour meur , marais de mora. Ayerte-^ nanche pour appartenant. /

{126 Un ennemi.

Collégiale de Saint-Pierre a Lille. 49

Venerabilis viri Dotnini

D. Alexv Frans preshiteri

Hujus collegy cantoris et canonlci

Qui prius

Fundato pro aniinœ sainte quotiduxno

MisscB sacrijicio

Et pauperibiis ahunde subleuatis

Pie in Domino obiit

17. Kalendis decembri (127) a.° 1708. j^Ltat. 55.

Requiescat in pace.

Au troisième pilier.

Chy GisT vénérable personne sire François du Bois en so?i temps clianoine de ceste église , lequel termina vie par mort le XXlII.e de januier \h^-j.

Chy deuant gist vénérable personne maistre Jacques Tour- NEMEINE en son viuant maistre es ars , licentié en médecine esco- lastre- et chanoine de cesle église, qui trespassa le XIÏL^ Jour de Juin Van de grâce mil IIII.^ LXXI. Prié pour son unie.-

D. O. M. S.

E X

P I jE M E R O R I ;E.

iî.^2 ac venX's viri D. Jacobi BoudART

Binchiensis

Pbri, S. theologiœ iti acad. louan. licentiati

Hujus œdis

Canonici theologi per 84. annos.

Cujus virtus et cruditio

Ipsi manebunt superstites in œilûm'.-

( 127 ) 16 déceittbse,-

So COLIÉGIALE DE S A IN T-Pl E R HE A L I L L E^ j^ternûm deo vlctûrûs nobis deuixit A. mensihiis octogenarius IV. non (128) nouembris anno COIDCCII* Vouete et orate.

On lisolt auprès :

A la bataille de Poitiers Entre plusieurs bons clieualliers Demoiirans , dont ce fut domage Cestuy cj par son vasseinge , Et avoit comme on list a dont,

Non EUSTACHE DE RiBERMONT.

En arme fut prompt et habile Seigneur de Pouques et Neuuille. Lequel quaild fu ceste journée En la bataille redoublée , Moule sur vn chenal puissant I>es armes de Melûn portant Auquel fait d'armes il mourut Par faute d'estre secouru eu septembre le jour VI.'

L'an mil Irois cens douse en sanctiesme (129) Gloire Dieu, velle colloquier Son ame , on en doit bien pritr. Anien. L'épitaplie qui suit de monsieui- In^iliard et oie au-dessus de sou médaillon en marbre blanc , surmonlé d'une faux posée en sautoir

^ur un sablier.

Vigilate.

D. O. M.

E T P I ^ M E M O E I .S.

p. Jacobi Ingiliard, ,7. V. Ucentiati Hujits œdis per annos XLV canouici

(128) 2 novembre. ( 129 ) En sainteté.

Collégiale de Saint-Pierre a Lille. Si

È viuis suhlûti anno vilœ LXV.

Sahuis. M. DCLXXXIX

Ex cujus vohintate hoc monumentum

Moesti heredes posuére.

Martuo

Qui legitis bene apprecaminl.

On lisoit auprès :

Aresié vous qui cy passé Priez Dieu pour les trespassez^ Icy est inhumé le corps D'un qu'on doibt bien eslre fecors.- Pbre il estoit clianlre et chanoine De ceens discrcie personne. Maistre des ars Wallerand eut ncMU De le Cousture sou surnom. L'an mil cincq cens noeuf sur septante La mort le piint que toute espaiite (i^o) De feburier le dixhuictiesme. Dont vous pricre comme j'estime , Que deuant de Jésus la face Qui nos maux en la croix efiace Priera , dis-je , de bonne aleiue Qu'ainsi que fut la Magdeleine Il disoit de ses péchez laue Disant le pater et l'aue.

Examinons à présent les principales chapelles de cette église.' L'une étoit la chapelle paroissiale ; la paroisse Saint - Pierre étoit peu considérable , elle n'avoit pas plus de cinq cents maisons.

Le tableau de l'autel représentant une sainte famille étoit de Jean yan Ost Je fils.

Les anciens remarcj'ioient les deux piliers de grès c[ui soutenoient L voûte, ils avoient dix-ncuf pieds de haut et ils étoient d'une seule pièce.

( i3o ) Epouvante. Suprà, Page lo.

52 Collégiale de Sain t-P ierre a Lille.

Près de étoient les bustes de Saint Pierre et de Saint Paul , ouvrage de Quillier sculpteur d'Anvers très-eslimé ( i3i ),

Onlisoit dans cette chapelle les inscriptions suivantes.

Cy gist George de Maubus e?j son viûani escuier Sa de Fraeps- camp et Doûrles qui deceda le Il.ine ioiir d'aoûst 1601. Aiant eÏL épouse en premières nopces damoiselle Hossme Cabeliavi^/Ze de Josse escuier S.r de Mûlheni laquelle deceda le 28 îoûr de mars 1564. El gist en l église St. Martin à Coiirtray. Et seconde nopce da.elle Magdeline 'SSvxz JiUe de Josse escuier watregraiie de Flandre S.r de Berentrode laquelle deceda le 16. ioi'ir de may 1574. ^^ S^si ^" V église de Lambessart. Et en troisième nopces da.elie AtiSE de Croix Jille t/e Pierre escuier S.^ de la Fresnoje. Desquels deux derniers mariages il n'a laissez génération. Priez Dieu pour leurs âmes. ' «

Ses quartiers sont : ^

De Maubus. Lençrîez, Dii Mortier. Delaclierie. Cabeliau. Vandermerc. Vanderbancq. Srickers.

Chy deuant gist noble home mosieur Hippolyte du Bois en son viuant seign.r de la Longrie lequel Jina ses jours le XXIII. = de januier Van XV.'^ LXXIX et chy gist dale Jehenne de Canal so espeuse fille de feu Jacques escuier laquelle termina vie par mort le 11.^ jour de décembre Van XV .^ IIII.^^ , lesquelz seig.^ et dale sa femme ont eu ensemble cincqfilz et quatre filles pries. Dieu pour leurs âmes. Fut paracheué le 21 de juillet i58i.

Ses quartiers de noblesse sont :

Du Bois. De Canal

^ Scaillebert De Lanfree,

De Croix. Vanel Busike.

Dongnies De Corehuse.

( i3i) Guide des étrangers à L ille , p. 69.

Au

Collégiale de Sain t-P i e r r e a Lille. 53 Au-dessous de l'image du Saint Sacrement.

£cce panîs angeloriim.

j4 Vhonneur de Dieu et pieuse mémoire de très haull et très puissant roy des Espaignes et des Indes Philippe II que Dieu absolue , Jean Bauwet chapelain de sa dicte ma^^ catholique et chanoine de eeste église ma donné et faict faire fan 1611. Orate pro eis :

A la seconde vitre.

A droite. A gauche.

M.« Toussaint Mouquet a Messir Jean Durlin en son esté cure de ceste parodie l'es- viuant a esté cure de ceste paro- pace de XI ans et est pour le che respac:e de XVIII ans et jourd'huy cure de St. Estienne depuis chanoine de cette égle. en Lille , priés p. l. lespace de XX ans en an IIII''^

XVII , priés pour ly. s

Plus bas étoit écrit :

Marcus cardinalis S.'' mar- Serûûs Dno suo pro heneme^ ci (^i^z^ patria venetus. ritis viuens JieriJ'ecit.

Et jalns bas :

faillite qui legitis, celestia quœrite nostra hec ,

In c in ère s tandem gloria tola redit Expectas causam ? Nemo hoc humanior alter

Dixisses charités pro genuisse virum. Excoluit doctos , non ipse doctus , amicus

Omnibus , inuidus nulli : ea vita fuit. 0

Conditus est Furnœ (^i33') naturœ vbi débita soluit

Letus luce tibi Bartholomee sacra.

( l32 ) Suprà.

( z33 ) Fumes,

H

QO

54 Collégiale de Saint-Pierre a Xille.

Cy deuant g'ist gentil homme MiQUiE DE WiSQUERE dit Peppiv ; cscuier en son viuant seigneur de (hioisne qui trespassa en Tan de grâce mil quatre cens et cincqnante le VU.»' jour de juin. Prié pour lame.

^u preau cy deuant gist Guillemot , ^Is de Mathieu de Les- jniie et de dem iselle A'^nes de Bordc^ljoc dit de le Val sa femme lequel trespassa éuesque dts innocens (i34) de ces te église le XXIX jour de juin g Van mil Y.^ et wig ( i35) priez Dieu pour son a me.

Cy deuant gist sire Malin Durlin e/i son liuant prestre cJiap- pellain et soubz chantre de ceste église qui trespassa le XIIII.^ de mars XY .^ LUI auant Pasques. Priez Dieu pour sou ame.

La chapelle la plus remarquable étoit celle appelée chapelle de ISotre-Dajne de la Treille.

Jean Vincart, jésuite de Lille, a composé un traité sur cette chapelle ( i36 ).

Cybele et Diane dans l'anliquité n'ont point eu autant de temples

( 134 ^ On coniioit suffijammeiit ces fêtes monsliueuses , dont on croit devoir l'origine aux saturnales, et qui se célébroienl avec cjuelqiie différence dans leurs bizarres cérémonies, et toujours sous des noms ridicules, dans plusieurs p orties de la France. A Evreux, c'étoil X'Aféte des cornards ; a Rouen, la fhe de l'âne ^ à Dijon, [afdte de la mère folle ; à Paris, Vcifète des sous-d:acres , ou diacres sous; à Lille, la jète des innocens j qui ne le cédoit à aucune des précédenles. Uéxêque des innocens avoit beaucoup de rapport avec Ve'véque des fous j épiscopus stuhus. Pendant trois jours , il étoit revêtu d'habits rpiscopaux , avec des sandales rouges j il por- loit une crosse d'ai-gent, dont le bâton étoit de boit noir; il avoit sur la tête un petit coussin aulieu de mitre ; et dans cet attirail , il donnoit des indulgences , en répétant des formules qui varioient selon les Yiays et les idiomes , mais qui conve- noienl parfaitement aux personnages. On a rendu plusieurs ordonnances conire ces fêtes. Cette inscripliou prouve qu'elles avoient encore lieu à Lille en i5oi.

(i35) loSi).

( l36 ) 38 Vincartii insulani e soc. Jésus Virgo Cancellata in insigni ecclesia col- legîata D. Pétri insulce cultu et miracuUs celebris l636. Fol.° Ou voit au frontis- pice Noire-Danie de la Treille, enire la Piélé et la Force, et au-dessous une vue de Lille, avec des pèlerins agenouillés étendant les mains vers l'égliie Saint- Pierre , est cette chapelle.

Collégiale de S ai xt-Pi e r r e a Lille. 55 îil de chapelles que Marie; la ville de Lille et ses environs en réiinissoient un grand nombre ( l'àj ).

L'établissement de la chapelle de Notre-Dame suivit de près la fondation de l'église Saint Pierre.

La statue de la vierge est de pierre ; elle lient dans la main droite un sceptre , dans la gauche l'enfant .lésus qui lui-même porte un globe surmonté d'une croix. Celte statue n'est pas fort ancienne.

Elle est entourée d'une espèce de treille que les premiers de la ville avolcnt seuls la permission de foire entretenir , décorer et dorer ; c'est de cette treille qu'elle a pris le nom latin de virgo a cancelli's , en français, Notre-Dame Je la Treille (^\?)^^.

On ignore pourquoi ce treillage a été fait ; qnelcjues-uns croyent que c'est seulement un ornement, qui est commode pour y suspendre des fleurs et des ex vota de toute espèce ; d'autres croyent qu'on a voulu éloigner ainsi la statue du contact des mains profanes ; d'auties ont pensé que c'étoit pour la sûreté de la statue , mais ces barreaux ne la defïendent pas.

On imagine bien que la Notre-Dame de la Treille ne le cède pas pour le don des miracles à toutes les autres Notre- Dames du monde. Des pestiférés, des boiteux, des aveugles, des paralytiques guéris, lui enfant ressuscité dans le ventre de sa mère, ont attesté sa puis- sance ( iSg").

Plusieurs confréries se sont formées en son honneur, et tous les ans on porloit son image dans une procession solemnelle le dimanche de foclave du saint-sacrement. Cette procession avoit été instituée en 1269, par Margueritte de Flandre, la statue de la vierge portée sous un dais magnifique, étoit précédée et suivie de plusieurs chars, du clergé séculier et du chapitre de St. Pierre ( 140 ).

( iSy ) Vincart les cile toutes, pag. 7,

(i38) Quelques bulles PontiEcales rappellent Domina de Trellla.

( 139) Vincart. i. 8.

( 140 ) Eu 1269, les chanoines de Saint-Pierre obtinrent de Marguerite , com- tesse de Flandre , la permission d'établir une ]irocession solemnelle en l'honneur <le la Vierge. Une pareille grâce paraîtra légère^ mais alors rien n'étoit plus

Ha

56 Collégiale de Sain t-P ierre a Lille.

La première chapelle de Notre-Dame delà Treille n'éfoit pas aussi hieu ornée que celle dont je donne la description ; celle-ci est due aux libérali:és de Philippe le Bozi ; il signala sa dévotion envers ^otre- Dame des sept douleurs par un monument qui représente marie cherchant à r'anîmer le corps de Jésus.

Tout dans les boiseries et les oniemens de cette cha2:)elle retraçoit les principales actions de Marie.

Celte chapelle magnifique occupoit presque tout le croisillon gauche, elleétoit enlièremeut revêtue de marbre ; rien n'y altiroit autant les regards^que le tomheau placé au niiheu.

Ce magnifique tonil^eau est celui de Louis de Masle , comte de Flandre. Planche IV.

Louis II surnommé de Maie ou de Marie (141) du lieu de sa nais- sance dans le voisinage de Bruge , étoit le aS Novembre lySo , et succéda en 1846 au comte Louis I son père , auprès de qui il avolt combattu à la bataille de Creci. Il revint blessé en Flandre, et reçut Pliomnaage de ses sujets le 7 novembre 1347. ^^^ Gantois Favoient forcé de se fiancer avec Isabelle fille du Roi d'Angleterre , mais il s'échappa de leurs mains, et épousa en 1848 Marguerite, fille de Jean III duc de Brabant. Son règne fut agité par les

propre que ces spectacles religieux à arracher aux fidèles des oblalions abon- dante?. Pendant l'octave de cette procession ou ne pouvoit emprisonner personne pour dettes , et les papes avoientjoinl à ce privilège des indulgences fort étendues , q\ii dévoient naturellement attirer le peuple. On a cru que cette procession avoit été instituée par un simple motif de piélé; mais on se convaincra du contraire en jettant les jeux sur les lettres de la comtesse Marguerite. On v voit que ce fut pour faire le profit de l'église de Saint-Pierre de Lille et pour V avancement de Vamre ki commencée est en l'église devant dîtte que cette procession fut établie.

Quelques tems après l'institution de la procession , en fit quelques réglemens sur les endroits par elle devoit passer. Il paroît, par les lettres de Margue- ritte, que les échevins avoient seu's le droit de faire des ordonnances à ce sujet ;: cependant c'est le chapitre qui }ouit d'abord de cette prérogative que les éche^ vins lui ont probablement déférée. Un autre privilège du chapitre obligeoit les- députés de la ville à venir la veille delà procession chercher deux chanoines dans le cloître de Saint-Pierre pour faire la visite des chemins, ^iloliuos, p. 152 cl suiy,

(145) On dit par corruption le Mule.

^i

Collégiale de Saint-Pierre a Lille. 67 troubles auxquels la Nalion Flamande étoit portée , mais le sou- lèvement le plus terrible fut celui de iSyg.

Gand sous le commandement de Hious ou de Heinsius , cbcf des Nautoniers soutint pendant sept ans les forces de toute la Flandre , et ensuite sous celui de Brunel drapier qui pér t sur la roue ; et enfin du célèbre Arlevelle : ce rébelle n'espérant pas de pardon déléi'iniua les Gantois à mourir plutôt que de se rendre. Louis parvint à se sau- ver dans la cabane d'une pauvre femme et se caclia dans le lit de ses enfans. Il écliappa ainsi aux recherches de ceux qui le poursui- voient. Son palais est pillé, tous ceux qui refusèrent de passer sous les drapeaux du vainqueur furent passés au fil de l'épée ; enfin Charles VI marchaau secours du comte. Artevelle , vaincu lui-même à la bataille de Rozebeque fut trouvé parmi les morts.

Les partisans d'Artevelle lui donnèrent pour successeur Ackerman; le§ Anglois descendirent sous les ordres de l'évêque de Nortwick, celui- ci obtint une trêve d'un an dont Louis de Maie ne vit pas la fin , il mourut de maladie le 6 junsicr i334 ( *4- )•

Louis de Maie ne fut point aimé de ses sujets à cause des impôts dont il fut obligé de les grever pour soutenir la guerre dans laquelle il étoit engagé.

Ce tombeau lui fut élevé , ainsi que nous le verrons tout à llieure , par Philippe duc de Bourgogne. Les Planches IF'k VII en font connoître l'ensemble et les détails.

Sous le lion qui est aux pieds du comte , onlisoit cette inscription :

Cette tombe a fait le ts excellent et ts puissant prince Phe- liPPE par la gce de Dieu duc de Bourgne , de Loisir, de Brahnt et de Lemboûrt , conte de Flandres, Dartois et de Bourgiie ,

(142^ Meier prel iicl qu'il fut tué d'un coup de poignard par Jeau, duc de Berry et comte d lîoulogne pir sa femme, dans une querelle qui s'éleva à Saint-Omer , à cause de l'hommage que Louis de Maie exigeoit , comme comfe d'Artois ; mais le témoignage de plusieurs auteurs contemporains est contraire à cette assertion, on sait d'ailleurs que Jean, duc de Berry, n'épousa Jeanne, fille du comte de Boulogne, qu'en 1889; ainsi l'hommage à faire pour ce comté ne peut pas avoir causé cette rixe prétendue en 4384.

S^

58 Collégiale de Saint-Pierre a Lille. Palatin , de Haynaii, de Hollande , de Zeellande et de Naimir] marquis Saint Empire , seignr de Frise , de Salins et de Ma- tines , en ramenbrance de ses pdicesseurs en sa ville de Bruxelles par Jaques de Gernes bourgeois d'icelle et parfaite en Van M CCCC LV,

Autour de la toral^e on lisoif :

Cy gisent liauls et puissans prince et princesses LoYS conte de Flandres duc de Brabant, conte d'Arthois et de Bourgoigne, Palatin seigneur de Salins , conte de iSeuers et de Rethel et sei- gneur de Maline : Marguerite J?//e de Jelian duc de Brabant son espeuse , et Marguerite de Flandres leurjille espeuse de ires hault et très puissant prince Plielippe^/s de roy de France , duc de Bourgoigne. Lesquels trespasserent a scauoir ledict conte liOjs le IX.<' iour de januicr Pan mil CGC IIIP^ et trois, ladite Mart^uerite de 'Qvahant Tan 777// CCCLXVIII et Marguerite leurjille le ^V\.^ jour de mars nul CCCC et quatre, desquels Plile duc de Bourg ne et Marguerite de Flandres sont procréés , les princes et princesses , dont les représentations sont entour ceste tombe et plusieurs autres.

Monlfaucou a fait graver ce monument d'après les dessins qui lui avoient été envoyés par un religieux de Franche Comté ( 1 43). Mais j'ai fait prendre, sous mes yeux , des dessins plus exacts , ils formeni les quatre planches que je vais expliquer.

Les figures sont toutes de cuivre, et c'est ce c[ui les a fait livrer promptement au creuzet , malgré tout liniérét qu'elles présentent pour rhisioire et pour les costumes.

La Planche IV donne une idée générale du monument , il est eravé dans un sens inverse de celui de Mon tfaucon, et j'ai choisi <-e point de vue pour le présenter sous une autre face.

Louis le Maie est étendu sur ce toui])eau entre Margueritte de "Brabant , son ép"ouse , et Margueritte de Flandre sa fille; deux anges portent son cimier. Au-tour du tombeau sont vingt-quatre princes

(143) Moiiarcliia Françoise, tora. IIIî Pl- XXIX.

N? Liv. /'/..;. An,.. ..H.

Mi.lifl Dliy.v!

^i(

Collégiale de Sai kt-Pi erre a Lille. 59

on princesses de sa maison , cl aux quatre coins les quatre évangélisles.

Les planches suivantes nous feront connoîtreles détails de ce tombeau.

La P/fwe//e /^représente trois figures dessinées de face et à vue d'oiseau,

Louis le Maie ,Jig i est étendu entre sa femme et sa fille ; le prince est armé de toutes pièces à la manière du tems. 11 a une colle de maille , une cuirasse ; les cuissards, les gauibesons et les brassards sont formées de plaques de métal qui se joignent et se recouvrent ; sa cuirasse est festonnée d'une manière singulière , il n'a point de cotte d'arme , wym même ceinturon porte son épée à gauche et à droite sa dague ou mis.ericorde ( 144).

Le prince à la figure d'un homme avancé en âge, une longue barbe ,. les cheveux plats et ronds , à la manière des ecclésiastiques , et la tête' coeliëe d'une espèce de toque que portent aussi differens j^rinces de sa maison , ainsi que nous Talions voir. Celle toque est ornée d'une grosse' jpierre précieuse ( 145 ) entourée de perles ( 146 ).

Derrière sa tête est une colonne qui soutient le haume ou timbre sur lequel s'élève le cimier. C'est la tête d'un lion dans \\\\ vol ; deux anges .qui ont les ailes déployées lui servent de support ; ils tiennent l'un l'écusson de Maiguerille de Brabant, l'autre celui de Margueritte' de Flandre.

Le lion de Flandre est figuré sur la poitrine du prince, et il a ses deux, pieds appuyés contre un lion.

L'écu ou bouclier de Louis est suspendu , au côté gauche , à uni baudrier particulier qui le ceint au-dessus de celui cpii porte l'épée et? la dague ; on voit au milieu le lion de Flandre de sable, armé et lam- passé de gueule sur un fond d'or ( 147 )..

( 144) Oa peut voir combien celte pîaiiclie difîère de celle de Montfaucon, tom. III , p. i83.

C 145 ) Cette pierre ne peut êlie un diamant , Louis de Berquen tailla le pre--- mier à Bruges, pour Pliiîippe duc de Bourgogne, en 1474.

( 146 ) La figure de Montfaucon ne r>.'prés-enle rien de tout cela ; le prince y flans sa planche , a la figure jeune , sans barbe , et la forme du bonnel et du tissu dont il est orné ne sont pas exprimés.

C H7 } Cumine la figure est de cuivre , les émaux n'j sont pas exprimés ,, oui

<îb

6o CoLLÉGIALi: DE S AIN T-P I E R R E A L I I, L E.

Auprès du prince à droite est Marguerite de Brabant son épouse ',

Jjg- 2.

Cette princesse étoit fille puînée de Jean III , duc de Brabant. Louis l'avoit épousée le premier juillet i3i8;o!i lui donna pour dot 10,000 florins à lever sur la ville d' Anvers. Ce mariage chagrina beaucoup les Anglois. Cette femme éloit hautaine et cruelle^ Comme Louis aimoit beaucoup les femmes , et se livroit à tous les genres de volupté , la jalouse Marguerite signala plusieurs fois sa rage sur ses rivales : pendant le séjour de LôuLs à Paris en i352; elle attira à Maie une jeune personne que le prince avoit laissée enceinte , et lui fit couper le nez. Cette infortunée accoucha de deux fils et mourut avec eux. Louis de retourfut indigné de cette barbarie, mais il étoittrop foible pour la panir; Marguerifte mourut en i368.

Elle est ici vêtue à la manière du temps , elle a un ample surcot sur sa cotte hardie , et par-dessus le tout un large manteau ; elle est coellée d'un voile avec des nattes pendantes comme plusieurs figures du même teins, et notamment celles d'Isabelle de Bavière. Nous en avons déjà montré des exemples ; elle a par-dessus le. tout vui voile broché.Ses pieds posent chacun sur un chien; derrière elle un ange tient Pécu de Brabant.

A gauche est Marguerite de Flandre fille de Louis, Jig. 3.

Cette princesse née en avril i35o avoit été donnée en mariage à l'âge de 7 ans le premier juillet iSSy , à Philippe de-Rouvre , duc de Bourgogne , elle devint veuve en i36i. Elle épousa en 1365 Philippe le-Hardi duc de Bourgogne fils de Jean II roi de France , elle avoit été promise au comte de Cambridge fils d'Edouard lîl roi d'Angleterre, mais comme il fal'oit une dispense du Pape à cause de la parenté, les intrigues du roi de France auprès d'Urbain V. firent manquer l'aHaire , la noce fut célébrée à Gand , et Charles V. céda plusieurs A illes à la Flandre qu'il espéroit vainement attacher ainsi à ses intérêts.

Marguerite succéda à son père en 1384. elle fut inaugurée dans la

ne hs représentoit encore que par des couleurs; ce n'a été que d;iiis un tenis

plus moderne qu'on a imaginé de représcn'.er les couleurs par des si_i;nes de

convention avec des points, ou avec deslignes droites , transversales , obliques ou

croisées.

même

<ii

Nt I.I^ . /'/. />'. J',i//. o'j.

\li,/ifl Diif.r'

Collégiale de Saint-Pierre a Lille. 6t

même année à Bruges avec son époux. Son règne fut aussi Iroviblé tfue celui de son père par les Gantois dont les Anglois soutenolent la révolte , mais Pliilippe le Hardi sçut ramener la paix par sa sagesse , il mournt en 1404. et Marguerite en 1400. âgée de 55. ans.

C'étoit le seul enfant légitime de Louis de Maie cpi avoit laissé onze enfans naturels.

Elle est figurée dans un costume , semblable à celui de sa mère à l'exception du cordon, terminé par des glands, cpii lient son manteau

sur sa poitrine , nous avons déjà vu des exemples d'un costume abso- lument semblable. Les écus placés aux pieds des deux princesses sont ceux soutenus par les Anges à leur ciievet. Le premier 4 est celui de Marguerite de Brabant , mi-parlie de Flandre et de Braisant. Le second 11° 5 est celui de Marguerite de Flandre écartelé de Flandre, France et Boureogne.

Au quatre angles sont les quatre évJingélistes placés dans des ni-r cJies , ils sont plus petits que les figures qui entom-ent le tombeau.

Ces figures représentent difïérens princes delà maison de Flandre et de Bourgogne ; chacune est placée dans une njclie dont le ceintre festonné est soutenu par des petits piliers. Chacune est placée sur un petit piédestal portant l'écusson du personnage et une inscription qui indique son nom et son titre.. Voyez Planches VI et V^II.

En commençant par le petit côlé à la tête du tombeau et prenant de gauche à "droite j les princes qui se présentent à nous sont ceux des cinq premiers nos d.e la Planche VI.

On voit d'abord la figure de Saint Luc avec ces mots : Sancte Lucas evangellsta.

I. Jean duc de Lolriche de Brahant , de Limbowch , comte ^d^Aynau , de Ho//, de Zee/. (14B), fi/z d^ Antoine duc de Brabajit.

Ce prince étoit fils d'Antoine de Bourgogne qui suit et de Jeanne •de Luxembourg , il n'avoit que quinze ans quand il succéda à son père ; son règne ne fut qu'une suite de troubles , causés principale- ment par la mésintelligence dans laquelle il vécut avec soiî épouse Jacqueline , comtesse de Hollande. L'événement le plus mémorable

(148) De HoUaudJ, de Zelando.

«îf

63 Collégiale bc Saint-Pikrre a Lille.

est l'érection de la célrbie univcrsilc de Louvaui en 1425. Il mouiiiï

le 14 avril 1427 ( 149).

. Ce prince a une espèce de pantalon qui marque exactement la cuisse et la jambe. Un pourpoint coiu-t (iSo) plissé longifudinalement, les manches retroussées ; une ceinture l'altache ; le bord de son habit est galonné , trois croix sont suspendues à un coLicr qui paioît découpé carément.

2 x\nthoine, duc de LotliicJie de Brahant et de Limhourcli ,fds desditz duc Phelippe de Boiirgg^e , et de Marguerite de Flandres.

Cs prince éîoit en outre marquis du saint empire et comte de Helhel ; c'est le père du précédent; il étoit le second iils de Philippe , duc de Bourgogne , et de marguerite de Flandre; il fut tué en 1415 à la bataille d'Azincourt, en combattant pour la France.

Ce prince est vêtu, pardessus son habit court, d'unampL' manteau découpé sur ses bords ^ il a un collier cpii laisse pendre sur sa poitrine , vm ornement de pierres précieuses ; la coëfFe de sa toc[ue est renversée en avant, et laisse voir également un ornement de pierres précieuses.^

3 Jehan , duc de BourgE"-^ -, fils de Phelippe ,Jîls du roy de France, duc de Bourggne ^ et de Margue^te de Flandres.

Ce prince étoit le fils aîné de Philippe le Hardy et de Marguerite de Flandre ; il étoit k Dijon en 1871 , et succéda à son père ait duclié de Bourgogne en 1404.

Le nom de Jean sans peur lui fut donné à cau^e de l'air de hardiesse avec lequel il parut devant Bajazet après la perte de la bataille de !Nico])o]is oi!i il fut fait prisonnier ( loi ).

( (49 } Arl de vérifier les dates, toiii. jII, p^ig. 108.

( i.'io) Les liommes, dil {^ommines, « aussi se priment à se vêtir plus court » que oNCQCJES ninis ils avoient i'aictsi qu'on voyait leur d rrière et leur devant , » ainsi qu'on saou'oit vêtir 1rs singes ».

De plus , ajoute-t-11, « ils portoient de hauts bonnets sur leur tête trop migno- » nement ».

Commines dit aussi «qu'ils se niirrnt à porter si long cheveux, qu'ils leur empêclioient le visage et L's yeux ».

Cette mode n'avoil probablement p;'s encore gapné en Bourgogne , car tou& les prin es figurés sur le tombeau de Louis dj Mdle ont les cheveux courts.

( loi ) Il étoit alors comte de IS^evtrj, Bajazet le remit en liberié avec les-

Iv

Collégiale de Saint-Pi ekt! e a Lille.", 63

CVsl lui qui fit assassiner à Paris le duc d'Orléans. J'ai raconlé leii détails de cet assassinat en décrivant le lieu il s'est commis ( i52 ).

Ses succès militaires le firent triompher de tous les moyens que la maison d'Orléans emplova poiu* venger Louis. Le docteur Jean Pelit avoit eu la liassesse de faire l'apologie du crime du duc de Bourgogne. Cette infâme doctrine alloitêtre condamnée au concile de Constance , mais cinquante queues de vin de Bcaune , de Nuits et de Pomare que !e duc fit voiturer à Constance , et les dons en argent qu'il fit aux cardinaux et aux theclogiEns de l'assemblée, la lui rendirent favorable.

Jean éfoit attaché à la France : après la perte de la fatale bataille d'Azincourt , il voulut marcher contre les Ansilois ; mais il reçut du roi un ordre de ne pas passer outre, et il demeura six mois canapé à Lagny , d'où il fut apj)el4 Jean de Lcigny qui n'a hdte.

Fn 141 7 il publia un manileste pour la réformalion de l'étal ; il voulut s'enfaire déclarer régent , le roi étant incapable de Ijgouverner par sa maladie, et le dauphin par son bas-âge. Après des dissentions et das raccommodemens successifs , la paix parut se conclure , de bonne foi , entre lui et le dauphin.

Biais au m-oment on arrêtoit les conclusions sur le pont do Montereau , i! est assassiné sous les yeux du dauphin, qui lui tenoit la main, ^lar Tannegui Dachatel. Son corps fut dabord enterré à Montereau et ensuite placé à Dijon dans le beau mausolée des ducs jde Bourgogne.

Le costume diffère des précédens , la robe , plus étroite est attachée par une ceinture , la toque a un ample Voile derrière , elle estaltachée , par un autre voile , sous le menlon.

4 Phelippe duc de Bourggie , de Lottriche de Brahant et de Limbourch , comte de FlandVes , d'Artois et de Bourgene ,Jilz de Jehan duc de BourggM ^ etc.

Ce prince fut surnommé le bon , il succéda au duc Jean son père

vingt-cinq seigneurs, moyennant 200,000 diicals d'or, et en les congédiant il ii'S exhorta à prendre leur revanche.

(i52) Ant. nation., tom. I , art. VI, pag. 4.

la

9S

64 Collégiale de Saint-Pierre a Lille. on 1.396, le désir de venger sa niorf le fit entrer dans le parti des Anglois ; ce qui fut cause qu'ils ne trouveront plus de résistance; enfin il se réconcilia avec Charles VII C|u'il aida à entrer dans Paris et à cliasser les Ansilois. Sou ame grande et sénéreuse se montra toute rnîière quand il paja la rançon de Charles d'Orléans , fils de celui que son ptre avoit fait assassiner.

Je parlerai plus au long de ce prince , en décrivant un autre monu- ment où il est représenté à genoux , à la fin de cet article.

II est ici représenté en habit de l'ordre de la toison d'or, une grande robe par-dessus son habit court ( i53 ) ; et la toison suspendue à un collier semblable à celui du duo Antoine, 7z° 2, et qui n'est pas toul-à-fait celui de l'ordre composé de pierres à feu et de fusils ( 104 ).. I! a sous sa robe un habit court, coiume celui du duc Jean 1 , 7?° i. Sa toque laisse tomber l'énorme fond qui la termine , et il en lient l'extrémité dans sa main ; nos l^onnets d'hussards , quoique d'une forme diflercnte , sont à-peu-près semblables.

Ce fut Philippe qui fit élever le tombeau de Louis de Maie son ajeul (i55).

5°. Charles , comte de Charoloîs , filz de PheUppe , duc de Hoitrgogne et de Brabaut y et d'F'sabel fille du roi de Portugal.

Il é oit à Di)on en 1433. Il se distingua dabord par les armes sous le nom de comte deCharolois, et c'étoit celui qu'il porloit à l'époque de l'érection de ce tombeau ; il succéda à son père Philippe en 1467. Il fit la guerre à Louis XI et aux Suisses. Vaijicu par eux à Granson , il vit piller ses trésors les plus précieux, et principalement ce beau diamant qui depuis a fait partie des joyaux de la couronne de France , et qu'on appelle le régent. La bataille de Morat ne lui

( i53.) L'ordre de la Toison d'or fut institué à Bruges en 1429. Saint André en étoit le patron et il étoit composé de tren'.e clievalers ; on donne plusieurs raisons de celle institulion , quelques-uns veulent que ce soit une allégorie da produit que les belles laines de Flandre produisoient au duc. Palliot , dans sa science des armoiries , lui assigne une cause à-peu-près semblable à celle qui. fit instituer l'ordre de la j irretière en Angleterre.

( i54 ) Ce cfui se nomme à présent britpiet.

( 1 55 ) Si/prà.

COLLI-GIALE DE S A I N T-P I r. R R E A LiLLE. 6,1

fuf pas moins funeste que celle de Granson ; enfin il lut \uv dans 1:11 iliarais auprès de Nanc}', après la balaille donnée près de cette ville. Ce prince fut surnommé le hardi , /e guerrier , /e terrible. Je te'- vie'raire ; il eut été plus heureux , s'il avoît mérité le surnom de prudent et de sage.

Il est vêtu comme son pi'rc , «° 4, à l'exception de la tête qui est nue et a les cheveux courts.

On voit ensuite Saint Marc avec ces mots : Sanclus Marcii» evangelista.

6. Marguerite ducesse de Giùctïne , fuie de Jelian duc, de Bourggne.

Cette princesse, fiUede Jean safTS peur ïu\ maxïée à Louis , dauphin de France, duc de Gujeue , laquel étant mort jeune, elle épousa Artusde Bretagne, comtede Richemont ,qui fut connétable de France, Elle mourut en 1441 sans avoir eu d'ent'ans de ses deux maris.

Sa robe, dont elle tient un pan , est retenue par ime large ceinture, elle a un coliicr de perle , auquel une croix est suspendue , et elle est Goëll'ée d'un escofion ( 106 ) garni d'un large voile.

7°. Marie ducesse de Cles/es .fille de Jehan , duc de Bourgg'^^.

C'est la sœur de Marguerite , elle épousa en 1406 Adolphe IV duc de Cleves qui en eut trois fils et sept filles ; elle mourut en 1463.

Son costume est à peu-près semblable à celui de sa mère , elle n'a pas de collier.

8. Jehav, duc de Clei'es ,filz de Marie ducesse de Clewes.

Jean, fils aîné de Marie et d'Adolphe IV, étoit le 16 janvier 1419 il avoit été élevé à la cour de Philippe le Bon , duc de Bour- gogne , et quand il succéda à son père il étoit déjà célèbre par plusieurs actions guerrières qui lui méritèrent le suviiom an Belliqueux ; il mourut à Cleves en 148"! et y fut inhumé.

Il est vêtu à-peu-près de la même manière que le prince que nous venons de voir à l'exception des larges manches et des découpures carrées et profondes de sa robe et du voile de sa toque. Il tient dans

( i56 ) Aûl. nat. , tom. IV, art. XLVII , pag. i5 , note 34.

o'i

G6 Collégiale de Sai xt Pi e rr e a Lille. les mains uu bâton , peut-élre est-il le signe du commandement un sceptre ; ce qui me le persuade c'est que dans l'écusson de Cleves qui est à côté, on voit huit sceptres croisés.

9. Isabelle, contesse de Poiileure , Jîlle de Jean duc de Jiooui-gë'te,

Elle épousa en 1406 Oliver de Chatillon de Blois , dit de Bretagne > et mourut sans enfans.

10. KATiiEKiNE^^c/wrc'e ail roi de Cicile par procureur , JiUe de Jehan, duc de Bourgogne.

Elle avoit été accordée à Philippe coniie des Vertus (iSy) quand les ducs d'Orlé-ius et de Bourgogne se reconcilièrent après le meurtre de Iiouis d'Orléans; mais leur inimilié n'ajant pas en e'îèt cessé le mariage ne se conclut point. Elle fut fiancée en 14.10 à Louis duc d'Anjou III de ce nom , roi de Sicile , qui , sans l'épouser , l'envoN'a à 6<on père ; elle fut promise ensuite à Henri , fils aîné d'Henri IV , roi d'Angleterre , et retenue par son père , elle mourut enfin sans alliance.

Son costume est à peu près semblable au précédent ; les larges manches de sa robe ont deux fentes pour laisser passer les bras , vêtus des manches de la robe inférieure ; elle a une croix sur sa poitrine.

11. Anne, ducesse de Betfort^ Jille de Jehan, duc de Bour^ gogue.

C'est celle qui est inhumés aux Célestins de Paris (i53). Son costume est très-dilîërent de celui-ci; elle est cependant coëfle d'uu hennin (i59)mais elle n'a pas un manteauaussi ample que celui-ci.

. ( i5- ) Ant. n.at. , loin. I, ?.rt. III, p. 100.

( i58) J'ai donné la description de son tombjau et une notice sur cetle priii- resse. Ant. n;if., loin. I, avi. III j, pag. 120.

(i5g') Vers l'année 1427, i^n caraie nommé Conneelle vint prêcher à Lille, et s'élex'a ave:: force conîra la bizarre coëlTure des femmes; les cornes, appelées fretnins furent l'objet de dix sept sermons qu'il débita dans la vile; l'éloquence de (]onneette eut tant de force sur les espvlis , qu'il engagea les jeunes gens à parcourir les rues avec des crochets pour abbijHre la cuë.Turedes femmes L-t I4 jc!l r dm. la boue. MoVmos , png. 3io.

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COLLÉl.IALE DE S A I N T-P I F. R P. E A L I L L E. (^~[

, 'JZ. Agnes, ducessc de Bourbun ^Jïlle de iA\^x\. ,duc de Bour- gogne.

Cette princesse épousa Cliarîes I du nom , duc de Bourbon ; elle; mourut fort clgée , et éloit encore en vie quand ce monument fut l'ail. Le Kcuîpicur n'a point eu égard à la différence des âges , car sur ce irionument , la princesse a l'air aussi jeune que les autres ; on peut penser aussi que l'artiste n'a pas eu la prétention de donner l<i ressemulance exacle des princes , dont les statues retracent la mé- moire.

Au pelit côté, vers les pieds, on trouve Marie de Bourgogne, duchesse de Savoie , deux de ses fils et deux denses filles.

i3. YwziAV'B'E , conte de Genùvc ,Jîls de la ducesse de Sin-oje.

Un des fiis d'Amée VIII , duc da Savoie et de Marie de Bouraroo-ae ; il a un chapeau rond avec un rebord , la forme est terminée par un bouton.

14 royne de CicUe,JîUe de la ducesse de Savoie.

Cette princesse , dont le nom est effacé, est Marguerite de Savoie, fille d'Amée VIII, duc de Savoie, et de Marie de Bourgogne. Elle épousa en 1481 Louis d'Anjou III du nom , roi de Naples , de Sicile et de Jérusalem. Ce prince étant mort en 1484, elle épousa Louis de Bavière , comte Palatin du Rhin; et après la mort de celui-ci , elle eut encore, un troisième niari , le comte de Wirlemberg.

i5 duc esse de Sai'oie, Jîlle de Plielippe, duc de

Bourgogne et de Marguerite de Flandres.

Cette princesse est Marie de Bourgogne , mariée en 1401 à Amée VIII, elle mourut en 1428.

Elle a une coëffure semblable à la précédente.

Elle n'a pas de voile sur le col , ce qui laisse voir ses tresses.

16. LoYS , duc de Sauoje , Jîls de la duc esse de Sauoje.

Ce prince , en 1402 à Genève, succéda en 1451 à son père, dont il gouvernoit déjà les état» depuis 1484, en qualité de lieutenant- général ; ce fut une occasion de grands troubles. Il élcitle père de Charlotte de Savoie , épouse de Louis XI , dont il réclama les secours

lOl

63 Collégiale de Saint-Pierre a Lille. contre son fils Pliilippe. Il ne voulut point entrer dans la guerre du bien public ; il témoigna toujours beaucoup d'attachement à son gendre ; et mourut en 1465.

Il a l'habit court comme Philippe de Savoie, i3 , Mais sans ceinture , son bonnet ressemble à celui de Philippe le Bon , «0 4.

17. . . . ducesse de Milan ,JilIe de la ducesse de Savoie.

C'est Marie de Savoie , fille de Marie de Bourgogne , et d'Amée yill, mariée au duc de Milan.

On trouve après un évangciiste : on Jit Sanctus Johannes-Ei'an- gelista.

Sur le grand côté, des pieds à la tête du tombeau, on voit sept princes et princesses, tous d^scendans de Philippe le Hardj et de Marguerite de Flandre.

18. J KcqvZL. , ducesse de Touraine et depuis daljîne , Jllle de Marguerite ducesse de Bavière.

C'est Jacques ou Jacqueline de Bavière , fille de Guillaume de Bavière . coiute de lîollande , de Marguerite de Bourgogne ; elle épousa Jean , fils de Charles VI , duc de Touraine et dauphin de Viennois qui mourut fort jeune , et elle eut successivement plusieurs maris. Son costume est pareil â celui de Marie de Savoie, 17,

19. Marguerite Ducesse de Bavière comtesse de Hayiif iiau (160) del dits Phelippe et Marguerite de Flandre.

C'est Marguerite , de Bourgogne , fille de Philippe le Hardi et de Marguerite de Flandre , mariée à "Guillaume de Bavière , comte deHdinaut, de HoUaride , de Zélande. Sa coë'iTure difïère beaucoup des précédentes; c'est une espèce de toque avec un bord et uu fond relevé avec assez de grâce ;-elle n'a pas le manteau que portent les précédentes.

20. Catherine ducesse d'Ostriche fille de Phelippe duc de Bour- gogne et de IMarguerite de Flandre.

Catherine de Bourgogne , sqcur de la précédente fut mariée à. Léopold JÎI, duc d'Autriche et mourut sans enfans.

(.160) Soi.s-tiiteudu tille.

Elle

Collégiale de Sain t-P i e r b e a Lille. C()

Elle a un loiip- surcot et un manteau; sa coëfTure ressemble pai-

devant à la précédente , elle a de plus un large voile carré par derrière.

21. Jehan conte d'Estampes Jiîz diidit Phelippe conte de Nci'ers. Jean , comte d'Estampes , éloit fils de Philippe do Bourgogne ,

comte de Nevei's et petit fils de Philippe le Haidi.

Son habit est court et déchiqueté d'une manière .singulière , il a une espèce de camail découpé de même.

22. Charles conte de Nei-'ers Ji!s deVh&W^Yiç conte de Nevers. C'étoit le frère aîné de Jean. Il est coiuiu par son e-pril modéré;

il parvint à réconcilier les ducs de Brabant et de Bourl.on , et, sacrifiant son pro]3re ii^térêt , il engagea aussi le duc de Bourgogne à rendre la paix à la France. Il moiu-ut en 1464 sans enfans.

Son costume est absolument pareil à celui de Philippe de Genève ^ no i3.

23. Phelippe conte de Nerers fds des dits Phelippe duc de Bourgogne et Marguerite de Flandres.

C'est Philippe II ,père de Jean et de Philippe. Il éloit en 1889, c'éfoit le troisième fils de Philippe le Hardy et de Marguerite de Flandre. Il suivit son frère Jean , sans peur , dans ses guerres contre la maison d'Orléans et contre les liégeois. Il fut tué à la bataille d'Azincourt en 1410.

Sa toque est surmontée d'un long voile.

Ce priliçe , le précédent et celui qui les suit ont des petites bottines appelées escaphignon ( 161 ).

24. PhelIppe duc de Lottriche de Brabant de Linihourg comte ,de Lignej et de Saint Bol fils rf'Anthoine duc de Brabant il mourut sans enfans en \^^o. a 25. ans^

On lisoit dans cette chapelle les épitaphcs qui suivent :

Chy gist messire Pierre de le Zype, jadis docteur en loys ', ,cheualier seigneur d' En tergJiein conseiller de monseigneur le comte

(i6i) Aui. liât., toia. IV, art XJ.yiII , png. i5.

K

voî.

70 Collégiale de S a i n t-P i k r n e a Lille. de Flandres lojs , de Phles le Hardy duc de Bourgogne etc. et gou- uerneur du souuerain baillage de Lille, Douaj et Orchies, et des apperlenances , premier président à la clianihre du conseil , qui Ircspassa \-\o^.le2Cfdefcurié. Priez pour Pâme.

Cy dcuant V autel de Nostre Dame gist vénérable personne mon- sieur sire Andrieu Garzett en son riuant ptre, chantre et cha- noine de ces te église , lequel a Jondé a perpétuité cincq pains clias- cun de cent Hures psis pour estre distribué a cincq pauures person- nes par les plus proches parens, auecq les curé et ministres des pauures de ces te dicte église , à la charge d'eux représenter chascu/i an , et estre présent a son obit annuel qui se célèbre au cœur de cestdicte église le XX. ^ d'octobre. Item a ordonné que le jour de sondict obit soit distribué annuellement a cincq pauures personnes chacun pour douze Hures de drap. Item a donné cent cincquante H- ures de rente annuelle à Vaduancement défaire apprendre un mes- iier a ii'ois pouures enfans. Item encore pareille somme de C. Hures pour ayder a marier chacun an trois pauures, honestes, ca- tholiques Jill es et de bonne vie, le tout a la dénomination de ses plus proches parens . et du curé de ladicie église.

Le reste étoit i-elatif à ces fondations à-la-fois pieiises et bienfai- santes.

Cy deuant gist fo eu bonne mémoire , monsieur maistre Jean Sarot ,/7<,'/-t* et chanoine de la présente église , lequel est terminé vie par mort le quatriesme iour d'octobre an XV.^ JuVlpjie Dieu pvur son. ame.

Hic Sarot recubat matura morte peremptus Qui niysta hic quattuor vijcit olympiadss.-

Sub norma canonis ; quem Neruia viderai anie Lustris' phonasci mujms obire tribus.

Occidit oclobris francisco lace dicata,

Pro quo funde pias , lecior amice preces^

Collégiale de Sain t-P ierre a Lille. 71 On lisoit sur un pilier :

D. O. M.

Et Beatœ Mariœ main semper Virglni et SS. Jua Baptlstce et euangelistœ patronis suis , Joes Hacin can.c^s Inijus ecclesicc posuit anno 1606.

Un peu au-dessus.

^ Partiis et integiitas discordes tempore îoiigo , Virginis in gremio foedera pacis liaheut.

Au Iroisième pilier, près du bufTel de cette chapelle.

Qiii legis hœc, et forte j'ides mea hiista viator

Pro lachrimis siipplex da pia vota precor. Mjsta quitus de monte sacrum lustrent incola monteml

^c ibi mente JDcum lihenore canam. Talis ej-is, qualem me vermihus vndiqiie rosuni

Condit humus , cito 17/ors aduolal , esto idgil. Esto rigil ; cessât feruere in fonera numqiiam , '

Çuo numine credcs tempore puluis eris^ Ohiit an.° iSSy. Fehruarii 10.

Et' cet autre :

Suh terrœ tumulo MiCHAEL cognomlne dîctJ

Rex cubât , et vermes putre cadauer alit^ In quo ceû sydus rutilabat regia virtus ,

Régla mens mores regij et ingenium. Nunc sua quid mirum mœst ? Si tondat Spolia ",

Pectora , si musœ , si charités doleant. Lugeat udmphion, moneat Orphea plectrum

Nec dolor admittat frena , modumque Lint. Deliciœ perlere suce , sua grandla , amores :

Heu ! qui semper erat viuere dlgnus , obit. 'Ah nimium duros obi tus , heu gloria clero

Quanta gcmiscenti , quantus honorque périt.

Ka

À0\

Collégiale de Saint-Pierre a Lille. Lustra nonem vix mysta sui compleuerat œid.

Frigidus et fossa dinn tumulatur hiimo. Nascimur et sumos cuncti properamus ad horam.-

Dicta potest nemo frangere jura iiecis. Surgat vL œthereas de fwiere ( ; Icctor : ) in auras

Sepe tuœ f criant sydera celsa preces.

In morte m ejusdem.

Hœc quoque pLwgendo persoluam menia régi

Quem subito ablatum , turba nonenna gémit- > Heu fugit tetroque oculos in morte veneno

Clausit, et in lacrymis , musica moesta jacet Rex i^ijcit, regemque animi splendore ferebat ,

Vita suis testis , mors quoque testrs erit. Cantus apollineo cecinit qui mistyca plectro

Deslitit , et regem rex canit arce poli.

Passant eu tombe au froid palle eslendue s'enserre Vnt^ nourissier de paix , d'ainilié et vertu Le quinsieme de jaing ^vir la mort abbatu Fut couché auec p'eurs au giron de la terre Exempt de plus n'entrer en la mutine pierre- Qu'a la Cliar et Satan ( : ce cerbère testu )■ {^ui de charmes et glu , et dire estre reucsld Contre ceste fr.îgile a braquet son tonere. Ce defunct passant) prisez en maintes paris- Jeune dedens Louuain se vid" promeu es arts , Cliy C162) des chora-ax fut mnistre et puis chanoine insigne Bref cest homme d'honneur , dont Dieu ait l'ame a soy : Que si bieiT du Sauluenr sceut cultiuer la vigne Fut jadis prebendé amphion et vng roj(i63). Prié Dieu pour son arae.

(162) le y.

( i63 ) Sans doute roi des innocens. Vide Suprà,

Collégiale dk Saint-Pierre a Lille. yS

Les vitres de l'église étoient aussi chargées d'inscriptions , parmi lesquelles j'ai relevé les suivanles :

A la vitre est à présent la chapelle de Ste. Catherine, Cy déliant gist vénérable et discrète personne maistre Jean Magistri natif de Tourcoing licenlié en décret et en loix, doicii et chanoine de ceste c'glise , lequel trespassa le XXIX de mars- fan XW .^ et I. Dieu ait de ly pitié :

Au milieu de la vitro.

Fratres ueniuoli sicut in vita sic 7iec post mortem sunt séparait,

A une vitre sur un livre que tient v.n lion.

Marcus ien per desertuin ,

damans rougit in apertian.

Au-dessus de l'écusbon du cardinal Saint -Marc"

Profuit qui bus potuit , olfuit vnqiiam neniini,-

A la même vlîre.

Numquam stigias ferair ad rmijras inclita virtus.

Dans la chapelle Saint-Pierre , au-dessous d'un Saint-Pierre et d'un' pape. - I

Paulus vendus papa secimdu s , petrus Barbo antea vocatus y obiit 2?^.^julj M. CCCG LXXL

Et plus bas il j-a un chanoine à genoux.

Gratiani et gloriani dabit Dominus.

Dans la même chapelle au-dessous d'un Saint Jean.

Virtus socia vitœ fuit.

Dans la chapelle de la Magdeleine..

Noli nie tangere.

Dans la même chapelle au-dessous d'un Dieu de piiié..

Iste est saluator vniucrsis seculî.

A la même vitre.

t^t meliiis viueret vixit vt moriturus.

J'A

74 Collégiale Î)e Saint-Pierre a Lille: A la vitre du grand portail et dans la chapelle-paroisse. Terrea cuncta cadunt sola marient mérita. Et plus haut à la même vilre. Roma caput mwidi , Roma salas Jldeî.

'^yl riionneur de Dieu et mémoire de/oeu le bon seigneur car- dinal de St. Marc , patriarche d'Aqnileige et de ses nobles parens Eugène I[II.« et Paulus jadis pape de Rome , tous natifs de la cité de Venise ; Robert Gilleson preslre escoUastre et chanoine de ceste église , natif de la Bassée , ancien serui leur audict cardinal en son viuant m'a donnée et faict faire 1527. Friés pour leurs âmes.

Sur la vitre au-dessus du portail des cloches,

St. Pierre, N. Seigneur,

Domine quo vadis. Fado Romam iterum.

Crucifigi.

La sacristie étoit très-riche, J'esperois j retrouver quelques vases anciens , mais ils avoient été enlevés ; j'ai fait dessiner quelques reliquaires que l'on conservoit encore dans une armoire de la grande salle du département. Voyez Planche VIII.

\°. Un reliquaire représentant une espèce de temple renfermant la Vierge , il étoit porté sur quatre lions ;

2". Un reliquaire à pied ayant la forme d'une chasse ;

3°. Un autre avec un Christ;

40. Un qui se montoit sur un pied de bois pour être porté dans les processions.

Ces quatre reliquaires sont du goût du tems , les ornemens annon- cent le seizième siècle ; le travail est léger et bon.

lo. Une corne d'ivoire avec une bordure en médaillons , au milieu desquels est un ange ailé.

On trouve plusieurs cornes semblables en Irlande , en Ecosse et sur-toul en Dannemarck.

'ç^^-ç*-'

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C O I, J, É (; I A L E DE S A I N T-P 1 E R R K A L I I. L E. 7 J

On s'en lervolt pour réunir par leur son les chiens et les chasseurs , comme iipus faisons aujourd'hui avec le cor-de-chasse.

Sur une anciemie corne danoise du cabinet du lord Bruce ( 164) , on voit des chiens, des chasseurs et dos hom^nes qui sonnent dans mie corne absolument semblable (i65).

Ces cornes sont de corne d'ttrus ou de dent d'ëlephant , avec €>u sans inscriplion, unies ou gravées, enrichies d'or ou d'argent, on sans ornemens ; et ces garnitures sont plus ou moins cizelécs , avec ou sans pieds , ces pieds sont ordinairement conformés comme des pieds d'oiseau.

C'étoit en donnant une corne semblable que l'on confirmoit la propriété d'un fief ou d'im domaine.

On lisoit sur celle-ci les lettres suivantes :

HORNHÀT. TE MINNÂ M- A ME HET ROL D^ROSTFORIFAS TENGLA: FAL^US PYR FAN : EOAEAN. lEYIDANED-^ HÏVE ■■ GE. HEÂLDEAONEL AE \^F-DAN-E>EH- -EMEGEV^EFADPPVNIGEONBLIZSEFO- ^RMRDELINGEE= HIS* BEÂH-

On distingue bien les mo^s h on? , corne et le moi Harold: nom célèbre en Angleterre , principalement par le beau monument con- servé à Bajenx, et qui représente la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Normand, au tems d'Harold , successeur d'Edouard le confesseur.

(164) yirchœol. Britannica. Tom. Ilf , pag. 24.

( l65 ) Confurebant primo prcedia nudo verbo ahsque, Scrzpto velcharta^ Tar.tum cum Domini Gladio vel Galea , vel cornu. Ingulph. Pag. 70.

Le roi Edgarcl , donnant des privilèges à l'église de Glasionburrj, dcposdr une corne semblable. « Hœc privilégia ipsi loco conferre deposuit , ebore ^ decentissime y> Jhrir.atum aura que decoratum super ahare sanctœ genitricis dei posuit. , . » Hicke* Tome 3 j p. 84,

-ict

76 Collégiale de Saint-Pierre a Lille:

Je laisse à ceux qui sont plus versés que moi dans l'ancien breton à expliquer cette inscription.

Le cloître contenoit aussi différentes inscriptions , en voici qiiel- <jues-unes.

Cy deuant glst o preau demiselle Peronne Domessent.

Cy deuant gisent Arnould de Ricque en son temps prouost de Lille qui trespassa le XI. ^ de nouemhre XV. ^ LUI, et An- THONETTE HuERiBLOCQ sa femme qui trespassa le XI.« de may 1548. Desquels Dieu ayt les âmes.

Cy deuant gist Anthoine Lamiral en son viuant sénateur a messieurs les rfwci Phelippes et Charles de lBtouT^on^ne,depuisfouri é fde madame Marie de Bourgongne et à monsieur Varchiduc d'^u-r arisse qui trespassa le YX..^ Jour de may lan mil V.c et trois,

Çessit JoANNES e viuis Lactens, isti Presedit quondam qui duo lustra scholœ. Funere queni niersum sol exoriensq. Cadcns Luget et oppositi. Cantho in vtroquc po.lif,

Seigneurs , vois pourrez en parlie

Cognoistre en lisant ceste histoire

Les faicts les actes et la vie

De LoLLo digne de mémoire ,

De sens naturel en jeunesse

Bien peu f.uoil se disoit-on

Mais de sens acquis en \'ieillesse

Il fut comme le brabançon.

Ce fait le seigneur de BerleTte

Le prit pour seruiteurs de soin

Pour nourrir cliappons , coqs , poullettes

Et tourner le rost au besoing.

11 ne cberchoil quelque advantage

Forsque de boire et de manger

Et trespassa fort viel de eage

En Lostel dudit cheualier.

En

Collégiale de Sain t-P ierre a Lille." 77

Ea lan quarante el quinze cens

Fut cy mis en la fin d'octobre

X.0LL0 pour sol et innocens

Jacoit et qu'il eut peu de sens

En ce monde , et ne fusiet sobre

Vers Dieu ne luj tourne en opprobre

Au ciel est en plus haut estage

Que n'est ung plus sobre ou plus sage.

On vojoîtdans ce cloître un bas relief figuré Planche 77, /z". 2; et qui étoit assez singulier, c'étoit le tombeau de Gilles du Chatel , ïl étoit représenté à genoux.

Cheste représentation

Fit faire pnr dévotion

GiLLE DU Castiel noble lions (i66)

En qui justice el raisons

De conseillier de bon et grans

Fut a nobles priuches et grans

Eui fut Loy ( 167 ) comte jadis

Et duc Phdippe ly Hardis

En r n mil quatre cens et trois

\,y mort dont ly pas est destrois ( l68)

Le devant Gille Assaly

XX jours en mars, prié pour li.

Au milieu du bas relief sont le Père Eternel couronné et vêtu d'un manteau impérial , il pose la couronne sur la tête de son fils bien aimé qu'il semble associer à son empire ; en face est Gilles du Chaîel , armé du haubert , de la cuirasse , de l'épée et de la dague , il est à genoux et a les mains jointes ; à gauche est Saint Michel ; à droite est Saint Georges, armé de pied en cap et ayant à ses pieds un dragon ( 169 ).

( î66 ) Noble homme. ( 167 ) Louis.

( 168 ) Dont le passage est étroit.

(169) Saint Geofges est toujours représenté avec un dragon sous ses pied* ou terrassant un dragon 5 mais le ré^it de ce prétendu combat avec le diable ,

78 Collégiale de Saint-Pierre a Lille.

Au bas du cloître étoit l'escalier de la bibliothèque , oîi j'ai faft dessiner plusieurs miniatures curieuses; mais la perte d'un manuscrit que j'avois fait copier ; et des renseignemens qu'il me faut recueillir pour leur explication , me forcent d'en dillërer la description.

Je terminerai cet article par la description de deux planches qui contiennent des monumens de cette collégiale, sur lesquels quel- ques renseignemens dont j'avois b.soin n'ont pu me parvenir qu'à la fin de l'impression.

Devant un des piliers ily avoit une colonne gothique , Planche IX^ n°. I , qui y est adossée, et qui porte deux figures de pierre en

sous la figure d'un dragon, n'est pas très -ancien , celle fable paroît avoir été apportée |au douzième siècle de la Syrie ; elle est racontée bien au long dans la légr nde dorée de Jacques Voragine : « il y avoit , dit - il , dans la » Ljbie, près d'une ville appelée Silène, un grand étang habité par un hor- » rible dragon, dont le souffle empesté faisoii périr tous les habitans; les citoyens ,- » pour détourner ce fléau, lui donnoient chaque jour des moutons, ensuite le » nombre des moutons venant à manquer , on lui donnoit un mouton et un- » homme, et pour cette sanglante otTraade on tiroit au sort les hommes et les » femmes , personne n'en étoit exempt : enfin le sort s'étant promené sur toutes les » têtes, tomba sur celle de la fdle du roi , qui vouloit vainement donner ses trésors, » et la moitié de son royaume pour sauver sa fille ; ne pouvant fléchir le peuple, » il demanda seulement un délai de huit jours; ce délai expiré, la fureur du * peuple se renouvellant, le roi fit parer sa fille de ses plus riches oniemens pour *> la livrer au monstre: Saint Georges , qui passoit par cette ville, fut témoin du « moment cette fille aux genoux de son père lui demandoit sa bénédiction , elle » le vit , et lui conseilla de monter à cheval et de fuir , pour éviter la fureur du » monstre; mais Saint Georges, au contraire, lui promet de l'en délivrer; il » monte à cheval , se munit d'une croix , s'arme de sa lance , va au devant du « monstre, le renverse; la jeune fille lui jette sa ceinture autour du col et le conduit » en iessc dans la ville Saint Georges le tue à la vue du peuple qui se fait bap- « tiser avec le roi ».

Cette aventure a une grande ressemblance avec celle d'Andromède, d'Hesione- et d'autres semblables ; aussi Saint Georges est-il le plus souvent figuré à pied ou à cheval , combattant un monstre , près de lui est une femme enchaînée- vêtue d'habits royaux ; Baillet et d'autres hagiographes prétendent que cette représentation est un symbole qui signifie que Saint Georges apurgé sa province , figurée par une femme , de l'idolâtrie , figurée par un dragon. Du reste le dragon de Saint Georges a une grande aflfinité avec la tarasque deTarascon , la gargouilltf de Rouen , le serpent de Corbeil , etc. Ant. nat. , tom. Il, art. XXII j pag. i5^

J0«

Collégiale de SAiNT-PiEnnE A Lille." 79 relief ; celle qui est sur le devant représente Philippe , duc de Bour- gogne et comte de Flandre; il est à genoux , les mains jointes et la tête nue , il est couvert de son armure ornée des pièces de son blazon , à l'exception de son casque qui est à ses pieds , et de ses gantelets qui sont attachés à sa ceinture; son écu ou blazon est au-dessous de sa jambe gauche , et plaqué sur le côté du chapiteau de la colonne. La figure qui est placée derrière est celle de Saint PhilijDpe. Au-dessous de la statue du duc , on lisoit :

Anno ZJow/w/MDCCXXXlV Philippus duc Bourgimdiœ cornes Flatidriœ et Isabella ejus uxor,Jilia Joannis rf^/5 Porlugalliœ. Phili-.pe éloit fils de Thierii d'Alsace et de Sj bille d'Anjou. Ayant à peine quinze ans, il fut associé, en iiSy, au gouvernement de Flandre par son père , auquel il succéda en 1 168. Son règne n'est pas rempli d'événemens politiques bien importa ns. Un des plus remar- quables , c'est la tentative qu'il fit d'une descente en Angleterre, pour soutenir le parti rebclledu fils du roi. Philippe s'embarqua , en 1174» avec trois cent dix-huit chevaliers d'élite , sous la conduite de Hugues de Puiset. Réunis au jeune Henri, ils eurent quelques succès, mais de peu de durée. Le roi les força bientôt de repasser la mer, à la hâte, après un rude échec à Saint-Edmond; la même année le jeune Henri se réconcilia avec son père, à la suite d'une conférence oi!i le comte de Flandre as.^ista , et renonça aux conquêtes qu'il avoit faites sur le roi pendant la guerre, il fit plus même , car l'année suivante il vint trouver les deux princes à Caen , et se rendit leur vassal moyennant une pension de mille marcs d'argent.

Philippe, de retour en France, surprend, à Saint-Omer , Gau- thier des Fontaines , gentilhomme flamand , dans l'appartement de la comtesse sa femme, et l'accuse d'avoir eu commerce avec elle. Gauthier le nie , et s'offre de prouver son innocence de telle manière qu'on voudra. Le comte sans l'écouter le fait saisir par ses gens , et après une sanglante fustigation , il ordonne de le pendre par les pieds dans un cloaque infect il expire ; d'autres historiens prétejident qu'il fut assommé à coup de massues et ensuite pendu par les pieds aux fourches patibulaires. '

Quoiqu'il eu soit , la famille de ce malheureux ayant pris les armes

La

8o Collégiale de Sain t-P ierre a Lille; pour venger sa mort , obligea le comte à donner satisfaction , en réha- bilitant la mémoire de Gauthier.

Philippe partit en 1177 pour la terre sainte , oît Baudouin, rox de Jérusalem , l'accueillit avec distinction. Celui-ci accablé d'infir- mités, lui Ht proposer l'administration du royaume et d'auti-es emplois considérables qu'il refusa. Il revint en Flandre sans laisser de regret. En 117g, il assista au sacre du jeune Philippe Auguste , sou filleul (i 70) , et devint l'année suivante régent de France , en vertu du testament du roi Louis le Jeune , honneur dont il fut dépouillé , trois ans après, par les intrigues du comte de Ciermojit ,et du sire deCouci.- Vers le même tems 11 83, il perdit sa femme Isabelle, dont il n'eut point d'enfans ; elle étoit sœur et héritière du comte Raoul le lépreux. Cette mort donna lieu à une guerre assez vive relativement à des fiefs vacans; mais la paix se fit bientôt par la médiation du cardinal de Champagne , qui redouta tout pour le roi , de la valeur et de l'audace de Philippe d'Alsace.

En II 85, le comte envoya demander en mariage Thérèse , nommée depuis Mathllde , fille d'Alphonse , roi de Portugal , qui la lui accorda sans difficulté. Cette princesse s'étant embarquée pour venir en Flan- dre , fut surprise dans le trajet par des pirates normands , qui lui enlevèrent tous ses joyaux. Philippe , à cette nouvelle , envoya une flotilîe contre ces brigands, qui furent pris, emmenés en Flandre ,^ et pendus au nombre de cpiatre-vingt.

Ce prince , dans son premier voyage en Palestine , n'eut aucune part active aux entreprises des croisés. Ce fut sans doute pour répa^ rer celte honte, que l'an 1188 il prit la croix avec les seigneurs de sa suite et partit en 11 90 pour la terre-sainte; ce fut sa dernière expé- dition. Il mourut de la peste au siège d'Acre, le premier juin 1191 ; son corps rapporté en France , fut inhumé à l'abbaye de Clairvaux. 11 n'eut point d'enfans de Mathilde , sa seconde femme , c[ui lui survécut jusqu'en 1208.

Philippe est un prince dont on ne peut dire ni bien ni mal, du

( 170 ) Guillaume le Breton, auteur contemporain, atteste que le comte de Flandre fut le parrain de Philippe Auguste et lui donna son nom. Fhilippid-^, iiv. 2. Cependant le continuateur d'Aimar est d'une opinion contraire.

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\T LIV. J>/ w.ratr. âi.

MLMDirat

1

Collégiale de Saint-Pierre a Lille. reste il paroît qu'il ne manquoit pas d'aclivité dans les aflkires , et d'intrépidité dans les combats ( 171 ).

Dans une niche , Planche IX, 72°. 2 , on voit un bas-relief qui repré- sente le tems , dont la plusgrande partie d'en bas est cachée par lui voile qu'il soulève du bras gauche , il tient sa faulx de la main droite ; du miême côté , en avant de la draperie, un enfant tenant le sablier, soutient aussi un des pans de ce voile, qui , ainsi relevé, laisse voir au bas du monument un squelette couché sur un socle très-bas , les jambes croisées et la tête appuyée snr un liaceuil quis'élenden forme d'écharpe et lui couvre la ceinture.

La niche qui renferme ce monument est encadrée par une archi- volte retournée, soutenue par deux corps de pilastres flanqués d'un ordre bâtard, dont les ornemens approchent du corinthien, et sur- montée d'un piédestal portant une croix , accompagnée de deux enfans qui pleurent et c{ui tiennent des flambeaux renversés. Deux vases, ornés de guéridons et d'où sortent des flammes, sont posés sur le retour de l'archivolte à plomb de l'imposte.

Ce monument est en général de riiauvais goût , sur-tout pour l'ar- chitecture.^

C'étoit un ornement caractéristique d'une chapelle des Trépassés; il étoit placé, à droite en entrant, au-dessus du buffet de la confrérie des Trépassés qui l'avoit fait construire.

La Planche X est celle c[ui représente le tombeau de Valîerand des yiiibaiix.

J'ai donné, page 25 , l'inscription de ce tombeau ; on y volt cjue

Valîerand des Aubaux est celui cpi avoit fait construire la chapelle

Saint-Adrien en 1457.

Cette famille étoit une branche de cellede Hinghette ,ene avoitpris son nomdu fiefdes Aubeaux,situéauxenvirons de Lille (172).

( 171 ) Ce prince avoit désiré d'être enterré dans le chœur de l'église ; mais n'ayant pu obtenir du chapitre cette distinction , qu'on n'accordoit qu'au fonda- teur seul , il demanda qu'au moins on plaça son effigie dans l'église , et qu'on l'élevat de manière qu'elle fût devant le chœur et qu'elle pût en être vue , ce qui fut exécuté.

C 172) Je ne sais pas bien précisément ceq;ue signifie des Aubaux, peut-être

-//■/

8z CoLLÉcrALE DE Sain t-P iehre a Lille.

Il est renrésenté les cheveux courts , avec des cuissards et des gam- bezons ,une colle d'arme sans broderie et sans armoirie, et un ceintu- ron fort simple qui porte son épée. Il a les mains jointes , auprès de lui sont deux femmes , n°. i.

On pourroit penser que Vallerand des Aubeaux est entre sa femme et sa fille, d'autant qu'on sait que cette dernière, appelée Isabelle des Aubeaux , fit aussi une fondation pieuse à la collégiale de Saint- Pierre.

Mais d'après l'épilaplie qui indiquepréciséracnt ses deux épouses, on voit qu'elles sont figurées ici dans un costume à-peu-près semblable à celui des religieuses.

L'une est Marie de Recoure , châtelaine de Lens , qui mourut le l3 juillet 1443.

L'autre Antoinette Dinchy , dame de Canteleu , morte le 19 novem- bre 1478.

Il est présumable que la première est à sa droite, et la seconde à sa gauche.

On voit au 7?°. 2 des anges qui supportent des écussons , celui du milieu est celui de Vallerand des Aubeaux ; les deux autres appar- tiennent à ses épouses , leur position indique clairement à quelle figure on doit les rapporter.

Le tombeau n°. 3 a pour ornement des ceps de vigne , au milieu desquels on lit VA, lettres initiales du nom Vallerand (lyS).

Plus bas sont les quartiers de la maison de des Aubaux, n°*. 4 et 5.

lin lieu planlé de peupliers ou de trembles j/jo/ii^/w a/^^z .• on disoit en provençal miko , en allemand albert haum.

( 173 ) Ces ceps de vigne , joints aux initiales VA , pourroit faire croire quelles sont un type parlant du nom des Aubeaux, si on dérivoit ce nom àe Albana , celui d'une espèce de vigne qui mûrissoit difficilement ; mais Tétj mologie que î'ai indiquée dans la note précédente est préférable.

L V.

HÔPITAL COMTESSE A LILLE,

Département du Nord,

XV PRÈS la collégiale de Saint-Pierre , V Hapital-Comtesse étoit un des monumens les plus anciens et les plus intéressans.

Jeanne de Constantinople avoit fondé à Lille^ en 1216, un hôpital sous l'invocation de Saint Sauveur. Le lieu on le plaça n'étoit point avantageux, on cessa les travaux. Cependant pour ne pas ren- dre cette entreprise tout-à-fait inutile, les bâlimens commencés ser- virent à recevoir six ou huit malades, pour l'entretien desquels la princesse donna des biens sufEsans. Un acte de I233, apprend que la dépense totale d'un malade, ne se montoit, pour le cours d'une année , qu'à ce7it sols.

Cette maison se trouvant située dans le patronat du chapitre de Saint-Pierre, l'administration lui en fut donnée. On j avoit mis d'a- bord wn nombre égal de frères et de sœurs , afin que chacun pût avoir soin des malades de son sexe. Mais quelques aljus qui résultè- rent du commerce indispensable qui existoit entre les uns et les au- tres, décidèrent chasser les frères, et à fixer le Jiombre des sœurs à six. Ces filles , devenues seules maîtresses de l'hôpital qui leur étoit confié, songèrent encore se soustraire à la domination des chanoi- nes. Pour cela, elles prirent le voile, et se choisirent une prieure perpétuelle , à laquelle elles accordèrent toute l'autorité.

Depuis cette épovque, le nombre des religieuses et des malades s'ac- crut avec l'aisance que donnèrent quelques acquisitions , et notam-» ment en 1698, Louis XIV réunit à cet hôpital les biens de dillé- lentes maladreries supprimées. Mais cette réunion eut lieu à condi- tion, porte l'édit, que les religieuses de l'hôpital de Saint-Sauveur, seront obligées de nourrir, par préférence, les pauvres malades des lieux étoient situés les biens qu'on leur accordoit.

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î HÔPITAL C O 51 T E S S E A L I L L E,'

Vers le milieu de ce siècle, elles arrêtèrent de ne recevoir dans leur maison que des hommes malades. Ce règlement étrange et tdut-à-fait contraire à l'intention des fondateurs et au bien public , fut cependant exécuté à la lettre.

Molinos ( I ) en trouve les raisons dans ce penchant naturel qui porte un sexe vers l'autre. Les religieuses de V Hôpital-Comtesse y dont nous allons parler, avoieut pris la même résolution.

Cette maison, appelée auparavant V Hôpital de Notre-Dame , fut aussi fondée jDar Jeanne de Constantinople , en 1286. Elle l'avoit fait construire près de son palais , dans l'endroit elle subsiste encore aujourd'hui. Comme à Saint-Sauveur , on n'y admettoit que les pau- vres malades ; mais elle exigea de plus que l'on reçût dans celle-ci les pèlerins aumoins pendant quelques jours. On trouve , dans une charte de 1289 (2), les réglemens qu'elle avoit fait pour ce nouVel établissement. La régie en fut confiée à deux ecclésiastiques , sous le nom de Proviseurs. La fondatrice se réserva le droit d'en nommer un , et elle s'adressa , pour avoir l'autre , au chapitre de Saint-Pierre , qui s'obligea à fournir chaque année un chanoine; car les commis- sions àe Proviseurs, n'étoient qu'annuelles. Il y avoit outre cela un maître de t hôpital. L'abbé de Los, conjointement avec les deux pro- viseurs , en faisoient choix; ils avoient le droit de le déposséder, mais dans le cas de malversation ou de forfaiture.

Aussi-tôt sa nomination , il prêtoit une sorte de serment d'obéis- sance aux proviseurs , entre les mains du prévôt ou du doyen du cha- pitre.

YjUS frères et les sœurs , chargés du soin des malades , ne pou- voient entreprendre aucune allkire, sans l'agrément des proviseurs.

Deux fois chaque année , les proviseurs et l'abbé de Los , dévoient faire la visite de l'hôpital, et en recevoir les comptes. L'absence du second n'étoit pas un obstacle pour les premiers qui n'en agissoient pas moins , et l'on s'en i-apportoit à eux.

Le maître de l'hôpital ne pou voit s'absenter, sans la permission des proviseurs.

( I ) Hist. de Lille , p. 217.

( 2 ) £x yirchiv. hospit. apud aub. Mirœum, Tom. a , pag. 104.

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N.° I.'Sl F/ J' Ptié/ J

H o P I T A L - C O M T E s s E A L I L r, E. 3

Le chanoine, qui étoit proviseur, recevoit quarante sols joar année pour ses honoraires. Il est bien o])servé que cette somme considéra- ble, pour ce tems-là, étoit partagée en deux pajemens égaux, don*- l'un se faJsoit à Pâques , et l'autre à la Saint-Remj.

Tout change et s'altère. Ces réglemens perdirent peu-à-peu de leur force . et Ijienlôt les proviseurs n'eurent plus qu'une ombre de pou- voir. Le maître de l'hôpital se rendit indépendant d'eux, et même du chapitre, auquel il ne prêta plus qulm serment de formalité.

L'Hôpïlal-Comtesse , comme celui de Sauit-Sauveur , étoit servi par àes frères et des sœws. Les premiers furent conservés pendant plus de deux cents ans.

La comtesse Marguerite , dont nous aurons occasion de parler , dota aussi considéraljlement cette maison; elle lui céda plusieurs mou- lins qu'elle avoit dans les environs de la ville de Lille, sans autre charge que celle de donner quinze livres par année au prêtre qui déservoit une chapelle qu'elle avoit fondée. Cette cession donna aux religieuses le dro't d'exiger une redevance de ceux qui vouloijnt coos- tfuire des moulins , dans l'étendue de ce domaine.

On lit dans T/iirous (3), que l'an 1467, le 11 avril, l'Hôpital- Comtesse fut entièrement brûlé. Si on en croit cet auteur, une riche bibliolhèque , ou pour me servir de ses propres termes , une bel/e Iib7-ai7-ie, qui en dépendoit, fut également consumée. On en regrettala perte , clil-il, pour le nombre de beaux manuscrits qu'elle renfermoit.

Lesbâtimens de cet hôpital étoient modernes. Le portail seul peut être " regardé comme un monument du moyen âge. Ployez la Planche II de la collégiale Saint-Pierre , n°. 3.

On voit, sous une voûte ogive, une Vierge de bout, tenant l'enfant Jésus, entre deux femmes à genoux , n°^. 4. 5. , qui joignent les mains. L'une est ieanne de Constandnople , l'autre est Marguerite sa sœur.

Laquelle de ces femmes est Jeanne, laquelle est Margueiitte? C'est ce qu'il n'est pas aisé de déterminer.

Le costume ne peut rien décider, parce que ce n'est pas celui du

(3) Hist. de Lille et de sa ChâteUen. P. 209.

B

4 Hôpital-Comtesse a Lille.

tcms elles ont vécu , mais du tems ce portail a été fait, c'est-à- dire celui du quinzième siècle : ce dont on peut s'assurer , en le com- parant avec celui des princes de la maison de Bourgoo;ne , sur le tombeau de Louis de Maie ( 4 ) , aucjuel il ressemble.

Je croirois volontiers cjue la figure 5 est celle de Jeanne qui se fit: religieuse ; et le chapelet, qui pend à sa ceinture , me le fait ioup- conner.

Baudouin IX, dont nous avons déjà eu occasion de parler, fut pro- clamé, par les princes croisés, empereur de Constantinople. Il avoit épousé Maiie, fille de Henry le Libéral, comte de Champagne, dont il eut Jeanne , dite de Constanlinople , et Margaeritte , vers l'an i20(î'. La première , comme aînée , fut déclarée , à Paris , par Philippe Au- guste, roi de France, comtesse de Flandre et de Hainault. Il la maria en 121 1 à Ferrand ou Ferdinand, fils de Sanclie , premier roi de Portugal. Ce jeune prince se ligua en I2i3, contre Philippe Auguste, avec le roi d'Angleterre, et l'empereur Olhon IV. Il en résulta la bataille de Bouvines, Ferrand, fait prisonnier, fut emmené en triomphe à Paris et renfermé dans la tour du Louvre- Jeanne , dont les contemporains n'ont pas su apprécier ni déve- lopper le cai'actère, ne se laissa point abattre par ce revers; elle sut maintenir son rang , conserver ses prérogatives , et parvint à obtenir la permission de gouverner elle-même ses états.

Son mari fut élargi par la reine Blanche, en 1226. Sa captivité dura environ douze ans, par la faute de Jeanne , son épouse, cjui , ne l'aimant pas , avoit toujours di.Hféré de pajer sa rançon taxée à cjua- rante mille livres parisis ; cependant on vojoit dans les archives de Saint-Pierre, cju'il existoit en outre des lettres obligatoires, datées de l'an 1 22 1 , par lesquelles elle déclare avoir emprunté , à vingt pour cent, d'un juif ,1a somme de vingl-neuf mille livres , pour êîre employée à la rançon de son mari. Ferrand mourut de la pierre à Novon , en i233. Les historiens différent encore d'opinion ; les uns le laissent mourù- sans enfans , les autres lui donnent une fille qui^

(4) Art. LIV. Collégiale de Saint— Pierre de Lille.

Hôpital-Comtesse a Lille. 5

à la vérité, mourut en bas âge, en i235. Jeanne épousa en secondes noces, en 1287, Thomas de Savoje , oncle de Marguerite , femme de Saint Louis.

Elle prit l'habit de religion à l'abbaje de la Marquette dont elle ëtoit fondatrice; elle y mourut peu de tems après sans postérité, et; y fut inhumée auprès de son premier époux.

La comtesse Marguerite est en face , n°. 5; son costume ressemble beaucoup, par sa coëfîure sur-tout eelui des princesses de la maison de Bourgogne, sur le tombeau de Louis de Maie.

Marguerite II du nom , fille puînée de Baudouin IX , lui succéda dans les comtés de Flandre et de Hainaut ; elle ne montra pas moins de fermeté , d'adresse et d'activité que sa sœur , pour se maintenir dans ses droils et ceux de sa famille; elle avoit d'abord épousé, en 1212 , Bouchard d'Avènes , archidiacre de Laon et chanoine de Saint Pierre de Lille, qui lui avoit été donné pour tuteur : il eu résulta deux enfans mâles, Jea« et Baudouin d'Avenes, Ce mariage ayant été dissous, Margueiùte donna sa main à Guillaume de Dampierre , second fils de Gui II, de Dampierre et de Mathilde , dont elle eut trois fils et deux filles; elle mourut le lofévi'ier 1280 , et son corps fut inhumé à l'abbaye de Félines , près de Douai,

Ses enfans du second lit étoient Guillaume, mort en izSi ;Gui, successeur de sa mère au comté de Flandre ; Jean de Dampierre , tige d'une branche des seigneurs de ce nom : les filles , Jeanne , ma- riée en 1245 à Thibaut II, comte de Bar; et Marie, abbesse de Félines. S. Perin parle à la vérité avec éloge de Marguerite , mais les qualités éminentes qu'il lui attribue ne sont pas celles que les diffé- rents actes de sa %ie m'engagent à lui supposer; cependant il en dit assez pour me confirmer dans l'opinion que j'ai conçue de Jeanna et de Marguerite qui , dans un autre siècle , auroient fait de plus grandes choses.

Marguerite a un bonnet pointu avec un long voile, comme Isa- belle de Bavière, épouse de Charles VI, dans plusieurs de ses por- ti"aits. La robe a des manches très-amples , et un grand rozaire pend à sa ceinture.

L'église de cet hôpital avoit de bons tableaux , \me présentation de

B2

^/-/^

6 Hôpital-Comtesse a Lille.

la Vierge au temple ,une rrnilliplication des pains , la cène , la pâque des juifs , Saint Pierre dans la prison et les pèlerins d'Emaus , peints par Arnauld de Unez.

Cet hôpital fut d'un grand secours aux François et aux anglois blessés à la jjataille de Fontenoy.

L V L

DOMINICAINS DE LILLE,

Département du Nord.

xyoMiNiQUE DE GusMAN , genlllhomme espagnol , est le fonclafeur de l'ordre quia porté son nom; il avoit déjà semé des disciples dans beaucoup d'endroits , lorsque le prévôt , de concert avec le cliapiire de Saint-Pierre, lui en demanda quelques-uns, en 1221, pour la ville de Lille. Mais ce ne fut que trois ans après la mort de ce pieux personnage , c'est-à-dire en 1224, que le P. Jourdain , général y y envoya quelques religieux de la maison de Paris , rue Saint- Jacques ( I ) , qui furent reçus avec le plus grand appareil.

Le chapitre leur donna d'abord un verger considérable dans le faubourg, fut depuis la rue des Trois Anguilles, et un terrein contigu à ce verger : le tout fut affranchi de droits et de redevances. On leur permit encore , suivant l'usage d'alors , d'accepter les obla- tions gratuites des fidèles.

On s'occupa bientôt de leur bâtir un couvent ; il fut commencé et s'éleva peu-à-peu par les soins du chapitre et par les bienfaits de du Plouich , prévôt de Saint-Pierre et châtelain de Lille, et de Ro- bert son frère; cependant , pour en hâter et achever la construction,, il fallut encore tout le zèle du père Zegher, chef de celte commu- nauté; la charité des fidèles, qu'il sut échauffer et rendre active , lui procura des secours abondans ( 2 ).

Ces contrées étant presque toujours le théâtre de la guerre, le cou- vent fut détruit et ruiné plusieurs fois. Le cloitre et le dortoir ont été rebâtis en 1481 : on les couvrit alors en tuiles; car jusques-là , ils. ne l'avoient été que de paille^ '

(i) Ant. nat. , tom. IV, art. XXXVII, et Tom. I, art. IV, p. r.

(2) Voir ci- dessous ce que j'ai dit de ce bienheureux et de ses juiracles,.

ilé

2 Dominicains de Lille.

L'église des Dominicains fut inierdile en 1456, on en i^^nore la raison.

Ce fut sans doute pour se mettre à l'abri des ravages fréquens dans ces tems-Ià ; que les frères prêcheurs sollicitèrent, à plusieurs reprises; un emplacement dans l'intérieur de la ville. Ils crurent avoir trouvé une occasion favorable pour l'obtenir , lorsque leur maison fut brûlée en 1297 par Philippe , roi de France , qui assiégeoit Lille; mais leurs eflbrts furent inutiles. Ils firent encore de nouvelles tentatives auprès de Charles V , dont ils obtinrent la permission de s'établir intra miiros ,• cependant quoique muni des lettres de ce prince , en date de i368 , le magistrat de Lille s'obstina à les refuser. On leur accorda seulement la faculté de se rcfu";ier dans la ville dans les tems de

guerre.

Enfin , Philippe II , roi d'Espagne , cédant à leurs instances réi- térées , leur donna l'hôpital de Grimaret , à condition d'j recevoir des pèlerins , et d'en acquitter toutes les charges.

Le couvent des Dominicains eut , comme toutes les autres maisons , ses autels privilégiés (3) ses indulgences , ses ossemens consacrés et miraculeux , et malgré ce qu'il eut à souffi-ir des différentes révolu- tions , l'intérêt des religieux parvint à j conserver trois choses.

Plusieurs bulles de souverains. Leur obitiiaire. Le reliquaire de la comtesse Jeanne, qui le donna aux religieux après sa mort, en 1244, C'étoit une petite Vierge d'ivoire dans une niche d'ai'gent vermeil doré, il y avoit une des épines de la couronne de Jesus-Christ.

En tout tems le genre d'industrie particulier aux moines fut le merveilleux qui leur a été d'ini grand rapport. Aussi le culte du Saint Rosaire (4), sous le nom duquel il y eut une confrairie , fournit en partie aux frères prêcheurs les moyens de se bâtir, en 1654, un somptueux édifice; chaque année, le jour de la fête du Saint Fondateur , le chapitre députoit deux chanoines aux Dominicains , pour assister aux cérémonies qui s'y céiébroient. C'étoit moins un droit pour le chapitre qu'uu acte de reconnoissance de la part des religieux pour leurs anciens bienfaileurs.

( 3 ) Art. des Chartreux,

( 4 ) Aut. nat. , art. XXXIX , pag. 48.

Dominicains i>e Lille. S

Lie portail de celte église éloit décoré des trois ordres l'im sur

l'autre ; c'étoit un des plus beaux monutnens d'arcliilecluie de la

ville.

L'intérieur éloit soutenu par des colonnes dont l'entablement sup-

portoit une galerie tournante (5).

L'église lenFernioît quelques monumens. Le premier qui se pré-

seiiloit à la vue porloit 1 épitaphe suivantes:

C I - C I s T noble homme messire Jean de Pr u d n o m i\r k chevalier baron et sieur de Pourques la Oultre , Haneghem , neuf Eglise , Hailly , Ruisselede; lequel trèspassa le AIII. septembre MDLXXXXVIL Et noble dame Antoinette de Grenet vicom- tesse de Nieuport sa compagne.

On lisoit sur la muraille un autre épitaphe de noble homme messire Jean bzT rouï-^s écujer chei^alier seigneur de TVerthore ^ Fres?iaj y Mermsel^ conseiller des archiducs etc. mort en MDLIV.

La suivante occupoit un petit espace et n'indiquoit que le nom de celle qui reposoit.

Haute et puissante dame Pélagie de Chabot de Rohan veuve de Guillaume de Meluu prince d'Epinaj.

Louis de Me lu n prince d'Epinaj connétable de Flandres pre- mier pair et baron senechal de Haynaut , prevot héréditaire de la ville de Douay etc. est mort le 24 septembre 1704.

Il avoit épousé Elisabeth (6) de Lorraine Lillebonne, et laissa le fils dont j'ai Tait dessiner le niausolé ?i^nvé Planche I.

Ce mausolée de Louis de Melun est assez bien composé. On voit; sur le mur un grand rideau orné de franges, retroussé de chaque côté par deux squelettes, dont l'un fient un sablier; son ouverture laisse

( 5) Guide des étrangers, png. 90.

( 6 ) C'est bien Llisabeih et iiun pis Eléonore, comme l'ont écrit Tliiroii , et après lui Moliiios , et l'auteur du (niide des Etrangers à Lille qui l'ont copié.- Ou peut consulter d'ailleurs l'Art de vériMer Ls Dates { toin. II, pag. 784) ,, les observations sur l'histoire de Lille , gag. 144 , et l'épilaphe du mausolée..

A^}

4 Dominicains de Lille.

appercevoir un grand socle de marbre orné de consoles et de guirlandes de lauriers, sur le devant duquel est un sarcophage de marbre noir ; ce socle porte deux ligures de marbre blaiic , grandes comme nature , et un piédestal de marbre , surmonté d'une pyramide terminée par une urne cinéraire entourée de guirlandes de lauriers. Des trophées militaires sont arrangés en sautoir, derrière cette pyramide, et sur le devant , on voit l'écu des armes de Melun , posé sur le piédestal au bas de la pyramide. Ces armes sont d'azur , chargé de sept bezans d'argent, dont six posés en bandes trois par trois et un eu pointe, un chef cousu d'or. L'écu est orné de la couronne et du manteau ducal et a deux aigles jDour supports.

Les deux figures sont placées de chaque côté de la pyramide et assises sur son piédestal ; celle qui est à droite est couverte d'une longue draperie et d'un voile sur la tête qu'elle a penchée , elle tient im livre de sa main droite et presse l'autre sur son sein, son costume et son attitude indiquent que c'est la piété ou la religion ; l'autre figure est couverte d'une tunique qui laisse une partie de sa gorge à dé- couvert, et d'un manteau qui lui couvre seulement les cuisses et les jambes ; elle a la tête et le bras élevés vers un des squelettes qui retroussent le rideau , et semble l'intercéder; l'auti-e bras est appu^^é sur le piédestal de la pyramide; les lauriers qui ornent sa tête sem- blent indiquer qwe cette figure représente la gloire.

Entre les deux statues , sur le sarcophage, des branches de cyprès sont posées sur uue draperie de marbre blanc qui tombe sur le de- vant de ce tombeau , et dont le bas est arrêté par une tête de mort accompagnée d'ailes de chauve-souris ; c'est sur celte draperie qu'est gravée l'inscription suivante :

D. O. M.

Hic îlîustrissimce famtUœ jacet

Ludoi'icus DE Melun

Duc de Joyeuse par Frauciœ Princeps d'Epinays

Regiœ cohurtis equituin prœfeclus (7)

» '^^^— .^— .— il

(7) Meslre-de-camp du régiment Royal cavalerie.

In

L V I I.

RÉCOLLETS DE LILLE,

Département du Nord.

JL/'oRDRE des Frères-Mineurs , oude Saint François, a pris nais- sance dans le XII^ siècle. Il eut pour instituteur Jean Bernardon , flb d'ini riche marchand d'Assise, en Orabrie ( i )• On le surnomma àii}^vi\'& François , parce que son père, qui trafiquoit en France , lui avoit fait apprendre la langue de ce pajs qu'il ^J^n'la en peu de tems avec beaucoup de facilité.

Cet ordi'e reçut dans la suite le nom sublime de Séraphique. Ce fut peu après cette époque, que quelques-uns des disciples àe François d'Assise vinrent à Lille et s'établirent dans le fai'bourg de Courtraj,

Il s'écoula au moins vingt-cinq ans, avant qu'on songeât sérieuse- ment à les fixer dans le pays. Pendant tout ce tems, l'aumône pourvut à leur logement et à leur existence. Mais enfin la comtesse Marguerite se décida à leur assigner quelques terres et une demeure dans la rue des Foulons.

Il semble que les chanoines de Saint-Pierre n'eurent pas pour ces hommes nouveaux d'aussi bonnes intentions que pour les Domini- cains. Le terrein, sur lequel les Frères-Mineurs y ouloïenl bâtir leur couvent, étoit sous la jurisdiction du chapitre. Celui-ci céda avec peine une partie de ses droits. On voit même qu'il chercha à s'en dédommager par les conditions auxquelles il permit aux religieux de construire ; ce qu'on ne lira peut-être pas sans curiosité.

« Nous promettons, disent les Frères-Mineurs , dans l'acte passé

'■ i ) Province de l'élat ecclésiastique , dans laquelle se trouve Assise j, ville épiscopale du diocèse de Spolette , située sur le flanc d'une très-haute montagne.

A

-/'/?

3 RÉCOLLETS DE Lille.

5) entr'eux elle chapitre, de ne donner la sépulture à aucun des pa-

» roissiens de Saint- Pierre, ou des auti-es paroissiens du patronat, du

)> prévôt ou du chapitre Pour obvier même à toutes les fraudes

» qui tendroient à priver les curés de leurs droits légitimes, nous nous

engageons, si quelqu'un se faisoit enterrer à sa paroisse à peu de

» frais pour faire ensuite un service plus considéral^le dans notre

5) église , à rendre aux patrons et aux curés le luminaire et tout ce

j) qui pourroit tourner à leur profit. .. . Si par la suite on accordoit à

» notre ordre le privilège de recevoir les oblations gratuites des

» fidèles , nous y renonçons dès-à-présent pour toujours (2)».

Cet acte fut cimenté par le serment, en présence de témoins, d'ac- complir toutes ces conditions.

Les sociétés qui commencent ont presque toujours un esprit remuant et novateur. Leur premier soin , c'est de gagner la multi- tude; et en cela , quel avantage n'ont pas eu les prêtres ! Les Frères- Mineurs , une fois admis dans la ville, prirent sur le peuple un ascen- dant tel, que les magistrats en conçurent des craintes violentes. Le fait suivant donne à penser qu'elles pouvoient être fondées.

Il s'agissoit, en i52i , de l'élection d'un provincial; elle devoit se faire dans la maison de Lille. En conséquence tous les religieux s'y rendirent en grand nombre. Dans le même tems une trahison vint à éclater; les magistrats se crurent alors oblifïés d'interdire l'entrée de la ville auxF?-ères-Mi/7eii7'S , parce qu'on les en croyoit complices. Cependant le mêms jour , plus de deux cents pénétrèrent dans la ville , après en avoir séduit les gardes.

Les magistrats, étonnés et craignant une révolte, firent mettre les remparts en état de défense. On plaça dix pièces de canon sur le jnarché, et alors on leur donna ordre de se retirer. Tout le commun -peuple était pour eux, dit l'auteur du manuscrit ci-dessus cité, et

( 2 ) Cet extrait est tiré d'un manuscrit cité par Molinos ( histoire de Lille, png. 116) et qui se Irouvoit à la tibliothèqiie de^ Sainl-Pierro. 11 est intitulé: ^ei anciennetés ^e Lille.

-H5

Rkcollets de Lille. d

on eut grand pitié de voir ces religieux sortir Iwrs des murs en se lamentant de ce qu'ils ne poufoient faire leur chapitre.

Ces mesures fermes et vigoureuses en imposèrent pour toujours à ces religieux, qui , devenus par cette leçon moins ambitieux et plus paisibles, firent oublier leur faute. Car en 1524, lorsque Lille fut augmenlé du coté éloit située leur maison , les magistrats leur don^ nèrent trois millejlorins pour faire la clôture du couvent.

On sait qu'à la mort de St. François ses disciples se divisèrent eu plusieurs partis. Il en résulta des réformes particulières que les papes autorisèrent. De ce nombre fut celle qu'on nomma des Récolleis. Les Frères-Mineui's de Lille recurent la bulle de cette réforme en 1610.

Frère Jean JéJiu élu vers ce tcnis-là premier pi'ovincial dans un cbapitre général tenu à Valenciennes, envoya ces réformés prendre possession du couvent de Lille, ou plutôt il métamorphosa les Frères- Mineurs ou Obseri^aiitins en Récolleis.

Ces nouveaux religieux s'occupèrent d'abord de beitir une église plus belle et plus vaste que celle qui existoit auparavant. Mais, malgré toute leur industrie, elle ne put être achevée qu'en 1692. La har- diesse de sa voîîte excitoit l'ailmiration des connoisseurs.

" Elle ne renfermoit point de monumens dignes d'attention. Je n'j ai recueilli que celui d'un certain Baudouin , dont voici l'épitaphe.

Cy gist noble homme Bauduin cji son temps seigneur de Croix , de Fiers , etc. Ecuyer d'écurje du Roj de Castille, lequel tres- passa le X.Vlljour de mais M. D. XIIL Priez Dieu pour so?i ame.

Ce Baudouin étoitfilsde t/ea/z, seigneur de Croix, de Fiers et du Mez, et de Madelaine, fille de Baudouin d'Ognies, seigneur d'Estrée , gouverneur de Lille. Il moun.it sans avoir été marié.

La planche fait voir ,7^0. i , la statue de Baudouin, tête nue, avec une cotte de maille , une cuirasse et une cotte d'arme , une épée d'une extrême longueur. Ses pieds posent sur un chien courait qui a un; collier.

Le «°. 2 représente le couvent du côté du jardin.

A\o

4 Récollets DE Lille.

Les Récollets avoienlle privilège de se faire délivrer ^ra//^ du poisT son, lorsqu'il en venoit.

C'étoient eux qui conduisoient les criminels au supplice ( 3 ).

(3) Velly. hist. de Fr. tom IV, p. 70 et 71. Molinos , hist. de Lille, p. 117 et suiv. Tiroiix , hist. de la Châtellen. de Lille , p. 238. Généalogies de quelques familles des Pays-Bas, p. 42*

Lxin.

Dominicains de Lille. 5

In gallia jiiventutis principihus

Génère , religione , firliite numerandus ,

u4ntiquissimœ pi-osapiœ splendoi-is non de gêner ^^

Familiœ suce spes magna et ulùnia ,

Trigesimum annuni a gens ,

Dûm înter Cantiliaci rnris ohlectamenta

Régi regio que comitatui se prohat in primis.

Die XXXI, J^j///'/MDCCXXIV. //? opinato casu, suhlatus Lolius aulce gaudium conçerlit in lacrymas.

Elisabeth (8) de Lorraine charîssimojiliomœrens posuitanno MDCCXXVII (9).

Louis, fils de Louis de Melun, prince d'Epina j , et d'Elisabeth de Lorraine Lillebonne., Fan i6g3, succéda à sa mère dans le comié de Saint-Paul (10), et à son père dans la principauté d'Epi- noj ( II ), la vicomte de Joyeuse et autres domaines. Il fut lieute- nant-général de la province de Picardie , et mestre - de - camp du régiment roj^al ca\alerie. Ce fut en sa faveur que Louis XIV, par des lettres du mois d'octobre 17 14, érigea la vicomte de Joyeuse en duché- pairie. Il épousa, en ijiG , ^rnia?ide , fille d'Emmanuel Théodose de la Tour de Bouillon , duc d'x\lbret , cpii mourut en couches le i3 avril de l'année suivante.

Son mari ne lui survécut pas long-tems. Au mois de Juillet 1724, ce seigneur accompagna le jeune roi à Chantilly; entr'autres plai- sirs on prit celui de la chasse. Louis de Melun , courant à cheval dans ime des routes de la forêt, fut blessé par le cerf presqu'aux

( 8 ) Suprà. Pag. 3.

(9 ) I/auteurdu Guide des étrangers à Lille, la nomme Ele'onore. Suprà. P. 3.

( 10 ) Le comté de Saint-Paul ou Saint-Pol , comme on écrivoit dans les bas tetns, étoit situé dans le Ternois, entre l'Artois et la Picardie. Il tiroit son nom de sa capitale, qui, dans l'oiigine, étoit une forteresse composée de deux châ- teaux fort élevés et séparés par un fossé large et profond. Art. de véiif. les dates , pag. 773.

(II ) Epinay est un petit bourg dans lArtois, à trois lieues de Lille.

B

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D o M I N- J c A I N s n K Lille. abois ; il mourut de cette ljle?siue à l'âge de 3i ans , sans posté- rité ( 12 ).

Sa mère, Elisabeth de Lorraine Lillebonne , lui fit ériger ce mau- solée ; ce monument ctoit l'ouvrage de i'>ff;7ro/5 Dinnont , sculpteur f!c l'académie de peinture et sculjDture. Cet artiste fut tué en plaçant le rideau de plomb qui se détacha et tomba sur lui ( i3 ).

L'inquisition marcha presque toujoui'S à la suite des premiers pré- dicateurs de la foi qui ne tardoient pas à l'établir dans les pays ils portoient la religion nouvelle. Il j eut un tribunal de ce genre en Flandre . ou plutôt les évêques étant inquisiteurs nés , sous la dominationd d'Espagne, nommoient dans les principales villes de leur diocèse des inquisiteurs particuliers ( 14). Le couvent des Domini- cains de Lille en a fourni plusieurs.

Jean Gauthier , docteur en théologie , régent de l'université de Louvain, député au concile de trente , mort en 1564.

Jean de Coing de Angulo. Jean Lanceau. Jean Félix. Jean de Nocart. Pierre Leclerc.

Les préfres séculiers ou réguliers comptoîent beaucoup plus sur la crédulité et l'orgueil des grands pour étendre et arrondir leurs do- maines, que sur l'ignorance et la charité du peuple. Aussi les pre- miers étoient-ils l'objet de leurs soins , j'ai presque dit de leur culte. Ce qu'ils ambitionnoient par-dessus tout , c'étoit la direction de leur conscience. Les Dominicains n'ont pas négligé un avantage aussi précieux ; ils ont été les directeurs de plusieurs princes.

Jeanne , comtesse de Flandre , avoit pris parmi eux son confesseur

{ II") Art. des vérif. des dates. Tom. III, pag. ir.

( i3 ) Guide des étrangers.

(.14) Observations sur l'histoire de Lille, pag. i^5.

Dominicains de Lille: 7

'Jean de Haies ; Hellin de Connues é:oit celui de Marguerite sa sœur , aussi comtesse de Flandre ; Jean de Couleurs celui de la reine d'Angleterre, femme d'Henri VIII, tante de Charles V. Ce couvent a aussi donné des provinciaux à l'ordre. II n'est guères de maison qui n'ait eu ses hommes célèbres. Celle de Lille n'en compte point dans les arts, les sciences et les lettres. Je me contenterai de citer ceux qui ont eu quelque réputation dans le tems comme théolo2,iens.

Jean Marchand , confesseur de Philippe-le-Bou , duc de Bour- gogne et évêque de Bétliléem , mort en 1422.

Michel François , théologien, régent dans l'université de Louvain, confesseur et conseiller d'état de l'archiduc Philippe ; il mourut en i5o2.

Pierre de Lille , grand prédicateur , mort à Malines. Jacques Lefebure , martyr , docteur en théologie et premier régent de l'université.

Enfin , le bienheureux Zegher ou Seger ; il vivoit en 1241 , et coa- séquemment fut un des premiers chefs de la maison de Lille. Les chroniqueLU's de l'ordre le donnent comme un des prédicans les plus zélés; ils lui attribuent des conversions sans nombre ; mais celle de Marguerite d'Ypres eut ]ilas d'éclat. Il eut avec cette prosélile une relation intime même après sa mort. J'en citerai pour preuve un miracle dont Choquct sera le garant (i5).

Une femme avoit depuis long-tems un bras malade; elle avoit inu- tilement emploj'é tous les remèdes de l'art; les médecins l'ayant aban- donnée et la gangrenne lui inspirant des craintes , elle alla trouver Zegher et le supplia de lui procurer sa guérison. Le serviteur de Dieu , jaloux de faire éclater la puissance de Marguerite qui n'étoit plus: Allez , dit-il à cette femme , aile : au tombeau de ma chère fille ( c'est ainsi qu'il l'appeloil ) ; conjurez-la de m'obéir , comme autrefois pen- dant sa vie , et de prier en ma considération, le Seigneur de vous sou- lager. La femme, arrivée au tombeau , s'écrie : Marguerite ! le frère

( 10 ) Sanctorum Bc'gici ordin, pr<zdicat yitcs.

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s Dominicains de Lille.

ZeGIIER t'ordonne par ma BOyCHE, DE LUI OBEIR , COMME AVANT

TA MORT, ET d'obtenir DU CIEL MA GUÉRiso>f. A peine eut-cUa fini , que son bras devint aussi sain et aussi flexible que l'autre.

Ce miracle a été le sujet d'une gravure qui précède la vie de St. Zegher (i6). Il j est représenté en grand , tenant d'une main un livre ouvert, et de l'autre un bras; à gauche on le voit aussi en petit , parlant à une femme, Qelle sans doute sin- laquelle il a opéré.

Mai-guerile a eu trop de rapport avec le P. Zegher pour ne pas cit.T un de ses miracles que Choquet (17) et Cantiprat racontent avec une bonnefoi , une conviction plus étonnantes encore que l'évè- ment môme.

Marguerite , revenant un jour de l'église , trouva sur lUie chaise un panier d'œufs qu'elle Jetta hors de la maison. Sa mère revint pour prendre les œufs et les faire cuire. Quelle fut sa douleur , lorsqu'elle vit qu'ils étoient tous cassés ! Folle que vous Êtes , dit-elle a sa

FILLE , vous ignorez SANS DOUTE QUE NOUS n'aVONS RIEN AUTRE CHOSE A MAXGER AUJOURD'HUI ! Marguerite sur-le-champ , courbe le genouil , adi-esse à la Vierge une courte oraison , et se levant tout- à-coup , elle dit à sa mère d'aller ramasser les œufs qu'elle trouva entiers , sans qu'il parût aucune marque de fracture.

Cette église renfermoit quelques bons tableaux dont plusieurs pay- sages des Vanderburg, père et fils; et plusieurs autres relatifs à l'his- toire sainte et à celle de St. Dominique , par Rossignol.

( 16) Choquet'ius ^ p. 39. (17) Choquetius ^ p. l6u

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L V I I I.

CHÂTEAU DE COMINES.

Département du 'So?-d.

Vj 05IINES est une ville de la ci-devant Flandre-Wallone, aujourd'hui du dépai-tement du Nord, elle est située sur la Lis, à trois lieues de Lille. Elle fut long-tems partagée entre la France , qui possédoit la partie du côté de Lille , et la maison d'Autriche , à qui appartenoit celle sur la gauche de la Lis.

Au commencement de la guerre en 1792 , cette ville eut beaucoup à souffi-ir des incursions des impériaux qui nous la disputèrent; mais enfin la victoire la soumit tout-à-fait aux François , auxquels elle est restée depuis. Elle eut autrefois des fortifications assez bonnes, qui ont été détruites et qu'on n'a pas relevées.

Rien n'y étoit digne d'attention que la Maison Commune (i). Planche I et Planche II, Jîg. i , elle présente une forme assez agréable. Son portique est d'ordre ionique.

La tour du béfroi est carrée , ornée de moulures gothiques et flanquée de quatre guérites. Le dôme qui renferme le cadran m'a paru d'un mauvais goût. Le tout est surmonté d'un clocher fort léger.

On voyoit auprès les ruines de l'ancien château. Planche 11 ,Jig. 2 , dont les premiers maîtres étoient fort puissans. Le seigneur de Co- mines étoit un des hauts-justiciers de la châtellenie de Lille.

Le château acquit de la célébrité pour avoir donné le jour, en 1444 ou 144.'!, à Philippe de Comines , dont j'ai publié le tombeau et donné l'histoire ( 2 ).

( I ) Nom sulistilué à celui d'horel-de-rilU _. pour désigntr le lieu s'aîsein- jjlciit les mngislral^s ou le conseil ùe la ville.

(2) Aul. nat., tom. III, arl. XXV, png. 38, pi. VIII.

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2 Château DE Co M INES.

Jean Dcspauière , célèbre grammairien , mourut dans celte ville en i52o ( 3 ).

Comines avoit une église. Planche Il^Jig. 3, dédiée à Saint Pierre, qui devint collégiale. L'histoire se tait et sur l'époque de sa fonda-- tion et sur celle l'on y créa des prébendes. Quoiqu'il en soit, on peut garantir son antiquité qui date du III. "^ siècle.

D'après un passage deBuzelin (4), il faut croire que le chapitre jouissoit du patronage , c'est-à-dire du droit de nommer aux béné- fices. On j lit que , malgré les vives réclamations du clergé , le pape îe dépouilla de ce jîrivilége en i25o et le conféra à JValter , évêquê de Tournaj.

lie chapitre eut encore la prérogative d'envoyer un député aux étafs de la province.

Parmi les Saints de l'église de Comines, on révéï'oit particulière- ment ChrysoUus , un des premiers apôtres de la foi en Flandre. Ce qui le mit sur-tout en réputation , fut un miracle , à la vérité bien élrange , opéré sur sa personne.

ChrysoUus , poursuivi comme novateur , est arrêté à Vrelengliem y village à deux lieues de Comines. On lui coupe le sommet de la tête, et sa cervelle se disperse. L'évêque martyr , toujours calme et tran- quille, ramasse l'un et l'autre et se rend dans cet état à Comines. , en présence d'un nombre infini de témoins , il les dépose sur l'autel , puis il expire sans douleurs ni convulsions (5). En effet, on l'a j-eprésenté portant dans ses mains , appuyées sur sa poitrine, sa cer- velle et le sommet de sa tête recouverts de sa mitre (6). ' On sent aisément quel est mon but en rapportant des faits si peu honorables pour les hommes. Ce sont de tristes preuves de la mau- vaise foi des uns et de la stupidité des autres.

(3) Ladvocat. Diction. List., lom. I, pag. 484.

(4) La Marliiiière. Dict. géog. , tom. II, pag. 484. ( 5 ) Bu^dinus. Annal. Gallo-Fland. Pars II". P. 14.

(6) J. Cousin. Hist. de Tournay, toni. I, p. i36 et 141.

L I X.

SAINT-LANDRY A PARIS,

Département de la Seine.

Vj e t t e église étolt située dans la cité au bord de la Seine près du port qui porte son nom. On prétend que cette paroit.se fut bâtie sur l'emplacement d'une petite chapelle Saint Landry alloit souvent faire ses prières.

Landry vivoit sous le règne de Clovis IL II étoit évêque de Paris pendant l'affreuse famine qui désola la France"^! ). Ce prélat vendit sa vaisselle, ses meubles et même les vases sacrés pour soulager le peuple. C'est aussi à sa bienfaisance que l'on doit la fondation de l'Hôtel-Dieu de Paris , l'un des premiers établissemens de ce genre. Il mourut en 656 , et fut enterré à Saint-Vincent, aujourd'iiui Saint- Germain-l'Auxerrois.

Un bréviaire de Paris, imprimé en 1607, rapporle que le feu ayant embrasé plusieurs maisons près du grand Châtelet , on y apporta son sugire et qu'il fut éieint à l'instant. On prétend que par son attou- chement le neveu de Maurice de Sully fut guéri d'une esquinancie.

Ce fut encore à cette occasion , ajoute-t-on,que Maurice , qui étoit Qussi évêque de Paris, fit exhumer le corps du Saint et le fit meitre dans une chasse de bois doré vers l'année 1171. Mais comme celle châsse étoit presque poiwrie , Pierre d'Orgemont, l'un des successeurs de Maurice , en fit torer les ossemens et les mit dans une châsse de vermeil , excepté une plxalange du doigt et une des vertèbres du col qui furent données à Jean Fieury, secrétaire du roi , et à Jean de Bugle^ procureur-général du roi au parlement, comme marguiiliers la paroisse Saint-Landry , ils furent portés solemnellement.

( I ) Ce fut vers ce Icms cfue l'on ôta la couverture d'argent de l'abbaye da Saiut-Deiiis , à cause de l'ex'.rêuie misère se trouvoit le riyaume.

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3 S A I N T - L A N D R V A P A R I S.

Pour la châsse d'argent, elle fui placée sur un pilier, derrière le grand autel de Saint-Germain-l'AuxerroIs, lieu de sa sépulture. Cette trans- lation se fèloit ann^iellement dans celle église, le 1 6 septembre.

C eloit le chapitre de Sainl-Gerinain-I'Auxerrois cpi nommoit à cette cure.

Le portail de Saint-Landrj donuoit sur le cimetière , il éloit gothi- que , mêlé d'architecture moderne ; il consistoit en une grande arcade ogi\ e , à laquelle on avoit ajouté deux pilastres corinthiens , soute- nant un fronton du même ordre.

Les portes éloient ornées de sculptures modernes qui représen- toient les chifiTres de la famille des Boucherai et celui de Saint-Landry , accompagnés d'une crosse et de la masse de chancelier passées en sautoir.

L'intérieur étoit d'architecture très - gothique ; il étoit bâti sur un plan carré-long , et consistoit en une nef et un chœur qui étoient accompagnés de deux bas-côtés; les colonnes qui les formoient étoient gothiques et lourdes.

Le chœur étoit orné d'une grille faite d'un hols noirci et riche- ment sculpté ; elle éloit composée de bahistres avec des pilastres ioni- ques et de panneaux révêfissant les colonnes sur lesquels étoient des trophées d'église.

Le maître-autel étoit orné de la même menuiserie ; on y vojoiî deux colonnes corinthiennes avec leurs corniches , portant des enrou- lemens sur lesquel étoit posés deux anges grands comme nature et fort bien exécutés. Ces deux colonnes , qui posoient sur le deuxième gradin de l'autel, enrcndoient le rétable très-étroit; il étoit occupé par im tabernacle du même genre de sculpture , iimé de colonnes ioni- ques , de consoles, de vases et de la figure du Sa'uveur, qui éioit sur la porte : au-devant de ce tabernacle on en avoit ajouté un autre petit de bois doré.

La boiserie de l'autel formoit deux niches ; dans l'une étoit Ia= statue en bois de Saint Landry , et dans l'autre celle de Saint Jean- Baptiste. Ces deux figures étoient assez belles ; sur-tout celle de Saint Jean , quoiqu'un peu lourde. Les petits panaux de pilastre et de frise qui accompagnoient ces deux niches éloient ornés du chiffre des deux

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s A I N T-L A X D K Y A P A R 1 S. 5

saints qu'elles renfcrmoient , d'arabesques, et de chute de iiuits et de fleurs , et les niches étoient surmontées par des petits eufans en ronde bosse qui portoient un vase.

A droite du chœur étoit la chapelle de la Vierge qui étoit décorée, et le milieu de l'autel étoit occupé par une niche ornée de télés d'Anges, et de guirlatides de lauriers dorées.

Cette niche rcnfermoit une statue de la Vierge peinte avec des draperies dorées , elle étoit d'un assez bon style , mais inal exécutée. Le tabernacle de cet autel éloit doré et décoré de colonnes d'ordre ionique et de bas reliefs représentaïït des anges en adoration.

De l'autre côté du grand autel étoit la sacristie dont la porte étoit revêtue d'une menuiserie semblable à celle du chœur , représentant un Père Eternel.

A gauche de la chapelle de la Vierge on voyoit un enfoncement pratiqué dans le mur éloit un tombeau de marbre noir , sur lequel étoient drux figures de pierre dont les mainset les têtes éloient de marbre blanc; l'une étoit d'homme , et l'autre de femme. La fi- gure de l'homme étoit vêtue d'une longue robe , comme la portoient les présidens du parlement dans les premiers temsde sa création. Cette robe , qui étoit sur d'autres habits, avoit un capuchon qui formoit des plis sur le devant du col ; les manches en éloient coupées en triangle au coude et laissoint passer les avant-bras qui étoient couverts de manches très-serrées , attachées par de petits boutons. La femme por- toit sur sa tête un voile qui lui tomboit sur les épaules ; son corset €t ses manches, qui étoient très-étroits, prenoientles formes de ses bras et de sa gorge ; elle avoit un collier de perles et une ceinture nouée parde^■aut , à laquelle étoit attachée un chapelet ; ses jupes étoient fort longues,

Autour de ces figures , Planche 1 , 7i°^ i. 2, ou lisoit l'épitapha suivante sur la table de marbi-e noir.

Ci gisent nobles personnes maistre Jehan Dauvet, conseiller di& roy nostre sire , et premier président en sa cour de parlement 3 et damoiselle Jehanne Baudrac , sa femme, les quelles trespas^ serent , c'est a scat'oir , la dicte damoiselle le XXVII.'' jour de mars Van MCCCCLX. et le dict pg-esident le XXIII.« joiir de,

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4 S A I N T - L A N D R Y A P A R I S.

novembre Van IMCCCCLXXr. Priez Bien pour eulx : /es quels ont laissé douze liures de rente au curé de la dicte esglise Sainct Landry; et quatre liures aux rnargui/liers , a la charge de dire ou faire dire une messe basse par chacun jour de la semaine, at'eo quatre obits solemnels en Van.

Au fond de la niche , étoit une table de pierre sur laquelle on lisoit les fondations faites par Jean Dauvet et dont le commencement étoit ainsi conçu :

Noble homme et monseigneur maislre Jehan Dauvet , en son vii-'ant conseiller du roy , etc.

Au bas de cette inscription étoit l'écusson de Dauvet, qui étoit bandé d'argent et de gueules de six pièces ; la seconde chargée d'un lion de sable , et à côté celles de sa femme , qui étoient chargés d'un sphinx.

Le devant de la niche, qui étoit \\\\ carré à pans coupés, étoit revêtu

d'un chambranle de marjjre noir dont chaque coin étoit surmonté

d'un vase cinéraire doré, et le iniHeu d'un marbre noir sur lequel

étoit lui globe terminé par une croix; on lisoit sur le marbre noir

cette inscription gravée en lettres d'or:

D. O. M.

Monumentum hoc vetustate collapsum in memoriam Joannis Dauvet , instaurari pii pronepoles qui clarissimi p a tris yludiuni seneschalli doniwn fratri commendajis adaltiora se çrexit. Vir^ tulçm sludia que lilleraruni amplexus sub carolo septinio triumvir Jiscalis procurât. Général. Anno JI. CCCG. XLII et Fluctibus agitatam Pétri nagera legatus ad summum pontijicem , patres que Basileœ conscriptos missus, rem christianam regiam que provexit, qtque ubi prtctoria Parisiensi digniiate anno M. CCCC. XL VI. ïulsit Tolosavii senatus prœses primus, laburatili pairia- , deside- ralani pacem sub Ludovico XJ Jlestiiuit , icgationibus conjirma- vit. Mox ut venerandœ accessit senectuti prœses in senalu Pari- siensi pviaceps régis ipsius ajf'alu palam renwnciaair. Tandem

J

s A I N T - L A N D R Y A P A R I S, 5

qne toi prfrfeciiiris eL vita defunctus.Hic cum nobilissima Joanna DE Baudrac , conjiige sepeliiur anno M. CCCC. LXXI. nowemb 2.2. die.

Sur le devant du tombeau étoicnt des écussons renfermant les armes de Dauvet et de ses alliances; ces écussons éîoient suspendus par des festons de draperies, et les ornemens qui les accompagnoient étoiciît sculptés avec goût ; il n'y avoit que les figures et les épilaphes du bord de la tombe et du fond de la niche qui fussent du siècle de Dauvet : tout le reste du mausolée étoit postérieur , comme le prouvoient les les diff'érens ornemens et i'épifaphe que nous venons de rajjporter j cette tombe avoit été reparée et enrichie, telle qu'elle étoit dans ces derniers tems , par les soins des arrière-pelifs-fîls de Dauvet , ainsi que le rapportoil une inscription gravée eu lettres d'or sur un marbre noir qui étoit aussi au fond de la niche au-dessous de l'épitaphe go- thique.

Avant c[ue ce tombeau fût restauré, il y avoit deux monumens, l'un étoient les deux figures , et un autre à côté, sur lequel étoit gravé , en lettres gothiques , les vers latins suivans :

Qui spectans prouvas se prœdicat esse moriimni Veruin non tumuhun modo de légère morini

Illiiis hic locus est illius hic tuniicliis ^t solis mis sacer iste locus.

L'origine connue de Jean Dauvet remonte à Simon Dauf^et } chambellan de Charles V; il étoit fils de Jacques Dauvet , sénéchal d'Anjou et d'Irlande , de Viile-Prouvée. Son père , employé dans les guerres d'Italie par Piené d'Anjou, roi de Sicile ^ s'y distingua y périt et fut enterré à Blindes.

Soit que Jean fût le cadet de sa maison et conséquemment dénué de fortune , soit que sa famille eût éprouvé des revers , il clierchades res- sources et fonda tout son espoir dans son application à l'étude et aux affaires. Ce parti lui réussit, car il fut connu de bonne heure de Charles yil qui Faccueiliit et le chargea de missions honorables. La cour de

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G Saint- Landry a Paris.

France avoit depuis long-tems des inlérêts à réglei" avec celle de Rome. Dauvet, choisi pour négociateur et pour arbitre, arrangea tout au gré du roi; l'adresse et l'habileté qu'il montra dans cette occasion et principalement le succès qu'il eut , fixèrent pour toujours la for- lune auprès de lui. Le concile de Bâle , convoqué en I43i , dura plu- sieurs années; il j fut envoyé en 1485 et n'y déploja pas moins de ca- ractère et de talens. En récompense de ses services , il fut pourvu , en 1458 , de la charge de procureur-général au parlement de Paris, qu'il exerça jusqu'à l'avènement de Louis XI au trône, en 1461. Ce prince accorda également à Dauvet son estime et sa confiance. La première preuve qu'il lui en donna, fut de le créer premier président du par- lement de Toulouse ; cette cour refusa d'abord de l'admettre , mais elle céda à des lettres de jussion , et Dauvet prit possession en 1464.

La même année il se forma , contre Louis XI, une ligne entre les princes et les seigneurs mécontens , dont le chef étoit Charles , duc de Berrj, frère unique du roi. Il résulta de cette ligue une guerre qui eut pour prétexte le soLilagement des peuples , et fut delà appelée du bien public.

Dauvet devint alors principal médiateur et dicta presque les traités de Conflans et de Saint- Maur qui mirent fin à cette querelle. Le roi reconnut ce sei'vice important , en lui donnant la place de pre- mier président du parlement de Paris ( 2 ).

Dauvet avoit épousé Jeanne de Baudrac , dont il eut un fils et '' trois filles , Guillaume , Yves, Jeanne et Michelle; il mourut en 1471.

L'hisîoire ne dit presque rien de ce magistrat, à en juger par la faveur et le crédit qu'il ojjtint sous deux rois, les négociations déli- cates dont il fut chargé ; il paroît qu'il joignoit à quelque génie un esprit souple et adroit.

Après le mausolée de Dauvet on voj'oit celui de Boucherat , qui e'toit fort riche, le piédestal en élolt de marbre rance avec sa table

( 2) Blanchard. ( Eloges des pramiers pré.-idens du parleir.enl d# Paris , p. 39}. H^nudt. (Abrégé de l'iiistcire de France , p. 39b).

saillante

SAI^fT-LANDnY A Pari s. 7

saillante de marbre blanc ; il soutenoit une arcade dont l'archlvolle étoit de marbre blanc, et la frise de vert campan (3 ).

Cetle arcade étoit accompagnée de chaque côté de deux colonnes "ioniques de marbre vert antique (4), dont les bases et les cliapilaux étoient dorés ; le derrière de ces colonnes leur étoit pareil avec des encadremens de marbre blanc. Au-dessus du ceintre , Tarcade étoit une console de marbre Jilanc , sur laquelle étoient les armes de Bou- cherat,, en bronze doré; elles étoient de sable , au coq d'or, cresté et éperonné de gueulles ; elles étoient ornées des coliers des ordres du Manteau et du Mortier de chancelier, dont les masses passoient der- rière en sautoir , et elles avoient pour support deux griirons.

Sous l'arcade , entre les deux colonnes , étoit une table de marbre noir sur laquelle on lisoit :

Ce tombeau destiné à la famille des sieurs Boucherat , dont les corps sont ici inhumés depuis Vannée MDL. a été élei^é par les ordres de très-haut et puissans seigneur mcssire Louis Bou- cherat, chevalier , comte de Compans , chancelier, garde-des- sceanx de France , commandeur des ordres du roy en Vannée MDCLXXXXIV,

Au-dessous étoit encore une autre table du même niarbre , sur laquelle étoit gravé :

Messire Pierre de Brovssel , conseiller en la grand'' chambre du parlement de Paris, et dame Madelaine Boucherai, son /épouse , et leurs en f ans , y ont aussi choisi leur sépulture.

(3) C'est un marbre verl caillouté de petites veines d'un vert foncé avec ds grandes masses rouges et des veines blanches qui les traversent.

(4) Le vert anliiiue à l'aspect des brèches: ses cailloux sont d'un vert transparent plus foncé que le fondj ils sont accompagnés déplus petits qui sont roses, noirs et blancs. Ce marbre est très-précieux et fort rare; la plupart des grands morceaux qui sont de ce marbre , ne sont que des rapportés , tels que le sarcophage du mausolée du curé Linguet à Saint-Sulpice. Cependant ces co- lonnes-ci étoient d'un seul morce4u et avoient plus de huit pieds; elles doivent être aux Augustins.

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tg Saint-Landrv a Paris."

Les colonnes avoient des piédestaux dont l'encadrement e'toit de raar])re rance , et les tables de marbre noir ; sur celui de la droite on lisoit :

3/i?55W Aymond-Jean-Baptiste Boucherat , conseiller cChon- iieurau parlement de Paris , frère du chancelier , décédé le XXV II aousi MDCCIX. Requiescat in pace.

Sur l'autre piédestal on lisoit ;

Gy-gist Dame Amée-Françoise-Louise Boucherat, veiwe de monsieur le président de Plsle , nièce du chancelier , décédée le XXV juin MDCCXXXX. Requiescat in pace.

Il paroît que Boucherat se plaisoit à faii-e mettre des épitaphes partout, soit pour s'illustrer ou pour illustrer ses parens. Car , outre les inscriptions qu'il fit mettre à Saint- Laiîdrj oii il ne l'ut cepen- dant pas enterré (5) , 11 en avoit fait placer aux tombeaux des Dor- mans qui étoient aux Chartreux (6).

Boucherat naquit à Paris en i6i6, de Jean Boucherat, doyen de la chambre-des-comptes. Après avoir été Intendant de diverses pro- vinces , il devint chancelier de France et gardi-des-sceaux , dans les- quels il succéda à M."^ Letellier, étant maîfre des requêtes; il fut choisi par le roi pour être un de ceux qu'il avoit appelés au conseil pour la réforme de la justice ; il se distingua dans toutes ses places par son intégrité et sa vigilance; il mourut, comblé d'honneur, le 2 sep- tembre 1699, à 83 ans.

(5) Il l'a élé à Saint-Gervais.

( 6 ) Amelot de la Houssa je a dit : « que le chancelier Boucherat tenoif à » l'honn ur d'èlre p rent de Broiissel , et qu'il kii avoit fait dresser une épi- » taphe c|ui lui atiribiioit des vertus dont il n'avoit que les apparences. L'épi- » taphe , ajoute-t-il, fera admirer Broussel aux paroissiens de Saint-Landrj j ' » mais l'histoire le rendra méprisable à la postérité ».

L'épitaphe que nous venons de rapporter prouve le contraire , et fait voir que l'élo>;e des vertus de ce fameux frondeur n'existoit que dans l'imagination de l'écrivain caustique. Piganiol. Tome I , pag. 421.

Ce qu'en dit Dulaure confirme encore plus cette opinion.

Broussel, dit-il, éîoit surnommé à la coût le patriarche de la fronde ^ et chez les Parisiens le père du peuple. Dulaure, Tom. Il , pag. 14g.

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Saint-Landry a Paris. g

Sa. devise étoit un coq sous un soleil , par allusion ti celle de Louis XIV; les paroles étoient : solreperit vigilem. Il se maria deux fois et n'eut point d'enfant.

En suivant toujours du même côf^ et plus près de la porte , on vojoit le fameux mausolée que Girardon fit élever pour Catherine Duchemain, sa femm(! , et il fut aussi inhumé (7).

Ce monument , Planche II , étoit dans une, grande arcade qui s'élevoit jusqu'à la voûte de l'église; le fond étoit de marbre de Lan- guedoc, le chambranle de marbre noir antique ( 8 ) , et le socle de mai'bre blanc veiné.

Le sarcophage étoit de marbre vert de mer ( 9 ) ; il posoit sur deux petits socles de marbre blanc entre lesquels étoit un cartel accompagné d'une draperie et de deux flambeaux renversés ; le tout posé sur lui grand piédestal aussi de marbre blanc , avec deux avant- corps de chaque côté.

Le dessus du tombeau étoit orné d'un sujet en marbre blanc , représentant une grande croix, élevé sur un petit tertre, sur lequel étoit une Vierge à genoux , aux pieds de la croix et dans l'expression de la douleur ; le corps de son fils étoit étendu un peu plus bas au tord du tombeau, ensorte qu'une de ses jambes pendoitpardevant, ainsi que sa draperie; deux Anges s'élançant dans l'air contemploient la croix , deux autres sembloient voltiger autour de la tête du Christ, .et un cinquième étoit assis aux pieds de la croix: tous témoignant leur douleur et leur consternation. La croix portoit l'inscription INRI , et le linceuil , ainsi que la couroiuie d'épine suspendue à un de ses croisillons , toutes ces figures étoient de grandeur naturelle £t à demi-rond de bosse. Girardon donna les modèles de ce monu- ment et le fit sculpter par Nourisson et le Lori'ain , ses élèves; mais

( 7 ) L'empereur Joseph II, étant à Paris, trouva ce monument si beau qu'il atla le voir jiiscfu'à trois fois.

( 8 ) C'est un marbre noir avec de grosses veines blanches.

(9) Mtirbre fond noir avec des veines vertes très -fines, comme des petits filandres de grosses veines blanches et des petites taches rouges.

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lo Saint-Landry a Paris,

l'exécution ne répond pas assez à la beauté du dessin. Les ligures du Ciu-ist et de la Vierge sont cependant très-belles. On remarque que le marbre en est plus roux que le reste ; les Anges ne sont pas aussi bien faits.

On lisoit cette inscription sur le marbre placé devant le sarcophage:

Pro omnibus mortuus est Christus ut qui vivant ,jam non sihi vivant , sedetqui pro ipsis inortuusesi et Tcsurexit. ii. ad Corintli. cap. 5.

Jesus-Christ est mort pour tous , afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes , mais pour celui qui est mort et qui est ressuscité pour eux.

Au-dessous du tombeau , sur le petit cartouche , on lisoit cette é^DÎtaphe gravée en lettres noires :

Sous ce marbre est représenté le grand mystère de notre salut , repose , en attendant la jésurrection , demoiselle Cathe- EINE DuCHEMiN , épouse de François Girardon, sculpteur ordi- naire du roy , chancelier , recteur de V académie royale de peinture et de sculpture ; elle mourut le XXI septembre MDCLXXXXVIII. Et le sieur Girardon , voulant consacrer à Jesus-Christ tout ce au il peut avoir acquis d'' intelligence et de lumières dans son art , a fait et donné à t église de Saint- Landry cet ouvrage , au pied duquel il repose , du premier septembre MDCCXV.

Plus bas, sur le marbre qui est au milieu des avant -corps du piédestal , étoit cette autre épitaplie :

Le sieur Girardon a fondé en cette église six messes hautes par chacun an ; la première, le premier vendredy d'après le jour des Cendres; et les cinq autres , le vendredy de chacune des semaines à perpétuité, avec le libéra et le de profundis. Au pied de ce monu- vient aux intentions , conditions et rétributions marquées au con- trat de cette fondation passée pardevant M.« Dojen , le jeune, et son confrère, notaires , le ij avril 1706.

François Girardon naquit âTrojes, en i63o , de Nicolas Girardon^ habile fondeur ; il entra d'abord chez Laurent MazièrCj et fut ensuite

s A I N T - L A X D n Y A Paris. i i

ëtiidier sous François Auguier. Quelqiie-tems après , Louis XIV l'en- Toya à Rome pour s'y perfectionner et lui accorda une pension do mille écus.Lorsc]u'il fut de retour en France, il succéda à Lebrun , dans la charge d'inspecteur-général de tous les morceaux de sculp- ture ; tous les artistes furent satisfaits de ce choix , excepté le célèbre Puget qui , ne voulant pas dépendre de lui , se retii-a à Marseille. Les plus beaux ouvrages de Girardon sont : le fameux mausolée du cardinal de Richelieu ( lo), à la Sorbonne ; la stalue équestre de Louis XIV (i i), à la place Vendôme ( i2).C'étoit son chef-d'œuvre , ainsi que celui de l'art de la fonderie : car elle étoit d'un seul jet , et c'étoit la seule coulée ainsi en Europe,

L'enlèvement de Proserpine et des groupes des bosquets des bains d'Apollon à Versailles ; enfin, le moni:ment c[ue je viens de décrire. Girardon fut reçu à l'académie de peintui-e en lôSy ; il devint pro- fesseur deux ans après, recteur en 1674 , et chancellier en 169'j. Ce grand homjne mourut le premier septembre 171 5, âgé de 88 ans.

Si Girardon ne metloit point dans ses ouvrages la vie et .l'expreS' sion que l'on admire dans ceux du Bernin et du Puget, on y remarque plus de grâce et une pureté de dessin que l'on ne retrouve que dans l'antique ( i3 ).

Catherine Duchemln , son épouse^ avoît beaucoup de talens et excelloit à peindre des fleurs ; elle étoit aussi de l'académie de peinture.^

( 10 ) Un anglois ( le lord Stanhope ) ravi d'admiration à la vu^ de ce chef- d'œuvre , court chi^z Girardon , jette sur sa table une bourse de cent louis , et le prie de l'accepter comme une foible marque de sa satisfaction et de son estime.

( II ) Elle a été brisée en septembre 1792, ainsi que tous les autres monu- mens de ce genre.

( 12 ) Elle fut appelée , en 1798, place des Piques , mais elle recouvra son ancien nom en juillet 1794.

( i3) Ceux qui dësireroient de plus grands détails sur la vie de Girardon , peuvent consulter son éloge par l'abbé Lambert , imprimé dans son histoire littéraire. Tom. III , part. II , pag. 3l2. Et sa vicj dans Us vies desjametix seulp^ teurs. Tom. U, pag, 209,

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12 S A I \ T - L A N D R y A P A R I s:

Au côté droit du tombeau de Girardon , sur une table de marbre blanc , on lisoit :

D. O. M. -

Cy gisent : François Bastonneau , éciiyer conseiller secrétaire du roy , maison et couronne de France et de sesjînances, et asses- seur en l'élection de Paris, décédé en Vannée MDCLXXXXVI. âgé de LXXXV. ans sept mois vingt-trois Jours ; et dame Martine l'Huilier , son épouse , décédée le XXIV. jani^ier MDCLXXXVIII. âgée de LXVII. Plus Gabriel Bastonneau, ■écujer , conseiller secrétaire du roy maison et couronne de France et de ses Jinances , et maréchal-des-logis de sa majesté; et Henri- François Bastonneau, écujer seigneur vicomte d'^lszay , con- seiller du roi , maître ordinaire en sa chambre des comptes. Priez Dieu pour leurs âmes.

A gauche du mausolée de Girardon , éloit une table de marbre Liane , surmenlée d'une croix et de deux lampes funèbres, et encadrée de marbre de Languedoc; on y lisoit cette épitaphe:

Ci-gist messire Bastonneau, chei^alier , seigneur et vicomte d'^szay , conseiller du roi, maître ordinaire en sa chambre des comptes , qui décéda le XXXI. janvier MDCCVII. // a réglé sa vie par la pensée dg la mort , plein de confiance en Jesus-Christ , il a demandé les prières de son église. Dame Catherine Trois- dames, son épouse , exécutrice de son testament, pour Vunion et, T amitié qu'ils se sont toujours portée ; et Gabriel Bastonneau , seigneur et vicomte d'^isz-ay ; et François - Robert Bastonneau, ses enfans , pour le respect qu'ils ont eu pour leur dit père , ont désiré faire ce monument de piété.

Sancta et salubris est cogitatio pro defunctis exorare ut à peccatis saluantur.

A côté de cette épitaphe on en voyoit une autre gravée sur une. pierre el conçue ainsi :

Maitre Nicolas Talvatz , vii'ant greffier delà seconde chambre des requêtes du Palais, ancien marguillier de cette paraisse ; et

s A I N T -L À N D R Y A P A n I S. l3

damoîselle Marie Girard, sa femme, laquelle auoit été veuve en premières noces de maître Charles Veillait, vivant huissier du roi en sa cour de parlement ; tous les enfans édifiés de la piété et de la conduite de leurs père et mère , pour marque éternelle de leur reconnoissance et servir d'exemple à leur descendons , ont fait poser cette pierre le ^W.^ jour de mai MDCLXXXXIV.

Honora patrem et matrem et pro eis bene defunctis heneprecare.

Au-dessus de l'épitaphe de la famille des Bastonneau , à droite du tombeau de Girardon, on lisoit sur un marbre blanc encadré de marbre noir :

Dame Marie Ferrand , veuve de messire Philippe Sanguin , chevalier , seigneur de Focquencourt, VoUusseaux et autres lieux, conseiller du roi en ses conseils , et sous-dojen en sa cour des aydes , a fondé , etc. laquelle est décédée le VII may MD(-C1Î.

A côlé du précédent monument , sur un marbre noir, on lisoit en lettres d'or :

D. O. M.

Cy sous ce banc gisent et reposent les corps de noble homme maistre Jérôme d'Ablary , vivant greffier en chef du thresor au. Palais à Paris ; et damoiselle An ne de Lov ys , sa femme , décédés , lui , le VII. d'avril MDGXIX, et elle , le XXV janvier MDCXXXIV.

CoJitre un des piliers du choeur, du côté de l'épitre , étoit adossé un monument au-dessus de la boiserie; il et oit de pierre plaquée de mar- bre noir, et orné de deux pilastres soutenant un fronton brisé, sur le timpan duquel étoient deux enfans tenant des têtes de mort , et au milieu une table carrée de marbre noîr, sur laquelle étoit peinte un prêtre âgé , avec des cheveux blancs et des moustaches , à la manièi-e du tems de Louis XIII. Le haut de son collet étoit garni de dentelles. Ce mausolée étoit terminé par un cnl-de-lampe étoient ses armes qui éloient trois merlettes , avec une quinte feuille en cœur.

Il j avoit dans le chœur plusieurs tombes plattes, mais la plupart éloient si usées, que l'on n'y vojoit presque plus rien. Voici ce que

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14 Saint-Landry a Paris;

nous avons pu en i-ecueillir sur une pierre étoit gravée l'effigie d'un

hqmme vêtu d'une grande robe ; on lisoit :

Maistre Jehan Moulé de Gré en Gatinois , clerc et maistre

en la Chambre aux deniers de Monseigneur Dauphin de

T^iennois qui trépassa le XlII.^ Jour du mois de Juin l'an de grâce mil trois cent soixante onze. Priez Dieu pour Vame de lui.

Sur la pierre à côté , étoit aussi gravée l'effigie d'un docteur en robe , on lisoit :

Hic JACET Magist... GuiLLELMUS Bala regisNavarrœ Clericus Cannonicus .... aprilis anno Domini M CGC XXXIV. Reqniescat in pace.

Dans ce même chœur a été aussi enterré Nicolas le Tourneur ^ prêtre, célèbre par sa piété, sa science et ses grands talens pour la chaire. II n'a voit point d'épitaplie, et ce n'est que par tradition qu'on sait le lieu de sa sépulture (14).

A gauche de la sacristie on lisoit sur ime pierre :

Cy gist vénérable et discrète personne monsieur maître Michel

Buisson /77-é?V/v? chanoine en V église de Noire-Dame de Paris j et

Curé de l'église de St. Landry en la Cité,

Jacques le Roj, archevêque de Bourges, avoit aussi sa sépulture dans cette église. Il _y fut inhumé en MDLXXI.

Jacques le Roy étoit fils de René, seigneur de Chavigni , conseiller du Roi, et Madeleine Gouffier, sœur d'Adrien, évêque de Constance et cardinal. Il entra d'abord dans la congrégation de Clugnj il fit profession. Il devint successivement abbé de St. Florent, de Sau- înur, ensuite de Dol et de Ville-Loin. Enfin il fut élu abbé de Clunj ; mais d'après le désir de François P"" , il se démit en faveur de Jean de Lorraine, cardinal en iSaB; mais il fut dédommagé de celte com- plaisance dix ans après. Tournon ayant passé au siège d'Auxerre , il fut nommé à celui ds Bourges et en prit possession la même année. Pe son tems , la ville fut prise par les Hérétiques ; tous les temples

{;i4)P;gi;nol. T. i , p. 418.

furent

s A I N T - L A N D TR Y A P A R 1 S. I.T

furent bn'ik's et piUé.-.. Il mourut à Paris eu 1073, et fut inhumé à St. Landry ( liJ).

Ilyavolt, à côlé du grand portail, une chapelle l'on voyoit les plus beaux fonts l:)aptismaux qu'il j eut à Paris , avant qu'on eût fait ceux de St. Sulpice. Ils ont été transférés en 1791 à St.-Germain- des-Près , c'est par une erreur très-grossière, que Piganiol (16), et après lui Dulaure (17) et Hurtaut (18), ont avancé qu'ils étoient fahs (.Vu77 gra7ni bloc de poTphjre ; cav au lieu d'être de cette roche précieuse et diiEcile à travailler, ils sont de marbre de Flandre qu'on appelle Rance , qui , à la vérité , a un fond l^run comme le porpliyre , mais qui , au lieu d'êlre jaspé comme lui , est composé de grandes pla- ques grises avec de larges veines d'un blanc sale , et qui, au contraire du porphyre, est le plus commun, et un des plus aisés à tailler; d'ail- leurs il eût été difficile de faire dans le porphyre des ornemens aussi délicats que ceux qui sont sur ces fonts , puisqu'on ne peut tailler le porphyre qu'avec la pointe, et que ce n'est qu'à force de grès qu'on parvient à l'unir et ensuite le polir ( ig).

La forme de ces fonts est celle d'un vase applati, très-large par le haut ; son pied est trop maigre pour sa largeur; mais ce qui est ridi- cule c'est surtout la forme du dez qui porte le tout.

Les ornemens en sont fort bien faits, ils sont presque tous de bronze doré d'or moulu , tels que les charnières et les fleurons qui sont au couvercle , ainsi que les portes qui sont au milieu du vase. Les gau- drons du dessus du couvercle et les ôves qui sont sous le vase , sont sculptés sur le marbre.

Ces fonts ont été faits par la Pierre , marbrier , et ont été donnés ,' en 1705, par M. Garçon, curé de St. Landry. Ils sont à présent au Muséum des Augustins.

Cette église ayant été volée au mois de mars 1751, il y eut , pour

( I S ) Gallia Chnstiana. ( 16 ) Tom. I , pag. 425. (17) Tom. II, pag. i5o.

( 18) Diction hist, de Paris. Tom. III, pag. 887.

( 19) Il ne faut qu'avoir dgs idées très-conimuues de minéralogie pour bien distinguer le marbre du porphyre.

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i6 Saint-Landry a Paris.

réparer ce sacrilège, une procession ordonnée , à laquelle le parle- ment assisia ( 20).

Assez près de , est une petite place sur laquelle est nn port s'arrétoient auti-efois les bateaux chargés de vivres ou d'autree provi- sions qu'on amenolt par eau, comme ils abondent aujourd'hui au port de la Grève, de l'autre côté de la rivière; d'oii est venu le pro-< verbe , Cest le port St. Landry , le vieux passage ( 21 ).

En l'an i582, les doyens et chanoines de Notre-Dame, firent réta- blir le mur qui flanque et ferme le quai de l'ancien port dit St. Lan- dry, comme on le voit par celle inscription qu'ils firent graver sur une des pierres de ce mur.

^nno Doniim CIOIDLXXXÏL "^ însula par'isiensis undi- que insurget ornatior tuti orque capitulus insignis ecclesice, hune quoque muruni sustulitV.'&^GMW.^ decano Archidiacono, Mesni- îio et Camerario . P. de la Bassée. Canonicis procurantibus.

( 20 ) Lebeuf. Tom. I , pag. 74. ( 21 ) Dubreuil. Page 92.

L X.

ABBAYE SAINTE-GENEVIEVE A PARIS,

Département de la Seine.

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-S- LUSiEURs écrivains ont publié la vie de Geneviève , Palrone de

Paris et à qui étoit dédiée la riche Ahbaje que je vais décrire; j'en rapporterai les circonstances les plus remarquables.

Geneviève naquit à Nanterre , petit village à deux lieues de Paris. Ce fut , suivant Dubois et les Bollandisles , en 420 ; mais l'auteur d'une vie manuscrite de cette Sainte , ne lui fait voir le jour qu'en 428. Son père se nommoit Séi>ère et sa mère Géronce.

Malgré la tradition , malgré quelques historiens qui donnent à cette fille une extraction commune ( i ) et qui lui font garder les moutons par nécessité. Je suivrai l'opinion contraire d'un auteur qu'on peut dire contemporain, puisqu'il a écrit la vie de Sainte- Geneviève dix-huit ans après sa mort.

Sainte-Geneviève garda , il est vrai , les moutons , mais c'étoient ceux de ses parens , et par humilité plutôt que par besoin. Cependant on la représente toujours habillée en bergère avec une houlette près d'elle et une quenouille à la main. C'est ainsi qu'elle est figurée dans la belle estampe de Balechou ( 2 ).

Elle possédoit cjuelques domaines sur le territoire de Melun; Le fait suivant l'indique assez. Des ouvriers travailloient à la moisson de ses bleds , mi orage terrible survint et menaça d'inonder les moissonneurs. Geneviève parut fort à propos ; la pluie tomba à

( I ) Vallois prétend qu'elle était d'une naissance bien au-dessus de celle que lui suppose la tradition ; elle garda les troupeaux , à la vérité , mais c'étoit ceux de son père. Elle avoil , suivant lui , des biens du côté de Meaux.

( 2 ) On la voit aussi de cette manière sur les an. icns vitraux ; un peintre sur verre ayant à représenter cette bergère , et ne sachant faire que des cochons , écrivit dessous : ces cochons sont des moutons,

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4lC

2 Abbaye Saint e-G e n e v i è v e a Paris.

flots, noya les cliamps voisins, mais ceux de Geneviève et ses ou- vriers n'en reçurent pas même une goûle (3 ).

Plusieurs historiens ajoutent que Sainl-Germain , accompagné de Saint-Loup , allant en Angleterre , prirent , par un avis secret du ciel , le chemin de Nanterre. A leur arri\ée , une mullltude immense se pi-écipita sur leurs pas. vSaint-Germain distingua néanmoins dans la foule un enfant de six à sept ans (4), c'était Geneviève dans laquelle il devina, par une lumière intérieure de l'esprit de Dieu, ime grâce extraordinaire. Il se la fit amener, lui demanda son nom, celui de ses parens ; après différentes cjuestions, auxquelles on pense bien que Geneviève répondit avec précision et justesse , le St. Evêque prophétisa la vie miraculeuse de cette fille.

Il s'entretint ensuite avec elle , et la pressa de lui déclarer si elle n'était pas portée à consacrer sa virginité entière à J.-Cl. et à'être son épouse. « La Saincte fdle , ravie de contentement d'en- » tendre le nom et la dignité de l'espoux qui lui étoit proposé , î) protesta de vouloir conserver très-fidèlement le titre et qualité )) de vierge, et qu'il j avoit déjà assez de temps qu'elle étoit pressée » des désirs de vivre en cette profession ». Après cet entrelien on s'achemina vers l'église du lieu , elle j reçut la bénédiction.

Les évêques en la remettant à ses pai-ens, leur ordonnèrent de l'amener le lendemain. Geneviève y fut conduite dès la pointe du jour. Saint-Germain lui denianda si elle persisioit dans le désir qu'elle avoit manifesté la veille de se consacrer vierge. Elle répondit affirmativement. « En ce moment Saint-Germain ayant jette les 3) yeux en terre , y vit une forme de pièce de monnoie d'airain, mais » gravée au coiu du Ciel et marquée du signe de la croix , apportée » de la part de Dieu qui vouloit faire un piésent à sa nouvelle 3) espouse. Le Sainct prend cette pièce , la donne à Geneviève et

(3) Cliiffletius, p. 468.

( 4 ) Suivant quelques auteurs elle n'avoit que sept ans , ci'après les autres neuf, et selon d'autres dix ou onze; le plus raisonnable de tous est l'abbé Fleury , qui fixe ce premier acte de piété à l'âge de quinze ans. Touss. Duplessis. Annal, de Paris, p. 41.

Abdaye Saint e-G e n e v i è v n a Paris. 3

» lui oruomie de l'avoir perpétuellement au col en mémoire de lui ». Il est bon d'observer que pour être plus facileuienl. suspendue , le ciel l'avoit envoyée percée ( 5 ).

Geneviève désii-ant aller à l'église un Jour de fêle , sa mère le lui défendit; comme elle insistoit, l'impatience prit à Géronce qui donna un s«uflet à sa fille. Le Ciel , pour la punir d'une telle insulte , la rendit tout-à-coup aveugle. Cette punition dura dix-huit mois; au bout de ce long tems Geneviève lui rendit la lumière en lui lavant les yeux avec l'eau du puits du lieu elles demeuroient (6).

Ce puits acquit ensuite une grande célébrité ; on fit boire de son eau à Charles VI pendant sa maladie : Il éloit renfermé dans l'église de Sainte-Geneviève à Nan terre , on en remplissolt une auge de pierre, on venoit boire à longs-lraîts, dans deux grands cuilliers de fer , celte liqueur miraculeuse. La chapelle éloit tapissée iTex-uoto , tous plus bizarres les uns que les autres.

Geneviève resta à Nanterre jusqu'à la mort de ses parens , et se ' relira ensuite à Paris chez une dame qui éloit sa marraine.

Si l'on en croit Viallon ( 7 ) , cette fille , dès l'âge de quinze ans , ne mangeoit que deux fois la semaine , le dimanche et le jeudi ; et ces jours-là même elle prcnoit pour toute nourriture du pain d'oro^e avec des fèves, cuites depuis une semaine ou deux.

L'approche du redoutable Attila avoit jette l'épouvante dans tous les cœurs. Les Parisiens vouloient abandonner leur ville , Geneviève leur conseilla de n'en rien faire , ajoutant que celles ils se retlreroient seroient pillées et saccagées. On la traita de fausse pro- phétesse , on alla même jusqu'à vouloir attenter à sa vie. Mais tout ce qu'elle avoit prédit étant arrivé , et les huns n'ayant pas même songé à approcher de Paris , le peuple n'eut plus pour elle que des sentnnens de vénération et de confiance.

(5 ) Hist. manusc. de Ste. Gen. , etc. eti\, liv. I, ch. IV, p. 8. - Beurrier, vie de Sie. Gen., p. 14.- Le Juge, List, de Ste. Gen. ,liv. I , f°. à. - Lallemant, vie de Ste. Gen., p. 10.

( 6 ) Chiffletius, de SS. Dionys. et Genovef. , p. 45S. - Beurrier , vie de Ste. Gen. , p. 3i. - Hist. man. de Ste. Gen. , p. 10. - Pigan. De la Force , t. IX, p. 3i5.

( 7 ) Hist. de Clovis, p. laS et suiv.

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4 Abbaye Saint e-G éneviève a Paris.

Geneviève avoit depuis long-fenis le dessein de faire construire une chapelle en l'honneur de Saint Denis et de/ ses compagnons Rustique et Eleuthere ; mais elle éloit sans raojens pour cela. Un jour elle communiqua son dessein à des prêtres qui venoient souvent la visiter, et les conjura de réunir tous les matériaux nécessaires. Il leur fut sans doute aisé de se procurer du bois, mais ils ne sa voient comment se procurer de la chaux. Et bien, dit Geneviève, allez jusqu'au pont de la ville et rapportez-moi ce que vous aurez entendu. Ils y rencontrèrent deux pâtres qui se disoient l'un à l'autre avoir découvert un four à chaux. On commença donc la construction de la chapelle. Un événement donna lieu à un miracle plus étonnant sans doute que celui de JMojse (8).

Les ouvriers étoient en grand nombre , l'eau vint à leur manquer. Aussilôt que Geneviève en fut informée, elle se fit apporter le grand vase destiné à contenir l'eau ; après avoir fait éloigner tous ceux qui étoient présens , et sa psière achevée , elle fit le signe de la croix au-dessus du vase, et, au grand élonnement de la multitude, il se remplit d'eau en un instant , tellement que tant que l'ouvrage dura , le vase ne désemplit pas et fournit abondamment à boire aux ouvriers (9).

Un jour d'hiver, après avoir passé en prières , suivant sa coutume, la nuit du samedi au dimanche , elle sortit de grand matin pour se i-endre à l'église de Saint-Denis. Dans le chemin , le cierge que portoit devant elle une des vierges qui l'accompagnoient , s'éteignit. S'en étant apperçu , elle prit le cierge qui se ralluma sur-le-champ entre ses mains. Cependant il étoit consumé lorsqu'elles arrivèrent à l'église. Sainte Geneviève se prosterna aussi-tôt, fit son oraison, et tout-à-coup un autre cierge, qui u'avoit point encore servi, prit feu et lui servit de flambeau ( 10).

Quelques prisonniei-s avoient été condamnés à mort , Geneviève

(8) Chiffletius , p. 459 et suiv. ( 9 ) Chiffletius , p. 459.

(10) Lallemant raconte que Geneviève avoit daus sa cellule uu cierge qui s'allumoit de lui-mêmej lorsqu'elle le desiroit. Pag. 89.

Abbaye S ai n t e-Gén e v i k v e a Pau i s. 5

résolut de demander leiu' grâce à Cliildéric qui Otoli alors à Paris. Ce Prince qui avoit pour la Sainte une estime particulière, et qui craignoit ses sollicitations, fit fermer les portes de la ville , pour qu'elle ne pût pénétrer jusqu'à lui. Mais à son approche les portes s'ouvrirent miraculeusement ; elle vit le Roi et eu obtint la grâce qu'elle demandoit( ii ).

Geneviève secourut les Parisiens asssiégés par Clovis. Ceux - ci mnnquoient de vivres , elle leur conseilla de s'embarquer sur la Seine pour en aller chercher ( 12). Il y avoit sur la rive un écueil oii tous les bateaux faisoient ordinairement naufrage , c'étoit un arbre. Geneviève , accompagnant la Hotte , le fit abattre ; au moment il tomba , il sortit de dessous ses l'acines deux monstres énormes, de couleur différente , qui, enfuyant, exhalèrent une odeur fétide. De ce moment on n'entendit plus parler de naufrages en cet ench-oit (i3).

Geneviève voyagea ensuite et par-tout elle signala sa présence par des miracles étonnans et nombreux. Elle guérissoit les malades et chassoit le démon.

Elle guérit dans l'église de Saint-Martin de Tours, im des chantres qui fut tout-à-coup saisi de l'esprit malin. Le démon avoit souhaité de sortir par l'œil , mais Geneviève voulut l'humilier en le jettant dehors par im endroit tout opposé ( 14).

On a dit depuis long-tems C[ue la curiosité est naturelle aux femmes. Je rapporterai le miracle suivant , non pas précisément pour le prouver, mais pour faire voir c^ue la sainteté même cède quel- quefois à ce mouvement impérieux de l'ame.

Geneviève, étant un jour assise sur sa porte, vit passer une jeune fille, portant un vase. Elle l'appela et lui demanda ce qu'elle portoit. C'est une phiole remplie d'huile, répliqua la jeune fille, que je viens d'acheter. Geneviève qui avoit l'œil perçant et fin apperçut le diable sur l'ouverture de la phiole. Tout-à-coup elle

(II ) Toiiss. Duplessis. (12) Chiffletiiis , p. 464. ( i3 ) Ciambolli , p. 5o. ( 14 ) Xallemant , p. 78;

m

6 Abbaye S a in te-G f. n k v i é v e a Paris.

prit un air menaçant , souffla dessus , et une parlie du col de la bouteille se l^risa et fut dispersé; ajant ensuile fait le signe de la croix sur ce qui restoit, elle congédia la jeune fille. ( i5).

Clovis avoit , comme Childeric , une considération particulière pour Geneviève. Ce roi cruel avoit souvent, en sa considération, laissé fiéchir son cœur, délivré des prisonniers et pardonné à des criminels.

Geneviève mourut à Paris le 3 Janvier 5x2 ( i6 ) ; elle fut in- humée dans le caveau Souterrain de l'église bâtie par Clovis , qui depuis a porté son nom. On y plaça une lampe, autant par honneur , sans doute , comme c'étoit la coutume , que pour éclairer la mul- titude qui affluoit. Cette lampe fut pendant long-tems une source intarrissable de miracles , car elle ne s'épuisoit point , malgré la quantité d'huile qu'on en tiroit pour la guérison des maladies les plus désespérées.

Erasme a fait des vers en l'honneur de Sainte Geneviève. Ils com- mencent ainsi :

Diva pil l'ûtis ijotivum solvere carmen. Qui ciipit , etc. Le Liepvre les a traduits en vers françois( 17). Sous le règne de Louis le Débonnaire, un débordement prodi- gieux inonda Paris. Les églises et les oratoires devinrent inaccessibles , Ynchade , alqrs évêque , fit chercher un lieu commode pour cé- lébrer les Saints mystères. Un clerc nommé Richard alla , par Ipatteau, jusqu'à un monastère de Vierges fondé par Sainte Gene-

(i5) Chifiletius , p. 467.

( 16 ) La comtesse de Valois , femme de Charles de Valois , frère de Phi- lippe , fit mettre la vie de Sainte Geneviève en vers françois. Ce manuscrit se voit à l'abbaye , il commence ainsi :

Madame de Valois me prie Qu'en romans mené la vie D'une vierge qu'elle moult amie Geneniève la nomme et Clamie,

(17) Pag. 12,

viève ,

Abbaye Saint e-G e n e v i è v e a Paris. 7

viève, proche Saint Jean en Grève, el connu depuis sous le nom d'hôpital des Haudriettes ; on y conservoit religieusenienl le lit dans lequel Geneviève éloit décédée. Il ril avec élonnemcnt les eaux remplir toute la chambre, et faire comme une esj)èce de voûte au- tour de ce lit qu'elles ne touchèrent point.

Le comte Eghert, abbé de Sainte-Geneviève, pour satisfaire à sa dévotion particulière, tira secrètement une dent de la tête de la Sainte. Peu de temps après , étant tombé malade , et craignant que ce ne fût une punition c^ivine , il déclara sa faute, et pour ]a réparer, il fit enchâsser cette dent dans un reliquaire d'or et de crjstal , dont il fit présent à l'église.

Ceci arriva à Draveil, oîi l'irruption des Normands , eu 846, avoit obligé de transporter le corps de Sainte Geneviève ( 18 ).

Je ne m'arrêterai point à concilier les difTérenssentimens des histo- riens sur l'année de la fondation de l'église de St.-Pierre et St. -Paul. L'époque qui m'a paru la plus raisonnable est 5o8,c.-à-d., un an après la bataille que Clovis remporta sur Alaric , Roi des Visigofhs , dans la plaine de p^oclade , aujourd'hui f^oiiglé , près Poitiers.

Il avoit promis, en ôoy, à la priée de Clothilde et à la considé- ration de Geneviève , s'il revenoit victorieux , de bâtir une église sous l'invocation de Saint-Pierre et de Saint-Paul. La fondation de cette église fut donc l'accomplissement du vœu qu'il avoit fait avant son départ. On ne doit l'attribuer qu'à cette seule cause.

(18 > II j avoit, en 821 , près l'église fie Saint-Jean-Baptiste, appelée depuis Sainl-Jean-en-Grève, un monastère de filles, dépositaires du lit dans lequel Sainte Geneviève étoit merle. Il survint alors un débordement qui couvrit toutes les campagnes. Mais on assure que les eaux s'élevèrent tout autour de ce lit sans j toucher 5 jusqu'au milieu des fenêtres de la chambre on le con- servoit.

Duplessis prétend que ce monastère fut fondé dans la maison qui avoit servi de demeure à Sainte-Geneviève. - Il ajoute que ce monastèr a fait place à un hôpital connu sous le nom des Haudriettes , du nom à^Etienne Haudri^ qui acheta, au XIII"^ et XIV^ siècle , des emplacemens vuides pour fonder sou hôpital. II y eut ensuite , au même lieu , une cliapelle qui a conservé le même nom , sous l'invocation de Sainte Geneviève, Annal, de Paris , p. i36,

B

0^

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8 Abbaye Saint e-G eneviève a Paris:

Le sommet de la montagne fut bâtie l'église Saint-Pierre et Saint-Paul , avoit été choisi pour être l'un des cimetières des ha- bitans de la ville de Paris-

On ne peut douter cpi'ilne fut également destiné par les payens au même objet , puisqu'on y ti'ouva dc-s petites caisses de brique et de ciment , remplies de cendres et de médailles d'or et d'argent , et qu'on y découvrit aussi , en 1620, un cercueil de marbre blanc , orné de plusieurs figures mythologiques ( 19 ).

Clovis employa tout ce que l'art du siècle put inventer de plus beau. L'ouvrage éloit à la Mosaïque , fait de petites pierres de toutes les couleurs , lesquelles , jointes ensemble , représentoient diverses figures. C'est ce que ce temps-là pouvoit produire de plus magnifique. Le dedans éloit orné comme d'une tapisserie fixe et d'une peinture solide ; le dehors étoit de même (20 ).

Le moine Roricon a donné de grands éloges à Clovis sur sa piété. Ce prince montra sa magnificence dans les présens qu'il fit à cette église , et dans les fonds qu'il lui attribua. Il lui donna toutes les terres qui étoient autour de l'église , avec tout le domaine et la jus- tice ; iLy attribua plusieurs villages et tout ce qui en dépendoit , comme Nanterre , Rosni , Vannes , Joigni , Choisi. Mais le plus considérable des legs qu'il fit à cette abbaye fut celui de quelques parties du domaine de Bourgogne qu'il y ajouta ( 21 ).

Brice ( 22 ) et Piganiol de la Force ( 23 ) ont avancé que Clovis avoit fait bâtir un palais dans l'endroit étoit la maison alibatiale ; mais Duplessis ( 24 ) et Jaillot ( 25 ) démentent cette assertion , et réfutent avec avantage ceux qui l'ont imaginée.

Clovis étant mort en 5i i , avant d'avoir pu achever cet édifice , la reine Clothildey mit la dernière main jetl'enrichit de divers ornemens.

(ly) Piganiul. Tom. II , pag. 365.

(20) JVloliuet, p. 222.

( 21 ) Molinet , p. 23.

( 22 ) Descript. de Paris , t. II , p. 479.

(28) Descript. de Paris, t. VI, p. 58.

( 24 ) Annal, de Paris, p. 42.

( 25 y Recliercli. sur Paris , XVII quart, p. 86,

Abbaye Saint e-G e n e v i è v k a Taris. g

Saint Reraj, archevêque de pLeims , en fit la dédicacs sous l'In- vocation de Saint-Pierre et Saint-Panl.

Quelques auteurs et Lebeuf ( :i6 ) entr'autres , en parlant de la fondation de l'église Iwlie par Clovls , se servent du moXhasilicjue (27).

Suivant le sentiment de plusieurs historiens ( 28 ) , l'éghse de Saint-Pierre et Saint-Paul fut donc au commencement desservie par des clercs réguliers qui furent ensuite sécularisés.

Du Molinet conjecture que les premiers clercs c[ui peuplèrent Sainte-Geneviève avoient été tirés de la cathédrale de Rheims; il dit aussi qu'ils étoient réguliers , et il autorise son opinion sur ce que Fahbé Suger ayant mis des chanoines réguliers , 11 y trouva un cloître et un chapitre (29).

(26) Lebeuf, His(. de Paris, tom. I, II part. , p. 366.

( 27 ; Le mot basilique vient de ^a^/Aft/V. Roi. Les Grecs appeloient /gatr/Aixoi nxù iasilicx domus les maisons royales j ce nom éloit donc donné anx palais liabitoît un roi. Avant Ambroise, Augustin et Jérôme, on ne le trouve dans aucun auteur chrétien. Les Romains appelaient baszlicœ cèdes , basilicœles bâtimcns pu- blics, accompagnés de magnifiques poriiques, on rendoit la justice. Cons- tantin appliqua plusieurs de ces bâtimens à l'usage de la religion chrétienne, c'est pour remercier Gratien d'une semblable destination qu'Aiisonne dit : Les basiliques autrefois encombrées de la foule des plaideurs et des

GEXS d'affaires, RETENTISSENT AUJOURD'HUI DES VCEUX QU'oN Y ADRESSE AH

CIEL POUR VOUS. C'est sans doute la cause pour laquelle le nom de basilique a été appliqué aux églises modernes 5 il a servi principalement à désigner les églises supérieures aux autres par leur grandeur et lei r magnificence.

Baillet dit que ce nom se donnoit aussi aux églises desservies par un clergé séculier ou régulier, pour les distinguer de celles il n'y avoit qu'un prê're ou deux pour faire l'office ; inai.< c'est pr la raison que les grandis éf,Kses étoient nécessairement desservies par un clergé plus nombreux cjue le s petites chapelles.

L'opinion adop!ée par quelques savajis que le nom de basiliqr.e se donnoit aux églises non en'^ore consacrées n'est pas admissible.

( 28 ) Gall. Christ. , tit. VII , pag. 699 et yoS. Le' cuf , ton-. II, p;:g. 36;. Duplessis , Annal, de Paris , pag. 43 et i56. Ce' dernier dit qu'après le siège de Paris par les Normands, en 886, les moines abandonnèrent leur mo- nastère, et que la place fut occupée par des clercs séculiers. C'est , suivant lui et les auteurs de la Gaule chrétienne , l'époque les moines furent sécularisés, et l'événejnent qui y donna lieu. Il prétend aussi qu'alors on institua un doyen- ( 29 ) Molinet , vie de Sainte Geneviève , p. 3o2.

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10 Abbaye S ainte-G eke vie ve a Paris.

Dans les premiers temps il y eut des frères conrers ( 3o ) servans en Vahbaye{^?>\ ). Il ne faut pas s'élonner qu'il j ait eu aussi des sœurs conuerses ( 32 ) ; c'éioient des filles dévotes ou des veuves qui faisoient des vœux simples entre les mains de l'abbé , et se consacroient pour toute leur vie au service des églises et des mo- nastères qui les entretenoient.

Plusiem-s conciles furent assemblés dans l'église de Saint-Pierre et Saint-Paul. Le premier en 622 ; le second , en Syy , fut convoqué par les intrigues de Frédégonde , épouse de Chilpéric , contre Prétextât , archevêque de Rouen.

Celui-ci avoit marié son filleul Mérouce , fils du Pioi, avec Erunehaut sa tante. Cette union déplut au prince , qui , de concert avec son épouse , résolut de perdre Prétextât. Chilpéric , à force de violences et de perfidies, parvint à son but. Grégoire de Tours, qui assista à ce Concile, s'opposa avec courage à l'injustice du roi.

Le troisième concile s'y tint en 61 5.

Il est probable qu'il y en eut encore d'autres , depuis cette époque, jusqu'en 1290,011 Gérard de Pai/ie et Benoist de Cajette vinrent en France , en qualité de légats , pour publier la croisade. Le con- cile national , pour celle de l'archevêché de Sens , fut assemblé à Sainte-Geneviève ; ces deux cardinaux légats y présidèrent ( 33 ),

Dans les premiers temps , l'église de Saint-Pierre et Saint-Paul servit d'asjle aux nobles qui se croyoient coupables ( 34 ). Leudasie ,

(3c) Hist. manusc. de Sainte Geneviève, etc. ect. liv. IV, p. 536.

( 3i ) Voyez sur les ,^fr« convfrj le premier volume des Antiquités, art. III, l.,es Célestins, pag. 10.

(82 ) Dans ces derniers temps les sœurs converses étoient dans les couvens les filles de service. On connoit ce mot d'une abbesse dont la voiture étoit accrochée par un fiacre qui alloit la renverser , elle s'écria : ditti donc à cet insolent de s'arrêter^ il me prend apparemment pour une saur converse.

(33) Hist. manusc. de Sainte Geneviève, liv. V^ pag. 56i.

( 34 ) Le mot as;yle vient du grec ; il signifie un lieu sacré , inviolable. Les temples chez les anciens, les bois sacrés , les autels , les statues des dieux étoient des asylesj la concession de ce privilège aux églises chrétiennes date de Cons-

ABBAYE Sainte-Geneviève a Paris. ii

Gomte de Tours , convaincu d'impostures criantes dans le concile tenu à Bergni , (35) entre Paris et Soissons, s'y retira quand il sut que son crime étoit découvert.

Dagobert , Cliarlemagne et autres Rois de la première race et de la seconde ont fait des dons immenses à ce monastère ( 36 ).

Les auteurs de la Gaule chrétienne ( 37 ) insinuent que Bernier fut Je premier doyen, au moins connu. Cependant ils observent qu'il est qualifié éuêque dans le Nécrologe même de Sainte-Gene- viève. XVI Cal. decembr, ohlit Bernerius j hujus ecclesiœ epis- copus.

On ne sauroit expliquer ce titre , à moins de ne considérer le titre di^episcopiis que dans sa première acception , celle de sur- veillant ( 38 ).

fantin. Quoiqu'on ne trouve pas de lois relatives aux asyles avant Théodose, les ouvrages de Grégoire de Naziance en offrent des exemples.

Le lieu de refuge étoit d'abord liinilé à l'intérieur de l'ég'ise et spécialement à l'autel; il s'étendit ensuite à l'extérieur de l'église et à toules sa jurisdiclion. Li'étendard impérial dans les camps, la maison des évêques,les tombeaux des saints, les croix, les écoles, les monastères, les hôpitaux obtinrent, dans les siècles suivans , le même privilège : on spécifia ensuite les crimes à qui l'asyle étoit offert ou interdit et les crimes pour lesquels on n'y pouvoit trouver de refuge. Malgré ces précautions , l'abus de ces privilèges fut porté à un tel point qu'ils furent supprimés. Cliarlemagne donna une première atteinte aux asyles en 77g, par la défense qu'il fit de porter à manger aux criminels réfugiés dans les églises Nos rois avoient achevé ce que Cliarlemagne avoit commencé ; mais en Italie les églises jouissent encore du droit d'asyle.

(35) Sr«7znacum Lebeuf , tom. I, II part., p. Sôy.

(36) lallemant , vie de Sainte Geneviève, pag. 142. (87 ) Gall. Christ. , tom. VII, pag. 705.

( 38 ) Les £)!iJxo5!(i«, episcopz , étoient chez les Athéniens des magistrats destinés à surveiller les provinces et les lieux éloignés. Les soldats du corps-de-garde du boulevart Poissonnier avoient écrit sur leur porte , loAtuT ciuxoto/, gardes , sur- veillants de la ville Un évêque s'étant fait traduire ces mots en latin , et njant appris qu'ils signifioient urbis episcopi , s'adressa, à la police pour faire effacer l'inscription , trouvant très - mauvais que des soldats s'attribuassent le litre d'evéques.

llil

12 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris.

Vers le septième ou huitième siècle, le monasière de Sainte- Geneviève ét(Mt donc gouverné par un doyen ( 89 ;.

Je soiipçonnerois qu'il y a erreur de copiste , et qu'il faut lire BernecJiarins au lieu de Bernerais.

Bernecharius étoit évêque de Paris vers 720. Il paroît avoir été doyen de Sainte-Geneviève (40).

(89) On appelé ordinairement doyen le membre le plus ancien d'une com- pagnie ; mais il faut distinguer du doyen en âge le do^en en dignilé. Le titre de celui- ci vient de decauus^ dixainier , p-irce que dix moines étaient sous l'inspection d'un Decamus . mot dont on a fait Doyen ^ et cent sous l'inspection d'un centenarius . centenier.

Les doyens n'éloient donc d'abord que des otSciers destituables au gré des prélats. Ils se sont , dans la suite, érigés en titre de bénéfice , d'abord dans les chapitres séculiers et après dans les réguliers.

La jurisdiction et le pouvoir des doyens varient suivant les titres , la pos- session qu'ils ont et l'usage des lieux. Leurs principales fonctions dans les églises ils forment la première dignilé, ce qji est le plus ordinaire , sont d'officier aux fêtes soleinnelles en l'absence de l'évêque , d'ê re à 1 1 tète du cliapilre dans toutes les assemblées publiques et particulières , d'y porter la parole à l'ex; li;sion de tous autres , de présider au cliœur et au chapitre, d'y avoir la préséance et les honneurs, le droit d'y régler par provision tout ce qui concerne la disci- pline du chapitre.

Le doyen est aussi considéré comme le curé par tous les membres du chapitre et par les autres ecclésiastiques qui y sont attachés 5 il exerce , au nom du chapitre , toutes les fonctions curiales envers euxj dans les actes, il est toujours nommé le premier avant les chanoines et le corps du chapitre , p^.rce qu'd reiupht la première place : ce qui s'entend lorsqu'il est doyen en digmté. Cette dignité n'est point élective, si ce n'est pir quelque couiiuuo particulier - ou statut du chapitre ; l'ecclésiasiique qui en est revêtu n'est pas du corps du chapitre, à moins qu'il ne soit en mêuie temps prébende , ou qu'il u';;it ce droit par lui privilège spécial ou en vertu de l'usage observé clans son église : ceci est co.nnuin aux" autres dignitaires des chapitres.

Suivant la jurisprud^-nce des arrêts rapportés par Fuet, le doyen a double voix, c'est-à-dire, voix prépondérante dans les délibérations du chapitre pour la nomination aux bénéhces ; mais dans toute autre affaire, il n'a qu'une seul voix , tant comnie doyen (pie comme chanoine.

(40) Molinet(hist.Ste Geneviève, p. 323.)prélendqu'ily aeu autrefois un évêque à Sainte-Geneviève. 11 se fonde sur ce que les monastères, dans le voisinage

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. i3

On nomme en général pour premier doyen Félix (41 ).

Les Normands avant mis le siège devanl Paris en 883 , j occa- sionnèrent de grands ravages j le monastère de Sainte-Geneviève ne fut pas épargné.

Germain - Brice ( 42 ) parle d'un anneau de fer placé devant le portail de l'église dans un mulle de jjœuf ou d'âne. Suivant une tradition populaire qu'il rapporte , il y avoit été mis par les Normands pour pendre un abl)é de la naaison qui avoit refusé de leur livrer les trésors de l'abbaye.

Dans ces tems malheureux , il étoit d'usage de transporter dans les terres de Taljbaye les ossemens des religieux décédés ; et lorsque les craintes étoient dissipées , on les rapportoit à leur place (48 ).

Après les ravages causés par les Normands , les chanoines cherchè- rent à réparer les dégâts causés à leur église. Ils réparèrent et recou- vrirent l'église; et il est à présumer qu'ils rétablirent aussi le réfectoire et le chapitre.

Un chanoine, appelé Thibaut, Bt faire les fondemens du clocher, et ne put continuer son entreprise que jusqu'au premier étage.

des maisons royales, avoient un évêque pour célébrer, devant la cour, avec plus de pompe l'oiEce divin.

Il dit encore que dans les monastères reposoient les reliques des saints , les abbés jouissoient des droits épiscopaux, afin d'exercer ces droits devant les peuples qui venoient en pèlerinage ; mais , comme souvent ces fonctions d'abbé et d'évêque étaient incompatibles, on nommoit un co-évêque pour rendre plus commodément service au peuple dans les ministères eqtlésiastiques. Ainsi il conclut que Bemerius , dont il est fait mention dans le nécrologe de Sainie- Geneviéve, étoit un co-évêque de cette église.

( 41 ) 11 est connu par ces trois vers tirés d'une vie manuscrite de Sainte Geneviève.

firginis Angelicœ cernis ■, Lector ^ Geno-vefai

Kirtutes , \itns Félix levita piavit ^

"Sobilitate illic fulgens et honore decanus.

Gall. Christ. , tom. VII , p. yoS.

( 42 ) Tom. II , p. 4-S.

(48) Lebeuf j hist, de Paris, tom. Il, pag. 36;.

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14 Abbaye Saint e-G eneviève a Paris.

Un aulre chanoine, appelé Mignard, fit bâtir le porche de cette église (44).

Hugues Capet témoigna aussi sa bienveillance envers le monastère de Sainte-Geneviève. Il vint restituer sur l'autel les biens et les droits qui avoient été ravis à ses ministres , et que Clovis , fondateur, avoit ôté aux prêtres des idoles pour les leur donner ( 46 ).

Robert son fils fut également leur bienfaiteur ; il fit bâtir le cloî- tre ( 46 ) , décorer l'autel d'une table d'or et d'argent. Il donna aussi aux chanoines la faculté de disposer de leur prébende et de se choisir un doyen (47).

Henri l'^i' , à la demande des chanoines , leur accorda de ne vivre que dans la dépendance du Roi, ou de celui qui auroit Paris dans son apanage. Il en fit même un précepte à ses descendans (48). - Ulric ou de Lourc , est cité comme doyen dans cette charte (49).

Depuis l'an 1000 jusqu'à 1147, les doyens des monastères ont été Hilgot , élève de la maison de Sainte-Geneviève, cité dans une charte de io85.

Sei'iji. Il est question de lui dans le nécrologe , à l'occasion d'uii vase dont il fit présent à Sainte Geneviève. C'est sôus son doyenné que l'on gardoil soigneusement une chasuble ou cliappe que l'on ci'oyoit avoir servi à Saint Pierre.

Lisiard, dont il est fait mention dans une charte de 1088. Cette cliarte est d'un évêque de Paris, nommé Gothofride.

Ce fut de son temps que Galo^ évêque de Paris, dans une charte signée des chanoines de Notre-Dame , excepta de sa jurisdiction tout ce qui tient à la maison de Sainte-Genevièye , soit parens des chanoines ou domestiques ; excepté pourtant les femmes , dont il fait la reserve.

Etienne, hou'is W , pour le bien de l'ame de son père , exempta à sa prière les chanoines de paroître à la cour, pour répondre aux accusations que l'on pouvoit faire contr'eux , ce à quoi ils étoient

(44) Molinet , vie de Sainte Genevi ve , pag. 253,

( 4,5 ) Lallemant , pag. 143.

( 46 ) Piganiol , tom. VI , pag. 58.

(47) Gall. Christ., tom. \'II, pag. yor.

(48) Id.

(49) îd. Pag. 705.

obliges

' !

'Abbaye Sainte-Geneviève a Parts. i5 obligés auparavant qiielqiie fût le délit, et ce qui leur déplaisoit InR- riiinent,ils n'euivntplus dès-lors d'autres juges que le doyen et leurs confrères ; le doyen seul fut excepté^ et comme ses prédécesseurs fut obligé d'aller à la cour, en cas d'accusation.

Ce fut encore sous Etienne , en 1 132 , que la basilique de Sainle- Géneviève fut en interdit à l'occasion d'une dispute d'un appelé Golo avec d'autres maîtres, qui, conjointement avec leurs disciples, se ])lal- gnoient de payer un peu cher la licence. L'évêque qui voulut dé- fendre son chancelier, mit toute la monîague de Sainte-Geneviève en interdiction , pour amener l'affaire à son tribunal ( 5o ).

Il paroît que le chapitre éloit alors composé de vingt-quatre per- sonnes , quatre dignitaires , le doyen , le chancelier , le chantre et le célerier ; de six chanoines résidens , et de dix; autres , tant exteines que l.énéhciers, et de quatre chapelains (5i).

En II 47, une sédition força le pape, Eugène III, de quitter Rome; il se rendit à Paris, il alla dans l'église Saint -Pierre et Sainl-Paul, pour y célébrer la messe, les chanoines firent étendre devant l'autel un riche tapis de pieds que Louis VII, dit le Jeune, leur avoit envoyé pour faire honneur au pape. Lésaient père se pros- terna sur ce tapis pour faire sa prière ; taais il ne fut pas plutôt retiré dans la sacristie , que les officiers \'onlureiit s'emparer du tapis , Xîomme d'une chose qui , selon l'usage, leur appartenoit. Les domes- tiques de l'abbaye voulurent aussi l'avoir ; des paroles on en vint à tirer le tapis chacun de son côté, puis de aux coups. La présence du roi, c{ui éloit alors dans l'église, put à peine appaiser le tumulte ^ il fut même frappé par les domestiques de l'abbaye.

Cet événement , et la vie peu régulière des chanoines , engagèrent le pape à mettre des moines de Cluni à leur place. L'exécution de ce dessein fut confiée à Siigger. Mais quoique le choix fût déjà fait sur la requête des chanoines de l'abbaye, on consentit simplement à une réfornîe. En conséquence Siigger demanda à Gildidn , abbé

( So ) Call. Christ., tt)m. VU, p;ig. 7o5 et 709. i 5i ) jMoliiiet , pag. 305,

/^?

j6 Abbaye vS a inte-G en é vie v e a Paris."

de Saint-Viclor-lès-Paris , douze religieux , et iS'z/iif^ , pour être leur abbé ; ce qui lui fut accordé. Ainsi la réforme s'introduisit dans l'abbcije de Saint-Pierre et Saint-Paul vers 1 148, époque oii elle prit le nom de Sainte-Geneviève ( 52 ).

Depuis cette époque, le monastère de Sainte-Geneviève fut changé en prélature, et devint une a]:)baye.

Les abbés eurent la prérogative d'être juges et conservateurs des privilèges apostoliques (53).

Lors de la réforme , un des chanoines séculiers jouissoit , pour sa prébende de la terre d'Auteuil. Le maître y avoit enlr'antres droits, celui désigné dans les vieux cartiilaires par ces mots : Capitalia viro- runi el mulierum , que l'auteur de l'histoire de Sainle Geneviève croit avoir été les chapperons et couvre-chefs des nouveaux ma- riés (54).

Si l'on en croit Fauteur de l'histoire de Sainte Geneviève ( 55 ) , les propriétaires de certains héritages à Auteuil étoient obligés de fournir de la paille pour mettre aux ^ieds des femmes la nuit de Noël.

Odon ou Eudes est le premier abbé de Sainte Geneviève ; il s'éloit retiré, jeune encore, à Saint Victor avec Guillaume de Champeaux. Thomas, prieur de cette maison , ajant été assassiné par les neveux de l'archidiacre de Paris en 1 i3o, Eudes fut choisi pour lui succéder sous l'abbé Gilduin ( 56 ).

La réforme ayant été résolue à Sainte Geneviève , Sugger le des- tina pour en être le nouvel abbé. En conséquence le jour de St. Bar- thelemi 11 48, l'abbé de Saint Denis , avec tout le clergé, alla cher- cher Eudes et douze autres religieux , et les conduisit en grande

(5a") Piganiol de la Force, Tom'VI. p 60.-- Corrozet , Antiq. de Paris , p. ia° Jalliot , rer.herch. sur Par. X"V^I1 Quart. , p. 80.

( 53 ) Histoire manuscrite de Sainte-Gsii. , 1. V., p. 587. ~ Jaillot , recherch,; sur Par. , XVII quart. , p. 78.

( 54 ) Liv. Vi , p. 800.

(55)Liv. VI, p. 8or.

(56)Hist. man. desliomuiesillust.desChan.Reg.de Fr. , T. i p. 754 etsuiv^

Abbave Saikte-Genévikve a Paris. 17 pomjîe à l'église Sainte-Geneviève , Eudes fut béni abbé par l'évê- que de Meaux. On le mit ensuite en possession de son nouveau do- maine.

Eudes et ses religieux furent regardés par les chanoines séculiers auxquels llsavoient succédés , comme des usurjDateurs , et en reçurent beaucoup d'insultes et d'outrages. Enfin ils en portèrent des plainles à Sugger leur protecteur. Celui - ci étant venu à Paris avec bonne escorte , manda les anciens chanoines , et les menaça de leur faire couper les pLeds et les mains et crever les yeux s'ils continuoient à troubler le repos de ces bons religieux.

Eudes fonda l'anniversaire de son père , de sa mère et le sien ; il doinia pour cet objet plusieurs beaux ornemens.

Après avoir gouverné quinze ans l'abbaye , il s'en démit en plein chapitre, vers l'an 1 163 , et fit procéder à l'élection d'un autre abbé , nommé Aubert , qu'il en mil en possession. De-là il retourna à Saint-\ ictor , sa première retraite.

Il lint sur les fonds de baptême , en ii65 , le fils du roi Louis-le- Jeune , avec les abbés de Saint-Victor et de Saint-Germaiu-des- Prés; c'est le dernier honneur qu'il reçut, il mourut peu de tems après , et fut enterré dans la cliapelle souterraine de Saint-Victor.

On jisoit sur sa tombe Fépitaphe suivante :

Martyris Odo prior priorum post virginis abbas ,

Martyrium didicit virginiiate sequi. ^ Victore rosas certaminis à Genovefa

Lilia purpurei plena pudoris habens. Intulit hos Jlores paradiso , tempore Jlonim\

ud piiero senior , in sene virgo puer. Mitis cum Moyse , cum Natacle Jîdelis ^

Cum Samuel e sacer , cùm Simeone timens. Ne pereas per eum te Parisius paradiso

Orba parente para , non paritura parens.

Cet abbé avoit eu une dispute avec Drogon à l'occasion de quel- ques hommes qu'il vouloit soustraire à son autorité. Il fit encore un échange avec Hugon de Saint-Germain de Paris, dont une chen-te

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j8 Abbaye Sain te- Geneviève a Paris; de 11 52 fait mention. Elle concernoit deux servantes que ces denx abbés se cédoient réciproquement , parce que l'une se marioit à un esclave de Sainte-Geneviève, et l'aulre à un de Saint - Germain ; elle les déclare toutes deux libres du service de la maison à laquelle elles étoient al tachées d'abord.

Le second abbé fut Albert ou Auhen , qui de prieur devint successeiu' d'Eudes. Ce fut de son tenis que le bruit coin-ut dans Paris que le chef de Sainle-Genéviève avoit été séparé du reste des reliques, ce qui occasionna une grande rumeur, et. ce qui étant venu aux oreilles du roi Louis VII , il entra dans une grande colère et menaça de tous les châtimcns si la cliose étoit vraie. Hugo , archevêque de Sens fut cbaigé de vérifier le fait , et le roi assista à l'ouverture de la chasse. Le chef se trouva avec les autres reli- ques , ce qui ramena le calme.

Nous voyons aUoSsi dans sa vie une dispute avec Hugo de Mont- guillon concernant une servante (ôy).

Guerin de Sainte-Marthe est le troisième abbé de Sainle-Gené- viève. Après son installation il chercha à s'ad, oindre pour prieur tm chanoine de son choix. Ce qui déplut infiniment aux autres moines , entr'autres à Saint-Guillaume , qui montra beaucoup d'aigreur dans sa résistance , et qui empêcha le nouveau prieur de sonner le réfectoire lorsc[ue celui-ci voulut entrer en fonclion» L'abbé irrité le punit de sa violence , le mit au pain et à l'eau trois fois par semaine et le fit manger par terre ; mais les confrères de Guillaume indignés d'une pareille rigueur, trouvèrent îe moyen de porter leurs plaintes au pape Alexandre, qui étoit alors à Sens y et qui ayant fait venir Guillaume et son abbé , réprimanda l'un et releva l'autre de sa pénitence (58).

Cependant Alexandre pour ne point être induit en erreur et con- damner à tort l'aijbé , qu'il regardoit d'ailleurs comme un homme de bien, chargea les abbés de Saint-Victor et de Saint-Germain;

( 57 ) Gnll. Christ. Tom V. (58) M P. 716,

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. 19 avec Odon , ancien abbé de Sainte-Geneviève, de lui rendre compte du fait.

Vers II 68 l'abliaje fut soumise immédiatement au Saint Siège par Alexandre III (Sg).

Hugo qui succéda à Guérin fit faire plusieurs legs précieux au monastère. Ce fut de son tenis qu'un des chanoines , nominé Guil- laume , fut appelé en Dannemarck pour établir la discipline dans un monastère les moines s'étoient beaucoup relâchés.

Il j avoit alors un commerce de prières entre l'abbaje Sainte- Gênés ièvc et les Templiers.

Queli[ues évêques de Paris étendirent aussi leurs bienfaits sur l'abbaje. En 1172 , Maurice lui fit préserit des dîmes C|ui lui étoient échues. Cette donation fut confirmée par le pape Alexan- dre (60).

Etienne I'"'" avoit déjà été chanoine et abbé à Orléans, lorsqu'il fut nommé à l'abbaye de Sainte-Geneviève. En 1 179, il obtint un orcîie de Louis VII contre les habitans de Piosuy, qui prélendoient ne point être serfs, mais simples cultivateurs et hôtes de Sainte Geneviève.

L'abbé et les religieux avoient souvent été obligés de disputer leurs droits contre leurs sujets. Ceux de la terre et seigneurie de Rosny , voulurent, en 1199, se soustraire, en partie, au joug de leurs sei- gneurs. Ils se regardoient comme simples vassaux; et refusoient , sous ce prétexte, toute autre obéissance. Les i-eligieux, de leur côté, prétendoient qu'ils étoient véritablement serfs. L'affaire aj^ant été portée au conseil de Louis le jeune , il ordonna que , suivant la cou-

( 59 ) Le privi ége de dépendre immédiatement du Saint-siége donnoit plusieurs exemptions ; elles consistoien' à n'êtie point suj- 1 à la visite et aux ordoiin mtes de l'évêque; à n'être poin^ tenu de lui fournir au un droit de pro( uration ou de rep's, ainsi que les évêc(ues l'exigeoient en ce tems là, des églises qui leur étoient soumises; 3' à ne lui payer aucun droii cathèdralique ^ ou autre tel qu'il soit; h n'être point assujetti aux -ensures et interdiis, etc., etc.

Ces difTérenies exemptions et privilèges oui été confirmés p r plusieurs arrêta du parlement. Hist. manusc. de Sainle-Gciiév. L. V , p. 667.

(60; Gall. Chiist. T. VU, p. 718..

2o Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. tume observée dans ce femps-là en France, les parties prouveroîent leur droit par le duel. Le jour fut en conséquence assigné par l'abbé. Hugues, abbé de Saint-Gerraain-des-Prés, Barbe-d'or , doyen de Notre-Dame; Philippe, archidiacre , et d'autres, se trouvèrent dans la cour de Sainte-Geneviève pour voir l'issue du combat. Ceux de Rosny s'y rendirent , à la vérité , mais ils refusèrent de se battre contre les champions que présentoit l'abbé. Celui-ci, prenant acte de leur refus, alla aussi-tôt, avec toute sa compagnie, informer Louis le jeune de ce qui s'étoit passé. Le roi , après s'être convaincu par le serment de ceux qui étoient présens, que les habitans de Rosny n'a- voient pas voulu soutenir le duel, et avoir pris l'avis de ses barons ^ du comte Robert son frère, et de Tliibault son maîti-e d'hôtel, pro- nonça que les habitans de Rosnj demeureroient serfs de Sainte Ge- neviève ( 6i ).

Il se fît, sous cet abbé, plusieurs dons intéressans. L'estime géné- rale dont il semble avoir joui, le fit choisir arbitre de plusieurs diflTé- rens, et Philippe Auguste ne dédaigna pas de le choisir pour tenir Louis, son fils et son successeur, sur les fonds de baptême. Le pape l'honora d'une mission dont il se seroft probablement bien passé , et qui l'exposa à plusieurs dangers. Il fut chargé de la conversion des Albigeois, qui propageoient leur doctrine dans le Midi. Ce fut pen- dant son séjour à Toulouse , qu'il fit connoissance avec les chanoines réguliers de Saint Saturnin , et qu'il élablit avec eux une fédération pieuse , et un échange de prières entre leur communauté et la sienne.

Il avoit formé le dessein de rebâtir la Basilique de Sainte-Gene- viève, ravagée par les Normands. Mais il fut obligé de se borner à quelques parties du Jîâtiment qu'il rétablit assez solidement. En 1 192 , nommé évêque de Tournai, il conserva toujours, pour les églises dont il avoit été abbé , un tendre souvenir. Il fit bâtir dans son palais, des chapelles , sous l'invocation de leur patron.

Ce fut par son conseil que l'abbé Marcel donna asile à la reine Ingel-

(61 ) De Molinet , hist. manusc. de Sainte-Gen. ^ liv. VI , p. 811.

Abbaye Sainte-Gbnéviève a Paris. 21 bnrge, répudiée par Philippe Auguste , dans des terres de la dépen- dance de son monastère de Cisoiug.

Un chanoine rég-ulierlui a dédié un ouvrage, et ce fut à sa sollici- talion cpi'vEgidius , poêle qui florissoit dans ce temps-là , fit un poëme dédié à Louis VIII , il l'engage à suivre les traces deson père (62).

Dans les eommencemens de la réforme ^ les religieux, au nombre de douze, n'avoient , pour tout moyen de subsistance, que le revenu de trois prébendes qu'on leur assigna. Saint Guillaume , en j entrant, y ajouta la sienne.

Jean de To ci on Toi/ci, éloit issu d'une famille noble. Sa sreur , dame de Touci, donna le nom de sa terre à sa famille, et Guillaume de Touci , évêque d'Auxerre , en étoit originaire. Il servit d'arbitre dans plusieurs dilférens qui s'élevoient parmi les ecclésiastiques, el; ne fut pas hii-même sans essujer des diflBcultés pour le maintien des droits de son abbaye. Il fit divers échanges avec l'évêque de Paris, et obtint d'Innocent III que vingt-six serfs , employés au service de son abbaye , ne seroient plus soumis à l'inspection de l'évêque , ni de son archidiacre.

Honorius III le nomma, conjointement avec le prieur de Saint- Martin-des-Champs , pour juger Erard de Brienne et Philippa, fille du comte Henri, qui avoient contracté un mariage illicite. L'évêque de Tournai, son prédécesseur, le consulta toujours dans les aflkires épineuses.

Il reçut à Sainte Geneviève Guillaume de Seignelaj son parent , venu pour prendre possession de son évéché de Paris. L'abbé et les chanoines le conduisirent à la cathédrale , le j^résentèrent au doyen et au chapitre, ce qui fait conjecturer cjue delà est venue la cérémonie de conduire à la cathédrale l'évêque nouvellement élu.

On sait qu'un archevêcjue ou évêque , pour prendre possession de son église , étoit astreint à la cérémonie d'une entrée solemnelle. ^Voici celle qui s'observOit pour l'archevêque de Paris.

Ce prélat, après avoir été ccnsacîé , déîei'minoit le jour il feroit son entrée solemneile. Il en donnoit avis aux cours souveraines

(62J Gall. Chrial. p. 720-724.

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22 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris.' et aux magistrats de la ville de Paris, avec invitation d'y assister.

La veille , il alloit coucher à l'abbaje Saint-Victor. Le lendemain matin il y recevoit les complimens du prévôt des marchands et des échevins qui l'accompagnoient dans sa marche av-^c leurs archers et les autres olHciers de la maison de ville. Les religieux de Saint- Victor le conduisoient processionnellement avec la croix jusqu'à Sainte-Geneviève; n'étant alors revctu que du rocliet , du eamail , avec la croix pectorale.

Le cortège s'arrêtant à quelque distance du portail de l'église ; l'archevêque s'avançoit entre l'abbé et le prieur de Saint-Victor. L'abbé de Sainte -Geneviève , vêtu pontiiicalcment , à la têle de son clergé , en cliappe , lui affroit l'eau bénite et l'encensoir. L'abbé de Saint-Victor , accompagné du prévôt des marchands , le présentoit ensuite à celui da Sainte-Gméviève, puis se retiroit. L'arclievêque , après avoir reçu de ce dernier le compliment d'usage, éloit conduit jusques dans le sanctuaire, il prioit quelques instans. Après quoi , montant à l'autel , il prononçoit , sur le livre des évangiles ouvert, le serment suivant : ego iV., archiepiscopus Parisiensis , juro ad Jure sancta evangelia Dei me sert^atuj-iuii ,jura , llber- iates , privilégia , exemptiones , iniinuni taies et cousuetudines monasterii Sanclœ-Genoi^eJ'œ Farisieiisis,et compositiones habitas inter prœdecessores meos et abbatem et coni>entum dicti monas- terii Sanctœ-G enoi' efœ . 11 présentoit ensuite sur Fautel une pièce de drap d'or pour faire un parement. Delà on le menoit au trésor , 11 endossoit tous les ornemens pontillcaux, et oîi il était salué par les députés des coui-s souveraines. L'abbé et le prieur le condui- soient au sanctuaire , et l'y installoientdans la chaise épiscopale. Cela fait la procession se mettoit en marche , quatre honnnes portoient l'archevêque dans sa chaise depuis le grand autel jusqu'à la porte de l'église; quatre religieux mettoient la main aux quatre bouts des bâtons , comme porteurs honoraires. Alors un huissier appeloit à haute voix les quatre barons vassaux de l'archevêqne , celui de Massy , de Monjaj , de Luzarche et de Conflans. Ceux-ci se présentant pour le porter , les quatre religieux se retiroient , et recevoient chacun pour leur droit, un denier d'or; redevance que les archevêques

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Abbaye SainTe-Genéviève a I'akis. 23 de Paris ont contestée, mais à laquelle ils ont été condamnés par arrêt , ain.si cju'à celle du drap d'or qu'ils dévoient lais^^er sur l'autel après leur serment. Le recteur de l'université se rendoit aux Jacobins il haranguoit le nouveau prélat à son passage, et se retiroit. Le clergé de Notre-Dame venoit au devant de son évêque jusqu'à l'église de Sainte-Geneviève des ardens. C'étoit que l'abbé de Sainte- Geneviève se préparoit à le présenter au doyen. L'arclievêque des- cendoit de la chaise , et on se séparoit, après s'être salué mutuelle- ment. La chaise étoit rapportée à Sainte-Geneviève.

Alors le clei-gé qui composoit la procession se rangeoit en haie et le prélat passoit à travers. Arrivé à la porte de noire-Dame , qu'il trouvoit fermée , il sonnoit une petite cloche mise exprès pour la faire ouvnr. Enfin cette cérémonie , comme presque toutes , étoit terminée par un repas splendide ( 63 ).

Les détails de cette cérémonie tiennent nécessairement à lliis- toire des privilèges dont l'abbaje de Sainte Geneviève étoit com- blée (64).

L'aljbaje de Sainte-Geneviève Jouissoit des droits épiscopaux sur toiile l'étendue du bourg Sainte Geneviève. Elle les céda, en 1102, à Kudes de Sulll , évêque de Paris.

Par la transaction qui en résulla , l'abbé de Sainte-Geneviève se réserva le droit de présenter à l'évéque les sujets destinés à des- servir les églises paroissiales dépendantes de l'abbave. Pour diffé- rentes cessions faites par le même évêque , l'abbé et les chanoines de Sainte-Geneviève lui donnèrent en échange la chapelle dite de Sainte - Geneviève des Ardens. Ils lui abandonnèrent aussi la prébende et le vicaii-e qu'ils a voient à Notre-Dame (65).

Il j avoit dans l'Abbaje Sainte-Geneviève des canonici ad suc- currenduin. On appe'.oit ainsi des personnes de tout état qui par-

(63 ' Hist. manusc. de Saiiite-Cenëv. L. V,p. Syo et siiiv. ( 64) I.uce III , Célestin III et Grégoire IX ont confirmé par des bulles tous les privilèges de Sainîe-Genéviève.

( 65 ) Jailliot , rech. sur Paris , Quartier. S.-Benoit , p. 83.

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84 Abbaye Satnte-Genéviéve a Taris. ticipoîenr aux prières de la communauté pendant leur vie et après leur mort, en considération des biens qu'elles j avoient donnés, ou des services qu'elles y reudoient (66).

Parmi ceux ainsi qualifiés, on en distinguoit de deux espèces; les uns se donnoient eux et leurs biens à l'abbaje , pour y servir , et réciproquement y être nourris et entretenus, sains et malades le reste de leur vie; on les appeloh frères donnés ( 67 ). Les autres étoient des personnes de qualité qui, en récompense des maisons , terres , cens , rentes , etc. qu'elles donnoient, avoient part aux prières

des religieux.

L'abbaye de Sainte-Geneviève avolt , comme l'on sait, nombre de cures à sa nomination. Dans les premiers temps les chanoines qu'on y envoyoit pour les desservir , restoient entièrement soumis à l'abbé, auquel ils étoient tenus de rendre compte de l'administration du temporel de leurs bénéfices , et de remettre une partie de leurs revenus, dans ce qu'on appeloit liber ordinis. Il y avoit deux chapitres qui regardoient les curés, et leur tracoient un plan de vie, dont voici quelques articles :

Ils garderont le silence à l'église et à table.

Ils ne sortiront point et ne s'arrêteront point dans les rues et dans les places pupliques, sans raison légitime.

Quand ils iront dans les maisons des séculiers , ils mèneront un serviteur avec eux.

Ils ne prendront point de femmes pour leur service domestique.

Ils n'attireront point leurs parens auprès d'eux , et ne leur don- neront rien sans la permission de l'abbé.

Il y avoit aussi des bénéfices desservis par plusieurs religieux. L abbé nommoit alors un prieur auquel les autres obéissoient.

Ils n'iront point promener hors du lieu prescrit par l'abbé , sans la permission du prieur.

Ils n'iront point promener aux villages voisins ni aux châteaux sans la permission de l'abbé ( 68 ).

(66) Hist. manusc. de Sainie-Geii. , p. 532.

( 67 ) Voyez sur les frères Oblais ant. nat. T. r , art. III p. 10.

C 68 ) Hist. manusc. de Sainte-Gec. , 1. VI , p. 674.

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Abbaye Sainte-Geneviève a Paris.- 2j

L'abbaje de Sainte-Geneviève relevoit immédiatement du roi p;)ur le temporel ( Gg ).

Les papes et leurs légats avoient d'ordinaire leur demeure k l'abbaye. Le cardinal (Jctavian, évêque d'Ostie j étoit logé en 1206. S'étant un jour avisé d'inviter à dîner l'évêque de Paris , l'abbé le trouva mauvais, quoicpe cependant le repas fut , je ne sais pour- quoi , aux dépens du chapitre Notre-Dame. La crainte de l'abJjé étoit que le prélat ne prît de occasion de prétendre droit de repas. Aussi, pour le tranquilliser, le légal fit dresser un acte au- thenlique , par lequel il cerlifioit que c'étoit par pure amitié et à sa prière que l'évêque de Paris étoit venu dîner à Sainte-Gene- viève , et même aux dépens du chapitre de Notre-Dame , ce qui ne pou\oit tirer à conséquence, ni grever sa maison d'un droit pré- judiciable (70).

Les gens à métiers, qui demeuroient sur les terres de Sainte- Geneviève , étoient subordonnés à des statuts et des réglemens.

Les couteliers , ainsi c[ue les tisserands , dévoient acheter leurs métiers de l'abbé et du couvent , cinq à six sous ; ils ne pnuvoient travailler de n'.iit ; ils ne dévoient également travailler en cliar- Tiage (71) depuis le samedi à vêpres sonnantes à Notre-Dame, et en carême, depuis compiles; ils avoient deux prud'hommes ou jurés, à la nomination du chambrier (72) qui pouvoit les révoquer ; ils pajoient le guet, la taille (78) et autre redevance, excepté les jurés qui étoient exempts du guet.

(69)Hist. manusc. de Saînle-Genév. , 1. VI, p. 766.

( 70 ) Hist. manusc. de Sainie-Genév. , 1. V , p. 563.

( 71 ) A la préparation de chair , ce mot étoit plus ordinairement applique au tribu pajé sur les trou|3peaux

(72) Camerarius, ce nom vient de caméra chambre , le chambrier du palais. Camerarius palatzi eloil le garde des trésors. Chez les moines le chambrier est celui quia som des revenus communs ; dans plusieurs ch;ipilres, c'éloit une dignité.

( 73 ) Alors les rois n'imposoienl pas immédiatement la taille sur les peuples : ils laxoient les seigiiei.rs soit ecclésiastiques, soit teculitrs qui levoient ukc taille sur tous leurs sujets pour pajer le roi.

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if) A D D A Y E S A r N T E - G E N K V I È V E A P A R 1 S.

Les lainiers, faraeliers (74) ou honlangers formoieiit alors d ut classes . les hauhaniiiers (yj) ceux de la vjile , et les forains ceux du dehoi's. Les premiers jouissoieiit de certaines exemptions que les autres jjayoient. Nul ne pouvoit cuire les jours de dimanche et de fête , si ce n^ était des écliaudés à donner pour V amour de Dieu; il i'allolt que le pain fut au four le samedi avant la nuit, la veille de Noël exceptée , on pouvoJ cuire jusqu'à matines de Notre-Dame , et lorsqu'une fête éloit le lundi ; nul bouIan;j:cr ne pouvoit faire de pain plus grand que deux deniers (j6) à moins que ce ne fut des gâteaux à présenter, et plus petits d'une maille .(^"f) hormis les eschaudés (78). Si le pain éloit trou\é trop petit pour le prix par les jurés , ils conîîsquolenc foule la fournée ; les boulangers hors Paris n'j pouvoient apporter du pain que le samedi.

Les cordonniers , quoique sur la tej're de Sainte-Geneviève , étoient sous la jurisdiction du grand chambellan de Fiance , et achetoient de lui leurs métiers. Du reste , ils étoient soumis aux mêmes défenses que les autres artisans.

Les oubliers (79) et pâtissiers ne pouvoient prendre de compa-

(74'* On disoit plulôt Talemeliers Ou Talemetiers ^ en lalin, Talemarii Talematarii ^ c'est de que vient le mol TaUmouse et de la forme U-iani;ulaire de cette espèce de pàiissei'ie , cpielques pièces de terre étoient appelée aussi TaZ/cOTOKiw.

( 75 ) Ceux qui étaloient sous des toiles, soutenues par dfS perches, des auvents j de auvanus et aubanus auvent.

(; 6) Çue du prix de deux deniers. Nous avons vu à l'art, de Lille qu'on appe- ioit pain de patar et pain de deniers, les pains qui coûtôlent un patar ou \\n denier.

( 77) La maille, macula ^ maUia pièce de monnoie j il 3' avoil deux mailles dans un denier.

( 78 Eschaude, ou eschaudet ^ ou escaudes ; en latin escaudetus ou esckaudetus. Le houlanger ((ui les faisoit se nommoit escaudhseur. On en (aisoit des distributions ainsi que de petils pains , au marché, dans certaines cérémnnies.

(79) Fahric ateur d'oublis. On a|pe!oit oble'es , oblies , oblata, le pain offert chlaïus, au sacrifice de la messe, et non encore consacré; et ce nom a passé à des espèces de gaufres ; c'est donc à tort que Casaubon dérive ce mot du grec B^iAi'ac qui signifie un pain cuit aune petite broche. On appeloi t jfroir d'oubliés ou d'oubliage celui de recevoir une certaine quantité de pains extrêmement petits.

A n n A Y E 55 A I N T E - G E N É \- 1 È V E A P .\ n I S. 27 gnon, s'/'A' ne J'aisoieiit au utoiiis un inlUier cV oubli es par jour; ils ne dévoient pas jouer aux dez argent sec (80) , et ne pou voient donner que deux gauilres pour un denier, et huit bâtons pour autant (81).

Calo , successeur de Jean de Toci , n'a rien fait de remarquable. Il est nioit en 1228,

Herbert reçut d'Honorius le droit de dîmer les terres en Jachères; par une faveur spéciale , Grégoire IX lui accorda la permission de porter la niître , les Gants et l'annean ; il obtint encore pour le chancelier de son éL:,lise ( O2 ) , le droit de conférer la licence aux écoliers qui s'adressoient à lui et qui étoient sur le territoire du monastère.

Ou vovoit dans le cloître son épitaphe ainsi conçue. Qiiisquis es abbatis Herberti congeme Jatis .

lot pro peccatis , /riors sit et una satis , Semen est hominis causa , esiila tiiiea Jin'is

FIos est , cita ciiiis , philosopheris ni his (83). Ce fut cet abbé qui songea à reconstruire la châsse de Sainte- Geneviève (84) ; mais la mort le prévint ^ et en laissa le soin à son successeur.

On trouve dans une charte de I225 sur un différent qu'eut cet abbé avec lui citoyen de Paris , Philippe de Rici , le luot platea

( 80 } Numéraire métallique.

( 81 ) Hist. mamisc. de Sainte-Genév. , 1. VI , p. 763 et suiv.

( 82 ) Cancellarius , chancellier , du mot cancellare ^ qui signifie rayer ^ biffer. Tjes fonctions primitives de cet officier furent d'examiner les titres qui se passoient au profit du chapitre, d'y ajouter, changer, en un mot, rayer et biffer ce qui n'étoit pas convenable. Un chancellier étoit donc alors , à pro- prement 4)arler , le secrétaire du notaire du chapitre. Il en dressoit ou faisoit dresser les actes et les scelloit, Les églises cathédrales, les commiina ;tés , les monastères eurent long-tems des chanceliers. L'ahbiye de Sainle-Genéviève eut le sien. Le premier dont on trouve le nom dans un acte du clr pilre des chanoines séculiers de 1140, est ^ubry, ^Lbér'zcus cancellarius subscripsi.

( 83 ) Hist. manusc. de Sainte-Geneviève , p. '6'i^. Gall. christ. T. VII , p. 787.

( 84 ) \ oyez l'article de la châsse.

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2o AcEAYE Sainte-Geneviève a Paris.'

Mauberli , la place Maubert , ce qui détruit l'opinion de ceux qui dérivent le nom de cetle place de maître Albert , puisque ce cé- lèbre dominicain n'a commencé à enseigner que dix ans après , il est probable que le nom de cette })lace lui vient ^Albert , abbé de Sa.nle-Gcnéviève , dont j'ai déjà parlé, qui étoit le seigneur de ce lieu , et qui est cjualifié de doctus dans une bulle d'Alexandre III de 1x63.

Robert de Lajf'erlé est ainsi appelle du lieu de sa naissance. Sous Ijoi se fît le recensement des biens de Taljba^ye l'an 1240. La nou- velle cbâsse de Sainte-Geneviève, commencée par Herbert, ayant été acbevée en 1243, on fît la translation des reliques; les cba- noines craignant l'affluence du peuple , firent la cérémonie en secret . les assistans étoient au nombre de quarante-sept.

L'abbaje de Sainte-Geneviève , à raison des seigneuries qu'elle possédoit , avoit des vassaux et de serfs (85).

(85) Ceux-ci s'appelloient , comme on sait hommlnes de corpore hommes de corps. lueurs devoirs tousisloient en quatre choses qui se trouvent ainsi spécifiées.

Non possunt Jîlîos suos clerkosfacere nisi de toncesslone ecclesia. 11 falloit donc que l'abbé atlranchit les serfs qui deniaudoieut la tonsurej avant de la leur conférer.

Non possunt filios suos autfilias suas matrimonio conjungere cum komznibus alterius halliva: vel dominatus ; ce droit du seigneur s'appeloit_/ôm marhagiuin for-raariage ; il imposoit aux serfs la loi de ne s'allier qu'à des personnes de même condition et dépendantes du même seii;neur.

Cadacum id estmanum monuam dtbent ; quand une personne de condition servile mouroit sans enfans , tous ses biens , meubles et immeubles nppartenoient au seigneur. L'abbaje a été en possession du droit de main-morte l'espace de 740 ans environ ; savoir depuis Clovis jusqu'à Saint-Louis ; ce qui n'a pas peu coii- Iribiié à élendre et à firossir ses domaines et ses revenus.

In necesshatibus ecclesiœ dabunt auxilium conveniens de siio juxtà çosuetudinem regnî ; les serfs dévoient à leurs seigneurs leurs personnes el leurs biens, ainsi il falloit les défendre coulre leurs ennemis , garder leurs chàleaux de jour et de nuit y, en temps de guerre , travailler pour eux en certaines saisons, comme fauclier 1 urs prés, faner leurs foins, etc., etc. La taille qu'on leur imposoit étoit Leaucoiip plus f^rle que celL' cju'on exigeoil des simples vassaux appelles Hospites.

A B 7^ A Y E S A I N T E - G F. N' î? V 1 È V E A F a R I S. 20 Ces servitudes corporelles furent aLolies par Sciint-Loui,-., cnvii(.ii l'an 1246, je veux dire, qu'il permis aux hovijius de cohdit.on servile de se racheter (86). En consérpience Tliibaiill , alors abLé leur donna la manumissicn ou la liberté à trois conditions : qu'ils s.roient toujours sujets de l'abbaye , à Inquelle ils pajeroienl cens, rentes , tailles , corvées et autres redevances ; que s'ils se marioient à une personne serf, ils rentreroient dans leur première condi- t.on ; qu'ils seroient obligés de prêter tout secours et assistance à l'abbé et aux religieux dans le besoin (87).

Le même Thibault reçut d'Alexandre IV une bulle qui per-

meftoit aux jacobins de parler à table quand ils mangeoient avec lui. En 1269 il donna, à litre de main-morte , aux frères carmes, amenés par Saint-Louis, un terrain ils bâtirent un monastère, devenu depuis le couvent des Célestins (88). Il mourut à Rome en 12.66.

Odoti //obtint de Clément VI le privilège de conférer les quatre moindres. Plusieurs donations considérables enrichirent encore Sainte-Geneviève , la bibliothèque s'augmenta , et son accroisse- ment fut particulièrement en livres de médecine.

( 86 ) Dans ces siècles barbares , les seigneurs même ecclésiastiques n'avoient pas honte de traffiquer des hommes comme des denrées. En 1278 , les mngistrats de JMeaux ayant voulu mettie à la taille certains hommes de corps de Sainle- Genéviève, qui se trouvoif'ntdans leur ville, l'abbé et les religieux s'j opposèrent, prétendant qu'ils n'éioient taillables que par eux. Pour terminer ce dilTérenf , le maire et les échevins de iMeaux achetèrent les serfs de Saiute-Genéviève pour la somme de mille Hvres tournois.

(87') La somme que l'abbaje retira de ce traité , monta à seize cens quarante livres Parisis , qui valoient deu* à trois mille livres de la monnoie actuelle. Et si l'on considère qu'on faisoit alors autant en proportion avec une livre qu'on pourroit faire aujourd'hui avec trente , il se trouve que l'abbaye aiiroit reçu environ soixante à quatre-vingt mille livres, somme très-considérable pour ce temps-là. Hist. manusc. de Sainte-Cenéviève , L, VI , p. 76; et suiv.

(88) Ant. nationales j tome i art. III, p. 3.

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3o Àebave Sainte-Gbnéviève a Paris."

]1 fut enlerré dans le cloître sous une pierre est cette épitaphe:

Sur ni doctrina doctor et medicina

Ac loglces metliodo pollens jacet hic pater Odo

Cl/jus anima requiescat in pace , amen.

Et au tour de la léte : Anno Domini M. C(XXXV. duo novemhris. Ohiit Odo Quondain ecclesiœ hiijus abbas.

Arnulf de Romainville aimoit à rendre service , mais le sort le servit si bien dans le choix de ses obligés , que l'on seroit presque porté à croire que l'intérêt s'en mêla un peu.

Jean de Brescia , fils du grand chambellan qui fut condamné à mort en 1277, lui eiit l'ol^ligation de pouvoir tirer du séquestre deux belles maisons ; l'alibé n'y perdit rien , elles devinrent par la suite propriété de son couvent , ce qui le dédommagea des avances qu'il avoit faites.

Gallien de Pise le récompensa aussi d'un service à-peu-près semblable par un legs considéi-able.

uérjwlf de Romainville mourut en 1280 , après avoir déposé son abbaye eiitre les mains du pape , et fut enterré dans le cloître. Il est représenté en habits pontificaux , et on lit au four de la pierre qui couvre sa toin];e ;

ylhbas ArnuLPHUS , qui moribiis lucsit ut ulphus Subjacet huic tumbœ , par simplicitate colunibce , Dum fuit , hac l'ita fini ta , fine perita , jinnis millenis ccntum bis et octuagenis Adjunctis senis delentis crimina pœnis , Idus ociobris sexto (89) , multis quoque probris.

Guillaume d'' yluxerre fit profession à Saint- Victor , devint ca- merier de Sainle-Genéviève , ensuite curé d'Athis , paroisse dépen- dante de Saint-Victor ; enfin a])bé de Sainte-Geneviève , il fut

( Si; ) Le 10 d'octobre.

nommé

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. 3i nommé par Martin IV. Il oblinl de ce même pape la permission de demander , d'accepter et de retenir les meubles et immeubles appartenant à c eux qui feroient profession , excepté pourtant les fiefs.

Gueriu dCAudilIy est le second chancelier de Sainte-Geneviève connu. Devenu abbé sous Philippe-le-Bel , il fut de quelqu'utilité à ce prince lorsqu'il faisoit la guerre au comte de Flandres et au roi d'Arragon. Sous cet abbé , en 1290 , il y eut un concile à vSainle- Genéviève , il fut décidé qu'avant d'entreprendre la guerre contre les infidèles , il falloit que les princes chrétiens fussent en paix entr'eux , et ce même abbé reçut de Jeanne de Chatillon , comtesse de Blois et d'Alençon , un legs considérable pour ce monastère.

Jean de Vi fut abbé de Sainte-Geneviève en 1294. Il mourut le 25 d'août 1298 , et fut entei'ré dans le cloître. Il est représenté sur la pierre qui couvre sa tombe en habits pontificaux: On lit au-tour.

Cy- gît frère Jean de Y i, Jadis abbé de Saint-Barthelemj de JNojoji , après abbé de Sainte-Genéi^ièt^e , qui trespassa tan de grâce M. CCIXXI et XVIII, le XXV aoûst.

L'abbaye de St^.-Genéviève possédait plusieurs terres et seigneuries, qui lui attribuoient le privilège de haute, moyenne et basse justice. Mais le tribunal le plus considérable étoit celui de Paris. Une des principales peines auxquelles alors le baillj de Sainle-Genéviève pouvoit condamner, étoit V échelle ^ cette échelle permanente et fixe, comme autrefois les carcans, avoit au haut un ais percé de manière à faire passer la tête et les mains du condamné , qui restoit ainsi exposé à la vue du peuple. C'étoit sans doute un châtiment d'usage, car les justices de Saint- Martin- des - Ghamps , de Saint- Germain - des - Prés , de Notre-Dame et autres, avoient de ces échelles. Lorsqu'on les abattit , on conserva celle du Temple , qui subsistoit encore sur la fin du siècle dernier.

On coupoit aussi alors une oieille aux voleurs ; et pour cela on les mettoit à l'échelle.

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Sz Abbaye Sainte-Genéviène a Paris;

On condamnoit encore au bannissement. En i3oo , /ht bannie de la terre de Saînte-Genéi-'iève , sur peine d^être brû/ée {c)o') , ou pis si elle déserte, Marguerite Lenglesche, pour bordel {cji') qu'elle resseroit en son hôtel.

Il existoit encore une autre espèce de supplice. Au défaut de l'échelle, on enfouissoit le condamné, à demi corps, en terre , et il restoit ainsi expesé pendant quelques heures. L'extrait suivant le prouve :

L'an de grâce i3o2 , fut enfouye Amelotte de Crisleiiil , prise à Rungys (gz) ,pour ce qu'elle aiwit emblé {()3) deux ceintures, deux anneaux , une aumosnière de soje ,, eic, etc. (g^) Ceci devoit s'exécuter sous les fourches patibulaires , qui étoient alors très-mul- tipliées.

Dans la terre et seigneurie de Borrest dépendant de Sainte- Genévlève, il existoit un usage assez louable. Quand quelque habitant en avoit injurié ou frappé lui autre, on l'obligeoit à rendre satisfac- tion à celui qu'il avoit offensé , puis on les faisoit embrasser tous deux. L'aggresseuremmenoit ensuite quelques-uns de ses amis , et prenant avec lui luie certaine quantité de viandes , il les alloit manger chez celui qu'il avoit outragé ; et la réconciliation étoit consommée (gS).

Jean de Roissy , étoit de Roissj, petit bourg dans le voisinage de Pai'is. Il fut privé de son bénéfice par le Pape ; à l'exemple de ses prédécesseurs il fut très-attentif à augmenter le domaine de Sainte-

( go ) Il faut enlendriî seulement par ces mois une espère de torture, ( 91 ) Ce mot vient de bord qui , dans la langue saxonne , signifie une p; tite maison. Puis on a dit en latin barbare borda , el ensuite, par diuiinulif bordellus et bordellum ^ en françois bordel et bordeau ^ parce que les filles de mauvaise vie ne logent ordinairement que dans une maison petite et de peu d'apparence. .Voyez Ducange sur JoinviUe , p. 63. ( 92 ) Terre appartenant à l'abbaye.

(93) Embler ou ambler siçnii\oi\ frauder les droits , il vouloit dire, Jrauder , ou aussi dérober , prendre. On lit dans une ancienne rédaction des commaudemens da Pieu :

L.'avoir d'autrui tu n'ambleras Ne retiendras à ton escient.

(94) Hist. manusc. de Sainfe-Genév. , 1. VI , p. 838.

( 95 ) Hist. inanuscr. de Sainte-Geneviève , 1. YI , p. 760.

Abbaye Sainte-Genévikve a Taris. 33 Geneviève. En iSoy , il obtint dans un parlement une décision qui lui assLiroit le droit sur tous les biens vacans et sur les bâtards dans la dépendance de son abbaye. Il mourut en iSoy et fut enterré dans le cloître. On lisoit sur sa tombe :

Hic Jacet mitissimus hoiiœ niemoriœ fraler JoANNEsde RossiACO quondain abbas hujus ecclesiœ , qui obiit an. MCCCVI die octobris.

Jean de Saiiit-Leu passa uhe partie de sa vie à recevoir des donations en faveur de son abbaye , à défendre les privilèges dont elle étoit en possession , et à lui en acquérir de nouveaux.

Jean de JBorret fut élu en 1834. Il eut diverses commissions qui annoncent l'importance des abbés de son tems.

C'est sous cet abbé qu'un jeune clerc , nommé Jean Hubaut , de la maison du roi, institua le collège de l'Ave Maria. Ce collège dépendoit de Sainte-Geneviève , et il y avoit une somme alïéctée à l'entretien des cbanoines qui y étudieroient.

Jean de Borret obtint que le collège de Navarre , cpoique bâti avant qu'il fut abbé , entretiendroit deux boursiers choisis par lui et le couvent.

Vanves , village voisin de Paris , étoit aussi un domaine de Sainte-Geneviève. Il s'y faisoit tous les ans une cérémonie le jour de la Trinité , qu'on appelloit la féLe de l'Epée et de la Rose. Une épée de vingt sols étoit le jn-ix destiné à celui qui couroit le mieux depuis la porte Saint-Michel , ou porte d'Enfer , jusc|u'à la porte de Vanves. (^uant à la rose , c'étoit un présent de la valur de trente sols , fait à une meschine (96) qui pouvoit être mariée dans l'année. Les valets de Vanves faisoient les frais de ces deux prix.

Il s'éleva à ce sujet une contestation assez sérieuse entre les religieux

(ijô) Meschin , mesquin, sigiiifioit dans le moyen ;1ge un pauvre homme ou un valet , ainsice mot indique ici une servante. On disoit en picard mechain, c'est delà qu'est venu le nom propre mechin , et l'épithèle de mesquin que nous avons donné aux choses de peu d'apparence.

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34 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. et les liabilans. Ceux-là préîendoient , comme seigneurs avoir le droit de présider à celle cérémonie et àe faire le cri , c'esl-à-dire, de donner signal pour commencer la course ; ceux-ci soutenoient au contraire C[ue depuis un lems immémorial ils éloienl en posses- sion de permettre cette fête à leurs valets et de foire le cri , et que rien ne justiGoIt la réclamation des religieux. Les esprits s'échauf- fèrent au point qu'il y eut une espèce de défi , et cjue des paroles on en vint aux maiias. Plusieurs habitans furent battus et maltraités par les officiers de Sainte-Geneviève^ ce qui engagea un procès criminel , qui se termina enfin à l'amiable par une transaction en 1842 : le droit de présider ou de faire le cri fut abandonné aux religieux ; pour réparation de leur entreprise téméraire, les habii tans s'engagèrent à venir en la place se faisoit le cri , et , l'un d'eux devoit dire , en présence du maire et du jDrocureur de Sainle-Genéviève : Seigneur , je confosse au nom des habitans de Vanves que le crj et don de Rose et d''Epée appartient aux religieux de Sainte-Geneviève , et que les empescheinens que les habitans y ont mis , à tort tj ont mis , et l'amendent ausdits religieux : promets que doresnavant , ils ne les empescheront ez choses dessus dictes. Ils furent de plus condamnés à pajer pour dépens, dommages, intérêts 5oo livres à l'abbaje.

Robert de la Garenne, d'abord camerier et puis abbé, confirma la donnation du collège de V^i>e Maria et en ajîpronva les régle- niens , dont un assez remarquable oblige les boursiers et leur maître d'assiter aux grandes fêtes à l'office des chanoines , si toute-fois ils le permettent , et d'accompagner la châsse loi-squ'elle sortira du monastère , en marchant devant elle les pieds nuds , l'un après l'autre , en portant chacun un cierge.

Sous ce même Robert il j eut à Paris une procession générale pour la délivrance de Calais assiégé depuis six mois par Edouard III , roi d'Angleterre. Il j assista en habits pontificaux.

Nombre de collèges se trouvoient dans la censive de Sainte-Gene- viève. Les maisons acquises pour la construction du collège de Navarre furent amorties , du consentement de l'abbé et des reli-

Abbaye Saint e-G e n e v i è v e a P a n i s. 3fj gîeux, qui néanmoins s'y réservèrent , par l'acte de 1840, les droits cun'aux et paroissiaux , et de pouvoir placer comme boursiers deux écoliers pour y être instruits et entretenus jusqu'à l'âge de seize ans (97).

Jean de T^iry joua un r^rand rôle dans les afTaires ecclésiastiques de son temps. En 1849 il donna , dans l'église de Sainte-Geneviève, la bénédiction nuptiale à Jeanne de Nantes, comtesse d'Auvergne et de Boulogne , et à Jean , duc de Normandie , qui , un an ajjrès , fut sacré roi de France. En i35i, par une bulle de Clément VII, il l'ut nommé Juge et conservateur de l'ordre de Citaux. Il assista à plusieurs cjiapitres qui lui confièrent des missions très-importantes , telle que celle de visiteur-général des monastères de Paris. Le pape Clément lui envoya aussi des bulles qui le nonrmoient juge et conservateur de l'ordre de Citaux.

L'abbaye avoit pour chancelier , en i36o , Geoffroy de Saint, Germain , fils de Jean de Saint Germain , docteur-ès-loix.

Jean des ^rdennes s'occupa, beaucoup des affaires temporelles de sa maison. Ce fut lui qui fît restituer à Sainte-Geneviève le droit des poi s et mesures sur la place Maubert , et dans d'auti-es lieux oii ils avoient été usurpés. Il fut enterré dans le cloître avec cette épitaphe-

Hic jacet , bonœ niemoriœ , dominns Joannes de ArdennA abbas hujus ecclesiœ , magister in artibus et licenciatus , doctor doctorum prcecipiius in omni scientiâ et pietate prœclarus , qui obiit anno domini MCCCLXIII.

Pendant plusieurs siècles, les monastères et les communautés étoient presque les seuls endroits on cultivoitset on enseignoit les scivmces et les lettres. L'abbaye de Sainte-Geneviève eut une école d'où sortirent des hommes célèbres , et elle eut d'habiles professeurs , entr'autres le malheureux .Abailard ( 98 ) et Pierre Lombard son disciple.

(97) Hist. inaniisc. de Sainle-Geiiéviève , 1. VI , p. 782.

(';8) Pierre Ahailard i\\&-^)^vi:x d'abord l.i philosopliie dans l'école de Notre- D=i'Tie, qui riv.-ilisoil ^ilors avec celle de Sainle-Genéviève. Il avoit succédé à Guillaume de Champeaux son maître qui s'étoit retiré à Saint-Victor ; et lui-même se retira quelque temps après à Sainte-Geneviève , il continua de professer.

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36 Abbaye Sainte- Geneviève a Paris.

Il paroîf que jusqu'en i2i5 , l'on donna à FUniversité nn recteur , nommé Capitale Scholanim , l'abbé et le chancelier de Sainte-Geneviève , faibo;ent les fonctions de cette charge, et en exerçoii-nt tons les droits. Néanmoins, malgré ce changement, les sceaux de l'irniversité restèrent entre les mains de l'abbé, jiisques vers l'an i366 c[u'ils en furent retirés , pour être déposés au collège de Navarre ( 99 )• " -

Jean de Bassemain fut , comme ses prédécesseurs, immiscé dans les grandes afiàires. Sous lui arriva le fameux schisme occasionné , par la nomination de Clément VII et d'Urbin VI à la papauté. En 1869, sous ce même abbé, fut déposé à Sainte-Geneviève le bras de Saint-Thomas que les dominicains avoient obtenu du pape , et lorsque la translation s'en fit aux jacobins, le roi Chai'les V précéda le cortège , et son frère soutenoit un bâton du dais qui couvroit la relique. Cette cérémonie fut une des plus pompeuses de ce genre.

Le 7 mars 1878 les sergens du Châtelet offrirent de donner une imag^ d'argent à cette église pour expier la témérité qu'ils avoient eue d'en briser les portes et de prendre un homme qui s'y étoit retiré. Comme l'église avoit été polluée, on fut obligé de la bénir de nouveau; et il fallut que l'évêque de Chartres vînt à Paris exprès, parce que les moines ne s'adressèrent point à l'évêque de Paris, et que ceux qui j étoient alors s'y refusèrent ( 100 ).

Josse Ghisil succéda à Geoffroy de Saint-Germain dans la dignité de chancelier. Il fut destitué en i38i , et remplacé par Jean Maugeon.

Après lui Jean le Merle , ou le Merleux , fut à-la-fois chancelier et aumômer.

Etienne de la Pierre , attentif à conserver les privileg.es de sa maison , fit confirmer par le parlement le droit de soustraire tout ce qui étoit de la dépendance de son abbaye , de la jurisdiction de l'évêque de Paris. En 1404 l'église Gallicane , dans une assemblée, le nomma juge , conjointement avec d'autres abbés, pour connoître

(99) Hist. m.miisc de Sainte-Geneviève, 1. V, p. 611 et suiv.

(100) LeLeufj hist. de Paris, T. 2, p. 326.

Abbaye S a i n t e-G e n é v i è v e a Taris, 3j ai loutes les causes, qui par leur nature ne dévoient point élre portées devant le Saint Siège. Il mourut dans la même année.

François de Nojon prêta son serment à Charles VI en 1406, et mourut à Avignon. Le parlement s'assembla à Sainte-Geneviève eu 1409. Il assista au concile de Pise.

Vers l'an 141 1 la chancellerie de l'abbaje fut conférée à Martin le Chat.

Radulfe Maréchal fut d'abord abbé du monastère de la Toussaint à Angers. On n'étoit plus au tems d'amasser des richesses , il fut même obligé de mettre en gage les riches colfrets étoient les reliques. Partisan déclaré des Armagnacs , qui soutenoient le dauphin Charles VII et le roi Charles VI , il eut beaucoup à souffrir des Bourguignons. Il étoit très-lié avec Tanaquil du Châtelet , comman- dant de Paris, et concerta avec lui la fuite du dauphin , qui se ré- fugia, en 1418 , à Melun il résida.

.Cet abbé mourut le 5 d'août 1426.

Sous Charles VI, un boucher séditieux , nommé Goy , ayant été tué en Beausse par les Armagnacs , son corps fut apporté à Paris et enferre à Sainte-Geneviève , « où, selon Juvénal des Ursins (ici) » on lui fit moult honorables obsèques , autant que si c'eust été un » grand comte ou seigneur, et j fust présent le duc de Bourgogne « avec foison de peuple ».

Ce boucher étoit vaillant ; il emporta les regrets de son parti. Céloit un des trois fils d'un boucher d'auprès de Sainte-Geneviève, qui se signalèrent dans la sédition des cabochiens , et allèrent avec Caboche , leur chef, suivi d'une immense populace, mettre le feiï au château de Bicêtre , que le duc de Berrj avoit fait peindre et enrichir (102).

Robert Mi chou , à Maresia jirè.s Laferté-Milon, fut élu abJ^é en 3426. Il prêta son serment l'année suivante entre les mains de Bedfort , régent de France pour son neveu Henri , roi d'Angle-

( loi) Paganiol,T. VI, p. 65.

( 102 ) Piganiol de la Force , T. VI , p. 66. Sauvai , t. i , p. 64s.

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38 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. terre, qui se disoit roi de Fiance. En 1480 , il fit avec le principal du collège de iNavai-re des réglemens pour le collège de Y^ve Maria, doni ils supprimèrent les bourses à cause de la misère des tems. Il mourut en 1402.

Les abbés de Sainte-Geneviève ayant le droit de porter la mitre , en avoient une très-précieuse pour les princij^ales cérémonies. L'an 1486 , lors de la guerre avec les anglois , la grande mitre fut en- gagée pour les nécessités du monastère , moyennant cent saints d'or (io3). Une autre, enrichie de perles, fut vendue , en 1660, pour les réparations de l'église.

En 1440, l'abbé de Sainte-Geneviève, wovavaa. Jean Dupiiis chancelier; mais quelques difficultés étant survenues, on substitua à celui ci Philippe Langlois , qui devint ensuite abbé.

Pierre Caillou mourut dans un âge fort avancé. Il est enterré dans le chapitre. Voici son épitaphe :

Hic jacet vir vitœ laudabilis honœ memoriœ R. in christo pater Domiims Petrus Cailllou , abbas quondam hujus venera- bilis monasterii Sanctœ Genovefœ qui anno MCCCLXXXIX religioneni dicti monasterii i?igressus , quampluriina o(Jiciuruin gênera exercendo in Jineni usque laudabiliter perseverans , post multos labores hujus vitœ diem clausit extremum , anno Do- mini MCCCCLXVI. die xxvii augusti, animœ ejus cuni beatis requies. yiinen.

Le XX abbé , Jean Bouvier , fit faire des orgues sur le modèle de ceux que Louis XI lit faire à Cléry. Il donna en main-morte une maison pour faire une école de médecine.

( io3 ) Le salut éloit d'or fin de soixante-lrois au marc, et valoit vingt-cinq sols ; cette monnoie fut appellée salut à cause de la salutation angélique qui y éloit représentée. Elle parut en 1441 , sur la fin du règne de Charles VI , il est le seul des rois de France qui fit frapper de cette monnoie. Henri VI , roi d'Angleterre, pendant qu'il posséda une partie de la France, en fit faire de même poids , de même valeur et au même titre.

Voici

Abbaye Sainte-Geneviève a P a u i s. 09 Voici son épitajîhe :

Nomine Rohertus , vir prudens alque disertus Et dignus tiliilo , claudltur hoc iumulo (104).

Jean Bouvier, 28'. abbé de Sainte-Geneviève, mourut le 19 no- vembre 1479, il est enterré dans le cloître. Voici sonépitaphe:

Hic jacet monasLicœ vilœ zelalor niaxinius , et author , ulr rehgione , et fama , commendcitissimus reverendus in christo pu ter Dominus JoANNf.s Bouvier , hujus inclyti monastcrii abhas.

Philippe Langlois fut promu en 1479. Trois ans après le ton- nerre endommagea , d'une manière étrange l'église , le cloître et le dortoir. Pour léparer le dégât, cet ab',é obtint du pape Sixte IV, pour cinq années , des indulgences plénières à tous ceux qui visite- roient l'église de Sainte-Geneviève à certains jours, et donnéroicnt de leurs biens pour rétablir les bâtimens c[ui a\ oient été brûlés. La même bulle accordoit à tous les prêtres qui confesseroient en ces jours-là , dans cet église, le pouvoir d'absoudre des cas réservés. Le pape Innocent VIII prorogea ces indulgences pour trois ans. La recelte fut abondante et produisit beaucoup au-delà de ce qu'il falloit pour remettre les choses en meilleur état qu'elles n'étoient avant l'incendie (io5). Langlois mourut en 1488.

Le 6 juin 1488 le tonnerre tomba sur l'église. Le cloclier fut brûlé, les cloches furent fondues, et plusieurs endroits de l'alj- baje renversés. Pour réparer tous ces dommages , Sixte IV offrit des secours , en accordant des indulgences pendant cinq ans ; In- nocent VIII les prolongea pour trois années (106).

Geojf'roy Marie mourut chancelier en 1491.

Philippe Cousin reçut en i5io, la dédicace d'un poëme épique de Pierre Dupont, aveugle, de Bruges en Flandre, qui ayant recouvré la vue , et attribuant ce miracle à la puissance de

(i04)Hist. de Seiinte-Genév. , p. 386.

( io5 ) Dumolinet , liist. man. ds Sainte-Geneviève , 1. IV chap. 3; , p. 899.

( 106) Jaillol j rech. sur Paris, XVII quart., p. 84.

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40 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. Sainte-Geneviève , avoit composé ce poë'me en sou honneur. Cet nbbémourul le i8 avril 1021.

Jean Babil Ion brigua cette charge; voyant l'abbé mal disposé pour lui , il s'en fit pourvoh- en cour de Rome ; mais celui-ci de l'avis des principaux de l'Université , l'empêcha d'exercer. Le pré- tendant , malgré les provisions obtenues des papes Innocent VIII et Alexandre VI , ne put effectivement se mettre en possession qu'il n'eût reçu la commission de l'abbé qui , cédant aux instances , la lui accorda en i5oo. Il mourut en ij2i.

Guillaume Leduc fut commis par la cour en 1325, pour inter- roger un jacobin accusé , au parlement, de luthéranisme. Il mourut en iS'ij , et fut inhumé devant la porte du cloître sur l'aile droite de l'ëiilise.

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Philippe-le-Bel , celui qui étoit curé de Saint-Elienne-du-Mont en iSSy, et qui devint ensuite abbé, fut nommé à cet office; mais il ne l'exerça point , il s'en démit peu après , car la même année Jacques yéymery lui fut substitué. Ce dernier avoit enseigné la théologie dans les écoles de Sainte-Geneviève.

Par un jugement rendu le 3 août i533, les moines de Sainte- Geneviève acquirent le droit de nommer un pharmaci;_'n pour visiter les drogues qui se débitoient dans le faubourg Saint- Marceau (107).

Philippe Z6'i<?/ reçut du pape plusieurs commissions importantes. Le relâchement fut tel sous cet abbé qu'en iSSg le parlement or- donna par un arrêt , d'informer des abus , fautes , scandales , mal- versations et déformitéz qui se faisaient en P abbaye de Saint e- Genévièi^e. Ce fut entre ses mains que , l'an i55o , le premier jésuite fit profession en France dans l'église de Sainte-Geneviève. II se démit de son aljbaye en iSSy , sous de grandes réserves , et mourut l'année suivante. On l'enterra auprès de Guillaume Leduc son prédécesseur.

Macé ou Mathieu Masle succéda à Phi!ippe-le-Bei en 1540. II mourut en 1572. II paroît que Macé ne conserva point la chan- cellerie jusqu'à sa mort, puisque celle de Robert Oudet , son suc-

C 107 ) Gall. christ. , p. 769.

Abbaye S a i n t e - G e n é v i è v e a Paris. 41

cesseur , d'abord prieur de la maison , ensuite curé de Saint-Elionne , puis chancelier, arriva la même année.

Nico/ijs Judas, prieur de Nanterre , n'exerça api-ès lui que pen- dant quelques mois.

L'iiistoire doime pour successeur à Nicolas Judas dans la charge de chancelier, Pierre Ljard qui mourut en iSyg.

Joseph Foulon qui vi voit du temps de la ligue, tint fortement: au parti du roi. II eut une grande part dans la reddition de Paris à Henri IV. Sa mort arriva en 1607 ; je reviendrai sur son histoire , en décrivant sa tombe placée au milieu de la chapelle de Notre- Dame de Mi.^éricorde.

Benjamin de Brichanteau mourut de la peste en juillet i6ig. On le déposa sous la même pierre que son prédécesseur. Son épitaphe éloit ainsi coucue.

Hic eodem eomponilur tumulo Dominus Benjamin de Brichanteau

Episcopus ,

Jit dux Laïuiunensis Cornes d'anissj Et par Erancice ; ^hbas et religiosus professus

Hujus moiiaslerii ; Qui nobilitate sic pietate clarus Obiit an. MDCXIX. 111 Jdus Juin (^ loÇ)).

Bernard le bourguignon , choisi par Foulon pour lui succéder au titre d'abbé , est mort chancelier et curé de Saint-Etienne en 1617.

Après la mort de Benjamin de Brichanteau, les religieux de Sainte-Geneviève élurent pour leur abbé Philibert de Brichanteau ^ son frère qui ofïrit de prendre l'habit de chanoine régulier , sous la régie de Saint- Augustin; mais le roi ne voulut jamais conSrmer

( 108 ) Le i3 juillet.

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42 Abbaye Sainte-Geneviève a Parts;

son élection, et nomma d'office le cardinal de la RociieJ'oucaiih] pour cette fois seulement. Ce fut sous lui et par lui rjue s'opéra une grande reforme dans l'abbaye de Sainte-Geneviève (109).

Pour l'j introduire , cet abbé appela le père Faiire avpc douze religieux de la maison de Saint-Vincent de vSenlis , lesquels pr rent possession de l'abbaye de Sainte-Geneviève le 27 aviil 1624. Ce fut dix ans après que s'établit la triennalité des abbés réguliers de Sainte-Geneviève, la primatie de cette abbaye cbef de l'ordre , et que les religieux prirent le titre de chanoines réguliers de la con- grégation de France. Le cardinal mourut en 1645, comme on va le voir dans son épitaphe , quand je décrirai son tombeau.

Les chanoines de Noire-Dame venoient plusieurs fois l'année en procession à Sainte - Geneviève en signe d'amitié et de confra- ternité (iio), («n les invitoit particulièrement le mercredi des roga- tions et le jour de la fête patronale a se rendre au réfectoire. , après un discours latin en l'iionneur de Sainte-Geneviève , prononcé par un religieux, on présentoit, en mémoire des eulogies (m) que Saint-Germain envoya à Sainte-Geneviève , des gâteaux bénis, sur lesquels étoit la figure de cette Sainte. On faisoit cette bonneirr, non- seulement aux chanoines de Notre - Dame , mais encore à leurs officiers. Ces gâteaux étoient appelés, dans les vieux titres, eschaudati, ohlatre, galetœ. On envoyoit quantité de ces eulogies aux amis de la maison.

■( 109 ) On fera à ce sujet une observation assez singulière ; c'est que les ré- formes qui ont frappé l'ordre des chanoines réguliers en France , ont presque suivi les races des rois , naissant avec elles et finiss nt avec elles. Ainsi la première eut lieu lors de l'entrée des Francs dans les Gaules, et a duré autant que les rois de la première race. La seconde s'effectua sous Cliarlemagne , et s'éteignit avec les Carloviugiens , la troisième arriva sous les enfans de Hugues, Capet. Enfin la quatrième et dernière fut arrêtée sous Louis XIII après l'ex- tinclion des Valois.

(no) C'étoit une espèce d'association spirituelle stipulée par des actes entre des monastères voisins ou éloignés, f lie consisloit principaleinent à s'engager de prier réciproquement pour les défunts de chaque maison.

(m ) De jv bon et a/joi, discours.

Abbaye SAiNXE-GENéviÈvE a Paris, 43

Cet usage date environ du X^, siècle , et dura 5 00 ans. Mais le vin qui n'étoit pas oublié , causa , comme c'est assez l'ordinaire dans une grande réunion d'hommes , des violences et des excès qui don- nèrent lieu de supjjrimer ce banquet fraternel. Il fut arrêté par le cardinal de la Rochefoucault , alors al^bé , mais avec l'agrément préalable des chanoines de Notre-Dame, qu'on se contenteroit de leur présenter des pains bénis à l'église (112).

Charles Fawe , premier abbé supérieur-général de la congréga- tion, après la réforme, fut continué d'une voix imanime en lôSy.

Suivant Dumolinet (i j3) , la terre et seigneurie de Nanterre avoit été donnée à l'abbaye par Clovis , et la possession de ce domaine confirmée par Clothilde. La paroisse éloit fort ancienne, puisque le roi Chilpéric j fit baptiser son fils. Mais ensuite une chapelle ayant été Italie sur le puits même Geneviève puisa de l'eau pour rendre la vue à sa mère , elle devint la paroisse habituelle. Le P. Paul Seurriei- , premier du nom , en fut curé. De son tems les chanoines réguliers arrêtèrent d'j établir un pensionnat. On doit regarder la reine ^nne cT Autriche , mère de Louis XIII , comme fondatrice de cette maison. Etant venue à Nanterre , elle v fut reçue, le 26 mars 1642 , par l'abbé de Sainte-Geneviève. On lui réserva l'honneur de poser la première pierre , dans laquelle on mit difTérentes médailles d'or et d'argent et l'inscription suivante : Anna Austriaca Francice et Nai'arrœ regina in B. Genoi-'efam urbis adeoque orbis gallici patronam , eximium. pietatis mouunientuni priniarium hûiic et angu/arem lapidem posuit noniine et titulo fundatricis : anno Domini MDCXLU , ZJi-bani VIII pontijicatus XIX , Ludo^ vici XIII.

Le même Paul Beurrier supprima une fondation assez singulière , faite par une fille de ce bourg. Elle étoit destinée à payer quatre joueurs de violon , qui dévoient accompagner le chœur le jour de la Saint-Jean, à la messe et aux autres offices. Mais les jeunes gens

(112) Hist. manusc. de Saiute-Gencviève , etc., liv. IV, p. 541. (ii3Hist. manusc. de Sainte-GenéTiève , liv. VI, cliap. 4 et 21 , p. yiS et 795.

/5?

44 Abbaye î> a r \ te-G e x é v i è v e"' a' Paris.

de Ja paroisse trouvèrent plus agréable de s'en servir pour danser toute la nuit.

Outi-e le^ droits dont les habitans étoient grèves , cbaque famille , excepté les hommes de corps ou serfs de Sainte-Geneviève qui de- meuroi{;nt sur le cimetière, devoit 'tous les ans , le l'-ndemain de Pâques, au maréchal de France, un pain de la grandeur du fer d'un cheval , et un denier.

François BoularL obtînt après lui ce titre dans un chapitre général.

Son prédécesseur fut réélu pour la troisième fois en 1648. Dans le chapitre qui eut lieu à cette occasion , on institua les définiteurs à la pluralité des suffrages, au nombre de huit , parmi lesquels deux furent choisis pour servir d't/^5/5/a/75 au général. On y nomma aussi quatre visiteurs de l'ordre pour trois ans. La mort du P. Faure précéda d'un an celle du cardinal de la Rochefoucault. Il fut inhumé dans le chapitre , se trouvolt son épitaphe :

H I C J A C E T

Rei'erendissim.us in christo pater CarolusFaure Hitjiis domus abbas Ordinis canonicorum regularium Congregationis Gallicance Hoc sivculo instaurator jic prinius prœpositus generalis Vir ad magna quœque natus. Magnus ingenio , memorid , eloquentid , eruditione. Major animo , labore , constantiâ ; Maxinius modestid , religione ; Supereminens charitate : Qui collapsajn ubique ferè galliarum Canonicœ vitce disciplinam Primas erigere cogitavit ; Consiliiimque tam ardinnn et cœpit Jpse adolescens et senibus dédit ,

Abbaye S ain t e-G e n é v ik ve a Paris. 43 Mux ut opère impleret Faventihus Gregorio XV et TJrhano VIII p P. M M.

Anriuenle Liidoinco justo

Franciscorum rege christianissimo ;

Opcram prœhente Francisco cardinale Rupifucaldo , (114)

ylspirante in omnibus ,

Et super omnes

Dco optimo jjiaximo Çii^).

Primàm in sancti Sylvanectensis domo (116)

TJbi Deo se devoverat

Tù-in in hdc Sanctce Genovefce ,

TJbi Deo (piamplurimos devovit,

Tanto conalu , tan toque successu insudavit ,

X]t cauonicorum coïoniis per varia

Passim cœnobia deductis

\Ainplissimum ordinem , diu misère

Deformatum , brevi féliciter iiistauraverit ;

Demùm aucta quinquaginta monasteriis

Sud congregatione Cocteris ejusdem ordinis eamdem subInde

Disciplinam certatim amplecientibus

Post conditas ad canonicœ fitœ normani

Optimas leges , ipse viua lex , ipse suoruni

Régula, magik quam rector

In animis Jiliorum

Quos prope innumeros

Christo genuit

( 114 , La Rochefoucauld

{ii5 Ces cinq dernières lignes depuis rege ^ etc., ne se trouvent point dans le manuscrit de Sainte-Geneviève. C116J baiut-Selve,

\hî

46 Abbaye S a i n t e - G e n é v i è v e a Paris;

Sternum victurus ohiit ,

Prid. non, novemb. ^nj) cvino salutis

M. D C. X L I V.

Glatis pêne L, professionis XXX (118).

François Blanchart , après la mort du P. Faure et en verlu de la démission du cardinal de la RochefoulcanI , confirmée par des bulles de Rome , devint le premier abbé triennal titulaire , et fut continué en 1647.

Piejre Giiillon , chancelier , fit décorer à ses frais la chapelle de Noîre-Dame de Miséricorde. Sa mort arriva en septembre 1647.

L'année suivante il eut pour successeur le P. Jean Fronleau , après lequel vint Pierre Lallemant.

Antoine Sconin remplaça , comme abbé supérieur général , François Blanchart , qui lui après lui réélu cjuatre fois de suite.

L'abbé de Sainte-Geneviève , comme conservateur des privilèges ecclésiastiques , avoit un tribunal connu sous le nom de chambre apostolique. L'auteur de l'histoire manuscrite de Sainte - Gene- viève (119) nous donne une longue liste des ordres religieux, des églises cathédrales et collégiales , des abbayes , collèges et hôpitaux qui étoient dans son ressort. De plus , à titre de conservateur, il devenoit en qaelc[ue sorte le vice-gcrent du pape , et en cette qualité, avoit le droit de décerner des monitoires.

On a été jusqu'à croire que ceux qui étoient fulminés d'un mo- nitoire de Sainte-Gené\ lève perdoient insensiblement la santé , et mouroicnt d'ordinaire dans l'annép. Ces moratoires n'éloient j^as seulement restreints au diocèse de Paris , ils avoient aussi cours dans toute la France, En i656 il en fut délivré un sur arrêt du conseil privé , à des marchands Arméniens , dont le vaisseau avoit été pillé, pour être publié dans l'étendue des évêchés de Normandie , de Bretagne, et de la Guyenne (120),

( 117 ) 4 Novembre.

(118) Nous reviendrons sur Faiire à l'article des illustres Genovéfains.

{ 119 "■ Liv. V , p. 597.

(120) lîisi. moiius: de Sainle-Geiiéi lève , L. V , p. 6o3,

François

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. 47

François Boidart , élu abbé pour la seconde fois en i665, mourut en 1667. Voici son épitaphc :

HIC J A C E T

Reverendlssimiis paler

Franciscus Boulart

^bbas liiijus ecclesiœ

Et canonicorum regularlum congre gationis

Galllcanœ II prœpositus generalis

Vir tanquilliLate animi , lenilate morum ;

Vitœ innocentid conspicuus ;

Ecclesiœ, religionis , disciplinœ amantissimus]

Moris antiqui reiinentissinius

Quem in rébus gerendis dexleritas , sagacitas ,

Et Jides

In dignitatib^s exercendis integritas et modestia f

In laboribus assiduitas et diligentia y

In adversis et prosperis cequahilitas

Et constantia.

Suis mirijicè charuin atque utilem

Magnatibus noluni probatumque

Omnibus gratum et spectabilem reddideruni

Qui dùm pro ordine canonico

^tque Jidc domo regid

Prœclara niulta operatur

Et pura cogitât

Ohiit

V Jdus januarii (121) anno salutis

M. DC. LXVII. œtatis LXII.

œtatis LXIX professionis XLV.

(lil) Leg Jajuier.

45"^

48 Abbave Sainte-Geneviève a PAnis.

François Blancliart reparoît encore comme a])]jé pour six ans. Ainsi il fut lionoré neuf fo!s de ce titre. La mort l'emporta en 1674. Sa tombe étoit clans le chapitre ; on j lisoit cette épitaphe ;

HIC J A C E T

Reverendissîmiis pater Franciscus BlanchArt

'^A.hhas hujiis ecclesiœ

Et canoniconim regidariiim

Congregationîs Gallicanœ

III pj-œpositiis gejieralis^ ,

Vir corporis digiiitate , mentis prœstantiâ

Vitœ œquahilitate , morûm innocentiâ ,

Et sermonis gratiâ spectabilis.

In tractandis rébus , regendis animis dexteritate

Complectendis suis quotquot erant charitate,

^c dii^ijïorum affectu singularis ,

Qui nodùm abbas et prœpositus generalis electus

Diirn hanc domum XXT^II annos piâ et assiduâ

Sollicitudine

Régit , ornât , amplifient :

Et mira quâdain summœ lenitatis ac

^uthoritatis moderatione ,

^^cutam à se quinquaginta monasteriis congre gatîonem

Conciliât , fiovet , promoi>et ;

Quce semper providerat , spiritu magna vidit ultima ,

^Ique per totos sexdecim menses

j4.cerbissimis morbi cruciatibus probatus

El Deo dignus inventus

In spe

Abbaye Sainte-Geneviève a P aris. 4g Immorlalitatis plenâ

Obiit ^

VII Jdus fehruarii (122) anno salutis M. DC. LXXV. ^tatis LXIX , professionis LIX.

Le Père Paul Beurrier , le remplaça et Ht deux triennats qui expirèrent en 1681.

Phllbcri, TesLeleste exerça huit ans les fonctions de chancelier, et mourut le 4 juillet 1681.

Jean-Baplistc Danlecoiirt est le dernier des chanceliers dont l'auteur de l'histoire de Sainte-Geneviève nous ait donné le nom (i23). Le chancelier de l'Université éloit pris , comme je l'ai dit, parmi le3 religieux de Sainte-Geneviève j son droit consistoit à examiner les professeurs ou maîlres qui se presentoient pour enseigner; à les rece- voir et les déposer à son gré; enfin , à donner la licence, c'esl-à-dire , le pouvoir d'enseigner , non seulement dans le ressort de la jurisdiction de l'abbaye, mais encore jjarlout ailleurs. Après le serment fait par les candidats cpii prometloient de se bien acquitter de leurs fonctions , le chancelier debout et découvert , disoit :

Ego authoritate apostolorum Pétri et PaiiU , in hac parte inUii commisse, do vobis liceutiam , legendi , disputandi et determi- nandi , cœterosque actiis scholares seu magistrales exercendi in, facultate artium Parisiis, et ubiqiie terrariun.

Le chancelier se retiroit après cela à côlé d'un autel qui étoit auprès de la porte du chœur , et il recevoit les remercîmens de ceux qu'il venoit de licencier. Telles sont en partie les formalités -qu'on observa d'abord. Mais le cérémonial changea, et se fit avec beaucoup plus d'appareil, et à l'ancienne formule on substitua celle-ci: J<los cancellarius Sanctœ Genovefœ et universitatis Parisiensis, aiicthoritale apostolicd , qiiâ fimgimur in hac parte , damustibi po- testatem legendi , docendi , disputa/nii , determinandi , cœterosque actus scholasticos et magistrales exercendi Parisiis et iibique

( 122 ) 7 Février.

(laS) Dumolinet , liv. V, p. 629 et suiv.

G z

4Co

6o Abbaye Sainte-Geneviève a Paris; teirarurh. Ensuite le chancelier, après trois bénédictions , mettoit à chaque candidat le bonnet sur la tête , en disant : Lauream magisz ierii capiti tuo imponimus.

Il paroît que l'abl^é de Sainte-Geneviève étoit chancelier de l'Université , et que depuis la reforme arrivée en 1 148, jusqu'en 1200, il en fit les fonctions.

L'abbé a voit le droit de nommer le chancelier, et de le révoquer. On peut en avoir la preuve dans un arrêt du parlement, lequel en maintenant l'abbé dans le droit ai établir un chancelier et de le des- tituer, déclare bonne et valable la nomination de frère Jean Mau- geon , au lieu et place de frère Josse Chysil, chancelier révoqué.

Il n'étoit pas de rigueur cpie le chancelier fût niaître-ès-arts ; mais il falloit qu'il eût un docteur en théologie pour sous-chancelier, qu'il nommoit, ainsi que les examinateurs ; et tous prétoient serment entre ses mains , en présence de la faculté.

Erard Florio , après avoir été prieur de Sainte-Catherine de Pdri5 et rempli plusieurs autres fonctions importantes , devint abbé de l'ordre en 1681 : dignité dans laquelle il fut continué trois ans après. Il mourut dans le cours de son second triennat, et fut in- humé dans le chapitre , l'on voyoit son épitaphe.

HIC J A G E T

Rererendissiiîius in Christo pater Erardus Florio t, ^bbas hujus ecclesiœ Et canonicorum regul. congreg. Gallicance VI us. prcepositus generalis secundo electus. Excelso vir animo et forti ; In oheundis muneribus laboris ultra vires patientissimus

Diuini cul tus fia gr ans amore et studio Eruditione , prudentid , modestie, candore spectahilis. Ea imprimis in omnes caritate Quam apostolus cœlesti penicillo descripserat.

Abba-ïe Sainte-Geneviève a TAnis. 5i Indè mira ejiis in conciliandis sibi suorum affectibus ^ In fouenda mutua et religiosa concordia , In promerenda magnatum exisdmatione , qnasi natifs a facilitas. Cœteràm disciplina regularis legwn et canonum seivantissimus, Sic tamen , ut nulli , nisi sibi diu-us essct. Taeduui iiostrœ cougregatioins ^mor , de eus , exèJnpluin , praesidium, Corpore , non animo dejiciens CcbIo maturus Obiit Die i^Januari MDC. LXXXV. œtat. LXîlL profess. XLIV.

Le triennat d'Antoine TVatrée , comme ceux de son prédécessenr, n'offre rien de remarcpable. Mort en 1688, il fut également in- humé dan5 le chapitre avec celle épilaphe.

HIC J A C E T

Reverendus admodiim P. Antonius Watrée

Priuius assistens

Quondam prœposilus generalis

Et abbas VII liujus ecclesiœ.

Obiit

XXI Juin. M.DCLXXXVIII, œ/.z^. LXXVII , projess, LVL Requiescat in pace.

Depuis le cardinal de la Rochefoucauld , l'abbé et supérieur général de l'ordre venanl à mourir , étoi! remfilacé, de droit, par le premier assistant ; seulement il devoit êire confirmé dans sa place par un chapitre général. Il y a lieu de croire qu'en vertu de ce privilège, Antoine Watrée , ayant convocpié le chiipiire au i3 septembre i685 , celui-ci n'agréa point son élection , ou qu'il n'eut le titre d'abbé qu'environ huit mois après , puisque les auteurs de la Gaule

iQ

Sz Abbaye SAiNTE-GENÉviÈrE a Patiis: chrétienne (128) placent à la même époque la promotion de i^ra«ço/s. Mori/i que l'on continua en 1688.

L'épitaphe de ce dernier se vo_yeil au milieu du chapitre. HIC J A C E T Reverendus admodàm P. Fran'CIScus Morix IIi/jus ecdesiœ bis electus abbas , 'Ac octauus canonicor. reguh congregat. Gallicance Prœpositus geiierjïis. Obiit anno Domuù M. DC^XCI. I>îe XVI iiovembris , astatis LXXII , professionis LIT. Jean-Baptiste Chaubert remplit à son tour deux triennes qui expirèrent en lyoS. Sa tombe placée dans le chapitre, portoit cette inscription.

HIC J A C E T Reverendissimus pater Joannes-Bapt. Chaubert

Abbas hujus ecclesice Et canonicorum regular- congregat. Gallica?iœ Prœpositus generalis , Virmorum candore et innocentia,pietate,zelo,charitatespectabiUs'. Ardui muneris partes omnes magnd cum laude sustinuit y Ipse omnium lex et forma Multa ad honorem Dei , ordinisque splendorem Adversa licet sœpius valetudine Magiio animo suscepit et executus est. Plura meditabatur , Sed morbo correptus lethali y Fide y spe , charitate ardens cœloijue maturus , Jnier suorum manus et orationes .animam Deo reddidit

Die Iir Maii Anno Saintis M. DCCIII œtatis LXI profess. XL.

(1^4) T. VII, p. 810.

Abbave Saint e-G e n e v i è v t: a P a n i s. 53 Claude Puj-is , élu en 1706, mourut environ cinq ans a]irè>. L'histoire place après lui Jean de Montcnay qui mourut en 1707. Voici son épilaplie.

HIC J A C E T

Reuerendus admodiim P. JohannES de MontenAY

Hujus ecclcsiœ ter electus ahbas , .^

\^c tioniis canonicor. regiiL congregat, Gallicance Prœpositits generalis. Obiit ^Anno Domlni M. DCCVII , œtati. LXXIV profess. IIL (124).

La dignité d'abbé fut ensuite conférée à Jean Polinier ou PaiiUnier qui la conserva jusqu'en 171 5.

Elle passa à Gahrielle de RiberoUes qui fut prorogé en 17 18. C'est à son zèle que l'on doit le corps de bâtiment de la biblio- thèque tel qu'il existe aujourd'hui. Il fut construit en grande partie anx frais du trésor puljlic. Le duc d'Orléans, régent , posa la pre- mière pierre, dans laquelle on scella une table de cuivre portant cette inscription :

Régnante Ludovico XV Sub moderamine Philippi Aurelianensium ducis Nofa tandem exurgit œdijicii moles Splendorem regali magnifie en ti a non indignum bibliothecœnostrce

Conciliatura Plaudite et opej-is aulhorem agnoscite.

Invictîssimum Philippuni Aurelianensem Ludovici Magni ex unico fratre nepotem iinicum , tall patruo atauisque regibus von absimilem , Imperii Gallici supremum administratorem , honarum artium parentem doctrina excultissimum. Is prœ innata erga libérales disciplinas propensione canonicam proto-regalem San Genovefiœam mnltis ornât benejiciis , quœ vir ut génère sic meritorum lande insig-nis Marcus-Renatus de Vojer de Paulmy

(125) C.-à,-d. XL VIII.

ict

54 A BB AYE S A INT E-G ENÉ VIE VE A PARIS.

viarcllio cî' Argensoii , regiornni siglllorum custos JidelissîmiiS nobls pêne inscis.

Ultro expetiit Cito impetrauit. 'Auspiclis tum felicibus. 'Abbatc Gahriele de Riberolles congregationis prœposito Àmio Domini CO- O- CCXX- V. oal april.

Appositus est Munifica îpsiusmet ser^nissimi prîncîpis manu.

Primarius lapis Monumentum heroi maxlmo haiid impar ALre et marmore perennius. On frappa aussi des médailles à cette occasion. Son prédécesseur après deux nouveaux triennats , mourut en 1727. Ce l'ut sous cet abbé que Charles-Maurice Letellier , archevêque de Rheinis, légua par testament sa bibliothèque d'environ 16,000 volumes à la maison de Sainte Geneviève. Il eut son épitaphe dans le chapitre :

HIC J A C E T

Reverendissimus pater Johannus Polinier

Mou. Sanctce Geuot-'efœ

"Abbas et canonicorum régal, cougregat. Gallicanœ

XII pirrpositus generalis ;

Fuit alla mens illius et vasti regiminis capax ;

In povidendls negotiis acumen singulare ,

In tractandis mira solertia , rara celeritas in conjiciendis :

Animus sibi constans semper,

Nec fractus adt^ersis , nec pericuUs territiis :

Frimo auditu austera indoles , reipsa facilis omnibus

Chara singulis , ipsis arnica magnatibus ,

Nunquam nisi Titiorum ininiica :

Jliectus morum ténor ad pietatcni seciandam

Generosus

Abbaye Sainte Geneviève a Paris. f).*!

Generosiis ad profitendain , ad persuadendam ejjlcax :

Tandem plenus dierum cuin suoriuii luctu

Obiit

Sexta martil anno M. DCC. XX\ II. œtat. LXXXI profess, LXIIF.

On voit encore reparoître Gabriel de Riberolles jusqu'en lySS , il mourut.

Pierre Siitaine gouverna l'ordre pendant deux triennats de suite.

On lui donna pour successeur, en 1789 , François Patot , dernier abbé cité par les auteurs de la Gaule clirélienne ( 136).

Je ne ferai qu'indiquer simplement ceux qui lui ont succédé depuis cette époque. Leurs noms sont Deloime , Revoire , Viallet, Gérj , et Rousselet. Celui-ci fut le dernier abbé. Il étoit en fonctions en 1790, tous les monastères ont été supprimés en France. .

Après avoir donné l'histoire de cette célèbre abbaye , nous allons nous occuper de sa description et de celle des monumens qu'elle renfermoit.

Il y a plusieurs opinions sur les difTérentes époques des construc- tions et des réparations de ce monument.

Il paroit que l'édifice , tel c[u'il se voit aujourd'hui , a été bâti par partie dans les XI , XII et XIIP siècles , mais sur les anciens fonde- mens de l'ancienne église détruite par les Normands.

On peut même croii-e qu'une partie de l'ancienne bâtisse ayant résisté , a été conservée ; car l'abbé Etienne , qui vivoit sur la fin du XII* siècle , ne s'étoit proposé c[ue d'y faire les réparations néces- saires , sans penser à la rebâtir en entier ; c'est lui qui fit garnir en dehors la vieille muraille et qui en fit ôter la mosaïque. On en voit encore les traces aux murs de la nef, et surtout en dehors du côté méridional. Ces murs , ainsi cju'un autre vestige asse;z caractérisé en dehors du sanctuaire du même côté , sont ce qu'il y a de plus ancien dans cet édifice , et ce que l'on pense appartenir à l'ancienne église de Clovis ; du reste les piliers , les portails et les voûtes sont des XI , XII et XIIP siècles.

Ce qui prouve encore que l'église , telle qu'elle est aujourd'hui ,

(126; Gall. thnst., T. VII, p. 81 j.

H

10

55 Abbaye Sainte-Geke vie v e a Paris. fut reconstruite sur les anciens fondemens , en laissant subsister une partie des gros murs extérieurs , c'est ?a forme qui n'e?t point en croix latine , comme sont toutes les églises postérieures au XP siècle, c'est la ceinture du sanctuaire bâtie en rotonde et construite ainsi , pour s'assujétir aux anciens fondemens , et à cet égard on peut re- marquer que les temples bâtis par les premiers chrétiens étoient , d'une forme circulaire.

Les barbares du Nord s'étant ensuite approprié l'archilecture des Romains , en la défigurant , avoient bâti leurs églises sur les modèles qu'ils avoient soias les jeux.

Ce qui achève de prouver que l'on a conservé une partie des murs, en s'assujétissant pour le reste aux premiers fondemens , c'est une grosse colonne très-court - qui se voit encore près de la porte par laquelle on alloit à Salnl-Etieuue , elle est engagée dans le mur , elle n'a que six pieds de haut , ce qui fait voir que le sol de l'église a été relevé depuis. Son chapiteau, qui est d'architecture vraiment gothique , est simplement orné de larges feuilles d'acanthe mal formées , accompagnées de deux gros tores , l'un est au-dessus et l'autre au-dessous, le tout surmonté d'un socle très-massif débordant de beaucoup le reste du chapiteau et taillé en biseau. Cette colonne est placée au milieu de deux arcades cintrées en plein et qui ont été fermées depuis. Sa structure courte, massive, barbare et sans pro- portion , prouve bien qu'elle faisoit partie de l'ancienne église brûlée par les Normands. ^^

Les deux arcades furent construites en 1222 , lorsque l'on bâtit la paroisse Saint-Etienne et lui servirent d'entrée unique , afin qu'elle demeurât toujours incorporée à l'abbaje , qui conserva long-tems son autorité sur cette église, la restreignit à différentes servitudes et même conserva les fonts baptismaux jusqu'en 1624 (127).

On voit encore aujourd'hui que les murs crénelés qui entourent l'abbaye et ses dépendances circonviennent aussi l'église de Saint- Etienne , bâtie seulement dans le XVI^ siècle.

( 127 ) Hist. abrég. de l'égl. rie la ville et de l'iinh^ de Paris , par un docteur en théol. de la f. de P. 1728, in 12, t. II , p. 4.

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Abbaye Sainte-Geneviève a Paris.

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C'est sans cloute par le sanctuaire que Ton a Icrnilné la iccons- ti'uclion de l'église , comme l'indiquent les piliers , ieiu-s chapiteaux , ainsi que les orncmens qui sont plus modernes d'un siècle environ.

Le portail de Sainte-Geneviève , Planche I , n'a rien de remar- quable que sa grande nudité. Il consiste en trois portiques ornés de petites colonnes couplées , dont les chapilaux sont ornés de feuilles de lierre , au-dessus du portique du milieu est une rose. Le tout est surmonté d'un grand pignon plat; terminé en pointe en forme de pjramide.

Les portiques sont du XIIP siècle , mais adaptés au reste du portail , qui paroît être en partie du XP siècle , et même pourrolir bien avoir é:é rebâti sur les débris de l'ancien , ruiné par les Normands.

Ces portiqaes ne peuvent être les mêmes que ceux que le nécro- loge dit avoir été faits aux dépens d'un nommé Maigauld , qui a vivre du tems des chanoines séculiers. Ils son!: d'une structure pos- térieure à cette époque.

On remarque dans les ogives des portiques des vestiges de peinture à fresque dont ils ont été décorées, à l'imitation de l'ancien portail, l'on voyoit l'histoire des patriarches , des prophètes et des saints, en mosaïque.

Au côté méridional du portail, à l'entrée de la maison abbatiale, on voit un ancien bâtimeni assez haut qui louche d'un côté en retour ce portail; et de l'autre , est flanqué d'une tourelle terminée en pointe. La structure de cet édifice étant de la même construction , et par conséquent du même tems que le portail , dément ce qu'avance Piganiol , « que de tous les anciens bâtimens , il ne subsiste phis que 3) l'église (128) ».

Une maison moderne et fort unie, qui est à côté, renferme un corps- de-garde , sur l'enhée duquel on a adossé un pérjstile d'ordre de Pestum , consistant en f[uatre colonnes , avec corniche et attique , ce qui contraste assez bien avec la gothicilé de la vieille Sfe. -Geneviève.

De on appercoit le haut delà tour de l'église, dont l'architecture

(128) Toiii. V., p. 287.

H 2

\ih

^8 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. flilfêre encore. Cette tonv a été construite en diflërens tems , il n'y a cpie le bas qui soit du XI^ siècle , ce" qui s'apperçoit par sa. construc- tion semblable à celle du tems de Philippe I, C'est l'ouvrage que fit faire le préchantre Tliibauld, comme le marc^ue le nécrologe (129).

Les autres étages sont beaucoup plus modernes , l'étage supérieur surtout; car le tonnerre étant tombé sur la tour, le 6 juin 1488, en avoit brûlé la charpente, fondu les cloches, fort endommagé la couverture , en sorte que toute la partie siq^érieure fut refaite du tems de Charles \ III , ce c|ue l'on remarque aisément par la déli- catesse de ses ornemens.

Elle est carrée et terminée parnne galerie à entrelas, accompagnée de quatre petites pyramides à la manière raoresc|ue ( i3o).

La nef n'étoit éclairée que par des fenêtres petites et étroites , ensorle qu'elle étoit triste et sombre; huit colonnes, quatre grosses et c|uatre petites , formoient seulement une espèce de séparation avec les bas côtés qui régnoient autour de l'église jusqu'au rond point.

Les chapiteaux des grosses colonnes étoient sculptés grossièrement et représentoient les signes du zodiac[ue ; ceux des petites colonnes étoient à pans - coupés et n'avoient que des feuilles d'acanthe. Ces chapitaux portoientdes faisceaux de petits piliers morescjues plus modernes , qui , en formant des arcs en ogive , soutenoient la voûte; cette espèce de second ordre étoit postérieur d'environ un siècle.

Il y avoit dans chaque bas-côté trois chapelles prises dans l'épais- seur des murs. Elles avoient été reconstruites et ornées jaar le cardinal de la Rochefoucault.

Ces chapelles , absolument semblables , étoient ornées dans l'inté- rieur de revêtements de marbre en compartimens , de différentes couleurs, et à l'extérieur, d'une architecture aussi en marbre, con-

( 129 ) Siiprà.

( i3o ) Dans un ouvrage intitulé Curiosités de Paris, avec figures, par M. L. R. Paris, Saiigrain , 1716, in-12, on voit, page 187, cette tour avec une flèche 5 et cjuoique les gravures de cet ouvrage soient grossièrement faites, elles sont assez exactes. Auroit-ellc été rebâtie ainsi après l'incendie, et ua nouvel orage auroit-il abattu la flèche ?

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. iuj sislant en deux pilaslres corinthiens posés sur leurs piédeslaux et soutenant une corniche et un fronton du même ordre.

Elles étoient dédiées à St. Denis, St. Etienne, St. Laurent, St. Louis, Sainte Geneviève et St. François, patrons de fa France, de la ville de Paris, de l'abbaye et du cardinal. Ces saints éloi^nt repré- sentés dans les tableaux d'autel , cpii n'avoicnt rien de remarquable du côté de l'art.

Sur le fronton des chapelles on avoit placé les armes de France , de la ville , de l'abbaje , cjui étoient les mêmes cjue celles de France à l'exception qu'au lieu de la couronne on y avoit substitué la mitre et la crosse, et enfin celles de la Rochefoucault , cpii porloit : burclé d'argent et d'azur, à trois chevrons brisés, de gueules sur le tout.

La nef éloit séparée du chœur par un jubé de même architecture avec revêtement en marbi-e , comme celui des chapelles j^récé- deJiles. Il porloit une galerie c[ui se continuoit autour du chœur et servoit de base à un grand crucifix , accompagné des figiu-es de la Vierge, de Madeleine et de St. Jean, sculptées en pierre et plus grandes c|ue nature.

Au-dessous du jubé il y avoit deux chapelles aux cotés de la grille du chœur, semblables aux précédentes et dont les tableaux représen- toient St. Pierre et St. Paul.

L'architecture du jubé et des chapelles de la nef éloit lourde , les ornemens d'un mauvais goût , et les tableaux médiocres.

Mois ce qui attiroit l'attention des amateurs des arts , c'étoit quatre grand tableaux, ex voto , d'une dimension semblable et supérieure à celle de tous ceux qui étoient à Paris (i3i). Ils avoient été donnés parle corps municipal de cette ville.

Le premier, à gauche, placé en 1696, peint par Nicolas de Lar- gillière , représentoit le prévôt des marchands , eu robe mi-partie de rouge et de violet ; les échevins et tous les officiers du corps de ville de Paris , aussi en habits de cérémonies, (182) réclamant Tinter-

( i3r ) Ils avoient environ 17 pieds de haut sur 14 de large. (i32) Les robes des échevins , mi-partie noires et 1011 ges , celle du greffier toute rouge.

[U

6o Abbaye Sainte-Geneviève a Pauis. copsion de Sainte Geneviève , pour obtenir la cessation de la séche- resse ; dans une gloire au-dessus, la Sainte prosternée, implore la majesté divine ; des nuages épais et sombres , d'où la pluie se répand de tous côtés , indiquent que sa prière est exaucée , et répandent un ton \ ajjoreux sur tout le tableau , ce qui produit un très-bon effet. (]e morceau est un des chefs-d'œuvre de ce peintre, le plus habile de l'école Françoise pour le portrait. Il s'y est peint lui même. Ce - tableau d'une composilion riche et pleine de feu , d'une touche libre et légère , est d'un dessin assez pure mais manière. Les têtes bien peintes et d'une ressemblance parfaite , n'ont cependant pas la froide roideur des portraits et concourent toutes à l'ensemble de la com- position ; mais rien n'égale la beiuité des mains, que ce peintre fai- soit comme Wandick , et le parti qu'il a su tirer des grands plis et de la variété des élofïës des robes des magistrats. Comme LargilHère ne tourmenfoit pas ses couleurs , le ton est frais et moelleux et a mieux conservé sa vivacité que les autres, c[uoique plus ancien.

C'est dans ce tableau que Largillière peignit Santeuil, enveloppé dans son manteau noir , au lieu de laisser paroître son rochet. Le poëte ne fut pas plutôt informé de cette malice pittoresque qu'il s'en plaignit au prévôt des marcliands ; cette plainte , en beaux vers latins» est intitulée ; In votwa tahella ad aedem D. Genovefae , pîctiis frau- didenler conqueritur ex albo SanLoUus niger, ad. Cl. Bose urbis prœfectum.

On obligea Rigaud à donner quelque satisfaction à ce poëte , dont la poésie et' la latinité rappellent le siècle d'AugusIe.

Un autre tableau qui n'éloit pas sans mérite , quoiqu'inférieur à celui de Largillière, est celui peint par François de Troy, le père.

Il représente les cérémonies observées lors de la descente de la châsse , avec le fond du chœur et de l'église , comme il étoit orné lorsqu'elle fut descendue à l'occasion de la famine produite par le froid rigoureux de 170^; sur le devant on voit le prévôt des mar- chands et les échevins de la ville de Paris en grand costume , au nombre de dix à douze , implorant à genoux la protection de la Sainte.

Ce tableau ,\\\n des meilleurs de ce peintre , est bien composé , d'un

I

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. 6i dessin correct et d'un coloris assez harmonieux, quoique tirant sur le jaune. Il est d'un fini précieux malgré sa grandeur. Les têtes ont de l'expression.

Le troisième tableau étoit placé en face de celui de Largillière , à l'endroit étoit primitivement la sépulture de Descartes, que l'on transportât devant la colonne en face.

Il fut fait à l'oGcasion des grandes pluies de l'année 1726, qui mé- naçoient de ruiner les moissons. L'artiste y a peint la France les cheveux épars implorant Sainte Geneviève placée sur un nuage, les yeux et les mains élevés vers le ciel.

Une des plejades avec son urne semjjle vouloir noyer les cam- pagnes; mais un ange se jette sur l'urne, la redresse et arrête linon- dation, tandis qu'un vent d'Est dissipe les nuages et ramené le beau teins.

Ce tableau peint par de Troy , fils , ne ^aut pas celui du père; il y a du génie et de la chaleur dans la compo,>ilion, mais il est à peine t rminé , le dessin en est peu correct et les caractères de têtes mes- cjuins ; pour le coloris il est faux, blafâtre et sans harmonie; Sainte Geneviève y est d'un blanc de cire , tandis que d'autres figures sont toutes rouges. D'ailleurs le mélange du christianisme et de la mythologie n'est pas plus heureux en peinture qu'en poésie.

Le quatrième tableau peint en 1740 par Tournières, représente les actions de grâces rendues par le corps de-ville pour la convales- cence de Louis XV, après sa rnaladie de Metz. Il est mieux que le précédent, pour la couleur et l'harmonie, mais il est mal dessiné et foiblement composé ; Tournières réussissoit mieux dans ses petits laljleaux qu'il finissoit très-précieusement.

Ces quatre grands tableaux étoient encadrés par de larges bordures richement sculptées et dorées , dont les ornemens étoient relatifs au sujet. Le haut porloit les armes de France , et le bas celles du prévôt des marchands et officiers de ville , avec un cartouche ou des devises tirées de l'écriture sainte , le sujet du tableau et les noms du prévôt des marchands , des échevin'S , etc , y étoient inscrits.

Ces tableaux c[ui nous retracent des costumes abolis , des usages singuliers, qui, quoique récents, ont presque acquis pour nous ,

63 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris.

par le cours rapide desévénemens, le caractère de l'antiquiré, méritent d'être conservés sons le double rapport de l'art et de l'histoire.

Le tombeau de René Descaries éloit au pied de la première colonne de la nef, à droite en entrant j depuis cpi'il j avoit été transporlé, comme nous l'avons remarqué plus haut. Il étoit fort simple et con- sistoit en un médaillon renfermant son buste peint sur marbre, accompagné d'instrumens des sciences mathématiques et posé sur la corniche d'une table de marbre blanc , prenant le contour de la colonne. Voyez Flanelle , 11 Jig. i.

L'épitaphe suivante étoit gravée sur cette colonne.

Descartes dont tu vois ici la sépulture , A dessillé les yeux des aveugles mortels, El gardant le respect que fon doit aux autels , Jjcur a du monde entier démontré la structure. Son nom par mille écrits se rendit glorieux ,• Son esprit mesurant et la terre et les deux. En pénétra l'ahjme , en perça les nuages : Cependant comme un autre il cède aux loix du sort , Lui qui vivrait autant que ses divins ouvrages , Si le sage pouvait s\rlfrancliir de la mort ( i33 ).

Au-dessous de cette épitaphe, une autre table de marbre blanc encadrée d'un marbre noir antique, renfermoit celle qui suit :

Renatus Descartes

Vir supra tiiulos omnium rétro

Philosaphorum , nobilis génère,

\Armoricus gente , Turonicus origine ,

In Gallia , Flexice (i34) studuit ;

In Pannania , 7niles meruit ;

f l33 ) Celle épitaphe est de Gatpar de Fieubct , chancelier de la reine Marie Thérèse d'Autriche et conseille* d'état. (i34) A la !• lèche.

In

/(îii

Abbaye Saint e-G eneviève a Paris. 63

In Batailla , pliilosoplius delituit ;

In Suecia , vocatus occuhiiit :

Tanti viri pretiosas reliquas

GalUarum percelebris tune legatus

Petrus Chanut, ChrlstincG

Sapientissimœ reginœ , sapientum

^matrici , iiwidere non poliiit ,

I^ec vindicare patriœ , sed quibus licuit

Cumulatus honoribus peregrinœ terros

Mandavit int'itus ; ^nno Domini MDCL , mense febr. X

^tatis LIX

Tantum post septeni et decem annos ,

In gratiam christianlssinii régis

Ludovici decimi quarti

Virorum insigniuni cultoris ,

Et renumera'oris procurante

Petro Delibert

Sepulchri pro et amico violatore ,

Patriœ reddita sunt ,

Et in isto Urbi et artiuni culmine

Positce : ut qui viç>us quid exterwn otiurti

Et Jamam quœsierat , niortuus

j</pud suos cum laude quiesceret , suis ,

Et exteris in exemplum

Et documentum futurus.

I nunc vialor ,

Et dii-'initate , irnmortalitatisque animée

Maximum et claruin assertorem , aut jam

Credere felicem , aut precibus redde ( i34).

( 184 ) Les uns atlribiient celte épitaphe à Clerselier^ les aulr. s au P. LalUmant^ chanoine régulier de Sainte-Geueviève et chancelier de l'Universifé.

l

M 9

64 Abbaye Saint e-G eneviève a Paris.

Ce médaillon et les deux inscriptions qui l'accompagnent sont aujourd'hui au musée des Augustins (i35).

Descartes est trop connu pour m'arrêter à son éloge. On n'ignore pas que son génie a étendu , reculé les limites du monde philoso- phique. La hardiesse de sou système lui attira en France une foule d'ennemis, dont les persécutions le dégoûtèrent , pour ainsi dire, de sa patrie ingrate. Appelé à Stockohn par Christine, reine de Suède , il céda volontiers à ses instances. C'est une honte pour ses contemporains de n'avoir pas envié à une princesse étraiîgère l'hon- neur de récompenser un talent aussi rare. Descartes mourut à Stockohn le 11 février i65o, à l'âge de 53 ans. Il fut enterré le lendemain, suivant le cérémonial de l'église Piomaine , dans un endroit du cimetière des étrangers , on l'on inhumoit les catholiques. Cet enterrement se fit d'une manière très-simple , aux frais de sa succession. Dix-sept ans après sa mort, ses restes furent transportés en France , à la sollicitation et aux dépens de M. Dahbert , tré- sorier de France et son ami. Ils arrivèrent en France au mois de janvier 1667 , et furent mis en dépôt dans une des chapelles de l'église de Saint-Paul, puis transportés, avec un convoi pompeux, le 24 juin de la même année, à huit heures du soir, dans l'église de Sainte-Geneviève-du-Mont , ils furent reçus par l'abbé et les cha- noines réguliers avec un appareil magnifique. Le lendemain on fit un service solemnel, le P. Elanchard ^ abbé et supérieur général de la congrégation , officia pontilicalement. L^ne chose re- marquable , c'est qu3 le P. LaUeinatit , chancelier de rUnisersilé qui a voit préparé une oraison funèbre, reçut un ordre de la cour qui lui défendit de la prononcer.

Le cerceuil fut mis dans un caveau entre deux chapelles de la partie méridionale de la nef , M. Dalibert fit placer le buste , en marbre , du philosophe , et au-dessous les deux inscriptions que j'ai rapportées.

On a présenté diflérentes pétitions à l'assemblée constituante pour placer les restes de Descartes au Panthéon : ils sont actuellement déposés au musée des Augustins dans l'urne de ])orph_vre qui ornoit

( i35J Au c°. 180.

Abbaye Saint e-G £ n e v i è v e a P a n i s. 65 à Sainte-Geneviève l'avenue. Le conservateur y a mis celle i)is- cription : Cartesii ossa au i.

Assez près de Descartes, et du même côté de l'église , a été déposé le cœur de Jacques RohauU , un des plus zélés ©t des plus habiles disciples de ce philosophe.

La partie inférieure offre un bas-relief qui représente ce philo- sophe drapé à l'antique , écrivant sur un rouleau ; un globe est placé entre lui et une figure de la religion qui lui sert de pendant; au-dessus est un cartel entourré de lauriers et d'une draperie dont deux anges ou deux génies relèvent les coins d'une main , tandis qu'ils tiennent de l'autre rnie lunette et des instrumens d'astronomie.

Le monument est terminé sur le haut par une croix entre deux lampes sépulcrales. J^ojez Planche II, Fig. 2.

Sur le marbre noir du cartel on avoit gravé en lettres d'or l'ins- cription suivante , composée par Santeuil :

D. O. M.

Et œternœ memoriœ Jacobi Rohault , yi/nbiani , celeberrimi quondam MaLheniatici et philosophi , Cujus COI' lue reposituni. Discordes jam dudiim œquis rationîhus amhcç, Et natura , et relligio sibi bella movebant : Tu rerum causas Jidei et mysteria pandens , Concilias utrqsque et amico fœdere jungis. Munere pro tante , decus immortale sophorum , Hoc memores posuere tibi venerabile bustum. Quos ununi doctrina facit , cofnpingit in iinum , Doctaque Cartesii ùssa hoc rnarmor corque Roalti ; Has tanti exuiias hominis Lienardus ad aras ^ppendit Jidi ojjiciis cumulatus amici. Positum 1675. Rohault , comme tous les savans , vint à Paris pour acquérir et

I a

^n

66 Abbaye Saint e-G eneviève a Pari s; se perfecrlfjniier. Il se lia d'amitié avec un nommé C/erselier, c]m , charmé de trouver en ce nouveau disciple l'enthousiasme c[n'il avoit pour Descartes, lui donna sa fille en mariage. L'étude approfondie qu'il fît des ouvrages de son maître , lui inspira le dessein de com- poser ce fameux traité de physique , qu'il ne publia qu'après dix ou douze ans d'enseignement , et qui mit le sceau à sa répulation. Ce traité est une espèce de fanal qui a garanii de bien des écarts ceux qui ont suivi la même route. On peut regarder Rohauît comme le réformateur de cette science. On a encore quelques autres ouvrages de ce ^îhilosophe , qui mourut en léyS à l'âge de 55 ans.

Les figures sont assez bien composées et drapées , le reste étoit médiocre et d'un mauvais goût.

On montoit aux bas-côtés du chœur par un perron de sept marches, au milieu duquel étoit l'escalier qui condiiiso t à la crypte. Ces bas- côtés se réunissoient au chevet de l'église en rond point , qui étoit d'une construction postérieure à celle du reste de l'église , il éloit plus large que le chœur et moins large que la totalité du bâtiment , en sorte qu'il empiettoit sur la moitié des côtés latéraux.

C'éloit sur-tout par les chapiteaux et les ornemens des cintres qu'il étoit ai-.é de voir que cette partie étoit plus moderne que le reste.

Les deux piliers les plus près du chœur éloient formés par un grouppe de deux colonnes engagées , dont les chapiteaux sculptés plus délicatement que ceux de la nef étoient ornés de fers de lance et de feuilles d'acanthe. Les deux autres piliers éloient flanqués d'une grosse colonne accompagnée de deux petites , toutes engagées dans la masse du pilier comme les précédentes ; leurs chapiteaux étoient chargés de figures et leurs plattes-bandes de nattes. Les cintres en ogives étoient ornés de bâtons rompus en forme de dentelés.

Ces bas-côtés , ainsi que le rond point , renfermoient plusieurs chapelles et diverses sépultures.

Les chapelles étoient celles de Saint-Jean-Baptiste et de Saint, Thomas de Cantorbéry au raidi , de Sainte-Clothilde au milieu, ^et de Saint-Germain , évêque d'Auxerre, de l'autre côté.

La chapelle de Saint-Jean- Baptiste étoit du XVP siècle, et resscmbloit pour l'architecture à l'église de Saiut-Eustache.

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Np Lx.yy./^/. P'j/r oy^

Mieliel ItiriM

Abbaye Saint e-G eneviève aParis. 67

C'est dans celte chapelle que l'on vojoit le tombeau du cardinal de la Rochefoucault, sur le côlé gauche en entrant, clans une grande arcade décorée de pilastres, moulures et rosaces dans l'épaisseur du cintre, au-dessus duquel étoient les armes du cardinal.

Le cénotaphe étoit de marbre noir antique, orné de feuilles de refans dans la gorge et de goudrons sur la partie convexe , porloit sur un socle chargé d'entrelas et autres sculptures. Ce socle , ainsi que les autres ornemens, étoit de marbre blanc veiné. Il formoit un avant- corps au milieu et soutenoft une large table de marbre noir, occu- pant la plus grande partie du tombeau, et sur laquelle étoit un écusson renfermant les armes de l'abbaje , entourées de feuilles de lauriers retombant en guirlandes. Voyez Planche III.

Ce tombeau portoit une statue de mai'bre blanc , grande comme nalure , qui représentolt Fran(^ois de la Rochefoucault ; il étoit à genoux, les mains jointes, vêtu des babils relatifs à sa dignité. Sa robe, très-longue, étoit portée par un enfant qui lui servoit de caudataire (i36). C'est ce qui fait dire à Sainte-Foix : « Je suis » étonnée que l'extravagante imagination qui a créé ce page , au lieu » de le laisser à moitié nud, ne lui ait pas donné la livrée (iSy) ».

Au surplus il n'y avoit rien d ingénieux dans la compesition de ce monument , et même le tombeau étoit d'une mauvaise forme ; mais la figure du cardinal étoit bien exécutée et d'un dessin correct ; on remarquoit sur-tout les draperies , dont les plis larges et bien jetés , imitoient parfaitement la nature. La figure de l'enfant étoit insignifiante et mal des.sinée (i38).

Ce monument étoit de Philippe Buister , srulplenr bruxellois, dont on voit plusieurs ouvrages dans le parc de Versailles.

Sur la table de marbre. noir on lisoit cette épitaphe :

Eminêntissimo S. R E. Ccirdinali

Francisco de la Rochefoucault

^ntiijua et peritluslri stiiye o iuiido ,

(iSô) On appeloit ainsi ct-liii qui porioit la queue de la robe d'un cardinal.

(iSy), Essais hisl. sur Paris , I75y.

(i<38) Celte statue est au musée des monumens français, n" 178.

i/î

68 Abbaye Saint e-G e n- e v i è v e a Paris.

Doctrinâ , pietate et omni virtiituni

Génère celeberrimo

Primiun Claromontano , deinde

Sylvanectensi episcopo ;

j4.ntiquœ religioiiis et ecclesiasticce

Dignitatis acerrimo defensori ;

Rerum et consUiorum publicorum

In Gallia , quondam prœsidi ^

Et adininistratori integerrimo ,•

Summo Galliarwn elemosinario ;

Et opliino pauperum parenti.

Religiosorinn ordinum

^manti$simo patrono ;

Regularîs canonicoriun Sancti ylugiistini

Disciplince vindici ac restituturi ;

Hiijus domûs ahbati religiosîssimo

^c munificentissimo benefactoii :

Hoc superstitis et ceterni amoris , ac

Obsert^antiœ monumentuni

Trlsti religione mœrentes posuenint

"^bbas et canonici regulares huj'us ecclesiœ.

Titulum Abbatiœ , qiiem ante ipsuin

Nemo 77 isi istiiis domus canonicus posséderai ,

Hiiic eidem familice i-estituit ;

Ossa eJ7is in s7ibterraneo specu sacelli

Inferions jacent.

Obiit anno Domini M. DC. XLV. XIV Jebruarii

^tatis LXXXVII.

En face du tombeau du cardinal on avoit placé un grand tableau ex veto, dédié à la Vierge, à Sainte Geneviève et à St. Denis; il éloit peint sur toile, de neuf pieds de haut sur sept de large.

1

ABBAYE Saint e-G eneviève a Paris. 6g

L'artiste avoit pris le momeut son personnage , sur le point de périr, est secouru par les Saints auxquels il s'est voué. Une inscrip- tion placée sur la bordure , donne la description de ce tableau.

« Un parliculier traversant la forêt de Gros-Bois , près desCamal- » dules, tombe de cheval, la jambe embarrassée dans Télrier, le » bras droit pris avec son fouet dans une haie, l'autre tenant la bride. » Etant près dépérir , dans cette situation il se recommande à la Vierge, » à Sainte Geneviève et à St. Denis. Dans le moment , le ciel vint à. » son secours , et il fut délivré ».

Plus bas on a mis. « Ce particulier a voulu rendre publicpie , par 5) l'exposition, la grâce singulière qui i'a sauvé; inais l'orgueil n'étant » point le motif cjui lui eu fait désirer la publicité, il* a trouvé bon » que l'artiste sacrifiât le protégé à ses libérateurs ». C'est-à-dire , que contre toutes les règles de l'art, l'action principale se passe dans le lointain dans le fond du tableau on l'apperçoit à peine , tandis que les personnages célestes sont grands comme nature , quoiqu'en haut du tableau; ainsi ou auroit pu ajouter que 1 artiste y a aussi sacrifié le bon sens', sa réputation, la composition et la perspective , même le dessin et le coloris , car c'est le plus mauvais tal^leau que Dojeji ail fiiit.

Cependant , malgré son style maniéré , ses contours heurtés et le peu d'harmonie de son coloris , cet artiste ii'étoit pas sans talens ; il avoit du génie, et ses compositions sont pleines de feu; on en peut juger par le grand tableau c[ui étoit à Saii?t-Roch, et qui représentoit le mi- racle des Ardcns j^ar Sainte Geneviève. Dans le tems le public , gâté parle mauvais goût d'alors, lui donna la palme sur celui de St. Denis, peint par Vien , qui étolt en face. Ce dernier étoit sage, d'un dessin pur et d'une manière qui sentoit l'étude de l'antique ; aujourd'hui aue l'on est l'evenu à la méthode de ces gi'ands modèles, c[ui seront tou- jours les guides de l'art, sans lesquels on ne pourra que s'égarer, on rend plus de justice à Vien, à qui on est redevable d'avoir, seul, malgré la contagion d'alors , conservé le stjle pur de l'antiquité et des maîtres d'Italie. C'est de son éeole que sont sortis les David, les Vin- cent, les Renaud, les Suvée, etc., etc.

La chapelle de Saint Thomas de Cantorbérj , située sous la tour

l^h

yo Abbaye Sainte-Geneviève a Paris.

de l'église, n'olFroit de remarqualile qu'un extrême obscurité, ce qui

obligeoit d'y enlretenir conlinuellement une lampe cilltnnée.

La chapelle du milieu, positivement au chevet de l'église, exisloit dès l'an 1170; aussi paroîssoit-elle hors œuvres du chevet de l'église qui lui est postérieure. Elle avoit sans doute été réunie, car il paroît que c'éloit une chapelle séparée ; elle étoit carrée et on y avoit incrusté dans le mur extérieur une Sainte face.

Cette chapelle appelée d'abord dj Saint Médard, avoit pris ensuite le nom de Sainte Clothilde.

Le gtillage qui étoit au-dessus de l'autel renfermoit cinq châsses faites et ornées par les soins de l'abbé Philippe-le-Bel; celle du milieu, d'argent doré , contenoit le corps de Sainte Clothilde depuis qu'il avoit été relevé du tombeau à côté de celui de Clovis. Les quatre autres de bois dorés renfermoient, 1°. les os de Sainte Aide ou Sainte Aidde , compagne de Sainte Geneviève, aussi enterrée dans cette église; 2°. les reliques de St. Céran ou Céranne , vingt-cinquième évêque de Paris dont le tombeau éioit à la gauche de celui de Sainte Geneviève, dans l'église souterraine (on l'invoquoit pour le mal de dents) ; le chef de St. Baudell , martjr , réclamé pour les enfans en chartre ; et plusieurs reliques diverses.

Dans l'une des chapelles du côté septentrional , on voyolt un vi- trail rejnésentant un St. Guillaume debout , tenant un livre sur lequel posoit un casque ( 189) ; en face est Sainte Geneviève, jeune et jolie, aussi debout, vêtue comme on représente Sainte Catherine, ajant de même une couronne antique à pointes sur la tête, d'une main elle tient un cierge et de l'autre un livre , au-dessus d'elle au milieu du tableau, un diable nud , avec ses cornes, ses grillés aux pieds, ses ailes de chauves-souris, et dans l'attitude d'unsatjre, veut éteindre avec un soufflet le cierge de chasteté delà Sainte (140) ;mais un ange qui est dans le coin, l'arrête et l'empêche de faii'e cette espiè-

( 139) S lint Guillauine de Dannemarrk fut d'abord niililaire , ensuite l'un daé chanoines réguliers de Saint-Victor iiilroduils sous Louis VIT. On a de lui lin lecueil de leltres manuscrites , et un traité : De mclatione capitis S, Genovefœ.

(140) Le cierge en est l'emblêaie, suivant les mystiques.

&

.«■lerie.

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AbbAte Sainte-Geneviève a Paris. 71 glerie. Si t et an2,e est aussi laid que le démon , eu récompense il est vêtu d'un froc et n'étoit pas dans le cas de distraire les âmes pieuses , comme les beaux anges luids de Rubens et du Guide. Aux j)ieds du St. Guillaume est la figure d'un abbé à genoux , les mains jointes, vêtu de l'habit de la maison, avec l'aumusse au bras et sa crosse passée dans l'autre. Dans l'espace, entre lui et la Sainte, il y a un blason , portant de gueules à une gerbe de bled d'or , au chef cousu d'azur chargé de trois étoiles d'or, une crosse passée derrière en palet au-dessus une grande mîlre. Voyez Planche IV, i. Ces armoiries étoient celles de Guillaume Grangier, médecin de Gaston de France, duc d'Orléans; l'abbé à genoux étoit sans doule de la même famille.

Four le vitiall il pouvoit être du tems de Louis XIII ou deHenri IV au plutôt.

Cette histoire du diable, souillant la chandelle de Sainte Geneviève, ëtoit fort en vogue, car elle est représentée dans toutes les églises et chapelles dédiées à cette Sainle , entr'aatres à l'église de Nan terre.

Les aiitres chapelles ne présenîoient rien de remarquable , mais .vis-à-vis de l'une d'elles , un prêtre tenoit un comptoir de dévotion , il étoit devant une table avec une figure d'argent de Sainte Geneviève , renfermant une de ses dents, et un plat du même métal; les vieilles femmes et les nigauds baisoient la relique et mettoient de l'argent au plat ; mais le plus lucratif du commerce , c'étoient les ex voto de toute espèce; les messes que l'on faisoit dire pour les maladies, les procès, etc., etc ; et enfin, ce que l'on recevolt pour faire toucher à la châsse de Sainte Geneviève les di'aps , chemises et linges des ma- lades. On v6_yoit autour de grandes perches quiservoient à cet usage.

Comme les chanoines de celte abbaje n'auroient pu suffire à la grande quantité de messes que l'on j faisoit dire ; ils y eni[ loyoient des prêtres séculiers qui avoit une sacristie particulière, elle étoit dans cette partie de l'église.

La châsse qui renfermoit le corps de Sainte Geneviève étoit exposée eatre la chapelle Sainte Clothilde et le sanctuaire, derrière le maître- aatel; elle portoif sur un corps d'architecture isolé, d'ordi-e ionique formé de quatre colojiues , avec leur entablement et leur piédestal

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73 Abeaye Sainte-Geneviève a Paris.

sur un plan carré: les deux colonnes du devanf avoienf été données par

Louis XIII , et les deux autres par le cardinal de la Rochefoucault.

Cet édifice fut construit sur les dessins de Jacques Lemercier, habile architecte, qui s'étoit conformé aux proportions que l'on atlribue à Micliel-Anse.

Quatre stalues plus grandes que nature portoient la châsse sur lein-s épaules et tenoient un candélabre à la main.

La châsse éfoit de Vermeil et gothique ; elle avoit la forme d'un carré oblong et ressembloit à-peu-près à une église. Sur ses deux faces étoient les h'gures de la Vierge et de Sainte - Geneviève , et sur les côtés , celles des douze apôtres séparées par des pilastres ; au-dessus on remarquoit une couronne de diamants, donnée par Marie de Mé- dicis, et sur le devant un bouquet aussi précieux ; les uns ( 141 ) attri- buent ce présent à la reine Anne d'Autriche , et les autres ( 142) à Louise-Marie-Elisabeth d'Orléans , reine douairière d'Espagne, morte à Paris en 1742 ; mais on aura confondu ces dons, car outre ces deux riches joyaux, cette châsse étoit couverte de pierreries , dont la plupart des rois et des reines de France s'éloient plus à l'enrichir. Au reste cela ne l'empêchoit pas d'être assez laide. Voyez Flauclie V.

Quelques auteurs ont dit, d'après une vieille traduction , qu'elle fut construite par St. Eloj ; mais c'est un anachronisme, parce que de son tems on ne metfoit pas encore les corps des Saints dans des châsses d'or ou d'argent ; celîe-ci ne fut d'abord qu'un coffre l'on mit les restes du corps de la Sainte, lorsqu'on les retira du tombeau pour les sauver des normands , et qui servit ensuite à les transporter hors de Paris, à Alhies et à Draver ( 148 ).

Lorsque ces barbares se furent retirés , le corps de la Sainte fut reporté dans son abbaye ; mais au lieu de le remettre sous l'autel il éfoit auparavant, ou l'élevasur Tautel même; c'est un des premiers exemples de reliques placées sur les autels ( 144).

(141 ; Piganiol, descript. de Paris, t. V , p. 17. - Lebœuf , t. i , p. 17 , etc»

( 142 ") Dulnure , noiiv. des:ript. de Paris, 1787 , in-12.

( 143) Mirac. S. Genov. apud Bolland.^ t. i , p. 149.

( 144) Thiers , Dissert, sur les autels , ciiap. 8 , pag. 07 et 89,

Abbaye Saint k-G eneviève a Paris, yS Par la suite ce coiïre parvinl à avoir tout l'extciieur d'une châsse ; mais il n'étoit toujours que de bois couvert de quelques teuilles d'ar- gent. Quoique le grand autel eut été orné d'une table d'or et d'ai-gent par le roi Robert , on ne voit point qu'il eut pensé à orner la châsse d'or ni de pierreries. Vers l'an 1240, un nommé Godefroi donna une somme pour la construction d'une nou\ elle châsse ; les évêques de Noyon et d'Avranches , une autre. Robert de Courtenay, cheva- lier, légua dix mais d'argent à même fin, et lorsque l'orfèvre Bon- nard eut aclievé ce somptueux ouvrage, qui étoit du poids de cent quatre-vingt-treize marcs d'argent et sept marcs et demi d'or, la translation du corps de la Sainte y lut faite l'an 1242, le 28 octobre, par l'alibé Robert, de la Ferîé-Milon (145)^ par les soins de qui la châsse avoit été construiie.

La vénération qu'on eut pour Geneviève , loin de se démentir après sa mori , s'accrut avec le temps. La piété imagina de boime heure, et sans interruption, des moyens d'honnorer sa mémoire. On voit que vei-s le commencement du siècle, Eloi , devenu Saint, et alors orfèvre, orna de rainceaux d'or et d'argent le petit édifice qui éloit au-dessus du tombeau de Sainte-Geneviève. Son corps fut conservé dans le caveau , chapelle basse ou crypte , jusqu'en 846 , qu'on le plaça dans l'église , même sous l'autel ( 146) D'après ce ^ers du mauvais poëme d'Abbon sur les guerres de Paris ( 147 ).

Virgo Dei Genovefa caput defertur ad urbh.

Quelques auteurs ont a\ancé que la première procession de la

châsse ( 148 ) se fit en 886 , jionr o])lenir la délivrance des Normands.

(145 Lfbœiif, hist. du diocèse do Pans, 1704, 1. i , p. 376.

(146 Hi;-t. cbron.deSainte-Genev. , p. 6.-Lel -œuf, hisl.deParis ,t. n , p. 875.

(147) BelLor. Parisiac. urb. ^ lib. II , p. 5 V. , 247. Tonss. Dtrplessis a fait impri- mer ce poëme à la suile de ses annales de Paris , et a cru devoir le commenter.

( 14S ) Ce mot \ient de cap^a boîte.-- Jean de Garlande De Synonymh s'exprime ainsi : die arcas , thecas ^ cistas , vel scrinia^ capsas , capsula, capsella , àe capsa dhmnuumur. Ou di^oit d'abord en François casse. On lit dans le ro- man de Ti rpin : li casse ou li saintuaire rendit si grant odor ^ que il sembla à tous que Paradis fut ou\crs. ce mot vient du grec K->4'' On donnoit aux châsses la forme d'une église. Voyez celle de S. Spir , Antiquités Nalionales , tom. II 5 art, XXII j p. 24. et celle de Sainte-Geneviève, PI. V.

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74 Abbate Sainte-Geneviève a Paris; On pouiToit croire au contraire que ce ne fut qu'une simple transla- lation. Les Normands marchant vers Paris, la châsse, pour plus grande sûreté, fut portée à Notre-Dame, avec celles de Saint- Ge-rmàin , de Saint-Marcel et de S.-CIoud.

Sur la Kn du IX^ siècle, l'usage s'étant introduit de renfermer les os des Saints personnages dans des châsses ou mausolées por- tatifs , ceux de Geneviève furent recueillis et déposés dans im lieu destiné au culte des fidèles. C'est de-^à qu'on la descendit de temps à autre pour être portée en pompe dans la ville , mais seulement dans les jours de calamités publiques.

La descente de la châsse exigeoit des formalités préliminaires.

Les prevct et échcvins de la ville de Paris présenloient leurs requêtes à Messieurs de Notre-Dame , mais il falloit que ce fût dans quelque nécessité urgente.

Cette première démarche devoit être suivie d'un arrêt de Messieurs du parlement , lesquels promettoient avant tout de ne laisser passer aucune chose qui pût porter atteinte à l'iionneur à Madame Sainte-Geneviève.

Messieurs de Notre-Dame dévoient aussi présenter leur snp])lique aux abbés et religieux de Sainte - Geneviève qui y faisoient toujours droit. Le clergé de chaque paroisse et les moines de toute espèce assistoient à la procession , qui ne soiioit qu'après la messe.

La messe dite, l'archevêque de Paris se transportoit au chapitre, accompagné du corps de son église , pour déclarer devant les re- ligieux et les notaires royaux qu'il n'innoveroit rien et qu'il ne prétendoit aucune jurisdiction sur les religieux.

Deux chanoines réguliers, revêtus d'aubes et d'étoles, monfoient à lâchasse pour la conduire dans la descente, et quatre des plus anciens en surplis et en étoles l'attendoient en bas pour la recevoir.

La châsse descendue , l'abbé et les religieux, ayant les pieds nuds, alloient la baiser. L'abbé seul disoit messe.

Ce jour-là les cérémonies religieuses finies, le baillif , accompagné du procureur fiscal et les sergens de la maison , la gardoient jusq'au lendemain.

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Abbave Sainte-Geneviève a Paris. yS

Vers cinq à six heures du mcitin , le lieutenanl criminel , le procureur du roi, les commissaires et autres ofliciers delà justice lelevoient les autres , jurarit et ajjlrmant de la garder Jidèlement , de la conduire et reconduire, et ne la point perdre de vue jusqu'à ce qu'elle fût remontée. Les religieux jeûnoient trois jours avant la descente de la châsse.

La procession devint insensiblement une cérémonie importante. Elle se rendoit de Sainte-Geneviève ù la cathédrale l'on célébroit une grande-messe , qui ne finissoit qu'à quatre heures après midi.

L'archevêque y assistoit en habits pontificaux , ainsi que le par- lement en robes rouges , la cour des aides, la chambre des comptes et le prévôt des marchands , accompagnés des échevins et autres officiers. Voyez le vitrail gravé Planche T^,

L'abbé et les religieux y tinrent toujours la droite. Dans les pre- miers fems ils marchoient nuds pieds.

Le luminaire, tant la veille que le jour, soit cierges , torches, flambeaux , armoiries , devoit être fourni par messieurs de la ville.

Lorsque la châsse revenoit de procession , les religieux ne pou- Yoient manger qu'elle ne fût remise en sa place (149).

Suivant presque tous les auteurs , la seconde procession eut lieu eu 1 129. Une maladie contagieuse se répandit dans Paris. Les secours de l'art, aussi bien que les jeûnes elles prières publiques, devinrent inutiles. Le mal, appelé des ^rdens , faisoit cependant des proo-rès rapides. Etienne , alors évêque, se rendit avec son clergé à l'abbciye, et oblint des chanoines de faire descendre la châsse , et de la porter en procession. Les habitans s'y portèrent en foule ; ceux qui ne purent marcher s'y traînèrent ou s'y firent conduire. A peine la châsse parut, que tous les moribonds ou malades, excepté trois incré- dules , furent guéris sur - le - champ. Ce miracle donna lieu à

(149) Leliepvre, ordre et cérém. de la ilescenie et procession delà châsse de Sainle-Geneviève.— Abrégé hist. de la consiruct. de la chàs. de Siiinte- Geneviève, p. 3.— Hist. chron. de Sainte-Geneviève, p. 6 et suiv.-Gil. Cor- rozetj antiquiude Par., p. i3.

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76 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. construire , près de Notre-Dame , une petite église cp'on appela Saintc-Genei^ièi'e des Ardens (i5o).

En 1161 , le bruit courut qu'on avoit enlevé la tête de la patronne de Paris. Le roi , aussi allarmé que le peuple et voulant éclaircir le fait, envoya aussi - tôt sceller lâchasse de ses armes. Il nomma ensuite l'arclievêque d€ Sens et deux évêques pour en faire l'ouver- ture. Le peuple accourut enfouie, à cette cérémonie, et ne fut tranquille que lorsqu'on lui eut certifié que le chef de la Sainte et le reste du corps étoient sains et entiers ( i5i ); on en rendit compte également au roi , qui paroissoit avoir pris la chose à cœur. Ce bruit lut peut être supposé par les intéressés; c'est un des moyens qui ressem- blent à beaucoup d'autres , et que les chefs de sociétés religieuses ou politiques mettent en avant pour affermir d'autant plus leur système. Quoiqu'il en soit, on sera peul-êlrc étonné de lire que l'évêque d'Or- léans , un des commissaires nommés par le roi , prétendit que c'étoit une autre tête de mort que l'on avoit mise à la place de la véritable. J'ajouterai que Si. Guillaume, chanoine de Sainte Geneviève, et dont Usera parlé plus bas , après la vérification faite, fut transporté de joie au point d'entonner le Te Deum, L'évêque d'Orléans indigné de cette hardiesse, dit tout haut : qui est cet insolent qui a eu LA TÉMIÎRITÉ DE MANQUER A TANT DE PRELATS, ACAUSE Qu'ON A TROUVÉ ICI UNE TÊTE DE VIEILLE SUPPOSEE PAR LES RELIGIEUX EN LA PLACE

DE CELLE DE Sainte Geneviève. « Si VOUS voulez savoir ce que 5) je suis , répliqua Saint Guillaume , je me dis serviteur de la » Sainte, . . . Au reste, si vous doutez encore que ce soit sa vraie ->■> tête, Je m'offre, pour en faire la preuve, d'être jette tout maintenant » avec cette Sainte relique, dans un four ardent; car je suis assuré j) qu'elle me conservera ». Quoi, lui répartit l'évêque, ÊTES vous ENCORE SI TÉMÉRAIRE , QUE DE PROPOSER d'enTRER , AVEC CETTE

(i5o) Hist. chroii. de Sainte-Genev. , p. 7.-Abrégé de la constr. de la cliâsse, p. 3.-l.allemant, vie de Sainte-Genevière , p. 116, etc., elc. ( l5i ]^Sui)'-à^ p. 18.

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. 77 tête , dans un four chaud, avec laquelle je ne voudrols entre»

DANS UNE CUVE TLEINE d'eAU TIÈDE (io2)

En 1206, les pluies considérables causèrent en France nn débor- dement presque universel. On se délerraina donc à descendre la châsse. La procession traversa le Petit-Pont, quoique personne n'osât y passer, tant la violence des eaux Tavoit ébranlé. La présence des Saintes reli- ques fit rentrer la Seine dans son lit. Ce n'est pas ^out , à peine le peuple qui accorapagnoit la châsse eul-il regagné la cité, que le pont s'écroula. On répandit par-tout qu'il avoit été jusques-là miraculeu- sement soutenu ( i53).

Sous le régne de Saint Louis , en l'année 12.33, la châsse fut égale- ment descendue pour faire cesser une inondation prodigieuse. A l'ins- tant où la châsse sortit de l'église , une colombe parut et l'accompagna en voltigeant toujours au-dessus d'elle, jusqu'à la porte de Notre-Dame. Pendant la messe qu'on y célébra , elle se reposa sur la tête d'un ange , placé au haut du ])ortail. Mais lorsqu'on reconduisit la châsse, elle la suivit jusqu'à ce qu'on fut enfin rentré dans l'église de Sainte- Geneviève. Alors elle disparut à la vue de tout le peuple (154).

La châsse de Sainte-Geneviève ne devoit jamais être transportée eu procession qu'à Notre-Dame. Elle ne pouvoit aussi sortir de son église que le clergé de la cathédrale ne vînt au devant d'elle avec la châsse de Saint Marcel ; il falloit encore avant tout l'agrément de l'abbé et des relig:eux, c[ui pouvoient se refuser même à des ordres supérieurs. Le fait suivant coa.lrme assez cette partie du règlement.

Saint Louis avoit apporté de la Terre-Sainte la coui'oune d'épines

( i52 ) Vie manusc. des hommes ilUist. des chan. végiiliers de Fran., t. i , p. Iii2.-Lallemant , vie de Sainte-Geueviève, p. io6.-Hist. chron. de Sainte- Geneviève, p. 9.

( i53 ) Hist. thron. de Sainte-Geneviève , p. lo. - Abr. historique de ia châsse de Sainie-Geueviève , p. 4. - Lallemant , vie de Sainte-Geneviève, p. 11 ;- Dumoliuet , hist. raanusc de Sainte-Geneviève.

(154; Hist. chron. de Sainte-Geneviève, p. 11. -Abr. hist. delà châsse de Sainte-Geneviève , p. 4.-Lallemant , vie de Sainte-Geneviève, p. 119.— Dumolinet, hist. de Sainte-Geueviève, p. 1-6.

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78 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris.' du Christ et d'autres mstrumens de sa passion. Ce prince avoit fondé exprès la chapelle du Palais j^oiir les y déposer. Ces restes précieux furent reçus par-tout avec de grands honneurs. Le roi voidut qu'on en fit autant à Paris , et que toutes les églises de la ville vinssent processionnellernent au devant d'elles, avec toutes leurs relif[aes. Il ordonna en particulier à l'abbé et aux chanoines de Sainte-Gene- viève de venir avec la châsse de la Sainte. Herbert, qui en étoit abbé , surprit de cet ordre contraire à l'usage immémorial , assembla son chapitre pour en délibérer. Il fut résolut d'en\oyer au roi deux députés qui lui remontrèrent qu'il ne pouvoit rien innover à cet égard contre un usage si ancien. La vérité de ces représentations a3'ant été confirmée au prince, il consentit qu'il-, y vinssent seule- ment avec quelques-unes des châsses qu'ils possédoient. Ce fut celle de Sainte Aide qui marcha ( i55).

La châsse ayant été reconstruite et achevée en 1242 ( .'56) on]y ti'ansporta le corps de Sainte Geneviève. Cette translation se fit le 28 octobre , de nuit, afin d'éviter le concours du peuple. Avant de le déposer dans la nouvelle châsse , on eut la curiosité de visiter celle de bois ; on j trouva un cofïre entier bien fermé, qui contenoit les os de la patrons enveloppés dans des linges recouverts d'un satin blanc. L'abljé , revêtu pontificalement , prit alors la tête entre ses mains, la baisa et la fit baiser à tous les religieux. Cet acte de dévotion fini , on referma le cofïre qu'on déposa dans la châsse d'argent (107).

Le zèle et la piété de Charles V envers Sainte Geneviève, furent tels que dans tontes les processions qu'il demanda , non-seulement il y assislolt en personne , mais il obligeoit même tous les ecclésiasti-

( i55 ) Hiit. chron. de Saiale-Geneviève , p. 12.

Ci56) Ceux qui coiUribuèreiil le plus aux frais de cette nouvel. e châsse, furent Robert de Coarien.iy ^ qui donna dix luircs d'argent, Hugues d'^thys , gicinii paniielierde France, vingt livres ; A'zco/oi de Roye , évéqae deJNoyon, qnalre-vingt livres j et Guillaume de Sainte-Marie ^ évéqiie d'Avranclies , vingt livres d'argent.

( iny ) Abr. liist. de la construct. de la châsse de Saiute-Genev. , p. 1. - Eisl. chion. de Saiiile-Geneviève, p. i^.

ques j

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris 79 ques , tant réguliers que séculiers , d'y allernuds pieds, à l'invitation du clergé de Sainte-Geneviève ( i58).

On institua, en 1412, une confrérie en l'honneur de Sainle-Ge- neviève. Elle fut confirmée, en conséquence d'un bref de Rome, par letti-es-patentes du roi Charles yi ( 169 ).

Il faut distinguer cette grande confrérie de celle des porteurs , qui ne fut érigée que le siècle suivant, c'est-à-dire, en 1524.

Le père Lallemant ( 1 60) ne parle que de la seconde , dont il place l'instilulion à l'époque de la première. Il prétend aussi, je ne sais d'ajjrès quels auteurs, qu'il falloit être inscrit dans la grande con- frérie avant d'être reçu dans l'autre.

On avoit rédigé , pour celle des porteurs , des régleniens dont le cajer commence ainsi ( 161 ) :

« En l'honneur de Dieu , de la Vierge Marie , de madame Saincte- » Geneuièfiie, et de la cour céleste du Paradis , a esté fondée en .son » église à Paris la confrérie des porteurs de la châsse de madame » Saincte-Geneuièfue , estans au nombre de trente personnes , à 3) scauoir , dix-sept porteurs (162) d'icelle châsse, ainsi qu'il se » verra cy-après , et ti-eize attendans (i63) qui seruiront quand V quelques-uns desdits dix-sept porteurs seront absens par maladie î> que autrement, etc. ».

licsdits confrères à recevoir « seront gens de biens, de bonne » renommée, et honneste conuersation, de ceste ville de Paris, non n d'ailleurs..., ,. Ils seront tenus de payer à leur entrée , aux maistres » de la grande confrérie , cinq sols tournois , et deux liures de cire » blanclie pour entretenir et augmenter le gros cierge deuant l'image j> de ladite dame ; et douze deniers Parisis par chacun an après en » suiuant à ladite confrérie »,

(i58) Hist, cliron. de Sainte-Geneviève, p. 16.

( 169) Hist. Chron. de Sainte-Geneviève, p. I7.

( 160) Vie de Sainle-Gepevièye , p. iSi. i (161 ) Aniiq. et remarq. de la châsse de Sainte-Geneviève, p. i et suiv

( 162) Le dix-seplième, ordinairement d'une taille gigantesque , étoit destiné à porter le grand cierge devant la châsse.

( i63 ) Ils furent portés dans la suite jusqu'au nombre de 24.

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So Abbaye Sainte-Geneviève a Paris:

Pour chaque jour de procession « lesdits porteurs seront tenus de » se mettre en bon estât , vrai confez el i-epentans ( 164) et receuoir » leur créateur , et aiioir la teste nue et les pieds nuds , et linge blanc » honneste comme il appartient, avec unchappeaude fleurs sur leur )) teste ^ et dauantage vn autre grand chappeau aussi de fleurs , 3) lequel sera rais sur ladite châsse, et porté à ladite procession; » puis le lendemain distribué ausdits porteurs par monsieur l'abbé » à la boiuie discrétion.

» Au reuenir de ladite procession faite et accomplie et la châsse » remontée en son lieu , communiquèrent ensemble lesdits porleurs » pour prendre leur réfection en vn lieu honnrste , hors touerne, >) pour faire leurs comptes , et contribuer aux fiais dudit jour.

>> Un nouveau confrère sera tenu de payer sa bien venue à ses » frères anciens ».

Les maîtres de la confrérie étoient pris dans les anciens porteurs , et attendans , selon la date de leur réception.

L'assemblée setenoit d abord le )our de la fête de Sainte-Geneviève pour ouïr les comptes des frais et mises de l'année ; mais ensuite elle a été fixée au premier dimanche d'après. Ceux des confrères qui manquoient d'j assister pajoient cinq sols pai-isis d'amende.

On lit encore dans le règlement, que les dix-sept porteurs , quand se fera la descente de ladite châsse , ne porteront nuls desdis dix- sept barbe au menton (160).

Un des confrères décédans , les autres étoient tenus d'assister au convoi , sinon de payer cinq sous parisis d'amende , à moins d'excuse légitime.

Les religieux étoient également tenus de dire pour le défunt une haute-messe à diacre et sous-diacre , et même de sonner les cloches.

Les parens , ou la femme du défunt , étoient obligés de bâiller quatre pointes de cire ( 166) , avec pain et vin , et une chandelle pour aller à l'offrande.

(164) Dumolinet , hist. manusc. de Sainte-Gen, ^ p. 219. ( i65 ) Dumolinel , liist. man. de Sainte Geneviève , p. 217. ( 166 ) Poignées. Ce mot peut aussi indiquer les pièces de monnoie poignées ou enfoncées dans les cierges.

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. 8i

L'habit de cérémonie des porteurs ressembloit à celui des anciens pénitens ; il éloit de toile , fait en aube , que les anciens appelloient sac ou cilice.

Lorsque la châsse étoit de bois , et avant qu elle fût couverte d'or , d'argent et de pierreries , deux ou au plus quatre religieux la por- toient en procession f^comme on peut le voir dans les anciennes figures.

Cependant lorsque la confrérie des porteurs fut instituée, quaire religieux des plus anciens metloient la main aux quatre Ijâtons du brancard, et étoient regardés comme porteurs honoraires ( 167).

Pour faire cesser les pluies qui détrulsoient toute espérance de récolte en i566; on eut , suivant l'usage, recours à Sainle-Genevlève. Durant la piocession , des illuminés, sans doute, virent , pendant un gros quart d'heure , une étoile fort brillante au-dessus de la chéisse de Sainte-Geneviève. Sur l'étonnement que le roi témoigna , plusieurs personnes dignes de foi lui confirmèrent le fait , qui dès-lors passa pour constant ( 168).

Le premier juin de l'an i6o3 , la procession s'en retournant de Notre-Dame à Sainte-Geneviève , rencontra une chaîne de galériens; ini de ces malheureux supplia la Sainte de le délivrer, afin de pouvoir baiser sa châsse. Ses chaînes se rompirent aussi-tôt à la vue de tout le peuple , qui demanda pour lui la liberté qu'on lui accorda (169).

La châsse fut descendue si souvent , pendant quatre siècles, qu'elle en étoit rompue en plusieurs endroits. Benjamin de Brichanteau résolut de la faire réparer. Elle fut en conséquence descendue en 1614, et transportée dans une salle tapissée et éclairée d'un grand nombre de cierges. Les ouvriers y travaillèrent nue tète , et des

( 167) Lallemant , vie de Sainte-Geneviève , p. i5i.-Dumolinet, hist. manusc. de Saiule-Geneviève, p. 217.

( 168 ) Hist. chron. de Sainte-Geneviève , p. 47. - Dnmolinet , liist. manusc de Sainte-Geneviève, p. 186.

( 169) Abreg. historique de la châsse de Sainte-Geneviève, p. 11.- Lalle- mant, vie de Sainte-Geneviève, p. i3;. -Hist. chron. de Sainte-Geneviève, p. 64.- Duniolinet , hist. mauusc.de Sainte-Geneviève , p. 191.

L 2

o3 Abbate Sainte-Geneviève a Paris."

chanoines régnliers de la maison passèrent auprès d'elle les nuits et les jours en prières.

Plusieurs personnes de marque signalèrent alors leur dévolion par de riches présens d'agathes rares, de diamans et de pierres pré- cieuses , et surtout d'une table d'émeraudes , qu'on estima dans ce tems-là deux mille écus. Mais le plus considérable de tous fut le Louquet de diamans qui brilioit au haut de la châsse, et qu'a\oit donné Marie de Médicis. Sa forme éloit ovale , à-peu-près d^in demi-pied de diamèlre ; ses deux faces éloicnt un tissu de fleurs d'or émaillé, portant un diamant sur chaque feuille. Du milieu de chaque fleur sortoit un autre diamant en forme de bouton. Le haut de ce bouquet étoit terminé par une croix d'or , longue d'environ trois pouces , et garnie de soixante diamans très-brillans. Le milieu , qui étoit à jour, étoit enrichi d'une pendeloque d'un saphir d'un très-beau bleu.

Dans le même tems la duchesse de Savoye fit don d'une croix d'or, chargée de sept turquoises d'une grosseur remarquable ; elle fut destinée à orner le so'eil (170).

De toutes les processions, la plus célèbre et la plus mémorable fut celle de l'an 1694.

Presque toutes les puissances de l'Europe formèrent une ligue contre la France , et l'attaquèrent de toutes parts. Au fléau de la guen-e se joignit celui de la famine qu'amenèrent les pluies conti- nuelles de 169.3, et l'extrême sécheresse de l'année suivante.

Dans cet excès de misère, le peuple de Paris et des campagnes voisines ne vit d'autre ressource que dans la protection de Sainte- Geneviève. Des villages entiers vinrent en procession à son église. D^ toutes parts on demanda la descente de la châsse. Sur les repré- sentations des prévôt et échevins de Paris , le parlement rendit un arrêt le 10 mai, ordonnant que la châsse serait incessamment découverte, et, en cas que la sécheresse continuât, descendue et portée en procession. Le même jour I^ châsse fut découverte toute entière.

(170) Abrég. hist. de lâchasse de Sainte-Geneviève, p. 3. ~ Antiq. et remarq. de la châsse de Sainte-Geneviève j p. aa, Hist. chron. de Sainte^ Geuevièvej p. 65.

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. 83

Depuis ce. moment toutes les églises de Paris, les collégiales el autres, tous les pauvi-es des paroisses et des liôpiiaux, divisés en différentes classes et distingués par de petits drapeaux , se rendirent processionneîlement à Sainte-Geneviève. Ces cérémonies prélimi- naires durèrent neuf jours. Néanmoins ce moyen ne l'ut pas assez puissant pour émouvoir la pitié céleste ; la sécheresse continua. Il intervint donc un arrêt jjortant que , su/pout le vœu du roi, la châsse serait descendue , etc. Le dojen de Noire-Dame et l'abbé de vSainte-Geneviève fixèrent en conséquence la procession au 27 mai. Il y eut un jeûne public ordonné. A on;?e heures de nuit six trom- pettes annoncèrent, de la galerie du clocher , la descente de la châsse.

Jamais on n'avoit mis tant de pompe et d'appareil. On vouloit sans doute proportionner l'éclat de cette fête à la grandeur du péril. Le parlement, la chambre des comptes et la cour des aides j assis- tèrent. Mais du moins fut-on consolé par les heureux effets qui résultèrent de cette espèce de violence faite à la patronne de Paris. A peine la messe étoit-elle achevée à Notre-Dame , que le ciel , obtinément serein pendant six mois , se couvrit de nuages épais , qu'un vent impétueux chassa sur Pai-is. La pluie tomba, tout-à-coup dans plusieurs quartiers de la ville. Mais la procession n'en fut point incommodée à son retour; par-tout oh elle passa , les eaux demeu- rèrent suspendues en l'air, et ne tombèrent qu'au moment elle fut rentrée dans Sainte-Geneviève.

On regarda cet événement comme un bon augure. En effet , la récolle, en tout gem-e, fut telle que depuis long-tems on n'en avoit vu d'aussi abondante. La protection de la Sainte s'étendit également sur les armées du roi ; car le même jour , et à la mêine heure se faisoit la procession , le duc de Noailles remporta une victoire écla- tante sur les espagnols.

Les prévôt des marchands et échevins de Paris voulurent consacrer sur la toile un événement aussi mémorable. Largilière fut choisi pour l'exécution de ce dessin (171). J'en ai donné plus haut la description (i'72).

(171) Hist. chron. de Sainte-Geneviève, p. 74—93. ( 172 ) Suprà , p. 59 et 60,

in

84 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris.

La châsse fut descendue en 1744 à l'éjDoque de la maladie de Louis XV à Metz , elle le fut aussi en 1774 à l'épocjue de celle qui l'a conduite au tomljeau ; mais alors les sentimens que les parisiens avoient eu pour ce prince éloient déjà bien changés. On trouva sur la châsse un écriteau qui porloit ces mots . Je ne me mêle que de la pluie et du beau teins.

On fit dire ensuite à l'abbé de Sainte-Geneviève un bon mot d'un autre genre; on prétend que comme on le plaisantoit sur le peu de succès que venoit d'avoir la descente de la châsse de la Sainte , il répondit . Eh bien ! messieurs, de quoi vous plaignez- vous ? n'est-il pas mort(i73)?

Le mnître-aulel étoit isolé et construit à la romaine.

Le laljernacle , x-emarquable par sa forme et sa richesse , éloit de marbre blanc, déforme octogojie, ses quatre faces principales ornées de portiques, soutenus par des colonnes d'ordre composite de bro- catelle grecque antique , les cha[)iteaux et les bases de bronze dorés d'or moulu , ciselés avec soin, ainsi que les autres ornemens et les figures d'anges placées sur les piédestaux des balustrades , le tout couronné d'un dôme surmonté d'une croix de succin.

Ce tabernacle, revêtu d'un travail de rapport en pierres précieuses, telles que jaspes fleuris , lapis-lazuli . agalhes, etc. etc. ( 174) , portoit sur un pied en cul-de-lampe de marbre bleu-turquin.

Il étoit accompagné de deux figures de métal dorées , hautes de six pieds , représentant Saint Pierre et Saint Paul , elles éîoient d'un mauvais dessin et paroissoient lourdes , se trouvant de la même grandeur que le tabernacle qui étoit au milieu , et c[ui cependant avoil la forme d'un édifice majeur.

L'autel étoit entouré d'une balustrade de cuivre avec des dez de marbre noir, et d'une autre de marbre de couleur , elle étoit aussi d'un dessin lourd et sans élégance ( 176 ).

( 173 ) Vie privée de Louis XV, toni. IV , p- 217.

( 174) La reine, Marie de Médicis, avoil établi une manufacture de ces oiivi'n;;es aux Gobelins.

( 173) C'est le cardinal François delà Rocliefou:ault qui avoit fait f,iire ces l)-dnslr;;des , ainsi que le tabernacle, les galeries et toutes les réparations et €iiil)el- lissenicns du chœur, delà nef , de la crypte et de Li maison.

Abbaye S ai nt e-G e n e v t e a Paris. Ci

Mais lin superbe ouvrage en ciseku-e , c'élnil le lutrin c[ui prissoit pour le plus beau de la France ; il avoit été exécuté sur les dessins de Lebrun. L'aigle qui porloit le livre étoit soutenu par une lyre à trois faces touchées par trois anges, qui semblolent accompagner ceux qui chantoient au pupitre.

A quelque distance de ce lutrin on voyoit un grand candélabre d'argent de forme triangulaire, à neuf branches, avec les armes de la ville.

C'étoit le plus beau qu'il y eût dans Paris , et il éloit encore plus eslimé par sa forme , ses oi-nemens et son tj-avail que par la richesse de sa matière. Ce chef-d'œuvre d'orféverie , du fameux Germaài , avoit été donné par la \\\le lors de la convalescence de Louis XV, en 1745 , après sa maladie de Metz.

Le tomjjeau ou plutôt le cenolaphe de Clovis éloit au milieu c!u chœur, sur le caveau il avoil été enterré; il étoit de marbre blanc , a\ ec des socles et des corniches de marbre noir , ainsi que deux avant-corps.

La statue , Planche V Jig- 2 , de Clovis , de grandeur naturelle , en marbre blanc, étoit couchée sur le tombeau.

Il y étoit représenté très-âgé, avec une longue barbe, vêtu d'une

longue tunique serrée au milieu du corps par une ceinture étroite

et par-dessus d'un manteau long ; il avoit sur la tête une couronne

Jermée etjleurdelisée , a la main un sceptre , terminé aussi par une

fleur-de-lys , et sous ses pieds im lion assez mal fait.

Quoique le sculpteur ait voulu donner à cette figure un air d'an- liqnité , il étoit évident, pour les yeux les moins exercés, qu'elle étoit moderne : d'abord sa matière le prouve, et comme l'a fort bien remarqué le savant Mabillon , « la sépulture des rois de la première » race étoit fort simple. On n'a employé que fort tard , c'est-à- « dire , sous les enfans de St. Louis , le marbre et le bronze à leurs » tombeaux » C 176).

Mais on voyoit encore par les accessoires , par les attributs de la royauté, et même par la manière, quoique déguisée , que cette

(i;6j Piganiolj descript. de Paris^ t. V, p. 240.

/n

B6 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris."

figure n'étoit pas non plus du XII« siècle, comme l'ont cru quelques auteurs, entr'autres Germain Brice; mais qu'elle avoit été érigée par le cardinal de la Rochefoucault , lorsqu'il fit orner le chœur et le couvent. Ce que Dubreuil rapporte à ce sujet ne laisse plus aucun doute : « Sur le caveau, le corps du roi Clovis, fondateur de cette î) alîbaje , fut inhumé, l'on vojoit ci-devant le tombeau de ce roi , » élevé de la hauteur de deux pieds ou environ, au-dessus duquel i> étoit sa statue.

>> Mais monsieur l'éminentîssîme cardinal de la Rochefoucault , V abbé de ladite abbaye ^Jii lever ce tombeau mangé et difforme » rf'a/7//<7w//Ê'' , et en faisant fouiller quelques fondemens du cloître, » s'j trouvèrent deux hautes et grandes statues de marbre blanc, (/e 3> Vune desquelles il fit tailler la statue de Claris , qui est et » gît aujouixi'hui couchée sur le même tombeau au milieu du )) chœur x (177).

On voit , d'après cela, que le sculpteur aura copié la statue mangée et difforme d'antiquité , dont parle Dubreuil ; mais on peut encore remarquer , par l'inspection de la copie de cette première figure que l'original lui-même étoit du XIP siècle au plutôt. Pour la forme de la couroniie qui ne pouvoit être aussi dans le modèle du XII^ siècle , elle est de l'invention du sculpteur , qui ne savoit pas sans doute que l'usage des couronnes ferriiées n'existoit pas en France avant le XVI^ siècle (178).

On y avoit fait graver cette inscription :

Clodov^o Magno.

Jlegum Francorum primo, christiano

Hujus Basilicœ Jundatori

Sepulclirum vulgari olim lapide structum

Et longo œuo deformatum yibbas et coni^entus in meliorem opère Cultuque faciem renoi^arunt Anno christi M. DC. XXI.

( 177 ) Aiiliq. de Paris, par Dubreuil , 2/2-4°., ^7^9 -, P- 2o3. (i78_) Celle statue est au musée des inonumens fr^içois, a" 9,

On

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. 87

On lisoil sur les faces d'une boiserie qui renfermoil ]e toiîibeau de Clovis , avant qu'il fût réparé par les soins du cardinal de la Roche- fou cault , les épilaplies et inscriptions suivantes, d'un côlé :

Hic est ilhtstrissi?7iiis rex Liidovicus , qui et Clodoueus ante haptismum est dictas , Francoriini rex (/ulutus , sed j'eriis cJiris- iianus , qui ah Anastasio irnperatore , consul et Augiistus est creatus. Hune sanctus Remigius baptisauit ; et in baptismale ejus angélus anipullam sacri chrisniatis detulit. Hic ex Aquitania Arrianos expulit , ac totam illarn teirain usque ad montes Pj- reneos subjugauit. Huic per F'iennam Jluuluni ceruus mirœ ma- gniludinis oslendit uiani : postquàm rex et milites uadum transi e- riint , et in eJus aduentu mûri Angoltsmœ ciuitatis corrucrunt ; Alemaniam , Toringiam , et Biirgundiani tributarias Jecit ,• terram adjacentem Sequanœ et IJgeri acquisiuil : Parisiis sedem rcgni constituit , ecclesiani istam J'undauit in Iionorem aposto- loriiin Pétri et Pauli , inonitis sandre Clotildis vxoris suce et heatœ Genoucfœ , qtiam beatus Remigius dedicauil , in qua post laudabilîa opéra rex sepultiis est à quatuor Jilii s suis re gibus Tliendorico , Clodomero , Cliildeberto , et Clotario : anno Domini C(iC(!'CXIII , regni sui XXX.

Et d'un autre côté , eu français :

Cy gist le cinquième roy de France , premier roy chrestien , dit Clouis , allant son baptesme. Lequel S. Reniy baptisa à Reims et nomma Loys , et la apporta vn ange de paradis vue ampoule pleine de cresme dont il fut oingt , et ses successeurs roys de France en sont aussi oingts à leurs coiironneniens. Celuy roy , à Vadmonnestement de S. Clole sa femme et de madame S. Ge- neuiefue , fonda cette église ^n l'honneur des princes des'apostres S. Pierre et S. Paul , sacrée par S. Reiny , c'est la première église que jamais roy de France fondast. Il conquist Thoiilouze et ylcquitaine , jusques au nions Pyrénées ; deuant liiy les murs d'Angoulesmepar miracle tovibèrent: Alemaigne luyfut tributaire, Thuriiige , la haute Alemaigne et autres pays : cestuy institua Paris clief du royaume de France , deliura et ajf'ranchit son royaume de la main des Romains, à ce noble roy enuoya

M

iUi

88 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris.

T empereur Anastase , vesture impériale et couronne d'or, laquelle il donna à S, Pierre de Rome , il vesquit et mourut sainctement, et vesquit XV ans auant son baptesme , et autres XV ans après. fut icy enterré Pan U, xiij. De ses quatre Jils roys , Tbéodoric , Clodomire , Chiidéric , et Clotaire en l'an XXX. de son règne.

A l'une des extrémités , vers la tête :

Hic est illustrissimus rex Ludo^ncus , qui et Clodoueus ante baptismum nominatus est Francorum rex quintus.

A l'autre , en français :

Cj gist le V^ roj de France et premier cbrestien dict Clorîs , devant son baptesnie , lequel Saint Remy baptisa à Reims et le nomma Loys , cestuy institua Paris chef de son roiaume , lequel il déliura et franchit des Romains.

Je crois inutile de donner le texte de deux autres épitaphes de ce prince que cite le moine Avmon ou Ajmoin , et qu'il dit avoir été composées par Saint Pieaii. Elles sont rapportées , l'une par Rabel (i8o), et l'autre par Dumoulinet (i8i).

On sait que Clovis étoit fils de Chiidéric (182) et petit - fils de Mérovée ; on doit le regarder, avec tous les historiens, comme le véri- table fondateur de la monarchie française.

Personne n'ignore que ce prince guerrier, sur le point démarcher contre Alaric , roi des Visigots , promit de bâtir une église à Saint Pierre et Saint Paul, s'il demeuroit vainqueur. Aymoin , sans être d'un avis diirérent , rapporte que le roi et Clotilde se promenant

( 180 ) Anliquif. de Par. , p. 7.

(181 ) Vie manusc. de Sainte-Genev. , p. ig3.

(182) Ce prince, au commencement de son règne, s'adonna à de tels extès de débauche , que ses sujets le chassèrent , et prirent en sa place Mgidius pour leur roi ou duc militaire. A sa mort , il fut enterré près de Tournai , au-delà (Je l'Escaut , à l'endroit est l'église de Saint-Brice. Son tombeau f\it découvert en i653; les diverses richesses qui s'^ trouvèrent furent portées à l'archiduc Léopold , alors gouverneur des Pays-Bas ; mais elles passèrent depuis à la bibliothèque nationale à Paris, elles sont placées dans le musée «les Antiquités.

ABBAYE Sainte-Geneviève a Paris. 8g ensemble sur le mont , dit aujourd'hui de Sainte-Geneviève , la reine l'engagea à se rendre propice les Saints apôtres dans la guerre qu'il alloit entreprendre, en leur consacrant un temple : Soit, dit alors Clovis ; et prenant sa hache d'armes , il la jeîta le plus loin qu'il lui fut possible , en s'écriant : Que Von bâtisse donc une église dans cette étendue , si je retiens victorieux. Ainsi cette église, comme on l'a vu , fut d'abord sous l'invocation des Saints apôtres Pierre et Paul, et dédiée par la suite à Sainie Geneviève.

Je ne rapporterai rien autre chose de ce prince , dont parlent tous les écrivains, et à la vie duquel le C. Viallon a consacré un ouvrage particulier, qu'il a semé de traits curieux et attachans.

Le corps de Clolilde , veuve de Ciovis , morte à Tours, fut porté

à Paris et enterré près de celui de Clovis , par les soins de Childebert ,

roi de Paris , el de Glolaiie , roi de Soissons , ses enfans , vei's l'an

537; Selon Grégoire de Tours, In sacrario basilicv , c'est-à-dire,

dans le sanctuaire Clovis avoit élé enterré le premier, car c'étoit

l'endroit par Ton avoit commencé l'édifice , qui ne fut achevé

qu'après sa mort par Clotilde , sa lémme ; cette reine avoit aussi

fait inhumer Tliéodohalde on Tliéobahi et Gonthaire , ses pttits-

fils , enfans de Clodomir , mort l'oi d'Orléans, massacrés par leur

oncle, âgés l'un de dix et l'autre de sept ans.

Clolilde , fille de Clovis et de la reine Clotilde , dont nous venons * de parler , et femme d'Amalaric , roi des Visigots , décédée sur la

route d'Espagne en France , fut aussi inhumée en cet endroit par

les ordres de (Childebert , son frère.

Au pied du mausolée de Clo\ is on voyoit une table de cuivre couvrant le tombeau de Gérard , archevêque de Nicosie , en l'isle de Chypre, décédé en 1804 (i83).

Ce prélat fut du petit nombre de ceux qui restèrent fidèles à Philippe le-Bel , et qui s'opposèrent aux folles prétentions de Bonî- ;face VIII , qui lança particulièrement contre Gérard ime bulle remplie d'invectives, oh il lui faisoit de sanglans reproches sur son

( i83)Gall. Christ., tom. VII, col. 748. Son épitaphe infrà , p. 95.

M 2

v1

*

fJ5

93 Abbaye S a i n t e - G e n e v i è v e a Paris; ingralJkide , et lui inlerdisoit l'administration de tous les biens, tant spirituels que temporels, de son église (184).

. Assez près de avoit été inhumé le boucher Gois , dont j'ai parlé plus haut. Sa tombe portojt une épitaphe qui ne se trouve dans aucun des auteurs qui ont donné des descriptions des différens monu- mens de celte église.

En sortant du chœur par la porte qui conduisoit dans la maison de l'abbaye, ou trouvoit deux arcades pratiquées dans l'épaisseur du mur et adovsées au chœur, qui contenoient un sépukhre et une résurrection en ronde bosse de terre cuite , j^einte et dorée , dont les figures élégantes, bien drapées, étoent très-expressives; ou les croit de Germai n Pilon. Il j a cependant plusieurs choses à désirer du côté .de la correction ; d'ailleurs les peintures mises dessus en avoient ôté la finesse. On regrettoit encore que l'on eût tardé trop iong-tems a placer le grillage qui étoit devant , ensorte que plusieurs figures étoient mutilées.

Ces sculptures servoient d'ornemens à deux tombeaux d'abbés , dont les statues à genoux et les mains jointes étoient posées sur ces arcades , au niveau de la ceinture du chœur. Ces figures , très- belles , éloient vêtues de chapes remplies de bas-reliefs excellens, sculptés avec délicatesse. Le cardinal de la Rochefoucault les fit ôter et placer dans le chapitre , quand il fit les réparations du chœur.

Corrozet et Dabreuil rapportent cpie dans la seconde chapelle de la nef , du côté droit , on vojoit \\\\ tombeau de marbre noir, au-dessus duquel éloit la statue d'un archidiacre , sans aucun

écrit qui le fit connoître ( i85).

Ce monument qui n'existoit plus depuis Iong-tems aura sans doute

été détruit lorsqu'on fit les nouvelles chapelles de la nef sous le

cardinal de la Rochefoucault.

Les mêmes auteurs rapportent, que dans la dernière chapelle de

la nef, il javoit une tombe, autour de laquelle cette épilaphe éloit

gravée :

( 184) Velly , liist. de Fr. , t. VII , p. 25a. (i85) Aniiq. de Paris iu-4°_, p. io5.

Abbaye S a i n t e - G e n e v i è v e a. Paris. 91

Cy gist noble et puissante dame madame Cathebine d'ALENÇON ,

duc/esse de Baiiicre , comtesse de Mortagne , dame d'Exme , de

Saiiict Sylualn et de Thuit en Normandie : laquelle Irespassa l\in

MCCCCLXIl. le ving-cinquiesme iour du mois de juin. Dieu

face à famemercj (186).

Du côlé gauche, près des marches du sancluane, on vojoit un toii.heau , .sur lequel étoit gravée cette épilaphe :

Exiguo clauduntur hoc Saxo intesLina nobilis Dominée Agnetis de Sabaudia, i/xoris quondam ilhistrissiiniviri Francisci , comitis Dugnensis. Molem autem corporis exuil , sexto decimo niartii , anno incarnati lerhi mitlesimo quingentesimo octauo (187).

On descendoît à la crypte par un escalier placé à l'extrémiié delà nef, près des bas-côtés du chœur.

Il est vraisemblable que cette église souterraine, de la plus haute sntiquilé , faisoit partie de l'ancienne église bâiie par Clovis , ou plutôt éloit une de ces chapelles que les premiers chrétiens bâlissoient près des sépultures , ainsi que les tombeaux de Saint Prudence , . évêque ; de Sainte Geneviève , et les autres semblent le prouver, sur- tout celui de Prudence , qui étoit évêque de Paris vers l'an 36o , long- tems avant la fondation de la première église de St. Pierre et St. Pdul, aniérienre à celle de Clovis.

La chapelle placée dans le fond est la partie la plus ancienne de celte cave ou crypte , et il est^ertain qu'elle servoit de paroisse avant l'existence de celle de St. Etienne , qui ne fut construite qu'en 1221.

Cette chapelle fut d'abord sous l'invocation de St. Jean; dansées derniers tçms elle étoit dédiée à la Vierge, dont on vovoit une statue gothique dans une niche au-dessus de l'autel; elle éloit grande et bien décorés , sa voûte étoit peinte en bleu et semée d'éloiles d'or, et le lambris partagé en petits paneaux, dont les tables Ibrmoient autant de tableaux, représentant la vie de la Vierge. Ils étoient assez bien fails et d'un bon coloris.

(186) Diibieuil, Ant. de Paris, in-4° , p. 2o5, ( 187 ) Ibid.

ie4

92 AbbAye s a in t e -Ge n e V I è vï: a Paris."

Outre cette chapelle il y en avoit encore quatre autres dans cette église basse, savoir: celle de St. Prudence, évêque de Paris; celle de St. Céran. ou Céranne , l'un de ses successeurs; et de St. Rémi, ■évêque de Rheims; celle de St. Denis; et enfin, celle de Sainte Agnès et de Sainte Cécile.

L'épitaphe de Prudence , évêque de Paris , étoit ainsi conçue.

« Prudenti Parisiensis epicopi qui sub anno Christi quadrin- n gentesimo , proximo ante Sanctum Marcelhim loco cathedram » tetjuit, lunnilus , cum reliqitijs corporis, ex prii>tind sede trans- •» latiis est anno M. DCXXVIII ».

Sur le tombeau de St. Céranne (i88) étoit cette inscription :

S Ceranni Paris, episcopi qui post annum c/irisliDC. Clotario. II rege cathedram tenuit , tuniulus , ex quo Icpatœ olini sacne reli- quiœ , in Imnc locuni translatas est anno. M. DCXXVIII.

Il fut d'abord enlerré dans la grotte souterraine au côté droit du sépulcre de Sainte-Geneviève , d'où il a élé transporté dans une châsse qui éloit avec des reliques. Son tombeau y fut aussi trans- porté, et c'est au-dessus qu'on lit l'inscription ci-dessus.

Dans le siècle précédent , on avoit orné avec magnificence tout l'intérieur de cette crypte , dont la voûte étoit soutenue par des co- lonnes d'ordre toscan en brèche d'alep , ainsi que leurs bases et cha- piteaux. Il y en avoit même deux de granit-rôse-orienlal , et deux de porphyre brun.

A quelque distance du cénotaphe de Sainte Geneviève, il y avoit im autel entre deux piliers, sur lequel on remarquoit une croix enri- chie d'agathes , au pied de laquelle étoit un ecce homo , très -bien sculpté, d'un seul morceau de corail. Cette croix pr-écieuse létoit un don du père Durnolinet.

Le tombeau de St. Prudence étoit du côté méridional, et celui de St. Céran du côté opposé, lui éloit parallèle.

Ces tombeaux étoient pareils, composés chacun de deux pierres

(188) Vie maiiusc. de Sainte-Geneviève, p. 200.

Abbaye S Ainte-Gene v ve a Paris. 98

creusées dans l'intérieur ,dont l'une servoit de sépulcre et l'autre de fermeture. Elîes étoient un peu arrondies à l'extérieur et plus larges du côlé de la tête , à-peu-près comme les l^ierres d'à présent , du reste presque bi-uttes et sans aucune espèce d'inscription ni d'ornemens.

C'étoit la forme ordinaire des toml^eaux de ces tems reculés , qui a peu varié pendant plusieurs siècles.

La symétrie de cestombeaux avec celui de Sainte Geneviève placé au milieu , prouve que cette chapelle existoit à-peu-près telle qu'on la vojoit dernièrement, avant la mort de Céranne, arrivée en 6i5 , peut-être avant même celle de Sainte Geneviève , qu'elle aura été conser\ée î-ous les décoml)res de l'église haute , et que dans la suite on l'a seulement augmentée et l'éparée.

Les voûtes ont été refaites dans le siècle dernier.

Le tombeau ou plutôt le cénotaphe de Sainte Geneviève étoit au milieu de ceux que nous venons de décrire ; il a été refait en marbre blanc et entouré d'une grille de fer , lorsque l'on répara et embellit la crypte.

Le dessus de l'ancien tombeau dans lequel étoit le corps avant que d'être mis dans la ciiâsse, n'étoit que de bols; mais, comme je l'ai déjà dit , il avoit été orné de rainceaux d'or et d'argent par St. Eloi , alors orfèvre , vers l'an 635 , et c'est sans doute ce qui a donné lieu à la fausse tradition que la châsse avoit été faite par lui.

Le corps de Sainte Aude ou Sainte Aide , compagne de Sainte Geneviève , fut aussi enterré dans ce lieu ; mais on le mit peu après dans une des châsses dont j'ai parlé.

On voyoit dans la crypte un vitrail qui représente la procession de la châsse. Je l'ai fait graver Planche V , parce qu'il indique le costume des porteurs et l'ordre de la cérémonie telle qu'elle a été décrite ( 189), la vue est prise du coin de la rue du Marché-Palu; on voit dans le fond l'église Notre-Dame , d'où sort la procession ; la fraise et le chaperon des membres du parlement qui viennent jmmédiatemunt après l'évêque et l'abbé devant qui on porte la

( 109 ) Suprà , p. 74,

m

54 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. crosse et la croix indiquent le tems d'Henri IV; la châsse est devant riiôlel-Dieii , elle va passer ensuite le coin de la rue du Marché- Palu , gagner le Pellt-Pont et traverser sous le petit Cliâtelet pour retourner à Sainte Geneviève.

Lors des fouilles nécessaires pour la réparation de la chapelle souterraine , on trouva un toml^eau de marbre blanc , il a paru d'une haute auticpiité à Duniolinet (190) et à BerL::;ier (191), qui probablement l'a vu , puisqu'il en donne la description. Suivant ce dernier , il avolt six pieds et demi de long sur trois de largeur , et deux pieds huit pouces de hauteur. Dans sa face aniérieure , se voyoient en relief onze personnages à pied , les uns nuds, les autres vêtus à la grecque. Il a pensé , avec d'aulre cin-ieux , que le su, et de ce morceau étolt la chasse du sanglier de Calydon , parce que le principal personnage qui occupoit le milieu sembloit i-e]3résenier Méléagre. Il gvoit le bras droit rompu^ duquel on a cru qu'il tançoit un javclot contre le sanglier , qui se retournoit sur lui avec fuieur.

Non loin de lui paroissoit une femme coëffëe à l'antique , couverte d'une rolje légère et retroussée à la façon de Diane Chasseresse. Au bas éloit un homme renversé et quelques animaux étendus sur la place. On voyoit au côté droit deux personnages portant sur leurs épaules une perche 4 laquelle éloient des filets suspendus ; et à gauche un chasseur , du même travail, qui lâchoit un lévrier.

Duraolinet ( 192 ) soupçonne cet ouvrage du teins de quelque grand seigneur des Gaules , au cojnuienceaient du christianisme, eu de quelque préfet des empereurs.

Voilà tout ce qu'on pouvoit observer dans la crypte ( igS).

( lyo ) Hisi. maïuisc. de Stiinle-Cenev. , p. 127. ( loi ) Tr.iiié des grands cliemins de l'Empire, f 192 ) Dumolinet observe que de son tempe on en vojoit la représen-

tation.

( 193 ) Nous voyons par celte description qu'on appeloit ainsi de ■npn'li» çcculto un lieu soulenain dans lequel les premiers chréiiens se cachoient pour praliqucr les cérémonies de leur culle. Les corps des Saints et des martyrs étaient oïdiuairement placés sur les p;irois des murs , pour servir d'exemples aux fidèles. Les cryptes s'appdlt^nt croupies dans quelques endroits de la Fran.ce.

A^■a^t

ÀBB AT E s A INTE-G EN E VIE VK A PARIS. gfj

Avant de passer à la description de la maison, je crois devoir publier quelques épitaphes ouinscriplions qu'on ne voyoit plus depuis long-teius , et conservées dans le manusciit de l'Iiisloire de Sainte Geneviève. Les deux suivantes ( 194) se lisoient sur des tombes au milieu de la nef.

La première étoit ainsi conçue :

Cy gît le corps de noble homme François Durais , seigneur de la Mabonnière , conseiller au présidial de Senlis , bailly de Vabhaye céans , qui trépassa le dimanche XXV juillet M. DC. XXXIV^. et dame Charlotte GuÉRIN , sa femme , le dimanche XVII mai M. UC. XXXVII. Et la seconde :

Cy gît noble Constant-Louis d'HANGEST , natif de Chalerange, diocèse de Rheims ,fîls de Louis d'Hangest , sieur de Monmort et dudii Chalerange.

Aux pieds de Clovis avoit été déposé , comme nous l'avons dit, GÊ'/-(;rû?, archevêque de Nicosie, dans l'isle de Chypre , mort en 1804. Autour d'une tombe de cuivre il étoit représenté on lisoit ces vers latins rimes :

Venerabilis iste Gikardus Ardua qui gessil hac voce rite vocatus , Hic fuit expertus , dodus , prudens et apertus. Ipse Nicosiœ fuit archiepiscopus urbis ; JJtilis ecclesiœ Cypri , miseris quoque turhîs Mille Trecenti currebant quatuor annis. Et au tour de la tête :

Virtus vera Dei propitietur ej. Celle-ci consacrée à Jean de Jlastray , se Irouvoit aussi dans la nef ( 195).

F'ixit JoAnnes Hastreus apostolus aller Sacra ferens , doclor nobilis , atque plus Uona dédit , cœlum voluii , diuina petit'it Vixit ut hinc viuat , viuit et hic recubat.

(194) llist.' manuscr. de Sainie-fjeueviève , p. 310. ( 195 ) Hist. manusc. de Sainte-Geneviève 3 p. 208.

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m

96 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. A l'aile droite de la nef éloit cette inscription : Cy gît CoRNELio Matioli , gentilhomme Siennoîs, ingénieur du roi, qui décéda le XIV février, MDCXLVII (ig6). Au bas de la nef, ceJle-ci :

Hic jacet magis/er JoA^iiES Dehubanto Nipernensis diœcesis, prœses in caméra inquestarum, in parlamento , et ai'chidiaconus deSezania in ecclesia Trecensi, qui obiit anno M. CGC. LXXXVI. Die XXIV not^embris i cujus anima requiescat in pace (197).

Hugues de Pomarcy, évêque de Langres, a voit été enterré dans le chœur ; sa tombe de cuivre portoit ce peu de mots :

Hic jacet bonœ memoriœ Dominus Hugo de Pomarco, quondam episcopus Lingonensis ; dont, régis Franciœ consiliarius, <jui obiit anno Domini M. CGC. XXXIV, die XXVII aprilis (198).

Hic/iard le Comte , chapelain du pape , avoit aussi son épitaphe dans l'église :

RiCHARDUS CoMlTls (199) propriis meritis et avitis Quondam sublimis jacet hic in tumba , et i/i imis Suscipias animam ne se demergat ad imam Virginis , ô christe , prece. . . . locus iste Facque capellano Sancti Patris ex laterano Quod genito comité pandatur janua vitœ. L'intérieur de la maison contenoit plusieurs choses remarquables j l'architecture étoit presque toute moderne , et les bâtimens avoient été construits sur les dessins et sous la conduite du père Ducreil , reli- gieux de l'abbaje et architecte habile.

La principale porte est une espèce de double portique soutenu de colonnes doriques , dont les bases sont cependant d'ordre toscan , avec deux pavillons carrés, aux extrémités. Vis-à-vis , est une niche décorée de deux colonnes ioniques, dans laquelle étoit une statue de pierre assez médiocre, représentant Sainte Geneviève , une fontaine est au bas de la niche.

( 196 ) Histoire manuscrite de Sainte-Geneviève. , p. 210.

( 197 ) Ibid.

(198) Hist. man. de S. G., p, 304.

( 199 ) Ce nom est écrit ainsi.

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. 97

En entrant , à droite , on trouve un escalier vaste et bleu éclairé qui se termine par la bibliothèque ; il a été bâti en 1724.

A côté on entre dans un péristyle d'ordre dorique ; on peut remar- quer l'adresse avec laquelle on a su diminuer les pilastres sur quel- ques-unes de leurs faces , afin de pouvoir les couper avec les colonnes, sans ressaut dans l'architrave. Il est aussi d'un plus beau module et sur-tout plus régulier que la porte d'entrée ; mais il a le même défaut d'être lourd , défaut qui ressortoit encore plus par le contraste qui se trouvolt entre cette nouvelle architecture et celle gothique-mores- que d'une partie de l'ancien cloître , qui étoit hardie et légère et dont les pendentifs étoient travaillés avec délicatesse.

En face des arcades ouvertes du côté du mur , on avoit placé des piédestaux destinés à porter des statues. De-là on pouroit aller au cloître.

On croit que c'est le roi Robert qui l'a fait bâtir ; les paroles sui- vantes qui se lisoient sur son obit sembloieut autoriser cette asser- tion (200 )

«t Obiit francorum rex Rohertiis , qui dédit claustrum, huic i) ecclesiœ ».

Une statue d'un roi qui étoit dans le cloître en face de celle de Clovis , et que l'on croit être la sienne , forlifîoit cette tradition(2ei) ; mais il faut que ce cloître ait été réparé ou même reconstruit depuis , car l'architecture qui restolt est de la fin du XII» siècle au plutôt. Il paroît sûr qu'une partie a été relevée par les soins di Etienne , abbé de Sainte Geneviève, puis évêque de Tournai.

Plusieurs tombes ornoient le cloîti-e : on lisoit sur celle de Guil- laume de Marigfi y , aumônier du roi Philippe-le-Bel , et parent d'En- guérand de Marigny:

Hic jacet nohilis vir Dominus Guillelmus de Marigniaco , illustrissimi Domini Franciœ régis clericus , qui obiit anno Domini millesimo trecentesimo primo.

Près la porte qui conduit du cloître à l'église, avoit été inhumé , en

(200) Dubreuil , in-4°., p. 2o5. ( api ) Dubreuil , in-4*. , p. iq6,

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/r;

g8 Abbaye Saint e-Ge neviève a Paris. 12C0 , Galien de Plse, ou de Pois {de Pisis ) , chanoine de Raint- Omer , et fondateur des Coi-delières du faubourg Saint Marcel. La tombe de sa mère , placée à côté de lui, ofFroit cette inscription :

Hic Jacet Domina Vuapsinga mater ma gni Galieni de Pisis clerici , anima cujus honitaiem et puritatem ipsius , tum etiam, quia in se magn. . . hahebat de languidis pauperibus, et injïrmis et quia eis lihenter eleemosinas faciebat

Jean de Varenne sénéchal de Toulouse, y eut sa sépulture en 1804. On le reconnoissoit par cette courte épitaphe :

Hic jacet nobilis vir Joannes de Varennis, senescallus Tolo; sanus , qui obiit anno M. CGC. IV.

Celle-ci portoit le nom de Jean Bruneau , curé, aumônier de l'abbé de Sainte Geneviève .

Cy-clessous est le féal serviteur J«AN Bruneau, prêtre de Robigny, curé Clerc de la chambre , capelaia de Monsieur Servant à tous , tant comme il a duré , Par dard mortel, fut son corps séparé De avec l'atne , l'an mil cinq cens et quatre Le jour treizième de juillet mal paré Dieu par sa grâce veuille , ses maux rabattre.

A côté se trouvolt Raoul Fieffé :

Tous qui passez et lisez ce mémoire Ne trépassez que recors ( 203 ) et mémoire Des tiépassez en vos eu ers vous n'ayez Et que mérite enuers Dieu vous ayez. De moii fut pris moy frère Raoul Fieffé Que chacun craint plus qu'un sergent fieffé, 1,'an qu'on disoit mil cinq cens et deux Moult en ferut(2o3) de son dard si hideux; Après contraint le loiiage payer , Qui aux humains est grief à essuyer , Si priez Dieu, qui tous pechiz efface, De jnes méfaits vrai p rdon il me fasse.

( 202. ) Souvenir.

(2o3) Eu frappa beaucoup.

ÀBBATE Saint e-G eneviève a Paris. qq Du même côlé étoit la tombe de Simon BlanchcL :

SiMox Blanchet , chanoine régulier En son viuant e^toit de cetle église , Scientifique en vertu singulier,

Est il (204) , bien mort sa charogne est si (2o5) mise. Saintes personnes se tiennent pour requises De prier Dieu qu'il luy soit gracieux Tant qu'en brief son ame soit assise Entre les Saints au royaume des cieux

L'an mil quatre cens quatre- vinj^ts Et deux , le dix-sept nouembre.

Celle de Jean de la Court est indiquée par ces vers ;

Mort tres-cruelle , qui ça et de la court, A , par son dard , ici mis à l'enuers le corps de frère Jean de la Court Qui mainlenant est fait pasiure aux vers Sous prieur fut de céans et conu.rs Et de Roissy prieur sans aucun blasme , Vous qui passez , cy devant à trauers , Priez Jésus qu'il doint pardon a l'ame.

On avoit fait ceux-ci pour frère Guy des Bruyères, chantre et aumônier de Sainte Geneviève:

Hélas passant veuillez faire prière Pour ma poure ame dont iry gist le corps En mon vivant frère Guy de» Bruyères Je fus nommé , bien en soyez records ;

Mais maintenant je suis avec les morts; Ee doux Jésus me veuille secourir Et me donner en Paradis repos , AfEn que l'anie de nioy ne puisse périr. La mort subite si me vient d'acueillir En cette église j'eslois aumoniér.

( 104 ) Il du mot ktiu ille , lui : est lui bien mort < etc. (aoS^ IcL

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100 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris.

Et pitentier pour le coniieiit servir Beligieux profez et régulier Par.iuant (206) fus chantre et celerier En l'abbaije , j'ay eslé long temps , Puis la mort vint , qui fait tout délier Qui m'ordonna ce lieu je m'estens. L'an dit quatre cens mil quatre-vingt deux Le dernier jour d'aoust comme ce me semble.

Le cloître possédoit encore , depuis Tan 1274, les restes de Pierre, chantre de l'église cathédrale d'Amiens , et aumônier de la reine Mar- guerite de Provence, femme de Saint Louis. Il étoit représenté sur sa tombe , effacée et usée par le tems , son bâton en main , et il avoit sur sa tête un bonnet d'une forme assez singulière.

Auprès de lui reposoit Eudes de ^jnel , à Bourges, chanoine de Soissons, et professeur de théologie. Ce sixajn lui étoit consacré ;

In te dulcis odor morum, conjluxerat , Odo , Flos bitujiim , priuat Jlorem mors ai^ida fructu , Mens humilis , prœclara manens , mundum cor , ayitcf N obilitas , Jrons lœta tihi meruere fai^orem, Parisius cathedram , titidumque Suessio primum Contulit ; hiiic ortum , Biturix, Genovefa sepidchrum.

Tadelmare, prince du sang de Danemarck , vint à Paris vers 1 180, il j mourut après un assez long séjour , et fut enterré dans le cloître,

Ethelmare ou ^delmare , frère utérin de Henri TU, roi d'Angle- terre , à son retour de Rome il s'étoit fait sacrer évêcpie de Win- cester , par le pape Alexandre IV, tomba malade à Paris , il mourut en 1261. Ce prélat j eut aussi sa sépulture. Son cœur en ayant été tiré pour être repoi'té en son église , on l'enferma dans un vase de pierre précieuse , sur lequel on lisoit ce distique :

Corpus Ethelmari , cujus cor nunc tenet istud Saxum , Parisiis morte datur tumuîo ( 307).

( 206 ) auparavant.

(aoy^Hist. man. de S. G., 1. III, cli. XII, p. ao2,

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris, loi Plusieurs lombes avoient été enlevées de différens endroits de l'ab- baje , quelques-unes ont été jettées et sont encore dans une cour atte* nant le cloître et qui conduit au jardin.

Deux entr'auti-es ont fixé mon attention ; elles m'ont paru d'un beau travail et assez bien conservées, quoique cependant les bordures se trouve l'épitaphe eussent souffert beaucoup de l'intempérie de l'air. La première représente la figure d'un prêtre ; au tour on lit :

Hic jacet magister Johannes dictus D diocesis

■pictavensis quondam canonicus ac cancellarius ecclesiœ beatce Mariœ noviomensis qui obiit anno Domini M. QCQ.quinqudsimo, tertia die junii. -

En dedans des bordures se vojent des figures de saints, dans des niches , chargés d'ornemens moresques ; on j voit aussi des armes écartelées au premier et au quatre d'une tête d'homme , et au deux et trois sont des fleurs-de-ljs.

La seconde représente un personnage sous l'habit de bénédictin. Voici son épitaphe :

Hoc claudilur tumulo religiosus vir frater Nicolaus Coulinot

canonic. huj . ecles. sacerdos ac prior curatus qui

pie et caste quadraûta nonum in hoc cenobio , die autem vice- sima quîta mensis octobris diem claudit œternum anno Domird 1557.

On remarque aussi en dedans des figures de saints et de moines, mais d'un travail moins bon que celui de la précédente; les armes, écartelées au premier et au quatre de trois oiseaux, et au deux et trois , de trois chevrons, le fond chargé de six moletes; le blason est entouré d'une couronne d'épines (208).

Du cloître on entroit dans une grande chapelle, dont l'architecture ëtoit d'un beau gothique.

Cette chapelle fut dédiée par l'abbé Etienne en i igo, elle s'appeloit depuis 200 ans environ , JSotre-Dame de Miséricorde , mais on la nommoit avant, Notre-Dame de Cuisine,- l'ordinaire manuscrit de cette maison , traduit en François en 1892, porte au 19 août « Ce jour

( 10a ) Ces tombes devroient être piacées au Musée dts Augustijis.

(9/

102 Abbaye vSaikteGeneviêve a Paris;

» est la dédicace de Notre-Daine de Cuisine , elc. » , et Lebœuf qui donne celte citaiion, ajoute en note: « Comme je n'ai point » vu de titres latins 11 y ait de coquina , je soupçonne que » cuisine a é'é suusrltué à celui de gésine (209) ».

L'autel é!oit anciennement décoré de quatre grandes colonnes de cuivre, depuis on j avoit placé un beau crucifix de bronze, auprès duquel étoit un grouppe , composé d'une Madeleine qui embrasse la croix d'un mort qui est à moitié sorti d'un tombeau, et d'un petit an^e qui donne un coup de javelot à un serpent qu'il foule aux pieds. L'arliste a voulu, par cette allégorie, représenter la victoire remportée par J. C. sur la mort et le péché , en expirant sur la croix.

Ce beau morceau, élevé sur un tomlDeau de marbre rance fait en proportion , est de Vanclève , fameux sculpteur , qui en avoit fait présent à cette abbaje en faveur de deux de ses neveux qui en étoient chanoines.

C'est aux pieds de cet autel que le chancelller de Sainte-Geneviève donuoit le bonnet de docteur aux maîtres-ès-ai'ts de l'Université de Paris , qui étolent de son département.

On y a consacré plusieurs évêques dans les deux siècles précédens.

Au milieu de la cJiapelle un tombeau élevé de deux pieds et demi portoit une statue de bronze , qui représentoit l'abbé Joseph Toulon (210), vêtu de ses habits pontificaux, il étoit couché, la tête posée sur lui cou>,-ln et les mains jointes , avec sa crosse à côté de lui. Cftte figure, bien exécutée, est du célèbre Ge/v/za//? P//0/7, J^'oyez Planche IV , n°. 3.

Ce tombeau portoit deux inscriptions , celle de Joseph Foulon , qui J étoit représenté , et celle de Benjamin de Brichanteau (211), déposé dans la même sépulture et qui a été donnée plus haut. Voici celle de Foulon :

Hic Jacet F. Josephus Foulon huj'us ecclesiœ canonicus qui ann. Domini lôôy , in abbatem Dei gratid electusAta sapienter

(209) LeI œuf J t. I J partie , p. 38o. (iio) Siipni. (211 ) Suprà.

uilam

ÀBCAYE Sainte-Geneviève a Paris. lol vîtam instîtuit ut omnibus durissimis licet temporihus gratus charusque essel ; cujus anima in pace quiescat. Amen. Obiit 7 au g. 1607.

I[ j avoit à l'entrée de la chapelle une lombe plate de cuivre , remarquable à cause du costume singulier do la figure qui j éloit gravée. Elle porloit une grande robe qui pouvoit être une aube avec une espèce de chape semée de fleurs-de-lis , sa tête étoit couverte d'une draperie carrée , posée à plat sur ses épaules ; c'est sans doute l'aurausse ancienne , dont une partie servoit de bonnet , tandis que l'ciutre retomboit sur ses épaules ; un bâton , terminé en forme de béquille , qui indiquoit la dignité de chantre , éloit entre ses mains. Cette plaque de cuivre recouvroit tombe de Renault du Pré- Gilbert , mort le 25 septembre i353. Il avoit élé président de la chambre des enquêtes, ensuite préchantre de la cathédrale d'Auxerre et chanoine en trois églises à-la-fois , à Sainte-Geneviève , à la S.iiute- Chapelle et à Sens, ce qui lui fa'soit quatre dignités dont il avoit été apparemment revêtu par ces églises, intéressées peut-être à avoir un juge qui leur fût dévoué.

Claude Dui^ert , religieux de l'ordre de Clunv , a fait graver cette figure dans son ouvrage sur l'antiquité des habits ecclésiastiques.

A l'extrémité du portique on trouve le grand escalier, aussi construit sous la conduite et d'après les dessins du père Ducreil , il est d'une coupe hardie , dont le trait ne porte que sur le point de deux petites colonnes qui soutiennent la masse de la voûte ; mais il est mal éclairé et le plafond est trop bas , ce qui lui ôte une partie de son eHét.

Le vestibule qui est très-grand a le même défaut , et l'architecture, en est lourde ; il est orné de quatre statues des prophètes , placées dans des niches angulaires. Sur le premier pailli; r, les deux rampes pren- nent naissance , il y avoit dans une niche une belle figure de Vierge assise.

Cet escalier conduit aux dortoirs , qui sont à double étage , et à une chapelle , nommée l'Oratoire , construite dans les derniers teras de l'abbaye , sous la bibliothèque; on y entroit par le grand dortoir.

Elle éloit décorée d'architecture d'ordre corinthien avec son enta- blement, qui règnoit tout autour. Les chapiteaux étoient dorés et

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104 Abbate Sainte-Geneviève a Pari^.

les bases étoient en cuivre. On y avoit adapté alternativement des figures en demi-relief de plomb bronzé, et des tableaux qui repré- sentoient divers passages de la vie de la Vierge. L'autel, placé dans le fond, étoit orné d'une perspective d'architecture peinte, et d'une Nativité aussi de plomb bronzé. Un fort beau Christ d'ivoire étoit encore placé sur cet autel.

Le rez-de-chaussée de cette maison étoit distribué en salles spa- cieuses , qui servoient à recevoir les chambres du parlement , la chambre des comptes , la cour des aides , le châtelet et le corps de ville , lorsque l'on portoit la châsse en procession.

L'une de ces salles étoit remarquable par sa grandeur et par sa voûte en arc surbaissé, assez eslimée. On appeloit Salle des Papes, celle qui conlenoit une longue suite de leurs portraits , il y en avoit aussi une remplie des portraits des rois de Fiance ; la plupart de tous ces tableaux étoient fort ordinaires , excepté un portrait de Louis XIV , en deuil , âgé de 6 ans , qui méritoit d'être distingué par la variété du coloris , le suave du pinceau et la correction du dessin. Ce tableau , donné par la reine Anne d'Autriche , étoit du célèbre Philippe de Champagne.

Le réfectoire étoit vaste et fort propre. Il j avoit deux grands tableaux de Clermont , qui représentoieut l'un une cène , et l'autre la multiplication des pains (212).

La nouvelle sacristie étoit grande et ornée d'une riche boiserie, mais dans le mauvais goût d'alors. On remarquoit au-dessus de la porte im morceau en ce genre qui présenloit une grande diffi- culté vaincue ; c'éloit un panneau , dans un cadre rond, remplis- sant le haut d'une niche creuse et ronde, dans le bas de laquelle cette porte étoit pratiquée , et malgré que ce panneau fût courbé de tout sens , il conservoit sa rondeur à la vue.

Outre quelques tableaux, on y vojoit un ecce homo et une Notre-Dame de douleur , fort bien exécutés en tapisseries

(212) Dumolinet , hist. man. de S G , p. 406, racoute qu'à l'entrée du réfectoire il existoit du tems de Guillaume le Duc , abbé, une fontaine étoit un bassin de pierre , et au milieu une image de Saiate-Geneviève , portant un fierge qui jeloit de l'eau par le bout.

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. ro5

Outre cette sacristie destinée uniquement aux religieux , il y en avnit encore deux autres ; celle qui servoit aux prêtres séculiers , qui aidoient à acquitter les messes de la communauté , et la troisième nommée le trésor, oîi Ton conservoit l'argenterie et d'autres choses destinées au culte.

Dans le nombre on distinguo't un calyce du 14 ou i5*. siècle," fort bien ciselé, dont la tige est ornée de petites pyramides et de niches gothiques avec des Saints dedans selon le goût d'aloi's; P/. /P", Jig 4- Sur sa patène on a représenté un triangle dont chaque angle est terminé par un petit cercle , de chacun desquels part un rayon ; ces trois rayons se réunissent au point de centre à un seul petit cercle , et sur la base du triangle est un buste du Père Eternel, à trois faces, le Irinngle est lui-même dans un cercle, et dans les espaces il y a quatre langues, un lion et un bœuf; par ces allégories on aura sans doute voulu exprimer la trinité,iui Dieu en trois personnes et les quatre évangéhstes. Voyez Planche IV,Jig. 5.

A en croire Dumolinet (2i3) la chasuble de Saint-Pierre (^21 j^^ fut gardée toute entière dans ce trésor pendant plusieurs siècles. Elle avolt été apportée d'Antioche, et on la montroit au peuple vers l'an 1080. Mais les chanoines séculiers, souvent forcés d'éviter les incursions des Normands , emportoient avec eux les choses les plus précieuses, et probablement en faisoient ressource. C'est ce dont l'abbé Sugger se plaint dans une lettre au pape Eugène (2x5) il regrette la perte de cette chasuble miraculeuse. Hugues, abbé deCluny, voulant un jour en essayer la vertu , l'imposa sur un paialy tique , qui reprit sur-le-champ l'usage de ses membres (2 1 6).

Cependant il en restoit encore un morceau; l'étoffe étoit de soie, fond vert, ayant un écriteau chargé de ces trois mots en gothique : casula Sancti-Petri. C'est le nom que lui avoit donné Hugues de Cluny.

( 2i3 ) Hist. man. de S. G. , L. II , cli. VII , p. 159.

(214) (^iii n'a voit jani;iis porté de chasuble.

(2i5) Durliesne , t. 4, p. 609.

( 3i6 ) Boitand , 29 april. - Lebœuf, Hist. de Par., t. II, p. 877.

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îo6 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris.

On y a aussi conservé long-tems la ])ièce de monnoie marquée du monograme X , que Saint-Germain donna à Sainle-Geneviève , or. une semblable , qui servolt à marquer des pains bénis dont les religieux faisoient la distribution le jour de la fête de la Sainte (217).

On y voyoit encore un livre des évangiles , couvert en argent , sur lequel on lisoit :

Anno Domini'M.. CC. XlNlUfLÛtrex LudoDiciis Hienisalem. Eodeiîi anno ecclesla nostra de statu canouicorum seculariinn ad regidarem ordinem est mulata , operatà itidustriœ Suggerij honce memoriœ Sancti Dionisij abbatis , iuiimgente eidem ahbati Domino Eiigenio papa secundo , recordationis sanctœ , et illustri Francorum rege Ludouico supra dicto (218).

Parmi les çinciennes reliques et objets précieux conservés dans le trésor, et qui n'existoient plus méuie bien avant Dumolinet (219), on sera fort surpris de voir un bras d'argent renfermant l'os de celui d'une des onze mille Vierges ; et encore plus, un reliquaire contenant une parcelle du bâton miraculeux de Mojse.

Le sceau de l'abbaje doit trouver ici sa place. Jusques vers la fin du XI*. siècle, il fut le même que celui des rois de France, sous la seconde race , et au commencement de la troisième , représentés assis sur un trône, la couronne en tête et le sceptre à la main. Il portoit pour inscription en gotiiique : Sigillum ecclesiœ S. Pétri et Pauli , et Santœ Genoi-'efie. Le conire-sceau ofïioit une image de Sainte Geneviève à demi-corps, voilée

Environ l'an i3oo, on en fit frapper un autre, pour servir avecle précédent. Il avoit pour empreinte la figure de Sainte Geneviève; et pour contre-scel, une fleur-de-lys, surmontée d'une couronne royale de la forme de ce tems-là ; c'est-à-dire, composée de fleurons, et non- fermée par le haut. Telle étoit son inscription : Contra sigillum camerce Santœ Genoi^efœ.

Mais lorscju'on vint à réduire les fleurs-de-lys à trois dans l'écu de

(217 ) Bimest de Chastelain , p. 54. - Lebœuf , Hist. de Par., t. Il, p. 878.

(218) Dubreiiil , iii-4°.

(219) Hist. maa. de S. G., p. i63.

Abbate Sainte-Geneviève a Paris. 107 France, et que les rois s'en servirent pour leur sceau, alors celui de l'abbave éprouva aussi un changement. Dumolinet (220) décrit celui qui existolt en 1450 , sous Charles VII, l'on voyoit les fitnire'' de Sainte Geneviève , de St. Pierre et de St. Paul ; au bas éloit un abbé à genoux, qui avoit à sa droite les armes de France , et à sa gauche les armes de sa famille.

Vers le milieu du XIV^. siècle, Philippe-le-Bel, alors abbé, fit rétablir l'empreinte de l'ancien sceau.

Chaque abbé avoit un sceau particulier, qu'on enterroit ordinai- rement avec lui.

Le prieur avoit aussi le sien, représentant une main qui sonnoit une cloche , comme pour exprimer le droit réservé au prieur seul, d'appeller les religieux à l'office , ou d'assembler la communauté.

Le chapitre avoit été bâti en même tems que la nouvelle sacristie, ^on y entroit par le cloître , il étoit orné d'uH lambris de menuiserie très-riche, mais d'un assez mauvais style. Cette boiserie montoil: jusqu'au plafond qui étoit surbaissé en anse de panier.

Le pavé étoit remarquable par la symétrie avec laquelle on avoit posé les pierres des tombes de l'ancien chapitre , qui étoient de gran- deur inégale ; plusieurs étoient de marbre blanc. On avoit eu le soin d'y ménager des places pour graver , à l'avenir , les noms des religieux qui décéderoient pendant une longue suite d'années , sans rien changer à la distribution.

Au-dessous étoit la cave qui servoit de sépulture.

La tombe du milieu étoit celle du père Faure, premier abbé ré<ïu- lier (221) depuis la réforme dont il étoit l'instituteur.

Tout près étoit celle de François Boulart ( 222 ) , à la o-auche de laquelle on voyoit la tombe du père Blanchard (228). Non loin de celle-ci en étoit une petite qui renfermoit les restes du père Lallemant dont voici l'épitaphe :

(220 ) Hist. man. de Sainte-Gen. , liv. VI , cli. XXXIII, p. 861. (221) Siiprà. ( 22a ) Siiprà. ( asS ) Suprà.

io8 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris:

Hic jacet rei^erendus pater , Petrus Lallemant , prior hujus ecclesice ejusdemqiie ac unii>ersitatis parisiensis cancellarlus. Obiit M. DC. LXXIII./^i/-. XVIII. œtatis lA.professioms.Y.N\\.

Le vaisseau de la biljliothèqiie est un des plus grands qu'il y ait en France; il est bâti en forme de croix grecque, dont la grande partie a trois cent dix - huit pieds de long sur vingt - quatre de large ,et l'autre croisée de deux cent quarante pieds sur la même lar- geur ; la hauteur est de dix-sept pieds , et cependant il paroît encore bas et écrasé. Au milieu de la croix on a ajouté un dôme de trente-cinq pieds de haut , sur vingt-cinq pieds de diamètre , son attique ornée de moulures est percée de huit fenêtres , et semble porter sur qnatre palmiers placés dans les angles renlrans que forment les quatre ailes de la bibliothèque.

Le dessous du dôme forme une espèce de salon rond , fort éclairé, aboutissent les quatres parties de la bibliothèque , et d'où l'on peut voir par-tout.

Les croisées éclairant les quatre ailes sont distribuées avec la plus exacte svmétrie.

Ce n'est qu'après coup que l'on a bâti les aîles qui croisent la partie la plus longue; or, connue cette croisée étoit plus petite que l'autre, et que par conséquent il y avoit un des quatre côtés de la croix beaucoup plus court; la Joue, bon peintre d'architecture, a peint au fond de cette peiiie partie un« perspective représentant un salon ovale éclairé par une croisée au milieu. A l'entrée de ce salon il a figuré deux consoles qui portent deux urnes de marbre antique, et sur le devant, une sphère selon le système de Copeinic. Ce morceau est peint avec tant d'art qu'il fait la plus parfaite illusion.

La coupole du dôme a été peinte par Reslout, neveu et élève du fameux Jouvenet. Il représente St. Augustin sur des nuées, entouré d'anges, dont deux l'élèvent au ciel, il fient d'une main un livre et de l'autre une plume ; des rayons lumineux qui ressemblent au nimbus djs anciens entourent sa tête. Le costume est assez bien observé dans sa chasuble antique relevée sur le bras. Sa crosse et sa mître , portées par des angns , sont simples comme celles du cinquième siècle ; de la nuée qui porte le Saint , on voit sortir un foudre qui va consumer

Abbayï Saikte-G ene vie ve a Paris. 109 des livres renfermant les ouvrages de Pelage , de Manès , et de Julien.

Ce morceau est assez bien composé ; mais il est d'un mauvais style , le dessin est de mauvais goût et maniéré , et le fon de couleurgris est faux. La tête du S\. Augustin est d'un caractère mesquin , et les têtes d'anges sont très-ordinaires et sont loin de ce beau idéal qui ravit dans celles de Raphaël et du Guide ; en général on voit que cet ouvrage est du tems de la décadence des arts en France.

La menuiserie qui forme les armoires est uniforme et exécutée avec soin , sur-tout celle de la porte, qui estoinéede sculptures un peu loux'des , mais riches et bien exécutées.

Toutes ces décorations ainsi que le dôme , ont été exécutées d'après les dessins et sous la conduite de la Guepierre, architecte de l'aca- démie.

La fondation peut dater de l'époque le cardinal de la Roche- foucault introduisit la réforme à Sainte-Geneviève. Il ti"ouva cette maison tellement dépourvue de livres , qu'il fut obligé d'y envoyer cinq ou six cents volumes de sa bibliothèque pour l'usage des nou- veaux religieux. J'observerai avec Dumolinet ( 224 ) , que sous Ben- jamin de Brichanteau, un de ses aumôniers ignorant et peu curieux, vendit au poids , pour des livres de chant, tous les imprimés, et notam- ment plusieurs manuscrits dont notre historien regrette la perte.

Les PP. Fronteau et Lallemant ne négligèrent rien pour ajouter au don du cardinal, et leur zèle amassa, en peu d'années, 7 à 8 mille volumes.

Le P. Dumolinet, qui leur succéda, ne déploya pas moins d'ardeur et d'activité ])our l'accroissement de cette collection. Enfin, la magni- fique bibliothèque de Le Tc/Z/Vr, archevêque deRheims,qui échu» à l'abbaye , et des acquisitions successives ont porté le nombre des volumes à 55 milles.

Depuis quatre ou cinq ans on a formé des dépôts littéraires. La faculté accordée aux conservateurs d'y puiser , leur amour connu pour les sciences et leur bon goût rendront la bibliothèque du Pan-

( 224) Hist. manusc. de Saime-Genev. , p. 43a et 860

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lie Abbaye Sainte-Geneviève a Paris; théon une des plus considérables et des mieux choisies en tout genre.' Elle peut s'évaluer aujourd'hui de 70 à 80 milles volumes.

Les gardes actuels sont les citoyens Viallon , Ventenal et Daiinou.

Elle possède encore deux globes céleste et terrestre , artisteraent enluminés et très-bien montés , avec leurs méridiens de cuivre et leurs boussoles. Ils sont du P. Coronelli , cordelier vénilien, et général de son ordre.

On j conserve un monument en carton assez bien exécuté ; c'est lésion en relief de la ville de Rome , lait dans la proportion d'un pouce pour quatre-vingt-dix pieds. Il est posé à hauteur d'appui et enfermé dans un vitrage, surmonté d'un plafond peint en ciel. Son étendue est d'environ douze pieds en carré. Il représente Rome telle qu'elle existe aujourd'hui ; on y distingue parfaitement ses plus beaux édifices, ses vastes et riches palais , ses jardins délicieux et quelques- unes des principales fontaines. On y découvre aussi les ruines de l'ancienne Rome , comme le Colisée , le temple de Vénus , les aque- ducs , etc. Ce morceau vraiment curieux est de Grimani , qui a employé deux ans à le faire.

Un écriteau porte ces deux vers tirés de Martial ( 225 ) :

Hinc septein dominos videre montes , Et totam licet estimare Romam.

et il indique que ce plan fait en 1776, a été acheté en 1785 pour le cabinet de Sainte Geneviève.

Delà on- entre de plain pied dans le corps-de-bâtiment construit pour servir de cabinet d'antiques et d'histoire naturelle. Son établis- sement étoit au P. Dumolinet , qui en a publié la description , telle à-peu-près qu'il l'a laissé de son tems. Ce qui se trouva de plus jare dans le cabinet du fameux Peirèsc, contribua beaucoup à l'enrichir. Il avoit été considérablement augmenté, et passoit pour un des plus curieux de Paris; mais, depuis quelques mois, tout ce qu'il contenoit a été transporté à la bibholhèque nationale.

On y voyoit autrefois une suite nou-interrompue des portraits des

( 225 ) Lib. ly . Epiferam, 54.

rois

Abbaye Sainte- Geneviève a Paris. m rois de France, au pastel , dont on faisoit peu de cas pour le Iravall. Ils y sont restés , mais enfermés dans des armoires.

Aujourd'hui les conservateurs ont placé dans la pièce du fond leur collection très-précieuse d'estampes, ainsi que tous les ouvrages qui traitent des objets d'antiquité.

Elle est actuellement destinée , en hiver, à un cabinet d'étude et de travail, très-commode et très-agréable. C'est la seule bibliothèque de Paris les tiavailleurs soient commodément et ajent du IV u.

Vis-à-vis la porte d'entrée de la bibliothèque se trouve la salle des manuscrits , à laquelle on monte par un escalier fort étroit. 11 y en a quelques-uns de Irès-anciciis , liès-beaux et bien conservés; on en remarque entr'autres un de Manuel Philée (^22.6), petit i/1-4"., écrit de la main de P'égèce, et dont les figures sont parfaitement dessinées et enluminées par sa fille.

On j a relégué l'horloge fait par Oronce Fine, habile mécanicien et premier professeur de mathématK[ues sous François I'^'". (227) Cet ouvrage , à la construction duquel il employa sept ans , fut achevé en i353, pour le cardinal de Lorraine , archevêque de Rheims.

Il est de figure pentagone, haut de six à sept pieds, en y compre- nant le piédestal , ou le soubassement sur lequel il est posé, en forme de colonne creusée , dans lequel est un seul poids , qui fait marcher onze cadrans ; savoir , les sept planètes , le cadran des heures , l'astro- labe, la tête du dragon et le cadran de la lune.

Sur le couronnement , il y a un globe céleste de cuivre , peint en miniature^ qui fait son tour en vingt-quatre heures; le poids dont on vient de parler se monte en moins d'une minute , et dans l'espace de deux pieds qu'il a de jeu , il est huit jours à descendre.

Cette pièce ingénieuse peut se monter et démonter en un moment, quoiqu'elle soit composée de plus de cent roues différentes , d'une trempe particulière , qui les a garanties jusqu'à présent de la

( 226 ■* Il no is reste de cet auteur grec un poè'tiie en vers ïainljiqiies sur

îa propriélé d's nnimaux. ^

(32.7) Voyez sur Oronce Fine, Ant. Naf. , tom. IV , art. XT-VI , p. 79.

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112 Abbaye Saikte-Geneviève a Paris; rouille ( 228 ). Cette mécanique , maintenant abandonnée et en partie disloquée , a besoin de grandes réparations. Elle ornoit autrefois la bibliothèque.

Dans les espaces des corps de tablettes s'élèvent des piédestaux en gaîne , qui portent les bustes de plusieurs grands hommes de l'antiquité et de quelques empereurs romains. Ils sont très-précieux, en ce qu'ils ont été moulés sur lanlique et réparés de la main du fameux Girardon. Il j a aussi plus de 80 bustes en marbre ou en pierre de plusieurs personnages célèbres du siècle précédent et de celui-ci , faits par Girardon , Coisepox , les Coustou , etc. etc. Les derniers placés sont Soiijflot , architecte de la nouvelle église , aujourd'hui le Panthéon, el Pingre , dont le buste a été exécuté et donné par Caffieri , son ami.

II ne nous reste plus à faire connoître que les membres de cette maison qui se sont distingués par des talens supérieurs et des événe- mens singuliers. Un des premiers est l'abbé Etienne (229).

Orléans vit naître Etienne l'an ii25. La vivacité d'esprit et de talens qu'il déploya dans ses premières études,et sur-tout dans son école publique de pbilosophie, luigagnèrent la faveur et l'amitié de plusieurs grands personnages. Guillaume de Champagne , entr'autres , fils de Thibault , comte de Trojes et de Blois , lui fut tout dévoué. Devenu archevêque de Sens , il le prit d'abord en qualité d'aumônier et de secrétaire. Son crédit lui fit donner ensuite une prébende et l'office de chantre àSt-Euvert d'Orléans, chapitre de chanoines réguliers. Etienne s'étant mis en tête d'y établir la réforme , appela des chanoines régu- liers de Saint-Victor de Paris. Robert ,Y\\\\ d'eux, désigné premier abbé , donna le nouvel habit de religion aux réformés ainsi qu'à Etienne , qui eut la charge de procureur de la communauté. II ne tarda pas à succéder à Robert. Quelques années après l'abbaye de Ste.- Geneviève étant venu à vaquer, ily fut nommé en 1 178, et quatorze ans après à l'évêché de Tournay. Ayant écrit à l'archevêque de Tours pour lui annoncer sa nouvelle promotion, celui-ci lui envoya

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( 228 ) Brice , descript. de Paris , t. II. , p. 5o5. (229J Supràj p. 19.

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. ii3 pour présent une mître , des gants et des sandales. Les auteurs contem- porains donnent Etienne comme un des plus savans hommes de sou tems. On a de lui des sermons, des épîtri's et d'autres ouvrages écrits avec assez de iroût , d'élégance et de facilité.

Guillaume , connu sous le nom de Guillaume de Dannemarck ^ naquit en 1104. Hugues, son oncle, abbé de Saint - Germain-des- Piés , lui procura jeune encore une prébende en l'église Sainte-Gene- viève, alors desservie par des chanoines séculiei-s. L'austérité de ses mœurs lui fit de ses confrères autant d'ennemis , qui employèrent tout pour l'éloigner. Malgré leurs intrigues , il fut pourvu d'une prévôté considérable, celle d'Epinaj , qui relevoit de son chapitre. Peu de tems après, instruit par Eudes lui-même de la réforme opérée à Sainte-Geneviève, il se rendit auprès du nouvel abbé, à la per- sualion duquel il enlra en religion à. l'âge de 44 ans.

Selon l'auteur de sa vie , Dieu le voyoit avec tant de complaisance , qu'une nuit ii lui apparut sous la figure d'un bel enfant , et l'appelant par son nom , il lui dit : Sache que je Vai choisi pour venir avec moi dans une certaine île tu auras beaucoup à souffrir. Il ne lui fut pas donné de connoître sur-le-champ le sens de cette prédic- tion ; mais il la crut bien vérifiée, lorsqu'en 1161 il fut appelé par Absalon , évêque de Roschilde en Dannemarck , sous le règne de Valdemare , pour établir la réforme dans un ancien monastère de chanoines. Il partit donc pour la Zélande avec deux autres confrères. Les religieux et le diable y tourmentèrent à l'envi le réformateur ; mais le ciel le protégea contre toutes leurs espiègleries. Une nuit , pendant cpie les moines dormoient , le diable voulant faire périr le pieux abbé, renversa sa lampe allumée sur la paille de son lit. Le feu prit et consuma tout ce c]ui étoit autourde lui , maisne l'atteignit point.

L'animosité des religieux croissant toUjOurs , ils conçurent le dessein de s'en défaire , soit en l'enfermant dans un sac pour le jeter dans la mer , soit en le poignardant , soit en le vendant aux Van- dales \ mais le saint les devina et triompha de leur perfidie.

Attaqué d'une maladie qui le mit en danger, il fit une prière à Sainte-Geneviève et s'endormit. Touchée de son état, la Sainte vint le consoler pendant son sommeil , et le regardant d'un visage riant :

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114 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris;

Ne craignez point , nous avons un bon Seigneur. Guillaume re- connoissant sa patrone , la remercia de sa visile et lui demanda qui (;!oir ce Seigneur, dont elle lui parloit? « C'est Jésus-Christ, fils de » Dieu, lui dit-elle ». Aussitôt la réjionse de Geneviève, le malade s'éveilla et se trouva guéri.

Il n'y a guères de saints sans miracles. Guillaume en fit quelques- uns pendant sa vie; quantité de malades ont élé guéris en mangeant des viandes qui lui avoient été servies à table , et en buvant l'eau dont il avoit lavé ses mains.

Philippe- Auguste , roi de France , avoit épousé Isemburge (280), sœur du roi de Dannemarck , qu'il répudia. Canut, informé de ce divorce, envoya son chancelier à Rome pour traiter de cet objet; Guillaume l'accompac^na. Son cheval s'étant blessé pendant le voyage, il le guérit par un signe de croix.

Ce personnage mourut en 1202, le 6 avril, à l'âge de 92 ans, ajant été 40 ans abbé.

Charles Faure (281 ) naquit à Luciennes, village à quatre lieues de Paris , ses parens avoient une maison de campagne. « A peine 3) avoit-il cinq ans, dit l'historien des ordres monastiques, qu'ayant » su que sa nourrice avoit été reprise de quelques désordres , il ne 3) voulut plus soufFrir ses caresses et fuyoit même sa présence ». Tant il est vrai qu'il n'est guères d'hommes, à qui le génie et les circonstances donnent qnelqu'éclat, auxquels on n'attribue des actes extraordinaires jçjj,,,,' et souvent invraisemblables.

■^ Peu après son retour de Bourges, il étudia sous les Jésuites, sa

mère devenue veuve et sans fortune, le confia jeune encore à l'abbé de Saint- Vincent de Senlis, qui en prit soin et l'admit dans son ordre.

Faure ne voulut jamais prendre le bonnet de docteur , quoiqu'un de ses oncles lui eût fait par testament un legs à cette condition.

Il demeura constamment à l'abbaye de Senlis , à la réforme de laquelle il travailla , et dont il devint sous-prieiu' et maître des novices. Ayant enseigné pendant long-tems la théologie et la philo- sophie , plusiem-s de ses discij les lui dédièrent des otivrages. f

(23o) Ant. Nat. , tom. Il, art. XV, p. 8.

(281 ) Siiprâ.

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. iiS Ce fut lui qui engagea les chanoines léfoimés à faire le vœu de ne pas briguer un bénéfice, de n'en accepter aucun sans le consen- tement et l'ordre des supérieurs, et même de retourner au monastère si ceux-ci le jugeoient convenable.

Du reste sa vie n'olfre aucun trait remarquable, sinon qu'il éloit dans l'usage de servir les religieux au réfectoire, jusqu'à la fin du repas, toutes les fois qu'il officioit pontilicalemeut (282).

On a de lui quelques ouvrages oubliés depuis long tems. lia plu à l'auteur de sa vie (233) de faire mourir d'une manière tragique tous les religieux qui furent opposés à ce zélé réformateur.

J'ai rapj^orté de la RochefoucauU à-peu-près tout ce qu'on en peut dire. Il fit , comme on l'a vu , des changemeiiS si considérables , soit dans l'église , soit dans la manse abbatiale , qu'on ne risqueroit rien de lui appliquer ce qu'on a dit de l'empereur Auguste à l'égard de Rome : Inuenit lateritiam , reliquit marmoream (284).

Pierre iourrier , siu-nommé de Mathincnurt , du village dont il devint curé , n'a acquis quelque célébrité dans son ordre , que par la fondation de deux communautés, l'une de filles, sous le nom de Notre-Dame , et l'autre de chanoines réguliers , sous celui de Saint-Sauveur. Revenant un jour de visiter ces nouveaux monastères, on lui apprit qu'il y avoit dans son village plusieurs possédés du diable qu'on avoit exorcisés. Ayant demandé à l'un des esprits il avoit été les trois jours qu'il n'avoit point répondu à l'exoi'ciste , celui-ci lui dit qu'il venoit d'un village de Lorraine , pour se venger du curé qui les afoit persécutés , et qui aidait bandé contre eux les hommes et lesjilles de tous âges et de toutes condi- tions , ils lui aidaient fait un beau ménage et taillé bien de la besogne (235 ).

(282) Heliot , Hist. des ord. monasi. , t. 11 , p. 3,8 , Gallia christ. , t. Vil, p. 783. (233) Chartonnet, vie du P. Faure, 10-4". ^284) Supra. (235) Vies man, des Hom. Illust, des chan. rég. de Fr. , 1. 11 , p. 454.

/9^

iiCy Abbaye Sainte-Geneviève a Paris.

Ce religieux, à Mirecourt en i565 , mourut à Grez, en Franche- Comté, vers 1640. Ouïe béatifia en lySo.

Angers fut la pairie de Jean Fronteau. Du collège de la Flèche , il avoir fait professiion , il se rendit en i636 dans la maison de Siinte-Geneviève, il enseigna la philosophie et la théologie. Son érudition étoit immense ; très-versé dans les langues mortes, il parloit aussi presque loules les langues vivantes de l'Europe. Il laissa plu- Sieurs ouvrages , presque tous polémiques et critiques. Le pins singulier est une chronologie des papes en vers hexamètres. Ces vers étoient acrostiches , c'est-à-dire , que chacun commençoit par les lettres de l'alphabet. A, B, etc.

L'auteur s'éloit encore assujéti à faire entrer dans chaque vers le nom du pape , et à désigner ses principales actions ; mais ce qui paroîtra plus étonnant , c'est que le nombre des lettres qui précédoit le nom du pape , indiquoit celui des années qu'il avoit tenu le siège de ré""!ise. Les deux premiers vers serviront d'exemple :

Aff'ero ponlijîcum seriem ; tu , Pelre canenti làlattas dwa Lini et matrum vchunen , adesto (236).

Apiès avoir élé chancelier de l'Université, et prieur de Benêts en Anjou , il mourut curé de Montargis en 1662 , à 48 ans.

Pierre Lallemant , à Rlieims , étudia à Paris. Après avoir professé la rhéloriqu avec succès , et avoir été plusieurs années de suite recteur de l'Université , il prit l'habit de chanoine régulier. Devenu chancelier de l'Université , le conseil du roi et le parlement le chargèrent de commissions importantes , relatives aux afTaires ecclésiastiques. Dans foutes les occasions il déploya beaucoup de prudence, de modération, de finesse et de capacité. Le peu d'écrits qu'il a laissés , excepté l'éloge de Pompone de Bellièvre (287), sont sur des matières de religion.

(236) Heltot, HIst. des orJ. mon., t, rr , p. 338. - Piganiol , Desrript. de Par., t. VI, p. 93. - Niceroii , Mém. hist., t. XXI, p. 80. - Vies inan. des Hom. iUiist. des chan. rcg. de Fr. , p. 64.').

(257I Biice, Descript. de Par., t. 11 , p. 5i4 - Piganiol, Descript. hist. de Pai. , t. VI, p. 94. - Perrault, Hom. illust. , t, 11 , p. 11.

Abbaye Sainte-Geneviève a Paris. \\f René le Bossu, de Paris, professa les humanités dans jjlusieurs maisons de son ordre. Après un assez long séjour à Sainte-Gene- viève , il devint sous-prieur de l'abbaje Saint-Jean-de-Chartres , JI mourut en 1680. Le traité du Poème épique a fait sa i-éputalion.

Anselme , appelé de Paris , sans doute pour le distinguer de ceux qui portent le même nom,éloit de Rheims. Quoiqu'avec luie connoissance profonde des langues savantes , il ne travailla cepen- dant qu'à des ouvrages de controverse. Ce religieux mourut en i683. Châlons-sur-Marne a donné le jour à Claude Dumolinet , qu'on doit metti-e au noml^re des plus sa vans de l'ordre. Son étude prin- cipale fut l'histoire et les antiquités. Il nous reste de lui plusieurs ouvrages imprimés et manuscrits ; ceux-ci concei'nent la congréga- tion. Dans ces morceaux d'histoire détachés , à travers une foule de préjugés puériles, on rencontre par intervalle des faits piquants, qu'on ne trouve point ailleurs. Ce laborieux antiquaire est mort en 1687, âgé de 67 ans.

Joseph Barre, chancelier de l'Université et bibliothécaire de Sainte-Geneviève, est mort en 1764, à l'âge de 72 ans. L'hisloire générale d'Allemagne, en 11 volumes //7-40. , son principal ouvrage, ne peut pas lui assigner une place parmi les bons écrivains en ce genre.

Louis de Sanlecque , humaniste , poëte et théologien , mourut en J715, à Paris, sa pati'ie.

Les talens de Claude de Creil , pour la bonne architecture , sont connus. Il donna, sous le ministre Colbert, des dessins pour l'édifice du Louvre. On rendit justice à leur richesse , à leur magnificence ; mais l'extrême dépense qu'en entraînoit l'exécution , les fit aban- donner. Cet artiste à Paris , y est mort en 1708.

Alexandre-Guy Pingre , géographe de la marine , bibliothécaire de Sainte-Geneviève et du Panthéon , à Paris en 1711 , étudia au collège de Senlis , et entra en religion en 1727. D'abord la théologie fut son occupation habituelle ; il la professa dès l'âge de vingt-quatre ans , avant même d'avoir la prêtrise. Mais les troubles du Jansé- nisme le réduisirent à enseigner dans les basses classes à Senlis , à Chartres, etc. Ce ne fut qu'en 1749 Ç[ue le Cat, fameux chirurgien ,

1^9

ii8 Abbaye Sainte-Geneviève a Paris, venant d'éfabllr à Rouen une académie, choisit Pi'ngré pour un de ses membres. La compagnie n'avoit point d'astronome; Pingre qui se connut alors, dit, avec cette sim))lic'ilé qui caractérise le vrai talent : je m'occuperai d'ajli"onomie. L'application et la facilité com- pensèrent bien en lui le défaut d'expé.ience (238). Il parut avec succès dans la carrière dès lySo. On l'envoya bientôt à Paris , oîi il se lia avec Lemonnier. Reçu associé libre de l'académie des sciences, il entreprit, en ij5j, les calculs des comètes. De ce nouveau travail , le plus diiïicile et le plus embarrassant de l'astronomie , est résulté l'immense ouvrage de la comé/ograph/e , qui a paru en 1784; en deux volumes in-\°. Ce fut lui qui imagina le cadran solaire , si ingénieux , qu'on voit sur la colonne de l'hôlel de Soissons , l'on a construit la Halle-aux-Bleds.

Ce savant infatigable a fait plusieurs voyages au-delà des mers , dont il a donné des journaux ou des relations exactes , et tous égale- ment utiles à la géographie , à la marine et à l'astronomie.

On lai doit outre! cela deux bonnes traductions françoises les seules cjui existent , l'une du poëme astronomique de Manilius , et l'autre de celui d'^înitiis , sur les constellatior.s et les cercles de la sphère.

Le dernier de ses travaux est une liistoire de l'astronomie du 'KVI1'' siècle, terminée en 1790 , et dont les circonstances ont retardé la publication. Rendu à l'état civil par la révolution , Pingre éprouva le sort de presque tous les gens de lettres , dont il a\ oit l'insouciance et le désintéressement. Il passa les dernières années de sa vie , non pas dans la médiocrité , mais dans le besoin. Cet homme habile et Vare est mort à Paris en 1796 , à l'âge de 84 ans. Il étoit membre de l'institut national de France ( 289 ).

On doit placer au nombre des sa vans qui ont illustré cette maison Mongez , c onlinuateur du journal d^ physique après l'abbé Rosier, auteur du manuel du Minéralogiste et de plusieurs mémoires estimée, sur des sujets relatifs à la physique et aux arts; un des

( 2l^)8 ) Il îivoii alors ciy ans.

(239) Voir pour le surplus le Magasin Encyclopédique ^ t. III, p. 420, et t. V, p. i;o et suiv.

infortunés

N? ].X. l'I ri. I'm/. uii

I.X. PI. n. P/u/. UQ

IJ),n;,'.

A B B A T E Saint e-G eneviève a Pap. is. 119

îiifortunés compagnons de Lapejrouse , et qui a aussi trouvé la mort dans cette malheureuse expédition.

Mongez, l'aî.ié, ancien garde du cabiuet des antiques; main- tenant membre de l'Institut national et administrateur de la monnoie de Paris^ auteur d'un méaioire sur les divinités infernales, qui a élé couronné par l'académie des belles-lettres, et du dicliou- naire des Antiquités dans l'encyi-lopédie méthodique.

Viallon , un des derniers bibliothécaires, et qui l'est encore, a remporté à l'acatlémie des sciences le prix proposé pour remplacer la pompe du pont Notre-Dame il s'occupe' avec succès de la méca- nique hydraulique.

Le Ciîoyen Ventenat , bibliothécaire actuel, très-savant botaniste , membre de l'Institut national , auteur de plusieurs disserlalions insérées d.;n> le magasin encyclopédique, et d'un ouvrage élémentaire qui doit faire époque dans l'hisloire de la scijnce des végétaux.

Le Cûoien Saint-Léger , savant bibliographe, dont le nom est justement céîèbre ; auieur d'im gi-and nombre de dissertations, rela- tives à l'histoire littéraire et à la bibliographie , insérées dans différens journaux et principalement dans le magasin encyclopédique.

Je terminerai cette nolice historique sur la célèbre Abbaye de Sainte-Geneviè\e , par la description du jardin , dont j'ai donné une vue Planclte VI.

Le jardin éloit bien entretenu; il est très-vaste et le plus grand de ceux enfermés dans l'enceinte des anciens murs de la ville. Il a élé augmenté en 1690 de la largeur des fossés de l'estrapade , qui étoient derrière et que Philippe-Auguste avoit fait faire sur le terrèln de cette maison , lorsqu'il fit enclore la ville. Cette augmentation a procuré à ce jardin une longue et large terrasse et une belle allée d'arbres qui sont aujourd'hui très-beaux et qui donnent beaucoup d'ombre. Ce jardin , les cours et les bâtimens occupent environ dix- huit arpens.

La gravure offre la vue d'une partie de la maison , de la biblio- thèque et de son dôme , de la tour de l'église avec la petite tourelle est son escalier , des combles de l'église et du clocher de Saint- Eiiemie.

M

120 Abbate Sa inte-Gen-e vie ve a Paris.

De l'autre côté on voit une partie de rt\\térieur de la nouvelle église avec les deux tours et le dôme de ce beau monument, aujourd'hui le Panthéon.

Le point de vue de l'estampe est pris du jardin.

L X I.

BIBLIOTHÈQUE DE SAINT -PIERRE A LILLE,

Département du Nord.

S\ PRÈS l'arlicle de la collégiale de St. Pierre de Lille ( i ) , j'aurois placer la description de la bibliothèque , mais il me manquoit alors quelques renseignemens que je me suis procurés ( 3 ).

Cette bibliothèque n'est pas très-ancienne, aussi est-elle peu riche en anciens manuscrits (3 ).

A rextrêmité du cloître de la collégiale, est l'escalier de la biblio- thèque ; avant d'entrer dans la salle, on voyoit de très-anciens portraits de dames et de chevaliei's , qui ne porlolent aucune inscription, et les armoiries de quelques prévôts de Lille.

La salle de la bibliothèque est très-vaste et très-belle, les livres ne sont pas en grand nombre, mais ils sont en général bien choisis.

Aulom-de celle bihliothèque étoient des portraits de papes , d'évê- ques de Tournaj et de quelques chanoines ; on y vojoit aussi ceux de qrielques gouverneurs, mais l'œil s'y aftachoit peu, et il se fixoitsur une copie fidèle du portrait de Descartes.

( I ) Suprà , ail. ],lil.

(2) Jt- ks (lois au Lilojen Demazière , bibliothécaire actuel.

(3) Vuiri un iriil qui prouve comijien les ecclésiastique^; eux-mêmes cullivoifnt peu les le Ires dans le douziène siècle. Les livres de prières étoient si rarvS à Lille, que cliac|ue nouveau curé pajoit au cli;.pilie de Saint-Pierre une somme d'-.r.i;enl pour l'u.sat|,e d"uu bieviaire qu'on lui piêloil , et qui après sa mort relouinoita la t'aLrique. :1 n'y a pas long-lemps qu'on voyoit encore de ces anciens bréviaires dans la bililiollu' que du chapitre. Ce ()ui paroilra assez singulier c'est que les viguetles, les culs-de-!ampe qui ornent presque chaque page repies^^nlenl des sujets indécens ou j^ro.'sitrs j on y voyoit des singes en ch p>, d s cochons avec des vètemens de moine , des diables dans des attitudes ridicules , et mille autres choses aussi grotesques que peu édi- fiantes. Molinos , p. 209,

A.

a Bibliothèque DE Sain t-P ierre a Lille."

On y voit plusieurs édillonsde l'époque de l'origine de l'imprimerie^ un Jean de Janua, des sermons de Maillard , une traduction d'Hero- dole , et d'autres ouvrages imprimés avant i5oo. On y conserve aussi quelques belles paires d'heures avec des migniatures.

Les anciens bibliothécaires ont été MM. Molinos , Graves et Sallen peque. Le dépositaire de cette bibholhèque , quand je la visitai , étoit le citoyen SaLdin dont je me rappelle avec reconnoissance les bons offices. C'est aujourd'hui le citoven De.mazieres.

Les livres sont en grande partie in-j\P. et in-folio , on y trouve les grandes collections des Bollandistes, des conciles, des historiens de France, les ouvrages de Montfaucon, etc. quelques traités d'histoire et d'antiquité ; etc. mais il n'y a sur aucune de ces parties des suites complètes (4).

Parmi les inanuscrits on en remarque plusieurs sur les fondations ou les dépenses de la ville de Lille.

Monsieur Dubois a fait pré>er.t d'un assez grand nombre de livres et de manuscrits , mais ils sont presque tous sur les généalogies ; jamais on ne vit une si grande quantité de blasons.

Le médallier est peu nombreux ; on y trouvoit une suite, en bronze , des médailles de Louis XIV et de Louis XV, des jettons des rois de France, les deux premiers milles de la Dactyliotheque de Lippert, qui ont été portés depuis au Muséum des antiques , à Paiis.

J'ai remarqué , dans cette bibliothèque , plusieurs manuscrits dont l'ai fait dessiner quelques miniatures intéressantes pour l'histoire mo- derne. Un des principaux et des plus curieux est celui dont je vais donner un extrait détaillé. Il a pour titre :

Entrée solemnelle de leurs altesses serenissîmes Albert et IsABEL Clara Eugenia , princes et soi/t-'erains seigneurs de ces Pays-Bas ,fdite dans la ville de Lille le cinq février 1600. Sans m'arréter aux préparatifs préliminaires ordonnés pour cette

(4) Le livre enchaîné qui se voyoit dans les archives du chapitre est un lecueil des plus anciens titres de l'église. Il a été fdit entre le quatorzième et le ^uiuïième siècle. Molinos, p. 341,

Bibliothèque de Sain r-V ierbeaLille. 3 cëi'émonie , je passerai de vSuite au lieu dit /a Bomie-Croix ou la Croix des Poisson/iiers , les députés dévoient attendre leurs altesses. J'emprunterai 1rs expressions mêmes de l'aiiteiu- du ma- nuscrit, parce qu'elles tiennent à l'hisloire du langage et des mcrurs de ce tems.

On se mil à pied, et le Rewart (5) présenta, dans un bassin d'argent, les clefs de la ville , liées d'une ceinture de velours cramoisi à cloiians d'argent, et maître Denis le Gviillcbert, licencié es droits , premier conseiller pensionnaire de ladite ville, fit une petite harangue à leurs altesses devant toute l'assemblée, et dit: que les Rewart, majeur (6), cchevins , conseil et huit hommes de la ville de Lille, représenlaus tout le peuple et la communauté d'icclle , étoient venus

( 5 ) Inspecteur : d-e regardare ^ regnrdatOT , resgardum , regardwn j regardus , d'où est venu reswart , rewart^ reuxart. Suiviiiil JMéiiage , reuyart nV.st que l'iuiciennp pronoiuiation de regard , lilre d'un officier qui avoit regard et ius- peitiou sur quelques maîtrises de méliers. Diicaiige , (îlossar , I. V , col. 1256 et suiv. , et supp'éni. , t. IV , col. 540,— Mtnage , dicl. éljm. , t. II , p. 401. lacuaibe , dans son diciionuaire du vieux langage, cite rewaurder: regarder, t. Il, p. 476. On dit encore aujourd'hui à jNletz, rewaurter pour regarder. Ainsi le mot rewart désignoit alors le premier oflicier de la ville oii il avoit la haute surveillance et inspection. Thiroux ( liist de Lille , p. 105 ) dit que dans l'assemblée des magistrats le rewart étoit prv^^sque nul. II pvenoit séance après les échevins, et recevoit ceux qui deuiandoient l'entrée. Mais hors du conseil et en public , i-on autorité étoit grandej il commandoit généralement à tout ce qui regardoil le dehors. Dans l'iibsence du gouverneur ou portoit chez lui les clefs , et il donnolt le mot du guet. 11 étoit nommé à la tête des or- donnances du conseil. En un mot il paroit qu'il réunissoit , après le châtelain, toute la puissance executive. Cette dignité avoit été instituée par Jeanne de Couslanliniple , comtesse de Flandres, en 1235. Ses lettres données à ce sujet désignoient ce nouveau magistrat sous le nom d'inspecteur de l'amitié ou pacificateur: d'où l'on peut conclure qu'il eloit également un ojficier de paix, et qu'il avoit dans le principe le droit de régler à l'amiable les différens des cito_yens. Calui qui prélendoit à cette charge devoit être Lillois. On exigeoit du récipiendaire le serment de défendre la ville et d'aider les échevins par ses conseils , de garder les loix et Us privilèges ^ de donner tous ses soins d l'avance- ment du négoce et du bourgeois.

( 6 Du mot latin major plus grand , au dessus des autres , d'où est dérivé maire de vjlle.

toî

4 Bibliothèque DE S A IN t-P ierre a Lille.

au-devant de leurs altesses pour, en toute liumllité et révérence ; leur baiser les mains, et les assurer de leur lidélité.

Après iin3 courte harangue, qni fut fort agiéai)le à leurs al'esses , cliacun remonta achevai dans le myme ordre que dessus. Précédoiïut leurs aUesses,et prenant leur clieniin parle faubourg de la Maguelcnne, de l"i pardevan! les porles de Courtray, de Fraigneau , Five el Siint- S.uiveur , arrivèrent près la porte des malades , à la maison el censé de l'ailipe Sallembier, laboureur , qu'on avoit préparée pour i-ecevoir leurs altesses; auquel lieu 1 urs altesses descendirent du carrosse, comme aussi plusieurs seigneurs, dames et demoiselles, pour se phaufïèr, à cause du grand froid el de la •:;raiKle geiée i[ui faisolt alors. L^nrs altesses, après avoir chan.^é Li'Jiahit-; et pris quelques rafraî- chisscmens de la collation Je succades et vins doux, qu'on leur avo;t préijaré et leur suite, montèrent à cheval, les seigneurs , princes , princesses et dames par^^iliemeut.

Leurs altesses sur deix chevaux blancs , richement parés et har- ' iiachcs: liniante to:i;o irs à droite de l'archiduc.

Le magistrat , tenimt son rang, entre les seigneurs, qui partie les précédoient , partie les suivo.ent , entrèrent dedans la vilie par la porle des Malades.

Leurs aliesses serenissiines étant entrées dans la première porte, virent leurs armes richement pennes sur un grand tableau posé à la poi'ta , dessus les armes de feue sa maj>'slé catholique ; à l'entrée de la porte, dedans la v.iil3% leurs altesse.-, trouvèrent douze nobles geniils- horames choisis de la ville et châtelenie, vêtus de damas de même parure , dont six se pré.sentèrent pour porter le l-aldaquin de damas de couleur des armes de la ville, rouge et blanc. Sous lecjuel baldaquin se mirent leurs altesses, puis se présentèrent soi'cante bourgeois re» étus de lobes fourrées de noir , tcnans chacun un llambeau ès-mains , qui marchèrent devant leurs altesses.

Les rues par oîi dévoient passer leurs altesses étoient ornées de tapisseries, peintures et autres oinemens très-richement accommodés; neuf cent thermes étoient attachés à des poteaux peints sur des planches, auxquels thermes étoient posé's des flambeaux alumés de cinq pieds en cinq pieds aux deux côiés des rues.

M

n: lxi . /V /'■ P/it/ J.

Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille. 5 Près de la porte des Malades, au-devant du Refuge de Phalempin (7) y avoit un théâtre étoient représentés Philipe second , roi d'Es- pagne ; Isabelle de France, reine; et Isabelle, leur fille, assise au milieu , ( 8 ) chacun sur des chaises, comme il est ici représenté FI. I, fig. I, aveorinscription suivante :

PhiLIPPO REGI CATHOLICO,

Quod malrimonio Francico pacem , generi humano procurant ,

orbem terrarum, ducentorum annonmi bellis , sanguine , incendia,

fumiganleni pacarit , Isabellam , fructiim eius pacis , optimam

Jiliam conslantissime dilexerit , ad spem resliiuendœ pacis Bel-

garum principeni destinarit , niagistratus insulensis inmortales

gracias.

Isabella infans Hispaniarum,

Archidiix ylustriœ cornes Flandriœ.

Serenissimœ Isabellœ , dominre nostrre, reguni catholicorum et

christianissimoruni , Totius T^ni\^ersi , suprenionim prineipum,

sacrœ soboli , ad religionis catholicœ lutelam , ad orbis quietem ,

ad prineipum concordiam , ad subditoruin salut em natœ , edu-

catre , adBelgici postrenuun imperii culmen ab optiino parente delectœ.

Isabella Francica,

Quod tibi Jilia (^ijuœ nasci nisi pace orbi , restituta non po- iuisti ) ex sententia eveniat quod tibi Félix orbi chrisiiano salutare

(7) Thiroux ( Hist. de Lille ) r roule qu'il y avoit dans cet endroit un temple a'idoles auprès duqui'l s'élevoit un pin, très -révéré des p j.'ns (pii ont désii;né ce temple par tciupie du V\n.,fanum pini , exprj.-s.ious, dont p ir corruption on a îonnè phaUnpm ou phalempin. Ce iio:u eu resta à ure al)baye de chanoines réguliers q i , depuis , y .nvoil eié consiruile. le mol refuge tioif rappeler c[ue dans les preuiiirs siècles du christianisme, les mcnjslères et les églises avoi.nl le drtit d'asyle ou de refuge, c'est-à dire d'absoudre un cri minel qui s'y reliroit.

(8 ) Ou trouve ici une par'! ularilé rpmarq'.ible , c', si que Isabelle de France- porte le sceptre pendant que Philippe n'a aucune des marques de la royauté.

lo^

6 Bibliothèque de Sain t-P ierre a Lille."

existât , te Galliœ Be/gicœ principem Voveo regiiin concordia quœ parenlum tiiorum matr'nnonio coulait , tuis nuptiis restituta in œlernum diiret , lujilia , specie tua et pidchritudiue tua, in- iende ( 9 ) , procède et régna.

Au-dessus de l'inscriplion furent posées les armes d'Espagne et de France , enirelacées d'un nœud d'amour dans des écussons séparés.

Pour représenter les Irols personnages , furent choisis par toute la ville, qui de corps et de face les représenloient le plus naturelle- ment , velus d'ha])ifs de draps de soie faits à propos et à la façon que les peintures et médailles les remonirent , ainsi c[u'à tous les théàlres et représentations s'est observé le plus curieusement que s'est pu faire.

Dans la même rue, au devant du Refuge de l'abbaye deCysoingç, il y avoit un arc de triomphe aux travers de la rue , dédié aux archi- ducs , avec trois portes ; celle du milieu, haute et large pour j passer des charriots , et les deux autres plus petites; le premier étage de l'ordre de Corinthe , large de quarante- huit pieds ; le second , composé haut de soixante-six pieds, étant, leurs altesses, représentées au vif dans leur grandeur ; au-dessus des deux petites portes étoient les armes de Flandre et de Lille , et par-tout semé des lleurs-de-lys et chyfïres de leurs altesses , et servolt ledit arc de congratulation que le magistrat leur faisoit.

Ou lisoit sur la couronne :

I N S V L A.

Flandriœ gallicance metropolis origo Flandrici principatus , multis principum suoruni doiniciliis cohonestata laudatœ in eos fidei et ohsennvitiœ serenissimis doininis suis

Alberto et Isabelle,

Entre leurs altesses il n'javoit point de vuide; mais tout étoit rempli des lettres et des noms des princes , avec des chiffres et fleuis-de- Ivs ; l'inscription du milieu marquoit le sujet de la porte.

(q) A droite des tnbleaiix on voit les armes de Flandre, et à gauche celles de Lille 5 a;i milieu sont celles de France. L'architeclure est supporlée par des car_) atides , au lieu de colonnes.

Alberto

i

t

fl»i

Bibliothèque de Sain t-P ierreaLille. 7 Alberto et Isabelle, aj-chidiicibus austriœ, quod pace cum He^rico IV. Galliarum rege Jirmata , proi^'incias gnwissimi belli sewiluie liberarint.

Dans un autre tableau étoit gravé;

Quod Maximos Germanise motus , quod bellum ad rhenum inchoatum pn.denlia , imperii moderatioiie , virtute susluleririt, optiniis principibus boni sulditi.

Insulani.

Aux pieds des princes on lihoit ces vers ;

Quid sibi vuh nobis cur tôt modo Lilia surgunt Heroes clari ? nuin vestrœ lœta jui^entre Ternpora, innn stirpis decus immortelle Jîgurant? Unde ortus duxisse datum est Jelicibus astris ?

Dans un autre côté on mis ces vers :

Quis candor superare niues , quis possît et omnem, Cygneœ speciem plumce ? num candida signât Pectora ? queis fœdam vitioruni aspergere labem Virtute insignes exosa nequiuit Erinnys.

En troisième lieu étoit écrit :

Sed quis odor suains nares qui manat in imas Dulce ferens animo pondus ? Slandumne seuerce Justitice immixtum candoreni ? Belgica frena Dwn regiiis minime ignaris concredita dextris.

Dessus le portrait de l'Infante et de ses armoiries :

j^therio transmissa polo tria Lilia quondam Hesperiœ ut regno dignum prœlustre parentis Ornavere lui caput Augustissima Princeps ; Sic patere ex multis wnini decus urbis afitœ , Con si miles inter, Jlores, tua ternpora cingant.

B

2ûé

8 Bibliothèque BE Sain t-P ierreaLilli. ^ Dessus le portrait de son altesse et de ses armoiries :

Sacra fui generis séries licet ordine longn ^rmigerarn Joi>is ostenlet jactetqiie vohicrem, Hœc ne sperne tamen tu Lilia sepe decorl Quœ proai^is atauisque tuis , dux yilme , fuere.

Au premier compartiment de chaque colonne fut posé ( lo) ces vers :

Mrgo 4ig'ite his enata locis quce Lilia dotes Vestris désignant meritis , vanescere in auras Ne sinite incassum : potius quin insula vestri Patris opes Patriœ nullisque assueta péri dis ^ Vel quamius sœpo Mai^ortis sanguine frangi , Principibus jurata suis ut sacra resolfat.

Au second :

Speratos capiat fructus dudumquè /ruatur

Cœïicolum et vestro jani parta in pace fai^ore ; ■'

\At tua prœsertini generis sacrata propago ,

liberté , ^ugusti laudes exœquet ai'itas !

Fac virtus tua per se?-os et fa ma nepotes

Marte tuo rerum gestaruni compleat orbem.

Au troisième :

Principibus vero tarn claris insula fœlix

Terque quaterque , sinu quos excipis omine Iceto

Plaude tibi , gratare illis , ejfunde triumphos

Lœtitiœ testes , atque imo pectore gesti.

Compila cuncta sonent , plausus per inane ferantur ,

udtque aures passim feriant pia vota , Philippus

Ille diu felix summusque monarcha prœesse.

(lo) Il_y a ainsi dans le manuscrit que je copie fidèlement.

V

Bibliothèque de Sain t-P ierreaLille. 9

Au quatrième :

Çuos vohiit Flandrœ genti sacris hymenœis ," Quos junxit , pace allata Mauorleque puiso , Qui pridetn sœuo vastabat cuncta tumullu , Gres'sibiis accédant /austi s ac secîa reducant u4iirea , et insigni ( cœlo cumulante favores ) Proie brei>i genita , nullis decursibus œvi Claudendum imperium Belgis per sœcula Jirment. Dessous les armes de Flandre :

Qui proai'is cornes aima tuis sua suhdidit ara Ille tibi prœsto est subdere teiga leo.

Dessous les armes de la ville :

Quœ Flandi-um comitum mullos diadema per annos Lilia di tarant et tibi sert a lorent.

Ce que dessus étoit représenté du côté de l'arc de triomphe regardant vers le marché, el du côté vers la porte étoit dans les mêmes endroits et correspondances représenté et mis en françols , ainsi que s'en suit:

LILLE.

Ville métropolitaine de la Flandre gallicane , origine de la principauté de Flandres , embellie de plusieurs palais de ses princes , dejidélilé et obéissance remarcable eni'ers iceux

A ses sérénissimes seigneuj'S.

Albert et Isabelle.

Dans la place vuide entre les portraits de leurs Altesses étoit :

^ux archiducs d' Austriche Albert et Isabelle /?oz/r iceux les prot'inces du Pays-Bas aiJoir été délivré de la seri'itude d'une très-griefue guerre , par la paix faite ai^'ec Henry iiije. roi de France.

B a

^^^

10 Bibliothèque de Saint Pierre a Lille. Dans un autre tableau :

A. leurs très-bons Princes pour par la prudence , bon gouferne- ment et vertu cTiceux les très-grandes émotions de V Allemagne , et la guerre commencée près le Rbin avoir été assoupples , Les bons sujets Lillois. ^

Au bas des portraits de leurs altesses étoîent ces vers :

Que veulent tous ces lys dont l'argent radieux Nous fait voir en liyver un printems gracieux? Prince, c'est votre Auril qui l'hiver même efface Et l'éternel printems dont fleurit voire race.

Que veut céte blancheur de qui n'approche pas X.a neige ni Toyseau qui chante son trespas ? Ha, c'est de vos vertus la pureté si pure Qui du vice n'admet voir(ii ) la moindre souillure.

Mais que veut ce parfum dont la souesue(ii) odeur Agrave un peu l'esprit parmy tant de douceur ? C'est la douce rigueur d'une saiacte juslice Qui les bons g;iraulil , eu punissant le vice

Comme les lys du ciel a la France donnés Jadis de votre mère ont le front enfournez ( i3 ) Ainsy , Princesse , ainsy souffrez que la couronne Du lys de vos Lilois le chef vous environne : Encore que vos ayeuls Fils aiuez de la guerre Se bravent de l'oyseau qui porte le tonnerre Grand duc ne dédaignez ces iieaux lys, autrefois Ils n'ont servy de honte aux plus grands de vos rois.

Princes donc ne souffrez que l'espéré présage De ces lys de vos cœurs le parfait témoignage

{il) T^rai^ vraiment^ certainement. Les anciens auteurs ont usé dans le même sens de ^oer > au fé^ninin votre , et de yoire , \oirement. Ces différentes expres- sions tirent leur origine du latin verum ^ verè,

( la ) Suave. \

(i3j Out ceiut le front. .. '

Bibliothèque de Saint-Pi eure a Lille, ii

En fumée se perde , ainçois ( 14 ) que vos vassaux En receuillent les fruits après tant de travaux. Que voire Lille en paix à jamais bienheureuse Ne connoisse plus Mars nj sa sœur impiteuse :( i5) Lille ( 16 ) , qui pour garder son bon debvoir consigné Es mains de vos ayeulx à cent fois dédaigné , Comme un roc immobile , au milieu de l'orage Du Félon Tbracien(i7 ) la plus sanglante rage.

Mais toi Prince invaincu , race de tant de roys Qui la terre et la mer ont submis à leurs loix , Grands de biens, grands de rangs et plus grands de vaillance Poursuis leur beau sentier par le fer et la lance. Fay que ton loz ( 18 ) guerrier par le monde epandu Soit de la Deulle avant jusque au Gange étendu Et toy Lille à ce coup de joye impatiente Souille (19) toy du doux fruit de ta si longue attente

( 14) Lacombe, dans son dictionnaire du vieux langage ( t. 1 , p. 17 ) , ne donne à ce mot que la seule signification de volontiers ^ mais employé conjonc- tiviinent , il en a deux aiures qu'on trouve d ns le dictionnaiie de Borel ^ imprimé à la suite de celui de IVIénage, édit. de 1700. Ains et ainçois est donc encore employ' pour avant que , au contraire. Cette dernière acjeption est celle qu'on doit adopter ici, et la seule qui convienne au sens, au contrair* que , etc. On fait dériver ains et ainçois , du mot italien an^i , avant.

( i5 ) Il est ici question de B. llone , désignée par impiteuse, impitoyable, sans pitié. On a dit aussi adjectivement, impitie , en parlant d'un homme dé- naturé , cruel , sans pitié.

(16) Il faut faire attention que dans beaucoup de ces vers les e appelles muets et non accentués sont nids. Ainsi pour trouver la mesure de celui-ci Lille ne doit compter que pour une syllabe :

Liir qui pour gardt-r son , etc.

(17) Par Félon Thracien^ il faut entendre le Dieu Mars, en grand honneur chez les Thraces , peuple belliqueux et féroce , qui l'adoroieiit sous la forme d'une épée.

( 18 Ta gloire , ta réputation guerrière.

( 19 ) Soule-toi , rassasie-toi.

10^

j2 Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille."

Dresse mille tro|iliez et mil arcs trioraphans , Bienveignant ( 20 ; dignement des princes les plus grans

Prince que ce grand Philippe a ton bien si propice Philippe des citiix a mis le soin et la tlélice

(21) te donnant et sa fille et le pays

Que puisse-tu joiijr .souz leur règne à iainais ,

Transmis de père en fils , d'une immortelle race

D'un heur (22) qui l'âge d'or en heur même surpasse.

Ce braue lion qui sa teste A soulz vos pères adoucy Voyez princesse il vous appreste Et la teste et le dos aussy.

Ce lys qui des contes Flamens Orna long-lems le diadème Souffrez qu'entre vos orneinens , -> Grand duc , il vous serue de mêuie.

Au devant de la rue Saint-Nicaise ilj avoit un autre théâtre ^ Planche I , f g. 2, embelli de plusieurs peintures, et le chapiteau orné des armes de Jérusalem , de Flandres et de Lille , auquel étoit représenté par des personnes viuesTHiERY (^3) conte de Flandres entre sa femnie Sibille (24) hUe <Je Foucaut (26) roy de Jéru-

( au) Félicitant , honorant. BUitvienner , bienyiengner ou bienveigner , signifioit féliciter quelqu'un sur son heureuse arrivée, célébrer sa bien-venue, le bien recevoir, Wun trelt a dit : " Quand le duc de Bourgogne fut descendu à son » hoslel , ceux de la loi allèrent devers lui poir le bienveigner ». On peut voir Ducange , supplém. , 1. 1 , au mot benevenuta , et les diilérens lexiques du vieu3{ fraiiçois.

( 21 ) Ce mot est inlisible.

( 22 ) Bonheur. ( 2.2 ) Suprà , LIV , p. 79. (14"^ Suprà ziid.

l 25 ) Il est ici question de Foulques V , dit le jeune , fils de Foulques le Reckin et de Benrade de Montjbrt , en 109a. Ce prince fut envoyé en bas-âge à la cour

f

Bibliothèque de Sain t-P ierreaLille. i3

salem et Saint Bernard , et en trois tableaux étoient les vers suivans signi liant que ledit conte avoit été maintenu clans son droit par la fidélité et principale assisfence de ceux de Lille et des quatre vo_yages qu'il avoit fait outre-mer; à l'endroit de Sibille étoit écrit :

de France pour y êlre élevé. L'an 1109, il succéda à son père dans le coinlé d'Anjou, et épousa , l'année suivante, Erembruge ou Ermentrude appelée aussi GuiiLTge , fille et héritière d'Hélie , comte du Maine, dont il eut deux fils, Geoiroi V et Hélie. Foulques voulant ;igrandir ses possessions, att.iqiia , vers Ili3, les domaines de la collégiale de S .int-Maitin de Tours, dont léiendue et l'iminense pouvoir portèrent long-ttins ombrage aux princes voisins , et excitèrent leur envie. Le Cellerier qui avoit une maison paniculière l'avoit entourée de bonnes fortifications ; Foulc|ues les fît abattre. Le chapitre prend le parti de l'otTensé 5 l'otrice divin cesse; on descend le crucifix et les reliques des Suints , que l'on couche par terre et qu'on enlourre d'épines ; les portes de l'église se ferment, et ne doivent s'ouvrir qu'aux pèlerins. Cet appareil effraya le comte au point qu'il vint , nuds pieds, faire amende ho- norable devant le tombeau de Saint-Martin , et successivement devant tous les reliquaires, demandmt pardon à haute- voix , avec promesse, à chaque sta- tion , de ne plus récidiver. Ces exemples de soumission ou plulôt de foiblesse d'esprit sont fréeiuens dans les siècles de superstiliein et de barbarie. Les chro- nologisles placent le premier voyage de Foulques en Teire Sainte vtrs l'an 11 20. Ce jeune croisé s'y distingua autant par son co rage que par sa libéralité, qui y entretint cent chevaliers pendant un an. Il lit le second neuf ans après. C'est alors qu'il devint comte de Ptolémaïde el tie Tyr , par son miriage,en 1129, avec Melissende , fille du roi Baudouin II. Il succéda à son beau-père en ii3i , et fut couronné roi de Jémsalenî la même année. Ce prince mourut en 1144, d'une chute de cheval qu'il fit à la chasse. Il laissa de Melissendc deux enfans mâles, Baudouin III et Amauri I, ses successeurs à la royauté. Outre Geofroi V , comte d'Anjou, et Hélie, Erembruge, sa-première femme , lui avoit donné Malthilde , m.riée à Guillaume Adelin , fils de Henri 1 , roi d'An- gleterre , et SibiUe dont pir'e notre mauuscril. Celle-ci avoit été promise et même fiancée à Guillaume Cliton^ fils cL- Rob rt II, duc de Normandie, mais ce mariage, prêt à se consommer vtrs 1124, ayant été annuité par le légat du Pape pour cause de parente, Foulques céda encore une fois à la crainte du pouvoir ecclésiastique ; el Sibille épousa peu après Thierri d'Alsace , comte de Flandres. Du reste, on sait que Saint Bernard fui \e principal moteur des croisades ; ainsi , il n'est point étonnant de le voir figurer ici.

ÎOS

14 Bibliothèque DE Saint-Pierre a Lille: SiBYLLA Régis H i e r o s ol y m i t a n i Filia

Filia Fulconis SolYinoriiiii régis et iixor Flandronim coinitis Theodori extrema mariti , Vêla sequens , sprei^i reditinn faslumque reliqui , Donatamque Deo clausere monastica sep ta , Talibus Heroes faclis sibi nomina condunt / Hœc vos ^ustriadce pietas accendat ai^ita.

Theodoricus Alsatius FlandrijsComes

Insula me comitem Flandrorum prima recepit Legitimum jurisque mei dédit esse potentem, Cum pacata m cas accepit Flandria leges Consiliis , Bernarde , tiiis Solymœa petiui Régna quater consorte mea comitante Sibilla , Sic deus œterna Solymes det sede beatos. D. Bernardus

Per mea dicta Cornes Solymœ dux forti$ in oras yilsatius fidei et soceri suce en sus amore ^uxilium talit et vita voto que solutus F^ixit pergratus populis cœloque /ocatus. Ut reliqui quibus aima Jides et numina cures Pro studio rémanent vos cœlica prœmia tali.

Au devant de la rue du Dragon, il j avoit lui autre théâtre ] Planche I , Jig. 3, dressé, et oit représenté Philippe d'Alsace (26), conte de Flandre , vêtu de ses armes très-richement à l'antique , aiant sous ses pieds Nohillon , roy de Macédoine et d'Albanie, lui arrachant ses armes cpii étoient d'or , au lion de sable , et a quitté depuis les anciennes armes de Flandre, gyronnées d'or et d'azur, de douze pièces à l'écusson de geulle au milieu , à son côté étoit repré- senté Mathilde, sa femme, fille du roi de Portugal; au fronteau du théâtre éloient les vers suivans :

( 26 ) Suprà , LIV , p. 79.

Philippus

1

Bibliothèque pe Saint-Pierre a Lille. i5 Philippus Alsatius Flandri^ et Verommandi^ comes. Pe?- pelagi vastœque exhaiista pcricula terrce In solymœa gradum coimerti mœnia , crudum Nobilion me Julmineis expertus in annis Nigrantem palniœ in pretiiwi ac insigne leonem ^rripui , frcmitu terreniur cuncta leonis ; Vis iniiicta eadem vohis hellique togaque

Philipe d'Alsace, comte de Flandres.

La piété la foy riionneur de ma pairie

A ni: lieux saints m'ont transmis ou j'ottai £,lorieux (27)

L'etu au lion noir du Turc audacieux.

Lion ; dont les plus forts redoutent la furie )

Orne à toujours hardy de «ibcs braues neveux

Les armes , à l'euuie des princes généreux.

Régi N A Lusitani.î'. Flandri^ comes. Lœtilia exiilio , te, clara Isabella , Philippus Progenuit . Llialamos ego sum sortita PJiilippi' Se nobis tel/us Hispanica jactat alumnis ; Tu régis imperio JBe/gas , me Flandria quondam ^ccepit dominam , longœpaque sœcula vixi : Hœc eadem maneant pulchra te proie beatam.

Mathilde, reine de Portugal; Comtesse de Flandres.

Dame je mejouis de noire conférence,

Tu as Philippe à père (28) un monarque chéri

Autant que redouté; j'ay Philippe à uiary ,

Et d'E.'-pagne ambedeux (29) tenons notre naissance.

Jadis Flandre ai régi province généreuse , A loi la Belge entière incline le genoux ,

(27) J'eus la gloire d'ôter. ( 28 ) Pour père. ( 19 ) Tous deux.

•110

i6 Bibliothèque DE S AIN t-P ierre a Lille.

Vis, connue ny fait lonleins, chez Albert ton e^ioux , Et sois de trois bassons ( 3o -) trois fois mère jnjeuse.

Devant le cloître des pauvres Clarisses (3i ) ^ auoit un théâtre dressé qui paroissoit un monastère avec un clocher. La devanture étoit divisée en trois niches , et dans chacune étolt représenté les Saintes Elisabeth , Claire et Eugénie , nom de l'infante , et en dessous la demi-ronde du clocher , éloient ces vers :

Très sumus atque vnum colimus , sic nomine trinc Sub nostro sola est quœ quœritur Isabella ; Hanc nobis sociam Belgas cuni rexerit urbes Optamus , paribiis meritis par gloria cedat.

Au côté droit étoit représentée :

S. Elisabetha

Hungariœ regina , sacrum quœ sustulis alto Jam ccelo caput , hanc magnam tu protège nostram ; Elisabeth parili quœ, sanguine, nomine, regno Juncta tibi , similem gestal sub pectore mentem.

Au milieu :

S. Clara

Clara tuuin nomen , Clara hoc festoque triumpho , ''-'"Clara Isabella rogat , tu fac Clarescere vota ,• Sicut ab ydssisii (3i*) est depulsus mœnibus hostis , Imperio nostrœ sic cœdant omnia Clarœ.

S. EUGENIA

Eugenia hcec ista est magni ter magna Philippi Filia , tutricem dubitet quis sumere tantam

(3o) Trois jumeaux. Jumeau étant l'un des deux enfans d'une même couche , on peut croire que Maltilde soubaite à sa fille Eugénie trois enfans mâles ( 3i) Claiiesses, filles de Sainte-Claire, espèce de religieuses non cloîtrées. (3i*) Sainte Claire étoit d'Assise, ville de l'état ecclésiastique.

Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille. 17

Hanc sibi ? ciim piiro sis sanguine, noniine, vita ; Eugenia , Eugenios miiltos dent tempora partus.

Devant la maison des pères de la société de Jésus étoit représenté sur un théâtre enrichi de peintures selon l'invention et ordonnance des dits , ce que s'en suit :

Premier il y a voit sejjt vertus , trois Théologales , la Foi , V Espé- rance et la Charité élevées au-dessus des autres , et quatre Car- dinales , sçavoir ; la Prudence , la Tempérance , la Justice et la Force. Aux pieds des vertus éloient iettez par ten-e les ennemis de la Foy, et les versets du Pseaume 44^ approprié dans ses lieux:

Intende , prospère , procède et régna ,prop ter veri ta teni et nian- suetudinem et justitiain ; et deducet te mirabiliter dextra tua. Sagittie tuœ acutœ populi suh te eadent in corda inimicorum tuorum.

L'écriteau delà Foy étoit, in tende, de l'Espérance, prospère procède , de la Charité , et régna , de la Prudence , propter veri- tatem , de la Tempérance, et mansuetudineni , de la Justice , et justitiam , de la Force-, et deducet te mirabiliter dextra tua. Dessous cete vertu étoient iettez par terre les ennemis , et écrit : Sagittœ tuœ acutœ populi sub te eadent in corda inimicorum tuorum.

Aux deux cotez du théâtre j auoit deux pyramides, l'une dédiée à l'infante , l'autre à l'archiduc Albert ; le tour de la pyramide de l'infante étoit enuironné d'un liera auec plusieurs figures d'animaux liyeroglyphiques , qui représentoient les vertus de la princesse.

Au milieu étoit écrite cette devise :

Hac s tan te virebo.

Au soubassement étoit cete inscription ;

Serenissim.î; IIispaniarum infanti

Isabell.î; Belgicarum provinciarum

Principi clementissim^.

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iB Bibliothèque DE Sain t-P ierreaLille. Auec ces vers :

Stand hederœ ceu pyrainidi mordacius liœreiit,

Duin sua stet virtus numquam , Isahella , cades :

Belgarum ut patrijs fulcis virtutibus orbem Et soliduui cohnnen stas , Isabella , tibi.

A l'entour de la pyramide dédiée à l'archiduc Albert y auoit un laurier entremêle de diuerses armes, d'écussons , de lances rompues et d'autres ; au milieu étoit écrit :

J^el tôt a hinc fulmina teninam. Et plus bas :

Serenissimo Archiduci Alberto

Belgarum provinciarum principi

Clementissijio.

Au côté droit ces vers :

Inuidiœ et sortis Imiro auctus fulmina temnes , Postquam , liberté , hostis fj:eris arma solo. A gauche :

Viderat udlbertum paruo Mars corpore? at ille, Vel capiti Inde tanto plurinia laurus erit.

Au sommet du théâtre j auoit un anneau auec un diamant, au lieu d'emblème, au dedans du quel étoit le soleil et la lune, avec la palme d'un côté , et Toliue de l'autre , auec cet écrit aux deux côtés :

Et simul et semper.

Et au bout étoit le nom de Jésus en lettre d'or, et au dessouls ce distich :

Fors fuit ut tetiebrœ velarent , Belgica , campos

Sœpe tuos , cum Mars omnia corripuit : Jam tenebras semper iam noxia nubila vinces ; Sol erit A.lbertus , luna Isabella tibi. Outre l'appareil de ce théâtre y auoit pour ornement six niches

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Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille, i^ élevées enuiron de dix à douze pieds de terre , et dressées par certain internai parmi les rues pour autant d'hérauts; le premier portoit les armes de leurs allesses , le 2.""' d'Autriche, le 3.« d'Espagne, le 4.« de Bourgogne , le 5.'"' de Flandres , et le dernier de Lille , revêtus chacun selon les couleurs de leurs armes, auec le laurié sur la tête , et chacun chanloit son triomphe :

T^hite felices omho AlherLe Elisabetha ! Elisahetha Alherte ter alto à sanguine creti Jo iriumphe , io triumphe Belgiuin.

Le 2-='"' Austriadinn serva genus , ô .Deus , œtheris alti ; Jo triumphe! Austria. Le S.""' Hispanœ Jidei vigeai laus recta per orhem; Jo triumphe ! HlsPANlA.

Le 4.™* Ne trépides tantis ducihus , Burgiindia felix / Jo triumphe! Burgundia.

Le 5."°= Flandria sume animos tara grato affiata fauore ; Jo triumphe! Flandria.

Le ô.'™'

Hoc spiramine tam suauis aurœ Flores pandlto ; Lillum iusula Jo triumphe! Lilium.

Quelques maisons plus bas étoit une poupée (82) sur une planche ieltanle des fleurs quand les princes passèrent.

Au pont de Fin , du côté du marché au ûlet , lequel on dit auoir

( 32 ) On doit expliquer ce mot par jeune fille , petite fille , que les anciens latins appelloient puppa.

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20 Bibliothèque de Saint-Pieiiiie a Lille.

pris nom de Fin, parce que Fiiiart le tjran (33) fu^ mis à mort par Lyderic , premier foretier de Flandre , il y auoit un théâtre assez ample, Planche II ,Jlg. i , étoit représenté Ljderic, qui prenoit congé de Lyderic-Hermite , fig. i,ci, son père putatif, l'exhortant à prendre vangeance de Finart; qui auoit tué son | ère , lui faisant connoître sa naissance , son admirable éducation , et Temprisonnement de sa mère Emargate, détenue dans le château du Buc,^^»". i , Z>, et la cruauté dudit Finart; comme Ljderic se présenta à Dagobert , roy de France , demandant en duel ledit Finart , ce qu'il luy fut accordé. Ledit Finart fut mis à mort par Ljderic en présence du roj et de sa cour, Emai-gate , Jig. i , c , sa mère , fut déliurée de prison ; les brigands et voleurs sont chassés du château du Bue , et conuertis leurs demeures en des temples , au frontispice du théâtre étoient affichez les vers suivans :

Hic crudescentis rabiem prœdasque tyranni Compressi ferrum , aduerso siib pectore condens; Hic patria profugum spoUauit lumine patremy Et matrem tristi damnauit sorte catenœ ; Jndolui , et pœnain scelerato ex sanguine sumpsi , £t déserta dedi iiistis habitanda colonis , Latronumque domos diuo7-um in lamina verti : Vos eadeni seri perstringat cura nepotes.

Vertu, noble vertu, que grandes sont tes forces.

Quand un cœur est épris de tes viues amorces.

Tu fais que I-jderic , ce magnanime prince,

I>'honneur de céte ville aussi de la province,

Met vaillamment à mort, d'uu tien généreux dard,

SuB ce pont dit de Fin , le grand voleur Finart ;

Tu fais que le désert, qui des brigands fremille (84),

Par ce tien champion se convertit en ville,

Et que de ces meurtriers les tannières bien amples

Par sa grande piété se changent en beaux temples.

( 33 ) Suprà , LUI , p. a, (84) Fourmille.

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Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille. zr Arc de triomphe à l'embourJiure du marché sur la fin de la rue des Malades , enrichi de deux grands tableaux étoient peints les A'ers suiuans , et au sommet de l'arc y auoit les armes de leurs altesses accostez de figures de Phœbus et de Diane s'entregardans l'un et l'autre.

Du côlé de la porte éloit cette inscription : Archiducibus Austri.t; Alberto ei IsabelljE O FF D D (35).

Ul soll et lunic stirps una Hjperione creiîs

Stirps una Austriaco semine principibus. Sol cœlum et radio collustrat principe lunaj ^

Sic régna ^ustriacis Belgica principibus. Sol una et terrant fœcundat luce Diana y

Una est Conjugio gloria principibus. .Anibit ut œterna sol mundum et luce Diana,

Gliscat et œtcrnis gloria principibus.

Du côlé du marché :

Les deux astres premiers ont pris même origine ,

Nos princes sont seigneurs d'une même racine ,

L'un est flambeau du iour et l'autre de la nuit,

Et de nos archiducs la vertu cy bas luit.

Comme deux clairs soleils éclairans leurs prouinces

De prudence et d'iimour vrais rayons de bons princes ,

Ces deux lampes du ciel nous fécondent de tous biens.

Leurs altesses f'i ront par soy et les siens

La Belge bienheurée (36) à iamais d'ambedeux (3;)

Sy voyons quclc^ue iour des fleurons généreux.

A l'entrée du marché il y auoit un théâtre long de cent soixante

( 35 ) Optimis principibus ducibui, ( 36 ) Bienheureuse , fortunée, (Sy) Par tous les deux,

12 Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille. pieds qui s'étendoit iusqu'àla maison de Gaillaume de Bapâmes (38), au coing du Beauregard , enrichi de peintures , composé de l'ordre doricque , porté sur des soubassemens à cul-de-lampe , orné d'en- taulement portant cornices et festons, contenant onze niches séparées de termes , et dans chacune étoit représenté l'un des dix derniers empereurs avec le feston , la devise et l'emblème de chaque em- pereiu- , tous revêtus de robhe de drap d'or, orné de leur courronne et diadème tous choisis, qui de facereprésenloient les peintures desdits empereurs ; au milieu du théâtre éloit éleuée une haute pyramide auec l'aigle au-dessus , et au milieu d'icelle les armes d'Autriche auec inscription.

Dans la T.* niche étoit représenté Rodolphe , la 2.'"= Albert son fils , la 3.="-=' Frédéric , la 4.'^"'^ Albert , la 5.="" Frédéric , la 6.'^"'= Maxi- milien , la 7.""' Charles V , la 8.<= Ferdinand , la g.<^ MaximiHen , la 10.^ Rodolphe lors régnant, la 11.' étoit vuide y ayant une chaise , le feston orné du ci lire de leurs altesses , voulant par cela donner à entendre qiie son altesse pourroit avec le tems acquérir par sa vertu ladite place; les vers suiuans étoient écrits dans plusieurs tableaux ;

Pidchrum videre est mane micans jiihar Phœbi , et Dianœ nocte niteus caput , ,. Liidos et Hymnes seculares

Virgineo re ci Lare plaiisu. Sic , jubilei tempore , priuciputn Vultus serenos ceinere nos Deus yld instar astroruin salutis Conspicuos dédit esse mundo , Tanto coruscos sanguine , ( pulchiius Qui masculina stirpe decem tulit Orbis monarchas occidentis Face pios , gladio féroces ).

( 'à'è ) Bapauine.

Pulchrum

Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille. 28 PiilchruTn sed isto ciini diademate Sceptro , logis , ac ense , iK/uilis , globo

Ornatus , o liberté , sedeni

Quam video vacuam replehis. Tune pacis arteis carminé proseqiiar , Fortemqiie dextram quam timet occidena

Eous et septeutriones ,

Atque plaga phniialis udustri.

D'autres tableaux coutenoient les vers ou rjaaes (3q) François;

Heureux est Beauregard de voir ces princes grans Eeuiiire sous le ciel en gloire triomphaus , Ainsi qu'au firmament d'une vertu diuiue L'on voit le clair Pliœbus et Diune argenline.

Quam sunt auspicijs spectacula Iceta secundis Magnanimos quod nostra duces celebrare triumphos Lumina conspiciant , claro ceu fertur olympo Cyiithius , et blando sequitur soror aurea vullu.

Mais ce regard sera en parfaite excellence Lorsque vous, prince Alb. rt, par sublime puissance Ce grand siège vacant , réserué des hauts deux Remplirez à notre heur (40) par vos faits généreux.

Jncljta sed culmen tum scandet gloria summum , Cum meritis , Alberie tuis eueclus in altum Sessor cris solij semant quod fata supremi Factis œqua tuis nostrœque benigna saluti.

Plus auant sur le beauregard , au deuant de la maison pend

<39) Les uns font dériver ce mot du Teuton reim ou nm \ les autres de /v9,«oV rhytmus ou rythmas d'où est venu rhytine ou rythme. Quelle que soit son origine , les mots dont on l'a formé ont en prosodie le vakme sens , et signifient nombre ^ mesure ^ cadence. On lui a conservé long-tems , comme à beaucoup d'autres , le genre de ses racines,

(40) Pour notre bonheur.

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24 Bibliothèque de Saint-P ie n rue a Lille. pour enseigne la Main Bleue, éloit dressé un tliéârre sur lequel éfoit représenté Bauduin , empereur de Conslantinople , el en dessou* trois tai'les séparées , auec ces vers :

BAAAOTINOS EN X P I 2 T £i eun niSTOS BASIAtYS KAI ATTOKPATilP l'OMAinN O *AANAPIEYS (41).

Hos occidentîs stemmate masciilo Vldisse reges niun salis ? en eut

Sceptriim dédit B.yzantiorunt

Urbs duplici imperio superba,^

Autres vers :

Dix empereurs sont venus de ligne paleincrie Qui ont lieureufemenl goiiuerné l'occident : Voyez ce Bauduin de ligue maternelle Elu par sa valeur empereur de l'orient.

A l'entrée de la grande chaussée au deuant du bras d'or, 6(018 \\\\ arc triomphal , dédié particulièrement à l'Infante , large de trente-cinq pieds , haut de soixante-cinq pieds à trois étages , ayant une porte seule ; le premier de l'ordre doric , à chaque côté d'en bas- en deux niches entre deux colonnes étoit représenté d'un côté Charles 9.'"' , roi de France , et Elisabeth d'Austriche, sa femme; au second étage de l'ordre Jonique , au milieu y auoit un grand tableau entre deux colonnes , d'un côté il y étoit repré.senlé le roi Ferdinand (42), dans l'autre Isabelle, sa femme , et au troisième étape qui éîoit de l'ordre de corinthe , fait en forme de temple éloit représenté la serénissime infante Isabelle, de l'autre côté de la ma-

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(41 ) Baudouin de Flandres , plein de foi dans le cljist Dieu , roi et em-- pereur des Romains.

(42 ) Ferdinand V, dit le catholique, roi de CastJlle et d'Aragon et bi- saïeul d'Isabdle-Claire-Eugénie , femme de l'archiduc Albert , réuuit auss-iles^ deux royaumes de Nap'.es et de Sicile.

Bibliothèque dk Saint-Pierre a Lille. 25 'chine ne diffëroit pas du deuant , sauf que P/ii//ppe 3 ." (48) , roi d'Espagne , et Marguerite, sa femme , étoient représentés au premier étage , et au second Saint Louis, roi de France, et Blanche , iille du roi de Castille , sa mère.

Dessus la statue de Charles ix. étoit écrit :

Carolus ix. REX Francorum. Et de sa femme :

Elisabetha Austriaca Caroli ix. ujcor. Dessus Ferdinand :

Quod vobis supremi numinîs prouidentia à Christi ricarîo dl- uina futurorum prœsagiliofienobilissimuni noinen est atlributum y ut calholici reges priini diccremini.

Dessous sa femme cête inscription étoit écrite :

Quod regno Granatœ ( 44 ) religioni christianœ restituto armis in ^jricœ Mahuinetanos féliciter translatis , nouo orbe, nouo mari catholici nominis auspicio cœ/à terraque aperto , hanc vobis posterisque vestris œternani laudem comparastis.

Au tableau du milieu étoit écrit en grandes lettres :

Serenissimœ augustœ principi D7ue nostrns Elisabethœ Claras Eugeniœ , catholicœ , christianissimœ , regum calholiconim et chrisiianiosimorinn Jîliœ , nepti , pronepti et quod ultra est infauti Hispaniarum , archiduci ^ustriœ, duci Burgundiœ, comiti Flandriœ:

Dessus la statue de l'infante étoit :

Una est dilecta mea.

( 43 ) Il arriva , en 1601 , à la cour de ce prince un événement que je consignerai ici. Dans une tragédie qu'on y représenia , inlitulée /d bataille de Pavie , on faisoit paroilre le roi François I demandant grâce à un capiiains Espagnol qui lui tcnoit le pied sur la gorge. Lorsqu'on en fut à cet endroit de la pièce , l'Ambassadeur de France , Eméric de Barrault , qui étoit présen'- , saula sur le théâtre, et passa son épée au travers du corps de l'acteur. Les chroniqueurs se taisent sur les suites de cette vengeance , en quelque sorte nationale,

( 44 ) Royaume de Grenade.

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26 Bibliothèque. DE Sain t-P ierhe a Lille.

Dessus la représentation de Philipj^e 3.="" roi d'Espagne :

lUe œlerno vos f<cdere con'iueat ,

Qui vcram pacein in sola criice catliolica Jirmauit x'

Dessus l'effigie de Marguerite , sa femme :

Magni spes altéra regni^ De Saint Louis :

Nullis œquanda triumphis gloria. De Blanche :

Et hiuc salua et sancta gloria. Et au grand tableau du milieu :

Tsostrc très-haute sérénissime princesse et dame IsABELLA ClA"R* EuGENiA , des roix- catholiques et très-chrétiens , très-heureux et désiré surgeon (45) , infante des Espagnes , archiduchesse d'Au- triche , duchesse de Bourgoigne , contesse de Flandres.

Au coing de la basse-rue , près le Dauphin , y auoit autre théâtre étoit représenté Marguerite , contesse de Flandres , fille de Bauduin , empereur de Constantinople , et les fondations c^u'elle fit dans Lille , avec ces vers :

Marguerite, comtesse de Flandres (46).

Dieu qui voil ce grand tout de sa voûte azurée Princes tant généreux , bienheure {47) voire entrée, Et sniuant les saints pas de mon père ( 48 ) Empereur Sois,o mon grand Albert de tes liiyneux(49) vainqueur. Et toj, chère Isaljel ., trop prudente Alinerve Ainsi ([ue tes ayeiilx ces provinces gounerne , Afin que l'éienu'l par sa toute bonté Fa>se croitrs à iamais votre prospérité.

(45) Jle).'trn , descendant, issu.

( 46 ) Suprà , LV , p. 3 et 5.

(• 47 ) Rende propice , ou plutôt , bénisse voire entrée. Nous avons vu plus Laut h'ienhtuTte.

( 48) Marguerite parle de Baudouin- IX , comte du Fliadres et empereur de Constantinople , dont elle étoit fille. Voir suprà.

( 49 ) Eaacmis , envieux.

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N.° LXI./'/. J. Paa. 2

Mu/i,-/ n,re[iC

Bibliothèque de Saint-Pie rue a Lille. 27 Margarita, comes Flandri^.

démenti histrans oculo Deiis omnia veslrum 'Prospérât adueiitum, nostri et vestiglci patris Sancta sequens Alberte , tuos sis rictor in hostes^ Tuqne Isabella tuas ditiones more guberna Maiorum ; sic prosperitas vos aima beabit.

Autour du théâtre étoient ces vers arangez par distics ::

De Flandres fut Marguerite contasse De lieux pieux pieuse fondatresse 5 A Bauduin de Bjsance empereur Fille elle fut , laquelle au grand honneur" De cête ville, élargit libérale , Grand privilège et grâce especiale,

Flandrorum fuit comes Margarita

Locorum piorum pia Jundatrix ,

^alduini Constantinopolitani ylugusti filia",

Quœ multa prii'ilegla in huius urbis honorem largita est\-

A la place de Saint-Martin j auoit autre théâtre , PL I Jig- 4 , 011 étoit représenté Guy (5o), conte de Flandres, quia ordonné' le serment que le prince fait à la ville , et aux deux côtés étoient représenté les douze écheuins reuêtus de leur robbe quand ils reçoi- uent le serment en Halle , et au fronleau étoit céte inscription :

Guy j comte DE Flandres , Marquis de Namur , sire de Dampiere et de St.-DiSIER.

Bien que ce grand guerrier de Bourbon Tancieu,

Ait souiFerl les efforis du rudj Thracien ,

Possible loi. te fois il déliura sa ferre

Du péril éuident d'une snnglar.te guerre ;

Euneiiii des combats, ami de ses vassaux

Que franc il enrichi de droits priuez nouueaux,

util ■.— ^M— ^M— 1^— »— ^gg'

( 5o ) Suprà. ^ LUI 3 p. 4 - LV J p. 5.

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28 Bibliothèque DE Sain t-P ierre a Lille.

Et premier les comprint ( 5i ) de garder cette ville , Vous vojez les projets du serment fait à Lille.

GuiDO, coMEs Flandri.e , MARCHio Namurci , D. Dampetr.B

ET S. Desiderii.

Pertulit Ismarij bellator sœua iyranni j4riiia licet , tamen à trepidi formidine bellt Liherçit ipse siws , piignas exosus amansque Siihicctos quos immunes et iurihiis auctos Fecit , et liane illis Jidil custodihus urbem l Juuandœque sibi prœcripsit vincula legis.

Dans ladite place de Saint-Martin au deuant du cliâteau il y auoit anire théâtre, étoit représenté Bauduin ( S^) , fondateur de Lille, conte de Flandres, auec ^c/^/e, fille de Robert Capet, roy de France, et aussi fondateurde l'église collégiale de Saint-Pierre, au frontispice di! quel éioit : Balduinus Flandrensium COMES Marchio Philippi Francoruji

REGIS EIUSQUE REGNI PROGURATOR ET BaiULUS.

Qiiis laiidet pro dignltate ? quis di/igat pro merilo ? havc urbem primus muro Jossaque communiuit , hic sibi liberisque domiçilium collocauit , ecclesiam Deo in memoriam principes aposiolonun dedicaaib mortuoqite sibi in ea quietem elegit , de suis uxorisque eleetjiosynis monasteria ampUssima ultra Scaldim ( 53 ) in castra de Ecnhani et TMessinis constriixit : reguum Galliœ tiitor Uenrici post Philippi regnum Francim sumnia prudentia atque Jide supremo imperio procurauit ea lege ad regni guhernationem vocatus ut pupillo Philippo sine libcris

(fil) Les obligea, les força. Gui avoit altiré à son service beaucoup de jci^neurs étrangers, eu leur faisant des pensions connues alors sous nom de fiefs de bourse. Ces pensions en faisoient autant de vassaux obligés à servir durant la guerre avepplusou moins de gens armés, à proportion lïe la somma qu'ils reci'volrnt.

(53) Suprà, LUI, p. 3. -LIV, p. I.

( 53 ) L'Escaut.

Bibliothèque de Saint-Pierre a Lillp. zç) defimcto rex Fninciœ existercl , Giilielmo duel Noi-mannicG genero regnum yingliœ acquisiuit , Flandrice comitibus idem regniim tributo anniio trecentariim marcariim ohstrinxit, u!ii\i Scaldim iiistis arniis contra Henricum IV. imp. ditio/iein dihi- tauit , Hannoniam (64) fîlio procurauit magno suo merito Plus, Fœlix insulanus.

Deuant l'hôpital Contesse , dans la rue de Saint-PieiTe , du côté de la rluière , j auoit un théâtre à deux étages , dont le dessus étoic rempli de religieuses de l'abhaje de Marquette, des hôpitaux àz Contesse et de Saint-Sauueur, sur le bas étoit représenté Jeanne (55) contesse de Flandres et d'Hajnau , fille de Bauduin , empereur de Constantinople , fondatrice de ladite abbaye et deadits hôpitaux , Ferdinand de Portugal (56), son premier mai'j , et Thomas de Sauoje (St), son second luary.

Entre les deux étasres éloit écrit sur une large bordure :

Ille ego Ferrandus cui lusitana superbiim Nobilitas nomen dédit, arua paterna relinqiiens Dotales régi Flandros succedere Iberls. Dotales vel rexi ^ugiista ciim conjuge Flandros ^duectani terris Doniinam cui Belgia paret Gaudeo te superi longuni Belgasque secundent ; Marqueti domus ossa tegit signala sepulchro.

JoANNA Balduini Contantinopolitani filia.

Magnos ut titulos genitor mihi fecerit olim Thracia quod tenuit sceptra superba manu ^

'.Auxerit ut titulos geminus mihi laude maritus Queni lusitana et terra sabauda dédit.

( 54 ) Le Haiiiaiilt.

{,SS) Suprà., LUI, p. 4. -LV, p. I et 4.

( 56 ) Désigné aussi dans l'histoire sous le nom de Ferrand, Suprà , LUI j p. 4.-LV, p. 4.

^S-]) JSuj^rà, LVj p. S,

.'1^

3o BiBiroTHÈQUEDESAiN T-P ierhe a Lille:

Ne mihi ne prima hinc inihi Jingite noiriina Belgœj

Nobi/iiis pietas dat mihi ferre decus : Hoc rutihim , cedens quod egenis atrià feci

Hospitium popiili , qiiod fuerat Dominœ.

.Jeanne , fille de Bauduin , empereur de Consxantinople >

CONTESSE DE FLANDRES.

Jeane suis-je de nom contesse de sang noble Fille de Biudiiin qui de Conslanlinople Fui le prince Honoré , mes marjs ont été Ceux-ci que vous voyez d'un el d'autre côlti ,■ Fcrdluiiiid Porlugais et Thomas de Sauoye ; Ce lieu fut mon palais , car les liiens que i'auoye Je les aye conuerlis eu la fondai ion De ce grand Hôpital propre habilation

Des poures(58) souffreteux ( 69 ); aussi de mon acquéte(6o) J'aye fondée et dotée l'abbaye de Marquette: Ces dames que vo^^ez êlre cy-dessus moy ( 61 ) Sont pleige (62) de mou dire, et témoin de ma foy.

Thomas S a b a u d u s.

\Sum Thomas ducens genus alla a stirpe Sabaudi , Se mea progenies el auo patrique Pliilippo Prima tenens iunxit comitem , dum bella vocabatit : Est Germana tibi tœdas ingressa iugales , Prîncipis yjllobrogiim pertentant gaudia pectus

( 58 ) Pauvres. On a dit aussi pove.

( 59 ) Indigens , misérables.

( 60 ) De moir achat , de mon acquisition. On disoit acqueisleir, acquestjr , ponr acquérir , acheter , d'où est venu acquaste , acqueste , acquéte , etc. acquisition^ achat. n

(61) Etre ici au-dessus de moi.

(62) Répondant, caution, garant. .'Vfénage , dict. étym. Au mot piège. Vossius , au moi prœdium. Ducauge , Glossar. Au mot plegium.—Id. , suplémt. ., tom. II j au mot plegagium j et tom. IV j pUge , et suiv.

^^ustriadum

Bibliothèque de S a int-Pi e r r e a Lille. 3i udustriadum genus aspiciain , quod sanguine nosLro Commistum terrasqiie pari ditione tenere yilbertiis facial pulclira te proie parenteni : ïelices videat seiies vos ionga nepotiim. Leurs altesses élanl airiue'es deuant le cimetière de l'église collé- giale de Saint Pierre , elles descendirent de cheval; les chanoines et tout le collège les attendoient, rangez en ordre depuis l'entrée de leur jarisdiction iusqu'au portail de leur église, par dedans j ayant à l'entrée un tapis auec deux coussins , sur lequel monsieur le doyen y étoit vêtu d'une chappe, accompagné d'un côlé d'un chapelain tenant la relique de la Sainte Vraye Croix, et de l'autre côté un clerc tenant l'eau bénite.

Après quelques cérémonies d'usage, monsieur Guilaume GlfTord , prêtre, docieur en théologie , doyen et chanoine de ladite collégiale, se tourna vers les princes et leur Ht une oraison en latin.

L'oraison finie , l'archiduc y répondit en latin ; puis les princes et leur suite sortirent de l'église par la rue d'Angleterre.

A l'entrée de ladite rue d'Angleterre , étoit dressé un arc de triom- phe orné de peintures ; du côté de l'église éloient dépeintes les armes d'Autriche et de leurs altesses, et dessous chacune étoitcette inscription:

Ingredere quia vir fortis es , et bona nuntians. De l'autre côté étoient les annes de leurs altesses et de la ville , avec cèle autre inscription :

Possideat semen tuum portas inimicorum tuoruni.

Représentation dudit arc de triomphe.

A l'entrée de la rue du Collège ou Séminaire , dite à présent du Glen , y auoit autre théâtre étoit représenté Louis de Maie (63) , comte de Flandre, auec 'Madame Marguerite , sa femme (64), duchesse et héritière de Brabant ; le fronteau duquel porloit les vers suiuans , renseignans que ledit comte a eu sa retraite à Lille pour la seureté de sa vie et le repos de son corps, et qu'il a trouué moyen derauoir Lille , Douay et Orchics hors des mains du roi de France.

( 63 ) Suprà , LUI . p. 6.

( 64 ) Jbid.

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32 Bib'liothèque de Sain t-P iehre a Lille. LuDouicus CoiMEs Flandri^ Dux BrabantIjE

COMES NlUERNENSIS ET ReGISTETENSIS

Fîandria nec Galles Dominos , nec GaUia Flandros Ferre pares poterat , sic du ri s omnia bellis Diuexata diu proauis miseratus egenos Insulidas cessit Francis pacemque, redemit.

'^st ego sic sortem conspexi voluere fata Jnstabilem , ut socerwn magnis me GaJlia votis Optaret , dolesque daret pro munere Lillam Sex dénis annis quam proditione tenebat. Et tu Lilla , milii tante pro munere grateff Reddideras magnas rii^o magnasque sepulto ; Sic vos principibus fidos pax aima heatos Ffficiat , nec vos turbet fortuna nepotes jiustriadas , int>icta manent virtusque decusque.

Trois malsons outre ( 65 ) , ëloît mise , hors d'une fenêtre , uns planche, sur laquelle se pourmenoit une poupée vêtue en Sle. Claire faisante une révérence quand leurs altesses passèrent.

Les murs , depuis la caue de St. Paid iusqu'à la glacière , pour monter au rarapart, étoient couuerts de draps noire, iaune , azuré et iaune couleurs de Flandre et de Bourgogne , et sur iceux pendoient en grands taJileaux les armes des dix-sept prouinces , et au milieu un ample tableau peint des armes de leurs altesses , et les vers suiuans t

'j4.rchi duces gemini genus amho a sanguine Diuûin", u4nibo Jlerentes œtatibus , ambo sereni , Clémentes ambo, cullores numinis ambo Nec minus optati patrice quam patriam amantes ', Jte pij patrijs sub honoribus ite per annos

( 65 ) Trois maisons après , ensuite j plus loin.

Bibliothèque de Sain t~P ierreaLille. 33

Nestoreos , et qui clypeo duo signa siih uno Fcelici nexu geritis concordibus armis , Fœlici nexu concordes iungite Belgas , Çuos nunc in geniinas scindit discordia partes.

Au deuant de ladite glacière y aiioit autre théâtre oii étoit repré- senté, PL m , fig. 2, Jean, duc de Bourgogne (66), qui s'étoit sauué à Lille du dan2;er de la France, après la mort de Louis, duc d'Orléans, et dont l'histoire étoit contenu en ces vers :

lOANNES BURGUNDI.E DuX FlANDRIARUM CoMES. MaRGARITA BaUARA (67) COMITATUS HaNNONI.-E H.ERES,

Post varias casus , post mille pericula vitcG

Quœ parisiaca victor in urhe tuli , JExceptura milii gratam dédit insula sedem ,

Insula prœsidijs officiosa meis. In qua si résides habitare diutius annos

^t non dura sequi bella fuisset anior. Viua diu non victa cito mea vita fuisset ,

^ut si victa cito , non cito rapta foret. Sed quis prœcaueat rigidœ fera spicula mortis ?

Certa sub incerto tempère quemque necat, y os modo paciferi longum durale nepotes ^

Et quœ yion vixi tempora viiiite vos.

Au deuant de la chapelle de la Goncepiion ,y auoit un théâtre les pauures filles orphelines étoient mises en ordre , qui saluèrent bien humblement leurs altesses , comme auojent fuit auparauantles orphe- lins dits de la Grange , sur un théâtre au deuant de leurs maisons.

(66) «îi/pri, LUI, p. 7 et 9. On connoit ses démêlés avec le duc d'Orléans, qu'il finit par faire assassiner. Il avoit pris alors pour devise un rjbot , sans doute en opposition à celle de son rival , qui éloit un gros bâton noueux.

(67) Mari;ueriite de Bavière , fille d'Albert de Bavière , comte de HaiaauU et de Hollande, et femme de Jean , duc de Bourgogne,

E 2

3^1

34 Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille.

Près !a croix de Sainle- Catherine y anoit autre théâtre oîi étoit représenté, P/. JII , Jîg. \ , Charles, duc de Bourgogne (63), auec madame Isabelle de Bourbon, sa femme, auec ces vers au- dessus .

Ijitrepldis animis rigldi Mauortis ad arma Natus eram , Gallos straui primoribiis anuis Inde rebellantes eburones (^ 6g) marte coegl Subdere colla diici , Jiudaui mccnibus urbem Pêne , et capta meas urbs sensit Nutia ( 70 ) vires. Militiœ poteram sumnws superare triumphos , Inuida me nisi sors acie dum versnr in ipsa Mersisset céleri fato crudelibus iimbris. liberté aiqiie Isabella , istasfelicius oras - Vobis continget tranquilla pace tuerl.

Au deuant de la chamlire des Comptes y auoit autre théâtre étoit représenté Philippe le Hardy , duc de Bourgogne (71) , et madame- Marguerite , héritière ds la conté de Flandre, d'Artois, de Neuers, de Rhetel, etc. signifiant que ledit duc auoit confié toutes ses finances et les titres de son reuenu dans, la ville de Lille , en j dressant sa chambre des Comptes même seruans pour le duché de Bourgogne et de tout son pays , auec cête inscription :

Uni ta per nos Insula Flandriœ est

Et facta magna curia concili

Sedesque quœstorum sub œqua Discutiens trutina libellas.

( 68 ) Suprà , LIV , p. 64. La devise de ce prince étoit une branche de boux, avec ces mots: qui s'y frotte ^ s'y pique. Isabelle de Bourbon fut la seconde des trois femmes qu'il eut.

( 69 ) C'étoit un peuple placé entre la Meuse et le Rhin. W fut détruit par Jules César qui vengea le sang d'une légion romaine, massacrée par les ordres d'Ambiorix , chef de cette nation. Les Tungriens la remplacèrent et doaaèreot leur nom à la ville de Tongres , située daus les pays de Liège.

( 70 ) Nuits , ville de Bourgogne.

( 71 ) Suprà , LIV f p. 60.

Bibliothèque de Sain t-P ierreaLille. 33 A l'entrée dii marché, près de l'église Saint-Estlenne , y auolt un arc de triomphe dédié particulièrement à l'archiduc Albert, long de quarante-huit pieds , et haut , sans la pyramide, de trente-trois pieds» d'ouvrage dorique, contenant trois portes; celle du milieu occupoit certaine colonne haute éleuée de pierres , sur laquelle il j auoit une» fleur-de-lys large de pierre, du bout de laquelle sorloit un crucifix de bronze ; au bas de ladite fleur-de-ljs y étoit du côté du marché auec cête inscription :

De Iesse Christus flos virens

SriNAS UT INTER LiLIUM CUSTODIIT SIC INTEGRAS VOBIS FIDELEIS InSULAS.

Sur le haut de la colonne étoit taillé en pierre douce , Saint Estienne lapidé, et à l'entour de l'astragale ou frise étoit écrit en lettre d'or ;

VlUE ATAUI LONGOS , PRINCEPS FELICITER ANNOS.

Et de l'autre côté :

Pange Jouis lauri ramum quem porrigit ales.

Du côté de l'église étoit orné des statues de notre Seigneur en bon pasteur , entouré de ses brebis s'opposant au loup , ce qu'enseignoit cête écriteau :

Ma couleur argentine montre ma charité ; En la vermeille , pleine est ma fidélité ( 72 ).

Candidus immensum color ut désignât amorem , Sic ruber ardentem relligione Jidem.

Le dessus de l'arc étoit en forme de galerie étoit une troupe de jeunes hommes et des plus belles filles de la ville, vêtus en pas- teur, tenans leurs chiens et auec leurs moutons, qui chantoient auec mélodie des chansons rustiques accommodées à la musique, quant leurs altesses passèrent.

Au pied de la pyramide étoit l'efiBgiede son altesse en grand tableau,'

p - - - ... . .. —-■... I .,11 ■,■■-■■ . I ■»■■! ^

(72) pleine est ma fidélité 3 traduisez, «i ma foi toute entUr*.

m

36 Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille.

et au-dessus des deux grandes portes éloit, en grands tableaux , repré- senté les portraits de Maximilien (yS), empereur, et de Marie, hérilière de Bourgogne , et près leurs portraits.

Maximilianus G.î:sar alt. S. S, Archidd.

Me paler yirchidiicem genuit Germama regem

Elegit, virtus sceptra decusqiie dédit. Hinc i/uiis sexcentos comités aiixere per annos

Obtulit lias Coniux nornine dotis opes. Quas inter dilecta mihi fuit Jnsula partes ,

Rébus in amhiguis Jîda secuta meas. Hanc hilaris vidi ; Carolusque et uterque Philippus

jdspicient ; et vos , currite mite genus. Près le portrait de Marie , duchesse de Bourgogne.

Floribus ^rthesijs cuin regia îungere Gaîli

Lilia cœpissent vique do/oque sua , Virtutis Flos his alijs mutanda relinquens

Sjmbola cœsareœ Jîdus adhœsit avi ; Hinc remorata fuit fraus et Victoria, régis

Signa sed auspiciis , yîJmi/iane , tuis.

Du côté de l'église , dans les mêmes endroits , étoient les représen- tations dudit archiduc , de Philippe ( 74) , roi de Castille , et de Jeanne , reine , sa femme , auec ces vers :

Sentiaci ( 75 ) solide stabilita pace Philippus Optatuni posuifnem ciuilibus armis ,

( 73 ) Suprà . LUI , p. 7.

(74) C'est Philippe I , dit le beau , fils de Maximilien et de Marie de Bourgogne. Il avoit épousé l'Iiifaaie Jeanne^ fille de Ferdinand le catholique. Cette prin- cesse fut tellement alîligée de la mort de son mari qui ne l'avoit jamais aimée, qu'elle en perdit la raison , ce qui la fit appeler Jeanne la folle.

(75) Sentiacwn est Zamora , ville du royaume de Léon. La mort d'Isabelle, reine de Casiille et femme de Ferdinand le carholique , occasionnèrent rie violens

•débats entre celui-ci et Philippe, époux de Jeanne. Ce dernier l'emporta et fut cour.mné roi de Castille en i5o6. Quoique l'histoire ne parle point du lieu oîi l'accord se signa , il est à présumer que ce fut à Zamora oue cite le manuscrit.

Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille. 3y

Éelgarum , pacem cohii per tempora ditœ Cuncta mec^ , charus popiiUs charusque per orbem , Regibiis et quouis laudum cumulatus honore , Et. quia pacificus pacis Deus aiictor , anwtor , Et princeps dédit imperiinn sine Jine tenenduni Europœ , Libyes , Asiœ, Americcvque per omnes .Anfractus pélagique sinus , muJtisque beai-'it Protibus , ex tantis dotata Heroide regnis , T^os eadeni fortuna manet dilecta propago.

Près le portrait de Jeanne, reine d'Espagne.

Vigentl Hesperiœ regnis opulenta Philippo \Archiduci coniuncta fui dilecta niarilo Et milii dilectus genitrix fœcunda duorum

Jnduperatorum , quorum de sanguine iunctos Multiplici nexu video mea cura nepotes y Bisque duas etiam virtutibus Heroinas lllustris variijs genuit quas tceda iugalis : Cuique per Europen sociauit regibus, itnde Tantorum Félix regum communis origo Dicar , et id cultus meruit pietatis in omnes ^ Sic simili videant vos sœcula sorte beatos

Sur les pilastres et arcures de l'arc , étoient dépeintes quatorze fleurs-de-Ijs , dont la branche du. côté droit côté A, étoit d'oliuier courbé auec ses fruits; celle du milieu côté B , de palmier debouts aussi auec ses fruits; et la ligature D, de lauriers auec des bacques (763 rouges, myvthes et chênes, le tout fort verd ; au-dessus desdiles fleurs- de-ljs étoient des écriteaux auec les noms des vertus suiuantes.

JUSTITIA, ChARITAS, ClEMENTIA , PrUDENTIA , MiSERICORDIA ; VlCTORIA,FoRTlTUDO, AbUNDANTIA,TrIUMPHUS,TeMPERANTIA, F^^CUNDITAS , EteRNITAS , CONSTANTIA , CONCORDXA.

76) Liens, d'où vient le mot ha^e^ gage d'union , de lien entre les époux

n^

38 BiBriOTHÈQUE DE S A I N T-P I E R R E A LiLLE.

Au marché , au deuaiU de la maison qui portoit pour enseigne le Lion Rouge , y auoit auîre théâire haut éleué , composé et rempli de quatre grandes peintures, viues en couleur , éjoient représentées les qiiatres parties du monda, l'Europe, l'Asie, l'AlTrique et l'Amé- rique ; au milieu la statue de l'empereur C/i^r/e^ cinquième (77), vêtu de ses habits impériaux ; au-clessus duquel étoit l'inscription ©t les vers suivans :

Imper ATOR César Carolus V. Francicus Germanicus , Italicus Africus p. p. Augustus.

Me terra Eoo tremidt porrecta suh orbe. Me tellus dommuni phœbo supposta cadenti yignoi'ity torrensque mei fera fulmina martis yifrica persensit , me dwes j4.merica laie Regnanlem aspexit; permensus inhospita saxa, Jlerculeas ultra penetravi classe columtias. Sed cum terra meum non exsaturaret amorerri Ullerius tandem cœlo vestigia fxi : Vos naù accédât nostrœ virtutis imago.

Le milieu du théâtre occupoit la deuise dudit empereur en roleap (78) entre deux colonnes. De plus, ouftre, et dessus:

Jadis ce mien ayeiil , de ma tritaue ( 79 ) père Délaclia le lien qui le tenoit en serre Sous un prince voisin, Lille, l'aflranchissant De tant de durs Irauaux qui t'iilloient offensant Depuis que ton grand conte , empereur de la Grèce Echanga ; 80 ) par sa mort tes ioyes en tristesse ; JVlais moi, pour ne laisser ton bonheur imparfait, J'a_y paix avec la France en ma victoire fait

( 77 ) Svprà , LUI , p. 7.

( 78 ) Rouleau.

( 79 ) Trisaii'ule.

(80; Echangea pour changea.

Te

■5'

Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille. 89

Te déliuraiit du tout de sa main souueraine , T'iiiiissaut à iaïuais à ton ancien domaine, Pour ce m'auez cherj ; donc la fin de mes vœux C'est que porte le même amour à mes neueux.

Deinde insulas Cœsar Caroîus sic alloquitur :

TeLLVre SoLVI. GaLLICa

PaCIqVe. et arMIs. KaroLVs. Vt IV gîter nepotIbVs Esset VIdenda Libéra

Audit marché, au deuant de l'hôtelerle de l'Esquier , j auoîl: un théâtre étoit représenté Philipe second , l'oy des Espagues, au liaut duquel étoicnt posé ses armes et sa deuise : nec spc tiec inelu. Ledit roy éloit enuironné de phisieurs personnages vêtus en indiens , tant orientaux qu'occidentaux, et au fronteau étoient Xqs vers suiuans ;

Qiias oriens , quas occidens sol lampade terras

Perlustrat , tiostra vidit ditione teneri :

Jndica quce macedûm nunquam patuere sar/ssisÇdi)

Régna , vel ^usonijs numquam spoliata trophœis

Me primum qui vos genui noi'ere monarcham ,•

Te mea pro génies felicia fata sequantur

Cliers enfrius , mais plutôt la moitié de mon ame, Si de vos bons vassaux le soucy vous entame , Fauorisez ce peuple, à qui l'a je ( 82 ) de ma main Par écrit témoigné le zèle très-cerlain , Qu'il a eu s'opposant à des fureurs mutines ^ Méprisant par sa foy aussi mille ruines , jEt même en mon absence oncq ( 83 ) ne fut diuerti De suiure de son Dieu et son roy le party.

( 8i ) Sarissa ^ pique , lance.

( 82 ) On a déjà eu plusieurs fois occasion d'observer que j'aye étoit ancieu- nement employé pour j'ay , j'ai, ( 83 ) jamais.

m

40 Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille.

Ainsy tard pour leur bien le ciel d'eux vous retire , Et vos fils comme vous accroissent leur empire.

Au dessus se vojoit les vers suiuans : . H Conspicior Geminis fulgentibus éditas a te ^ Quinte Cœsar Carole ( 84 ) .• £p yin non victorem Cancer spectavit ad oram

Cedente rege Algeriœ? Q_ Succuhuit pugnax grauelingis terminus ecce

Id torridus vidit Léo ; np Francicus exutus castris rex Somona victus ;

Isabella nata in Vlreiine est ; ïCb Pinon inaccesso a Mauris in colle recepi

Trophœa Librœ insignia ; 111 Turcica de Cipro rediens quœ terruit orhem

Depressa classis, Scorpio ; ■B ^nglia papales leges Chirone recepit

Coacta non a Maria ; ^ ^ccipiuiit proceres subi gâta Lisboa in Eli^a

Regem lubenter sub Capro ,• •pst Cernile Jane Bifrons, consors Isabella Philippo es£

Mater Isabellœ principis ; X Omnia fausta patri Pisces , Belgisque tulere Edicta pacis piiblicœ ;

(84) Chaque distique , si l'on peut appeler ainsi cette coupe devers, ofire un événement, et le nom du signe sous lequel il est arrivé, en est comme la dale. Ainsi celle du premier distique répond au mois de mai ; celle du second, au mois de Juin; celle du troisième, à Juillet 5 celle du quatrième, au mois d'apût : les balan ?es indiquent le mois de septembre ; le scorpion , d'oc- lobrejle sagittaire, de Novembre; le capricorne, de décembre; le verseau représente Janvier; les poissons , février; le bélier , mars ; et eufin le taureau , avril.

Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille. 41

T Scande Arles Cœ/os , iam nascitur unicus hœres

Hispanice ac orbls iioui ; V Fax cœlo delapsa redux , et francica coniux

Desponsa , num Taure id vides ?

Au-deuaiit du marché aux cheuaux , près de l'escaillé ( 85 ) du corps-de-garde, j auoit autre théâtre PL III, Jîg. 3 étoit représenté Philippe le Bon (86), duc de Bourgogne, avec les quatre principaux ofliciers de l'ordre de la toison d'or , vêtus de pareils haljits lorsque ledit duc tint son premier chapitre à Lille ; le dessus dudit théâtre étoit Saint André , tenant les armes du duc, environné du toison, et toutes les armes des cheualiers de la toison d'or étoient posés en ordre, au-dessus et au-dessous des armes du duc, étoient les vers suiuans :

PhILIPPES par la GRACE DE DlEU , DuC DE BOURGOIGNE , DE LOTRICH (87), DE BrABANT, ET DE LUXEMBOURG j CONTE

DE Flandres.

Perdomitis Tauris vigilique dracone sopito ,

Emensis pélagique periclis , Thessalice JEsonides lectiqiie Heroes in u4rgo ,

Et Tirgiitliia fata se cuti y Plirixeiun rutilo relulerunt vellus in aura ,

Jd pretiuni non vile laborum , Ac deCP^s HeroT^ni stat virgo danda PliILIppVs

NoblLIhVS COTSDIgna trophœa Oui vinu/is iter belle tenuere togaque ,

(_&'S) L'escalier.

(86) Suprà, LIV, p. 63.

( 87 ) Lorraine , ce nom qu'on avoit conservé à une des Provinces de France, désignoit.iulrefijis tout le pays donl Lothaire second , fils dd l'Empereur Lolliaire, composa son royaume vers 855. Ainsi Lotrkh un Lotreich , et en vieux fraiiçois , Lother , ou Lothkr ,abréviiilion de Lor/i^r-Riici^ signifie royaume deLolhaire. De- là est venu Lotharingia , Lotherregne , Lothierregne , dont s'est formé liOrraine. On a dit pendant long-iemps ducs de Lother ou Lothier, ducs deLotrich ou Lotreich, pour ducs de Lorraine. Art de Vérif. les dst. , t. III, p. 35. - Guicciardin , des- ciipt. des Pays-Bas , p. 56. Hofimauu , Lexic, univers. , t, I, p. 931.-- Dict. Rom. j Wallon, p. 178, etc., etc.

F 2

m>

42 Bibliothèque DE Sain t-P ierre a Lille.

Velleris hœc insignia in urbe Distribui aurati , quœ conjiige vecta ah Jheris

Briiga prius spectarat ocellis. At sociam thalami nostris ditionihus amplis

Dotatam referens Isabel/ain, In nostram vobis hanc quam constmximus aulam

Occiduis , Alberte, ab Jheris Prœmia virtutum tu certe verus Jason

Aurea vellera vera tulisti {Q^ ).

Lille, vous chérissant, j'ay tenu à Saint-Pierre

Le chapitre premier de la noble toison, Qu'à Bruge auparauant imitant Jason ,

Aux noces de madame auois mis en lumière.

Quel honneur, ô grand duc, d'être au lict de iustice Témoin de ce grand vœu, qu'au faisan auez fait (89), y dresser ( 90 ) votre cour et hôtel de police.

EnGn, au-dessus de la porte de la cour de leurs altesses, ëtoit un tableau fort grand soutenu d'un ange , avec cette inscription :

Surge AGE IN REQUIEM TUAM TU ET VxOR DILECTIONIS TUiE ,

VOS S. s. Archiduces.

O Nimiiim dilecta Deo cœlestis origo Austriadiim , nohis nuper qiios pacis honestœ

(88 ) Philippe III ^ dit le Bon , doi:t il s'agit ici, institua à Bruges, le jour de son mariage avec Elisabeth de Portugal, sa troisième femme, en 1429, l'ordre des chevaliers de la toison d'or, à la gloire de Dieu ^ en ré^trena de sa glorieuse mère , en l'honneur de Monseigneur S. Andrieu ^ à l'exaltation de la foi de la Sainte Eglise. L'auleur des veis a cru devoir à cette occasion, rappeler l'expédition de Jason.

( tig ) Suprà j LUI , p, 9. J'ai parlé du repas du faisan , de ce qui y donnoit lieu ^ et des cérémonies qui s'y observoient.

( 90 ) Souseniendez pour , pour y dresser , y étaLlir,

. lilBtlOÏHÉyUE DE SAINT PlERRE A LiLLE. ^3

Veruina (^f^i") aiiciores vidil ; ter maximus iUe

Tollere ciuiles intestivosque tiimultus

Passe dabil, sobolemqiie dabit sobolisque nepotes

Qui pairia belgas proaiii virtute tenebunt ,

yitque colent reges populi coinitesque ducesqiie ,

Et metuent hostes , inimicaque turba profanant

Linget liumum , sic est laurus gestanda triumphans.

Leurs altesses aiant acheué le tour de leur entrée solemnelle, entrè- rent dans leurs palais, entre six et sept heures du soir, qui faisoit obscur. Le magistrat laissa la garde de leurs altesses aux sermens ou confréries de la ville; le magistrat vint souper dans l'hôtel de-ville auec les cheuallers de la toison , les contes et barons qui auoient été inuités , tout se passa en ioye et allégresse , et presque toute la nuit en ébatenient et feu de ioye, et feu d'artifice, sans aucun désordre. Ledit iour se fit des feux de ioye par toute la ville, à neuf desquels on donna des prix.

Le lendemain , iour de dimanche, 6""* de féurier 1600, les magis- trats vêtus de leurs robbes comme le iour précédent , se trouuèrent à la cour et palais de leurs altesses , qui auoit , aux dépens de la ville , été refectionné en divers endroits à grands frais.

Au départ de leurs altesses ledit magistrat se mit en ordre, marcha à pied deuant les seigneurs ,et conduirent ( 92 ) leurs altesses à l'église collégiale de Saint-Pierre, par la rue d'Equermoise , par elles pu- rent voir tous les théâtres ornez et préparez comme le iour précédent , ainsi qu'elles auoient déclaré désirer voir en pareil ordre.

Etantes arriuées dans l'église de Saint-Pierre, sans que les chanoines se bougeassent de leurs sièges au chœur, la messe fut chantée parle R. P. en Êieu Pierre Carpentier, abbé de Looz in pontijicaïibus ; icelle acheuée , ledit sieur doyen et le tresorié s'auancèrent vers la

( 91 ) Vervins , petite ville de France dans la ci-devant Picardie sur la Serre; elle est fameuss dins l'histoire par le traiié de paix conclu en 1598, entre Henri IV , roi de France et Plùiippe II , roi d'Espiigne,

(92) Conduisiient.

44 Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille.

ci'édence qui étoit dressé du côté de l'autel, et fut déliuré à chacun, d'eux ès-mains , chacun un moyen pain enueloppé de seruiettes de damas ; et à M^. Jean le Duc, écolatre , et le plus ancien chanoine Bidault, fut donné deux flaccons d'argent, l'un rempli de vin clair , l'autre de vin blanc , et marchans les deux premiers vers l'ora- toire des princes suiuis des deux autres.

Ici le dojen prononça un petit discours latin, auquel l'ai-chiduc répondit dans la même langue.

La cérémonie acheuée , leurs altesses auancèrent vers le grand autel , ledit sieur doyen leur dit : Placel-ne vestris serenitatibus prœstare iuramentiun solltuniprœstari liuic ecclesite à jnaioribus vestris ? L'art:liiduc répondit : Placet ? Puis le dojen lu la formule du serment qui éloit tel que s'en suit :

ISos ^IherUis et Isabella ylrchiduces udustr'iœ , duces Bur- gundiœ , comités Flandriœ promittimus et iuramus , qiiod iura , libertates , immunitates ecclesiœ sancti Pétri Insulensis et pri- uilegia eiusdeni fideliter obseruabiuius.

Ledit doyen présenta aux princes un missel, sur lequel ils mirent la main et le baisèrent.

Puis leurs altesses se partirent de l'église, le magistrat allant deuant en pareil ordre par la rue de la Grande-Chaussée, vinrent vers la maison écheuinale , au-deuant de laquelle , et des maisons voisines du côté du marché , éloit dressé un lieau et grand théâtre d'ouurage et ordre de coriuthe , long de quatre-uingts pieds, haut de soixante, et profond de vingt-cinq , avec sept pyramides et banières de soye au- dessus, tendu de drap rouge cramoisi, semé de lleurs-de-lys d'argent, ce qui étoit chose magniHque et beJleàveoir; les officiers de leurs altesses l'ayant ainsi vu préparé, ingèrent qu'il n'étoit besoin di aiouter quelqu'ornement ; mais ayant dressé seulement le Rosse rel (91), se

(91 ) Ce qui suit donne à euteudre que ce n'est qu'une espèce de tapis ëcarlalc ou de pourpre , couleur dans tous les teins, et presque parlout aflectée aux tentures, coussins, etc., en usiige diins les cérémonies publiques, dont un prince, seigneur ou chef d'éiat sont Voh]e\. Rosserel vient donc néces- cajrement de l'italien rosso , rouge j mais il ne m'en paioit qu'un diminutif j

BiSLIOTHÈQUE DE S AINT-Pl ER R E A LiLLE. 4,^

contcnlèrent, quoiqu'ils eussent grand désir de plier les tapjs et autres teintures de leurs altesses , comme ils auroient faits et depuis firent dans d'autres lieux pour en retirer plus grand salaire ( 92 ).

Le magistrat monta le premier sur ledit théâtre, et messire Jacques- Philippe dit Vilain etdeGand , conte d'Issenghien , du conseil d'estat, prem.er des quatrfis maîtres d'hôtel de leurs altesses , leur assigna place à côté gauche; puis suiuit dom Baltazart de Zuniga , ambassa- deur d'Espagne ; le duc d'Aumale, messire Philippe-Guillaume de Nassau , prince d'Orange , baron de Breda , cheualier de la toison d'or , du conseil d'estat ; dom Francisco de Mendoza el Cardona, marquis de Guadalesle, amiral d'Arragon, du conseil d'estat, grand maître

d'hôtel et général de la cavalerie légère ; messire Phles (98) deCroy, chevalier de la toison d'or, premier conte de Solue, sieur de Molem- bais , Sempy, Fourcoing, etc. gouverneur de Tournaj et du Tour- nesis, grand ecuier; le conte de Ligne, prince d'Espinaj , aussi che- ualier du toison d'or, gentilhomme de la chamlDre de leurs altesses ; messire Jean Richardot , cheualier, Sr. de Barlj, chief-president du conseil priué et d'estat ; et plusieurs autres seigneurs et gentilhommes qui se rangèrent du côté droit , excepté le conte de Solue et le prési- dent Piichardot , qui se mirent à côté gauche de leurs altesses; puis suiuirent leurs altesses, qui se mirent sur leurs chaises préparées au

ce qui doit faire croire, d'ciprès ce que l'auteur ajoute, que c'éloit le i;:p:s le moins riche, le moins .'impie, en un mot le plus commun et celui peut- être sur lequel les officiers de l'ari-liiduc n'avoient aucun droit. On peut voir au surplus Ducange , Glossar , tom. V 5 et supplém. , lom. III , au mot rossus. ( 92 ) Dans leurs entrées solemnelles , dans leurs marches triomphales , eJc. les souverains ecclésiastiques ou laïques Irainent toujours à leur suile des tapis- series de toute espèce , soit pour leur servir de marche-pied , soit pour orner leur trône et tendre les endroits ils stationnent. Il a élé iong-tems d'usage qu'une partie de ces meubles devenoient, après la cérérnonie , la propriété des cliiciersde service. Ce passage ledémonlre ass. z ; l'iiistoire nous en fournit diS preuves; et moi-même j'en ai cité un exemple suprà , LX , p. i5.

( 93 ) Abrévialion de Philippe.

46 Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille. milieu du lliéâtre sur un passé (94) éloué de trois apas ( gS) l'iiiFante à dioile , et l'archiduc à gauche , au-deuant desquels fut mis une table couuerte de velours rouge, auec deux coussins dessus, sur laquelle ledit abbé de Looz mit et ouurit les saintes éuangiles.

Ledit conte deSolue, grand écuier,avoit le collier du toison, comme aussi son altesse le prince d'Orange , et le conte de Ligne , étoit tête nud , et tenoit l'épée nu près de son altesse et le iour précédent ; mais sur les rues il marcha deuant son altesse avec l'épée nu.

Ledit sieur président Richardot étant debout, tête nu, eut ordre de leurs altesses de parler, et fut imposé silence au peuple qui y assistoit en très-grand nombre, occupoit toutes les fenêtres et autres places de toutes les maisons du Ijeaurega-id et du marché; après auoir fait une grande réuérenee à leurs altesses , iusqu'à mettre le genouil en terre, commença sa harangue par undiscour bien poly, et analogue aux circonstances.

La harangue finie, Wallerand Hangouart , écuier du Sr. du Laury , Rovart de VamiLié (96), se mettant sur un genouil, prononça, à haute voix , le serment suivant :

Très-Haults et très-puissans princes , chi ( 97 ) iiirez que vous la ville de Lille, la loy et la franchise de la ville les usages et les coustumes et les corps et les catheux ( 98 ) des bourgeois

(94) Ou passet, suggestutn , esirade. Ou avoit'peut-étre ainsi nommé cette espèce de trône, parce que dans le cas dont il s'agit, on le dressoit , on l'élevoit dans le lieu le plus passager, comme par exemple dans un carrefour , iiiie place ou le peuple peut aller et vi'i.ir, passer en plus grand nombre. Voir Ducange , Glossar , suppl. , lom. III, au mot passetum.

( q5 ) De trois pas , degrés , marches ou gradins. On ne doit point supposer plus de hauteur à une estrade, mot qid dans ce sens n'est presque p'us d'usage, et que le diction, de l'académie définit par ais posé sur des petites traverses dans (alcôve d'une chambre , et un peu plus élevé que le plancher,

( 96 ) Suprà. p. 3.

[ 97 ) Ici , de l'adverbe latin hic.

(98) Biens, meubles et immeubles. Cette expression dérive de capitalia qui a dégénéré tn captalia , puis en catalla , dont on a Cah catels ^ cateux , on tatheux. L'étjiiiologie me piroit juste, car capitale^ capitalia veut dire en ce

de

Bibliothèque de Saint- Pi erre a Lille. 47 de Lille garderez et inénerezpar la loy et par écheuinage, et ainsi le iurez sur les saints éuangiles et sur les saintes paroles , qui cj sont écrites que i^ous le tiendrez bien et loyauinent (99).

Puis leurs altesses se louèrent et se metlaiis à genoux, touchèrent de la main droite les saints évangiles et les baisèrent, et étans rerais dans leurs chaises, ledit rewart, majeur, conseil , huit-hommes (100), procureur et greffiers, allèrent successiuem.ent baiser les mains de leurs altesses, après auoir fait trois grandes réuérences , chacun étant retourné dans sa place, ledit rewart leua la main comme aussi le magistrat , et tout le peuple prêtèrent le serment suluant :

Très-haultz et très-puissans princes, nous Jiauchons {loi') votre corps et votre héritage de la conté de Flandres à garder , et ainsi nous le iurons à tenir bien et loyaunient à noz sens ( 1 02 ) et à noz pooirs ( io3 ).

Le peuple fut auerti de crier aussitôt : viuent les princes, viuent les altesses, qui (104), par un bruit multiplié d'innombrables voix» cria par diuerses fois , viuent les princes , viuent les altesses ; puis louèrent les tromj:ettes et hautbois de plusieurs endroits.

Les quatres hérauts de leurs altesses , vêtus de leurs cottes d'armes , se diuisants en deux parts et prenant deux grandes aumonières (io5), ietèrent au peuples plusieurs poignées d'or et d'argent, iusqu'à ce quelles furent épuisées , comme s'en suit ;

sens , ce que possède chacun par fêle. On peut consulter Ducange , Glossar lom. II , et supplém. , 1. 1 et IV. Ménage , dict élym. , t. I , p. 3a2, etc. , etc.

(99) Loyalement.

( 100 ) Injrà , p. 48.

( loi ) Nous promettons , nous donnons notre foi , nous nous engageons. II faut avec Ducange , Ménage et d'autres élymologisles le faire dériver iXe fiduciare ^ fidentiare , d'où est \t.n\i fiancer ^ promettre, accordijr une fille en mariage.

( 102 ) A nos senlimens.

( îo3 ) A nos pouvoirs, c'est-à-dire, à tout ce qui est en notre pouvoir, en notre puissance pour vous défendre.

( 104. ) Lequel.

( io5) Aunionière étoit une bourse contenant de l'argent destiné à répandre et à donner. Voyez Ant. Kat. , T' i , art. III, p. 118, i36, 137.

G

48 Bibliothèque DE Sain t-P ierre a Lille.

Son altesse créa publiquement quatre cheualiers , sçauoir : ledit Wallei-and Hangouard , écuier , sieur du Laury , Reward ; '\"\'alle rand Dubois , écuier, sieur de Beaufremez , éclieuin ; Jean de la Viclite , écuier , sieur de Nieuwanhoue , écheuin, et Michel Gommer , écujer, sieur de Schanoulde , voir-iare (106), en les frappant de ti'ois coups de l'épée nue , qu'il print de son grand écuier, sur l'épaule , et leur donnant à baiser la croisure ( 107 ).

Toutes ces cérémoiîies acheuées, le magistrat conduisit leurs altesses iusques dans la salle, qui se mirent peu après à table, étant lors une heure après-midv, et firent honneur, au magistrat seul, de les voir manger durant leur repas. L'après-mjdi, les écoliers des pères jésuites présentèrent, dans la salle de leurs altesses, une églogue ou bucoli- que. Les balllvs , les quatre seigneurs haultz-justiciers alèrent baissr les mains de leurs altesses , auxquels ils firent présent de 3o,ooo florins pour la châtelenie. Les présidens et gens de la chambre des comptes, et les officiers de la gouuernance de Lille, firent semblables soumissions.

(106) Les voir-jures ou voir-juré^, c.-à-d. vrais-j'.irés , avoient été inslitués par Jeanne de Coiistantinople. Elle les avoit adjoints aux échevins au nombre de douze , pour les aider dans leurs fonctions et les remplacer au besoin. Comme leurs collègues , ils veilloient à la conservation des bâtîmens et des privilèges de la ville. Ils pouvoient être préseus , prendre à serment, et être témoins dans les actes, au défaut des échevins. Les huit derniers de ce corps composoient les Huit-Hommes de probité, vulgairement appelés Prkdd'Hommes. Leur prin-. cipale fonction consistoit à régler l'impôt , de concert avec h s échevins. Dans les premiers tems de leur institution, ils s'assembloient dans une place par- ticulière, les résolutions du conseil de ville mises à l'examen étoient agréées en tout ou en partie. Quand on recevoit des bourgeois on sonnoit une cloche pour assembler les Huit-Hommes qui dévoient assister et présidera cette récep- tion. Lorsqu'un ou plusieurs de ces magistrats mouroient pendant qu'ils étoient en charge , ceux qui lestoieiit avoient le droit d'en nommer d'autres, en les présentant toute fois au conseil po, r^ être agréés. J'oubliois d'observer qu'ils étoient d'ordinaire choisis par les curés ou pasteurs entre les gens les plus probes. Thiroux , hist. de Lille, p. 110.

(107) Ou croisée, mis ici pour la garde de l'épée; ainsi appelée parce qu'autrefois elle éloit en forme de croix ou de X.

Bibliothèque de Sain t-P ierreaLille. 4g

Le lendemain, les princes donnèrent audience au magistrat ou au conseil de ville , qui les harangua, et Unit par leur présenter, suiuant l'usage, un don gratuit de six coupes d'or fin.

Puis le hérault de l'Espinette , les quatre sergeans d'éclieuins et le premier messager , vêtus de leurs robbes, apportèrent les dites six coupes , qui valoiejit ensemble onze à douze mille florins , deuant lems altesses , et les déliurerent aux officiers d'icelles.

Ledit iour furent faits cheualiers , dans la salle, présente l'Infante et plusieurs cheualiers: Bauduin de Croix, écuier, sieur d'Ojem- bourg, baiilj du châtelain de Lille , premier seigneur haut-justicier de la châtelenie ; et Claude de Lannoy , écuier, Sieur du Moulins, député des nol^les de la prouince.

Après avoir visité les principaux endroits de Lille , leurs altesses montèrent dans un carrosse, attelé de six chevaux bais, et prirent la route de Tournay , par la rue et porte des mahdes.

Ces vers et chroniques marquent le tems que leurs altesses firent leur entrée dans la ville de Lille.

EXCIpIt ArChldVCes hœC InsVLa, Lœta. trIVMphIs.

qVInta die LaVdànda. febrVarlI ( 108 ). Autres : EXCIpIt ydrChlduces Vos lusVLa Vestra trlumpliis. O CliLira. Isabella. NojùsJ'ebi-uai-ii.

Il ne nous reste plus qu'à faire connoître les personnages auxquels étoit consacrée la fête riche et jjompeuse dont le manuscrit , dont nous venons de publier l'extrait , nous a conservé la mémoire.

Albert d'Autriche, sixième fils de l'empereur Maximilien II (109),

( io8 ) Tous les chiffres romains qui se trouvent dans ce distique additionnés, donnent l'année 1600.

( 109 ) Ce prince laissa entre autres enfants une fille naturelle nommée Hélène. Un noble Espagnol , et le baroii de Talberg , tous deux remarquables par leur naissance , leur taille et leur force , 1 1 recherchèrent en mariage avec une ardeur égale. Maximilien , pour les accorder, la promit àcelui desdeuxqui auroit l'adresse de mettre son rival dans un sac. L'Allemand y mit l'Espagnol , et devint en cou.- séquence gendre de l'Empereur.

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5o Bibliothèque DE Sain t-P ierre a Lille.

et de Marie d'Autriche , fille de l'empereur Charles V , naquit en 1559. Destiné à l'église , il devint, Jeune encore , cardhial et arche- vêque de Tolède. En i583, c'est-à-dire, à l'âge de 24 ans, il fut appelé à gouverner le Portugal. La sagesse et la fermeté qu'il dé- veloppa dans son administration , lui concilièrent tellement l'esprit de Philippe II , roi d'Espagne , qu'il lui donna le gouvernement des Pajs-Bas.

Albert s'y rendit au commencement de 1596, et se distingua la même année par la prise de Calais , d'Ardres et de Hulst en Flandre. Immédiatement après la paix conclue à Vervins entre l'Espagne et la France, en iSgô , et à laquelle il eut beaucoup de part, Philippe II transporta à l'Infante Claire-Isabelle-Eugénie , sa fille , alors âgée de 32 ans , la souveraineté des Pays-Bas , du comté de Charolois et de la Franche-Comté. Son mariage projette avec Allîert , qui avoit quitté l'état ecclésiastique , aj-ant été agréé et ratifié , l'Infante le déclara aussitôt gouverneur des Pays-Bas en son absence ; elle l'épousa en 1599.

La même année l'Archiduc se couvrit de gloire à la défense de Nieuport, aussi bien qu'Isabelle, qui harangua elle-même les Iroupes avant l'action, et décida ainsi de la victoire.

L'expédition la plus brillante et la dernière d'Albert fut la prise d'Ostende (iio), après un siège de plus de trois ans. Ce prince mourut en 162 1 , à Bruxelles , il fut enterré à Sainte-Gudule.

L'Archiduchesse , quoique veuve , ne quitta point les rênes de l'administration, et, comme son mari, gouverna dans les temps difficiles elle vivoit , avec autant de politique , que de courage et

(110) On voyoit au grand arsenal de Bruxelles les armes de parade de ce prince , ainsi que ses amies de guerre , regardées con^.me impénélrables , puis- qu'elks résistèrent à quatre coups de mousquet qu'il reçut à ce siège, et dont on lemarquoi; l'empreinte. On y moniroit aussi le cheval, empaillé, sur lequel rinfanle Isabelle fil son eulrée dans Bruxelles , et un mousq.iel d'ébène garni d't.rgent , dont elle se servoit à la chasse du héron.

L'auteur de la description de Bruxelles , p. 22, observe qu'on voyoit dans cet ar-enal une quaniilé inlinie d'arajes arxiennes et précieuses , tant par la matière que par la beauté du travail. Aucune de ces curiosilés n'a été Iransporîée à Paris.

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N? IAl./Y././W..'V.

Jfi.Af/ ninir!

Bibliothèque de Sa int-Piei^ re a Lille. 5i de vigueur. Les Pays-Bas la perdirent en i633 , à l'âge de 67 ans ; on l'inhuma auprès de l'archiduc Albert (ni).

Isabelle à beaucoup d'autres qualités joignoit la force et l'adresse. La compagnie des Arquebusiers de Bruxelles avoit coutume de lûer l'oiseau chaque année. S'y étant trouvé à l'époque, en i6i5, elle ne se refusa point à disputer le prix , qu'elle remporta.

Le souvenir de cette action fut conservé dans l'hôtel que cette princesse fit construire pour la compagnie , on y lisoit celte inscription :

^nnuus hoc templi celehratur culmine Indus \ Lignea , cùm celsâ , Psittace , turre sedes.

Tuin frémit infestis circum, plehs festa balistis , Rexque saluiatur , qui jaculatur acem.

Ecce Isabella aderat , vix telaque torserat aveu , Regiiiam agnoifit Psittacus , et cecidit (112).

On lui fît et à son époux des obsèques magnifiques, dont Butkens (i 1 3) nous a transmis la description.

Les manuscrits de Lille m'ont encore offert quelques figures que j'ai fait copier et dont j'offre les gravures , parce qu'elles retracent des anecdotes historiques , et à cause de leur singularité.

Celui dont j'ai tiré les figures qui suivent , est encore un de ceux du citoyen Dubois , Il est intitulé : armoiries de Flandres et de Brùbant.

La planche IV représente un vtrail anciennement placé à Sainte- Gudule, dans la chapelle du Saint Sacrement, construite en iSSy aux frais des sept nobles. Au bas étoit l'inscription suivante, eu assez mauvais vers flamands :

(III ) Art. de vérif. les d .t. , T.I , p_ 770. T. II , p. 42 et T. III , p. 118.-- Hist. de l'archid. Albei t.

( 1 12 ) Le Roi , théut. dii Brnb. ,1. 1 1 , p. 22.— Er^c. Puteaniis Bruxella seplen. p. 77. Délice, des Pays Bas , tom. i , p. 100. Descript. de Bruxelles , p. 6û.

( ii3 J Trophées du Biab, , t. Il , 1. V ,p. 119. et suiv.

^^1

5a BiBLioTHèQUE DE Saint-Pierre a Lille. De seveii Adelljorsteii in Brussel gepriuilegeert, lu luyster en splendeur geexalteert , Hebhen dit gelas hier t'saemen vereert , Daer Sleeuws cCeerst van adel wort gepresenteert , RoDENBEECK den tweeden in dees edel hende , De derde' tSerroelofs de wel hekende , 'Tt^ierde Coudenbergh seer vroom en niilde ,

'Tt'jfde 'tSteenweghe metter schelpen schilde j

Den seslen t'Serhuyghs die niemant moet rvijchen En Sweerts daer en hoi^en dit sijns al gelijke. Die tôt Godts eeren dit gelas hebhen gegei^en Int jaer duysent dry hondert tachentich sepen , p^erivachtende hier naer het eeuivich lei>en. S'i MiCHiEL ende S" Goedele hebhen sy doen stellen. Ter eeren Godts spijt den duyuel der hellen.

Eu voici la traduction littérale (114).

(114) Elle m'a été donnée par Vap Praet , mon estimable collègue.

"v-

Sept nobles privilégiés dans Bruxelles |

En lustre et splendeur élei;és ",

Ont ici offert ensemble ce vitrail, \

Oii Sleuws le premier noble est représenté ^ 5

Rodenbeeck le second de celte noble bande , .

Le troisième 'tSerroelofs le bien connu , -

Le quatrième , Coudenbergh très-vaillant et généreux ^ ^

Le cinquième , Sleenweghe à Vécusson de coquilles , . :'

Le sixième , t'Serhuyghs qui ne cède à personne.

Et Sweerts qui les égale tous j

Lesquels ont donné ce vitrail en V honneur de Dieu,

L'an mil trois cent quatre-vingt-sept ,

En attendant après cette vie la vie éternelle.

Bibliothèque he Saint-Pierre a Lille. 53 Et ont fait é/ei^er St. Michel et Sle. Gudiile En riwnneur de Dieu , en dépit du diable des enfers.

L'aiiciennelé et la singularité de ce monument m'ont nc- cessairement conduit à des recherches , dont le résultat , qiioic[ue se réduisant à peu de chose , ne sera peut-être pas indiiléreut pour ceux qui aiment à interroger les siècles passés.

Le haut du vitrail laisse voir l'écu des Sleews , qui semble être suspendu à leur bannière.

Le bas offre les armoiries de la ville de Bruxelles (ii5) , repré- sentant St.. Michel terrassant le diable.

Il a plu au peintre de figurer à côté une jeune fille, tenant un livre ouvert d'une main , et de l'autre une lanterne allumée , que la diable, armé d'un soufflet veut éteindre. L'artiste a voulu rappeler un des principaux traits de la vie de Sainte Gudule , qui a succédé à St. Michel , comme patrone de Bruxelles ( ii6).

( ii5) Beaucoup de villes avoient autrc'fois leurs armes particulières, ainsi Paris porloit un Vaisseau ; Vilri -sur-Marne, une Salamandre ; Lille, une Fleur- de-lys , etc.

( ii6 ) Gudule nlloil souvent , et dès le grand malin , prier dans une chapelle à quelque distance de la ville. Le tentateur profilant de sa solitude , la lourmc ntoit alors de mille jnanières , mais la vierge en sortoit to! jours triomphanlo. Uit jour cependant il la mit dans un embarras extrême. Comme elle s'acheminoic vers la chapelle , le diable qui l'épioit la surprit au milieu du chemin , et souffla sa lanterne. L'esprit malin eut beau jeu, car , suivant tous les historiens sacrés , la nuit n'avoit jamais été si obscure. Gudule effrayée se jesa toul-à-coup le •visage contre terre, et eut recours au Ciel. Le moyen lui réussit comme à Sainte Geneviève sur la route de Saint Denis suprà^ art. LX, p. 4. ■*, Sa lanterne se ralluma , et brilla d'un tel écl t , que les habitans du bourg elle se rendoit, la prirent pour le soleil levant. Ce miracle est tout aussi croyable que celui qui s'opéra lors de la première tr.inslation de son eorps. A peine avoit-elle élé enterrée, qu'un peuplier, d'une hauteur prodigieuse, s'éleva de ferre. Lorsqu'on exhuma les restes de Gudule, l'arbre fidèle les suivit de Ham à Morzelle , petit village oii on les déposa , et s'y replanta lui-même. On peut au surplus consulter les garants de ces faits extraordinaires. Bolland, t. I , p. 5l3 Sij. Giry , t. I , p. 202. De Blemur , t. i , p. 56. An VHI janv.

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64 Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille.

A droite , à gauche et au milieu sont les éciis des sept nobles dont parle l'insciiption (117).

D'après tous les historiens , ces nobles ont , depuis une époque connue , i3o6 , partagé la souveraine autorité et occupé les premiers emplois dans Bruxelles. Aucun cependant n'assigne une origine certaine à ces Familles patriciennes. Ce qu'on peut assurer , c'est qu'elles existoit.iit bien avant le XIV®. siècle. Gramaye (118), avance que le territoire de Bruxelles fut long-temps divisé entre sept seigneurs qui le gouvernoient de concert, et qui s'étant éteints peii-à-peu furent remplacés par d'autres. Erjcius Puteanus (119), Le Roi (120), et Vanloon ( 121 ) , après eux, disent que le territoire de Laken étoit soumis à sept toparques ou seigneurs , qu'ils pensent avoir été les tiges des sept maisons dont il est ici question. Quoiqu'il eu soit, la famille de Sleeuws ou Sleeivs paroît avoir été la plus considérée et la première de toutes ; la place qu'elle occupe sur le vitrail le fait supposer volontiers. Ou est confirmé dans cette opinion par l'ins- cription de la gi'avure , Planche V^ tirée également des monumens de Lille, représentant un Sleews achevai, portant un éfendart ou un guidon à ses armes, auquel aboutissent les six autres écussons. Ne pourroit-on pas croire aussi , d'après cette figure , que dans les expéditions militaires , ou dans les cérémonies publiques , la ban- nière de cette maison marchait à la tête, et s'élevoit au-dessus des autres ?

Diverses chroniques la font descendre d'un certain roi de Tongres,

(117) L'auteur du petit ouvrage ayant pour titre Basilica Bruxellensh , p. i3r , remarqrie que dans la partie supérieure du choeur de l'église Saijile-Gudule , éloil placé un vitrail de forme ronde très-ancien , portant au milieu un Saint Michel en devoir de terrasser le diable, et au tour les écus àes sept patriciens. Erjc. Puteanus en a conservé la figure dans sa Bruxella septenaria ^ p. 41.

( iio) Aniic|uitat. Brabant. Bruxella , t. I , p. 23.

C 1 19 ) Bruxella Sepien. , p. 59.

( lao ) Tliéat. profa. du Brab. , 1. II , p. 19. --Théat. Sac. , id. ,1. VI, p. 177 et 3i3.

( 121 ) Hisl. metalliq. des Pajs-Bas, tom. III , p. 298.

princd

!^

Bibliothèque de Saint-Pierhe a L i l l e. 5j

prince de Brabanr, et fondateur de Bruxelles. Mais SIeews signifiant lion , Graniaye ( 122) pense que le nom de cette famille et ses armes , symbole de la force , rappellent quelque trait de courage , quelque action éclatante , soit dans les guerres du pays , soit aux croisades , qui lui ont acquis le crédit et la puissance dont elle a joui. Elle est désignée par plusieurs écrivains, et par Eryc. Puleanus (128) et F. Harœus (124), eulr'autres, sous le nom de Léo et Leojies.

Elle portoit de gueules au lion rempant d'argent ; pour cimier , un casque surmonté d'une couronne d'or , d'oîi sortoit un lion jusqu'à la poitrine ; et pour support , un faune et une lionne.

Il y avoit l:ors de Bruxelles un lieu appelé Rooclooster ou Roôde- clooster- , Val-Rouge, l'on construisit depuis un monastère de ciianoines réguliers. Le Roi (i25) conjecture que la famille de RooDENBECK , propriétaire de ce petit domaine , en prit le nom. Erycius Puleanus (126) diffère un peu , en ce qu'il interprète Roodenbeck par niher rivus. Gramaj'e (127) dit seulement que celte famille tire son nom ex loco suburbano , sans autre dési- gnation.

Elle portoit d'argent à la boucle ondée de gueule : le cimier éloit un casque en profil , d'où sortoient deux banderoles de diiîërentes couleurs ; et le support , une femme vêtue de couleur grenadine et un lion.

Les 'tSerroelofs , dont la traduction est héros Rudolphus , sont présumés descendre d'un guerrier appelé Rudolphe ^ on les distinguoit par le nom de Rudolphi.

Ils portoient de gueules à neuf billettes d'or ; le cimier étoit un c&sque surmonté de la tête d'une, femme coëffëe de pourpre ; l'écu avoit pour support deux femmes aux cheveux épars , vêtues de robes.

( 132 ) Antiquit. Brabantiœ. Eruxella , t. I, p. sa.

(laS) Eruxella seplenaria, p. 2 et 89.

(124) Ant. Nat. Duciim Brabant , t. I , p. 298.

( 125 ) Tliéat. Sar. du Brab. , 1. VI, p. 827.

^ia6) Bruxella septeiiaria , p. 89.

( 12; ) Autiquiu Biabanliœ , Bruxella , t. 1 , p. 4 et 22.

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56 Bibliothèque de Saint-Pierre a Lille.

La quatrième famille, Coudenbergh , Coinvenbergh , et Cau- wenbergh , tiroit son nom de Caldenberga , dont on n fait Cou- denbergli , mons fngidus. C'est l'opinion dos auteurs déjà cités (128) , ain'si que celle de Saiiderus (129), conHmiée par F. Harœus (i3o)., Batkens (i3i) parle d'un pelit mont, Cauwenberge , qu'il dit jivoir éîé habité par les anciens châtelains de la vicomte de Bruxelles. Il e.st donc aussi permis de penser que les Coudenbergh , devenus propriétaires, en ont pris le nom.

Elle porioit de gueules, à trois lours d'argent, aux portes d'azur; un casque rond par le chef enlouré d'une guirlande , entrelassé de cordons de gueules et d'argent , et surmonté d'une tour d'où sortent d:ux serpens enveloppés dans leur coniour , en faisoit le cimier.

Les mots J^ia Lapideasont la traduclion de Steenweghe , qu'on interprète aussi par corichœ , coquilles , cpii sont les armes de cette maison. Il seroit bien, difficile d'indiquer la source et le motif de ce nom.

Elle portoit de gueules à quatre coquilles d'argent posées en croix , et pour cimier, un casque surmonlé d'une tête humaine crêtée de plumets; les supports de l'écu étoiont deux griffons d'or.

Héros Hugo , ou Hugonis puer , donna le nom de t'Serhuyghs, qu'on doit regarder comme les descendaus du héros Hugues. Les annalistes désignent cette maison par Hugones.

Ses armes étoient d'azur à trois lis d'argent : le cimier ofFroit un casque couronné d'or , surmonté d'une Ileur-de-lis comme naissant»: de l'ccu , que suppori oient un s 11 vain armé d'une massue et une nymphe nue. .

La dernière s'appeloit Sweerts , d'un mot k ôeuxsens , g/adius et hospes , c'est-à-dire , e'pée et hôte ou étranger.

(12S) Théat. S.3C. du Brab. , 1. VI, p. 177 et 289.

( 129 ) Fr. Puteanus Bruxel. Seplen. p. Sg.

( i3o ) Gramaje, Geogr. Sacra, t. II, p. 10. Jôf'wj. Anliq Brab. Bnixella , t. 1, p. 23.

( i3 1 ) Aiitiquit. Ducuin Brabant , 1. 1. , p. 298. Trophées du Brab. , 1. "VIII , p. 464.

Bibliothèque de vSain t-P i e r h e a L i l l e ^7 Piiteamis (i32) et l'auteur du Théat. sacré du Brahant ( i33), semblent insinuer qu'elle pourroit bieii descendre d'une ancienne famille noble, dont le nom Lanças ou Landaes s'expliqueroit par lance , ou épée longue , comme on les porla pendant plusieurs siècles.

Elle portoit émanché d'argent et de gueules ; pour cimier , un casque surmonté d'une cucuUe de pourpre entourée d'une guir- lande entrelassée de cordons d'argent et de gueules; pour supports, deux satjres.

Il n'y a pas de doute que chacune de ces familles n'ait eu un lieu consacré à sa sépulture; néanmoins dans les ouvrages destinés à recueillir les monumens sacrés du Brabant ( i34), on ne trouve que , quelques épitaphes qui concernent trois ou quatre d'enire elles; et enroi'ô ces épiiaplies n'indiquent -elles pas la qualité ou la dignité des personnages, à l'exception d'une seule qui se trouvoit dans l'église cailîédîale de Saint-Jean, à BoIs-le-Duc , et ainsi conçue :

Beatœ mernoriœ nobiliss. e-t generosiss. DTii Jacobi Sweerts Jacob. Jil. ex aniiqu : et illustribus Bruxeïlensium Djnastls , sac. rom. imp : et Circuli f rançon : ex herediiar : ord : equestr: eqiiitis Odemvalden si s , nec non îlhist : et potentiss : UD. ordunnn prouinc. unit : à consiliis supremiq : per Brahant. Qitœsloris , denat. (i35) ipsis cal. maii ( i36 ) anno cereÇiSj') Clirisd MDCLVIIl (i38).

Ces familles jouissoient de privilèges fort élendus. Le plus beati

( i32 ) Brnxella septenar , p. 89. ( i33) T. 11,1. I, p. 33.

(134) Tliéat. Sacr. du Brabanf. Basilica Bruxellensis. ÎMoniinienta et Inscription. Brabantiêe , etc. , etc.

(. l35 ) Il faut lire deiati, employé pour monui , le de étant ici privaiif. Ainsi denasci j dont on doit le dériver, siguitieroit der.anre , c'est-à-dire cesser de vivre.

( i36 ) I-e premier de mai.

( i37 ) I.'.in de l'ère du Clirist.

{ i38 ) Théat. Sac. du Bï^b. , t. II , 1. I , p. 23.

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58 Bibliothèque de Sain t-P ierre a Lille.

de tous donnoir aux filles la faculté de tirer, pour ainsi dire, du néanl les maisons auxquelles elles s'allioienl. Comme nobles, elles enno- bîissoient leurs maris , et comme filles de patriciens , elles leur en communiquoient le rang, la qualité et tous les droits.

Depuis le XVI^. siècle environ, lorsqu'il s'agissoil d'élire des ma- gistrats , les descendans des sept familles s'assembloient dans féglise des Chartreux. On a prétendu qu'on avoit choisi ce lieu à dessein , parce c]ue l'entrée en étant interdite aux femmes , elles ne pouvoient briguer les suffrages pour leurs amans ou leurs époux (189).

Dans tous les temps les souverains du BraJjanl ont témoigné beau- coup de considération aux patriciens, dont le crédit , forlilié ])ar la tradilion d'une origine si reculée, pouvoit sans doute leur inspirer des craintes. Nombre de chartres les qualifient à^ illustres , de sages, che^>aliers , d^e'cuiers et d'amis (140).

Ce n'est qu'en i3o6, comme je l'ai dit plus haut, que les sepi familles sortirent , pour ainsi parler , de la nuit des temps. Un moip- vement populaire , ou plutôt une révolte y donna lieu. Le duc Jean II, ajant vaincu les rebelles, confirma, par un acte authenlique, aux patriciens le droit exclusif, héréditaire et perpétuel de l'autorité su- prême dans le territoire de Bruxelles. Il les nomma premiers ma- gistrats, sous le nom de Scabiiù (141^. au nonajjre de sept , cpii furent

( 189 ) Puteaniis Bruxella septen. , p. 40. ~ Deseripl. de Bruxelles , p. 57 Guicci .rdln. , Descr pt. des Pays-Bas ^ p. 64.

(140) Deseripl. lie Bruxel. , p. 55.

( 141 ) On diiïère beaucoup sur l'origine de Scahini , échevin^ Les uns la trouvent dans la langue Teulone, les autres dans l'Hébreu. Mais je r. garde comme préférable l'étymologie qui fait dériver ce mot de l'Allemand icAo^en, réj^ler , décider, juger, ou icAojffn , judices, qui littérakment signifie écheviiis.

Les fond ions de ces magisirats éioient les mêmes dans presque toute la Flandreî elles coiisisioient à soutenir les droits et priviKges de la ville et du peuple, et de juger dans les matières civiles ou rrimiuelles d'après les usages reçus , ou, à Lur défaut, d'après le droit écrit. Les édils ou rescrits du prince recevoient , en quelque sorte , la sanction p ir leur signature ; il leur étoit aussi réservé de taxer les contribuables. Ceiie sorte de magisirature fut pendant loiig-temp» perpétuelle, ( Marchaatius , {Flandriee commentar. 1. 1, p. 147).

Bibliothèque de Sain t-P ierreaLille. 09

anmiaies. Aux ides de juin, ou, comme le porte l'acte, huit jours avant la Saint Jean , les sept familles dévoient se réunir pour l'élection du Seplemvirat.

On choisissolt , par voie de sniTrage, trois candidats dans chacjue famille , et il s'en composoit une liste de vingt-un ou trois fois sept, parmi lesquels il étoit réservé au prince de nommer les sept ma- gistrats (142), qui, à proprement parler, régloient tout , quoiqu'il y eût lai prêteur et deux consuls.

Voilà tout ce que j'ai pu recueillir sur les sept familles.

Cependant la curiosité salisfaile, en quelque sorte, à cet égard, peut ne l'êiie pas relativement au nombre sept , qui m'a paru mé- riter des éclaircissemens.

Ilestcertaincpi'àBruxelleson l'a prodiguéavecaflèctation. Quelcpies auteurs ont trouvé en cela je ne sais quoi de surnaturel et de merveil- leux. Erycius Puteanus sur-tout, a composé un ouvrage, inlilulé ; Bruxella septenaria , qui n'est qu'un pur jeu d'esprit sur le mot sepL

Je ne fatiguerai point le lecteur par la nomenclature insipide qui s'y trouve, et que Vanloon , si estimable d'ailleurs (148), a eu la bonhomie de copier ; je m'arrêterai seulement à ce cju'il y a de plus singulier.

D'abordé il ne trouve que sept lettres dans le nom de la ville , qui s'écrivoit anciennement , en langue du pays , Bruscel , Biussel. Mejer dans ses annales de Flandre , sous l'année 974 , favorise son système, en écrivant Brusola.

Mais ce qui le frappe, ce qui l'enchante, c'est la rencontre de sept lettres dans Michiel et Goedele , Michel et Guciule, premiers patrons de la ville , à laquelle il semble attribuer l'usage multiplié de ce nombre , qu'il divinise.

Il rappelé avec complaisance que du temps des croisades les femmes de Bruxelles passèrent sept années dans une espèce de veuvage , leurs maris étant partis pour la Terre-Sainte.

(.14^) Ei_yc. Put-anus, Brixel., seplen. , p. 45. (Jr.:iiiaje , Aiiliquifat, Bra'). nt. BruxtILi , 1. 1 , p. 2 614. Le Roi , theat. prof. cluBrab. ,1. II, p. 19,— Théat. sair. du Brab. , 1. VI., p. 177.

(143) Hist. mélaliiq. des Pays-Bas, t. III, p. 298

liS

Go Bibliothèque de Saîn t-P ierre a Lille.

On lira avec élonnement que sept femmes eurent , pendant uu tem])s , le privilège d'aller in'*iter aux noces ceux que l'on désiroit y vûir.

Il raconte que sept têtes couronnées se trouvèrent en même temps à Bruxelles, et s'efforce de donner de l'importance à uti événement qui n'a sans doule été que l'eflét du hasard ou de l'intérêt ( 144).

Je placerai ici une particularilé concernant la faniile de Rose, qui a fourni sept conseillers , tant au grand-conseil qu'aux autres cours , et sepi trésoriers de la \ ille. Eile est consignée dans Van- loon (145), qui donne la forme du jelîon frappé à celte occasion en 168.J.

Ce jetion j^ortoit les armes de cette famille, autour on lisoit :

Quœslor loties , iotiesque senaior. Au revers étoit l'hôtel de ville de Bruxelles , avec cette lég-ende :

Biuxella septenaria. Numéro gaudemus eodew. 1680.

On a du remarquer plus haut que les premiers magistrats étoient au nombre de sept , et que la liste d'après laquelle le souverain les choisissoit, portolt trois fois sept candidats.

Quoique Erjc.Puteanus ne doive pas être pris par tout à la let're , en cela cependant, comme enbeauco:qi d'autres points, en le trouve d'accord avec les annalistes du Brabant.

Il est encore constant que Bruxelles n'eut pendant très-long-temps que sept portes ; la huitième , appelée du Ricage , ayant été cons- truite sur la fin du siècle dernier. EUes éloient confiées à la garde de chacune des familles patriciennes. Les portes avoient sans doute remplacé les sept tours ou châteaux qui servoient à la défense du territoire, avajit r[ne la ville fût enceinte du murs.

Ces castels étoient commandés par chacun des sept nobles , ffnl y avoient Icin- résidence. Du vivant d'Eryc. Puteanus il en existoit encore un , appelé 'tSerhujghsteeri , château de 'tSerhuygs.

Ne peut-on pas dès-lors expliquer pour Bruxelles l'énigme de sept? NVst-il pas probable que ce nombre s'y est mulliplié, ou jiarce

(144) Descripi de Bruxelles ^ p. 5.

( 145 ) Hisl n.éialliq. des Pays.-Bas. , p. 293.

Bibliothèque deSaiv t-P i e r r e .\ L 1 1. l e. 6 1 qu'on l'a trouvé déjà établi , ou plutôt pour perpétuer ie souvenir, des sept maisons qui dominoient dans cette partie du BraLanI dejniis un temps" immémorial.

Personue ne sera tenté de croire , comme Guicciardin (146), que, l'astrologie judiciaire a eu part dans la multiplication de sept , et qu'on avoit eu le dessein de vouer, pour ainsi d:re, Bruxelles aux sep: Flanelles , dont l'inPiuence , suivant les astrologues , est si puis- sante dans toute ia nature.

D'ailleurs , qui ne sait pas que le nombre sept fut , en quelque sorte, consacré chez les anciens, comme le nombre trois l'a clé d'une manière particulière chez les modernes ? Qui ne connoît pas les sept sa_es de la Grèce , les sept merveilles du monde , les sept collines de Piome , les sept embouchures du Nil ? La Ivre n'avoit-ella pas sept cordes ?

Thèbes en Béoiie , avoit sept portes , commandées par autant de chefs. Sans donner plus d'exemples, je renverrai à Macrobe (147), à Aulu-Gelle (148), à Varron (149), à Verrius - Flaccus et Festus (i5o), qui ont disserté avec plus ou moins d'étendue sur le nombre septénaire.

Le merveilleux disparoîtra encore bien davantage, en faisant observer que le nombre de sept n'éloit pas afiècté seulement à Bruxelles.

Louvain dès son berceau fut aussi gouvernée par sept familles patriciennes , dont la source n'est guères mieux connue cjue celle des premières. Ce qui doit étonner , c'est la conformilé du droit qu'avoient \qs filles de communiquer la noblesse et les privilèges de leurs maisons à ceux qu'elles épousoient (i5i).

Juste-Lipse (162) place la fondation de cette ville au V^. siècle,

( 146. Descripi. des Pays-Bas , p. 64, ( 147 ) Sammalia , p. 170. ( 143 ) L. III , chap. X. (14 ) De Ling. lai. , I. V.

( i5o ) De Verbor. significat. . au mot septimontium,

(161) Divœus , reriim Lovaniens. , 1. II, p. lô.— Jd. ^nnal. Lovan. , 1. 1, p. 4 et suiv. Lipsius, Lovanium, l. II , c, 3.— Septem Trib. pairie. Lovan , p. 2 et 40. (i52) Lovaniui]] , i. I p. 7.

xlC

6a Bibliothèque de :?ain t-P ierre a Lille. et Haraeus (i53), celle de Bruxelles au V"«, ; mais ils se taisent, comme tous les écrivains , sur l'origine des familles patriciennes. Ainsi , quoique Louvain soit un peu plus ancienne que Bruxelles , il est impossible de décider lesquelles des sept maisons ont donné nais- sance aux autres

Les échevins , Scabini, étoient également à Louvain au nombre de sept ; et trois fois sept membres fonnoient le conseil de ville ( i54).

Suivant un cbronologiste anonyme (i 55) déjà cité, Louvain et son territoire eut Sept Comtes , qu'il nomme , et dont le dernier fut Godefroi le jeune , dit le Barbu.

Qu'on me permette d'ajouter que dans presque toute la Flandre , le nomln-e des premiers magistrats , toujours appelés Scabini , fut septénaire pendant plusieurs siècles,

A Courlray , les nombres sepl et treize ont alternativement, prévalu.

A Gand , l'autorité se trouva long-temps divisée entre quatre fa^ milles principales. Les quatre paroisses assemblées en comices , donnoient deux fois quatre électeurs, qui nommoient le magistrat. Le mode de gouvernement ayant changé , le prince s'attribua le droit de créer quatre commissaires qui tinrent la place des électeurs (i56).

Je teiminerai par dire que si , dans les villes de Flandre , mais principalement dans Bruxelles et dans Louvain , le nombre sept a été bien accueilli , celui de treize ne le fut pas moins à Chaalons- sur-Marne , qui eut treize portes , treize paroisses , treize cou- vens , etc. etc.

Il faut donc conclure que le hasard et la fantaisie , plus que toute autre chose , déterminent vuie préférence particulière pour tel ou tel nombre , auquel cependant la foiblesse de l'esprit humain finit par attribuer une bonne ou p.iauvaise influence.

(i53) AiiiKiles (Uiciim Brnb. t. I. Prolegumena i.

(t54) Divœiis, rerum Lov; iiiens. , 1. I , p. 9. ParivaL Hist. de Louvain , 1. IV. , p. 197-

(i55) Seplem trlb. pairie. Lovan. , p. 126.

f i56) Gr.imaj'e , rerum Flaudricar. primitise. Ejusd. Antiijuit. Brubant. , t. II , p. ii> et 62.

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N? I. XI. /'/.À /îw. /';''.

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N? Lxi.yy. A y.A/, ôj.

Bibliothèque de Sain t-P ierreaLille. 63

Je trouvai encore dans les mêmes manuscrits quelques ligures , que j'ai également fait dessiner.

Une des plus curieuses est la maison des Sept nobles , telle qu'on la voyoit à Bruxelles , Planche VI.

Une vue de l'Hôtel-de-ville , démolien 1664, ^t du Befroj. On peut comparer cette vue avec celle de la Maison-commune , telle qu'elle étoit en 1792, Voyez Planche Vl.

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TABLE ALPHABÉTIQUE

DES MATIÈRES

CONTENUES DANS CE VOLUME.

Les chiffres romains indiquent /'article , et les chiffres arabes la page.

/\.I

lBailard ( Pierre ) , LX. 35.

Abbé de SaiiUe-Geneviève. Ses privi- lèges, LX. i6. 38. 46. 5o. Trienual, 42. Son droit de sceau , 107.

Abbon , moine de SaiiU-Germain-des- Prés , LX. 73.

Ablarj ( Jérôme d' )' , son éjjitnplie , LL\'. i3.

Ackerman , chef de révolte , LIV. 5j.

Acquète ; signiKcaiion de ce mot , LXL 3o.

Adèle, fille de Robert, roi de France, LXI. 28.

.iEgidius, poëte, I.X. 2r.

Agnès, duchesse de Bourbon, LIV.

67. Agnès de Savoye 5 son épitaphe, LX.

Ainçois , vieux mot ; son étjmologie , LXL II.

Alaric , roi des Visigots, LX. 7. 88.

Albert, dominicain, LX. 28.

Albert, ou Aubert, abbé de Sainte-Ge- neviève, LX. 17. 18. 28.

Albert d'Autriche , LXL 5. Inscrip- tions , 6 à 49. Notice historique , 49 à 5i.

Alexandre II, pape, LIV. 2.

Alexandre III, pape , LX. i8. 19. z2.

Alexandre IV, pape; bulle singulière ,

LX. 29. 100. Alexandre VI , pape, LX. 40, Amalaric , roi des Visigots, LX. 89. Amauri I, roi de Jérusalem, LXL i3. Ambedeux ; explication de ce mot, LXI.

i5. 21. Amé IV,LILi3. Amé de Genève ; son épitaphe, LU.

i3. Amée VIII , duc de Savoye , LIV. 67. Amiens, LI. i. Coll. Saint-Nicolas. An de grâce ; ce que c'étoit, LIV. 6. Andilly ( Guerin d' ), chancelier de

Sainte-Geneviève, LX. 3r. Ane C fête de 1' ) , LIV. 54. Angowart ( Wallerand ) 5 son épitaphe ,

LIV. 40, Anguier (François ^, sculpteur, LIX.

II. Animaux , attributs des Saints , LU. 7. Anne, duchesse de Betfort, LIV. 66. Annonciation ( tableau d'une ) ; ins- cription , LU. 10. Anselme, de Paris, chanoine de Sainte-

"Geneviève , LX. 1 17. Antoine, duc de Brabant , ect. , LIV.

62. Apas ; signification de ce mot , LXL 46, A

n^c

TABLE

Aquilëe, ville ancienne; note, LIV.

i3. Arcs de triomphe ; leur description ,

LXr. 6. 21. 24. 3i. 35. Ardennes ( Jean des ) , abbé de Sainte-

Geneviève ; son épitaplie ; LX. 35. Ardens ( mal tl';>; ) , miracle , LX. 70. ( Sainte Geneviève des ) , 76. Argent sec ; sa signification, LX. 27. Armande de Bonillon , LVL 5. Arnoult , seigneur de C^'soing ; peine portée contre lui et sa postérité , LIV. 4. Arsenal de Bruxelles; armes curieuses,

LXL 5o. Arsonval ( Jean d' ) LU. 20. Artevelle , chef de révolte , LIV. Sy. Artois ( Robert d' ) , LUI. 5. Astiches (Robert d' ) , LUI. 5. Asjle ; explication de ce mot , LX. 10. ' ( droit d'); jugement remarquable, LIV.4; époque de sonétablissemenr, LX. 10 ; violé et expié par les sergens du Châtelet , 36. Athys ( Hugues d' ) , grand pannetier ,

LX. 78. Attila , roi des Huiis , LX. 3. Atuatiques ( les ) , peuple , LUI. x. Aubeaux (Jean des); son épilaphe, LIV. 24-

( Wallerand des ) , i5 ; son tom- beau , 81.'

Aubry , chancelier de Sainte - Gene- viève , LX. 27. Audian ( Claude) , peintre, LU. 12. Aumonière ; sa signification, LXl. 47. Aupatiu(Gille) ; son épitaphe, LIV. 38.

( Simphorien ) , ibid,

Autcuil ( village d' ) ; obligation de cer- tains propriétaires ; privilège singu- lier d'im chanoine . LX. 16.

Autel privilégié; ce que c'étoit , LU. 32.,

^ve-Marla ( collège de 1' ) , par qui fondé , LX. 33 ; boursiers , leur obli- gation , 34. 38.

Avènes ( B<nichard d' ) , LV. 5.

Aymery ( Jacques ) ; cliancelier de Sainte-Geneviève, LX. 40.

Ajnel ( Eudes de ) , chanoine ; son épitaphe 5 LX. 100.

B

Babillon (Jean ) , cliancelier de Sainte- Geneviève , LX. 40.

Bacqueler ( Calberine ) ; son épitaphe, LIV. 29.

Bacques ; explication de ce mot , LXI. 37.

BaïT ( Jean-x\ntoine ) , poète francois, LIT. i5.

Bala ( Guillaume ), chanoine; son épi- taphe , LIX. 14.

Barbe d'Or, doyen de Notre-Dame de Paris , LX. 20.

Barljoteau ( Louis ) ; son épitaphe ,

LU. 33.

Barre ( Joseph ) , chancelier de l'Uni- versité , I-X. 117.

Basilique ; étymologie et emploi de ce mot , LX. 9.

Bassan (Jacques ) , peintre, LU. 67.

Bassée ( P. de la ) , chanoine de Notre- Dame de Paris, LIX. 16.

Bassemain ( Jean de ), abbé de Sainte- Geneviève , LX. 36.

Bastonneau ( François ); son épitaphe, LIX. 12.

( Gabriel ), ibid.

(Henri-François), vicomte d'As- zay , ibid.

( François-Robert ) , ibid. Bataille de Pavie ; tragédie , anecdote ,

LXI. 25. Bâton de Moyse, LX. 106.

DES I\I A

Eaurlewin ( le clievalier ) ; son épita-

phe, I.IV. 48. Baudouin m, roi de Jérusalem, LXI.

13. Baudouin I, comte de Flandre, LUI. 2. Baudouin V, comte de Flandre, LUI.

3. LIV^. I : son epitaphe, 46; ins- cription , LXI. io. Baudouin IX, comte de Flandre, LV.

4; inscription , LXI. 24. 29. Bniidrac ( Jeanne ) ; son tombeau , son

épiiaplie, LIX. 3. 5. 6. Baue ( Jean ) , LIV. 9. Bnuwet (Jean); inscription, LIV.

53. Beaudouin d'Ognies , LVII. 3. Beauffremez ( Jacques de ) ; son épita-

plie , LIV. 23. ( WuUerand de ) , 23. Beart (Yvande)^ LIL 25. Bedfort ( Jean , duc de ) , régent de

France , LX. 37. Behagle ( Paschal ) ; son epitaphe ,

LIV. 21. Benoist de Cajette, légat, LX. 10. Bernard (Piat ) 3 son épitaplie, LIV.

16. Bernard le Bourguignon , chancelier et

abbé de Sainte-(Jeneviève, LX. 41. Bernardon ( Jean ) , institeur des Frè- res-Mineurs , LVII. I. Bernecharius , évèque de Paris , LX.

12. Bernier, doyen de Sainte-Geneviève,

LX. II. i3. Bt misse ( Antoine ) ; son epitaphe ,

LIV. 33. Be^quen ( Louis de ), tailleur en dia-

maus , LIV . 59. Bertrand { le chanoine ) ; son epitaphe ,

LIV. 29. Besson, vieux mot 3 explication, LXI.

16.

l'J

T I E R E S.

Beihune (Robert de), LUI. 5. Beurrier ( l'aul ), chanoine r/gulicr,

curé de Nanterre , LX. 40 ; abbé de

Saillie-Geneviève, 4g. Bibliothèque de Sainl-Pierre à Lille ;

sa description , LXI. i. 2. Bibliothèque de Sainte-Geneviève; sa

description ; époque de sa fondation,

108. 109. lia. Bidault ( Jean ) ; son epitaphe , LIV.

21. Bicétre ( château de ) incendié , LX.

37. Biencour ( Thierry de ) ; son épilaphe ,

LU. 25.

Bienheurer , vieux mot ; explication , LXI. 26.

Bienveignant , vieux mot ; sens et éty-

mologie , LXI. 12. Blanchardin (Raoul) 3 son épilaphe,

LIV. 14. Blanchart ( François ) , premier abbé

triennal , LX. 46 3 son épilapl e, 48.

107. Blanche de Casiille, reine de France,

LXI. 25 ; inscription , 26. Blanchet (Simon), chanoine régulier

de Sainte-Geneviève 3 son epitaphe,

LX. 99. Blaugi ( Guillaume de ) , LU. 66. Blangy ( Jean de ) , évêque d'Auxerre}

son epitaphe, LU. 20. Blanque ( Jean ) 3 son epitaphe , LIV.

24. Blauwet ( Piat); son épilaphe, LIV. 8. Blond ( Roland le )5 son epitaphe,

LIV. 10. Bo ourt ( Marguerite de) , LIV. 45. Boilt ( Riquier du ) 3 son épilaphe ^

LIV. 36. Boniface VIII , pape , LX. 89. Bonnard, orfèvre, i.X. 73. Bordel 3 son étymologie , LX, dz.

1 i.i

IV T A B

Borelli, peintre, LU. 59.

T5orrest ( seijineurie de ) 5 usage loua- ble , LX. 3a.

Borret ( Jean de ) , abl)é de Sainte- Geneviève , LX. à'à.

Eosquel ( Jeanne du ) ; son épitaphe , LIV. 2-.

Bossu (René le ) , chanoine de Sainte- Geneviève , LX. 117.

Eoucliel ( Laurent), avocat, LU. 7.

Pouclierat ( Our.iile des ) , leur tom- beau , LIX. 6. 7.

Boucherùt ( Aymon-Jean-Baptiste ) ; son épitaphe, LIX. 85 sa devise, 9.

( Jean ) , ibid,

(Louis), 7.

( Amée - Frapçoise - Louise ) 5 son épitaphe , 8.

(Madeleine ) ; inscription , 7. Boudait ( JjCL^ues ); son épitaphe,

LIV. 49. Bouliers i le duc de ) , LUI. 7.

Boulart (François) , abbé supérieur- général de .Sainte-Geneviève , LX. 44 ; son épitaphe, 47. 107.

Boulongne ( bon ) , peintre, LU. 12.

Bourguignon ( Pierre ) , LU. 63.

Bouriers(Pieire);sonépitaphe,LIV.2o.

Bousins ( Mathieu ) ; sou épitaphe , LIV. II.

Bouleiller (Geoffroy le); son épitaphe, LU. 26.

Boulon (Gilles) 3 son e'pilaphe, 1/IV. 20.

Boutry ( Georges ) ; son épitaphe , LIV. 23.

Bouvier (Jean ) 5 abbé de Sainte-Ge- jieviève ; son épitaphe , LX. 89.

Brescia ( Jean de ) , LX. 3o.

Bréviaires; Jiote curieuse, I.XI. i.

I3richanteau (Benjamin de ) , abbé de Sainte - Geneviève ; sou épit^iphe , LX. 41. 01. loa.

L E

= (Philibert de), élu abbé, 41 ; ré- voqué , 42.

Bridoul ( Noël ) ; son épitaplie , LIV. 27.

Brienne ( Erard de), LX. 21.

Broussel ( Pierre de ) , son épitaphe, LIX. 7. 8.

Brulle ( Jean du ) ; son épitaphe, LIV. 28.

Bruneau (Jean), prèlre 5 son épita- phe, LX. 98.

Brunel , drapier, chef de révolte, LIV. 57.

Bru3'ères ( Guy des ) , chantre de Sainte - Geneviève 5 son épitaphe , LX. 99.

Bugle ( Jean de ) , LIX. i.

Buisson ( Michel ) , chanoine; son épi- 4aphe , LIX. 14.

Buister ( Philippe ) , sculpteur , LX. 67.

Bussy (Regnault de ) , LU. 24.

Cabeliau ( .lossine ) , LIV. 52. Cabinet d'antiques de Sainte-Geneviè-r

ve ; observation, LX. iio. Caboche, chef de sédition, LX. dj. Cailleu (Nicolas); son épitaphe, LIV.

23.

Caillou ( Pierre ) , aJjbé de Sain(e-G&- neviève : son épitaphe, LX. 38.

Calo, abbé de Saiuie-Geneviève, LX. ^27.

(]ambray ( Adam de), LU. 2.'.

Camelin ( Guillaume de ); son épita- phe , LIV. 20.

Canal ( Jeanne de ) , LIV. 52.

Canon:cl ad succurrcnduin ; ce qu'on en- tendoit p, r-là , LX. 26.

Canoniers ; ce qu'on eiiten.loit par ce mot, LI. 5.

DES MATIERES,

Capet ( Jean ) ; son épitaplie , LIV. 21. Cuppiaus ( Jean ) ; son épitaplie , LIV.

II. Carnin ( Jean de ) ; son (^pilaplie ,

LIV. 39. Caron ( Nicolas ) ; son épitaplie , LIV,

28. Carpentier ( Pierre ) , abbé, LXI. 43. Caseaiix ( Nolre-Dame-des ) j éiyiiio-

logie de ce nom , LU. 44. Casiel ( Gabriel ) , chartreux, LU. 68. Casiillon (Jean) ; son épitaplie, LIV.

3r. ( Jean et Pierre ) , 82. Catherine d'Alençon ; son tombeau ,

LU. 18.

Catherine d'Alençon, duchesse de Ba- vière j son épitaplie, LX. 91. Catherine de Bourgogne , LIV. 66. 68. C theux , vieux mot ; son étyraologie

LXI. 46. Caudalaire; signification de ce mot,

LX. 65. Célestin II , pape , LIV. 2. Celestin III , pape , LX. a3. Célestins ( monastère des ), LX. 29. Cellule ; son étymologie , LU. 29. Cellules des Chartreux j leur distribu- tion , LU. 60. Cércsée ou Gérées (Jean), trésorier de l'église de Lisieux ; sa vision ,

LU. 9.

Cernay ( Michel de ) ; son épitaphe , LU. 19.

Chabert ( Hugues ) , LU. 23.

Chabot de Rohan ( Pélagie de ) ; son épitaphe , LVI. 3.

Châlons ( Jean de) , LU. 58.

Chàlons ( Marguerite de ) , LU. 58.

Chambre apostolique de Sainte-Gene- viève ; étendue de son ressort , LX. 46.

Chambrier ; étymologie , emploi de ce mot, LX. 25.

Chan:pngne ( Philippe de ) , peintre ,

LU. II. 66. 5y. LX. 104. Chanipeaux ( Guillaume de ) , LX. 16.

35. Chancelier ; étjnnologie de ce mot , sa

définition , LX. 27. Chariot traîné par des chiens, LIV. r. Charleniagne , empereur, LX. 11.42. Charlequin ( Jean ) LU. 6fï. Chirles V, Empereur, LUI. 7. 95 ins- criptions , LXI. 38. 39. 5o. Charles V, roi de France, LFV. 60.

LX. 39. 78. Charles VI , roi de France , LUI. 6. 7.

LIV. 57. LX. 3. 37. 79. Charles VII, roi de France, LIX. 5.

107. Charles IX , roi de France , tableau ,

LXI. 24; inscription, 23. Charles II , roi de Navarre, LU. 3. Charles, duc d'Orléans , LUI. 7. Charles , duc de Berri, LIX. 6. Charles-le-Hardi , comte de Flandre ,

LIV. 64; inscription; sa devise, LXI,

34. Charles , comte de Nevers , LIV. 69. Charles-lcf-Bel , LU. 3. Chartes de Lorraine, cardinal, LIX,

14- Charpentier; son étymologie , LIV. 9.

Chartreuse de Gaillon , LII. i.

Chartreuse de Paris , LU. l.

Chartreuse de Pavie , LU. 54.

Chartreux ; leur droit de sépulture , LU. 64; distinction de celles des re- ligieux , 65; Pépinière, 66.

Châsse de Sainte-Geneviève , LX. 27; 28. 71 ; sa description, 72 ; époque de sa construction, 78 ; descente, cérémonies usitées , 74 ; événement singulier , 76 ; son privilège parti- culier, sa reconstruction , 77 ; nou-

Vd

^'J

TABLE

velle réparation, 82; inscription sa- Cierge : emblème , LX. 70.

Cimetière ; son éljraologie, LIV. 28. Clément IV ^ pape, LU. 9, Clément "VI, pape, LX. 2g. Clément VII, pape, LX, 35. 36. Cl nquemeure ( Etienne) j son épita- phe, LIV. 12.

tjrique , 84; processions mii-aculeu- ses , 77. 8r. 82; vitrail ciir eux, <;3.

Ciiàsse; éljmologie de ce mot , LX. 78.

Châsses ; époque de leur instituiion , LX.74.

Cliistel de la Houardrie ( Simon du ) , LIV. 22.

Chasuble de Saint Pierre , miraculeuse, LX. io5.

Chat ( Marlin le ) , abbé de Sainte- Geneviève . LX. 37.

Chatel ( Gilles du ) j son épilaplie ,

:. l'IV. 77.

Cbntillon ( Alexis-Henri de ) , marquis,

LU. 62.

Châlillon ( Claude-Ekear de ) , comte,

LIL 62. Chàlillûii ( Jacques de ) , comte de

Saint-Paul , LUI. 5. Châlillon (Jeanne de), LU. 60. 62;

bas-i-elief ; tableau ; inscription, 6r. Châtillon de Blois C OUvier ), LIV. 66. Chaubert ( Jean - Baptiste ) , abbé de

Sainte - Geneviève 3 son épitaphe ,

LX. 52. Chauveau ( François ) , graveur, LU. 55. Chevalier Rouge ( le ) j ce que c'ét^t,

LIV. 4. * îit,

Childebert I , roi de France, LU. 27. Childebert I, roi de Paris, LX. 89. Childéric , roi de France , LX. 5. 6 ;

son tombeau découvert , 88. Chilpéric I, roi de France, LX. ro. Choait .François); tombeau; épitaphe,

LU. 65. Choral ; sens de ce mot , LIV. 10. Chosani ( Pierre de ) , LU. 63. (Christine , reine de Suède , LX. 64. Chronograme ; son explication, LIV.

i3. LXI. 49. Chrysolius, martyr; miracle étrange,

LVUL 2.

Clermont , peintre , LX. 104.

Clersclier , LX. 63. 66.

Cliton ( Guillaume) , comte de Flan- dre , LXI. i3.

Clodomir, roi d'Orléans, LX. 89.

Cloître des Chartreux; mosaïque , LU. 62.

Clotaire , roi de Soissons , LX. 89.

Clothilde, épouse du roi Clovis , LX. 7. 8 ; sa mort , 89.

Clotilde, fdle de Clovis , LX. 89.

Clovis , roi de France , LX. 5. 6. 7. 8 ; son tombeau , 85 ; ses épitaphes, 86. 87. 88.

Cocq ( Hugues le ) ; son épitaphe , LIV. 23.

Coing (Jean de ) , inquisiteur , L\ I. 6.

Coisevox ( Antoine ) , sculpteur , LX. 112.

Comines ( Hellin de ) , LVI. 7.

Comines ( Philippe de ) , LVUL r.

Comines , ville de Flandre ; maison commune , sa de.=ciiplion ; châ- teau , LVIII. I ; église; chapitre, ses droits , 2.

Commire ( Jean ), jésuite , LII. 68.

Comprint ; explication de ce mot, LXI. 28.

Comptoir de dévotion , LX. 7t.

Comte ( Richard le ) , chapelain du pape; son épitaphe, LX. 96.

Comtes de Flandre; leur palais, LUI. i.

Conclaviste ; ce que c'étoit, LIV. 12.

Confrérie de St. Nicolas ( roi de la ) , LL 6.

Coniieette , carme , LIV. 66.

Copeiihout

DES MATIERES.

VI,

Copenliout ( Pliillppus Vaii ) ; son épi-

taphe, LIV. 34. Coppiii (Arnoult ); sonépitaplie, LIV.

32.

Coq ( Hugues le ) , LU. 63 5 son épi- t;iphe , 65.

Cordon de Saint Michel , LU. 8.

Cordonnier 5 él_ymologie de ce mot , LH, 58.

Coriiards ( fêle de) , LIV. 54.

Corne d'ivoire ; inscription remarqua- ble , LIV. 75.

Corneille ( Jean- Baptiste ) , peintre, LU. 1:2.

Coronelli ( le P. % cordelier, LX. 110.

Coudenbergh ( les ) , famille Belge , LXI. 52 ; or giiie de ce nom , 56.

C^ouleiirs ( Jea:i de ), LVI. 7,

Coulinot ( Nicolas ); son épilaphe, LX. 10 r.

Court ( Jean do la ); sou ëpilaphe, LX. 99.

Coiirlenay ( Robert de ) , chevalier , LX. 7.3.

Cousin ( Pliilippe ) , abbé de Sainte- Geneviève , LX. 39.

Coustou , sculpteur, LX. 112.

Cottreau (Jeanne de); son ^pitaphe,

LIV. 27.

Coypel ( .Antoine), peintre, LU. 12. Cresson ( Pierre ); son épitaphe, LIV.

32.

Cristeuil ( Amelolte de ) , enfouie pour vol , LX. 32.

Croisiire ; sens de ce mot, LXI. 48.

Ooix ( Anne de ) , XIV. S2.

Croix ( Bauduin de); son épitaphe, LV II. 3. LXI. 49.

Croy ( Philippe de ) , chevalier , LXI. 45.

Crudenare ( Wallerand de ) ; son épi- taphe , LIV. 41.

Crjpte ; origine de ce mot, LX. 94.

Cuinghien ( Yfabeau de ) ; son épil^i-

phe, LIV. 26. ( Luc de ) , ii'id.

D

Dagobert , roi de France, LX. ir.

LXI. 20. DAinville ( Jean ) , LU. 23. Dalibert ( Pierre ) , LX. 63. 64. Dampierre ( Guillaume de ) , LV. 5.

Jean de ) , ibid.

Danel ( Pierre ) , LU. 55.

Dantecourt ( Jean-Baptiste ), chan- celier de Sainte-Geneviève et de l'U- niversité , LX. 49.

DarcMSsia( Pons ou Ponce ),charlreux,

LU. 67. David ( Goliath ) ; son épitaphe, LIV. 33. Daunou, bibliothécaire du Panihéon,

LX. iio, Dauvet ( Jean ) ; son tombeau ; son

épitaphe, LIX. 3. 4. 5.

( Simon ) , 5.

== ( Jacques ) , ibid.

DefFonleines ( Jean ); son épilaphe, LIV. 36.

De Hubanl (Jean ) , président aux en- quêtes , LX. 96.

Delorme , abbé de Sainte-Geneviève , LX. 55.

Demazière , bibliothécaire de Lille , LXI. I.

Descartes ( René ) , LX. 61 ; son tom- beau ; ses épitaphes , LX. 62 ; trans- lation de ses cendres , 64. LXI. i.

Descente de croix ; tableau ; LU. 5y.

Desmoulins (Jean), LU. 26.

Despauière ( Jean ) , grammairien ,

Lvin. I.

Despretz( Jean )5 son épitaphe, LIV, 34.

B

^^3

VJIJ

TABLE

Destoilleures ( ÎTiipiios ) ; ses épitaphes

et rondallons , IIV. 36. 07. Destaillenrs C Hugues ) ; son éplLiplie ,

LIV. 14. Deswerquins, architecte, LUI, 8. 10,

LIV. I, Deulle, rivière, LIIL 3. 8.LXI. 11. Dilieniis ( Jean ) ; son épitaplie, LIV,

26. Dinchi ( Antoinelte ) , LIV. 2S. 82. Diocres ( Raiinond ) , chanoine de Pa- ris ; son histoire , LU. 36. Discret ; explication et emploi de ce

mot , LU. 66. Distiques remarquables , LXI. 40. Dollehain la Mainnëe ( Antoinette ) ;

son épitaphe ^ LIV. 27. Domesstnt ( Péronne ) , LIV. 76.

Dominicains de Lille ; leur fondai ion ; LVI. I ; privilc^ges ; reliquaires; égli- se , sa description. 2, 3.

Dormans ( Guillaume de), LU. 16.

Durnjans ( Jean de ) 5 ses épitaphes , LU. i3. 16.

Dormans (Regnault de); son épitaphe ,

LU. 17.

Dornart (Jean): son épitaphe, LIV. 8. Dorson ( Pierre ) ; son épitaphe , LU.

22. Douaj ( Jean de ) ; son épitaphe, LIV.

36. Doyen , peintre , LX. 69. Doyen ; signification de ce titre ; ses

fonctions; ses privilèges , LX. 12. Dubois , LXI. 2. 5i. Dubois (François); son épitaphe, LIV.

49. Dubois ( Grard ) ; son épitaphe , LIV.

8. Du Bois ( Hippolyte ) ; son épitaphe ,

LIV. 53. Dubois (Wallerand), LXI. 48. Duchâtel ( Tannegui ), LIV. 63.

Duchemin ( Catherine ) ; son beau mausolée; LIX. 9 ; son épitaphe, 10; ses talens , 1 1.

Ducreil ( Claude ) , chanoine de Ste.- Geneviève, architecte, LX. io3. 117.

Dufour ( Jean ) , LU. 3o.

Dumolinet ( Pierre ) , chanoine régu- lier de Sainle-Geneviève, LX. 92, 109. 117.

Dumont (François), sculpteur , LVI. 6.

Dumout le Romain , peintre , LÎI. 12.

Dumont-Saincle-Marie (Jean), LII.

24- Dupont ( Pierre) , poë;e lai in , LX. Sg.

Dnporlail (.Jean et Simon); leur épi- taphe , LU. 22.

Dupuis ( Jean ) , chancelier de Sainte- Geneviève , LX. 38.

Durais ( François ), bailli de Sainte- Geneviève; son épitaphe, LX. 9S.

Durlin (Jean ) ; son épitaphe , LIV. 20.

Durlin ( Jean); son épitaphe, LIV. 53.

( Malin) ; son épitaphe, 54.

Duval ( Georges ) ; son épitaphe , LIV. i5.

Diivert ( Chiude ), bsnédictin , LX. io3.

Dreux , é^èque de Thérouanne, LT, 3.

Droit de repas ; son explication , LX.

25.

Drogon , LX. 17.

E

F.buroues , peuple , LXI. 34. Egbert ( le comte ) , abbé de Sainte- Geneviève ; anecdote , LX. 7. Echelle ( peine de 1' ) , LX. 3i. Ecolàtre ; sens y attaché, LIV. 14. Ecoute (Jean de) ; son épitaphe, LIV.

25.

Edouard III , roi d'Angleterre , LIV. 60 j LX. 04.

DES MATIÈRES.

IX.

Jïlisabetli d'Autriche , épouse de Châ- les IX ; iiiscriplion , LXI. 25.

ElisabelJi de Fiance, LXI. 5.

Elisabeth de Lorrame - Lillebonne , LVI. 3. 5.

Enibltrj dénnitiondeceIerme,l.X. 82.

En charnage; remarque sur celte ex- pression, LX. 2.5.

Enfouissement ; sorte de supplice, LX.

32.

Entrée solemnelle de l'Archiduc Albert eldeson épouse à Lille, LXI. 2 et suiv.

Epée ( fête de 1' ) j procès à ce sujet , LX. o3. 34.

Erasme ( Didier ) , LX. (■>.

Erembruge, première Lmme de Foul- ques V, LXI. i3.

Eschaudé ; origine d ce mot , LX, 26.

42- Essore, forestier de Flandre , LUI. i. Etienne, évéque de Paris , LX. 70. Etienne, d 03- en de Sainte-Geneviève,

LX. 14. Etienne 1er. , abbé de Ste.-Geneviève ,

LX. 19 ; évéque de Touuiay , 2q.

CiS. 97. loi. 112.

Etienuede Bruges, chartreux, LU. 41. Etienne de Die , chartreux, LU. 41,

Ethelmarc , prince anglois ; distique , LX. 100,

Eudes de JVIoutreuil, architecte, LU.

9-

Evéque ; étymologie de ce mot ; anec- dote , LX. ir.

Evêques de Paris ; description de leur entrée solemnelle, LX. 21 à 28.

Eugène 11^ pape, LX. 106.

EugènellI, pape;cafastrophe, LX. iS.

Engène VII , pape , LIV. 14.

Eulogies; étjmologie de ce mot, LX.

42. Euphénius , LL i.

Façon ( Jean ) , LIV. 9.

( Antoine ) , ibii.

Faire le cri , expliqué , LX. 84.

Faisan ; sa destination particulière ;

repas , LUI. 9. Familles Patriciennes di Bruxelles , au

nombre de sept ; leurs privilèges ,

LXI. 54. S7. 58. Fascon ( Jacquemine ) 5 son épitaplie,

LIV. 10. Faucon de Riz ( Jean-Louis ) , LU. 3r. Faulquemont (le Roux de), LUI. 5. Faure ( Charles ) premier abbé supé- rieur-général de Saiute-Ceneviève ,

LX. 42. 48 ; son épitaplie, 44. 107 ;

notice, 114. Félix, doyen de Sainte- Geneviève ,

LX. i3. Félix (Jean), inquisiteur, LVI. 6. Félon Thracien ; sens de celle phrase ,

LXL rr. Ferdinand V, roi de Castille et d'Arra-

gon ; inscription , LXI. 24. 25. Fei-rand , comte de Flandre, LUI. 4.

LV, 4 ; inscription, LXI. 29. 3o. Ferrand ( Marie )5 son épilaphe , LIX.

i3. Fety ( le ) , peintre, LU. Sy. Fiaucher , vieux mot ; explication ,

LXI. 47.

FiePFé ( Raoul ) ; son épitaphe , LX. 98. Fiefs de bourse ; ce que c'étolt , LXI. 28. F'ierabras ; son épitaplie, LIV. 29. Fin ( pont de ) ; origine de ce nom ,

LXI. 19. Fins ( Oronce ), malhémalicien, 1/X.

o

O.

Fieubet ( Gaspar de ) , LX. 62. Flandre ( la ) : ses premières limites , LIIL I. '

B 2

T/w',

T AELE

Fluiirlrc-Waî'one , LVIII. i.

Flaiiilriiie , princesse, LUI. i.

Fiers ( Alexandre de ) ; son épitaphe , IJV. 9.

( Jeanne de ) , LIV. 10.

Fleury (Jean ) , LIX. i.

Florence (. André de ), LU. 3r.

Floriot (Erard), abbé de Sainte-Ge- neviève; son épitaphe, I>X. 5o.

Flouret ( Jacques ) ; son épitaphe , IJV. i5.

Fontaine remarquable, LX. 104.

Fontaines ( Gauthier des ) ; sa mort tragique, LIV. 79.

Forestiers ; qui ils étoient, LUI. i.

Foulon ( Joseph ) , chancelier de TUni- versité , LX. 41 ; abbé de Sainte-Ge- neviève; son tombeau, sou épitaphe, 102,

Foulques le Réchin, LXI. 12.

Foulques V, roi de Jérusalem; notice, LXI. 12. i3.

Fourrier ( Pierre ) , chanoine de Sainte- Geneviève ; anecdote, LX. 11 5.

Fous ( évêque des ) ; note , LIV. 54.

François (Michel), LVI. 7.

François d'Assise; son véritable nom, LVIL I.

Francoj'er ( Bertrand ) , LU. 66.

Frans ( Alexis);sonépitaphe, LIV.49.

Frédéric III, empereur, LUI. 7.

Frères-Donnés ; ce que c'étoit , LX. 24.

Frères— Mineurs , leur origine ; reçoi- vent le nom de séraphique , LVII. I ; réformés , 3.

Froidmont ( Eustache de ) ; son épita- phe , LIV. 39.

Fronteau ( Jean ) , chancelier de Ste.- Geneviève et de l'Université , LX. 46. 109. Notice ; poëme singulier j 116.

Fuiillier ( Heuri ) j LU. 11.

Galien de Pise , chanoine de Saint- Omer , LX. 3o. 97.

Galo , évêque de Paris ; réserve remar- quable, LX. 14.

Garçon, curé de St.-Landry, IJX. i5.

Gardin ( Simon du ) ; son épitaphe , LIV. 2^,.

Garenne ( Robert de la ) , abbé de Ste.- Geneviève, LX. 34.

Garzelt ( Andriea ) ; son épitaphe , LIV. 70.

Gauthier , IJI. 10.

Gauthier de Chàîillon, LIT. i5.

Gauthier (Jean ) , inquisiieur, LVI, 6.

Gens à métier, de bainte-Geneviève; leurs obligations , LX. 25.

Geofroi V, comte d'An!

LXL i3.

Gérard , archevêque de Nicosie , LX.

89 ; son épitaphe , 95. Gérard de Pavie, légat, LX. 10. Génies (Jacques de ^ , Ll\ . 58. Geronce , mère de Sainte-Geneviève ,

LX. I. 3. Géry , abbé de Sainte - Geneviève ,

LX. 55. Ghisll ( Josse ) , chancelier de Sainte- Geneviève , LX. 36. 5o. GilTord (Guillaume) , LXI. 3i. Gilduin , abbé de Saint-Victor-Iès-

Paris , LX. l5. Gillesson ( Robert ); son épitaphe,

LIV. 74. Girard ( Marie ) , LIX. i3. Girardon ( François), sculpteur, LIX.

9 ; ses fondations , 10 ; ses ouvrages,

II. 112. Godefraut ( Pierre ) ; son épitaphe ,

LIV. 47. Godefroot ( Jean-Baptiste ) ; son épiJ taphe 5 LIV. Sy.

i

DES MATIERES.

xj

Godefioy , LX. 78.

Goloj dispute, LX. 1 5,

Gommer ( Michel ) , LXI. 48.

(jolhofride , évéque de Paris , LX. 14.

Goulaj, peiiiire, LfL 55.

Goj , cabuchien l'ouj^ueux, LX. 87. 90.

Grangier(G(iillaume), médecin, LX.71.

Graves , clianoine de Lille , LXI. 2.

Grégoire VH, pape, LIV. 2.

Grèj^oire JX, pape, LX. 28.

Gréi;o;re de Tours, LX. 10.

Grimai! i , LX. no.

Grudenare ( Jean de ); son épitnplie , LIV. II.

Guepierre ( de la ) , architecte , LX. 109.

Guerre du Bien public ^ pourquoi ainsi appellée , LIX. 6.

Guescliii ( Bertrand du ), LIIL 5.

Gui de Dampierre, comte de Flandre, LIIL 4; inscriptions, LXI. 27. 28.

Guillaume, comte cle Flandre, LIV. 3.

Guillaume d'Auxerre, abbé de Sainte- Geneviève , LX. 3o.

Griiljaume de Champagne , archevêque de Sens , LX. 112.

Guillaume, dit de Danemarck , cha- noine de Sainte-Geneviève , LX. 18. 19.21. 70; anecdote plaisante, 765 notice, ii3; miracles, 114.

Guilleberl ( Denis le ) , LXI. 8.

Guillemot ; son épitaphe, LIV. 54.

Guillon (Pierre), chancelier de Sainte- Geneviève , LX. 46.

Guy , comte de JVevers , LII. 67.

Gujol ( Jean ) j son épitaphe , LU. 66.

H

Hacin ( Jean ) , LIV. 22 5 son épita- phe, 71,

Haies ( Jean de ) , LVI. 7.

Hangest ( Constant- Louis d' ); son épitaphe , LX. 95.

Hangouard ( Wallerand ) , LXI. 46. 48. Hnrcourl ( Philippe de ) ; son épitaphe,

LU. £1. Hastraj ( Jean de ) ; son épitaphe ,

LX. 95. Haubannier; sa signification , LX. 26. Haudrietles ( hôpital des ) ; sa fonda- tion , LX. 7. Hazard ( Martin ) ; son épitaphe , LIV.

10. Kéleine , fille naturelle de JWaximilien

II ; anecdote , LXI , 4g. Hennin , sorte de coëflure ; anecdote à

ce sujet , LIV. 66. Henri I , roi de France , LX. 14. Henri IV , roi de France , LX. 71 ,

LXI. 7. 43. Henri III , roi d Angleterre , LX. 100. Henri , comte de (Jhampa'gne , LV. 4. Henri, moine d'Auxerre, LU, i5. Herbert, abbé de Sainte-Geneviève ;

son épitaphe , LX. 27. 78. Hibert ( Jean ) ; son épitaphe , LIV. 24. Hilgot , doyen de Sainte-Geneviève ,

LX. 14. Hinselin ( Léon ) , LU. 2. Hions , chefJes naulonieis de Lille,

LIV. 57. Houd ( Simon de ) ; son épitaphe ,

LIV. i5. Honorius III, pape, LX. 21. 27. Hôpital-Comtesse; par qui desservie;

dépense d'un malade , LV. I ; par

cjui administrée ; ses privilèges ; sa

description , 2, 3. Horloge des Chartreux , LIT. 35.

Horloge curieuse; sa description, LX. 8.

Hôtel-Dieu de Paris ; son fondateur,

LIX. I. Hubaut ( Jean ) , clerc du roi , LX. 33, Hugo , abbé de Ste.-Geneviève, IX. 19, Hugo j archevêque de Sens , LX. 18,

XI)

TABLE

liugon, ou Hugues, abbé de Saiiit-

Germaia de Paris , LX. 17 ; échange

singulier, 18. Hugues ( Saint )" , chartreux et évêque

de Lincohi ; sa vie, LH. 5. 6. Hugues, abbé de Chiny , LX. io5. Hugues, abbé de Sainl-Germain-des-

Prés, LX. ii3. Hugues-Capet , roi de France, LX, 14.

42. Humbert , dauphin de Vienne, LH. Sg. Huit-Hommes ( les ) , magistrats 3 leurs

f .nclious , LXI. 48. Huvaruion , seigneur François, LU. 27.

Imbert ( Robert ) ; son épitaphe, LIV.

24. Lnpiteux ; signification de ce mot j

LXI. ir. Incendie éteint par miracle , LIX. i. Ingelburge , femme de Phihppe-Au-

guste , LI. 3. 4. LX. 20. Ingiliarel (François); son épitaphe,

LIV. 35. Innocens ( fête des ) ; sa description ,

LIV. 54. ( Evêque des ) , Ibid, Innocent III , pape , LX. 21, Innocent VIII , pape , LX. 89. 40. Inquisition , LVI. 6. Inscription singulière , LIV. 37. Isabelle , première femme de Philippe

d'Alsace , LIV. 79, 80. Isabelle , comtesse de Ponteure, LIV.

66. Isabelle-Claire-Eugénie , épouse de

l'Archiduc Albert , LXI. 5 ; ins- criptions , 6 à 49 ; noiice historique ,

5o. 5i. Isabelle d'Angleterre , LIV. 56. Isabelle de Bourbon , LXI. 84.

Isabelle de Castille , LXI. 24 ; inscrip- tion , 25. Issoudun ( Marie d' ) , LU. 60.

Jacqueline de Bavière , LIV. 68. Jacques , dit Serene , archevêque ,

LU. 67. Janua ( Jean de ) , LXI. 2. Jarry , prieur des Chartreux , LII. 35. Jay (Pierre le); son épitaphe, LII. 27. ( Pierre le ) ; son épitaphe , 3o, Jean D. . . . ; son épitaphe, LX. lor. Jean d'Aubignj , évêque de Troyes ; dédie l'église des Chartreux, LII. 9. Jean II, roi de France; sa rançon, LUI,

6. LIV. 60. LX. 35. Jean sans Peur , duc de Bourgogne , LUI. 7. 9. LIV. 62; assassiné , 63 j inscription ; sa devise, LXI. 33. Jean , duc de Berry , LIV. 57. ; son

épitaphe , 58. Jean III , duc de Brabant, LIV. 60. 61, Jean , duc de Clèves , LIV. 65. Jean , comte d'Estampes , LIV. 69. Jeanne, reine de France ; son épita-»

phe , LII. 59, Jeanne , reine d'Espagne; son surnom ,

LXI. 36 ; inscription , 37. Jeanne , comtesse de Flandre , LUI. 4, LV. I. 2. 3, 6 j inscriptions , LXI, 29. 3o. Jeanne, épouse de Jean duc' de Berry,

LIV. S7. Jeanne , fille de Ferdinand V , roi d'Ar»

ragon , LUI. 7. Jeanne de Châtillon , LII. 3. Jeanne d'Evreux , LII. 3. Jeanne de Nantes , comtesse d'Auver»

gne , LX. 35. Jéhu ( Jean ) , premier provinc, des F, 31in. LVIL 3,

DES MATIERES.

xuj

Jollain , peintre, LU. Sy, Jocerau , cliaiireiix, l.II. 67. Jordans ( Luc ), peintre , LIT. !yg. .Toris( Pierre) ; son épilaplie, lAX. i5. Joseph II, empereur, LIX. 9. Josseran (Jean de), LU. i. J.niene ( Jean le ) j son épitaphe, LIV.

IT.

Jom-dain ( le P. ) , dominicain , LVI i.

Jours iiataux ; explication , LIV. Sy.

Jouvenet, peintre, LX. 108.

Joiivenet ( Jean ) , LU. 12.

Judas ( Nicolas ) , chancelier de Sainte- Geneviève, LX. 41.

Jniier.ce, sculpteur, LU. 07.

Juvénal-des-Ursins ( Jacques ) , pa- triarche d'Antioche, évèque de Poi- tiers, LIT. 4.

taclens (Jean); fon épitaphe , LIV,

76. Lafosse , peintre, LU. 12. LIV. 46. Lagrenée , peintre , LU. 5"]. Lait et pain de la Vierge conservés ,

LU. 33. Lallemant ( Pierre), chancelier de

Sainte-Geneviève et de l'L'niversité,

LX. 46. 63 5 son epitaplie , 108 5 no- tice, 116. Lambert ( Jean ) ; son épitaphe , LIV.

2.8. Laniiral ( Antoine ) ; son épitaphe ,

LIV. 76. Lanceau ^ Jean ) , inquisiteur, LVI. 6. Langlesche ( Marguerite ) ; jugement

singulier , LX. 32. Langlois (Philippe) , chancelier de Ste-.»'

Geneviève , LX. 38 ; abbé , 89. Lannoy ( Hugues de ) ; son épitaphe ,

LIV. 42. 48. Lannoy ( Raoul de ) , LIV. 42,

Lanrj (Gilles), son épitaphe, LIV. 47.

Launoj ( Claude de ) , LXI. 49.

Largillière ( Nicolas de ) , peiivtre , LX. 59.

Lavardin ( Hildebert de ) évèque, LIT. i5,

Lauduin , prieur de la grande char- treuse, LTI. 41. 46.

Larive ( Jean de )3 sou épitaphe, LIV,

47- Lebel (Philippe), chancelier et abbé

de Sainte-Geneviève , LX. 40. 107. Lebrun (Charles), peintre, LU. .^4,

LIX. II. Leclerc ( Hubert ) , LIV. zc). 33. Leclerc ( Pierre ) , LVI. 6. Lediseur ( Nicolas ) , LU. 28. Leduc (Guillaume), chancelier de Ste.-

Geneviève, LX. 40. Leduc ( Jean)j écolàtre de Lille, LXI.

44. Leducq ( Charles); son épitaphe , LIV.

39. -,

Lefeb\Te ( Jacques ) , martyr, LVI. 7. Lehaye ( NicoUes de ) ; son épitaphe,

LIV. II. Lemercier { Jacques ), architecte, LX.

72. Léonius, clianoine, LU. 14. Léopold ( Guillaume ) , archiduc , LX.

88. Léopold III , duc d'Autriche. LIV. 66. Lequeux ( Pierre ) , LII. i. Lesueur ( Eustache ), peintre, LU,

35. 54. 56.

(Pierre), 55.

( Philippe ) , ibiJ.

( Antoine ) , ibid.

Lelellier ( Charles-Maurice ) , arche- vêque de Rheims, LX. 54.

Leudaste, comte de Tours, LX. 10.

Liber ordinis , ce que c'éloit j règlement singulier , LX. 24,

MV

Li'.lRi'ic 5 seigneur forestier de Flandre, LUI. r. 2. ; tableau ; inscription , LXl.2.0.

IJderic , hermite ; tableau , LXI. 20.

Lille, ville de Flandre 5 son hisloire ; sa description , LIIL i à 10; ins- cription , LXI. 9.

Linguet, curéde St.-Sulpice, LIX. 7.

Ligne ( le comte de) , prince d'Epinaj, LXI. 45.

Lii'pert , LXI. 2.

Lis ( la ) , rivière , LVIII. r.

Lis ( Nicolas de le ) ; son épitaplie ,

LIV, 3o. Lisiard , dojen de Sainte-Geneviève j

LX. 14, Livre enc haîné , ce que c'étoit , LXI. 2, Loisel ( Pierre ) , 56. 57; son épilapbe,

5H. Lollo ; son épitaplie , LIV. 76, Lombard (Pierre ), LX. 35. Longueval ( Maximilien de ) ; son épi- taplie , LIV. 34. Lorrain (Robert le), sculpteur, LIX. 9. Lorraine ( Charles de), cardinal, LX.

3. Lotrich ; explication de ce mot, LXI. 41. Louis-le-Débonnaire , roi de France ,

LX. 6. Louis IV, roi de France, LX. 14. LouisVH, dit le Jeune, roi de îVance,

LX. i5. 17. 18. 19. 70. Louis IX , roi de France , LU. i. 3. 7 5

inscription , 8. LX. 29. 76. 85. 106.

LXI. 23 ; inscription , 26. Louis XI , roi de France , LU. 8. LIV.

42. LIX. 6. LX. 38. Loi)is XIII , LU. 3. revient de la Ro-

ctjelle ; arc de triomphe ; inscription,

4. LIX. i3. LX. 42. 43. 72. Louis XIV ; statue équestre, LIX. 2;

son portrait. 104. Louis X^' , rui de France , LX. 53;

TABLE

mot sat3'rique contre ce prince ,

«4.

Louis , duc d'Orléans ; sa devise, LXI. 33.

Louis, duc de Savoje, LIV. 67.

Louis de Maie , comie de Flandre , LUI. 6. LIV. 56 ; inscription , 57 ; son épitaplie, 58 ; description de son tombeau , 59. LXI. 3i ; inscription, 32.

Lovjs ( Anne de ) ; son épitaplie , LIX. i3.

Lucas ( Jean ) , chanoine de Saint- Pierre. LIV. 5 ; son épitaphe , 6.

Lnce m , pape , LX. 23.

Lune ( Jean de la ) LU. zS.

Lyard ( Pierre ) , chancelier de Sainte- Geneviève, LX. 41.

]\I

Mare, chancelier de Sainte-Geneviève,

LX. 40. Maes ( Philippe ) ; son épitaphe ,

LIV. 17. Magislri ( Jean ) ; ses épitaphes , LIV.

42. 73. Maillard ( Olivier ), cordelier, LXI. 2. Maille .. sorts de raonnoie , LX. 26. Maillj ( HcL-tor de ) ; sou épitaphe,

LIV. 32. Mais , vieux mot ; sa signification ,

LU. 29.

Malefiance ( Jeanne de ) j son épita- phe , LIV. 23.

Manare (Charles); son épitaphe, LIV. 39.

Manarre ( Maximilien); ses épitaphes, LIV. 39. 40.

Manuscrit précieux, LX. 3.

Manuscrits de la bibliothèque de Lille, LXI. 2.

Marbre de Flandre; sa nature, LIX. i5.

Marbre noir antique , LIX. 9.

Marbre

DES MATIÈRES.

Marbre vert de mer , LLX. 9.

Marcel , abbé , LX, 21.

Marchand ( Je;m ) , évèque de Be- thléem, LVI. 7.

Marchant { Jean ) son épilaphe , LIV. 29.

Maréchal ( Radulfe ) , abbé de Sainte- Geneviève , LX. 37.

Marguerite , duchesse de Brabant , LXI. 3i.

Marguerite , duchesse de Guienne , LIV. 65.

Marguerite, comtesse de Flandre, LIIL 4. 6. LIV. 55. 58. 60 ; inscription , LXI. 26, 27.

Marguerite d'Aulriche, reine d'Espa- gne, LXI. 25 ; inscription , 26.

Marguerite de Bavière ; inscription , LXI. 33.

Marguerite de Bourgogne, duchesse de Bavière , LIV. 68.

Marguerite de Bribant, épouse de Louis deMtde, LIV. 56 5 son épilaphe, 58 j sa cruauté , 60.

Marguerite d'Issoudun , comtesse d'Eu , LU. 2.

Marguerite de Savoye , LIV. 67.

Marguerite d'Ypres , LVI. 7 ; ses mira- cles. 8,

Marie ( Geoffroy) , chanceUer de Ste.-

Geneviève , LX. 39. Marie , chichesse de Bourgogne , ins-

cripiion , LXI. 36.

Marie , duchesse de Clèves, LIV. 65. Marie, fille du comte de Charolois ;

LUI. 7.

Marie d'Autriche , femme de l'empe- reur Maximilien II, LXI. 5o.

IMarie de Bourgogne , LIV. 67.

Marie de Médicis , LU. 3. LX. 72. 84.

Marie de Savoye , LIV. 68.

Marigny ( Guillaume de ) ; son épila- phe , LX. 97.

XV

Marigny ( Philippe de ) , évêque de Cambrai , lAl. 17.

Mnrtia IV , pape , LX. 3r.

Maihildu', seconde femme de Philippe d'Alsace , LiV. 80. LXI. 14 ; ms- ciiption , i5.

Matioli ( Cornelio ) , gentilhomme ; son épilaphe , LX. 96.

Maubert ( place ) j origine de son nom,- LX. 28.

Maubus ( Ferdinand du) ; son épila- phe , LIV. 3o.

( Georges de ) , LIV. 52. Maugeon ( Jean ) , chancelier de Ste.-

Geneviève , LX. 36. 5o.

Maurice , évêque de Paris , LLX. r.

Mayeur ; son étymologie , LXI. 3.

Maximilien le Grand, empereur , LUI. 7 ; inscription , LXI. 36.

Maximilien II , empereur , LXI. 49.

Médaillier de la bibliothèque de Lille , LXI. 2.

Melissende , deuxième femme de Foul- ques V , LXI. i3.

Mehm ( Guillaume de ) , LVI. 3.

( Louis de ) , prince d'Epinay ; ses épiiaphes , 3. 4.

( Louis de ) , duc de Joyeuse, 5. Ménapiens ( les ) , peuple , LUI. i. Mendoza ( Franci^co de ) , marquis

LXI 45.

Mère folle ( fête de la ) , LIV. 54.

Merle ( Jeaa le ) , chancelier de Sainte- Geneviève , LX. 36.

Méroiiée , fils de Chilpéric I, LX. ro.

Meschin, explication de ce terme, LX, 33.

Michel ; ses épitaphes , LIV. 71. 72.

Michel-Ange , peintre , LX. 72.

Michos ( Jacques des ) ; son épitaphe j LIV. 38.

Michou ( Robert ) , abbé de Sainte-» Geneviève , LX. 37.

V^r

XV)

TABLE

Mignarcî , chanoine de Sainte-Gene- viève , LX. 14.

Milon (le cliHnoine '' , vicomte de la ■maison de Poix , I.I. 5.

Molembais ( Marguerite de), LTV. 42.

IMolinos, chanoine de Lille, LXI. 2.

Mongez , LX. 118.

Monier ( Anselme ) ; son épitaphe , LIV. 22.

Monitoirej ses effets étonnants , LX. 46.

Monogfame X; son nsage, LX. 106.

Monogramme de Christ , LIL 3i.

Montagu ( Gérard de ) LU. 20 j son épitaphe.

Monfenay ( Jean de ), abbé de Sainte- Geneviève 5 son épitaphe, LX. 53.

Monlfaucon ( Bernard ) , LIV. 58.

Montgiiillon (Hugo de"); dispute pour une servante, LX. 18.

Montrotyne (Vincent de ), LIL 64.

Morel ( Jean ) ; son épitaphe, LIV. 12.

Moriu ( François ) , abbé' de Sainte- Geneviève ; son épitaphe , LX. 52.

Morins ( les ) , peuple , LUI. i.

Mortaigne , dit Despierre ( Henri ) ; son épitaphe , LIV. 42.

Moulé (Jean ) ; sou épitaphe, LIX. 14.

Mouquet ( Toussaint ) ; son épitaphe , LIV. 53.

Muret , LIL iS.

Muséum des Antiques de Paris, LXI. 2.

N

Nangis ( Guillaume de ) , LU. 62.

Nanterre ( seigneurie de ) ; fondation bizarre , LX. 43 ; redevance remar- quable. 44.

Kan terre ( chanoines réguliers de), époque de leur fondation ; inscrip- tion , LX. 43.

î^assau ( Philippe -Guillaume de), LXI. 45.

Navre ( Jean de ) , orfèvre , LI. 5.

Neau ville ( Hervé de ) , son épitaphe, LU. 27. 29.

( Guillaume de ) LU. 27. 29.

Nerviens ( les ) , peuple , I.III. i.

JNicolas l'Ancien, archtvécjue de Mjre, LI. r.

Noailk's ( Anne- Jules de ) , duc et pair, LX. «3.

jVocarl ( Jean de ) , LVI. 6.

INonant ( Félix ) , chartreux , LU. 68.

Normands , LX. 7. i3. yS. 74.

Notre-Dame-le-la-Trcilh- ; chapelle, IJV. 54; origine de ce nom ; mira- cles ; confréries ; procession , 55.

Notre-Danie-de-Cuisine ; chapelle; sa description , I-X. 10 1.

Nourisson , sculpteur, IJX. 9.

Nojon ( François de ) , abbé de Ste.— Geneviève , LX. 37.

Nuinan (Gérard) ; son épitaphe, LIV.

21.

o

Oclavian , évéque d'Ostle , LX. 25.

Odon I, ou Eudes, premier abbé de Sainte-Geneviève , LX. 16 5 son épi- taphe , 17. ii3.

Odon II , abbé de Sainte-Geneviève , LX. 29 ; son épitaphe , 3o.

Ogier ( Pierre-François ) j son épita- phe , LU. 22.

Ordener ; signification de ce mot , LIV. 6.

OrgemonI ( Pierre d' ) , LIX. i.

Orléans (Louise-Marie-Elisabeth d'), reine d'Espagne , LX. 72.

Olte, chanoine; SI n é,.itaphe, LlV.36.

Oublier; subsl. ; éiymologie; remar- ques , LX. 26.

Oudet ( Robert ' , clianceiier de Ste.— Geneviève , LX. 40.

DES MATIERES.

xvij

Palencq ( Nicolas ) j son épitaplie , LIV. 14.

Panii ur 5 signification de ce mot , LIV. II.

Paon , consncré par les amans et les chevaliers, LUI. 9.

Paris ( Claude ) , abbé de Sainte-Ge- neviève , LX. 5à.

Passé, vieux mot j étymoiogie, remar- que , LX. 46.

Palail , monnoie , LIV. 3i.

Patel, peintre, LU. 55.

Patot ( François ) a de Sainle-Ge-

neviève, L\. 55. Pairiarche 5 remarque sur ce mot ,

LIV. i3. Paul, pape , LIV, 14. 78. 74, Peiresc ( Nicolas-Claude-Fa bri de ) ,

LX. iio. Pellot ( J. B. ) , rharlreux , LU. 68. Perin, peintre, LIT. 57. Perrier ( Pierre du ) , LU. 66. Pelipas ( Marguerite ) ; son épitaplie ,

LIV. 27. Petit ( Jean ) , LIV. 63. Pétrarque , LU. i5. Pétrarque ( François ) , LU. i5. Plialempin j remarque sur ce mot ,

LXI. 5. Phile ( Manuel ) , poëte grec , LX. m. Philippa , fille du comte Henri, LX.

21. Philippe , archidiacre de l'église de

Paris , LX. 20. Philippe I , roi de France , LI. 4.

LIV. 2. Philippe-Auguste, roi de France, LI.

3. 4. LUI. 4. LIV. So. LV. 4. LX.

20. 119.

Philippe-k-Bel, roi de France, LUI. 5. 6. LVL 2. LX. Scj.

Philippe V, roi de France, LU. 9.

Philippe I, roi deCastihej inscription, LXI. 36.

Philippe II j roi d'Espagne ; inscrip- tion , LIV. 53. LVL 2. LXL ins- criptions. 5. 8. i5j sa devise; inscrip- tion , 39. 48.

Philippe III, roi d'Espagne , LXI. 25 ; inscription , 26.

Philippe I\^ , roi d'Espagne, LIII. 7.

Philippe, duc d'Orléans , n'gent de France ; inscripiion , LX. 53 ; mé- dailles frcippées , 54.

Philippe d'Alsace, comte de Flandre, LIV. 79; tableau, LXI. 14; ins- cription , i5.

Philippc-lc-Bon , coir.te de Flandre, LUI. 9. 10. LIV. 46. 56. 63 ; ins- cription , LXI. 41. Phili|)pe-le-Hardi , comte de Flandre, LUI. 6. LIV. 57.60. LXL 34.

Philippe de Rouvre , duc de Bourgo- gne , LIV. 60. Philippe, duc de Lorraine, LIV. 69. Philippe II, comte de Ne vers, LIV.

69. Philippe, comte de Genève, LIV. 67. Philippe , fils de Maximilien le grand,

LUI. 7. Pierre de France, LU. 3; inscription,

61, 62. Pierre de Navarre ; son tombeau , LU.

3. 18. 19. 62 ; inscription , 63. Pierre de Lille , LVL 7. Pierre , chantre de l'église d'Amiens ,

LX. 100, Pierre ( la ) , mirbrier, LIX. iS. Pierre ( Etienne de la ) , abbé de Ste.-

Geneviève , LX. 36. Pilon ( Germain ) , scidpteur , LX*

90. 102,

C 2

xvnj

TABLE

Piiigv(5 ( Alexaiulre-Giij ) , nsironome .

T.X,

ira; Tiotice, 117.

Preud'hommes , LXI, 48. Prudliomnie ( Jean de ) ; son épita-

Plan en relief de la ville de Rome 5 sa plie, LVI. 3.

description, LX. iio. Pleige ; sens de re mot ; LXI. 80.

Pliemps ( Jean le ) ; son épitaplie , LlV. 8. 19.

Pointes de cire; définition , LX. 80.

Poivre, exigé comme impôt ; anec- dote, LIV. 2.

Polinier ( Jean ) , abbé de Sainte- Geneviève 5 LX. 53 ; son épitaphe , 54.

PoUet (Jean ) ; son épilaplie , LIV. 3i.

Pomarcy ( Hugues de ) , évêqne de Langres ; son épilaplie , LX. 96.

Pons ( Gilles des ) 5 son épitaphe , LIV. 23.

Poiitrain ( Louis ) ; son épitaplie, LIV. 20.

Porcheron ( André ) , LU. 9.

Port Saint - Landry ; proverbe ; ins- cription , LIX. i6.

Porte des Malades de Lille ; sa des- cription , LUI. 8.

Porteurs ( confrérie des ) ; réglemens remarquables , LX. 79.

Poulie (Jean) ; son épitaphe, LIV. i5.

Poupée; explication de ce mot j LXI. 19.

Pourcelet ( Jean ) ; ses épitaphes , LIV. 8. 19.

Pourcelot ( Garnier )j son épitaphe, LIV. 32.

Pré-Gilbert ( Renault du ) , préchantre d'Auxerre , etc. ; sa tombe , LX. io3.

Prétextât , ar^lievêque de Rouen, LX. 10.

Pretz ( Henri des ) ; son épitaphe , LIV. 29.

( Charles des ) , zbld,

Preudhomme de Chysoing ( Jean de ) , son épitaphe j LIV. 21.

Prières (commerce de), LX. 19.20. 42. Procession particulière, LX. 425 ban- quet , dispute , 48. Pnget ( Pierre ), sculpteur , LIX. 11. Puits miraculeux, LX. 3. Psaltéi ion ; e.xplioation de ce mot , LIV.

7-

Quillier , scupteur, LIV. 52. R

Recollets de Lille; leur fondation;

acte entre eux et le chapitre, LVII. i ;

événement frappant , 2 ; leur église, 3 j privilège singulier , 4.

Recourd ( Marie de ) , LIV. 25. 82.

Recteur de l'Université de Paris ; épo- que de son institution 5 sou ancien nom , liX. 36,

Rem use (Pierre) ; son épi laphe , I J 1. 24.

Reslout, peintre, LX. 108.

Revoire , abbé de Sainte-Geneviève , LX. 55.

Rewart ; élymologie de ce mot , LXI. 3.

Rewart , magistrat ; ses fonctions , LXI. 3.

Rewart de l'amitié ; 46.

Ribermont ( Eustache de ); son épi-

remarque , LXI.

taphe , LIV. 5o. Riberolles ( Gabriel de ) , abbé de

Sainte-Geneviève , LX. 53. 55. Richard , clerc , LX. 6. Richardot ( Jean ) , chevalier , LXL

Richelieu ( Armand du Plessls ) , car- dinal ; son mausolée, LIX. 11. Rici ( Philippe de ) j LX. 27.

y

DES MATIERES.

XIX

Ricque ( Arnould de ) 5 son épifaphe , LIV. 76.

Ri\annone , mère de Saint Hervé , I,II. 27. 28.

Robert , roi de France , LX. 78 ; ins- cription ; statue, 97. LXI. 28.

Robert, fils de Hiigues-Capet, LX. 14.

Robert ( le comte ) , frère du roi Louis VII , LX. 20.

Robert , (ils de Gui de Dampierre ,

LUI. 5.

Robert , LU. 2.

Robert , abbé d'Aucliin , LU. 20.

Robert , chanoine de Saint - Victor , LX. 112.

Robert de Hesecque , frère char- treux , LU. 4.

Robert de Lafferté , abbé de Sainte- Geneviève, LX. 28. 73.

Robinet ( Urbain ) , LU. 68.

Rocliefoucauld ( François de la ) , car- dinal, abbé de Sainte - Geneviève, LX. 42. 5i. 58; son tombeau ; son épitaphe, 67. 84. 86, 90. ii5.

Rodenbeeck (les), famille belge, LXI. 52; origine de ce nom , 55.

Roger , vi;omte de Béziers, LIV. 2.

Rohault ( Jacques ) ; son tombeau j son épitaplie , LX. 65.

Roissy ( Jean de ), abbé de Sainte- Geneviève , LX. 32 ; son épitaphe , 33.

Romain ( Jules ) , peintre , LU. S7.

Romainville ( Arnulf de ) , abbé de Sainte- Geneviève ; son épitaphe, LX. 3o.

Roricon , moine , LX. 8.

Rose C fête de la ) , LX. 33.

Rosier ( l'abbé ) , minéralogiste , LX. 118.

Rosimbos ( François de ) ; son épita- phe , LIV. 34.

C Pierre de ) j LIV. 46.

Rosny ( habitans de ) ; conleslation entre eux et l'abLé de Sainle-Gene- viève ; duel proposé à ce sujet; ju- gement, LX. 20.

Rosserc-l ; éljmologie et sens de ce mot, LXI. 44.

Rossignol , peintre , LVI. 8.

Rousselet , dernier abbé de Sainte-Ge- neviève , LX. 55.

R.0J ( Henri le ) ; son épilaphe , LIV.

Roj (Jacques le) archevêque de Bour- ges , LIX. 14.

Roi ( jVlichel le ) ; son épitaphe , LIV. 10.

Roy ( Paul et Melchior le ) ; leur épi- taphe , LIV. II.

Roye (Nicolas de) , évêque de Noj'on , LX. 78.

Ruade ( Bruno), charlreux , LU. 67.

Rue d'Enfer ; d'où elle tire sou nom , LU. 2.

Rufl'ault (Marie) ; son épilaphe , LIV. 29.

Ryme; élymologie de ce mot , LXI. 23.

Sacristie des Chartreux ; tableau , LU. 33 ; vase , 34.

Sadeler ( Gilles ) , graveur, LU. 35.

Saieleur; ëtymologiede cemot , LIV. 9.

Saint-Bernard , LXI. i3 ; inscription , 14.

Saint-Bruno , fondateur des Cliartreux, LU. 40 à So ; épilaphe , 5i ; ins- cription, 52.

Saini-Céran , évêque de Paris , LX. 70 ; son épitaphe, 92.

Saint-Eloi , orfèvre , LX. 72. 73. 93.

Saint-Germain , évêque , LX. 2. 106.

Saint-Germain-l'Auxerrois ( chapitre de ) ] soo droit , LIX. i.

Xi'S

XX

Saini-GiTinnin ( Jean de ) , LX. 35.

[ GeolFioy de ) , chancelier de Ste.-

Gcneviève , ibid. Saint -Hervé; vie et miracles, LII.

27. 20. Saint-Landry, c'vêque de Paris j châsse^

miracles , LIX. i. Saini-Landrj ( église de ) ; sa fonda- tion, LIX. I ; sa description, 2;

fonts-baptismau.\; leur description,

i5. S.iiiU - Léger , savant bibliographe ,

LX. 119.

Saint- Leu ( Jean de ), abbé de Sainte- Geneviève , LX. 33. Salnl'Loup, évêque , LX. 2.

Saint - Marc , cardinal ; inscription ,

LIV. 53. 73. 74. Saint-M;irtin-aux-Jumeaux ( religieux de ) , LL 4.

Saint-Nicolas ; notice, LT. r. 2. 3.

Sainl-Nicolas d'Amiens ( église de ) , collégiale , LI. i ; portail 3 sa des- cription. 3. 4.

Sainl-Paul ( le comté de ) , LVL 5.

Saint-Pierre de Lille ( église de ) j sa fondation ; sa dédicace, LIV. i ; ses privilèges , 2. 4. S; chantre, ses fonc- tions ; chanoines , leur obligation particulière, 2; prévôt, son droit singulier, 3 ; sa description, 5; cha- pelle paroissiale , 5i ; reliquaires , leur détail , 74,

Saint-Pierre et Saint-Paul (éghse de), LX. 7. 8. 16; conciles y tenus, 10.

Saint-Prudence , évêcfue de Paris 3 son épitapbe, LX. 92.

Saint-Remy , archevêque de Rheims , LX. 9.

Saint-Thomas ( bras de ) , relique; sa translation pompeuse , LX. 36.

Sainte - Aide ( châsse de), LX. 78. ô3.

TABLE

Sainte-Clothilde (chapelle de) ; sa des-

tination , LX. 70.

Sainte-Geneviève , patrone de Paris ; événemens dS sa vie les plus remar- quables; miracles, LX. 1 à 6; vitrail curieux , 70 ; son tombeau , 92.

Sainte-Geneviève ( confrérie de ), LX.

79- Sainte-Geneviève ( Mont , dit de ) ; son ancienne destination; découverte c]u'on y fit , LX. 8.

Sainte-Cieneviève de Paris (église de); son ancien nom ; sa fondation , LX. 7 ; sa description , 55 et suh. ; ta- bleaux ex voto , 5g à 62. 68; niaitre- Aulel ; tabernacle ; leur description ; candélabre , 85 ; crypte ; sa descrip- tion , 91.

Sainte - Geneviève de Paris ( abbaye de), LX. I ; frères convers , 10; chapitre , nombre de ses dignitaires; réformes, i5. 42; ses droits et privilè- ges , 14. 19. 21. 23. 25. 3i. 34. 36. 40 ; école célèbre, 35 ; chancelier, s; s droits , ses fonctions , 49. 5o ; sceau et sa description, 106.

Sainte - Geneviève de Paris ( maison abbatiale de ) ; sa description , 96. loi. io3 ; chapelle de l'oratoire , sa description , io3 ; salle des papes , 104; salle du chapitre, sa descrip- tion , LX. 107 ; jardin , 119.

Sainte - Gudule ; uiiracles étonnans , LXL 53.

Sainte-Marie ( Guillaume de ) , évêque d'Avranches , LX. 78.

Sainte-Marthe ( (Juerin de ) , abbé de Sainte-Geneviève, LX. 18.

Saladin , bibliothécaire de Lille LXL 2.

Sallepeque, chanoine de Lille, LXL 2.

Salut d'or, sorte de monnoie , LX. 38.

Salvart , prince de Dijon, LIII. i.

DES MATIÈRE

Salviati ( Antonio-Maria ) , cardinal,

LIV. 12. S aiche V]II , roi de Navarre, LU.

18. Saug et Saiidile de Sain(-Jean-Bap-

liste, conservés, LU. 33. Sanguin (Pliilippe), LIX. i3. Saulecque ( Louis de ), poêle, LX.

S.

ixj

Santeuil ( Jean - Bipiisle ) ; anecdote ,

LX. 60, Sarot ( Jean ) ; ses épitaphes , LIV. 70. Sasvalon , premier châtelain de Lille ,

Lin. 3.

Scabîm ; élymologie et significallon de ce mot , LXI. 58.

Scabini , magistrats ; leurs fonctions et privilèges , LXI. 58.

Sconin ( Antoine } , abbé-supérieur-gé- néral de Sainte-Geneviève, LX. 46.

Scoron ( Jean ) , ses épitaphes , LIV. 8.20.

Seignelay ( GuiUaume de ) , évêque de Paris , LX. 21.

Seguier ( P. ) , chanoine de Notre- Dame de Paris , LIX. 16.

Séguin j.abbé de la chaise-Dieu , LU. 46.

Sens ( Gilles de ) , avocat , LU. 64.

= ( Guillaume de ) , ibid.

Sept ; dissertation et remarques sur ce nombre, LXI. 69 à 62.

Serment des comtes de Flandre, LXI. 44.

Serfs de Sainte-Geneviève , leurs obli- g liions, LX. 28; libres, à quelles conditions 5 fait étrange, 29.

Sevin, doyen de S.:inte- Geneviève , LX. Î4.

Sibille, épouse de Thierri d'Alsace, LXI. 12; inscription, 14.

Signes du zodiaque; leur emploi par- ticulier, LXI. 40,

Six ( Jean ), évêquè 5 ses épitaphes,

LIV. 18. 19. Sixte IV , pype , LX. 89. SIeeuws ( les ) , famille belge , LXI.

52 ; origine de ce nom , 55. Sœurs con\ erses ; anecdote , LX. ro. Songe de Jacob ; tableau, LU. 36. Soufflot ( Jean-Biiptiste) , architecte,

LX. 112. SouflTreleux ; explication de ce mot 5

LXI. 3o. Souiller , vieux mot ; explication ,

LXL II. Sous-diacres ( fête des ) , LIV. 54. Stanhope ( le lord ) ; anecdote , I.IX. ir. Sluart ( Louis ) , d'Aubigny ; son épi-

taphe , LU. 21. Suger ( l'abbé ) , LX. 9. i5. 106. SuUi ( Eudes de ) , évêque de Paris ,

LX. 23. Sully ( Maurice de ), LIX. i. Surgeon, vieu.x. mot j sa signiScation ^

LXI. 26. Suspense ( Catherine- Amplimuis ) j son

épitapbe , LIV. 20. Sutaine ( Pierre ) , abbé de Sainte-Ge- neviève , LX. 55. Sweerts ( les ), fjmille belge, LXI. Sa 3

origine de ce nom , 56. 57. Sweerts (Jacob ) ; son épitaphe, LXI.

57.

Tableaux du cloître des Chartreux j

leur description , LU. Sg a 49. 53. Tadelmare , prince de Danemarck,

LX. 100. Talberg ( le baron de ), LXI. 49. Talvatz ( Nicolas ) 5 son épitaphe ,

LIX. 12. Taniier ou Tamelier ; élymologie du

mot j LX. 26.

i5<)

sxij T A

Tellier ( Gharles-MauricG le ) , arche- vêque de Rheims , LX. 109.

Terremonde ( Pierre de ) ; son épita- phe , LIV. 16.

Testelesle ( Philibert ) , chancelier de Sainte-Geneviève et de l'Université, LX. 49.

Tliibaud 5 gendre de Saint - Louis , LIL 2.

Thibault, abbé de Sainte-Geneviève, LX. 29.

Thibault II , roi de Navarre , LU. 60.

Thibauh , comle de Blois, LX. 112.

Thibault, officier du roi Louis VII, LX. 20.

Thibaut , évêque , LI. 5.

Thibaut, chantre de Sainte - Gene- viève , LX. i3. 58.

Thibaut II , comte de Bar , LV. 5.

Thierri d'Alsace , comte de Flandre , LXI. 12; inscriplion, 14.

Tiiieulai e ( Nicolas ) ; son épitaphe , LIV. 23.

Thomas , prieur de l'abbaje Saint- Victpr, LX. 16.

Thomas de Savoye , LV. 5.

Titien ( le ) , peintre , LU. 6j.

Toci ou Touci ( Jean de ) , abbé de Sainte-Geneviève , LX. 21.

(Guillaume de ),évêqued'Auxerre, ibid.

Toison d'or ( ordre de la ) ; son inS'-i titution , LIV. 64. LXI. 42.

Tombeau antique ; sa description , LX. 94.

Tonsuré ; son droit ; fait étonnant , LIV. 5.

Tour ( Bernard-de-la- ) , général des Charlreux , LU. i.

Tournemeine (Jacques); son épita- phe , LIV. 4g.

Tourneux (Nicolas le), prêtre célèbre; LIX. 14.

BLE

Tournières ( Robert ) , peintre, LX. 61,' Tonruon ( François de ) , évêque ,

LIX. 14. Trésor de rabba3re Sainte-Geneviève ;

sa descriplion , LX. io5. Tritave ; signification de ce mot, LXI.

33. Ti-ois-Dames ( Catherine ) ; son épi- taphe. LIX. 12. Trompes ( Jean de ) ; son épitaphe ,

LVI. 3. Troj' ( Jean-François de ), peintre,

LX. 61. Tro_y ( François de ) , peintte, LX. 60. T'Scrhuyghs (les), famille belge, LXI.

52 ; origine de ce nom, 56. TSerroelofs ( les ) , famille belge , LXI.

52 ; origine de ce nom , 55. 'TSiecnweghe ( les ) , famille belge ,

I/XI. 52 ; origine de ce nom , 56, Tungriens , peuple , L.XI. 84,

u

Ulric, doyen de Sainte-Geneviève,

LX. 14. Urbain V , pape , LIV. 60. Urbain VI , pape , LX. 36. Urbain VIII, pape, LX. 48. Uvoigonus, seigneur; anecdote, LU.

28,

Valois ( Charlotte de Montmorency , comtesse de ) , LX. 6.

Valvert ou Vauvert ( l'hôtel ) ; diables chassés , LU. 2.

Vanciève , sculpteur, LX. 102.

Vande Nesse ( Philibert de ) , son épi- taphe , LIV. 24.

Vandenberghe ( Josse ) ; son épitaphe , LIV. 27.

Van

D E S MATIERE S.

Van Ost, fils, peintre, LIV. Sr. Vureiines ( Jean de ) , sénéchal j sou

épitaphe , LX. 98. Vainier, arcliiditicre, LI. 3. Vauloan ( Sébasiicn le Preslre de ) ,

LUI. 7. Vegèce ; particularilé , LX. m, Veiilart (Cbirles), LIX. i3. Velasco ( Louis-Fernandez de ) ; son

épitaphe , LIV. ar. Vénérable 5 explication de ce mot ,

LIL 66. Ventenat, bibliothécaire du Panthéon,

LX. no. iig. Verdière ( Pasquer ) ; son épitaphe ,

LIV. 33. Vers Léonins ( origine des ), LU. 14. Versoris ( Pierre ) , avocat , LII. 55 ;

son épitaphe , 56. Vert antique ; sa description, LIX. 7. Campan ; sa description , ibid. Vertus théologales et cardinales ; ta- bleaux ; inscriptions, LXI. 17. Vervitis , ville de France , LXI. 43. Vi C Jean de ) , abbé de Sainte-Gene- viève ; son épitaphe , LX. 3i. Viallet , abbe de Sainte- Geneviève ,

LX. 55. Viallon , bibliothécaire du Panthéon ,

LX. no. 119. Vichte C Jean de la ) , LXI. 48. Vien , peintre , LX. 6g. Vilain ( Jaccpies-Philippe ) , comte ,

LXL 45. Ville-neuve-le-Roi , LII. 3. Vil main ( Adrien ) , chanoine , LT. 5. Vibnain ( François ) , chanoine de St.-

Nicolas , LI. 5. Vincart (Jean), jésuite, LIV. 54.

XXI ij

Viry (Jean de ) , abbé de Sainte-Ge- neviève , LX. 35.

Visconti ( Jean-Galeas ) , duc de Mi- lan , LII. 54.

Vitrail singulier ; sa description ; ins- cription , LXI. 5i à 54.

Vitraux des Chartreux ; leurs pein- tures , LII. 35.

Voir , vieux mot ; sa signification , LXI. 10.

Voir-Jure, sorte de magistrat ; note historique , LXI. 48.

Voisin ( Jacques ) ; son épitaphe , LIV. 9.

Volans , architecte , LUI. 8.

w

Wallerand , di't de le Cousiure ; son épitaphe, LIV. Si.

Walter , évêque , LVIII. 2.

Vuapsingue ; son épitaphe, LX. 98.

Vt^alrée ( Antoine ) , abbé de Sainte- Geneviève ; son épitaphe, LX. 5r.

Wisquère, dit Peppin ( Miquie de); son épitaphe , LIV. 54. 5.

Witz (Madeleine), LIV. 52.

Ynchade , évêque de Paris , LX. 6.

Zegher (le père), dominicain, LVI,

I : ses miracles , 7. Zuniga ( Baltazar de ) , LXI. 45. Zype ( Pierre de le ) 5 son épitaphe ,

LIV. 69. 3.

D

)^j

TABLE DES AUTEURS

Cités dans ce Volume.

A

B B o. BeUorum Parisiacœ CHARTONNET(François-Anioine).

urbis lib. w , imprimé à la Vie de Charles Faure , abbé de

suite des nouvelles Annales de Sîe.-Geneviève , 1698, //7-4°.

Paris, par Touss. Duplessis , Choquetius ( Hyacinthe ). De

1753, //z-40, sancti Bcigii ex orditie prœ-

Amelot de la Hgussaye (Abra- dîcator. liber. 1618 , in-^°.

liam -Nicolas ). Mémoires his- Clément ( dom ). Art de vérifier

toriques , politiques , critiques les dates , 1788 , 3 vol. in-folio.

et littéraires , 1722, 2 vol. in- Corbin (Jacques). Histoire des

12. Chartreux, i653,/«-40.

AniNGUVs ÇPaulus). Romasub- Corrozet ( Gilles ). Antiquités

terranea , ect. , i65i , 2 vol. de Paris, i588, in-^°.

in-folio. Cousin ( Jean ). Histoire de

Antiquités et remarques de la Tournaj , ect. ect., 1619 ,

châsse de Sainte - Geneviève , 1620, 2 vol. /V/-4''.

1625, p. 7/7-8°. Daire ( le père ) , célestin. His-

AuLU - Gelle. Noctes atticœ , toire de la ville et du diocèse

1680, z/7-40. d'Amiens , 1757, 2 vol. z/7-43,

Blanchard ( François ). Eloges Délices des Pays-Bas , ect. ect. ,

des premiers pi-ésidens et con- 4 vol. 7/7-8°. , fig.

seiilers au parlement de Paris, Diclionnaireroman, Wallon, etc.,

1047, in folio. par un religieux bénédictin,

Bleiiur (Jacqueline-Eonette de). ^777 V in-^°.

Vies des Saints, J689, 4 vol. Dulaure ( J. A.). Nouvelle des-

in folio. cription de Paris , 1787 , in-12.

BuTKENS (Christophe). Trophées Dulaure ( J. A.). Cuiiosilés de

sacrés et profanes du duché de Paris, 1791, 2 vol. in-iz.

Brabant, 1724 et 1726, 4 vol. Dumolinet ( Claude ). Histoire

in-foliQ , fig. manuscrite de Sainte - Gene-

Buzelinus ( Joannes ). Gallo- "viève , in folio.

Flandria , iQzS , in folio, Duplessis (Toussaint). Nouvelles

T A B L E D E s A U T E U R s xxv

Annalles de Paris , ect. ecN , de la vie de Sainte-Geneviève ,

1753, /«-40. i683 , in-\2,

'FEsrus-FoMVFAi's(Sexlus). De Lambert ( Claude - François ).

verborum sigiiijicaùone librl Histoire littéraire de Louis

XX.. Cinn no Lis Dacerii , XIV, lySi , 3 vol. z//-40.

1700 , ///-40, Launoy ( Jean de ). Defensa

Gramaye (Jean-Baptiste). Re- Romani brei^iarii correctio

ruin Flandricariiin priiniiiœ , circa historiam Sancti Bru-

ect. , 1612 , in-\°. nonis , 1746, in-Q°.

Gramaye (Jean-Baptiste ). ^/7- Lebeuf ( J.-an ). Histoire de la

tiçailates Brabrantiœ, ect.ect., ville et de tout le diocèse de

1708, 2 vol. in-folio. Paris, 1754, i5 vol. in-iz.

GuiCHARDiN ( François ). Des- Leliepvre. Ordre et cérémonie

cription des Pays-Bas , 1625 , de la descente et procession de

in-folio , fig. la châsse de Saizite-Geneviève,

Guide ( le ) des étrangers à 162B , in-3°.

Lille, ect. ect., par un offî- LiPSE ( Juste ). Zot^az/zV/OT, i6o5,

cier du Génie , Lille, 1772, gr. in-8°

in-12. Macrobius {^Aurelius-Theodo-

Hareus ( Franc. ). Annales du- sius). Saturnalia , 1670, in-Qo.

cum seu principum Braban- ^iAVxTiALis ÇilJarcns-p^ulerii/s).

iiœ , ect. , 162S , 2 vol. ///- Epigrammata , 1701 , /«-S».

folio , fig. lig.

HoFiviAXN ( Jean- Jacob ). Lexi- Milluv (Aubin-Louis). Mao-a-

con iiniversale historico geo- sin Encyclopédique,

graphico chronologicum , ect. , MlR^us ( AuberLus ). Opéra di-

1677, 2 vol. in-folio. plomatica ei historica , 1728,

Ingulfe. Histoire des monastères 1734, 1748, 4 vol. in-folio.

d'Angleterre. Voir Fell , col- Molinos. Histoire de la ville de

lection des historiens d'Angle- Lille , 1764, in-\2.

terre, 1684, in-folio. Moxtfaucon ( Bernard de ). Les

Lacombe. Dictionnaire du vieux Monumens de la Monarchie

langage François , ij66 , in-8°. Françoise, ect., 1729, lySS,

Ladvocat (Jean-Baptiste). Die- 5 vol. in folio, R^.

tionnairehistorique, ect., 1760, Parival (Nicolas). Histoire de

2 vol. i/?-8°. la ville de Louvaiu , 1667 ,

Lallemant ( Pierre ). Abrégé in-8°.

D a

3St

cxvj

TABLE DES

PuTEANUS ( Eryc. ). BnixeUa septenaria, 1646 , pet. iii-fol. ,

%•

R. ( L. ). Curiosités de Paris , 1716, l'n-JZ.

Raissius (^Arnoldus ). Belgica christiana , ect. , 1684, iii-/{.^.

Roy ( Jacques le ). Théâtre pro- fane du duché de Brabaut , 1780 , in-folio , fig.

Sainte-Palaye ( Jean- Baptiste de la Curne de ). Mémoires sur l'ancienne chevalerie , lyôg , 2 vol. in- 12.

Sanderus ( Antonius ). B?-a- hatice chorographia sacra , 1726 , 1727 , 3 vol. in-folio ,

Senatiis populique antuerpien- sis , sive septem tribus pa- triciœ anluerpienses , 1672, in-\z.

Théâtre sacré du duché de Bra- Lant, ect., 1786, 3 vol. in- folio, fig.

Thiers (Jean-Baptiste). Disser- tations sur les principaux autels des églises , les jubés des égli- ses, ect., 1688, in-\z.

AUTEURS.

Thiroux- Histoire de Lille et de sa châtellenie, in-12.

Vanloon (Gérard). Histoire mé- tallirpie des XVH ]:rovinces des Pays Bas, 1782, 5 tom. en 4 vol. in folio.

Varron ( Marcus - Terentiiis ). De liiiguâ latinà , loS"], in-S°.

Verrius-Flaccus ( Alar. ). De vcrhorum significatione cum ?wtis Dncerii, 1700, in-i\.°.

ViALLON. Vie de Clovis , 1784, in-12.

Vie privée de Louis XV, 4 vol. in-12.

Vies manuscrites des hommes illustres des chanoines réguliers de la congrégation de France , 2 vol. in folio.

ViGNEUL DE Marville. Mélan- ges d'histoire et de littérature , 1725 , 3 vol. in-12.

ViNCART ( Jean ) , jésuite. Virgo cancellata in insigni ecclesia collegiata D. Pétri Jnsulœ, ect. , 1686, in folio.

Wastelain ( Charles ). Descrip- tion de la Gaule Belgique, 1761, /«-4°.

I

CATALOGUE

DES PLANCHES

CONTENUES DANS CE VOLUME.

Article LI. Collégiale Saint-Nicolas à Amiens.

I. Le Portail.

Art. LII. Chailreux de Paris.

I. Vue de la Moresque qui se Lrouvoit entre les deux cours d'entrée.

II. Bas-reliefs de cette Moresque.

III. Vue de l'Eglise.

IV. Figure en mosaïque d'Enguerrand de Marigny ; tombeau

de Pierre de Nat^arre et de Catherine d' jdlençon , sa femme y tombes. IV*". Vue du Cimetière des Chartreux ; tombe des Duportail ^

ejfigies. VII. Vase d'airain ; vue de V Horloge ^ Croix de chenart. VIII. Pupitre et Bas-Reliefs. IX. Vue des Cellules du Cloître» X. Bas-Relief. XI. Mosaïque. XII. Vue du bâtiment de la Pompe.

Art. lui. Anciens Palais des Comtes de Flandre à Lille-

I. Porte des Malades.

II. Vue d'une partie du Château'. .,

m. Vue d'une autre partie, du Çhâteaul ' '' "i

??3

xxvlij CATALOGUE DES PLANCHES.

Art. LIV. Collégiale de Saiut-Pierre à Lille.

I. Vue générale.

II. Instrument de Musique ; Tombeau; Bas-Reliefs. m. Tombeau de Hugues de Launoy et Marguerite de Mo-

lembais , son épouse. IV. Tombeau de Louis de Maie.

V. Figures de Louis de Maie , de Marguerite de Brabant , son épouse , et de Marguerite de Flandre , sa Jille. VI. Figures de dijférens princes de la maison de Flandre et

de Bourgogne. VII. Idem. VIII. Corne d'Ivoire ; Reliquaires. IX. Bas-Relief représentant Philippe , duc de Bourgogne ; autre

Bas-Relief allégorique. X. Tombeau de p^allerand des .Aubaux / Figures.

Art. LVI. Dominicains de Lille.

I. Mausolée de Louis de Melun.

Art. LVIL RecoUets de Lille.

I. Vue du Couvent du côté du jardin y Figure de Bauduin de Ci'oix.

Art. LVIIL Château de Comines.

r. Vue de la Maison-Commune et du Beffroi de Comines. II. Vue des ruines de Fancieji Château.

Art. LIX. Eglise de Saint-Landrv à Paris.

I. Mausolée de Catherine Duchemain , femme de Girardon.

Art. L X. Abbave de Sainte-Geneviève à Paris.

I. Portail de VEglise. II. Tombeau de Descartes et de Rohaut. m. Mausolée du cardinal de la Rochefoucauld. IV. Tombeau de Foulon ; Reliquaires.

ERRATA.

p.TicLE des Clinrlrcux, page in ^ lig.ies 1461 i5, Ihex Planche IV, fig. 4, au lieu de, Planche V, Ui:,. 3. Nota. On fera altenlion qu'il y a pour cet arlicle Planche IV^*", el qu'il 1 ivy a point de Planche VI.

Art. des Dominicains île Lille , p^ige 3 , Irgjie 24 , au lieu de Mausolé , &*:( Mausolée.

Art. de Saint-Landi j à Paris , page 14 , Ijgne 27, au lieu de, Jean de Lorraine , lisex, Charles de Lorraine.

Art. de Sainte-Geneviève, page 27 , /Ignc 6 de Li noie (82) , au lieu de , secré- taire du notaire , /iiÊ^s'ecrétnire ou notaire. - ?vlênie Art. , page 3iS, Ugne 24 , effaces^ ces mois , le XXV' abbé.

Pi-ige 39. Nota : l'épit:!plie cominenciint par nomine Robertus ^ etc. doit élre reportée à Isi.page'iS du même arlicle. ,. à la suile de la notice sur Robert de la Garenne , XXV« abbé selon les uns, et, s^Ln d'autres, XXVIII« abbé de Sainte- Geneviève.

'Miàiwe page j ligne 3 ^ effacex_ 28' abbé de Saïnte-Géneviève.

Page 40 , ligne première , au lieu de , du X= siècle^ lîsex, du IX« siècle.

M-iimQ page , ligne l'à , au lieu de , mère de Louis XIII , lisez^ femme cTe , etc.

Page ^j , première /z^/ze , en 1666, fce^ en i665,

Mèmejjc^ej dernière ligne, supprime^ cstatis T-iXlX.

Page 5l , sixième ligne , au lieu de taedum , lise\ tandem.

Page 63 , ligne 18 , au lieu de , Deliberl , User, Dalibert.

Page 74 , ligne 5, au lieu de , lin du IXe siècle , User, fin du VIII^ siècle. ' Page 85 , ligne 18, lisex. Planche IV , au lieu de^ Planche V.

Art. de la Bibliothèque de Saiut-Pierre à \.W[e,page 5, ligne d , au lieu de

_ Isabelle de France , Usez, Elisabeth de France 3 ligne 21 , au lieu de Isabella Fr ncica , User, Elisabetha Francica.

Pageij, ligne ïH, au lieu de , Planche I> fig. 4, /w^ Planche III, fia. j.

Page 54, ligne 16 , au lieu de , par l'inscription , lise:( par l'inspection.

Page 55 , ligne l3 , à ces rriots, le Roi conjecture , substitue^ un auteur conjecture.

Page 61, note (147), au lieu de satumalia , page 170, lisez, somnium Scipioms ; pjgi s 35 et 140.

Bannière des Sleeuws : écussons. Celte Planche est mol à propos cotée PI, 7, page 63 j Usez, Plan Jie V page 54.

i^

.J

CATALOGUE DES PLANCHES, xxlx ▼. Vitrail représentant la Procession de la Châsse. VI. Vue du Jardin et du Panthéon.

Art. LXI. Blbliollièque de Saint-Pierre à Lille.

I. Tableaux représentant différens Princes de Flandre. II. Tableau historique ; vue de l'ancien Hôtel-de-Ville en 1600. m. Tableaux concernant différens Princes de Flandre.

IV. Vitrail des sept nobles de Bruxelles.

V. Bannière de Sleeuivs ,• Ecussons.

VI. Vue de la Maison des sept Nobles. VU. Vue du dernier Hôtel-de-Ville de Lille.

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